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ANNALES
| LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE
DE
MAINE ET LOIRE Ô
10: ANNÉE. — 1868
ANGERS Le:
IMPRIMERIE DE P. LACHÈSE, BELLEUVRE ET DOLBEAU
Chaussée Saiut-Picrre, 43
1868
ANNALES
LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE
DE
MAINE-ET-LOIRE
ANNAIES
DE LA
SOCIETÉ LINNÉENNE
DU DÉPARTEMENT DE MAIN
PAPAELOIRNES
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SOCIÉTÉ LINNÉENNE
DU
DÉPARTEMENT DE MAINE-ET-LOIRE
Fondée en 18592.
BURE AU.
MM. Soranp (Aimé de), président.
Lacnèse (Adolphe), vice-président.
Magie (Pompée), secrétaire général.
Farcr (Émile), secrétaire.
Anpré (Jules), vice-secrétaire.
Conranes (Edmond, baron de), archiviste-trésorier.
MEMBRES TITULAIRES.
MM. AnniGné (Aimé d’), ancien officier.
AnniGné (Aimé d’), lieutenant de louveterie.
ANDIGNÉ DE Mayneur (comte d’), maire du Lion-d’Angers.
Axpké (Jules), rédacteur de l’Union de l'Ouest.
Baracé (Raoul de), membre de plusieurs Sociétés savantes.
Barassé (Eugène), imprimeur-libraire,
Bezceuvre (Paul), membre de plusieurs Sociétés savantes.
Béraunière (comte de la).
Bercer (Eugène), membre du Corps législatif.
Biecawski (Henri), membre de plusieurs Sociétés savantes.
Bzavier (Aimé), ingénieur des mines.
Boissarp (Arthur, vicomte de).
Bourmonr (Louis, comte de).
Bricuer (Paul), avocat.
BrossarD DE CorgiGny, ingénieur des mines des départements
de Maine-et-Loire et de la Vendée, professeur de chimie
à l’école d'enseignement supérieur.
Caener (l'abbé), chanoine titulaire du chapitre de Saint-
Maurice d'Angers.
Caenvau (Auguste), juge au tribunal civil de première ins-
tance d'Angers.
Corszi (Ernest, comte de).
Conranes (Edmond, baron de).
Cosnier (Léon), directeur de la Bibliothèque populaire
d'Angers.
Cumowr (Vie Arthur de), rédacteur en chef de l’Union de
l'Ouest et de Ami du peuple.
Decocr, directeur du cabinet d’histoire naturelle.
DELROMEL, avocat, maire de Bécon.
Dec, notaire honoraire,
Desmé De Lise (Ludovic), membre de plusieurs Sociétés
savantes,
III
MM. Dezanneau, docteur en médecine, professeur à l’École secon-
daire de médecine d'Angers.
Duorowr, chef d’escadrons, en retraite.
EsPronnièRE (René de l’).
Farce (Emile), docteur en médecine, professeur à l’école
secondaire de médecine, directeur de l’École d’enseigne-
ment supérieur.
Farcy (Louis de), membre de plusieurs Sociétés savantes,
directeur du musée diocésain.
GaiGnaRD DE LA RENLOUE (Charles), maire de Marcé.
Gaurrer (Alexandre, vicomte de).
Giraup (Charles), agronome.
Grérin ne Caouzé (Lucien).
Guérin (Paul).
Guizcer (l’abbé), ancien professeur de sciences naturelles et
physiques, chanoïne honoraire, aumônier des dames de
l’Oratoire.
Guizzory (aîné), membre de la Société impériale et centrale
d'agriculture et de plusieurs autres Sociétés savantes.
Gumoyseau (Isidore), manufacturier.
Hirkox (Charles), juge d'instruction près le tribunal civil de
première instance d'Angers.
Houpax (Eugène d’), membre de plusieurs Sociétés savantes.
Jousert (Achille), manufacturier.
Lacaèse (Adolphe), docteur en médecine, président de la So-
ciété impériale d'agriculture, sciences et arts d'Angers.
Lacuèse (Paul), imprimeur-libraire.
LareveLLièRE (Ossian) membre de plusieurs Sociétés savantes.
Lanxpreau (Gaston, baron du).
Las Cases (comte de), membre du Corps législatif.
LemarcHanD, conservateur-adjoint de la Bibliothèque de la
ville d'Angers.
Leroy (André), horticulteur, membre de plusieurs Sociétés
savantes.
Lorioc pe Barny, notaire.
IV
MM. Maire, docteur en médecine, membre de plusieurs Sociétés
MM.
savantes.
Ménivier, premier président de la Cour impériale d'Angers.
Mreuzce ne Buzecer (Gustave de).
Mure (Léon de), ingénieur civil.
Moxrreuiz (Jules, comte de), membre de plusieurs Sociétés
savantes.
Mowrrieux (René), maire de la ville d'Angers.
ParAGE-Farran (Frédéric), docteur en droit, adjoint au maire
d'Angers, membre du Conseil général de Maine et Loire.
Pavie (Victor), membre de plusieurs Sociétés savantes.
Pizasrre (Gustave), avocat.
Préauzx (marquis de).
Rocuesouer (François, vicomte de).
Romans (baron de).
Romans (Fernand, baron de).
SapinauD (Edmond, comte de).
SELLE (Raymond de la).
SoLanD (Aimé de), membre de plusieurs Sociétés savantes.
SoLanD (Théobald de), conseiller à la Courimpériale d'Angers.
Touzcoër-TRÉANA (vicomte de), membre de plusieurs Sociétés
savantes.
Touriozce (Gustave), lépidoptériste et taxidermiste.
Touran (Athanase).
VinceoT (l'abbé), chanoine honoraire, aumônier de la
pension Saint-Julien d'Angers.
MEMBRES TITULAIRES NON RÉSIDANTS.
AcæarD, docteur en médecine, à Thouarcé.
AzPHAN», ingénieur en chef des squares et promenades de
la ville de Paris.
Arcurac (vicomte d’), membre de l’Institut, professeur-admi-
nistrateur au Muséum d'histoire naturelle de Paris.
ARONDEAU, inspecteur de l’Académie de Rennes.
V
MM. Avserr, juge de paix à Laval.
Avmarp (Aug.), archiviste du département dela Haute-Loire.
Barzer (Henri de), maire de Saint-Germain et Mons.
Barzcon, docteur en médecine, professeur à la faculté de mé-
decine de Paris.
Bury, auteur de la Faune de la Savote.
Barrar, rédacteur du Journal d'agriculture.
Brcæawr (A.), professeur à la Faculté de médecine de Mont-
pellier.
Bernaro pu Porr, agronome à Miré.
Brscaerezze (Emile), rédacteur à la division du personnel, au
Ministère de l’agriculture, du commerce et des travaux
publics.
Brancæarp (Émile), membre de l’Institut, professeur,-admi-
nistrateur au Muséum d'histoire naturelle de Paris.
Borrerre, directeur de l’École d'enseignement supérieur de
Nantes.
Bon, directeur de l’École d'agriculture de Rennes.
Boucaer DE CrÈvecœur, de Perthes, correspondant de
l’Institut.
BourGgois (l'abbé), professeur de philosophie au collége de
Pont-Levoy.
Boureunn (L.-A.), ancien magistrat, président honoraire des
Sociétés philotechnique et protectrice des animaux.
Boureizze, conservateur du cabinet d’histoire naturelle de
Grenoble, membre de plusieurs Sociétés savantes.
Briau, docteur en médecine, bibliothécaire de l’Académie de
médecine.
Broneniarr (Adolphe), membre de l’Institut, professeur-
administrateur au Muséum d'histoire naturelle de Paris.
Bureau, botaniste, membre de plusieurs Sociétés savantes.
Carzzau» (Frédéric), directeur du cabinet d’histoire natu-
relle de Nantes.
Cessron-Lavau, agronome à Cholet.
Cessac (Pierre de), membre de plusieurs Sociétés savantes.
Caevreuz, membre de l’Institut, directeur du Muséum
d'histoire naturelle de Paris.
VI
MM. Cocmn (Augustin), membre de l’Institut.
Cosre, membre de l’Institut, professeur au Collége de France.
Mad juge au tribunal de première instance d'Auxerre.
Cournzcer (jeune), directeur du Musée d'archéologie, du
cabinet d'histoire naturelle et du jardin des plantes de la
ville de Saumur.
CrocHarn (Armand de), membre de plusieurs Sociétés
savantes.
Dausrés, membre de l’Institut, ingénieur en chef des mines,
professeur au Muséum d’histoire naturelle de Paris.
Decarosse, membre de l'Institut, professeur au Muséum
d'histoire naturelle de Paris.
Davezouis, membre de plusieurs Sociétés savantes.
Davousr (l'abbé), curé-doyen de Brulon.
Desrais (Auguste), docteur en médecine, à Morannes.
Dervon, naturaliste à Saint-Gilles-sur-Vie, membre de plu-
sieurs Sociétés savantes.
Decasne, membre de l’Institut, professeur de culture au
Muséum d'histoire naturelle de Paris.
Derauxay, administrateur de la maison centrale de Clermont
(Seine-et-Oise).
Durertre, curé de Saint-Cyr-en-Bourg (Maine-et-Loire).
Drouer (Henri), conseiller de préfecture à Dijon.
Drouys ve Lauys, membre de l’Institut, président de la So-
ciété d’acclimatation.
Duwas (Jules), pharmacien à Limoges.
DumériL (Auguste), professeur-administrateur au Muséum
d'histoire naturelle de Paris, vice-président de la Société
d’acclimatation.
Durcessis, répétiteur de génie rural à l’École Impériale de
Grignon.
Durreu DE MasoNNEUvE, directeur du jardin des plantes de
Bordeaux.
Duseiexeur, de Brest, membre de plusieurs Sociétés savantes.
Duvaz (Raoul), avocat général près la Cour impériale de
Rouen.
Duvaz-Jouve, inspecteur d'Académie à Strasbourg.
VIl
MM. Enwars (Auguste Milne), aide naturaliste au Muséum d’his-
toire naturelle de Paris.
Exow, pharmacien à Cholet.
Facès, directeur des mines de Chalonnes.
Fieuier (Louis), auteur de l’Année scientifique.
Foun (marquis de), commandant du port de Pauillac.
Fououer, docteur en médecine, membre de plusieurs Socié-
tés savantes, à Vannes.
Fromerez (de), sous-intendant militaire, à Cray.
Gazserr (comte de), membre de plusieurs Sociétés savantes.
Gazes (René), sous-intendant militaire, à Vannes.
Gazrrzn (prince), membre de plusieurs Sociétés savantes.
Gen, pharmacien à Metz.
Grorrroy Sarnr-Hizaire, directeur du jardin d’acclimatation
de Paris.
Goper (Paul), imprimeur à Saumur.
Gras (Albin), docteur en médecine à Grenoble.
Guérancer (Edouard), géologue au Mans.
Guérn-Ménevizze, directeur de la Revue zoologique.
Guicuevor, aide-naturaliste de zoologie au Muséum d'histoire
naturelle de Paris.
Guizou, administrateur de la caisse d'épargne de Cholet.
Ham (Victor), directeur au ministère des cultes.
Héserr, professeur de géologie à la Faculté de Paris.
Hericourr (comte d’), secrétaire perpétuel de l’Académie
d'Arras.
Herico , rédacteur en chef de l’Horticulteur français.
Hesse, commissaire-adjoint de la marine, en retraite.
Han, ingénieur civil membre de plusieurs Sociétés savantes.
Hover (E.), inspecteur général des Haras.
Houzcer, directeur des serres du Muséum d’histoire naturelle
de Paris.
Jorpan, botaniste à Lyon.
Juzrex (Th.), président de l’ ame de Reims.
Lacaze-DurmEr, professeur-administrateur au Muséum
d'histoire naturelle de Paris.
VIII
MM. Lawserr (Paul), docteur en médecine.
Lamore-Baracé (comte de), membre de plusieurs Sociétés
savantes.
LATERRADE, directeur de la Société linnéenne de Bordeaux.
Lemercier, sous-bibliothécaire au Muséum d'histoire natu-
relle de Paris.
Lessassrer, pharmacien à Durtal.
Lesvizze (de), membre de plusieurs Société savantes.
Leveizcé, docteur en médecine, mycologue, à Montmorency.
Lisce pu Dréneur (Arthur de), membre de plusieurs Sociétés
savantes.
Lise pu Dréneur (G. de), membre de plusieurs Sociétés
savantes.
Louver, maire de Saumur, membre du Corps législatif.
Lonevemar (de), ancien officier d'état-major.
Lucas (Hippolyte), aide-naturaliste d’entomologie au Muséum
d'histoire naturelle de Paris, secrétaire de la Société d’en-
tomologie.
Macxé (l'abbé), professeur d'histoire naturelle à l’institution
de Sainte-Marie-de-Pincherray, à la Ferté-Macé (Orne).
Mazacuni, recteur de la Faculté des sciences de Rennes.
Marcanp (Léon), docteur en médecine, aide-naturaliste à la
Faculté de médecine de Paris.
Mauouyr, ancien conservateur du Cabinet d'histoire natu-
relle de Poitiers.
Mesuier, docteur en médecine, à Saint-Georges-sur-Loire.
Micaecer, membre de l’Institut.
Morz , professeur au Conservatoire des arts et métiers.
MontsEAN, professeur au lycée de Toulouse.
Morocues(baron de), membre de plusieurs Sociétés savantes.
Mouzns (Charles des), président perpétuel de la Société lin-
néenne de Bordeaux. ‘
Muzsanr, président de la Société linnéenne de Lyon, biblio-
thécaire de la ville de Lyon.
Napaup ne Burron, substitut du procureur général près la
Cour impériale de Rennes.
IX
MM. Nav, membre de l’Institut, aide-naturaliste au Muséum
d’histoire naturelle dé Paris.
Neumann (Louis), directeur des serres à fougères et à orchi-
dées du Muséum d'histoire naturelle de Paris.
Norserr-Bonarous, professeur à la Faculté d’Aix.
Prin, chef des cultures du Muséum d'histoire naturelle de
Paris.
Parzxre, directeur du jardin botanique de la marine à Saint-
Mandier, près Toulon.
Prirouse, docteur en médecine, président de la Société de
médecine de Rennes, membre de plusieurs Sociétés sa-
vantes.
Prapaz, naturaliste, à Nantes.
QuaTREFAGES (de), membre de l’Institut, professeur-admi-
nistrateur au Muséum d'histoire naturelle de Paris.
Rasoun, docteur en médecine, à Saint-Florent-le-Vieil.
Rozan», ingénieur civil, à la Ferté-sous-Jouarre.
Sacc, docteur en médecine, délégué de la Société d’acclima-
tation de Paris, à Barcelone (Espagne). |
SAINT-RENÉ TAILLANDIER, professeur à la Faculté des letires
de Paris.
SERVEAUX (E.), chef du premier bureau au ministère de l’ins-
truction publique, membre de plusieurs Sociétés savantes.
Sevres (de), docteur en médecine, agrégé à la Faculté de
Paris.
Sicarp, docteur en médecine, président du comité d’agri-
culture de Marseille.
SougzrRAN (Léon), licencié ès-sciences naturelles, secrétaire
de la Société d’acclimatation.
TasLé, notaire honoraire à Vannes.
Taomas, naturaliste à Nantes.
Trouizzar» (Charles), banquier, président du tribunal de
commerce de Saumur,
Turrez, docteur en médecine, délégué de la Société d’accli-
matation, à Toulon.
MM.
MM.
MM.
MM.
X
Vaizranr (le maréchal), membre de l’Institut.
Viexxer, membre de l’Académie française.
Vrennor (T.-C.), sous-directeur des archives au ministère
des affaires étrangères.
MEMBRES ÉTRANGERS.
ANGLETERRE.
Benrnam, président de la Société linnéenne de Londres.
Lorr (Harry Bucland), membre des Sociétés royales d’agri-
culture et d’horticulture de Londres.
Murcuisox (sir Roderick), géologue à Londres.
Owex (Richard), directeur du British Muséum à Londres,
associé étranger de l’Institut.
AUTRICHE.
FRAUENFELD (G. Von), secrétaire de la Société zoologique de
Vienne.
Fewzz, directeur du jardin botanique de Vienne.
S. A. le prince de Scawarzenser6, président de la Société
d'agriculture de la Bohême.
SENONER, géologue à Vienne.
SKOFITZ, botaniste à Vienne.
BAVIÈRE.
. Sie8ocp (C. Th. Von), professeur de zoologie à Munich.
BELGIQUE.
Bexenen (Van), professeur de zoologie, à Louvain.
Brux (Pierre), docteur en droit à Louvain.
ScarAM, directeur du jardin des plantes de Bruxelles,
Sezys-LoncHampes (de), naturaliste à Liége.
XI
DANEMARCK.
MM. Lance (John), botaniste, à Copenhague.
SSsEENSTRUP, professeur de zoologie à Copenhague.
Vauz, directeur du jardin botanique à Copenhague.
Worsaar, inspecteur général des monuments du Danemarck,
à Copenhague.
ECOSSE.
Bazrour (J. H.), président de la Société botanique d'Edim-
bourg.
ESPAGNE.
AGuiLarD x VELA, secrétaire de l'Académie des sciences de
Madrid.
Ripazpa (comte de), inspecteur général de l’agriculture ,
à Madrid.
ETATS ROMAINS.
CavaLiER1 San BErtoLo, président de l’Académie de Rome.
Powzi, professeur de géologie à Rome.
GRÈCE.
Lanperer, chimiste, à Athènes
LinpermMAYER, président de la Société des sciences naturelles
d'Athènes.
HOLLANDE.
Bzeeker, zoologiste à la Haye.
Oupewans, professeur de botanique à Amsterdam.
IRLANDE.
ArCHER (William), secrétaire de la Société botanique de
Dublin.
XII
ITALIE.
MM. Cazpo-Crorta (comte François), à Venise.
Lancia puc DE Broco (Federigo), grand chancelier de l’Uni-
versité de Palerme.
PORTUGAL.
Coezuo (J. M. Latino), secrétaire de l’Académie de Lisbonne.
PRUSSE.
Braun (Alexandre), directeur du jardin botanique de Berlin.
S. A. S. le prince de Sazm-REIFFERSCHEID-DYC.
Sæcazwc, secrétaire de la Société de géologie de Berlin.
Wimoski (de), chanoine de la cathédrale de Trèves.
RUSSIE.
Borowski, gouverneur provincial, à Moscou.
Branpr, membre de l’Académie des sciences de Saint-Péters-
bourg.
Bouniaxorski, vice-président de l’Académie des sciences de
Saint-Pétersbourg.
Hezmerren, membre de l’Académie des sciences de Saint-
Pétersbourg.
Tcuesvcuer, membre de l’Académie des sciences de Saint-
Pétersbourg.
SARDAIGNE.
Manno (Joseph, baron), président du Sénat du royaume de
Sardaigne.
SUÈDE.
ANDERssON (N. J.), membre de l’Académie de Stockholm.
Tepenius, botaniste à Stockholm.
SUISSE.
Canoe (Alphonse de), professeur à Genève.
STIZENBERGER, botaniste à Constance.
TURQUIE.
Savret-PacHA, ancien ambassadeur de la Sublime Porte à
Paris.
DES CLANSIFICATION
ET
DES MÉTHODES EN BOTANIQUE
III.
De tout ce que nous avons dit jusqu'ici, on peut donc conclure que
la Classification naturelle n’est pas encore trouvée ; mais peut-on en
déduire que l’on n’a pas suivi la Méthode naturelle ? I] est pourtant
évident que l’on connaît certains principes de cette méthode ; com-
ment se fait-il alors qu’on soit arrivé à des résultats aussi peu satis-
faisants? Cela nous conduit à examiner quels sont ces principes et à
voir comment ils ont été appliqués.
La première notion que l’on a eue est celle de individu végétal.
On a vu dans la nature un grand nombre de ces individus épars,
éloignés, dispersés et l’on a commencé par classer ces individus.
Bientôt parmi eux on en a trouvé qui se ressemblaient et on les a
réunis naturellement sous le titre d’Espèce. Une espèce est donc
l’ensemble de tous les individus qui se ressemblent en tous points,
qui, en un mot, sont identiques. Cette généralisation simplifiait l’é-
tude : un individu connu, on connaissait tous les autres. Les clas-
siicateurs n’eurent alors pour but que de grouper ces espèces ; les
caractères les plus apparents étaient les plus appréciés parce qu'ils
rendaient leur reconnaissance plus facile ; ainsi s'explique comment
l'apparition des premières classifications artificielles coïncide avec
les premières ébanches de la méthode naturelle.
Les groupements varièrent suivant l'esprit des classificateurs.
L'on vit que quelques-unes des espèces changeaient toujours et
X. Î
2
se séparaient suivant le point de vue auquel on se placait ; à côté,
au contraire, il y en eut d’autres qui présentaient plus de liaison
entr’elles, plus de tendance à se montrer ensemble, plus de difficulté
à la séparation, en un mot plus d’aflinité. On reconnut ainsi que
plusieurs espèces montraient des caractères communs, qu'il y avait
entr’elles une certaine ressemblance, et Conrad Gesner concut l’idée
de les réunir ; ces assemblages d’espèces furent appelés Genres.
Un genre une fois connu, il était facile de distinguer les espèces
qui le composaient à l’aide de quelques traits indiquant leurs res-
semblances ou leurs dissemblances. On put classer alors les genres
comme on avait classé les espèces. Cette idée de rapports frappa
les esprits et nous voyons plusieurs savants ambitionner le titre
de naturelle pour leurs classifications. C’est ainsi que dès 1680
Morison publie un ouvrage intitulé : P/antarum historia universalis,
seu herbarum distributio nova per tabulas cognationis et affinitans,
ex libro naturæ observata et detecta; et que Raï en 1682 donne
sa méthode qu’il appelle Methodus naturals plantarum.
Il arriva bientôt pour les genres ce qui était arrivé pour les es-
pèces; on en reconnut qui présentaient une aflinité telle qu’on les
rencontrait toujours ensemble, qu’ils se montraient côte à côte
dans toutes les classifications, on en conclut qu’il y avait entr’eux
des rapports naturels. Cette remarque fut faite d’abord par F. Cési”,
mais c’est un botaniste français, Magnol, qui le premier saisit toute
la portée de cette manière de voir ; à lui revient l’honneur d’avoir
donné un corps à la notion de l’existence de Famulles, Il s'exprime
en ces termes : « Après avoir examiné les méthodes les plus usitées
et trouvé celle de Morison insufhisante et défectueuse, celle de Raï
trop difücile, j'ai cru apercevoir dans les plantes : 1° une aflinité,
suivant les degrés de laquelle on pourrait les ranger en diverses
famalles comme on range les animaux... ; 2° chaque famille de
plantes a des espèces subalternes qui peuvent se subdiviser encore.
Il ÿ a aussi des plantes qui sont voisines de certaines familles ; il y
1 Cæsius (Fred.), Phytosophicarum tabularum pars 1. Imprimé avec l'Histoire
des plantes mexicaines d'Hernandez. Romæ, 1651.
3
a dans ces familles des plantes illégitimes.. De même donc qu’on
reconnaît des familles dans les animaux, de même aussi nous en
proposons dans les plantes : nous pensons qu’on pourrait en établir
davantage que nous n’avons fait; et si nous avons réuni nombre de
plantes qui auraient pu à juste titre former de nouvelles familles, ce
n’a été que pour diminuer le nombre de ces fanulles… Gette rela-
tion entre les animaux et les végétaux m’a donné l’occasion de ré-
duire les plantes en certaines familles par comparaison aux familles
des hommes..., etc. »
Jusqu'ici la marche a été ascendante, la méthode a été exacte
et logique. Mais plus les groupes deviennent étendus, moins leurs
limites sont franches, la série des ressemblances et des dissemblances
est plus grande, et, on le comprend, la difficulté augmente.
Linné proposa en 1738 une classification naturelle; il réunit tous
les genres en soixante-huit groupes qu’il appelle Ordres, nom qui
correspond à ce que Magnol entendait par famille. L’immortel Sué-
dois, dans ce classement, suit encore la méthode naturelle, car non-
seulement il se sert de ses vastes connaissances sur les plantes, mais
il s’appuie sur tout ce qu'ont fait ses prédécesseurs ; en un mot, il
choisit parmi les groupes indiqués par eux ceux qui, se présentant
le plus souvent réunis, ont, par ce fait même, plus d’aflinité les uns
avec les autres. Collectis omnibus, ex omnibus datis systematibus,
ordinibus naturalibus, certe in pauciorem rediquntur numerum
plante, quarum ordines detecti sunt, quam quis crederet, licet tot
proclamatæ sint methodi naturalissimæ *. Noïci ce qu'Adanson en
dit dans son ouvrage sur les familles : « Les soïxante-seize tables ou
ordres ou familles de Magnol paraissent avoir donné lieu aux
soixante-huit ordres de M. Linnæus, quoiqu’aucun ne leur ressem-
ble ; mais il y en a vingt qui paraissent tirés de divers auteurs. Tels
sont : =— 2° Palmæ qui forme dans Boerhaave la classe 30; — 4
Orchidea, voyez Raï, classe 24, section 7 ; — 8 Spathaceæ, voyez
Boerhaave, classe 28, section 5 ; — 14 Gramina, voyez Tournefort,
classe 15, section 3; — 17 Nucamentaceæ, voyez Tournefort, elasse
1 LINNÆUS (Car.) Fragmenta methodi nuturalis ($ 3); in Genera plantarum.
Edit. Il. 1743.
4
12, section 1 ; —21 Compositi, voyez Tournefort, elasses 12, 13, 14;
— 22 Umbellatæ, voyez Césalpin, classe 6 ; — 27 Vaginales, voyez
Morison, classe 8, section 8 ; — 29 Contorti, voyez Rivin, elasse 1,
section 6 ; — 34 C'olumniferi, voyez Tournefort, classe 1, section 6 )
— 33 Asperifoliæ, voyez Césalpin, classe 18, section 1; — 44 Séel-
latæ, voyez Morison, classe 12, section 10; — 45 Cucurbitaceæ,
voyez Rai, classe 16; — 47 Tricoccæ, voyez Boerhaave, classe 17,
section 2; — 55 Lequminosæ, voyez Césalpin, classe 5, section 1;
— 57 Siliquosæ, voyez Tournefort, classe 4; — 58 Vertcllatæ,
voyez Césalpin, classe 10, section 2 ; — 59 Personatæ, voyez Tour-
nefort, classe 3, sections 3, 4;— 64 Filices, voyez Morison, classe 17 ;
— 67 Fungi, voy. Raï, classe 1 !.»
En agissant comme il l’a fait, Linné a donc suivi la marche na-
turelle, et si, avec tout son génie, toutes ses connaissances, 1l n’a
pas tenté de classer ces familles les unes par rapport aux autres,
c’est qu’il sentait que le moment n’était pas venu et que la connais-
sance des plantes n’était ni assez nette, ni assez approfondie. Lui-
même, tant était grande la difficulté, se sentait défaillir devant une
telle tâche. On s’explique ainsi l’aveu qu’il fait à son élève Gisèke
quand celui-ci lui demande quelles sont les règles qu’il a suivies
dans l’établissement de ses ordres naturels et qu’il lui répond : Tu a
me desideras characteres ordinum naturalium, fateor me eos dare
non posse.….… On s'explique encore cette autre phrase qui montre
tout l'intérêt qu’il attache à la méthode naturelle : Emendent, au-
geant, perficiant hanc methodum, qui possunt; desistant qui 1m-
pares sunt; qui valent, botanici exima ; et encore : Qui paucas quæ
restant benè absolvet plantas, erit mihi magnus Apollo.
Les botanistes qui succédèrent à Linné eussent dù, comme lui,
essayer de faire des familles naturelles avant de vouloir réunir ces
familles en groupes d’un ordre plus élevé; pourtant dans toute la
série des temps qui nous séparent de Linné, nous ne voyons qu'un
homme rester dans cette sage réserve : c’est Adanson.
Doué d’une intelligence supérieure, et d’un esprit juste, Adanson
n’oublia point la marche qu’on avait suivie avant lui pour arriver à
1 ADanson (Michel), Familles naturelles, édit. Payer et Al. Adanson, 1847.
5)
classer les espèces et les genres : 1l vit que ces groupes avaient été
formés par comparaison et par tâtonnement, et il comprit de suite
que plus la division serait élevée, plus 1l serait nécessaire d’exa-
miner les divers caractères des plantes. Il résolut donc de les étu-
dier tous, dans tous les genres, dans toutes les espèces. C’était un
travail gigantesque, mais il sentait que, lorsqu'il serait terminé, il
lui deviendrait facile d'établir les affinités des plantes en comptant
le nombre des caractères semblables et en jugeant leur valeur.
Il se mit à l’œuvre, et après vingt-deux années d'un labeur assidu,
il donna son livre des Familles. Il nous semble, dit Payer, « voir
Adanson au milieu de toutes ces plantes prendre l’une d’entr’elles
et la rapprocher successivement de toutes les autres jusqu’à ce que
son sentiment exquis des affinités lui indique sûrement celle près
de laquelle il faut la laisser ‘. »
Les groupes d’Adanson sont naturels pour la plupart, mais il yen
a d’erronés, il ne pouvait en être autrement si l’on songe qu’il n’a-
vait souvent, pour tout renseignement, que des descriptions incom-
plètes; au reste ces erreurs, Adanson les explique avant qu’on
puisse les lui imputer. « L'auteur, dit-il, sur une ressemblance ap-
parente de deux plantes, prenait en partie de la description de l’une,
en partie de la description de l’autre et faisait ainsi de deux ou trois
plantes différentes des genres qui n’existent pas dans la nature : tel
est celui des Samyda qui est le .Guidona de Plumier, tel est le
Theobroma qu’il forme de l’assemblage singulier du Cacao et du
Guazuma. Aussi j'espère, ajoute-t-il, qu’on ne m’imputera pas des
défauts qui n’appartiennent qu’à ces auteurs ou à ceux dont ils au-
ront puisé*.» Mais quand il lui est permis de juger les caractères par
lui-même, avec quelle justesse il forme ses familles! A ce sujet
nous laissons encore parler Payer, son traducteur.
«Parmi tous les exemples que nous pourrions invoquer, nous
n’en citerons qu'un seul assez remarquable, selon nous, pour que son
indication puisse tenir lieu de preuves nombreuses. Adanson avait
placé dans sa famille des Espargoutes onze genres principaux ;
! Payer, Des classifications et des méthodes, page 25.
? ADANsON, Loc. cit., page 132.
6
Antoine-Laurent de Jussieu, partant de principes très-différents,
du moins en apparence, comme nous le démontrerons bientôt,
n’admit point cette famille et en dispersa les éléments dans ce qu’il
appelait des ordres naturels ; ainsi deux furent réunis aux Amaran-
thacées, sept furent rangés avec les Caryophyllées, et les deux der-
niers dans les Portulacées. Mais bientôt après, Robert Brown d’abord,
Aug. Saint-Hilaire ensuite, laissant toujours les Orteqra et Sperqula
dans les Caryophyllées, reprirent tous les autres pour en former une
famille spéciale à laquelle le dernier de ces célèbres botanistes donna
le nom de Paronychiées. Enfin Endlicher, dans le Genera qu’il vient
de publier, a réuni aux genres quicomposaient la famille des Parony-
chiéesde A. Saint-Hilaire, les deux genres Sperqula et Orteqia. — Le
résultat de ces diversremaniements est donc extrèmement remarqua-
ble, etnousappelons sur lui toute l'attention des personnesquicroient
comme nous que la connaissance du passé de la science si intéres-
sante historiquement, a aussi une importance réelle pour les ensei-
gnements précieux, impossibles par toute autre méthode, qu’elle
nous donne sur l’avenir. Ayant pour point de départ la classification
de Jussieu, fort différente de celle d’Adanson, on voit R. Brown,
A. Saint-Hilaire et Endlicher établir entre cette dernière et celle
qu’ils formaient, à chaque remaniement nouveau, quelque res-
semblance de plus, et finalement reproduire et rétablir dans la
science, sous un nom différent et.sans que n1 les uns ni les autres
s’en aperçussent, la famille des Espargoutes d’Adanson. — Or,
nous le demandons, est-il une preuve plus convaincante et plus
belle de la solidité des bases sur lesquelles repose la classification
d’Adanson? Est-il un hommage plus éclatant au génie de ce grand
naturaliste que ce retour de la science opéré par les mains de bo-
tanistes tels que Robert Brown, A. Saint-Hilaire et Endlicher, à des
idées conçues trois quarts de siècle auparavant !? »
Bernard de Jussieu, dans son classement des plantes du jardin
de Trianon, admet soixante-neuf ordres qui, nous l’avons dit, sem-
blent calqués sur ceux de Linné et qui, par conséquent, sont loin de
présenter la précision nécessaire pour qu’on puisse avantleur révision
1 Payer, Loc. cit., page 21.
7
songer à les classer. Il reconnait, en effet, comme un fait établi, que
ses ordres sont naturels et, sans discuter leurs affinités, il prend deux
caractères qui lui semblent dominer les autres et d’après eux il éta-
blit ses Classes. Il agit donc comme tous les botanistes anciens qui
avaient groupé les plantes d’après la considération de quelques ca-
ractères seulement. Ces deux caractères sont, d’une part, le nom-
bre des cotylédons et, de l’autre, l’insertion des étamines. Cest
alors que se fixèrent dans la science les divisions en Pol/ycotylédones,
Monocotylédones et Dicotylédones, ainsi que la Périgynie, V Hypogynie
et l’Épigynie : ainsi apparut cette classification de Jussieu, qui tout
aussi artificielle que les précédentes, fut baptisée du nom de classi-
fication naturelle. Nous considérons donc Bernard de Jussieu
comme le promoteur de ce nouveau système. Adrien de Jussieu ne
semble pas être de notre avis, car 1l dit : « Bernard de Jussieu oc-
cupe une place importante dans l’histoire de la méthode naturelle
dont on l’a proclamé le créateur en con fondant ses travaux avec ceux
de son neveu. » I attribue done à Antoine-Laurent de Jussieu toute
la gloire de cette prétendue classification naturelle, Nous allons ap-
précier maintenant les travaux d’Antoine-Laurent et voir quelle
part lui revient dans le groupement du règne végétal.
Comme Adanson, A.-L. de Jussieu comprend, qu’il faut d’abord
établir parfaitement les familles, c'est-à-dire construire des enchai-
nements naturels de genres. Il reprend pour cela l’histoire d’un
grand nombre d’entr’elles et les étudie en détail. Il fait ainsi des
groupes qui souvent se confondent avec ceux d’Adanson, car en les
comparant, on ne trouve la plupart du temps qu’un simple change-
ment de dénomination. D’autres familles sont moins heureuses et 1l
arrive à opérer des rapprochements que l’on n’a pas dù conserver
depuis : c’est ce qui lui est arrivé, quand il a, ainsi que nous le di-
sions tout à l’heure, démembré la famille des Espargoutes.
Ses familles naturelles constituées, A.-L. de Jussieu songea à les
disposer d’après un certain ordre; il donna une classification. Ce
groupement des familles est ARTIRIGIEL, car il abandonna pour le
construire la marche naturelle qu’il avait suivie dans l’assemblage
de ses genres. Nous allons le prouver.
L’étude approfondie qu'avait faite Adanson le conduisit à formu-
ler deux principes qui sont l’essence même de la méthode naturelle.
1° 11 y a des caractères plus importants que les autres. « Nous po-
sons en fait, dit-il, que, que tant que l’on n’aura pas trouvé la
classification naturelle, l’on ne saura pas précisément ce que l’on
peut et doit appeler, classe, genre et espèce, quelles sont les parties
communes aux unes, refusées aux autres, celles qu’il faut observer
le plus particulièrement dans chaque être pour en tirer les carac-
tères classiques, génériques et spécifiques, et ce qu’il faut en négliger
comme des minuties ou des caractères superflus qui surchargent
inutilement la mémoire‘. » — 2° Il admet que les caractères les plus
importants varient suivant le génie et les mœurs de chaque famille.
« Nous avons, dit-il autre part, résumé les caractères des genres
dans trois ou huit colonnes, plus ou moins, suivant le nombre des
parties ou qualités que possède ou qu’exige chaque famille; parties
qu'aucun auteur n’a employées de même, ni avec les mêmes vues,
ni avec le même choix , en changeant les unes et en supprimant les
autres selon que le génie ou les mœurs de chaque famille l’exi-
gente. * »
Dans la formation de ses familles naturelles, A.-L. de Jussieu se
conforme en général à ces deux principes : il n’en est plus ainsi
quand :il crée sa classification. Le premier seul est mis en évidence,
le second est rejeté, c’est à cela que sa méthode doit d’être artificielle.
Montrons d’abord que A.-L. de Jussieu a, pour le groupement de ses
genres en familles, suivi les deux principes d’Adanson. « L’obser-
vation et l'expérience, dit Payer, ont prouvé que le principe d’Adan-
son est vrai, que tel organe qui sert pour réunir tous les genres de
telle famille n’a plus aucune valeur pour grouper ceux de telle autre,
par conséquent il est impossible de déduire de l’importance qu’il a
dans l’une, celle qu’il aura dans l’autre que l’on veut former. Aussi,
nous le disons avec une conviction profonde, si M. de Jussieu s’est
servi de sa méthode pour ses classes, il ne l’a évidemment point em-
1 Apanson (Michel). Familles naturelles, édit. Payer et Al. Adanson, 1847,
p. 114.
2 Id., p. 128.
9
ployée pour constituer ses genres et ses familles. Autrement il fau-
drait admettre que toutes les fois que le sentiment exquis des aflini-
tés naturelles qu’il possédait à un si haut degré, s’est trouvé en con-
tradiction manifeste avec la déduction logique de sa méthode, c’est
toujours cette dernière qu’il a sacrifiée ; tant ses familles, en géné-
ral, sont bien limitées et caractérisées. Dans celle des Légumineuses,
par exemple, n’a-t-il point placé des genres qui diffèrent entr’eux par
des caractères du second ordre et par un grand nombre du troi-
sième ; il n’y a guère, tous les botanistes le savent, que le fruit qui
ne varie pas, et cependant cette famille n'est-elle pas une des plus
naturelles? Si donc M. de Jussieu avait été conséquent avec les prin-
cipes de sa méthode, il aurait séparé les Légumineuses à insertion
hypogyne de celles à insertion périgyne, celles qui ont une corolle
de celles qui en sont dépourvues, etc. Dans la famille des Rosacées
qui est voisine des Légumineuses, nous trouverons, au contraire,
un grand nombre de genres qui ont les fruits les plus variés. Ici,
les carpelles sont parfaitement distincts les uns des autres, comme
dans la fraise; là ils sont enveloppés soit par un calice endurci, soit
par un pédoncule charnu et formant coupe plus ou moins évasée ;
ailleurs enfin, soudés entr’eux et avec les organes qui les protégent,
ils constituent la pomme et la poire. Malgré cette grande diversité
dans leurs fruits, les Rosacées ne sont pas moins, de l’avis de tous,
une famille très-naturelle, aussi quelle conséquence à tirer de là?
N'est-ce pas que le fruit est le caractère essentiel dans les Légumi-
neuses et que c’est un autre organe dans les Rosacées ? N'est-ce pas
le principe d’Adanson, que les caractères importants varient suivant
le génie et les mœurs de chaque famille ‘? »
Nous l’avons dit, quand A.-L. de Jussieu coordonne ses familles,
il rejette le second principe et le premier seul est mis en évidence ;
tout est sacrifié à celui-là, il fait le fond de la méthode, il devient le
principe de la subordination des caractères, dont de Jussieu n’est
pas, on le conçoit maintenant, le seul inventeur. Il y a des ca-
ractères dominateurs; tous les autres lui sont subordonnés : parti
! Payer, Loc. cit., page 28.
10
de là, nous le voyons reconnaître d’abord les grandes divisions
admises par son oncle Bernard sur la considération de la cotylédo-
nation et de l’insertion des étamines, il ajoute comme intermédiaires
ceux tirés de la corolle. Ainsi se trouve établie cette classification
dont les premières divisions sont l’Acotylédonie, la Monocotylédonie
et la Dicotylédonie ; les secondes l’Apétalie, la Monopétalie et la Po-
lypétalie, enfin l’'Hypogynie, la Périgynie et l’Epigynie, En résumé
ce n’est que la classification de Bernard de Jussieu un peu étendue,
mais artificielle et arbitraire comme elle. Comment done se fait-1l
qu’on l’attribue à A.-L. de Jussieu ? C’est probablement parce que
sans considérer le résultat, qui est identique, on admet que le der-
nier seul a travaillé méthodiquement et y a été conduit par l’étude
tandis que le premier n’aurait consulté que son inspiration.
Tels sont les fondements de cette méthodeet de cette classification
dite naturelle. Nous ne sommes pas, au reste, seul à reconnaitre
qu’elle est arbitraire, artificielle et, sans nommer des autorités en-
seignantes, nous pouvons dire que Mirbel la range nettement
parmi les systèmes et que Payer, dans ses cours, ne cessait de pré-
munir les élèves contre la tendance qu'ont les ouvrages modernes
de lui faire usurper un titre qu’elle n’a pas. Nous pouvons paraître
bien osé ; on va, peut-être, nous traiter de révolutionnaire ; qu’on ne
se hâte pas trop, car, en regardant comme artificielle la classification
d’A.-Laurent de Jussieu, nous sommes, cela étonnera peut-être beau-
coup, d'accord avec lui. Voici en effet ce que dit Adrien de Jussieu :
« Au reste, un grand pas vers l'établissement de la classification
naturelle était fait : c'était celui de familles qui méritassent ce nom,
et c’est ce qu’exécuta A.-L. de Jussieu. Il semble avoir lui-même
signalé cette distinction des deux parts dans son œuvre, par le titre
même de son livre qui annonce les genres disposés en FAMILLES NA-
TURELLES, suivant une MÉTHODE EMPLOYÉE AU JARDIN DE PARIS ((Grenera
plantarum secundum ordines naturales juxta methodum in horto
regio Parisiens exaratam). I appliquait donc l’épithète aux familles
etnon à la méthode tout entière’. » Ses successeurs eussent dû suivre
son exemple, et puisque cet homme de génie portait nn tel jugement
1 Jussieu (Adrien de), Dict. univ. d’hist. nat., d'Orbigny, tome XII, p. 392.
11
sur sa classification, ils eussent dù se garder de lui imposer une épi-
thète qu'il désavouait ; en un mot il était maladroit, sous prétexte
d’ajouter encore à sa gloire, de lui imputer une erreur qu’il s'était
bien gardé de commettre.
Ainsi donc, en résumé, 1° A.-L. de Jussieu a dans le groupement
de ses genres en familles, suivi, comme Adanson et peut-être à son
exemple, les deux principes fondamentaux de la méthode naturelle ;
c’est ce qui explique comment, le plus souvent, ces familles sont
naturelles ; si quelques-unes sont moins heureuses, c’est que pour
elles il s’est trop laissé emporter par le principe de la subordination
des caractères. 2° En abandonnant complétement le second prin-
cipe, pour s'attacher au premier exclusivement, A.-L. de Jussieu a
construit une classification arbitraire et artificielle.
On a donc lieu de s'étonner de voir tous les jours répéter et ensei-
gner en haut lieu, que de Jussieu a fondé la méthode et la clas-
sification naturelle ; il faut, pour professer de telles idées, avoir
bien peu étudié la marche de la science qui nous montre que la mé-
thode naturelle est de tous les temps ; il faut avoir bien peu con-
naissance de l’histoire de la botanique, pour ne pas savoir qu’Adan-
son est le premier qui en ait formulé les principes ; enfin, 1l faut être
bien mal renseigné sur les travaux d’A.-L. de Jussieu, pour répéter
qu’il donnait comme naturelle sa coordination des familles.
Quoi qu’il en soit, la classification de Jussieu a rapidement été re-
connue partout. Ce qu’il y a de plus étonnant, c’est que ceux même
qui la donnaïent comme naturelle, essayaient d’en faire adopter une
plus naturelle, si c’était possible. Ils ne comprenaient pas que dire
qu'une classification était naturelle c'était, par ce fait, la déclarer une
etimmuable, qu’il fallait par conséquent, avant tout, respecter l’ordre
et l'agencement général des parties : les intercalations, les extensions
seules étant permises. Ils ne voyaient pas qu'en agissant comme ils le
faisaient, ils prouvaient plus éloquemment que tous les mémoires
réunis, que le groupement était artificiel et qu’ils ne faisaient qu’en-
tasser systèmes sur systèmes, classifications artificielles sur classifi-
cations artificielles, tout en cherchant à calquer leurs divisions sur
celles des de Jussieu, et substituant à ses caractères arbitraires, d’au-
12
tres caractères plus arbitraires encore. C’est ainsi que nous arrivons
en passant par un grand nombre de rangements à celui d’Adrien de
Jussieu, le dernier de tous, celui qui devrait, grâces aux conquêtes
de la science, être le suprême du naturel. Pour le juger, 1l nous
suffit de le comparer à celui d’A.-L. de Jussieu; dès les premières
divisions on comprend qu’il n’en est, comme tous les autres,
qu’une copie plus ou moins modifiée ; l’appréciation que nous avons
donnée plus haut, nous dispense donc de nous arrêter plus long-
temps ici.
De ce que nous avons dit dans ce chapitre, nous pouvons tirer les
conclusions suivantes : 1° La méthode qui a présidé à la réunion des
individus en espèces, des espèces en genres, celle qui aservi à Linné,
à Adanson et à A.-L. de Jussieu pour grouper les genres en familles,
est naturelle. 2° La méthode qu'ont suivie Bernard de Jussieu,
A.-L. de Jussieu et tous leurs imitateurs jusqu'à Ad. de Jussieu,
pour ranger les familles en classes ou en groupes d’un ordre supé-
rieur est arbitraire et par conséquent les classifications auxquelles
elle a présidé sont toutes artificielles. 3° Pour songer à appliquer
au classement des familles la méthode naturelle, il faut commencer
par établir ces familles, et avant tout, en faire des groupes par-
faits. 4° Tant qu’on voudra, par une généralisation anticipée, faire
des divisions d’un ordre supérieur on retombera dans la méthode ar-
tificielle.
Ces conclusions se rapprochent donc de celle-ci, formulée déjà, il
y a cent ans, par Adanson. « On conclura de ce qui a été dit ci
dessus que l’on s’éloignera du vrai système de la nature ou de
l'ordre naturel des classes, d’autant plus que l’on considérera moins
de parties de ces êtres pour les diviser en règnes, classes ou familles,
genres et espèces, comme font tous les systèmes artificiels modernes ;
et ce n’est qu’en fondant ces trois ou quatre divisions primordiales
sur l’ensemble, c’est-à-dire sur l'examen de toutes les parties et quali-
tés de ces êtres qu’on parviendra à trouver, soit en histoire naturelle,
soit en physique, soit en toute autre science, cette série qu'on
appelle méthode naturelle !, »
! Apanson. Familles naturelles, édit. Payer et AL. Adanson, p. 107.
13
La classification naturelle n’est pas trouvée ; le plan de la nature
n’a pas été reconstruit ; mais il est permis de demander si, dans
l’état actuel de la science, on peut avoir quelque idée sur la disposi-
tion générale qu’il peut affecter. Les plantes peuvent se ranger;
1° suivant une ligne, 2° suivant un plan, 3° dans l’espace.
1° Les plantes peuvent se disposer suivant une ligne. La plupart
des auteurs anciens et quelques modernes encore, se sont imaginés
que les êtres organisés forment une échelle ou une chaîne, dans
laquelle chacun d’eux serait rangé suivant une progression décrois-
sante constante. À la tête de l’échelle se trouveraient les animaux
les plus parfaits, puis, à la suite de dégradations de plus en plus
notables, on arriverait aux végétaux, en passant par les mollusques,
les rayonnés et ces êtres singuliers, sur la nature desquels on est
pas encore fixé, et qu’on range tantôt dans un règne, tantôt dans
l’autre. Là, l’échelle végétale continuerait l'échelle animale; mais
en adoptant l’idée de la disposition linéaire pour les animaux (ce
qui n’est pas), comment la série végétale se continuera-t-elle avec
la précédente ?
La première question que l’on doit se poser, est celle-ci : quelle
est la plante que nous rapprocherons du dernier représentant du
règne animal ? On a coutume de placer en première ligne les Acoty-
lédones, c’est-à-dire les plantes les plus imparfaites ; alors on a ce
fait singulier d’une échelle qui, pour être naturelle, devrait conti-
nuer lasérie des dégradations et qui, au contraire, se poursuit par
une suite d'êtres qui se compliquent de plus en plus : à moins toute-
fois que pour expliquer le fait on n’admette que la Moisissure et la
Conferve sont des êtres plus parfaits et plus élevés en organisation
que le Chêne ou le Palmier. Serait-il alors possible de continuer la
série par ces derniers? Dans ce cas, on arrive à une classification
14
plus incroyable encore, on rapprocherait les Wellingtonia des
Vibrions du vinaigre et des Bacteries du sang !
Nous devons done abandonner le projet d'établir une chaine gé-
nérale des êtres organisés. Dans le règne qui nous occupe, est-il
possible de classer tous les êtres suivant une ligne droite? Il suflit de
jeter les yeux sur la nature pour se persuader que cette tentative
serait tout à fait vaine.
Pour admettre, en effet, une échelle linéaire, il faut supposer que
toutes les espèces d’un genre sont tellement ordonnées qu’on peut
passer de l’une à l’autre par une série de bonds progressifs et égaux. À
la limite de l’espèce se trouverait un genre immédiatement supérieur
en organisation dont les espèces, disposées de même, poursuivraient
la série ascendante commencée ; et ainsi de suite pour un autre
genre, puis pour un autre, jusqu’à la limite de la famille. Là un
grand caractère apparaitrait, mais cependant de manière à ne point
rompre la chaine ; les chainons s’agenceraient encore de manière à
ce que la première espèce continuerait la série arrêtée à la dermière
de la famille précédente. Ainsi se dérouleraient les genres, les
familles, les classes, les ordres, jusqu’à ce qu’on ait atteint la der-
nière famille, le dernier genre, la dernière espèce, et qu’on soit par-
venu à l’échelon le plus élevé du règne végétal. Or, on sait parfai-
tement que nous ne trouvons rien de tel dans la nature; nous ne
pensons pas qu’on puisse trouver une seule famille, un seul genre,
bien plus, une seule espèce où cette gradation soit réalisable,
Leslivres didactiques sont obligés de décrire les plantes, les genres,
les familles les unes après les autres ; ils ne peuvent faire autrement,
c’est un défaut qu’on ne peut éviter. Les botanistes, quand ce sont
des botanistes qui font ces livres, devraient déclarer que c’est mal-
gré eux et à regret, qu'ils sont obligés de suivre une série linéaire ;
ils ne sauraient trop insister sur ce point et répéter que cette marche
ne rend pas du tout la physionomie de la nature. Par ce moyen on
trouverait, plus rarement du moins, des théories erronées re-
produites dans ces traités de botanique, poisons pour la science.….,
publiés par des auteurs qui ne sont pas botanistes et qui se croient le
droit d’écrire parce qu’ils savent faire des livres à coups de ciseaux.
15
La disposition en série linéaire est donc impossible ?
Les auteurs, même les plus passionnés pour la prétendue classi-
fication naturelle, reconnaissent ce fait. Ad. de Jussieu ! dit, en par-
lant des naturalistes qui admettent cette manière de voir : « L’expé-
rience leur a appris à reconnaitre, au lieu de ces intervalles symétri-
quement réguliers entre tous les êtres suivant une direction continue,
des distances inégales et dans tous les sens. La multiplicité des rap-
ports de chacun d’eux avec plusieurs autres à la fois ne peut s’expri-
mer par une ligne droite, sur laquelle il ne peut en toucher que
deux. »
2° Pouvons-nous disposer les plantes suivant un plan? Linné, le
premier, semble avoir eu cette idée: Plantæ omnes affinitatem
monstrant ut territorium in mappà geographicà. Il admettait ainsi
un plan sur lequel les végétaux auraient entr’eux des rapports ana-
logues à ceux que peuvent présenter les lieux sur une carte de géo-
graphie. Cette supposition, si tant est qu’elle ne soit pas l'expression
même de la vérité, s’en rapproche beaucoup. Les continents, les pro-
vinces, les cantons, les bourgades représentent bien à l'esprit, les
divisions etles subdivisions qu’on est obligé d'admettre dans le règne
végétal pour en faciliter l'étude.
Cette conception de Linné a eu beaucoup de partisans et l’on a
tenté de faire des cartes botaniques, suivant les divisions admises
dans la classification de de Jussieu. Ces cartes rappelaient assez le
planisphère terrestre ; deux continents représentaient les Monocoty-
lédones et les Dicotylédones, dont les familles se trouvent intime-
ment liées entr’elles ; les Acotylédones étaient représentées par une
série d’ilots, vraie Océanie végétale, réunis par un grand caractère,
mais montrant entr'eux des différences telles qu’il est impossible
de les fusionner. Si dans l’état actuel de la science il est à peu près
permis de tracer de grandes lignes pour limiter les continents, il de
vient difficile d'établir les divisions et les subdivisions, tant on con-
naît peu les familles, tant on est peu avancé sur l’état de leurs affi-
nités.
Robert Brown rejette, lui aussi, l’idée de la série linéaire, il
! Jussieu (Adrien de). Dict. univ, d’hist. nat., d'Orbigny, tome XIL, p. 407.
16
admet la supposition d’un rangement suivant un plan et dit que
le lien des êtres organisés est un réseau et non une chaine.
3 Les plantes peuvent-elles être disposées dans l’espace, c’est-à-
dire suivant toutes les directions ?
« Prenons, dit Ad. de Jussieu ‘, un grand arbre dans son entier
développement; ses branches avec leurs nombreuses ramifications
s’entremêlent dans un désordre apparent, se touchent, se croisent,
se dépassent l’une l’autre en divergeant ; mais si des derniers ra-
meaux aussi confusément entrelacés on redescend aux maïtresses
branches qui leur ont donné naïssance, on voit celles-ci converger
vers un axe commun, auquel elles s’insèrent régulièrement sur une
ligne continue déroulée de bas en haut. Ces divisions successives
figurent celles du règne végétal, dont les principales pourront se
coordonner en une série régulière qui disparaît dans les suivantes,
d’autant plus que les ramifications se multiplient davantage. » Il dit
autre part *: « Les rameaux nés sur les branches qui figurent les
familles, figureront eux-mêmes des genres. Or, ils peuvent naître
tous successivement l’un après l’autre sur une branche simple, ou
bien plusieurs ensemble vers une même hauteur sur une branche
elle-même ramifiée ; formant ainsi dans le premier cas une série,
un groupe dans le second. Cette double modification s’observe éga-
lement dans l’arrangement des genres d’une même famille. Il y a
des familles par groupe, dont tous les genres très-ressemblants
entr’eux, chacun touchant à plusieurs autres à la fois, s’'agglomèrent
dans une certaine confusion. Il y a des familles par enchaînement,
dont les genres, liant chacun celui qui le suit avec celui qui le pré-
cède, forment une véritable série dans laquelle le dernier ne se rat-
tache au premier que par cette suite de chaïnons intermédiaires et
peut quelquefois lui ressembler assez peu. Les premières sont néces-
sairement plus naturelles que les secondes. » Il ajoute enfin : «Cette
comparaison aidera à comprendre comment cette multiplicité de
rapports n’exclut pas l’idée d’une série générale, et comment ces
1 Jussteu (Adrien de). Dict. univ. d'hist. nat., d'Orbigny, tome XII, page 407.
2 Jussieu (Ad. de). Cours élémentaire d'histoire naturelle (Botanique), p. 401.
1848.
17
lignes dirigées et entrecroisées en tous sens peuvent se coordonner
en une seule ligne continue. »
Nous avons tenu à copier textuellement ces passages, afin que
chacun par une attentive lecture se puisse bien pénétrer de l’idée
de l’auteur, et ne puisse nous accuser de sévérité. Nous avons en
effet pesé chacune des phrases, mais malgré tous nos efforts nous
n'avons pu comprendre nettement «ces lignes entrecroisées en tous
sens pouvant se coordonner en une ligne continue.» De plus, nous
ne trouvons pas complétement juste son explication des rap-
ports des espèces, des genres, des familles ; il admet des entrecroi-
sements, des rapports à distance, ce n’est pas assez, il y a fusion,
union ; il faudrait des abouchements. Et, si tant est que l’on veuille
comparer le règne végétal à un arbre, il faudrait choisir l’arbre
circulatoire; les anastomoses fréquentes qu’il présente tantôt entre les
vaisseaux de même ordre et de même nature, tantôt entre des vais
seaux d'ordre et de nature différente, rendraient mieux, ce nous
semble, l’idée qu’on doit se faire des rapports des groupes végétaux
les uns avec les autres. Au reste, à notre avis, cette interprétation
est encore vicieuse et erronée; les espèces d’un genre, les genres
d’une famille, les familles d’une classe forment des masses étroite-
ment soudées, les lignes de démarcation y sont arbitraires et l’on
n’a pas souvent plus de raison pour établir la coupure ici qu’un
peu plus loin. C’est ce que montre la variabilité des divisions qu’on
établit, divisions qui englobent tantôt un genre et tantôt le rejettent.
Il faudrait, pour soutenir l’hypothèse d’A. de Jussieu, que les ca-
ractéristiques des classes, des familles, des genres, des espèces fus-
sent nettement posées ; elles ne le sont pas, peut-être même ne le se-
ront-elles jamais, car elles ne semblent pas exister dansla nature. Si
ces caractéristiques étaient connues, on comprendrait la ramification
genre, résumé des caractéristiques des espèces ; la ramification fa-
mille, résumé des caractéristiques des genres ; la ramification classe,
résumé de la caractéristique des familles ; de même pour l’embran-
chement, et on arriverait à l’axe qui serait le résumé des caractéris-
tiques des trois embranchements. Avec le système de ramification
admis par Ad. de Jussieu, une fois entré dans une branche, il
x, 2
18
est impossible d’en sortir ; tandis que dans la nature, à chaque ins-
tant, on se voit entraîné en dehors du cercle d’une famille par une
affinité qu’elle présente avec ses voisines. L’auteur est parti de l’idée
fausse que sa classification était naturelle, 1l a construit sa compa-
raison d’après cette idée ; sa comparaison ne pouvait qu'être fausse.
Nous le disions, il y a peu d’instants, l’observation prouve que la
plupart du temps le contact se fait suivant des surfaces, est-il pos-
sible d'expliquer cette disposition? Nous allons essayer de tirer notre
comparaison d’un fait d’histologie végétale. Le tissu cellulaire est
on le sait formé d’utricules : ces utricules sont d’abord sphériques
et agencées les unes à côté des autres autour de l’une d’elles comme
centre. À cause de leur forme elles ne se touchent que par des
points très-circonscrits, puis peu à peu par le fait même de l’accrois-
sement et de leur augmentation, ces points s’élargissent et les cel-
lules se touchent bientôt par des surfaces qui sont plus ou moins
régulières.— Nous pouvons regarder l’espèce végétale comme une de
ces cellules. Un groupe représentera le genre; tant que chaque
espèce sera peu connue, elle affectera avec ses voisines des rapports
très-circonscrits, mais, à mesure que l'espèce s’accroîtra, les rap-
ports, les contacts deviendront plus larges, plus étendus et les
limites plus ou moins régulières suivront la régularité du dévelop-
pement de chaque espèce. — Les genres ainsi constitués formeront
à leur tour des ensembles qui se grouperont pour faire des familles,
en acquérant les uns avec les autres des rapports analogues à ceux
que nous avons vu s'établir entre les espèces. Il en sera de même
pour les familles. En résumé on aura un Règne végétal, qui se pré-
sentera sous la forme d’une masse une, dont les parties seront étroi-
tement liées, dans laquelle il sera, à cause des aflinités de toutes les
parties constituantes, difficile de retrouver les lignes de démarca-
üon primitives et pour laquelle enfin , la plupart du temps, on sera
obligé d'employer des coupures artificielles. Il n’y aurait dans toute
la masse, de solution de continuité, que là où les espèces seraient
perdues ou encore ignorées.
Cette manière de comprendre l'agencement du règne végétal
nous conduit à une dernière supposition, qui a été émise il y a
19
longtemps, et qui semble placer l’ensemble des végétaux sous les
lois de la gravitation universelle. A. de Jussieu ‘ s'exprime en ces
termes. «La comparaison avec les systèmes des corps célestes
pourrait peut-être mieux encore peindre aux yeux ces rapports si
compliqués, en permettant de les exprimer, non plus sur un plan,
mais dans l’espace libre : elle nous montrerait la représentation de
nos groupes subordonnés, qui tous, ainsi que les corps dont
ils sont composés, se papprochent et s’attirent à des degrés différents,
dans les nébuleuses, dans leurs groupes d’étoiles, dans les systèmes
de planètes qui se meuvent autour d’une étoile, tandis, que d’autre
part, une planète retient plusieurs satellites immédiatement autour
d’elle ; et enfin, dans leur course excentrique, les comètes indécises
entre plusieurs systèmes, appartenant successivement à l’un et à
l’autre, compléteraient la comparaison.» Le principe de la subordi-
nation des caractères nous semble trop dominer dans cette compa-
raison. |
Telles sont les diverses suppositions vers lesquelles se sentent
portés les naturalistes. Ilen est une autre que nousne pouvons passer
sous silence, quoiqu’elle sorte du domaine de la pure observation, c’est
celle de quelques philosophes. Leur manière de voir se rapproche un
peu de celle de certains botanistes qui pensent que les plantes peu-
vent se disposer dans l’espace suivant toutes les directions, mais les
conclusions auxquelles ils se trouvent entraînés varient assez, en
apparence du moins, de celles qui ont cours, pour que nous traitions
de leurs idées dans un chapitre à part et avec des développements
assez grands.
Nous pouvons appeler Ja théorie de ces philosophes, celle de la
SÉRIATION. C’est à Ch. Fourier que nous devons la première idée de
la loi sérielle : pour lui, tous les êtres, tous les phénomènes sont sé-
riés, ce qui veut dire que tous appartiennent à une série. P.-J.
Proudhon dans son livre Création de Pordre dans l'humanité a repris
l’œuvre de Fourier; mais, à peu près nul dans l’étude des sciences
1 Jussieu (Adrien de), Dict. univ. d'hist. nat., tome XII, p. 407.
20
naturelles, il s’est trouvé à chaque instant gêné dans l’application de
ses idées, et n’a pu développer ce sujet comme il l’eût désiré. La
question a été largement traitée par M. Paul de Jouvencel'. Il est
arrivé à formuler assez nettement ce que l’on doit entendre par les
mots série et sériation, et il a appliqué les idées philosophiques à l’é-
tude des classifications zoologiques et botaniques. C’est à son ou-
vrage que nous ferons tous nos emprunts, nous contentant le plus
souvent de simples appréciations sur la valeur des résultats auxquels
il a été conduit dans ses études.
Que doit-on entendre par ce mot série ? Pour bien comprendre la
série il faudrait de longs développements, des comparaisons qui nous
entraîneraient trop loin; nous nous contenterons d’essayer d’en
donner une définition et d’en indiquer les principes et les lois les
plus importantes, celles qui touchent à notre sujet.
Une série est une succession d’individus, d’êtres, de phénomènes,
appelés {ermes, qui se suivent selon une progression. Cette pro-
gression peut être dans un rapport arithmétique ou géométrique, en
sorte que chaque terme diffère de ses voisins ; elle peut être crois-
sante ou décroissante ; elle peut être dans un rapport uniforme ap-
parent, ou dans un rapport uniforme et caché. Quand la progression
est uniforme et apparente, les termes qui se suivent diffèrent dans
un rapport qui est le même dans toute la série : quand au contraire
la progression est uniforme et cachée, on a plusieurs termes qui se
suivent d’après un rapport, puis en viennent d’autres qui se suivent
d’après un autre; mais on finit par retrouver une série qui marche
avec la première, puis une série qui marche avec la seconde, ete. , ete.
Les premières séries sont dites simples, les secondes sont appelées
complexes. — Un terme occupe souvent un rang très-différent dans
les diverses séries où il figure et, par contre, il peut occuper le même
rang dans des séries différentes. — Les séries symétriques sont
celles qui après avoir atteint un maximum vont en décroissant. —
Il y a des séries limitées, il y en a d’ilimitées. Le triangle plan est
une série limitée; le cercle et la sphère sont des séries illimitées :
! JouvenceL (Paul de). Genèse selon la science. La vie.
21
les séries sont ordonnées concentriquement par rapport à leur pre-
mier terme ou centre dans toutes les directions sur le plan du cercle,
dans toutes les directions dans l’étendue de la sphère. Un des
résultats les plus curieux auxquels ont été conduits les philosophes
est celui-ci : « On admet que chaque série part d’un terme infini-
ment petit... Il est indubitable que dans l’univers toute série se
développe à partir d’un terme infiniment petit par une suite de
termes progressifs en général différents. » C'est-à-dire que le rap-
port différentiel entre deux termes successifs est en général extrè-
mement petit. Suivons cette théorie dans ses applications.
Première question : Les espèces végétales vivantes forment-elles
une série ? « Il est sensible qu'à partir des Byssus, par exemple, jus-
qu’à la plante Dicotylée très-complète, on peut ranger une suite de
plantes d’une perfection croissante. Mais une série végétale n’étant
nullement vague, le caractère différentiel des termes successifs devant
être susceptible d’une expression, d’une formule générale pourtoute
une série, si nous cherchons pour cette suite de plantes rangées
ainsi, un caractère différentiel précis, commun à toutes, il nous sera
impossible de le trouver. — Après avoir reconnu que l’ensemble ne
forme pas une série unique, si l’on essaie d’y trouver trois séries
selon la distinction Acotylédones, Monocotylédones, Dicotylédones
Von n’y parviendra pas davantage. Sans doute l’impossibilité de sé-
rier séparément chacune de ces trois divisions sera moins flagrante
et moins immédiate que l'impossibilité de sérier le tout ensemble,
mais à chaque instant, dans chaque division, la formule différentielle
que l’on aura cru pouvoir découvrir sera inapplicable. — Cherchant
ensuite si chacune des trois divisions peut être subdivisée, on trou-
vera que certaines familles présentent une série plus ou moins com-
plète et que le reste des plantes forme une mascarade où pas un seul
costume n’est caractérisé nettement. » Il semble donc y avoir plu-
sieurs séries végétales.
« Jusqu'à quel point ces séries sont-elles distinctes ? Si, comparant
deux de ces séries, on prend dans chacune les types les plus carac-
térisés, on les trouve extrêmement distincts et par plusieurs aspects.
Mais on trouvera, dans chacune, des espèces qui s’écartent plus ou
22
moins du type, et presque toujours la mascarade des espèces énig-
matiques offrira une suite d’intermédiaires plus ou moins nombreux,
plus ou moins groupés, qui forment en quelque sorte un lien trans-
versal entre les espèces sériées qui s’écartent du type de la série. Ce
qui revient à dire qu’une espèce même très-caractéristique appar-
tient et à la série droite et à la série transversale. Dans un cas elle
passe inapercue, dans l’autre elle paraît être une tête, un point de
départ. » Cela ressort du principe que nous avons inscrit plus haut :
qu’un même terme peut appartenir à la fois à plusieurs séries diffé-
rentes. « Un végétal appartient donc, à la fois, à toutes les séries
diverses selon lesquelles on veut considérer ces êtres, et occupe sou-
vent dans ces séries des rangs très-différents ; on comprendra dès
lors pourquoi il est impossible de trouver des lignes de démarcation
nettes entre les familles végétales des classificateurs. »
Ce raisonnement, qu'il ait été fait à priori ou qu'il ait été
construit & posteriori sur les données de l’observation, conduit
ces philosophes à cette assertion : il n’y a pas de lignes de
démarcation nettes, brusques et tranchées entre les groupes des
plantes.
De ce principe qu’un même terme peut occuper des rangs très-
différents dans différentes séries où 1l figure, M. de Jouvencel tire
la conclusion de « l’individualité et de l’indépendance des séries les
unes par rapport aux autres, » d’où ce précepte «que, en général, on
ne peut raisonner d’une série à l’autre. » Ne reconnait-on pas là,
exprimé d’une facon nouvelle, le principe d’Adanson sur lequel nous
avons tant insisté, que les caractères importants varient swzvant les
mœurs et le génie des familles. Ce précepte souffre exception, et,
chose curieuse, nous sommes encore d’accord ici avec la théorie de
la sériation. « Dans certaines séries complexes, les séries simples y
comprises sont en tel rapport qu’on peut raisonner de l’une à l’autre;
mais ce raisonnement n’est légitime qu'à la condition qu’on ait re-
connu et démontré préalablement la nature, les rapports différen-
tiels spéciaux et la corrélation des séries simples comprises dans la
série complexe que l’on considère. » N’agit-on pas suivant ce prin-
cipe lorsqu'on étudie parallèlement plusieurs groupes qui semblent
23
se calquer les uns sur les autres avec quelques différences de détail
seulement.
Jusqu'ici la théorie de la sériation concorde parfaitement avec
les résultats scientifiques de l’observation; mais en suivant les
philosophes dans leurs déductions nous arrivons à une conclusion
tout à fait en désaccord avec l’idée que l’on se fait, généralement,
de la Classification naturelle. Nous avons admis en effet avec tous
les auteurs, et suivant l’opinion généralement reçue, que le natura-
liste se proposait d’aller à la recherche du plan de la nature. C'était
implicitement admettre une volonté qui avait créé les individus sui-
vant certaines lois fixes, invariables. On avait pour but de retrouver
ces lois et de reconstruire le plan de la création. La Classification
naturelle n’était que l’expression de ces lois et de ce plan.
Les partisans de la sériation n’envisagent pas les choses de la
même facon. La nature n’est plus une personnalité, une intelligence
douée de réflexion, ou du moins l'exécution d’une autre intelligence.
Selon eux la nature est l’ensemble des réalités actuelles ; tout au plus
est-elle l’ensemble des réalités de tousles temps et des lois selon lesquel-
les ces réalités ontété et seront... La nature est une œuvre etnon pas
une personne. La prétendue prévoyance de la nature est une consé-
quence nécessaire, inévitable de forces qu’on ne sait distinguer. Il y
a conséquence et nécessité qui Ôte tout l’admirable d’une prétendue
prévoyance qui n’existe pas... Nécessité, ajoute M. de Jouvencel,
autrement grandiose et merveilleuse que le perpétuel tripotage de
leur nature. » Quant aux lois, voici ce qu’il en pense : «Autrefois on
croyait à une toute-puissance qui produisait les phénomènes; au-
jourd’hui on est tenté de reconnaître les lois comme édictées par un
législateur. Mais les forces agissent toujours de la même facon, la
force et la loi sont la même chose. La loi est une nécessité, il en
est ainsi parce qu'il ne peut en être autrement. Les phénomènes ne
sont pas plus produits par l’obéissance de la matière à un plan qui
lui aurait été communiqué et auquel il lui aurait été enjoint de se
conformer, qu'ils ne sont produits par une puissance infinie occupée
à tout faire. « Les phénomènes sont les conséquences nécessaires
visiblement pour nous ou non visiblement de l’action de forces insé-
24
parables de la matière. » Enfin pour la question qui nous occupe,
ils arrivent à déclarer que la classification vraie, définitive, la clas-
sification scientifique ne sera pas appliquée aux individus, mais
qu’elle s’appliquera aux organes. La multitude des êtres vivants,
telle qu’elle est, se présente à nous, non comme l'exécution d’un plan
suivi rationnellement, mais comme un résultat historique, c’est-à-
dire, le résultat continuellement modifié d’une multitude de forces
qui ont agi successivement et où chaque accident, chaque irrégularité
représente l’action d’une cause. « Le plan, dans le sens que donnent
ici à cette expression ceux qui l’emploient, le plan n’existe pas, ce
n’est qu’une apparence. Les forces agissent nécessairement, aveuglé-
ment et de leur concours résultent des êtres ; croire que la nature
agit selon un plan sériel est une erreur. La série est le résultat et
non une idée de la nature, elle est la nature même. »
Telles sont les idées exposées par l’auteur de /4 Genèse selon
la science ; nous les avons impartialement émises et c’est pour.
être plus impartial encore que nous l’avons le plus souvent laissé
parler lui-même. On doit chercher à s’instruire partout et il peut
souvent ne pas être inutile d'appeler à son aide des connaissances
étrangères ; on ne doit à aucun prix fermer les yeux à la lumière,
et sous aucun prétexte on ne doit tenter de l’éclipser. Au reste,
ici la philosophie n’est pas une étrangère, il s’agit de méthode,
et nous devons savoir gré à ceux qui plus que nous sont versés dans
l'étude de la logique, d’essayer à venir nous éclairer dans une
question aussi controversée que l’est celle des classifications.
S'il se füt agi ici d’une discussion établie sur des faits d’observa-
tion, nous ne nous fussions pas occupé des conclusions d’un raison-
nement qui peut s’égarer parfois, car les faits parlent plus haut que
tout syllogisme. Mais ce n’est pas le cas ; en effet, nous voyons au
contraire, pour tout ce qui a été reconnu par l’observation, le raison-
nement et l'expérience marcher d’un commun accord et arriver par
des chemins différents, à ces conclusions : les groupes sont intime-
ment liés, 1l est impossible de tracer entr’eux deslignes nettes de dé-
marcation ; — les êtres ne peuvent se sérier sur une même ligne ; —
il y a des caractères importants auxquels les autres sont subordon-
25
nés, ces caractères varient suivant chaque série. Arrivé là on
tombe dans le champ des hypothèses, c’est alors seulement que lac
cord cesse; les uns admettant que les êtres ont été, sont et seront for-
més d’après un plan invariable, pensent qu’on peut le retrouver,
qu’on pourra le retracer, ce plan sera la classification ; les autres
soutenant au contraire, que les êtres se sont développés non pour
se soumettre à un plan tracé d'avance, mais pour obéir à certaines
forces, à une nécessité qui est leur seule loi; de telle sorte qu'ils va-
rient suivant les modifications de ces forces.
Les philosophes peuvent au reste invoquer à l’appui de leur ma-
nière de voir l’opinion d’auteurs dont le nom est d’un grand poids ;
car ces hommes sont, peut-être de tous, ceux qui ont le plus atten-
tivement interrogé la nature. Nous voulons parler de Buffon et
d’Adanson.
Le premier dans son Histoire naturelle générale, nous dit : «Il
n'existe réellement dans la nature que des individus ; et les genres,
les ordres et les classes n’existent que dans notre imagination !.» Il
revient encore sur cette idée dans une autre partie du même ou-
vrage : « La nature ne connaît pas ces prétendues familles et ne con-
tient que des individus ?. » Adanson qui cite ces passages continue
en ces termes : « En effet s’il est vrai que l’espèce n’est bien carac-
térisée, que lorsque la nature a partagé les deux sexes et le moyen
de la multiplication entre deux individus, il s’en suivra nécessaire-
ment que les classes et les genres n'existent pas plus que les
espèces, et qu’il n’y a réellement dans la nature que des individus
qui se suivent, en se fondant pour ainsi dire les uns dans les autres
par le moyen des variétés, et en passant insensiblement des miné-
raux dans les végétaux et les animaux ; de sorte qu’ils paraissent ne
former que des parties intégrantes d’un seul tout ; d’où l’on conclura
que la nature n’a pas établi cette division, qu’on suppose des trois
règnes, non plus que les classes, les genres, les espèces, qui n’exis-
tent que dans notre imagination ÿ. »
1 De Burron, Hist. nat. gén., t. 1, p. 38.
? De Burron, Hist. nat. yén., t. IV, p. 385.
3 ADansoN, Familles naturelles des plantes, édit. Payer et Al. Adanson, t. I, p. 3.
26
À cette question que nous nous étions posée : Existe-t-il un plan
dans la nature? nous ne pouvons rien répondre de positif, car on
est et l’on resteral ongtemps encore, peut-être même toujours, sur le
terrain del’hypothèse. Nous ne pouvons pas par l'observation démon-
trer que ce plan n’existe pas , mais cependant l'expérience et le
raisonnement peuvent nous conduire à de fortes présomptions.
Nous avons en présence, deux opinions diamétralement opposées.
La première admet un plan déterminé à l’avance, dans ce plan
régulier les individus végétaux se grouperaient pour former des
espèces, la réunion de celles-ci donnerait les genres, les genres as
sociés composeraient les familles, les familles les classes, les classes
les sous-embranchements ; viendraient ensuite les embranchements
qui par leur assemblage constitueraient le Règne végétal. Ce plan,
ce cadre, ce tableau, cette classification existe dans le livre de la
nature, il est net, clair, défini, il date de la création et ne peut se
modifier. Pour que tout cela soit vrai, il faut que l'individu végétal
soit lui-même invariable; car si l'individu est invariable, l’espèce
est fixe, le nombre des individus est limité, une espèce nouvelle ne
peut apparaître. On reconnaît dans cette hypothèse une nature créa-
trice, ayant une fois pour toutes, jeté sur le globe des germes qui
se développent et vivent sous certaines lois dont la première, la plus
importante, est de se reproduire avec les mêmes caractères.
La seconde opinion rejette toute idée de plan défini à l'avance,
les plantes se développent suivant un ordre sériel, elles se modifient
sous l’influence des agents extérieurs. Ces forces agissent sans cesse
mais sont variables : l'individu variable, l'espèce n’est pas fixe.
Bien plus, le nombre des êtres est illimité : à chaque instant les or-
ganismes vivants pouvant se créer et devenir le point de départ de
27
séries nouvelles, qui se développent et viennent s’intercaler entre
les séries déjà existantes.
Nous n’avons pas, pour le moment du moins, besoin de nous
appesantir sur la première opinion, tout le monde la connait, la
comprend, elle est d’une simplicité extrème, c’est la science d'hier,
nous avons été bercés par elle et nous nous en sommes nourris jus-
qu’à ce jour, elle peut se résumer en ces mots : invariabilité de l’in-
dividu, fixité de l’espèce, Homocénise. La seconde est moins connue,
elle se rattache à des faits nouveaux, c’est la science d’aujourd’hui,
elle a besoin pour être comprise de plus grands développements, ses
conclusions sont : variabilité de l’individu, variabilité de l’espèce,
HÉTÉROGÉNÈSE. Suivons la dans ses déductions.
L’un des principes de la théorie de la sériation est celui-e1 : toute
série a un point de départ infiniment petit. Ce point de départ peut
exister, encore, en tête de la série, mais le plus souvent, on n’a sous
les yeux que les résultats de ses modifications successives, on arrive
plutôt à le trouver par le raisonnement que par l’expérience directe.
Admettons done avec les philosophes ce point de départ. L’infini-
ment petit en histologie végétale comme en histologie animale,
est la cellule. La cellule végétale à son début, est un sac formé de
matière azotée (protoplasma), elle est composée de carbone, d’oxy-
gène, d'hydrogène et d’azote. Cette cellule, par la suite, s’entoure de
couches qui sont formées de matières ternaires, c’est-à-dire dans
lesquelles on ne trouve plus que du carbone, de l'oxygène et de l’hy-
drogène. Cette succession de couches se fait sous l’influence de la
cellule primordiale qui est azotée ; tant que la cellule contiendra une
particule de substance quaternaire azotée, elle pourra élaborer et se
reproduire ; en un mot, elle pourra vivre ; quand elle n’en contien-
dra plus elle sera morte. On pourra done, disent-ils, tirer la conclusion
que c’est à la substance quaternaire, que se rattachera nécessairement
la condition sine qua non des phénomènes vitaux. La vie est atta-
chée à ce composé, car s’il en était autrement elle pourrait se ma-
nifester en d’autres composés, or il est prouvé qu’elle ne se mani-
feste que dans celui-là.
Cette substance quaternaire n’est pas toujours identique ; elle
28
n'est pas une, elle est formée d'éléments qui peuvent varier infini-
ment dans leurs quantités respectives ; d’où les propositions suivan-
tes : «1° Les proportions pondérables des éléments du composé vital
ne sont pas toujours et partout les mêmes dans toutes les cellules
vivantes; il s’en suit qu'il existe plusieurs composés vitaux ayant
nécessairement des propriétés différentes. 2° Les groupements des
éléments d’un même composé vital peuvent être très-divers ; il
résulte encore, même à égalité de proportions pondérables, des pro-
priétés très-différentes. » Or, comme la vie de la cellule élémentaire
n’est, dans cette hypothèse, qu'un résultat, qu’un concours de phé-
nomènes, et non pas une cause, on conçoit que le mode de vie de-
vra varier dans cette cellule suivant les quantités pondérables et le
groupement divers des éléments. Ainsi, nous voyons déjà s’expli-
quer la variété de la série, car chacune de ces cellules primordiales
va pouvoir devenir le point de départ de séries ayant toutes une vie
spéciale, une vie différente.
Si l’on admet le principe que ce sont les forces qui agissent pour
amener la production des êtres, on est obligé, pour être logique,
d'admettre, en même temps, que ces forces en se modifiant, déter-
minent la modification de ces mêmes êtres. Mais il est avéré que
« les conditions d’existence des êtres vivants ont varié toutes sans
exception depuis l’origine de la vie sur le globe. » Il est donc par
cela « reconnu que les divers systèmes organiques ont dû constam-
ment se modifier, et que, non-seulement l'espèce n’est pas chose
fixe, mais qu’il est mathématiquement impossible qu’elle le soit. »
— Non-seulement les séries peuvent avoir été singulièrement mo-
difiées depuis leur apparition sur le globe, mais les individus eux-
mêmes, qui toujours prennent leur point de départ dans une cel-
lule, peuvent être modifiés par les circonstances ambiantes; done
de la variation des individus résulte encore la non fixité de l’es-
pèce.
Mais comment expliquer la créATIoN de cette cellule vivante ?
Si la vie est liée à l’existence de cette matière quaternaire dont
nous parlions tout à l'heure, elle n’a pu toujours exister sur notre
terre. « La vie, telle que nous la connaissons, soit dans les êtres ré-
29
duits à une vésicule, soit dans les végétaux et les animaux les plus
complets ne peut subsister avec une certaine température... à la
température rouge sombre nul être organisé ne saurait subsister
puisqu’à cette température tous les tissus végétaux seraient désor-
ganisés. — Or, il est indubitable que, le globe étant dans un état de
fusion ignée, les organismes tels que nous les connaissons, ni aucun
de leurs analogues ne pouvaient vivre. Donc, puisqu'ils vivent
aujourd’hui, il y a eu une époque où la vie et les organismes ont
commencé à paraître sur le globe. » Ces premiers êtres étaient les
points de départ de séries diverses et comme tels ils devaient être
très-petits, très-simples, réduits à un cellule, c’est-à-dire, assez ana-
logues à nos êtres microscopiques. Ces êtres étaient des composés
quaternaires et leur formation est assez facilement expliquée puis-
que les fluides étaient précisément : oxygène, hydrogène, carbone
et azote. Ainsi se trouve interprétée la naissance des premiers
organismes. Îls se sont formés pour obéir aux lois des attractions
moléculaires et des affinités. La combinaison vitale formée, son ins-
tabilité qui est due au caractère chimique essentiel de l’azote (lin-
différence) « a pour conséquence une extrême aptitude à des mo-
difications ultérieures. En sorte que l'indifférence chimique qui
relègue l’azote au dernier rang d'importance dans la chimie élémen-
taire ou minérale, le place au premier rang dans la chimie physio-
logique. »
Une autre conclusion qu’on peut tirer de cette manière d'envisager
la création des êtres est la génération spontanée et incessante d’or-
ganismes nouveaux. En effet, si les seules conditions de leur appari-
tion sont d’un côté la présence d’azote, d'oxygène, d'hydrogène et
de carbone, l'attraction moléculaire et l’affinité chimique, pourquoi
chaque jour, puisque les conditions se rencontrent réunies, ne ver-
rait-on pas de nouveaux êtres se former et devenir le commencement
de séries qui n’existaient pas antérieurement ? C’est ce que nous
voyons se passer dans toutes les infusions de nature végétale. « La
matière organique qui, en se décomposant, détermine la formation
d'organismes vivants, ne détermine pas cette formation en leur don-
nant la vie qu’elle n’a pas; mais elle met en jeu des aflinités, des
30
substances ambiantes, et détermine ainsi entr’elles la formation d’un
composé vital qui, s’entourant d’une membrane, s’isolant du milieu
où 1l se forme, donne aussitôt naissance à des organismes dont la
nature varie selon les substances employées, c’est-à-dire selon la
nature du composé vital. »
Ainsi les philosophes démontrent-ils, par les simples propriétés
de la matière, par les forces qu’on nomme aflinité et attraction mo-
léculaire, la création de tous les êtres qui peuplent la terre. Ainsi
l’on comprendrait une certaine gradation dans les séries, consé-
quence de l’action constante et uniforme, agissant toujours de la
même manière pour modifier les organismes. Ainsi, enfin, par suite
de la modification des êtres de séries existantes et l'apparition de
séries nouvelles, on pourrait se rendre compte de l’existence de
séries très-inégales, et bouleversées, dans lesquelles « on a peine à
reconnaître les jalons de séries exactes. »
La question de la Genèse des êtres organisés est fortement déba-
tue; on a écrit des volumes sur ce sujet, qui passionne en ce mo-
ment les esprits. Y a-t-il homogenèse, y a-t-il hétérogenèse ? doit-
on croire qu'il y a toujours des germes qui engendrent seuls des
êtres nouveaux, ou bien y a-t-il génération spontanée, en un mot
des organismes peuvent-ils apparaître sans être obligés de provenir
de germes antérieurs à eux? Les défenseurs de ces deux théories
sont arrivés à des déductions si opposées et si contradictoires qu’on
est descendu sur le terrain de l’expérimentation. Il est à regretter
que les détracteurs de l’hétérogénie n’aient pas traité cette question
avec toute l’impartialité désirable, car, sans nul doute, ils eussent
apporté de la lumière dans ce débat inégal. En agissant au contraire
comme ils l'ont fait, ils ont mis le tort de leur côté et les sympathies
du côté des partisans de la génération spontanée; ils se sont créé des
dificultés et ils ont grossi le nombre de leurs adversaires. Le com-
bat est reculé mais non pas évité, chaque jour l’homogénie perd des
défenseurs et l'hétérogenèse fait des progrès sensibles, sans pourtant
que rien ne soit fixé, les mêmes faits sont, tour à tour, niés et prou-
vés, interprétés de façons diverses, en un mot on ne sait encore rien
de positif, Qu’on ne s’attende donc pas à nous voir discuter ces deux
31
théories, ce n’est ni le lieu ni le moment, nous n’en voulons parler
qu’au point de vue des classifications sans nous perdre dans les dé-
ductions philosophiques et théologiques que cette question de la
Genèse soulève nécessairement. Le naturaliste doit s'occuper de
bien voir ce qui est, d'analyser les faits connus, le raisonnement
vient par surcroît et les déductions se font d’elles-mêmes.
À quoi se résume le débat? les deux théories si opposées en ap-
parence le sont elles autant de fait? Procédons par analyse et tächons
de montrer quels sont les points où les auteurs sont en désaccord.
Les partisans de l’homogénie veulent qu’il y ait toujours un
germe, et que l'individu sorte de parents semblables à lui ; ce germe
pour le Chêne, le Peuplier, etc., est un embryon; cet embryon est
déjà un être très-compliqué, c’est la plante en miniature, elle n’a
plus qu’à grandir; mais en remontant dans sa genèse nous le
voyons avoir pour point de départ la cellule. Descendons le Règne
végétal et nous arrivons aux plantes les plus simples en organisation,
aux Algues : là, dans le Protococcus par exemple, toute la plante se
réduit à une cellule unique, le germe est une cellule, la plante adulte
est la même cellule plus développée. Dans tous les cas le germe peut
se réduire à un sac de matière azotée plus ou moins recouvert de
matière ternaire. Les homogénistes veulent qu’il y aït toujours,
pour le moins, un germe aussi réduit pour devenir le point de départ
de l’être organisé ; — les hétérogénistes vont plus loin, ils nient la
nécessité de cet état de formation déjà avancée; pour eux, la plante
peut naïtre, non pas seulement de ce produit déjà compliqué des
éléments extérieurs, il peut sortir directement de ces éléments eux-
mêmes. La cellule végétale primordiale n’existe pas toujours, elle
peut se créer de toutes pièces par suite de la combinaison de l’oxy-
gène, de l'hydrogène, du carbone et de l’azote.
L'expérience peut-elle nous apprendre comment se forme cette
matière quaternaire? Revenons à notre germe de Protococcus ; en le
suivant avec attention, nous le voyons grandir rapidement par for
mation sur place de substance azotée, Ce développement se fait à
l’aide d’un liquide protoplasmatique, élaboré par la cellule elle-
même, par suite d’actions d’affinités chimiques, derépulsions, d’at-
32
tractions, sous l'influence de certaines conditions extérieures. Bientôt
on voit dans le liquide apparaître quelques petits noyaux libres d’a-
bord, qui grossissent à leur tour, se touchent et rompent bientôt la
cellule mère pour sortir au dehors ;:ces noyaux sont des cellules
quaternaires, des composés vivants qui sont des germes et devien-
dront le point de départ de nouvelles plantes. Comment se sont-ils
formés? de la même facon que nous avons vu s’accroître la cellule
mère par l’action des éléments du liquide protoplasmatique. Au
lieu de choisir ce germe de Protococcus, nous eussions pu prendre
un germe d'Onagrariée, de Borraginée, de Liliacée, car M. Hermann
Schacht, a reconnu que le même mode de développement se re-
trouve dans les premières cellules qui vont constituer l’albumen.
Voilà ce que nous apprend l'observation sur le mode de formation
du composé vivant, de l’utricule primordiale, de la matière quater-
naire. Tant que les choses se passent ainsi, elles restent dans le do-
maine des homogénistes, c’est une cellule qui est engendrée par une
cellule semblable à elle; mais est-il possible d'admettre avec les
hétérogénistes que cette cellule peut naître sans qu'il soit besoin
d’une cellule antérieure existante ?
Dédoublons, analysons cette cellule, qu'y trouvons-nous? De la
matière et la vie! La matière, nous sommes peu embarrassés pour
prouver sa formation : nous sommes accoutumés, en eflet, à la voir
se former tous les jours. Dans nos laboratoires, nous arrivons à la
faire de toutes pièces par des séries successives de réactions à des
combinaisons de molécules variées ; en sorte qu’il nous est possible
avec les différents éléments, de reproduire les différents états de la
matière, en nous fondant sur les lois des affinités et des répulsions
chimiques. L'apparition de la portion matérielle de la cellule élé-
mentaire est donc facilement admissible, d'autant qu'on ne peut
pas dire qu’elle se crée, c’est un agencement différent de molé-
cules existant déjà. Jusqu'ici pas de désaccord, le composé qua-
ternaire peut se former en dehors des organismes vivants, il ne
reste plus qu’à voir si le composé peut vivre.
La vie! Qu'est-ce que la vie? un problème irrésolu, malgré
tous les efforts de l'imagination des plus grands génies. Est-ce un
33
soufile, un principe immatériel, une aura vivifaciens, qui vient se
fixer sur les êtres organisés et appelés à occuper une place sur ce
globe? Beaucoup le soutiennent... En l’admettant, il serait facile
de comprendre comment la matière pourrait se trouver viviñée.
Ce principe vital serait véritablement le seul germe, qui peu-
plerait la nature entière, et qui pourrait animer des êtres de nou-
velle création, aussi bien qu'il a vivifié et qu’il vivifie ceux qui
créés depuis des siècles, se sont perpétués jusqu'à ce jour...
Cette manière de voir, qui est celle des spiritualistes, est simple et
séduisante, mais on lui reproche de rejeter sur un inconnu des phé-
nomènes qu’on pourra peut-être un jour approfondir par l’obser-
vation.
Pour d’autres la vie est l’ensemble des fonctions de l’être orga-
nisé ; la vie est un résultat, tandis que tout à l’heure elle était une
cause. Nous avons vu que certains auteurs pensaient que la vie était
liée d’une facon intime à ce composé qu’ils ont appelé pour cette
raison composé vital... Nous croyons que tout n’est pas dans cette
combinaison, car s’il est vrai d'admettre, avec eux, que la vie
ne se rencontre que dans ce composé, ils sont obligés de voir comme
nous que toute matière quaternaire azotée n’est pas vivante, et que
la vie ne reste pas nécessairement fixée sur ce composé. Quelque
matérialiste qu’on puisse être, on est obligé de reconnaître que la vie
et la matière sont distinctes, elles s'obstinent tellement à se montrer
séparées, qu'on ne peut sans fausser la nature s’obstiner à les con-
fondre. La matière quaternaire seule ne fait pas la vie ; en d’autres
termes, ce n’est pas parce qu’on aura la combinaison de carbone,
hydrogène, oxygène et azote, qu’on obtiendra cet ensemble de fonc-
tions qu’on appelle : la vie. Il faut autre chose.
Dans la nature à chaque instant, il se forme des composés qua-
ternaires ; de ces composés les uns sont destinés à vivre, les autres
ne vivront jamais, enfin il y en a qui vivront peut-être. Ce grain de
Café, par exemple, restera inerte et mort tant que nous le conser-
verons à l’abri de l’humidité; mais mettons-le dans certaines con-
ditions, il va germer, il va vivre en un mot. Quelques gouttes
d’eau, de l’air et un peu de chaleur auront opéré cette vzvification
<: 3
34
Notons encore qu'il faudra prendre un grain qui n’ait pas plus de
six mois, Car dans ce cas tous les soins seront superflus. La vie
n’est donc pas dans la matière qui compose ce grain de Café, la vie
n’y est venue que quand la matière aura été placée dans certaines
circonstances nécessaires. Nous devons donc pour être complet dire
que la vie est le résultat de l’ensemble des fonctions de l'être orga-
nisé, et qu’elle ne se manifeste que sous l'influence de certains
agents extérieurs. Tant que la matière sera dans son état normal,
tant que les circonstances resteront favorables la vie persistera, et dès
qu’au contraire la matière s’altérera et que les conditions ne se ren-
contreront plus, la plante mourra. En sorte que la vie pour exister
réclame deux choses : la matière inaltérée et certaines conditions
particulières à chaque être, connues dans certains cas, et inconnues
dans d’autres.
Que faudrait-il pour expliquer l’apparition d'organisme dans nos
infusions ou macérations? Il faudrait qu’il s’y formât de la matière
quaternaire (et elle s’y forme), et qu’elle s’y trouvät dans des cir-
constances favorables. Est-ce parce que nous ne connaissons pas
ces circonstances que nous devons nier cette apparition? Mieux
vaut, ce nous semble, aller à leur recherche que de s’obstiner à
courir après ces germes, ces œufs, ces spores qui sont transportés
dans les airs, qui se déguisent en poussière invisible, ete., ete.
Cette manière de comprendre les phénomènes fait disparaître
l'énorme distance qui sépare les deux théories sur la genèse des
êtres. L’être vivant peut sortir de parents qui lui donnent naissance
par une multiplication, une sorte de dédoublement de leur matière
vivifiée. Cette succession peut se faire à travers les siècles avec des
modifications dépendant des circonstances ambiantes : c’est la géné-
ration par germes, c’est l’homogénie, elle se résume en ces mots :
la cellule engendre toujours une cellule semblable à elle. — L’être
vivant peut naître de toutes pièces, la matière se formant par une
série de combinaisons chimiques dépendantes d’affinités des éléments
formateurs, et devenant, sous l'influence de circonstances extérieures,
particulières et souvent inconnues, apte à remplir un ensemble de
fonctions dont le résultat est la vie. C'est l’hétérogénie. Cette genèse
39
irrégulière et vagabonde, nous semble moins incompréhensible et
moins merveilleuse que la première : car, ici la cellule naït au
hasard, pour ainsi dire sans règle, ni loi. Et il nous paraît moins
étonnant et moins difficile de comprendre la création d’une cellule
qui ne ressemble à aucun modèle, que d'expliquer la succession
constante et nécessaire de cellules qui toutes ressemblent à celles
dont elles sont sorties.
Nous admettons donc la possibilité de l’apparition de séries nou-
velles. Examinons maintenant ce que nous devons croire sur la
variation de l'individu et la fixité de l’espèce.
La question de la fixité de l'espèce a toujours fortement préoc-
cupé les esprits ; c’est, pour nous, un sujet très-grave et qui mérite
toute notre attention au point de vue des classifications. L'espèce
est, avons-nous dit, l’ensemble des individus qui se ressemblent,
la question de la variation ou de la non variation des individus doit
donc nous occuper d’abord. Tout le monde s'accorde à reconnaître
que l'individu est modifiable. Ces modifications se font sous l’in-
fluence connue de certains agents extérieurs, sol, température, lu-
mière, etc. Les individus végétaux ainsi modifiés, ainsi déviés du
type normal sont appelés des variétés. Ces altérations sont plus ou
moins durables; tandis que certaines variétés, après une ou deux gé-
nérations reviennent aux caractères de l’individu qui leur a donné
naissance ; il y en a d’autres qui, après avoir pris certains caractères
particuliers, ne retomberont dans le type initial qu’après cinq, dix,
quinze générations; il y en a certaines qui les conserveront toujours.
Ces modifications qui portent sur l'individu sont manifestes, l’indi-
vidu est donc variable. Si l'individu varie, l'espèce n’est pas fixe.
En effet cette variété fixée d’une manière durable, constituera une
nouvelle série d’êtres avec des caractères qui la différencieront de
l’espèce mère ; si l’on a pu suivre la généalogie de la plante,
il sera possible encore de savoir que telle ou telle, n’est qu’une
variété de telle autre ; mais le botaniste qui la verra pour la pre-
mière fois en fera une espèce et il n’aura pas de raisons pour
ne pas la faire. L’espèce première se trouvera ainsi démembrée et
divisée.
36
Il faudrait, pour qu'il n’en soit pas ainsi, qu’on ait un Criterium
qui permit de savoir ce qui doit être érigé en espèce ou simplement
regardé comme une variété ; or ce Criterium n'existe pas. Quelle
est la: caractéristique de ce premier groupement des plantes? La
taille, la durée, la couleur, l’odeur, tous les caractères des végéta-
tions sont variables, même sur deux individus sortis des mêmes
parents. Cette incertitude dans la limite du groupe le fait varier,
suivant l'esprit de chaque classificateur. Ce vague a amené une
confusion extrême, et a engendré une des plaies de la botanique
contemporaine, le démembrement des genres et limvasion d’une
multitude d’espèces nouvelles qui n’ont été qu’éphémères, les carac-
tères sur lesquels on les appuyait étant de nulle valeur. Presque
tous les botanistes sont d’accord sur ce point. — L'espèce est donc
variable et comme groupe naturel d'individus, et comme division
du règne végétal.
De ce que nous venons de dire, il est, d’après l’observation de
chaque jour, permis d'admettre que les espèces qui vivaient il y a
cinq cents ans ou mille au plus, pouvaient bien présenter quelques
caractères qu’elles n’ont plus aujourd’hui; on peut même croire que
les espèces pouvaient être quelque peu différentes, et 1l semble
logique de dire que certaines ont pu disparaître et être rem-
placées par d’autres nouvelles. Adanson semble être de cet avis;
nous transcrivons ce passage qui est aussi vrai aujourd’hui qu’il
l'était il y a un siècle !. « Les gens à systèmes et à règles générales,
surtout les botanistes, ne conviennent pas de la succession constante
des individus ; leurs races ne sont, à proprement parler, que des
variétés, seulement plus marquées, quoique souvent aussi peu cons-
tantes que ce qu’ils appellent espèces ; ils jugent de la totalité des
êtres par un petit nombre d'individus ; ils tirent des conclusions
générales de cas particuliers; ils établissent des règles générales avant
d’avoir étudié tous les êtres, qu’ils supposent gratuitement leur être
soumis, sans admettre aucune exception ; mais ils ne font pas assez
d'attention que l’histoire naturelle n’est encore que dans l’enfance ;
1 ADAnsON. Familles naturelles des plantes, édit. Payer et Adanson, p. 111.
37
que sur des millions de faits qu’il faut connaitre pour en deviner les
principaux secrets, nous n’en connaissons qu’un très-petit nombre,
et seulement les plus apparents, et certainement pas ceux qui
seraient les plus décisifs. S'ils eussent faif ces réflexions, ils n’eus-
sent vraisemblablement pas adopté cet axiome trop général : « Les
individus meurent mais les espèces ne meurent pas » ; car nombre
de coquilles fossiles sont des espèces anciennes mortes pour nous;
et il paraît que le nombre des espèces augmente dans certains pays,
tandis qu’il diminue dans d’autres (sans qu’on ait des preuves qu’il
s’en forme de nouvelles qui remplacent les premières). »
Nous nous étions proposé dans cette partie d’examiner, dans le
cas où l’on admettrait un plan suivant lequel les végétaux pour-
raient se ranger, si ce plan devrait être regardé comme net, fixe et
invariable. Des différentes études que nous avons faites il résulte :
1° Que ce plan change constamment par suite de la variation des in-
dividus, et de la non fixité de l'espèce que l’on doit admettre avec
les partisans de la théorie de sériation, parce que leurs conclusions
sont d'accord avec les faits. 2° Que les groupes sont variables dans
leur constitution et dans leurs limites : dans leur constitution parce
qu'on est obligé de reconnaître d’une part, la disparition d’indivi-
dualités anciennes, de l’autre, l’apparition d'organismes nouveaux ;
dans leurs limites, parce que l’on ne connaît pas encore la caracté-
ristique de chacun des groupes. 3° Que le plan fixé et défini qu’on
veut imposer à la nature n’existe pas, mais qu’il y en a un bien plus
large, bien plus grandiose, que nos sens bornés et que notre esprit
restreint ne peuvent saisir qu’en partie et à mesure qu’il se déroule ;
ce plan a pour limite la force et pour cadre l'infini.
NE
A cette question : Le plan de la nature à la recherche duquel sont
les botanistes existe-t-1l ? nous avons répondu :
1° Que si, comme on semble lavoir fait jusqu’à ce jour, l’on en-
tend par plan de la nature une sorte de casier à compartiments rem-
38
plis par des espèces ; que si l’on admet que ce casier a toujours été
le même depuis la création, et qu’il restera tel jusqu’à la fin des
siècles; que si l’on croit que ses compartiments sont en nombre
limité, restreint, que les espèces qui les remplissent sont fixes et
invariables, qu'aucune ne peut disparaïtre et qu'aucune ne peut se
produire, nous ne pensons pas qu’un tel plan puisse exister. L’ob-
servation d’une part, le raisonnement de l’autre démontrent la mu-
tabilité des espèces, la disparition de certaines existant autrefois et
l'apparition probable de certaines autres qui n’existaient pas. Ne
cherchons donc plus par des efforts inutiles, par des tentatives su-
perflues, à le retracer dans une classification.
2° Qu’au contraire, si l’on regarde le plan comme l’ensemble des
effets de la force qui crée les êtres, les maintient et les détruit, on
peut admettre qu’il existe. Mais dès lors on aura par l’action
constante de la cause, la succession des êtres sur le globe, et par
la variabilité d’action de cette cause, on s’expliquera les modifica-
tions de ces mêmes êtres. — En saisissant les rapports de cause à
effet, dans les phénomènes passés, l’esprit peut en tirer des consé-
quences : ces conséquences sont ce que nous appelons des LOIS.
On conçoit, dès lors, que par induction l’homme puisse chercher à
appliquer les lois aux phénomènes futurs ; mais il ne peut le faire
que dans les limites de son horizon borné, en se retranchant der-
rière un conditionnel qui résume, toute son impuissance.
Est-il possible de construire ce plan infini que nous admettons ?
Si nous nous sommes bien fait comprendre, on répondra : non,
car la classification parfaite est impossible ; elle ne pourrait être
tentée que le jour où la force épuisée s’arrêterait ! Cette classification
s’appuyant sur la connaissance parfaite de tous les êtres déroulés
depuis la création du globe, les saisirait dans leur enchevêtrement,
dans leurs rapports; alors les séries complétées présenteraient une
union, un enchaïnement, une liaison par passages insensibles qui
feraient de ce règne végétal, un tout parfaitement homogène où la
moindre séparation serait artificielle et arbitraire. Voilà comment
nous pouvons nous figurer une classification parfaite, mais nous le
39
répétons, cette classification est impossible, car, la force agissant
toujours et créant sans relàche, le lendemain du jour où elle serait
formulée, elle ne serait plus vraie, c’est un problème toujours posé
et qui ne sera jamais résolu. La science botanique est de même que
les autres, infinie comme la force ; l’homme aspire vers ce but
dont il se rapproche sans cesse, mais qui sans cesse aussi fuit de-
vant lui et se dérobe à son étreinte.
Nous ne pouvons retracer la CLASSIFICATION PARFAITE, s’ensuit-il
que nous ne devions pas tenter de ranger les plantes qui croissent
autour de nous? Pourquoi vouloir, comme on la fait jusqu'ici,
régler ce qui sera dans la suite des siècles; pourquoi prétendre à
créer un arrangement déterminé des plantes qui ont été, sont et
seront ; pourquoi, en un mot, vouloir faire de l’immuable quand
tout change autour de nous? Réduisons nos prétentions, connais-
sons bien les plantes qui ont été et celles qui sont ; nos successeurs
s’occuperont de celles qui seront. Faisons mieux que nos pères,
si c’est possible, et espérons que nos descendants feront mieux
que nous. N'oublions pas que, plus que tout le reste, la science est
perfectible.
La classification que nous pouvons donner peut-elle être naturelle
quoique le plan de la nature soit variable d’instants en instants?
Nous le pensons; que nous importe en effet cette variabilité? Saisis-
sons un de ces instants et tächons de retracer ce que nous voyons ;
si la peinture est exacte et fidèle, le tableau que nous aurons ob-
tenu sera naturel, c’est tout ce que nous devons chercher. C’est
pour n'avoir pas voulu s’astreindre à copier la nature, c’est pour
s’être obstiné à tout généraliser, et à réglementer pour jamais, que
l’on n’a fait le plus souvent que des tableaux de fantaisie qui ne
ressemblent pas à l’original.
Comment comprendre cette classification naturelle qui n’est pas
la elassification parfaite? — Comme une de ses parties ; car cette
classification retraçant une des époques de la nature, si elle est
40
bien faite, sera un des aspects de cette classification parfaite dont nous
parlions tout à l’heure, mais au lieu d’avoir ce tout complet par-
faitement uni, parfaitement soudé en une seule masse homogène, ce
ne sera qu’un ensemble de fragments dispersés. C’est une vaste et
splendide mosaïque en voie d'exécution, dont certaines parties ont
déjà été détruites par le temps, tandis que les autres sont éparses de
tous côtés. Le naturaliste a mission de rechercher ces fragments et
d’en composer un ensemble naturel, en se servant, pour les réunir,
des caractères extérieurs arbitraires de peu de valeur, tels que la
taille, la forme, la couleur, etce., etc. Ces arrangements donnent des
groupements artificiels. Avec de la patience, par l’analyse, par une
étude approfondie de toutes les parties, on peut arriver à des agen-
cements plus naturels. Une chose servira surtout : c’est la considé-
ration que ces morceaux forment des fragments parfaitement limités
par des espaces vides, qui font des lignes de démarcation, des sépa-
rations ; cela simplifie le travail en le décomposant, en le divisant ;
on peut, ainsi, arriver à reconstruire un lambeau assez grand par
l'examen des diverses pièces, en les rapprochant suivant leurs
degrés de ressemblance, en les éloignant, au contraire, d’après leurs
différences. Ces premiers groupes obtenus, on agit pour eux
comme on avait fait pour les pièces isolées, et l’on forme des frag-
ments d’une plus vaste étendue. En suivant la même méthode on
finira par rétablir en place tous les objets. La mosaïque sera res-
taurée. Et s’il reste certains espaces libres, on peut aflirmer, ou bien
que ces vides étaient occupés par des morceaux déjà disparus, ou
bien qu’ils seront comblés par des portions qui se trouveront plus
tard.
Le botaniste fera de même pour ses plantes; il pourra les disposer
dans un ordre tout à fait artificiel, ou bien il tentera de les ranger
dans un ordre naturel, c’est-à-dire dans un ordre tel que chaque
plante occupe bien sa position réelle. Pour cela, sans s'inquiéter de
ce qu'ils ont été ou de ce qu’ils deviendront, il réuniraîes /ndividus
pour faire un groupe qu’il appellera Espèce, les espèces donneront
un lambeau qu’il nommera Genre; avec plusieurs genres il for-
mera une Famille, avec plusieurs familles une Classe; il arrivera
41
ainsi à restaurer cette mosaique végétale. Ici encore il y aura cer-
tains espaces restés vides, certaines espèces, certains genres, cer-
taines familles, même, étant encore ignoreés ou ayant été dé-
truites.
Nous avons conclu de nos recherches : 1° qu'aucune des classifi-
cations ne mérite le nom de classification naturelle ; que toutes sont
artificielles et à un degré d’autant plus grand que le nombre des
caractères choisis était plus restreint; 2° que tous les classiticateurs,
ou à peu près tous, ont, malgré cela, établi quelques groupes natu-
rels; 3° qu'aucun des caractères mis en première ligne jusqu’à ce
jour n’a la valeur qu’on a voulu lui attribuer. — Aucune des classi-
fications proposées jusqu'ici n’est donc celle que nous cherchons.
Pour arriver à cette classification naturelle, que reste-t-il à faire ?
Si l’on examine la plupart des descriptions de genres et même d’es-
pèces dans les différents auteurs, on trouve une incertitude de des-
eriptions telle qu’on sent le besoin de recommencer ce travail.
Robert Brown disait autrefois : « Un arrangement méthodique et
en même temps naturel des familles est, dans l’état actuel de nos
connaissances, peut-être impraticable. Il est probable que le moyen
d’y arriver un jour serait de la laisser pour le moment de côté dans
son ensemble, et de tourner toute sor attention à la combinaison de
ces familles en classes également naturelles et également susceptibles
d’être définies ‘. » Ce qui était vrai du temps de R. Brown, l’est
encore plus maintenant que le nombre des systèmes est augmenté et
qu’on ne sait souvent où placer tel ou tel genre réclamé dans autant
de familles presque, qu’il y a de classificateurs.
1 faut se décider à faire, comme Descartes, fable rase de ce qui a
été dit et établir les premiers groupes sur des bases solides ; on ap-
pellera à son aide tous les moyens d’observation et d'analyse, et on
insistera surtout sur l’organogénie si féconde en résultats heureux.
1 Ex. Jussieu (Ad. de). Dict. univ. d'hist. nat., d'Orbigny, tome XIE, p. 397.
42
Les espèces connues, on décrira les genres et ce n’est qu’alors
qu’on pourra les grouper en familles. En agissant ainsi, nous sui-
vrons la méthode naturelle.
Nos recherches nous ont montré : 1° que cette méthode remonte
aux premiers botanistes, puisque, quel qu’ait été l'arbitraire de
leur classification, leur but était de réunir les plantes semblables,
soit en faisant des espèces, soit en faisant des genres, soit en créant
des familles ; 2° que le tâätonnement lent et réfléchi a été le fonde-
ment de cette méthode ; les anciens apportaient leur tribut à l’œuvre
commune sans se douter de la marche qu’ils ouvraient; les mo-
dernes ont agi avec connaissance de cause; Linné établissant ses
ordres les faisait par tätonnement ; Adanson construisant ses 65
systèmes pour en tirer ses familles naturelles, agissait selon cette
méthode; A.-L. de Jussieu ne fit que suivre leur exemple et tous
les botanistes doivent pour arriver à la vérité faire de même. A.-L.
de Jussieu ne peut donc être regardé comme le créateur d’une
méthode aussi ancienne que la botanique elle-même ; 30 que les
deux principes reconnus de la méthode naturelle, ou de tâtonne-
ment, nettement posés par Adanson, se résument en ces mots : il y
a des caractères qui dominent les autres, ces caractères varient sui-
vant la série que l’on considère ; 4° que A.-L. de Jussieu et ses
successeurs, quand ils se sont conformés à ces deux principes, ont
fait des groupes naturels ; mais quaud ils ont abandonné le second,
ils sont sortis de la méthode naturelle, ce qui les a conduits à des
classifications arbitraires ou artificielles ; 5° d’où cette conclusion
que nous devons d’abord perfectionner ces groupes secondaires,
genres et familles, et que lorsqu'on les connaîtra, on devra seule-
ment alors essayer de les classer en procédant encore par tâtonne-
ment. Mais qu’à n'importe quel instant de la science on soit arrivé,
toute généralisation anticipée conduira à un résultat faux.
« Et enfin, comme ce n’est pas assez, avant de commencer à
rebâtir le logis où on demeure, que de l’abattre et de faire provision
de matériaux et d’architectes, ou s'exercer soi-même à l’architec-
ture, et en outre cela d’en avoir soigneusement tracé le dessin, mais
43
qu'il faut aussi s’être pourvu de quelqu’autre où on puisse être
logé commodément pendant le temps qu’on y travaillera t ; » ainsi
au milieu du chaos où nous jetterait une semblable détermination,
faut-il adopter un arrangement des plantes, de manière à les pou-
voir retrouver dès que le besoin s’en ferait sentir. Dans ce cas on
peut choisir un système artificiel, celui que l'on voudra, le plus
simple sera le meilleur. Pour nous, à ce point de vue, nous don-
nons la préférence à la disposition par ordre alphabétique. On évite
des rapprochements qui faussent les idées et entravent singulière-
ment les progrès de la science. L'ordre alphabétique aura encore un
avantage, celui de faciliter le travail : la science doit sans cesse être
retouchée et retravaillée ; un classement d’après toute autre méthode
entrainerait sans cesse des remaniements qui amèneraient une perte
considérable de temps. La clef analytique d’une telle Classification
serait commode, et ce serait peut-être une facon de rétablir l'entente
de tous les botanistes français et étrangers, entente bien désirée et
qui accélérerait beaucoup les progrès de la botanique. « Il serait à
souhaiter, disait Adanson, que les botanistes convinssent enfin d’a-
dopter un système, ne füt-il pas le meilleur, et de s’y tenir; mais
comment espérer cela ? On voit si peu de personnes du même talent
se réunir et travailler de concert pour le perfectionner! » (Loc. cit.,
p. 129.)
L’appät d’une gloire vaine a porté bien des botanistes à démembrer
des espèces et des genres pour leur imposer leur nom; on devra, ce
nous semble, réagir de toutes ses forces contre cette tendance, n’ad-
mettre des espèces qu’à bon escient et ne point faire des genres de
complaisance. Il faudra se rappeler que la classification parfaite pré-
sente pour caractère, une fusion de tous les êtres par passage in-
sensible, et en déduire que les groupements naturels, quelque petits
qu’ils soient, doivent, autant que possible, entrer pour leur part dans
cette union intime. On devra donc réunir autant que faire se pourra.
— Les descriptions devront être claires, précises, nettes, dégagées
1 Descartes, Discours ur la méthode, 3° partie, $ 1.
44
de ces termes barbares, dont on s’est plu à encombrer le langage
du botaniste comme pour rebuter les commencçants et les dégoûter
de cette science dès les premiers instants. Ces mots au reste n’a-
mènent souvent que confusion, disent trop à l'oreille et pas assez à
l'esprit.
La classification naturelle est le couronnement de l’œuvre, aussi
comprendra-t-on que nous engagions les botanistes à tenter d’élu-
cider les questions de physiologie végétale et de développement des
organes. Onéviterait par une connaissance approfondie des éléments
de faire souvent fausse route, en donnant comme vrais des principes
qui sont loin d’être démontrés, en se lançant dans des théories sans
fondement que le moindre souffle renverse.
Notre conclusion générale est celle-ci : En botanique, tout reste à
faire, on ne connaît pas même les fonctions de la plante, on ne sait
même pas à quoi servent dans sa vie les éléments qui la composent.
On discute fort sur les organes et sur leur importance, et bien peu
savent dire ce qu’ils sont et à quoi ils servent. Nous sommes donc
bien loin des idées qui ont été émises au commencement de ce sièele :
que la botanique était une science faite, et qu’il n’y avait plus qu’à
perfectionner ; que le plan de la nature était retrouvé ; que la classi-
fication naturelle était solidement établie et qu’il ne restait plus
qu'à remplir les casiers dont l’ordre et la place étaient définitivement
déterminés
Le sage a dit : Zente festina. Ne demandons à notre génération
que de réunir les genres en familles, à nos successeurs reviendra le
soin de ranger ces familles pour en faire des groupes d’un ordre su-
périeur s'ils le jugent utile.
Emendent, augeant, perficiant hanc methodum qui possunt ;
desistant qui impares sunt, qui valent botanici eximii ‘.
Léon MarcHanr.
! Linnæus, Fragmenta methodi naturalis ($2), in Genera plantarum, 2° éd., 1743.
45
ANNOTATIONS
Ce travail a été présenté à la Société Linnéenne de Maine-et-Loire
il y a deux ans (novembre 1865). Quoique, au moment de l’imprimer,
nous l’ayons trouvé bien incomplet, nous avons préféré le laisser
tel que nous l’avions conçu d’abord, et le faire suivre de quelques
notes qui pussent, autant que possible, le mettre au courant des 1dées
émises depuis.
Payer en 1857 avait dit : « Car il faut enfin l’avouer, par suite
des découvertes modernes, la Classification de Jussieu croule de
toutes parts ; elle ne sera bientôt plus qu’une de ces grandes ruines
qui d’espace en espace, indiquent la marche de la science et nous faci-
litent les moyens de la suivre dans son vaste domaine. » Et plus loin,
répondant à ceux qui ne goûtaient pas cette manière de voir: « Or,
je le demande, si les botanistes allemands rejettent avec Endlicher,
la distinction des plantes hypogynes et périgynes, si les botanistes
français rejettent avec M. Brongniart la distinction des plantes apé-
tales et polypétales ; si les botanistes anglais rejettent avec M. Lind-
ley, la distinction des plantes monopétales et polypétales, que
reste-t-1l donc de la Classification de Jussieu ? Une grande ruine‘. » —
Après ce Jugement prononcé par un homme tel que Payer, il n’y a
pas à revenir sur la condamnation de la Classification de Jussieu, il
faut laisser faire le temps, les ruines s’écrouleront d’elles-mêmes.
Aussi n'est-ce point pour ajouter aux raisons développées par le
Maître et pour nous faire l’écho de ses paroles, que nous avons re-
pris cette question, mais pour montrer que cette chute était inévi-
table, parce que les Classifications reposaient toutes sur des bases
! Comptes-rendus de l'Académie des sciences, 1857, séance du 30 mars,
46
complétement fausses, admettant: 1° un plan qui n’existe pas;
2° une fixité de l’espèce qui n’existe pas; 3° la seule reproduction
par l’homogénie, tandis qu’il semble y avoir, aussi, hétérogénie ;
4° une seule série, tandis qu’il y en a plusieurs, etc., ete. Nous n’a-
vons donc pas eu la témérité de venir prendre en sous-main l’œuvre
de Payer, mais nous avons essayé de montrer que la Classification
dite naturelle tombait parce qu’il n’en pouvait être autrement et
nous avons discuté les causes de sa chute.
Nous avons trouvé un grand attrait dans ce travail, où nous n’a-
vons fait que coordonner les idées des autres, car cette coordination
nous a montré : 1° que les Doctrines nouvelles et la science d’obser-
vation peuvent se prêter un mutuel appui ; 2° que le génie d’Adan-
son avait prévu et formulé il y a plus de cent ans, les conclusions
auxquelles nous mènent ces doctrines qui ne font qu’éclore.
Les idées que nous avons émises dans ce mémoire sont loin d’être
celles de la plupart de nos botanistes, car fort satisfaits d'eux-mêmes,
et soutenant que tout est pour le mieux dans la science, ils préfèe-
rent à notre conclusion « que tout est à faire, » cette autre qui les a
bercés jusqu’à ce jour « que tout est fait et bien fait. » Notre tra-
vail, s’il est lu par les savants de cette école, nous attirera, peut
être, leur blâme, maïs nous nous rappellerons cette phrase de Payer :
« Au risque d’être taxé de révolutionnaire je serai toujours de la
Nouvelle école : la première énerve et décourage les esprits; la
seconde au contraire les élève et les excite constamment au travail
par l’espérance des grands résultats qu’elle laisse entrevoir ‘. »
1 Comptes-rendus de l’Académie des sciences, séance du 30 mars 1857.
47
TOME IX.
Page 198. — Dans ce travail nous voulons...
Nous eussions avec avantage interverti l’ordre des chapitres. Il
eût été plus logique de commencer par élucider ces questions : Que
doit-on entendre par plan de la nature, ce plan existe-t-il? ete., etc.
Page 199. — Nous renvoyons pour plus amples renseignements
à l'ouvrage d’Adanson : Familles naturelles...
Ce livre remarquable est fort peu connu. Voici les raisons qui ont
amené son oubli. — Michel Adanson était un chercheur, un tra-
vailleur, un de ces savants turbulents et révolutionnaires, parmi
lesquels Payer tout à l’heure tenait à honneur de compter; ces
hommes ont le singulier privilége de se faire des ennemis de ceux
qui ne travaillent pas et de ceux qui travaillent. Ceux qui ne tra-
vaillent pas, les détestent parce que leur savoir les importune, ceux
qui travaillent les maudissent parce que leurs lauriers les empêchent
de dormir. Leur travail ne leur procure comme récompense que
l'envie des uns et la haïne des autres. — Dès qu’Adanson fut mort
ses contemporains eurent l’âme soulagée d’un lourd fardeau, et
voulant en finir avec sa mémoire déclarèrent son livre ridicule et
détestable. Adanson n’avait pas d’élèves, nul ne réclama, et comme
commençait déjà cette école, qui trouve plus simple de répéter les
paroles du maître que de les contrôler, le livre fut oublié. — Si
Adanson eût été un homme médiocre, il eût été aimé, honoré, et sa
mémoire eût été glorifiée, il était homme de génie et on l’a étouffé,
— L’oubli dans lequel on avait plongé le livre des Familles, dura
jusqu’en 1847, époque à laquelle Alexandre Adanson et Payer
l’exhumèrent, en firent une seconde édition, en se gardant de con-
server l'orthographe (plus ingénieuse qu’heureuse), qu'avait adoptée
l’auteur. — Cest dans ce livre que nous avons puisé à pleines mains,
nous nous sommes complu dans ce travail, car il nous a paru inté-
ressant de montrer quel était le génie de cet homme qui précédait la
science de plus d’un siècle.
48
Page 208.— En 1759, Adanson présenta…. et page 209. — Déjà
la même année Bernard de Jussieu, dans son Cataloque (?)..….
Pour ceux qui croient que c’est aux travaux de ces botanistes que
remonte la Méthode naturelle, la question de priorité est de la plus
grande importance. Est-ce à Adanson, ou bien est-ce à B. de Jus-
sieu que revient l’honneur de l'invention? On a fort discuté ce
point et on le discute encore de nos jours sans pouvoir s'entendre.
Si, avec nous, l’on admet que la méthode naturelle est bien anté-
rieure à ces savants, si l’on remarque d’un autre côté qu’Adanson
n'a pas tenté de classification proprement dite, et que Bernard et
A.-L. de Jussieu n’ont fait que des classifications artificielles, 1l
devient plus facile de juger quelle part revient à l’un et quelle part
revient à l’autre dans la question de priorité. 1° Bernard de Jussieu
avait fini le rangement de son jardin en 1759 avant qu'Adanson
ait parlé de ses Familles qu’il ne présenta que quelques mois plus
tard ; — 2° Adanson publia son ouvrage en 1763, tandis que l’on ne
connaît la classification de Bernard que par le catalogue que son neveu
publia vingt-six ans plus tard, 1789, en tète de son Genera ; ici c’est
Adanson qui prime B. de Jussieu. La question at-elle une autre
importance et peut-on admettre que lun ait emprunté les idées de
l'autre? Nullement, car en comparant les Ordres de Bernard et les
Familles d’Adanson, on ne constate aucune similitude entre les uns
et les autres.
Page 223. — Au lieu de : Dans le Houblon (Fumulus Lupulus),
l'axe est allongé et porte sur toute sa surface des fleurs sessiles
(fig. 5). Dans le Mùrier à papier (Broussonetia), fig. 6, el V’Arbre à
pain (4rtocarpus incisa), fig. 9, l’axe se raccourcit, se gonfle.
Lisez : Dans les fleurs femelles du Houblon (Æumulus Lupulus),
l'axe est allongé et porte sur toute sa surface des fleurs sessiles,
fig. 5 ; il en est de même dans l’inflorescence mâle du Mürier à pa-
pier (Broussonetia papyrifera), fig. 7, et surtout dans l’Arbre à
pain (Aréocarpus incisa), fig. 9, l'axe se raccourcit, etc...
Page 224. — Le genre Dorstenia fournit, ete. Rétablissez ainsi :
Le genre Dorstenia fournit à lui seul toute une série de modifica-
49
tions ; ici c'est une table plane et arrondie, D. brasiliensis, fig. 10 ;
là cette tablette se relève en deux colonnes très-longues, D. cerato-
santhes, fig. 11 ; dansle D. contrayerva, fig. 12,1l y a quatre cornes
qui sont beaucoup plus longues encore dans le D. cuspidata ; le
soulèvement des bords est général dans le D. tubicina.
Page 225, fig. 11. — D. ceratosantes ; lisez : D. ceratosanthes.
Page 229, ligne 32. — Codiœum ; lisez : Codiæum.
Page 229, ligne 36. — Les Macleya sont des Pavots apétales ;
lisez : sont des Papavéracées apétales.
Page 230, ligne 1. — Voulant montrer que le nombre des parties
de la corolle est un caractère insignifiant, pris d’une manière abso-
lue, nous disons : les Papaver ont quatre pétales, les Argemone
en ont six, etc. Ce que nous avancons est tellement vrai, que chacun
sait que dans le genre Papuaver il y a des espèces à six pétales,
ainsi le P. bracteatum et le P. orientale.
Page 230, ligne 10. — La Nigelle, huit; le Delphinium Staphy-
sagria, quatre; le D. Consolida et les Aconits, deux...
Il ressort des recherches de M. Baïllon-sur la famille des Renon-
culacées, que les faits doivent être rétablis comme il suit : La Nigelle,
les Aconits et le De/phinium Staphysagria, huit; le D. peregrinum,
quatre; le D. Consolida, deux.
Page 231, ligne 3. — Avec bien des auteurs nous avons signalé
l'exemple du Saxifraga monopetala. Mais quand nous avons voulu
depuis voir cette plante dans les herbiers, pour savoir s’il y avait
monopétalie où gamopélalie, ce qui est loin d'être la même chose, il
nous a été impossible de trouver l’échantillon. Existe-t-il un Saxi-
fraga monopelala, ou un S. gamopetala? nous ne pouvons l’aflirmer.
Nous ferons de nouvelles recherches, mais nous devions avertir nos
lecteurs et les tenir en garde contre cette assertion qui, jusqu’à
nouvel ordre, doit être regardée comme une erreur de notre part.
Page 232, ligne 6. — Nous sommes trop aflirmatif en donnant
les Abies comme des plantes monoïques, il y en a de dioïques.
Même page, ligne 20. — Le genre Mercurialis est toujours
dioïque. Cette aflirmation est trop absolue, car le M. ambiqua et le
X: 4
50
M. alternifolia sont monoïques. Cela, au reste, ne fait que confirmer
ce fait que nous voulons prouver, que la monœcie et la diæcie ne
peuvent servir, d’une manière générale, comme caractère domi-
nateur.
Même page, ligne 16. — Le genre Euphorbia a les fleurs her-
maphrodites. — Nous avons adopté ici l'interprétation qui nous a
semblé la plus naturelle et la moins torturée.
Même page, ligne 30. — Saxifragées : Saxifraga cunonta, 10;
lisez : Saxifraga, Cunona, 10.
Page 233, ligne 29. — La Spirée et l’Aeuchera… Erreur typo-
graphique. L’Heuchera est une Saxifragée (voy. page 232, ligne 30) ;
lisez : La Spirée et l’Horkela.
Page 234, ligne 25. — Le microspyle..……. lisez : le micropyle.
Page 236, ligne 2. — Le Tremandra vertiallata, fig. 31...
Si l’on se reporte à cette figure, on la voit porter le nom de P/a-
tytheca Crucianella. Ces deux noms sont synonymes, maïs on doit
préférer le dernier.
Page 238, ligne 3. — Le Copahu possède une drupe. Nous eus-
sions dû écrire : Certaines espèces de Copahfera possèdent des
drupes. Ce genre est en effet très-curieux , car 1l présente, à côté
d'espèces à fruits charnus, des espèces à fruits secs et des espèces
qui tiennent le milieu entre les unes et les autres.
Mème page, ligne 4. — Le Sophora japonica une baie... Les
autres espèces de ce genre ayant des fruits secs, on a cru devoir
faire avec cette plante le nouveau genre Stryphnolobium.
TOME X.
Page 8, 1° alinéa. — L'étude approfondie qu'avait faite Adan-
Déjà en 1844, Payer, insistant sur ces deux principes si nettement
51
posés par Adanson, s’écriait : « Comment donc M. de Candolle a-t-
il pu dire qu'Adanson attribuait à tous les organes des plantes une
égale valeur, et que ce principe avait servi de base à sa classifi-
cation? » Ce qu’il ne cesse de répéter, c’est qu’on ne doit pas sacrifier
à un seul caractère l’étude de tous les autres; que tous doivent être
étudiés avec le même soin, ce qui ne veut pas dire, à moins qu’on
n’y mette de la mauvaise foi, que tous ont une égale valeur. — Les
deux phrases que nous avons citées ne laissent aucun doute sur ce
point. En voici encore une autre qui est aussi péremptoire : « Cela
ne paraîtra pas aussi étonnant, qu'il a paru jusqu ici aux botanistes
de l'opinion moderne en faveur des seules parties de la fructification
exclusivement à toutes les autres, lorsqu'on voudra se convaincre
par expérience et par un long usage, qu’il y a des familles de plantes
où les stipules fournissent le principal caractère de la famille,
comme dans les Aparines, les Espargoutes et les Légumineuses ;
les feuilles, dans d’autres, comme les Labiées, les Pistachiers ;
la disposition des fleurs dans d’autres, comme les Labiées ; le calice
dans d’autres, comme dans les Liliacées; les étamines ou le pistil
dans d’autres, comme les Mauves, les Renoncules, ete.”.» — Après
cette déclaration, on a lieu de s’étonner de trouver cette phrase que
je tire d’un livre publié récemment sur la botanique : « Adanson n’ad-
mettait pas que les caractères pussent différer entre eux pour la va-
leur et l'importance, puisqu'il dit : « qu’une méthode, pour être na-
turelle, doit fonder ses divisions sur l'examen de toutes les parties
prises ensemble sans donner à aucune une préférence exclusive sur
les autres. » Il nous semble qu’il eùt été juste, puisque le passage
était incriminé, d’essayer de se renseigner sur la véritable opinion
d'Adanson.
Au reste il nous semble que le débat est en grande partie causé
par la confusion que l’on fait des mots Méthode et Classification ;
en effet, le même auteur ajoute : « Il en résultait d’abord que les
familles ne pouvaient être rattachées à des groupes d’ordres supé-
rieurs.... » Mais c’est Justement ce qu’il faut bien comprendre,
1 Apanson (Michel), Familles naturelles, édition AI. Adanson et Payer, page 200.
52
Adanson fait des familles et non une classification ; 1l n’admet pas,
comme Bernard, Ant. Laurent et leurs imitateurs, une seule série,
il en admet plusieurs, c’est ce qui fait la supériorité de son œuvre
comparée à celle des de Jussieu.
Page 10, ligne 27. — Il semble avoir lui-même signalé cette dis-
tinction de deux parts dans son œuvre. Il applique done l’épithète
aux familles et non à la méthode tout entière...
M. Brongniart ! dit de même : « Il y a dans la méthode naturelle,
d'A.-L. de Jussieu, deux choses. 1° l’association des végétaux en
groupes naturels appelés ordres ou familles; 2° la classification de
ces familles en série linéaire. » Mais il regarde la deuxième partie
de l’œuvre, sinon comme parfaite, tout au moins comme naturelle.
Page 13, ligne 16.— En adoptant l’idée de la disposition linéaire
pour les animaux (ce qui n’est pas)...
Cela ressort des beaux travaux des Geoffroy Saint-Hilaire. La
classification parallélique n’est en effet rien autre chose que lappli-
cation du principe de la sériation.
Page 19, ligne 18. — Il en est une autre (supposition) que nous
ne pouvons passer sous silence, quoiqu’elle sorte du domaine de la
pure observation; c’est celle de quelques philosophes... et page 24,
ligne 21. — Au reste, ici la philosophie n’est pas une étrangère. .….
Dès que sortant du domaine de la stricte observation, les natura-
listes ont cherché à coordonner les faits et à ranger les objets étudiés,
ils ont empiété sur la philosophie ; on ne doit donc pas s’étonner
qu’en retour les philosophes cherchent à raisonner sur les sciences
naturelles. Du reste, on ne comprend pas plus l'observation pure et
dégagée de raisonnement, que la philosophie ne raisonnant que sur
des hypothèses; les sciences n’offrent d’attrait que pour les conclu-
sions qu'on tire des faits observés, et ces conclusions ne sont que les
résultats du raisonnement. Les questions de Méthodes et de Cilassi-
fications sont du domaine de la logique. On ne doit donc pas s’étonner
! Comptes-rendus de l'Académie des sciences, séance du 30 mars 1857, page 649.
93
que nous nous soyons adressés aux philosophes. Nous avons été d’au-
tant plus attirés vers cette étude, que nous les voyons souvent expli-
quer des phénomènes et des faits restés inexplicables jusque-là.
Page 20, ligne 10.— Que doit-onentendre par le mot SÉRIE ?.…
C’est avec une bien grande hésitation que nous sommes descendu
sur ce terrain, tant nous craignions d’être en une fausse voie; et ce
n’est pas sans une certaine terreur que nous nous sommes vu en-
traîné, de déduction en déduction, à cette conclusion : qu’il n’existait:
que des séries dans la nature. Nous avions, il est vrai, comme pierre
de touche, l'opinion d’Adanson, mais malgré cela nous nous sentions
bien isolé et bien seul pour défendre le classement sériaire, au mi-
lieu de tous ceux qui croyaient et croient encore à un plan déter-
miné et défini. Aussi combien n’avons-nous pas été heureux quand
quelques mois plus tard nous avons lu dans le Mémoire de M. Na-
quet, intitulé La Mérnope, le passage suivant, que nous reproduisons
en entier, car il rend notre pensée mieux que nous ne pourrions le
faire ‘ : ;
« De tous les genres de classification, le meilleur, celui qui est le
« plus naturel, qui est le plus propre à guider les chercheurs dans
« leurs recherches ultérieures, est la classification sériaire.
« Le prototype de la série est une progression arithmétique ou
« géométrique :
Dr Sr 0 D 700 OPPT0.
«Ou bien: 1:2:4:8 : 16 : 32 : 64 : 128 : 256 : 5192...
« C’est-à-dire que toute la série se compose d’un nombre de
« termes groupés de telle façon que chacun d’eux présente vis-à-vis
« de celui qui le précède et vis-à-vis de celui qui le suit, un rap-
« port constant qui se retrouve dans tous les autres termes de la
«mème série et qui s’appelle la raison de la série.
« Ainsi dans la série 0 .1.2.3.4
QCOna:1—0—1,2— 1—1,3—2 —1, etc.
« Et dans la série 1 : 2 : 4 : 8 : 16 : 32... etc.
cOmar—2, 2% Me tete;
TA, Naouer : De la Méthode, dans la Revue encyclopédique, mai 1866, n° 1 ,P. 30.
X. 4.
J4
« Or la classification sériaire est possible non -seulement en ma-
« thématiques, elle est possible partout : la nature ne procède jamais
«par sauts brusques, mais par différences légères ; à côté d’un mi-
« néral, d’un végétal, d’un animal donnés, se place un autre miné-
« ral, un autre végétal, ou un autre animal qui présente vis-à-vis
« des premiers des différences très-légères. Puis viendront de nou-
«veaux minéraux, végétaux ou animaux, qui présenteront vis-à-
« vis des seconds la même différence qui séparait les seconds des
«premiers, jusqu’à ce que de transitions en transitions on arrive à
«des minéraux, à des végétaux ou à des animaux dissemblables
« d’avec ceux d’où l’on est parti.
« La série est l’image de la nature, tandis que les autres classi/fi-
« cations sont toutes artificielles. Utiles lorsque le nombre de faits
« connus ne permet pas encore la sériation, elles doivent donc faire
« place à celle-ci dès qu’elle est possible. »
Page 21, ligne 29. Il semble donc y avoir plusieurs séries...
Ces séries, dans l’état actuel de la science, sont encore inconnues
et il est difficile d'en déterminer le nombre. Linné admettait
68 ordres, Bernard de Jussieu 69, Adanson comptait 58 familles,
A.-L. de Jussieu 100, Endlicher 52 classes, Lindley 52 alliances,
M. Brongniart 58 classes.
Ces groupes appelés ordres, familles, classes, alliances, et dont le
nombre varie, en général, entre 52 et 69, ne seraient-ils pas des
séries? Il faudrait en retrouver le prototype et la raison, comme
disent les mathématiciens, il s’agirait de les grouper ensuite les
unes par rapport aux autres, non plus sur une ligne, mais parallè-
lement comme on l’a essayé pour le Règne animal... En établis-
sant ce groupement des séries parallèlement les unes aux autres, il
ne faudra pas oublier qu’on peut trouver en mème temps le même
terme dans deux séries différentes. N’avions-nous pas dans les deux
séries :
DATES E D :5+.: 06: THB AE
Et 48m 4-81" L6 32.8
les mêmes chiffres qui se trouvaient dans deux séries différentes ;
39
les unes sur le même rang 1, 2, les autres 4 et 8, dans des rangs
différents? Cela n’expliquerait-il pas comment il y a certaines plantes
qui sont tantôt réclamées dans une famille, tantôt dans une autre,
suivant le point de vue auquel se place l'observateur ? Cela n’explique-
t-1l pas encore comment il n’y a pas de lignes de démarcation nette
entre les familles végétales des classificateurs (page 22)? Nous pou-
vons établir le tableau suivant :
Série régulière. Série irrégulière.
Non parasites. Parasites.
EE re
Série à placenta axile
multiovulé....... SOLANÉES : SCROFULARIÉES : VÉRONICÉES : PÉDICULAIRES.
Série à ovaire gyno-
basique.......... :: BORRAGINÉES : LABIÉES : SALVIÉES ; ?
Série à placentas pa-
riétaux.......... :: GENTIANÉES : GESNÈRIACÉES : ? : OROBANCHÉES.
Série à placenta cen-
tral libre..... .. :: PRIMULACÉES : ? : UTRICULARIÉES : ?
Série à placenta axile
biovulé.......... :: TECTONÉES : VERBÉNACÉES : ? 5 ?
Ce tableau nous montre : 1° Que suivant le goût des classificateurs
on peut avoir soit la série verticale Solanées, Borraginées, Gentia-
nées, Primulacées, etc. ; soit une série horizontale : Solanées, Scro-
fulariées, Véronicées, Pédiculaires, 2° Qu’un même terme : Labiées,
par exemple, se trouve dans deux séries, soit la verticale, soit l’ho-
rizontale. 3° Que toute démarcation tranchée entre ces familles est
arbitraire.
Page 22, ligne 19. De ce principe qu'un même terme peut occu-
per des rangs irès-différents dans les différentes séries où il figure,
M. de Jouvencel tire la conclusion « de l’individualité et de l’indé-
pendance des séries les unes par rapport aux autres, d’où ce pré-
cepte que, en général, on ne peut raisonner d’une série à l’autre. »
On comprend qu’on ne peut raisonner par exemple de la famille
des Rosacées, dans laquelle le fruit ne peut servir de caractère, à la
famille des Légumineuses où, par contre, c’est Le seul qui soit pres-
qu’invariable. C’est vraiment le principe d’Adanson que les carac-
tères importants varient avec les mœurs et le génie de chaque
famille. Cette conclusion des partisans de la sériation semble être en
56
désaccord avec ce que nous disions tout à l'heure à propos du tableau
que nous venons de donner. C’est que dans ce cas nous avions une
série complexe el que pour elles il y a exception. « Dans cer-
taines séries complexes, les séries simples y comprises sont en tel
rapport qu'on peut raisonner de l’une à l’autre... » C’est ce que
nous faisons en étudiant parallèlement dans notre tableau la série
des Solanées et celle des Borraginéés. Cela est tellement vrai que
nous pouvons nous attendre à trouver un quatrième terme à la série
Borraginée et de même tous les termes que nous avons remplacés
par ce signe : ? — Nous pouvons pousser les choses plus loin en des-
cendant dans l'étude des genres. On pourrait en effet écrire la pro-
portion suivante :
Solanum: Nicotiana : Verbascum : Scrofularia : Gratiola : Veronica : Limosella : :
Borrago : Pulmonaria: Echium : Lamium : Nepeta : Lycope : Mentha :
Page 28. Mais comment expliquer la création de cette cellule
vivante ?
Par création nous entendons ici apparition d’une forme nouvelle,
agencement inconnu de matières existant déjà (voyez plus loin
page 32, ligne 28). Le docteur Clémenceau, dans sa remarquable
thèse sur la Génération spontanée et la Création ‘, comprend ce
mot comme nous. « Le mot création, dit-il, ne peut évidemment
s'entendre ici que des êtres nouvellement apparus. Il va sans dire
que la matière organisée n’a pas plus que la matière brute, été créée
dans le sens biblique du mot, c’est-à-dire de rien, ce qui n’a aucun
sens. La matière est avec ses propriétés immanentes, elle a toujours
été, elle sera toujours. La matière organisée n’a pu être, au moment
de son apparition, qu’une association (avec ou sans dimorphisme)
de la matière brute. »
La création ainsi définie, M. le docteur Clémenceau continue :
« Nous ne pouvons plus refuser d’admettre l’hétérogénie des êtres,
de par les seules forces naturelles immanentes à la matière. En d’au-
! CLÉMENCEAU, Revue encyclopédique, mai 1866, n° 1, p. 68.
57
tres termes, nous pouvons affirmer que les êtres sont nés par hétéro-
génie, car il est impossible qu’ils soient nés autrement. »
Page 32, ligne 19. — Mais est-il possible d'admettre avec les hé-
térogénistes que cette cellule peut naître sans qu’il soit besoin d’une
cellule antérieure existante ?
« C’est un fait d'observation que dans l’organisme vivant et aux
dépens d’un blastème virtuel ou distinct on peut voir la génération
spontanée de corps organisés, ayant une forme, un volume, une
structure spécifiques, les uns plus simples, les autres plus complexes
que les infusoires végétaux ou animaux. On n’a point constaté ce
phénomène hors de l’économie ou de l’ovule fécondé.
« Une autre question est de savoir si parmi les infusoires végétaux
ou animaux, plus compliqués ou non que les éléments anatomiques,
il existe des espèces qui puissent naître de toutes pièces, molécule à
molécule (par genèse en un mot), aux dépens non plus d’un blas-
tème, mais des matériaux de l’eau et des substances qu’elle tient en
dissolution. Tel est le problème de l’hétérogénie. Jusqu'à présent,
personne n’a vu naître d’infusoires dans l’eau, comme on a vu
naître les éléments anatomiques dans nos tissus. Cela seul pourrait ce-
pendant résoudre définitivement la question. On n’a encore cherché
à étudier que les conditions du phénomène, sans se préoccuper du
phénomène en lui-même. Ceux qui parlent des germes ne les ont
point vus. Ceux qui parlent de génération spontanée hétérogénique
ne l’ont point observée davantage. Les uns cherchent à prouver
qu’il n’y a point de germes dans leursliqueurs et concluent à l’hété-
rogénie par voie d'exclusion. Les autres tâchent de montrer (par le
raisonnement seul) qu’il y a des germes, et en concluent toujours
par voie d'exclusion, à l’impossibilité de l’hétérogénie. Quant au
phénomène en lui-même, dela présence des germes et de leur déve-
loppement, ou de la naissance des êtres nouveaux, tout le monde en
parle et personne ne cherche à le constater !. »
Ce fait complexe, en apparence, peut se réduire à deux ques-
tions : 1° La matière quaternaire peut-elle se former ?.. L’obser-
! CLÉMENCEAU, Revue encyclopèdique, mai 1866, p. 65.
58
vation et l'expérience permettent de répondre par l’affirmative.
2° La matière quaternaire une fois formée peut-elle vivre? L’expé-
rience démontre qu’il est certaines conditions extérieures qui peuvent
développer la vie dans la matière, si celle-ci est inaltérée. Or, 1l est
à remarquer que dans toutes les expériences qu’on a opposées à l’hé-
térogénie ou bien la matière s’est trouvée altérée par les mamipula-
tions qu’on lui à fait subir, ou bien on ne l’a pas mise dans les condi-
tions indispensables à la manifestation des actions dont l’ensemble
compose la vie.
Les molécules qui formeront cette matière dite : de la nouvelle
création, sont les mêmes que celles qui forment la matière orga-
nique provenant de germe; les conditions qui détermineront la vie
dans le premier cas semblent être les mêmes que celles qui l’entre-
tiennent dans le second. La génération dite spontanée ne parait donc
être qu’une modalité de la Genèse. Cependant, malgré les fortes pré-
somptions qu’on peut avoir sur ce sujet, on doit réserver toute affir—
mation jusqu’à ce que l’expérience ait décidé, et pour expérimenter
sur cette question il faut suivre les sages conseils de M. le professeur
Robin !.
Page 33, ligne 8, — Cette manière de voir est celle des spiritua-
listes... et page 33, ligne 20, quelque matérialiste qu’on soit...
Ces expressions sont employées chaque jour et avec des acceptions
si différentes, qu’elles n’ont plus guère de signification.
« En philosophie le matérialisme est l'opinion de ceux qui ne con-
naissent que la substance matérielle et qui rejettent l'existence des sub-
stances spirituelles ?. » — Qu’est-ce qu’on entend par matière? « tout
ce qui produit ou peut produire sur nos organes un certain ensemble
de sensations déterminées. » — Que doit-on comprendre par esprit?
« des êtres immatériels, liés ou non liés à la matière, dont ils déter-
minent les mouvements. ».… Ce qu’il y aurait donc à faire, d’abord,
1 Rogin, Journal d’anat. et de phys., Analvse du cours de philosophie positive
d'A. Comte, tome I, pp. 314 et 315 et Journal d’anat. et phys., Mémoire sur la
naissance des Élém. anat., tome I, p. 50.
2 Rogin et Lirrré, Dict. Nysten. Matérialisme, matière, esprit.
59
ce serait de nettement savoir où finit /4 matière et où commencent /es
esprits. Or, cette notion n’est et ne peut être que relative, elle est
soumise à la finesse et à la perfection de nos organes et de nos sens.
Les expressions spiritualistes et matérialistes n’ont donc rien
d’absolu. Les uns ont, ou veulent avoir, des sens plus bornés, et pour
eux le domaine et la puissance des esprits sont fort étendus ; c’est à
eux qu'ils attribuent tout ce qu’ils ne peuvent comprendre, on les
nomme spiritualistes. Les autres ont des sens plus percants, et, au
besoin, ils les développent à l’aide d'instruments, ils voient la matière
là où les précédents n’en voyaient pas. Il en résulte qu’ils expliquent
des faits jusque-là déclarés incompréhensibles ; ce sont ceux-là
qu’on nomme matérialistes. Les premiers croient au surnaturel et
se reposent sur les esprits de tout ce qu’il y a à faire ; les seconds
croient par expérience à l’observation. Ils sont autorisés par leurs
découvertes antérieures, à ne croire qu’à ce qu’ils voient; pour eux le
travail doit conduire à toute explication des phénomènes; pas d’in-
terprétation que l’observation n'ait positivement autorisée; 11 faut
découvrir la matière d’abord et voir ensuite quelles sont les forces
qui déterminent cette résultante qu'on nomme la vie.
En résumé les expressions spiritualisme et matérialisme, dans le
sens philosophique, ne sont que des termes relatifs, et mal définis ;
dans le sens pratique, elles désignent deux écoles, l’une qui trouve
plus facile de croire sans voir, l’autre qui ne veut croire qu’à ce
qu’elle voit; l’une est l'école du séatu quo, l’autre celle du progrès,
partout on les trouve en lutte, même en botanique, comme le prouve
la phrase de Payer que nous avons citée plus haut (page 46).
Page 43, ligne 7.— Pour nous, à ce point de vue, nous donnons
la préférence à la disposition par ordre alphabétique...
Adanson cite le nom de quarante-neuf botanistes qui, de 1508 à
1748, ont adopté cette méthode simple et commode, et parmi eux
on trouve des noms tels que ceux de Fuschs, de Gesner, de Vaillant,
de Tilly, de Micheli, ete.
Page 44 : Emendent, augeant.…
Depuis la présentation de ce mémoire, M. le professeur Baillon a
60
fait paraître le premier fascicule de son Hisrome pes PLanres, Cette
première partie est consacrée à la famille des Renonculacées. À en
juger par ces débuts, cet ouvrage fera faire un énorme pas à la
science ; aussi en le comparant à ce qui a été fait jusqu'ici on res-
tera convaincu de la vérité de ce que nous disions plus haut : que
tout est à faire en botanique.
« Moi y treuve une profondeur et une varieté si infinie, que mon
apprentissage n’a aultre fruict que de me faire sentir combien il
me reste à apprendre ‘. »
Léon MarcHanp.
1 MonTAIGNE, liv. II, chap. xn1.
LA GRUE CENDRÉE
(GRUS CINEREA).
ETUDE ÉTYMOLOGIQUE ET ORNITHOLOGIQUE.
Messieurs,
Pour répondre aux instances de notre honorable Président, tou-
jours désireux de varier le sujet des lectures de nos séances, je viens
soumettre à votre appréciation une courte étude sur la Grue cen-
drée (Grus cinerea). Comme par le passé, j’essaierai d’harmoniser les
mœurs de cet oiseau avec les noms savants et vulgaires qui lui sont
donnés, et j’espère même trouver dans ce modeste travail un certain
motif d'actualité ; car les habitudes de la grue pourront, selon l’o-
pinion de quelques naturalistes, dérouler à nos yeux l’intérieur d’un
congrès. Toussenel prétend en effet que congrès est dérivé du mot
congruere , « se rassembler, délibérer à la manière des grues » (Or-
nithologie passionnelle, première partie, page 462) ou, ce qui est
est plus probable, le verbe congruere signifie « crier ensemble comme
les grues. »
Si cette étymologie est vraie, je crois qu'il est assez curieux d’étu-
dier la physionomie, les mœurs des grues, afin d’essayer de com-
prendre le motif de la réunion d’un congrès, les questions qui y
X. 6]
62
sont débattues, les résolutions qui en découlent, avantage que n’ont
pas toujours ceux même qui en font partie. Il est bien évident que
cette étude reste ce qu’elle doit être, étymologique et ornithologique,
et que, si quelques allusions s’y trouvent mêlées, c’est qu’elles se
rattachent tout naturellement à la racine des mots.
Et afin que cette racine paraisse plus naturelle et l’opinion de
M. Toussenel moins téméraire, je crois devoir commencer par don-
ner quelques explications sur l’étymologie indiquée par l’auteur de
l’Ornithologie passionnelle.
Presque tous les auteurs font dériver congrès de congressus, réu-
nion, mot qui vient lui-même de congredi composé de cum, avec et
gradi, marcher, étymologie qui indique évidemment le résultat
d’un vrai congrès, mais qui ne retrace nullement les préliminaires
nécessaires pour conduire au résultat qui en découlera comme une
conséquence essentielle. Or il me semble que le véritable congrès
est le moyen qui prépare le résultat que l’on désire atteindre. Ce
moyen quel est-il? Toussenel nous le fait connaître, en donnant
pour racine au mot congrès, le verbe congruere signifiant, d’après
tous les auteurs latins, s’accorder, et ayant pour racines cum et
gruere, parler, babiller comme les grues. En effet, toutes les fois
que l’on parle ensemble de manière à harmoniser les voix, on s'ac-
corde. Et c’est ainsi qu’on a employé dans leur sens moral l’accep-
tion physique de ces mots, et que je comprends que, lorsque l’on
s’est mis d'accord par des conférences préliminaires, on puisse en-
suite marcher ensemble.
Je commence par quelques détails sur la physionomie et sur la
nourriture de la grue cendrée. Cet oiseau appartient à l'Ordre des
Échassiers ; par sa taille qui atteint 1,20 ou 1",30, il semble domi-
ner la plupart des autres espèces ; son attitude est grave et réfléchie,
du moins en apparence. À la juger d’après son extérieur, on serait
porté à croire que la grue se livre à des pensées sérieuses. Elle fré-
quente les lieux marécageux, l'embouchure des rivières, les bords
de la mer, et se nourrit d'herbes, de graines, de vers, d’insectes, de
petits poissons et de rainettes. Les Grecs l’appelaient /4 moisson-
neuse à cause de son goût de prédilection pour les grains de blé.
63
La grue ne vit pas solitaire, car s’il en était ainsi, l’étymologie
indiquée par Toussenel ne serait pas justifiée. Dans la nation des
grues, tout ce qui concerne un individu intéresse la société, et chaque
grue ne reste ni indifférente, ni étrangère aux besoins ou aux plai-
sirs de ses congénères. Lorsqu'une troupe de grues sondent les ma-
rais ou parcourent les bords des fleuves ou les rivages de la mer,
pour chercher leur nourriture, le soin de veiller sur la société est
confié à un des membres dont on a constaté l’expérience et la pro-
fonde sagesse. Ce choix n’est dù ni à la faveur, ni à des influences
coupables et encore moins à un caprice inexplicable. La sentinelle
choisie pour indiquer l’approche de toute espèce d’ennemis et signa-
ler l'apparence même du plus petit danger, se place sur une éléva-
tion afin que son regard et sa voix puissent s'étendre au loin. Puis,
dans la crainte de se laisser aller au sommeil et de compromettre
ainsi les intérêts qui lui sont confiés, elle se tient immobile sur une
seule patte, et replie l’autre sur le milieu du tarse de la première et
même quelquefois jusqu’à la hauteur du ventre. Dans cette atti-
tude, la grue perd la grâce qu’elle déploie ordinairement, et res-
semble tout naturellement à une personne qui serait forcée de conser-
ver une posture pénible et qui l’obligerait à des contorsions peu
séduisantes. C’est à cause de cette circonstance que l’on a employé,
bien à tort, le mot grue dans le sens de nias, et c’est ainsi que
Brueys a dit dans l’/nconstant (1, 6) : « Me prends-tu pour une
grue?» Cependant, d’après l'harmonie des os des pattes de la grue,
la position que cet oiseau semble préférer à toute autre, loin de lui
être pénible, lui fournit au contraire le moyen le plus simple et le
plus agréable de se procurer un repos facile et de longue durée.
Là ne s’arrête pas la prévoyance des grues, et quand la nuit com-
mence à étendre son voile sur toute la nature, des sentinelles choi-
sies avec le soin indiqué précédemment, sont placées autour des
champs occupés par toute la troupe, et soumises à des précautions
encore plus sévères. L'histoire raconte qu'une grue, placée en senti-
nelle, s’étant endormie au milieu de la nuit, un certain nombre de
ses congénères furent dévorées par des renards. Le fait fut porté
à la connaissance de toute la nation; on la consulta sérieusement
64
sur les moyens à prendre pour prévenir un semblable malheur, et
comme chaque grue pouvait librement faire connaître son avis,
l’une d’elle émit le vœu que désormais les sentinelles tinssent dans
la patte repliée une petite pierre, dont le bruit en tombant, réveil-
lerait celle des sentinelles qui se serait laissée aller au sommeil et
aurait ainsi détendu la patte qui retenait captif le petit caillou. Ah!
si dans la société humaine, toutes les fautes passées pouvaient être
ainsi réparées, si tous les dangers futurs devaient être évités par
les leçons de l’expérience, que de petits cailloux auraient à porter
ceux qui sont chargés de veiller sur les intérêts publics !
Les grues vivant par bandes assez nombreuses, se trouvent con-
damnées à des déplacements continuels; chaque jour, comme les
tribus nomades de l'Amérique et de l’Afrique, elles changent de
localité. Leur course est plus ou moins prolongée, selon les res-
sources que leur offrent les pays qu’elles parcourent.
Originaires des contrées du Nord, où elles se reproduisent, les
grues abandonnent ces mêmes contrées, pour aller chercher pendant
l'hiver, dans des climats tempérés, une nourriture plus facile et plus
abondante. Chaque année, ces oiseaux se livrent à des voyages ré-
guliers et traversent la France du 15 septembre au 1° novembre,
pour revenir du 45 mars au 1‘ avril. Mais avant d’entreprendre
ces longs voyages, les grues tiennent conseil, chaque adulte a le
droit d'exprimer sa pensée sans conteste : il s’agit de confier le salut
de tous à un chef revètu d’une autorité souveraine ; on s’en rapporte
au bon sens populaire qui ne trompe jamais quand il n’est pas égaré
par de mauvaises influences, et qu’il est abandonné à la conscience
de chacun. Toute adulte émet donc son avis, profite à ce qu’il pa-
raît de la permission qui lui est concédée dans ce congrès populaire,
et pense avec raison qu’il est plus avantageux, même de parler
bruyamment avant la décision pour l’éclairer, que de murmurer
contre elle et de la violer quand elle est prise. Ce serait donc à ces
réunions qui, par le bruit qui s’y fait, rappellent le souvenir de
certaines assemblées politiques, que la grue devrait son nom scien-—
tifique. En eflet, grue dérive de grus, qui lui-même se lie à
vépavos, grue, vipa, vieillesse, väew, voix, du radical sanscrit gar,
65
signifiant «crier beaucoup, » d’où l’on a formé le verbe latin gartire,
bavarder. La disposition que l’on attribue aux vieillards, dé répéter
souvent les mêmes choses, de radoter, ne pourrait-elle pas indiquer
pourquoi dans la langue grecque, on suppose aux mots grue et
vieillard , les mêmes racines? Cette liaison ne serait-elle pas aussi
fondée sur la longue vie que l’on attribue aux grues? En effet, Paul
Jove (Éloges des Hommes illustres , liv. VX, ch. 1) parle avec beau-
coup de vénération du philosophe Leonicus Tomœus qui passa qua-
rante ans en bonne harmonie avec la même grue et mourut le même
jour qu’elle. Si toutefois les grues se livrent dans leurs réunions à
un bavardage assourdissant, elles adoptent du moins de bonnes
résolutions auxquelles elles demeurent fidèles, avantage que n'ont
pas tous les congrès.
Après done beaucoup de bruit, de clameurs de toute nature, le
choix tombe sur la grue la plus digne, et elle obtient presque tou-
jours l'immense majorité des voix, et si pendant le congrès il y a
eu quelque apparence d'opposition, celle-ci disparaît immédiate-
ment, car avant tout il faut sauver la chose publique. C'est alors
que les grues s’abandonnent à une joie folâtre, et exécutent avec
beaucoup d’entrain une véritable danse de caractère. Est-ce pour
dissiper tous les petits tiraillements qui se sont manifestés pendant
la discussion? Est-ce pour rapprocher encore davantage les dissi-
dents? Est-ce pour célébrer le départ prochain et manifester la joie
que l’on ressent d’entreprendre un lointain voyage et d’aller visiter
des contrées riches en vieux souvenirs et où l’on trouvera une nour-
riture abondante ? Je l’ignore. Mais ce qui est bien constant, c’est
l'exercice de la danse auquel se livrent les grues. Cette habitude
avait été constatée par tous les anciens auteurs. Chez les Grecs,
grue et danse étaient exprimées par le même mot. Des peuples
avaient développé chez les grues ce besoin, cette passion de la
danse, pour se créer un sujet de divertissements publics. De nos
jours encore les Japonais exercent les grues à la danse.
Bientôt cependant, aux plaisirs bruyants et éphémères, succède
‘ Adolphe Pictet , Aryas primitifs, 1'° partie, page 491; Littré, Dictionnaire,
au mot GRUE.
66
l’accomplissement des résolutions prises dans la réunion des grues.
Celle qui a été prise pour sauvegarder les intérèts communs fixe le
jour et l’heure du départ, la direction que l’on suivra et enfin la
place que chaque membre de la nation doit occuper. Tout ce qui
concerne le voyage ainsi que le but vers lequel on se dirigera, a été
sagement étudié, prévu, préparé, rien n’est abandonné au hasard.
Toute la caravane composera un triangle isoscèle ; le chef se placera
à la pointe de l’angle du sommet, la base sera formée des sujets les
plus vigoureux de la nation, et au milieu des deux côtés égaux
seront placées les jeunes grues et celles dont la santé est délicate.
La forme du triangle isoscèle permet à la famille tout entière de
vaincre plus facilement la résistance de l’air, c’est un coin qui pé-
nètre dans un corps dont les molécules se séparent sous la pression
d’un choc vigoureux. Quand le chef se trouve fatigué, il cède sa
place à quelque membre expérimenté, pour la reprendre plus tard.
D’autres fois les grues se placent sur une seule ligne, quand la so-
ciété est peu nombreuse, et c’est alors une flèche qui plonge avec
rapidité dans les régions de l’air.
Les grues ont un vol élevé et soutenu ; elles peuvent facilement
parcourir vingt lieues à l’heure et rester plusieurs jours sans prendre
aucune nourriture. Dans ces voyages réguliers, le chef de la famille
pousse de temps en temps un cri de réclame pour savoir si tous les
membres peuvent suivre, si le vol n’est pas trop rapide, et tous doi-
vent répondre. Si la réponse n’est pas générale, le chef avise promp-
tement aux moyens de faire prendre un peu de repos, et alors la
troupe tout entière s’abat dans quelque lieu favorable.
Les voyages s’exécutent ordinairement pendant la nuit afin d’é-
viter les attaques des oiseaux de proie; quand ils ont lieu dans le
jour, les anciens prétendaient que le silence était prescrit à tous les
membres de la caravane, et que, pour en assurer l'observation, cha-
que grue était obligée par le chef de l’expédition à conserver dans
le bec un petit caillou. Les grues qui l’avaient laissé échapper en
poussant un cri étaient sévèrement punies pour avoir compromis
la sécurité publique. Si malgré toutes ces précautions la bande était
attaquée par les Rapaces, immédiatement les grues modifiaient leur
67
ordre de voyage, se réunissaient en cercles concentriques qui, en se
déroulant avec rapidité les uns autour des autres, opposaient ainsi
une résistance qui étourdissait les assaillants.
Chaque année, un très-grand nombre de grues se dirige vers le
centre de l'Afrique, et c’est dans ces contrées chaudes que ces oi-
seaux passent la saison rigoureuse de l'hiver. C’était là que selon
Aristote (Mist. des Animaux, liv. VIII, ch. xv) et Pline (liv. IV,
ch. 1x} les grues livraient bataille aux Pygmées , petits hommes
habitant des cavernes et montant des chevaux en rapport avec leur
taille. Pline prétend même que les habitants de la ville de Gerania
furent entièrement chassés de leurs demeures par les grues. Aris-
tote fixant à trois mois environ le temps pendant lequel les grues
combattaient, chaque année, les Pygmées, indique ainsi assez exac-
tement le temps du séjour de ces oïseaux en Afrique. Quant aux
Pygmées, ce n’étaient que des singes contre lesquels les grues se
défendaient avec un courage héroïque. Elles suivaient en cela la tra-
dition des Carthaginois qui eux-mêmes avaient livré, aux singes, dé
sanglants combats. La fable racontée par Aristote et par Pline. était
tellement répandue dans l'antiquité, qu'Homère compara, dans
VIliade (iv. ID), les Troyens aux grues combattant les Pygmées.
Etait-ce en souvenir du courage attribué à ces oiseaux que les Éeyp-
tiens couvraient leurs boucliers avec des peaux de grues ? (Hérodote,
liv. VIT.) Les Carthaginois avaient aussi suspendu, comme trophée
et comme souvenir de leur victoire, trois peaux de singes dans le
temple de Junon.
Quelques naturalistes ont pensé que les grues faisaient deux pontes,
l’une dans les contrées du Nord et l’autre dans le centre de l’Afrique
et principalement dans les terrains marécageux situés vers les sources
du Nil. Ce serait alors pour défendre leurs œufs que les grues sou—
tiendraient contre les singes, qui sont très-friands de cette nourri-
ture, les combats acharnés que l’imagination des auteurs anciens a
complétement défigurés. Ce qui rendrait cette hypothèse assez pro-
bable, c’est que les grues sont d’un caractère doux et craintif, et
qu’elles n’affrontent le danger que lorsqu'il s’agit de défendre leur
progéniture. Certains auteurs de nos jours trouveraient peut-être
68
dans la prédilection des singes pour les œufs des grues, le principe
du goût de l’homme pour les œufs à la mouillette; les fils n’auraient
que perfectionné un peu la disposition gastronomique de leurs
ancêtres !
Lorsque les rigueurs de l’hiver sont passées, les grues tiennent
conseil de nouveau, puis confirment dans sa souveraineté le chef
qu’elles avaient choisi, si toutefois il a exécuté avec fidélité le man-
dat qu’on lui avait confié. Si par une cause ou par une autre il a
compromis les intérêts qu’il devait sauvegarder, un nouveau chef
est élu, et la nation prend pour le retour les mêmes précautions
que pour le départ, obéit avec la même exactitude et se dirige vers
les immenses marais de la Volhynie, de la Bessarabie, de la Po-
dolie, etc., et là les hymens se contractent, et bientôt chaque
couple cherche, au milieu des joncs et des herbes, un endroit assez
caché où la femelle pondra deux œufs très-gros. Leur couleur est
olivâtre ou d’un brun verdâtre, parsemée de points ou de taches
plus ou moins étendues et d’un gris brun. La coquille de quelques-
uns de ces œufs est d’un rose cendré avec des taches d’un brun
olive. Leur grand diamètre varie de 0m,09 à 0m,10, et le petit de
1°,06 à 0",07. Le mâle et la femelle partagent tour à tour les soins
de l’incubation.
Quelques couples, selon l’assertion de M. Dégland, se reprodui-
sent sur les toits des maisons isolées. Il me semble qu'il est plus
probable que ces habitations sont entièrement abandonnées, car il
est difficile d'admettre qu’un oiseau aussi prudent et aussi défiant
que la grue confie ses petits aux caprices des hommes. À moins
toutefois que l’opinion émise par le docteur Dégland ne se rapporte
au Japon où les grues sont entourées d’un véritable respect par les
habitants et placées sous la protection des lois et où selon Kæmpfer
(Hist. du Japon, tom. I, p. 112) le peuple n’appelle jamais autre-
ment une grue, que « monseigneur la grue. »
Schiller a rappelé les cris, les migrations, le vol des grues dans
une charmante ballade. La voici :
« La lutte des chars et du chant allait joyeusement réunir les
«tribus des Grecs dans l’isthme de Corinthe; Ibycus, l’ami des
69
« dieux, s’y rendait. — Il avait reçu d’Apollon le don du chant,
«une voix douce et mélodieuse. — Il venait de Rhégium, léger,
« dispos, plein du dieu qui l'inspire.
« Déjà notre voyageur découvre Acrocorinthe, qui lui sourit du
« haut de la montagne, et, en entrant dans le bois de pins consacré
«à Neptune, il est saisi d’une pieuse terreur : autour de lui tout
«est immobile ; seuls des essaims de grues l’accompagnent ; elles
« vont au loin chercher la chaleur du Midi et forment dans le ciel
«un escadron grisätre.
« Jevous salue, troupes amies, qui m'avez accompagné pendant la
«traversée ! Je veux voir en vous un heureux présage. Mon sort
«n'est-il pas semblable au vôtre : je viens de loin, comme vous ;
« comme vous j'implore un toit hospitalier. Puisse le dieu de l’hos-
« pitalité, qui défend l'étranger de l’opprobre, vous être favorable. »
« Il presse vivement le pas et se voit au milieu de la forêt. Là,
« dans un étroit sentier, deux assassins lui barrent tout à coup le
« passage. Il faut qu’il s'apprête à combattre ; mais bientôt son bras
« retombe épuisé : sa main a appris à tendre les cordes frêles de la
« lyre ; mais jamais elle n’a eu la force de bander un arc.
« Il invoque les hommes, invoque les dieux : nul sauveur n’en-
« tend sa prière. À quelque distance que sa voix retentisse, la forêt
«ne donne aucun signe de vie. — «11 me faut donc mourir ici, dé-
« laissé, sur un sol étranger, sans être pleuré ! périr de la main de
« vils scélérats, sans même voir venir un vengeur! »
« Et, frappé d’un coup mortel, il s’affaisse. En ce moment, les
« grues passent en battant des ailes. Il les entend, — il ne voit
« déjà plus — il entend près de lui leurs cris perçants et redouta-
«bles : — O vous, oiseaux, qui traversez les airs, si nulle autre
« voix ne s'élève, portez plainte de mon assassinat. » Il dit, et son
« regard s’éteint.
« On trouve un cadavre nu, et bientôt, malgré les blessures qui
« le défigurent, son hôte de Corinthe y reconnaît les traits de l’ami
« qui lui est cher. — «Ah ! dit-il, me faut-il donc te retrouver ainsi,
« moi qui espérais ceindre le front du chanteur de la couronne du
«pin et le voir rayonner de l'éclat de sa gloire ! »
70
« À cette nouvelle, tous les étrangers que rassemble la fête de
«Neptune versent des larmes. La Grèce entière est navrée de dou-
«leur ; tous les cœurs sont contristés de sa perte. Et le peuple se
«rend tumultueusement chez le Prytane, et dans sa fureur il exige
« qu'on venge les mânes de la victime, qu’on les apaise par le sang
« du meurtrier.
« Mais, au milieu de cette foule, de cette mêlée flottante de peu-
«.ples attirés par la magnificence des jeux, à quel indice reconnaître
« l’auteur d’une action si noire ? Sont-ce des brigands qui l’ont là-
«chement assassiné ? Est-ce un ennemi secret poussé par l’envie ?
« Phébus qui éclaire toutes choses, Phébus seul pourrait le dire.
« Peut-être qu’en ce moment même il se promène effrontément
«au milieu des Grecs; et tandis que la vengeance le cherche, il
« jouit du fruit de son crime. Peut-être il vient braver les dieux
« jusque sur le seuil de leur temple, et se mêle impudemment à ces
« flots humains qui se pressent là-bas vers le théâtre.
« Car sur les gradins sont assis les peuples de la Grèce, accourus
«en foule de près et de loin; ils attendent, serrés les uns contre les
«autres, et il semble que les étais de la scène vont rompre sous le
«faix; on entend un mugissement sourd, semblable à celui des
« flots de la mer; l'édifice, fourmilière d'hommes, s’élève en courbes
« de plus en plus longues dont les dernières vont rejoindre l’azur
« des cieux.
« Qui peut compter ces peuples? qui pourrait dire les noms de
«tous ces hôtes que reçoit Corinthe ? Les uns sont venus de la ville
« de Thésée, d’autres de la plage de l’Aulide, d’autres de la Pho-
« cide, du pays des Spartiates, de la côte lointaine de l’Asie, et de
«toutes les îles; et du haut des gradins, il écoutait la mélodie
« terrible du chœur.
« Qui s’avance du fond de la scène, sévère et grave, suivant la
«coutume antique, et qui fait le tour du théâtre d’un pas lent et
« mesuré ? Ce n’est pas là la démarche de femmes mortelles ; elles
« n’ont pas reçu le jour dans une demeure terrestre : leur stature
« gigantesque surpasse de beaucoup la stature humaine; un man-
« teau noir bat leurs flancs; de leurs mains décharnées elles ‘agi-
71
«tent des torches qui jettent une clarté sinistre. Leurs joues sont
«pâles, livides, et au lieu de cheveux flottant avec grâce sur des
«fronts humains, on voit s’agiter sur leurs têtes des serpents et des
« vipères gonflées de venin.
« Et terribles, rangées en cercle, elles entonnent la mélodie de
«lhymne, qui pénètre le cœur et le déchire, et tient le coupable
«enchaîné. Le chant des Érinnyes retentit ; il ôte le sentiment ; il
«trouble les cœurs, il retentit, consumant l'auditeur jusqu’à la
« moëlle des os, et ne souffre pas l'accompagnement de la lyre.
« Heureux celui qui, exempt de faute et de crime, conserve son
«àme cahdide et pure ! Il n’a pas à craindre notre présence ven-
« geresse ; 1l marche en liberté dans la carrière de la vie. Mais
«malheur, malheur à qui dans l’ombre a commis le crime d’as-
« sassinat! nous nous attacherons à la plante de ses pieds, nous, les
« filles redoutables de la Nuit.
« Et s’il croit nous échapper par la fuite, nous avons des ailes,
«nous sommes là pour tendre des piéges sous ses pieds fugitifs, et
«1l faudra qu’il tombe par terre. Nous le poursuivrons ainsi sans
«nous lasser jamais ; car aucun repentir ne peut nous apaiser. Nous
«le suivrons de lieu en lieu jusque chez les ombres, et la, même
«encore, nous ne le quitterons pas. »
« Chantant ainsi, elles dansent leur ronde ; et un calme pareil au
« silence de la mort pèse sur l’édifice entier, comme si la divinité
« était proche. Et faisant le tour du théâtre, suivant la coutume an-
« tique, solennellement, d’un pas lent et mesuré, elles disparaissent
« derrière la scène.
«Et tous les cœurs indécis flottent encore entre l'illusion et la
« vérité; chacun tremble et rend hommage au pouvoir terrible
« qui veille jugeant dans ombre, à ce pouvoir mystérieux et impé-
«nétrable, qui dirige la trame sombre du Destin, qui se révèle au
«fond du cœur, mais qui s’enfuit aux rayons du soleil.
« En ce moment, on entend un cri qui parttout à coup du gradin
«le plus élevé. — « Vois done, vois donc, Timothée, les grues
«d’Ibyeus ! » Et en un instant le ciel s’obscurcit, et on voit passer
72
«au-dessus du théâtre une armée de grues, masse confuse et noi-
« râtre.
«— D'Ibycus ! » — Ce nom aimé ranime les regrets au fond des
«cœurs; et comme sur la mer le flot succède au flot, on entend
« répéter de bouche en bouche : — «D’Ibycus? celui que nous pleu-
« rons ? celui qui est mort de la main d’un assassin? Pourquoi
«at-on prononcé son nom ? qu'est-ce que cela veut dire? quel rap-
« port a-t-1l avec ces grues qui passent ? »
« Les questions deviennent de plus en plus pressantes, et un
« pressentiment ailé, prompt comme la foudre, traverse tous les
«cœurs : — «Attention ! c’est le pouvoir des Euménides qui se
« manifeste ! le pieux poète va être vengé : l'assassin se livre lui-
« même... Arrêtez-le, celui qui a prononcé ces paroles : arrêtez
« aussi celui auquel elles s’adressaient ! »
« Celui-là les avait à peine laissées échapper, qu’il eût voulu les
« garder dans son cœur, mais trop tard ! Leurs lèvres pâles d’effroi
« trahissent bientôt leurs remords.
«On les arrête, on les traîne devant le juge; la scène se change
«en tribunal, et les scélérats, frappés par la foudre de la vengeance,
« font l’aveu de leur crime... »
(Poésies de Schiller, traduites par P.-F. Muller, p. 167, etc.)
Non-seulement quand elle est convoquée aux conseils de la na-
tion, mais en tout temps, la grue a peine à prendre son essor, et
avant de pouvoir s’envoler elle est obligée de courir. Dans sa
course, dans l’ensemble de sa démarche, elle paraît se complaire en
elle-même, se croire un personnage important : l’on dirait un électeur
des premiers temps du suffrage universel. Selon l'observation des
naturalistes anciens et modernes, les cris de la grue indiquent la
pluie, et quand cet oiseau fait entendre des clameurs plus vives qu’à
Pordinaire, elles présagent alors la tempête.
La grue dont je viens d'indiquer quelques habitudes, est appelée
grue cendrée (grus cinerea). Ce nom lui a été donné pour repré-
senter l’ensemble des couleurs de son plumage, et pour la distinguer
de quelques autres espèces dont l’une porte l’épithète de virgo et est
appelée assez généralement grue demoiselle. Ce nom paraît lui avoir
73
été donné à cause de la tendance excessive qu’elle manifeste à se
mirer dans tous les objets qui peuvent réfléter son image, de l’af-
fectation qu’elle apporte dans sa démarche par laquelle elle semble
inviter tout le monde à l’admirer, du soin extraordinaire qu’elle met
à conserver à ses plumes et surtout à celles qui se déroulent derrière
son cou comme des rubans qui voltigent, toute leur grâce et tout
leur brillant, enfin à son goût très-prononcé pour la danse.
Afin de justifier cette dernière assertion, je cite un passage de la
Faune Pontique de M. Nordmann : « Les grues demoiselles ont des
«habitudes singulières. Elles arrivent dans le midi de la Russie vers
« le commencement de mars, par troupe de deux à trois cents in-
« dividus disposés en vols triangulaires. Parvenues au terme de
« leur voyage, les bandes restent encore ensemble pendant quelque
« temps ; et lors même que ces oiseaux se sont déjà dispersés par
« couples, ils se réunissent encore tous ensemble, le soir et le matin,
« de préférence par un temps serein, pour s’exercer de compagnie et
« pour s’amuser à danser. A cette fin, ils choisissent dans les steppes
«un lieu convenable, le plus souvent le rivage plat d’un ruisseau. Là
«ils se placent en ligne ou sur deux ou plusieurs rangées et com-
« mencent leurs jeux et leurs danses extraordinaires, qui ne sur-
« prennent pas médiocrement les spectateurs et dont le récit passe-
«rait pour fabuleux s’il n’était attesté par des hommes dignes de
« foi. Ils dansent et sautent les uns autour des autres, s’inclinent
« d’une manière burlesque, avancent le cou, dressant les plumes du
« collier et déployant à moitié les ailes. Une autre partie, en atten-
« dant, se dispute le prix de vitesse : arrivés au terme, ils retour-
«nent, marchant lentement et avec gravité; tout le reste de la
« compagnie les salue par des cris réitérés et par des inclinations de
« lête et d’autres démonstrations qui sont réciproques. Après avoir
« continué de la sorte pendant quelque temps, ilss’élèvent tous dans
« l'air, où voguant lentement ils décrivent des cereles tels qu’on en
« voit faire à toutes les grues et aux cigognes. Après quelques se-
« maines ces assemblées cessent et à partir de cette époque, on voit
«exactement marcher ensemble, dans les steppes, un mâle et une
« femelle. »
74
Cette dernière phrase du récit de M. Nordmann me porterait à
croire que ces courses, ces danses, ces jeux pourraient bien être
pour les grues, ce que nous avons déjà constaté, à propos d’autres
espèces, une sorte de concours dans lequel les mâles dévelop-
pent toutes leurs grâces et leur agilité, pour plaire à leurs fu-
tures compagnes et avoir le privilége de les choisir selon leur désir.
Le choix fait et agréé serait alors suivi pendant quelque temps
de fêtes générales auxquelles prendraient part les vaincus et les
vainqueurs.
Quoi qu’il en soit de cette hypothèse, j'aime à croire que si l’éty-
mologie proposée par M. Toussenel est fondée, et que si entrer en
congrès dérive de congruere, crier à la manière des grues, cette in
terprétation ne peut pas s’appuyer sur les dernières habitudes de
ces oiseaux, décrites par M. Nordmann, mais sur les souvenirs his-
toriques, sur ceux des Égyptiens et des Elzévirs.
Les Égyptiens avaient fait de la grue, dans leurs hiéroglyphes,
l'emblème de la vigilance qui empêche toute surprise et éloigne tout
malheur. Les Elzévirs, en représentant le même oiseau appuyé sur
une seule patte et tenant un petit caillou dans cette patte repliée,
constataient le soin extrème qu’ils prenaient à éviter les fautes et à
corriger celles qui auraient pu échapper à l'attention la plus minu-
tieuse des compositeurs. Je dois cependant constater ici, dans l’in-
térêt de la vérité historique, que l’emblème régulièrement adopté
par les Elzévirs était une cigogne dans laquelle certains auteurs ont
cru retrouver la figure de la grue.
Puisse toute réunion qui adoptera la grue pour emblème, prendre
comme cet oiseau, tous les moyens possibles pour éviter les fautes à
l'avenir et pour réparer celles qui auraient été commises !
Si ce vœu par lequel je termine cette petite étude sur la grue
cendrée pouvait être réalisé, 1l ne serait plus possible de répéter
dans le même sens que Brueys, ces paroles : « Nous prenez-vous
pour des grues? »
L'abbé VinceLor,
Chanoiïine honoraire, aumônier de la pension
‘Saint-Julien,
LE MOUVEMENT
CONCOURS RÉGIONAUX
Au moment où va s'ouvrir la grande Exposition universelle
de 1867”, il n’est pas indifférent de jeter un coup d’œil sur le mou-
vement des concours régionaux créés en France depuis dix-sept
ans.
Chaque année, la presse agricole rend compte de ces solennités
et constate presque toujours des progrès dans toutes les catégories.
La faveur avec laquelle le public les accueille justifie toute l’im-
portance de ces institutions qui représentent le principe d’une bien
louable et féconde émulation, devant conduire au perfectionnement
de nos races domestiques et de nos machines agricoles.
Ces luttes pacifiques sont toujours fécondes en résultats : elles
stimulent les indifférents, remuent les apathiques et, à la longue,
entraînent les masses dans la voie du progrès, but vers lequel
doivent tendre tous nos efforts.
1 Cet article a été écrit à la fin de mars 1867.
? La première exposition de l’industrie a eu lieu à Paris en 1798 avec 110
exposants et jusqu’en 1849 onze expositions se sont succédées et le nombre des
exposants s’est élevé à 4,494 à cette époque. En 1855 l'exposition a surpassé
toutes les précédentes par la variété des produits et le nombre des exposants
qui a atteint le chiffre de 22,779.
76
C'est en 1851 que furent créés ces concours, qui eurent lieu, d’a-
bord au nombre de trois, dans les villes de Saint-Lô, d’Aurillac et
de Toulouse.
En 1852, ils eurent lieu au nombre de sept; en 1853, on en
créa huit; et en 1854, il y en eut sept. |
De 1855 à 1857, ils furent régulièrement portés à huit, puis à dix
en 1858.
Depuis 1860 jusqu'à 1867, ils existent au nombre de douze.
Bien antérieurement, les concours d'animaux gras furent créés :
le premier eut lieu à Poissy en 1844.
En 1849, on fit un essai de concours d'animaux reproducteurs
dans la même ville, qui fut transporté l’année suivante sur les dé-
pendances de l’Institut agronomique de Versailles, où 1l eut lieu
jusqu’en 1852.
En 1853, le concours de Versailles, qui avait reçu le nom de
concours général, et où figuraient les machines, les produits et les
volailles à côté des animaux reproducteurs, fut transporté à Orléans,
et l’année suivante à Paris, au Champ-de-Mars, et en 1855 au Palais
de l'Industrie.
En 1856, le concours général devint un concours universel, et
en 1860, il eut lieu encore comme concours général à Paris.
Jusqu'en 1854, les animaux reproducteurs mâles avaient seuls
été admis, parce que l'administration de l’agriculture, suivant
M. Heurtier, ne possédait pas suffisamment de ressources pour pri-
mer les femelles qui ne furent admises pour la première fois que
cette année-là.
Mais si les agriculteurs virent un progrès dans cette heureuse
modification des programmes, ils furent quelque peu surpris de voir
que l’espèce chevaline disparut ‘de ces solennités.
On a beaucoup dit sur cette proscription du cheval, et il est vive-
ment à désirer que l’administration revienne sur une décision qui
ne semble nullement avoir sa raison d’être.
En 1857, on créa des primes qui, sur la décision d’une commis-
sion d'examen nommée par le Ministre, doivent être décernées, dans
chaque département où se tient le concours régional, à l’agriculteur
77
dont la ferme est la mieux dirigée et qui a réalisé les améliorations
les plus économiques.
Les primes d'honneur consistent en une coupe d’argent de
3,000 fr. et une somme de 5,000 fr.
En 1866, une circulaire ministérielle a prescrit aux préfets de
nommer des commissions chargées de proposer les candidats à la
prime d’honneur qui ne devront pas dépasser le nombre dix.
Les directeurs des fermes-écoles en sont exclus, mais s’ils se
portent candidats et qu’ils méritent une récompense, on leur accor-
dera une coupe d’honneur de 2,500 fr. et une allocation de 500 fr.
Ce système nouveau fonctionnera à partir de 1868.
Depuis leur création, cent cinquante-trois concours régionaux
ont eu lieu, et un grand nombre de départements, depuis 1863, en
ont eu pour la deuxième fois.
Les courbes ci-jointes montrent les oscillations ascendantes ou
descendantes que ces concours ont eues depuis leur création.
Chacune d’elles a pour abscisses les années, et pour ordonnées
le nombre exposé à l'échelle d’un centimètre pour mille animaux,
produits et machines exposés.
1° Espèce bovine. —La courbe-loi de l’espèce bovine, fig. I, montre
que le nombre d’animaux exposés s’est régulièrement accru de 1850
à 1855, puis brusquement élevé en 1856, à cause de l'Exposition
universelle, pour descendre en 1857, remonter régulièrement jus-
qu'en 1859 et brusquement en 1860. En 1861 et 1862, le nombre
exposé s’abaisse encore pour s’élever en 1863, et s’abaisser de nou-
veau en 1864 et 1865.
2° Espèce ovine. — Les ordonnées de la courbe de l’espèce ovine,
fig. Il, sont moins grandes que celles de l’espèce bovine, c’est-à-
dire que le nombre exposé est plus petit, mais il suit à peu près la
même loi.
De 1850 à 1856, la courbe s’élève presque régulièrement; mais
en 1857, elle s’abaisse aussi brusquement que celle de l’espèce bo-
vine, puisse maintient en 1858, s’élève beaucoup en 1859, s’abaisse
un peu en 1860 et beaucoup en 1862, pour s’élever rapidement en
x 6
78
1863, où elle atteintson maximum. A partir de cette époque, comme
celle de l’espèce bovine, elle redescend régulièrement.
30 Espèce porcine. — Les ordonnées de la courbe de l’espèce
porcine, fig. [IE, sont encore plus petites que celles de l’espèce ovine,
mais plus régulières avec les mêmes oscillations. C’est en 1860
qu’elles atteignent leur maximum, et leur élévation depuis 1850
jusqu’à cette époque est sensiblement uniforme.
De 1864 à 1866 elles tendent à s’abaisser.
4 Volailles. — Nous n'avons sur la volaille de renseignements
certains qu'à partir de 1859, que nous devons à l’obligeance de
M. Michelet, rédacteur au ministère de l’agriculture.
La courbe-loi du mouvement, fig. IV, s’élève régulièrement de
1859 à 1861, descend en 1862 pour osciller d’une manière insen-
sible jusqu’en 1866.
50 Machines. — C’est pour les machines que les oscillations sont
les plus nombreuses. Les ordonnées, fig. V, après s’être élevées
régulièrement de 1850 à 1854, s’abaissent en 1855 pour s’élever
rapidement en 1856; puis descendent de nouveau en 1857, et re-
montant brusquement en 1860, atteignent leur maximum, redes-—
cendent ensuite en 1861, contrairement aux ordonnées des volailles
et de l'espèce ovine.
De 1861 à 1866, ces ordonnées croissent encore, puis à partir de
cette époque, elles décroissent comme celles des animaux jus-
qu’en 1866.
6° Produits. — Enfin, la loi du mouvement des produits est un
peu plus régulière que celle des machines qu’elle suit à peu près.
De 1850 à 1854, la courbe, fig. VI, s'élève très-régulièrement,
s’abaisse en 4855, puis s'élève jusqu’en 1858, pour s’abaisser de
nouveau en 1859 et s'élever ensuite très-rapidement en 1860, où
elle atteint son maximum. Elle redescend en 1861 et 1862 aussi ra-
pidement qu’elle s'était élevée, remonte en 1863 pour s’abaisser
comme les précédentes jusqu’en 1866.
De ces courbes représentant le mouvement suivi par chaque caté-
gorie, il ressort deux points importants :
7650
AN JL L |
1854 1855 1856 1857 1858 1859 1860 1861 1862 3863 1064 1865
/
1830
FT 1654 1855 1856 1857 1658 1859 1860 1861 1862 1863 1664 1865 1866
79
4° Que les concours régionaux n’ont cessé de progresser, quant
au nombre, jusqu’en 1860 où ils ont, sauf pour la catégorie de l’es-
pèce ovine, atteint leur maximum ;
2° Qu’à partir de 1863, époque à laquelle ils ont encore fait d’im-
portants progrès sur les deux années précédentes (1861 et 1862),
ils n’ont cessé de décroiître pour toutes les catégories, moins celle de
l'espèce bovine, en 1866.
Cette décroissance est surtout notable pour les instruments, ce
qui s'explique par les rappels de médailles que les constructeurs
reçoivent et qui ne les récompensent pas suffisamment.
Quant aux animaux, si leur nombre décroit, la qualité aug-
mente, et cela résulte visiblement des concours de ces dernières
années.
J. Dupzessis,
Répétiteur de Génie rural à l'École impériale
d'agriculture de Grignon.
INDEX
GENERUM AC SPECIERUM ANTHIADIDORUM
HUCUSQUE
In Museo Parisiensis observatorum.
AUCTORE GUICHENOT.
Genus : Anthias, BI. ?. Cuv. *.
Char. gen. — Mabitus serranorum. Corpus squamosum. Ossa
opercularia valdè squamosa. Opereulum spinis tribus armatum.
Maxillæ squamis magnis vestitæ. Pinna dorsalis unica, in dorsum
protensa. Dentes conferti in maxillis, intùs setacei, extüs majores,
conici ac uncinati, in vomere ac in palato minores. Nembrana
branchiostega radis septem.
I. Suscenus : Aylopon, Rafin *, Anthias, BL. *, Cuv. *.
Char. gen. — Corpus plus minüsve, ovale, squamis magnis ob-
tectum. Caput breve, modicè declive, undiquè squamosum. Præoper-
1 Hist, nat. Poiss., tom. III, 2€ part., pag. 86.
2 Règ. an., 2° édit., tom. II, pag. 140, et Cuv. Hist nai. Poiss., tom. I,
p. 249. |
3 Ind. Litio Sicil., pag. 17.
* Hist. nat. Poiss., tom. II, 2° part., pag. 86.
5 Rèy. an., 2° édit., tom. HI, pag. 140, et Cuv. Val. Hist. nat. Poss., tom. II,
pag. 249.
81
culum serratum : interoperculum ac suboperculum æquè marginem
versüs denticulata vel crenulata, sed rariüs lævia, absquè serrulis.
Oculis mediocres. Dorsalis integra, haud emarginata simul ac ana-
lis et caudalis in parte squamosa.
Spec. — Aylopon anthias, Rafin. — Anthias sacer, BI. — Lut-
janus anthias, Lacep. — Serranus (Anthias) Anthias, Cuv. Val.
AYLopon 1vicÆ, Guich. nov. spec.
Sn. Serranus (Anthias) Anthias, Cuv. Val. Hist, nat. Poiss.,
tom. IT, pag. 250, pl. 31.
Char. spec. — Corpore ovalo-oblongo, altitudine triplo in ejus
altitudine, cum caudali ; capite breviore quam altitudine trunci, an-
ticè obtusulo ; linea rostro-frontali convexiuscula ; oculis grandi-
culis, spatio interoculari amplitudinem æqualibus; spina tertia dor-
salis elongata, cæteris duplo longiore; pectoralibus ad basim pinnæ
analis prominentibus; ventralibus longissimis, subfalciformis , ad
apicem analis ferè attengentibus ; radis mollibus ultimis dorsalis
ac analis longè acutis; cauda profundè incisa, lobis prælongatis
in filium, inferiore longiore altitudinem trunci æquante.
Aurato-rubro, saturiore in dorso, cum maculis parvis, numerosis,
æneolis ac diffusis ; punctis margaritaceis seriebus longitudinalibus
ordinatis in abdomine : fronte transversim genisque longitudina-
liter luteo-auratis vittis ornatis; omnibus pinnis flavescentibus,
immaculatis.
D. 10-15; À. 3-7; P. 17 ; C. 20 cir. ; V. 1-5.
Longitudo duorum speciminum 12 ad. 15 c.
Habitat. — In mari Mediterraneo, ad littora Ivicæ (Baleares in-
sulæ), Maltæ (Insula).
AyLopon Hispanus, Guich., nov. spec.
Sy. Serranus (Anthias) anthias, Cuv. Val., Hist. nat. Poiss.,
tom. IL, pag. 250, pl. 31.
82
Char. spec. — CGorpore subovali, altitudine totiüs tertiam partem
longitudinis æquante; capite brevi, anticè obtusiusculo, minuseulo
altitudine corporis ; nucha valdè alta, curvata ; linea rostro-frontali
minimè depressa antè oculos grandiusculos, spatio interoculari
pares; radio tertio dorsalis extenso, cæteris demidium excedente ;
pinnis pectoralibus mediocribus, ferè ad initium analis productis ;
radiis mollibus ultimis dorsalibus analibusque acutè extensis; ven-
tralibus subfalcatis, prælongis ad extremitatem analis exorientibus ;
caudali valdè emarginata, lobis acutissimis, filamentosis, inferiore
vix longiore paululèmque minore parte excelsa corporis.
Colore rostro-rubro, subtüs sarutiore, cum maculis, numerosis,
parvis, anostomosantibus, intensè viridi-æneis in dorso lateribusque :
in ventre punctis smaragdineis seriatim dispositis ; fronte transversim
ac buccis longitudinaliter luteo-aureis fasciatis signatis, omnibus
pinnis flavescentibus dorsali analique ad apicem nigrescentibus.
D. 10-15; A. 3-7; P. 18; C. 17 cir.; V. 1-5.
Longitudo speciminis unici descripti 45 c.
Habitat. — In mari Mediterraneo, ad littora Hispaniæ.
AYLOPON RISsor, Guich., nov. spec.
Syx. Serranus (anthias) anthias, Cuv. Val., Hist. nat. Poiss.,
tom. IT, pag. 250, pl. 31.
Char. spec. — Corpore oblongo-ovali, longitudine triplo longi-
tudinem æquante, pinna caudali haud exelusa ; capite longuisculo,
antè subobtuso, tàm alto quam longo : linea rostro-frontali suberecta
seu convexiuscula ; oculis grandiculis, spartio interoculari paribus ;
pinnæ dorsalis spina tertio dupld cæteris ferè majore ; radus ultimis
mollibus dorsalibus ac analibus acutè productissimis; pectoralibus
prominulis, ad radicem pinnæ analis vix attengentibus ; ventralibus
prælongis, subfalciformis, haud versüs extremum pinnæ ani exce-
dentibus ; caudali profundè incisa, lobis acutis, filamentosis, infe-
riore paulo longiore, majore altitudine vix corporis.
83
Colore auro-rubro, suprà obscuriore : maculis parvis profundè
viridi-æneis, numerosis, confluentibus ad dorsum lateraque; punctis
smaragdineis seriebus longitudinalibus dispositis in abdomine ;
fronte luteis fasciis transversis impresso, in genis nullis seu incons-
picuis ; pinnis omninÿ flavis, immaculatis.
D. 10-15 ; À. 3-7; P. 18; C. 20 cir. ; V. 1-5.
Longitudo speciminis unici descripti 17 c.
Habitat. — In mari Mediterraneo, ad littora Nicææ,
AYLOPON NICÆENSIS, Guich., nov. spec.
Syn. Serranus (anthias) anthias, Cuv. Val., Mist, nat. Porss.,
tom. IT, pag. 250, pl. 31.
Char. spec. — Corpore ovato-oblongo, altitudine altitudinem
tertiam ferè æquante, cum pinna caudali; capite mediocri, anticè
obtuso, pauld breviori altitudine corporis; linea rostro-frontali sub-
erecta; oculis magnis, quàm spatio interoculari majoriusculis ;
tertia spina elongata, duplù cæteris longiore; pinnis pectoralibus
grandiuseulis, acutis, ad initium pinnæ dorsalis; ventralibus elon-
gatissimis, acutis, subfalciformis, extenuissimè pergentibus antè
extremam analis ac dorsalis; radiis mollibus elongatissimis, acutis :
cauda profandè incisa, lobis longè acuminatis, filiformis, subæ-
quantibus, haud longitudinem capitis superantibus.
Colore toto corporis aurato-rubro, infrà pallidiore ; fronte trans-
versè genisque longitudinaliter luteis fascuis insignis ; subtüs ac ad
latera maculis densè viridi-æneis, numerosis, nebulosis seu diffusis ;
punctis margaritaceis, seriatim dispositis in abdomine; pinnis
flavescentibus, sæpiüs ad apicem macula fuscescente, vix cons-
picua.
D. 10-15; À. 3-7; P, 18 ; C. 20 cir. V. 1-5.
Longitudo trium speciminum descriptorum 14 ad 16 c.
Habitat. — In mari Mediterraneo, ad littora Nicææ.
84
AYLOPON CANARIENSIS, Gruich. nov. spec.
Syx. Serranus (anthias) anthias, Val., Ichth. canar. in: Webb et
Berth., pag. 8.
Char. spec. — Corpore ovato-oblongo, altitudine tertiam partem
omnino longitudinis suæ æquante; capite parüm longiore altitudine
trunci, anticè obtusulo; linea rostro-frontalirecta, inter oculos paulu-
Im excavata ; oculisgrandis, quàm spatio interoculari vix majoribus;
spina tertia dorsalis valdè producta dimidium cæteris excedente ;
radiis extremis dorsalibus analibusque acuminatissimis; pinnis pec-
toralibus modicis, acutis, versûs initium analis expensis; ventra-
libus longissimis, subfalciformis, ad extremitatem ferè pergentibus ;
caudalis pinna emarginata, lobis filamentosis, æqualibus, longitudine
capitis vix brevioribus. |
Colore corporis omninè aureo-rubro, supernè obscuriore, maculis
profusè viridi-æneis, anastomosantibus seu confluentibus in dorso
ac ventre; fronte transversè genisque longitudinaliter luteis vittatis
impressis ; punctis smaragdineis in lineis longitudinalibus dispositis
in ventre ; pinnis omnibus flavescentibus, immaculatis.
D. 10-15; À. 3-7; P. 17; C. 18 cir. ; V. 1-5.
Longitudo trium spiciminum descriptorum 15 ad. 17 c.
Habitat. — In oceano Atlantico, ad Canarienses insulas, ac Ma-
deram insulam.
AYLOPON ALGERIENSIS, Guich., nov. spec.
Syx. Serranus (anthias) anthias, Guich., Expl. scient. alg.
Poiss., pag. 34.
Char. spec. — Corpore ovato-oblongo, posticè angustiusculo,
tertiam partem longitudinis suæ efliciente, pinna caudali non ex-
clusa ; capite magniusculo, anticè obtuso, subpari altitudine trunci ;
oculis magnis, diametro eorum spartium interocularem æquante ;
rostro obtusulo, ex hoc e fronte linea recta seu convexiuscula ; radio
85
tertio valido dorsali, cæteris vix longiore ; pinnis pectoralibus longis,
antè analem paululd extensis ; ventralibus prælongis, subfalciformis,
haud multo extremam analis attengentibus; ultimis radis mollibus
dorsalis analisaue elatioribus, eorum extremitate terminali acutè
producta ; caudali bifida, lobis filiformis, inferiore longiore, corporis
altitudine vix breviore.
Colore planè aurato-rubro, subtüs, saturiore : maculis æneolis,
parvis, diffusis seu nebulosis in dorso lateribusque ; abdomine
punctis seu guttatis smaragdineis serie utrinque ordinatis, fascia
transversa fusca seu nigrescente in fronte, ac fasciis longitudinalibus
aureis in genis; pinnis flavis, immaculatis.
D. 10-15 ; À. 3-7; P. 17; G. 17, cr. ; V. 1-5.
Longitudo quatuor speciminum descriptorum 11 ad 13 c.
Habitat. — In mari Mediterraneo, ad littora Algeri.
AYLOPON MARTINICENSIS, Guich., 200. spec.
Char. spec.—Corpore subelongato, altitudine tertiam partem lon-
gitudinis æquante, cauda exclusa; capite longiusculo, anteriüs
obtusulo, longitudine corporis pari; linea rostro-frontali subrecta,
antè oculos modicè depressa ; oculis magnis, spatium inter-
ocularem vix superantibus; spina tertia dorsalis parvè cæteris lon
giore: pinnis ventralibus parvulis, haud attengentibus ventrales,
quas vix ulirà initium pinnæ dorsi exorientes; radis mollibus pos-
tremis pionarum dorsi anique subulatis, paululüm acutis; caudali
emarginata, lobis æqualibus, filamentosis, capitis altitudinem vix
excedentibus.
Colore corporis auro-rubente, infernè pauld dilutiore; maculis
paucis viridi-æneis, tantüm ad dorsum; pinnis omnibus plus mi-
nusve flavis, immaculatis, capite ab apice rostri ad nucham
rubro.
D. 10-15 ; A. 3-7; P. 17; C. 18 cir., V. 1-5.
Longitudo quatuor speciminum descriptorum 11 ad 14 c.
Habitat. — Martinicæ insula.
86
AYLOPON MAURITIANUS, Guich., nov. spec.
Char. spec. — Corpore brevi, alto, valdè compresso, altitudine
longitudinis secundam partem æquante, caudali excepta ; capite
brevi, anticè obtusiosculo, multo breviore trunci altitudine; nucha
alta; linea rostro-frontali convexa ; oculis magniusculis ; spatio in-
teroculari ferè paribus; pectoralibus ventralibusque grandiusculis,
acutis, ultra initium pinnæ analis exiguè productis; pinnis vertica-
libus subelatis ; dorsalis spina tertia ac hujus radiis mollibus secundo
tertioque pauld cæteris longioribus ; caudali valdè bifida, lobis
æqualibus, longis, aculis.
Colore corporis totiüs cinereo-flavo, subtüs obscuriore, cum ma-
culis magnis, viridi-æneis, ovatis, benè definitis in dorso ae lateri—
bus ; omnibus pinnis, flavescentibus, immaculatis.
D. 10-17; À. 3-7; P. 16 ; C. 17 cir. ; V. 1-5.
Longitudo duorum speciminum descriptorum 45 c.
Habitat. — Bourbonius ac Mauritius Insulæ.
IT. Suscenus : Callanthias, Low.
Char. gen. — Corpus ovale, subelongatum. Caput breve, anticè
declive, squamosum, præter rostrum. Præoperculum, intoperculum
ac suboperculum integra, absquè serrulis vel denticulatis. Ocuhi
modici. Dorsalis indivisa. Pnnæ verticales in parte squamosæ.
Spec. — Bochanus peloritanus, Uocco. = Anthias buphthalmos,
Bonap. — Callanthias paradisœus, Low. — Callanthias pelorita-
nus, Günth.
1 Proc. zool. soc. Lond., 1839, tom. VII, pag. 76, et Trans. 2001. soc. Lond.,
1849, tom. LE, 17€ part., Suppl. syn. of the Fish. mad., pag. 1.
87
IT. Suscenus : Paranthias, Guich., nov. gen. Anthias Cuv.*.
Char. gen. — Corpus oblongum, subelongatum, squamis, mi-
nimis vestitum. Caput breve, curvatum, omnind squamosum.
Præoperculum tantm denticulatum. Oculi parvuli. Pinna dorsi
simplex, absquè incisa simul ac .analis et caudalis in parte squa-
mosa.
Spec. — Anthias furcifer, Cuv. Val. — Paranthias furcifer,
Guich. — Anthias creolus, Cuv. Val. — Paranthias creolus,
Guich.
IV. Suscenus : Elastoma, Swns°. Anthias, Cuv.*. Hesperanthias,
Low. Mss. Macrops, G. Dum. *.
Char. gen. — Corpus fusiforme, squamis magnis instructum.
Caput conicum. Rostrum alepidotum vel absquè squamis. Præoper-
culum tantüm serratum. Oculi maximi. Dorsalis valdè emarginata.
Pinnæ verticales nudæ, haud squamosæ.
Spec. — Anthias oculatus, Cuv. Val. — Elastoma oculatus,
Swns. — Hesperanthias oculatus, Low. — Macrops oculatus,
C. Dum.
1 Règ. an., 2° édit., tom. Il, pag. 140, et Cuv. Val. Hist. nat. Poiss., tom. IT,
pag. 249.
2 Hist: nat. Fish., Amph. and Rep., tom. II, pag 202:
8 Règ. an., 2° édit., tom. 11, pag. 140, etCuv. Val. Hist. nat. Poiss., tom. IT,
pag. 294.
* Ichth. anal., pag. 279.
LES
TERRAINS CRÉTACÉS
DES ENVIRONS DE SAUMUR.
Le sol de nos environs, qui fait partie de la grande période des
terrains secondaires, ne présente que trois étages des sept reconnus
dans les terrains crétacés; ce sont les grès verts inférieurs ou craie
chloritée, les grès verts supérieurs ou tuffeau et le terrain crétacé
supérieur. Ou bien encore les 20°, 21° et 22° étages de la Paléonto-
logie française de d’Orbigny désignés sous les noms d’étage céno-
manien, d'étage turonien et d'étage sénonien, noms tirés des villes
auprès desquelles chacun de ces terrains se montre en plus grande
abondance. |
Les caractères minéralogiques qui pourraient servir à faire re-
connaître ces différents étages sont souvent impossibles à saisir.
Formés au sein des mers agitées, et composés en partie de débris
de roches plus anciennes, brisées et transportées par les courants,
leurs principes constituants ont dù souvent varier. Une seule chose
pouvait donner des caractères certains pour les distinguer, c'était
les restes des corps organisés que ces dépôts pouvaient contenir et
que les mers avaient nourris à l’époque de leur formation. Créés au
milieu de nombreux bouleversements, sous l'influence d’une tem-
pérature, probablement très-élevée, ces êtres ont dù subir dans leur
89
organisation des modifications en rapport avec leur genre d’exis-
tence ; aussi voit-on à chaque grande époque géologique les es-
pèces changer et les créations anciennes disparaitre complétement
pour céder la place à de nouveaux êtres destinés à vivre dans des
conditions nouvelles. C’est donc surtout par la connaissance exacte
des restes des animaux qu’on y rencontre qu’on peut arriver à dis
tinguer chaque étage et son âge relatif.
Nous avons peu de chose à dire de l’étage cénomanien ou 20°
étage. Placé sous notre puissant banc de tuffeau, il sert de base au
coteau qui borde la Loire. Recouvert par une couche d’argile qui le
termine et qui le sépare de l’étage turonien, il retient l’eau qui s’é-
coule des parties supérieures, et c'est de sa surface que sortent les
sources que l’on rencontre sur la rive gauche de la Loire. On le trouve
aussi dans plusieurs communes environnantes dont il fait une partie
du sous-sol, Les fossiles qu’on y rencontre sont presque tous carac-
térisliques de cette époque, à l’exception d’un très-petit nombre
qu’on retrouve aussi dans les étages supérieurs où ils ont pu vivre
en subissant de légères modifications.
L’étage turonien, qui succède à l’étage cénomanien forme la ma-
jeure partie de nos coteaux et est désigné sous le nom de tuffeau. Il
est connu de tout le monde et parfaitement décrit dans tous les ou-
vrages; il ne présente presque pas de variation de composition et
d'aspect dans toute son épaisseur et semble seulement éprouver
quelques légères modifications à mesure que la masse augmente.
Les couches inférieures assez solides ne présentent que peu de fos-
siles et arrivent à peu près ainsi jusqu’au milieu de la puissance de
cette formation, là se trouve une épaisseur d’un mètre environ où
les corps organisés entassés, pressés les uns contre les autres, for-
ment un banc où l’on rencontre toutes les espèces qui caractérisent
cet étage. Au-dessus ils deviennent très-rares et disparaissent com-
plétement dans la partie supérieure où le tuffeau est divisé souvent
en plaques minces, séparées entre elles par une craie fine et très-
blanche. Continuant à se désagréger il arrive par un passage in-
sensible à l'étage sénonien sans qu’on puisse bien saisir la transi-
tion de l’un à l’autre.
90
L'état incomplet de la majeure partie des fossiles de l’étage tu-
ronien rend leur détermination très-difficile pour les genres, et
souvent presque impossible pour les espèces. Il se passe même ici
un phénomène bien remarquable. Le test des coquilles, à l’excep-
tion de celui de quelques genres, a complétement disparu; on en
retrouve seulement l'empreinte extérieure et au milieu de la cavité
laissée par la coquille détruite, le moule intérieur ; toute l’épaisseur
qu’elle avait restant en creux. Par un autre effet, aussi très-extra-
ordinaire, le dépôt qui enveloppait ces coquilles a pris un degré de
dureté considérable et assez fort pour émousser le tranchant des ou-
tils les mieux trempés. Il semblerait que les principes qui les for-
maient, en se désunissant, sont venus se condenser dans la partie
qui les entourait et lui communiquer cette dureté extraordinaire.
Cependant, pour nous, les principes constituants des coquilles ne
sont pas regardés comme pouvant se séparer sans laisser des
traces. Il y a donc, comme on voit, bien des choses encore à ex-
pliquer.
La couche de fossiles dont j'ai parlé jouit en entier de cette du-
reté, causée par la grande quantité et le contact de toutes les espèces
dont elle est composée. Elle est par conséquent d’une grande soli-
dité ; aussi sert-elle de toit aux profondes excavations qu’on pra-
tique journellement pour extraire le tuffeau, si employé dans toutes
nos constructions. |
Souvent au fond de ces longues galeries d'exploitation on entend
les grondements lointains de la terre. Les renseignements que m'ont
plusieurs fois donnés les carriers sur ces roulements souterrains se
rapportaient, presque toujours , à des tremblements de terre si-
gnalés plus tard sur quelques points de la France ou même de
l’Europe. Ces hommes ont uné expression très-pittoresque pour dé-
signer ces bruits, assez fréquents et quelquefois assez forts pour leux
donner de l’inquiétude ; ils disent, lorsqu'ils les entendent : « Voilà
la charrette à Pluton qui passe. »
La masse entière du tuffeau est divisée par des fissures assez
n ombreuses qui traversent toute son épaisseur et qui ont une
direction constante du nord-ouest au sud-est. On pourrait peut-être
91
croire que le retrait de cette masse, en se solidifiant, a pu occasion —
ner ces vides, mais il doit y avoir une autre cause; car j'ai vu plu-
sieurs de ces fissures plus larges à la partie inférieure qu’à la partie
supérieure, remplies de fragments de pierres qui n’auraient pas pu
pénétrer par la partie supérieure. Il devait done y avoir eu un léger
soulèvement suivi d’un affaissement pour produire cet effet. La ma-
jeure partie de ces crevasses sont remplies par les sables sénoniens
qui les dominent.
L’étage sénonien ou 22° étage, beaucoup moins simple dans son
ensemble que les deux précédents, nous donnera peut-être quelques
faits nouveaux à enregistrer. Il offre, chez nous, des dépôts bien
définis et qui étudiés séparément font voir une succession de temps
assez déterminée pour faire reconnaître deux faunes étrangères l’une
à l’autre.
Les premières assises du terrain sénonien sont formées de sables
verdâtres ordinairement agglutinés qui semblent, comme nous l’a-
vons dit, la continuation de l’étage précédent. Ce premier dépôt est,
comme le tuffeau, composé de sable très-fin, de paillettes de mica et
d’une assez grande quantité de petits grains de silicate de fer qui
lui donne sa couleur verdâtre. Le calcaire seulement y est moins
abondant. Cette première zône, ordinairement de huit à dix mètres
d'épaisseur, est recouverte par une seconde couche, à peu près d’un
mètre, qu’on pourrait comparer au banc des coquilles de l’étage
turonien et qui comme lui renferme une très-grande quantité de
coquilles et de fragments roulés. Le calcaire domine davantage
dans cette couche et présente quelquefois l’apparence de la craie
avec des couleurs plus ou moins jaunâtres. Il est aussi très-dur près
des amas de coquilles, dont le test manque presque toujours comme
dans le tuffeau. L’empreinte extérieure de ces coquilles se conserve
encore plus difficiiement que dans les étages inférieurs. Au-dessus
de ce banc de fossiles se trouve une zône de sables ordinairement
rougeûtres et quelquefois mêlés de craie jaunâtre, de deux à trois
mètres d'épaisseur, renfermant, sur certains points, une quantité
innombrable de débris de bryozoaires. Les coquilles qu’on y ren-
contre aussi n’ont pas leur test détruit comme dans les couches in-
92
férieures, mais elles ont été si usées, si roulées qu’il est impossible
de reconnaître les espèces dans les informes débris qui restent. Ce-
pendant jai trouvé, dans une seule localité il est vrai, dans la com-
mune de Saint-Cyr, un assez grand nombre de jolies coquilles,
souvent très-entières, mais si petites que la loupe seule peut les
faire distinguer. On sait que les petits ont souvent échappé aux
tempêtes qui détruisent les grands.
Ces petites coquilles qui sont probablement des jeunes et ne dé-
passent pas un à deux millimètres, peuvent, je crois, se rapporter
aux genres suivants : Turitella, trois à quatre espèces, Scalaria
deux, Natica deux, Trochus quatre plus une autre coquille ayant
les plus grands rapports de forme avec les Tornatina, genre inconnu
dans les fossiles, enfin plusieurs espèces de petites bivalves. Ces sa
bles sont recouverts par une couche d’argile rouge, ordinairement
très-compacte, de cinquante centimètres d'épaisseur. C’est dans le
voisinage de ces argiles que j'ai trouvé, dans la commune de Brézé,
les singulières productions auxquelles j'ai donné le nom de Nulli-
pores à squelette siliceux. Au dessus de cette couche d’argile se
trouve une nouvelle zone de sables verts mêlée de bandes de sable
rouge beaucoup plus grossier, et de minces filets d'argile rouge.
Cette couche mesure environ deux mètres cinquante centimètres.
J'ai trouvé dans ce dépôt des fragments très-nombreux d’une es-
pèce d’huitre qui me semble différer de l’Ostrea santonensis des sa-
bles verts inférieurs.
Ces différentes zones peuvent se reconnaître sur tous les points où
s’est déposé cet étage, elles sont plus ou moins puissantes, manquant
même quelquefois complétement les unes ou les autres, mais je n’ai
jamais trouvé leur ordre interverti.
Nous arrivons maintenant à un autre dépôt aussi important par
sa puissance que les précédents et dont les caractères sont très-
tranchés, ce sont les sables qui, sur une infinité de points, recou-
vrent tous les dépôts que nous venons de décrire. Ces sables, entiè-
rement dépourvus d'éléments calcaires, formant une couche de
quinze mètres d'épaisseur dans la coupe de terrain que j'ai figurée,
sont réduits sur d’autres points à une moindre épaisseur, mais attei-
93
gnent aussi quelquefois le double d’élévation. Leur masse, formée
de couches alternativement blanches et jaunes et déposées réguliè-
rement, ne renferme ni coquilles ni débris d’êtres organisés, seule-
ment un peu avant d'arriver à la partie supérieure, on rencontre
quelques fragments de petites huîtres et de nombreux débris d’une
variété (peut-être une espèce) du Rhinconella vespertilio, qui n’a
que cinquante et quelques côtes au lieu de soixante-dix et que je
n’ai jamais rencontrée mi plus haut ni plus bas; puis un banc de
fossiles qui mesure un à deux mètres d’épaisseur recouvre et ter-
mine ces sables. C’est là qu’on rencontre tous nos nombreux spon-
glaires mêlés aux différentes coquilles qui, pour nous, caractérisent
cet étage !. Enfin immédiatement au-dessus et même quelquefois au-
dessous se trouvent les grès qui avec les sables qui les accompagnent
terminent la série de ces terrains, sables et grès qu'on a, je crois,
placés bien à tort dans les terrains tertiaires, car rien n'indique
qu’ils fassent partie de cette dernière formation, ettout au contraire.
doit faire supposer qu’ils sont pour nous la dernière expression de
l’époque secondaire.
En examinant les deux coupes opposées du coteau qui domine
notre ville, celle qui regarde la Loire et celle qui regarde la vallée
du Thouet, on voit que du côté de la Loire, le coteau coupé presque
perpendiculairement sur plusieurs points, probablement par suite
des éboulements occasionnés par le passage continuel de l’eau à ses
pieds, fait voir le tuffeau, qui en forme le milieu, jusqu’à peu près
la moitié de son élévation, tandis que sur le versant opposé, dont les
pentes, souvent très-douces, s’étendent jusque dans les prairies qui
bordent le Thouet, toutes les zones de l'étage sénonien, disposées
par couches régulières et horizontales, descendent en s’échelonnant
à la surface du sol et couvrent complétement l'étage turonien comme
elles le faisaient probablement dans le principe sur le versant de la
Loire, en comblant en partie nos vallées et servant de lit aux grands
lacs de l’époque tertiaire dont les dépôts sont encore restés sur la
majeure partie des points les plus élevés de nos environs.
1 Voir le catalogue du musée de Saumur.
Ke 1
94
La position de nos trois étages crétacés est donc très-facile à re-
connaître et parfaitement déterminée dans le coteau qui domine
notre ville et peut servir d'exemple pour toute la contrée qui nous
entoure, car partout il règne le même ordre et la même disposition.
Observons done toujours avec beaucoup de soin, car 1l reste tou-
jours beaucoup à apprendre. Les siècles écoulés avant la création
de l’homme ont aussi leur histoire que la terre nous racontera quand
nous saurons bien l'interroger.
A. CourTILLER.
Sponbiaires…...… si re metres...
P |
Sables blancs & jaunes
15 metres.
sans fossiles
Sables verts avec
filets ar Gileux — =
Argile rouée…...…. Escnate
Sables rouges & |
bryosoaires…….| AS RER
Banc de coquilles.
Sables verts avec
0 metres.
fossiles
COUPE DE L'ÉTAGE SÉNONIEN DU COTEAU DE SAUMUR
Yersant du Thouet.
LITH, Pi BODET, SAUMUR [TC 287)
RÉPONSE AUX ESSAIS ÉTYMOLOGIQUES
ET CONCLUSIONS D'UN PROPRIÉTAIRE
SUR LA VALEUR DU PIC
EN ANJOU 1.
Messieurs,
Avant d'entrer dans les considérations que je dois présenter
contre les pics, qu’il me soit permis, pour écarter tout soupçon de
mauvais vouloir à l'égard d’un ami que j'estime énfer omnes, de
vous attester mes sentiments de cordiale affection pour mon
confrère, M. l'abbé Vincelot, et de vous exprimer combien je
regrette les dissidences qui nous partagent dans l’étude de la
science ornithologique, qu’il a pourtant parfois développée avec
toute l’autorité d’un savant.
Oui, je professe, et — je suis heureux d’en parler avec une bien
sincère reconnaissance — j'ai, pour l’auteur des Essais étymologi-
ques, la plus profonde estime ; j’approuve la majeure partie de ses
appréciations ; j’admire la persévérance de son laborieux travail et
les recherches intéressantes que nous avons rencontrées dans son
1 Ce mémoire a été lu par l’auteur à la séance du 29 mars 1867.
96
immense ouvrage. Mais on ne peut traiter la nature comme le grec :
si dans ce dernier idiome on se sert, pour les besoins de l’étymo-
logie, d’un augment ou d’un redoublement, il n’en peut être de
même pour interpréter la nature.
Avant tout, il faut voir, ne rien retrancher : pour mettre en
lumière certains faits contradictoires, il ne faut ni conjectures, ni
peut-être ; il faut de bonnes et grosses preuves : ce n’est qu’à ces
conditions que vous éloignerez l'incertitude pour y substituer la
vérité. Ce devoir n’est pas toujours facile; cependant la question
est là : telle est ma conviction.
Ce n’est point dans le silence du cabinet, avec des livres de tout
âge, que l’on fait des études sur la nature ; c’est en plein soleil, au
milieu des champs, dans la vie active des bonnes années que l’on
trouvera quelque chose, et trop souvent encore on aura pris bien
des soins sans avoir réellement avancé.
Le hasard a parfois plus de succès que cent années de recher-
ches ; nous voyons de nos jours des applications dans la science qui
ont pris la proportion d’un miracle et qui étaient encore en projet
il y a bien peu de temps. Il faut donc étudier, chercher sans cesse
et toujours, se servir d’un pas fait pour en faire un autre. Si vous
n'avez rien trouvé, C’est que le problème est difficile; en effet, qui
peut être assuré d’être tout à coup placé à ce point de vue de la
vérité qui permet de s’écrier : Je vois !
Qui ne se souvient, à ce propos, de cette pensée du vieux Sénèque
qui a pu dire du soleil lui-même : « Il a grand besoin de s’éclipser
quelquefois, pour que l’on pense à lui un instant ? »
Assurément, je suis de ceux qui trouvent dans la rosée d'un
brin d’herbe, dans le plus petit des éphémères, la glorification la
plus complète de l’œuvre dù Créateur, et je me demande, — si
chaque être est bien un anneau de la chaîne immense or donnée
par le Maître, — pourquoi il s’y trouve, sans pouvoir l’expliquer,
des plantes et des animaux nuisibles !
Mais je n’en sais rien, ni vous non plus. J'entends émettre à ce
sujet beaucoup de réflexions plus ou moins sérieuses ou hasardées ;
je ne trouve point les juges compétents.
97
Quand j’écrase en marchant les plus beaux insectes du monde,
si je ne les vois pas, je me sens moins coupable; mais quand je
vois des myriades d'agents destructeurs, je m’arrête, me trouvant
obligé dans ma faiblesse humaine de rester spectateur impartial
jusqu’au moment révélateur qui m’aura dit le pourquoi que je
cherche.
Au point de vue comparatif des choses que nous avons sous les
yeux, qui pourrait aujourd’hui soutenir que les loups, renards,
belettes ou putois, et en général toute la race des rongeurs ou car-
nassiers, qui font à chaque instant tant de vides autour de nous,
soient, quand même, des animaux utiles? Nous sommes en Anjou,
Messieurs, et non en Sibérie; distinguons ! Montrez-moi le bien, je
me tairai sur le mal.
Si je me laissais entrainer, je vous ferais, chaque année, un
tableau désespérant de tous les désastres occasionnés par ces dan-
gereux ennemis de la propriété rurale. Qui osera dire que le renard
rend plus de services qu’il ne cause de désordres, quand on aura
vu à la porte de son terrier les restes sans nombre de ses ruses et
de ses rapines! Comptez-les; quel service allez-vous trouver là
pour la justification du renard ? J'attends.
Et la vipère? Parce qu’elle est inerte et que, dans un bois silen-
cieux, elle attend patiemment à l’ombre que sa proie soit à portée
de sa dent meurtrière, n’est-elle pas aussi redoutable pour l’homme
que pour les animaux ? Pouvez-vous la comparer à la couleuvre,
qui vit aussi de la même manière sans faire le mal? Non. Mais
alors pourquoi la vipère ?
Les taupes désolent certains cantons, elles ont cependant des
défenseurs ; de grands agriculteurs ont prononcé que leur mission
est de détruire des larves souterraines, je le crois aussi; mais dans
un jardin, chez les maraichers, elles bouleversent et labourent
impitoyablement tous les semis ; le travail est perdu, il faut recom-
mencer, c’est-à-dire avoir de nouveaux regrets ; pour diminuer le
nombre des taupes, on les met à prix. Comment donc faire? Qui
doit avoir raison? N'est-ce pas celui qui en souffre ?
98
Toutes ces plaintes sont, il est vrai, bien relatives. Si je les for-
mulais toutes, 1l y en aurait assez pour faire fléchir mes principes,
puisque je serais heureux de m’appuyer sur un système de com-
pensation du mal par le bien.
Je démontrerai pourtant, jose du moins l’espérer, qu’il y a par-
fois des êtres complétement nuisibles à l'intérêt de la propriété
agricole, et qui, depuis les temps les plus reculés, ont toujours été
repoussés comme autant d’ennemis redoutables et dangereux.
C'est ici que va commencer ma démonstration, pour prendre la
défense des propriétaires silencieux « qui paient d’une noire ingra-
tifude les services que le picus viridis veut bien leur rendre à
chaque instant, » selon les Essais étymologiques.
Je rai point à me préoccuper du mot pic, pour perforer les
arbres, ni de celui de picus, qui rappelle des souvenirs mytholo-
giques. p
L'oiseau si cher au dieu des batailles, qui grimpa, dit-on, sur le
chène qui protégeait le berceau de Romulus, ressemble trop à un
bandit de la montagne pour que je ne vous le dénonce pas tout de
suite, sans tenir compte de sa célébrité.
Avant de continuer, il est nécessaire de dégager de ce débat la
question qui en fera toute l'importance et de vous parler de cette
larve perforeuse que le pic a pour mission d’anéantir, ce qui serait
comme la compensation des dommages causés par cet oiseau.
Où naïît-elle, cette larve essentiellement dangereuse du Cerambyx
heros ? ou celle encore du Prionus coriarius, de la famille des Lon-
gicornes ? Toutes les deux naissent en terre, le plus souvent sous
le col même des racines d’un arbre usé par le temps; leur éducation
se fait en plusieurs périodes; quand la nature se réveille, elles se
font pour vivre, avec leur appareil rongeur, dans cette partie du
bois que l’on nomme aubier, à quelques pouces de la surface, un
chemin intérieur qui monte et descend dans tous les sens, grossis-
sant ainsi jusqu’à prendre la proportion du petit doigt, pour se
chrysalider plus tard dans le détritus qu’elles ont occasionné. Ce
serait une bien rare exception de voir une de ces larves dans le
cœur d’un arbre sain. Ces larves ne peuvent se mouvoir sans appui;
99
leur structure s’y oppose; leur vie se passe dans l'ombre. Où donc
le pic irait-1l les chercher? Il lui faudrait faire autant de trous
que de larves, et alors on en verrait la trace; on trouverait des
arbres criblés. Non, le pic n’a rien à faire ici : si ces larves ont des
ennemis, ce sera d’abord ie bücheron, puis quelques courtillères
au moment bien court de leur séjour en terre. Encore est-ce un
doute! Il en sera de même de celle du Melantha vulgaris, le han-
neton. |
Les pies et les corneiïlles, qui ne font que cela de bien dans le
cours de leur vie, suivent en grand nombre le laboureur qui con-
duit la charrue de mars ou d’avril, et engloutissent par milliers cette
engence malfaisante que le pic ne saurait atteindre.
Il n’est pas jusqu’au pêcheur le mieux avisé qui n'achète par
litres cet appàt meurtrier de la perchaude, pour en assurer la cap-
ture. Tout le monde en veut, excepté le pic. Comment donc s’y
prendre pour diminuer le nombre des hannetons? J’en sais bien
un, mais on ne le pratique pas.
Il existe bien un autre Cerambyx, d’autres Priones, Lamies,
Saperdes, Callidies, etc., qui vivent dans le bois mort, et prépa-
rent de grands ravages dans les chantiers, en s’introduisant sous
l'écorce après lavoir percée. Ce n’est que trop vrai. Le pic a tous
les droits possibles d’en profiter ; mais il »’est pas seul : les sitelles,
les grimpereaux, l’épeiche et l’épeichette ont aussi cette quadruple
mission ; lequel des quatre rend ici moins de service que le cin-
quième ? Le pic est plus gros que les autres, voilà tout.
Vous voyez des souches de cent ans, creuses comme des barates,
qui, lorsqu’on les abat, sont pleines de Cerambyx heros et qui
n’ont pas de trous de pic; d’autres qui en ont un aussi vieux
qu’elles et qui n’ont pas de Cerambyx. Mon Dieu ! si le pic n’at-
taquait que des arbres de cette espèce, je ne le dénoncerais pas;
mais il est terrible, quand :il fait son nid dans un arbre sain et
plein d'avenir. Les conséquences que j'en vais tirer tout à l'heure
vous montreront qu'il est un vrai fléau pour celui qui supporte sa
présence. Si le pic était bon à quelque chose, on en verrait au
marché.
100
S
Mettant même à part toutes ces observations, quel rôle le pie
a-t-il à jouer, qui ne soit celui de ses congénères les grimpeurs,
lesquels se contentent d’une cavité naturelle ou d’un trou sans
conséquence pour établir leur famille, ne faisant de tort à qui que
ce soit? Il mange des fourmis! Les autres aussi, je suppose.
Les grimpereaux, les sitelles, les mésanges et bien d’autres par-
courent aussi les vergers, les masures, sondent les écorces, dévo-
rent et détruisent par milliers les pous, les punaises, teignes,
araignées, forficules, en un mot toute la tribu d’insectes qui ont
une retraite obscure. Je vous demande, Messieurs, si tous ces
oiseaux ne rendent pas en commun des services plus multipliés et
autrement sérieux que les pics qui sont moins nombreux !
Reste donc, pour ceux-ci, la nombreuse famille des Hyménop-
tères, le genre fourmi, qui se multiplie comme une peste dans les
plaines et dans les champs.
Je répondrai que, si le pic était supprimé, il n’y aurait d’épargné
tout au plus qué ce qui sert à l'éducation de la famille, attendu la
monstrueuse quantité de tout genre, que font aussi disparaitre au
tour des fermes les poules et leurs poussins, les perdrix, caïlles et
dindons au dehors, qui ne s'élèvent pendant trois mois que de
larves de cette espèce, tandis que le pic ne peut les attaquer avant
la récolte des blés ou des foins. Mais alors que lui en reste-t-11? la
visite est faite, lui seul ne peut la faire
Le pic élève pourtant ses petits avec des fourmis, ceci est incon-
testable ; il suffit de s’approcher de sa demeure ou de le toucher un
instant pour s’en convaincre, il se révèle à l’instant une odeur âcre
d’acide formique qui vous infecte et détruit tous les doutes.
Mais quelle sera l’espèce qui reste à sa convenance, dans cette
tribu si multipliée des hyménoptères ? Ce sera celle qui campe au
midi d’une haie, souvent à l’abri d’un tronc d’arbre, où se trouve
quelque cavité, sous les racines, à l’époque de la nidification. Cette
république malsaine grouille à la surface d’une montagne animée ;
si le temps est favorable, les œufs sont proches; dans le cas con-
traire, l’avenir de ce grand état se trouve assuré. C’est alors que le
pic entre en fonctions; il culbute et renverse tout pour les besoins
101
du logis, il faut en savoir gré au pic. Mais, messieurs, pour le rem-
placer, il ne faut que quelques centimes de mèche soufrée ou de
gaz sulfuré, si vous l’aimez mieux, Voulez-vous anéantir ce gênant
voisinage ? répétez l'expérience, cette odieuse république ne
paraîtra plus. Le fait-on ? non.
Quand un arbre est abattu et qu’il reste en grume plus d’une année,
que se passe-t-il ? La sève s’arrête, l'écorce se soulève et se fend
par action du soleil et des eaux; cette combinaison favorise la
naissance de nombreuses vrillettes, forficules ou termites, c’est un
cours complet d’entomologie vivante, il y aurait bombance pour un
pic! En voit-on beaucoup en profiter? je n’ose l’affirmer. Pour-
quoi ? l’arbre est horizontal, le pic est gauche à terre, parfois gro-
tesque, il aime mieux grimper. Cette proie facile devient la res-
source &un merle, d’un vertueux rouge-gorge ou d’un troglodyte
familier.
De même encore, dans les plaines d'une certaine étendue, où
tous les coléoptères, fourmis rouges et autres fourmillent et pullu-
lent, voit-on beaucoup de pics? Relativement non, et il ne peut y
en avoir comme ailleurs. Pourquoi? les arbres sont rares, éloignés
les uns des autres. Ce vaste domaine revient aux huppes et aux tra-
quets.
Vous établiriez vainement dans ces grands espaces des boîtes
élevées et mieux faites encore que ia demeure ovoïconique des pics,
pour les séduire; ils passeront sans s’arrêter, à peine si vous aurez
un moineau à sa place; ce qu’il faut au pic, ©’est un asile qui soit
le fruit de son travail.
J’ai acquis l’expérience, dans mes chasses de nuit, que le pic
n’habite que rarement les souches creuses : 1l lui faut un refuge
sans issue pour se garder de la visite ou de la rencontre d’une be-
lette ou d’un putois, contre lesquels il se trouverait sans défense.
Vous avez sous les yeux ! deux troncs d’arbre alors bien portants
1 M. de Baracé avait pris, en effet, la peine de faire abattre et transporter au
siége de la Société plusieurs troncs d'arbres, qu’il a présentés comme pièces de
conviction.
x 8
102
qui m'ont servi à capturer, le premier, vingt-sept pics, le second,
quatorze. Pour donner plus de force à mon assertion, je dirai que
plusieurs fois il m’a été possible d’en prendre en hiver un couple à
la fois.
Il me paraît étrange que, depuis tant de siècles, « le béretrouge » du
pie soit, sans motif et sans raison, l’objet continuel d’une mise à
prix de la part de chaque propriétaire rural, et que l’on ne fasse
encore que s’apercevoir de l’ingratitude de chacun d’eux, quand il
est si facile de prouver pourtant, comme vous en avez l’exemple,
que le seul fait d’attaquer profondément un arbre sain devient une
cause fatale à son avenir dans un temps plus ou moins proche.
Posons aussi quelques chiffres :
Le pic pond de cinq à sept œufs par année. On peut lui en faire
pondre douze, en en retranchant un tous les jours. S'il y a seule-
ment dix couvées par commune (il peut y en avoir le double, et je
prends la moyenne de cinq œufs au lieu de sept), l'année qui vient
vous avez cinquante pics, celle d’après cent vingt-cinq. Je m’arrête.
Tous auront besoin de faire un trou pour se reproduire. Combien
restera-t-il de bons arbres au propriétaire de cette commune, au
bout de dix ans?
Je ne veux rien exagérer. On connaît toujours un nid de pic;
celui qui ne le détruit pas ne le veut pas. Le devoir est de surveiller,
et je vous déclare que pour moi je surveille.
Tous les auteurs sérieux, les observateurs sans parti pris n’ont
jamais varié et ont dit : les pics en général font un nid qu’ils se
creusent dans le cœur des arbres.
J'irai plus loin, et j’ajouterai que ce nid, à quelques pieds près,
se trouve à la même hauteur, orienté plutôt à l’ouest qu’à tout autre
point cardinal; que son entrée fait toujours face au vide, qu’elle est
au centre de la perforation. Cependant je sais aussi des nids qui
font exception ; vous les trouverez dans les futaies. Mon ami avoue
lui-même, malgré sa conviction, que le pic éfait autrefois un cou-
pable expiant ses crimes, et à ce propos il nous a laissé cette char
mante légende de la mère Gertrude, que vous connaissez, qui fut
103
bien justement châtiée de son endurcissement pour les pauvres et
condamnée par Notre-Seigneur à errer ioute sa vie sous un béret
semblable à celui du pic.
Cette prédiction est assurément divine, car depuis dix-huit siècles
le pic et la mère Gertrude ont encore le même béret.
Entrons maintenant dans le vif de la question, et parlons du nid
des pics. Ce n’est point par hasard, ni à l’occasion d’une larve,
comme on pouvait le supposer, qu’il se trouve une cavité ovoïforme
dans le milieu d’un arbre en bon état : il faut une grosse raison
pour expliquer que des milliers de petites attaques faites avec une
gouge acérée, telle que celle du pic, découpent une entrée bien
ronde, souvent bien polie, justement placée pour partager la forme
de la cavité. Hâtons-nous de le dire, ce travail inexplicable est
l’œuvre d’un pic; dans de telles conditions l'arbre est invariable-
ment perdu.
On vous dit encore : S2 l'arbre n’est pas qâté, le pic abandonne
son travail
Ceci, messieurs, n’est pas consolant. Voyez tel arbre, il est percé
droit au milieu d’une bille de chêne de 3 mètres. Vous voulez des
planches de cette longueur, un trou profond vous oblige à en
chercher un autre; il serait moins coûteux, je pense, de se procurer
des vide-bouteilles en sapin.
On ajoute encore, implicitement il est vrai, que dans les rapports
de surveillance par les chargés des domaines de l'État, on laisse en
liberté tous les pics monter et descendre sur des arbres vermoulus
qui leur sont réservés pour épargner les autres. J'ai le regret de
dire que je ne sais rien de semblable. Dans tous les cas, cette sur-
veillance ne serait pas la pensée d’un naturaliste conservateur; ce
serait tout au plus celle d’un insouciant, qui n’a point à souffrir de
cent mille pieds d’arbres perdus. Si l’Etat s’en rapportait si légère-
ment à des intelligences plus ou moins nuancées, il faudrait le re-
gretter.
Mais à côté du blâme, vous allez rencontrer des éloges. Trans-
portez-vous un instant dans les grandes résidences de la couronne.
Parcourez Fontainebleau, Rambouillet, Versailles et Saint-Cloud,
104
là vous verrez que l’on a le plus grand soin des arbres d'ornement
qui décorent les parcs et embellissent les pelouses. Tout y a été pro-
digué; on a lissé les écorces, enduit de gomme et de coaltar toutes
les plaies ou blessures, éloigné les agents destructeurs de toute
sorte, tout a été prévu. Cette méthode est si généralement répandue,
que la négligence d’un grand propriétaire ne sera plus qu’une
exception dans les âges qui vont suivre.
Mais, après tout, le pic est-il vraiment aussi nombreux en forêt
qu’on veut bien le dire? Il faut vivre, et si les fourmis lui sont in-
dispensables, il lui faudra souvent quitter la forêt. Messieurs, j'ai
gardé une observation sérieuse qui m'est personnelle et qui me pa-
raît concluante dans ses fins. Le hasard vous la fera connaître.
Mais avant, je lis dans le texte des Essais : « Enfin, l’arbre choisi
«par les pics est toujours rongé intérieurement par les vers et les in-
«sectes, etc. » Et plus loin : «Si l’arbre n’est pas gâté, le pic aban-
«donne son travail; car autrement, comment parviendrait-il à
«creuser un nid perpendiculaire avec les ressources d’un trou
«qui ne laisse au corps qu'une faible partie de ses mouve-
«ments? »
Cette assertion ne peut pas être sérieuse, et je n’y vois point
d’excuse pour le pic. Il restera toujours cette perforation aban-
donnée qui doit eauser plus tard des dégâts appréciables, surtout
s’il s’agit d’un arbre comme celui dont je vous présente ici deux
branches, avec leurs quatre-vingts sèves sans reproche et dont le
pied dépasse trois mille. A des conditions semblables, je ne voudrais
pas souvent répéter mon enquête, je suis propriétaire avant tout.
Si je l'ai fait abattre, c’est pour ne plus y revenir.
Si donc un pic a pu faire trois trous rapprochés dans un arbre
aussi dur que le fer, et se mouvoir, en couchant presque son corps
dans un sens horizontal, il le pourra bien, j'imagine, et plus aisé-
ment encore, quand il n’aura plus que des lamelies à détacher dans
la perpendiculaire au lieu de petites miettes imperceptibles qui lui
ont nécessité le plus laborieux travail dans le sens inverse. Il aura
bien vite rattrapé son temps, quand il ne trouvera plus qu’une
résistance insignifiante.
105
Pour bien vous fixer dans la conviction que je voudrais vous
inspirer, je vais vous raconter ce que jai vu, ce qui m'est arrivé,
ce que j'ai vérifié plusieurs fois, tant il est vrai que je n’aurai ja-
mais fini avec tous les tours que m'ont joués les pics; 11 y en a de
fort plaisanis, je vous assure, mais je ne puis leur donner place
ici. S'il fallait y revenir, je considérerais ce que vous avez entendu
comme un premier point; à la rentrée, je serai en mesure de com-
pléter toutes les observations que je viens d'étudier depuis huit
Jours.
Un jour, étant assis, le dos appuyé contre un peuplier de mon
ancienne allée, je fus tout surpris de voir à mes pieds de nombreux
débris de parcelles de bois de même longueur qui couvraient mon
entourage (en voici que j'ai conservées). Que se passait-il donc au-
dessus de ma tête? Messieurs, c'était un pic qui se creusait perpen-
diculairement une demeure bien nouvelle, sans doute, puisque je
ne la connaissais pas; vous pouvez vous en rapporter à moi. C’est
ainsi que pendant plus de vingt minutes cet oïseau si bien défendu
s’est amusé à me couvrir de ses impertinentes railleries. Il fut puni
bien entendu. Mais il en vint un autre qui fut déniché, comme Pa
été celui-ci, par mon fils âgé de dix ans. A l’aide d’une échelle et
de son petit bras, il atteignit facilement les œufs qui n'étaient qu’à
un pied de profondeur. L'année suivante, de nombreux débris ap-
paraissent, on put avoir les petits avec des pinces; le trou sétait
allongé d’un pied; la troisième fois il fallut un fusil; enfin, l’arbre
n’offrant plus de résistance à la tempête, se rompit au-dessus de la
partie la plus affaiblie; j’en tirai deux échelles et deux chevrons,
ce fut là mon profit; vous l’avez sous les yeux.
Deux cents pas plus loin, dans le même temps encore, pareille
chose s’est renouvelée. Je vendis 27 franes les restes d’un autre
peuplier que le pic n’avait pas mieux traité. Il est encore ici.
Certes, j'ai vu bien des essences de bois compromises, je pour-
rais vous citer bon nombre de propriétés sans surveillance qui sont
confondues. Mais ce que je n’avais point encore rencontré jusqu’à
ce jour, ce sont des platanes et des blancs de Hollande de la plus
grande valeur, 40 pieds sans branches, à la porte d’un château,
»
106
près d’un garde, tout aussi maltraités par les pics que le plus humble
des saules.
Messieurs, je crois qu’il est bien temps de se défendre : et que
pensez-vous, en voyant les faits, de l'ingratitude du propriétaire qui
ne peut reconnaitre les services journaliers que lui rend ce bienfai-
sant oiseau ?
R. pe Baracé.
BEVALET. le D: LESESTRE
DE LA VALEUR DU PIC
EN ANJOU
DEUXIÈME RÉPONSE ET CONCLUSIONS D'UN PROPRIÉTAIRE !.
Messieurs ,
Pour tirer les conclusions qui doivent ressortir de la première
comme de la seconde partie de mes observations sur le Pic, il ne
sera peut-être pas inutile de vous faire une dernière profession de
foi : c’est que je suis décidé à répéter, autant de fois que j'y serai
obligé, les choses que j’ai vues, que j’ai observées et qui ne font,
pour moi, l’objet d’aucun doute.
Mon but, ici, n’est point d’être le redresseur jaloux d’un mérite
incontestable ; je n’ai qu’un désir vrai, sincère, celui de faire un
pas dans la voie si difficile des observations naturelles. Sans vouloir
critiquer les savants, j’ai souvent eu recours aux réflexions naïves
d’un jeune pâtre, qui n’a lu aucun livre, et qui ne croit point du
tout qu’un renard soit une innocente bête promenant des rêveries
nocturnes. |
Je crois donc utile et nécessaire de vous faire connaître à fond
les mœurs du Pie, encore si mal définies par tous les auteurs Zum
veteres cum recentiores.
1 Lu par M. R. de Baracé, à la séance du 31 janvier 1868,
108
114
J'ouvre le vieux Manuel de Temminck, à l’article Pre, et je vois :
Bec droït-pyramidal, tranchant en forme de ciseaux. Cet oiseau
vit solitaire dans les forêts ; c’est à l’aide de son bec taillé en coin
qu’il entame les arbres et pratique des trous pour nicher. Nourri-
ture : larves, abeilles, guêpes, chenilles et fourmis ; dans les temps
de disette, noix, semences et baies. Ceci est pour le Pic noir.
Pour le Pic vert: mêmes assertions, moins les noix.
Pic leuconote: fourmis, abeilles, punaises des bois.
Pic tridactyle (c’est plus fort) : baies d’aubépine.
Passons à Dégland (ce qui est plus sérieux); considérations :
Les Pics sont grimpeurs, leur naturel est solitaire, ils se tiennent
dans les bois, nichent dans les creux naturels ou dans ceux qu'ils
font eux-mêmes ; leur nourriture consiste en larves perforeuses et
en fruits (comment écrire et signer de pareilles choses pour le Pic
noir ?) Cette espèce fait de grands dégâts dans les forêts, en creusant
les arbres pour y établir son nid, à tel point, dit Veillot, que les
arbres sont souvent rompus par les vents, etc.
Voici le Pic vert :
Il est sédentaire, vit comme l’espèce précédente, il est très nui-
sible aux arbres de haute futaie, dont il creuse le tronc pour y placer
son nid; on a vu jusqu'à trois et quatre trous sur le même pied. M.
de Kercado, propriétaire, conseille, pour diminuer les dégâts du
pie, de laisser un moignon de six à huit centimètres, au lieu de
couper ras les branches, pour éviter au pic la tentation de creuser
le trou dans lequel il se retire.
Quant à l’Epeiche, on lui donne aussi pour nourriture des
graines de laryx et des noisettes ; M. Selys Lonchamp dit qu’elle se
suspend à ces fruits comme les becs croisés.
Je vais répondre à toutes ces erreurs.
Voici maintenant l'opinion de l’anteur des Essais étymologiques,
notre ami commun, qui me semble faite et bâtie tout exprès pour
109
dérouter toutes les observations. Selon lui : le pic a le bec aplati à
la pointe ; il détruit les coriarius, priones et cérambyx; il vit en
famille, a son cercle, de sorte que dans son trou vous êtes assuré
de trouver plusieurs générations. Plus loin — à l'encontre de
M. Veillot: — en Amérique, où les pics sont si nombreux, les
dégâts commis par ces grimpeurs sont bien moins multipliés que
dans nos contrées, parce qu’ils ne sont pas forcés de fuir la pour-
suite des hommes. Encore plus loin : « si l’on respectait le domi-
: du pic, que de dégâts on éviterait! là il éleverait ses petits
, pendant bien des années, ceux-ci ne chercheraient point
sr une autre habitation. »
J'avoue très-humblement que tout, ici, dépasse ma Der volonté.
Je ne parlerai point, en ce moment, de l’espèce de larves perfo-
reuses que tous les auteurs annoncent et que pas un n’a nommée,
ce qui pourtant mérite de fixer votre attention. Si je ne me RES
voici bien le véritable sujet de la discussion.
Peut-il y avoir deux pics, un qui serait le bon, en rendant des
services par sa nourriture, et le mauvais, qui fera du tort par son
habitude de perforer ? La question est bien simple, parlons nette-
ment, donnez des preuves contraires aux miennes et je suspends
mon jugement.
Sans parti pris, je veux être l’historien du pie, vous dire ce qu’il
est, ce qu’il fait ; je veux que l’on puisse en dégager une opinion
et arrêter toutes les contradictions regrettables qui ont couvert tant
de feuilles de papier.
Je vous abandonne le pic dans sa vie sédentaire, la cherchant
un peu partout, sans façon ni sans gêne; je dirai même, à part
quelques moments grotesques, que c’est un bel oiseau, quand il est
bien collé sur le Bétula et qu’il montre son bel habit vert qui se
détache si bien sur la fine écorce de ce bel arbre blanc.
Je le prends done au mois de mai, quand l’idée d’une alliance a
envahi son être et qu’il a fait sa dernière demande.
Cest alors qu’il va laisser tranquilles toutes les larves de la créa-
tion, il n’a plus d’appétit, si vous avez entendu la note en si bémol
du fameux « oui! koui! koui! » d’un pic étonné de lui-même,
410
vous saurez qu'il a perdu sa liberté, mais non pas son caractère. À
cette époque, pour sa tranquilité, il se fixe dans un lieu désert,
choisi à point; et ce sera là que se décidera l’avenir de la famille.
Pendant plusieurs jours, il y aura des observations ponctuelles,
pour savoir si la compagne de son choix ne sera pas trahie dans
l’accomplissement de son œuvre de construction, car il n’est pas
rare de voir deux femelles se succéder dans le même travail sous
la préoccupation d’un avenir incertain.
Est-il bien avéré que ce soit toujours la même femelle qui per-
fore, sous les yeux du mâle qui surveille? je n’en sais rien, si ce
ce n’est qu’elle a le bec plus pointu que le mâle, qui l’a presque carré,
et que, partant de là, elle est plus apte à faire ce travail. Je constate
un fait, celui d’avoir vu et d’avoir tué deux femelles, en moins d’une
heure, venant travailler, l’une après l’autre, sur le même point ;
et que, pendant toute une après-midi, un pie mâle fit entendre,
dans les rameaux du même arbre, un son guttural et peu accentué,
que l’on peut traduire par celui de « elo-clo-celot ! »
Quand il y a danger, il part et, avec une énergie sans pareille, la
tête hérissée, change le ton de sa voix, s’éloigne en ondulant son
vol, en criant d’une facon discordante le mot keu-keu-keut, que l’on
ne peut imiter : du reste le pic chante toujours ; si vous voulez le
suivre dans ses déplacements, il vous conduira fort loin, et puis
vous serez tout étonné, au bout d’un quart d’heure, de le retrouver
au point de départ.
Quand le trou est creusé ou nettoyé, ce qui ne peut se faire qu’au
détriment de la circonférence ou de la profondeur de cette demeure,
— vous en verrez la preuve par toutes les parcelles de bois rejetées
qui jonchent la terre, — le domicile est prêt, et malheur à tout
intrus qui voudrait s’y introduire, à la tombée du jour! le pic le
garde à l’intérieur : la moindre sitelle qui parait le pousse au
meurtre.
Passez discrètement, vous voyez un bec qui vous avertit du dan-
ser. Temminck avait dit que le mâle et la femelle partagent
les soins de l’incubation: je ne puis dire qu’une seule chose, je n’ai
jamais surpris de mâle sur les œufs, j'ai toujours pris des couveuses ;
111
si le mâle était chargé de cette mission, il aurait, comme la femelle,
toutes les parties inférieures de son corps dénudées; je mai rien
remarqué de semblable.
Quelque temps se passe, et bientôt, 11 y a des œufs. Mais combien ?
On peut, en en Ôtant un tous les jours, quand il y en a déjà quatre,
arriver à doubler le nombre ordinaire qui, dans cette espèce, va jus-
qu’à sept; on dirait que deux femelles auraient pondu, ce qui n’est
pas. Rien n’est plus rapide que l'accroissement d’un pie : au bout de
vingt-un jours de rigueur, les petits sont devenus des grands, ils ont
des écots, et vont avoir la force de grimper bien près du trou, pour
se soustraire au foyer d'infection qui souille le bas fond de leur
demeure. Comme celle de la huppe, la fiente du pic est repoussante.
Tout à l'heure, ils vont abandonner cette prison malsaine, pour n’y
plus revenir. Pourquoi les savants ne vous disent-ils pas tout cela ?
Cest qu’ils ne l’ont pas vu. Cest ici, je crois, qu'il faut mettre à sa
place le véritable usage de la langue du pic, et je prie tous les
auteurs de me contredire, et de me démontrer qu’à l’aide de la
pointe, elle perfore, darde, et attire des vers pour nourrir la famille.
Cependant, il faut bien le dire, et ne laisser rien au figuré : on ren-
contre, en effet, à l'extrémité de cette langue, une série de plusieurs
petits crochets, qui, parfaitement soudés à une espèce de mem-
brane cornée, ne sont point là, certes, par hasard. Bien des rai-
sonnements en ont trouvé l'emploi; mais le plus simple et le plus
sür de tous a-t-il été dit ? Voici ce que j'ai à vous soumettre.
Dès que les petits peuvent se maintenir autour du soupirail, qui
leur donne de l'air plus pur, le pic n’entre plus chez lui : il laisse
tomber sa langue toute festonnée de fourmis, et cette longue pyra-
mide d’hyménoptères se distribue également, chacun en a sa part.
S'il lui fallait percer des vers, il mettrait une heure à chaque tour
et serait toujours en travail ; dix minutes lui sufhsent pour revenir
à son poste, ce sera tout simplement la fourmilière la plus abon-
dante ou la plus rapprochée qui lui donnera cette facilité. En
quelques secondes, sa langue est chargée, et ce sera, pour moi, ce
petit osselet garni de petits poils rigides qui servira de parachnte
et de contrepoids pour transporter sûrement tous les captifs.
112
Le pic dont je parle n’est susceptible d’aucune éducation; 1l est
colère et révolté et ne tient renfermé nulle part. J’ai voulu donner
des soins à plusieurs pics : ilsse sont tous laissés mourir de faim ;
semblables à un hérisson colère, ils étaient blottis dans un coin,
le bec en l'air et dans la position la plus-disgracieuse ; au moindre
éveil, ils faisaient entendre un sifflement de vipère ; puis, bientôt,
succédait à tout cela un chant lugubre, et ils fermaient les yeux,
pour ne plus les ouvrir.
IL.
J’ai dit qu’à partir du moment où la nichée est assez forte pour
prendre congé du foyer, il y a division sans appel: l'isolement com-
mence, tout comme auparavant : que vos réunions et vos cercles
sont de la complaisance! Si les pics se rassemblaient ainsi, il arri-
verait bien que le hasard vous servirait une fois, et alors d’un seul
coup vous mettriez à mort toute une génération; soyez-en bien
assuré, rien de semblable n’a eu lieu; si l’on a pris quelquefois deux
pies ensemble, cela n’a pas été en hiver, mais bien au printemps, et
pour cause !
Ne croyez nullement qu’un pic fasse ce que vous montre, en
gravure, l’auteur des Essais étymologiques, c’est-à-dire un pic per-
forant un arbre pour saisir une larve au fond d’une cavité ; le plus
simple raisonnement va répondre : sile pie pouvait faire de
pareilles recherches, vous nous présenteriez des arbres percés qui
ne devraient plus tenir debout, à force d’être troués par cet oiseau.
Je ne vous demande pas un trou de pic dans un arbre perdu, car
il a pu être fait avant l’arrivée des vers ; je vous en demande un qui
aboutisse, soit en montant, soit en descendant, au passage d’un ver,
et qui s'arrête là. Pourquoi ne trouverais-je pas la preuve con-
traire dans l’examen des aliments du pic ? Avant de me lancer dans
l'inconnu, j'ai ouvert trente-cinq pics ; je n’y ai vu encore que des
fourmis, et jamais autre chose ; vous pouvez vous en assurer, voici
113
les derniers échantillons que j'ai pu conserver pour vous les sou
mettre. J’at cherché toutes les occasions, j’ai profité de tous les
temps, de toutes les saisons, et tout à l’heure encore, cette semaine,
si vous voulez, l’on m'a apporté trois pics et une épeiche morts de
froid et de misère ; plusieurs pics ont été trouvés sous la neige : s'ils
avaient eu la faculté de faire la chasse des vers, ils n'auraient pas
craint les 14 degrés qui les ont tués, sans que les vers aient été
saisis d’engourdissement. Pauvres pies, s’ils avaient eu des four-
mis, je suis certain qu’ils vivraient encore !
Mais, encore une fois, si vous vous rendiez compte de la capacité
de l’estomac d’un pic, vous vous demanderiez, d’abord, commentun
ver, de la taille que le dessin vous indique, et certes il n’est pas
exagéré, peut être absorbé, contenu, si vous voulez, dans un appa-
eil aussi petit. Le pic est plus sobre que vous ne le pensez : ses ha-
bitudes sont si bien connues des gens de la campagne, que vous les
étonneriez énormement, si vous leur disiez qu’il se nvurrit de vers,
au lieu de fourmis ; la seule raison qui les éloigne de cet oiseau, ce
n’est pas autre chose que sa constante habitude de maltraiter les
bois. N’ai-je pas cent fois raison de conseiller de mettre au feu tous
les arbres qui nourrissent des vers, sans attendre ce service de
la part d’un oiseau qui ne peut le rendre? Le pic périra-t-il à cause
de cela? Pour moi, non, tant qu’il aura des fourmis : si, chaque
année, on faisait disparaître quelques doubles décalitres de hanne-
tons, et si l’on faisait la chasse à l’insecte parfait qui vient du
cérambyx ou du cossus, on verrait plus d'arbres en bon état, que
nous n’en avons aujourd'hui; la charrue ne soulèverait pas par
milliers la larve du Melontha vulgaris. Pourquoi le pic ne se
mèle-t-il pas aux pies et aux corneilles, qui ne se font jamais
faute d’en profiter ? Ne croyez donc pas qu'il y ait plus de vers,
parce qu'il y aura moins de pics.
En suivant Latreille dans ses études sur les larves perforeuses,
qui commencent aux vrillettes, termites, myriapodes et finissent
par la chenille du cossus, j’allongerais d’un chapitre inutile toutes
mes observations. Toutes ces petites espèces sont invariablement au
114
service des grimpereaux, sitelles et autres. Quant aux trois ou quatre
autres, je veux parler des grosses, celles-là sont nuisibles pour
ceux qui laissent pourrir leur bois quand mème, et ne les font pas
disparaître, puisque ces vers n’attaquent les arbres qu’à leur déclin.
Comme j'ai nommé plus haut le Prione, je crois utile de le signaler,
parce qu’il est facile de le surprendre, et qu’il tient de la nature de
la chenille et du ver rongeur.
Comme le Ligniperda, cette chenille ou ver lisse est d’un brun
rouge ; elle est pourvue de deux mächoires qui lui permettent de
percer, surtout les ormeaux; elle provient d’un énorme bombyx
marbré de gris, qui se tient immobile, tout le jour, au pied des
arbres, et que l’on ferait bien de chercher davantage, car il pond
beaucoup. Quand elle a pénétré par l'extérieur d’un arbre, ce qui
se voit à ses excréments qui marquent son passage, ou par l’inté-
rieur, elle est sauvée. Si le pic pouvait la détruire, même sans la
manger à la manière de ces petits maraudeurs de becs-fins, qui
s’introduisent sous les filets protecteurs des vers à soie, il serait
bien excusé; le ver percé tomberait, et les fourmis le dévore-
raient.
Ce qu’il m'importe de faire connaître, car il faut pourtant con-
elure, c’est qu’il ne peut être vrai qu’un pic choisisse un arbre
rongé des vers pour y établir son nid, afin de mieux les dévorer :
Messieurs, je voterais une couronne de fleurs pour un pareil bien-
fait! «Si l’arbre n’est pas gâté, le pic abandonne son travail. Si l’on
respectait le domicile du pic que de dégâts on éviterait! » Je ne me
rends pas bien compte de ces assertions. Quand le pic aura dévoré
tous les vers de l'arbre qu’il a choisi, il lui en faudra bien un
autre! son domicile n’est donc pas longtemps le même ? il n’a de
durée que celle de la présence.des vers. « Il élèverait ses petits, et,
pendant plusieurs années, ceux-ci ne chercheraient point une nou-
velle habitation. » Que penser de cette opinion, et comment allier
tout cela avec la certitude qu’il ne peut y avoir qu’une seule union
dans chaque nid? Que deviendront alors les autres membres de
l'espèce du pic? Il leur faudra bien un refuge, ou bien ils seraient,
sans raison, privés du bonheur de la famille ! Soyez assurés, qu’ils
115
auront ce bonheur à leur tour ; ils creuseront, comme a fait leur
mère, et vivront à la manière du pic, avec la même science mal-
faisante que leurs ancètres.
Ne pensez donc plus au pic, et prenez la résolution de faire deux
bonnes choses, en été, avant l’éclosion de l’insecte parfait : recher-
chez les larves, et abattez vos vieux arbres. Vous aurez du bois pour
vous mal chauffer peut-être, mais mille gros vers de moins ; vous
donnerez de l’air à vos champs et vous aurez certainement plus
avancé la question qu’une interminable discussion, dont chacun
parle et que personne ne voit peut-être encore comme elle doit
l'être.
Mais le pic périra donc? Je ne le pense pas, puisqu'il est sufli-
samment alimenté par les fourmis et par le genre de nourriture
qu’il a bien le droit de partager avec la tribu de tous les petits grim-
peurs.
Mais alors il attaquera bien davantage les bons arbres, pour les-
quels vous avez tant d’attachement ?
Je n’ai point dit d’abattre indistinctement ni sans raison tous les
arbres atteints de la ruine du temps; je n’ai parlé que de ceux qui
recélaient des ennemis invisibles ; il restera au pic mille retraites à
choisir parmi les espèces avancées, que le ver n’a pas encore enta-
mées.
Je vous ai fait voir tous les auteurs en désaccord entre eux sur
le même sujet, c’est que pas un ne s’est rendu compte de ce qu'il a
publié. Quand l’on vous a dit : telle espèce se nourrit de fruits dans
la disette, telle autre de larves, et que l’on ne vous a donné ni raison,
ui preuve, on vous menait à croire que les pics peuvent se nourrir
de pépins ou de chenilles.
Et maintenant, si je vous ai démontré que cette nourriture n’est
pour le moins que passagère ;
Si je mets sous vos yeux des arbres sains, perdus par le travail
du pic;
Si je vous montre le bec, la langue, et tout l’appareil digestif du
pic, et que vous ne trouviez, dans trente-cinq cas, de dates diffé-
116
rentes, aucune trace de ver, mais, bel et bien et toujours, un sac
bourré de fourmis *
Si je vous dis que des pics sont morts de faim, par 14 degrés de
froid, et qu’on les a relevés sous la neige, pendant qu’ils pouvaient,
au dire des auteurs, trouver, sous l’écorce des arbres ou dans leur
intérieur, des réserves, des vers ou des fruits ;
Si je vous dis que les petites espèces de grimpeurs n’ont point eu
à souffrir de cette même température ; |
Si je vous démontre, par le raisonnement aussi bien que par les
faits, que la grande famille des hyménoptères est le véritable fonds
de la subsistance du pic;
Si ce que j'avance est contrôlé par des faits matériels, par des
expositions qui parlent ;
Si je vous rappelle, pour détruire une Ale quantité de vers
rongeurs, l’excellente méthode et les conseils que donne M. le comte
des Cars et l’usage de nos pays, « brüler les vieux troncs d'arbres
inutiles : »
Vous aurez cent fois raison de croire, que toutes ces causes
réunies auront plus d'effet, offriront plus de certitude, pour la
destruction de tous les parasites du bois, que toutes les générations
futures du Pic-Vert grimpeur !
R. DE Baracé.
1 M. R. de Baracé a fait passer sous les yeux de la Société plusieurs prépa-
rations anatomiques de l'appareil digestif du pic, et entre autres trois estomacs
entièrement remplis de fourmis.
RÉHABILITATION
DU PIC-VERT
OÙ
Réponse aux observations d'un propriétaire
SUR
L'UTILITÉ DU PIC EN ANJOU.
A M. Aimé de Soland, président de la Société Linnéenne
de Maine-et-Loire.
Monsieur le Président,
Cette année, la Société Linnéenne a déterminé, comme sujet du
concours établi pour obtenir le prix dù à la bienveillance du Conseil
général, une question d'histoire naturelle ou d’agriculture. J’ai cru
entrer complétement dans le programme prescrit, en soumettant à
la décision des juges du concours un plaidoyer en faveur des pics-
verts, car c’est traiter une question d’ornithologie et rendre en même
temps un véritable service à l’agriculture, que de combattre les pré-
jugés malheureux qui font proscrire, par quelques propriétaires, les
auxiliaires précieux et infatigables de leurs intérêts.
En abordant cette question, il m’est impossible , même en ne si-
gnant pas mon Mémoire, de garder entièrement l’anonyme. Mais
x. 9:
118
dès lors que j'accepte le combat à découvert, je témoigne de ma
confiance, et dans la justice de la cause que je défends, et dans Pim-
partialité des juges qui prononceront la sentence et trouveront,
je l’espère, dans mon Mémoire, l'application de la maxime que
j'adopte :
Amicus Plato, sed magis amica veritas.
J'aime Platon, mais j'aime encore mieux la vérité.
(ARISTOTE.)
Messieurs ,
Au mois de mars 1867, un de mes honorables amis a présenté à
la Société Linnéenne de Maine-et-Loire un Mémoire intitulé :
« Réponse et conclusion d’un propriétaire sur la valeur du pic en
Anjou. »
Ce mémoire était un véritable réquisitoire contre mes clients pré-
férés ; il concluait à la proscription complète des pics-verts que Je
regarde comme des oiseaux utiles aux véritables intérêts de l’agri-
culture. M. Raoul de Baracé avait joint à son manuscrit un dossier
d’un poids écrasant. Il avait apporté, ou plutôt il avait fait trans-
porter dans un chariot les preuves palpables des terribles ravages
exercés par les pics; les unes étaient courtes, les autres longues ;
quelques-unes comptaient soixante sèves, d’autres mesuraient plus
de quatre-vingts centimètres de diamètre ; les unes étaient en boisdur,
d’autres en bois tendre; mais toutes portaient plus ou moins des
plaies béantes creusées par le bec puissant des infortunés dont je
défends la cause. était un réquisitoire fondé sur une exhibition à
l'américaine. Sous le poids de pareilles pièces de conviction, le dé-
fenseur des pics aurait dù être écrasé ; heureusement pour lui, pour
ses amis et même pour l'intérêt de l’agriculture, il n'en est rien.
Ma conviction, loin d’être ébranlée par un choc si violent, n’en est
devenue que plus ferme et plus profonde. Je viens donc, sous l’in-
fluence de cette conviction, rétablir la question des pics sur son
véritable terrain, et essayer de démontrer, d’une manière évidente,
119
que mon honorable ami a confondu, sans s’en apercevoir, la nour-
riture des pics avec leur nidification, et que dès lors il s’est trouvé
entrainé, en partant d’un principe faux, à déduire des conséquences
complétement erronées.
Afin qu’il n’y ait pas la moindre incertitude sur les principes que
je défends, je commence par les expliquer.
J’appelle oïseau utile, non pas celui qui ne cause aucun dom-
mage, mais celui dont les services surpassent les ravages qu'il
exerce, Comme Je reconnais pour ouvriers utiles, pour domestiques
utiles, non pas ceux qui ne coûtent rien aux personnes qui les em-
ploient, mais ceux dont les services dépassent la valeur du salaire
qu'on leur donne. Poser la question autrement, ce serait tomber
dans l’absurde, parce que la logique démontre que toute entreprise
utile n’est pas celle qui ne coûte rien, mais celle dont les recettes
l’'emportent sur les dépenses.
J’affirme donc, et j’espère le démontrer surabondamment, que le
pic-vert est très-utile à l’agriculture, dans ce sens que les services
qu'il rend surpassent de beaucoup les dégâts qu’il commet.
Afin de compléter ma pensée, je crois, ajouterai-je, que tous
les êtres créés par Dieu forment, chacun par son utilité particulière,
une chaîne indissoluble, et qu’il n’appartient à personne de condam-
ner et surtout de briser un de ces anneaux. Quand j’étudie quel-
ques-uns des êtres si multipliés, que la main de Dieu a semés dans
l'univers, si je comprends leur raison d’être, si j'entrevois les liens
qui les unissent à l'harmonie générale, je bénis le Seigneur ; mais
si, au contraire, ces liens se dérobent aux lumières de ma faible in-
telligence, je m’incline respectueusement devant les mystères de la
Toute-Puissance divine, et de mon cœur encore, s’échappe un hymne
de reconnaissance et d'amour.
Je sais que placé au pied de la montagne, je ne puis, comme Dieu
qui seul en occupe le sommet, embrasser l'horizon tout entier, et que
vouloir juger l’ensemble de l’univers par la faible partie que j'en-
trevois, ce serait m’exposer à imiter Garo et à vouloir donner à Dieu
des lecons de sagesse.
Mon honorable ami sait que toutes les créatures, excepté l’homme,
120
n’ont d’autre volonté que celle qui leur a été donnée par Dieu, et que,
selon l'expression de l’Écriture Sainte (Dana, ch. mi), tous les êtres
de la création, en accomplissant la mission qui leur a été confiée et à
laquelle ils ne peuvent se dérober, chantent un hymne à la gloire
de Dieu. Sur cette question les paroles des livres saints n’admettent
aucune excep{ion.
Aussi, pour faire une étude sérieuse des êtres créés par la main
de Dieu, ne faut-il pas les considérer à un point de vue restreint,
mais chercher à saisir les rapports d'utilité qui les lient à l’har-
monie générale. Il ne s’agit pas de condamner les vents à cause des
tempêtes, les mers à cause des naufrages, les fleuves à cause de
leurs débordements, le feu à cause des terribles ravages qu’il occa-
sionne, Ces éléments, ainsi que tous les êtres créés par l’intelligence
et par la volonté divine, ont tous leur raison d’être, tous leur utilité
en ce sens que les services qu’ils rendent dans l’harmonie générale,
l’'emportent de beaucoup sur les inconvénients dont ils semblent
quelquefois être la cause.
J'admets done que, de même que l’on combat les ravages exercés
par le feu, par l’eau, quand ces éléments sortent de leurs limites or-
dinaires, sans que l’on puisse pour cela nier l’utilité de ces élé-
ments, de même je reconnais que l’on peut combattre, dans certaines
localités, la propagation trop multipliée de quelques oiseaux. Cette
conduite que des circonstances spéciales pourraient justifier, ne
donnera jamais le droit de proscrire une tribu d’ouvriers infatigables
et dévoués aux intérêts de l’agriculture.
Avant de commencer mon plaidoyer sur les véritables principes
qui militent en faveur des pics, je dois répondre à un reproche sé-
rieux que mon honorable ami m'adresse, sous l’apparence d’un
conseil. Je déclare en toute simplicité que j'accepterai toujours avec
empressement et avec reconnaissance les conseils qui sont inspirés
par l’amitié et dictés par l'expérience. Mais dans cette circonstance
M. de Baracé reconnaïitra que je puis dire : « Sed nunc non erat hs
locus, ce n’était pas le lieu. » (Horace, Art poëtique, V. 19.)
Le Mémoire de mon honorable ami n’étant pas encore imprimé,
je transeris ici, comme je continuerai à le faire dans le cours de cette
121
réponse, les expressions textuelles de son manuscrit : « Ce n’est pas
« dans le silence du cabinet avec des livres de tout âge, que lon fait
« desétudes sur la nature; c’est en plein soleil, au milieu des champs,
«dans la vie active des bonnes années que l’on trouvera quelque
« chose, et trop souvent encore, on aura pris bien des soins sans
« avoir avancé. »
Tel est le reproche qui m'est adressé sous la forme bénigne d’un
conseil. Voici ma réponse. Je crois qu'il faut, quand il s’agit d’une
étude sur l’histoire naturelle, unir la lecture des ouvrages de tous
âges, à l'examen, en plein soleil, de la question sur laquelle on
désire porter un jugement. C’est pour cela qu'après avoir étudié
avec attention les mœurs des pics, dans un certain nombre d’ou-
vrages rédigés d’après les observations faites à différentes époques,
en Europe, en Afrique et en Amérique, j'ai cru devoir consulter
beaucoup de propriétaires et de naturalistes, et demander leur
avis sur les ravages attribués à mes clients. La grande majorité
des personnes que j'ai interrogées m'ont répondu qu’elles regar-
daient les pics-verts comme des oiseaux beaucoup plus utiles que
nuisibles. Je pourrais invoquer ici le témoignage de l’un de nos ho-
norables collègues, M. Aimé d’Andigné, qui, par ses fonctions de
lieutenant de louveterie, se trouve en rapport avec un grand nombre
de personnes possédant des forêts. Il m’a dit à différentes fois que,
d’après une conviction profonde reposant sur de longues années
d'expérience, il avait défendu à ses gardes de tuer les pics, parce
qu'il les regardait comme des oiseaux rendant aux bois des services
sérieux. De plus, le garde général de la forêt de Baugé a répondu
à M. Aimé d’Andigné qui l'avait consulté, selon le désir que je lui
en avais exprimé, qu'il protégeait les pics dans l’intérêt de la forèt
confiée à ses soins.
Le vénérable doyen des études d’histoire naturelle, en Anjou,
M. Millet de la Turtaudière, partage cette opinion, ainsi que le ré-
dacteur de la Revue zoologique de Paris et tous ceux qui unissent
une observation sérieuse à des études préparatoires.
J'ai parcouru ensuite moi-même un grand nombre de localités,
interrogeant et les gardes et les cultivateurs, et ceux qui avaient étu-
122
dié les mœurs des pies dans les livres, et ceux qui ne les connais
saient que d’après leurs propres observations : presque tous sont
venus déposer en faveur de mes clients.
Là ne s’est point arrêté le soin que j'ai mis à étudier avec impar-
tialité la question que je traite. J’ai craint de m'être fait illusion.
Aussi, après avoir entendu les témoins à décharge, ai-je voulu en-
tendre les témoins à charge. J'ai donc accepté, bien des fois, l’ai-
mable hospitalité que m’offrait M. de Baracé, dans son domaine de
Valoncourt. Avec lui, j'ai parcouru, le matin, le soir et même en
plein soleil, le théâtre des ravages exercés par les pics; j’ai entendu
mon honorable ami raconter les récits dramatiques des méfaits qu’il
impute à mes clients ; j'ai recueilliles copeaux dont leur bec tranchant
avait parsemé la terre ; j'ai examiné les plaies béantes qu’ils avaient
ouvertes aux troncs des arbres; j'ai introduit mon bras dans la pro-
fondeur des excavations qu’ils avaient creusées; j’ai calculé les dimen-
sions de ces trous. Pouvais-je faire davantage ? J'ai donc le droit de
répéter : Sed nunc non erat his locus. Le conseil donné par mon ami
est excellent, mais dans la circonstance présente il n’est pas à sa
place.
Je commence maintenant mon plaidoyer proprement dit ; je le
partage en deux parties : Nourriture des pics et Nidi fication des pics.
Quant à la première partie, j'espère prouver, et d’une manière
surabondante, que mon client rend d'immenses services, sans causer
le moindre tort; en ce qui concerne la seconde, je démontrerai rigou-
reusement que les griefs que l’on reproche à mon client sont très-
exagérés par l’accusateur, et qu’ils ne peuvent s’appuyer que sur de
rares exceptions. Si j’atteins ce double but, j'aurai bien certainement
gagné ma cause, aux yéux de tout le monde et même à ceux de
M. de Baracé, car il a dit: « Montrez-moi le bien et je me tairai
sur le mal. »
Je ne parlerai que du pic-vert, par la raison que c’est le plus
coupable des Grimpeurs de notre pays et qu’il est le seul en cause.
S'il est acquitté, les autres membres de la même famille, qui sont
beaucoup plus innocents que lui, le seront à plus forte raison. Je
crois aussi devoir, comme dans les procès criminels, faire le portrait
123
de l'accusé, afin que les plus petits détails de sa vie intime ne puis-
sent échapper à ses juges.
La taille du pic-vert varie de 30 à 32 centimètres. Dieu lui a donné
deux doigts en avant et deux en arrière, armés d'ongles très-
forts et arqués, des pieds courts et musculaires, un bec carré à sa
base, cannelé dans sa longueur, aplati à la pointe. Ce bec repose sur
un couraccourci, pourvu de muscles vigoureux et soutenant ur crâne
fortement constitué. Sa langue est eflilée, arrondie, terminée par
une pointe osseuse et par quelques petits crochets ; elle sert à percer
les insectes et à les retirer ensuite. Sa longueur varie de 20 à 22 c.
(de 7 à 8 pouces). Deux glandes y déversent une espèce de liqueur
sur laquelle les fourmis et les petits insectes viennent se coller. Enfin
sa queue est formée de dix pennestronquées, raides, d’inégale lon
gueur, composant une espèce de miséricorde sur laquelle se repose
le pie-vert en gravissant les arbres, en perçant et fouillant les écor-
ces. Cette queue, par sa forme, sert aussi de contrepoids à la tête de
l'oiseau quand celle-ci est mise en mouvement, par des coups sac—
cadés et violents destinés à perforer les arbres. Tel est en abrégé le
signalement de l’accusé.
PREMIÈRE PARTIE.
NOURRITURE DU PIG—VERT.
Le pic-vert est insectivore ; il se nourrit done d'insectes et de lar-
ves d'insectes ; il est facile d’en conclure déjà que, s’il vit d'insectes et
de larves d'insectes qui deviendraient nuisibles par leur trop grande
multiplication, il rend un véritable service. Je prends dans le dos-
sier de mon adversaire, ce que je me permettrai de temps à autre,
un argument en faveur de mon client, et qui se retourne, avec une
logique inexorable, contre mon contradicteur. Je copie le passage
de son Mémoire ainsi conçu : « C’est avec des fourmis qui se mul-
124
« tiplient comme une peste dans les plaines et dans les champs que
«les pics élèvent leurs petits. » Aïnsi, d’après M. de Baracé, les
fourmis sont une véritable peste, cette peste se multiplie dans les
plaines, dans les champs, et les pics la font disparaître quelquefois.
Ce service me semble déjà avoir une certaine valeur, mais pour en
atténuer l’importance, l’auteur du Mémoire ajoute : « Le pic mange
« des fourmis, les autres oiseaux aussi, je le suppose, » puis il dit que :
« Le service rendu par le pic est moins sérieux que celui des autres
«oiseaux, parce que les pics sont moins nombreux. » Ainsi la des-
truction des fourmis par les pics ne peut être regardée comme un
service, parce que d’autres oiseaux mangent ces insectes nuisibles,
ce qui revient à dire que les services rendus par un autre homme
annihilent ceux que je puis rendre. Assertion opposée essentielle-
ment à la logique humaine et à la justice de Dieu qui laisse à chaque
être le mérite de ses actions. Puis, de ce que les pics rendent moins
de services, parce que ces oiseaux sont moins nombreux que les
Grimpeurs, les Sitelles, etc., M. de Baracé en tire, comme conséquence,
l’extermination des pics. Il me semble que ce n’est ni le moyen de
faciliter la propagation de l'espèce, ni celui de multiplier leurs ser-
vices. Sans entamer ici une discussion sur un sujet accessoire, je
crois que M. de Baracé aurait peine à prouver qu’une seule espèce
d'oiseaux de nos contrées détruit plus de fourmis que ne le font les
pics, pendant la nidification. Dans sa nomenclature, mon ho-
norable ami a oublié de citer les perdrix. Il me paraît bien évident
que, si l’on fait un faisceau de toutes les espèces d’oiseaux qui se
nourrissent de fourmis pour l’opposer au pic-vert, il ne restera plus
à mon client qu’à répéter avec un illustre Romain : « Que voulez-
vous que je fasse contre trois, quatre, etc. ? Mourir. »
Mais afin qu’on puisse apprécier l'étendue du service rendu par
les pics en détruisant les fourmis, je donne ici quelques détails sur
les moyens que mes clients emploient pour combattre cette peste qui
se multiplie si facilement. Quand, dans son vol, un pic aperçoit une
fourmilière, 1l se laisse tomber à terre, s’appuie sur sa queue, comme
sur un siége solide, darde sa langue longue et visqueuse dans le do-
maine des fourmis, puis la retire à mesure que celles-ci se sont collées
125
sur toute la longueur de sa langue. Lorsqu'il a répété cette manœu-
vre un grand nombre de fois, et qu'il ne capture plus que de rares
insectes, il attaque la république à grands coups de bec, renverse tout
l'édifice, dévore les œufs, et achève ainsi en peu de temps un coup
d'État véritable et complet. Le pic modifie encore sa tactique, et,
quand il rencontre de longues files de fourmis suivant toutes le même
sentier pour s'éloigner et se rapprocher tour à tour du centre de la
république où elles travaillent à entasser des provisions pour l'hiver,
mon client se couche au milieu du chemin parcouru par les fourmis,
et, ouvrant complétement ses ailes, il feint d’être mort. La langue
tirée dans toute sa longueur, le pic-vert s’efforce à garder une im-
mobilité persévérante. Bientôt des légions de fourmis se réunis-
sent, viennent se coller sur la langue du pic qu’elles se disposent à
dépecer et à enterrer, et c’est ainsi qu’elles deviennent victimes
du stratagème que leur ennemi renouvelle jusqu’à ce que sa faim
soit satisfaite ainsi que celle de ses petits, car il leur porte le
produit de sa chasse pour revenir ensuite prendre la position qu’il
occupait.
A terre, le pic ne mange pas uniquement des fourmis, mais
il dévore encore une grande quantité d'insectes et de vers qui pul-
lulent sous les racines des herbes, des arbustes et des jeunes arbres
fruitiers. De la chambre que j'occupe en ce moment à la Cailletrie,
agréable domaine où les pics sont sous la sauvegarde d’un proprié-
taire naturaliste et agriculteur très-distingué, je vois mes clients
prendre leurs ébats dans le jardin et dans le magnifique verger qui
se déroulent devant ma croisée. La pluie tombe par torrents depuis
plusieurs jours, les maîtres s'occupent dans leurs appartements, les
serviteurs travaillent sous des hangars , les animaux se reposent
dans leurs étables ; un seul serviteur, dévoué aux intérêts de l’agri-
culture, se livre aux élans de son zèle infatigable. Ce serviteur, c’est
mon client : je le contemple visitant tous les petits arbres fruitiers
qu’il ne peut soumettre à ses investigations quand domestiques et
enfants circulent dans le jardin, puis tour à tour se laissant tomber
à terre à quelques décimètres du pied des arbres, et se servant de son
bec comme d’une massue pour frapper à coups redoublés la terre
126
avec une énergie persévérante. Je le vois ensuite, le regard fixé sur
le sol, attendre quelque temps et saisir les vers et les insectes que
les ébranlements qu’il a communiqués à la terre détrempée, ont fait
sortir de leurs retraites. Et sans le considérer en plein soleil, je l’é-
tudie pendant des heures entières. Des geais viennent pour profiter
du travail de mes clients et partager la bombance , mais leur persé-
vérance n’est pas grande et encore moins leur patience, aussi s’en-
volent-ils bientôt pour chercher ailleurs une proie plus abondante.
Seul, le pic, personnification d’un labeur pénible et constant, n’a-
bandonne pas sa tâche qui, cependant, ne sera payée de la part de
quelques propriétaires que par une injuste persécution et par une
aveugle ingratitude.
Comme conclusion de l’exposé que je viens de faire, je me bor-
nerai à demander à mon honorable ami, s’il juge le travail des
pics, en cette circonstance, utile à l’agriculture. Enfin, mon client
aurait-il pu s’y livrer s’il eût été éloigné, comme à Valoncourt, par
le plomb meurtrier du propriétaire ?
Donc il est bien constaté que le pic-vert rend un premier service
en mangeant un grand nombre de fourmis, de vers et d'insectes.
Je passe à un deuxième service.
Dans tous les temps et surtout à notre époque, tous les agriculteurs
et les horticulteurs attachent une très-grande importance à délivrer
l'écorce des arbres fruitiers, ou celle des arbres d’agrément, des
mousses qui y adhèrent et des insectes qui se cachent dans les replis
des mousses et dans les déchirures de l’écorce. Pour ces agricul-
teurs, l'écorce joue, dans les plantes, le même rôle que la peau chez
l’homme ; la propreté de l’une, comme celle de l’autre, importe beau-
coup à la vigueur et à la santé des sujets. C’est afin de purifier les
écorces des arbres que les horticulteurs ont recours au chaulage.
Avec le secours d’une pompe, ils font tomber une pluie d’eau sa-
turée de chaux qui couvre l’écorce des arbres, pénètre dans toutes
les fissures, fait périr les mousses et détruit les insectes qui s’y
étaient réfugiés. Quand cette première opération est terminée, on
promène sur le tronc et sur toutes les branches de l’arbre une brosse
étroite et très-longue, et l’on détache ainsi de l’écorce tout ce qui
127
pourrait la souiller. Puis, afin de n’être pas obligé de renouveler
souvent cette opération, on ferme avec des mastics les fentes qui
servaient de retraite aux insectes nuisibles. Malheureusement les
horticulteurs ne peuvent pas fouiller toutes les écorces soulevées, et,
très-souvent, des ennemis dangereux y restent en sûreté pour re-
commencer bientôt leurs ravages. Si l’investigation est poussée dans
ses dernières limites, et qu’on veuille ne laisser aucun insecte, l’é-
corce se détache, et la sève de l’arbre se trouve exposée à une in-
fluence trop vive de l'air et de la chaleur. Dans les grandes villes,
l'administration municipale fait aussi brosser, laver l’écorce des
arbres des boulevards et des jardins publics. Le chaulage, sous une
forme ou sous une autre, est très-utile à la santé, à la vigueur des
arbres; si je prouve que les pics exécutent en grand cette opération,
j'aurai inscrit en faveur de mes clients un deuxième service sérieux
et incontestable.
Les pics visitent les arbres de bas en haut, fouillent toutes les
fentes, toutes les fissures, purifient toutes les écorces, même celles
qui sont soulevées, sans les détacher et sans causer le moindre dégât,
Au moyen de leur langue qui s’allonge selon les circonstances, mes
clients percent toutes les larves, tous les insectes qui se sont réfu-
giés dans les différentes anfractuosités de l'écorce des arbres. Toutes
les mousses sont visitées avec un soin scrupuleux, et pour qu'aucun
insecte, aucune larve ne puisse échapper à leurs investigations, les
pics détachent, avec leur bec puissant, les mousses les plus tenaces,
examinentdansles pluspetits détails l’endroit sur lequel s’appuyaient
leurs racines. Puis afin que les insectes ennemis qui se seraient
soustraits à la mort, ne puissent remonter de nouveau et se cacher
le long de l’arbre, mes clients se laissent tomber à terre, et tournent
et retournent dans tous les sens les mousses qu'ils avaient détachées
dans leurs minutieuses investigations. Tous les insectes qui se trou-
vent entre l’écorce et l’aubier sont immolés ou par la terrible langue
osseuse terminée par des crochets, ou par le bec tranchant du pic qui
atteint directement les insectes et les larves et prépare un passage
à la langue des infortunés que je défends.
Ainsi done, il est constaté que l'opération faite par l’homme, à
128
grands frais et avec tant de peine, dans l’intérêt de quelques arbres,
est accomplie par le pic-vert sur une plus grande échelle, pour Pa-
vantage des agriculteurs et d’une manière bien plus simple et beau-
coup plus complète. Si les arbres de nos promenades publiques
étaient visités par mes clients, ils seraient plus vigoureux et surtout
moins rongés par des myriades d’insectes qui se réfugient sous les
mousses et sous les écorces. Il me semble qu’il sera difficile de ne pas
reconnaître comme réel ce deuxième service rendu par les pics-
verts.
Ce service, M. de Baracé vient le constater et fortifier mon asser-
tion par ce passage de son Mémoire ; c’est une nouvelle flèche qui se
retourne contre celui qui l’a lancée. Voici cet extrait : « Quand un
« arbre est abattu et qu’il reste en grume plus d’une année, que se
« passe-t-il ? La vie s'arrête, l'écorce se soulève et se fend par l’ac-
« tion du soleil et des eaux, cette combinaison favorise la naissance
« de nombreuses vrillettes, forficules et termites, c’est un cours com-
« plet d’entomologie vivante; il y aurait bombance pour un pic! En
«voit-on beaucoup en profiter? Je ne puis l’aflirmer; cette proie
« facile devient la ressource d’un merle, d’un vertueux rouge-gorge
«ou d'un troglodyte familier. »
Il est évident que M. de Baracé veut faire à mon client un repro-
che de ne pas partager letravail facile du vertueux rouge-gorge-t du
troglodyte familier ; travail qui a pour but de préserver les arbres des
ravages que peuvent exercer sur eux une multitude d'insectes ron-
geurs. Si les oiseaux désignés par mon honorable ami rendent, d’a—
près son opinion, un service réel aux propriétaires, en préservant,
par un travail facile, les arbres morts de l'attaque des insectes nui-
sibles, je crois que les pics qui, par un travail très-pénible, veillent à
la conservation et à la santé des arbres, rendent un service bien plus
signalé que celui que l’on attribue au vertueux rouge-gorge. M. de
Baracé demande pourquoi le pic ne vient pas s'unir au grimpereau
familier, ete. La raison en est très-simple. C’est que mon client reste
fidèlement dans la mission qui lui a été confiée, celle de préserver
de la mort les arbres qu’il visite. Quand l’arbre est abattu, la mis-
sion du pic cesse tout naturellement. De plus, quand l'arbre est
129
abattu, 4 n’est plus debout; or, comme le pic est grimpeur et seu-
lement grimpeur, il ne peut visiter les différentes parties de l’arbre,
car pour atteindre ce but, il faudrait évidemment que mon chent
püt marcher. Pousser la question plus loin, ce serait demander
pourquoi Dieu n’a pas créé le pic grimpeur et marcheur, et
vouloir rectifier ainsi les lois établies par la sagesse divine qui
ne permettent au pic que de se mouvoir de bas en haut et en dé-
crivant des sprrales.
Pour fortifier mes assertions sur le deuxième service rendu par
les pics, j'aurais pu citer de nombreux passages de traités orni-
thologiques. J'ai pensé que ce serait donner à mon plaidoyer des
développements inutiles, puisque les amis et les ennemis des pics
sont tous d'accord sur cette question.
Je passe donc au troisième point de la première partie. C’est sur
ce terrain que doit avoir lieu le principal choc entre la défense et
l'accusation. J’ai dit et je maintiens encore plus que jamais, que les
arbres ont, dans un grand nombre d'insectes, des ennemis redouta—
bles, que les larves de ces insectes perforent les arbustes et les ar-
bres sains, qu’ils les font périr par milliers; J'ai ajouté que les pics
poursuivent ces larves dans leurs retraites ténébreuses, les arrêtent
dans leur œuvre de destruction en les atteignant dans leurs galeries
et en les percant avec leur langue osseuse. Telle est mon assertion.
Voici celle de M. de Baracé :
« Où naît cette larve essentiellement dangereuse, le Cerambix
« heros ou celle encore du Prionus coriarius, de la famille des Lon-—
« gicornes ? Toutes les deux naissent en terre, le plus souvent même
« sous les racines d’un arbre usé par le temps. Leur éducation se
« fait en plusieurs périodes. Quand la nature se réveille, elles se
«font pour vivre, avec leur appareil rongeur, dans cette partie du
«bois que l’on nomme aubier, à quelques pouces de la surface, un
« chemin intérieur qui monte et descend dans tous les sens, gros-
«sissant ainsi jusqu'à prendre la proportion du petit doigt, pour
«se chrysalider plus tard dans le détritus qu’elles ont occcasionné.
« Ce serait une bien rare exception de voir aucune de ces larves
130
« dans le cœur d’un arbre sain. Ces larves ne peuvent se mouvoir
«sans appui, leur structure sy oppose. Leur vie se passe dans
« l'ombre. Où le pic ira-t-il les chercher? »
Tel est le passage du Mémoire de M. de Baracé ; ici, je le déclare
sincèrement, la position faite à la défense est trop belle pour que je
ne sois pas généreux. Il est évident que mon honorable ami confond
les endroits où les œufs des insectes sont déposés, avec ceux dans
lesquels vivent et se développent les larves ; si son assertion était
vraie, il s’ensuivrait qu’on appellerait gros vers de bois les larves
qui n’attaquent pas le bois. Je me bornerai donc à prouver qu’il
existe des insectes nuisibles aux arbres, que les larves de ces in-
sectes perforent les arbres sains, par milliers et même par centaines
de mille, enfin que les pics combattent les ravages exercés par ces
insectes en détruisant leurs larves.
Afin de ne pas dépasser les limites que je me suis imposées, j’en-
gagerai mon honorable ami à parcourir l'ouvrage si intéressant de
M. Henri de la Blanchère ; il verra dans le travail de ce savant qu’il
existe des milliers d'insectes ennemis des forêts, et que l’on peut les
partager en trois classes, ceux qui dévorent les feuilles des arbres,
ceux qui attaquent les racines et ceux qui perforent le trone. Ces
insectes se multiplient par centaines de millions, et souvent après
avoir détruit des forêts entières, ils sont emportés par les vents,
et alors les bostriches sont lancés comme des nuées de saute-
relles sur d’autres forêts où ils exercent de nouveaux ravages. Mais
sans quitter le véritable terrain de la discussion, notre bel Anjou,
M. de Baracé doit se rappeler que notre savant horticulteur, M. An-
dré Leroy, perdit, il y a quelques années, dans l’espace de moins
de deux mois, plusieurs milliers de conifères. Ces arbres furent vi-
sités par un insecte (Trachea piniperda) qui, à quelques décimètres
au-dessus du sol, perforait l’arbre jusqu’à la moëlle, et s’élevait en-
suite perpendiculairement dans l’intérieur pour s'échapper par l’ex-
trémité de la tige, comme le ramoneur qui sort de la cheminée après
l'avoir labourée dans tous les sens.
Je laisse de côté ces détails pour revenir aux insectes qui exercent
131
ordinairement en Anjou des ravages plus considérables et plus per-
manents. M. de Baracé glisse très-légèrement sur le Cerambix heros
et le Prionus coriarius, et encore plus sur les dommages que cause
le Lucane cerf-volant (Lucanus cervus). De plus, d’après le texte
du Mémoire, on serait porté à croire que ces quelques insectes sont
les seuls à exercer en Anjou des ravages sur les bois. Je ne concois
pas que l’auteur ait oublié ia famille si nombreuse des Lignivores
(Lignum, bois et vorare, dévorer) ou des Xylophages (de xyLon,
bois et PHAGô, manger) dont les noms me semblent assez significatifs.
Aux assertions de mon contradicteur, j'oppose le témoignage d’au-
teurs graves et instruits.
Je commence par celui d’un homme dont personne ne peut nier
l'autorité en fait d’observations accomplies et poursuivies avec per-
sévérance en Afrique et en Europe. Certes M. Toussenel n’a pas
étudié l’histoire naturelle que dans les livres, il l’a étudiée sous
beaucoup de climats, en s'appuyant sur des recherches incessantes.
Voici l’opinion de cet observateur intelligent : « Ces ignobles scara-
« bées armés de cornes percantes que les enfants appellent des
« cerfs-volants ou des rhinocéros, s’introduisent dans le cœur des
«peupliers de Virginie, des ormes et des chênes pour y creuser
« d’immondes et fétides pustules par où s'échappe bientôt en flots
«de pourriture la vie de l'arbre attaqué. » (Ornithologie passion-
nelle, vol. INT, p. 76.) « J’ai vu dans Saône-et-Loire une magnifique
« plantation d’une valeur de plus de cent mille francs périr en quel-
« ques jours sous la tarière empestée du capricorne. » (Même vo-
lume, p. 10.) |
À M. Toussenel succède M. d’Orbigny : « Les femelles des capri-
« cornes déposent leurs œufs dans les arbres au moyen d’un ovi-
« ducte en forme de tarière caché dans leur abdomen. Cet oviducte,
« composé de deux ou trois pièces rentrant les unes dans les autres,
«est susceptible d’une certaine extension. Les larves vivent sous les
« écorces quand elles sont jeunes, mais elles perforent le tronc en
« grandissant. » (Dictionnaire d'hist. nat., t. III, p. 138.)
L'Encyclopédie d'histoire naturelle, publiée sous la direction de
M. Dupiney de Vorepierre, dit à l’article Longicornes : « Dans leurs
132
«premiers états, les longicornes vivent dans le #ronc et dans les
« branches des arbres. Les larves représentent toujours de gros vers
«allongés, blanchâtres ou jaunâtres ayant une tête cornée et des
«mandibules très-robustes. Elles font beaucoup de tort aux arbres,
«surtout les grandes, en les perçcant profondément et en les cri
«blant de trous. Quelques-unes rongent les racines des arbres. » Il
me semble que le Cerambix heros et le Prionus coriarius appar-
tiennent à la famille des Longicornes, et que l’on doit leur attribuer
les ravages indiqués dans la citation précédente.
Dans les Trois règnes de la Nature, publiés sous la direction du
docteur Chenu, je lis ce passage : « Le Lucane cerf-volant, Lucanus
«cervus, ne vit à l’état de larve que dans les arbres, surtout dans
«les chênes âgés; il y demeure pendant quatre ou cinq années, ron-
« geant et perçant le bois dans tous les sens, et y creusant des ga-
« leries de la grosseur du doigt. Ces mœurs sont encore celles d’un
«autre insecte presque aussi gros que le Lucane. On le nomme
« Cerambix heros. La larve de cet insecte est connue sous le nom
« de gros ver du bois; elle est d’une dimension aussi considérable
« que celle que nous venons de décrire et fait les mêmes ravages.
« Ces deux larves ne s’attaquent qu'aux chênes parvenus à toute
« leur croissance, c’est-à-dire au moment où ils ont la plus grande
« valeur, font un tort considérable en rendant impropre à tout ser-
« vice la partie la plus belle où elles établissent leur demeure. »
(Vol. IT, p. 220.)
J'ajoute aux ravages exercés par les larves des insectes que je
viens d'indiquer, ceux occasionnés par un simple lépidoptère : son
nom est assez significatif, il s’appelle Cossus ligniperda, Cosse gâte-
bois. «Sa longueur est de 40 millimètres, sa chenille longue de 31 mil-
« limètres est luisante, rougeâtre et exhale une odeur désagréable ;
« elle se tient à la base des arbres, surtout du chêne, de l’orme, du
«saule, du peuplier, en ronge l’aubier et parvient à faire mourir l’ar-
« bre entier. Elle pénètre aussi jusqu’au cœur des bois en faisant des
«trous tortueux assez grands pour y introduire le petit doigt. »
(Dictionnaire de Bouillet.)
Afin de mieux apprécier les ravages exercés par cette chenille,
133
j'ai mesuré les dimensions de la chrysalide qui est conservée dans
la collection du Cabinet d’histoire naturelle, et, quoiqu’elle soit dessé-
chée entièrement, sa longueur est encore de 4 centimètres et son dia-
mètre de 15 millimètres. Il est facile de comprendre qu’une chrysalide
égalant le diamètre du petit doigt et les deux tiers de sa longueur,
a nécessité de la part de la chenille qui préparait une galerie suffi-
sante pour la recevoir, de terribles ravages, surtout lorsque cette
galerie a été conduite en ondulant dans l’intérieur même des bran-
ches ou du tronc des arbres.
Je termine cette nomenclature que je pourrais continuer encore
beaucoup par le zeuzère du marronnier (Zeuzera æsculi). La larve
de ce papillon vit aussi aux dépens des arbres. Dans le verger de
M. de Joannis où je rédige ces notes, se trouvaient deux pommiers
en plein rapport. Des larves du zeuzère du marronnier ont creusé
leurs galeries dans l’intérieur de ces pommiers, et bientôt la vie de
ces arbres s’en est allée avec des flots de pourriture. Ces chemins
ténébreux avaient de 30 à 40 c. de longueur. M. l'abbé de Joannis
m'a assuré avoir trouvé dans un saule pleureur une galerie creusée
par une larve du même lépidoptère, et qui avait près d’un mètre
30 centimètres de longueur.
Voici enfin l’opinion de M. Mulsant, président de la Société Lin-
néenne de Lyon : « Dès leur sortie de l’œuf, les jeunes larves abri-
« tées sous les écorces, cachées dans la moelle ou dans la couche li-
« gneuse où plusieurs ne tardent pas à s’enfoncer, sembleraient sous
« des voiles si épais pouvoir se livrer sans crainte à leur nuisible
«industrie, mais la Providence n’a pas abandonné sans défense nos
« forêts, nos vergers et nos haies, elle a confié à d’autres êtres le
« soin de limiter les dégâts de ces races Lgnivores en refrénant leur
«trop grande multiplication. Voyez les différentes espèces d'oiseaux
«grimpeurs visiter nos chênes décrépits, nos sapins vieillis ou
« frappés de la foudre, ponr les délivrer de ces hôtes parasites ; en-
« tendez-vous les pics faire résonner sous leurs coups de bec les
« arbres de nos bois et annoncer par un cri de joie la rencontre heu-
« reuse de cette proie succulente? » (Æüst. des coléoptères de France,
vol. des Longicornes, p. 13.)
.@ 10
134
Tels sont les renseignements que je puise aux sources d’une vé-
ritable érudition en entomologie.
Je dois dire maintenant comment les larves exécutent leurs tra
vaux de destruction. Un grand nombre d’insectes, soit coléoptères,
soit lépidoptères, pondent leurs œufs sur la racine ou sur le tronc
des arbres. C’est principalement dans des sinuosités recouvertes d’une
mousse qui leur sert de retraite et qui dissimule leur présence aux
yeux de leurs ennemis, que les œufs éclosent et donnent naissance
aux larves. Quand celles-ci se développent, elles vivent aux dépens
de l’aubier; mais plus tard, par un instinct de conservation, elles
pénètrent dans le bois où elles trouvent une nourriture plus abon—
dante et un abri plus sûr. Les larves creusent régulièrement leurs
galeries en montant et en se dirigeant en divers sens. Quand elles
sont près de se chrysalider, elles se rapprochent de l'écorce, de
manière à ne laisser à l’insecte parfait qu’une très-mince cloison à
briser. |
Ici M. de Baracé m’oppose son assertion précédemment transerite,
dans laquelle il prétend que « ces larves ne peuvent se mouvoir sans
«appui, leur structure s’y oppose. » Mon honorable ami avait
oublié que quelques lignes plus haut il avait dit que « ces larves
«creusaient un chemin intérieur qui monte et qui descend. » Il me
semble très-difficile de creuser, sans changer de place, un chemin
qui monte et qui descend. C’est une nouvelle erreur et une nouvelle
contradiction. Ce qui prouve d’une manière bien évidente que les
larves creusent leurs galeries en montant, c’est que l’ouverture de
ces galeries qui se trouve la plus près de terre est beaucoup moins
large que celle de l’autre extrémité. La raison de cette différence est
très-simple. La larve se développant à mesure qu’elle vit, il s'ensuit
que le passage qui lui devient nécessaire doit successivement être
plus large. Voici sur cette question l’article du Dictionnaire d'his-
toire naturelle (vol. VI, p. 509) : « Les larves des capricornes ont
« sur le dos des espèces de mamelons qni servent à l’insecte de point
« d’appui pour grimper à la manière des ramoneurs dans de longues
« galeries qu’elles se pratiquent souvent dans l’épaisseur du bois. »
Il me paraît donc démontré, contrairement aux assertions de
135
M. de Baracé, qu’il existe des insectes, des larves nombreuses qui
non-seulement attaquent l’écorce et l’aubier des arbres, mais qui
perforent les arbres eux-mêmes, que ces larves font périr une
grande quantité d'arbres sains et vigoureux, qu’elles constituent un
véritable fléau pour les propriétaires, toutes les fois qu’elles dépassent
par leur multiplication certaines limites. Pour comprendre mieux
encore les rayages que peuvent occasionner des larves aussi
grosses que celles du Lucane cerf-volant, il est bon de se rappeler
qu'avant de se chrysalider, ces larves sillonnent l’intérieur des arbres
pendant quatre ou cinq années, comme l’aflirment tous les traités
d’entomologie.
Il me reste maintenant à chercher quel sera l’ami des agriculteurs
qui viendra défendre leurs arbres et leurs forêts contre ces adver-
saires redoutables dont /a vie s’écoule dans l'ombre. Quel sera celui
qui les poursuivra dans leurs galeries en zig-zag et les atteindra
pour les immoler dans l'intérêt des propriétaires ? Sera-ce le ver-
tueux rouge-gorge ? le grimpereau familier? la sitelle torchepot ?
Pour une pareille lutte, ces oiseaux sont impuissants. Il faut pour
triompher de tels ennemis, un soldat vigoureux, armé de pied en
cap, sachant se servir tour à tour du marteau, du ciseau et de
la lance. Ce guerrier, cet ami de l’agriculture, c’est mon cher
client. Dans ses investigations continuelles, il fouille toutes les
mousses, toutes les fissures, toutes les écorces, les perce au besoin
pour saisir et tuer les insectes et les larves. Ces services ont été
prouvés précédemment et sont admis même par les adversaires des
pies. De plus, le pie, dans ses courses, frappe à coups redoublés le
tronc et les branches des arbres, puis il s’arrête et écoute avec at-
tention; s’il entend le bruit souterrain de la larve qui ronge le bois,
ou si le son de l’arbre sous la puissance du bec qui remplit l'office
de marteau, indique un ennemi intérieur et une cavité, mon client
se met immédiatement à l’œuvre, et bientôt une porte est ouverte ; il
y introduit sa langue, et l'ennemi est percé et retiré pour devenir la
proie du pic.
Mon contradicteur me dit : « Mais il est ridicule que le pic
«se livre à un pareil travail pour un si mince salaire, » D'abord,
136
M. de Baracé a oublié qu’il a affirmé que « perforer les arbres
«les plus durs et les plus sains était un jeu pour mes clients. »
Si son accusation est fondée, les pics peuvent donc sans s’exposer à
un pénible labeur, percer les arbres rongés intérieurement. Puis je
ne pense pas que la capture d’une larve du capricorne, grosse comme
le doigt, soit un mets à dédaigner pour un pic, ou qu’elle soit un si
petit salaire d’un travail facile. Si l'opinion de M. de Baracé était
vraie, si le pic perforait les arbres moins pour trouver une proie
que pour causer de graves dommages, le travail de mon client
serait-il mieux récompensé? son salaire serait-il plus conve-
nable? Quand un travail doit être wniguement récompensé par un
salaire, je crois qu’il est préférable d’en recevoir un petit, quelque
minime qu’il soit, à n’en recevoir aucun. À l’appui de mon opinion,
je cite un passage de M. d’Orbigny : « Au moyen de leur bec qui
«leur sert de coin, les pics frappent à coups redoublés la portion
« de l’écorce qui recèle l'insecte, l’entament et finissent par s’em-
« parer de celui-ci. D’autres fois ils sondent à coups de bec, le tronc
« d’un arbre pour voir s’il n’existe pas quelque creux qui puisse
«leur cacher quelque moyen de subsistance ; s’il est une retraite
«que leur langue ne puisse atteindre, leur bec fonctionne et bientôt
« la brèche faite est assez grande pour que rien ne puisse échapper
« à l'exploration de cette langue admirablement organisée à cette
« fin. » (T. X, p. 139.)
Je passe à d’autres autorités. « Lorsque les pics, dit Mauduyt, ont
« frappé dans une partie d’un arbre, ils se portent précipitamment à
« la partie opposée pour y saisir les vers, que le bruit et l’ébranle-
« ment ont mis en mouvement, qui se présentent à l’entrée des
«trousdanslesquelsils vivent et qui cherchent dans cette circonstauce
«à en sortir, mais cette manière de chasser ne fournit qu’en partie
« à la subsistance des pics et peut-être même à celle des plus petites
« espèces ; les larves des grands insectes, retirées plus profondément
« à l’intérieur des arbres, sont moins sensibles à l’ébranlement que
« causent les coups dont leur retraite est frappée, elles ne sortent pas
« aisément ; les pics, qui apparemment savent reconnaître les points
« qui les récèlent, et qui peut-être en jugent par la trace que le ver
137
« né à la surface de l’écorce a formée pour pénétrer à l’intérieur, ou
« mieux encore, comme l’observe Vieillot (Oiseaux de l'Amérique
« septentrionale), par la finesse de leur ouïe qui leur permet d’en-
«tendre le bruit que fait la larve, se décident à atteindre jusqu’à
« lui en rompant les enveloppes qui les couvrent. C’est alors que ces
« oiseaux, à force de coups redoublés, entament la substance du
« bois, la brisent, la réduisent en fragments et percent jusqu’à la
« retraite du ver, qu’ils ont découvertsous les fibres qui le cachaient ;
«ils dardent dans le trou qu’ils ont creusé leur langue acérée, ils
«en percent le ver, le retirent et en font leur proie. » (M. O. des
Murs, Encyclopédie d'histoire naturelle, sous la direction de M. le
Dr Chenu, t. I, p. 211.)
« Le pic si décrié par ceux qui ont mal interprété ses manœuvres
«et le jugent d’après les préjugés et les fables d’autrefois, préserve
« les arbres des forêts ; il ne recherche que ceux attaqués par les
«insectes xylophages et dont l’écorce ridée ou soulevée abrite des
«larves menaçantes. On sait que cet oiseau met une grande pa-
« tience et une grande persistance pour s’emparer de la proie qu'il
« convoite et les manœuvres qu’il emploie sont très-intelhigentes ;
« mais pour les observateurs superficiels elles sont considérées
« comme très-nuisibles aux arbres. Que se passe-t-il cependant ? Un
«insecte s’est logé dans le tronc d’un arbre, il y a percé un trou
« très-petit et d’abord horizontal, puis il a changé de direction et a
« creusé une galerie verticale de quelques centimètres de profondeur,
« lorsqu’un pic arrivant reconnait la présence de l’insecte ou de ses
« larves. À l’aide du bec, il élargit le trou d'entrée, voit bientôt
« l’impossibilité de saisir l’insecte à cause du changement de direc-
« tion de la galerie. Il frappe le bois au-dessus du trou, et le son
« résultant de ces coups d'exploration lui indique bientôt le point
« correspondant du cul-de-sac de cette galerie. Il attaque alors ce
« point par le dehors, le perce plus ou moinsrapidement , et s’il s’est
«trompé 1l recommence plus haut et plus bas, jusqu’au moment où
« le succès couronne ses efforts. IL est évident que dans ce cas le pic
« attaque la partie encore saine du bois, mais qu’il ne l’attaque que
« parce qu'il y a à prendre un insecte, dont les ravages, au bout d’un
138
«an, seraient bien plus compromettants pour l'arbre que l’ouverture
« faite par l'oiseau. Jamais le pic ne perd son temps à percer le bois
«sans motif. Aussi est-il certain que si, plus épargnés, les pics et
« les coucous osaient venir visiter ces vieux arbres des promenades
«et des boulevards de Paris, on ne serait pas réduit à faire à grands
« frais depuis quelques années, /a toilette du condamné à ces res-
«pectables plantations de nos pères. » (Les trois règnes de la Nature
du D' Chenu, avec la collaboration de M. O. des Murs, p. 96,
année 1864.)
Je continue en ajoutant que le motif par lequel on combat mon
opinion et celle des auteurs que je viens de citer, ne peut être sé
rieux. Si votre assertion était vraie, me dit-on, « vos pics devraient
« périr de faim ; travailler tant, si longtemps et trouver si peu ! »
Mais s'ils travaillaient tout autant pour s’amuser seulement ou pour
nuire, vivraient-ils avec plus d’abondance? Puis, dès lors qu’ils vivent
en se livrant à ce travail, il leur procure donc des ressources bien
supérieures à celles qui découlent de vos affirmations. Je poursuis mon
exposé. Le pic peut sc tromper, etsil’Écriture a dit : Omnis homo men-
dax, « tout homme est sujet à l'erreur, » à plus forte raison peut-on
ajouter : tout être est exposé à se tromper. Quelquefois le pie ne
peut pas déterminer l'endroit précis de la galerie intérieure où se
trouve la larve, c’est cette incertitude qui explique les trous super-
posés que l’on aperçoit à l’extérieur de quelques arbres. D’un autre
côté, quand la larve est parvenue à son entier développement et que
sous la forme d’un insecte parfait, elle a brisé la mince cloison qui
la séparait de l’air dans le sein duquel elle s’élance, 1l reste une ou-
verture assez large dans le tronc ou dans les branches de larbre.
Cette ouverture conduit dans les longs replis des galeries intérienres;
par cette porte entrent des myriades d'insectes, et comme le disait
M. de Baracé, c il s’y réunit un cours vivant et complet d’entomo-
« logie. » Quel est celui qui viendra disperser les membres de cette
réunion non autorisée, de ce cours composé de coupables ? Sera-ce
quelqu'un des oiseaux que mon honorable ami estime beaucoup,
parce qu’ils poursuivent les mêmes insectes, sur le boës en grume ?
Assurément non. Ce sera donc encore le pic-vert; mais comme ces
139
galeries atteignent 30, 40 et 50 centimètres de parcours, la langue
de mon client ne pourrait pas les balayer dans toute leur étendue; les
pies perforent donc ces galeries de distance en distance et par ce
moyen ils peuvent à des époques très-rapprochées et d’une manière
très-sûre, surveiller l’intérieur de ces galeries et les purger de toute
espèce d'insectes nuisibles. En un mot, c’est une plaie que le pic
n’a pas faite, mais à la propreté de laquelle il veille afin qu’elle ne
s'aggrave pas.
Un grand nombre d'œufs étant déposés par les coléoptères ou par
les lépidoptères, à une certaine hauteur et surtout à l'endroit où les
branches un peu fortes viennent se souder à l'arbre, c'est là
encore que mes clients doivent exercer leur mission providentielle, et
c’est ainsi que s'expliquent tout naturellement les trous qui se ren-
contrent à différentes hauteurs le long des troncs ou des branches.
C’est aussi ce qui m'engage à croire que certaines pièces de convic-
tion, présentant des traces de trous commencés dans du bois franc,
pourraient bien fournir simplement la preuve d’une erreur de mes
clients qui, recherchant les galeries des larves, auraient pratiqué
des ouvertures ou trop haut ou trop bas, et auraient ensuite aban-
donné leur opération du moment où elle ne leur procurait pas le
résultat cherché. Ce qui confirmerait mon opinion, c’est la multi-
plicité des trous pratiqués dans cette circonstance. Ce serait encore
un remède salutaire, mais non appliqué sur la véritable plaie du
malade,
Je crois ne pas devoir laisser sans réponse cette étrange asser-
tion de mon honorable ami : « Si Le pic était bon à quelque chose,
on en verrait au marché. » Oui, s’il s'agissait de gastronomie!
Mais il me semble bien évident que plus un oiseau est utile à la
sylviculture et à l’agriculture, moins on doit s’empresser de le tuer
et de le vendre au marché; les propriétaires intelligents ont tout
intérêt à ne pas immoler les oiseaux qui leur rendent service. M. de
Baracé, qui regarde comme très-utiles les sitelles et les grimpe
reaux familiers, en voit-il au marché ?
Ici je termine la première partie de mon plaidoyer ; je crois avoir
démontré que le pic rend de véritables services à l’agriculture et par
140
sa nourriture et par les moyens qu’il emploie pour se la procurer, et
dès lors, je le répète, ma cause me semble déjà gagnée, car M. de
Baracé a dit.: « Montrez-moi le bien et je me tairai sur le mal. »
DEUXIÈME PARTIE.
DOMICILE ET NIDIFICATION DU PIC-VERT.
Je passe à la deuxième partie de mon plaidoyer : domicile et ni-
dification des pics, dans laquelle je dois prouver que les pics ne
causent, pour se loger et pour se reproduire, que des ravages peu
considérables, si toutefois des ravages réels existent, enfin que ces
ravages sont loin d’égaler les services que rendent mes clients.
Les pics ne sont pas percheurs, et par suite, dans leurs courses
très-multiphiées et très-fatigantes, il leur faut, comme à tous les oi-
seaux, un moyen de se reposer ; ce moyen ils ne peuvent le trouver
que dans une excavation soit naturelle, soit artificielle. Or les exca-
vations naturelles des arbres ne peuvent pas fournir ordinairement
aux pics un gîte convenable, parce qu’ils ne seraient préservés ni
des ardeurs du soleil, ni des inconvénients de la pluie et du froid,
ni des attaques de leurs ennemis. Il leur faut un domicile où ils
puissent être facilement en sûreté et dont l'entrée ne soit accessible
ni aux rongeurs ni aux oiseaux de proie. La providence de Dieu,
qui a distribué à chaque être de la création les moyens nécessaires
pour atteindre le but auquel il le destine, a armé les pics de ma-
nière à ce qu'ils puissent eux-mêmes se créer cette demeure. Les at-
taquer sous ce rapport, c’est blämer, en même temps, et la sagesse
divine et la raison d’être des pics ; en un mot, c’est dire ou que Dieu
eût mieux fait de ne pas créer les pics ou qu’il eût dù les créer d’une
autre manière. Ce serait une lecon à la Garo.
Ici je présente une observation bien naturelle et qui a échappé à
la sagacité de mon honorable ami : c’est que ces lieux de repos qui
141
sont les véritables hôtelleries pour les familles des pics, et où tous
les membres de cette tribu de proscrits peuvent venir, tour à tour,
passer quelques instants du repos ou même du sommeil nécessaire à
tous ceux qui se livrent à un labeur pénible et continu, doivent être
d'autant plus multipliés que les arbres sont eux-mêmes plus éloignés
les uns des autres. Cette observation explique pourquoi les trous
de pics sont plus nombreux à Valoncourt et dans les pays qui res-
semblent à cette localité, que dans les régions couvertes de forêts.
Pour justifier cette assertion, il suflit de dire que les pics vivant
comme 1l a été démontré, d’insectes et de larves qui pullulent sur
et sous l’écorce et dans l’intérieur des arbres, il est de toute évi-
dence que plus les arbres seront éloignés les uns des autres, plus ils
seront rares, plus les pics seront condamnés à des courses pénibles,
pour se procurer une nourriture sufisante à leur vie, et plus dès lors
ils auront besoin de repos. Les arbres des forêts, par leur multiplicité
et par leur rapprochement les uns des autres, fournissent aux pics
une nourriture facile et abondante, et dès lors ces oiseaux peuvent,
dans ce cas, sans se livrer à un vol au-dessus de leurs forces, rega-
gner facilement et toujours le même domicile. Ils imitent en cela
l’ouvrier dont le chantier n’est pas éloigné de sa demeure, et qui
peut chaque jour, et même plusieurs fois par jour, regagner son lo-
gis pour y prendre nourriture et repos, sans avoir recours à une
table ou à une couche étrangère. Ces détails bien simples et bien
vrais justifient les pics d’un méfait que M. de Baracé leur reproche
avec beaucoup d’amertume. |
, De plus, mon honorable ami a contribué et contribue encore, sans
le\vouloir, à multiplier les prétendus ravages exercés par mes clients.
Enj effet, il me paraît démontré que la structure des pics privés d’un
vol soutenu, exige ces lieux de repos. Or, en admettant même que
ce demicile choisi et creusé par les pics causât aux arbres un véri-
table dommage, il serait avantageux de leur en laisser la paisible
jouissance. Mais à Valoncourt, il n’en est pas ainsi. Toutes les fois
que l’on constate l’existence d’une de ces demeures, le propriétaire en
chasse les pics, par toute espèce de moyens: Il arrive tout naturelle-
ment que les locataires exilés se réfugient ailleurs, creusent un
142
second asile dont ils seront chassés derechef et dont ils s’éloigneront
encore pour perforer de nouvelles demeures. C’est une persécution
qui justifie les pics du grief qu'on leur fait, de commencer un cer-
tain nombre de trous, sans les achever. Dans les contrées où on
laisse les pics accomplir tranquillement leur mission, les dégâts sont
beaucoup moins considérables qu’à Valoncourt, car mes clients sont
comme les hommes et comme tous les êtres animés, ils ne cherchent
une nouvelle demeure, surtout lorsque cette nouvelle demeure doit
leur coûter un labeur pénible et rompre leurs habitudes, que quand
on les éloigne de celle qu’ils occupaient. De plus, quand on laisse
les pics libres de choisir les arbres dans lesquels 1ls doivent creuser
et établir leur domicile, ils perforent, de préférence aux autres,
ceux qui leur offrent le moins de diflicultés et de travail, et qui sont
plus ou moins vermoulus intérieurement. Quand on enlève à mes
clients cette liberté, ils se trouvent forcément condamnés à essayer
de pérforer des arbres sains, mais dans ce cas jamais ils ne com-
pléteront leur travail, ce qui prouve d’une manière évidente que
ce labeur est au-dessus de leur force et dès lors contraire à la nature.
Il me semble donc suffisamment démontré que les chambres à
coucher creusées par les pics ne sont pas une œuvre de caprice ni
de destruction coupable; c’est le résultat de l’organisation de ces
oiseaux et une des conditions de leur existence. Mais avant de trait
ter la question de savoir si ces lieux de repos causent aux arbres, et
par là même aux propriétaires, un véritable préjudice, Je dois prou-
ver que ces stations ne sont pas si multipliées que l’affirme mon
honorable ami. Dans cette question, je me bornerai à m’appuyer
sur son témoignage et à rappeler ses souvenirs. M. de Baracé dit
avoir tué, en peu de temps, vingt-sept pics-verts, sur les bords d’un
même trou; il est done constaté que vingt-sept de mes clients ve-
naient goûter repos et sommeil dans une même hôtellerie, et cela
malgré les coups de fusil et les persécutions de tout genre. Si on eût
laissé tranquilles ces pauvres proscrits, il est incontestable que le
nombre des hôtes se fût encore beaucoup augmenté. Enfin, M. de
Baracé a constaté qu’une certaine quantité de pics-verts se trouvaient
ensemble dans le même trou. C’est en effet sur cette observation
145
qu'il accusait les pics-verts d’être bigames, lorsqu'il m’envoyait,
par l’entremise de M. le docteur Farge, un mäle et deux femelles
qu’il avait capturés dans le même nid. Plus tard, cependant, mon
honorable ami soutiendra que le pic est solitaire. Un petit nombre
de ces lieux de repos peut donc suflire à tous les pics d’une contrée,
et l'expérience de M. de Baracé lui a prouvé que, lorsqu'on laisse les
pies en repos, ils ne cherchent pas de nouveaux asiles. Ainsi j'aivu,dans
le cabinet de mon honorable ami, un pic-vert très-remarquable par
un plumage d’une couleur différente de celle des autres. Ce pic avait
choisi pour sa chambre à coucher, un trou de la façade de ancien
monastère de Chaloché : ce qui prouve, en passant, que le pic nese livre
pas volontiers à un travail dont il peut se dispenser et qu’il accepte
très-facilement un domicile tout préparé, quand il le trouve à sa
disposition. Le propriétaire de Chaloché, M. Gaignard de la Renloue,
avait défendu à son garde de tuer cet oiseau qu’il regardait comme
son locataire ; or, pendant plus de quatorze ans, ce pic est demeuré
fidèle à sa demeure, et pendant plus de quatorze ans, il est venu ré-
gulièrement se reposer et dormir dans ce refuge. Malheureusement
le garde, malgré la défense de son maître, a tué ce membre de la
famille de mes cents.
Enfin ces hôtelleries servent aussi de toit conjugal; les trous
des pies sont comme les anciennes tentes des patriarches, et sous
leur toit protecteur les familles vivent, se reposent et se multiplient.
M. de Baracé convient que dans le trou sur les bords duquel il avait
immolé vingt-sept proscrits, plusieurs familles de pies avaient recu
la vie. Les hôtelleries deviennent donc au moment de la nidification
des toits conjugaux; mais comme le nombre de ces hôtelleries n’est
pas toujours en rapport avec le nombre des couples, de nouveaux
trous deviennent nécessaires. Dans quels arbres ces trous, ainsi
que les hôtelleries, seront-ils creusés? Nous touchons au grief
principal. Sur ce point, mon opinion est que les pics attaquent les
arbres que déjà ils ont percés dans l'intention de visiter les ga-
leries des larves nuisibles, ou ceux dont ils ont reconnu que l’in-
térieur était carié. L'on m'objectera que l’apparente vigueur
de ces arbres réfute mon sentiment ; je n’en crois rien, et Je pour-
144
rais dire que ces arbres sont, selon l'expression énergique de nos
livres saints, des sépulcres blanchis. Leur extérieur est plein de
sève, mais l’intérieur renferme des myriades d'insectes qui les
rongent. Les pièces qu’on a entassées devant mes yeux ne peuvent
me convaincre, car pour que l'argument que l’on appuie sur elles
füt concluant, il eût fallu couper ces arbres en entier et démontrer
qu’au-dessus et au-dessous des trous perforés par les pics, il n’y
avait absolument aucun cancer intérieur. On merépond : J’ai abattu
des arbres percés par vos clients, ces arbres étaient effectivement
déchirés, rongés intérieurement, mais ce sont les trous pratiqués par
les coupables qui ont donné entrée aux ennemis du bois. Cet aveu
semble prouver en ma faveur, car il sera difficile d’admettre que
des larves ou des insectes rongeurs viennent s'établir dans la de-
meure des pics, et que ceux-ci les laissent très-tranquillement ac
complir leur œuvre de destruction, sans profiter d’une nourriture si
facile à se procurer.
Mon opinion étant suffisamment expliquée, je vais maintenant
la fortifier par l'autorité de plusieurs savants. Voici un texte de
M. d’Orbigny : « Pour se creuser un nid, les pics choisissent un
«arbre dont le bois ne soit pas trop dur, ils en sondent le tronc en
« donnant par ci par là quelques coups de bec, et lorsque le son qui
«résulte de ce choc leur indique un point altéré, ils attaquent vigou-
«reusement l'écorce, y font une brèche circulaire et poursuivent
« leur travail jusqu’à ce que la partie vive du bois étant enlevée ils
«rencontrent le centre vicié. Il arrive quelquefois que la carie de
« l’arbre n’est pas assez étendue ou n’est pas assez avancée pour
«qu'ils puissent y pratiquer une excavation convenable; dans ce
«cas ils recommencent la même opération sur un autre point ou
«sur un arbre voisin. Le trou qui a recu les œufs sert de gîte à la
« famille pendant la nuit.» (Tome X, p. 139.)
Ce texte se trouve conforme à mon opinion qui est partagée par
tous ceux qui joignent l’étude à l’observation. Ainsi M. de Kercado,
propriétaire de forêts dans le département de la Gironde, ayant
constaté que les pics attaquaient de préférence pour creuser leurs
nids, les cicatrices et les caries formées par la taille des arbres, con-
145
seille « de laisser un moignon de six à huit centimètres, au lieu de
« couper les branches à ras de leur naissance, parce que le pic pro-
« fitera de ces lésions pour creuser les trous dans lesquels il se
« retire et niche, » (Annales de la Société Linnéenne de Bordeaux,
tome VI, livraison 4°.)
Certes cette assertion d’un propriétaire, et d’un propriétaire obser-
vateur, procurera au moins à mes clients, et très-largement, le bé-
néfice des circonstances atténuantes, si toutefois ils pouvaient être
condamnés. Elle démontre en effet que s’ils sont coupables, c’est
malgré eux, puisque toutes les fois qu’on leur offre un moyen de
ne pas faire de dégâts, ils en profitent.
Je cite maintenant quelques lignes de M. Michelet : « Dans les
« calomnies ineptes dont les oiseaux sont l'objet, nulle ne l’est plus
« que de dire, comme on a fait, que le pic qui creuse les arbres,
« choisit les arbres sains et durs, ceux qui présentent plus de diffi-
« cultés et peuvent augmenter son travail. Le bon sens indique
« assez que le pauvre animal, qui vit de vers et d'insectes, cherche
«les arbres malades, cariés, qui résistent le moins et qui lui per-
. «mettent d’ailleurs une proie plus abondante. La guerre obstinée
« qu'il fait à ces tribus destructives qui gangrenaient les arbres sains,
«c’est un signalé service qu’il nous rend. L'Etat lui devrait sinon
« les appointements, du mois le titre honorifique de conservateur des
« forêts? Pour tout salaire, d’ignorants administrateurs ont souvent
«mis sa tête à prix. » (L’Oiseau, édit. in-12, pages 181 et 182.)
Ce texte, d’accord avec le bon sens, est bien opposé à l'opinion de
ceux qui prétendent défendre le pic-vert, en disant qu’il est utile
aux forêts, parce qu'il fait périr un certain nombre d’arbres, qui
par leur trop grande quantité, s’opposeraient au complet dévelop
pement de ceux qui les entourent. Ce serait en effet un singulier
conservateur des forêts que celui qui ferait périr les arbres les plus
sains et les plus vigoureux, puisque, d’après le sentiment de M. de
Baracé, ce sont les arbres de la plus belle venue que le pic semble
prendre plaisir à perforer, et qu’il mérite ainsi , à l’entendre, une
épithète très-peu parlementaire, et par laquelle on désigne les
plus grands criminels.
146
J'arrive naturellement à transcrire deux textes du manuscrit de
mon honorable ami : « Il me parait étrange que, depuis tant de
«siècles, le béret rouge du pic soit sans motif, sans raison, l’objet
« d’une mise à prix de la part de chaque propriétaire, et que l'on
«ne fasse encore que s’apercevoir de l’ingratitude de chacun
« d'eux. » D’après ces paroles, je me trouve presque représenté
comme un homme qui espérerait obtenir un brevet d'invention.
Heureusement, il n’en est rien; je n’y ai jamais pensé ni pour cette
question, ni pour toute autre. Puis je n’y aurais aucun droit, même
d’après le témoignage de mon honorable ami qui a oublié qu'il
m'avait reproché «d’avoir étudié les mœurs des pics dans les livres
« de tout âge, et non d’après des observations faites en plein soleil. »
Puisqu’il croit que j'ai puisé ma conviction dans les ouvrages
écrits dans tous les siècles, la manière d’envisager les pics au point
de vue où je me place, n’est donc pas nouvelle. Ce qui est vrai,
c’est que, dans tous les temps, les pics ont eu des défenseurs et des
adversaires, et que, sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, il y
a lutte entre la vérité et l’erreur. Je lis dans M. Michelet ce passage :
« Les opinions qu’on a prises de cet être singulier devaient être très-
« diverses. On a jugé en bien ou en mal, le pic le grand travailleur,
«selon qu’on estimait ou mésestimait le travail, selon qu’on était
«soi-même plus ou moins laborieux et qu’on regardait une vie
« sédentaire et appliquée comme maudite ou bénie du ciel. » (L’Oë-
seau, page 183). Je laisse à M. Michelet la responsabilité de son
jugement. Enfin je transcris le deuxième texte dans lequel M. de
Baracé veut m’opposer mon propre témoignage et prouver que, par
la légende de la mère Gertrude, insérée dans mon ouvrage sur Les
noms des oiseaux expliqués par leurs mœurs, je regarde le pic
comme un coupable. Je remercie sincèrement mon honorable ami
de cette citation, il ne pouvait pas me fournir un argument plus
concluant en faveur de mes clients. Voici les expressions du ma-
nuscrit : « Mon ami avoue lui-même, malgré sa conviction, que le
«pic était autrefois un coupable, expiant ses crimes, et à ce propos,
« il nous a laissé cette charmante légende de la mère Gertrude, que
«vous connaissez, qui fut bien justement châtiée de son endurcis-
147
«sement envers les pauvres et condamnée par Notre-Seigneur à
«errer toute sa vie, sous un béret semblable à celui du pic. Cette
« prédiction est assurément divine, car depuis dix-huit siècles le
«pie et la mère Gertrude ont encore le même béret. »
De ce que j'ai reconnu la mère Gertrude comme coupable, mon
honorable ami en tire comme conséquence que j’attribue au pic la
même culpabilité. En cela il se trompe complétement, car plus la
mère Gertrude a été coupable, plus le pic me parait innocent. En
effet, d’après les lois les plus élémentaires de la logique et les prin-
cipes les plus évidents de la justice, tout être jugé coupable envers
les autres, doit pour effacer ses fautes, être condamné à l’expiation,
c’est-à-dire à la satisfaction, à la réparation de tous ses méfaits. Or
jamais on ne répare ses fautes et ses crimes en en commettant de
nouveaux, et l’expiation suffisante ne peut avoir lieu qu’à la con-
dition que le-coupable fasse autant de bien qu’il avait causé de mal
autrefois. D'où 1l suit que la mère Gertrude, condamnée par Dieu à
réparer toutes ses actions opposées à la charité envers les hommes,
ne peut accomplir son expiation qu’à la condition de faire main-
tenant autant de bien qu’elle avait causé de mal autrefois; et pour
prouver à mon honorable ami que la mère Gertrude rend en eflet
des services, non seulement multipliés, mais encore diversifiés, je
transcris ici un passage de Mickiewiez : « Le pic est un oïseau chéri
« dans les steppes de Pologne et de Russie. Dans ces plaines peu
« boisées, il se dirige toujours vers les arbres; en le suivant on re-
« trouve un ravin pour se cacher, des sources plus tard, enfin on
« descend vers le fleuve ; sous la direction de cet oïseau on peut
«s’orienter et reconnaitre le pays. » (£es Slaves, t. I, p. 200.)
Comment ceux qui prétendent défendre le pic-vert, en admettant
que cet oiseau est utile parce qu’il perfore et fait périr un certain
nombre d’arbres, qui par leur trop grande multiplicité s’opposeraient
au véritable développement des autres, comment pourront-ils jus-
üfier l’existence et l’utilité de mes clients dans les immenses steppes
de la Pologne et de la Russie, où les arbres sont excessivement rares
et à une distance très-grande les uns des autres ?
Puis, les arbres étant si peu nombreux et cependant visités par les
148
pics, comment se fait-il que ces arbres puissent végéter, tous ne de-
vraient-ils pas être condamnés à une mort prochaine par les ravages
imputés à mes clients? Car si, dans les pays boisés, les proscrits dont
je défends la cause attaquent, d’après l’atlirmation de mon honorable
ami, presque tous les arbres sains et vigoureux, quel terrible ravage
ne doivent-ils pas exercer dans les contrées où le petit nombre
d'arbres ne leur permet pas de choisir le théâtre de leurs méfaits ?
Il faudrait ici terminer mon plaidoyer en faveur des pics, puisque
je crois avoir combattu victorieusement les accusations formulées par
mon honorable ami; mais comme je désire accomplir, en toute
conscience, la mission que j'ai acceptée dans l'intérêt de la vérité et
de l’agriculture, je combattrai M. de Baracé sur son propre terrain,
et je lui prouverai combien, sans le vouloir, il a exagéré la portée
de ses accusations. Puis je soumettrai à la méditation des juges de
ce procès, deux faits intéressants qui démontreront, jusqu’à une en-
tière évidence, qu'il est nécessaire d'étudier sérieusement une
cause avant de condamner, comme coupables, ceux que expérience
plus tard démontrera être innocents. Ils prouveront aussi que, s’il est
bon d'étudier les questions d’histoire naturelle ex plein soleil, ïl est
au moins tout aussi nécessaire de se laisser guider dans cette étude
par l’expérience des siècles passés. Il en est de ces études comme
des voyages qui s’exécutent à travers des parages semés d’écueils :
vouloir apprendre à les éviter par sa seule expérience, sans avoir
consulté avec une minutieuse attention les travaux de ses devan-
ciers, c’est presque toujours s’exposer à un naufrage certain. Je
cite les expressions du mémoire : « Le pic pond de cinq à sept œufs
« par année ; on peut lui en faire pondre jusqu’à douze, en en re-
« tranchant un tous les jours. Il y a seulement dix couvées par com-
«mune, il peut y en avoir le double. Je prends la moyenne de cinq
« œufs au lieu de sept; l’année qui vient, vous avez cinquante pics,
« celle d’après, cent vingt-cinq. Je m’arrête, fous auront envie de
«faire un trou pour se reproduire. Combien restera-t-il de bons
« arbres aux propriétaires de cette commune, au bout de dix ans? »
Telle est l'accusation formulée par mon honorable ami, et je
maintiens qu’avec de pareilles accusations, il plaide en faveur de
149
mes clients. Si la centième partie de cette accusation était vraie, il
est incontestable qu’à Valoncourt, et à plus forte raison dans les
domaines où on laisse les pics se multiplier tranquillement, il n’y
aurait plus depuis longtemps un seul arbre sain, surtout si l’on
admet le sentiment de M. de Baracé, qui pense que non-seulement
les pics font un trou chaque année, dans les arbres sains, pour se
reproduire, mais qu’ils se plaisent encore à les perforer non pour
trouver quelques insectes nuisibles, mais uniquement pour causer
des ravages et passer le temps. Et cependant l’accusation de mon
honorable ami est loin d’être complète, car il devrait admettre au
moins de soixante à quatre-vingts nids de pics-verts, par commune
de moyenne étendue, et dès lors il sera obligé de multiplier bien
davantage encore les dommages attribués à mes clients.
Afin de dissiper ces accusations chimériques, j'aborde le domaine
des faits, et je me transporte à Valoncourt, sur la propriété même
de M. de Baracé. L’allée qui conduit à l'habitation, était plantée de
cent peupliers, dont soixante-seize ont été abattus l’année dernière.
Ces arbres avaient quarante ans d'existence. 11 est de toute logique
que les peupliers étant de bois tendre, plantés dans un pays habité
par des légions de pics, aucun de ces arbres n’ait dû échapper à l’ac-
tion de leur bec tranchant, surtout dans le cours des quarante
années. Cependant il n’en est rien : quand ces arbres ontété abattus,
il a été constaté que, sur les cent arbres, quatre seulement portaient
des traces du travail des pies-verts; trois trous avaient de petites
dimensions, un seul arbre était perforé profondément dans une lon-
gueur de soixante à soixante-dix centimètres, dimension d’une ga-
lerie du cosse-gâte-bois. En réunissant les quatre plaies, le pro-
priétaire avait perdu une fraction d’un peuplier dans l’espace
de quarante ans. J'admets même que les quatre peupliers fussent
complétement perforés et perdus ; il s’agirait de prouver que les ser-
vices rendus par les pics dans cette même allée de peupliers, ne
l’'emportent pas de beaucoup sur la perte des quatre arbres. Or voici
l'exposé des services de mes clients,
Depuis plus de quinze ans, chaque automne, je profite à Valon-
court de l’aimable hospitalité que m'’offre M. de Baracé, et depuis
Xe 1
150
quinze ans, je voyais tous les jours, pendant les vacances, et surtout
dès le matin, des troupes de pics-verts venir s’abattre au pied des
peupliers. Là, pendant des heures entières, je les observais se livrer
à un travail incessant, tourner, retourner autour de ces arbres avec
une énergie que rien ne pouvait fatiguer. Que faisaient-ils? Mon
honorable ami n’estime pas assez mes clients pour croire qu’ils
travaillaient uniquement en vue de la gloire. Puis la gloire ne
pourrait guère nourrir et faire vivre, même les pics. Perforaient-ils
les arbres? Nullement. Ils visitaient les arbres depuis le sol jusqu’à
une hauteur de deux à trois mètres ? Cherchaient-ils des fourmis,
il n’y en avait pas l'apparence d’une seule. Après avoir examiné les
pics avec une grande attention et un grand nombre de fois, ce qui
prouve de nouveau à M. de Baracé que je ne borne pas mon étude
à la lecture des livres, je m’approchai du théâtre du labeur des pics,
et là je trouvai les grosses racines des arbres serpentant à la sur-
face du sol, dénudées entièrement, la terre recouvrant le pied des
arbres fouillée profondément, des monceaux de mousse jonchant le
terrain, et des traces multipliées d’un combat dans lequel un grand
nombre de victimes avaient été immolées. Quelles étaient ces vic-
times? Que M. de Baracé veuille bien se rappeler les peupliers
cités par M. Toussenel, et il sera forcé de convenir que ces victimes
étaient les ennemis de ses arbres, et que les pics les avaient arrêtés
dans leur œuvre de destruction.
Pourquoi, me demandera-t-on peut-être, pourquoi le pic-vert
visite-t-il, dès le matin, les racines et le pied des arbres? La réponse
à cette question me semble facile; de plus, elle manifestera encore
davantage la mission providentielle confiée à mes clients, et la solli-
citude paternelle de Dieu qui a prévu tout ce qui peut sauvegarder
les intérêts de l’homme.
Les arbres ne peuvent être pleins de sève et de vie qu’à la condi-
tion d’être délivrés des insectes qui souillent leur écorce, rongent
leur aubier, et établissent jusque dans leur intérieur des galeries
purulentes. À qui ce rude labeur est-il confié? au pic-vert. Cet oiseau
peut, à toute heure du jour, soumettre le milieu et le haut des arbres
à ses minutieuses investigations, sans s’exposer à un danger grave
151
ou à une mort à peu près certaine; 1l peut, dans les parties élevées,
échapper à ses ennemis et même au plomb meurtrier des proprié-
taires en décrivant des spirales autour des arbres. Malheureusement
il n’en est pas ainsi en ce qui concerne les racines et la base des
arbres. Là, le pic ne se trouve pas hors de l’atteinte des troupeaux,
des chiens qui les accompagnent, des bergers qui les surveillent,
des promeneurs qui trop souvent se plaisent à faire des victimes
innocentes. Dès lors il faut ou que le pic renonce à une partie de la
mission qui lui est confiée, ou qu'il ait recours à un moyen qui lui
permette d'achever son œuvre de dévouement, sans trop s’exposer
à un danger certain. Ce moyen, il le trouve en s'imposant un nou-
veau sacrifice dont il sera payé souvent par une noire ingratitude;
il diminue sor sommeil, et avant que les troupeaux, les bergers et
surtout les propriétaires ne circulent, il visite les pieds de tous
les arbres et scrute la surface de leurs racines. Puis quand le jour
s’avance, le pic remonte dans les régions plus élevées, où il continue
dans l’intérêt des propriétaires sa mission providentielle. J’ai constaté
bien des fois l'exactitude de cette observation à Valoncourt, et le
long des routes et des sentiers parcourus par les villageois et par les
voyageurs. Mon honorable ami a pu lui-même voir quelquefois les
pics, dès le matin, passer d’un arbre à l’autre dans l'allée de
peupliers de son domaine, visiter le pied des arbres jusqu’à une
hauteur de deux ou trois mètres, sans monter davantage. Cette ma-
nœuvre intelligente était répétée presque tous les matins.
La description que je viens de tracer d’après des observations
réltérées, prouve d’une manière bien précise quels sont les moyens
que prennent les pics pour se procurer leur nourriture de chaque
jour, et dès lors quels sont les services qu’ils rendent à l’agriculture
en préservant d’ennemis très-dangereux, les arbres qu’ils visitent. Il
me semble avoir aussi démontré que, lorsque mes clients perforent
les bois pour y découvrir et y saisir des insectes qui se sent réfugiés
dans leur intérieur, ce n’est qu’une exception à leur vie habituelle,
et encore cette exception est-elle utile aux intérêts du propriétaire.
Je continue mon explication sur les peupliers de Valoncourt. Le
cosse-gâte-bois pond de cinquante à soixante œufs, et chaque œuf
152
est déposé séparément des autres, afin qu’il puisse échapper plus
facilement à ses ennemis, et que les larves en éclosant, trouvent sans
se gèner mutuellement, la nourriture qui leur est nécessaire. Or si
quatre ou cinq de ces œufs, seulement, s'étaient dérobés chaque année
aux investigations des pics, que serait-il resté à mon ami de ses
cent peupliers, après quarante années? Qu'il veuille refléchir et ré-
pondre. Mais pour faciliter sa réponse et rendre plus exacte la sen-
tence des juges de mes clients, je vais transcrire un résumé des deux
faits historiques que j'avais annoncés précédemment ; cependant,
avant de donner ces détails, je tiens à faire part à M. de Baracé
d’une observation qu’il pourra lui-même très-facilement vérifier.
A un kilomètre d'Angers, se trouve une plantation de peupliers
formant, près des fours à chaux, une promenade peu tranquille,
visitée trop souvent par ceux qui recherchent des plaisirs bruyants
et trompeurs. C’est au milieu de ces peupliers qu’est situé le Grand
Tivoli, centre de divertissements populaires. C’est aussi près des bords
de cette promenade, que les pêcheurs plus ou moins novices vien
nent, tous les jours de la semaine, essayer de capturer poissons et
grenouilles. Enfin ce lieu champêtre voit assez régulièrement, deux
fois par semaine, des pensions nombreuses se livrer à de joyeux
ébats. Pour toutes ces raisons, les pics-verts ne peuvent, en paix et
à leur aise, visiter ces peupliers. Dès lors, si l'opinion de mon hono-
rable ami était fondée sur des faits sérieux, il devrait s’en suivre que
ces peupliers, plantés dans un terrain convenable et n’étant pas
perforés par les pics-verts, fussent pleins de vie et doués d’une
luxuriante végétation. Hélas! 1l n’en est rien. Des centaines sont
morts depuis quelques années, beaucoup d’autres languissent par
les ravages des larves d’insectes de toute espèce. J'ai enlevé, avec un
de mes amis, l'écorce soulevée d’un grand nombre de ces peupliers,
et j'y ai trouvé, à chaque arbre, trois, quatre et même jusqu’à
quinze galeries pratiquées entre l’écorce et le bois, quelques-unes
ayant 10, 20 et 30 centim. de longueur. Le détritus accumulé dans
ces galeries avait vicié la sève, entravé son épanouissement et occa-
sionné plus ou moins promptement la mort de ces arbres. Soutenir
que les larves qui creusent leurs galeries dans Paubier ne causent
153
aucun préjudice à la vigueur des arbres, ce serait partager l'erreur
de celui qui prétendrait que les maladies de peau ne font aueun tort
à la santé de l’homme. Si mon honorable ami n’est pas convaincu,
en vérifiant l'observation que je lui signale, des services rendus par
les pics, aux peupliers et aux autres arbres, il pourra du moins
constater que beaucoup d’arbres périssent sous l’action perforante
des larves de toute espèce.
Enfin, si j’appliquais à la question des peupliers de Valoncourt la
méthode de l'unité suivie en mathématiques, les cent peupliers vi-
vant pendant quarante ans, peuvent être remplacés par quatre mille
peupliers vivant pendant une année; or, quatre de ces arbres ayant
été attaqués par les pics, il s'ensuit évidemment, même d’après les
termes de l’acte d'accusation, que des centaines de mes clients unis-
sent leurs efforts pour perforer un arbre sur mille! Nous sommes
bien loin des conséquences indiquées par M. de Baracé, surtout
lorsque l’on réfléchit que ce calcul repose sur les griefs exposés par
mon honorable ami, griefs que j’ai admis sur sa parole et sans au-
eun contrôle, griefs qui se sont passés dans une localité où, selon
l'expression de mon contradicteur, les pics semblent prendre plaisir
à se réunir par légions.
Je passe aux faits historiques annoncés précédemment.
Frédéric IT, roi de Prusse, qui joignait à d’autres qualités un goût
très-prononcé pour les bonnes choses, aimait beaucoup les cerises
et surtout les belles cerises. Ce prince veillait avec une tendresse
royale sur les magnifiques cerisiers de son jardin de Postdam.
S’étant aperçu que les moineaux mangeaient les cerises, les autres
fruits et même les légumes précoces de son domaine privilégié, le roi
condamna à la proscription et à la mort, comme oiseaux nuisibles,
tous les moineaux de son royaume. Frédéric réunit ses familiers, et la
sentence de la proseription en masse de tous les moineaux de la Prusse
fut votée avecenthousiasme. Leroi philosophe était satisfait de donner
une nouvelle lecon de sagesse au Créateur. D’un autre côté, heu—
reux de pouvoir complaire au monarque, les courtisans criaient à
l’envi les uns des autres comme à la fin d’un discours officiel : «Que
les coupables, queles ennemisduroi soient à tout jamais/exlerminés !
154
vivent les cerises! ! vive le roi! ! » Ah! si Frédéric eùtpenséà faire, lui
aussi, une exhibition de plusieurs mètres cubes de noyaux de cerises,
comme preuves palpables de conviction contre les moineaux, s’il y eüt
joint un certain nombre de mannequins remplis de débris de petits
pois, quelques centaines d’hectolitres d’épis de blé pillés ou brisés, l’as-
sentiment des amisdu roi et leurs applaudissementseussent encore été
et plus vifs et plus énergiques. Les moineaux furent donc condam-
nés à un massacre général, et, pour assurer l'efficacité de la sentence,
Frédéric accorda une prime de six pfennings par couple de moi-
neaux immolés, c’est-à-dire trois centimes environ par tête de
proscrit, Dix mille thalers prussiens, d’une valeur de 3 fr. 75 pièce,
furent employés, la première année, à cette œuvre d’extermination ;
cent thalers, la deuxième année ; dix thalers, la troisième. La di-
minution considérable dans les primes prouve avec quelle énergie
on avait poursuivi les moineaux. Dans l’espace de trois ans, un
million deux cent treize mille sept cent cinquante moineaux avaient
été immolés dans l'étendue de la Prusse qui, n’étant pas encore
bismarkisée, avait une étendue beaucoup plus restreinte que celle
qu’elle possède aujourd’hui. L’Angleterre, la Hongrie, la Bohème,
etc., croyant bien faire, suivirent l’exemple de la Prusse. Les mo-
tifs sur lesquels était appuyée la proscription des moineaux étaien
bien plus plausibles, bien plus évidents que ceux qu’on allègue
contre les pics. Enfin les moïneaux sont beaucoup plus nombreux
que mes clients, car mon honorable ami ayant affirmé dans son
Mémoire, lorsqu'il s’agissait de reconnaître les services rendus par
les sitelles, par les mésanges, etc., que ceux que l’on attribuait aux
pics étaient très-peu multipliés puisque ces oiseaux sont peu nom-
breux, ne peut pas augmenter le nombre de ces proscrits lorsqu'il
s’agit de leur imputer des méfaits. En effet, si les pics sont peu
nombreux quand il s’agit de faire le bien, ils ne peuvent devenir
tout à couptrès-multipliés quand il s’agit de leur imputer des crimes.
En Prusse, en Angleterre, ete., les moineaux parurent donc être
très-légitimement condamnés, et à cause de leurs ravages persévé-
ranis, et à cause de leur nombre atteignant des proportions consi-
dérables. Cependant, la quatrième année après l’édit de proseription
159
des moineaux, c’est-à-dire dans celle qui suivit leur destruction com-
plète, des myriades d'insectes de toute espèce se répandirent sur la
Prusse; les fleurs des arbres fruitiers, leurs feuilles même furent
tellement dévorées, qu’il ne resta pas même à Frédéric des noyaux
de cerises, comme consolation. Le roi philosophe reconnut, ce qui
est assez rare, même de nos jours, qu’il s’était trompé et que Dieu
avait été plus sage que lui. Le prince leva l’édit de proscription, et
donna une prime de six pfennings par couple de moineaux que l’on
introduirait en Prusse. Il est à croire qu'il paya plusieurs fois la
prime pour le même couple, car il est évident que les moineaux in-
troduits dans le royaume ne pouvaient être enregistrés avec un nu-
méro d'ordre, et dès lors les mêmes oiseaux devaient être capturés
el primés plusieurs fois. Mais cette observation n’est qu’un détail
très-secondaire ; le point principal est laréhabilitation des moineaux
qui, rappelés en Prusse, en Bohême, en Hongrie, en Angleterre,
sont restés depuis cette époque, et malgré les plaintes des proprié-
taires, sous la sauvegarde des lois et la protection des sociétés d’a-
griculture. C’est ainsi que M. Guérin-Menneville, président de la
Société du Jardin d’acclimatation, a dit dans la Revue zoologique :
«Le moineau même, regardé comme si nuisible parce qu’il nous
«prend quelques grains de blé, rend largement à l’agriculture la
«valeur de cet emprunt, en détruisant pendant tout le reste de
« l’année une foule d’insectes qui nous feraient un tort bien autre-
« ment considérable. » (Tome VI, page 699.)
M. de Quatrefages a calculé qu’un couple de moineaux porte à ses
petits quatre mille trois cents chenilles ou scarabées par semaine.
(Souvenirs d’un naturaliste.) De cette observation, reposant sur
l'expérience d’un savant, on peut déduire facilement quels sont
les immenses services que les moineaux rendent à l’agriculture.
Aussi pourrais-je dire à mon honorable ami : Ab uno disceomnes,
par ce fait apprenez à juger les autres et à ne pas condamner ni
proscrire des espèces entières d'oiseaux. Si quelquefois ces espèces,
dans certains cas particuliers dépendant presque toujours du caprice
des hommes qui ont modifié les règles de l'harmonie établie par
Dieu, causent quelques ravages passagers, combattez ces ravages,
156
travaillez à ramener les choses dans l’équilibre ordinaire, mais ne
proscrivez pas. Faites pour les oiseaux ce que vous faites pour les
eaux qui débordent, prenez les moyens de les faire rentrer dans leur
lit habituel et n’allez pas plus loin. Je pourrais m’arrèêter là, mais je
dois, dans l'intérêt de mes clients et pour dissiper les préjugés de
leurs adversaires, devoir citer un autre fait de proscription.
Lorsque les îles Bourbon et de France appartenaient, sous cette
dénomination, à notre patrie, un gouverneur qui avait étudié l’his-
toire naturelle dans les livres, crut rendre un véritable service à ses
administrés, en introduisant dans les colonies confiées à ses soins
un certain nombre de martins-roselins, appelés acridatherus (de
AKRIs, sauterelle, et THÉrAÔ, chasser), oiseaux qu’il destinait à com-
battre la multiplication trop considérable des sauterelles, insectes
qui deviennent une véritable peste quand leur nombre s’accroît outre
mesure. Les martins-roselins accomplirent avec énergie la mission
qui leur était confiée, et les sauterelles cessèrent d’être un fléau
pour ces colonies. Ne trouvant plus de sauterelles en quantité sufi-
sante pour se nourrir, les martins-roselins cherchèrent tout natu—
rellement d’autres mets, et comme ces oiseaux sont de vigoureux
champions, ils firent de véritables razzias sur les graines et sur les
fruits. Aussitôt les propriétaires se réunirent en grand nombre; ils se
rendirent près de M. Desforge-Boucher, gouverneur général, et de
M. Poivre, intendant de la colonie, et demandèrent avec instance
la proscription des martins-roselins. À l’appui du tableau émou-
vant des ravages exercés par ces oiseaux, les propriétaires eussent
pu entasser les preuves matérielles des dégâts reprochés aux coupa-
bles, et en faire une colonne qui eût presque atteint la hauteur du
pic des Neiges. En face d’un pareil dossier, la proscription deve-
nait nécessaire. Les martins-roselins furent donc condamnés. Les
propriétaires se mirent à l’œuvre avec l’énergie qu’inspire une con-
viction puisée dans des études faites en plein air, sous l’influence
d’une chaleur tropicale. Bientôt il ne resta plus un seul martin-
roselin dans l’étendue des deux îles. La joie des propriétaires était
parvenue à son plus haut degré. Les coupables, les grands criminels
étaient exterminés, et pour célébrer un pareil triomphe et constater
1957
un pareil bienfait, on pensait à faire une illumination générale et
peut-être un feu d’artifice !! Mais hélas! la joie des triomphateurs
dura ce que dure un feu de Bengale! Bientôt les sauterelles, qui
n’étaient plus contenues dans de sages limites par la présence des
martins-roselins, se multiplièrent en si grand nombre que toutes
les récoltes furent dévorées, les feuilles et l'écorce des arbres telle-
ment rongées que la famine et la désolation s’étendirent sur la co-
lonie entière. Les propriétaires, qui presque toujours ne considèrent
que le présent et n’envisagent les questions d'histoire naturelle que
sous un seul point du vue, celui de leurs intérêts du moment, se
rendirent près du gouverneur général pour le supplier de faire au
plus tôt revenir les proscrits. Un navire fut envoyé dans PIndous-
tan afin de ramener une cargaison de martins-roselins. Ceux-ci
furent reçus comme des libérateurs et placés sous la sauvegarde des
lois. Les martins-roselins se mirent si bien à l’œuvre, que les sau-
terelles étant presque anéanties, ils durent, de nouveau, attaquer
les fruits et les graines pour subsister. Mais, avertis par une cruelle
expérience, les habitants de ces îles se résignent facilement à subir
un dommage qui les préserve d’un plus grand. En cela, je les loue,
car ils ne pensent plus à donner à Dieu une leçon de sagesse sur
l’harmonie générale de la nature.
J'ai dit que les propriétaires n’envisageaient que le moment pré-
sent, et que dès lors ils jugeaient les questions d'histoire naturelle
à un point de vue restreint, très-incomplet et très-faux. Pour dimi :
nuer ma responsabilité au sujet de cette grave accusation, je cite ici
un passage de M. Michelet : « L’avare agriculteur, mot juste et
«senti de Virgile (Géorgiques, Liv. IV, 47), avare, aveugle réelle-
«ment, qui proscrit les oiseaux destructeurs des insectes et défen-
«seurs de ses moissons. Pas un grain à celui qui dans les airs plu-
«vieux, poursuivant l’insecte à venir, cherchait les nids des larves,
«examinait, retournait chaque feuille, détruisait chaque jour des
« milliers de futures chenilles. Mais des sacs de froment aux insectes
« adultes, des champs aux sauterelles que l’oiseau aurait combattues !
« Les yeux sur le sillon, sur le moment présent, sans voir et sans
«prévoir, aveugle sur la grande harmonie qu’on ne rompt pas en
158
«vain, il a partout sollicité ou applaudi les lois qui supprimaient
« l’aide nécessaire de son travail, l'oiseau destructeur des insectes.
« Et ceux-ci ont vengé l'oiseau. Il a fallu en hâte rappeler le pros-
«crit. À l’île Bourbon, par exemple, la tête du martin était à prix,
«il disparaît, et alors les sauterelles prennent possession de l'ile,
« dévorant, desséchant, brülant d’une âcre aridité ce qu’elles ne
« dévorent pas. Il en a été de même dans l'Amérique du Nord, pour
« l’étourneau défenseur du maïs. Le moineau même qui attaque le
« grain mais qui le protége encore plus, le moineau pillard et ban-
«dit, flétri de tant d’injures et frappé de tant de malédictions, on a
«vu en Hongrie qu’on périssait sans lui, que lui seul pouvait sou-
«tenir la guerre immense des hannetons et des mille ennemis ailés
«qui règnent sur les basses terres ; on a révoqué le bannissement,
«rappelé en hâte cette vaillante /andwehr, qui, peu disciplinée,
«n’en est pas moins le salut du pays.
« Naguère près de Rouen et dans la vallée de Monville, les cor-
«neilles avaient été proscrites quelque temps. Les hannetons, dès
«lors, tellement profitèrent, leurs larves multipliées à l'infini pous-
«sèrent si bien leurs travaux souterrains, qu’une prairie entière
«qu'on me montra, avait séché à la surface; toute racine d’herbe
«était rongée et la prairie entière, aisément détachée, roulée sur
«elle-même, pouvait s’enlever comme un tapis...
« Que feras-tu, pauvre homme? Comment te multiplieras-tu ?
« As-tu des ailes pour suivre les insectes destructeurs ? As-tu même
«des yeux pour les voir? Tu peux en tuer à ton plaisir ; leur sécu-
«rité est complète : tue, écrase à millions, ils vivent par milliards,
« Où tu triomphes par le fer et le feu en détruisant la plante même,
«tu entends à côté le bruissement léger de la grande armée des
«atomes qui ne songe guèrè à ta victoire et qui ronge invisible-
«ment. » (L’Oiseau, pages 169 et suivantes.)
Je ne puis citer qu'une faible partie du passage où M. Michelet
prouve les services rendus à l’agriculture par tous les oiseaux, sans
aucune restriction. J’engage mon honorable ami à le lire tout entier
et à méditer ce qui concerne les corneilles, en se rappelant l’achar-
nement avec lequel un de nos collègues, naturaliste et surtout pro-
159
priétaire-agriculteur , poursuit ces oiseaux comme un véritable
fléau, causant des ravages sérieux à l’agriculture. Il sera alors facile
à M. de Baracé de se convaincre que l’on peut très-promptement se
faire illusion sur des questions d’histoire naturelle, quand on s’en
rapporte à ses seules observations. Puisque Virgile condamnait
déjà la manière dont les propriétaires agriculteurs jugeaient les oï-
seaux, il demeure constaté que mon opinion est loin d’être nouvelle.
Les expressions de M. Michelet et qu’il appuie sur ce texte de Vir-
gile, me semblent être très-justes, surtout dans cette circonstance. Le
propriétaire naturaliste dont il vient d’être question, était véritable-
ment avare et aveugle, en jugeant les corneilles, les freux, d’après
des observations superficielles et par suite fausses, Il surveillait depuis
longtemps les freux qu’il prenait pour des corneilles, parce que le
plumage de ces oiseaux est de même couleur ; il les voyait becqueter
les sillons, il crut qu’ils cherchaient la semence confiée à la-terre,
il fusilla quelques coupables, fit leur autopsie et trouva dans leurs
intestins une bouillie qui lui sembla être composée de grains de
blé. Dès lors le propriétaire cria vengeance, et demanda dans un
Mémoire l’extermination de toutes les corneilles. J'admets bien vo-
lontiers que la bouillie accusatrice ait été analysée par un chimiste,
et qu’elle ait été reconnue comme étant composée de grains de blé
plus ou moins digérés. Quelle sera la conclusion de cette analyse?
Que les freux, les corneilles avaient mangé quelques grains de blé.
Où était done leur crime, si cette nourriture était le mince salaire
d’un travail pénible et de services persévérants? Notre collègue agri-
culteur voudrait-il employer le même procédé et faire le même rai-
sonnement à l'égard de ses serviteurs les plus dévoués, les plus actifs?
Parce que leur estomac contiendrait une nourriture qui lui apparte-
nait, en conclurait-il qu’il faut les exterminer? Ce serait un singulier
moyen de multiplier les bras dont le savant agriculteur réclame le
concours qui fait de plus en plus défaut pour les travaux de la cam-
pagne. S'il veut disputer à ses serviteurs dévoués la nourriture qui
leur est nécessaire pour les soutenir dans leurs rudes travaux, il
mériterait la première des notes infligées par Virgile, celle d’avare.
Or s’il repousse avec indignation une pareille épithète si éloignée
160
de ses sentiments, pourquoi la mériter quand il s’agit d’une autre
catégorie de serviteurs intelligents et infatigables? Les corneilles,
les freux rendent-ils des services réels à l’agriculture? S'il en est
ainsi, consentez donc à les nourrir quelquefois. Ne soyez pas avare
et cessez d’être aveugle. Réfléchissez sur les courtes observations
que je vous soumets en toute franchise. Pourquoi trempez-vous
maintenant vos semences dans du sulfate de cuivre? Pourquoi les
placez-vous sous la protection du vert-de-gris? C’est, me répondez-
vous, pour les protéger contre les attaques des insectes, des vers de
toute espèce qui dévorent de plus en plus toutes les semences ; telle
sera certainement votre réponse. Mais autrefois avait-on recours à
ce moyen? Non. Autrefois proscrivait-on les oiseaux, les corneilles,
comme on le fait aujourd’hui? Non. Les semences se développaient
tout aussi bien et même beaucoup mieux, parce que les freux, les
corneilles dévoraient par millions les ennemis de vos semences. Vous
vous plaignez aussi que les perdrix disparaissent, et vous les empoi-
sonnez. Et votre famille sera-t-elle plus pleine de santé quand son
pain aura été composé avec le grain d’une semence trempée dans
du sulfate de cuivre? Ne soyez donc plus ni avare ni aveugle; laissez
les oiseaux accomplir leur mission providentielle, et vous en retirerez
de sérieux avantages.
Je voulais terminer ici mon plaidoyer en faveur de mes clients,
déjà peut-être est-il trop long, mais je ne puis résister au plaisir
de citer un article très-curieux que je trouve dans l’Union de P Ouest,
du 27 septembre 1867. Il est intitulé : Oratio pro crocodilis, discours
pour la conservation, le développement de la famille des crocodiles.
Si mon honorable ami introduit cette invocation dans ses prières,
Les pics seront mille fois justifiés. Voici cet article : « Le Moniteur,
« vous ne l'avez pas oublié, racontait récemment les mesures sani-
« taires, prises à la Mecque, à la suite de la conférence internatio-
« nale de Constantinople, pour éviter à l’avenir le choléra et ses
« ravages. On a pu voir que, malgré les conseils hygiéniques, le
« choléra n’en est pas moins venu s’abattre de nouveau sur le pour-
«tour occidental de la Méditerranée, sans qu'on puisse dire cette
« fois que l'infection est venue par un navire ayant touché à Mar-
161
« selle ou dans tout autre port. On en a été réduit à parler d’un en-
« fant qui aurait rapporté sans le savoir le choléra à Palerme ou dans
« je ne sais quelle autre ville. Mais l’Académie des sciences vient d’en-
«trevoir une cause qui, si elle existe, et je crois qu’elle existe, ren
« drait les Anglais bien autrement responsables du choléra que les
« pèlerins musulmans, leurs sacrifices de moutons et leur malpropreté.
« Et d’abord posons en fait que si les cadavres du Gange, si les
« débris de matière animale laissés sans sépulture étaient la seule
« ou la principale cause du choléra, l'effet d’une cause ancienne se
« serait fait attendre bien longtemps, car l’usage de jeter dans le
« Gange les cadavres humains, ou même de les laisser sans sépulture
« sur le rivage, remonte à la plus haute antiquité. Et cependant
« l'apparition du choléra dans le midi de l'Europe ne remonte qu’à
« l’année 1832. On a dit qu’il était arrivé parmi nous à la suite
«d’un mouvement des armées, mais sous le premier Empire, il y
« avait eu depuis Cadix jusqu’à Moscou des mouvements d’armées et
«des champs de bataille bien autrement jonchés de morts qu’en
«1831 ou 1832. Il a donc fallu chercher d’autres causes du choléra,
«et voici ce qu'on croit avoir découvert.
« Si l’usage de jeter les cadavres dans les eaux du fleuve sacré
« ou de les abandonner sans sépulture sur le rivage, est de la plus
« haute antiquité, la nature semblait avoir placé à côté du mal le
« préservatif, et voici en quoi il consistait.
« Le Gange avait pour hôtes des crocodiles en grand nombre, non
«pas de l'espèce du caïmañ ou alligator, qui s’attaque à l’homme
« debout ou vivant, mais des crocodiles qui ne mangent que de la
« chair morte. La, science appelle ce crocodile le gavial, il a le mu-
« seau cylindrique et plus allongé que le museau du caïman et les
« dents disposées autrement.
«Or, il est arrivé que les Anglais de Calcutta croyant faire une
« œuvre humanitaire, ont organisé des chasses sur le littoral du
« Gange, dans le but de faire disparaître le gavial comme dans nos
« forêts nous avons à peu près fait disparaître le loup, le renard et
«le sanglier. Les cadavres n’étant plus absorbés et transformés en
« chyle crocodilien, sont allés embarrasser et infecter le Delta.
162
« L'homme a parfois des idées progressistes qui lui viennent d’un
« grand fond de stupidité et d’ignorance. Il a une sorte de répu-
«gnance naturelle pour les oiseaux et les insectes qui, à la manière
« des crocodiles, des corbeaux, des pics, des araignées, rendent de
« véritables services. On dit que la taupe n’a pas d’yeux; ce sont
« ceux qui tuent la taupe qui sont des avéugles ; car toutes les fois
« qu’un champ a été labouré en dedans par une taupe, on est bien sûr
« qu'iln’y viendra pas de mauvaises herbes, et que les récoltes ne se-
« ront pas dévorées par les insectes nuisibles à l’agriculture, auxquels
« dans ces dernières années M. Delamarre avait déclaré la guerre.
« Je crois donc que les Anglais de Calcutta feront bien de ne plus
« détruire les crocodiles du Gange, s’il en reste. »
Ainsi d’après ce témoignage, l’Académie des sciences n’est pas
éloignée de reconnaitre qu’une des causes les plus probables de
l'invasion du choléra en Europe, est la destruction presque com-
plète du gavial, qui a reçu de Dieu la mission de faire disparaître
les cadavres et les immondices de toute nature qui séjournent dans
les fleuves de certaines contrées. Ces terribles amphibies, qui attei-
gnent une longueur de cinq à six mètres, exerçaient au fond des
eaux la même mission que les cathartes et les vautours remplis-
sent dans les déserts et sur le sommet des montagnes, en dévorant
les débris putrifiés des animaux propres à engendrer des émanations
pestilentielles, dans les endroits où l’homme ne peut pénétrer pour
les faire disparaître lui-même.
L'opinion émise par l’Académie des sciences avait déjà été imdi-
quée par M. Toussenel. « On sait, dit ce profond observateur, que
« l’horrible fléau qui fit sa première apparition en. Europe en 1832,
« a pour foyer le Gange et pour causes les émanations pestilentielles
« des cadavres que la superstition locale charrie journellement aux
«eaux sacrées du fleuve. Aussi longtemps qu'il s’est trouvé sur
«les lieux assez de grands estomacs pour servir de tombe à ces
«restes, la contagion a pu se concentrer autour de son foyer, mais
« du moment que la production du cadavre en a dépassé la con-
«sommation, l’irruption en dehors est devenue inévitable. » (Orn:-
tholoqie passionnelle, t. 1, p. 376, 2° édition.)
163
Je m’arrête, car je crois avoir prouvé surabondamment par des
faits, par des témoignages nombreux, par des raisonnements s’ap-
puyant sur des observations sérieuses et réitérées, que les griefs
reprochés aux pics-verts ne sont pas fondés, et qu’ils s’évanouissent
au flambeau d’une discussion véritablement scientifique. Si je me
suis étendu longuement sur la proscription des moineaux, des mar-
tins-roselins, si j’ai indiqué celle de l’étourneau, des corneilles et
même celle du gavial, ce n’était pas m’éloigner de mon sujet, mais
bien évidemment fortifier la thèse que je défends en prouvant que
d’après la sagesse de Dieu, tous les êtres forment un anneau de la
chaîne établie par sa providence pour l'harmonie générale, et que
toutes les fois que l’homme brise un de ces anneaux, il travaille contre
ses propres intérêts, comme le prouvent les faits que j'ai énumérés.
De plus, la conséquence de toutes ces expériences subies aux dépens
del’homme, devrait déterminer mon honorable ami àne passuivre plus
longtemps une voie dangereuse, et à retirer son édit de proscription.
Il me semble qu’il ne me reste plus pour gagner complétement la
cause de mes clients qu’à fournir des preuves matérielles d’un poids
aussi considérable que celles que M. de Baracé a fait transporter
dans un chariot. Sous ce rapport même, la victoire me paraît en-
core assurée, car J'ai en réserve, pour les soumettre à l’examen des
juges de ce procès quand ils le croiront convenable, des témoins à
décharge d’une pesanteur écrasante et qui, en attestant les terribles
ravages exercés par les larves dans l'intérieur des arbres sains et à
des hauteurs différentes, prouveront que les services rendus par les
pies-verts en détruisant ces larves, ne sont pas chimériques mais
bien réels.
Je termine mon plaidoyer en faveur de mes chers elients, par
deux citations qui résument mon opinion. La première est em-
pruntée à un ouvrage classique rédigé par M. Lelion-Damiens,
ancien inspecteur des études au collége Sainte-Barbe, la voici :
« Si les oiseaux que nous détruisons sans pitié cessaient de nous
« défendre contre les insectes, ces infiniment petits nous auraient
« vite réduits à la famine. L'homme alors mourrait de misère, après
«avoir rompu de ses mains l'équilibre préétabli dans les œuvres
« divines. » (Lectures, page 2.)
164
La seconde est de M. Guérin-Méneville. Ce savant, après avoir
approuvé un article de M. le baron de Muller, sur la protection düe
à tous les oiseaux, ajoute ces quelques lignes : « Il existe un moyen
« de conserver les fruits du travail des cultivateurs; le créateur de
« l'équilibre terrestre avait établi ce moyen, l’homme l’a paralysé,
« l’a en partie déjà détruit. Il ne s’agissait pourtant que de conser-
«ver et de protéger les oiseaux.» (Revue zoologique, tome VI,
page 698.)
Pic à la recherche d’une larve.
Le savant continuateur de M. Dégland, M. Gerbe, s'exprime
ainsi dans la magnifique édition de son Ornithologie européenne :
« Les Piccidés forment une famille très-naturelle, fondée non-seule-
« ment sur des caractères physiques, mais encore sur les mœurs et
« les habitudes. Ils sont solitaires, nichent dans des trous naturels
«qu’ils agrandissent quelquefois. Au lieu d’être des oiseaux destruc-
«teurs, comme on le croit généralement, ils sont au contraire
«excessivement utiles à la sylviculture et à Pagriculture en ce qu’ils
«consomment considérablement d'insectes et de larves nuisibles à
«nos forêts et à nos vergers. » (Édition de 1867, t. 1, page 147).
165
C’est sous l’impression de l'opinion émise par M. Gerbe et par
tous les naturalistes que j’ai eru rendre service à la sylviculture et
à l’agriculture en défendant la famille des Pics condamnés à une
proscription générale par mon honorable ami. Je crois mon plaidoyer
d'autant plus nécessaire que, dans la séance du mois de janvier 1868,
mon contradicteur a soutenu que les naturalistes de tous les temps,
de toutes les contrées de l’univers, s’étaient trompés sur les mœurs
et même sur la fonction de la langue du pic-vert, que cet oïseau
se nourrissait presque exclusivement de fourmis, que sa langue était
organisée plutôt pour saisir des fourmis que pour capturer des in-
sectes et des larves, d'où il résultait que le pic ne rendait aucun
service, qu’il ne causait que des ravages, en perforant les arbres
les plus sains des forêts et des propriétés, que dès lors, n’ayant
plus de raison d’être, il devait être proscrit, surtout lorsqu'il était
constant qu’une poule détruisait plus de fourmis en deux jours qu’un
pic dans un an! que les courses des pics autour des arbres qu'ils
visitent en décrivant des spirales de bas en haut, queles coups de bec
qu'ils donnaient sur les écorces et sur les mousses, n’étaient que des
passe-temps non pas même inoffensifs, puisqu'ils n’offraient à ces
oiseaux qu'un moyen de plus de faire du tort aux arbres et par
là même aux propriétaires. Enfin, le pic considéré à ce point de
vue serait l’être le plus coupable de toute la création, car il serait le
seul qui ferait du mal uniquement pour le mal, et non pour se défen-
dre ou pour se nourrir. C’est ainsi qu’en foulant aux pieds les notions
les plus évidentes et les plus élémentaires de la science et de l’obser-
vation, l’on parvient à répandre et à populariser des préjugés dont la
conséquence immédiate est la proscription en masse d’une multitude
d'espèces d’oiseaux si utiles aux véritables intérêts de la propriété.
Si le pic doit vivre de fourmis qui se trouvent généralement à terre,
pourquoi est-il constitué pour grimper? S’il doit se nourrir réguliè-
rement de fourmis, comment expliquer qu’il est rare, très-rare dans
les pays de plaines où les fourmis abondent, et qu’il est très-multi-
plié dans les forêts où ces insectes se rencontrent peu ou point?
Je ne dois pas finir ce plaidoyer en faveur des Pics, sans avoner
qu'il m'a été très-pénible de combattre avec une énergie persé-
x 12
166
vérante les opinions avancées par un collègue que j’aime et que j'es-
time sincèrement; mais je devais avant tout, rester fidèle à la devise
que j'ai adoptée : « Amicus Plato, sed magis amica veritas ; Jaime
Platon, mais j'aime encore mieux la vérité. » C’est pourquoi je me
permets de répéter en toute simplicité à mon honorable ami, que
pour qu’une étude soit vraie, il faut qu’elle soit sérieuse, c’est-à-
dire, appuyée non pas sur dés impressions mobiles et irréfléchies,
mais sur des observations incessantes, vivifiées , éclairées par les
études des savants qui ont traité les questions que l’on désire soi-
même approfondir. Si M. de Baracé eût suivi la véritable mé-
thode, il ne serait pas tombé dans une série de contradictions qui
détruisent tout le système d'attaque qu’il a essayé de formuler. Ainsi
dans la séance du mois de janvier 1868, il a émis cette opinion «que
le pic se nourrit presque exclusivement de fourmis, que c’est un véri-
table fourmilier. » Ou cette assertion repose sur des observations
sérieuses, réitérées, ou elle est le résultat d’un rêve de imagination ;
dans le second cas elle ne mérite aucune confiance, dans le premier
elle ne peut s’accorder avec une affirmation faite par M. de Baracé
dans le mois de mars 1867 ; cette affirmation la voici : « Le pic
ne peut attaquer les fourmis avant la récolte des blés ou des foins.
Mais alors que lui en reste-t-il? La visite est faite par d’autres
oiseaux, lui seul ne peut la faire. » M. de Baracé prétend que ses
études ne sont pas faites dans le silence du cabinet, où l’on apprécie
mal les questions d'histoire naturelle, mais « dans la vie active
« des champs et en plein soleil. » Or pendant près de quarante ans
M. de Baracé a vu que les pics ne mangeaient pas de fourmis avant
la récolte du blé et des foins; pendant près de quarante ans il a cru
voir ce qu’il ne voyait pas, ou plutôt il n’a pas vu ce qu'il eût pu
voir, puisque depuis la séance du mois de mars 1867, il a cons-
taté que les estomacs des pics-verts tués à différentes époques de
l’année et préparés par ses soins ne contenaient que des fourmis.
De plus, mon honorable ami avait affirmé que non-seulement
avant la moisson, mais encore après cette époque les pics ne man-
geaient pas de fourmis; voici comment il formulait cette nouvelle
assertion : « De même encore, disait-il, dans les plaines d’une cer
167
« taine étendue où tous les coléoptères, fourmis rouges et autres 'four-
« millent et pullulent, voit-on beaucoup de pics ? Relativement non,
«et IL NE PEUT Y EN AVOIR comme ailleurs. Pourquoi ? Les arbres sont
« rares, éloignés les uns des autres. Ce vaste domaine revient aux
« Huppes et aux Traquets. » Aïnsi donc, mon honorable ami, pen-
dant quarante ans, n’a pas vu les pics-verts manger des fourmis dans
les blés, dans les prairies, et même dans les plaines ; or maintenant
il avoue que cette assertion dont la fausseté eût été si facile à cons-
tater, reposait sur des faits qui n’existaient pas, et qu'il est forcé de
reconnaitre que ce sont les pics qui remplissent la mission qu’il attri-
buait aux Huppes et aux Traquets ! que les Huppes et les Traquets
qu’il croyait voir dans la prairie n’étaient par là même que des pics-
verts ! Je comprends très-bien qu’en concédant aux pics, pour leur
nourriture, toutes les fourmilières, on puisse ensuite dispenser ces
oiseaux de chercher beaucoup d’insectes et de larves sous et sur les
écorces et même dans l’intérieur des arbres. Mais en évitant une diffi-
culté, mon honorable ami tombe dans une autre ; je le prie en effet de
vouloir bien expliquer quel est le procédé qu’emploie le pic-vert
pour se procurer des fourmis lorsque l'herbe des prairies n’est pas
fauchée, lorsque les blés ne sont pas coupés? Le pic est essentielle
ment grimpeur, il n’est pas marcheur ; or il me semble que pour
trouver les fourmis dans les sillons, dans les prairies, il faut courir
comme les caïlles, les perdrix, les râles, à travers les blés et les herbes;
or comment courir quand on ne peut pas marcher ? comment par-
courir soi-même de longs espaces quand on a les jambes paralysées
pour la marche? Il est de toute évidence que la course seule
pourrait, à cette époque de l’année, procurer aux pics-verts leur
nourriture presque exclusive. Comment, en effet, trouveraient-
ils les fourmis, lorsque les moissons et les longues herbes des
prairies, dérobent ces insectes à leur vue ? Puis comment les
nombreux pics-verts qui ne sortent pas des immenses forêts
qu'ils habitent, trouveront-ils dans ces forêts des fourmis et
des fourmilières? sont-elles en rapport avec la grande quantité
des pics qui y établissent leur séjour? Enfin, pourquoi les
pics sont-ils plus nombreux là où les fourmis sont plus rares ? Je
168
résume ainsi cette dernière question : dans la séance du mois de
mars 1867, mon honorable ami divisait l’année en deux parties,
‘l’une avant la moisson, l’autre après. Ses études de quarante ans
l’engageaient à affirmer que pendant la première époque de l’année,
les pics ne pouvaient pas manger de fourmis, et que pendant la se-
conde, cette nourriture était le partage des Huppes et des Traquets.
La conclusion rigoureuse de cette aflirmation, motivée sur une
longue expérience, était évidemment que les pics ne vivaient pas
de fourmis. Et cependant il ajoute : «le pic élève pourtant ses petits
avec des fourmis, » puis mon honorable ami entre dans des déve-
loppements qui prouvent que les fourmis ne sont pour les pics-verts
qu’une nourriture passagère et exceptionnelle. Il s'agissait donc
d'indiquer une autre nourriture pour les pics-verts ; car on ne peut
admettre qu'ils soient condamnés à un jeùne perpétuel. Il fallait
forcément revenir aux insectes capturés sur les arbres. C’est alors
que M. de Baracé, s'appuyant sur sa même expérience, affirme
dans le mois de janvier 1868, que les pics-verts ne vivent que de
fourmis, puisque les estomacs de nombreux sujets qu’il a tués à
différentes époques et dans différentes localités ne contenaient que
des fourmis !
Enfin, il y a une règle générale que mon honorable ami a pu
vérifier bien des fois, c’est que, dans toutes les espèces d’oiseaux,
le père et la mère apprennent à leurs petits, dès que ceux-ci
peuvent sortir du nid, à capturer la proie qui doit leur servir
de nourriture habituelle. Les petits pics-verts descendent-ils à
terre pour saisir des fourmis? Que mon honorable ami veuille
donc bien se rappeler la narration que j'ai eu le plaisir d'entendre
de sa bouche, lorsqu'il aimait à raconter qu’il avait observé de
jeunes pics-verts, sortant et rentrant dans le trou qui les avait vus
naître, après avoir capturé, sous l’influence d’un beau soleil et sous
la direction de leurs parents, des pléiades de petits insectes cachés
dans les fissures des écorces.
J'abandonne à M. de Baracé le soin difficile de concilier, s’il
le peut, ses affirmations contradictoires. Ce résultat, je le désire
et Je l’attends.
169
Quant à moi, je ne modifie en rien mes assertions ; ma conviction
reste toujours la même et ne fait que se fortifier. Dans la cause que
je défends, mon sentiment ne découle pas d’appréciations plus ou
moins chimériques, il repose sur des faits multipliés, incontestable.
J'ai vu, bien des centaines de fois, des pics-verts visiter les arbres
de bas en haut, capturer des insectes de toute espèce sur et sous les
écorces, je les ai vus, comme les ont vus tous les naturalistes de
tous les temps, de toutes les contrées, je les ai vus frapper les
arbres à coups redoublés, tourner rapidement du côté opposé pour
saisir des insectes que l’ébranlement communiqué à larbre avait
fait sortir de leurs retraites, je les ai vus appuyer l'oreille sur l’é-
corce de l'arbre pour écouter la marche ténébreuse des larves, puis
perforer avec rapidité le bois qui les séparait de la proie qu’ils con-
voitaient, je les ai entendus jeter un cri de satisfaction quand ils
avaient capturé cette proie. Je dis donc de nouveau, avec toute l’é-
nergie dont je suis capable : les pics vivent de fourmis quelquefois,
et surtout au moment de la nidification, de guëêpes et d’abeilles
dont ils ravagent les essaims, dans les temps de disette; mais le
plus souvent, ils se nourrissent d’insectes et de larves nuisibles aux
arbres, ils rendent par là même de véritables services, ils sont très-
utiles à la sylviculture.
Je concois très-bien qu’on puisse différer d'opinion sur l'utilité
des pics, selon que l’on apprécie d’une manière trop exclusive ou
les services que ces oiseaux rendent, ou les ravages qu’on leur
attribue; car dans ce cas, il s’agit simplement d’une appréciation
reposant sur les mêmes faits, mais envisagés à des points de vue diffé-
rents ; ce que je ne concois pas, c’est que pour faire pencher la balance
du côté de la condamnation des pics, on se fasse illusion au point de
formuler des assertions contraires aux observations de toute sa vie,
observations que j'ai faites moi-même bien des fois avec mon
honorable ami, observations conformes à la logique, à l'expérience
de tous les siècles, et au nom desquelles je proteste dans l’intérêt
de la vérité et pour l’honneur de la Sociéte Linnéenne de Maine-
et-Loire. ) |
Si, au reste, dans le cours de cette polémique, je m'étais servi de
170
quelques expressions un peu trop vives pour rendre plus énergi-
quement ma pensée, Je les retire d’avance comme opposées à mes
sentiments les plus intimes et au seul but que je me suis proposé,
celui de faire triompher la vérité. Et pour faciliter encore ce résul-
tat, où tendent nos efforts communs, que M. de Baracé veuille bien
demander aux marchands de bois de construction, si, d’après leur
expérience de tous les jours, ce sont les pics-verts ou les larves qui
font le plus de tort aux arbres.
J’eusse désiré ne défendre les pics que dans l’enceinte des réunions
habituelles de la Société Linnéenne ; mais j'ai cru devoir, au mo-
ment du concours, élever publiquement ma faible voix en faveur
de mes clients, afin de trouver dans la science éclairée des juges
de ce concours, une précieuse autorité et un puissant appui.
L'abbé VinceLor,
Chanoine honoraire, aumônier de la pension
Saint-Julien.
Angers, 4er février 1868,
171
Mon Mémoire était imprimé quand on m’a communiqué une
épreuve définitive de la seconde réponse de M. de Baracé. Je n'ai
nullement l'intention de parcourir les différentes assertions de mon
honorable ami, ce serait prolonger encore un débat déjà trop long ;
cependant je ne puis m'empêcher de signaler à l'attention de mes
lecteurs deux passages de ce nouveau travail. Voici le premier : « Je
vous ai fait voir tous les auteurs en désaccord entre eux sur le
même sujet, c’est que pas un ne s’est rendu compte de ce qu’il a
publié. » Cette affirmation, si peu gracieuse pour tous les savants
qui, dans la longue série des siècles, se sont occupés des questions
d'histoire naturelle, eùt dû être prouvée par des textes multipliés et
contradictoires, puisés dans les ouvrages des ornithologistes et des
entomologistes. Malheureusement, M. de Baracé $’est contenté de
citer deux ou trois textes d'anciennes éditions, sans se préoccuper
des nouvelles, Et encore ces textes ne sont-ils nullement opposés à
la cause que je défends. L’assertion de mon honorable ami se trouve
réfutée par les nombreux passages des auteurs anciens et modernes
relatés dans mon Mémoire, passages qui démontrent que sur la
question controversée 1l y a eu toujours un accord à peu près una-
nime.
Je passe à la seconde citation : « Si je vous montre le bec, la
langue, et tout l'appareil digestif du pic et que vous ne trouviez dans
trente-cinq cas, de dates différentes, aucune trace de ver, mais bel
et bien toujours, un sac bourré de fourmis ;
« Si je vous dis que les pics sont morts de faim, par 14 degrés de
froid et qu’on les a relevés sous la neige, pendant qu’ils pouvaient,
au dire des auteurs, trouver, sous l’écorce des arbres ou dans leur
intérieur, des réserves, des vers ou des fruits ;
« S1je vous dis que les petites espèces de grimpeurs n’ont point eu
à souffrir de cette même température, etc. »
Pour justifier ces dernières assertions, M. de Baracé n’eüt pas dû
montrer aux membres de la Société Linéenne un pic épeiche qui
avait partagé le sort des deux pics-verts. Est-ce que le pic épeiche
n’appartient pas aux petiles espèces de grimpeurs? Serait-il mort
parce qu’il ne trouvait pas de fourmis? Mais il ne s’en nourrit pas.
172
Et les deux sitelles que l’on m’a envoyées de la commune de Tiercé,
ont-elles succombé parce que la neige dérobaït à leurs recherches les
fourmis qu’elles ne mangent pas? N'y aurait-il pas une cause com-
mune de la mort des pics-verts, des pics épeiches, des sitelles, ete. ?
Ne serait-ce pas le froid qui empèche ces oiseaux de chercher leur
nourriture? Est-il facile, possible même, de grimper quand le froid
engourdit les membres ?
Est-ce que les fourmis, chaque année, pendant toute la saison
rigoureuse de l’hiver ne sont pas plongées au fond de leurs gale-
ries scuterraines dans un engourdissement qui les rend immo-
biles? Est-ce que les pics vont les poursuivre dans ces retraites
intérieures ? Si telle est l’opinion de M. de Baracé, qu'il l’affirme et
qu’il la prouve? Mon honorable ami résoudra ainsi un problème
très-difficile en indiquant le procédé employé par le pic pour décou-
vrir, dans son vol saccadé, la galerie souterraine des fourmis dont
aucun indice extérieur ne révèle l'existence, pendant l'hiver.
Je trouve encore cette étrange assertion : « Je ne parlerai point
en ce moment, de l’espèce de larves perforeuses que tous les auteurs
annoncent et que pas #n n’a nommée, ce qui pourtant mérite de
fixer votre attention. » Il suffit de signaler de pareilles affirmations
pour qu'elles soient réfutées, car elles sont opposées aux notions les
plus élémentaires de l’ornithologie et de l’entomologie. M. de Baracé
trouvera les larves per foreuses, nommées dans mon Mémoire d’après
les textes nombreux des vrais savants qui ne peuvent cependant
avoir aucune autorité, dans cette controverse, puisque d’après M. de
Baracé «pas un ne s’est rendu compte de ce qu’il a publié. » Ce
qui me console, c’est, dans la condamnation que porte contre moi
mon honorable ami, de me trouver associé à tous les auteurs qui,
dans fous les siècles, se sont occupés des études ornithologiques.
L'abbé ViNcELoT.
ÉTUDES
D'ÉCONOMIE RURALE
I. Sur les races bovines du département de Maine et Loire. — II. Sur la
culture des bois taillis, les soins et les précautions qu’ils exigent afin d’être
maintenus en bon état. — TITI. Petite histoire. Conseils donnés par un agri-
culteur à son confrère, sur l'utilité et la fabrication des engrais. — IV. Une
conversation entre cultivateurs, sur les concours d'animaux domestiques. —
V. Constructions rurales.
.….. Pater ipse colendi
Haud facilem esse viam voluit.
I.
RACES DOVINES DU DÉPARTEMENT DE MAINE-ET-LOIRE.
Nous avons dans le département de Maine-et-Loire deux races
bovines bien tranchées, la race mancelle et la race choletaise. Les
caractères distinctifs de cette dernière, sont presque identiquement
les mêmes que ceux de la race nantaise : et toutes les deux se relient
étroitement à la race du Poitou, dont elles sont les sous-races.
Ces sous-races ou variétés de la race poitevine, qui lui sont évi-
demment supérieures, doivent être considérées comme de véritables
aborigènes, dont le naturel sauvage a été vaineu et s’est assoupli
sous la main de l’homme, dont ils sont devenus les dociles servi-
teurs.
<: 43
' 174
Nous devons à la plume élégante de M. de Sourdeval une intéres-
sante description des caractères de ces deux sous-races, à laquelle
il faut toujours revenir, car elle est parfaite. Nous voudrions la
citer en entier, ce serait aller trop loin, et quelques fragments se-
raient insuffisants; nous préférons donc la recommander aux per-
sonnes qui ne la connaissent pas, elles y trouveront certainement,
ce qu’on a pas toujours le bonheur de rencontrer dans une œuvre
de ce genre, nous voulons dire, une connaissance approfondie du
sujet, d’excellents conseils, et de justes considérations présentées
sous une forme charmante.
Nous ignorons ce qu'était à son origine la race mancelle, plus
généralement répandue dans la province du Maine dont elle rappelle
le nom, et particulièrement dans la partie nord-ouest de notre dé-
partement, surtout dans les cantons du Lion-d’Angers, de Segré et
Châteauneuf.
Cette race a été depuis fort longtemps modifiée et profondément
altérée dans sa constitution, par le mélange du sang d’animaux
appartenant aux races suisse et hollandaise. Aussi doit-on la
regarder aujourd’hui, comme le résultat de ce mélange. Elle n’est
plus, ainsi que la race poitevine et ses variétés, un produit de notre
sol.
M. Magne, dans son excellente étude sur nos races d’animaux do-
mestiques, après en avoir donné une description, qu’il est mutile de
mettre sous les yeux des habitants de lAnjou dont cette race est
parfaitement connue, s’exprime ainsi sur ses qualités et ses défauts :
— « Passablement travailleuse pour le pays, cette race prend bien
la graisse, donne de la bonne viande, mais elle a des membres gros,
une tête forte et des os lourds, c’est une de celles qui ont le plus d'os,
relativement à la quantité de viande. La vache est mauvaise pour
le lait, elle peut à peine nourrir son veau, et tarit de suite après
le sevrage. » Cette appréciation de la race mancelle nous paraît juste
et vraie. Aussi les cultivateurs des contrées où on l’élève presque
exclusivement, n’ont pas tardé à reconnaître qu’il était important
de corriger ses défauts par des croisements judicieux, et depuis plu-
sieurs années ils ont à cette fin employé comme reproducteur, le
175
taureau de race anglaise de Durham. Par ce croisement, ils sont
parvenus à diminuer le volume de leur race, ils ont rendu ses pro-
duits plus précoces par un élevage bien entendu, et nulle part en
France on ne rencontre, il faut l'avouer, une autre race pour la-
quelle ce mode d’amélioration soit aussi bien approprié.
Cependant cette amélioration par un croisement de race anglaise
a soulevé bien des objections, bien des reproches au point de vue de
la qualité de la viande, de la part des herbagers normands, et sur-
tout de la part des bouchers. Les éleveurs n’en ont pas tenu compte ;
persuadés comme ils le sont, qu’il est avantageux de remplacer le
bœuf par le cheval dans les travaux de la culture, ils ont dù cher-
cher le moyen de vendre le plus tôt possible leurs bœufs, qu’ils
élèvent presque uniquement pour la boucherie. Ce moyen, ils l’ont
trouvé dans le croisement de la race anglaise avec la leur, et l’on
peut dire qu’aujourd’hui ils ont atteint leur but, puisque en renou-
velant souvent leurs animaux, ils trouvent dans le nombre de sujets
vendus, une large compensation de ce qu’ils retirent en moins de la
vente de chaque individu.
La question plusieurs fois déjà traitée par d’habiles agronomes :
Est-ul préférable, plus avantageux, d'employer à la culture du sol,
les chevaux que les bœufs? se présente naturellement ici. Nous
nous abstiendrons de l’examiner, parce qu’il nous est démontré
que la race mancelle ne réunissant pas les caractères de l'énergie et
de la rusticité, les cultivateurs ont eu raison de l’élever spéciale-
ment pour la boucherie, et de la remplacer par le cheval dans les
travaux de leurs exploitations agricoles; ils ont agi sagement en ne
lui demandant pas ce qu’elle ne pouvait leur donner. Régénérée,
améliorée dans le sens de la spécialisation, pour nous servir d’un
mot consacré par l’usage, la race mancelle deviendra en peu d’an-
nées la race d’engraissement par excellence, si toutefois, bien en-
tendu , les cultivateurs persévèrent à marcher dans la voie où ils
sont entrés, ayant toujours soin de choisir les reproducteurs les
mieux conformés, et d’exclure de la reproduction les bêtes qui
commencent à dégénérer.
Quant à la race poitevine, tous les cultivateurs praticiens et expé-
176
rimentés, savent que les individus qui appartiennent à ses variétés,
nantaise et choletaise, sont d’excellents travailleurs, qu’ils en-
graissent très-bien après avoir rendu de bons services, qu’ils four—
nissent beaucoup de viande nette, de très-bonne qualité, et que les
bouchers la préfèrent à toute autre, et la payent plus cher.
Ces points constatés, et comme la question si souvent débattue de
donner la préférence aux chevaux sur les bœufs dans le travail des
champs, n’est point encore absolument tranchée, nous pensons qu’il
importe de maintenir cette excellente race indigène pure de tout
mélange, qu’il faut s’attacher à l'améliorer par elle-même, en fai-
sant choix des meilleurs reproducteurs, soit nantais, soit choletais.
Nous nous rappelons d’avoir vu au concours régional tenu à Angers
il y a quelques années, des taureaux de cette race, dont la confor-
mation et l’état d’engraissement pouvaient à bon droit rivaliser
avec les durham purs ou croisés avec des bêtes mancelles. Ces tau-
reaux venaient de la Loire-Inférieure, et appartenaient, si notre
mémoire est fidèle, à M. de Boiscorbeau, et à un autre éleveur dont
le nom ne nous revient pas.
Le mode d’élevage pratiqué, le climat, le sol, la qualité des her-
bages des contrées où elle est née, la conformation des animaux,
doivent engager les éleveurs, nous le répétons, à prévenir les croi-
sements avec d’autres bêtes, croisements qui auraient le grave in-
convénient de détruire les éminentes qualités de cette race précieuse
au double point de vue de la qualité de la viande et de la rusticité.
Les Anglais, qu’on cite toujours quand il s’agit de l’amélioration
du bétail, semblent être plus équitables et plus justes appréciateurs
que nous-mêmes à l’égard de nos races. Ils ne craigent pas d’avouer
leur préférence pour notre viande de boucherie, surtout celle de
nos bêtes vendéennes, et depuis quelque temps déjà on peut lire sur
les enseignes de plusieurs bouchers anglais, cette inscription signi-
ficative : On trouve ici de la viande d'animaux d’origine française.
Nous n’ignorons pas que des propriétaires et des fermiers, ont
tenté des croisements de la race choletaise avec la race de durham;
sans doute les succès obtenus avec la race mancelle les ont poussés
dans cette voie. Nous n’hésitons pas à les blâmer, à leur reprocher
177
cette malheureuse tentative ; ils ont agi, nous le croyons, sans müre
réflexion, avant d’avoir bien compris, si les raisons qui avaient en-
gagé à croiser la race mancelle avec la race anglaise étaient ou non
applicables aux races choletaise et nantaise. Si leur tentative con-
tinuait, il n’est pas douteux qu’ils finiraient par gâter, et même
détruire, un véritable présent donné par la nature. Qu'ils se pé-
nètrent donc un peu plus de cette vérité : qu’il faut infiniment
mieux améliorer par elle-même une race déjà riche en qualités pré-
cieuses, que de chercher à laméliorer par un sang étranger. Qu'ils
aient aussi plus de confiance dans cette autre vérité, que le bon ré-
gime, les bons soins contribuent plus que tout le reste, lorsqu'on
veut amener des races indigènes à une amélioration durable, et dans
le cas même, où il leur serait démontré qu’il est préférable d’em-
ployer les chevaux aux divers travaux de la culture, nous insiste-
rions encore pour qu'ils évitent la dégénérescence de ces admirables
variétés en les croisant avec des races étrangères ; parce qu'il est
incontestable qu’en les élevant avec soin et intelligence, ils n’auront
jamais à craindre qu’elles dégénèrent et perdent les caractères qui
les distinguent, ayant toujours là, sous leurs mains, les reproduc-
teurs de même race, de sang pur, mais bien choisis.
Cette manie, cette rage de croiser partout, et tout, pourrait être
un jour la cause de mécomptes et de bien des regrets; qu’on s’en
défie donc, surtout à l’égard de quelques-unes de nos races bovines,
dont les qualités supérieures sont reconnues depuis longtemps.
Quant à nos races chevalines, qui sait si un jour nous n’aurons pas
à déplorer cet engouement pour le pur sang anglais, dont certaines
gens se montrent amateurs exclusifs et passionnés. Quels services
nous a-t-il rendus ? Quel avantage réel, positif, en avons-nous retiré ?
Le pur sang anglais a-t-il donné à nos chevaux plus de résistance,
de douceur, de facilité? Nous ne le pensons pas, loin de là, nous
croyons au contraire, en nous appuyant sur des exemples nombreux,
et l'opinion d’un grand nombre de bons juges et très habiles
éleveurs, qu’il a contribué à leur donner une bouche plus dure,
qu’il les a rendus plus quinteux, plus ombrageux , et certainement
moins aptes aux travaux et aux courses de longue durée.
178
Mais revenons à la race bovine et principalement aux deux va-
riétés qui ont été le sujet de nos précédentes réflexions. Si les bœufs
choletais et nantais, ont recu en partage la rusticité et l’énergie, si
après avoir rendu de bons services, ils peuvent être facilement en-
graissés, donner la meilleure viande de boucherie, pourquoi s'ex-
poser au danger de leur enlever les qualités dont ils sont doués, en
les croisant avec le sang anglais; les rendre plus mous, plus lym-
phatiques, beaucoup moins propres au travail? Si nous étions bien
convaincus qu’il faut absolument renoncer aux bœufs comme ani-
maux de travail, et les élever exclusivement en vue de la boucherie,
à la bonne heure! nous comprendrions ce croisement ; mais encore
une fois la question n’est pas tranchée, il n’est pas prouvé pour un
grand nombre de personnes, que le travail des bœufs, toutes circons-
tances bien examinées, soit moins avantageux que celui des che-
vaux ; que les cultivateurs des environs de Cholet, de Beaupréau,
fassent moins bien leurs affaires que ceux de Segré.
Il n’est pas rare qu’un fermier de la Vendée et du Poitou, vende
une paire de bœufs, 1,200 et même 1,500 fr. Les bœufs manceaux,
croisés avec le durham, atteignent-ils souvent ce prix? nous en
doutons. Ainsi donc, jusqu’au jour où la question sera nettement et
clairement résolue, ne nous hätons pasde détruire un bien pour créer
un mieux très-contestable.
Cultivateurs, éleveurs de l’ancienne Vendée, du Bocage, de la
Loire-Inférieure, nous voulons encore vous le dire : gardez votre
race indigène, préservez-la de tout mélange, vous avez sous la
main, sur un sol, sous un climat propices, la meilleure de nos races,
ne trahissez pas par un entrainement fatal, par une aveugle cupi-
dité, le précieux dépôt que la Providence vous a confié.
I.
CULTURE DES BOIS TAILLIS, SOINS ET PRÉCAUTIONS QU'ILS EXIGENT ,
AFIN D’ÊTRE MAINTENUS EN BON ÉTAT.
L'époque de l’année si impatiemment attendue par les jeunes
chasseurs était de retour . c'était le jour de l’ouverture de la chasse,
179
le soleil s'était levé dans un ciel sans nuages, tout annonçait un
temps favorable.
Depuis nombre d’années j'avais presque renoncé à mon arme
chérie, mais je ne pus cette fois résister au désir d’éprouver (triste
épreuve que je tentais là), si mes jambes et mes yeux, me permet-
traient encore de parcourir en heureux chasseur, quelques-uns des
champs témoins de mes anciens et nombreux exploits, je partis
donc!
Cependant quelques perdreaux étaient tombés, mais ce ne fut
pas comme autrefois avec un plaisir sans mélange, que je les enlevai
encore tout palpitants de la gueule du chien; l’enivrement du suc-
cès ne me rendait plus insensible aux convulsions de la douleur et
de la vie qui s’éteint, la pitié se mêlait à la joie du triomphe, l’indi-
gnation me gagna, et soudain je me dirigeai vers l'allée du bois qui
conduisait à mon habitation.
Chemin faisant, j'apercus çà et là de larges clairières, des ronces,
des épines sans nombre qu’on n’avait point arrachées. — Si cela
continue, ce bois sera bientôt perdu, il est temps de mettre ordre à
cette déplorable négligence. |
Ah ! que vois-je? comment des bestiaux ici? décidément mon eher
fermier vous aurez de mes nouvelles, et pressant le pas, j'arrive à la
ferme, encore sous l’irritation du mécontentement, et au moment
où le fermier sortait du logis. — Je suis fort aise de vous voir! J’ai
fait une agréable rencontre et je viens vous en parler : eh quoi!
encore des bœufs, des vaches, des chevaux dans le bois, malgré mes
recommandations et vos promesses ? — Ce ne sont pas les miens,
Monsieur. — Ce ne sont pas les vôtres! — Non, je vous l’assure.
Jean, cours vite chez le voisin, va l’avertir que ses bestiaux sont
revenus dans le bois.
Calmé par ces réponses et cet empressement, je profitai de la cir-
constance pour parler de la culture des bois. — Mon cher maître, lui
dis-je, quand on réfléchit à la négligence qu’on apporte générale-
ment dans nos contrées à la culture des bois, on dirait que nous
sommes encore au temps où ils étaient considérés comme un présent
de la nature, qu’il suffit de recevoir tel qu’il sort de ses mains.
180
Je voudrais bien savoir si vous avez quelquefois semé ou planté
des taillis, quelles façons et quels soins vous leur avez donnés pen-
dant leur croissance, car je désire agrandir le mien, et surtout le
réparer et l'améliorer, il en a grand besoin ; dois-je semer ou planter,
semer à la volée ou en ligne, quand le sol aura été convenablement
préparé ?
— Je n’ai ni semé, ni planté, mais j’ai vu semer et planter des
bois plus d’une fois ; et si j’avais pareil travail à faire, je préférerais
semer que de planter, et semer en ligne qu’à la volée; parce que si
Je mettais un peu plus de temps, j’emploierais beaucoup moins de
glands qu’il faut semer toujours fort épais quand on sème à la volée,
18 à 20 doubles décalitres par hectare au moins ; et il arrive qu’ainsi
semés, les glands sont toujours inégalement répartis et inégalement
enterrés; beaucoup le sont ou trop ou trop peu, si dans le travail du
recouvrement, l’on fait usage de la herse. Il n’en est pas ainsi
lorsqu'on sème en lignes séparées par un intervalle de 5 à 6 déci-
mètres au plus. L'on sait beaucoup mieux ce que l’on fait; et non-
seulement les bois ainsi semés plaisent davantage, mais ils sont
d’une exploitation plus facile.
— Ces raisons me semblent décisives, je suivrai vos avis, et dès
cette année je me mettrai à l’œuvre. — A quelle époque de l’année
convient-1l de semer les glands? à l’automne ou au printemps ?
— Je sèmerais à l’automne des glands parvenus à leur complète
maturité, d’une belle couleur brune et parfaitement sains. Je n’at-
tendrais pas le printemps parce que à cette époque beaucoup de
glands sont germés, quelque précaution qu’on ait apporté à leur
conservation ; et quand on les sème alors, il arrive qu’on brise
toujours une multitude de germes.
— Sur ce point, je partage encore votre opinion. Et quand les
glands seront levés, quelle façon faudra-t-il leur donner la première
année ? Sera-t-1l nécessaire d’aérer le sol et de le nettoyer, en pra-
tiquant un binage entre les lignes ?
— Cela serait sans doute un excellente chose ; on pourrait cépen-
dant, si les mauvaises herbes ne se sont pas trop multipliées, at-
tendre la deuxième année.
181
— Est-ce qu'il ne conviendrait pas de recéper vers la quatrième
année au plus tard, je veux dire, de couper presque ras terre tous
les petits chènes ?
— Assurément cette opération est indispensable ; si l’on veut for-
tifier le plant, et lui donner un bonne direction, il faut même répé-
ter cette coupe et pour les mêmes motifs trois années après, puis l’on
peut abandonner le taillis à lui-même et l’abattre quand un laps
de temps convenable se sera écoulé, mais rarement avant qu'il ait
atteint l’âge de neuf ans, au moins, voilà ce que je ferais.
— J'accepte cette manière de voir, mais supposons maintenant
que vous viviez assez longtemps pour voir plusieurs coupes, et des
clairières se produire, et de plus, que les ronces, les épines et
autres plantes parasites menacent d’envahir la plantation, quel
remède emploierez-vous, à quelle mesure auriez-vous recours afin
de prévenir et de combattre l’envahissement ? ne les feriez-vous pas
arracher ?
— Je n’hésiterais pas.
— Très-bien, et vous vous garderiez d'y envoyer vos bœufs et
vos chevaux, je pense ; parce que vous n’ignorez pas que la dent des
bêtes à cornes surtout, cause un tort particulier à la croissance des
arbres: ils les déchirent et les brisent par une incision irrégulière.
Vous devez avoir remarqué qu’à l’âge de cinq et même de six
ans, les taillis ne sont point encore assez hauts pour être à l’abri des
atteintes du bétail, qui les dévore avec avidité, n1 assez forts pour
résister au poids des animaux qui se pressent contre les brins, afin
d'atteindre les bourgeons succulents du sommet.
Quand un taillis a été ainsi brouté, maltraité, il ne profite plus,
et presque aussitôt après ce dommage il est indispensable de prati-
quer la taille. Sans cela, il ne reprend pas une nouvelle vigueur.
— Je sais très-bien, Monsieur, que le bétail à cornes peut causer
un grand dommage, mais les chevaux n’attaquent pas le bois, ils
mangent bien l'herbe, et le mal qu'ils peuvent faire est de mince
importance.
— Oui, avec les dents c’est possible, et encore je ne l’affirmerais
pas; mais ils brisent les jeunes pousses avec leurs pieds, et les jeunes
182
brins lorsqu'ils se frottent contre eux ; n’avez-vous pas été mainte et
mainte fois témoin des dégâts qu’ils occasionnent ici et ailleurs où
on les abandonne dans les bois? Croyez-moi donc, et prenez une
bonne fois la résolution d’en interdire l’entrée à toute espèce de
bétail.
Cependant dans les années où les glands abondent, on peut je
crois sans inconvénient notable, y conduire les porcs, car ces ani-
maux causent rarement du tort aux bois, et certainement il est pré-
férable de faire manger les glands sur place, que de les recueillir ;
on évite de la sorte une perte de temps. Ainsi nous sommes à peu
près d’accord sur les procédés et les soins qu’il convient de donner
\
à ce genre de culture, n’est-il pas vrai ?
— Cela, Monsieur, me paraît évident.
— D'où vient donc, je vous prie , qu’il y a dans le bois une si
grande quantité de ronces, d'épines et autres mauvaises plantes, et
un si grand nombre de clairières qu’il eût été si facile de faire dis-
paraître en semant au moment de la coupe sur la terre légèrement
retournée des glands assez avant enfouis pour les soustraire à la vue
perçante de certains oiseaux qui les recherchent avec avidité ?
— Dam, ce n’est pas moi qui les y ai mises, elles y étaient quand
je suis venu.
— Et vous avez jugé convenable de les laisser, au risque d’a-
moindrir le rendement des coupes.
— Ab! si j'avais entrepris ce travail, j’aurais mis bien des jour-
nées plus utilement employées ailleurs : c’eüt été pour moi une
forte dépense dans laquelle je ne serais peut-être jamais rentré.
— Ce qui signifie, si je vous entends bien, qué je dois faire ce tra-
vail à mes frais.
— Mon Dieu, Monsieur, je ne le nie pas, et si vous m’obligiez à
le faire, je préférerais vous quitter.
— Non, non, je n’irai pas jusque-là, vous ne devez pas être pas
sible, je le comprends, de la négligence de vos prédécesseurs ; je
prendrai donc cette dépense à mon compte. Bien entendu, cependant,
qu’une fois les choses mises en état, vous continuerez à les y main-
183
tenir ; cela doit vous paraître raisonnable, puisque vous profiterez
seul de l’avantage qui résultera de mes dépenses.
— Je ne m’y refuse pas, ce sera pourtant un surcroît de travail
assez considérable, et sans espoir d’une juste compensation.
— Vos craintes me semblent exagérées : si vous avez soin de
veiller chaque année à l’enlèvement des mauvaises plantes qui pour-
ront reparaître, peu de temps suflira.
Une observation encore sur un point essentiel, qu’il importe de
ne pas négliger dans la culture des bois.
Si le chêne se plante dans les terrains frais, un excès d'humidité,
vous le savez, lui est contraire. Afin de prévenir cet inconvénient,
j'ai toujours vu dans les contrées où l’on soigne les bois avec intelli-
gence, qu’on ne néglige jamais de pratiquer de profondes saignées
là où l’eau peut séjourner. Je termine ici mes observations, et me
résume en deux mots.
Pour être maintenu dans un état constant de prospérité, un bois
a besoin comme tout autre production du sol d’être entretenu et
soigné.
— Je reconnais l'importance et la justesse de vos recommanda-
tions, elles méritent d’être prises en considération, tar dans notre
pays un bois cultivé de la sorte est chose rare.
— Je ne l’ignore pas, cependant les mauvais usages, les préjugés;
les mauvais exemples, nuisibles à tous, ne seront pas toujours
suivis, autrement force serait de renoncer au progrès.
Croyez-le, ici comme en toutes choses, l’intérêt triomphera de la
routine, et dans un temps plus ou moins rapproché, nous ne verrons
plus comme aujourd’hui la plupart des bois infestés de ronces et
d’épines, nous ne les verrons plus dévastés par les animaux; les
propriétaires veilleront plus attentivement à réparer les vides qu’a-
mènent les années, et déjà j'en ai la certitude les améliorations ont
commencé. J'aurais bien encore quelques observations à vous faire
sur l’élagage des baliveaux et des chènes que j'ai élevés, sur les
clôtures des champs, maïs je me contenterai de vous recommander
la lecture d’un excellent petit traité ; l’auteur, M. le comte des Cars, a
examiné cet intéressant sujet sous toutes ses faces, 1l est impossible
184
de s’exprimer avec plus de simplicité, de clarté, eten si peu de mots.
Ce petit chef-d'œuvre est d’autant plus méritoire, qu’il est à la por-
tée de tout le monde, le plus simple ouvrier peut le comprendre et
exécuter facilement les opérations qui s’y trouvent décrites, et ap-
puyées sur l’expérience et la raison. L’élagage des arbres sous le
double rapport de l’intérêt général et particulier, mérite toute notre
attention.
Au moment où finissait cet entretien, le jeune garçon revenait de
son expédition de chez le voisin ; les bestiaux, s’écria-t-il, sont
sortis du bois et rentrés dans l’étable; je n’ai pu revenir plus tôt,
nous avons eu bien de la peine à les ramener. Ah ! ils en avaient
pris une ration! On voit bien qu'ils ne mangent pas tous les jours
leur saoûl, et qu’ils s’en dédommagent à l’occasion.
— Occasion, qui, je l'espère, ne se renouvellera vas, ou le voisin
pourrait bien recevoir la visite peu agréable de notre garde-cham-—
pêtre.
— Tenez, mes amis, dis-je en les quittant, je n’ai pas vu que des
bœufs dans le bois, jy ai trouvé d’autres animaux, mais un peu
moins gros. Voyez-vous dans ma gibecière ces trois perdreaux ?
— Peste ! vous avez encore bon pied, bon œil, paraît-il.
— Oui, j'ai été assez heureux; mais vous avez beau dire, les
jambes, les yeux, et le goût de la chasse ne sont plus ce qu’ils étaient
autrefois. Adieu et n’oubliez pas mes recommandations.
TITI.
PETITE HISTOIRE. — CONSEILS DONNÉS PAR UN AGRICULTEUR À SON
CONFRÈRE, SUR L'UTILITÉ EF LA FABRICATION DES ENGRAIS.
La narration qui suit, n’est point un apologue, comme on pour-
rait le croire; sauf les détails et la forme du récit, le fond est
vrai.
Il y a déjà quelque temps je connaissais deux cultivateurs, très
proches voisins, car leurs fermes se touchaient. Chaque année les
185
champs de l’un se couvraient de magnifiques récoltes; dans les
champs de l’autre au contraire, c’étaient toujours chétifs produits ;
celui-là prospérait done, et celui-ci penchait vers la ruine.
Un jour ce dernier alla trouver son confrère. Mon cher
voisin, lui dit-il, vous voyez en moi un pauvre diable bien
malheureux : nous avons beau travailler, femme, enfants et
mari, depuis le matin jusqu’au soir, rien ne nous réussit, toujours
de tristes moissons, à peine suffisantes à nos besoins , tandis que
vous, vous en avez à revendre, et pourtant la terre de nos deux
fermes est à peu de chose près de même nature, leur situation est la |
même et par conséquent l’une et l’autre sont exposées aux mêmes
influences du temps. Cependant à vous le profit, à moi la ruine;
à vous le secours, l'appui du bon ange, et sur moi sa malédiction.
— Quittez, répondit l’heureux cultivateur, quittez, mon cher con-
frère, d'aussi décourageantes pensées. Si comme vous le dites, le bon
ange veille sur moi, peut-être me sera-t-il permis de l’appeler près
de vous, encore une fois chassez vos noirs pressentiments, non !
point de découragement.
Vous souvient-il, de mon vieil oncle, le père Nicolas?
— Oh! pour ça oui, je me le rappelle !
— Eh bien! il y a environ une dizaine d’années, ce bon vieillard,
se voyant près de sa fin, me fit demander; je le trouvai à son lit de
mort.
Ah! te voilà Jean, me dit-il, dès qu’il m’eut apercu, je te re-
mercie d’avoir si promptement répondu à mon appel.
J'avais, tu le sais, mon ami, un enfant qui faisait toute ma joie,
et toutes mes espérances ; Dieu me l’a enlevé, c'était pourtant un
bien brave garçon ! je l’ai pleuré longtemps, mais que veux-tu, il
faut se soumettre à la volonté de Dieu, c’est encore le plus sûr moyen
d’adoucir l’amertume de nos regrets. Te voilà donc à présent, seul
héritier de ma petite fortune, et encore dois-je te prévenir que je
veux en laisser une partie à la pauvre vieille Marie, qui m'a tou-
jours fidèlement servi. Tiens, prends ce livre que je destinais à
mon fils, c’est le meilleur de mon héritage, je te le donne, mais à
une condition.
186
Il contient 300 pages, promets-moi que chaque jour tu en liras
une, sans chercher à savoir ce que peut contenir la suivante, et
ainsi tu feras jusqu’au bout, ayant soin d’exécuter chaque jour, ce
qu’elle te prescrira. Tu me le promets n’est-ce pas ? Et sans attendre
ma réponse, oui, tu me le promets, reprit-il, on ne trompe pas un
mourant, puis il me prit la main, qu’il serra. Ce fut son dernier
adieu.
Il me tardait, j'étais fort curieux de savoir, vous le pensez bien ,ce
que pouvait contenir ce livre si chaudement recommandé, aussi
peu de jours après avoir conduit mon vieil oncle à sa dernière de-
meure, je n’eus rien de plus pressé que d’aller à mon livre, et pour
me conformer à sa recommandation, je l’ouvris à la première page.
— Savez-vous ce qu’elle contenait? vous ne le devineriez pas en
mille ; elle contenait ces quatre mots seulement, mais en grosses
lettres : Jean, fais du fumier ! je crus que le bonhomme s’était moqué
de moi, mais patience, dis-je, nous verrons demain ce que dira
l’autre. Le lendemain donc, je vis à la seconde page même avis : Jean
fais du fumier ! on n’en a jamais assez ; le fumier n’est pas saint,
mais où 1 tombe il fait miracle. Pour le coup, je me crus bel et
bien mystifié. Cependant, je me reprochais intérieurement de ne pas
être fidèle à ma promesse, j'avais comme un remords, le cin-
quième jour ayant retourné la quatrième page, et voyant la même
recommandation : Jean, fais du fumier, n’imite pas nos confrères,
qui perdent en la laissant s’écouler dans les fossés, à travers les
chemins, la partie la plus précieuse des engrais. Jean, tu en auras
abondamment si tu as soin de recueillir le purin dont tu arroseras
la forme qui est dans ta cour, ou tes ensemencés ; si tu ramasses les
feuilles tombées des arbres, les herbes sèches, les bruyères et les
autres plantes qui poussent dans le bois et lui nuisent , tu en ser-
viras comme litière pour tes animaux, et puis encore et toujours,
Jean, fais du fumier. Si ta provision de paille, de feuilles, d'herbe et
de bruyère est insuffisante, prends la terre au bout deschamps, dans
les fossés, conduis-la dans les étables, et quand elle sera suffisam-
ment imprégnée, enlève-la et remplace-la aussitôt, de manière à ne
rien laisser perdre.
187
Je me décidai enfin, et pris la ferme résolution de suivre les con-
seils de mon vieil oncle ; c'était d’ailleurs mon devoir, et je n’eus
pas à me repentir de l’avoir accompli ; car il arriva qu’au bout de
l'an, j'avais assez d’engrais pour fumer presque tous mes champs.
Voilà, mon cher voisin, la source de ma prospérité, aussi l’ai-je
mis là, au-dessus de mon chevet, ce précieux cadeau, ce bon ange,
comme vous disiez tout à l’heure, afin de lavoir toujours sous les
yeux et présent à ma pensée, à côté du livre des Évangiles (sans
toutefois les comparer). Mais parce que si l’un est le livre du vrai
chrétien, je regarde l’autre comme celui du bon cultivateur.
— Merci, Jean ; oui, grand merci de vos explications, s’écria le
pauvre Mathurin, dont la figure s’était illuminée en écoutant ce ré-
cit, je suis tout réconforté, au revoir, mon bon voisin.
— Allons du courage et meilleure chance, repartit Jean.
Une année s’était à peine écoulée, que déjà les champs dela ferme
de Mathurin n’offraient plus un triste et désolant aspect ; à des
plantes étiolées et chétives, avaient succédé des blés vigoureux et des
fourrages luxuriants, tout annonçait une riche moisson ; Jean lui-
même dont la joie était sincère partageait l’étonnement des autres
cultivateurs, à la vue de cette heureuse, mais si prompte transfor-
mation. La récolte répondit aux espérances, et Mathurin, jaloux de
témoigner sa reconnaissance à son confrère, vint quelques jours
après la fin des semailles, l’inviter au repas qu’il avait résolu de lui
offrir. — Je compte, dit-il, sur toute votre famille, et son invitation
fut accueillie avec cordialité.
Au jour convenu, Jean arriva accompagné de laménagère, de son
fils, grand et fort garcon, et de deux beaux brins de filles, simple-
ment mais bien mises.
— Soyez les bienvenus, leur dit Mathurin, placé sur le pas de la
porte où il les attendait, venez prendre l’air du feu, car le froid est
bien vif aujourd’hui.
— Diable, quel air de fête ! dit Jean en entrant , quelle odeur
appétissante, et quelle table joliment servie, mais c’est un vrai
régal !
— Quand on recoit des hôtes comme vous Jean, on doit les traiter de
188
son mieux , répondit le joyeux Mathurin, et lorsqu'il s’aperçut que
ses invités, après avoir devisé quelque temps sur leurs travaux et
les nouvelles du jour plus ou moins intéressantes, jetaient des re-
gards expressifs vers la table :
Je crois, leur dit-il, que l’heure de diner est arrivée, qu’en pen-
sez- vous ?
— À votre souhait, Mathurin.
— En ce cas, Jean et vous, mon aimable voisin, voici vos places ;
quant à vous, jeunes gens, prenez celles qui vous conviendront.
Inutile de dire que chaque convive s’acquitta admirablement de
son emploi, et que le repas fut assaisonné de plaisanteries qui exci-
taient le rire et la gaieté. Tout s'était donc bien passé, et l’on s’ap-
prêtait à lever le siége, quand Mathurin se dressant de toute sa
hauteur : — Un instant encore, aimable compagnie, voici deux bou-
teilles de vieux vin qu’il faut vider, c’est aujourd’hui le jour de la
saint Nicolas que nous ne devons pas oublier de célébrer, n'est-ce
pas, mon brave voisin ?
— C'est ma foi vrai! comment n’y avais-je pas pensé ?
— Remplissez done vos verres et buvons tous, mes amis, à la mé-
moire du bon vieillard dont les sages conseils nous ont rendu l’es-
pérance et la prospérité.
— Oui, tous et de grand cœur, ajouta Jean, puis, quand il eut
vidé son verre : — Mathurin, votre vin est délicieux, et l'expression
de votre juste reconnaissance envers notre bienfaiteur en rehausse
encore la saveur; puis les verres s’entrechoquèrent de nouveau et
jusqu’à la dernière goutte chacun répéta : A la mémoire du père
Nicolas!
Je termine ici cette narration dont le fond, je le répète, est vrai ;
peut-être trouvera-t-on, je l'espère du moins, qu’au point de vue
moral et agricole, elle ne manque pas d’un certain intérêt.
189
IV.
CONVERSATION SUR LES CONCOURS D'ANIMAUX DOMESTIQUES.
C'était fète au village, le concours du comice agricole s'y était
tenu, je m'y rendis avec ma famille, et nous y arrivions au moment
où la distribution des primes commençait. Jentrai sous la tente où
je pris place auprès de deux cultivateurs, gens de bon sens, et tous
les deux, chose rare encore parmi nous, ayant recu un certain de-
gré d'instruction ; leur conversation paraissait fort animée. — Sa-
vez-vous, confrère, disait l'un d’eux, qu’un comice bien dirigé peut
rendre de vrais services à l’agriculture ; en vérité, je voudrais savoir,
qui le premier a eu la pensée de les créer, car celui-là a certaine-
ment bien mérité de son pays.
— Eh bien! ce que vous désirez savoir, mon brave, je puis vous
lapprendre.
— Ah, Monsieur, je vous en saurai gré, et vous me voyez tout
prêt à vous écouter.
— Je vous dirai donc, repris-je, que j'ai beaucoup connu le ma-
réchal Bugeaud, lorsqu’il n’était encore que colonel et député. C'était
un brave et digne militaire, très-capable, et passionné pour l’agri-
culture. Un jour que nous cheminions ensemble, nous rencontrâmes
M. Thiers, dont vous avez certainement entendu parler, il était
alors ministre de l’intérieur. M. Thiers, lui dit le colonel, nous de-
visions d’agriculture, mon jeune collègue et moi, et je lui faisais part
du désir que j'avais depuis longtemps, de vous entretenir au sujet
de l’organisation de sociétés agricoles, auxquelles on donnerait le
nom de comices. Je ne sais, mais j'ai la conviction que ces associa-
tions convenablement organisées et réparties sur le territoire de la
France, éveilleraient le zèle des agriculteurs, les encourageraient à
améliorer leurs méthodes de culture, encore fort arriérées dans un
grand nombre de contrées. — Qu’en pensez-vous, M. le ministre ?
— Je ne puis répondre à votre question, mon cher colonel, c’est
x. 14
190
la première fois que vous me l’adressez ; donnez-moi le temps d'y
réfléchir. En attendant, exposez vos idées, rédigez un rapport dans
lequel vous aurez soin de développer votre plan, et si après l’avoir
étudié, Je trouve, comme j’en suis persuadé, qu’il offre des chances
de réussite, je l’exécuterai, je vous en donne l’assurance.— Encou-
ragé par ces paroles, le colonel Bugeaud, esprit droit et entrepre-
nant, se mit aussitôt à l’œuvre, et quelques mois plus tard, des
ordres étaient donnés, des circulaires étaient adressées à Messieurs
les préfets, leur enjoignant de prendre les mesures nécessaires afin
d'arriver à la création d'associations agricoles, désignées sousle nom
de Comices et selon le plan exposé par le colonel. Tel est en deux
mots l’historique de cette création.
— Ah ! c’est au maréchal Bugeaud que nous devons les comices ?
— Oui, à lui-même, à lui seul et point à d’autres.
— 1] a eu là une bien bonne idée et c’est un titre à notre recon-
naissance.
— Vous avez raison, c’est une de ses œuvres qui honorent le plus
sa mémoire : cette création a donné l'élan ; des concours de charrues
et d’animaux ne tardèrent pas à être établis par les comices, puis sont
venus à la suite, les concours départementaux, régionaux et le grand
concours de Poissy, où se réunissent, de tous les points de la France,
des animaux de boucherie, appartenant à nos différentes races, et
des individus croisés avec la race anglaise du comté de Durham,
tous ces animaux sont généralement arrivés à un état d’engraisse-
ment vraiment prodigieux.
— Il n’est pas donné à tout le monde, repartit mon interlocuteur
de prendre part à ce concours, les riches propriétaires seuls peuvent
s'imposer les sacrifices qu’exige un si haut degré d’engraissement.
J’ai oui dire, qu’indépendamment d’une énorme quantité de plantes
fourragères, les animaux destinés à ce concours, recevaient en sur
croit, toute sorte de rations, farine d’orge, de froment, tourteaux,
pain, que sais-je encore! enfin rien n’était épargné ; je le crois sans
pee, et J'ajoute, que tout cultivateur en pratiquant pareil régime
peut obtenir un égal résultat.
Cependant, comment voudriez-vous que dans l'incertitude de re-
191
cevoir la prime nous nous exposassions à d'aussi grandes dépenses,
dans lesquelles nous serions loin de rentrer, si nous avions pour
toute ressource de vendre nos bestiaux aux bouchers de la capitale ?
Ce serait de notre part, vous le sentez bien, une insigne folie. Pour
mon compte, continua-t-il, je ne vois pas l’utilité réelle, l’avantage
positif de ces concours, ils ne peuvent exercer une influence directe
sur le prix de la viande, et contribuer à l’abaisser, car il n’y aura
jamais qu’un nombre très-restreint de concurrents dans ces con-
cours ; et par conséquent il n’est pas possible d'espérer qu’ils nous
conduisent au résultat qu’on prétend obtenir.
— Au point de vue où vous vous placez, vos observations sont
justes et fondées je le reconnais, mais prenez garde, il ne faut pas
envisager ces concours sous un seul aspect. Croyez-vous qu’il soit
inutile sous le rapport de l’intérêt général, d’éveiller le zèle et d’ex-
citer l’amour-propre des riches propriétaires en faveur du progrès
de l’agriculture? Ne vaut-il pas mieux, je vous prie, qu'ils emploient
leurs épargnes, même au delà de justes limites, à la production
d'animaux de boucherie si cher qu’ils coûtent, que de les appliquer
en dépenses de luxe, en achat de splendides et ridicules toilettes, qui
excitent la convoitise, corrompent et le cœur et le goùt? Qu'ils y
perdent ou qu’ils y gagnent, qu'importe ? C’est leur affaire après tout.
L'important c’est qu’ils dirigent leur attention etleurs capitaux vers
l'amélioration de notre principale industrie. Pour ma part je ne
verrais pas sans un vif regret que sous un prétexte ou sous un autre
ces concours disparussent. Partout où l’émulation se fait jour, si elle
part d’un bon motif, croyez-moi, il convient de l’entretenir et de
l'encourager.
— Puisque vous n’exagérez pas leur importance, je veux bien
convenir avec vous qu’ils peuvent avoir leur intérêt.
— Oui sans doute, il ne faut rien exagérer car l’exagération nuit
à tout, même aux meilleures choses.
— Maintenant, Monsieur, si vous le permettez, je passerai à une
autre question. Que pensez-vous des courses de chevaux, croyez-
vous qu’elles aient vraiment contribué à l’amélioration de nos races,
comme quelques personnes le disent? Pour moi, je ne sais qu’en
192
penser, n’ayant pas les documents nécessaires, je ne puis me pro-
noncer sur les résultats obtenus. Vous m’obligeriez infiniment si vous
pouviez me mettre au courant de la situation, sur cet important
sujet.
— Les courses telles qu’elles sont établies et pratiquées aujour-
d’hui, ont été l’objet de nombreuses et sérieuses controverses ; les
uns affirment qu’elles ont eu une influence incontestable et salutaire
sur l’amélioration de nos chevaux. D’autres au contraire, prétendent
que le régime auquel on soumet le cheval de course a contribué à
l’abaissement des qualités qu’il est important de leur conserver et de
devolopper, /a résistance et la docilité ; que les individus provenant
d’un croisement avec du pur sang anglais, ont généralement une
bouche plus dure, sont plus ombrageux et plus difficiles à manier.
Dans l’antiquité, comme de nos jours, dans les pays étrangers,
comme chez nous, les courses ont été d’abord des jeux, des amuse-
ments, de vrais spectacles, on ne songeait point alors à l’améliora -
tion des races, ou les employait telles qu’elles étaient ; la gloire du
triomphe, le désir d’obtenir la couronne du vainqueur était le
seul stimulant qui excität les concurrents à entrer dans la lice.
Plus tard on pensa qu’elles pourraient être une cause d’améliora-
tion, et sous ce point de vue elles furent encouragées par les gou-
vernements. Mais les courses au galop plus émouvantes sont restées
presque partout et toujours, maîtresses du terrain. La raison seule
est souvent impuissante pour la réalisation du bien. Les hommes
sont ainsi faits qu'ils arrivent rarement au but de leurs efforts que
s’ils y sont poussés par la passion, et s’inquiétent peu de savoir, s’ils
n’y seraient pas arrivés plus tôt et plus sûrement, en suivant une
autre voie ; ils cherchent les émotions, courent après les hasards qui
les exposent eux et leur fortune. Aussi voit-on rarement encore de
courses au trot, les seules qui permissent de juger si les chevaux
qu'on emploie dans ces sortes d’épreuve, ont été élevés pour
nos besoins journaliers, s’ils sont doués d’une organisation vigou-
reuse, qui les rende capables de résister aux travaux qu’on leur
demande.
Pour la grande majorité des amateurs du cheval de course, il ne
193
s’agit pas de savoir si le cheval peut et doit nous donner des produits
conformes à nos besoins, ils demandent avant tout qu’il réunisse les
qualités d’un rapide coureur qui promet de vaincre ses concurrents,
dans un trajet de quelques minutes ; et de faire passer de la poche
d’un parieur dans celle d’un autre, quelques centaines, ou milliers de
louis. Joignez aux émotions des parieurs, le spectacle d’une brillante
réunion de dames richement et élégamment parées, et de Jeunes
cavaliers allant, venant, et faisant caracoler d’un air capable et sa-
tisfait leurs coursiers sous les yeux de l'assistance ; et vous aurez
le plus vrai et le plus clair résultat de nos courses d'aujourd'hui.
Cependant, je ne les blâme pas absolument, parce que je com-
prends que dans cet amusement on peut puiser le goût du cheval, et
qu’une fois pris, on se met à l’étudier, à rechercher les moyens de
développer ses qualités, de combattre ses vices et ses défauts. Toute-
fois je voudrais qu’on les laissât s'organiser aux frais, risques et
périls de ceux qui y trouvent leur jouissance. L'État ne devrait y
prendre aucune part, et réserver ses encouragements pour des
institutions d’une utilité et d’une efficacité bien constatées.
Qu'on s'amuse au risque même de se ruiner et de se casser le cou
j'y consens, si tel est le bon plaisir des amateurs, pourvu toutefois
que la fortune publique n’y soit pour rien.
Je pourrais encore longtemps discourir sur les courses de vitesse,
les courses au clocher avec saut de barrières. À quoi bon ? je crois en
avoir assez dit pour démontrer que les courses en elles-mêmes n’ont
eu et ne peuvent avoir qu’une influence très-indirecte sur l’amélio-
ration de nos races de chevaux.
— Je vous remercie, Monsieur, de vos explications, jy vois plus
clair maintenant.
— Voulez-vous y voir plus clair encore et vous instruire à fond sur
ce sujet? Lisez la savante et complète étude de M. Magne intitulée :
Encouragements accordés après concours, je vous la recommande,
vous trouverez dans cette étude l’historique détaillé des courses,
l'explication de leurs avantages et de leurs inconvénients, et vous y
trouverez enfin le résumé de son opinion, dont je me rappelle la fin.
Après avoir fait des courses de fond, et des courses au trot
194
qu'il voudrait, avec raison, voir pourtant établies, aux conditions
qu’on jugerait convenable de leur imposer, voici comment M. Magne
termine son résumé :
« L’inconvénient le plus grave des courses de vitesse, c’est que les
« chevaux ne sont pas appropriés, par la préparation qu’ils subissent,
«aux services qu'ils doivent rendre plus tard, ils ne peuvent être
«utilisés qu'après avoir été refaits, quand ils ont repris du corps,
« qu'ils ont été dressés aux allures ordinaires, qu’ils sentent le mors
«et savent en interpréter les effets, ils ne peuvent même être em-
« ployés comme étalons qu'après avoir repris du tissu cellulaire et la
« graisse, signes d’une bonne santé, qu’après avoir perdu un peu
« de cette irritabilité excessive, que tendent à produire les suées, et
« le régime trop exclusif de l’avoine, tandis qu’après avoir été pré
« parés par les courses que nous demandons, les chevaux possèdent
« les plus précieuses qualités. En quittant l’hippodrome ils peuvent
« être attelés à des voitures de service, ou être employés comme
« reproducteurs. »
Telles sont les observations de M. Magne, elles suffisent, je pense,
pour vous donner une idée de son opinion. — Qu’en dites-vous ?
— Je dis, Monsieur, qu’elles me paraissent justes et parfaite-
ment sensées ; je vous suis obligé de me les avoir fait connaître.
— Permettez-moi d'ajouter quelques paroles à notre entretien. Je
viens de vous dire qu’il me serait facile de parler longtemps encore
sur les différentes sortes de courses, aujourd’hui (on le croirait du
moins), passées dans nos mœurs ; mais que je n’en sentais point la
nécessité. Cependant je ne puis passer sous silence un épisode fort
intéressant, selon moi, qui se rattache à l’objet de notre conversa-
ton et dont la date remonte au temps du Directoire, ou aux pre-
mières années du Consulat.
Voici en peu de mots le récit de cet épisode, je le tiens d’une per-
sonne digne de foi, et propriétaire alors de l’hôtel où la chose se
passa. L’épidémie de la démolition n’a point atteint cet hôtel, il est
encore debout, et situé sur le côté droit de la rue du Mont-Blanc, en
supposant qu'on y entre du boulevard de la Madeleine où cette rue
vient aboutir.
195
Un cocher assurément fort habile, après avoir réuni un grand
nombre de ses confrères, leur offrit de parier dix mulle francs,
somme assez jolie pour un cocher et pour l’époque, qu’il partirait
de l’une des extrémités de la rue du Mont-Blanc avec une voiture
attelée de quatre ou six chevaux, marchant au grand trot, passerait
sous le porche, pénétrerait dans la cour de cet hôtel (cour carrée, et
dont le côté mesure à peine la longueur d’une voiture attelée de
quatre chevaux), en ferait le tour toujours au grand trot, et revien-
drait de même, à son point de départ. Le pari fut tenu; et le cocher
le gagna aux applaudissements réitérés d’un immense concours de
spectateurs accourus de tous les points de la capitale. Les journaux
de l’époque avaient annoncé le défi, et donnèrent un juste tribut
d’éloges à l’habileté du vainqueur ; et ses confrères émerveillés et
presque joyeux d’avoir perdu le pari, le proclamèrent leur chef dans
un banquet de félicitations qu'ils s’empressèrent de lui offrir.
Je me souviens qu’en écoutant le récit de cet acte d'admirable
sang-froid, et de miraculeuse adresse, je me demandai quel témoi-
gnage d'estime et de haute admiration aurait pu recevoir cet auto-
médon, de la part d’un Néron ou d’un Caligula, grands amateurs de
chevaux et de courses en char, comme chacun sait et je me disais,
qu'inévitablement ils l’auraient appelé à l'administration d’une pro-
vince ; et l’on conviendra je pense, qu’il m'était bien permis d’avoir
cette opinion, si l’on veut se rappeler que l’un de ces dignes empe-
reurs éleva son cheval à la dignité consulaire.
Quant à messieurs les membres du Jockey-Club, qui ne sont point
des Césars, et n’ont point que Je sache de provinces à distribuer,
cependant comme ils participent généralement aux faveurs de la
grande déesse du jour, ne pourraient-ils en conséquence organiser
des courses de ce genre et fonder une récompense digne d'eux, en
faveur du vainqueur ? C’est un champ que nous leur ouvrons, un
moyen nouveau de satisfaire tous les goûts, tous les penchants. —
Les amateurs de paris y trouveraient tout aussi bien que dans les
courses au clocher, et autres, l’occasion d’engager leur argent. Les
personnes douées de nerfs délicats et sensibles, une source d’émo-
tions, et enfin les gens qui désirent en toute chose un côté utile,
196
y verraient un système de courses propres à développer lallure du
cheval la mieux appropriée à nos besoins et de plus un stimulant
énergique, pour le zèle et l'instruction des hommes, dont la pro-
fession tend de plus en plus à prendre un rang élevé parmi les
éléments constitutifs et civilisateurs de nos sociétés modernes, car il
faut bien le reconnaître dans ce temps où tout le monde, grands
et petits, citadins et campagnards, a son véhicule, un habile cocher
n’est plus un sujet de mince importance, je parle très-sérieusement,
qu’ils y pensent donc !
Cependant la distribution des primes continuait, et tout à coup,
j'entends mon auditeur s’écrier : Tiens ! c’est le voisin dont le nom
vient d’être appelé, il a le premier prix ; ma foi il le mérite bien, je
n'ai jamais vu un aussi beau taureau que le sien, il est venu d’un
anglais avec une vache mancelle. Ah Monsieur! le magnifique
animal, 1l fait plaisir à voir, je doute pourtant qu’il l'envoie au
concours de Poissy, c’est trop cher, et trop chanceux.
— Faites-vous, lui dis-je après cette chaleureuse exclamation,
faites-vous aussi choix d’étalons pour vos juments? — Oh, certaine-
ment, Monsieur. — Prenez-vous des pur sang ? — Non, je préfère
les percherons. — Et vous en êtes content? — Ils me font unexcel-
lent service, et je les vends bien. — En ce cas vous continuerez ? —
IL faut être reconnaissant, Monsieur.— Voilà une bonne réponse. —
Cela dit, nous nous séparâmes, il me remercia encore une fois, et
courut serrer la main de son heureux voisin.
Ne
CONSTRUCTIONS RURALES.
Comme agriculteur, nous avons souvent et depuis bien longtemps
porté nos réflexions sur l’emplacement et les dispositions des cons-
tructions rurales destinées à l'habitation des personnes, et des ani-
2
197
maux d'espèces différentes. C’est un point de la plus haute impor—
tance, d’où peut dépendre le succès ou la non-réussite d’une
exploitation agricole, selon qu'ils auront été bien ou mal choisis,
bien ou mal dirigés.
L'art de loger les hommes, les animaux et les récoltes, avec sim-
plicité, solidité, économie, dit un judicieux annotateur du Théâtre
d'agriculture (œuvre de notre illustre agronome Olivier de Serres),
est le premier problème que lon ait à résoudre dans la science des
campagnes.
Plusieurs ouvrages français et étrangers ont été publiés à diffé-
rentes époques sur ce sujet, des sociétés d'agriculture en ont fait
l’objet de concours solennels. Ces écrits semblent oubliés aujour-
d’hui, on neles lit plus. Cependant, les constructions rurales sont et
seront toujours un point capital qui mérite nos soins et notre plus
sérieuse attention.
Nous n’avons pas la prétention de donner des règles absolues sur
ce genre de constructions, elles doivent nécessairement varier avec
la situation des lieux : mais il en est un petit nombre, auxquelles
il faut s’attacher en toutes circonstances et qu’il importe de res-
pecter.
On doit avant tout, choisir l’endroit le plus sain, le moins exposé
aux vents habituels et violents, à une température trop élevée, ou
trop basse, et surtout à l’humidité; afin d’éviter aux personnes et
aux animaux, les maladies souvent dangereuses et incurables, qu’oc-
casionnent les brusques variations d’une température anormale.
L'orientation à l’est et au sud, à mi-côte d’une colline lorsqu'on la
rencontre, est préférable à toute autre. Une autre considération fort
importante doit encore influer sur la position des bâtiments. Il est
infiniment avantageux de les placer autant que possible vers le
centre de l'exploitation afin d’abréger les distances dans toutes les
directions ; et près d’un cours d’eau quand il s’en présente, afin d’a-
breuver facilement le bétail et de le faire baigner au besoin ; si
pareilles circonstances ne se trouvent réunies, il convient alors de
prendre un terme moyen.
Supposons donc qu'après avoir pris en considération toutes les
198
circonstances environnantes, telles que la proximité des villes et
villages, l’état des chemins et qu'après müre réflexion on ait fait un
choix de l’emplacement, nous nous demanderons quels sont les
principes qu’on doit suivre dans la construction des bâtiments dont
se composera l’ensemble des habitations destinées à recevoir le eul-
livateur, sa famille, ses serviteurs, son bétail, et ses instruments de
toute sorte.
Devra-t-on suivre les anciens errements ? Assurément non, parce
que les anciennes constructions, celles-là même dont la date ne re-
monte pas à plus d’une trentaine d’années, sont loin de présenter
dans notre département, un plan d’ensemble, où chaque chose forme
un tout bien relié et disposé de manière à faciliter le travail et la
surveillance ; où les précautions qu’exige la salubrité aient été con-
venablement observées.
La plupart du temps ces constructions sont en outre, ou trop
petites ou trop grandes, peu ou point en rapport avec l’étendue de
l'exploitation, choses qu’il faut prendre en sérieuse considération, si
l’on veut éviter d’une part des mécomptes, et de l’autre des frais et
des dépenses inutiles.
Aux époques dont nous parlons tout se faisait pour ainsi dire sé-—
parément, sans plan arrêté ; il n’y avait pas alors, on peut le dire,
d'architecture rurale, tous les travaux étaient abandonnés au caprice
d'ouvriers inhabiles et ignorants.
La nécessité et l’expérience ont heureusement modifié ce déplo-
rable état des choses, aussi voyons-nous actuellement des construc-
tions de ce genre convenablement établies, qui réunissent, non pas
l'élégance qu’il faut bannir, mais un agréable aspect aux conditions
indispensables d’une juste et intelligente appropriation. On n’y voit
plus comme autrefois, des ouvertures trop étroites et trop basses ;
leurs dimensions mieux calculées permettent à la lumière de péné-
trer dans l’intérieur, et à l’air de circuler et de se renouveler faci-
lement.
Disons-le cependant, il est rare que ces constructions soient
encore à l'abri de toute critique et ne révèlent pas à l'œil de l’agri-
culteur expérimenté certaines négligences et quelquefois même un
199
sureroit de bâtiments, qu’une connaissance approfondie des véri-
tables besoins eût évité.
Aïnsi, pour citer un exemple, nous entendons chaque jour vanter
et encourager, la construction des hangars destinés à abriter le fu—
mier qu’on extrait des étables et qu’on dispose en tas. Cependant
elle ne mérite pas selon nous cet encouragement, parce que dans les
constructions des étables, il est très-facile de pratiquer derrière les
animaux une fosse assez large pour y déposer la petite quantité de
fumier qu’il est nécessaire d’enlever chaque jour et qu’on remplace
aussitôt par une litière fraîche; et sous laquelle un cultivateur soi-
gneux et curieux d'augmenter la masse de ses engrais aura toujours
soin de faire répandre une légère couche de terre, dont il se sera préa-
lablement approvisionné. Dans cette fosse à l’abri du contact de
l'air, on n’a point à craindre que le fumier laisse évaporer la por-
tion la plus fertile de sa composition.
On pourrait même supprimer cette fosse dans le cas où l’on pren-
draït la précaution d’enfouir le fumier dans les champs au fur et à
mesure de son extraction des étables. Ce serait assurément une
excellente pratique, puisqu'elle offrirait le double avantage de rendre
inutile un bâtiment plus ou moins coûteux, et éviterait toute perte
d'engrais. L'expérience nous autorise à la conseiller.
Dans la partie de ces constructions vulgairement appelée le logis,
il est fort rare de trouver un étage supérieur ; presque partout tous
les appartements, la cuisine, la boulangerie, les chambres sont au
rez-de-chaussée avec des greniers au-dessus, et très-rarement voit-
on sous les bâtiments, des caves qui sous le rapport de la salubrité,
et de la conservation d’objets divers, présentent les plus grands
avantages. — Comment, dira-t-on, un premier étage, des caves, ce
sont là des dépenses qui méritent attention ! — Oui sans doute nous
ne le nions pas, mais si elles sont utiles, avantageuses, nécessaires,
pourquoi les négliger? N’a-t-on pas la somme voulue, n’est-on
point encore en mesure ? eh bien qu’on attende alors, car en toute
chose il vaut mieux s’abstenir que de mal faire, et de s’exposer à des
regrets.
Ces observations générales constatées, voici en le résumant aussi
200
clairement et brièvement que possible quel serait notre avis :
Nous admettons d’abord avec tout le monde que le logis doit être,
à moins d’impossibilité, orienté de manière que la facade principale
soit exposée au midi ou à l’orient, de larges caves voütées seraient
pratiquées au-dessous. Le rez-de-chaussée se composerait de deux
vastes appartements séparés par un corridor, la cuisine d’un côté, et
de l’autre la chambre du père et de la mère de famille, et derrière
cette chambre, à l’extrémité du corridor, et en face de l’escalier,
celle des enfants. Au premier une chambre ou deux pour les ser
vantes, el le grenier destiné à recevoir les provisions du ménage.
Dans la cuisine devrait être construit un âtre assez vaste pour
contenir la bouche du four; puis au-dessous et de côté, celle d’un
fourneau bâti extérieurement portant la chaudière où s’opérerait la
cuisson des racines destinées à l’alimentation des bêtes à l’engrais ;
ainsi la ménagère pourrait tout en vaquant aux besoins du ménage
et sans sortir de la cuisine alimenter le fourneau. Cet appartement
devrait en outre contenir la table à manger, et les autres ustensiles
de ménage.
Vers le milieu de la cour de la ferme serait placée une auge en
pierre, ou faite de bois de chätaignier comme étant le plus propre à
cet usage, et suffisamment grande pour abreuver plusieurs bêtes à
la fois. Cette auge serait alimentée par un tuyau en plomb venant
de la pompe qui devra être près du logis et du fourneau afin qu’on
ait ainsi l’eau à la satisfaction des besoins journaliers, bien entendu
qu’on s’abstiendrait de cette dépense si l’on avait un abreuvoir d’eau
salubre à sa disposition.
Il est très important que cette cour soit vaste et solidement
empierrée, que la distance entre les divers bâtiments soit assez
grande pour permettre aux chariots de circuler facilement ; il est
également nécessaire que les portes des étables dont nous allons
parler, soient assez spacieuses pour en permettre le libre accès aux
chariots qu’on doit y faire entrer, lorsqu'on enlèvera les fumiers, et
qu'on apportera les plantes fourragères destinées à la nourriture du
bétail.
Dans les écuries et les étables où seraient établies comme nous
201
l’avons dit des fosses à fumier, derrière les animaux, il est indis-
pensable que le sol soit solide et légèrement incliné vers la fosse.
Nous n’engagerons pas d’y pratiquer des canaux ou rigoles d’écou-
lement à l'effet de diriger la partie liquide vers un réservoir comme
on le voit dans quelques exploitations, parce qu’il est préférable d’en-
fouir le fumier frais au fur et à mesure qu’on l'extrait, ou de le lais-
ser séjourner pendant quelque temps dans la fosse de l’étable. Nous
avons expliqué les raisons qui nous engageaient à conseiller cette
méthode, nous n’y reviendrons pas.
Le toit des étables doit être élevé au-dessus du sol de 5 à 6 mètres
dans sa partie la plus haute ; l’espace entre chaque animal, de deux
mètres avec séparation, ou de 4 mètres au moins si l’on veut y
placer une paire de bœufs. Dans les étables des vaches, il faudra
avoir soin de ménager un espace où les veaux seront maintenus
jusqu’au moment du sevrage, et dans toutes généralement, il est
indispensable de laisser un intervalle de 4 mètres au moins, à partir
du bord extérieur de la mangeoire jusques à la limite de la fosse à
fumier, dans le cas où l’on aurait jugé à propos d’en fabriquer une.
En avant des animaux doit régner un couloir d'environ 2 mètres de
largeur afin que la personne chargée de les soigner puisse facile-
ment leur distribuer la nourriture, dans la mangeoire et le rate-
lier ; sous ce couloir et une partie de l’étable, il serait fort avan-
tageux de construire une cave où seraient déposées les racines
(pommes de terre, betteraves, etc., etc.) destinées à leur alimenta-
tion. Nous recommanderons en outre de:couvrir le toit plutôt en
tuiles plates qu’en ardoises qui ont le grave inconvénient de s’é-
chauffer et de se refroidir beaucoup plus, et plus promptement.
Inutile d'ajouter que ces habitations du bétail doivent être suflisam-
ment éclairées, et convenablement aérées et qu’on doit y ménager un
emplacement pour le coucher de la personne chargée du soin et de
la surveillance des animaux.
Les toits situés au-dessus des greniers où devront être déposés les
grains, seront également et pour les mêmes raisons couverts en
tuiles. Sous ces toitures, nous en avons la preuve, les blés sont
beaucoup moins exposés aux ravages du charançcon. Nous ne par-
202
lerons pas des porcheries, parce que tout le monde comprendra que
les mêmes principes et les mêmes précautions leur sont applicables.
Nous ne parlerons pas non plus des laïteries, des fromageries, des
pressoirs et de leur installation, attendu que nous avons sur ces dif-
férentes constructions de nombreux et récents écrits qui laissent peu
de choses à désirer.
Quant à un autre genre de construction, les hangars propre-
ment dits, nous croyons qu’ils méritent et plus que jamais l'attention
des cultivateurs soigneux et justement désireux de préserver leurs
récoltes et leurs instruments des injures du temps. Ces sortes de bà-
timents doivent toujours être élevés, spacieux et d’un accès facile,
d’une étendue calculée sur le rendement approximatif des récoltes
et les quantité d’instruments qu’ils doivent abriter.
Nous n’oublierons pas de placer au nombre de ces instruments
dont l’utilité sera bientôt évidente (surtout pour les exploitations
d’une certaine importance) les machines dites /ocomobiles, qu’on
peut facilement employer à la mise en mouvement tantôt d’un bat-
teur, tantôt d’un tarare, d’un coupe-racines, d’une scie pour le débit
des bois de diverses dimensions employés dans la construction et la
réparation des instruments, beaucoup plus nombreux et plus indis-
pensables aujourd’hui qu’autrefois, en raison de la rareté des
bras.
Nous pourrions pousser plus loin cette étude sur les constructions
rurales, nous ne le ferons pas, nous nous abstiendrons de donner
un plan et d’entrer dans des détails trop souvent incomplets, arides
et fastidieux. C’est l'affaire d’un homme de l’art. Nous pensons qu’il
convient de laisser à chacun le soin de les approprier aux circons-
tances au milieu desquelles il se trouve placé. Au reste toutes nos
observations précédentes, et celles que nous ajouterions se résument
en deux mots : emplacement convenable, surveillance facile, cons-
tructions diverses, toujours dirigées avec intelligence, économie, et
solidement établies ; toutefois comme l'opinion des hommes d’ex-
périence et du métier est toujours utile et pour ainsi dire indispen—
sable en pareille matière, nous n’hésitons pas à recommander aux
personnes qui projettent de bâtir une ferme, de lire attentivement,
203
la partie du Cours d’agriculture de M. de Gasparin où la question
des bâtiments ruraux est examinée, nous ne connaissons aucun
ouvrage moderne, où elle soit mieux et plus complétement traitée.
Nous la terminons en exprimant un vœu. Nous voudrions que
les riches propriétaires se fissent pour ainsi dire un devoir de ne
pas se jeter dans des entreprises très-coûteuses, et de ne pas se lier
les mains comme cela arrive quelquefois, avant d’avoir réparé d’an-
ciennes constructions rurales entièrement délabrées presque inhabi-
tables, ou de les avoir remplacées par d’autres confortablement éta-
blies : ils y trouveraient honneur et profit.
Souvent nous nous sommes arrêté devant quelques-unes de ces
fermes nouvellement construites, leur aspect si différent de celui de
nos anciennes habitations nous réjouissait. Tout autre était le senti-
ment que nous éprouvions, à la vue de ces édifices grandioses, dont
la moitié reste souvent inoccupée, qui rappellent les monuments
d’un autre âge si peu en rapport avec les mœurs et les habitudes
de notre temps; que d'améliorations utiles et profitables à tous ils
nous faisaient regretter, lorsqu’en les contemplant nous pensions
aux sommes considérables qu’ils avaient absorbées.
Mais hélas ! l'amour d’un vain luxe en toute chose nous fascine,
et les plus sages se laissent entrainer.
Cu. Giraur.
CONCOURS DE 1867
La Société Linnéenne a, dans sa séance du 27 mars 1868, décerné
les prix du concours ouvert par elle en 1867 pour le meiïlleur
Mémoire sur une question d'hustoire naturelle ou d'agriculture rela-
tive à l'Anjou. D’après les conclusions de la Commission chargée
d'examiner les Mémoires, le prix de 500 francs donné au nom du
Conseil général a été partagé ex-æquo entre les concurrents, savoir :
No 1. Mémoire intitulé : Réhabilitation du pic-vert ou Réponse
aux observations d’un propriétaire sur l'utilité du pic en Anjou. —
L'auteur est M. l’abbé Vincelot, membre titulaire, chanoine hono-
raire, aumômier de la pension Saint-Julien, déjà couronné au con-
cours de 1863 pour son mémoire sur les alouettes et les mésanges.
N° 2. Mémoire intitulé : Etudes d'économie rurale. — L'auteur
est M. Charles Giraud, déjà couronné au Concours de 1861 pour
son Mémoire sur l’origine des causes qui jettent depuis quelques
années la perturbation dans les travaux de l’agriculture.
ÉTUDE
SUR
LES ANIMAUX
DE L’ANJOU
(MAMMIFERES)
Autant l’ornithologie de Maine et Loire a été l’objet de savants
travaux, autant les études sur les mammifères ont été compléte-
ment négligées. Nous avons pensé qu’il y avait là une lacune à
combler dans notre faune ; aussi avons-nous essayé de la remplir.
Ce n’est qu'après bien des années de recherches et d'observations,
que nous nous sommes décidé à livrer à la publicité cet opuscule ;
s’il peut être de quelque utilité pour la science, ce sera la plus douce
récompense de nos peines et de nos efforts.
Angers, le 15 mars 1868.
A. DE S.
206
3° ORDRE. — LES CARNASSIERS
CARACTÈRES. — Trois sortes de dents modifiées selon le genre de
nourriture; point de pouce opposable à leurs pieds antérieurs ; nombre
de mamelles variable.
Première Fame. — CHÉIROPTÈRES.
Les animaux qui doivent nous occuper, au commencement de
cette étude sur les Mammifères de l’Anjou, sont les Chéiroptères. Ces
oyseaux de tenèbres, comme on les appelait au xur° siècle, ont été
de tout temps un sujet d'horreur et de dégoût.
Moïse place les chauves-souris au nombre des êtres immondes,
dont le peuple de Dieu ne doit jamais manger la chair”, ce qui semble
prouver contradictoirement, que d’autres peuples la mangeaient.
Les Grecs semblent les avoir prises pour modèle de leurs harpies.
Les récits du moyen âge montrent les sorcières chevauchant, dans
les airs, sur un balai et se rendant au sabbat guidées, dans leur fan-
tastique voyage, par les chauves-souris.
Les artistes de cette époque représentent presque toujours la Mort
avec un cortége de ces tristes animaux, et maintes fois les ymagiers
ont sculpté sur les chapiteaux, sur les gargouilles de nos églises,
l’ange déchu, l'esprit du mal, ayant sur ses épaules des ailes de
chauves-souris.
1 Il n'entre pas dans le plan de ce travail de parler des deux premiers ordres
de mammifères, c’est-à-dire :
1° Des BIMANES, geure Houie (Homo);
2° Des QUADRUMANES, dont nous ne sommes point les descendants et qui n’ha-
bitent pas notre pays.
? Omnes aves mundas comedite. Immundas ne comedatis, aquilam scilicet, et
gryphem, et haliæetum, ixion, et vulturem ac milvum juxta genus suum : et
omne corvini generis, et struthionem, ac noctuam, et larum, atque accipitrem
juxta genus suum : herodium ac cygaum, et ibin, ac mergulum, porphyrionem,
et nycticoracem, onocrotalum , et charadrium , singula in genere suo : upupam
quoque et vespertilionem. (Liber.Deuteronomii, cap. x1v, Ÿ. 11 à 18.)
207
Les poètes les ont regardées comme les compagnes assidues des
démons, des spectres, des apparitions, et les hôtes des cimetières.
La nuit, quand les démons dansent sous le ciel sombre,
Tu suis le char magique en tournoyant dans l'ombre :
L'hymne infernal t'invite au concert malfaisant.
Fuis ! car un doux parfum sort de ces fleurs nouvelles,
Fuis, il faut à tes mornes ailes
L'air du tombeau natal et la vapeur du sang !.
Enfin le bon La Fontaine l’a prise, dans ses Fables, pour type de
la duplicité :
Je suis oiseau, voyez mes ailes ;
Je suis souris, vivent les rats?!
Ces Mammifères de sinistre aspect ont été, pendant longues an-
nées, regardés par les naturalistes comme des oiseaux. Aristote les
définit « des oiseaux à ailes de peau ; » il hésite à savoir si les chauves-
souris sont des volatiles, à cause de leurs pieds, mais il n'ose les
regarder comme des quadrupèdes, ne les voyant pas pourvues de
quatre pattes bien distinctes. Ses réflexions, sur l’absence de queue
et de croupion qu’il remarque chez les Chéiroptères, le conduisent
à des idées théoriques, qui ne sont appuyées sur aucune observation.
Pline s'occupe seulement de la chauve-souris pour dire qu’il
existe des oiseaux qui engendrent leurs petits vivants et qui les
allaitent au moyen de mamelles.
Aldrovandre est le premier naturaliste qui étudia sérieusement
les Chéiroptères. Mais, cédant aux préjugés de son siècle, il fit de la
chauve-souris et de l’autruche une même famille; il motive ce
classement, sur ce que ces deux espèces d'oiseaux participent égale-
ment de la nature des quadrupèdes.
Scaliger regarde la chauve-souris comme un être merveilleux ; il
lui trouve deux pieds, puis quatre. Elle marche sans pattes, dit-il,
vole sans ailes; elle voit lorsqu'il n’y a pas de lumière, et cesse
de voir quand l'aurore parait. Cest, ajoute-t-il, le plus singu-
1 Victor Hugo, Odes et Ballades, livre V, ode V, la Chauve-Souris.
? La Fontaine, livre IL, fable v, la Chauve-Souris et les deux Belettes.
208
lier de tous les oiseaux, puisqu'il a des dents et est privé de bec ‘.
Linné la rangea dans un même ordre avec l’homme et les singes.
Ce célèbre naturaliste ne craignit pas de donner aux uns et aux
autres un nom semblable. Ainsi, il les désigna tantôt sous celui
d'antromorphæ, « être à visage humain, » tantôt sous celui de
primates, « animaux du premier rang. »
Cette classification parut d’abord fort extraordinaire ; mais le
grand nom de Linné suffit pour la consacrer.
Aujourd’hui, les chauves-souris sont admises dans l'ordre des
Carnassiers. Le mot « carnassier » pris dans son acception rigou-
reuse ne devrait réellement appartenir qu'aux animaux qui se
nourrissent de chair exclusivement. Les Chéiroptères étant insecti-
vores, devraient donc être compris dans une autre catégorie, Mais
les maîtres de la science, s’étant surtout préoccupés des mœurs et
du caractère des animaux ayant la même analogie, ont admis dans
l’ordre des Carnassiers les chauves-souris, ainsi que d’autres espèces
insectivores.
Les Chéiroptères sont très-intéressants à étudier, et jamais on ne
dira sur eux le dernier mot.
D’habitudes tristes, ils passent la majeure partie de leur existence
dans les caves, dans les greniers, dans les souterrains, dans les car-
rières, dans les ruines, dans les troncs d’arbres creux, ete. Engour-
dis pendant la rigoureuse saison, ils sortent de leur état de torpeur
lorsque la douce température arrive, et se montrent au moment du
crépuscule *, Mais, pour cela, il ne faut pas de vents violents; que
l'orage gronde, que l'éclair sillonne la nue, que le temps soit bru-
meux, qu'il fasse le moindre froid, ces singuliers animaux,
doués d’une sensibilité extrème, ne peuvent impunément braver ces
variations de l'atmosphère, de sorte qu’ils sont quelquefois, outre
l’époque hivernale, longtemps sans prendre de nourriture. Vivant
© Le Dictionnaire de Trévoux, MDCCLXXI, définit ainsi la chauve-souris : « petit
oiseau nocturne, dont les ailes, au lieu de plume, sont de peau et de cartilage;
il ressemble à une souris, il n’a ni bec ni plume. »
? M. Courtiller jeune a été témoin d'un fait très-singulier : il a vu en plein
hiver, par un froid de 10 à 12 degrés, lorsque la terre était couverte de neige,
des chauves-souris voler en plein jour dans la cour de la mairie de Saumur.
209
d'insectes ailés, illeur est impossible de les capturer autrement qu’en
plein air. Aussi, lorsqu'il leur est permis de chasser, s’en donnent-ils
à cœur joie et le font-ils avec une ardeur téméraire, qui souvent leur
est funeste. On ne se figure pas la gloutonnerie des chauves-souris.
Il arrive, et j'ai constaté ce fait, qu'ayant avalé une grande quantité
d'insectes, elles tombent à terre comme un homme ivre, n'ayant
plus la force de diriger leur vol; ou bien, s’acerochant aux aspérités
d’un mur, elles n’en bougent plus tant que la digestion n’est pas
faite. Mais malheur à elles, si un hibou ou une chouette de mauvais
présage les aperçoivent dans leur course nocturne; les dévorer est
pour eux l'affaire d’un instant.
J'ai remarqué un jour, sur un pré, un rhinolophe grand-fer-à-
cheval, qui avait la peau du ventre très-tendue. Je l’étouffai et
voulus ensuite l’empailler. Quand je lui ouvris Pabdomen avec
un scalpel, je le trouvai littéralement plein d'insectes; 1l y en avait
même jusque dans son gosier. Presque tous appartenaient à la
famille des cousins. Les abajoues, qui garnissent la bouche, étaient
bourrées de petits insectes.
Malgré sa voracité, la chauve-souris est prévoyante. Peut-être
le lendemain du jour où elle a fait une bonne chasse lui fau-
dra-t-il rester au gîte. Aussi ses abajoues sont-elles de véritables
garde-manger. C’est lorsqu'elle en retire les insectes qui y sont
entassés que ses dents lui sont utiles, car, lorsqu'elle attrape sa proie
au vol, elle l’engloutit absolument comme le fait l’engoulevent,
caprimulqus europæus. L.
Généralement les Chéiroptères font peu de pérégrinations loin
faines ; ils tournent constamment autour du vieux château qui leur
sert d’abri, de la ruine où ils trouvent asile.
Il m’est arrivé de prendre une chauve-souris (la pipistrelle), qui,
par une soirée d’été, s’était hasardée à entrer dans ma chambre, et
de lui attacher aux deux extrémités des ailes deux petits fils rouges,
de manière à ne gêner en rien son vol; l’ayant relächée, je la vis,
je puis dire, à peu près le reste de la saison voltigeant à l’heure du
crépuscule autour de ma demeure, et je suis persuadé que, si elle
eñt pu conserver jusqu’au printemps la marque que je lui avais
210
mise, je l'aurais de nouveau vue à cette époque décrire au même
lieu ses capricieux cireuits.
Dans le Dictionnaire universel d'histoire naturelle, je is, dans un
savant article sur les Chéiroptères, cette phrase :
«Ces animaux ne sont nullement faciles à observer vivants;
privés de leur liberté, ils ne tardent pas à périr, quelque soin qu’on
prenne pour les conserver. »
Pour prouver cette affirmation, l’auteur cite les observations faites
à ce sujet par M. G. Daniell sur les habitudes de la pipistrelle et de
la noctule *.
1 En juillet 1833, M. Daniell reçut cinq femelles fécondées de pipistrelles, et
les mit dans une cage où elles furent fort turbulentes; elles mangeaient avec
avidité les mouches et la viande crue, mais refusaient obstinément la viande
cuite. Lorsqu'une mouche entrait dans la cage, elles l’étourdissaient d’un coup
d’aile, et se jetaient sur elle, les ailes étendues, comme pourluifermer laretraite.
La mastication et la déglutition étaient lentes et pénibles ; plusieurs minutes
étaient nécessaires pour dévorer une grosse mouche, Au bout de dix-neuf jours,
les cinq pipistrelles étaient mortes; à l’autopsie, on trouva qu’elles ne portaient
qu’un seul petit.
Le 16 mai 1834, M. Daniell se procura quatre femelles et un mâle appartenant
au genre noctule; le mâle était très-sauvage, cherchait sans cesse à s’échapper
et mourut au bout de dix-huit jours. Après avoir refusé toute espèce de nour-
riture, trois femelles succombèrent peu après; celle qui survécut, fut nourrie
avec du foie et du cœur de volaille, qu’elle mangeait à peu près comme eût fait
un chien; elle mettait un soin particulier à sa toilette, employait beaucoup de
temps à nettoyer sa fourrure, et à la partager en deux portions par une raie
droite qui suivait le milieu du dos; pour cela elle se servait des extrémités pos-
térieures comme d’un peigne. Elle mangeait beaucoup, relativement à son poids,
et se tenait presque constamment pendue au sommet de sa cage, ne quittant
cette position que le soir, pour prendre sa nourriture.
Le 23, M. Daniell ayant remarqué que cette noctule paraissait fort inquiète, l’ob-
serva avec soin, et fut témoin de son accouchement. Après une heure d’agitation
environ, la noctule s’accrocha par les membres antérieurs, étendit ses pieds de
derrière et roula sa queue, de manière à former avec la membrane inter-femo-
rale une espèce de poche dans laquelle fut reçu un petit, de taille relativement
assez forte, entièrement nu et aveugle. Un cordon ombilical long de deux pouces
l'attachait à la mère, qui ne tarda pas à le couper; puiselle se mit à lécher et à
nettoyer son petit. Cela fait, elle reprit sa position accoutumée et enveloppa si
bien le petit avec ses ailes, qu’il fut impossible d'observer le mode d’allaitement.
Le lendemain elle mourut, et l’on trouva la jeune noctule adhérente encore à
la mamelle, on essaya de la nourrir à l’aide d’une éponge imbibée de lait ;
mais elle succomba à son tour, au bout de huit jours, sans que ses yeux fussent
ouverts; quelques poils seulement commençaient à se montrer sur son corps.
211
Je mets en fait ceci, c’est qu'il n’existe dans notre pays aucun
être du règne animal qui ne puisse vivre en captivité. Pour les uns,
il faudra prendre beaucoup de précautions ; pour d’autres, le natura-
liste sera obligé d'étudier avec un soin tout particulier les habitudes
du mammifère qu’il voudra garder près de lui; mais, avec de la
persévérance, on sera toujours sûr d'arriver à un bon résultat.
Ainsi, j'ai conservé, plus d’un an, un grand rhinolophe dans une
boîte. Pendant toute la journée, il restait accroché la tête en bas,
suivant les habitudes des chauves-souris, aux parois des planches,
qui étaient mal rabotées afin de donner prise à ses ongles. Je lui
présentais des mouches qu’il dévorait avec avidité, mais après les
avoir abattues d’un coup d’aile. Le jour, il restait dans un état de
torpeur, mais, la nuit, il faisait un tel bruit, qu’il me fut impossible
de le conserver dans un appartement habité. Je dis que j'ai conservé
un rhinolophe grand-fer-à-cheval, plus d’une année, en captivité ;
peut-être l’aurais-je conservé davantage, si, par une négligence dont
j'eus à me repentir, je n'avais laissé un soir la porte mal fermée ; le
lendemain matin, lorsque je voulus lui faire ma visite accoutumée,
je trouvai la cage vide et ne pus jamais remettre la main sur mon
prisonnier, qui aura probablement été la proie des chats.
Il m'est arrivé d’être souvent, un jour ou deux, sans lui donner de
nourriture. L’abstinence forcée que je lui faisais faire n’occasion-—
nait chez lui aucun symptôme d’affaiblissement.
C’est sur ce rhinolophe que j'ai étudié la marche des chauves-
souris, Quand une chauve-souris est poursuivie et qu’elle tombe à
terre, il lui est impossible de se soustraire à son ennemi; la nature
ne lui a pas donné des pattes, qui puissent, comme aux quadrupèdes,
lui faciliter une course rapide.
C’est à l’aide de ses aïles reployées et qui lui servent de jambes
de devant, qu’elle se hasarde à marcher, et, lorsque après plusieurs
culbutes elle a pris son aplomb, elle va encore assez vite, surtout si
on lui tient compte des innombrables efforts qu’elle est obligée de
faire. Mais, pour s'envoler, il faut qu’elle atteigne un endroit élevé ;
quelque petit qu’il soit, cela lui suffit. Sur une surface plane, elle
ne pourra jamais prendre que de pénibles allures. Chaque fois que
je mettais mon rhinolophe à terre, dans une chambre, son premier
212
mouvement était d'essayer de s’accrocher à une plinthe de la boiserie,
et lorsqu'il y était parvenu, ce point d’appui lui suffisait pour s’élan-
cer et étendre ses aïles.
J'avais mis, un soir, dans une même cage quatre rhinolophes, deux
femelles et deux mâles. Le lendemain, faisant mon inspection, je
trouvai les deux mâles dans un état horrible à voir, le museau plein
de sang, le ventre ouvert, les ailes déchirées, et donnant à peine
signe d'existence. Quant aux femelles, elles étaient pleines de vie,
et semblaient n’avoir pris aucune part au drame terrible dont elles
étaient innocemment la cause.
Au bout d’un mois, une des femelles mourut. La dernière est celle
que j'ai conservée si longtemps. Je ne dirai point que j'étais par-
venu à l’apprivoiser complétement, mais, ce que je puis affirmer,
c’est que, m’ennuyant à faire la chasse pour elle, j’avais pris le parti
de la saisir au crépuscule par la peau du cou, et de la présenter
ainsi devant une vitre où se trouvaient des mouches en grande
quantité. Le premier jour, elle se débattit fortement et ne toucha à
aucune. Le second, elle se débattit moins et commenca à en man-
ger quelques-unes. Enfin, le troisième jour, elle avait pris son
parti, et s’habitua tellement à cet exercice, que chaque fois que
je la présentais à la fenêtre, elle agitait ses ailes et poussait des
petits cris de joie.
Au dernier siècle, la faculté de médecine d'Angers prescrivait
aux poitrinaires la chair de la chauve-souris, comme étant excel-
lente à manger et d’une digestion facile ‘.
Elles étaient, alors, pour les paysans, le sujet d’une spéculation.
Ils les vendaient bon prix aux apothicaires. Outre la recherche
qu'ils en faisaient dans les caves, les souterrains, etc., ils avaient
encore plusieurs moyens de s’en emparer. Ainsi, le vol lent et irré-
gulier des Chéiroptères permettait de les atteindre avec des filets et des
perches. Connaissant leur gloutonnerie, les chasseurs attachaient
au bout d’une ligne un insecte. La chauve-souris ne voyait jamais
le piége qui lui était tendu et se faisait prendre à cet appât grossier.
1 Université d'Angers, faculté de médecine, liasse 4.
213
Scaliger et quelques auteurs, entre autres le docteur Louis Le-
mery, prétendent «que les chauves-souris sont fort estimées dans
plusieurs endroits pour leur bon goût. [ls disent même qu'aux pays
orientaux, elles sont plus délicates et plus agréables que nos poules
domestiques. »
La chauve-souris a des ennemis acharnés dans les oiseaux noc-
turnes. La chouette, le chat-huant, les hiboux en sont très-friands
et en détruisent un grand nombre. De plus, il y a des espèces qui
se font entre elles une rude guerre, comme nous aurons occasion
d’en parler en étudiant les divers Chéiroptères qui habitent l’Anjou.
Genre RHINOLOPHE. — RamnoLoPaus (Géorr.).
CaracrÈrEs. — Nez placé dans une cavité bordée de membranes,
ayant la forme d’un fer à cheval au-dessus duquel s’élance une feuille ;
les oreilles sont moyennes et n’ont pas d’oreillons. — Quant à la queue,
elle est entièrement enveloppée dans la membrane inter-fémorale. —
Trente-deux dents, quatre incisives en bas et deux plus petites en haut,
cinq molaires à la mâchoire supérieure, six à l'inférieure.
LE GRAND-FER-A-CHEVAL. — Rymnoczopaus UNIHASTATUS (GÉOFF.).
—- VesperTinio FERRuM-EquiNuM (Daus.).
CARACTÈRES. — Pelage fauve au-dessus, clair au-dessous, feuille nasale
double, la postérieure est en fer de lance, l’antérieure est sinueuse au
sommet et aux bords, oreilles grandes et pointues, membranes brunes.
Longueur de la tête aux pieds, sept centimètres; envergure, 27 centi-
mètres. |
Il existe de cette espèce une variété de couleur isabelle (perrières de la
Touche, commune de Martigné-Briant).
Quand arrive l’automne, les Rhinolophes grand-fer-à-cheval sont
généralement très-gras, leur peau alors suinte une liqueur épaisse
et luisante qui, en se répandant sur les poils du ventre, produit une
odeur désagréable.
Sur les limites de la commune de Martigné-Briant, près le ruis-
seau de Bel-Air, commune de Chavagnes-les-Eaux , au lieu appelé
La Touche, sont d'anciennes carrières de pierres coquillières, qui
214
furent pour la première fois explorées par les deux naturalistes ‘
qui ont écrit l’intéressante Flore de l’Anjou, intitulée : ÆHerborisa-
tions de feu M. Merlet de la Boulaye, ancien professeur de bota-
nique à Angers. Ces carrières servent de refuge aux Rhinolophes.
Pour pénétrer dans ces carrières, il faut d’abord entrer dans un trou
qui ressemble assez à celui d’un blaireau ; après avoir rampé à plat
ventre pendant quelques minutes, on pénètre dans de vastes salles,
ou l’on trouve, suspendu aux parois du mur, le rhinolophus unihas-
tatus. À la vue de la lumière (car si on n’a pas de torche, on reste
dans l’obscurité la plus complète), les chauves-souris se mettent à
voltiger autour du flambeau, puis viennent reprendre leur position
d’immobilité, c’est-à-dire, elles se placent la tête en bas et les pieds
en haut, accrochées aux aspérités de la muraille.
Un fait assez curieux, c’est que, dans ces salles ou plutôt ces com-
partiments, on ne trouve jamais ensemble le mâle et la femelle.
Après les amours, les mâles abandonnent complétement les mères et
vivent à part. Ces dernières portent leurs petits attachés à leurs
mamelles (comme du reste toutes les chauves-souris), qu elles sou-
lèvent en repliant leur membrane inter-fémorale.
Les rhinolophes produisent deux petits et souvent un seul. C’est
sur des rhinolophes que l’abbé SEEN a fait l’expérience sui-
vante. Après avoir arraché les yeux à plusieurs de ces animaux,
il lés lâcha dans sa chambre, et les vit se diriger avec la même süreté
et voltiger dans son appartement sans jamais se heurter au plafond.
C’est ce qui avait conduit ce physiologue à regarder les chauves-
souris comme douées du sixième sens, qui leur révélait l'approche
d’un obstacle solide.
La chauve-souris à l’état de repos, se place la tête en bas et les
pieds en haut, en s’enveloppant dans ses ailes comme dans un man-
teau. Dans cette position, il lui est fort difficile de vider. Aussi,
voici le moyen qu’elle emploie lorsqu'elle en sent le besoin.
1 Ces deux naturalistes sont MM. Pantin du Plessis et Davy de la Roche. J'ai
été très-surpris de trouver, dans l’Annuaire de l’Institut des provinces, le nom
d’une autre personne (qui en ces derniers temps se livre à la poésie), comme
étant l’auteur de ce travail, qu’elle n’a jamais écrit, ni payé.
215
Elle met une de ses pattes en liberté d’agir et en profite pour
heurter plusieurs fois la voûte. Le corps mis, par ses efforts, en mou-
vement, oscille et balance sur les deux ongles de l’autre patte, les-
quelles forment par leur égalité et leur parallélisme une ligne droite
comme serait l’axe d’une charnière. Quand la chauve-souris est
parvenue au plus haut point de la courbe qu’elle décrit,
elle abat le bras et cherche sur les côtés un point d'appui pour
y accrocher l’ongle qui le termine, celui du pouce de l'extrémité
antérieure. C’est dans cette situation horizontale, le ventre en bas,
qu’elle peut vider sans salir sa robe. Cette opération ne dure pas
plus de trois secondes. C’est sur des rhinolophes que j'ai fait cette
observation.
Quand on entre dans des carrières où se trouvent en grand
nombre des chauves-souris, surtout des rhinolophes, on est suffoqué
par une odeur fétide qui provient de la fiente de ces animaux.
Le rhinolophe grand-fer-à-cheval a été étudié, pour la première
fois, en France, en 1759, par Daubenton.
Assez commun. Château d'Angers, clochers de l’église cathé-
drale Saint-Maurice, dans le Baugeois et dans le Saumurois.
LE PETIT-FER-A-CHEVAL. — RHiNoLoPaus BIHASTATUS (GÉOFF.).
Caractères. — De trois huitièmes plus petit que le grand-fer-à-cheval ;
le front est formé de deux pièces, en forme de lance, placées par-dessus
l’une et l’autre oreille, plus sinueuses que celles du Rhinolophus-unihas-
talus.
Lorsqu'on voit cette chauve-souris suspendue à une voûte, on
est tenté de la prendre pour une chrysalide, tant elle est resserrée
dans la membrane de ses aïles.
On la trouve généralement aux mêmes lieux que la précédente ;
cependant elle est moins commune.
Genre VESPERTILION. — Vesperricio (Géorr.).
CARAGTÈRES. — Museau dépourvu de feuille sans chanfrein sillonné.
Oreilles séparées sur la tête ou réunies à leur base; l’oreillon interne,
mâchoire inférieure quatre incisives, très-rarement deux; la queue est
enveloppée dans la membrane inter-témorale. |
216
Oreillon en forme d’haleine.
VESPERTILION MURIN. — VesperTiLio Murinus (Linn.).
CARACTÈRES. — Oreilles ovales, inclinées en arrière, de la longueur de
la tête; oreillons falciformes, pelage d’un brun roussätre en dessus, d’un
gris blanc en dessous. Face nue, front très velu, narines renflées sur les
bords. Longueur neuf centimètres, envergure trente-trois centimètres,
bras six centimètres cinq millimètres; doigt du milieu neuf centimètres
cinq millimètres ; quatrième doigt huit centimètres cinq millimètres;
cinquième doigt, environ huit centimètres, pieds deux centimètres trois
millimètres ; queue quatre centimètres.
Ce vespertilion est très-méchant ; il est la terreur des autres
chéiroptères, qui à sa vue prennent la fuite en poussant des cris.
L’été, dans les douves sèches du château d'Angers, on voit sou-
vent à terre des chauves-souris qui ne peuvent plus bouger, ayant
les ailes déchirées et les os rompus ; ce sont les victimes du vesper-
tion murin. Cet animal attaque toute chauve-souris qui se hasar-
de à chasser la nuit dans ses parages. Il n’y a qu’une seule espèce
qui lui tient hardiment tête, c’est le grand-fer-à-cheval. Non-seule-
ment le vespertilion murin n’est pas toujours le maître, mais encore
il arrive que l’attaqué met hors de combat l’attaquant.
Le vespertilion murin est assez rare. Aubigné-Briant, Martigné-
Briant, Saumur, etc.
VESPERTILION. — Susmurinus (BREHM.).
CARACTÈRES. — Cette espèce a été confondue avec le vespertilion murin,
et cependant elle en diffère par son envergure de trente-cinq centimètres,
par ses oreilles plus courtes que la tête, par le dessus du corps brun
foncé, par son museau noirâtre.
Ce vespertilion habite les troncs d’arbres, vit isolé. Ses mœurs
sont plus douces que celles du vespertilio submurinus. Rare. Je l’ai
trouvé plusieurs fois sur les bords de la Loire.
1]
ds
1
IL.
Oreillon arrondi à son extrémité.
VESPERTILION NOCTULE. — VespertiL10 NocTULA (LINN.).
CARACTÈRES. — Pelage d’un roux foncé, poil doux, narines écartées,
oreilles ovales, moins longues que la tête, oreillon presque droit, déprimé
au milieu, terminé par une tête aplatie el ronde, museau court, chanfrein
large, membrane des ailes et de la queue d’un brun noir. Le long des
bras, en dessus comme en dessous, une large ligne de poils de la même
couleur que ceux du corps de l’animal ; la membrane qui borde les flancs
est recouverte de poils épais. Longueur huit centimètres, envergure des
ailes trente-trois centimètres, des bras huit centimètres, doigt du milieu
neuf centimètres cinq millimètres, quatrième doigt six centimètres trois
millimètres, cinquième doigt six centimètres, queue trois centimètres,
pieds quatre centimètres. Les mâles diffèrent des femelles en ce qu'ils
sont plus sveltes.
La noctule sort de sa retraite dès cinq heures du soir en été; elle
vole très-haut et se rapproche de terre et des eaux seulement au
moment du crépuscule; elle vit en troupes qui s’agglomèrent, l'hiver,
dans les souterrains, pour conserver plus de chaleur. Assez com-
mune dans l’arrondissement de Segré.
VESPERTILION SEROTINE. — VESPERTILIO SEROTINUS (LINN.).
CARACTÈRES. — Oreilles courtes et pointues, face nue, lèvre supérieure
renflée, garnie de verrues; museau court, yeux pelits, oreillons en demi-
cœur, son bord extérieur découpé comme le fleuron d’une fleur de lys,
et son bord intérieur découpé carrément; pelage d’un brun fauve, plus
foncé chez le mâle que la femelle. Vit isolé. Envergure trente-six centi-
mètres.
Cette chauve-souris n’a point encore été rencontrée dans le haut
Anjou. Je crois qu’elle doit se trouver dans tout notre département.
On l’a souvent prise pour la noctule, dont cependant elle diffère ;
elle se retire dans les troncs d’arbres. Je ne l’ai jamais vue dans
aucun souterrain.
218
VESPERTILION NOIRATRE. — VEsPERTILIO NIGRANS (CRESPON).
Ce joli chéiroptère a été observé pour la première fois par
M. Crespon de Nimes. |
CARACTÈRES. — Pelage de dessous d’un gris cendré, tandis que le dessus
est d’un fauve foncé, la moitié inférieure des poils est noir (il en est de
même pour ceux qui recouvrent le dessous du corps); une belle teinte
marron vif et bistré colore le front et les côtés du cou ; face noire, c’est-
à-dire que le bout du museau, les joues et les oreilles sont noirs. La
région qui sépare les oreilles du coin de la bouche est presque nue et
noirâtre; oreilles ovales, triangulaires, aussi longues que la tête, ayant un
rebord à leur base extérieure, au-dessus duquel est une échancrure. Mem-
branes des ailes et l’inter-fémorale noires. Le sommet dela queue se prolonge
en un filet long d’une ligne. Longueur totale de la tête et du corps quatre
centimètres; envergure des ailes dix-huit centimètres; du bras trois
centimètres quatre millimètres; doigt du milieu cinq centimètres trois
millimètres, du quatrième doigt cinq centimètres, du cinquième doigt
quatre centimètres ; queue trois centimètres ; pieds deux centimètres. La
femelle est un peu plus grande que le màle et a la couleur de dessous
d’un gris blanchâtre.
Cette chauve-souris n’était point encore signalée en Maine-et-
Loire; cependant elle est très-facile à reconnaitre par ses trois cou-
ronnes. Elle est très-commune et vit en société avec l’espèce sui-
vante.
Château d'Angers, Mürs, Soucelles, Brissac, etc.
VESPERTILION PIPISTRELLE. — VesperTiLi0 PiPISTRELLUS (LiNN.).
CARAGTÈRES. — Pelage d’un brun foncé en dessus, d’un brun fauve en
dessous, poils longs, oreilles et bout du museau noirs; nez large avec un
sillon au milieu; oreilles ovales, légèrement échancrées sur leur bord
externe, oreillons droits, arrondis à leur extrémité ; membranes noires,
celles des mâles ayant une bordure blanche au bas de la première échan-
crure qui suit les pieds; queue terminée par une pointe aiguë, longueur
totale quatre centimètres ; envergure vingt-trois centimètres, du doigt du
milieu cinq centimètres, quatrième doigt quatre centimètres sept milli-
mètres, cinquième doigt quatre centimètres ; de la queue, sept centimètres
quatre millimètres.
Cette chauve-souris sort un peu avant le crépuscule; on la voit
219
encore dans les airs pendant celui du matin; quand les temps sont
doux , le jour, elle quitte sa retraite quelques moments et se plait à
raser les eaux. Nous n’indiquerons aucune localité pour la pipis-
trelle; elle est tellement commune, qu’on peut la remarquer sur
tous les points de notre département.
VESPERTILION ÉCHANCRÉ. — VespeRTILIO EMARGINATUS (GÉOFF.).
CARACTÈRES. — Pelage d’un gris roussâtre en dessus, cendré en dessous,
front relevé en dessus du chanfrein ; oreilles oblongues, de la même lon-
gueur que la tête, fortement échancrées sur leur bord extérieur, à la moi-
tié de leur longueur, velues sur leur bord interne, en face de l’échancrure ;
oreillon droit, lancéolé, faisant la moitié de la longueur de l’oreille ; mem-
brane des ailes noirâtre. Longueur six centimètres ; envergure trente
centimètres ; du doigt du milieu dix centimètres, quatrième doigt sept
centimètres, cinquième doigt sept centimètres sept millimètres; de la
queue quatre centimètres trois millimètres ; pieds quatre centimètres.
Cette espèce est la plus rare de toutes celles qui habitent l’Anjou.
C’est dans les vieux châteaux du Baugeoïis qn’on l’a seulement
trouvée jusqu’à ce moment. Vit isolée.
VESPERTILION A MOUSTACHES. — VesperTizio Mysracinus (LEISLER).
CaracTÈRES. — Tête petite, nez renflé avec une fissure au milieu;
oreilles grandes, oblongues, arrondies au sommet ; face velue, ornée de
poils doux, ailes longues, qui forment moustaches; pelage laineux, marron
en dessus, blanchâtre en dessous. La femelle a des teintes moins foncées ;
elle habite avec la pipistrelle.
Cette chauve-souris n’a point encore été trouvée en Anjou; mais
nous ne désespérons point de la rencontrer dans notre province.
Les chauves-souris n’ayant jamais été bien étudiées, il y a, j'en
suis persuadé, beaucoup d’espèces encore à découvrir.
Le vespertilion à moustaches a été d’abord observé en Allema-
gne, puis on a constaté sa présence à Paris; M. Baillon l’a vu à
Abbeville; M. Crespon l'indique dans sa Faune méridionale. Nous
donnons ses caractères, qui pourront peut-être servir à ceux qui
voudront essayer de le chercher dans notre département.
220
LIL.
Oreilles unies sur le haut de Ia tête,
VESPERTILION OREILLARD. — VESPERTILIO AURITUS (LINN.).
— Vulgairement l’'OREILLARD.
CaRACTÈRES. — Pelage d’un gris fauve en dessus, d’un cendré blan-
châtre en dessous ; oreilles très-grandes, unies l’une à l’autre sur le crâne;
oreillon grand et lancéolé. Longueur cinq centimètres, envergure vingt-
six centimètres; longueur du bras quatre centimètres, du doigt du milieu
sept centimètres, du quatrième doigt six centimètres, même dimension
pour le cinquième doigt; queue quatre centimètres; longueur des pieds
trois centimètres.
De tous les Chéiroptères, le plus malheureux est l’oreillard ; car
il a pour ennemis non seulement tous ceux de ses congénères, mais
encore les autres chauves-souris. Si, par hasard, cet animal, qui est
très-poltron, se montre près des lieux où chassent les chauves-
souris, de suite elles se mettent, en jetant des cris, à sa poursuite
et lui font prendre la fuite. Aussi sort-il plus tard et rentre-t-1l de
meilleure heure. Il se tient à l’écart; son vol est lent et lourd ;
il se retire dans les vieux édifices, vit isolé, évitant tout lieu où
il pourrait rencontrer une chauve-souris, qui ne manquerait pas de
l’attaquer et de le mettre à mort.
CHAUVE-SOURIS BARBASTELLE. — VEsPERTILIO BARBASTELLUS (GMEL.)
— Vulgairement la BARBASTELLE.
CARACTÈRES.— Oreilles grandes, triangulaires, arrondies, réunies en par-
tie l’une à l’autreau-dessus du front ; pelage noir ; envergure vingt-sept cen-
timêtres; trente-deux dents; museau tronqué ; joues renflées; chanfrein
enfoncé et dégarni de poils.
Cette chauve-souris a cela de particulier qu’elle répand une odeur
fort désagréable. Elle est très-rare.
Habite avec la pipistrelle,
221
Deuxième Famizze. — INSECTIVORES.
CARACTÈRES.— Pieds courts, armés d’ongles, ceux de derrière ont cinq
doigts; en marchant ils appuient entièrement la pointe du pied sur la
terre. Molaires hérissées de pointes. Ces animaux ont les mouvements
très-lents et ne sortent guère que ie jour; ils se nourrissent généralement
d'insectes et passent l’hiver dans un état complet d’engourdissement.
Genre HÉRISSON. — Ermaceus (Livn.).
CARACTÈRES. — Museau pointu, corps garni de piquants, yeux petits,
: P » COTPS £ P ,
queue courte. Ces animaux peuvent se rouler en boule en rentrant leur
tête comme dans un étui.
LE HÉRISSON ORDINAIRE. — Ermnaceus Europeus (Linn.).
CARACTÈRES. — Nez noirâtre, tête, cou et dessous de la gorge, ainsi que
les jambes, d’un fauve clair, piquants variés de noir-brun et de blanc sale. :
J'ai trouvé une seule fois, sur la commune de Mozé (Maine-et-
Loire), un hérisson dont l’aspect était entièrement roux. Mon col-
lègue et ami Raoul de Baracé a fait la même rencontre, sur la
commune du Lion-d’Angers.
On a écrit de singulières choses sur le hérisson. Aïnsi, l’on a
prétendu et affirmé que les piquants qui couvrent la peau de cet
insectivore, le forcent à s’accoupler face à face. Je puis, au contraire,
aflirmer que les hérissons opèrent leur accouplement comme les
autres mammifères.
La description anatomique du hérisson a été faite de la facon la
plus complète, et il semble difficile d’ajouter sur cette matière. Mais
la vie, les mœurs, les habitudes ont été peu étudiées. Ainsi, dans
le Dictionnaire universel d'histoire naturelle, je remarque ce pas-
sage à l’article Hérisson : « On ignore la durée de la gestation. »
Je puis dire, de la fagon la plus certaine, qu’elle est de deux mois.
Voici comment j'ai pu établir ce fait.
Le 30 mars 1866, j'ai trouvé à Claye, commune de Mürs,
près les Ponts-de-Cé, à six heures du soir, un hérisson mâle
x. 16
222
et une femelle accouplés. Je remarquai avec soin le lieu de leur
retraite; ils avaient choisi un hangar rempli de bois. Lorsque
le mois de mai arriva, tous les jours je visitai la demeure de ces
animaux ; le 2 mai, je n’apercus que la femelle s’occupait à faire
son nid avec de la mousse et des feuilles sèches; le 29 mai au ma-
tin, je constatai l’arrivée, pendant la nuit, d’une portée de six petits,
dont la peau était blanche, parsemée de petits points noirs, mdiquant
la place des piquants. Ces petits étaient aveugles et avaient les
oreilles fermées.
Le hérisson ne sort que pendant la nuit. Cet animal vit isolé, et
quoiqu'il soit assez commun dans notre département, on est quel-
quefois assez longtemps sans en apercevoir; aussi ne peut-on se
livrer à son égard à un examen suivi. C’est une grave erreur que de
croire que le hérisson n’est pas intelligent. D’une nature timide, il
marche lentement, le moindre bruissement d’une feuille le fait s’ar-
rêter ; il écoute, et s’il prévoit quelque danger, de suite 1l se met en
boule et présente à son adversaire une masse de piquants qu'il n’est
pas facile de saisir impunément. C’est là son unique moyen de dé-
fense, aussi en use-t-il largement. Il vit d’insectes et de mollus-
ques, qu'il dévore avec avidité. Les limaçons, surtout celui des jar-
dins, Helix hortensis (Muller), et celui appelé vigneronne, Helix
pomatia (Linné), sont pour lui mets de prince. Lorsqu'il en rencontre
plusieurs, il prend son temps entre chaque, et met un certain inter-
valle à les dévorer. Il est tellement timide, qu'à chaque instant il
prête l’oreille pour s’assurer si l’on ne viendra pas le troubler dans
son repas. Tant qu’il trouve de quoi vivre, il s'éloigne peu de la
retraite qu’il s’est choisie.
Le hérisson est très-susceptible d'éducation. J’ai connü un paysan
qui en avait dressé un d’une façon étonnante; il arrivait à son
commandement lorsqu'il l’appelait, et venait manger dans sa main,
puis, pendant la journée, il restait blotti dans le coin d’une chambre
sur un monceau de copeaux.
J'ai conservé moi-même, pendant quelque temps, un hérisson en
captivité ; j'ai remarqué qu’à l'époque des grandes chaleurs il fallait
souvent faire baigner cet animal.
223
Le hérisson était autrefois très recherché sur la table des grands.
Ainsi, parmi les plats qui formèrent le menu dressé, en 1455, par
le célèbre cuisinier angevin Taillevant, pour Charles d'Anjou, prince
du sang, beau-frère du roi Charles VIT, nous voyons figurer un
hérisson à la sauce. I] était permis de manger le hérisson pendant
le Carème, on le considérait comme un aliment maigre, parce que
cet animal ne se nourrit que d'insectes et de mollusques.
Aujourd’hui, les habitants de la campagne aiment encore beaucoup
la chair du hérisson; ils sont les plus cruels ennemis de cet inof-
fensif mammifère. Lorsqu'ils en rencontrent un, à l’aide d’un
bäton appliqué, ils pèsent sur son dos: la douleur, qu’éprouve la
pauvre bête, lui fait quitter sa forme sphérique ; elle s’allonge sous
le poids de la souffrance, et c’est alors qu’ils la tuent, afin de pouvoir
plus facilement la mettre dans leur gibecière.
Il existe dans le Baugeois une singulière croyance : on prétend
que si une vache vient à passer dans un chemin où se trouve un
hérisson mort, elle sera instantanément privée de son lait!
Aujourd’hui, dans l'intérêt de l’agriculture, on accorde une large
part à bien des animaux qu’on proscrivait autrefois. Ainsi l’on con-
sidérait, il n’y a pas encore longtemps, les oiseaux de proie nocturnes
comme très-nuisibles au gibier, et l’on payait une prime pour leur
capture. Dans une seule forêt des environs de Paris et en une seule
nuit, on a détruit 1466 hiboux ‘, chats-huants et autres nocturnes.
Nous avons fait un pas en avant, et le grand-veneur, en cessant
de faire payer la prime aux gardes pour la prise des nocturnes, a
donné un excellent exemple, que tous les grands propriétaires de-
vraient bien se hâter de suivre. Confondre tous les oiseaux de proie
diurnes, nocturnes et autres, c’est faire preuve d’ignorance et de
cruauté ; 1l n’est pas juste de condamner à mort des êtres qui ont
droit à notre bienveillance, l'expérience ayant démontré les services
qu'ils rendent aux cultivateurs.
Cette protection devrait à bon droit s’étendre sur le hérisson, qui
dans aos champs et nos jardins ne faït absolument que du bien, qui
! La vie de campagne.
224
jamais ne fouit la terre, qui ne laisse nulle part des traces de son
passage, ne dévaste aucune plante, saisissant les insectes et les mol-
lusques à la surface du sol. Aussi, les propriétaires intelligents ont-
ils soin de se procurer des hérissons qu’ils mettent dans leurs jardins,
et, lorsqu'ils peuvent les y habituer, ils ne tardent pas à s’apercevoir
de leur utilité.
Le hérisson est de beaucoup préférable au crapaud, qui est de-
venu, depuis quelques années, l’auxiliaire indispensable des marai-
chers de Paris ‘. Les crapauds font une guerre acharnée aux lima-
cons qui, en une seule nuit, peuvent ôter toute valeur commerciale
aux laitues, aux carottes, aux asperges et même aux fruits de pri-
meur. Outre que le hérisson dévore les limacons comme le crapaud,
il a sur lui l'immense avantage d’être complétement utile, tandis
qu’il est reconnu que le crapaud est l’ennemi déclaré des melon-
nières *.
1 Il se fait à Paris un commerce considérable de crapauds.
3 A l’appui de cette assertion, nous allons publier une lettre insérée dans le
journal le Salut public, de Lyon, à la date du 5 mars 1868.
Nous recevons, dit le rédacteur de ce journal, de M. Cherblanc, maire de
Lentilly, la lettre suivante, qui traite, avec l’autorité d’un esprit pratique, une
question intéressante, et en donne une bonne solution :
« Monsieur le rédacteur,
« J'ai lu dans une de vos chroniques un article concernant la destruction de
la vipère. Sans doute, c’est un reptile dangereux et qu'il importe de combattre
par tous les moyens. Je vais donc essayer de porter à la connaissance du public
la cause de sa grande multiplication depuis quelques années.
« Cette multiplication est due à la chasse inexorable qu'on fait très-fréquem-
ment aux hérissons. Depuis quelque temps, des bandes de bohémiens infestent
nos campagnes et campent sur les grandes routes, où on les rencontre par ving-
taines. Les hommes, pendant la journée, se livrent à la confection de paniers,
qui sont bien faits et très-bons, parce qu’ils sont faits avec du bois de lune; les
femmes courent les champs et vont dire la bonne aventure aux campagnards qui
veulent bien les écouter; les enfants mendient, et quelques-uns jouent de
l’accordéon.
« Mais, le soir venu, le père de famille détache le chien dressé à cette chasse
et suit le Eord des bois et des ruisseaux, et chaque nuit, ramasse quatre ou
cinq hérissons qui servent à la nourriture de la colonie.
« Je me suis trouvé plusieurs fois à portée de voir exterminer plusieurs de
225
Le hérisson franchit les clôtures les plus élevées. Un de nos col-
lègues, M. le commandant Dupont, avait mis dans son jardin clos
de murs un hérisson femelle ; l’annéelsuivante il fut fort étonné de
voir au printemps cette femelle suivie d’une progéniture ; il était
évident qu’un hérisson s’était introduit dans le jardin, et il n’avait
pu le faire qu’en escaladant les murs. La mère et les petits, ennuyés
d’être dans le jardin, prirent à leur tour la fuite, en employant le
même moyen d'escalade, que celui qui avait servi au mâle pour venir
trouver la femelle.
ces petits animaux inoffensifs, et je me suis fait expliquer leur manière de les
chasser et de les accommoder.
« Or, il n’est pas de plus grand destructeur de vipères, de rats, de reptiles
de toute sorte que le hérisson. Aussi la nature, qui fait si bien tout ce qu’elle
fait, l’a-t-elle armé et habillé de pied-en-cap pour le rendre propre à attaquer
ces reptiles tant redoutés. Le hérisson, par son odorat, est semblable au porc, qui
va trouver à trente centimètres sous terre les truffes. Le hérisson sent les reptiles
enfouis, et, avec l’aide de son museau et de ses petites pattes, il va les découvrir
à trente, même à quarante centimètres, s’en empare et en fait sa proie.
« Si l’on doute de ce que j’avance, qu’on se procure un hérisson et une vipère,
qu’on les enferme ensemble; bientôt on verra le combat commencer, et la
vipère ne tardera pas à succomber. Le hérisson rabat son casque épineux, se
jette sur le reptile, avec ses dents acérées lui casse la colonne vertébrale et
lui coupe la tête.
« Outre les bohémiens que je vous ai signalés plus haut, il existe dans certaines
communes des individus qui, d’après la rumeur publique, s'occupent de cette
chasse aux hérissons et en apportent à Lyon des quantités considérables.
« Que l’on avise à empècher cette chasse, qu’on favorise au contraire la repro-
duction des hérissons, et l’on n’aura plus besoin, dans quelques années, de s’oc-
cuper de la destruction de la vipère.
« Un bohémien m'a certifié en avoir pris vingt-deux de Lozanne à l’Arbresle,
sur un parcours de six kilomètres, en une seule nuit. Que l’on calcule le
nombre de reptiles que ces vingt-deux hérissons auraient pu détruire !.…
« Il importe donc de prendre toutes les mesures possibles pour empêcher la
destruction de ce petit quadrupèdes inoffensif à l’agriculture, sinon pendant la
maturité du raisin, où il mange quelques grappes et quelques pommes tombées.
« Agréez, etc. »
226
GENRE MUSARAIGNE. — Sorex (Lann.).
CARACTÈRES. — Museau long, effilé, mobile, oreilles courtes, cachées
par les coins, queue comprimée, dents tantôt rougeâtres ou brunes à
leur extrémité, tantôt entièrement blanches.
Ces petits quadrupèdes appartenant à ce genre ont des habitudes
nocturnes, vivent d'insectes, ont des yeux tellement petits, qu’on les
croirait aveugles, et cependant ils savent parfaitement fuir à l’ap-
proche du moindre danger. D’une nature méchante, ils se battent
et se déchirent entre eux‘. Ils vivent solitaires dans des trous, dans
les murailles, sortent le jour, mais préfèrent la nuit. Ils répandent
une odeur de musc qui, à l’époque du rut, est tellement prononcée,
que les chats, lorsqu'ils les tuent, ne peuvent les manger. C'est ce
qui explique le nombre de musaraignes mortes, que l’on rencontre
fréquemment dans les champs.
LA MUSARAIGNE COMMUNE. — SoREx ARANEUS (SCHREBER .).
Vulgairement MisErITE, MISEREIGNE, MUSETTE.
CARACTÈRES. — Longueur du corps et de la tête Om,062, de la queue
0",075, pelage gris en dessus, cendré en dessous, oreilles nues, grandes,
arrondies, dents d’un blanc brillant, moustaches allongées, queue longue,
grêle, effilée à son extrémité et couverte de poils très courts. Elle vit
solitaire.
Cette musaraigne, qu’on trouve partout, est essentiellement fa-
rouche, habite les troncs d’arbres, les creux de rochers, les trous
de murailles, sous des amas de feuilles, dans les fumiers, etc., fait
son nid à terre avec des feuilles sèches.
Les habitants de la campagne croient que la morsure de cet
animal est venimeuse et dangereuse pour leurs bestiaux ; et chaque
1 M. Courtiller jeune, directeur du musée de Saumur, m’a raconté qu'ayant
un jour tendu des piéges pour prendre des campagnols, il remarqua que ceux
qui s’étaient laissés capturer étaient tous dévorés sur les piéges par des musa-
raignes ; ce fait prouve que cet animal n’est pas, comme généralement on le
croit, essentiellement insectivore.
227
fois qu’ils trouvent des musaraignes, ils les tuent impitoyablement.
Voici ce qui a donné lieu à ce préjugé. Lorsqu'il fait froid, les
musaraignes se retirent souvent dans les étables, se cachent sous
les fourrages, sous les crèches, sous les litières; cet animal, qui
s’en va ‘trottant le nez en l'air, poussant un petit cri, dans lequel on
a cru distinguer le mot muserite, ce qui lui a fait donner ce nom
vulsaire, a la singulière habitude de mordre tout ce qui se trouve
sur son passage ; ainsi, dans les étables, il mordille les jambes des
bœufs, des vaches. Mais ces très-légères morsures ne font aucun
mal aux bestiaux, qui souvent même ne s’en apercoivent pas, et
qui par un faible mouvement se débarrassent aisément de ces petits
agresseurs.
MUSARAIGNE CARRELET. — Sorex TETRAGONORUS (HERM.).
CarACTÈRES. — Tête carrée présentant quatre faces ; légers sillons à
la partie inférieure, ce qui l’a fait comparer à l’anguille désignée sur nos
marchés sous le nom de Carrelet.
Il arrive quelquefois que des individus appartenant à cette espèce
perdent les poils qui couvrent leur tête. Cette remarque, qui a été faite
pour la première fois, en Anjou, par le savant M. Auguste Courtiller
jeune, avait donné à penser à M. Pierre Millet que, dans cette mue
accidentelle, on pourrait trouver les caractères d’une espèce, qu’il
signala, en 1825, sous le nom de personatus, à la Société Linnéenne
de Paris. Cette espèce ne fut pas admise ; aussi, l’auteur en chan-
gea-t-il le nom, en 1828, pour lui donner celui de coronatus.
Ce n’est qu’une simple variété de la musaraigne carrelet.
Habite les jardins, les champs; mêmes mœurs que l’espèce pré-
cédente.
MUSARAIGNE PLARON. — Sorex CoNsTRicTus (HERM.).
CARACTÈRES. — Manteau plus épais que la précédente, oreilles petites,
pelage long, noir en dessus, gris brun au ventre, cendré à la gorge;
queue aplatie.
Cette espèce fait son nid dans les prés. Quand elle fuit, elle court
228
tout droit devant elle, ce qui fait qu’elle est souvent victime des
animaux qui la poursuivent; elle va à l’eau et plonge très-bien.
Bords de la Loire, du Thouet, de la Moine, etc.
MUSARAIGNE D'EAU. — Sorex FopIENs (PALLAS).
CARACTÈRES. — Pelage velouté en dessous, museau gros, bord de la
lèvre supérieure un peu blanchâtre ; tache blanche en arrière des yeux,
queue de la longueur du corps, noirâtre et frangée en dessus par des poils
raides blanchâtres, qui aident l'animal dans la natation ; pieds cendrés
bordés de cils, moustaches noires ; longueur totale 17 centimètres.
Il existe, en Maine-et-Loire, une variété de cette musaraigne; elle
n’a pas de tache blanche en arrière de l'œil et aux oreilles ; ses on-
gles sont rougeâtres; elle n’a point de cils blancs sous la queue.
Elle est assez rare; je l’ai trouvée plusieurs fois sur les bords du
Layon.
Cette espèce habite dans des trous, au bord des ruisseaux, ne vit
que d’insectes aquatiques et de petits crustacés, qu’elle saisit soit à
la surface de l’eau, soit en plongeant. La femelle fait son nid à
terre ; 1l est composé de feuilles sèches, principalement de feuilles
de chêne et de saule blanc. Lorsqu'elle le quitte, pour aller chercher
sa nourriture, elle a soin de couvrir sa progéniture de feuillage, afin
de la dérober à tous les regards, de sorte qu’il faut un œil très-
exercé pour pouvoir découvrir son nid. Du reste, lorsqu'elle est
avec ses petits, elle les cache avec un soin extrême, et l’on n’apercoit
que son léger museau pointu, qui est dans un état d’immobilité
complète.
Cette musaraigne est très-commune sur tous les bords de nos
petits cours d’eau.
Genre TAUPE. — Tarpa (Linx.).
Les animaux placés dans ce genre habitent sous la terre, qu’ils
fouissent avec une habileté incroyable. Leur corps est trapu, leur
museau allongé et mobile ; l'ampleur de leurs membres antérieurs,
que terminent des ongles forts et robustes, leur donne une grande
229
facilité pour labourer le sol et se creuser des galeries ramifiées à
l'infini. C’est dans ces labyrinthes que les taupes fixent leur demeure,
dont elles ne sortent guère, si ce n’est la nuit, ou bien lorsqu'elles
veulent changer de contrée.
Un œil exercé reconnaîtra facilement, quand il verra une galerie
de taupe, si elle est l’œuvre d’un mäle, d’une femelle ou d’un jeune
individu. Les mâles, plus gros que les femelles, tracent des souter-—
rains moins tortueux ; quant aux adultes, les boyaux qu’ils creusent
sont peu profonds et la terre qu’ils soulèvent forme des élévations
ou taupinières peu volumineuses.
On leur compte vingt-deux dents à chaque mâchoire.
Leurs yeux sont extrêmement petits, ce qui a fait croire à beau-
coup de personnes que ces animaux sont aveugles.
A l’époque des unions, les mäles sont très-méchants et se bat-
tent entre eux. Ces combats leur sont souvent funestes, ear la moin-
dre goutte de sang que la taupe répand par la tête suffit pour lui
occasionner immédiatement la mort.
Les taupes vivent parfaitement en captivité ; le grand plaisir des
jeunes écoliers est d’en avoir dans de grandes boîtes remplies de
terre et de leur donner des insectes à manger.
LA TAUPE D'EUROPE. — Tazpa EUROPEA (LInw.).
CaRAGTÈRES. — Pelage noir, doux et velouté, queue courte.
Il existe, en Anjou, plusieurs variétés de la taupe d'Europe :
1° La cendrée, qui est assez commune dans les environs de
Baugé ;
20 L’isabelle, assez rare, vallée de la Loire;
3° La blanche.
Le muséum d'histoire naturelle de la ville d'Angers possède de
très-beaux individus de ces deux dernières variétés, montés avec
art par le directeur de cet établissement scientifique, M. Deloche.
Ces deux variétés sont dues à des causes accidentelles.
La taupe d'Europe fait deux portées par an, l’une au mois de
mars et l’autre en juin; les petits naissent nus et rouges. La taupe
230
construit son nid avec des feuilles sèches ; il est placé au centre de
nombreuses galeries, dans une chambre, dont la voûte est soutenue
par des piliers qu’on dirait maconnés, tant ils sont durs; les corri-
dors qui communiquent avec le lieu où repose sa progéniture sont
bouchés par de la terre, afin d'interdire toute communication. Cette
terre, obstacle pour les reptiles ennemis de la taupe, n’en est pas un
pour elle, lorsqu’elle veut sortir de sa retraite. La taupe vit isolée ;
plus elle est vieille, et plus son poil est noir.
La taupe est-elle un animal réellement nuisible dans toute l’ac-
ception du mot?
Depuis plusieurs années, de savants naturalistes se sont posé
cette question. Les uns ont condamné à tout jamais la taupe et ont
vivement engagé les agriculteurs à lui faire la guerre,
D’autres l'ont prise sous leur protection et l’ont classée parmi les
animaux les plus utiles.
Je crois que cet insectivore ne mérite
Ni cet excès d'honneur, ni cette indignité.
Dans les jardins, la taupe cause des dégâts considérables ; la terre
qu’elle rejette à la surface du sol, en fouissant ses galeries, détruit
complétement les semis qui se trouvent dans le terrain qu’elle
laboure ; les plantes aux racines peu profondes étant soulevées,
meurent desséchées par l’action de l’air ou brülées par les rayons
du soleil. Les insectes qu’elle détruit, il est vrai, en grande quan-
tité, — car, comme l’a très-justement observé Geoffroi Saint-Hilaire,
. le besoïn de manger naît, chezelle, d’un épuisement ressenti jusqu’à la
frénésie, — ne compensent pas le mal qu’elle fait dans nos plates-
bandes. Aussi, la taupe est-elle regardée par nos horticulteurs etnos
maraïchers comme un être malfaisant, auquel il ne faut accorder ni
trève ni merci. Quant aux agriculteurs, elle leur rend de véritables
services ; ses ravages dans les vastes cultures sont insignifiants, et,
du reste, son domicile est surtout dans les prés bas. La taupe aime
la fraicheur; les prés à regain lui offrent le double avantage d’être
toujours un peu humides et de renfermer beaucoup d’insectes et de
larves. La terre qui sort de ses galeries vaut, pour le cultivateur in-
231
telligent, un engrais, si surtout il a soin de l’étendre avec un râteau;
mais s’il néglige cette précaution, il voit à l’époque de la fenaison
sa prairie couverte de petits monticules où croissent généralement
de mauvaises herbes, et contre lesquels vient se heurter la faulx du
faucheur.
Au xvi° siècle et jusqu’à l’époque de la Révolution, 1l était atta-
ché à chaque seigneurie un homme exerçant la profession de tau-
pier. Toute taupe prise par lui était accrochée au poteau de la
seigneurie, et il recevait une prime de 4 sols.
Sous Louis XV, il s'établit en Anjou un singulier usage. Les
femmes du grand monde crurent embellir leur visage en cachant
leurs sourcils sous de petites bandelettes en peau de taupe. Cest
à cette époque que les taupiers furent astreints à dépouiller leur
capture, pour en remettre la peau entre les mains de la châtelaine.
Les piéges dont on se servait alors étaient fort grossiers ; ils con-
sistaient en un cylindre creux long de huit pouces ; à chaque bout du
cylindre était placée une petite palette en bois ; celle qui se trouvait
à la partie du cylindre qu’on introduisait la première dans la galerie
était mobile. La taupe, lorsqu’elle la rencontrait sur son passage,
la soulevait facilement, mais aussitôt elle se fermait sur elle.
Comme l’autre palette était fixe, la taupe se trouvait ainsi dans une
véritable prison.
Fame DES CARNIVORES.
CARACTÈRES. — À chaque mâchoire six incisives et deux canines, molai-
res tranchantes.
Cette famille se divise en trois tribus : les plantigrades, les digi-
tigrades et les amphibies. Aucun mammifère de cette dernière tribu
n’habite lAnjou.
Première tribu. — LES PLANTIGRADES.
Ils marchent sur la plante entière, ce qui leur donne une grande
facilité pour se redresser sur les pieds de derrière. Par leurs habi-
232
tudes, ils se rapprochent des insectivores. Beaucoup d’entre eux
sont nocturnes.
Genre BLAIREAU. — Mers (Srorr.).
CARACTÈRES. — Jambes courtes ; ce qui fait que les animaux de ce
genre semblent plutôt ramper que marcher. Cinq doigts aux pieds, ongles
robustes, avec lesquels ils creusent des terriers profonds. Queue velue
et courte. Sous la queue se trouve une poche de laquelle sort une liqueur
grasse qui répand une très-mauvaise odeur.
BLAIREAU COMMUN. — Meces VuLcanis. (DESM.).
CARACTÈRES. — Pelage d’un gris brun en dessus, noir en dessous,
bande noire allongée de chaque côté de la tête, passant sur les yeux et les
oreilles.
Le blaireau vit solitaire dans des terriers qu’il se creuse, ne sort
que la nuit pour chercher sa nourriture. Son système dentaire le
fait ranger dans la famille des carnivores; mais, s’il mange des
mulots, des oiseaux, du gibier, il est très-friand de fruits, et quand
il pénètre dans un verger, dans une vigne, il laisse peu à récolter
après lui. Cet animal est très-paresseux ; la faim seule le fait quitter
son repaire. Au mois de juillet, la femelle fait une portée qui varie
entre quatre et cinq petits.
Le terrier du blaireau est extrêèmement propre; il creuse à côté
un trou dans lequel il dépose ses ordures, mais ne les recouvre pas,
ce qui fait que les terriers de ces animaux ont une odeur nau-
séabonde. Un fait singulier à constater, c’est que les blaireaux, si
soigneux de leur personne et de leur demeure, ont presque tous
généralement la gale.
Le blaireau fait un nid pour déposer ses petits. Ce nid, qui n’est
qu’une espèce de fagot formé d’herbes, est préparé en dehors du
terrier, sur les lieux où le blaireau a choisi les plantes qui lui con-
viennent ; lorsqu'il est terminé, il le traine entre ses jambes jus-
qu’à son logis et l’étend ensuite avec le plus grand soin dans l’in-
térieur.
233
J'ai vu bien des fois des nids de blaïreaux ; ils sont tous, dans
notre province, composés des mêmes plantes. Voici celles que j’y ai
constammentremarquées : le millet (mzlium effusum, L.), la mélique
(melica uniflora, Rarz), la canche gazonnante (aira cespitosa L.), la
houlque molle (ko/cus molks, L.), le paturin des forêts (poa nemo-
rals, L.), la cynosure en crête (cynosurus cmstatus, L.), la molinie
bleuâtre (molinia cærulea, Mæncu), le brôme rude (bromus asper,
Murray).
Le blaireau s’apprivoise très-facilement ; on l’élève à l’état de do-
mesticité, absolument comme un jeune chien.
Il est rare que les chiens s'emparent d’un blaireau; son poil
épais, ses mâchoires robustes et ses ongles offrent une vigoureuse
résistance à ses agresseurs. Le blaireau se couche sur le dos lors-
qu'il est attaqué et fait aux bassets qui le chassent de profondes
blessures. C’est le plus communément dans son terrier qu’on s’en
rend maître, mais non sans difficultés ; il faut presque toujours le
bécher.
En 1620, le roi Louis XIII passa plusieurs jours au château du
Pimpéan, situé sur la paroïsse de Grezillé, appartenant au prince
de Beauvau‘. On procura au roi le plaisir de traquer des blaireaux,
genre de chasse qu’il affectionnait.
Le poil est employé pour la fabrication des brosses, surtout des
brosses à barbe.
Autrefois la faculté de médecine d'Angers ordonnait pour la gué-
rison des douleurs, une pommade composée de graisse de blaireau.
En 1780, on faisait des pâtés avec la chair du blaïreau. Voici ce
qui avait donné naissance à ce mets. Un gentilhomme provençal,
V'abbé Honoré Quiqueran de Beaujeu, ayant recu d’un de ses do-
1 La branche de la famille de Beauvau, qui possédait ce château, portait le
nom de Beauvau-Pimpéan. Cette magnifique terre vient d’être vendue (1868) à
des spéculateurs. On voyait encore, à cette date, dans une salle du château, le
lit dans lequel le roi Louis XIII coucha pendant son séjour au Pimpéan. La cha-
pelle qui est du xvi® siècle, a sa voûte ornée d’une très-belle fresque repré-
sentant Dieu le Père, assis sur un trône, tenant dans ses mains le Christ. Au-
dessus de Dieu, est le Saint-Esprit sous la forme d’une colombe.
234
mestiques un blaireau fort gras, ordonna à son maïître-queux de le
préparer en pâté. Les convives auxquels il fit manger ce nouveau
plat le trouvèrent tellement exquis, qu’il fut mis en honneur dans
toute la Provence. L'abbé Quiqueran de Beaujeu vint quelque temps
après professer la théologie à Saumur, et là, il introduisit le pâté de
blaireau dans la cuisine angevine. Aujourd’hui, on a complétement
perdu le souvenir de cette conquête culinaire du xvme siècle.
Deuxième tribu. — LES DIGITIGRADES.
CARACTÈRES. — Ces animaux au lieu d'appuyer la plante entière de
leurs pieds sur le sol ne le touchent que de l’extrémité de leurs doigts; ils
peuvent tenir leurs ongles redressés durant la marche, et ne les recour-
bent que lorsqu'ils veulent déchirer leur proie.
Genre MARTE. — Musreza (Linx.).
De tous les carnassiers qui habitent l’Anjou, les martes sont les
plus cruels. D'une souplesse extrème, elles savent, pour approcher
de leur proie, se glisser par les plus petits trous. Lorsqu’elles peu-—
vent pénétrer dans un poulailler, dans une basse- cour, au lieu d’as-
souvir leur faim sur les premiers animaux qu’elles rencontrent,
comme le font les autres carnassiers, elles tiennent à ce qu’il
n’existe autour d'elles aucun être vivant; oies, canards, dindons,
poules, lapins, etc., tout est mis à mort; ce n’est qu’au milieu du
sang que les martes sont vraiment heureuses.
Leur caractère sauvage n’est point un obstacle pour les appri-
voiser. On rencontre assez souvent de petits mendiants qui parcou-
rent nos villes avec des martes parfaitement dressées et auxquelles
ils font faire des exercices d’agilité étonnants.
Pendant les soirées d’hiver, les paysans chassent les martes. La
peau de ces animaux est très-recherchée comme fourrure. Cette
chasse se fait avec des chiens dressés à cet effet. Lorsqu'une marte
est poursuivie de trop près, vite elle grimpe sur un arbre; les chas-
seurs alors la font tomber avec des perches, et lorsqu’elle est à terre,
les chiens qui font le guet au pied de l'arbre s’en emparent.
235
Il arrive que la marte, lorsqu'elle trouve un arbre creux, se
blottit au fond et n’en bouge plus; pour la faire sortir, on emploie
deux moyens. D'abord on enfume l’arbre, et si ce procédé ne réussit
pas, on fait un trou à la base. Un chasseur monté dans l’arbre
force avec un bâton la marte à sortir par l'ouverture qu’on vient de
pratiquer, et alors la bête est prise par le chien.
Lorsqu'on veut, ce qui est très-rare, l’avoir vivante, on place
devant le trou de l’arbre un filet dans lequel elle se jette.
Cette chasse à la marte commence après la Toussaint; elle est
excellente dans les temps de neige, parce qu’il est très-facile, dans
ce moment, de suivre les traces de la marte.
Quand l’on parle d’une personne qui veut donner pour vraie une
chose fausse, on dit proverbialement, dans nos campagnes :
Si l’on ne se tenait à son égard,
Il ferait prendre marte pour renard.
MARTE COMMUNE. — Musreza Marres (LINn.).
CARAGTÈRES. — Pelage d’un brun lustré, tache d’un jaune clair sous
la gorge ; ventre d’un brun roussâtre; queue longue et bien fournie.
Cette marie, qu’on indique dans les forêts de Chandelais, de Mon-
noye, de Paumenard, dans les bois du Louroux, de Serrant, dans
les forêts de Brissac, de Longuenée, de Lépo, de Vezins, est extrè-
mement rare.
« La marte dorée, mustela martes, dit M. le docteur Farge dans
«sa Statishique sur les animaux à fourrures de l’Anjou, dont la
« fourrure, aux effets chatoyants et dorés, orne et enrichit les pa-
« rures d'hiver de nos dames, ne se montre que rarement dans le
« commerce ; à peine les plus froids hivers en amènent-ils cinq ou
« six à l’entrepôt. »
La marte commune se tient dans nos forêts ; elle se cache le jour
et ne sort que le soir, pour faire la chasse ; elle grimpe sur les ar-
bres les plus élevés, et là, se tient à la bifurcation d’une forte bran-
che. Ilest bien rare que des chiens forcent cette marte, car elle a
contre eux un refuge assuré, les arbres; et comme elle grimpe
236
jusque dans leur cîme, il est très-difficile de pouvoir l’atteindre ;
aussi, presque toutes celles qui sont tuées le sont à coups de fusil.
La marte fait ordinairement de deux à quatre petits par portée;
ce n’est qu’accidentellement qu'elle en produit une seconde.
Cet animal ne construit jamais de nid ; il s'empare de celui de
l’écureuil. Le mâle chasse pour sa progéniture, tandis que la femelle
est occupée à la garder et à la promener.
Les deux martes qu’on voit au Muséum d’histoire naturelle de la
ville d'Angers, viennent l’une du Saumurois, l’autre de la Vendée.
MARTE FOUINE. — Musreca Forna (Linn.). — LA Fouine.
CARACTÈRES. — Pelage brun, dessous de la gorge blanchâtre, sommet
de la tête aplati, yeux brun-clair ; queue longue transparente.
Cette espèce est commune en Anjou ; on la rencontre à peu près
partout. Beaucoup plus familière que la marte commune, qui ne
quitte jamais nos forêts, elle s'approche des habitations, élit domi-
cile dans les greniers, dans les granges, afin d’avoir plus facilement
sous la main les pigeons du colombier, les poules de la ferme, et
les lapins du clapier.
Elle établit son nid dans les greniers, dans les meules de foin, dans
des trous, dans les murailles, etc. L'intérieur en est toujours tapissé
de mousse.
M. Nicaise-Augustin Desvaux, directeur du Muséum d'Angers,
ce savant naturaliste, qui le premier a fait sur la faune angevine des
observations très-curieuses, dontil n’a pas su tirer parti (sic vos non
vobis), aeu, pendant dix années, deux fouines qui vivaient en liberté
dans sa maison. Elles sortaient, couraient dans le jardin, reve-
naient au logis, sans qu’on s’occupât d’elles, et vivaient familière-
ment avec les chats.
La fouine aime à se désaltérer souvent; si elle était un seul jour
sans boire, elle succomberait infailliblement.
Elle exhale une odeur musquée fort désagréable. Chaque année,
elle fait deux portées.
237
L’Anjou, d’après la Statistique de M. Farge, ne fournit pas moins
de quatre cents peaux de fouines par hiver.
LE PUTOIS COMMUN. — Musreza Purorius (LinN.).
CARAGTÈRES. — Pelage brun, d’un blanc fauve intérieurement, ou un
peu blanc près du museau ; yeux bruns, queue médiocre.
Cet animal est commun dans nos contrées. Comme la fouine, il
se rapproche le plus possible des fermes, où il espère faire capture.
Il passe généralement les hivers dans les greniers; lorsqu'il fait une
descente dans une basse-cour, il met d’abord tout hors de combat,
puis apaise sa faim et ensuite emporte, pièce par pièce, les volailles
qu’il a tuées.
Dans l’hiver de 1867, un paysan des environs de Baugé a trouvé,
dans son grenier, en allant chercher du fourrage pour ses vaches,
sept poules, qu’un putois avait étranglées, pendant une nuit, dans le
poulailler de la ferme, et qu’il avait ensuite cachées dansune meule
de foin.
L'auteur de la Statistique sur les animaux à fourrures de l’Anjou
évalue de trois cent cinquante à quatre cents le nombre de putois
pris par hiver et dont les peaux sont mises dans le commerce.
- L'été, le putois habite les bois, les champs, et se creuse des ga-
rennes où 1l se retire.
A l’époque des unions, les mâles se livrent entre eux de san-
glants combats; plus d’un mord la poussière, en disputant à son
adversaire une femelle.
C’est presque toujours dans un grenier que la femelle fait son
nid; sa portée est ordinairement de trois à cinq petits. Dès qu’ils
sont en état de marcher, elle les prend par la peau du cou, les des-
cend un à un à terre, et les conduit dans les champs.
Quant au mâle, dès que la femelle est pleine, il ’abandonne pour
se livrer à ses chasses dévastatrices. Le putois dort tout le jour et
ne sort que la nuit.
Sous Louis XV, on se servait, dans nos campagnes, du putois pour
prendre dans les garennes les lapins, comme aujourd’hui l’on se sert
x. 17
238
du furet, putorius furo (Less.) pour cette chasse ; les putois se dres-
saient facilement à cet exercice. Sans doute, leur mauvaise odeur
et peut-être aussi le mal qu’on pouvait avoir à s’en procurer auront
fait renoncer à ces animaux pour adopter les furets.
Dans nos vieux auteurs, nous trouvons cette singulière défini-
tion du putois :
« Chat sauvage qui a le poil brun, ainsi nommé à cause de sa
« puanteur ; c’est plutôt une espèce de belette. Les Latins l’ont ap-
« pelée veso, et dans la basse latinité putatius. »
LE MINK. — MusTeLa LuTREOLA (PaLLAS). — Vulgairement Vison.
CaRACTÈRES. — Brun noirâtre; la lèvre supérieure, le menton et le
dessous du cou sont blancs; pieds demi-palmés.
Cet animal n'avait jamais été signalé dans aucun ouvrage d’his-
toire naturelle relatif à l’Anjou avant 1856. C’est à cette époque que
notre collègue, M. Charles Trouillard, président du tribunal de
commerce de Saumur, nous apprit, et nous l’annoncämes dans les
Annales de la Société Linnéenne, qu’il avait tué sur les bords de
l’Authion deux visons. Quelque temps après, M. Farge publiait sa
Statistique sur les animaux à fourrures de Maine-et-Loire. Dans
ce travail, nous lisons ce passage :
« Un bon hiver n’amène pas à l’entrepôt moins de cinquante vi-
«sons du pays. L’Authion en fournit toujours la plus grande
«partie; Trelazé seul en donna plusieurs l’année dernière (1856) ;
« mais 1l en vient aussi une assez bonne quantité de Cholet. »
Un des visons qui se trouvent au Muséum d'histoire naturelle de
la ville, a été tué sur un saule de la prairie de la Baumette, par
M. le conservateur Deloche.
239
MARTE HERMINE. — Musreza ERMINEA (LINN.) — Vulgairement
ROSELET, HERMINE.
CARACTÈRES. — Blanche en hiver; au printemps, à l’été et à l'automne,
la robe est formée de taches blanches et rousses, le bout de la queue est
toujours noir.
Mèmes mœurs que les espèces précédentes ; se nourrissant, comme
elles, de lapins, de rats, de mulots, d'oiseaux; elle est aussi très
friande d’œufs. C’est, de toutes les espèces dont nous avons parlé,
celle qui est la moins estimée pour le commerce, nos fourreurs
ayant beaucoup plus de profit à orner la chausse des avocats et la
robe du magistrat avec la peau du lapin de Russie.
Elle s’apprivoise facilement ; mais son pelage, au lieu d’être blanc
en hiver, comme c’est l’habitude, lorsqu'elle habite les champs, reste,
en captivité, d’un brun sale et terne.
Les anciens regardaient l’hermine comme un rat, etlanommaient
mus ponticus, c’est-à-dire rat de Pont, en Asie. Elle figure dans les
armes de la Bretagne avec cette devise : Pofius mori quam fœdari,
sine macula.
LA BELETTE. — Musteza VuzGaris (LInn.)
CARACTÈRES. — Pelage d’un roux vif en dessus et blanc en dessous ;
son corps est long et fort mince. Il existe une variété couleur isabelle en
dessus et blanchâtre en dessous.
La belette se retire dans les haïes, dans les broussailles, sous les
tas de pierres, dans les anfractuosités de rochers, dans les troncs
d'arbres ; elle grimpe avec une extrème facilité ; sa course est très-
rapide. Elle chasse les taupes, les mulots, les lapins et même les
lièvres.
J'en ai vu une, un jour, qui était aux prises avec un surmulot ;
elle le serrait avec son corps comme l’eût fait un serpent, et de cette
manière elle finit par le laisser sans vie. Alors, maïîtresse de lui,
elle se mit à lui sucer le sang, et lorsqu’elle en fut repue, elle aban-
donna sa victime, dont la peau n’avait aucune déchirure, si ce n’est
un petit trou qui lui avait suffi pour rassasier sa soif sanguinaire.
Le fait que je rapporte se passait en plein jour, ce qui prouve que
240
cet animal chasse aussi bien à la clarté du soleil que pendant la
nuit.
Dans les colléges, les élèves, lorsqu'ils peuvent se procurer des
belettes, les dressent à une foule de petits exercices pendant les
récréations.
C’est dans un tronc d’arbre ou dans un terrier, qu’elle fait son
nid; elle met bas trois à quatre petits par portée; elle en a ordi-
nairement deux.
Ce petit animal cruel et hardi est, de toutes les espèces que nous
avons décrites, la plus dangereuse ; car il faut que la porte d’un cla-
pier soit bien close, pour qu’il ne trouve pas une issue qui lui en
facilite l’entrée.
La belette a un soin extrème de ses petits; sans cesse elle les
prend dans sa gueule pour les transporter d’un lieu à un autre, ce
qui avait fait croire aux anciens, entre autres à Ovide, gw’elle fai-
sait ses petits par la bouche.
Genre LOUTRE. — Lurra (Srorr.).
CarACTÈRES. — Corps allongé, tête comprimée ; jambes courtes ; pieds
palmés, ayant cinq doigts ; queue aplatie horizontalement.
La loutre marche difficilement à terre ; c’est l’eau qui est son vé-
ritable élément. Elle vit de poissons qu’elle pêche la nuit; lors-
qu’elle s’est installée près d’un étang, elle ne le quitte qu'après
l'avoir entièrement dépeuplé.
Le jour, elle se retire dans le voisinage des lieux où elle prend sa
nourriture ; c’est ordinairement dans des troncs d’arbres, dans des
trous de rochers, qu’elle garnit d’herbes longues (ce sont générale-
ment des scirpes, des carex et des iris) et où elle dépose ses petits;
elle vit solitaire.
Plus d’une fois, comme la fameuse pie voleuse, la loutre a été
cause de châtiments et de poursuites, dont les victimes étaient par-
faitement innocentes du délit qu’on leur reprochait.
Aïnsi, il est arrivé à des domestiques, à des gardes, d’être ren-
voyés de leurs places, étant accusés d’avoir dérobé le poisson d’un
241
étang, d’un réservoir, etc., tandis que le vrai coupable était une
loutre.
Il y a, cependant, un moyen assez facile de s'apercevoir si une
loutre a pris possession d’un étang; il suñlit pour cela d’en faire
le tour. Si, sur le bord, on trouve des débris d’arêtes, d’écailles,
nul doute qu’une loutre exerce ses ravages au fond de l’eau. La
loutre préfère à toute autre nourriture le poisson ; mais, à défaut, elle
mange des mollusques et des plantes aquatiques. Elle est facile à
apprivoiser ; mais pour cela il faut s’y prendre de bonne heure,
car une loutre dans la force de l’âge conserve toujours son carac-
tère sauvage.
!
LA LOUTRE COMMUNE. — Lurra Vuzcaris (ERxL.). —
Vulgairement LA LouËRE, La LEuURRE, LA LUERRE.
CaracrÈres. — Pelage brun en dessus et blanchâtre en dessous ; bords
des lèvres et menton d’un gris pâle ; robe des jeunes plus foncée que celle
des vieux.
Au xvu° siècle, les pauvres habitants de nos campagnes faisaient
la chasse à la loutre pour s’en nourrir et pour en avoir la peau; les
loutres étaient communes alors, et leur peau servait à faire des
bonnets, des casquettes, ete. On avait deux moyens de chasser la
loutre ; le plus simple était d’avoir un chien dressé, qui plongeait et
ramenait à la surface de l’eau la loutre étranglée; il arrivait quel-
quefois que, dans cette lutte, la loutre triomphait, se cramponnant
fortement avec ses dents au cou du chien et finissant par le noyer.
L'autre moyen consistait à la faire sortir de l’eau, à l’aide de
bâtons, et alors un lévrier, qui se tenait sur le bord de l'étang, sau-
tait sur la louerre et la tuait.
Les paysans des bords de la Loire dressaient de jeunes loutres à
la pêche. A un signal donné, la loutre se jetait à l’eau et faisait fuir
le poisson, qui tombait dans des filets préparés pour le recevoir.
La faculté de médecine d'Angers, dans son Traité des aliments,
année MDCCV, s'exprime ainsi sur les loutres :
« Elles habitent proche des lacs et des rivières, dans les cavernes
« qu’elles se sont faites ; elles ruinent les rivières par la quantité de
242
« poissons dont elles les privent. En effet, non-seulement elles dé-
« vorent avec une avidité extraordinaire tous les poissons qu’elles y
« peuvent attraper, jusqu’à ce qu’elles en soient tout à fait repues,
« mais elles en emportent encore avec elles dans leurs cavernes. Or,
« comme ces poissons, ou sont déjà morts avant d’y arriver, ou meu-
«rent peu de temps après, ils y pourrissent bientôt et y causent une
«infection et une puanteur insupportable, dont la loutre se ressent
« d'autant plus qu’elle vit de ces mêmes poissons corrompus; c’est
« pourquoi sa chair est peu en usage dans les aliments, si ce n’est
« parmi de très-pauvres gens, qui n’ont pas d'autre moyen d’ache-
«ter de meilleures viandes et qui sont pour l'ordinaire peu déli-
«cats; cette chair abonde en parties toutes visqueuses, grossières
«et propres à produire des humeurs de même nature. On en fait si
« peu de cas en plusieurs endroits, que les chasseurs, après avoir
« dépouillé la loutre, la jettent ensuite à la voirie comme nous fai-
«sons des chiens ou d’autres dont nous ne mangeons point.
« La loutre est appelée canis fluviatilis, parce qu’elle ressemble
«en quelque chose au chien et qu’elle est souvent dans nos ri-
«vières. »
La loutre est assez commune en Anjou. Ainsi M. le docteur
Farge, dans sa Statistique sur les animaux à fourrures, établit qu’il
en est livré au commerce quinze à vingt peaux, chaque hiver.
GENRE CHIEN. — Canis (Linx.)
CARACTÈRES. — Trois fausses molaires en haut, quatre en bas, et deux
tuberculeuses derrière l’une et l’autre carnassières, incisives fortement
échancrées ; les pupilles toujours circulaires, queue recourbée en arc,
langue douce, pieds de devant à cinq doigts, ceux de derrière à quatre.
LE LOUP ORDINAIRE. — Canis Lupus (Linn.)
CARACTÈRES. — Pelage gris fauve avec une raie noire sur les jambes
de devant, lorsqu'il est adulte; queue droite, yeux obliques, iris d’un jaune
fauve, oreilles droites.
Cet animal, qui, dans le nord de la France, vit en société, est
presque toujours solitaire dans nos bois; ce n’est qu’accidentelle-
243
ment qu’on rencontre une louve et des louveteaux. La louve porte
trois mois et demi, et lorsqu’elle met bas, elle se retire dans un lieu
écarté, où elle donne le plus grand soin à ses petits ; quand ils sont
attaqués, elle les défend avec intrépidité et fureur.
La légèreté de son pas, la finesse de sa vue et de son odorat lui
sont d’un grand secours dans les ruses qu’il emploie, afin de sur-
prendre le mouton, qu’il guette, ou la poule, qu’il veut dévorer;
il n’a d’égal en ce genre que son compère le renard.
Des chasseurs m'ont assuré qu’un loup peut au moins faire vingt
lieues par jour, sans prendre de repos.
LE LOUP NOIR. — Canis Lycaon (Linn.)
Ce loup ne diffère du précédent que par sa couleur, qui est noire
sur toutes les parties du corps. Est-ce une espèce ? ou doit-on le
considérer comme une variété du loup commun? Ce n’est point à
nous à trancher cette question. Quelques savants sont portés à
croire que non-seulement ce n’est pas une espèce, mais que ce
n’est pas même une variété constante du loup ordinaire. C’est tout
simplement, d’après eux, un individu attaqué de mélanisme. Quoi
qu’il en soit, un loup entièrement noir a été tué dans l’arrondisse-
ment de Saumur et a fait partie, pendant longues années, du Cabi-
net d'histoire naturelle de la ville de Saumur.
Les loups sont rares en Maine-et-Loire ; on pourrait presque dire
qu'ils ne sont, dans nos forêts, que de passage. Aussi, déjà depuis
quelques années, l'office de lieutenant de louveterie est presque une
sinécure dans nos contrées.
Nous sommes loin heureusement de ces temps où les loups déso-
laient nos campagnes et faisaient des descentes jusque dans nos
villes, Un chanoine d'Angers, Lehoreau, raconte, dans un manus-
crit déposé à la biblicthèque de l’évêché", qu’en l’année 1714, un
loup enragé, venant des Banchais *, entra à Angers, où il mordit
1 Cérémonial de l’Église d'Angers.
? Le village des Banchais est situé à quatre kilomètres environ d'Angers, sur
l’ancienne route de Paris.
244
plus de soixante personnes. Les loups étaient si nombreux à cette
époque, que les cultivateurs n’osaient sortir qu’en troupes, armés
jusqu'aux dents. Plus de deux cent cinquante personnes furent mor-
dues au visage dans le faubourg Saint-Michel, et un grand nom-
bre d’elles moururent dans d’affreuses convulsions. L’évèque Michel
Poncet de la Rivière publia un mandement pour ordonner une
chasse dans la province. Il promit, ainsi que MM. de la maison
de ville, de donner vingt-quatre livres à celui qui lu présenterait
un loup soit mort soit vif *.
L’intendant de la généralité de Tours, dont relevait Angers,
exempta tous ceux qui tuèrent des loups de payer la taille et l’im—
pôt du sel pendant trois années. Le dimanche 10 juin, l’évèque fit
une procession générale qui se rendit de l’église abbatiale Saint-
Aubin-le-Riche, pour prier Dieu de délivrer l’Anjou des loups
enragés. L’évèque oflicia pontificalement dans cette église, puis
retourna, accompagné de tout son clergé et des ordres mendiants,
à la cathédrale St-Maurice.
« Il se trouva en 1597, dit Ballain, dans son manuscrit Annales
«et Antiquités de l’Anjou, plusieurs loups qui mangèrent les
« enfants. On fit à Angers une procession générale le mardi 4° jour
« d’aoust, afin d'obtenir de Dieu, pour la noblesse d'Anjou qui les
« chassa, le courage de les tuer. »
En l'an IX de la république, M. Montault-Desilles, préfet de Maine-
et-Loire, adressa au ministre de l’intérieur la lettre suivante :
« Angers, 2 ventôse an IX.
« Le préfet de Maine-et-Loire au ministre de l’intérieur.
« Une louve enragée, d’une grosseur énorme et de l’âge de trois
ans, portait la désolation dans le 3° arrondissement de ce départe-
ment, elle s’élançait sur toutes les personnes qu’elle rencontrait, et
! Les personnes mordues par le loup furent d’abord transportées à l'hôpital
Saint-Jehan l’Évangéliste, mais les horribles souffrances auxquelles elles étaient
en proie eftrayèrent tellement les malades de cet hospice, que la maison de ville
fut obligée de les faire soigner dans une maison particulière.
(Ballain, Anfiquilés d'Anjou.)
245
luttait avec fureur et corps à corps avec tous ceux qui l’attaquaient,
elle osait pénétrer jusque dans les cours et les maisons, où quelques
femmes ont été victimes de sa voracité.
« Les meilleurs chasseurs de l’arrondissement et les meilleurs
chiens l’ont poursuivie pendant quatorze heures, elle a fatigué les
premiers et dévoré les seconds, enfin toutes les communes mena-
cées de cette bête féroce se sont levées en masse pour l’exterminer,
et cinq mille personnes rassemblées au son du tocsin, se sont mises
à sa recherche, on n’a pas eu de peine à la trouver; car, loin de
fuir le danger, elle semblait le rechercher et le bruit des armes ne
faisait que redoubler sa rage.
« Deux hommes vigoureux, l’un armé d’un broc et l’autre d’un
fusil, l’ont attaquée de concert ; elle s’est élancée sur eux et a brisé
les armes dont ils étaient munis ; ils ont été trop heureux d’échap-
per à ce prix à sa fureur.
« Deux jeunes gens de la commune de Saint-Georges-Châtelaison,
dont l’un a été mutilé dans les armées de la république, affligés de
voir ainsi s’exposer des pères de famille, se jurèrent de ne point s’a-
bandonner et de ne pas lâcher prise, que la louve n’eüt tombé sous
leurs coups. Après une lutte opiniâtre et terrible, le citoyen Georges
Martin, cultivateur, âgé de 24 ans, parvint à enfoncer son broc de
fer dans la mâchoire supérieure du furieux animal, qui, durant le
combat, s’était élevé plusieurs fois à la hauteur de sa tête.
« C’est le 28 pluviôse dernier à deux heures du soir qu’a eu lieu
cet acte de dévouement et de courage du citoyen Martin, qui a rendu à
son arrondissement, et peut-être au département tout entier, le plus
signalé service, en le délivrant d’un fléau épouvantable.
« Salut et respect.
« MonrauLzT-DEsiLLEs. »
En 1526, Charles de Rohan fit assembler à son château du Ver-
ger tous les paysans de la seigneurie, pour faire des huées aux
loups. Les loups étaient alors tellement communs dans la province
d'Anjou, que ces chasses se renouvelaient souvent.
Les seigneurs du Verger se livrèrent personnellement à la chasse
246
des loups sous le règne de Charles IX. On regardait avant cette
époque, comme indigne d’un gentilhomme la poursuite des loups.
Jean de Clamorgan ayant mis cette chasse en honneur, les loups
disparurent peu à peu de nos contrées. Les Rohan dirigèrent sou
vant les battues faites en Anjou contre ces terribles bêtes.
La meute du Verger était une des meilleures pour ce genre de
chasse, et faisait exception à ce qu’écrivait de Clamorgan sur les
chiens de France.
« Sur cent mille chiens courants que nourrit la France, il n’y en
« a pas un seul, dit-il, capable de faire sortir un loup du bois ; à la
« vue de cet animal, leur poil se hérisse et ils tremblent, s’enfuient
« ou sont dévorés. »
Les Rohan prétendaient, avec un seul de leurs chiens, faire
déguerpir un loup.
Voici comment se faisait la chasse du loup au xvre siêcle.
Après avoir reconnu l’enceinte d’une forêt où se trouvaient les
loups, on l’entourait de filets, puis à un bout on plaçait des lévriers
forts et hardis, et à l’autre des hommes armés de grands épieux et
de massues.
Dans l’intérieur, les batteurs faisaient débusquer les loups en
frappant le bois avec des bâtons et en poussant de grands cris.
Buffon prétend, mais à tort, que le loup n’est pas susceptible d’é-
ducation. Nous avons vu plusieurs fois des bateleurs parcourir nos
villes avec des loups dressés, auxquels ils faisaient faire les mêmes
exercices qu'aux chiens savants.
Les ruses du loup, pour s'emparer de sa proie, ont donné nais-
sance à plusieurs dictons encore familiers en Anjou, tels que
celui-ci :
Qui saurait les coups,
On prendrait les loups.
Sous-GENre. — RENARD.
Les renards se distinguent des loups et des chiens par leur mu-
seau pointu, par des pupilles qui, de jour, se contractent verticale-
ment, par leur queue plus longue et plus touffue.
247
Tout le monde connaît les ruses du renard, de maistre Goupil,
comme on l’appelait au moyen âge.
Le renard est le symbole de la ruse et de la subtilité.
Un vieux renard, mais des plus fins,
Grand croqueur de poulets, grand preneur de lapins,
Sentant son renard d’une lieue,
Fut enfin au piége attrapé,
a dit le bon La Fontaine, dans une de ses fables.
Le renard est parfaitement organisé pour la chasse. Heureusement
la nature lui a refusé la faculté de pouvoir grimper le long des murs,
sans cela, rien de ce qui est dans nos jardins (car l’on sait qu’il
est friand de raisins et de fruits), ou dans nos basses-cours, ne pour-
rait échapper à sa dent.
Cet animal est très-glouton; il vit de rats, de souris, de lièvres,
de lapins, de perdrix, de reptiles, etc., maïs il faut toujours que sa
proie soit vivante. Il ne chasse que la nuit, et le jour se retire dans
des terriers qu’il se creuse, ou dans celui du blaireau, dont il sem
pare. Très-souvent le mâle et la femelle chassent ensemble pen-
dant les nuits d’été ; il donne de la voix ; en hiver, son cri ressemble
au bèlement d’une vieille brebis ; dans les mois de janvier et février,
époque de l’accouplement, il appelle la femelle par trois cris de
suite.
Lorsque la femelle a ses petits, si elle s'aperçoit qu’on ait décou-
vert sa retraite, elle va tout de suite chercher gite ailleurs, empor-
tant sa progéniture dans sa gueule.
Le renard pris jeune s’élève parfaitement et peut recevoir l’édu-
cation qu’on donne à un chien ; mais il faut toujours l’éloigner de
la basse-cour, car il ne perd jamais ses instincts de gloutonnerie.
Chassez le naturel, il revient au galop.
Au x1v° siècle, les renards et autres bêtes fauves étaient si nom-—
breux en Anjou, que « Charles de Valois, comte d’Anjou et du
Maine, donna permission, en l’année 1321, à tous les habitants
d'Angers d’aller à la chasse et de tuer en la garenne dudit Angers
248
(il y a apparence que c’est la Quinte‘) toutes sortes de bêtes fauves,
tant grandes que petites. Ceux qui avoient des vignes s’obligèrent
de donner 16 deniers pour avoir cette permission, et ceux qui
avoient des prés hauts non noyables 12 deniers. Philippe de Valois
son fils, qui fut depuis roy de France, confirma et signa ces privi-
léges à Aigrefain, ce qui fut ratifié par Charles-le-Bel. » (Le moine
Roger, Histoire d'Anjou, page 291.)
La chasse du renard ne fut mise en honneur, dans l’Anjou, que
sous le règne du roi chasseur par excellence, Louis XIIL. Avant
cette époque, nous ne trouvons aucun indice qu’elle fût pratiquée
en grand, comme elle le fat jusqu’à l’époque de la Révolution.
Il n’est pas d’année qu’on ne voie, à Angers, sur le marché aux la-
pins et aux oiseaux, qui se tient tous les dimanches, pendant la belle
saison, au boulevard de Saumur, deux ou trois renards. Il est assez
difficile de préciser approximativement le nombre de renards tués,
chaque année, en Anjou. Les peaux de renard sont, comme l’a par—
faitement dit M. le docteur Farge, dans le travail que nous avons
déjà cité, presque toutes préparées en descentes de lit, pour le compte
des chasseurs eux-mêmes, et c’est un cadeau d’assez bon goût qu’on
offre volontiers à ses amis comme dépouille opime. Cela réduit de
moitié environ, c’est-à-dire à cent et quelques peaux, par hiver,
le commerce du renard indigène. On dit proverbialement :
Dans le traquenard ?,
Jamais deux fois n’est pris renard.
LE RENARD ORDINAIRE. — Canis VuLpes (LInn.).
CaRACTÈRES. — Pelage roux en dessus, blanc en dessous ; le derrière
des oreilles noir; la queue touffue, blanche à l'extrémité mêlée de quelques
poils noirs. l
LE RENARD CHARBONNIER. — Canis ALOPEXx (LINN.).
Jusqu'ici l’on ne connaissait, en Anjou, qu’une espèce de renard ;
on regardait à tort, selon nous, le renard charbonnier comme une
variété du renard ordinaire.
1 On désignait sous le nom de Quinte, les terrains de la banlieue soumis à la
juridiction du juge ordinaire, compris entre le Pont-de-Cé et la ville d'Angers
? C'est-à-dire piége.
249
Il diffère de ce dernier par son pelage d’un roux foncé, par le
bout de sa queue qui est noir, ainsi que ses pattes de devant; il
est généralement plus robuste et se fait chasser plus longtemps ; son
terrier est profond ; il vit solitaire, habite nos forêts; mais il est plus
rare que le renard ordinaire.
Il existe, en Anjou, principalement dans l’arrondissement de
Segré, une curieuse variété du renard charbonnier. Cette variété
est connue sous le nom de cants crucigera, Bress. et Gern., qu’il ne
faut pas confondre avec le canis decussatus de Geoffroi. Elle ne dii-
fère du renard charbonnier que par quelques poils noirs, lui formant
une croix sur le dos.
Genre CIVETTE, — Viverra (Linn.)
CArAcTÈRES. — Molaires au nombre de six de chaque côté des mà-
choires, deux tuberculeuses, la carnassière et trois fausses molaires; six
incisives à chaque mâchoire et deux canines. Langue couverte de papilles
rudes comme celle des chats, oreilles arrondies de médiocre grandeur,
les narines placées au bout du museau sont entourées d’un mufle comme
celles du chien. La pupille devient, à la grande lumière, de forme verticale,
et les ongles peuvent se retirer entre les doigts comme ceux des
chats.
Le mot civette, d’origine arabe, a été d’abord appliqué à la sub-
stance odoriférante que cet animal produit, puis à l’animal lui-
même. On désigne sous le nom de viverrien la famille des mammi-
fères qui a pour type la civette ou genette.
LA GENETTE COMMUNE. — Viverra GENETTA (Linn.). — Vulgairement
GENETTE.
CARAGTÈRES. — Pelage gris tacheté de brun ou de noir; ces taches sont
tantôt rondes, tantôt oblongues; queue aussi longue que le corps, mêlée de
noir; museau noirâtre, taches blanches au sourcil, à la joue et de chaque
côté du nez. La bourse s’ouvre au dehors par une fente oblongue placé
. sous Janus, et pareille dans l’un et l’autre sexe, ce qui fait qu’il est assez
difficile de les distinguer extérieurement ; cette fente conduit dans deux
cavités, pouvant contenir chacune une amande; leur paroi externe est
légèrement velue et percée de plusieurs trous qui conduisent dans un
folicule ovale, profond d’un centimètre, et dont la surface concave est
elle-même percée de beaucoup de pores. C’est là que naît cette substance
250
odoriférante, qui a été, de tous temps, un objet de commerce, à cause de
son emploi pour la toilette et en médecine.
De tous les animaux de notre Faune, la genette est un des plus
rares. Ce mammifere habite les bois et les forêts de la rive gauche de
la Loire, tels que ceux de Cholet, Maulévrier, Vezins. M. Courtiller,
directeur du Musée de Saumur, l’a observée à Distré.
Le cabinet d'histoire naturelle de la ville d'Angers possède trois
individus de cette espèce tués dans la forêt de Vezins.
Autrefois cet animal était assez commun, en Anjou. Ainsi, dans
les châteaux, il était d'usage d’en élever à l’état de domesticité, pour
les dresser à une chasse très en faveur au xvre siècle, la chasse aux
rats. On l’appelait à cette époque chat de Constantinople.
GENRE CHAT. — Feus Carus (Linx.).
CARACTÈRES. — Tête arrondie, mâchoires courtes, molaires tran-
chantes, les ongles sont rétractiles et peuvent se redresser par le moyen
de téguments élastiques, ce qui préserve la pointe de s’user, langue hé-
rissée de papilles cornées. Une singularité inexplicable, c’est que tous les
chats marqués de trois couleurs, jaune, noir et blanc, sont des femelles !.
LE CHAT SAUVAGE. — Fes Carus (LInn.).
Pendant longtemps, j'ai hésité à reconnaître l'habitat du chat
sauvage dans nos contrées ; je n’avais jamais vu ce quadrupède, et
sa présence, en Anjou, ne m'avait été révélée que par un dessin de
l’Indicateur de Maine-et-Loire, dessin qui ne me représentait qu’un
pauvre chat maigre, rendu sauvage par la faim.
Pour éclaircir cette question, je me suis adressé à mon bon et
excellent ami, M. Courtiller jeune, directeur du Cabinet d'histoire
naturelle et d'archéologie de la ville de Saumur. Cet excellent col-
lègue s’est empressé, avec sa complaisance habituelle, de me faire
parvenir la photographie d’un chat sauvage, qui se trouve, depuis
quelques années, dans la galerie des mammifères du Musée sau-
murois, et une description exacte de l'animal. La vue de cette pho-
tographie a entièrement levé mes doutes; elle n’a rien de commun
avec le dessin dont nous venons de parler.
1 Dictionnaire universel d'histoire naturelle. Verbo, Chat domestique, p. 417
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251
CARACTÈRES. — Longueur totale Om,90 centimètres, du corps 0,60
centimètres, de la queue 0",30 centimètres, de hauteur aux épaules
0",89 centimètres. Pelage jaunâtre mélangé de brun, à peu près semblable
à celui du lièvre ou du loup, mélange dû à ce que chaque poil est roux à
la base, blanc au milieu et noir à la pointe, ce qui rend la nuance un peu
plus foncée pour ce dernier. Quatre petites raies noires descendent du
sommet de la tête et s'arrêtent à l'extrémité du cou, deux autres raies un
peu plus fortes s'étendent sur les épaules, et du milieu de ces deux raies
part une bande noire, qui s’étend sur le dos jusqu’à la naissance de la
queue qui est annelée de roux et de noir, et couverte de poils assez touf-
fus, poils de la face d’un roux fauve avec quelques bandes plus foncées,
lèvres noires, dessous des mâchoires blanc, une petite tache ronde blanche
au milieu de la gorge, dessous du corps d’un roux plus pâle mêlé de gris ;
intérieur des cuisses postérieures d’un roux fauve vif. Une femelle.
On sait que, dans les chats, les mâles sont beaucoup plus grands
que les femelles. Jamais les chats, même à la campagne, n’ont at-
teint ces proportions, ni revêtu ces couleurs.
Trois chats sauvages, à la connaissance de M. Auguste Cour-
tiller, ont été tués dans les environs de Saumur, au bois de Cour-
léon, Verrie, etc.
Le chat sauvage vit isolé dans les bois, fait la chasse aux lièvres
et aux perdrix, dépose ses petits dans des troncs d’arbres. Lorsqu'il
est lancé par des chiens courants, il se fait poursuivre absolument
comme le renard. Fatigué, il grimpe sur un arbre, se couche sur
une branche et regarde fort tranquillement passer la meute.
C’est du croisement du chat sauvage avec le chat ganté que des-
cendent, comme on sait, les diverses variétés de chats que nous
tenons en domesticité, tels que :
Le chat domestique tigré, felis catus domesticus, Law.
Le chat des Chartreux, felis catus cϾruleus, Linx.
Le chat d'Espagne, felis catus hispanicus, Lann.
Le chat angora, felis catus angorensis, Lin.
Le chat rouge de Tobolsk, de Ginelin.
Le chat de Chine, à oreilles pendantes.
Le chat Malais, de Raffles,
252
# ORDRE
Cet ordre comprend des animaux tous étrangers à l’Europe.
5 ORDRE. — LES RONGEURS
CARACTÈRES. — Deux grandes incisives à chaque mâchoire, séparées
des molaires par un espace vide, point de canines; ces incisives leur
servent à ronger leurs aliments.
Généralement ces mammifères sont très-faibles ; ils échappent à
leurs nombreux ennemis par leur légèreté et leur vitesse. Plusieurs
vivent dans des terriers profonds, qu’ils se creusent avec leurs pieds
de devant; d’autres, pourvus d’ongles aigus, grimpent sur les ar-
bres et se cachent sous le feuillage. Leur nourriture se compose
d’écorce, de grains, de glands et de fruits.
Genre ÉCUREUIL. — Scrurus Linw.
CARACTÈRES. — Queue longue garnie de poils, incisives inférieures très
comprimées, cinq molaires en haut de la mâchoire et quatre en bas.
L'ÉCUREUIL COMMUN. — Scrurus Vuzçaris (LINN.)
CARACTÈRES. — Pelage roux tirant plus ou moins sur le brun, ventre
blanc, oreilles terminées par un pinceau de poils à leur extrémité ; queue
en dessus de la couleur du dos, en dessous les poils sont annelés de blanc
et de brun.
L’écureuil vit par couple; le mäle n’abandonne jamais sa fe-
melle. Souvent l’on rencontre les écureuils en troupes ; ils sont sé-
dentaires et ne s’éloignent guère des forêts qui les ont vus naître.
L’écureuil place son nid à la bifurcation d’une branche; il le
forme de bois flexible et le tapisse de mousse. Ce nid a une forme
sphérique ; il est recouvert d’une espèce de toit conique qui empêche
la pluie d’y pénétrer. Les petits sont au nombre de quatre ou cinq
et naissent vers la fin de juin.
253
L’écureuil construit toujours plusieurs nids, qu’il échelonne à
une assez grande distance les uns des autres, et souvent la mère
change de demeure avec sa progéniture, quand même elle n’est pas
inquiétée ; elle transporte alors ses petits avec la gueule.
Dans le mois d'août, l’écureuil les descend à terre, les promène
et les fait jouer sur la mousse. S'il prévoit un danger, tout de suite
il les remonte, non pas dans le nid, ce serait trop long, mais sur
une branche touffue, et les cache ainsi à tous les regards.
Dès qu’il entend du bruit, l’écureuil sort de son nid. Grâce à
la ténuité de ses ongles, il se suspend à l'écorce des arbres, de
sorte qu’il met toujours, entre lui etson ennemi, l'épaisseur du tronc;
tournant autour de l’arbre, il grimpe ainsi, sans servir de point
de mire au chasseur, et parvient aisément à gagner l’enfourchure
d’une branche, où il se blottit et reste invisible,
Lorsqu'un écureuil est effrayé, il saute en fuyant de branche en
branche. Dans les environs de Combrée, où les écureuils ne sont
pas rares, les collégiens, les jours de promenade, lorsqu'ils en ren-
contrent, les poursuivent en criant; l’écureuil, étourdi par les cla-
meurs qui retentissent de toutes parts, finit par tomber à terre, alors
la gent écolière forme autour de lui un cercle et s'empare facile-
ment de ce joli rongeur.
L’écureuil n’est point comme la cigale, qui
Ayant chanté tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Il songe à l'hiver, fait dans les troncs d’arbres, dans les trous, plu-
sieurs magasins où il entasse glands, noix, fruits, etc,
Les écureuils font de grands dégâts dans les sapinières, en ron-
geant l'écorce des arbres.
Les écureuils sont très-recherchés par les habitants du Baugeois,
qui trouvent leur chair excellente. Dans les diners du moyen âge,
nous voyons figurer sur les tables des écureuils rôtis.
L’écureuil s’apprivoise très-facilement. Les personnes qui en
élèvent prétendent qu’il suffit de leur donner une ou deux amandes
amères pour les faire périr.
. 18
254
GENRE LOIR. — Myoxus (Gmer.).
CARACTÈRES. — Deux longues incisives de chaque côté de la mâchoire,
plates à la partie antérieure, à la partie postérieure comprimées; les inci-
sives supérieures sont coupées carrément ; celles au contraire qui sont in-
férieures sont pointues ; quatre molaires de chaque côté, divisées à leur
base en racines ; les membres antérieurs, plus courts que les postérieurs,
sont terminés par une main divisée en quatre doigts armés d’ongles
pointus ; les pieds ont cinq doigts, la queue est longue; la pupille ronde;
le mufle divisé en deux par un profond sillon; la langue longue, couverte
de papilles.
Les loirs sont des rongeurs nocturnes; leur pelage est orné de
douces couleurs; leur queue a beaucoup de rapport avec celle de
l’écureuil. Dès les premiers froids, ils tombent en léthargie et ne se
réveillent qu'aux beaux jours.
Accidentellement il arrive, si la température s'élève, qu’ils sor-
tent de leur état de torpeur ; alors ils consomment les provisions
qu'ils ont amassées dans l’arbre creux qui leur sert de gîte. Ces
provisions sont ordinairement des noix, des châtaignes, des noi-
settes, etc.
LE LOIR. — Myoxus Gzis (GMEL.).
CARACTÈRES. — Gris cendré aux parties supérieures, aux inférieures
d’un blanc légèrement roussâtre, un cercle d’un gris noirâtre autour des
yeux, la queue aussi longue que le corps est entièrement couverte de poils
longs, épais et cendrés ; dessus des pieds d’un brun noirâtre, oreilles
courtes presque rondes et un peu plus larges à leur extrémité qu’à leur
base.
Le loir, qu’on s’obstine à regarder comme habitant l’arrondisse-
ment de Baugé, est une espèce méridionale complétement inconnue
à l’Anjou, du moins jusqu’à ce moment. Nous avons indiqué ses
caractères généraux, au Cas, Ce que nous n’espérons guère, qu'un
naturaliste nous prouverait, par ses observations, que le myoxus
gls est réellement l'hôte des forêts de Chandelais et de Monnoye.
Ce sont les loirs de cette espèce que les Romains élevaient et
qu'ils prenaient soin d’engraisser pour leurs tables. Ils sont encore
255
aujourd’hui recherchés comme aliment dans certaines parties de
l'Italie.
LE LEROT. — Myoxus NiTELa (GMEL.). — Vulgairement RaT LiroN!,
RaT DorMEUR, Lorr.
CARACTÈRES. — Pelage gris brun en dessus, blanchâtre en dessous,
une plaque noire autour de l’œil qui s’en va en s’élargissant jusqu’à l'épaule,
oreilles allongées, le bout de la queue touffu terminé de blanc.
Le lérot est un des grands dévastateurs de nos jardins. Dès qu’il
avise un espalier, il ne faut plus, s’il est garni de pêches, de poires
ou de raisins, songer à en manger sans qu'il en prenne sa large
part. Je ne connais pas d’animal plus léger; il saute par bonds,
comme l’écureuil, et très-souvent se place sur le derrière pour ron-
ger les fruits. Si on veut le saisir vivant, on ne peut le faire qu’avec
un filet.
Le lérot s’accouple au printemps; sa portée est de quatre à cinq
petits ; 1l fait son nid, qui se compose de mousse, dans des trous de
murailles, dans des arbres creux, descend rarement à terre et boit
très-peu. Comme les rats, il fait des magasins de fruits secs pour le
cas où la disette se ferait sentir.
Les paysans du Baugeois lui font la chasse et trouvent sa chair
très-bonne. Le lérot s’engourdit, quand la température tombe à six
degrés au-dessus de zéro ; en captivité, il ne s’engourdit pas, s’il est
tenu dans un appartement très-chaud ; ainsi j’en ai conservé deux,
tout un hiver, constamment éveillés.
Le sommeil du lérot est très-pesant. Ilse roule en boule, s’enfonce
sous un amas de mousse qu’il a fait dans un arbre creux, et n’en
bouge plus qu’à la belle saison.
Le conservateur de notre musée, M. Deloche, m’a rapporté le
fait suivant : |
Un jour des ouvriers abattirent un arbre creux, dans lequel se
trouvait un lérot engourdi; la chute de l'arbre ne réveilla point
l'animal, et l’on ne s’aperçut de sa présence que lorsque l’arbre
1 Le nom de Liron a été donné au Lerot parce que cet animal a l'habitude de
se cacher dans le Saumurois, sous les pierres de tuf dont les parties dures sont
appelées par les ouvriers lirons.
256
fut scié ; le pauvre lérot, atteint par les dents de la scie, fut coupé
en deux.
Très-commun dans les arrondissements de Baugé et de Saumur,
moins commun dans les autres parties du département.
On dit proverbialement d’une personne qui dort l'hiver, après son
diner :
Quand vient le soir,
Il dort comme un loir.
LE MUSCARDIN. — Mus AvELLANARIUS (LINN.)
CARAcTÈRES. — Pelage roux en dessus, blanchâtre en dessous, queue
de la longueur du corps, poils disposés en éventail.
Cette espèce est essentiellement méridionale, et ce que nous avons
dit du loir s'applique au muscardin. Il n’a jamais été trouvé en
Anjou, et nous serions heureux de nous être trompé ; ce serait une
espèce de plus dont nous enrichirions notre Faune.
Genre RAT. — Mus (Cuv.)
CARACTÈRES. —- Incisives supérieures assez courtes et en coin, les infé-
rieures comprimées arquées et très-aigues à leur extrémité, molaires
simples à couronne garnie de tubercules, oreilles oblongues ou arrondies
souvent nues, museau prolongé, yeux saillants, queue de la longueur du
corps composée d’un grand nombre de petits anneaux, écailles entre lesquels
paraissent de petits poils raides.
Les rats sont omnivores ; lorsque pour eux la disette se fait sen-
tir, ils s’attaquent mutuellement, et les plus faibles deviennent la
proie des plus forts. Les femelles font plusieurs portées dans l’an-
née ; les jeunes rats croissent rapidement et sont bientôt en état de
se conduire eux-mêmes.
*
LE RAT NAIN. — Mus Mnurus (PALL.). — Messorrus (SHARR.)
CarAcTÈRES. — Pelage d’un beau fauve, jaune plus vif sur les joues et
sur la eroupe; dessous de la tête, poitrine et ventre blancs, oreilles courtes,
museau hérissé de poils pointus et comprimés, moustaches noires termi-
nées de blanc, queue d’un jaune clair.
Son nid est fait comme celui d’une mésange, de forme sphérique ;
257
il est composé de brins de paille et suspendu à quelques centimètres
du sol, soit à des tiges de blé, soit au centre d’une touffe d’herbe.
C’est dans ce nid qn’il dépose ses petits, au nombre de sept ou huit
par portée.
Ce rat, qui est le plus petit de toutes les espèces connues en
France, fait d'énormes ravages dans nos moissons. Non-seulement
il ronge les blés lorsqu'ils sont coupés, mais encore lorsqu'ils sont
debout ; il grimpe avec une facilité très-grande jusqu’à l'extrémité
de la tige, coupe l’épi, redescend et l’emporte dans un de ses ma-
gasins.
J'ai vu maintes fois, dans les champs de blé, de véritables allées
tracées par la dent du rat nain; ces allées étaient bordées de tiges
de blé entièrement dépourvues de leurs épis.
Le rat nain se creuse sous terre une retraite dont la forme est
ronde et qu’il tapisse de mousse.
On le trouve dans tout le département.
LE RAT SOURIS. — Mus Muscuzus (Linx.)
CarAcTÈRES. — Pelage d’un gris plus ou moins brun, cendré en dessous,
queue de la longueur du corps, yeux assez petits à fleur de tête.
La souris est le commensal de toutes les habitations que l’homme
s’est choisies ; elle vit à nos dépens, SOUS nos yeux. Cet hôte incom-
mode a suivi l’homme dans les cinq parties du monde ; il mange de
tout. Il n’est personne qui n’ait pas eu à se plaindre de ses ravages,
pas même les savants, dont il ronge les livres! Ce mammifère se
multiplie énormément ; ses portées sont de quatre à six petits.
La souris ne s’engourdit jamais et supporte les hivers les plus
rigoureux ; habite rarement les champs.
Nos campagnards, pour dire que la souris se trouve partout, em-
ploient ce vieux proverbe :
D'Angers à Paris
Se loge la souris.
Il existe deux variétés, l’une isabelle et l’autre blanche avec des
yeux rouges. La souris s’apprivoise parfaitement.
258
Au xvu siècle, l'énorme échafaudage que les artistes capillaires
de cette époque dressaient chaque matin sur la tête des grandes
dames avait fait donner à une des pièces, qui toutes portaient des
noms étranges, celui de « souris. »
« C'était, dit Regnard, un petit nœud nompareille qui se place
« dans le bois. — Nota. On appelle petit bois un paquet de cheveux
« hérissés qui garnissent le pied de la futaie bouclée. »
LE MULOT. — Mus Syzvaricus (GMEL.).
CARACTÈRES. — Pelage fauve légèrement teinté de noirâtre, les poils
sont gris ardoisé depuis leur racine jusqu’aux deux tiers de leur longueur,
la pointe de ces poils est noirâtre, le dessous blanc forme une ligne de dé-
marcation bien distincte avec la couleur fauve du dessus, yeux grands,
pieds blancs velus, queue de la longueur du corps rarement plus courte,
blanchâtre en dessous, poilue surtout vers le bout, moustaches blanches,
un peu noirâtres à leur base. — Il existe une variété cendrée. — Le mu-
lot est quelquefois atteint d’albinisme.
Ce rongeur doit être classé parmi les grands ennemis de nos
moissons. Il emmagasine l’été d’énormes provisions pour les mau-
vais jours, dans des trous d’une profondeur de 33 centimètres ; ces
trous sont toujours protégés par des broussailles, des buissons.
Le mulot se creuse des terriers assez vastes ; chose singulière, 1ls
ont constamment deux ouvertures. Il s'empare des galeries de la
taupe et y élit domicile.
Lorsqu'il est poursuivi, il ne court point en ligne droite ; il fait,
dans un espace assez restreint, maints circuits, jusqu’à ce qu’il ait
trouvé un trou, dans lequel vite il se blottit; c’est du reste généra-
lement près de sa demeure qu’il se tient. Il émigre peu, tant qu'il
trouve à se nourrir. Le mulot a horreur de l’eau ; lorsqu'on irrigue
une prairie élevée, on est tout étonné de voir sortir de tous côtés,
surtout des taupinières, des bandes de mulots qui prennent la
fuite.
Lors de la dernière inondation de la Loire, qui eut lieu les pre-
mier, deuxième, troisième et quatrième jours du mois d’octobre
1866, la chaussée du Louet (Ponts-de-Cé) était sillonnée d’une
259
multitude de mulots qui, chassés par le débordement du fleuve,
émigraient sur les hauteurs en traversant les ponts.
Les grandes préoccupations qui oceupaient alors tous les esprits
empêchèrent les eultivateurs de se livrer à la destruction de cet
animal nuisible, et pourtant l’occasion était belle.
Le mulot fait plusieurs portées ; elles sont de neuf à dix petits.
Le mulot, qui s’apprivoise parfaitement, est cependant d’une na-
ture méchante.
LE RAT NOIR. — Mus RarTus (Linn.)
CARACTÈRES. — Pelage noir un peu luisant en dessus, poils assez longs
et peu serrés, dessous du corps cendré, pieds noirâtres peu poilus, doigts
parsemés de poils blanchâtres, queue dépassant la longueur du corps peu
poilue et mince vers le bout.
Il existe plusieurs variétés du rat noir :
10 Variété brune ;
2e Variété roussätre ;
3° Variété gris cendre ;
4 Variété isabelle ;
5° Variété blanchätre;
6o Variété blanche avec des yeux rouges.
Cet animal, que quelques auteurs prétendent nous avoir été ap-
porté par les Croisés, est aujourd'hui malheureusement répandu
partout où l’homme habite; nos granges, nos greniers, sont les
lieux où il élit domicile et exerce ses nombreux ravages, en dé-
vorant le grain, la farine, les fruits, les légumes, la viande, surtout
le lard.
Le rat noir est très-friand de vin ; lorsqu'il pénètre dans un cel-
lier, il ronge les bouchons des bouteilles, mais ne les débouche pas,
comme on le dit, parce que cela lui est impossible, ses dents n’ont
pas assez de prise pour attirer à elles le bouchon hors du goulot de
la bouteille; ce qui a fait croire à cette version très-accréditée
dans le peuple, c’est qu'il arrive quelquefois que de mauvais bou-
chons, étant rongés à leur extrémité, laissent couler le vin, qui
tombe alors à terre et est bu par les rats.
260
Mais où l'intelligence du rat se déploie, c’est dans un cellier qui
contient du vin en cercles. Il est d’usage de couvrir la bonde de la
barrique, soit avec une pierre ou un cul de bouteille, afin d’empé-
cher toute malpropreté de tomber par l’orifice dans la barrique. Si
la pierre ou le cul de bouteille sont un peu légers, ils sont facile-
ment déplacés par les rats, qui les poussent avec leur museau, jus-
qu’à ce qu’ils se soient fait un jour suffisant, pour boire le vin à
leur aise. Ils sont parfois victimes de leur gourmandise ; ainsi, quand
la barrique n’est pas entièrement pleine, le rat se laisse glisser
dans l’intérieur en s’accrochant par les pieds de derrière aux parois
de la bonde ; étourdi par les fumées du vin, il lâche prise, tombe au
fond de la barrique et se nole.
Au moment des amours, ils se livrent de violents combats ; on
les entend alors pousser des cris qui ressemblent à des sifflements
aigus.
Leur nid est grossièrement fait avec de la paille, du foin, des
guenilles, etc. ; les petits naissent nus et aveugles, comme ceux des
autres espèces ; ils font plusieurs portées, chacune de neuf petits.
LE RAT SURMULOT. — Mus Decumanus (PALLAs). — Vulgairement
RAT D’ÉGOUT.
CARACTÈRES. — Pelage cendré mêlé de ferrugineux, en dessus et de
longs poils noirs clairsemés, pieds d’un blanc jaunâtre, doigts couverts
de poils rigides, museau allongé et aplati en dessus, longues moustaches
composées de poils noirs et blancs, oreilles grandes, larges et ovales, yeux
à fleur de tête, mâchoire inférieure courte, queue robuste garnie de poils
roides, acte de vingt-quatre centimètres, — Le corps de Le animal a
in puit centimètres de longueur.
Ce rongeur, le plus grand de tous nos rats, est d’une nature
cruelle ; il ne peut, dans les lieux où il habite, souffrir aucune autre
espèce que la sienne. Il loge dans les égouts, dans les fosses d’ai-
sance, dans les cloaques, en un mot dans les endroits où des sub-
stances animales en décomposition sont rassemblées ; il se cache
souvent dans l’intérieur des charognes, dans les têtes de chevaux
abattus, etc.
261
On rencontre quelques-uns de ces animaux dans les champs ; ils
font la chasse aux levrauts, aux lapereaux, aux jeunes per-
drix, etc.
Certaines personnes croient que l’odeur du lapin les fait fuir à
tout jamais des lieux qu'ils habitent, et c’est un des moyens indi-
qués pour chasser ces nuisibles animaux ; ceci n’a rien d’exact.
Le surmulot, lorsqu'il peut entrer dans une garenne, saisit à la
gorge un lapin, le saigne et le dévore ensuite. On a vu des surmu-—
lots se battre avec des chats et les mettre en déroute.
Les femelles font plusieurs portées de douze à vingt petits; on
comprend parfaitement que ces animaux pullulent dans nos villes.
Dans les campagnes, le surmulot se fait un terrier comme celui
du mulot, mais plus large ; généralement il habite près des lieux
frais et ombragés.
Genre CAMPAGNOL. — Anvicora (Lacer.).
CaracTères. — Ces rongeurs ont comme les rats trois machelières,
leurs dents manquent de racines et sont formées de prismes triangulaires
placés alternativement sur deux lignes; museau court ei obtus, oreilles
larges, yeux petits, quatre doigts onguiculés aux pieds inférieurs ; les pos-
térieurs en ont cinq; pouce très-petit ; queue ronde velue atteignant au plus
la longueur du corps.
LE CAMPAGNOL AMPHIBIE. — AnvicoLa AmpaiBius (LacEp.). — Vul-
gairement RAT D'EAU.
Caractères. — Pelage d’un gris foncé, flanc d’une teinte plus claire,
queue d’un tiers plus courte que le corps, oreilles courtes presque nues,
bordées de poils à leurs extrémités, museau grisâtre, poils de la lèvre su-
périeure blanchâtres raides; pieds écailleux et forts couverts de poils
courts ; longueur totale vingt-six centimètres.
Le rat d’eau habite sur le bord de tous nos ruisseaux ; il ne se
nourrit que de racines et de plantes aquatiques. On s’est trompé
lorsqu'on a écrit qu'il véf de poissons, même de grenouilles et
décrevisses.
Il a une nourriture beaucoup moins succulente.
262
J’ai eu en captivité un campagnol amphibie. Maïntes fois je l'ai
mis dans l’eau avec des petits poissons, tels que verron (Æuciscus
phoxinus, L.), épinoche (gasterosteus aculeatus, L.), jamais il n’y
touchait, et dès que je lui présentais des racines, il les dévorait
avec avidité.
Ce campagnol se creuse une retraite souterraine parallèle au sol;
l’orifice à première vue parait si étroit, qu’on ne peut se figurer
qu'un rongeur de cette grosseur puisse y entrer ; mais la nature lui
a donné le pouvoir de s’aplatir ; il se couche sur le ventre, s’allonge
et pénètre ainsi dans sa demeure. Dès qu’il a franchi le seuil de sa
maison, il est évidemment à l’abri de tout danger. Cinq ou six con-
duits mènent à sa chambre, et tous ont des issues différentes ; quel-
ques-uns de ces chemins sont tortueux, d’autres droits, de sorte
qu'un animal, qui se hasarde à sa poursuite dans ce ténébreux laby-
rinthe , court souvent le risque d’être complétement dérouté et de
perdre toute trace de l’ennemi qu’il poursuit.
Sur terre comme dessous, le rat d’eau est constamment inquiet ;
le moindre bruit le fait fuir, il plonge avec une adresse extrême,
puis quelques secondes après il montre son narquois museau et ses
moustaches luisantes à la surface de l’eau , et reste dans cette
position jusqu’à ce qu’il n’apercoive plus rien qui puisse lui inspirer
de crainte.
CAMPAGNOL DES CHAMPS. — AnrvicoLa Arvaris (LAcEp.). — Vul-
gairement RAT Des CHAMPS. CAMPAGNOL ORDINAIRE.
CARACTÈRES. — Pelage fauve mêlé de gris, les femelles sont plus mar-
quées de cette dernière couleur ; sur les flancs, la couleur fauve est plus
claire ; oreilles dépassant la longueur du poil, elles sont garnies de petits
poils de la couleur de ceux du dos ;'yeux assez grands à fleur de tête ; pieds
garnis de poils courts et roides, blanchâtres ou blanc jaunâtre ; queue
couverte de poils courts d’un jaune sale; longueur totale quatorze centi-
mètres.
Ce campagnol, essentiellement terrestre, habite les champs en-
semencés. C’est là qu’il fait son terrier et qu’il passe la belle sai-
son ; l’hiver il se retire soit dans les bois, soit dans les broussailles,
263
dans un terrier préparé d’avance et où se trouvent ses magasins.
La femelle, lorsqu'elle est prête à mettre bas, pratique en dehors
de son terrier un trou sphérique, auquel aboutissent plusieurs
galeries, par où elle peut sortir sans être surprise. C’est là
qu’elle établit son nid, formé d’herbes sèches et tapissé, au fond, de
mousse. J’ai vu bien des fois de ces nids; ils sont constamment
garnis de l’kypnum cupressiforme, L. Le campagnol construit ce
nid à 30 centimètres sous terre. Ses portées, au nombre de deux,
sont de six à dix petits.
L’arvicola arvalis est, pour nos moissons, un ennemi plus dan-
gereux encore que le rat. Non-seulement il dévore les blés mürs,
mais encore il emporte la semence, avant même qu’elle soit germée.
Ainsi, pour donner un exemple de ses ravages, un département
voisin du nôtre, le département de la Vendée, d’après des docu-
ments officiels, a éprouvé en moins de deux années ‘, par les cam-
pagnols, une perte de 2,720,373 francs. Les campagnols ne sé-
taient pas contentés des céréales, ils avaient fait invasion dans les
prairies et avaient perdu complétement les foins. Pour se débar-
rasser de ces êtres incommodes et destructeurs, les Vendéens eu-
rent recours au poison.
L’arvicola arvalis n’est jamais en peine de sa nourriture; tout
lui est bon : semence, fruits, oignons, racines, feuilles, etc. Il s’ap-
privoise facilement en captivité. Le campagnol des champs est
d’une nature cruelle; ainsi, j'ai vu, autour d’un campagnol pris
dans un piége, deux autres de la même espèce occupés à dévorer
son cadavre.
CAMPAGNOL FAUVE. — ArvicoLa Fuzvus (DEs.).
CARACTÈRES. — Pelage d’un fauve tirant au jaune en dessus, dessous
blanc ou blanchâtre ; queue jaunâtre plus foncée en dessus, pieds couverts
de poils serrés jaunâtres, yeux noirs très-petits. Longueur totale neuf
centimètres.
Ce campagnol ressemble un peu à l’arvalis, et il se trouve dans
les mêmes lieux. Très-rare, n’habite pas le Saumurois.
1 1816 à 1817.
264
CAMPAGNOL SOUTERRAIN. —- ARVICOLA SUBTERRANEUS (DE SELYS).
CarAGTÈRES. — Pelage gris de souris en dessus, pieds cendré foncé,
queue noirâtre, yeux petits, oreilles presque nues.
Comme la taupe, l’arvicola subterraneus ne sort que le soir et
passe toute la Journée sous terre. C’est dans les jardins qu’il s’éta-
blit; très-rusé, il fait le désespoir des maraichers, qui ne peuvent
chasser de leurs cultures cet ennemi obstiné, ce ravageur des pla-
tes-bandes, ce rongeur qui dévore les oignons, les carottes, le céleri,
les betteraves, etc. Cette espèce multiplie beaucoup ; elle ne se
mêle jamais avec ses congénères.
On trouve ce campagnol dans tout le département.
CAMPAGNOL ÉCONOME. — Arvicora Œconomus (DEsn.).
M. Pierre Millet, dans la première partie de sa Faune (1828), la
seule publiée jusqu’à ce moment, donne la description du campa-
gnol économe, auquel il prétend reconnaître un peu de ressem-
blance avec le campagnol vulgaire, «sauf sa tête et ses oreilles
plus courtes, ses poils plus longs et plus touffus et ses yeux moins
grands. » Il le signale dans les mêmes parages que le campagnol
vulgaire, et surtout dans l'arrondissement de Segré et dans le
Craonnais.
J'ai tout lieu de penser que M. Millet a pris une autre espèce
pour le campagnol économe. Il cite les cabinets de M. Courtiller,
le sien et le Muséum d’Angers, comme lui ayant fourni les types,
qui lui ont permis d’étudier ce rongeur. Mon excellent ami
M. Courtiller jeune, qui m’a communiqué, avec sa complaisance
habituelle, tant de bons renseignements ser les êtres dont je m’oc-
cupe dans ce travail, m'a fait parvenir la liste de tous les campa-
gnols du Saumurois ‘, et, comme je m'y attendais parfaitement, je
n'y ai pas vu figurer le campagnol économe. Je ne l’ai pas davan-
tage rencontré au Musée de la ville. Quant au cabinet particulier
de M. Millet, je ne le connais pas ; mais je serais bien étonné que le
* M. Courtiller nous écrivait le 22 novembre 1867 : « Nous avons les quatre
campagnols indiqués dans la Faune de France : le campagnol amphibie, le
souterrain, le roussâtre et le vulgaire. »
265
campagnol économe originaire de l’Anjou s’y trouvât; car il est
reconnu de tous les naturalistes que cet animal n’habite pas l’Eu-
rope. Laissons à ce sujet parler un des grands maitres de la science,
M. de Quatrefages :
« Sa zone s’étend de la Daourie jusqu’au Kamtschatka. Cest au
« fond des vallées humides de cette vaste contrée, que ce petit qua-
« drupède se retire et déploie, dans la construction de son domi-
«cile, une industrie et une prévision de l’avenir vraiment admi-
«rables. La chambre principale, d’un pied de diamètre sur trois
« ou quatre pouces de hauteur, est placée sous une motte solide qui
« lui forme un plafond naturel à l'abri de tout éboulement. De ce
« point, pris pour centre, s’étendent en tous sens une trentaine de
« boyaux, s’ouvrant d'espace en espace par des soupiraux d’un
« pouce de diamètre. C’est là qu’il se tient pendant ses heures de
«repos, couché sur un lit de mousse, au milieu de sa grande
« chambre, prèt à s’enfuir par une des galeries qui lui servent en
«outre de chemin couvert pour aller-à la picorée.
« Mais ces travaux, déjà considérables, ne sont que le premier
«étage de cette habitation. En dessous se trouvent les magasins,
« au nombre de trois ou quatre : ce sont de grandes salles qui com-
« muniquent, par autant de boyaux sinueux, avec les parties ha-
« bitées du logis. C’est dans ces espèces de caves que, dès le prin-
« temps, nos prévoyants mammifères apportent Les provisions d’hi-
« ver. » (Dict. univ. des sciences nat., verbo Campagnol Économe).
CAMPAGNOL ROUSSATRE. — ARVICOLA RUBIDUS (DE SELYS-LONGCHAMPS.)
CARACTÈRES. — Pelage roux, rubigineux en dessus, cendré sur les
côtés, blanchâtre en dessous, queue plus longue que la moitié du corps,
noirâtre en dessus, blanchätre en dessous, pieds blancs.
Mèmes mœurs que les campagnols vulgaire et fauve.
les de la Loire. L’Arvicola rubidus est une des espéces les plus
communes de celles qui habitent le Saumurois. On le trouve par-
tout dans les jardins, où il fait un dégätconsidérable, Au printemps,
à l’époque des amours, le mäle répand une odeur très-forte qui
rappelle beaucoup celle de la couleuvre à collier.
266
Genre LIÈVRE, — Lerus (Lin).
CARACTÈRES. — Les animaux de ce genre diffèrent de tous les rongeurs
par la bouche garnie de poils, par les incisives supérieures doubles, par
les pattes postérieures longues, et le dessous des pieds poilu comme le
reste du corps ; les oreilles sont longues ; ils portent la queue relevée.
LE LIÈVRE COMMUN. — Lepus Timipus (Lin)
CaracTÈREs. — Pelage d’un gris fauve glacé de brun, oreilles longues
dépassant la tête, cendrées sur la coque et noires à la pointe, queue
blanche avec une raie noire en dessus.
Dans un profond ennui ce lièvre se plongeait.
Cet animal est triste et la crainte le ronge !.
Ce portrait, tracé de main de maître, est d’une exacte vérité. Le
pauvre lièvre a tant d’ennemis, qu’il doit constamment être sur ses
gardes ; et de là, son caractère soucieux et sombre.
Les habitants de nos campagnes croient fermement que le lièvre
dort les yeux ouverts. Ce préjugé a pris une si grande consistance
dans nos pays, que des hommes sérieux, qui ont écrit sur le lièvre,
ont présenté cette fable comme une réalité.
Je ne crois pas qu’il existe dans la nature un animal qui puisse
dormir les yeux ouverts. Le lièvre, très-défiant de sa nature, a le
sommeil excessivement léger; il est presque impossible de le sur-
prendre, le moindre bruit le met en éveil, voilà pourquoi bien des
gens qui ont vu, au gite, un lièvre ayant les yeux ouverts et se te
nant dans un état d’immobilité complète, de peur d’être découvert,
ont cru qu’il dormait. Mais il n’est aucun d’eux qui ait pu le saisir,
car dès qu’il aperçoit quelqu'un, il détale avec une extrême rapi-
dité ; rien ne l’arrête dans sa course, et 1l lui arrive, dans son ar-
deur à fuir lorsqu'il est poursuivi, d’aller étourdiment se frapper
la tête contre un arbre ou contre un mur, de tomber blessé et quel-
quefois mort. |
Le lièvre vit sur la terre; son gîle est entre quelques mottes,
entre quelques pierres.
1 La Fontaine.
267
Il s’accouple la nuit, de décembre à mars. Lorsque le soleil est
couché, il abandonne sa retraite pour brouter l’herbe, et surtout le
serpolet, dont il est très-friand. Il rentre deux heures environ
avant l’aurore.
On donne le nom de bouquin au mâle, de hase à la femelle, et
aux petits celui de levrauts. Le mâle est voyageur, il émigre assez
loin ; quant à la femelle, elle est sédentaire. Elle porte de trente à
quarante jours ; sa portée est de trois à quatre petits, qu’elle dépose
soit sur une touffe d’herbe, soit sur un buisson.
On rencontre quelquefois des lièvres blancs ou isabelle ; ce chan-
gement de pelage est dûü à des causes accidentelles.
Dans le parc de Jarzé, on trouve une variété de lièvre au poil
blanc mêlé de gris.
La chasse du lièvre a été de tout temps un plaisir fort recherché.
Faire filer le lièvre était une des grandes distractions de nos rois.
Sous François I°, il y avait un vieux dicton bien connu deschas-
seurs de nos provinces :
Lièvre je suis de petite stature,
Donnant plaisir aux nobles et gentils ;
D'’estre léger et viste de nature,
Sur toute beste on me donne le prix.
Voici comment à cette époque se pratiquait, en Anjou, la
chasse au lièvre :
Les chasseurs se réunissaient en certain nombre et se tenaient
tous sur une ligne. Aux deux extrémités étaient deux meutes de
lévriers et une au milieu. On lächait la meute du centre, qui faisait
lever le lièvre, et s’il obliquait à droite ou à gauche, on lançait à
sa poursuite la meute la plus près de la direction qu’il prenait.
Sous Charles IX, les Rohan-Guémené avaient droit de chasser le
lièvre et le lapin avec des armes à feu, ce qui n’était accordé à la
plupart des autres seigneurs de l’'Anjou, que pour les oiseaux de
passage ; par exception, ils pouvaient dans leurs chasses se servir
de toute espèce de chiens (généralement il n’était permis aux gen-
tilshommes de n’avoir que des chiens courants) ; ils avaient le droit
268
d'exiger une amende de toute personne prise chassant dans les ga-
rennes et bois dépendant de la terre du Verger. Si ces mêmes per-
sonnes étaient en récidive, ils pouvaient leur faire donner le fouet;
mais ce châtiment ne devait avoir lieu qu’autour de la garenne ou
dans la forêt où le délit avait été commis.
Au château du Verger, où la vénerie était montée sur un très-
grand pied, et dans les autres châteaux de l’Anjou, la position de
maitre des chasses était fort importante, elle se transmettait de père
en fils; et quand le maître des chasses n’avait que des filles, l’ainée
épousait un homme apte à tenir l’emploi du beau-père. Ainsi,
lorsqu'un jeune homme recherchait la fille d’un maître des chasses,
il allait d’abord demander sa main au seigneur; puis, lorsqu'il
avait son agrément, il se rendait près du maître des chasses, lui
exposait ses intentions et celui-ci lemmenait avec lui pendant un
mois. Il le faisait chasser à courre cerfs, renards, chevreuils, liè-
vres, etc. ; il lui confiait le soin des chiens, l’envoyait faire le pied,
dépister la bête ; quand il était persuadé que le prétendu pourrait
un jour dignement tenir l’emploi, il organisait une chasse au liè-
vre, à laquelle devaient assister tout le personnel du château et
les parents du futur de la jeune fille.
Le prétendu partait avec la meute, lançait le lièvre, et après
l'avoir forcé, 1l sonnait sa mort : au son du cor, chacun accourait ;
alors le chasseur mettait pied à terre, coupait la patte droite du
lièvre et allait la déposer aux genoux de la fille du maître des
chasses ; si celle-ci l’acceptait, ils étaient fiancés et le mariage était
irrévocablement décidé.
Nos maîtres-queux du xvn° siècle ne voulaient jamais accom-
moder un lièvre qui dépassät huit mois. Tout lièvre d’un an n’était
jamais servi sur la table d’un seigneur.
Il y a un ancien proverbe qui dit :
Un lièvre vieux et une oie vielle
Du diable est la nourriture habituelle,
La faculté de médecine d’Angers, en 1705, n’approuvait pas
l'usage du lièvre comme aliment. Les docteurs d’alors prétendaient
269
que sa chair sèche et mélancolique épaissit le sang, qu’elle cause :
des obstructions au foie et à la rate, qu’elle nuit aux poumons et
empèche de dormir.
LE LAPIN. — Lepus Cunicuzus (Lin .).
CARACTÈRES. — Pelage gris mêlé de fauve, blanchâtre à la gorge et au
ventre, oreilles de moyenne longueur, queue brune en dessus, blanchâtre
en Jessous, le dessous des pieds roux fauve.
Au moyen âge, le lapin s'appelait connil !, et au xvrie siècle,
connin *. Dans les archives de l’Université d'Angers, nous trou-
vons un manuscrit très-curieux sur le lapin, sur son usage comme
1 [l existe encore dans la rue Saint-Laud, une vieille enseigne sur pierre
où sont sculptés trois lapins; au bas on lit : Aux trois connils.
? On Lit dans le manuscrit de Notre-Dame Angevine, Bibliothèque de la ville
d'Angers, page 178 : Longtemps résida la royne Yolande à Angers, attendant le
retour de son époux. Si advint environ l'an 1400, que elle étoit un jour allée hors
de son puissant château d’Angiers, par la porte qu’on appelle la porte des Champs,
se deduy par recréation avec ses gentilhommes et demoiselles et s’en alla esbat-
tant jusque au prieuré de l’Esvière, qui est assis assez près d’iceluy chasteau sur
le fleuve de Mayenne, et pour ce quelle veit le lieu delectable et en bel air, elle
se assit à terre en regardant et prenant grand plaisir à veoir la situation et an-
tiquité du lieu et pareillement à regarder quatre ou cinq jeunes chiens espai-
gneux qui l’avoient suivie, lesquels brilloient en ung buisson auprès d'elle et
maintenoient bon devoir de faire saillir quelque beste hors de la dedans, et ainsi
que la Royne regardoit ce passe temps, pensant que ce pouvoit être à qui ses
chiens menoient la guerre, saillit d’ung buissou ung Conniw, le quel, comme
effrayé de la noyse et abboy des chiens, accourut vers la Royne se mit en son
giron et là se arresta et fut longtemps ainsi comme à refuge et sauvegarde : la
Royne le chérissoit et touchoit de la main sans qu’il voulut partir et sembloit à
veoir qu’il eust du tout mys en oubli sa nature sauvage. La Royne était fort
joyeuse, néanmoins luy jugeoit le cueur que c’estoit quelque indice et remons-
trance. Si manda qu’on luy amenast gens pour le buisson deffrouer et abattre
et le fault et terrier du Connin chercher pour savoir dont il étoit sorty. Par le
commandement de la Royne, fut le buisson encontenant rasé et commencèrent
à bescher tout, qu’ils trouvèrent une petite voulte en terre, en laquelle étoit une
image de la glorieuse Vierge Marie tenant son enfant entre ses bras, et devant
elle une lampe de verre et quant ceux qui bechoient eurent trouvé ce bel ymage
ils la presentèrent à la Royne qui moult en eut grant joie et à grand plaisir et
dévotion le receut. Si alla visiter le lieu où l’on l’avoit trouvé et y fit faire ung
petit oratoire, et en bref y eut beau voyage et plusieurs miracles faits.
xe 19
270
aliment et les ressources que sa chair fournit à la science. Voici la
définition que l’auteur donne du mot connil (cuniculus) :
«Le lapin, en latin cuniculus, parce qu’en creusant dessous
« terre, 1l forme une espèce de mine ou de tanière, appelée aussi
« en latin cumiculus. C’est ce qui a donné lieu à Martial de faire les
« vers Suivants :
Gaudet in effossis habitare cuniculus antris ;
Monstravit tacitas hostibus lle vias.
Le lapin vit en société ; on en trouve souvent plusieurs dans
le même terrier. Il habite les hauteurs et les bois, et se nourrit
de plantes et d’écorce. Malheur au jardin dont il est voisin ; non-
seulement il broute jusqu’à la racine les plantes qui tombent sous
sa dent, mais encore il ronge l’écorce des arbres à leur base, et les
fait périr.
Les lapins font un grand nombre de portées par an. On en
compte quelquefois jusqu’à huit ; en moyenne elles sont de quatre
petits, mais il arrive assez fréquemment qu’elles donnent neuf
petits.
La femelle creuse exprès un trou dans lequel elle dépose sa pro-
géniture. Ce trou est évasé et circulaire, il est tapissé par des plantes
sèches; ce sont généralement le paturin des forêts et la houlque
molle.
Aussitôt que les petits sont nés, la mère abandonne son nid, ayant
soin d’en boucher l’entrée, avec la terre qu’elle fait sortir à la sur-
face du sol en creusant son trou, afin de dérober ses nourrissons
aux fureurs du mâle, quine manquerait pas de les tuer, et aussi
pour les soustraire aux mammifères carnassiers.
Lorsque les petits commencent à voir, un orifice presque imper-
ceptible donne un peu de jour dans le terrier; cet orifice s’a-
grandit au fur et à mesure que la portée prend de la force.
« On ignore, dit l’auteur de Particle sur le lapin (Dictionnaire
« universel d'histoire naturelle), malgré toutes les expériences qui
« ont été faites à ce sujet, l'heure à laquelle la mère se rend auprès
« de ses petits. »
271
Probablement les observations de ce savant n’auront été faites
que sur des lapins de la famillé de ceux dont parle Boileau,
Qui, dès leur tendre enfance, élevés dans Paris,
Sentaient encor le chou dont ils furent nourris ;
car s’il avait étudié le lapin dans nos bois, dans nos forêts, il eût
appris ce que tous les braconniers savent, que c’est à l’heure du
crépuscule que la lapine vient retrouver ses petits pour les allaiter,
et c’est aussi à ce moment que le braconnier la guette et la prend,
ainsi que ses petits, en mettant à l’entrée du terrier une poche et
en forçant la femelle à sortir.
Les oiseaux de proie détruisent un grand nombre de lapins;
-mais le plus grand destructeur de ces animaux est l’homme. Lors-
que le lapin est effrayé, il frappe deux ou trois coups avec un pied
de derrière, puis prend la fuite. Il ne se fait pas chasser longtemps,
comme le lièvre, qui se fiant dans son agilité, fait de longs cir-
cuits ; le lapin débusqué par un chien cherche rapidement un ter-
rier où un hallier, où il puisse se blottir et se mettre en sûreté.
Les chasseurs classent en deux catégories les lapins : le bwisson-
nier et le Japin de garenne. C’est ce dernier qui est préféré des
gourmets. Les lapins tués sur la commune d’Angrie, arrondisse-
ment de Segré, sont fort estimés.
On élève en Anjou à l’état de domesticité plusieurs espèces de
lapins. L'espèce qui semble la meilleure est celle du lapin de Russie,
au pelage blanc, au museau et aux pattes noires.
Le nombre des peaux de lapins qui sortent chaque année de
l’'Anjou s'élève à 3,500, dont les deux tiers appartiennent à des
lapins domestiques !.
Sur toutes les seigneuries étaient établies des garennes ; la grande
fécondité du lapin faisait que ce gibier était d’un excellent revenu.
Ainsi Beaujeu raconte qu’un gentilhomme de ses amis, étant allé à
la chasse avec quelques-uns de ses vassaux et trois chiens, rapporta
le soir six cents lapins.
1 Statistique sur les animaux à fourrures publiée dans les Annales de la Société
Linnéenne, année 1857, par le docteur Farge.
272
Les dégâts occasionnés par les nombreuses garennes qu’on ne
cessait d'établir firent qu’en 1355, 1356 et 1376, nos rois Philippe
le Long, Jean et Charles V rendirent des ordonnances par les-
quelles ils abolissaient toutes garennes faites depuis quarante ans
et donnaient congé à tout particulier quelconque d’y chasser sans
amende.
La Faculté de médecine d'Angers regardait la graisse de lapin
comme nervale et résolutive.
6° ORDRE. — LES ÉDENTÉS.
Les individus compris dans cet ordre sont : les Paresseux, les
Tatous, les Fourmiliers, les Pangolins, les Monotrèmes, les Échid-
nés et les Ornithorinques. Tous ces animaux sont propres aux pays
d'outre-mer.
7° ORDRE. — LES PACHYDERMES.
CARAGTÈRES. — Pieds d’un à cinq doigts, ongulés ou garnis de sabots,
point de clavicules, estomac simple divisé en plusieurs poches, trois
sortes de dents. :
Genre SANGLIER. — Sus (Linx.).
CarAcTÈRES. — Quatre doigts à tous les pieds, dont deux sont grands
et armés de sabots et deux très-petits extérieurs, ne touchant presque pas
la terre, incisives en nombre variable, canines sortant de la bouche et se
recourbant vers le haut, museau tronqué, corps garni de poils raïdes,
douze mamelles.
SANGLIER COMMUN. — Sus Scrora (LInn.).
CaracTÈRES.—(Corps couvert de soies d’un brun noirâtre, raides, dures,
plus longues sur ledos et autour des oreilles, oreilles courtes, droites, mobi-
273
les, yeux petits, défenses prismatiques recourbées en dehors et en dessus.
Lorsque la défense supérieure se tronque obliquement à sa face anté-
rieure par son frottement contre celle d’en bas, ce qui arrive à l’âge de
cinq ans, les chasseurs disent que le sanglier est miré; la défense infé-
rieure est aiguisée en pointe, les défenses atteignent chez les vieux mâles
des proportions qui en font une arme terrible, les molaires sont au
nombre de cinq et la première d’en bas est écartée des autres. La queue
est fort courte et droite, les jambes sont épaisses et les pieds terminés
par quatre sabots, dont les deux plus grands posent sur le sol.
La femelle, plus petite que le mâle, s’appelle /ate ; dans nos
anciens auteurs elle est désignée sous le nom de « sanglière. »
Je conserve toujours un embonpoint égal :
Chasser le jour, la nuit, à pieds comme à cheval,
Le fusil sur l'épaule, en carrosse, en litière,
Forcer chevreuil, cerf, daim, sanglier, sangliére ;
Manger froid, boire chaud, dormir couché, debout;
Un garçon comme moi s’accommode de tout!.
Les petits sont appelés marcassins. Quand le sanglier a un an, il
s’appelle bête de compagnie, parce que, jusqu’à deux ans, il ne quitte
pas sa mère ; à deux ans, on le nomme ragof, à trois, sanglier en
son tiers, à sept ans, vieux sanglier. Le lieu où il se retire se nomme
bauge. D’après une légende, la petite ville de Baugé, Balgiacum,
Baugeium, Baugium, en latin, tirerait son nom de ce qu’un comte
d'Anjou, après avoir forcé un sanglier dans une forêt près du lieu
où se trouve la ville actuelle, aurait fait découper en très-minces
lanières la peau de ce pachyderme, et s’en serait servi, comme au—
trefois Didon voulant fonder Carthage *, pour tracer le contour d’une
ville qu'il comptait bâtir. C’est en souvenir de ce fait qu'on a
désigné cette ville sous le nom de Bauge, puis Bauge.
Nous donnons cette légende pour ce qu’elle vaut. Mais nous
avons encore, dans nos campagnes, de vieilles locutions qui ont
1 Le Curieux impertinent, acte II, scène 3.
? Devenere locos, ubi nunc ingentia cernes
Mœnia, surgentemque novæ Carthaginis arcem ;
Mercatique solum, facti de nomine Byrsam,
Taurino quantum possent circumdare tergo.
(VirGILe, Æneidos).
274
quelque rapport à un fait de ce genre; ainsi l’on dit bauger, pour
mesurer ; bauge pour mesure.
Les armes de la ville de Baugé représentent un sanglier de sable
dans une bauge de sinople.
Le sanglier se nourrit d'herbes, de glands, de racines, de
pommes de terre, et quand il mange de l’herbe, on dit qu’il her-
bille ; quand il mange des glands, on dit qu’il mulote. Cette dernière
expression est empruntée des amas de glands que font les mulots
dans les forêts et qui sont souvent découverts par les sangliers. On
dit qu’il fouge, lorsqu’à l’aide de son museau il laboure la terre
pour y trouver des larves d'insectes, dont il est très-friand ; ven-
trouiller s'emploie pour dire que le sanglier se vautre dans la boue.
La chasse au sanglier a toujours passé pour dangereuse : cet ani-
mal, d’une nature timide, ne connaît point de borne à sa fureur, lors-
qu’il est attaqué et surtout lorsqu'il est blessé.
Au moyen âge, on ne commençait la chasse du sanglier qu’au
mois de septembre ; c'était avec l’épieu ordinairement qu’on l’a-
battait. Mais tout gentilhomme tenait à insigne honneur de mettre,
du haut de son cheval, un sanglier hors de combat, avec une épée
lonque, forte et bien amourée.
Les veneurs qui couraient le sanglier, portaient un pourpoint
fourré de gris sur une robe courte, de couleur verte, serrée avec une
ceinture de cuir d'Irlande, à laquelle était appendu un couteau de
chasse appelé quenivet, des chaussettes, des bas, des bottes fortes,
des éperons sans or n1 argent, puis le cornet d'ivoire pendant au
cou.
Après la chasse du cerf, c'était celle du sanglier qui était la plus
tenue en honneur.
Il est un vieux proverbe qui dit :
Au cerf la bière
Au sanglier le mière.
Le mot mière veut dire médecin, ce qui signifie qu’on guérit plus
aisément la blessure faite par le sanglier, que la blessure faite par le
cerf, laquelle est presque toujours mortelle.
279
Le sanglier est très susceptible d'éducation ; j'en ai vu un, dans
une ménagerie, qui dansait, saluait, faisait des gestes grotesques au
commandement de son maître.
C’est du sanglier que sont provenues toutes nos variétés du cochon
domestique.
Les sangliers sont aujourd’hui extrêmement rares, dans notre
province. Les chasseurs savent le nombre de ceux qui se trou-
vent dans nos forêts ; ils ne sont que de passage, et solitaires. La
forêt de Vezins est la seule forêt, où l’on en connaisse actuellement.
Autrefois ils étaient très-communs, à tel point que les terres envi-
ronnant les forêts n'étaient pas cultivables. Chaque fois qu’on voulait
les ensemencer, on était sûr de voir, la nuit, les sangliers arriver
par bandes et fouger, dans le sol fraïchement remué, pour y trouver
des insectes.
La faculté de médecine d'Angers, en 1705, donnait sur la chair
du sanglier les avis suivants :
« Le sanglier nourrit beaucoup et fournit un aliment qui ne se
dissipe pas aisément, sa chair se digère plus facilement que celle du
cochon ordinaire. Elle produit des humeurs grossières et elle ne
convient point aux personnes oisives et délicates.
« Toutes les parties du cochon sauvage contiennent beaucoup
d'huile, plus de sel volatil que le cochon ordinaire et moins de
phlegme.
«Le sanglier convient principalement, en hiver, aux jeunes gens
d’un tempérament chaud et bilieux , à ceux qui ont un bon esto-
mac, et aux personnes qui fatiguent beaucoup.
« La graisse du sanglier appliquée extérieurement est résolutive,
émolliente, fortifiante et adoucissante.
« Le sanglier se mange rôti, ou fricassé avec des navets ; il n’en
est pas ainsi de la Aure (c’est-à-dire la tête); elle s’accommode à
part, mais un pareil morceau ne convient qu'aux gens riches. »
276
Solipèdes.
GENRE CHEVAL. — Equus (Cuv.)
CARACTÈRES. — Six incisives à chaque mâchoire qui, dans le jeune âge,
ont leur couronne carrée marquée par les lames d’émail, qui s’y enfoncent ;
les mâles ont de plus petites canines qui manquent, presque toujours, aux
femelles; les mamelles sont placées entre les cuisses.
« La population chevaline en Maine-et-Loire est hétérogène. On
y trouve, dit A. Vallon !, une race de petits chevaux particuliers
au pays ; une dégénération de la race bretonne apte aux travaux
agricoles, mais trop commune pour l’armée ; des chevaux issus du
croisement de ces deux races; enfin des produits de ces mêmes races
avec des étalons anglais ou anglo-normands, de pur sang ou de
demi-sang du dépôt d'Angers. Ceux-ci forment une espèce métis,
connue sous le nom de chevaux Angevins, qui fournit à l’armée bon
nombre de chevaux de trait et de selle, sans caractères particuliers,
mais ressemblant au type anglo-normand. Les meilleurs descendent
_ des étalons de demj-sang ; ceux qui sortent du pur sang ont la poi-
trine étroite, les membres grêles, de mauvais aplombs et sont trop
irritables.
« Mais l'espèce chevaline présente des différences dans Maine-et-
Loire : les arrondissements de Beaupréau, de Segré, d'Angers sont
les plus riches et produisent les meilleurs chevaux ; à Beaupréau et
à Segré, on trouve de la distinction et du cachet; l'arrondissement
d'Angers fait bien aussi ; celui de Baugé donne des chevaux de
petite taille et communs; celui de Saumur fait peu de chevaux de
selle.
« Maine-et-Loire est plutôt un pays de production que d'élevage,
1 Cours d’hippologie, à l'usage de MM. les officiers de l’armée, de MM. les
officiers des haras, les vétérinaires, les agriculteurs et de toutes les personnes
qui s'occupent de questions chevalines, par A. Vallon, vétérinaire principal,
professeur d’hippologie et directeur du haras de l'École impériale de cavale-
rie, etc., etc., tome Il, page 526.
277
les éleveurs vendentleurs poulains, dès l’âge de dix huit-mois à deux
ans, à des marchands qui les conduisent en Touraine, en Limousin,
en Auvergne, en Normandie ; le peu qu’ils élèvent, sont livrés au
commerce ou à la remonte, lorsqu'ils ont atteint leur quatrième
année.
« L’hygiène laisse beaucoup à désirer : la plupart des éleveurs
enferment les chevaux, en hiver, dans des écuries basses, chaudes,
humides, où l'air et la lumière ne pénètrent que difficilement. Le
pansage y est à peu près inconnu. Les chevaux restent dans les
prés, les marais, les jachères, jusqu’au moment où les neiges ou
les inondations obligent à les retirer, et ne reçoivent d'autre
nourriture que celle qu’ils trouvent. Ces conditions hygiéniques
nuisent au développement du cheval, à ses qualités physiques, mais
elles le rendent docile, doux, sobre, rustique ; aussi ceux qui réu-
nissent les conditions nécessaires pour entrer dans l’armée s’accli-
matent-ils facilement et promptement dans les corps, et une fois
acclimatés, y font-ils un bon service.
« Le dépôt d'Angers achète, dans Maine-et-Loire, des chevaux
pour toutes les armes, surtout pour la cavalerie légère, l'artillerie et
la ligne. »
L’ANE. — Equus Asus (Linn.).
CARACTÈRES. — Pelage tantôt gris de souris, gris argenté, ou presque
fauve, la queue n’a qu’un bouquet de crins courts à son extrémité, il porte
toujours une croix noire sur les épaules.
* Cet animal domestique, originaire de l’intérieur des grands déserts
de l'Asie, n’estemployé aux travaux d’agriculture en Maine-et-Loire
que dans les environs de Doué-la-Fontaine, arrondissement de
Saumur.
278
8 ORDRE. — LES RUMINANTS.
CARACTÈRES. — Pieds ayant deux doigts enveloppés par deux sabots
qui présentent leur face aplatie, cette disposition a valu à ces animaux
la dénomination de pieds fourchus. ;
Le nom de ruminant désigne cette faculté, qui leur est propre, de
ramener les aliments dans leur bouche pour y être mâchés une
seconde fois.
KRuminants à cornes caduques et pleines.
GENRE CERF. — Cervus (Linx.)
CARACTÈRES. — Pelage composé de poils soyeux, dont la coloration
varie avec Îles saisons ; pieds fourchus, oreilles grandes, ouïe très délicate,
odorat fin, vue excellente, dents molaires et incisives, semblables à celles
des autres ruminants.
À l’époque des amours, le cerf d’une nature timide, est animé
d'une fureur aveugle et devient très-dangereux. Quand, à ce
moment, deux cerfs se rencontrent, ils se battent à outrance.
Les anciens attribuaient au cerf une très-longue vie, plus de cent
ans. Ceci est une erreur : le cerf ne dépasse guère vingt ans.
Le cerf s’apprivoise très-facilement ; mais en captivité, il ne vit pas
longtemps : il lui faut l’espace et l’air des champs.
Autant les cerfs sont rares aujourd’hui, autant ils étaient communs,
en Anjou, au moyen âge. Plusieurs de nos comtes permirent aux
abbayes d’en faire tuer sur leurs domaines, pour nourrir les frères
malades, pour faire des ceintures et des gants aux religieux et sur-
tout pour couvrir les livres de leurs bibliothèques.
Lorsqu'un haut et vénéré personnage venait à mourir, 1l était
d’usage de l’ensevelir dans une peau de cerf’. C’est ainsi que furent
1 En 1793, on ouvrit à Saint-Denis le tombeau du roi Louis VIII, on trouva
son corps enveloppé dans un sac de peau de cerf auprès duquel étaient un reste
de sceptre de bois pourri, un diadème qui n’était qu’une bande d'’étoffe tissue
en or et une calotte d’étoffe satinée. (Procès-verbal de l’ouverture des caveaux
de Saint-Denis.) :
279
retrouvés les corps du bienheureux Robert d’Arbrissel, fondateur
de l’ordre de Fontevrault, de saint Brieuc, dont le corps reposait dans
l’abbaye Saint-Serge et Saint-Bach, de saint Florent, ete. Cepen-
dant la peau du cerf n’est pas de plus longue durée que celle du
bœuf, du cheval, de l’âne, et l’on s’est livré à de nombreux com-
mentaires pour savoir d’où venait cet usage. Les uns pensent qu’il
a pris naissance sur ce préjugé, qui attribue au cerf une très-longue
vie, et là, ils ont vu un symbole de l’immortalité ; d’autres se
sont appuyés sur ce passage du second livre des psaumes, verset x: :
Quemadmodum desiderat cervus ad fontes aquarum, ita desiderat
anima mea ad te Deus !
« Comme le cerf soupire après les eaux, de même mon cœur
soupire vers vous, Ô mon Dieu ! »
CERF D'EUROPE. -— Cervus ELapaus (Linn.)
CARAGTÈRES.— Pelage gris brun pendant l’hiver, en été d’un fauve clair,
avec une ligne brune plus foncée sur la région médiane du dos, et sur
les côtés de laquelle sont des taches d’un jaune clair; tête allongée, le
mâle se distingue de la biche par les bois et par les canines à la mâchoire
inférieure.
Le faon, jusqu’à six mois, a le corps parsemé de petites taches
blanches, sur un fond brun fauve; arrivé à six mois, on commence
à voir paraître sur son os frontal deux tubercules, qu’on appelle 4os-
ses, alors il prend le nom de hére; ces bosses croissent, s’allongent et
deviennent cylindriques. C’est à ce moment, qu’on les désigne sous
le nom de couronnes.
Le faon ne quitte pas sa mère de tout l'été.
Ce n’est qu'après la première année que le bois commence à se
former, il n’a alors qu’une simple tige pour branche qu’on appelle
daque, et le cerf à cette période s’appelle daguet.
A la troisième année, il lui vient un bois dont chaque perche jette
deux ou trois branches nommées cors ou andowillers.
Celui de la quatrième se couronne, et l’âge fait grossir les perches
et donne un plus grand développement à la couronne, qui se divise
280
en dix ou douze branches et prend des formes variées, auxquelles
on a donné les noms de fourches, d’'empaumure.
Jamais les cerfs n’ont plus de trois andouillers à la partie anté-
rieure de chaque fourche. Quelquefois ils n’en ont que deux. De
trois à six ans, le cerf est désigné sous le nom de jeune cerf ; à six
ans, on le nomme cerf dix cors jeunement ; à sept ans, dix cors ;
à huit ans, vieux cerf; à cet âge, les bois ont jusqu’à vingt-quatre
branches. L’andouiller inférieur, qui est le plus grand de tous, se
nomme maître andouiller ; celui qui vient ensuite, sur-andouiller ;
et les. autres, chevillures. La tige principale s’appelle le merain ; la
meule, l'anneau qui est à la base; les prerrures, les tubercules qui
parsèment le bord; les pelures, les élévations du merain et des
andouillers.
Les femelles des vieux cerfs mettent bas à la fin de février ; celles
des cerfs dix cors, en mars; celles des cerfs dix cors jeunement, en
avril, et celles des jeunes cerfs, en mai.
C’est au printemps que le bois du cerf tombe, il ne se refait qu’en
août ; la chute du bois est plus hâtive de deux ans chez les vieux
cerfs.
En hiver, les cerfs et les biches se rassemblent par troupes, que
l'on nomme hardes; au printemps, les cerfs se dispersent pour
perdre leurs bois, et les femelles, pour mettre bas.
Le 6 mai 1849, un bois fossile du cervus elaphus a été trouvé
dans la carrière des fours à chaux, près Doué.
Au moyen âge, les chasses étaient réglées autrement qu’elles ne
le sont de nos jours : chaque mois était consacré à une chasse parti-
culière. Ainsi, pendant le mois d'août, on chassait le cerf. Il fallait,
dans notre province, le séjour d’un prince pour faire déroger à cette
règle.
En 1394, un gentilhomme angevin, messire Hardouin de Fon-
taines-Guérin ‘ publia un poème intitulé : le Trésor de la Vénerie.
! Hardouin de Fontaines-Guérin était le père du brave et vaillant chevalier
qui, à la bataille de Baugé, tua le duc de Clarence et mit les Anglais en fuite.
Le château des Fontaines est situé dans la commune des Verchers; il doit
281
Dans ce travail extrêmement curieux, l’auteur signale à Charles
d'Anjou, frère de saint Louis, aux fils de Louis [‘, duc d'Anjou,
Louis et Charles, et au roi de France, les forêts de l’Anjou où l’on
peut chasser le cerf.
Pensans que eulx y preingnent pleisance,
Car le déduit aiment d'enfance ;
Pour ce, leur vueil faire savoir
Et au roy vueil ramentevoir
A la fin que mieux li souveingne
De ses païs que Diex maintiegne
D’Anjou et du Maine, et, aussi
De ses bons vassaux qui, sens si,
L’aiment de loyal cuer parfait ;
Les nons tout par ordre et de fait
De ses nobles forès plésans
Avant que je soye tésans
Afin que le déduis l'y membre
De plésans lieux et li remembre
Du très doulz lieu plain d’esbanoy
De la forest de Loncaunoy !.
Et une autre qui est moult belle,
De Bersay ? se nomme et apelle :
La forêt de Monnoys ÿ vous nomme
Ou déduit prennent maint noble homme.
être, dit Bodin, considéré comme un monument historique ; il transmet à la
postérité l’un des plus beaux traits du patriotisme angevin, en rappelant le nom
d’un des plus généreux chevaliers du xv° siècle.
1 Cette forêt, placée à environ trois lieues nord-est de La Flèche, contenait
en 1711, 500 arpents. Elle était autrefois le siége d’un fief appartenant aux
comtes d'Anjou. En 1385, Guillaume Puillette, écuyer de cuisine de la duchesse
d'Anjou, tenait la segrairie (intendance) de Loncaunoy.
? La forêt de Bersay, située à environ six lieues sud du Mans, contenait sous
Louis XIV, 8309 arpents. Hardouin de Fontaines-Guérin était au nombre des gen-
tilshommes qui avaient droit d'usage en la forêt de Bersay.
# La forêt de Monnoys est à trois heures sud-sud-est de Baugé et s’étend sur
les deux communes de Mouliherne et du Loroux, canton de Longué. En 1664,
M. Colbert de Croissy mentionnait, dans son rapport sur l’Anjou, qu’elle ne
contenait que 2125 arpents, quoiqu’elle eût été beaucoup plus considérable.
A l’époque qui nous occupe, les habitants de la campagne étaient fréquemment
obligés de chercher uu refuge contre les gens de guerre dans les châteaux ou
villes fortifiées et dans les bois. En 1387, il était reconnu que les estagiers de
Fontaine-Herson étaient accoutumés à avoir leur refuge, en cas de nécessité et
282
La forest de Baugé aprez !
Et Chandelais qui en est près?
Qui pour un roy est belle et gente :
Là treuve-t-on de mains cerfs la sente;
Et le grant boisson de Boudré ÿ,
‘Ou maint noble a tout à son gré
de fortune, aux forêts de Monnoys et de Chandelays, et aux forteresses de
Loroux, de Rennefort et de Vernoil. (Lettres de la reine Marie de Sicile,
11 mars 1387.)
1 La forêt de Baugé est à une demi-lieue au nord de la ville de ce nom. En
1447, une grande partie de cette forêt fut brûlée : aussi est-il dit, dans les
registres de la Chambre des Comptes d’Anjou, que la forêt de Baugé était fort
peu de chose auprès de celles de Monnoys et de Chandelays. En 1664, elle
comprenait 300 arpens, dont 150 seulement étaient plantés. (Mémoires de Col-
bert de Croissy.)
3 La forêt de Chandelais, également célébrée par Hardoyn, est située à une
lieu sud-est de Baugé. Son nom s’écrivait autrefois Chandelays et Champdeles.
Les trois dimanches précédant la Toussaint, les personnes qui voulaient mettre
des porcs au parnage, dans les forêts de Monnoys ou de Chandelais, venaient se
faire inscrire dans les bois de Generre, faisant partie de Monnoys, par chacun
des segrayers compétents. Chandelais contenait, en 1664, 1200 arpents ; il n’y
avait que 1000 arpents de plantés.
3 Le grand Buisson de Boudré était aussi, au xiv® et au xv° siècle, Boudroy et
Bouldré. Il se composait de bois et de landes : les bois ont été défrichés et mis
en culture. Les landes, qui existaient encore en 1855, époque où M. Jérôme
Pichon écrivait sur Hardoyn de Fontaines-Guérin, sont actuellement labou-
rées. Une grande exploitation agricole se fait dans ces vastes plaines, où le bota-
niste était joyeux, il y a encore quelques années, de pouvoir récolter la Linai-
grette à larges gaines (Eriophorum vaginatum, L.), plante qui ne croissait que
dans cette seule localité. Je l’ai trouvée dans les landes de Bouldré en 1845, sur
les indications qui m'avaient été données par mon savant et regretté maître, le
docteur Guépin. Cette plante a été découverte en Maine-et-Loire par l'abbé
Baudouin. Bouldré se trouve dans le canton de Briollay, arrondissement d’An-
gers, à une lieue de la petite ville de Seiches, sur la rive droite du Loir. L'ile
du Loir, qui appartenait à Hardoyn, est à une demi-lieue au nord de Bouldré.
Le roi René, étant à Lyon, le 6 juin 1466, donna à Jehan Pasquier, queux du
roi de France, l'office de segrayer de Bouldré, que tenait avant lui Pierre le
Bouteiller, receveur ordinaire d'Anjou, et, comme Jehan Pasquier était conti-
nuellement occupé au service du roi, et qu’il n'aurait pu exercer en personne
ces deux offices sans manquer à l’un ou à l’autre, le roi René lui permit de
faire exercer l'office de segrayer, maispar Pierre le Bouteiller seul,
283
Souvent grant venaison trouvée :
Et Belle Poule l’esprovée !
D’estre de maint cerf bien garnie
Et les ylles sans vilonnie,
Qui du Pont de Cé se surnoment ?.
Et un boysson que, de ça noment
Et appellent le Breuil de Faiïns ÿ
Dont yssent mains grans cerfs au plains.
Mais ore n’en vueil plus parler,
Aïns vueil a ma matere aler
Et vous démonstrer justement
Par quel point, pourquoy ne comment,
On doit corner droite cornure,
Selon le point et la mesure
De forme de corner a point
Pourra trouver de point en point
Comment on doit à fin mener
Chasse de cerfs, et y corner
Selon la coustume et l'usage
D’Anjou, où maint grant cerfs ramage.
! La forêt de Belle-Poule existait encore en partie en 1664 (Mémoire de
Croissy) et pouvait avoir trois quarts de lieue d’étendue, dont un tiers environ
était planté de chênes, d’ormes et de frênes. Elle était située à une lieue d’An-
gers, et était entourée par les rivières de Loire et d’Authion. L'emplacement de
cette forêt, aujourd’hui complétement déboisé, s'appelle encore l’île de Belle-
Poule. C’est une plaine d’environ deux lieues de longueur, renfermée entre la
Loire, lAuthion et la digue qui, à partir de la Daguenière, s'éloigne de la
Loire pour prendre la direction d'Angers. En 1470, le roi Reré fit prendre et
lier les cerfs et biches étant dans les douves (ou fossés) de son château d’An-
gers, et les fit conduire par eau dans la forêt de Belle-Poule. Bertrand Gosmes,
garde des bestes et oiseaulx du Roy, reçut 55 sous tournois, le 9 novem-
bre 1470, pour les frais de cette expédition (p. 1342, p. 82). C’est dans la forêt
de Belle-Poule que furent choisis les bois qui servirent à la construction d’une
frégate à laquelle, en souvenir de ce fait, on donna le nom de Belle-Poule,
C’est cette frégate qui ramena de Sainte-Hélène le corps de Napoléon Ier,
? Les îles des Ponts-de-Cé sont au nombre de quatre ou cinq; elles sont à
une demi-lieue de la ville des Ponts-de-Cé, en remontant la Loire ; elles sont
aujourd'hui entièremient déboisées. En 1469, elles étaient déjà habitées en
partie. (Inv. d'Anjou, 754 à 768.)
$ Le Breuil de fains (c'est-à-dire le bois de hêtres) n’existe plus. IL était
situé à trois lieues nord-est de Baugé, entre les communes de Chavaignes,
Chigné et Genn:teil, près Noyant.
(Notes de Jérôme Pichon sur le Trésor de Vénerie.)
284
Catherine de Médicis pour faire sa cour à François I‘, lorsqu'elle
n’était encore que dauphine, avait formé une petite troupe, qu’on
appelait, dit Brantôme, « la petite bande des dames, » avec laquelle
elle allait courre le cerf : elle était toujours accompagnée dans ces
excursions de François de Rohan, seigneur de Gié, du Verger, baron
de Château-du-Loir, de Mortier-Crolle et de Marigny.
Catherine de Médicis aimait la chasse avec fureur ; elle fit plu-
sieurs chutes de cheval, qui pensèrent lui devenir fatales, et dut la
vie, plus d’une fois, à son intrépide compagnon ; outre la rupture
d’une jambe, elle reçut une blessure à la tête, à la suite de laquelle
elle fut trépanée.
Charles IX vint au château du Verger, le 8 novembre 1565. Le
seigneur de ce lieu avait organisé une chasse en l'honneur de ce
monarque, dont tout le monde connaît la grande passion ‘. On
1 Charles IX fut un des plus grands chasseurs qui aient existé. [l entreprit ce
qu'aucun autre n’avait osé faire avant lui : il attaqua un cerf à vue et sans aide
de chiens courants ni lévriers, sans prendre même de relais. Il le poursuivit
par monts et par vaux à course de cheval, avec tant de fureur qu’enfin Le cerf fut
forcé et rendu. Jean-Artoine de Baïf, fils de l’Angevin Lazare de Baïf, ambas-
sadeur à Venise en 1530, célèbre cet exploit dans une pièce de vers devenue
fort rare aujourd’hui, et qu’on a bien voulu nous communiquer :
Au mont Ménalien, Hercule si bien guette
Comme dehors du fort l’estrange cerf se jette,
Cherchant son viandis, que d’un trait non fautif
Il traverse le flanc de ce monstre fuitif;
Mais vous, non pas d’aguet, combien que d’embuscade,
Vous penssiez le tirer de seure arquebuzade
Trop plus juste tireur que ce vaillant archer ;
Mais tout ouvertement vous aimastes plus cher,
A course de cheval le poursuivant à veue,
Une chasse achever encore non cogneue, ,
N'y faicte d'aucun Roy. Sans levriers, sans clabauts,
Avez forcé le cerf et par monts et par vaux,
Maumené de vous seul, monstrant que la vitesse
Ne sauve le couart, quand le guerrier le presse.
C’est le cheval guerrier, qui sous un roi vaillant,
Magnanime guerrier, non vaincu bataillant,
Orgueilleux de sa charge, et de course non lente
Acconsuivit la beste en ses membres tremblante,
285
lança le cerf; le roi le poursuivit avec une telle ardeur, qu’il laissa
loin derrière lui sa suite.
Charles IX fut ravi de cette chasse et de la manière dont les
gentilshommes avaient sonné du cor, dignes rivaux du duc d’Alen-
con, de Huet de Nantes et du sire de Montmorency.
Du corner d’Anjou justement
Entendent ceulx parfaitement
Scevent corner li aucun ;
Pour ce mais raport à chacun f.
Charles IX chassa plusieurs fois le cerf, pendant son séjour en
Anjou. Entre autres forêts, où il se donna ce plaisir, nous citerons la
forêt de Belle-Poule. Un grand diner fut offert au roi, lorsqu'il vint
coucher au château de Brissac : un cerf entier, la tête ornée de ses
bois, tenait le centre de la table; on voit encore la cheminée qui
servit à rôtir cette pièce gigantesque.
Henry IV, pendant le temps qu’il passa en Anjou, se livra à de
grandes chasses, au Plessis-Macé et au Verger. Il ÿ eut, dans cette
Et sous vostre esperon légier obéissant
De la prise espérée vous rendit jouissant.
Que ne suis-je Conon, maistre en la cognoissance
Des astres du haut du ciel! Là-haut votre semblance
En veneur estoilé, la trompe sous le bras,
L'épieu dedans le poing, vostre cheval plus bas,
D’estoilles flamboyroit Orion qui menace,
La tempeste et l’éclair vous quitteroit la place,
Non pour donner l'orage aux humains malheureux,
Mais pour favoriser les veneurs bienheureux.
Moy donc ce que je puis, vous mon grand Roy je chante,
Avecque le cheval, la beste trébuchante;
Au coup de vostre main, sur un chêne branchu
Vouant du chef du cerf le branchage fourchu,
Le roi Charles neufvième, et premier qui a vue,
Sans meute sans relais, à la beste recrue,
Piquant et parcourant fait rendre les abbois,
En consacre la teste à la dame des bois.
1 Trésor de la Vénerie, page 72.
Xe 20
286
terre, une chasse aux lanternes ‘. Lorsque le cerf fut mis à mort, le
seigneur du lieu coupa la patte gauche de l’animal, et mettant un
genou en terre, la présenta au roi, suivant l’usage, dans un magni-
fique plat d’or aux armes des Rohan, ensuite eut lieu la curée à la-
quelle le roi prit un vif plaisir.
Voici les prescriptions ordonnées par la faculté de médecine
d'Angers, en l’année 1705, à l’égard de la chair du cerf :
« Le cerf doit être gras, tendre, bien jeune et même qui tette
encore, si on peut le trouver tel.
« Sa chair est fort nourrissante et elle produit un aliment solide
et durable.
« À mesure que le cerf vieillit, sa chair devient dure, compacte,
difficile à digérer, pesante sur l’estomac, et propre à produire des
humeurs grossières et mélancoliques. Galien en désapprouve fort
l'usage , et Avicenne prétend que cette chair cause des fièvres
quartes.
« Le cerf contient en toutes ses parties beaucoup d'huile et de
sel volatil alkali.
« Il convient en tout temps aux jeunes gens bilieux, qui ont un
estomac fort et robuste, et qui sont accoutumés à un grand exercice
de corps ; mais les vieillards, les personnes faibles et d’un tempé-
rament mélancolique doivent s’en abstenir. »
La faculté de médecine d'Angers ordonnaiït pour arrêter les
diarrhées et les vomissements de sang une gelée faite avec la raclure
de corne de cerf.
La moelle et la graisse de cerf étaient employées pour les rhuma-
tismes, pour résoudre, pour fortifier les nerfs, pour la goutte scia—
tique et pour les fractures.
On faisait prendre, par jour, une dragme de sang de cerf desséché
au soleil, aux malades atteints de pleurésie ?.
! L'auteur anonyme de la Vie d'Henri IV assure avoir appris d’un homme de
condition qui accompagnait ce prince dans toutes ses chasses, que jamais on ne
lançait un cerf, sans qu’il n'ôtât son chapeau, ne fit le signe de la croix, et puis
piquait son cheval et suivait le cerf
* Université d'Angers, Faculté de Médecine (liasse 9).
287
Les Angevins, lorsqu'ils voyageaient, avaient l'habitude d’attacher
à la selle de leurs chevaux une outre de peau de cerf, dans laquelle
ils mettaient du vin.
On lit dans la vie de saint Maur, que ce vénéré personnage, étant
allé visiter une des fermes de son monastère, vit arriver à lui, le
visage couvert de sueur, Ausgaire, archidiacre de l'Eglise d'Angers ;
le saint abbé voulut le faire rafraîchir, malheureusement son outre
de peau de cerf était presque vide. Mais, dit l’historien qui raconte
ce fait, l’homme de Dieu y suppléa par un miracle, car il multiplia
tellement le reste de liqueur que contenait son outre, qu’elle suffit
pour désaltérer soixante dix-huit personnes, qui se trouvaient là.
CERF-CHEVREUIL. — Cervus CAPREOLUS (LINN.).
CaracTÈREs. — Bois s’élevant perpendiculairement au-dessus de la
tête; un premier andouiller à la face antérieure dirigé en avant ; un second
plus haut, à la face postérieure, dirigé en arrière; point de canine au
mule.
Le chevreuil est monogame, vit en famille, perd son bois en
automne et le refait à l’hiver. La chevrette porte cinq mois et met
bas, au mois d’avril, deux petits, mâle et femelle, qui s’attachent l’un
à l’autre pour leur vie et ne quittent le père et la mère qu’au bout
de neuf mois.
Le chevreuil, de même que le cerf, vit peu de temps en captivité;
éloigné des grands bois il s’attriste, dépérit et finit par succomber.
Ce charmant animal est très-susceptible d'éducation et il est facile
de l’apprivoiser. Ainsi, dans ce moment, il existe, dans le parc de
Saint-Jean-des-Mauvrets, pare de 30 hectares appartenant à M. le
comte du Rouzai, une chevrette, qui vient quand on l’appelle et suit
comme un chien.
Il y a une quarantaine d’années, le chevreuil était rare en Anjou :
on désignait quelques couples dans la forêt d’Ombrée. Depuis vingt-
cinq ans environ, il est devenu très-commun, grâce aux actionnaires
des forêts du gouvernement, qui les ont repeuplées de chevreuils.
Aujourd’hui ce ruminant se trouve dans presque tous les bois de
l’Anjou.
288
Voici ce que la faculté de médecine d’Angers, en 1705, pen-
sait sur le chevreuil considéré comme aliment :
« Le chevreuil doit être choisi jeune, tendre, gras, bien nourri ;
sa chair nourrit beaucoup, fournit un bon aliment, et se digère
facilement.
« Quand le chevreuil est avancé en âge, sa chair est dure, coriace
et difficile à digérer.
« Le chevreuil contient beaucoup de sel volatil et d'huile, il
convient à toute sorte d’äge et de tempérament. »
Genre CHÈVRE. — Carra (Lin.)
CARACTÈRES. — Les animaux compris dans ce genre ont les cornes
dirigées en haut et recourbées en arrière, leur menton est ordinairement
garni d’une barbe pendante.
Aucune race particulière à l’Anjou ; la chèvre qu’on y élève géné-
ralement est la chèvre domestique, Capra hirceus. L.
GENRE MOUTON. — Ovis (Linx.)
CARACTÈRES. — Cornes dirigées en arrière, et revenant plus ou moins
en avant en spirale, leur chanfrein est presque toujours convexe et ne
porte point de barbe.
LE MOUTON ORDINAIRE. — Ovis Arts (DEsm.)
Cette espèce, qui est sujette à de grandes variations de pelage, est la
plus répandue en Maine-et-Loire, où l’élevage du mouton diminue
de jour en jour, surtout depuis les progrès de la culture alterne;
l'arrondissement de Saumur est celui qui fournit le plus de moutons.
Genre BŒUF. — Bos (Linx.)
Le mot bœuf, dit Georges Cuvier, désigne proprement le taureau
châtré. Dans un sens plus étendu, il désigne l’espèce entière, dont
le taureau, la vache, le veau, la génisse et le bœuf ne sont que les
différents états. Dans un sens plus étendu encore, il s’applique au
289
genre entier, dont les espèces sont le bœuf, le buflle, le yak, etc.
Dans l’Anjou, habite une race aborigène, connue sous le nom de
race choletaise.
Qu’ést-ce que la race choletaise ?
La race désignée, sur les marchés de Sceaux, de Poissy et, au-
jourd’hui, de la Villette, et dans la boucherie de Paris, sous le nom
de race choletaise , a été ainsi dénommée du marché de Cholet,
qui était anciennement le plus important de notre contrée pour
le bétail gras. Sous cette dénomination, figurent des animaux qui
constituent bien une race, par leurs caractères généraux, mais qui
se divisent en plusieurs sous-races, et celles-ci ont elles-mêmes
des caractères particuliers distincts.
Les deux types principaux de ces races sont nommés, dans les
programmes industriels, race parthenaise, et race nantaise , qui
sont comprises sous le nom général de race vendéenne.
La race, qu’on est convenu d’appeler race choletaise, se com—
pose de bœufs parthenais , de bœufs nantais, et des croise-
ments de ces deux familles entre elles. Ces croisements ont créé des
animaux qui participent des deux. Tantôt, c’est l’un ou l’autre des
types qui prédomine alternativement ; tantôt, 1l s'opère une sorte de
fusion qui rend la distinction extrêmement difficile, et le classement
tout à fait arbitraire. La race choletaise proprement dite me patait
être le résultat de cette fusion.
La race parthenaise ou poitevine s’élève particulièrement dans
la partie nord du département des Deux-Sèvres et une portion du
département de la Vendée. Dans ces contrées, cette race est traitée
au point de vue de l'élevage, c’est-à-dire que les jeunes animaux
sont conduits au marché, dès l’âge de deux ou trois ans ; et ils sont
vendus pour alimenter les pays de travail et d’engraissement.
La race nantaise est élevée, dans les mêmes conditions, dans le
département de la Loire-Inférieure et la partie du département de.
la Vendée qui l’avoisine.
Dans tout le pays de Cholet, comprenant une partie du départe-
ment de la Vendée, des Deux-Sèvres, de l’Anjou jusqu'au Layon,
et de la Loire-Inférieure, on élève aussi des animaux de ces deux
290
races, que lon croise entre elles ; mais cette contrée n’exporte pas
de jeunes animaux, comme les deux premières; elle garde pour son
travail local, et livre ensuite à l’engraissement, tout ce qu’elle pro-
duit. Mais comme l’industrie de l’engraissement est très-developpée,
elle ne fait pas naître assez d'animaux pour l’alimenter, et devient
tributaire des marchés de bœufs parthenais qui sortent gras de nos
étables, sous le nom de bœufs choletais.
Ces races sont au reste répandues dans une partie du centre et de
l'ouest de la France.
CARACTÈRES GÉNÉRAUX DU BŒUF CHOLETAIS QUI HABITE LA CONTRÉE
COMPRISE ENTRE LE LAYON ET LA SÈVRE NANTAISE. ;
Jaune clair, ou jaune brunâtre dans le plus grand nombre des sujets,
la robe du bœuf choletais est loin d’être uniforme; c’est souvent un
mélange de gris fauve, de noir et de brun , de gris brunâtre et de châtain
foncé, mais sans aucune marque blanche. Le ventre est généralement
d’une teinte plus claire que le reste du corps, le dessous du cou et la
queue sont plus foncés. Les cils etles paupières sont noirs, avec une
bordure gris blanc; les cornes sont bien placées, ouvertes en arc, blan-
châtres à la base avec la pointe noire, longues d’environ quarante-cinq
centimètres et plus. La taille, dans la race nantaise, s’élève jusqu’à 1,60 ;
dans les parthenais et les choletais, la taille moyenne la plus ordinaire est
d'environ 1,45; corps allongé, dos horizontal, posture légère, tête courbe
et large, fanon assez développé, queue attachée bas entre les fesses, cuir
souple et mince, poil soyeux, épaules larges et droites; distance de Pare
et de l’autre au garot de 5 à 6 centimètres; poitrine ample et sortie, coffre
puissant, côte longue et amoindrie, fesses et cuisses charnues et bien
descendues, hanches larges, peu relevées, souvent même un peu dépri-
mées, croupe large et cubique. Energique et docile, le bœuf choletais
est un des meilleurs travailleurs que possède la France. Sa force muscu-
laire est telle, que, quand on n’en abuse pas, le travail n’exerce aueune
influence fâcheuse sur son aptitude à l’engraissement; il est sobre et peu
difficile sur le choix de ses aliments, pendant la croissance, et quand il
est en repos et soumis à un régime substantiel, il met si bien à profit les
soins qu’on lui donne, qu’à poids et volume égaux, il fournit un tiers de
plus de suif, que toutes les autres races françaises. Cette propriété, jointe
à l’excellente qualité de sa chair, lui a mérité, sur les marchés qui appro-
visionnent Paris et la Normandie, une réputation qui le fait rechercher
et préférer.
291
On doit aux migrations fréquentes de nos bœufs choletais vers les
marchés de la capitale, un phénomène végétal qui n’a peut-être
encore été signalé nulle part.
Dans les prairies de Cholet, croît une légumineuse très-rare; nous
voulons parler du érifolium resupinatum, L.". Ce trèfle, qui ne croît
spontanément et en abondance, en Maine et Loire, que dans cette
seule localité, a été retrouvé, au grand étonnement des botanistes,
de distance en distance, sur tout le parcours des bœufs depuis
Cholet jusqu’à Paris; on l’a observé dans plusieurs gares?. Ce fait de
végétation, qui a paru assez extraordinaire, s'explique, à mon sens,
parfaitement bien. La graine de ce trèfle se loge dans le sabot des
bœufs mis à l’herbage, et c’est de cette manière qu’elle est trans-
portée et propagée le long des routes et même sur les talus du che-
min de fer.
AIMÉ DE SOLAND.
1 Il a été découvert par M. Desvaux, directeur du jardin des plantes d'Angers.
? M. Courtiller jeune a trouvé le frifolium resupinatum dans la gare de
Saumur.
PREMIÈRE LEÇON DU COURS DE ZOOLOGIE
(REPTILES ET BATRACIENS)
Ouvert au Muséum d'histoire naturelle, le 23 novembre 1867
PAR
M. Le Proresseur Auc. DUMÉRIL.
Messieurs,
Je désire vous entretenir, cette année, de tout ce qui concerne
l’histoire naturelle des animaux désignés autrefois sous les noms de
Quadrupèdes ovipares et de Serpents. Ces dénominations étaient
adoptées à une époque où la zoologie ne s’appuyait pas encore, pour
ses classifications, sur sa véritable base, je veux dire sur les carac-
tères anatomiques et physiologiques dont la connaissance peut seule
mettre en évidence les rapports réels des animaux entre eux ou les
différences essentielles qui les distinguent.
Que voulait-on dire par ces mots : Quadrupèdes ovipares ? On
pensait les distinguer suffisamment, par l’adjonction de cette épi-
thète, des autres quadrupèdes, qui sont vivipares. Encore aurait-il
été nécessaire de ne pas mentionner d’une facon aussi absolue leur
oviparité, car nous verrons que certains sauriens et certains batra-
293
ciens du groupe des salamandres ont des petits vivants. Ce n’est
pas, il est vrai, une viviparité semblable à celle des mammifères.
Son caractère essentiel, chez ces derniers, réside dans l’établisse-
ment, entre la mère et le fœtus, de liens vasculaires qui font, du
nouvel être, une dépendance absolue de l'organisme maternel. Au
contraire, chez quelques reptiles qui semblent devoir ètre comparés,
jusqu’à un certain point, aux mammifères, 1l n’y a que prolonga-
tion du séjour, dans les oviductes, des œufs, jusqu'au moment où
l'animal qui y est renfermé peut, en raison du déloppement éprouvé
par ses organes, subir sans danger les influences du monde exté-
rieur. Aussi est-ce par le mot Ovoviviparité qu’il convient de dé-
signer une si singulière anomalie à la règle générale, qui consiste
en des pontes d'œufs destinés à éclore au bout d’un temps plus ou
moins long, suivant la lenteur ou la rapidité du développement de
leur contenu. /
Voilà donc quelles sont les restrictions à apporter dans l’emploi
du nom autrefois donné à l’un des groupes de Reptiles.
Il est facile maintenant de montrer combien était insuffisant le
terme de quadrupèdes pour distinguer ces animaux. On se servait,
il est vrai, d’un caractère extérieur, facile à saisir, mais qui ne se
lie, en aucune facon, aux caractères essentiels de l’organisation. Il
suffit de voir une Tortue couverte de sa carapace, un Lézarditantôt
muni de pattes longues et robustes, un Iguane, par exemple, ou
courtes et grèles, telles que celles d’un Scincoïdien, une Grenouille
à membres postérieurs allongés, conformés pour la progression par
sauts, ou bien encore une Salamandre, dont les supports sont
courts et de dimensions égales, pour comprendre aussitôt, que par
la désignation dont il s’agit, on réunit des animaux fort différents
entre eux. Îls ne pourraient, en réalité, être ainsi groupés que si la
conformité de toute leur structure organique autorisait une sem-
blable association. Or, c’est précisément le contraire qui a lieu, et
si la plupart des zoologistes sont d'accord pour considérer comme
appartenant à une même classe d'animaux les Tortues et les
Lézards, aucun ne veut y admettre aujourd’hui les Grenouilles et
les Salamandres ; elles forment, en réalité, deux ordres distincts
+ 21
294
dans la classe des Batraciens. Leur mode de développement fæœtal,
qui a toujours lieu dans l’eau et en l’absence d’une membrane allan-
toïdienne et d’un amnios; leurs métamorphoses quelque temps
après la sortie de l’œuf ; la nudité de leurs téguments ; l’absence
absolue d’ongles ; le mode d’articulation de la tête sur la colonne
vertébrale, au moyen de deux condyles occipitaux ; tels sont les
caractères anatomiques sur lesquels les zoologistes s'appuient pour
considérer comme absolument naturel l'isolement des Grenouilles
et des Salamandres dans une classe spéciale.
De plus, ils y réunissent, par les mêmes motifs, certains animaux
privés de membres et qu’on nomme Cécilies.
Ceci m'amène à compléter mes observations sur l’impropriété de
l’ancienne nomenclature, où l’on disait, comme je lai rappelé en
commençant : Quadrupèdes ovipares et Serpents.
Par Serpents, en effet, on entendait tout animal vertébré privé de
membres, et comme les serpents sont les plus nombreux parmi
les reptiles sans pattes, on a fait de leur nom une dénomination
générale; mais 1c1, s’appliquent encore mieux que lorsqu’il s’agit
des quadrupèdes, les remarques précédentes sur le peu d’impor-
tance des caractères fournis par les membres relativement à la
classification naturelle, car tout vertébré apode n’est pas un ser-
pent. Je l’ai déjà dit tout à l'heure, à l’occasion des Cécilies, qui,
malgré leur aspect serpentiforme, sont de véritables Batraciens par
tous les détails de leur organisation. On n’a pas encore été témoin
de leurs métamorphoses, mais J. Müller en a signalé un dernier
vestige très-évident sur deux jeunes individus reçus au Musée
de Paris depuis la publication faite par le savant professeur de
Berlin, Ces deux Cécilies portent , de chaque côté du cou, une ou-
verture qui fournit, comme chez la grosse Salamandre de l’Amé-
rique du Nord dite Ménopome, la preuve irréfragable de la présence
de houppes branchiales durant les premiers temps de la vie et dont
la disparition a dù coïncider, de même que chez les autres Batra-
ciens, avec l’accroissement d’activité de la respiration pulmonaire.
Le Sheltopusik des Russes (Pseudopus Pallasü), le Serpent de
verre des États-Unis (Ophisaurus ventralis), les Amphisbènes, l'Orvet
295
(Anquis fragilis), et d’autres Lézards également privés de pattes,
ne pourraient être rangés parmi les Ophidiens que si l’on ne tenait
pas compte des différences, dont les plus importantes sont les sui-
vantes : ainsi, chez ces faux serpents, 10 les dents, si ce n’est chez
l'Orvet, ne sont pas des crochets à pointe recourbée en arrière ;
20 les branches de la mâchoire inférieure ne sont pas mobiles l’une
sur l’autre au niveau de la symphyse, mais solidement unies ;
3 l'articulation du maxillaire inférieur avec le crâne n’est pas
reculée jusqu’au delà du trou occipital, et elle se fait sans l’inter-
médiaire d’un os intra-articulaire, long, mobile et rejeté en dehors.
De ces deux derniers caractères, résulte l'impossibilité de donner à
la bouche une ampliation semblable à celle qui se remarque chez
les serpents au moment de la déglutition de proies dont le volume
proportionnel est souvent considérable. 4° Il reste toujours un ves-
tige de sternum dont aucune trace ne se retrouve chez les Ophidiens ;
50 le trou auditif externe ne manque jamais, tandis que sa dispari-
tion sous les plaques de la tête est un caractère général de
ces derniers
Voilà donc bien des motifs de rejeter la division en Quadrupèdes
ovipares et en Serpents. Je les ai énumérés un peu trop longuement
peut-être, mais j'ai pu ainsi de jeter un premier coup d'œil sur
quelques-unes des particularités de l’organisation.
Quel nom donnerons-nous donc aux animaux vertébrés qui ne
sont ni des mammifères ni des oiseaux, et qui ne sont pas non plus
des poissons ?
Nous nous servirons d’un mot dont Lacépède aurait pu faire
usage quand, en 1788, il écrivit sa grande Histoire naturelle des
Quadrupèdes ovipares et des Serpents. Dès 1755, en effet, le célèbre
naturaliste Ch. Bonnet, dans les notes qu’il a ajoutées à la traduc-
tion française de la Théologie des insectes de Lesser, dit, après avoir
montré (livre I, chap. 11, page 90) que « ni les Grenouilles, ni les
Crapauds, ni les Serpents, ni les Couleuvres, ni les Vipères, ni les
Tortues, ni les Lézards, ni les Crocodiles, » ne sont des insectes,
ajoute : « Comme ces animaux diffèrent, à plusieurs égards, des
Insectes, et à plusieurs autres égards du reste des animaux, et que,
296
ainsi, on ne saurait les ranger convenablement sous aucune des
quatre divisions d'animaux établies, je ne ferais pas difficulté d’en
faire une classe à part que l’on pourrait nommer, faute d’un nom
plus convenable, la classe des Reptiles, en prenant ce mot dans un
sens un peu moins vague que celui qu’on lui donne ordinairement ;
de sorte que alors, suivant cette idée, tous les animaux brutes
connus pourraient être divisés en cinq classes générales : les Qua-
drupèdes, les Oiseaux, les Poissons, les Reptiles et les Insectes, »
ces derniers désignant, on le voit, tous les animaux invertébrés.
En 1756, dans un livre qui n’avait pas été remarqué (/e Règne
animal divisé en IX classes), Brisson, plus connu comme minéralo-
giste que comme z0ologiste, avait réuni tous les animaux dont nous
avons à nous occuper dans une seule et même classe, celle des
Reptiles ; et il y comprenait les vrais Reptiles et les Batraciens.
Malgré la justesse de l’idée ainsi émise, comme il ne lui donna
aucun développement, elle resta enfouie dans son ouvrage, qui est
spécialement consacré à l’histoire des Mammifères.
Il était réservé à l’un des célèbres professeurs de cet établisse-
ment, à Alexandre Brongniart, de démontrer les véritables affinités
que présentent entre eux les animaux connus sous les noms de
Reptiles et de Batraciens, et de mettre en lumière les caractères
essentiels d’après lesquels il convient de les arranger, je veux dire
ceux que fournit l’organisation interne. Il reconnut, par l’étude de
ces caractères associés à quelques-uns de ceux tirés de l’apparence
extérieure, que la classe des Reptiles renferme quatre groupes bien
distincts. Il leur donna, avec raison, le rang d'ordres. Ce sont :
10 les Tortues ou Chéloniens, 2° les Lézards ou Sauriens, 3° les
Serpents ou Ophidiens, et 4° les Batraciens (Grenouilles, Rainettes,
Crapauds et Salamandres ‘).
Plus le nombre des espèces soumises à l’observation des natura-
1 La méthode d’Alex. Brongniart communiquée à l’Académie des sciences
en 1799, et d’abord insérée en extrait dans le Bulletin des Sciences, an VIII,
1800, n° 35 et 36, a été publiée dans les Mémoires des savants étrangers de
l’Académie des sciences, en 1803.
297
listes s’est augmenté, plus ils ont reconnu la justesse des vues de
Brongniart.
Une grande modification, cependant, fut proposée; mais elle ne
faisait que mieux ressortir l’exactitude de la méthode. Il s'agissait
de montrer que ce n’était pas seulement au rang d'ordre, mais au
rang de classe qu’il fallait élever le groupe des Batraciens. Je n’ai
pas à revenir sur l'importance de cette amélioration dans le classe
ment, ayant déjà exposé les arguments tirés de l'anatomie et de la
physiologie sur lesquels elle est motivée.
Un complément de cette classification consiste dans l'introduction,
parmi les espèces du monde actuel, de celles que nous connaissons
seulement à l’état fossile, et en les plaçant au rang que leur assigne
la conformation des restes du squelette.
Les espèces vivantes, il faut le reconnaître, ne sont, en réalité,
que des fragments persistants de la grande classe si variée des ani-
maux à température variable et à respiration pulmonaire qui ont
eu la prédominance à l’époque secondaire. Plus de la moitié des
ordres de cette classe, desquels on ne connaît seulement que le
squelette ou les dents, a péri. Souvent, l’observation, soit des copro-
lithes, qui ne sont autre chose que des matières fécales fossilisées,
soit de portions de l’encéphale ayant laissé leur empreinte, aidée
par les déductions qu’autorise l’examen des caractères fournis par
les restes pétrifiés, constitue la seule ressource dont on puisse dis-
poser pour acquérir quelque connaissance de la disposition anato—
mique des parties détruites.
C'est dans de semblables études qu’on apprécie toute la justesse
de la loi des corrélations, si bien établie par Cuvier. « Tout être
organisé, dit-il, forme un ensemble, un système unique et elos
dont les parties se correspondent mutuellement et concourent à la
même action définitive par une réaction réciproque. Aucune de ces
parties ne peut changer sans que les autres changent aussi, et, par
conséquent, chacune d'elles, prise séparément, indique et donne
toutes les autres. » (Discours préliminaire [sur les révolutions du
globe] placé en tête de ses Recherches sur les ossements fossiles,
t. [, p. xcv.) Bien des exemples de cette loi pourraient être
x. 24.
298
fournis, et nous aurons plus d’une fois à y revenir, quand il s’agira
de fixer, dans la série, la place de telle ou telle espèce éteinte. Je
voudrais cependant vous en présenter une application, et permettez-
moi de vous citer à ce sujet une Dissertation de mon père sur les
formes de la dernière phalange dans les mammufères, laquelle sup-
portant l’ongle est dite phalange unguéale. Dans ce travail, publié
en 1799, il a montré que cette phalange traduisant, par sa forme,
celle de l’ongle qu’elle soutient, « suffit, comme :l le dit page 1,
pour indiquer d’une manière toujours certaine, non-seulement la
famille et quelquefois le genre auxquels l'animal appartient, mais
encore la nature du sol sur lequel il devait se trouver, ses mouve-
ments les plus habituels, et même l’espèce d’aliment dont il se
nourrissait. »
Après les détails préliminaires qui précèdent, sur les noms em-
ployés pour désigner les animaux dont nous avons à nous occuper,
sur les différences qui, les distinguant entre eux, motivent leur
arrangement méthodique en deux classes distinctes, jetons encore
un coup d’œil rapide sur la nomenclature. Nous acquerrons ainsi
quelques nouvelles notions sur leur véritable nature.
Le mot Reptile, qui rappelle le mode de progression des animaux
rampants, et particulièrement des serpents, n’a pas paru suffi-
samment exact. Sans prétendre justifier complétement la conve-
nance de ce terme, je ferai remarquer cependant quetous les reptiles,
même les Lézards les plus agiles, se rapprochent de ceux qui ram-
pent, lorsque, dansle repos, ils s’appuientsur le ventre, ou lorsque,
dans une marche lente, ils se soulèvent à peine sur les pattes. Les
tortues elles-mêmes, jusqu’à un certain point, rampent. L'examen
des animaux à l’état de liberté ou dans la ménagerie démontre la
réalité de mon assertion.
Linné, dans sa classe II (Systema Nature), celle qu’il désigne
par le mot Amphibia, comprenait, outre certains poissons (Amph.
nantes), dont il considérait, sur les fausses indications de Garden,
la vessie natatoire comme un organe de respiration pulmonaire,
les vertébrés qui doivent faire le sujet de nos études. Il les divisait
en Reptiles pedati et en Serpentes ; mais rien, si ce n’est chez les
299
Grenouilles et les Salamandres placées par lui dans son premier
groupe, et qui, en effet, ont deux modes d’existence complétement
différents avant et après la métamorphose, ne motivait réellement le
nom d’Amphibies. C’est néanmoins l’expression que beaucoup de
zoologistes ont adoptée et acceptent encore aujourd’hui.
J’indique seulement les noms de Kryérozoaires (ou animaux
froids), puis de Hémacrymes (sang froid, et il faudrait dire sang à
température variable, comme celle du milieu ambiant), proposés
par Hermann et par Latreille.
La structure du cœur, divisé en trois cavités, deux oreillettes et
un ventricule unique où elles versent leur contenu, a motivé la
dénomination de Tricoïles, imposée aux Reptiles par John Hunter,
qui les a ainsi distingués des Mammifères et des Oiseaux d’une
part, et de l’autre des Poissons, dits par lui Téfracoïles et Dicoiles.
Voilà, Messieurs, ce qui m’a semblé devoir être le sujet de l’en—
tretien de cette première réunion. J'aurais pu rester dans des géné-
ralités sur la zoologie, ou discuter, avec vous, la question tant de
fois débattue des classifications : soulever celle si controversée de la
variabilité des espèces, trop souvent défendue à l’aide d'arguments
qui sont loin d’ébranler d’une manière définitive dans leurs convic-
tions les partisans des belles vues de Cuvier sur leur fixité.
Ce sont là, sans doute, des questions d’un haut intérêt, et 1l n’est
pas douteux que les détails dans lesquels j’entrerai pendant la durée
de nos séances, ne m’amènent à les aborder, sinon à les approfondir.
Il m'a cependant paru plus utile de pénétrer, dès aujourd’hui, dans.
le cœur même du sujet de nos études.
Elles seront longues et variées.
Je dis qu’elles seront longues. En effet, c’est à peine si, dans
l’espace de quarante séances, nous pourrons passer en revue tout ce
qui se rapporte à l’organisation, aux fonctions et aux mœurs des
Reptiles dont j'aurai à vous faire connaître les principales espèces
de l’époque actuelle et des époques géologiques.
Je dis, en outre, que nos études seront variées, car des différences
si frappantes, qui se remarquent parmi les Reptiles, entre les Tor-
tues, les Lézards et les Serpents, porteraient presque, s’il n’y avait
300
de grands traits d’union qui les rassemblent, à les considérer comme
les types de trois classes distinctes. Enfin, les dissemblances, si
nombreuses entre les Batraciens et les Reptiles, viennent encore
jeter de la variété sur notre sujet, dont le côté pratique, signalé dans
l’annonce de ce cours, ne doit pas nous rester indifférent.
Les riches collections du Muséum au milieu desquelles nous nous
trouvons nous seront un précieux auxiliaire, car il sera assez rare
que je ne puisse point placer sous vos yeux les animaux dont j'aurai
à vous parler. Ils sont rangés, dans la galerie qui leur est consacrée,
suivant l’ordre adopté dans un ouvrage qu’il faudra bien souvent
citer, l'Histoire naturelle des Reptiles ou Erpétologie générale, qui
sert de guide aux zoologistes pour l’étude et la classification.
Vous m’excuserez si, dans cette enceinte où, de 1802 à 4853,
s’est fait entendre, chaque année, la voix du professeur dont j'ai
honneur d'occuper la chaire, je vous donne lecture de l’apprécia-
tion toute récente de ce livre dans le Rapport sur les progrès
récents des sciences zoologiques en France, 1867, publié par
M. Milne-Edwards, sous les auspices du Ministère de l’instruction
publique, et dont l'apparition date de quelques jours seulement.
Voici le passage : « Les zoologistes français ont aussi beaucoup
contribué aux progrès récents de la partie de l’histoire naturelle qui
est relative aux animaux de la classe des Reptiles, et c’est même à
l’un de ces savants que l’on est redevable de l’ouvrage le plus
étendu et le plus complet qui ait été encore publié sur ce sujet. Ce
livre, achevé en 1854, a occupé vingt ans de la vie longue et bien
remplie de feu M. Constant Duméril; un des aïides-naturalistes du
Muséum, M. Bibron, dont la science espérait beaucoup, a pris part
à ce travail jusqu’au moment de sa mort (en 1848) et a été remplacé
par un nouveau collaborateur; M. Auguste Duméril. C’est done à
ces trois zoologistes que nous devons le grand traité d’Erpétologie
générale ; mais, pour faire à chacun de ces auteurs sa part légitime,
il ne faut pas oublier que, longtemps avant de commencer la rédac-
tion de ce livre, les matériaux en avaient été laborieusement pré-
parés par le savant successeur de Lacépède, et que, chaque année,
M. Constant Duméril exposait oralement dans ses leçons au Muséum
301
d'histoire naturelle la plupart des faits consignés plus tard dans cette
publication. Je puis donc, sans craindre d’être injuste pour ses col-
laborateurs, attribuer à ce vénérable professeur le principal mérite de
l’œuvre commune, et tous les hommes qui s'occupent spécialement
de l’étude des Reptiles, s'accordent à dire que ce mérite est consi-
dérable. » (Page 165.)
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NÉCROLOGIE.
Depuis la publication de ses dernières Annales, la Société
Linnéenne a perdu quatre membres correspondants :
M. Dérove, président de la Société Dunkerquoise ;
M. Frourexs, membre de l’Académie française et de l’Académie
des sciences, professeur - administrateur au Muséum d’histoire
naturelle de Paris;
M. René TaïrzzanDier, président de la Société des écoles chré-
tiennes de Paris ;
M. Serre, membre de l’Institut, professeur-administrateur au
Muséum d'histoire naturelle de Paris.
GATALOGUE
MUSÉE DE SAUMUR.
re à
Sr
CATALOGUE
DU
MUSÉE DE SAUMUR
Il y a quelque chose de merveilleusement doux dans
cette étude de la nature qui attache un nom à tous les
êtres, une pensée à tous les noms, une affection et des
souvenirs à toutes les pensées, et l'homme qui n'a pas
pénétré dans la grâce de ces mystères a peut-être man-
qué d'un sens pour bien goûter la vie.
Cx. Nopier.
SAUMUR,
IMPRIMERIE DE PAUL GODET, PLACE DU MARCHÉ-NOIR.
1868.
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Dans l’année 1829, je proposai à deux de mes amis,
MM. Lange et Caldéron, de réunir les antiquités celtiques et
romaines, qu’ils avaient trouvées dans nos environs, aux
objets d'histoire naturelle que j'avais déjà rassemblés à cette
époque, de les déposer à l'Hôtel-de-Ville et de former ainsi le
commencement d'un musée saumurois. Cette proposition fut
acceptée, et l'Administration mit à notre disposition une des
salles de la Mairie. M. Lange joignit, aux nombreuses anti-
quités qu'il donnait, un médailler composé d’à peu près six
cents monnaies anciennes d'or, d'argent et de bronze et plu-
sieurs beaux portraits, au nombre desquels en est un de
Jeanne d'Aragon, aussi beau que celui qu’au Louvre on regarde
comme l'original de Raphaël. Malheureusement, la mort vint
bientôt éclaircir nos rangs. Resté seul depuis bien des années,
j'ai continué l’œuvre que nous devions faire en commun.
Bien persuadé que la seule manière de rendre utile à la
science le musée d’une petite ville de province, est de se
borner à ce que peut produire son arrondissement ou un rayon
de quelques myriamètres, j'ai toujours suivi cette marche,
1.
6
la seule vraiment bonne, la seule qui puisse offrir quelqu’in-
térêt.
Je ne dois pas cependant passer sous silence le nom des
personnes qui me sont venues en aide dans la tâche que je
m'étais imposée.
M. Ackerman, à qui la ville de Saumur doit son industrie
si prospère des vins champanisés, a mis à ma disposition,
lorsque sa santé délabrée l’a forcé au repos, tous les insectes
coléoptères qu’il avait été plus heureux que moi de rencontrer
dans les nombreuses courses entomologiques que nous avons
faites ensemble.
M. Charles Trouillard , que j'ai accompagné dans ses pre-
mières excursions botaniques et qui est promptement devenu
mon maitre, a bien voulu examiner les quelques mousses et
lichens que j'avais récoltés et y joindre les nombreuses espèces
qu'il a trouvées dans nos environs, ce qui fait de cette partie si
curieuse et si difficile de la botanique son œuvre propre.
M. Delagenevraye, que la mort vient de nous enlever, a revu
et vérifié la collection de minéralogie achetée par la Ville à la
mort de M. Caldéron.
Je ne dois pas non plus oublier avec quel zèle M. le curé de
Saint-Just m'a prêté son obligeant concours dans les fouilles
que j'ai fait faire dans sa Commune.
Mais il me serait difficile de citer les noms de toutes les per-
sonnes qui ont bien voulu communiquer ce qu’elles avaient
de rare ou de curieux, car j'ai trouvé partout obligeance et
sympathie.
LE, es
En jetant les yeux sur ce catalogue, on voit combien il reste
encore à faire pour compléter l’histoire naturelle de notre
arrondissement. Des familles entières n’ont pas été abordées,
d’autres ont été à peine indiquées, toutes sont plus ou moins
incomplètes : il reste donc une large part à ceux qui voudront
continuer cet aperçu de l’histoire de notre pays. Si la tâche est
un peu longue et difficile, elle offre un si puissant intérêt qu’on
est grandement dédommagé par le bonheur qu’on éprouve
en voyant tant de merveilles se développer sous ses yeux. Où
trouver, en effet, rien de comparable à l'étude de l’ensemble
de la création, dans laquelle, il est vrai, l’homme est placé
au sommet , mais n’occupe cependant qu’une bien petite place
quand on le compare à tout ce qui l'entoure |
Espérons que la vue des objets réunis dans notre Musée
engagera quelques-unes des personnes qui peuvent disposer
d’une partie de leur temps à continuer ces recherches ; c’est un
bonheur qu’elles ignorent et qu’elles seront heureuses, un
jour, d’avoir trouvé.
COURTILLER.
Janvier 14868.
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CATALOGUE
DES
OBJETS COMPOSANT LE MUSÉE DE SAUMUR.
GÉOLOGIE.
La géologie de l’arrondissement
de Saumur est représentée par une
pyramide formée de nos différents
terrains , classés dans leur ordre
chronologique.
A la partie inférieure sont les :
Roches primitives (Vihiers, Coron,
Saint-Paul, etc.)
— syenite.
— porphyre.
— granite.
— micaschiste.
— diorite.
— lidienne.
— gneisse, etc.
Puis viennent, en s’élevant , les
terrains :
Silurien (Martigné-Briant, Saint-
Georges.
— quartzite.
— quartz radié.
— schiste rouge.
— schiste vert.
Anthraxifère ou dévonien
(Doué, Saint-Georges).
— houille.
— anthracite.
— grès houiller.
CPDOE—————
Jurassique (canton de Montreuil-
Bellay).
ÉTAGES thouarcien.
— bajocien.
— bathonien.
— callovien.
— oxfordien.
Crétacé (tous les coteaux de la Loire).
ÉTAGES cénomanien.
— turonien.
— sénonien.
— grès.
— poudings.
Tertiaire (Doué, Saint - Georges,
Martigné).
— falun.
— molasse.
— calcaire d’eau douce (Champigny,
Les Tuffeaux).
Contemporaîin (bords des rivières)
— tourbe.
— alluvions.
PALÉONTOLOGIE.
TERRAIN ANTHRAXIFÈRE.
PLANTES,
Pecopteris.
Asplenites virleti.
— discectus.
Sphenopteris.
Équisetites.
Lepidodendron.
Calamites.
TERRAIN JURASSIQUE.
POISSONS.
Une vertèbre.
CRABES.
Plusieurs débris.
MOLLUSQUES CÉPHALOPODES.
Belemnites compressus.
— hastatus.
— brevirostris.
Nautilus truncatus.
— EXCavatus.
— inflatus.
— textilis.
Ammonites serpentinus.
— margaritatus.
— aalensis.
— Thouarcensis.
— primordialis.
— Murchisoniæ.
— polymorphus.
— subradiatus.
— Parkinsoni.
— discus.
— Humphresianus.
— garantianus.
— microstoma.
— Brognartii.
— macrocephalus.
— bakariæ.
— duncani.
— hecticus.
— anceps.
— Chauvinianus.
— perarmatus.
— Banksu.
— athleta.
— coronatus.
— tumidus.
— refractus.
— Lalandeanus.
— erato.
— subdiseus.
—._ZigZag.
— Junula.
— Burgieri.
— toucasianus.
— plicatilis.
— Cottaldi.
— bipartitus.
— Tugurensis.
— oculatus.
Ancilloceras calloviensis.
Baculina acuaria (quenstedl) car-
rière du Châlet.
GASTÉROPODES.
Chemitzia coartata.
— Sarthatensis.
— bellona.
— lombricalis.
— disparilis.
Eulima calloviensis.
Nerinea.
Acteonina Deslonchampsi.
— Courtilleri
— Thouetensis
— bellayana
— pseudelea
Natica.
— Lorieri.
— Calypso.
— Montreuilensis.
Plus 6 espèces.
Neritopsis Guerre.
Trochus Thouetensis.
— helus.
— _halesus.
— bitorquatus.
— grenarius.
Farge (1).
(1) Annales de la Société Linnéenne de Maine-
et-Loire , tome V.
ll —
Onustus Caillaudianus.
Delphinula.
Purpurina granulata.
— Coronata.
— Orbigniana.
Phasianella striata.
Turbo Segregatus.
Monodonta ovula.
— papilla.
Pleurotomaria ornata.
— actinomphala.
— culminata.
— textilis.
— Montreuilensis.
— amphiloga.
— Mileti.
— callomphala.
— granulata.
Plus 8 à 10 espèces à l’état de moule.
Pterocera bellayana.
— atratoïdes.
Rostellaria cochleata.
lœvigata.
— obtusa.
Brachytrema wirghti.
Spinigera compressa.
— nitida.
Cerithium fusiforme.
— Guerrei,
— unitorquatum.
— tortile.
— granulatocostatum.
Turritella Guerrei.
— excavata.
— tinaria.
— encicla.
LAMELLIBRANCHES.
Panopæa, 5 à 6 espèces (1).
Solen.
Corbula , 2 espèces.
Astarte, 5 espèces.
(1) La difficulté de déterminer les coquilles à
l’état de moule m'a engagé à indiquer seulement le
nombre des espèces de chaque genre,
Trigenia cristata.
— striata.
Plus 6 à 7 espèces.
Opsis.
Cardium, 4 à 5 espèces.
Isocardia, 10 espèces.
Arca, 10 espèces.
Myochonca.
Mitylus gibbosus.
Plus 5 ou 6 espèces.
Lima gibbosa.
Plus 10 ou 12 espèces.
Pecten lins.
Plus 10 espèces.
Plicatula pichnochela.
— batillum.
Plus 4 espèces.
Ostrea, 5 espèces.
Euligmus.
BRACHIOPODES.
Terebratula submaxillosa.
— bicarinula.
— minuta.
— pouvalis.
— dorsoplicata et ses variétés.
— pal.
— hypocrita.
— carinata.
Rhinconella Orbigniana.
— plicatula.
— Ficheri.
— oppelli.
— funiculata.
— acutiloba.
— trigona.
Caprotina , très-petite espèce de la
carrière du Châlet.
ÉCHINODERMES.
Hemicidaris.
Collirites.
Stomechinus bigranulans.
Alectipus.
Disaster.
Rabdocidaris.
Pentacrinum.
ZOOPHYTES.
Astrœa.
Turbinolia.
Montivalva.
PLANTES.
Bois fossiles.
Chondrites scoparius.
TERRAIN CRÉTACÉ.
ÉTAGE CÉNOMANIEN.
POISSONS.
Une empreinte sur argile.
Dent d’oxyrhina.
ANÉLIDES.
Serpula antiqua.
Cinq espèces non déterminées.
CÉPHALOPODES.
Nautilus triangularis.
— Fleuriausianus.
Ammonites Mantelli.
— Cenomanensis.
— Requienianus.
— Vibreïianus.
— Rhotomagensis.
GASTÉROPODES.
Baculites.
Pterocera inornata.
— incerla.
— inflata.
Natica difficilis.
— matheroniana.
Solarium.
Pleurotomaria Lahayesii.
— Gallieni.
— mailleana.
— Brognartiana.
dot
Rostellaria simplex.
— varicosa.
Dentalium deforme.
LAMELLIBRANCHES.
PanopϾa gurgites.
— mandibularis.
Trois espèces non déterminées.
Solecurtus Guerangeri.
Pholadomia, À espèces.
Tellina.
Lucina.
Arcopagia.
Venericardia.
Opis.
Astarte Guerangeri.
Cyprina quadrata.
— Ligeriensis.
— oblonga.
Trigonia Coquandiana.
— crenulata.
— Ssinuata.
Corbis rotundata.
Cardium Guerangerii.
— Cenomanense.
— hillanum.
Plus 3 espèces.
Isocardia cryptoceras.
Pectunculus.
Area Tailleburgensis.
— Ligeriensis.
— carinata.
— passyana.
Pinna Neptuni.
Mytilus Ligeriensis.
Lithodomus.
Pholas.
Lima Gallieniana.
— subconsobrina.
— ornata.
— astieriana.
Pecten elongatus.
— orbicularis.
Janira dilatata.
— œquicostata.
— phaseola.
— quinquecostata.
— longicauda.
Ostrea diluviana.
— flabella.
— biauricula.
— columba.
— carinata.
BRACHIOPODES.
Rhinconella compressa.
— difformis.
Terebratula biplicata.
Terebratella Menardi.
— pectita.
BRYOZOAIRES. :
Eschara Cenomana.
Multelea.
Nodelea Cenomana.
Ceriocava mamillaria.
Idmonea aculeata.
Reptomulticava.
Stomatopora divaricata.
ÉCHINODERMES.
Micraster acutus.
Catopygus carinatus.
Cidaris spinulosa.
Pseudo-Diadema variolare.
Pentacrinus Cenomanencis.
ZOOPHYTES.
Cyclolites discoïdea.
Pelagia insignis.
FORAMINIFÈRES.
Nummulites concava.
Orbitolina mamillata.
AMORPHOZOAIRES.
Amorphospongia pisolina.
Cliona.
VÉGÉTAUX.
PTE
ÉTAGE TURONIEN.
REPTILES.
Dent de crocodile.
— de polyptychodon.
Os de tortue.
POISSONS.
Empreinte et vertèbres.
Plaque palatine.
Dents de ptycodus.
— de carcarodon.
— d’otodus.
— d’oxyrhina.
— de lamna.
— de xyllodius.
CRUSTACÉS.
Débris.
ANELIDES.
Serpuies.
CÉPHALOPODES.
Nautilus sublevigatus.
Ammonites carolinus.
— Fleuriausianus.
— Deverianus.
— peramplus.
— Revellierianus, sp. nova.
— cephalotus, sp. nova.
— Salmuriensis, sp. nova (1).
GASTÉROPODES.
Tuxrritella difficilis.
Natica.
Pleurotomaria Gallieni.
Plus 2 espèces.
Fusus.
Pterodonta inflata.
Cerithium peregrinosum.
Rostellaria Noueliana.
Dentalium.
(4) Voir la figure et la description de ces trois
espèces, dans les Annales de la Société Linnéenne
de Maine-et-Loire, tome IX, 1867.
Bois fossile.
Fruits non déterminés.
LAMELLIBRANCHES.
Panopæa elatior.
— gurgites.
Anatina royana.
Arcopagia numismalis.
Venus, 3 espèces.
Cyprina Nouelliana.
— intermedia.
Trigonia scabra.
— limbata.
— crenulata.
— Spinosa.
Cardium bispinosum.
— Moutonianum.
— bimarginatum.
Plus 3 espèces.
Area Nouelliana.
— Requieniana.
— Matheroniana.
Pinna Ligeriensis.
Myochonca.
Lima , 3 espèces.
Perna.
Avicula,
Inoceramus problematicus.
— striatus.
Pecten cretosus.
— Nilsoni.
Spondilus.
Plicatula.
Ostrea columba.
BRACHIOPODES.
Terebratula obesa.
Rhinconella Cuvieri.
Magas pumila.
Biradiolites cornu pastoris.*
BRYOZOAIRES.
Eschara arcas.
Truncatula.
Cellepora xanthe.
Frustellaria.
Clausa compressa.
Spiripora.
aus
! Membranipora ovalis.
Cavea regularis.
Reptotubisera.
Multelea.
Semielea Vielbanci.
Berenicea littoralis.
Bidiastopora.
Stomatopora.
Prohoscina alternata.
Vincularia.
Filicea.
Entalopora raripora.
ZOOPHYTES,
Astren.
Turbinolia.
FORAMINIFÈRES.
Orbitolina concava.
— mamillata,
AMORPHOZOAIRES:
Amorphospongia pisolina.
Cliona.
Meandrispongia.
VÉGÉTAUX.
Fruits ct tronc de cycadoïdea.
ÉTAGE SÉNONIEN.
POISSONS.
Dents de lamna.
— d’oxyrhina.
CRUSTACÉS.
Debris.
ANÉLIDES.
Serpules, 8 espèces.
CÉPHALOPODES.
Nautilus.
Ammonites peramplus.
Trois autres espèces indéterminables.
Me
GASTÉROPODES.
Pleurotomaria.
Cerithium.
Phasianella.
Natica.
Turritella.
Voluta. si
Rostellaria.
Turbo.
Scalaria.
Solarium.
Trochus.
Tornatina (1)?
Dentalium.
Fissurella.
LAMELLIBRANCHES.
Pholadomia.
Panopæa:.
Arcopagia.
Venus.
Astarte.
Venericardia.
Corbula.
Cyprina Royana.
Ærigonia.
Pectunculus.
Emarginula.
Cardium productum.
— alternatum.
Plus 5 à 6 espèces.
Arca Ligeriensis.
— passiana.
Pinna Gallieni.
Solen elegans.
Myochonca.
Lithodomus.
Fistulana.
(1) Très-petite coquille ayant exactement la forme
de ce genre.
J'ai trouvé dans la même localité une scalaire,
deux turritelles, deux natices, trois trochus, non
décrits, et plusieurs bivalves d'une conservation
parfaite mais microscopiques, c'est-à-dire de 1 à
4 millimètre 4/2,
Lima, 4 espèces.
Pecten Dujardinii.
Janira.
Spondylus, 5 espèces.
Plicatula.
Ostrea santonensis.
— Normaniana.
— columba.
— Materoniana.
— Jacimata.
— Jarva.
— halotidæa.
— Conica.
— curvirostris.
BRACHIOPODES.
Mayas pumila.
Terebratula semiglobosa.
Radiolites.
BRYOZOAIRES.
Cellaria cactiformis.
Cellarina.
Quadricellaria pulchella.
— excavafa.
Fusicellaria Salmuriensis, sp. nova.
Vincularia perangusta.
Eschara (ŒEgle.
— Dejanira.
— Œgea.
— Cypræa.
— Acis.
— grandis.
— Aglaia.
— Antiopa.
— allica.
Semieschara grandis.
— simplex,
Bifustra reticulata.
— Royana.
Discofiustrellaria clipeiformis.
Laterofustrellaria hexagona.
Membranipora rhomboïdalis.
— Ligeriensis.
Nodelea semiluna.
Elea lamellosa.
Semielea dichotoma.
Multelea semiluna.
Spiropora antiqua.
Idmonea dorsata.
Unitubigera papyracea.
Mesanteripora auriculum.
— laxipora.
Discosparsa simplex.
— clypeiformis.
— cupula.
Stomatopora Calipso.
— ramea.
Berenicea.
Claviclausa.
Clausa obliqua.
— micropora.
Reticulipora obliqua.
Crisina subgradata.
Zonopora variabilis.
Reteporidea Royana.
Cavea costata.
— regularis.
— appendiculata.
— Royana.
Domopora.
Radiopora.
Semicea tubulosa.
Reptomulticavea,
Truncatula.
ÉCHINODERMES.
Micraster Michelin.
— Desorei.
— nasutulus.
— corcolombinum.
Hemiaster Ligeriensis.
Cardiaster ananchitis.
Nucleolites parallelus.
— Fargü, sp. nova.
Pyrina ovulum.
Catopygus conformis.
— obtusus.
— elongatus.
Pseudodiadema Kleni.
Goniopygus heteropygus.
Cidaris sceptrigera.
= #5
Radioles de cidaris filamentosa.
— leptacantha.
— spinosissima.
— subvesiculosa.
Radioles de diadema.
Pentagonaster (empreinte com-
plète), sp. nova.
Dents d’echinodermes.*
ZOOPHYTES.
Nullippora glomerata (1).
— levis.
— foliaea.
— fusiforme.
— cilindrica.
— cornuta.
— digitata.
— Conica.
Astren.
Lithodendron.
Turbinolia.
AMORPHOSOAIRES.
Amorphospongia.
Cliona.
VÉGÉTAUX.
Bois fossile.
SÉNONIEN SUPÉRIEUR.
ANÉLIDES.
Serpules , 8 espèces.
CÉPHALOPODES.
Un fragment de baculite ?
GASTÉROPODES,
Pleurotomaria.
Cerithe.
Emarginule.
(1) Voir, pour la description de ces espèces , les
Annales de la Société Linnéenne de Maine-et-
Loire , tomes V et VII.
= Pi —
LAMELLIBRANCHES.
Astarte.
Arcopagia.
Cyprina.
Cardium.
Trigonia.
Arca.
Mytilus.
Lithodomus.
Gervilia.
Lima simplex.
— clipeiformis.
Trois autres espèces.
Imoceramus Golfusianus ?
Inoceramus.
Pecten , 3 espèces.
Janira œquicostata.
— quadricostata.
Plicatula.
Ostrea, 5 espèces.
BRACHIOPODES.
Rhinconella vespertilio , variété.
— octoplicata.
— beaugasi.
Terebratula.
Caprotina, 3 espèces.
BRYOZOAIRES.
Semicea,
Reptescarella radiata.
Reptotubigera.
Reptomulticrescis.
Semimulticavea tuberculata.
Reptomulticavea.
Semicava variabilis.
Reticulipora obliqua.
Ceriocava, 4 espèces.
Reptomulticlausa ?
Multicrescis.
Cavea appendiculata.
zonopora.
Semicrescis.
Actinopora Gaudryana.
Actinopora.
Berenicea , 2 espèces.
Diastopora, 4 espèces.
Biflustra.
Semieschara.
Escarella.
Eschara danae.
Plus 6 espèces.
Polytrema.
Polytrema parasitica (sp. nova).
ÉCHINODERMES.
Ananchites ovata.
Micraster coranguinum.
Micraster.
ZOOPHYTES.
Nullipora excipiens.
Astrea.
Dendrarea?
AMORPHOZOAIRES (1).
Rhysospongia pictonica.
— pateræformis.
— cyatiformis.
— vestita.
— Crassa.
— elongata.
— semiglobosa.
— clavata.
— attenuata.
— truncata.
— costata.
— digitata.
Scyphia perforata.
— attenuata.
— triloba.
— conica.
— mamillata.
— echinata.
— digitata.
— coronata.
(4) Voir, pour la description.et les figures des
éponges fossiles des sables des terrains crétacés
supérieurs des environs de Saumur, les Annales de
la Société Linnéenne de Maine-et-Loire, 4° vol.
— sphœrica.
— palmata.
— alata.
Dimorpha balanus.
— siphonia.
— sphœrica.
— aperta.
— tuberculata.
— cornuta.
— cilindrica.
— conica.
— obliqua.
— prolifera.
— pileata.
— inœqualis.
— . elongata.
— plana.
Pocillospongia pyriforme.
— sinuosa.
— limbata.
— Crassa.
— ovula.
— lapicida.
— Verrucosa.
— gracilis.
— discoidea.
— biaperta.
— clausa.
— fissurella.
Polystoma irregularis.
— contorta.
— boletiformis.
— elongata.
— simplex.
— lobata.
— plana.
— ambigua.
— ficoïdæa.
— siphonia.
— cristata.
— cupula.
— fusiforme.
— inœqualis.
— ramosa.
— lœvis.
— crassa.
gibba.
Siphonia decipiens.
osculata.
sphærica.
parasita.
cilindrica.
curta,
arbuscula emarginita.
— elongata.
arbuscula.
pyriformis.
intermedia.
compressa.
rariosculata.
conica.
fittoni.
cydoniformis.
ovalis.
globosa.
minima.
clavata.
acuta.
polycephala.
gracilis.
difformis.
gregaria.
cespitosa.
ramosa.
arborescens.
triloba.
hastata.
acaulis.
pyramidalis.
prolifera.
hybrida.
coronata.
Pseudosiphonia tuberculata.
Cupulina pocillum.
elata.
glomerata.
latiosculata.
parallela.
elongata.
rhysospongioïdes.
capitata.
ficoïdæa.
— acaulis.
Tubulospongia insignis.
— elegans.
— limbata.
— elongata.
— ficoïdæa.
— tuber.
— contorta.
— dendroïdæa.
— multiporella.
Marginospongia irregularis.
Jerea pyriforme.
— intricata.
— multicaulis.
Bicupula gratiosa.
— compressa.
— capitata.
— excavafa.
— clavata.
— auricula.
— pateræformis.
— prolifera.
— lJata.
— sinuata.
— conica.
Platispongia discus.
— speculum.
— verticalis.
— obliqua.
— pupa.
Cupulospongia contorta.
— glomerata.
— infundibulum.
— terebrata.
— elegans.
Turonia sulcata.
— variabilis.
— plana.
— mamillata.
— radiata.
Guettardia.
Coscinopora.
Amorphospongia.
Orbitolina.
Cliona.
ET “pes
VÉGÉTAUX.
Bois fossile, palmiers.
GRÈS.
Ostrea columba, très-petites.
Plusieurs espèces de spongiaires des
sables inférieurs.
TERRAIN TERTIAIRE.
MAMMIFÈRES.
Fragment de machoire et os de rhino-
céros.
Dent de mastodonte.
— de dinoterium.
— de phoque.
Manatus Cuvieri, dents et ossements
nombreux.
OISEAUX.
Ossements.
REPTILES.
Dents de sauriens.
Carapaces de tortues.
POISSONS.
Plaque dentaire de myliobates.
Vertèbres de lamna.
Dents de carcharodon rectidens.
— — megalodon.
— — polygirus.
— — productus.
— d’hemipteris serrata.
— — paucidens.
— de notidanus primigenius.
— d’otodus.
— d’oxyrhina hastalis.
— de lamna.
— d’odontaspis contortidens.
— — dubia.
— de sphærodus.
— de pychnodus.
CRUSTACÉS.
Nombreux débris.
ANÉLIDES.
Serpules.
CIRRHIPEDES.
Balanus , 4 espèces.
GASTÉROPODES.
Helix turonensis. Du.
Rissoa curta. Du.
— granulata.
— Loueli?
Scalaria multilamellata. Brocc.
Turritella subungulata. Brocc.
Turbonilla costellata. Du.
Ringicola striata.
Natica helicma. Brocc.
— millepunctata. Lam.
Eulima subulata.
— distorta.
Xenophorus Deshayesi. Fischer.
Trocus miliaris. Brocc.
— ziziphius. Lam.
— fanulum. Gmel.
— cingulatus. Brocc.
— patulus. Brocc.
— crenulatus. Brocc.
CyprϾa isabella? Lam.
— Andegavensis.
— avellana.
— pyrum. Brocc.
— Brocchu. Desh.
Oliva flamulata. Lam.
Ancillaria glandiformis. Lam.
Voluta Lamberti.
Erato lœvis.
Mitra ebenus.
Conus Mercatü. Brocc.
— ponderosus.
— Puschn. Mich.
— canaliculatus. Brocc.
Cerithiopsis scabra. Oliv.
— pugmariæ. Mayer.
po
Pleurotoma obeliscus.
— rombellus. Duj.
— semimarginata. Lam.
Fusus rostratus. Oliv..
Murex Taurinensis. Du.
Ceritium spinosum.
— moniliferum. Du.
Buccinium lineolatum. Gratt.
Colombella scripta.
— Borsoni.
— Corrugala.
CalyptrϾa Sinensis. Gratt.
Fissurella ltalica.
— mitis. Desh.
Emarginula fissura. Lam.
Dentalium brevifissum.
— mutabile.
Bulla uniplicata.
Pileopsis.
LAMELLIBRANCHES.
Pholas.
Ensis minor. Sch.
Panopæa Menardi. Desh.
Gastrochæna fragilis.
Tellina debilis.
Leda striata.
Venus fasciata.
— casina. Lam.
— excentrica. Dui.
Diplodonta rotundata. Brocc.
Corbula revoluta.
Corbulomia complanata.
Crassatella concentrica. Duj.
Cardita intermedia.
— rhomboïdea.
— Gellica. Mayer.
— monilfera?
Lucina subscopulorum. D’Ork.
Cardium gallicum. Mayer. -
— elucubratum. Millet.
Pectunculus pilosus. Brocc.
— glycimeris. Lam.
Arca Turonica. Desh.
— clathrata. Defr.
— nivea.
— barbatriloïdes. Millet.
— rudis.
Pinna Brocchi.
Mytilus Michelhianus?
Chama griphoïdes.
Pecten opercularis.
— victoris. Mayer.
— solarium.
— Hermanseni.
— pusio.
Hinnites Dubuisoni.
Plicatula rupella.
Spondilus Deshayesi.
Ostrea meriani. Mayer.
— virginiana.
— saccellus. Duj.
BRACHIOPODES.
Terebratula perforans.
BRYOSOAIRES.
Celleporaria palmata.
— foliacea.
— cucullina.
— tubifera.
Multiescharellina nobilis.
Reptocellaria parasitica.
Idmonea Andegavensis.
Reptoporina biaperta.
Escharinella monilifera.
Porina Sedouikii.
Eschara incisa.
Pyripora pyriformis.
Hornera striata.
Cellepora lat.
— Andegavensis.
— subpertusa.
Proboscina fimbriata.
Proboscina.
Radiopora.
Crisisina Andegavensis.
Uniretepora granulosa.
Retepora fustulata.
— alveolaris.
— cellulosa.
— Ferrusaci.
op.
— flabelliformis,
— scobinosa.
Meandropora cerebreformis.
Pustulopora fimbriata.
Stomatopora parvula.
Filifascigera alternata.
Unitubigera fungicula.
Reptotubigera disticha.
Reptomulticava applicata.
Hyppotoa vesiculosa.
Heteropora intricata.
Chetetes pomiformis.
Cupularia urceolata.
Lunulites.
Discoporella umbellata.
— conica.
Nullipora uvaria.
ÉCHINODERMES.
Echinantnus.
Cassiluda , sp. nova.
Scutella producta.
Schizaster.
Arbacia monilis.
Arbacia;, sp. nova.
ZOOPHYTES.
Dendrophillia rameaà.
Lithodendron parasiticum.
— multicaule.
Dendrophillia cornigera.
Cardiophyllia pedemontana.
Turbinolia Milleti.
Turbinolia.
AMORPHOZOAIRES.
Clione nardina.
VÉGÉTAUX.
Bois fossile.
CALCAIRE D'EAU DOUCE.
MOLLUSQUES GASTÉROPODES.
Lymnées.
Paludines.
Planorbes.
mn pee
TERRAIN CONTEMPORAIN.
TEMPS PRIMORDIAUX DE LA PÉRIODE HUMAINE.
Brêche osseuse avec silex taillés et osse-
ments de rennes, de bœuf, etc. (1).
Tête de bœuf gigantesque des marais de
la Dive.
de mouflon.
Bois de cerf.
Dents de sanglier.
MOLLUSQUES.
Les espèces actuellement vivantes.
ARMES EN SILEX.
Soixante haches ou casse-tête de gran-
deurs différentes et polies.
Trois ébauchées par éclats.
Une avec des traces de poli.
Un marteau en pierre dure.
Deux silex plats ovales tranchants sur les
bords.
Vingt-deux couteaux à deux tranchants.
Quatorze fragments de couteaux.
Neuf grattoirs.
Deux bouts de lance en silex.
Quatre silex en forme de fer de flèche.
Huitsilex semblables seulement ébauchés.
ARMES EN OS.
Base d’un bois de cerf ou de renne percé
en forme de marteau.
Trois poignards en dents de sanglier,
emmanchées dans des os, un seul
complet.
Trois pointes en os.
POTERIES. à
Un petit vase de forme arrondie.
Un autre vase plus petit rétréci au mi-
lieu pour former une espèce de pied.
Fragments de poterie grossière.
[2
(4) Des grottes du Périgord, donnés par M.
Lartet, président de la Société Géologique de
France.
|
|
ÉPOQUE GAULOISE.
ARMES EN BRONZE.
Quatorze haches ayant la forme des’ ha-
ches de pierre {planche Ire, nes 1°, 2,
3 et À).
Vingt-quatre à bords latéraux relevés
jusqu’au tranchant sans saillie trans-
versale {nos 5 et 6).
Une avec un léger étranglement au mi-
lieu {no 7).
Trois avec une saillie transversale {nos
8, 9 et 10).
Quarante-et-une avec bords latéraux re-
levés, avec talon au milieu et surépais-
seur de l’arme depuis le talon jusqu’au
tranchant {nos 11 et 12).
Trois de la forme précédente, avec an-
neau {no 13).
Deux semblables, mais à bords latéraux
très-relevés et recourbés pour enve-
lopper le manche {no 14).
Huit à douille carrée avec anneau latéral.
Une à douille ronde avec cloison inté-
rieure et anneau latéral {no 16).
Deux à douille ronde se terminant en
pointe cunéiforme (no 17).
Une très-mince à large tranchant , bords
latéraux relevés ‘et une arête au mi-
lieu.
Deux pointes de javelot de formes va-
riées (nos 18 à 22). (1).
Une lame très-large à deux tranchants
renforcés au milieu, de 0,280 de lon-
gueur sur 0,102 de largeur à la base,
s’adaptant par trois rivets au manche
(planche IL, n° 6).
Une autre plus petite entièrement plate
(planche IT, no 7).
Une autre plus étroite, également plate,
avec une soie très-courte (pl. II, n1).
(1) Toutes ces armes forment un passage très-
régulier de la hache de pierre à la pointe du jave-
lot. (Voir la planche 1, où sont représentés les
principaux types dans l’ordre qui semble chronolo-
gique).
a —
Une lame d’épée à deux tranchants, très-
étroite, de 0,48 de longueur avec
deux rivets {planche IT, fig 9).
Une épée avec soie de 0,65 de longueur
(planche IT, fig. 8).
Quinze fragments d’épées.
Deux lames de petits poignards.
Ornements de fourreaux d’épées.
Ornements en bronze sans destination
connue.
Une tête d'homme en bronze.
Quatre bracelets en formes de torques.
Quatre fragments semblables.
Dix bracelets unis et six fragments.
ÉPOQUE GALLO-ROMAINE (1)-
Une lame d’épée en fer.
Deux parties supérieures d’étendard en
bronze.
Six extrémités de fourreaux ou gaînes en
bronze.
Treize bouts de lanières en bronze.
Vingt-huit agrafes de formes diverses.
Deux phalères en bronze (Gênes).
Une main demi-nature.
Une statuette très-grossière d’Apollon.
Une statuette de Diane en bronze doré.
Une poignée de Patère formée d’une
statuette de Mars en rondebosse.
Un Apollon jouant de la lyre.
Une petit Mercure.
Une statuette présentant des offrandes.
Quatre anses de vases en bronze : une
représente une tête grimaçante, une
autre une tête de bouc.
Deux espèces d’agrafes en étain.
Une targette en bronze.
Six petites poignées de formes diverses.
Quatre fléaux de balances, un seul
complet.
Un simpulum.
Deux lampes à quatre becs.
(1) Presque tous les objets de l'époque gallo-
romaine ont été trouvés à Saint-Just-sur-Dive.
Un porte-lampe.
Un miroir.
Une bague en or avec émeraude.
Quatre bagues en cuivre.
Une en fer avec pierre bleue.
Trois cachets, un en bronze doré, forme
de bague.
Un autre portant le nom d’Eutychetis.
Trois fibules.
Deux cuillers en argent.
Quatre torques , une en cuivre.
Deux phallus.
Un petit vase avec anse.
Un petit vase en bronze.
Une lardoire en bronze (Bagneux).
Une tie pour fuseau.
Deux fragments de cuiller en os.
Un os creux percé de deux trous.
Trois poignées de clefs représentant des
animaux.
Quatorze clefs de forme diverses.
Quinze clefs antiques, fer et bronze.
Deux poids en bronze.
Un fer de cheval.
Un fer de lance très-oxydé.
Un fer d’araire.
Deux fragments de tuyaux en plomb
(Bagneux).
Fragment de base de colonne en por-
phyre.
Bas-relief en tuffeau, personnage rele-
vant sa toge (Bagneux).
Statuette de Vénus en tuffeau (St-Cyr).
Dalles en pierres garnissant la pisse
des bains de Bagneux.
Tuyaux pour la vapeur des bains (Ba-
gneux).
MÉNAGE D'UN CHARPENTIER
(Voir les planches 3, 4, 5 et 6).
Deux clefs en fer.
Quatre équerres tenant le coffre qui ren-
fermait tous ces objets.
Quatre grands clous.
Deux grandes planes plates.
QE 5
Une plane creuse.
Une bicorne avec tranche d’un côté.
Un couperet.
Trois herminettes à marteau.
Trois autres instruments tranchants.
Deux haches.
Trois compas.
Une scie à main.
Trois fragments d’une grande scie.
Une lame de couteau à fendre.
Un ciseau avec douille.
Un ciseau avec poignée.
Une gouge.
Trois tarières.
Un bec-d’äne.
Quatre lames de couteaux.
Un couteau avec son manche fait d’un
andouillet de bois de cerf.
Une rainette.
Deux fers de varlope.
Deux grandes douilles, peut-être deux
scies rondes.
Un tire-ligne.
Un fil à plomb.
Un vase cilindrique en bronze.
Une tuba ou trompette romaine.
Deux aiguières en bronze.
Deux plats dont un très-grand en bronze.
Un grand et un petit chaudron en bronze.
Une casserole en bronze fondu.
Sept vases en terre , de différentes for-
mes , à l'usage domestique.
Meules à moudre le blé.
Sa bourse, composée de monnaies depuis
Auguste jusqu’à Constantin.
POTERIE ET VERRERIE.
Disposition d’un tombeau.
Deux grandes urnes cinéraires.
Une amphore, terre noire.
Une terrine en terre commune avec ap-
pendice pour verser.
Une terrine sans appendice.
Une à bord très-recourbé en terre mar-
brée.
Un bol en terre rouge orné à sa partie
inférieure de cercles quadrillés.
Un bol avec dessins d'hommes et d’ani-
maux (brisé).
Deux vases coniques, terre plus com-
mune.
Deux plus petits, terre rouge.
Dix-huit vases d’offrandes , terre rouge,
formes variées.
Douze petites amphores de formes variées.
Un moule à vases à dessins en relief.
Deux fragments d’autres moules de des-
sins différents.
Deux guttus en terre rouge.
Un vase ovoide en terre rouge.
Huit lampes de diverses formes et gran-
deurs.
Trente-deux urnes cinéraires en terre
noire et jaune.
Quatre petits plats en terre noire.
Six autres à trois pieds.
Sept poids en terre cuite.
Fragments de très-grandes amphores.
Quatre urnes cinéraires en verre.
Une fiole ronde en verre.
Un verre forme calice.
Vase en verre forme aplatie.
Un guttus en verre.
Nombreux débris de verre, goulots,
anses, etc.
Nombreux débris de poteries de toutes
formes et grandeurs.
Débris d’un passoir en terre.
NUMISMATIQUE.
MONNAIES CELTIQUES.
, . Or. Arg. Br.
Neuf anneaux monnétai-
res en plomb. . . » » »
MONNAIES GAULOISES . 2 DS
MONNAIES GALLO-GREC-
QUESANNE Lndiree leu EE 6
—1
a ——
Or. Arg. Br. Or. Arg.
MONNAIES GALLO - RO- PIHATIA 1.0 à NRA RU À
MONS RER MORE liPorcia, Ava € NRA
Scribonia. . . . . » |
MONNAIES ROMAINES. EE
DCR 2e ee LIT UE |
As romains . . . . » » DAIETRONA EE CO TUNIS, 1
Quadrans. . . . . » » DANRT IAE CLS, NRN RS 1
DUT OUEN NÉE 21) |
FAMILLES ROMAINES. Vibia . » il
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Caracalla .
Geta
Macrinus .
Diadumenianus .
Elagabalus
Severus Alexander .
Orbiana
Mamaea .
Maximinus Ier .
Gordianus Ier
Gordianus II.
Pupienus .
Gordianus III.
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Philippus IT .
Trajanus Decius.
Etruscilla.
Herennius.
Trebonianus .
Volusianus
Aemilianus
Valerianus Ier.
Gallienus .
Salolina .
Salolinus .
Postumus.
Laelianus.
Victorinus Senior .
Marius.
Tetricus Senior .
Tetricus Junior .
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Decentius.
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Leo V.
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Louis XVII
République .
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Napoléon Ier.
Napoléon II .
Louis XVIII .
Charles X.
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Henri V .
République 1848
MÉREAUX.
Du XIVe siècle .
Du XVe siècle
Du XVIe siècle .
Du XVIIe.
BARONS ET PRÉLATS.
Évêque de Meaux .
— de Maglone.
— de Valence.
Denier du chapitre de
Clermont .
Archevêque de Vienne .
Denier du Mans.
Abbé de St-Manguenil .
Évêque de Lyon.
— de Viviers .
Urbain V.
Hugues , frappé à Din |
Guillaume VIII, ete de
Bordeaux .
Gros de Metz.
Monnaie de Lorraine. .
Jean IT, duc de Bretagne
Jean IIT, id. .
Jean IV, id. s
Denier de SApoirAne
de Cahors.
— d'Avignon. .
— de Vendôme. ,
— du prince d’O-
range .
— de St-Martin de :
Tours.
»
»
> » LE LE À
sRÈRRRERÉÈNE nn
de Blois .
Cte de Châteaudun .
Louis IIT, duc d’Anjou.
René, duc d’Anjou.
Obole de Raimond, cte
de Toulouse .
Robert, cte de Provence
Obole de Charles III .
Obole de Rhodes .
de Cahors .
Pierre de Dreux, cte de
Guingamp .
Cte de Rennes .
Jules Cœsar, cte de
Sancère. k
Hugues, cte de Ro
Guillaume, cte de Haiï-
neau.
Monnaie de Héneell
Richard ler, cte de Poi-
tiers. 5
Raimond VI, ce 4
Toulouse . ;
Denier de Guingamp
Cte du Mans.
Stéphane, cte de Guin-
CET TO ME SR TE
Cte d'Angoulême.
Charles-le-Boîteux, cte
de Provence .
Raimond, cte de Tou-
louse
Henry, cte de Fe
gne. ,
Guillaume , duc de ee
deaux 200, ou
Louis, cte d'Angoulême
Possidus, cte de Gien .
Pierre de Dreux, cte de
Bretagne .
Raoul, cte de Château-
OUR AE NME
Mahaud IT, cte de os :
VOLS... . Lumens
Foulques IIT, cte d’Anjou
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Or. Arg. Br.
ANGLETERRE. -
Athelstan. . . . » 4 »
Guillaume, duc de Nor-
mandie. Ce PNR) 2 »
Henri Ier. . . » | »
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Édouard VI. . . . » 1 »
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Georges II. . . . . » 1 »
MONNAIES ANGLAISES . » 2 »
Porps ANCIENS . . , » pie 49
MÉDAILLES.
Collection des rois de France jusqu’à
Louis-Philippe (bronze).
Cent médailles frappées aux époques
remarquables de notre histoire (argent
et bronze).
ù MOYEN AGE.
Quinze urnes cinéraires percées , du Xe
au XIV siècle.
Deux urnes en terre noire.
Deux haches d’armes.
Deux hallebardes.
Un éperon.
Une épée trouvée dans les fouilles du
nouvel hôpital.
Un poignard.
Deux manches de poignards damasqui-
nés.
Une fourchette.
Une clef.
Un boulet en pierre, trouvé en faisant les
fondations du théâtre.
Un nid et un œuf trouvés dans l’intérieur
d’un mur du XIle siècle (église Saint-
Pierre).
— 29 —
CHEF-D'ŒUVRE DE LA CORPORATION
DES CORDONNIERS DE SAUMUR
AU XVII SIÈCLE.
Quatre souliers de femme.
Deux pantoufles de femme.
Deux souliers d'homme.
Deux pantoufles d'homme.
CHEF-D'ŒUVRE DE LA CORPORATION
DES SAVETIERS DE SAUMUR
AU XVIIe SIÈCLE.
Deux vieilles bottes remontées.
Un vieux soulier rapiéceté.
Cachet de l’abbé de Saint-Florent.
Cachet des Chevaliers de l’arquebuse.
Un poignard des Mousayas.
Armes d'honneur, données par le Direc-
toire au général Lemoine, de Saumur.
Sabre d'honneur, donné par le Ier Consul.
OBJETS D'ART.
Buste en bronze, de Bodin père, fondu
à Saumur et fait en partie avec des
monnaies romaines frustes , — donné
par F. Bodin, son fils.
TABLEAUX.
Portrait de la duchesse de Bourgogne,
copie de celui de Versailles (Santerre).
La Paix ramenant l' Abondance (Me Le-
brun), copie faite par M. Rousseau,
de Saumur.
La Mort de l'archevêque de Paris.
Une Basse-Cour, donné par M. Challo-
pin, ancien notaire.
Le roi René, peignant son épitaphe
(Savouré).
Un Portrait d'homme du temps de Louis
AIT. ,
Un Convoi de blessés (Tabar).
Jeanne d'Aragon.
Mme de Mortemar, abbesse de Fonte-
vrault.
Deux Faits d'armes attribués au docteur
Fardeau, de Saumur.
Portrait du général Lemoine.
Grand Paysage historique (Achile Benou-
ville , Rome 1843).
Mort de Didon, vieux tableau sur bois.
Deux portraits d'hommes : peut-être
Galilée, l’autre un jurisconsulte.
SCULPTURE.
Une des Walkiries du Walhalla de la
Bavière (Roch).
ŒUVRES DE SUC, sculpteur nantais ,
données à Saumur par ses enfants.
STATUES.
Saint-Pierre-aux-Liens.
Un Soldat franc.
ve.
La même en marbre, inachevée par la
mort de l’auteur.
L'Enfant prodigue.
Un jeune Pécheur breton jouant avec un
crabe.
Un jeune Mendiant aveugle.
Une jeune Mendiante.
La Mélancolie, demi-nature.
La Justice protégeant l'Innocence.
Sainte Cécile, statuette.
Deux petits bas-reliefs.
Projet pour la gare de Nantes.
Deux Moïses en terre (statuettes).
Deux compositions en terre.
BUSTES.
Herschel.
Docteur Fouré, de Nantes.
Ligier, acteur.
Poisson, membre de l’Institut.
Litz.
Rachel.
Mie Masson.
Mne Dorval.
Bouffe.
Docteur Lafon, de Nantes.
Dubuisson, naturaliste.
= p0—
Kouski, violoniste.
Artault, violoniste.
Hawke, dessinateur.
L'amiral Du Couëdic.
Général comte D'Erlon.
Général Mellier, ancien maire de Nantes.
Une tête de vierge.
Une tête d’enfant.
MÉDAILLONS.
Mne Marie de Navery, poëte.
Martin, dompteur d'animaux (bronze).
Huit autres médaillons de personnes peu
connues.
Trois médaillons en terre de ses enfants.
ŒUVRES DE DAVID , D’ANGERS.
STATUES,
Le tambour Bara, tué dans la Vendée.
Le général Foy, demi-nature.
Tieck (statuette).
BUSTES.
Goëte.
André Chenier.
Lamartine.
Victor Hugo.
Chateaubriant.
Balzac.
Humbolt.
Arago.
Cuvier.
Lakanal.
Donnon.
Volnay.
Lady Morgan.
Le roi René.
François Ier.
Paganini.
Rossini.
Armand Carrel.
Lamennais.
Destu de Tracy.
Proust, chimiste.
Jérémi Bentham.
Bodin.
Général Travot.
Desgenettes.
Suchet.
Lafayette.
Cooper.
Beclard.
Bichat.
Billard.
Augustin, peintre en miniature.
Boulay de la Meurthe.
Baron Portal.
Lacépède.
Fénélon.
Racine.
De Jussieu.
MOULAGES SUR NATURE,
Donnés par le prince Napoléon.
Un buste de Danois.
Un buste de Suédois.
Un buste de Norvégien.
Six bustes d’Islandais.
Deux torses.
Un bras.
Une main.
Six bustes de Groënlandais.
Deux torses.
Une jambe.
Un bras.
MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE ÉTRANGÈRE
A L'ARRONDISSEMENT.
Quinze cent quarante échantillons de
minéralogie.
Une coupe en jade.
Trois cent cinquante échantillons de
roches.
2 M
ZOOLOGIE.
MAMMIFÈRES.
CHEIROPTÈRES.
® Rhinolophe unifer.
— hifer.
Vespertilio murin.
— noctule.
— pipistrelle.
— oreillard.
— barbastelle.
INSECTIVORES.
Hérisson d'Europe.
Musareigne vulgaire.
— de Daubanton.
— plaron.
— carrelet.
— variété couronnée.
Æaupe d'Europe.
— variété isabelle.
— variété mouchetée.
— variété grise.
CARNIVORES.
Blaireau.
Marte putois.
— hermine.
— belette.
— fouine.
— commune.
Loutre ordinaire.
Loup commun.
— lycaon (1).
Renard commun.
Civette genette.
Chat sauvage.
(1) J'ai eu pendant longtemps dans ma collec
tion un loup (Lupus Lycaon) tué dans les Deux-
Sèvres, sur la limite de notre département. Sa dé-
pouille mal préparée s’est détruite. J'ai pensé,
cependant, que je devais consigner ici cette rare
espèce comme ayant habité nos contrées.
RONGEURS:
Campagnol amphibie.
— souterrain.
— roussatre.
— vulgaire.
Loir lerot.
Rat surmulot.
— noir.
— mulot.
— souris.
— desmoissons.
Écureuïil d'Europe.
Lièvre ordinaire.
— lapin.
RUMINANTS.
Cerf ordinaire.
— chevreuil.
OISEAUX.
RAPACES.
Chouette chat-huant.
— chevêche.
— effraie.
— brachiôte.
— moyen duc.
— petit duc.
Faucon pélerin.
— hobereau.
— émérillon.
— cresserelle.
— kobez.
Aigle botté (1).
— _ pygargue.
— balbusard.
— jean-le-blanc.
Autour.
Épervier.
Milan royal.
Buse bondrée.
— commune.
Busard des marais.
(1) Deux femelles ont été tuées sur leur nid,
dans les forêts du Louroux et de Pont-Menar.
— Saint-Martin.
— Mmontagu.
GRIMPEURS.
Coucou gris.
— roux.
H'orcol ordinaire.
Pic vert.
— cendré.
— épeiche.
— mar.
— épeichette.
PASSEREAUX.
Engoulevent,.
Hirondelle de cheminée.
— de fenêtre.
— de rivage.
Martinet de muraille.
Gobe-mouches gris.
— àcolher.
Pie-grièche grise.
— à poitrine rose,
— rousse.
— écorcheur.
Merle draine.
— litorne.
— grive.
— Mauvis.
— à plastron.
— noir.
Loriot d'Europe.
Traquet motteux.
— tarier.
— pâtre.
Fauvette rousserole.
— effarvate.
— verderole.
— des joncs.
— aquatique.
— locustelle.
— pitte-chou.
— rouge-gorge.
— gorge-bleue.
— rouge-queue.
— de muraille.
—. rossignol.
— orphée.
— à tête noire.
— des jardins.
— grisefte.
— à poitrine jaune.
Pouillot siffleur.
— fitis.
— à ventre jaune.
— véloce.
— natterer.
Accenteur pecot.
— mouchet.
Roîïtelet huppé.
— triple bandeau.
Troglodite.
Bergeronnette grise.
— lugubre.
— jaune.
— printanière.
— flaveole.
Pipi spioncelle.
— rousseline.
— farlouse.
— des arbres.
Alouette cochevis.
— des champs.
— lulu.
— calendrelle.
Mésange charbonnière.
— petite charbonnière.
— bleue.
— huppée.
— nonnette.
— à longue queue.
— moustache.
Bruant jaune.
— 7i2i.
— ortolan.
— de roseaux.
— proyer.
— de neige.
— de pré.
Fringille chardonneret.
— tarin.
— linotte.
— siserin.
— pinson.
— d’Ardennes.
— moineau.
— _ friquet.
— soulcie.
— verdier.
— gros bec.
Bouvreuil ordinaire.
— grand bouvreuil.
Bec-croisé des sapins.
Étourneau.
Corbeau noir.
— corneille.
— freux.
— mantelé.
— choucas.
Pie commune.
Geaï.
Casse-noix.
Sittelle torchepot.
Huppe.
Grimpereau.
Tichodrome échelette.
Martin-pêcheur.
PASSERIGALLES.
Pigeon colombin.
— ramier.
— tourterelle.
GALLINACÉES.
Perdrix rouge.
— grise.
Caïlle ordinaire.
ÉCHASSIERS.
Outarde barbue.
— canepetière.
Œdicnème crard.
Sanderling variable.
Pluvier doré.
— grand pluvier à collier.
— petit pluvier à collier.
— à collier interrompu,
Huitrier pie.
Vanneau pluvier.
— huppé.
—
Grue cendrée.
Héron cendré.
— pourpré.
— aigrette.
— bihoreau.
— butor.
— crabier.
— blongios.
Cigogne blanche.
— noire.
Spatule blanche.
Courlis cendré.
— corlieu.
Bécasse ordinaire.
Bécassine ordinaire.
— sourde.
Barge à queue noire.
— rousse.
Bécasseau cocorli.
. — variable.
— temmia.
— échasse.
— maubèche.
— combattant.
Chevalier arlequin.
— gambette.
— cul-blanc.
— guignette.
— aboyeur.
Tourne-pierre à collier.
Échasse à manteau noir (1).
Avocette à nuque noire.
Rale d’eau.
Gallinule de genet.
— marouette.
— baillon.
— poussin.
— d’eau.
Phalarope platyrhinque.
Foulque macroule.
PALMIPÈDES.
Oïe cendrée.
— rieuse.
(1) A été prise sur son nid dans les marais de
Distré.
bernache.
cravant.
— d'Égypte.
Cygne à bec jaune.
Canard tadorne.
sauvage.
ridenne.
pilet.
siffleur.
siffleur huppé.
souchet.
sarcelle d’été.
sarcelle d'hiver.
double macreuse.
macreuse.
milouinan.
milouin.
garot.
morillon.
nyroca.
Harle ordinaire.
— huppé.
piette.
Cormoran.
Frégate noire (1).
Petrel tempête.
de Leach.
Stercoraire pomarin.
parasite.
Goeland à manteau noir.
Mouette à pieds bleus.
tridactile.
rieuse.
Sterne pierre-garin.
petite hirondelle:
épouvantail.
&Grebe huppé.
— jou-gris.
oreillard. \
— arctique.
(1) Cette frégate, apportée par une tempête,
m'a été donnée encore vivante, étant tombée de
fatigue et d'inanition au burd de la Loire où elle a
été prise à la main.
C’est sur celte frégate que j'ai trouvé une espèce
nouvelle du genre Olfersia, figurée tome Ie" des
Annales de la Société Linnéenne. à
— ‘Castagneux.
Fou blanc.
Plongeon imbrim.
cat-marin.
REPTILES.
CHÉLONIENS.
Tortue d’eau douce (1).
SAURIENS.
Lézard vert.
à deux raies.
gris.
OPHIDIENS.
Orvet commun.
Couleuvre à collier.
vipérine.
lisse.
Vipère commune.
BATRACIENS.
Grenouille verte.
rousse.
ponctuée.
Raïnette verte.
Crapaud calamite.
accoucheur.
commun.
sonnant.
Salamandre commune.
Triton crêté.
ponctué.
palmipède.
abdominal.
POISSONS.
Un esturgeon pris dans la Loire.
CRUSTACÉS.
Astacus fluviatilis.
Hippolyte desmaretu.
(1) Trouvée au printemps sortant du sable d'une
des îles de la Loire. ;
Gammarus fluviatilis.
rœseli.
CLOPORTIDES.
Philescia muscorum.
Onisecus asellus.
Porcellio scaber.
Armadillo vulgaris.
pustullatus.
Cyclops vulgaris.
Lepidurus productus.
COLÉOPTÈRES.
CARABIQUES.
Cicindela campestris.
hybrida.
silvatica,
germanica.
@mophren limbatum.
Notiopaillus aquaticus.
semipunctatus.
quadripuncetatus.
punctulatum.
palustris.
Elaphrus uliginosus.
riparius.
cupreus.
Blethisia multipunctata.
Loricera pilicornis.
Carabus coriaceus.
catenulatus.
purpurascens.
monilis (quatre variétés).
cancellatus (quatre variétés).
cyaneus.
granularis.
nemorum.
auratus.
convexus.
Calosoma sycophanta.
sericeum.
inquisitor.
Nebria brevicollis.
Leistus spinibarbis.
ferrugineus.
LATE cn
Clivina fossor.
collaris.
nitida.
— _ gibba.
sinistrata.
polita.
Brachinus crepitans.
psophia.
sclopeta.
explodens.
glabratus.
Dripta emarginata.
Polystichus fasciolatus.
Odacantha melanura.
Demetrias imperialis.
elongatus.
atricapillus.
Dromius agilis.
quadrimaculatus.
glabratus.
foveola.
truncatellus.
quadrillum.
quadrisignatus.
linearis.
sigma.
fasciatus.
obscuroguttatus.
Lebia fulvicollis.
cyanocephala.
chlorocephala.
turcica.
hœmorrhoïdalis.
Masoreus wetterhalii.
Cyminmdis homagrica.
humeralis.
Panageus cruxmajor.
— quadripustulatus.
Callistus lunatus.
Chloemius velutinus.
agrorum.
vestitus.
melanocornis.
tibialis.
holosericeus.
Schranki.
Oodes helopioïdes.
— gracilior.
Licinus silphoides.
Badister unipustulatus.
— bipustulatus.
— humeralis.
— peltatus.
Sphodrus planus.
— terricola.
Calathus cisteloides.
— fulvipes.
— melanocephalus.
— micropterus.
— gallicus.
— fuscus.
— piceus.
Taphria vivalis.
Anchomenus longiventris.
— angusticollis.
— pallipes.
— prasinus.
— oblongus.
Agonum marginatum.
— _ parumpunctatum.
— austriacum.
— lugubre.
— sexpunctatum.
— nigrum.
— moœstus.
— viduus.
— micans,
— puellus.
— picipes.
Olistopus rotundatus,
Feronia cuprea.
— lepida.
— dimidiata.
— punctulata.
— Koyi.
— madida.
— consinna.
— melanaria.
— nigrita.
— anthracina.
— minor.
— vernalis.
— depressa.
— negligens.
— ovoïdea.
— erithropa.
— Striola.
— picimana.
— nigra.
— parumpunctata.
— terricola.
Cephalotes vulgaris.
Stomis pumicatus.
Zabrus gibbus.
Ditomus capito.
— sulcatus.
— fulvipes.
Amara eurinota.
— obsoleta.
— fulva.
— aulica.
— similata.
— striatopunctata.
— apricaria.
— communis.
— trivialis.
— familaris.
— rufipes.
— _ tricuspidata.
— Stenua.
— lepida.
— plebeia.
— spreta.
— Curla.
— gemina.
— consularis.
— picea.
Acinopus megacephalus.
Anisodactilus signatus.
— binotatus.
— gilvipes.
Diachromus germanus.
Gynandromorphus etruscus.
Harpalus columbinus.
— sabulicola.
— rotondicollis.
— ruficornis.
—- diffinis.
— oblongiusculus.
— chlorophanus.
— puncticollis,
LA
A
mendax. — exiguus.
œneus. — meridianus.
distinguendus. Amblystomus metalescens.
honestus. Peryleptus areolatus.
neglectus. Ærechus rubens.
hottentota. Bembidium striatum.
cupreus. — rupestre.
semiviolaceus. — femoratum.
impiger. — paludosum.
tardus. — rufescens.
serripes. — fluviatile.
conformis. — obsoletum.
griseus. — biguttatum.
calceatus. — elongatum.
luctuosus. — quadriguttatum.
pallidicornis. — ustulatum.
flavitarsis. — fumigatum.
rubripes. — deletum.
picipennis. — pusillum.
cordatus. — articulatum.
brevicollis. — laterale.
maculicornis. — _pygmœum.
discoideus. — minutum.
punctatostriatus. — guttula.
fuscipes. — bistriatum.
Servus. — laterale.
litigiosus. — lampros.
lœvicollis. — Sturni.
luteicornis. — obtusum.
tenebrosus. — flavipes.
melancholicus. — quadripustulatum.
quadripunctatus. — quadrimaculatum.
ignavus. — rufipes.
anxius. — callosum.
subcilindricus. — maculatum.
picipennis. — Andree.
consentaneus. — doris.
Solieri.
Bradycellus fulvus. HYDROCANTHARES (Aubé).
— harpalinus.
— placidus. Haliplus ferrugineus.
— rufulus. — flavicollis. \
— similis. — variegatus.
Stenolophus vaporariorum. — lineaticollis.
— vespertinus. — impressus.
— nigriceps. — badius.
— brunnipes. — obliquus.
— elevatus.
Cnemidotus cœsus.
Palobius Hermanii.
Cybister Raæseli.
Ditiscus marginalis.
— dimidiatus.
— punctulatus.
— circumflexus.
Acilius sulcatus.
Hydaticus transversalis.
— cinereus.
— Hibneri.
Colymbetes striatus..
— COnspersus.
— collaris.
— adspersus.
Hibius ater.
— fenestratus.
— fuliginosus.
— meridionalis.
— quadriguttatus.
Agabus oblongus.
— uliginosus.
— chalconotus.
— femoralis.
— maculatus.
— didymus.
— bipunctatus.
— bipustulatus.
— abreviatus.
— brunneus.
Noterus crassicornis.
— sparsus.
— Jlœvis.
Laccophilus interruptus.
— minutus.
— variegatus.
Hyphidrus ovatus.
Hydroporus inœqualis.
— reticulatus.
— geminus.
— unistriatus.
— pumilus.
— 12 punctatus.
— depressus.
— picipes.
— confluens.
— 38
— dorsalis.
— 6 pustulatus.
— erythrocephalus.
— planus.
— pubescens.
— Jituratus.
— neglectus.
— piceus.
— nigrita.
— lineatus.
— pictus.
— flavipes.
— granularis.
— memnonus.
— angustatus.
Girinus natator.
— minutus.
— urinator.
— striatus.
— elongatus.
-— distinctus.
BRACHELYTRES (Erichson).
Mirmedonia canaliculata.
— humeralis.
Aleocara fuscipes.
— bipunctata.
— rufipennis.
Lomechusa paradoxa.
Hypocyptus levusculus.
Conurus fusculus.
— pubescens.
Tachyporus obtusus.
— rufus.
— abdominalis.
— hypnorum.
— solutus.
— marginatus.
— nitidus.
Tachinus rufpes.
— silphoides.
— humeralis.
— subterraneus.
Boletobius atricapillus.
— trinotatus.
— striatus.
ro —
Othius fulvipennis. — cruentus.
Xantholinus glabratus. ,. — fulgidus.
— elegans. ! Astrapeus Ulmi.
— punctulatus. Oxiporus rufus.
— linearis. Achemium cordatum.
Leptacinus episcopalis. Lathrobium elongatum.
Staphylinus hirtus. Lithocharis fuscula.
— maxillosus. — lœvigata.
— erythropterus. | — bicolor.
— nebulosus. Sunius angustatus.
— murinus. Pederus littoralis.
— chrysocephalus. — ruficollis.
— pubescens. — longipennis.
— stercorarius. Stenus biguttatus.
— fulvipes. — dJuno.
Ocypus olens. — after.
— cyaneus. — carbonarius.
— similis. — speculator.
— picipes. | — tarsalis.
— brunnipes. — plantaris.
— pedator. — fossulatus.
— atratus. — humilis.
Philonthus vernalis. — fucatus.
— ebeninus. — cinerascens.
— splendens. — flavipes.
— nitidus. — latifrons.
— politus. — cicendeloides.
— marginatus. — morio.
— bimaculatus. — solutus.
— lepidus. — planus.
— cephalotes. — oculatus.
— sordidus. — clavicornis.
— COTTUSCUS. Platysthetus cornutus.
— splendidulus. Oxitelus sculpturatus.
— punctus. — depressus.
— Varians. — rugosus.
— carbonarius. Anthophagus prœustus.
— rubidus. | Lathrimoœum atrocephalum.
— bipustulatus. Anthobium scutellare.
— intermedius.
nn nediun Literie? STERNOXES (Mulsant).
— _impressus. Buprestis tenebrionis.
— umbrinus. Ptosima, 9 maculata.
— picipes. Corœbus undatus.
— boops. — elatus.
— virgulatus. Chrysobothris chrysostigma.
HE =
-Anthaxia manca.
— Cichori.
— nitidula.
Agrillus cinctus.
— viridis.
— viridipennis.
— cyaneus.
— Hyperici.
Aphanisticus emarginatus.
— pusillus.
Trachys minutus.
— pygmœus.
— nanus.
— œnœus.
Melasis flabellicornis.
Cratonichus crassicoilis.
— brunnipes.
Agrium murinus.
Athous hirtus.
— longicollis.
— crassicollis.
— hœmorrhoïidalis.
— vittatus.
Limonius cilindricus.
— nigripes.
— mus.
— minutus.
Cardiophorus thoracicus.
— rufipes.
— ebeninus.
— Equiseti.
Elater ferrugatus.
— ephippium.
— crocatus.
— prœustus.
— elongatus.
Ludius ferrugineus.
— Jatus.
— tessellatus.
— holosericeus.
— metallicus.
— obscurus.
— castaneus.
Cryptohypnus quadriguttatus
— minutissimus.
Agriotes sepetis.
— gilvellus.
— sputator.
— pilosus.
— gallicus.
— variabilis.
— blandus.
Synaptus filiformis.
Dolopius marginatus.
— rufipennis.
Corimbites cinctus.
Adrastus limbatus.
— humilis.
— lacertosus.
MALACODERMES.
Atopa.
Cyphon pallidus.
— pubescens.
— griseus.
Scyrtes hemisphericus.
Dictyoptera sanguinea.
Omalisus saturalis.
Lampyris noctiluca.
Geopyris hemiptera.
Drillus flavescens.
Cantharis fusca.
— antica.
— livida.
— melanura.
— rufa.
— testacea.
— Jlateralis.
— nigricans.
— pallida.
— paludosa.
Malthinus biguttatus.
Malachius œnœus.
— bipustulatus.
— marginellus.
— elegans.
— rufcolle.
— pedicularius.
— sanguinolentus.
— equestris.
— thoracicus.
— analis.
— viridis.
— Jobatus.
— flavipes.
— fasciatus.
— pulicarius.
— rubricollis.
— albifrons.
— Jateralis.
— graminicola.
— rufus.
Dasytes nobilis.
— distinctus?
— _niger.
— pallipes.
— linearis.
— plumbeus.
— ceruleus.
— ater.
TÉRÉDILES.
Millus elongatus.
— ambulans.
— unifasciatus.
Notoxus mollis.
Trichodes alvearius.
— apiarius.
Clerus mutillarius.
— formicarius.
Corynetes chalibeus.
— rufipes.
— ruficollis.
— violaceus.
Limexilon navale.
Ptilinus pectinicornis.
— flabellicornis.
Xyletinus pectinatus.
Dorcatoma.
Ochina.
Anobium tessellatum.
— pertinax.
— paniceum.
— costatum.
— castaneum.
— morio.
— molle.
Hedobia imperialis.
DE
Ptinus fur.
— rufipes.
— fuscus.
— sulcicollis.
Gibbium scotias.
Schidmenus Hellwigi.
CLAVICORNES.
Necrophorus germanicus.
— humator.
— vespillo.
— investigator.
— sepultor.
— fossor.
— mortuorum.
Ptenidium punctatum.
Tricopterix grandicollis.
— fasciculare.
Necrodes littoralis.
Silpha thoracica.
— quadripunctata.
— carinafa.
— obscura.
— lœvigata.
— atrata.
— rugosa.
— reticulata.
— sinuata.
Catops agilis.
— picipes.
— sericeus.
— rufescens,
— morio.
— truncatus.
Liodes humeralis.
Ips abreviata.
Strongilus ferrugineus.
— strigatus.
Colobicus marginatus.
Carpophilus bipustulatus.
Epurea variegata.
— obsoleta.
— œstiva.
Nitidula rufipes.
© — quadripustulata.
— obscura.
Amphotis marginata.
Omosita discoidea.
— colon.
Pria Dulcamare.
Meligethes pedicularia. -
— viridescéns.
— œneus.
Xenostrongylus histrio?
Tymalus limbatus.
Cercus pedicularius.
— rufilabris.
Brachypterus cinereus.
Biturus tomentosus.
— fumatus.
Antherophagus palens.
Cryptophagus cellaris.
— Tiphæ.
— acutangulus.
— subdepressus.
Atomaria nigripennis.
— fimetari.
— bicolor.
Latridus angusticollis.
Scaphidium quadrimaculatum.
Scaphium immaculatum.
Scaphisoma agaricinum.
Dermestes lardarius.
— vulpinus.
— Mmurinus.
— tessellatus.
—* ater.
— bicolor.
Attagenus pellio.
— undatus.
Anthroœnus Pimpinellæ.
— varius.
— museorum.
Hister major. *
— quadrimaculatus.
— unicolor.
— cadaverinus.
— ignobilis.
— carbonarius.
— sinuatus.
— quadrinotatus.
— COTVINUS.
— bimaculatus.
— purpurascens.
— 4192 striatus.
— 14 striatus.
— ventralis.
— stercorarius.
— bissexstriatus.
Saprinus nitidulus.
— speculifer.
— œnœus.
— metallicus.
— conjungens.
— vyirescens.
— chalates.
— subnitidus.
Gnathoncus piceus ?
Onthophilus striatus.
Abrœus minutus.
Acritus atomarius.
— minutus.
Bacanius rhombophorus.
Nosodendron fasciculare.
Troscus adstrictor.
Byrrhus pilula.
— Yarius.
— nitens.
— ater.
— semistriatus.
Elmis œnœus.
— angustatus.
Heterocerus marginalus.
Parnus prolifericornis.
PALPICORNES.
Elophorus aquaticus.
— Tugosus.
— granularis.
— dorsalis ?
Hydrochus elongatus.
— carinatus.
— angustatus.
— nitidicollis.
Ochtebius riparius.
Berosus areiceps.
— luridus.
— affinis.
Hydrophilus piceus.
Hydrous caraboides.
Hydrobius oblongus.
— fuscipes.
— bicolor.
— globulus.
— bipunctatus.
— melanocephalus.
Phyhydrus marginellus.
— melanocephalus.
— lividus.
Lacobius minutus.
Limnebius papposus.
Hydroœna.
Cyclonotum orbiculare.
Sphæridium scarabæoides.
— bipustulatum.
— variété marginatum.
Cercyon hœmorrhoidale.
— hœmorrhoum.
— pygmœum.
— quisquillum.
— melanocephalum ?
— unipunctatum.
— centrimaculatum.
— minutum.
— lugubre.
Cryptopleurum atomarium.
LAMELLICORNES (Mulsant).
Atheucus laticollis.
Gymnopleurus pilularius.
— flagellatus.
Sisyphus Schæfferi.
Copris lunaris.
Onthophagus taurus.
— variété boops.
— variété recticornis.
— variété gemineus.
— (ages.
— variété umbrinus.
— vacca (3 variétés).
— lemur.
— nuchicornis.
— fracticornis.
— nutans.
2 HER —
— capræ.
— cœnobita.
— ovatus.
— furcatus.
— Schræberi.
Oniticellus flavipes.
Colohopterus erraticus.
Eupleurus subterraneus.
Otophorus hœmorrhoidalis.
Teuchestes fossor.
Aphodius scybalarius.
— fimetarius.
— granarius.
— bimaculatus.
— variété ambiguus.
— quadrimaculatus.
— sordidus.
— inquinatus.
— sticticus.
— tessellatus.
— porcus.
—_ immundus.
— variété melinopterus.
— variété fulvicollis.
— nitidulus.
— merdarius.
— cçarbonarius.
— Conspurcatus.
— consputus.
— conflagratus.
Acrossus rufpes.
— nigripes.
— Jluridus.
— variété gagatinus.
— depressus ?
— pecari.
Melinopterus prodromus.
— variété rusticus.
— variété marginalis.
— variété griseolus.
— contaminatus.
Trichonotus scopha.
Heptaulacus testudinarius.
— sus.
Oxyomus porcatus.
Pleurophorus CŒsus.
RBhyssemus 2sper.
Psammodius sulcicollis.
Trox perlatus.
— hispidus.
— arenarius.
— sabulosus.
Odontœus mobilicornis.
Geotrupes Typhœus.
— Stercorarius.
— hypocrita.
— silvaticus.
— vernalis.
Orictes nasicornis.
Melolontha vulgaris.
— Hyppocastani.
Anoxia pilosa.
— variété fulva.
Rhisotrogus marginipes.
—. variété signatus.
— œstivus.
— vicinus.
Amphimallus tropicus.
— Fallenu.
— variété lateralis.
— variété fulvicollis.
— rufescens.
— marginatus.
— ater.
Omaloplia holosericea.
— variété fusca.
Brachyphilla ruricola.
— variété atra.
Euchlora Julii (3 variétés).
Anisoplia agricola.
Phylloperta horticola.
— variété ustulatipennis.
— variété adiaphora.
— variété Perrisi.
Hoplia cœrulea.
— argentea.
Valgus hemipterus.
Trichius fasciatus.
Osmoderma eremita.
Guorimus nobilis.
— variété rufocupreus.
Cetonia marmorata.
El =
— obscura.
— aurata (15 variétés jusqu’au beau
violet).
— morio.
Oxythyrea stictica.
— variété deleta.
Tropinota Reyi.
— hirtella.
— variété squalida.
Lucanus cervus.
— variété capra.
Dorceus parallelipipedus.
Platycerus caraboides.
HÉTÉROMÈRES.
Asida grisea.
— mucronata.
Pedinus femoralis.
Heliopates hybridus.
Phylax meridionalis.
Cripticus glaber.
Opatrum sabulosum.
— pygmœum,
Mycrozoum tibiale.
Bolitophagus crenatus.
Anisotoma.
Neomida violacea.
Diaperis Boleti.
Hypophlœus bicolor.
— Castaneus.
— depressus.
— fasciatus.
Sarrotrium.
Orchesia micans.
Melandria serrata.
Tenebrio molitor.
— obscurus.
Helops lanipes.
— ater.
— caraboïdes.
Micetophila barbata.
Omophieus lepturoides.
— brevicollis.
Cistella ceramboides.
Gonodera fulvipes.
Cteniopus sulfureus.
Isomira murina.
— variété maura.
Lagria hirta.
. Pyrochroa coccinea.
Monocerus monoceros.
— rhinoceros.
Antichus antherinus.
— hirtellus.
— formicarius.
— floralis.
— sellatus.
— fenestratus.
— subfasciatus.
— rufipes.
— pedestrus.
Scraptia fusca.
— minuta.
Ripiphorus paradoxus.
Mordella fasciata.
— aculeata.
Mordellistena grisea.
— humeralis.
— Jateralis.
— subtruncata.
— pumila.
Anaspis frontalis.
— rufcollis.
— rufilabris.
— flava.
— maculata.
— nigricollis.
— subtestacea.
— nigra.
— Geoffroyi.
Serocoma Schæfferi.
Milabris Cichorü.
Lätta vesicatoria.
Meloe variegatus.
— proscarabœus.
— violaceus.
— rugosus.
— brevicollis.
— Autumnalis.
— cicatricosus.
— Coriarius.
— tuccius.
ue ve
Sitaris humeralis.
Stenoria apicalis.
Asclera cœrulescens.
Anoncodes ustulata.
— fulvicollis.
— rufcolle.
— viridissima.
Œdemera cœrulea.
— podagraria.
— virescens.
— lurida.
TÉTRAMÈRES.
Bruchus Pisi.
— granarius.
— seminarius.
— villosus.
— imbricornis.
— nubilus.
— variegatus.
— _ ruficornis.
— pygmœus.
— Cisti.
— rufimanus.
Spermophagus Cardui.
— villosus.
Urodon.
Anthibus.
Tropiderus.
Platyrhinus.
Brachytarsus scabrosus.
Apoderus Avellane.
— Coryli.
Attelabus.
Rhinchites Bacchus.
— sericeus.
— Betuleti.
— Popul.
— œquatus.
— pauxillus.
— Allariæ.
— cupreus.
Apion Pomone.
— violaceum.
— œnœum.
— flavipes.
— frumentarium.
— vernalis.
— æthiops.
— Betulæ.
— Pisi.
— nigritarse.
— seniculus.
— rufirostre.
— fuscirostre.
— radiolus.
— Uheis.
Ramphus flavicornis.
Cneorhinus geminatus.
Strophesomus Coryli.
— faber.
— Cervinus.
— limbatus.
— Oxiops.
— Cremieri.
Sciaphilus nubilus.
Brachideres incanus.
Eusomus.
Tanimachus paliatus.
Sitones lineatus.
— hispidus,.
— promptus.
— sulcifrons.
— Octopunctatus.
Polydrusus sericeus.
— impressifrons.
— planifrons:
— Sparsus.
— flavipes.
— micans.
— parvulus.
Metallites Iris.
— ambiguus.
Cleonus ophtahlmicus.
— sulcirostris.
- — marmoratus.
— cinereus.
— glaucus.
— albidus.
— plicatus.
— alternans.
— madidus.
HE DreE
— scabrosus.
— dubius.
Alophus triguttatus.
Minyops variolosus.
Lepirus colon.
— binotatus.
Tranysphyrus.
Hylobius Abietis.
— fatuus.
Molites coronatus.
— bajulus.
Phytonomus punctatus.
— murinus.
— fasciculosus.
— parcus.
— Acetosæe.
— nigricornis.
— Trifolu.
— defloratus.
— FRhumicis.
— meles.
— Pollux.
— suspiciosus.
— constans.
— Plantaginis.
— Vicie.
— Polygoni.
— Kunzei.
— variabilis.
Phyllobius oblongus.
— calcaratus.
— argentatus ?
— Betulæ.
— : umifrons.
— Pyri.
— sinuatus.
— vespertinus.
Mrachyphlœus scobriculus.
Omias brunnipes.
Peritelus griseus.
— picipes.
Othiorhinchus Ligustici.
— pulverulentus.
— unicolor.
— meridionalis.
— sulcatus.
— scabrosus.
— ovatus.
— griseus.
Lixus angustatus.
— bicolor.
— Sparti.
— Ascani.
— filiforme.
— turbatus.
— paraplecticus.
— gemellatus.
— mursronatus.
Larinus Cnare.
— buccinator.
— Jaceæ.
— ursus.
— Carline.
Pissodes Pni.
Magdalinus Cerasi.
Erirhninus bimaculatus.
— tortrix.
—. VOTAx.
— Tremule.
— acridulus..
— validirostris.
— pectoralis.
— scirrhosus.
— Capre.
Grypidius Equiseti.
— brunnirostris.
Anthonomus druparum.
— variegatus.
Balaninus nucum.
— glandium.
— villosus.
— Brasicæ.
— Crux.
Tichius quinquepunctatus.
— Sparsutus.
— hœmatocephalus.
— cuprifer.
— venestus.
— tomentosus.
— picirostris.
Sibines.
Acalyptus.
TX.
| Phytobius quadricornis.
Anoplus.
Orchestes Alni.
— rufus.
— quercus.
— crinitus.
— Jos.
— Popul.
Baridius Absinthi.
— Atriplicis.
— virescens.
— T. album.
— picinus.
— Resede.
Cryptorhincus Lapati.
Scleropterus globulus.
Centorhincus Pseudacori.
— Echu.
— guttula.
— jota.
— didimus.
— Sisimbrü.
— maculaalba.
— graminus.
— sulcirostris.
— ferrugatus.
— quercus.
— Erica.
— scotillium.
— troglodites.
— Cardui.
— contractus.
— floralis.
— Pseudacori.
— asperifoliarum.
— sulcicollis.
— pollinarius.
— troglodites.
— Urtice.
— Gerani.
Rhinoncus inconspectus.
Tapinotus suleatus.
Cionus Scrophulariæ.
— thapsus.
Blatariæ.
Verbasci.
— AS —
Gymnetron Antirrhini.
— plantarum.
— Jabihs.
— Campanule.
Mecinus Pinastri.
— janthinus.
— hœmorrhoidalis.
Nanophyes Lythri.
Sphenophorus piceus.
— abreviatus.
Sitophylus granarius.
Dryophthorus limexilon.
Cossonus linearis.
XYLOPHAGES.
Hylurgus Trifolii.
— after:
— piniperda.
— palliatus.
Hylesinus varius.
— crenatus.
— Fraxini.
Phlæotribus Ole.
Scolites destructor.
— intricatus.
— Pruni.
— multistriatus.
— _ pygmœus.
Bostrichus retusus.
Apate capucina.
Cis Boleti.
— rugulosus.
— micans.
Latridius marginatus.
— gibbosus.
— porcatus.
— fungorum.
— minutus.
Corticaria foveola.
— elongata.
Mycetophagus quadrimaculatus.
— variabilis.
Tripillus obscurus.
Cerylon terebrans.
— histeroides.
Bitoma crenata.
Lictus canahiculatus.
Silvanus unidentatus.
— sexdentatus.
Trogosita mauritanica.
Lomophiœus bipustulatus.
Brontes flavipes.
— testacea.
LONGICORNES.
Œgosoma scabricornis.
Prionus coriarius.
Hamaticherus heros.
— cerdo.
Purpuricenus Kæhleri.
— variété ephippium.
Rosalia alpina.
Aromia moschata.
Callidium clavipes.
— sanguineum.
— variabile.
— thoracicum.
— Alni.
MHylotrupes bajulus.
Asemum striatum.
— variété agreste.
Criocephalus rusticus.
Clytus detritus.
— arcuatus.
— Jiciatus.
— tropicus.
— arietis.
— gasella.
— massiliensis.
— plebejus.
— trifasciatus.
— ornatus.
— quadripunctatus.
Obrium canthorinum.
— brunneum.
Gracilia pygmœa.
Leptidea brevipennis.
Molorchus abreviatus.
Stenopterus rufus.
Dorcadion fuliginator.
Lamia textor.
Œdilis montana.
Leiopus nebulosus.
Exocentrus balteatus.
Pogonocherus hispidus.
Mesosa curculioides.
— nebulosa.
Anœsthetis testacea.
Agapanthia Asphodeli.
— suturalis.
— marginella.
Compsidia populnea.
Anœrea carcharias.
Saperda punctata.
— scalaris.
Polyopsia prœusta.
Oberea oculata.
— pupillata.
— linearis.
— erythrocephala.
Phytecia punctum.
— cilindrica.
— lineola.
— virescens.
Rhamnosium Salicis.
Rhagiam bifasciatum.
— mordax.
Toxotus meridianus.
Pachyta collaris.
Strangalia aurulenta.
— quadrifasciata.
— villica.
— armata.
— subspinosa.
— _attenuata.
— nigra.
— cruciata.
— melanura.
Leptura scutellata,
— hastata.
— tomentosa.
— lJivida.
— rufotestacea.
— testacea.
Anoplodera exclamationis.
Grammoptera analis.
— preusta.
— Jlœvis.
SN
ruficornis.
femorata.
CHRYSOMELINES.
Donacia crassipes.
dentipes.
Sagittariæ.
Menyanthidis.
pallipes.
Lemneæ (4 variétés).
reticulata.
clavipes (2 variétés).
bidens.
Nimpheæ (9 variétés).
simplex (2 variétés).
Hydrocharis.
dentata.
linearis (4 variétés).
affinis.
impressa (2 variétés).
sericea.
discolor.
semicuprea.
cincta.
Orsodacna Cerasii.
Auchenia subspinosa.
Lema merdigera.
brunnea.
12 punctata.
Asparagii.
melanopora.
cyanella.
Hispa atra.
Cassida equestris.
viridis.
vibex.
thoracica.
murrϾa.
ferruginea.
margaritacea.
nobilis.
azurœa.
sanguinolenta.
rubiginosa.
lutacea.
Adimonia Tanaceti.
— hittorals.
— Capreæ.
— sanguinea.
— rufa.
— rustica.
Galeruca calmariensis.
— Nimphee.
— lineola.
— Lthni.
Malacosoma lusitanica.
Agelastica Alni.
— nigricornis.
Phillobrotica quadrimaculata.
Luperus rufpes.
— flavipes.
— suturella.
Graptodera oleracea,
— Eruceæ.
— Vitis.
Crepidodera lineata.
— transversa.
— helxines.
— Modeeri.
— rubescens.
— fulvicornis.
— aurafa.
Podagrica fulvipes.
— fuscipes.
Phyllotreta cincta.
— nemorum.
— Lepidi.
— atra.
— antennafa.
Aphthoma Ciparisiæ.
— Euphorbiæ.
— cerulea.
— virescens.
— nigriventris.
Balanomorpha rustica.
Teinodactyla lutescens.
— sanguinolenta.
— ochroleuca.
— pratensis.
— lurida.
— tabida.
— Nasturci.
— melanocephala.
— Verbasei.
— Sisimbrü.
— dorsalis.
Plectroscelis dentipes.
— Sahlbergü.
— aridella.
Psylliodes Dulcamare.
— picea.
— chrysocephala.
— Napi.
— Mercurialis.
Dibolia occultans.
Sphoœroderma testacea.
— Cardui.
Dicherosis hemisphericus.
Timarcha tenebricosa.
— coriaria.
— rugosa.
— pratensis.
Chrysomela œthiops.
— sanguinolenta.
— ‘limbata.
— hottentota.
— molluginis.
— Banksu.
— fucata.
— graminis,
— cupræa.
— cerealis.
— violacea.
— fastuosa.
— Centauri.
— varians.
— staphilæa.
— Senecionis.
— polita.
— diluta.
— lurida.
Lina Populi.
— Tremule.
— œnœæa.
Gastrophysa Polygoni.
— Rhaphani.
Plagiodera armoraci®.
Phœdon egenum.
— O1 —
— pyritosum.
— auctum.
— Betulæ.
Phratora Vitelline.
Helodes violacea.
— Phellandru.
Spartophila litura.
Bromius Vitis.
— obscurus.
Chrysochus preliosus.
Pachnephorus arenarius.
Clythra quadripunctata.
— Jucida.
— longimana.
— cyanea.
— aurita.
— bucephala.
— tetradima.
— scopolina.
— floralis.
Cryptocephalus sericeus (16 var.).
— Corili.
— Hypochæridis.
— sexpuncfatus.
— bipunctatus.
— decempunctatus.
— bipustulatus.
— quadripunctatus.
— violaceus.
— octoguttatus.
— flavilabris.
— flavipes.
— Morœi.
— vittatus.
— geminus.
— bilineatus.
— pygmœus.
—. gracilis.
— Hybneri.
— Jabiatus.
— rugicollis.
— quadripustulatus.
— minutus.
— cœruleus.
Pachybrachis histrio.
— hyppophaes.
Triplax nigripennis.
— rufipes.
Engis humeralis.
Tritoma bipustulata.
Phalacrus corruscus.
Olibrus corticalis.
— bicolor.
— bimaculatus.
— geminus.
— pygmœus.
— piceus.
Clipeaster obscurus.
TRIMÈRES,.
Coccinella 19 punctata.
— mutabilis.
— bipunctata.
— 11 punctata.
— 7 punctata.
— 14 pustulata.
— marginepunctata.
— “impustulata.
— conglobata.
— variabilis.
— 13 punctata.
— 8 punctata.
Halysia 16 guttata.
— 14 guttata.
— 10 guttata.
— 12 pustulata.
— bissexguttata.
— 14 punctata.
— 22 punctata.
— 20 punctata.
Chilocorus renipustulatus.
— bipustulatus.
Exochomus auritus.
— À verrucatus.
Hyperaspis reppensis.
Epilachna Argus.
— globosa.
Platynaspis villosa.
Schymnus 4 notatus.
— 2 verrucatus.
Tr dAiene
— parvulus,
— flavipes.
— morio.
— bisbipustulatus.
— pygmœus.
— frontalis.
— Apetzi.
— marginalis.
Rhysobius litura.
Coccidula pectoralis.
— scutellata.
— rufa.
— punctulata.
Endomichus coccineus.
Lycoperdina boviste.
— fasciolata.
DIMÈRES.
Pselaphus Heisei.
— fossulatus.
— rubellus.
Briaxis.
HÉMIPTÈRES.
Corixa punctata.
— striata.
— coleoptrata.
Notonecta glauca.
Ploa minutissima.
Ranatra linearis.
Nepa cinerea.
Naucoris cimicoides.
— maculata.
Salda Sostere.
— gerris.
Paludium.
Hydrometra.
Ploiaria.
Zelus cruentus.
— œgiptius.
— hœmorrhoïdalis,
Reduvius personatus.
Pirates stridulus.
Prostemma guttula.
Nabis.
Cimex lectularia.
so) ae
Aradus.
Tingis Pyri.
Euricera.
Phymata crassipes.
Neïdes tipularia.
Corysus Hyosciami.
Coreus pilicornis.
— Jacimiatus.
— quadratus.
— marginatus.
— scapha.
— insidiator.
— sulcicornis.
Alidus calcaratus.
Astemma aptera.
Lygœus equestris.
— saxatilis.
— punctum.
— punctoguttatus.
Heterogaster Urtice.
Stemocephalus nugax.
Aphanus Echi.
— Pin.
— chiragra.
Anthocoris.
Ophthalmicus.
Miris virens.
— erraticus.
Phytocoris pabulinus.
— gothicus.
— striatus.
— binotatus.
— siticornis.
— nemoralis.
——". after.
Heterotoma spissicornis.
Euricephala.
Acanthosoma hœmorrhoidalis.
Pentatoma griseum.
— ornatum.
— oleraceum.
— purpuripenne.
— juniperum.
— dissimilis.
— prasinus.
— baccarum.
— nigricorne.
— rufipes.
— sanguinipes.
— melanocephala.
Scioris.
Cydnus bicolor.
— albomarginatus.
— biguttatus.
— tristis.
Stiretrus bidens.
Œlia accuminata.
— inflexa.
Pachycoris grammicus.
Tetyra maura.
— hottentota.
— pedemontana.
— nigrolineafa.
Podops nunctus.
Odotoscelis scarabæoïdes.
Canopus globus.
HOMOPTÉRES.
Cycada pleben.
— argentea.
Cixius nervosus,
Asiraca clavicornis.
Delpax.
Issus.
Tettigometra.
Oxirachis Geniste.
Centrotus cornutus.
Cercopis saguinolenta.
— vulnerafa.
Aphrophora spumaria.
— rustica.
— bifasciata.
— Dianthi.
Lepironia coleoptrata.
Tettigonia arundinis.
* Ledra aurita.
Penthimia atra.
Bythoscopus.
Eupelix cuspidata.
— 59 —
Jassus.,
Ulopa obtecta.
Ptilla Alni.
— Pyzi.
ORTHOPTÈRES.
Forficula auricula.
— minor.
Blatta orientalis.
— laponica.
— pallida.
Mentis religiosa.
Bacillus Rossi.
Grillotarpa vulgaris.
Grillus campestris.
— domesticus.
Nemobhie silvestris.
Acanthus pellucens.
Phanaroptera falcata.
Ephippiger vitium:
Barbistes punctatissima.
Œdipoda migratoria.
— bisignata.
— thalassima.
— _ grossa.
— biguttata.
— parapleura.
Gomphocerus biguttatus.
Tetrix subulata.
— mucronata.
Decticus albifrons.
— griseus.
— brevipennis.
Pterolepis.
Meconema var.
Xiphidion fuscum.
Conocephalus mandibularis.
Locusta viridissima.
Calliptamus italicus,
Œdipoda flava.
— germanica.
— stridula.
— cœrulescens,
NÉVROPTÉRES. .
LIBELLULIDÉES (De Selys-Longchamps).
Libellula depressa.
— quadrimaculata.
— conspurcafa.
— cçancellata.
— cœrulescens.
— olimpia.
— ferruginea.
— vulgata.
— Roœseli.
— hybrida.
— flaveola,
— pectoralis.
Cordulia Curtisi.
— œnœæa.
— metallica.
Gomphus forcipatus.
— zebrus.
— pulchellus.
— unguiculatus.
— serpentinus.
Cordulegaster lunatus.
Œschna vernalis.
—— mixta.
— affinis.
— maculatissima.
— irene.
— rufescens.
Calopterix virgo.
— Jludoviciana.
Platychnemis acutipennis.
— latipes.
— palmipes.
Lestes viridis.
sponsa.
— vestalis.
— barbara.
— fusca.
— nympha.
Agrion najas.
— sanguineum.
— rubellum.
— viridulum.
— Lindenü.
— pulchellum.
— puella.
— cyatigerum.
— elegans.
— mercuriale.
— scitulum.
Myrmeleon formicarium.
— tetragrammicus.
— inornatus.
Ascalaphus italicus.
Hemerobus perl.
Sialis.
Raphidia.
Mantispa pagana.
Panorpa communis.
Phrygana.
Sericostoma atratum.
Ryacophila.
Hydroptila.
HYMÉNOPTÈRES
(Le Peletier de St-Fargeau).
Atta capitata.
Myrmica subterranea.
— rubra.
Ponera.
Polyergus.
Formica herculea.
— pubescens.
— rufa.
— quadrimaculata (1), sp. nova.
Apis mellifica.
Bombus lapidarius.
— interruptus.
— montanus.
— sylvarum.
— italicus.
— hortorum.
— terrestris.
(1) Voir, pour la description, les Annales de la
Société Linnéenne de Maine-et-Loire, 5° année,
1862.
— ericetorum.
— apricus.
Vespa crabro.
— vulgaris.
— Gerei.
— rufa.
Polystes gallica.
— diadema.
— Geofroyi.
Anthophora nmdulans.
— albigena.
— bimaculata.
— binotata.
— squalida.
— flabelhfera.
— Crassipes.
— | yara.
— pilipes.
— fulvitarsis.
— intermedia.
— retusa.
— parietina.
— mixta.
Macrocera malve.
— alticincta.
Eucera longicornis.
— lJinguaria.
— distincta.
Xylocopa violacea.
Panurgus dentipes.
— Jlobatus.
— ater.
Dasypoda hirtipes.
— plumipes.
Andrena pilipes.
— nitida.
— cineraria.
— thoracica.
— velutina.
— lucida.
— albicans.
— fulva.
— flessæ.
— bicolor.
— fulvago.
— florea.
— cingulata.
— marginata.
A 1)
.
|
LOmHEotu
|
TOZERARET
snTo
|
RÉ SES
dre Section.
Halictus quadristrigatus.
— zebrus.
— sexcinctus.
— nidulans.
— interruptus.
2e Section.
— xanthopus.
— sexnotatus.
— leucosonius.
— lineolatus.
— lœvigatus.
— vulpinus.
— Jœvis.
(1) J'ai désigné par les lettres de l'alphabet tou-
tes les espèces d'hyménoptères que je crois inédites.
Voir, pour la description que j'en ai faite, les An-
nales de lu Société Linnéerne dé Maine-et-
Loire, 3° année, 1858.
— minutus.
— À\
— B.
3e Section.
— vyirescens.
— seladonius.
— morio.
— C.
Le Section.
— nigripes.
— interruptus.
— albipes.
Nomia diversipes.
Colletes hirta.
— fodiens.
— A.
— B.
— C.
Calicodoma muraria.
Osmia cornuta.
— bicornis.
— fronticornis.
— emarginata.
— bicolor.
- — fulviventris.
— aurulenta.
— marginella.
— cœrulescens.
— adunca.
— Spinolæ.
— hyalipennis.
— punctatissima.
— A,
Megachile.
— pyrina.
— ericetorum.
— centuncularis.
— argentata.
— À.
— B.
Anthocopa papaveris.
Anthidium manicatum.
— oblongatum.
— punctatum.
es ÉG —
— lituratum.
| — strigatum.
| Heriades truncorum.
— campanulorum.
Chelostoma maxillosa.
— culmorum.
Psithyrus rupestris.
— frutetorum.
— campestris.
— vesfalis.
Melecta armata.
— punctata.
— variété testaceipes.
— variété aterrima.
Crocisa ramosa.
— orbata.
Epeolus yariegatus.
Nomada fulvicornis.
— succincta.
— sexfasciata.
— Solidaginis.
— brevis.
— germanica.
— Jacobei.
— lineola.
— zonata.
— quadrimaculata.
— furva.
— rufcornis.
— Panzeri.
— À.
Ceratina cyanea.
— albilabris.
Dioxis cincta.
CϾlioxis conica.
— rufescens.
— punctata.
— elongata.
— octodentata.
— À.
Stelis aterrima.
— phœoptera.
— _nasuta.
Prosopis variegata.
— signafa.
Sphecodes nigripes.
— gibbus.
— maculatus.
— Geofrellus.
Eumenes Olvieri.
— pomiformis.
Discælius zonalis.
lre Section.
Odinerus spinipes.
— melanocephalus.
— crenatus.
— Lindeni.
— minutus.
|
RENE
2e Section:
— parietum.
— crassicornis.
— elegans.
— bifasciatus.
Alastor Atropos.
Cerceris labiata.
— Ferreri.
— interrupta.
— arenaria.
— Ornafa.
— quadricincta.
— brevirostris.
Philanthus coronatus.
— triangulum.
Psen ater.
— atratus.
— equestris.
Nisson interruptus.
— geniculatus.
— Dufouri.
— Wesmaeli.
— nigripes.
— Panzeri.
Gorites campestris.
— Mmystaceus.
Hoplisus quinquecinctus.
— Lacorderii ?
— 57 —
Euspongus vicinus.
— Jaticinctus.
Lestiporus bicinctus.
Psammecius punctulatus.
Arpactus lœvis.
— formosus.
Alisson bimaculatus.
— lunicornis.
— À.
Mellinus aryensis.
Cemonus lugubris.
— unicolor,
Pamphredon miutus:
Crabro cephalotes.
— Sstriatus.
— comptus.
— lituratus.
— chrysostomus. .
— ornatus.
Solenius lapidarivus.
— . grandis.
— fuscipennis.
— Vagus.
Blepharipus signatus.
— quinquemaculatus.
Ceratocolus phylanthoïdes.
— Sstriatus. Î
Æyreopus cribrarius:
— patellatus.
Crossocerus scutatus.
— yarius.
— pallidipalpis.
— Wesmaeli.
— gonager.
— podagricus.
— aphidium.
— leucostoma.
— niger.
— luteipalpis.
— _ palmipes ?
— subpunctatus.
Lindenius albilabris.
— Panzeri.
— apicalis.
— Yenustus.
— brevis.
— Curtus.
— A.
Corynopus tibialis.
Oxibelus mucronatus.
— fissus.
— nigripes.
— bellicosus.
— ruptor.
— 14 notatus.
— tridens.
— uniglumis.
Tripoxilon figulus.
Miscophus bicolor.
Dinetus pictus.
Tachites obsoleta?
— pompiliformis.
— Panzer.
— peclinipes.
— unicolor?
Lara anathema.
Astata boops.
— Vanderlindenn.
Bembex tarsata.
— rostrata.
Stizus tridens.
Sphex occitanica.
— albisecta.
— flavipennis.
— proditor?
Ammophila hirsuta.
— sabulosa.
— holosericea.
— affinis.
Miseus campestris.
Aporus bicolor.
— femoralis.
Evagetes bicolor.
Planiceps Latreillü.
Callicurgus bipunctatus.
— yariegatus.
— binotatus.
— propinquus.
— exaltatus.
— vulgaris.
— affinis.
— apricus.
= 8 —
— ambulator.
— obtusiventris.
Pombpilus tripunctatus.
— albonotatus.
— gracilis.
— rufipes.
— fuscatus.
— pulcher.
— sericeus.
— micans.
— A.
— australis.
— viaticus.
— pectinipes.
— gibbus.
— gibbulus.
— infuscatus.
— Lindenu.
— B.
Anoplius apicalis.
— petiolatus.
— distinctus.
— A.
— niger.
— unimaculatus.
— bifasciatus.
— cinctellus.
— Coccineus.
Ceropales maculata.
— histrio.
— variegata.
Scolia bifasciata.
— quadripunctata.
Colpa interrupta.
Œyphia femorata.
— Morio.
— villosa.
— minuta.
Sapyga punctata.
— prisma.
Mirmosa brunnipes.
— atra.
Mutilla cœrulans.
— clausa.
— cyan®a.
— ephyppium.
—. bimaculata. | — analis.
— incompleta ? — scutellaris.
—. À. — succincta.
— B. — inæœqualis.
— mMaura. — distinguenda.
— rufipes. — ignita.
— montana. — micans.
Euchrœus purpuratus.
CHRYSIDES (Dahlbom). Parnopes carnea.
Cleptes nitidula. ICHNEUMONIDES (Gravenhorst).
— semiaurata.
Omalus auratus. Icheneumon nesritarius.
— cœruleus. — lineator.
Elampus bidentulus. — opticus.
— truncatus. — corruscator.
— spina. — | Érishiss
— Panzeri. — brunnicornis.
Holopyga punctatissima. = annulator.
— ovata (5 variétés). Ti fossorius.
— gloriosa. e ochropis.
Hedychrum Solandi (1), sp. nova. iQ fabricator.
— chalibœum. — _iridipennis.
— chloroïideum. — digramus.
— rutilans. — proteus.
— Jucidulum. — multiannulatus.
— ardens. — fuscipes.
— integrum. == semiorbitalis.
— coriaceum. — extensorius.
— fervidum. — confusorius.
— roseum. — stramentarius.
Chrysis austria. — raptorius.
— bicolor. — gracilicornis.
— aerata. — pallidicornis.
— cœrulipes. — Sanguinatorius.
— dichroa. — sarcitorius.
— elegans. — balteatus.
— succinctula. — yedatorius.
— Cyanæa. — laboratorius.
— nitidula. — Octoguttatus.
— fulgida. 7 dlocerus.
— cyanopyga. au zonalis.
— splendidula. — hostilis.
— bidentata. — cingulatorius.
— deceptor.
(1) Annales de la Société Linnéenne de Maine- Lu: lepidus.
et-Loire, 3° année, 1858. — notatorius.
multipictus ?
suavis ?
callicerus.
vaginatorius.
xanthorius.
occisorius,
infractorius.
fasciatorius.
nicthemerus.
flavoniger.
luridus.
luctatorius.
defensorius.
iluminatorius.
glaucatorius.
natatorius.
albolineatus.
xanthius.
fusorius.
divisorius.
culpatorius.
ampuftatorius.
alticola.
antennatorius.
vacillatorius.
sedulus.
lanius.
albicinctus.
melanocostatus.
confector.
fumigator.
hœmorrhoïdalis.
ischiomelinus.
latrator.
albilarvatus.
semivulpinus.
celerator.
melanogonus.
eques, |
subtilicornis.
violentus.
incubitor.
erythreus.
“lapidator. :
Oronotus coarciatus.
Ishnus truncator.
= 60 =
filiformis.
thoracicus.
Crypturus argiolus.
Stilpnus gagates.
Mesoleptus subcompressus.
modestus.
leptocerus.
fortipes.
sulphuratus.
geniculosus.
rufoniger.
lævigatus.
filicornis.
mundus.
regenerator.
Typhæ.
seminiger.
Kryphon pinguis.
vepreterum.
scolopterus.
triangulatorius.
longipes.
niger ?
prærogator.
compunctor.
sexcinctus.
marginellus.
lucidulus.
succinctus ?
sexlituratus.
virgultorum.
elegantulus.
varicornis.
elongator.
brachiacanthus.
varitarsus.
rutilator.
bicolor.
Exochus frenator.
coronatus ?
gravipes.
crassicornis.
femoralis.
curvator.
podagricus.
prosopius.
— 61
Scolobates italicus.
Lroyas lutatorius.
flavatorius,
Alomia ovator.
nigra.
Oplismenus perniciosus.
aibifrons.
errabundus ?
uniguttatus.
Cryptus macrobatus.
cyanator.
tarsoleucus.
moscator.
bivinctus.
anatorius.
spiralis.
brachicentrus.
leucopsis ?
bilineatus.
unicinctus.
sponsor.
hœmatodus.
viduatorius.
albulatorius.
volubilis.
assertorius.
tuberculatus.
perspicillator.
ischioleucus.
obscurus.
alternator.
nubeculatus.
albovinctus.
peregrinator.
incubitor.
titillator.
analis.
dianæ.
spinosus.
perfusor.
migrator.
ornatus.
rufulus.
bimaculatus.
Pygadeuon digitatus.
oviventris ?
Cur vus.
vagabundus.
profligator.
graminicola.
ovator ?
quadrispinus.
fumator.
subtilis.
assimilis.
variabilis.
diaphanus.
varipes.
Mesostenus notatus:
albinotatus.
grammicus.
gladiator.
transfuga.
Hemiteles similis..
palpator.
areator.
melanogonus.
luteolator.
fulvipes.
similis.
scrupulosus.
bicolorinus.
Mesochorus testaceus”?
splendidulus.
Pezomachus fasciatus.
pedestris.
festinans.
agilis.
nigrocinctus.
vagans.
bicolor.
Phytodietus calceolatus.
Nematopodius formosus.
Glipta teres.
vulnerator.
sculpturata.
ceratites.
mensurator,
scalaris.
bifoveolata.
incisa.
Lissonota setosa.
— impressor.
— Catenator.
— Segmenfator.
— sulphurifera.
— hortorum.
» — arvicola.
— deversor.
— maculatoria.
— pectoralis.
— _irrisoria.
— insigna.
— murina.
— accusator?
— _parallela.
— perspicillator.
— verberans.
— cilndrator.
— decinator.
— bellator.
Polysphineta rufipes.
— carbonator.
Schizopyga podagrica.
— tricingulata.
— minuta.
Pimbpla flavicans.
— melanopyga.
— Oornata.
— rufata.
— varicornis.
— roborator.
— colobata.
— graminella.
— Stercorator.
— turionella.
— flavipes.
— Spuria.
— alternans.
— Sscanica.
— examinator.
— viduata?
— instigator.
Ephialtes manifestator.
— carbonarius.
— Varius.
— mediator.
— gracilis ?
ro et
Rhyssa curvipes?
approximator ?
intermedius, sp. nova.
Metopius sicarius.
necatorius.
dentatus.
Bassus rufiventris.
— elegans.
— festivus.
— suleator.
— rufipes.
— albosignatus.
— annulatus.
— insignis.
— Jatatorius.
Banchus compressus.
— pictus.
— falcator.
Exetastes formicator.
— guttatorius.
— nigripes.
— lævigator.
— calobatus.
Arotes albicinctus.
Campoplex difformis.
— albidus?
— xanthostomus.
— Jateralis.
— albipalpis.
— majalis.
— ebeninus.
— orbitalis.
— armillatus.
— chrysostictus.
— multicinctus.
— fulviventris.
— longipes.
— rufiventris.
— orbator.
— pumilio.
— sicarius.
— maculatus ?
— insidiator.
— . carnifex.
— notatus.
— dolosus.
— ruficinctum.
— Jlatrator.
— rufimanus.
— nigripes.
— moœstus.
— floricola.
— mixtus.
— pugillator.
— cultrator.
— perfidus.
Paniscus glaucopterus.
— virgatus.
— testaceus.
Anomaion circumflexus.
— rufcorne.
— cerinops.
— xanthopus.
— enecator.
— armatum.
— brevicorne.
— tenuicorne.
— flaveolatum.
— tenuitarsum.
— anomelas.
Ophion luteus.
— ramidulus.
— merdarius.
— marginatus.
— obscurus.
— undulatus.
Atractodes bicolor.
Tachinotus foliator.
Pachymerus vulnerator.
— calcitrator.
Cremastus bellicosus.
Porison harpurus.
— hostilis.
— gilvipes.
— jocator.
Acænites fulvicornis.
— arator.
— nigripennis.
— rufipes.
— dubitator.
Xilonomus pilicornis.
— filicornis.
— 69 —
— prœcatorius.
Xorides collaris.
— nitens.
— albitarsus.
Odontomerus dentipes.
TENTRÉDINES
(Le Peletier de St-Fargeau ).
Lyda flaviventris.
— inanita.
— À.
Tarpa plagiocephala.
Cepus satyrus.
— _ pygmæus.
— tabidus.
— luteipes.
— nigripes.
— mandibularis.
— Leskeï.
— phthisicus ?
= he
— B.
Athalia ancilla.
— cordata.
— lineolata.
— Richardi.
— annulafa.
— Cmtfoliæ.
— Suessionensis.
Cimbex pallens.
—\ humeralis.
— femorata.
— amerinæ.
— nitens.
— nigricornis.
— Jurinæ.
Hylotoma cœrulescens.
— ustulata.
— dimidiata.
— pagana.
— Rosæ. +
— enodis.
— thoracica.
— À.
Cryptus furcatus.
— Angelicæ.
Lophyrus piceæ.
— À.
— B.
Cladius difformis.
— rufipes.
— morio.
Pristiphora myosotidis.
— testacea.
— testaceicornis.
— pallipes.
— afra.
— duplex.
— À,
Nematus pallipes.
— clitellatus.
— À.
— B,.
— C.
— septentrionalis.
— histrio.
— Suessionensis.
— vicinus.
— cinctus.
— interruptus.
— _intercus.
— dorsalis.
— vittatus.
— D.
— E.
— F.
— G.
— Salicis.
— dimidiatus.
— affimis.
— rufcormis.
— vittatus.
— luteus?
Tenthredo alternans.
— pavida.
— ornafa.
— neglecta..
— Coryli.
— Jabiata.
— Jlateralis.
— gracilis.
— 64
maura.
atra.
microcephala.
rufipes.
trichocera.
nigrita.
hvida.
dimidiata.
viridis.
interrupta.
scripta.
duplex.
A.
B.
C.
Scrophulariæ.
meridiana.
captiva.
luteiventris.
vespiformis.
marginella.
confusa.
cincta.
vidua..
suceincta.
rustica.
Viennensis.
D.
strigosa.
citreipes.
Abietis.
Schæferi.
blanda.
juvenilis.
E.
F.
G.
punctum.
hematopus.
duodecimpunctata.
maculosa.
albamacula.
luctuosa.
albicincta.
exalbida..
Ribis.
H.
morio.
albipes.
cothurnata.
fusca.
tristis.
hylotomoides.
Fraxini.
hœmorrhoiïdalis.
fuscipennis.
melanosterna.
fallax.
luteola.
costalis.
ephippium.
parvula.
I
J.
K.
L.
M.
N
0.
Dolerus togatus.
cinctus.
cingulatus.
fasciatus.
vicinus.
leucopodus.
testaceipes.
varipes.
luctuosus.
pallipes.
A.
B.
germanicus.
C.
geniculatus.
cothurnatus.
tristis.
dimidiatus.
D.
rufipes.
gonager.
niger.
opacus.
069 —
SIRICIENS.
Sirex gigas.
— juvencus.
Xyphidria annulata.
— camelus.
— dromedarius.
EVANIDES.
Brachigaster minutus.
Fœnus juculator.
Stephanus serrator.
Aulacus striatus.
Leucospis dorsigera.
— gigas.
Chaleis flavipes.
— minutus.
— Dargelasi.
Perilampus violaceus.
— Jtalicus.
— auraius.
Callimome cynipedis.
— Bedeguaris.
— Dauci.
— stigma.
Proctotrupes brevipennis.
— Ccampanulator.
— pallipes.
Helorus ater.
Bethylus formicarius.
Diapria conica.
Figites scutellaris.
Cynips quercus baccarum.
— quercus folu.
— Rosæ.
BRACONIDES (Wesmael).
Perilitus dispar.
— chrysophtalmum.
— deceptor.
Phylax calcarator.
Rogas marginator.
— thoracicus.
— nitidus.
Helcon cylindricus.
Chelonus oculator.
— annulipes.
sulcatus.
Agates purgator.
nigra.
rufipalpis.
Microgaster dimidiatus.
deprimator.
globatus.
tibialis.
dorsalis.
perspicuus.
tenebrosus.
Braco nominator.
urinator.
munitator.
mediator.
scutellaris.
pectoralis.
bisignatus ?
lœtus.
terebella.
CϾliodes denigrator.
Aleiïodes nigripalpis.
geniculator.
brevicornis.
tristis.
bicolor.
circumscriptus.
Ischiogonus erytrogaster.
Alysia.
Docnusa.
LÉPIDOPTÈRES (Godard).
DIURNES.
Papillon flambé.
macahon.
Colliade citron.
soufre.
souci.
Pieride du Chou.
de la Rave.
du Navet.
gazé.
de la Moutarde.
166 —
aurore.
daplidice.
Argine tabac d'Espagne.
cynara.
Aglaé.
Adipé.
petit nacré.
collier argenté.
Sélené.
petite-violette.
didyma.
Artémis.
cinxia.
Phœbé.
Athalie.
Lucine.
Satyre ermite.
Sylvandre.
agreste.
petit-agreste.
fauna.
phœdra.
Myrtile.
Baccanthe.
demi-deuil.
Amarillis.
moœra.
mégère.
Tircis.
Tristan.
Céphale.
Pamphile.
Vanesse gamma.
grande-tortue.
petite-tortue.
morio.
paon-de-jour.
Vulcain.
Belle-Dame.
Nymphale Petit-Silvain.
Silvain azuré.
Petit-Mars.
Poiyomate du Bouleau.
Lincée.
W. Blanc.
du Chêne.
strié.
— Amyntas.
— Xanté.
— de l’Acacia.
— Phlæas.
— de la Ronce.
— Corydon.
— Adonis.
— : Alexis.
— Agestis.
— Argus.
— æœgon.
— Hilas.
— ÂÀrion.
— Euphemus.
— Cyllarus.
— AÂcis.
— argiolus.
— alsus.
Hesperie miroir.
— bande-noire.
— Silvain.
— comma.
— plain-chant.
—— du Chardon.
— grisette.
— de la Mauve.
CRÉPUSCULAIRES.
Sphinx tête de mort.
— du Troëne.
— corne de bœuf.
— du Pin.
— livournien.
— du Tythimale.
— de la Vigne.
— petit-pourceau.
— moro-sphinx.
— bombiliforme.
— fuciforme.
Smerinthe demi-paon.
— du Peuplier.
— du Tilleul.
Sesie apiforme.
— ichneumoniforme.
— chrysidiforme.
— mutiliforme.
Ye
tenthrediniforme.
formiciforme.
nomadiforme.
Zigène de la Filipendule.
du Chèvre-Feuille,
de l’'Hypocrèpe.
de l’Achillée.
de l’Artichaud.
de la Bruyère.
Proeris de la Statice.
du Prunier.
Aglaopé.des haies.
NOCTURNES.
Hepiale du Houblon.
silvine.
Cossus gâte-bois.
Zeuzère du Marronnier.
Bombhix grand-paon.
petit-paon.
feuille du Chêne.
du Prunier.
buveur.
du Chêne.
du Tréfle.
laineux.
de l’Aubépine.
processionnaire.
du Peuplier.
de la Ronce.
neustrien.
vinula.
hermine.
furcula.
trotophus.
dromadaire.
ZiCZaC.
dictæoide.
museau.
chaonin.
reclus.
courtaud.
anachorète.
bucéphale.
pudibond.
porte-brosse.
antique.
disparate.
du Saule.
cul-brun.
cul-doré.
tortus.
Noctuelle du Frêné.
mariée.
déplacée.
fiancée.
maure.
alchimiste.
algérienne.
lunaire.
pyramidale.
conforme.
glyphique.
mi.
du Saleifis.
moissonneuse.
écorce.
pronuba.
orbone.
interposée.
sigma.
exclamation.
obélisque.
C. noir.
gothique.
ocellaire.
soumise.
inconstante.
bazilaire.
potagère.
couleur de suie.
rurale.
pyrophile.
éloignée.
peltigère.
dentine.
saupoudrée.
de la Patience.
du Chou.
de l’Ansérine.
ceinture-jaune.
mégacéphale.
— 68
Cuculie du Bouillon-Blane.
de l’Érable.
dysodée.
séreine.
de l’Euphraise.
jaunâtre.
armigère.
de la Saponaire.
tipique.
du Genet.
ancienne.
hépatique.
polyodon.
litoxilée.
conigère.
de l’Aubépine.
trident.
psi.
méticuleuse.
du Pied-d’Alouette.
double-oméga.
batis.
enfumée.
de la Cardère.
analogue.
du Lichen.
de l’Airelle.
du Plantin.
de la Morgeline.
impure.
L. blanche.
pâle.
neurique.
triplasie.
de l’Ortie.
latroncule.
strigelle.
du Myrtile.
deuil.
solaire.
ancre.
héliaque.
sulfurée.
perle.
de la Scrophulaire.
— del'Absinthe..
— de la Tenaisie.
— de la Laitue.
— ombrageuse.
Gonoptère découpure.
Plusie chryside.
— gamma.
— feuille-d’or.
MOLLUSQUES (Moquin-Tendon).
GASTÉROPODES.
Arion rufus.
— yirescens.
Limax maximus.
— yariegatus.
— agrestis.
Testacella halotidea.
Vitrina pellucida.
Succinea Pfeiferi.
— putris.
— oblonga.
Zonites nitidus,
— nitens.
— Jlucidus.
— crystallinus.
Helix fulva.
— çartusiana.
— striata.
— rotundata.
— candidula.
— cornea.
— Jimbata.
— hispida.
— pomatia.
— aspersa.
— nemoralis.
— hortensis.
— arbustorum.
— ericetorum.
— obvoluta.
— lapicida.
— lœvigata.
— pulchella.
— aculeata.
— rupestris.
— 09 —
Bulimus tridens.
— obscurus.
— quadridens.
— subcilindricus.
— acuius.
— acicula.
Clausilia Rolphi.
— rugosa.
Pupa perversa.
— muscorum.
— umbilicata,
— granum.
— cylindracea.
Vertigo antivertigo.
— muscorum.
Carichium minimum.
Planorbus corneus.
— carinatus.
— vortex.
— contortus.
— fontanus.
—- nautileus.
Physa acuia.
— hypnorum.
— fontinalis.
LimnoϾa stagnalis.
— COrVUS.
— palustris.
— auricularia.
— glutinosa.
— minufa.
— glabra.
Ancylus fluviatilis.
— Jacustris.
Cyclostoma élégans.
Bythinia tentaculata.
— Leachui.
Paludina contecta.
— vivipara.
Valvata piscinalis.
— cristata.
Nerita fluviatilis.
ACÉPHALES.
Anodonta cygn®a.
— variété ventricosa.
— variété compressa.
— variété cellensis.
— variété oblonga.
— variété intermedia.
— avonensis.
— variabilis.
— variété crassula.
— anatina.
Unio rhomboideus.
— variété pianensis.
— variété Draparnaudi.
— variété elongatus.
— variété truncatus.
— variété minor.
— variété cuneatus.
— batavus.
— variété Courtilleri (Hattmann).
— variété ovalis.
— variété minimus.
— variété nanus.
— Requieni
— variété rostratus.
— Pictorum.
— variété flavescens.
— variété niger.
Dressena polymorpha.
Pisidium amnicum.
— pusillum.
Cyclas rivicola.
— Jacustris.
— cornea.
0 00 mit
BOTANIQUE.
RENONCULACÉES.
Clematis vitalba L.
Thalictrum expansum Jord.
— flavum L.
Anemone montana Hop.
— nemorosa L.
Adonis automnalis L.:
— æstivalis L.
— flammea Jacq.
Myosurus minimus L.
Ranunçculus hederaceus L.
— aquatilis L.
— radians Revel.
— rhipiphyllus Bast.
— divaricatus Scrank.
— trichophyllus L.
— dronetn Schultz.
— KR. fluitans Lam.
— flammulaL.
— Jlingua L.
— ophioglossifolius Vill.
— auricomus L.
— repens L.
— bulbosus L.
— nemorosus D.
— Boreanus Jord.
— cherophillos L.
— sceleratus L.
— philonotis Retz.
— parviflorus L.
— arvensis L.
Ficaria ranunculoïdes Mœnch.
Caltha palusiris L.
Helleborus fœtidus L.
Isopirum thalictroides L.
Nigella arvensis L.
Aquilegia vulgaris L. .
Delphinium consolida L.
— Ajacis L.
Aconitum napellus.
BERBÉRIDÉES.
Berberis vulgaris L.
NYMPHÉACÉES.
Nymphoæœa alba L.
Nupñar luteum Sm.
PAPAVÉRACÉES.
Papaver hybridum L.
— argemone L.
— dubium L.
— rhœas L.
Remeria hybrida D. C.
Chelidonium majus L.
Hypecoum pendulum Sm.
FUMARIÉES.
Corydalis bulbosa Bast.
Fumaria Borœi Jord.
— Bastardi Bor.
— officinalis L.
— micrantha Lag.
— Vaillant Dois.
— parviflora Lam.
CRUCIFÈRES.
Cheiranthus cheiri L.
Nasturtium officinale.
— süfohium Reick.
— amphibium.
— silvestre.
— palustre.
— pyrenaicum R. B.
Barbarea vulgaris.
— præcox R. B.
Turrites glabra L.
Arabis turrita L.
— _sagittata Bert.
— thaliana L.
Cardamine pratensis L.
— dentata Schultz.
— impatiens Link.
— hersuta L.
— sylvatica Link.
ne CODE:
Sisymbrium officinale Scop.
— sophia L.
— alliaria.
Erysimum cheiranthoides.
— orientale R. B.
Brassica oleracea.
— cheiranthos Vill.
Sinapis arvensis L.
— alba L.
— nigra L.
Diplotaxis tenuifolia D.
— muralis D.
— viminea D.
Rhaphanus sativus.
— raphanistrum L.
Landra Moretti.
Caleplna corvini Desv.
Neslia paniculata Desv.
Myagrum perfoliatum L.
Senebiera coronopus.
Capsella bursapastoris Mœnch.
— rubella Reut.
Hutchinsia petrea R.B.
Lepidium ruderale L.
— campestre.
— draba L.
— heterophillum Guep.
— graminifolium.
— Jatifolium L.
Iberis amara L.
Teesdalia iberis D.
Thlaspi arvense L.
— perfoliatum.
— variété Revellieru.
Erophilla henocarpa Jord.
— hirtella Jord.
— majusculla Jord.
Alissum calicmum L.
RÉSÉDACÉES.
Resedaa lutea L.
— luteola L.
Astrocarpus purpurascens Walp.
Camelina dentata.
Cochlearia armoracia.
Draba muralis L. :
CISTINÉES.
Helianthemum guttatum Mill.
— umbellatum Mill.
— procumbens Dun.
— salicifolium Pers.
— vulgare Gœrt.
— apeninum Pers.
— _ pulverulentum.
VIOLARIÉES.
Viola hirta L.
— odorata L.
— vinealis Bor.
— virescens Jord.
— riviniana Reick.
— Reichenbachiana Jord.
— canina L.
— variété lucorum.
— subtilis Jord.
— agrestis Jord.
— _ gracilescens Jord.
-- peregrina Jord.
— segetalis Jord.
— contempa Jord.
DROSERACÉES.
Drosera rotundifolia L.
— intermedia.
Parnassia palustris.
POLYGALÉES.
Polygala vulgaris L.
— depressa Weud.
— austriaca Crantz.
— Lejeunii Bor.
— calcarea Schultz.
CARYOPHYLLÉES.
Gypsophila muralis L.
Dianthus prolifer L.
— armeria L.
— carthusianorum L.
Saponaria vaccaria L.
— officinalis L..
NET LE
Cucubalus bacciferus L.
Silene inflata L.
— otites Sm.
— armeria L.
— nufans L,.
— gallica L.
— conica L.
Lycenis flos cuculi L.
— diurna Sibth.
— gitago Lam.
— vespertina Sibth.
Sagina procumbens L.
— apetala L.
— patula Jord.
Spergula subulata Sw.
— arvensis L.
— pentendra L.
— Morisoni Bor.
Holosteum umbellatum L.
Stellaria media Vill.
— viscida M. B.
— holostea L.
— -glauca With.
— graminea L.
Spergularia segetalis Feuzl.
— rubra Pers.
Alsine tenuifolia L.
— Laxa Jord.
— Viscosa Schreb.
— setacea,
Arenaria serpillifolia L.
— montana L.
— trinervia L.
Moœnchia erecta.
Cerastium triviale Link.
— _ glomeratum Thuil.
— brachypetalum Desp.
— semidecandrum L.
— obscurum Chaub.
— _litigiosum de Lens.
— arvense L.
— aquaticum L.
ELATINÉES.
Elatine alsinastrum L.
— hexandra Dec.
LINACÉES.
Linum gallicum L.
— strictum L.
— usitatissimum L.
— angustifolium Huds.
— tenuifolium L.
— catharticum.
Radiola linoides Cm.
MALVACÉES.
Malva rotundifolia L.
— nicœensis All.
— silvestris L.
— alcæa L.
— moschata L.
Althæa officinalis E.
— cannabina.
— hirsuta L.
TILIACÉES.
Müilfa parvifolia Ehr.
— grandifolia Ehr.
HYPERICINÉES.
Hypericum tetrapterum Fries,
— quadrangulum L.
— perforatum L.
— humifusum.
— pulchrum L.
— montanum L.
— hirsutum L.
Elodes palustris Spach.
ACÉRINÉES.
Acer campestre L,
GÉRANIACÉES.
&Geranium sanguineum L.
— columbinum L.
— dissectum L.
— molle L.
— pusillum L.
— rotundifolium.
— lJucidum L.
— Robertianum L.
— minutiflorum Jord.
13 —
Erodium prœtermissum Jord:
— triviale Jord.
— Borœanum Jord.
— hirsutum Jord.
OXALIDÉES.
Oxalis stricta L.
— corniculata L.
BALSAMINÉES.
Impatiens noli tangere L.
RUTACÉES.
Ruta graveolens L.
CÉLASTRINÉES.
Evonimus europœus L.
RHAMNÉES.
Rhamnus frangula.
— catharticus.
LÉGUMINEUSES.
Ulex europœus L.
— nanus Sm.
Sarothamnus scoparius Kock.
Genista anglica L.
— tinctoria L.
— sagittalis L.
— pilosa L.
Ononis repens L.
— column All.
— naitrix L.
Anthyllis vulneraria L.
— Dilenii Schultz.
Medicago sativa L.
— media Pers.
— falcata L.
— lupulina L.
— ambigua Jord.
— apiculata W.
— maculata W.
— minima Lam.
— cinerascens Jord.
Trigonella ornithopodioïdes D. C.
Melilotus arvensis Walr.
— altissima Thuil.
Trifolium angustifolium L.
— rubens L.
— incarnatum L.
— Molinerü Balb.
— arvense L.
— : agrestinum Jord.
— arenivagum Jord.
— gracile Thuil.
— rubellum Jord.
— striatum L.
— scabrum L.
— maritimum Huds.
— ochroleucum L.
— medium L.
— _ pratense L.
— fragiferum L.
— resupinatum L.
— subterraneum.
— _ glomeratum L.
— strictum W. K:
— repens L.
— Michelianum Savi.
— procumbens L.
— filiforme L.
— patens Schreb.
— campestre Schreb.
Lotus corniculatus L.
— uliginosus Sck.
— angustissimus L..
— diffusus Sol.
— hispidus Desf.
Tetragonolobus siliquosus Roth.
Astragalus glycyphyllos L.
Coronilla vara L.
— minima L.
Ornithopus ebracteatus Brot.
— compressus L.
— _ perpusillus L.
— scorpioïdes.…
Hippocrepis comosa L.
Onobrichis savita Lam.
Ervum hirsutum-L.°
— _ervilia L.
Vicia tetrasperma Mœuch.
— gracilis Lois.
— çcassubica L.
— cracca L.
— tenuifolia Brolh.
— yaria Hoss.
— sativa L.
— Bobartn Forst.
— lathyroïdes L.
— segetalis Thuill.
— Jutea L.
— sæœpium L.
— serratifolia Jacq.
Lathnyrus aphaca L.
— nissolia L.
— sphæricus Retz.
— angulatus E.
— sativus L.
— cicera L.
— hirsutus L.
— tuberosus L.
— pratensis L.
— silvestris L.
— Jatifolius L.
Orobus tuberosus L.
— albus L.
— niger L.
Lupinus reticulatus Desv.
ROSACÉES.
Prunus spinosa L.
— fruticans Vech.
— insititia L.
— pruna Crantz.
— cerasus L.
Spirea ulmaria L.
— filipendula L.
Geum urbanum L.
Rubus cœsius.
— fruticosus.
Fragaria vesca L.
— collina Ehr.
Potentilla fragariastrum Ebr.
— Vaillenti Nestl.
— verna L.
— reptans L.
— tormentilla.
— tenuiloba Jord.
— argentea Jord.
— anserina L.
— supina L.
Agrimonia eupatoria L.
Sanguisorba serotina Jord.
Poterium platylophum Jord.
— dictyocarpum Jord.
Rosa arvensis L.
— systyla Bast.
— stylosa Desv.
— canina L.
— dumalis Bechst.
— dumetorum Thuill.
— andegavensis Bast.
— urbica Lem.
— sœpium Thuill.
— agrestis Savi.
— rubiginosa L.
— umbellata Leers.
— tomentosa Sm.
— subglobosa Sm.
Crategus oxyacanthoides Thuill.
— monogyna Jacq.
Mespilus germanica L.
Cydonia vulgaris Pers.
Pyrus pinaster PI.
Malus communis Poir.
— acerba Mer.
Sorbus torminalis Crantz.
ONAGRAIRES.
Epilodium hirsutum.
— parviflorum Schreb.
— montanum L.
— Janceolatum Seb. et M.
— obscurum Schreb.
— tetragonum L.
Œnothera biennis L.
Isnardia palustris L.
CircϾa lutetiana.
Trapa natans.
HOLORAGÉES.
Myriophyllum spicatum L.
— verticillatum L.
A
! Mippuris vulgaris L.
Callitriche stagnalis.
— _ vernalis Kretz.
CERATOPHYLLÉES.
Ceratophillum demersum L.
LYTHRARIÉES.
Lythrum salicaria L.
— hyssopifolia L.
Peplis portula L.
CUCURBITACÉES.
Briona dioïca Jacq.
Echhballum elaterium Rich.
PORTULACÉES.
Portulaca oleracea L.
Montia minor Gmel.
— rivularis
PARONYCHIÉES.
Scleranthus annuus L.
— perennis L.
Polycarpon tetraphyllum L.
Hlecebrum verticillatum L.
KHerniaria glabra L.
— hirsuta [.
Corrigiola littoralis L.
CRASSULACÉES.
Tillea muscosa L.
Bulliarda Vaillanti.
Sedum telephium L.
— cepæa L,
— album L.
— micranthum Bast.
— rubens L.
— pentandrum Bor.
— dasyphillum L.
— acre L.
— sexangulare L.
— anopetalum L.
— elegans Le).
— reflexum L.
Sempervivum tectorum L.
Umbilicus pendulinus D. C.
GROSSULARIÉES.
Ribes uva crispa L.
— rubrum L.
SAXIFRAGÉES.
Saxifraga tridactylites L.
— granulata L.
OMBELLIFÈRES.
Hydrocotile vulgaris L.
‘Sanicula europæa L.
Eringium campestre L.
Apium graveolens L.
Petroselinum sativum
— segetum Koch.
Falcaria rivini Host.
Sison amomom.
Ammi majus L.
Œgopodium podagraria L.
Carum erticillatum Koch.
Conopodium denudatum Koch.
Pimpinella magna Mant.
— saxifraga L.
— variété dissecta.
Sium latifolium L.
— angustifolium L.
— nodiflorum L.
— variété ochreatum D. C.
— repens Bast.
Buplevrum tenuissimum L.
— aristatum Bartl.
— falcatum L.
— rotundifolium L.
— protractum L.
Œnanthe phellandrium Lam.
— fistulosa L.
— peucedanifolia Poll.
— Lachenalii Gmel.
— pimpinelloïdes L.
— crocata L.
Æthusa cynapium L.
Feniculum officinale AN.
Seseli glaucum.
= 96 =
| Silaus pratensis Bast.
Angelica silvestris L.
Peucedanum gallicum Lat.
— carvifolium Vill.
— cervaria Lapeyr.
— oreoselmum Mœuch.
Pastinaca opaca Beruh.
Heracleum sphondilium.
Tordilium maximum L.
Laserpitium latifolium Bast.
Daucus carotta L.
Orlaya grandiflora Hoff.
Caucalis daucoïdes L.
Turgenia laüfolia Hoffm.
Torilis anthriscus Gmel.
— helvetica Gmel.
— heterophylla Guss.
— nodosa Gœrt.
Scandix pecten veneris.
Anthrisceus vulgaris Pers.
— silvestris Hoffm.
Cheropnylium temulum L.
Conium maculatum L.
Smyrnium olusatrum L.
Bifora testiculata Spr.
ARALIACÉES.
Hedera helix L.
Cornus sanguinea L.
LORANTHACÉES.
Viscum album L.
CAPRIFOLIACÉES.
Adoxa moschatellina L,
Sambucus ebulus L.
Viburnum lantana L.
— opulus L.
Loricera peryclimenum L.
— xylosteum L.
RUBIACÉES.
Rubia peregrina L.
Galium cruciata.
— verum L.
— silvestre Poll.
Ed AS 5
— elatum Thuill.
— dumetorum Jord.
— album Lam.
— elongatum Presl.
— palustre L.
— rupicola FI.
— constrictum Chaub.
— uliginosum L.
— anglicum Huds.
— ruricolum Jord.
— aparine L.
— tricorne Wilh.
Asperula cynanchica.
— arvensis L.
Scherardia arvensis L.
Crucianella angustifolia L.
VALERIANÉES.
Valeriana officimalis L.
— dioïca L.
— olitoria Mœuch.
— çarimata Lois.
— auricula D. C.
— eriocarpa Desv.
— hamata Bast.
GLOBULARIÉES.
Globularia vulgaris L.
DIPSACÉE.
Dipsacus silvestris Mill.
— pilosus L.
Scabiosa arvensis Bast.
— columbaria Bast.
— succisa L.
COMPOSÉES.
Eupatorium cannabinum L.
Petasites riparia Jord.
Tussilago farfara L.
Erigeron canadense L.
— acris L.
Bellis perennis L.
Solidago virga aurea L.
Micropus erectus L.
a
Inula helenium L.
— britannica L.
— salicina L.
— graveolens Desf.
— pulicaria L.
— dissenterica L.
Bidens tripartita L.
— cernua L.
Anthemis nobilis L.
— cotula L.
©— mixta L.
Achillea millefolium L.
— ptarmica.
Leucanthemum vulgare L.
Matricaria camomilla L.
— inodora L.
Pyrethrum parthenium Sm.
Chrysanthemum segetum L.
Arthemisia campestris L.
— vulgaris L.
Tanacetum vulgare L.
Gnaphalium sylvaticum L.
— uliginosum L.
— luteo-album L.
Filago arvensis L.
— germanica Bast.
— gallica L.
— montana L.
Doronicum plantagineum L.
Senecio vulgaris L.
— viscosus L.
— silvaticus L.
— erucefolius L.
— jacobæa L.
— aquaticus Huds.
Calendula arvensis L.
Xeranthemum cilyndraceum Sm.
Carlina vulgaris L.
Centaurea jacea L.
— serotina Bor.
— nigra L.
— scabiosa L.
— solsticialis L.
— calcitrapa L.
Kentrophyllum lanatum Duby.
Silybum marianum Gœrt.
= —
Onopoerdon acanthium L.
Carduus tenuiflorus Sm.
— nutans L.
Circium palustre Scop.
— lanceolatum Scop.
— _eriophorum Scop.
— acaule AI.
— bulbosum D. C.
— anglicum D. C.
— arvense Lam.
— oleraceum Sco.
Lappa minor D. C.
— major D. C.
Serratula tinctoria L.
Lapsana communis L.
— minima All.
Cichorium intybus L.
Hypochæris glabra L.
— radicata L.
— maculata L.
Thrincia hirta Roth.
Leontodon autumnalis L.
— hispidus L.
Podospermum laciniatum D. C.
Tragopogon pratensis L.
— orientalis.
— major Jacq.
Scorzonera plantaginea Schel.
— hispanica L.
Picris hieracioïdes L.
Helminthia echioïdes Gœrt.
Lactuca perennis L.
— virosa L.
— saligna L.
— muralis Fres.
Chondrilla juncea L.
Taraxacum offcinale Wigg.
— affine Jord.
— erythrospermum And.
— palustre D. C.
Crepis fœtida.
— taraxacifolia Thuill.
— setosa Hall. .
— pinnatifida W.
— virens D. C.
— pulchra L.
Sonchus oleraceus L.
— asper Vill.
— arvensis L.
— _palustris L.
— maritimus L.
Hieracium dumosum Jord.
— umbellatum.
— vendeanum Jord.
— pseudosciadium Jord.
— Borœanum Jord.
— acuminatum Jord.
— amphibolum Jord.
— festinum Jord.
— chlorophyllum Jord.
— aspernatum Jord.
— latebrosum Jord.
— paucifoliatum Jord.
— approximatum Jord.
— _similatum Jord.
— argellaceum Jord.
— tinctum Jord,
— bounophilum Jord.
— rarinœvum Jord.
— ovalifobium Jord.
— auricula L.
— pilosella L.
Andryala integrifolia L.
AMBROSIACÉES.
Xanthium strumarium L.
— macrocarpum D. C.
LOBÉLIACÉES.
Lobellia urens L.
CAMPANULACÉES.
Jasione montana L.
Phyteuma orbiculare L.
Campanula glomerata L.
— trachelium L.
— persicifolia L.
— rapunculus.
Specularia speculum D. C.
— hybrida D. C.
ERICACÉES.
Calluna vulgaris Salisb.
Erica cinerea L.
— tetralix L.
— ciliaris L.
— vagans L.
— scoparia L.
MONOTROPACÉES.
Hypopythis glabra D. C.
LENTIBULARIÉES.
Utricularia vulgaris L.
—— minor L.
Pinguicula vulgaris L.
— lusitanica L.
PRIMULACÉES.
Hottonia palustris.
Primula officinalis.
— variabilis Goup.
— grandiflora L.
— collina.
Androsace maxima L.
Lysimachia vuloaris L.
— nummularia L.
Anagallis arvensis L.
— cœrulea Schreb.
— tenella L.
Centunculus minimus L.
Samolus valerandi L.
ILICINÉES.
IHlex aquifolium L.
OLÉACÉES.
Fraxinus excelsior L.
Ligustrum vulgare.
APOCINÉES,
Vinca minor L.
— majors.
= 79) —
ASCLEPIADÉES.
| Vincetoxicum officinale Mœnch.
— laxum Bastl.
Asclepias cornuti D. C.
GENTIANÉES.
Erythræœa centaurium Pers.
— pulchella Fries.
Cicendia pusilla Gres.
Microcala filiformis Link.
CHlora perfoliata L.
— imperfoliata.
| Gentiana pneumonanthe L.
Menyanthes trifoliata L.
Villarsia nimphoides Bast.
CONVOLVULACÉES.
Convolvulus sæpium L.
— - arvensis L.
Cuscuta major D. C.
— minor D. C.
BORRAGINÉES.
Heliotropium europœum L.
Echium vulgare L.
Borrago officmalis.
Symphytum officinale L.
Anchusa italica Retz.
Lycopsis arvensis L.
Lythospermum arvense L.
— officinale L.
— purpureo-cœruleum L.
Pulmonaria longifolia Bast.
— tuberosa Schr.
Myosotis palustris W.
— strigulosa Reick.
— sylvatica Hoff.
— intermedia Lenk.
— _hispida Scleuh.
— versicolor Pers.
Echinospermum lappula Lehm.
Cynoglossum officinale L:
— pictum Act.
SOLANÉES.
Lycium vulgare L.
— chinense.
Solanum nigrum L.
— dulcamara L.
Physalis alkekangi L.
Atropa belladona L.
Datura stramonium L.
— tatulaL.
Hyoscyamus niger L.
VERBASCÉES.
Verbaseum thapsus L.
PRES thapsiforme Schrad.
— pulvinatum Thuill.
— lychnitis L.
— album Mill.
— nigrum L.
— blattaria.
SCROPHULARIÉES.
Linaria cymbalaria Mill.
— spuria Mill.
— elatine Mill.
— minor Desf.
— Pelisseriana D. C.
— simplex D. C.
— supina Desf.
— striata D. C.
— variété ochroleuca Breb.
— vulgaris Mill.
Antirrhinum orontium S.
— majus L.
Scrophularia nodosa L.
— Balbisi Horn.
— çanina L.
Gratiola officinalis L.
Lindernia pixydaria Al.
Limosella aquatica L.
Digitalis purpurea L.
Veronica hederefolia L.
— agrestis L.
— polita Fries.
— arvensis L.
— Verna.
—o0—
— triphyllos L.
— precox All.
— acinifolia L.
— serpyllifolia L.
— spicata L.
— teucrium L.
— Bastardi Bor.
— officinalis.
— chamædrys L.
— montana.
— scutellata L.
— variété parmularia.
— anagallis L.
— beccabunga.
Eufragia viscosa Reick.
Odontites serotina Reick.
— Verna Reick.
— Jaubertiana Bor.
Euphrasia offcinalis L.
‘— rigidula Jord.
— ericetorum Jord.
Rhinanthus major Ehr.
Pedicularis silvatica L.
— palustris L.
Melampyrum arvense L.
— variété flore albo.
— cristatum L.
— pratense L.
OROBANCHÉES.
Orobanche rapum Thuill.
— cruenta Bert.
— Galii Duby.
— picridis Schultz.
— hederæ Vauch.
— amethystea Thuill.
— Campestre.
— arenaria Bork.
— unicolor Bor.
Lathræœa squamaria L.
VERBENAÆCÉES.
Verbena officinalis L.
‘LABIÉES.
Mentha silvestris L.
— aquatica L.
— sativa L.
— arvensis L.
— pullegium L.
— rotundifolha L.
Lycopus europœus.
Origanum vulgare L.
Thymus serpillum L.
— chamædrys Frus.
Calamintha acinos Gaud.
— nepeta Clair.
— officinalis Beulh.
Clinopodium vulgare L.
Melissa officinalis L.
Salvia sclarea L.
— pratensis L.
— verbenacea L.
Nepeta cataria L.
Glechoma hederacewn L.
Melittis melissophyllum Bast
Lamium amplexicaule L.
— incisum Wild.
— purpureum L.
— maculatum L.
— albumL.
Galeobdolon luteum Huds.
Galeopsis ladanum.
— tetrahit.
— dubia Leers.
Stachis germanica L.
— sylvatica L.
— palustris L.
— arvensis L.
— annua L.
— recta L.
Betonica officinalis L.
Marrubium vulgare L.
Ballota fœtida Lam.
Leonurus cardiaca L.
— marrubiastrum L.
Scutellaria galericulata L.
— hastifolia L.
— minor L.
Brunella vulgaris.
— alba Pall.
— grandiflora.
Ajuga reptans L.
EN
— _genevensis L.
— camœæpytis L.
Teucrium scorodonia L.
— botrys L.
— scordium L.
— chamædris L.
— montanum L:
PLUMBAGINÉES.
Armeria plantaginea Guep.
PLANTAGINÉES.
Plantago major L.
— media L.
— lanceolata L.
— carinafa Schrad.
— coronopus L.
— arenaria W. K.
Littorella lacustris L.
AMARANTHACÉES.
Amaranthus sylvestris Desf.
— deflexus L,
— prostratus Bass.
— retroflexus L.
Polychnemum arvense Bass.
SALSOLACÉES.
Beta vuloaris L. à
Chenopodium polyspermum L.
— vulvaria L.
—- opulifolium Schrad.
— album L.
— viride L.
— murale L.
— hybridum L.
— glaucum L.
— bonus henrieus L.
Bliéum rubrum Reich.
Atriplex hastata L.
POLYGONÉES.
Rhumex pulcher L.
— crispus L.
— hydrolapatum Huds.
— acetosa L.
— acetosella L.
— conglomeratus Marr.
Polygonum amphibium L.
— Japathifolium L.
— mite Schr.
— persicaria.
— aviculare L.
— convolvulus L.
— dumetorum L.
— fagopyrum L.
THYMELÉES.
Passerina annua Wiest.
Daphne laureola L.
SANTALACÉES.
Thesium humifusum D. C.
ARISTOLOCHIÉES.
Aristolochia clematitis L.*
EUPHORBIACÉES.
Buxus sempervirens L.
Euphorbia helioscopia L.
— platiphyllos L.
— stricta L.
— dulcis L.
— verrucosa L
— pilosa L.
— ‘gerardiana Jacq.
— esula L.
— cyparissias L.
— exigua L.
— falcata L.
— peplus L.
— Jlathyris L.
— amigdaloïdes L.
Mercurialis annua L.
— perennis L.
URTICÉES.
Urtica urens L.
— dioïca L.
— pilulifera L.
Parietaria diffusa Mert et K.
—. offcinalis L.
Humulus lupulinus L.
Le so
Ulmus campestris L.
— suberosa Ehr.
— effusa Wild.
BETULINÉES.
Alnus glutinosa Gærlh.
Betula verrucosa Ehr.
— pubescens Ehr.
SALICINÉES.
Salix alba L.
— undulata Erh.
— purpurea L.
— viminalis L.
— cinerea L.
— repens L.
— aurita L.
— caprœa L.
Pupulus 2lba L.
— tremula L.
— nigra L.
— canescens Smith.
QUERCINÉES.
Fagus silvatica L.
Castanea vulgaris Lam.
| Quercus pedunculata Ehr.
— sessiliflora Sm.
— pubescens Wild.
— toza Bosc.
— cerris L.
— ilex L.
Corylus avellana L.
Carpinus betulus L.
CONIFÈRES.
Juniperus communis L.
Pinus maritima Lam.
ALISMACÉES.
Alisma plantago L.
— natans L.
— ranunculoïdes L.
— damasonium L.
Sagittaria sagittϾfolia L.
Butomus umbellatus L.
Triglochin palustre L.
= 383 —
POTAMÉES. Convallaria maïalis L.
Ruscus aculeatus L.
Potamogeton natans L.
— fluitans Rolh. LIDIACEES:
— polygonifolius Pourr. Fritillaria Meleagris L.
— lucens L. Asphodelus sphærocarpus Gr. et G.
— perfoliatus L. Simethis bicolor Kunth.
— crispus L. Muscari racemosum D. C.
— densus L. — botryoïdes D. C.
— heterophyllus Schreb. — comosum Mill.
— acutifolius Link. Agraphis nutans Guep.
— pusillus L. Scilla autumnalis L.
— pectinatus L. — bifolia L.
Zanichellia repens Boun. Gagea stenopetala Reich.
Naïas major. — arvensis Schultz.
— minor. , Ornithogalum umbellatum L.
Sgen — angustifolium Bor.
— divergens Bor.
Juncus conglomeratus L. — sulfureum R. et S
— effusus L. — nutans.
— glaucus Ehr. Allium sphœrocephalum L.
— squarrosus L. — vineale L.
— capitatus Wug. — complanatum Bor.
— pygmœus Thuill. — paniculatum.
— uliginosus Mey. — ursinum L.
— bufonius L.
Lg RE AMARYLLIDÉES.
— compressus Jacq.
— acutiflorus Ehr.
— lampocarpus.
— obtusiflorus Ehr.
Luzula forsteri D. C.
— pilosa W.
4
Galanthus nivalis L.
IRIDÉES.
Kris germanica L.
— pseudo-acorus L.
— fœtidissima L.
— maxima D. C. Gladiolus ilricus Koch.
— campestris D. C.
— multiflora Le]. DIOSCORÉES.
COLCHICACÉES : Tamus communis L.
Colchicum autumnale L. HYDROCHARIDEES.
? rsus-ranæ L.
ASPARAGÉES! Hydrocharis morsus-ran
ne ORCHIDÉES.
Asparagus officinalis L. è
Paris quadrifolia L.
Polygonatum vulgare Desf.
— intermedium.
— multiflorum All.
Orchis hircina Lindl.
— pyramidalis Reich.
— morio L.
— coriophora L.
(or —
— ustulata L. — Michelianus L.
— simia Lam. Eriophorum latifolium Hopp.
— fusca. — angustifolium Roth.
— hybrida Bonn. Carex.pulicaris L.
— mascula L. — disticha Huds.
— laxiflora Lam. — divisa Huds.
— sambucina L. — vulpina L.
— Jatifolia L. — muricata L.
— incarnata L. — divulsa Good.
— angustifolia Guep. — paniculata L.
— maculata L. — Schræberi With.
— conopsea L. — ligerina Bor.
— viridis AI. — leporina.
— bifolia L. — stellulata Good.
— chlorantha Guep. — remota L.
Ophrys myodes Jacq. — stricta Good.
— aranifera Sm. — vulgaris Fries.
— pseudospeculum D. C. — acuta L.
— apifera Sm. — tomentosa L.
Limodorum abortivum Sw. — pilulifera L.
Epipactis ensifolia Rich. — præcox Jacq.
— Jatifolia All. — Halleriana Asso.
— palustris Crantz. — humilis Leyss.
Neottia ovata Rich. — glauca Scop.
Spiranthes œstivalis Rich. rar
— autumnalis Rich. — variété forma glabrata.
is — _hirtæformis Pers.
CYPÉRACÉES. 2 ‘a
Cyperus flavescens L. — æœderi.
— fuscus L. — fulva Good.
— Jlongus L. — Hornschuchiana Hop.
Cladium mariscus Br. — distans L.
Schæœænus nigricans L. — binervis Smith.
Rhincospora alba Wahl. — lœvigata.
— fusca Rœm. — depauperata Good.
Eleocharis palustris R. B. — panicea L.
— variété reptans. — palescens L.
— multicauhis Desv. 2 sylvatica Huds.
— acicularis R. B. — pseudo-cyperus L.
re cæspitosus L. — ampulacea ?
pauciflorus Lightf. — vesicaria L.
— fluitans L. — paludosa.
— setaceus L. — riparia Curi.
— Jacustris L.
— Tabernemontanus Gmel.
— . maritimus L. Andropogon ischemum L.
— silvaticus L. Cynodon dactylon Pers.
GRAMINÉES.
Digitaria sanguinalis Scop.
Tragus racemosus Desf.
Leersia oryzoïdes Sw.
Calamagrostis epigeios Roth.
Agrostis alba L.
— vulgaris With.
— canina L.
— setacea Curt.
— spicaventi L,
“— interrupta L.
Gastridium lendigerum Gaud.
Milium effusum L.
Setaria verticillata L.
— viridis P. B.
Panicumn crus galli.
Phalaris arundinacea L.
Phleum Bœhmeri Wib.
— pratense L.
— nodosum L.
Alopecurus pratensis L.
— bulbosus L.
— agrestis L.
— geniculatus L.
— fulvus Smith.
Crypsis alopecuroïdes Schrad.
— schœnoïdes Lam.
Anthoxanthuem odoratum L.
— Pueli Lec. et Lam.
— villosum Dumort.
Melica uniflora Retz.
— nebrodensis Parl.
Aïropsis agrostidea D. C.
Aira canescens L.
— cœspitosa L.
— flexuosa L.
— Legei Bor.
— caryophyllea L.
— aggregata Tim.
— multiculmis Dum.
— præcox L.
Holcus lanatus L.
— mollis L.
Arenatherum elatius P.B.
— bulbosum Presl.
Avena flavescens L.
_ — pubescens L.
— suleata Gay.
— pratentis L,.
— Sativa.
— fatua L.
Danthonia decumbens.
Bromus secalinus L.
— commutatus Sch.
— racemosus L.
— mollis.
— arvensis L.
— asper L.
— erectus Huds.
— sterilis L.
— tectorum L.-
— maximus Desf.
— madritensis L.
— Gussonn Parl.
Brachypodium sylraticum P. de B.
— pinnatum P.B.
Festuca poa Kunth.
— _tenuiflora Schr.
— scuroïdes Roth.
— pseudo-myuros Soy. Will.
— cihata D. C.
— ovina L.
— duriuscula L.
— variété cinerea.
— rubra L.
— rigida Kunth.
— heterophylla Lam.
— pratensis Huds.
— arundinacea Schreber.
— uniglumis Ait.
Molinia cœrulea Mœuch.
Phragmites communis Trin.
Dactylis glomerata L.
Koæleria gracilis Pers.
Glyceria spectabilis Mert. et K.
— fluitans R. B.
— plicata Fries.
— _airoïdes Reick.
Poa compressa.
— anceps Bor.
— pratensis L.
— angustifolia L.
— trivialis L.
— nemoralis L.
— bulbosa L.
— annua L.
— pilosa L.
— megastachys Kæl.
Briza media L.
— variété pallens.
— minor L.
Cynosurus cristatus L.
Echinaria capitata Desf.
Chamagrostis minima Bork.
Nardus stricta L.
Gaudinia fragilis L.
Agropyrum pungens R. ets.
— campestre G. et G.
— repens P.B.
— canmum R. ets.
— pycnanthum.
Œgilops ovala.
Triticum sativum Lam.
Hordeum murinum L.
— secalinum Sereb.
Secale cereale L.
Lolium perenne L.
— rigidum Gaud.
— multflorum Lam.
— temulentum L.
TYPHACÉES.
Typha latifolia L.
— angustifolia L.
Sparganium ramosum Huds.
— simplex Huds.
— natans Smith.
LEMNACÉES.
Lemna trisulca L.
— polyrhiza L.
— minor L.
— arrhiza L.
AROÏDES.
Arum italicum L.
FOUGÈRES.
Ophioglossum vulgatum L.
Osmunda regalis L.
Ceterach officinarum D. C.
Polypodium vulgare L.
Aspidium aculeatum Sw.
Polystichum thelypteris Sw.
— filix mas L.
Asplenium adiantum nigrum L.
— lanceolatum Sm.
— rutamuraria L.
— trichomanes L.
Blecnum spicant Sm.
Scolopendrum officinale Sm.
Pteris aquilina L.
EQUISETACÉES.
Equisetum arvense L.
— telmateia Ehr.
— palustre L.
— variété polystachyon.
— limosum L.
— ramosum Scleich.
MARSILIACÉES.
Marsilea quadrifolia L.
Pilularia globulifera L.
LYCOPODIACÉES.
Lycopodium mundatum L.
CHARACÉES.
Nitella translucens Ag.
— intricata Al.
Chara fœtida Br.
— longibracteata Walm,
— hispida Smilh.
— fragilis Desv.
MOUSSES.
ORDO 1. — Musci cleistocarpi.
TRIB. I.— Phascaceæ.
FAM. I. — Phasceæ.
GENRE I. — SPHŒRANGIUM Br. et Sch.
Sphæœrangium muticum Br. et Sch.
Terrefort près Saumur, chemins
humides. Fructifié.
GENRE II. — PHascux L. ex parte.
Phascum cuspidatum Screber.
Courléon, Vivy près Saumur, che-
mins argileux. Fructifié.
TRIB. II. — Bruchiaceæ.
FAM.1.—Pleuridiec.
GENRE I. — PLEURIDIUM Brid.
Pleuridium subulatum Schimp.
Pelouses sablonneuses , Saint-Cyr,
Vivy, Courléon. Fructifié.
TRIB. III. — Archidiaceæ.
FAM. I.—Archidiec.
GENRE I. — ARCHIDIUM Brid.
Archidium alternifolium Schimp.
Terrefort , bruyères humides, étang
de Vauzelles à Brain-sur-Allonnes.
Stérile.
Courléon , talus du bois de la Chàä-
taigneraie, Fructifié.
—
ORDO 1L.—Sect. L.—Musci stegocarpi.
TRIB. I. — Weisiaceæ.
FAM. I. — Weissiee.
GENRE I. — GymNosromu» Br. et Sch.
Gymnostomum microstomum H.
Saint-Cyr, dans la forêt, sur la terre.
Fructifié.
Pi
squarrosum Br. et Sch.
Bords des chemins à Vauzelles, com-
mune de Brain-sur-Allonnes. Fructi-
fié.
tortile Schwæsg.
Plateau de Champigny. Frucfifie.
tenue Schrad.
St-Cyr, sur les pierres et les bancs
de tuffeau. Fructifié.
calcareum Hees. et Hornsch.
Parais calcaires humides d'un che-
min creux, entre Saint - Vincent et
Champigny. Stérile.
GENRE II, — WeisiA Hedw.
Weisia viridula Brid.
C..C. sur les talus au pied des ar-
bres;, Vivy, Courléon, Saumur, etc.
Fructifié.
Weisia cirrhata Hedw.
Vauzelles , commune de Brain-sur-
Allonnes, sur les pierres et sur les
vieux ormeaux. Fructifié.
FAM. II. — Dicranee.
GENRE I. — CyNoDONTIUM Br. et Sch.
Cynodontium bruntoni Br.et Sch.
Rochers humides de granit, à Ligron
près Thouars. Fructifié.
GENRE Il. — DiCRANELLA Schimp.
Dicranella varia Schimp.
Sur la terre humide argilleuse, Vivy,
Courléon. Fructifié.
— heteromalla Schimp.
Sur les rochers de grès du bois de
Pocé près Saumur, dans les fissures
humides. Fructifié.
GENRE III. — DicrAnu“ Hedw.
Dicranum spurium Hedw.
Courléon , landes humides. Stérile.
scoparium Hedw.
G. C. sur les talus des bois, Vivy,
Courléon , environs de Saumur. Fruc-
tifié.
— palustre La Pylaie.
Marais de Continvoir près de Cour-
léon. Stérile.
EUR
— undulatum Br. et Sch:
Courléon , dans les bois du bourg.
Stérile.
GENRE IV. — CamPyLoPus Brid,
Campylopus flexuosus Brid.
Sur les pierres, dans les landes, à
Courléon , à Vauzelles, au pied des
sapins, sur les rochers près la Cas-
cade à S'-Radegonde près Thouars.
Stérile.
—: fragilis Br. et Schimp.
Courléon , sur la terre dans les sa-
pinières de Mortrage, sur la terre
dans les landes de Vauzelles, com-
mune de Brain-sur-Allonnes. Sférile.
— brevipilus Br. et Sch.
Courléon, sur la terre dans le bois
de la Chesnaye, sur la terre dans les
landes de Vauzelles à Brain-sur-Allon-
nes. Stérile,
— brevifolius Schimp.
Sur la terre humide, dans les lan-
des , à Courléon.
— polytrichoïdes de Not.
Sur les grès , au bois de Pocé. Sté-
rile.
TRIB. II. — Leucobryaceæ.
FAM. 1.—Leucobryeæ.
GENRE I. — LeucoBryuM Hampe.
Leucobryum glaucum Br. et Sch.
Landes humides à Courléon et dans
la forêt de Fontevrault. Stérile.
TRIB. III. —Fissidentaceæ.
FAM. I. — Fissidenteæ.
GENRE I. — FissiDens Hedw.
Fissidens incurvus Schwag.
Courléon : entrée de la cave de la
Guimonière, au pied des murs, sur
lespierres ; talus sablonneux à Rabaté ;
chemin du Vau-Langlais près Saumur ,
à Chenehutte-les-Tuffeaux. Fructifié.
— rupestris.
Plateau de Champigny - le-Sec.
Fructifié.
— adiantoïdes Hedw.
Fossés ombragés et humides. Fr'uc-
lifié.
C: aux environs de Saumur.
TRIB. IV. — Pottiaceæ.
FAM. I.-- Pottieæ.
GENRE I. — Porria Ehr.
Pottia cavifolia Br. et Schimp.
Champigny , sur la terre des murs.
Fructifié.
— truncata Br. et Schimp.
Bois-Brard près Saumur , talus sa-
blonneux. Fructifié.
Levée de Saumur près l'île du Saule,
GENRE II.
Anacalypta lanceolata Br. et Sch.
Vivy, talus sablonneux, Petit-Puy
près Saumur, sur la terre des murs.
Fructifié.
*ANACALYPTA. Rechling.
— variété leucostoma.
Sainte- Radégonde® près Thouars,
pelouses près des, rochers de la Cas-
cade, talus schisteux de la route de
Ligron. Fructifié.
GENRE III. — Dipymopon Hedw.
Didymodon rubellus Br. et Sch.
Bois-Doré près Saumur: Fructifié.
—. luridus Hornsch. :
Sur les murs du bourg de Courléon.
Stérile.
GENRE IV.— EucLapiuM Br. et Sch.
Encladium verticillatum B. et Sch.
Courléon, murs des caves de la
Grange ; Continvoir , chaussée de l'é-
tang:du Gué; fontaine de Ligron près
Thouars. Stérile.
FAM. II.— Ceratodonteæ.
GENRE I. — CERATODON Brid.
Ceratodon purpureus Brid.
C. C. C. partout sur la terre, ‘sur
les murs, Saumur, Courléon, elc.
Fructifié.
— (89 —
FAM. III. — Trichostomee.
GENRE J. — LEPTOrRICHUM Hampe.
Leptotrichum flexicaule Hampe.
Plateau de Champigny sur la terre.
Stérile.
GENRE. IL. — TricHosromum Hedw.
Trichostomum tophaceum Brid.
variété brevicaule.
Parois schisteux et humides d'un
chemin creux de Pompois au Thouet ,
commune de Sainte - Verge, près
Thouars. Fructifié.
erispulum Bruch.
Plateau de Fourneux près Saumur.
Stérile.
GENRE INT. — BARBULA Hedw.
Barbula ambigua Br. et Sch.
Vivy, sur la terre argileuse. Fruc-
tifié.
‘aloïdes Br. et Sch. :
St-Florent, Champigny, le Petit-
Puy , sur la terre des murs. Fructifié.
membranifolia Hock.
Saumur , sur les murs à la Butte-à-
Ricasseau , sur ta terre à Thouars.
Fructifié.
unguiculata Br. et Sch.
Sur la terre C. C. Vivy, Bois-Doré,
Courléon. Fructific.
vinealis Brid.
* C. sur les murs, Saumur, Vivy,
Courléon , etc. Fructifié.
variété B flaccida.
Sainte-Radégonde près Thouars,
talus du.chemin de Ligron. Stérile.
gracilis Schwæg.
Saint-Cyr , dans la forêt de Fonte-
vrault sur la terre. Fructifié.
revoluta Schwæg.
Sur les murs , les pierres, Champi.-
gny, Courléon. Fructifié.
convoluta Hedw.
Terrefort, Courléon, sur la terre,
Fructifié.
squarrosa de Not.
Champigny-le-Sec, Stérile.
i
|
marginata Br. et Sch.
Sur les parois calcaires humides
d'un chemin ereux , entre Champigny
et Saint-Vincent. Fructifié.
muralis Hedw.
C. C. GC. sur les murs, Saumur,
Vivy , Courléon , etc. Fructifié.
subulata Brid.
C. C: sur les talus, Bois-Brard,
Vivy, Courléon, etc. Fructifié.
lœvipila Brid.
Sur les arbres ,Vivy , Courléon , —
fructifié.
ruralis Hedw.
G. C. sur les pierres , sur les arbres,
sur les toits, sur la terre, Vivy, Cour-
léon, Saumur, etc., — fructifié.
ruraliformis Besch.
Talus schisteux du chemin de Ligron
à Sainte-Radégonde, près Thouars.
Stérile.
TRIB. V. — Grimmiaceæ.
FAM. I. — Cinclidoteæ.
GENRE I.—CincLinorus Pal. de Beauv.
Cinclidotus fontinaloïdes P. de B.
Moulin de Saumoussay près Saumur,
ruisseau de la Cascade à Sainte-Radé-
gonde près Thouars , — fructifié.
FAM. Il: —Grimmieæ.
GENRE I. — Grimmia Ehr.
Grimmia apocarpa Hedw.
C. C. sur les pierres , sur les murs,
les toits, Saumur, Vivy, Courléon,
Thouars , — fructifié.
crimita Brid.
Noyant, aux Cormiers, sur le ciment
calcaire des murs , — fructifié.
— orbicularis Br. et Schimp.
Saint-Cyr, Courléon , Champigny-
le-Sec, sur les murs et les pierres.
pulvinata Br. et Sch.
C. GC. sur les murs, les pierres,
Saumur , Vivy, Courléon, etc., —
fructifié.
— (00 —
— variété B obtusa.
Champigny, sur les bancs calcaires ,
— fructifié.
— Schultzü Brid.
C. C. sur les murs, les pierres,
Saumur , Courléon, Vivy, Thouars,
— fructifié.
— trichophylla Grev.
Sur les rochers de granit , à Ligron
près Thouars. Stérile.
— leucophæa Grev.
Sur les rochers de granit , à Sainte-
Radégonde près Thouars, — fruclifié.
GENRE II.—RACOMITRIUM Br. ex parte.
Racomitrium lanugnosum B. ets.
Coteaux de Thouars. Stérile.
— canescens Br. et Sch.
— variété F ericoïdes.
C. C. Terrefort près Saumur , Cour-
léon , terrains sablonneux. Stérile.
FAM. TIT.—Hedwigiee.
GENRE I. — Henwicia Ehr.
Hedwvigia ciliata Hedw.
C. C. Terrefort près Saumur , les
Tuffeaux, sur les rochers de grès, —
fructifié.
FAM. IV. — Zygodonte.
GENRE I. — ZYGoponN Hook et Tayl.
Zygodon viridissimus Brid.
Sur Jes troncs d'arbres, Vivy,
Courléon ; Brain-sur-Allonnes, Ver-
nantes, sur les pierres du pont du
Louroux, Stérile.
— Forsteri Wils.
Courléon, sur l'acer campestre,
Vivy, surle populus nigra , — fruc-
tifié.
FAM. V. — Orthotricheæ.
GENRE I. — ULora Mohr.
Ulota crispa Brid.
Sur les arbres, dans les bois de Vau-
zelles, commune de Brain-sur-Allon-
nes, Stérile.
GENRE IL. — ORTHOTRICHUM Hedw.
Orthotrichum cupulatum Hof.
— variété riparium.
Sur les pierres inondées du ruisseau
de la Cascade, à Sainte-Radégonde
près Thouars, — fructifié.
— Sturmii Hoppe et Hornsch.
Sur les grès, à Chenehutte-les-Tuf-
feaux, Saint-Florent près Saumur ,
sur les rochers de granit à Ligron près
Thouars , — fructifié.
— anomalum Hedw.
C. C. sur les murs, les arbres, les
toits, les pierres, Saumur , Champi-
gny , Courléon, etc., — fructifié.
—.. obtusifolium Schrad.
Sur les peupliers de la route de
Saumur à la Ronde , — fructifié.
— tenellum Bruch.
Vivy, sur les vieux ormeaux , —
fructifié.
— affine Schrad.
C. C. sur les arbres, sur les bois,
plus rarement sur les pierres, Saumur,
Vivy, Courléon, etc., — fructifié.
— diaphanum Schrad.
Sur les arbres, île du Saule à Sau-
mur, Courléon , Vivy , etc., — fruc-
lifié.
— leiocarpum Br. et Sch.
Sur les peupliers de la route de
Saumur à la Ronde , — fructifié,
— Lyellii Hook et Tayl.
Sur les peupliers de la route de
Saumur à la Ronde. Stérile,
Dans le bois du Marsoleau , — fruc-
tifié (M. l'abbé R. Lelièvre).
FAM. VI. — Tetraphideæ.
GENRE I. — Tetrapxis Hedw.
Wetraphis pellucida Hedw.
Dans les bois de Gennes et de Che-
nehutte-les-Tuffeaux, sur les vieilles
souches putrescentes , — fructifié.
— (O1 —
FAM. VII. — Encalypteæ.
GENRE I. — Encarypra Screb.
Encalypta vulgaris Hedw.
Très-commun aux environs de Sau-
mur , sur les murs des clos de vignes
et sur les talus , — fructifié.
— streptocarpa Hedw.
Au plateau de Fourneux à Champi-
eny près Saumur , sur les pierres cal-
caires, — stérile.
TRIB. VI. — Funariaceæ.
FAM. I. — Physcomitrieæ.
GENRE I. — PHyscomITrIUM Brid.
Physcomitrium pyriforme Brid.
Au pied des saules,, sur les bords du
ruisseau , près le moulin de Plaçais , à
Vivy près Saumur , — fructifié.
GENRE II. — ENTOSTHODON Schwæsg.
Pro parte.
Entosthodon ericetorum Schimp.
Landes humides , à Terrefort et dans
la forêt de Fontevrault, — fructifié.
— fasciculare Schimp.
Pelouses des rochers, à Ligron com-
mune de St-Radégonde près Thouars,
— fructifié.
GENRE III. — FunarIA Schreb.
Funaria hibernica Hock.
Pelouses ‘des rochers de la Cascade
et des rochers de Ligron, à Sainte-
Radégonde près Thouars, — fructifié.
— hygrometrica Hedw.
Dans les environs de Saumur. C. C.
C. sur la terre nue , sur les murs,
dans les clairières des bois, — fruc-
tifié.
TRIB. VII. — Bryaceæ.
FAM. I. — Bryce.
GENRE I. — WEBERA Hedw.
Webera nutans Hedw.
Allées des sapinières de Mortrage ,
à Courléon , — fructifié.
— annotina Schwæsg.
Talus du bois de la rue Bernier , à
Courléon , — fructifié.
GENRE IL. — Bryum Dillen, emend.
Bryuma bimum Schreb.
Marais des Besses, dans les landes de
Courléon , — fructifié.
— erythrocarpum Schwæesg.
Sur les murs, aux Coutures com-
mune de Vivy , — fructifié.
— atropurpureum Web. et Mohr.
Talus d'un fossé, à la Bardonneau
commune de Saix (Vienne), —fructifié.
— alpinum L.
Rochers de la Cascade et de Ligron,
commune de Sainte-Radégonde près
Thouars , — stérile.
— cœspiticium Br. et Sch.
G. G. partout aux environs de Sau-
mur , — fructifié.
— variété J. imbricatum.
Sur les murs de l’église de Cour-
léon , — fructifié.
— argenteum L.
C. C. sur la terre, sur les murs des
environs de Saumur , — fruclifié.
— variété majus.
Au pied des murs, à Gennes, —
stérile.
— capillare Dillen.
C. C. sur la terre, au pied des ar-
bres, sur les murs, sur les pierres
aux environs de Saumur , — fructifié.
— pseudo-triquetrum Schwæg.
Landes tourbeuses, à Courléon,
Noyant , La Breille, — stérile.
— roseum Schreb.
Courléon, hois de la Chesnaie, au
pied des arbres, — stérile.
GENRE II. — Mniun L.
Mnmiuma affine Bland.
Fossés et Lalus humides, à Courléon,
Vivy, Terrefort près Saumur, —
-stérile.
— . undulatum Dillen.
Bois humides, à Thouars et à Sau-
mur ,— stérile.
— DD
— rostratum Schrad.
Marais de Continvoir près Courléon,
au pied des aulnes , — stérile.
— hornum Dell.
Bois humides, à Vauzelles, commune
de Brain-sur-Allonnes, et à Gennes,
— fructifié.
— punctatum L.
Étang de Vauzelles, commune de
Brain-sur-Allonnes, — stérile.
FAM. II. — Aulacomnieæ.
GENRE I. — AULACOMNIUM Schweæg.
Aulacomnium androgynum Sch.
Rochers à Chenehutte-les-Tuffeaux,
rochers de la Cascade à Sainte-Radé-
gende près Thouars.
— palustre Schwæg.
Marais à Courléon, étang de Vau-
zelles à Brain-sur-Allonnes , — stérile.
FAM. III. — Bartramiec.
CENRE I. — BARTRAMIA Hedw.
Bartramia stricta Brid.
Sur les rochers de la Cascade et de
Ligron, à Sainte-Radégonde près
Thouars , — fructifié.
— pomiformis Hedw.
Talus et fossés humides , à Terrefort
près Saumur, Vivy, Courléon, —
fructifié.
GENRE II. — PHiLonoris Brid.
Philonotis calcarea Br. et Sch.
Élang de Vauzelles, commune de
Brain-sur-Allonnes.
TRIB. VIII. — Polytrichaceæ.
FAM. I. — Polytricheæ.
GENRE I. — ArricHun Pal. Beauv.
Atrichum undulatum Pal. Beauv.
Bois ombragés , à Vivy, Courléon,
. etc., — fruclifié.
GENRE II. — PoGoNATUM Pal. Beauv.
Pogonatum nanum Pal. Beauv.
Talus sablonneux , landes de Marson
et de Courléon , — fructifié.
GENRE III. — Pozyrricaum Dill.
Polytrichum formosum Hedw.
C. C. dans les bois ombragés et hu-
mides , Terrefort, les Tuffeaux , Vivy,
Courléon , etc. — fructifié.
— piliferum Schreb.
C. C. landes de Terrefort, de La
Breille, de Courléon, — fructifié.
— commune L.
Juigné -sur- Loire, — stérile (M.
l'abbé Lelièvre).
ORDO AT. — Kect. IL.— Musci stegocarpi
pleuranthi.
TRIB. I. — Fontinalaceæ.
FAM. I. — Fontinaleæ.
GENRE FonTINALIS Dill.
Fontinalis antipyretica L.
Ruisseau de Presle, à Pocé près
Saumur , — fructifié.
TRIB. II. — Neckeraceæ.
FAM. I.—Crypheæ.
GENRE CryYPHœŒA Mohr.
Cryphæœæa heteromalla Mohr.
Sur les peupliers de la route de Sau-
mur à la Ronde , — fructifié.
FAM. II. — Neckere.
GENRE NEckERA Hedw.
Neckera complanata Br. et Sch.
Sur les pierres et les arbres, dans les
bois de Gennes et des Tuffeaux, —
fructifié.
FAM. III. — Leucodonteæ.
GENRE I. — LEuconoN Schwæg,
Leucodon sciuroïdes Schwæg.
Sur les troncs d'arbres, à Vivy, Cour-
léon , Brain-sur-Allonnes , — stérile.
ie.
GENRE II. — ANTITRICHIA Brid.
Antitrichia curlipendula Brid.
Sur les rochers, dans la forêt de
Fontevrault, — stérile.
TRIB. III. — Leskeaceæ.
FAM. I. — Leskeæ.
GENRE I. — Leskea Hedw.
Leskea polycarpa Ehr.
Au pied des arbres, île du Saule,
Vivy, — fructifié.
GENRE II. — Anomopon Hook et Tayl.
Anomodon viticulosus Br. et Sch.
Sur les arbres et les pierres du Bois-
Doré, — fructifié.
FAM. II. — Thuidiee.
GENRE T. — Tauipium Schimp.
Fhuidium tamariscinum Br. et Sch.
Dans les bois au pied des arbres,
Bois-Duré, Dénezé, Gennes , — fruc-
tifié.
TRIB. IV. — Hypnaceæ.
FAM. I. — Pterogonieæ.
GENRE I. — PTEROGONIUM Swartz.
Pterogonium gracile Swartz.
Sur les pierres, au pied des arbres ,
Champigny, Terrefort, Saumur, stérile.
Sur le granit, à Ligron près
Thouars , — fructifié.
FAM. IT. — Cylindrotheciee.
GENRE I. — CLimacium Web. et Mohr.
Climacium dendroïdes Web. et M.
Bois de Bournée à Brézé, marais des
Landes à Courléon , — stérile.
FAM. IT. — Hypneæ.
GENRE I. — ISOTHECIUM Brid.
Isothecium myurum Brid.
Chenehutte-les-Tuffeaux, Bois-Doré,
au pied des arbres, — fructifié.
GENRE IT. — HoMALOTHECIUM Schimp.
Homalothecium sericeum B. S.
C. C. C. sur les pierres , sur les ar-
bres , Saumnr,, le! Petit-Puy, Terre-
fort , etc., — fructifié.
GENRE III. — CAMPTOTHECIUM Sch.
Camptothecium lutescens B. S.
Sur les pierres, sur la terre, au bord
des bois, Champigny, Saint-Florent ,
Courléon, — fructifié.
—. nitens Br. et Sch.
Marais de Continvoir près Courléon,
— stérile.
GENRE IV. — BRACHYTHECIUM Schimp.
Brachythecium salebrosum Sch.
Saint-Florent, près Saumur, talus
au pied du mur du clos des religieuses
de Sainte-Anne , — stérile.
— glareosum Br. et Sch.
Courléon, talus couverts ,—stérile.
— - albicans Schimp.
Saumur , bords des chemins , Vivy,
Courléon , — fructifié.
— velutinum Schimp.
C. au pied des arbres , Vivy , Cour-
léon , — fructifié.
— rutabulum Schimp.
C. C. bords des chemins, au pied
des murs, — fruclifié.
— rivulare Br. et Sch.
Dans les ruisseaux , sur les pierres,
Chenehutte-les-Tuffeaux, Sainte-Radé-
gonde près Thouars, — stérile.
— populeum Sch.
Chenehutte-les-Tuffeaux ,
des arbres, — fructifié.
GENRE V. — SCLEROPODIUM Sch.
Scleropodium illecebrum Sch.
Au pied des arbres, dans un petit
bois près le village de Pocé près Sau-
mur , — fructifié.
GENRE VI. — EuryYNCHIUM Schimp.
au pied
Eurynchium myosuroides Schimp.
Au pied des arbres, Bois-Doré,
. Chenehutte-les-Tuffeaux, — fructifié.
OR
— strigosum Schimp.
Au pied des arbres, Vivy près Sau-
mur, — stérile.
—. cireinnatum Sch.
Champigny-le-Sec près Saumur, sur
les pierres qui bordent le chemin se
rendant au village ; Sainte-Radégonde,
rochers de la Cascade , — stérile.
— striatum Sch.
C, CG. C. dans les bois, au pied des
arbres, Boïis-Doré, forêt de Fonte-
vrault, Courléon, — fructifié.
— _ piliferum Schimp.
Bois de Bournée à Brézé , — fruc-
tifié.
— prælongum Sch.
Sur la terre , sous les futaies, Vivy,
— stérile.
— pumilum Sch.
Sur la terre , dans les bois aux en-
virons de Saumur , — stérile.
— Stokesu Br. et Sch.
Sur la terre, sur les pierres , au pied
des haïes hnmides, au Bois-Doré , —
fructifié.
GENRE VII. —RHYNCHOSTEGIUM Sch.
Rhynchostegium tenellum B.S.
Saumur , sur lesvieux murs. Fruc-
tifié. |
— confertum Rr. et Sch.
Boïs-Brard, sur les pierres, île du
Saule, au pied des arbres, route de la
Ronde, au pied des peupliers. Fruc-
tifié.
— megapolitanum Br. et Sch.
Au pied des arbres, à Courléon,
talus du chemin du Vau-Langlais.
Fructifié.
— murale Schimp.
Au pied des murs, chemin du Vau-
Langlais. Fructifié.
— _ rusciforme Schimp.
Sur les bois et les pierres des ruis-
seaux , sur les murs inondés du moulin
de Plaçais à Vivy. Fructifié.
GENRE VIIL. — THAMNIUM Sch.
Æhamnium alopecurum Sch.
Stérile au Bois-Doré et à la Fouque-
nilière.
Fructifié dans les bois de Gennes.
GENRE IX. — PLAGIOTHECIUM Schimp.
Plagiothecium denticulatum Sch.
Dans les bois , sur la terre, à Che-
nehutte-les-Tuffeaux. Stérile.
GENRE X. — AMBLYSTEGIUM Schimp.
Amblystegium serpens Schimp.
C. C. C. sur les pierres, les vieux
bois, les arbres, Vivy, Saumur,
Courléon , etc. Fructifié.
— _irriguum Sch.
Bords du ruisseau au Marais, com-
mune de Blou. Fructifé.
— variété J. fallax.
Fossés des Landes à Courléon, murs
du moulin de la Gosselinière près
Thouars. Stérile.
— riparium Sch.
Sur les pierres et les vieux bois,
dans l'eau, Vivy, Dénezé. Fructifié,
GENRE XI. — Hypnum Dillen.
Hypnum chrysophylum Brid.
Étang de Vauzelles à Brain-sur-
Allonnes. Fructifié.
Stérile à Courléon, landes humides.
— stellatum Screb.
Courléon, landes tourbeuses qui
séparent Courléon de Gizeux. Fruc-
tifié.
Commun dans les endroits humides,
Saumur , Vivy, etc. Stérile.
— Kneiïffi Sch.
Fossés humides, à Saint-Vincent
commune de Dampierre. Stérile.
— aduncum Hedw.
Landes tourbeuses , à La Breille , à
Courléon. Stérile.
— lycopodioïdes Schweæg.
Étang de Marson près Saumur,
Courléon, marais des Besses. Stérile.
on
— fluitans Dillen.
Landes humides
Courléon. Stérile.
et profondes . à
— filicmum L.
Dans les landes marécageuses de
Courléon et de Continvoir. Stérile.
Dans les marais de Presle près Sau-
mur. Fructifié.
— rugosum Ehr.
Lieux secs calcaires à Champigny,
Montreuil et Sainte-Radégonde près
Thouars. Stérile.
— cupressiforme L.
G. C. C. fructifié partout.
— variété N. ericetorum.
Sur les landes à Courléon. Fructifié.
— molluscum Hedw.
Champigny, Bois-Doré près Sau-
mur, Fructifié.
— giganteum Schimp.
Courléon, landes humides et tour-
beuses qui séparent la commune de
Gizeux. Stérile.
— cuspidatum L.
Dans les endroits humides à Cour-
léon, Vivy, Saint-Florent. Fructifié.
— Schreberi Wild.
C. aux bords des bois et des sapi-
nières. Stérile.
Dans la forêt de Fontevrault, au
bord du chemin qui va du poteau de
Larré à la maison de M. Fouquet.
Fructifié,
— purum L.
Courléon, bois de Pocé, bois du
Feu près Saumur. Fructifié.
— scorpioides Dill.
Étang du Bellay, marais des Landes
à Courléon. Stérile.
GENRE XII. — HyLocomtum Schimp.
Hylocomium splendens Dil.
Commun au bord des bois à Sau-
mur , Vivy, Courléon. Stérile.
Dans les bois de Sainte-Radégonde
près Thouars. Fructifié,
— squarrosum Schimp.
Vallée de Pitouse à Courléon. Sté-
rile.
— _ triquetrum Sch.
Très-commun dans tous les bois des
environs de Saumur, Stérile.
Au Bois-Doré. Fructifié.
GENRE XIII. — SPHAGNUM.
Sphagnum acutifolium Ehr.
Étang de Vauzelles à Brain-sur-
Allonnes. Fructifié,
— fimbriatum Wild.
Juigné-sur-Loire. (M. l'abbé Leliè-
vre).
— cuspidatum Ehr.
Juigné-sur-Loire (M. l'abbé Leliè-
vre).
— rigidum Nees.
Brain-sur-Allonnes, Courléon, lan-
des humides.
—. B. compactum.
Courléon, landes humides.
— subsecundum Nees. et Hornsch.
Courléon , landes marécageuses.
-— cymbifohium Dill.
Courléon, à la Fontaine-au-Roi.
Fructifié.
HEPATICEÆ.
TRIB. I. — Jungermannieæ.
I. Folioseæ.
GENRE I. — SarcoscyPHUS Corda.
Sarcoscyphus Ehrarti Cord.
Chenehutte-les-Tuffeaux, sur les
pierres.
GENRE IT.—PLaciocHiLa Nees. et Mont.
Plagiochila asplenoïdes M. et N.
Chenehutte-les-Tuffeaux, sur la
terre parmi les mousses ; Sainte-Radé-
gonde près Thouars, Courléon.
Nas
GENRE III. — ScapANIA Lindenberg.
Scapania nemorosa N. Ab. Es.
Dans les bois, à Gennes, sur la terre.
— compacta Lindenberg.
Rochers de Ligron , à Sainte-Radé-
gonde près Thouars.
GENRE IV. — JUNGERMANNIA L.
Jungermannia albicans L.
Courléon, fossés de la Lande de la Chesnaye.
— “hbicuspidata L.
Courléon , fossés de la sapinière Bestiau.
— bicrenata Lind.
Courléon, talus du bois de la rue Bernier.
— crenulata Smith.
Fossés des sapinières, dans les
Monteaux à Vivy.
— nigrella de Not.
Champigny-le-Sec, parois d'un
chemin creux à Saint-Vincent.
GENRE V. — LiocHLŒNA N. Ab. Es.
Liochloæna lanceolata N. Ab. Es.
Courléon, fossés du chemin des Cent-
Arpents.
GENRE VI.—LoPxocoLEA N. Ab. Es.
Lophocolea bidentata N. Ab. Es.
C. dans les endroits humides , parmi
les mousses , au Petit-Puy, au Vau-
Langlais, à Courléon, à Vivy.
— heterophylla N. Ab. Es.
Gennes, dans les bois , sur les vieil-
les souches.
GENRE VIT. — CaiLoscyPus Corda.
Chilosecyphus polyanthus Cord.
Chenehutte-les-Tuffeaux, dans les
bois humides , parmi les mousses.
GENRE VIII. — CaLyPoGEïA Raddi.
Calypogeia trichomanis Cord.
Gennes, dans les bois, sur la terre,
Courléon , bois de la rue Bernier.
GENRE IX. — LepipoziA N. Ab. Es.
Lepidozia reptans N. Ab. Es.
Gennes, dans les bois , sur la terre,
GENRE X. — RapuLa N. Ab. Es.
RBadula complanata Dumort.
Sur les arbres, Vivy, Courléon.
GENRE XI. — MApoTHECA Dumort.
Madotheca lœvigata Dumort.
Rochers de la Cascade, à Sainte-
Radégonde près Thouars.
— platyphylla Dnmort.
Coteaux du Petit-Puy, à Saumur,
sur les murs.
GENRE XII. — LEJEUNIA Gott. et Lind.
Lejeunia serpylifolia Libert.
Au pied des arbres , dans les bois de
Chenehutte-les-Tuffeaux.
GENRE XIII. — FRULLANNIA Raddi.
Frullannia dilatata N. À. E.
C. sur les arbres, à Vivy, Courléon
et tous les environs de Saumur.
— tamarisci N. À. E.
C. sur les pierres aux environs de
Saumur.
II. -Frondose.
GENRE I. — FossomBRoNIA Raddi.
Fossombronia pusilla N. A. E.
Courléon, dans les fossés humides
des Rochereaux.
GENRE II. —— PeuxiA Raddi.
Pellia epiphylla N. A. E.
Commun au bord des ruisseaux , à
Vivy, Courléon , La Breille.
GENRE III. — MEeTzcEerIA Raddi.
Metzgeria furcata N. À. E.
Rochers de la Cascade, à Sainte-
Radégonde près Thouars.
TRIB. II. — Marchantieæ.
GENRE I. — LunurariA Mich.
Lunularia vulgaris Mich.
Murs des puits, à Ja Marmaillette,
à Saumur.
407
GENRE II. — REBOULIA N. Ab. E. TRIB, III — Riccieæ.
Rehoulia hemisphærica Raddi. GENRE I. — RiccrA Mich.
Rochers de la Cascade et rochers de di
Ligron, à Sainte-Radégonde près | Riccia Bischoffii Huben.
Thouars. Rochers de la Cascade, à Sainte-
Radégonde près Thouars.
GENRE II. — TARGIONIA Michel.
Kargionia hypophylla L.
Chemin creux du Bois-Brard près
Saumur, rochers de la Cascade, à
Sainte-Radégonde près Thouars. TROUILLARD.
Saumur, 22 novembre 1867.
J'avais eu l'intention de donner la liste des quatre-vingts et
quelques espèces de Lichens que renferme l’herbier du musée,
mais M. Ch. Trouillard ayant bien voulu se charger de faire
pour cette famille et quelques autres encore ce qu'il a fait pour
les Mousses, nous publierons son travail dans un supplé-
ment qui , je crois, ne se fera pas attendre longtemps.
Saumur, imprimerie de Paul GODET. (306-8)
ADDITIONS.
MUSCINÉES
DÉCOUVERTES DEPUIS L'IMPRESSION DU CATALOGUE.
Recboulia hemisphærica Raddi. — Talus du chemin de Terrefort. Cette muscinée n’était
indiquée qu’à Thouars.
Fontinalis fontana Dill. — Dans les marais de l’Échallerie, commune de Méon.
ERRATUM.
Page 91 , au lieu de : Physcomitrium pyriforme Brid., /isez : Enthosthodon
fasciculare, — Vivy ; talus des Monteaux et au pied-des-saules du moulin de Plaçais,
MUSÉE DE SAUMUR.
HACHES EN BRONZE.
| Essai de classification des haches de bronze, depuis la forme
de la hache de pierre jusqu'à la ponte du javelot. Zzcpar vies
Zith P Gcacë, Saumer.
MUSÉE DE SAUMUR
POIGNARDS & ÉPÉES EN BRONZE.
Le N° 1, a lame sans sur-épaisseur, a été trouve dans le dolmen du
Bois-Brard.avee des armes en silex;les N° 9,54 et 5, à SE Martin avec
des haches de bronze et des pointes de Javelots. Reduction an {5 1
| la 6randeur réelle.
LithÆ Cent, Sauna
MUSÉE DE SAUMUR
| Partie des outils du charpentier gallo-romain.au Vs de la grandeur réelle.
MUSÉE DE SAUMUR
Partie des outils du charpentier gallo-romain, au 15 de la grandeur réelle. |
TNA
?.
NE
MUSÉE DE SAUMUR
BRONZE
TERRE
Partie du ménage du charpentier allo-romain. eduction au Vs de la
grandeur reelle.
143.2 Lodel, Saumur.
MUSÉE DE SAUMUR
Clef enfer du menae du charventier éallo-romain. Grandeur réelle.
à
Zith.P Godet, Saumur .
MUSÉE DE SAUMUR re
…
TOMBEAU D'ADULTE.
-
EEE
TOMBEAU D'ENFANT.
Trois perles dans l'urne.
ee ——_—
Disposition de tombeaux gallo-romains trouvés à 9: Just.
à
TABLE DES MATIÈRES
contennes dans le X° volume
DES ANNALES DE LA SOCIETE LINNEENNE
DU DÉPARTEMENT DE MAINE-ET-LOIRE.
PREMIÈRE PARTIE.
Des classifications et des méthodes en botanique, par M. Léon MARCHAND...
La grue cendrée (grus cinerea). Etude étymologique et ornithologique, par
MER AROCVINCE OM RE TE eme cm cc
Le mouvement des concours régionaux, par M. J. DUPLESSIS . .........
Index generum ac specierum anthiadidorum huecusque in Museo Parisiensis
observatorum, Auctore GUICHENOT..............,,.....,.,.......,.
Les terrains crétacés des environs de Saumur, par M. A. COURTILLER. ....
Réponse aux Essais élymologiques et conelusions d’un propriétaire sur la
valeur du pic en Anjou, par M. R. DE BARACE......................
De la valeur du pic en Anjou, deuxième réponse et conclusions d’un pro-
HDÉLMITe DAT Me DE DAPACR een Dee, cree...
Réhabilitation du pic-vert ou Réponse aux observations d'un propriétaire sur
l'utilité du pie en Anjou, par M. l’abbé VINCELOT....................
Études d'économie rurale, par M. Ch. GIRAUD................ ........
CONCOULS ITEM SG TE EE EE ee
Étude sur les animaux de l’Anjou (Mammifères), par M. Aimé DE SOLAND..
Première leçon du cours de zoologie (Reptiles et Batraciens), ouvert au
Muséum d'histoire naturelle, le 23 novembre 1867, par M. le professeur
AURA DUMERID Eee een ete esse cocon
IN 0) A SR CR ER
DEUXIÈME PARTIE.
Catalogue du musée de Saumur, par M. A. COURTILLER.............. 1
Mousses du Saumurois, par M. CH. TROUILLARD ... .... .....,..... S7
à S6
à 97
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