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[AIRE : Portraits d’aviateurs contemporains (Georges Besancon). — L'aéroplane à ailes ballantes d'Aibert Bazin rs FE
rt Bazin). — Le Pour et le Contre: Protestation de ce (Sainte Hélice) ; Sur la résislance des surfaces (J. Cons. 4 > “DS
n). — Le second voyage du ballon Sie, d'Allemagne 1 Anglelerre (Doc leur Kurt Wegener). — Tour du monde ® =7 as
mn, — Machines volantes d’ aujourd'hui et de demain : L'aéroplane Henri Farman n° 1 (Georges Blanchet). — L’aéroplane à O7
ot (Paul Ancelle) — Machines volantes diverses : Aéroplane Etrich et Wells : Aéroplane Thuau ; Machine volante as =Ù
in ; Aéroplane l'ardelet : Aéroplane des frères Wright Aéroplane ‘anglais: Aéroplane de Pischoff; Aéroplane de La ° g & D
x : Aéroplane ( astambide-Me ngin : Aéroplane Vuia ; Aéroplane russe: Aéroplane anglais (Aëérophilc). — A l’Aéro-Club 55 #9
ud-Ouest. — Dbirigeable de Marcay- Kluiljimans (A. Clérvi, — Pour la Boussole des aviateurs (Ernest Archdeacon). — Om Em
ne des inventeurs : Hélicoptère Julian Felipe (Julian Felipe). .& 53
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AIRE DU BULLETIN OFFICIEL DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE. — Partie officielle: Comilé du 5 décembre 50 74
— Partie non officielle: Commission sporlive du 20 décembre 1907. ae 4
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Directeur-Fondateur : Georges Besançon
16° Année. — N°1 1: Janvier 1908
Portraits d'AVialeurs Contemporains
Louis BLÉRIOT
A Issy-les-Moulineaux.. immense plaine nue transformée en bourbier par les dernières pluies. Quelques
-groupes de fantômes perdus dans le brouillard qui achève de donner à celte banlieue désolée un aspect
inquiétant et sinistre. Soudain, au loin, on ne sait où, le grondement d’un moteur éclate en fanfare assourdie
-et presque aussitôt, émerge de la brume un fantastique el gigantesque oiseau, énorme « Rock » des Mille et une
Nuits, lancé à la vitesse d’un boulet, vers quelque proie insoupçonnée, vision bien vite effacée de l'horizon
-étroit, derrière un voile de vapeurs. C'est Louis Blériot qui essaie son septième aéroplane.
Le septième! Notez ce chiffre, aviateurs trop pressés qu’un premier insuccès décourage. Il y a plus de
sept ans que Louis Blériot est entré dans la voie de l’expérience directe. De 1900 à 1903, il s’acharnait à mettre
-au point un oiseau mécanique à ailes ballantes ; et comme le cheval-vapeur des moleurs à essence de cette
époque était encore trop lourd, il inventait et construisait en même temps un moteur exltra-léger à acide car-
bonique. C'était trop à la fois, et surtout c'était trop fôt; les résultats furent nuls.
En 1904, la brillante campagne d'Archdeacon rendait courage aux aviateurs. Blériot, comme son ami,
s'oriente délibérément vers l’aéroplane. Nos lecteurs connaissent ses appareils successifs: Blériot Il, sans
moteur, enlevé sur la Seine, tiré par un auto-canot et monté par Gabriel Voisin, un aviateur qui a fait aussi son
- chemin (1904-1905). — Blériot III, à cellules elliptiques avec deux moteurs « Antoinette » de 25 chevaux, essayè
sans succès sur le lac d'Enghien (1905-1906). — Blériot IV, à cellules quadrangulaires, brisé à Bagatelle au
1: essai, monté par Peyret (1906).
Après tant d'efforts, le succès se dessine en 1907. Le Blériot V (la feuille d'érable), monté par l'inventeur,
s'enlève, mais manque de stabilité. Avec un 24 chevaux puis un 50 chevaux « Antoinette », le Blériot VI
s'envole maintes fois et franchit même 184 mètres.
Détruit par une chute de 25 mètres de haut, il est remplacé par le n° VII qui a fait en essais privés 2? vols
.de 500 mètres à l'allure la plus rapide qu'on ait atleinte en aéroplane.
Louis Blériot est proche aujourd’hui des succès décisifs, amplement mérités par une ingéniosilé jamais
à court, de hautes capacités d'ingénieur et de technicien, déjà atlestées par les produits si appréciés de la
grande manufacture de phares et accessoires d’automobile qu’il a fondée en 1897. L'intrépidité, le sang-froid
et l'énergie du sportsman, les rares qualilés de l'homme s'allient, chez lui, le plus heureusement du monde,
aux mérites de l'ingénieur. Son opiniätreté est plus grande encore que sa malchance légendaire, Le jour de
Blériot est donc proche.
Ajoutons qu'à l'occasion, cet aviateur impénitent mais sans préventions ridicules, n'hésite pas à pratiquer
‘les autres locomotions aériennes. Avec Archdeacon, cet autre pionnier de l'aviation, il prit part au concours
-d’aérostats du 18 juin 1907 et montait le 20 novembre 1907 à bord de l'auto-ballon Vüille-de-Paris avec le bon
:pilote-aéronaute Henry Kapferer.
Sorti de l'Ecole centrale, dont il fut un élève brillant, Louis Blériot est né à Cambrai le 1* juillet 1872.
i GEORGES BESANÇON
2 1" Janvier 1908
L'Aéroplane à ailes battantes d'Albert Bazin
Lorsque, après Marey, Seguin ainé, d'Es- oiseaux et le plus loin possible du corps cen-
terno, Wenham, Cayley, Planevergne et tant
d’autres bons esprits, on observe et analyse la
structure de l'aile de l'oiseau, ou, pour sim-
plifier tout de suite la question, de la chauve-
souris, et son mouvement, on en vient à s’éton-
ner qu'il ait pu intimider l’industrie de nos
modernes aviateurs au point de leur faire
écarter « à priori » cette solution si élégante
du problème aéronautique au bénéfice d’autres
bien plus lointaines et inconnues.
La théorie mécanique de l'aile battante ar-
tificielle ne trouverait pas sa place ici; nous
nous bornerons donc à dire que le mouvement,
en apparence si complexe, de l'aile animale,
peut être ramené à un simple battement ver-
tical accompagné de torsion et que, dans ce
cas, l'expérience, comme la théorie, démon-
trent et expliquent la possibilité du vol ramé
artificiel avec une dépense de travail nota-
blement moindre que par l’hélice propulsive.
On verra par là (et ie capitaine Ferber ne
nous devra rien pour cette petite réclame)
qu’il reste encore, en aviation, autre chose à
trouver et à faire qu'acheter des moteurs
« Antoinette » pour les atteler à des hélices
avec un peu de calicot autour.
Dans un précédent article (1), nous avons
exposé les idées générales qui militent en
faveur de l’aéroplane à ailes battantes (2) et
nous ont amené à construire celui que nous
venons présenter aujourd’hui.
L'appareil est une synthèse de la machine
oiseau réduite à sa plus simple expression. 11
peut même prétendre au vol à voile. Entière-
ment construit de nos mains, en bambou, fils
d’acier et tafletas, il mesure :
Envergure, 14 mètres.
Longueur, 8 mètres.
Surface, 22 mètres carrés.
Poids en ordre de marche (le pilote à bord),
178 kilos.
Moteur à explosions, 3 cylindres 12 HP.
Il se compose d'une carène fusiforme qui
contient tout le mécanisme et le pilote.
De part et d’antro, 2 plans entoilés et épais
à l'avant, articulés en leur milieu, constituent
un véritable aéréplane terminé à ses deux ex-
trémités par deux ailes à mouvement alterna-
tif.
Ce sont ces deux derniers organes qui four-
nissent la propulsion tout en contribuant à la
sustension, comme cela a lieu dans le vol des
(1) Aéronaule de janvier 1907.
@) I s'agit bien, n'en déplaise à l'Aéronaute, d'un
aéroplane el non d'un orthoplère. Du reste, si ce mot
signifie quelque chose en aviation, son étymologie
désignerail un appareil à ailes droites, el il pourrait
s'appliquer à toules espèces de volatiles forl dispa-
rales, où bien encore à nn oiscau frappant l'air de ses
ailes normalement, ce qui n'exisle pas dans la nalure.
tral. Le mouvement du moteur leur est trans-
mis, démultiplié, par deux manivelles agis-
sant sur deux balanciers, solidaires eux-
mêmes de l'aile battante : ceci pour le coup
d’aile descendant. Lc mouvement de cette
sorte de bielle s'adapte fort bien à celui de
l’aile artificielle. Il peut, du reste, être modi-
fié en cours d'expériences, en faisant agir
l'avance à l'allumage, automatiquement ou à
commande. La remontée de l'aile est com-
mandée par 2 brides de caoutchouc convena-
blement tendues, antagonistes du mouvement
précédent.
L’amplitude des battements est variable
par un dispositif spécial, mais elle ne dépasse
pas 40 degrés; leur durée est de 0,8 à 1,6 à la
seconde. Elle pourra être modifiée par la
suite.
La surface de ces ailes battantes peut être
tendue ou distendue à commande et indépen-
damment l’une de l’autre, par un simple ef-
fort des épaules du pilote et grâce à un dispo-
sitif assez analogue à celui d'une voile que
l’on raidit à voionté par son écoute.
C’est ce même dispositif qui assure l’équi-
libre latéral instable de l'appareil.
Fig. 1. — L'aéroplane Albert Bazin: position et mou-
vements de l'aviateur pour manœuvrer la queue trian-
eulaire et les ailes. ue
_ En haut, vue de coté : AB, A'B', AB”, positions di-
versés pour la commande de la queue triangulaire.
En bas, vue d’en-dessus: CD, C'D', positions diver-
ses pour le raidiesement des ailes,
L'équilibre longitudinal est obtenu par une
queue triangulaire horizontale (F. 1 et 2). Elle
est mue par un déplacement d'avant eu arrière
du « centre de gravité » du pilote; ce dépla-
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S'adresser à lAÉROPHILE
l'Aérophile 3
cement concourt, comme on le voit, avec le
« coup de queue » pour faire plonger ou ca-
brer l’appareil et par suite, corriger une rup-
ture d'équilibre en avant ou en arrière. Il a,
de plus, l'avantage d’être instinctif. Il en
est de même du mouvement des épaules et du
torse qui raidit l’une ou l’autre aile et assure
par là, l'équilibre latéral.
Notre pilote, les deux mains libres et arc-
bouté sur ses jambes plus ou moins ployées et
au besoin, sur ses bras, peut fournir un effort
musculaire suffisant pour raidir à bloc la sur-
face des ailes, alternativement ou toutes deux
ensemble.
Eu somme, ce double geste qui rappelle un
peu celui de la belle Fathma, n’a rien de très
fatigant, mais il exige un entrainement mé-
thodique et une certaine souplesse de reins
qui excluent les gens obèses, atteints de coxal-
gie aiguë, ou ataxiques.
Méthode d’expériences. — Depuis
le mémorable parcours de H. Farman, les
aviateurs commencent à se sentir un peu à
l’étroit sur les champs d'expériences dont ils
ont pu disposer jusqu'ici.
« Apprenez à faire des virages, nous dira-
t-on, à voler en cercle... » Je veux bien, mais
pourquoi faire ? »
Croit-on que les aéroplanes soient destinés
à circuler dans nos rues, le long de nos routes,
à évoluer dans les vélodromes, à tirebouchonner
la Tour Eiffel?
La ligne droite étant le plus court chemin
que l’on ait trouvé jusqu'ici pour se transpor-
ter d’un point à un autre, il est infiniment
probable que les aviateurs, gens pressés,
l’adopteront une fois pour toutes, de préfé-
rence à toute autre, puisqu'ils peuvent le
faire? Et ne voit-on pas que là est la grande
supériorité des véhicules aériens sur tous les
autres « esclaves de la route » :-faire leur par-
cours à vol d'oiseau, c’est-à-dire en ligne
droite, dédaignant virages, obstacles, colli-
sions et, dans une grande mesure, les reliefs
du sol.
J'entends bien que le programme du Grand
Prix de l’Aéro-Club exige un virage (que l’on
peut, du reste, prendre à grand rayon), maïs
j'imagine que c’est pour contrôler plus com-
modément la dirigeabilité des candidats et
leur marche en hauteur avec ou contre le vent,
bien plus que pour leur imposer un tour de
force au moins prématuré.
Un appareil d'aviation bien conçu devra,
au contraire, faire preuve d’une grande firité
de direction; le pilote a déjà suffisamment
d'occupation (péchère!) sans aller encore lui
donner le souci, à chaque instant, de rectifier
sa route. Si l’appareil est capable de « gouver-
ner » de quelques degrés seulement, comme
font, par exemple, nos « grands paquebots »,
cela suffira amplement aux besoins de sa navi-
gation. Or, ces petites déviations sont faciles
Fig, 2. — L'aéroplane à ailes ballantes d'Albert Ba
zin, De haul en bas : l'appareil vu d'en-dessous, les
s fléchies, — Pholo montrant le dispositif d'expé-
— L'appareil vu d'en-dessus. — L'appareil en
sur son câble de roulement,
à obtenir comme je l’ai montré jadis (Revue
Scientifique, juin 1905), par de simples mou-
4
vements d'équilibre ou plus exactement de
déséquilibre latéral.
Donc, dans les expériences actuelles la véri-
table question nous a paru être celle-ci
L’aéroplane une fois lancé : 1° Maintenir
l'équilibre latéral et par suite, une direction
fixe.
2% Maintenir l'équilibre longitudinal et par
suite, une hauteur constante.
3 Régler en même temps la vitesse de ré-
gime.
Mais, pour expérimenter dans de bonnes con-
ditions, il faudra, aviateurs, mes frères, émi-
grer loin de la Tour Eiflel, vers des plaines
immenses et désertes (et il y en a encore chez
nous), où l’on peut filer tout droit des kilo-
mètres dans tous les sens, à quelques mètres du
sol et atterrir partout, sans crainte de cogner
une maison, un fil télégraphique ou même
d’'accrocher uue simple broussaille. C’est
pourquoi, en août dernier, j'ai installé mon
champ d'expériences en plein pays de Ca-
’rargue. Elles ont, malheureusement, été inter-
ompues, dès le.début, par les pluies torren-
ielles et inondations qui viennent, comme
l’on sait, de ravager le Midi. J’ai pu, heureu-
sement, démonter mon appareil sur place et
en opérer le sauvetage avant qu'il ait subi
aucune avarie. Ces essais seront repris aux
premiers beaux jours. Voici en quoi ils consis-
tent :
Un câble d’acier de haute tension et raidi à
8 mètres du sol en passant sur 2 pylônes, de
façon à présenter une sorte de rail horizontal
parfaitement libre en-dessus. Le tout est
orienté contre le vent régnant (en l'espèce, le
mistral). Les deux extrémités du câble, soli-
dement fixées en terre. Du côté « sous le
vent », une tente-abri est disposée pour recou-
vrir complètement l’appareil posé sur le câble
rez-terre. Le panneau antérieur de la tente
peut être relevé par enroulement.
La partie horizontale du câble (longueur
75 mètres) sert aux essais préliminaires, puis
au lancement de appareil.
La quille de la carène porte deux béquilles
d'atterrissage flexibles, munies chacune d’une
roulette. C’est sur ces deux roulettes que l’ap-
pareil chemine sur le câble. Un dispositif très
simple l’empêche de dérailier, même lorsqu'il
1” Janvier 1908
est soulevé. Üne corde tendue en travers et
avant le deuxième pylône sert de buttoir
élastique pour l'arrêter à bout de course pen-
dant les essais préliminaires.
Veut-on faire un lancement en plein air?
On retire cette corde et l’aéroplane lancé
prend son vol librement dès qu’il a dépassé
le 2° pylône.
Pour empêcher l’appareil de chavirer com-
plètement à droite ou à gauche, deux câbles
auxiliaires, parallèles aux premiers, sont rai-
dis de façon à limiter les oscillations latérales,
sans cependant gêner le mouvement des ailes.
On peut, ainsi, éprouver et apprendre les ma-
nœuvres d'équilibre latéral.
Veut-on faire ur essai sur câble? On relève
le panneau avant de la tente, le pilote monte
à bord et le moteur est mis en marche. On le
hisse ensuite, à bras, jusqu’au-dessus du pre-
mier pylône au moyen d’une poulie de retour.
Le pilote embraye la transmission et au pre-
mier battement des ailes distendues, l’appa-
reil propulsé en avant prend une vitesse accé-
lérée.
Ce parcours, bien que limité à 75 mètres,
mais répété aussi souvent que l’on voudra, en
toute sécurité, est, croyons-nous, suffisant
pour obtenir la sustension et essayer les ma-
nœuvres d'équilibre.
Nous n'avons, malheureusement, pu le faire
que très imparfaitement, ayant été arrêtés,
comme nous l’avons dit plus haut, dès les pre-
mières ghssades par des pluies torrentielles et
continues qui ont mis en péril toute notre
entreprise. :
On conçoit qu’il ne pouvait être question
ici de faire rouler l’appareil sur le sol au dé-
part, à cause de l’amplitude des battements
dailes. D'autre part, nous avons toujours
pensé qu’un dispositif absolument « safe »
était indispensable pour l'éducation et l’en-
traînement méthodique de tous les aviateurs,
ne fut-ce que pour éviter les trop fréquentes
avaries inséparables d’un premier début, et
ceci, jusqu'à ce que l’on ait trouvé l’équilibre
automatique absolu auquel, pour ma part,
je ne crois pas.
Martigues, le 15 décembre 1907.
ALBERT BAZIN
LE POUR ET LE CONTRE
Protestation de l'hélice. — Monsieur le ui-
recteur de l’Aérophile, je proteste énergiquement
contre les accusations que quelques-uns de vos
collaborateurs portent contre moi : on dit que je
gaspille les HP !?
Un de mes détracteurs, lerminant sa plainte
en queue de poisson, voudrait que l’on me rem-
plaçât par la queue de cet animal, une queue
flexible oscillante. et solide ?? (1)
(1) Voir Aéropkhile de novembre 1907, p. 320 : Recher-
ches sur un propulseur puissant et suppression de
l'hélice dans les aéroplanes.
Ah ! je voudrais voir cette concurrente tractant
par 70 kilos, un aéroplane à la vitesse de
20 mètres ! Combien vite disloquée.. et le joli
poids d’organe que cela ajouterait !
Moi, preste et légère, sans chocs ni réactions,
je donne mes 60 à 66 p. 0/0 d'effet utile. Qu'on
trouve donc un organe qui en fasse autant !
Qu'en diront les dirigeables et les bateaux
grands et petits de tous les mondes ?
Un autre voudrait (2) que l’on me supprimât
(2) Voir Aérophile de novembre 1907, p. 321: Note
sur la propulsion des véhicules aériens.
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J.-A, FARCCT, Ingénieur-Constructeur
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Usine à Ornans (Doubs) — OLIVIER ET Ci 100.
l'Aérophile à 5
pour me remplacer par - un . souffle gazeux
s'échappant à l'arrière et propulsant par recul,
comme font les fusées !! Donnerait-il 10 0/0
d'effet utile ?
Le procès que l’on me fait esl sans base
on m'impute un gaspillage qui est le fait des
engins qu'on me donne à tracter ! Suis-je cause
si on les fait si résistants, si pour .porter un
bipède de 50 kilos, il faut 30, 40, 50 HP !?
On voudrait peut-être que je les fabrique, des
IP 1?
Non ! On ne me remplacera pas parce que je
suis la simplicité mème; inutile de me faire
faire du « chichi » en contowrnant mes ailes en
forme de tire-bouchon au autres plus ou moins
grotesques ; un peu de concavilé seulement, et
mon rendement s'élèvera à 75 Q/0 Qu'on ne
mette pas, comme cela se présente parfois, m
‘tours, mon:pas où ma surface en désaccord
‘avec les conditions cinémaliques du moteur et
les diverses exigences de l'engin à remorquer:,
et toujours on tirera de moi ie maximum pos-
Sible, que nul autre ne peut donne.
Quelques-uns s’exclameront : « Que nous
raconte celte vantarde radoteuse ? Voyez les ailes
des oiseaux ! »
Les ailes des oiseaux. braves critiques,
c'est Mor! L'aile de l'oiseau en mouvement, c'est
l'hélice à mouvement allernatif ; Jà, mes deux
composantes sont utilisées. l'une en sustenta-
tion, l’autre en traction. Mais M. « Pigeon
Vole » (voir Aérophile, janv. 1907, p. 19 : Simple
note sur l'aviation, ete.) ne m'appliquera pas de
cette manière, en de grandes dimensions : ou je
casserais presto, ou je pèserais beaucoup trop.
La nature n’a pu m'uliliser ainsi que jusqu'à
concurrence de 12 kilogr. de charge totale à
soutenir.
De cela, je ne suis pas cause : cela ne touche
pas à mon principe, à mon effel ulile. Que mes-
sieurs les avialeurs fassent des aéroplanes ne
nécessitant que # ou 5 HP, ct non 20. 44 HP,
en effet utile de traction ! On fait un calcul faux
concluant à 20 kgr. de traction, quand en réalité
il en fait 40 ou 60, et on me met Ia différence
sur le dos! C'est commode !
Eh bien! qu'on essaie un autre
nous verrons les jolis résullats !
tracteur et
À mes détrasteurs, Salut! et pour vous,
monsieur le directeur, mes civililés ernpressécs,
— SANTE HÉLICE
_Sur la résistance des surfaces. — [| es! cu-
rieux de constater que quoique la plupart des
aviateurs connaissent la différence entre les ap-
pareils genre Lillienthal, qui ulilisent la résis-
lance à la chute, el les aéraplanes actuels, qui
utilisent surtout la ré ance à l'avancement,
ils ignorent ce qui différencie ces deux résis
lances.
Voici en quoi elles différent (en aïr calme)
1° La résistance à l'avancement résulte d'une
vilesse arlilicielle que l’on peut faire varier. tan-
dis que la résistance à la chute, qui résulle de
l'effet de la pesanteur sur un pian libre dans
l'air, est invariable pour un plan d'un poids
donné.
2° Ja résistance à l'avancement voit son cen-
l:e de pression se déplacer avec l'inclinaison du
plan du centre de ce plan vers l'avant, landis
que la résistance à la chule à touiours son cen-
tra de pression au centre du plan, quelle que
soit l'inclinaison de ce plan el quelle que soit
la pression qui en résulle.
3° La résistance à l'avancement est maximum
quand le plan est perpendiculaire à la direction,
ct par conséquent parallèle à la pesanteur, tan-
dis que la résistance à la chute est maximum,
au contraire, quand le plan est perpendiculaire
à la pesanteur. Il en résulte que dans un plan
propulsé. à mesure que la résistance à l’avan-
cement diminue avec l'angle d'incidence, la ré-
sistance à la chute augmente.
Cette dualilé amènera inévitablement à la com-
binaison de l’aéroplane et de l'hélicoptère. Mais
comment cette combinaison peut-elle se pro-
duire ? Chut ! N’anticipons pas !.. attendons que
les aéroplanes actuels &ient donné tout ce quils
peuvent donner ! On risquerait de passer pour
un inventeur incompris et chacun sait que les
idées de ces gens-là, quand ils ne peuvent cons-
lruire de grands appareils, sont négligeables en
iualière’ d'avialion, en ce moment du moins.
J. CONSTANTIN
DLL DITS SIT T TRS TT DT TRS TT DE
Le second Voyage du “Ziegler”” d'Alemagne en À ngleerre
Cette ascension était la seconde pour la-
quelle le ballon Ziégler de la Physikalischen
Verein, de Francfort-sur-le-Mein, fut gonflé
à l'hydrogène. Par une bizarre coïncidence, le
point d'atterrissage a été très voisin de celui
-du premier voyage avec gonflement à l’hydro-
gène, des 10/11 avril 1907, c’est-a-dire en An-
gleterre, bien que les points de départ soient
éloignés de plus de 500 kilom. l’un de l’autre.
(Voir Aérophile de mai 1907, le premier
voyage du Zregler d'Allemagne en Angleterre.)
Pour la première fois, on effectua le gon-
flement à Rheïnfelden, près Bâle, dans un
atelier de lElektron-Gesellschaft de Gries-
heïra. Le wonflement dura. il est vrai, 15 heures
environ, mais le gaz était très pur. Le point
de départ est très favorable et doit être re-
commandé car, dès le début de l’ascension, on
voit toute la chaîne des Alpes et on a des
chances de s'y diriger.
Le ballon emportait done, le 19 novembre,
à 9 heures du matin : M Bôhm, d'Oflenbach,
promoteur de ce voyage, M. Sauerwein, obser-
vateur de la section météorologique de la Physi-
‘kalischen Verein, comme aide, et le soussigné
comme pilote. Nous avions 45 sacs de lest qui,
il est vrai, n'étaient remplis qu'aux 2/3 envi-
ron. Les vivres étaient réduits au minimum,
et en dehors d’un quart de litre de cognac, il
n’y avait pas de boissons. On avait également
renoncé aux réservoirs d'oxygène. Je comp-
tais que le lest suffirait pour trois jours au
maximum. L'ascension de 52 heures que j'avais
faite du 5 au 7 avril 1906, (Voir Aérophile de
mai 1906, p. 124), avec mon frère, qui est
maintenant parti jusqu'à l’été prochain avec
Mylius Erischsen dans le nord-est du Groën-
land, avait fait monter le ballon de 1.200 m.
plus haut environ par jour, de sorte que,
pour le présent voyage, nous n'avions pas be-
G 1°” Janvier 1008
soin de monter à plus de 4 à 5.000 mètres. En
effet, le ballon monta le premier jour à envi-
ron 1.200 mètres et le second à 2.300 mètres.
Le croquis ci-joint montre le chemin par-
couru. Jusqu'à Rappoldtsweiler, au pied des
Vosges, le ballon qui était peut-être parti un
peu trop léger monta dans une région élevée,
puis, nous redescendimes l’après-midi du pre-
mier jour, dans la zone inférieure, atteignant
environ 490 mètres et, avec une vitesse tou-
sant les hauts-fourreaux de Saint-Jean-Sarre-
brück. Au commencement de l'aube, nous
nous trouvions au-dessus de Trêves, sur la
Moselle et nous nous dirigeñâmes en augmen-
tant lentement de vitesse, vers le N.-0. Si le-
ballon avait continué sa route dans cette di-
rection, nous nous serions trouvés vers midi
sur ia côte hollandaise et aurions dü atterrir.
Mais, à une altitude plus élevée, nous trou-
vâmes un courant conduisant vers le S.-0.
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Carte de l'ascension flu “Ziegler ” (19r-3 nov. 190%) avec indication de Ja situation du ballon heure par heure.
jours croissante, le ballon suivit les Vosges
vers le Sud. Nous espérions pouvoir nous rap-
procher de la montagne. Le ballon atteignit
l'extrémité sud des Vosges, quand le soir sur-
vint. Pendant que je dormais suppléé par un
de mes copassagers, le ballon remonta dans la
zone supérieure, en entrant dans les Vosges.
Il n’était plus alors question du voyage pro-
jeté vers le Sud. Nous passâmes la nuit autour
des Vosges, en allant d’une façon générale
vers le nord, le long de la frontière. Nous re-
trouvâmes une orientation sûre en resonnais-
et nous nous laissâmes entraîner par lui vers-
l'Ouest jusqu'à ce que nous puissions espérer
arriver en Angleterre en utilisant le courant
inférieur. La carte montre que notre plan
réussit.
Au matin, nous eûmes l’idée que nous pour-
rions atterrir vers Londres. M. Bôhni avait
été invité en plaisantant par des parents qu’il
a à Londres, à aller les visiter en ballon et il
avait répondu qu'il le ferait. C’était une occa—
sion qui s'offrait de mettre ce plan à exécution:
et on ne put renoncer à cet exploit.
J’Aérophile 7
Au-dessus de la Belgique et par suite d’une
insuffisance de cartes, nous perdimes toute
orientation. Lorsque le soleil couchant ramena
à nouveau le ballon dans le courant inférieur
dirigé vers le N.-O., il nous parut vraisem-
blable que nous ne nous étions pas déplacés
assez vers l'Ouest pour arriver en Angleterre.
Nous pensions être près de Mons (Belgique)
tandis qu’en réalité nous étions près de Lille
(France). Nous essayâmes alors de nous orien-
ter par des appels et remarquâmes immédia-
tement à l’amabilité et l’obligeance plus vives
des habitants, ainsi qu’à la meilleure pronon-
ciation du français, que nous ne nous trou-
vions plus parmi des Flamands, mais parmi
des Français. Finalement, nous eûmes à notre
demande : « Quel gouvernement? » cette ré-
ponse : « Pas-de-Calais ». Le « merci, merci! »
que nous criâmes était plus que de la simple
politesse. Nous continuâmes dans la couche
inférieure, allant jusqu'à environ 1.200 m.
où le vent soufflait vers le N.-0. Pendant
1 h. 1/2, jusqu’à l’approche de la mer, les aver-
tissements, peu familiers à nos oreilles, mais
bien intentionnés, des habitants de la côte
française, nous accompagnèrent : « Æn bas!
En bas! la mer! Sauvez-vous! La mer! » A
6 heures du soir, il faisait tout à fait nuit. A
7 heures nous franchîmes la côte française, à
droite du phare de Calais, à gauche du feu
tournant de Gris-Nez. Ce n’est qu’à 9 heures
du soir que nous passômes Folkestone, sur la
côte anglaise. Le ballon franchit encore la
large embouchure de la Tamise, puis atterrit
sans incident à Harlingdon, au nord de Lon-
dres, à 1 h. 25 du matin, le 3 novembre, ayant
encore 17 sacs de lest. Il faisait si sombre qu'à
deux mètres du sol nous ne pouvions nous
rendre compte si nous nous trouvions sur une
route ou sur un fossé.
Après l'atterrissage, nous dormimes une
heure dans le ballon, puis nous l’emballâmes
et primes nos dispositions pour gagner Lon-
dres. Quand nous commençâmes le pliage, le
temps était tout couvert et il se mit à pleuvoir
légèrement. Pendant le voyage même, nous
avions eu des nuages variables, mais le plus
souvent élevés. Ce n’est que dans les Vosges
et dans le Haardt, ainsi que sur la côte fran-
çaise, qu'il ÿ eut du brouillard bas.
Les parents de M. Bohm nous reçurent à
Londres avec un mélange d’amical reproche et
de plaisir pour nous offrir ensuite l’hospita-
lité la plus cordiale.
Consommation de lest
1% novembre, 9 heures du matin, emporté
45 sacs ; 2 h. 15 du soir, restent : 42; 3 heures,
51,5; 4 heures, 40; 4 h. 45, 39; 5 h. 15, 38
(Vosges).
2 novembre, 6 h. 45 du matin, 26 (Vosges);
8 h. 15, 26; 10 h. 25,5; 1 h. 15 du soir, 24,5;
5 heures, 20; 6 heures, 18.
3 novembre, 1 h. 25 du matin. Atterri avec
17 sacs.
Dr Kurr WEGENER
RPPPIIAR
TOUR DU MONDE AÉRIEN
Le plus grand dirigeable du monde. — En
Amérique naturellement, et encore en projel…
Un groupe de membres de l’Aéra-Club of Ame-
rica parmi lesquels le capitaine Baldwin, G. Cur-
tiss et Post ont décidé de faire construire un
dirigeable qui combinera les principes du plus
léger et du plus lourd que l'air et dont les di-
mensions permeltront de transporler un poids
plus considérable que n'importe quel autre bal-
lon à ce jour. Cet engin mixte sera établi de
telle sorte que si en cas de guerre l'enveloppe
se trouvait percée par des projecliles ennemis,
un disposilif aéroplanant permettrail néanmoins
de se diriger vers un abri et de l'alteindre.
Souhaitons que le plus grand dirigeable du
monde, soit en même lemps « the best on the
world », selon la formule, si prodiguce par nos
amis de-la libre Amérique.
Evasion d’un sphérique. — [es dirigeahles
ne sont pas seuls à fausser compagnie à leurs
propriétaires. On sait que dans toutes les ar-
mées. du monde où l’on est obligé de gonfler
par tous les temps.des ballons en gonflement où
à Jl'appareillage. — je ne parle pas des ruplures
de câbles en cours d'ascension captive — échap-
pent assez souvent aux hommes de manœuvres.
les ballons captifs exploités commercialement
font parfois de même et le fait n’est point sans
exemple dans l'aéroslalion sporlive civile : il est
relativement fréquent parmi les aéronautes fo-
rains.
Le ballon Bamter de la Niederrheinischer Ve-
rein fur Luftschiffahrt, en gonflement le 6 dé-
cembre à Slyrum près Mulhouse, échappa aux
soldals qui le retenaient et qui se trouvèrent un
inslant distraits par l'accident survenu à un
de leurs camarades incommodé par le gaz. Quel-
ques heures après, le Bamler, parti l'appendice
] 6, éclatait en l'air à hauteur modérée au-
essus d'une pelile ville du nord de la West-
phalie près d'Essen, et se déchirait en trois lam-
beaux dont deux furent immédialement retrou-
vés. On espère pouvoir réparer l’aéroslat,
La Coupe Gordon-Bennett 1908 en Allema-
gne. — Le Real Aéro-Club de España a adressé
à la Deustscher Luftschiffer Verband, Grgani-
satrice de l'épreuve en 190$ de par la victoire
de son représentant O. Ersbsloh, l'engagement
des 3 champions espagnols.
Au diner offert par l’'Automobile-Club d’Amé-
rique à l’'Aéro-Club d'Amérique une souscription
de 50.000 francs a été ouverte pour acheter de
nouveaux ballons et couvrir les frais de l'équipe
américaine qui tentera de reconquérir en 1908 la
Coupe Gordon-Bennett.
La Deutscher Luftschiffer Verband, a notifié
au secrétariat de la F. A. I. que le départ de la
Coupe Gordon-Bennett aurait lieu à Berlin, au
mois de septembre ou d'octobre. L'endroit pré-
cis de déparl sera sans doute le champ de ma-
nœuvres de Tegel près Berlin.
8 1" Janvier 1908
Machines volantes d'aujourd'hui et de demain
L’Aércplane Heni Farman
Premiers essais officiels pour
le Grand Prix Deutsch-Archdea-
con. — Si, à l'heure où nous écrivous ces li-
gnes, Henri Farman n'a pas encore conquis
le Grand Prix d'aviation Deutsch-Archdeacon
de 50.000 fr., ce n'est point faute de lui avoi:
livré de multiples et vaillants assauts. Toute
une longue semaine, il s'est acharné à cette
superbe lutte, et le trophée tant envié pa-
rut souvent à sa
C’est la série de ces encourageantes perfor-
merci.
mances que nous résumerons rapidement ci-
dessous.
Après ses splendides succès des 9 et 10 novem-
bre, Farman poursuit le 11 novembre, tou-
jours à Issy-les-Moulineaux, des essais privés
de mise au point, marquées par quelques en-
volées relativement courtes.
Le 14 novembre, il s'entraine aux virages.
Il évolue avec facilité. effectuant des quarts
de voltes en l'air interrompus par quelques
légers contacts au sol, sans arrêt. Tout à’coup,
une des pales de lhélice se rompit en pleiu
vol, au niveau d'une paille dans le métal, et
fut projetée comme un bolide. Heureusement,
personne ne fut atteint. Malgré cet accident,
l’aéroplane revint au sol bien d’aplomb sur ses
roues, ce qui prouve à la fois la complète sta-
bilité de l'engin créé par les frères Voisin et
l'habileté de son pilote, Henri Farman,
Magnifiques tentatives pour le
Grand Prix d'aviation. — Henri Sfar-
man s'était inscrit officiellement à l’Aéro-Club
de France pour disputer le 18 novembre le
Grand Prix Deutsch-Archdeacon, à partir de
9 h. du matin. Mais le célèbre aviateur et ses
constructeurs, les frères Voisin, employèrent
la matinée à une dernière revision de l’appa-
rail et les essais ne purent commencer que
vers 2 heures. Dans l'intervalle, le dirigenble
Ville-de-Paris venait faire escale à Lssy-les-
Moulineaux comme nous l’exposions en dé-
cembre 1907, p.363.
La « piste » fut tracée, dès le matin, par la
Commission d'aviation de l’'Aéro-Club de
France. La ligne de départ déterminée par
deux fanions aux couleurs du Club distants
de 50 mètres, est établie à peu près au même
endroit que la veille pour Santos-Dumont
(voir Aérophile de nov. 1907). Mais Farman
se fait réserver une plus
250 mètres auto va souligner
poteau de virage
placé à 500 mètres du milieu de la ligne de
départ et que le brouillard rendait peu vi-
sible.
lancée
Une
de sa masse grisâtre le
longue,
environ.
M. Victor Tatin, vice-président de la
Commission d'aviation, est juge au départ et
à l'arrivée ; M. Ernest Zens, placé à 150 m. de
la ligne de départ, confirme le bon départ en
abaissant son drapeau; M. Paul Zens est
commissaire au virage. Dans sa voiture de
contrôle, où prirent place tour à tour
MM. Henry Deutsch de la Meurthe et Ernest
Archüeacon, les deux donateurs du prix et un
peu plus tard Santos-Dumont, Paul Tissan-
dier suivit tous les essais de bout au bout.
Les essais commencèrent vers 2 heures; en
roici le compte rendu succinct :
19 À © h., le moteur « Antoinette » de
56 chx ronfle à mervclle. Magnifique envolée
soutenue. à 3 et + m. de hauteur pendant
500 m., jusqu'au poteau; ébauche du virage;
retour au sol. — 2° L’aéroplane est à l’essor
20 m. avant la ligne du départ, il attaque le
virage, s’y engage de plus en plus et paraît
devoir boucler, mais une risée de vent par
le travers le ramène au sol. — 3° Nouveau vol
splendide jusqu’au poteau des 500 m. — 4° et
5° Le vent s’est levé plus vif, prenant l’appa-
reil par l'arrière. L’aéropiane n'est pas à
l’essor en coupant la ligne de départ. — 6° A
3 h. 47, vol puissant, virage d’un quart de
tour, retour au sol. -— 7° Départ manqué.
— 8° Essai splendide. Bien parti, Farman
parait vouloir gagner sur sa droite et virer
plus au large que précédemment. De la ligne
de départ, on le voit entrer dans le virage,
il descend, mais a-t-1l touché? Il continue,
s'élève, redescend et revient vers le départ,
il coupe la ligne d’arrivée en dehors des deux
poteaux distants de 50 mètres. La foule ac-
clame croyant le prix gagné. Il n’en est rien.
L'appareil est revenu au sol trois fois en cours
de route. Farman a néanmoins tenu à con-
tinuer pour se faire la main.
L'heure fatidique du coucher du soleil est
écoulée, et selon le règlement, les essais offi-
ciels sont clos pour ce jour-là.
Essais officiels du 20 novembre.
—- Nouveaux essais officiels pour le Grand
Prix le 20 novembre. Mème disposition pour
le contrôle de l'épreuve. MM. Victor Tatin et
le capitaine Ferber, juges au départ et à l’ar-
rivée; L. Levavasseur, le savant inventeur
des moteurs extra-lécers « Antoinette », G.
Hermmite et A. Nicolleau, commissaires aux
virages ; Ernest Zens, starter. Dans la voiture
du contrôle de Paul Tissandier prennent place
tour à tour MM. Archdeacon, Santos-Dumont,
le comte de La Vaulx, Georges Besançon, le
comte de Castillon de Saint-Victor, Jacques
Faure.
Dans l'assistance Henry Deutsch de la
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LUN
l'Aérophile 9
Meurthe, Louis Blériot, général Peigné, G.
Tranchant, Henry Kapferer, G. Eiffel, Fran-
çois Peyrey, marquis E. de Kergariou, Geor-
ges Le Brun, le-comte de Fayolle, Vuia, Far-
man père, Echalié, A. C. Triaca, Léon Sée,
Rodolphe Soreau, Delagrange, de Avellar-
Lemgruber, le marquis de Virieu, le comte
Economos, Henri Fabre, Roger Aubry, Cap-
pazza, Georges Dubois, T'ommaselli, Petit-
Breton, Jacquelin, nos confrères Durand,
Robert-Guérin, Georges Bans, Dickins, René
Boureau, A. de Masfrand, etc...
Un peu avant midi, Farman fait deux es-
sais sans s'enlever. À 2 h. 30 du s., l'engin
s’eniève franchement avant la ligne de dé-
part, franchit 500 à 600 m., esquisse le vi-
rage et redescend. — Nouvelle envolée à
2 b. 35, et essai de virage sur la droite en
sens inverse de tous les essais de virage pré-
cédents. — A 2 h. 50, essor superbe, mais
l’appareil à failli toucher en plein vol le po-
teau de gauche de la ligne de départ; retour
au sol après 200 m., et nouvelle envolée sans
arrêt; l'appareil vire, il va finir sa volte-face,
mais il touche terre de nouveau. Pour ga-
gner du temps, Farman revient au départ
d’un superbe vol en droite ligne. — Dans
le sixième essai, l’aéroplane toujours très sta-
ble transversalement, s'élève à 6 à 7 m. de
hauteur. Il file vers le poteau de virage, tente
le demi-tour mais retombe. Retour au point
de départ par voie aérienne. — Bien parti
dans la septième tentative, Farman revient
encore au sol après 200 mètres. — Le huitième
essai se fit entre 7 et 8 m. de hauteur, et dura
88”, mais le virage ne put encore être réussi.
Essais officiels du 21 movem-
bre 1907. Le ©?1 novembre, nouveaux
essais officiels, mais, malgré toute l’activité
des frères Voisin, l’engin ne pût être prêt
qu'après l’heure officielle de clôture. Avant
l'obscurité complète, Farman exécuta cepen-
dant trois envolées admirablement soutenues,
dont une de 700 m. environ en 50 secondes.
Dans l'assistance : MM. Archdeacon, Hen-
Try Deutsch de la Meurthe, Santos-Dumant,
Victor Tatin, le capitaine Ferber et Mme Fer-
ber, le comte de La Vaulx, Louis Blériot et
Mme Louis Blériot, Paul Tissandier, Georges
Besançon, François Peyrey, Ernest Zens, lieu-
tenant Frank P. Lahm, Fauber, Henri Ro-
chefort et ses petits-neveux Armand et Henri
Dufaux, bien connus du monde aéronautique
et automobile; le comte de Castillon, Auguste
Nicolleau, Farman père, Luneau, Pierre
Mercier, Delagrange, Sizaire, Anzani, André
Fournier, Loysel, Maurice Bienaimé, Henry
Kapferer, A.-C. Triaca, Léon Sée, Wimille,
Robert-Guérin, A. de Masfrand, Georges
Bans, Vuia, Jacquelin, etc.
— Le 22 novembre, évolutions privées d’en-
traînement dans l'après-midi, marquées par
plusieurs envolées très réussies. Quelques modi-
fications avaient été iaites dans le dispositif
d'adduction d’essence.
-— Le 23 novembre, jour du voyage du Patrie
de Châlons à Verdun, Henri Farman, inscrit
pour le Grand Prix, sortit son appareil vers
midi. D'un vol d’essai superbe, il gagnait le
point de départ. Puis il fit une expérience of-
ficielle, s’enlevant à 10 im. de hauteur envi-
ron pour redescendre 200 m. après le départ.
La pluie survint. On remit les essais à 2 heu-
res, mais le temps était de plus en plus mau-
vais et on dut rentrer l’engin sous son abri.
Profitant du répit imposé par les intempé-
ries, Henri Farman et les frères Voisin pro-
cédaient à une révision de l’aéroplane sou-
mis, les jours précédents, à un service intensif.
Le moteur « Antoinette » fut muni d’une
magnéto. Une nouvelle hélice fut installée et
l’engin fut allégé de quelques kilos.
— Le 29 novembre, Farman fit des essais
sans s’erlever, pour éprouver les diverses modi-
cations apportées à l’engin. Le terrain était
d’ailleurs gluant et ne favorisait guère la vi-
tesse nécessaire à l'essor.
— Le 4 décembre, essais de récentes modifica-
tions : cellule arrière remplacée par une autre
plus légère et de moindre envergure, nouveau
chässis porteur, d’où allégement et diminution
de la résistance à la pénétration, mais modi-
fication de l’emplacement des centres nécessi-
tant une nouvelle mise au point qui se conti-
nue actuellement par des essais privés.
Des expériences d’épreuve, le 6 déc., fu-
fent arrêtées par les signes de fatigue que
donna le nouveau chariot porteur. Quelques
modifications faites aussitôt assurèrent de
nouveau la solidité «le cette partie de l’appa-
reil.
G. Braxcrer.
PRPPIRPIIS
L’aéroplane Blériot
Superbes envolées à grande
vitesse -- Essais de virage
Notre collaborateur Auguste Nicolleau écri-
vait, en terminant son article de novembre
dernier sur l’aéroplane Louis Blériot, que cet
appareil s’enlèverait dès que l’aviateur le lui
permettrait. Prévision parfaitement justifiée
aujourd’hui.
L'appareil, réparé après l'expérience du
7 novembre, roulait de nouveau à Issy-les-
Moulineaux, le 15 novemhie 1907.
Le 16 novembre, M. Blériot réussissait un
vol prolongé à une allure si rapide que des
observateurs très familiarisés avec les grandes
vitesses purent estimer celle de l'appareil
entre 80 et 90 kil. à l’heure. Malheureusement,
au retour au sol, les roues porteuses, pourtant
10 1 Janvier 1908
ovientables, et tout le train porteur, eurent
fort à souffrir.
— Le 22 novembre, M. Louis Blériot était
de nouveau à l'entraînement. Il parcourut à
belle allure le champ de manœuvres d’Issy-
les-Moulineaux pour éprouver la résistance du
chariot porteur considérablement
M. Blériot coupait souvent l’allumage pour
ne pas se trouver à l'essor malgré lui.
—_ Le 23 novembre, M. Blériot se disposait
à un essai vers 11 heures du matin. Mais il
avait eu le tort de se placer trop près de la
barrière du champ de manœuvres, pour le dé-
part. Comme il faisait grand vent à ce mo-
ment, une rafale prit l'appareil par le travers
après quelques mètres de lancée et le drossa
contre la palissade de fer où l’hélice fut tordue
et cisaillée de fâächeuse manière. La barrière,
malgré sa solidité, avait cédé sous le choc.
L’aviateur n'avait heureusement aucun mal.
Belle envolée de plus de 150 me-
tres. — Le 29 novembre, vers 2 heures,
2"
renforcé.,
et essais de virage. -_ Le matin du
6 décembre, M. Louis Blériot exécutait à Issy
les plus belies expériences qu'il eût encore
réussies. Par deux fois notamment, son essor
se soutint sur 400 à 500 mètres, il réussit
même une volte-face aérienne. La vitesse de
l'appareil est telle que laviateur n’a pas
toujours le temps de manœuvrer ses stabili-
sateurs d’arrière pour empêcher une ascension
trop rapide. Il pourrait y parvenir en dimi-
nuant la vitesse, mais les dispositifs de retard
à l’allumage et de variation d'admission n'y
suffisent pas. C’est ainsi que dans le dernier
essai, M. Blériot se trouvant enlevé à 10 ou
12 mètres n’eut d'autre moyen d'arrêter l’as-
cension que de couper complètement l’allu-
mage. Au retour au sol il y eut quelques dé-
gâts, promptement réparables.
— Le 9 décembre, tandis que M. Blériot
faisait tourner le nioteur sous le hangar, une-
pale d’hélice se rompit. L’allumage ne püût
être coupé tout de suite, et sous l’action du.
a
De ob éduomobile
L'aéroplane Blériot après l'accident du 18 décembre.
Issy, superbe envolée de plus de 150 mètres.
Vol tres stable et très rapide à 3 ou 4 mètres
du sol, arrêté trop tôt par la cramte d’une
collision avec un peloton. de cavaliers à la ma-
nœuvre. Un tube du chariot porteur légère-
ment faussé à l’atterrissage. L'essor fut ob-
tenu sans que le pilote touchât à l'avance à
l'allumage de son excellent moteur Antoinette
de 50 chevaux et par suite, sans user, loin de
là, de toute la force motrice disponible. Rap-
pelons qu'avec son précédent aéroplane du
type Langley, M. Lcuis Blériot avait déjà
réussi un vol de 186 metres le 17 septembre.
(Voir Aérophile de septembre 1907.)
— Nouveau essais très intéressants le 4 dé-
cembre avec plusieurs envolées successives va-
riant de 50 à 201) mètres.
Envolées de 400 à 500 mètres
propulseur ainsi déséquilibré, tout l'appareil!
fut renversé, retourné et sérieusement en-
dommagé.
L’aéroplane Blériot fait pana-
che. — L’'aéroplane fut promptement répare-
et le 18 décembre, eut lieu une nouvelle ten--
tative en vue d’un des prix des 150 mètres en
val mécanique. Dans un premier essai, Blériot
manqua son prix de 5 m., franchissant 145 mèe--
tres d’une envoiée superbe.
À 3 h. 5, nouvel essor prolongé, à 2 m. 50 de-
haut, inais dans le retour au sol, la roue por-
teuse de gauche f'affaissait, l'aile du même-
côté râclait le sol et tout l'appareil faisait pa-
nache ensevelissant M. Blériot sous ses débris.
Par miracle le vaillant sportsmen n'avait que-
de légères contusions.
L’aéroplane fracassé, a néanmoins été re--
PS
#40
a.
Tansn nette
2Sporte un moteur ‘Antoine
C'est avec un moteur “ Antoinette ” de 10/50 HP que Santos-Dumiont à gagné la coupe Archdéacon
le 23 Octobre 1906.
C'est avec un moteur “ Antoinette” de 40/50 HP que l'aéroplane Delagrange à parcouru 60 metres
dans les airs, le 30 Mars 1907.
C'est avec un moteur “ Antoinette ” de 20/21 HP que l'aéroplanej Vuia s’est envolé sur 20 metres
e 5 Juillet 1907.
C'est avec un moteur Antoinette ” de 20/24 HP que Blériot”a parcouru 3 fois 125 mètres, s'est
élevé à la hauteur de 10 mètres et a effectué un virage en pleine vitesse, les 11, 15 et 31 Juillet 1907.
C'est avec un moteur “ Antoinette ” de 40/50 HP que l'aéroplane Farman s'est envolé le 30 septem-
bre 1907, à Issy, sur une distance de S0 mètres,
C’est avec un moteur Antoinette ” de 40/50 HP que le premier hélicoptère portant un homme
le € Gyroplane Bréquet ” s'est enlevé en septembre 1907.
C'est avec un moteur “ Antoinette ” de 40/50,11P que le dürigeable militaire ‘anglais
Secundus ” a évolué au-dessus de Londres, le à octobre 1907. ;
C’est avec un moteur “ Antoinette ” de 4050 HP qu'Henri Farman a battu le 26 octobre
1907, par 771 mètres, tous les records de vel mécanique et conquis la Coupe Archdeacon.
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J’Aérophile 11
mis en état et ses essais reprendront incessam-
ment.
Cette curieuse mésaventure ne décourage
pas M. Blériot qui, dans sa carrière déjà lon-
gue d’aviateur militant, n’a guère été épar-
gné par la malchance. Raison de plus pour
qu'il ait bientôc son jour.
Son appareil actuel est remarquablemer:
conçu et exécuté et sa valeur aérodynamique
est très grande. Il porte près de 17 kilog par
mètre carré. Son peu de résistance à l’avan-
cement, dû à son mode de construction d’où
sont éliminées toutes les résistances accessoi-
res nuisibles des haubans, tendeurs, montants,
etc., lui assure la haute vitesse nécessaire
à cette capacité portante. Il est évident que
l’aéroplane Blériot avec son 50 chevaux « An-
toinette » parfaitement au point, dispose même
d’un important excédent de force motrice. Il
vole sans que l’on donne la moindre avance
à l'allumage ct en ne demandant guère au
moteur qu’une trentaine de chevaux peut-
être. Il prend son essor sous un angle d’at-
taque très faible. Seulement, — et c’est le
léger inconvénient de ces qualités — l’appren-
tissage de l’aviateur cest peut-être plus diffi-
cile que sur un engin de vitesse moindre.
M. Blériot n'en apparaît pas moins
comme un des compétiteurs les plus redou-
tables du Grand Prix d'aviation. Et à consi-
dérer l'effort si méritoire qu'il poursuit de-
puis tantôt 7 ans, je crois, le temps, l’argent,
l’intelligence et l'ingéniosité dépensés par ce
technicien et ce sportsman si parfaitement
désintéressé, les dangers vaillamment courus,
ses rivaux eb ses émules ne seraient pas les
derniers à saluer sympathiquement son succès.
P. ANCELrE
PILIERS RESTE T TE TS
Machines volantes diverses
L’aéroplane Etrich et Wels. — Les
ingénieurs Etrich et Wels ont réussi en
Bohême avec un aéroplane sans moteur, de
leur invention, des vols planés de 220 mètres à
la vitesse de 12 mètres par seconde. Ils ont
actuellement muni leur appareil d’un moteur.
Nous publierons prochainement sur leurs in-
téressants travaux, uue note détaillée.
Aëéroplane Thuau. Le coureur cy-
cliste Victor Thuau construit en ce moment
un aéroplane dont ur modèle en réduction lui
a donné satisfaction. Le modèle définitif pè-
sera 120 kilos et sera muni de propulseurs
nouveaux, actionnés par un moteur de 8 che-
vaux 2 cylindres.
Machine volante Bertin. -_ Ils y
viendront tous! Bertin, l’entraineur moto-
cycliste bien connu, achève un engin se rap-
prochant assez de l'hélicoptère, qui pèsera
monté 300 kilog. dont 120 pour un moteur
8 cylindres imaginé par Bertin.
Aéroplane Dardelet. -- Le lieute-
nant Dardelet, vient d'imaginer un nouvel
aéroplane dont un modèle expérimenté en dé-
cembre 1907, à Ajaccio devant des officiers
de la garnison aurait donné de bons résultats.
L'inventeur n'a pu obtenir du ministre de la
Guerre l’autorisation de venir à Paris pour la
construction de l'engin définitif, mais il se pro-
pose néanmoins d’en faire don à l'armée.
L’aéroplane des frères Wright.
— Pour mémoire, enregistrons les informa-
tions contradictoires publiées successivement
à ce sujet.
Vers le milieu d'octobre, un syndicat anglo-
américain aurait achete pour 2.000.000 de
fr. la machine volante; 11 devait négocier avec
le gouvernement anglais et d’autres gouverne-
ments pour la vente de tous les droits de cette
invention.
Les Wright seraient allés à Berlin proposer
leur invention au gouvernement allemand.
Une option aurait été acquise et si l'appareil
exécute un circuit de 40 kilomètres devant té-
moins, la vente sera définitivement conclue.
D'autre part, Wilbur Wright est reparti
pour l’Amérique au mois de novembre, lais-
sant en Europe son cadet Orville Wright. Est-
il allé chercher le fameux engin ou bien est-il
vrai, comme le bruit en à couru, qu'il l'aurait
vendu au gouvernement américain ?
Aéroplane anglais. Au commen-
cement d'octobre, un aéroplane militaire an-
glais dû à M. Dunn aurait été mis en essais
et aurait accompli des vols d’une centaine de
mètres dans la vallée d'Ylen-Tit (Ecosse). La
région est quasi-déserte et des soldats du génie
cmpêchaient les rares habitants d'approcher
du lieu d'expériences. On n’a donc aucun ren-
seignement sérieux sur cet engin.
L’aéroplane de Pischoff. — Les 21
ct 22 novembre, M. de Pischoff continua à
évoluer sans s'enlever, à bord de son aéro-
plane, en même temps que Farman et Blé-
riot. Le 22 novembre, gêné par des soldats au
repos, l’aviateur ne put éviter la barrière du
champ de manœuvres. Dans le choc, l'hélice de
bois fut brisée et la roue gauche du chariot
porteur s'affaissa. M. de Pischoff n’eut aucun
mal. Il répara, reprit ses essais et les 5 et 6
décembre, 11 réussissait de premières envolées
sur quelques metres.
L’aércplane de La Vaulx. Pre-
mières envolées. — Avaries sé-
rieuses. —— Le comte Henry de La Vaulx
vient d'entreprendre à son aérodrome de
Saint-Cyr les essais préliminaires de son
aéroplane, le 18 novembre. (Voir dans l'A éro-
phile d'avril 1907 les caractéristiques et le cro-
quis en plan de l’appareil.) Il obtint, dès le
12
début, deux premiers succès terminés fâcheu-
sement par une mésaventure qui aurait pu
avoir des suites graves.
Un premier essai contre le vent donna lieu
à une envolée prolongée sur 70 mètres envi-
ron, à 50 centimètres et 1 mètre du sol; le
départ avait eu lieu contre le vent et en re-
montant, pour la lancée, une légère rampe.
M. de La Vaulx voulut alors faire un essai
Cliché de la Locomolion Automobile.
1” janvier 1908
plètement tordues. La remise en état deman-
dera un mois environ, et le haubannage des
ailes sera renforcé par les ateliers aéronauti-
ques Mallet.
Malgré ce fâcheux retard, il importe de re-
marquer que cet aéroplane étudié et calculé
par le savant aviateur Victor Tatin, est peut-
être le seul à avoir quitté le sol dès les pre-
miers essais, sans modifications au plan pri-
{Photo Branger).
L'aéroplane Gastambice-Mengin.
en sens inverse, par vent arrière. L'appareil
s’enleva de nouveau facilement après 50 mè-
tres environ de lancée; il continuait son vol à
50 centimètres du sol à une vitesse approxi-
|
2 —
mative de 50 kil. à l'heure. Il paraissait très
bien équilibré quand, tout à coup, l’aile de
droite se rabattit sur l'aile de gauche. L’appa-
reil, ainsi désemparé, piquait du nez, butait
au sol et par la vitesse acquise, capotait sur
l’aviateur, le reconvrant de ses débris. On
accourut aussitôt pour Gégager M. de La
Vaulx. Par une chance extraordinaire, il
était sain et sauf, à part de légères contusions.
Mais l'appareil était brisé et les hélices com-
mitif, ni retouches, ni expériences de mise
au point, et cela une fois avec départ en mon-
tant une rampe et, une deuxième fois, avec
vent arrière, conditions peu favorables. Im-
/0. 00
Croquis de l'aéroplane Gastambide-Mengin
avec les principales cotes.
1. Vue de côlé. — Fig. 2 Vue en plan {demi-plan). —
Fig. 3. Vue de front
possible de faire un meilleur éloge des qualités
aérodynamiques de cet engin d’une concep-
tion aussi personnelle que rationnelle.
L’aéroplane Gastambide - Men-
gin. — Deux sportsmen bien connus, mem-
bres du Conseil d'administration de la Société
du moteur extra-léger d'aviation « Antoi-
nette », MM. Gastambide et Mengin viennent
d'unir leurs efforts pour s'attaquer à leur tour
à la pratique directe de l’aviation.
ÿ
J’Aérophile 13
Ils ont mis en construction un aéroplane
du type monoplan dont voici les principales
caractéristiques : Envergure totale des ailes,
de bout en bout, corps compris : 10 m. 50, ces
ailes ayant en projection horizontale la forme
d’un trapèze dont la hauteur est de 5 m. et les
bases respectivement de 3 mètres du côté du
corps et de 1 m. 70 à l’extrémité opposée. Le
corps est quadrangulaire d’une longueur de
5 mètres.
La partie motrice se compose d’un moteur
50 chev. 8 cylindres « Antoinette » naturelle-
ment, qui actionne directement une hélice de
2 mètres de diamètre et de 1 m. 30 de pas,
placée à l'avant.
La surface portante totale de cet aéroplane
est de 24 mètres carrés, son poids de 350 kil.
environ, y compris l’aviateur. Ii s’enlèvera
M. R. Gastambide
L'aéroplane Gastambide-Mengin: Disposition du mitour Antoi-
nelte de 50 chevaux et de l'hélice (Photo Branger).
M. A. Mengin
done à une vitesse de 16 mètres à la seconde,
soit environ 55 à 60 kil. à l'heure.
L’aéroplane portera le nom d’aéroplane Gas-
tambide-Mengin et :2s premiers ‘essais se
feront prochainement, probablement à Baga-
telle pour débuter.
Bonne chance aux nouveaux pionniers de
l'aviation.
L’aéroplane Vuia. -_ M. Vuia qui
fut le premier, ne l’oublions pas, à expérimen-
ter un aéroplane monté, lancé sur roues, a fait
subir à son appareil d’intéressantes modifica-
tions portant sur les formes et les dimensions
des surfaces sustentatrices et tendant d’au-
tre part, à abaisser notablement le centre de
gravité de l’ensemble. Voici les: détails que
l’excellent aviateur voulut bien nous donner
« La surface sustentatrice à été agrandie
dans le sens longitudinal et mesure, dans ce
sens, 2 m. 40. Un nouveau gouvernail de pro-
fondeur, de même forme que les ailes et de
4 m° de surface a été ajouté à l’arrière. La sur-
face totale de la machine est aussi portée à
20 m°. Le gouvernail de profondeur se trouve
plus en arrière qu’autrefois, sa manœuvre a
été rendue plus facile et s'opère au moyen
d’un levier sur secteur denté.
Le centre de gravité a été descendu de
55 centimètres. Pour cela, le moteur Antoi-
nette de 24 chevaux a été installé dans le
cadre inférieur du bâti quadrangulaire.
L'hélice commandée par chaine a 1 m. 85 de
diamètre, 1 mètre de pas, 0 m. 32 de surface
alaire. Elle tourne moins vite que le moteur.
Pour éviter les suites fâcheuses des à-coups
ou des départs brutaux du moteur, le pignon
de l’arbre de l’hélice n’est pas solidaire de cet
arbre. L'arbre est entraîné par friction, le pi-
gnon se trouvant serré par un écrou eb un
ressort ainsi que par deux rondelles en cuir
entre deux plateaux solidaires de l'arbre
d’hélice ». — Vura
Un aéroplane russe. -_ Une commis-
sion instituée en Russie pour l’élaboration d’un
nouveau type d'aéroplane a terminé ses tra-
vaux et la construction va commencer D’au-
tre part — s'agit-il du même engin? — on
annonce les premiers essais, aux environs de
Saint-Pétersbourg, d'un aéroplane militaire
dû au capitaine Schabsky et dont la vitesse
serait de 12 mètres à la seconde.
Aéroplanes anglais. __ M. Roé a
essayé le 3 décembre, à l’autodrome de Brock-
lands, près de Londres, un aéroplane de son
invention. L'appareil fut placé en haut d’un
virage, le moteur mis en marche, actionnant
à 1.000 tours par seconde l’hélice à deux
branches. L'engin descendit la pente du vi-
rage sans s’enlever, et la carburation étant de-
venue mauvaise en raison de l'humidité, les
essais furent remis.
M. Moore-Brabazon doit également essayer
incessamment à Brooklands un aéroplane de
son invention.
AÉROPHILE
AMEN RO-CLUR
Le premier dîner de 1908 à l’A. C. S. O.
— iÆ premier diner de 1908 aura lieu le jeudi
9 janvier, au café de Bordeaux, à 8 h. précises.
Selon l'usage, figureront au menu le Cassoulet
des Aéronautes, commandé spécialement à Cas-
telnaudary par le président, le Gäleau des Rois
de l'Air, et de nombreuses bouteilles de bons
crus et bonnes années offertes par les sociétaires.
DÜMSUDEOUEST
Au dessert, le président distribuera les prix
gagnés en 1907 par les divers pilotes.
Réception des pilotes parisiens à l’Aéro-
Club du Sud-Ouest. — Dans quelques jours, un
certain nombre de pilotes de lAéro-Cluh de
France iront rendre visite à leurs camarades
et amis de l’Aéro-Club du Sud-Ouest.
14 1” Janvier 1908
COMITÉ DE DIRECTION DU 3 DLCEMBRE 1907
Procès-verbal
Présents : MM. le comte de La Vaulx, prési-
dant la séance, Léon Barlhou, Paul Tissandicer,
le duc d'Uzès, Jacques Faure, Georges Le Brun,
Gustave Eiffel, le comte de Chardonnet, Auguste
Nicolleau, Victor Tatin, François Fevrey, René
Gasnier, le comte A. de Contades, Ed. V. Bou-
lenger, André Delattre, Elienne Giraud, le capi-
taine Ferber, Maurice Mallet.
Excusés : MM. le comte de Castillon de Sainl-
Victor. Georges Besancon, Georges Dubois, Paul
Rousseau, René Grosdidier.
Nouveau prit davialion. — Le Comilé prend
connaissance du projet de M. Armengaud. jeune
qui à d'intention de fonder un prix de 10.000 fr.
pour l'aviation.
Après délibéralion. ie Comilé nomme une
Commission composée de MM. Archdeacon, le
comte de Chardonnel el le comte de La Vaulx.
chargée de remercier M. Armengaud jeune et
de s'entendre avec lui pour le règlement de cetle
épreuve.
3° Concours de pholographie aéronaulique. —
Le Comité ralifie le classement du 3° concours de
photographie aéronaulique, classement publiè
dans le rapport du commandant Renard (Aéro-
phile de décembre 1907, p. 349).
Nouveau local. — Répondant à M. Janels, le
président déclare que le Conseil d'administra-
tion s’occupera du choix du nouveau Jocal dans
le courant de janvier 1908.
Balloltage. — Le Comilé procède à l'admission
de MM. : Pierre Delaunay-Belleville (A. C. F.).
parrains : MM. le comle de Contades et Jacques
Faure ; Ernest Bonamy. parrains : MM. G. Be-
sançon et A. Nicolleau Léo Callenberg, par-
rains : MM. Richard Clouth et Georges Blan-
chet : Donon, parrains : MM. André Schelcher et
Robert Esnaull-Pellerie ;: Marquet de Vasselot.
parrains : MM. Jacques Faure el le comte de
Contades : Linder (A C. F.). parrains MM.
Jacques Faure el le comte de Contades : Mar-
tin-Zédé (A. C. F.), parrains : MM. Ernest Arch-
deacon et Henri Menier,
Brevels de pilole. — Après examen des dos-
sicers en règle, le Comilé décerne le brevet de
pilote-aéronaute à MM. : le docteur Jacques Sou-
bies, parrains : MM. Besançon et A. Nicolleau :
Jean de Francia. parrains : MM. le comte de
Contades et Mallet.
Apres échange de vues, le Comilé décide qu'à
l'avenir, un droit de 50 fr. sera perçu pour loule
demande de brevet de pilote. La carte d'iden-
ülé et Je brevet lithographié seront délivrés
gralnitement. Au cas où le candidat scrait
ajourné, le versement serait remboursé.
Hudrogène au Pare du Club. — le projet de
traité avec la Société Dubois et C° pour l'hy-
drogène au parc esl approuvé, après modilica-
lions demandées par M. Eiffel.
Calendrier aéronaulique. — Te projet de ca-
lendrier aéronautique sera présenté à la pro-
chaine séance.
Coupe Gordon-Bennetl 1908. — Le Camité vote
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AËRO-CLUB DE FRANCE
ARR
PARTIE OFFICIELLE
la participalion de l'Aéro-Club de France à Ja
Coupe Gordon-Benneti 190$, en Allemagne. L'en-
gagement ofliciel, pour trois ballons, sera en-
voyé Je plus lôt possible. Les frais seront en-
lièrement supportés par les champions, el le
mode de désignalion sera le même qu'en 1907,
en tenant comple des références des pilotes.
Ralificalion d'élection. — Le (Üomilé ratilie
l'élection du professeur Daslre à la Commission
scientilique.
Solde des comples du % Grand Prix de l'Aéro-
Club de France. — Sur la proposition de
M. Georges Besancon, commissaire général au
Grand Prix 1907, le Comilé attribue diverses mé-
. dailles de bronze commémoratives.
Le Comilé renouvelle ses vifs remerciements à
M. Georges Besançon, pour l'excellente organi-
salion de cette journée.
Organisation du diner mensuel. — Sur de--
mande de M. Nicolleau. il cest décidé que des-
places seront, àl'avenir, réservées aux personnes
inscrites à l'avance pour le diner mensuel ; elles
auront la facullé de marquer leur place sur un
plan exposé au siège du Club.
Sur demande de M. Tatin, les étrangers au
Club ne seront plus admis aux diners, sauf déci-
sion du Conseil d'administration.
liemise de médaille. — NT, Eitfel remet la mé--
daille d'argent qu'il à fait attribuer à M. Mix
pour son livre de bord au Grand-Prix d'été 1907,
d'accord avec MM. de La Baume-Pluvinel et Jau--
bert, au nom de Ja Sociélé de météorologie.
PARTIE NON OFFICIELLE
COMMISSION SPORTIVE DU 20 DÉCEMBRE 1907
Présents à la séance présidée par le comte de
Caslillon de Saint-Victor, MM. le commandant
Paul Renard, Jacques Balsan, le comte Henry de
La Vaulx. Georges Besancon.
ds pour appareils d'aviation à moleur. —
La Commission sportive homologue les perfor-
mances suivantes :
26 octobre 1907. — NI. Henri Farman établit
en aéroplane monté, au Champ de manœuvres
dIssv-les-Moulincaux
a. Le record de di
b. Le record de duré secondes 3/5.
ce. Le record de vilesse, 52 kil. 704 à d'heure.
En conséquence, lui sont altribués :
1° Le premier prix des 150 m. (grande pla-
quelle argent el vermeil el une prime de 200 fr.)
2° :.a Coupe Ernesl Archdeacon comme 3° te-
nant.
Record de durée en ballon monté. La Com-
mission Sportive homologue le record de durée
en ballon monté : 4% h. 3 i., par M. Alfred
Leblanc. 21-23 oclobre 1907 Coupe Gordon-
nnell 1907. (Noir l'Aérophile de décembre 1907,
D. 344). É
Coune Gordon-Bennell 190$. — La Commission
sporlive s'occupe du mode de désignation des
pilotes de la Coupe Gordon-Bennett 1908. Le pro-
jet de la Commission Sporlive sera soumis au
prochain Comilé de l'Aé. C. F.
ance, 10 mètres.
l'Aérophile 15
Le dirigeable de Merçay-Kluitjnans
Les 9 et 10 décembre 1907, a été essayé à
‘la galerie des Machines un petit modèle d’étu-
-des d’un nouveau dirigeable dû à MM. le ba-
ron Edmond de Marçay et Kluitjmans, et
construit par M. Paul Leprince.
Voici les caractéristiques communiquées par
M. Leprince de ce petit modèle dont nous re-
produisons une photographie : enveloppe en
soie du Japon divisée en deux compartiments
-cylindro-ogivaux communiquant en:re eux par
4 tubes, et maintenus ainsi sous pression
-égale ; longueur entre les pointes : 21 m. 50;
diamètre : 3 m.; volume : 135 m'. L’hélice
-tourne entre les deux compartiments mainte-
nus écartés par deux cercles en tubes d'acier
dernière par courroie montée sur poulies de
900 m/m de diamètre au moteur et 450 m/m de
diamètre sur l’arbre d’hélice. Une poulie ten-
deur de corroie disposée près du moteur for-
me changement de vitesse selon la tension
donnée à la courroie.
Dans les essais des 9-10 décembre, le petit
modèle, guidé sur uu câble, fit plusieurs fois
le tour du circuit installé dans la galerie des
Machines, l'hélice tournant à 100 tours. Avec
ce dispositif d'expériences, on ne pouvait ex-
périmenter que le mode de propulsion adopté.
Les inventeurs s’en déclarent enchantés. Les
organes de direction et de stabilisation seront
essayés ultérieurement. +
Si ces essais donnent satisfaction, MM. de
Marçay et Kluitjmans construiront un modèle
Cliché de la-Locomotion Aulouobile.
Le dirigeable de Marçay-Klnitjmans.
“distants de 20 centimètres, et sur lesquels sont
-disposés deux filets de chanvre appliqués sur
le fond de chaque compartiment. Les cercles en
tube d’acier sont soutenus à leur partie infé-
rieure par un assemblage de tubes d’acier de
forme pyramidale formant liaison au carter
-du moteur, lequel est en bas.
La suspension comporte deux ralingues
longitudinales, desquelles descendent des pat-
tes d’oie supportant un cadre horizontal en
tubes d'acier, de 1 m. de large sur 16 m. de
long. Ce cadre est rendu rigide par un réseau
de fils d’acier partant de divers points et se
dirigeant vers un bouquet de tendeurs dispo-
sés au pied du moteur.
Propulsion au centre même de l'enveloppe
(Voir photo) par une hélice à 2 branches ter-
minées par des palettes ovoïdes de 0 m. 55 de
long et 0 m. 30 à la plus grande largeur. Dia-
mètre de l’hélice : 3 m 20; le propulseur dé-
borde ainsi la section transversale de l’enve-
loppe. Inclinaison des palettes
Un moteur de 5 chx faisant 1.500 tours à
vide et 1.000 attelé à l’helice, actionne cette
250,
définitif de 1.800 m', capable d'emporter 3
personnes, et qui sera prét fin avril.
A. Créry
RP TE
Pour la Boussole des Aviateurs
Les nombreux essais entrepris ces temps
derniers nous ont indéniablement révélé qu’il
y avait un problème des plus intéressants et
des plus urgents à résoudre pour les chercheurs
de l’aviation; problème d'autant plus intéres-
sant qu'il n’est nullement nécessaire, pour
cela, d’être un spécialiste, et que n’importe
quel savant, jeune ou vieux, peut très bien
trouver et expérimenter un tel système dans
le fond même de son laboratoire.
On dit qu’un problème bien posé est à moi-
tié résolu. Si le proverbe est vrai, celui-ci va
trouver, à bref délai, de nombreuses solu-
tions.
En deux mots, voici la chose
Tous ceux qui ont suivi les expériences de
Farman, Blériot et autres, ont toujours dit,
16 1 Jauvier 1908
toujours constaté, que les moteurs employés
n'étaient pas assez puissants.
C'est vrai, et ce n’est pas vrai : les moteurs
en question ne sont pas assez puissants dans
l'espèce, mais ils le « seraient » grandement
assez si on pouvait manœuvrer les appareils
d'aviation autrement « qu'à l’aveuglette »,
comme on le fait aujourd’hui. Je m'explique
Tous les aviateurs sont d'accord sur ce fait
évident que, pour voler correctement, il faut
que les plans de la machine volante conser-
vent, par rapport à l'horizontale, un angle
d'attaque à peu près constant ; l’angle le meil-
leur étant reconnu d'environ 6 ou 8 degrés.
Si l'on fait prendre aux plans un angle
d'attaque trop faible sur l'horizontale, 2 de-
grés par exemple, l’appareil tombe, la réac-
tion sustentatrice se trouvant insuflisante ;
si on lui fait prendre un angle exagéré, de
15 degrés par exemple, ce « quasi cabrage »
de l'appareil faisant un frein des plus éner-
giques, il tombe, par insuffisance de sa vitesse
de translation.
Il faut donc, disais-je, « conserver un angle
d'attaque à peu près constant », pour voler
correctement, avec un moteur n'ayant pas un
excédent de puissance considérable.
Eh bien! je déclare que, sans l’appareil spé-
cial dont je cherche à provoquer l'invention,
c'est une chose absolument impossible pour le
pilote de l’aéroplane, de conserver cet angle
d'attaque constant, et, quand on possédera
l’appareil que je réclame, que cela deviendra
presque un jeu.
Farman est, incontestablement, le plus ha-
bile et le plus entrainé des pilotes d’aéro-
plane. Eh bien! c’est cette difficulté seule
qui l’a empêché d’avoir déjà bouclé sa boucle
et gagné le prix de 50.000 francs depuis long-
temps. S
Ce n’est pas, comme on pourrait le croire,
que son gouvernail ne soit pas efficace, c’est
parce qu’un homme, placé dans une machine
(volante ou non) ne peut pas apprécier « d’ins-
tinct » le plan horizontal.
Pour cela, il faudrait donc créer un instru-
ment de précision, indiquant perpétuellement
et d’un2 façon très visible l'horizontale. Il
faut enfin et surtout que toutes les trépida-
tions et toutes les irrégularités de marche de
l’'aéroplane n'aient sur lui aucune influence.
J’insiste sur cette dernière condition,
car, dans les circonstances ordinaires, sur le
plancher des vaches, le problème est résolu
depuis longtemps.
Cet appareil une fois trouvé, le pilote n’au-
rait qu’à maintenir toujours à 6° son angle
d'attaque, ce qui serait assurément des plus
faciles.
J’estime donc, pour me résumer, que de la
solution de ce problème (qui, à mon avis, n’est
nullement insoluble) dépend, pour la plus
grande partie, le succès des appareils de de-
main, et que la Commoission d'aviation de
l’Aéro-Club de France, à laquelle je vais sou-
mettre le projet en question, fera une œuvre
des plus utiles en établissant les bases d’un
concours sur ce si intéressant appareil que
j'appellerai volontiers « la boussole des avia-
teurs ». Cette boussole permettra aux aéro-
planes d'arriver à voler avec des moteurs
peu puissants, et, à ceux qui auront des mo-
teurs puissants, elles donneront le seul moyen
pratique de réaliser de grandes vitesses
moyennes, en leur permettant de conserver
l'angle de meilleur rendement avec une pré-
cision parfaite.
ERNEST ARCRDEACON
A RRRRRRRRRRRTS
TRIBUNE DES INVENTEURS
L’hélicoptère Julian Félipe. — Vitesse que
pourra atteindre la machine dans une at-
mesphère tranquille. — Elant donné que cet
appareil (1), soumis dans l’espace à une force
de 10 à 12 chevaux, sera soutenu par le vide et
l'air comprimé avec une sensibilité et un équi-
libre tels qu'il ne pourra se tenir au repos et
qu'il sera seutenu d’une facon indépendante,
sans choc, que se passera-t-il si nous augmen-
tons la force d’un cheval, ou par exemple de
10 kg en agissant constamment dans le sens
que l'aéronaute désire ? …
Nous pouvons considérer la machine, dans cet
état de suspension, comme étant dans le vide,
sans pesanteur et oscillant constamment pour
trouver son équilibre. Si nous augmentons la
force d'un cheval, comme dit ci-dessus, la ma-
chine se déplacera dans le sens que désirera
l'aéronaute. en cherchant toujours à recouvrer
son équilibre jusqu'à ce qu'elle l'ait trouvé, et,
après l'avoir trouvé, elle se déplacera continuel-
lement à une certaine vitesse.
Quelle sera celte vitesse? Celle de l'infiam-
mation des gaz, celle d’un projectile lancé con-
tinuellement dans le vide, puisque si l’inflamma-
tion était plus rapide il n'y aurait pas équilibre.
Cette vitesse est presque incroyable. IL n'y a
pas d'oiseau qui da fournisse, bien que le mar-
tinet fasse 180 kilom. à l'heure.
Pourquoi? Parce qu'il n'existe pas d'être qui
développe avec ses muscles un travail égal à ce-
lui du moteur Antoinette (en se basant sur le
nombre de kilogrammes par cheval), ni qui pré-
sente les avantages de l'hélicoptère Julian Fé-
lipe.
Les voyages seraient pour ainsi dire instan-
tanés et par suite très peu coûteux; puisqu'il
faudra peu de temps, il en résultera peu de dé-
pense.
L'hélicoptère Julian Félipe est tout ailes et
plans mobiles. Toujours le vide en avant!
C'est seulement un pronostic, faute d'argent.
Si j'avais la somme voulue, je le réaliserais et
démontrerais la vérité de ce que j’avance.
JULIAN FÉLIPE
(1) Voir Aérophile d'octobre 1907, Selon le désir réi-
téré de l’auteur nous insérons celte note traduite tex-
tuellement de l'espagnol. Nous laissons, bien entendu,
à l'auteur, toute la responsabilité de ses asserlions. —
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es à faible résistance à l'air (H. Fabre). — Tribune des inventeurs : Un hélicoptère aquatique (Alter); dispositifs pour ballons tombés en mer S LOIS
Ducasse). — Espace nécessaire à un aéroplane pour s'envoler (cap. Ferber). — Dirigeables à l'étranger (Aérophile). — Hauteurs réelles par ballons ONE
s et valeur des observations thermométriques constatées (H de La Varlx). — De Rome dans l’Adriatique en ballon (Dr Helbig). — Le Pour et le £
re : Aéroplane et hélicoptère. — Influence du rendement sur la valeur d’un propulseur (H. Lefort). — Aéroplane « Antoinette » (A. de Masfrand). — S
riences d'Henri Farman (G. Blanchet). — Nouveaux prix d'aviation. — Ecole aéronautique par correspondance (G. Bans). — Nécrologie : Discours 2
in cé aux funéra.lles de Janssen (C'P. Renard) — Tour du monde aérien. ©
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AAIRE DU B'ILLETIN OFFICI -L DE L'AERO-CLUB DE FRANCE. — Partie officielle : Convocations. — Changement de
social. — Partie non officielle : Concours de nacelles insubmersibles. — Sous-Commission de terminologie du 3 janvier 190$. — Commission
ition du 3 janvier 1908. — Comité de direction du 9 janvier 1908. — Diner mensuel du 9 janvier 4408. — L'année !907 ou Pare de l’Aé. {, F,
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REVUE TECHNIQUE & PRATIQUE DE LA LOCOMOTION AÉRIENNE
Directeur-Fondateur : Georges Besançon
16° Année. — N°2
15 Janvier 1908
PES ÉTAPES DE L'AVIATION
Henri Farman gagne le Grand Prix d'Aviation
Photo Rol.
Après la victoire. Au premier plan, de gauche à droite :
MM. Henri Farman, Deutsch de la Meurthe, Charles Voisin, Gabriel Voisin.
Après une splendide campagne d’essais
poursuivis depuis de longs mois — nos lecteurs
le savent — avec une indomptable ténacité,
Henri Farman a magistralemnet conquis, le
13 janvier 1908, dans son aéroplane n° 1, le
Grand Prix d'aviation.
Cette épreuve était, on le sait, dotée par
MM. Henry Deutsch de la Meurthe et Ernest
Archdeacon, deux mécènes dont la gratitude
de tous les aérophiles retiendra les noms,
d’une allocation princière de 50.000 francs,
somme dont chacun des deux généreux do-
nateurs avait souscrit la moitié.
Nous avons tenu à ce que le présent numéro
contint au moins une brève relation de cet
événement capital, survenu, cependant, au mo-
ment où nous disposions à mettre sous presse.
Les conditions de l’épreuve. —
Créé en 1904, pour une durée de 5 ans, le
Grand Prix d’aviation devait être attribué,
comme nous l’avons expliqué plusieurs fois,
au premier aviateur qui, après avoir coupé,
en plein vol, une ligne de départ délimitée par
2 poteaux distants de 50 mètres, irait virer
autour d’un 3° poteau placé à 500 mètres, sur
une perpendiculaire élevée du milieu de la
ligne de départ et reviendrait couper, en
18 15 Janvier 1908
plein vol, cette ligne de départ, sans avoir
touché terre en cours de route. Inscriptions
reçues par l’Aéro-Club de France ; contrôle
des tentatives assuré par sa Commission d’a-
viation.
La conquête du Grand Prix d’a-
viation. -- Conformément à son inscription
régulière à l'Aéro-Club, en date du 12 jan-
vier 1908, Henri Farman effectua le lende-
main, 13 janvier 1908, à [ssy-les-Moulineaux,
sa tentative victorieuse du premier coup.
Ce jour-là, dès 9 h. 1/2 du matin, IFarman et
ses habiles constructeurs, les frères Voisin,
procédaient à une dernière et minutieuse révi-
sion de tout l'appareil.
À 10 h. 15, le moteur était mis en route.
L'appareil s'élançait sur ses roues, augmen-
tant rapidement son allure. Au bout de quel-
ques dizaines de mètres, il était à l'essor ;
c'est par 4 mètres de hauteur environ, qu’il
coupe la ligne de départ. 11 continue d’un vol
aisé et sûr vers le poteau de virage; un ins-
tant à peine et Farman attaque déjà résolu-
ment la boucle redoutée. Il entre dans le vi-
rage, laissant le poteau à une centaine de
mètres sur sa gauche. L'appareil s'élève
progressivement à 6 mètres au maximum,
insensiblement incliné sur bâbord, très stable,
Le poteau des 500 m. est doublé; l'immense oi-
seau blanc entre dans la ligne de retour.
Photo Rol. 37, rue Joubert, Paris,
Farman franchit en plein vol la ligne d'arrivée marquée par les fanions de l’Aéro-Club et boucle le circuit aérien d'un kilomètree
Puis l’aéroplane est sorti du hangar : Far-
man veut tâter une dernière fois le moteur et
à la première sollicitation l'excellent 50 che-
vaux 8 cylindres « Antoinette » éclate en fan-
fare joyeuse. Tout va bien, tout est au point!
L’aéroplane est alors amené à bras jusqu’au
point de départ désigné par Farman, à l’ex-
trémité du champ de manœuvres, du côté de
la porte de Sèvres, à l'endroit habituel. (Voir
croquis ci-contre.)
Pendant ces préparatifs, les commissaires
officiels ont tracé, selon les rites coutumiers,
la piste à boucler. M. Ernest Archdeacon ar-
riva quelques instants à peine avant le départ,
suivi bientôt de M. Henry Deutsch de la
Meurthe, codonateur da Grand-Prix. En
dehors des officiels, il y avait relativement peu
de spectateurs. L'assistance habituelle n’ar-
riva que vers 11 heures... trop tard.
nant ainsi le Grand Prix d'aviation Deutsch-Archdeacon de 30.000 francs (
au premier plan MM. René Demanest, André Fournier, Louis Bleriol commis
automobile M. Ernest Archdeacon l’un des donateurs et Mme Ernest Archdeacon.
-les-Moulineaux, 153 janvier 1908). De gauche à droite
e au départ et à l’ärrivée, Charles Voisin. En voiture
Quelques secondes d’intense émotion. Un
incident stupide ne viendra-t-l pas arrêter,
trop tôt, cette envolée splendide! Mais Far-
man avait raison lorsqu'il se déclarait sûr du
succès. Sans un accroc, avec une régularité
admirable, l'aéroplane poursuit son chemin,
impressionnant de régularité et c’est par 4 mè-
tres de hauteur qu’il vient couper, entre les
deux poteaux, la ligne de départ devenue ligne
d'arrivée.
La fatidique boucle est bouclée. Le Grand
Prix d'aviation Deutsch-Archdeacon est ga-
gné !.….
Quelques mètres plus loin, l'appareil obéis-
saut à son pilote vient se poser doucement au
sol et s'arrête après avoir roulé encore quel-
ques mètres.
La distance réellement parcourue en plein
vol ne peut pas s’indiquer avec une précision
l’Aérophile 19
absolue. Toutefois, étant donnée la large
courbe décrite pour virer, on peut l'estimer
entre 1.500 et 1.800 mètres, car la sortie du
virage s’est faite très au large du poteau
comme on peut le voir sur le croquis.
Farman a déclaré qu’en sortant du virage,
il ne vit qu’assez tard les fanions de la ligne
de départ devenue ligne d’arrivée, fanions es-
tompés dans le brouillard. Il actionna son gou-
vernail vertical, pour redresser sa direction
et revenir passer entre les poteaux d’arrivée.
Dans un fluide aussi élastique que ‘air, l’effet
d’un coup de barre n’est pas inslartané; ïl
ne se fit sentir qu’un peu après. C'e:t ce qui
explique la forme spéciale du cirtuit aérien
décrit.
Le contrôle officiel de l’essai était assuré,
tant au départ et à l’arrivée qu’au virage et
dans la voiture automobile qui suivait l’engin
aérien, par MM. Blériot, Louis Godard, le
comte de La Vaulx, Henry Kapférer, mem-
bres de la Commission d'aviation.
La durée du vol, chronométrée par M. Hen-
ry Kapférer, est de 1 minute 28 secondes.
Au milieu des vivats, des acclamations,
Henri Farman descend de son banc de pilote.
I1 dissimule mal sous son flegme habituel une
émotion sincère et bien naturelle, surtout
lorsque Maurice Farman, fendant la foule,
l’étreint fraternellement.
Toujours modeste, le vainqueur du Grand
Prix cherche visiblement à se dérober à cette
ovation. Il en trouva bientôt le moyen. Cédant
à de pressantes sollicitations, il remontait à
bord de son aéroplane, après avoir déclaré tou-
tefois qu’il ne se sentait pas assez maître de
lui, en cet instant, pour tenter à nouveau la
boucle; il s’envolait de nouveau, et après un
virage superbe venait reprendre terre devant
le hangar, descendait et s’éloignait tranquille-
ment en auto tandis qu’on rentrait l’appareil
au garage.
Les prix gagnés. -_ La Commission
d'aviation de l’Aéro-Club de France, réunie
d'urgence, le soir même de cette performance
historique, a constaté officiellement qu'Henri
Farman avait gagné, sans parler du prestige
d’une inoubliable victoire, les 50.000 francs
dont MM. Henry Deutsch de la Meurthe et
Ernest Archdeacon avaient doté, chacun pour
moitié le Grand-Prix d’Aviation.
Bien que le parcours effectif ait été beaucoup
plus grand, conformément aux règlements des
concours aéronautiques, la distanche franchie
a été comptée à vol d’oiseau du point de dé-
part au point de virage et retour. C’est donc
à 1.000 mètres que Farman porte officielle-
ment la Coupe d’aviation Ernest Archdeacon,
challenge de distance dont il était devenu
quatrième détenteur par son envolée de 770
mètres, le 26 octobre 1907. (Voir Aérophile
d'octobre 1907 et de janvier 1908, page 14.)
Ce trophée avait été conquis pour la première
fois le 23 octobre 1906 par Santos-Dumont
avec un vol de 25 mètres et porté successive-
ment par le glorieux initiateur à 82 m. 60,
puis à 220 mètres le 12 novembre 1906.
En outre, Henri Farman se voit décerner la
grande médaille d’or de l’Aéro-Club de France,
par laquelle la Société d'encouragement à la
locomotion aérienne récompense les services ex-
ceptionneis rendus à la cause.
D'autre part, l’Aéro-Club de France attri-
bue une grande médaille commémorative de
vermeil :
A MM. les frères Gabriel et Charles Voisin,
Photo Rol.
Les deux donateurs du Grand Prix d'aviation, commentant la
victoire d'Henri Farman à Issy-les-Moulineaux le 13 janvier 1908.
A gauche, M. Heury Deutsch de la Meurthe; à droite, M. Ernest
Archdeacon.
les ingénieurs-aviateurs de Billancourt qui
étudièrent et construisirent l'appareil du
vainqueur et furent pour Farman les collabo-
rateurs les plus précieux et les plus dévoués ;
À M. Léon Levavasseur, directeur de la So-
ciété « Antoinette », le savant inventeur du
merveilleux moteur extra-léger de ce nom, qui
a donné des ailes à la plupart de nos appareils
d'aviation, aux plus glorieux : au Santos-Du-
mont XIV bis, qui vola le premier, comme à
l’'Henri Farman 1, à qui nous devons le pre-
mier circuit aérien fermé, à bord d’un engin
volant purement mécanique.
Enfin, la Société « Antoinette » gagne éga-
lement, par la victoire de Farman, la mé-
daille d’or offerte par M. Albert C. Triaca,
20 15 Janvier 1908
membre de l'Aéro-Club, au constructeur du
moteur dont serait muni l'appareil d'aviation
qui gagnerait le Grand Prix Deutsch-Archdea-
con.
Ajoutons que Farman avait déjà gagné, le
24 octobre 1907, le premier des prix des 150
mètres créés par l’Aéro-Club de France.
Les records battus. Les résultats
sus-indiqués ont été homologués dans sa séance
du 14 janvier 1908, par la Commission spor-
tive de l’Aéro-Club de France. La Commis-
sion Sportive a également enregistré les nou-
veaux records de vol mécanique établis par
Henri Farman :
Durée : 1 minute 28 secondes. — Distance :
1 kilomètre, compté comme nous l’indiquons.
Les records antérieurs de vol mécanique ap-
partenaient d’ailleurs à Henri Farman, comme
on le verra dans le compte rendu de la précé-
dente réunion de la Commission sportive (Bul-
253 Hn0r 10.
3
Parcours aérien réel suivi par Henri Harman dans sa tentalñe
victorieuse pour le Grand Prix d'aviation Deulseu-Arcudeacon,
le 15 janvier 1908, à Issy-les-Moulineaux.
letin officiel de l’Aéro-Club du précédent nu-
méro. Seul, le record de vitesse n’est pas offi-
ciellement battu,en raison, probablement, de la
manière d'évaluer la distance pour les cir-
cuits fermés. Officiellement, Henri Farman
aurait fait, le 13 janvier 1908, du 40 kil. 909
m. à l'heure. Le chiffre correspondant à la tra-
jectoire aérienne effective doit approcher et,
peut-être dépasser un peu 50 kilom. à l'heure.
Henri Farman continue. _ Dès le
surlendemain de son triomphe, Farman se
Bvrait à des expériences du plus haut intérêt.
Voulant savoir quelle surcharge il pourrait
emporter pour tenter de faire de la durée
comme dans le prix Armengaud jeune, par
exemple, il chargea son appareil de 80 kilos
d’eau, puis 25, puis 15, puis 10 kilos, et dans
ces conditions il fit respectivement, une envo-
lée assez pénible, des vols un peu meilleurs, un
vol de 400 mètres avec un bon virage, et enfin
un vol admirablement aisé de 300 mètres qui
aurait pu être longtemps continué et aurait
pu aussi être suivi de beaucoup d’autres. En-
fin, en charge normale comme pour le Grand
Prix, il ft un vol de 1.500 mètres environ en
1 minute 33.
Tout en se reposant quelques jours, le célè-
bre aviateur surveillera la construction de
laéroplane Henri Farman IT, tout différent
du premier : on trouvera plus loin les carac-
téristiques du nouvel engin, déjà mis en chan-
tier par les frères Voisin.
Farman compte ensuite participer aux divers
prix et concours offerts à l’émulation des
aviateurs. Îl se rendra sans doute en Angle-
terre, disputer de prix du Graphic, 25.000 fr.,
pour 1 mile en ligne droite, et le prix de l’au-
todrome de Brooklands, 62.500 francs au pre-
mier aviateur qui fera le tour de la piste. (V.
Aérophile de janvier 1907.)
Le banquet de l’Aéro-Ciub de
France. — Un banquet en l'honneur de
Farman, organisé par l’Aéro-Club de France,
dans les salons de l’Automobile-Club de
France, a eu lieu le 16 janvier 1908, sous la
présidence de M. L.-P. Cailletet, de l’Insti-
tut, président de l'Aéro-Club de France.
Les généreux donateurs du Grand Prix d’a-
viation, MM. Henry Deutsch de la Meurthe
et Ernest Archdeacon; les précieux collabora-
teurs de Farman, MM. Gabriel Voisin et Char-
les Voisin, constructeurs de l’engin victorieux ;
M. Léon Levavasseur, représentant la Société
« Antoinette » à qui l’on doit le moteur extra-
léger dont le nom demeure glorieusement
attaché aux premières étapes de la nautique
aérienne nouvelle, y avaient été spécialement
conviés.
A l'issue du banquet, auquel assistaient les
plus hautes notabilités du monde aéronauti-
que, eut lieu la remise des divers prix que
nous avons énumérés.
Le triomphe de Farman, que l’on fêtait ainsi
solennellement aura un retentissement im-
mense. Après que Santos-Dumont nous eut
prouvé la possibilité du vol artificiel, Farman
nous à démontré que ce vol pouvait être di-
rigé. La deuxième et dernière étape est bril-
lamment franchie. Le rêve millénaire de
l’homme est enfin réalisé !...
Les prix, concours et encouragements di-
vers annoncés un peu partout (Voir l’Aéro-
phile, passim et notamment janvier 1907),
en surexcitant l’émulation féconde des tech-
niciens et des sportsmen, auront bientôt fait
de mettre à la portée de tous, cet impossible
d'hier.
1908 verra de grandes choses!
L. LAGRANGE
l'Aérophile 21
De Sartrouûville à Verdün en Auüto-Ballon
Le « Ville de Paris » à la fron-
tiere. Au lendemain du magnifique ex-
ploit de Farman, qui donna corps aux plus
belles espérances des aviateurs, leurs devan-
ciers et leurs émules, les « ballonniers », enre-
gistrent eux aussi, un éclatant succès. Renou-
velant la splendide performance du Patrie, le
superbe dirigeable Ville de. Paris, que la gé-
nérosité de M. Henry Deutsch de la Meurthe
mit à la disposition du ministre de la Guerre,
vient de gagner lui aussi par voie aérienne, la
grande place forte de Verdun après avoir
franchi la moitié du territoire français. Il
remplacera dignement sur notre frontière
lorraine, le premier ballon militaire que nous
ravit le soir du 30 novembre 1907, la fureur
des éléments.
A l'heure où nous écrivons ces lignes, il
n’est point encore possible, avec les informa-
tions de la première heure, de donner de cette
belle performance, le compte rendu précis et
Kapférer, pilote commandant de bord, le
commandant Bouttieaux, directeur de l’Eta-
blissement central de l’aérostation militaire,
le mécanicien Paulhan prenaient place à bord.
Et à 9 h. 47 le Ville de Paris s’éloignait à belle
allure.
Il passa sur Asnières, Clichy, Chelles,
Couilly, Coulommiers, Boissy, Rebais, Mont-
mirail; comme le Patrie il brûlait à 3 h. 10 du
soir l’étape de Châlons où une équipe d’aéros-
tiers et des voitures-tubes avaient été envoyées
en cas d’un ravitaillement éventuel.
Continuant sa route il approchait de
Sainte-Menchould lorsque, entre Dommartin
et Varimont, une panne, un tube dessoudé,
immobilisa le moteur. Sans perdre son sang-
froid, le pilote se laissa entraîner au fil du
vent cherchant un endroit propice pour l’at-
terrissage, qui s’effectua, à 1 kilomètre, du
village de Valmy, près de la statue de Keller-
mann, avec le concours des habitants accourus
Le dirigeable Ville de Paris en plein vol
strictement exact que l’'Aérophile lui doit.
Nous le ferons prochainement en publiant la
description complète du nouveau dirigeable
de guerre. Mais nous devions dès maintenant
enregistrer, en quelques mots, ce nouveau suc-
-cès de l’aéronautique française.
Après sa belle excursion Sartrouville-Lagny
(Voir Aérophile 1908, n° 1), le Ville de Paris
avait accompli le 24 décembre 1907, le voyage
‘encore plus prolongé de Sartrouville à Cou-
lommiers et retour (24 décembre 1907). Mais
les intempéries qui marquerent les dernières
semaines ne permettaient pas de risquer en-
core, la longue traversée Sartrouville-Verdun.
‘On profita de ce répit pour procéder à l’ins-
truction des équipages militaires, officiers et
sous-officiers appelés à conduire plus tard,
l’aéronat, tout en attendant une occasion fa-
vorable.
Elle se présenta le 16 janvier. À 9 h. 10,
Vappareillage commençait à Sartrouville; le
Bureau central annonçait vent de S.-S.-0.
entre 250 et 300 mètres d’altitude. M. Henry
(Cliché de La Locomotion automobile )
et d’automobilistes qui avaient suivi le ballon
et saisirent le guiderope à la traine.
Les aéronautes descendirent et réparèrent
l'organe brisé chez un forgeron du village. A
5 h. 45, ils s'élevaient de nouveau et repre-
naient la route de Verdun. Cet incident ne
fait que mieux mettre en lumière la maniabi-
lité de l'appareil et le sang-froid de l’équi-
page. Guidés par les phares des automobiles,
les aéronautes passaient Sainte-Menehould,
franchissaient l’Argonne et atterrissaient à
Verdun à 7 h. 25, après avoir décrit des évo-
lutions au-dessus du hangar de Belleville-les-
Verdun, que signalaient, assez mal d’ailleurs,
des projecteurs d’un fonctionnement défec-
tueux.
Les aéronautes furent reçus par le général
gouverneur de Verdun et acclamés par la
foule. A 7 h. 45, le Ville de Paris occupait sous
le hangar la place vide du Patrie.
Nous examinerons prochainement, avec des
renseignements sûrs, les mérites de l'équipage
et du matériel.
22 15 Janvier 1908
Ce superbe voyage, avec sa péripétie, fait
grand honneur à tous et en particulier au
courage et l'endurance du pilote Henry Kap-
férer. Les plus chaleureuses félicitations sont
dues à M. Henry Deutsch de la Meurthe qui
trouve enfin la récompense due aux généreux
efforts qu'il consacre depuis si longtemps aux
progrès de l’aérolocomotion, et l’on doit aussi
complimenter comme il convient, l'ingénieur
aéronaute Surcouf qui a étudié et construit
le nouvel autoballon militaire, mettant ainsi
le sceau à sa haute renommée de constructeur.
Marius DEcouz
nn S
Poutres armés à
Pour toutes les constructions où de grandes
dimensions doivent être alliées à une grande
légèreté, on est amené à employer les poutres
armées.
Les aéroplanes n’ont pas échappé à cette
loi : tantôt c’est l’appareil entier qui n’est
autre chose qu'une vaste poutre armée, comme
dans l'appareil des frères Wright ; tantôt ce
sont les éléments de l’aéroplane, le corps, les
ailes, la queue, dont l’ossature est constituée
par un plus où moins grand nombre de pou-
tres armées : c’est ainsi qu'une aile de l’aéro-
plane Antoinette est un remarquable assem-
blage de poutres armées, recouvert dessus et
dessous d’étoffe vernie.
Fig. 1.
Chässis en poutre armée supportant une hélice.
Ces poutres armées sont plus fragiles que le
simple longeron de bois plein ; surtout, elles
sont plus compliquées, d’où, prix de revient
élevé, construction et réparation lentes.
En revanche, les poutres armées permettent
d'obtenir la même résistance, sous un poids
plus faible, parce que la matière y est mieux
aible résistance à l'air
utilisée, tous les éléments travaillant avec une
fatigue à peu près égale partout.
C’est un autre avantage que nous allons en-
visager : on peut construire des poutres ar-
mées présentant à l’avancement dans lair,
des résistances beaucoup plus faibles que les
longerons pleins équivalents.
Considérons deux lames de bois mince paral-
lèles, réunies entre elles par des croisillons éga-
lenient en lames de bois fixées par des corniè-
res métalliques. Si toutes ces lames sont pro-
filées à l'avant et à l’arrière, puis vernies, l’en-
semble constituera un projectile de résistance
extrêmement faible ; en effet, la section face
au vent, est bien diminuée et de plus, le rap-
port de la largeur à la longueur étant très
faible, permet un fuselage d’une grande f-
nesse.
Dans la gravure ci-contre, la photographie
reproduite fig. 1, représente une Renault
14 chx, équipée pour des essais d’hélices; les
montants qui supportent l’hélice sont consti-
tués par des lames d’acajou de 4 millim.
d'épaisseur sur 10 cent. de largeur, réunies.
par d’autres lames de bois identiques et des
diagonales en lames d’acier à ressort, le tout
assemblé par des rivets en cuivre rouge.
Ces montants de 1 m. 80 de hauteur pèsent.
1.100 grammes par mètre. En faisant travail-
ler le bois à 100 kgr. par cm2 et en tenant
compte des réductions à faire pour le flam-
bement des pièces comprimées, on trouve que
le montant peut supporter normalement 400
kilogrammes à la compression. En pratique,
ces montants ont fort bien résisté aux formi-
dables trépidations produites sur l'hélice par
le vent de travers.
Des montants pleins ordinaires, du même
poids, fuselés avec un rapport de la largeur
à la longueur = 1/2, auraient supporté seule-
ment 230 kgs : de plus, la section du maître
couple eut été double, l’allongement de la ca-
rène 1/2 seulement, au lieu de 1/25 pour la
poutre armée : partant, plus de résistance à
l'air.
La photographie figure 2 représente une
vergue en poutre armée en service depuis
juin 1907 à bord du vapeur Essor pour sup-
porter l’anémomètre enregistreur et servir de
point d’appui à la corde qui équilibre la com-
l’Aérophile 23
posante horizontale des appareils essayés. Les
couches d’air sont ainsi troublées le moins pos-
sible avant leur arrivée sur l’appareil en es-
sai.
Cette vergue, sur laquelle un homme grimpe
sans danger pour accéder à l’anémomètre, pèse
10 kgs, a 4 mètres de longueur et supporte,
pratiquement, une tonne à la compression.
Essayée au dynamomètre enregistreur Ri-
chard, elle a donné, comme résistance à l’a-
vancement, 1 kg 200 par un vent de 15 mètres,
vent par lequel un tube d’acier de même lon-
gueur et de 30 millim. de diamètre donnait
1 kg 500. Ce chiffre de 1 kg 200 pourrait même
être considérablement diminué par une cons-
truction plus soignée.
On peut espérer que des poutres armées de
ce genre, grâce à leurs qualités de bons pro-
jectiles, permettront de construire des aéro-
planes monoplans qui n'auront qu’une seule
étoffe au lieu d’avoir étoffe dessus et dessous,
comme les aéroplanes que l’on construit ac-
tuellement.
Herr Fazre
TRIBUNE DES INVENTEURS
Un hélicoptère aquatique. — Monsieur le
Directeur de l’Aérophile,
Puisque vous avez ouvert une rubrique « Tri-
bune des inventeurs », je serais heureux d'y
exposer, quand ce ne serait que pour prendre
date, l’idée d’un nouveau moyen de locomotion
sur l'eau.
Cette idée est peut-être paradoxale, et un de
mes amis auquel je l’exposais s'est empressé de
me dire que le titre de la rubrique qui lui con-
viendrait serait plutôt « Cabanon des inven-
teurs » ; mais sait-on jamais l'avenir réservé à
une invention ?
Si on établit un parallèle entre la navigation
et l'aéronautique, on remarque que le ballon
correspond au radeau flottant ou à son perfec-
tionnement, le bateau à carène creuse, qui cons-
titue le plus léger que l’eau.
L'aéroplane, lui, correspond à l'hydroplane qui
est un plus lourd que l'eau.
Enfin, l'hélicoptère ne correspond jusqu'ici à
rien du tout.
Créons donc, quelque ridicule que cela pa-
raisse, l'hélicoptère aquatique que nous appel-
lerons l’hydrogyre.
Un appareil baptisé d'un aussi joli nom ne
peut qu'être merveilleux ; il se compose de qua-
tre hélices à axe vertical plongeant dans l’eau.
Grâce à la réaction qu'elles produisent, elles sup-
portent et maintiennent au-dessus de l’eau un
bâti portant le moteur et le pilote.
La propulsion s’obtiendra par l'inclinaison
de l'axe des hélices ; quant aux dispositifs de
stabilisation, de direction cet de flottaison en cas
d'arrêt du moteur, tout cela ne sera qu'un jeu
pour nos habiles et ingénieux constructeurs.
Et maintenant, je vous entends déjà dire
Fig. 2. Vergue en poutre armée.
« En voilà une invention stupide: à quoi ser-
vira jamais ce plus ldurd que l'eau? Vous cher-
cherez, en effet, en vain, ses avantages, tandis
que ses innombrables inconvénients sautent aux
yeux.
Patience, et disons comme Montaigne : « Que
sais-je ? » (Cela n'engage jamais à rien de dire
« Que sais-je ? »)
Thiers avait bien condamné les chemins de
fer ; et c'est pour cela qu'aujourd'hui on se mo-
que du Thiers comme lui du car (à vapeur).
Ne rions donc pas de l’hydrogyre et, pendant
que nous y sommes, inventons encore un autre
« plus lourd que l’eau », l'hydroptère, qui se sou-
tiendra au moyen de plans mobiles ayant dans
l'eau un mouvement copié sur celui des oiseaux
rameurs.
Et si, en terminant les essais de mes appa-
reils, on arrive à me sortir de l’eau vivant, -ne
croyez-vous pas, M. le Directeur, que la douche
me fera du bien ? — Axrer (de La Presse).
Ballons tombés en mer et dispositifs de
sûreté. — Paris, le 28 nov. 1907. Cher Monsieur
Besançon, je lis dans votre numéro de novem-
bre de l'Aérophile, l'article très intéressant de
M. Pesce, relatif à la perte de ballons en mer.
Voulez-vous me permettre de vous rappeler
qu'en 1901, si mes souvenirs sont bien exacts,
j'ai exposé, avec M. Matignon, au Salon de l'Au-
tomobile, une nacelle avec flotteur à l'acétylène ?
Je persiste à penser que ce dispositif très sim-
ple, léger et peu encombrant, pourrait, dans un
grand nombre de cas, rendre de très utiles ser-
vices.
C'est dans ce but que je vous le signale, très
heureux s'il peut, dans l'avenir, éviter de nou-
velles catastrophes. — HENRY DUCASSE, ingénieur
des mines.
24 15 Janvier 19c8
Quel espace faut-il à un aéroplane
pour s'envoler du sol en roulant ?
Les récents succès des aéroplanes doivent
avoir refroidi, je l'espère, suffisamment les
hélicoptéristes, car leur grand argument : —
l'impossibilité pour l’aéropiane de partir du
sol sans constructions dispendieuses — est
heureusement anuéanti; mais ils sont si nom-
breux qu’en ne saurait trop se garder de leur
opinion tenace.
S'il n'y avait parmi eux que des inventeurs
sans argent, il u’y aurait que demi-mal; mais
malheureusement, — et je ne puis com-
prendre l'attrait de cette solution, si jin-
stable, si dangereuse et si compliquée, — ils
paraissent disposer de beaucoup plus d’ar-
gent (1) que les aéroplanistes! Que de force
perdue !
Quoi qu’il en soit, il faut se prémunir con-
tre leurs arguments renaissants. En voici un
que je sens poindre : — L'aéroplane peut par-
tir du sol, c'est vrai; mais il ne sera jamais
pratique, parce qu’il a besoin de prendre son
élan dans un espace considérable.
I! est donc important de se rendre compte
de la grandeur de cet espace et du minimum
auquel on pourra le réduire.
Soit V la vitesse à l'instant { d’un aéro-
plane de masse — ; étant déjà soulagé, il
ne pèse plus sur le sol que de la diffé-
rence P — K S V’'+,
K étant son coefficient de résistance, S sa
surface et y son angle d'attaque en partie
du rayon. C’est cette différence qui, multipliée
par un coefficient +, donne la résistance au
roulement : elle sera nulle quand l’aéroplane
aura atteint sa vitesse de sustentation égale à
V 2e
KS
Il est soumis ensuite à la résistance à l’avan-
cement dûe à l’air, qui est égale à2K S V2? -?;
enfin, pour surmonter ces résistances, il a la
poussée de son hélice que l’on règle à une cer-
taine fraction du poids P (en l’établissant au
1/3 du poids, on est sûr de s'envoler.) Soit
2 y! P cette poussée; il en résulte l’équation
P dV
nan ere (P—xs vr)-2Ks ve;
dt
ou (1)
dv 2y7—0 KSV?-
= — O1 e l T
dt g (2 i 4) (: 2y —o P 1
L'intégration de cette équation nous don-
nerait la vitesse en fonction du temps; mais
il est plus pratique, pour la facilité des me-
(1) 90 */. des moteurs Antoinetie vendus l'ont été pour des
Z Coptères. Seul de lousceux-là le giroplane Bréguet a cu un
Imi -succès.
sures, d’avoir l’espace en fonction de la vitesse.
Pour cela, il suffit d'éliminer le temps entre
l'équation précédente et la définition de la vi-
tesse
dæ
dt
I1 en résulte
de = NEA
2
QUIL ES EE
CACHE) | Die
dont l'intégration est immédiate. On a
ne 2e KSV?-
2KS +7 cr Æ Los È P !
2K SYy (27 -—9) en
La constante est déterminée de manière
qu’à l’origine des temps l’abcisse soit nulle en
même temps que la vitesse.
KSV?+ < :
À Dia — {on obtient la distance
cherchée au bout de laquelle l’aéroplane s’en-
vole. On trouve
P l 2 yt—0
S Ne yet) EE)
En faisant K = 0,6, + = 0,1, 2 y; ! — 0,3,
g — 9,8 qui sont les constantes moyennes ré-
cemment observées et en adoptant pour &
K SV?
? : F 1
En faisant
TC —
la valeur U,1 qui convient aux ornières
boueuses, on arive à
P
6 -
5
Pour un aéroplane lent (type Farman, 10 à
13 m. par seconde), P : S est moins de 10 et
l’aéroplane s’élève en 60 mètres. Pour un aéro-
plane rapide (Blériot 16 à 20 mètres par se-
conde), P : S peut atteindre 20 et l’aéroplane
a besoin d’au moins 120 mètres pour s’enle-
ver.
Quand on augmentera 2 +’ ,ce qui ne tar-
dera pas, en faisant la poussée de l’hélice
égale à la moitié du poids, la formule s'amé-
liorera en devenant
P
Ted
Les aéroplanes lents s’enlèveront en 25 mè-
tres, et les rapides en 50 mètres. Je crois que
quel que soit l’endroit où l’on aura été obligé
d’atterrir, il sera facile de trouver cet espace
quitte à trainer l’aéroplane jusqu’au prochain
endroit favorable. D'ailleurs, on recherchera
les pentes des collines, qui, s’ajoutant au
coefficient 2 +’, améliorent encore le résultat.
Dans les meilleures conditions on trouve
P
LT ——
S
Soit 20 mètres pour un aéroplane rapide.
Enfin l’enlèvement est encore facilité sil y
a du vent — si, par exemple, il souffle avec la
vitesse de régime de l’aéroplane, il est clair
qu’on s’enlèvera de pied ferme.
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PHARES
l’'Aérophile 25
Pour tenir compte du vent, il suffit dans
l'équation (1) de remplacer V par
(+R)
À étant le rapport de la vitesse du vent
à la vitesse de régime de l’aéroplane. L’inté-
gration un peu plus compliquée donne en po-
sant
|
EG
1
P 1
S 2Kyg@7y
2)
[trava)s
N| 1
le
|
Li
ENV
1+V a
A]
EVA
Quand le vent est nul, À —0 et l’on re-
tombe sur la formule précédente. Quand le
vent est égal à la vitesse de régime À = 1 et
l’on trouve bien æ = 0, c’est-à-dire, l’envolée
sur place. Entre ces 2 extrêmes, s'inscrivent
toutes les distances intermédiaires.
En résumé, il ne me semble pas que ces ré-
sultats soient défavorables à l’aéroplane,
d’ailleurs, laissons parler les faits : il y a de
grandes chances pour que l’aéroplane ait fait
son premier voyage, lorsque l'hélicoptère fera
son premier bond. Les sportsmen se porteront
tout naturellement sur l’engin le plus rapide,
comme ils l’ont fait pour l’automobile.
+ (142 Va)
CaPiTAINE FERBER
Les Dirigeables à l'étranger
Un dirigeable militaire belge.—
Le gouvernement belge s’eccupe activement de
la construction d’un dirigeable. Selon le Petit
Bleu, un projet lui a été soumis depuis plu-
sieurs mois; on le fait étudier et des officiers
sont envoyés à l’étranger pour le comparer
avec les types existant dans les autres nations.
Il s’agit sans doute du projet de dirigeable
Le Clément de Saint-Marcq, dont parle éga-
lement le Petit Bleu. Interviewé par notre
confrère au sujet de ce nouvel appareil, le
commandant Le Clément de Saint-Marcq au-
rait déclaré notamment que dans cet engin un
dispositif nouveau appliqué pour la première
fois obviera complètement aux inconvénients
de la vitesse critique signalée par le colonel
Renard (voir Aérophile de juillet 1904), incon-
vénients auxquels on remédie, dans les ballons
actuels, par des empennages appropriés de
types divers. Le commandant a ajouté qu’il
disposait les hélices d’une façon nouvelle per-
mettant d'obtenir un rendement théorique de
84 %, rendement supérieur à ceux qu’on a ob-
tenus jusqu’à présent de ce type de propulseur.
Pas de ballonnet compensateur. Un engin
spécial à deux fins remplira le rôle de para-
chute en cas d’accident.
Le nouveau ballon sera muni de cloisons
étanches, mais sans carcasse métallique.
Ces compartiments étanches ne sauraient
guère être tous perforés par des projectiles
ennemis, et la descente se trouverait égale-
ment retardée par le gaz que certains d’entre
eux ne manqueront pas de retenir.
Le ballon sera construit dès que la Cham-
bre belge aura accordé le crédit de 100.000 fr.
nécessaire.
Le dirigeable « Zeppelin ». — Di-
vers journaux allemands confirment que le
gouvernement allemand demandera tout de
suite au Reichstag un erédit extraordinaire
de 400.000 marks (300.000 francs) pour per-
mettre au comte Zeppelin de construire son
nouveau ballon (V. Aéropnile d'oct. 1907,
p. 293) qui présentera de nombreuses modi-
fications et qui pourrait être terminé fin fé-
vrier. Si les essais sont concluants, le gouver-
nement demandera au Reichstag les crédits
qu’il avait prévus pour 1908. Ces crédits s’élè-
vent à 2.500.000 marks (3.125.000 francs) des-
tinés à acquérir du comte Zeppelin la pro-
priélé de son système et à le dédommager de
ses énormes sacrifices pécuniaires poursuivis
depuis 10 ans.
Le 15 décembre, une tempête a causé de
graves dégâts au hangar flottant ot au pon-
ton du Zeppelin, à Manzeli, près Friedrichs-
hafen, sur la rive wurtembergeoise du lac
de Constance. Le hangar s’est affaissé de deux
mètres sur les trois quarts de sa longueur.
Le ponton était, par bonheur, solidement
amarré à la rive, sans quoi il eût été entraîné
vers les parties profondes du lac ou brisé
contre les berges. La toiture et les parois du
vaste hall ont cédé sous l'effort du vent et
des vagues, et la partie avant du ballon a été
sérieusement endommagée. Le montant des
réparations à effectuer, tant au hangar qu’au
ballon, est évalué à 62.500 francs par les uns,
à 125.000 par d’autres ; il faudra de longues
semaines de travail.
Fort critiqué de nouveau, après cette mésa-
venture, par les partisans du système Parse-
val, le système Zeppelin a été défendu par
le professeur Hergesell, président de la C.
I. A. S. dans une conférence faite à Berlin.
M. Hergesell, a décrit les avantages du
Zeppelin, déclaré que les perfectionne-
ments du prochain modèle permettraient d’at-
terrir partout sans danger, et ajouté que le
comte Zeppelin a trouvé le moyen d’agran-
dir encore ballon et nacelles de façon à trans-
porter aisément 100 personnes.
26 15 Janvier 1908
Dirigeable militaire italien. — La
Brigata specialisti a commencé au pare mili-
taire de Rome la construction d’un dirigeable
sur Jequel les aérostiers militaires fondent les
meilleures espérances.
On assure, d'autre part, que le major Mor-
ris, des aérostiers italiens, malgré la fin de
non-recevoir du ministre de la guerre ita-
lien, aurait obtenu directement du roi d’Ita-
lie, promesse d’un crédit de 400.000 francs
destiné à la construction d'un dirigeable mi-
litaire. Peut-être s'agit-il de l’aéronat de
MM. Crocco et Ricaldoni, de la Brigata
specialisti, aéronat dont la partie moto-pro-
pulsive serait constituée par l’hydroplane
Crocco-Ricaldoni (coque, moteur, hélices), es-
sayé avec le plus complet succès l’année der-
nière sur le lac de Bracciano (v. Aérophile de
juillet 1907).
Les dirigeables militaires an-
glais. — Le dirigeable miiitaire anglais qui
doit remplacer le Nulli Secundus commencera
à Farnborough des expériences comportant
des essais du système propulseur et l'étude
d’un système de signaux aériens par télégra-
phie sans fil. À cet effet, la nacelle est entou-
rée d’un réseau de fils métalliques en forme
de toile d’araignée, agissant comme récep-
teur. À bord se trouvera un opérateur et un
poste complet de transmission et de récep-
tion. Des messages ont pu être échangées avec
ce dispositif, entre Farnborough et des aéro-
nautes à plusieurs centaines de mètres de
hauteur.
On construit également au pare aérostati-
que de Farnborough un troisième aéronat, plus
grand que le Nulli Secundus et muni d’un mo-
teur de fabrication anglaise. — AÉRoPHILE.
RRRRRAARA
SUR LES HAUTEURS RÉELLES
atteintes par les ballons-sondes et la valeur
DES
observations thermométriques ainsi constatées
En cette époque de records à outrance, cha-
cun rêve d’accomplir, dans sa spécialité, les
plus belles performances. Les ballons-sondes,
instruments purement scientifiques, destinés
à relever les températures de la haute atmos-
phère, n’ont pas échappé à cet engouement
et les journaux les rendent, parfois, respon-
sables d’exploits vraiment trop merveilleux.
Tout dernièrement encore, on nous annonçait
qu’un ballon lancé de Bruxelles avait atteint
lPaltitude de 26.000 mètres
Devant ces chiffres anormaux, tout au
moins à première vue, je me suis renseigné
auprès des personnalités européennes les plus
compétentes et, de cette consultation, j'ai
pu tirer les données suivantes, qui fixent d’une:
façon très précise les hauteurs atteintes, à.
ce jour, par les ballons-sondes ainsi que la.
valeur des observations thermométriques re-
cueillies.
Il est, tout d’abord intéressant, de noter
que les ballons-sondes se divisent en deux ca-
tégories : les ballons de papier et les ballons
de caoutchouc. Les ballons de papier ont gé-
néralement un diamètre de six mètres et
montent, de façon à peu près régulière, entre
15.000 et 15.500 mètres; on a bien constaté,
une fois, à l'observatoire de frappes, l'altitude
de 18.000 mètres, et, une autre fois, celle de
17.000 mètres, mais ce sont là des chiffres
tout à fait exceptioanels.
Les ballons en caoutchouc donnent, au con-
traire, des résultats bien plus irréguliers,
tantôt supérieurs à ceux des ballons en pa-
pier, tantôt, aussi, inférieurs. Cela tient à.
leur force ascènsionnelle très faible au départ,
force ascensionnelle qui varie de 2 kg. 500 à
4 kilos pour des ballons qui ont 180 à 190 cen-
timètres de diamètre; il résulte de cette force
ascensionnelle très réduite que l’on est à la
merci des quelques petits trous qui existent
toujours dans le caoutchouc et par lesquels le:
gaz s'échappe peu à peu.
Par mesure de précaution, on visite toujours
le ballon avant le départ et l’on bouche, à
l’aide de petites pastilles de caoutchouc, les
trous que l’on découvre dans l’enveloppe; il en
est, malheureusement, presque toujours quel-
ques-uns qui échappent à l’examen ou qui se:
produisent dans la haute atmosphère, quand
le ballon est très distendu. Aussi, au lieu de
monter chaque fois à 20 ou 22 kilomètres,
comme ils devraient le faire normalement, les
ballons de caoutchouc n'atteignent, 50 fois
sur 100, que les altitudes réduites de 13 à
16 kilomètres, ce qui n’est pas assez, en égard
au prix élevé de cette catégorie de ballons
(120 où 200 francs par ascension, suivant le
mode de lancement, ballon unique ou deux
ballons en tandem).
Ceci posé, les plus grandes hauteurs enre-
gistrées à ce jour par les ballons-sondes sont
voisines de 24 kilomètres. Ces hauteurs ont
été atteintes à Strasbourg, et récemment, à
Bruxelles, dans des lancers exécutés au mois
de juin et en plein midi, c’est à dire à une
époque de l’année et à une heure de la jour-
née où le ballon a profité de l’échauffement
causé par le soleil, mais où, dès lors, au point
de vue météorologique, les températures rele-
vées sur ces appareils enregistreurs, ont été
fortement faussées.
Aussi, en France et particulièrement à l’ob-
servatoire de Trappes si consciencieusement
dirigé par M. Léon Teisserenc de Bort, où l’on
lance toujours les ballons avant le lever du so-
leil, l’altitude maxima ainsi constatée, n’a
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l’'Aérophile 2
été, il est vrai, que de 21 kilomètres environ,
mais les températures ainsi obtenues, ne sont
pas faussées par les rayons du soleil.
Donc, en résumé, le seul pays où l’on ait pu
déterminer des températures absolument exac-
tes au-dessus de 17 kilomètres, est la France;
ailleurs, les températures, à ces hauteurs, ont
été altérées de quantités variables, suivant
les ascensions, par les insolations produites sur
les appareils enregistreurs; ces erreurs attei-
gnent parfois 15° et 20°.
Il était bon de signaler ces faits qui mon-
trent combien nos savants ont le souci de la
précision scientifique.
Cte Hexry DE LA VauLzx
De Rome dans l'Adriatique en ballon
Le ballon Fides IV (1250 m') de la So-
ciété aéronautique italienne, (enveloppe en co-
ton verni, passée à la poudre d’aluminium),
quittait l’usine à gaz des « Cerchi » le 15 dé-
cembre 1907, à 10 h. 50 du matin. Il était pi-
loté par le D' D. Helbig, professeur agrégé à
l'Université de Rome, accompagné de M. G.
Tchertkoff, capitaine dans le régiment de la
garde de S. M. l'Empereur de Russie, et le
comte P. Bobrinsky, tous deux à leur pre-
mière ascension.
Au départ le ballon emportait 275 kgr. de
lest; journée couverte; vent de S.-S.-E. assez
faible à terre, plus rapide à quelques centaines
de mètres. Après avoir traversé Rome, le bal-
lon se dirige assez rapidement vers la haute
vallée du Tibre.
A l’altitude de 600 mètres, première couche
de nuages peu épais : de fréquentes éclaircies
permettaient de reconnaître le terrain. A
midi, le ballon passait sur Corchiano ; vingt
minutes plus tard, sur Bassano, où son appa-
rition fût saluée par les vivats chaleureux des
habitants. Une pluie assez forte, qui com-
mença bientôt et qui alourdissait le matériel,
amena le pilote à profiter du voisinage de la
large vallée du Tibre, orientée dans la direc-
tion du vent, pour y guideroper en attendant
que la pluie cessât ; c'était un moyen d’éco-
nomiser du lest.
La navigation à une centaine de mètres du
sol, le guiderope glissant tour à tour sur l’eau
verdâtre du fleuve ou sur les îlots sablonneux,
était des plus agréables, et le paysage admira-
blement pittoresque, malgré la mélancolie
d’un ciel lourd de pluie.
L'automaticité de l'équilibre aérostatique
permettait un charmant « dolce far niente »,
utilisé par les trois aéronautes pour un déjeu-
ner des plus gais, malgré les secousses que
quelque arbristeau espayant de retenir le
guiderope, transmettait de temps à autre à la
nacelle. On passa à vive allure devant Atti-
gliano, pittoresque village campé sur le bord
du fleuve. Peu après, la pluie cessa ; à 1 h. 20,
le ballon s'étant assez allégé à cause du dessé-
chement de l'enveloppe et aussi par un petit
sacrifice de lest, le guiderope quitéait le sol
et l’ascension libre reprenait.
Le Fides retrouva son équilibre au-dessus
de 1.200 mètres. Les nuages rendaient l’orien-
tation encore plus diffcile qu'auparavant; il
fallait profiter des moindres éclaircies pour
reconnaître quelques localités ou même relever,
la direction à la boussole. La marche conti-
nuait toujours, sans changements, vers le
N.-N.-0. S
A 2 h. 50, le pilote reconnût le chemin de
fer Arezzo-Borgo San Sepolcro, une dizaine
de kilomètres à l'Est d’Arezzo. La vitesse, cal-
culée sur cette donnée, avait été en moyenne
de 45 kilom. à l'heure depuis le départ. Dès
ce moment la masse des nuages devint telle-
ment épaisse que la vue de la terre en fut tota-
lement interceptée. Le pilote décida de con-
tinuer la route dans ces conditions pendant
une heure et de descendre ensuite au-dessous
des nuages pour reconnaître le terrain. Le
vent, si constant en vitesse et en direction jus-
qu’à ce moment, devait amener le ballon au-
dessus de la vallée du P6, et l’atterrissage au-
rait dû se produire dans la plaine entre Bolo-
gne et Faenza. En attendant, les aérohautes
ne se laissaient pas d'admirer la beauté du
spectacle, toujours saisissant même pour les
vieux pilotes; la mer de nuages s’étalait sous
leurs pieds, en immenses volutes serrées et
compactes, changeant à chagne instant de
forme et d'éclairage. Le Fides planait à une
côte peu supérieure à celle des nuages : plu-
sieurs fois même l'extrémité inférieure du
guiderope parut voilée par la brume.
A 3 h. 30, c’est-à-dire 40 minutes après avoir
reconnu les parages d’Arezzo, on put remar-
quer à l'Est un changement brusque dans l’as-
pect de la masse nuageuse : c'était comme
une immense découpure, presque régulière,
qui allait du N.-0. au S.-E., et qui séparait
la masse irrégulièrement moutonnée, de
« quelque chose » d’uniforme et de grisâtre,
qui occupait tout le fond de l'horizon. Peu
d’instants plus tard, le ballon dépassait la
ligne de démarcation : soudain, l'air, en des-
sous, devint diaphane, et on put voir, se déro-
bant avec une extrème vitesse, une ville tra-
versée par une grande route et par un canal,
ce dernier aboutissant un peu plus loin à une
surface verdâtre, zébrée par de longues rides
blanches, et n’ayant pour toute limite que
l'horizon.
« C’est la mer! Pas de crainté! »
Un coup de vent d’une violence peu com-
mune, survenu après le dernier relevé fait
sur terre, avait donc amené le ballon, d’Arezzo
28 15 Janvier 1908
jusqu'à l'Adriatique : la petite ville sur la
côte était Fano. La distance Arezzo-Fano (en
droite ligne, 86 Km.) avait été franchie en
40 minutes, ce qui donnait une vitesse de pres-
que 130 kilom. à l'heure. La direction de ce
coup de vent, venant de O.-$S.-0., formait un
angle de 96° avec celle du courant primitif,
Rome-Arezzo.
Les instants étaicat précieux, et une déci-
sion des plus immédiates s’imposait au pilote.
A la hauteur de Fano, la distance entre les
deux côtes de l’Adriatique est de 150 kilom.
environ : en couséquence, une heure à peine
aurait suffi pour arriver d’un bord à l’autre
à condition que le vent maintint la même di-
rection et la même vitesse. C'était précisé-
ment ce point sur lequel on ne pouvait comp-
ter : la nuit approchait, et tout le monde
connait le changement qu’elle amène dans le
régime des courants atmosphériques.
La vision de ce qui aurait pu arriver si le
tra aux aéronautes que leur tranquillité d’es-
prit était justifiée. En bas, quelques centaines
de mètres au dessus de l’eau, flottaient dans
l’air de légers flocons nuageux; ils couraient
d'un bon train vers N.-0., c’est-à-dire dans
une direction presque normale à celle que sui-
vait le ballon, quand il avait commencé sa
descente : cela sigmfiait qu'une fois arrivé
au niveau de la mer, le balion aurait toutes
les chances de trouver un courant aérien aui,
au lieu de léloigner de la côte, l’entraïînerait
parallèlement à celle-ci.
A 400 mètres environ, la vitesse verticale
fut considérablement diminuée par ur» éner-
gique jet de lest. Quelques instants plus tard
le guiderope effleurait l’eau, puis s’étalait à
sa surface sur le tiers de sa longueur; la des-
cente était enrayée ; elle avait duré 8 minutes,
de 2.000 m. au niveau de la mer.
La nacelle était maintenant à une centaine
de mètres au-dessus de l’eau. La course au
00
EE —
=
LHsn = 2-Dra ts 01
Diagramme altimétrique de l'ascension du Fides (15 décembre 1907).
vent était tombé avant que le Fides ait at-
teint la côte de la Dalmatie, la descente dans
une mer déserte, et, peut-être démontée, pen-
dant l’obscurité de la nait, la consommation
progressive de tout le lest, enfin le drame!
ce n’était décidément pas un risque à affron-
ter.
Mieux valait descendre au plus tôt, et vi-
vement; toute chance d'aborder à terre étant
évanouie, on resterait du moins, plus à la
portée des embarcations qui, voyant un bal-
lon prendre le large, seraient parties à son
secours.
Trois énergiques coups de soupape ame-
nèrent aussitôt la rupture d'équilibre néces-
saire : deux minutes plus tard la vitesse ver-
ticale était déjà de 3 m. 50 à la seconde. Mal-
gré la gravité apparente de la situation, le
calme le plus complet régnait parmi l’équipage
du fides, le pilote contrôlait au baromètre
la vitesse de la descente, aidé par M. Tchert-
koff qui comptait les secondes sur sen chrono-
graphe. Aux « stop » secs de l’un, répondait
la voix tranquille de l'autre, annonçant le
chiffre de sa lecture. On aurait pu se croire
dans un laboratoire scientifique, parmi des
gens en train d'accomplir une expérience.
Un coup d’œil lancé hors de la nacelle mon-
guiderope s’annonça délicieuse; on filaît avec
une vitesse d'environ 40 kilom. à l’heure. Le
bout flottant du guiderope traçait un petit
sillage écumeux, pendant que le reste du cor-
dage jusqu'au cercle de suspension devenait
un excellent indicateur de direction. Relevée
à la boussole, cette direction fut vérifiée
exactement de $.-E vers N.-0., ce qui démon-
trait la justesse des prévisions faites pendant
la descente.
La mer était déserte, la côte invisible à
cause de la brume et d’un fin voile de pluie.
Mais si on ne pouvait pas la voir, on enten-
dait pourtant, faiblement mais distinctement,
le sifflet des trains qui couraient le long de
la berge. La distance ne pouvait donc pas être
de plus d’une dizaine de kilomètres.
Il y avait encore dans la nacelle une tren-
taine de kilos de lest : on pouvait aussi impro-
viser plus d’une cinquantaine de kilos de
lest.. « de fortune ». Les aéronautes s’occupè-
rent de l'inventaire des objets à sacrifier, si
besoin en était. En tout cas, la navigation au
guiderope était assurée pour un temps consi-
dérable.
Si le vent ne changeaîit ni en vitesse ni en
direction, deux heures plus tard le ballon de-
vait retrouver la terre dans les parages de
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Fondateur: H. W. L. NMoedebeck
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Ravenna, où la côte s'avance fortement vers
l'Est, à cause de l’embouchure du P6. Mais
la nuit approchait; une petite pluie commen-
çait à tomber, et menaçaït d’alourdir le Fides.
Des rafales, survenant de temps à autre, ra-
battaient le ballon jusqu’à faire frôler par
moment la surface de l’eau au fond de la na-
celle : un gros tapis en feutre qui garnissait
ce fond fut imbibé d’eau comme une éponge et
il fallut le couper en quatre morceaux, qui
fournirent uu délestage appréciable.
Sans être grave, la situation n’était pas
complètement rassurante. [! y avait déjà trois
quarts d'heure qu’on naviguait au guiderope,
et, rien n’annonçait encore l’approche de la
côte.
Dix minutes plus tard, dans la brume du
Nord parurent les formes de deux navires,
qui s’approchaient toutes voiles dehors, et
dont la route devait croiser celle du ballon.
Aussitôt, des coups de sifflet partirent de la
nacelle, et nous remarquions bientôt un chan-
gement de direction des bateaux. Les intelli-
gents marins qui gouvernaient ces derniers
avaient compris de quoi il s'agissait : dès ce
moment, les deux voiliers donnèrent résolu-
ment la chasse au ballon, l’un à côté de l’au-
tre.
. Mais le Fides filait trop rapidement; il prit
bientôtune avance qui augmentait à vue d’œil.
Les aéronautes voyaient décroître d’instant
en instant la taille des coques et des voiles.
Ce fut alors que le pilcte, résolu à opposer
coûte que coûte un frein à cette course qui
éloignait le ktallon d'un chance de salut assu-
rée, songea à employer la nacelle même, comme
cône-ancre.
Après avoir averti ses compagnons, à petits
coups de soupape, il amena la nacelle jusqu’au
niveau de l’eau, et plus bas encore, de façon
à la remplir complètement auparavant il
avait fortement fait tendre la corde d’ap-
pendice, afin d'empêcher la formation de po-
ches dangereuses dans l’enveloppe du ballon.
L’inclinaison de la nacelle obligeait mainte-
nant les aéronautes, qui étaient dans l’eau
jusqu’à la poitrine, à se tenir toujours sur le
bord le plus relevé; il s’ensuivait une lente
rotation de la grosse corbeille, si bien que les
passagers étaient obligés à passer successi-
vement d’une corde de suspension à la sui-
vante. On put entendre bientôt la voix de
M. Tchertkoff résumant la situation : « ce
n’est pas une nacelle de ballon, ça, c’est une
cage à écureuils! »
Evidemment, le bain froid n'avait pas
amoïindri la bonne humeur à bord du Fides.
Cependant, cette manœuvre s’avérait effi-
cace. Maintenant les bateaux gagnaient visi-
blement en vitesse sur le ballon : dix minutes
plus tard, l’un d’eux, le Moncenisio, lançait
une corde qui fut attachée à la nacelle. Mais
au même moment le timonier du Moncenisio,
croyant pouvoir arrêter le ballon, mettait la
voile au vent immédiatement la corde se
tendit : elle craqua et se cassa.
La chasse recommençait. Ce fut alors le
tour du second bateau, le S. Spiridione, d’en-
trer en action. Il parvint à lancer un câble,
plus solide, cette fois, que le premier : la ma-
nœuvre réussit parfaitement, grâce peut-être,
à l'expérience acquise par l’insuccès pré-
cédent. Pendant que les aéronautes atta-
chaient le câble à la nacelle, le S. Spiridione
n’interrompait pas sa course vent arrière; le
Fides qui maintenant suivait docilement son
remorqueur se laissa alors facilement haler
bord contre bord. Une fois le cercle de sus-
pension solidement amarré au navire, les aé-
ronautes purent enfin quitter la nacelle pour
monter sur les planches humides du pont : le
dernier à abandouner la nacelle fut le pilote.
Ju,
1
Itinéraire suivi par le Fides dans son ascension du
15 décembre 1907.
A bord du $S. Spiridicne l'accueil fut des
plus sympathiques. Tout l'équipage, une di-
zaine d'hommes, s'était réuni autour des aé-
ronautes ; ces rudes et bonnes physionomies de
loups de mer disaient clairement combien les
braves gens étaient contents d’avoir si heu-
reusement accompli leur devoir d’entre-aide
humaine : en outre, l’aventure les intéressait
énormément. Ils se mettaient en quatre pour
montrer aux trois bizarres personnages tombés
du ciel la simple, mais enthousiaste amitié
qu’ils sentaient pour eux.
Le vrai moment de jouir d’une hospitalité
si gracieusement offerte n’était pas encore
venu. Le Fides encore gonfé, se démenait au
vent comme un gros monstre furieux, qui
aurait essayé de déchirer ses liens. Il fallait
30 15 Janvier 1908
absolument le dégonfler au plus tôt; le pan-
neau de déchirure fonctionna, et l’on vit
l'énorme masse s’affaisser dans l’eau, d’où le
monstre fut bientôt retiré, pris dans son pro-
pre filet.
Descendus sous le pont, les aéronautes y
trouvèrent un bon feu, dont ils avaient bien
besoin, mouillés et gelés comme ils l’étaient.
Des vêtements de rechange fournis par les
hommes de l'équipage, les transformèrent
bientôt en trois spécimens d’une race de ma-
telots encore inconnue : on put ainsi mettre
à sécher les habits qu’ils portaient au moment
de l’immersion.
Après une longue navigation, égayée par
une conversation des plus intéressantes entre
des hommes réunis par un destin aussi
étrange, à 1 heure du matin le S. Spiridione
abordait à Pesaro, où le souper et un bon lit
attendaient les héros de l'aventure.
Le jour suivant l'enveloppe du ides qui
n'avait subi que quelques légères avaries, fut
soigneusement lavée dans l’eau douce d’une
grande vasque, et pendue par un de ses bouts,
pour la sécher, jusqu'à la galerie supérieure
du phare, à l'entrée du port. Toute la popula-
tion de Pesaro accourut pour voir ce spec-
tacle. Contre la haute tour blanche du phare
l'enveloppe se balançait doucement à la brise
semblable à une gigantesque écharpe argen-
tée_: elle avait l'air de saluer sa nouvelle
amie, étendue à perte de vue, à ses pieds,
merveilleusement belle dans le rayonnement
d’un limpide soleil de décembre — la mer.
Dr Hezgic
LE POUR ET LE CONTRE
Aéroplane et hélicoptère. — On démontre
que pour qu'un aéroplane vole, c’est-à-dire puisse
se déplacer dans un plan horizontal, à une vi-
tesse uniforme, la force propulsive de lhélice
doit être supérieure au poids de l'appareil. En
dehors d'une démonstration purement théorique,
on peut trouver paradoxal qu'un propulseur im-
puissant à soulever un certain poids devienne,
sans aucun aocroissement de sa force, non seu-
lement capable de remplir ce but, mais encore
susceptible, par surcroît, d'engendrer un nou-
veau travail, résullant de la vitesse.
Après des prouesses du Farman et du Blériot,
la-possibilité de voler en aéroplane n'est plus
contestable.
Ce résultat prouve-t-il que la démonstration
et la conclusion du raisonnement que nous ve-
nons d’invoquer sont faux? Nous ne le croyons
pas. A-notre avis, il montre seulement que la
force propulsive d'une hélice est, en ordre de
marche, bien supérieure à celle qu'on lui attri-
bue généralement.
Cette force propulsive est souvent déterminée
par un essai au point fixe. Dans une telle expé-
rience, il se produit des phénomènes préjudicia-
bles à un bon rendement de l'hélice. Ce sont :
1° Des remous, déplacements d'air dans le
sens de la rotation et de la propulsion, qui, évi-
demment, diminuent la réaction.
2° Une dépression. La densité de l'air devient
moins élevée, et le coefficient de résistance, qui
en est fonction directe, suit la même variation.
En définitive, la réaction est plus faible.
Il doit donc exister une différence très appré-
ciable entre les forces propulsives produites par
une hélice, suivant qu'elle agit au point fixe ou
en marche. Il serait intéressant de savoir quelle
valeur elle peut atteindre. Nous ne serions pas
étonné qu'un de ces propulseurs donnant dans
un cas 130 kilogs de force, en donne 400 dans
l'autre.
Cette hypothèse, si elle était justifiée, prouve-
rait que des recherches pourraient être faites
avec succès vers un hélicoptère susceplible d'ac-
quérir, avant de s'élever, un mouvement de
translation dans un plan horizontal. — .H Le-
ForRT (5 déc. 1907).
Influence du rendement sur la valeur
d'un propulseur. — Dans une machine, le ren-
dement est le rapport du travail utile au tra-
vail total
Tu
TL
Considéré dans un propulseur, le travail utile
est le produit de la force propulsive F, par de
chemin parcouru par son point d'application.
Pendant l'unité de temps, ce chemin représente
une vitesse V et
UM IE
On peut imaginer deux propulseurs de même
nature, qui, tout en absorbant un même travail
et ayant des rendements égaux, se meuvent à
des vitesses différentes. Le rapprochement de
leurs formules de rendement donne
JE LS
+ — —_"— ,soit également
2 t T t
Te = a , puisque T, M È d'après notre
hypothèse.
Paresuite eV REA VINEL
Comme V' V”
onva ARR
L'interprétation de cette inégalilé montre que,
quoique à égalité de rendement, deux propul-
seurs, en utilisant un même travail, peuvent
donner naissance à des forces propulsives dif-
férentes. Nous en concluons que l’on ne peut en
aucune facon apprécier un propulseur par son
rendement absolu. (Il suffit, pour justifier. prati-
quement cette remarque. de comparer les ré-
sultats obtenus, d'une part avec le giroplane
Bréguet, propulseur à grande surface active ;
d'autre part avec une hélice de faible diamètre,
chacune de ces deux machines absorbant des
travaux égaux et pouvant avoir des rendements
absolus égaux.) 1
Cependant. un de nos ingénieurs aviateurs les
plus éminents, se basant sur la grande valeur
que peut atteindre le rendement de l'hélice,
s'étonnait que l’on puisse songer à tout autre
moyen de propulsion. :
Ce qui intéresse, duns un propulseur, c'est le
l’Aérophile 31
rapport de la force propulsive au travail, c'est-
à-dire le rendement exprimé en unités de force
par unité de travail.
Ce rendement par unité de force est égal à
F
RE TT
En rapprochant de la formule de rendement
Tu VF
sn SRE tie
on voit que
R
Ri — BE
Si nous prenons comme unité de force le ki-
logramme, comme unité de travail, le cheval-va-
peur, nous aurons
75 R
Ri —= V e
R, le rendement par cheval-vapeur est un in-
dice certain de la valeur d’un propulseur et un
élément précis de comparaison.
25 novembre 1907. H.
LEFORT.
Machines volantes diverses
L’aéroplane « Antoinette ». —
Sait-on que Levavasseur fut amené à inventer
le moteur « Antoinette » en vue d'expériences
d'aviation qu’il avait entreprises voici déjà
longtemps, pour son propre compte. Depuis, le
moteur « Antoinette » a donné l’essor à nom-
bre d’aéroplanes fameux, notamment au San-
tos-Dumont 14 bis, au Farman n° 1, aux
divers Blériot, au de La Vaulx, ete. Mais les
absorbantes occupations d’une puissante mai-
son de construction n’ont pu faire oublier au
père de tant d’
travaux d’aviation. Il a uni ses efforts à ceux
d’un autre aviateur éminent, le capitaine
Ferber, et les deux savants collaborateurs
achèvent en ce moment un fort intéressant
engin, l’aéroplane Antoinetie.
« Antoinette » ses premiers
MM. Levavasseur et Ferber expérimente-
de l’aéro-
plane Antoinette établi sur les plans de Leva-
vasseur et Ferber par le constructeur nauti-
que Lein.
Ce modèle réduit a 4 mètres de long ; il com-
porte un corps longitudinal sur lequel sont
montées 2 ailes fixes rigides arrondies aux ex-
trémités, et présentant au sens de la marche
un profil à concavité inférieure demi-cylindri-
que dont le rendement aérodynamique a été
trouvé par les inventeurs double au moins de
celui des ailes à surface plane. La queue rigide
rent d’abord un modèle d’études
porte des plans stabilisateurs horizontaux et
latéraux. Ce modèle non monté, lancé dans
n'importe quelle position, retrouve toujours
son équilibre et arrive à flotter sous des vites-
ses extrêmement réduites qui ont pu descendre
à 4 m. 50 par seconde. soit 16 kil. 200 seule-
ment à l’heure. Actionné par un moteur à
caoutchouc, il a fait plusieurs vols de 100 à 110
mètres de long.
Notre photographie représente la car-:<se
d’une des aïles du grand modèle. Cette arma-
ture rigide est entièrement triangulée; il n’y
entre ni tendeurs, ni raidisseurs, ni haubans.
Elle est entièrement faite de pièces de frêne
Cliché de Locomotion Antomobiie.
Armature d'une aile de l'aéroplane Antoinette
assemblées aux angles par des goussets d’alu-
minium rivés au cuivre rouge et ligaturés. Un
tel bâti est une merveille de solidité et de lé-
gèreté. Le grand appareil sera muni d’un mo-
teur Antoinette de 100 chx., 16 eyl., qui arrive
au poids extraordinairement réduit d’un kilo
par cheval, actionnant une hélice de 2 m. 50
de diamètre. L’aéroplane, monté par le capi-
taine Ferber, pèsera environ 500 kgr., en
ordre de marche avec son chariot de lance-
A. De MAsFRAND.
ment.
32 15 Janvier 1908
Les expériences d'Aéreplanes Henri Farmen
Reprise des essais du « Far-
man | », — Le mauvais temps avait sus-
pendu les essais publics des aviateurs, mais ils
mettaient à profit cette trêve pour la revision
et la mise en parfait état de marche des en-
gins.
Le premier prêt, Henri Farman se remet-
tait dès le 11 janvier à l’entraînement, à Issy-
les-Moulineaux. Peu de personnes en avaient
été prévenues, et le froid contribua peut-être ,
aussi à rendre les spectateurs plus clairsemés.
Les absents auront à regretter une séance
d'aviation particulièrement brillante, qui
classa derechef Henri Farman comme grand
favori dans le Grand Prix d'aviation.
Le vaillant aviateur se proposait, dans ces
essais sans caractère officiel, de tenter de rem-
plir les conditions de la grande épreuve. Il fit
plusieurs expériences, prenant son essor avec
une aisance remarquable et sur une lancée
moins longue qu'auparavant. Le moteur An-
toinette de 50 chevaux rendait à merveille.
Ceci n’a rien pour nous surprendre, mais le
fait capital de cette jceurnée, c’est la réus-
site de la volte-face à pleines voiles, condition
essentielle du Grand Prix d'aviation.
Une première fois, Farman vire et revient,
sensiblement au point de départ. Deuxième
envolée qui dura 1 m. 45, entre 6 et 8 mètres
de hauteur, avec boucle complète.
Henri Farman décrivit encore un troisième
circuit fermé, mais, cette fois, il toucha le sol
en cours de route.
On voit que la journée a été bonne pour
l'aviation.
Henri Farman, qui manifeste si peu cepen-
dant, et ses constructeurs, les frères Voisin,
ne cherchaient pas à dissimuler leur satisfac-
tion, et Farman s’engageait à l'Aéro-Club de
France pour disputer officiellement le Grand
Prix le 13 janvier 1908 gagné comme il est dit
plus haut.
L’aéroplane « Henri Farman
n° 2 ». — D'autre part, Henri Farman ac-
tive en ce moment les travaux d’un aéroplane
Henri Farman n° 2 dont l’aspect général dé-
concertera quelque peu les habitués d’Issy-les-
Moulineaux, qui ont, comme moi, bien dans
Pœil la silhouette du premier Farman.
Le Farman n° 2 se rapprochera du type
Langley, avec ses ailes en tandem; mais ce
sera un Langley tellement modifié! Il y aura
cinq paires d’ailes, trois paires en avant, deux
en arrière, montées en escalier sur un corps
fuselé de 14 mètres de long, et disposées de
façon à ne pas se masquer, ni produire de
réactions nuisibles les unes sur les autres.
L’envergure des ailes d'avant atteint 7 mè-
tres; celle des ailes d’arrière est moindre. Le
plan d'avant pivote autour d’un axe transver-
sal passant par son ceutre de pression et sert
ainsi de gouvernail de profondeur; gouver-
nail vertical à l’extrême arrière. Surface to-
tale : 45 mètres carrés environ. Poids appro-
ximatif : 600 kgr.
L'hélice tractive, de 2 m. 50 de diamètre,
est actionnée par un moteur Renault, de 35
chevaux, à refroidissement à air.
Le tout est porté sur un châssis composé de
deux roues orientables à l’avant et une roue
porteuse sous l'arrière.
Nous n'attendrons pas longtemps les débuts
du nouvel engin; les frères Voisin, qui en ont
établi les plans et en poursuivent la construc-'
tion, se seraient engagés à le livrer dans un.
mois où six semaines.
Bien entendu, dans l'intervalle, Henri Far-
man ne négligera aucune occasion de confir-
mer son succès dans le Grand Prix d’Aviation
Deutsch-Archdeacon avec son glorieux N° 1, à
bord duquel il connut le triomphe définitif.
G. BLANCHET
PRPIIIISIPPPISPIR
Nouveaux Prix d'Aviation
Le prix Armengaud Jeune
UN QUART D'HEURE, DIX MILLE FRANCS
M. Armengaud, ingénieur des plus distin-
gués, président de la Société Française de Na-
vigation aérienne, membre de l’Aéro-Club de
France et de sa Commission scientifique, vient
de créer un nouveau pris d’aviation, riche-
ment doté et fort intéressant.
M. Armengaud jeune offre généreusement
dix mille francs au premier aviateur qui, à
bord de sa machine volante, parviendra à se
maintenir pendant un quart d'heure dans
l'atmosphère. Ce prix, dont nous publierons
ultérieurement le règlement détaillé, sera dis-
puté au cours de l’année 1908, sous les règle-
ments de l’Aéro-Club de France. Une com-
mission de contrôle, comprenant naturelle-
ment le donateur, est constituée par quatre
membres de l’Aéro-Club et quatre membres de
la Société Française de Navigation aérienne,
affiliée à l’Aéro-Club de France.
Ce vol prolongé devra être accompli au-des-
sus d’un terrain de 2 kilomètres de dimension
maxima dans tous les sens, situé à 50 kilo-
mètres de Paris au maximum, pour permettre
d'assurer le contrôle de l’épreuve.
Le prix Albert C. Triaca
M. Albert-C. Triaca, qui part aux Etats-
Unis fonder un cours aéronautique par corres-
pondance en quatre langues, a offert un nou-
veau prix pour l'aviation.
Une somme de 500 francs sera remise en son
mom à l’aviateur, membre de l’Aéro-Club de
France ou de l'Aéro-Cluh d'Amérique, qui
l'Aérophile 33
aura fait en 1908 le plus grand parcours homo-
logué officiellement par l’un de ces deux clubs.
Donc, suivant le désir même du donateur, le
Prix Triaca sera certainement gagné en 1908.
Rappelons que M. Triaca a déjà fait don à
l'Aéro-Club de France d’une artistique mé-
daille à attribuer au constructeur du moteur
dont sera muni la machine volante qui gagnera
le Grand Prix d'aviation Deutsch-Archdea-
con.
PRRPLIPILPI SIT S PTS
Une école d’aéronautique par
correspondance
Le 11 janvier 1908, M. Albert C. Triaca, le dis-
tingué ingénieur italien qüi fonde une Ecole
aéronautique par correspondance, l'International
Schoof of Aeronautics, nous conviait à visiter,
aux ateliers Chauvière, les éléments et les mo-
dèles qu'il emporte aux Etats-Unis.
Il y avait là le colonel Espitallier, rédacteur
du texte des questions et réponses ; MM. Georges
Besançon, Maurice Mallet, Ernest Barbotte, capi-
taine Ferber, Th. Hue, Fred. Vernes, Lefebvre
fils, Albert de Masfrand, Dickins, etc.
Au milieu d'un chaos bien moderne, où voi-
sinent des plans d'aéroplanes et des modèles
d'hélices savamment étudiés par M. Mercier,
M. Triaca nous a expliqué comment il entendait
initier — par correspondance — des milliers de
personnes aux charmes de l'aéronautique.
Les cours par correspondance sont plus nom-
breux qu'on ne le suppose.
11 existe déjà un cours de mécanique en cent
lecons qui a coûté fort cher et qui se vend cent
cinquante dollars. Il y a aussi un cours de des-
sin de construction, qui coûte vingt-quatre livres
en Angleterre. En France. un cours d'automobile,
par correspondance, a été inslilué par l'Ecole
des Travaux publics de M. Eyrolles. Par contre,
en Amérique, un cours d'automobile, établi sur
les mêmes principes, a fait faillite, malgré les
grosses dépenses que s'était imposées son au-
teur.
Le cours d'aéronautique fondé par M. Albert
Triaca comporte quarante lecons de dix à quinze
questions, avec les réponses correspondantes ;
il contiendra huit cents pages et coûtera, paraît-
il. soixante dollars.
I] ne sera pas moins original que ses devan-
ciers, puisqu'il est divisé en (rois parties qui se
complètent heureusement : ballons sphériques,
ballons dirigeables, aéroplanes. Le texte, semé,
bien entendu, d'illustrations et de photographies,
sera rédigé en quatre langues : français, anglais,
allemand et italien.
Dans tous les pays, il sera tiré au sort une
ascension gratuite par vingt élèves inscrits.
Enfin, les cours pratiques que fera M. Triaca
aux Elats-Unis seront accompagnés de projec-
tions et d’une exposition de modèles en réduc-
tion, qui n’en sera pas l'une des moindres at-
tractions, car nous avons admiré des diminutifs
des ballons Mallet et des aéroplanes Antoinette,
et même des plans panoramiques en relief au
5.000° de Saint-Denis et Fontenay-sous-Bois.
(Les Sports) GEORGES Baxs
PRPRPI PS SPP PPS PT TS
NÉCROLOGIE
Mort de Janssen. Le grand astro-
nome Janssen est mort le 23 décembre 1907 à
l'Observatoire d'astronomie physique de Meu-
don qu’il avait installé d’abord à Montmartre
en 1876, et dont il était le directeur.
Né à Paris en 1824, Pierre-Jules-César
Janssen était commandeur de la Légion d’hon-
neur et membre de l’Académie des sciences
depuis 1873. La France perd en lui un de ses
plus glorieux savants; l'aéronautique, un de
ses plus illustres amis.
D’autres mieux que nous, diront les nom-
breuses missions scientifiques remplies par
Janssen de 1857 à 1874, dans le monde entier,
pour l’observation de phénomènes astronomi-
ques ; ils exposeront les services immenses ren-
dus à l'astronomie physique, l’incomparable
série de ses travaux sur la constitution physi-
que du soleil, et l’énergie avec laquelle, âgé de
67 ans,il faisait sa première ascension au Mont
Blanc pour étudier les dispositions à don-
ner à l'observatoire qu’il réussit ensuite à édi-
fier sur la reine des cimes européennes.
Ti est plus conforme à notre rôle de rappeler
que pendant le siège de Paris, Janssen n’hési-
.tait pas pour aller remplir une mission astro-
nomique en Algérie, à franchir les lignes prus-
siennes dans la nacelle du Volta descendu près
de St-Nazaire (2 déc. 1870). Avant son départ,
les vainqueurs avaient fait offrir à l’illustre sa-
vant, un sauf-conduit qu'il avait refusé. Le
geste ne manquait pas d’allure, car les Alle-
mands ne parlaient de rien moins que de fu-
siller comme espion, tout aéronaute tombé
entre leurs mains. Président du Congrès aéro-
nautique de 1900, inventeur d’un cempas aéro-
nautique, membre d'honneur de l’Aéro-Club
de France, Janssen témoigna toujours le plus
précieux intérêt à la cause aérienne.
Les obsèques de Janssen ont eu lieu le
28 décembre, à midi, à Saint-Germain-des-
Prés. Dans l'assistance, figuraient les plus
hautes notabilités scientifiques : le représen-
tant du Président de la République, M. Bord,
MM. Bayet, directeur de l’enseignement su-
périeur, représentant le ministre de l’Instruc-
tion publique; les délégués de l'Institut;
MM. Radot, Bigourdan, Darboux, de Lappa-
rent; MM. François Arago, le comte Henry de
La Vaulx, Camille Flammarion, le docteur
Bouchard, etc...
L’inhumation a eu lieu au Père-Lachaise.
Des discours ont été prononcés par M. Bi-
gourdan, au nom de la section d'astronomie de
l’Académie des Sciences; Darboux, au nom du
Bureau des Longitudes: Deslandres, au nom
de l'Observatoire de Meudon; de Lapparent,
au nom de la Société de: géographie ; le com-
mandant Paul Renard, au nom de la Commis-
sion permanente internationale d’aéronauti-
que dont il est vice-président et de l’Aéro-
Club de France. (Voir portrait de Janssen,
Aérophile 1894.)
Nous regrettons de ne pouvoir reproduire
ici que quelques extraits de la belle allocution
du commandant Renard.
34 15 Janvier 1908
Discours prononcé par le commandant
Renard aux funérailles de Janssen
@S décembre 1907)
Messieurs,
Lorsqu'à la fin du xvu siècle les aérostats
s'élevèrent pour la première fois au sein de
l'atmosphère, les contemporains ne crurent pas
pouvoir mieux manifester leur admiration qu'en
appliquant à la nouvelle découverte ces mots
du poète latin : Sic itur ad astra.
Celte devise, il n’est pas besoin de le dire,
personne parmi les gens éclairés ne la prenait
au pied de la leltre, on n'y voyait qu’une poéli-
que exagéralion. Néanmoins, quatre-vingt-dix
ans plus tard, quelqu'un devait la réaliser au-
tant qu'il était possible de le faire : le grand
savant auquel nous rendons aujourd'hui les der-
niers hommages devait, en effet, prendre la pre-
mière place dans la nacelle d'un ballon pour
aller vers les astres. Non, pas certes avec le
chimérique espoir de s'y transporter en per-
sonne, mais pour se rendre dans des régions
d'où il pourrait les observer dans des conditions
satisfaisantes.
Vous savez dans quelle mémorable circons-.
tance fut accompli ce voyage aérien. Paris in-
vesli était privé de toute communication avec
le reste de la France et du monde ; une éclipse
de soleil devait avoir lieu, visible en Algérie.
M. Janssen s'embarqua dans un aérostat, fran-
chit les lignes ennemies et put aller observer
le phénomène.
Cet acte le rendit justement populaire, et si
les savants et les adeptes de l'astronomie ap-
précient ses travaux qu'on vient de vous rap-
peler éloquemment, pour le grand public il est,
et il restera, l'astronome qui s'échappa en bal-
lon de Paris assiégé pour aller observer au delà
des mers une éclipse totale. Dans ce beau geste,
on admire à la fois l'homme de science qu'aucun
obstacle ne saurait empêcher de remplir son
devoir de savant, l'homme de cœur qui brave
allègrement les fatigues et les dangers, et l’ar-
dent patriote qui aime mieux courir une aven-
ture que d'accepter une faveur de l’envahisseur
de son pays.
Aujourd'hui que les voyages aériens se sont
singulièrement mullipliés et qu'on ne s'intéresse
plus qu'aux exploits des dirigeables et des aéro-
planes, un fait semblable attirerait peut-être
moins l'attention ; il y a trente-sept ans, il pas-
sait pour un acte héroïque, et il l'était, en effet,
Les aéroslats étaient alors loin de présenter les
conditions de confort et de sécurité qu'ils offrent
aujourd'hui: d'autre part, la compétence des
aéronautes et surtout celle des pilotes improvi-
sés du siège de Paris, dont l'inexpérience éga-
lail la bravoure, laissait beaucoup à désirer ;
enfin, aux dangers inhérents alors à toute as-
cension en ballon libre, s'ajoutaient ceux des
projectiles ennemis qui pouvaient abréger tra-
giquement le voyage et ceux des patrouilles qui
pouvaient le terminer, à l'atterrissage, d'une fa-
con lamentable.
Le directeur de l'Observatoire de Meudon était
heureux de voir un établissement aérostatique
se fonder el se développer auprès de lui. à Cha-
lais-Meudon, sous la direction de Charles Re-
nard. Il en suivait avec intérêt les progrès et
lorsqu'en 188% et 1885 eurent lieu les premiers es-
sais d’aérostalion dirigeable, couronnés de suc-
cès, il témoigna hautement sa satisfaction et il
voulu conserver un souvenir durable de ces mé-
morables expériences. Accoutumé à prendre cha-
que jour des photographies du soleil, il ne crut
pas imposer à ses instruments une besogne indi-
gne d'eux en les braquant, non plus sur un astre,
mais sur un météore d'un nouveau genre, ce
navire aérien qu'il voyait évoluer au-dessus de
Paris. C'est grace à lui qu'on possède ces ad-
mirables photographies, qui, reproduites à un
grand nombre d'exemplaires et répandues dans
le monde entier, attesteront d'une manière in-
conteslable aux âges futurs l'origine française
et meudonnaise de la navigation aérienne.
Dailleurs, sous aucune de ses formes, l'aéro-
nautique ne lui était indifférente.
Le premier il songea, en 1889, à provoquer
la réunion d'un Congrès international d’aéro-
nautique. A cette époque, l'idée pouvait paraî-
tre prématurée à beaucoup de bons esprits, et
ce fut là la cause d'un assez grand nombre d’abs-
tentions. Mais le succès de cette première ten-
talive donna tort aux abstentionnistes, et lors-
que, onze ans plus tard, en 1900, un nouveau
Ccngrès fut réuni, il rassembla, dans les. murs
hospitaliers de l'Observatoire de Meudon, l'élite
des adeptes de l'aéronautique dans le monde
entier ; désormais, l'élan était donné et il devait
se continuer grâce à l'active impulsion et à
la haute autorité de M. Janssen.
Celui dont nous déplorons la perle est cer-
tainement un des savants qui ont rendu le plus
de services à l'Aéronautique, un de ceux qui ont
su en comprendre l'intérêt et avoir foi en son
avenir ; mieux que cela, il sut l'aimer et la faire
aimer.
Au nom de la Commission permanente inter-
nationale dont il fut le fondateur, au nom de
JAéro-Club de France dont il était membre
d'honneur, et je puis ajouter, bien que je n’aie
pas recu de mandat officiel, mais certain de
n'être contredit par personne, au nom de toutes
les sociétés aérostatiques et de tous les. aéro-
naules de France et du monde entier, j'apporte
sur celte tombe un sincère et bien reconnais-
sant hommage.
Qu'il me soit permis aussi d'offrir l'expression
de nos vives condoléances et de notre respec-
tueuse sympathie à Mme et Mile Janssen qui
ont, pendant de longues années, entouré. d'une
si touchante affection et d’un dévouement si
éclairé le sävant que nous pleurons avec elles
et qui ont. ainsi, tout en faisant le charme de
son existence, pu faciliter sa tâche et l'aider
à parcourir d'un pas allègre les longues et bril-
lantes étapes de sa belle carrière.
Puisse cet hommage adoucir un peu leur grand
chagrin.
A côté de ceux qu'elles ont recus des repré-
sentants d'illustres Compagnies et de grandes
institutions scientifiques de la France et de tout
l'univers, cet hommage est bien modeste ; au-
cun ne saurait être plus sincère que celui que
leur offrent par ma voix les aéronautes français
et leurs collègues du reste du monde.
CE
J’Aérophile
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
Siège social : 60, Faubourg Saint-Honoré. Paris
PARTIE OFFICIELLE
Convocations
Commission scientifique, lundi 27 janvier, à
5e
Conseil d'administration, mercredi 6 février, à
Dh
Comité, jeudi 7 février, à 5 h. e
Commission sportive, sur Convocation du Bu-
reau.
Commission d'aviation, sur convocation du Bu-
reau.
Commission technique, sur convocation du Bu-
reau.
Dîner mensuel, jeudi 7 février, à 7 h. 1/2, en
l'Hôtel de l'Automobile-Club, 6, place de la Con-
corde. Prix du couvert : 8 francs, tout compris.
Comme suite à la décision du Comité de direc-
tion, en date du 5 décembre, les inscriptions :
pour les diners mensuels à l’Automobile-Club,
accompagnées de la somme de 8 francs par cou-
vert, permettent seules de retenir les places à
table.
Les dîners sont réservés aux seuls membres
de l’Aéro-Club, en raison du nombre limité de
couverts.
Siège social : SA, faubourg
Paris (VII). Télégrammes
Téléphone : 276-290.
Changement de siège social
Pour répondre à l'importance prise par l’Aéro-
Club de France, en raison du nombre sans cesse
augmentant de ses membres et pour leur donner
tout le confortable nécessaire, le siège social
sera, à partir du 15 avril 190$, transféré dans
un autre local plus vaste et mieux aménagé, qui
sera incessamment choisi.
Saint-Honoré,
: AÉROCLUB-PARIS. —
PARTIE NON OFFICIELLE
Concours de nacelles insubmersibles
M. Jacques Balsan, vice-président de l'Aéro-
Club de France, fonde un prix de 100 francs
pour récompenser le meilleur procédé rendant
insubmersibles les nacelles des ballons ordinaires
d'excursion.
MM. François Peyrey, le comte Georges de
Castillon de Saint-Victor, Georges Besançon ont
été chargés d'examiner: les projets qui doivent
être adressés à l’Aéro-Club de France, 84, fau-
bourg Saint-Honoré, Paris.
RS
SOUS-COMMISSION DE TERMINOLOGIE DU 3 JANVIER 1908
Présents : MM. Tatin, président ; Archdeacon,
Je commandant Ferrus, le commandant Renard.
M. Tatin rappelle que la Sous-Commission de
terminologie a été instituée sur l'initiative du
regretté Hospitalier pour unifier et épurer la ter-
minologie en ce qui concerne plus particulière-
ment l'aviation.
Il propose d'examiner successivement tous les
termes en usage et de décider quels sont ceux
qu'il y a lieu de modifier, de manière à ne plus
D
Ut:
employer que des appellations s'appliquant lo-
giquement aux objets qu'elles définissent.
La discussion s'engage sur le terme orthoptère,
qui désigne un appareil mû, comme un oiseau,
par des ailes battantes. M. Tatin fait remar-
quer que ce mot présente pour les entomolo-
gistes .un sens parfaitement précis et absolument
différent de celui que lui assignent les aviateurs.
Le commandant Renard fait remarquer qu'au
point de vue étymologique, le terme orthoptère
est un non-sens en avialion, mais qu'une simple
opération orthopédique permet de le rectifier sans
altérer essentiellement sa forme ; il propose, en
conséquence, de le remplacer par le mot orni-
thoptère qui satisfait à la fois l’étymologie et le
bon sens. Cette ingénieuse solution est adoptée
à l'unanimité.
La Sous-Commission accepte ensuite d'un com-
mun accord les définitions suivantes :
Un ballon rond ordinaire s'appelle un AÉROSTAT.
Le terme AÉROSTIERS étant consacré par l'usage
et les règlements pour désigner les troupes spé-
ciales chargées du maniement des aérostats, il
convient de continuer à appeler AÉRONAUTES les
pilotes des aérostats, bien que ce terme n'échappe
pas à toute critique.
Tout appareil qui se soutient dans l'air par
des procédés mécaniques, à l'exclusion de l'em-
ploi des fluides plus légers que l'air, est un
AFPAREIL D'AVIATION. Le pilote qui le monte est un
AVIATEUR (1).
Tout appareil maintenu en l'air par des hé-
lices sustentatrices (à axe plus ou moins rap-
proché de la verticale) est un HÉLICOPTÈRE.
Tout appareil se soutenant dans l’espace par
la réaction de l’air sur un ou plusieurs plans et
müû par une hélice (ou autre moyen analogue),
est un AÉROPLANE.
rs
COMMISSION D'AVIATION DU 3 JANVIER 1908
Présents : MM. Archdeacon, président ; Talin,
le capitaine Ferber, le prince d’Arenberg, E.
Zens, Ferrus, H. Kapferer, Godard, Chauvière.
Prix pour un indicateur d'horizontale. —
M. Archdeacon expose qu'il serait intéressant
pour les aviateurs d'avoir un bon indicateur
d'horizontale et que la Commission pourrait fon-
der un prix pour intéresser les constructeurs.
M. Kapferer demandant si un pareil instru-
ment est bien nécessaire, M. Archdeacon fait
remarquer qu'à son début, M. Henri Farman
ne faisait que.des bonds, parce qu'il prenait trop
d'angle, et que même en ce moment, il retombe
souvent dans le même défaut, ce qu’il a souvent
vérifié en le suivant en auto.
Le capitaine Ferber fait remarquer que cha-
cun a ses préférences Farman vise l'horizon,
et quant à lui, en 1902, il a adopté un niveau
sphérique à grosse bulle : en ce moment, M. Blé-
riot fait de même.
Après un échange de vues, la Commission
crée un prix de 500 francs et une Sous-Commis-
sion, composée de MM. Archdeacon, Tatin et
Chauvière, en élabore le règlement.
(1) Ce ‘erme ne doit jamais servir à désigner l'appareil lui
mème.
36 15 Janvier 1908
Prix des 200 mètres. — Après discussion, la
Commission fonde trois prix de 200 m. à courir
en 1908 les deux prix de 150 mètres, non en-
core gagnés, élant périmés au 31 décembre 1907.
Les aviateurs contrôlés sur une dislance su-
périeure ne pourront se présenter. Il est spé-
cifié que le prix est attribué à l’avialeur et non
à sa machine, la Commission estimant qu'il est
urgent d'avoir au plus tôt le plus grand nombre
possible de conducteurs.
COMITÉ DE DIRECTION DU 9 JANVIER 1908
L'Aéro-Club de France a prononcé l’aftiliation
pour 1908 de la Sociélé française de navigation
aérienne et a renouvelé celle de l'Aéronaulique-
Club de France.
Après balloltage, ont été admis
Saunion, baron Lafaurie, baron Henry Roul-
leaux-Dugage, François Corallo, Joseph Ra-
belle, Louis Capazza, André Fournier.
Le brevet de pilote-aéronaute est décerné à
M. Albert-C. Triaca.
Sur proposition du trésorier, les fonds de ré-
serve seront dorénavant placés en bons fonciers
au lieu d'obligalions de la Ville de Paris.
: MM. Lucien
DINER MENSUEL DU 9 JANVIER 1908
Le comte Henry de La Vaulx présidait le dîner
de nouvelle année de l'Aéro-Club de France,
donné dans les Salons de l'Automobile-Club, en-
touré de MM. le comte de Castillon de Saint-
Victor, Georges Besançon, Santos-Dumont, Henri
Julliot, Alfred Leblanc, René Gasnier, le capi-
taine Ferber, Ernest Archdeacon, Victor Tatin,
Louis Blériot, Robert Esnault-Pellerie, François
Peyrey, Georges Le Brun, le comte Hadelin
d'Oullremont, Maurice Mallet, D' Jacques Sou-
bies. Ernest Zens, W.-H. Fauber, Henry Gon,
Henri Fabre, Georges Suzor, Paul Delaporte,
Gaston Tranchant, Helwig, Baucheron, Albert
Omer-Decugis, Pierron, Saunion, Edouard Ba-
chelard, marquis de Kergariou. André Pupier,
Bossuet, Jean de Villethiou, D' Da Silva, André
Fournier, Léon Delagrange, M. Morel, Georges
Bans, elc.
L'annonce du prix de 10.000 francs offert aux
aviateurs par M. Armengaud jeune, a été saluée
de chaleureux applaudissements.
Un échange de télégrammes de cordialités a
élé fait avec l’'Aéro-Club du Sud-Ouest qui don-
nail, à la même heure, à Bordeaux, son diner
des Rois de l'air.
L'ANNÉE 1907 AU PARC DE L'AÉ. C. F.
Voici les chiffres statistiques concernant les
ascensions exécutées au cours de l’année 1907,
au parc de l’'Aéro-Club de France, aux coteaux
de Saint-Cloud :
1° semestre 1907 161 départs de ballons,
-172.480 m° de gaz, 511 passagers dont 54 dames
aéronautes.
2° semestre 1907 146 départs de ballons,
113.870 m° de gaz, 360 passagers, dont 57 dames
aéronaules.
Total : 307 départs, 316.350 m', 871 passagers
dont 111 dames aéronautes.
En 1906, il y avait eu : 230 départs, 231.860 m',
600 passagers.
nr aa
TOUR DU MONDE HÉRIEN
Paris d'aviateure. — Un pari anglais de
12.500 francs. — Nos amis cordiaux les Anglais
suivent avec un intérèt passionné nos expérien-
ces d'auto-ballons et d'aéroplanes. Les progrès
de l’aéro-locomotion ne menacent-ils pas, en
effet, de rendre illusoire, dans un avenir plus ou
moins éloigné, ce « splendide isolement » qui
était l'orgueil et en bonne partie, la force de la
grande nation insulaire ?
Aviateurs et « ballonnistes » ne sont naturel-
lement pas d'accord et, conformément au tempé-
rament national, les divergences de vues se tra-
duisent par des paris. Voici l'un des plus ré-
cents conclu entre deux personnalilés du monde
aéronautique londonien : M. Palrick Y. Alexan-
der, parie 500 livres sterling (12.500 francs) con-
tre M. Griffith Brewer, d'accomplir, avant le
5 novembre 1908, dans sa machine volante plus
lourde que l'air, un circuit fermé de 1 mile.
Les paris français du 24 juillet 1907. — Nous
avons relaté dans l'Aérophile d'août 1907, page
233, les importants paris conclus entre automo-
bilistes et aviateurs au diner du 24% juillet 1207,
dans lequel M. F. Charron féêtait le dénouement
de la gageure de 5.000 francs engagée par lui
au mois de mai de 1906 contre M. Ernest Arch-
deacon, qu'on n'aurait pas fait, à un an de date,
du 75 kil. à l'heure sur l'eau.
En revanche, par son envolée de 770 mètres
le 26 octobre, à Issv-les-Moulineaux, Henri Far-
man faisait gagner à MM. Ernest Archdeacon et
Alberto Santos-Dumont leur pari en commun de
5.000 francs, contre MM. F. Charron et le mar-
quis de Dion, que J'on ferait, avant le 1‘ fé-
es 1908, 500 m. en aéroplane sans toucher
erre.
Un déjeuner d'aviateurs. — Le 12 novembre
1907, à Issy-les-Moulineaux, pendant les essais
de Farman, notre excellent confrère Victor
Breyer, de l'Auto, pariait 500 francs contre le
bon aviateur Louis Blériot, que Farman ne ga-
. gnerait pas le grand prix d'aviation Deutsch-
Archdeacon, dans la semaine qui suivrait. Le
grand prix subit de rudes assauts, mais à la
fin de la semaine il restait toujours à con-
quérir.
Le 26 novembre, M. Victor Breyer, heureux
amphytrion, féêtait le gain de sa gageure en un
déjeuner chez Ledoyen auquel assislaient, avec
son adversaire malchanceux mais nullement al-
tristé M. Louis Blériot, MM. Santos-Dumont,
Robert Esnaullt-Pelterie, François Pevrey, Th.
Vienne, Robert Coquelle, Georges Abran, Albert
de Masfrand.
Un pari italien de 100.000 francs. Florio con-
tre Vonwiller. — Le chevalier Vincenzo Florio,
l: mécène de l’'automobilisme en Italie, et le
sportsman-aéronaute bien connu, M. Alfreco
Vonwiller, ont parié 100.000 francs, à la fin de
décembre 1907, qu'avant le 1“ janvier 1908 ils
auraient réussi tous deux à effectuer, en aéro-
plane, le tour de l'autodrome privé installé à
Palerme dans une propriété de M. Florio. La
pisle, de 20 m. de large, à 1.500 m. de déve-
loppement. Si un seul des deux parieurs par-
vient à boucler ce circuit dans le délai convenu,
il paiera 100.000 francs à l’autre. Si tous deux y
réussissent, le vainqueur sera celui qui aura
fait le meilleur temps. Il ne s'agit pas d’une
course en ligne. mais d'une série d'essais indi-
viduels. à dale libre, au gré des intéressés.
Le chevalier Pesce, compatriote des deux pa-
rieurs, et M. Ernest Archdeacon, ont insisté au-
près de M. Florio pour que celle énorme ga-
geure devint l'occasion d'une grande compéli-
tion entre aviateurs de tous pays. Pour l'ins-
tant, le chevalier Florio désire s'en tenir à la
forme première du pari: mais l'intérêt géné-
ral de l'idée qui lui est soumise par MM. Pesce
et Archdeacon, ne lui à pas échappé et la gé-
néreuse sportivité des deux futurs matcheurs
permet aux aviateurs les espérances les plus
r :
Se tous les cas, cette initiative donnera
sans doute aux techniciens italiens de l'aviation
(qui derneurent pour nous, comme en aulomo-
bilisme, de redoutables concurrents) l'occasion de
réaliser quelques-unes de leurs conceptions théo-
riques.
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Publie le Buletin office de l'Aéro-Club de France)
L'Abonnement est annuel et part, au gré de l'a*onné, du l°" janvier ou du mois de la souscription
ÉDACTION ET ADMINISTRATION : 84, Faulourg Saint-Honoré, PARIS (8°) TÉLÉPHONE 276-20
AAIRE : Portraits d'aviateurs contemporains: Les frères Voisin (A. de Masfrand). — [’aéroplane Farman lel qu'il a gagné le Grand Prix
ation (Les frères Voisin). — Le banquet Henri Farman (Discours de MM. Cailletet, Deutsch de la Meurthe, de Zuylen, Archdeacon, le prince Roland
parte, Gu llaume, de La Vaulx, Esnault-Pelterie, Feichel, Desgrange, Regnard). — Règlement du Prix d'aviation Armengaud jeune. — Conditions
oncours d’indicateur d’horizontale ponr aéroplane. — Le nouvel'autnballon militaire francais : Le Vi/le-de-Paris remplace Patrie à Verdun (Lagrange);
jôomment le Vilte-de-Paris a fait Sar'rouville-Verdun (H. Kapférer) ; Description détaillée du Ville-de-Paris (Cléry). — Le Pour et le Contre :
ntend-on par incidence d’un aéroplane (Goupil). — A l'Aéro-Glub du Sud-Onest.
MAIRE DU BULLETIN OFFICIFL DE L'AERO-CLUB DE FRANCE. — Partie officielle : Couvocations. — Changement
esse. — Partie non officielle: Commission d'aviation du 13 janvier 4908. — Commission sportive du 14 janvier 190$. — Les ascensions au
de l'Aé. C. F. — Dons pour la Bibliothèque.
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Directeur-Fondateur : Georges Besançon
16° Année. — N°3 1" Février 1908
Portraits d'AViateurs Contemporains
Gabriel Voisin Charles Voisin
Les FRÈRES Voisin
Une particularité historique m'a toujours frappé : c'est de rencontrer à chaque instant, parmi ceux qui ont le plus contribué aur
progrès de l'aéronautique sous toutes ses formes, et aux Lilres les plus divers, des chercheurs étroitement unis par les liens du sang, pax
une affection profonde, par la communauté de leurs goûts et de leurs travaux.
Les Montgolfier, les Renard, les Tissandier, pour ne ciler que ceux-là, en sont des exemples typiques. Je m'en voudrais de
séparer aujourd'hui, au moment d'un triomphe durement poursuivi et noblement remporté, deux hommes qui, mettant tout en commun,
leurs efforts, leurs recherches et les dangers courus, ont voulu êlre et rester, avec une fière modestie, les frères Voisin.
Leurs carrières se confondent d’ailleurs. Tandis que l'ainé, Gabriel Voisin, après avoir terminé ses études au lycée Ampère, à
Lyon, entrait à l’école des Beaux- \ris, section d'architecture, son cadet, Charles. sortais du lycée de Bourg pôur remplir, presque
aussi:ôt, ses obligations militaires. Les vacances réunissaient les deux frères et un de leurs amis me rappeiail le temps où, au gran!
désespoir de leurs parents, ils saccageaient les arbres de leur propriété, près de Lyon, et les armoires emplies du linge vénéré des
familles provinciales, pour fabriquer d'énormes cerfs-volants et même des aéroplanes rudimentaires, extrêmement plus lourds que l'air
avec lesquels ils roulaient le long des pentes du Mont-d'Or.
À Paris, Gabriel Voisin fut présenté par le colonel Renard, confident des expériences (?) de sa jeunesse, à Ernest Archdeacon qui
venait de constituer un premier syndicat d'aviation. De 1902 à 1904, presque seul, Gabriel Voisin construisit de ses mains les app'reils
du syndicat. Après en avoir été l'ouvrier, il en devenait le pilote er essayait en chute libre, à Berck, avec le capitaine Ferber, des
appareils du type Wright. Entre temps, remorqué par l’autocanot La Rapicre, il pilotait sur la Seive les aéroplanes d'Archdeacon et de
Blériot. On n'a pas oublié l'émouvante conclusiou d'une de ses expériences : un flotteur s'étant crevé, l'appareil se retourna en p'ein vol,
entraînant son pilole, qui, empêtré dans les fils d'acier, demeura sous l’eau près d'une minute et demie avant de pouvuir se dégager.
En 190%, Gabriel Voisin s'associe avec Louis Blériot, pour construire eu expérimenter des appareils d'aviation. L'année suivante, son
frère Gharles le rejoignait, après son service militaire, et tous deux tentèrent de faire de l'aviation, une affaire commerciale L'idée était
hasardeuse à une époque où les av ateurs étaient loin d'avoir partie gagnée. Les événements donnèrent raison aux Voisin, mais au
prix de que's méritoires efforts de quelles difficultés de tout vrdre, dont ils n'ont gardé, d'ailieurs, aucune amertume. l'ondés avec
le mince pécule qui peut giter au fond d'une bourse d’éludiant, les ateliers des frères Voisin fonc vivre actuellemeut dix-meuf ouvriers
ou employés. Ils ont étudié et construit le Delagrange, que Charles Voisin pilola pendant tous lesessais de mise au point et qui fut le
second, après le Santos-Dumont, à ‘ffectuer ua vol soutenu; le “arman, qui marque l'avènement définitif du vol mécanique, et, dans
un autse ordre d'idée, la nacelle, l'hélice et | s gouvernails du nouveau ballon militair Vèlle-de-Paris.
Au moment où naît une ind strie nouveile qui se a, pour la France, une source de gloire et de richesse, il n'é‘ait pas inulile
de rappeler le court mas brillant passé : e ceux qui, les premiers, tracèrent glorieusement la voie.
Gabriel Voisin est né à Belleville-sur-Saône (Rhéne), le
rier 1830; Gharles Voisin, à Lyon, le 12 juillet 1882.
ALBERT DE MASFRAND.
38 1°" Février 1908
L'Aéroplane “ FARMAN ” tel qu'il a gagné le Grand Prix
A la suite de l’expérience mémorable au
cours de laquelle Henri Farman a réussi un
vol de 770 mètres, par lequel il s'adjugeait ia
Coupe Ernest Archdeacon et le record de la
distance, un sportsman avait parié qu’a-
vec cet appareil, Henri Farman gagnerait le
Grand Prix d'Aviation Deutsch-Archdeacon.
Celui qui avait émis cette prophétie n’était
autre que le capitaine *Ferber. Lorsque, triom-
phant, il s’en vint, le 13 janvier à midi heur-
ter à la porte de son « partner » pour lui rap-
peler le déjeuner qui faisait l'enjeu du pari,
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LOUE
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Le 10.500
L'aéroplane Henri Farman n° 1, tel qu'il à gagné le Grand Prix d'aviation Deutsch-Archdeacon (croquis
coté dû à l'obligence de MM. les frères Voisin, constructeurs de l'engin).
: En haut, vue schématique de profil. — En bas, vue en plan. — Les parties grisées sont les parties entoilées. M, moteur. La
voilure d'un des plans principaux a été échancrée pour montrer le moteur et l’hélice. Dans le croquis de profil, l'épaisseur apparente
grisée des plans de la cellule avant est due à ce que ces plans sont légèrement arqués dans le sens de lenvergure et relevés vers le
haut sur leurs bords latéraux.
l’Aérophile 39
ce dernier le lui refusa froidement en décla-
rant qu'Henri Farman n'avait pas gagné le
Grand Prix sur l’appareil qui avait effectué
le parcours de 770 mètres. Tous deux avaient
raison. En effet, si l'appareil était le même
dans son ensemble, à la suite des expériences
répétées, nous y avions apporté quelques modi-
fications.
Après la prouesse d'Henri Farman, nous
pensons qu’il est utile, pour fixer des idées,
de donner des renseignements très exacts sur
l'appareil.
Le jour où il boucla le redoutable circuit,
l’envergure totale était de 10 mètres, et sa
longueur, entre perpendiculaires, de 10 m. 50.
L'appareil se compose d’une grande cellule
au centre de laquelle se trouve la poutre repo-
sant sur le chassis et portant le moteur, l’avia-
teur et le gouvernail de profondeur.
À la cellule principale est fixée une poutre
de réunion de 4 mètres de longueur, qui porte
à son extrémité la queue de l’appareïl, dont
l’envergure totale est de 2 m. 10 ; la largeur
des plans de la grande cellule et de la queue
est de 2 mètres, et l’écartement des plans de
1 m. 50 ; l’hélice, montée directement sur le
moteur, a un diamètre de 2 m. 30 et 1 m. 40
de pas. Sa vitesse de rotation le jour du Grand
Prix était de 1.050 tours, réduisant la force
du moteur à 38 HP. Enfin le poids de l’ap-
pareil monté, complet et en ordre de marche,
était de 530 kilogr.
Voyons maintenant quelles ont été les mo-
difications apportées au cours des essais.
Primitivement, l'appareil était muni d’un
gouvernail de profondeur cellulaire ; il a été
remplacé par un équilibreur monoplan, ré-
duisant, dans de notables proportions, la ré-
sistance à la pénétration. La queue avait, en
premier lieu, une envergure de 6 mètres, et
seule la surface supérieure était portante; la
surface inférieure était remplacée par un plan
horizontal qui devait assurer la stabilité lon-
gitudinale et neutraliser les effets des coups
de gouvernail exagérés qui pouvaient prove-
nir de l’inexpérience du pilote.
Lorsque M. Farman eut acquis l’habileté
nécessaire, ce qui fut, du reste, rapidement
fait, le stabilisateur fut retiré, et nous avons
remplacé cette cellule arrière par une autre
de moindre envergure, mais dont les deux sur-
faces étaient portantes. A l'extrémité ar-
rière, nous avons monté le gouvernail ver-
tical. Quelques modifications de détail ont
été apportées à la commande des gouvernails
qui, par un dispositif spécial, était obtenue
par la manœuvre d’un seul volant.
Le châssis porteur n’a jamais été modifié,
et tel qu’il est sorti de nos ateliers, il a sup-
porté gaillardement les quelques trois cents
atterrissages que M. Farman lui à infligés
au cours de ses essais.
L'importance capitale de la solidité du châs-
sis porteur n’échappera à personne ; en effet,
alors que tel ou tel concurrent, pour un jour
d'expérience, était immobilisé huit ou dix
jours, Henri Farman n’a pas interrompu un
seul jour ses essais par suite d’avaries, ce qui
explique le laps de temps relativement court
qu’il a mis à rattraper ses concurrents... et
à les dépasser.
Les FRÈRES VoIsiIN
RRPR RAR PRIS De
Le Banquet Henri Farman
Le banquet organisé par l’Aéro-Club de France
pour fêter la mémorable victoire remportée le
13 janvier 1998, dans le Grand Prix d'aviation
Deutsch-Archdeacon de 50.001 francs (voir Aéro-
phile 1908, n° ?), a eu lieu le 16 janvier 1908,
avec un éclat extraordinaire, dans la grande
salle de la Bibliothèque de l'Automobile-Club de
France. I1 réunissait les plus hautes personna-
lités du monde aéronautique, automobile et
scientifique autour du triomphateur Henri Far-
man et de ses collaborateurs, MM. Gabriel
Voisin et Charles Voisin, les ingénieurs-cons-
tructeurs de l'engin victorieux ; Léon Levavas-
seur, représentant la Société du moteur « An-
toinette », dont l'appareil était muni.
A la table d'honneur, autour de M. L.-P. Cail-
letet, président de l'Aéro-Club de France;
MM. Henri Farman, le baron de Zuylen, prési-
dent de l’Automobile-Club de France, président
d'honneur de l’Aéro-Club de France ; S. A. I. le
prince Roland Bonaparte, président de la Ié-
déralion aéronautique internationale ; Henry
Deutsch de la Meurthe, Ernest Archdeacon, do-
nateurs du Grand Prix d'aviation ; Guillaume,
président de la Commission permanente inter-
nationale d’aéronautique ; Léon Levavasseur,
Gabriel Voisin, le comte Henry de La Vaulx,
Charles Voisin, Armengaud jeune, le capitaine
Ferber, Alberto Santos-Dumont, le commandant
Renard, Robert Esnault-Pellerie, Georges Besan-
con, Léon Delagrange, le comte de Castillon de
Saint-Victor, Victor Tatin, Farman père, Mau-
rice Farman, Alfred Leblanc, Henri Julliot,
Marcel Kapférer, Robert Gasiambide, A. Men-
gin, René Gasnier, André Fournier, Georges Su-
zor, Neubauer, Paul Rousseau, le docteur Jac-
ques Soubies, le docteur Crouzon, le comte de
Faucompré, le comte de Fayolle, André Pupier,
Houry, Albert Omer-Decugis, Maurice Mallet,
W.-H. Fauber, Delaporte, Paul Regnard, Echa-
lié, Edgar W. Mix, G.-L. Pesce, René de Knyff,
Loysel, le marquis de Méaulne, Le Secq des
Tournelles, James Bloch, Namur, André Granet,
Emile Bossuet, le marquis Edgard de Kerga-
riou, Védrine, Louis Capazza, Emile \Wenz, René
Demanest, Jacques Faure, Pierre Gasnier, A.
Boulade. Gianoli, Ernest Zens, André Delattre,
Henri Desgrange, G. de Lafreté, Frantz Rei-
chel. Manoury, Dickins, Willaume, Harson, Bar-
rett Brandreth. Daniel Cousin. Paul Sencier,
A. Massard, Albert de Masfrand, Georges Bans,
Robert Guérin.
A l'issue du banquet, M. L.-P. Cailletet ouvre
40 1" Février 1908
la série des discours par la belle allocution sui-
vante :
Discours de M. L.-P. Gailletet
Membre de l'Institut,
Président de l’Aéro-Club de France
« Mes chers collègues,
« La date du 13 janvier 1908 est désormais une
date historique : elle rappellera aux générations
à venir la victoire éclatante remportée ce même
jour par Henri Farman.
« C’est lui, en effet, qui, le premier d’entre les
hommes, réussit à s'élever et à se diriger dans
les airs, résolvant ainsi un des plus extraordi-
naires problèmes posés depuis l'origine du
monde.
« Que de tenlalives hardies, que d'efforts im-
puissants, dont l.hisioire nous a conservé le sou-
venir, et qui toujours ont abouti à un échec.
« En face de celte longue suite d’insuccès, les
meilleurs esprits se sont demandé si la Nature
jalouse ne s’est pas réservé le secret du vol
aérien, et si jamais l’homme réussira dans celle
hardie tentative.
« La victoire d'Henri Farman est la réponse
nette et absolue à cette difficullé, elle nous
montre que l'homme est capable de résoudre les
questions les plus difticiles — on serait tenté de
dire les plus impossibles — Jorsqu'il est animé
par une conviclion ardente, par une énergie à
toute épreuve : tel est le cas d Henri Farman. Le
triomphe qu'il vient de remporter est la réali-
salion d'un programme strict, tracé longtemps
à l'avance ; l'épreuve à été eccomplie à Paris
même, devant une assemblée formée des juges
les plus compélents en Ja malière.
« I n'y a donc rien là de commun avec ce qui
s'est passé dans les régions reculées de l'Arné-
rique, et dont on a tant parlé, M. Farman peut
donc compter qu'il a acquis la gloire sans par-
tage et c& mémorable succès, il le doil à son ha-
bileté, à ses intelligents el laborieux efforts ; et
surtout à sa foi et à son indomptable énergie.
« L’Aéro-Club de France peut être heureux et
fier, car c'est lui qui a préparé celle décisive
victoire, grâce à l'initiative de deux de ses mem-
bres les plus éminents : MM. Ernest Archdeacon
et Henry Deutsch de La Meurthe.
« Notre excellent collègue Ernest Archdeacon
est l'un des premiers et des plus actifs promo-
teurs de l'Aviation, qu'il a encouragée et déve-
loppée par son zèle infatisable, par son ardente
parole et par sa générosilé. Nous espérons que
cet apostlolat recevra bientôt du gouvernement
sa digne et juste récompense, que tous les amis
de l'Aviation sont unanimes à réclamer pour lui.
« M. Henry Deulsch de La Meurthe, qui a lant
fait déjà pour l'aéroslalion, parlageant l’enthou-
siasme de M. Archdeacon, fonda avec lui le
Grand Prix d'Aviation, dont le montant de 50.000
francs, fut souscril moilié par chacun d'eux.
Cette noble inilialive eut d'excel'ents résultats :
nous avons présentes à la mémoire les auda-
cieuses tentatives, souvent si voisines du succès,
de MM. Santos-Dumont. Blériot. Esnault-Pellerie,
et de tant d'autres, dont les travaux ont préparé
le succès définitif. M. Farman peut être fier de la
grande médaille d'or de l’'Aéro-Club de France,
qui va lui êlre remise pour ses glorieux travaux.
« Les collaborateurs, qui ont ainsi préparé le
succès d'Henri Farman, ont droit à nos justes
félicitations. Les frères Voisin ont étudié et
construit, avec leur habilelé bien connue, l'aéro-
plane vainqueur, et il leur sera remis une mé-
daille de vermeil.
« Les moteurs Antoinelle, qui étonnent par
leur puissance et leur poids si minime, ont ainsi
une part imporlante dans le succès de M. Far-
man. Le directeur de celte Société, M. Levavas-
seur, dont les talents sont si généralement ap-
préciés, recevra la médaille d’or offerte par
M. Albert Triaca au constructeur du moteur
ayant gagné le Grand Prix d'Aviation,
« C’est avec une vive salisfaction que je remer-
cie la Presse parisienne ; grâce à son concours
éclairé el toujours bienveillant, les populations
cprises de tout ce qui touche à la navigation
aérienne sont tenues au courant des incessantes
expériences et de tous les progrès dont s'honore
la science.
« Vous ne me pardonneriez pas non plus de
passer sous silence les services si désintéressés
que nous rend chaque jour notre sympathique
secrétaire général, M. Georges Besançon, dont
nous avons (ous éprouvé l’entier dévouement.
« Je suis heureux de saluer notre Président
d'honneur, le baron de Zuylen, Président de l’Au-
tomobile-Club de France qui veut bien offrir
depuis si longlemps à nos grandes réunions,
une si somptueuse et si cordiale hospitalité.
« C’est pour moi, mes chers collègues, un de-
voir bien doux de saluer, ce soir, le grand évé-
nement aéronautique qui vient de se produire,
et qui attirera sur nolre cher pays, patrie de
l'aéronaulique, non pas l'envie, mais je l'espère
l'admiration de toutes les nalions avides de
gloire et de progrès. »
Discours de M. Henry Deutsch de la Meurthe
Co-donaleur du Grand Prix d'avialion
M. Henry Deutsch de la Meurthe, doyen des
donateurs du Grand Prix d’avialion Deutsch-
Archdea:on, prononce les éloquentes paroles
suivantes : É
« Messieurs,
« Permetllez-moi de m'associer aux sentiments
que vient d'inspirer la belle victoire de Farman
ct de lui adresser, moi aussi, au titre de doyen
des donaleurs du Grand Prix d'aviation, quel-
ques mots.
« Je vous ai dit, sur le terrain même, mon cher
Farman, avec quelle joie j'ai applaudi à votre
triomphe, qui transporte d’un seul bond la
science théorique de l'aviation dans le domaine
de la réalité vivante, et change nolre foi hési-
tante et limide en une certitude absolue et invin-
cible. J'ai rendu un juste hommage à vos qualités
d'énergie et de ténacité, grâce auxquelles l’avia-
lion n’est plus un vain mot: vous lui avez ar-
raché son secret et ouvert largement la voie aux
conséquences fécondes et incalculables qui vont
résulter de la conquête de l'air pour le bien de
l'humanité.
« I1 y à quelque lemps, j'eus le bonheur de
saluer le premier champion du balion dirigea-
ble : nous fétons aujourd'hui l'avènement triom-
phant de l'aéroplane. La victoire est complète :
nous possédons le pius léger et le plus lourd
que l'air, Que dis-je? Nous possédons l'air même,
nous sommes maitres de l’espace !
N'admirez-vous pas comme moi, messieurs, la
rapidité étonnante des progrès accomplis, en
quelques années, par la science aéronautique ?
« Presque coup sur coup, nous avons vu se
réaliser des conceptions telles. que l'imagination
d'un Jules Verne n’eüt osé en rêver de plus au-
dacieuses. Un vaste et brillant horizon s'ouvre
à la locomolion aérienne. Et j'envie le bonheur
des jeunes d'entre vous, qui assisteront à son
épanouissement prodigieux. ,
« Courage ! vous avez montré. Farman, au
lendemain même de votre victoire, que vous
n'êtes pas de ceux qui s’endorment sur leurs lau-
riers, et, renouvelant vos expériences, vous avez
réussi à battre votre superbe performance de la
veille. Persévérez, et apporlez-nous, dans une
belle émulation, vous el vos vaillants rivaux, les
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J'Aérophile 41
perfectionnement qui feront entrer, dune ima-
nière définitive, la locomotion nouvelle dans le
donpine pratique.
«Je me réjouis, quant à moi, d’avoir vu la réa-
lisation d’un rêve, qui hanta toute ma vie, et dont
je suivis avec passion les évolutions successives
jusqu'à son étape dernière : la conquête délinitive
de l'air.
« Je lève mon verre à votre santé, Farman,
champion valeureux de l'aviation !
« Je bois à tous ceux qui, connus ou obscurs,
ont aidé à la solution du problème par leurs re-
cherches patientes, par leurs expériences ou par
leurs encouragements !
« Je bois à l'Aéro-Club de France ! »
Discours de M. le baron de Zuylen
Président de l'Automobile-Club de France,
Président d'honneur de l'Aéro-Club de France
En quelques mots admirablements venus, le
baron de Zuylen, président de l’Automobile-Club
de France, président d'honneur de l’Aéro-Club
de France, répond à M. L.-P. Cailletet, président
de l’Aéro-Club de France.
Il exprime toute la sympathie chaleureuse
qu'inspire à l’'Automobile-Club de France, l’œu-
vre considérable accomplie par l'Aéro-Club de
France, que l'A. C. F. considère comme « son
fils aîné ! »
Il assure l’Aéro-Club de France du concours le
plus absolu de l'A. C. F. en toutes circonstances
et termine en buvant à la prospérité croissante
de l’Aéro-Club de France.
Discours de M. Ernest Archdeacon
Co-donateur du Grand Prix d'aviation,
Président de la Commission d'aviation de
l'Aéro-Club de France
Avec sa foi ardente, sa verve entrainante el
primesautière, M. Ernest Archdeacon prononce
une des meilleures harangues de sa carrière. Il
s'exprime ainsi:
« Mes chers camarades,
« Si l'aviation n'était pas pour moi un sujet
inépuisable, je serais obligé de dire comme Ga-
vroche, à l'ami Farman : « n’en jetez plus », car
je ne saurais vraiment plus quoi lui dire.
« A notre diner mensuel du 7 novembre der-
nier, nous avons fêté, comme il convenait, le fa-
meux record des 771 mètres ; et j'ai dit, à ce mo-
ment, à Henri Farman et à ses collaborateurs,
tout le bien que je pensais d'eux me voilà.
à 2 mois de distance, obligé de me répéver ;
et je n'aime pas cela... exceplé quand je dis.
qu'il faut des prix pour encourager l'aviation.
« Donc, encore une fois, tous mes compli-
ments, et surtout, tout mes remerciements, mon
cher Farman. Par votre ténacité et votre intel-
lisence, vous avez donné un corps à mon rêve;
vous avez définitivement prouvé, en remportant
le prix « Deutsch-Archdeacon », que j'avais fait
œuvre utile-en consacrant 5 années de mon exis-
tence à encourager cette science de l'aviation,
alors que d’aucuns la taxaient de chimère et
d’utopie irréalisable.
« Tous mes remerciements, mon cher Voisin, à
vous qui avez votre belle part dans ce succès ;
vous dont j'aurai l'orgueil de dire que vous avez
été mon élève, et la modestie d'ajouter que vous
êtes devenu mon maître.
« Tous mes remerciements, monsieur Levavas-
seur : car sans l’intelligente initiative que vous
avez eue, seul en France, de vous occuper du
moteur léger, et de le réaliser de la façon magis-
trale que l’on sait,toutes les performances de nos
modernes aviateurs eussent été impossibles.
« Merci donc à tous; car c’est grâce au con-
cours de vos intelligences et de vos énergies que
mes prédictions enflarmmées en faveur de l'avia-
tion se sont réalisées, plus têt même peut-être
encore que je n'avais osé l’espérer.
« Maintenant, la bonne graine est semée. L'an-
née 1908 nous prépare assurément une triom-
phante moisson de succès : D’autres hommes sont
là derière vous, qui vont, je n'en doute pas
suivre vos traces glorieuses.
« Les Santos-Dumont, les Blériot, les Ferber,
les Esnault-Pelterie, les de la Vaulx, les Gastam-
bide, les Pischof, les Delagrange, etc. sont en-
trés à leur tour dans l'arène, et je leur souhaite
aussi, du fond du cœur, les plus retentissants
succès.
« Merci, encore une fois, à vous, Messieurs les
représentants de la Presse, qui nous avez ap-
puyés dans notre campagne de vulgarisation,
avec un désintéressement el une persévérance
sans égales.
« Mais surtout, n'allez pas vous arrêter ; car
votre œuvre n’est pas terminée, elle commence
à peine ; et nous avons, plus que jamais besoin,
pour mener à bien l’œuvre patriotique que nous
avons commencée, d’un formidable coup
d'épaule, que vous seuls êtes capables de nous
donner.
« Il « ne faut pas » que le mouvement créé
s'éteigne ; il « faut », coûte que coûte, avoir un
nouveau prix important, d'une centaine de mille
francs par exemple, pour une distance de 20 kil. :
et, si vous voulez tous vous atteler à l’idée, vous
aurez vite fait de nous susciter le généreux dona-
reur, indispensable au progrès de la belle science
que nous avons créée.
« Ce n'est pas maintenant que nous pourrons
admettre que des aviateurs étrangers, s’appe-
lassent-ils les frères Wright, viennent un jour
montrer, chez nous ou ailleurs, qu'ils nous ont
vraiment dépassés.
« Quoique notre petite fête de famille soit au-
jourd’hui plus particulièrement la fête de l'avia-
tion, il me paraïîtrait ingrat d'abandonner la pa-
role, sans célébrer, en deux mots, le dernier
triomphe remporté par la science sœur, l’Aérosta-
tion, avec l'admirable voyage de notre ami Kap-
térer à Verdun. Ces deux sciences sœurs, l'avia-
tion et l’aérostalion, sont trop intimement liées
pour que les succès de l'une ne prolite pas à
l’autre.
« Donc. encore une fois, honneur et merci aux
artisans de ce grand succès : à monsieur Deutsch.
à monsieur Henry Kaplérer, et à monsieur Sur-
couf.
« Honneur aussi à MM. Lebaudy et Julliot,
pour les succès mérités qu'ils ont déjà rencontré
dans la même voie. 4
« Enfin, pour terminer, à ious les hommes ci-
dessus cilés, je souhaite de continuer leurs pre-
miers succès par d'autres plus brillants encore :
Ces hommes sont la gloire et l'honneur d’un
pays : ils ont droit à la plus chaleureuse recon-
naissance de leur contemporains, en attendant
que Jeurs petits-enfants puissent faire graver
leur noms en lettres d’or sur les tablettes de
l'histoire.
Discours de S. A. I. Mgr le prince Roland
Bonaparte
Président de la Fédération Aéronaulique
Internationale.
Au nom de la Fédération aéronautique inter-
nationale, fondée sur l'initiative de l’Aéro-Club
de France, le président, S. A. I. le prince Roland
Bonaparte, adresse à Henri Farman, les félici-
taltions chaleureuses, des neuf pays d'Europe et
d'Amérique représentés à la F. A. I.
Il rappelle que les épreuves d'aviation comme
celles d’aérostation et de dirigeables sont régies
dans tous les pays par les règlements généraux
42 1°" Février 1908
de la F. À. IL et boit aux succès futurs d'Henri
Farman et de ses émules.
Discours de M. Guillaume
Président de la Commission Permanente
Internationale d'Aéronauque
M. Guillaume, président de la Commission per-
manente internalionale d'aéronautique, directeur
du Bureau International de: Poids et Mesures.
associe la C. P. IL A. à cette manifestation. Il
fait un court historique des progrès de lavia-
lion et se félicite de voir la locomotion nouvelle,
dont le germe naquit en France, venir à fruil
chez nous, après avoir provoqué dans le monde
entier un prodigieux effort de recherches.
Allocution du comte de La Vaulx
Vice-Président de l'Aéro-Club de France
Le comle de La Vaulx, après avoir félicité à
son tour le héros du jour, Henri Farman, et ses
collaborateurs, MM. Gabriel et Charles Voisin
et Léon Levavasseur, annonce officiellement la
réunion de l'assemblée constitutive de la Cham-
bre syndicale des industries aéronauliques, reu-
nion qui aura lieu le lendemain, dans celte
même salle, par les soins et sur l'initiative de
lAéro-Club de france.
Remise des récompenses annexes du Grand
Prix d'aviation
Le vice-président de l'Aéro-Club de France re-
met ensuite à Henri Farman la grande médaille
d'or de l'Aéro-Club de France, dont il est le
huitième titulaire ; à MM. des frères Voisin.
constructeurs de l’aéroplane Farman, une mé-
daille commémoralive de vermeil, et à M. Léon
Levavasseur, inventeur du moteur Antoinelle,
une médaille commémorative de vermeil et la
médaille d’or offerte par M. A. C. Triaca, mem
bre de l'Aéro-Club de France, au constructeur
du moteur dont serait munie la machine vo:
lante victorieuse dans le Grand Prix d'aviation.
Puis, il lit les télégrammes et letlres de féli-
cilations adressés à Henri Farman et à l'Aéro-
Club de France, et notamment un télégramme
de l'Aéro-Club du Sud-Ouest, ainsi Conçu :
« Vous prions d'agréer nos très vives félici-
lations pour le grand événement que vous fêlez
ce soir et qui est la juste récompense de vos
inlassables efforts pour la conquête de l'air par
le plus lourd et le plus léger. — AËRO-CLÜB DU
SUD-OUEST, »
Et de M. Ilenry Kapferer, relenu à Verdun où
il venait de conduire si brillamment le Ville-de-
Paris :
« Verdun-sur-Meuse, 5 h. 15 du s. — Prière de
transmettre mes plus chaleurcuses félicitations
au cher collègue Farman dont j'ai applaudi avec
lant d'émotion la victoire à laquelle j'assistai.
Suis ce soir de cœur avec vous tous. Vive la
France ! Vive l'Aéro-Club ! — HENRY KAPFÉRER.
Enfin une dépêche chaleureuse de M. Georges
Prade. directeur du journal Les Sports, retenu
à Bruxelles.
Discours de M. Esnault-Pelterie
En remettant à Henri Farman un superbe
bronze de Barrias que lui offrent dans une déli-
cale pensée, ses émules et amis les aviateurs
militants (le socle porte les noms de MM. Blé-
riol, Delagrange, Esnault-Pellerie, 1Ferber, den:
Gasnier, Armengaud, II, Kapférer, comte de La
Vaulx, Santos-Dumont, KE. Zens, P. Zens)
M. Robert Esnaull-Pel'erie prononce en ‘eur
nom ces paroles émues
« Mon cher collègue,
« C'est pour moi un honneur tout particulier
que d'êlre appelé ce soir à vous parler au nom
de tous vos collègues en aviation. Je dis de vos
collègues, et je dirais même de vos camarades,
car mon cher ami, nous sommes bien tous les
soldats de la bonne cause et nous lutlons tous
pour le succès de la même idée.
« Malheureusement pour moi, les oraleurs qui
viennent dexprimer si excellemment tous les
éloges qui vous sont dus ont fait une telle mois-
son de compliments pour vous les offrir, qu'il ne
m'en reste plus guère à glaner. Je ne peux donc
que vous dire combien profondément heureux
nous sommes de votre sucèès et combien nous
nous associons du fond du cœur à toutes Îes
bonnes choses qui viennent de vous êlre diles-
et que vous méritez si bien.
« Messieurs, je comparais tout à l'heure Îles
aviateurs militants à des soldals qui combal-
lraient pour le même drapeau. Vous me per-
mettrez de pousser plus loin cette image : l'en-
nemi que nous voulons soumettre, c'est l'atmos-
phère ; sa première résistance a été vaincue, il y
a un peu plus d'un an, par noîré ami Santos-
Dumont. Aujourd'hui, la victoire n'est peut-être
pas complète encore, mais nos collègues Far-
man et les frères Voisin ont fait une large brè-
che dans le dernier rempart.
« Du haut de celte brèche, permettez, mes-
sieurs, que nous nous retournions et que nous
regardions au loin serpenter dans la plaine,.le
rude chemin qui nous à menés à la victoire. Ce
chemin, qui se perd à l'horizon des temps, est
à peine visible dans la plaine et sa trace est
simplement marquée de points blancs : ces points
sont des dalles et ces dalles couvrent des
lombes. Ces tombes, messieurs, sont celles des
braves qui nous ont montré la voie et qui ont
perdu la vie au champ d'honneur.
« La vicloire que nous fêtons tous ici ce soir,
messieurs, nous la devons autant et peul-être
plus à ces vaillants qu'à nous-mêmes el c'esl
pourquoi je vous propose de lever nos verres
en l'honneur de leur mémoire vénérée.
« Je lève aussi mon verre à celui aui a eu
l'honneur de forcer les dernicres résistances de
l'ennemi, ainsi qu'aux frères Voisin, qui ont bien
mérité par leur courageuse persévérance, le
beau succès de leur appareil.
« Mon cher collègue, en lémoignage de l'ami-
is de tous les aviateurs et en leur nom, per-
mettez-moi de vous remeltre ce has-relief de
>arrias. qui représente si bien les hautes quali-
ts dont vous faites preuve : l'étude el la persé-
vérançe. »
Discours de M. Frantz Reichel
C'est au tour de notre excellent confrère Frantz
Reichel de remeltre à son vieux camarade Henri
Farman la superbe médaille que lui offre l’Aca-
démie des Sports, en souvenir de ses glorieuses
expériences.
Discours de M. H. Desgrange
Puis M. Henri Desgrange. directeur dé lAulo,
s'exprime ainsi au nom de la Presse :
« Je suis particulièrement heureux de m'’asso-
cier ce soir aux très chaleureuses et très méri-
tées félicitations qui viennent d'être adressées
au vaillant conquérant de l'air, Henri Farman,
ainsi qu'à tous ceux qui, à un titre quelconque,
ont contribué à son succès, et je suis heureux
J'Aérophile
d'y associer aussi ceux de mes confrères qui
voudront bien se joindre à moi.
« Il n’est pas douteux que chacune des ten-
latives qui ont marqué un progrès véritable de
l'humanité, que chaque industrie, que chaque
sport à son aurore, que tous les efforts de l'homme
vers du meilleur el vers du bien, n'aient trouvé
en France une presse à la fois ardente et désin-
téressée, pour -signaler au publie la grandeur de
ces efforlis et la beauté de cette volonté.
« Le sport cycliste était né bien avant l'ndus-
tie cycliste elle-même, et c'est avec le sport,
non avec l'industrie, que naquit la presse cy-
cliste.
« L'industrie automobile n'était pas encore une
industrie classée, que déjà la presse avait pro-
clamé dans le monde entier les prouesses des
premiers chauffeurs.
« Nous voici en présence à la fois d’un sport
et d'une science tout nouveaux, et l'industrie
qui en pourra naître un jour n'est même pas
encore à l’état embryonnaire.
« Et pourtant, la presse est là sur le berceau
Au nouveau-né, épiant son premier geste, cou-
vant son premier vol, répandant dans le pu-
blic le goùt de cette aventure nouvelle, s’'effor-
cant de faire des prosélytes, ensemençant les
Champs de l'idée sans compter, bravement, sans
souci des fruits à récolter pour elle.
« Et-rien n'est plus juste, rien n'est plus légi-
lime, il faut le proclamer sans fausse modestie,
que d'associer la presse aux triomphes que l’on
célèbre aujourd'hui.
« Dans la volonté de vaincre de Henri Farman,
dans les efforts qu'il a faits, dans la collabora-
lion précieuse qu'il a trouvée aulour de lui, une
bonne part, une grosse part, n'est-elle point ve-
nue précisément de l’aide que lui a fournie la
presse en publiant toutes ses tentatives, en en
donnant les comptes rendus fidèles, en l’encou-
raseant à mieux faire, en intéressant le public
à sa Cause ?
« Le grain est semé aujourd'hui, et semé, il
faut le dire, par la presse.
« L'heure de l'ingratitude pour elle viendra
peut-être, viendra sûrement un jour, il ne m'a
pas semblé qu'il était outrecuidant, à l'heure
qui nous réunit, de marquer le rôle que toute
la presse, indistinctement, a pu jouer à l'aurore
de la locomolion aérienne.
« Si personne n'est tenté de le nier maïinte-
nant, supposons simplement que ces quelques
paroles n’ont pas d'autre objet que de rappeler
dans quelques années Ja vérité et l'évidence
d'aujourd'hui. »
Hommage à M. Farman père
Par une délicate pensée, M. Regnard, membre
de l'Aéro-Club de France, associe dans une spi-
rituelle et charmante allocution M. Farman père
au triomphe de son fils.
S'excusant d'oser prendre la parole après les
remarquables orateurs que l'assemblée vient
d'entendre, et, nouveau venu à l'Aéro-Club,
M. Regnard croit pourtant qu'il lui sera permis
de dire que depuis plus de 50 ans, il s’est donné
avec passion à tout ce qui touche la navigation
acrienne.
« Au cours d'une carrière déjà longue, dit-il,
j'ai eu la bonne forlune de donner des lecons
de choses techniques à un Chinois fort intelli-
gent dont Paris s'occupa beaucoup, il y a bien
des années, déjà. De son élève, le professeur
apprit maintes choses intéressantes sur la Chine,
ses mœurs et ses usages, trop injustement dé-
criés, J'appris notamment que là-bas on ne con-
naît pas Ce que nous appelons les « fils à papa »,
mais, au contraire, lorsqu'un Chinois s'élève par
43
son mérite, C'est sur ses ascendants que rejaillit
Sa gloire et sa renommée. Et cet usage chinois
m'a semblé bon à imiter.
« J'espère donc que tous nos collègues s’uni-
ront à nous pour porter la sanlé de M. Farman
père, que nous avons le plaisir de voir parmi
les convives de cette belle réunion ».
Infiniment touché, M. Farman père remercie
au milieu des acclamations.
Henri Farman remercie
A ce moment le visage, d'ordinaire impassible
d'Henri Farman, a changé. A la contraction de
ses traits, au regard plus brillant de ses yeux
où luit une larme, on voit que celle lois les fibres
profondes ont vibré.
Cette émotion, il ne cherche plus à la maitri-
ser. En quelques mots rapides, plus éloquents
en leur laconisme que de longs discours, le héros
de la fête remercie. Il ne vise point l'effet, mais
leur simplicité même donne à ces brèves paroles
un accent plus sincère et plus prenant.
La remise du Grand Prix
Alors, très simplement, MM. Ilenry Deutsch
de la Meurthe et Ernest Archdeacon se lèvent et
remettent chacun, à Henri Farman, leur chèque
de 25.000 francs, si noblement conquis par le cé-
lübre aviateur.
Le premier Grand Prix de l'Aviation n’est plus
à gagner. Il a donné de trop merveilleux résul-
tats et il se trouve en France trop d'initiatives
généreuses pour que nous n’en voyions pas bien-
tôt disputer un second.
Le Prix du « Daily Mail ». — Outre le Grand
Prix d'aviation et les diverses autres récompen-
ses et souvenirs énumérés ci-dessus, Henri Far-
man se voit enfin remettre le chèque de 2.500 fr.
apporté par M. Barrett, directeur de la corres-
pondance parisienne du « Daily Mail », prix of-
fert par notre confrère anglais au premier avia-
teur bouclant un circuit aérien d'un demi-mille
de développement, (Voir ‘érophile de déc. 1907
p. 360).
La soirée pril fin vers 11 h. 1/2.
PRES De DD E TT Dee
PRIX D'AVATION ARMENGAUD Jeune
Aiasi que nous l'annoncions dans l'Aérophite
du 15 janvier 1908, M. Armengaud jeune, pré-
Sident de la ‘Société française de navigation
acrienne, membre de la Commission scientifique
et de la Commission d'aviation de l'Aéro-Club
de France à créé un nouyeau prix de 10.000 fr.
espèces, pour être attribué au propriétaire du
premier appareil d'aviation qui, au cours de l'an-
née 1908, aura séjourné un quart d'heure en l'air.
Digne hérilier d'un nom célèbre dans nos an-
nales industrielles, M. Armengaud jeune est un
des ingénieurs qui se sont atlachés depuis de
longues années et avec le plus de profit pour
la science, aux queslions de locomolion aérienne
et particulièrement d'aviation. Aux rares capa-
cités du technicien, il ajoute aujourd'hui un
geste large, une libéralité magnifique et féconde
de mécène particulièrement averti des progrès
qu'il veut encourager ou susciter.
A ce double titre, il voudra bien trouver ici
l'expression de la gratitude profonde de tous
les aviateurs.
Conformément au vœu du donateur, une Com-
44 1°" Février 1908
mission comprenant avec lui : MM. Archdeacon,
Besançon, Chauvière, Delaporte, le capitaine
Ferber, Wilfrid de Fonvielle, Regnard, Tatin,
réunie le 23 janvier à l’Aéro-Club de France, a
arrêté comme suit le règlement du nouveau
prix
Règlement du Prix d'aviation
Armengaud jeune
Condilions générales. — Un prix de 10.000 fr.
sera attribué au propriétaire du premier appa-
reil d'aviation (dérivé du principe du plus lourd
que l'air) qui, s’élevant du sol, restera dans l’'es-
pace pendant un quart d'heure, cela, dans des
conditions qui seront ci-après déterminées.
Ce prix devra être couru dans l'année 1908.
Les épreuves auront lieu sur le territoire fran-
çais, et l'appareil devra être construit en France.
Elles seront jugées par une Commission com-
posée de neuf membres : MM. Armengaud jeune,
donateur ; Archdeacon, Besançon, Chauvière,
Delaporte, Ferber, de Fonvielle, Regnard, Tatir.
ARTICLE PREMIER, — Seront admis à concourir
tous les appareils montés, de tous systèmes et
de toutes dimensions (aéroplanes, hélicoptères,
ornithoptères ou combinaison de ces systèmes),
aux seules condilions de n'avoir jamais recours,
pour la sustentation, à aucun gaz plus léger que
l'air, ni d'avoir aucune communication avec le
sol pendant le parcours.
ART. 2. — Les inscriptions préalables des con-
currents au secrétariat de l'Aéro-Club de France
seront obligatoires et devront avoir lieu vinget-
quatre heures, au plus tard, avant l'épreuve, Ils
devront, en s'inscrivant, verser un droit de 50 fr.
par journée d'essai, quel que soit, d'ailleurs, le
nombre de ces essais pendant une journée.
ART. 3. — Les concurrents devront s'assurer
eux-mêmes, et sous leur propre responsabilité,
pour contrôler leur essai. le concours de trois
au moins des commissaires ci-dessus désignés.
ART. 4. — Les épreuves devront avoir lieu dans
un rayon de 50 kilomètres de Paris.
Les terrains choisis par les concurrents de-
vront être agréés par la Commission d'aviation,
qui a plein pouvoir à cet égard. En dehors de
ce rayon de 50 kilomètres, les frais de voyage
des membres du jury et des commissaires se-
ront à la charge des concurrents.
ART. 5. — Les épreuves ne pourront avoir lieu
valablement qu'entre 10 heures du matin et le
coucher du soleil.
ART. 6. — Les commissaires, qui devront être
au moins au nombre de trois. ne se déplaceront
pour contrôler une épreuve que si l’expérimen-
tateur, en s'inscrivant, justifie, par référence et
témoignages, qu'il a déjà fait, sans accidents,
des expériences privées d'une importance ap-
proximativement égale.
ART. 7. — Un seul expérimentateur sera admis
à concourir par journée, à moins que plusieurs
expérimentateurs postulants n'opèrent au même
endroit. Dans ce cas, s'il y avait plusieurs ga-
gnants le même jour, le prix serait attribué à
celui qui serait resté le plus longtemps en l'air.
ART. 8. — Les évolutions des appareils de-
vront s'effectuer dans un cercle d'un kilomètre
de rayon. Les commissaires auront à constater
que l'appareil, à partir du moment où il s'est
élevé, n'a pas touché le sol. Toutefois, si l’un
des expérimentateurs s'écartait du circuit ainsi
défini, et qu'il fût resté un quart d'heure en l'air,
la Commission pourrait décider qu'il a gagné
le prix, si le contrôle a pu se faire dans des con-
ditions entraînant la certitude absolue de la Com-
mission.
ART. 9. — Les commissaires seront seuls juges
des moyens les plus efficaces pour assurer le
chronométrage et le contrôle de l'épreuve.
Concours d'indicaleur d'horizontale
pour appareils d'aviation
Les nombreux essais d'aéroplanes entrepris-
ces derniers temps, ont démontré qu'il y avait.
en aviation, un problème nouveau et des plus.
intéressants à résoudre.
L'une des causes fréquentes de la courte du--
rée du vol des aéroplanes, est que l’expérimen-
tateur ne peut apprécier quelle est la position:
de son appareil dans l'espace.
Une inclinaison de l'appareil dans le sens.
transversal tend à le faire glisser latéralement.
sue l'air, et, par conséquent, à le rapprocher du
sol.
Une inclinaison dans le sens longitudinal peut
le faire descendre trop brusquement si l'incli-
naison a lieu par l'avant, tandis qu'au contrai-
re, si c’est l'arrière qui s'abaisse, l'angle d'in-
cidence devenant plus ouvert, il en résulte une
plus grande résistance à la translation. Dès lors,
la vitesse diminuant, devient insuffisante pour
Ja SUSRMANOn, et l’apparcil revient encore au
sol.
Il faut, pour voler correctement, que tous les.
plans de la machine volante conservent par
rapport à l'horizontale, un angle d'attaque à peu
près constant.
Or, sans un appareil spécial, il est absolument
impossible, pour de pilote de l'aéroplane, d’ap-
précier cet angle d'attaque, donc, un indicateur:
d'horisontalité s'impose !
I faut un instrument de précision, indiquant
constamment et d'une facon très visible les dé--
TAHQES de l'appareil par rapport à l'horizon-
tale.
Il faut, enfin, et surtout, que toutes les trépi-
dations ei toutes les irrégularités de l'aéroplane
n'aient sur lui aucune influence.
De la solution de ce problème dépend, pour
la plus grande partie, le succès des appareils de-
äemain. A cet effet, l'Aéro-Club de France fait
appel à tous, et offre un prix de 500 francs, à
inventeur qui lui présentera le meilleur indi-
cateur d'horizontalité pour appareil d'aviation.
Condilions du concours : Le concours est ou-
vert jusqu'au 31 décembre 1908, dernière date
à laquelle les appareils pourront être présentés.
L'appareil devra 1°- Indiquer les dénivella-
tions aussi instantanément que possible ; 2°
Etre insensible à toutes influences extérieures ;
3° Elre' de lecture rapide et facile.
Pour l'attribution du prix, il sera tenu compte-
de la simplicilé et de la robustesse de l’appa-
reil.
L'Aéro-Club ne sera pas responsable des acci-
dents ou détériorations qui pourraient surve-
nir aux appareils présentés, soit pendant les.
expériences. soit pendant les transports ou ma-
nœuvres diverses nécessités par les épreuves.
Les essais des appareils se feront à bord d’une
automobile rapide, sur un terrain convenable-
ment accidenté, choisi par le jury.
Les décisions du Jury seront sans appel.
L'Aéro-Club se réserve le droit de proroger
les délais du Concours, au cas où aucun des ap-
pareils présentés ne répondrait suffisamment
aux conditions du programme.
Les demandes de participation au Concours
seront adressées au Secrétariat de l’Aéro-Club
de France.
() Voir Aérophile 1908, n° 2, l'article de M.
Archdeacon : « Pour la boussole des aviateurs ».
7 j 00
7 » de
Fa ,
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a 3 )
Me
TÉLÉP:ONE : 167
BOULOGNE-s.-SEINE
aÿ
Qout ce qui concerne ia ho Aérienne
l’Aérophile 45
Cliché de la Locomotion Automobile
Le Ville-de-Paris à l'atrodrome de Sartrouville
Le nouvel autoballon militaire français
Le « Vill:-de-Paris » remplace
le « Patrie » à Verdun
Aïnsi que nous le faisions prévoir dans l’A(-
rophile de 1908, n° 2, le Ville-de-Paris, après
avoir gagné à son tour Verdun par la voie aé-
rienne, remplace maintenant le Patrie dans ia
grande place forte lorraine Nous compléterons
plus loin par des documents précis les détails
que nous avons donnés sur ce grand événement
aéronautique et militaire. Mais nous tenons
cependant à mettre sous les yeux de nos lec-
teurs les diverses ascensions qui ont pré-
cédé et suivi ce maguifique raid. Notre
historique de Ja campagne d’essais du
Ville-de-Paris en était resté au voyage Sar-
trouville-Lagny et retour (30% ascension,
17 décembre 1907), relaté dans l’Aérophile de
décembre 1907. La carte ci-dessous indique
l’itinéraire suivi, reporté au sol. (Fig. 1).
31° ascension. — Le ministre des
Travaux publics à bord au « Ville-
de-Paris ». -_ Le 15 décembre 1907, eut
lieu la première ascension ministérielle à bord
du Vüille-de-Paris. L'un des plus sportifs parmi
les membres du cabinet, M. Louis Barthou,
ministre des Travaux publics, des Postes et
des Télégraphes, qui a déjà fait des excursions
en sphérique libre avec son frère, M. Léon
Barthou,directeur de son cabinet et pilote fort
apprécié de l’Aéro-Club de France, prenait
place à bord, à 2 heures 45 de l'après-midi,
avec M. Henry Kapférer et le mécanicien
Paulhan. Le vent était très vif. Le ballon se
dirigea néanmoins sur Saint-Germain, attei-
gnit Croisy; mais vers 200 m. d'altitude, le
vent faisait du 13 à 15 m. par seconde. Le bal-
lon luttait avec une belle vaillance, mais dans
ces corditions, on ne pouvait guère progresser.
Après avoir viré de bord et passé sur Chatou,
le Vüille-de-Paris rentrait sans incidents à
3 h. 1/2 à Sartrouville.
Nous avons maintes fois rappelé le nom des
ministres en fonctions qui prirent place anté-
rieurement soit à bord du Lebaudy et du Pa-
trie, soit en simple sphérique.
32° ascension. — Une femme-aéro-
naute à bord. — Dans l'après-midi du
20 décembre à 2 h. 35, le Ville-de-Paris s’'éle-
vait de Sartrouville. Il était monté par
MM. Kapférer, commandant de bord ; Pau-
lhan, mécanicien ; Léon Barthou, frère du mi-
nistre des Travaux publics et directeur de son
cabinet; le capitaine Taboureau, officier d’or-
donnance du ministre de la Guerre;
Mr Edouard Surcouf, femme du distingué
ingénieur-aéronaute à qui M. Henry Deutsch
de la Meurthe confia l’étude et la construction
de son beau croiseur aérien. Bien entraînée
par de nombreuses ascensions en sphériques
accomplies en qualité de pilote, M"° Ed. Sur-
couf se comporta en aéronaute aussi vaillante
que gracieuse.
Le ballon fila sur le Pecq, le Vésinet et poin-
tait vers Saint-Germain ; mais obligé de s’éle-
ver pour dominer le plateau qui porte la forêt,
il rencontra un courant contraire de 13 m. par
seconde environ, et après quelques minutes
d’une lutte superbe, il virait de bord et poussé
cette fois par le vent, rentrait à Sartrouville
Atterrissage à
à une allure vertigineuse.
3 heures.
Mne Ed. Surcouf était, après Mme Stild-
Nicholl (V. Aérophile de décembre 1907,) la
deuxième femme inscrite au rôle des passa-
gères du Ville-de-Pa«ris. Bien rares, d’ailleurs,
sont les femmes qui prirent place en diri-
geable. Citons : Mie d'Acosta qui fit, seule à
bord du Santos-Dumont IX, le court trajet du
Polo à la grille de Bagatelle, le guiderope à la
46 1" Février 1908
traîne ; Mme Paul Lebaudy qui exécuta le
20 août 1904 sa première excursion en pleine
atmosphère, imitée deux jours après par
Mne Pierre Lebaudy, toujours à bord du Le-
baudy naturellement.
33 ascension. — Sartrouville-Cou-
lommiers et retour.— Cette ascension,
exécutée le 24 décembre 1907, est de la plus
haute valeur probante. L'appareillage com-
mença dès 8 h. du matin en présence de
M. Henry Deutsch de la Meurthe et de quel-
ques sportsmen que n'avait point découra-
gés un brouillard épais et glacial. Le Bureau
central météorologique de France avait
noncé vent de S.-0., de 4 m. par seconde.
Le ballon s'éleva de Sartrouville à 9 h. 2 du
matin, monté par MM. Henry Kapférer, pi-
lote ; commandant Bouttieaux, directeur de
Etablissement central de l’Aérostation mili-
taire de Chalais-Meudon ; Paulhan, mécani-
cien.Le brouillard, au départ,était si épais que
an-
o Gonesse
TES E Créé
Montmorency ©
HER
près Coulommiers, et après avoir dominé Ti-
geaux à 1 h. 10, Croissy, évité Paris, il ren-
trait à 2 h. 12 à Sartrouville.
Le voyage avait duré 5 h. 10. C’est le par-
cours le plus long en circuit fermé qu’ait exé-
cuté un dirigeable français. C'était aussi une
des ascensions les plus prolongées qu’on eût
faites en autoballon. Résultat d'autant plus
remarquable que le Viile-de-Paris, gonflé sous
pression depuis de longues semaines, ne pos-
sède plus, malgré les ravitaillements, un gaz
aussi pur qu'au début, ce qui diminue la quan-
tité de lest disponible. L’altitude maxima, à
l’aller, fut de 450 mètres, et au retour de
600 mètres.
Comment le « Ville de Paris »
a fait Sartrouville-Verdun
34° ascension (15 janvier 1908). — Fidèles à
notre parti pris de documentation aussi pré-
cise que possible, nous avons demandé à l’obli-
SVres
Charny
ii
Meaux }<
© Clage Trilport
Marne ®
Boutigny
o Vauccurlors
Romaineilliars CE
Le QGuérard
Céossy 12" lo"
> Emerainville
Coulommiers
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Mauperthurs
N EE — er —
Boitiers
°
Tournan Crevecœur
©
PCAULO def
Fig. 1. — Itineraire réel avec heures de deux voyages en circuit fermé du ‘‘ Ville de Paris”
19, Sartrouville-Lagny et retour le 18 décembre 1907 (Voir comple-rendu dans l Aérophile de décembre 4907). — 2° Sarltr:u-
ville-Coulammiers et retour, le 24 décembre 1907. (Voir compte-rendu ci-contre.)
le pilote devait chercher sa direction pour ainsi
dire à tâtons, à l’aide de la boussole. Après
avoir ainsi exploré les environs, ainsi qu'on
le constatera sur notre carte, le Tille-de-Paris
sortait à 10 h. 30 de i’enceinte parisienne, à
10 h. 55 il passait sur Chelles par 150 m. d’alti-
tude, sur Lagny à 11 h. 21 par 200 m. d’alti-
tude. Accélérant sa marche vers l’est, il attei-
gnait Magny et passait à Guérard à midi 10.
A partir de ce point, le vent devenait
tout à fait contraire. Le ballon continuait
d'avancer, luttant vaillamment contre le vent
debout, mais à cette allure réduite, il de-
venait difficile d'atteindre avant la nuit, si
vite venue en cette saison, l’escale de ravi-
taillement, préparée à tout événement au
camp de Châlons, en vue du voyage Sartrou-
ville-Verdun.
M. Henry
à midi 27,
Kapférer virait donc de bord
au-dessus du hameau de Mouldu,
seance de M. Henry Kapférer, le hardi et
vaillant pilote du Vüille-de-Paris, le compte
rendu exact de son magnifique ad compte
rendu qu’on va lire et qui est en même temps
un rapide et complet livre de bord :
« La situation météorologique était station-
naire depuis 7 à 8 jours. La pression baromé-
tique était élevée. Le vent venait des régions
est et un régime anticyclonique régnait sur
tout l’ouest de l'Europe. Le 14 janvier 1908,
dans l'après-midi, le vent avait tourné peu à
peu et venait du sud-ouest, à faible vitesse
(5 à 6 m.). Le Bureau météorologique annon-
çait une légère baisse barométrique sur les Iles
Britanniques. Le jeudi matin 15 janvier 1908,
à 8 heures, le vent soufflait du sud à la tour
Eiffel, à 6 m. par seconde ; à Epernay, Sainte-
Menehould et Verdun, il venait du sud-est,très
faible. Le temps était très beau, quoique très
l’Aérophile 47
brumeux au ras du sol dans la vallée de la
Seine. Dans ces conditions très nettes, le beau
temps étant probable, bien que le vent peu fa-
vorable fasse prévoir une longue ascension, le
départ est décidé en tenant compte que la lune,
presque au plein, devait fournir un éclairage
suffisant pour continuer la marche après le
coucher du soleil. La nacelle fut pourvue d’es-
sence pour 16 heures de marche; des lampes
électriques permettront d'éclairer les instru-
ments pendant la nuit.
« Le départ de Sartrouville a lieu le 15 jan-
vier, à 9 h. 47 du matin. Le lest est suffisam-
ment abondant. Dans la nacelle, le comman-
dant Bouttieaux est aux côtés de MM.H.Kap-
férer, commandant de bord, et Paulhan, mé-
<anicien.
« Dès le départ, le brouillard est tel qu'on
est forcé de suivre, à basse altitude, le tracé de
la voie ferrée de Maisons-Laffitte à Paris, re-
connaïssable au faible reflet des rails. A 9h. 55,
un robinet de décompression en bronze, qui
lommiers à Montmirail, route E.-N.-E., la vi-
tesse s’accélère. Montmirail est passé à 1 h. 15;
la distance de Coulommiers à Montmirail, soit
34 km. à donc été faite en 1 heure. On lâcha
deux pigeons à Coulommiers.
« Un peu avant Châlons, le moteur marche
irrégulièrement (2 h. 45), la bougie mise en
place pour remplacer le robinet, a des fuites,
devient rouge et allume un cylindre à contre-
temps. Le mécanicien assure l'étanchéité par
un matage de bronze. Le moteur repart. On
lâche 2 pigeons. On passe le champ de ma-
nœuvres de Châlons (3 h. 10). — A 3 h. 50, la
fameuse bougie se rompt ; le mécanicien
la remplace par une autre (le ballon marche,
ralenti pendant ces réparations) qui a bientôt
le même sort; il est 4 h. 15. Il n’y a plus de
rechange.
« On se décide à atterrir pour demander un
bouchon d’acier à l’auto militaire qui suivait
par la route, montée par l’adjudant Gérard.
L’atterrissage se fait devant la statue de Kel-
ÊET- MARN
o° Rozoy
: Champaubert
*Monémirail Fe
1h15"
Fig.2.— Carte avec indication des heures du voyage du “ Ville de Paris ”, de Sartrouville à Verdun, le 15 janvier 190$.
(Cf. la carte du voyage du Patrie de Chalais-Meudon à Verdun, le 23 novembre 1907, parue dans l'Aérophile
de décembre 1907, page 356).
n'avait pas été changé depuis le début des as-
censions, en 1906, se rompt, et le moteur ne
marche qu'avec 3 cylindres. Le mécanicien,
pendant que le ballon décrit des voltes sur
place, remplace le robinet brisé par une bougie
dont le pas est semblable. Au bout de 12 mi-
nutes, le moteur reprend sa marche normale et
le ballon continue dans le brouillard jusqu'aux
fortifications ; il suit dans le brouillard le fes-
ton blanc que forme la bordure de l’enceinte
fortifiée, jusqu'à Pantin où le Ville-de-Paris
se signale au-dessus de l'usine Deutsch à
10 h. 40. Le brouillard se dissipe enfin ; ie
temps est très beau. Le vent à terre vient du
sud-est ; à l'altitude du ballon (300 à 400 m.)
il vient des régions sud et oblige à marcher
de côté en ralentissant Ja marche qui ne dé-
passe pas alors 30 km. à |’ heure.
« A midi 15, le dirigeable atteint Coulom-
miers, ayant suivi la route et marché dans la
direction de la route I.-S.-E. avec un vent
naturellement un peu plus contraire. De Cou-
lermann, à côté du village de Valmy, avec
l’aide de quelques habitants et des automobi-
listes qui avaient suivi le ballon. Il est 4 h. 30.
« On répare en confectionnant un bouchon
de circonstance chez un maréchal ferrant de
Valmy. On refait l'arrimage des guideropes et
on repart à 5 h. 55.
« La nuit est complète, la lune est levée, il y
a un léger brouillard du soir à terre. Le bal-
lon atteint bientôt l’attitude de 600 m. et dé-
passe Sainte-Menehould à 6 h. 10. Le robinet
d'un deuxième cylindre se casse de la même
façon, on le remplace par une bougie empor-
tée de Valmy. Cette réparation dure 10 mi-
nutes pendant lesquelles la marche est très
lente. En route de nouveau, sur les hauteurs
de l’Argonne entre 600 et 700 m. d’altitude.
« Sol couvert de neige. On ne distingue plus
ni route, ni chemin de fer, ce qui force à na-
viguer à la boussole. Les autos porteuses de
phares sont laissées bien loin en arrière. La
vitesse atteint presque 60 km. à l'heure, le
48 [it Février 1908
vent étant devenu plus favorable. La nuit est
féerique, le paysage de ces régions boisées et
désertes a un aspect grandiose sous son man-
teau de neige qui étincelle à la pâle lumière de
la lune.
« À 6 h. 50, passe au-dessus d’une batterie,
puis d’un fort important dont on distingue
nettement les formes, (Le Fort de la Chaume).
Immédiatement après, les lumières de Verdun
apparaissent, et par le nord de la ville, le bal-
lon arrive directement au-dessus du hangar
à ballon de Belleville. Il est 7 h. 5. Altitude :
650 mètres.
« Ua srojecteur électrique marche par inter-
mittences et éclaire le terrain d'atterrissage
sur lequel sont groupés les équipes de ma-
nœuvre. Le ballon décrit des orbes nombreu-
ses, tout en descendant avec précaution, au-
dessus du garage. La sirène fonctionne sans
interruption.
« Enfin, les guideropes sont largués et le
ballon est amené au sol devant le hangar à
7 h. 25.
« Le général gouverneur de Verdun vient
recevoir les aéronautes pendant qu’une grande
partie de la garnison et presque toute la po-
pulation de Verdun, massées autour du ter-
rain, prises d’une émotion patriotique, font
une ovation aux aéronautes en poussant de
sympathiques vivats.
« L’ascension avait duré 9 h. 38 au total,
d’où il faut en déduire 1 h. 25 pour la répara-
tion de la panne, soit done un séjour en l'air
de 8 h. 13’ (record de durée pour dirigeables).
« Pour apprécier la vitesse de marche, —
le trajet total a été de 260 kilomètres (y com-
pris le tour partiel de Paris), — il convient de
retrancher des 8 h. 13° : 12 minutes de la pre-
mière panne, 20 minutes pour réparation
des autres pannes en l'air, 15 minutes pour
manœuvre d'atterrissage à Valmy et 20 mi-
nutes pour l'atterrissage à Verdun, total :
67 minutes à retrancher, soit une durée de
marche réelle de 7 h. 6. La vitesse moyenne
26
est de — 36 k. 61 à l'heure.
TRE
« A l'arrivée, tous les organes mécaniques
étaient en bon état, et les incidents relatifs
aux réparations effectuées auraient pu être
complètement évités, si on avait disposé, à
bord, de robinets de rechange.Si on n’en avait
pas, c’est que ia rupture de cet organe —
tout à fait indépendant du moteur, dont la
marche fut, d’ailleurs, admirable, — est ex-
trêmement rare.
« Il convient de signaler que d’après les
dires des témoins oculaires — personnes
suivant le ballon en auto ou attendant le bal-
lon à Verdun — le dirigeable n’a jamais pu
être découvert, malgré le clair de lune et le
ciel pur, lorsqu'il se trouvait à plus d’un
kilomètre de distance ; et encore, ce sont sur-
tout les éclats intermittents des lampes élec-
triques du bord qui signalaient l'emplacement
approximatif du ballon pou: des gens même
prévenus. Par contre, dans les parties sans
neige, les aéronautes découvraïent suffisam-
ment les détails à terre.
« Le commandant Bouttieaux a exprimé
toute sa satisfaction à M. Kapférer et à
M. H. Deutsch, dont la généreuse initiative
vient ‘de ‘doter la défense nationale d’un
nouvel engin qui vient de prouver irréfuta-
blement son utisté. — Hexry KAPrerErR
Au point de vue purement sportif, le voyage
Sartrouville-Verdun, doit, selon les règle-
ments de la F. A. I. se diviser en deux as-
censions distinctes : 1° Sartrouville-Valmy
(escale) 189 kil. 600 m. (comptés réglementai-
rement à vol d'oiseau) en 6 h. 43, ce qui donne
une vitesse de plus de 2$ kilomètres à l’h.
20 Valmy-Verdun 48 kil. 200 m. à vol d’oi-
seau en 1 h. 30, soit une vitesse de 32 kil. à l’h.
env. De plus l’altitude maxima fut de 650
mètres.
Aucun des records officiels français ou mon-
diaux pour dirigeables (distance, durée, vi-
tesse, altitude), n’est donc kattu ou égalé. Le
record mondial d'altitude demeure au Le-
baudy par 1.375 mètres, 10 novembre 1905. Le
record français de distance sans escale, de-
meure au Patrie (Chalais-Meudon à Verdun,
236 kil. le 23 novembre 1907), ainsi que le
record français de durée sans escale (6 h. 45
dans le même voyage) et le record français
de vitesse (236 kil. en 6 h. 15 — 34 kil. 111 m.).
Ces records françaïs sembient être en même
temps les records mondiaux, car la durée de
8 h. 10 pour le dirigeable militaire prussien,
le 28 octobre 1997 (V. Aérophile d'octobre
1907) ni la distance en boucle fermée de 340
kilomètres en 7 heures du Zeppelin, le 30 sep-
tembre 1907, non plus que sa vitesse estimée
d’une cinquantaine de kilomètres à l’heure,
n’ont été officiellement constatées, ni homo-
loguées par l'autorité sportive du pays inté-
ressé,encore moins enregistrées comme records
du monde par la Fédération aéronautique in-
ternationale.
Toutefois, avec son voyage Sartrouville-Cou-
lommiers et retour le 24 décembre 1907
(139 kil. comptés en doublant la distance
à vol d'oiseau de l’aller), ke Ville-de-Paris dé-
tient le record français de distance pour les
voyages de dirigeables en circuit fermé.
Il détient aussi les records français de dis-
tance et de durée des voyages de dirigeables
par escale avec 236 kil. 4 en 7 h. 6”, escale dé-
duite.
Nos lecteurs soucieux de comparer le voyage
du Patrie de Chalais-Meudon à Verdun, avec
celui du Ville-de-Paris de Sartrouville à Ver-
dun, pourront confronter la carte-itinéraire
et horaire ci-contre, avec celle parue dans
l’'Aérophile de décembre 1907. Nous les met-
trons en garde cependant, sur les résultats
Pour l’Aéroplane
Pour le Dirigeable
Pour l’Hydroplane
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l’Aérophile 49
d’une telle comparaison, qui ne serait véri-
tablement probante que pour deux ballons
partis du même endroit, le même jour, à la
même heure, vers ur même but.
Nous ne nous attarderons donc pas à des
assimilations forcément arbitraires. Consta-
tons seulement que le génie français a pu
créer un nouveau ballon militaire capable de
traverser sans encombre la moitié de notre
territoire pour rejoindre un poste à la fron-
tière ; que ce ballon, preuve éclatante de
notre fécondité d'invention, est tout différent
de celui qui mena le p remier à bien cette su-
perbe performance.
Nous devons donc des remerciements cha-
leureux à tous ceux qui nous valurent cette
satisfaction profonde.
A M. Henry Deutsch de la Meurthe, dont
l’admirable dévouement, l’inépuisable et in-
telligente largesse, consacrés aux progrès de
toutes les locomotions aériennes, et le désin-
téressement patriotique, trouvent ainsi leur
éclatante et si méritée récompense ; — à
M. Henry Kapférer, pour la hardiesse et
l'énergie dont il a donné de nouveau la preuve
en conduisant à Verdun, le magnifique bal-
lon, à bord duquel il a fourni une si belle et
si rapide carrière de sportsman-aéronaute
(Voir portrait de M. Henry Kapférer, dans
l’'Aérophile de septembre 1907) ; — à
M. Edouard Surcouf, l’éminent ingénieur aé-
ronaute qui, après avoir construit l’enveloppe
du premier Lebaudy, a mis le sceau à sa haute
réputation de constructeur, en étudiant et
établissant ce type tout différent, le Ville-de-
Paris (Voir portrait de M. Ed. Surcouf, dans
l’Aérophile d'août 1897).
35 ascension. — Le surlendemain de son
arrivée à Verdun, le 17 janvier 1908, après
avoir été minutieusement revisé, et ravitaillé
de gaz neuf, le Ville-de-Paris s'élevait à
9 h. 30 de l'aérodrome de Belleville-lèz-Ver-
dun, piloté par M. Henry Kapférer, qui avait
à son bord le lieutenant Delassus, futur pilote
du ballon militarisé, le commandant Bout-
tieaux et le mécanicien Paulhan. Après avoir
fait le tour de l’enceinte fortifiée de la ville,
l’aéronat rentrait au hangar sans incident.
86° ascension. — Le lendemain, nouvelle sor-
tie d’une heure au-dessus du camp retranché.
A bord : MM. le général Andry, gouverneur
de Verdun et Henry Deutsch de la Meurthe,
avec M. Henry Kapférer commandant du bord
et Paulhan, mécanicien.
Dégonflement du « Ville-de-Pa-
ris ». — Après cette ascension, le Ville-de-
Paris a été dégonflé et l'hydrogène qu’il con-
tenait a été utilisé pour diverses ascensions
en sphérique, que nous mentionnerons sous la
rubrique « Bulletin des ascensions ». Les expé-
riences du Ville-de-Paris reprendront en
mars 1908. L. LAGRANGE
Description du Ville-de-Paris
ET DE
l’Aérodrome de Sartrouville
Aujourd'hui que le Ville-de-Paris a si vail-
lamment conquis sa place dans notre matériel
de guerre, le moment semble venu de don-
ner une description détaillée de ce nouvel
engin militaire, en y joignant quelques ren-
seignements sur l’aérodrome de Sartrouville
qui fut si longtemps son port d’attache, tant
qu’il était encore « dans le civil ».
L’aérodrome : Le hangar et les.
installations annexes (/nstallation
électrique d'éclairage et force motrice, usine
à hydrogène, aménagements divers, maison
du gardien).
Le terrain choisi par M. Henry Deutsch
de la Meurthe est situé à quelques kilomètres
de Paris, dans la grande plaine de Sartrou-
ville, Montesson, Houilles, circonscrite par
une boucle de la Seine. C’est une ancienne
sablière distante de quelques centaines de mè-
tres de la gare de Sartrouville, au bord de la
route de Montesson à Sartrouville.
Le hangar d’abri en charpente de bois, est
bien garanti, au fond de la vaste excavation
creusée par les anciens exploitants de la car-
rière. Longueur : 65 m. 50, largeur : 11 m.,
hauteur : 16 m. Orientation N.-E.-S.-0. Fermé
sur le petit côté N.-E. par deux rideaux rap-
pelés par palans et pouvant dégager complè-
tement la baie pour la sortie et la rentrée du
ballon. Le petit côté S.-0. est en charpente
et forme pointe pour offrir moins de prise au
vent. Parquet sur toute la surface du hangar,
avec trappe amovible recouvrant une fosse hé-
misphérique de 7 m. de diamètre dans laquelle
peuvent passer les pales de l’hélice en essais.
Voie de rails guidant le chariot qui porte la
nacelle pour faciliter l'entrée et la sortie du
ballon. A la partie supérieure du hangar, ga-
lerie-balcon de pourtour avec escalier exté-
rieur, facilitant les manœuvres du gonflement
et de réglage et permettant d’inspecter toute
l'enveloppe.
Vaste terre-plein de forme demi-circulaire,
formé derrière le hangar par les anciens dé-
blais de la sablière et pouvant servir de ter-
rain de départ, d'atterrissage et d’essais à la
corde, entouré d’un large et profond fossé
dans lequel peut tourner l’hélice en essais.
Corps morts de fixation disséminés autour
du hangar.
L'installation électrique d'éclairage et de
force motrice comporte une dynamo actionnée
par un moteur fixe à pétrole et alimentant les
lampes tout en fournissant la force motrice
aux diverses machines de l'atelier de mécani-
50 1°! Février 1908
que, annexé à l'aérodrome, et aux pompes ali-
mentant l'usine de production d'hydrogène.
Usine de production d'hygrogène, par réac-
tion de l'acide sulfurique dilué sur la tour-
nure de fer, munie des plus modernes perfec-
t'onnements. Nous en donnons une descrip-
tion détaillée au-dessous du schéma qui en
explique le fonctionnement.
Colombier à pigeons-voyageurs. Waison de
gardien avec téléphone. Une clôtnre entouré
entièrement l'aérodrome.
Ballon et ballonnet. -— Carène fusi-
forme dissymétrique de 10 m. 50 de diamètre
et 60 m. 423 de long. — Volume total :
3.195 m' 379. — Surface 1.828 m° C35. — Poids
829 kilogr. (1).
Nature de l’étofe de l’intérieur à lexté-
rieur : Caoutchouc préservant l’enveloppe des
impuretés du gaz, étoffe de coton, caout-
chouc, autre étoife de coton, dont les fils font
un angle de 45° avec ceux de la précédente
couche, teinture jaune mmactinique au chro-
mate de plomb préservant le caoutchouc de
l'action nuisible de la lumière.
Composition de la carène : Pointe avant
16 m. 552 de long,suivie d’un cylindre de 8 mè-
tres 160 de long, d’une pointe arrière en tro*c
de cône sphérique, coupée à 23 m. 239 de la
base par un plan perpendiculaire à l'axe
déterminant une section circulaire de 4 m. 944
de diamètre suivant laquelle est fixée l'empen-
nage.
— |, Lngi
Poste du command:
Ballonnet à air: situé à la partie inférieure
du ballon, capacité 500 m', divisé en treis
compartiments par deux cloisons verticales
incomplètes, pour éviter, en cas de tangage,
ë| le déplacement trop brusque de la masse d'air,
É ct de forme lenticulaire. La partie supérieure
de ce ballonnet lenticulaire est constituée par
un tissu caoutchouté simple, composé d’une
épaisseur de coton et d’une feuille de caout-
choue, le caoutchouc placé du côté du gaz.
Ce ballonnet alimenté par ventilateur spé-
cialement étudié (V. fig. 6.) actionné actuel-
lement par le moteur de l'hélice et pouvant
débiter, à 1.530 tours par minute, 7.200 m° à
l'heure, sous une pression de 30 m/m. d’eau.
A l'entrée de la manche dans le ballonnet, se
trouve un clapet de retenue en étoffe.
Soupapes. — Soupape commandée à la
main à la partie supérieure ; deux soupapes
automatiques à gaz, s’ouvrant à 35 m/m, à
la partie inférieure et à l'arrière du ballon.
Le ballonnet a deux soupapes automatiques,
laissant échapper l'air à 25 m/m. Ces soupa-
pes peuvent se commander à la main.
A l'avant, regard permettant de voir à l'in-
vérieur du ballon, la corde de soupape et le
ballonret.
uemint,
gue de susper
à
B', Ballonnet« d'en-
.— C, Ballonnets d°
ail de profondeur d'avant el d
vu de profil.
SH H
enveloppe.
Suspentes.
( Q° Gouvern
DS
Fig 3.— Croquis d'a:semblage
du dirigeable Ville. de. Paris
o
=
E
æ
&
ci
£
=
Œ
:
ee
E
S |
e
(1) Ces chiffre: (volnme surlace et poids) se trouvent très lé-
gérement modifiés par la suppression d'un des hallonnels fen-
quillage d'arrière, comme os le verra plus loin.
l'Aérophile
SZ
/
Fig. 4. — L'hélice articulée du Ville-de-Paris
À dro'te, vue en plan. — A gauche, vue de profil.
51
LHélice du Dirigeabie
“YILLE-DE-PARIS ””
mnenrs re
Notre figure renrésente Ja
première hélice du uirigeable
Ville de Paris telle quel:
servit jusqn'a la vingtième
sorlie. Nous indiquerons dans
lu présente ligende les moui-
fications apportecs à la deuxiè-
me helice installée ensuite.
loutefois, eomme il n'existe
entre ces deux propul-eurs que
des dillérences de détait et que
notamment, le système si carac-
térislique d’articulation des
branches sur le moye 1 est i len-
lique, nuire figure garde sn
riucipal intérèt.
Diamètre : anciennement et
actuellement, 6 m.
Pas de 9 m anciennement,
de S m. actuellement el à
droite.
Pales. Anciennement, tendues
de toile croutchoutée. Acluel-
lement, la partie travaillinte
est en lames d'icajou verni el
le dos Lndu de toile eaoutchou-
tées._ Membrure inté:teure en
bots,
Poids : 90 kur.
Vilesse de régime prévue :
10 L. p. m.
L'h-lice est arli-alée par nn
sistèm: de bielles bridées pr
ua ressort, eL servant à neulra-
liser l'effort de poussée en le
compensant par la force cen-
Wrifuge. Chaque b anche auto-
maliq tement, prend la position
qui sui permet de travailler
u iquement à Lu traction et
non à Lu flexion et de conser-
ver aux pales 11 même ineli-
naison -ur l'arbre de l'helice,
(Hisposilit inspiré des recher-
ches du colonel Henard, voir
Acrop ile de février 4905, p.
33)
A Jl'arrèt, une em nand>
spéciale montée sur l'arbre du
moteur pernet au pilote de
placer l'nélice horizontalement
el de mellre ain-i ses brinches
à l'abri de tout choc fächeux,
a l'atterrissage du diriseuvle.
52 1° Février 1908
Fig. 5, — Le Ville de Paris, vu en bouts
A gauche, vue par boul avant : A, F'ointe avant: Q,fGouvernail de profondeur: H, Hélice. — A droite, vue par bout
arrière: B, Bout arrière, calolte sphérique terminale du corps cylinoro=sphérique d'arrière; C, C, C, C, Bil'onnets
cylindriques d'empennage ; B', B', B', B', Ballonnets cylindriques d'enquillage; Q, Stabilisateur biplan ; H, Hélice.
7
Oa distingue nellement la disposition du réseau de suspente directe ct du réseau {riangu'é de balancine.
F>
à Lee
1 /
/
A
”
N é Coupe suñant AB
;
Fig. 6. — Ventilateur du ballonnet à air du “ Ville de Paris”.
Ge ventilateur centrifuge spécialement étudié, se distingue par sa légèreté et son grand débit. [l est à aubes paraboliques
en lle d'acier et aluminium. Son debit est de 7.200 m. c. par heure sous une pression de 30 "/* d'eau. Primitivement
actionné par un moteur accessoire spécial, il est aujourd'hui actionné par le moteur de l'hélice, pour plus de simplicité.
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J’Aérophile 53
Mode de construction et d’as-
Semblage de l’enveloppe.— La par-
-tie cylindrique de la carène a été faite par an-
neaux coupés de longueur dans les pièces et
assemblés par leurs bouts, ce qui donne pour
cette partie une seule couture longitudinale
inférieure travaillant peu. en raison de sa
situation. Le cône sphérique avant et le tronc
de cône sphérique arrière, sont constitués par
des écharpes d’étoffe, perpendiculaires au mé-
ridien supérieur, calculées et tracées selon la
méthode des brachistodes de la surface et cou-
pées, réunies et cousues selon le méridien in-
férieur, ainsi que l’a indiqué le capitaine
Voyer dans la Revue de l’Aéronautique de
1894 (voir également Les ballons dirigeables,
par Gérard et de Rouville). Cette méthode
connue mais non appliquée encore, a permis
de supprimer les coutures des constructions
par panneau, réduisant la longueur cousue
et par suite les chances de fuites et le poids,
et assurant une meilleure répartition des ef-
forts transmis par la ralingue qui supporte la
suspension, efforts qui s’exercent ainsi, en
tous points, selon la longueur des pièces
d’étoffe et des coutures existantes, lesquelles
subissent leur travail minimum. Le dernier
fuseau replié sur lui-même et cousu bord à
bord, forme la pointe extrême de la carène.
Empennage souple composé d’un corps de
ballon cylindrique de 10 mètres de long et
4 m. 944 de diamètre, terminé par une demi-
sphère et cousu sur le ballon, dans l’axe lon-
gitudinal de la carène principale.
Sur ce corps sont fixés en une faisceau de
section cruciale, 4 ballonnets cylindriques
(D = 1 m. 60, L = © m. 460), portant cha-
cun un ballonnet (D 0 m. 930, L 9 mè-
tres 460), terminés à l’avant par cône sphéri-
que et à l'arrière par 1/2 sphère ; tous ces bal-
lons communiquent avec la carène et sont
haubannés pour rendre tout le système indé-
formable. Ils forment deux surfaces, une ver-
ticale d’enquillage, une horizontale d’empen-
iage, offrant, en projection, une surface de
100 m°. Toutefois dans le l'ille-de-Paris actuel,
le ballonnet supérieur d’enquillage a été sup-
primé pour permettre des virages de rayon
plus court.
Ce système d’empennage préconisé par le
colonel et l’ingénieur Henri Hervé (Voir Aéro-
phile de juillet 1904), était appliqué pour Ja
première fois.
Nacelle et suspension. -_ Nacelle
formée d’une poutre-armée fusiforme, de sec-
tion carrée, en sapin et croisillonnée de fils
d'acier,
longue de 31 m. suspendue à 5 mè-
= |
Fig. 7. — Schéma de Dore de production d'hydrogène de l’aérodrome du Ville de Paris à Sartrouville.
Tout à fail à gauche, une tour'e à acide sul’urique est ve
Une pompe à air K eivoie sa pression dans la cuve à acide et,
ce qui supprime la fatigue et les dangers d'un transport de
sur la figure et munie d'un clapet de r2lenue.
voul 1, l'acide remonte ainsi dans le r?servoir à acide B,
l'acide jusqu'au réservoir surélevé B).
6e dans une cuve à acide excavée placée à droite de la Lourie
en temps
Une pompe centrifuge non figurée tire de l'eau d'un puits et la refonle dans le réservoir C, principale provision
pomp P
d'eau Une seconde pompe centrifug refoule l'eau dans un réservoir auxitisire muni d'un robinet, placé à coté de C et
dut l'arrivée aboutit, comme larri.ée du réservoir à acide B, dans le mélangeur D, où se fait la dilution de l'acide
sulfur que duos les provortions voulues.
Un grand gazogène A, empli de tournure #e fer est traversé par l'acide éleodu venu du mélangeur, et ce liquide
une fois usé par son aclion sur la Lournure de ‘er est repris ea haut du récipient pair une conduil:
eaux-mères
qui l'envoie aux
Le gaz produit par la raclion s'accumule à [a partie sipérieure di gazogène A et s'échapne par une condu‘te pour
gaz | I I gazog
gagner les deux l'veurs E |
laveu s E E pour gagner alternativement les cuves de purification Feel G, travers?
aussi de l'eau du réservoir C puis apres derniere épuralion el séc
© auxquels abontil une maïlresse-conduite d'eau verue du résertoir C, Le gaz sort des
ensuite la colonne à coke H qui recoit
age en f, 1 est envoyé au ballon.
54 1 Février 1908
tres 50 au-dessous du ballon par 50 suspentes
en câbles d'acier, venant se fixer à des pattes
d'oie amarrées au ballon par bâtonnets de
buis cousus dans une ralingue (8 bâtonnets
par suspente).
Sous la ralingue de suspension,
deuxième ralingue où sont amarrées les pattes
d'oie du réseau triangulaire donnant une très
grande indéformabilité à toute la suspension.
Les suspentes sont attachées à la nacelle par
l'intermédiaire de caps de mouton, ce qui
les rend réglables.
La poutre-armée porte à son centre de gra-
vité en T (Voir fig. 3.) la passerelle du pi-
lote et des passagers contenant tous les or-
ganes de manœuvre et le lest, deux guide-
ropes, cordages, etc...
une
Système moto-propulseur. —
Dans la partie avant se trouvent, en par-
tant de cette nacelle : le ventilateur, le poste
du mécanicien, le moteur (moteur Chenu
70 HP, 900 tours) qui transmet la force à l’hé-
lice par un train d’engrenage démultiplica-
1 ee ; s
teur au ——. L'hélice fait donc au maximum
180 tours par minute.
L'hélice, placée à l'avant est à deux bran-
ches articulées à ressort, s’écartant de l'axe
en fonction de la vitesse de rotation et pou-
vant prendre automatiquement la direction
de la résultante de la pousée et de
la force centrifuge (Voir fig. 4. et légende),
selon les principes théoriques préconisés par
le colonel Renard (Voir Aérophile de fé-
vrier 1905, p. 33).
Gouvernail de direction et sta-
bilisateurs. — Gouvernail vertical à l’ar-
rière. Surface totale : 14 m', composé de
deux surfaces trapézoïdales parallèles, dis-
==
— Indicateur de pression du Ville de Paris
Fig. 8
A,Inlex mobile par écrou E, sur des coulisses. C, suivant
la colonne liquide. Des rég'ettes à coulisses permettent de
suspendre la planchette support sous les veux du pilote, biea à
l'abri des trépidations et dans une position bien horizontale
indiquée par le niveau F.
tantes de 1 mètre, formées d’une armature
de frêne fuselé, tendue d’étoffe.
Deux gouvernails horizontaux (stabilisa-
teurs), l’un en avant dans la région du cen-
tre de gravité, l’autre en arrière ; construits
selon les mêmes principes que le gouvernail
arrière, ils sont formés chacun de deux sur-
faces superposées, distantes verticalement de
60 centimètres et mesurant ensemble S m°.
Cette disposition en deux surfaces permet de
faire des gouvernails légers et très rigides. Les.
gouvernails sont actionnés par câbles d’acier
S’attachant sur des chaînes montées sur pi-
gnons commandés par directions irréversibles.
Dispositifs spéciaux. — Au-dessous
des figures qui les représentent, nos lecteurs
trouveront une description détaillée de quel-
ques «lispositifs spéciaux, tels que ventilateur,
hélice, indicateur de pression, ete. — CLÉRY
LE POUR ET LE CONTRE
Qu'entend-on par incidence d’un aéro-
plane automobile (Réponse à une question
posée). — Par rapport à quoi s'entend l'inci-
dence d'un aéroplane aulomoteur ?
Telle est la question posée par un correspon-
dant dans l’Aérophile de décembre 1907.
1° Si l’aéroplane est plan, ou formé de plu-
sieurs plans silués dans des plans parallèles, il
n'y à pas à équivoquer : l'incidence est l'angle
que fail le vent relalif avec les plans.
Je dis le vent relatif et non le vent, car il peut
y avoir deux vitesses, l’aéroplane marchant dans
une direction autre que celle du vent, soit en
plan, soit en élévation :
2° Si l'aéroplane est formé de surfaces con-
caves dont les cordes sont situées dans des plans
parallèles, il est plus simple de rapporter l'in-
cidence à la corde. L'incidence est alors l'angle
que le vent relatif fait avec la corde.
Mais on peut avoir cependant sustentation
avec un angle négatif, si l'on en croit Lilienthal.
7
}
v”_vent relatih_ m = < = 1
V>
g’
Pour éviter les angles négatifs dans les calculs,
on pourrait alors rapporter l'incidence à un plan
moyen qui serait appelé plan d'incidence et dé-
terminé conventionnellement comme suit :
3° Soit un système de forme complexe mais
rigide, tel un oiseau en planement et qu'on sup-
pose solidifié au moment considéré.
Supposons un vent relatif, présentons l'oiseau
dans des posilions diverses en réduisant de plus
en plus l'angle qu'il fait avec le vent.
Il y aura une position dans laquelle on n'aura
sueUnS réaction qg ou qg’ perpendiculairement au
vent.
Si alors nous menons un plan m n contenant
la ligne du vent, ce sera le plan d'incidence con-
ventionnelle. Nous dirons donc : Le vent relatif
faisail i d'incidence avec le plan moyen du pla-
neur ou du système aérien, aéroplane, hélicop-
tère, dirigeable, etc.
Il est clair que si
plan moyen varie aussi.
la forme est variable, le
A, GouriL.
J’Aérophile 55
PARTIE OFFICIELLE
Convocations
Conseil d'administration, mercredi 6 février, à
ohne: Fa
Comité, jeudi 7 février, à 5 h. è
Commission scientifique, lundi 2% février, à
SU
Commission sportive, sur convocation du Bu-
eau. !
Commission d'aviation, sur convocation du Bu-
eau.
Commission technique, sur convocation du Bu-
reau.
Dîner mensuel, jeudi 7 février, à 7 h. 1/2, en
l'Hôtel de l’Automobile-Club, 6, place de la Con-
corde. Prix du couvert : 8 francs, tout compris.
Comme suite à la décision du Comité de direc-
tion, en date du 5 décembre, les inscriptions
pour les dîners mensuels à l’Automobile-Club,
accompagnées de la somme de 8 francs par cou-
vert, permettent seules de retenir les places à
fable. î
Les dîners sont réservés aux seuls membres
de lAéro-Club, en raison du nombre limité de
couverts. :
Siège social 84, faubourg Saint-Honoré,
Paris (VIII). Télégrammes : AÉROCLUB-PARIS. —
Téléphone : 276-20.
CHANGEMENT D’ADRESSE
À partir du 15 avril 1908, le siège social et les
bureaux de l’Aéro-Club de France (actuellement
84, faubourg Saint-Honoré), seront transférés 63,
Champs-Elysées, près la rue Pierre-Charron et
la station du Métropolitain Marbeuf.
Les membres de l'Aéro-Club trouveront dans
ce nouveau local plusieurs salons de lecture et
de correspondance, à coté ae la Bibliothèque, du
Secrétariat et du bureau du bulletin officiel,
l’'Aérophile. ë
Les dispositions concernant le parc de l’Aéro-
Club, aux coteaux de Saint-Cloud, restent les
mêmes.
COMMISSION D'AVIATION DU 13 JANVIER 1908
Présents : MM. Archdeacon, président ; Geor-
ges Besançon, Blériot, L. Godard, Tatin, le ca-
pitaine Ferber, R. Soreau, Detable, H. de La
Vaulx, Drzewiecki, H.' Kapférer, le commandant
Ferrus, Loysel, Chauvière.
Grand Prix d'aviation Deulsch-Archdeacon. —
Sur le rapport des commissaires assistant à
l'épreuve, MM. de La Vaulx, Blériot et H. Kap-
férer, la commission déclare que M. Henri Far-
man a gagné le Grand Prix d'aviation Deutsch-
Archeacon de 50.000 francs en effectuant dans
la matinée du 13 janvier 1908 au champ de ma-
nœuvres d'Issy-les-Moulineaux, le parcours im-
posé par les réglements dudit prix. Ê
A 10 h. 15 du matin, Henri Farman s'est en-
levé à bord de son aéroplane n° 1 à moteur,
à 20 m. au moins avant la ligne du départ, a
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
Siège social : 84, Faubourg Saint-Honoré. Paris
viré au large du fanion et a atterri sans choc
bien après avoir passé la ligne d'arrivée. On se
rendait compte qu'il était absolument maître
de son altitude qui a varié entre 3 ou 4 m. et de
sa direction qu'il a vers la fin magistralement
rectifiée pour rentrer bien exactement entre les
poteaux. Le parcours (officiellement 1.000 m.) a
Gté fail en 1 m. 28.
Par suite, Henri Farman porte à la distance
de 1.000 mètres la Coupe Archdeacon dont il est
détenteur depuis le 26 octobre 1907 (770 m.).
Nominalions. — M. Armengaud jeune est
nommé membre de la Commission d'aviation.
Comme il y a d’autres candidatures, la com-
mission décide, qu'aujourd'hui les résultats étant
acquis, il convient de ne recevoir que des com-
pétences absolues. Cependant en vue de certai-
nes épreuves, la commission pourra s’adjoindre
des commissaires délégués. MM. Fournier et
Gasnier sont nommés Commissaires.
Prix d'avialion Armengaud jeune. — Après
discussion, à laquelle prend part le donateur, la
Commission adopte le réglement du prix d'avia-
tion Armengaud jeune de 10.000 francs, dont
plus loin, nous donnons le réglement.
COMMISSION SPORTIVE DU 1% JANVIER 1908
Présents : MM. le commandant Paul Renard,
président, Georges Besançon, le comte A. de
Contades, le lieut.-colonel Hirschauer, Ed. Sur-
couf.
Grand Prix d'aviation Deulsch-Archdeacon. —
La C. $S. homologue la décision de la Commis-
sion d'aviation décernant à M. Henri Farman :
1° Le Grand Prix d'aviation Deutsch-Archdea-
con.
2° La Coupe Ernest Archdeacon par 1.000 m.
CHRLEMALLS:
Elle homologue en plus les records suivants
établis par Henri Farman le 13 janvier 1908, à
Issy-les-Moulineaux :
Record de distance : 1.000 m.
Record de durée : 1 m. #85.
LES ASCENSIONS AU PARC DE L’AÉRO-CLUB DE FRANCE
15 décembre 1907. — 2 h. du s. Albatros
(800 m°); MM. A. Leblanc, H. Martin, Albert
Guyot. Att. à 5 h. 30, près Moret. Durée : 3 h. 30.
Distance : 70 kil.
17 décembre. — 1 h. 45 du s. Aéro-Club IV
(500 m°); MM. E. Barbotle, A.-C. Triaca. Att.
à 4 h. 30 à Saumon-la-Poterie (S.-I) Durée
3 h. 45. Distance : 100 kil.
18 décembre. — 10 h. 30 du m. Le Condor
(1.450 m°); MM. Emile Dubonnet, Jean Pardon,
Mmes Darbel, Boïe. Att. à 3 h. à Beaulieu (Ar-
dennes). Durée : 4 h. 30. Distance : 200 kil.
20 décembre. — 10 h. 35 du s. In-Salah (900 m°) ;
MM. François Peyrey, Duchesne-Fournet. Att.
le lendemain à 2 h. du s. à Weiersbach, cercle
de Daun (Allemagne) dans le pitloresque mas-
sif de l'Eiffel. Durée : 15 h. 25. Altitude maxima :
2.800 m., à midi. Distance : 370 kil.
56 1e" Février 1908
Une heure après leur départ, les aéronautes
entraient dans une brume épaisse qui empêchait
toute orientation. À 7 h. du m. seulement, en
hélant un roulier, dont la charretle cheminait
au-dessous d’eux, invisible dans le brouillard, ils
purent s'assurer qu'ils étaient près de Rocroy.
Après avoir traversé l'immense forêt des Ar-
dennes, reconnu Givet, puis Fumay, ils planè-
rent jusqu'en fin d'ascension au-dessus d’une
splendide mer de nuages.
Le pilote, M. François Peyrey, avait déjà fait
à peu près le même voyage avec MM. Léon Bar-
thou et Mélandri, dans la nacelle du Djinn
(1.600 m') que pilotait le comte de La Vaulx.
(Saint-Cloud-Castelhaun, 9 août 1903) Malgré
l'ardeur du soleil d'août, ie Djinn, grâce à son
ballonnet, ne dépassa pas 1.800 m. d'altitude en
un voyage de 15 h. également.
22 décembre. — 11 h. 15, Aéro-Club IV (500 m°) ;
MM. E. Barbotte, A.-C. Triaca. Att. à 3 h. à
Roye (Somme). Durée : 3 h. 45. Distance : 113 kil.
22 décembre. — 11 h. 20, Azur (600 m°); MM.
G. Suzor, M. Monin. Att. à midi 40 à Précy-sur-
Oise. Durée : 1 h. 20. Distance : 42 kil.
22 décembre. — 11 h. 25, Cythère (600 m');
M. A. Leblanc, Mlle C. Att. à 4 h. 10, à Thésy
(Somme). Durée : 4 h. 25. Distance : 110 kil.
95 décembre. — Midi 15, Aéro-Club IV (500 m°):
M. A.-C. Triaca. Att. à 3 h. 35 à Saint, près
Boissy. Durée : 3 h. 10. Distance :
97 décembre. — Midi 50, Aéro-Club IV (500 m°) :
M. A.-C. Triaca. Att. à 2 h. 35 à Nonancour!,
Durée : 1 h. 45. Distance : 7 kil.
M. Triaca atterrit à la soupape sans ouvrir
le panneau d'arrachement. Pendant qu'il pre-
nait une photographie du ballon arrêté, les ha-
bitants du pays qui maintenaient l’aérostat là-
chèrent prise sous une rafale, et le ballon repar-
tit à vide dans les airs. Il redescendit dans la
nuit du 27 au 28 décembre, à Ferrières-Saint-Hi-
laire, arrondissement de Bernay (Eure), à 5% kil.
de Nonancourt. Il n'avait subi aucun dommage,
mais sa disparition causa quelque émolion dans
la presse. k
1% janvier 1908. — 3 h. 30 du m. Aéro-Club 11
(1.550 m'); MM. Jacques Faure, le prince Léon
Radziwill. Att. inconnu.
7 janvier. — Minuit 30, MM. Ernest Barbotte,
A.-C. Triaca. Att. à 7 h. 30 du m., à Stenay
(Meuse). Durée : 7 h. Distance : 240 kil.
Ascension omise. — à novembre 1907. —
10 h. 45 du m. MM. Monin, G. Tranchant,
Mmes G. Tranchant, M. Tranchant. Alt. non
indiqué.
BIBLIOTHÈQUE, LE MUSÉE ET LES
ARCHIVES
Atlas Météorologique pour l'année 1907, d'a-
près 22 stalion méléorologiques françaises, par
G. Eiffel, ancien président de la Société des in-
génieurs civils de France, un-volume in-folio
sous carton, don de l'auteur.
Physiologie de l'aéronaute par le docleur Jac-
ques Souris, 1 vor. petit in-$, don de l’auteur.
À LAÉRO-CLUR DU SUD-OUEST
Diner du 9 janvier. — Le premier diner de
l'année 1908 a eu lieu le jeudi 9 janvier, à 8 h.
du soir, dans les salons du Café de Bordeaux,
80 membres du Club y ont pris part, sous la
présidence de M. C.-F. Baudry. Au menu, figu-
raient, selon la tradition, le « cassoulet des
aéronautes » et le « gâteau des Rois de l'Air »,
qu'accompagnaient de. nombreuses bouteilles de
A l'heure des toasts, le chevalier de Wawak-
Adlar, au nom des pilotes, a prononcé une char-
mante allocution et a remis au président, en
hommage de tout ce qu'il fait pour la prospé-
DONS POUR LA
rité du Club et le développement du sport aéro-
naulique, un charmant bronze de Carrier-Bel-
leuse, la « Dompteuse de panthères ».
M. le président Baudry à remercié les pilotes,
en les félicitant de leurs succès dans l’année:
1907 : les ascensions furent nombreuses, beau-
coup furent très intéressantes et plusieurs abso-
lument remarquables. Elles auraient été encore-
plus nombreuses si l'Exposition maritime inter-
nalionale, au lieu d'exhiber des attractions fo-
raines, avait compris l'aérostation parmi les ma-
nifestations qu'il était de son devoir et de son
intérêt d'encourager. 5
M. Baudry à parlé ensuite de la mort tragique
des deux passagers du Fernandez-Duro, dont la
disparition est entourée de circonstances qui,
sans doute, resteront toujours un mystère.
MM. Scharf et de Bethmann étaient très aimés.
à l’Aéro-Club du Sud-Ouest, et leur souvenir
vivra longtemps dans le cœur de leurs cama-
rades. Dans le deuil cruel qui l'a frappé, le Club:
a eu la consolation de voir venir à lui de nom-
breuses et cordiales marques de sympathie, dont
il est profondément reconnaissant.
M. le président a ensuite distribué aux pilotes.
les prix suivants :
Au vicomte Ch. de Liraë, une grande médaille
de vermeil pour son très beau voyage de Bor-
deaux aux pointes du Trayas, près Cannes.
A M. Paul Léglise, le prix Toussaint (marbre-
de grande valeur), don de M. Baudry. Le vi-
comte de Lirac, qui, ayant gagné ce prix en
1906, était hors concours pour 1907, a recu,
comme rappel de prix, un objet d'art donné par
M. L. Sens, vice-président.
A M. Ernest Loé, la coupe de Bordeaux-Pau
(bronze de Rossetli, « La Source »), créée par:
M. Baudry, qui lui est définilivement attribuée,
ainsi qu'une médaille d'argent donnée par la
Petite Gironde (M. Loëé avait recu précédemment
pour son exploit une médaille de la France de
Bordeaux et du Sud-Ouest).
A M. Alired Duprat, classé premier au « con-
cours départemental de la Petite Gironde », où
il s'agissait d'atleriir aussi près que possibie
d'un des chefs-lieux des départements voisins
du département de la Gironde, a été attribué un
statoscope Richard, pour son atterrissage à
2 kilom. du centre d'Angoulème. Le second de
ce concours était le regretté pilote Scharf. Le:
troisième, M. L. Gonfreville, reçoit une médaille
de bronze.
M. Gonfreville reçoit également la médaille de
la Compagnie générale d'éclairage de Bordeaux.
M. Villepastour, gagnant du prix de la Haute-
Vienne, recoit une médaille grand module, et
M. Paul Léglise, les cent francs qui faisaient
l'objet du prix créé pour le premier atterrissage:
en Indre-et-Loire d'un ballon parti de Bordeaux.
M. Maurice Martin a clos la série des allocu-
tions en parlant au nom de la Presse et en cons-
tatant le parfait accord qui existe, au point de:
vue du sport aéronautique, entre Paris et Bor-
deaux.
Des télégrammes de cordialité avaient, d’ail-
leurs, été échangés entre l’Aéro-Ciub de France:
et l’'Aéro-Club du Sud-Ouest, qui, tous deux,
donnaient, le même jour, le premier diner de
l'année.
La fête s'est joyeusement terminée par le ti-
rage au sort des « Rois de l'Air » pour 1908.
MM. Bradley el Desforges, qui ont trouvé cha-
cun une fève gagnante dans leur part de gâ-
teau, auront droit à une ascension gratuite.
Ascensions de l’Aéro-Club du Sud-Ouest
21 janvier. — 11 h. 3/4 du matin. — Usine à
gaz de Bordeaux Bastide. La Côte-d'Argent 800
m') : MM. Paul Léglise et Tardy (néophyte), Ma-
dame X. Alt. à Hourtin (Gironde), à 3 h, 10. Du-
rée : 3 h. 25. Distance : 53 kilomètres.
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16: ANNÉE — N° 4 ADN RO ie dE ROIS 15 FÉVRIER 1908
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MAIRE : Portraits d'aviateurs contemporans : Léon Levavasseur (capitaine Ferber). —Histoire du moteur ‘ Antoinette ” (capilaine Ferber). —
iation à l’Académie des Sciences : Essais méthodiques d’un aéroplane cellulaire (Henri Farman). — Sur le rendement des hélices de propulsion dans
(Louis Bréguet). — Distinctions honorifiques — Nos dirigeables militaires : Un dirigeable d'armée (Cléry). — A l'Aéro-Club du Sud-Ouest. —
éronautique française en Angleterre : Conférences faites à la Junior Institution of Engineers: Les dirigeables militaires (H. Julliot) ; Les progrès de
lation (cap. Ferber) ; L'avenir de l'aéronautique (H. de La Vaulx). — Le Pour et le Contre (L. Boudin). — Tour du monde aérien. — Bibliographie.
MAIRE DU BULLETIN OFFICIEL DE L'AERO-CLUB DE FRANCE. — Partie officielle : Convocations. — Assemblée
érale. — Comité de direction du 9 Janvier 1908. — Partie non officielle : Comité de direction du G février 1908. — Diner mensuel du
ëvrier 1903. — Les ascensions au Pare de l’Aérc-Club de France. — Dons pour le Musée, la Bibliothèque et les Archives.
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Directeur-Fondateur : Georges Besançon
16° Année. — N°4 15 Février 1908
Portraits d'AViateurs Contemporains
(Photo Br ang er)
LÉON LEVAVASSEUR
Léon Levavasseur, qui vient de se signaler encore une fois à l'attention publique avec son moteur extra-
léger, est néle 8 janvier 1863, à Cherbourg, d’un père officier de marine. Après de brillantes études à Angoulême,
il vient à Paris à 17 ans, et se destine aux Beaux-Arts. La vie a de ces surprises : 12 mécanicien de génie
voulait être un pointre! Mais la destinée veillait ; la fée Electricité, qui s'épanouissait vers 1880, lui jeta un
charme... et le voila pris dan: ses circuits! Levavasseur invente une lampe à arc, imagine plusieurs dispositifs
nouveaux et entre à l'usine Patin comme ingénieur.
Là, il invente encore des tran:formiteurs et des alternateurs, il établit un premier transport de force par
courants alternatifs, à Orléansville; puis il étudie les moteurs à pétrole en disséquant toute la série des moteurs
alors existants.
Il quitte l'usine Patin en 1901 et s'établit à son compte. En 1902, il propose à M. Jules Gastambide
de faire un aéroplane et il en resulre le moteur léger qui fait ses preuves à Monaco sur le canot Antoinette et qu’à
partir de 1905, nous nous disputons tous pour l'aviation. Cela permet alors de former la Société Antoinette dont
Levavasseur est le directeur technique. Persuasif au plus haut point. observateur unique, technicien de premier
ordre, il ne s’embarrasse pas de formules de détail, mais obéit simplement aux lois fondamentales dela mécanique,
comme la consérvation de l'énergie, les quantités de mouvement, les forces vives, qu'il sent instinctivement, avec
une lucidité d'esprit extraordinaire. Sa carrière ne fait que commencer et nul doute qu'il ne nous donne encore
des solutions mécaniques admirables.
CAPITAINE FERBER
58 15 Février 1908
Histoire du moteur ‘ Antoinette ”
. I y avait une fois un capitaliste et un in-
-enteur. Bien entendu, j'écris ici une histoire
du siècle nouveau, du siècle de l'Automobile,
La marraine du moteur Antoinette
Mil: ANTOINETTE GASTAMBIDE.
de la Vitesse et de la Force, car au siècle passé
l'inventeur n'aurait pas rencontré le capita-
liste et je n'aurais pas eu d'histoire à écrire.
L’'inventeur fabriquait des machines élec-
triques et le capitaliste possédait en Algérie
une usine de lumière électrique dont les ma-
chines s’arrêtaient quelquefois. L’inventeur,
qui était Levavasseur, modifia
quelques fils et la lumière fut.
Le capitaliste, qui était M. Ju-
les Gastambide, dès cet instant,
accorda à Levavaséeur toute
sa confiance. Aussi, lorsque ce
dernier vint lui proposer les plans
d'un moteur extra-léger, qui
révolutionnerait le monde, Gas-
tambide lui donna carte blanche.
Cela se passait en 1903, le mo-
teur fut fait et même placé sur
un aéroplane ! — Déjà ! — Les
expériences furent exécutées
secrètement à Villotran (Oise), le
ministre dela Guerre, qui s’y in-
téressait, versa une grosse indem-
nité. On n'avait pas fait d’abri
à cet aéroplane, de sorte que le
vent et la pluie le mirent peu à
peu hors de service. Il aurait
fallu continuer : mais M. Gas-
tambide — qui pourrait l’en blâmer ? — ne
croyait pas beaucoup, dans ce temps-là, à
l'avenir commercial des aéroplanes et tenait à
placer ce fameux moteur dans quelque chose
de vendable.
On l’installa sur un canot qui se mit immé-
diatement à filer avec une rapidité extraordi-
naire. « Nul doute que ce bateau n’arrive pre-
mier aux régates, pensaient les propriétaires,
il faut l’engager à Monaco. »
Maïs pour l’engager il fallait le baptiser et,
par Fsconnaissance, M. Levavasseur proposa de
donner Je nom de-la-fille de celui qui lui avait
mis le pied à l’étrier ! Mlle Antoinette Gas-
tambide fut la marraine du racer en question.
De là, ce nom si léger d’Antoinette, attribué
“depuis aumoteur lui-même, à la grande sur-
prise de beaucoup de personnes qui écrivent à
M. Antoinette, fabricant du moteur de même
nom.
Tout de suite, le succès vint. A Monaco, en
1904, en 1905 et 1906, les Antoinette étaient
partout premiers ; le 50 kilom. à l’heure fut
atteint sur le lac de Garde, en 1906 et sur
200 kil., soit 4 heures de marche sans arrêt.
Et il y a des gens qui se figurent que ce mo-
teur n’a été fait que pour marcher cinq mi-
nutes !
Quand on accepte toutes les conditions de
réception qu'ils imposent, leur surprise n’a
plus de bornes.
Ils s'imaginent que l’on a obtenu la légèreté
en grattant sur toutes les pièces pour les ré-
duire au minimum... Quelle erreur !
Le moteur a été fait pour durer, car Leva-
vasseur en le concevant en 1903, n’avait pas
en vue le gain du prix Deutsch-Archdeacon
Moteur extra-léser Antoinette à 16 cylindres
(1 kilog. par cheval)
(1 m. 98 s.) qui, d’ailleurs, n’existait pas; mais
il avait en vue l'aviation toute entière — inté-
grale — avec toutes ses conséquences, c’est-à-
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b, poussoir ; R, soupape aspiratrice ; R’ soupape, d'échappement; K,
prise d'air; 24, car-
burateur; G, bougie ; V. chemise d'eau; S, patte d'attache; P, cuvette; J, échappement.
‘dire le transport de personnes privilégiées et
-de paquets précieux sur de longues distances
avec une vitesse inouie.
Le premier moteur fait était de 80 che-
vaux, et dans l’Antoinette IV il y en avait
deux accouplés en tandem. Ce canot est devenu
la propriété d’un sportsman allemand bien
connu, M. Braunbeck, et il a battu pavillon al-
lemand aux régates de Kiel, en 1906, où il a na-
‘turellement gagné la Coupe de l'Empereur.
Aujourd’hui, le Conseil d'administration de
la Société a décidé de ne plus courir en course.
La Société répond à toute demande, car si elle
le voulait, à cause de la légèreté et du peu
d’encombrement du moteur, elle pourrait éta-
blir le canot le plus rapide du monde ; mais
‘elle trouve, avec raison, que pour une pure
question de publicité, il est inutile de faire de
pareils frais. La chose est pourtant tentante
pour un de ces sportsmen généralement étran-
gers, qui tiennent, avant tout, à posséder l’en-
gin le plus rapide du monde.
Les Français, en général plus modestes,
tiennent surtout à avoir un bateau de tou-
risme très simple, pour passer agréablement
leurs dimanches. Ils paraissent même avoir un
‘certain éloignement pour le yachting, car,
‘en somme, ceux qui s’y livrent sont très peu
nombreux.
Le jour où M. Le Las, sur son Ricochet-An-
toinette, de 50 chevaux seulement, a fait sa
magnifique performance de 62 kilom. à l’heure,
égalant ainsi les torpilleurs les plus rapides, il
y avait bien les sportsmen en vue comme San-
tos-Dumont, Archdeacon, etc., suivis d’un mil-
lier de personnes ; mais de foule, point, et
pourtant la chose avait été annoncée par la
presse entière.
Le bruit fait autour du canot Antoinette,
m'attira chez Levavasseur en 1905, car il me
fallait, à toute force, pour mon aéroplane un
moteur robuste et léger.
C’est à ce moment que j'ai compris pourquoi
il l'était — d’autres l’ont compris depuis,
mais ont dû renoncer à l’imiter, parce qu’ils
n’ont pas encore tout compris. La principale
raison qui est entrée dans le domaine public,
est celle-ci : le maximum d'effort produit par
l'explosion dans le cylindre du moteur dure un
temps très court et néanmoins, pour que les
pièces y résistent, il faut calculer cylindres,
pistons, bielles et carter pour cet effort maxi-
mum. Si donc toutes ces pièces pouvaient tra-
vailler à leur force pendant tout le temps, au
lieu de ne travailler qu'un instant, elles se-
raient capables de transmettre, sans, du reste,
subir de fatigue exagérée, un effort bien plus
grand.
On est donc amené à faire des cylindres plus
petits, mais en grand nombre.
6o
En somme, c'est le principe de la turbine et
c'est pourquoi le moteur Antoinette a 8, 16,
24 et même 832 cylindres : il y a, à chaque tour,
le plus de petites explosions possible et l’on
peut, mathématiquement, diminuer les pièces
si lourdes de nos moteurs d'automobiles ac-
tuels.
Il y a deux autres raisons pour lesquelles le
moteur est si mais, comme même en
démontant le moteur et l’examinant avec soin,
on ne peut les apercevoir, on comprend que Le-
vavasseur m'ait prié de ne pas en parler, car
léger ;
15 Février 1908
ayant perdu toute sa vitesse horizontale est re-
tombé de toute cette hauteur. Naturellement,
les pneumatiques ont éclaté bruyamment, les
roues se sont tordues, les ailes se sont divisées
en tout petits morceaux de papiers, le corps:
s'est aplati, M. Blériot s’est blessé et a eu le
visage couvert de sang ; mais le moteur An-
toinette à 50 chevaux 16 cylindres n’a rien eu,
absolument rien ! — Pour un record, c’est um
record !
L'avantage du grand nombre de cylindres est
en outre, évident pour la souplesse et la conti-
Usine Antcinette. —
elles constituent une sauvegarde meilleure que
le meilleur des brevets.
Quoiqu'il en soit, grâce à ces principes, on a
pu conserver partout les taux de sécurité les
meilleurs. Tout ce qui supporte un effort est
renforcé : la fonte ne travaille qu'à 1 kg. 5,
l'acier à 10 kgr., le bronze et l'aluminium qu'à
? kgr. par millimètre carré.
C’est pour cela que le moteur est si solide et
qu'on ne l’a jamais vu casser : Santos-Dumont,
en février 1907, fait une chute terrible, le mo-
teur n’a rien ; Delagrange pulvérise son aéro-
plane en novembre 1907, mais le moteur n’a
rien. Le maximum a été démontré par Blériot ;
le 17 septembre 1907, il a atteint une hauteur
de 25 mètres (d’après les témoins, cela faisait
l'impression de la hauteur du dernier étage
d’une maison des Champs-Elysées). L’aéroplane
Atelier de montage
nuité du couple, de sorte qu’il est possible de:
poids considérable.
supprimer le volant et de gagner, ainsi, un
Dans le moteur Antoinette, on peut encore
renverser la marche par une simple traction
opérée sur un bouton qui déplace l’arbre des
cames d’une quantité convenable : cette ma-—
nœuvre est précieuse, non seulement pour les
canots, mais aussi pour l’atterrissage des bal--
lons dirigeables, qui ont intérêt, comme les:
bateaux, à l’acostage, à faire avant et ar-
rière.
On se souvient que le Lebaudy, en 1903, en:
atterrissant à Chalais a été drossé sur un arbre:
et crevé. Si le moteur, maintenu en marche,
avait pu faire machine avant et arrière, un:
semblable malheur ne serait pas arrivé.
Quoi qu'il en soit, persuadé en 1905 de la ro-
l'Aérophile
Ciiché de La Location Automobile
Modèle réduit de l’aéroplane Antoinette.
bustesse et de la légèreté du moteur, j'ai de-
mandé à mes chefs des crédits pour l’achat d’un
moteur de 24 chevaux ; mais, quand on à ap-
pris que ce moteur n'était pas encore cons-
truit, ni même dessiné, il me fut impossible
même de continuer d’en parler et je fus obligé
de le commander à mes frais. C’est ainsi que
je fus cause de l’alésage du moteur de 24 che-
vaux actuel. À ma suite, commandèrent : San-
tos-Dumont, Blériot et d’autres, si bien que,
voyant le vent souffler en poupe, quelques ca-
pitalistes, amenés principalement par M. Blé-
riot, eurent l’idée de se grouper et de fonder
une Société pour l'exploitation du moteur A1-
toinette. Cela fut fait en mai 1906. M. Gas-
tambide fut président du Conseil d’adminis-
tration et M. Blériot, vice-président.
Cela a permis d'agrandir les ateliers et
d'augmenter l’outillage. Aujourd’hui, tout se
fait à l’usine et tout s’y fait au 1/100° de mil-
limètre. C’est pour cela que les moteurs sont
chers : les ouvriers ne peuvent, sur ces pièces
très fines, être mis aux pièces. Il existe un bâ-
timent spécial que l’on appelle la batterie
basse, parce que son aspect ressemble à la bat-
terie d’un ancien vaisseau à 3 ponts où l’on
peut essayer 4 moteurs à la fois montés sur des
bancs d’essai. Ces bancs sont faits pour peser
le couple moteur par le moyen indiqué par le
colonel Renard, en absorbant la force par l’in-
termédiaire d’un moulinet.
Le même colonel Renard nous a inspiré une
balance semblable à celle qu’il avait construite
pour mesurer la poussée et le travail des hé-
lices. C’est, à notre avis, une des choses in-
ventées par le colonel qui rend le plus de ser-
vices pratiques, surtout dans cette partie de
l’aviation où la Société Antoinette est obligée
de se spécialiser de plus en plus pour se défeu-
dre. .
En effet, il se produit un phénomène na-
61
turel; mais très gênant.
Des inventeurs de machi-
| nes volantes achètent le
moteur Antoinette, ils
l’installent comme ils peu-
vent et comme ils veulent
— mal généralement -— et
naturellement, tant que
la machine ne vole pas,
c'est la faute du moteur!
C’est une contre-réclame continue qui oblige
la Société à construire des aéroplanes, afin que
le moteur soit présenté bien installé. Les aéro-
planes ne sont, du reste, livrés qu'après essais
concluants.
De temps en temps, de bons amis viennent
dire : Faites bien attention. un tel va
vous faire concurrence. » C’est possible ; mais
j'ai demandé à Levavasseur ce qu’il ferait à ce
moment-là. 11 m'a dit qu'il baisserait encore
le poids du moteur et qu'il l’abaisserait au-
dessous du kilogramme par cheval. Il m’a con-
fié à voix basse le principe sur lequel il s’ap-
puierait : il est juste et quand il le faudra, ce
diable d'homme fera comme il l’a dit.
€
CAPITAINE FERBER
PRRRRPRRPP RP Te
L'ANIATION A L’ACADÉDIE DES SCIENCES
Essais méthodiques d'un aéroplane c:ulaire ©
L'année dernière, j'ai fait construire et
essayé méthodiquement un aéroplane cellu-
laire qui a pu récemment franchir une dis-
tance horizontale de 1.500 mètres sans tou-
cher terre (2).
L'appareil se compose d’une cellule princi-
pale de 10 m. d'envergure sur 2 m. de large
formée de 2 plans superposés mesurant 40 m°;
d’une cellule plus petite à l’arrière, de 3 m.
d'envergure sur 2 m. de large, et dont la sur-
face est de 12 m°; d’un équilibreur placé à
l’avant formé d’un plan unique articulé per-
mettant de varier son inclinaison et, par ce
mouvement, de faire monter ou descendre
l'appareil. Le moteur est au centre de la
cellule principale, dans une sorte de nacelle
bien fuselée dans laquelle prend place le pi-
lote; à l'arrière, se trouve le gouvernail ar-
ticulé permettant de faire virer l’aéroplane
à droite et à gauche (3).
(1) Note de M. Henri Farman à l’Académie des
Sciences, présentée par M. Henri Deslandres,
dans la séance du 20 janvier 1908.
(@) Voir 4érophile du 15 janvier 1908.
(3) Voir Aérophile du 1* février 1908, article et
dessin des frères Voisin sur l'aéroplane Henri
Farman n° 1.
62 15 Février 1908
L'appareil complet est porté sur un châssis
en tube d’acier muni de 2 roues pneumati-
ques orientables. Les essais qui furent cou-
ronnés de succès ont été très méthodiques. Le
premier mois, j'ai en vain essayé de quitter
le sol, puis, grâce à des modifications succes-
sives, je suis arrivé à parcourir en l’air 80,
40, 50 m. Pendant un autre mois et demi, je
n'ai pu qu'allonger ces vols jusqu'à 100 et
120 m., après de longs et sérieux essais, puis
j'ai soudainement compris la conduite de
l'appareil, quelques particularités du moteur,
la meilleure inclinaison à donner à la cel-
lule et, le 26 octobre dernier, je suis parvenu
à parcourir une distance de 770 mètres en li-
gne droite, c’est-à-dire la longueur entière du
terrain d’Issy-les-Moulineaux où je fais mes
essais. Depuis cette date, j'ai travaillé et étu-
dié la question des virages, et ce n’est que
le 11 janvier 1908, soit quatre mois après la
première sortie de l’appareil, que je suis ar-
rivé à faire deux boucles parfaites en res-
tant en l'air 1 m. 45 s., ce qui représente d’a-
près la vitesse de l’appareil 1.800 mètres.
Le 13 janvier 1908, sous le contrôle de la
Commission d'aviation, j'ai parcouru 1 kilom.
en circuit fermé virant derrière un poteau
désigné à l'avance et placé à 500 m. du point
de départ, gagnant ainsi le prix Deutsch-
Archdeacon. Le parcours total représente avec
le cercle environ 1.500 mètres.
J’a choisi la forme cellulaire ou biplane
pour mon appareil parce que je considère
cette forme comme la plus étudiée et celle
qui assure le mieux la stabilité ; je l’ai choi-
sie aussi en raison de sa construction facile
et de sa solidité. Je crois que ma réussite est
due surtout, non à la forme générale de l’ap-
pareil, mais aux nombreux essais méthodi-
ques et aux modifications successives inspi-
rées par l'expérience.
Les frères Voisin, qui ont construit mon
appareil, ont certainement droit à une grande
part de mon succès, car c’est grâce à leur
compétence dans la matière, à leur activité
et à leur intelligence que je suis arrivé au
résultat.
Mes essais ont démontré que le poids a
moins d'importance que la résistance à la pé-
nétration, c’est-à-dire qu’une pièce quelcon-
que un peu plus lourde, mais plus fuselée, est
préférable à uné pièce légère, mais résistante
à la pénétration. Je suis arrivé à effectuer
de longs vols en recouvrant avec de la toile
certaines pièces exposées aux courants d’air,
ce qui a permis de diminuer leur résistance
de beaucoup.
J’ai aussi réussi à obtenir de meilleurs ren-
dements avec mes dernières hélices ; il est cer-
tain que ce sera la partie la plus importante
dans les appareils futurs, car, pour le mo-
ment, on ne connaît pas exactement en quelle
matière les construire, ni la forme absolue à
leur donner, attendu qu’elles se déforment
par la force centrifuge, qui est énorme à la vi-
tesse de 1.200 à 1.500 tours à la minute.
HExRI FARMaN
HF
Sur le rendement des hélices
de propulsion dans l'air (?
J’applique à une hélice aérienne des con-
sidérations analogues à celles déjà publiées
par M. Drzewiecki sur le même sujet (2).
Soient
n le nombre de tours par seconde de cette
hélice ;
æ la distance d’un élément M d’une aïle au
centre de rotation.
La vitesse tangentielle de rotation de cet
élément dans le plan perpendiculaire à l’axe
de l’hélice sera
M =2/rnir:
L'hélice est supposée avancer, suivant son
axe, à la vitesse constante ".
A un instant donné on pourra construire,
pour l’élément de plan M, le diagramme des
vecteurs ci-dessus, où l’on a
YVY? axe d'avancement,
V vitesse tangentielle de rotation,
v vitesse d'avancement,
V’ vitesse résultante de l'élément M,
AD = R réaction aérodynamique sur M,
AE composante de cette réaction M sui-
vant l’avancement = Y,
AF composante de cette réaction R suivant
la direction de la vitesse V,
1) Note de M. Louis Bréguet à l'Académie des
Sciences, présentée par M. Henri Deslandres
dans la séance du 20 janvier 1908.
(2) J'ai eu connaissance au dernier moment des
travaux antérieurs de M. Drzewiecki, présentés
d'ailleurs sous une forme différente. J'ai con-
servé mes propres formules qui permettent de
présenter simplement les résullals de mes expé-
riences.
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l’Aérophile 63
XX’ axe perpendiculaire à R,
Z2 axe perpendiculaire à V’,
a angle de XX’ avec V’ et aussi de Z72
avec R,
£ angle de XX’ avec V.
Nous appelons rendement de l'élément M le
rapport entre la puissance utile produite et
Ja puissance réellement dépensée pour mou-
voir cet élément.
On voit facilement que ce rendement est
donné par l’expression suivante (1) :
GE
G) Dee")
tang 8 é
dont le rendement maximum sera obtenu
“quand
sin 4 + 1
(2) tang D — BU .
La valeur de ce rendement maximum est
.-alors
cos?
3) CCE); :
Il est visible que ce maximum est d'autant
plus grand que ; est plus petit.
Il résulte de la définition de l’angle 4 (cet
-angle étant celui que fait la réaction R avec
Ja perpendiculaire 22° à V’) que si l’on décom-
‘pose R en deux composantes : l’une normale
‘à V’, l’autre suivant la direction de V’, on a
© max —
composante de R suivant V’
(GMTES— composante de R normale à V’
Ceci étant posé, il est facile, au moyen
‘d’une balance aérodynamique, de déterminer
expérimentalement, au point fixe, pour cha-
“que inclinaison donnée aux ailes de l’hélice
“expérimentée, les valeurs des deux compo-
santes en question, et l’on reconnaît que pour
une certaine valeur de cette inclinaison, que
M. Drzewiecki appelle l'incidence opti-
“mum, tang x passe par un minimum.
Pour les surfaces ayant la forme la plus
propice que nous ayons su réaliser l’expé-
rience nous a donné, pour l’ensemble des élé-
ments des aïles, des valeurs minima de tang 2,
‘dépendant du rapport de la surface alaire à
la surface du cercle balayé.
(1) En effet, la puissance dépensée pour mouvoir
suivant AB l'élement de plan M est
W=ptang Ê V.
.La puissance utile nécessaire à l’avancement est
P,=PXp;
“ais On à
v— Vtang(£ — 2),
«d'où
— 2 —
P,—=pV tang(? 2).
iLe rendement de l'élément est donc bien
a
—tang (O2)
p— EE
tangl
C’est ainsi que suivant ces rapports nous
avons trouvé, pour des hélices essayées sur
notre balance, des valeurs de x comprises en-
tre 7 grades et 11 grades (1).
Quand pour un type d’hélice essayé on aura
mesuré, au point fixe, l’angle &« minimum, il
sera facile de calculer le pas à lui donner pour
en faire une hélice de propulsion à rende-
ment maximum et ce rendement pourra être
prédéterminé avec une grande précision.
Pour les hélices qui donnent un point fixe,
un angle minimum de 7 grades, on trouve
que, si la condition du rendement maximum
est réalisée pour le centre d’action des ailes, le
rendement global, c’est-à-dire l’intégrale des
rendements de chaque élément, est o = 0,795.
Pour les hélices qui donnent 4 = 8 gra-
des, p — 0,775. Par
Pour les hélices qui donnent 4 . — 9 gra-
des, 5 = 0,75. D
Pour les hélices qui donnent x le 10 gra-
des, p = 0,72.
Ces. chiffres sont très bons, mais pour les
obtenir on est conduit à établir des hélices de
très grand diamètre et tournant à très faible
vitesse, dans certains cas irréalisables.
Nous avons reconnu que, sans s'éloigner
trop de la condition du maximum de rende-
ment, on peut faire de bonnes hélices de pro-
pulsion applicables sur nos aéroplanes et dont
les rendements resteront supérieurs à 0,65.
Ces conclusions ont un intérêt pratique,
car, en appliquant aux hélices des aéroplanes
qui ont volé, la méthode de calcul indiquée
dans cette Note, on trouve que ces hélices
étaient loin de remplir la condition du maxi-
mum de rendement, et qu’en fait les ren-
dement réalisés étaient loin d'approcher les
chiffres que nous indiquons.
Il est donc permis d’espérer que les appa-
reils de l’avenir, sans compter l’amélioration
certaine des qualités sustentatrices, voleront
plus économiquement que les appareils actuel-
lement expérimentés avec succès.
Louis BRÉGUET.
Distinetions Honcrifiques
Voici parmi les diverses distinctions récem-
ment accordées, celles qui intéressent particuliè-
rement le monde aéronautique.
Sont nommés
Officier de l’Instruction publique : M. Victor-
Louet, le dévoué président de l'Académie aéro-
nautique de Fran
Officiers d'Académie : MM. Louis Blériot, l'in-
génieur distingué, l'aviateur de premier ordre ;
(1) Ces angles sont notablement plus grands que
ceux proposés par M. Drzewiecki, qui avait espéré, en
partant des formules empiriques du colonel Duchemin
et du professeur Langley sur les surfaces planant recti-
lignement, qu'on pourrait obtenir pour des hélices des
valeurs de tang % ou {4 égales à 0,044.
64
membre de la Commission d'aviation de l'Aéro-
Club de France, (voir Aérophile de janvier 1908) ;
Auguste Nicolleau, l'excellent pilote-aéronaute,
membre du Comité de l’Aéro-Club de France,
notre collaborateur et ami de la première heure
(Voir Aérophile. de juillet 1902 portrait d’Auguste
Nicolleau) ; Tiberghiem, aéronaute à Douai,
NOS DIRIGEABLES MILITAIRES
Un dirigeable d'armée
Dans l’Aérophile de décembre 1507, (p. 355),
nous annoncions qu'après avoir créé et mis
au point avec le Lebaudy et le Patrie, un type
de dirigeable de forteresse admirablement ap-
proprié à sa destination bien définie, M. Jul-
liot étudiait un dirigeable d'armée.
Ce dirigeable d'armée plus puissant et plus
rapide que le type forteresse a été en réalité
demandé à MM. Lebaudy par l’administra-
tion de la guerre; les plans établis par l’ingé-
nieur Henri Julliot sont, en ce moment, sou-
Un des moteurs du nouveau dirigeable d'armée :
mis à l'examen d'une commision désignée par
le Ministre.
Voici quelles seraient les principales carac-
téristiques du nouvel engin Longueur
100 mètres; diamètre au fort : 11 m. 50, soit
un allongement de 8 diamètres 69 très propre
aux grandes vitesses. Volume : 7.000 à
8.000 m'.
L’enveloppe sera, comme dans le Patrie, en
tissu caoutchouté, mais établie sous des épais-
15 Février 1908
seurs suffisantes pour faire face à l’accroisse-
ment de pression intérieure, causé par l’aug-
mentation de volume et aussi par la nécessité:
de maintenir la permanence de la forme mal-
gré une vitesse plus grande. Cette rigidité de
l'enveloppe sera obtenue comme dans tous les
types français, par l'emploi d’un ballonnet à
air àlimenté par un ventilateur à grand dé-
bit.
La grande plate-forme ovale, les plans fixes
et mobiles d’empennage, de stabilisation de
route et de direction qui caractérisent le type
Lebaudy-Patrie, sont conservés dans leur dis-
position générale. Toutefois 2 hélices à axe
vertical viendront aider à la stabilisation d’al-
titude sans jet de lest.
Le système moto-propulseur comportera
2 paires d'hélices propulsives (chaque paire
d'hélices disposée comme celle du Patrie) et
qui pourraient être placées, une paire en
avant de la nacelle, une autre paire en ar-
rière. Ce seront toujours, comme dans le Pa-
trie, des hélices à grande vitesse de rotation.
Chaque paire de propulseurs serait actionnée-
moteur Panhard-Levassor, 120 chx, 4 cy:indres.
par un moteur, de 120 chx., indépendant, ce:
qui permettrait en cas de panne de moteur,
comme la panne dont fut victime le Patrie,
de continuer à progresser et à gouverner avec
le seul secours du deuxième système moto-
propulseur.
Les moteurs seraient ceux du fameux auto-
canot Panhard-Tellier, qui fit une si glorieuse
campagne de courses en 1907. Chacun d’eux
est à 4 cylindres, développe une puissance de
l'Aérophile 65
120 chx (soit 240 chx. au total) et a pour ca-
ractéristiques : 185 d’alésage, 170 de course,
850 tours par minute et pour dimensions d’en-
combrement y compris le volant : 0,75 de jar-
geur, 1 m. 30 dans la longueur, 1 m.15 de
hauteur. Poids du moteur nu et de sa che-
mise d’eau en cuivre (sans volant, tuyauterie,
carburateur et accessoires qui peuvent d’ail-
leurs ètre allégés) : 280 kilogrammes. Dans ie
canot Panhard-Tellier. les moteurs étaient
placés côte à côte. Il est possible que cette Ais-
position soit conservée, peut-être même l’auto-
canot tout entier, au moins au début, servi-
rait-il de nacelle au nouveau dirigeable d’ar-
mée.
La vitesse prévue de cet engin aérien est le
60 kilomètres à l’heure. Le poids utile que
l'on pourrait transporter à cette vitesse, en
hommes, approvisionnements de lest et d’es-
sence, projectiles, etc. donnera à ce ballon
un rayon d’action et une puissance offensive
qu’on ne peut espérer d'aucun autre autobil-
lon construit jusqu'à ce jour. De plus, des
dispositifs spéciaux sont étudiés pour assurer
autant que possible la sécurité de l’engin, s’il
est obligé à une escale en pleins champs. Mais
des hangars démontables seraient aussi mis à
l’étude et feraient partie du matériel des ar-
mées en campagne. Enfin, l'étendue du rayon
d’action sera telle que, dans la plupart des cas,
le ballon pourra toujours gagner un des abris
fixes dont le développement de la flotte aé-
rienne imposera la création.
Pour nos lecteurs qui aiment les comparai-
sons, rappelons les caractéristiques du Patrie,
pygmée à côté de ce géant : longueur : 62 m.,
diamètre au fort : 10 m. 30. Allongement
5 diam. 90. Moteur : 70 chx.
On a paru s'étonner de voir M. Julliot se:
mettre à la construction d’un de ces diri-
geables monstres dont on le croyait l’adver-
saire. C'était oublier que, dès 1904, M. Henri
Julliot, dans sa conférence aux Ingénieurs Ci-
vils,terminait sa discussion à ce sujet par cette
phrase caractéristique « L'avenir est aux
gros ballons. »
Ceci n'implique pas, naturellement, l’aban-
don des cubes moyens tels que le Zebaudy et
le Patrie. Ces modèles sont parfaitement ap-
propriés au rôle qu'ils ont à remplir. Ils ont
amplement fait leurs preuves et la série en
sera continuée.
En mai, le République, identique au Patrie,
sera entièrement terminé. Liberté, modèle un
peu plus puissant, sera ensuite mis en chan-
tier et probablement terminé en 1908.
Comme on le voit, sans parler des divers
modèles qui pourront être proposés par d’au-
tres constructeurs, notre flotte aérienne prend
corps peu à peu et ses unités commencent à se
différencier suivant les services qui leur seront
demandés.
A. CLÉRY
L'Aéronautique française
EN ANGLETERRE
Le mouvement aéronautique
en Angieterre. — Les ingénieurs,
comme les sportsmen anglais,
vont marcher de l’avant. — Con-
férences de MM. Henri Juiliot, le
capitaine Ferber, le comte de La
Vaulx, à la Junicr Institution of
Engineers. -- Nous avons eu maintes fois
l’occasion de signaler l'importance du mouve-
ment aéronautique en Angleterre.
Avec Green, avec Glaisher, nos voisins
avaient déjà contribué largement aux progrès
de la pratique aérostatique et des applications
scientifiques du ballon; les noms de Henson,
de Pilscher, de Maxim figureront aussi avec
honneur dans l’histoire de l'aviation. Il y à
quelques années, sous l'impulsion de Rolls et
de Butler, fondateurs de l’Aéro-Club of the
United Kingdom, le sport aérien proprement
dit naquit de l’autre côté du détroit; sa po-
pularité ne pouvait que s’accroitre rapide-
ment dans ce pays qui fut la patrie de l’Idée
sportive elle-même.
Mais aujourd’hui, les sportsmen ne sont
plus seuls en Grande-Bretagne à s'intéresser
à l'aéronautique. Les récents progrès des bal-
lons dirigeables et des appareils d'aviation
ont fait entrevoir les capitales applications
dont ces engins seront susceptibles à bref dé-
lai, applications capitales surtout pour un
peuple insulaire dont les conditions d’exis-
tence économique et même de sécurité natio-
nale peuvent se trouver, avant peu, complè-
tement modifiées. Ce point de vue ne pouvait
échapper à une nation dont le sens du « pos-
sible », l'appréciation exacte du fait, l’esprit
pratique, en un mot, a fait, en konne partie,
la force et la grandeur. Aussi, à côté des
sportsmen, ce sont les techniciens anglais qui
entrent à leur tour en lice, avec la ferme vo-
lonté de ne le céder à personne dans le do-
maine de l'aéronautique utilitaire.
Cet état d'esprit se traduit à merveille
dans l’importante manifestation organisée à
Londres par la Junior Institution of Engi-
neers, puissante association de techniciens
anglais tout à fait comparable à notre Société
des Ingénieurs civils de France. La Junior
Institution of Engineers avait demandé, par
l’intermédiaire de l’Aéro-Club de France, a
trois personnalités éminentes du monde aéro-
nautique français, MM. Henri Julliot, le capi-
taine Ferber, le comte Henri de La Vaulx de
bien vouloir faire devant elle un exposé des
progrès de l'aéronautique dans ses diverses
branches et de l’avenir prochain de ses appli-
cations.
Cette triple conférence a eu lieu le 7 février,
à Londres, sous les auspices de la Junior Insti-
66 15 Février 1908
tution of Engineers, sous la présidence d’un
illustre ingénieur français, M. Canet, direc-
teur des Etablissements Schneider, ancien
président de la Société des Ingénieurs civils
de France. Ses hautes capacités universelle-
ment reconnues et peut-être aussi quelque
courtois désir d'affirmer l'entente cordiale
ont valu cette année à M. Canet l'honneur
d’être le premier président de nationalité
étrangère qu'ait élu la grande association an-
glaise d'ingénieurs.
Après le speech de bienvenue de M. Canet,
chaque délégué prit successivement la pa-
role chacun sur le sujet qui lui avait été réservé
et dans les termes reproduits ci-dessous in ex-
tenso.
*
x *
Les dirigeables militaires
(Conférence de M. Henri Julliot, faite à Lon-
dres, le T février 1908, à la Junior Institu-
tion of Engineers).
Henri Julliot
« Messieurs,
« J'ai l'honneur de prendre la parole devant
vous sur l’invitation, dont je suis très fier, que
m'en a faite votre président, l'honorable
M. Canet.
« On a bien voulu m'appeler le créateur
des premiers dirigeables militaires, et comme
il ne faut parler que de ce qu’on connaît, c’est
ce sujet que je vais traiter.
« C’est en 1896, au cours d’une convales-
cence, que j'ai conçu le rêve de faire de la
navigation aérienne pratique.
« Mon premier projet n’était qu’une œuvre
de fantaisie et d'imagination, mais les cir-
constances me permirent de le corriger et me
mirent ensuite en face des moyens de le réali-
ser ; les principaux de ces moyens ont été les
progrès de la métallurgie qui a créé les aciers
au nickel; les progrès de l’automobilisme qui
a créé des moteurs à essence de plus en plus
puissants quoique légers et de fonctionnement
certain; et, enfin, l’appui éclairé, continu et
puissant que m'ont donné MM. Paul et Pierre
Lebaudy.
« Nous avons pu, avec ces moyens, construire
deux ballons dirigeables qu’on a appelés
Lebaudy et Patrie.
« Ces deux dirigeables sont devenus tous
deux la propriété du gouvernement français;
ils ont les qualités de vitesse et de fond con-
venables pour rendre de grands services mili-
taires.
« Ces appareils sont composés principalement
des éléments suivants, visibles presque tous
sur le modèle que je mets sous vos yeux.
« Il y a d’abord, pour assurer la sustenta-
tion sans moyen mécanique, un ballon, poche
de 3.500 m’ remplie de gaz hydrogène ; ce bal-
lon a 62 m. de longueur, sa forme est fuselée,
pointue en avant pour pénétrer dans l’air avec
moins de résistance, ellipsoïdale en arrière; la
plus grande section, qui a 10 m. 90 de diamè-
tre, est en avant du milieu, ce qui est favora-
ble à ce qu’on appelle la stabilité.
« L’enveloppe du ballon est constituée de
panneaux d’étoffe à double caoutchoutage,
très résistante et très étanche, tant par elle-
même que par les moyens employés pour la
couture et le collage des panneaux; elle est
jaune pour que la lumière n’attaque pas le
caoutchouc; elle est lisse et s'emploie sans filet
qui la « matelasserait » et produirait une ré-
sistance à l'avancement. L’enveloppe peut res-
ter gonflée plusieurs mois avec un ravitaille-
ment quotidien relativement faible.
« La permanence de forme de l’enveloppe
est indispensable à l'avancement; elle est as-
surée par un ventilateur et un ballonnet au
moyen desquels on entretient une pression in-
térieure d'environ 25 millimètres d’eau.
« Le ballon est muni de quatre sortes de
plans répartis en dessous et en arrière : ce
sont des plans horizontaux fixes, et des plans
verticaux fixes, croisés avec les précédents ; ils
servent à empêcher les mouvements de tan-
gage, de roulis et de lacets; les plans du mi-
lieu s'opposent à ceux de ces mouvements qui
auraient une origine externe, et ceux de l’ar-
rière s’opposent aux mouvements d’origine in-
terne.
« Les deux autres sortes de plans sont mo-
biles; ce sont : le gouvernail vertical qui as-
sure la direction, et les gouvernails horizon-
taux ou plans déroulables qui permettent de
l’Aérophile 67
monter ou de descendre, dans une certaine
mesure, sans dépenser de lest ou de gaz.
« Les plans fixes horizontaux sont organisés
-de façon à constituer une carcasse partielle
à forte partie centrale, à parties extrêmes
plus légères et articulées ; l'enveloppe est fixée
sur cette carcasse de manière à subir des dé-
formations faibles et déterminées d’avance
dans le cas où elle deviendrait flasque par man-
‘que de tension intérieure; de la sorte ces dé-
formations ne produisent pas la déchirure de
l'enveloppe ni la rupture des suspensions de
la nacelle, comme cela aurait lieu si les sus-
pensions reliaient directement la nacelle et
l'enveloppe.
« Le moteur est à essence, d’un modèle cou-
-rant d'automobile, de 70 chx.
« Il actionne deux hélices de 2 m. 50 de dia-
mètre, métalliques, rigides, latérales et par
-conséquent sans obstacles devant ni derrière
-elles ; elles tournent en sens contraire l’une de
l’autre pour la suppression des effets secon-
daires ; elles sont très rapides 1.000 tours par
minute) pour dominer les variations oscilla-
“toires de la vitesse de l’air.
« La nacelle est courte, en forme de bateau;
“lle est suspendue à la partie importante et
fixe de la carcasse par une suspension indéfor-
mable, en câbles métalliques, dans laquelle
les efforts sont indépendants des variations de
forme de l’enveloppe; la nacelle est rattachée
plus légèrement aux parties articulées. Elle
est munie d’une quille solide qui permet les
atterrissages mouvementés par grand vent sans
que rien ne soit endommagé. Enfin la nacelle
æt toutes les parties inférieures de l’appareil
-sont métalliques et incombustibles.
« Les appareils que nous venons de décrire
ne souffrent pas des inconvénients qu’on attri-
buait autrefois aux ballons, et que, votre ho-
norable collègue M. Chatley a rappelés au
début de cette séance, probablement pour ou-
vrir la discussion à leur sujet.
« L’inertie, ou plutôt la masse et la dispo-
sition des plans fixes de nos appareils sont tel-
les que leur vitesse est en rapport avec la
puissance motrice, et toutes choses égales d’ail-
Jleurs, il suffira de poser, sur nos ballons, les
moteurs de plus en plus puissants qu’on cons-
‘“truit sous un même poids, pour augmenter
leur vitesse, sans qu’il y ait à craindre de se
heurter à une limite infranchissable.
« De même la rigidité de forme de l’enve-
Jloppe, gonflée et maintenue par une pression
intérieure suffisante, est telle que la vitesse
peut s’accroître beaucoup sans qu’il y ait à
craindre de télescopage ou de déformation;
c’est ainsi qu'avant l’accident du Patrie à Ver-
dun, ce ballon a subi l’assaut d’un vent d’une
“vitesse de 20 mètres à la seconde; quand ce
vent a pris le ballon de côté, il a arraché les
amarres et tout emporté, maïs tant que ce
“vent est arrivé sur la pointe du ballon, celui-
ci, bien maintenu, ne s’est pas déformé, la
pointe ne s’est pas enfoncée, l’enve-
loppe ne s’est pas détachée non plus de sa
carcasse inférieure; cela prouve par l’expé-
rience ce que nous savions déjà par la théo-
rie, qu'on peut imposer des vitesses de 20 mè-
tres à la seconde aux ballons dits semi-rigides,
sans qu’il soit nécessaire de les envelopper
d’une carcasse complète à armature métaili-
que. Le frottement de l’air n’est pas non plus
un obstacle aux grandes vitesses parce que
nous employons de l’étoffe lisse, et assez ré-
sistante pour ne pas avoir besoin de filet qui
la matelasserait, comme cela aurait lieu pour
de la baudruche.
« Enfin, nous pouvons, avec nos appareils,
procéder au jet des projectiles sans inconvé-
nients. Des expériences faites à Toul ont
prouvé qu'on touchait facilement le but en
laissant tomber des projectiles de forme déter-
minée; d'autre part, la construction métalli-
que de nos nacelles est capable de supporter
des tubes de jet à réaction et des armes à feu,
fixes, du genre des mitrailleuses. Il n’y a,
non plus, aucun inconvénient à délester les di-
rigeables du poids de projectiles importants ;
si, par exemple, on veut jeter un projectile
de 100 kilos d’un seul coup sans changer sen-
siblement d'altitude, il suffit de faire marcher
pendant 100 secondes le ventilateur du balon-
net, qui alourdit le ballon de 1 kilogr. par se-
conde; si, au contraire, le pilote juge ail
est indifférent, au moment du jet d’un projec-
tile, que le ballon s'élève, il n’y a aucune ma-
nœuvre à faire : les soupapes sont faites de
manière à permettre l’expulsion de gaz assez
vite pour que la pression intérieure ne monte
pas et que le ballon n'’éclate pas. Les £cci-
dents, qui servent tout de même à quelque
chose, nous en ont donné la preuve, puisque,
au départ de Verdun, le Patrie a été subitement
délesté de 750 kilos de pierres, et est monté
à plus de 2.000 mètres sans éclater, Lien qu'il
n’y ait pas de pilote à bord pour manœuvrer
les soupapes.
« Disons, pour nous résumer, que les ballons
dirigeables construits sur le modèle que rous
venons de décrire atteignent une vitesse de
11 m. 50 à 12 m. 50 par seconde (40 à 45 kilo-
mètres à l'heure), ils emportent 6 à 3 per-
sonnes, 600 à 700 kilos de lest, 300 à 400 li-
tres d'essence; ils peuvent marcher 10 à 12
heures et parcourir 400 à 500 kilom.; ils peu-
vent aller de Cuxhaven-Hambourg à Berlin et
au delà, et monter à une altitude de 3.700 à
2.000 mètres.
« Voici l'historique rapide des résultats que
nous avons obtenus :
« Les premiers essais, que nous avons con-
duits en 1902, ont été réussis tout de suite.
« En 1903 et 1904, notre pilote, M. Juch-
mès, a fait les premiers voyages géographiques
68 15 Févaier 1908
qui aient été réalisés en dirigeable, tels que
Moisson-Mantes et retour, Moisson à Paris
(Champ-de-Mars), etc.; des excursions avaient
lieu à toute heure de jour et même de nuit,
par presque tous les temps, pluie, gelée, neige,
brouillard, et Mmes et MM. Lebaudy pre-
naient place dans la nacelle.
« En 1905, notre équipage, accompagné d’of-
ficiers du génie, réalisait un grand voyage en
trois étapes de Moisson à Châlons; puis, le li-
rigeable installé dans la place forte de Toul
(la première qui en ait possédé), montrait ses
qualités militaires en opérant des reconnais-
sances, en lançant au but de pseudo-projecti-
les, en atteignant l’atltitude de 1.375 mètres;
il prenait à bord, à jours fixés d’avance, le
ministre de la Guerre, des généraux, etc.
« En 1906, le Patrie fut construit et livré à
son équipage militaire qui le conduisit, par
la voie aérienne, de Moisson à Chalais-Meu-
don.
« En 1907, une campagne d’été eut lieu pour
former de nouveaux équipages, campagne au
cours de laquelle la nacelle fut occupée par
MM. Clemenceau, président du Conseil des
ministres, le général Picquart, ministre de la
Guerre, Messimy, Cochery, Grosdidier, dépu-
tés, etc. Un voyage Meudon-Rambouillet était
fait pour montrer le dirigeable à M. le Prési-
dent de la République. Enfin, on le faisait
apparaitre et défiler, à heure fixe, à la revue
de Longchamp, le 14 juillet 1907, sous les
yeux du président de la République, de ses
hôtes étrangers, de l’armée et de la popula-
tion parisienne,
« Ensuite, au cours d'une campagne d’au-
tomne, le Patrie effectuait les voyages Meudon-
Etampes et retour, Meudon-Fontainebieau et
retour ; il exécutait des manœuvres à grande
altitude et combinées avec des trounes de
terre, au-dessus des forts de Saint-Cyr.
« En résumé, en novembre 1907, les deux
dirigeables Lebaudy et Patrie avaient effectué
123 ascensions et emmené 65 personnes diffé-
rentes; au cours de ces ascensions, il y avait
eu des incidents, mais pas d'accident grave,
et aucun accident de personne. Enfin, le
23 novembre 1907, le Patrie, conduit par 3 offi-
ciers du génie et 2 mécaniciens, effectuait le
plus beau de tous les voyages de dirigeable de
l’armée 1907 ; il se rendait de Meudon à Ver-
dun (250 kilom.) en 6 h. 45 par vent défavora-
ble de S.-S.-E.; il arrivait en bon état et
en une seule étape, au port d'attache qui lui
était réservé définitivement.
«€ Mais il est écrit que les bonheurs exces-
sifs se paient, et 8 jours après le Patrie n’exis-
tait plus: la fatalité amenait dans des con-
ditions inattendues et qui ne se reprodui-
ront plus, au cours d’une ascension qui aurait
dû être banale, d'abord un atterrissage im-
prévu puis, le lendemain soir, le départ du
ballon sans pilote!
« 24 heures après, Patrie voyageait seul au:
gré des vents qu'il avait si souvent vaincus.
touchait terre en Irlande; le lendemain soir,
il s’abimait entre l'Irlande et l'Islande, sur
la pleine mer, où il flotte peut-être encore!
La fatalité qui a occasionné ia perte du Pa--
trie ne nous a pas abattus et nous travaillons
toujours.
En mai, le dirigeable République, le frère-
du Patrie, sera terminé; et dans le courant de
1908 nous en construirons d’autres, de plus
en plus perfectionnés, de plus en plus puis-
sants.
« Maintenant, d’ailleurs, l’élan est donné,
et en particulier depuis le 14 juillet 1907, on
voit de nouveaux dirigeables surgir partout,
en Angleterre, en France, en Allemagne, en:
Italie; bientôt les armées modernes seront do-
tées d'engins aériens qui augmenteront con
sidérablement leur puissance.
« Spécialement en France, je me permettrai
de vous indiquer de très belles ascensions ef-
fectuées il y a un an déjà, en février 1907, par
notre vice-président de l’Aéro-Club de France,
M. le comte de La Vaulx, avec un dirigeable-
où l’hélice est admirablement bien placée.
« Je dois signaler aussi la campagne d’au-
tomne du ballon dirigeable Fille-de-Paris, de:
M. Deutsch, que son ingénieur, M. Kapférer, a
pu, très habilement, conduire à la frontière,
pour y remplacer le Patrie enfui.
« Tous ces ballons militaires français sont
la conséquence rationnelle des très belles ex-
périences de démonstration evécutées, dès.
1884 et 1885, par les capitaines Krebs et Re-
nard, et des prouesses sportives de 1902 et:
1903 de Santos-Dumont.
« Ces dirigeables seront prochainement sui--
vis par d’autres, tels que celui que M. Capazza
construit pour M. Clément, celui de M. Malé-
cot, etc.
« J'ajoute que le temps me manque aujour-
d'hui pour énumérer les nombreux travaux
faits dans les autres pays que la France.
« Quoi qu'il en soit, on peut dire que sur
terre et sur mer les dirigeables auront pro-
chainement un rôle considérable de reconnais-
sance et d’offensive.
« Sur terre, ils passeront par-dessus les
fronts des armées en présence, ils permettront
de suivre les mouvements des troupes et d’at--
taquer leurs éléments les plus importants, les:
services d'état-major, les pares de munitions,
les grandes gares, les réduits de forte--
sse, etc.
« Sur mer, leur action sera formidable. Sup-
posez une flotte de cuirassés accompagnée-
d’une escadrille de navires légers et rapides,
portant chacun 2 dirigeables eë les moyens
de les ravitailler. Les dirigeables accompa-
gnant, précédant la flotte, à une altitude éle-
vée, signaleront l'approche des navires enne-
mis et iront attaquer ceux-ci inopinémentz
i Aérophile 69
de dessus; enfin, iis prolongeront l’action de
leur flotte d'appui au delà du bord du conti-
nent. Imaginez une flotte retenue dans la mer
du Nord à l'entrée de la Baltique par de judi-
cieuses fortifications des détroits danois; les
dirigeables qu’elle aura amenés se joueront
de ces fortifications, les franchiront et iront
imposer la paix au delà, au besoin jusque dans
les capitales érigées à l’intérieur des terres.
« En résumé, l’action des dirigeables sera
des plus puissantes, elle sera aussi humanitaire
au premier chef, de sorte que, si paradoxal
que cela paraisse, les dirigeables de guerre
qui exposeront un personnel d'élite, mais res-
treint, humaniseront la guerre; ils obtien-
dront les résultats dont nous avons parlé sans
s’attarder aux fronts des armées auxquelles il
faut maintenant détruire 50.000 hommes avant
de pouvoir agir sur les derrières.
« Puis ces mêmes appareils qu’on nous de-
mande aujourd’hui pour des besoins militai-
res, se joueront des obstacles naturels ou ar-
tificiels accumulés à la surface du sol; ils pas-
seront, ils passent par-dessus les frontières
qu'ils rendront vaines et inutiles; et ce seront
les véritables instruments, les instruments
scientifiques et techniques de l’umion défini-
tive des peuples et de la paix universelle. »
Les progrès de l'aviation
(Conférence du capitaine Terber à Londres,
le 7 février 1908, à la Junior Institution of
Engineers.)
Capitaine Ferber.
« Messieurs,
« Le lundi 13 janvier dernier, Henri Far-
man a étonné le monde entier en démontrant
victorieusement que l’homme pouvait faire du
vol mécanique avec une machine plus lourde
que l'air, partir d’un point fixé, évoluer et
revenir à son point de départ. Il a réalisé-
ainsi le rêve que formaient tous les hommes
depuis si longtemps.
« Comment un résultat aussi merveilleux
a-t-il pu être atteint — et atteint sans calculs
transcendants et presque sans dépense ?
« C’est ce que je vais raconter. Cela tient à
des raisons morales, sportives et industrielles :
qui ont permis d'appliquer une méthode pro-
gressive peu dangereuse que Lilienthal a em-
ployée le premier et qui consiste à prendre
place dans sa machine, à l’essayer le plus près
du sol possible, à la corriger et à recommencer.
« 19 Ce résultat a été obtenu devant des
sportsmen tous au courant de la question, qui
savaient que le problème était soluble depuis
au moins deux ans et qui créaient autour de-
l’aviateur une atmosphère sympathique.
« 2° Ce résultat a été obtenu par une ma-
chine calculée et construite par M. Voisin,
qui a été mon premier élève et qui a eu l’au-
dace de fonder la première usine d’aéroplanes
du monde entier, parce qu'il savait qu'à notre
époque le problème était soluble.
« 8° Ce résultat, enfin, a pu être obtenu,
parce qu'un inventeur de génie, Levavasseur,
sachant que le problème était soluble, avait
cherché et trouvé, dès 1903, le moteur léger
appelé Antoinette, qui était nécessaire
« C’est pour ces raisons que le vol mécani-
que à été réalisé d’ahord en France, et qu’il
devait l'être, car si Farman avait échoué le
13 janvier, dix aviateurs pour un l’auraient
remplacé avec les mêmes principes et les mê-
mes méthodes
« Il n’était pas possible, en effet, de faire
seul cette grande découverte — il faut réunir
une quantité de circenstances favorables.
« Il y a bien eu, en Allemagne, un homme,
Lilienthal, qui a indiqué, dès 1891, la méthode
pour apprendre à voler. Mais on s’en est mo-
qué parce que la masse du peuple n'y a rien
compris.
« Il y a bien eu, aux Etats-Unis, des hom-
mes comme Chanute et Wright qui nous ont
guidés; mais trop isolés et mal conseillés, ils
ont tout perdu parce qu’ils ont voulu tout
garder.
« Vous avez bien eu, en Angleterre, des
hommes prescients comme Cayley, en 1809,
Henson en 1843, Sir Hiram Maxim en 1896, et
Pilcher en 1899; mais seuls, même avec de
l’argent, ils ne pouvaient réussir.
« En France, celui qui a incontestablement
rendu favorable l'opinion publique, sans la-
quelle il est impossible de travailler en paix,
70 15 Février 1908
c'est M. Archdeacon, grâce à ses discours, à
ses nombreux articles et à ses prix généreux.
Il faut constater aussi qu’il était aidé par l’es-
prit français passionné de progrès, et raison-
nant volontiers sur des anticipations tout
comme votre génial romancier, H. G. Wells.
Au sujet des impressions ressenties en aéro-
plane, on ne peut rien écrire de mieux que ce
que Wells a écrit en 1898!
« Dans cette atmosphère sympathique ont
travaillé en dernier lieu, d’abord le comte de
La Vaulx, ici présent, qui a construit un aé-
roplane sur le plan de l'ingénieur Tatin, bien
connu deuis longtemps, et qui, depuis long-
temps, était capable de faire une machine vo-
lante. (Mais hélas! nous autres aviateurs, nous
avons l'habitude de dire qu'il est beaucoup
plus facile de faire voler une machine que de
la vendre.) Quoi qu’il en soit, cet aéroplane a
quitté le sol, mais une aile s'étant repliée, il
en résulta un accident qui aurait pu être
grave et qui a obligé à remettre les expé-
riences à une date ultérieure.
« Après vint M. R. Esnault-Pelterie, qui a
produit quelque chose de très original. Il a
inventé le moteur et imaginé un moyen de
départ très pratique. Au bout de chaque aile,
il a placé une roue ; dans la ligne médiane, sous
le corps, deux roues en tandem. Au départ, il
est donc penché sur une aile, lorsque le mou-
vement s'accélère, l'équilibre s'établit sur les
roues médianes, puis quand le mouvement
croit encore, les roues médianes, elles-mêmes,
perdent le contact. Cet aéroplane n'a en-
core fait que des bonds de 100 à 150 m.: il
parait manquer un peu de force et de stabilité
longitudinale ; mais tout cela se corrigera avec
le temps.
« Enfin, nous avons M. Blériot, un voas-
sionné de la question qui n’a pas fait moins
de 7 aéroplanes : en 1900, le N° 1, à ailes bat-
tantes comme beaucoup de commençants: en
1905, le N° 2 fait par Voisin comme le type
de Farman; le N° 3, à cellules élliptiques,
muni de 2 moteurs Antoinette de 24 chx, es-
sayé sans succès sur le lac d'Enghien; le N° 4,
cassé à Bagatelle en 1906, monté par Peyret,
un des anciens soldats sous mes ordres. Enfin,
le succès vint en 1907 avec le N° 5, parce que
M. Blériot se décida à monter lui-même. (J'ai
l'habitude d'enseigner, en effet, que la concep-
tion d’une machine n’est rien, que la diffi-
culté commence avec la construction, parce
qu'il faut alors exécuter mille détails dont
chacun constitue une invention: mais cette
difficulté enfin n’est rien devant celle qui con-
siste à prendre place dans sa machine et à sa-
voir la conduire.) Le N° 5 quitte le sol: mais
il est instable. Le N° 6, construit sur le type
de Langley, est muni d’un 24 chx, puis d’un
50 chx Antoinette; il est encore instable longi-
tudinalement. Un jour, il parcourt 184 mètres,
mais retombe de 25 mètres de haut en se bri-
sant. Le N° 7 est un des plus rapides que l’on
ait vus; il marche à près de 80 kilom. à l'heure,
et est encore en expériences actuellement.
« C’est au moment du grand bruit fait en
1905 sur les frères Wright — bruit que j'ai
provoqué en divulgant la quantité de docu-
ments que je possédais sur eux — que Santos-
Dumont a compris que le moment était venu
de passer à l'aviation. Un instant, il a voulu,
comme tant d’autres, s’essayer au décevant
hélicoptère; mais il n’a pas tardé à en com-
prendre l’inextricable difficulté.
« C’est avec son aéroplane N° 1 qu’il a le
premier fait comprendre au monde stupéfait
que l’on pouvait quitter le sol par des moyens
mécaniques, et le 12 novembre 1906, il à par-
couru 220 mètres. Maïs il avait fait une faute
de construction : il avait mis ses gouvernails
trop loin en avant, sans les contrebalancer par
une queue, et ce n’est que grâce à son excessive
adresse qu'il a pu faire 220 mètres. Il n’a plus
pu les refaire, et même en février 1907, un ac-
cident détruisit cet aéroplane. à
« Depuis, M. Santos-Dumont changea d’ob-
Jectif et chercha à perfectionner les hydro-
planes. 11 perdit ainsi un temps précieux, et
lorsqu'il voulut, au mois de novembre 1907,
rattraper Farman avec un appareil plus ra-.
tionnel, cette fois, il ne put regagner l’avance
prise par son émule.
« Prenons maintenant l’aéroplane Farman
et essayons de comprendre la suite Ge ses ex-
périences. Pendant le mois de septembre 1907,
il étudie le moteur et apprend à s'en servir.
Chaque jour, il travaille avec une ténacité et
un soin admirables. Le 30 septembre, il s’en-
vole pour la première fois, faisant un bond
de 80 mètres, et c’est seulement le 26 octo-
bre qu’il parvient à voler en droite ligne. Ce
jour-là, il fait 770 m. Il avait trouvé, le jour
précédent, que la machine avait tendance à se
cabrer; de cette manière, elle perdait sa ra-
pidité et tombait. Pour l’empêcher de se ca-
brer, il n'y avait qu'à diriger le gouvernail
vers la terre, et c’est ce qu’il apprit le 25 oc-
tobre. Enfin, il avait encore à apprendre à
tourner, et c’est ce qu’il fit le 10 janvier der-
nier, après avoir rendu sa machine moins
lourde et moins résistante en enlevant du
poids et une partie de la cellule arrière. Le 10,
il apprit à faire le cercle, comme un oiseau.
« Le 13 janvier, simplement et facilement,
il gagnait le grand prix de 50.000 francs.
« Après avoir rendu justice au conducteur,
parlons un peu du constructeur, Voisin. A
l’issue d’une conférence de vulgarisation que
j'ai faite à Lyon, en 1904, tout à coup, un
jeune homme à l’œil vif et intelligent sautait
sur l’estrade et me disait : « J'ai compris la
méthode que vous enseignez et je veux m'y con-
sacrer. » Le jour suivant, il partait pour Pa-
ris et bientôt il était agréé par M. Archdea-
con en qualité d’aviateur. Il est donc le pre-
Pour l’Aéroplane
Pour le Dirigeable
Pour l'Hydroplane |
Le MOTEUR EXTRA-LÉGER |
Le plus Léger
Le plus Régulier
Le plus Robuste
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imier homme qui gagna sa vie comme « aéroi-
-Seau ».
Un mois après, MM. Archdeacon et Gabrie!
Voisin étaient à Berck-sur-Mer avec un appa-
reil. Appelé par télégramme, j'arrive et je
montre à Voisin ce que j'avais appris depuis
.3 ans, en conduisant des appreils type Cha-
nute et Wright. Nous fimes ainsi des glissades
aériennes d’une vingtaine de mètres de lon-
gueur.
« Il construisit ensuite un grand aéroplane
sur le modèle du cerf-volant Hargrave, muni
à l’avant de gouvernails de profondeur, dont
je lui avais montré l’avantage, et que j'avais
moi-même trouvés chez Wright. C’est ce type
-d’aéroplane que Voisin a toujours reproduit
à travers toutes les difficultés. Il l’essaya
d’abord comme un cerf-volant, remorqué au-
dessus de la Seine par le racer Antoinette en
1905. I] l’essaya ensuite pour M. Blériot, dans
ies mêmes conditions, mais ce jour-là, l’ap-
pareil se retourna et Voisin resta pendant
20 secondes sous l’eau, nous avons tous craint
pour sa vie à ce moment-là. Quelque temps
après, M. Voisin fonde avec M. Blériot la pre-
mière usine d’aéroplanes, dont il devient, en
1907, seul propriétaire. Il attendait avec impa-
tience le client qui aurait confiance et qui, en-
fin, ne lui imposerait pas ses idées. Celui-ci
fut M. Delagrange. Le résultat se fit bientôt
sentir, et en mars, cet aéroplane parcourut
60 mètres. Nul doute que si M. Delagrange
n'avait pris la chose en mains lui-même, :ïl
n’eut enlevé le grand prix le premier.
« Le second acheteur qui a eu confiance est
M. Farman, et vous savez le reste,
« Vous voyez que Voisin a adopté dès
le commencement les idées et les méthodes que
je proposais. D’où venaient ces idées? J'avais
remarqué les expériences de TJalienthal et
contrairement à la majorité des gens qui n’y
voyait que des expériences de parachute, je
compris que c’étaient de réelles expériences de
vol et que cet homme avait trouvé une mé-
thode pour apprendre à voler.
« Cette méthode, qui consiste à diriger son
appareil le plus près de terre possible, devait
conduire au succès, parce que, réduisant le
danger au minimum, elle permettait de recom-
mencer indéfiniment.
« Je pensais alors qu’il était de mon devoir
de répéter ces expériences et de les vulgariser,
afin que cette grande invention apparaisse
d’abord dans mon pays et lui profite. Je suis
heureux que cela soit arrivé comme je le pen-
sais.
« Vous avez eu aussi, en Angleterre, quel-
qu’un qui a compris la question de la même
manière et serait arrivé également au résultat,
mais malheureusement, il est mort dans une
«expérience en 1899. C'était Pilscher, et il est
bon de lui rendre justice.
« En Amérique, un autre homme a çom-
pris la question de la même manière. C’est
Octave Chanute, et il faut aussi lui rendre
justice, parce que, complètement désintéressé,
il a communiqué ce qu’il savait à tous ceux
qui désiraient travailler. Il a formé 2 élèves
remarquables, les Wright, dont les travaux,
publiés en 1902 et 1903, nous ont permis de
faire de grands progrès nous-mêmes. Vous
avez vu qu'ils ont imaginé le gouvernail de
profondeur, dont j’ai montré l’emploi à Voi-
sin. Il faut les plaindre de n’avoir pas com-
pris qu’il ne pouvait y avoir de secret dans
une machine volante, et que le tour de main
nécessaire pour la conduire ne vaut pas 1 mil-
lion. Cependant, nous pouvons peut-être les
excuser, parce que, aveuglés par un légitime
orgueil, ils ont cru avoir sur les autres, comme
ils me l’ont souvent écrit, 10 ans d'avance.
Quoi qu'il en soit, j'ai répété ces expériences,
perfectionné les formes et démontré par plus
de 260 glissades que l’atterissage, contraire-
ment à ce que l’on pensait, n'avait aucune
difficulté.
«© J'ai fait une théorie mathématique très
complète de l’aéroplane en me servant d’une
méthode indiquée par le professeur Bryan, de
PUniversité de Bangor. Cependant, les for-
mules indispensables pour établir un projet
d’aéroplane, peuvent se réduire à 5
«La première est donnée par la condition
de sustentation : K S V'sin y = P.
S étant la surface en mètres, P le poids en
kilogrammes, V la vitesse en mètres-secondes,
y l’angle d'attaque et K le coefficient de la
résistance de l’air. Dans la pratique, nous fai-
sons entrer sin dans K et nous écrivons sim-
plement
(1) KSV:—P
Pour le moment, K a la valeur 0,06, cer-
tains vont jusqu’à 0,07, et le coefficient s’amé-
liorera encore.
« J'ai déjà souvent fait remarquer que ce
coefficient est presque 10 fois plus favorable
que ce que tous les savants pensaient, et c’est
pour cela qu’il fallait adopter la solution de
l’aéroplane.
La deuxième formule est la condition de
traction :
@ F LE
F étant l'effort en kilos nécessaire pour faire
voler un aéroplane, le coefficient m peut va-
rier de 3 à 5; il augmentera encore, mais ac-
tuellement, si on le prend égal à 3, on peut
avoir la certitude d'enlever l’aéroplane. Il ré-
sulte de là que le travail moyen théorique en
kilogrammètres nécessaire pour un aéroplane
_
]
est sa et en comptant sur 1 pour le rende-
Le +
72 15 Février 1908
ment du propulseur, le travail nécessaire peut
EV
2
être pris égal à
« Les 3° et 4° formules sont celles qui, pour
une hélice de diamètre en mètres d, ayant À
pour rapport du pas au diamètre et tournant
à n tours par seconde, donnerait la traction K
en kilogrammes et le travail absorbé T en kilo-
grammètres
(3) Pr Arme dr
— (6 h° L G'\ n° di
(4) T=(Bhèr +6) nd
4, &, &',sont des coefficients qui, dans certai-
nes hélices que j'ai expérimentées, ont pour
valeur : 0,033, 0,027, 0,068.
« Enfin, la dernière équation est la défini-
tion du recul relatif » qui figure dans ces for-
mules
u rhadi—N
D Dr
) nhA«
« Si l’on se donne le poids total P, cela li-
mite le moteur dont T est connu, la vitesse V
ne peut dépasser un certain maximum, la sur-
face S s’en déduit par (1), puis la traction
par (2); enfin, si l’hélice est en prise directe
n étant donné, les trois dernières équations
donnent les 3 dernières inconnues » À d, et le
problème est déterminé.
« En terminant, il faut remarquer que la
solution cellulaire du plus lourd que l'air qui,
en ce moment-ci donne des résultats et qui à
été introduite en France par mon influence
n'est pas une bonne solution parce qu’elle est
très résistante; ce n’est pas la solution fran-
çaise. La solution française est celle indiquée
par Pénaud en 1871, et qu’il a réalisée en pe-
tit avec un modèle à ressort de caoutchouc. Ce
modèle ressemble beaucoup à un oiseau, pos-
sède une longue queue stabilisatrice et des
gouvernails à l'arrière. Nous allons tous nous
rallier à cette solution théoriquement meil-
leure. Cependant, je crois que je n’ai pas fait
une faute de préconiser un type qui marchait
déjà bien ailleurs, parce qu’il faut toujours
prendre les choses qui existent déjà, pour Îles
perfectionner après.
CAPITAINE FERBER
H
L'avenir de l’Aéronautique
(Conférence du comte Henry de La Vaulx,
faite à Londres, le 7 février 1908, à la Junior
Institution of Engineers.)
« Messieurs,
« Vous venez d'entendre les savantes com-
munications de mes distingués collègues de
PAéro-Club de France, M. Julliot et M. le ca-
pitaine Ferber, sur les ballons dirigeables et
sur les appareils d'aviation; ils ont étudié de-
vant vous la technique de l’aéronautique et:
vous ont détaillé les merveilleux résultats ob-
tenus en France à ce jour par nos aéronautes.
et nos aviateurs.
« Devant ces résultats indéniables, il est in
Comte Henry de La Vaulx
téressant de se demander dès maintenant quel
est l'avenir de cette science nouvelle et à quoi
pourront servir pratiquement les engins auto-
mobiles de locomotion aérienne.
« Ayant eu l’occasion d’expérimenter per--
sonnellement les divers genres d'appareils, soit
plus légers, soit plus lourds que l'air, je vais
essayer de vous exposer le plus clairement pos-
sible les utilisations futures que je prévois-
pour cette nouvelle branche industrielle.
« Aux côtés du ballon sphérique, si simple et
si enchanteur, merveilleux instrument d’in-
vestigation de la haute atmosphère, pour la:
météorologie, l’astronomie et la physiologie, le
ballon dirigeable et l’appareil d'aviation vien-
dront chacun de leur côté apporter une con-
tribution très efficace à l’évolution mondiale.
« Occupons-nous en première ligne du bal-
lon dirigeable ou aéronat. Ces appareils de lo--
comotion aérienne qui, je pense, atteindront
bientôt des dimensions de plus en plus gran-
des, auront tout d’abord une importance ca-
pitale au point de vue militaire, et je ne crois
pas trop m’avancer en déclarant que d’ici cinq
années tout au plus, toutes les grandes na-
tions posséderont des escadrilles de dirigea-
bles.
« Ces vaisseaux aériens assumeront, à mon
avis, un rôle purement défensif, ils permet-
l’Aérophile 73
tront aux observateurs placés dans la nacelle
de relever d’une façon exacte la topographie
des terrains parcourus et d’avoir les rensei-
gnements les plus minutieux sur les mouve-
ments des armées ainsi que sur l'emplacement,
la puissance et le nombre des ouvrages d’ar-
tillerie.
« Ils rendront aussi de grands services à la
marine. En effet, une des particularités du
ballon planant au-dessus de la mer, est la pos-
sibilité donnée au pilote de découvrir les ob-
jets naviguant entre deux eaux : grâce à cette
qualité, l’aéronat peut donc être cnsidéré
comme l'œil d’une escadre et comme un œil
vigilant dénonçant l'approche des sous-marins,
et permettant d'éviter le contact fatal des tor-
pilles dormantes.
« Contrairement à ce que l’on a déjà dit,
et même écrit dans des ouvrages techniques,
je ne vois pas très bien le ballon assumant un
rôle offensif, en emportant un grand nombre
de projectiles. On a prétendu, en effet, que
les projectiles, lancés du haut d’un ballon,
n'ayant pas besoin d’être projetés par une
bouche à feu, seraient d’un poids très réduit.
et on a même donné, pour une bombe d’aéro-
nat, le poids maximum de 10 kilos, représen-
tant de l’explosif pur entouré d’une mince
enveloppe métallique.
« S'appuyant sur cette théorie, on a pu aus-
sitôt imaginer des aéronats transportant cent
à deux cents bombes et semant le carnage et
la dévastation sur leur passage. Pour obtenir
ces résultats, on n’a oublié qu'un seul point,
c’est de s'assurer de l'efficacité de tels engins.
Or, et je crois en cela refléter l’opinion de
notre président, M. Canet, auquel ces ques-
tions sont particulièrement familières, de tels
engins n'auraient aucune action dévastatrice.
En effet, la puissance d’un projectile provient
principalement de l'épaisseur et de la résis-
tance de la carapace métallique qui entoure
l’explosif, carapace qui, sous l'effort de la dé-
flagration de la poudre, se brise en des cen-
taines de morceaux qui sont projetés d'autant
plus loin que l’explosif est plus violent ; il se-
rait donc nécessaire que les projectiles empor-
tés à bord d’un ballon pesassent deux à trois
cents kilos, si l’on voulait obtenir une effica-
cité réelle, mais alors, dans un aéronat de cinq
à six mille mètres cubes, on pourrait en em-
porter quatre ou cinq au maximum. Ce serait
dès lors un poids immense sacrifié pour obte-
nir un résultat bien insignifiant.
« Outre les applications militaires, je pense
que le ballon dirigeable aura aussi quelques
applications dans le grand sport, et des sports-
men fortunés, les mêmes qui actuellement
peuvent se payer le luxe d’un grand yacht,
s’offriront le luxe d’un dirigeable.
« Enfin, dans certains voyages d’explora-
tion, il se produira des circonstances où l’ap-
parition de l'aéronat rendra de grands ser-
vices pour franchir rapidement des contrées:
difficiles à traverser par les moyens de locomo—
tion terrestre, comme par exemple des ter-
rains déserts sans eau et sans facilités de ra-
vitaillement.
« Ce serait là, à mon avis, les seules utili-—
sations du dirigeable qui, à moins de décou-
vertes scientifiques que nous ne pouvons pré--
voir actuellement (tellés que la création d’un
gaz possédant une force ascensionnelle fantas--
tique), ne deviendra jamais un engin commer—
cial de transport ni un appareil de locomotion
à la portée de tous. Les frais élevés (3 à.
500.000 fr.) et les installations encombrantes
que nécessiteront les aéronats, limiteront for—
cément leur emploi et seuls, les gouvernements
et les très riches sportsmen, pourront en ac-
quérir.
Tandis que le but pratique de l’aéronat est
dès maintenant défini, et que l’on connaît par-
faitement les services qu’il pourra rendre, non
pas dans dix ans, mais immédiatement, le but
pratique de l'appareil d'aviation est un peu
plus vague et plus lointain.
« Les progrès accomplis depuis un an dans
cette branche de la locomotion aérienne sont
prodigieux, et l’on doit s'attendre à les voir
se surpasser assez rapidement. A l'encontre des
ballons dirigeables, qui demandent la mise en:
œuvre de véritables fortunes, les appareils
d'aviation nécessitent des dépenses très mini-
mes; dès lors, un grand nombre d’ingénicurs,
de petits capitalistes et de sportsmen arrêtés
par les frais énormes de construction d’un di-
rigeable, peuvent se lancer dans l'étude de
l’aviation. En effet, tandis que tous les diri-
geables construits depuis de longues années
parviennent à peine au nombre de vingt, les
appareils d'aviation construits depuis deux
ans dépassent le chiffre de cinquante.
« De cette multitude de travaux, conver-
geant tous vers un même hut, la locomotion
aérienne par le plus lourd que l’air doivent
sortir nécessairement des idées fécondes pour:
la cause de l'aviation, et l’émulation sportive:
aidant, l’on peut dire dès maintenant que
J’aviation qui, il y a un an, n’existait pas pour
airsi dire, est devenue aujourd’hui un véri--
table sport et l’un des plus passionnants.
« Des sportsmen, chaque jour plus nombreux,
s’exercent sur des terrains spécialement choï-
sis, à exécuter les vols les plus longs et les
virages les plus hardis.
« C’est donc un premier point acquis:
l'aviation a, dès maintenant, une utilité pra-
tique, car c’est un sport où toutes les facultés
physiques et intellectuelles de l’homme peu-
veat se développer librement.
« Que deviendra l'aviation par la suite?
Nous entrons là dans l'hypothèse: je pense
que pendant longtemps encore, l'aviation se
maintiendra dans le domaine du sport pur et-
simple, sans parvenir à aucune utilité militaire
74 15 Février 1 908
ni commerciale, mais, dans ce simple domaine
sportif, l'aviation aura des progrès immenses
à réaliser, progrès qu'elle réalisera, j'en suis
persuadé, et je ne serais nullement étonné
d'apprendre que d'ici cinq ans, des aéroplanes
ont franchi, au-dessus d'immenses plaines, des
distances de deux cents kilomètres à une tren-
taine de mètres au-dessus du sol.
« Voici done, Messieurs, ce que dès mainte-
nant je prévois pour l'avenir de la locomotion
aérienne par les plus légers et par les plus
lourds que l’air. Puissé-je m'être trompé, et
être resté bien en-dessous de la réalité: ce se-
rait, je crois, le vœu le plus cher de toutes les
personnes présentes ici ce Soir.
Hexry 5e La Vaurx
Fa
x
Ainsi que nous l'avons dit, la séance fut ou-
verte par M. Canet, président de la Junior
Institution of Engineers, au Witehall, dans
la salle de The Royal United Service Institu-
tion, devant un public nombreux composé en
majeure partie d'ingénieurs et de membres de
l’Aero Club of the United Kingdom. M. Ca-
net présenta en fort bons termes, les trois
conférenciers français à leur auditoire qui
leur fit un chaleureux accueil, après que
M. Herbert Chatley eut amorcé la discussion
en posant la question de la locomotion aérienne
sous ses diverses formes.
Après les conférenciers prirent encore part
à la discussion, MM. le major Baden-Powell,
Hon. C. S. Rolls, Parsons, le docteur Hele-
Shaw, le professeur Huntington.
Un grand banquet fut offert en l'honneur
des délégués français par la Junior Institution
of Engineers, le samedi soir, 8 février, au
Cecil Hôtel.
Enfin, le dimanche 9 février, eut liéu une
ascension organisée par l’Aero Club of the
United Kingdom.Le ballon Walkyrie (1.600 m°)
monté par MM. Henri Julliot, le comte de La
Vaulx, Hon. C. S. Rolls, pilote, Frank Hedges
Butler et lady Harhbord, élevé à 11 h. 50 du
matin de l’usine à gaz de Battersea, repris
terre à Penbury, près Paddock Wood (comté
de Kent), après avoir traversé Londres et
atteint l’altitude de 1.800 mètres.
LE POUR ET LE CONTRE
PSS PSS
Dans l'intérêt de l'Aviation, ou ia ma-
‘chine volante pratique. — Ouf !! l'air est donc
conquis. le kilomètre est bouclé de haute main.
Après l'enthousiasme exubérant des premiers
moments, et lorsque le sérieux reprend son
droil, on se demande lequel on doit admirer de
ces trois noms qui ont contribué à cette
magnifique prouesse ! Eh bien, à mon avis, ces
‘trois noms doivent rester liés ct être gravés au
livre d’or de l'aviation : et n'en déplaise à cer-
tains, je les souhaiterais écrits dans l'ordre sui-
vant : « Anloinette, Frères Voisin, Farman. »
Quelle déduction allons-nous tirer du résultat
‘obtenu? Est-ce bien là la machine de l'avenir !
Aujourd'hui le problème se présente mieux par
la consécration de l'emploi des plans; mais
pratiquement, nous ne pouvons songer à faire
étäblir dans chaque pays, un terrain dénué, ja-
vorable aux lancements et atterrissages. Et en
cas de la fâcheuse panne ‘omment repartir ?
On pourrait faire les ailes repliables, et par le
fait, donner suile à l'idée émise par un avia-
teur pratiquant alher l'aéroplane au tri-car ;
mais cetle solulion ne résout pas la question
départ et allerrissage. J'atfirme donc que le ré-
sultat obtenu n'est que le prélude de la ma-
chine future.
Quelle sera
donc cette machine ?
Ce sera l'aéroplane réuni à son frère cadet
l'hélicoplère ou à tout autre système élévalaire.
L'idée n'est pas neuve‘: l'Hélcoplère Dufaux
machine s'élèverait
endroit quelconque,
2
partait de ce principe. La
donc verticalement, d’un
cour, terrasse, pont d'un navire. etc., et dès
qu'elle ait à hauteur voulue pour éviter les
obstac avoisinants, alors seulement les plans
entreraient en fonction, et du même coup l'an-
pareil élévatoire se transformerait en propul-
seur. L’atterrissage se ferait en n'importe quel
endroit et en descente verticale, en inversant à
nouveau le rôle de propulseur.
A qui la main?
N. B. Il serait à souhailer que
qualifiées pour la réglementation des ‘prix
d'aviation à l'avenir, à seule fin d'encourager
l'idée précitée, handicapent les machines con-
currentes d'un cerlain nombre de points. et en
raison inverse de la longueur du parcours ter-
reslre nécessaire au lancement, ou, pour me ré-
sumer clairement, accordent le maximum à la
machine élévaloire, avec une progression dé-
croissante suivant le terrain parcouru au départ
par les aéroplanes du lype actuel.
les personnes
LUCIEN BOUDIN
RIRES SLR
he Tour du Monde Aérien
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Le Japon et l’aérostation militaire. — On
sait que l'aéroslation militaire, jusqu'à la guerre
russo-japonaise, était assez rudimentairement or-
ganisée dans l’armée du mikado. Pendant le
siège de Port-Arthur, les deux adversaires firent
cependant un fréquent et ulile usage des obser-
valions stralégiques exécutées en ballon. Les
Japonais auront bientôt, c’est probable, un
corps spécial d'aérostiers analogue à celui des
autres grandes armées. Une mission japonaise
a été envoyée en Europe pour en éludier l'orga-
nisalion et le matériel et se familiariser avec
la pratique des ascensions. Elle est actuellement
en Allemagne où elle a déjà acheté deux ballons,
destinés beaucoup plus probablement à des ap-
plications militaires qu'à un usage sportif.
I n'v a pas de raison, toutefois, pour que le
sport aérien ne se développe pas au Japon et
que l'Empire du Soleil Levant ne soit avant peu
représenté à la F. A. LT, comme en a couru le
bruit prématuré.
Un Aéro-Club à Canton (Ohio), — Un Aéro-
Club vient de se créer à Canton (Ohio). Parmi
les membres d'honneur : MM. Frank S. Lahm,
le lieutenant Frank P: Tahm, Walter Wellman,
Robert Skinners, consul des Elals-Unis, à Mar-
seille, etc.
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PARTIE OFFICIELLE
Convocations
Conseil d'administration, jeudi, 5 mars à 5 h.
(exceptionnellement).
Comité, jeudi 5 mars, à 5 h.
Rornmision scientifique, lundi 24 février, à
Sins
Commission sportive, sur convocation du Bu-
seau.
Commission d'aviation, sur convocation du Bu-
reau.
Commission technique, sur convocation du Bu-
Teau.
Diner mensuel, jeudi 5 mars à 7 h. 1/2, en
THôtel de l'Automobile-Club, 6, place de la Con-
corde. Prix du couvert: 8 francs, tout compris.
Pour les diners, réservés aux seuls membres
de lAéro-Club, les inscriptions reçues la veille
au plus tard, accompagnées du prix du couvert,
permettent seules de retenir les places.
Assemblée Générale Annuelle
Par décision du Comité de Direction, en date
‘du 6 février, l'Assemblée générale annuelle aura
Lieu le jeudi 9 avril 190$, à 9 h. 1/2 du soir. à
l'issue du diner, dans les salons de l’Automobile-
Club de France, 6, place de la Concorde.
COMITÉ DE DIRECTION DU 9 JANVIER 1908.
La séance est ouverte, sous la présidence du
comte H. de La Vaulx .
Présents : MM. Georges Besancon. le comie
de Castillon, de Saint-Victor, Victor Tatin, Gus-
tave Eïffel, René Gasnier, Georges Dubois, A. Ni-
colleau, M. Mallet, le capitaine Ferber, P. Per-
rier, Georges Blanchet, le comte d'Oultremont,
A. Santos-Dumont, Deutsch de la Meurthe.
Correspondance. — I1 est donné lecture d’une
lettre de la Caisse des Victimes du Devoir, remer-
ciant l'Aéro-Club du versement fait à l’occasion
du Grand-Prix du 29 septembre 1907, aux Tui-
leries.
Il est donné lecture d'une lettre de la Fédéra-
tion Aéronautique allemande qui rappelle que
les engagements pour la Coupe Gordon-Bennett
1908, doivent être envoyés avant le 1° février.
Affiliation. — L'Aéro-Club de France accepte
pour J’année 1908, l’affiliation de la Société
Française de Navigation Aérienne.
L’affiliation de l’Aéronautique-Club de France
est renouvelée pour l’année 1908.
Ballotiage. — Le Comité procède à l’admis-
sion de MM. : Lucien Saunion, parrains : MM. A.
Leblanc et Mallet ; le baron Lafaurie (A. C. F.):
le baron Roulleau-Dugage (A. C. F.); François
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
Siège social : 84, Faubourg Saint-Honoré Paris (VIII°)
Télégramme : AÉRO-CLUB-PARIS. — Téléph. 276-20
Corallo, parrains : MM. Besancon et Nicolleau :
Joseph Rabelle, parrains : MM. Carton et le mar-
quis de Kergariou; Louis Capazza, parrains :
MM. Clément et Armengaud jeune ; André Four-
nier, parrains : MM. Archdeacon et L. Blériot.
Brevet de pilote. — Après examen du dossier,
le brevet de pilote aéronaute est accordé à
M. Albert Triaca, présenté par MM. Ernest Bar-
botte et Maurice Mallet.
Trésorier. — Le Comité approuve le projet de
budget présenté par M. le comte de Castillon
de Saint-Victor, lrésorier, pour 1908. Ce projet
porte : « Suppression des ascensions à prix r'é-
duits pour 1908, vu le petit nombre de demandes
en 1907 ».
Le comte de La Vaulx donne au Comité un
aperçu des démarches faites par le Conseil d'Ad-
ministration pour le changement de siège social
au 15 avril 1908. M. Deutsch de la Meurthe si-
gnale un nouvel appartement qui pourrait inté-
resser d'Aéro-Club. Le Comité remercie vivement
M. Deutsch de la Meurthe et décide d'examiner
ce nouveau local en même temps que ceux si-
gnalés d'autre part.
Prit aéronautiques. — M. Jacques Balsan
ayant versé une somme de 100 francs pour ré-
compenser le meilleur projet de nacelle insuh-
mersible, MM. le comte de Castillon de Saint-
Victor, François Peyrey et Georges Besancon,
sont chargés d'examiner les envois et de décer-
ner le prix.
— M. Armengaud jeune, annonce qu'il fonde
un prix de 10.000 francs, pour remettre au pre-
mier aviateur qui, en 190$, aura fait un séjour
d'un quart d'heure dans l'espace. Le Jury se
compose du donateur, M. Armengaud jeune, de
quatre membres de la Société Française de Navi-
sation Aérienne, et de quatre membres de l'Aéro-
Club de France.
Are
PARTIE NON OFFICIELLE
COMITÉ DE DIRECTION DU 6 FÉVRIER 1908
Le Comité de l'Aéro-Club de France a renou-
velé pour 1908 l’affiliation de l'Aéro-Club du Sud-
Ouest, l’Aéro-Club du Nord, l’Aéro-Club de Nice
et de Provence, le Club aéronautique de l'Auke,
l'Académie aéronautique de France. }
Il a accepté l'affiliation, pour 1908, de l’Aéro-
Club du Rhône e tdu Sud-Est. du
Le brevet de pilote-aéronaule a été accordé à
M. Louis Capazza.
Après ballottage, ont été nommés membres de
l'Aéro-Club : MM. Austin Hurson, Lucien Ca-
pron, Charles Houry, Gabriel Hauvette, Jacques
Labouchère, André Maggiar, Rodolphe Soreau,
Edmond Coursier, W. Clarke, comte Robert de
Voguë, Emile Bruneau de Laborie, Gabriel
Voisin, Charles Voisin, Edmond Blau, Tampier,
vicomte Roger de Spoelberch, Marcel Origet,
Jules Perrigot, Fernand Lioré, Pierre Jourdain,
Alfred Goldschmidt.
76 15 Février 1908
L'assemblée générale stalutaire à été fixée au
jeudi 9 avril 190$ et MM. Paul Rousseau, André
Delattre, Georges Le Brun, o»1,, élé nommés com-
missaires des comples.
L'Aéro-Club de France a voté une médaille de
vermeil à M. Henry Kaplérer, pilote du ballon
dirigeable Ville-de-Paris, et une médaille de
bronze au mécanicien Paulhan.
Les prochains concours de ballons ont élé
fixés au samedi 16 mai et jeudi 11 juin 1908.
PR DCR R RTS)
DINER MENSUEL DU 6 FEVRIER 1908
Le diner de l’Aéro-Club de France, dans les
salons de l’Automobile-Club, était présidé par
le comte de Castillun de Saint-Victor, ayant à
ses côlés : MM. Santlos-Dumont, Alfred :.eblanc,
Henry Kapférer, Docteur Chanteaud, ‘Léo Cal-
lenberg, Ernest Zens, Echalié, Paul Bordé, Bos-
suel, René Loysel, Louis Blériot, Saunion, Vic-
tor Tatin, Paul Tissandier, René Gasnier, Ed-
gard Mix, Léon Delagrange, G. Tranchant, Le
Secq des Tournelles, André Pupier. A. Omer-
Decugis, Ernest Archdeacon, Maurice Mallet,
Armengaud jeune, Georges et André Le Brun,
Jean de Villethiou, Pierron, etc.
LRRPPPPEIP PS EEEIIE
LES ASCENSIONS AU PARC DE L'AÉRO-CLUB
11 janvier. — Minuit, Le Condor (1450 m°.):
MM. Jacques Faure, Marcel Kaplérer, Alfred
Brel, de Levalley, Blocq. Att. le 11 janvier à 2 h.
de l'après-midi à Hanvec (Finistère) arrondis-
sement de Brest. Durée : 13 h. Distance : 60S
kilomètres environ.
Les aéronautes ont eu à souffrir d'un froid
très vif qui avait gelé le lest. Depuis Granville,
jusqu'à l'atterrissage, ils eurent une vue splen-
dide sur la mer.
17 janvier. — Minuit. Le Condor (1450 m ”);
MM. Emile Dubonnet, Defougy. Miss Johnson,
Mme Fauquet. Att. le 18 janvier, à 9 h. 80 du
matin, à Jalons (Marne). Durée : 9 h. 30. Dis-
tance : 154 kilom.
Doxs POUR LA BIPLIOTHÈQUE, LE MUSÉE ET LES
ARCHIVES.
Descrizione della Aerobala o macchina aeroba-
lie costrutla dal signor Francesco Orlandi di Bo-
logna con alcuni cenni slorici intorno la sferis-
terio eretlo in Macerata (Macerata 1829) 1 vol.
reliure d'amateur, don de Sir David Salomons.
Navigation aérienne par Rodolphe Soreau, ti-
rage à bart du Bulletin des Ingénieurs civils,
août 1897,, octobre 1902, ? brochures, don de
l’auteur.
Les progrès de l'Avialion par le vol plané (Les
Calculs), 1 vol. par le capilaine Ferber, don de
l’auteur.
A L'AÉRO-CLUB DU SUD-OUEST
Nouveaux membres. — Sociélaires: MAT. le
lieutenant de vaisseau Abbadie, commandant du
port de Bordeaux (A. C. B.); Armand Bocqué
(MM. Pépin et de Lirac) ; Daniel Lawton (le che-
valier de Wawack et M. de Montbel).
Correspondants : MM. Paul Choquart, Paris
(MM. C. F. Baudry et Wigand) ; Marius Gasquet,
à Castres-sur-Agout (MM. Pépin et de Lirac);
Maurice Bocqué, Paris (MM. Pépin et de Lirac).
La coupe des Pyrénées (attribu-
tion définitive). — Le 22 janvier à 6 h. du
matin, s'est terminé le délai de deux ans, prévu
au réglement, pour l'atlribution définitive de-
la « Coupe des Pyrénées », délai qui a commen-
cé à courir à partir de la splendide performance
du regretté Jésus-Fernandez Duro (Pau-Guadiz,.
70% kilom. 22-23 janvier 1906. V. Aérophile jan-
vier 1906).
Le superbe objet d'art, dont M. Henry Deutsch.
de la Meurthe avait généreusement doté cette
cpreuve est donc la propriété des héritiers de-
uro.
Ne connaissant pas ces héritiers, l'Aéro-Club
du Sud-Ouest à pensé que FAéro-Club de España
était qualifié pour faire la remise de cet objet
d'art et a écrit dans ce sens à ce Club, ainsi qu'à
l'Aulomobile-Club Béarnais chargé de la garde
de cel objet d'art.
Bibliosraphie
La Technique du Ballon, par le lieutenant--
colonel G. Espitallier, du génie territorial, 1 vol.
in-1S jésus carlonné toile, le 480 pages avec
108 figures, prix 5 francs. Encyclopédie scienti-
fique, O. Doin, éditeur, Paris.
La construction des aércstats, la conduite:
d'une ascension, soulèvent des problèmes d’un
ordre scientifique délicat, qui se rattachent à la
fois, à la physique, à la chiniie, à la mécanique,
à la résistance des matériaux, etc., où l’obser-
vation et l'expérience/ne sont que les étais d’une
théorie rigoureuse. C'est ainsi que le calcul des
pressions apparentes qui s’exercent sur l'enve-
loppe permet seul de déterminer la limite de ten-
sion que J'on doit exiger des étoffes à ballons ;
que la loi d'écoulement des gaz et les conditions
spéciales où se trouve placé un aéroslat au cours
d'une ascension, pour combattre les causes d'ins-
tabilité, et au moment de l'atterrissage, pour se
soustraire aux effets du traînage, nécessitent une
détermination précise des orifices des soupapes
et d'appendices. La fabrication industrielle du
gaz de gonflement par excellence -- l'hydrogène
— est également une des questions primordiales
qui se posent devant le constructeur et le pilote.
Il existe, en un mot, une technique du ballon
qui intéresse au même titre, quoique à des points
de vue différents, tous eux qui s'occupent d’aé-
ronautique.
Les données de cette science spéciale se trou-
vent sans_doute dispersées dans un grand nom-
bre d'études et de mémoires ; mais très rares
sont les ouvrages qui se proposent de les réunir
en corps de doctrines. Les bases de cetle science,
beaucoup plus achevée qu'on ne serait tenté de
le croire, ont été. il est vrai, établies en France,
dans un exposé didactique, par les lecons orales
du colonel Renard, pour l'instruction des officiers
d'aérostiers ; mais ces lecons sont restées iné-
dites.
C'est donc une véritable lacune que vient de
combler l'ouvrage de M. le lieutenant-colonel
G. Espitallier, où le problème aéronautique, c’est-
à-dire les conditions de l'équilibre et de Ia sta-
bilité dans l'air, les nécessités de la construc-
tion de l'aérostat et de ses divers organes, les .
règles qui dominent la conduite du ballon, sont
nettement posées et résolues au point de vue
scientifique et dans l’état actuel de la pratique.
Le dernier chapitre est consacré à l'étude des
différents procédés industriels de fabrication de
l'hydrogène. Ce livre s'adresse ainsi aux techni-
ciens et aux praticiens qui y trouveront, en défi-
nitive, un exposé complet de cette science. Spé-
ciale.
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AIRE : Du planeur à l'aéroplane automobile : Expériences d'aviation de MM. Etrich et Wels (A. de Masfrand). — Virage des aéroplanes
Seux). — Etude sur la propulsion des aéroplanes à grande vitesse (René Lorin): — La Chambre syndicale des industries aéronautiques (A.'M ). —
plane Ellehammer (capitaine Sazerae de Forge). — Aéroplane Gastambide-Mengin (Degoul). — L'ornithoptère Collomb (Cléry). — Montgolfières
les et nouveau système de gonflement par air chaud (Louis Godard). — Angles d'attaque, d'inclinaison, d'incidence (0. Leudeit). — La bous-
les aviateurs et l'incidence d'un aéroplane (L. Boudin) — Dans les Sociélés aéronautiques. — A l’Aéro-£lub du Sud-Ouest — Les Brevets aéro-
ues. — Tour du monde aérien. — Le « Flying-Fish » d'Henri Farman (Les frères Voisin). — Bulletin des ascensions. — Bibliographie.
AIRE DU BULLETIN OFFICIEL DE L'AERO-CLUB DE FRANCE. — Partie officielle : Convocations. — Assemblée
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Directeur-Fondateur: Georges Besançon
16° Année. N°5
1: Mars 1908
DUVPLANEUR. HA L'AÉROPLANE AUTOMOBILE
Expériences d'aviation de MM. Etrich et Wels
Fig. 1. — M. Igo Etrich, manufacturier, né à
Oberalstadt (Bohême), le 25 décembre 1879. Automo-
biliste fervent avant de cummencer les essais a’avia-
tion ci-dessous étudiés.
Convenons-en... Il nous arrive trop souvent,
à nous autres Français, de nous enfermer dans
un particularisme scientifique un peu étroit,
et de ne pas tenir assez largement ouvertes nos
fenêtres sur l’extérieur. En aviation automo-
bile, notamment, si nous eûmes la bonne for-
tune de constater et d’applaudir chez nous les
premiers résultats positifs, toutes les nations,
— nous aurions tort de l’oublier malgré nos
succès encore inégalés — se sont attelées, en
un effort universel, décisif et fécond, au pro-
grès du vol mécanique. En Autriche-Hongrie,
spécialement, les recherches d’aviation sont en
honneur depuis de longues années. Je m'en
voudrais de ne pas rendre un hommage mérité
aux travaux intéressants et ingénieux de trois
Fig. 2. — M. Franz Wels, ingénieur, collaborateur
de MM. Etrich. Sportsman accompli, escrimeur, auto-
mobiliste et aéronaute avant de devenir aviateur. Né
à Harbourg (Allemagne), en 184.
chercheurs de ce pays : MM. Etrich et Franz,
Wels.
Les expériences. — M. Ignaz Etrich,
propriétaire de filatures et de tissages impor-
tants à Oberalstadt, près Trautenau (Bohême),
avait commencé, il y a plusieurs années, aidé
de son fils, M. Igo Etrich (photo 1), des essais
de vol plané avec un appareil ressemblant
assez à un papillon, appareil que l’on lançait
sur un rail en V, très fortement incliné.
Des chutes dangereuses ne rebutèrent pas
les deux aviateurs, mais ils décidèrent de s’ad-
joindre, en la personne de M. Wels (photo 2),
ingénieur attaché à leurs manufactures, un
collaborateur qui possédait les qualités physi-
ques indispensables à un bon aviateur et qui
78 1° Mars 1908
partageait, en même temps, leurs idées sur le que l’on rencontre, en grand nombre, dans le
problème du vol. règne végétal.
Les trois aviateurs se mirent alors sérieuse- Tous ces travaux préliminaires d'analyse exi-
gèrent beaucoup de temps en recherches de
bibliothèque, visites aux musées, voyages, cor-
respondance, etc., si bien que les essais directs
d'aviation, le travail de synthèse si l’on veut,
ne commençaient guère qu’en 1904.
La méthode progressive d'expériences adop-
tée par MM. Etrich et Wels est celle de Li-
lienthal, continuée par ses disciples : Chanute
fright, le capitaine Ferber, etc... étude au
moyen de planeurs sans moteur, non montés,
de la forme la plus propre à assurer la sta-
bilité; apprentissage de l’aviateur à bord de
grands planeurs sans moteur ; étude, construc-
tion et essais de l’aéroplane automobile défi-
nitif indiqué par les précédentes expériences.
Nos photos permettent de suivre ces trois
phases dans les recherches de MM. Etrich et
Wels.
Ils essayèrent divers modèles de planeurs
non montés dont certains atteignaient 6 m.
d'envergure et étaient chargés de 40 kgr. On
les lançait d’une certaine hauteur, par jour-
nées de vent favorable et quelques-uns four-
nirent, paraît-il, des parcours aériens de près
de 500 mètres sans capoter. MM. Etrich et
Wels s’arrêtèrent, en dernier lieu, au type
Fig. 3. — Un des planeurs de MM. Etrich et Wels. monoplan représenté par la photo 3, type qui
leur avait fourni les résultats les plus satis-
faisants et qui présente, en outre, la propriété,
lorsqu’il est équipé en cerf-volant, de pouvoir
planer au zénith du point de retenue.
ment au travail. Comme il n'y a pas de meil-
leur modèle que la nature, M. Wells surtout,
étudia soigneusement les organes locomoteurs
Fig. 4. — L'aéroplane automobile Etrich et W'els n° 2.
des volateurs animés les plus divers : oiseaux, C’est un appareil de ce genre qui fut pré-
papillons, insectes, chauves-souris, écureuils senté avec un réel succès à l'Exposition de
volants d'Australie, sans parler des nageoires Milan (section d'aviation), en 1906. On le
des poissons et des organes ailés ou planants lançait du haut d’une de ces échelles à ral-
l’Aérophile
longes utilisées par les corps de pompiers et
ce planeur fit preuve d’une bonne stabilité.
Pour Féquilibrer, les inventeurs le surchar-
geaient d’un bloc de terre à modeler, que l’on
fixait en l’appliquant sur une sorte de peigne
formé par des pointes en saillie. Il était ainsi
très facile d'arriver, par tâtonnements, à pla-
79
Nous reviendrons plus loin sur cet appareil au-
tomobile, où se trouvent appliquées le plus
complètement les idées de MM. Etrich et
Wels.
Jusqu'à présent, l’:ppareil n'a été utilisé
que comme aéroplane san: moteur pour des
glissades aériennes effe. ‘uées le 2 et le 8 oc-
Fig. 5. — M. Wels exécutant une glissade aérienne près d'Oberalstadt (octobre 1907).
L'appareil essayé est l'aéroplane Etrich et Wels n° 2 représenté fig. 4. mais non muni encore de ses
organes moto-propulseurs.
cer exactement au point voulu cette surcharge
stabilisatrice.
MM. Etrich et Wels passaient ensuite à la
construction d’un grand aéroplane automo-
bile (voir photo 4), dans lequel sont appliquées
les données précédemment acquises au cours
des expériences de planeur. Cet appareil que
nous dénommerons pour plus de commodité
l'Etrich et Wels n° 2, a été commencé au dé-
but de 1906 et terminé en 1907. Il est actuel-
lement muni d'un moteur Antoinette de 24
chx. 8 cylindres et repose sur des sabots de
glissement pour amortir les chocs à l’atter-
rissage et protéger l’aviateur et son engin.
tobre 1907. La photo 5 donne une idée exacte
de ces intéressants essais. Une voie de lance-
ment, à deux rails, avait été installée sur une
pente de 28 %, en utilisant une déclivité na-
turelle du sol, à proximité de la fabrique de
MM. Etrich et Wels, à Oberalstadt près Trau-
tenau (Bohême). On remarquera qu’à sa partie
inférieure, la voie de lancement se relève jus-
qu'à devenir horizontale. Sur ces rails, pou-
vait rouler un chariot muni de galets. Sur le
chariot, l’aéroplane reposait, simplement par
son propre poids, et sans être assujetti,
monté par M. Franz Wels debout, de profil, :
à peu près dans la position de l’escrimeur. Lan-
80 1" Mars 1908
cé sur la voie inclinée, le chariot supportant
laéroplane descendait avec lui la pente jus-
qu’à ce que la vitesse accélérée augmentant la
réaction sustentatrice de l’air sous le plan,
l’aéroplane se soulevait et s’envolait librement
en avant, pendant que le chariot roulait en
bas du chemin de lancée.
Dans ces conditions, M. Wells exécuta trois
glissades aériennes le 2 octobre et quatre le
8 octobre. Le meilleur de ces « vols » attei-
gnit, paraît-il, 240 mètres, comptés à partir
du point d’envolée, pour 15 mètres de chute.
La stabilité, en cours de route, fut parfaite
dans les 7 expériences exécutées, et tous les
atterrissages se firent sans incidents, bien
qu'au 5° essai, un brusque coup de vent eut
fait dévier l'appareil latéralement, à peu près
à mi-parcours aérien. L’aéroplane, ainsi es-
sayé, sans ses organes moto-propulseurs, pesait
164 kilogr., auxquels s'ajoutent les 63 kgr que
pèse M. Wells, soit, en tout, 227 kgr., avec une
envergure de 10 m. 50 et une surface totale de
40 mètres. La vitesse moyenne de translation
constatée fut de 13 m. 7, par seconde. La photo
Fig. 6, — L'aéroplane automobile Zirich et Wels n° 3.
5 donne une idée exacte de ces belles glissades
gériennes.
D'autre part, MM. Etrich et Wels ont
achevé un peu plus tard leur aéroplane n° 3,
reproduit photo 6, qui diffère de l'Étrich et
Wels n° 2 en ce qu'il n’y a plus qu'une seule
hélice placée à l'arrière. De plus, les nervures
qui soutiennent la voilure de la surface por-
tante peuvent se replier pour diminuer l’en-
combrement, avant ou après l'expérience,
comme dans l’aéroplane Vuia, dont nous avons
publié maintes vues (Voir notamment Aéro-
phile juin 1907, p. 163). L’Etrich et Wels III
mesure 10 mètres d'envergure, 30 m° de sur-
face. L’hélice de 1 m. 5 de diamètre fait de
1.000 à 1.100 tours par minute; il pèse com-
plet 230 kgr. auxquels s’ajoute le poids de l’ex-
périmentateur : 63 kgr. Le galbe de la surface
portante paraît très simplifié.
Nous ignorons si cet engin et l’Etrich et
Wels n° 2 ont été essayés à ce jour, sous la
forme d'aéroplanes automobiles. Toutefois,
M. Igo Etrich a décidé de se rendre, ce prin-
temps, à Vienne, où il trouvera des terrains
propices à des essais de vol automobile.
Méthode et principes appli-
qués ; procédés de construction.
— Cet exposé sommaire permet de mieux dé-
gager les principes qui ont guidé MM. Etrich
et Wels et les caractéristiques de leurs engins.
Nous prendrons pour exemple l’'Etrich et
Wels n° 3, le plus complet et le mieux connu.
Après essais multipliés, les aviateurs d’O-
beralstadt s'arrêtent au type monoplan, mais
ils s’attachent à rechercher pour la surface
portante, la forme qui leur donnera la plus
complète satisfaction au point de vue de la
stabilité. Cette forme, assez difficile à décrire
avec précision, se comprend cependant lors-
qu'on examine nos photos et les croquis ci-
contre.
Vue en plan, (planche 7) cette surface por-
tante est constituée par 2 ailes fixes, rigides,
formant un croissant dont les coins arrondis
s'étendent vers l’arrière. Dans la vue de côté,
les lignes de coupe parallèles au plan de symé-
trie sont, en avant, concaves vers le bas, puis
présentent un point d’inflexion, à partir du-
quel elles deviennent, en arrière, convexes
vers le bas, la concavité de ces lignes de coupe
diminuant et lenr convexité augmentant, à
mesure qu’elles s’éloignent du plan de symé-
trie.
Les lignes de section perpendiculaires aux
précédentes, c’est-à-dire selon l’envergure,
sont presque droites dans leur milieu, légère-
ment concaves à leurs extrémités dans la par-
tie avant de la surface ; cette concavité dis-
paraît rap dement vers l'arrière et change de
sens.
Cette forme spéciale de la surface portante
a paru la plus stable à MM. Etrich et Wels.
Toutefois en ce qui concerne l’équilibre sur la
verticale, il existe dans l’Etrich et Wels n° 2
et dans le n° 3 un gouvernail de profondeur
placé a l'avant.
Il était difficile de réaliser pratiquement la
forme assez compliquée de la surface portante
adoptée par MM. Etrich et Wels et surtout
d'assurer sa constance en toutes ses parties
par un bâti suffisamment rigide, tout en de-
meurant léger. Les aviateurs d’Oberalstadt
ont élégamment résolu cette difficulté de cons-
truction.
La carcasse de la surface aéroplanante
(planche 7), est formée de deux séries croisées
de longrines. Les longrines (!) de l’une des
séries sont sensiblement parallèles à l’axe lon-
gitudinal de la machine (sens de la marche);
les longrines (t) de l'autre série sont paral-
lèles à l’axe transversal (envergure) et leurs
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l’Aérophile 81
parties extrêmes, dirigées vers les bords laté-
raux des aïles, divergent vers l'extérieur et
vers l'arrière, raccordées par des tiges acces-
soires (t’), également en éventail, à la bordure
rigide qui circonscrit et encadre solidement
toute la voilure. Les longrines transversales
Planche 7. — En haut, figure indiquant les diver-
ses sections de la surface portante de l’Etrich et Wels II
dans le sens de la translation. Au milieu, croquis de
l'Etrich et Wels II vu de côté, avec détails de la
membrure des ailes et sabots d'atterrissage. — En bas,
croquis détaillé de la membrure d'une aile vue en plan.
(£), ainsi recourbées à leurs extrémités, ten-
dent, en vertu de leur élasticité, à presser vers
la périphérie et augmentent ainsi la rigidité
de l’ensemble.
Pour mieux assurer la raideur de cette
membrure en forme, MM. Etrich et Wells
ont adopté des longrines en bambou refendu,
collé et ligaturé. (Voir fig. 8.)
Certaines de ces pièces, légères et résistan-
tes, sont formées de prismes triangulaires, pré-
levés dans une grosse tige de bambou naturel,
de telle sorte qu’une face du prisme est formée
par l'écorce résistante de l’arbre; ces prismes
de bois de bambou sont ensuite assemblés par
leurs côtés découpés, l’écorce en dehors, de
façon à former une tige à section polygonale,
hexagonale, par exemple, en ayant soin que
les nœuds du bambou alternent dans chacune
des parties de la tige artificielle; on achève en
ligaturant ces tiges en des endroits convena-
bles, et principalement entre les nœuds. On
obtient ainsi une pièce très peu cassante, al-
liant, dans une mesure convenable, une rigi-
dité suffisante à une élasticité relativo et à
une grande légèreté.
On peut également former des pièces de
“is. 8. — Divers types de longrines de bambou re-
fendu de l’aéroplane Etrich et Wels, avec, à droite, in-
dication de la façon dont les éléments en sont prélevés
dans 1e bambou naturel.
bambou artificiel d’une autre section, en dé-
coupant dans les tiges de bambou naturel, des
lattes minces rectangulaires et en les posant
à plat l’une sur l’autre après un équarrissage
convenable, en ayant soin que les faces des
lattes externes, dont l’écorce est laissée tout à
fait brute, soient tournées vers l’extérieur.:
Les nœuds sont également alternés. Quand les
lattes sont collées ensemble et ligaturées, on
peut compléter leur assemblage en les reliant
par des rivets. On peut aussi les fabriquer
courbes : on courbe es lattes posées simple-
ment l’une sur l’autre et enduites de colle dans
la forme voulue,on laisse ensuite durcir la colle
et on relie finalement les lattes par des rivets
ou des ligatures.
Nous nous sommes un peu étendu sur ce pro-
cédé de construction parce que MM. Etrich
et Wels ont cru devoir le décrire longuement
dans leur brevet français. Or, depuis long-
temps, les procédés pour la fabrication de ti-
ges solides, rigides et légères, décrits par
MM. Etrich et Wels sont dans le domaine
public. Une des premières applications en fut
faite, si je ne me trompe, pour des cannes à
pêche de luxe, destinées, plus spécialement, à
capturer les truites et les saumons. De plus
on fabrique aussi sous le nom de bambou arti-
ficiel, par des procédés analogues, mais avec
des bois blancs, tel que le sapin, des piéces
analogues à celles que décrivent MM. Etrich
et Wels. Une application importante en a été
19
82 1 Mars 1908
faite dans la vergue inférieure du dirigeable
de La Vaulx (Voir Aérophile de juillet 1905).
On trouve également, dans le brevet fran-
çais délivré en 1906, de longues explications
relatives aux deux bhélices adoptées par
MM. Etrich et° Wels dans leur aéroplane
n° 2. Ces propulseurs devaient pouvoir changer
de vitesse ou de pas en marche pour gouver-
ner en hauteur par le changement de la vitesse
de translation ; ils pouvaient aussi fonctionner
à volonté simultanément ou alternativement.
Dans ce dernier cas, une hélice étant immo-
bilisée ou tournant moins vite, pendant que
l'autre continuait à propulser normalement,
l'engin devait se trouver amené à virer. Cet
espoir nous paraît assez chimérique étant
donné surtout le peu de distance qui sépare
les points d'application des forces de sens
contraire qui devaient s'ajouter pour ame-
ner le changement de direction. De même,
MM. Etrich et Wels entrent dans des consi-
dérations détaillées, mais assez confuses sur
les divers cas d'équilibre que doit solutionner
la forme de surface portante qu’ils ont adop-
tée. Nos lecteurs, curieux d’étudier de plus
près ces divers points, etc., etc., pourront se
référer au brevet français n° 363.970.
Constatons en terminant, que l'aéroplane
Etrich et Wels n° 3, le dernier en date, est
beaucoup plus simple, avec son hélice unique
placée à l’arrière que l'Etrich et Wels n° 2,
et cela n’est point pour nous déplaire. Pres-
que toujours, en matière d'invention, on va
du compliqué au simple. MM. Etrich et Wels
n’ont pas fait exception à cette règle. Ils sem-
blent aujourd’hui en progrès sur leurs intéres-
sants débuts, et nous leur souhaitons tout le
succès que méritent leurs travaux ingénieux
et persévérants.
A. DE MAsFRAND
Sur le ‘yirage des Aéroplanes ”
Depuis les sensationnelles expériences de
Santos-Dumont, Farman, Blériot, Esnault-
Pelterie, etc..…., on discute beaucoup sur la
question du virage, que l’aéroplane soit à une
ou deux surfaces sustentatrices. De fait, il
semble que c’est là la dernière difficulté à ré-
soudre pour rendre l’aéroplane pratique.
G Fig. /
Figures 1 et 2.
A priori, il apparaît que l'appareil à un
seul plan sustentateur doit virer plus facile-
ment qu’un aéroplane cellulaire ou bi-plan.
I n’en est rien. Pour l’un comme pour l’au-
tre, l'hélice unique, tirant ou poussant l'ap-
pareil par le centre est bonne, relativement,
pour la ligne droite, mais perd la moitié de sa
valeur dans le virage. En voici la raison
Dans mes longues études sur le vol des oi-
seaux de mer et grands voiliers, j'ai été à
même de constater que le principal facteur du
virage, si facile chez l'oiseau, est dû à ses
deux propulseurs constitués par ses ailes, qui
sont en même temps le plan sustentateur, et
qui poussent normalement ou obliquement,
suivant le cas, tout le système.
Ainsi que je l’ai déjà avancé (Aérophile,
Comptes rendus de l’Académie des Sciences,
Aéro-Revue), le centre de gravité, placé au
milieu du corps aérien, centre éminemment
variable, ne doit pas être confondu avec le
centre de pression ou de résistance (centre de
poussée) lequel, ou plutôt lesquels, (car il en
existe deux, chez l’oiseau comme dans tout
aéroplane), se trouvent placés en deux points
différents, situés approximativement au tiers
de la longueur de chaque aïle, en partant de
l'articulation de l'épaule, soit aux points figu-
rés par les deux flèches (fig. 1.)
Dès lors, on conçoit très bien que lorsque
l’oiseau rameur veut virer, il n’a qu’à ralen-
tir seulement le battement de l'une ou de
l’autre aile, en dégauchissant toutefois la
queue pour aider au mouvement, en même
temps qu'il porte son centre de gravité à droite
ou à gauche, et il tourne alors très facilement.
On nous objectera que lorsque l'oiseau ar-
rête le battement de ses ailes et plane, il vire
quand même. Dans ce cas, la différence de
battement n’a pas à intervenir ; cela est très
vrai, mais le rayon du virage est alors plus
étendu, et un observateur attentif peut remar-
quer un certain pivotement, une flexion de
l’une ou de l’autre aïle, celle du côté du cen-
tre, qui est toujours moins étendue que celle
dont la pointe décrit la circonférence.
Comme il n'est pas possible de reproduire
ce mouvement — réduction de la surface —
pour l’aéroplane, sans lui faire perdre son
équilibre, mieux vaut donc emprunter à dame
Nature, la différence de battements d’ailes,
que l’on ne peut imiter qu’en employant 2 hé-
lices.
Ce fait n’est pas nouveau, car il est signalé
par Léonard de Vinci (xv° siècle), dans ses
belles études sur le vol des oiseaux.
Manuscrit K de la bibliothèque de l’Institut,
folio 4 (verso).
« L'oiseau, pour se tourner, ne bat pas des
ailes avec un mouvement égal, mais meut plus
celle qui fait le cercle convexe que celle qui
le fait concave. »
Et folio 7 (recto) :
« Et il fait cela en ramant avec l'aile,
comme fait celui qui rame dans la barque avec
2 rames, ramant beaucoup de fois, du côté d’où
il veut fuir. » (transcription textuelle).
i Aérophile 83
Pour conclure, il semble que l’on obtiendrait
certainement un résultat appréciable, en pré-
voyant un appareil de grande surface susten-
‘tatrice, de lignes très fines, comportant deux
places, deux moteurs et deux hélices, chaque
moteur actionnant séparément son hélice, et
pouvant pour virer, être ralentie (accélérée
plutôt) aux commandements du premier avia-
teur, lequel s’occuperait spécialement de la
stabilité de route, tandis que le deuxième placé
à l'arrière, serait exclusivement chargé de la
conduite des moteurs, obéissant aux signes du
premier aviateur pour la direction, droite et
gauche.
L’'ingénieur Julliot, pour le premier Le-
baudy, dont les deux hélices, quoique mues
par un seul moteur, étaient à volonté, simulta-
nées et alternatives, espérait arriver aux
mêmes résultats, mais il y a lieu de croire que
le problème n’est pius le même pour l’auto-bal-
lon, puisqu'il se vit obligé d’ajouter aussitôt
un gouvernail vertical de direction pour pou-
“voir le diriger à son gré.
Quant à ajouter des plans régulateurs de
roulis, ainsi que le préconise l’ingénieur Gou-
‘pil (Aérophile, décembre 1907), je me permet-
trai de faire remarquer qu’en employant deux
hélices, il n'est plus nécessaire de surcharger
l’aéroplane de plans supplémentaires qui aug-
“menteraient la résistance à l'avancement,
compliquant encore la manœuvre de l’aviateur,
qui a assez à faire pour la conduite de son mo-
teur, la direction et la stabilité de route.
Epmoxp SEUx,
Secrétaire de la Section d'aviation de l'Aéro-
Club du Rhône et Sud-Est
Etude sur la propulsion
DES
Aréoplanes à grande vitesse"
Pour créer un effort de propulsion, en pre-
nant appui sur l’atmosphère, on anime gé-
néralement une certaine masse d’air, d’une
certaine vitesse, au moyen d’un organe soli-
-daire du véhicule. L'énergie nécessaire est re-
présentée par la force vive communiquée, et
l’effort produit, par la quantité de mouve-
ment.
Lorsqu'on emploie comme propulseur un
groupe composé d’un moteur à explosions et
d’une hélice, le cycle des transformations
-d’énergie opérées est le suivant :
noie calorifique primaire du combusti-
‘ble ;
Energie mécanique du moteur ;
(1) Voir du même auteur note sur la propulsion des
wéhicules aériens, Aérophile d2 novembre 1907, p. 321.
Energie-force vive transmise à l'air par
l’hélice.
Le rendement du moteur est de 25 % envi-
ron, celui de l’hélice, en entendant par ren-
dement de l’hélice le rapport entre l’énergie
mécanique fournie sur l’arbre, et l’énergie-
force vive communiquée à l’air, peut être
évalué à 0,80.
Le rendement total de la transformation
est donc de
0,25 x 0,80 — 0,20
Ainsi donc, l’énergie-force vive communi-
quée à l’air n’est que le 1/5 de l’énergie calo-
rifique mise en jeu.
11 est possible d'imaginer un cycle plus
simple, permettant de passer directement de
l’énergie calorifige primaire à l’énergie-force
vive.
On peut considérer le moteur à explosions,
à un point de vue plus général,
transformateur d’énergie et lui demander
celle-ci sous forme de force vive. Il suffit,
à cet effet, d'effectuer un échappement pré-
maturé, réglé de façon que le moteur tourne
à vide à sa vitesse de régime. La force vive
communiquée aux gaz d'échappement et à
l'air ambiant, au moyen d’ajutages conve-
nablement appropriés, représenterait une
fraction très importante de l'énergie calori-
fique primaire. En effet, le bilan thermique
d’un moteur ordinaire est approximativement
le suivant :
1/3 de l'énergie primaire est transformée
en travail mécanique : (travail indiqué).
1/3 de l’énergie primaire est emportée par
l’échappement : (soit 1/6 sous forme de cha-
leur et 1/6 sous forme de force vive).
1/3 est cédé aux parois sous forme de cha-
leur.
Avec un échappement prématuré, la détente
des gaz serait beaucoup plus rapide et par
conséquent plus adiabatique. Il en résulte
que la quantité de chaleur cédée aux parois
serait beaucoup plus faible. On peut admet-
tre que l’on récupérerait sous forme de force
vive
comme un
Toute l'énergie correspondant au tra-
vale fecti PRE er et eelecee 1/4
La moitié de la chaleur cédée aux parois 1/6
La force vive de l’échappement normal 1/6
Le rendement en force vive serait donc
4 1 É
m2 Co) 06e
Il y aurait avantage, afin de ne pas exagé-
rer le rapport entre la force vive et la quan-
tité de mouvement mises en jeu, à employer
un moteur à faible compression. Admettons
que la vitesse moyenne d'écoulement des gaz
soit de 250 mètres à la seconde et comparons
l'effort de traction au point fixe que l’on
obtiendrait, à celui fourni par une hélice don-
84
nant un déplacement de 25 mètres à la se-
conde, calée directement sur l’arbre d’un mo-
teur ordinaire, de même cylindrée et de même
vitesse de rotation que le propulseur précé-
dent.
A force vive égale mise en jeu, les efforts de
traction sont en raison inverse des vitesses
d'écoulement, c’est-à-dire dans le rapport de
1 à 10 ; mais la force vive produite par le
à Dé 0,58 + .
populseur à l’échappement est 50 fois plus
crande que celle produite par l'hélice. — A
cylindrée et à vitesse égales, l'effort produit
par le propulseur à échappement est donc
MINE 0
Au U,2U
de l'effort produit par l’hélice.
Au lieu de comparer des cylindrées égales,
il est plus intéressant de comparer des poids
égaux de propulseurs. Or, la faible compres-
sion, le faible échauffement, permettraient de
réduire considérablement le poids des organes
et de supprimer la circulation d’eau qui né-
cessite des impedimenta très lourds, surtout
lorsqu'ils sont prévus pour pouvoir effectuer
un parcours de quelque durée.
Finalement, à poids égal, le propulseur pro-
posé donnerait un effort sensiblement supé-
rieur à la moitié de celui donné par l’hélice
dans les conditions précédentes.
Si l’on recherche seulement l’effort statique,
par exemple un effort de sustentation, ou
simplement de faibles vitesses de translation,
l'hélice reste un propulseur supérieur. —
Mais, dès qu’il y a déplacement, la vitesse de
translation intervient et son influence est loin
d'être négligeable avec l’hélice, dont l'effort
de traction décroit très rapidement à mesure
que la vitesse de translation augmente. Au
contraire avec le propulseur à échappement,
l'effort de traction est sensiblement constant,
en raison de la grande vitesse des gaz, vis à
vis de laquelle la vitesse de tranelation est
négligeable.
L'emploi du propulseur à échappement don-
nerait certaines facilités pour la solution du
double problème de la direction et de la sta-
bilité : — Avec l’hélice, l’effort propulseur a sa
direction invariablement confondue avec l’axe
longitudinal du véhicule. — Il serait, au con-
traite, facile de faire pivoter l’axe du propul-
seur à échappement, d’une part, autour d’un
axe vertical, pour obtenir la direction dans
le plan horizontal, d'autre part, autour d’un
axe horizontal perpendiculaire à l’axe longi-
tudinal du véhicule, pour obtenir une com-
posante verticale donnant la stabilisation en
profondeur.
Ajoutons que l'écoulement à grande vitesse
et à faible section permettrait d'obtenir un
indépendant des perturbations
effort très
17 Mars 1908
atmosphériques, et par suite, très constant,
en intensité et en direction.
‘Enfin la suppression de la sujétion d’assu—
rer le jeu des branches de l’hélice, permettrait
d’abaisser la hauteur dn châssis porteur et de
réaliser, de ce fait, une importante économie:
de poids. Rexé Lorin
RDS DD E DST SEP
LA CHAMBRE SYNDICALE
des Industries Aéronautiques.
Le développement rapide de la locomotion.
aérienne devait avoir pour conséquence obli-
gée, l’essor de la construction aéronautique
dans ses diverses branches et des industries.
qui s’y rattachent. Le sport aérien aura ainsi.
doté la France d'une source nouvelle de ri-
chesse.
Mais il importait que les intérêts des indus-
triels et des commerçants appelés à bénéficier
de ce nouvel état de choses fussent énergique--
ment défendus par une association, dans la-
quelle ils pussent tous trouver place et qui,
émanée des intéressés eux-mêmes, devait pui-
ser dans la forme d'un groupement corpo-
ratif, une puissance que ne peuvent espérer
des efforts isolés.
C’est aujourd'hui chose faite. La Chambre-
syndicale des Industries aéronautiques — tel
est le nom du nouveau Syndicat professionnel
— a tenu, le 29 janvier 1908, à l’Automobile-
Club de France, 8, place de la Concorde, son
assemblée constitutive.
Il a été tout d'abord procédé à l'élection du
Comité, ainsi composé
MM. Armengaud jeune, Georges Besançon,.
L. Blériot, E. Carton, Chauvière, marquis A.
de Dion, Echalié, Esnault-Pelterie, Karcot,
capitaine Ferber, L. Godard, Guittet, G. Juch-
mès, comte de La Valette, comte Henry de La
Vaulx, Levavasseur, Mallet, F. Max-Richard,
E. Surcouf, V. Tatin, Charles Voisin.
Le Comité a ensuite élu son bureau.
Le marquis Albert de Dion a été élu prési-
dent par acclamations, — Un vote à désigné-
les trois vice-présidents : MM. Mallet, L. Go-
dard et Louis Blériot. — Secrétaire général
M. Georges Besançon (par acclamations). —
Secrétaire-archiviste : M. Chauvière. — Tré--
sorier : M. Robert Esnault-Pelterie (par ac-
clamations).
Etaient, en outre, présents à la réunion
MM. Lamy (Torrilhon), Morin, Falconnet,
Raynaud, Sée (Hutchinson), Demanest, Bo-
candé, Lamort, Jahiet, Blin, Hue, Caplain--
Berger, Weisner.
Ainsi constituée, la Chambre syndicale a
approuvé les statuts préalablement élaborés.
par une Commission spéciale.
La Chambre syndicale a pour but :
1° De développer et de consolider entre tous-
ses membres les sentiments de solidarité et de-
bonne confraternité ; L
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l'Aérophile 85
29 De défendre les intérêts économiques,
industriels et commerciaux de ses m2mbres,
et de créer un centre d’action puissa1t, Fro-
pre à favoriser l’essor des industries qu’il re-
présente ;
3° D'’être auprès des pouvoirs publiss at ad-
ministrations (Douanes, Octrois, Compagnies
de chemins de fer, Chambres de commerce,
Syndicats, Expositions, etc.), en France et à
l'étranger, le défenseur et le protecteur des
intérêts de ses membres ;
4 De régler à l’amiable les questions qui
peuvent lui être soumises, soit par les tribu-
naux, soit par des particuliers ;
5° De désigner aux tribunaux civils et de
commerce des arbitres compétents pour les
questions techniques ou commerciales.
Le nombre des membres est illimité.
Toute demande d'admission devra être ap-
puyée par deux parrains, membres du Synäi-
cat.
Les demandes d’admission
adressées au président.
Pour faire partie du Syndicat, il faut
1° Etre constructeur d’aérostats ou d’appa-
reils d'aviation ; constructeur de moteurs et
de toutes pièces mécaniques spécialement $tu-
diées pour l’aérostation ou l'aviation : bri
cant d’étoffes pour aérostats, de nace. 5, de
cordages et d'instruments de précision utili-
sés en aéronautique; fabricant de produits
spéciaux employés en aéronautique ; faire la
location d’aérostats ; être inventeur et avoir
son invention en exploitation effective ; édi-
teur de publications périodiques traitant spé-
cialement de ces industries; ingénieur-conseil
en matière de propriété industrielle ou appar-
tenir à une firme industrielle ou commerciale
comme associé direct, commanditaire, membre
du Conseil d'administration ou de surveillance
(sociétés anonymes ou en commandite par ac-
tions), directeur ou ingénieur-conseil ;
2° Etre Français et jouir de ses droits ci-
vils ;
3° Ne pas être en état de faillite ;
4° Etre agréé par le Comité ;
5° Payer une cotisation annuelle de soixante
francs.
Sans parler des Commissions spéciales
nommées pour étudier les questions impor-
tantes, la Chambre syndicale est divisée en
quatre sections comprenant ;
1° Les constructeurs d’appareils d’avia-
tion ; 2° les constructeurs d’aérostats : 30 les
industries s’occupant de mécanique (mcteurs,
hélices, etc.); 4° les industries annexe: et di-
verses (tissus, produits, etc.).
Le secrétariat et le siège social de la
Chambre syndicale des industries aéronauti-
ques est situé, 8, place de la Concorde, Pa-
ris, où l’on peut s'adresser ou écrire pour
tous renseignements et pour les statuts com-
plets. A. M.
doivent être
L'Aéroplane Ellehammer
Parmi les aéroplanes étrangers, le plus inté-
ressant peut-être, celui, en tout cas, qui sem-
ble avoir donné les meilleurs résultats, est
l'Ellehammer.
L’Aérophile a donné en mars 1907 une des-
cription sommaire de cet appareil essayé dans
l’îlot de Sindholm. Depuis ce moment, l'avia-
teur a ajouté un troisième plan, analogue aux
L'aérop ane Zllchammer IT à l'essor, le 14 janvier 1908
deux premiers, portant ainsi la surface de
sustentation à 37 mètres carrés.
Le moteur et l’hélice de l’aéroplane triplan
Ellehammer LIT.
M. Ellehammer est sur son siège d'aviateur.
Ce qu’il y « de très remarquable, c’est que,
malgré ces dimensions, cet aéroplane ne pèse
86 1 Mars 1908
que 125 kilos, moteur compris, ce qui ne fait,
avec l’aviateur qui pèse 80 kilos, que 205 kilos
en ordre de marche, soit 5 kil. 540 par mètre
de surface.
Cette extraordinaire réduction de poids est
due en grande partie à un moteur extra-léger
construit par M. Ellehammer lui-même, digne
concurrent des Levavasseur et des Esnault-
Pelterie, moteur qui ne pèse que 34 kilos pour
une puissance de 30 chevaux.
Ce moteur actionne à 900 tours une hélice à
quatre branches en aluminium.
La particularité la plus intéressante de cet
appareil semble résider dans les procédés em-
ployés par l'inventeur pour obtenir un équi-
libre automatique. Il compte y arriver par
deux moyens réunis: l’abaissement du centre
de gravité qui se trouve à 1 m. 50 au-dessous
du centre de résistance des plans, lequel est
exactement, pendant le vol, sur la même tra-
jectoire que l’axe
de l'hélice trac-
tive. Toute cause
de rupture d’é-
quilibre semble S RTE
donc nettement ë
combattue par
un puissant cou-
ple de rappel.
Ensuite,M. El-
lehammer a imA-
giné un gou-
vernail de pro-
fondeur dont le
jeu, complète-
ment automi-
tique, peut seu-
lement être cor-
rigé par l'avia-
teur. Le prin-
cipe de ce gou-
vernaii n’est pas
connu, mais,
d'après les té-
moins qui ont pu assister aux expériences, et
particulièrement le lieutenant de vaisseau Ul-
lidtz, il donnerait grande satisfaction.
Il paraît, en tout cas, que l’aéroplane
Ellehammer, sous ses trois formes successives,
monoplan, biplan et triplan, aurait à son actif
200 envolées, dont la prinçipale aurait été de
175 mètres, le 14 janvier 1908.
La première envolée, dont une photographie
a été reproduite dans l’Aérophile de mars
1907, aurait eu lieu le 12 septembre 1906, c’est-
à-dire plusieurs semaines avant le fameux vol
de Santos-Dumont (1). Mais aucun témoin à
(0) TU y a ici une petite erreur. Rappelons que Santos-Duront
a neltememal quitté le col pour la première fois, le 13 sep-
lembre 1906, ainsi qu'en fait foi un procès-verbal signé par
M. Archdeacon etles délégués de la Commission d'aviation, re-
produit dans l'Aérophile de septembre 1%13, page 194. Près de
dix-huit mois après l'évènement, M. Ellehammer vient nous
caractère officiel et désintéressé n'ayant été
présent à cette expérience, on ne peut évidem-
ment en faire état, au point de vue historique,
que sous toutes réserves.
Capitaine SAzERAC DE FORGE
L'aéroplane Gastambide-Mengin
Cet engin, dont l’Aérophile du 1% janvier
1908 a publié les caractéristiques et des cro-
quis, après quelques essais préliminaires, a
effectué sa première envolée le 8 février, dans
la matinée, au champ d’entraînement de Ba-
gatelle où Santos-Dumont fit ses inoubliables
débuts d’aviateur.
Sous la poussée de son hélice actionnée par
un moteur Antoinette de 50 chevaux, l’appa-
reil, monté par le mécanicien Boyer, après
Cliché de la Locomotion Automobile.
L'aéroplane Gastamhide-Mengin à Bagatelle, monté par le mécanicien Boyer.
avoir roulé une trentaine de mètres, prit son
essor, s’éleva à 4, à 5 mètres de hauteur, fran-
chissant quelques mètres en plein vol. Mais,
presque aussitôt, il se cabrait; le mécanicien
coupait l'allumage et l’aéroplane revenait
durement au sol. L’hélice et le châssis por-
teur furent faussés, mais l’aviateur n’eut au-
cun mal; les ailes et le moteur étaient intacts.
Dans cette expérience, il importe de noter la
brièveté de la lancée nécessaire à l’essor.
Les réparations furent faites rapidement.
Un nouveau chàssis porteur en bois avec deux
apprendre que son premier essor, dont il fut probablement le
seul témoin, aurait précédé de quelques heures celui de Santos-
Dumont, C'est assez curieux, très commode, mais un peu tardif
— C'la cadre assez mal surtout avec les renseignements fournis
à M. Schmittau, rédacieur au Motor, renseignements reproduits
dans l'Aérophile de mars 1907, page 62, et d'après lesquels,
l'aéroplane Ellehammer actionné par un moleur de 9 chx, trop
faible, ne donna aucun résultat au coursde l'été 1906. — N.D.L.R.
l'Aérophile 87
«grandes roues et 2 galets remplaça l’ancien
châssis en tubes d’acier. Les expériences re-
prirent à Bagatelle le 12 février. Après un
premier essai sans essor, les roues de gauche
-quittèrent un instant le sol, l’aéroplane pivota
-sur son aile droite et s’arrêta; mais le châssis
-fut disloqué.
Le lendemain, le succès fut des plus nets.
L'appareil s’enleva facilement, esquissa un vi-
rage en plein vol et parcourut le matin 100
mètres et l'après-midi 150 mètres, en présence
de MM. Gastambide, Mengin, Paul Tissandier,
Ernest Zens, André Fournier, etc.
Enfin, le 14 février, l'appareil, qui se com-
“portait bien, a fait pour débuter
«quelques petits vols, maïs en re-
venant du Polo vers le pont de
Puteaux, l’aéroplane s’envola sur
une distance de 60 mètres envi-
ron, montant à 6 ou 7 mètres
de hauteur. À ce moment, le
pilote voulant éviter le bouquet
d'arbres qui se trouve au milieu
-de la pelouse de Bagatelle, don-
na un coup de gouvernail un
peu brusque qui fit incliner légè-
rement l'appareil. En même
temps, il diminua un peu trop
brusquement l'avance à l’alln-
.mage. L'aéroplane vint assez ra-
pidement en contact avec le soi,
tout en suivant un plan incliné.
Une roue de côté ayant cédé,
l'avant de l’appareil vint buter
dans la terre, et l'appareil, quoi-
que n'ayant plus qu'une faible
vitesse, se retourna et capota.
Le mécanicien Boyer, qui le montait, pro-
tégé par les ailes et le corps, n’a eu, heureuse-
ment, aucun mal.
Le moteur Antoinette 50 HP, qui action-
nait l'appareil, a été complètement indemne,
ainsi que les ailes et le corps.
Seuls, la queue, une roue et une partie du
châssis des roues ont été brisés. Les répara-
tions pouvaient se faire rapidement.
M. Decour
PRET Tr
L'Ornithoptère Collomb
Un inventeur lyonnais, M. J. Collomb, vient
d'achever une nouvelle machine volante dont
les essais commenceront bientôt au Grand-
Camp, près de Lyon.
Cet appareil est de la catégorie des orni-
thoptères (1). Il comporte deux aïles oscillant
(1) Conformément à la récente décision de la Commission de
erminologie (voir Aérophile de 1998, n° 2%, p. 35). No s em-
{luierons dénormais pour désigner les appareils d'avia'ion à ailes
pattantes ou oscillantes, le mot ornithoptère au l'eu du terme
© thoptère très impropre bien qu'assez anciennement ugilé.
verticalement autour d’une charnière située
au milieu de chacune d'elles, équilibrées et
supportées en leur milieu par quatre antennes
partant du châssis porteur monté sur quatre
roues pour faciliter le déplacement de l’engin
au repos: Ces ailes sont constituées par des la-
melles de bois articulées comme des lames de
jalousies. Au temps descendant, les lamelles se
relèvent en s'imbriquant légèrement les unes
sur les autres et en constituant ainsi une sur-
face pleine. A la remontée, les lamelles pren-
nent automatiquement une position oblique à
45° en s’écartant les unes des autres, n’offrant
pendant ce temps que la résistance suffisante
L'ornithoptère Collomb (Cliché de La Vie Automobile.)
pour que la réaction de l'air sur ces cloisons
obliques provoque la translation de l’appareil.
Les mouvements d’oscillation sont commandés
par des bielles spéciales actionnées par un mo-
teur de 40 chevaux. Les ailes peuvent faire
200 oscillations à la minute sans crainte de
travail excessif pour aucune pièce. Dans le
châssis porteur se trouvent, avec le moteur,
deux baquets d’osier pour deux aviateurs, ré-
servoir à essence, etc. L'appareil a été cons-
truit de façon à pouvoir se démonter et se
remonter rapidement pour faciliter le remi-
sage et le transport. L'appareil complet, non
monté, pèse 250 kgr.
M. Collomb estime qu'ayant reporté les poids
les plus lourds très bas au-dessous des aïles,
il aura une excellente stabilité. La direction
est donnée par un gouvernail vertical à l’ar-
rière. L’inventeur pense que l’obliquité des
volets-lamelles à la remontée sera suffisante
pour assurer une translation rapide. En cours
de route, l’obliquité des volets se règle d’elle-
même.
Plus l'appareil va vite,
s'écartent, comme font
seaux.
moins les volets
les plumes des oïi-
CLéry
88 17 Mars 1908
Montgolfières militaires
Nouveau systeme de gonflemant par air Chaud
Cette montgolfière militaire, pour laquelle
un nouveau système de gonflement a été ima-
giné est destinée à remédier autant que
possible à l’absence de ballons à gaz dans une
La cnaufferie de la Montgolfière militaire Louis
Godard montée au centre de son cercle et en fonc-
tionnement. La cheminée est enlevée.
forteresse investie, soit que ces aérostats aient
tous {té utilisés, soit qu'ils ne puissent être
employés par suite de manque de gaz ou de
produits pour en fabriquer. J'ai déjà livré
COME EXACTE
Louis 20010
concurremment avec des ballons à gaz, pour
des levés topographiques, en attendant de-
classer ces deux matériels dans ses places
fortes.
Depuis une vingtaine d'années, de nom-
breuses recherches ont été faites dans cette
voie. Rappelons les noms de MM. Ponchel, de
Graffigny, Derval, le docteur Mora, Sebille,
Savine, l'ingénieur Lefèvre, etc. Ces cher-
cheurs désiraient surtout, avec des montgol-
fières faciles à gonfler partout et peu coûteuses
de construction, d'entretien et de gon‘lement,
mettre l’aérostation à la portée de tous. S'ils
n'ont pas abandonné la question, ils n’ont pas
suivi leurs expériences, les premiers essais
n'ayant pas paru suffisamment concluants.
Le 6 janvier 1908, pour compléter des essais.
précédents, j'ai procédé dans mes ateliers du
pont de Saint-Ouen, au gonflement des deux
nouvelles montgolfières militaires.
Chacune d'elles est en soie. Volume:
1.900 m'; diamètre: 15 m. 40; hauteur sur
cercle : 18 m.; surface : 760 m°.
La chaufferie, spécialement étudiée pour ces
montgolfières, comporte un certain nombre de
brûleurs convenablement groupés; ils sont à
multiples papillons et à courant d’air central,
et utilisent des combustibles liquides tels que:
l’essence de pétrole, l'alcool, l’esprit de vin, la
benzine, le benzol, ete., contenus sous pression
dans un réservoir mobile.
Le type de brûleur ut:-
PL urrrrse
lisé dans ce système de
| chaufferie est dû à l’ingé-
nieur Fouillond. L'es-
sence arrive aux nombreux
brûleurs par une chambre
de distribution alimentée
sous une pression de 6 à 10
kgr. et s'enflamme sponta-
| nément lors de son giclage
dans l’air atmosphérique.
Les flammes atteignent
une longueur de 0 m. 50 à
1 mètre, sans aucune fu-
mée. Le réglage de l’appa-
reil se fait par un simple
: binet distributeur, qui
permet, soit d'augmenter,
soit de diminuer l’activité
de la combustion. Toute
la manœuvre se résume
donc au réglage variable
de ce robinet distributeur,
Détails de la chaufferie.
En haut à gauche, un brûleur, vue en coupe, avec indication de la distribution
à droite, vue d'un brâleur en élévation et au centre vue d'un troi-
sième brûleur avec son godet de réchauffement pour mise en marche
bas, vue d'ensemble de la chaufferie montée sur le cercle de base de la montgol-
d'essence ;
ficre.
deux montgolfières de ce type avec leurs acces-
soires au gouvernement brésilien, qui compte
s’en servir quand le temps le permettra et
qui détermine les varia-
tions d’alt'tude.
La chaufferie est en-
tourée et surmontée d’une
cheminée spécialement
étudiée qui oblige l'air
extérieur à passer sur et à travers les flammes
avant son entrée dans la montgolfière.
Lors de l'expérience du 6 janvier 1908, le
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l'Aérophile 89
vent soufflait à 5 m. par secondes environ, et
à 7 m. 50 par à-coups. Les ascensions ne
purent avoir lieu et l’on dut se contenter de
mettre des sacs de lest en suspension sur le
cercle, pour chiffrer la force ascensionnelle.
La température était de — 6°.
Le temps nécessaire au gonflement et à l’ap-
pareillage se décompose ainsi :
Réchauffage des brûleurs de la
chaufferie par de l’alcool brü-
lant dans des godets inférieurs
DOC Ce Na CR mine
De l’uverture et l’envoi de l’es-
sence pour le fonctionnement
et l'alimentation des brûleurs
pour le gonflement jusqu’à la
10 minutes
mise debout sur cercle...... RU —-
Supplément de chauffage pour
donner l’augmentation et toute
la force ascensionnelle........ 7 —
Soit pour être prêt au départ,
AURDOLAL A ARENA EL ER RAU 31 minutes
Les poids soulevés ont été les suivants:
voie sos dar deesoasneduee 132 kgr.
Cercle de base du ballon et boulons. 15 —
Chauternie ere PE ne cest ee 50 —
Cheminée ten merrin niMennau 15 —
Corde EE ee MA Le EN 12 —
Lest en sacs soulevés au pesage.... 245 —
469 kgr
Le poids soulevé par m’ est donc de
469 kgr.
——— — 246 gr. 84
1.900 m°
ce qui correspond à une température moyenne
de 69° sur l’ensemble des 1.900 m° de la mont-
golfière.
Mais il faut tenir compte qu'avec une tem-
pérature aussi basse que celle du 6 janvier
1908, et malgré une surface de refroidissement
de 760 mètres, les résultats fournis par notre
système de chauffe demeurent d’autant plus
remarquables que ce système était raisonné
pour fonctionner par une température exté-
rieure moyenne d'environ 10° à 15°.
La dépense d’essence a été pour le gonfle-
ment et la force ascensionnelle, de 21 litres
Pendant les deux opérations ci-dessus, il va
de soi que l’on marchait à la plus grande vi-
tesse, les brûleurs donnant toute leur puis-
sance. Aussitôt le gonflement terminé et la
mise debout, le réservoir de gonfilement de
30 litres est supprimé par un simple change-
ment de robinet et le tuyau d’alimentation
est mis en contact avec les deux réservoirs
placés dans la nacelle, contenant chacun 40 li-
tres; ensuite, le fonctionnement des brûleurs
continue avec ces réservoirs où la pression est
maintenue, soit par une pompe rotative à.
main, soit au moyen d’une bouteille d’acier
contenant sous pression un demi-mètre cube.
d'air.
Les 245 kgr. de lest soulevés dans l’expé-
rience du 6 janvier représentaient ce qui suit :
Nacelle nee 26 kgr.
Cercle re ananas T7 —
Deux réservoirs.............. 37 —
rA212
Essence rer ant 50
Unipilote APP PER ENREEANE TOME
Une uiderope Are ren 22 —
Avec une température extérieure moins
basse, on pourra facilement chauffer l'air de-
la montgolfière à 90° environ, ce qui donnera
un pouvoir porteur de 325 gr. par m', c’est à
dire pour notre cas, un supplément de poids
utile à enlever de près de 150 kgr., ce qui
permettrait, soit de faire du captif, soit d’en-
lever deux passagers de plus.
Le lieutenant da Fonseca, de l’armée brési-
lienne et membre de l’Aéro-Club de France,
assistait aux essais du 6 janvier et les con-
trôlait.
Louis Goparb
Dr rs grrr
LE POUR ET LE CONTRE
L'angle d'attaque, l’anglo d'inclinaison et.
l'angle d'incidence. — Ainsi que le dit fort
bien M. A. Goupil (Voir, le Poür et le Contre,
Aérophile 1908, n° 3, p. 54), l'incidence est l’an-
gle que fait le vent relatif avec l'aéroplane, au-
trement dit, c'est la direction du mouvement de
l'appareil qui doit être considérée, puisque c’est
le mouvement qui crée le vent relatif.
Reste à savoir.si la direction du mouvement
propulseur doit obligatoirement coïncider avec
la direction du mouvement de l'appareil.
Si l’on s'en rapporte aux croquis ci-dessous
(appareil Santos-Dumont, appareil Farman), il
semble bien que l'angle d'incidence s'entend par
rapport à la direction du mouvement propul-
seur. Pour satisfaire à la définition de M. Gou-
pil, — qui est la bonne -— il faudra que l'avia-
teur conserve un niveau constant, si la direc-
tion (D) est maintenue dans l'horizontale, ou
qu'il braque son propulseur exactement d’au-
tant de degrés qu'il veut s'élever ou descendre.
Mais l'appareil suivra-t-il la rampe indiquée?
90 1° Mars 1908
Ce n'est pas probable, ii y aura généralement
une divergence entre la direclion envisagée et
celle que l'on suivra effectivement, ce qui aura
pour conséquence l'intervention de ce facteur
imprévu que je laissais pressentir en posant la
question, c'est-à-dire une certaine composante
tendant à relever ou à abaisser la trajectoire.
Ce nouveau facteur étant dérivé du mouvement
propulseur, il est bien certain qu'un aéroplane
automoteur porte en lui-même une cause de
trouble dont l'influence n'est pas négligeable.
La question posée dans le numéro de décembre
dernier a pu paraitre naïve à ce moment; elle
l'était déjà moins quand M. Archdeacon & ré-
clamé un indicateur d'homzontale; et mainte-
nant qu'on à pu voir, dans le même numéro de
février de l'Aérophile, le croquis reproduit ci-des-
sus (élévation) de l'appareil Farman, le concours
d'indication d'horizontale, et la réponse de
M. Goupil, l'intérêt qu'il y avait à distinguer les
trois sortes d'angle que l'on dénomme indiffé-
remment angle d'incidence, dans toute la presse
y compris ce bulletin ,où ia précision est de
rigueur, n'échappera certainement à personne.
OMER LEUDEIT
Pour la boussole des aviateurs, ou de l'in-
cidence d’un aéroplane. — [a boussole des
aviateurs qui doit être un « indicateur d'horizon-
talité » (V. Aérophile des 1" janvier et 1" février),
implique ce principe que « l'incidence d'un aéro-
plane » se mesure par l'angle fait par ses plans
avec le plan horizontal. Dans ce cas, l'appareil
demandé sera lié intimement au niveau où au
pendule, Mais quelqu'un trouble la fête : c'est
M. A. Goupil qui, dans l'Aérophile du 1" fé
vrier 1908, nous dit que : « l'incidence d'un aéro-
plane » est l'angle que fait le vent relatif avec les
plans. Reportons-nous à cet article et nous ver-
rons que l'application de « l'indicateur d'hori-
zontalité » ne serait vraie que pour un vent
horizontal (fig. 1, page 54, col. 2}, mais dans
le cas de la figure 2? (même page), laviateur
qui suivrait les indications de sa « boussole »
serait vivement collé à terre. La question se
pose alors de nouveau :
Est-ce par rapport à « l'horizontale » où au
« courant aérien (ascendant, horizontal, descen-
dant) » qu'un aviateur doit régler son angle d'at-
taque ? | de |
La réponse à celle question précisera la voie
dans laquelle les inventeurs devront s'engager
pour créer un appareil utilisable. — LUCIEN Bou-
DIN
Dans les Sociétés Héronautiques
Société Aéronautique de Belgique. — (e
nouveau groupement, fondé le 16 décembre 1907,
a élu comme suit pour 1908, le bureau de son
Comité directeur :
Président : le comte Hadelin d'Oultremont ;
secrétaire général : le capitaine du génie, Ma-
thieu : trésorier : le comte Adrien van den Burch;
membres : MM. Deladrier, docteur ès sciences ;
Heirman, ingénieur ; Maurice Hermans, le baron
Pierre de Crawhez.
La Société aéronautique de Belgique se pro-
pose d'encourager la locomotion aérienne et d'ai-
der à sa vulgarisation en facilitant les ascen-
sions privées pour la formation des pilotes, la
pratique des ascensions privées et des observa-
lions méléorologiques ; elle portera un égal in-
térêt à l’aérolocomotion mécanique par le plus
léger et le plus lourd que l'air.
Le duc d'Arenberg a bien voulu accepter la
vice-présidence d'honneur de la Société.
Aéro-Club de l'Ouest. — Tel est le nouveau
ro-Club Angevin. M. de Farcy. a élé élu Ï-
dent. L'achat d'un ballon de $20 m° a été décide.
Des demandes seront failes pour obtenir le gaz
à 15 centimes. Un parc d'aéroslalion serait créé
à Angers,dans les prairies qui bordent Ja Maine.
D y a là un intéressant effort de décentralisa-
tion scientifique et sportive dont nous comptons
Signaler bientôt le succès complet et mérité.
L'Aéro-Club de la Sarthe. — ['Automobhile-
Club de la Sarthe vient de décider la NE
d'une commission aéronautique qui a décidé:
de faire appel au concours de M. Barbotte pour
former les pilotes de J'A. C. S.: de faire une
première ascension le dimanche 5 avril; d’orga-
niser à cette date une rallye ballon et diverses
autres manifeslalions aéronautiques.
Nord-Aviation. — Sous Ce titre, vient de se
constituer un groupement d'aviateurs qui à élu
son bureau comme suit: MM. Fernand Scrine
industriel ; Dinoire, vice-président ; Riquez se-
crélaire-trésorier ; docteur de Rycker, secrétaire-
RÉeUMÈlE Siège social: 13, rue des Buisses,
ille.
A l'Aéro-Club suisse. — | assemblée générale
de l'Aéro-Club suisse a eu lieu à la fin de jan-
vier à Berne, sous la présidence du colonel
Schoeck. Le nombre des membres atteint envi-
ron 200. Le conseiller fédéral Forrer a été
nommé membre d'honneur. Six ascensions, or-
ganisées par la Société, ont été prévues pour
1908. L'Aéro-Club suisse, participera celte année
avec deux ballons, à la Coupe Gordon-Bennett!
Assemblée générale de l’Aéro-Club du Nord.
— La première assemblée générale de l'Aéro-Club
du Nord, a été tenue au siège social, 1, contour
Nrur à Roubaix. ou
M. Edouard Boulanger, président, a rappelé
les débuts du Club et constaté les Does
l'idée aéronautique avait accomplis en 1907 dans
la région, il a remercié tous ses collègues du
Comité de leur collaboration assidue, et en évo-
quant es exploits de Farman et des autres avia-
teurs, en vue de la conquête de l’air, a souhaité
que les pilotes des ballons sphériques devien-
nent bientôt des pilotes d’aéroplanes.
Au nom du Comité, M. A. Damez, secrétaire,
a fait l'historique du Club et énuméré les dix-
neuf ascensions effectuées au cours de la der-
nière saison, qui ont nécessité un total de
15950 n° de gaz : 66 passagers, dont * dames, ont
participé à ces ascensions el couvert une dis-
tance totale de 1.392 kilomètres en 83 heures
»7 minutes. M. Damez a rappelé les belles per-
formances accomplies par les pilotes du Club
dans le concours international de Bruxelles et
dans le grand prix de l'Aéro-Club de France,
puis, après avoir remercié l'administration mu-
nicipale de Roubaix, d'avoir mis à la disposition
du Club, le square Achille-Wibaux, pour y ins-
taller son parc aérostatique, il a souhaité que
l'Aé. C. N. qui comptait au début 26 membres et
qui en possède maintenant plus de 50, puisse
suivre celte progression.
M. A. Lepers, trésorier, a donné connaissance
de la siluation financière au 31 décembre, qui
se chiffre par un total de 9.136 fr. 25 de recettes
et 7.718 fr. SO de dépenses, soit un avoir de
1.257 fr. 45, puis M. Delanoë, au nom de la com-
mission de surveillance, a proposé d'approuver
les comptes, ce qui a été fait à l'unanimité.
La nomination du Comité définilif a donné les
résultats suivants : Président, Ed. Boulanger ;
vice-président, H. Delanoë ; trésorier, A. Lepers ;
secrétaire, A. Damez ; conservateur du matériel,
Max Desumont ; commissaires, C. Crombez, E.
Delabre, E. Lesur, P. Motte, Guy d'Ussel, G. Van-
filre, plus général qu'a définitivement pris l'Aé-dendriessche et E. Rasson.
J’Aérophile
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
84,
Siège social :
Télégrammes :
PARTIE OFFICIELLE
Convocations
Conseil d'administration, jeudi 5 mars, à 5 h.
‘exceptionnellement).
Comité, jeudi 5 mars, à 5 h.
Commission scientifique, lundi 24 février, à
Dune
Commission sportive, sur Convocation du Bu-
reau.
Commission d'aviation, sur Convocalion du Bu-
reau.
Commission technique, sur convocation du
Bureau.
Dîner mensuel, jeudi 5 mars, à 7 h. 1/2, en
l'Hôtel de l’Automobile-Club, 6, place de la Con-
corde. Prix du couvert : 8 francs, tout compris.
Siège social 84, faubourg Saïint-Honoré,
Paris (VIII).
Télégrammes : AfrocLuB-Paris. — Téléph. :
°276-20.
Pour les diners, réservés aux seuls membres
de l'Aéro-Club, les inscriptions reçues la veille
au plus tard, accompagnées du prix du couvert,
permettent seules de retenir les places.
Assemblée générale annuelle
Par décision du Comité de Direction, en date
du 6 février, l'Assemblée générale annuelle aura
lieu le jeudi 7 avril 190$. à 9 h. 1/2 du soir. à
l'issue du diner, dans les salons de l’Automobile-
‘Club de France, 6, place de la Concorde.
re
Changement d'adresse
A parlir du 15 avril 1908 (ou de fin mars si
les transformations etaménagements peuvent être
achevés à temps), le siège social et les bureaux
de J’Aéro-Club de France, actuellement 84, fau-
bourg Saint-Honoré, Paris, seront transférés
63, avenue des Champs-Elysées, Paris, près la
rue Pierre-Charron et la station du Métropolitain
Marbeuf.
Les membres de l'Aéro-Club trouveront dans
ce nouveau local plusieurs salons de lecture et
de correspondance, à côté du bureau du secré-
peria et du bureau du Bulletin officiel l’Aéro-
_phile.
Les dispositions concernant le parc de l’Aéro-
Club aux coteaux de Saint-Cloud, restent les
‘mêmes.
Parc d'aviation de l’Aéro-Club de France
L’Aéro-Club de France a obtenu du ministère
de la Guerre la concession d'un vaste emplace-
ment, à Issy-les-Moulineaux, sur lequel pour-
ront être édifiés les hangars destinés à abriter
les aéroplanes et machines volantes diverses en
-cours d'expériences.
Ce terrain, contigu au camp de manœuvres
faubourg Saint-Honoré. Paris (VII)
AÉROCLUB-PARIS. — Téléphong : 276-20
sur lequel ont eu lieu les fameuses expériences
d'Henri Farman, sera entièrement clos et cons-
tiluera le Parc d'aviation de l'Aéro-Club de
France, où les aviateurs seront absolument chez
eux Comme les aéronautes le sont déjà au Pare
aérostatique de l’Aéro-Club de France, sis aux
Coteaux de Saint-Cloud.
PARTIE NON OFFICIELLE
LES ASCENSIONS AU PARC DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
23 janvier. — 9 h. 45 du am. Ariane (450 m') ;
M. Emile Dubonnet. Aft. à midi aux Essarts-le-
Roi, De Rambouillet. Durée : 2 h. 15. Distance :
30 kil.
30 janvier. 9 h. 30 du m. Aéro-Club II
(1.550 m°); MM. Jacques Delebecque, Ernest Bar-
botte, Mme Girault, Mlle Brun. Alt. à 3 h., à
Sullv-sur-Loire (Loiret). Durée : 5 h. 30. Distance :
12% kil.
5 février. — Saint-Cloud-Arcachon. 1 h. du m.
Le Condor (1.450 m°): MM. Emile Dubonnet, le
comte Jean Recopé. Bah Valentin. Alt. à 9 h.
du matin. entre Andernos et Facture, près du
bassin d'Arcachon. Durée : $ h. Distance : 530 kil.
environ.
Ce très joli voyage était pioté par M. Emile
Dubhonvet. qui accomplissait sa onzième ascen-
sion. Il aurait pu être prolongé encore, si le
le ballon n'avait rencontré l’infranchissable bar-
rière des vagues, car il restait encore à bord
250 kilogr. de lest environ.
Rappelons que J'Aére-Cluh du Sud-Ouest avait
organisé en 1905, une épreuve, da Coupe de La
Petite Gironde, dont le vainqueur devait êlre
l'aéronaute aui, parti de la région parisienne,
desrendrait le plus près de Bordeaux avant
le 1° janvier 1906. (Voir l’Aérophile de juin 19.
p. 141). Or. aucun concurrent ne put réussir,
dans ce lans de temps, à jeter l'ancre ën Gi-
ronde, et l'épreuve fut supprimée. Jusqu'à ce
jour, on ne pouvait guère citer comme raid aé-
rien de Paris en Gironde, que celui de Gaston
Tissandier dans le Zénilh, de Paris à Lauton,
en 1875, satisfaisant par avance aux conditions
de la Coupe de La Pelile Gironde, tandis que
Emile Dubonnet vient de les remplir quelques
mois plus tard. Il y eut bien en 1907 de nom-
breux atterrissages sur le territoire de la Gi-
ronde, les ballons ne venaient pas de Paris.
Ils venaient de beaucoup plus loin encore, de
Bruxelles et disputaient le concours de distance
si réussi, organisé l'année dernière par l'Aéro-
Club de Belgique. (Voir l'Aérophile de septem-
bre 1907.) P s
8 février. — 11 h. 45 du m. Stéella-Maris
(660 m'); MM. Henry Gon, Le Provost de Lau-
nay. At. à 3 h. 30, à La Houssaye, près Marles
(S.-et-M). Durée : 3 h. 45. Distance : 50 kil. ,
9 février. — 11 h. 45 du m. Quo-Vadis (1.200 m') :
MM. André Schelcher, Barbotte, Louis Navoit.
Att. à 4 h. 35, à Pithiviers. Durée : 4 h. 50. Dis-
tance : 78 kil.
9 février. — Midi 10 Aéro-Club IV (580 m').
92
M. Pierre Gasnier. Att. à 3 h. 30, près Montihéry
(S.t-O.). Durée: 3 h. 20. Distance : 26 kil.
10 février. — 4 h. 30 du s. Le Condor (1.450 m°) ;
MM. Emile Dubonnet, Jacques Faure. Alt. le
11 février, à 9 h. du m., à Sourdeval, près Vire
(Calvados). Durée : 16 h. 30. Distance: 230 kil.
12 février. — 11 h. du m. Radio-Solaire
(725.m°) ; MM. Léon Godard, Robert Goldschmidt.
AtE. à 3 h. 15, à Romilly-sur-Andelle (Eure). Du-
rée : 4 h. 15. Distance : 89 kil.
Dons POUR LA BIBLIOTHÈQUE, LE MUSÉE ET LES
ARCHIVES
Deux agrandissement photographiques du di-
rigeable Ville-de-Paris en pleine marche, don de
M. Henry Deutsch de la Meurthe.
Le Tour du Monde de deux gosses, par le
comte Henry de La Vaulx et Arnold Galopin,
1 vol., don des auteurs.
A L’AÉRO-CLUB DU SUD-OUEST
La semaine aéronautique de Bordeaux. —
Du 15 au 21 février, ont eu lieu à Bordeaux, par
les soins et sous les auspices de l'Aéro-Club du
Sud-Ouest, une série de manifestations aéronau-
tiques des plus intéressantes. Cette « semaine
aéronautique de Bordeaux », très réussie mal-
gré des circonstances atmosphériques peu favo-
rables, est une preuve nouvelle de la vitalité
du grand Club aéronautique bordelais. Un
groupe de pilotes de l'Aéro-Club de France à
participé à ces fêtes. En souvenir des relations
amicales que la plupart d'entre eux nouèrent
dès longtemps avec leurs camarades bordelais,
les aéronautes parisiens ont fait don à l’Aéro-
Club du Sud-Ouest d’un superbe bronze, la Bac-
chante de Barrias, qui constituera le prix d'une
nouvelle épreuve, Ja « Coupe des Pilotes ». ex-
clusivement réservée aux pilotes de l'A. G. S. O.
habitant la région du Sud-Ouest.
La semaine aéronauuque de Bordeaux débuta
par un grand banquet, offert 1e 15 février, en
l'honneur des pilotes de V'Aé. ©. F. Le lendemain
dimanche, eut lieu un concours d'atterrissage :
le lundi 17 février, des conférences par le comte
Henry de La Vaulx et le capitaine Ferber et les
jours suivants, une série d'ascensions sportives.
Nous donnerons dans un prochain numéro
un compte rendu détaillé de la semaine aéro-
nautique de Bordeaux.
Les brevets de l’Aéronautique
BREVETS NON MENTIONNÉS DE 1907
381925. — 16 septembre 1907. — H. REISSNER :
Aviateur.
8187/374126. — 23 novembre 1906. — J. CoL-
LOMB : 2° Cerlificat d'addilion au brevet pris, le
9 avril 1906, pour aéroplane.
382091. — 18 septembre 1907. — H, PAwLIK :
Hélice à ailes reversibles.
382153. — 23 septembre 1907. — H.-M. HINGLEY
et J. FLETCHER : Perfectionnements aux ancres.
382019. — 18 janvier 1907. — H.-M. MIDDLETON :
Machine volante.
382087. — 14 septembre 1907. — J.-A. pe MESs-
TRE : Aérostat dirigeable pouvant se transformer
SRE en parachute et flotter éventuel-
ement.
382190. — 24 septembre 1907. — J.-L. GARDEL :
Aviateur.
8219/369937. — 21 septembre 1907. — A.-P. F1-
LiPp. — 1* Cerlificat d'addition au brevet pris, le
22 septembre 1906, pour perfectionnements à une
17 Mars 1908
surface d'ascension applicable aux appareils-
destinés à pouvoir s'élever, se soutenir et se-
diriger dans l'air.
8226/361723. — 23 septembre 1907. — J. Cons--
TANTIN : 2° Certificat d'addition au brevet pris,
le 26 août 1905, pour aviateur équilibré.
382542. — 18 juillet 1907. — E.-E. LiNDKVIST :
Propulseur pour navires, aéroplanes et autres.
382465, — S décembre 1906. — P. AUGEYROLLE :
Aviateur mixte.
382530. — 4 octobre 1907. — L. BLÉRIOT : Pro-
cédé et dispositif pour permettre l'ascension sur :
place des aéroplanes et appareils analogues.
382546. — 25 juillet 1907. — M. SCHAVONE : Ap-
pareil aérostatique dirigeable avec aérostats ju-
meaux à enveloppe métallique.
382724. — 10 octobre 1907. — VW. BEEDLE : Pro-
pulseur à hélice pour la navigation marine ou-
aérienne.
382794. — 10 juillet 1907. — L. TORRES QUEVEDO :
Perfectionnements dans les ballons fusiformes.
BREVETS PRIS Du 19 DÉCE) BE 1907 AU 15 1ANVIER 1908:
8323/37717%. — 15 octobre 1907. — [,. BLERIOT :
Premier certificat d'addilion au brevet pris le
26 avril 1907, pour système de commande.
382895. —15 octobre 1907. — D. GROSCLAUDE :
Propulseur de locomotion mécanique plus spé--
cialement destiné aux engins de navigation aé-
rienne et sous-marine.
382609. — 15 octobre 1907. — G. R. LAWRENCE :
Appareil photographique aérien.
353110. — 18 octobre 1907. — J. CoLLoMBg : Bal:
lon dirigeable.
383315. — 28 octobre 1907. — L.-F FERBER : Sys-
Enr A PEU pour appareils d'aviation.
83655
. — 8 novembre 1907. — A.-G. GorY :
Hélice propulsive.
383589. — 4 novembre 1907. — L. TARDIN : Aéro
plane à deux ailes battantes et à hélice propul-
sive.
383619. — 5 novembre 1907. — A. WOLFMUEL-
LER : Stabilisateur pour aéroplanes et aérostats.
Communiqué par MM. WEISMANN et MARX,
ingénieurs-conseils en matière de propriété in--
dustrielle, 90, rue d'Amsterdam, Paris.
LÉPPLTITS SPIP PEER
he Tour du Monde Aérien
Les projets d'Henri Farman. — Ainsi que
nous l'annoncions dans le dernier numéro de
l'Aérophile, après avoir gagné le Grand Prix
d'aviation, Henri Farman s'est rendu en Angle-
terre, avec son frère M. Dick Farman, dans l'in-
tention d'y disputer quelques-uns des prix d'a-
viation annoncés dans l’Aérophile de janvier
1907, notamment le prix du mile en ligne droite
(25.000 francs), par le Graphic et le Daily Gra-
phic. Mais l’autodrome de Brooklands, près de
Londres où devait se « voler » l'épreuve, est trop
encombré d'arbres et de fils télégraphiques pour
permettre d’expérimenter dans des bonnes con-
ditions. Hust Park et Kempton Park, non plus
que les terrains militaires de Laffan et du camp
d'Aldershot, ces derniers trop éloignés de Lon-
dres, ne faisaient l'affaire. Par contre, il existe
à Richmond Park un emplacement excellent,
où l'on pourrait franchir aisément une distance
de 3 milles, sans rencontrer d'obstacles. L'Aéro-
Club of the United Kingdom demandera aux
autorités la permission nécessaire.
En attendant, Henri Farman rentré en France,
poursuivra son entraînement à Issy-les-Mouli--
neaux, à bord de son glorieux aéroplane n° 1,
tout en activant les travaux de l'Henri Farman
11, dont l'Aérophile. du 15 janvier a donné les-
principales caractéristiques et que les frères Voi--
sin achèvent dans leurs ateliers de Billancourt.
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J’Aérophile 93
Nous publtons dans ce même numéro les des-
sins côtés de ce nouvel aéroplane de Farman,
Je Flying-Fish, documents du plus haut inté-
rêt, dus à l’obligeance de MM. les frères Voisin.
Ces dessins côtés complètent très utilement pour
nos lecteurs une note des célèbres constructeurs
-de Billancourt, parvenue juste à temps pour pa-
raître aujourd'hui.
Concours d'aviation de Vichy. — Il est ques-
tion d'organiser au cours de l'été 1908, à Vichy,
un concours d'aéroplanes doté de 50.000 francs
de prix.
M. Bougarel, président de l'Automobile-Club de
Vichy, promoteur de cet intéressant projet, avait
offert comme emplacement, à la Commission
d'aviation de l'Aéro-Club de France, l’hippo-
drome de Vichy. Ce terrain, parsemé d'obstacles
et cultivé en son milieu, fut visité par MM. Arch-
deacon, Henri Farman, Robert Esnault-Pelterie,
et reconnu peu propice, mais il existe à côté
une vaste plaine qui se prêterait mieux à une
épreuve de ce genre et sera probablement choisie.
Les conditions du concours seront ultérieure-
ment définies.
Machine volante Coanda. — Le lieutenant
Coanda, du 1?° d'artillerie prussien, aurait es-
sayé secrètement avec succès, en 1907, à Span-
dau, une machine volante composée de 2 sur-
‘faces aéroplanantes tirées par une hélice à axe
horizontal et de 2 hélices sustensives à axe ver-
‘tical de sens de rotation opposés, disposées l’une
derrière l’autre dans le plan de symétrie de l'engin,
et placées l'une entre les deux plans aéroplanes,
l'autre plus petite, entre ces plans et le gsouver-
nail d'arrière. Toutefois, la grande hélice n’a
pas son axe absolument vertical ; il est incliné
-de 17°, disposition qui aurait pour but et pour
effet de soustraire les plans aéroplanes à l'ac-
tion de la colonne d'air chassée en arrière par
cette hélice. La machine volante sur laquelle on
n'a que ces renseignements assez confus, semble
donc une combinaison de l'aéroplane et de l'hé-
licoptère ; munie d'un moteur Antoinelte de
50 chx, qui assurerait à la grande hélice sus-
tersive notamment, un elfort axial de 180 kilog.:
Ja machine ne pèserail, monlée par l'expérimen-
“ateur, que 200 kilogr.
Henry Fournier, aviateur, — Henry Fournier,
Je chauffeur célèbre, a terminé les plans d'un
nouvel aéroplane. Cet appareil sera muni d'un
nouveau moteur à 8 cylindres en V, refroidisse-
ment par air, dont on n'indique pas la puissance
-et qui pèserait environ ? kilogr. par cheval.
Un aéroplane allemand. — Ün aéroplane.
‘construit sur les plans du professeur Süring, de
l'Observatoire météorologique prussien, commen-
cera prochainement ses essais. au Champ de ma-
nœuvres de Tegel, près Berlin, qui sert déjà
d'aérodrome au dirigeable militaire prussien et
“au Parseval.
Un aéroplane anglais. — On vient d'ache-
ver en Angleterre un aéroplane construit en
grand secret et auquel s'intéresse le War-Office.
L'engin qui a coûté 2.500 livres (62.500 francs)
est muni d'un appareil gyroscopique. Les essais
auront lieu incessamment à Norbury, devant des
représentants du War-Office.
L'aéronat Bollée. — On assure que M. L. Bol-
lée, le constructeur d'automobiles bien connu,
construit au Mans, un nouveau dirigeable, d’au-
tres disent un appareil d'aviation. Jusqu'à pré-
sent, M. Bollée laisse dire, mais ne croit pas
devoir préciser.
Le Santos-Dumont XVI. — Dans les premiers
jours de mars, Santos-Dumont procédera aux
“essais de son seizième engin, appareil mixte,
modifié. Ce minuscule appareil de promenade
“omportera une poche à gaz de 110 m°, insuffi-
sante à elle seule pour enlever l'engin et le pi-
dote. Il reste en effet un excédent de poids de
20 à 30 kilogr. C'est à la réaction de l'air sous
des surfaces aéroplanantes que sera demandée
Ja force ascensionnelle nécessaire pour enlever
l'excès de poids. C’est donc bien un appareil
mixte.
L'engin sera muni de deux moteurs 6-8 che-
vaux ne pesant chacun que 7 kilogr. et action-:
nant chacun une hélice de 1 m. 15 de diamètre
et de 0 m. 75 de pas, placée latéralement à une
poutre armée de » m. de long, contenant la par-
tie mécanique.
Concours aéronautiques de Spa (aérosta-
tion et aviation), — Une Commission insli-
tuée par l'Aéro-Club de Belgique, composée
de MM. le baron Joseph de Crawhez, président ;
Robert Goldschmidt, vice-président ; le baron
Guy van Zuylen et Jouveneau, secrétaires ; le
chevalier Jules de Thier, Adhémar de La Hault,
Paul d'Aoust, Braconnier, de Hemricourt, Ed.
van der Stegen, Honoré, Demoor, le baron Pierre
de Crawhez, le capitaine Malevé, vient d'être
chargée par le Comité central d'organisation des
fêtes de Spa 1908, d'élaborer le programme des
concours aéronautiques (aérostation et aviation)
qui auront lieu à Spa les dimanches 26 juillet,
2 août, 9 août 1908.
Cette série d'épreuves comportera notamment
un concours d'aéroplanes avec premier prix de
50.000 francs, ?° prix de 10.000 francs, 3° prix de
500 francs, dont le règlement sera ultérieurement
publié. L'aérodrome sera installé à la Sauve-
nière, Les épreuves se disputeront sans doule
les 9, 16 et 23 juillet 1908.
L’' « Elecottera ». — Il vient de se fonder à
Savigliano, près Turin, une société au capital de
75.000 lire pour la construction et les essais
d'un appareil d'aviation dit lElecottera, inventé
par M. G. Fuseri .
L'ornithoptère Salviotti. — Dans une con-
férence à Vérone, à la fin de janvier, le
baron Salviolti a annoncé la prochaine mise en
chantier d’un appareil à ailes battantes de 50 m°
de surfaces, pesant, monté, 400 kilogr.
Dirigeables militaires suisses. — Le dépar-
lement militaire fédéral de Berne a reçu, d'in-
venteurs suisses et étrangers, de nombreuses
propositions pour la construction de dirigeables
militaires. On assure d'autre part que le gou-
vernement helvétique serait disposé à étudier
et à construire par ses seuls moyens, un ballon
automobile, si le besoin s’en fait sentir.
Un dirigeable russe. — [La commission de
l'administration supérieure du génie russe à
achevé les plans d'un ballon dirigeable ana-
logue au Patrie, et pouvant emporter 5 passa-
gers ; cet engin devra être établi par des ou-
vriers et avec des matériaux russes. Le moteur
est commencé. Le ballon sera probablement prêt
vers le milieu de septembre.
Dirigeables anglais. — Quatre dirigeables,
et non deux, seraient en construction dans les
ateliers du génie militaire anglais. Toute cette
floltille aérienne appareillerait ce printemps sous
les ordrres du colonel Copper.
Les dirigeables militaires américains. —
Aux Etats-Unis, le Congrès aurait l'intention de
voter 1.000.000 de franes pour encourager l'aéros-
tation militaire. Une partie de cette somme se-
rait consacrée à la construction de deux diri-
gcables dont le prix est évalué à 25.000 l’un.
Le ministre de la Guerre américain avait pré-
cisé, paraît-il, comme suit, les conditions exigées
des dirigeables militaires qui lui seront proposés.
Enveloppe en soie lenant bien l'hydrogène, la
soie et le gaz étant fournis par le gouvernement.
Les ballons doivent pouvoir emporter au moins
94 1°" Mars 1908
deux personnes de 5 kilog, avec 50 kilog. de
. Séjourner 2 heures en l'air et faire de ?5 à
kil. à l'heure. Il y a déjà une commande.
L'’aéroplane « Delagrange I ». — M. [Léon
Delagrange s'est mis à l'entrainement avec son
aéroplane n° ?2, construit par les frères Voisin,
muni d'un moteur « Antoinette » 50 chev. et en-
tièrement semblable à l’Henri Farman I. On sait
que les essais de mise au point du Delagrange 1,
le deuxième appareil d'aviation qui ait réussi un
vol soutenu. (Voir Aérophile 1907, passim) après
le fameux X/V bis de Santos-Dumont, (Voir AÀé
rophile de septembre. octobre et décembre 1906),
au aient été conduits par l'un des constructeurs.
Charles Voisin, M. Delagrange, tient mainte-
EE à opérer lui-mêrne, et dès le 20 janvier il
sait à Issy-les-Moulineaux, un vol d'une
centaine de meires, d'excellent augure pour la
suite des expériences.
L'aéroplane de Pischoff. — NI. de Pischoff.
continue à Issy-les-Moulincaux, les essais de
son intéressant aéroplane muni d’un excellent
meteur Anzani 30 chev. 3 cvl. Le 15 janvier, no-
tamment, il réussit plusieurs envolées successives
de 30, 410, 80 mètres.
Vincenzo Florio aviateur, — Nous relalions
dans un précédent numéro. page 36. le pari de
100.000 francs conclu entre MM. le chevalier
Vincenzo Florio et Alfredo Vonvwiller (circuit
aérien en machine volante à boucler avant le
1% janvier 1909, au-dessus de l’autodrome de Pa-
janvier 1909, au-dessus de laulodrome de Pa-
lerme).
Pour mieux défendre sa chance, M. Vincenzo
Florio a commandé aux frères Voisin un nouvel
aéroplane qui sera muni du nouveau moteur
d'aviation Renault. L’aéroplane différera totale-
ment de celui qu'Henri Farman vient de con-
duire à la vicloire: aussitôt construit, on le
transportera à Palerme où auront lieu les essais
de mise au point.
Le choix d'une maison française par le célèbre
sportsman italien, est un hommage particulière-
ment autorisé à une industrie nouvelle, éclose
chez nous. et dont les merveilles ne font que
commencer.
Le nouveau dirigeable des aérostiers prus-
siens. — Le ? janvier, au champ de manœuvre
de Tegel eut lieu un essai du nouveau dirigea-
ble des aérostiers prussiens en présence de plu-
sieurs généraux, du prince Ruprecht de Bavière
et du duc Albert de Wurtemberg, qui virent le
hangar et le ballon, guit par le major Gross.
A 11 h. 22. le dirigeable monté par le capitaine
von Sperling et le prince Ruprecht s'élevail
pour redescendre après quelques évolutions à
midi. Une nouvelle ascension avec deux généraux
le capitaine von Sperling et le mécanicien, ful
manquée ; le ballon s'éleva péniblement et don-
na méme contre un mur : un des généraux étant
descendu, l'ascension put cependant avoir lieu,
marquée par quelques évolutions. Enfin, dans
une troisième excursion, le ballon alla évoluer
sur Berlin.
Concours de modèles d’aéroplanes. — |°
Comité sportif de l'Exposition de Munick 1908
organise le concours Munchener Virein für Lufls-
chiffahrt, une exposition et un concours de pe-
tits modèles d'aéroplanes avec et sans dispositif
moteur. Les modèles sans moleurs, qui devront
avoir une surface de 1 m* au moins et 2 m° au
plus, peser au moins 5 kilog. par m°, pourront
prétendre à un prix après avoir franchi au moins
15 mètres pour une hauteur de chute de 2 mètres.
Inscription re çues jusqu'au 1" mars 1908, au Sc-
crétariat du Comité sportif de l'Exposition de
Nunich 1908, Neuhauserstrasse 10, Munich, qui
envoie gratis sur demande, lous renseignements
et le pvrogramme délaillé.
Le ELYING-EFISH d'Henri Farman
Les caractéristiques du prochain appareil de
Henri Farman ont été publiées déjà par la plu-
part des quotidiens sportifs. Malheureusement,
chacun d'eux ayant voulu paraître mieux in-
formé que son voisin, de toutes ces descrip--
tions, aucune n'est juste.
L'Acrophile va remettre les choses au point.
Le Flying-Fish se compose d’une sorte de-
long corps fuselé que nous avons établi sui-
vant notre mode de construction habituel, c’est
à-dire, en montants pris dans des raccords spé-
ciaux en aluminium, et maintenus par la sim-
ple pression de fils d'acier à tension réglable.
La longueur totale de ce fuselage est de 14 mè-
tres, et sa plus grande largeur est de 0 m. 90;
il contient la partie mécanique complète de-
l'appareil : moteur, arbre de transmission, hé-
lice de 2 m. 50 de diamètre placée complète-
ment en avant, commande de gouvernail et pi--
lote. Ce fuselage repose sur notre modèle de
châssis orientable qui a fait ses preuves dans
l’'aéroplane Henri Farman N° 1; à l'arrière,
une seule roue orientable elle aussi, empêche le-
contact avec le sol dans les atterrissages et à
l'arrêt. Le long de ce fuselage et suivant les
croquis ci-contre, sont disposées cinq paires
d'ailes : 3 à l’avant dont l’envergure totale
est de 6 m. 30, et 2 paires à l’arrière d’une en-
vergure de + m. ; la largeur respective de
chacune d'elles est de 1 mètre; la surface to-—
tale pour l'appareil est donc de 24 md.
Toutes ces ailes sont disposées en escalier
pour les raisons suivantes : au cours des ex-
périences de monoplan qui ont eu lieu ces der
niers temps, nous avons remarqué deux acci-
dents qui avaient une cause absolument iden—
tique : nous voulons parler de celui du comte-
de La Vaulx et de-celui de M. Blériot; la sur-
face de ces deux appareils était constituée par-
une seule paire d'ailes dont l’envergure attei-
gnait 12 mètres. On se rend compte des diffi--
cultés qu'ont dû rencontrer les constructeurs
pour réaliser un point d'attache au corps de
l'appareil, suffisamment robuste pour résister-
à la pression relativement forte sur ces ailes.
Au cours des essais, ces points d'attache cé--
dèrent, occasionnant les accidents que l’on sait.
Pour éviter semblable mésaventure, nous avons
adopté le dispositif d'ailes multiples qu’on re-
marquera sur les croquis ci-contre. D’un autre:
côté, il est reconnu que des ailes travaillant
dans le remous les unes des autres ont un ren-
dement déplorable; nous n'avions qu'un seul
moyen d'y remédier, c’est la disposition en es-
calier que nous avons adoptée du reste.
Nous avons abandonné dans cet appareil le
dispositif d’équilibreur placé à l'extrême avant,
et nous avons tiré profit des expériences de-
Blériot; la dernière paire d’ailes du Flying-
J’Aérophile 95
_jish est mobile autour de son axe placé au cen-
tre de pression.
Chaque aile se compose de 13 éléments gou-
pillés sur un tube placé au centre de pression
.de chacune d'elles. Ce tube, sur lequel est
brasé un levier mobile sur un secteur, peut
donc pivoter autour de lui-même, dispositif qui
nous permettra de régler l’incidence des ailes,
à la demande des essais. Nous avons employé
pour la commande des gouversails le même dis-
: positif que dans le Henri Farman N°1, c'est-
mètres à l'heure, malgré la considérable résis-
tance à la pénétration, inhérente aux appareils
cellulaires, nous avons bon espoir d’obtenir la
vitesse nécessaire au soulèvement, et même,
lorsque la mise au point sera entièrement ache-
vée, d'obtenir une vitesse bien supérieure en
diminuant l'incidence des ailes.
A un engin aussi spécial il fallait un moteur
spécial lui aussi.
La maison Renault frères a bien voulu nous
prêter son concours efficace et nous établir le
|
|
|
/2.000.
4700
Le « Flying-Fisk » (Poisson volant) d'Henri Farman ou afroplanc Henri Farman n° 2. (La dénomination d'aéroplane Henri
Farman 1 bis), s'appliquera à l’aéroplane vainqueur du Grand Prix, remis à neuf et muui d'un moteur d'aviation Renault, 50 chevaux.)
Légende deseriptive : A, plans porteurs; B, gouvernail horizontal; C, gouvernail vertical ; D, chässis à roues orientables; E,
corps de l'appareil ; F, roue arrière; G, hélice; M, moteur ; e, e, commande du gouvernail vertical, venant s’enrouler sur la poulie p;
b, commande du gouvernail horizontal, obtenue par le coulissement de l'arbre du volant dans pièce de support omise, agissant :
1° sur le levier 4’ et 2 par un système de renvoi 4” sur la commande; P, pilote.
Poids : 600 kgr.; moteur Renault, 50 chevaux ; vitesse d'allègement : 22 mètres ; surface : 24 mètres carrés.
Ces dessins cotés, reproduits à l'échelle de T7 sont dus à l'obligeance de MM. les Frères Voisin, constructeurs de l'engin.
121
-à-dire commandé par un seul volant coulissant
. dans une douille et entraînant à la torsion une
poulie qui commande le gouvernail vertical. Ce
dispositif simplifie les manœuvres dans de no-
tables proportions.
Le poids de l’appareil monté, complet en
ordre de marche, sera environ de 600 kilos. On
se rappelle que le Henri Farman N° 1 pesait
- 580 kilos. La vitesse de soulèvement du Flying
Fish va donc friser le 75 à l’heure; cette vi-
tesse n’est point pour effrayer son glorieux pi-
lote. De même, l’appareil du Grand Prix
- d'aviation ayant réalisé une vitesse de 60 kilo-
moteur idéal; nous en devons une courte des-
cription : ce moteur est à huit cylindres en V
de 90 d’alésage et de 120 de course. Le refroi-
dissement remarquablement étudié est produit
par deux ventilateurs à force centrifuge refou-
lant l’air dans un capot et l’obligeant à passer,
pour sortir, au travers des ailettes dont sont
munis chaque cylindre. L’allumage est produit
par une magnéto, et le moteur est muni d’un
carburateur automatique, système Renault.
La vitesse de régime de ce moteur est de
1.800 tours; il est difficile, à notre avis, d’éta-
blir des hélices capables de résister à un ré-
96 1°" Mars 1908
gime pareil, quoi qu’en disent certains spécia-
listes. Pour remédier à ect inconvénient, la
maison Renault a établi un démultiplicateur
de vitesse monté directement sur le carter. Le
rapport d’engrenages donne une vitesse maxi-
ma de 1.100 tours à l'arbre de l’hélice, et la
force disponible sur cet arbre est de 47 HP.
Le poids du moteur en ordre de marche est
de 147 kilos, poids qui n'a pas encore été at-
teint à force égale. La consommation d’es-
sence est de 28 litres à l'heure environ.
La construction du Ælying-Fish, mis en
chantier au lendemain du prix Deutsch-Arch-
deacon est déja tort avancée. Une photographie
dans le prochain numéro, en montrera la car-
casse, Nous avons bon espoir de le livrer à
M. Farman vers la fin de mars.
Comme le N° 1, le Flying-Fish a été vendu
avec une garantie; il effectuera ses e de
réception au champ de manœuvres d’Issy-les-
Moulineaux qu'il doit traverser en plein vol.
Puis Farman abandonnera peut-être le célè-
bre terrain d’Issy pour un autre plus vaste, les
plaines de la Beauce probablement. Il se pro-
pose, en tout cas, de continuer la méthode qui
lui a si bien réussi pour la mise au point de
son glorieux N° 1. Il commencera par des es-
sais de résistance de l’appareil, puis lorsqu'il
sera très familiarisé avec la manœuvre de l’en-
gin, il risquera ses premières envolées qui,
nous l’espérons du moins, seront rapidement
suivies d’autres plus longues.
Enfin, comme pour le N° 1 encore, il laissera
dire les oiseaux de mauvaise augure qui pré-
tendirent qu'un cellulaire ne pouvait pas vi-
rer e& qui ne manqueront pas de proclamer
qu'un monoplan rencontrera les mêmes diffi-
cultés. 11 laissera dire les techniciens autorisés
qui affirment que pour qu’un appareil vole, ses
surfaces doivent être présentées à l'envers, et
lorsqu'un beau succès sera venu couronner ses
efforts, il fera comme il l’a déjà fait, il oubliera
tout, et il rira des gens plus malins que lui,
mais qui n’ont jamais rien fait.
SSals
LES FRÈRES Voisix
BULLETIN DES ASCENSIONS
22 janvier. — Verdun. 10 h. du m. Bulle-de-
Savon (600 nr); MM. Henry Kapférer, Marcel
Kapférer. Att. à 5 h, à Waterloo (Belgique). Du-
rée: 7 h. Dislance : 186 kil.
Ce ballon avait été gonflé avec l'hydrogène pro-
venant du dégonfiement du Vüille-de-Paris.
23 janvier. — Verdun, 10 h. 30 du m. {care
(1.000 m°) ; MM. le comte Ilenry de La Vaulx, le
général de La Garenne, le capitaine Sédié, le
capitaine Balensi. Att. à 4 h. 20, à La Ferté-
Gaucher (S.-t-M.), Durée : 5 h. 50. Distance :
162 kil.
Ce ballon avait été gonflé avec l'hydrogène
provenant du dégonflement du dirigeable Ville-
de-Paris.
Bibliographie
Un ouvrage sportif. — Sous ce Lilre sug-
gestif Le Tour du Monde de deux gosses, le-
comte Henry de Ex Vaulx et Arnould Galopin.
font paraitre actuellement en fascicules. hebdo
madaires, un grand roman scientifique d'avèn-
lures, où deux gosses entreprenants, généreux,
hardis, lancés par la fatalité dans la plus effa-
ranle des équipées à travers les mondes, lriom-
phent des obstacles mulhiples semés sur [eur
route par le hasard, les hommes et les éléments,
grâce à leur esprit ingénieux, sachant toujours
à propos mellre à conltrbution les moyens de
locomotion les plus récents. tels que ballons, di-
rigeables, aéroplanes, automobiles, sous-ma--
rins, etc., en même temps qu'utiliser admirable-
ment les ressources multiples et diverses de-
toutes les découvertes scientiliques les plus ac-
luelles.
Intrépides jusqu'à l'héroïsme-et audacieux jus-
qu'à la folie, jamais abattus, ni démoralis ces-
deux gosses sont un rare et peu banal © ‘Mple-
d'énergie, de courage et d'intelligence, bien pro-
pre à enthousiaäsmer la jeunesse moderne. avide
de nouvelles scientifiques, de prouesses extraor-
dinaires, de beaux gestes et surtout de noble
émulation.
HI Congrès International d’£érorautique
(Milan, octobre 1906). — Rapports et Mémoires
publiés par les soins de là Commission perma--
nente Internalionale d'Aéronaulique, Grand
in-8° de 210 pages. avec nombreuses figures et
17 planches. Prix $ francs. H. Dunod et E. Pi
nat, éditeurs, 49, quai des Grands-Auguslins,
Paris.
On s'accorde dans le monde de l'Aéronaulique,
à reconnaitre la nécessilé d'un perpéluel échange
de vues entre lous. les adeptes de cette science
nouvelle. Cet échange de vues se fait nalurel-
lement dans des réunions fréquentes, dans des
Congrès ouverts à la manifestation des idées et
des travaux récents, soumis à la discussion des
gens compélents.
Toutefois ces travaux ne sauraient donner lous-
leurs fruils que s'ils sont porlés à la connais-
sance du plus grand nombre et vulgarisés au-
lant que possible. On ne peut donc qu'applaudir,
à cet égard. à la publication des comples rendus
du Congrès International, tènu à Milan, en octo-
bre, 1906, ainsi que des liapporls et Mémoires
qui y ont élé communiqués. On y trouvera d’inlé-
ressantes notices sur les principales questions
à l'ordre du jour, qu'il s'agisse de l'aéroslation
proprement dite, des dirigeables, ou de l'avia-
Uon, de la résistance de l'air ou des applications
scientifiques. Nous signalons tout spécialement
le mémoire de M. L. Fàvé, ingénieur en chef
hydrographe, sur Ja détermination du point en
ballon, problème extrêmement ardu et qui s'im-
pose pourlant aux aéronautes au long cours.
Ce volume présente une utile contribution au
développement d'une science qui progresse tous.
les jours. II s'adresse à la fois aux spécialistes
et au grand public qui s'intéresse vivement à la
conquête de l'air.
Cette publication est due à la Commission per-
manenlte Inlernalionule d'Aéronaulique, spécia--
lement chargée de l’organisation des Congrès et
de l'exécution de leurs décisions.
Le directeur-gérant : G. BESANÇON
Soc. anon. des Imp. RocHe et WELLHOrF, 124, boul. de la Chapelle, Paris: — ANCEAU, directeur.
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16: ANNÉE — N° 6 RTE continent 15 MARS 1908
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\Publiele Bulletin officiel de l'Aéro-Club deFrance
L'Abonnement est annuel et part, au gré de l’abonné, du l‘' janvier ou du mois de la souscription
RÉDACTION ET ADMINISTRATION : 84, Faubourg Saint-Honoré, PARIS (8°) TELÉPHONE 276-20
[MAIRE : Portraits d'aéronautes contemporains : commandant Renard (G. Fesancon). — Que peut le canon contre les dirigeables (L'Artilleur). —
« Flying-Fish » d'H. Farman (A. M.). — Les oiseaux, les aéroplanes et le coefficient de la résistance de l'air (F. Macaluso) — Le coefficient de la
islance de l'air (V. Tatin). — Le pour et le contre : Stabilisation automätique par le gyroscope (H. Chevalier). — La semaine aéronautique de
‘deaux (G. Hans) — L'aéroplane Gilbert (X.). — L’aéroplane Ellehammer (Cap. Sazerac de Forge). — La Coupe et les prix d'aviation Michelin {Philos).
Les premiers aéroplanes militaires (Aérophile), — 10.000 marks pour 10 minutes de vol mécanique. — Distinctions honorifiques.
IMAIRE DU BULLETIN OFFICIEL DFE L'AERO-CLUB DE FRANCE : Assemblée générale annuelle, — Changement d'adresse. —
mmission d'aviation du (0 février 1908. — Comité de direction du à mars 1908. — Diner mensuel du 5 mars 1908. — Les Ascensions au Pare de
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REVUE TECHNIQUE & PRATIQUE DE LA LOCOMOTION AÉRIENNE
Directeur-Fondateur : Georges Besançon
16° Année. — N°6 15 Mars 1908
Portraits d'Acronautes contemporains
ComMMANDANT PauL RENARD
Par le talent, par le dévouement à la science, par le patri tisme éclairé qui ennoblil Loute sa carrière, le commandant Paul Renard
demeurera le digne collaborateur de son frère l'illustre et regrette ingéui ur militaire Charles Renard.
Né le 13 fevrier 1K54, à Damblain (Vosges), sur cette vieille terre lorraine feconde en savants et en soldats, Paul Renard entre
en 1872 à l'école Polytechnique. Lieutenans du génie en 174, il passe en cet'e qualité au 4° génie à Grenoble. Nommé capifaine en 1*79
il fut acaché au Parc d'aérostalion mil.taire de Chalais-Meudon, nouvellement créé; chef de bataillon en 1897, il est resté à différents
titres dans cet incomparable centre d'etudes aéronautiques et mililaire+, jusqu'à la fin de sa carrière d'officier. Celle-ci failli, d'aillears
peu de temps après, le L/ mars (80, se trouver interrompue par un terrible accident.
Au cours d'otiles mais dangereuses recherches, Paul Renard eut les yeux brülés par l'explosion d'un mélange détonant, en
étudiant dans un appareil d'essai, la pro‘tuction d'hydrogène en campagne, au moyen de la glycérine et de la soude caustique. Cet accident
eutraina Ja perte à peu près complète de l'œil droit.
Le zèle scientitique de Paul Renard ne s'en trouva pas diminué: pendant vingt-cinq ans il participe à tous les travaux de son frère, le
colonel Charles Renard, et son œuvre se confond avec la sienne. Où peut cependant citer, parmi les choses auxquelles il prit une part
absolument personneile, souvent prépondérante, les travaux ci après, dont c rtains suffiraient à eux seuls à l'honneur d'une carrière :
De 1594 à 18Y1 : grand hangar à ballon de :halais, une des premières constructions métalliques légères à grande portée qui aient été
exécutées. De f88k à 18%5 : installation d'un grand appareil à hydrogène à circulation continue. De 1879 à 4886 : détails d'organisation des
parcs de ballons captifs, instruction des aérostiers, rè:lement des manœuvres aérostatiques, rédaction de documents officiels à ce sujer.
1881-1885 : préparation des expériences da premier ballon véritablement dirigeable La #“rance. 188 : ascensions de ce dirigeable. De
4886 à 1901 : enseignement donuéaux officiers el aux sapeurs aérostiers ; cours théorique et pratique sur la construction des aérostats et sur
leur manœuvre ; conférences sur la météorologie. 1899 à 190) : participation aux travaux de l'Exposition universelle, comme rapporteur
des Com tés et du jury de la classe 3% (Aëérostation); comme président du Comité d'organisation des concours d'aérostation de Vincennes
comme président de la section d'aérostation au Congrès d’iéronautique de 1900.
Membre d‘honuenr de l'Aéro-llub de France, à la suite des concours de Vincennes, ancien président de la Commission sportive el
membre de la Commission sctientifique de la grande Société d'encouragement à la Locomotion aérieuns, membre de l'Académie des
sports. le commandant Paul Renard a hautement contribue au développement du sport aérien, à sa vulgarisation, à son union étroite
et féconile avec la science aéronautique.
On doit au savant technici n plusieurs conférences publiques sur l'aéronautique et sur différents autres sujets scientifiques, de
remarquables articles dans les journaux et les revues, une collaboration active à la rédaction du Règlement des concours aéronautiques,
notamment en ce qui concerne les ballons dirigeables et les appareils d'aviation. Il a présenté à TAcadémie des Scienees une note
aujourd'hui c'as-ique, sur la mesure de la vitesse propre des ballons dirigeables, et à la Société d'encouragement pour l'Industrie
nalionale une communication de la plus haute importance, sur la sécurité en ballon dirigeable. (V. Aérophile 19 3, p. 107)
Avec une renommée universelle, le commandant Renari, a vu venir à lui de hautes distinetions qu'il ne quémanda point Chevalier
de la Légion d'honneur en 188%, officier de la Légion d'honneur en 147, officier d'Académie en 18<9, officier de- l'Instruction publique
à la suite de l'Exposition de 1400, officier de l' ordre du Soleil Levant (Japon) et commandeur de l'ordre de Sainte-Anne de Russie,
Paul KRenari, plus libre de son temps et de ses occupalions, continuera longtemps encore à faire houneur à son pays et à la science
GEORGES BESANÇON
98
15 Mars 1908
Que peut le canon contre les dirigeables ?
Sera-t-il permis à un artilleur de donner son
avis sur le nouveau canon automobile alle-
mand destiné à l'attaque des ballons (voir
Aérophile de décembre 1907, page 366), et sur
l'efficacité du canon contre les dirigeables (1).
Le voici en deux mots: l’artillerie peut, —
théoriquement, beaucoup; — pratiquement,
presque rien.
Je m'explique: théoriquement, l’artilleur
peut démolir un ballon s’il dispose d’un canon
susceptible de lancer un obus au point de l'es-
pace occupé par ce ballo®.
Hauteurs
2000
lerie de siège. La figure 1 nous montre un tra-
jectoire s’élevant à plus de 2.000 m. : c’est celle
du canon réservé plus spécialement au tir sur
les ballons. A côté une autre trajectoire va plus
loin, mais ne s'élève qu’à 1.500 m.; c’est celle
de notre 155 long, lourd et difficile à déplacer,
et qui donnerait les trajectoires les plus dange-
reuses si son affût lui permettait de grands
angles de tir. — La figure 2 est relative au tir
d’obusiers: la trajectoire s’élève plus vite et
permet d'atteindre plus haut: 3.000 m.; par
contre la portée est moindre .
La figure 8 indique la zone battue par l’ar-
Fig. 1. — Arlillerie de siège. Pièces à tir (endu :
angle de Lir maximum snférieur à 45v, La courbe
limitant l'espace dans leruel le ballon est vulnéra-
b'e est la trajectoire correspondant au plus grand
angle de tir permis par l'affût.
s060
Fig 2.— Arlillerie de siége. Pièces pouvant
tirer sous un angle supérieur à 45°. Courbe à
l'intérieur de laquelle le ba'lon est vulnérable,
Cette courbe comprend deux parties : 1° de l'ori-
gine en A, trajectoire sous l'angle de tir maximum :
2° au-delà de À parabole de sûreté enveloppant
toutes ces trajectoires.
Fig. 3. — Artillerie de campagne. Courbes limi-
tant l'espace dans lequel le ballon est vulnérable :
(1) sans aucune disposition spéciale ; (Il) avec des
dispositions spéciales.
F.g. 4. — Courbe limitant l'espace dans lequel
un ballou serait vulnérable par le canon de cam-
pagne français actuel en suppssant que l'aflüt per-
melte une inclinaison maximum de 70°. Cette
courbe est formée de 2 ares de courbes différentes
comme pour la fig. 2.
3000
9000
Tracé des zones dangereuses pour les dirigeables avec les principaux tyjes de canons
Or, voici pour quelques pièces le tracé de
la zone dangereuse. J’appelle ainsi la zone
située entre le sol et la trajectoire la plus
étendue, ou entre le sol et une courbe envelop-
pant toutes les trajectoires possibles (lorsque
la pièce peut tirer sous un angle supérieur
à 45°: cas des obusiers).
Les figures 1 et 2 sont relatives à l'artil-
(1) Voir précédente discussion du tir de l'artillerie sur les bal-
lons dirigeables dans l'Aérophile de décembre 1909, p. 280 et
suivantes. — N. D. L.R.
tillerie de campagne. Notre brave canon de
75 m/m n’a pas été fait pour tirer dans les
nuages; aussi, avec ses moyens ordinaires, il
n’enverra son obus qu’à 800 m. de hauteur.
Toutefois, avec quelques petits artifices, qui
peuvent parfois être réalisés instantanément
et ne demandent jamais beaucoup de temps,
un artilleur dégourdi enverra son projectile à
plus de 1.500 m. de haut, et cela jusqu’à
6.500 m. La fusée réglementaire ne permet pas
d'agir plus loin.
l’Aérophile 99
Pour le nouveau canon allemand, je ne puis
naturellement pas tracer une zone dangereuse
Jx Commision de Juterbog n’ayant pas encore
eu la complaisance de publier, dans un règle-
ment, les renseignements nécesaires. Toute-
fois, on peut s’en faire une idée en supposant
notre canon de campagne établi pour tirer
jusqu’à l’inclinaison de 70°, les autres condi-
tions restant identiques. J’ai fait, — pour pas-
ser les vacances du nouvel an, — le calcul des
trajectoires qu’on obtiendrait. Je ne les publie-
rai pas ici, — ce serait un peu long, — mais
la figure 4 les résume par l’indication de la
zone dangereuse... Eïile est haute et longue
comme on le voit, — plus que ne le serait celle
d’un canon de 50 m/m.
Voilà pour la théorie.
Venons à la pratique. Il ne suffit pas d’avoir
la possibilité de lancer un obus à la distance
et à la hauteur voulues : il faut encore le lan-
cer, cet obus, à l’instant où le ballon se trouve
à cette distance et à cette hauteur. C’est là
le hic.
Le ballon est un objectif mobile, excessive-
ment mobile : un ballon sphérique, libre, se dé-
place déjà en longueur et en hauteur dans le
lit du vent; un dirigeable, se déplace en outre
dans le troisième sens, le sens latéral par rap-
port au vent.
Aussi, qu’arrive-t-il à l'artilleur? Un ballon
est en vue; vite on pointe les pièces, on tire:
l’obus part, mais pendant ce temps-là, le bal-
lon marche, et même si la pièce était parfai-
tement pointée à l'instant précis où partait
l’obus, c’est encore 15 secondes que l’obus met
pour arriver à 5.000 m.. 15 secondes! un
siècle pour l’artilleur qui, la jumelle à l'œil,
cherche le nuage de fumée produit par l'écla-
tement.
Enfin, un flocon parait, un deuxième, un
troisième, un quatrième; voilà les quatre coups
de la batterie observés. Oui, mais le ballon est
un point dans le ciel bleu, les quatre flocons
en sont quatre autres; sont-ils en avant ou en
arrière du ballon, ces quatre flocons? Qui
pourra le dire? On commande une nouvelle
hausse au petit bonheur, et le tir continue
avec la même incertitude, tant qu'un flocon
n'a pas la complaisance de se produire juste
sur la ligne qui joint l'œil au ballon.…., si tou-
tefois celui-ci n’a pas déjà disparu à l'horizon.
A-t-on la chance de voir un flocon dans la
ligne du ballon? Tout n’est pas fini pour cela:
on sait que la hausse était courte ou longue à
l'instant où s’est produit le bienheureux flo-
con, mais depuis... le ballon a marché. De com-
bien ?
Bien entendu, si le ballon avait un fil à la
patte, c’est-à-dire, s’il était captif, la situa-
tion de l’artilleur serait meilleure. Le ballon
captif a beau s’agiter sous l’action du vent,
bondir, même de 200 m. de hauteur après
chaque rafale, il n’est mobile, au bout de son
câble, que dans une zone restreinte en tous
sens. On tirera peut-être 10 ou 20 coups avant
d'en avoir un sur la ligne du ballon; mais ce-
lui-là donnera un renseignement sûr. L’essen-
tiel est de l'avoir vite pour que le ballon n’ait
pas le temps de disparaître. Pour cela, il suf-
firait sans s’attarder aux minuties du règle-
ment, d’arroser largement de projectiles une
zone assez étendue dans la direction du ballon,
en profitant naturellement de toutes les obser-
vation de nature à resserrer cette zone. Une
armée n’a que peu de ballons, et pour mettre
hors de service ceux de l’adversaire, on ne doit
pas hésiter à dépenser largement ses muni-
tions.
Le grand obstacle à l'efficacité du tir sur
ballon, comme je viens de l'indiquer, c’est la
mobilité du but, mobilité qui le fait dispa-
raître avant que le tir ait pu être réglé. Peut-
on y remédier en rendant le canon mobile, et
même avtomobile ? Je voudrais montrer qu’on
se heurte ainsi à des nécessités de construc-
tion contradictoires.
D'abord, l'automobile devra avoir une vi-
tesse suffisante pour suivre le ballon. Or, celui-
ci va — c’est le cas de le dire — à vol d’oiseau.
L'automobile suit les routes et même, pour
faire de la vitesse, les bonnes routes. D’où aug-
mentation de parcours. Pour qu’une automo-
bile puisse ainsi atteindre le ballon, elle doit
faire 3 kilomètres pendant que l’angin aérien
en fait deux.
Le Patrie avait une vitesse propre de 45 à
50 km.; c’est done 70 à l’heure qu’aurait dû
fournir une automobile pour l’atteindre.
S'il y a du vent, le dirigeable peut, pour dé-
pister l’automobile, faire un crochet en fuyant
dans le vent. Et alors la vitesse nécessaire de
l'automobile s'élève à 100 km. à l’heure. Or,
100 km. à l’heure, c'est déjà une belle vitesse
de course sur des routes bien préparées et re-
connues, avec un service de garde qui écarte le
public.
Mais en temps de guerre, en pays peut-être
hostile, et inconnu du conducteur, sur les
routes défoncées par le passage de nombreux
convois, couvertes de troupes, c’est une impos-
sibilité absolue. Les Allemands, d’ailleurs, n’y
prétendent pas, puisqu'ils annoncent une vi-
tesse de 45 km.: mais alors les dirigcables ne
seront pas suivis; les ballons libres non plus,
quand le vent dépassera 30 km.
Ce n'est pas tout que l’automobile suive le
ballon : il faut tirer. Tirer en pleine n'arche?..
Sur des routes telles que les fera la circulation
intensive d’une mobilisation, la voiture bon-
dira et ses soubresauts rendront le pointage
fort aléatoire.
Pour marcher à grande vitese sans fausser
les mécanismes, la voiture doit avoir des res-
ressorts résisteront-ils à
sorts; comment ces
100
l'effort du recul, eflort qui croit,
poids de l’obus et sa vitesse initiale?
Ou bien l'automobile sera-t-elle soulevée sur
des semelles résistantes pour le tir ? Mais
alors, temps perdu pour la mise en batterie,
temps pendant lequel le ballon filera et pourra
même, s’il est dirigeable, changer de direc-
tion.
Le réglage n’est pas devenu plus facile par
le fait que l’artilleur suit le ballon. Si l’auto-
mobile tire arrêtée, c’est un nouveau réglage
à recommencer à chaque arrêt. Si elle tire en
marche, le but et la pièce ne se déplaçant en
général ni sur des lignes parallèles, ni à la
même vitesse, toutes les données du tir se mo-
difient continuellement.
Et pour l’organisation du canon lui-même,
que de difficultés encore! Pour saisir au vol un
but aussi mobile que le ballon, il faut une tra-
jectoire tendue, c’est-à-dire une grande vitesse
initiale de l’obus. Mais la violence du recul
augmente avec cette vitesse et compromet la
solidité de la voiture.
Il faut une pièce à tir rapide ; or, la diffi-
culté du chargement sous de grands angles ra-
lentit beaucoup le tir : une pièce tirant ho-
rizontalement 20 à 25 coups à la minute, ne
peut plus en tirer que 3 ou 4 sous une incli-
naison de 45°.
L’obus doit posséder une efficacité suffisante,
et pour cela fournir un grand nombre d’éclats.
Cette efficacité est proportionnelle ax cube du
calibre ; celle d’un obus de 50 m/m est les 8/27
de celle d’un obus de 75 m/m ; elle est même
encore plus faible, car il y a proportionnelle-
ment plus de poids perdu dans un obus de 2 ki-
los que dans un obus de 7 kilos. En outre,
l'éclatement d’un obus de 2 kilos est moins vi-
sible que celui d’un obus de 7 kilos ; il cesse
même d’être aperçu à une distance de 45 kilo-
mètres.
avec. le
La diminution du calibre a encore un autre
effet fâcheux: c’est la perte plus rapide de la
vitesse par suite de la résistance de l’air : Pour
avoir la même zone dangereuse qu’un projec-
tile de 75 m/m, un obus de 50 m/m devrait
avoir une vitesse initiale supérieure d’eaviron
100 m. à la seconde.
La question de poids intervient pour l’ap-
provisionnement en faveur du petit calibre:
100 coups de 50 m/m, avec les charges et l’em-
magasinage, constituent un poids de 300 kilos
environ ; 100 coups de 75 m/m feraient 1.090
kilos qui, s’ajoutant aux autres poids, feraient
de l'automobile, une très lourde voiture. Il
faudrait, pour que la voiture fût rapide et so-
lide, une pièce de petit calibre, légère, à faible
vitesse initiale. L'efficacité du tir demande
les propriétés opposées.
En somme, on se heurte à des difficultés pra-
tiques à peu près insurmontables. Remar-
quons d’ailleurs que le problème du canon au-
tomobile pour tir horizontal, plus simple par
15 Mars 1908
lui-même, n’a encore été résolu nulle part,
et qu'en fait d’arme automobile, on en est tou-
jours à la mitrailleuse de petit calibre. Il serait
bien étonnant que les Allemands, restés en
arrière de nous pour le matériel d’artillerie
depuis 30 ans, pour les constructions automo-
Liles depuis le début de cette industrie, nous
eussent subitement dépassés d’un tel bond,
dans un problème qui tient à la fois à l'artil-
lerie et à l'automobile.
Les Allemands paraissent d’ailleurs revenir
sur leurs premières déclarations; je viens de
lire les résultats suivants obtenus au polygone
de Juterbog : au-dessus de 2.000 m., les ballons
sont invulnérables : au-dessous on ne peut es-
pérer réussir plus. d’un tir sur six, et encore le
ballon atteint se soutient-il 3 à 4 heures. Si
nous remarquons que ces expériences ont eu
lieu par beau temps, sur de simples sphériques
libres et non dirigeables, nous constaterons que
les Allemands aboutissent aus mêmes résultats
que nous avec notre matériel en service.
2.000 m. sont à peu près la limite où les courbes
des figures 1 et 3 garantissent la sécurité du
ballon. La figure 2 correspond à des obusiers
à pointage et tir lents, tout à fait impropre à
suivre un ballon en mouvement.
La conséquence est qu’un dirigeable doit na-
viguer au-dessus de 2.000 im. Pour parer à la
contraction du gaz à ja descente, il devra donc
avoir un ballonnet du quart de son volume.
Et comme ces 2.000 m. sont un minimum,
au-dessus duquel il convient de se réserver
une certaine latitude, nous demanderons, pour
les dirigeables militaires, un ballonnet du tiers
de leur volume, avec un poids de lest dispo-
nible correspondant. Cela entraînera forcé-
ment une augmentation du cube et nous arri-
verons de la sorte à ces gros dirigeables que
préconise l'ingénieur Julliot.
Un bal'on aventuré au-dessous de 2.000 m.
ne sera d’ailleurs pas perdu pour cela; il ser4
seulement vulnérable, et, au grand regret de
tout artillsur, vulnérable et atteint sont deux
qualificatife fort différents quand il s’agit d’un
ballon.
L’ARTILLEUR
A l’Aéro-Club de Canton (Ohio). — M. Frank
S. Lahm, l'aéronaute américain, bien connu
chez nous, en sa qualité de membre du Comité
de l’Aéro-Club de France et de doyen des pilotes
de l’Aéro-Club a exécuté le 26 décembre à 1 h. à
bord du ballon Ohio la première ascension de
l'Aéro-Club de Canton {Chio! récemment fondé
par lui dans sa ville natale. Canton (Ohio) ville
de 40.000 habitants est la première de cette im-
portance aux Elats-Unis, à posséder un Club
aéronautique. Ce groupement comptait déjà 60
membres au 6 janvier 1908 el a acheté un bal-
lon de 1.000 mètres. L'ascension de M. F, S.
Lahm, s’est terminée à 3 h. 45 au delà de Salem.
Elle a causé une heureuse impression dans la
contrée où le sport aérien comptera bientôt de
nombreux adeptes pratiquants.
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l'Aérophile
107
LE ‘ FLYING-FISH ” D'HENRI FHRMAN
Le Flying-Fisa d'Henri Farman dans les ateliers des Frères Voisin à B'Ilincourt
Photos Pol.
(Œtule et constrnction des
frères Voisin). En haut, le corps de l'appareil prés duquel est posée une aile. En bas, ensemble de l'arma-
ture avant la mise sous vo lure.
Les deux photos ci-dessus représentent des
détails du Ælying-Fish d'Henri Farman
et la carcasse complètement assemblée avant
la pose de la voilure. Elles complètent utile-
ment la description raisonnée fournie par les
frères Voisin, créateurs et constructeurs de
l'engin, dans l’Aérophile du 1% mars 1908,
p. M; elles permettent de mieux apprécier
l’ingéniosité et le fini de cette belle construs-
tion aéronautique dont on remarquera les li-
gnes élégantes et étirées de « racer » aérien,
Cet aéroplane de v'tesse est terminé.
102
Les Oiseaux,
les Aéroplanes et le Coefficient
de la résistance de l'air
Sous ce titre a paru dans l’Aérophile de no-
vembre 1907, un article de Victor Tatin très
intéressant, comme le sont, du reste, tous les
écrits du célèbre aviateur. L'article soulève
une quantité de questions de la plus haute
importance pour la solution du problème de
l’aviation. Faute d'espace, je limite mes ob-
servations à la formule fondamentale qui in-
dique la résistance de l’air et à la détermina-
tion de son coefficient. Je déclare de suite que
mes idées, à ce propos, ne sont pas d'accord
avec celles de Borda et de M. Tatin.
Considérons d’abord le cas des oiseaux.
Voici la théorie soutenue par M. Tatin comme
corollaire de la loi de Borda : « Au fur et à
mesure que le poids des oiseaux augmente,
l'unité de surface supporte une charge tou-
jours plus grande. »
Par exemple, la charge supportée par dm
par l’hirondelle, est de 15 gr., par le faucon-
neau de 25 gr., par le corbeau de 40 gr., par
le pélican de 86 gr., par le vautour orieou de
95 gr. Mais cette loi ne se vérife pas toujours
dans la nature: comme par exemple, on peut
le voir dans les tableaux 1 et 2,
TABLEAU I
CHARGE
OISEAUX POIDS EME
carré
en grammes
Coturnix dactilisonans. 100 | 58 |
Columbas (œnas, livi:). 200-5 0 | 41 |
Falco milvus. 600 48 |
Ciconia alba.......... 2144 | 4
TABLEAU II
———————_——_—_———û—ûê
CHARGE
OISEAUX POIDS ne)
carré
en grâmmes
Anas boscas......... 925 141 |
Anser sylvestris....... 2020 107
Procellaria rigantea 2880 98
Otogyps auricularis.... 8191 95
——————————…—…”…"”"”"”…"”"”"”…"”…"…—…"…”…" …—………….……………
desquels il ressort tout le contraire de ce
qui a été dit auparavant. Donc, il n'y a pas
de règle fixe. Ensuite, dans un même groupe,
nous voyons réunis des animaux, dont le poids
»
est très différent, et dont le rapport 5 est
également considéré comme le même.
15 Mars 1908
Par exemple, le tableau IIT indique plu-
ë F >
sieurs oiseaux dont le rapport = est à
S
peu près égal à 2 1/2 kgr par m°. Le ta-
bleau IV montre qu'il y a beaucoup d’autres
oiseaux ayant des poids différents dont le
>
rapport est égal à 5.
TaBL au HT
mm
OISEAUX POIDS
en grammes
PAruSEMAIOT. eee 1 144.5
Pas-er domestica.......... nl 27
Cyps-luUS apus. en 7e 33
ACCIPITerPnISUS. 0 E 152
Vanellus spinosus.. 160
Falco tinnuncuius.....,.... 181
Larns me'anocephalus.....,.... 280
TARLEAU IV
Te es POIDS
GRERRAQUSE en grammes
GDaTAdIUS. 0. --meeece | 160
Rallus aquaticus.. . ........; 192
Scolopax gallinago.......... sa 30)
FalcomUvus. ee ee. L 600
Columba œnas, nvia...... nl 250-200
Ardea major....... Dong 4 619
Pandion fluvialis........ eute 1270 |
AU nee seen eue | 1000-2 00
Ciconir alba... 22200. ARR 2140
Peicunus onocretalus......... 3025
Pourtant il est vrai, en général, que les pe-
tits oiseaux ont plus de surface d'appui; mais
ceci s'explique autrement, en considérant un
autre facteur de la résistance de l'air, c’est-
à-dire la vitesse. Or, c'est précisément la vi-
tesse d'abaissement de l’aile qui n'est pas la
même pour tous les oiseaux. L'observation
nous montre, par exemple, que l’hirondelle et
le pigeon battent de l’air à peu près le même
nombre de fois. La courbe d’oscillation et, par
conséquent, la vitesse de l'aile du pigeon
étant presque double, la résistance de l'air
sous l’aile à cause de la vitesse, sera, propor-
tionnellement, à peu près quatre fois celle de
l'hirondelle; par conséquent, celle-ci devrait
>
avoir un rapport © à peu près quatre fois
moindre. C’est précisément ce qui se vérifie
,
pigeon : — 52; hirondelle, : — 15.
On pourrait avancer cette objection
gros oiseaux il faut un travail musculaire,
proportionnellement, plus grand que celui qui
est nécessaire aux petits oiseaux, tandis qu’au
contraire le rapport du poids de l'oiseau au
poids des muscles est à peu près constant. »
La réponse est facile. Tous les oiseaux peu-
Fans k M ARS
vent être divisés en plusieurs groupes d’après
: (Caux
l’Aérophile
R : >
la valeur du rapport S- L'oiseau qui dis-
pose d’une grande surface d'appui, n’a pas
besoin d’utiliser toute la force dont il est ca-
pable; c’est précisément parce qu’il n’a pas
besoin d’employer toute son énergie muscu-
laire pour se maintenir en l'air, qu’il peut
voler beaucoup plus longtemps. Ainsi l’hiron-
delle, dont le rapport e est le plus petit
qu'on connaisse, peut voler des journées en-
tières. La facilité et le peu d’effort avec les-
quels elle se soutient dans l'air, saute aux
yeux (1).
On pourrait répéter la même chose pour tous
va de 2 à 3
les oiseaux dont le rapport È
qui constituent un premier groupe. Un second
groupe est représenté par les oiseaux dont le
rapport a est égal à peu près à 5. Le vol de
ceux-ci serait moins facile et plus court que
celui des oiseaux du groupe précédent, si tous,
ou presque tous, n’appliquaient pas le plane-
ment, comme l’hirondelle et la mouette, et,
mieux qu'eux (par exemple, les gros faucons).
Par contre, tous les oiseaux qui, comme le
canard, l’oie, la perdrix, la perdrix grise, la
poule d’eau, la caiïlle (2), disposent d’une plus
petite surface de soutien, ne volent que par
besoin, et pour un temps limité, en conservant
une allure constante et très rapide, sans quoi
ils ne pourraient pas se tenir en l’air. Tous
les gallinacés appartiennent à ce troisième
groupe.
En dernier lieu, il nous reste à considérer
tous les gros oiseaux : procellaires, pélicans,
vautours fauves, vautours oricou, condors, al-
batros, etc. Mais ici le phénomène est évi-
dent, puisqu'ils savent se servir du vent pour
réaliser cette magnifique manœuvre qui est le
vol à voile et que, je crois, personne ne saurait
expliquer. Mouillard dit que les ailes du vau-
tour fauve et du vautour oricou ne battent
jamais et que, malgré cela, ils peuvent par-
courir plus de cent lieues et monter plusieurs
fois à de grandes hauteurs. On peut dire la
même chose de tous les autres oiseaux voiliers,
dont le rapport P varie de 8 à 10. « Tout vent
S
est pour les voiliers la source de tout bénéfice
de sustension. Sans vent, pas d’ascension,
donc pas de vol possible pour eux; aussi par
le calme plat, sont-ils tous perchés. »
Donc, sans vent, ces oiseaux ne peuvent pas
voler précisément parce que le défaut de sur-
({) Ueci est dû aussi au fait que l’hirondelle se sert un peu du
planement, pendant lequel les muscles se reposent. Le moineau,
qui ne eonnait pas le planement, vole moins ; la mouette, au
contraire, voe davantage.
P
(2) La caille est la plus favorisée; son rapport dd 5,8 se
rapproche de celui du groupe précédent. Le vel à coups prolongé
est donc possible. La caille, en effet, est le seul oiseau migrateur
parmi les gallinacés. à
103
face n'est pas compensé par une plus grande
force musculaire.
Il n'en serait pas ainsi si la résistance de
l’air était proportionnelle à la puissance 1,1
de la surface. D’après la théorie de Borda,tous
les oiseaux devraient voler avec la même fa-
cilité, ce qui n’est pas exact hormis tout
planement ou vol à voile, volent mieux et plus
longtemps les oiseaux dont le rapport 2 est
plus petit. Nous pouvons dire que la valeur
maximum de ce rapport, pour que le vol à
L © Paye
coups prolongés soit possible, est Tan ce
près (caille). D'où la nécessité pour les gros
oiseaux, de voler sans se servir de leur force,
mais seulement à l’aide du vent. Les oiseaux
plus favorisés, c’est-à-dire, avec des ailes très
larges, sont les plus petits. Il ne pouvait pas
en être autrement. Puisque les volumes (et
par conséquent les poids) augmentent comme
les cubes, et les surfaces comme les carrés des
dimensions homologues, si un gros oiseau de-
vait porter des ailes proportionnelles à celle
d’un petit oiseau, ces ailes devraient avoir un
développement tel, que le gros volateur ne
pourrait absolument pas les porter.
Ce point me paraît assez cclairei : traitons
maintenant la question du coefficient de ré-
sistance de l'air au point de vue analytique et
théorique.
+
*
Une surface en mouvement au sein d’un
fluide rencontre une certaine résistance de la
part de celui-ci. Nous tâcherons d'exprimer
cette résistance avec une formule théorique
et de voir suivant quelles lois elle varie.
Théorème. — La résistance que rencontre
une surface en mouvement dans un fluide de
densité d est indiquée par K S V', où S est
la surface projetée sur le plan normal au mou-
vement, V sa vitesse relative au fluide, K le
coefficient de résistance par m° de $ et m. de
V au m’’.
Ce coefficient, suivant les
. um 24
cas, ne peut jamais être plus grand que Te
très différent
où g est l'accélération de la gravité.
En voici la démonstration.
Imaginons une surface S qui glisse comme
un piston à l’intérieur d’un cylindre ouvert
aux deux extrémités (figure 1). Supposons que
cette surface soit poussée par une force F pa-
rallèle au mouvement, à se déplacer avec une
vitesse V, en arrivant à vaincre la résistance
qu’oppose le fluide en contact avec les deux
faces m n du piston. Soit R cette résistance.
On aura toujours (en ne tenant pas compte
des pertes par frottement) F = R. Pendant
104
le mouvement, la surface transmet à la masse
de fluide qu’elle heurte avec la face m la
même vitesse V. En même temps, une même
masse de fluide se déplace avec la même vi-
tesse après la face n du piston pour empêcher
le vide qui se produirait sans cela. Il est clair
que ces deux mouvements des deux masses ne
peuvent s'exercer qu'aux dépens de la force
F. Etant MV la quantité de mouvement ab-
sorbée par une masse M à la vitesse V, on
aura : F = 2MV. Mais puisque F = R,
R = 2MV. En indiquant par P le poids et
par % le volume, M — a P = v d; mais dans
notre cas, le volume d’air heurté par le piston
est v = SV : donc, on a
Ë DU A RE A À
PSN ETE IN S VE 5: RMNV=Se Ni
{
9 d L
RESSAEE:
9
En faisant S Lim V 1 m, on trouve
la valeur du coefficient de résistance théorique
du fluide en question. En l'appelant K, on a
la formule classique K. $S. V'. Au cas où ce
fluide est l’air, la valeur théorique de K est
a
pet ee 20 Le 0,264.
TA 9,81 F
De la fbrnüle ainsi obtenue, qu’il n’est pas
possible de supposer erronée, on peut aussi
voir que la puissance 1,1 de la surface ne pa-
raît pas du tout. La valeur théorique de K
est le maximum possible. En effet, si l’on
change tour à tour les dimensions, la forme,
le mode de mouvement de notre piston, et l’on
répète le raisonnement que nous avons fait,
on aura toujours la même formule et le même
coefficient (1).
Or, en pratique, quand les surfaces se meu-
vent librement en l'air, on n’atteindra, qu’en
des cas très rares, des valeurs égales, ou pres-
que égales à celles du coefficient théorique. Il
est facile de le comprendre, en général ne se
vérifient jamais les conditions rigoureuses
avec lesquelles on a obtenu théoriquement K.
Puis toute la masse de fluide, heurtée par la
face antérieure de la surface, acquiert sa
même vitesse, et le fluide, qui remplit sur la
face postérieure le vide, fait partie du fluide
qui a déjà été heurté antérieurement, donc
non point aux dépens de la force F, et K ré-
sulte moindre. — La valeur pratique et expé-
rimentale de K pour les surfaces planes, les
lois suivant lesquelles K varie et les autres
arguments très importants qui en découlent
relativement à l’aérodynamique et à l’avia-
tion, sont des questions qui ne peuvent pas
être traitées dans cet article. Nous les expo-
serons, si possible, dans un prochain travail.
Eucexio Macazuso
(1) D'aucuns ont cru trouver des coefficients de Ja valeur de
kgr 0,4 et aussi de kgr 0, ie Notre théorème nous montre l'impos-
sibihté de telles valeurs. La valeur théorique de K.a été consi-
dérée, et l'est encore par beaucoup de personnes, égale à kgr 0,067.
Ceci, de même, ne peul pas étre vrai.
15 Mars 1908
Le Coefficient
de la résistance de l'air
(A PKOPOS DE L'ARTICLE DE M. MACALUSO)
J'ai pris connaissance de l’article de M. Ma-
caluso et je me permets d'exposer ici les
réflexions qu’il m'a suggérées, ce qui sera
pour moi l’occasion de développer quelques
points que je n'ai fait qu'effleurer et qui con-
cernent la valeur du coefficient de la résis-
tance de l'air.
Tout d’abord, je dois rappeler que, dans
mon article de novembre 1907, sur ce sujet, je
n'avais basé mes calculs relatifs aux sur-
faces et aux poids des oiseaux que sur des
moyennes, et je crois l’avoir dit expressément.
Or, d'après ces moyennes, il est parfaitement
exact que les surfaces relatives diminuent
chez ces animaux à mesure que leur poids
augmente; peu importe les exceptions, et nous
savons très bien qu’elles sont nombreuses,
le fait est réel dans l’ensemble; cela suffit
pour que l’on en cherche une explication, et
cette explication, je n’ai pas prétendu lavoir
trouvée, mais j'ai seulement voulu indiquer
une voie dans laquelle on la trouverait peut-
être. M. Macaluso croit que la vitesse de
l’aile n’est pas la même chez tous les oiseaux,
ce qui expliquerait le phénomène en question ;
je ne puis partager cette opinion, car s’il est
vrai que là aussi, il y a de nombreuses excep-
tions, il n’en est pas moins reconnu depuis
longtemps par les naturalistes et les physio-
logistes que, dans l’ensemble, c’est-à-dire dans
la série complète des êtres volants, y compris
même les insectes, il y a une vitesse moyenne
d’abaissée de l'aile et qui est, suivant les au-
teurs, de 1 m. 15 à 1 m. 20 par seconde à son
centre d’action.
Mais, dit M. Macaluso, les petits oiseaux,
à cause de leur grande voilure relative, ont
une facilité de vol que n’ont pas les gros. Je-
ne crois pas que cette proposition soit exacte,
car les gros oiseaux, même ceux qui sont ra-
meurs, sont capables d'accomplir des trajets
au moins aussi longs que les petits et, sauf
peut-être quelques exceptions, ce sont préci-
sément les gros, tels que les vautours fauves,
les condors, les albatros, etc., qui semblent
voler le plus longtemps et le plus facilement ;
enfin, leur vitesse à tous, toujours en moyenne,
est sensiblement la même.
Les gros, dit M. Macaluso, seraient obligés
de ménager leurs forces en pratiquant le vol
à voile, soit constamment, soit de temps à au-
tre, pour se reposer. Il me semble que ce re-
pos est bien problématique; il faut bien ad-
mettre, en effet, que lorsque l’oiseau est sou--
tenu sur l'air par ses aïles étendues et sans
battements, la pression sous ses surfaces est
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le PRIX à Tours 1903
_ à Lyon 1903
_ à Berlin 1902
Puubcità Ad. de Fhlissass .19 Chaussée d'Asfg
J’Aérophile
séquent, il ne maintient ses ailes dans ja po-
sition horizontale qu’au prix d’un effort mus-
culaire assez considérable. Si un homme
voulait soutenir le poids de son corps, en
s'appuyant sur deux supports convenablement
espacés, et sur lesquels 1l placerait ses coudes
horizontalement, je crois qu’il ne résisterait
pas longtemps à la fatigue que lui occasion-
nerait un tel exercice; et pourtant il n’y au-
rait, dans ce cas, aucun travail produit, ou
du moins aucun travail extérieur et sensible,
tel que nous comprenons le travail en méca-
nique: cependant l’oiseau voilier se maintient
dans cette position pendant des heures, et sou-
vent même pendant la journée entière; quoi-
que sa conformation s’y prête mieux que la
nôtre, il me semble qu'il dépense tout de
même ainsi beaucoup de travail, travail in-
terne des muscles, si l’on veut, mais travail
quand même, et souvent travail excessif. (Il
serait intéressant que quelque physiologiste
se livrât à l’étude de la valeur dynamique des
efforts musculaires statiques; on m’a dit que
M. Chauveau, je crois, avait déjà fait quel-
ques recherches de ce genre, mais ne connais-
sant pas ce travail, je n'ai pas la moindre
idée des résultats qui auraient été obtenus.)
En somme, je crois que le travail dépensé
pendant l’acte du vol par tous les oiseaux en
général, mais toujours en moyenne, est sen-
siblement proportionnel au poids du volateur.
En prenant séparément chaque espèce, il est
probable qu'aucune ne concorderait exacte-
ment avec cette loi et que toutes s’en écarte-
raient plus ou moins, soit dans un sens, soit
dans l’autre, mais en prenant tout l’ensemble
de la série des êtres volants, son exactitude
semble indiscutable.
Quant à la valeur théorique du coefficient
K de la résistance de l'air, je ne puis ad-
mettre non plus la proposition de M. Maca-
Juso; cette valeur théorique a été indiquée
depuis longtemps, puisque c’est à Newton
qu'on la doit. Ce physicien adinettait que,
théoriquement, la pression exercée sur un plan
en mouvement dans un fluide, à une vitesse
déterminée, était égale au poids d’une colonne
de ce fluide dont la hauteur correspondrait à
la hauteur de chute nécessaire pour obtenir
cette vitesse; ce qui semble, en effet, théori-
quement exact. Or, nous savons que cette
V2?
24
supposons que V égale l’unité et que la sur-
face sur laquelle s'exerce la pression soit de
un mètre carré, nous aurons, en désignant
par d le poids d’un mètre cube du fluide :
Re d
24
ner; pour le cas où le fluide est l'air atmos-
phérique, K — O0 kg. 065. Cependant cette
théorie est sans doute incomplète, ce que les
expériences ont démontré, d’ailleurs, puisque
hauteur H — ; par conséquent, si nous
, K étant le coefficient à détermi-
105
cette valeur de K a toujours été trouvée sen-
siblement plus élevée; les dernières expé-
riences, et qui semblent les plus précises, ont
donné : par Ch. Renard 0 kg. 085, et par Ca-
novetti 0 kg. 070; la raison de cette augmen-
tation doit s'expliquer ainsi : pour que la
théorie de Newton soit exacte, il faudrait ad-
mettre que le plan en expérience soit choqué
par une veine fluide dont la section ne dépas-
serait pas la projection de ce plan perpendi-
culairement à la veine; or, en réalité, il n’en
est jamais ainsi quand on opère dans un mi-
lieu indéfini, et les filets avoisinant ceux qui
ont rencontré le plan empêchent ceux-ci de
s'échapper librement vers l'extérieur, d’où
l'augmentation de résistance constatée dans
toutes les expériences.
Mais on a trouvé, avons-nous dit, des va-
leurs de K beaucoup plus élevées encore; ces
faits s'expliquent parfaitement si l’on tient
compte de toutes les circonstances des expé-
riences; c’est ainsi que, dans le cas des mou-
vements obliques, par exemple, la résistance
normale, au lieu d’être proportionnelle à la
simple projection du plan perpendiculaire-
ment à sa trajectoire, comme le voudrait la
2 sin «a
1 + sin a!
comme le démontrent de nombreuses expé-
riences, et notamment celles de Duchemin;
si l’on ne tient pas compte de cette circons-
tance que le plan se meut obliquement, on
trouve, dès que l’incidence est d'environ 1/10
de l’étendue du plan dans le sens de son mou-
vement, une valeur de K à peu près double
de sa valeur théorique. Si, en outre, le plan
a une forme très allongée dans le sens trans-
versal, K apparaîtra encore doublé, ou même
triplé si cet allongement est exagéré. On con-
naît aussi combien K augmente lorsque le plan
offre au courant relatif une surface un tant
soit peu creuse. Il peut encore varier suivant
que le développement des bords d’une surface
de forme irrégulière est plus ou moins grand
par rapport à l’étendue de cette surface. En-
fin, si comme l’a dit Borda, la résistance s’ac-
croît comme la puissance 1, 1 de la surface,
on pourrait trouver pour K, des valeurs va-
riant du simple au doubie, si l'étendue absolue
des plans en expérience varie de 1 à 15 envi-
ron.
L'on voit donc combien K peut être variable
selon l'importance de ces diverses circons-
tances et aussi selon que quelques-unes ou
toutes se trouvent réunies dans une même ex-
périence; ces variations pourraient aller du
simple au décuple, ce qui me semble expliquer
suffisamment les divergences rencontrées chez
les divers auteurs. C’est aussi ce qui a per-
mis au capitaine Ferber de dire (Voir
Comptes rendus de l’Académie des Sciences,
25 mars 1907) qu’il était tenté d'admettre :
qu'une surface se meuve orthogonalement ou
théorie, se trouve être égale à
10)
presque tangenticllement à sa trajectoire, la
résistance que l'air Lui oppose est la même;
mais il n’en avait pas expliqué les raisons.
Comment donc formuler toutes ces causes de
variation? Ce serait, je crois, bien difficile,
attendu qu'il en est certainement d’autres en-
core que je n'ai pas signalées et qui, proba-
blement, ont aussi leur importance. Deux
seulement de ces modifications ont, comme on
l'a vu, été formulées, l’une par Borda, l’autre
par Duchemin: pour les autres, lorsqu'on a
besoin de les connaître, on s’en tient actuel-
lement à l’empirisme et j'estime que, faute
de mieux, l’on n’a pas tout à fait tort.
Piisque nous venons de rappeler la possibi-
lité de l'exactitude des faits avancés par
Borda, voyons sur quoi l’on pourrait bien se
baser pour les admettre : soit A B (fig...) un
petit plan se mouvant obliquement au sein
d'un fluide, dans le sens indiqué par la flèche;
nous voyons que les filets du fluide qui ont
été choqués par le plan peuvent s'échapper
en B; mais ont-ils produit alors contre le plan
toute l’action qu'ils pouvaient produire? évi-
demmeit, non, car toutes les expériences dé-
meutrent que lorsqu'un plan rencontre une
veine de fiuide de section égale à sa propre
projection, cette veine déviée ne produit pas
sur ce plan son maximum d'action; on en éta-
blit la preuve en augmentant la surface du
plan sans modifier la section de la veine fluide
et l’on peut ainsi arriver à obtenir de cette
veine une pression double de ce qu'elle était
d'abord sur le plan imtial. Donc, si nous con-
sidérons maintenant un second plan € D E
double Ca premier, les filets de la demi-veine
inférieure exerceront sous la partie D E de ce
plan, la même pression que la veine qui tout
à l'heure pressait sous le petit plan A B; cette
pression ne saurait être modifiée du fait qu’elle
s'exerce par l'intermédiaire des filets déviés de
la demi-veine supérieure; mais les filets de
cette demi-veine supérieure, rencontrés en C
pourront, en outre, offrir au plan une résis
tance plus grande, puisque, au lieu d’être li-
bérés en D, ils pourront continuer à exercer
sous le plan, et jusqu'en E, un certain effort
supplémentaire, comme dans le cas où la demi-
veine supérieure serait rencontrée par un plan
plus étendu que sa section. Il se pourrait aussi
que, puisque les flets déviés de la demi-veine
supérieure ne ncuvent s'échapper en D, à
cause de la présence des filets de la demi-veine
5 15 Mars 1908
inférieure, ils soient un tant soit peu compri-
més en ce point, ce qui augmenterait leur pres-
sion sur le plan; pour ces raisons, 11 peut donc
sembler rationnel d'admettre que la résistance
éprouvée par le plan C D E sera plus du dou-
ble de celle éprouvée par le plan A B qui
n’est cependant que moitié plus petit. Dans
quelle mesure cet agrandissement de la ré-
ance, s’il existe Féellenens se fait-il sen-
tir? Question qui n’est peut-être pas encore
résolue; mais rien n'empêche d'admettre que
ce soit précisément dans la mesure indiquée
par Borda; car, après tout, pourquoi pas?
Cette explication ne semble pas plus illogique
qu'une autre, et je crois même que, dans la
navigation à voiles, on a déjà constaté des
faits qui donneraient raison à Borda.
Vicron Tarix
LE POUR & LE CONTRE
Stabilisation automatique des aéroplanes
par le gyroscope. — (Clermont-Ferrand, 11 fé-
vrier 1908. — Monsieur le Directeur, j'ai lu avec
intérêt dans l’Aérophile du 1* février 1908, l'ar-
ticle intitulé « Concours d'indicateur d'horizon-
tale pour appareils d'avialion ».
La question, d'ailleurs fort curieuse, comporte
plusieurs solutions qu'il sera facile. je crois, de
mettre en pralique.
Mais ce n'est pas là, pour
lièvre. Bien plus intéressante serait la recher-
che dun appareil donnant automatiquement
l'horizontalité désirée des aéroplanes par com-
mande automatique du gouvernail de profon-
deur.
Or, il est un inslrument trop méconnu, qui
drait, à mon avis, le problème : c'est le
moi. que git le
l'OsCOpe donne en effet l'horizontalité au-
lomatique dans la lorpille automobile. Appliqué
aux voilures de course, il permettrait de
prendre les virages à toute allure sans déraper ;
appliqué aux motocyclettes, il leur donnerait
une stabilité invraisemblable.
Pourquoi n'en ferait-il pas autant sur les aéro-
planes ? Assurément, un gyroscope assez puis-
sant augmenterail le poids de l'appareil, mais
de combien ? De 15 à 20 kilos au plus!
Cependant, il est une solution élégante qui sa-
lisferait les plus exigeants, ce serait que les
conslructeurs de moteurs lé gers voulussent bien
orienter Furs recherches du côlé de Ja turbine
à gaz, ce rève ! La turbine à gaz n'est pas irréa-
lisable, elle serait elle-même un gyroscope mer-
veilleux et combien plus légère que les moteurs
actue
EL peul-êlre arriverail-on à la produire à un
prix moins élevé que les moteurs actuels à pis-
tons dont de prix excessif esi un obstacle for-
midable à l'évolution de l'aviation.
Je connais déjà les objections que l'on me fera
touchant la construction de la turbine à gaz.
Elles sont uses, mais il n’est pas impos-
sible de les réduire, il suffit de chercher.
En attendant que Messieurs les constructeurs
de moteurs légers et extra-légers veuillent bien
réduire un peu leurs tarifs, certes, il est louable
de donner de fortes sommes d'argent comme
prix pour l'aviation, mais si l'on songe aux frais
qu'il faut faire acluellement pour les moteurs,
on verra facilement qu'il faut préaiablement
rouler sur l'or pour se mettre en ligne à l'effet
de gagner un de ces prix. I. CHEVALLIER
J’Aérophile
107
La Semaine Aéronautique de Bordeaux
(15-23 Février 1908)
Les ballons de la Fête du 16 fevrier en gonflement à l'usine à-gaz de Bordeaux-La Bastide.
La Coupe des Pilotes
L'Aéro-Club du Sud-Ouest avait organisé, à
Bordeaux, du 15 au 23 février, une série de fêtes
et concours destinés à donner à l'aéronautique
un nouvel essor, au début de l’année 1908.
Un groupe de pilotes de l'Aéro-Club de
France décida de se rendre à Bordeaux, à celte
occasion, et de porler à leurs collègues un ab.
{(Cliché de l'Auto)
La Coupe des Pilotes.
(La Bacchante de Barrias, statue de bronze offerte par
un groupe de pilotes de l’'Aé. C. KE. à l'A. C S. 0.)
jet d'art à disputer au cours de jan nouveau.
Les Parisiens s'étaient empressés de saisir celle
occasicn de remercier M. Baudrv, président de
la grar:de association girendine, et ses collabo-
raleurs, de l'accueil piein d'une charmante cor-
dialité qui leur a toujours été fait et de contri-
buer au développement de la première Socié!é
affiliée.
lA Coupe en bronze
fut choisie chez Susse,
“est la Bacchante, de Barrias. Elle élait of-
lerte par MM. jacques Balsan. Léon Barthou,
Gcorges Besançon, (Georges Blanchet, Edouard
Boulenger, comte dc Castillon de Saint-Victor,
capilaine Ferber, René Gasnier, Etienne Giraud,
llenry Gon, marquis Edgard de Kergariou, comte
Ilenry de La Vaulx, Alfred Leblanc, Georges
Le Brun. Maurice Malel, Maurice Monin, comte
Iladelin d'Oullremont, Omer-Decugis, Pierre Per-
rier, François Peyrey, Santos-Dumont, Paul Tis-
sandier, Ernest Zens, auxquels nous avons tenu
à nous joindre.
le samedi 15 février, la délégation parisienne
apportait à UAéro-Club du Sud-Ouest le nouveau
trophée, baptisé « Coupe des Pilotes », qui sera
dispulé sous le règlement suivant
La « Coupe des Pilotes », la Bacchante
{bronze de Barrias), sera atlribuée pour récom-
penser la plus longue distance sans escale faite,
au départ de Bordeaux, par un pilote membre
de l'Aéro-Club du Sud-Ouest, dans l’année qui
commen le 16 février 1908 pour se terminer
le 15 février 1909 à minuil.
Ce concours n'est pas un challenge. Il n’est
saire de s'inscrire au départ.
pas né Si
Sont seuls qualifiés pour gagner cette coupe
les pilotes membres de l’Aéro-Club du Sud-Ouest
habitant le Sud-Ouest de la France.
(Papiers de bord : 2 francs.)
Règlements généraux de la Fédération aéro-
nautique internationale.
La Commission sportive de l'A. C. $. O. de-
vra désigner le vainqueur dans le mois qui sui-
vra la clôture du concours.
108
Le Banquet
Dans le grand salon Louis XVI du Café de
Bordeaux, place de la Comédie, un banquet
réunissait le samedi soir 15 février les délégués
parisiens et les membres de l'Aéro-Club du Sud-
Ouest.
Nous avons reconnu, autour du président Bau-
arv, MM. le comte de La Vaulx, Deutsch de la
Meurthe, comte de Castillon de Saint-Victor,
Couturier, Chapon, Briol, vicomte Charles de Li-
rac, Alfred Duprat, F. Peyrey, Paul Tissandier,
Maurice Mallet, Alfred Leblanc, capitaine Fer-
ber, Charost, Gonfreville, Paul Léglise, Séguin,
Villepastour, chevalier de Wawak-Adlar, de
Monbel, Chaumette, marquis de Kergariou,
comte Hadelin d'Oultremont, Pierre Perrier,
Henry Gon, Ernest Zens, elc., enfin les repré-
sentants de la presse bordelaise, la Pelite Gi-
ronde, la France de Bordeaux, le Nouvelliste,
l'Agence Havas et notre confrère Dickins du
Neiw-York-Ilerald.
Au milisu de la salle étaient exposés les di-
vers trophées de l'Aéro-Club du Sud-Ouest
Vers la Gloire, bronze de Dagonnet, offert
par la Petite Gironde; un marbre offert par
l'Automobile-Club bordelais, enfin la Bacchante
de Barrias.
Une amusante aquarelle d'Alfred Duprat avail
élé reproduite sur le menu. Elle représente un
aviateur (Santos-Dumont) traversant la Garonne
sur une automobile ailée à la façon d'un aéro-
plane.
Voici du reste le détail de ce savoureux menu :
Consommé Royale
Bisque
Saumon du Gave à la Chambord
(1904 Château-Climens)
Tournedos Belle-Hélène
Pommes Dauphine
(1900 Pelit-Village-Pomerol)
Salmis de bécasses Côle d'Argent
(1896 Château-Leoville-Poyferré)
Poulardes de la Bresse truffées
(ISSS Château-Milon-Duhart)
Salade Bacchante
{ISS1 Château Mouton-Rothschild)
Fromages
(1870 Château-Cos-d'Estournel)
Ananas Lobanoîf
(Champagne Louis-Roederer)
Corbeille de fruits
Au dessert, quand les violons se sont tus, le
président Baudry a donné la parole au comte
de La Vaulx qui a prononcé une chaude allo-
cution au nom de l’Aéro-Club de France :
Mon cher président,
Mes chers amis,
Je suis heureux d'être une fois de plus auprès
de vous Je porte-parole de l’Aéro-Club de France,
pour vous dire tous les vœux que nous formons
à Paris pour la prospérité de votre Société et
vous assurer aussi de notre appui et de notre
dévouement infatiscables à la cause que vous
défendez avec tant d'énergie dans tout le Sud-
Ouest de la France.
D'ailleurs, le nombre de nos amis accourus
à votre cordiale invitation, vous montre plus
que n'importe quel discours la sympathie affec-
tueuse de tous les aéronautes parisiens.
Dans toute grande famille, il est toujours un
enfant qui, par son travail, son intelligence, son
charme. devient rapidement le favori de ses pa-
rents ; il me semble que dans la grande famille
15 Mars 1908
aéronautique, vous avez justement conquis ce
titre. L'Aéro-Club de France qui a le droit de
se considérer un peu comme volre père, vous à
élu son fils préféré, et cela pour beaucoup de
causes vous avez vaillamiment Jutlé pour la
science et les sporls qui nous réunissent ce soir
ici; vous avez su allier à un esprit scientifique
très net, un entrain sportif infatigable. Des suc-
cès nombreux sont venus récompenser vos ef-
forts et vous avez le droit d’être fiers des vic-
toires remportées ; mais à côlé de ces journées
de triomphe, sont venues se joindre des jour-
nées de tristesse et de deuil. L'année dernière
vous perdiez, dans les circonstances les plus tra-
giques, deux de vos collègues, el je ne veux pas
laisser passer cette circonstance sans adresser,
au nom de d'Aéro-Club de France, un adieu rem-
pli d'émotion à vos infortunés camarades,
MM. de Bethmann et Scharf.
Beaucoup d’autres, après cette terrible catas-
tranhe, se seraient laissé abaltre et auraient
abandonné une science dont les progrès se fai-
saient payer si cruellement ; mais vous autres,
mes chers amis, enflammés par la foi aéronau-
tique, vous avez aussitôt réagi, et au lieu de
vous abandonner au désespoir, vous vous êtes
vaillamment attachés à la lutte ; vous nous avez
donné une preuve de votre vitalité et de votre
amour de la locomotion aérienne, en organisant
une grande semaine aéronautique à une époque
de l'année où beaucoup d'aéronautes et même
des plus intrépides, préfèrent attendre, les pieds
sur les chenêts, la fin des frimas.
C'est pour toutes ces raisons, mes chers amis,
que l’Aéro-Club de France à pour vous une af-
fection toute particulière et qu'il est heureux de
toutes les occasions qui se présentent à lui de
chanter vos louanges et de proclamer votre
gloire.
Je bois à da prospérité de l’Aéro-Club du Sud-
Ouest, à la santé de son président et à la santé
de tous ses membres.
Après qu'on eut applaudi, M. François Pey-
rey s'est exprimé en ces termes :
Monsieur le président, mes chers camarades,
Il serait oiseux, tout au moins, de prendre la
parole après notre éloquent président et ami,
Henry de La Vaulx, si je n'avais été prié par lui-
même ainsi que par un groupe de pilotes de
l'Aéro-Club de France. de vous présenter, en leur
nom, cette « Coupe des Pilotes ». C’est pour nous
une joie de vous l’offrir.
Il serait oiseux également de vous assurer de
nouveau de notre amitié, et vous ne me pardon-
neriez pas de trop insister sur ce déjà vieux sen-
timent.
Notre présence parmi vous n'a, d’ailleurs, rier
qui ne soit naturel. Tenter d'adoucir la peine d'un
ami est un strict devoir, Nous ne pouvions donc
que nous mettre en. route. Nous voici.
A vrai dire, le groupe est incomplet. Quelques-
uns n'ont pu quitter Paris. Je leur ai donné cette
promesse que je réussirais à faire admettre
leurs excuses et leurs regrets. Par contre, les
autres ont la fierté d'avoir entrepris ce voyage
avec le recordman du monde de la distance et le
recondman du monde de la durée.
Nous avons maintes fois éprouvé, mes chers
camarades, le charme de votre accueil, de votre
cordialité souriante, de votre courtoisie. Vous
nous consentirez donc la grâce d'accepter ce
bronze de Barrias, tout en nous rendant cette
justice que, dans notre choix, nous ne péchämes
point par austérité. Nous l'avons choisi bien
au contraire, pour sa grâce voluptueuse, son élé-
gance latine, Elle nous rappelle ces deux vers de
Hérédia :
L'on dirait que son corps a jailli hors du moule
Tandis que le sculpteur le fondait tout vivant...
Pour l’Aéroplane
= Pour le Dirigeable
Pour l'Hydroplane
Le MOTEUR EXTRA-LÉGER
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TÉLÉPHONE 5314-92 — 2, Avenue de Messine, 2 — PARIS (VIII)
l'Aérophile
. 109
Puis, nous avons pensé qu'une belle fille nue tres surgissent, grands ou pelits, qui se dirigent
ne saurait déplaire à de jeunes hommes. Elle, de
son côté, témoigne déjà de tout son plaisir de
se trouver parmi vous. Elle est même, vraiment,
un peu grise. Vous voudrez bien l'en excuser.
Bacchante, ne se doit-elle de goûter aux raisins
bleus de vos plaines, de mordre aux grappes
ambrées de vos côteaux ? Peu lui chaut, d'ail-
leurs. Elle danse, elle brandit son sistre, elle rit,
elle songe à celui de vous, qui, sportivement, la
possédera. Je vous supplie de ne pas donner à ce
futur, une interprétation trop chaleureuse.
Mais cette prêtresse de Diouysos ignore l’ave-
nir. Aussi, parce qu'elle possède une juste notion
de la hiérarchie, elle laisse s'envoler le rire
muet qui gonfle sa lèvre amoureuse et sa jeune
gorge de métal, vers vous, monsieur le prési-
dent. Ne nous fournit-elle pas ainsi la meilleure
preuve qu'elle n’a pas perdu tout jugement ?
Néanmoins, elle a bu chez vous, mes chers
camarades. Le fait est incontestable. J'imiterai,
dans une certaine mesure, ün exemple parfait.
Ce ne sera donc pas une coupe de Champagne,
dédaignée.. un instant, mais le vin clair et doré,
la liqueur parfumée de la Gironde, que je boi-
rai à votre santé, ainsi qu'à la prospérité cer-
taine, à l'avenir brillanment sportif de l’Aéro-
Club du Sud-Ouest.
Quand les bravos se sont apaisés, M. C.-F.
Baudry. président de l'Aéro-Club du Sud-Ouest,
remercie l'Aéro-Club de France
Chers amis,
Après les éloquentes paroles que vous venez
d'applaudir, je serais bien mal venu à me faire
entendre, si je n'avais à exprimer à nos chers
hôtes de l'Aéro-Club de France les sentiments de
profonde gratitude dont nos cœurs sont rem-
plis. Pour nous, aéronautes du Sud-Ouest, peut-
il être récompense plus précieuse, plus récon-
fcrtante que ces éloges, cette sollicitude, celte
sympathie qu'après un évènement cruel vien-
nent nous apporter si cordialement ceux-là
mêmes qui créèrent ce noble sport de l'air, si
fécond en grandes choses et dont nous sommes
les humbles mais fervents adeptes.
Dans quelques semaines, l'Aéro-Club de
France fétera son dixième anniversaire. Il ap-
partiendra, ce jour-là, à des voix autrement au-
torisées que la mienne de résumer l’œuvre ad-
mirable et colossale accomplie en aussi peu
d'années. Avant 1898, l’aérostation, malgré de
précieux dévouements, se traînait languissante
dans l’ornière. En proie à ceux que notre tant
spirituel François Peyrey appelle les Tabarins
de l'atmosphère, son avenir semblait irrémédia-
blement compromis. Par bonheur, il y a dix
ans, à côté de techniciens et d'hommes de
science épris des grands problèmes de l’atmos-
phère, vinrent se grouper quelques jeunes
hemmes au cœur viril, jaloux de dépenser uti-
lement leur vibrante énergie, et dont le désin-
téressement n'avait d'égal que le grand cœur.
Alors J’Aéro-Club de France est créé : comme
Pallas-Athéné, dès sa naissance, il est prêt, armé
pour le bon combat. Purifié de ses fréquenta-
tions foraines, le ballon s'élève enfin vers le ciel
pour la seule gloire de la science et du sport.
Ef voilà que commencent ces immenses randon-
nées aux lointains pays, randonnées pour les-
quelles il n'est plus de frontières, plus de mers,
plus d'Alpes et plus de Pyrénées. C’est alors
que naît ce prodigieux et définitif enthousiasme
pour la conquête de l'air, ce problème jadis si
décevant, tant de fois repris, tant de fois aban-
donné. Alors, viennent les encouragements ma-
tériels. Alors se révèlent les généreux Mécènes,
qui, à défaut des gouvernements et des Etats, se
font les banquiers du sport et de la science. Un
premier aéronat double la Tour-Eiffel. Puis d’au-
à deur gré dans l'azur. Il en est deux qui vont
de Paris à Verdun : le problème enfin est ré-
solu.
Mais le triomphe du plus léger que l'air ne
suffit pas à l’Aéro-Club de France. Et c'est au
tour des aviateurs à s’altaquer à l'atmosphère.
Alors, « pas à pas, saut à saut, vol à vol »,
l'aéroplane prend son élan, s'élève, s'arrête, re-
part, puis il y à deux mois, fait victorieusement
son premier virage. Le prix Deutsch-Archdeacon
est gagné.
Voilà l'œuvre de l’Aéro-Club de France. Et
dans l'histoire du progrès et de la science, dans
l’histoire des conquêtes de l’homme sur la na-
ture et les éléments, en existe-t-il de plus belle,
de plus rapide, de plus féconde ?
Nous autres, aéronautes bordelais, sommes
encore à la première élape, au ballon libre, que
nous aimons avec passion, dont l'incertitude va-
gabonde exerce le sang-froid, aiguise l'esprit de
décision et discipline les énergies. Si nos efforts
sportifs ont mérité vos compliments, attribuez-
les, chers amis de l’Aéro-Club de France, à l’étin-
celle de feu sacré tombée chez nous de votre
phare étincelant. Maïintes fois déjà, vous êtes
venu nous voir, nous diriger dans la bonne voie.
Aujourd'hui, vous venez raffermir nos courages.
el provoquer parmi nos pilotes une noble ému-
lation, car vous nous apportez ce chef-d'œuvre
d'un grand artiste, cette Bacchante enthousiaste,
qu'on croirait une déesse aérienne, tant dans
son élan joyeux elle semble à peine toucher le
sol, tant elle évoque pour nous. =
le temps où le ciel sur la terre
Vivail el respirait dans un peuple de dieux.
Soyez mille fois remerciés, chers amis de
Paris, vous qui êtes venus et vous qui n'avez
pu venir. Venez et revenez, votre présence fait
notre joie. Déjà nos pilotes ne sont pas indignes
de vous. Et, comme la Coupe qui vient ne doit
pas faire oublier la Coupe qui s’en va, c'est de-
vant vous que nous avons tenu à remettre à
l'un de nos pilotes les plus aimés, cet objet d'art.
don de l’inlassable générosité et de la précieuse
affection de M. Henri Gounouilhou.
Vous le connaissez, ce voyage de Charles de
Lirac, dont la Coupe de la Pelite Gironde est le
prix bien gagné, ce raid de la Côte d'Argent à
l’Esterel ensoleillé, avec, comme points intermé-
diaires, le Plateau central, les Cévennes et les
Alpes. Certes, chers amis de Paris, vous avez
fait de bien plus longs voyages, mais cette per-
lormance, vous l'avez de suite appréciée à son
mérite. Vous l'avez reconnue du premier coup,
de même qu'un maître reconnaît l’œuvre de son
élève. Elle porte votre marque. Elle est de la
bonne école, de la vôtre.
D'autres performances suivront, je l'espère.
Pour la conquête du trophée dont vous nous
faites don, nos pilotes auront à cœur, je m'en
porte garant, de mériter, encore une fois, vos
éloges, et, j'en suis sûr d'avance, le vainqueur
de l’an prochain ne sera pas indigne du vain-
queur d'aujourd'hui.
Chers collègues de l’Aéro-Club. du. Sud-Ouest,
levons nos verres en l'honneur de nos amis de
Paris, en l'honneur du champion de la distance
et du champion de la durée, en l'honneur de
l’Aéro-Club de France.
Cette péroraison a été saluée de chaleureux
applaudissements et M. Chapon, au nom de la
Petite Gironde, a remis à M. le vicomte Charles
de Lirac, la coupe Vers la Gloire qu'il a
conquise par son magnifique raid de l'Atlantique
à la Méditerranée, de Bordeaux à la pointe du
Trayas, près Cannes (607 kil. 750) les 18-19 mars
1907, en compagnie du regretté Scharf.
110
M. de Lirac, très ému, a remercié par quel-
ques paroles.
Pour finir, M. Dickins a prononcé, en anglais,
une courte allocution
au nom de la piesse
anglo-américaine.
La Fête du 16 Février
Le dimanche ‘6 fé-
vrier, malgré la pluie
du matin et un ciel
gris plutôt menaçant,
neuf ballons étaient
en gonflement à l’u-
sine à gaz de La Bas-
tide.
L’Aéro-Club du Sud-
Ouest avait installé
une canalisation spé-
siale dans un vaste
terrain devant les ga-
zomètres.
L'épreuve projetée
était un concours de
périmètre roulier pour
8 ballons de 1'° et 2°
catégories.
Vers deux heures, le
vent baissant de plus
en plus, les commis-
saires sportifs changè-
rent le genre du con-
zours et désignèrent
un point d'atterrissage : la gare de Cadaujac,
au Sud de Bordeaux. Finalement, en raison
de Ja panne atmosphérique, l'épreuve fut an-
nulée.
A trois heures, un premier ballon part. C'est
la Côte-d'Argent, 800 m° (pilote, M. Gonfreville,
avec MM. Wigand et Menin). Il pique droit au
zénith et ne s'éloigne que lentement dans la
direction de la Garonne.
Cinq minutes après, avec un léger relard, le
ballon-pilote Micromégas, 400 m' (pilote, le comte
de La Vaulx), monte moins vite et tourne bas
sur da rivière et le cœur de la ville.
Pendant que la foule des invités s'intéresse
à l'évolution de ces ballons, un accident heu-
. reusement rare se produit.
Les soldats de manœuvres, distraits, ont laissé
sous pression le ballon Malgré-Nous que devait
piloter le chevalier de Wawak-Adlar, Au mo-
ment où d’on ferme la vanne du Fol, le gaz re-
double de force, le Malgré-Nous se déchire de
haut en bas ou de bas en haut, tout droit : cela
fait « pouf » et le ballon s'affaisse sur place, en
épervier ; il ny a plus qu'à le replier dans sa
bâche.
Le Ludion, 600 m° (pilote, M. le comte Hade-
Yin d'Oultremont, avec le capitaine Ferber) et le
Fol, 600 m° (pilote, M. le comte de Castillon de
Saint-Victor, avec M. P. Perrier), s'élèvent à
leur tour.
Puis le président Baudry donne le signal à
l'Albatros, S00 m°, que pilote M. Alfred Leblanc
dont nous sommes l'heureux compagnon.
Le Stella-Maris, 600 m° (pilote, M. Charost, avec
M. Henry Gon, propriétaire du ballon), nous suit
de près.
L'Alouelte, 360 m° (pilote, marquis de Kerga-
15 Mars 1908
riou) et le Lanturlu, 530 m° (pilote M. Villepas-
tour, avec M. F1. de Monbel) escaladent le ciel.
Enfin, la Belle-Hélène, 1.630 m° (pilote, M. Fr.
At'errissage des ballons partis de Bordeaux-La Bastide le 16 février 1908.
(Voir le texte de l'article).
Peyrey, avec MM. Chaumette, Téregi et Seillan),
ferme la marche, comme ballon-contrôle,
En raison de l'heure tardive, on a renoncé à
gonfler le Faune et le Simoun.
L'Albatros et le Stella-Maris ont passé, tour
à tour l’un au-dessus de l'autre, comme s'ils
jouaient au bilboquet, surplombant le quai des
Chartrons ; malheureusement, le lemps n'était
pas assez clair pour prendre des pholographies.
Etant presque revenu à son point de départ,
le ballon Côte-d'Argent a alterri au quai de
Queyries, à 600 mètres de l'usine à gaz de La
Bastide.
Le Fol est descendu dans une prairie de Ba-
calan, à l'Est de la gare du Médoc ; le Ludion,
à Cenon, entre les deux lignes du chemin de fer
d'Orléans ; le Lanturlu, également à Cenon,
mais de l’autre côté des voies ferrées : le Mi-
cromégas, un peu plus loin à l'Est, près de Floi-
rac; le Stella-Maris a atterri au nord de Bor-
deaux, dans les marais de la commune de
Bruges ; la Belle-Hélène, dans les mêmes pa-
rages, mais plus à l'ouest. La plus grande dis-
tance, 6 kilomètres, a été franchie vers l'Est-Sud-
Est, par l'Aloueite, descendue sur le territoire
de la commune de Tresses.
Enfin, l'Albatros, après une escale (de * h. 20
à 4 h. 32) devant la gare du Médoc, à alterri
définitivement à 5 h. 30 au lieu dif La Vache, à
la limite des communes du Bouscat et de
Bruges.
A sept heures du soir, (ous les aéronautes
étaient de retour au siège de l'Aéro-Club du
Sud-Ouest... et Ja pluie tomba sans arrêter pen-
dant plus de vingt-quatre heures (1).
(1 Bordeaux en ballon, Les Spor's, 29 février 1908.
i Aérophile
La semaine deBordeaux
Pour donner aux voyages aériens un nouvel
élan, J’Aéro-Club du Sud-Ouest avait créé un
cerlain nombre de prix à gagner dans la se-
maine du 16 au 23 février.
Deux concours élaient ouverts, d'une façon
permanente, avec départs facultalifs.
En voici les règlements succinc{s :
1° Concours de distance sans escale, ouvert
du dimanche 16 au samedi 29 février minuit, à
tous pilotes de l'A. C. S. O. et à tous ballons.
Chaque concurrent eéhoisit le moment qui lui
paraît le plus favorable. Il n’est pas nécessaire
de s'inscrire. Gaz : huit centimes. Gonflement
aux conditions habituelles du Club. Papiers de
bord : 2 fr.
Le concurrent le mieux classé recevia un objet
d'art (valeur 300 fr.) donné par le Club, si le
voyage atteint 150 kilomètres. Les concurrents
venant ensuite pourront recevoir des souvenirs
s'ils ont fait un voyage intéressant.
Les indemnités kilométriques habituelles (25 fr.
par 100 kilomètres, au-dessus de 200) et les divers
prix du Club sont valables pour ce concours.
2° Concours de distance minima relalive (point
«d'atterrissage déterminé par le pilole. Mêmes
dispositions que ci-dessus. Prix : objet d'art de
300 fr. donné par M. C.-F. Baudry, président.
La même ascension pourra compter à la fois
pour ce concours et pour le concours de dis-
tance.
Les départs se sont tous faits à l’usine à gaz
de la Bastide où de président Baudry avait ob-
tenu un gaz excellent (720 grammes le mètre
cube) et un débit très rapide.
Mardi 18 février 1908. — Le ballon le Faune
{800 m') s'est élevé à 3 h. 40, par forte bour-
rasque de l'Ouest-Nord-Ouest. Pilote, M. Alfred
Leblanc, accompagné de M. Francois Peyrey.
Le pilote avait désigné Périgueux comme point
d'atterrissage.
La descente s'est faite à 5 h. 30, à Issigeac
(Dordogne) sur les confins de Lot-et-Garonne.
Durée : 1 h. 50. Distance : 92 kilomètres.
Distance Bordeaux-Périgueux : 107 kilomètres.
Ecart Issigeac-Périgueux, 50 kilomètres. Angle
d'écart : 28 degrés.
Mercredi 19 février. — Te ballon Simoun
{6C0 m') a quitté terre à 2 h. 40. Pilote, M. Alfred
Leblanc, accompagné du marquis Edgard de
Kergariou.
Le pilote avait désigné Fumel (Lot-et-Garonne)
‘“<omme point d'atterrissage.
La descente a eu lieu à 5 h. 30, à Miramont
(Lot-et-Garonne), malgré la direction excellente,
le vent était devenu nul à la tombée de la nuit.
Durée : 2 h. 50. Distance : 77 kil.
Distance Bordeaux-Fumel, 126 kil. Ecart Mira-
mont-Fumel, 50 kil. 500. Angle d'écart, 3° 45.
Vendredi 21 février. — Je ballon Aquitaine
{1.100 m’) est parti à 9 h. 30 du matin. Pilote :
M. Villepastour, accompagné de M. Wigant.
Le pilote avait désigné Cahors comme point
«l'atterrissage.
La descente s’est effectuée à midi 30, à Sainte-
Colombe-de-Lauzun (Lot-et-Garonne).
Durée : 3 heures. Distance : 84 kil. (M. Vi!
lepastour, pilote bordelais, est premier tenant
de la nouvelle Coupe des Pilotes.)
Distance Bordeaux-Cahors, 164 kil. Ecart Ste-
Colombe-Cahors, 79 kil. Angle d'écart, 1° 50.
Le pilote était dans une direction excellente
<t disposait encore de hcaucoup de lest, mais il
111
dut atterrir, les cordes de déchirure et de sou-
‘ pape s'étant enlremêélées.
Vendredi 21 février également. — Le ballon
Walhalla (2.200 m') s’est élevé à 10 h. 30 du ma-
ün. Pilote : M. Alfred Leblanc, accompagné de
MM. François Peyrey, marquis de Kergariou et
André Gounouilhou, l'un des fils du directeur
de la Pelile Gironde.
Le pilote s'était inscril pour le concours de dis-
tance.
Le ballon plane sur Bordeaux, puis remonte
la vallée de la Dordogne jusqu'aux confins du
département du Lot, par un vent d'Ouest de
15 kilomètres à l'heure, en se maintenant à
basse altitude. Mais en monlant., il rencontre
des vents beaucoup plus rapides qui tournent
de plus en plus vers le Sud. À six heures. il
entre dans un épais brouillard.
Le ballon doit passer les Cévennes au Nord de
Bédarieux, I1 rencontre alors le vent violent du
Larzac (N.-N.-E.) qui le pousse rapidement vers
la Méditerranée.
Les aéronautes profitent d'une éclaircie pour
atterrir à 11 h. 15 du soir, à Rabieux, commune
de Saint-Félix, près Clermont-l'Hérault (Hérault),
en pays perdu. Ils doivent passer la nuit dans
leur nacelle.
Durée : 12 h. 3/1. Dislance (à vol d'oiseau) :
365 kil. L'itinéraire réel forme presque un demi-
cercle.
M. A. Leblanc gagne le prix départemental
de l'Hérault, créé par M. F. Panajou, trésorier
de l'Aéro-Club du Sud-Ouest.
Ce voyage se classe parmi les plus beaux qui
aient été exécutés de l'Atlantique à la Méditer-
ranée (1).
Les jours suivants, il plut presque sans dis- :
continuer, aussi les pilotes bordelais, ne pouvant
réparer la déchirure de dégontflement sur des
ballons trempés, ont dû attendre.
Mais l'élan est donné : treize ballons en six
jours se sont élevés de Bordeaux, maloré un
temps défavorable. Les pilotes de l'Aéro-Club du
Sud-Ouest, à la tête d'une imposante ‘escadre
de ballons, vont multiplier leurs voyages et en-
richir l’histoire aéronautique de quelques belles
pages. GEORGES Bas
10.000 marks pour 10 minutes
de vol en aéroplane à moteur. —
À Munich, M. le docteur Gans, président de
la section aéronautique de l’Automobile-Club
Bavarois vient de créer un prix international
de 10.000 marks (12.500 francs). Le prix sera
décerné du 1° mai 1908 au 1% mai 1909 au
pilote de machine volante, qui, partant du
sol pourra séjourner en l’air 10 minutes sur
un espace désigné et atterrir par ses propres
moyens au bout de ce laps de temps.
Les inscriptions sont reçues et enregistrées
au secrétariat du Comité sportif de l’Exposi-
tion de Munich 1908, Neuhauserstrasse 10,
Munich. L'inscription effective n’a lieu que
sur l’envoi d’une description écrite ou d’une
photographie, dessin, ete., de l'appareil et
le versement d’un droit d'engagement. Le
secrétariat du Comité se tient à la disposition
des intéressés pour tous renseignements.
(4) De V'Atlantique à la Médietrrarée;, l'Auto, 28 février 1908.
15 Mars 1908
É'AEROPPANE GIPDERTL
L'Aéroplane Gilbert.
Il y a quelques semaines, M. Gilbert a essayé
sur la route de Chambourcy un nouvel aéroplane
dont l'aspect général rappelle celui d'un oiseau.
Un triangle plan articulé figure la tête de l'oi-
seau ; le corps est formé par un carré flanqué
latéralement de deux ailes rectangulaires légè-
rement incurvées, La queue de l'oiseau est en
forme de pentagone. Surfaces porlantes en toile
LAéroplane danois Ellehammer
Premieres envolées publiques.
L'aéroplane Ellehammer (1), a poursuivi en
février 1908 ses expériences publiques auprès
de Copenhague. Son plan inférieur, a été sup-
primé; il est donc maintenant redevenu bi-
plan avec une surface portante de 27 mètres
carrés.
Le 13 février dernier, il a parcouru 300 mè-
tres, à 5 mètres de hauteur, avec une stabi-
lité remarquable et rien n’eut empêché de
(1) Voir Aéroplile du 1** mars 1098.
(Cliché de la Locomtion Automobile):
fixée, sans être tendue, sur une membrure en
bambou. Un cadre vertical en frêne supporte
l'appareil moteur et une hélice en bois d’acajou
armé. Le tout est porté par trois roues munies
de pneumatiques. Envergure et longueur : 8 m.
Surface totale : 16 m° environ et prochainement
30 m°'. Gouvernail arrière vertical de 2 m° 25.
Moteur, trop faible, de 4 chx.
continuer longtemps si l’espace l'avait per-
mis. L’ingénieur Ellehammer, ayant coupé
Pallumage à 5 mètres de hauteur, l’aéroplane
a atterri un peu dûrement et voilé une roue.
C’est à peu près la seule avarie survenue au
cours des nombreuses envolées exécutées.
“Depuis quelque temps, cet aviateur s'exerce
aux virages. Il à obtenu à plusieurs reprises
des virages partiels en $S fort bien réussis, que-
semble faciliter beaucoup la flexibilité des
ailes supérieures. Il ne doute pas de pouvoir
arriver d’ici peu à achever des boucles com-
plètes.
La vitesse, mesurée avec soin dans diverses:
envolées est de 11 mètres à la seconde.
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l’Aérophile
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
S4, faubourg Saint-Honoré, Paris (VII°)
Siège social :
Télégrammes :
PARTIE OFFICIELLE
Assemblée générale annuelle
Par décision du Comité de Direction, en date
du 6 février, l’Assemblée générale annuelle aura
lieu de jeudi 9 avril 1908, à 9 heures du soir, à
l'issue du diner, dans les ‘salons de l’'Automobile-
Club de France, 6, place de la Concorde.
Ordre du jour. — Allocution du président.
Rapport du secrétaire général. — Rapport du
trésorier. — Ratification des admissions des
membres reçus en 1907. — Renouvellement des
membres sortants du Comité de direction. —
Elections au Comité de direction de membres
proposés à la suite de vacances.
Changement d'adresse
A partir du 15 avril 1908 (ou de fin mars si
les transformations et aménagements peuvent
être achevés à temps), le siège “social et les bu-
reaux de l’Aéro-Club de France, actuellement
84, faubourg Saint-Honoré, Paris, seront trans-
férés 63, avenue des Champs- Elysées, Paris, près
la rue Pierre Charron et la station Marbeuf du
Métropolitain.
Les membres de l’Aéro-Club lrouveront dans
ce nouveau local plusieurs salons de lecture et
de correspondance, à côté du bureau du secré-
Era et du bureau du Bulletin officiel l’'Aéro-
phile
Les disposition concernant le parc de l’Aéro-
Club aux coteaux de Saint-Cloud, reslent les
mêmes.
PARTIE NON OFFICIELLE
COMMISSION D'AVIATION DU 10 FÉVRIER 1908
Présents MM. Archdeacon, Tatin, Blériot,
commandant Ferrus, Detable, H. Zens, F. Pey-
rey, Tissandier, Godard, Kapferer, le comte de
Castillon de Saint-Victor, le comte Henry de La
Vaulx, A. Farcot, G. Besançon, le capitaine Fer-
ber.
Grand Prix de Vichy. — Le secrétaire explique
que M. Georges Prade, directeur du journal les
Sports, lui a présenté, ainsi qu'à M. Besançon,
M. Bougarel, vice-président de J’A. C. F. de Vichy
qui, sur la suggestion du prince d'Arenberg, se
fait fort de réunir une somme de 25.000 francs
pour un prix d'aviation à courir à Vichy.
M. Bougarel a besoin, pour décider les autorités
municipales de Vichy, de l'appui de la Commis-
sion. En conséquence la Commission a été réu-
nie et MM. Bougarel et Prade, ainsi que
MM. Farman et Voisin, concurrents éventuels,
convoqués, sont introduits.
M. Bougarel expose son projet et M. Prade
fournit un plan du champ de courses de Vichy.
La Commission prend la proposition en consi-
dération et désigne une sous-commission com-
posée de MM. Archdeacon, R. Esnault-Pelterie,
H. Farman, chargée d'examiner le terrain et de
faire un rapport sur la possibilité d'y effectuer
des expériences.
AÉROCLUB-PARIS.
113
— Téléphone : 276-20
COMITÉ DE DIRECTION DU 5 Mars 1908
L'Aéro-Club de France a procédé aux admis-
sions suivantes, après balloltage : MM. Alfred
Boyer-Guillon, Maurice Gandillot, Robert Gold-
schmidt, Jules Aghion, Welby Jourdan, Gaston
Van Brock, Gianni Beltini, Pierre Trémoulière,
Marcel Caplain, baron d’ Aligny, Marcel Masson,
comte Bertrand de Charnacé, André Gounouilhou,
duc d’Arenberg, Robert Kiefe, Oscar Heeren,
Gaston Faure, Luis d'Agniar, Frank Otter, Au-
guste de Breyne, Paul Borgnis, Achille Bor-
gnis, Trouard-R iolle.
Le brevet de pilote-aéronaute a été décerné
à MM. Pierre Gasnier et Emile Dubonnet.
Le Comité de direction a arrêlé les bases du
règlement concernant le parc d'aviation de
l'Aéro-Club, à Issy-les-Moulineaux.
Il accepte le principe de donner, en 190$, une
fête décennale de d’Aéro-Club de France et des
fèles en l'honneur de l’Aéro-Club du Sud-Ouest,
proposées par M. F. Peyrey.
Le diner mensuel du 2 avril 1908 est reporté
au 9 avril, exceptionnellement, pour coïncider
avec l'assemblée générale de l'Aéro-Club et
parce que la Chambre syndicale des industries
aéronautiques à choisi la date du 2 avril pour
son banquet.
Le Comité de direction a arrêté l'ordre du
jour de l'assemblée du 9 avril, à 9 heures du
soir.
DINER MENSUEL DU 5 MARS 1908
Le diner de mars de l'Aéro-Club de France,
dans les salons de l’Automobile-Club, a été des
plus brillants.
Le comte de La Vaulx, qui présidait, était
entouré du général Kovanko, chef des aérostiers
militaires russes et du capitaine Antonoff, du
génie militaire russe, et de MM. René Gasnier,
Alfred Leblanc, Paul Tissandier. Frank S. Lahm,
Victor Talin, François Peyrey, Georges Le Brun,
RUEUS(E Nicolleau, capitaine Ferber, Maurice
Mallet, Georges Blanchet, le docteur Chanteaud,
Louis Capazza, Ernest Barbotte, Pierre-Roger
Jourdain, W.-H. Fauber, Ernest Zens, G. Del-
croix, Maurice Monin, E. Hue, Bossuet, le doc-
teur Jacques Soubies, G. Tranchant, Baucheron,
le ‘docteur Crouzon, Paul Delaporte, Helwig,
Lioré, Henry Gon, L. Pierron, Chauvière, Echa-
lié, A. Omer-Decugis, Paul Bordé, Robert Es-
nault-Pelterie, Charles Voisin, Jean de Villethiou,
le docteur da Silva, Le Secq des Tournelles,
Vinet, Monniot, etc.
LES ASCENSIONS AU PARC DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
16 février 1908. — 10 h. 20 du m. Quo-Vadis
(1.200 m') ; MM. A. Schelcher, E. Barbotte, René
Donon. Att. à 2 h., dans une clairière de la
forêt du Grand- -Orient, à 20 kil. au S.-E. de
Troyes. Durée : 3 h. 40. Distance : 170 kil.
16 février. — 11 h. du m. Lilliput (300 m'°) ;
M. G. Suzor. Att. à 1 h. 50, à Villenauxe-la-
Grande (Aube). Durée : 2 h. 30. Distance : 105 kil.
17 février. — 11 h. 30 du s. Ile-de-France
2.250 n°); MM. Jacques Faure, Frank Otter,
114
Vincent Eyre, Philippe Chabrié. AL. le 18 février,
à 9 h. du m., à Eltenheim, au S.-E. de Stras
bourg. Durée : 9 h. 30. Distance : 400 kil. env.
23 jévrier. — 11 h. 15 du m. Aurore (900 m');
NM. E. Barbolte, Durand, Jamin. All. à 1 h. 45,
à Château-Thierry. Durée : 2 h. 45. Dislance
S9 kil.
23 février. — 11 h. 55 du m. Eole (600 m');
MM. Georges Bans, le comte de Moy. Alt. à
2 h. 10, aux Grandes-Brosses (Marne. Durée
9 h. 15. Distance : 88 kil.
23 février. — Azur (600 m'): MM. G. Suzor,
J. Delebecque. Att. à 3 h., à l'Epine-aux-Bois
\isne). Dislance : S3 kil.
23 février. — L’Abeille (1.100 m MN. Albert
Omer-Decugis, Bancelin, Baguës, le docteur Gas-
ton, Mme Albert Omer-Decugis. All. 3 h., à
Saint-Barthélemy (Seine-et-Marne). Distance
S0 kil.
23 février. — 1 h. 30 du s. L'Ouest (820 m'°
AIM. Georges Dubois, Maurice de Farcy, prési-
dent de l’Aéro-Club de l'Ouest, J. Rahelle. At. à
2 h. 45, à Chelles (Marne). Durée : 1 h. 45. Dis-
anc es kil. j
23 février. — 2 h. 10 du s. L'Oural {000 m°
MM. E. Bachelurd, M. Bourgeois, M. Masson.
Att. à 3 h. 20, à Précy-sur-Marne. Durée : 1 h. 10.
)istance : 42 kil.
23 février. — 2 h. 30 du s. Aéro-Club IV (500 m'):
MM. Georges Blanchet, Léo Callenberg. Att. à
h, 30, à Lagny (Seine-et-Marne). Durée : 1 h.
jistance : 36 kil.
2S février, — 11 h. du m. Aéro-Club V (900 m°
M. E. Bachelard, Duthu, Mlle Hélène Cesbron.
tt. à midi, à Chèvreville (Oise) Durée : 1 h.
> 7
istance : 55 kil. '
1‘ mars. — 10 h .45 du m. Ariane (450 m°
M. Emile Dubonnet. Att. à 1 h. 45. à Crézancy.
rès Château-Thierry. Durée : 1 h.
SAIS
l‘nars. — 11 h. 20 du m. Le Sphinx (1.000 m°):
MM. G. Suzor, J. Delebecque, Tripier. Att. à
? h. 20, à Nanteuil-sur-Marne. Durée : 1 h. Dis-
ance : 74 kil.
S mars. — 10 h. 10 du m. Allaïir (1.609 m°);
MM. Maurice Farman, Origet. Att. à 2 h.. à Vitry-
e-François. Durée : 3 h. 50. Distance : 170 kil.
S mars, — 10 h. 45 du m. Aéro-Club V (900 m°) :
MM. J. Delebecque, H. Tirard. Att. à 2 h. 15. à
Saull-Saint-Rémy (Ardennes). Durée : 3 h. 30.
Distance : 155 kil.
Distance
AE ae
La Coupe d'Aviation
et les Prix d'Aviation Michelin
260.000 francs pour les
aviateurs.
On pouvait craindre après la conquête du
Grand Prix d'aviation Deutsch-Archdeacon
par Henri Farman le 13 janvier 1908, quelque
ralentissement dans les expériences d’avia-
tion. Les autres chercheurs se trouvaient
privés, du coup de l’opulente récompense of-
ferte jusqu'alors à leur émulation. La créa-
tion de nouveaux encouragements s’imposait.
Le dévoué président de la Commission d’avia-
tion de l’Aéro-Club de France entrait de nou-
veau en campagne. Il adressait aux Mécènes,
de chaleureux appels.
Presque aussitôt, M. Armengaud jeune
créait son prix de 10.000 francs pour un quart
d'heure de séjour dans l’atmosphère (Voir
Aérophile du 1 février 1908). Des libérah-
tés intelligentes telles que celle de Mme Hé-
riot et de M. F. Charron, qui souscrivaient
15 Mars 1908
chacun 1.000 francs, venaient grossir les fonds
de la Commission d'aviation et lui permet-
Clché des Sports.
M, André Michelin. à
Uliche des Sports.
M. Edouard Michelin.
taient de créer un nouveau prix de 5.000 fr.
pour 5.000 mètres en vol mécanique, prix dont
nous publierons prochainement le règlement
détaillé.
J’Aérophile
Il manquait encore néanmoins la grande
épreuve appelée à un retentissement mondial
et assez richement dotée pour compenser tous
les sacrifices, décider tous les hésitants et en-
tretenir autour de l’idée, dans l’univers en-
tier, une agitation féconde.
Il était réservé à deux grands industriels
français, MM. André et Edouard Michelin, de
combler cette lacune. Ils l’ont fait avec une
largesse vraiment royale et sous des conditions
véritablement ingénieuses, très propres à fa-
voriser, à susciter même, les progrès successifs
de l'aviation. Grâce à eux, les aviateurs peu-
vent espérer trouver dans les 260.000 francs
de prix qui leur sont offerts une juste récom-
pense de leurs efforts et de leurs sacrifices.
Les créateurs de la grande marque de pueu-
matiques, qui ont déjà tant fait pour l’auto-
locomotion terrestre, se placent à la tête des
bienfaiteurs de l’aérolocomotion mécanique.
Ils ont ainsi bien mérité de leur pays et de
la science et les aviateurs leur garderont une
reconnaissance profonde.
Voici la lettre envoyée par MM. Michelin
et Cie. à M. Cailletet, président de l’Aéro-Club
de France:
Paris, 6 mars 1908.
Messieurs Michelin et Cie à Monsieur le
Président de l'Aéro-Club de France, 8%,
faubou:q Saint-Honoré, Paris.
Mcnsieur le Président,
Désireux de contribuer au développement de
l'aviation, cette industrie nouvelle qui, elle en-
tore, a pris naissance en France, nous avons
le plaisir de vous offrir : une Coupe et un Prix
spécial, destinés aux appareils dits « plus lourds
que l'air ».
1° La Coupe. que représentera un objet d'art
d'une valeur d'au moins dix mille francs sera
dotée d’une somme annuelle de quinze mille
francs en espèces et cela pendant dir ans.
2° Le Prix spécial sera de cent mille francs
en espèces.
Ces prix porteront notre nom ; ils seront attri-
bués dans les conditions ci-après :
I. — COUPE ANNUELLE
(15.000 francs par an pendant 10 ans)
Chaque année, avant le 31 janvier (et excep-
ce neni pour 1908, avant le 31 mars cou-
rant), l'Aéro-Club de France arrêtera le pro-
gramme du concours dont la clôture aura lieu
le 1‘ janvier suivant. Il déterminera : les di-
mensions de la piste, l'importance des virages,
“les hauteurs d’ascensions, etc., ainsi que les
conditions dans lesquelles devra être parcourue
cette piste, laquelle devra être un circuit fermé.
Le gagnant de la Coupe, pour l’année, sera
l’'aviateur qui, avant le 31 décembre, à minuit,
sur une piste dressée suivant ces données, aura
couvert la plus grande distance, soit en France,
soit dans l’un des pays dont l'Aéro-Club est
fédéré à l’Aéro-Club de France. Ce record, pour
ôtre valable, devra être homologué par la Fédé-
ration internationale.
Cette distance devra être chaque année, au
mions double de celle couverte par le tenant
de l’année précédente. Le gagnant de la Coupe
190$ devra avoir parcouru une distance double
de celle couverte par M. Henri Farman, dans
son record du 13 janvier dernier.
Chaque année, la Coupe sera confiée en garde
à l’Aéro-Club dans le pays duquel le record
élabli et homologué, comme il a été dit ci-dessus,
aura été battu de plus loin.
115
Le prix de 15.000 francs en espèces sera versé
au conducteur victorieux.
Si la Coupe n'est pas gagnée une année.
l’Aéro-Club détenteur en restera gardien et les
15.000 francs viendront s'ajouter aux 15.000 fr.
de l'année suivante.
Le vainqueur de la dixième année restera
propriétaire de l'objet d'art; un fac-similé en
sera remis à l’Aéro-Club du pays où aura été
établi son record.
Les sais seront fails: en France, sous le
contrôle de l’Aéro-Club de France ; à l'étranger,
sous le contrôle de l'Aéro-Club du pays, sous
condition que cet Aéro-Club soit fédéré à l'Aéro-
Club de France, et sous la réserve d'homoioga-
tion énoncée plus haut.
II. — PRIX SPECIAL (Eventuellement\
(100.000 francs)
Si, avant le 1" janvier 191$, un avialeur, pilo-
tant un appareil à deux places occupées, éta-
blit le record suivant, homologué par l'Aéro-
Club de France : :
S'envoler d'un endroit quelconque des départe-
ments de Seine ou Seine-et-Oise, tourner autour
de d'Arc de Triomphe, aller tourner autour de Ja
cathédrale de Clermont-Ferrand et venir se poser
sur le sommet du Puy-de-Dôme (altitude
1.456 mètres) dans un délai moindre de six heu-
res, comptées de l'Arc de Triomphe au sommet
du Puy-de-Dôme, il lui sera versé une somme de
100.000 francs en espèces.
A partir de ce record, la Coupe annuelle, au
lieu d'être gagnée dans des essais individuels,
devra l'être dans une course dont l'Aéro-Club de
France fixera, chaque année, les conditions au
moins dix mois à l'avance.
. Veuillez agréer, Monsieur le Président, lexpres-
sion de nos sentiments bien dévoués.
Signé : MICHELN ET C°.
Les conditions générales des prix sont expo-
sées par les donateurs eux-mêmes dans la let-
tre ci-dessus. Elles ne sont pas définitives et
pourront être complétées, dans leurs détaiis,
d'accord avec MM. Michelin et Cie, par la
Commission d’aviation de l’'Aéro-Club de
France. L'obligation de doubler chaque an-
née la distance de l’année précédente devra
être, notamment, examinée de près; elle
pourrait conduire au bout de peu de temps,
pour peu que les progrès de l’aviation soient
rapides, à de quasi-impossibilités. Les condi-
tions d’authentification des performances de-
vront être déterminées avec une parfaite pré-
cision et une absolue rigueur. Tout cela sera
soigneusement étudié dans le règlement com-
plet qui sera établi sous peu. — Puniros
Les Dremiers déroplanes militaires
Le génie militaire américain
est acquéreur sous conditions,
de trois machines volantes de
guerre, dont une construite par
les frères Wright.
Vers le 23 décembre dernier, le Signal Corps
des Etats-Unis (qui correspond à peu près à
notre génie militaire), comme il l’avait déjà
fait pour les inventeurs de dirigeables (Vori
Aérophile n° 5 de 1908, p. 93), invitait les
aviateurs à soumissionner pour des machines
volantes susceptibles d'applications militaires.
116
Les soumissionnaires devaient, en s'inscrivant,
indiquer leur délai de livraison, le prix de-
mandé et verser d'avance, en espèces, à titre
de caution, le dixième du montant de ce prix.
Le prix demandé sera payé sous les conditions
de réception suivantes, imposées par le cahier
des charges
Vitesse : 40 miles (64 kilom. 2360 mètres) à
l'heure; vol minimum d’une heure avec deux
personnes à bord.
Les essais de recette auront lieu sous le con-
trôle du Signal Corps au fort Myers (Virgi-
nie). Ils comporteront 1° une épreuve de
vitesse moyenne sur 5 miles aller (8 kil. 045 m.)
et 5 miles retour, soit 10 miles au total
(16 kilom. 090 m.); 2° une épreuve d'endu-
rance d’une heure de vol continu.
Chacun des soumissionnaires peut faire trois
tentatives dans chaque épreuve de recette. Si
un appareil fait moins de 40 miles à l'heure,
il est pénalisé et le prix payé sera moindre
que le prix demandé; s'il fait moins de
86 miles à l'heure, il sera purement et sim-
plement refusé; s’il fait plus de 40 miles à
l'heure, le prix convenu sera majoré suivant
une certaine progression et se trouvera pres-
que doublé si la vitesse atteint 60 miles à
l'heure.
En cas d'insuffisance de l'engin sur un
point quelconque de ce programme rigoureux,
la caution espèces ne sera pas remboursée.
Ces conditions sévères, vivement critiquées
par le professeur Graham Bell, n’empêchèrent
point, paraît-il, le Signal Corps de recevoir
41 offres. Au 1° février dernier, date de clô-
ture des admissions, trois soumissionnaires
seulement se trouvaient avoir rempli les for-
malités d'inscription exigées, ce qui ne pré-
juge nullement de la valeur des engins et n’en-
gage le Signal Corps que dans les limites at
sous les réserves indiquées plus haut. Ces trois
soumissionnaires sont : M. Herring, de New-
York; les frères Wright, de Dayton (Ohio);
J. F. Scott, de Chicago.
La machine Herring sera payée après essais
satisfaisants 20.000 dollars (100.000 francs) :
elle comportera, dit-on, deux moteurs de
22 HP chacun, et appartiendra au type bi-
plan. Délai de livraison : 185 jours à dater de
la clôture des engagements, soit livraison le
3 août prochain.
L'appareil des frères Wright sera payé de
même, 25.000 dollars (125.000 francs) et doit
être livré dans le délai de 200 jours, soit le
18 août prochain. Les deux aviateurs améri-
cains se proposent d'exécuter eux-mêmes les
pièces principales de leur engin.
Quant à la machine volante de M. Scott, qui
coûtera 1.000 dollars seulement (5.000 francs),
elle sera prête dans un délai de 180 jours, soit
le 29 juillet prochain.
Les cautions versées ont été : de 10.000 fr.
pour M. Herring, de 12.500 francs pour les
15 Mars 1908
frères Wright et de 500 francs seulement pour
M. Scott, qui a peut-être simplement cherché
une réclame peu coûteuse, car il est difficile-
ment admissible qu'on puisse construire une
machine volante automobile pour 5.000 francs.
Le prix convenu ne s'entend que de l’achat
d'un appareil sans aucune licence de brevet
ni monopole de fabrication.
M. Herring n’ost pas un inconnu pour nos
lecteurs. Ils se souviennent peut-être qu’il fut
un des meilleurs élèves de Chanute, et trou-
veront dans l’Aérophile d'août 1903, la des-
cription et les dessins d'une de ses premières
machines volantes.
Disciples de Chanute également, les frères
Wright jouissent aujourd'hui d’une célébrité
mondiale. D'ici peu de mois, ils auront été à
même de la justifier irréfutablement et de
clore les interminables polémiques engagées
sur leur compte.
Il importe, en outre, de noter que, pour la
première fois, un gouvernement s'intéresse di-
rectement aux applications de l'aviation; ces
premières applications en grand de l’aérolo-
comotion nouvelle sont, comme pour les auto-
ballons, d’ordre purement militaire.
AÉROPHILE
DISTINCTIONS HONORIF.QUES
Sur la proposilion du ministère du Cominerce,
M. Georges Besançon, secrélaire général de
l’'Aéro-Club de France, directeur fondateur de
l'Aérophile, vient d'être nommé chevalier de la
Légion d'honneur.
Créateur avec Hermite des ballons-sondes, ini-
liateur des premières explorations méthodiques
de la haute atmosphère et de bien d'autres pro-
grès de la science aéronautique, administrateur
dont le dévouement et l'habileté ont tant contri-
bué à la prospérité de l’Aéro-Club de France et
à d'éclat des diverses manifestations sportives ou
scientifiques organisées sous sa direction, publi-
ciste technique qui sut, dès 1885, se faire une
place éminente dans la presse aéronautique dont
il fonda en 1892 l'organe le plus répandu et le
plus apprécié, Georges Besançon trouvera dans
cette haute distinclion, la juste récompense
d'une carrière féconde en œuvres et entièrement
consacrée au perfectionnement et à la diffusion
de Ja locomotion aérienne.
Dut sa modestie s'en elfaroucher, il plaisait
à ceux qui le voient tous les jours à l'œuvre, aux
collaborateurs de l’Aérophile, dr lui exprimer
tout particulièrement ici même leur satisfaction
cordiale et leur affectueuse svmpalhie.
Dans la mème promotion des Expositions de
Milan, Tourcoing el Amiens, nous retrouvons
d'autres personnalités bien connues dans les
milieux aéronautiques et automobiles : MM. Gus-
tave Rives, commissaire général de l'Exposition
de FPAutomobile, du Cycle el des Sports, nommé
commandeur ; Claude Berget, professeur à l'Ins-
litut Océanographique, président de la Société
francaise de navigalion aérienne; Fernand Re-
nault. l'un des créateurs de la grande maison
d'automobiles dont le nouveau moteur d'avia-
lion a élé si remarquée : Léon Gaumont, dont les
appareils ont été si souvent appliqués en aéro-
photographie. — L'AÉROPHILE.
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IRE : Portraits d’aéronautes contemporains : Capitaine Pezet (C: P. Renard). — Pésistance des hélices aériennes aux grandes vitesses
iot)- — De l'essor des aéroplanes (L. Bréguet). — Aéroplane Kapferer (A. Nicolleau). — Indicateur de pente pour aéroplane et inutilité de ces
ents (A. Goupil). — Le pour et le contre : Incidences des aéroplanes (Ax.). — Coupe Gordon-Bennett 1908 (A. M.) — Aéroplane R. Gasnier
chet). — L'aviation aux Etats-Unis. — Hélicoptère Bertin (Cléry). — Hélicoptère Cornu (Ancelle). — Etapes de l’aviation: Le ‘‘ Farman | bis" etle
ange II ? à l'assaut des records (L. Lagrange). — Les nouveaux prix d'aviation : Michelin, Mon'efore, Commission d'aviation, Spa (Philos). —
ballons en France (J. Saunière). — Banquet et pari d’aviateurs (Degoul). Par-dessus la Manche en ballon (Mrs Harbord). — L’Aéro-Cluh du
st» — Les brevets de l’Aéronautique. — L’aviation en Anglelerre. — Tour du monde aérien.
RE DU BULLETIN OFFICIEL DE L'AERO-CLUB DE FRANCE : Partie officielle : Convocations. — Assemblée générale
— Changement de siège social, — Parce d'aviation de l’Aé. C. F. — Comité du G février 1908. — Partie non officielle : Commission d'aviation
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16° Année. N°7 1° Avril 1908
Portraits d'Acronautes contemporains
CAPITAINE PEZET
Les aérostiers militaires français ont fait, le 19 février 1908, une perte cruelle en la personne du capitaine Pezet, enlevé en
quarante-huit heures par une maladie imprévue. 11 était né le 4 septembre 1862 et entrait à 20 ans à l'Ecole Polytechnique.
A sa sortie de l'Ecole d'application de Fontainebleau, le lieutenant Pezet fub désigné pour le 3° régiment du génie, et bientôt
après envoyé en détachement à Toul. C'était vers 1889. On commencait à organiser dans les places fortes de la frontière les parcs de
ballons captifs. Affecté à ce service, le jeune officier se signala bientôt par la manière dont il s'en acquilta et par l'intérêt qu'il porla à
cette branche, alors nouvelle, de l’art militaire. Aussi, quelques années après, un poste se trouvant vacant à l'Etablissement central
d'aérostation militaire, le colonel ! enard demanda et obtint, vers la fin de 1n95, l'envoi à Chalais du capitaine Pezet. On ne put que
s'applaudir de ce choix. Chargé d'abord du service des relations de l'Etablissement central avec les parcs de province, le capitaine
Pezet remplit ces fonctions à la satisfaction générale, et l’on a encore le souvenir des rapports lumineux et intéressants dans lesquels il
exposait la situation générale de son service, signalant les progrès réalisés, attirant l’aitention sur les points en souffrance et indiquant
les remèdes aux défectuosités constatées. Plus tard il eut dans ses attributions la direction de l'atelier aérostatique et apporta dans cette
tâche délicate le soin el la compétence qu'il meltait en toutes choses.
Il fut, à diverses reprises, chargé de missions spéciales, notamment au camp de Châlons, où des expériences de tir contre des
ballons furent exécutées vers 1895. 11 eut à organiser dans ce but des systèmes permellant de faire varier rapidement la position du
ballon dans le sens vertical et dans le sens hori‘ontal, de mavière à imiter autant que possible les mouvements que, dans la pratique,
pouvait prendre un ballon captif et à donner au tir une ressemblance parfaite avec ce qui se passerait en campagne. Il y réussit com-
plèlement.
En même temps, il était devenu un conférencier remarquable et un aéronau'e excellent. Dès ses débuts comme pilote, il
-exécuta souvent de belles ascensions, ne s’arrêtant qu'au bord de la mer ou à proximilé de la frontière que les règlements lui interdi-
saient de franchir. Son calme et son sang-froid inspiraient, d’ailleurs, la confiance à ses passagers.
Lorsque l'administration de l'Exposition de 1900 résolut d'organiser, dans le bois de Vincennes, des concours d’aérostalion, le
capitaine Pezet fat nommé membre du Comité de la section X et prit une part active à ses travaux. La période de discussion close,
quand il fallut passer à l'exécution, le capilaine Pezet fut désigaé comme membre du Comité d'organisation des concours et la confiance de
ses collègues civils et militaires l’appela aux fonctions de secrétaire.
C'est peut-être là qu'il donna le mieux toute la mesure d+ sa valeur. Il se dévoua corps et âme à cette lâche supplémentaire, qui
ne le dispensait en rien de autres obligations, et fut certairement un des plus précieux collaborateurs du président du Comité.
A ses fonctions de secrétaire, il joignit la direction et la surveillance de l'installation matérielle du parc, de la construction et de
l'aménagement du hangar, et tous ceux qui ont pris part aux concours de Vincennes se souviennent de l'excellente organisation grâce à
laquelle de nombreuses épreuves purent avoir lieu sans difficulté; ce fut en grande partie l’œuvre du capitaine Pezet. L'administration
de l'Exposition lui témoigna sa reconnaissance en obtenant pour lui les palmes d'officier d'académie ; quelque temps après, il fut fait
chevalier de la Légion d'honneur au titre militaire.
Les nécessités de sa carrière le forcèrent à quitter Chalais. Il fut suce
désintéressa jamais de l'aérostation militaire. Il devait, dans quelques mois
chef de bataillon, et on pouvait le considérer comme un des commandan
vement employé à Versailles et à Verdun, mais il ne se
dans quelques semaines peut-être, être promu au grade de
entuels du bataillon d'aérostiers, poste auquel ses travaux
antérieurs l'avaient admirablement préparé et pour lequel senblaient le désigner ses qualités intellectuelles et morales,
La mort inexorable en a décidé autrement. Le pays perd en lui un de ses meilleurs serviteurs, l'armée un officier de premier
ordre, et l'Aéronautique un de ceux qui, sans bruit et sans aucun souci de la renommée, ont puissamment contribué à ses progrès el sur
le quels elle pouvait le plus comoter dans l’avenir. — COMMANDANT PAUL RENARD
118 1" Avril 1908
LES HÉLICES QUI SE BRISENT
DE L'ARESISTANCE
DES
Hélices aériennes aux grandes vitesses
Tous ceux qui ont jusqu'ici essayé la cons-
truction des hélices aériennes à grande vi-
tesse, ont éprouvé de nombreux mécomptes.
Les unes après les autres, les hélices se bri-
saient, et les palettes étaient projetées à des
distances considérables. Cependant les calculs
de résistance semblaient leur assurer une vie
prolongée. Bien que la force centrifuge fût
considérable, les sections des bras d'acier per-
Üé
mettaient encore un coefficient de sécurité de
2 ou 3, à 1.200 tours et même à 1.500, et cepen-
dant chaque hélice avait une vie éphémère, ré-
sistant assez bien à poste fixe, mais se brisant
presque tout de suite sur le terrain.
J’ai moi-même brisé sur le terrain 4 hélices
successives. Les conditions dans lesquelles se
rompit la dernière, éveillèrent mon attention ;
mon moteur ne tournait qu’à 700 tours (j'avais
mon compteur devant les yeux) ma roue ar-
rière rencontra un caillou qui la brisa, au
même instant mon hélice vola en éclats. Assis-
tant à de nombreux essais, je vis un jour
Santos-Dumont briser son hélice au beau mi-
lieu du bras, à l'endroit qui semblait le plus
résistant à la traction, et ce, en roulant sur la
prairie de Bagatelle à un endroit un peu ca-
hoteux. Cette hélice de petit diamètre ne pou-
vait avoir cassé par la force centrifuge, pas
plus d’ailleurs que par suite des explosions du
moteur, car quoi qu'on pense, ces explosions
sont toujours peu nuisibles pour l’hélice. Leurs
effets sont facilement calculables, leur force de
cisaillement sur le bras est d’un ordre bien in-
férieur à celui que donne par exemple une er-
reur de quelques centimètres dans le désaxe-
ment d’une palette.
J'ai donc été insensiblement amené à me de-
mander si ce n'étaient pas les vibrations de
l’axe de l’hélice et les variations subites d’orien-
tation de cet axe, véritable axe de gyroscope,
qui produisaient sur ces bras et ces palettes
des forces insoupçonnées, et j'ai la conviction
formelle que presque tous les accidents qui se
sont produits et qui se produiront, provien-
nent et proviendront de cette résistance gy-
roscopique de l’axe de l’hélice, résistance qui
s’oppose à toute vibration, à tout changement
brusque d'orientation, et qui produit des ef-
forts tels que rien ne peut leur résister,
J'ai voulu alors calculer de quel ordre pou-
vait être ce couple de torsion, et j'ai fait le
calcul suivant qui s'applique assez bien à mon
aéroplane N° 7.
Considérons un aeroplane muni d’une hé-
lice de 2 m. 20 de diamètre, pesant 15 kilos,
tournant à la vitesse de 1.300 tours, roulant
sur le sol à la vitesse de 20 m. par seconde
et dont, par exemple, la roue arrière de
0 m. 40 de diamètre vient rencontrer un res-
saut de terrain de 0 m. 10. Notez que ces con-
ditions peuvent être dépassées, le sol pouvant
être très rugueux et la vitesse d’ atterrissage :
plus considérable. Je suppose les roues distans
tes de 3 mètres (dans l’aéroplane de Santos-
Dumont, les roues étaient beaucoup plus rap-
prochées). (V. fig. L et fig. 2.)
Quelle est la résistance que va opposer l’ac-
tion gyroscopique de l’hélice au déplacement
angulaire de l’axe résultant du choc de la roue
arrière sur le petit talus ?
Jouffret, dans sa théorie du gyroscope, nous
donne le moyen d’en effectuer le calcul.
Lorsqu'un corps de révolution, dit-il, dont
le moment d'inertie est À et qui tourne autour
de son axe avec la vitesse constantew , est sou-
mis à un couple extérieur faisant effort pour
changer la direction de cet axe, si à un ins-
tant quelconque, Ü est la vitesse angulaire de
celui-ci, les forces d'inertie auront pour résul-
tante, au même instant, un couple dont l’axe
sera perpendiculaire à la fois à l’axe de figure
du corps et à l’axe autour duquel s’accomplit
la rotation instantanée Ü et dont le moment
sera égal au produit À & b.
Appliquons ce théorème au cas qui nous oc-
cupe et déterminons successivement, A, w, Ü.
1° Valeur de A :
Le moment d'inertie d’une palette d’hélice:
d'épaisseur variable, par rapport à un axe per-
pendiculaire à son plan et passant par son
centre de rotation, ne peut guère se détermi-
ner que par l'expérience. Pour le trouver ap-
proximativement, j'ai fait couper une palette
—— Axe de e.la Roue avant à D
en 10 tranches que j'ai pesées et j'ai pu faire
ainsi la somme des moments de chaque élé-
ment, me donnant avec une approximation
suffisante le X© m r* du bras tout entier :
J’Aérophile
B 2
Poids Dist. du centre de gravité ri ù
1er élément 0,237 1,040 0,02592
D 0,435 1,934 0,03828
.æ — 0,452 0,825 0,93128
To 0,438 0,715 0,02244
5 — 0,430 6,606 0,01615
6e — 0,380 0,498 0,00967
Ge 0,370 0,388 0,09570
sn 0,330 0,275 0,00225
Co 0,330 0,165 0,00092
HO 0,345 0,055 0,00016
3,717 0,15271
© mR?= 0,15271 et pour + palettes (couple
constant de 2 palettes), A = 2 x 0,15271 —
0,30542.
20 Valeur de w.
L’hélice tournant à 1.300 tours par minute
2 7 X 1300
60
Oo — —41306:
3° Valeur de 6.
Considérons la roue arrière (diamètre de
0 m. 40) de centre O, au moment où elle ar-
rive sur l’arête T de l'obstacle (distance du
sol O m. 10). (V. fig. 2.)
Dans l'instant qui suit le contact, le point O
commence à décrire une trajectoire circu-
laire ayant le point T comme centre. La tan-
gente en O à cette trajectoire fait avec l’ho-
rizon un angle . Nous comprenons de suite
si v est la vitesse horizontale de l’ensemble,
que la vitesse du point 0 sera et la
CE
composante verticale de cette vitesse vie 4.
Or, la composante verticale est justement
te Û
Gale à —————————
£ Distance entre les roues
. vte x 20 ts x
OnC Ü— Histance desroues 3
Nous voyons par le graphique que la va-
leur de «x égale 60° (exactement).
D'où te « — 1,132 et Ü — 11,55.
Le produit A w 0 — 0,30542 x 136
x 11,55 — 480 kilos, représente la valeur du
couple à un mètre du point d’oscillation; au-
trement dit, si nous considérons l’hélice
‘comme ayant les bouts de ses ailes fictivement
maçonnés dans un cylindre de 2 mètres de
diamètre, nous devrions pouvoir suspendre à
l'axe de cette hélice et à un mètre du point
d'attache des bras, le poids formidable de
480 kilos Je ne connais pas d’hélice capable
de résister à une pareille épreuve.
Je crois que peu de mes collègues se sont
rendus compte de ces efforts qui ne sont pas
facilement perceptibles.
Notez que je n’ai rien exagéré, il est pro-
bable qu’on rencontrera parfois des obstacles
de plus de 10 centimètres. De plus, beaucoup
“dhélices n’ont que deux bras au lieu de 4
119
pour le même poids de 15 kilos. Le couple est
alors variable et peut atteindre le double, soit
960 kilos à un mètre du point d’oscillation.
Enfin les vibrations de l’axe du moteur,
qui pour un moteur de 8 cylindres tournant
à 1.400 tours sont de l’ordre du 200° de se-
conde, donnent encore au bras de l’hélice un
travail de flexion continue considérable. No-
tez de plus, l’alternativité de l’effort sur le
bras qui change de sens deux fois par tour, et
vous comprendrez le travail vibratoire qui
vient désagréger les hélices les plus solides, et
qui les désagrège d'autant plus qu’elles sont
plus rigides.
Les essais que je poursuis depuis longtemps
sur les hélices rapides m’on fait pour ainsi
dire toucher du doigt ces phénomènes et bien
d’autres encore dont j'ignorais l'existence ;
j'ai assisté parfois à des faits curieux comme
l’immobilisation apparente, en vitesse, de l’hé-
lice, lorsqu'on la regarde sous l'éclairage d’arcs
électriques à courants alternatifs. (Procédé
que je signale en passant pour l’étude des dé-
formations en marche; en commandant par
un alternateur servant à l'éclairage d’un lo-
cal, une hélice convenablement et invariable-
ment reliée à l’arbre du dit alternateur, l’hé-
lie semblera immobile à toutes les vitesses).
Je continue ces études chaque jour, et je
puis dire que le problème de l’hélice volant à
1.800 ou 2.000 tours en deux mètres de dia-
mètre est parfaitement soluble et que sa solu-
tion est dans la flexibilité.
Mais cette flexibilité fait apparaître plu-
sieurs phénomènes nouveaux dont j'explique-
rai plus tard la nature.
D'aucuns me demanderont jourquoi je ne
me contente pas d’hélices tournant à 8 ou 900
tours; c’est que j'estime que l’avenir est aux
hélices très rapides et je pense que quand j'au-
rais réalisé l’hélice de 2 m. de diamètre, 2
mètres de pas, tournant à 2.000 tours, je n’au-
rai encore qu’un aéroplane capable de faire
(avec un recul de 20 %), 53 mètres par se-
conde, soit 190 à l'heure, vitesse plus petite
que celle réalisée par certaines automobiles.
L. BLérioT
De l'essor des aéroplanes
L’aéroplane est, parmi les appareils d’avia-
tion, le plus séduisant, tant par sa grande
simplicité que par ses qualités aviatrices qui
permettent d'obtenir, en plein vol, une sus-
tentation très économique.
Mais l’aéroplane à hélices uniquement trac-
tives a, pourtant, quelques points faibles que
les récents succès des aéroplanes ne doivent
pas faire oublier; le principal de ces défauts
est, comme on le sait, la difficulté des essors :
il faut, en effet, pour s’enlever avec de tels
appareils, rouler un certain temps sur le sol
afin d'acquérir la vitesse nécessaire au vol,
sans laquelle il n’y a pas de sustentation pos-
sible.
Plus la longueur de ces parcours sur le sol
sera grande, plus le champ nécessaire à l'es-
sor devra être vaste, et dans certains cus, ce
sera un inconvénient grave.
Préoccupé, à juste titre, de la réduction de
ces parcours sur le sol, le capitaine Ferber a
donné dans un récente étude, de fort intéres-
sants calculs sur la prédétermination de la
longueur de ces parcours (Voir Aérophile au
15 janvier 1908).
Il a montré qu'avec des aéroplanes dans les-
quels la traction de l’hélice serait égale à la
moitié du poids de l’appareil, l’enlevée est
possible en 25 mètres si la charge spécifique
alaire À est égale à 10, et en 50 mètres, si
cette charge À est égale à 20.
Ces résultats paraissent très rassurants et
la voie qui consiste à augmenter les tractions
des hélices serait bonne si elle ne conduisait
pas à l'emploi de moteurs très puissants qui
font perdre aux aéroplanes tous les bénéfices
de leur sustentation économique en plein vol.
C’est ainsi qu'un aéroplane pesant 500 kilos,
portant 50 Mq de surface alaire ( — 10) ct
dont l’hélice donnerait une traction égale à
la moitié du poids de l’appareil, soit 250 kilos,
consommerait au moment de l’essor une puis-
sance de 87 chevaux.
En effet, la vitesse nécessaire au vol d’un
tel appareil serait d’au moins 13 mètres par
seconde et si on prend pour le rendement le
chiffre de 0,5 généralement admis, on trouve :
419 N/ 97
Puissance motrice : = 6.50 kilo-
grammètres, soit, en chiffres ronds, 87 che-
vaux.
Si, dans l’aéroplane envisagé, la surface por-
tante est réduite à 25 Mq (À = 20), on trouve,
dans les mêmes conditions, que la puissance
du moteur devra être de 122 chevaux.
Il faudrait donc à des appareils pesant
500 kilos, des moteurs de 122 chevaux!
C’est évidemment acheter bien cher l’avan-
tage de pouvoir s’enlever après 50 mètres de
parcours sur le sol.
Est-ce à dire qu’il faudra toujours à l'aéro-
plane, pour prendre rapidement son essor, des
puissances aussi élevées ?
Evidemment non, car on peut attendre
beaucoup du rôle des hélices bien employées.
Déjà, l'amélioration du rendement des hé-
lices de propulsion peut faire gagner notable-
ment sur la puissance des moteurs, mais cela
ne suffirait pas.
On peut, aussi, réduire un peu la Jongueur
des parcours sur le sol, en faisant des hélices
à pas variables, qui donnent, au début du
120 1" Avril 1908
lancé, des tractions plus élevées qu’en vitesse-
normale.
Mais on n'obtiendra des résultats vraiment
avantageux qu'en employant des hélices sus-
tentatrices, comme le préconisait tant notre.
maître à tous, le colonel Renard (1). Ces
hélices peuvent avoir leurs axes inclinés de 30
à 40 % sur la verticale et leur poussée donnera
ainsi deux composantes l’une verticale, qui
allégera d'autant l'appareil, l’autre horizon-
tale, qui sera propulsive.
Ajoutons qu'avec de telles hélices les ré-
sultats ne seront satisfaisants que si les ailes
tournantes sont souples et gauchissables auto-
matiquement; en effet, dans un tour, les aïles
auront à attaquer l’air sous des incidences
très variables.
Nous allons chercher à chiffrer les avan-
tages de ces aéroplanes mixtes appelés « hélico-
aéroplanes » par le colonel Renard, « hélico-
planes » par MM. Decazes et Besançon et « gy-
roplanes » par le professeur Richet.
On démontre par un calcul relativement
simple, et analogue à celui proposé par le ca-
pitaine Ferber pour les aéroplanes à hélices
uniquement propulsives, que la longueur des
parcours nécessaires à l’essor des appareils à
hélices inclinées, est donnée par la formule
générale :
à 1 — ny J
EP) Ce) Log LE | . (Voir note 2)
24agli H—nt
Dans cette formule :
À est la charge spécifique alaire,
Ne poids de l'appareil.
surface alaire
rivait en 490%, vers la fin de sa vie.
«En ce qui concerne l'aviation, sans négliger les aéroplanes pro-
< prements dits dont je me suis occupé dès le début de ma carrière
a (aéroplane de 1871) et dont j'ai étudié spécialement les conditions
a de stabilité, je me suis attaché à déterminer les meilleures con-
« dilions de construrtion el d'emploi des hélices suslentatrices que
« je considere comme l'auxiliaire indispensable des aéroplanes ;
(1) Le colonel Renard &
€ ceux-ci avant d'ailleurs an point de vue de la faible depense
« de travail, une incontestable supériorité » Notice sur les lra-
« var Scientifiques de M. Ch. Renard, colonel du génie.)
« Gauthier-\illars, 1904). — N. D. L'A.
() On a en effet :
masse »< accélération = force tractive — ré. nce au roulement
ésistance À l'avancement dans l'air, ce qui s'écrit *
DAC -2 2
— — =mP—G(nP—aS\?)—bSV?
q dt q
d'où l’on tire :
av
dl=
gim—nc) +
e! comme par définition de = Vüt
on peut écrire:
TC
= \/e
gim—no)+:
/ V=0 a(o—p)
ce qui donne bien en intégrant:
À m— nv
E= ——— Log| ——
2ag(t1z —0) Mn}
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Les Établissements SURCOUF
ont construit la “ VILLE-DE-PARIS ” |
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PREMIÈRE |
ESSENCE
DU MONDE
l’Aérophile
g est l'accélération de la pesanteur ;
V, la vitesse de l’appareïi en mètres par se-
conde ;
A = a S V', la poussée verticale sur les
ailes fixes en kilos;
B = b S V: la résistance à l'avancement
de l’ensemble en kilos de l’appareil.
Nous poserons ne
mP est la poussée horizontale des hélices ;
(1-n) P est l’allègement dû aux hélices;
œest le coefficient de résistance au roule-
ment.
#
x *
Etudions le cas où les hélices donnent, dans
le sens vertical, une poussée égale au 2/3 du
poids de l'appareil, poids que nous prendrons
égal à 500 kilos.
Nous supposerons, en outre, les axes de ces
hélices inclinées de 17° environ sur la verti-
cale.
Dans ces conditions nous aurons
Poussée verticale due aux hélices = 335 kg.
Poussée horizontale tract've = 100 kg.
Poussée totale suivant les axes — 350 kg.
Nous poserons donc m — 0,2 et n — 0,33,
et en donnant aux autres coefficients les va-
leurs mêmes indiquées par le capitaine Fer-
ber (soit : à = 0,06; » = 0,1; x = 0,2), on
trouve que l’essor se fera en moins de 20 mè-
tres pour 10, et en moins de 40 mètres
pour x — 20, et cela, sans consommer des
puissances exagérées.
En effet, si l'appareil est muni de deux hé-
lices de 7 mètres de diamètre, on trouve, d’a-
près nos expériences, que pour produire au
point fixe une poussée totale de 350 kilos, ces
hélices absorberont, dans les meilleures con-
ditions, 22 chevaux (3).
D'autre part, la puissance absorbée par l’a-
vancement est donnée par le produit de la vi-
tesse d'avancement et de la force tractive des
hélices.
Or, la vitesse nécessaire à l’essor est
Ur P nÀ
S a — @?
et la traction des hélices est égale à m P =
100 kilos, ce qui donne pour À = 10 et a
— 0,06
Puissance absorbée = 10 chevaux ;
eb-pour À — 20
Puissance absorbée — 14 chevaux.
(3) Nous avons en effet, trouvé que la puissance absorbée par
nos hélices de diamètre D était donnée par la formule :
3
(Coussée) 2
Puissance absorbée= 2,75 D
en kilogrammètres,
121
Le rendement des hélices au point de vue
de la propulsion est, dans notre cas, pratique-
ment égal à l'unité, car nous avons déjà
compté, dans la puissance nécessaire à la pro-
duction. statique de la poussée, toutes les ré-
sistances passives des hélices ainsi que les
pertes dues au recul de l'air.
On pourrait objecter que l'avancement
transversal des hélices, modifie ces résistances
passives. En fait, cette modification est insi-
gnifiante et plutôt à l'avantage de notre thèse,
, d’une part, les vitesses d'avancement né-
cessaires à l’essor étant très inférieures aux
vitesses tangentielles de rotation aux centres
d'action des aïles des hélices, leur influence
est elle-même d’un ordre secondaire; et d’au-
tre part, cet avancement, en renouvelant cons-
tamment les masses d’air sur lesquelles vien-
nent réagir les différentes ailes des hélices,
diminue notablement la gêne mutuelle de ces
ailes et l’on regagne largement de ce côté,
comme nous l’avons vérifié, ce qui pourrait
être perdu du côté des résistances passives
proprement dites.
Nous trouvons donc qu’un appareil pesant
500 kilogrammes, muni de deux hélices de
7 mètres de diamètre et portant 50 mètres car-
rés de surfaces alaires fixes ( À — 10), peut
s’enlever en moins de 20 mètres avec un mo-
teur de 22 + 10 32 chevaux.
Le même appareil avec seulement 25 Mq
d'ailes fixes ( À — 20), s’enlèverait en moins
de 40 mètres avec un moteur de 22 + 14
— 36 chevaux.
Nous sommes loin des 122 chevaux néces-
saires dans les mêmes conditions à l’aéroplane
simple pour s’enlever en 50 mètres, et en sup-
posant même que l’on puisse améliorer le ren-
dement de la propulsion et obtenir À 0,65,
ce serait encore 94 chevaux qu’il faudrait op-
poser à 36 chevaux.
Nous croyons inutile de nous Éendre sur
les avantages de cette économie de puissance,
non plus que sur les autres avantages résultant
de la sustentation possible, avec le même ap-
pareil, aussi bien pour des vitesses de transla-
tion faibles que pour des vitesses élevées.
*
On voit donc que les hélices en partie sus-
tentatrices peuvent rendre aux aéroplanes
les plus grands services. Il ne faut done pas
que les récents succès des aéroplanes simples
fassent négliger leur étude. Ce sera, en effet,
grâce à ces hélices qu’il faudra, tôt ou tard,
placer sur les aéroplanes, que ceux-ci devien
dront des engins, non seulement rapides, mais
facilement maniables et par suite, à brève
échéance, pratiques.
Louis BREGUET
122 1" Avril 1908
L'AÉROPLANE KAPFERER
L'ingénieur Henry Kapferer qui fut l’ha-
bile et brillant pilote du dirigeable Ville-de-
Paris, n’a point renoncé pour cela aux re-
cherches d'aviation qu'il a entreprises depuis
longtemps. Bien au contraire, il vient de +er-
miner l’aéroplane dont nous annoncions en
août 1907, p. 232, la mise en construction.
Le nouvel aéroplane d'Henry Kapferer est
du type Langley. Comme on peut le voir sur
les croquis ci-contre, le corps C est constitué
par une carène fuselée de 6 m. 50 de long,
dont la section transversale, quadrangulaire,
mesure 0 m. 80 de côté au fort, et qui se pro-
longe, en arrière, par une poutre simple C’
sorte de cabine; il est installé à l'avant de la
seconde paire d’ailes, avec toutes les com-
mandes, qui sont autoloquées, et les divers ap-
pareils de conduite : niveau de pente, indi
cateur de position du plan mobile, etc... Les
parois de la cabine sont garnies de mica dont
la transparence permet au pilote de voir au-
tour et au-dessous de lui. L’avant du fuse-
lage vient se terminer par une pièce fondue
en aluminium qui reçoit le moteur fixé par
quatre boulons seulement.
L'appareil repose, à l’avant du centre de
gravité sur une suspension élastique à deux
roues folles et orientables, et à l’arrière sur une
même suspension à roue unique.
Les deux paires d’ailes sont encastrées de
Photo Branger, Paris.
L'aspoplane Henry Kapferer. Le poste du pilote est occupé par M. Louis Paulhan.
de 3 m. 40 de long, terminée par un empen-
nage E.
Sur cette carène sont encastrées deux paires
d'ailes SS, S'S’, diédriques, de 10 m. 85 d’en-
vergure, largeur du corps comprise, disposées
en tandem ; à l’avant, se trouvent le plan mo-
bile P, dont la manœuvre permet de modifier
l’angle d'attaque, le moteur M et l’hélice H.
L'empennage E est formé de deux plans en
croix, ayant un angle d'attaque originel et
formant coin stabilisateur.
Les différentes parties de cet ensemble, dont
on peut voir les côtes sur nos figures, sont
réunies par des assemblages spéciaux imagi-
nés par Louis Paulhan, l’habile mécanicien
du Ville-de-Paris, aviateur ingénieux et re-
marqué (Voir Aérophile de mars 1905, p. 6
et suivantes; de juin 1907 p. 171; de septem-
bre 1907, p. 243), qui a étroitement collaboré
à la construction du nouvel engin.
Deux boîtes en tôle d'aluminium servant à
l’encastrement des ailes sont fixées dans le
fuselage. Le poste de l’aviateur, forme une
0 m. 40 dans leurs boîtes respectives par leur
poutre unique qui forme leur ossature, à une
distance telle que la paire d’avant n’exerce,
par les remous de l’échappement, aucune in-
fluence nuisible sur la deuxième paire.
A l'avant de l’appareïl, le plan mobile P
permet de modifier l’angle d'attaque au gré
de l’aviateur. La direction dans le plan hort-
zontal est assurée par le pivotement de l’em-
pennage arrière autour d’un axe vertical. Les
commandes de ces deux mouvements sont réu-
nies en une seule à un volant dont les dépla-
cements sont synchrones des réflexes naturels
d'équilibre de l’aviateur.
L'armature de chaque aile comporte au
sens de l’envergure une poutre unique en bois,
en double T de 5 m. 40 de long, placée suivant
la ligne des centres de pression de l’air sur
l’aile. 10 nervures de profil spécial y sont as-
semblées par des goussets en aluminium et
achèvent de constituer la membrure. Le tout
est recouvert d’un papier parcheminé, appli-
qué et tendu sur un solide et léger canevas,
l'Aérophile
puis verni spécialement. Chaque aïle pèse
28 kilos et son aspect général ne saurait mieux
se comparer qu'à celui d’une des rémiges de
l’aile d’un oiseau avec son canon figuré par
la poutre en double T et ses barbes figurées
par les nervures.
La partie moto-propulsive, fournie par les
Etablissement Robert Esnault-Pelterie, est
placée à l’avant. Elle comprend un moteur
d'aviation R. E. P., 35 chevaux, 7 cylindres,
identique à celui qui fit, à Buc, de si sensa-
tionnels débuts (V. Aérophile d'octobre 1907,
p- 289 et de décembre 1907, p. 330), moteur
qui actionne une hélice à quatre branches,
de 2 m. 10 de diamètre et 1 m. 30 de pas
RE I
: IS
DD DE à S
: 11
l
| |
|
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Le, 3.40 -Joso L 150 _J, 150 L 4So | Lo |
£ 10780
NEA RA
CNE SX
- ===
moyen, hélice à armature souple, comme les
construit depuis longtemps M. Robert Esnault-
Pelterie.
L’aéroplane Kapferer complet, en ordre de
marche, avec l’aviateur et 10 litres d'essence
pèse 400 kilos, sous une surface de 30 m°, ce
qui donne une charge de 3 kg. 333 par m:°.
Vitesse d'enlèvement
viron.
L'appareil peut être entièrement démonté
en très peu de temps et avec la plus grande
facilité. Le peu d’encombrement de l’engin
ainsi démonté, permet de trouver un garage
presque partout.
Les essais préliminaires commenceront bien-
tôt, probablement à l’aérodrome de Buc, créé
par M. R. Esnault-Pelterie.
Cette préalable mise au point terminée,
laéroplane Kapferer pourra participer aux
-épreuves d'aviation de 1908.
A. NICOLLEAU
: 50 kilom. à l’heure en-.
123
Un Appareil indicateur de pente
POUR AÉROPLANE
et l'inutilité de tels instruments
Soit S le plan d'incidence d'un aéroplane.
Rappelons d’abord ce que nous entendons
par ce terme que nous avons précédemment
défini dans l’Aérophile du 1 février 1908,
page 54, col. 2.
Soit (fig. 4) des voilures quelconques s s’,
d’un aéroplane; ces voilures n’ont pas, comme
le plan, une ligne spéciale à laquelle on puisse
rapporter l'incidence; si l’on présente le tout
perpendiculairement au vent, on aura une
force d'entrainement, mais pas, ou peu, de
composante verticale; en inclinant peu à peu
l’ensemble sur l'horizontale, il y aura une
composante verticale q, croissante, jusqu’à un
certain angle, qui décroitra ensuite en con-
tinuant d’affaiblir l’angle; il arrivera, qu’à
un moment donné on aura q nul, c’est-à-dire
pas de réaction verticale, ni ascensionnelle,
ni descensionnelle. Si, alors, on traverse l’en-
semble par un plan mn, ce plan marque le
zéro d'incidence : c’est le plan d'incidence.
Ceci étant dit, soit donc $ plan d’incidence
(fig. 1); ah, l'horizontale; ab, le mouvement
de l’aéroplane sur l'air et que nous supposons
descendant; V’ est le vent relatif; + est
l'angle de pente de l’aéroplane sur l'air; à,
l'incidence, et z est l’angle de position de l’aé-
roplane sur l'horizontale. Il est clair que si
l’on est en air calme, ab est aussi la route ab-
solue, soit par rapport à la terre, et +, la
pente par rapport à la terre.
Il est facile d'imaginer un appareil indi-
quant y et i.
Soit (fig. 2 et 3). A, une boîte de la forme
indiquée, munie de deux aiïilerons B B’ et
équilibrée en poids sur un support D fixé sur
l’aéroplane; l’équilibre est assuré par deux
masses p p’. Cette boîte fera girouette autour
de son axe horizontal, par les deux ailerons;
un petit modérateur m, piston plongeant dans
un bain de glycérine, paralysera les petites
variations. L’aiguille E que porte cette boîte
donne donc par OE La ligne du vent relatif.
Si, sur l’aéroplane, on fixe un limbe gradué
en une position telle qu’une droite, 0, u, soit
parallèle au plan d'incidence, l'aiguille E in-
diquera sur ce limbe l’incidence à du vent re-
latif sur le plan d'incidence. A l’intérieur de
la boîte est une aiguille pesante, équilibrée,
mais un peu en dessous de son axe C de sus-
pension, de façon à conserver l’horizontale,
une aiguille en dessous touchant un pinceau
pour modérer les balancements; cette tige
munie d’une aiguille molle, de contact, mar-
quera, sur un limbe intérieur, les angles
du vent relatif avec l'horizontale, positifs ou
négatifs; une vitre laissera voir le limbe.
124
On peut imaginer d’autres dispositifs; peu
importe, ces appareils ne serviront à rien!
Ils ne serviraient que si l’on marchait en
air calme. En effet, supposons (fig. 1) un
vent be, que je représente plongeant; la route
absolue de l’aéroplane est ac; or, c’est l’angle
0 qu’il importe de connaître!
L’aviateur a besoin de savoir s’il monte ou
descend, sa rampe ou sa pente. Or, v (le vent),
h _Horrzontale
Vent horizontal
Fig.4.
lui est inconnu et rien ne peut rattacher le
système indicateur à v; donc, aucun système
ne peut indiquer V direction et vitesse abso-
lue dans le plan vertical.
Le cas de marche sans vent sera exception-
nel et l’aviateur ignorera s’il a ou s’il n’a pas
de vent; il ignorera si ce vent est horizontal,
ascendant ou descendant. On se rendra compte
par des tracés variés, du genre indiqué (fig. 1),
que V’ peut être descendant et V montant,
ou vice versa; que $S peut être horizontal et
que la route suivie peut être horizontale, si
le vent relatif se combine avec un vent ascen-
dant.
Et en général le vent est rarement hori-
zontal. La topographie du lieu, les obstacles
divers et aussi des effets de thermo-dyna-
misme, le font monter ou plonger.
Conclusions : l'appareil demandé ne peub
être réalisé. Un baromètre sensible, seul,
pourra indiquer si l’on monte ou descend.
En dehors de cela, l’œil exercé de l’aviateur
et le seul organe de renseignement par la vue
du sol, sur sa route absolue,
A. Gourir
LE POUR & LE CONTRE
Incidences des aéroplanes et le corcours
d’'indicateur d’horizontale (Voir Aérophile de
décembre 1907, p. 343 ; 1* janvier 1908, p. 15;
1" Avril 1908
1 février 190$, p. 44 et 54; 1* mars 1908, p. 89:
et 90), — Comme suite aux opinions diverses ex-
posées dans « Le Pour et le Contre », relative-
inent aux angles divers sous lesquels navigue un
aéroplane, n'y aurait-il pas lieu d'adopter les dé-
finitions suivantes :
Position iniliale. — On appelle position initiale,
la position nalurelle prise par l’aéroplane lors-
qu'il repose par ses points d'appui prévus sur un
errain horizontal.
Ainsi, la posilion iniliale du Farman est celle
où le représente son croquis de construction
(profil), publié dans l'Aérophile 190$, p. 89.
Angle de roule. — On appelle angle de roule,
l'angle moyen formé avec l'horizontale par les
cordes de ses plans de sustentation. Cet angle
est celui qui permet à l’aéroplane de se déplacer
dans l'air calme, suivant une ligne horizontale,
à la vilesse relulive prévue, en conservant sa
posilion iniliale.
Ces deux définitions semblent d'importance
capilale, puisque c'est par rapport à elles que
sont étudiées d'abord — puis maintenues en
roule — les conditions de sustentation.
On y remarque de plus que l’angle de route
étant prévu par rapport à da position initiale
dans les études du constructeur, un vent de
face, parallèle à l'horizontale, ne change rien
aux conditions relatives de sustentation.
Par contre, un vent soufflant d'en bas vers le
haut, ou d'en haut vers le bas, obligent le pi-
lote à incliner longitudinalement son aéroplane
vers le bas ou vers le haut jusqu'à ce que les
couches aériennes atlaquent son appareil sous
le même angle que celui prévu dans la position
initiale pour son attaque par une couche d'air se
mouvant horizontalement.
De ces remarques, il résulte que pour conti-
nuer à se mouvoir horizontalement parmi des
sautes de vent verticales (c’est-à-dire venant de
plus haut ou plus bas que l'horizontale), le pilote
doit chercher à maintenir l'axe longitudinal de
son appareil le nez'au vent, parce qu'il y retrouve
son angle de route.
Ceci ne présentera pas, d’ailleurs, une mince
À Vent A
B:-- Te À à
Sa f) cn
Fig. / Fig 2
Equilibre De Vent de face
Initiale é
HR T=- Trens/ation horizontale.
AOB— Angle de Route
k
DER
4 ent À
8
+ 0
L B
0
ee Fig 4
Equilibre avec Vent
souFFlant vers le bas Perturbation
T- Translation horizontale
Te
0 A
: TL x 0
Ù Fig. 6
Equilibre avec Vent souFFlant Perturbation
vers le haut.
T- Translation horizontale.
difficullé par grand vent et l'on peut déjà se
rendre compte très nettement que la lutte d’un
pilote de navire à voiles aux prises avec des
sautes de vent ct des vagues, ne sera qu'un jeu
d'enfant auprès de la lulte d'un pilote d'uéro-
plane aux prises avec des sautes de vent verticales
et des vagues atmosphériques : pour s’en cOn-
(@
y Men,
; ge 19°
Êy. €
Z :neit
?Sporte un moteur ‘‘ Antoine
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i'Aérophile
vaincre, il suffit de regarder manœuvrer un vol
de mouettes ou de coïrneilles enlevées dans un
remous de tempête.
Quoiqu'il en soit, d'ailleurs, nous pensons avoir
démontré que ce qu'il importe au pilole d'un aéro-
plane de connaître, ce sont :
1° Les inclinaisons absolues (longitudinales et
transversales) de son appareil par rapport à la
position initiale ; 2° l'incidence verticale du vent
par rapport à l'inclinaison longitudinale acluelle
de l'appareil, c'est-à-dire les angles des figures 4
et 6.
Je ne parle pas, bien entendu, de l'incidence
latérale horizontale puisque celle-ci n'existe pas,
l’aéroplane étant entraîné dans le courant aérien,
tout comme un corps immergé est emmené dans
un courant liquide.
C'est contre ces deux classes de perturbations
d'équilibre que le pilole aura à déployer ses qua-
lilés de manœuvrier, ce sont elles que doit si-
gnaler l'indicateur. rêvé, en altendant qu'un
servo-moteur, commandé par lui, se charge d'y
parer automaliquement. — Ax.
RSS
La Coupe aéronautique
Gordon-Bennett 1908
ET LES
GRANDES FÊTES AERONAUTIQUES
de Berlin
La victoire d’'Oscar Erbslôh dans la Coupe
aéronautique Gordon-Bennett de 1907, a valu
à la Deutscher Luftschiffer Verband l’hon-
neur d'organiser, cette année, la grande
épreuve internationale. Cette solennité spor-
tive, préparée par nos voisins avec le soin et
l'esprit de méthode qui leur sont propres, aura
un éclat extraordinaire, rehaussé encore par
la présence plus que probable de l’empereur
Guillaume, fervent ami du sport, et spéciale-
ment du sport aérien.
Voici un aperçu des diverses manifestations
aéronautiques organisées à cette occasion
Le 9 octobre 1908, réception à Berlin, par
la Deutscher Luftschiffer Verband (Fédération
aéronautique allemande), des champions étran-
gers, de leurs aides et des délégués des clubs
étrangers représentés dans la coupe Gordon-
Bennett.
Le 10 octobre 1908
1° Concours d'atterrissage au plus près d’un
point désigné par chaque concurrent.
29 Concours de distance.
Le 11 octobre
Coupe internationale Gordon-Bennett 1908.
Pour la coupe internationale, au 1° février
1908, date de clôture des inscriptions, la
Deutscher Lutfschiffer Verband avait reçu 25
inscriptions régulières, chiffre que l'épreuve
n'avait pas encore réuni (16 concurrents en
1906, 9 concurrents en 1907), et qui se décom-
pose comme suit
Allemagne (Deutscher Luftschiffer Ver-
band), 3 ballons. — Belgique (4éro-Club de
Belgique), 3 ballons. — Espagne (Real Acro-
125
Club de España), 3 ballons. — Etats-Unis
(Aero-Club of America), 3 ballons. — France
(Aéro-Club de France), 3 ballons. — Grande-
Bretagne (4ero-Club of the United Kingdom),
3 ballons. — Italie (Societa Acronautica Ita-
liana), 3 ballons. — Suisse (4ero-Club Suisse),
2 ballons soit 25 ballons.
Bien que les noms des champions de certai-
nes nations et les caractéristiques de leurs
matériels soient connus, nous attendrons, pour
donner la liste définitive, qu’elle soit tout à
fait officielle et complète.
Les départs des concours du 9 octobre et
de la coupe Gordon-Bennett auront lieu à
Schmagendorf, près Berlin, où se trouvent le
parc et le hangar du Berliner Verein für
Luftschiffahrt. Cet emplacement, vaste rec-
tangle dont le grand côté mesure 600 mètres
de long, présente en son milieu une dépres-
sion assez profonde qui mettra les ballons
bien à l’abri du vent pendant le gonflement.
Les tribunes impériales, celles des membres et
des invités des clubs allemands, et les places
réservées au public seront réservées sur les
pentes dominant le parc de gonflement. Au-
ront seuls accès autour des ballons les cham-
pions, leurs aides, les commissaires et les aé-
rostiers de service pour les manœuvres.
A. N.
RSR SSI
L'aéroplane René Gasnief
Encore un aéronaute conquis à l'aviation.
Sans renoncer, tant s’en faut, au vieux bal-
lon sphérique dont il est un des meilleurs
champions, René Gasnier, qui fut l’un des
défenders français à la dernière coupe Gor-
don-Bennett, s'apprête à prendre aussi du
service parmi les aviateurs pratiquants.
Il construit en ce moment dans sa propriété
du Fresne près d'Angers, un nouvel aéroplane
qui sera vraisemblablement terminé dans les
premiers jours de juillet.
L’engin comportera deux plans porteurs
superposés de 10 mètres d'envergure et 30 m°
de surface totale ; la section antéro-postérieure
des plans présente une concavité inférieure
formée de 3 arcs de courbes différentes avec
une flèche de 1/40.
À l'arrière de l’appareil se trouve un plan
stabilisateur de 3 m° 50. A l’avant, se trouve
l’unique gouvernail servant à la fois à la di-
rection latérale et à la direction en profon-
deur et dont les diverses manœuvres se com-
mandent au moyen d’un seul volant.
Longueur totale de l'appareil : 9 mètres;
poids : 400 kilos.
Le moteur est un Antoinette, 8 cylindres,
de 40 chevaux, dont M. Gasnier a pris livrai-
son le 2 mars. L’hélice est en arrière des deux
plans porteurs.
Dans l’ensemble de la construction, M. René
Gasnier s’est attaché à réduire le plus pos-
sible la résistance à la pénétration. La vitesse
d'allègement prévue est de 15 mètres à la se-
conde. — (r. BLANCHET
126 1 Avril 1908
- Siège social : 63,
PARTIE OFFICIELLE
Convocations
Conseil d'administration, mercredi 1°
ou:
Comité, jeudi 2 avril, à 5 h.
Commission sportive, sur convocation du Bu-
l'eau.
Commission d'aviation, sur Convocalion du
Bureau.
Diner mensuel, le jeudi 9 avril 1908, à 7 h.,
en l'Hôtel de l’Aulomobile-Club, 6, place de la
Concorde. Prix du couvert : S francs, tout com-
(Exceplionnellement, la salle se trouvant
upée le 2 avril par le banquet des industries
aéronautiques.)
Assemblée générale annuelle, le 9 avril 1908,
à 9 h. du soir, en l'Hôtel de l'Automobile-Club
de France, 6, place de la Concorde. (Voir plus
bas l’ordre du jour.)
Banquet des industries aéronautiques, jeudi
2 avril, à 7 h. 1/2, en l'Hôtel de l'Automobile-
Club de France. Prix du couvert : 20 francs.
(Voir plus bas.)
Les memb de l'Aéro-Club de France qui
ne font pas partie de la Chambre syndicale des
industries aéronauliques, sont néanmoins admis
à ce banquet.
Se faire inscrire au secrélariat de la Chambre
syndicale des industr aéronautiques, 8, place
de la Concorde ou à l'Aéro-Club de France.
avril,
Siège social: 63, Champs-Elysées, Paris. —
Télégrammes : AÉROCLEB-PaRis. — Téléphone :
666-21.
Assemblée générale annuelle
Par décision du Comilé de Direction, en date
du 6 février, l'Assemblée générale annuelle aura
lieu le jeudi 9 avril 1908, à 9 heures du soir, à
l'issue du diner, dans les salons de l'Aulomobile-
Club de France, 6, place de la Concorde.
Ordre du jour. — Alloculion du président. —
Rapport du secrétaire général Rapport du
trésorier. ralilication des admissions des
membres reçus en 1907. — Renouvellement des
membres sortants du Comilé de direction. —
Elections au Comité de direclion de membres
proposés à la suite de vacan
Changement de siège social
Dès maintenant. le siège social et les bu-
reaux de l'Aéro-Cluh de France, actuellement
S%, faubourg Saint-Honoré, Paris, seront lrans-
férés 63. avenue des Champs-Elysées, Paris, près
la rue Pierre-Charron et la station Marbeuf du
Métropolitain.
Les membres de l'Aéro-Club trouveront dans
cè nouveau local plusieurs salons de lecture et
de correspondance, à côté du bureau du secré
tariat et du bureau du Bullelin officiel l'Aéro-
phile.
Les disposition concernant le parc de l'Aéro-
Club aux coteaux de Saint-Cloud, restent les
mêmes.
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
avenue des Champs-Elysées, Paris (VIIT:)
Télégrammes : AÉROCLUB-PARIS. — Téléphone : 666-2r
Parc d'aviation de l’Aéro-Club de France
Le général Picquart, ministre de la Guerre,
vient d'autoriser définilivement la direction du
génie du gouvernement militaire de Paris, à cé-
der à bail à l'Aéro-Club de France l'emplacement
que ce dernier sollicitait, pour installer sur Je
champ de manœuvres d'Issy-les-Moulineaux, son
parc d'aviation.
Cet emplacement est silué en bordure du champ
de manœuvres, du côté de la rue Jean-Jacques
Rousseau et de l'Hospice des Petils Ménagt , en
du stand de lir réduit, sur la piste cava-
actuelle (V. plan du champ de manœuvres
dans l'Aérophile n° 2, de 19 . 80). De
tangulaire, contigu au mur d'enceinte,
esure 125 mètres de longueur sur 20 mètres
de profondeur, soit une superlicie de 2.500 mètres
carrés. Il sera clos d’une barrière à l'intérieur de
laquelle les aviateurs pourront édifier leurs han-
gars ; dans cette enceinte, les aviateurs, leurs
aides et leurs ouvriers seront chez eux, sans
être gênés par un public fort sympathique assu-
rément, mais parfois encombrant. Des aména-
gements nouveaux seront faits au parc, pour en
compléter la commodilé et le confort au fur et
à mesure que l'expérience en montrera l'utilité.
Pour les expériences proprement diles, les machi-
nes seront facilement amenées hors du parc, qui
ne de plein-pied avec l'immense plaine
d'ISSY.
COMITÉ DE DIRECTION DU 6 FÉVRIER 1908
Procès-verbal
La séance est ouverte à 5 h. 20, sous la pré-
sidence de M. Jacques Balsan, puis sous celle
du comte de Castillon de Saint-Viclor.
Présents : MM. Georges Besançon, H. Deutsch
de la Meurthe, le comte Hadelin d'Oultremont,
le comte de Chardonnet. le comte de Contades,
René Gasnier, René Grosdidier, Victor Tatin, Ni-
colleau, E. Janels, G. Dubois, A. Delattre,
Georges Le Brun, Pierre Perrier, Georges Blan-
chet.
Affiliations. — Te Comité renouvelle, pour
190$, l'affilialion à l'Aéro-Cluh de France de
l'Académie aéronautique. du Club aéronautique
de l'Aube, de l'Aéro-Club du Sud-Ouest, de
l'Aéro-Club du Nord et de l’Aéro-Club de Nice ;
il accepte, pour 1908, l’affiliation de l'Aéro-Club
du Rhône et du Sud-Est.
Ballollage. — Te Comilé procède à l'admission
de MM. A. Hurson, parrains : MM. F. P. Lahm,
Farman : Houry, réintégration (A. C. F.); Ca-
pron, parrains : MM. J. Faure et Emile Dubon-
nel: Hauvetle, parrains : MM. te comte de Con-
tades et le marquis de Kergariou ; Labouchère,
parrains : MM. Mallet et Besancon: Maggiar,
parrains : MM. J. Faure et le comte de Con-
tades : Soreau, parrains : MM. Archdeacon et
Besancon ; Coursier, parrains : MN. Besançon
et Mallet : Clarke, parrains : MM. le comte de
La Vaulx et le comte de Castillon de Saint-Vic-
tor : comte de Voguë, parrains : MM. Archdea-
can et le chevalier de Knyff ; Bruneau de Labo-
sé
lAérophile
rie, parrains : MM. le comte de La Vaulx el le
-comte de Castillon de Saint-Vicior ; Charles Voi-
sin, parrains : MM. Archdeacon et Louis Blé-
riot ; Gabriel Voisin, parrains : MM. Archdea-
con et Louis Blériot; E. Blau, parrains :
MM. Ferber et Mengin ; Tampier (A. C. F.), par-
rains : MM. Archdeacon et le comte de Castil-
lon de $Saint-Victor ; le vicomte de Spoelberch,
parrains : MM. le comte Hadelin d'Oultremont
et le comte de La Vaulx; Origet {A. C. F.), par-
rains : MM. Maurice Farman et André Schel-
Cher : Perrigot (A. G. F.), parrains MM. le
comte de Castillon de Saint-Victor et le comte
de La Vaulx; Lioré, parrains : MM. Pierron et
le capitaine Ferber: Jourdain, parrains :
MINT. Jacques Balsan et le comte de Caslillon de
Saint-Victor : A. Goldschmidt, parrains MAI.
Jacques Faure et le comte de Contades.
Brevet de pilote. — Après examen du dossier
en règle, le brevet de pilote-aéronaute est dé-
cerné à M. L. Capazza, parrains : MM. le comte
de La Vaulx et E. Archdeacon.
Assemblée générale statutaire. — Le Comité
décide que l'assemblée générale Slatutaire ‘se
tiendra Je jeudi $ avril 1908. Les commissaires
des comptes désignés sont : MM. Paul Rous-
seau, Georges Le Brun, Delattre.
Nouveau Siège social. — Sur proposition du
Conseil d'administration, le Comité approuve le
choix du nouveau siège social, au n° 63 de
l'avenue des Champs-Elysées.
Nouveau prit. — M. Faure dit qu'il espère
obtenir bientôt une coupe de 5.000 francs pour
les ballons sphériques, à dispuler en 190$. Le
Comité remercie chaleureusement M. Faure de
sen heureuse entremise et le prie de demander
au donateur ses intentions.
Médailles commémoralives. — Sur proposition
de M. Janets, le Comité vote une médaille de
vermeil à M. Henry Kapferer, en souvenir de
son magnifique voyage de Sartrouville à Ver-
dun, à bord du dirigeable Ville-de-Paris ; il vote
aussi une médaille de bronze au mécanicien
Paulhan, M. Deutsch de la Meurthe remercie
le Comilé au nom de ses collaborateurs.
Modijicalions au règlement des Commissions.
— Ün projet de remaniement du règlement des
Commissions de l'Aéro-Club donne lieu à une
discussion à laquelle prennent part notamment
AIMT. René Gasnier, Henry Deutsch de la Meurthe,
Jacques Faure, Victor Tatin.
Calendrier des concours. — Sur la demande
du trésorier, le Comité fixe les dales suivantes
pour les concours de ballons au pare : samedi
16 mai (pleine lune), concours de Printemps ;
jeudi 11 juin (pleine lune), Grand Prix d'Eté. I
décide aussi une troisième concours qui se fera
le dimanche. à fin juin, ou dans les premiers
jours de juillet.
La auestion du Grand Prix de l'Aéro-Cluh,
aux Tuileries, sera portée à l'ordre du jour de
la prochaine séance.
PARTIE NON OFFICIELLE
,
COMMISSION D'AVIATION DU 4 MARS 1998
Présents : MM. Archdeacon, président: Vic-
tor Tatin, vice-président; Ferber, secrétaire :
H. Kapferer, F. Peyrey, E. Zens, O. Detahle, le
commandant Ferrus, le capitaine Girardville,
P. Rousseau, P. Tissandier, Chauvière, A. Far-
cot, le comte de Castillon de Saint-Victor, R.
Esnault-Pelterie.
Don de Mme Hériot. — Te président annonce
le nouveau don de 1.000 francs, dû à la gént-
127
rosilé de Mme Hériot. La Commission est très
sensible à ce nouvel encouragement.
Grand Prix de Vichy. — Le président rend
compte de l'examen du terrain de Vichy par la
Sous-Commission déléguée à cet effet. Il ex-
plique que lhippodrome de Vichy, encombré
d'obstacles et de cultures, se trouve impropre
aux expériences d’aéroplanes. Un terrain voi-
sin sy préêlerait mieux, mais il faudrait l'en-
tourer de barrières, et comme cela augmente-
rait considérablement les frais, M. Bougarel,
auteur de la proposilion, demande que l’Aéro-
Club s'engage à ne pas patronner un concours
dans une autre ville avant le mois d'août.
La Commission, à l'unanimité, constate qu'elle
ne peut s'engager dans cette voie, d'autant que
d'autres villes ont manifesté préalablement des
intentions analogues.
Qualificalion des concurrents dans les prit
de 200 mètres. — Le président lit une lettre de
MM. Voisin qui demandent : 1° S'ils pourraient
prendre place dans le premier aéroplane de
M. Farman, pour courir un des prix de 200 m.;
2° si, avec son nouvel aéroplane, M. Farman
pourrait courir un de ces prix.
Se reportant aux procès-verbaux des débats
qui ont amené la Commission à créer ces prix,
on constate (séance du 3 janvier), que ces prix
ont le caractère de prix d'encouragement pour
former des conducteurs nouveaux.
En conséquence, M. Charles Vaisin ayant été
introduit, on lui fait connaître qu'il peut, lui,
concourir avec l'aéroplane de M. Farman, mais
que M. Farman ne peut s'engager pour aucun
de ces prix. :
Prix des 5.000 mètres (5.000 francs). — Le pré-
sident propose ensuite de fonder un prix de
2.000 francs pour un kilomètre, prix ayant aussi
le même caractère d'encouragement; mais
NT. P. Rousseau expose que celte mesure ne
lui paraît pas encourager le progrès, et qu'il
faut imposer un plus long parcours. Il est ap-
puyé par MM. Kapferer et P. Tissandier, mais
alors, il semble que 2.000 francs soit une somme
trop faible : la Commission vote alors le prin-
cipe d'un prix de 5 kilomètres avec un prix de
5.060 francs.
Une Sous-Commission composée de MM. Ta-
lin, Kapferer, Esnault-Pelterie. s’occupera d’en
faire le règlement, étant donné que la Com-
issi sire un circuit fermé en triangle, en
quadrilatére, ou en !, comme à Saint-Louis.
Ce prix pourra êlre disputé à l'endroit désigné
par le concurrent.
Nouveau membre. — M. Henri Farman est
nommé membre de la Commission d'aviation.
L'Aviation aux États-Unis
£ept moteurs français pour les frères
Wright. — Notre excellent confrère François Pey-
rey annonce dans l'Aulo que la maison française
Barriquaud-Mare vient d'expédier aux célèbres
aviateurs de Dayton.sept moteurs dont voiciles ca-
ractéristiques essentielles : 40 chx, 4 cylindres en
fonte {avec chemise d'aluminium), de 108 d’alé-
sage et 109 de course ; soupapes d'aûmission au-
tomatiques ; allumage par r'upleurs ; graissage
aubomatique avec circulation d'huile par pompe ;
une autre pompe envoie directement l'essence
dans les cylindres, sans carburateur, comme
dans les moteurs Antloinelte ; 5 paliers.
Il serait curieux de voir les frères Wrighl rem-
plir leurs obligalions envers le Signal Corps
V, Aérophile n° 3, 1908, p. 115) avec un moteur
de fabricalion française.
128
1" Avril 1908
L/JHélicoptère Bertin
(Cliché de la Locomotion Automobile )
L'entraineur Lertin sur son hélicoptère avec son ami M. Boulline.
L’entraineur motocycliste Bertin, bien
connu sur les vélodromes, à terminé récem-
ment un hélicoptère de son invention, cons-
truit par lui-même avec l’aide d’un de ses
amis, M. Boulline, constructeur-mécanicien à
Puteaux.
Sur un châssis horizontal rectangulaire, en
tubes d’acier, mesurant 3 mètres de longueur,
est monté le moteur imaginé par Bertin, mo-
teur à 8 cylindres horizontaux de 115 x 125:
il développe une puissance de 150 chevaux, à
2.500 tours; il présente de curieuses particu-
larités mécaniques, notamment un vilebrequin
très facilement démontable, un système d’allu-
mage spécial ete.; le poids du moteur ne dé-
passe pas 100 kilos.
Ce moteur actionne deux arbres horizontaux.
reliés par pignons d'angle à deux arbres verti--
caux de 1 m. 80 de hauteur, portant chacun.
à leur sommet une hélice métallique à deux
branches de 2 m. 40 de diamètre, pouvant
tourner à 1.200 tours.
krayées à la volonté de l’aviateur par un dis-
positif spécial imaginé par Bertin.
?eliée à l'arbre horizontal du bas du châssis
et commandée par un engrenage se trouve
une troisième hélice de 0 m. 70, tractive celle-.
ci en même temps que directrice, tournant à
2.500 tours et orientable en tous sens.
L'appareil entier pèse 300 kilos. Il sera es--
sayé sous peu, après de légères modifications.
Il est à deux places. — CLÉRY
L'HÉLICOPTÈRE CORNU
L'hélicoptère Cornu. — Nos lecteurs se rap-
pellent Voriginale machine volante construite
par MM. Paul Cornu et fils. L'Aérophile a pu-
blié en juin et octobre 1906 la description du
modèle d'essai et les résultats des expériences
préliminaires, L'appareil définitif construit par
M. Paul Cornu et muni d'un moteur Antoinelte
de 2% chx, a élé terminé en août 1907. Depuis
cette époque, M. Paul Cornu a exécuté près de
300 expériences diverses. Sur ce nombre, une
quinzaine ont été très réussies puisque l’appa-
reil monté par M. Paul Cornu et pesant dans
ces conditions 260 kilog., s'est enlevé, paraît-il,
alors que le moteur tournait à 850 tours seule--
ment, ne développant guère, à ce régime, que:
12 à 14 chx tout au plus.
Retardés par des détails de construction, les
inventeurs procéderent à des expériences publi-
ques le 26 mars à Coquainvilliers devant deux
cents personnes. l È
Bien que fatigué par les essais antérieurs, l'ap-
pareil monté par Paul Cornu (260 kilos au total)
s'endeva à 40 centim. du sol. Les essais de trans-
lation, contrariés par un vent très vif, furent
moins heureux, mais l'engin put se déplacer en
avant et en arrière, Détails dans un prochain
numéro. — P. ANCELLE
Ces hélices sont em-
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l'Aérophile
LES ÉTAPES DE L’AVIATION
À l'assaut des Records
et de la Coupe Archdeacon
DELAGRANGE CONTRE FARMAN
Après quelques semaines d’une inaction im-
posée par les intempéries, les aviateurs vien-
nent de reprendre leurs expériences. Ce fut
une si belle et si rapide série de succès que
nous n'avons point le temps matériel d'en ti-
rer à loisir les heureuses conclusions, nous bor-
nant pour aujourd’hui à en donner le compte
rendu fidèle et précis, plus éloquent après
tout que de longs discours.
14 mars. — Débuts réussis du « Far-
man ! bis. —_ Beaux succes du
« Delagrange Il ». C'est du 14 mars
1908, que date véritablement la reprise des
expériences d'aviation à Issy-les-Moulineaux.
Deux aéroplanes y évoluèrent avec succès,
dans la même journée : le Henri-Farman I bis
et le Delagrange IT.
Comme l’ont expliqué ici même les frères
Voisin, ses constructeurs, le Farman I bis
r’est pas, à proprement parler, un appareil
Photo Rol, Paris
L'aéroplane & Henri Farman 1 bis »
Voilure en tissu caoutchouté «Continental», analogue au tissu
des principaux ballons dirigeahles.
nouveau on a ainsi dénommé l’aéroplane
Henri-Farman I, remis à neuf après sa rude
et glorieuse campagne, et dans lequel la soie
vernie de la voilure a été remplacée par du
tissu caoutchouté « Continental ». Cette étoffe
présente l'avantage d’une surface absolu-
ment lisse, de nature à diminuer le frottement
sur l'air, et une imperméabilité complète per-
mettant d'utiliser, au mieux, toute la réac-
tion sustentatrice de l’air sous les panneaux
entoilés. On sait que les tissus « Continen-
tal » constituent déjà la carène des grands
dirigeables actuels. Il serait curieux et nulle-
ment impossible de les voir peu à peu s’impo-
ser dans la construction des « plus lourds que
l'air » et créer ainsi, à la fameuse Compagnie
129
caoutchoutière, un nouveau débouché dont
l'importance croîtrait rapidement.
Cette journée du 1£ mars marquait aussi
les essais préliminaires du nouveau moteur
d'aviation « Renault frères » dont on trou-
vera les caractéristiques dans l'Aérophile du
17 mars 1908, p. 95, col. 2.
Disons-le tout de suite, l’aéroplane ainsi
modifié, le nouveau moteur, et aussi le pilote,
malgré l’interruption de son entraînement,
firent merveille. Henri Farman exécuta à son
gré 5 vols superbes de 500 à 600 mètres, dont
un avec virage parfaitement réussi.
— Ce même jour, à Issy, M. Léon Dela-
grange qui eut l'immense mérite, en mars
1907, de secouer, par son exemple, la torpeur
des aviateurs, assoupis après l’inoubliable es-
sor de Santos-Dumont, trouvait à son tour la
récompense de longs sacrifices. Dans son aé-
roplane N° 2, absolument semblable au Far-
man 1, tel qu'il était lorsqu'il gagna le Grand-
Prix Deutsch-Archdeacon et muni également
d’un moteur « Antoinette » 50 chx, 8 cylin-
dres (V. description du Farman I par les frè-
res Voisin, Aéroph. n° 3 de 1908, p. 38), il
franchit d’une envolée parfaitement stable
300 mètres environ en 19 secondes, arrêté seu-
lement par les obstacles qui entourent le ter-
rain d’Issy.
Parmi les témoins : les frères ‘Voisin, les
heureux et habiles constructeurs des deux en-
zins; Ernest Archdeacon ; le général Kovanko,
commandant les aérostiers militaires rus-
ses, etc., en mission officielle pour étudier les
progrès de l’aéronautique en France.
16 mars. —_ Superbes envolées du
« Delagrange Il ». — Encouragé par
son succès et de plus en plus maître de son
engin, M. Léon Delagrange effectuait encore
le surlendemain, entre 9 et 11 heures du ma-
tin, en présence de MM. E. Archdeacon, Louis
Blériot, Henry Kapferer, Charles et Gabriel
Voisin, le capitaine Ferber, C.-A. Bertrand,
notre excellent confrère des Sports et de l’In-
transigeant, etc., cinq envolées superbes, de
500 à 600 mètres, prolongées facilement jus-
qu'aux barrières du terrain d'expériences.
La stabilité de l'appareil était telle et si
grand le sentiment de sécurité qu’il procure
à l’aviateur que M. Delagrange pouvait à plu-
sieurs reprises abandonner d’une main le vo-
lant de direction et saluer ses amis au pas-
sage, en plein vol.
17 mars. — Léon Delagrange ga-
gne le premier des « Prix des
200 meèëtres » pour 1908. -_ Sûr de
lui désormais, M. Delagrange disputait le
lendemain 17 mars un des trois prix des
200 mètres créés pour 1908 par la Commission
d'aviation de l’Aéro-Club de France (pla-
quette de vermeil, prime de 200 francs).
La tentative eut lieu entre 5 et 6 h. du
130
soir, contrôlée, au nom de la Commission
d'aviation par MM. François Peyrey et Hen-
ry Kapferer. Elle réussit du premier coup,
M. Delagrange ayant franchi d’un vol aisé
et sûr, à 2 mètres de hauteur moyenne, une
distance de 269 m. 20, mesurée en comptant
les tours de pédale d’une bicyclette de 7 m. 70
de développement, distance comptée selon le
nouveau règlement des prix des 200 mètres à
partir d’une ligne de départ passée en plein
vol ; le vol ayant commencé avant cette ligne,
sa longueur réelle fut donc plus grande. Les’
L'aéroplane & Delagrange Il» à Issy.
Vue prise de trois quarts par l'arrière.
269 m. 20, mesurés comme nous l’avons dit,
furent franchis en 21 secondes 1/5, temps
chronométré par M. Henry Kapferer. Le vol
eût été beaucoup plus long, si l’aviateur
n'avait été gêné par un peloton de cavaliers
à la manœuvre qui l’obligèrent à écourter son
essor.
Ces chiffres ont été ratifiés par la Commis-
sion d'aviation qui attribuait à Léon Dela-
grange, dans la séance du 21 mars, le pre-
mier des prix de 200 mètres pour 1908.
20 mars. — Le match Farman-Dela-
grange. — De match Farman-Delagrange
officiellement conclu, il n’en existe pas. Mais
de fait, la similitude des deux engins, leur
terrain commun d'expériences, les progrès ra-
pides de Delagrange ont fait de ce dernier
le rival direct d'Henri Farman.
Le 20 mars, les deux aviateurs évoluent tour
à tour à Issy. Dans la matinée, Léon Dela-
grange, passé maître dans son métier d’oi-
seau, réussissait de superbes envolées, dont
une boucle de 700 m. environ de développe-
ment.
— Dans l’après-midi, c'était au tour d'Hen-
ri Farman de reprendre ses trajectoires
aériennes. [l avait replacé sur son aéroplane
l’excellent moteur « Antoinette » de 50 che-
vaux qui le conduisit à la victoire le 13 jan-
vier et effectuera vers 5 heures plusieurs
brillantes envolées, à la suite desquelles il al-
lait s'inscrire à l’Aéro-Club de France pour
tenter de battre officiellement le lendemain
son record du 13 janvier.
21 mars. —_ Henri Farman double
ses records de distance et durée.
— Léon Delagrange vire par deux
1” Avril 1908
fois et franchit 1.500 mètres en
circuit. — Deux aviateurs sur un
même aéropiane. Pour la coupe
Archdeacon. -_ Le 21 par une
journée brumeuse qui n’empêcha point les
sportsmen d’affluer à Issy-les-Moulineaux,
Henri Farman se surpassait lui-même et Léon
Delagrange, brûlant les étapes, dépassait ai-
sément la performance qui valut à son rival et
ami la conquête du Grand-Prix Deutsch-Ar-
chdeacon.
Farman fut prêt le premier. Après quelques
vols d’essai, à 10 h. 15, la ligne de 500 mètres
à enfermer dans l’ellipse aérienne ayant été
délimitée par les fanions aux couleurs de
l’Aéro-Club, sous l'effort de son moteur An-
toinette actionnant l’hélice, le Farman I bis
parti devant les hangars, au bout de quelques
mètres de lancée au sol, prenait son vol en D.
[Il commençait alors sa ronde fantastique
dans la brume, décrivant, après un parcours
DB et un premier virage en B, deux ellipses
complètes, prolongées encore par un quart de
boucle de B en E, point de retour au sol. Il
contourna donc 2 fois le poteau A et 3 fois le
poteau B, soit 5 changements de direction cap
pour cap. À chaque virage, l'appareil pîtait
vers l’intérieur, tout en se surélevant, pour re-
descendre en se redressant dans la ligne de sor-
mars,
Va
m
500”
|
|
1e
|
TT ee mme
en plein vol
premier tour
deuxième tour
le... 1e QU OU JCOUr.
Tracé approximatif du parcours aérien
d'Henri Farman, à, Issy-les-Moulineaux, le 21 mars 1908
A et B, fanions délimilant la droite de 500 mètres ; C. début de
la lancée au sol. devant les hangars; D. origine de l’essor ; E.
retour au sol. Pour l'orientation de la figure, le lecteur devra
supposer le Nord en bas.
tie, comme un cycliste se penche en remon-
tant les « falaises » d’un vélodrome pour
plonger ensuite à la corde. La hauteur de
route varia ainsi entre 3 et 7 mètres.
l'Aérophile 131
En ne tenant compte, selon le règlement, que
de la distance de poteau à poteau — après
vérification, elle fut reconnue égale à
-501 m. 20 exactement — la Commission d’avia-
“tion, dans sa séance du 21 mars, a attribué à
Henri Farman la distance officielle de
9.004 m. 80, franchis en 3 m. 81 s. Ainsi
se trouvent plus que doublés les précédents
records mondiaux de distance et de durée, déjà
détenus par Henri Farman depuis le 13 jan-
vier 1908. Reconnus dans les mêmes conditions,
ces records étaient de 1.000 mètres, franchis
en 1 m. 28 (Grand-Prix Deutsch-Archdeacon).
En même temps, la distance à battre pour dé-
posséder Farman de la coupe d’aviation Ar-
chdeacon se trouve portée à 2.004 m. 80.
Il suffit d'examiner notre figure pour re-
connaître que le trajet aérien réel est beau-
coup plus long et doit approcher 4 kilomètres
parcours développé depuis D jusqu’en E. Mal-
gré le ralentissement inévitable dans les vi-
rages, cela cadre assez bien avec les vitesses
antérieurement constatées.
— Vers midi et demie, après quelques en-
volées d’essai, Léon Delagrange, stimulé par
le succès de son ami, partait à fond. Il décri-
vait une première boucle entièrement fermée
autour des deux poteaux distants de 50 mè-
tres et la moitié d’un deuxième cireuit, s'ar-
rêtant de crainte d’effrayer les chevaux d’un
peloton de cavalerie. I1 avait done ainsi volé
1.500 mètres en circuit en 2 minutes 30, et
battu largement lui aussi le record du 18 jan.
vier qui valut le Grand-Prix à Farman. Il
achevait de prouver, du même coup, ses belles
aptitudes de sportsman et aussi les avantages
du type d'appareil étudié et construit par les
frères Voisin, type qui connut en un seul jour,
dans des mains différentes, ce double triom-
phe, et que l’on a en mains — l'exemple de
Delagrange le prouve, — après quelques es-
sais.
De ces avantages, M. Léon Delagrange
“était d'avance si convaineu qu’il n'avait pas
hésité, tablant sur la facilité de manœuvre et
la sécurité de l'engin, à s'intéresser person-
nellement à un « Syndicat d'aviation » qui a
commandé et retenu ferme aux frères Voisin,
pour les revendre avec un bénéfice légitime,
six appareils type Farman I bis et Dela-
grange IT. Voilà une initiative qui ne paraît
point si malavisée.
Reportez-vous toutefois, par la pensée, à
six mois, à trois mois en arrière, et mesurez le
chemin parcouru par l'aviation. Des kilomè-
tres aériens à la demande, des virages à vo-
lonté, et déjà la construction en série avec
les premiers intermédiaires. Cela va, déci-
dément; cela va même plus vite que les opti-
mistes, dont je suis, n’auraient osé l’espérer.
TL. LAGRANGE
Les Nouveaux Prix d'AYRAtION
La Coupe d’Aviation et les Prix Michelin
260.000 francs de prix en especes
260.000 francs de prix espèces (au lieu des
250.000 francs primitivement annoncés), plus
une superbe coupe objet d’art, tel est le chif-
fre énorme auxquels MM. André et Edouard
Michelin viennent de porter le total des prix
d'aviation créés par eux (V. Aérophile du
15 mars 1908, p. 114). C’est de beaucoup, on
le voit, l’encouragement le plus puissant dont
soit dotée l’aérolocomotion nouvelle. C’est éga-
lement celui dont l'effet sera le plus durable
et le plus progressif.
En effet, d'accord avee la Commission
d'aviation de l’Aéro-Club de France dans sa
séance du 21 mars, MM. Michelin et Cie, re-
présentés par M. André Michelin, ont apporté
aux premières conditions générales de leurs
largesses quelques modifications de nature à
donner pleine satisfaction à tous les aviateurs.
Le règlement du Grand-Prix Michelin de
100.000 francs (Arc-de-Triomphe-Puy-de-Dôme
en 6 h.), ne subira que quelques retouches de
détail.
Quant à la coupe annuelle : 1° Son mon-
tant global en espèces est élevé de 150.000 fr.
à 160.000 francs. — 2° Sa durée totale sera
de 8 années au lieu de 10 années. — 3° Son
montant annuel sera de 20.000 francs au lieu
de 15.000 francs. —— 40 Pour 1908, la compé-
tition s'ouvrira à dater du 10 avril. — 5° Pour
1908, l’annuité de 20.000 francs récompensera
la plus grande distance, officiellement con-
trôlée, franchie en aéroplane, avec un mini-
mum de 20 kilomètres. — 6° Pour 1909, 1910,
1911, 1912, 1913, 1904, 1915, le règlement
pourra être, au début de l’année, modifié
par la Commission d’aviation de lAéro-Club
de France, de façon à suivre l’évolution et
les progrès de l’aviation et à ne pas conduire
à des impossibilités. — 7° Si l’un des prix an-
nuels n’est pas gagné, il sera cumulé avec ce-
lui de l’année suivante.
Enfin, le règlement de détail, pour les mesu-
res d'organisation matérielle et de contrôle ri-
goureux, sera prochainement établi par la
Commission d’aviation de lAéro-Club de
France, d'accord avec MM. Michelin et Ci.
Le Prix Montefore (2.500 francs)
Dans la séance du 21 mars 1908, M. Henry
Kapferer a annoncé qu'un généreux sports-
man, M. Montefiore, mettait à la disposition
de la Commission d’aviation de l’Aéro-Club
de France, la somme de 2.500 francs, prime c0-
quette à l’aviateur qui sera titulaire du 1e-
cord de distance au 1% juillet prochain.
132 1” Avril 1908
Prix de la Commission d’Avintion
(5.000 francs)
Dans cette même séance du 21 mars 1908,
la Commission d'aviation de l’Aéro-Club de
France a décidé de donner en prix une somme
de 5.000 francs (précédemment affectée à un
vol de 5.000 mètres), à l’aviateur qui sera ti-
tulaire du record de distance au 1% octobre
prochain.
Prix de la Hauteur
Lorsque les aviateurs, plus sûrs de leurs ai-
les, entreprendront des parcours prolongés,
des voyages de ville à ville — et ce sera bien-
tôt -— ils devront, évidemment, s’aventurer
assez haut pour franchir facilement les obs-
tacles terrestres, les maisons, les monuments,
les arbres, les fils et câbles électriques, etc. A
s'élever ainsi, ils gagnéront plus d’aisance,
une réeile facilité d’évolutions et de manœu-
vres. Dans le vol rez-de-terre, en effet, si l’ap-
pareil fait une subite embardée en profondeur
ou s’il gite un tant soit peu, il risque de tou-
cher le sol avant que le pilote ait eu le temps
de contrecarrer l’action perturbatrice, ou
même, simplement, faute de l’espace néces-
saire au rétablissement naturel et automati-
que de l'équilibre.
Pour ces raisons, et d’autres encore trop
longues à exposer, on ne peut qu'applaudir
l'initiative de M. Georges Dubois, l'excellent
pilote et membre du Comité de l’Aéro-Club,
qui s’inscrivait pour 100 francs en tête d’une
souscription destinée à créer un prix de la
hauteur offert au premier aviateur franchissant
en plein vol un fil tendu entre deux poteaux
à 25 m. au-dessus du sol, hauteur approxima-
tive d’une maison de 6 étages. La souscrip-
tion, encore ouverte, a atteint en peu de jours
une somme importante se décomposant ainsi:
MM. Georges Dubois, 100 fr. ; Albert Omer-
Decugis, 100 fr.; l'Auto, 150 fr.; l’Aérophile,
50 fr.; Ernest Barbotte, 50 fr.; Ernest Zens,
100 fr.; Georges Blanchet, 25 fr.; André
Fournier, 50 fr.; Alfred Leblanc, 100 fr.; C.-F.
Baudry, président de l’Aéro-Club du Sud-
Ouest, 100 fr. Total, au 24 mars, 825 francs.
Les concurrents choisissent leur jour, leur
terrain dans un rayon de 50 kilomètres au-
tour de Paris ; ils peuvent gagner la hauteur
voulue sous n'importe quelle rampe et sur
n'importe quelle longueur à leur gré, et redes-
cendre de même.
Dans ces conditions, les appareils actuels
sont parfaitement en état de gagner ce prix
dès aujourd’hui. La seule chose que puissent
appréhender les aviateurs, c’est quelque défail-
lance subite du moteur ou une rupture d’hé-
lice compromettant la sécurité de la descente.
Cependant l'aviation ne sera véritablement
pratique que lorsque ces risques seront réduits
à un négligeable minimum. Le prix de la hau-
teur est donc utile; de plus, son retentisse-
ment dans le grand public sera des plus bien-
faisants pour la cause. Il privera les profanes
de leur éternelle objection : « C’est fort
bien... mais pourquoi ne montez-vous pas ? »
Concours Internationaux d'Aviation de Spa
55.500 francs de prix
(12, 19, 26 juillet 1908.)
Ainsi que nous l’avions annoncé, l’Aéro-
Club de Belgique, sous le patronage de la So-
ciété d’Encouragement aux sports de Spa, or-
ganise aux dates précitées, sur l’hippodrome
de la Sauvenière, près Spa, une série de con-
cours internationaux d'aviation dont ci-des.
sous le règlement résumé
1. — 12 surrrer : Epreuve de vitesse sur
un circuit elliptique de 2.200 mètres de déve-
loppement ; passage au poteau initial en
plein vol, tant à l’arrivée qu’au départ; temps
chronométré entre les 2 passages et donnant
le classement entre les aviateurs ayant fait le
circuit complet.
En cas de contact au sol en cours de route
faculté de recommencer dans un laps de temps
fixé par les commissaires sportifs. De même,
en cas de panne promptement réparable, sans
toutefois pouvoir dépasser l'heure de clôture
générale de l’épreuve.
Prix : 1®, 12.000 francs ; 2e, 1.500 francs.
IT. — 19 surczer : Epreuve de vitesse sur un
parcours de forme à fixer par les commissaires
sportifs (un 8 par exemple), et de même lon-
gueur, à peu près, que le précédent. Mêmes
conditions accessoires que plus haut.
Prix. : 1%, 1.500 francs ; 2°, 1.500 francs.
III. — 26 surzzer : Dix tours au maximum
de la piste elliptique du 12 juillet (fractions
de tours non comptées) ; classement au meil-
leur temps si deux ou plusieurs concurrents
font le même nombre de tours (réservé aux ap-
pareils ayant fait au moins 100 mètres dans
une des précédentes journées).
Indemnité de 500 francs aux concurrents
ayant participé aux 3 épreuves sans gagner
un prix, à condition que son appareil ait volé
100 mètres dans une des 3 journées ou ait fait
antérieurement un vol de 100 mètres officiel-
lement constaté par un club reconnu.
Qualification, engagements, remise des prix.
— Concours ouverts aux membres de l’Aéro-
Club de Belgique, des clubs qui lui sont affiliés
et des clubs étrangers reconnus par la F. A. TI.
Inscriptions à adresser à M. le baron Joseph
de Crawhez, à Spa, accompagnées d’un droit
d'inscription de 4 francs par cheval du mo-
teur, droit remboursable aux concurrents ins-
crits avant le 15 juin 1908, non remboursable
pour les autres ni pour les forfaits.
IV. — 12-19 surzzer : Epreuve de susten-
tation pour appareils d'aviation montés (héli-
coptères, orthoptères, etc.), séjournant en l'air
une demi-heure au maximum, et classés, si
plusieurs volent le même temps, selon le rap-
port entre le poids utile transporté et le nom-
Phares, Lanterres et Projecteurs fournis par la Société des Etablisse-
ments BLERIOT, à Sa Majesté l'Empereur d'Allemagne.
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tout concurrent s'étant mainetnu en l’air cinq
minutes pendant la durée d’ouverture de
l'épreuve ou ayant antérieurement accompli
la même performance d’après constatation off-
cielle d’un club reconnu.
Des médailles sont, en outre, attribuées aux
concurrents des quatre épreuves susindiquées.
Ce superbe meeting d'aviation, doté d’une
somme globale de 55.500 francs de prix, exer-
cera la plus heureuse influence sur les progrès
de l’aviation. Nos compatriotes seront certai-
nement nombreux à défendre notre bon re-
nom scientifique et sportif. — L. Puærcos
LE GAZ A BALLONS EN FRANCE
L'établissement de la carte aéronautique de
France que vient d'entreprendre M. Besan-
çon, secrétaire général de l’Aéro-Club de
France, doit comporter en outre des indica-
tions relatives aux canalisations de lumière
électrique et de transport de force, et à l’é-
clairage des côtes, celles qui concernent tout
spécialement le gonfiement et le ravitaille-
ment en gaz des ballons.
Dans ce but, nous avons adressé aux direc-
teurs des usines à gaz, 800 questionnaires
pour lesquels 450 réponses nous sont parve-
nues. Le silence des autres usines vient sur-
tout du peu d'importance de leurs installa-
tions qui ne leur permet pas d'envisager la
fourniture du gaz pour aérostats.
Sur ces 450 réponses, 162 usines se mon-
trent disposées à donner du gaz, elles repré-
sentent 71 départements; à lui seul, le Nord
compte 15 usines. Sur ces 162 usines, 65 peu-
vent fournir 1.000 mètres cubes et plus de gaz
dans une journée. Dans ces dernières, nous
notons spécialement Marseille, qui peut
livrer une quantité illimitée; Rouen : 15.00ü;
Rueil, 10.000; Tourcoing, 7.000; Armentières,
6.000; Cambrai, 5.000; Montluçon, Lisieux,
Dijon, Elbeuf, chacune : 4.000; Aurillac,
Rennes, Reims, Angers, Couderkerque, Cler-
mont-Ferrand, Le Mans, Amiens, 83.000;
Bourges et Nancy, 2.000.
J
6}
La moyenne des prix est de 0 fr. 20 à 0 fr. 30
le mètre cube; mais, le prix le plus bas est à
Tourcoing, qui donne le gaz à 0 fr. 10, puis
viennent Rochefort, Nantes, Rueil, Armen-
tières, Roubaix, à 0 fr. 15; Elbeuf, à O fr. 16.
Le prix le plus élevé est à Auch où le mètre
cube de gaz est compté 1 fr. 25.
L'important pour l'établissement de la
carte aéronautique est üe connaître les usines
dans lesquelles on peut exécuter un gonfle-
ment, leur nombre est de 84. Quant à celles
qui sont accessibles aux ballons captifs arri-
vant du dehors pour le renflouement, la quan-
133
tité de 53 paraît assez réduite, mais elle s’ex-
plique par suite des obstacles, fils, arbres,.
maisons, etc... que l’on trouve généralement
à proximité des usines.
Par contre, presque toutes les villes possè-
dent des places où les gonflements et départs
peuvent être faits.
La dernière colonne de l’état que j'ai établi
porte les heures d’extinction de l'éclairage
des voies publiques, ces indications peuvent
être utilisées pour la notation de l'éclairage
des villes. — J. SaAuNIÈRE (mars 1908).
Nouveau banquet d’aviateurs
NOUVEAU PARI
MM. Ernest Archdeacon, Fernand Char-
ron, Alberto Santos-Dumont, gagnants de
divers paris conelus le 24 juillet 1907 (Voir
Aérophile d'août 1907, p. 233), fêtaient l’heu-
reuse issue de leurs gageures en un banquet
qui eut lieu le 9 février au Café de Paris.
Autour des trois amphytrions : MM. Henri
Farman, Gustave Clément, René de Knyff,
le capitaine Ferber, François Peyrey, Gabriel
Voisin, Charles Voisin, René Loysel, Henry
Deutsch de la Meurthe, le comte Mortimer-
Mégret, Henry Kapférer, Hoofman, Louis
Renault, Quinonès de Léon, Maxime Réalier-
Dumas, de Blest-Gana, de Signera, Gomès, le
marquis de Loriano, le duc Decazes, Binon,
Jacques Faure, Drosso, Voigt, Georges Be-
sançon, André Michelin.
MM. Louis Blériot, Robert Esnault-Pelte-
rie, le marquis de Dion, le comte Robert de
Vogüé, le comte Arnold de Contades-Gizeux,
le baron Foy, Emile Voigt, Etienne Giraud,
Georges Maucoussin, le prince Tonsoni, le
duc d’Uzès, Védrine, empêchés, s'étaient ex-
cusés.
A l'issue du dîner, en une vibrante allocu-
tion, Ernest Archdeacon chanta la gloire de
l'aviation et de ses champions, Jacques Faure
porta spirituellement la santé de Santos-Du-
mont, créateur de l’action directe en aviation,
et devant que cette petite fête de généreux
enthousiastes fut terminée, l'avenir de la lo-
comotion nouvelle avait donné lieu à une nou-
velle gageure MM. Ernest Archdeacon,
Henri Farman et Santos-Dumont avaient
parié, solidairement, une somme globale de
six mille francs contre douze mille francs te-
nus par M. Fernand Charron que « sous un
an de délai, un parcours d’un kilomètre au-
rait été effectué par un aéroplane monté par
deux personnes, dont une pesant, au moins,
60 kilogrammes. »
Avec des parieurs aussi prompts à soutenir
eux-mêmes leur chance qu'à risquer leurs es:
pèces, le premier aéroplane à deux places
pourrait bien naître avant peu, de cette cor-
diale réunion du 9 février 1908. M. Doux
134
Par-dessus la Manche en ballon
Traversée d’une femme aéronaute
de Londres à la frontière franco-allemande
Ayant grande envie de gagner le Northciiffe
Challenge Cup — prix accordé à l'amateur
qui fait, au départ d'Angleterre, l'ascension la
plus longue chaque année — et ayant pris con-
naissance du fait qu'un vent très favoraële
dominait le soir du vendredi 21 janvier 1908,
je quittai les ateliers aérostatiques Short
Brothers, Battersea, (Londres, $S. W.) daus
mon ballon, le Ialkyrie, accompagnée de
M. C. F. Pollock, en qualité de pilote. Il fai-
sait très noir, car il n’y avait pas de lune, et
le vent du Nord-Ouest sévissait avec force;
quinze hommes avaient de la peine à main-
tenir le ballon.
On profita d'une accalmie pour nous don-
ner le départ à 9 h. 45 du soir. Le ballon at-
teignit très rapidement une altitude le
800 mètres. Nous avions au départ 423 kilos
de lest, ainsi que des provisions suffisantes
pour un long voyage. L'obscurité profonde
nous empêcha de voir le Crystal Palace, qui
constitue d'ordinaire, un excellent point de
repère.
Vers dix heures et demie il nous arriva
quelque chose de très extraordinaire et parfai-
tement désagréable. Il nous parüt que le bal-
lon fut frappé par une forte rafale qui fit pen-
cher la nacelle de côté à un angle d'environ
45 degrés, à tel point que nous nous trouvions
forcés de nous y tenir d’une main ferme pour
ne pas être jetés dehors. Probablement, nous
avions rencontré deux courants opposés qui
agissaient en directions différentes sur l’en-
veloppe et la nacelle du ballon.
Après dix minutes, à peu près, les oscilla-
tions cessèrent et le ballon commença une des-
cente rapide. Depuis ce moment jusqu’à la fin
du voyage, nous étions obligés de jeter conti-
nuellement du lest, contrairement à ce qui ar-
rive d'habitude dans les ascensions nocturnes.
Nous avons pu reconnaître Lydd (petite
ville de Kent) à gauche, et presque immédia-
tement la côte de la mer était en vue, exacte-
ment une heure et cinq minutes après notre
départ de Londres. Nous avons quitté la côte
d'Angleterre, par 1.100 mètres d’altitude,
laissant Dungeness à droite, à 11 h. 7 du soir.
Nous sommes arrivés à la côte de France,
près du Touquet, à 11 h. 58 du soir, après une
traversée de 51 minutes seulement au-dessus
de la Manche.
Au milieu de la mer, nous pouvions voir à
la fois les phares anglais ainsi que ceux de
France, et leurs rayons tombant sur le ballon
à chaque révolution, éclairaient tout.
1° Avril 1908
Franchissant la ligne de la côte française,
nous poursuivimes notre voyage dans l’obscu-
rité profonde jusqu'à 1 h. 30 du matin. Beau-
coup d’éclairs de chaleur brillaient autour de
nous, et nous avons rencontré une succession
de forts courants verticaux, qui faisaient mon-
ter et descendre alternativement le ballon avec
rapidité. A cette heure les conditions atmos-
phériques étaient très singulières; la nacelle,
le cercle, l’appendice et le gréement du ballon
semblaient être illuminés à l'électricité, et si
je frottais avec la main quelqu'une de ces
parties du ballon, mon gant sémblait aussitôt
incandescent.
À 2 heures du matin nous avons rencontré
une épaisse tourmente de neige; en même
temps, la grêle tombait avec beaucoup de bruit
sur l'enveloppe, et le ballon était naturelle-
ment sérieusement affecté par le poids super-
flu si subitement acquis. En très peu de temps,
pourtant, nous remontâmes à 2.400 mètres.
Mais, ensuite, le ballon se mit à descendre
avec la même rapidité. 110 kilos de lest jetés
en quatre minutes ne purent modérer la vi-
tesse de cette descente; nos instruments nous
ont démontré que nous descendions à la vi-
tesse de 300 mètres par minute. Tout à coup,
à une altitude de 450 mètres, le fond de la
nacelle heurta avec un grand fracas sur un
obstacle, et nous constations qu'elle était
échouée contre un arbre sur quelque monta-
gne. Si la nacelle eût heurté contre la terre
ferme à une telle vitesse, le résultat en aurait
pu être funeste. Le guiderope s’enchevêtra
dans les arbres, la nacelle subit une série de
violentes saccades, nous pouvions entendre se
courber et rompre les branches des arbres,
tandis que la corde se frayait un passage au
travers. Le ballon se précipita en avant à une
vitesse terrible. L’'obscurité était si profonde
que je ne pouvais à peine voir M. Pollock, et
je dois avouer que les hurlements du vent et
la tourmente de neige nous causaient beau-
coup d'anxiété.
Il ne nous restait que trois sacs, il était
évident qu’il n'y avait pas de choix, nous de-
vions atterrir car nous ne pouvions rien dis-
tinguer. M. Pollock ouvrit donc la soupape
pendant que je me tenais au fond de la na-
celle, saisissant les cordes qui s’y trouvaient,
dans une attente assez anxieuse.
Nous abattrions-nous sur le toit d’une mai-
son, ou nous trouverions-nous dans les eaux
glaciales d’une rivière? Tout à coup, le ballon
heurta de nouveau à grand bruit quelques
arbres, dont plusieurs branches rompues
tombaient dans la nacelle. M. Pollock, tira
immédiatement le panneau de déchirure,
mais, pour un moment, le vent fit remonter
le ballon, puis, soudain, nous redescendîmes,
mais cette fois-ci avec la nacelle renversée,
et traînant à travers les cimes des arbres.
l’Aérophile
« Y êtes-vous? » s’écria Pollock, craignant
que je n’eusse été peut-être forcée de làcher
prise, mais je lui répondis « oui! » en tenant
ferme de toute ma force. Enfin, un arbre ac-
crocha l’enveloppe, la déchira, achevant l'ac-
tion du panneau de déchirure déjà manœuvré
par M. Pollock. Un peu remis après ces se-
cousses assez rudes, nous descendimes de la
nacelle et nous trouvâmes dans l’épaisseur
d’une grande forêt. Il était à peu près quatre
heures du matin, et il n’y avait donc rien à
faire que d’attendre la pointe du jour pour
nous reconnaître. Heureusement la neige ne
tombait plus, et à six heures il faisait assez
jour. Après une heure et demie de marche,
nous rencontrâmes enfin un bûcheron, qui nous
dit que nous étions descendus dans le départe-
ment de la Meuse, tout près du petit village
d'Houdiemont, à environ 25 kilomètres de la
frontière franco-allemande. Cet homme nous
accompagna à l’endroit où nous avions laissé
le ballon, et nous quitta en nous promettant
d'y revenir avec une charrette, ce qu'il ft
trois heures plus tard. Dans l’intervalle, nous
avons rencontré d’autres bûcherons, qui nous
aidèrent de bon cœur à dégager le ballon ac-
croché très en haut dans les branches, non
sans y laisser quelques lambeaux de l’enve-
loppe, notamment l’appendice qui avait été
arraché. Les 90 mètres du guiderope se trou-
vaient loin de là, étendus sur les cimes des
arbres. Malheureusement nous avions cassé
tous nos instruments, le premier heurt ayant
détruit le « statoscope ». Il nous fallut trois
heures pour faire en voiture, les 14 kilomètres
qui nous séparaient de Verdun, ies chevaux
allant à pas de tortue dans un vent du Nord-
Ouest. La journée cependant, était très belle
et si nous avions pu résister à la tempête en
maintenant le ballon en l’air, nous eussions
sans doute accompli un voyage d’une longueur
extraordinaire, atteignant probablement la
Suisse, à plus de 960 kilomètres de Londres,
avant midi. Nous avons toutefois franchi une
distance d'environ 464 kilomètres du point de
départ à vol d’oiseau, à la vitesse moyenne de
73 kilomètres par heure.
Les circonstances, imposèrent l'atterrissage.
Beaucoup d’éloges sont dus à M. Pollock pour
sa présence d’esprit et sa rapidité de décision
quand, chaque minute était de la plus haute
importance.
Ce voyage aérien est le septième que M. Pol-
lock aura franchi par-dessus la Manche, d’An-
gleterre au Continent. C’est ma troisième tra-
versée aérienne dans les mêmes conditions.
Cette ascension fut d’un intérêt saisissant et
entraînant d’un bout à l’autre, et quoique la
distance accomplie par nous ait été déjà dé-
passée, cette traversée restera toujours quel-
que chose d’inoubliable.
Mrs HarporD
135
À l'Aéro-Club du Sud-Ouest
Dîner mensuel et assemblée générale
statutaire. — Le diner mensuel de l’Aéro-Club
du Sud-Ouest à eu lieu le jeudi 12 mars, dans
les salons du Café de Bordeaux, sous la prési-
dence de M. C.-F. Baudry, président. Soixante
convives y assistaient.
Au champagne, M. C.-F. Baudry prononça une
courte mais charmante allocution et l'on pro-
céda au tirage d'une tombola dont le lot était
un ballon de 420 n°. L'heureux gagnant a été
M. Wigand.
Après le banquet a eu lieu l'assemblée géné-
rale dans les salons du Cercle, sous la prési-
dence de M. Baudry.
Le procès-verbal ayant été adopté, M. de Li-
rac, secrétaire général, donne lecture de son
rapport. Il adresse un souvenir ému aux deux
malheureux camarades Scharf et de Bethman,
disparus avec le Fernandez-Duro.
Puis, dans un exposé très intéressant des
diverses ascensions, il apprend à l'assemblée
que le nombre d’ascensions du Club en 1907 s'est
élevé à 71. La quantité de gaz consommée dans
l'exercice écoulé s'élève à 62.500 m°; le total
des kilomètres parcourus à 5.385 kil., et celui
des heures passées dans l'atmosphère à 274 h. 30.
174 passagers ont pris l'atmosphère, parmi les-
quels 20 hommes néophytes et 9 dames néo-
phytes. Le secrétaire général de l'A. C. S. O.
passe ensuite en revue les divers concours qui
eurent lieu à Bordeaux, Royan, La Rochelle,
Biarrilz, Agen et dans lesquels l'A. C. S. O.
montra ses couleurs. M. de Lirac termine en
élicitant les nombreux pilotes qui ont pris part
à ces concours ; il remercie les créateurs de
prix et adresse aussi des remerciements cha-
eureux à l'Aéro-Club de France pour les pré-
cieux encouragements qu'il à souvent donnés à
sa première société affiliée.
‘ rapport est adopté par acclamalions. Le
rapport du trésorier passe également à l'adop-
ion de l'assemblée.
L'assemblée adopte ensuite le principe de la
création d'un parc aérostatique à Bordeaux et
décide la création d’un concours de cerfs-vo-
ants pour 1908,
Ascensions de l’Aéro-Ciub du Sud-Ouest. —
Les ascensions exécutées depuis le 21 janvier
1908 sont relalées dans le comple rendu ci-des-
sous de la Semaine aéronaulique de Bordeaux
(15-23 février 1908).
4 mars. — Bordeaux, usine à gaz de La Bas-
tide, 19 h. 30 du m. La Belle-Hélène (1.600 m°) ;
MINI. Ch. de Lirac, Wigand, Lévy, Jude, Maurice
de Lirac et Bordenave, ce dernier néophyte. At-
terrissage à midi 15, au milieu d’une bourrasque
de grêle, à Saint-Laurent-des-Hommes (Dor-
dogne). Durée : 1 h. 45. Distance : 71 kil.
les Brevets de l'Aéronautique
BREVETS DÉLIVRÉS DU 16 JANVIER AU 12 FÉVRIER 1908
383.783. — 9 novembre 1907. — BiIELovucIc : Pro-
pulseur-couvernail à ailettes pour véhicules nau-
tiques et aériens.
383.905. 3 novembre 1907. — Dox Smon
Aérostat dirigeable. k À
384.219. — 21 novembre 1907. — LEewaLp : Nou-
velle disposition des moteurs à explosions pour
véhicules et canots automobiles, navires aériens,
ventilateurs, etc. e
384.103. — 18 novembre 1907. — BON£ET D'ETHUEL
et DAME : Ballon dirigeable.
136
384.124. — 18 novembre 1907. — \Wnricutr et
\BIGHT : Perfectionnements aux machines aéro-
nautiques.
384.125. — 18 novembre 1907. — \WRIGHT el
\VRIGHT : Perfectionnements aux machines aéro-
nautiques. |
384.146. — 18 novembre 1907. — ANTOxI et AN-
To : Machine volante.
384.148. 18 novembre 1907. — LLarTy : Ballon
dirigeable électrique.
384.253. — 31 octobre 1907. — BLÉRIOT : Sys-
tème pour l'atterrissage des aéroplanes et appa-
reils analogues.
384.260. — 15 novembre 1907. — BARDELLE : Ap-
pareil d'aviation.
384.317. — 23 novembre 1907, — NoLLE. — Bal-
lon dirigeable.
384.564. — 2 décembre 1907. — Posrx : Diri-
geable.
384.657. — 4 décembre 1907. — AnRExs : Ba-
teau cerf-volant.
Communiqué par MM. WEISMANN et MARX,
ingénieurs-conseils en matière de propriélé in-
dustrielle, 90, rue d'Amsterdam, à Paris. —
Tél. :,111-16.
LRPPPRPI RER ESPRITS
L'Aviation en Angleterre
L'aéroplane Dunn. — Dans l'Aérophile du
1 janvier 1908, nous avons dit un mot de cet
aéroplane, mystérieusement essayé l'année der-
nière dans une région déserte de l’Ecosse. On
assure que cet engin est à 2 plans superposés,
tendus de soie noire (pourquoi noire ?) mesu-
rant 50 pieds d'envergure) et est muni de deux
hélices tournant en sens inverse, actionnées par
deux moteurs de fabrication française. Des tubes
d'aluminium constiluent en grande partie le
corps de l'appareil et la membrure des plans.
L'engin repose sur un châssis porteur à 4 roues
orientables, construit aussi en tubes d'aluminium
et qui eut maintes fois à souffrir au cours des
précédents essais. Cet aéroplane aurait élé ra-
mené à Aldershot. pour êlre soumis à l'examen
des aérostiers militaires.
L'aéroplane Cody. — A Aldershot égale-
ment, on expérimente pour les observations to-
pographiques militaires un cerf-volant capable
d'enlever un homme, engin construit sur les
données déjà appliquées en petit par M. Cody.
L’aéroplane Moore-Brabazon. — [)es essais
de l'aéroplane Moore-Brabazon imaginé par le
sportsman anglais bien connu auront lieu pro-
chainement à Brooklands, près de Londres. Com-
binaison des types Chanute et Henri Farman,
cet aéroplane comporterait deux plans porteurs
superposés, un gouvernail avant servant à la
fois à da direction verticale et latérale, et au
lieu de la queue cellulaire du Farman 1, une
combinaison spéciale imaginée par M. Moore-
Brabazon. Moteur Buchet de 24 chx. Hélice
unique.
Les Wright d'Angleterre et l’ornithoptère
gyroscopique Federico Capone. — \I\]. Ho-
ward Wright et Warwick: Wright, deux cons-
tructeurs anglais bien connus dans les milieux
automobiles d'Angleterre, — il faut se garder
de les confondre avec leurs fameux homonymes
américains Wilbur Wright et Orville Wright,
les aviateurs de Dayton (Ohio), — viennent
d'achever à Norbury, faubourg de Londres, une
nouvelle machine volante. Cet engin, dont la
conception et les plans sont dus, assure-t-on,
à l’aviateur italien M. Federico Capone, ancien
député, serait, assure-t-on, un appareil à ailes
battantes dans lequel se trouverait également
1" Avril 1908
appliqué un dispositif gyroscopique de stabili-
sation. L'appareil est. dit-on, muni d'un mo-
teur Anloinetle de 50 chx et pèse 360 kilog.
Cet ornithoptère a coûté une cinquantaine de
mille francs. C'est le premier que M. Federico
Capone ait construit sous des dimensions suffi-
santes pour enlever un homme. Mais, l’inven-
teur avait déjà établi une série de trois ou
quatre modèles de dimensions graduellement
croissantes qui lui firent débourser une cen-
laine de mille francs.
Des essais préliminaires ont eu lieu, sur des-
quels on n'a pas de renseignements sûrs. Mais
les expériences définitives ne sauraient tarder.
Nous leur souhaitons tout le succès que méritent
le zèle désintéressé de M. Federico Capone et
aussi la nouveauté et l'originalité de son engin.
TOUR DU MONDE AÉRIEN
L'origine d'’issy-les-Moulineaux. — Les pro-
grès de l'aviation accomplis sur son territoire
ont fait de celte localité banlieusarde, une ville
historique. « Domino » du Gaulois explique ainsi
pourquoi le village d'Issy, se surnomme les Mou-
lineaux. Le moulin qui fut l'origine de la petite
agglomération des Moulineaux fut bali au mi-
lieu du XVII siècle, puis cède en 1675, moyen-
nant 15.000 livres par messire Charles de la
Haye « demeurant à Saint-Germain-des-Prés, pa-
roisse Saint-Sulpice ». L'acte de vente porte «
« l'achat d'un moulin bâti de pierres appelé la
Tour d'Issy, sous lequel est la source d'eaux vi-
ves dudit village d'Issy ». On l'appelait aussi le
Moulin de la Vierge et ii était situé presque sur
l'emplacement de la porte d'entrée du fort.
PRET PPT PIS
HENRI FARMAN BLESSÉ
Henri Farman s’entraînait le 27 mars, à
Issy, à bord de son aéroplane. Vers 11 heures
du matin, il venait de réussir un premier vol
de 45 secondes, chronométré par M. Blériot.
A Ja 24 seconde d’un deuxième essai, on vit
l’aéroplane esquisser un brusque virage en
donnant de la bande. L’engin volant près de
terre, l’extrémité d’une aile toucha le sol, et,
entraîné par la vitesse acquise, l'appareil
ainsi retenu piqua du nez, se brisant dans le
choc, pendant que l’aviateur était projeté
à 3 ou 4 mètres en avant. Après avoir reçu
sur place les premiers soins, Farman fut
transporté à son domicile. Il était blessé aux
mains et au visage; les plaies, heureusement,
n'étaient que superficielles, et les médecins
déclarèrent que, sous deux ou trois jours, le
courageux sportsman serait sur pied.
On a dit que Farman s'était trouvé gêné
par une vieille femme qui ne sut pas se garer,
obligeant l’aviateur à tenter un virage trop
brusque pour essayer de l’éviter. Farman at-
tribue plutôt l'inclinaison inopportune de
l'appareil à un subit remous de vent qui le
surprit.
Quoi qu’il en soit, cet accident, heureuse-
ment sans gravité, ne se fût pas produit si
l’aéroplane eût volé un peu moins près du sol.
Cela vient à l'appui des considérations émises
plus haut au sujet du Prix de la hauteur.
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l'essai des tissus et des cordages employés à
leur construction.
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les indications de plusieurs instruments sous
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vitesse, de distance, etc.
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MAIRE : Portraits d’aviateurs contemporains : Léon Delagrange (Georges Bans). — L'hélicoptère Paul Cornu ; construction et essais (Paul Cornu). —
oplane et le moteur d'aviation. Dufaux (Henri et Armand Dufaux). — Chambre syndicale des Industries aéronauliques : Réunions du Comité : Banquet de
dition (M. Degoul). — A l'Aéro-Club du Sud-Ouest. — Les Brevets de l'Aéronautique. — Quatrième conférence de la Fédération Aéronautique
Dnationale — [Indicateur de pente pour aéroplanes ; Réponse à M. Goupil (Ernest Archdeacon). — Les étapes de l'aviation : Léon Delagrange conquiert
bcords et la Coupe Archdeacon (L. Lagrange). — Les aéroplanes ‘ Blériot VIII et IX ” (A. Cléry'. à
MAIRE DU BULLETIN OFFICI L DE L'AFRO-CLUB DE FRANCE: Partie officielle : Convocations. — Assemblée générale
Maire du 9 avril 1908 : Allocution du président, M. L.-P. Cailletet ; Rapport du secrétaire général, M. Georges Besancon ; Rapport du trésorier, M. le
e G. de Castillon de Saint-Victor ; Elections au Comité de Direction.
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16° Année. — N°8 15 Avril 1908
Portraits d'AViateurs contemporains
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LÉoN DELAGRANGE
La biographie de Léon Delagrange, depuis le 11 avril 1908 recordman de la distance et de la durée en
aéroplane, est peu connue, aussi est-ce pour nous double plaisir de la présenter ici.
Delagrange (Léon) est né en 1873, à Orléans.
Ses premières années se passèrent chez son père, gros industriel en tissage et filatures, à Orléans, C’est
là qu’il s'inléressa tout de suile à la mécanique et qu'il apprit à conduire les moteurs et les machines.
Dès qu'il eut sept ans, son père lui offrit un superbe poney et l’initia aux sports, quil a praliqués tour
. à tour : la chasse, la voile, le vélo.
L'automobile vint ; il eut un des premiers tricycles et s'amusa à « bricoler » pour essayer de se conskruiro
une voiture.
Il fut élève à l'Ecole des Beaux-Arts comme sculpteur, presque en même temps qu'Henri Farman y faisait
de la peinture et que Gabriel Voisin y étudiait l’archilecture, Qui eût dit que l'École des Beaux-Arts devien-
drait une pépinière d'’aviateurs ? : l
Comme sculpteur, Delagrange expose depuis 14 ans au Salon de la Société des Artistes Français, et il a
déjà obtenu plusieurs médailles. On se rappelle de lui le Page florentin, le Templier, le groupe Amour el
Jeunesse, au musée de Copenhague, etc.
C'est en 19035 que l'aviation l'a attiré irrésistiblement, quand il assista aux expériences d'Ernest Archdeacon
-sur la Seine, à Billancourt.
Delagrange fit alors construire par Voisin son premier aéroplane. 4
I1 s’en fit montrer le fonctionnement en 1)07, en étudia l'anatomie, et ce n'est que ces jours derniers
-qu’il a pris place à bord de son deuxième oiseau mécanique. … É J
Son premier vol soutenu dans l'espace eut lieu le samedi 11 mars, par une magnifique journée de prin-
temps, à Issy-les-Moulineaux. 0 |
Entre temps, Delagrange a fait, au-dessus de Paris, une excursion à bord du ballon dirigeable Ville-de-
-Paris, piloté par Henry Kapferer, aéronaute d'hier, avialeur de demain, 0
Depuis les premiers beaux jours de 1908, Delagrange s’est livré à un entraînement quotidien sur le champ
de manœuvres d'Issy, avec la bonne volonté de ballre le record de Farman. à ;
Il y est parvenu, en présence des « officiels » de la Commission d'Avialion de l'Aéro-Club, le samedi 11 avril
-à 5 h. 1/2. La séance d’essais dura, sans interruption, 9 minutes 15 secondes, marquée par un vol, sans contact
avec le sol, de 6 minutes 30 secondes, pour 3.225 mètres complés de fanion à fanion. Delagrange a donc doublé
les distances de Farman et il ne s’est arrêté aue faute d'essen 1
Léon Delagrange, qui connaît maintenant les lauriers du succès, n’a plus qu'une double ambition : comme
cculpteur, il veut faire le buste de Farman: comme avialeur, il veut former de nombreux élèves, qui, comme
ui, conduiront à la vicloire le nouveau sport français.
GEORGES Bans
138
15 Avril 1908
L'HÉLICOPTÈRE PAUL CORNU
GONSTRUCTION ET ESSAIS
A la suite des expériences publiques que
nous avions faites à Lisieux en octobre 1906
avec notre modèle réduit, expériences rela-
tées dans l’Aérophile (octobre 1906), un groupe
d'amis se proposa de nous aider, et 125 per-
sonnes nous offrirent, à titre gracieux, cha-
cune 100 francs, soit 12.500 francs, afin de
permettre la construction d’un appareil capa-
ble d'enlever un homme et avec lequel nous es-
périons concourir pour le Grand-Prix Deutsch-
Archdeacon.
Le 30 octobre 1906, nous commandons un
24 HP Antoinette et commençons les plans et
modèles; notre première idée était de faire
un hélicoptère avec de petites hélices à grande
vitesse de rotation, mais craignant de trop
nous écarter des principes connus, nous déci-
dons d'établir l'appareil dans les proportions
se rapprochant le plus des essais faits dans
le même sens : nous voulions aussi faire lé-
ger et ce sont ces deux idées, faire grand et
léger, qui nous ont conduit à employer des
systèmes difficiles de construction et fragiles
Au centre, le siège de l’aviateur et le mo--
teur, ce dernier actionnant par une transmis-
sion spéciale (courroie plate sans fin de 22 me-
tres de long et 100 m/m de large) deux héli-
ces à 2 branches de 6 mètres de diamètre,
fixées aux extrémités du bâti; au centre, à
la portée de l’aviateur : à gauche, un ten-
deur enrouleur formant embrayage; à droite,
la manette d'ascension (avance à l'allumage) ;
au-dessus, une tablette en aluminium, soute-
nue par + tubes et sur laquelle sont fixées les
2 poulies de renvoi et les poulies guides (tou--
tes les pièces tournantes, y compris les hélices,
sont montées à billes); vers le tiers avant du
châssis, le réservoir d’eau (12 litres), circula-—
tion par thermo-siphon ; à l'arrière, lui faisant
équilibre, le réservoir d’essence (7 litres) sous
pression; au-dessus du moteur, le réservoir
d'huile, et sous le siège de l’aviateur, les ac-
cus et la bobine.
Les hélices, partie essentielle de l’appa-
reil, se composent d’une poulie en tôle d’acier
fondu de 1 millimètre d'épaisseur. largeur-
L'hélicoptère Paul Cornu et son dispositif d'essais (vue latérale); M. Paul Cornu est à bord.
qui ont retardé le montage et n’ont pas per-
mis de faire des expériences plus prolongées.
Description de l’appareil. — Le
bâti ayant la forme d’un V très ouvert est
formé d’un gros tube central et de 6 étoiles
également en tubes d'acier armés par des câ-
bles Bowden convenablement entrecroisés,
donnant une grande rigidité. Longueur,
6m. 20; poids, 50 kilos, monté sur 4 roues (1).
Ma(1) Toutes les parliesde l'appareil, tubes ou câbles, sont soudées
à l’étain, afin de conserver aux tubes minces toute leur rigidité,
100 millimètres, diamètre 1 m. 80, que
nous devons à l’habileté et à l’obligeance
de MM. Monnier-Seiter et Pommeret, de Pa-
ris. Ces poulies, que nous avons montées avec
rayons tangents sur des moyeux en alumi-
nium, ne servent pas seulement à la transmis-
sion; mais elles forment, en même temps, le
corps principal des hélices dont le pas est ré-
glable; les palettes sont formées d’une carcasse -
en tubes d'acier aplatis progressivement vers
les extrémités et dont le pied repose sur les
poulies par l'intermédiaire d’une plaquette:
l’Aérophile
“d'aluminium permettant le pivotement sur
elles-mêmes de ces palettes; leur pied se pro-
longe, par un tube, jusqu’au moyeu, où il est
fixé sur une oreille légèrement en dehors du
centre. Les carcasses sont garnies de deux
couches de soie caoutchoutée tendue par un
procédé spécial; leur longueur est de 1 m. 80,
leur plus grande largeur, U m. 90. Ces palet-
tes n’ont par elles-mêmes qu’une faible résis-
tance, et c’est en les relevant au-dessus du
.centre et en les chargeant convenablement de
poids (feuilles de plomb) placés après essais
vers les 9/3 de leur longueur en partant du
.centre, que nous avons pu équilibrer la force
d'enlèvement par la force centrifuge; deux
câbles fixés à la partie supérieure de l’hélice
supportent l’excédent de cette force.
L'entraînement des palettes se fait par
J’'intermédiaire de câbles fixés, d’une part, aux
bords de la poulie, et d'autre part aux 2/3
des branches arrière en passant sur un che-
valet fixé sur la branche d'avant (le système
-est double pour résister aux à-coups du dé-
part et-de l’arrêt). De cette façon, la palette
est tirée dans son ensemble et la tension des
câbles, combinée avec la rotation du pied de
cette pièce, permet la variation du pas; poids
.de l’hélice complète : 24 k. 500.
Systeme de propulsion et direc-
‘tion. — Deux plans formés de cadres en
tubes aplatis tendus de soie (longueur, 2 m. 50,
largeur maximum, 60 c/m) placés immédia-
tement sous les hélices. Ces plans peuvent
pivoter autour d’un axe horizontal passant
par leur centre et sont montés sur deux sup-
ports articulés autour du prolongement de
l’axe des hélices, l’inclinaison de ces plans et
leur déplacement latéral sont commandés par
deux leviers placés à la portée de l’aviateur à
droite et à gauche, et par l'intermédiaire de
transmissions Bowden.
La propulsion est obtenue par la réaction
de l’air refoulé par les hélices de sustentation
sur les plans dont l’inclinaison, commandée
par l’aviateur, fait varier la vitesse et le sens
de la marche; de plus, par leur déplacement
latéral, on obtient la direction. Les plans font
alors l’office d’une hélice de propulsion dont
l'axe pourrait être déplacé à droite ou à gau-
che. Poids du système propulseur et direc-
‘teur : 9 kilos.
Essais. — Comme je travaillais seul à la
construction, celle-ci, commencée en décem-
bre 1906, ne fut terminée qu’en août 1907;
dès les premiers essais, nous reconnaissons la
nécessité d’équilibrer les hélices avec une
grande précision; l’appareil était projeté à
droite et à gauche dès que les hélices prenaient
“le la vitesse, et cependant, un poids de
55 grammes placé à l’extrémité d’une aile et
un de 75 grammes sur l’autre hélice ont snffi
“pour remettre tout en ordre. Les premiers es-
139
sais de réglage terminés, nous commençons à
pousser l’avance à l'allumage, mais la
courroie patine, et nous garnissons de cuir
les poulies, même les grandes, qui, malgré leur
surface, présentent des traces de glissement.
Les rayons, par leur traction, avaient légère-
ment enfoncé la tôle et formé une série de
creux diminuant la surface; enfin, après quel-
ques tâtonnements sur le diamètre de la pou-
lie motrice et le pas des hélices, nous arrivons
le 31 août à faire soulever l’appareil seul. A
ce moment, les hélices atteignent 70 tours;
L'hélicoptère Paul Cornu et son dispositif d'essais
(vue d’en haut).
leur pas est de 2 m. 70 et le moteur tourne à
750 tours ; l'appareil est alors chargé d’un sac
de 50 kilos de sable posé sur le siège, mais le
patinage se fait sentir à nouveau. Après avoir
essayé trois courroies et augmenté le diamèe-
tre de la poulie motrice (18 c/m), le 27 sep-
tembre, le tout est soulevé, soit 235 kilos; les
hélices tournent à 85 tours, le moteur à 850, et
le pas est de 3 mètres. C’est ce pas qui a été
conservé depuis ; ayant augmenté le pas, nous
avons été obligés de charger à nouveau les
palettes; la force centrifuge n'étant plus suf-
fisante, les hélices se cabraient.
À ce moment, voyant les bons résultats ob-
tenus, nous installons le système de propul-
sion et direction, ce qui demande un mois.
Après avoir constaté son bon fonctionnement,
le 8 octobre, l’appareil est transporté à 8 k:-
lomètres de Lisieux, dans une ancienne usine
mise obligeamment à notre disposition par un
membre de l'Aéro-Club, M. Pierre Duchesne-
Fournet.
140
L'installation pour les essais était des plus
simples : un plancher dans un herbage sur
lequel l’appareil était amené pour les expé-
ciences. Le 9 novembre, nous prenons place
dans l'appareil qui, à ce moment, est complet
et pèse exactement en ordre de marche
203 kilos, plus l’aviateur 57 kilos, soit 260 ki-
los à soulever. Aux premiers essais, l’appareil
est presque soulevé, mais il y a encore pati-
uage de la courroie; la poulie motrice est gar-
aie de caoutchouc, et le 13 novembre, pour la
première fois, l’appareil enlevant son cons-
tructeur s'élève à 30 centimètres et y reste
quelques instants, retour au sol occasionné
par le glissement de la courroie; les hélices at-
teignent 90 tours et le moteur 900 (1). Le
même jour, l'après-midi, après avoir retendu
la courroie, l’appareil s’enlève, emportant
et l'action des plans
Paul Cornu dans les
Croquis montrant Ja position
propulseurs de l'hélicoptére
virages.
l’aviateur; mais l'avant se soulevant plus
haut que l’arrière, mon frère qui mettait en
marche le moteur se cramponne au châssis et
se trouve également soulevé à 1 m. 50 envi-
ron.
Nous diminuons lPavance à l'allumage et
revenons au sol sans dégâts; le poids soulevé
à cet essai se décompose ainsi l'appareil
203 kilos, l’aviateur 57 kilos, mon frère 68 ki-
los, soit 328 kilos au total. Mais, surpris par
l'enlèvement brusque, nous n’avons pu contrô-
ler la puissance du moteur et la vitesse des
hélices.
Attribuant l'enlèvement exagéré de l'avant
(1) La puissance du moteur était contrélée par sa vilesce qui n’a
jamais dépassé 900 lours. À cette vitesse, M. Levasseur indiqie
que son moteur Antoinette de 24 chevaux ne peut fair: plus de
12 à 14 HP, dans les meilleures conditions.
15 Avril 1908
de l'appareil à une différence de vitesse des
hélices occasionnée par le patinage sur les.
grandes poulies, nous faisons faire des Lan-
des spéciales de caoutchouc pour les srandes
poulies. Après quelques modifications de dé-
tail et renforcement de certaines zrarties, l'ap-
pareil est essayé le 4 décembre avec rue 1cu--
velle courroie; mais, cette fois encore, le j'a-
tinage des courroies empêche de oroloager la
sustentation plus d’une minute. Quant à
l’équilibre, il paraît bon; l’appareil quitte le
sol des 4 roues simultanément et s'élève jus-
qu'au bout des cordes disposées, par prudence,
aux extrémités du châssis, depuis l’enlève--
ment brusque du 13 novembre. Cette rrécau-
tion était indispensable, nous n’étions que
deux opérateurs à exécuter les essais.
A ce moment, voyant les progrès des acro-
planes qui menacent de gagner le Grau:l-Prix
d'aviation, et espérant pouvoir y arrirer nous-
même assez facilement, si le patinage ce la
courroie est supprimé, nous précipitons les
essais. Mais l'appareil, fatigué par les à-coups
des démarrages durs provenant de la tension
exagérée de la courroie et du caoutchonce fixé
sur la poulie motrice, donne des signes ile fai--
blesse; un axe est faussé, deux palettes sent
brisées, etc.
Nous réparons, et essayons par ious les
moyens d'obtenir l’adhérence sans tension
exagérée. Adhérents, papier, etc., sont essayés
sans résultat. Nous revenons au caoutzhouc
et parvenons à faire établir en Angleterre une
courroie très mince. Nous essayons à
veau le 3 mars 1908. Cette fois, le patinage est
supprimé, mais il est trop tard : les hélices
n’ont plus le rendement du début; elles ne
sont plus symétriques, et dès que le moteur
développe plus de 10 à 12 HP, tout l’ensemble
de l’appareil est pris de vibrations.
nou-
Pendant ces essais, le Grand-Prix d’avia--
tion est gagné, et trouvant les résultats obte-
nus avec notre appareil
cluants, nous décidons la construction d’un
appareil plus simple, modifié suivant l’expé-
rience acquise.
Quant au système de propulsion, le peu de
durée de chaque expérience n’a pas permis de
l'essayer concurremment avec la sustentation,
et c’est sur le sol que ces essais ont été faits.
En voici les résultats : les hélices tournant
à 70 tours, de façon que l'appareil ne puisse
quitter le sol, l’appareil se déplace instanta-
nément dès que les plans sont inclinés soit en
avant, soit en arrière, suivant le sens de l’in-
clinaison donnée aux plans et à une vitesse
d'environ 12 kilomètres à l’heure : cette vi-
tesse paraîtra très réduite. En voici les raïi-
sons : 1° nous n’avons pas cherché la vitesse
pour cet appareil, nous préoccupant avant
tout de ia sustentation ; 2° il suffit pour aug-
menter la vitesse de translation, d'augmenter
suffisamment con--
soit le pas, soit le nombre de tours des hélices .
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l’Aérophile
sustentatrices. Nous en avons été empêchés
par des raisons de transmission expliquées
plu haut; théoriquement, les hélices tournant
à 100 tours par minute, avec un pas de 3 mè-
tres, et les plans étant inclinés à 45°, l’appa-
_reil devait faire du 25 à 30 kilomètres à
l'heure; il aurait certainement fait du 15 à
20, ce qui était bien suffisant pour un début.
Résultats techniques. Poids sou-
Jevé : 260 kilos; puissance déployée : 13 HP
-contrôlés; surface portante : 6 m°; donc
20 kilos soulevés par HP c+ 45 kilos soutenus
par m° de surface portante.
Traction donnée par les plans : 15 kilos en
moyenne; force ascensionnelle absorbée par
la réaction verticale de l’air sur ces plans
7 kilos.
Conclusions. Nous avons donc été
arrêtés, non par un défaut de principe, mais
par un détail de construction : la transmission
par courroie, qui était obligatoire, étant don-
nées les dimensions et la légèreté très grande
de l’appareil. Cependant cette transmission
-était établie d’après les dimensions courantes,
aussi bien comme largeur de courroie et dia-
mètre des poulies que comme vitesse de dépla-
cement. Mais l’épaisseur trop forte des cour-
roies employées à été la cause de tous les en-
nuis. Tant que la force à transmettre n’a pas
dépassé 10 HP, le rendement était parfait,
ce qui explique en partie le poids important
soulevé par HP. La deuxième cause du bon
rendement provient des hélices dont les pa-
lettes très tranchantes, la soie très lisse, et
le peu de largeur facilitaient la pénétration
dans l'air. Il est certain que si les 24 HP du
moteur, dont le fonctionnement était parfait,
-avaient pu être employés, le poids soulevé au-
rait probablement atteint 350 kilos.
Nous croyons donc pouvoir conclure qu'il
-est inutile de faire si grand pour enlever un
‘homme, et que la légèreté n’est pas indispen-
sable; un bon moteur, de bonnes hélices mé-
talliques (la soie ou la toile prenant en mar-
che des formes que l’on ne peut déterminer
ni régler) et une transmission bien établie sur
un bâti simple et solide, doivent permettre
-d’assurer la sustentation d’un appareil ca-
pable d’enlever un homme en dépensant une
force maximum de 15 HP, ce qui laissera suf-
fisamment pour la propulsion, avec un 24 HP.
Le point critique est certainement les héli-
ces : leur surface, leur diamètre, leur vitesse
de rotation, autant de points à déterminer par
expériences. Mais notre ferme conviction est
qu'un hélicoptère à HÉLICES MÉTALLIQUES, D
FAIBLE DIAMÈTRE, A GRANDE VITESSE DE ROTA-
mron doit donner d’excellents résultats. C’est
-dans cette voie que nous allons poursuivre’
nos recherches. Nous pensons établir un appa-
-rell sur ces données dans 3 ou 4 mois; nous
141
ferons le plus petit et le plus simple possible.
Dans l’état actuel de l'aviation, il est
prouvé que l’homme pourra s’élever et se dé-
placer dans l’espace avec deux appareils de
principes différents, l’aéroplane et l’hélicop-
tère. Ces appareils, susceptibles de grands per-
fectionnements, sont actuellement en essais.
Mais le jour n’est pas éloigné où l’on songera
à en faire des véhicules pratiques et venda-
bles auxquels on demandera : une certaine
facilité de conduite, la faculté de pouvoir
partir et atterrir sur un terrain quelconque,
d’avoir une certaine vitesse, et surtout d’être
de volume réduit. Il est certain que l’on exi-
gera plus tard de ces appareïls la possibilité
d’atterrir non seulement sur une place res-
treinte, mais même dans une rue; par son
principe même, l'hélicoptère paraît devoir
remplir assez facilement ces conditions, et tout
en reconnaissant les qualités de vitesse de
l’aéroplane, nous croyons que c’est le système
hélicoptère qui doit donner la solution défini-
tive du véhicule aérien.
Pauz Cornu
L'Aéroplane et le moteur d'aviation Duiaux
(120 chevaux. 85 kilos.)
Les frères Dufaux poursuivent en ce mo-
ment, à Genève, la construction de leur aé-
roplane à grandeur définitive. Cet engin
pourra entrer en essais dans quelques semai-
nes.
Nos lecteurs se rappellent peut-être l'étude
détaillée de l’aéroplane Dufaux (modèle ré-
duit) et de sa partie propulsive utilisée
comme hélicoptère de démonstration, étude
parue dans l’Aérophile de mai 1905 et à la-
quelle on peut utilement se reporter. L’aérc-
pläne à grandeur réelle reproduit les dispo-
.sitions générales du modèle réduit. Sa surface
est de 60 m° et son poids, avec l’expérimen-
tateur, est de 500 kilos. Toute l’armature est
constituée, selon l’ingénieux procédé de cons-
truction imaginé par les frères Dufaux, par
des montants de bois creux.
L’aéroplane est monté sur flotteurs et sera
essayé d’abord au-dessus du lac de Genève.
Les deux hélices seront actionnées par Île
nouveau moteur d'aviation H. et A. Dufaux
et Cie dont le premier exemplaire fut très re-
marqué au dernier Salon de l'Automobile.
En voici les caractéristiques essentielles
détaillées plus loin par les inventeurs eux-
mêmes
Ce moteur qui pèse 85 kilos, développe
120 chx à sa vitesse de régime qui est de
1.500 tours.
Il se compose de 20 cylindres montés en
cinq groupes de quatre sur un arbre mani-
velle à 5 manetons ; chaque groupe est com-
142
posé de 2 cylindres à double effet montés à
tandem. Cette disposition permet, malgré un
poids assez réduit de faire travailler le mé-
tal à une charge très faible.
Le refroidissement est obtenu par une cir-
Le moteur d'aviation extra-léger H. et A. Dufaux,
120 chevaux, 20 cylindres. 85 kilogrammes.
eulation d’eau à l'extérieur des cylindres et
des culasses, dans des chapes rapportées en
cuivre,
Les pistons et les tiges de pistons sont
creux et refroidis par un courant d’air qui
passe constamment à l’intérieur.
La circulation d’eau et d'air est assurée
par une pompe et un ventilateur à force cen-
trifuge, à très grande vitesse.
Le graissage est opéré par trois pompes de
circulation d'huile aspirant lhuile dans un
réservoir commun et l’injectant chacune dans
un tube de distribution qui est muni lui-
même de compte-souttes réglables. Chaque
pompe est également munie du réglage de
débit. Chacun des compte-gouttes est relié
par un tuyau à l’organe qu’il doit graisser.
Bes tubes de graissage sont disposés de telle
sorte que les organes à graisser soient as-
semblés suivant la pression des gaz qu’ils
contiennent. Cette condition est essentielle
pour que le débit des compte-gouttes soit
régulier.
Le châssis d'assemblage des cylindres est
formé de tubes d'acier brasés. Toutes les piè-
ces telles que la manivelle, les tiges des sou-
papes, les arbres à cames, les cames sont
Creuses.
Ce moteur est muni d’un double allumage
ef la distribution du courant secondaire <e
fait sur un tambour fixe ; l’avance à l’allu-
rage est obtenue par le décalage de l’arbre
de commande de la came. Puiros
15 Avril 1908
Etude méthodique du moteur d'aviation.
120 HP Henri et Armand Dufaux. — L'idée -
qui à conduit à la conception de ce type de-
moteur destiné à laviation peut s'exprimer
ainsi obtenir un couple moteur aussi cons-
tant que possible et faire travailler le métal
dont sont construits les différents organes de
ce moteur pendant tout le lemps composant le
cycle complet In moteur à 4 Ltemps.
Si l'on considère, en effet, un moteur ordi-
naire à # lemps, on constale que les organes
principaux tels que le cylindre, la bielle, le pis-
ton ne supportent l'effort résultant de l’explo-
sion des gaz, que pendant un laps de temps
correspondant réellement à moins du 1/4 au
temps total nécessaire à laccomplissement du.
cycle complet.
Ceci étant élabli, si nous pouvons dans ce
même moteur aire travailler le mélal de ces
pièces pendant un laps de temps deux fois plus
considérable sous un effort deux fois moindre,
nous DOURrone admettre : 1° que la force mo-
trice développée par le moteur sera la même ;
2° que la section des pièces supportant l'effort
pourra élre réduile pratiquement de moitié;
3° que le poids de ces pièces sera réduit sensi-
blement de nioitié.
En admettant, par conséquent, que nous pou-
vons construire un moleur dont toutes les.
pièces seraient soumises à un effort constant
peudant un laps de temps correspondant à ce-
lui nécessaire à l’accomplissement du cycle com-
plet, nous réaliserons un moteur ayant un poids.
minimum pour les mêmes matériaux employés
et les mêmes charges admises pour ces : maté-
riaux. D'autre part, si le couple moteur est nra-
tiquement constant, nous pourrons supprimer
les volants et 1l en résullera une notable dimi-
nution de poids.
Etant donné les deux considérations ci-dessus
nous avons pu admettre dans le calcul des:
pièces soumises à des efforts, un coefficient de
sécurité suffisant el nous n'avons pas dû em-
ployer cerlains sublerfuges qui permettent de
diminuer le poids au détriment du fonctionne- :
ment, comme par exemple l'emploi de l'acier
dans læ construction des cylindres. Il est, en
effet, reconnu aujourd'hui qu'un cylindre en
fonte donne des résullals bien supérieurs à ceux
d'un même cylindre construit en acier.
C'est ainsi que le type du moteur qui nous
occupe, qui développe 120 HP à 1.500 tours à la
minute, ne pèse que 85 kilog et que les pièces -
de fonte travaillent à 1,5 kilog. par millimètre--
carré et les pièces en acier telles que l'arbre
manivelle, etc., travaillent à 15 kilog. par mil-
limètre carré.
Description. — Ce moteur se compose de 20 cy-
lindres de 10 millimètres d’alésage sur 110 mil-
limètres de course représentés en A et B sur
la coupe transversale, Ces 20 cylindres sont
dispa en 5 groupes de 4 sur un arbre à ma-
nivelle à 5 manelons. Chaque groupe est com-
posé essentiellement des cylindres A et B reliés -
par les culasses K, L. M; des pistons C, D,
reliés par leurs tiges H el JT: du cylindre for--
mant glissière et de son piston G; et enfin
de la bielle .F. Comme on le voit, les cylindres-
sont à double effet et sont assemblés deux par
deux en tandem. (V. fig. 4 et 3.)
Les cinq manetons sont calés à 72°. de telle
sorle que dans n'importe quelle position de
l'arbre manivelle, il ne se trouvera jamais qu’un
seul maneton au point mort et par contre quatre
manelons en travail.
Le nombre de cylindres étant de 20. à n’im-
porte quelle posilion de l'arbre manivelle, nous
avons toujours 4 explosions et Ja distribution
est réglée de telle facon aue lorsque l'un des
manelons supporte un effort de bas en h«sut, le-
maneton suivant supnorte un effort de haut en
bas. Sur les quatre pislons en Wavaïl, nous au-
VA
l’'Aérophile
CE
Hé
|
U
Coupe pa
cd
Dessins explicatifs du moteur d'aviation 120 HP. 20 cylindres, 85 kilogrammes, d'Henri et Armand Dufaux.
Fig. 4 et ? (en haut). Détails du graissage, vus en élévation latérale à droite et en coupe transversale à gauche. — Fig. 2?
(au milieu à droite). Vue longitudinale — +ig. 3 (au milieu à gauche). Coupe selon & b de la vue longitudinale. — Fig. 4 (en
. Plan de la partie supérieure enlevée. — N, clapet d'échappement du cylindre supérieur. = 0, clapet d'admission du cylindn
. — (, levier de commande des sonpapes d'échappement. — R,
— T, entrées
iges de comman le des soupapes d'échappement
s' engrenage hélicoïdal commandant les arbres à cames.
bas)
‘érence aux autres lettres est donnée dans le corps
supérieur. — P, ti
arbre à cameset cames. — S, distributeur d'allumage. — S’, eng
d'eau. — UÜ, trous de graissage. — V, extrémité de la lige des pistons. (La ré
de l'article.)
144
rons, par conséquent, toujours deux pistons
exerçant leur effort sur les manetons de haut
en bas et 2? pistons exerçant leur effort sur les
manetons de bas en haut. De cette façon, les
efforts résultant des explosions et de linertie
des pièces soumises à un mouvement alternatif
se trouvent praliquement équilibrés.
Le refroidissement est obtenu par une circu-
lation d’eau autour des cylindres et des culasses
dans des chapes rapportées en cuivre. La tem-
pérature devant être répartie régulièrement,
l'eau est admise au centre des cylindres en T
(vue longitudinale) et circule ensuite dans les
culasses respectives. Les pistons travaillant sur
leurs deux faces, il est nécessaire de les refroi-
dir. Dans ce but, une crculation dair est éla-
blie à leur intérieur, les tiges de piston et les
pistons sont creux el la tubulure W les réunit
et leur envoie l'air nécessaire à leur refroidis-
sement. La circulation d'eau et d'air est assurée
par une pompe et un ventilateur à force centri-
fuge tournant à 5.000 tours à la minute (V.
dig. 3 et 4.)
Le graissage a été l'objet d'une étude toute
spéciale et il a élé nécessaire de réaliser le
dispositif suivant pour oblenir une répartition
‘rationnelle de l'huile nécessaire à la lubrifica-
tion des différents organes. Les 3 pompes Y 1,
Y 2, Y 3, aspirent l'huile dans le réservoir Z el
la refoulent dans les -quatre tubes de distribu-
tion X 1, X 2, X 3, X 4. Chacun de ces tubes est
muni d'un certain nombre de cempte-gouttes
réglables. Chaque pompe est également à course
réglable. Chacun des compte-souttes est relié
par un tuyau à l'organe qu'il doit graisser. Les
tubes de graissage sont disposés de telle sorte
que les organes à graisser soient assemblés sui-
vant la pression de gaz qu'ils contiennent. Cette
condition est essentielle pour que le débit des
compte-soultes soit régulier. Par exemple, tous
les comptle-gouttes au tube X 1 seront reliés aux
paliers de d'arbre manivelle et aux têtes de
bielle, tandis que les compte-souttes du tube X #
seront reliés aux cylindres. (V. fig. ? et 1.)
Les manelons sont munis de disques excentrés
reliés par un tube à la tête de bielle et destinés
à assurer le graissase de cette partie par la
force centrifuge.
Le châssis d'assemblage des
formé de tubes d'acier brasés I.
Toutes les pièces telles que le vilebrequin, les
bielles, pistons, tiges des soupapes, arbres à
came et les cames, sont creuses.
Tous les frottements sont établis en bronze
phosphoreux.
Ce moteur est muni d'un double allumage, La
distribution du courant secondaire se fait sur
un tambour fixe et l'avance à l'allumage est
obtenue par le décalage de l’arbre de commande
de la came.
cylindres est
HENRI et ARMAND DUFAUX.
CHAMBRE SYNDICALE
des Industries Aéronautiques
Comité du 28 février 1908. — Présents
MM. le marquis de Dion, Mallet, Louis Godard,
Blériot, G. Besançon, Chauvière, Robert Esnault-
Pelterie, Armengaud jeune, Echalié, J.-A. Far-
cot, le capitaine Ferber, le comte H. de La
Vaulx, F. Max-Richard, Victor Tatin, Charles
Joisin, Caplain-Berger, Hüe, Jahiet, Ernest La-
mort, Lamy-Torrilhon, Ch. Weissman el J. Sée.
Excusés : MM. Juchmès et Ph. Richemond.
I1 est décidé que les réunions mensuelles au-
ront lieu le dernier vendredi du mois, à 5 h. 1/2.
Seuls, les membres du Comité y seront convo-
qués, mais tous les membres de la Chambre
syndicale pourront y assister.
15 Avril 1908
Un dirage au sort donne, ainsi qu'il suit,
l'ordre de renouvellement des membres du Co-
niilé :
En 1909 MM. Ch. Voisin, Levavasseur, le
comte H. de La Valette, M. Mallet, le comte H.
de La Vaulx, L. Godard, KF. Max-Richard.
En 1910 : MM. le capitaine Ferber, Carton,
Armengaud jeune, G. Besançon, Echalié, L.
Chauvière, Guittet.
En 1911 : MM. Ed. Surcouf, L. Blériot, le mar-
quis A. de Dion, Robert Esnault-Pelterie, G.
Juchmès, J.-A. Farcot, V. Tatin.
La Chambre syndicale décide l’organisation
d'un banquet de fondation, et charge son Bu-
reau de se mettre en rapport avec l’Aéro-Club
à ce sujet.
Le comte de La Vaulx signale à l'attention
de ses collègues l'Exposition franco-britannique
qui doit avoir lieu à Londres en mai prochain.
Le Bureau est chargé de faire des démarches
pour obtenir la diminution des tarifs de che-
mins de fer concernant le transport des ballons
et des appareils d'aviation.
Comité du 27 mars 1908. — Présents
MM. le marquis de Dion, L. Godard, Blériot,
Chauvière, Armengaud jeune, Carton, Echälié,
Guittet, le capitaine Ferber, G. Juchmès, J. Sée,
Ch. Voisin, Ch. Weissman.
Adhésions : MM. Léon Delagrange, Jules De-
ville, A. Fontaine, Léon Jouarre, Maison Vve Ca-
mille Arnoul, Jules Simonet.
Une discussion a lieu sur une question d'ordre
particulier aux industriels, et il est ensuite fait
lecture de la correspordance.
Banquet de fondation de la Chambre syn-
dicale des industries aéronautiques. — Con-
formément à la décision du Comité du 28 fé-
vrier 1908, le banquet de fondation de la
Chambre syndicale des industries aéronautiques
a eu lieu le 2 avril, dans la salle de la Biblio-
thèque de l’Automobile-Club de France, sous la
présidence de M. Cruppi, ministre du Commerce
et de l'Industrie, Te général Picquart, ministre
de la Guerre avail bien voulu accepter égale-
ment l'invilalion du Comité ; les membres de
l’Aéro-Club de France étaient admis au banque.
M. Cruppi, ministre du Commerce et de l’In-
dustrie, présidait, entouré de MM. le marquis
de Dion, président de la Chambre syndicale ;
le général Picquart, ministre de la Guerre, le
comte Henry de La Vaulx, vice-président de
l'Aéro-Club de France ; Georges Besançon, secré-
taire général de la Chambre syndicale : René
Grosdidier, député de la Meuse ; le commandant
. Bouttieaux, directeur de l'établissement central
de l'äérostation militaire ; le commandant Voyer,
Maurice Mallet, Louis Blériot, Henry Deutsch
de la Meurthe, Louis Godard, Robert Esnault-
Pellerie, le capilaine Ferber, Ernest Archdeacon,
Armengaud jeune, Lucien Chauvière, Henry
Kapferer, Edouard Surcouf, Charles Voisin,
André Michelin, Henri Farman, Henri Julliot,
Joseph Vallot, Georges Juchmès, le comte
Georges de Castillon de Saint-Victor, Jules Sau-
nière, James Bloch, Emile Bossuet, Ch. de Bi-
gault de Granrut, Boissée, Caplain-Berger, De-
buire, Jéon Delagrange, du Peuty, le docteur
da Silva, Louis Duthu, Delachanal. Echalié, L.
Establie, Ferré, Frantz Reichel, le comte de
Favolle, Paul Guittet, Georges Guittet, René
Gasnier, Hamoir, Hüe, Jouarre, A. Loyal, Al-
fred Leblanc, Georges Le Brun, Labouchère,
Lambert, Mercier, Edgard W. Mix, le comte
Mortimer-Mégret, Marx, François Feyrey, H.
Petit, Raffard, Simonet, Schleg, A. Schelcher,
Paul Tissandier, Gabriel Voisin, Lamy-Torrilhon,
Maurice Méry, Jahiet, Bocandé, Vinet, Voisin,
le comte Economos, le baron Economos, le ca-
pitaine Draullette, Albert Omer-Decugis, Achille
Borgnis, Paul Borgnis, E. Lamort, Marchal,
Paul Bordé, André, Bardou, Regnard, etc.
MELVIN VANIMAN
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Tout ce qui concerne la Navigation Aérienne
l’Aérophile
A Fissue du Fanquet, le marquis de Dion, en
-quelques mots fort applaudis, à expliqué l'ori-
gine de la Chambre syndicale des industries
«aéronautiques, exposé son but et mis en lumière
son utilité et son importance.
Le comte de La Vaulx, au nom de l’Aéro-Cluh
-de France, a bu à la prospérité du jeune grou-
pement corporatif dont l’Aéro-Club a favorisé de
son mieux les débuts.
M. Cruppi, ministre du Commerce, a assuré
la Chambre syndicale de tout le bienveïllant in-
-lérêt que le gouvernement est heureux de témoi-
gner à la locomotion aérienne et aux industries
- qu'elle alimente et fait progresser.
Le général Picquart, ministre de la Guerre,
D ? EF
rappelle en quelques mots les services im-
“menses que rendraient en temps de guerre les
-diverses formes de l'aéronautique,
A la soirée qui suivit, les deux ministres pa-
rurent vivement intéressés par la conférence
du comte de La Vaulx sur les progrès et les
applications diverses du dirigeable, notamment
sur son utilité militaire, et la conférence du ca-
pitaine Ferber sur l'avenir de l’avialion.
Ces deux conférences, illustrées par une série
de projections cinémalographiques dues à
l'obligeance de la Société Gaumont, ont été cha-
leureusement applaudies. — M. DEcoër
A l'Aéro-Club du Sud-Ouest
Dons. — Nouveau prix. — Félicitations
Au diner mensuel du 12 mars dernier, précé-
dant l'assemblée générale annuelle de lAéro-
Club du Sud-Ouest, M. C.-F. Baudry, président
du Club, a porté la santé du chevalier de Wa-
wack-Adlar, qui a fait don à la Caisse du Club
de 5 actions de 100 francs, libérées, de la So-
ciété anonyme des ballons dirigeables.
.M. C.-F. Baudry a onsuile levé- son verre en
Jhonneur de M. Georges Besançon, secrétaire
général (le l'Aéro-Club de France, membre de
TAéro-Club du Sud-Ouest, dont la nomination
-de chevalier de la Légion d'honneur venait de
paraître à l’Officiel.
Prix Panajou. — M. F. Panajou. trésorier
de FAé. C. S. O. à ensuite annoncé quil créait
‘un prix de 1.000 francs. valable jusqu’au 12 mars
1910 inclus, pour le ballon dirigeable qui, parti
de Bordeaux ou des communes suburbaines, al-
terrirait le premier dans la commune de la
Roquille (Gironde), voyage sans escale.
Nomination d’un trésorier adjoint. —
Comme suite à une modification aux slaluts
acceptée par l'assemblée générale, le Comité de
direclion a nommé M. Gonfreville, trésorier ad-
joint (fonction créée).
Ascensions de l’£éro-Club du Sud-Ouest
29 mars. — Bordeaux, usine à gaz de Ia Bas-
tide, 9 h. 40 du m. La Belle-Hélène (1.630 m°) ;
MN. Villepastour, Wigand, Bouche (ce dernier
néophyte). Att. à 4 h. 10, à Saint-Yrieix (Haute-
Vienne). Durée : 6 h. 30. Distance : 157 kil.
ARR
Les Brevets de l’Aéronautique
384753. — 13 février 1907. — Peprox (J.-D.-R.; :
“Machine volante dite crthoptère.
384838. — 9 décembre 1907. — Société nr
« THE AEROPLANO COMPANY » : Aéronef.
384862. — 9 décembre 1907 : Farexc (L.-G.)
Aéroplane à parachute intermittent.
389034. — 14 décembre 1907. — SCcHLOITER
:(G.-A.) Propulseur avec surfaces véritables
*d'hélice, c'est-à-dire avec surfaces délerminées
par le mouvement hélicoïdal d'une génératrice
“autour de l'axe de l’hélice. '
385023. — 22 octobre 1907. — Day (S.-A.)
- Aéroplanes.
145
355120. — 17 décembre 1907. — Surcour (E.) :
Empennage stabilisateur pour ballons diri-
geables.
385121. — 17 décembre 1907. — Surcour (E.) :
Système de campement pour ballons dirigeables.
QUATRIÈME CONFÉRENCE
de la Fédération Aéronautique Internationale
Cette quatrième conférence se tiendra à Lon-
dres, les 27, 28, 29 et 80 mai 1908.
Voici le programme sommaire des diverses
manifestations organisées à cette occasion par
l'Aéro-Club of the United Kingdom, à qui
incombera cette fois l'honneur de recevoir les
délégués des autres nations.
Mercredi 27 mai 1908, à 10 heures du ma-
tin. — Réunion de la F. A. I., à la « Royal
Service Institution » Whitehall, London $S. W.
Jeudi, 28 mai, à 10 heures du matin. —
Réunion de la F. A. I., à la Royal Service
Institution. — L'après-midi, visite à la manu-.
facture de ballons, à South Farnborough, avec
l’autorisation du Ministère de la Guerre.
Vendredi, 29 mai, à 10 heures du matin. —
Réunion de la KF. A. I, à la Royal United
Institution. — L'après-midi, de 3 h. 1/2 à
5 heures, examen des ballons concurrents à
Hurlingham Club. — Le soir, banquet offert
aux délégués de la F. A. I, par l’Aéro-Club
of the United Kingdom.
Sumedi 30 mai. — Concours international
de ballons élevés de Hurlimgham - Club,
Fulham, London S. W.
Dimanche, 31 mai. — Déjeuner à Hurlin-
gham-Club, Fulham, London $S. W.
INDICATEURS DE PENTE POUR AÉROPLANES
{Réponse à M. Goupil.)
En ma qualité de père de l’idée de l’indi-
cateur d’horizontale, pour laquelle la Com-
mission d'aviation a créé récemment un prix
de 500 francs, je me vois obligé de défendre
«mon enfant » contre « la condamnation sans
appel » prononcée, dans le dernier numéro de
l’Aérophile, par notre ami M. Goupil.
Quoique me proclamant bien haut son très
modeste élève, je tiens, cependant, à en appe-
ler aujourd’hui du jugement, peut-être un
peu hâtif et insuffisamment étayé, de mon ex-
cellent maître.
M. Goupil déclare, dans son article, qu’un
indicateur de pente « ne servira à rien, à
moins qu'on ne marche en air calme ».
Si l'argumentation de M. Goupil était dé-
montrée solide, je serais obligé d’aller plus
loin que lui, et de dire : «il ne servira à rien,
même en air calme ». Je suis donc plus « roya-
liste que le roi! » Nous verrons d’ailleurs cela
tout à l’heure.
146
Prenons donc, de suite, l'argumentation que
l’on nous oppose :
M. Goupil nous dit que l'indicateur de
pente « ne servira à rien, parce que l’angle
qu'il faudrait connaître est l’angle de l’aéro-
plane sur le vent relatif. Or, le vent est ra-
rement horizontal, et nous n'avons aucun
moyen de connaître son inclinaison ».
Théoriquement, M. Goupil n’a pas tout à
fait tort, quand il dit que le vent est « rare-
ment » horizontal; mais il a tout à fait tort
en attribuant à ce fait l’importance « rédhi-
bitoire » qu’il lui attribue.
La déclivité du vent existe en effet, (parfois,
non toujours), et peut avoir plusieurs causes
la première et la plus connue, c’est que, en
venant frotter sur des pentes, au voisinage
immédiat de la terre, il finit par épouser sen-
siblement leurs déclivités.
Encore, faut-il que ces pentes soient de
grande étendue sans être bombées, comme les
flancs d’une « montagne ronde » ; car alors, le
vent « préfère prendre la tangente », que de
monter la pente.
Je ne sais pas si on a cherché à mesurer *
l’ascendance du vent montant une montagne
abrupte, mais ce cas ne doit pas nous inté-
resser, car, lorsqu'on en arrivera là, l’aéro-
plane pourra ou devra planer plus haut que
le sommet de la montagne; et, à cette hauteur,
le vent ne sera plus ascendant.
L’aéroplane rencontrera très rarement, dans
la pratique, des vents ayant des incidences su-
périeures aux plus fortes pentes de nos routes
(10 % par exemple), cé seulement, s'il navigue
très près de terre.
Mais, dans ce cas, le vent, se trouvant
« freiné » par les multiples obstacles du sol,
dépasse très rarement 4 ou 5 mètres à la se-
conde.
Or, les aéroplanes « d'aujourd'hui » font
15 mètres à la seconde; et ceux de demain fc-
ront 20 mètres, 30 mètres et plus.
D'après ces données, tâchons de nous rendre
compte des effets perturbateurs de « ce vent
relatif » que M. Goupil prétend nous jeter
« dans les ailes ».
Supposons, si vous voulez, l'appareil mar-
chant à 20 mètres à la seconde (vitesse propre),
contre un vent de 5 mètres, ayant lui-même
une pente ascendante de 10 % :
Le déplacement de l'appareil dans l'air, sera
de 20 — 5 — 15 m. à la seconde. Or, le vent de
5 mètres à la seconde, à 10 % de pente, nous
5m
a surélevé, en une seconde, de io
Le vent « relatif » aura donc pour pente
50c" 1
Û PEN y
— — — c'est-à-dire 3,3 %.
1500 € 7 30 L FE
Supposons maintenant que le vent est ar-
rière.
Ee déplacement, dans l'air, étant de 20
— 0m. 50.
15 Avril 1908
+ 5 = 25 mètres, la pente du vent relatif sera
cm
2.500 c"”?
Or, l’on admet que l’angle moyen à faire
conserver à l’aéroplane est de 10 %; je dis-
moyen pour dire qu’on prendra souvent des
angles (de chute ou de montée), de 15 %
par conséquent, une approximation de 2 à
3 % dans les indications sera probablement,
dans la pratique, tout à fait suffisante.
Et encore, je le répète, j'ai calculé sur des-
vitesses de vent de 5 mètres, et une pente de-
10 %, conditions qui ne sont presque jamais
atteintes dans la pratique.
D'autant que les plaines sont, en France,
plus fréquentes que les montagnes, et que,
à part un cas dont je vais dire deux mots,
les déclivités du terrain sont les véritables-
causes du vent ascendant.
D'autre part, M. Goupil s’est entièrement
trompé quand il a dit que « l'indicateur de-
pente » marquerait exactement dans le cas
où il n’y aurait pas de vent.
En effet, il arrive souvent, dans les pays
chauds, (surtout quand n'y à aucun vent
horizontal), que l’air, en se surchauffant au
contact du sol (surchauffé lui-même par les
rayons du soleil), prend, de par sa plus faible
densité, un mouvement ascensionnel continu
vers les couches plus froides et plus denses de
l'atmosphère. Cet air chaud ascendant est
peut-être capable de monter à 50 centimètres-
à la seconde, et de troubler, lui aussi, les in-
dications de mon indicateur d’horizontale,
tout autant que dans l’hypothèse où il y au--
cette fois de soit = soit 2 %.
- rait du vent.
Mais, dans ce cas-là comme dans l’autre..
je persiste à dire que les perturbations appor-
tées dans les indications de mon appareil se--
ront, dans la pratique, très peu importantes.
Mais j'irai plus loin encore et je dirai ceci
Si ces perturbations se produisent eb si
elles ont quelque importance, je m'en aperce-.
vrai toujours; et l’indicateur de pente me don--
nera, quand même, des indications précieuses :
Chacun sait que si je prends un angle d’at-
taque trop fort, ma résistance à l'avancement
augmentera. Cela fera ralentir mon moteur
et mon hélice, dont le régime et le pas n’au-
ront pas été prévus pour cette résistance anor-
male.
Or, supposons que j'aie constaté, à la suite
de plusieurs expériences successives, qu'avec
un vent horizontal et avec un angle d’attaque-
de 6°, par exemple, mon moteur tourne à son
régime normal de 1.200 tours (lus sur le
compte tours), et mon appareil garde une tra--
jectoire sensiblement horizontale. A ce mo-
ment-là, je pourrai dire que mon appareil est
« taré »
Si, en effet, au cours d'une autre expé--
rience, je puis marcher avec 10 % à l’indica-
teur de pente sans faire ralentir sensiblement-
l'Aérophile
mon moteur, et que, comme contrôle supplé-
mentaire, je constate que mon appareil prend
nettement une marche ascendante, je saurai
à n’en pas douter, que ce phénomène vient
d’un courant d’air ascendant, dont je pourrai,
très probablement, arriver à évaluer exacte-
ment l'importance. Surtout si je complète
mon matériel de bord par un anémomètre à
indications instantanées dont notre bon ami
M. Goupil, déjà nommé, s’est toujours fait,
avec raison, le chaleureux apôtre, et qui me
permettra encore d’instituer un troisième pro-
cédé de contrôle en mesurant, à tout moment,
et avec divers angles d'attaques, ma vitesse
réelle de translation par rapport au courant
relatif.
Je veux espérer, pour conclure, contraire-
ment aux pronostics pessimistes de M. Goupil,
qu'on pourra réaliser, pour diriger les aéro-
planes d’autres organes de renseignement que
l'œil exercé de l’aviateur, ou la vue du sol,
sans quoi, la direction dans la nuit noire. ou
même seulement dans la brume, serait une
chose tellement précaire qu’il faudrait déses-
pérer de suite de l’avenir de l’aviation, dont
je ne veux pas, malgré tout, désespérer encore.
ERNEST ARCHDEACON
Rrrrrrso nr
LES ÉTAPES DE L’AVIATION
Delagrange conquiert les Records
et la Coupe Archdeacon
Superbes expériences du « De-
lagrange II ». -_ La lutte courtoise en-
gagée dans la deuxième quinzaine de mars,
entre Léon Delagrange et Henri Farman pour
la conquête du record de distance en aéro-
plane, suspendue par le mauvais temps, a
repris au premier beau jour.
M. Delagrange avait mis à profit le séjour
forcé au hangar, pour parfaire la mise au
point de l’appareil. L’excellent moteur An-
toinette de 50 chevaux, 8 cylindres, avait été
muni d’un réservoir d’eau supplémentaire de
5 litres ce qui portait à 20 litres la quantité
totale d’eau de refroidissement. Dans ces con-
ditions, le moteur put tourner, au point fixe,
pendant 18 minutes, sans chauffer le moins
du monde. On sait que pour gagner le Prix
Armengaud jeune de 10.000 francs, il suffit
de se maintenir un quart d'heure en l’air, en
machine volante.
Prêt le premier, M. Delagrange reprenait
le 10 avril, à Issy, ses tentatives officielles,
sous le contrôle de MM. le capitaine Ferber,
François Peyrey et Paul Tissandier, représen-
tant la Commission d’Aviation de l’Aéro-Club
de France.
Malgré la longue interruption de son en-
traînement, le brillant aviateur retrouva du
premier coup toute sa maîtrise. Autour d’un
polygone jalonné par des fanions, il décrivit
147
en circuit, un parcours aérien de 2.500 mètres
environ et aurait ainsi battu le record officiel
d'Henri Farman (2.004 m. 80 le 21 mars),
s’il n'avait un instant, trois secondes peut-
être, effleuré le sol en cours de route,
Les spectateurs furent frappés du vol aisé
de l’engin, de sa maniabilité, des virages à
la corde que son aviateur lui faisait décrire
avec une précision parfaite. Ces heureux ré-
sultats si rapidement obtenus sont tout à
l'honneur des belles qualités sportives de Léon
Delagrange, de son adresse et de son sang-
froid. Mais ils prouvent aussi la réelle facilité
de conduite, la belle stabilité du modèle d'ap-
pareil créé par les frères Voisin. Si l’on totali-
sait, en effet, la durée des vols effectués de-
puis janvier, par le Delagrange IT (je ne parle
pas des séances d'entraînement au sol, pour
se familiariser avec une impression nouvelle
et avec la manœuvre des organes de com-
mande) on trouverait quelques minutes à peine
de translation dans l'atmosphère. Or, ces
courts instants ont suffi pour faire de M. De-
lagrange un « homme volant » parfaitement
au courant de son métier. Certainement
avait-il mis, comme moi-même, dans un passé
déjà lointain, beaucoup plus de temps pour
savoir monter et surtout virer à bicyclette.
Faudrait-il en arriver à cette conclusion pa-
radoxale, appuyée d’un exemple probant : la
conduite du biplan de Voisin serait plus aisée
à apprendre que « l’art de monter à bicy-
clette » ? Il y suffirait d’un peu plus d’audace.
Cette constatation inattendue, serait sin-
gulièrement heureuse pour la vulgarisation :le
l'aviation.
Léon Delagrange bat les re-
cords de distance et de durén
d'Henri Farman et conquiert la
Coupe Archdeacon. -_ Une séance
de vol mécanique de 9 minutes
15 secondes. -_ 3.925 metres en
6 minutes 30 secondes, en plein
vol sans contact. -- Le lendemain,
11 avril, dans une séance merveilleuse de
9 m. 15, sans arrêt, sinon sans contact au sol,
Léon Delagrange, régulièrement inscrit à
l'Aéro-Club de France, avait la gloire de
battre largement les records de distance et
de durée détenus par son rival et ami Henri
Farman et de devenir le troisième tenant de
la Coupe Archdeacon.
Les premiers essais se firent dans la matinée,
à Issy, sous le contrôle de MM. Robert Is-
nault-Pelterie, Henry Kapferer et François
Peyrey, représentant la Commission d'aviation
de l’'Aéro-Club de France. Une piste à quatre
côtés, avait été tracée au moyen de 4 fanions
espacés de 400 mètres du premier au deuxième,
de 200 mètres, du deuxième au troisième, de
300 mètres du troisième au quatrième et de
300 mètres du quatrième au premier. Vers
11 heures, les essais commencèrent, contrariés
1 48
par un vent frais, irrégulier et tourbillon-
neux.
La séance interrompue par le déjeuner, ne
reprit qu’à 5 h. 30. Le vent était moins vif.
La piste était cette fois indiquéa par des fa-
nions placés aux trois angles d’un triangle
dont les côtés avaient respectivement 350, 200
et 275 mètres de côté, soit un périmètre de
825 mètres. Léon Delagrange, encouragé par
ses amis, prenait place à bord; le moteur An-
toinette, 50 chevaux, était mis en marche et
au bout de quelques dizaines de mètres, Poi-
seau artificiel s’envolait. Pendant les deux
premiers tours, l’aéroplane vola près du sol
et, par malchance, effleura deux fois le ter-
rain, dans la légère abaïssée qui accompagne
Ja sortie d'un virage. « Fort heureusement,
écrit dans l'Auto, M. François Peyrey, té-
moin oculaire, M. Léon Delagrange corrigea
ce défaut et parvint sans le moindre contact
au sel, à accomplir encore près de cinq fois
le cireuit de la piste triangulaire, à 3 mètres
y
=
15 Avril 1908
nique détenus par le vainqueur du Grand-Prix
Deutsch-Archdeacon, avec 2.004 m. 80 en
3 minutes 31 secondes, depuis le 21 mars 1908.
Il ne s'arrêta, brisé de fatigue, que parce que
sa provision d'essence pour 10 minutes était
épuisée.
IL est superflu de faire ressortir quelles ma-
gnifiques espérances autorisent des progrès si
rapides. Où seront les records à la fin de l’an-
née, pour l’heureux vainqueur du premier des
prix Michelin? Le prix Armengaud jeune
(10.000 francs pour 1/4 d'heure de vol méca-
nique sera-t-il même à gagner encore dans
quelques jours ?
La glorieuse performance de Léon Dela-
grange, donne plus de force aux éloges que
nous lui décernions plus haut. C’est vraiment
un homme et un sportsman que cet artiste,
descendu l’année dernière de sa tour d'ivoire,
pour se jeter en pleine bataille scientifique et
industrielle et y connaître en quelques mois
le triomphe.
Photo Roll.
Léon Delagrange, sur son aéroy line n° 2, double en plein vol un des fanions de virage dans sa tentative
victorieuse en vue des recois de distance et de durée et de la Coupe Archdencon, le 11 avril 1908.
de hauteur moyenne. » Aussitôt après le deu-
xième contact, les commissaires avaient repris
leurs mesures et leur chronométrage, comme
l'exige le règlement, ils constatèrent ainsi que
le parcours sans contact au sol était de 3.925 m.
en 6 minutes 30 secondes. In comptant les
deux premiers tours, la séance avait duré sans
arrêt du moteur, 9 minutes 15 secondes pour
un parcours de 5.573 m. env., mesuré de fa-
nion à fanion. L'appareil laissant les fanions
à l’intérieur du circuit, avait en réalité »f-
fectué un parcours beaucoup plus grand; mais
il est nécesaire au point de vue pratique ct
sportif, d'adopter comme commune mesure je
périmètre de la piste tracée, de même que dans
les vélodromes le parcours est compté à la
corde, même si le cycliste « voyage » fort à
l'extérieur. La règle est la même pour tous
aux intéressés de serrer la corde au plus pt
Officiellement donc, Léon Delagrange a ravi
à Henri Farman, par 3.925 mètres de vol sans
contact au sol, en 6 minutes 30 secondes, les
records de distance et de durée en vol méca-
D'aussi bon cœur nous saluerons le succès
de ceux qui furent pour lui des aides et des
amis précieux et dévoués, et qui nous ont do-
tés du premier aéroplane automobile, prati-
que, accessible à tous, d’un engin qui cessa
si vite d’être un appareil de démonstration,
pour devenir un type courant, usuel, cons-
truit dès maintenant en série. J'ai nommé les
frères Voisin. =
Il serait injuste d'oublier la part capitale
qui revient au moteur extra-léger Antoinette,
dû à Levavasseur. Triomphant avec Santos-
Dumont, à la naissance du vol mécanique,
avee Henri Farman dans le Grand-Prix
Deutsch-Archdeacon, les records de distance
et de durée et la Coupe Archdeacon, il l’em-
porte encore avec Léon Delagrange : jusqu’à
présent, en aviation, il n’a pu être battu que
par lui-même. Le 11 avril, il absorba, sans
une défaillance, toute la provision d’essence
disponible, et avec l’augmentation de sa pro-
vision d’eau, il aurait pu continuer indéfini-
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l’Aérophile
149
Les Héroplanes « Bliériot VIII » et « IX »
M. Louis Blériot, l'ingénieur distingué
dont nos lecteurs connaissent les brillantes
“expériences d'aviation, sera l’un des premiers
aviateurs installés au parc d’aviation de
PAéro-Club, à Issy-les-Moulineaux. Il achève
«y édifier un solide hangar en fer et bri-
ques, de 17 mètres de longueur sur 17 mè-
tres de largeur, y compris un appentis.
Là seront abrités ses deux nouveaux en-
gins, prêts à entrer en essais, le Blériot VIII
(voir photo) et le Blériot IX, tous
deux monoplans, dérivant des pré-
cédents engins et dont voici les prin-
cipales caractéristiques :
Blériot VIII. — Corps fuselé de
10 mètres de long, de section qua-
drangulaire sur lequel sont montés, à
l’avant, 2 ailes de 11 m. 80 d’enver-
gure et à l’arrière, un gouvernail de
profondeur et un gouvernail verti-
cal, avec dispositifs spéciaux de
commande, le tout tendu de papier
parcheminé verni et supporté par un
châssis métallique articulé, élastique,
à 3 roues folles, dont deux en avant,
une en arrière.
Surface portante : 25 m. 8.
Moteur Antoinette de 50 chevaux,
8 cylindres, logé dans le corps fuselé,
comme l’aviateur lui-même, et action-
nant une hélice avant à 4 branches
flexibles, de 2 m. 20 de diamètre et
1 m. 30 de pas.
Blériot IX. Corps de 10 mè-
tres de long, et de section quadran-
gulaire à l’avant, triangulaire à l’ar-
rière. Ailes mobiles à leurs extrémi-
tés.
Moteur Antoinette de 65 chevaux,
16 cylindres, actionnant une hélice
avant à 4 branches flexibles, de
2 m. 10 de diamètre et 1 m. 30 de
pas.
Les hélices à branches fiexibles es-
sayées par M. Blériot, comparative-
ment avec des hélices rigides de
similaires caractéristiques, lui ont
donné un rendement de 20 % meil-
leur. Leur effort de traction au point
fixe, s’est chiffré par 125 kilos.
Les essais du Blériot VIII commen-
ceront incessamment.
Ils seront impatiemment attendus.
On sait, en effet, que dans ses
constructions successives d’aéropla-
nes, M. Louis Blériot s’est orienté
définitivement vers l’aéroplane ra-
pide.
La conclusion de son dernier ar-
ticle de l’Aérophile en fait foi.
Il a été amené ainsi aux formes
étirées, aux lignes fines, coupantes qui don-
nent à ses engins un aspect particulièrement
plaisant et aérien et, des formes générales
à celles qu’on rencontre dans la nature.
Cliché de la Locomotion” Automobile.
L'Aéroplane Blériot n° $.
A. CLéry
Siège social
PARTIE OFFICIELLE
Convocations
Conseil d'administration, 6 mai, à 5 h.
Comité, jeudi 7 mai, à 5 h.
Commission scientifique, 27 avril, à 5 h.
Commission sportive, sur convocalion du Bu-
reau.
Commission d'aviation,
Bureau.
Diner mensuel, jeudi 7 mai 1908, à 7 h. 1/2,
en l'Hôtel de l'Automobile-Club, 6, place de la
Concorde. Prix du couvert : 8 fr., tout compris.
Les inscriptions pour le diner, réservé aux
seuls membres du Club, sont reçues, accompa-
gnées du prix du couvert, la veille au plus tard.
Assembiée générale
statutaire du 9 avril 1908
La séance, tenue en l’hôtel de l’Automobile-
Club de France, est ouverte à 9 h. 1/2, sous
la présidence de M. L.-P. Cailletet, membre
de l’Institut, président de l’Aéro-Club de
France.
Sont présents : MM. L.-P. Cailletet, Georges
Besançon, Santos-Dumont, E. Zens, E. Arch-
deacon, le comte de Chardonnet, Helwig, le
comte de La Vaulx, J. Bloch, le comte de Cas-
tillon, le comte H. d'Oultremont, L. Blériot,
A.-B. Lambert, Pupier, Barbotte, H. Guul-
laume, Pierron, M. Monin, A. Leblanc, H.
Kapferer, E. Carton, P.-R. Jourdain, Bos-
suet, Tranchant, R. Esnault-Pelterie, Dele-
becque, L. Delagrange, G. Blanchet, R. Loy-
pel, P. Gasnier, M. Echalié, Marcel Kapferer,
H. Julliot, Paul Tissandier, Janets, P. Bordé,
G. Dubois, Farcot, Bachelard, E. Hue, E.
Cosson, Ch. de Granrut, Chauvière, Ch. Weiss-
man, Ach. Borgnis, P. Borgnis, E. Giraud,
Pierre Perrier, M. Mallet, A. Omer-Decugis,
A. Michelin, François Peyrey, P.' Regnard,
Louis Godard, R. Grosdidier, L. Daubrée,
le marquis de Kergariou, L. Capazza, Léon
Barthou, le comte A. de Contades, A. Delat-
tre, R. Soreau, H. Deutsch de la Meurthe,
André Le Brun, Frank $S. Lahm, J. Sau-
nière, J. de Villethiou, Auriol, baron J.
Evain, M. Baucheron, etc.
Le président ouvre la séance en prononçant
l’allocution suivante
sur convocation du
ALLOCUTION DU PRÉSIDENT, M. L.-P. CAILzETET.
Mes chers collègues,
L'Aéro-Club de France a été fondé en 1898, le
voilà arrivé à sa dixième année d'existence.
Que de progrès accomplis depuis cette époque
15 Avril 1908
BULLETIN OFFICIEL
DE L’AËRO-CLUB DE FRANCE
63, avenue des Champs-Elysées, Paris (VIN)
Télégrammes : AÉROCLUB-PARIS. — Téléphone : 666-21
encore rapprochée de nous, par notre jeune So-
cicté. Les associations humaines ont, comme les
saisons, leur printemps, époque de sève, de
croissance et de développement.
Notre Aéro-Club est donc en possession de
toute l’activilé, de toutes les énergies, de toutes
les vaillances qui sont l'apanage de la jeunesse.
Je n'ai pas à célébrer ici de nouveau les bril-
lants résultats conquis pendant les années écou-
lées, vous les connaissez el vous y avez ap-
plaudi, mais je ne puis me dispenser de vous
rappeler les tout récents succès, dont notre So-
ciété peut, à juste titre, se montrer fière.
Le prix de 50.000 fr., fondé par MM. Deutsch
de la Meurthe et Archdeacon, vient d'être rem-
porté par M. H. Farman, qui, le premier, avec
un appareil plus lourd que l'air, s'est élevé dans
l'espace et s'est dirigé suivant un programme-
strictement défini.
Celte heureuse victoire est le présage assuré
des nouvelles conquêtes qu'il se propose d’ac-
complir.
Les nombreux et habiles émules dont nous sui-
vons, avec le plus vif intérêt, les remarquables
essais et les tentatives dignes de tout éloge,
continuent de leur côté de lutter et sont prêts-
à parlager son triomphe.
Les mémorables voyages accomplis par nos
dirigeables ont attiré l'attention du monde en-
tier. C'est pour notre cher pays une gloire dont
nous sommes surtout redevables à MM. Le-
baudy, Julliot, Deulsch de la Meurthe, ainsi
qu'au. commandant Boutlieaux.
Je ne saurais passer sous silence l'ascension
si brillamment accomplie par M. Leblanc à
Saint-Louis.
L'Aéro-Club de France lui a accordé sa grande
médaille d'or pour le remercier de l'avoir si
dignement représenté en Amérique. Ce n’est que
par un malheureux hasard qu'il n’a pu gagner,
la Coupe Gordon-Bennett, malgré un séjour:
dans les airs, de 44 h. 3 m., qui lui assure le
record mondial.
Nous avons tous applaudi à da haute distinc-
tion dont vient d’être honoré notre excellent et
dévoué secrélaire général, M. Georges Besan-
çon.
La croix de la Légion d‘honneur que le gou-
vernement vient de lui accorder est la juste ré-.
compense du rare talent et du dévouement pro-
digués à notre œuvre par M. Besançon.
J'ai hâte de lui donner la parole. Le rapport
qu'il va vous soumettre est un exposé net et
complet de la situalion actuelle de notre Société-
dont l'incessant développement est attesté par:
le nombre de nos nouveaux adhérents.
Nous étions l’année dernière 592 sociétaires.
Grâce aux précieuses recrues que nous avons
faites, notre nombre s'élève aujurd'hui à 720
et j'ai l'intime conviction que nous pouvons
compter, d’une façon absolue, sur l'activité et
la sciencé de nos nouveaux amis.
Quand les applaudissements se sont calinés,
le président donne la parole à M. Georges Be-
sançon, secrétaire général, pour la lecture de.
son rapport.
@ù
l'Aérophile
RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL,
M. Georces BESANCON.
Mes chers collègues,
Une fois encore, le moment est venu de jeler
un coup d'œil en arrière, et de dresser le bi-
lan annuel de nos travaux, de nos efforls el
d nos progrès. Cette tradition est pour nous
déjà ancienne ; il se trouve même qu’elle s'al-
firme aujourdhui pour la dixième fois. Il se-
rait peut-êlre bon d'en profiler pour examiner
aussi, succinctement, les résullals de celte pre-
mière décade de notre existence, au cours de
laquelle l'Aéro-Club de France, enfant à peine
né en 1898, s'est développé si rapidement dans
la pleine conscience de sa force progressive
pour arriver aujourd'hui à sa florissante majo-
rilé.
Cet exposé, dont vous voulez bien me char-
ger, est pour moi un honneur dent je sens tout
le prix en même lemps que j'en redoute, chaque
année davantage, les difficullés et les périls.
Comment, en effet, faire tenir dans les courts
moments qui nous sont réservés, l'histoire au
abrégée que l'on voudra, de tout ce qui est ar-
rivé dheureux et d'imporlant en locomolion
aérienne, histoire qui ressemble assez, je tiens
à le dire tout de suite, à celle même de nolre
association.
J'essaierai donc seulement de retenir les
principaux événements et des plus caractéris-
tiques, en suivant l’ordre habituel, et de vous
parler successivement
1° De l'aéroslation dans ses applicalions spor-
tives et scientiliques :
2° Des ballons dirigeables ;
3° Des appareils d'aviation :
%° Enfin, des faits principaux de notre vie so-
ciale.
I
L'aeroslation sportive en 1907
Depuis sa création, l'Aéro-Club de France est
devenu le centre principal de l'aérostation spor-
-tive, soit par les ascensions exécutées à son
pare privé des Côteaux de Saint-Cloud, soit par
celles que ses pilotes ont effectuées au dehors.
Les tableaux et les graphiques que vous pou-
vez voir dans cette salle vous renseignent
d'un coup d'œil sur les progrès incessants de
cette forme du sport aérien.
En ce qui concerne les ascensions du parc de
l’Aéro-Club qui nous touchent de plus près,
elles se totalisent en ces chiffres globaux, réa-
lisés du 1* janvier au 31 décembre 1907 :
Gaz consommé : 274151 m°. Fassagers enle-
vés (111 femmes-aéronautes) 871. Kilomètres
parcourus : 48-506. Durée de séjour dans ld'al-
môGsphère : 1.872 heures.
L'année dernière, les mêmes chiffres n'étaient
que de :
Gaz consommé : 231.860 m°. Passagers enle-
vés : 600. Kilomètres parcourus : 27.532. Durée
de séjour dans l'atmosphère : 1.022 heures.
D'une année à l’autre, les chiffres des ascen-
sions au parce de l'Aéro-Club présentent une
ausmentation de :
42.291 m° de gaz consommé, soit une pro-
gression de plus de 18 %: 271 passagers, soit
une progression de plus de 45 % : 20.79% kile-
mètres parcourus, soit une progression de plus
de 76 %: 850 heures de séjour dans l’atmos-
phère, soit une progression de plus de 83 %.
Envisageant les ascensions exécutées par nos
pilotes en France, en dehors de molre parc.
nous trouvons les chiffres suivants, pour l'an-
née 1907, du 1* janvier au 31 décembre :
Gaz consommé : 153.570 m°. Passagers enle-
vés (3 femmes-aéronaultes) 447. Kilomètres
151
parcourus : 13.177. Durée de stjour dans l'at-
miosphère : 645 heures.
Additionnons done anaintenant pour 1907 les
ascensions effectuées au parc de I 'Aéro-Club el
celle de nos pilotes dans la France entière
MOUSRATTIVE SO NEMReS ETe fenlecenser nes
191 ascersions ; 431.287 m° de gaz consomme ;
1.31$ passagers, dont 15% femines-aéronaules ;
62.251 kilomètres parcourus ; 2.517 heures de sé-
jour dans l'atmosphère.
Tec
Nalurellement, dans ce nombre énorme de
\véyages aériens, il entre une majorilé de
simples excursions au gré du vent. Un de nos
collègues, souvent lauréat de nos épreuves,
M. Ernest Barbotte, a fait à lui seul, l’année
dernière, aussi bien en concours qu'à titre de
simple promenade, 40 ascensions nécessitant,
38.000 ni de gaz, en compagnie de près de
SU passagers. Voilà, n'est-il pas vrai, de la vul-
garisalion bien comprise et fructueuse. On na
saurait trop se féliciter de ce remarquable dé-
veloppement du tourisme aérien.
Je remarque de même avec plaisir la preuve
d'intérêt donnée à l’aérostation esportive par
de hauts personnages, tels que M. le Ministre
de la Guerre. M. le Ministre des Travaux pu-
blics et par S. A. KR. le prince Albert de Bel-
sique, qui voulurent bien prendre le parc de
l’Aéro-Club comme point de départ de leur pre-
mière ascension. Vous reconnaitrez à ce signe
le chemin parcouru par l'idée aérienne, et la
place qu'elle à prise dans les préoccupations
contemporaines.
D'aulre part, les belles ascensions sportives
ont .été aussi nombreuses que d'habitude ; nos
pilotes ont continué à montrer des qualités d’en-
trainement el d'énergie qui n’ont pas peu con-
ltribué à gagner notre cause devant l'opinion.
Il m'est impossible de vous énumérer les plus
remarquables performances.
Pour les signaler d’un irait rapide, .je veux
simplement rappeler d’abord, en dehors des con-
cours à dates fixes, le superbe voyage de Saint-
Cloud à l’île de Rugen (mer Baltique), qui valut
à notre énergique collègue, M. Alfred Leblane,
aidé de M. Mix, de devenir le tenant actuel de
la Coupe du Gaulois.
Quant aux concours, ils-ont été nombreux et
réussis, bien que parfois contrariés par le mau-
vais temps.
Deux épreuves d'atterrissage. organisées. l’une
à Poitiers, le 12 mai, l’autre au parc, le 20 oc-
lobre, ont permis à nos pilotes de faire leurs
preuves d'adroits manœuvriers. Les lauréats
furent, dans la première épreuve, MM. le vi-
comte de fa Brosse, René Gasnier, le marquis
de Kergariou, dans ordre. Dans la deuxième,
MM. Henry Kapferer, Maurice Monin, André Le
Brun. dans cet ordre également.
Mais, vous le savez, c'est surtout aux courses
de distance que va le principal intérêt sportif.
La première de l'année (concours de prin-
temps), organisée le 19 mai, a permis à notre
camarade, François Peyrey, de se placer bril-
lamment premier, serré de près par MM. Blan-
chet et Bachelard.
C'est plus loin encore, et toujours vers le sud
que M. Paul Tissandier est allé conquérir la
place de premier dans le concours de distance
du 13 juin: après lui, étaient encore classés,
MM. René Gasnier et Alfred Leblanc.
Notre Grand Prix d'Eté, disputé le G juillet,
a conduit en Allemagne les concurrents les
mieux piacés. M. Bachelard l'emportait dans
cette épreuve devant MM. Guffroy, Leblanc et
Fené Gasnicr, également lauréats.
Notre grande fête classique du Grand-Prix de
l'Aéro-Club de France, ouverte à nos sociétés
affiliées, organisée pour la troisième fois. fut
peu favorisée par le temps. Dans ces conditions,
152
les acronautes durent faire preuve d'une éner-
gie et d’une force morale remarquables, voyü-
geant toute la nuit dans une direction dänge-
reuse. Les sociétés alliliées à lAéro-Club se tail-
lèrent dans cette épreuve une large part de
succès, et M. Delobel, représentant le jeune Aéro-
Club du Nord, descendu en pleine mer, faillit
payer chèrement le légitime désir de vaincre ;
après lui, M. Cormier, représentant de l'Aéro-
nautique-Club de France, se place excellent
deuxième ; les autres places d'honneur revien-
nent, dans l'ordre, à MM. Guffroy et Carton, ex
æquo, et Barbolte. ï , “
Enlin, si la Coupe aéronautique Gordon-Ben-
nett, disputée pour la deuxième fois en Amé-
rique, n'a pas vu le triomphe de nos champions,
du moins ont-ils montré toute leur valeur et à
quel point ils avaient mérité l'honneur de vous
représenter. M. Leblanc, placé deuxième, après
avoir parcouru 1.39% kilomètres, a réussi, avec
son compagnon, M. Mix, à battre largenvent le
record mondial de la durée, en prolongeant
son ascension pendant près de deux jours el
deux nuils, exactement 4% h. 3 m., dépassant
de trois heures le temps du vainqueur de la
course, M. Erbsloh. e
La médaille d’or de l'Aéro-Club de France,
qui lui a été décernée, sera ratifiée, j'en suis
certain, par votre approbation unanime.
Votre Comité aura bientôt à désigner ceux
jui défendront cette année, nos couleurs dans
la Coupe Gordon-Bennett, disputée à Berlin. Il
n'aura que l'embarras du choix parmi des aéro-
nautes d'élite. Quelle que soit la glorieuse incer-
iitude du sport, tout nous autorise à avoir con-
fiance dans une fortune plus clémente. À
Enfin, les prix annuels d'aérostation sportive,
pour 1907, soulignent les rares mérites d’un
de nos collègues par une répétition significa-
tive ; ils se trouvent ainsi attribués :
Prix de la longue durée : M. Alfred Leblanc
(4h: 3m). à
Prix de la longue distance : M. Alfredi Leblanc
{1.39% kil.).
Prix des meilleurs résultats sportifs
fred Leblanc.
: M. AI
IL
Applicalions scientifiques de l'aéroslation
Comme vous venez de le voir, l'aéroslation
sportive se développe avec une rapidilé inouïe.
Mais, il ne faut pas oublier que l’Aéro-Club a
toujours tenu à honneur de faire du sport,
auxiliaire et le serviteur de la science. C'est
ainsi que nous avons réussi à donner à nombre
d'ascensions un caractère de recherches tech-
niques d'ordres divers.
Malgré les ressources limitées d'un budget
strictement alimenté par des cotisations privées
et dépourvu de toutes subventions, nous avons
notamment réussi à participer aux ascensions
internationales qui se font tous les mois, et qui
apportent à la météorologie une moisson de
renseignements du plus haut intérêt. L’Aéro-
Club s'est imposé, sur sa Caisse, de grands sa-
crifices, en réduisant à 0 fr. 10 le prix du mètre
cube du gaz utilisé dans ces ascensions. Nos
pilotes ont répondu, comme il convenait, à cet
appel indirect. ÿ
Parmi les ascensions météorologiques exécu-
iées en France, l’année dernière, citons celle du
ballon lAllair, piloté par M. Maurice Farman,
qu'accompagnaient M. Senouque, astronome et
imétéorologiste, et le docteur Gastou.
M. Senouque à publié, à la suite de ce voyage,
une excellente note sur le « Point en ballon » ;
le docteur Gastou, une intéressante série d'ob-
servations physiologiques.
Le 5 septembre également, M. Alfred Leblanc
15 Avril 1908
participait aux ascensions mensuelles interna-
tionales, ayant à bord, comme observateurs,
MM. Joseph Jaubert et Edgard Mix.
Un de nos jeunes collègues, le docteur Jacques
Soubies, a résumé dans une thèse brillante les
données physiologiques qu'il avait élé recueillir
lui-même, en compagnie de notre collègue,
M. Nicolleau, et du docteur Crouzon, dans les
profondeurs de l'atmosphère. Les trois ascen-
sions physiologiques qu'il a exéculées ont donné
à sa thèse inaugurale de docteur en médecine,
Ja Physiologie en ballon, un caractère tout
à fait original et personnel qui lui a permis de
coordonner et de compléter Nes observations de
ses devancicrs.
Vous n'ignorez pas que la photographie aéro-
nautique est largement récompensée par un
concours dont la fondation est due à la géné-
rosité de M. Jacques Balsan, et que d’autres
donateurs ont tenu à enrichir. Les lauréats de
cette année furent, dans l’ordre. MM. Wenz, le
lieutenant Bellenger, Paul Tissandier, André
Schelcher, Albert Omer-Decugis, Michel Bour-
geois, le capitaine Hinterstoisser, Moussard. Le
caractère franchement aéronautique et géodé-
sique que ces divers envois achève de prouver
quels services l'emploi du ballon, secondant les
puissants moyens de la photographie, peut
rendre à la science topographique.
Enfin, dans chacun de nos grands concours
sportifs annuels, une récompense spéciale est
réservée au concurrent qui présente le livre de
bord le plus intéressant au point de vue météo-
rologique. Les lauréats furent, pour cette an-
née : M. Alfred Leblanc (concours du 13 juin);
M. Mix, médaille de la Société météorologique
de France, et M. Guffroy, médaille de la Com-
mission scientifique pour les livres de bord du
Grand Prix d'Eté du 6 juillet 1907.
Quant aux feuilles d'observations dressées par
la Commission scientifique et remises au départ
à chaque pilote, elles reviennent en grand
nombre au secrétariat, garnies d'observations
intéressantes. Il serait à souhaiter, cependant,
que cerlains de nos collègues se montrassent
plus réguliers dans le relour de ces précieux
documents.
TIl
Les dirigeables
Nous en arrivons maintenant à la forme la
plus anciennement réalisée de l’aéro-locomotion
automobile.
Sans être bien ancien, le ballon dirigeable
n'en est plus, chez nous, à gagner sa cause ;
il donne mieux et plus que des espérances : il
-est entré dans la réalité de tous les jours: il à
déjà rendu des services pratiques absolument
incontestables. L'éclat et la valeur de ces ser-
vices n'ont fait que s’accroître et s'affirmer au
cours de 1907.
C'est encore en France que ces progrès ont
revêtu leur forme la plus palpable et la plus
démonstrative, et cela, sous trois types absolu-
ment différents el qui vous sont bien familiers.
Je cite, dans l’ordre chronologique des essais
de l’année dernière :
Le dirigeable de La Vaulx, le dirigeable Pa-
trie, le dirigeable Ville-de-Paris.
Dans son dirigeable de cube réduit, le comte
de La Vaulx a effectué, au commencement de
l'année dernière, une série d’ascensions extré-
mement intéressantes par la maniabilité de l’en-
gin, son peu d’encombrement, sa facilité de dé-
montage : il réussit à mener à bien ces essais
très probants au cours d’un hiver rigoureux.
Les unités plus puissantes qui vont bientôt être
créées, feront, nous y comptons, autant d'hon-
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neur à l'ingéniosité de notre vice-président et à
ses capacités d'aéronaute qu'aux mérites de
notre habile collègue, le constructeur Maurice
Mallet.
Quant au type Palrie, créé par l'ingénieur Jul-
liot, il est laboutissement d'une merveilleuse
campagne d'expériences commencées avec le Le-
baudy, et gloricusement continuées. Ce ballon,
dont les applications militaires ont eu lieu sous
la direction des officiers aérostiers, a fait partie
de notre matériel de guerre. Il a effectué, en
1907, 31 ascensions, figuré à la revue de Long-
champ, transporté à son bord le président du
Conseil et le ministre de la Guerre ; il est allé
saluer le président de la République à Ram-
bouillet, pour revenir ensuite à son garage; il
a exécuté les belles ascensions en circuit de
Chalais-Meudon à Etampes, et Chalais-Fonlaine-
bleau (140 kilomètres) en 4 heures, atteint sans
dommage une altitude de 1.325 mètres, et, comme
couronnement de ces exploils, il a traversé la
moitié du territoire français pour gagner Ver-
dun, son port d'atlache définilif, accomplissant
cette performance, annoncée à l'avance, en
6h. 45, pour 240 kilomètres. Il est vrai qu'une
panne banale de mécanisme le mit, quelques
jours après, à la merci des vents déchaïinés, et
lui fit faire un prodigieux voyage jusqu'au sein
des mers polaires ;: mais, ce malheureux évé-
nement n’en démontre pas moins la robustesse
du matériel, le parfait calcul de ses éléments
et le minutieux réglage de tous ses organes.
Sous quelques semaines, un aulre dirigeable
du même type, dû à notre savant collègue,
M. Henri Julliot, République, commencera des
essais militaires dont le succès ne fait aucun
doute pour personne, en attendant peut-être le
lancement, sur la mer aérienne, du plus puis-
sant navire que l'homme y ait encore aventuré,
engin étudié par M. Julliot.
Au lendemain de la perle du Patrie, tous les
regards s'étaient tournés vers un ballon de
puissance à peu près égale, mais de modèle tout
différent, qui comptait déjà à son actif des per-
formances remarquables ; je veux parler du
Ville-de-Puris, créé par M. Henry Deutsch de la
Meurthe, nolre généreux collègue qui a déjà tant
Jfait pour la locomotion aérienne, et qui doit
trouver, en son succès personnel, la récompense
de splendides sacrifices et d’une intelligente té-
nacilé.
Les espérances fondées sur cet aéronat ne
furent pas décues: faut-il rappeler que dès le
15 janvier 1908, un autre ballon avait gagné à
son tour la frontière par la voie aérienne, el.
sentinelle vigilante, occupait à Verdun la place
laissée vide par le Patrie. C'élait le couronne-
ment d'une série d'essais menés avec une mé-
thode el une habileté hors de pair par un de
nos collègues, M. Henry Kapferer, qui s’est ré-
vélé aussi remarquable sportsman qu'ingénieur
distmoué. Je me hâte d'associer à ce grand suc-
cès, M. Edouard Surcouf, à qui sont dus les
plans de ce superbe aéronat. A lui revient l'hon-
neur d'avoir établi le dirigeahle français qui a
accompli le plus long parcours en circuit fermé
(Sartrouville-Coulommiers et retour).
Après de tels résullafs. l'utilité du dirigeable
Saffirme devant les plus prévenus, et je n’en
veux pour preuve que les nombreux projets mis
Sur pied et aussi l'afflux des capitaux qui se
portent vers ce nouveau moyen de locomotion
et de transport, En art militaire, tout au moins,
la construction de dirigeables s'impose actuel-
lement à tout Etat soucieux de maintenir son
armée à la hauleur des progrès de la science.
Ceux de nos collègues qui ont mis ce fait hors
de contestation, ont bien mérilé de la cause.
153
IV
L'avialion
Si le développement du ballon sphérique et
le progrès du ballon dirigeable étaient chose
escomplée par tous ceux qui suivent d'un peu
près le mouvement aéronautique, l'essor admi-
1able de l'aviation, pourtant évident Gepuis la
première envolée de Santos-Dumont en 1906, à
dépassé, l'année dernière, les espérances les plus
optimistes.
Nous voyons des hommes, soutenus sur les
ailes de loile d'oiseaux artificiels, parcourir,
sans défaillance, des kilomètres et des kilomè-
tres, virer, revenir à leur point de départ, le
dépasser et exécuter une série de circuits fer-
més autour d'un point désigné à l'avance. Celte
chose admirable, qui fut le rêve millénaire de
l'homme, est entrée dans la vie courante, et
nous trouvons tout naturel de voir notre col-
lègue Henry Farman, notre collègue Léon Dela-
grange, et leurs émules, s’enlever à leur gré,
évoluer dans l’espace.
il ne fault pas que cette accoutumance nous
fasse oublier la difficulté vaincue, la grandeur
et l'opiniâtreté de la lulte, le mérite de tous
ceux qui, à un titre quelconque, ont vaillam-
ment contribué au triomphe actuel, et parmi
eux, nous reconnaissons presque toujours des
camarades.
Il me sera permis d'adresser ici un hommage
sincère et profond aux hommes de la première
heure comme aux bons ouvriers plus récemment
venus, à ceux qui prepagerent l'idée, dissipèrent
les préjugés, suscitèrent, par de généreux en-
couragements, l’émulation de toutes les bonnes
volontés, comme à ceux qui matériahsérent nos
espérances et fournirent la preuve expérimen-
tale : aux Archdeacon, aux Santos-Dumont, aux
Deutsch de la Meurthe, aux Blériot, aux Voisin,
aux Delagrange, aux Farman, aux de La Vaulx,
aux Armengaud, aux Michelin, aux Esnault-Pel-
terie, et à tant d'autres dont l’énuméralion se-
rait trcp longue.
Je n'essaierai pas de suivre les expériences au
jour le jour, et, cependant, pour être jusle, je
devrais le faire, car ainsi sortirait mieux la
série d’ellorlts, de déceptions, d'espérances et de
déboires, de succès triomphantis, enfin, grâce
auxquels l’aviation est en train de nous créer
un monde nouveau.
_ Après le succès de son aéroplane N° 14 bis,
Santos Dumont essaie encore son N° 15, eb le
brise à la fin de son premier essor. IL poursuit
ses essais avec son ingéniosilé ordinaire et sur
la fin de l'année, nous montre son élégante « li-
bellule » artificielle, qui donne, du. premier coup,
des résultats inléressants.
Louis Blériot, dont la malchance égale le mé-
rile, construit son N° 5, parcourt 184 mètres
avec son N° 6, créé encore deux nouveaux ap-
pareils, dont un lui permet de fournir deux vols
de 4% à 500 mètres, et risque sa vie, heureuse-
ment conservée, dans une chute de 25 mètres
de hauteur, à bord de l'aéroplane le plus ra-
pide que l’on ait encore monté.
LGon Delagrange fournit à deux hommes à qui
l'aviation doit beaucoup, les frères Gabriel et
Charles Voisin, l'occasion de donner leur me-
sure, en leur faisant étudier et construire son
premier appareil à bord duquel Charles Voisin
franchit 60 mètres. L'exemple de Delagrange de-
cide notre collègue Henry Farman à demander
à son lour aux frères Voisin un appareil de
même type. Entre ses mains habiles de sports-
man rompu à toutes les difficultés des sports
mécaniques, la démonstration par Je fait avance
à rapides envolées. Quelques essais pour se
mettre l'appareil en mains; puis, le premier
essor suivi de vols plus prolongés atteignant
jusqu'à 200 mètres, el Farman se sent en me-
154
sure de disputer le premier des prix de 150 m.,
créé par da Commission d'aviation de l'Aéro-
-Club de France. Il le gagne le 23 oclobre. Deux
jours après, il réussit à battre avec 770 mètres
en 52 secondes, le record, toujours debout de-
puis près d'un an, établi par Sanlos-Dumont, le
12 novembre 1906 (220 m.) : il devient de ce fait
le deuxième tenant de la Coupe d'aviation créée
par celui qui s'est fait l'apôlre vibrant, le pro-
moteur dévoué de la locomotion nouvelle en
France, notre vaillant collègue Ernest Archdea-
con, dont vous saluerez avec moi la noble et fé-
conde initiative.
Le 10 novembre, Farman réussit facilement
son premier virage, et le 13 janvier 1908, dans
cette plaine d'Issy-les-Moulineaux, qui est üeve-
nue le rendez-vous de lous les Parisiens sou-
cieux du progrès moderne, il conquiert la ma-
gnifique prime allouée par MM. Deutsch de la
Meurthe et Archdeacon, pour le kilomètre en
circuit bouclé en aéroplane. Ne trouvez-vous pas
amplement méritée la grande médaille d'or de
l’Aéro-Club de France, la plus haute récompense
-dont nous disposions, décernée par surcroît à
Henry Farman pour cette inoubliable perfor-
mance ?
Saluons bien bas le succès de Farman : il
nous à donné Ja pleine conscience de nos
‘forces ; il a montré aux avialeurs quel avenir
magnifique s'ouvrait devant eux, avenir plus
proche encore que l’on n'aurait osé l’espérer, et
qui verra se transformer la face du monde. Il a
surexcité l'ardeur de ses émules.
Delagrange. à son tour, dans un appareil iden-
tique, vient de réussir, au bout de huit jours
d'entrainement contrariés par les intempéries,
des performances à peu près comparables, s'ad-
jugeant, entre lemps, le premier de nos prix
des 200 mètres.
Robert Esnault-Pelterie nous avait montré, à
Buc, les premiers vols de l'aéroplane le plus ori-
ginal et le plus personnel comme conception que
nous eussions encore vu. Il en avait à la fois
inventé la disposition et le moteur. Il a prouvé
quel magnifique parti on pouvait en tirer, et,
continuant ses recherches, il fera cerlainement
beaucoup mieux encore celle année.
Le comte de La Vaulx avait également réussi
à quitter le sol, payant d'un accident, qui au-
rait pu être grave, son premier essor.
De, tous côtés, de nouveaux aéroplanes se
construisent Kapferer, Maurice Farman, Er-
nest et Paui Zens, Levavasseur et Ferber. ces
deux ouvriers de la première heure, achèvent
ou ont terminé des engins dont 1908 verra Je
succès.
Dans une voie différente, notre collègue,
M. Breguet, a réussi à élever du sol le premier
appareil muni d'hélices ascensionnelles qui ail
emporté à la fois son avialeur et son moteur en
ordre compiet de marche.
Une mention spéciale est due à tous ceux qui
ont aidé à ce progrès, qui onl même permis sa
réalisation. en créant un moteur léger, encore
indispensable à nos ailes un peu faibles, parti-
culièrement à Levavasseur, le premier en date.
\ tous, nous adressons les chaleureux com-
pliments de leurs collègues pour l'immensilé
des services qu'ils ont rendus, et qu'ils rendront
encore à Ja science el à leur pays, et pour l'hon-
neur qui en reéjaillit sur leur Club.
D'ailleurs, s'ils sont de plus en plus nom-
breux, grâce à la géncrosilé de nos collègues,
les avialeurs trop longtemps méconnus, auront
à se partager une moisson d'encouragements
vraiment dignes de leurs efforts. L'exemple de
MM. Deulsch de la Meurthe el Archdeacon a
porté ses fruits.
Après la création du prix Armengaud. de
10.000 francs, voici que MM. Michelin frères ont
15 Avril 1908
créé cel ensemble unique de récompenses qui
s'appellent la Coupe d'aviation Michelin et le
prix spécial Michelin, dont le montant total
s'élève au chilfre colossal de 260.000 francs es-
pèces.
Jamais aucun sport, jamais aucune science: :
nouvelle n'avaient reçu, de particuliers, une
prime aussi importante.
Tout à côté figureront encore les 2.500 francs
du prix Montefiore ; les 5.000 francs de la Com-
mission d'aviation de l’Aéro-Club de France ; les
500 francs du prix Triaca ; les deux prix des
200 mètres restant à gagner ; le prix des 500 fr.
pour un concours d’indicaleur de pente, et le
prix de Ja hauteur dont le chiffre s'élève tous
les jours.
Il me sera permis d'exprimer à tous ces gé-
néreux promolews de progrès la gratitude de
l'aéronautique française.
D'ailleurs, les efforts de nos aviateurs ne se-
ront qu'activés par celle pluie de billels bleus ;
ils nous ont montré de quel désintéressement
ils étaient capables. habitués depuis longtemps
à travailler, à luller, à se dévouer pour l'hon-
neur !
V
Aclivilé intérieure et exléricure
Telle est, aussi résumée que possible, l'œuvre
sportive et scientifique de notre Club au cours
de 1907.
Toutefois, ce coup d'œil sur 1997 ne serait pas
complet si je ne mentionnais rapidement les
autres manifestations de notre activité, soit à
l'intérieur du Club, soit à l'extérieur.
Le nombre de nos membres a suivi cette an-
née une progression plus rapide que jamais ;
c'est la meilleure preuve que notre Société est
maintenant bien assise, que ses services sont
appréciés du public et goûlés de tous ceux que
les questions aériennes en général ne laissent
pas indifférents.
Les aviateurs fraternisent de plus en plus
avec les aéronautes. Quelle que soit la diffé-
rence du but poursuivi et des moyens employés,
les uns et les autres ont compris qu'ils avaient
un commun terrain d'entente : la recherche
désintéressée du progrès aéronautique et le dé-
veloppement d'une science et d'un sport qui de-
meurent après tout, sous toutes leurs formes,
une des plus glorieuses créalions du génie fran-
çais.
Je vous signale l'accroissement parallèle du
nombre des piloles-aéronautes qui est passé de
S9 en 1506 à 102 en 1907. et aussi l'augmenta-
tion considérable, par rapport à l'année der-
nière, de notre flotte aéroslatique, soit comme
nombre des unités, soit comme jauge globale.
L'Aéro-Club de France el ses membres possèdent
actuellement 121 ballons sphériques.
Ce progrès de l'aérostalion nous imposait le
devoir de la rendre plus agréable et plus com-
mode encore à praliquer. C'est ce que votre
Comité s'est efforcé de faire, en apportant au
pare des Côteaux de Saint-Cloud d'importants
remaniements, en y édifiant ur nouveau han-
gar, dont l'élégance simple fait honneur à celui
de nos collègues qui a bien voulu en dresser
les plans et en surveiller la construction : M. An-
dré Granet.
Bientôt, un mât à signaux, don de M. Amé-
dée Bastier, fera flotter au vent. les jours de
fête, les couleurs joyeuses de ses oriflammes.
Les grandes terrasses regarnies de gazon et
décorées de corbeilles de fleurs. achèveront de
donner à cel aérodrome. qui n'était, au début
de notre Sociélé, qu'un terrain vague, à peine
couvert d'herbe pelée, celte élégance et ce con-
fort que les sportsmen ont le droit d'exicer.
Le côté ulililaire n'a pas été oublié, ef il est
cut
l’Aérophile
à présumer que, sans aucune charge pour l'Aéro-
Club de France, la Société concessionnaire du
gaz hydrogène à bon warché pourra, dès cette
année, fournir à nos pilotes ce gaz léger qui
rendra les voyages aériens plus faciles encore
et moins coûteux.
Ce même souci du confort nous a amenés à
chercher un nouveau siège social plus en rap-
port avec le nombre de nos membres, et aussi
avec la vie de Club qui a commencé à naïtre
parmi nous. Ces nouveaux locaux sont encore
modestes, assurément, mais déjà plus vastes et
plus élégants.
J'espère, Messieurs, que par votre exemple,
votre prosélytisme, vous nous faciliterez des vi-
sées encore plus ambitieuses, et qu'avant peu
d'années, l’Aéro-Club aura enfin le home véri-
tablement luxueux, digne de son importance et
de ses services.
- Cependant, n'oublions pas que, dans une So-
ciété comme la nôtre. le meilleur élément de
vitalité, c'est l'action, l’expérimentation directe,
que le véritable siège social d'un Aéro-Club est
son parc d'aéroslalion et son parc d'aviation.
Ce parc d'aviation, qui nous manquait, nous le
possédons aujourd'hui, grâce à la bienveillance
éclairée de M. de Minisire de la Guerre. Nous
ne dissimulerons pas qu'il n'est peut-être pas
encore parfait; nous ne pouvons pas nous en-
gager trop vite sur un terrain que nous ne pos-
sédons qu'à titre précaire ; mais, le principe est
acquis el nos aviateurs sont assurés de trouver
dans le Club, le même zèle et le même dévoue-
ment qui ont si bien réussi à développer l’aéros-
tation. :
L'occasion s'est présentée celte année, d’hono-
rer la mémoire de collègues disparus, comme
nous l’avions fait en érigeant aux aéronautes
du siège le monument qui orne aujourd’hui une
des sorties de Paris. Depuis le 18 août 1907, à
Stains, à l'endroit même où périrent, victimes
de leur dévouement à la science, deux de nos
vaillants collègues, le baron de Bradsky et
Paul Morin, s'élève maintenant une modeste
pierre de granit qui rappellera aux générations
futures de quels sacrifices il a fallu payer les
_progrès dont elles bénéficieront.
Quant à notre activité extérieure, elle s'est
développée normalement.
Plus nombreuses encore sont les Sociétés
aéronautiques françaises qui nous apportent,
par leur affiliation, un appoint de puissance
morale et d'autorité dont nous ne pouvons que
leur savoir gré. Le nombre des Sociétés affiliées
à l’Aéro-Club de France. qui était l'année der-
nière de six, s'élève maintenant à huit, qui sont,
dans l’ordre alphabétique
L'Académie aéronautique de France, l’'Aéro-
Club de Nice, l'Aéro-Club du Nord. l’'Aéro-Club
du Rhône, l'Aéro-Club du Sud-Ouest, l'Aéronau-
tique-Club de France, le Club Aéronautique de
VAube, la Société Française de navigation
aérienne. :
D’autres sociétés sont en formation un peu
partout ; ces nouveaux groupements attesteront
que la France entend bien rester la patrie d’élec-
tion de l’Aéronautique et que, dans leur union
avec l'Aéro-Club, tous les aérophiles français se
préparent à défendre vigoureusement des inté-
_rêts sportifs, scientifiques et économiques sans
cesse grandissants. Du même coup. nous avons
pu conserver à la France, au sein de la Fédé-
ration aéronautique internationale, la situation
à laquelle elle a droit, qui, grâce aux efforts de
. (ous, ne pourra que s’accroitre.
Ces intérêts sportifs et scientifiques sont d'ail-
leurs connexes d'intérêts matériels de plus en
» plus considérables. L'année 1907 se caractérise
en effet, par l'essor indusiriel ef commercial
auquel la locomotion aérienne a donné lieu.
De vieilles maisons qui, aux temps difficiles,
155
surent garder à la France une incontestable su-
périorilé dans la construction aéronautique, ont
vu naître, Sans jalousie aucune, @e jeunes con-
currents, dont certains se sont spécialement
voués aux appareils d'aviation, ou Se sont ap-
piiqués à créer et fabriquer des moteurs spé-
ciaux. Ces nouveaux venus, suivis de tous leurs
confrères des industries annexes, se sont im-
posés dès le début; ils aideront puissamment
à conserver à notre pays une suprématie qui
fut une de ses gloires et qui restera, espérons-
le, un de ses heureux apanages.
Imbus de cette idée, et conscients du brillant
avenir qui s'ouvre devant eux, les industriels
furent amenés tout naturellement à se grouper
pour soutenir et défendre leurs intérêls corpo-
ratifs. Ils ont créé la Chambre syndicale des
industries aéronautiques.
En assistant récemment au banquet de fon-
dation du nouveau syndicat, M. le ministre du
Commerce et de l'Industrie et M. le Ministre de
la Guerre ont donné à l'industrie aéronautique
tout entière, un gage précieux de l'estime et de
la sympathie précieuse des pouvoirs publics.
Il me plait de constater que les membres de
l'Aéro-Club de France étaient nombreux à cette-
fête inaugurale, soulignant ainsi l'appui éner-
gique que la Chambre:syndicale des industries
aéronautiques rencontra chez mous dès ses dé-
buts : je puis même dire, dès sa naissance.
++
Il me resterait encore, Messieurs, à vous re-
tracer à grands trails l'histoire de notre Club-
depuis dix ans. Ce serait vous infliger la lecture
d'un second rapport remis à l'appui de la de-
mande de reconnaissance d'utilité publique. Je-
n'aurai pas celte cruauté ; je vous en résumerai
seulement la conclusion
En dix ans, l'Aéro-Club de France a créé, ou
du moins, à régénéré l'aérostation proprement
dite. Il a fait surgir ses applications pratiques,
il a codifié ses épreuves, groupé les aéronautes
du monde entier en une alliance internationale,
capable d'aider aux progrès de tout genre et de
défendre les intérêts communs du sport aérien
dans tous les pays.
La renaissance du ballon-automobile s’est ef-
fectuée avec ses encouragements, dans son sein
et sous ses auspices. Notre Club a également
présidé à l'avènement de l'aviation moderne, la
forme de locomction la plus parfaite que l'homme
ait jamais pu rêver ; il a donc ajouté au patri-
moine scientifique el sportif de notre pays.
En même temps, en lui créant un milieu sym-
pathique, l’Aéro-Club de France a provoqué le
développement d'une industrie prospère qui,
dans quelques années, pourra se comparer,
sans doute. à l'industrie issue de l’automobi-
lisme terrestre. Le mouvement d’affaires provo-
qué par l'aéronautique encore bien mo-
deste en 1898, — se chiffre aujourd'hui par
des millions. La construction aéronautique fait
vivre aujourd'hui des centaines d'ouvriers, sans
parler des industries annexes telles que celles
des fabricants de vernis, de moteurs spéciaux,
de pièces métallurgiques, de tissus, de produits
chimiques, d'appareils de précision, etc.
Tout cela a été obtenu, avec les seules res-
sources sociales. augmentées de générosités pri-
vées de nos membres. Notre prospérité finan-
cière, la sage adrainistration du trésor commun,
l'augmentation rapide du nombre de nos socié-
taires, nous permettent d'envisager l’avenir sans
crainte, avec la certitude de faire face aux nou-
veaux devoirs el aux nouvelles charges que le
développement du mouvement aéronautique ac-
tuel pourra nous imposer.
Néanmoins, lorsqu'il jouira de la personnalité
légale par une reconnaissance d'utilité publique,
qui augmentera encore son autorité et son pres-
tige, notre Club verra s'offrir à lui de nouvelles
156
ressources auxquelles sa silualion légale actuelle
la contraint, plusieurs fois déja de renoncer :
je veux parler des dons et legs importants qui
lui furent offerts et dont il ne put entrer en
possession. : nt
Aussi, voire Comité a-t-il conlinué dans ce but
ses instantes démarches, auxquelles le temps
écoulé et les services rendus donnent plus de
chance d'aboutir. Le rapport établi dans ce but
suit pas à pas les indications que la bienveil-
lance officieuse des pouvoirs administratifs vou-
lut bien nous tracer. Vous verrez là, comme
noi, un heureux augure.
Dans cette requête se trouve notamment men-
tionnée d'importante contribution apportée par
la flotte aérienne du Club à la défense nationale.
Nos ballons, vous le savez, ont été immatriculés
et mis bénévolement à la disposilion des auto-
rités militaires, pour servir dans les forteresses
«en Cas de mobilisation. Avec le matériel, nous
fournissons les pilotes ; el, nos nombreux col-
lègues pourvus du brevet d’aérostiers de forte-
esse, pourraient apporter, en cas de guerre, à
notre remarquable service de l'aérostation mili-
taire, le concours précieux de sportsmen rompus
à toutes les traîtrises de la mer aérienne, amou-
reux des entreprises hasardeuses, aussi héroï-
quement dévoués que leurs glorieux aînés du
siège de Paris, qui, malgré leur inexpérience,
rendirent de-si éminents services. ;
Lorsque les auto-ballons et les appareils
d'aviation seront devenus d'usage courant parmi
nos sociétaires, ils fourniront à leur tour leur
puissant appoint à notre sécurilé nationale.
Cette considération d'intérêt patriotique achè-
vera, nous l’espérons, d'assurer à notre demande
l'accueil favorable du gouvernement,
Aussi bién, à considérer notre œuvre de dix
années, son caractère d'utilité publique n'appa-
rait-il pas évident? Nous venons de voir ses
bienfaisants résultats économiques et l'influence
heureuse qu'awra exercée l’Aéro-Club en appor-
tant de nouveaux éléments de prospérité à la
fortune publique.
Mais, il est une autre manière d'étre utile. à
son pays, c'est d'augmenter son patrimoine
scientifique, d'accroitre son prestige sportif, de
faire honneur à la fois à ses qualités intellec-
tuelles et à son caractère, œuvre plus durable
même que tout autre, parce que les services
rendus à la science et au progrès universel ne
se prescrivent point. L'humanité reconnaissante
en garde à jamais la mémoire.
Vers ce très pur idéal, Messieurs, s'est tendu
votre effort commun de dix années. Si des sa-
tisfactions plus positives semblent enfin s'offrir
aujourd'hui au labeur, au talent. au dévouement
de beaucoup d'entre nous. ils ne renonceront
point, eux non plus, à penser que, sans négli-
ger des résultats plus terre à terre, nos regards
doivent continuer à se porter loin et haut, vers
les cimes !
De vifs applaudissements saluent la lecture
-de ce rapport souvent interrompu par des
marques unanimes d'approbation.
Au nom de l’Assemblée, le président félicite
le secrétaire général de son travail si clair et
si documenté.
I1 donne ensuite la parole au comte Georges
de Castillon de Saint-Victor, trésorier, pour
la lecture de son rapport qui se trouve résumé
ci-dessous :
« L'état de recettes et de dépenses du 1* jan-
vier au 31 décembre 1907 présente comme re-
cettes : en cotisations, droits d'entrée, affiliations
de sociétés, 38.670 fr.; intérêts, location de bal-
1ons, droits sur les passagers, droits d'engage-
ments, 8.625 fr. 20. Si à ces sommes on ajoute
le remboursement du gaz payé en 1906, les ré-
15 Avril 1908
serves 1906 el diverses aulres recettes, on ar-
rive au total de 108.172 francs. ;
« Les dépenses diverses : localion du terrain
de Saint-Cloud, avance sur fourniture de gaz et
les frais généraux s'élèvent à 86.091 fr. 75, lais-
sant comme disponibilités au 31 décembre 1907
une somme de 22.080 fr. 25.
« Le budget établi pour 1908 prévoit : en coti-
sations et droits d'entrée, une recette principale
de 35.000 fr. et en dépenses spéciales : 4.500 fr.
en médailles, expositions et concours, 1.000 fr.
pour les ascensions à prix réduits, ce qui per-
met de verser en réserve 2.110 fr., les diverses
sommes existant à litre de prix, dépôts, etc.,
ligurant à part. »
Ces chiffres démontrent surabondamment la
prospérité matérielle de l’Aéro-Club de
France, M. L.-P. Cailletet remercie le tréso-
rier de son lumineux exposé de la situation
financière et de sa bonne gestion. Il lui ex-
prime les remerciements de ses collègues pour
le dévouement avec lequel il veut bien, de-
puis de longues années, assumer la charge de
fonctions un peu ingrates.
*
# +
L'Assemblée ratifñie ensuite les
des membres reçus en 1907.
M. Ernest Archdeacon, président de la
Commission d’aviation de l’Aéro-Club de
France, remercie en termes heureux et fort
applaudis, M. André Michelin, du magnifique
encouragement que MM. Michelin viennent
d'offrir aux aviateurs en créant la Coupe
d'aviation Michelin et le Grand Prix Miche-
lin.
Puis, il est procédé au vote pour l’élection
de 21 membres du Comité de direction dont
16 membres sortants rééligibles et 5 nouveaux
membres proposés à la suite de démissions ou
de vacances.
Le scrutin donne les résultats suivants :
Membres sortants et réélus : MM. Ernest
Archdeacon, Jacques Balsan, Léon Barthou,
le comte de Chardonnet, le comte Arnold de
Contades-Gizeux, André Delattre,
Deutsch de la Meurthe, Gustave Eiffel, Frank
S. Lahm, le comte Henry de La Vaulx, Henri
Menier, le comte Hadelin d'Oultremont, Pierre
Perrier, François Pevrey, Paul Rousseau, Vic-
tor Tatin.
Membres nouveaux élus : MM. Louis Blé-
riot, Henry Kapferer, Alfred Leblanc, Albert
Omer-Decugis, Ernest Zens.
L'Assemblée générale vote ensuite à l’una-
nimité la motion suivante :
« Les membres de l'Aéro-Club de France, réu-
nis le 9 avril 1908 en assemblée générale statu-
faire, invitent le Comité de direction à deman-
der au gouvernement la reconnaissance de
l’Aéro-Club de France comme établissement d’uti-
lité publique. 1
« A cet effet ils confèrent tous pouvoirs à
deux de leurs délégués, MM. le comte Henry
de La Vaulx, vice-président. et Georges Besan-
admissions
con, secrétaire général, qui ont qualité pour .
accepter toutes additions ou modifications que
ie gouvernement croirait devoir faire apporter
tant aux statuts qu'aux règlements. »
La séance est levée à 11 h. 20.
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ux plus récents brevets des Wright: Perfectionnement aux machines aéronautiques (Wilbur Wright et Orville Wright). — Après le succès
rchdeacon). — Utilité des gouvernails de profondeur (commandant Boutlieaux). — Poids ulile maximum soulevé par un aéropiane (capitaine
D— L'aéroplane Rœsch-Seux (Edmond Seux). — Les enseignements d'une victoire : le moteur d'aviation (Robert Gastambide). — Conférence de
à Londres. — Tout le monde aviateur (les frères Voisin). — A l'Aéro-Club du Sud-Ouest,
RE DU BULLETIN OFFICIEL DE L'AERO-CLUB DE FRANCE : Convocations. — Comité du & mars 1908. — Fête de
a ÉUIcourS du 16 mai 4908. — Commission d'aviation du 21 mars 1908 et du 7 avril 1908. — Commission sportive du 3 mars 1608. —
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16° Année. — N°9 1°" Mai 1908
Portraits d'Aviateurs contemporains
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Né à Glos la-Ferrière (Orne), le 15 juin 188!, Paul Cornu est l'aîné d’une famille de travailleurs intelligents, qui ne comptait
pas moins de 15 enfants. Le grand-père et le père de notre avialeur étaient de ces esprits ingénieux el originaux, plus fréquents en lrance
qu'ailleurs, qui suppléent aux études spéciales, par l'intuition et par la vivacité de leur imagination mécanique. Son père, nolamment,
a construil plusieurs couveuses électriques el établi dès {884, un projet de dirigeable qui présente plusieurs analogies avec certains dispo-
silifs du Zeppelin.
Hérilier de ces apliludes, Paul Cornu se trouva tout naturellement encouragé par sa famille lorsque se dessina sa vocation de méca-
nicien-praticien.
Etabli constructeur et représentant de cycles et autos à Lisieux, où il est bien connu el estimé des nombreux chauffeurs parisiens
qui roulent vers la côte norminde, le démon de l'invention ve tarda pas à le tuner à son lour. Son bagage, déjà considérable, fest des
plus intéressants,
En 1899, en collaboration avec son père, il construit el brevète un rotatif à pétrole et en 4{02, un tricycle à vapeur avec système
d'alimentation aulomatique. En 1904, il avait exposé seul, au Salon de l'atemobile, un motcur à pétrole à course de piston variable,
breveté en Allemagne. Un an plus tard, il produit une horloge thermique el plusieurs appareils hydrauliques. La tiès curieuse voiturctte
à deux moteurs indépendants à aileltes, sans changement de vitesse ni différentiel, qu'il établit cn J2C4, en collaboration avec son 1ère
inléressa vivement les spécialistes.
C'est en 1905, après avoir assisté au concours de pelils modèles d'aércpli nes organisé à la galcrie des machines par l'Aéro-Club de
France que Paul Cornu encouragé par son père, oriente «es recherches vers l'avialion, plus spécialen ent vers l'hélicoptère. En 1605, il
prend un brevet pour un système de propulsion et direction pour helicoptères, brevet allemand)) complété, en 1£C6, par un dispesitif de
transmission pour hélicoptère el un système pendulaice pour l'équilibre automatique des appareils d'aviation.
Entre temps, il construisait et essayait plusieurs appareils complets pour en arriver à
petit modèle d'hélicoptère muni d'un moteur de ? chevaux (V. Aérophile de juin el octobre
s démonstrations publiques de 160€, avec un
?C6).
À Ja suite de ces essais réussis, Pau] Cornu trouva parmi ses amis le concours financier qui lui permit d'exécuter l'hélicoptère à vraie
grandeur dont il relatait dans notre dern'er numéro, avec une si instruclive probilé technique, les récentes expéricnecs cn publie.
Sans méconnaitre, loin de là, les qualités de l'aéroplane, Paul Cornu demeure, on le sait, « hélicoptériste » convaincu. Peut-être un
avenir qu'il s'efforcera de rapprocher lui donnera-t-il raison.
Quant à nous, nous considérions ccmme un devoir de faire micux cemnaîlie el parlent micu estimer à son mérile, l'œuvre consi
dérable de ce chercheur de 27 ans, isolé en province, loin de tout centre d'études el d'incustrie, de tout cunseil sincn de tout appui
aussi capable d'exécuter que de concevoir. Ce court passé, si bien rempli, dénote 1ne intelligence et un carac'ère dont nous pouvons
encore espérer beaucoup.
À. CLÉRY
158
1" Mai 1908
La Détermination du point en ballon
Lorsque laéronaute plane au-dessus des
nuages et a perdu la terre de vue, il ne lui
est plus possible de déterminer la direction vers
laquelle il est poussé par le vent ni la vitesse
de son déplacement. Il doit alors craindre
d’être entraîné au-dessus de la mer, ce qui
constitue le danger le plus sérieux de l’aéros-
tation. Il est vrai que les accidents provenant
F0
Enfin, pour que les ballons dirigeables attei-
gnent sûrement leur but, il faut pouvoir repé-
rer leur route, car les courants aériens les font
souvent dévier considérablement de la direc-
tion qu’ils doivent suivre.
Ainsi donc l’aéronaute a toujours grand in-
térêt à savoir au-dessus de quel point de la
terre il se trouve. Or, si les nuages l’empêchent
59!
58
57]
561
55
54
53
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A Hansp ol
=
Abaque pour faire le point en ballon
de descentes en mer sont heureusement fort
rares; la raison en est peut-être que les aéro-
nautes sont assez prudents pour descendre, de
temps en temps, au-dessous des nuages afin de
repérer leur route. Mais cette manœuvre ne
se fait pas sans perte de gaz, ce qui a pour
conséquence d’abréger considérablement la du-
rée du voyage aérien.
Pour les aérostiers militaires, la détermina-
tion de la position géographique de leur bal-
lon leur permettra de ne pas dépasser les fron-
tières et de ne pas tomber entre les mains de
l'ennemi. ;
de voir la terre, mais si le ciel est dégagé et
lui permet d'observer les astres, il pourra
« faire le point » et déterminer sa position par
des méthodes astronomiques analogues à celles
qu'emploient les marins. Ces méthodes sont
basées, comme on le sait, sur la mesure de la
hauteur des astres au-dessus de l'horizon, et,
pour mesurer cette hauteur, l’aéronaute peut
employer le même instrument que les marins,
c’est-à-dire le sextant. Malheureusement,
l'emploi du sextant ordinaire est impossible
en ballon, faute de pouvoir observer, comme
en mer, l'horizon vrai. D’un autre côté, l’em-
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l’Aérophile
ploi d’un horizon artificiel à mercure exige-
rait une stabilité parfaite, impossible à réali-
ser dans la nacelle d’un ballon. Mais il existe
un sextant spécial, connu sous le nom de sex:
tant gyroscopique de l’Amiral Fleuriais, qui
échappe à ces reproches et qui serait le meil-
leur instrument à employer, si son maniement
n’était pas si délicat. M. Caspari a attiré l’at-
tention des aéronautes sur ce sextant gyros-
copique et M. Baldit est le premier qui l’ait
employé, dans un voyage aérien, en compagnie
d'un aéronaute belge, M. de Brouckère (1).
Les positions déterminées par M. Baldit ont
été reconnues très exactes; l'instrument don-
nerait donc une excellente solution de la ques-
tion si son emploi n’exigeait pas la présence
à bord du ballon d’un observateur se consa-
crant presque exclusivement au maniement de
l'appareil.
On doit aussi à M. Favé une étude très com-
plète sur la détermination du point en ballon
et l'invention d’un instrument dans lequel la
direction de la verticale est donnée par un
pendule. Mais, à notre connaissance, l’appa-
reil n’a pas encore été expérimenté en ballon.
L’instrument que j'ai employé consiste en
un sextant dans lequel la direction horizontale
‘est indiquée par un niveau à bulle d’air (2).
L'appareil devant être tenu à la main, il faut
faire en sorte que l’observateur puisse voir
simultanément, dans le champ de la lunette,
lJ’astre à observer et la bulle du niveau. Des
sextants remplissant cette condition sont ven-
dus en Allemagne, sous le nom de « Libellen
Quadrant »; ils se prêtent seulement à la me-
sure de la hauteur du Soleil au-dessus de l’ho-
rizon. Dans des ascensions que j'ai faites
en 1903, le Libellen Quadrant m’a permis de
mesurer la hauteur du Soleil à 3 ou 4 minutes
près. J'avais dressé une table spéciale pour le
jour où je faisais l’ascension, et, grâce aux
indications de cette table, je pouvais tracer sur
une carte une courbe sur laquelle devait se
trouver le ballon, au moment de l’observation.
Cette courbe était le lieu géométrique des
points de la terre pour lesquels le Soleil avait
la hauteur observée. Mais une observation uni-
que est insuffisante pour déterminer complète-
ment la position du ballon sur la terre, et il
est nécessaire de connaître un autre lieu géo-
métrique de la position du ballon. En faisant
une deuxième observation de la hauteur du
Soleil, une demi-heure après la première, j’ob-
tenais une deuxième courbe de hauteur dont
l'intersection avec la première devait m’indi-
quer la région dans laquelle se trouvait le bal-
lon. Malheureusement les deux courbes se
coupaient, le plus souvent, sous un angle très
(1) Voir le numéro de l'Aérophile de juin 1907.
(2) M. Jansseu est, croyons-nou<, le premier qui ail proposé
de mesurer la hauteur des astres en ballon à l’aide d'un sextant
muni d'un niveau. On trouve celle idée émise daus la relation du
voyage aérostalique qu'il tit en 1870, pour sortir du Paris pendant
de siège.
159
aigu, et leur point d’intersection était très
mal déterminé (1).
-Lorsque la Lune est visible sur l’horizon, en
même temps que le Soleil, on peut, en mesu-
rant la hauteur des deux astres avec le Libellen
Quadrant, déterminer complètement le point
où se trouve le ballon. Cette méthode a été in-
diquée par M. Wegener; mais il est rare que
la Lune puisse être observée en même temps
que le Soleil, de sorte que la méthode de
M. Wegener n’est applicable que dans des
cas très exceptionnels (2).
La mesure de l’azimut du Soleil, à l’aide de
la boussole, donnerait bien un deuxième lieu
géométrique de la position du ballon, mais, ne
connaissant pas la déclinaison magnétique du
lieu au-dessus duquel on se trouve, cette dé-
termination de l’azimut ne comporterait au-
cune précision.
Une solution plus satisfaisante de la ques-
tion serait donnée par la mesure de l’incli-
naison de l’aiguille aimantée. Si l’on connais-
sait, en effet, l’inclinaison magnétique, il suf-
firait de se reporter à une carte où sont tracées
les lignes d’égale inclinaison pour décider sur
laquelle de ces lignes se trouve le ballon. Il
serait donc désirable que l’on puisse mesurer
l’inclinaison magnétique, à bord d’un ballon,
avec une précision suffisante. Cette mesure de
l’inclinaison magnétique aurait le précieux
avantage de faire connaître un lieu géométri-
que du ballon, même lorsque les nuages em-
pêchent l’observation des astres.
Si la détermination de la position du ballon
-est difficile dans la journée, parce que le So-
leil est le seul astre visible, elle devient facile,
au contraire, la nuit, lorsque plusieurs étoiles
peuvent être observées. J'ai été amené, au
commencement de l’année dernière, sur le de-
mande de M. Mix, à étudier la manière de
faire le point en ballon par des observations
de nuit, faites au moyen d’un sextant à niveau.
On prit un sextant ordinaire, le petit modèle
de la maison Ponthus et Therrode et l’on mu-
nit sa lunette d’un niveau dont la bulle pou-
vait être vue dans le champ, grâce à un miroir
à 459. Mais ce miroir, au lieu d’être un miroir
elliptique, percé d’une ouverture centrale,
comme dans le Libellen Quadrant, avait une
forme rectangulaire et occupait le tiers du
diamètre de la lunette. La bulle se voyait donc
dans le tiers du champ, les deux autres tiers
étant libres pour l'observation du ciel.
On avait eu soin de placer le niveau au-des-
sus de la lunette, et non pas en-dessous, comme
dans l'appareil allemand. Grâce à cette dis-
position, lorsqu'on imprime des mouvements
accidentels au sexant, la bulle et l’étoile se dé-
placent dans le même sens, dans le champ de
(1 Voirle Bulletin dela Société Astronomique de France,
de février 190%,
(2) Voir Murcuse, Handbuch der geographischen Or'sbestim
muny. g
160 1 “ Mai 1908
la lunette. On conçoit même qu’il serait pos-
sible, en donnant au niveau une certaine sen-
sibilité et à la lunette un grossissement conve-
nable, de faire en sorte que le déplacement de
la bulle soit égal au déplacement de l’étoile.
Dans ces conditions, les mouvements acci-
dentels que l’on imprime inévitablement à
l'instrument, en le tenant à la main, ne mo-
difieraient pas la distance relative de la bulle
à l'étoile, et l’on se trouverait dans les condi-
tions du sexant ordinaire où la distance de
rale, d'autre part. Si la montre dont on dis-
pose marque le temps moyen, on inserira dans
la table les heures du temps moyen correspon-
dant aux heures du temps sidéral, le jour où
l’on fait l'ascension.
Connaissant la latitude du lieu, on obtien-
dra l’heure locale, et par suite la longitude,
en observant la hauteur d’une autre étoile,
assez éloignée du méridien et assez près de
l'équateur.
L'angle horaire H de l'étoile, et par suite
E Spring (ré Indranopotis
ILLINOIS
fNDIaNA
KHENTUCHY
le
* Frankfort
* Charleston
&
! CONNECTICUT
Seranton =
E NNSYLVANIE
Harrisbu 5
es Trenthe
Philagelphie
=" Moshington
CR VIRGINIE
Voyage de MM. Leblanc et Mix dans la Coupe Gordon-Bennett, avec indication des points déterminés
V’astre et de l'horizon est indépendante des
mouvements de l'observateur. En réalité,
l’inertie de la bulle empêcherait les mouve-
ments de la bulle et de l’étoile de se faire si-
multanément, mais, en tout cas, il est très
avantageux que les deux mouvements se fas-
sent dans le même sens, et non en sens opposé,
comme dans le Libellen Quadrant où le niveau
est placé au-dessous de la lunette.
L’éclairage du champ de la lunette, pour
permettre de voir, d’une part la bulle du ni-
veau, et d'autre part le fil horizontal sur lequel
doit se former l’image de l’étoile, présentait
d'assez sérieuses difficultés. Les habiles cons-
tructeurs de l'instrument, MM. Ponthus et
Therrode, sont parvenus, après de longs tà-
tonnements et en suivant les indications de
M. Mix, à réaliser cet éclairage d’une manière
absolument satisfaisante. La lumière est four-
nie par une petite ampoule électrique, ali-
mentée par une pile sèche très légère, fixée
au sextant même. Un rhéostat permet de faire
varier l’intensité de la lumière
L'Instrument ainsi construit permet de me-
surer, à 2 minutes près environ, la haute 1 des
étoiles au-dessus de l'horizon. Voyons mainte-
nant comment on peut utiliser les observations
pour déterminer les coordonnées géographiques
du lieu où se trouve le ballon.
Si la polaire n’est pas trop élevée au-des-
sus de l'horizon pour ne pas être cachée par
le ballon, la mesure de la hauteur de la po-
laire donnera immédiatement la latitude du
lieu. On lira cette latitude dans une table à
double entrée dont les arguments seront la
hauteur observée, d'une part, et l’heure sidé-
l’heure locale, sera donnée par -la formule sui-
vante :
sin L == sin à sin & + cos à ces © cos I
è
où À est la hauteur observée, & la latitude du
lieu, à la déclinaison de l'étoile.
Si la montre est réglée sur l’heure sidérale
du méridien origine, la différence de l’heure
sidérale locale calculée et de l’heure indiquée
par la montre, au moment de l’observation,
donnera la longitude en temps. Si la montre
indique le temps moyen, il faudra convertir
l'heure locale sidérale en temps moyen.
Mais tous ces calculs demanderaïent trop de
temps pour être exécutés à bord d’un ballon,
et il est indispensable de réduire, autant que
possible, les calculs que devront faire les aéro-
nautes. Aussi était-il tout indiqué de cons-
truire des abaques qui permettraient de ré-
soudre, avec une approximation suffisante,
l'équation ci-dessus.
M. Baldit à construit des abaques de ce
genre, pour les étoiles observées pendant son
voyage aérien. Pour les observations que se
proposait de faire M. Mix, quatre abaques ont
été construits par M. Kannapell. Par suite
d’un choix judicieux des arguments, les aba-
ques de M. Kannapell ne comportent pas de
lignes courbes, mais seulement des droites.
Ce résultat est obtenu de la manière suivante :
Pour une même étoile, à est constant, et pour
tous les lieux qui ont même latitude, © est
constant. Dans ces conditions, si l’on pose
SIUD NE CL COS HN ET,
la relation ci-dessus prend la forme :
y = a + bx,
l’Aérophile
équation d’une droite tout le long de la-
quelle est constant.
Pour construire l’abaque, on portera sur
l'axe des y des longueurs proportionnelles à
sin À et sur l’axe des æ des longueurs propor-
tionnelles à cos H, puis on tracera des obliques
correspondant aux lieux de même latitude en
déterminant les points où ces obliques coupent
les axes de coordonnées.
Pour se servir de l’abaque, on suit la ligne
horizontale correspondant à la hauteur obser-
vée de l'étoile, jusqu’à son intersection avec
loblique de la latitude du lieu où l’on se
trouve, puis on suit la verticale aboutissant à
ce point, et on lit sur l’axe des x l’angle horaire
de l’étoile, ou plutôt l'angle horaire augmenté
de l’ascension droite de l’étoile, ce qui donne
l'heure sidérale. Si la montre indique l’heure
moyenne du méridien origine, on peut inscrire
à la place de l'heure sidérale, l'heure moyenne
correspondante pour le jour de l’ascension.
La différence entre l'heure donnée par
: l’abaque et l'heure de la montre indiquera la
longitude.
Le sextant à niveau, construit pour
M. Mix par la maison Ponthus et Therrode,
était destiné à être employé pendant l’ascen-
sion que devaient faire aux Etats-Unis, M. Le-
blanc et M. Mix à l’occasion de la Coupe Gor-
don-Bennett, le 21 octobre 1907. Pour se fa-
miliariser avec la pratique de l'instrument,
M. Mix a fait de nombreuses observations à
terre d’abord, puis en mer, pendant la tra-
versée du Havre à New-York. Or, en mer, par
des temps calmes, M. Mix a pu faire le point
avec autant de précision que les officiers du
bord. Pendant son voyage aérien, M. Mix a
fait, le soir de son départ, neuf détermina-
tions du point, et pendant la deuxième nuit,
quatre autres observations. Les points ainsi
déterrainés sout indiqués sur la carte ci-dessus
par des croix. Le ciel étant resté découvert
pendant toute la durée du voyage, le parcours
du ballon à pu être repéré sur le terrain, et
les lieux reconnus sont indiqués sur la carte
par des points. On peut se rendre compte ainsi
de la précision de la méthode qui permet de
déterminer la position du ballon à quelques
kilomètres près.
Ces résultats font le plus grand honneur à
M. Mix et montrent, qu'entre ses mains, le
sextant à niveau a permis de faire des obser-
vations très précises. Mais M. Mix assure que
tout aéronaute, après quelques nuits d’appren-
tissage, pourrait obtenir d’aussi bons résul-
tats.
Nous souhaitons que M. Mix ait de nom-
breux imitateurs et que les concurrents des
prochaines épreuves d’aérostation fassent lar-
gement usage du sextänt à niveau. Cet ins-
trument, en leur permettant de suivre la
marche du ballon, les avertira du danger qu’ils
peuvent courir en s’approchant de la mer, ou
161.
leur permettra de continuer leur route, en
toute confiance, sans avoir à descendre au-
dessous des nuages pour reconnaître le ter-
rain.
A. DE LA BAUME PLuvINEL
Dre.
Les plus récents Brevets des Wrighi
M. Lazare Weiller acheterait les brevets
Wright. — Dans l’Aulo du 10 avril 190$, notre
confrère François Peyrey -annonce que M. La-
zare \Weiller, ingénieur et financier français
bien connu, serait en pourparlers avec Wilbur
et Orville Wright pour J'achat de leurs brevets
et procédés. La vente serait à peu près conclue
pour 500.000 francs. Les aviateurs de Dayton
se seraient toutefois engagés à couvrir une cer-
laine distance à la vitesse de 50 kil. à l'heure.
Cette importante nouvelle, qui sera sans doute
confirmée, nous engage à publier dès. aujour-
d'hui, malgré leur longueur, les deux plus ré-
cents brevets pris en France par les frères
Wright, lors du séjour qu'ils firent chez nous
l'année dernière.
En comparant ces deux documents au précé-
dent brevet français Wright publié dans l’Aéro-
phile de janvier 1906, on retrouve la même
préoccupation d'assurer d'équilibre transversal
et de faciliter le virage par la torsion des ailes
et leur déplacement relatif ; le dispositif cette
füis un peu différent, sa description beaucoup
plus détaillée. En outre, d’autres moyens d'ar-
river au même but ou de mieux l'assurer se
trouvent proposés. Dans le deuxième brevet, no-
tamment, il est question ‘de surface acces-
saires, d'orientation variable, mobiles synchro-
niquement avec les ailes horizontales propre-
ment dites, surfaces accessoires siluées à droite
ct à gauche de l’axe longitudinal de l'appa-
reil, «etc. (1).
On remarquera que dans les deux brevets
il n'est fait aucune allusion à la disposition du
système moto-propulseur.
« Perfectionnements aux ma-
chines aéronautiques ». — Brevet
français n° 384.124 demandé le 18 novembre
et délivré le 27 janvier 1908 à MM. Wiübur
Wright et Orville Wright, résidant aux Etats-
Unis d'Amérique.
L'invention décrite ci-dessous se rapporte
aux machines volantes du type « aéroplane »
et a pour objet des perfectionnements dans
l’équilibrage latéral de ces machines par la
disposition d'appareils modifiant, par rapport
à la direction de leur mouvement d’avance-
ment, les inclinaisons relatives de leurs ailes
droites et gauches et évitant les mouvements
de giration secondaires autour d’axes verti-
caux qui résultent de la différence de ces in-
clinaisons relatives et qui tendent à contre-
carrer ou à détruire l’effet cherché.
L'appareil comprend des plans horizontaux
ou « aéroplanes », un gouvernail vertical ar-
rière, un gouvernail vertical avant, un gou-
(1) V. dans l'Aérophile de février 1905, page 26, la photographie
de l’aéroplane n° 5 du capitaine Ferber, appareil muni aux extré-
mités des ailes de focs verticaux triangulaires formant gouvernails
latéraux de direction. Il y a là un dispositif très analogue À celui
qui fait l'objet du brevet français Wright n° 381.125 pulié plus
loin,
102
vernail fixe avant et un gouvernail horizontal
avant.
L'équilibre latéral est réglé par une aug-
mentation de l’angle d'incidence, sous lequel
les surfaces horizontales sont présentées à
l'atmosphère dans le sens du mouvement d’a-
vancement, du côté qui tend à s’abaisser et,
par une diminution de cet angle, du côté qui
tend à s'élever et pour éviter le mouvement
tournant de la machine autour d’un axe verti-
cal qui serait le résultat secondaire de cette
manœuvre, l’on dispose des gouvernails ver-
Figures descriptives du brevet français Wright el Wright TA
n° 384,124 demandé le 18 novembre 1907
ticaux pour produire un couple tournant dans
la direction opposée.
La modification de l’inclinaison des ailes
sur la direction du mouvement produit, en
effet, non seulement une variation de l’équi-
libre horizontal de l’appareil, mais encore sur
chaque aile une variation de la résistance au
mouvement d'avancement; cette dernière va-
riation a pour conséquence un ralentissement
de la vitesse de l’aile dont la résistance a aug-
menté, c’est-à-dire de l’aile présentée sous le
plus grand angle et une accélération de vi-
tesse de l'aile présentée sous le plus petit
angle et dont la résistance a diminué ; cette
1° Mai 1908
dernière aile, par suite de la plus grande vi.
tesse avec laquelle elle fend l'air, tend à s’éle-
ver, neutralisant ainsi l'effet cherché.
Pour s'opposer à ces mouvements secon-
daires, l’on dispose sur la machine : à l’ar-
rière un gouvernail vertical, à l’avant une
surface fixe verticale et un gouvernail vertical,
gouvernails auxquels l’on donne des orien-
tations appropriées pour compenser le couple
nuisible produit par la déformation des ailes.
Aux dessins ci-joints
La fig. 1 est une vue perspective d’une ma-
chine volante incorporant l'invention ;
La fig. 2 est une coupe horizontale de la
même machine ;
La fig. 3 est une coupe prise suivant la
ligne æ-x de la fig. 2 et en regardant dans la
direction des fièches ;
La fig. 4 est une vue de détail du mécanisme
réglable.
Ces dessins sont donnés à titre d'exemple,
et il est bien entendu qu'ils ne sauraient, em
aucune façon, limiter la portée de l’invention.
Ils se rapportent à une machine volante
comprenant des surfaces minces ou « aéro-
planes », solidaires et superposées, dont les
extrémités latérales ou « ailes » mobiles autour
d’axes situés dans leurs plans, peuvent rece-
voir, au gré de l'opérateur, des mouvements
de déformation d'amplitude réglable qui mo-
difient les angles d’incidence sous lesquels
chacune d'elles est présentée à l’atmosphère.
Ces aéroplanes peuvent être d’un type quel-
conque de construction, et les déformations.
peuvent leur être communiquées de façon quel-
conque, mais le moyen décrit ici est préférable.
Ainsi que le représentent les figures, les aéro-
planes 1 et 2 sont constitués chacun par un
bâti rectangulaire 3, dont le petit côté est
orienté suivant la direction du mouvement
de la machine, et par des matériaux réunis-
sant la résistance nécessaire au degré conve-
nable de flexibilité, tels que du bois de bonne
qualité ou des barres métalliques. Ces bâtis
sont recouverts par de la toile 4 pour former
la surface de l’aéroplane et les deux aéropla-
nes sont réunis l’un à l’autre par des tiges 5,
rigides d’un. bout à l’autre de leur longueur,
et fixées à leurs extrémités supérieure et in-
férieure aux aéroplanes respectifs par des
joints universels ou articulés, maintenant
ainsi les deux aéroplanes à une distance inva-
riable l’un de l’autre.
Pour obtenir la torsion hélicoïde, les aéro-
planes 1 et 2 peuvent être mobiles autour
d’axes situés dans leur plan. Le rang avant
des montants 5, les parties avant des bâtis 3
et les câbles de renforcement a forment en-
semble une armature rigide qui maintient le
bord avant des aéroplanes dans une position
immuable. Mais le rang arrière de montants 5
et la partie arrière du bâti 3 sont reliés rigi-
dement seulement près du centre de la machine
MELVIN VANIMAN
INGÉNIEUR-CONSTRUCTEUR
Ingénieur en Chef de l'Expédition Polaire Wellman
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par les câbles de renforcement a. Des câbles
tendus c, montés sur la partie centrale de la
machine, complètent la liaison entre les deux
aéroplanes en s’opposant à tout mouvement
de glissement de l’un par rapport à l’autre.
Aux extrémités de cette partie arrière cen-
trale et rigide des bâtis 3, sont montées des
articulations b. Les parties des cadres situées
au delà de ces articulations forment une ar-
mature réglable et sont maintenues dans toute
position déterminée par un câble tendu 6 fixé
à ses extrémités près des coins arrière droit et
gauche de l’aéroplane supérieur ; il passe sous
des guides convenables 7, supportés par l’aéro-
plane inférieur, d’une façon quelconque, par
exemple, au moyen de petits paliers 8, et pour
recevoir des tractions dans la direction de la
plus grande longueur des aéroplanes. Ces trac-
tions peuvent lui être communiquées au moyen
d'appareils quelconques; de préférence, ils
consistent en un câble auxiliaire &* fixé à ses
extrémités sur le câble 6 en des points €* et Cb
compris entre les rouleaux 7 et renvoyé par
un guide convenable 9, sur un tambour 10
monté sur un arbre 11 porté par des consoles
12 de l’aéroplane inférieur. Le tambour 10 est
muni d’une poignée 13, et il peut être main-
tenu fixement sur l’arbre 11 à l’aide d’un frein
qui, dans le cas présent, consiste en un col-
lier fendu 14 muni d’une vis moletée 15 à
l’aide de laquelle la friction entre le collier 14
et l’arbre 11 peut être réglée. Un câble uni-
que 6 peut être employé, mais il est préférable
de monter des câbles auxiliaires 16 le long du
câble 6 en des points situés près des guides 7,
et de les fixer aux parties ou bords latéraux
correspondants de l’aéroplane supérieur, de
préférence près des bords arrière. La lon-
gueur des câbles auxiliaires 16 et le mode de
liaison au câble 6 et à l’aéroplane supérieur
sont tels qu’une action exercée sur le câble 6
-est transmise à ses extrémités et aux câbles
auxiliaires 16 et, par tous ces câbles, aux
ailes correspondantes de l’aéroplane, produi-
sant ainsi la déformation désirée du bord ar-
rière de l’aéroplane, et l’empêchant de devenir
bombé ou distordu entre son extrémité exté-
rieure et la charnière. Un second câble 17 est
fixé, par chacune de ses extrémités, sur les
ailes de l’aéroplane inférieur, de préférence
près de ses coins arrière; il passe sur des
guides convenables 18 fixés à l’aéroplane su-
périeur et est d’une longueur telle que, lors-
qu'il est relié à l’aéroplane inférieur, il reste
tendu comme le câble 6, ces deux cäbles 6 et
17 jouant ainsi le rôle de raïdisseur dans la
charpente de la machine. Le câble 17 est aussi
préférablement muni de câbles auxiliaires 19,
opérant d’une manière analogue à celle des
câbles auxiliaires 16 du câble 6. La partie
arrière centrale des cadres 3 avec les câbles
de renforcement a, et les parties arrière des
iles latérales forment done avec les tiges 5,
163
les guides 7 et 18 et les câbles 6, 16, 17 et 19
un système funiculaire à la fois rigide et dé-
formable d’une nouvelle sorte qui permet de
régler la position des coins arrière des aéro-
planes tout en lui conservant les caractéris-
tiques d’une charpente rigide. Quand le tam-
bour 10 est mis en mouvement pour mouvoir
le câble 6 à gauche, tirant ainsi vers le bas
la partie arrière latérale main droite de l’aéro-
plane supérieur, la partie correspondante de
l’aéroplane inférieur est sensiblement abais-
sée grâce aux liaisons rigides formées entre les
aéroplanes supérieur et inférieur par les
tiges 5.
Le mouvement vers le bas de cette partie
de l’aéroplane inférieur, actionné par le
câble 17, sert à élever la portion arrière, main
gauche de l’aéroplane inférieur et, par là, au
moyen des tiges de liaison 5, à élever la partie
correspondante de l’aéroplane supérieur, com-
muniquant ainsi simultanément une torsion
hélicoïde aux ailes des deux aéroplanes.
En faisant tourner ainsi les parties arrière
extrêmes des ailes autour d’axes situés dans
leurs plans primitifs, on les force à se présen-
ter sous des angles d'incidence variables à
l’atmosphère, le côté présentant le plus grand
angle d'incidence étant obligé de s'élever sous
la pression plus grande résultant de l’action
atmosphérique sur cette partie, tandis que le
côté offrant le plus petit angle d'incidence
tombe ou s’abaisse. Cette action .permet à
l'opérateur, par le réglage des angles dinci-
dence, de maintenir l’équilibrage latéral de
la machine; mais elle tend à la faire tourner
autour d’un axe vertical, parce que l’angle
croissant d'incidence offre à l'atmosphère une
plus grande résistance au mouvement d’avan-
cement et permet à la partie de l’aéroplane
ayant le plus petit angle d'incidence de se
mouvoir en avant à une vitesse plus grande
que la partie ayant le plus grand angle d’inci-
dence. Pour maîtriser cet effet, l’on dispose à
l’arrière de la machine un gouvernail ver-
tical 20, mobile autour d’un axe monté entre
des bras 21 ; à la partie inférieure de l’axe est
montée une poulie 22, autour de laquelle passe
un câble 23 permettant ainsi de faire tourner
le gouvernail 20 pour obtenir une pression de
l'air sur le gouvernail vertical du côté de la
machine dont l'aile offre au vent le plus petit
angle d’incidence. Un mouvement tournant
peut être produit seulement par une combi-
naison de forces agissant dans des directions
différentes; l’inertie de la machine peut être
l'une de ces forces et la pression sur le côté
du gouvernail vertical, placé derrière le centre
de la machine, peut être l’autre force. Dans
la construction présente, l’inertie de la ma-
chine est combinée avec des forces actives
produites par la pression du vent sur des sur-
faces verticales additionnelles, consistant en
un gouvernail disposé en avant du centre de
164
la machine et en une surface fixe, de préfé-
rence située en avant du centre de gravité de
la machine. Cependant, cette disposition n’est
pas indispensable et un couple satisfaisant
peut être obtenu, soit par la combinaison de
deux gouvernails réglables, soit par la combi-
naison d'un seul gouvernail réglable avec une
surface fixe.
Cette construction est représentée dans les
figures et consiste en un second gouvernail
vertical 24 dont l’axe est monté sur les bras 25
disposés en avant de la machine. Ce gouver-
nail porte aussi, à la prtie inférieure de son
axe, une poulie 26 autour de laquelle s’en-
roule un câble qui est de préférence le même
câble 23 que celui qui est monté sur la pou-
lie 22 du gouvernail arrière, ce câble étant
croisé afin de faire tourner les gouvernails
dans des directions opposées. Ainsi, par l’em-
ploi de deux gouvernails, l’on obtient un
couple tournant plus parfait. La vanne verti-
cale fixe 27 peut être montée entre les bras
25 qui supportent le gouvernail avant 24 sur
une traverse d; elle agit avec les gouvernails
réglables et, dans le cas où l’un de ces gouver-
nails est plus puissant que l’autre, elle aide,
par sa résistance au mouvement latéral, le
gouvernail le plus faible pour former un couple
tournant et, si l’un des gouvernails est désem-
paré, elle maintient, avec l’autre qui reste,
un couple tournant dans la même direction
que précédemment. Les gouvernails réglables
peuvent être commandés par n'importe quel
appareil, mais il est préférable d'employer un
tambour où une poulie 28 autour de laquelle
passe le câble 23, qui est actionné par l’opé-
rateur dans la direction désirée. Ce tam-
bour 28 est de préférence monté sur l'arbre
11 et adjacent au tambour 10 ; il est muni
d’une poignée 29 disposée à proximité de la
poignée 13 du tambour 10 et suffisamment rap-
prochée d'elle pour que, si on le désire, les
deux manivelles 29 et 13 puissent être saisies
avec une seule main et les deux tambours 10
et 28 actionnés simultanément, ou que chaque
poignée puisse être commandée individuelle-
ment pour agir sur son tambour indépendam-
ment de l’autre. Le tambour 28 peut aussi être
muni d'un frein, ce frein peut être d’un type
quelconque, c’est par exemple un collier fendu
20 fixé sur le tambour 28 et muni d’une vis
moletée 31, au moyen de laquelle on règle la
friction entre le collier 30 et l’arbre 11, ce qui
permet d'amener les gouvernails dans toutes
positions désirées et de les maintenir dans ces
positions par la friction dudit collier, pendant
que le tambour agit sous l’action de la force
appliquée sur la manivelle 29.
La résistance de l’air ne maintiendra pas
les gouvernails en équilibre dans toute position
nù ils auront été amenés: dans leur manœuvre
tantôt la pression de l’air facilitera leur ré-
slage par l'opérateur, tantôt elle s’y opposera
1” Mai 1908
et augmentera les difficultés de ce réglage.
C'est pour remédier aux inconvénients qui
pourraient résulter de ces phénomènes, qu’un
dispositif à friction à été intercalé entre le
levier de commande et les gouvernails pour
maintenir ceux-ci dans la position où ils ont
été amenés.
Le frein est réglé de façon à surmonter
l’action des forces perturbatrices produites par
la pression du vent sur les gouvernails, sans
être toutefois trop serré pour s’opposer à la
commande des gouvernails par l’opérateur.
Un gouvernail horizoutal 32 est disposé à
l'avant de la machine ; son axe porte sur une
poulie 33, sur laquelle s’enroule un câble 34
qui passe sur un tambour 35 logé sur la plate-
forme centrale et commandé par une poignée
36 mise à la portée de l’opérateur.
Ce gouvernail est maintenu dans chacune:
des positions où l’opérateur l'amène par un
dispositif connu quelconque; ce dispositif peut
être, par exemple, un collier fendu dont la
pression est réglée par une vis moletée.
Enfin, au lieu de rétablir l'équilibre de la
machine au moyen de torsions hélicoïides im-
primées aux parties arrière des ailes latérales,
l’on peut imprimer des mouvements analogues.
aux parties antérieures des ailes, l’avant de la
machine étant alors articulé, tandis que lPar-
rière est indéformable, et la présente inven-
tion n’est nullement limitée au réglage et au
rétablissement de l'équilibre latéral de la ma-
chine volante décrite; un aéroplane formé
d'un ou de 3, 4. plans peut être équi-
libré de cette façon; en outre, l’invention ne
vise pas l’équilibrage latéral des aéroplanes
par des torsions hélicoïdes de leurs plans de:
sustentation ; d’une façon générale, elle a pour
objet l’équilibrage de ces machines par la
combinaison de surfaces horizontales mobiles
à angles d'incidence variables disposées sur
les côtés droit e& gauche de la machine avec
des gouvernails verticaux et des surfaces ver-
ticales fixes. Dans ce but, l’on peut donner, à
droite et à gauche du centre de la machine,
des valeurs différentes aux angles d'incidence
de tout ou partie de la surface des ailes, soit
en agissant sur les ailes situées d’un seul
côté, soit en communiquant des déformations
inverses aux ailes droite et gauche; comme
exemples de déformations simples et facilement
applicables, l’on peut citer, outre la torsion
hélicoïdale décrite : le relèvement des aïles
d’un côté avec immobilisation des ailes du
côté opposé, le relèvement des ailes d’un côté
et l’abaissement simultané des ailes de l’autre
côté, ces mouvements étant faits autour
d’axes normaux ou transversaux à la direction
du mouvement; les mêmes relèvements autour
d’axes analogues pour des parties de la surface
des ailes, les parties mobiles étant de préfé-
rence disposées aux extrémités des ailes.
Résumé. — L'invention se rapporte aux ma-
l’Aérophile
chines volantes du type « aéroplane », a pour
objet des perfectionnements dans leur équili-
brage latéral et pour but la réalisation
de cet équilibrage par la combinaison de sur-
faces mobiles d’inclinaison variable sur la di-
rection du mouvement d'avancement; dispo-
sées sur les côtés droit et gauche de la machine
avec des gouvernails verticaux et des surfaces
verticales fixes.
Ces perfectionnements sont caractérisés par :
1° La disposition dans un aéroplane
a) De surfaces horizontales placées à droite
et à gauche du centre de la machine pouvant
être présentées à l’air sous des angles d’inci-
dence variables;
b) D'un gouvernail vertical arrière;
c) D'un gouvernail vertical avant;
d) D'une surface fixe verticale.
20 La constitution d’un aéroplane dont les
ailes ont des angles d’incidence réglables au
moyen de plans horizontaux rectangulaires
superposés, réunis par une charpente défor-
mable ;
3 La constitution de cette charpente dé-
formable au moyen de tiges horizontales pa-
rallèles et articulées, de montants verticaux
rigides, de câbles diagonaux et de guide de
ces câbles ;
40 La commande simultanée de Pinclinai-
son des ailes et des orientations des gouver-
naïils ;
59 L'application de ces perfectionnements
à une machine aéronautique formée de deux
plans horizontaux ou aéroplanes superposés,
parallèles et caractérisée par
a) La constitution de chaque aéroplane par
une toile et un bâti rectangulaire allongé dont
les grands côtés sont normaux à la ligne de
vol et dont le côté arrière ou avant est formé
d’un tronçon central et de deux tronçons ad-
jacents articulés sur le premier ;
b) Pour chaque aéroplane, lors du relève-
ment de l’un des tronçons au-dessus du plan
de l’aéroplane, l’abaissement simultané de
l'autre tronçon ;
c) Pour chaque aéroplane, lors de ces mou-
vements, l'entraînement des surfaces voisines
des tronçons mobiles, c’est-à-dire l’abaisse-
ment du coin arrière d’une aile et le relève-
ment simultané du coin arrière de l’autre
aile ;
d) La production de ces mouvements, par
un câble tendu fixé à ses extrémités, près des
coins arrière de l’un des aéroplanes, passant
sur des guides portés par l’autre, et pouvant
être tiré dans un sens ou dans l’autre ;
e) Le production de tractions sur ce câble
au moyen d’un câble de commande dont les
extrémités fixées sur lui entre les guides portés
par l’aéroplane inférieur lui sont d’abord pa-
rallèles, puis renvoyées sur un tambour por-
tant une poignée manœuvrée par l’opérateur ;
f) Le maintien des déformations hélicoïdales
165
des ailes des aéroplanes par un frein calé sur
le tambour de commande du câble de ma-
nœuvre empêchant ce dernier de reprendre sa
position primitive;
g) L'emploi d’un gouvernail vertical avant,
d’un gouvernail vertical arrière et d’une sur-
face fixe verticale placée en avant du centre
de gravité de la machine pour équilibrer les
couples d’axes verticaux créés par la torsion
hélicoïde imprimée aux aéroplanes;
h) La commande simultanée de ce gouver-
nail avant et du gouvernail arrière au moyen
d’un câble enroulé sur un tambour portant
une poignée manœuvrée par l’opérateur ;
i) Le maintien des orientations données à
ces gouvernails par un frein; :
j) Le rapprochement des poignées de ma-
nœuvre des aéroplanes et des gouvernails pour
pour en permettre le maniement simultané ou
individuel avec une seule main et conséquem-
ment la commande simultanée ou individuelle
des aïles et des gouvernails verticaux ;
k) Un gouvernail horizontal maintenu dans
toute position par un frein et la commande
de ce gouvernail par un levier de manœuvre
situé à portée de l’opérateur.
W. Waicar er O. WRIGHT
*
« Perfectionnements aux ma-
chines aéronautiques ». — Brevet
français n° 384.125 demandé le 17 novem-
bre 1907, délivré le 27 janvier 1908 à MM. Wil-
bur Wright et Orville Wright, résidant aux
Etats-Unis d'Amérique
L'invention ci-dessous exposée se rapporte
aux machines volantes du type « aéroplane »
et a pour objet des perfectionnements dans
leur équilibrage latéral; elle à pour but la
réalisation de cet équilibrage par la disposi-
tion sur les côtés droit et gauche de ces ma-
chines d’ailes mobiles, pouvant être présentées
à l’air sous des angles d'incidence différents,
combinés avec des surfaces dont la résistance
au mouvement d'avancement peut être réglée
synchroniquement avec celle des ailes hori-
zontales.
L'appareil comprend des plans horizontaux
ou « aéroplanes » dont les ailes latérales sont
mobiles, des résistances réglables disposées sur
les côtés droit et gauche de la machine et pou-
vant modifier la résistance à l’avancement des
ailes droites et gauches.
L'équilibre latéral est réglé par une aug-
mentation de l’angle d'incidence, sous lequel
les surfaces horizontales sont présentées à
l'atmosphère dans le sens du mouvement d’a-
vancement, du côté qui tend à s’abaisser et
par une diminution de cet angle du côté qui
tend à s'élever; cette modification de l’incli-
naison du mouvement des ailes produit non
166
seulement une variation de l'équilibre hori-
zontal, mais encore sur chaque aile une varia-
tion de la résistance au mouvement d’avance-
ment; cette dernière variation a pour consé-
quence un ralentissement de la vitesse de
l’aile dont la résistance à augmenté, c’est-à-
dire de l'aile présentée sous le plus grand
angle et une accélération de vitesse de l’aile
présentée sous le plus petit angle et dont la
résistance a diminué; cette dernière aile, par
suite de la plus grande vitesse avec laquelle
elle fend l'air tend à s'élever, neutralisant
l'effet cherché.
Pour s'opposer à ces mouvements secon-
daires l’on dispose sur la machine, à droite et
à gauche du centre, des résistances réglables
s’opposant au mouvement d'avancement du
côté de l'aile qui se meut à la pis grande
1 Mai 1908
aéroplanes sont indiqués en 1 et 2; ils sont
reliés l’un à l’autre au moyen de tiges ou bar-
res rigides 3 fixées à leurs extrémités opposées
au moyen de joints flexibles ou universels;
chaque aéroplane est formé par un bâti rec-
tangulaire dont la plus grande longueur est
perpendiculaire à la ligne de vol de la ma-
chine; ce bâti est en matériaux réunissant la
résistance nécessaire au degré voulu de flexi-
bilité, par exemple en bois de bonne qualité
ou en barres métalliques légères. Les deux bâ-
tis des aéroplanes sont recouverts avec de la
toile; le côté transversal arrière bl de chaque
bâti est formé d’une partie centrale et de
deux tronçons latéraux articulés en b. Les dé-
formations des aéroplanes sont obtenues au
moyen d’un câble 4 fixé à ses extrémités aux
coins arrière mobiles des ailes de l’aéroplane
Figures descriptives du brevet francais Wright et Wright, n° 334,125 dem.cnéle S novembre 1907
vitesse pour donner, à la résistance au mou-
vement de ce côté de la machine, la même
valeur qu’à celle de l’autre côté et maintenir
ainsi les deux ailes à égale vitesse.
Les dessins ci-joints donnés à titre d'exemple
incorporent l’invention.
La figure 1 est une vue perspective d’une ma-
chine volante incorporant l'invention ;
La figure 2 est une coupe horizontale faite
au-dessous de l’aéroplane supérieur.
Dans ces dessins, l’on a représenté une
machine volante comprenant des aéroplanes
superposés et reliés entre eux dont les parties
latérales ou « ailes » peuvent se mouvoir au-
tour d’axes horizontaux pour donner,aux aéro-
planes une torsion hélicoïdale déterminant sur
les ailes des angles d'incidence différents. Les
supérieur et passé au-dessous de guides 5 por-
tés par le bâti de l’aéroplane inférieur au
moyen de pétites consoles 6. Entre ces guides,
le câble peut être müû, soit vers la droite, soit
vers la gauche, par un câble auxiliaire 8*,
renvoyé par un guide 44 sur un tambour 7
monté sur un arbre 8; cet arbre est solide-
ment fixé dans des supports 9 portés par
l’aéroplane inférieur. Ce tambour est muni
d’une poignée 10 et d’un frein 11 l’empé-
chant de tourner autour de l’arbre; une vis de
pression i2 permet de régler la friction sur
l'arbre. Un second câble 13 est fixé à ses extré-
mités sur les ailes inférieures et renvoyé sur
des guides 14 de l’aéroplane supérieur. Au
moyen de ces câbles, un seul mouvement de la
poignée 10 communique une torsion hélicoïde
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l'Aérophile
aux extrémités droite et gauche des deux aéro-
planes, les présentant à l'atmosphère sous des
angles d'incidence différents, ce qui permet,
par le réglage des angles d’incidence, de main-
tenir et de rétablir l’équilibre latéral de la
machine, le côté présentant le plus grand
angle d’incidence à l'atmosphère tendant à
s’élever, pendant que l’autre côté tend à s’a-
baisser.
Ce réglage de l’équilibre serait parfait si un
phénomène secondaire ne venait troubler la
marche nouvelle de l’appareil : le côté de
l’aéroplane dont l’angle d'incidence a été aug-
menté présente une surface plus résistante
au mouvement d'avancement et sa vitesse di-
minue ; le côté opposé de l’aéroplane, présenté
sous le plus petit angle d'incidence, offrant
une moindre résistance à ce mouvement, se
déplace plus rapidement. Pour s'opposer aux
mouvements secondaires qui tendent à se
produire, l’on dispose à droite et à gauche du
centre de la machine des résistances au mou-
vemnt d'avancement des ailes qui peuvent
être réglées individuellement, pour créer, du
côté de l’appareil présenté sous le plus petit
angle d'incidence, une résistance supplémen-
taire égale à la différence existant entre les
résistances à l’avancement des aïles droites et
des ailes gauches et obliger ainsi les deux côtés
de l’aéroplane à se mouvoir à la même vitesse.
Ces résistances réglables sont, de préférence,
constituées par des vannes verticales 15 mon-
tées chacune sur un arbre ou tige verticale 16,
arbre dont les extrémités sont logées dans les
bâtis supérieur et inférieur des aéroplanes,
près de leurs bords avant. Au-dessous de cha-
que vanne verticale 15, l'arbre porte une pou-
lie 17 sur laquelle est fixée l’extrémité d’un
câble 18 dont l’autre extrémité est attachée
sur la poulie correspondante 17 de la vanne
15 appartenant à l’autre côté de la machine.
Le câble 18 est muni de dispositifs de com-
mande permettant d'agir sur les vannes 15.
Cette action sur le câble 18 est obtenue au
moyen de poulies de renvoi 19* et d’un tam-
bour 19 monté sur l’arbre 8 muni d’une poi- -
gnée 20 et d’un frein 21, le tambour et le frein
étant analogues au tambour 7 et au frein 11.
La poignée 20 est de préférence disposée paral-
lèlement et tout près de la poignée 10 pour
que les poignées 20 et 10 puissent être saisies
ensemble d’une seule main et que l’on puisse
agir simultanément sur les tambours 7 et 19.
Quand la poignée 20 est déplacée dans un sens
ou dans l’autre une traction est exercée sur
l’un des côtés de la corde 18, l’autre côté de
cette corde devient lâche, l’une des vannes 15
est ainsi déplacée dans la direction désirée,
se présente obliquement à la ligne de vol et
oblige l’autre vanne 15 à revenir dans sa po-
sition normale, laquelle est parallèle à la tra-
jectoire de Ia machine. Le frein 21 sert à main-
tenir la vanne dans sa nouvelle position jus-
167
qu’à ce que le tambour 19 ait été de nouveau
actionné pour l’amener dans une autre ou lui
faire reprendre sa direction normale.
Enfin, la présente invention n’est nullement
limitée au réglage et au rétablissement de
l'équilibre latéral de la machine volante dé-
crite; un aéroplane formé d’un ou de 3, 4
.…n plans peut être équilibré de cette façon;
en outre, l'invention ne vise pas l’équilibrage
latéral des aéroplanes par la combinaison de
mouvements hélicoïidaux de leurs plans de
sustentation avec des orientations convenables
données à des gouvernails latéraux; d’une fa-
çon générale, elle a pour objet l’équilibrage
de ces machines par la combinaison de sur-
faces horizontales mobiles à angles d'incidence
variables disposées sur les côtés droit et
gauche de la machine avec des résistances ré-
glables situées sur ces mêmes côtés, destinées
spécialement à l'avancement de ces côtés de
la machine sans influer sur leur sustentation.
Elle est applicable aux aéroplanes dans lesquels
les angles d'incidence de tout ou partie de la
surface des ailes peuvent recevoir des valeurs
différentes sur les côtés droit et gauche de ja
machine, soit par une action sur un seul de
ces côtés. Ces modifications des angles d’inci-
dence peuvent être produites, en dehors du
mouvement hélicoïdal décrit, soit par le relè-
vement des ailes d’un côté avec immobilisation
des aïles du côté opposé, soit par le relèvement
des aïles d’un côté et l’abaissement simultané
des ailes de l’autre côté, ces mouvements étant
faits autour d’axes horizontaux normaux ou
transversaux à la ligne du vol; ces modifica-
tions d’angle peuvent être appliquées seule-
ment à des fractions mobiles de la surface des
ailes, fractions mobiles disposées, de préfé-
rence, à leurs extrémités.
Les gouvernails latéraux peuvent également
être remplacés par des surfaces mobiles autour
d’axes normaux à la ligne du vol, maintenues
normalement rabattues sur les plans de sus-
tentation et relevées, du côté de la machine
qui se présente sous le plus petit angle d’in-
cidence lors d’une modification des angles
d'incidence des ailes; dans le même but, l’on
peut également employer des surfaces verti-
cales longitudinales disposées, par exemple,
suivant les petits côtés des aéroplanes, tirées
à volonté et amenées de front par un renvoi
d’équerre sur les tiges extrêmes verticales re-
liant les plans horizontaux superposés.
Résumé. — L'invention se rapporte aux ma-
chines volantes du type « aéroplane », a pour
objet des perfectionnements dans leur équili-
brage latéral et pour but, la réalisation de cet
équilibrage par la combinaison de surfaces mo-
biles à angles d'incidence variables, disposées
sur les côtés droit et gauche de la machine,
avec des résistances réglables, disposées sur ces
mêmes côtés, égalisant la résistance au mouve-
168
ment d'avancement des côtés droit et gauche
de l’appareil pour les obliger à se déplacer à
la même vitesse.
L'invention est caractérisée par :
1° Des résistances disposées à droite ct à
gauche du centre de la machine, modifiant
seulement la résistance des ailes au mouve-
ment d'avancement et dont l’intensité peut
être réglée synchroniquement avec celle des
surfaces horizontales ;
2° La constitution de ces résistances au
moyen de câbles montés sur des poulies, ren-
voyés sur un tambour placé à la portée de l’o-
pérateur ;
4° La commande de ce tambour au moyen
d'un levier et son immobilisation au moyen
d’un frein fixant une surface dans la position
désirée et laissant l’autre libre ;
5° La disposition du levier de manœuvre de
ces surfaces horizontales pour permettre la ma-
nœuvre simultanée des deux leviers avec une
main, ou leur commande individuelle.
W. Waricnr et O. WRIGHT
SRPPRPRI PSP PPS PIE
APRÈS LE SUCCÈS
J'ai attendu quelque peu pour manifester
mon impression, à la suite du beau triomphe
des frères Voisin et de Farman, dans le prix
Deutsch-Archdeacon, de façon à avoir un
peu de recul, toujours nécessaire pour juger
sainement, et sans emballement, des événe-
ments passés.
Eh bien ! Je juge actuellement, le recul suf-
fisant; et je dois dire, qu’à la réflexion, mon
enthousiasme du début n’a nullement décru.
Je commencerai d’abord par un petit peu
d'histoire sur les héros du jour :
Je fis la connaissance de Gabriel Voisin,
vers la fin de 1903; il venait de Lyon; il me
rendit un jour visite, me disant qu’il désirait
s’occuper d'aviation, et me demandant de le
prendre à mon service, « pour travailler la
question avec moi ».
Ses références me démontrèrent qu'il avait
travaillé quelques mois chez un architecte :
l'architecture était une science insuffisamment
connexe à l'aviation pour me garantir, à pre-
mière vue, ses capacités spéciales. D'ailleurs,
je ne songeais nullement à avoir un aide-ingé-
nieur à côté de moi, à cette époque où je
n'avais pas encore commencé mes expériences.
Cependant, Voisin vint me voir deux ou
trois fois encore, et je ne pus m'empêcher
d'être frappé de ses remarquables instincts
mécaniques.
Voisin n'avait aucune éducation théorique
première, mais cela n’était pas pour m'ef-
frayer : je dirai presque : « au contraire ».
1 Mai 1908
Je vais probablement faire sauter au plafond
MM. les mathématiciens, mais je dirai que
j'ai presque toujours constaté que la culture
intensive des mathématiques atrophiait les
qualités créatrices de tous ceux qui
plongeaient.
Je prétends, et je prétendrai toujours qu’un
véritable inventeur est un artiste, que vous ne
pourrez jamais brider dans des formules, sans
lui retirer tout son génie.
Les mathématiciens sont des épilogueurs,
des catalogueurs des résultats d'expériences,
obtenus presque toujours par des empiriques ;
et s’ils ont le malheur de faire des formules
« avant la lettre », leurs formules seront,
neuf fois sur dix, en défaut.
De savants théoriciens ont mesuré et cal-
culé, par les méthodes les plus précises, le fa-
meux coefficient K... pour arriver à nous dé-
montrer que nous ne pourrions jamais voler.
Pendant ce temps-là, de modestes empiri-
ques, comme Santos-Dumont, Voisin, Far-
man, qui se souciaient de la valeur de K
comme un poisson d'une pomme, prouvaient,
en volant, que toutes les mesures, tous les
calculs des mathématiciens sur la question,
étaient faux, depuis À jusqu’à Z.
Je disais donc que je fus absolument séduit
par les remarquables instincts mécaniques que
j'avais entrevu chez Voisin; et je l’engageai
avec moi, pour essayer de mettre debout mes
premiers engins.
Pendant deux ans, 1904 et 1905, Voisin tra-
vailla pour moi, et exécuta, avec la plus
grande intelligence, mes premiers appareils
d'aviation.
Ce fut lui qui construisit l’aéroplane, du
poids de plus de 400 kilos, expérimenté sur
la Seine, à Billancourt, en 1906, et qui, re-
morqué par un canot automobile, s’enleva avec
une réelle facilité, et fit plusieurs planements
extrêmement réussis.
Un fait à remarquer, est que l’aéroplane
Farman, le glorieux triomphateur du prix
Deutsch-Archdeacon, étudié et dessiné égale-
ment par les frères Voisin, était zbsolument
identique, comme forme, à mon aéroplane de
Billancourt : la seule différence, c’est que,
dans le Farmañ, le moteur était à bord de
l’aéroplane, tandis que, dans l’Archdeacon
le moteur était à bord du bateau remorqueur.
Sy
Après ces premiers succès, Gabriel Voisin
commença à attirer l'attention; si bien, qu’en
1906, notre excellent ami Blériot, toujours
généreux et toujours homme de progrès, me
demanda, très gentiment, la permission de
m'enlever mon jeune phénomène, pour fon-
der avec lui une maison de censtruction d’ap-
pareils d'aviation.
J'y consentis d'autant plus volontiers que
j'entendais me confiner, plus spécialement,
dans mon rôle de vulgarisateur de l’aviation,
l’Aérophile
qui a toujours été plus dans mes cordes que
la construction proprement dite.
Après un an de fonctionnement, et après
de premiers essais fort intéressants, faits en
commun, l'association Blériot-Voisin fut dis-
soute, tout amiablement d’ailleurs, et Gabriel
Voisin, aidé de son frère, récemment revenu
du régiment, commença à « voler de ses pro-
pres ailes ».
C’est au cours de cette dernière année 1907,
que les frères Voisin arrivèrent, enfin, au
couronnement mérité de leurs longs efforts,
avec les succès retentissants de l’aéroplane
Farman.
Je crois que jamais association d’intelli-
gences et de qualités ne fut plus heureuse,
au point de vue de la réussite, que ce travail
en commun de Farman et de Voisin.
Gabriel Voisin apportait dans la combinaïi-
son sa science réelle de l’aéroplane, avec
toutes ses qualités de dessinateur, et le mé-
canicien compétent.
Farman apportait ses qualités de « kon mé-
canicien praticien », jointes à une patience
et à une ténacité « d’apache, sur le sentier
de la guerre », passant ses journées, et pres-
que ses nuits, à mettre au point les petits
détails mécaniques de l'appareil, ou à mai-
triser les caprices de son moteur.
Voisin, de son côté, se mettait la cervelle
à l'envers pour perfectionner ses hélices, ou
gagner quelques kilos sur le poids de l’en-
semble.
Ce travail intensif des deux amis autour
du fameux appareil a duré six mois, pendant
lesquels ils gagnaient chaque jour un peu,
améliorant quotidiennement leur appareil par
« petits progrès micrométriques ».
Personne ne saura jamais les sommes d’éner-
gie et d’ingéniosité dépensées par ces hommes
pour arriver au résultat : ils en ont prodigué
là, assurément plus, en six mois, que bien des
hommes durant toute leur existence.
Devant les résultats acquis aujourd’hui, il
appartient à l’Aéro-Club, il appartient égale-
ment à moi-même, qui ai l’orgueil d’avoir été
un des artisans de ce succès, de faire rendre
à chacun son dû.
. Il faut, en effet, pour l’histoire, fixer la
date de l'avènement réel et indubitable, en
France, de la locomotion aérienne par l’avia-
tion.
Eh bien ! je n'hésite pas à dire que cette
date doit courir du 13 janvier 1908, date de
la réalisation du programme du prix Deutsch-
Archdeacon, dans les conditions que l’on n’a
pas oubliées.
Il va de soi que je n'oublie pas le glorieux
parcours de 220 mètres, effectué par Santos-
Dumont, le 12 novembre 1906.
Santos a donc « matériellement », volé le
169
premier, mais il s’est, malgré sa belle avan:e,
tout à fait laissé dépasser; et c’est Farman
qui, le premier, a incontestablement conquis
la maîtrise de l’air, en aéroplane.
Que les frères Voisin, et cue Farman
aient été des hommes heureux, c’est possi-
ble : il n’en est pas moins vrai aw’ils ont jo-
liment bien aidé la fortune : ils ont été « les
soldats heureux d’une superbe idée », et que
ce sont eux qui ont planté, les premiers, le
pavillon de la « France aéroplaniste dans
l'empire de l'air »
Et je n'hésite pas à dire que notre gouver-
nement « a pour devoir formel » de consa-
crer cette « date historique », en donnant à
bref délai à ces victorieux soldats du pro-
grès, la belle récompense qu’ils méritent.
Ces récompenses honorifiques qui ne coû-
tent rien à l'Etat, offertes ainsi, judicieuse-
ment, à des pionniers du progrès, sont d’au-
tant plus intéressantes, qu’elles sont suscep-
tibles de leur susciter beaucoup d’imitateurs,
et que les inventeurs sont, le plus souvent,
incapables de tirer un profit « matériel » de
leurs inventions et de leurs travaux.
99 fois sur 100, les pauvres bougres de génie
sont indignement oubliés, tandis « qu’on n’ou-
blie jamais » de décorer les financiers, souvent
véreux ou tripoteurs, qui ont su faire jouer,
opportunément, la toute-puissance de leur
argent, et qui se sont enrichis des dépouilles
des autres, sans aucune dépense de génie, ni
d'activité créatrice.
Un Etat républicain, comme le nôtre, de-
vrait tâcher de s'inspirer plus souvent de ces
évidentes maximes.
Les coïncidences de la vie sont vraiment
étranges :
Comme je finissais cet article, les frères
Voisin venaient frapper à ma porte : ils m’ap-
portaient un modèle en réduction (au dixième),
de l’aéroplane vainqueur du prix Deutsch-
Archdeacon; modèle absolument merveilleux
d'exécution.
Ils venaient, par ce petit cadeau « me di-
rent-ils », remercier le co-donateur du prix
Deutsch-Archdeacon, et surtout, l’homme qui
avait eu la clairvoyance de les comprendre et
de leur mettre le pied à l’étrier, les aidant
ainsi à conquérir un peu de gloire, en atten-
dant, (peut-être), la fortune.
Cette attention des frères Voisin m'a d’au-
tant plus profondément touché, que mon seul
mérite à été d’avoir fait travailler pour moi,
pendant deux ans, un homme intelligent, que
la publicité donnée à nos travaux communs a
aidé, (par la force même des choses), à se
faire connaître.
La reconnaissance est une chose tellement
rare, en ce bas monde, que je ne veux pas lais-
ser échapper cette occasion d'en donner aux
170
frères Voisin, le témoignage sincère qu'ils
méritent.
J'y tiens d'autant plus, que j'ai cru voir
qu'ils s'étaient attiré des inimitiés, en somme
peu justifiées, si ce n’est par quelques ner-
vosités sans importance, qui sont souvent le
propre « des artistes » de leur genre.
Leur acte, éminemment louable à mon en-
droit, prouve à l’évidence que si l’écorce est
« parfois un peu rugueuse », le fond est es-
sentiellement bon.
Le regretté Levassor étuit, naguère, uni-
versellement connu dans le monde automobile
par la rugosité de son abord, ce qui ne lPem-
pêchait pas d’être entouré de l'estime géné-
rale, Voisin, qui fut, lui aussi, dans sa partie,
un créateur remarquable, mérite bien « un
peu » la même indulgence.
Quant à moi, je ne veux pas profiter, en
égoïste, du joli et coûteux modèle que les
« deux frères » m'ont offert, et je me pro-
pose d’en faire don à mon tour, au Conserva-
toire des Arts et Métiers, où sa présence me
paraît tout-à-fait indiquée, tant comme re-
production d’un appareil qui appartient au-
jourd’hui à l’histoire, que comme instrument
d'éducation, pour les néophytes, désireux de
s’'instruire.
Les initiés, de plus en plus nombreux, de
notre belle science, pourront, sur le petit mo-
dèle du Conservatoire, faire à leurs amis, « la
théorie de l’aéroplane ». Ils compléteront
ainsi, sur cette science si peu conue, « l’édu-
cation des masses », et éviteront peut-être
un peu « à certains Méçènes », que je connais
bien, la terrible invasion d’inventeurs dont ils
sont quotidiennement victimes, et aussi, les
haines « féroces » qu’ils s’attirent, quand ils
répondent aux inventeurs que leurs systèmes
sont inapplicables ou simplement, condamnés
par des expériences antérieures.
ERNESi ARCHDEACON
P.-S. — Cet article était déjà écrit, et re-
mis au journal lorsque Delagrange (que je
félicite à son tour chaleureusement et de
grand cœur) a établi son superbe record.
Ce succès nouveau du deuxième enfant des
frères Voisin ne peut qu'apporter un argu-
ment de plus à mon plaidoyer en leur faveur.
J'ajoute que la stabilité de route et la re-
marquable maniabilité de cet appareil, affir-
mée d’ailleurs par Delagrange lui-même, ont
littéralement stupéñé tous les spectateurs.
Il y a là une confirmation indiscutable de la
valeur des engins et en même temps de l’in-
telligence de ceux qui les ont construits. —
E. A.
1 Mai 1908
L'Aéronautique à l'Académie des Sciences:
SUR LES CONDITIONS D'UTILISATION
DES BALLONS DIRIGEABLES ACTUELS ‘°
Utilité des gouvernails de
profondeur
Les progrès récemment accomplis dans la
navigation aérienne permettent de dire que le
ballon dirigeable entre dans le domaine de la
pratique et qu’il peut maintenant effectuer
de véritables voyages offrant le plus haut in-
térêt au point de vue scientifique ou militaire.
Pour obtenir du ballon dirigeable le rende-
ment maximum, il faut le rendre capable de
sortir le plus souvent possible et de naviguer
le plus longtemps possible.
La fréquence des sorties est subordonnée à
la vitesse propre de l’aérostat; la durée de la
navigation dépend de plusieurs facteurs :
l'endurance de l’équipage, les approvisionne-
ments de combustible et la dépense de lest.
Nous examinerons en particulier ce dernier
point.
On sait que le ballon libre est en équilibre
instable dans l'atmosphère; le moindre
alourdissement le fait descendre jusqu’à terre
et si l’on cherche à enrayer cette descente en
allégeant la nacelle, l’aérostat remonte et at-
teint une nouvelle zône supérieure à la pre-
mière.
Avec le ballon libre ordinaire, on ne peut
parer à ces ruptures d'équilibre qu’en jetant
du lest, et c’est précisément cette consomma-
tion de lest qui limite la durée des ascensions.
Il en avait été de même jusqu'ici pour les
ballons dirigeables. Continuer à employer ce
procédé primitif eut été s'interdire tout
voyage de longue durée, et il était indispen-
sable de remplacer le brutal jet de lest par
une sustentation dynamique obtenue au moyen
de la force motrice dont on dispose à bord.
A cet effet, il était possible d'employer soit
des hélices sustentatrices, soit des plans mo-
biles autour d’un axe horizontal.
C’est cette dernière solution qui est couram-
ment usitée à bord des sous-marins; des gou-
vernails de plongée y permettent de régler
la profondeur d'immersion et l'assiette longi-
tudinale avec une telle précision que lon peut
déterminer dans d’étroites limites la zône de
navigation où doit se tenir le bâtiment.
Pour profiter de ces avantages, nous avons
cherché, en 1906, à appliquer ces méthodes à
la navigation aérienne. Le ballon se trouve,
en effet, dans des conditions absolument ana-
logues au sous-marin : la réaction des plans
obliques est simplement proportionnelle à la
(1) Note présentée à l'Académie d s Sciences, par M. Deslanûres,
dans la séance du G avril 1908.
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lAérophile 1 71
densité du milieu, et en raison du rapport des
poids spécifiques, elle est 800 fois moindre
dans Pair que dans l’eau.
Deux systèmes étaient d’ailleurs à envisa-
ger : ou bien les gouvernails à axe horizontal
pouvaient être placés à l'arrière de l’aérostat,
leur manœuvre devant avoir pour effet de
changer l'assiette et d’incliner ie ballon qui,
se présentant ainsi en oblique dans le couraut
d'air produit par la marche en avant, devait
tendre à suivre une nouvelle trajeatoire, as-
cendante ou descendante —— ou bien, des gou-
vernails horizontaux pouvaient être installés
dans le voisinage du maître couple de l’aé-
rostat, leur ïinclinaisoa devant simplement
fournir une composante verticale, sans changer
en rien l'équilibre du ballon. Es
Entre ces deux systèmes, nous avons donné
Ja préférence aux gouvernails centraux, qui
ont l’avantage de fournir un certain effort
vertical sans provoquer l’inclinaison de l’axe
longitudinal de l’aérostat, et sans donner lieu
à des mouvements de tangage dangereux ou
gênants.
Pour lutter contre les ruptures d'équilibre
accidentelles, il suffira donc d’incliner plus
ou moins les plans dans un sens ou dans l’au-
tre, et l’on doit arriver ainsi, en réduisant !2
consommation de lest, à augmenter dans de
notables proportions le rayon d’action des di-
rigeables.
L'expérience a confirmé pleinement cette
manière de voir. — Le ballon Patrie a été
muni en 1906 de gouvernails de profondeur,
ou ailerons, placés un peu en avant du centre
de poussée, à peu près dans la même position
que les nageoires latérales des poissons.
Les résultats obtenus ont été des plus con-
cluants et il est devenu facile d’effectuer de
longues ascensions en naviguant à altitude
constante par le simple jeu de ces gouvernails.
C’est ainsi que pendant l'été de 1907, c’est-
à-dire à l’époque de l’année où les ruptures
d'équilibre sont les plus fortes, en raison de
l’action intense du soleil, il a été possible
d'exécuter 14 ascensions sans aucune dépense
de lest, grâce à cette nouvelle méthode.
De même, les descentes peuvent être effec-
tuées avec une dépense de lest nulle ou insi-
gnifiante et avec une vitesse très réduite.
C’est ainsi que le 16 novembre 1907, Patrie
se trouvant à 1.325 mètres d’altitude au-des-
sus du fort de Saint-Cyr, a pu regagner le
sol sans aucune dépense de lest et avec une
vitesse verticale ne dépassant pas 0 m. 50 par
seconde.
Un gouvernail horizontal a été installé en
1907 sur le dirigeable Ville-de-Paris et a mon-
tré également une très grande efficacité,
ainsi que nous avons pu le constater person-
nellement dans plusieurs ascensions prolon-
gées. ,
11 est d’ailleurs intéressant de constater les
progrès accomplis depuis deux ans dans la
navigation par ballon dirigeable.
En 1905, dans les expériences exécutées avec
le dirigeable de MM. Lebauly, le plus grand
trajet accompli en circuit fermé fut le voyage
de Toul à Nancy et retour, soit 50 kilom., en-
viron; la plus longue étape parcourue en ligne
droite fut celle de Jouarre au Camp-de-Cha-
lons; elle était d'environ 100 kilomètres et fut
franchie en 3 h. 25 m. — Il était difficile,
d’ailleurs, de dépasser de beaucoup cette dlu-
rée, en raison des grosses dépenses de lest né-
cessitées par le maintien de l'équilibre verti-
cal du ballon.
In 1907, le dirigeable Patrie a exécuté en
circuit fermé le trajet de Chalais à Fontai-
nebleau et retour, qui, complété par des évn-
lutions au-dessus de Chalais, représente une
distance de 140 kilomètres. — 11 a pu accom-
plir sans arrêt par des circonstances atmos-
phériques peu favorables, le voyage de Cha-
lais à Verdun, soit une étape de 240 kilomètres
franchie en 6 h. 45 m. — De même, le diri-
geable Ville de Paris a effectué le 24 dé-
cembre 1907 le trajet Sartrouville-Coulom-
miers et retour, soit un parcours total de
140 kilomètres, et le 15 janvier 1908, le trajet
Sartrouville-Verdun avec un parcours total
de 260 kilomètres.
Pendant ces longues ascensions, les dépenses
de lest, relativement minimes d’ailleurs, n’ont
eu pour objet que de gagner des altitudes su-
périeures, et le maintien de l'équilibre verti-
cal a été obtenu à peu près uniquement par
lemploi des gouvernails horizontaux.
Ainsi, grâce au procédé de sustentation dy-
namique inauguré avec le dirigeable Patrie,
la durée possible des ascensions, si étroite-
ment limitée autrefois par la dépense de lest,
ne dépend plus guère aujourd’hui que de l’ap-
provisionnement d'essence, calculé pour dix
heures, mais qu’il est facile d'augmenter dans
certaines limites, en emportant des bidons
d'essence en guise de lest.
CoMMANDANT BoUTTIEAUX
x
POIDS UTILE MAXIMUM QUE
L'ON PEUT SOULEVER EN AÉROPLANE
On peut toujours décomposer comme il suit
le poids d’un aéroplane
1° a poids de l’ensemble de la charpente,
de la voilure, gouvernails et accessoires :
29 m poids du système moteur propulseu:
(moteur, transmission, hélices, etc);
39° æ poids utile (aviateur avec ses instru-
ments) ;
a + m = T représente le poids mort de
172
l’aéroplane et æ +
levé.
2 +7 in
r est le poids total sou-
1
Nous poserons
Mm = NN €
a : :
be (S étant la surface de l’aéroplane).
Appelant = la quantité de travail néces-
saire pour faire progresser l’aéroplane à la
vitesse de 10 mètres sous l’angle d'attaque 0,
nous poserons & = €;
Nous désignerons par K le coefficient de la
résistance de l'air pour l’angle d'attaque au-
quel fonctionne l’aéroplane; par p le poids
par cheval de l’ensemble moteur propulseur
et p le rendement global (transmissions et
hélices) de ce système.
Enfin, nous appellerons © le rapport entre
le travail sustentateur proprement dit et le
travail des résistances passives, quand l’aéro-
plane fonctionne sous l’angle d'attaque opti-
mus. La valeur de ce coefficient & dépend
de la loi de variation de K en fonction de
l'angle d’attaque.
Ces notations étant admises, si l’on écrit
1° que la valeur du poids total soulevé est
égale à . K Vi;
2° que l’angle
l'angle optimus;
3° que le travail total absorbé par laéro-
plane est égal au travail du moteur multiplié
par le rendement,
on obtient trois équations
duit la relation
d'attaque employé à est
d’où l’on dé-
æ+
: 2e Ë
T n+I(6+1)? ?/p\? 1
Sa NES PET
Considérons maintenant une famille d’aéro-
planes de grandeurs différentes mais géomé-
triquement semblables pour lesquels les carac-
téristiques n et (:) seront, par construction,
9
ï
les mêmes.
Nous admettrons que K est constant pour
tous les appareils de la série. On démontre
qu'il en est de même pour e et £. Enfin le
coefficient z croît, en passant d’un appa-
reil à l'autre, proportionnellement à leur
rapport de similitude À.
Si nous considérons un aéroplane donné,
tel que PAST 1
poids utile æ soulevé par un autre aéroplane
de la même série, au moyen de la relation.
nous déterminerons le
": il
DT DR RNA
r À n 1
À 3
L'examen de cette relation montre aïisé-
1 Mai 1908
ment qu'il existe une valeur A de À pour la-
quelle le poids soulevé X est maximum.
1
Cette valeur A est telle que A 3 = n
Si on appelle X et II le poids utile et le
poids mort de l’aéroplane soulevant le poids
utile X maximum, on aura :
DE Une PR EX 8 FES
Her nior u-1
Nous avons réuni dans le tableau ci-après
pu X
les valeurs de qu = et A pour diffé-
rentes valeurs de LL.
de be À \
; u —1 œ ;
1,15 23,45 1,015 1,07
1,20 25,80 1,118 1,21
1,30 35,34 1,531 1,54
1,40 51,65 2,238 1,93
1,50 76,88 3,361 2,37
2,00 512,00 22,190 5,62
2,50 2543,00 110,012 10,98
3,00 9841 ,00 426,115 18,96
L’'aéroplane Farman pesant à vide 530 ki-
los a pu soulever un poids utile de 90 à 100 ki-
los. La valeur de 1: pour cette machine est
donc environ de 1, 2, nombre très voisin de
la valeur s = 1,125 correspondant au maxi-
mum.
Si donc on cherche à construire des aéru-
planes à grande puissance (il est nécessaire
d'enlever un poids utile de 300 kilos, si on
veut sortir des applications étroitement spor-
tives) on n'y arrivera pas en amplifiant les
dimensions d’un aéroplane tel que celui de
Farman. Il faudra améliorer les détails de
construction, de façon à réaliser des valeurs
de y aussi grandes que possible.
Si on admet que les j1 successifs ins-rits
dans la 1° colonne du tableau ci-dessus soient
ceux de laéroplane d'autont de familles
distinctes, enlevant un poids utile de 100 ki-
los, on voit que le poids utile maximum com-
patible avec chacun de ces modes de construc-
tion croît très vite avec 11. Alors qu'il est seu-
lement de 112 kilos environ pour la fanulle
d’aéroplanes caractérisée par 59 = 1,20, il
s'élève à 2.200 kilos pour la famille où {26
= 2; à 11 tonnes pouru5 = 2,5; et 42,6
tonnes pour 12, — 3. — Ces maxima seraient
d'ailleurs, en fait, inaccessibles en raison des
dimensions énormes des machines qui les réa-
liseraient. — Toutefois, on obtiendrait déjà
des résultats pratiques intéressants si on ar-
rivait à faireu,,,— 2 grâce à divers perfection-
nements.
Dans l’état actuel de la question on peut
surtout gagner sur « et K parce que si nos
mobeurs sont légers, nos charpentes sont rela-
J’Aérophile
tivement lourdes et la qualité de nos surfaces
est très inférieure à celle de la voilure des
oiseaux.
Mais il est intéressant de remarquer que
l’avenir de l'aviation n’est pas subordonné
à la découverte sensationnelle qui, par l’in-
troduction d’un mode de construction entiè-
rement nouveau, ou celle de procédés susten-
tateurs très perfectionnés, résoudra d’un seul
coup le problème de l’amélioration de la fonc-
tion nu.
En effet, pour obtenir ce résultat on peut
agir avec efficacité sur 5 variables, savoir
X, 2, p, 9 ete. Or, en gagnant sur chacune
d'elles un tantième même peu élevé, on arri-
vera à augmenter le produit dans une pro-
portion considérable, et en tous cas très suff-
sante pour atteindre le but poursuivi.
Il semble donc bien que l’aviation en est
arrivée à ce point où, après la période héroi-
que du début, des résultats pratiques et pui<-
sants seront obtenus par la recherche patiente
et méthodique des perfectionnements de dé-
tail.
Chalais-Meudon, le 4 avril 1908.
GIRARDVILLE
L'Aéroplane lyonnais Roesch-Seux
MM. Rœsch père et fils, membres actifs, et
Edmond Seux, secrétaire de la section d’avia-
tion de l’Aéro-Club du Rhône, ont entrepris
depuis quelques semaines la construction d’un
aéroplane de 50 m° de surface dont ci-dessous
les caractéristiques.
D'un commun accord, les inventeurs, cédant
à des considérations du plus haut intérêt,
abandonnent le plan unique, théoriquement
si gracieux, et passent du monoplan au bi-
plan.
L’aéroplane Rœsch-Seux se compose d’une
poutre armée en bois, de 9 mètres de long,
dans laquelle sont logés la partie mécanique et
l’aviateur. (On peut dire aussi les aviateurs,
car l’appareil est prévu pour enlever 2 per-
sonnes.) Sur cette poutre viennent se fixer,
vers le tiers antérieur, deux plans sustenta-
teurs parallèles de 10 mètres d'envergure sur
2 mètres de large (soit 40 m° de surface por-
tante), ainsi que les gouvernails avant et ar-
rière, faisant ensemble 10 m-.
La stabilité longitudinale est obtenue par un
gouvernail horizontal ou queue, placé très en
arrière. Ce gouvernail est fixe ; il est à surface
unique et fait un angle de quelques degrés
avec les plans principaux. À l’extrémité avant
de la poutre armée se trouve placé un
deuxième gouvérnail dit gouvernail de profon-
deur, qui a pour but d'obtenir, par son relè-
vement ou son abaissement, la montée ou la
descente du système aérien. Ce gouvernail à
173
simple surface, mais très rigide, est com-
mandé par l’aviateur.
La traction de l’aéroplane est obtenue par
deux hélices à 2 pales, de 2 mètres de diamè-
tre et de 1 m. 20 de pas, situées à l’avant et
tournant en sens inverse l’une de l’autre à
1.000 tours à la minute. Ces hélices sont pla-
cées le plus exactement possible près du
point où le centre de pression coïncide avec le
centre de poussée, cela pour obtenir un par-
fait équilibre longitudinal.
La transmission de force du moteur aux hé-
lices se fait le plus simplement possible au
Aéroplane Rœs:h-£e +
En haut : élévation latérale. En bas, vue en plan. — A, plan sus-
ten'aleur supérieur. — B. plan inférieur. — C, poutre armée.
— D, gouvernail avant (mobile). E, gouvernail de stabilité
arrière (fixe). — F, gonvernail vertical -de direction. — M,
moteur de 50 HP — P, pignon d'angle de transn Dee
HH, hélices (diam.? m.). — SS, sièges des avialeurs. — NX,
châssis de roulement — R, ressorts amortisseurs. — Y, reue
arrière à ressorts (orientable).
moyen d’engrenages d’angles montés sur bil-
les, placés dans un carter étanche rempli de
graisse. Les butées des hélices sont également
montées sur bille. Pour simplifier la trans-
mission, le moteur est placé en travers, ce qui
permet un meilleur refroidissement des cylin-
dres. L'aéroplane Roesch-Seux sera muni d’un
moteur de 50 HP de 12 cylindres (2 groupes
de 6 cylindres) en V à 609 à aïlettes d’un mo-
dèle entièrement nouveau, établi spécialement
pour l'aviation par l’une des grandes marques
lyonnaises d'automobiles. Allumage par ma-
gnéto (1 par groupe), 2 carburateurs et sou-
174
papes commandées. Son poids est de 130 kilos
en ordre de marche. La direction est obtenue
par un gouvernail vertical placé en arrière.
Tout le système repose sur 3 roues porteuses
à pneumatiques dont deux à l'avant. La sus-
pension des roues avant est très originale et
consiste en un trapèze ou parallélogramme
mobile sur deux axes, maintenu par de forts
ressorts travaillant en extension, et cela pro-
gressivement, ce qui fait que dans la chute les
à-coups sont parfaitement amortis.
Pour mieux fendre l'air, la poutre armée,
de forme quadrangulaire, à gros bout avant,
est recouverte sur toutes ses parties d’un tissu
de soie vernie très tendu, très lisse, et l’on a
employé, pour les montants de l'appareil, des
bois creux profilés à section ovale, de façon à
réduire à son minimum la résistance à l’avan-
cement. Poids de l’appareil monté par un seul
aviateur : 450 kilos environ.
L'appareil Roesch-Seux est démontable en
3 parties : 1° poutre armée ct gouvernail;
29 partie motrice ou mécanique; 3° plan sus-
tentateur.
Ci-contre, le schéma de l’aéroplane vu en
plan, ainsi qu'une vue latérale montrant les
dispositions générales.
Ajoutons que l’aéroplane est construit dans
les ateliers de MM. Roesch, au Grand-Camp
(Villeurbanne), par les inventeurs eux-mêmes,
aui ont grande confiance dans leur appareil
et espèrent bien participer à toutes les gran-
des épreuves de 1908. — Enmoxn SEUx
Les enseiguements d'une vistoire
Le moteur d'aviation
Ce qu’il doit être, ce qu’il est, ce qu’il sera
Les trois grandes victoires du plus lourd
que Pair, avec Santos-Dumont d’abord, qui
parcourut le premier 220 mètres, avec Far-
man ensuite, le vainqueur du prix Deutsch-
Archdeacon, qui boucla le kilomètre fermé,
avec. Delagrange, enfin demeuré 6 m. 30° en
l'air, font éclater les merveilleuses qualités
de ce fameux moteur Antoinette, qui seul
a permis ces à grands records.
Le moteur extra-léger pesant 1 k. 5 au che-
val, était l’instrument indispensable à la con-
quête de l'air.
Cette science devra donc sa toute première
reconnaissance au grand ingénieur Levavas-
seur, qui sut prévoir d’abord que le problème
était mûr, et réaliser en même temps l’engin
capable de faire voler l’homme mécanique-
ment. Levavasseur n'a que plus de mérite à
triompher aujourd’hui, parce que la lutte
1" Mai 1908
fut plus àâpre pour lui et pour son moteur
Antoinette. Il fallait persuader au public
qu'un moteur si extraordinairement léger,
était néanmoins susceptible de tourner long-
temps. — C’est pourquoi Levavasseur entre-
prit d’abord en 1904 cette campagne marine
de canots automobiles, et qu’il transporta le
banc d'essai de ses moteurs successivement à
Monaco, à Evian, à Garde, et revint vain-
queur incontesté de cette fameuse campagne
qui nous valent les Antoinette I, IT, III et IV.
Ayant ainsi étalé ses merveilleuses qualités
de solidité, d'endurance et de régularité, le
moteur Antoinette venait à point pour per-
mettre ce grand mouvement aéronautique, à
la tête duquel se trouvaient Santos-Dumont
et Ferber.
Ces hommes audacieux comprirent qu'ils
avaient là sous la main, à Puteaux, dans ce
petit atelier des Bas-Rogers, l’engin rêvé qui
allait les mener à la conquête de l'air, pour
leur plus grande gloire et pour celle des mo-
teurs Antoinette.
Deux ans se sont écoulés ; le moteur chaque
jour perfectionné, rendu toujours plus ima-
niable et plus souple, est placé sur les aéro-
planes, les hélicoptères et les ballons diri-
geables.
Il a battu un à un ses propres records :
aujourd’hui, il est resté 10 minutes dans l'air,
en vol mécanique ; demain, si son conduc-
teur le veut, il fera l'heure après la demi-
heure. Et après?
Après, les conditions imposées par le prix
Michelin, indiquent aux aviateurs la voie à
suivre : charger deux personnes à bord et
parcourir à vol d'oiseau en six heures les
400 kilomètres qui séparent l’Arc de Triomphe
de l'Etoile, de Clermont-Ferrand, c’est-à-dire
voler à une allure de 70 kilomètres à l'heure.
Comme récompense, il y a 100.000 franes à
cueillir, au sommet du Puy-de-Dôme. Eh bien,
actuellement, la question moteur léger est
suffisamment au point pour permettre ce raid
Paris-Puy-de-Dôme.
I] existe dans les ateliers de la Société An-
toinette sur un banc d'essai spécial, pouvant
marcher à toutes les heures du jour et de la
nuit, un moteur de 100 chx, à 16 cylindres,
réglé comme un chronomètre, et pesant 175 k.
avec son appareil de radiation, l’eau néces-
saire pour marcher 3 heures, ses tuyauteries,
sa magnéto, son réservoir d'huile, et son
hélice de 2 m. 50 de diamètre en prise directe.
Ce moteur est destiné à être placé sur un
aéroplane dont le poids total monté sera de
800 kilos, se décomposant ainsi : membrure
(ailes, corps, queue et châssis d'atterrissage) :
250 kilos; moteur de 100 chevaux et partie
mécanique 175 kilos; les deux passagers :
140 kilos: total : 565 kilos; restent 235 kilos
pour l’essence et son réservoir, soit 800 litres,
nécessaires à une marche de 6 heures à la puis-
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l'Aérophile
sance soutenue de 100 chevaux. — Cet aéro-
plane aura 30 m° de surface. Sa vitesse de
propulsion dans l’air sera, d’après la formule
expérimentale connue, de 20 mètres à la se-
conde, soit 70 kilomètres à l’heure, justifiant
la vitesse imposée par MM. Michelin pour
conquérir leur prix.
Et après le Puy-de-Dôme ?
Après, il est difficile de prédire le but pra-
tique vers lequel s’orientera l’aéroplane, mais
il est d’ores et déjà certain que ce sera l’engin
le plus rapide du monde, capable de transpor-
ter les passagers, assez heureux pour profiter
de cette locomotion très rapide (200 à 300 km.
à l’heure), mais très coûteuse. Done, les aéro-
planes soumis à la loi commune ne pourront
étendre leur rayon d'action, qu’en augmen-
tant leurs dimensions et la puissance de leur
moteur. La Société Antoinette qui veut res-
ter à la tête du mouvement aéronautique en-
treprend déjà l'étude des 200 et 300 chevaux
ou plus), très légers.
Ces moteurs de grosse puissance ne peuvent
être réalisés qu'avec un refroidissement par
circulation d’eau : on leur demande, en effet,
un travail soutenu, et une marche à pleine
charge ininterrompue : le coup de collier qui
n’est que l’exception sur l'automobile est la
règle générale en aéroplane, où la moindre
diminution de vitesse du moteur provoque un
changement dans la trajectoire de l’appareil.
Or, en automobile, toutes les tentatives faites
pour y acclimater les moteurs à refroidisse-
ment par air, ont échoué dès que la puis-
sance dépassait 15 chevaux, et l’alésage du cy-
lindre 75 mm. Et pourtant les constructeurs
n'avaient pas épargné le poids du métal; les
ailettes des cylindres avaient le droit et la
place de s’étaler à l’aise et de lécher copieu-
sement l'air frais que leur envoyaient deux
énormes ventilateurs, un par devant, l’autre
par derrière; malgré cela, les consommations
d'huile étaient énormes; les grippages de nis-
ton fréquents. En aéroplane, le défaut s’exa-
gère : les aïlettes ont le devoir et l’obligation
d’être légères et surtout de s’effacer, car dans
un fuselage, tout ce qui déborde, est cause
d’une résistance à la pénétration, qui tue la
vitesse de l’appareil. Que seront ces moteurs
à gros alésage — et demain il faudra des 200
chx., — les moteurs à ailettes transformés en
poëles mobiles et consommant autant d’huila
que d’essence! il faudrait donc le double de
combustible pour aller à Clermont-Ferrand.
L’aéroplane dépasserait une tonne.
Et voilà pourquoi Levavasseur qui avait e-
viné qu'avant peu on demañderait à un mo-
teur léger de marcher plus de 5 minutes, a
fait son moteur Antoinette à refroidissement
par circulation d’eau. Cela ne lui a pas mal
réussi.
Rorerr GASTAMBIDE
175
FÉDÉRATION AÉRONAUTIQUE INTERNATIONALE
CONFÉRENCE STATUTAIRE DE 1908
Tenue à Londres les 27, 28, 29 et 30 Mai
PROGRAMME
Mercredi, 27 mai 1908. — Séance ordinaire
de la F. A. I, à la Royal United Service
Institution, Whitehall, London, S. W.
Jeudi, 28 mai 1908. — Séance ordinaire de
la F. A. I., à la Royal United Service Insti-
tution, Whitehall, London, S. W.
Après-midi, visite aux ateliers aérostatiques
militaires, à South Farnborough, avec l’au-
torisation du ministère de la Guerre.
Le départ pour South Farnborough aura
lieu en S. W. R. à midi 50, par la gare de
Waterloo (wagon-restaurant).
Le soir, la direction de l’Empire Music
Hall met gracieusement à la disposition de
MM. les délégués deux places pour le spectacle
du soir.
Vendredi, 29 mai 1908. — Séance ordinaire
de la F. A. I., à la Royal United Service Ins-
titution, Whitehall, London, S. W.
Après-midi, de 3 à 5 heures 1/2, examen et
vérification du matériel des ballons prenant
part au concours international du 30 mai, à
Hurlingham-Club, Fulham, S. W.
Le soir, à 7 h. 30, banquet offert par l’Aero-
Club of the United Kingdom, à l'hôtel Ritz,
Piccadilly.
MM. les délégués à la Conférence et les pi-
lotes prenant part au concours sont invités
au banquet par l’Aero-Club of the United
Kingdom. Des places seront réservées aux
amis que MM. les délégués et les pilotes dési-
reraient inviter.
Les délégués et les pilotes sont invités. Pour
les autres personnes, le montant du prix du
couvert (30 shillings, vin compris) devra être
adressé d'avance au secrétariat).
Les délégués et les pilotes qui désireraient
retenir des places pour le banquet, sont priés
d’en aviser les secrétariat de l’Aero-Club of the
United Kingdom, le plus tôt possible.
Samedi, 30 mai 1908. — A 3 h. de lPaprès-
midi, concours international de ballons, par-
tant de Hurlingham Club, Fulham, Lon-
don, $S. W.
Après le concours, les concurrents avec leurs
aides se réuniront à Londres, dans les Salons
du Royal Automobile Club, 119, Piccadilly, où
l’on servira un souper de 9 heures à 2 heures.
Ce souper, bien entendu, est tout à fait « in-
time », et les concurrents pourront s’y rendre,
en tenue de voyage.
Dimanche, 31 mai 1908. — Déjeuner à Hur-
lingham Club, Fulham, London, $S: W.
Le Royal Automobile Club offre gracieuse-
ment à MM. les délégués et pilotes l’hospita-
1706
lité de ses salons, en les nommant membres
honoraires pendant leur séjour à Londres. En
conséquence, on est prié d'adresser les noms le
plus tôt possible à M. le secrétaire de PAero-
Club of the United Kingdom, 166, Piccadilly,
London W., afin que l’on puisse les inscrire
au Club.
Pour faciliter la réception de MM. les délé-
gués, ces derniers sont priés de vouloir bien
faire part à l’Aero-Club of the United King-
dom de leur arrivée à Londres.
CONCOURS DE BALLONS DU 30 MAI
A LONDRES
à l’occasion de la Conférence de la F. A.I.
Un concours de ballons, sous les règlements
de Ja F. A. L., aura lieu à Londres, le 30 mai
190$, à Hurlingham Club, à 3 heures de raprès-
midi. J
Pr 1", Objet d'art de 1.509 fr.; 2° Coupe
d'une valeur de 500 fr.; 3°, Coupe d'une valeur
de 250 fr.; 4°, Médaille de vermeil ; 5°, Médaille
d'argent.
Le concurrent étranger le mieux placé aura
droit, en outre des prix ci-dessus mentionnés,
à un prix de 1.500 fr.
Les concurrents recevront une médaille com-
mémoralive.
Règlement. — 1° Concours ouvert à tous les
Clubs reconnus par la F. A. I et à tous les
membres qui, n'étant pas piloles, seraient mu-
nis, en celle circonstance, d'une licence spéciale
délivrée par la Sociélé à laquelle ils appartien-
nent; 2° concours ouvert à 35 ballons des cinq
premières catégories ; 3° le gagnant sera le concur-
rent qui atterrira le plus près d'un point désigné
par le Comifé organisateur ; 4° départ par tirage
au sort: 5° les concurrents, en atterrissant,
doivent faire signer (par deux personnes avant
< GE ente) da formule qui leur sera
irt; 6° tout concurrent doit, ex
pour ce concours, se reconnaitre
un
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ballon, à passagers, etc. L'Acro-Club of the
United Kingdom décline toute responsabilité ;
7° les ballons concurrents doivent être arrivés
à Hurlingham Club, London $S. W. avant 10 h.
du matin, le vendredi 29 mai, et être prêts à
être examinés par les commissaires. officiels
entre 3 h. et 5 h. 1/2, le même jour; 8° les
concurrents devront se munir de sacs de lest
en quantité suffisante pour le gontlement du bal-
lon, de tuyaux et de bâches pour couvrir le sol:
9° {ous les ballons doivent porter le pavillon de
leur Club et de leur pays : 10° ce règlement est
formel ; 11° gaz et lest gratuits. Engagements
à adresser à l'Aero-Club of the United Kingdom,
16618P dilly, London, accompagnés de la
secmme de 250
s&ble.
francs dont la moitié rembour-
TOUT LE MONDE A VIATEUR
.… « Faudrait-il en arriver à cette conclusion
« paradoxale appuyée d’un exemple probant :
«la conduite du biplan de Voisin serait plus
« aisée à apprendre que « l'Art de monter
« à bicyclette ? Il y suffira d’un peu plus d’au-
« dace.
« Cette constatation inattendue serait sin-
.1" Mai 1908
« guhièrement heureuse pour la vulgarisation
« de l'aviation. »
Telle est la conclusion d’un article paru
dans le dernier numéro de l’Aérophile et que
nous demanderons de nous laisser développer
un peu.
Lorsque, d'étape en étape, Farman parvint
à boucler le redoutable kilomètre, on admira
trop l’acrobatie, qu'au dire de certains, il
avait dû accomplir pour arriver à ce magni-
tique résultat.
On mit sur le compte d’une prétendue diffi-
culté de conduite de notre appareil les qua-
tre mois de travail qu’il passa à la mise au
point de la partie mécanique. On ignora gé-
néralement que Farman avait réussi officieu-
sement son premier virage complet le 7 no-
vembre 1907 — son journal d'expériences en
fait foi, — et qu'une suite désespérante de
« guigne » l’empêcha de conquérir plus tôt
le prix « Deutsch-Archdeacon ». C’est dans
cette lutte contre la malchance que Farman
doit être admiré surtout. Admirons, en outre,
le courage qu’il a montré en se confiant à
un appareil qu’il ignorait et critiqué de tous.
Mais laissons de côté la réputation d’équili-
briste qu’on essaya de lui faire; du reste,
lorsqu'on vit Delagrange, avec autant de faci-
lité, marcher sur la corde raide, il y eut, nous
devons le reconnaitre, un moment de sur-
prise. Tout le monde connaît Léon Dela-
grange : sculpteur de talent, cavalier émérite
et chauffeur habile lorsqu'il conduit un « ta-
cot » qui ne dépasse pas le trente à l'heure.
Or, ce sportsman éclectique, il est vrai, mais
nullement acrobate, on nous l’accordera, est
arrivé en cinq jours d'expériences, — nous
insistons sur ce chiffre, — à rattraper Far-
man, puis, profitant de ce que ce dernier était
allé se reposer quelques jours à la campagne,
à lui ravir la Coupe Archdeacon, et à réussir
un vol de près de dix kilomètres!
Nous savons tous pourquoi il a atterri après
ce vol sensationnel : de même qu’un débutant
commençant à ‘conduire une bicyclette se
crispe sur son guidon de crainte qu’il ne lui
échappe, de même Delagrange s'est cram-
ponné pendant dix minutes à son volant,
employant toute sa force musculaire à une
manœuvre où deux doigts auraient suffi, il
est le premier à le reconnaitre. Il est dif-
ficile d'admettre qu'un homme, en cinq jours,
devienne « acrobate » au point de réussir une
performance que jamais personne n'avait ap-
prochée.
Nous en tirons donc la conclusion suivante :
qu'un sportsman quelconque peut, après dix
minutes d'apprentissage à bord d’un de nos
biplans, réussir un vol d’une longueur appré-
ciable, et après deux heures d'expérience, exé
l’Aérophile
cuter un circuit fermé avec retour rigoureux
au point de départ.
+ *
On a parlé souvent du danger des expé-
riences d'aviation; il convient de mettre les
choses au point. Nos appareils peuvent, à la
volonté du pilote, efileurer le sol ou se tenir
à une hauteur rigoureusement constante.
M. François Peyrey, dans le compte rendu
de la dernière performance de Delagrange, ie
signale. Il déclare qu’au cours des deux pre-
miers tours de circuit, l’aéroplane était trop
près du sol. Mais M. Delagrange s'étant rendu
compte de ce défaut, corrigea légèrement sa
hauteur de route et réussit à accomplir près
de cinq fois le circuit de la piste triangulaire,
à trois mètres de hauteur moyenne. Or, un
accident ne peut se produire dans ces con-
ditions qu’en cas de retour au sol {rop brusque.
Nous ne croyons pas qu'il existe un grand
danger dans la manœuvre d’appareils qui
obéissent avec autant de facilité à la volonté
du pilote.
On nous a déjà cité l’accident d'Henri Far-
man; accident de peu d'importance, il est
vrai, mais qui, — nous le reconnaissons vo-
lontiers, — aurait pu avoir, pour le pilote,
des conséquences autrement fâcheuses.
On conviendra, toutefois, que nos aviateurs
travaillent actuellement dans des conditions
extrêmement difficiles : ils doivent tourner à
60 kilomètres à l'heure autour d’une piste
de huit cents mètres de développement, agré-
mentée de trois virages à angle aigu, M. De-
lagrange nous le signalait du reste : au cours
de son expérience, dès qu’il était sorti @’un
virage, il devait commencer à orienter son
gouvernail pour prendre le suivant.
A quel engin couvrant ue surface de cent
mètres carrés et se déplaçant à une vitesse de
seixzante kilomètres à l'heure, demandera-t-on
semblable maniabilité? Une voiture de course
tournerait-elle à cette allure autour de la
Place de la Concorde? Toutes proportions
d'encombrement gardées, la difficulté ne de-
vrait pas être plus grande Dans quelles cir-
constances exceptionnelles un aéroplane aura:
t-il à effectuer quinze virages pour couvrir
une distance de 3.925 mètres?
Nous en déduisons donc qu’il faut quitter
le champ de manœuvre d’Issy-les-Moulineaux.
Ces longs parcours aériens avec interdiction
de frôler le sol, ne prouvent absolument rien;
les sensations du vol mécanique sont les mêmes
à dix centimètres qu'à dix mètres du sol, Les
règlements des prix et conours nous impo-
sent actuellement des parcours à une altitude
trop grande. Lorsqu'ils seront tous gagnés, —
ce qui ne saurait tarder, nous l’espérons, —
7
nous conseillerons aux aviateurs d’efïleurer
en volant les terres labourées des plaines de
la Beauce.
Notre conclusion est donc que tout le monde
aujourd’hui peut grossir les rangs des hommes
volants.
Pourquoi, nous objectera-t-on, puisqu'il est
si facile de voler, deux prix de deux cents
mètres restent-ils encore à gagner à l’Aéro-
Club de France? D’autres nous demanderont
pourquoi notre type de biplan est le seul ac-
tuellement à avoir réussi des vols en circuit,
alors qu'une vingtaine d’appareils sont en
expérience.
Nous aurions la partie trop belle pour ré-
pondre à tous; comme les Wright, nous pour-
rions parier de notre « secret ».
Nous ne voulons pas le faire, et nous di-
rons tout simplement que tous les appareils
actuellement en essais peuvent et doivent vo-
ler. Il ne leur manque qu’une mise au point,
facile à obtenir, à condition que leur construc-
tion permette une suite d’essais ininterrompus
par les accidents.
Nous avons appris dernièrement avec satis-
faction que des atelisrs venaient de se monter
qui « livreraient enfin aux aviateurs des ap-
pareils normalement construits et étudiés ».
Il est évident que lorsque ces ateliers seront
en pleine production, l'aviation fera un
grand pas.
Un seul moyen existe pour lancer l'aviation
au point de vue sport; nous croyons nous sou-
venir que jadis, lorsqu'une maison d’automo-
biles faisait des efforts pour attirer à elle des
clients encore méfiants, elle prenait l’engage-
ment de faire couvrir à la voiture quelques di-
zaines de kilomètres pour prouver le bon
fonctionnement de l’engin. Que’ des construc-
teurs d’aéroplanes prennent les mêmes garan-
ties pour leurs appareils, et il n’est pas dou-
teux que les clients viendront en foule s’ins-
crire sur leur livre de commandes.
Les appareils de Farman et de Delagrange
ont été vendus avec une garantie d’un kilo-
mètre ; les dessins de ces aéroplanes n’ont pas
été détruits; du reste, M. Delagrange a prévu
cet accident, et il nous a passé commande,
avec l’aide d’un syndicat, d’une première sé-
rie de cellulaires qu’il se propose de mettre à
la disposition des amateurs.
« Qui n’a pas son petit aéroplane? »
Les FRÈRES VOIsiN
ne
Pour le monument au colonel Renard. —
Le Comité du monument au colonel Charles
Renard, dans une réunion à l'Aéro-Club de
France, le 18 mars, sous la présidence du gé-
néral Langlois, entouré de MM. Armengaull
jeune, H. Guillaume, Marchal, le commandant
2enard, Edouard Surcouf, elc.. a décidé de faire
un nouvel appel aux amis et admirateurs du
resretté savant, avant de clore la souscription.
qui s'élève aujourd'hui à 15.000 francs.
Siège social
Convocations.
Conseil d'administration, 6 mai, à 5 h.
Comité, jeudi 7 mai, à 5 h.
Commission scientifique, 27 avril, à 5 h.
Commission sportive, sur convocation du Bu-
reau.
Commission d'aviation, sur
Bureau.
Diner mensuel, jeudi 7? mai 1908, à 7 h. 1/8,
en l'Hôtel de l'Automobile-Club, 6, place de la
Concorde. Prix du couvert : 8 fr., tout compris.
Les inscriptions pour le diner, réservé aux
seuls membres du Club, sont reçues, accompa-
gnées du prix du couvert, la veille au plus tard.
convocation du
COMITÉ DE DIRECTION DU 5 MARS 1998
Procès-verbal
Présents à la séance, ouverte à 5 h.
la présidence du comte de La Vaulx, M
Balsan, G. Besançon, le comte de Castillon, J.
Faure, Victor Tatin, G. Dubois, E. Archdeacon,
R. Gasnier, P. Tissandier, le capilaine Ferber,
F. Peyrey, G. Le Brun, le comte de Chardonnet,
M. Mallet, F.-S. Lahm, A. Nicolleau, E. Bou-
lenger, G. Blanchet, E. Janels, le comte A. de
Cerlades,
Correspondance. — Il est donné lecture d'une
lettre de M. H. Kaplerer qui remercie le Co-
milé de la médaille de vermeit qui lui a été
décernée.
sous
Balloltage. — I1 est procédé à l'admission de :
MM. Boyer-Guillon, parrains Archdeacon et
Surcouf: Gandillot, parrains Archdeacon et
Zens : R. Goldschmidt, parrains : L. Godard et
le capitaine Ferber ; Jules Aghion, parrains
le comte de Ta, Vaulx el Deutsch de Ja Meurthe ;
Welby Jourdan, parrains : J. Faure et M. Mället ;
Gaston Van Brock, parrains : J. Faure et E.
Dubonnel: Gianni Bellini (A. C. F.), parrains
J. Faure et E. Dubonnet : Pierre Trémoulière
(A. C. F.), parrains : J. Faure et E. Dubonnet;
Marcel Caplain: (A. C. F.): le baron d'Alignv,
parrains : le comte de Castillon et le comte de
Chardonnet ; Marcel Masson, parrains : M. Bour-
geois et A. Nicolleau ; le comte B. de Charnaté,
parrains : R. Gasnier et P. Gasnier ; André
Gounouilhôu, parrains : A. Leblanc, F. Peyrey
et E. de Kergariou; le duc d’Arenberg, par-
rains : le comte d'Oultremont ef le comte de La
Vaulx ; Robert Kiefe, parrains : le comte de
Castillon et M. Blumenthal : Oscar Heeren, par-
rains : J. Faure et le comte de Contades ; Gaston
Faure, parrains : J. Faure et le comle de Con-
tades ; Luis d'Aguiar (A. C. K.), parrains : J.
Faure et M. Muron; Frank Oller, parrains
J. Faure et le comle de Contades ; Auguste de
3reyne, parrains Ferber et P. Tissandier ;
Paul Borgnis, parrains Ferber et Chauvière ;
Achille Borgnis, parrains Ferber et Chau-
vière; Trouard-Riolle, parrains : comte de Cas-
tillon et P. Perrier. ‘
revel de pilole aéronaule, décerné à MM. E.
1% Mai 1908
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Dubonnet, parrains : le comte de Contades et
(M. Mallet ; Pierre Gasnier, parrains : R. Gasnier
et P. Tissandier,
Concours d'avialion. — M, Archdeacon expli-
que les difficullés qui se sont présentées dès que
les premiers concours d'aéroplanes en province
ont été projelés. k
M. Bougarel, organisateur d'un concours à
Vichy, demandait qu'il ne fût organisé aucun
cancours d'aéroplanes avant celui de Vichy ; le
Comité approuve la réponse faite par M. Arch-
deacon, président de la Commission d'avialion,
de ne pouvoir prendre aucun engagement de
priorité.
Parce d'avialion. — Le Comité étudie le projet
de parc d'avialion à Issy-les - Moulineaux.
MM. Viclor Latin et Georges Besançon de-
mandent si le Club se chargera de Ja clôture du
terrain et de son gardiennage. Le Comilé se-
rait d'avis d'établir graluitement la clôture en
treillage, sans s'occuper du gardiennage.
Pour répondre à quelques observations, le
comte de La Vaulx propose alors que les loca-
aires amortissent les frais de clôture et de bail.
Après discussion, il est décidé que l'emplace-
ment pour chaque hangar sera cédé au prix de
50 francs par semestre, payables d'avance.
Le comle de Castillon de Saint-Victor donne
lecture d'un projet de règlement pour le parc
d'aviation d'Issv-les-Moulineaux. Le Comité l'ac-
ceple en principe en demandant qu'au point de
vue légal, il soit soumis à la Commission du
Contentieux pour dégager toule responsabililé.
Ce règlement aura son effet dès que l’autorisa-
tion du ministère de la Gucrre parviendra à
l'Aéro-Club.
Concours daérostalion. — M. Peyrey demande
l'organisation de plusieurs journées de fêtes
aéronautiques avec ballons et aéroplanes, en
l'honneur de l'Aéro-Club du Sud-Ouest.
Le comle de La Vaulx croit qu'une fêle réu-
nissant l'Aéro-Club de France el l'Aéro-Club du
Sud-Ouest pourrait êlre organisée dans les pre-
miers jours de juin 190$, dans une ville située
entre Paris et Bordeaux.
Le Comité est d'avis de demander l'autorisa-
tion d'occuper le Jardin des Tuileries, pour le
Grand Prix de l’Aéro-Club de France.
M. Peyrey demande de mettre à l’ordre du
jour de la prochaine séance du Comité de di-
rection une fêle décennale de l’Aéro-Club de
France.
Diners. — Te diner mensuel de Jl'Aéro-Cluh
0 D
est reporlé du 2? au 9 avril, exceptionnellement,
pour coïncider avec l'assemblée générale.
Le jeudi 2? avril sera donné à l’Automobile-
Club, le banquet de fondalion de la Chambre
syndicale des industries aéronautiques, qui
réunira J'Aéro-Club de France et la Chambre
syndicale. Le prix de souscription est fixé à
20 francs, comprenant le banquet et la soirée.
. Assemblée générale. — \'’ordre du jour de
l'assemblée générale du 9 avril est arrêté comme
suil : Allocution du président. Rapport du se-
crélaire général. Raprort du trésorier. -— Rati-
fication des admissions de membres reçus en
Automobiles
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RÉDACTION : Saint-Pétersbourg, Ertelew, 18
REFDACTEUR EN CHEF : Capilane Hermann
: Victor LATIN, Ingénieur-Aviateur
Lauréat du prix Penaud à l’Académie des Sciences
ÉTUDE & CONSTRUCTION D'AÉROPLANES
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cette voiture ayant 4 personnes à bord (poids
1.820 kilos, y compris les bagages) a fait 2.750
kilomètres sans la moindre panne, sans crevaison
de pneus (820 — 120 aux 4 roues) effectuant
l'ascension du Galibier (2.550 mètres d'altitude,
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J’Aérophile
1907. Renouvellement des membres sortants au
Comité de direction. — Election au Comité des
membres proposés à la suite de vacances.
Dissolution. — M. Victor Tatin propose la dis-
solution de la Commission technique qui a cessé
de fonctionner depuis un an. (Adopté.)
Ascensions. — Le trésorier propose d'inscrire
au projet de budget pour 1908, 1.000 fr. pour
les ascensions à prix réduit et les ascensions
internationales. (Adopté.)
Commissions. — M. Archdeacon demande la
création d’une Commission des auto-ballons ou
des ballons dirigeables. (Adopté)
Il demande aussi la création d’une Commis-
sion des ballons sphériques. Cette proposition
est adoptée en principe.
Photographie. — M. J. Balsan demande, à l’oc-
casion des dix années de l’Aéro-Club de France,
de constituer un album photographique de
tous les membres. Le Comité accepte cette pro-
position et enverra à tous les membres une
circulaire jointe à la convocation d’assemblée
générale.
FÊTE DE PRINTEMPS
Concours de distance sans escale
Samedi 16 mai 1908, au parc de l'Aéro-Club
de France (Coteaux de Saint-Cloud), pour 15 bal-
lons des 1° et 2° catégories (jusqu'à 900 mr),
réservés aux pilotes membres de l’Aéro-Club de
France. Départ à 4 h: 1/2.
Prix offerts par M. Jacques Stern : 1* prix :
500 fr.; 2° prix : 300 fr.; 3° prix : 200 fr.
Fourniture de gaz. — Aux conditions habi-
tuelles du parc.
Inscriptions et droit d'entrée. — Les inscrip-
tions, accompagnées du versement d'un droit
de 50 fr. (remboursable aux partants et aux ins-
crits non favorisés par le sort; la moitié seu-
lement aux forfaits déclarés au moins 48 heures
avant le départ: non remboursable aux autres),
sont recues du 5 au 12 mai, à 4 heures, au se-
crétariat de l'Aéro-Club de France (63, avenue
des Champs-Elysées). Une somme de 5 fr. sera
retenue, comme d'habitude, pour Îles papiers
de bord.
Ordre des départs. — Le 12 mai, à 4 heures,
au siège de l’Aéro-Club, fixation par tirage au
sort des partants parmi les inscrits et de l’ordre
des départs.
Droit de passage. — 50 francs pour tout pas-
sager étranger à l’Aéro-Club de France ou aux
Scciélés affiliées.
Obligations imposées aux pilotes. — Les hbal-.
lons de ?° catégorie devront emporter deux
aéronautes. Chaque ballon doit porter une
flamme aux couleurs de l'Aéro-Club de France
et le pavillon français. Mise en place du maté-
riel (ordre des départs), la veille avant 4 heures.
Gonflement à 6 heures précises du matin.
Cominissaires sportifs. — MM. Georges Be-
saençon. le comte A. de Contades. Ed. Surcouf :
commissaire adjoint : le comte de Castillon de
Saint-Victor.
Si les circonstances l'exigent, el en cas de
mauvais temps, les commissaires sportifs pour-
rent décider de remettre l'épreuve au lende-
ruain.
COMMISSION D'AVIATION
Séance du 21 mars 1908
Présents MM. Archdeacon. Tatin, Ferber,
F. Peyrev, Blériot. Detable,; Zens. Girardville,
Farcot, Ferrus: Godard. Chauvière, Kapferer.
Coupe Michelin el Grand Prir Michelin. —
M. André Michelin est introduit el explique les
modifications qu'il veut bien faire subir aux
grandes lignes de son prix. La coupe sera dotée
170)
de 20.000 francs par an pendant huit ans. Une
Commission composée de MM. Archdeacon,
Tatin, Michelin, commandant Ferrus, est char-
gée de rédiger le règlement de ce prix.
M. Michelin prend congé et esi chaudement
remercié par le président, parlant au nom de
la Commission.
Création du prix Monlefiore el du prix de la
Commission d'aviation avec règlement modifié.
— Le secrétaire lit une lettre de M. Archdeacon
au sujet du prix de 5.000 francs récemment
créé ; il craint que ce prix n'ait pas le carac-
tère d'encouragement général qui est le but que.
se propose la Commission.
M. Kapferer fait remarquer alors que cette
suite de prix échelonnés pour record vaudraient
mieux, parce qu'ils maintiendraient un intérêt
croissant. Précisément, M. Monteliore serait
assez disposé à donner un prix de 2.500 francs.
M. Tatin pense alors que si cela convenait à
M. Montefiore, on pourrait attribuer un prix au
meilleur record au 1°” juillet 1908, puis on at-
tribuerait le prix de la Commission de 5.000 fr.
au meilleur record au 1* octobre 1908.
M. Kapferer fait remarquer que l'intérêt irait
croissant jusqu’au 31 octobre, date de la Coupe
Michelin.
La Commission se range à cet avis, si cela
agrée au nouveau donateur.
La Sous-Commission composée de MM. Tatin,
Kapferer, Esnault-Pelterie, Ferber, étudiera les
règlements convenables. M. Kapferer fait re-
marquer qu'il suffira de copier celui de la Coupe
Michelin.
Altribulion d'un prix des 200 mètres à M. Léon
Delagrange. — Sur le rapport de MM. Peyrey
et Kapferer, la Commission attribue le prix de
200 mètres à M. Delagrange, pour son vol du
17 mars 1908. La distance mesurée par M. Pey-
rey était de 269 m. 50, parcours en 21 s. 1/5.
Demande d'homologation des nouveaux re-
cords d'Henri Farman. — Enfin, la Commission
demandera à la Commission sportive d'homo-
loguer le record de Farman du 21 mars; il à
parcouru ce jour-là, à 10 h. du matin, quatre
fois une piste formée de deux poteaux distants
de 501 m. 20, mesurés par M. Peyrey, soit
2.004 m. S0: à titre d'indication. la durée du
vol a été de 3 m. 39 s. Commissaires : MM. Pey-
rey et Drzewiecki.
Une seconde fois, il est resté 4 m. 9 s. en
l'air, mais il a touché d’une roue pendant le
trajet.
Instructions pour le contrôle et les inscrip-
lions. — On décide que dorénavant, les com-
missaires auront à remplir une formule de rap-
port dûment datée et signée.
On décide aussi qu'il faudra s'inscrire pour
la Coupe Archdeacon 24 heures à l'avance.
Nouveau membre, — M. Michelin est nommé
membre de la Commission d'aviation.
Séance du 7? avril 190$
Présents MM. Archdeacon, président; Es-
nault-Pelterie, P. Tissandier. A, Farcol, com-
mandant Ferrus, L. Blériot, P. Lovsel, FH. Kap-
ferer, FL. Godard. K. Peyrey, Michelin, comte de
Castillen. Guffroy, le capitaine Ferber, Georges
Besancon.
Règlement du Prix Michelin qu'une sous-com-
mission à élaboré, Approuvé dans son ensemble
et dans son célail.
La discussion générale règle rapidement les
points de débail comme ceux relatifs aux enga-
sements, à la pisre, au contrôle, ete. Mais de
plus, elle fait ressortir une qnestion de prin-
cipe importante. M. Michelin. reflétant en
somme l'opinion de la foule, tentée d'attribuer
tout le mérite du vol au coureur qu'elle prend
189
pour un acrobate mystérieusement habile, avait
spécilié que son prix serait attribué à l'aviateur
pilote de l'appareil. cou
M. Blériot fait remarquer que cela est injuste,
qu'il y à des appareils stables et d'autres ins-
lables el que le conslructeur en à le mérite. Il
est appuyé vivement par M. Esnault-Pelterie qui
fail remarquer que le constructeur où mieux le
propriétaire de l'appareil fait Lous les frais, qu'il
n'y a que l'embarras du choix pour trouver un
ccncduelernr,
M. Archdeacon, très indécis, ne veut pas peser
sur da Commission. Au fond, il pense que l’avia-
leur aura de moins en moins d’acrobulie à faire:
“ais il lui semblerait plus conforme au sport
de le récompenser.
\. Kaplerer ‘fail
aulres sports, c’est le prop
prix. Libre à lui de rémunére
il l'entend.
M. Archdeacon fait remarquer qu'attribuer le
prix au propriélaire sera une mesure qui ferail
marcher ce commerce spécial. On ne trouvera
guère d'aviateurs pour dépenser 30.000 francs
d'appareil s'ils n'ont pas l'espoir de gagner des
prix.
La discussion se lermine sur le mot du capi-
laine Ferber qui dit que la décision de la Com-
mission marquera le passage de l'ère sportive
à l'ère commerciale, et par son vote, la Com-
mission décide que des prix seront altribués aux
propriétaires des machines volantes.
remarquer que dans les
aire qui reçoil le
le coureur comme
ne
COMMISSION SCIENTIFIQUE DU 30 MARS 1908
Présents à la séance, ouverte sous la prési-
dence de M. de Fonvielle, doyen d'âge : MM. Cail-
letet, le comte de Chardonnet, le comte de La
Baume-Pluvinel, Paul Bordé, le commandant
Renard, Armengaud jeune, Georges Besancon.
Félicitations. — Le président, au nom de l'as-
semblée, adresse ses félicitations à M. Georges
Besançon, nommé chevalier de la Légion d’hon-
neur.
Concours. — Elle adresse ses remerciements
au prince Roland Bonaparte qui renouvelle pour
190$ les prix qu'il offre pour les observations
méléorologiques et pour la photographie aéro-
nautique.
Le secrétaire donne lecture du règlement du
concours de photographie 1908.
Le règlement sera celui de 1907 avec de lé-
gères modifications typographiques.
La liste âu jury 1907 est renouvelée et le se-
crélariat demandera que la liste des prix soit
renouvelée.
Les concours de météorologie ouverts en 1907
sont renouvelés pour 1908.
Observations météorologiques. — Ta Commis-
sion demande à M. Jaubert de lui adresser un
rapport sur les feuilles de. l'année 1907, en pro-
posant, s’il y à lieu, des lauréats.
Pour répondre au vœu de là Commission,
M. Bordé propose de placer au pavillon du parc
de lAéro-Club le baromètre à mercure du siège
social, afin que les aéronautes puissent noler
la pression du baromètre étalon, au départ, à
côlé de celle indiquée par leurs baromètres ant-
roïdes et leurs enregistreurs. Cette proposition
est adoplée.
M. le comte de La Baume-Pluvinel désire que
les aéronaules fassent aussi une observation au
thermomètre fronde avant le départ, et aussi
après l'atterrissage.
Ascensions scientifiques. — La Commission
acceple l'ascension scientifique proposée par
MM. Barthou, Carrion et le D' Monprofit. Le
rapport sera soumis à M. Dastre.
Le comte de La Baume-Pluvinel demande que
1°! Mai 1908
les aéronaultes fournissent aussi quelques obser-
vations méléorologiques à côté de leurs obser-
valions physiologiques.
La Commission émet le vœu de multiplier les
observations par ballons-sondes et cerfs-volants
en France.
M. Paul Bordé souhaile que lAéro-Club, du
Sud-Ouest fasse des lancers réguliers de ballons-
sondes à Bordeaux.
Le commandant Renard parlera à la prochaine
séance des vœux émis par la Commission
d'aéroslalion scientifique.
NM. Bordé signale une thèse du D' Chabert, en
1875, sous le titre « Accidents des hautes as-
censions aérostatiques ».
Photographie, I] communique à la Commis-
sion le résultat de l'enquête à laquelle il s’est
livré pour les diverses manières de faire de la
pholographie par ballon caplif non monté, les
prix des ballons en caoutchouc, baudruche ct
collodion.
La Commission sera heureuse d'entendre un
rapport de M. Paul Borde dès qu'il aura pu
faire des expériences de ce genre.
A ARR
COMITÉ DE DIRECTION DU 2 AVRIL 1908
L’Aéro-Club de France a procédé aux admis-
sicns suivantes, après ballottage : MM. le géné-
rai de Kowanjko, Maurice Faure. Jules Saunière,
Isaac Koechlin, Gaston Mouchotte, Edmond Sir-
ven, Jean Dupont, Hugo Rumbold, W. H. Otter,
Vincent Eyre, Maurice Chatel, baron Guy d’Us-
se], Melvin Vaniman, Pierre Ponchelet, Henry
Tirard, Robert Neuerburg, Marcel Baratoux.
Pierre Dupont, Léon Le Cerf, Auguste Hériot.
Louis Dassonville, Charles Slot. Karl Frowein,
prince de Colloredo-Mansfeld, Pierre Mallet.
prince Serge Mestchersky, Henri Brasier, Georges
1 Cerf, Emile Armbruster, Paul Hugé, colonel
Michel d'Adabache, Albert Guyot, Charles Weiss-
man. baron d’'Almeida-Santos, Jules Dubois.
Le brevet de pilote-aéronaute a élé décerné
à M. L.-A. Duthu.
Le Comité arrête le programme du concours
de distance du samedi 16 mai. Fête de prin-
temps. Prix offerts par M. Jacques Stern.
M. René Grosdidier annonce un prix anonyme
de 1.000 francs pour le concours d'été du jeudi
{IL juin, au parc de l’Aéro-Club, à l’occasion de
la fèle décennale.
Un concours de distance minima est fixé au
dimanche 28 juin.
Le Grand Prix de lAéro-Club de France, au
bénéfice de la Caisse des victimes du devoir,
‘aura lieu le dimanche 4 octobre 1908.
A l'Héro-Club du Sud-Ouest
Dîner du 9 avril. — [Le diner mensuel d'avril
a eu dieu dans la salle Louis XVI, du Café de
Bordeaux, sous la présidence de M. C.-F. Bau-
dry. Quarante convives y assistaient, malgré
l'épidémie de grippe qui sévissait à ce moment
à Bordeaux.
On a beaucoup parlé des fêles et concours à
organiser au cours du printemps et de l'été.
Ascensions de l'Aéro-Club du Sud-Ouest,
— 10 avril. — Bordeaux, usine à gaz de La
Bastide, 10 h. 55 du soir. L'Aquitaine (1.100 m') :
MM. Paul Léglise, A. Gufflet. Alt. le 11 avril.
à 10 h. 30 du matin, à Montcuq (Lot). Durée
11 h. 35. Distance : 151 kil. Faible vent d'ouest.
Concours d'atterrissage. — le 10 mai, aux
Quinconces, à Bordeaux, aura lieu le départ
Œun concours de distance minima, ouvert aux
ballons des quatre premières catégories et or-
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nier). — Equilibre et virage des aéroplanes (Albert Razin). — L'aviation à Jssy-les-Moulineaux : Pour le prix Armengaui jeune (G. Blanchet) — L'aéro-
plane Blanc (M. Degoul). — Ceux qui disparaissent : Me Poitevin (commandant Paul Renard). — Les brevets de l'aéronautique. — L: Pour et le
Contre : Sur le virage des aéraplanes (A. Bazin). — L'aéroplane « Red Wing » (P. Ancelle). — A propos de l'indicateur de pente (A. Goupil). — Le
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15 Mai 1908
Portraits d'Acronautes Contemporains
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Louis CAPAzzA
Né à Bastia le 17 janvier (862, Louis Capazza était agent secon-
daire de première classe des Ponts et Chaussées, et détaché aux
-études des Ch. de fer dela Corse lorsqu'il inventa divers instruments
-de précision notamment des ellipsographes et le campylographe.
11 fut envoyé à Paris en 1883 aux frais de l’Etat et de la ville de
Bastia pour consiruire ce dernier appareil qui supprime les calculs
nécessaires aux courbes de raccordement sur le terrain. La même
année, il entrait au service de la carte d'état-major et à la suite
d'une conférence qu'il fit aux anciens élèves des Arts et Métiers, le
jeune inventeur s'orienta définitivement vers l'aéronautique, ima-
:ginant l’ensemble de ses projets relatifs à la navigation aérienne,
projets dont quelques-uns furent exécutés avec une assurance qui
‘ne l’a jamais trahi.
Rappelons : le parachute lest (lraversée de la Méditerranée aver
M. Fondère, de Marseille à Appietto, près d’Ajaccio, dans un 800m3
Je 14 novembre 1886) ; le sauveteur aérien. très apprécié du co-
Jonel Philippe, alors directeur des inventions intéressant la sécurité
de l'Etat (première expérience admirablement réussie le {1 juillet
1892, à La Villette).
Le lendemain, Berthelot au nom de Capazza communiquail àl'Aca-
démie les résultats de l'expérience et un projet de ballon-sonde. Le
retentissement de cette communication décida ceux qui étudiaient
en silence le même problème, tels que Hermite et Besançon, à en
produire publiquement l’heureuse solution,
Dès 1890, Capazza demandait la formation d’un bureau central
-de l'atmosphère centralisant les observations, proposition aujour-
+ d’hui réalisée par la Commission internationale d'aérostation scien-
tifique
Citons encore à l'actif de Capazza son projet de traversée de
l'Atlantique en ballon étudié avec Elisée Reclus et A. Berget, le
paramonte et enlin le lenticulaire actuellement en construction
aux usines Bayard-Clément.
Titulaire de 150 ascensions dont 15 sur la Méditerranée et 40
avec expériences du sauveteur aérien, l’un des fondateurs de l’Aéro-
Club de Belgique, vice-président de la Société française de naviga-
tion aérienne, Capazza, toujours aussi ingénieux, aussi actif, aussi
énergique, dirige aujourd’hui avec une compétence, un éclectisme et
unelargeur d'esprit appréciés de tous, le service aéronautique des
“établissements Bayard-Clément. — PHILos.
Photo Branger
ADOLPHE CLÉMENT
Voilà un homme qui, depuis trente ans, a élé le metteur au
point detous les progrès effectués dans la locomotion, du cyclisme
à l'aulomobilisme ; il devait natureliement venir à l'aéronautique.
Ne à Pierrefonds le 22 septembre 1835, d'une famille d'humbles
commerÇaufs, à {3 ans il débutait modesiement comme apprenti
chez un serrurier de la localité. On sait quel instrument rudi-
mentaire était à cette époque le « vélocipède » ; le jeune homme
eut dès lors l'intuition des services que pourrait rendre l’informe
machine.
A Lyon d'abord, en 1877, puis l'année suivante à Paris, rue
Brunel, il loue une petite boutique où, seul, sans force motrice.
sans autres ressources que 2.000 francs péniblement é onomisés,
il construit bicycles et tricycles. Mais voici la bicyclette; il
l'adopte un des premiers, et lui applique le pneumatique presque
en mème temps que Dunlop en Angleterre. La marque Clément
s'impose aussitôt. La boutique de la rue Brunel s'agrandit, une
ancienne manufacture d'armes est achetée à Tulle, puis une usine
est créée à Mézières, enfin les agmirubles établissements de Leval-
lois sont fondés.
Cependant, l'automobile est née et fâlonne, Clément n'hésite pas;
il fait choix de la maison Panhard-Levassor, devient son principal
actionnaire, puis président de son Conseil d'administration. Mais là,
il n'a pas encore les coudées assez franches pour appliquer en toute
liberté idées personnelles; il crée la marque Bayard-Clément
c quel colossal succès.
Les essais de navigation aérienne ne pouvaient manquer d'attirer
l'attention d'un grand « réalisateur » comme Clément,
Vers la fin de 1906, à Bruxelles, à un_banquet où Capazza fut
amené incidemment à exposer la théorie de son planeur lenticulaire,
il fut frappé par la simplicité et l'ingéniosité de la solution indi-
quée. Quelques mois après, il appelait l'inventeur à Paris mettant
à sa disposition ses immenses moyens d'exécution et, qui plus est
peut-être, son merveilleux sens pratique. De cetie collaboration
doit naitre un progrès certain. Les axpériences comparatives que
se proposent de faire MM, Clément et Capazza, feront micux
resso tir les qualités de l'aéronef en préparation à Levallois.
M. A. Clément est officier de la Légion d'honneur, distinetion
bien due à un homme qui, à force d'intelligence et du travail, est
devenu l'une de nos grandas figures industrielles. — LAGRANGE.
182
Il y à un quart
de siècle, Capazza
lançait son projet
de ballon-planeur
lenticulaire ainsi
que ses autres
idées sur l'emploi
des parachutes.
Ce fut aussitôt
un engouement
vraiment extra-
ordinaire bien
15 Mai 1908
Le Planeur ‘“ Bayard-Clèément”?
son lenticulaire jouaient un rôle capital. Cela
acheva de rendre populaire le lenticulaire et.
son auteur.
Mais Capazza a passé 13 ans à Bruxelles.
où il continuait ses expériences de sauve-
tage aérien. D'’aucuns, peu au courant, le-
croyaient disparu. C’est ainsi qu'un soi-di-
sant inventeur qui s'était contenté de cal-
quer les illustrations de La Guerre en ballon,
mis en présence de Capazza étonné, lui dit
— Qu'est-ce que vous voulez... je vous.
croyais mort depuis longtemps.
Un moteur du Pläneur Bayard-Clément (moteur de course Bayard-Clément de 123 chevaux).
À gauche, l’hélice du Planeur Bayard-Clément construite par les ateliers Lucien Chauvière.
que Capazza fut encore trop jeune à cette épo-
que.
Cet engouement ne fit qu'augmenter après
le 14 novembre 1886, lorsque l’aéronaute
corse eut traversé la Méditerranée de Mar-
seille au village d’Appietto situé non loin
d'Ajaccio, à bord du ballon le Gabi:os de
800 mètres cubes, avec M. A. Fondère comme
voyageur.
L'idée fit le tour du monde, répandue par
d'innombrables articles illustrés et M. Pierre
Decourcelle en tira parti dans un roman po:
pulaire. Plus tard, le capitaine Driant, au-
jourd’hui commandant, délégué par le mi-
nistre de la Guerre, avec le général Peigné,
alors colonel, pour expérimenter les para-
chutes-lest, fit une ascension mémorable avec
l'inventeur.
À la suite de cette ascension, Driant qui
signe Danrit ses beaux romans scientifiques
et militaires, publiait La Guerre en Ballon, et
L’Invasion noire, dans lesquels Capazza et
Comme nous venons de le dire, on a publié
sur le lenticulaire, d'innombrables articles,
mais, nous pouvons le certifier, jamais l’idée
de derrière la tête, la vérité en somme, n’a
jamais été dévoilée.
Cette vérité, l’Aérophile peut la décrire
aujourd’hui que son directeur et un de ses
rédacteurs ont été admis à visiter le vaste
bureau où le grand constructeur d’automo-
biles A. Clément a installé Capazza pour y
élaborer son projet.
Ce projet, nous l’avons vu; vu aussi les
calculs, les épures, les dessins d'exécution de
tous les détails et les petits modèles d’expé-
rience qui ont servi à étudier les trajectoires
que décrira le lenticulaire dans l’espace.
Les moteurs. — Nous avons admiré
aussi les trois merveilleux moteurs de 123 HP,
tels qu’ils sont montés sur les voitures de
course ainsi que l’hélice en bois de 2 m. 80
construite par Chauvière. Nous en donnons
le cliché en tête de cet article.
183
l’Aérophile
GE
L
SSSR LE
SNS AE RER à
KRÉRRRSRE LR EE
NEC
\ NY
‘
CA
N
ue longitudinale.
M. Clément ayant demandé à Capazza s’il moteurs pour ses dirigeables prouvant ainsi
désirait qu’on lui établit des moteurs spé- que Capazza n’était pas seul à employer dans
ciaux, celui-ci lui répondit qu’il emploierait son planeur des moteurs industriels de cons-
les moteurs de course « Bayard » sans aucune truction courante.
modification. Du reste, quelque temps après, Le poids de ces moteurs en ordre complet
le gouvernement Italien achetait deux de ces de marche se décompose comme suit :
Fig. 2, — Plan supérieur,
184
15 Mai 1908
7
il
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_
Fig, 3 bis. — Vue par bout arrière.
Moteur, pompe centrifuge, ma-
gnéto, carburateur, calotte
d'admission, pot d’échappe-
ment, quatre tubes pour
échappement ...:............. 282 kil. 000
Radiateur eneeneeree 40 kil. 000
Embrayage ......4.......,11.% 27 kil. 500
Eau ee Net eme hnetiae ee 44 kil. 500
AU ELOLA lentes 394 kil. 000
Ce qui met le HP à 394 : 123 = 3 k. 200.
Nous allons décrire, maintenant, le système
qu'on réalise à l'usine de Levallois. Les
dessins d'ensemble que nous en donnons nous
ont été communiqués afin que nos lecteurs
puissent se rendre compte d’une manière dé-
finitive de ce projet qui n’a jamais cessé d’in-
triguer.
Le lenticulaire,; — la figure n° 1 re-
présente le planeur longitudinalement.
Sa carène affecte une forme lenticulaire ex-
centrée. La section maîtresse, dans ce sens lon-
gitudinal, comme toute autre section paral-
lèle, est celle du dirigeable La France : mai-
tre-couple au tiers antérieur, allongement six
fois l'épaisseur maxima de la lentille.
Les nacelles. -_ Au maître-couple se-
trouve une cage formant nacelle ronde de
quatre mètres de diamètre et d’une hauteur
égale à l'épaisseur de la lentille. A cette na-
celle ronde vient s’assembler en arrière une
autre nacelle, allongée celle-ci, de 12 m. 50:
de longueur, 2 mètres de largeur et 1 mètre:
de hauteur. Le bordage de l’une est dans le:
prolongement du bordage de l’autre.
Le dessin indique suffisamment le mode de-
construction de ces deux nacelles en tubes
d'acier, croisillonnés aussi bien horizontale-
ment que verticalement.
Chacune de ces deux nacelles est supportée-
par une suspension ronde complétée par un
réseau de balancines.
Les quilles. — L’arrière de la lentille
excentrée au tiers antérieur est muni de deux
quilles verticales, l’une supérieure, l’autre:
inférieure, situées dans un même plan verti-
cal.
Ces quilles ont toute la hauteur de la len-
tille et sont terminées par le gouvernail ver--
tical nettement indiqué sur la figure n° 1.
Empennage. L'ensemble (de section
cruciforme) des surfaces supérieures et infé—
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ù l’Aérophile
185
Fig. 4. — Suspension générale (vue d’en dessous).
En haut: Suspeusion de la nacelle ronde. — En bas : Suspension ronde de la nacelle allongée. — Au milieu: Nacelles;ronde et
allongée ; situalion des moteurs et propulseurs et projection horizontale de la suspension de balancine.
rieures de la lentille, postérieures au maître
couple, et des quilles, forme l’empennage.
Situation des moteurs. — Les trois
moteurs de 123 HP chacun sont placés
comme l'indique la figure n° 4, deux sur le
plancher de la nacelle ronde et un, à l’extré-
mité arrière de la nacelle allongée spéciale-
ment aménagée pour le recevoir.
Ce troisième moteur est ainsi placé pour
compenser le poids des deux autres.
Les hélices. — Les hélices, placées
comme l'indique la figure 4, auront 2 m. 80
de diamètre. Celle qui est actionnée par le
moteur arrière est à prise directe; les deux
autres, à l'avant, sont placées latéralement
entre le centre de résistance et le centre de
poussée et réunies aux moteurs au moyen de
transmissions à pignons d'angle ainsi que
l’indiquent les figures n°° 1, 3 et 4.
Du reste, il sera procédé bientôt, avec une
installation appropriée et un des moteurs des-
tinés au lenticulaire, à des essais de rende-
ment sur des hélices de formes variées.
La cheminée. — Sur le prolongement
de la cage de la nacelle ronde, le lenticulaire
est percé de part en part. Ce trou cylindrique
se termine par un parapet qui, entr'autres
utilités possède celle de former un point d’ap-
pui, tel le bord d’une soupape, à un câble en
fil d’acier auquel est suspendu la quille su
périeure. :
Des échelles, permettront d'accéder à la
partie supérieure du lenticulaire.
En outre, cette sorte de galerie donnera
une grande stabilité durant les vols planés. -
Baïlonnet. — Le ballonnet à air, indi-
qué en pointillé sur la figure n° 1, est com-
posé d’une lentille semblable à celle du lenti-
culaire. Il permettra l’ascension jusqu’à deux
mille mètres de hauteur. Son volume est de
1.900 m. 20.
Débit du ventilateur : Cloison-
nage. — Le lenticulaire et son ballonnet se-
ront cloisonnés.
Ils seront cloisonnés suivant la verticale
par des séries de cylindres réunissant un cer-
tain nombre de cercles indiqués dans la fi-
à
185
gure n° 2, et par des plans verticaux rayon-
nants.
Cette disposition fait que la suspension n’est
qu'apparemment accrochée à la partie infé-
rieure de l’enveloppe alors qu’en réalité c'est
la calotte supérieure qui supporte le tout.
En effet, les points d'attache aboutissent
aux extrémités inférieures de l’ensemble du
cloisonnage vertical.
La construction de l’ensemble est telle qu’on
peut se passer de ventilateur.
Mais il y en aura un d’un débit de 4 m° par
seconde.
L’aileron. Un large panneau entoilé
de forme rectangulaire de 10 mètres de lon-
gueur sur 1 m. 50 de large, placé entre la len-
tille et la nacelle sur la verticale passant par
le centre de poussée, provoque, suivant son
inclinaison positive ou négative et cela au gré
du pilote, des montées ou des descentes.
Gouvernail de profondeur. Le
gouvernail de profondeur placé à l'extrémité
arrière permet d’incliner l’ensemble du sys-
tème à volonté.
La forme. __ En somme la forme de ce
planeur est celle d’une lentille sphérique ex-
centrée dont le centre est porté au tiers an-
térieur.
Pour obtenir cette forme on a divisé les
longueurs, le tiers antérieur et les deux tiers
postérieurs, chacune en dix parties égales et
on a décrit dix circonférences passant par ces
points de division deux à deux, pris comme
extrémités de leurs diamètres respectifs.
Ces circonférences sont la projection sur la
base de la calotte, de dix cercles parallèles
de la dite calotte.
Les dix centres seront entre le maître-couple
et le centre de figure, ce dernier, centre du
cercle de base de la calotte.
Connaiïssant la hauteur de la calotte, sa
corde et le rayon de la sphère, on calcule les
ordonnées de ces bases successives de calottes
comprises dans la première. On a choisi un
douzième comme rapport entre la flèche et
la corde. Les deux calottes une fois réunies,
la lentille aura un aplatissement de 1/6.
L’angle au centre est de 38 degrés.
Si au lieu de diviser en dix parties égales
les parties antérieure et postérieure pour ob-
tenir dans l’espace les dix circonférences que
l’on vient de définir, on eût divisé ces deux
longueurs en 100, 1.000, 10.000, etc... parties
égales et si sur les points ainsi obtenus deux
par deux, on avait de même façon placé dans
l’espace les circonférences correspondantes,
ces circonférences détermineraient une sur-
face courbe qui est précisément celle qui a
été adoptée.
En opposant par la base deux calottes ex-
centrées on a la forme préconisée.
Centre de gravité. - Cette forme
15 Mai 1908
lenticulaire excentrée à l’avantage d’avoir son
centre de gravité vers l'avant.
Amarrage. — Sa forme et sa construc-
tion spéciales permettront au ballon d’être
amarré à terre par une seule attache, à la ma-
nière des cerfs-volants.
Dimensions. _ Voici quelques-unes des
dimensions
Corde ou diamètre de base... 22 m. 096
Hauteur ou double flèche..... & m. 717
ATOM AR Da ET ne 53 m. 058
Volume A En ... 9.418 m°.240
Surface d’une calotte.......... 2.190 m° 776
Basedetla calotte 4.5.7 2.131 m° 261
SORTIE bee reel 304 m° 047
Quille supérieure.............. 80 m° 000
Quille inférieure 2-0 80 m° 000
Gouvernail vertical............ 26 m° 500
Gouvernail horizontal.......... 26 m° 500
L'empennage comprenant les
parties arrière de la lentille,
les quilles et le gouvernail... 2.856 m° 000
Poids utile : Force ascension-
nelle : Le planeur. -—_ Le Bayard sera
un planeur.
On l’a ainsi qualifié pour le distinguer à la
fois des dirigeables, des mixtes et des aéro-
planes. Cependant il pourra se comporter
tour à tour comme un dirigeable, un mixte
ou comme un aéroplane.
Mais sa véritable destination est de réali-
ser par des ondulations successives, le lou-
voicment universel dans l’espace en matéria-
lisant le principe de Marey Une vitesse
acquise est la condition préalable du vol
plané. La force ascensionnelle sera de 10.360 k.
Le poids total y compris 6 aéronautes, sera de
5.500 kilos, laissant un poids utile de 4.850 de
lest.
Partie militaire. — Il y à dans le
Bayard une partie étudiée spécialement par
une très haute personnalité qui a bien voulu
accepter la mission de mener à bonne fin ce
côté du problème et cela dans un but pure-
ment patriotique. Puisque nous sommes dans
la voie des indiscrétions, allons jusqu’au bout,
en disant qu’il s’agit du général Peigné dont
les travaux en géodésie et en balistique, font
autorité dans tous les milieux militaires et
scientifiques.
C’est à peu près le seul point de ce grand
projet qui restera secret.
L’exécution. — L'étude absolument
complète de ce colossal engin vient d’être ter-
minée.
La construction va commencer et deman-
dera un certain temps; et quelles que soient
les surprises qu’on puisse apprendre bientôt
touchant de très près l’usine Bayard-A. Clé-
ment, ces surprises ne pourront qu'être
l’Aérophile
agréables à ceux qui s'occupent de naviga-
tion aérienne.
MM. A. Clément et Capazza ont prouvé par
tous les actes de leur existence respective
‘qu’ils savaient rendre hommage aux efforts
de tous les chercheurs ce qui, certes, n’est pas
sans mérite.
Nous aurons certainement l’occasion de
compléter cette étude sommaire, en insistant,
comme il convient, sur plusieurs points à peine
effleurés ici et qui méritent de plus amples
développements. P. GARNIER
Équilibre et virage
DES HEROPLANES
Lorsqu'un plan mince, légèrement incliné
sur l'horizontale, tombe librement dans l'air,
en vertu de son propre poids, sa chute est tou-
jours déviée vers le côté où il penche.
Cette proposition pourrait, je crois, se passer
-de démonstration théorique. C’est en vertu du
même principe qu’une bille lâchée sur un plan
incliné roulera toujours suivant la ligne de
plus grande pente; que les rivières ont pris
l'habitude de couler au fond des vallées et
qu'un aéroplane penchant à droite tendra
toujours à tomber et par conséquent à tour-
ner de ce même côté.
Là est tout le secret, toute la théorie de
l'équilibre des aéroplanes et de leur direction.
Elle peut se résumer en ces trois règles que
nous avons déjà énoncées :
I. — Un aéroplane ne peut tomber que du
côté où il penche.
II. — Pour tourner à droite, pencher à
droite.
IIT. — Pour tourner à
_gauche.
C’est, en somme, le même procédé qu’em-
‘ploient les oiseaux, les bicyclistes et, pourrait-
on dire, presque tous les animaux à locomo-
tion rapide.
Mais pour faire pencher à volonté un aéro-
plane d’un côté ou de l’autre et le ramener de
même à la position horizontale, nous connais-
sons trois moyens
1° Déplacement latéral du centre de gravité;
2° Emploi d'organes stabilisateurs latéraux
-et indépendants de chaque côté;
3° Dispositif permettant de faire varier à
volonté et indépendamment l’une de l’autre,
les incidences des deux ailes.
C’est ce moyen que nous avons adopté
comme le plus efficace et le plus simple dans
notre aéroplane N° VII, à ailes battantes.
(Aérophile de janvier 1908.)
Tâchons maintenant de figurer et d’analy-
ser cette manœuvre pour un aéroplane élé-
mentaire, c’est-à-dire pourvu simplement du
dispositif ci-dessus et de gouvernails arrière
suffisants à le maintenir toujours « de bout »
auche, pencher à
sf
e)
187
au vent relatif. Cet aéroplane est supposé en
vol normal horizontal, à la vitesse de régime.
Soit DG, sa projection verticale (vu par
l'avant) sur un plan perpendiculaire à sa #ra-
jectoire relative et D’G sa projection hori-
zontale; on voit que dans cette position nor-
male horizontale, les deux forces égales F et
P peuvent se faire équilibre au point C, centre
de gravité et de pression.
Si le système vient à pencher à gauche
(fig. 2), la force P restant verticale, F devient
oblique; elles se composent et donrient une ré-
sultante oblique R qui tend à faire dévier l’ap-
pareil à gauche et suivant son plan, c’est-à-dire
virer du côté où il penche.
Pour rétablir l’équilibre et la direction pri-
mitive, augmentons l'incidence de l'aile
gauche (fig. 3). L'appareil sera relevé de
188
ce côté... Mais cela n'ira pas sans un accroisse-
ment de résistance horizontale à l'avancement,
soit f, qu'il subira de ce côté seulement et
qui aura pour effet d’accentuer son virage à
gauche.
Donnons alors un coup de gouvernail à
droite (fig. 3), nous introduisons ainsi une
nouvelle force f”’ qui peut être appliquée en
f”” à l’aile droite et équilibrer }.
Cette double manœuvre peut, on le voit, ré-
tablir la direction et l’horizontalité, c’'est-à-
dire l’équilibre du système, mais non sans une
perte notable de vitesse, de hauteur et consé-
quemment de travail. Il importe donc de l’exé-
cuter sans attendre, car, si on laissait, au con-
traire, s'aggraver ce commencement de chute
(c'est ce que nos bénévoles chroniqueurs ap-
pellent « esquisser un élégant virage »), notre
aéroplane prendrait une vitesse de chute accé-
lérée. Mais alors son empennage arrière le
maintenant toujours dans le lit du vent rela-
tif (tel une flèche) il ne peut « tomber » que
tête première. Pour peu qu’il dispose d’assez
de hauteur au-dessus du sol, d’un robuste gou-
vernail horizontal et d’une bonne dose de
sang-froid, notre pilote poura toujours rattra-
per sa trajectoire et sa position horizontale par
une simple manœuvre d'équilibre longitudinal,
c’est-à-dire en donnant en temps voulu un
coup de gouvernail horizontal « en dessus ».
L’aigle fondant du haut des airs sur une
proie, ne manœuvre pas autrement. (Le voilà
« le virage ».… utile celui-là et combien impres-
sionnant!)
Il n’y a en somme que deux sortes de chutes
véritablement à redouter pour un aéroplane
digne de ce nom et naviguant à une distance
suffisante du sol :
1° Le plongeon vertical qui le précipite tête
première sur le sol ;
20 La chute inverse également verticale qui
l’assoit sur sa queue (et que nous appellerons
« eupesse » en attendant que la commission su-
prême de terminologie ait statué sur ce point).
Cette dernière chute à reculons est la plus
dangereuse parce qu’elle déroute le pilote et
peut dégénérer en une véritable cabriole qui
le débarquerait de son appareil. Mais la ma-
nœuvre à faire est la même dans les deux
cas:
Relever rapidement le gouvernail horizontal
jusqu'à ce que l’appareil ait repris la posi-
tion horizontale et sa marche en avant (ce
qu’il fera toujours après une première « em-
bardée »). La « supesse » n’est possible, on le
voit, que lorsque l’aviateur a laissé s’annuler
complètement sa vitesse relative d’arrière en
avant, soit qu’il ait été surpris par une brus-
que rafale par l’arrière, soit qu’il ait pris une
trajectoire trop ascendante avec une incidence
exagérée.
Lorsque nos aviateurs de demain, fuyant les
champs de manœuvres trop exigus et mal com-
15 Mai 1908
modes et les acclamations des foules idolâtres,
se seront progressivement entraînés, en pays
plats et dénudés, aux longs parcours et aux.
grandes hauteurs, il est très probable qu’ils
adopteront certains itinéraires fixes que l’on.
jalonnera de stations aériennes spécialement.
aménagées pour l’atterrissage, le garage et
l'essor des aéroplanes. Alors nous naviguerons.
dans le bleu, probablement au delà de 100 mè-
tres d'altitude tout comme les prudents marins.
naviguent au large de la côte par crainte des
écueils des bas-fonds et des « sautes de vents ».
J’ajouterai aussi (quelque paradoxal que-
cela puisse paraître), par crainte des chutes et.
des pannes de moteurs. Les chutes, nous ve-
nons de le voir, seront le plus souvent répa-
rables à ces hauteurs-là et, en tout cas moins.
graves que les collisions quasi inévitables si
l’on volait trop près du sol à ces vitesses de:
T0 et plus à l’heure qui seront courantes en
aviation. L'aéroplane, dans ce cas, serait pres-
que aussi dangereux que l’automobile !
Quant aux pannes de moteurs et aux atter-
rissages fortuits qu’elles entraîneront, j'affirme-
qu’elles seront désastreuses 9 fois sur 10 pour
les appareils réfractaires au vol à voile ou tout
au moins au planement prolongé. J’ai nommé
les aéroplanes à hélice et cela seul suffirait à
les condamner dans la pratique.
Voit-on un de ces appareils atterrissant en
pleine campagne, n'importe où (si ce n’est pas.
dans un pays comme la Beauce, la Camargue
au la Crau). Si, par miracle, il arrive à terre
sain et sauf, il y a beaucoup à parier qu’il ne
pourra pas en repartir. Et nous avons alors
cette vision cocasse : l’immense machine aé-
rienne remorquée eahin-caha jar le bon vieux
« moteur à crottin » (« juste retour, monsieur,
des choses d’ici-bas »), à travers labours, hal-
liers, monts et vaux, jusqu'à la prochaine:
grande route ou au plus proche terrain de
départ, (les 25 mètres de terrain plat, roulant
et dégagés d’obstacles) qu’on ne rencontrera
pas souvent à moins de plusieurs kilomètres.
Dieu et les constructeurs savent en quel état
il y arrivera!
Si, au contraire l’aviateur-planeur main-
tient son vol à quelques 100 mètres d'altitude,
il pourra toujours, en cas d’escale forcée, choï-
sir son terrain de descente dans un rayon de-
plusieurs kilomètres, au pis aller, grâce à un
planement descendant sous un angle de 10 de-
grés environ; où mieux encore, atteindre la
prochaine station aérienne de son itinéraire,
où tout est préparé pour le ‘bien recevoir et le
remettre en route. Bon dîner, bon gîte, com-
bustible.…. et le reste.
Nous négligeons, à dessein, d’envisager ici
les chutes dues aux avaries de l'appareil
Tui-même ; il est bien entendu qu’un aéroplane
bien construit et sérieusement essayé, n’en
éprouvera pas. Ici, en effet, pas de secousses,
pas de chocs, pas d’efforts anormaux, mais un
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l’Aérophile
glissement uniforme et très doux, (il n’y a pas
de route plus roulante que la route aérienne)
par suite peu ou pas de fatigue et d’usure des
organes passifs.
Nous ne terminerons pas cette longue cause-
rie sans effleurer comme il sied « la question
du virage », le fameux, l’inévitable virage que
l’on voit invariablement surgir dans tous les
programmes de conccurs, tel un cheveu sur
le potage, sans que personne ait jamais pu dire
à quoi il peut bien servir, et quelle utilité il
y a à handicaper les aéroplanes qui virent et
chavirent facilement.
Nos recordmen aviateurs paraissent, cepen-
dant, avoir fort bien compris la nécessité
de donner à leur enfant cette fixité de direc-
tion qui lui manquait naguère, puis que nous
les voyons allonger de plus en plus les carènes
de leurs dernières constructions.
Si le virage n’a d’autre utilité que d'éviter
les obstacles à l’essor et à l’atterrissage, bor-
nons-nous à faire des vœux pour qu’on aban-
donne bientôt des terrains insuffisants, en-
combrés ou entourés d’obstaeles, car, une fois
en plein air, l’aéroplane est maître de sa route
et il la choisit droite et libre. L’obstacle, il
n’a cure de le contourner, de le franchir ou
même... de Le boire (à toi Michelin!) ; il le dé-
daigne, il l’ignore. Je ne vois guère que la
tour Eiffel pour lui fournir prétexte à virage
et encore. Aurions-nous par hasard la fatuité
de vouloir imiter le vol capricieux du léger
papillon ou de l’abeille butineuse, ou bien les
trois crochets de la bécassine au départ ?
Alors, décidément, on ne s'explique pas l’op-
portunité de ce tour de force aérien (pourquoi
pas le « looping the loop » tout de suite?) ni
l'importance qu’on attache à cette question, ni
le temps qu’elle fait perdre aux aviateurs, et
il faut conclure hardiment : LA MEILLEURE MÉ-
THODE DE VIRAGE EST ENCORE CELLE QUI CONSISTE
A NE PAS VIRER DU TOUT.
MM. les commissaires officiels des grandes
épreuves futures en seront quittes pour cher-
cher un autre moyen confortable de contrôler
les longs parcours en ligne droite.
Rassurez-vous, ils le trouveront.
Martigues, le 20 avril 1908.
ALBERT BAZIN
Une Nacelle insubmersible
Le type de nacelle insubmersible reproduit
ci-dessous est dû à M. Cherville (Ing. A. M.
et E. C. P.) et a valu à son auteur la prime
de 100 francs offerte par M. Jacques Balsan,
vice-président de l’Aéro-Club de France, au
meilleur projet de nacelle insubmersible. Ra-
tionnel, pratique et simple, le dispositif de
M. Cherville présente l’avantage de s’adap-
ter facilement à une nacelle de tourisme or-
dinaire, selon le vœu de l’initiateur du con-
189
cours et les desiderata de tous les aéronautes.
Ce dispositif se compose de deux flotteurs
spéciaux, placés sur les deux longs côtés de
la nacelle, à une trentaine de centimètres du
bordage. Cette disposition a pour but d’atté-
nuer la rotation de la nacelle qui se produit
toujours pendant le traînage sur l’eau : dans
le cas actuel, les deux flotteurs tendant à se
placer dans le sens de la marche maintien-
dront la nacelle dans une direct'on fixe.
Les flotteurs ont une forme cylindrique ter-
minée par deux pointes coniques. Leur lon-
gueur est très légèrement supérieure à celle
de la nacelle, ceci dans le but de faciliter leur
arrimage après celle-ci, à l’aide d’un cordage
unique, passant dans les anneaux portés par
les flotteurs à leurs extrémités et en leur mi-
lieu, d’une part, et d'autre part, dans les
anneaux portés par la nacelle. Par la suite,
on conçoit qu’il suffira, le cas échéant, d’un
seul coup de couteau pour larguer les deux
Bourrage de kapok
\ Guirlande de |
sangle de sauvetage
Cordelettes
soutenant les
Flotteurs
pendant
l'ascension
Nacelle insubmersible Che ville.
flotteurs, lesquels, portant une guirlande de
sangles, pourront servir de bouées de sauve-
tage.
Chaque flotteur, ainsi que le montre le cro-
quis ci-contre, est constitué par une tige de
bois — du bambou de préférence — portant
deux anneaux à ses extrémités. Des cercles
en bois sont fixés en différents points de sa
longueur pour former une carcasse rigide et
suffisamment solide. Sur ces cercles est ten-
due une enveloppe en étoffe de ballon, soi-
gneusement ligaturée aux deux extrémités du
bambou. Dans l’intérieur de cette enveloppe
se trouve un bourrage très serré de kapok.
Le kapok est une fibre végétale, très ténue,
originaire du Japon, formant une sorte
d’ouate possédant des propriétés d’immersi-
bilité remarquables, bien supérieures à celles
du liège même.
190
De tels flotteurs, même si l'enveloppe im-
perméable venait à se laisser pénétrer par
l’eau, conserveront donc indéfiniment leur
flottabilité totale, le but de l'enveloppe im-
perméable étant plutôt d'assurer une plus
longue conservation du bourrage intérieur.
Enfin, le tout est consolidé par des cercles
de cordages fixés au droit de chaque cercle en
bois et portant les anneaux d’arrimage.
Ajoutons, pour terminer, que M. Maurice
Mallet, le constructeur bien connu, s’est
chargé de la fabrication de ces. flotteurs.
Pour tous renseignements, s'adresser à Jui,
10, route du Havre, à Puteaux.
A. CLÉRY
L’Aviation à Issy-les-Moulineaux
Pour le Prix Armengaud jeune
MM. Léon Delagrange et Henri Farman,
dans cet ordre, s'étaient inscrits le 17 mai à
l'Aéro-Club, pour tenter de gagner, le 3 mai,
à Issy-les-Moulineaux, le prix de 10.000 francs,
généreusemnt créé par M. Armengaud jeune
pour le premier aviateur qui réussira à tenir
l'atmosphère un quart d'heure durant, sans
contact au sol,
Les essais pouvaient commencer ce jour-là,
à partir de 3 h. 1/2 du soir. Mais il régnait un
vent léger, de 4 mètres à la seconde à la Tour
Eiffel, et les aviateurs préférèrent attendre
le calme qui accompagne généralement la fin
du jour.
Autour d’une piste triangulaire tracée selon
les indications des concurrents et sous le con-
trôle de MM. Armengaud jeune, fondateur de
l'épreuve. Archdeacon, Chauvière, Delaporte,
le capitaine Ferber, Regnard (membres du
jury spécial désigné en commun par la Société
française de Navigation aérienne et l’Aéro-
Club de France), les essais eurent lieu comme
suit :
A 5 h. 50, M. Léon Delagrange, roule sur
500 mètres pour essayer l’appareil.
A 6 h. 50, Henri Farman lui succède. Son
nouveau moteur Antoinette de 60 chevaux
marche à merveille. L’engin s’enlève avec ai-
sance, et traverse le champ de manœuvres re-
venant au sol de temps en temps; il semble que
les virages seront difficiles. Cinq minutes plus
tard, Farman repart; il franchit cette fois
d’un vol 500 mètres au moins, puis esquisse le
virage vers Mudon, mais il reprend terre.
A 6 h. 43, Henri Farman repart, s'envole
facilement et fait un tour complet non sans
revenir au sol.
L’accroissement de puissance du moteur
aväit considérablement augmenté la vitesse,
ce qui nécessitait un plus grand rayon de vi-
rage. Dans ces conditions, le terrain d’Issy-les-
Moulineaux, malgré ses vastes dimensions de-
15 Mai 1908
venait trop étroit et Farman préféra cesser
route expérience.
A 7 heures, Delagrange renouvelait sa pro-
vision d'essence à la porte de Sèvres, venait en
volant doubler le fanion planté du côté opposé.
Il vira, mais trop largement et pris dans un
remous souvent observé que provoquent les
hangars, fila vers le publie massé tout près
de là, à la hauteur des têtes des spectateurs.
On put craindre un instant quelque grave
accident. Il n’en fut rien heureusement. L'on
commençait même à espérer que l’appareil par-
viendrait à se dégager, lorsque les roues por-
teuses encore en l’air, butaient un des obstacles
de la piste cavalière, tandis que l’aile droite
frôlait un auto-taxi rangé à l’extrémité d’une
longue file de voitures. L’aéroplane tombait
lourdement tandis que M. Delagrange, pro-
jeté en avant, roulait sur le sol.
I1 y eût un instant d'angoisse. On accourut.
Heureusement, M. Delagrange n'avait pas de
mal ; à peine de légères.contusions. Il se remit
aussitôt et les spectateurs, heureux de ce dé-
novement, le portaient en triomphe.
L'aéroplane avait subi des avaries sérieuses,
mais promptemnt réparables.
Toutefois, M. Delagrange a déclaré qu’il ne
continuerait pas ses expériences à Issy-les-
Moulineaux, décidément trop étroit et où le
service d'ordre est trop difficile à assurer. II
va, d'ailleurs, se rendre en Italie, où il a ac-
cypté d'exécuter une série d'expériences à
Rome, Turin et Florence. On assure même
qu'il disputera à Turin, un prix de 40.000 fr.
récemment annoncé pour un quart d'heure de
vol en aéroplane. ;
Henri Farman à Gand. — On an-
nonce qu'Henri Farman fera des essais de
son n° 2, le 25 mai, à Gand (Belgique) sur un
excellent terrain de 140 hectares. — G. BLAN-
CHET
A l'Aéro-Club du Sud-Ouest
Concours de cerfs-volants. — L'Aéro-Club
du Sud-Ouest organise pour le 24 mai un con-
cours de cerfs-volants.
Des épreuves diverses (altitude, plus grand
angle obtenu, plus grand poids enlevé, allelage,
transport d’amarre, etc.), ont été prévus.
Demander le règlement et les conditions du
concours à M. le président de l’Aéro-Club du
Sud-Ouest, 215, rue de l'Eglise-Saint-Seurin, Bor-
dcaux (Gironde).
Ascensions de l’Aéro-Club du Sud-Ouest
26 avril. — Bordeaux, usine à gaz de La Bas-
ide, 9 h. 45 du m. La Côle-d'Argent (800 m');
M. Wigand, seul à bord (voyage effectué en vue
de l'obtention de son brevet de pilote) Att. à
1 h. 50, à Monsec (Dordogne). Durée : #4 h. 5.
Distance : 111 kil.
Ascension omise. — 12 avril. — Bordeaux,
usine à gaz de La Bastide, 9 h.:40 du m. La
Côte-d' Argent (800 m°); MM. L. Charost, Wi-
sand. Att. à 11 h. 45, à Capian (Gironde). Durée :
2 h. 5. Distance : 24 kil. Ascension écourtée par
des giboulées de grèle.
l’Aérophile 191
L'AÉROPLANE BLANC
Photo Branger
L'aéroplane Blanc
Nos lecteurs ont eu connaissance en son
temps (V. Aérophile de juin 1906, p. 147), de
l’intéressant aéroplane dû à deux aviateurs
marseillais, MM. Barlatier et Blanc. {1 ne s’a-
gissait encore à ce moment que d’un modèle
d'étude.
Continuant ses recherches, M. Blanc a ter-
miné cette année un nouvel engin dont les
photographies ci-contre donneront une idée
exacte. Cet appareil à grandeur définitive a
45 m° de surface portante. Moteur R. E. P., de
35 chx. 7 cyl., actionnant une hélice tractive à
2 branches R. E. P., de 2 mètres de diamètre
et 1 m. 20 de pas. Poids vide : 240 kilos.
Le moteur et l’hélice R. E. P. avec tuyau-
terie, carburateurs, ventilateur, etc., ne pèsent
au total que 60 kilos.
Envergure : 14 mètres. Longueur totale d’a-
vant en arrière : 9 m. 50.
Le châssis porteur a pour pièces principales,
deux longerons en bois creux entretoisés et
haubannés de façon à former une poutre ri-
gide.
Les ailes sont constituées par deux maîtres-
ses poutres de même construction que les lon-
gerons et de poutres secondaires transversales
en T. Le grand plan principal qui couvre
33 m° à lui seul, ne pèse que 60 kilos.
Les essais préliminaires ont commencé, le
29 mars, sur le champ de manœuvres du Rouet,
à Marseille. Le moteur a parfaitement fonc-
tionné et l’on peut espérer que la suite des
expériences donnera des résultats intéressants.
Toutefois, le vent persistant obligea l’avia-
teur à suspendre provisoirement ses sorties.
M. H. Blanc a construit son appareil avec
la collaboration de son frère M. M. Blanc et
Pappui financier d’un sportsman marseillais,
M. Morpurgo Livali.
M. Decour
Convocations
Conseii d'administration, ? juin, à 5 h.
Comité, jeudi 4 juin, à 5 h.
Commission scientifique, 2» mai, à 5 h.
Commission sportive, sur convocalion du Bu-
reau.
Commission d'aviation, sur
Büreau.
Diner mensuel, jeudi 4 juin 190$. à 7 h. 1/2,
en l'Hôtel de l’Automobile-Club, 6. place de la
Concorde. Prix du couvert : $ fr., tout compris.
Les inscriplions pour le diner, réservé aux
seuls membres du Club, sont recues, accompa-
gnées du prix du couvert, la veille au plus lard.
convocation du
CONCOURS DE PRINTEMPS
Parc d'aérostation des coteaux de Saint-Cloud
Samedi 16 mai, 4 h. 30, — Epreuve de dis-
tance pour 15 ballons des 1° et 2° catégories.
Prix offerls par M. Jacques Stern. (Voir le rè-
glement dans d'Aérophile du 1 mai, page 179.)
A l'occasion du concours de Printemps, un
déjeuner sera servi à midi, au pavillon des So-
ciétaires. Prix du couvert : 12 francs. Prière de
s'inscrire à l'avance.
CONFÉRENCE DE LA F. A. I.
Le Comité de direction a nommé pour repré-
senter l’Aéro-Club de France à la quatrième
conférence de la F. A. I. qui se tiendra à Londres
les 27, 28, 29 et 30 mai prochain. (Voir l’Aéro-
phile du 1” mai, page 175.) Délégués : MM. C.-F.
Baudry, Georges Besancon, le comte de Cas-
tion de Saint-Victor, le capitaine Ferber, R.
Gasnier, Janets, le comte de La Vaulx, Mallet,
le comte d'Oultremont, Ed. Surcouf, Paul Tis-
sandier, E. Zens.
Suppléants. — MI. Boulenger, Deutsch de la
Meurthe, Giraud, Grosdidier, Kapferer, le mar-
quis de Kergariou, Leblanc, Omer-Decugis, Sa-
lomons, Guy d'Ussel.
SNPRRELRPER SLI PIRE
Courr GORDON-BENNETT 1908
Le Comité de direction, en sa séance du 7 mai,
a désigné les trois champions appelés à piloter
les ballons français à la Coupe internationale
Gordon-Bennett, à Berlin, le 11 octobre 1908.
(Voir l'Aérophile du 1‘ avril, page 125.)
Ce sont, par ordre alphabétique, MM. Jacques
Faure, le comte Henry de La Vaulx, Alfred Le-
blanc.
Les suppléants, en cas de forfaits, ont été dé-
signés dans l’ordre suivant : MM. Emile Car-
ton, Louis Capazza, Ernest Barbotte.
RP
COMITÉ DE DIRECTION DU 2 AVRIL 1908
Présents à la séance présidée par le comte
de La Vaulx MM. le comte de Castillon de
Saint-Victor, Georges Blanchet. René Grosdidier,
André Delattre, Georges Le Brun, le comte de
Chardonnet, Jacques Faure, Emile Janets. René
Gasnier, Frank S. Lahm, Santos-Dumont, Au-
15 Mai 1908
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AËÉRO-CLUB DE FRANCE
Siège social : 63, avenue des Champs-Elysées, Paris (VII)
Télégrammes : AÉROCLUB-PARIS. — Téléphone : 666-31
gusle Nicolleau, Paul Tissandier, Georges Du-
bois, Léon Barthou, Paul Rousseau, Etienne Gi-
raud, François Peyrey, Pierre Perrier, Georges
Besancon, Henry Deutsch de la Meurthe, le ca-
pilaine Ferber.
Donation de prix el remerciements. — Il est
donné lecture des lettres de M. Stern offrant une
somme de 1.000 fr. pour le concours du 16 mai
au parc de d'Aéro-Club et de M. Montefiore don-
nant un prix de 2.500 fr. pour l'aviation. Le
Comité adresse ses chaleureux remerciements
aux deux donateurs.
Médailles ei plaquettes. — Il vote une médaille
d'argent pour le concours de modèles réduits
d'aéroplanes organisé par l’Aéronautique-Club
de France, le dimanche 21 juin, à la Galerie des
Machines.
M. Paul Rousseau émet le vœu que soient éta-
blis des plaquettes de l’Aéro-Club pour remettre
dans certains cas où les médailles ne pourraient
être attribuées.
Admissions. — Après ballottage, il est procédé
à l'admission de MM. le général de Kowanjko,
parrains : MM. le comte de La Vaulx et Georges
Besançon ; Maurice Faure, parrains : MM. Jac-
ques, Faure et E. Dubonnet; Jules Saunière
(réintégration), parrains : MM. G. Besançon et
le comte de La Vaulx: Isaac Koechlin, par-
rains : MM. le marquis de Kergariou et Jacques
Balsan : Gaston Mouchotte, parrains MN. J.
Faure et IE. Dubonnet : Edmond Sirven, par-
rains : MM. Echalié et G. Besançon : Jean Du-
pont, parrains : MM. J. Faure et E. Dubonnet ;
Hugo Rumbold, parrains : MM. J. Faure et E.
Dubonnet ; W. H. Otter, parrains : MM. J. Faure
et Frank Otler : Vincent Eyre, parrains : MM. J.
Faure et F. Otter ; Maurice Châtel, parrains
MM. J. Faure et E. Dubonmet : baron Guy d’Us-
sel, parrains : MM. E. Boulenger et le capi-
laine Ferber: Melvin Vaniman, parrains :
MM. F. S. Lahm et Mallet: Pierre Ponchelet,
parrains MM. G. Besançon et M. Farman;
Henry Tirard, parrains : MM. Jancts, Delebec-
que ; Robert Neuerberg, parrains : MM. Suzor
et Edeline ; Baratoux, parrains : MM. J. Faure
et E. Dubonnet: Pierre Dupont, parrains
MM. Faure et Dubonnet: Léon Le Cerf, par-
rains : MM. le vicomte de La Brosse et le comte
de Contades : Auguste Hériot, parrains : MM. J.
Faure et comte de Contades ; Louis Darsonville,
parrains : MM. J. Faure et Dubonnet; Charles
Slot, parrains : MM. Ferber et Mengin ; Karl
Früwein, parrains : MM. Besançon et Leblanc ;
prince de Colloredo-Mansfeld, parrains : MM. R.
Gasnier, P. Gasnier et le comte de Contades ;
Pierre Mallet, parrains MM. J. Faure et le
comte de Contades ; prince Serge de Metchersky,
parrains : MM. Delattre et J. Faure ; Henri Bra-
sier (A. C. F.), parrain : M. Archdeacon ; Georges
Le Cerf, parrains : MM. le vicomte de la Brosse
et le comte de Contades ; Emile Armsbruster,
parrains : MM. H. Guillaume et G. Besançon :
Paul Hugé (A. C. F.), parrains : MM. L. Re-
nault et G. Besançon: colonel Michel d’Ada-
bache, parrains : MM. P. Bordé et Yourévitch ;
Albert Guyot, parrains : MM. A. Leblanc et G.
Tranchant : Charles Weissmann, parrains :
MM. L. Blériot et G. Besançon; baron d’Al-
300
C
y Men)
Oo
dE
z
fansporte un moteur ‘‘ Antoinette
LE GRAND PRIX D'AVIATION
de 50.000 francs
a été GAGNE le 13 janvier 1908
Par HENRI FARMAN
avec moteur 40 HP Antoinette
40, Rue des Bas-Rogers (Puteaux)
Pour l’Aéroplane
Pour le Dirigeable
Pour l’'Hydroplane |
Le MOTEUR EXTRA-LÉGER
Le plus Léger
Le plus Régulier
Le plus Robuste
Établissements Robert Esnauit-Pelterie
U 149, rue deSilly, à BILLANCOURT (Seine). Tél, 225
l’Aérophile
méida-Santos, parrains : MM. J. Faure et le
comte de Contades ; Jules Dubois, parrains
MM. le comte de La Vaulx et G. Besançon.
Brevet de pilote-aéronaute décerné à M. Duthu
(parrains : MM. Edouard Bachelard et Ernest
Barbotte).
Elections au Comité. — Le Comilé de direc-
tion est appelé à dresser la liste des 21 membres
du Comité qu'il proposera à l'assemblée géné-
rale pour le renouvellement partiel prévu par
les statuts. Il est procédé au vote au scrutin
secret pour la désignalion des candidats.
Concours. — Au parc, le 16 mai, concours de
distance. Prix offerts par M. J. Stern : 500 fr.,
300 fr. et 200 fr.; 15 ballons au maximum.
Les 1" et 2° calégories seront seules admises
et les ballons de ?° catégorie devront emmener
deux aéronautes, Gaz au prix ordinaire du parc.
M. René Grosdidier annonce qu'un donateur
anonyme offre 1.000 fr. pour prix d'un autre
concGurs de ballons. Le Comité adresse ses vifs
remerciements. et décide «d'appliquer celte
somme au concours du jeudi 11 juin au parc.
Le Comité choisit la date du dimanche ?S juin
pour un concours de distance minima au parc.
Enfin, faute d'autres dates où le Jardin des
Tuileries sera libre, le Comité arrête celle du
dimanche % cotobre pour le Grand-Prix de
l'Aéro-Club, au bénéfice de la Caisse des Vic-
times du devoir.
Pour la fête décernale de lAéro-Club de
France, le 11 juin 1908, une Commission d'or-
ganisation est nommée. Elle se compose de
MM. F. Peyrey, le comte de Castillon de Saint-
Victor, Paul Tissandier, Paul Rousseau. Le pro-
jet sera présenté à la séance du 7 mai 1908.
Commissions. — Le Comilé accepte le prin-
cipe d'une Commission des ballons dirigeables
après échanges de vues entre MM. Archdeacon,
Deutsch de la Meurthe, le comte de La Vaulx et
le comte Castillon de Saint-Victor.
Le projet de la Commission des ballons sphé-
riques est renvoyé à la prochaine séance pour
élude de la question.
Le Comité ratifie la nominalion à la Com-
mission d'aviation de MM. Michelin et Henri
Färman.
F. A. 1. — Le Comité décide d'adresser une cir-
culaire à ses membres pour désigner les délé-
gués qui représenteront l’Aéro-Club de France à
la Fédération Aéronautique Internationale, à
Lcnares, en mai 1908.
TT
COMMISSION D'AVIATION DU 14 AVRIL 1908
Présents : MM. Archdeacon, président ; F. Pey-
rey, R. Soreau, L. Godard, H. Deutsch de ja
Meurthe, Guffroy, R. Esnault-Pelterie, le com-
mandant Ferrus, O. Detable, E. Zens, E. Sur-
couf, V. Tatin, H. Kapferer, A. Michelin, P. Tis-
sandier, le prince d'Arenberg, E. Blériot, le ca-
pitaine Ferber, G. Besançon, le comte de Cas-
tillon.
Après une séance de quatre heures, la Com-
mission adopte : 1° les règlements de la Coupe
Michelin ; 2° le règlement du Grand Prix Mi-
chelin de 100.000 francs ; 3° le règlement du Prix
de la Commission d'aviation de l'Aéro-Club de
France ; 4° FPèglement du Prix Montefiore ;
5° règlement du prix de la Hauleur.
Ces règlements, votés, sont communiqués à la
Commission sportive avec les rapports des com-
missaires sur les performances de M. Dela-
grange.
COMMISSION SPORTIVE DU 14 AVRIL 1908
La séance est ouverte à 5 h. 15, sous la prési-
dence de M. le comte de Castillon de Saint-
Victor, président.
193
Présents : MM. le comte de Castillon, prési-
dent ; le commandant Renard, le comte Arnold
de Contades, Henry Deutsch de la Meurthe. Paul
Tissandier, Ed. Surcouf, Georges Besançon.
Attribution de médailles. — Il] est donné lec-
ture du rapport de M. Georges Besançon, re-
latif à l’attribution des médailles de durée et de
distance offertes annuellement par l'Aéro-Club
de France ; le rapporteur conclut à l'attribution
de ces deux médailles à M. Alfred Leblanc. La
Commission homologue.
Concours. — Il est donné communicalion du
règlement proposé pour le concours du 16 mai
prochain, fête de printemps :
Dislance sans escale. 15 aérostats des 1" et
?* catégories. Obligation d'avoir 2 aéronautes
peur les aérostats de la 2° catégorie.
1RApri 900 ir Me prixE 300 fr. 3 prix:
200 fr.
Inscriptions du 5 au 12 mai. Tirage au sort
12 12 mai, à 4 heures du soir. Commissaires
sportifs : MM. Georges Besançon, comte Arnold
de Contades, Edouard Surcouf. Commissaire
sportif suppléant : comte de Castillon de Saint-
Victor.
Eleclions. — Conformément au règlement gé-
néral de l’Aéro-Club de France, il est procédé à
la réélection de la moitié des membres de la
Ccmmission, en remplacement de MM. le comte
de Castillon de Saint-Victor, Balsan, le comte
Arnold de Contades, Giraud, le commandant Re-
nard, Paul Rousseau, Edouard Surcouf, membres
sortants. :
Au scrutin secret, la liste est réélue à l’una-
nimité.
En vertu du même règlement, il est procédé
à la réélection du Bureau, acluellement com-
posé de MM. le comte de Castillon de Saint-Vic-
tor, président ; et Edouard Surcouf, secrétaire.
Au scrulin secret et à l'unanimité, le même Bu-
reau est réélu.
La Commission décide de proposer au Comité
de s’adjoindre M. Ernest Archdeacon, prési-
dent de la Commission d'aviation, comme
membre. :
Prix. — Il est donné communication par les
soins de la Commission d'aviation des règle-
ments des prix suivants :
Prix Michelin, Prix Montefiore, Prix de la
Hauteur (dit de 25 mètres), Prix de la Commis-
sion d'aviation. Ces différents règlements sont
acceptés.
Homologation. — Performances de M. Henry
Farman, 21 mars 1908, à Issy-les-Moulineaux.
Aviation. — Appareils à moteur, classe B. Re-
cord de durée, 4° homologation. Henry Farman,
21 mars 1908, Issy-lesMoulineaux. Temps
3 minutes 39 secondes,
Aviation. — Appareils à moteur, classe B. Re-
cord de distance, 4° homologation. Henry Far-
man, 21 mars 1908, à Issy-les-Moulineaux. Dis-
tance : 2.00% m. 800.
Performances de M. Léon Delagrange, 11 avril
1908, à Issy-les-Moulineaux.
Aviation. — Appareils à moteur, classe B. Re-
cord de durée, 5° homologation. Léon Dela-
grange, 11 avril 1908, à Issy-les-Moulineaux.
Aviation. — Appareils à moteur, classe B. Re-
cord de distance, 5° homologation. Léon Dela-
grange, 11 avril 1908, à Issy-les-Moulineaux. Dis-
tance : 3.925 mètres.
Il est donné lecture d'une lettre de M. Julliot,
ingénieur de la maison Lebaudy frères, deman:
dant l'homologation d'un certain nombre de per-
formances exécutées par ses aérostats diri-
geables. Le commandant Renard et M. Georges
Besançon sont chargés de présenter un rapport
sur la question.
194
Séance du 6 mai 1908
Présents. — MM. le comte de Castillon de
Saint-Victor, président ; le commandant Renard,
Etienne Giraud, Paul Rousseau, Georges Besan-
con, Paul Tissandier, Maurice Mallet, Léon Bar-
thou, Edouard Surcouf. : no;
Coupe Gordon-Bennett 1908. — Le secrétaire
donne lecture du rapport de MM. Georges Be-
sançon et Edouard Surcouf, relatif à la dési-
gnalion des pilotes de la Coupe Gordon-Ben-
nett. Ce rapport donne lieu à une longue dis-
cussion, à la suite de laquelle il est procédé à
quatre votes successifs qui désignent les trois
tenants pour la Coupe Gordon-Bennett 1908, et
les suppléants.
La Commission décide de demander au Co-
mité d'interdire, comme il l’a déjà fait pour les
Coupes Gordon-Bennett précédentes, à tous les
pilotes de l'Aéro-Club de France de nationalité
française de prendre part à un titre quelconque
à la Coupe Gordon-Bennett, dans la nacelle
d'un aérostat étranger.
Records pour dirigeables. — Le commandant
Renard donne lecture du rapport de M. Georges
Besançon et du commandant Renard, relatif à
l'homologation des records pour ballons diri-
geables. A la suite dune courte discussion, il
est décidé de demander aux deux rapporteurs
de transformer ce rapport établi en vue de cas
particuliers, en un rapport général, permettant
à la Commission sportive de proposer des con-
ditions définitives d'acceptation des homologa-
tions de ce genre de records.
Sur la demande de M. Paul Rousseau, il est
décidé que la Commission sportive statuera sur
cette question en temps utile, pour qu’elle
puisse venir lors de la prochaine conférence de
la F. A.I
Chronométreurs.— Sur la demande de M. Paul
Tissandier, la C. S., conformément au règle-
ment général de la F. A. I., procède à la nomi-
nalion d’un premier groupe de chronométreurs
officiels de l’Aéro-Club de France. Sont nom-
més à l'unanimité : MM. Georges Besançon,
Paul Rousseau, Edouard Surcouf.
COMMISSION SCIENTIFIQUE DU 27 AVRIL 1908
Présents MM. de Fonvielle, président ;
Dastre et Deslandres, de l'Institut ;: de Fonvielle,
comte de Chardonnet, comte de La Baume-Plu-
vinel, Teisserenc de Bort, Armengaud jeune,
Bordé, Jaubert.
Ascensions scientifiques. — [Le professeur
Dastre donne un aperçu du programme des
ascensions physiologiques. Il estime qu'il y a
lieu d'éclaircir le problème de l'augmentation
apparente du nombre de globules du sang,
quand on monte en ballon.
M. Tissot donnera à M. Dastre un programme
d'observations à faire à grande hauteur.
Le comte de Chardonnel entretient l'assemblée
de la vue des oiseaux. Il estime que l'acuité
de la vue des haufs planeurs provient de leur
séjour dans les régions élevées. La forme de
l'œil des oiseaux est très intéressante.
M. Jaubert signale quelques-unes des ascen-
sions météorologiques les plus intéressantes, au
cours de l’année 1907. Il prépare un rapport et
se propose de stimuler le zèle des aéronautes.
Direction du vent. — M. Jaubert se plaint que
plusieurs pilotes indiquent où va le vent et non
d'où il vient,
M. Teisserenc de Bort dit que les aéronautes
doivent se conformer aux usages établis. Il faut
toujours dire « direction d'où vient le vent » 3
cette mention sera ajoutée sur les prochaines
feuilles de bord. Il recommande en outre d’in-
diquer la pression barométrique au départ et à
V'alterrissage.
15 Mai 1908
M. Deslandres signale à J’assemblée les vagues
aériennes qui se sont formées lors des journées
de neige et de gréle, qui ont coïncidé avec les
fêtes de Pâques.
Elections. — I] est donné lecture d'une lettre
de M. Maurice Lévy qui désire se retirer, étant
empêché par son grand âge, d'assister aux
séances. La ‘Qommission exprime ses regrets
unanimes pour cette décision.
Il est procédé au renouvellement des membres
sortants, Sont élus : MM. d'Arsonval, Bertin,
Bordé, Deslandres, Eiffel, le comte de La Baume-
munnes Jaubett, Mascart, Perchot, Poincaré,
Viclle.
Le prince Roland Bonaparte est maintenu pré-
sident à l'unanimité.
COMITÉ DE DIRECTION DU 7 Mai 1908
Le Comité a arrêté le programme du concours
de périmètre routier qui sera ouvert le dimanche
1% juin, à Poitiers, aux pilotes, membres de
l’Aéro-Club de France et aux pilotes membres
de l’Aéro-Club du Sud-Ouest.
Le brevet de pilote-aéronaute est accordé à
M. Albert Lambert. Le Comité procède à l’ad-
mission de 21 membres.
Il désigne les champions appelés à conduire
les ballons français à la Coupe Bennett, le 11 oc-
tobre, à Berlin, et des suppléants.
Il nomme les douze délégués de Ja France à
la F. A. I., à Londres, et aussi leurs suppléants.
M. René Grosdidier est nommé membre du
Conseil d'administration.
DINER MENSUEL DU 7 MAI 1908
Le diner de mai, donné dans les salons de
PAutomobile-Club, a été des plus brillants
Il réunissait MM. le comte de La Vaulx, Henri
Julliot, Léon Delagrange, Alfred Leblanc, Bau-
cheron, Barbotte, Bossuet, Capazza, James
Bloch, Coursier, D' Crouzon, de Breyne, Dema-
nest, Dubrujeaud, Jules Dubois, Delcroix, Echa-
lié, de Fayolle, Farcot, Glidden, A. Granet, Hue,
J. Jourdain, F.-S. Lahm, Lambert. Georges Le
Brun, Henry Le Secq des Tournelles, Lioré,
Lansing, Maurice Mallet, Monin, Mac Coy,
Omer-Decugis, Pupier, Suzor, P. Tissandier, G.
Tranchant, Jean de Villethiou, Voisin, E. Arch-
deacon, Paul Bordé, Georges Bans, etc.
Au dessert, le comte de La Vaulx a remis à
M. Léon Delagrange la plaquette du Prix d’avia-
tion des 200 mètres (épreuve du 17 mars 1908),
et à M. Alfred Leblanc les médailles de durée,
de distance et des meilleurs résultats sportifs
en 1907 (ballons sphériques).
LES ASCENSIONS AU PARC DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
15 mars. — 10 h. 15. Le Condor (1.450 m°);
MM. Emile Dubonnet, Jean Dupont, Marcel Ba-
ratoux, Gaston Mouchoite, Ati. à 4 h. 50, à
Ganst, près Vendôme (Loir-et-Cher). Durée
6 h. 35. Distance : 145 kil.
15 mars. — 10 h. 35. Quo Vadis (1.200 m°);
MM. André Schelcher, Lucien Heuraux, Jacques
Dehollain, Att. à 4 h. 30, à Brou (Eure-et-Loir).
Durée : 5 h. 55. Distance : 106 kil.
15 mars. — 11 h. du m. Aéro-Club 11 (1.550 m°):
MM. le lieutenant Bellenger, du 5° bataillon
d'artillerie, le lieutenant Laborde, le lieutenant
Courcier, du 40° d'artillerie ; le lieutenant Bred
Charreton, du 150° d'infanterie. Att. à 4 h. 15,
ce Fete Durée : 5 h. 15. Distance :
kil.
15 mars. — 11 h. 15 du m. Azur (600 m°) ;
MM. Georges Suzor, Pierre Jourdain. Att. à 4 h.,
à Gellainville, près Chartres (Eure-et-Loir). Du-
rée : 4 h. 45. Distance : 74 kil.
18 mars. — Minuit 15. Le Condor (1.450 m°) ;
MM. Jacques Faure, Frank Otter, Jourdan, Aug.
l’Aérophile
Hériot. Att. à midi, à La Cropte, près Sablé
(Sarthe). Durée : 11 h. 45. Distance : 224 kil.
21 mars. — 11 h. 15 du s. — Inauguration
d’un ballon. Le Don Quichotte (1.200 m'°);
MM. Jacques Delebecque, Melse, Pentray. Att.
le 22 mars, à 5 h. 15, à Noyelles-sur-Mer
(Somme). Durée : 6 h. Distance : 144 kil.
C'était l'inauguration de ce superbe sphé-
rique récemment sorti des ateliers Mallet et qui
appartient à M. Jacques Delebecque.
22 mars. — 9 h. 45 du m. Altaïir (1.600 m°);
MM. Maurice Farman, Paul Panhard, Adrien
Panhard. Att. à 1 h. 45, à Crotoy (Somme).
Durée : 4 h. Distance : 160 kil.
22 mars. — 10 h. 15 du m. Au Petit-Bonheur
(1.200 m°); MM. Ernest Barbotte, Hon. C. S.
Rolls, Hon. Mrs. Asheton Harbord. Att. à 2 h.,
à Etaples (Pas-de-Calais). Durée : 3 h. 45. Dis-
tance : 191 kil.
22 mars. — 10 h. 55 du m. — Inauguration
d’un ballon. — L'Essor (1.200 m°); MM. Mau-
rice Monin, G. Tranchant, Mmes Foucher, Mau-
rice Monin. Att. à 2 h. 40, à Saint-Omer (Pas-
de-Calais). Durée : 3 h. 45. Distance : 214 kil.
C'était la première ascension de ce superbe
sphérique, récemment sorti des ateliers Mallet
et qui appartient à MM. Monin et Tranchant.
22 mars. — 11 h. 15. L'Albatros (800 m°);
MM. Alfred Leblanc, Eugène Tribout, Albert de
Masfrand. Att. à 2 h. 15, à Longpré-les-Corps-
Saints (Somme), entre Abbeville ét Amiens. Du-
rée : 3 h. Distance : 131 kil.
22 mars. — 2 h. du s. Le Simoun (600 m');
le comte Henry de La Vaulx, Mme X. Atf. à
3 h. 45, à Froissy (Oise). Durée : 1 h. 45. Dis-
tance : 60 kil.
23 mars. — 1 h. 25 du s. Le Vagabond (800 m°);
M. et Mme Albert Omer-Decugis. Att. à 3 h. 15,
à Seine-Port (Seine-et-Oise). Durée : 1 h. 50. Dis-
tance : 42 kil.
26 mars. — 2 h. 30 du s. L'Esterel (400 m°);
M. A. Duthu. Att. à 4 h. 30, à Ballainvilliers
(Seine-et-Oise). Durée : 2 h. Distance : 22 kil.
29 mars. — 9 h. 40 du m. Sfella-Maris (600 m°) ;
MM. Henry Gon, X. Att. à 2 h. 30, à Crépy-en-
Valois (Oise). Durée : 4 h. 50. Distance : 70 kil.
29 mars. — Att. à 10 h. du m. L’Azur (600 m°) ;
MM. G. Suzor, Pierre Jourdain. Att. à 2 h. 5,
sanne près Senlis. Durée : 4 h. 5. Distance :
56 kil.
29 mars. — 10 h. 25 du m. Don-Quichotte
(1.200 m°) : MM. J. Delebecque, E. Barhbotte, René
Pellier, Att. à 5 h: 30, à Versigny (Aisne). Du-
rée : 7 h. 5. Distance : 129 kil.
29 mars. — 10 h. 45 du m. Quo-Vadis (1.200 m°);
MM. A. Schelcher, Paul West, Michel Dehollain.
Att. à 4 h. 10, à Noyon (Oise). Durée : 5 h. 35.
Distance : 102 kil.
2$ mars. — 11 h. 25 m. Aéro-Club III (1.200 m') :
MM. Georges Bans, Jacques de Villoutreys,
comte Jacques Dillon. Att. à 5 h., 20, à Chauny
(Aisne). Durée : 5 h. 55. Distance : 114 kil.
M. Jacques de Villoutreys qui recevait le bap-
tême de l'air, est le petit-fils du Villoutreys
qui accompagna M. Wilfrid de Fonvielle, à bord
de l’Egalilé, pendant le Siège de Paris. On re-
marquera que l'Aéro-Club n° 3 a mis six heures
pour faire la moitié du même trajet que l’'Ega-
lité accomplit pour aller de Paris-Vaugirard à
Louvain, en deux heures et demie, Ce curieux
rapprochement méritait d'être fait.
3 avril. — 11 h. 15 du m. Aurore III (900 m°);
MM. Ernest Barbotte et A. Lambert. Att. à
2 h. 15, à Esternay (Marne). Durée : 3 h. Dis-
tance : 102 kil.
3 avril. — Midi 40. Aéro-Club V (900 m'); le
comte de La Vaulx, prince Philippe de Chimay,
Mme Ada Meït. Att. à 1 h. 25, à Noisy-le-Grand
(Seine-et-Oise). Durée : 45 m. Distance 25 kil.
195
4 avril. —- Midi 40. Katherine-Hamilton (800 m');
MM. Frank S. Lahm et Albert Lambert. Alt. à
1 h. 30, à Gretz, près Tournan (Seine-et-Marne).
Durée : 50 m. Distance : 42 kil.
5 avril. — 10 h. Limousin (1.200 m°) ; MM. AT
fred Leblanc, Bonny-Pellieux, A. Guyot. Att. à
3 h., à Sully-sur-Loire. Durée : 5 h. Distance :
123 kil.
5 avril. — 11 h. Albatros (800 m'); MM. A.
Nicolleau, Delcroix, X. Att. à midi 10, à Bal-
lainvilliers, près Longjumeau. Durée : 1 h. 10.
Distance : 22 kil.
5 avril. — Ascension d'aviateurs. — 11 h. 15
du m. Diabolo (1.200 m') : MM. Henry Kapferer,
Marcel Kapferer et Robert Esnault-Pelterie. Att.
à 2 h. 30, à Filay, près Malesherbes (Loiret).
Durée : 3 h. 15. Distance : 64 kil.
Comme le capitaine Ferber, Louis Blériot et
d'autres aviateurs notoires, M. Robert Esnault-
Pelterie avait voulu lui aussi tâter, au moins
une fois, du vieux véhicule aérien imaginé par
Charles. C'était sa première ascension. M. Henry
Kapferer, le pilote, est lui aussi un aviateur
militant, lorsqu'il ne « fait » pas du « sphé-
rique », et que le dirigeable Ville-de-Paris est en
désarmement.
5 avril. — Midi 45 m. Centaure (1.600 m°);
MM. le comte de La Vaulx, Gonse, Duval,
Mmes Lecoq et Carter. Att. à 1 h. 50, à Palai-
seau. Durée : 1 h. 5. Distance : 18 kil.
9 avril. — Midi. Sonia 1 (1.000 m°) ; MM. Aug.
Nicolleau et le baron Economos, vice-président
de l’Aéro-Club de Vienne. Att. à 6 h., à Montri-
chard, près Chenonceaux. Durée : 6 h. Distance :
164 kil.
11 avril, — Midi. L'Oural (900 m°); MM. Ed.
Bachelard, G. Bertault. Alt. à 3 h. 30, à Crécy-
en-Brie (Seine-et-Marne). Durée : 3 h. 30. Dis-
tance : 40 kil.
12 avril. — 9 h. 40 du m. Don-Quichotte
(1.200 m'); MM. J. Delebecque, H. Tirard. Att.
à 5 h. 25, à Chissay (Loir-et-Cher). Durée : 7 h. 45.
Distance : 164 kil.
12 avril. — 10 h. 30 du m. Quo-Vadis (1.200 m°);
MM. A. Schelcher, André Marlin. Att. à 4 h. 45,
à Beaugency. Durée : 6 h. 15. Distance : 128 kil.
12 avril. — 10 h. 50 du m. L’Albatros (800 m') ;
MM. Edgar W. Mix, Albert Lambert. Atl. à
1 h. 10, à Saint-Chéron (Seine-et-Oise). Durée :
2 h. 40. Distance : 36 kil.
13 avr. — Midi 15. Aéro-Club IV (500 m') ;
MM. Pierre Gasnier, le comte Bertrand de Char-
nacé. Att. à 3 h., à Boullay-les-Troux (Seine-et-
Oise). Durée : 2 h. 45. Distance : 24 kil.
14 avril. — inauguration d’un ballon. —
Geneviève (1.600 m°);: MM. Gaston Bernheim
jeune, Josse Bernheim jeune, André Adler, Bau-
dry. Att. à midi, à Theuville, près Chartres.
Distance :
C'était l’inauguratior de ce superbe sphérique
récemment sorti des Ctablissements Surcouf et
qui appartient à M. Gaston Bernheim.
14 avril. — 10 h. 30 du m. Eole (600 m°) ; M. Al-
bert Lambert. Att. à midi, à Limours. Durée :
1 h. 30. Distance : 27 kil.
16 avril. — 1 h. 15 du m. L'Entente-Cordiale
(1.450 m°) ; MM. Jacques Faure, le prince Henri
de Ligne, Frank Otter. Att. à inidi, à Entrammes
(Mayenne). Durée : 10 h. 45. Distance : 238 kil.
16 avril. — 11 h. 20 du m. Le Centaure
(1.600 m°) ; MM. le comte de La Vaulx, le comte
de Créqui-Montfort, Mme X. Att. à 8 h. 45, près
d’Argentan (Orne). Durée : 10 h. 25. Distance :
164 kil.
16 avril. — 11 h. 45 du m. Eole II (600 m°);
M. Albert Lambert. Att. à 1 h. 15, à Trappes
(Seine-et-Oise). Durée : 1 h. 30. Distance : 18 kil.
17 avril. — 1 h. 15 du m. Vagabond (600 m°) ;
MM. André Le Brun, Georges Le Brun. Att. à
196
4 h., à Dangeau (Eure-et-Loir). Durée : 2 h. 45.
Distance : 100 kil.
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nautiques, don de M. Paul Tissandier.
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Galopin, 1 vol., don de l’auteur.
Ballons, Dirigeables, Aéroplanes, par A. Ber-
get, 1 vol., don de l’auteur.
A Travers l'Espace, par Henry de Graffigny,
1 vol. illustré, don de l’auteur.
Ceux qui disparaissent
Madame POITEVIN
Le 3 avril dernier, la doyenne des aéronautes
de France et du monde, s'est doucement
éteinte à Meudon dans sa quatre-vingt-neu-
vième année. Bien que ses exploits aérostati-
ques remontent à une époque où la navigation
aérienne était bien loin d’être ce qu’elle est
aujourd’hui, il n’est pas sans intérêt de rappe-
ler en quelques mots la carrière de cette
femme qui exécuta dans presque toutes les
contrées de l’Europe des ascensions nombreuses
avec cette intrépidité qui, depuis Pilatre des
Roziers jusqu'à l’époque actuelle, a toujours
fait la gloire des aéronautes français.
Louise Goujon est née à Paris le 8 juin 1819.
En 1843, elle épousa un sculpteur nommé Duté
qui mourut après trois ans de mariage. De
cette union naquit un fils, Adrien Duté, dont
nous parlerons plus loin. Deux ans plus tard,
en 1848, elle épousa Eugène Poitevin, le plus
célèbre aéronaute de l’époque. On ne le con-
naît guère aujourd’hui que par les ascensions
étranges qu’il exécutait en enlevant des che-
vaux, des animaux de toute nature, et même
des voitures attelées. On pourrait en conclure
que cet aéronaute ne songeait qu'à conquérir
la faveur du public par des moyens plus ou
moins bizarres et qu’il s’intéressait fort peu
à l’aérostation en elle-même; il n’en était rien.
Avant de monter en ballon, Poitevin s'était
destiné à la Marine et avait acquis dans ce
but une instruction solide; aussi intelligent
qu'audacieux, il s'était attaché à construire
ses aérostats d’une façon rationnelle et il avait
deviné par instinct les règles de manœuvre des
ascensions libres. Au point de vue technique,
il doit être considéré comme supérieur de
beaucoup à ses confrères d’il y a cinquante
ans. Il mourut en 1858.
Pendant les dix années que dura cette vie
commune, Mme Poitevin, que rien n’avait
préparé à la carrière aérostatique s’y mit
corps et âme. Il le fallait bien, d’ailleurs, car
Eugène Poitevin était de ces hommes qui sa-
vaient commander et auxquels on ne songeait
DOoNs POUR LA
15 Mai 1908
pas un seul instant à résister. Sa femme fit
donc des ascensions en Espagne, en France,
dans toute l'Europe, et non pas simplement
dans une nacelle, mais sur un cheval, un âne,
un taureau, prenant place dans une voiture
attelée à deux chevaux, ete. Aux environs de
Séville une de ces ascensions faillit se termi-
ner d’une manière tragique. Lorsqu'elle atter-
rit avec le taureau sur lequel elle était mon-
tée, les paysans l’entourèrent avec des gestes
et des cris de menace et étaient tout disposés
à lui faire un mauvais parti; ils considéraient
comme une profanation d’avoir fait servir un
taureau à un semblable usage, ce noble ani-
mal devant être réservé pour les combats de
l'arène. Mme Poitevin ne dut son salut qu’à
l'intervention de la police. Pendant cette
même période elle fit de nombreuses descentes.
en parachute, dont la première eut lieu en 1851
Mumo. Poitevin
au Champ-de-Mars à Paris. A Marseille, à.
Naples, à Gibraltar, elle exécuta de périlleuses
descentes en mer. La mort d'Eugeue Poitevin,
survenue en 1858 vint interrompre le cours
de ses exploits aériens, et elle renonça à l’aé-
rostation pour se retirer auprès de son père
à Romainville avec ses deux enfants, Adrien
Duté et Marie Poitevin, née de son second ma-
riage.
Mais bientôt, soit que la nostalgie du bal-
lon l’ait prise, soit qu’elle éprouvât le besoin
d'améliorer sa situation matérielle pour éle-
ver ses enfants, elle recommença à exécuter
des ascensions et, dans ce but, partit seule
pour le Midi. Là, vers 1866, elle fit la connais-
sance d’un ancien capitaine au long cours qui
se passionna pour le ballon et qui devait, dix
ans plus tard, inscrire glorieusement son nom
au martyrologe de la science aéronautique,
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l’Aérophile
Théodore Sivel. Celui-ci épousa Marie Poite-
vin. Adrien Duté, qui était allé chercher for-
tune en Espagne revint auprès de sa mère et
s’initia de son côté, à l’aérostation. Lorsqu'il
fit des ascensions publiques, il ajouta à son
nom celui de son beau-père, jusqu’à sa mort,
il signa Adrien Duté-Poitevin et fut beaucoup
plus connu sous ce dernier nom que sous celui
de Duté. Ils constituaient ainsi une famille de
trois aéronautes et firent d’assez nombreuses
ascensions pendant les années qui-précédèrent
la guerre franco-allemande.
Toute la famille était en Espagne quand la
guerre éclata, en juillet 1870. Après avoir fait
le nécessaire pour liquider sa situation dans
ce pays, elle vint toute entière, avec son ma-
tériel, offrir, à Tours, ses services au Gouver-
nement de la Défense Nationale. Une lettre
de M. Stenackers, directeur général des Postes,
la remercie au nom du gouvernement. La fa-
mille Poitevin est mentionnée dans l'Histoire
des Ballons du Siège de Paris de Gaston Tis-
sandier ; elle travailla à construire des aéros-
tats pour le Gouvernement, mais les circons-
tances ne permirent pas de les utiliser. En
1868, Mme Poitevin avait eu le malheur de
perdre, à Naples, sa fille, Mme Sivel, qui lais-
sait en mourant une petite fille qu'elle
adopta... Après la guerre elle continua encore,
en compagnie de son fils et de son gendre, à
faire des tournées aéronautiques. La dernière
de ces ascensions eut lieu à Copenhague en
1874. C'était son 571° voyage aérien. Elle avait
alors 55 ans; le portrait que nous donnons
d’elle remonte à cette époque.
L'année suivante la catastrophe du Zénith,
où Sivel trouva une mort glorieuse, fut un ca-
taclysme pour cette famille. Mais les aéronau-
tes d’alors, donnèrent un bel exemple de con-
fraternité, auquel s’associa le monde savant
et le grand public. La Société française de
Navigation aérienne, présidée alors par Paul
Bert, prit l'initiative d’une souscription; on
répondit de toutes parts, généreusement, à son
appel; un monument fut élevé, au Père-La-
chaïse, sur la tombe de Sivel et de Crocé-
Spinelli; le surplus permit d'assurer la sécu-
rité de Mme Poitevin et la mit à même d’élever
et d'établir sa petite-fille, Mlle Marie Sivel,
aujourd’hui Mme Chapuis. C’est à l’obligeance
de M. et de Mme Chapuis que nous devons à
peu près tous les détails de cette notice.
._ Nous avons eu aussi une autre source d’in-
formation. Peu de temps après la mort de Si-
vel, le capitaine Charles Renard cherchait,
pour l'établissement de Chalais, dont la créa-
tion était décidée, un aéronaute civil connais-
sant bien la pratique de la construction des
ballons et des ascensions libres. A la suite de
quelques articles publiés dans l’Aéronaute,
son choix se porta sur Adrien Duté-Poitevin,
avec lequel il se mit en rapport; il le fit agréer
0ÿ7
par le colonel Laussedat, dont dépendait le
nouveau service. À partir de 1876 jusqu’à sa
mort, survenue en 1900, Adrien Duté-Poitevin
fit partie du personnel de l'Etablissement Cha-
lais et fut un des plus précieux collaborateurs
du colonel Renard. On sait qu’il prit part,
en 1885, aux deux dernières ascensions du bal-
lon dirigeable La France. Le colonel Renard,
moi-même, et tous les premiers officiers aéros-
tiers furent ses élèves comme aéronautes, et
tous se souviennent de la façon remarquable
dont il manœuvrait, de son expérience con-
sommée et de ses connaissances approfondies
dans sa spécialité. Ils ont surtout apprécié ses
qualités de cœur et de dévouement, qui ne se
sont pas démenties un seul instant.
C’est en raison de la présence de son fils à
Chalais que Mme Poitevin se fixa à Meudon,
où elle passa les trente dernières années de sa
vie. La mort de son fils fut sa dernière grande
douleur, et elle ne s’en consola pas. Œlle lui
survécut quelques années, entourée de l’affec-
tion des siens et des soins délicats que lui pro-
diguait sa belle-fille, et jouissant de l’estime et
de la considération générales.
Dans sa retraite, elle aimait rappeler sou-
vent l’époque où elle planait au-dessus de
toutes les capitales de l’Europe, où les grands
personnages, les souverains même, tels que
Napoléon III et Pie IX, lui donnaient des té-
moignages de leur admiration. Chaque fois
qu’un ballon s'élevait de Chalais et passait au-
dessus de sa tête, elle le suivait d’un regard
attentif et passionné, revivant à sa vue les
années écoulées.
Ayant passé une partie de sa vie à parcou-
rir les airs, elle s’éteignit doucement à quel-
ques pas des lieux qui seront pendant long-
temps encore considérés comme le berceau de
l'aéronautique moderne.
CommaxpanT Pauz RENARD
Les Brevets de l’Aéronautique
Brevets délivrés du 19 mars au 1° avril 1908
S650/366080. — 29 novembre 1907. — ESNAULT-
PELTERIE (R.) : 2° certificat d'addilion ‘au brevet
pris le 10 mai 1906, pour moteur extra-léger à
explosions pour l’aérostation, l'aviation, etc.
S665/383371. — 20 décembre 1907. — PLANCHE
(C.-L.) et Fournir (A.) : 1° cerlificalt d'addilion
au brevet pris le 28 oclobre 1907, pour toupie
aérienne.
385674. — 25 mars 1907. — MuLLOT (L.) : Sys-
tème d'aéroplane à parachute.
385744. — 23 décembre 1907. — WUNDERLICH
(A.) : Aéroplane à raréfaction dynamique dit
autoplane.
693/373818. — 26 décembre 1907. — ESNAULT-
Pecrert® (R.) : 2° cerlifical d'addilion au brevel
pris le 22 janvier 1907, pour aéroplane.
385958. — 2 avril 1907. — DATHANE (L.) : Accé-
lérateur préservateur pour la propulsion des 5a-
teaux.
386306. — 17 janvier 1908. — Fixer (A.-P.) :
Surface de propulsion.
198
385999. — 7 janvier 1908. — HEEREN (O.) : Per-
fectionnements aux aéroplanes.
386154. — 13 janvier 1908. — CHAUVASSAIGNES
(P.) : Appareil pour locomotion aérienne permet-
tant d'apprécier dans un ballon les déplacements
verticaux les plus faibles.
386178. — 6 avril 1907. — Rorry (M.-J.) : Trac-
teur pour ballon sphérique.
386179. — 6 avril 1907. — Rorry (M.-J.) : Diri-
geable à grande vitesse.
386257. — 15 janvier 1908. — BLÉRIOT (L.) :
Système de montage de roues porteuses des
aéroplanes et machines analogues.
386380. — 20 janvier 1908. — SnTz (C.) : Hélice
de propulsion réversible.
S8734/381570. — 12 novembre 1907. — MERCIER
(P.) : 2° certificat d'addilion au brevet pris le
13 novembre 1906, pour perfectionnements aux
hélices propulsives.
386396. — 20 janvier 1908. — Vorsn (G.\ et Vor-
SIN (C.) : Perfectionnements apportés aux aéro-
planes.
386401. — 20 janvier 1908. — UNZNER (G.) : Per-
fectionnements aux appareils propulseurs pour
aviateurs et ballons.
386406. — 21 janvier 1908. — VIELLEDENT (M.) :
Roue à aubes aviatrices.
386489. — 23 janvier 1908. — BLÉRIOT (L.) : Pro-
cédé pour le montage des hélices des aéronefs
et systèmes pour son application.
386544. — 2% janvier 1908. — BRÉGUET (L..) : Sys-
ième de suspension amortissante pour appareil
d'aviation.
386555. —- 25 janvier 1908. — FERRERO (M)
Appareil pour la navigation aérienne.
386615. — 28 janvier 1908. — KrossARD (]J.)
Hélicoptère.
Communiqué par MM. Weismann et Marx,
ingénieurs-conseils en matière de propriété in-
dustrielle, 90, rue d'Amsterdam, à Paris. Télé-
phone ; 4111-16.
LE POUR ET EE CONTRE
Sur le virage des aéroplanes. — (Relever
DR est, presque toujours, faire œuvre
utile).
M. Seux, dans un article sur le virage des
aéroplanes, paru dans l’4érophile du 1* mars
dernier, page 82, produit une citation de Léo-
nard de Vinci qu'on ne peut vraiment laisser
passer. Elle serait plutôt regrettable pour la ré-
pulation scientifique de cet illustre artiste, si
la date de cet écrit ne suffisait à nous rendre
indulgents :
« L'oiseau, dit-il, pour tourner, rame avec
l'aile comme celui qui rame dans la barque avec
deux rames, ramant beaucoup de fois du côté
où il veut fuir. »
C'est-à-dire, si je comprends bien, qu'il don-
nerait, par exemple, deux coups de d’aile droite
pour un de l'aile gauche dans le même temps.
Or, je ne crois pas que personne ait jamais
vu un oiscau voler de celte façon, ne füût-ce
qu'un instant, pas plus qu'on ne verra un che-
val, au galop, marquer deux foulées des pieds
droits pour une des pieds gauches. Notre oi-
feel « boiterait » en volant et volerait en boi-
ant.
C'est là une impossibilité physiologique, sinon
mécanique.
Le réflexe, lui-même, se refuse à un geste
aussi anormal. Essayez plutôt vous-même de
limiter avec vos bras.
L'oiseau peut différencier les surfaces de ses
deux ailes, leurs formes, leurs incidences et
l'amplitude de leurs baltements (sans parler des
mouvements de sa tète qui, eux aussi, contri-
buent, probablement à l'équilibre) C'est plus
auquel
15 Mai 1908
qu'il n’en faut pour lui fournir la direction et
l'équilibre. Mais des battements restent toujours
synchroniques.
Quant aux aéroplanes à ailes fixes ou bat-
tantes, point n’est besoin, croyons-nous, d'aller
chercher si loin le moyen de les diriger. Un seul
de ceux que nous venons d'indiquer, leur suffira
probablement. C'est ce que nous pensons avoir
montré ici même. — A. Bazin
L’Aéroplane “ Red Wing”
PREMIÈRES ENVOLÉES
Le lieutenant Selfridge, dans Aéronautics,
à qui nous empruntons la gravure ci-contre,
donne quelques détails sur l’aéroplane améri-
cain « Red-Wing » (Aile Rouge).
Cet engin, première construction à moteur
de l « Aérial Experiment Association », et
L'Aéroplane ‘* Red Wing ” (aile rouge) essayé sur
la glace du lac Keuka (Etats-Unis)
s'intéresse beaucoup le professeur
Graham Bell, est formé de deux plans tendus
de soie, superposés, arqués transversalement
en sens inverse l’un de l’autre, de façon à se
regarder par leur concavité. Le plan supérieur
a 43 pieds d'envergure, le plan inférieur, un
plus de 36 pieds. La surface totale de ces deux
panneaux est 385 pieds carrés. Une armature
de montants fuselés et haubannés réunit les
deux surfaces portantes. A l'extrémité arrière
de l’appareil, est une queue horizontale sur-
montée du gouvernail vertical de direction. En
avant de l’appareil, à l’extrémité d’un corps
fuselé, entoilé, se trouve le gouvernail hori-
zontal de profondeur.
L'’aviateur se place assis entre les deux
plans sustentateurs et un peu en avant.
Entre les deux plans également est installé
le moteur Curtiss, 8 cylindres, refroidissement
par air, développant 40 chx. à 1.800 tours, et
actionnant une hélice propulsive à 2 branches.
Le poids total de l’appareil monté est de
570 livres, dont 185 livres pour l’aéroplane
proprement dit et 200 livres pour l’ensemble
du système moto-propulseur, hélice comprise.
L'appareil était en ordre de marche, le
9 mars 1908, sept semaines après sa mise en
construction; il avait été monté sur des pa-
tins pour des essais sur la glace. Les essais du
l’Aérophile
9 mars ne furent marqués par aucune envolée
en raison de l’exiguité de la surface glacée
dont on disposait.
Mais le 12 mars, il fut possible de trans-
porter la machine sur la large nappe congelée
du lac Keuka. Là, en présence de 25 témoins,
l’appareil monté par M. Baldwin, de Toronto,
quitta la glace après une lancée de 200 pieds
et s’éleva à une hauteur variant entre 10 et
20 pieds, « lorsqu'un mouvement de l'aile
droite donna à l'appareil un mouvement en
arrière et il redescendit ». Le parcours aérien,
mesuré en droite ligne du lieu de l’essor au
point de retour au sol, fut de 318 pieds. La
machine avait toutefois décrit une courbe
dans l'air ».
L'’engin ayant été endommagé à la descente
on dut le ramener au hangar situé à 5 milles du
lac environ. Les essais seront repris incessam-
ment et lorsque la glace aura disparu, les pa-
tins de lancement seront remplacés par des
roues. P. ANCELLE
À propos de l'indicateur de pente ‘
Notre ami, M. Archdeacon, répondant, dans
l’Aérophile du 15 avril 1908, à mon article du
1e avril sur les indicateurs de pente, m’attri-
bue à tort l’omission d’une ascendance du vent
par effet de thermo-dynamisme. J’ai d'autant
moins de raisons d’avoir omis ce fait que je
m'en sers comme base d'explication du plane-
ment en pleine mer, ainsi qu’en fera foi un
article, l'Aéroplane Vautour, envoyé depuis
quelque temps à la présente revue, et la
page 823 du Bulletin technologique des A. et
M. n° 9 de 1904, et qu'enfin, je mentionne
l'existence de cet effet dans l’article visé.
Ayant traité la question géométriquement,
il faut prendre les termes au sens absolu;
quand donc, je dis air calme, je dis : air fire;
si je dis : vent, c’est-à-dire : déplacement
d'air, en quelque sens que ce soit et à quelque
vitesse que ce soit.
Si done mon honorable contradicteur sup-
pose l’air sans vitesse horizontale, mais s’éle-
vant, par la chaleur, de 0 m. 10 par seconde,
ce n’est plus l’air calme, l’air fixe, c’est un
vent vertical de O m. 10 de vitesse.
Et d’ailleurs, dans tous les cas, c’est la com-
posante verticale de Ja vitesse de l’air qui seule
entre ‘en compte dans le problème en discus-
sion.
D'autre part, M. Archdeacon me fait dire
que l’angle à connaître est celui du système
avec le vent relatif ; il commet une erreur ma-
(1) Voir Aérophile du 4er avril 1908, p. 123, et du 15 avril
1908, p. 145.
199
térielle, c’est de l’angle avec la route absolue
que j'ai parlé. (Voir les figures de l’article
« Un appareil indicateur de pente et l’inuti-
lité de tels instruments », dans l’Aérophile du
1er avril, p. 124).
Ce n'est, d’ailleurs, qu’une confusion sans
importance, car on saisit bien l’argumentation
de mon contradicteur.
Mais M. Archdeacon admet que l’air peut,
pour des raisons quelconques, s’élever ou des-
cendre de plusieurs décimètres par seconde ;
il admet déjà, à titre d'exemple, des déplace-
ments verticaux de O0 m. 50 de vitesse; je n’en
prendrai dans ma discussion, que 0 m. 10 de
vitesse verticale; peu importe la vitesse hori-
zontale de l’air et celle de l’aéroplane. L’aéro-
plane monte donc, ou descend, de 0 m. 10 par
seconde, 6 mètres par minute, 60 mètres en
10 minutes! Si l'aviateur se trouve dans la
nuit ou dans le brouillard, comme le suppose
M. Archdeacon, on aura vite gagné le sol ou
l’eau, ou acquis une hauteur inconnue.
Il est clair qu’en voyant apparaître le sol,
ou l’eau, l’aviateur s’empressera d'actionner
son régulateur; l’œil aura älors suffi à indi-
quer la manœuvre!
Si au contraire l'aviateur est monté haut,
le baromètre alors le lui indiquera.
Mais M. Archdeacon table sur la variation
des tours d’hélices due à une différence de ré-
sistance, tout en supposant des ascendances
ou descendances faibles du vent. Eh bien! les
différences d’allures ne seront pas assez fortes
dans ce cas, et seront, du reste, noyées, comme
appréciation, dans d’autres causes perturba-
trices, telies qu’une variation de position du
régulateur, un déplacement de l’aviateur, etc.
Somme toute, on ne saura pas, instantané-
ment, — ce qui est la condition requise, —
quelle route absolue suit l’aéroplane dans le
plan vertical.
On s'en rendra compte, auprès un certain
parcours, par la vue du sol; mais alors, ainsi
que je l’avais indiqué, l’œil aura tout fait!
Pas besoin d’instrument !
En outre, l’hélice ne marque pas nécessaire-
ment des différences de traction. Voici figu-
rés, cinq cas différents, dans lesquels le vent
relatif V’, l'incidence à et la traction sont
identiques et où les routes absolues sont diffé-
rentes.
Pour l'aviateur, dans ces cinq cas, il croira
marcher horizontalement. Or, aucun instru-
ment, aucune variation d’allure en traction
ou tours d’hélice, n’indiqueront la pente 0, ni
V, vitesse absolue. Il est impossible de don-
ner une démonstration plus lisible, et il est
clair que l’aviateur ignore sa route, aussi bien
que les appareils destinés à le renseigner à ce
sujet. (Il est inutile de considérer les vents en
côté, puisque ce sont des cas intermédiaires
entre vent en bout et vent en poupe.)
200
Je signalerai que si l’on ne compte marcher
que par des vents faibles de 4-à 5 mètres à la
seconde, on ne marchera pas bien des jours
dans l’année, à moins de se confiner au champ
d'Issy-les-Moulineaux!... que parti en voyage,
d’un lieu où le vent est faible, on pourra
trouver, plus loin ou plus haut, des vents bien
plus forts. :
On ne doit pas non plus ne tabler que sur
l’aviation en pays de grandes plaines! Maints
départements l'Orne, la Vienne, les Vosges, le
Jura, ete:, ete., seraient alors inabordables ?
Le terrain vaste et plan en rampe de 0,02
est tenu comme horizontal par les personnes
qui ne se piquent pas de géométrie. Or, si le
Air Fixe ou Air calme
b V'__ route CES
V
fig.l._ route horizontale ab
Vent en bout montant
CV Toute
Vent E
SI ÉRE e
fig 2._ route montante à.c: raccourcie
Vent en bout descendant
a
Re Run
d Y route
fig 3 route descendante 2 d réccourvie
2 Vent en poupe montant
V_._ route
PT ee
fig Æ._ route montante à € allongée
Vent en poupe descendent
D
06 Y route 8
1
g
li D. route descendante a £. s/longee
vent remonte, le terrain ou le descend à une
vitesse de 8 mètres, c’est 0 m. 16 de montée
ou de chute par seconde.
N'oublions pas non plus que le vent subit
l'effet des déclivités du sol à des hauteurs bien
supérieures à celles que l’on imagine généra-
lement. J'ai pu constater, au planement des
goëlands, par vent $S-E, que le contrefort de
Granville qui a 1.000 mètres de long et 50 mè-
tres de hauteur, y compris les maisons, fait
monter le vent; à 700 mètres en avant et à
400 mètres de hauteur il y a encore assez d’as-
cendance pour tenir ces planeurs à niveau.
Plus haut, ou plus en avant, ou en arrière de
l’aplomb du contrefort, les goëlands ne font
que du planement descendant.
On peut aussi voir parfois à des distances
de seulement 700 mètres, des allures très dif-
férentes dans les fumées des deux chemi-
nées d'usine, l’une indique le calme presque
plat, l’autre indique un vent de 6 ou 7 mètres
de vitesse.
Je crois donc devoir maiatenir mes conclu-
sions jusqu'à preuves contraires décisives.
A. Govriz
15 Mai 1908
he Tour du Monde Aérien
Le nouveau dirigeable « Zeppelin ». — Le
15 décembre 1907, une tempête avait sérieuse-
ment endommagé le dirigeable Zeppelin qui se
trouvait abrité sous son hangar flottant de
Meënzell, près Friedrichshafen, au bord du lac
de Constance. (V. Aérophile du 15 janvier 1908)
Cette mésaventure avait causé quelque désar-
roi en Allemagne parmi les partisans du sys-
tème Zeppelin. Les amis de l'inventeur se sont
efforcés de réagir contre le revirement de l’opi-
nion publique qu'avaient auparavant séduite Its
magnifiques succès de septembre et octobre 1907
(V. Aérophile d'octobre 1907, p. 292). Le professeur
Hergesell, notamment, fit à Berlin une confé-
rence remarquée sur les avantages du type Zep-
pelin. Il annonça que les perfectionnements pré-
vus pour 1908 permettraient à l'engin d’atterrir
n'importe où, et ajouta que le nouveau ballon et
sa nacelle seraient agrandis de façon à pouvoir
transporter aisément cent personnes, affirmation
contestée maintenant dans la presse allemande.
Quant au gouvernement allemand et à l’em-
pereur, ils suivent, on le sait, avec le plus vif
intérêt, les expériences du comte Zeppelin et
s'efforcent de les encourager de leur mieux.
Le budget ordinaire de l'empire, disent les uns
{ou du royaume-de Prusse suivant d’autres ren-
seignements), avait prévu déjà une somme de
2.150.000 marks (3.125.000 francs) pour l'achat
des installations et des ballons du comte Zeppe-
lin et aussi pour le dédommager des énormes
sacrifices pécuniaires que ses recherches pour-
suivies depuis 1899 lui ont occasionnés. Il y à
consacré, en effet, avec un admirable désintéres-
sement, toute sa fortune personnelle.
A la fin de janvier dernier, la Commission du
budget, du Reichstag, a favorablement accueilli
la demande d’un crédit supplémentaire de 400.000
marks (500.000 francs) spécialement affecté aux
futures expériences. Cette demande de crédit à
été soutenue devant la Commission par MM. le
baron von Richthofen, le député socialiste Sin-
ger, le professeur Hergesell. Finalement, la Com-
mission du budget a approuvé les crédits et le
Reichstag confirmera cerlainement sa décision.
Le vote définitif de ces crédits assurera à l’'Em-
pire le monopole de l'exploitation du système
Zeppelin.
D'autre part. on assure que le gouvernement
impérial imposera au Zeppelin 1908, à titre
d'épreuve et avant d'accorder à l’inventeur le
crédit principal de 2.150.000 marks voté par le
Reichstag, un voyage aérien ininterrompu de
24 heures et un parcours de 700 kil. environ. Le
ballon partirait de Bodensee pour descendre la
vallée du Rhin, passer au-dessus de Bâle et de
Mayence, et regagner ensuite son point de dé-
-part.
L'engin devra gagner des altitudes plus grandes
que celles où il a navigué jusqu'à ce jour. Enfin,
on lui désignera un point où il devra aller atter-
rir, faire escale et repartir.
On annonce, d'autre part, que le Zeppelin II
coûtera 400.000 marks. IL mesurera 7 mètres de
plus que le précédent, soit 128 mètres de lon-
gueur et seulement 11 m. 07 de diamètre. Il sera
actionné par 3 moteurs Mercédès de 140 chx
chacun, pesant 4 livres anglaises et demie par
cheval. On parle de lui faire traverser l’Alle-
magne, de Constance à Kæœnigsberg et retour,
ce qui représenterait plus de deux fois le trajet
Dunkerque-Perpignan. Le rayon d'action prévu
serait de 2.300 kilomètres.
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DMMAIRE : Portraits d'aéronantes contemporains : capitaine Bois (P. Ancelle). — L'Hylro-volant de l'ingénieur Forlanini (G.-L. Pesce). — Droit
industriel et progrès aéronautique (Omer Leudeiti. -— Comment accroi re la vitesse des ballons dirigeahles' (Stanislas Keyowski). -— Le Concours aérosta-
tique de Bordeaux (Philos) — L'aéroplane Auffm Ordt (A. Cléry). — A propos d’avia‘ion (A Odier). — Rêverie sur des théorèmes (Ernest Archdeacon).
— L s aviateurs français à l'étranger : Léon Delagrange, à Rome; Henri farman, à Gand (M. Degoul).
DMMAIRE DU BULLETIN OFFICIEL DE L'AERO-CLUB DE FRANCE : Convocation. — Réception des membres de l'Aéro—
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Directeur-Fondateur: Georges Besançon
N°11 1: Juin 1908
16° Année.
Portraits d'Acronautes Contemporains
CaApiTAINE Bois
Né à Paris, le 9 février 1880, Théophile Bois entre à 18 ans à l'Ecole Polytechnique et en 1900 il passe, en
qualité de sous-lieutenant-élève à l'Ecole d’Application de Fontainebleau.
Il est ensuite nommé lieutenant au bataillon de sapeurs- -aérostiers du 1er génie à à Versailles à partir du
1: octobre 1902.
En cette qualité, il a pris part à diverses manœuv re Spéciales et commanda DD les détachements
caargés :
des signaux d'ensemble aux manœuvres d’arméc des années 1904 et 1905 ;
des manœuvres aérostaliques au cours des expériences de télégraphie sans fil à Dijon (1904), Chäâlons-
Verdun (i905), Belfort (1906). Certaines de ces expériences donnèrent lieu à l'emploi de cerfs-volants et de
drachen-ballons;
es manœuvres des ballons dirigeables à Toul (1905) et à Moisson (1906).
Affecté à l'Etablissement Central du matériel de l'Aérostation Militaire à Chalais-Meudon en décembre
1906, le jeune officier fut promu capitaine le 23 juin 1907 et maintenu à Chalais.
Désigné cowme pilote de ballon dirigeable, le capitaine Bois a exécuté 35 ascensions en autoballon, 3 dans
le Lebaudy, 1 dans Ville-de-Puris, 31 dans Patrie Il a pris part à toutes les ascensions importantes du
dirigeable Patrie et les a commandées alternativement avec le commandant Voyer.
Je ne parle pas de nombreuses ascensions libres dans les aéroslals mililaires qui ajoutent aux brillants
états de service de l'officier et à la belle carrière du sportsman.
Malgré les nombreux et absorbants emplois ainsi remplis avec distinction en si peu d'années, le capitaine
Bois trouve encore le temps de se livrer à des travaux personnels qui font honneur à ses capacités de technicien.
On lui doit notamment une étude remarquée sur Les Cerfs-volants et leurs applications militaires
publiée en 1906.
P. ANCELLE
202
1e Juin 1908
NAVIGATION AÉRHYDRIQUE
L'" Hyÿdrovolant ” de l'Ingénieur Forlanini
Fig. 1. — I’ “ Hydrovolant ” de l'ingénieur Forla-
nini au repos sur le Lac Majeur (Italie).
La fièvre de vitesse qui brûle le sang mo-
derne ne trouve son apaisement que dans
l’accroissement continuel de la rapidité des
moyens de locomotion.
L’automobilisme terrestre a déjà donné les
belles vitesses de 100 à 120 kilomètres à
l’heure sur routes et 200 kilomètres sur rails.
La navigation aérienne, dont le champ illi-
mité s'ouvre aux conquêtes nouvelles, à la
suite des merveilleuses performances des frè-
res Wright, de Santos-Dumont, de Dela-
grange et de Henri Farman, permettra d’at-
teindre bientôt des vitesses encore plus consi-
dérables.
La navigation aquatique, par contre, pro-
gresse plus lentement. Toutefois, les nou-
veaux contre-torpilleurs à turbines donnent
des vitesses de 33 à 34 nœuds.
Le Mauretania, le plus grand des paquebots
du monde, vient de faire la traversée de New-
York à Queenstown en cinq jours, à une vi-
tesse moyenne de 24 nœuds 42 à l'heure. C’est
le record actuel.
Les recherches des inventeurs d'avant-garde
ont porté depuis quelques années sur un mode
nouveau de navigation mixte que nous avons
appelée navigation aérhydrique dans une
communication faite le 4 mars 1897, à la So-
ciété française de Navigation aérienne (1).
Ce mode nouveau de locomotion mixte est
1) Voir la Revue Scientifique du 1° mai 1897.
Fig. 2. — I’ ‘Hydrovolant ”” de l'ingénieur Forlanini
en marche à toute vitesse sur le Lac Majeur (Italie).
basé sur une collaboration intime de la na-
vigation aérienne avec la navigation aquati-
que.
L'emploi de coques spéciales, d’hélices aé-
riennes et de surfaces sustentatrices, soit dans
l’eau, soit dans l'air, ont déjà donné des ré-
sultats fort intéressants et il nous suffira
de rappeler ceux très remarquables obtenus
avec les hydroplanes du comte de Lambert,
de M. Le Las et de Santos-Dumont, en France,
et ceux de l'ingénieur Forlanini et des offi-
ciers du génie militaire Crocco et Ricaldoni,
en Italie.
Nous donnons ci-contre les photographies
de l’Hydrovolant, récemment essayé sur le
lac Majeur par M. Forlanini, en collabora-
tion avec le capitaine du génie Dal Fabbro.
La figure 1 représente l’Hydrovolant au
repos et la figure 2 en marche à toute vi-
tesse.
Cet appareil diffère entièrement des hydro-
planes connus, lesquels agissent à la manière
d’une pierre plate faisant des ricochets sur
l’eau et sans que jamais leur coque plate
abandonne le contact de l'eau.
La coque de l’Hydrovolant de l'ingénieur
Forlanini, au contraire, sort entièrement de
l’eau quand on atteint une certaine vitesse
(fig. 2), et ne repose plus que par un cer-
tain nombre de lames de persiennes situées sur
les côtés. Plus la vitesse augmente et plus ré-
duite est cette surface d'appui. À la vitesse
l’Aérophile
de 70 kilomètres à l'heure, atteinte dès le mois
d'octobre 1905, la coque se trouvait à O0 m. 55
au-dessus du niveau de l’eau et la surface
d'appui n’était que de 0 m°, 15, pour un poids
global de 1.650 kilos, ce qui correspondrait à
un poids de 11 tonnes par mètre carré de sur-
face d'appui.
Le moteur est d’une puissance de 75 HP.
La propulsion est obtenue au moyen de
deux hélices à cinq branches de 2 m. 70 de
diamètre et 6 mètres de pas, situées à l’avant
et à l’arrière et tournant en sens contraire
lune de l’autre.
D'après l'inventeur, ce qui caractérise son
appareil hydrovolant, c’est que la résistance
de l’eau est indépendante de la vitesse de
marche, par suite de la très faible surface en
contact avec l’eau.
Elle est constante pour un appareil déter-
miné et égale à environ 1/12 de son poids
total. La résistance totale à l’avancement est,
par contre, augmentée de la résistance due
à l’air, laquelle est proportionnelle au carré de
la vitesse.
M. Korlanini pense que, dans un avenir
très prochain, des appareils analogues à son
Hydrovolant pourront facilement naviguer.
ou voler à une vitesse de 100, 150 et même
200 kilomètres à l’heure, et pourront se trans-
former aisément en véritables appareils vo-
lants, par l’adjonction de surfaces sustenta-
trices aériennes.
L'appareil a très bien fonctionné avec une
stabilité parfaite avec des vagues de O0 m. 30
de hauteur et l’inventeur pense que l’on pour-
rait, en modifiant convenablement l’appareil,
marcher avec des vagues de un mètre, et
même plus, de hauteur.
La sensation éprouvée est la même que
celle que l’on éprouve lorsqu'on est sur un
traîneau glissant sur une bonne piste de neige.
Ces appareils peuvent déjà donner de très
appréciables résultats pratiques sur les lacs
et les cours d’eau. Par des perfectionnements
graduels on arrivera, sans nul doute, à les
transformer en véritables aéroplanes de grande
navigation aérhydrique. G.-L. Pescr
Droit industriel
et Progrés aéronautique
On dit d’un nouveau principe, qu'on Île
découvre et non pas qu’on l’invente. La dé-
couverte d’un principe n’est pas considérée,
en droit, comme une émanation du talent,
mais comme une révélation de la nature. Les
applications du principe découvert peuvent
seules donner lieu à l’attribution de titres de
propriété: aussi la même personne est-elle
souvent détentrice de plusieurs brevets ayant
203
pour origine une seule découverte. Ce serait
faire obstacle au progrès que de reconnaître
seulement à l’auteur de la découverte fonda-
mentale le droit de prendre des brevets pour
ses diverses applications: aussi admet-on
l'emprunt gratuit du principe d’une inven-
tion pour une autre, du moment qu’une mo-
dification suffisamment appréciable permet
d’écarter le grief de contrefaçon.
L’'emprunt soit, mais la gratuité non !
Sous cette forme lapidaire telle est la pro-
position développée ci-après pour la sauve-
garde des intérêts économiques des fondateurs
de l'aéronautique industrielle. Ceux-ci ont
engagé des frais à une époque où la clientèle
envisagée était purement intentionnelle ; main-
tenant qu’elle devient militante, que l’amor-
tissement des frais, la récompense des efforts
sont possibles, souffriront-ils que de nouveaux
venus, n'ayant pas à vaincre les difficultés
qu'ont connu les adeptes de la première heure,
puissent à la faveur de perfectionnements réels
ou prétendus, emprunter gratuitement les
principes essentiels des moteurs et appareils
d'aviation créés à ce jour ?
L'auteur d’une amélioration quelconque à
un régime établi, n’a droit qu'aux bénéfices
attribuables à sa contribution personnelle,
sans profiter plus ou moins du travail d’au-
trui, et s’il est indispensable qu’il utilise ce
travail dans une certaine mesure, il doit ac-
quitter des redevances pour ceux qui l’ont
produit.
À chacun selon ses œuvres.
La propriété des principes doit être sou-
mise au même régime que la propriété du sol,
domaine naturel dont les nouveaux citoyens
de la terre pourraient prétendre jouir libre-
ment et gratuitement.
Librement oui, gratuitement non.
Quant à la taxation, en ceci comme en cela,
elle ne saurait s'établir mieux, plus équitable-
ment que par elle-même, suivant l’inexorable
loi de l’offre et de la demande.
Rien n’a de valeur absolue; la valeur rela-
tive est seule exacte et cette relativité s'établit
par le jeu de la concurrence.
Ce n’est pas favoriser la concurrence, per-
mettre la vulgarisation d’un objet, que de
ruiner la propriété; c’est restreindre l’acti-
vité industrielle, faire naître la méfiance, abo-
lir le crédit. C’est la nuance à saisir entre
l'institution d’un monopole et la garantie
d’une propriété qui a complètement échappé
au législateur et, croyant éviter un abus, il
a donné libre cours à mille autres.
A défaut d’une mesure assimilant le bre-
vet d'invention à un titre de propriété immo-
bilière, mesure impossible à prendre, vu la di-
versité de la matière, celle qui consisterait à
instituer la propriété des principes, serait un
204
correctif très suffisant. Il satisfait à la logique
et aux nécessités particulières de la situation.
Cette institution nouvelle serait d’une effi-
cacité certaine, au contraire des amendements
qu'on pourrait apporter à la législation des
brevets et aurait cet énorme avantage sur
toute autre, de ne porter aucun préjudice au
trésor.
Les brevets d'invention n’en seront pas
moins nécessaires; ils seront même plus fré-
quemment sollicités, l'inventeur pouvant es-
pérer qu'avant l'expiration äu délai de quinze
ans qu’on lui fixe pour faire sa fortune, il
aura eu l’occasion d'accorder assez souvent
l'autorisation d'emprunt de principes à ses
procédés, pour que les redevances à toucher
de ce fait constituent, pour lui, des ressources.
Le prix du génie, impossible à fixer de pro-
pos délibéré, serait ainsi toujours en rapport
avec les services rendus.
Quant à l1 durée de validité des licences
de cette nature, elle sera forcément égale à
celle des brevets pris pour les nouvelles appli-
cations en vue desquelles l’emprunt de prin-
cipe aura été consenti.
S'il en était autrement, les dernières licen-
ces accordées par le même inventeur seraient
assujetties moins longtemps que les premières
à l’acquittement des droits.
On en arrive, par voie de conséquence, à
considérer le cas d’un industriel ayant besoin,
pour réaliser un certain travail, de s'appuyer
sur une base dont le fondateur est à fin de
bail. Plutôt que de souscrire immédiatement
un emprunt de principe, cet industriel ne pré-
fèrera-t-il pas attendre l’expiration du délai
(15 années maximum) pendant lequel tout em-
prunt pourrait être taxé, de gré à gré, sui-
vant la disposition nouvelle ?
C'est ainsi que se démontre la nécessité de
reconnaître l'exercice des droits de l’inven-
teur au delà de l'expiration de ses brevets, en
ce qui concerne la propriété des principes seu-
lement, étant bien entendu que toute nou-
velle application doit faire l’objet d’un nou-
veau brevet. Quant à l’objet de tout brevet
expiré, tel qu’il était conçu primitivement,
il entrera dans le domaine publie, conformé-
ment à la loi.
Que l’on se garde bien toutefois de proposer
ceci dans un congrès ayant pour objet les bre-
vets d'invention, comme on l’a déjà conseillé
à l’auteur au cours de son enquête préalable ;
ce serait une erreur. [l y a là une question
de droit très en dehors de celles qui gravitent
autour des brevets d'invention. Elle peut très
bien être liquidée par décret reconnaissant
aux membres de chambres syndicales indus-
trielles, le droit de taxer de gré à gré les em-
prants .de principes faits à léurs inventions
et leur accordant la juridiction civile en cas
d'emprunts forcés.
1°! Juin 1908
La différence de juridiction indique suffi-
samment qu'il n’y a rien de commun en ceci
avec les brevets, ceux-ci relevant des tribu-
naux de commerce.
Le Progrès aéronautique est entravé pour
plus qu’on ne croit, par l’absence de la dispo-
sition réclamée, des ingénieurs capabies de
donner les formules qui restent à définir s’abs-
tenant du seul fait qu’on a proclamé très haut
qu'en aviation il n’y avait pas de propriété
industrielle.
Quant à ceux qui ont déjà pris place, ils ont
tout intérêt à faire reconnaître la propriété
des principes, puisqu'ils sont menacés d’em-
prunts gratuits devant leur donner des con-
currents d'autant plus nombreux qu'il sera
plus facile et moins coûteux de prétendre à
ce titre. Ouer Leupeit.
AAAñnA
COMMENT ACCROITRE
la vitesse des ballons dirigeables
La vitesse propre des ballons dirigeables ac-
tuels peut être évaluée à 10 ou 11 mètres par
seconde (11 m. 50 au maximum), de sorte qu’ils
ne peuvent guère sortir que par des vents in-
férieurs à 8 mètres. Il y aurait un intérêt ca-
pital à augmenter cette vitesse et à la porter
à 14 ou 15 mètres par seconde, de manière à
pouvoir naviguer par les vents si fréquents
de 8 à 12 metres.
Si l’on s’en rapporte, en effet, aux obser-
vations faites à la Tour Eiffel, on constate que
la fréquence moyenne pour 1.000 des vitesses
de vent inférieures à 6 m., 8 m., 12 m., est
respectivement de 300, 470, 630, 760.
Un ballon qui ne navigue que par des vents
inférieurs à 8 mètres, ne sortira que 470 fois
sur 1.000, soit à peine 1 fois sur 2; tandis que
s’il était capable d'affronter tous les vents in-
férieurs à 12 mètres, il pourrait sortir 760 fois
sur 1.000, c'est-à-dire 3 fois sur 4.
Pour obtenir un résultat aussi désirable, la
première idée qui se présente est d'augmenter
la puissance motrice, et déjà l’on envisage des
dirigeables de 240 chevaux (1). Mais on ac-
croîtra ainsi le poids des moteurs et de tous
leurs accessoires; de plus, comme on recherche
en même temps un grand rayon d'action, l’ap-
provisionnement-d’essence et d'huile à empor-
ter deviendra considérable : ainsi, en comp-
tant seulement 400 grammes par cheval-heure,
240 chevaux en 10 heures consommeront
960 kilos. Tous les poids étant donc augmen-
tés, on est conduit à accroître dans la même
proportion le volume du ballon, et l’on arrive
ainsi à projeter des navires aériens de 7.000
à 8.000 m° (2), qui seront fort encombrants et
(1) Voir Aérophile du 13 février 19C8
(2) Aérophile, déjà cité.
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l'Aérophile
peut-être difficilement maniables : l’exemple
du ballon Zeppelin est là pour nous le prou-
ver. î
Or, il existe, semble-t-il, d’autres moyens
d'augmenter la vitesse. Il est facile de démon-
trer, en effet, que les dirigeables actuels gas-
pillent leur force motrice; il suffit pour cela
de les comparer aux bateaux.
A vitesse égale, les résistances à l’avance-
ment d’un même mobile dans l'air et dans
l’eau seraient proportionnelles aux densités
des deux fluides, c’est-à-dire sensiblement
dans le rapport de 1 à 800; les puissances mo-
trices nécessaires pour faire avancer ce mobile
seraient aussi dans le même rapport. Considé-
rons donc des navires ayant des vitesses de 10
à 11 mètres par seconde et un maître-couple
immergé sensiblement égal au maître-couple
de nos dirigeables : en divisant par 800 la
puissance motrice qu’ils utilisent, nous obtien-
drons la valeur de la puissance qui semblerait
devoir suffire pour propulser, à la même vi-
tesse, le même maître-couple dans l’air. Or,
le tableau ci-dessous donne les résultats four-
205
hélice ». Ce n’est donc pas de ce côté qu’il
faut chercher l’explication.
A notre avis, l’excès de puissance motrice
nécessaire à la propulsion des ballons diri-
geables tient à deux causes principales
1° Au mauvais rendement des hélices;
20 À l’importance des résistances extérieu-
res (c’est-à-dire de la résistance à l’avance-
ment de tout ce qui est extérieur au ballon
proprement dit).
1° Rendement des hélices (1) — Le diri-
geable qui possède actuellement l’hélice de
meilleur rendement paraît être le ballon Ville-
de-Paris, et pourtant, on ne saurait attribuer
à cette hélice un rendement supérieur à 55
ou 56 %, puisque son recul est de 40 % envi-
ron. On sait, en effet, que le rendement est
toujours inférieur à l’unité diminuée du
recul, puisqu'il faut tenir compte; en outre,
de la résistance à l'avancement des ailes con-
sidérées comme des carènes. Dans les ba-
teaux, au contraire, le rendement des hélices
atteint couramment 0,70; Guède et Jay ont
VITESSE
| NOM
| DU NAVIRE cle en mètres
| par secoude
| i 9 3
|
Dupuy-de-Lôme..... 197,7 10m,
DES rer Ce 201,6 10,6
Kleber eee 21n,3 lim,
MAITRE-| DIA- PUISSANCE MOTRICE
‘ A
COUPRLE) METRE
3 du cercle employée correspondante
IMMERGÉ |je même surface] dans l'eau dans l'air
4 5 6
870,6 10,5 13,186chx | 16chx,5
95m2,1 14m, 17,825chx | 29chx,3
96%?,2 1 ju, 16,652chx 20chx,8
nis par trois navires remplissant les condi-
tions indiquées (1).
Ainsi, une puissance d’une vingtaine de
chevaux devrait suffire à imprimer à nos di-
rigeables une vitesse de 10 à 11 mètres par se-
conde; et cependant ils possèdent des moteurs
de 60 chevaux! D’où vient cette énorme dif-
férence ?
Est-ce une question de forme de carène?
Nous ne le croyons pas; car les carènes propre-
ment dites des ballons dirigeables, abstrac-
tion faite des accessoires qui les entourent,
sont très favorables à l'avancement, et les
expériences du colonel Renard ont montré que
la résistance de corps de révolution allongés,
analogues à ces carènes, était très faible et
égale au 1/30 environ de la résistance du plan
normal; c’est, d’ailleurs, ce même coefficient
de réduction de 1/30 qu'avait déjà adopté Du-
puy-de-Lôme, dans son étude d’ « aérostat à
hélice ». Ce n’est done pas de ce côté qu’on
(4) Les chiffres des colonnes 2, 4 et 6 sont empruntés au
Mémorial du Génie maritime, septembre 1904. Etat actuel de
la question des hélices, par M. Delong, ingénieur de la Ma-
rine). -
même obtenu, dans leurs expériences
l’Elorn, un rendement de 0,85.
Supposons donc qu’au rendement de 0,50,
que ne dépassent guère la plupart des hélices
de dirigeables, on arrive à substituer un ren-
dement de 0,70 : on pourrait dès lors, sans
changer la vitesse de propulsion, diminuer la
force motrice dans le rapport de 70 à 50, c’est-
à-dire remplacer le moteur de 60 chevaux par
un moteur de 43 chevaux.
Mais comment améliorer ainsi le rendement
des hélices? 11 conviendra, évidemment, de
s'inspirer des conditions réalisées dans la ma-
rine. Examinons, en particulier, les propul-
seurs des trois navires déjà cités : chacun
d'eux possède trois hélices à trois ailes, dont
le diamètre varie entre 4 mètres et 4 m. 30,
et qui tournent à des vitesses comprises entre
134 et 150 tours par minute; les ailes de ces
hélices attaquent l’eau sous un angle de 2 à
3° ; leur recul est de 10 à 13 % (2).
sur
(1) Nous n'envisageons ici que le rendement propre du propul-
seur c'est-à-dire le rapport du travail utile au travail disponible
sur l'arbre de l'hélice.
(2) Mémorial déjà cité.
206
Que trouvons-nous, au contraire, dans les
dirigeables actuels? Dans les ballons Lebaudy
et Patrice, deux petites hélices à deux aïles,
de 2 m. 50 environ de diamètre, tournant à 900
ou 1.000 tours par minute; dans le ballon
Ville-de-Paris, une seule grande hélice à deux
ailes, de 6 m. 10 de diamètre, tournant à
140 tours, il est vrai, comme les hélices des
navires mentionnés ci-dessus, mais attaquant
l’air sous un angle beaucoup plus fort (11° en-
viron) et ayant, par suite, un recul considé-
rable (environ 40 %).
Pour améliorer le rendement des hélices des
dirigeables, il faut, comme dans les bateaux,
donner le plus grand développement possible à
la surface propulsive, c'est-à-dire augmenter
le nombre des hélices, le nombre des ailes dans
chaque hélice, les dimensions même de ces
ailes, de manière à absorber la puissance mo-
trice dont on dispose avec de faibles vitesses
de rotation et de petits angles d'attaque. Sans
doute, on accroitra ainsi le poids des propul-
seurs; mais on regagnera cet alourdissement
sur le poids des moteurs et surtout sur la con-
sommation d'essence.
Il n'est pas sans intérêt de remarquer que
les deux conditions primordiales d’une bonne
utilisation de la force motrice : faible vitesse
de rotation et petit angle d'attaque (1), ont
été à peu près réalisées, il y a 24 ans, dans le
premier -dirigeable digne de ce nom, par les
capitaines Renard et Krebs. L'hélice du bal-
lon la France, en effet, de 7 mètres de dia-
mètre, tournait à la vitesse de 55 tours par
minute et attaquait l’air sous un angle de 5°;
son recul était de 20 % environ : elle devait
donc avoir un assez bon rendement. Cette
qualité était d'autant plus précieuse, à cette
époque, que le moteur léger était inconnu et
que la source d'énergie utilisée ne pesait
pas moins de 50 kilos par cheval.
29 Résistances extérieures. — Dupuy de
Lôme avait calculé que, dans son aérostat, le
ballon proprement dit offrait à l’air une ré-
sistance égale au tiers environ de la résistance
totale du navire aérien. De son côté, le colonel
Renard avait déduit de ses propres expérien-
ces que l’ensemble du dirigeable La France
résistait 7 fois 1/2 plus que le ballon seul, sup-
posé parfaitement lisse et rigide. On peut donc
dire, si paradoxal que cela paraisse au pre-
mier abord, que le principal obstacle à l’avan-
cement n’est pas le ballon lui-même : ce sont
les innombrables cordages, tukes ou pièces de
bois qui l’environnent et dont chacun résis
(4) Nous ne nous dissimulons pas que nous heurtons ici les idées
de certains constructeurs modernes, et nous étaierions volontiers
notre raisonnement de formules mathématiques Mais nous serions
ainsi entrainés à des calculs longs et compliqués, peu en rapport
avec la contexture généra'e de cette note Il nous semble d'ailleurs
que l'expérience acquise dans la marine sur la question des hélices
vaut bien une démonstration mathématique qui repose toujours
ur un certain nombre d'hypo hèses plus ou moins exactes.
1°* Juin 1908
comme s’il était seul; ce sont tous les acces-
soires exposés au courant d'air produit par la
vitesse propre.
C'est pour une raison analogue (résistarte
des capots, passerelles, etc.) que les sous-ma-
rins, en plongée, perdent le tiers de la vitesse
qu'ils possèdent dans la navigation en sur-
ace, bien que le volume immergé n’augmente
que de 7 à 8 %. é
Or, il semble bien que, de ce côté aussi, de
grandes améliorations soient réalisables. Il
faut éviter les vides entre les différentes par-
ties du dirigeable, en disposant des toiles bien
tendues, non seulement à l’avant, mais en-
core à l'arrière, où les remous sont si préjudi-
ciables à l'avancement. Il faut tout rentrer
dans des capacités fermées, de forme appro-
priée pour offrir la moindre résistance.
A ce point de vue, l'idéal serait, si l’on peut
dire, un ballon-bloc, dans lequel ballon et na-
celle ne formeraient plus qu'une masse allon-
gée unique et sans aucun vide, ne montrant
au dehors que ses hélices et ses gouvernails, et
qu'on se représenterait volontiers sous l’as-
pect d’un bateau servant de jante à un énorme
pneu. Telle est peut-être la forme future vers
laquelle tendront les dirigeables à grande vi-
tesse.
En résumé, avant d'accroître la puissance
motrice des navires aériens, il conviendrait
d’abord de chercher à mieux l'utiliser. Pour
cela, deux moyens principaux se présentent :
1° Augmenter le rendement des hélices:;
2° Diminuer les résistances extérieures.
Nous ne serions nullement surpris qu’en
concentrant leurs efforts sur ces deux points,
les constructeurs n’arrivent à réduire de moi-
lié la dépense de force motrice sans rien per-
dre des vitesses actuelles; ou qu’inversement,
comme le travail est proportionnel au cube de
la vitesse, ils ne parviennent, en conservant
les moteurs d’une soixantaine de chevaux em-
ployés aujourd’hui, à multiplier la vitesse par
ÿ lo — 1,26. Au lieu de 11 mètres par seconde,
ils obtiendraient ainsi près de 14 mètres, ce
qui serait déjà un fort beau résultat.
A l'appui de cette assertion, considérons de
nouveau les trois navires que nous avons pris
comme termes de comparaison; calculons la
puissance qui serait nécessaire pour propulser
chacun d’eux à la vitesse de 15 mètres par
seconde, en admettant que cette puissance soit
proportionnelle au cube de la vitesse, puis di-
visons le résultat par 800 (rapport des den-
sités de l’eau et de l’air); nous obtenons les
chiffres suivants :
Dupuy-de-Lôme, 56 chevaux ;
Desair, 67 chevaux;
Kléber, 53 chevaux,
c'est-à-dire des puissances tout à fait com-
parables à celles de nos moteurs actuels de
dirigeables. STANISLAS REYOWSEI
l’Aérophile
207
Le Concours Aérostatique de Botdeaux (10 mai 1908)
Photo Panajou frères).
Le Concours du 10 mai 1908, organisé à Bordeaux par l’Aéro-Club du Sud-Ouest.
Vue générale des départs sur l’Esplanade des Quicornces.
L’Aéro-Club du Sud-Ouest vient de montrer
une fois de plus l’admirable élan sportif qui
l'anime et son inlassable énergie en organisant,
à la date du 10 mai, une fête aérostatique et un
cencours de ballons, qui ont brillamment réussi.
Malgré la proximité du concours de distance
dcnné le samedi suivant 16 mai, à Saint-Cloud,
par l’Aé. C. F., l'A. C. du S. O., qui voulant pro-
liter des inslallations faites sur les Quinconces
pcur le concours hippique de Bordeaux. a pu,
en effet, faire partir douze ballons monlés par
31 passagers.
LE DINER
Selon l'usage, un dîner réunissait, la veille du
concours, dans les salons du Café de Bordeaux,
les membres du Club et les concurrents du len-
demain.
Les diners de l’Aéro-Club du Sud-Ouest sont
célèbres dans le monde aéronautique. Celui-ci
réunit 60 convives, sous la présidence de M. C.-F.
Baudry, ayant à ses côtés le comte Henry de
La Vaulx, M. Schelcher, M. Marcel Gounouilhou.
le vicomte de Lirac, etc. Assistaient à ce diner :
MM. Sirven et Delmas, président et secrétaire
général du nouvel Aéro-Club des Pyré s, dont
le siège est à Toulouse. Tous deux étaient venus
à Bordcaux pour faire leur première ascension
et se meltre d'accord avec le comte de La Vaulx
et M. C.-F. Baudry sur les meilleurs moyens à
employer pour assurer l'existence sportive du
nouvel Aéro-Club.
Voici le menu du diner :
Perles du Japon
Truiles saumonées Côte-d'Argent
Filet de bœuf à la Parisienne
Poulets sautés Grand-Duc
Selle de Béhague rôlie
Asperges Mousseline
Soufflé Rothschild
Parfait au café
VINS
Château Rabaud-Sigalas 1896
Château Milon-Duhart 1890
Château Pichon-Longueville 1888
Château Pape-Clément 189%
Château d'Isan 1899
Châleau Rauzan-Séglà 1870
Champagne Pcemmery-Greno drapeau américain
Grande Fine Aéro-Club 1840
Au dessert, M. C.-F. Baudry, le comle Henry
d> La Vaulx et M. Sirven, de Toulouse, pronon-
cèrent quelques paroles qui furent très applau-
dies.
LA FÊTE AÉRONAUTIQUE
La fête eut lieu dans l’admirable cadre des
Quinconces. Le temps élait superbe; le soleil très
chaud (26° à l'ombre).
Martignes 9
/
Sean :d'Illac Boulac e-c0
(S) côte D'ARGENT / V
(4)caver où 6AsCOGNE V
(®aquiTaINE ARRET 3)
(1) matcné-nous
o Ballon amiral”
BRUNEHILO
Le ne (6) umousi (Pere
F
1
EN He vaois (8)
le Barp*.
le Chantier
à eo
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le Vignelle DS
PCAULO del
Ballan contrôle
BELLE HÉLÈNE
Jaucats
o
(S).anrunys
1° Juin 1908
Fempignac
Sallebœuf à
Tressas
© StMorillon
S'Michel®
H! Done
Landiras®
Carte des atterrissages du Concours du 10 mai organisé à Bordeaux par l’'Aéro-Club du Sud-Ouest.
Le gonflement commença à neuf heures du
matin. Le gaz était abondant et léger. 60 hommes
de troupe avaient été mis à la disposition de
l'Aéro-Club du Sud-Ouest. Trois chefs d'équipe,
dont deux envoyés par M. Mallet, de Paris. di-
rigeaient le gonflement,
A une heure. le public commença à envahir
les deux enceintes : sur Je turf, l'assistance était
particulièrement élégante et choisie.
Cinq cents ballons-pilotes avec cartes postales,
gonflés à l'hydrogène, furent distribués aux
dames et aux enfants. Ils prenaient part à un
concours de distance, dont les prix sont très
nombreux, Le premier est un costume de quatre
cents francs, du grand couturier bordelais, la
maison Larue.
L'enceinte spéciale où étaient gonflés ces bal-
lonnets fut entourée d'un publie joyeux, que ce
concours semblait vivement intéresser.
Il y eut aussi un lâcher de bibendums. D'autre
part, un grand nombre de cerfs-volants, origi-
naux comme forme, furent lancés par deux spé-
cialistes membres de l'A. C. S. O., MM. Damas
et Bermond.
La musique municipale de Bordeaux, en grand
uniforme, avait amené ses 80 artistes, dirigés par
M. Lancon. Une fanfare de dix cors de chasse
alternait avec l'harmonie.
Le ballon-amiral, Brunehild, pavoisé aux cou-
leurs de l’Aé, C. F. et de l'A. C. S. O., était piloté
par le comte de La Vaulx, Au milieu des ac-
clamations, il s'éleva, pendant que la musique
municipale jouait la Chevauchée des Waiiyries.
Les dix ballons concurrents partirent en moins
de trente minutes. L'Albatros, monté par M. et
Mme Omer-Decugis, fut particulièrement très ap-
plaudi. Le dernier départ fut celui du ballon-
contrôle, la Belle-Hélène, hors concours.
Voici, d'ailleurs, l’ordre des départs avec le
ncm des ballons et la composition des équi-
pages :
A 4 h. 5, BALLON-AMIRAL, Brunehild (800 m°) :
le comte Henry de La Vaulx, M. André Gou-
nGuilhou et une dame.
BALLONS CONCURRENTS. — A % h. 11, Lanturlu
(530 m°) : M. Maurice Versein, seul à bord.
A 4 h. 13, Cadet-de-Gascogne (700 m°) : M. Gon-
freville et M. A. Gufflet.
A 4 h. 17, Quo-Vadis (1.200 m2 : MM. A. Schel-
cher, Marcel Gounouilhou, Etienne Faure et
Mlle A. Lavertujon.
A 4 h. 20, Malgré-Nous (800 m°) : MM. Ernest
Loé et J. Maurel.
A 4 h. 23, le Côte-d'Argent (800 m°) : MM. J.
Briol, Pierre Versein et Delmas, ces deux der-
niers néophytes.
A 4 h. 28, l’Aquitaine (1.100 m°) : MM. Paul
Léglise, Rôger Achard et Térégi.
A 4 h. 32, le Limousin (1.200 m°) : MM. Ville-
pastour, A. Bouche et E. Sirven, président de
l'A6.-C. des Pyrénées, néophyte.
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À 4 h. 36, l'Albatros ($00 m') : M. et Mme Omer-
Decugis.
A X h. 3$, Loto (100 m') : M. Wigand, seul à
bcrd.
A 4 h. 40, Cambronne (800 m'); M. E. David.
de Nantes, et un passager.
A % h. 47, BALLON-CONTROLE, la Belle-Hélène
(1.630 m') : le vicomte C. de Lirac, MM. Mau-
rice Martin, de la Petile Gironde ; Hoursiangou,
de la France de Bordeaux et du Sud-Ouest ; Pê-
cheur et O. Dupuy, ces trois derniers néophytes.
Les commissaires sportifs étaient le comte de
La Vaulx, M. C.-F. Baudry et M. Robert Seguin.
LE CONCOURS
Les vents à terre variaient du N:E. au N-
avec une vitesse de 15 à 20 kilomètres à l'heure.
En l'air, vers 1.200 mètres, calme complet.
Au-dessus, les vents fournaient, avec la hauteur,
jusqu'à venir de plein Ouest.
Le ballon-amiral se dirigea vers le S.-O. Ia
plupart des ballons le Suivirent dans cette direc-
tion qui est celle des grandes landes du sud
de Bordeaux. Quelques-uns, à force de ma-
nœuvres, purent se maintenir dans son sillage.
Scul, le Cambronne, monté trop haut, suivit la
direction O.-E., qui l'amena aux environs de Li-
bourne, puis il retrouva à la descente la di-
rection N.-E.-S.-0. qui le fit atterrir à 7 h. 1/4,
à Sadirac, dans l'Entre-Deux-Mers, c'est-à-dire
dans une région très différente que celle où ont
eu lieu les autres atterrissages.
A 5 h. 50, le ballon-amiral faisait son atler-
rissage près de la route pavée Bordeaux-
Bayonne, sur l'emplacement d'une forêt incen-
diée, devant les passagers d'une vingtaine de
voitures automobiles et au son de la fanfare de
cers, amenée par un grand autobus Darracq-Ser-
pollet.
Quelques minutes après, descendaient Malqré-
Nous (Ernest Loé), à 27 m. et l’Aquitaine (Paul
Léglise), à 72 m.; puis à 350 m., l'Albatros (M. el
Mme Omer-Decugis).
Les résultats techniques sont des plus remar-
quables. M. Loé avait gagné déjà, en juillet 1907,
le rallie aérien de l'A. C. du S. O., avec un
écart de S0 m. sur le ballon-amiral.
Voici le classement officiel. établi après en-
quête sur le terrain, dirigée le surlendemain du
cencours par M. Robert Seguin, l'un des com-
missaires sportifs, assisté de notre confrère Mau-
rice Martin, de la Pelile Gironde, et de plusieurs
commissaires aux atterrissages.
LE CLASSEMENT
Le balion-amiral Brunehild (pilole : le comte
de Ia Vaulx) a fait son atterrissage SDRO UE
au Puch, commune de Ceslas (Gironde 100 m.
à l’ouest de la route nationale de Bordeaux, à
Bayonne et à 600 m. au sud du chemin de
grande communication de Pierrolon à Saucats.
Distance de Bordeaux-Quinconces : 22 kil. 500.
Concurrents : n° 1, à 27 mètres, Malgré-Nous
(E. Loé).
N° 2, à 60 mètres, l’Aquitaine (Paul Léglise).
N° 3, à 350 mètres, l'Albatros (Omer-Decucgis).
N° 4, à 1.850 mètres, Cadet-de-Gascogne (Gon-
freville), dans les landes du Puch.
N° 5, à 2.350 mètres, la Côte-d'Argent (Briol),
dans les landes du Puch.
N° 6, à 3.000 mètres, le Limousin (Villepas-
tour), dans la lande du Murat, commune de
Saucats.
N° 7, à 4.500 mètres. Loto (Wigand), dans la
lande des Lagunes, commune de Saucats.
N° 8, à 7.750 mètres, Quo-Vadis ? (Schelcher!,
au Barp.
N° 9, à 16.000 mètres, Lanturlu (Versein), à la
gare du Haut-Villagrain.
209
(Photo Panajou frères).
M. Ernest Loé, vainqueur du concours d'atterrissage
du 10 mai, organisé par l’Aéro-Club du Sud-Ouest.
Hors course Cambronne (David), alterri à
Sadirac (Gironde).
Quant au ballon-cortrôle, la Belle-Ilélène, il
est descendu à 300 m. du Loto, dans la lande
des Lagunes, commune de Saucast.
LE RALLIE-AUTOMOBILÉ
Vingt-sept automobiles, dont un autobus,
s'élancèrent à la poursuite des ballons dont la
plüpart furent raïliés. Toutefois, le Limousin,
alterri dans des landes désertes, el Quo-Vadis ?
descendu dans une clairière, ne purent être ra-
paliriés que très tard dans la soirée.
Loto et la Belle-Hélène descendus aussi en
pays perdu, la lande des Lagunes, eurent néan-
moins plus de chance puisqu'ils furent même
cisématographiés à leur atlerrissage.
Voici les automobilistes gagnants du rallie-
bällons :
MM. Soustre, Pinaud, Alfred Duprat et Duffé,
on! gagné chacun deux prix: MM. Daniel Gou-
nouilhou et Lanneluc-Sanson, un prix.
LE RALLIE-AUTOMOBILE
Pendant que la plupart des gros ballons s'en
allaient vers le sud ou le sud-ouest, les 500 bal-
lonnets gonflés à l'hydrogène trouvaient rapi-
dement des vents supérieurs qui les emportaient
vers le N.-
A l'heurc
où ces lignes sont écrites, une cen-
laine de carles postales sont déjà revenues. Elles
jalonnent une longue ligne partant de Bordeaux
dans la direction du N.-E. et s'incurvant peu à
peu vers l'Est, jusqu'à la frontière suisse, par
la Dordogne, la Haute-Vienne, la Creuse, l'Allier
et le Jura.
Seront qualifiés pour le concours les cartes
qui porteront une dale de la poste antérieure au
11 juin prochain.
PuiLos
L’aéroplane
Le 23 avril, à l'aérodrome de M. Robert
Esnault-Pelterie, près de Buc, M. Clément
Auffm-Ordt a commencé les essais préliminaires
de son nouvel aéroplane, construit avec la col-
laboration de M. Heeren.
La surface portante de cet appareil est for-
mée de deux dispositifs distincts
et indépendants. Sa partie mé-
diane présente deux pan-
neaux entoilés dispos en
forme de pignon et dont l’arête
supérieure est dans l’axe lon-
gitudinal de l'appareil; cette
partie médiane est fixe et rigi-
dement reliée au bâti de l’ap-
pareil. De part et d’autre de
cette partie médiane viennent
s’ajuster deux autres panneaux
formant chacun l'extrémité la-
térale d’une aile; ces deux der-
niers panneaux sont montés sur
un cadre transversal qui fait
toute l’envergure, et qui s’arti-
culent en son milieu de façon à
pouvoir osciller autour de l’a-
rête supérieure de la partie mé-
diane; les extrémités des aïles
peuvent donc se mouvoir au-
tour de l’axe longitudinal de l’appareil. Les
inventeurs espèrent obtenir avec cette sorte
de balancier automatique, un bon équilibre
transversal.
L’envergure de l’appareil est de 8 mètres,
la longueur des plans d'avant en arrière est
de 2 m. #0; la surface totale de 20 m°.
En arrière de cette partie sustentatrice et à
l'extrémité d’une simple perche haubannée se
trouve une petite cellule stabilisatrice à 4 faces
dans l’intérieur de laquelle est disposé le gou-
vernail de profondeur. Plus en arrière encore,
en porte-à-faux, sur la cellule, se trouve le
gouvernail de direction à axe vertical.
S
Les mécaniciens des dirigeables militaires.
— Ja France Militaire a publié la décision sui-
vante du ministre de la Guerre
« Quatre nouveaux sous-officiers, à choisir
dans loute l'armée, seront mis en subsistance
au bataillon de sapeurs-aérostiers (1° régiment
du génie) pour être affectés au détachement que
ce corps de troupe fournit à l'établissement cen-
tral d'aérostation militaire de Chalais-Meudon
et recevront dans cet établissement, au cours de
150$, l'instruction de mécaniciens de ballons di-
rigeables.
« Le ministre rappelle que les fonclions de
1°! Juin 1908
Auffm-Ordt
L'aviateur est installé dans un « coke-pitt »
ménagé sous la partie médiane de la surface
portante, dans un châssis muni de dispositifs
amortisseurs et roulant sur 3 roues porteuses,
deux en avant, une en arrière celle-ci, muni
d'un frein.
a
i
|
Eu
Cliché de La Vie Automobile.
L'aéroplane Auffm-Ordt.
Le système moto-propulseur comporte un
moteur R. E. P.,35 chevaux, 7 cylindres, placé
en avant de l’appareil, et actionnant une
hélice tractive de 2 m. 50 de diamètre, à deux
branches.
Le poids total de l'appareil, avec l’aviateur
à bord atteint 300 kilos.
Dans les essais du 23 avril, l'appareil mont
par M. Auffm-Ordt, roula, à trois reprises,
belle allure, actionné par son moteur R. E. P.,
admirablement au point. Les expériences se-
ront activement poursuivies.
é
à
A. CLÉRY.
ann
mécanicien de dirigeables consistent essentielle-
ment dans la conduite des moteurs à explosions.
En dehors des périodes consacrées aux ma-
nœuvres des dirigeables, les mécaniciens seront
employés, jusqu'à nouvel ordre, au service gé-
néral de l'établissement central susvisé, mais
pourront êlre, dans l'avenir, délachés dans cer-
taines localités où seront entreposés des ballons
dirigeables.
« les quatre mécaniciens stagiaires instruits
en 1908. s'ils ont fait preuve des connaissanres
néc ires, seront nommés mécaniciens titu-
laires le 1* janvier 1909. Ils pourront, dans la
suite, êlre nommés adjudants. »
lJ’Aérophile 211
|]
|
À PROPOS D'AVIATIO]
ï ]
Les récents succès des expériences d’avia-
tion ont eu partout un immense retentisse-
ment. 6
Mais le plus admirable résultat n’est point
d’avoir parcouru x kilomètres, c’est plutôt
d’avoir, en l’espace de quelques mois, fait
taire la plupart des incrédules. Il serait bien
osé, en effet, de médire maintenant du pro-
chain mode de locomotion : tout arrive — sur-
tout quand on ne s'impose pas de délai; il
est donc plus habile et plus prudent, sinon
de se montrer un partisan acharné, du moins
de s'abstenir.
A l’heure actuelle, la question doit être en-
visagée sous un jour nouveau : il ne s’agit
plus de possibilité, mais de progrès.
Nous ne voyons pas bien pourquoi on in-
siste tant, à toutes les occasions, sur l’histo-
rique de l’aviation; on ne contestera pas que
toutes les tentatives faites jusqu’à ces der-
nières années avaient eu des résultats plutôt
décourageants; car si les expériences avaient
fait entrevoir même une faible chance de suc-
cès, l’idée n’aurait pas chaque fois été aban-
donnée.
Donc, on n’a à tirer aucun enseignement
de tout ce qui remonte un peu loin.
Il n’y a que deux exceptions à ceci : d’a-
gord les glissades de Lilienthal, qui seraient
intéressantes si les nombres fournis étaient
sûrement exacts, et si l’on avait sur les for-
mes mathématiques de son appareil des don-
nées plus précises; ce n’est malheureusement
pas le cas.
Et en second lieu, nous placons l’avion d’A-
der. On nous énlèverait difficilement cette
conviction que cet appareil, mûrement étudié
et merveilleusement construit, aurait donné
des résultats s’il avait été longuement et mé-
thodiquement expérimenté.
La machine motrice est une merveille; et
la théorie qui a guidé la construction des sur-
faces sustentatrices, théorie d’ailleurs inédite
et que nous n’avons pu surprendre qu’incom-
plètement, nous paraît à l’abri de toute cri-
tique. On a considéré comme une naïveté d’a-
voir établi des ailes d’hélices en forme de plu-
mes. Nous ne pensons pas que M. Ader y ait
été conduit seulement par la copie servile de
la nature, mais plutôt par des considérations
d'ordre purement mécanique.
En effet, on conçoit facilement que la vi-
tesse de translation ne croît pas simplement
avec la vitesse angulaire du propulseur: donc
l'incidence, c’est-à-dire ce qui correspond au
pas, ne saurait être constante : d’eù l’idée de
pales d’hélice, fléchissant selon une certaine
loi aux charges variables, résultant de vitesses
différentes.
Quant à la vue de face, on pourrait dire que,
dans une hélice, le bras portant la surtace
active doit travailler en nexion à une fatigue
constante. Or, l'effort supporté par une
tranche quelconque varie avec la largeur et
le carré du rayon. {l est donc probable que la
section d’égale résistance du bras sera plus
admissible si l’on fait décroître la largeur de
l’aile à mesure que le rayon augmente; c'est
sans doute cette considération qui avait
amené M. Ader à faire des hélices à ailes
pointues.
En tout cas, il est regrettable que tout l’ap-
pareil ait été si vite relégué au Conservatoire,
et que cette étude, laborieuse et dispendieuse,
n’ait pas été au moins un enseignement.
+ #
La vraie cause de la lenteur — relative —
des progrès accomplis réside en ce que la
théorie et la pratique ne se sont point encore
fait les concessions mutuelles indispensables.
Il est nécessaire, mais insuffisant, de calcu-
ler une machine volante : d’ailleurs, l’aérody-
namique est encore aussi incertaine qu’incom-
plète.
Et lorsqu'un modeleur est chargé de cons-
truire une aile ou une hélice avec du bambou,
de l’acier et de la toile, il est aussi gêné par
ce travail, auquel il n’est point accoutumé,
que l’ingénieur qui a jonglé avec des cosinus
pour lui fournir les données nécessaires.
Malgré tout, différents appareils ont déjà
donné des résultats. C’est là une raison de
plus pour suivre M. Archdeacon qui aime à
affirmer qu'il n’y a rien à inventer.
Rien ne permet d'espérer, en effet, qu'un
principe tout à fait nouveau donnera de
grands résultats. Au contraire, choisissons,
dans les appareils qui ont fonctionné, les or-
ganes qui échappent à toute critique, dispo-
sons-les habilement, et construisons-les aussi
bien : il est évident qu’en procédant ainsi
nous ne pourrons pas ne pas arriver à d'au
moins aussi bons résultats.
Si cette méthode n’a pas le mérite de l’in-
vention qui crée tout de toutes pièces, du
moins a-t-elle l’avantage de la certitude du
succès.
Tout d’abord, admettrons-nous
paires de plans ou une seule ?
Pour des réactions équivalentes, toutes cho-
ses étant égales d’ailleurs, un caleul qui sem-
ble exact dans l’état actuel de l’aérodyna-
mique tend à prouver que la surface totale
nécessaire diminue quand on augmente l’arête
d'attaque : et ceci conduit à doubler les plans
pour revenir à un encombrement raisonnable.
D'autre part les âmes äes deux plans peu-
vent être facilement entretoisées: elles for-
ment alors une sorte de poutre armée dont le
module de section est une fonction plus ou
plusieurs
2112
moins simple de l’écartement des plans; on
peut donc arriver à rendre ce module de sec-
tion considérable.
Au contraire, pour nous trouver dans
d'aussi bonnes conditions avec un monopian,
nous devrons avoir, pour le soutenir, un bras
très important et des haubannages bien plus
compliqués que dans le cas précédent.
On pourrait objecter que l’équilibre et la di-
rection sont rendues faciles dans le cas du mo-
noplan par un mouvement différentiel simple
qui commande en sens inverse les incidences
de chaque aile.
Mais nous ferons remarquer que la direc-
tion n’est qu'une question relativement secon-
daire. En effet, l'amplitude du virage n’a
rien d’absolu; mais l'appareil est d'autant
plus maniable que le rayon minimum possible,
sans troubler l'équilibre, est plus petit.
Il sera fonction de la puissance maxima de
la machine, de la disposition des organes as-
surant la stabilité transversale, et aussi de
l’adresse du pilote.
En tout cas, ce n’est point la plus grande
facilité apparente de la direction qui devra
nous faire préférer le monoplan.
Quant à l'équilibre transversal, on convien-
dra que le couple de redressement est d’au-
tant plus grand que l’effort est appliqué plus
près des extrémités des ailes.
Dès lors, est-il intéressant de rendre mobile
la surface totale de l’aile, ce qui ne se peut
qu'au prix d'une complication ou en tout cas
d’un surcroît de poids ?
Et ne serait-il pas plus simple de se conten-
ter d'ajouter aux extrémités d'ailes fixes les
régulateurs de roulis dont parle M. Goupil ?
Cetta solution est certes loin d’être élé-
gante, et sans doute, aucun biplan... même
avec régulateurs de roulis, n’aura l’aspect tout
à fait séduisant de l'oiseau de M. Esnault-Pel-
terie. Mais nous pensons pouvoir affirmer que
tout en facilitant la construction, ce serait ce
dispositif qui amènerait au maximum de ré-
sistance où au minimum de poids, ce qui re-
vient au même.
Supposons que nous nous soyons décidés à
adopter cette solution; occupons-nous mainte-
nant des surfaces elles-mêmes.
Quand on étudie une turbine ou une pompe
centrifuge, l'hydraulique indique nettement
la courbe à donner aux aubes. Le calcul est
fort délicat, mais, étant basé uniquement sur
une théorie rationnelle, il n’est pas discutable.
En aérodynamique, il n’en est pas de même :
on s’est contenté de faire quelques expériences,
de tracer les courbes représentatives des ré-
sultats et de rechercher les équations les plus
rapprochées de ces courbes.
tien ne permet de supposer que les résul-
1° Juin 1908
tats seront indiqués par l'équation au delà
des limites qui ont servi à l’établir. Nous de-
vons donc laisser à toutes ces équations la
seule valeur qu’elles doivent avoir, celle d’une
interpolation plus ou moins exacte.
Pour arriver à un résultat certain, au ris-
que même de n'avoir pas le meilleur, nous
traduirons sur un tracé graphique les dite-
rentes expériences sérieuses déjà faites, et
nous en prendrons une moyenne judicieuse.
Puis, nous vérifierons par des essais les résul-
tats approchés que nous aurons trouvés ainsi,
pour le cas particulier de l'appareil que nous
voulons établir. Tout ce qui a été fait ne nous
aura donc servi que comme indication. Et au
lieu de nous y fier bénévolement, nous marche-
rons d'après nos essais, qui, s'ils sont faits
avec soin, nous permettront de prévoir avec
certitude les résultats.
Pour une vitesse donnée, il est infiniment
probable qu'à partir d’une certaine distance
du bord d'attaque, la courbe de réaction maxi-
mum à une équation continue. Elle nous con-
duira à une incidence nulle, ce.qui apparaît
comme rationnel; car tant qu'il. y a incidence,
une partie de l'air déplacé est rejetée en des-
sus; elle crée une réaction contraire qui varie
par rapport à l’autre de 0 à 1, entre les inci-
dences 0 et 90°. -— Donc, tant qu'il y a inci-
dence, la réaction n’est pas maximum.
D'autre part, on a vu souvent l’avantage de
l'arête d'attaque en bord épais. Comme ceci
facilite la construction, nous croyons être
dans de bonnes conditions en adoptant le bord
épais et l'incidence nulle.
Nous avons dit que la courbe de réaction
maximum pour une vitesse donnée devait
être continue.
D'après les chiffres que nous possédons,
quitte à les vérifier par essais, traçons les dif-
férentes courbes de réaction maximum aux
différentes vitesses désirées. Nous pourrons
arriver à représenter quelles charges elles per-
tent en chaque point.
Déterminons alors quelles sections auraient
les lames d’acier qui, par flex'on sous ces char-
ges, donneraient ces courtes. Sans doute,
toutes nos sections ne seront pas identiques,
mais en adoptant une section moyenne, nous
approcherons probablement beaucoup de la
réaction constamment maximum.
Les surfaces seraient alors établies au
moyen de lames, d'épaisseur décroissant selon
une certaine loi, et qui formeraient de dis-
tance en distance les nervures sur lesquelles
se tendraient les toiles.
Dans le sens de la longueur des ailes, toutes
ces nervures seraient fixées sur un bras, for-
mant le bord épais dont il était question. Ce
bras supporterait évidemment des efforts va-
riables; ceci donne immédiatement l’idée de
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On objectera que tout ceci n’est pas facile
à établir, car les tôles de section variable,
aussi bien que les tubes coniques, ne se trou-
vent pas couramment (1) et coûtent effroya-
blement cher à établir spécialement. C’est vrai,
mais n’eût-il pas été encore bien plus invrai-
semblable, aux débuts de l’automobile, de par-
ler de pneumatiques, de magnétos, de châssis
emboutis ? :
Peut-être seront-ce là quelques-unes des spé-
cialités que la construction des machines vo-
lantes engendrera fatalement.
La mécanique a été un peu bouleversée par
l'automobile qui a montré le parti que l’on
peut tirer de l’aluminium, de la fibre de bois,
des aciers à haute résistance, etc.
Si l’on considère qu’en aviation il s’agit
constamment de minimum de poids, on doit
s'attendre à des résultats encore plus surpre-
nants. Nous réservons prochainement à nos
lecteurs des résultats de nombreuses expé-
riences concernant la construction en détail de
diverses pièces extra-légères; et nous ne dou-
tons pas que l’éloquence de ces chiffres mon-
trera avec quelle rapidité les progrès pourront
s’accomplir. Et nous serons satisfaits aussi
bien si nous avons pu suggérer quelque idée
à des constructeurs, que si nous sommes par-
venus à donner un peu de notre conviction à
ceux qui sont encore indrédules.
A. OpIEr,
’ ingénieur A. M.
RP PP P EPST
Réverie SUI des TRÉDIÈMES
En notre curieuse époque de progrès, où la
navigation aérienne avance à pas de géants,
l’aéroplane et le ballon dirigeable se dessinent,
de plus en plus, comme deux antagonistes
ayant chacun leurs partisans et leurs apôtres
passionnés.
Une constatation fort amusante à faire est
la suivante :
Il existe une loi admise et démontrée qui
dit
« La puissance nécessaire à la propulsion
d’un dirigeable donné, croit comme le cube de
la vitesse que l’on désire obtenir. »
A telles enseignes que, pour doubler la vi-
tesse d’un ballon donné, il faut multiplier
par 8 la puissance de son moteur; ainsi, si les
ballons type Patrie, font du 40 à l’heure avec
70 chevaux, il faudrait, à ce même ballon,
8 fois 70 chevaux, c’est-à-dire 560 chevaux pour
faire du 80 à l'heure... si toutefois (ce qui
me paraît peu probable), ce même ballon
était de force à porter son nouveau moteur.
On est donc amené, pour cette raison-là, et
pour d’autres encore, à agrandir considérable-
(1) Les seuls exemples que nous connaissions de tubes coniques
sont les flèches des trolleys et certains tubes de sondages.
213
ment le ballon : On tombe donc dans des cubes
immenses dès que l’on veut faire de la vitesse.
Si nous prenons maintenant l’aéroplane,
nous trouvons d’autres lois qui nous appren-
nent que su capacité portante croît comme le
carré de la vitesse, et que son poids croît
comme le cube des dimensions.
Si l’on prenait cette formule à la lettre, en
l'appliquant à un aéroplane, type Farman,
on trouverait que le susditi aéroplane,marchant
à 100 kilomètres à l’heure au lieu de 50, au-
rait la même capacité portante avec 12 m° 50
de surface. On trouverait, également, que le
châssis complet du nouvel aéroplane -pèserait
8 fois moins que le châssis du Farman actuel,
lequel pèse-300 kilos. Cela nous ferait environ
37 kilos pour le poids de l’aéroplane complet,
de 12 m° 50 de surface, déduction faite, bien
entendu, des 150 kilos du moteur et des
70 kilos du pilote qui restent évidemment les
mêmes dans les deux cas !
(J’allais oublier un autre calcul, qui préten-
dra démontrer, qu’iei, les 50 chevaux prévus
ne suffiront plus, la vitesse de translation
étant plus grande; mais celui-là, jé préfère
me coucher auprès tout de suite; il est en
tous cas certain que l'augmentation de puis-
sance nécessaire sera, dans ce cas, très peu
importante.)
Il est bien certain que, dans l'exemple ci-
dessus, le calcul donne des chiffres « faux »,
comme dans les 9/10 des calculs, où on n’ar-
rive jamais à faire entrer toutes les données
qui existent dans la pratique.
Cependant, la théorie, exacte en elle-même,
nous amène à cette conclusion amusante que
les ballons ultra-rapides de demain seront for-
cément gigantesques, avec des moteurs mons-
tres, et les aéroplanes ultra-rapides, forcé-
ment minuscules, et avec des moteurs relati-
vement modestes.
Partant de là, messieurs, faites votre choix!
Le dirigeable possède cependant, à certains
égards, une véritable veine. Il est la seule
machine au monde qu’on puisse faire facile-
ment, grande et légère à la fois.
Il peut être construit, en grande partie,
avec des matériaux qui ne coûtent rien, et
qui ne pèsent rien, ou à peu près!
Ces matériaux sont représentés... par de
l'air atmosphérique, comprimé à l’intérieur
du ballon à une pression de quelques milli-
mètres d’eau.
Et dire qu'après cela, les ballons rigides trou-
vent encore des défenseurs ?
Au fait, si : je connais une autre mécanique
que le ballon, qui profite (pour une partie de
ses matériaux), des mêmes avantages et de la
même impondérabilité : c’est le pneumatique.
Voilà encore une raison pour laquelle la
roue élastique n’est pas prête d’atteindre la
légèreté du pneu. ERNEST ARCHDEACON
Siège social :
PARTIE OFFICIELLE
Convocations
Conseil d'administration, à juin, à 5 h.
Comité, jeudi 4 juin, à 5 h.
Commission scientifique, 29 juin, à 5 h.
Commission sportive, sur convocalion du Bu-
reau.
Commission d'aviation, sur
Bureau. Te D |
Diner mensuel, jeudi 4 juin 1908, à ? h. 1/2
du soir, en l'Hôtel de l'Automobile-Club de
France, 6, place de la Concorde. Prix du cou-
vert, 8 francs tout compris. é
Les inscriptions pour le dîner, r
seuls membres du Club, sont reçues accompa-
gnées du prix du couvert, la veille au plus tard.
PP PPPPREPPIRIS
convocalion du
RÉCEPTION DES MEMBRES DE L'AÉRO-CLUB DU SUD-OUEST
8-11 juin 1908.
Lundi, S juin 1908. — Arrivée à la gare d'Orsay
des membres de l’Aéro-Club du Sud-Ouest.
Mardi, 9 juin. — Départ de l'Aéro-Club de
France à 10 h. du m. en automobile, pour La
Roche-Guyon (S.-et-0.). Déjeuner offert à l'Aéro-
Club du Sud-Ouest à La Roche-Guyon. Visite du
dirigeable République et de l'aérodrome de Mois-
son. Apéritif à l'Aéro-Club de France au relour,
à Paris.
Mercredi, 10 juin. — Départ de l'Aéro-Club de
France à 2 h. et visite au pare d'aviation d'Issy-
les-Moulineaux. Expériences d'aviation.
A 8 h. du s. banquet offert à l'Aéro-Club du
Sud-Ouest et aux présidents des Sociétés affiliées
de l’Aéro-Club de France.
Jeudi, 11 juin. — À midi, déjeuner au parc de
l’Aéro-Club de France, offert à l'Aéro-Club du
Sud-Ouest et aux présidents des sociétés affiliées
à l’Aéro-Club de France.
À 5 h., départ du concours de distance pour
12 ballons (Aéro-Club de France et Aéro-Club du
Sud-Ouest.
TR RER
CONCOURS DE DISTANCE DU 11 JuIN 1908
Parc de l'Aéro-Club de France, coteaux de
Saint-Cloud.
Jeudi, 11 juin 1908, 5 h. du s. — Epreuve de dis-
tance sans escale pour 12 ballons des 2° et 3° ca-
tégories. réservée par moitié aux pilotes de
l'Aéro-Club de France et de l’Aéro-Club du Sud-
Ouest.
Prix: 1% 700 fr.112°300"fr..Nolferts toustdeux
par M. René Grosdidier ; 3° 200 fr., offert par
l'Aéro-Club de France. Plaquette de vermeil
offerte par l’Aéro-Club de Niée au pilote présen-
tant le meilleur diagramme.
Gaz au tarif ordinaire du pare.
Inscriptions accompagnées d'un droit d'entrée
de 50 francs (remboursable aux partants et aux
inscrits non favorisés par le tirage au sort, moi-
tié aux forfaits déclarés 48 heures avant le dé-
part, non remboursable aux autres), reçues au
1" Juin 1908
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
63, avenue des Champs-Elysées, Paris (VIII)
Télégrammes : AÉROCLUB-PARIS. — Téléphone : 666-21
Secrétariat de l'Aéro-Club de France du 29 mai
au 5 juin à 4 heures, heure à laquelle seront dé-
signés, par tirage au sort, les partants parmi les
inscrits et l'ordre de départ.
Commissaires sportifs : MM. Surcouf, Mallet,
Baudry.
CONCOURS DE POITIERS
14 juin 1908. — Epreuve d'atterrissage (périmè-
tre roulier) pour 4 ballons de la 1" catégorie ré-
servée par moitié aux pilotes-membres de l’Aéro-
Club de France et de l'Aéro-Club du Sud-Ouest.
Pris slee00 fire 003008:
Gaz gratuit. Inscription (50 fr.) reçues à l'Aéro-
Club de France du 1° juin au 5 juin #4 h., heure
à laquelle seront tirés au sort les partants et
l'ordre de départ en alternant pour chaque club.
Rallye-automobile cycliste et cavalier avec mé-
dailles offertes par la ville de Poiliers.
Commissaires sportifs : MM. Mallet, Muron,
C.-F. Baudry. — Commissaire suppléant : le
comte de Castellon.
arr
COMITÉ DE DIRECTION DU 7 Mal 1908
Il est procédé aux admissions suivantes après
ballottage : MM. Henri Bonnel, Philip. Gardner,
Clément Auffm-Ordt, François Dureste, Auguste
Witzie, Paul Caron, Albert Weddell, Daniel
Drouët d'Aubigny, Emmanuel Couvreux, Georges
Camille, André Mautin, René Lalou, Nicolas de
Villeroy, Henry Lippmann, le prince Philippe de
Caraman-Chinay, Jacques Moreau, Albert Es-
nault-Pelterie, Arthur Blès, Charles Fudsen, Jean
Dubrujeaud, H. Vésigné, Henri Carrion.
Le brevet de pilote-aéronaute a été délivré à
M. Albert Lambert.
Le Comité de direction ratifiant les propositions
de la Commission sportive, MM. Jacques Faure,
le comte H. de La Vaulx, Alfred Leblanc sont
désignés comme champions français dans la
Coupe Gordon-Bennett 1908. MM. Emile Carton,
Louis Capazza, Ernest Barbotte sont désignés
comme suppléants français dans cette mème
épreuve.
Après vote, le Comité de direction désigne
comme délégués français à la Conférence de la
F. A. I. à Londres, MM. C. F. Baudry, G. Besan-
con, le comte G. de Castillon de Saint-Victor, le
comte Hadelin d'Oultremont, Ed. Surcouf, le ca-
pitaine Ferber, René Gasnier, E. Janets, le comte
H. de La Vaulx, M. Mallet, P. Tissandier, E. Zens.
Sont désignés comme délégués suppléams :
MM. Ed.-V. Boulenger, H. Deutsch de la Meurthe,
Et. Giraud, R. Grosdidier, H. Kapferer, le mar-
quis de Kergariou, A. Leblanc. A. Omer-Decugis,
Paul Rousseau, sir David Salomons, le baron
Guy d'Ussel.
M. Grosdidier est désigné à l'unanimité pour
une place vacante au Conseil d'administration.
Les élections à la Commission Sportive et à la
Commission scientifique, la nouvelle composition
de la Commission d'aviation, sont ratifiées ainsi
que le règlement des ascensions à prix réduit.
Le programme de la réception des représen+
tants de l’Aéro-Club du Sud-Ouest est adopté.
J’Aérophile
Le Concours de Printemps
(Epreuve de distance pour aérostats des deux
catégories, 16 mai 1908).
Cette épreuve par laquelle l’Aéro-Club inau-
gure la série annuelle de ses fêtes et con-
cours aérostatiques, était réservées aux ballons
de première catégorie (jusqu’à 600 m') et
deuxième catégorie (600 à 900 m'). Toutefois,
pour égaliser les chances autant que possible,
il était entendu que les concurrents pilotant
des ballons de 2° catégorie (600 à 900 m') se-
raient tenus d'emmener un passager.
La course était ouverte à 15 ballons, elle
réunit 10 engagements seulement, encore l’un
des pilotes, empêché, déclara-t-il forfait régu-
lier, plus de 48 heures avant le départ.
Les abstentionnistes eurent tort. Si le lot
des partants était peu nombreux, la course
n’en fut pas moins superbe et donna lieu à
des performances qui montrent ce qu’on peut
attendre de ballons de jauge modeste, maniés
par des aéronautes habiles et endurants. :
La journée débutait par un déjeuner, servi
au parc du Club, dans le pavillon des socié-
taires. Il réunissait la plupart des concur-
rents et leurs amis. M. Jacques Stern, le gé-
néreux donateur des prix importants attri-
bués à l’épreuve, et M. Amédée Bastier, à qui
l’on doit le grand mât à signaux qui domine
aujourd’hui de 30 mètres les pelouses et les
talus du parc, avaient été spécialement invités
à cette cordiale et joyeuse réunion.
La journée était délicieuse. Aussi, dès l’ou-
verture des portes, à 2 heures, la foule des
membres de l’Aéro-Club et de leurs invités
affluait. L’assistance était particulièrement
nombreuse et choisie, émaillée de claires toi-
lettes de printemps. Reconnu : MM. Archdea-
con, Jacques Faure, Helwig, Glidden, René
Gasnier, Mac-Coy, vicomte de Poncins, André
Schelcher, W. Otter, James Bloch, Charles
Voisin, Alfred Leblanc, le comte de Castillon
de Saint-Victor, Lucien Lemaire, comte et
comsesse de Moy, M. et Mme Fritz Estrangin,
Jacques de Villoutreys, vicomte de La Brosse,
Mirtil, Mercier, André Legrand, L. Delaporte,
Albert de Masfrand 3i:hellrenner, Bertault.
le docteur Crouzon, le somte de Chardennet,
le docteur Miffre, le dosteur Chatia, Georges
Le Brun, Emile Janets, Maurice Mouin, le
docteur Lebret, Maurice Mallet, le docteur da
Silva, Georges Suzor, Maurice Guffroy, Louis
Blériot, Blau, Georges Dubois, 1. Bachela:d,
Delcroix, le comte Economos, Henry Kap£erer,
Goupy, Henri Guillaume, Pupier, comte et
comtesse de Virville, M. et Mme Degoul,
Mme Comte, MM. Baucheron, le baron de
Boislecomte, Mlle de Boislecomte, Charles Fui-
nel, etc.
215
Les commissaires sportifs, MM. Georges Be-
sançon, le comte de Contades et Edouard Sur-
couf hâtent les préparatifs. A 4 h. 1/2 exacte-
ment, le premier ballon s'élève. C’est l’Archi-
mède (900 m'), piloté par M. Georges Blan-
chet, ayant pour compagnon M. Gilbert des
Voisins.
Les autres concurrents prennent à leur tour
l’atmosphère dans l’ordre suivant établi par
tirage au sort. Le Faune (800 m'), pilote
M. Ernest Zens; aide : M. Pau] Tissandier.
— Rolla VI (350 m'), pilote : M. Etienne Gi-
raud seul à bord. — Aéro-Club V (900 m'),
pilote : M. Pierre Gasnier ; aide : le vicomte
de Montozon. — Aéro-Club IV (500 n'), pi-
lote : M. le lieutenant Bellenger, seul à bord.
— L’'Aurore (900 m°), pilote : M. Ernest Bar-
botte ; aide : le comte de Fayolle. — Pon-Ron
(600 m'), pilote M. Louis Duthu, seul à
Le Concours de Printemps au pare de l’Aéro-Club dé
France (16 mai 1908).
bord. — Inch-Allah (900 m'), pilote : M. Fran-
çois Peyrey; aide : M. Duchesne-Fournet. —
Le Korrigan (900 m'), pilote : M. Albert
Omer-Decugis, aide : Mme Albert Omer-De-
cugis.
Les ballons s’éloignent assez lentement vers
l’ouest traversant Paris dans sa largeur.
Aussi fut-on assez surpris d'apprendre le len-
demain que les concurrents les mieux classés
étaient descendus les uns en plein Cantal, les
autres en Velay ou dans le département du
Puy-de-Dôme. Ils avaient décrit un ample cir-
cuit vers l’est avant de descendre vers le sud.
Pendant l’épreuve, le vent souffla, on le voit,
assez faiblement. Cependant, plusieurs con-
currents atterris en pays de montagnes, subi-
rent, en fin de voyage, l’assaut de courants
aériens désordonnés et de remous violents qui
rendirent leur descente assez délicate dans
ces régions rocheuses, coupées de ravins, de
petits bouquets d’arbres et de murs en pierres
sèches. Grâce à l’habileté des pilotes, il n’y
eut aucun dommage ni pour les aéronautes, ni
pour leur matériel.
Par une coïncidence qui fait honneur à leur
mérite sportif, on retrouve cette année, en
210
CLASSEMENT
128"594 | Giraud___ 9°
165"531
166300
Bellanger_. 8°
Decugis- 2e
Lens -"6
18"44| 316"015 |Duthu-_- 5
2321 | 366632 |Barbotte _ - 4°
2318 405620 Gasnier _ e 3
6007 | 99"40| 430" 756 Peyrey - -- ê<
Blanchet __ l°
1° Juin 1908
F D
te Te Chälons.s.Mè°
MARNE à Vitry ke.
François
[RE
E-er- MARNE {
P.CAULO ddt
Carte indiquant les résultats du Concours de Printemps du 16 mai 1908 (distance).
tête du classement, les deux concurrents qui
s'étaient adjugé les deux premières places dans
la même épreuve, l’année dernière. M. Fran-
çois Peyrey l'avait emporté de quelques kilo-
mètres en 1907. C’est par quelques centaines
de mètres que M. Blanchet prend cette année
sa revanche. Ces faibles différences sur des
parcours aussi prolongés démontrent l’achar-
nement de la lutte. Parmi les jeunes pilotes,
M. Pierre Gasnier, pour ses débuts en con-
cours de distance, mène à bien une perfor-
mance très remarquable aussi, en arrivant tout
près des deux premiers après un séjour de
plus de 23 heures dans l’atmosphère. M. Bar-
botte, souvent plus heureux, dépasse encore
de quelques minutes le temps de M. Gasnier,
tout en se classant après lui. M. Duthu, tout
récemment promu pilote, fait également une
jolie course prolongée près de 19 heures.
Les résultats d'ensemble sont des plus re-
marquables. Ils prouvent combien l’Aéro-Club
de France a eu raison de renouveler cette
épreuve des « petits cubes » où il est plus fa-
cile d’égaliser les conditions matérielles et de
mettre en valeur les qualités du pilote. Après
une double expérience aussi réussie, il est à
croire que ce concours prendra rang définitif
parmi les épreuves classiques annuelles.
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l'Aérophile
217
Les Aviateurs français à l'Étranger
Delagrange à Rome, bat de
nouveau les records de distance
et de durée.
Henri Farman à Gand exécute
de superbes envolées et emmène
M. Archdeacon comme passa-
ger.
Ainsi que nous l’avions annoncé (Aérophile
du 15 mai, page 190), nos deux meilleurs avia-
publiques à Rome, à Turin et à Milan.
Accompagné de Gabriel Voisin, créateur et
constructeur de l’appareil et de deux méca-
niciens, Léon Delagrange arrivait à Rome
le 18 mai et était reçu le lendemain matin
par le prince Scipion Borghèse, président de
la Societé Aeronautica Italiana et par di-
verses personnalités officielles ou sportives qui
lui firent le meilleur accueil. Le vaste ter-
rain de la place d’Armes situé à quelques mi-
Cliché des Spor ls.
En haut : Un vol d’Henry Farman à Gand ; l’aéroplane passe au-dessus d’une ligne de che-
min de fer située près du terrain d'expériences. — En bas : Delagrange à Rome svr la place
d’Armes. — En médaillon :
teurs sont en ce moment à l'étranger .Désertant
le champ de manœuvres d’Issy-les-Moulineaux,
théâtre de leurs premiers exploits, ils sont
en train de faire, hors frontières, en faveur
de l’aviation, la propagande la meilleure et
la plus féconde : celle de l'exemple.
Léon Delagrange à Rome
Après son expérience du 3 mai, à Issy-les-
Moulineaux, fâcheusement terminée par des
dommages sérieux à l'appareil, Léon Dela-
grange avait accepté les offres d’un groupe
d’aviateurs italiens et par l’entremise d’un de
ses amis, M. Thouvenot, ingénieur, il avait
promis de faire une série de démonstrations
Un vol de Delagrange à Rome.
nutes de Rome lui parut absolument propice
et c’est là que l’aéroplane fut transporté,
garé et monté.
Après quelques essais privés le 23 mai, les
premières expériences publiques eurent lieu
le 24 mai, devant une foule énorme. Le mi-
nistre de la Guerre, la princesse Lætitia, le
major Morris et de nombreuses notabilités
s'y étaient rendus. Le vent était très vif, et
surtout irrégulier, soufflant par rafales sou-
daines, circonstances qui gênaient beaucoup
l’aviateur. Après deux essais sans essor, l’aé-
roplane franchissait 200 mètres en ligne
droite à 1 mètre du sol, puis 400 mètres, puis
450 mètres environ, pour terminer par un
218
vol beaucoup plus prolongé, 1.800 mètres en-
viron, avec un virage qui ramena l'appareil
vers la tribune officielle. Ces résultats, très
suffisants en eux-mêmes, ne satisfirent pas
entièrement un public peu au courant des
choses de l'aviation. Sans doute, certains des
spectateurs, espéraient voir passer l’aviateur
par-dessus le dôme de Saint-Pierre: Comment
se seraient-ils rendu compte que voler à quel-
ques pieds du sol est tout aussi probant et
aussi difficile. Les mécontents se ruèrent vers
l'appareil qu'on rentrait au garage, avec l’in-
tention bien arrêtée de le détruire. Les cara-
biniers durent employer la force pour pro-
téger l’aviateur et son engin. L'âme des
foules, dans tous les pays et dans tous les
temps, a de ces ignorances et de ces brutalités
en face du progrès. Il était écrit que l’avia-
tion n’échapperait pas à la regrettable tradi-
tion. On ne saurait toutefois assez flétrir la
lâche agression dont fut victime M. Thouve-
not, ingénieur, ami de Delagrange, lapidé par
quelques voyous, alors qu'il quittait, le 26 mai
vers 11 heures, le champ d'expériences.
La suite des essais et les éclatants succès
qui l’ont marquée, ont été d’ailleurs, pour
notre compatriote la meilleure et la plus noble
vengeance.
Dans la matinée du 26 mai, il avait fait un
vol très réussi de 2 kilomètres environ, devant
de nombreux officiers et de hautes personna-
lités romaines.
Le lendemain, il fit mieux encore, dépassant
ses meilleures performances antérieures exé-
cutées à Issy-les-Moulineaux. Le roi Victor-
Emmanuel, la reine, le général Brusati et de
nombreux personnages de la Cour étaient pré-
sents. Devant cette assistance d'élite, Léon
Delagrange commençait à 7 h. 30 un premier
vol qu'il prolongea durant 9 minutes 30, à
2 ou 3 mètres de hauteur, parcourant, sans
retour au sol, une distance d'environ 7 à 8 ki-
lomètres. Ainsi se trouvaient dès lors battus
les records de distance et de durée établis par
le célèbre aviateur, avec 3.925 mètres en 6 mi-
nutes 30, le 11 avril, à Issy-les-Moulineaux.
Dans un second vol, il franchissait encore
très facilement 5 kilomètres.
Le roi était enthousiasmé et prit de nom-
breuses vues photographiques des deux vols.
Il se fit présenter Léon Delagrange et lui
adressa de chaleureux compliments. La nou-
velle de ce succès causa une grande et heu-
reuse impression à Rome.
Le 28 mai, Delagrange absolument maître
de son appareil continuait ses essais dans la
matinée, devant quatre mille personnes. Mal-
gré le vent, il réussissait quelques beaux vols
de deux à trois kilomètres, à 3 mètres. de hau-
teur. Le public romain définitivement con-
quis fit à notre compatriote une ovation en-
thousiaste et le porta en triomphe.
1°" Juin 1908
Un quart d'heure de vol méca-
nique. Les records de durée et
de distance battus. __ Au moment de
mettre sous presse, nous parvient la nouvelle
performance encore plus belle et qui comblera
de joie les aviateurs du monde entier.
Le 20 mai, Delagrange réussissait un vol
de plus d’un quart d’heure, exactement
15 minutes 25 secondes, franchissant 12 kil.
750 mètres, soit à peu près la distance de
Paris à Versailles. Ces chiffres ont été offi-
ciellement contrôlés par les représentants de
la Societa aeronautica italiana, pouvoir spor-
tif d'Italie. Une piste quadrangulaire avait
été délimitée au moyen de 4 poteaux et sa
longueur mesurée à l’avance. Le procès-ver-
bal est signé notamment de MM. le major
Morris, Riccaldoni, de Filippi, Rauza, Cort-
landt Bishop, président de l’Aéro-Club of
America et des membres de la presse italienne
présents sur le terrain. L'appareil à fait neuf
fois le tour de la place d’Armes de Rome, à
une hauteur variant entre 3 et 5 mètres, en
exécutant 35 virages |!
12 kilomètres 750 mètres en 15 minutes 25 s.,
tels sont done au 30 mai 1908, les nouveaux
records de distance et de durée en aéroplane.
Pour la première fois, un oiseau artificiel em-
portant un homme, a réussi à se maintenir
un quart d'heure en l’air. Pour cette perfor-
mance, M. Armengaud jeune a créé, on le
sait, un généreux encouragement de 10.000 fr.,
mais aux termes du règlement, ce prix doit
être disputé sur le terrioire français. On
aurait, d'autre part, créé en Italie pour la
même performance un prix de 40.000 lire:
nous croyons, sans toutefois l'affrmer, que le
vol prolongé ainsi récompensé doit être ef-
fectué à Milan. Comme Léon Delagrange doit
poursuivre ses démonstrations publiques dans
cette ville, il lui sera loisible de renouveler
son magnifique exploit et de s'assurer une ré-
compense qu’il a déjà moralement gagnée.
A 8 h. 45, Delagrange exécutait une autre
expérience en présence de M. Barrère, am-
bassadeur de France à Rome; de Mme Bar-
rère, d'un attaché d’ambassade. M. Cambon,
et de nombreux membres de la colonie fran-
çaise. Malgré le vent devenu plus vif, il fit
le tour entier de la place d'Armes, en frô-
lant le sol trois ou quatre fois. M. Barrère
qui avait suivi en automobile félicita chaleu-
reusement le célèbre aviateur.
Mais le vent continuant à fraîchir, ce fut
la dernière expérience de cette journée glo-
rieuse
Henri Farman à Gand
Tandis que Delagrange triomphait ainsi à
Rome, Henri Farman, par des exploits d’un
autre ordre, mais dont l’intérêt technique est
aussi grand, se couvrait de gloire à Gand.
lJ’Aérophile
Il y avait été appelé par l’Aéro-Club des
Flandres et par le Comité des grands meetings
sportifs, pour une série de démonstrations pu-
bliques durant une semaine, du 25 mai au
2 juin. L'emplacement mis à sa disposition
est une plaine de 150 hectares près de l’avant-
port de Gand; il est entouré d’un canal et on
ne peut y accéder que par quatre ponts, ce
qui facilite beaucoup le service d'ordre. Le
sol est sablonneux, et lorsqu'on eut fait dis-
219
de 300 mètres à 400 mètres du sol, malgré un
vent extrêmement vif.
Le 27 mai, dans la matinée, bien que con-
trarié par le vent, Farman continuait son
entraînement. Il effectuait successivement un
vol de 80 mètres, puis un second de 450 mètres
à une hauteur moyenne de 3 à 4 mètres. Le
gouverneur, le bourgmestre, les députés An-
seele et Lampens y assistaient, ainsi que de
nombreux représentants de l’Aéro-Club des
Cliché des Sports.
Les membres de l’Aéro-Club des Flandres félicitent Henri Farman après son vol à deux.
avec Ernest Archdeacon
paraître certains obstacles tels que quelques
becs de gaz gênants, on obtint ainsi un champ
d'expériences parfait, avec un peu moins de
surface utilisable, peut-être, que la place
d’Armes de Rome. Sur ce terrain dont l’ac-
cès était soumis à un droit d'entrée modique
(5 fr. par abonnement pour toute la semaine),
on avait organicé diverses attractions et ins-
tallé même des restaurants dont l'utilité se
fit sentir lorsque les milliers de spectateurs
venus de toute la Belgique commencèrent à
assiéger l'aérodrome.
Le montage de l’appareil fut terminé le
25 mai. Dans l'après-midi, M. de Breyne, l’un
des dirigeants de l’Aéro-Club des Flandres,
présenta Henri Farman aux notabilités gan-
toises et fit ensuite une description technique
de l’aéroplane, tandis qu'Henri Farman dé-
montrait le fonctionnement des divers organes.
Le lendemain 26 mai, eurent lieu les pre-
miers essais en présence de milliers de spec-
tateurs et de nombreuses personnalités de
Gand et de Bruxelles. Après deux expériences
préparatoires, Henri Farman exécutait un vol
Flandres, de l’Aéro-Club de Belgique et une
foule énorme.
Deux aviateurs à bord. — Premières enro-
lées de Farman avec Archdeacon. — Désor-
mais bien maître de son appareil et sûr de
lui, Farman déclarait qu'il tenterait de ga-
gner à Gand le pari qu'il avait engagé en
participation avee Santos-Dumont et Ernest
Archdeacon contre M. Charron. On sait que
le 9 mars dernier (voir Aérophile du 1% avril)
au cours d’un dîner d’aviateurs, MM. San-
tos-Dumont, Henri Farman et Ernest Arch-
deacon émirent cette idée qu'un aéroplane
pourrait franchir avant peu un kilomètre, en
emportant 2 personnes. M. Charron ne parta-
geant pas cet espoir, la gageure suivante fut
conclue : M. F. Charron pariait 12.000 francs
contre 6.000 francs tenus en commun par
MM. Santos-Dumont, Henri Farman, Ernest
Archdeacon, qu'un aéroplane monté par deux
personnes dont l’une pesant au moins 60 kg,
ne couvrirait pas 1.000 mètres avant le
10 mars 1909.
270
Le 28 mai, Farman, améliorant méthcdi-
quement ses essais effectuait seul à bord, plu-
sieurs envolées, atteignant facilement 1.500 m.
en ligne droite.
Le lendemain, 29 mai, il commençait ses
tentatives d’envolées à deux. M. Archdeacon,
le créateur de ce grand mouvement de re-
cherches, dont nous admirons aujourd’hui les
splendides résultats, était arrivé à Gand, heu-
reux d'assister au triomphe de ses longs ef-
forts. Ce fut lui qui prit place à bord à côté
de Faïman. Dans un premier essai, l’appa-
reil enlevant les deux aviateurs, franchit
131 mètres en 11 secondes et 138 mètres dans
une deuxième expérience.
Au cours d’une conférence scientifique très
applaudie, qui eut lieu l'après-midi, M. Arch-
deacon a déclaré l’essor de l’appareiïl si pro-
gressif et si doux que la transition demeure
insensible du roulement au sol de plus en plus
allégé jusqu’au plein vol. La sécurité à bord
lui a paru absolue.
Nous croyons devoir mentionner qu’il y a
quelques semaines, à Issy-les-Moulineaux, aux
cours d'essais privés, Henri Farman avait
réussi à quitter le sol avec un passager qui
fut tantôt le père du célèbre aviateur, tantôt
l’un des frères Voisin, inventeurs de l’engin.
Henri Farman ayant Archdeacon à son bord,
franchit 1.241 mètres. Il vole seul à 12 mètres
de hauteur. — Ces résultats déjà si remarqua-
bles devaient se trouver due ans
heures après. -
Le 30 mai, le jour même où Delagrange, à
Rome, portait à 15 minutes 25 secondes
et à 12 kilomètres 750 m. les records de durée
et de distance en aéroplane, Farman ayant
Archdeacon à son bord, franchissait à Gand,
dans la matinée, 1.241 m. 90 (chiffre officiel)
en droite ligne, à 7 mètres de hauteur, ar-
rêté seulement par les dimensions du terrain.
Ce vol soutenu d’un appareil ayant deux
hommes à bord, marque une nouvelle et im-
portante étape dans les progrès de l’aviation.
C’est un acheminement vers l’aviation en
commun, un premier pas vers l’autemobile
aérienne, dotée d’une appréciable capacité de
transport, que beaucoup d’aviateurs n'osaient
pas encore espérer et dont l'heure viendra.
Le pari engagé contre M. Charron, par
Santos-Dumont, Farman et Archdeacon se
trouve du même coup amplement gagné, en
moins de trois mois. M. Charron est trop bon
sportsman et trop ami de l'aviation pour
n'être pas le premier à féliciter ses heureux
adversaires.
Pour clore cette magnifique journée, Henri
Farman faisait des essais de vols en hauteur.
De nouveau seul à son bord, il franchissait ai-
sément en la surplombant de 2 mètres une
rangée de ballonnets retenus captifs à 10 m.
au-dessus du sol.
1° Juin 1908
Dans ce triomphe, il importe de faire à
chacun sa part. A Uelagrange et à Farman
qui viennent d'ajouter de si belles pages à nos
annales sportives, s’adressera l’hommage re-
connaissant de tous les aviateurs français.
Grâce à leurs efforts, à leur audace et à leur
initiative, l'aviation passionne aujourd’hui le
monde entier. Les progrès dépassent par leur
rapidité les espérances les plus optimistes. A
peine leur proposons-nous un but précis, tel
que le quart d'heure en aéroplane, une diffi-
culté nouvelle comme le transport d’un pas-
sager que le but est atteint et la difficulté
vaincue.
Is ont tiré un merveilleux parti de l’ap-
pareil que leur fournit l’ingéniosité de deux
constructeurs hors ligne, les frères Voisin. De-
puis les premiers succès de Santos-Dumont,
inoubliable initiateur, ce sont uniquement des
aéroplanes Voisin qui figurent tour à tour
entre les mains de Farman et de Delagrange
sur la liste des records d'aviation.
Ce ne sont point là des coïncidences à rai-
sons indéterminées. C’est le fruit d’une science
théorique laborieusement acquise, soumise au
contrôle constant de l’expérience et orientée,
sans parti pris, selon ses indications, ration-
nellement interprétées. Nul sortilège et nul
mystère, mais une mise au point tenace, un
effort continu vers le perfecionnement pra-
tique qui a permis aux constructeurs de Bil-
lancourt de créer les premiers appareils
d'aviation accessibles à tout sportsman, avec
une-réelle sécurité, après un rapide apprentis-
sage.
Quant au moteur extra-léger, c’est lui, en
définitive, qui a permis la réalisation de ces
merveilles et par une admirable régularité
dans le succès, c’est toujours le même type,
le premier en date, le fameux moteur Antoi-
nette dû à l’éminent ingénieur Levavasseur
que nous retrouvons à chaque étape. Il arme
les premiers engins de Santos-Dumont; il
donne encore des ailes à Farman et à Dela-
grange. L'Antoinctte 50 ch. 8 cylindres, de
Delagrange, fit l'admiration du roi d'Italie et
des nombreux connaisseurs italiens par sa
simplicité, sa légèreté alliée à une robustesse,
la régularité parfaite de son fonctionnement.
Les sportsmen belges ont retrouvé les mêmes
qualités dans le moteur Antoinette de Far-
man de même type, mais un peu plus puis-
sant (60 chx) et qui, grâce à cet excédent de
puissance, a permis à l’aéroplane de véhiculer
gaillardement ses deux passagers dans l’at-
mosphère. Les moteurs Antoinette se retrou-
vent d’ailleurs sur nombre d’autres machines
volantes : les Blériot, le Zens, le G'asnier, etc,
qui ont déjà fonctionné ou qui vont entrer
en essais. Des bullétins de victoire comme
ceux de Delagrange et de Farman expliquent
et justifient surabondamment ce succès uni-
versel auprès des aviateurs. — M. Drcour
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20
SOMMAIRE : Portrails d'aviateurs contemporains : Jules Armengaud jeune (A. de Masfrand). — Les frères Wright en Amérique et en France ; derniers 23
& essais des Wright en Amérique racontés par eux-mêmes (Les frères Wright) ; prochains essais des Wright en Hrance (Philos). — L'aéroplane Goupy so É
(A. Cléry). — [a machine volante Bertin (M. Degoul). — $ minutes de vol à voiles : 10 010 francs ; Je prix René Quinton {P. Ancelle). — Expériences © —
de M. R. Esnault-Pelterie (Georges Blanchet. — 4e conférence de la Fédération Aéronautique : impressions d’un délégué (capitaine Faber). — A l'Aéro= nm ET
Club du Sud-Ouest — Nos avia‘enrs à l'étranger : Delagranse en.ltalie ; Farman à Gand (A Nicolleaul. — Virage des aéroplanes (commandant © a
P. Renard) — Tribune des Inventeurs : Projet de gouvernail automatique de profondeur (cap. Sazerac de Fo:ge); Ludicateur acoustique de pente à 2e
(L. du Réau de la Goignonnière). — Les brevets de l'Aéronaulique. — Bibliographie. — Tour .du monde aérien. — Le Pour et le Contre. Les a
#5
SOMMAIRE DU BULLETIN OFFICIEL DE L'AERO-CLUB DE FRANCE : Les fètes décennales de l'Aéro-C'ub de France e* la ©
réception de l'Aéro-Club du Sud-Ouest. —— Cencours de distance du 11 ju'n 1903. — Commission d'aviation du 35 mai 1908. — Commission sportive du a 28
21 mai 1908. æ 24
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REVUE TECHNIQUE & PRATIQUE DE LA LOCOMOTION AÉRIENNE
Directeur-Fondateur: Georges Besançon
16° Année. — N°12 | 15 Juin 1908
Portraits d'AViateurs Contemporains
rpe
JULES ARMENGAUD JEUNE
Né à Paris, le 12 juin 1842, Jules Arm'ngaud après de brillintes études au co'lèxe Sainte-Barhe, réussissait le rare
exploit d'être à la fois recu à l'Ecole Polytechnique et à l'Ecole Ceatrale et admissible à l'Ecole Normale. Il préludait ainsi à
une carrière féconde en œuvres et que distinguent notamment la viriélé des recherches, les dnsles plus heureux de l'esprit
soumis à une forte discipline scientifique ét mis en valeur par une exlraordinaire puissance de travail. Il serait difficile dns
ces notes trop brèves d'en indiquer tous les points importants.
Sorti de l'Ecole Polytechnique, le jeune ingénieur, eTectua une série de voyages d'étu les ; rentré à Pâris en 1869, il devenait
l'associé de son jère dans son cabinet d’ingénieur-conseil, l'un des plus importants du monde entier, Il le dirige seul
depuis 1878.
La guerre de 1870 avait interrompu ses occupations industrielles. Elle fut pour lui l'occasion de meltre au service
Ce la défense nationale ses haules connaissances techniques. Nommé lieutenant au co:ps franc du colonel Pothier et
chargé des épr'uves de tir des mitruilluses et des pièces de 7 données à coustruire à l’industrie privée, il obtient bientôt un
service plus actif, se distingue avec sa balt.rie au Bourget et à Champign . Nommé après la guerre capitaine au 2° régi-
ment terr torial d'infanterie, Jules Armengaud recevait en 1882, la croix ue la Légion d'honneur. qe
: Aussitôt libre de revenir à ses travaux professionnels, Ju'es Armengaud s'élait consacré aux améliorations de la législation
en m lière de propriété industrielle, Ses propositions au Congrès de 1878 se trouvent sanctionnées dan- leur esprit par la
Convention de Paris de 1883, qui sauvegard: le droit de privrité de l'inventeur et l'affranchit du joug des capitalistes. Cette
cimpagne d'équité, il la poursuit ardemment aux Congrès de Vienne, Londres, Amsterdam, Berlin, Liége,réussissant à concilier
les intérèts de l'industrie avec les droits légitimes de l'inventeur.
Entre temps, Jules Armengaui acceptait en 1880 les fonctions d'adjoint au maire du X° arrondissement. E‘u conseiller
municipal de Paris en 1884, il participe de la facon la plus heureuse à la solution de questions techniques capitales.
Cet absorbant labeur ne suffil pas à son infalig ble activité. IT s'intéresse à toutes les idé*, nouvelles. Membre de la
Socielé des Ingénieurs civils depuis 1866, appelé plusieurs fois au Comité et aux fonctions de s°cré il contribue puissam-
ment au développement de l'électricité industrielle en fondant la Sceiété inlternalionale des électriciens et en se faisant le
promoteur de l'Exposilion d'Electr cité de 1881. :
Muis les ques ions de loc molion aérienne (aérostation et aviation) le captivèrent de tout temps. IL les connait à merveille et
il excelle à les faire connaitre. Ses mémoires remarqués aux ingénieurs civils, ses conférenecs très ruivies nolammeut, à la
Société francaise de navigalion atrieune, dont il fut présideat, sont des modèles de elirle ; la rigueur scientifique et les vues
«riginales y revêtent la forme la plus atirayante. Ses mêmes quali'és se retrouvent dans le remarquable volume que le savant
ingenieur vientde publier sous ce titre : « Ze yroblème de l'aviation — Sa solution zar l'aéroplane. » Les lechniciens le lis nt
avec fruit aussi bien qie les simples sporlsmen. e
Non content de propager l'idée aérienne, dela faire comprendre et aimer, Jules Armengaud a voulu contribuer plus
direclement encore à ses progrès en créant généreusement ce « prix Armengau | jeune » de 10.000 francs pour un quart d'heure
de vol mécanique. | ajsule ainsi le Lifre de Mécène à de rares mérites d'ingénieur, d'homme de scisnce et d'homme d'aclion,
A. ne Masrrano
222
LES FRÈRES WRIGHT
EN AMÉRIQUE ET EN FRANCE
Les derniers essais des Wright
en Amérique, racontés par eux-
mêmes, _— Les derniers essais des Wright
en Amérique, avaient donné lieu à des infor-
mations si confuses et si contradictoires, que
nous avions prudemment attendu des rensei-
gnements plus certains. Ces renseignements,
précis et authentiques, nous les demandâmes
aux Wright eux-mêmes et voici leur réponse,
adressée à notre directeur. Elle est datée de
Dayton, le 3 juin
« En réponse à votre lettre du 15 mai, nous
sommes heureux de vous donner les détails
suivants, au sujet de nos dernières expé-
riences.
« Les vols se sont effectués sur nos terrains
d'expériences à Kiüll-Devil-Hills, près de
Kitty-Hawk, Caroline du Nord, où le 17 dé-
cembra 1902, nous avions effectué quatre vols
avec un aéroplane à moteur; le plus long de
ces vols dura 59 secondes contre un vent de
20 miles (1).
« D'après notre contrat avec le gouverne-
ment des Etats-Unis (2), notre machine doit
avoir une vitesse de 40 miles à l'heure et doit
porter deux hommes, avec le combustible né-
cessaire pour un vol de 125 miles (200 kilo-
mètres). Nos expériences les plus récentes fu-
rent effectuées dans le but d'éprouver la ma-
15 Juin 1908
grande plaine sablonneuse, marquée çà et là
de collines de sable, amoncelées par les grands
vents dominant en cet endroit La seule habi-
tation près de notre camp, est la station de
sauvetage de Kill-Devil, qui se trouve sur la
côte à une distance d’un mile. Le personnel de
cette station fut témoin des vols de cette an-
née comme il l'avait été de ceux de 1903. Un
certain nombre de journalistes purent aussi
voir nos dernières expériences, des bois et des
collines environnantes. Quelques-uns même
visitèrent nos campements.
« La vitesse du vent au cours des différents
vols fut mesurée au moyen d’un anémomètre
à main, à l'altitude de six pieds au-dessus de
Ia plaine. Les mesures dans la plupart des cas,
furent prises au point de départ pendant les
vols. Les vols du 11 mai et les suivants fu-
rent mesurés par un anémomètre Richard, at-
taché à la machine de la même façon que dans
les vols de 1905 (1). Les chiffres donnent la
distance accomplie à travers l’espace. Dans un
air calme, ces chiffres devraient coïncider
avec les distances par rapport à la terre, mais
pour les vols effectués en cercle par un temps
de vent, le record ne coïncidera pas exactement
avec la distance par rapport à la terre parce
qu'il faut plus de temps pour voler contre le
vent qu'avec Jui.
« Dans le tableau suivant, les distances me-
surées par l’anémomètre fixé à la machine
sont données en mètres; les distances mesu-
rées sur terre, en pieds
|
reie RES
DATES DISTANCES DURÉES TS ie EE IS CIRCONSTANCES DULVOL
DÉMO Rene tete 1.005 pl* (327 m.) 4 à Ô mètres Contre 'e vent
$ mai e 956 pds mi.) 9 mè're< »
ne ent : 2.186 pds (666 m 7 metres »
l'IE 1.930 mètres” 4 mètres »
2.940 mètres » Un demi-cercle
| 2.475 mèlres » 314 de ecrele
;
996 mètres |
3.005 mètres |
» »
S20 mèlres
ÿ10 mètres
|
l
4 050 mètres
8 050 mèr s
129"
chine dans le sens mentionné et pour nous per-
mettre de nous familiariser avee le nouvel
améaosement des leviers de contrôle (ma-
nœuvre).
« Nous ne fimes aucune tentative pour bat-
tre notre record de 24 miles 1/5, record effec-
tué le 5 octobre 1905 (3).
« Dans la plupart des plus longs vols effec-
tués cette année-ci, nous réussimes à décrire
un grand cercle avec atterrissage au point de
départ.
« Noëre terrain à Kitty-Hawk est une
(4) Voir l'4érophile de décembre 1903, p. 282
et janvier 1904, p. 16.
j
@) Voir l'Aérophile du 15 mars 190$. p; 115 ets.
3) Voir détails dans l'Aérophile de décembre
1905, p. 266 et suix.
» Contre Is v nt
7 à S mêtres Presque un cerele
6 à 7 mètres Cerc'e complet
» »
» Contre le vent
5 mèlres Corele compl-t
» Ua cercle et demi
« Les vols les plus courts en ligne droite fu-
rent arrêtés pour éviter des collines et un ter-
rain dangereux, Le dernier prit fin par suite
d’une erreur de l’opérateur, erreur qui força
la machine à piquer vers le sol. La section
centrale du plan supérieur fut sérieusement
brisée et déchirée, et le cadre supportant le
gouvernail d'avant fut cassé. À part cela, il
n'y eut que peu de dommages. Le moteur, les
radiateurs et Ia machine demeurèrent in-
tact ». Weicar brothers.
La lecture de cette intéressante lettre
montre combien il faut peu se fier aux ren-
seignements hâtifs et presque toujours am-
{f} Voir l'Aéroplhile de janvier 1956, p. 19.
J’Aérophile
plifiés ou déformés d’un informateur à l’autre.
Les choses sont ainsi mises au point.
Prochains essais des Wright en
France. — Telle est, avec son accent de
sincérité qui re trompe point, la version dé-
finitive sur les essais des frères Wright en
Amérique, au mois de mai dernier. Nous al-
lons d’ailieurs pouvoir juger rar nous-mêmes
de la valeur de leur appareil, car Wilbur
Wright est en France, et les essais définitifs
vont se poursuivre chez nous.
Le célèbre aviateur s’est mis tout de suite
en quête d’un terrain d'expériences. Il crut
d’abord l'avoir trouvé à Blain (Loire-Infé-
rieure). Il avait découvert, à 40 kil. au Nord
de Nantes, en bordure de la forêt de
Gâvre, une vaste lande rase de plus de 53 hec-
tares, qui servait autrefois d’hippodrome. Le
terrain se prêtait à merveille à des essais
d'aviation, malheureusement, il était trop loin
de Paris.
Dans une intéressante interview de l'Auto,
notre excellent confrère François Peyrey,
nous fixe complètement sur les intentions
des aviateurs américains, Wilbur Wright
a déclaré qu'il venait de choisir défini-
tivement comme terrain d'expériences, le
champ de courses du Mans. « Le terrain,
dit M. Wright, est loin d’être plat et décou-
vert; il est ondulé, planté de quelques arbres
et ne mesure que 800 mètres de long sur
32» mètres de large. Il me suffit cepen-
dant. »
L'appareil qui se trouve en France sera ra-
pidement monté, et les essais commenceront
vraisemblablement:sous très peu de jours. Le
moteur dont il sera muni développe 25 ch.
seulement et pèse 75 kgr. C’est une copie
exacte du moteur antérieurement établi par
les frères Wright eux-mêmes; il est construit
par la maison Barriquand-Marse, qui doit en
ivrer 6 autres identiques.
Et Wilbur Wright a ajouté que l'appareil,
construit pour le gouvernement des Etats-
Unis, devrait être livré fin août. Un délai sup-
plémentaïre de trente jours est accordé pour
les essais de recette qui seront conduits par
Orville Wright, ear le séjour de Wilbur
Wright en France se prolongera plusieurs
mois.
Notons qu'avec son moteur relativement peu
puissant de 25 chevaux, Wilbur Wright as-
sure pouvoir évoluer avec un passager, par
des vents de 18 miles, ce qui achèverait de dé-
montrer la supériorité de son engin comme
qualité aviatrice et maniabilité.
L'aviateur américain après avoir rendu
hommage aux aviateurs français, déclare que
ses dispositifs sont nettement supérieurs à
ceux dont disposent actuellement nos compa-
triotes. Il maintient que ses appareils sont
parfaitement brevetables, notamment cer-
223
taines dispositions d'équilibre tout récemment
brevetées en Amérique, et il est disposé à dé-
fendre énergiquement ses droits d’inventeur.
Dans quelques jours, la «question Wright »,
que l’Aérophile eut la bonne fortune de poser
le premier devant le monde aéronautique, sera
définitivement résolue. Il semble bien -—
comme nous l’avons toujuurs pensé — que les
sceptiques devront déchanter.
Priros
L’'AÉROPLANE GOUPY
Les aéroplanes automobiles actuellement en
service, se ramènent à deux types baptisés des
vocables imparfaits sans doute, mais com-
modes, de « monoplans » et de « biplans ».
Les « multiplans » déjà utilisés par divers
expérimentateurs paraissaient moins en fa-
veur. On suivra donc avec un intérêt plus
particulier les débuts tout prochains de l’aéro-
plane de M. Ambroise Goupy, engin qui
se range dans cette dernière catégorie.
Il a été étudié dans l’ensemble et dans les
détails, par les frères Voisin et construit
dans leurs ateliers de Billancourt, d’où sor-
tirent déjà les glorieux appareils de Dela-
grange et de Farman
Photo Rol.
L'aéroplane Goupy dans les ateliers des frères Voisin,
ses constructeurs, à Billancourt.
(Voilure eu toile caoutchoutée Continental).
L'appareil du sympathique sportsman com-
porte un corps fuselé de 9 m. 50 de longueur
de section quadrangulaire et de forme spé-
cialement étudiée, qui repose à l’avant, sur
un châssis élastique à 2 roues orientables, du
les frères Voisin, et à
unique également
breveté par
une
modèle
l'arrière, sur
orientable.
A l’intérieur du corps fuselé et vers l'avant
se trouve le moteur, un Renault 8 cylindres
extra-léger qui commande par un arbre lhé-
lice située en avant de tout l'appareil. Le
diamètre de l’hélice est de 2 m. 20 et le pas
de 1 m. 40.
roue
224 15 Juin
1908
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L'aéropla: e Goury, croquis d'ensemble côlés. En haut : Élévalion latérale. En Las : Vec en plan.
En arrière du moteur, est situé le poste du
pilote et le système de commande des gou-
vernails vertical et horizontal, actionnés au
moyen d’un volant unique.
Sur le corps de l'appareil, au-dessus des
roues orientables d'avant, se trouve monté le
système porteur cellulaire principal composé
de trois plans superposés de 7 m. 50 d’enver-
gure, 1 m. 60 de longueur antéro-postérieure,
et distants de 0 m. 95 les uns des autres
sur la verticale. La membrure est constituée
suivant le procédé Voisin, par des montants
emmanchés dans des raccords métalliques en
forme, avec croisillons raidisseurs en fils
d'acier réglables par tendeurs. Comme dans
le Farman 1 bis, la voilure est en toile caout-
choutée Continental. Les constructeurs se sont
attachés à enrcher sous l’étoffe les moindres
saillies, de façon à réduire le plus possible la
résistance à la pénétration.
Sur l'arrière du corps est fxée la cellule.
stabilisatrice à deux plans superposés de
4 mètres d'envergure, 1 m. €0 de longueur
antéro-postérieure et distants verticalement
de 1 m. 60.
Dans l’intérieur de cette cellule, se trouve
le gouvernail de profondeur à axe horizontal ;
largeur transversale : 3 m. 75 ; longueur
antéro-postérieure :
la cellule terminant l'appareil, est installé le
gouvernail de direction à axe vertical. .
De l'extrémité de l’axe d’hélice à l’aplomb
O0 m. 75 ; en arrière de:
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l'Aérophile
du bord arrière du gouvernail dans sa posi-
tion de repos, la longueur tctale est de
9 m. 80. L’envergure n'étant que de 7 m. 50,
l’aéroplane Goupy est l’un de ceux dans les-
quels le rapport d’allengement, est des plus
élevés. La surface totale est de 43 m° ; le
poids de l’aéroplane monté est de 500 kgr.
La vitesse d’allègement prévue est de 15 m.
à la seconde, soit 54 kil. à l'heure.
M. Goupy commencera incessamment, les
essais à Issy-les-Moulineaux. A. CLÉRyY
La Machine Volante Bertin
Pholo Branger.
L’hélicoplane Bertin vu par l'arrière.
Notre photographie représente le nouvel as-
pect de la machine volante remaniée et prête
à entrer en essais. Cet engin qui était autre-
Pholo Branger.
L'hélicoplane Bertin.
Détails du système moto-propulseur.
fois (Voir Aérophile du 1% avril 1908) un type
très net d'hélicoptère, est devenu un hélico-
plane. En effet, de part et d'autre du châssis
225
central s'étalent deux ailes entoilées au-des-
sous desquelles se trouvent deux autres plans
servant de gouvernails de profondeur; à l’ar-
rière une longue queue stabilisatrice sous la-
quelle règne un plan vertical formant quille et
qui se termine lui-même par le gouvernail à
axe vertical. En avant de l'engin est placée une
hélice tractive de 2 m. 20 de diamètre. Tout
ceci pour la partie aéroplane.
Mais l'appareil présente également une hé-
lice sustensive de 2 mètres de diamètre, qui
doit alléger l’appareil de 156 kilogrammes.
Le moteur est toujours de 120 chevaux à
8 cylindres horizontaux imaginé et construit
par l’habile entraîneur motocycliste Bertin et
son collaborateur, M. Bouline.
Les essais de l'appareil se feront probable-
ment sur la pelouse de Bagatelle.
M. Decouz
à minutes de vol à voiles : 10.000 francs
Le prix René Quinton.
« Les Quarante-cinq », tel est le nom d'un
groupement amical de notabilités du monde
artistique, littéraire et scientifique. Les « Qua-
rante-cinq » sont 45, naturellement, — 5 de
plus qu'à l'Académie, — ils ne doivent pas
avoir plus de 45 ans, ete., et se réunissent men-
suellement en un banquet offert en l'honneur
de quelque personnalité dont ils veulent faire
plus particulièrement ressortir le mérite. Le
deuxième dîner des « quarante-cinq » eut lieu
le 8 juin : il était offert au capitaine Ferber,
qui fut en France, depuis 10 ans, l’un des pion-
niers les plus ardents et les plus utiles du vol
mécanique.
Le savant officier, en une brillante causerie,
venait d'exposer à ses hôtes l'historique et
l'avenir de l'aviation lorsque M. René Quin-
ton, le savant biologiste à qui l’on doit le sys-
tème de traitement par injections d’eau de
mer, fit à son tour une communication sensa-
tionnelle. Il déclara qu’il fondait un prix de
10.000 francs que les « Quarante-cinq » seraient
chargés de décerner.
M. Quinton offre son prix « au premier aéro-
plane qui, moteur éteint, pourra se soutenir
dans l'air cinq minutes sans descendre de plus
de 50 mètres ». Selon l'expression de M. René
Quinton, « c'est le prix d’un physiologiste qui
demande que les honimes fassent, pendant 5 mi-
nctes, ce que les oiseaux, depuis tant de siècles,
font pendant des heures ».
Il s’agit donc de pratiquer le vol des grands
voiliers tels que le vautour, qui se soutiennent
des heures entières sans battre des ailes: ce
vol n’est réalisé que dans certaines conditions
de vitesse et de direction verticale du vent.
L'oiseau oriente alors le plan de ses ailes et
déplace le centre de gravité de son corps, de
telle sorte que le jeu combiné de son propre
k
226 15 Juin
poids et des pressions de l'air sous ses ailes le
fait progresser-ou même, dans certaines cir-
constances, le maintient suspendu dans l’es-
pace, sans translation apparente.
Le vol plané descendant de nos aéroplanes
sans moteur est un des cas les plus simples de
ce mode de locomotion.
P. ANCELLE
RAR
EXPERIENCES
M. R. ESNAULT-PELTERIE
Le nouvel aéroplane R. E. P. -_ A
30 metres de hauteur. __ Les
records du « monoplan ».
Après sa belle campagne de l'année dernière,
M. Robert Esnault-Pelterie avait mis à profit
les loisirs forcés de l'hiver pour perfectionner
ses dispositifs ét ses méthodes, selon les indi-
cations de ses multiples expériences. Avec le
soin qu'il apporte à étudier et à réaliser scien-
tifiquement ses conceptions, le jeune inventeur
fut moins vite prêt qu'il ne l’espérait. Néan-
moins, à la fin de mai, l’aéroplare À. E. P.
n° 2 était terminé.
C’est encore un monoplan. Il se rapproche
dans sa forme générale du modèle de l’année
dernière, mais il est plus bas, plus ramassé,
plus court d'empattement. Le siège de l’avia-
teur est plus rapproché de l'avant. Il y a deux
gouvernails. Les ailes peuvent se mouvoir en
tous sens par un système de commande à com-
penusation différentielle. Enfin, pour atténuer
le choc à l'atterrissage, l’aéroplane est muni
d'un très intéressant frein hydro-pneumatique
breveté.
Le moteur, un R. E. P. 7 cylindres, pèse
seulement 35 kilogrammes tout compris; il ae-
tionne une hélice R. E. P. à quatre branches.
La surface totale est de 17 mètres carrés.
L'appareil en ordre de marche pèse 350 kilo-
grammes, il porte donc 20 kilogrammes par
mètre carré. Cette charge importante par mè-
tre carré entraine une vitesse de flottement
élevée. Cette vitesse que permettent le bon
rendement du système moto-propulseur et les
formes très peu résistantes à la pénétration,
atteint 80 à 90 kilomètres à l'heure.
Après quelques essais de réglage des plus en-
courageants, eut lieu le 8 juin une séance
d'entraînement dont les résultats ont été des
plus remarquables. M. Henry Kapferer, dont
l’aéroplane remanié attend à Buc la reprise
des essais, y assistait avec quelques amis et
plusieurs collaborateurs de M. Robert Esnault-
Pelterie, parmi lesquels MM. Bechmann, Ro-
bert et Julien Crémieux, Paulhan, Château,
Blühfeld, Sirié, Le Griel-Nigiou, Geoffroy, Ch.-
A, Bertrand, notre excellent confrère des
Sports et de l’Intransigeant, ete.
1908
Les essais commencèrent vers 2 h. 1/2, par
un vent irrégulier de 6 mètres à la seconde.
Rasant le sol sur une longue courbe de 500 mè-
tres, l'aviateur vérifia d’abord le réglage de:
ses commandes. Il repart ensuite, toujours in-
cliné sur une aile comme l'année dernière, se:
redresse et s'envole sur 300 mètres, fuyant vers.
l'étang du Trou-Salé, s'envole à nouveau, par-
court 500 mètres et revient au sol, car il est:
au bout du terrain.
L'appareil est alors orienté vers la direction
d’où il est venu, il repart et s'envole à une.
vitesse vertigineuse. « Mais au lieu de revenir
vers la terre, dit notre confrère Ch.-A. Ber-
trand, témoin oculaire, il s’élance vers le ciel
— cela dura quelques secondes — bientôt :l
était à l'extrémité du terrain, montant tou-
jours, passant bien au-dessus des pommiers.
fleuris et montant, montant encore, n'était
plus dans le ciel qu’une tache blanche qui sem—
blait planer au-dessus du village de Toussu-le-
Noble...
« Puis comme tous, émus, la suivaient des.
yeux, la tache blanche, brusquement redescen-
dit vers la terre, où elle disparut dans un
champ de luzerne, vers lequel tout le monde-
se précipita. »
Le frein amortisseur hydro-pneumatique:
avait heureusement bien fonctionné et atténué-
la brutalité du choc. M. Robert Esnault-Pelte-
rie avait reçu néanmoins d'assez fortes contu-
sions avec luxation légère de l'épaule droite.
Il rassura ses amis et déclara : « Quand j'ai vu
le village de Toussu-le-Noble — on en était à
200 mètres — je ne savais plus jusqu'où j'irais,
surtout à cette vitesse de 80 kilomètres à
l'heure, j'ai braqué ma direction vers le sol et
je suis descendu un peu vite. »
Le vaillant aviateur en sera quitte pour
quelques jours de repos pendant lesquels aura
lieu la remise en état de l'appareil, qui a d’ail-
leurs peu souffert. Quelques modifications de-
détails seront faites en même temps. Puis on
remplacera le réservoir d'essence actuel par un
réservoir de 60 litres permettant un vol con-
tinu de 4 heures. A 80 kilomètres à l'heure, on:
voit quel joli ruban de route cela ferait.
Le magnifique vol du 8 juin se prolongea
sur 1.200 mètres et atteignit, de l'avis una--
nime des témoins, une hauteur de 30 mètres
au-dessus du sol. C’est sans doute la plus
grande hauteur à laquelle l'homme se soit ris-
qué en aéroplane automobile, c'est la plus
grande distance franchie de plein fouet par
un monoplan. Ce beau succès ne peut manquer
d'encourager les partisans de ce type d’aéro-
plane, moins maniable peut-être pour le mo-
ment que le cellulaire, mais qui demeure le
type préféré des fanatiques de la vitesse.
La lutte entre les deux écoles sera singuliè-
rement intéressante cet été.
GEORGES BLANCHET
lJ’Aérophile
La Fédération Aéronautique Internationale
Quatrième Conférence (LONDRES 1SO©S)
227
Le concours de ballons organisé à Londres à Hurliugham Club, le 30 mai.
— Vue du gonflement et de la canalisation qui a débité 31.710 mètres cubes de gaz
HAE
IMPRESSIONS D'UN, DÉLÉGUÉ FRANÇAIS.
— Le Comité de l'Aé. C. F.
nomme les délégués à la Fédération. c'est la
première fois depuis qualre ans que les candidats
sont en nombre, et que par conséquent, les ambi-
tions sont surexcitées !
Paris, mai 190$.
citées !
Que va-t-il se passer ? — Qui va rester sur le
carreau ? — Moment d'angt pour les candi-
dats. Dame, cette année, l'exposition franco-bri-
fannique ouvre ses portes — on connait la façon
‘re dont savent vous accueillir les An-
glais quand vous ê « introduit » — la session
de ! la Fédération coïncide avec la réception du
Président de la République — on sentira l'écho
des fêtes où le peuple anglais discipliné veut
comme par un ordre venu de très haut à tous les
degrés de la hiérarchie trancl en classes, faire
comprendre à tous les Franc ais que l'entente cor-
di ale n'e sb pas un vain mot. Les délégués feront
> de FAutomobiie Club. du Hurlingham Club,
S l rec us en un banquet (res sélectionné et à
d’autres festins privés.
Que va-t-il se passer ? — Heureusement, le Pré-
sident émet l'avis de renommer ceux qui dans
les précédentes sessions ont déjà montré leur
dévouement au club en se déplaçant sans hésiter
pour le représenter.
\près quelques timides objections, la propo-
silion est adoptée. Sont nommés : MM. F. Bau-
drv. G. Besancon. comte Castillon de Saint-
Viclor, comte Hadelin d'Oultremont, E. Surcouf,
à l’occasion de la Conférence de la
comte de
15.
capitaine Ferber. R. Gasnier, Janets
La Vaulx, Mallet, P. Tissandier, E. Z
Lundi 25 mai. — Réunion des délégués. — Le
Comité a mis en garde ses délégués contre une
tendance trop française de se comporter et qui
consiste à voter en suivant son sentiment indi-
viduel — il leur a recommandé de voler avec dis-
cipline comme un seul homme. Cette réunion
privée a pour but de décider quels seront les
voles.
Mardi 26 mai, 4 heures du soir. — Dans le
train. C'est un train évidemment très « entente
cordiale », on parle « franco-british », langage
caractérisé par ce fait que les Anglais parlent
presque français et que les Français ajoutent à
leurs phrases tous les mots anglais qu'ils con-
naissent.
Traversée excellente — mer d'huile — le temps
lent. Arrivée à Londres : rien que des
toits et des cheminées jusqu'à Charing Cross —
étrange effet qui provient de l’idée juste qu'ont
eue les Anglais au début des chemins de fer. de
bâtir leurs gares au centre de la ville et pour ne
pas gêner la circulation d'amener les voies en
viaduc.
Second effet étrange en débarquant sur le
quai de voir comme d'un tunnel sortir dans un
encombrement inouïi, mais sans cris. une nuée
de cabs et de four wheelers — hélas ! tous rete-
nus — Que faire? — Un policeman voil notre
embarres et aussilôt s'empare de notre valise,
du Prési
250
se précipite dans le lunnel el en ressort triom-
phant avec un cab! Voilà un gesle qui ne se
verrait pas encore à Paris même avec les agents
interprètes.
A jhôlel, 6 mots : Chambre retenue ? — Volre
nom ? — Clef 252, un coup d’ascenseur et l’on
est logé. — Pas plus difficile que cela, dit G.
Besançon, qui partage ma chambre, c'est mer-
veilleux !
Mercredi, 27 mai, 10 heures du malin. — A
Whilehall, nous rencontrons les délégués élran-
gers que nous connaissons déjà pour la plu-
part :
MAI. de professeur Hergesell, le lieutenanl-colo-
nel Moœdebeck, le capitaine Hildebrandt, Hugo
von Abercron, D' Bamler, Peslewitz, Hiedemann,
baron von Romberg, von Selasinsky, Stade,
Wurmbach, Clouth, le professeur Busley, pour
l'Allemagne (Deutscher Lulflschiffer Verbaud).
M. le baron Constantin Economos pour lAn-
lriche-Hongrie. (Wiener Aéro-Club.)
MM. F. sacobs, le baron Joseph de Crawhez,
Adhémar de La Hault, Honoré Demoor, Robert
Goldschmith, le capitaine Louis Malevé, le cheva-
lier Le Clément de Saint-Mareq, capitaine-com-
imandant, pour la Belgique. (Aéro-Club de Bel
gique.)
M. le lieutenant Emilio Gimenez Millas, pour
l'Espagne. (Real Aero-Club de Espana.)
MM. C.-F. Bishop, J.-C. Mac Coy. Frank S.
Lahm, pour les Etats-Unis. (Aero-Club of Ame-
1'iCa.)
MM. Ernest Bucknall. Frank H. Butler, vice-
amiral sir Charles Campbel!, colonel J.-Æ. Capper,
professeur A.-K. Huntington, V. Rer-Seymer,
J.-T.-C. Moore-Brabazon. Honorable C.-S. Rolls,
lord Royston, R.-W. Wallace.
MM. le capitaine Castagneris Guido, le prince
Potenziani, l'ing. G.-L. Pesce, Enrico Pelrucci,
pour l'Italie. (Sociela aeronautica Italiana.)
MM. le capilaine Amundson. le lieutenant
Fogman, pour la Suède, (Svenska Aeronautiska
Saliskapet).
M. le colonel Schæck, pour la Suisse. çAéro-
Club Suisse.)
Malheureusement, le prince Roland Bonaparte
souffrant, n'a pas pu venir: tout le monde le
regrette, parce que non seulement sa haute per-
sonnalité jette sur la Fédération un éclat parti-
culier, mais encore ses qualités comme président
sont remarquables par l'habitude qu'il a de fonc-
tions semblables. l'autorité de son verbe et l'im-
partialité de ses décisions.
Alors qui va présider ? — Moment d'angoisse
vite réprimé d'ailleurs, parce que c'est évidem-
ment le vice-président anglais, M. R. W. Wallace
K. C., que nous connaissons comme un homme
qui sait manier en français l'ironie la plus fine
et la plus spirituelle.
Pendant les débats, il va se révéler maître des
règlements du parlementarisme, calme. perspi-
cace, juste, avec une sécherrsse toujours tempé-
rée par un fin sourire et une impartialité qui
va jusqu'à vouloir ignorer ce que les délégués
anglais ont décidé entre eux. Il souhaite en
termes exquis la bienvenue aux délégués.
Les pouvoirs des délégués sont vérifiés et le
Wiener Aéro-Club admis dans la Fédération.
M. Besancon, secrétaire de la Fédération, lit
le rapport des faits de l'année. Il insiste parti-
culièrement sur l'importance qu'il y a pour la
rapidité des solutions et de l'envoi de l'ordre au
jour, à répondre rapidement ct.à envoyer les
rapports au secrélariat, au moment voulu.
. Viennent ensuite les questions à l'ordre du
Jour :
1° Conditions dans lesquelles peut avoir lieu
un concours de traversée maritime. (Aéro-Club de
Belgique, Sociela Aeronautica Ilaliana).
15 Juin 1908
Ceci est une question déjà elfleurée en 1907,
elle est assez délicate, elle est connexe avec ce
qu'il faut décider dans le cas d'un atterrissage en
1er pendant un concours. La question dévie et
la F.A.L. décide simplement que tout concurrent
descendant en mer et obligé à avoir recours à
ü!, bateau d'une manière quelconque,est mis hors
concours sans pénalilé. » Après le vole, quelques
délégués se plaignent de n'avoir pas compris el
la question des langues pourrait se poser. À ce
moment, le professeur Hergcsell s'adresse aux
Allemands,en allemand, et M. Wallace qui main-
tient cependant énergiquement la Jangue du Con-
grès est obligé de parler anglais à tous les délé-
gués. L'Esperanlo s'imposera certainement un
jour ou l'autre.
2° Distinclion à établir entre les concours de
gentlemen, les concours de. professionnels et les
concours mixtes. (Sociela Aeronautica Italiana.)
La question est encore délicate, car on a vu
des concours où les professionnels élaient évi-
demment méêlés à des gentlemen. M. Surcouf
discute la question point par point et, après avoir
daissé entendre qu'il y a quelquefois des genl-
lemen bien singuliers ct des professionnels fort
distingués, fait remarquer que c'est là une affaire
de club, qu'un club sportif n'a pas à reconnaitre
de professionnels et que c'est à lui de les éli-
miner.
Toutefois, la Fédération ne se range pas à cet
avis et sur la proposition du prince Potenziani
elle décide que la Societa Aeronautica Italiana
présentera un projet de règlement, avant de
prendre une décision.
3° Nationalité des différents membres d'un
équipage dans les concouw internationaux par
équipes. (Societa Acronautica Italiana.) — M. Sur-
couf et le comle de Castillon de Saint-Victor
prennent la parole après le prince Potenziani et
font, admettre aussi que c'est une affaire inté-
ricure de club. Il est par exemple défendu à un
membre de l'Aéro-Club de France de prendre
part à la Coupe Gordon-Bennett dans un ballon
étranger.
Les questions 4. 5 et 6 sont renvoyées à la pro-
chaine séance parce que le capitaine Castagneris
qui doit les soutenir, n'est pas encore là.
7° Que l'on permette ($S II du chap. IT starters
chronométreurs). dans les concours, l'emploi de
chronomètres fabriqués en Allemagne.
Le professeur Hergesell plaide en faveur des
chronomètres de son pays. Salis'action lui est
donnée en tant que les appareils seront contrôlés
avec le même soin que ceux jusque-là admis.
$S° Examen des mesures à prendre pour met-
tre à exécution le vœu relalif à la bibliographie
aéronautique. (Aéro-Club de Belgique.)
M. Jacobs rappelle les travaux si intéressants
de l'Institut bibliographique de Bruxelles basé
sur la numéralion décimale. Le comte de La
Vaulx appuiera la proposition. Fa Fédération est
favorable à la question et accorde son patronage
à l'office en question.
9° La division des ballons en catégories, telles
que les définit l'art. S7 pour les handicaps par
catégories, est-elle absolue, c'est-à-dire lie-t-elle
les aéro-clubs pour {ous genres de concours au-
tres que ceux handicapés ? (Aéro-Club de Bel-
gique.)
La discussion devient une simple discussion
de règlement. M. Jacobs, M. Surcouf, le comte
de Castillon de St-Victor, le comte de La Vaulx,
M. La Hault, prennent successivement la parole.
11 semble en résulter que. dans un programme, il
faut toujours indiquer les catégories, que cer-
lains organisaleurs ne l'ont pas fait et que dans
plusieurs circonstances, le règlement a été mal in-
lerprété. Sur quoi, le professeur Hergesell fait
remarquer qu'il y a quelques points obscurs
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LE
l’Aérophile
«qu’il faudrait revoir et qu'il proposera une Com-
mission dans ce but. À ce moment, les divers
‘orateurs ne sont pas toujours très bien compris
par quelques délgués et sur la proposition de
M. Kev Seymour, on remet le vote sur la ques-
‘tion, au dernier jour, sans nouvelle discussion.
Il en est de même de la question suivante :
10° Tout concurrent dans tout concours devra
avoir des ballons ne dépassant pas les volumes
-demandés et pourra employer tel ballon qui lui
conviendra sous condition que la capacité limite
ne soit pas dépassée. (Aéro-Club of the United
Kingdom.)
On s'aperçoit que c’est une question très par-
ticulière et qui provient de ce: qu’un concurrent
anglais, M. Brewer, à Saint-Louis, n’a pas été
autorisé à partir avec un petit ballon supplémen-
taire. On fait remarquer que cependant rien
dans le règlement n’enpêchait ce départ. M. Mac
Coy, de l'Aéro-Club d'Amérique explique que la
défense a été faite parce que le ballon supplé-
mentaire non seulement faisait dépasser le cube
maximum permis par la catégorie, mais encore
faisait atteindre la latitude de 5 % que le règle-
ment tolère à cause des difficultés d'appréciation
“des cubes.
La séance est levée et les divers délégués se
hâtent de regagner leurs hôtels car il est tard.
Coup d'œil à l'exposition le soir. Il est certain
que lorsqu'elle sera terminée ce sera une très jo-
lie exposition. 11 y a beaucoup de visiteurs déjà
et certaines galeries terminées sont d'un effet
‘très heureux. Le lac artificiel carré au milieu de
palais tout blancs est merveilleux, surtout la
ul Le stadium est immense et fort Bien amé-
nagé. È
L'exposition aéronautique française doit se
‘trouver au palais 5, à côté de l'économie sociale,
mais il n'y à encore rien.
+
x +
Jeudi, 28 mai. — À White Hall on se retrouve à
10 h. 1/2 du matin. Le capitaine Castagneris étant
arrivé, on reprend les questions 4, 5, 6.
4° Annexion à la circulaire, programme des
concours internationaux par les soins du club
organisateur, de l'indication sommaire au moins
graphique, des conditions météorologiques au
cours des cinq dernières années, pendant la hui-
taine de jours comprenant celui de l'épreuve.
‘(Societa Aeronautica Ilaliana.)
Ceci est une question de météorologie et comme
il y a parmi les délégués pas mal de météorolo-
gistes, ils s'en donnent à cœur joie. M. Jacobs,
le professeur Hergesell, M. de La Hault, vien-
sent successivement affirmer l'utilité de l’adjonc-
ion.
Toutefois, ceci est visiblement une affaire inté-
rieure de club, qui de toute nécessité, doit don-
ner aux concurrents tous les renseignements né-
cessaires et la F. A. I. l'adopte sous forme de
vœu.
Pendant la discussion, naît un curieux inci-
dent, un délégué explique qu'il ne peut pas s’ex-
primer suffisamment clairement en français et
prend la parole en allemand. Le président l'ar-
rête et dit que cela ne se peut pas, car cela est
contraire au règlement. L'orateur présente alors
un traducteur et repart en allemand. Le prési-
dent l’arrête de nouveau et le prie de faire parler
le traducteur d’abord. Ce dernier ne le pouvant
pas d'emblée, l’orateur renonce à la parole.
L'espéranto s'impose de plus en plus !
5° Internationalisalion obligatoire des appareils
d'aviation et des concours de dirigeables.
La Societa Italiana voudrait que les prix pus-
sent réellement être internationaux et que la
F. A. I. exercât une pression sur les donateurs.
229
Le comte de Castillon démontre facilement au
capitaine Castagneris que cela est bien difficile,
sinon impossible, et la question est adoptée sous
forme de vœu.
6° Moyen d'intéresser les compagnies gazières
à fournir un gaz plus pur et moins cher et les
industries chimiques ayant un fort sous-produit
en hydrogène, à mettre le plus possible ce gaz
à la disposition des aéronautes. (Societa Aero-
nautica Italiana.)
Cette question ayant le même caractère que la
précédente, est aussi adoptée sous forme de
vœu.
11° Proposition de voir les délégués de chaque
pays choisis parmi les nationaux ou à défaut,
parmi les non-nationaux avec le consentement du
club fédéré de leur pays d'origine. (Aéro-Club de
Belgique.)
Cette question est développée très logiquement
par M. Jacobs.
Le comte de Castillon cherche à poser une
question préalable qui est la nationalité des pi-
lotes ; mais le président n'entend pas de cette
oreille-là. La question n’est pas en ordre, dit-il,
et il retire la parole à l'orateur. Il n'y a pas
moyen dit quelqu'un à voix basse de lutter avec
des gens qui ont deux cents ans de parlementa-
risme dans le sang !
Alors le comte de La Vaulx se lève et annonce
que l’Aéro-Club de France dans la question, s’abs-
tiendra de tout vote et de toute discussion.
La question 11 est adoptée par tous les autres
pays.
12° Caractère obligatoire à donner aux règle-
ments d'aviation. (Aéro-Club de Belgique.)
Il n'est pas difficile à M. Surcouf de démon-
trer que la question de l'obligation des titres
IIT et IV est toujours prématurée et M. Jacobs
s’y rallie, Cependant, la discussion dure et le ca-
pitaine Castagnaris pose tout à coup la question
de savoir comment les Sociétés d'aviation pour-
ront être reliées à la Fédération puisqu'on les
distingue jusqu'à présent par de nombre de
mètres cubes de gaz. L'Assemblée ne saisit pas
au juste la portée de l’interpellation et comprend
que le capitaine Castagnaris demande si les So-
ciétés d'aviation seront indépendantes des Aéro-
Clubs. Il lui est répondu alors de tous côtés que
les Aéro-Clubs comprennent dans leur attribu-
tion les queslions d'aviation. Et comme le capi-
taine Castagneris fait remarquer qu'il peut y
avoir les Sociétés d'aviation plus puissantes que
l’Aéro-Club, on lui fait remarquer un peu dure-
ment que ce sera tant pis pour lui. Væ-viclis !
13° Attribution des prix d'aviation aux pro-
priétaires des appareils.
C'est une question de l’Aéro-Club de France,
désirée par la Commission d'aviation ; mais
comme une demi-satisfaction a élé donnée par
la Commission sportive à la Commission d’avia-
tion, les délégués français ont décidé de laisser
tomber la question à moins que quelque club ne
prenne position. Le fait ne se produisant pas
la chose est abandonnée.
14° Obligation pour les pilotes d'obtenir le bre-
vet de pilote ou des licences de leur club natio-
nal, sa! dans le cas où ils n'auraient plus leur
résidence dans leur pays d’origine. (Aéro-Club de
Belgique.)
M. Jacobs développe sa proposition qui est
très délicate. Le comte de Castillon reprend sa
question de la nationalité des pilotes qui arran-
gerait tort et qui cette fois n’est plus préalable.
A son avis. la nationalité est une chose en droit
ordinaire, difficile à fixer ainsi que les questions
de résidence, et il propose que l'on fixe la natio-
nalité par celle du elub qui a donné le certificat
d'origine, Ainsi un Français pilote seulement en
230
Belgique, ne pourrail courrir que sous pavillon
belge.
Malgré la clarté de cette proposition, la F. A.
I. ne se prononce pas. Le professeur Hergesell
suggère comme l'idée d'une Commission de re-
vision du règlement à laquelle la proposition de
M. Jacobs serail soumise, et M. Jacobs s'y rallie.
La question est renvoyée à une Commission qui
l'étudiera pour 1909.
15° Compléter l'article 155 du règlement,
comme suil (proposition de d'Aéro-Club de Bel-
gique) :
« Toulefois, lorsque la distance couverte par
des concurrents sera inférieure ou égale à 1/2 %
de la distance la plus élevée parcourue par ces
mêmes concurrents, le classement devra les dé-
clarer ex æquo, à Moins que la Commission Spor-
live du Club organisaleur ne puisse trouver une
autre méthode absolument certaine de faire le
point (addition notée à Berlin en 1906). »
« Si les distances parcourues par plus de deux
concurrents forment une progression dont la dif-
férence est égale ou plus pelite que le pourcen-
tage indiqué ci-dessus, le classement ex æquo
ne pourra pas être proclamé. »
« Dans ce cas, les Commissions sporlives de-
vront prendre les mesures né aires pour ef-
fectuer le classement at que possible
des concurrents en cause s, l'ex æquo
pourra être décidé si la différence des distances
couvertes par le premier et le dernier concur-
rent est inférieure ou égale au 1/2 % dont il est
question ci-dessus, »
Le-capitaine Malevé soutient celle question aui
parait à l’Assemblée assez obscure. L'article 155
a élé ajouté à Berlin à la suite d’un cas partlicu-
lier et M. Surcouf fait observer que discuter le
moyen de mettre ensemble des concurrents qui
ne sont pas arrivés au même point est illogique
au plus haut degré. 11 faut mesurer les distances
exactement. et profiter le moins possible de Ja
acullé donnée par le règlement de mettre les
ens er æqUO.
Comme on fait remarquer que cette question
regarde le règlement et qu'une Commission sera
nommée. on pourra aussi la renvoyer à cette
Commission.
La séance est levée à midi quinze et les délé-
gués se hâlent à la gare de Victoria ou un train
spécial les attend pour.les conduire en wagon-
restaurant à South Farnborough, {2 Chalais-Meu-
don ang'ais.
En elfet, après un agréable lunch et un trans-
bordement en voiture d'ambulance, nous arri-
vons au parc où nous sommes très aimablement
reçus par le colonel Copper. On nous montre
laut : les ballons captifs qui sont rattachés au
cable par trois brins pour éviter les rotations que
chez nous/on évile par un conoïde en cordes,
l'usine à hydrogène, le gonflement d'un ballon,
les machines-outils. des essais d'hélice, les han-
gars à ballons ct même le Nulli-Secundus qui,
parait-il, va être bientôt à même de recommen-
cer ses expériences.
Dans le lointain, les fameux cerfs-volants de
Cody, canables de porter un homme. Malheureu-
semenk, il n'y à pas assez de vent pour faire l'ex-
périence.
En rentrant, five o’'clock lea dans le train.
*
x *
Vendredi, 29 mai. — La séance est ouverte à
10 heures, sur une queslion préalable posée déjà
la veille par le capitaine Castagneris qui vou-
drait qu'un nombre de voix une fois acquis à un
pays. le domeurät au moins trois ans. La pro-
position est combaltue nar le colonel Scheerk,
le comte de Ta Vaulx, M. Surcouf. etc. : finale-
ment, le président prend la responsabilité d’ar-
15 Juin 1908
rèter la discussion, la question étant contraire
aux staluts.
Le professeur Hergesell développe ensuite la
proposition de former une Commission interna-
üonale pour réviser le règlement. Plusieurs
pays ont trouvé des arabigwlés. Le lieutenant
Selasinsky se plaint que pour comprendre un ar-
licle, il faille lire plusieurs pages avant et après
ct atlicle. M. Surcouf défend le règlement en
faisant remarquer que très souvent, s'il y a des
erreurs d'application, ceci n’est pas la faute du
réglement. M. Jacobs appuie la proposition en
disant que si les Belges ne parlent pas loujours
très correctement le français, ils l’'eatendent ce-
pendant assez bien el malgré cela, ils ont trouvé
des obscurités.
M. Wallace appuie aussi la proposilion en di-
sant que beaucoup de choses étaient ambiguss
dans le règlement.
Bref, il est décidé de créer cetle Commission.
La discussion continue sur: le mode d'élection de
cette Commission. M. Jacobs propose d'élire le
président. Le comte Castillon propose que chaque
club nomme son délégué séance tenante. Le pro-
lesseur Hergesell suggère Berlin comme lieu de
rendez-vous, à cause de la Coupe Gordon-Benett.
La séance est levée cinq minules. Après quoi sont
nommés par l'Allemagne : le colonel Maœdebeck ;
par l’Autriche-Hongrie, le baron Economos qui
se nomme lui-même et fait remarquer que la
chose a besoin d'être raltifiée ; par la Belgique :
M. Jacobs ; par les Elats-Unis : M. F. Lahm : par
la France : le comte Castillon de Saint-Viclor :
par la Grande-Bretagne : le professeur Hunting-
ton ; par l'Ilalie : le prince Scipion Borghese : par
la Suède, le capitaine Amundson ; par la Suisse :
M. de Beauclair.
Au sujet de la présidence, le comte de Castil-
Jon se lève et dit que du moment que la Commis-
sion va se réunir à Berlin, il lui semble ralionnel
que le délégué allemand soil choisi comme pré-
sident. Cetle molion est adoptée et le colonel
Mœdebeck remercie en termes émus.
La Commission étant nommée, on peut lui ren-
voycer les questions 9, 10, 14 el 15.
On passe aux questions 16 et 17 qui sont pré-
sentées par l'Aéro-Club de Belgique et visent dif-
férentes améliorations des cartes au sujet du re:
dief et des régimes du vent. On renvoie cetle
question à la Commission des cartes.
Il ne reste plus que les vœux, le premier, pré-
senté par l'A6ro-Club de Belgique concerne le
patronage par la F. A. TI. des seclions aéronauti-
ques des exXposilions universeiles.
On fait remarquer qu'il est diflicile de s'impo-'
ser aux Etats qui font faire des expositions et aus
tout dépendra de l'importance relalive de ja F&-
déralion. L'Assemblée émet le vœu que les clubs
fassent leur possible pour placer les se-tions
aéronautiques d'exposition sous le palronage de
Ja MF AM
le second vœu qui émane du même club, con-
siste à voter une Commission de terminologie.
M. de La Haull insiste et critique, par exemple
le mot _ornilhopltère qui ne peut s'appliquer aux
appareils imilant les ailes d'insecle.
Le vœu est renvoyé à la Commission perma-
nente internationale d'aéronautique.
Le comte de Ta Vaulx émet ensuite le vœu que
les Clubs envoient les documents assez à temps
pour qu'on puisse recevoir l'ordre du jour un
mois avant la réunion de la F. A. 1.
M. le chevalier FL. Clément de Saint-Mareq lil
ensuite son rapport sur les signaux en mer. Ce
rapport est très complet et très bien ordonné, il
fixe les signaux de jour et de nuit délerminant
que tout va bien à bord ou que l'aéroslat de-
mande du secours. Le chevalier est vivement fé-
l’Aérophile 231
licilé et remercié, et son rapport envoyé à la
Commission du règlement.
Le colonel Mæœdebeck ensuite parle de la Com-
mission des car Il expose que le travail
n'est pas assez avancé pour en parler, toutefois
des documents importants sont rassemblés.
lui manque un commissaire pour l'Angleterre.
M. Surcouf demande un petit appendice au
règlement indiquant les modifications déjà ac-
quises.
M. Besancon répond que le travail est sous
presse.
bien que la proposition ne soit pas statutaire,
il le met aux voix à cause de l‘adage qu'il n'y à
pas de règle sans exceptions et le prince Bor-
ghese est nommé 5° vice-président.
Le prince Polenziani remercie l’Assemblée el
en particulier M. Jacobs de sa courtoisie
Il est spécifié que la Commission du règlement
verra ses pouvoirs s'étendre à La fin de la con-
‘ férence de 1909.
Le bureau de la Fédération est ensuite re-
nommé par acclamation et un télégramme en-
voyé au prince Roland Bonaparte. Le capitaine
—— ————————. .—— —— — ——… — —.— ——
Le concours de ballons organisé à Londres le 30 mai à l'occasion de la Conférence de la F. A.
I. — Vue des
départs à Hurlingham-Club.
Le prince Potenziahi invite la F. A. I, à tenir
sa cinquième session à Milan, en octobre 190).
La proposition est adoptée à l'uxanimité par ac-
clamations et remerciements.
Le comte de Castillon propose de nommer
comme vice-président le prince Borghese qui est
le président de la Societa Ilaliana.
Le comte de La Vaulx fait alors remarquer que
statulairement il n'v a que #4 présidents. I y à
un moment d'hésitation à la suite duquel M. Ja-
cobs se sacrilie et offre sa démission. Le capi-
taine Castagneris refuse ce sacrifice et le colonel
Schaeck propose de nommer un cinquième vice-
président. M. Wallace, président, affirme que
e
Castagnaris est nommé secrétaire de la 5° ses-
Sicn.
M. Tissandier, lrésorier, propose les colisations
des clubs qui sont votées séance tenanle.
Le colonel Scheeck cherche à-introduire une
réclamation du concurrent sse qui se trouve
handicapé dans le concours du, lendemain.
M. Surcouf fait remarquer que la K, A. L est
un tribunal d'appel et que les réclamations doi-
vent d'abord être portées à la Commission spor-
tive du club qui organise. La réclamation n'esl
pas prise en considération.
Le PO AAE lorgosell invite les délégués à
3erlin et M. Jards, à Spa.
232
Le comte de La Vaulx propose de remercier
\i Wallace de la faccn dont il a dirigé les dé-
bats (Applaudiss2ments).
M. Wallace remercie à son tour M. Besançon
pour toute la peine qu'il s'est donnée, el le comte
de La Vaulx, M. Jacobs et le professeur Hergesell
pour l'appui qu'ils lui ont porté pendant les
séances.
La séance est levée à 11 h. 50.
x
*x *
Le soir un splendide banquet à l'hôtel Ritz
réunissait les délégués et les pilotes.
Suivant la coutume anglaise, les toasts
élaient réglés avec discipline et grand décorum.
Un maitre des cérémonies en habit rouge ordon-
nait le silence et annonçait le toast qui était
écouté debout. Le premier toast porté par le
chairman (président) fut au roi, puis à la famille
royale. M. Faïllières ne fut pas oublié.
Enfin, l'honorable C. Rolls fut invilé à parler
sur la F. A. I. et à gloritier son action.
Le comte de La Vaulx remercie l'?&ro-Club
d'Angleterre et se félicite de l'entente cordiale que
l’aérostation se plait à introduire depuis 1ong-
temps dans tous les pays.
Le professeur Hergesell porte aussi un toast
de remerciement en allemand et se félicite de la
paix internationale que l’aérostation est forcée
d'entretenir dans le monde.
L'amiral Campbell et l'amiral Chester termi-
rent enfin la série des toasts. après avoir remar-
aué l'unanimité des orüteurs à constater l'avè-
nement de la paix du monde par l’aérostation,
si bien que l’on se croirait à une nouvelle con-
férence de La Haye.
*
*x *
Le samedi 30 mai, à 3 heures, avait lieu l'In-
ternational Balloon Contest à Hurlingham Club,
tout à fait à l’ouest de Londres.
L'organisation était parfaite et le public ex-
trémement élégant. Un temps idéal favorisait la
fête. Très peu de vent. Les concurrents devaient
s2 rapprocher au plus près d'une croix blanche,
près de Windsor.
Trente ballons prirent l'atmosphère : 3 alle-
mands, ? belges, 12 anglais, 13 français repré-
sentant ensemble le chiflre colossal de 31.710 mr,
soil une moyenne par ballon de plus de 1.000 m°.
Tes départs de cette imposante flottille s'effec-
tuëèren! avec une parfaite régularité.
Le dernier ballon. un belge, vint donner sur
un bouquet de Ecis et emporta une énorme
branche d'arbre en trophée, aux applaudisse-
ments des spectateurs.
Le classement officiel donne à la Grande-Bre-
tagne les deux premières places : M. Griffith
Brewer qui se rapproche à 1.966 vards du but
et M. C.-F. Pollock qu s'en tient à 2.166.
Vient en troisième, un Belge, M. Geerts, à
33 vards.
Le soir. un souper à l’Automobile-Club de-
väit réunir les concurrents et le lendemain, un
déjeuner avait lieu à Hurlingham. Le dimanche
soir, Sir David Salomons avait invité tous les
LA
D.
Clégués à lAutomohile-Club, fort gracieuse-
ment: mais, forcés de rentrer retrouver le
train de nos £ffaires, M. Besançon et moi déci-
dons de traverser le canal le soir même.
Brouillard intense. qui retarde notre bateau
de deux heures! Nous avons pu constater la
c'ifficulté d'atterrir qui n'existe pas seulement
peur les aéroplanes. Nous avons été tous frap-
pés par l'invisihilité absolue des phares dans
ce brouillard. Le bateau se conduisait à l'estime
el marchait à la rencontre de la sirène et de la
cluche du-phare. C'était très curieux et cela nous
a fait rêver aux difficultés qui attendent les fu-
turs navigateurs de l'air.
15 Juin 1908
En résumé, cette cinquième session de la Fé-
dération Aéronautique Internationale est digne
des précédentes et a fait ressortir encore plus
l'esprit de conciliation qui aninx les délégués
de tant de nations si différentes el si opposées.
Capitaine FERBER
LE POUR ET LE CONTRE
Léonard de Vinci et le vol des oiseaux. —
L'entrefilet de M. A. Bazin paru dans le nu-
méro du 15 mai à cette même place, m'a for-
tement surpris. Cela d'autant plus que les
écrits authentiques du grand Léonard de Vinci
paraissent devoir être mis en doute. Je me per-
mettrai donc de signaler tout particulièrement
à M. Bazin le folio 50 (recto) du manuscrit E
de la bibliothèque de l'Institut (traduction Ch.
Ravaisson-Mollien), où il est écrit textuellement :
« L'oiseau qui vole par ligne courbe dans la
position de l'égalité (horizontalement) avec un
mouvement plus long et plus rapide, une aile
que l’autre, mais avec un tel mouvement qu'une
aile ne s'élève ni ne s'abaisse plus que l'autre. »
El plus loin :
.« Les ailes de mouvements égaux meuvent
l'oiseau par mouvement droit. »
J'ai déjà donné, dans l'Aérophile du 1* mars,
les études du Vinci sur la circonvolution de l'oi-
seau, manuscrit K, folios #, 5 et 7; je n'y revien-
drai donc pas.
Il faut bien dire que Léonard de Vinci n'a pas
seulement vu l'oiseau virer par différences de
battements d'ailes, car il dit autre part qu'un
simple déplacement du centre de gravité de l'oi-
seau suffit pour produire un changement dans
la direction du vol. S'il porte la tête à droite.
par exemple, c’est sur la droite qu'il déviera, etc.
Décard de Vinci, que j'ai toujours admiré
comme artiste et... avialeur, élait parvenu, grace
à une observation attentive des oiseaux et aussi
grâce à la sûreté de son jugement, à saisir du
vol, des phénomènes très justes et des positions
d'oiseaux que même par les procédés de pho-
tographie rapide de M. Marey, il n’a pas été
donné jusqu'ici de reproduire, vu que ces posi-
tions supposent l'intervention du vent dans des
conditions telles qu'elles n'ont pu être obser-
vées.
Si bien qu'en comparant les études de Léo-
nard de Vinci à celles des observateurs et phy-
siologistes modernes qui se sont occupés spé-
cialement du vol des oiseaux. il faut bien re-
connaître à Léonard sa priorité — pour ne pas
dire sa supériorité — et le retrouver dans ce
domaine si spécial aussi grand que dans tous
les autres.
EDMOND SEUX
SR
Concours et Prix d'aviation
Concours d'aviation de Kiel. — Le prix de
Kiel se disputera dans cette ville le 28 juin,
entre 7 h. du matin et 9 h. du soir. 5.000 marks
(6.250 francs) seront attribués à l'aviateur qui
aura pu rester une minute en l'air. Les enga-
gements seront reçus à la Sportkomission de
Kiel, Martensdamm, ?8-30.
Concours d'aviation à Venise. — On an-
ncence l'organisation à Venise d'un concours
d'aviation doté de 25.000 francs de prix, à dis-
puter en octobre.
so”
,?
r.
TA : ic
SDorfe un moteur ‘‘ Antoinet
LE GRAND PRIX D’AVIATION
deu50:000Mfrancs
a été GAGNE le 13 janvier 1908
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EXC ES
l’Aérophile
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
Siège social : 63, avenue des Champs-Elysées, Paris (VIII‘)
Télégrammes : AÉROCLUB-PARIS. — Téléphone : 666-21
Fêtes décennales de l'Aéro-Ciub de France
ET RÉCEPTION
DE L'AÉRO-CLUB DU SUD-OUEST
L'Aéro-Club de France avait la satisfaction
de recevoir et de fêter, ces jours derniers, au
cours d'une série de manifestalions aéronau-
tiques, spécialement organisées, une délégation
de l'Aéro-Club du Sud-Ouest, qui comprenait
avec M. C.-F. Baudry, le distingué et dévoué
président de l'A. C. B. MM. Barbereau, Bouche,
Guénon, Albert Guionie, Gonfreville, Hubert,
le vicomte Ch. de Lirac, Maurice de Lirac, J.
Maurel, Robert Seguin, Ch. Villepastour.
Certes, il n'était pas besoin de fêtes officielles
pour affirmer les rapports particulièrement cor-
diaux qui unissent la grande Société parisienne
au jeune et vaillant club d'Aquitaine. Mais les
aéronautes parisiens ne sauraient oublier la
courtoise et charmante hospitalilé de leurs amis
bordelais, si souvent éprouvée. IIS élaient heu-
reux de pouvoir à leur tour fêter leurs cama-
rades du Sud-Ouest et d'affirmer des sympa-
thies ‘devenues plus profondes et plus vives
d'année en année. Par une heureuse fortune, la
visite des aéronautes bordelais coïncidait avec
le banquet du décennat de fAéro-Club de
France, auquel se trouvaient conviées, en la
personne de leurs présidents, toutes les Sociétés
françaises affiliées. Ce fut donc en même temps,
ce jour-là, la fête de l'aéronautique française
tout entière.
Ces manifestations, très heureusement grou-
pées, ont élé des plus brillantes; en voici le
compte-rendu jour par jour.
9 juin. — Excursion en aulomobile des délé-
qués de l'Aéro-Club du Sud-Ouest, à Moisson. —
Visite du dirigeable militaire « République ». —
déjeuner à La Roche-Guyon. — Réceplion chez
M. Henry Deutsch de la Meurthe. — Lunch à
l’'Aéro-Club de France. — A 10 heures du ma-
tin de nombreuses voitures automobiles appar-
tenant à divers membres de lJ'Aéro-Club de
France et un très confortable break de tou-
risme gracieusement mis à la disposition du
Club par la grande maison Bayard-Clément,
quittait le siège de l'Aéro-Cluh de France, em-
portant vers La Roche-Guyon, en une joyeuse
et rapide caravane, les membres de l'Aéro-Cluh
du Sud-Ouest et nombre de leurs amis de l’Aéro-
Club de France.
A Ja suite du déjeuner servi au bord de la
Seine, dans un paysage de grâce et de fraicheur,
l'on gagna Moisson, l'aérodrome Lebaudy, où
M. Georges Juchmès et les lieutenants du génie,
Lenoir, Néant et Renaux voulurent hien pré-
senter le nouvel autoballon militaire Répu-
blique.
Le montage n'était pas encore terminé. Tou-
tefois, ce superbe engin enthousiasma ses visi-
teurs, par le fini de son exécution el son aspect
véritablement impressionnant. Les ess: » re-
cette ne peuvent que consacrer une fois encore
233
la science de M. Julliot, admirablement secondé
par l'habileté de M. Juchmès.
Les automobiles, au lieu de rentrer directe-
ment à Paris s'arrétèrent au rendez-vous de
chasse de Romainville ou M. Henry Deutsch
de la Meurthe, avec sa charmante bonne grâce
leur avait ménagé la surprise d'une collation
improvisée.
Au retour à Paris, un lunch servi à l'Aéro-
Club de France accueillait les excursionnistes.
Dans la soirée, un diner intime réunissait un
cerlain nombre d'aéronaules parisiens et bor-
delais.
10 juin. — Banquet du décennat de l'Aéro-
Club de France et fèle de nuit au parc de l'Aéro-
Club. — Le programme prévoyait pour ce jour-
là une visite au Parc d'aviation de l'Aérc-Club
de France, à Issy-les-Moulineaux et des expé-
riences de vol mécanique. Malheureusement, le
temps orageux et menaçant ne permettait pas
les essais.
Les dommages subis l'avant-veille par laé-
roplane de M. Robert Esnault-Pellerie, à la suite
de sa splendide envolée de 1.200 m. d'étendue
à 40 mètres de hauteur, enlevaient à la visite
projelée de l'aérodrome de Buc son principal
intérêt.
Bordelais et Parisiens après quelques coupes
de champagne joyeusement vidées au siège so-
cial, se retrouvaient le soir, avec les présidents
des Sociétés affiliées, au banquet du décennat
de l’Aéro-Club de France.
Ce banquet eut lieu sous le vaste hangar du
Parc des Coteaux de Saint-Cloud, gracieuse-
ment décoré aux coureurs de lAéro-Club de
France, des Sociétés aftiliées et drapé des pavil-
lons personnels des divers pilotes ; il n'y eut
pas moins de 100 convives.
M. Cailletet, membre de l'Instilut, président
du club, présidait, avant à ses côtés MM. Bau-
dry, président de l'Aéro-Club du Sud-Ouest:
Saunière, président de l'Aéronautique-Club :
Boulenger, président de l'Aéro-Club du Nord
et les représentants des autres Sociélés affiliées
à l’Aéro-Club de France, l’Académie Aéronau-
tique, la Société française de Navigalion Aé-
aienne, l'Aéro-Club de Nice, l'Aéro-Club du
Rhône, le Club aéronautique de l'Aube.
De nombreuses et jolies femmes assistaient
à la fêle, embellie encore de leur présence et
de leur charme.
Mille Janternes orangées étaient suspendues
dans les arbres du magnifique parc. Sur les ter-
rasses, les phares et les projecteurs Blériot éclai-
raient de facon très heureuse el très originale
l'entrée des invités. On remarquait notamment Ja
puissance des projecteurs à l'oxy-essence dont la
portée extraordinaire permit plus tard de suivre
longtemps le ballon monté par Capazza.
A l'issue du banquet, M. L.-P. Cailletet, prési-
dent de l'A6. C. F.. a levé son verre à l’'aéronau-
tique et aux sociétés affiliées dont il a fait, avec
raison, le plus grand éloge. M. C.-F. Baudry,
président de l'Aéro-Club du Sud-Ouest, à r6-
pondu au nom des sociétés. Son discours fut
éloquent, ému, charmant.
Ont encore pris la parole : MM. Gastambide,
Henry Deutsch de la Meurthe, qui fut spirituel-
234
lement bref, et M. J. Armengaud, qui tint à
rappeler les heures défuntes et glorieuses, les
premières expériences de dirigeabilité aérienne
de Santos-Dumont en ce même parc, et la con-
quête du Grand Prix Deutsch, en 1901.
La série de toasts fut clôturée par le comte
Henry de La Vaulx, vice-président de l'Aéro-
Club de France, qui remercia chaleureusement
la presse de propager quotidiennement l'idée
aérienne, de contribuer grandement au succès
de l'Aéronautique française. Notre excellent
confrère Frantz Reichel, répondant au nom de
de la presse, sut à son tour trouver les termes
les meilleurs.
A partir de neuf heures, la foule élégante des
invités se presse autour des orchestres de l’ex-
cellent maëstro Alexandrow. On écoute les airs
russes de. M. de Davidoff et les valses chantées
de Mile Zelly. ù £
Après la séance cinématographique de Gau-
mont, où l'on applaudit au passage, les héros
de l'aérostation et de l'aviation, Capazza part en
ballon au milieu d'un incendie de flammes de
Bengale. L'excellent pilote effectuait son atter-
rissage sans incidents à 1 h. 1/2 du matin, près
4e Dourdan.
La fète se termine par un superbe feu d’'ar-
tifice tiré par Ruggieri et dont l'immense cas-
cade de feu soulève des cris d'admiration.
Le concours de dis'arce du 11 juin 1908
el le déjeuner en l'honneur des délégués de
l'Aéro-Club du Sud-Ouest
Le concours du lendernain, 11 juin, devait
dignement couronner cette belle série de fêtes.
Il était ouvert à 12 ballons de 2° et 3° catégorie.
Six ballons étaient réservés aux pilotes-mem-
bres de l'Aéro-Club du Sud-Ouest et les six
autres aux pilotes-membres de l’Aéro-Club de
France.
Avant le départ, un déjeuner amical en d'hon-
neur de lJ'Aéro-Club du Sud-Ouest réunissait
au pavillon du parc des Coteaux de nombreux
membres de l'Aéro-Club de France autour de
leurs hôtes bordelais. Le comte Henry de La
Vauix, vice-président de l'Aéro-Club de France
et M. C.-F. Baudry, président de l'Aéro-Club
du Sud-Ouest, en des ioasls très applaudis, ex-
primèrent à merveille les sympathies récipro-
ques des deux clubs. R
Après le déjeuner, la foule des invités envahit
le jardin.
Et ce fut un véritable assaut d'élégance. Les
robes claires dominaient et les massifs de roses
et de verdure les mettaient singulièrement en
valeur.
A cinq heures et demie, les commissaires spor-
tifs, MM. Edouard Surcouf, Maurice Mallet et
C.-F. Baudry. donnèrent le départ, à deux mi-
nutes seulement d'intervalle, aux douze ballons
du Concours de distance.
Les bulles blondes se sont doucement élevées
dans le ciel bleu dans l'ordre suivant désigné
par le sort:
Au Pelil-Bonheur (1.200 m'}, pilote : le vicomte
Guy de La Brosse, accompagné de son frère,
M. Jacques de La Brosse. — Le Limousin
(1.200 m’), pilote: M. Amédée- Bastier, accom-
pagné de l’adjudant Gérard, du 1* génie, un
des sous-officiers mécaniciens de dirigeables mi-
litaires. — La Miotte (1.200 m°\), pilote : M. Louis
Duthu, accompagné du comile de Fayolle. —
L'Aéro-Club V (500 m°), pilote: M. Etienne Gi-
raud, accompagné de Mme Politis. -—- L'Essor
(1.200 nv). pilote : M. Gaston Tranchant, accom-
pagné de Mme Gaston Tranchant. — Quo Vadis
(1.200 m°), pilote : M. André Schelcher., accompa-
gné de M. Dehollain. — Don Quichotte {1.200 m'),
pilote : M. Jacques Delebecque, accompagné de
15 Juin 1908
M. Georges Suzor. — Astra (1.200 m'), pilote :
M. Henry Kapferer, accompagné de lady Har-
bord. — L’'Aéro-Club du Sud-Ouest (1.200 nr), pi-
lote : M. Ch. Villepastour, accompagné de M. Bou-
che. — Diabolo (1.209 m'), pilote : M. Edouard
Bachelard, accompagné de sa sœur, Mme Bui-
rette. — L'Aquilaine (1.100 m'), pilote: M. Gon-
freville, accompagné de M. Sirven, président
de J'Aéro-Club des Pyrénées. — L'Aéro-Club 111
(1.200 m'), pilote : M. Georges Blanchet, accom-
pagné de l'Hon. C. S. Rolls. :
MM, Duthu, Schelcher, Villepastour, Bache-
lard, Gonfreville et Blanchet défendaient dans
l'épreuve le pavillon rayé rouge et blanc de
l'Aéro-Club du Sud-Ouest. MM. le vicomte de
La Brosse, Baslier, Giraud, Tranchant, Dele-
becque, portaient les chances et les couleurs
de l’'Aéro-Club de France.
Il y avait dans ce lot de partants à côté de
vélérans des concours aérostatiques, des pilotes
nouveaux qui débutaient en course de distance.
Ces derniers se sont montrés dignes de leurs
ainés. De même les trois équipes mixtes se sont
vaillamment comportées.
Bien que le classement officiel n'ait pu encore
être établi à l'heure où nous écrivons,
M. Edouard Bachelard, souvent lauréat et ex-
cellent premier de la même épreuve, l’année
dernière, l'emporte encore, d'une façon très
nette, en atterrissant, le 12 juin, à 1 h. du soir,
à Roermond (Hollande) ; i! fait donc triompher
brillamment les couleurs de l’Aéro-Club du Sud-
Ouest:
Après lui, M. Ch. Villepastour et M. Louis
Duthu, représentant aussi l’Aéro-Club du Sud-
Ouest, se disputent de très près la place de se-
cond. Le premier est descendu le 12 juin, à
9 h. 25 du m., entre Gand et l'embouchure de
l'Escaut, à 2 kil. au nord de Desteldoncke: le
deuxième, à 2 kilomètres au nord de Termonde
(Belgique), le 12 juin, à 11 h. 30 du malin.
M. Jacques Delebecque — encore un nouveau
pilote dont la carrière s'annonce bien — les
serre de près en reprenant terre à 10 h. 15 du
m.. à Maxenzeelle, à 18 kil. au nord-ouest de
Bruxelles.
Dans un prochain numéro, nous indiquerons
sur une carte détaillée, les résultats officiels,
classement, distance et durée. Cette épreuve,
difficile à courir à cause du temps incertain,
mit la patience des pilotes à une rude épreuve
en raison du calme plat du début. Les plus avi-
sés ne se découragèrent pas et utilisèrent au
mieux les faibles risées qui suivirent, ainsi que
le courant peu rapide, mais régulier, de la fin
du concours. F
PRRRAA
COMMISSION D'AVIATION DU 18 MAI 1908
Présents : MM. Archdeacon, président, prési-
dent, R. Esnault-Pelterie, H. Kapferer, P. Rous-
seau, E. Surcouf, V. Tatin, A. Detable, Armen-
gaud jeune, A. Farcot, L. Godard, M. Guffroy,
E. Zens, le capitaine Ferber.
La séance est consacrée à la discussion très
animée de la qualification des propriétaires dans
les compétitions d'aviation. Finalement il est en-
tendu que la Commission d'aviation demande à
la Commission sportive d'interpréter les règle-
ments généraux des concours et records de ma-
nière à ce que l'engagement dans les épreuves
d'aviation soit toujours fait par le propriétaire,
libre d'indiquer ou non son pilote.
COMMISS:ON SPORTIVE pu 21 Mal 1908
Présents : MM. le comte de Castillon, président,
Archdeacon., le comte Arnold de Contades, G-.
Besançon, M. Mallet, P. Rousseau, Ed. Surcouf,
P. Tissandier.
l’Aérophile
Elections. —- Le président annonce que le Co-
mité de direction a ratifié la nomination du bu-
reau de la C. S., la réelection des membres sor-
tants, la nomination à la C. S. de M. Archdeacon,
qui y siège aujourd'hui pour la première fois.
Le Comité de direction a également approuvé
l'interdiction aux pilotes français de l’Aéro-Club
de France de prendre part à la Coupe Gordon-
Bennett dans un aérostat étranger, à un titre
quelconque, la désignation des champions fran-
çais dans la Coupe G.-B. et de leurs suppléants.
Qualificalion des propriélaires d'appareils pour
les épreuves d'aviation. — Une longue discussion
est ouverte relativement aux diverses demandes
de la Commission d'aviation en ce qui concerne
l'attribution des prix, challenges, coupes d’avia-
tion aux propriétaires des appareils. Il est en-
tendu en fin de compte que pour les aéronats
et les appareils d'aviation les engagements doi-
vent être faits par le propriétaire des appareils,
les stipulations de l’art. II du règlement général
conservant leur plein effet en ce qui concerne les
records et les places en courses.
Résultats de concours de distance du 16 mai.
— Après avoir entendu les rapports des commis-
saires sportifs, MM. G. Besançon, le comte Ar-
nold de Contades, Ed. Surcouf, homologue
comme les résultats du concours de distance du
16 mai et attribue les récompenses comme suit :
Lpri MAN AGeOrses Blanchet M 2Mprix.:
M. François Peyrey ; 3° prix : M. Pierre Gasnier.
(Voir le compte rendu spécial du concours dans
numéro précédent.)
Concours de distance du 11 juin 1208 et con:
cours de Poitiers du 14 juin. — La C. S. arrête les
conditions de ces deux épreuves.
A l’Aéro-Club du Sud-Ouest
Nouveau pilote. — Le Comité de direction à
reçu comme pilote de l'A. C. du S. O., M. O.
Wigand, qui a fait les ascensions réglemen-
taires et a donné toutes les preuves de ses con-
naissances aéronautiques.
Ascensions de l’'Aéro-Cluÿ du Sud-Ouest
9 mai. — Bordeaux, usine à gaz de La Bas-
tide, à 11 h. 45 du s. La Belle-Hélène (1.600 m°),
MM. Paul Léglise, Etienne Faure et Achard.
Atterrissage le 10 mai, à 7 h. 15 du matin, à la
gare de Pontenx-les-Forges (Landes), après une
escale de 3 h. 1/2, dans la brume, à Ychoux.
Durée : 4 h. Distance : SS kil.
14 mai. — Rallie-ballon annuel de la « Petile
Gironde ». — Bordeaux, place des Quinconces,
à 8 h. du m., la Belle-Hélène (1.600 m°), MM. le
vicomte Ch. de Lirac et Maurice Martin
et Herbert, rédacteurs à la Petite Gironde. At-
terrissage à 9 h. 45, à Saint-Pey-d'Armens (Gi-
ronde). Durée : 1 h. 45. Distance : 43 kil.
Ce rallie omni-locomolions, auquel étaient
attribués de très importants prix en espèces, a
réuni 1.300 concurrents. A l'inverse des années
précédentes, les membres de l’Automobile-Club
bordelais et de lAéro-Club du Sud-Ouest
n'étaient pas qualifiés. Les deux premuers prix
500 francs et 250 francs ont été gagnés par deux
frères, nommés Martens, habitant un village de
la région et arrivés à bicyclette ex æquo à la
nacelle.
14 mai. — Bordeaux, usine à gaz de La Bas-
tide, à 6 h. 15 du soir. Malgré-Nous (800 m).
MM. Ernest Loé, Etienne Faure et Achard. At-
235
terrissage à 8 h. 15, à Targon (Gironde). Durée :
2 h. Distance: 31 kil.
17 mai. — Bordeaux-Bastide, à 10 h. 15 du
m. Malgré-Nous (800 m'). MM. le chevalier de
Wawak-Adlar, Castéja. Atterrissage à 12 h. 50,
au Puch, commune de Cestas (Gironde) Dis-
tance : 20 k. 500. Durée : 2 h. 5.
Réception de l’Aéro-Club du Sud-Ouest
par l’Aéro-Club de France. — Voir compte-
rendu de ces ftêtes dans le Bulletin officiel de
l'Aéro-Club de France.
Dîner de juin. — [e diner mensuel a été
avancé au # juin, en raison des fêtes de l'Aéro-
Club de France qui avaient lieu la semaine sui-
vante. Il a eu lieu au café de Bordeaux, sous
la présidence de M. C.-F. Baudry. 40 convives
y assistaient.
Après le dîner, ont eu lieu des projections
aéro-cinématographiques, prises au concours
de Bordeaux du 10 mai, et qui ont vivement in-
léressé l'assistance.
x
Nos Aviateurs à l'Etranger
Delagrange en Italie. -_ Farman
en Belgique. Un pari de
M. Archdeacon.
Farman à Gand, Delagrange en Italie, ont
poursuivi leur campagne d'expériences dont
nous avons relaté les premiers et splendides
résultats.
Photo Rol
IT. Farman et E. Archdeacon à bord du Farman bis,
avant le vol de 1.241 métres. à deux aviateurs,
effectué le 50 mai à Gand (V. Aérophile du 1e' juin,
p. 220).
— Farman exécuta encore à Gand deux sé-
ries d'essais : la première le 31 mai, devant de
nombreux spectateurs, la seconde le 2 juin. Ce
même jour l’'Aéro-Club des Flandres offrait au
célèbre aviateur un banquet auquel assistaient
(1) Voir l'Aérophile du 1" juin 1908.
236
MM. le bourgmestre de Gand, Ernest Arch-
deacon, Braun, Ville, de Breyne frères, Van
der Stegen, Sabu de Sejournel, Kerckho-
ves, ete. De nombreux toasts furent portés.
Il fut un moment question d'une traversée
aérienne en aéroplane de Blankenberghe à Os-
tende, mais les pourparlers engagés ne purent
aboutir et Henri Farman, couvert de lauriers,
est rentré en France goûter quelques jours de
repos. Il participera très probablement au pro-
chain concours d'aéroplanes de Spa, dont il a
visité le terrain d'expériences.
#
* *
__ De son côté, Léon Delagrange, le 31 mai,
dans la matinée, répétait à Rome ses expé-
riences devant l'ambassadeur de France,
M. Barrère, qui l'a vivement félicité. Dans la
soirée il réussissait plusieurs beaux vols dont
2 de 3 kilomètres à une hauteur moyenne de
2 mètres.
La dernière expérience à Rome eut lieu le
1er juin, devant la Reine-Mère. Le vol fut mal-
heureusement interrompu par un léger acci-
dent. L'aviateur aperçut trop tard un poteau
contre lequel il vint heurter. L'appareil subit
une légère avarie réparée dans la journée
même, et l’aviateur s'en tira indemne. La
reine se fit donner des explications détaillées
sur le fameux engin dû aux frères Voisin et
sur l'excellent moteur « Antoinette ». Elle féli-
cita chaleureusement Léon Delagrange.
Dans la soirée l’aéroplane fut démonté, em-
ballé et expédié à Milan, où les essais se con-
tinuent.
+
+ *
— Un pari de M. Archdeacon. — Au cours
d'un superbe banquet offert le 4 juin à MM. H.
Farman et Archdeacon par l'Aéro-Club de Bel-
gique, banquet présidé par M. Fernand Jacobs,
une médaille commémorative fut offerte, au
nom de l’Ae.-C. B., à Henri Farman. Une cau-
serie de M. Archdeacon fut ensuite fort applau-
die.
Et comme dans tout banquet d’aviateurs, les
discussions techniques engagées se terminèrent
par un pari conclu entre M. Archdeacon et
M. A. de La Hault, secrétaire de l’'Aé.-C. B.
M. Archdeacon devra payer 2.000 francs à
M. A. de La Hault si, au 4 juin 1909, un appa-
reil à ailes battantes emportant son homme,
a réussi à se soutenir 10 secondes dans l’at-
mosphère.
Cette croisade de nos aviateurs à l’étranger
aura les conséquences les plus heureuses pour
la propagation universelle de l’idée aérienne
et les progrès de la locomotion nouvelle. Certes
les expériences de nos champions avaient eu
partout un grand retentissement. Mais pour
entraîner la conviction, pour exciter l’émula-
tion, rien de tel que d’avoir vu.
A. NICOLLEAU
15 Juin
1908
VIRAGE DES AÉROPLANES ‘"
Lorsqu'un aéroplane parcourt avec une vi-
tesse uniforme une trajectoire horizontale et
rectiligne, il y a équilibre entre les quatre
forces suivantes : la traction du propulseur, la
résistance que l'air oppose à l’avancement de
l'appareil, la poussée de bas en haut exercée
par l'air sur les surfaces sustentatrices, et le
poids de l'appareil.
Les deux premières de ces forces sont hori-
zontales, les deux dernières verticales, elles se
font done équilibre deux à deux.
La première de ces forces varie proportion-
nellement au carré de la vélocité du propul-
seur, la deuxième et la troisième sont propor-
tionnelles au carré de la vitesse de translation,
et la quatrième est constante.
Lorsque l'appareil suit une trajectoire cur-
viligne, la force centrifuge intervient et, pour
que l'aéroplane ne soit pas rejeté vers l'exté-
rieur de la courbe, il faut qu'une force anta-
goniste annule les effets de la force centrifuge.
La résistance que l'air oppose au déplacement
latéral de l'appareil peut fournir cette force
quand ce déplacement atteint une vitesse suf-
fisante. Ce résultat est promptement obtenu
lorsque la surface latérale est très développée
comme dans les ballons dirigeables; mais il
n'en est pas de même pour les aéroplanes, dont
la surface latérale est très faible, et si l’on nu
comptait que sur cet effet, les virages seraient
pratiquement impossibles.
L'aviateur peut, au contraire, créer une
force centripète en inclinant son appareil vers
l'intérieur. Dans ces conditions, l'équilibre a
lieu comme l'indique la figure, dans laquelle
la ligne AB représente schématiquement l’in-
tersection de la surface sustentatrice avec le
plan de la figure; ce plan est vertical et per-
(1) Note présentée à l'Académie par M. H. Deslan-
dres, le 18 mai 1908.
- lON DEMANDE
COLLABORATEUR
ASSOCIÉ ou COMMANDITAIRE
pour reprendre et terminer
essais el mise au point de
L'AÉROPLANE N°7 A. BAZIN
(Voir L'Aérophile du 1° Janvier
et 15 Mai 1908)
Correspondre avec
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lJ’Aérophile
pendiculaire à l'axe de l'aéroplane. Le poids
est représenté en q, la force centrifuge en },
la résultante de ces deux forces en r; la pous-
sée sustentatrice p est égale et directement
opposée à la résultante r, et sa composante
horizontale c doit être égale et directement
opposée à la force centrifuge f. Si l’on désigne
-par #æ l’inclinaison de l'appareil ou, ce qui re-
vient au même, l’angle des forces q et r, on à
Î
tang a — mi
:
s)2
D'autre part, comme f = o est le rayon
3 ï ou
9
de courbure de la trajectoire), on a
2
Ÿ2
Fan
Ut
V2 A
À chaque valeur de — correspond une incli-
0
À
naison déterminée. Si l'inclinaison donnée par
l’aviateur est trop faible, l'aéroplane est re-
jeté vers l'extérieur; si elle est trop forte, il
glisse vers l'intérieur. Ün fait, les aviateurs
ne sont parvenus à exécuter des virages que
lorsqu'ils sont arrivés instinctivement à incli-
ner transversalement leurs aéroplanes de la
quantité voulue.
Si, pour un aéroplane, à un virage donné
correspond une jinclinaison transversale dé-
terminée, la réciproque est vraie. En effet,
lorsque l'appareil marche en ligne droite, et
qu'on vient à l'incliner transversalement, la
poussée sustentatrice p cesse d’être verticale
et sa composante horizontale c a pour effet de
courber la trajectoire vers la gauche. Il en
résulte. immédiatement une force centrifuge
d'abord plus faible que la composante c. La
courbure va donc en s’accentuant et le régime
permanent s'établit lorsque le rayon de cour-
bure est tel que la force centrifuge scit égale
à la composante horizontale de la poussée sus-
tentatrice. Il ne serait donc pas nécessaire, à
la rigueur, de munir les aéroplanes d'un gou-
vernail, l'inclinaison des surfaces sustenta-
trices suffirait pour leur faire exécuter les vi-
rages. Ce fait a été constaté par expérience,
dès 1873, par le colonel, alors lieutenant,
Charles Renard.
Nous avons dit qu'en marche rectilignre il y
a équilibre entre le poids de l'appareil et la
poussée sustentatrice. Lorsque l'appareil s'in-
cline, la poussée change de direction mais con-
serve la même valeur si l’on n’augmente pas la
vitesse. Elle restera donc toujours égale au
poids q de l'appareil et se trouvera inférieure
à la résultante » de ce poids et de la force cen-
trifuge. Si l'on veut que l'équilibre se main-
tienne il est, par suite, nécessaire de forcer
la vitesse pendant les virages. Or, ce sera géné-
ralement impossible; la plupart du temps, en
effet, les aéroplanes marcheront avec toute la
vitesse dont ils sont zapables. De plus, pour
237
éviter une inclinaison transversale exagérée,
on sera presque toujours conduit à modérer
l'allure pendant les virages. La poussée p sera
donc, en général, inférieure à la résuitante r.
Par conséquent l’aéroplane ne décrira plus,
dans ce cas, une trajectoire horizontale, mais
une trajectoire à pente uniforme, comme ferait
un aéroplane sans moteur, de surface susten-
tatrice identique et ayant un poids égal à [a
différence entre la résultante r et la poussée
p. Cette ligne à pente uniforme sera une spi-
rale conique tracée sur le cône décrit par: la
droite r autour de la verticale passant par le
centre de courbure de la trajectoire.
En résumé, chaque virage d'un aéroplane né-
cessite que l'appareil s'incline transversalement
d’une quantité donnée. De plus, il aura pres-
que toujours pour effet d’abaisser la trajec-
toire. Les aviateurs devront donc, pour con-
server en fin de virage leur altitude primitive,
s'élever avant d'entrer en courbe.
Les considérations qui précèdent fournissent
une explication des difficultés éprouvées par
les aviateurs pendant leurs virages ct de &cr-
tains accidents survenus au cours de ieur exé-
cution.
Commandant Pauz Rexaro.
TRIBUNE DES INVENTEURS
Projet de gcuvernail de profondeur auto-
matique pour les aéroplanes. — Il est évi-
dent que, tant que, dans un aéroplane en plein
vol, la stabilité longitudinale sera assurée par
la manœuvre de l'aviateur, c'est-à-dire restera
à la merci de son expérience, de son habileté,
de-sa présence d'esprit, laquelle ne devra pas
se relâcher un seul instant, la sécurité sera
fort précaire ; par contre, on aura fait un grand
progrès le jour où l'on aura trouvé un moyen
de stabilisation automatique, qui dégagera
l'aviateur du souci de l'équilibre et lui per-
mettra de se consacrer uniquement aux soins
de la conduite en direction et en hauteur, ce
qui, avec la surveillance du moteur, est déjà
une tâche assez lourde.
J'ignore sur quel principe est basé le gouver-
nail automatique de Ellehammer, mais il me
semble que l'on pourrait arriver à une solution
satisfaisante à l’aide d'un disposilif analogue au
suivant.
Supposons un appareil composé de deux par-
ties distinctes, réunies entre elles par un axe
horizontal ©, leur permettant de prendre par
rapport l'une à l'autre, un angle variable de
quelques degrés. d'une part le plan de susten-
tation LM, avec les gouvernails el le propulseur,
d'autre part, le moteur et l'avialeur vers G.
Un système d'attache comprenant des ressorts
à boudin, maintiendrait le plan de sustentalion
dans la position normale de marche, sous l'angle
reconnu le meilleur pour la vitesse fournie,
alors que la ligne OG reste, de par la loi de
gravitalion, très voisine de la verlicale (légère-
ment inclinée vers l'arrière par suite de la ré-
sistance de l'air.
Le gouvernail de profondeur MN est com-
mandé par le jeu de deux cordes issues de G
el passant par quatre poulies À, B, C et D. I
238
est facile de se rendre compte que, lorsque,
pour une cause quelconque, le plan prendra un
angle d'allaque plus faible que celui pour lequel
l'appareil est réglé, G C’ devenant > G C, on
aura D'N<CDN, c'est-à-dire que le gouvernail
de profondeur se lèvera de lui-même, entrai-
nant le redressement du plan principal. Si. au
contraire, l'angle d'attaque vient à dépasser la
normale, on aura G'A"=>G A et, par consé-
quent, B° N°B N,< d'où abaissement du gou-
vernail de profondeur qui rameénera le plan de
sustentalion vers sa posilion normale,
On aura ainsi, semble-l il, un gouveinail de
zrofondeur à fonctionnement automatique.
Pour donner à l'aviateur la possihililé de manier
à volonté ce gouvernail, il suffira de rendre,
au moyen d'un volant ou d'un levier, le point G
dévlaçable d'avant en arrière, par rapport à la
nacelle. ï
Je me contente de soumettre cetle idée aux
plus compétents que moi, ‘op heureux si elle
peut suggérer un moyen pralique de slabilisa-
tion automalique. — Capilaine SAZERAC LE FORGE.
Indicatzur acoustique de pente. — Nous re-
cevons à ce sujet la lettre suivante qui expose
une idée intéressante et d'une originale simpli-
cité :
« Toujours à propos de « l'indicateur de
pente », permettez-moi de vous soumettre ces
quelques mols :
Dans div expériences que j'etlectuais avec
des cerfs-volants, j'avais besoin de connaitre
l'angle du courant d'air avec le p'an de mon cerf-
volant » d'une facon rapide el approximalive
sans le faire descendre.
M'inspirant des cerfs-volants japonais, lesquels
sont presque touiours munis de sifflels ; j'avais
imaginé Je dispositif suivant : sur le sommet d’un
cerf-volant à atlache élastique j'avais 1ixé deux
silfiels faisant un angle de 6 degrés. Les notes
étaient discordantes en sorte que je savais par
l'audition de la dissonance que l'angle élait di-
minué de 6°.
Il me semble qu'il seroit possible d'appliquer
le principe aux aéroplanes de celte facon ; trois
sifflets inclinés l'un sur l'aulre d'angles conve-
nables {dépendant de l'aéroplane {Voir fig.) sont
15 Juin 1908
orientés de telle facon, qu'en marche régulière le
sililet B seul donne une note. L'orcille sera aulo-
maliquement prévenuc d'une variation insolite
dans la pente, soil en montant ,soil: en descen-
dant, par la dissonance de A ou de C.
Pour différentes raisons, j'ai cessé de cons-
truire des appareils volants : aussi je livre bien
volontiers le principe aux consuuctions. »
L. pu RÉAU LE LA GOIGNONNIÈRE, licencié ès sciences.
PRPPRRRRRTe
LES BREVETS DE L’A£RONAUTIQUE
Brevels délivrés du 16 avril au 6 mai 190$.
8770-377174. — 11 janvier 190$. — BLÉROT (L.;.
— 2° cert. d'add. aïSrévet pris, le 26 avril 1907.
pour système de commande.
386709. — 1 février 190s. — D'Esers (H.) —
Propuiseur pour acroplanes, balcaux et autres
1obils.
286717. — 16 avril 1907. — V'IALAITE (J.). — Sys-
tome de propulseur. è
8756-381570. — 10 avril 1997. — MERGER (P.). —
1 Cert. d'add. au brevet pris, le 13 novembre
1906, pour perfectionnements aux hélices pro-
pulsives.
S . —— 24 janvier 1908. — Fnroxz (F.) —
Roue à palettes particulièrement applicable aux
auto-ballons, aéroplanes ct autres engins de na-
vigalion aérienne.
386765. — 17 avril 1907. — CoLzLous (J.). — Pro-
pulseur aérien.
S%69-373818. —- 10 janvier 190$. — ESNAULT-PE:-
TERIE (R.). 3° cert. d’add. au brevet pris, le
22 janvier 1907, pour acroplanes.
8779-375221. — 15 janvier 190$. — JozIVET (L.).
— j« Cert. d'add. au brevet pris, le 19 janvier
1907, pour aviateur muni d'ailes imitant le vol
- 20 janvier 190$. — BouRDELOUP
se d'aud. au brevet pris, le 9 dé-
cembhre 1997, pour machine volante.
386964. — 25 avril 1907. — CozLoM (J.). — Pro-
puiseur aérien el hydraulique.
3868902. — 4 février 1908. — Wilson (E.-F.). —
Perfeclionnements aux aéronefs.
386920. — 5 février 190$. — Moxn (F.). — Hélice
parachule pour aviateurs.
386985. —- 6 février 1908. — SarzvorTir (U.). —
Ornithoptère.
287033. — S février 1908. — SaAnazin (C.-M:-L:)
et Sarazx (P.-J.). — Disposilif pour oblenir la
montée et ia descente des acroplanes.
987092. — 1° février 1908. — Boxox (P.) et Bo-
xox (G. — Aviatour.
287127, — 11 févrior 1908. — VanIMax (M) —
Ilangar transportable pour ballons dirigeables.
987157. — 12 féViier 1908. — HOCuTRASSER (P.).
— Machine volante.
987175. — 12 février 1908. — BnréGuEr (L.). —
Acroplane mixte.
987286. — 2 mai 1907. — HENNERIQUE (F.). — A6:
roplane.
397243. — 18 février 1908. — MrExoux (R.) —
Svslème d'électrisation des surfaces sustenta-
iices et propulsives des appareils d'aviation.
287393. —- 20 février 190$. — TKATCHENKO (P.). —
Perfectionnements dans les ballons dirigeables.
287425. — 21 février 1908. — Sociélé dite : Mo-
ToR-LUETSCHIFF STUDIENSESELLSCHArT. — Hélice aë-
rienne non rigide avec masses pesantes formant
volant.
987424. — 21 février 1908. —- Société dite : Mo-
TOR LUFTSCHIFF STUDIENGESELLSCHAFT (M. D. H.). —
Méthode et dispositif pour régler l'inclinaison
d'un acrostat de forme allongée au moyen de
deux ballonnets à air.
Communiqué par MM. WeEissuanx et Marx, in-
génieurs-conseils en matière de propriété indus-
triclle, Paris, 90, rue d'Amsterdam.
J’Aérophile
BIBLIOGRAPHIE
L'ANNUAL 1908. — La lroisième édilion de l’An-
nual, le Manuel général de l'Industrie automobile
le plus répandu, à retrouvé tout de suite le suc-
cès considérable qui a accueiili l'Annual dès son
apparition, suc dû äux services de cet in-
dispensable ouvrage, surnommé bien souvent le
Bottin, le Larousse de l'Automobile.
Les plus hautes récompenses obtenues par l’An-
nual (Grand Prix, Milan 1906 : Hors concours, Pa-
ris-Vincennes 1907), ont déjà justement ralilié
l'opinion publique.
Se consultant comme un dictionnaire de noms
et de choses, et donnant ainsi instantanément les
renseignements cherchés, l'Annual renferme par
ordre alphabélique et par classes : les adresses
des Agents, des Commerçants eb.des Industr
de l'Automobile, francais et étrange les mai-
ques de fabrique : l'explication des termes tech-
niques ; les nouveautés de l’année ; les résultats
des épreuves sportives : les listes des membres
des Automobie-Clubs, etc., en un, mol tout ce
qui à trait à la locomolion sportive et commer-
ciale.
Ouvrage de luxe, de grand format, relié en
toile, illustré de très nombreux dessins et por-
rails, l'Arnual est devenu indispensable à toule
personne s'intéressant à l'automobile, aussi bien
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ris.
Issu d’une conférence très applaudie faite au
Conservatrire d Arts el Méliers, cet ouvrage
contient un historique sommaire et un expos
tuel de la question. Après avoir énuméré briève-
ment les premiers essais de dirigeabilité des bal-
lons, depuis Meusnier en 1785. jusqu'aux contem-
porains Renard et Krebs, l'auteur rappelle les
différents essais auxgr'els, de l’antiquilé à nos
jours, a donné lieu l'aviation proprement dile
Lebris, Lilienthal. Pilscher: ete. Prenant conmie
point de départ les premiers vols oblenus par
Santos-Dumont, 1 entre ensuile dans l'exposé
technique du problème de l'avialion, examine au
point de vue théorique les rapports entre le vol
plané de l’homme et le vol des oiscaux, abordant
à ce moment l'exposé et la discussion, des for-
mules théoriques de l'aéroplane (moteur, condi-
lions d'équilibre).
Suit. au point de vue pralique. un expose des
conditions empiriques de l'aviation ais per-
sonnels des exnérimentaleurs. rôle des éléments
ambiants, électricité atmosphérique. ele. — Deux
tableaux svnopliques contiennent : l’un, les sché-
mas des différents aéronlanes : l'autre, l'ensem-
ble des formules anplicables à la construction de
l'aéroplane. Illustré de vues sur les vols les plus
239
récenls, ce (ravail puise aux sources originales
des premiers traités sur celle question. La forme
allrayante, dépouillée des formules trop
pour le grand public, et sufiisamment p
point de vue technique, achève d'en rendre Ja lec-
ture aussi facile que fructueuse.
Le Tour du Monde aérien
Catastrophe de dirigeable en Amérique. —
On mande d'Oaxland (Californie) que le 2% mai
un dirigeable géant vient de causer à sa première
sortie, une terrible calastrophe devant d'innom-
brables spectateurs.
Cel engin, imaginé par M. Morrell, jaugeait
900.000 pieds cubes et élait aclionné par 5 mo-
leurs de 40 chevaux.
Parti de Berkeley (Californie), l'appareil élait
monté par 16 personnes. Il s'éleva sans inci-
dents, puis subitement commenca à descendre, et
il se trouvait encore à une centaine de mètres de
hauteur, lorsque la descente se transforma en
chute et la lourde machine vint s'abimer sur le
sol. On annonçait d'abord sept morts. Le Nerw-
York Irerald assure qu'il y eut seulement trois
Catastrophe du dirigeable Morell à Berkeley
(Californie), le 24 mai 1908.
victimes mortellement alleintes. Sur le conseil de
l'aéronaute (?), un Australien, nommé Pearfald.
qui joignit l'exemple au précepte, les infortunés
avaient sauté hors de la naceile. Pearfald lui-
méme s'est brisé les deux jamb
Nous n'avons pas de données sur la construc-
tion du ballon. L'engin était probablement beau-
coup plus remarquable par ses grandes dimen-
sions que par une étude ralionnelle et scienti-
fique. Pour le construire, Morrell avait su grou-
per des capilalistes en vue de la création d'une
« National Airship Companv » au capital de
50 millions ! Double imprudence, c'élaient ces
mêmes capilalistes intéres: , qui participaient
à la première ascension ! C'est: le record de la
confiance. Dans ses prospectus, Morrell annon-
cait que pour 875 francs il conduirait ses voya-
seurs de New-York à Londres. IL en a expédié
certains plus loin encore. dans « l'au-delà ».
Un de nos amis. M. À. Barlhelet, nous écrit
qu'on n'avait pas voulu auloriser l'expérience
dans cette ville. À Berkelev. pelile cité située sur
240
la rive opposée de la baie de San Francisco, la
municipalilé se montra malheureusement plus
accommodante,
L'impraticabilité du sysième était évidente aux
yeux de toute personne un peu au courant de la
question, mais l'enlêtement de l'inventeur, dont
la compétence est d'ailleurs nulle, demeura irré-
ductible.
Mort tragique d'un officier aérostier bré-
silien. — Le 20 mai, le lieutenant aérostier Juven-
tino da Fonseca devait-exéculer une ascension
captive à Manaos devant le ministre de la Guerre
du Brésil, lorsque le câble de retenue s'étant
rompu, l’aérostat s'éleva librement. Lorsqu'il r -
gagna le sol, on retrouva le malheureux offic r
inanimé dans sa nacelle.
Les obsèques du malheureux oflicier ont eu
lieu Je 21 mai. Beaucoup de hauts fonctionnaires,
des officiers généraux, le ministre de la Guerre
et un représentant du Président de la République
y assistaient.
Sur la proposition de M. Elysio de Aranjo, la
Chambre des députés a voté une pension de: 360
milreis par mois en faveur de la veuve du, mal-
heureux lieutenant.
Concours aérostatique de Barcelone. — Le
départ du Concours international organisé par le
Real Aero-Club de Espana a donné d'intéressants
résultats sportifs ; il fut malheureusement attristé
par de sérieux accidents.
Le départ retardé d'un jour, en raison de la
direction du vent qui portait vers la mer, eut lier
le lundi 18 mai à partir de 11 heures. Les ballons
partants étaient : le Condor, pilote : M. Emile Du-
bonnet ; aide-pilote : M. Marcel Baratoux (Fran-
çais). — El Alcotan, pilote : M. Magdalena (Es-
pagnol). — Jupiler, pilote : M. Gordejuala (Espa-
gnol). — Montana (2.200 m°), pilote: M. E. de Sala.
manca (Espagnol), — Jipaete, pilote : M. Mendoza.
— Anjou, pilote : M. Cormier (Français). — Geri-
falte, pilote : M. Herrera (Espagnol). — Quo-Va-
dis, pilote : M. Montojo (Espagnol).
Les ballons longèrent à peu près le versant
espagnol des Pyrénées. Bien que les résultats of-
ficiels ne soient pas encore connus, le vainqueur
parait devoir être M. de Salamanca, atterri à
Larrabezua (Vizcaya), près de Bilbao, après un
superbe voyage. M. Dubonnet, tout jeune pilote,
qui semble promis à un bel avenir sportif, des-
cendait à Calahorra, province de Logrono, se
classant probablement second.
Les atterrissages, dans des régions monta-
gneuses, furent presque tous mouvementés. L'AI-
colan passant au-dessus d’un village entre Alco-
ber et Vallo fut saisi par son guiderope. Le pi-
lote, M. Magdalena, supplia en vain, qu'on le lais-
sàt continuer sa route, offrant même de l'argent.
Il jeta alors trois sacs de lest ; ils firent lâcher
prise aux paysans qui furent renversés et trainés
à terre. Mais un peu plus tard, la nacelle heur-
tait un rocher. Dans le choc, M. Magdalena re-
cut des contusions sur tout le corps et eut un
bras fracturé. Le ballon rebondit à 3.000 mètres.
Malgré ses souffrances, le pilote, avec les 3 sacs
de lest qui lui restaient, et qu'il parvint à utiliser,
réussit à effectuer .son atterrissage final.
De son côté, Quo-Vadis eut un premier atter-
rissage mouvementé. Le pilote, M. Montojo, fut
projeté hors de ja nacel'e et le ballon repartit
avec le passager, M. le capitaine Cortada. Le ca-
pitaine rtada fut retrouvé dans la nuit du 18
au 19 mai, à Quinto, près de Saragosse. Il était
meurtri sur tout le corps et avait la cuisse frac-
turée, Il ne se rappelait plus rien de ce qui s'était
15 Juin 1908
passé depuis le moment où son pilote, M. Mon-
tojo, tomba de nacelle.
Le Jupiler est descendu à Cervera, l’'Anjou à
Alcaniz, ie Gerifalle à Torresmonte (Huesca). Le
Jipaele fut incendié à l'atterrissage.
Les prix sont attribués comme suit : 1 prix
(9.000 peselas), M. de Salamanca (Le Montana),
374 kilomètres. — 2° prix (4.000 pesetas), M. Emile
Dubonnet (Le Condor), 360 kilomètres. — 3 prix
(1.500 peselas), M. Gordejuela (Jupiter), 353 kilo-
mètres 400 mètres.
Un dirigeable militairé italien. — On an-
nonce l'achèvement à Bracciano d'un premier di--
rigeabie militaire italien, dû à la collaboration
de lrois ingénieurs éminents : MM. le major Mor-’
ris, le capitaine Ricaldoni et le lieulenant Crocco,
de la Brigata Specialisti.
On assure que le nouveau dirigeable pourra
lénter un premier voyage d'expériences entre
Bracciano et Rome, soit environ 50 kilomètres,
dans les premiers jours de juillet.
Les études directes d'hélices pour cet aéronat
on! élé faites sur le lac de Bracciano, avec l’aé-
roplane à hélices aériennes, construit par MM. Ri-
coldoni et le lieutenant Crocco. (V. l’'Aérophile
de juillet 1907, p. 183.) Ainsi que nous l’'annon-
cicns incidemment dans l'Aérophile du 5 mai
deinier, p. 183, le gouvernement ilalien a com-
mandé à la maison Bayard-Clément 2? moteurs
de 123 chx identiques à ceux du planeur Bayard-
Clément. On peut penser qu'un de ces moteurs
figurera à bord du prochain aéronat mililaire
ilalien.
Nouveau dirigeable des aérostlers mili-
taires allemands. — Ce nouveau ballon dû à
l'ingénieur Basenachi et au major Gross, com-
mandant les aérostiers prussiens, est terminé
et à subi le 13 mai un gonflement préliminaire.
Il.mesure 65 mètres de long et son volume est
de 4.500 mètres cubes.
Le dirigeable Gross-Basenach de 1907 (voir
l'Aérophile de 1907, juin, p. 171: août, p. 223:
septembre, p. 246 ; octobre, p. 291), a fait éga-
lement, le 13 mai, une sortie d'une demie-heure
sous la conduite du major von Sperling et d'un
ir.génieur.
La télégraphie sans fil en ballon. — |e lieu-
tenant Frank P. Labhm a exécuté une ascension
à bord d'un ballon du Signal Corps, muni d’un
appareil de télégraphie sans fil. Cet appareil à
parfaitement enregistré des dépêches d'Annapo-
lis, ville située à 40 kil. environ. Il n'y avait à
bord que des appareils récepleurs parce qu'on
craignait que le jaillissement d'élincelles qui se
produit dans les appareils transmetteurs ne pro-
voquât l'infliammation de quelque traînée ga-
zeuse émanant du ballon. Le Signal Corps étudie
IE RIÉCAUNONS à prendre pour éviter cel acci-
dent.
Ascension tragique. — [Le 31 mai, à New-
Jersey, près de la rivière Passai (Etats-Unis), un
acronaute forain tentait une descente en para-
chute. Lorsqu'il voulut exécuter l'expérience an-
noncée, un drapeau attaché à un trapèze, sous
la nacelle, embarrassa le malheureux. Il tomba
dans la rivière où son cadavre fut repêché en-
veloppé du drapeau.
Un aéroplane en feu. — Un incendie a dé-
truit au garage Carreau, à Paris, un aéroplane
en construction appartenant à M. d'Ecquevilly.
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SOMMAIRE : Portraits d'aéronaules cont:mporains : Léon Barthou (G Fesancon). — Le dirigeable République (A. de Masfrand). — Le Zeppelin IV
!P. Ancelle). — Le dirigeable Jtalia 1908 (M. Degoul). — Les préparatifs de Wilhur Wright (A. Cléry). — Aéroplanes en partance. — Que valent les
brevets Wright? (capitaine Ferber).— Nos aviateurs à l'étranger : Léon Delagrange à Milan (G Blanchet). — Les essais du Blériot VIII (A. Nicolleau). —
L'aviation aux Ingénieurs e vils. — Le prix de Ja hauteur. — A l'Aéro-Cluh du Sud-Ouest. — Sur le planement des oiseaux (Marcel Deprez). — Sur le
planement stationnaire des oiseaux. — Le concours de modèles réduits d'appareils d'aviation (L. Lagrange) — Ccncours d'aviation de Spa. — Tes Brevets
re l'Aéronautique. — Le dirigeable Gross II (X .). — Nécrologie. — Le prix Montefore n'est pas gagné. — Notes sur les hélices sustentatrices. — Le
Pour et le Contre : La réponse de l'aigle (Petit Pierrot). — Le tour du monde aérien.
SOMMAIRE DU BULLETIN OFFICIEL DE L’AERO-CLUB DE FRANCE : Conceurs de distance du 11 juin 1908. — Pésultats officiels. —
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Directeur-Fondateur: Georges Besançon
16° Année. — N°13 1% Juillet 1908
Portraits d'Acronautes Contemporains
Léon BARTHOU
Léon Barthou est né à Oloron (Basses-Pyrénées) le 23 août 1868.
Si je voulais, présomptueux disciple de Taine, expliquer les hommes par leur origine et leur
milieu, il me serait facile de discerner dans la haute personnalité parisienne qu'est devenu Léon
Barthou, dans l'élégance robuste de son allure comme dans ses qualités d’esprit, les traits heureux
et caractéristiques du terroir béarnais.
Entre les deux plus sublimes aspects de la nature, la grande montagne casquée de neiges et
la houle puissante du golfe de Biscaye, au creux de vallées opulentes où les champs de maïs, à
l’automne, brodent d’un damier d’or le vert éclatant des prairies éternellement fraiches, au bord
de la coulée des gaves en fuite vers l’Octan sous l’escorte des grands peupliers, sur les collines
déjà hautaines couronnées de chènes antiques, dans la lumière harmonieuse et gaie d’un soleil
qui n’a pas encore la crudité du soleil espagnol, le vieux sol de Béarn a fait, à son image, une
race affinée, énergique et fière. Elle se trouve incarnée dans notre histoire par le plus populaire
de nos rois, et par tant d’autres Béarnais qui furent, eux aussi, de vaillants soldats, des adminis-
trateurs habiles ou de grands politiques. ‘
Les hommes du Béarn se glorifient d’être restés comme leurs ancêtres « fins, féaux et cour-
tois ». C'était là, je crois, autrefois, l'appréciation populaire de bons connaisseurs, leurs voisins
de Gascogne. Elle pourrait s'appliquer à merveille à notre camarade Léon Barthou.
Ces qualités distinguent en effet sa carrière politique et administrative, une des plusbrillantes
qui soient. Je ne puis malheureusement que la résumer ici à grands traits. 1
Après de fortes études de droit, Léon Barthou débutait comme avocat à la Cour d appel de
Paris. En même temps, il donnait à un grand journal du matin une série remarquée de chroniques
judiciaires; tout en discutant savamment les difficultés de certains « points de droit »,le jeune
chroniqueur excellait à mettre en lumière avec un humour alerte etbien personnel la savoureuse
cocasserie de certains « points de fait », emplis de force comique. Cette collaboration cessa à
l'entrée de Léon Barthou dans l'administration.
242 1°" Juillet 1908
Successivement chef du cabinet du Préfet de Marseille, sous-préfet, chef du cabinet dn
Ministre de l'Intérieur, maitre des requêtes au Conseil d'Etat, chevalier de la Légion d'honneur,
actuellement directeur du cabinet du Ministre des Travaux publics, il a fait apprécier dans ces
postes importants et délicats, qu'il occupa si jeune, de hautes capacités juridiques et adminis-
tratives jointes à de rares qualités de tact, de pénétration et de courtoise fermeté.
N'allez point après cela vous représenter Léon Barthou sous l’aspect un peu raide et gourmé
que nous avons coutume de prèter, administrés frondeurs, aux hauts fonctionnaires. Rien ne lui
ressemble moins que cette caricature, d’ailleurs bien conventionnelle.
Ses fonctions remplies avec la dignité correcte qu'il se doit et qu'il leur doit, il a su garder
une charmante et naturelle simplicité d’allures, également éloignée de la morgue et du laisser-
aller. Il excelle à tempérer les devoirs parfois rigoureux de sa charge, par une cordialité toujours
sincère, mais qui n'exclut pas le discernement et par une bienveillance fort appréciée de ses
subordonnés et de tous ceux qui l’approchent.
Hors de son cabinet, Léon Barthou vit sa vie en lettré, en amateur d’art el en sportsman ;
par ce dernier trait, il nous appartient.
A son besoin d'activité, de plein air et de lutte, répondait à merveille ce jeu viril de la
pelote depuis longtemps emprunté par ses compatriotes à leurs voisins, les Basques; il y excelle.
C'est aussi un nageur endurant et un fervent amateur de yachting. Il a même poussé, autant en
sportsman qu'en artiste curieux d'impressions nouvelles et vives, trois raids aventureux jusqu'aux
fanatiques oasis marocaines.
Mais le ballon garde ses préférences. Il envisage surtout les voyages aériens — le nom de son
beau 1.200 m°, l’Escapade, suffit à l'indiquer — comme d’agréables fugues à la rencontre de
l'impréva, hors d’un ici-bas parfois odieux. Toutefois, sa carrière sportive d’aéronaute abonde en
performances intéressantes.
C'est à bord d’un glorieux petit ballon l’/ris, qu'il fit en 1902, sa première excursion aérienne
sous la conduite de son ami, l'excellent pilote Emile Janets. Du premier coup, Léon Barthou fut
conquis. Devenu pilote à son tour, il compte aujourd’hui une cinquantaine d'ascensions et ses.
atterrissages sont disséminés un peu dans toutes les directions, en France et hors de France, à
Loudun, Dijon, Nevers, Calais, Castellaun (Allemagne), etc.
Dans le seul concours auquel il lui fut loisible de prendre part, il demeura 14 heures sous la
pluie battante pour atterrir à Lorentzweiller (Luxembourg). « Ce ne fut pas très gai, déclare-t-il,
mais peut-être me suis-je moins ennuyé que dans certaines réunions mondaines. »
Il'arriva à Léon Barthou de piloter un jour une ascension scientifique d'altitude. Maints.
cobayeset des « toutous » infortunés y furent immolés aux progrès de la physiologie. Le pilote en
rapporta quelques écæurement et les recherches biologiques dans la haute atmosphère ne devront
plus, je le crois, compter sur son concours. En revanche, il suit avec un intérêt passionné les expé-
riences de ballons dirigeables et n’hésitaitpas à prendre successivemeat place, l’année dernière, à
bord de nos deux auto-ballons militaires, Patrie et Ville-de-Paris.
Léon Barthou est un des zélateurs les plus ardents de l’idée aérienne, un de ceux qui ont le
plus contribué à lui amener de nouveaux adeptes et à lui faire gagner sa cause devant l'opinion.
Après avoir donné le baptème de l’air au major Hersey, l'un des chefs de l'expédition Wellman, il
a fait de son frère, M. Louis Barthou, que l'on a pu justement appeler le plus sportif de nos
ministres, un ami sincère et pratiquant de l’aérostation; il sut conquérir autour de lui, à
l'aéronautique, les sympathies précieuseset actives des plus hautes personnalités politiques. Son rôle
à ce point de vue a été des plus bienfaisants.
Par une intéressante carrière d’aéronaute, par l'importance des services rendus à la cause,
par les sympathies nombreuses et profondes dont il estentouré. Léon Barthou, sans l’avoir recherché,
s'est trouvé rapidement désigné au suffrage de ses collègues comme membre du Comité et membre
du Conseil d'administration de l’Aéro-Club de France. Il apporte dans les discussions le concours
d'une intelligence claire et précise, habituée à suivre des débats difficiles, qu’il débrouille à
merveille d'une phrase nette, parfois d’une spirituelle saillie. Et là encore, il trouve le moyen
de bien servir le sport qui lui est cher.
c GEORGES BESANCON
l’Aérophile
he dirigeable
Débuts des essais de recettes.
— Le dirigeable République, commandé à
MM. Paul et Pierre Lebaudy, par le Ministère
de la guerre, vient de commencer avec un
plein succès, sous le contrôle des officiers aé-
rostiers et sous la direction de Georges Juch-
mès, ses essais de recettes.
Il serait superflu de donner ici une des-
cription détaillée du nouvel aéronat : Républi-
que est le frère jumeau de Patrie que nos lec-
teurs connaissent bien. Il n’en diffère que par
des améliorations de détail suggérées par l’ex-
périence. L'enveloppe, toujours taillée dans
le même tissu caoutchouté « Continental »,
est à peine un peu plus grande que celle du
Patrie: longueur 61 m.; diamètre au fort:
10 m. 80; volume: 3.700 m. environ. Les plans
fixes et mobiles da stabilisation, l’empennage,
la paire d’ailerons latéraux servant de
gouvernails de profondeur, de 16 m° environ
la paire, l'empennage crucial d’arrière, pré-
sentent très sensiblement la même forme et
la même disposition que sur le précédent en-
gin.
La nacelle a été rendue plus spacieuse et
plus confortable. Ses parois latérales sont ver-
ticales tout autour: le moteur, un Panhard,
4 cylindres de 70 chevaux, identique à celui
de Patrie est très dégagé et facilement acces-
sible eu tous ses points. On évitera ainsi toute
chance de voir se reproduire le malencontreux
incident du 29 novembre (vêtement d’un mé-
canicien happé par des pièces en mouvement
243
“ République ”
Puto nue.
Le ballon dirigeable République (vue d'ensemble latérale et un peu en dessous). On remarq' era la
pureté de ligne de celte carène plus réussie encore que celle du Patrie.
dans une nacelle encombrée), incident qui fut
la cause originelle de la perte du Patrie. (Voir
Aérophile de décembre 1907). Le radiateur et
son ventilateur sont installés sur le côté de
la nacelle, dans la moitié arrière. Le ventila-
teur du ballonnet compensateur est placé sous
la plate-forme ovale; le moteur l’actionne
d’une façon continue au moyen d’une cour-
roie ; en cas de panne du moteur, on peut ma-
nœuvrer à bras le ventilateur du ballonnet et
empêcher ainsi, en tout état de cause, la dé-
formation de l'enveloppe. Le réservoir d’es-
sence, placé sous la nacelle, envoie l’essence
sous pression au moteur. L'évacuation des gaz
du moteur se fait par l'arrière dans une triple
cage de treillis métallique, ce qui écarte toute
crainte d'incendie.
Les plans et les études du ballon Républi-
que comme ceux de tous les ballons de
MM. Lebaudy sont dûs à l’éminent ingénieur
Julliot. L'enveloppe a été construite à l’aé-
rodrome de Moisson, sous la direction de
M. Georges Juchmès; la partie mécanique a
été entièrement établie dans les ateliers spé-
ciaux de la raffinerie Lebaudy et montée à
Moisson.
Le gonflement à commencé, à Moisson, le
18 mai et s’esb terminé le 24 mai. On procéda
alors à l’armement du ballon et au réglage
minutieux de la suspension. Ces divers tra-
vaux ont été exécutés par l’équipe d’aérostiers
de MM. Paul et Pierre Lebaudy, sous la di-
.
244
cection de MM. Henri Julliot et Georges
Juchmès. Cette équipe civile était complétée
par les sapeurs d’un détachement d’aérastiers
envoyés à Moisson pour se familiariser avec
les détails de gonflement, de gréement et d’ap-
pareillage du ballon avant de participer à sa
manœuvre à terre et à l'atterrissage. Ce dé-
tachement était commandé par le capitaine
Marchal et les lieutenants Lenoir, Renault et
Néant. On sait que les essais de recette dont
1°" Juillet 1908
le capitaine Marchal présidera à la suite de ls
campagne d'expériences en qualité de pilote
en premier, secondé où suppléé à l’occasion
par le lieutenant Lenoir, pilote en second.
1re Sortie. — La 1" ascension du République
a eu lieu à Moisson, le 24 juin. Le ballon fut
sorti du hangar à 4 h. 15 du matin; on essaya
pendant quelques minutes le fonctionnement
des hélices et du moteur tournant à 150 tours.
EEE
lhoto Rol.
La nacelle du /epublique vue par larri re. Ou distingue la forme nouvelle de la nacelle, l'hélice de
gauche, le réservoir d'essence (sous le j: anch?r de la nacelle), le radiateur (sur la paroi de la nacelle) et,
au niveau de la grande plate forme : vale suoérieure, les deux ailerons servant de gouvernails de
profondeur.
le programme a été tracé par le commandant
Voyer, chef de l'Etablissement Central de l’aé-
rostation militaire €t approuvé par le Ministre
de la guerre, comportent notamment un essai
de 2 heures à pleine vitesse, suivie de la li-
vraison de l'engin à Chalais-Meudon, où il se
rendra par voie aérienne. De là, le ballon mi-
litarisé et monté par une équipe entièrement
militaire, après quelques ascensions d’'instruc-
tion gagnera son port d'attache définitif qui
<era Toul, selon les uns ou, selon les autres, Bel-
fort. Le génie militaire s'occuperait en ce
moment, de faire installer dans cette place
forte un aérodrome destiné à recevoir
blique.
tépu-
Les essais de recette sont conduits, comme
ceux du Patrie et du Lebaudy, par le distin-
gué pilote Georges Juchmès. Une fois le bal-
lon livré à l’autorité militaire, on assure que
MM. Georges Juchmès, pilote; Landrin, aide-
pilote; Rey et Arsal, mécaniciens, prirent
place à bord. Le lâchez-tout eut lieu à
5 h. 30”. Les hélices étaient embrayées à
5 h. 2’ 30”. Le République, après avoir plané
quelques instants sur le village de Moisson,
prenait résolument son vol dans la direction
de Vétheuil, puis, après un virage savant, 1l
revenait dans la direction du hangar, saluait
au passage, en nourant un 8, et flait vers La
Roche-Guyon, traversait la Seine et revenait
enfin vers l'aérodrome fermant le 8. Les hé-
lices furent arrêtées à 5 h. 32’ 93” et à
5 h. 35 30” il descendait juste sur le groupe
des hommes de manœuvre restés au point de
départ. La durée de marche des hélices avait
été de 29° 53° et la durée totale de l’ascension
libre de 34 minutes. Le retour au hangar eut
lieu à 5 h. 58.
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lJ’Aérophile
En cours de route, les hélices tournèrent à
700 tours, régime moins rapide que celui
qu’elles peuvent soutenir normalement si on
le leur demande. Les plans de direction hori-
zontale et verticale fonctionnèrent parfaite-
ment, leur efficacité et leur sensibilité fut telle
que le diagramme de l’ascension présente un
véritable palier continu entre 80 et 90 m. d’al-
titude, avec un maximum de 100 m. et <ela
avec une dépense de lest absolument insigni-
fiante : 10 kilos. Assistaient à l'expérience
MM. Paul et Pierre Lebaudy, le capita'ne
Marchal, les lieutenants Lenoir, Renault et
Néant, Georges Besançon.
Quelques chiffres constatés dans cette
ascension donneront une idée de ce qu’on
peut espérer des dirigeables de cube moyen,
tels que la République, scientifiquement étu-
diés et rationnellement construits. Le poids
enlevé se décomposait ainsi :
Poids du matériel...... 2.700 kgr. environ
Engins d’arrêt.......... 90 — —
Date RE ee 36 — -—-
HISSEN CEE Ce 100 — —
4 passagers et instru-
MENUS NE R EEe 300 — —
Lest disponible en sable 820 — —
2e Sortie. — Le 29 juin de 8 h. à 8 h. 30 du
soir, eut lieu une nouvelle ascension, la
deuxième de la campagne. Elle était condwute
par l’excellent aéronaute Juchmès, qui avaït
à son bord le mécanicien Rey et l’aide-pilote
Landrin, tous deux de l’équipe civile de Mois-
son, le capitaine Marchal, le lieutenant Le-
noir, les sous-officiers mécaniciens Vincenot et
Rau, soit un équipage de sept personnes.
Le ballon est allé de Moisson à Mantes, -on-
nières et retour, à l'altitude de 170 mètres on
moyenne. Malgré le vent, République a évolué
avec aisance et la dépense de lest fut minime
3 Sortie. — Avec le même succès le puissant
croiseur aérien reprit le 30 juin, l'atmosphère
de 9 heures à 9 h. 44, par vent du N.N.E.
Etaient à bord : MM. Juchmès, pilote; Rey,
aide-pilote ; les lieutenants Néant et Renauit ;
les sous-officiers Vincenot et Rau.
On procéda à des essais de vitesse entre La
Roche-Guyon et Mousseaux, les hélices tour-
nant à 850 tours. Tout se passa de la manière
la plus satisfaisante et aucun organe ne donna
le moindre signe de fatigue. Altitude maxima :
270 m.
On remarquera que les ascensions de recette
servent en même temps à l’entraînement des
officiers appelés à piloter République lorsqu'il
sera militarisé et des sous-officiers mécaniciens
placés sous leurs ordres.
4 Sortie. — L’essai de recette avec marche
continue de 2 h., le moteur marchant à son
régime maximum, à eu lieu le 3 juillet, aux en-
virons de Moisson.
245
Pendant les 2 heures exigées — de neuf à
onze heures du matin — le République à évæ
lué parfaitement, sans un accroc, à l'attituie
de 300 mètres, dans le périmètre Mantes-Bon-
nières-La Roche-Guyon, à une vitesse moyenne
de 42 kilomètres à l'heure, malgré un vent très
fort du nord-est. Les manœuvres de départ et
d'atterrissage n’ont donné lieu à aucun inci-
dent.
Le République était commandé par M. Juch-
Phot, Rol.
Le dirigeable le R’publique vu par bout arrière.
On distingue très bien l'empennage crucial d’ar-
rière, le youvernail, la poutre stabilisatrice et
d'empennage à 2 âmes perpendiculaires, la grande
plate-forme ovale et sa quille verticale, les 2 aile-
rons, etc.
mès, pilote, secondé par le mécanicien Rey et
l’aide-pilote Landrin. M. le commandaot
Voyer, chef de l'établissement central du maté-
riel de l’aérostation militaire, président de 12
commission de recettes, et le mécanicien mili-
taire Vincenot se trouvaient également dans
la nacelle.
L'expérience a eu lieu en présence de M. L
Barthou, chef du cabinet du ministre des tr:
vaux publics; de M. Julliot, ingénieur; de
M. Georges Besançon, secrétaire général de
l'Aéro-Club de France, et des autres officier:
du génie composant la commission de recettes.
Le République se rendra par le chemin a<-
rien, à son nouveau hangar de Chalais-Meu-
don. Les Parisiens pourront le voir évolue:
prochainement au-dessus de la capitale, pour
les ascensions d'instruction, avant qu'i ne
gagne la frontière. — A. pe MasFranu
246 1° Juillet 1908
LE ‘ZEPPELIN IV *
Photo Ro!.
Le dirigeable Zeppelin IV dans ses premicrs essais de 190$ au-dessus du lac de Constance.
Premiers essais du grand di
zeabie allemand. — Nous rappelions
dans l'Aérophile du 15 mai 1908, p. 200, les in
cidents qui accompagnèrent la mise en chan
tier et Ja construction du dirigeable Zeppe.
lin IV, et le sévère programme de recette au-
quel devra, paraît-il, satisfaire le puissant en-
gin avant d’être accepté définitivement par le
gouvernement allemand.
Le Zeppelin IV ressemble au Zeppelin ITI
(voir Aérophile de septembre et octobre
1907) dans les principes généraux qui ont pré-
silé à sa construction (carène à armature ri-
gide recouverte de tissu caoutchouté Continen-
tal, renfermant des récipients à gaz léger sé-
parés, en tissu caoutchouté Continental) et
dans ses dispositions essentielles (2 nacelles dis-
tinctes, 2 paires d’hélices à 3 branches dispo-
sées latéralement à la carène au voisinage de
pMns en forme de lames de persiennes étagées
et mobiles, servant de gouvernails de profon-
deur, ete.). Les modifications paraissent porter
seulement sur les plans rigides d'empennage
arrière (voir photos) entre lesquels étaient
installés autrefois 2 systèmes de plans mobiles
composés chacun de tros panneaux vertic:eix
qui servaient à Ja direction horizontale du
Zeppelin III. Dans le Zeppelin IV .chaque
paire de plans d'empennage arrière ne porte
plus à son angle externe arrière qu'un seul
plan vertical mobile servant à la direction ho-
r'zontale. Ces deux plans verticaux paraïssent
être en connexion avec un or ane nouveau :
un véritable gouvernail vertical ordinaire de
grandes dimensions placé à l'extrémité arrière
de la carène. Enfin les dimensions du Zeppe-
in IV sont plus coiossales encore que celle de
son prédécesseur immédiat. Rectifions ici.
d’après les indications précises qu'a bien voulu
nous fournir un aimable abonné berlinois,
des inexactitudes et des confusions parues dans
l’Aérophile du 15 mai dernier, page 200, au
sujet des Zeppelin, erreurs commises d’ailleurs
à cette époque, par la généralité des journaux
allemands.
C’est le Zeppelin III essayé l’année dernière
et dont le: avaries causées par la tempête
du 15 décembre dernier ne sont pas encore
réparées, qui mesurait, paraît-il, 128 mètres
de longueur ; il était muni de 2 moteurs Daim-
ler de 85 chevaux chacun.
Le Zeppelin de cette année, le n° IV, ne mé-
sure pas moins de 136 mètres de long pour
13 mètres de diamètre (allongement : 10,46 fois
le diamètre) et un volume de 13.000 m'; il
est muni de 2 moteurs Daimler de 110 chevaux
J'Aérophile 247
Le Zeppelin II[ modèle 1907).
Le dirigeable Zeypelin IV vu en poupe On remarquera, en comperant avec la photo ci-dess s du
Zeppelin III, les modifications apportées dans l’'empennage et les vouvernails verlic:ux. (Photo Rol.)
——
248
Gonflé de bon hydrogène enlevant 1.130 gram-
mes par m, la force ascensionnelle totale de
l'engin atteint donc 14.690 kilogrammes. Or,
la force ascensionnelle utilisable, ne serat,
nous assure-t-on, que de 5.000 kilog. qui com-
prennent non seulement le lest et la provision
d'essence, charge véritablement utile, mais en-
core le poids des moteurs, des propulseurs et
du personnel qu'il serait beaucoup plus logique
de considérer comme du poids mort faisant
partie du matériel au même titre que la carène
et les autres organes. Ce qu’il serait intéres-
sant de connaître, c’est le poids de carburant,
d'eau de refroidissement et de lest proprement
dit, enlevé par le dirigeable entièrement &
ordre de marche, avec l'équipage strictement
indispensable. On aurait ainsi une idée plus
exacte du rendement véritable du ballon, eu
égard aux moyens colossaux mis en œuvres
La première ascension du gigantesque engin
eut lieu le 19 juin. Le ballon quittait son nan-
gar flottant de Friedrichshafen à 5 heures de
l'après-midi et effectuait, à 100 mètres au-des-
sus du lac de Constance, une série d’évolutions
qui dura 26 minutes. On réintégra ensuite
l'aéronat sous son abri. D’après certains infor-
mateurs, l'arrêt des expériences fut causé par
le mauvais fonctionnement des moteurs. D’au-
tres incriminent au contraire de fâcheuses mo-
difications apportées aux moyens de direction,
modifications qui ne donnèrent pas du tout les
résultats espérés. Il existait, paraît-il, ce jour-
là, 2 gouvernails de direction dans le plan hori-
zontal, qu'on ne retrouve pas dans les photo-
graphies du Zeppelin de l’année dernière. Ils
étaient placés l’un à l'avant, l’autre à - ur-
rière.
Plusieurs représentants du gouvernement
impérial, parmi lesquels le ministre de la
Guerre, le général von Einem, qui avaient
passé toute la semaine à Friedrichshafen uans
l’espoir d'assister au départ du fameux voyage
de 400 kil. au-dessus du sol ferme, étaient re-
partis avant ce 1% essai. Néanmoins, au dîner
qui eut lieu après cet essai peu concluant, le
commissaire de l’Empire Lewald, dans un toast
très chaleureux, exprimait l’espoir que les sue-
cès décisifs ne se trouvaient que provisoirement
ajournés.
Ce vœu se trouvait en partie réalisé dans
l'ascension qui eut lieu le 23 juin. Pendant
2 h. 13 minutes, par une brise légère, le puis-
sant croiseur aérien évolua à 150 mètres au-
dessus du lac, allant et revenant de la rive
wurtembergeoise à la rive suisse. Les gouver-
nails qui avaient donné si peu de satisfaction
avaient été réduits et on en avait provisoire-
ment installé 2 nouveaux entre les surfaces
d'empennage d’arrière. (Voir photo.) Il y
avait, dit-on, à bord 2.000 kilog. d’essence,
soit de quoi marcher plus de 30 heures, et
800 kilog. d’eau.
1° Juillet 1908
Le 29 juin, dans l'après-midi, eut lieu une
ascension encore plus prolongée qui avait pour
but d'essayer le nouveau système de crection
dont les dimensions auraient été, disent les
journaux, modifiées de nouveau et augmentées,
cette fois. Le ballon s’éleva sans jeter de lest,
sous l’action de ses gouvernails de profondeur,
jusqu'à une hauteur de 250 mètres. À 2 h. 45,
il venait se poser en plein lac à la hauteur de
Romanshorm. Puis il reprenait sa route le long
de la rive suisse jusqu'aux environs de Rors-
bach. De là, il se laissait pousser par le vent
jusqu'à Friedrichshafen. À 4 h. 80 il se trou-
vait à la hauteur de Manzeil. Il effectua alors
diverses évolutions, puis se dirigea vers =ons-
tance, poursuivit ensuite le long de la rive
suisse et descendit à 6 h. 30 à 3 kil. de Halle,
sur le lac.
Le vent était $S.-0. La vitesse moyenne an-
noncée est de 50 kil. 600 mètres à l’heure, mais
nous avons maintes fois mis en garde nos lec-
teurs contre l’imprécision des mesures eitec-
tuées dans ces conditions. On fit du bord des
essais satisfaisants de télégraphie sans fil.
Toutefois, on ne peut encore se prononcer
sur la valeur pratique du Zeppelin IV. Il faut
“ttendre des renseignements plus détaillés et
plus sûrs, et surtout l'issue du voyage au long
cours jusqu'à Mayence, avec descente sur le sol
ferme, que le comte Zeppelin se propose de ten-
ter iacessamment. On assure que les 2 nacelles
du Zeppelin IF sont munies de semelles amor-
tisseuses élastiques, destinées peut-être à taci-
liter une descente sur terre. —- P. ANCELrE
P.-S. — Douze heures dans les
airs, — Le « Zeppelin IV » bat les
records du monde de durée et
de distance établis par le « Zep-
pelin I ». -— Le 1% juillet, le Zeppelin 2,
s'élevait à 8 h. 30 du matin. Ayant <ecrit un
immense circuit au-dessus du territoire suisse,
il regagnait à 8 h. 1/2 du soir, son hangar,
après être descendu sur le lac de Constance; il
venait d'accomplir une ascensicn de 12 heures
sans escale.
D'après les premiers renseignements dont les
nécessités du tirage nous empêchent de
contrôler la précision, l'itinéraire suivi serait
l’un des deux ci-dessous : 1° de Friedrichsha-
fen à Schaffouse (10 h. du matin), 63 kil.; de
Schaffouse à Lucerne, 72 kil.; de Lucerne à
Zurich, 40 kil. ; de Zurich entre Constance et
Romanshorn, 60 kil.; de Romanshorn à -_re-
genz, à l'extrémité orientale du lac de Cons-
tance, 38 kil.: de Bregenz au hangar de Frie-
drichshafen, 26 kil. Total : 299 kilomètres —
ou bien plus probablement : 2° de Friedrichs-
hafen à Schaffouse (10 h. du matin), 63 kil. ;
de Schaffouce à Bâle, 70 kil. ; de Bâle à Lucerne
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Étudiés « Construits par les
Frères VOISIN
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Par HMENRI FARMAN
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l’Aérophile
(1 h. du soir), 73 kil.; de Lucerne à Zurich
40 kil.; de Zurich à Winterthur, 20 kil.; de
Winterthur au lac de Constance, entre _ons-
tance et Romanshorn, 45 kil.; de ce point à
Bregenz, 38 kil.; de Bregenz à Friedrichsha-
fen, 26 kil. Total : 379 kilomètres. Ces us-
tances sont obtenues par un pointage rapide,
en joignant par des droites sur la carte, les
points de passage signalés dans chacun des iti-
néraires indiqués. Dans la réalité, la distance
effectivement parcourue est certainement
beaucoup plus grande, mais nous ne pouvons
hsarder un chiffre, pour essayer d'en déduire
la vitesse moyenne de route.
On a constaté, d’après certaines dépêches,
une vitesse propre de 15 mètres par seconde
sur certaines parties du parcours.
Cette expérience s’est déroulée au-dessus
d’une région qui sans être encore la grande
montagne, est néanmoins fort accidentée, avec
quelques sommets d’un millier de mètres. Il
faut considérer toutefois que le kallon a pro-
bablement suivi les vallées et qu. partait
plein d’une altitude de 400 mètres environ qui
est celle du lac de Constance. Les nappes d’eau
des grands lacs suisses très nombreuses étaient
pour les aéronautes autant de ports provisoires
si quelque incident fâcheux était survenu
Mais tout marcha à merveille et l’équipage as-
sez nombreux du grand croiseur aérien n’a
plus à faire ses preuves d'entrainement. Le
comte von Zeppelin, le météorologiste Herge-
sell, commissaire impérial, et M. Emile and
étaient à bord. On assure que le grand voyage
à Mayence aura lieu dans le courant de juil-
let. — P. A.
igeable * talia*
Reprise prochaine des essais
Nous avons relaté, dans l Aérophile de 1905,
n° d'avril, août et octobre, les premiers suc-
cès de l’aéronat Jlalia, dû au comte Almerico
da Schio.
On sait que cet engin, dont on trouvera la
photographie dans l’Aérophile d'août 1905,
était surtout caractérisé par une carène élas-
tique dont la partie inférieure, le « ventre »
se trouvait constitué par un fuseau longitu-
dinal en caoutchoue de Para. Grâce à cette
partie élastique, à ce soufflet extensible et
rétractile, l'enveloppe se rétracte automatique-
ment ou se dilate dans la mesure convenable
selon les variations de volume du gaz, sans que
la forme générale de la carène soit sensible-
249
ment altérée. Comme on le voit, cette disposi-
tion permettait de se passer de ballonnet com-
pensateur. Bien entendu une soupape automa-
tique de sûreté laisse échapper du gaz, le cas
échéant, avant que la tension intérieure ait
atteint les limites de résistance de l’enveloppe
et du soufflet élastique.
De plus, la poutre-armée servant de nacelle
était rattachée au ballon par une housse et
un double réseau de suspentes directes et de
balancine, et elle portait des plans mobiles à
axes horizontaux servant à la direction en pro-
fondeur sans jets de lest, ni coups de soupape.
Ces dispositifs essentiels et caractéristiques
du système sont conservés cette année. Les mo-
difications apportées en 1908 ne portent point
sur les principes, mais sur certains dispositifs
de détail.
Le ventre extensible et rétractile de la ca-
rène est établi en cordons élastiques; antérieu-
rement il était constitué par des lames de
« para ».
La housse qui donne attache aux suspentes
est mieux adaptée à la forme et aux dimensions
de l'enveloppe.
La nacelle de 1908 est plus longue et plus
légère que l’ancienne ; elle est soutenue par
12 suspentes directes au lieu de 11 et les
câbles de la suspension triangulaire indéfor-
mable de balancine sont du même échantillon
‘que les suspentes directes et ont la même soli-
dité.
A l'arrière de la nacelle ont été fixés des
plans verticaux et horizontaux d’empennage
d’une grande superficie. Le gouvernail a été
également agrandi.
Un moteur Antoinette 8 cylindres de
40-50 chevaux à remplacé l’ancien moteur de
12 chevaux, trouvé un peu trop faible. Après
avoir donné l’essor aux aéroplanes automo-
biles montés, le moteur Antoinette fait done
son apparition à bord des « plus légers que
Pair ». Le volume de l’enveloppe (1.200 m°)
n'ayant guère été augmenté, on voit quel gain
de puissance motrice a permis l'emploi du fa-
meux moteur extra-léger de Levavasseur.
L'hélice, qui était autrefois à l'avant de la
nacelle, se trouve placée maintenant entre
celle-ci et l’enveloppe, au-dessus du moteur,
un peu dans la même situation que le propul-
seur du Parseval 1907.
Les essais du dirigeable Ztalia commenceront
comme lors de la précédente campagne, à l’aé-
rodrome que l’inventeur a créé à 2 kilom. de
Schio (Vénétie), sa ville natale. Esperons que
les premiers succès de 1905, déjà fort intéres-
sants, se trouveront dépassés, grâce aux per-
fectionnements apportés au dirigeable Ztalia
dont la conception est vraiment originale et
ingénieuse en sa simplicité.
M. Decour
250
1°" Juillet 1908
Les préparatifs de Wilbur Wright
EE ——
Ainsi que nous l’annoncions dans notre der-
nier numéro, c’est sur l’hippodrome des Hunau-
dières au Mans, qu'auront lieu, dans quelques
jours, les essais de l’aéroplane Wright. Le han-
gar d’abri se construit rapidement, tandis que
Wilbur Wright procède en personne, dans un
atelier des usines d'automobiles Bollée au mon-
tage de son engin.
M. Léon Bollée qui a vu le célèbre aviateur
à l'œuvre, a déclaré à un correspondant de
l'Auto que Wilbur Wright exécute de ses
mains ce travail délicat, avec une hanileté que
pourraient envier bien des ouvriers. Fait qui
tend bien à démontrer l'habitude qu'ont les
Wright de travailler loin de toute ville et à
ne compter que sur eux-mêmes, c’est que venu
dans une usine où abondent les infinies res-
sources de l'outillage moderne, Wilbur Wright
a apporté tout ce qui lui était nécessaire.
comme s’il travaillait dans une forêt vierge.
On sent l’homme habitué à ne compter que
sur lui-même. Un exemple typique : pendant
qu'il cousait la voilure de son aéroplane, il
cassa une grosse aiguille. Au lieu d'envoyer
; 4 : ve D'aprés le Scient fi: American.
Un vol des Wright à Kill-Dewil-Hills dans les dunes (mai 190$). — Vue de l'aéroplane se dirigeant vers
la gauche. ,
acheter une aiguille nouveile, il en fabriqua
une dans un temps très court et fort réussie
néanmoins.
Sans entrer dans les détails de construction
de l'appareil ni en rappeler le principe décrit
dans le brevet français publié par l’Aérophile
du 1% mai, M. Bollée à exposé ainsi les
grandes lignes de lPappareil Wright. I
comporte 2 plans entoilés superposés, d’envi-
ron 12 mètres d'envergure sur 2 mètres de
longueur antéro-postérieure, verticalement
distants de 2 mètres à peu près. En avant de
ces plans porteurs, s’en trouvent 2 autres, plus
petits, mobiles autour d'un axe horizontal et
servant de gouvernails de profondeur, alors
que 2 autres plans placés verticalement, l'un
devant, l’autre à l'arrière de l'appareil servent
de gouvernail de profondeur.
Le moteur est placé au-dessus du grand plan
inférieur, un peu à droite et il actionne par
chaînes ? hélices placées l’une à droite, l’autre
à gauche et tournant en sens inverse. Ce mo-
teur est celui que les Wright ont imaginé et
qu’ils ont construit de leurs mains. Il est à
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J’Aérophile 251
4 cylindres et ne diffère pas sensiblement d’as-
pect et de dimensions d’un moteur ordinaire
d'automobile de 20 à 30 chevaux. Muni de sou-
papes automatiques, d’une circulation d’eau
et d’un allumage par magnéto, il ne possède
pas, à proprement parler, de carburateur.
Le pilote et le passager, car l’appareil doit
pouvoir emporter deux personnes, prennent
place côte à côte sur un petit siège fixé au
plan inférieur, à la gauche du moteur et lui
faisant contrepoids. Les leviers de manœuvre
peuvent agir sur le gouvernail de pro-
fondeur, sur le gouvernail de direction et sur
un très ingénieux système de câble roulant sur
des poulies et permettant de gauchir à vo-
lonté et dans la mesure qui convient les
2 grands plans porteurs, ainsi que cela est
expliqué dans le brevet précédemment cité.
C’est par cette torsion des ailes convenable-
ment utilisée que les Wright seraient parvenus
à assurer la stabilité de l'appareil dans le vent.
L'appareil repose au départ sur une petite
voie de bois de 35 à 40 mètres de long et
l’essor se produit au bout de 25 mètres envi-
ron de lancée. Il peut aussi, paraît-il, s’enle-
ver directement du sol ordinaire, sans voie de
Jancement, en roulant sur des galets, mais il
faut alors une lancée beaucoup plus longue,
250 mètres environ. Le sol assez raboteux de
l'hippodrome des Hunaudières ne se prêterait
guère à l'emploi de ce 2° procédé de départ.
Malgré toute la manutie avec laquelle Wil-
bur Wright procède au montage de son appa-
reil, les premiers essais auront lieu certaine-
ment dans le courant du mois.
Voici d'autre part quelles seraient les con-
ditions sévères du contrat passé entre Ips
frères Wright et le consortium de capitalistes
représenté par M. Lazare Weiller, contrat que
nous avons déjà mentionné :
Wilbur Wright recevra une somme de
500.000 francs s’il remplit le programme sui-
vant :
1° Exécuter le jour qui lui conviendra un
vol mécanique de 50 kilomètres en circuit
fermé, l’aéroplane étant monté par deux per-
sonnes.
2° Exécuter au jour indiqué par le comité,
dans la huitaine qui suivra le premier essai,
une semblable performance.
D'autre part, si dans les quatre mois qui
s'écouleront à la suite de ces essais un autre
aviateur obtenait un résultat analosue, le
traité serait annulé. Tout ceci sous réserves.
A l'usine Barriquand-Mare, on règle défini-
tivement le premier des sept moteurs Wright,
exactement copiés sur le moteur que les avia-
teurs américains conçurent et construisirent
eux-mêmes.
C’est le moteur originel, actuelement au
Mans, qui actionnera l’aéroplane, dont les es-
sais sont si impatiemment attendus.
A. CLréry.
P.-$. — A titre documentaire, nous accom-
pagnons cet article de deux vues photoura-
phiques de l'aéroplane Wright en plein vol
pendant leurs essais du mois de mai dernier
dans les dunes de Kÿl-Dewila, près Kitty-Hawk
(Caroline du Nord). Ce sont les premières pho-
tographies authentiques que l’on ait pubnées
D'après ie Scientific American.
L'aèroplane Wright en plein vol au mois de mai
1908 dans les dunes de Kill-Dewil-[ Is. Vue de
3/4 par l'avant. Entre les deux surfaces portan-
tes et en avant on distingue le gouvernail avant
horizontal de profondeur. Au milieu, entre les
deux surfaces porlantes, l’aviateur el Ie moteur
forment une tache sombre.
d'un aéroplane automobile Wright en plein
vol. (Voir les iécendes sous les figures.)
Complétons enfin le tableau de ces belles ex-
périences fourni par les Wright eux-mêmes
(V. Aérophile du 15 juin 1908, p. 222) en di-
sant que dans les deux premiers vols du 14 mai
il y avait deux aviateurs à bord et un seul
dans les autres vols. Les aviateurs sont main-
tenant assis au lieu d’être étendus horizonta-
lement comme autrefois. — A .C.
cnrs rrnnnTe
Aéroplanes en partance
Le mois de juillet sera sans doute marqué
par de retentissantes expériences d’aéroplanes
déjà connus. Mais il verra aussi vraisemblable-
ment les débuts de nombreux engins nouveaux.
Citons :
L'aéroplane biplan des frères Zens, terminé,
à Gonesse (moteur Antoinette).
L'aéroplane biplan René Gasnier, terminé.
à Bouchemaine, près d'Angers (moteur Antoi-
nette).
L’aéroplane triplan Goupy, à Issy (moteur
xenault)
252
Que valent les Brevets Wright ?
Nous trouvons fort peu justifiée, pour notre
part, la fameuse formule : « En aviation, pas
de bons brevets. » Toutefois, sur des points par-
Hiculiers et fort importants des brevets Wright,
là communiealion ci-dessous du capitaine Fer-
her apporte de curieux renseignements de na-
lire à inquiéter la belle tranquillité d'Orville
\Wright.
« Paris, 22 juin 1908.
« Mon cher Besançon,
« Vous m'aviez déjà demandé, il y a deux
ans, au moment où vous avez publié le pre-
mier brevet français Wright (Aérophile de
janvier 1906), quelle était la valeur de ce
brevet et je vous ai répondu : « aucune ». Il
DEEE
Reproduction d'une photogravure parue en 1903
dans Illustrirle Aeronnutische Milteilungen
et sur laquelle on distingue le dispositif raidis-
seur du gauchissement des ailes et une des
poulies sur lesquelles roule le câble de com-
mande, conformément au brevet de 1904. Cette
poulie, la plus apparente, est à l'angle arriére de
la surface inférieure, ‘
en est de même du second publié dans l’Aé-
sophile du 1 mai 1908.
« Il existe, en effet, une disposition dra-
conienne contre les inventeurs: dès que dans
une publication imprimée, il est fait mention
d'un dispositif, ce dispositif est réputé
connu. C'est ce qui arrive aux frères Wright.
«AT faut d'abord distinguer. Dans le pre-
mier brevet, ces inventeurs veulent couvrir
1° le principe du gouvernail avant; 2 Je
principe du gauchissement des ailes: 3° les
commandes d'application de ces différents
principes.
CI n'y a d’important que les principes:
pour les commandes, il y a mille façons de les
remplacer var d’autres.
« Or, en ce qui concerne le gouvernail
avant, je l’employais déjà en 190% -- de
nombreux journaux en font foi. Donc, ce
principe tombe par cela même; mais il y a
plus: les voitures ont le gouvernail avant, les
bicyclettes — certains bateaux de sauvetage
aussi, bref cette idée est dans le domaine
public. J'ajoute que ce gouvernail avant
constitue une admirable application dûe à
1° Juillet 1908
Wright et que c'est grâce à elle qu'on vole
aujourd’hui, non pas tant à cause de sa fonc-
tion gouvernail, mais parce que ce panneau
de toile, situé à l'avant, renseigne l’avia-
teur sur la direction des filets fluides du vent
relatif et tient lieu de cet instrument qu'Ar-
chdeacon demande à grands cris, et qu’il a
cru tout d’abord devoir être un indicateur ue
niveau. C’est un indicateur de fluide qu’il fal-
lait dire, et le gouvernail avant en est
l’ébauche. Cela explique la facilité des ex-
périences des Wright, des miennes, de San-
tos-Dumont, de Farman, de Delagrange et
la difficulté des premières expériences d’Es-
nault-Pelterie, de Blériot qui n'avaient pas ce
critérium. Il faut gouverner au plus près du
vent relatif, — c’est entendu —— mais si vous
ne savez pas où il est, vous donnerez des
coups de barre à faux.
« Justement l'idée de Wright était mer-
veilleuse en ce sens que l’aviateur qui avait
compris « voyait le vent ».
Cette notion que j'avais depuis 1904, for-
mait ma grande avance et lorsque Farman
l’a comprise le 23 octobre 1907, il avait vir-
tuellement les cinquante mille francs du
prix Deutsch-Archdeacon dans sa poche.
J'ajoute encore que cette notion une fois
comprise, il est ridicule de laisser le gouver-
nail à l’avant, parce qu’il est dangereux, et
vous verrez qu'avant un an, tous les gouver-
nails seront à leur place, c’est-à-dire derrière.
Quant au gauchissement, je n’ai pas voulu
l’employer en 1902, parce que je le jugeais
inutile pour commencer, de sorte que mes suc-
cesseurs, partis sur ma piste, ne l’ont pes em-
ployé non plus; mais on en retrouve - :ndica-
tion et le principe dans la brochure même de
Wright parue en décembre 1901: « Some aero-
nautical experiments » (Reprint from Journal
of the Western Socicty of Engineers, page 7).
Ils parlent même des commandes en disant
qu'ils ont supprimé tous les tendeurs des fils
d'acier, sauf deux, et qu'avec ces deux ten-
deurs, ils peuvent raidir tout l’ensemble :
cela oblige tous les fils à coulisser sur des
poulies.
Il y a plus; dans les photographies parues
avant l’époque de la prise des brevets (té-
moin la vue ci-contre tirée du volume d’4ero-
nautische Mitteilungen de 1903), on voit
les poulies d'angle indiquées sur le brevet;
d’ailleurs, de leur position, on peut déduire:
leur action sur le gauchissement des plans.
Le Monde Illustré du 28 mars 1903 pu-
blie un article sur les Wright, (presque en
même temps que le premier article français
paru sur les fameux aviateurs, publié dans
l’'Aérophile de mars 1903). Dans cet article
du Monde Illustré, lon voit aussi les poulies
en question et l’auteur, traduisant probable-
ment un article anglais, dit que « l’aviateur
J’Aérophile
tourne avec ses ailes ». De ce que l’avia-
teur «ne tourne pas avec le gouvernail »
mais avec ses ailes, on peut conclure au gau-
chissement des ailes.
Commie le gauchissement a quelquefois l’in-
convénient de faire tourner en sens inverse
de ce que l’on désire, les Wright ont pris un
second brevet pour deux gouvernails verti-
caux avant et deux gouvernails latéraux.
Or, j'ai des photographies de mes aéropla-
nes avec gouvernails latéraux depuis 1903, ce
qui fait tomber le principe, et quant aux gou-
vernails verticaux d'avant, les fameux avia-
teurs pourront être sûrs qu'on ne leur pren-
dra pas cette dangereuse et inutile compli-
cation.
La formule va être au contraire doréna-
vant: tous les gouvernails à leur place, c’est-
à-dire derrière.
Yours Truly, comme on dit là-bas.
Capitaine FeRBER
12 — Il n’en reste pas moins vrai, comme
je l'ai toujours affirmé, que les Wright avaient
mis au point une magnifique deco erte.
On les a accusés de bluff, je ne sais pourquoi,
puisqu'ils affirmaient toujours vouloir être
payés après avoir prouvé la réalité de ce qu'ils
avançaient, comme aujourd'hui du reste... 11
n’y a rien de changé que ceci: ce n’est plus une
primeur. Si j'avais pu et si mes amis avaient
voulu le faire, j'aurais volontiers payé cette
primeur le prix demandé en 1205; mais
en 1908, il me semble bien surprenant que cer-
taïns capitalistes consentent à payer très cher
une chose qu'il y a déjà trois ans, ils comp-
taient.avoir pour rien. — Cap. F.
Nos Aviateurs à l'Etranger
Magnifiques prouesses a€triennes
de Léon Delagrange à Milan. —
Les records continuent a mon-
ter.
Après ses magnifiques expériences de Rome,
M. Léon Delagrange s'est rendu à Milan où
il devait, aux termes de son contrat, exécuter
une nouvelle série de vols mécaniques.
Il arrivait le 4 juin, dans la grande cité
lombarde, et procédait au montage de son ap-
pareil ; mais les intempéries et une série de
contretemps obligèrent notre vaillant compa-
triote à retarder ses essais. Il ne devait pas
tarder toutefois à prendre une revanche écla-
tante ainsi qu’en font foi les trop courtes in-
formations suivantes enregistrées au jour le
jour.
14 juin. — Sur la place d'armes de Milan,
devant les représentants du Comité d'aviation
italien et les membres de la presse, Léon Dela-
253
grange se remettait son aéroplane bien en
mains par quelques beaux vols vivement ap-
plaudis.
18 juin. — Delagrange continuait ce jour-là
ses expériences en ure devant 25.000 spec-
tateurs. Parmi les personnalités présentes, on
remarquait : MM. les sénateurs Mangeli, Paz-
zio, Ponti, maire de Milan ; Pascal d'Aix, con-
sul de France ; Cinzio, Barosi, Guastalla,
Weiischott, Pireili, Mercanti, Dino, Modiglia-
ni, ete. Le célèbre aviateur effectua plusieurs
beaux vols à une hauteur moyenne de 3 à 4 mè-
tres et parcourut une distance estimée à 6 kilo-
mètres environ en 5 min. 3 sec. La foule en-
thousiasmée le porta en triomphe.
Un sportsman milanais, M. Modigliani,
oïfrait un prix de 10.000 francs comme prix
d’un inatch à disputer entre Delagrange et
Henri Farman. Prévenu par dépêche, Henri
Farman se rendait aussitot à Milan, mais les
pourpariers ne purent aboutir.
22 juin. — 16 kilometres en seize
minutes et demie. — Delagrange
bat ses propres records de dis-
tance et de durée. Au cours de ses
expériences, Léon Delagrange effectuait un
vol d'environ 17 kilomètres, rent 16 mi-
nutes 30 secondes dans l'atmosphère, sans tou-
cher terre, à une hauteur qui varia de 2 à 7
mètres.
Cette splendide performance bat les précé-
dents records du monde, de distance et de du-
rée, établis par Delagrange lui-même à Rome,
le 20 mai dernier par 12 kil. 750 m. en 15 min.
25 sec. L'expérience fut chronométrée par M.
Merley, chronométreur officiel de l'Automobile-
Club d'Italie, en présence du commandeur Al-
zona et de MM. l'ingénieur Stefini, le marquis
Casati, Weïlschott, etc. Le Comité promoteur
des démonstrations publiques d'aviation en
Italie organise une souscription pour offrir à
M. Léon Delagrange une médaille d’or commé-
morative.
23 juin. — Dans la soirée, l'infatigable
sportsman exécutait 10 fois le tour de la place
d’Armes, en présence d’une foule enthousiaste,
ce qui représente environ 17 kilomètres et demi
franchis en 18 minutes 30 secondes. Mais la
malchance voulut qu'il frôlât le sol au troi-
sième tour, sans s'arrêter d'ailleurs. De ce fait,
le chronométreur ne put admettre qu'une dis-
tance de 14 kilomètres 270 mètres, ce qui laisse
debout le magiifique record établi la veille.
Léon Delagrange avait néanmoins bien mérité
l’enthousiaste ovation qui lui fut faite. Il se
proposait de tenter avant de quitter Milan la
demi-heure en vol mécanique, et il est homme
à réussir ce magnifique exploit.
Puis il devait se rendre à Turin et rentrer
en France avant de repartir, a-t-on ait, pour
Berlin.
GrorcEes BLaANCHET
1°" Juillet 1908
(10Y oouobn j ap sorydoubozoyq) ouyones e snjd juaanoïy 08 S]j *Sa]qiSiA sed ju0s ou aoutJ,] 0P QUID-019Y,] 2p UOHELAR p o1ed np siesueu
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ne ë. D :
LORS er PP Re eh aa bc
AÉROPLANE A
Entièrement achevé.
(Voir L'Aérophile du 1° Janvier
et 15 Mai 1908)
Correspondre avec
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l’Aérophile 25
Les essais du « Biériot VII
M. Louis Blériot vient de commencer les es-
sais de son aéroplane n° VIII. Cet appareil
plusieurs fois modifié depuis que nous en
avons donné une photographie dans l’Aerophile
du 15 avril, p. 149, comporte aujourd’hui un
corps fuselé de 10 mètres de long, de section
quadrangulaire, sur lequel sont montés, à
l’avant 2 ailes de 11 m. 20 d'envergure, et
l'arrière un gouvernail de profondeur et un
gouvernail vertical, avec dispositifs spéciaux
de commande, le tout tendu de papier parche-
miné verni et supporté par un châssis métalli-
que, articulé, éiastique, à 3 roues folles, dont
deux en avant, une en arrière. Surface por-
tante : 22 m:.
Une échancrure dans l'angle arrière de
chaque aïle est occupée par un « aileron » mo-
bile autour d’un axe horizontal et qui aide à
l'équilibre transversal ou aux virages, suivant
qu’il est efface dans le plan général de l’aïle
ou qu'il vient présenter à l’air, au gré du pi-
lote une surface résistante supplémentaire. .:es
surfaces stabilisatrices d’arrière sont formées
de 4 petits plans horizontaux dont 2 fixes et
2 mobiles.
Comme les précédents appareils du même in-
venteur, dont il dérive, le Blériot VIII deman-
de la force motrice à un moteur Antoinette,
un 50 chx 8 cyl., logé dans le corps fuselé,
comme l’aviateur lui-même. Ce moteur action-
ne une hélice avant à 4 branches flexibles, spé-
cialement étudiée, de 2 m. 20 de diamètre pour
1 m. 80 de pas.
Les premiers essais eurent lieu le 17 juin, à
Issy-les-Moulineaux. Malgré un vent très sen-
sible, l’aviateur réussit à traverser le terrain
en plein vol à 4 mètres de hauteur, couvrant
ainsi 600 mètres environ avec une très bonne
stabilité. Le lendemain, 18 juin, L. Blériot, en-
fin débarrassé de cette « guigue » légendaire, qui
paralysa si souvent ses méritoires ‘effor ts, réus-
sit sans le moindre accroc, douze vols mécani-
ques, dont la longueur varia de 500 à 600 imè-
tres à 4 mètres de hauteur moyenne.
Nouveaux essais le 22 juin. A la fin d’un beau
vol de 500 mètres l'extrémité d'une aile vint
au contact du sol, mais sans dommage sérieux.
Le lendemain, M. Louis Blériot franchissait
encore 600 mètres en plein vol malgré un vent
assez frais.
Encouragé, il convoquait, le 29 juin, les re-
présentants de la commission d’aviation de
l’Aéro-Club de France pour tenter de gagner
officiellement un des prix des 200 mètres.
Après quelques essais préliminaires, à 1ssy-
les-Moulineaux, dans la matinée, Louis Blériot
réunissait vers 6 heures du soir, malgré un
vent assez vif, un superbe vol de 700 m. envi-
ron, à 6 mètres de hauteur, avec un équilibre
parfait. Les contrôleurs étaient MM. Jules Ar-
Un
mengaud jeune, Archdeacon, Henri - arm:
François Peyrey. Le 2° prix des 200 mèt:es
était brillamment gagné. Tous ceux qui e:1-
naissent l’ingéniosité persévérante dont 1
fait preuve depuis 8 ans, en seront sincèrement
heureux pour M. Blériot.
Comme on le voit, les expériences du savant
aviateur sont en bonne voie. À côté de Robert
Esnault Pelterie, avec un appareil très difié-
rent, il apparaît comme un champion du mono-
plan. La campagne d'aviation 1908, sera mar
quée par une lutte acharnée entre les partisans
de la surface portante unique et ceux de la
cellule sustentatrice. Elle peut avoir une :in-
fluence capitale sur l'orientation prochaine des
recherches pratiques de vol mécanique.
A. NiICOLLE4T
L'aviation aux Ingénieurs civils
M. Robert Esnault-Pelterie lauréat de la
Société des ingénieurs civils. — Le prix ‘1-
nüel de la Société des ingénieurs civils vient
d'être décerné pour 190$, à M. R. Esnault-Pel-
terie. Il récompense le mémoire présenté par lui
sur le fameux moteur extra-léger R. E. P. qu'il a
ù
inventé et construit pour l’aéroplane et la loco
motion aérienne. Nos lecteurs ont pu juger par
la description que M. Esnault-Pelterie en a don-
née lui-même dans l'Aérophile, de la conception
si originale, si scientifique et si ralionnelle qui a
présidé à la création de ce moteur. Les expé
miences remarquables d’aéroplane qu'il à per
mises ont montré que l’exécution et la perf
lion dans le fonctionnement ne le cédaient pa
à l’ingéniosité de l'idée. La Société des ingénieur
civils consacre par un encouragement partic
lièrement flatteur les rares mérites du jeune
ingénieur et de ses savants travaux.
Une seule fois déjà, le prix annuel de la So-
ciété des ingénieurs civils de France avait re-
compensé des travaux aéronautiques : il fut, en
effet, accordé en 1906. à l'ingénieur Henri Julliot,
créateur des Lebaudy, du Patrie, du République
LE PRIX DE LA HAUTEUR
Le prix de la Hauteur. — La hauteur à fran-
chir (25 m.), reste la même dans cette intéres-
sante épreuve, le montant du prix continue à
s'éléver. Aux souscriptions déjà mentionnées
dans l’Aérophile du 1" avril, p. 132, s’'ajou-
faient à la date du 26 juin, les suivantes
MM. Albert Monjardet, 100 fr.: la « Continentale
Fixalor », 50 fr.; Maurice Monin, 100 fr.: Ramon
de Yrazusta, 100 fr.; Léon Barthou, 50 fr.; Paul
Tissandier, 100 fr.; Georges Le Brun, 50 fr.;
Louis Duthu, 50 fr.; Alberto Santos-Dumor!,
100 fr.; Georges Monjardet, 50 fr.; Paul Bord:
50 fr.; Georges Suzor, 50 fr.; L.-P. ‘Cailletet, pri
sident de l'Aéro-Club de France, 100 fr: GC:
Auffm Ordt, 100 fr.; le comte Economos, 100 f.:
le comte Georges de Castillon de Saint-Victor.
50 fr.; Société « Antoinette », 100 fr.; Goupy,
50 -fr.; comte Hadelin d'Oultremont, 100 fr:
prince Pierre d'Arenberg, 100 fr.; Marcel Dell:
25 Îfr.; marquis A. Wilfrid de Virieu, .50 fr.
Le total du Prix de la Hauteur atteignait ai
26 juin 1908 la somme de 2.375 francs.
La souscriplion sera arrêtée lorsqu'elle aura
atteint 2.500 francs.
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concours de distante
Concours de distance
du 11 juin 1908.
e du TL juin 908
Résultats
Ainsi que nous le faisions prévoir dans notre
dernier numéro, le vainqueur du concours de
distance du 11 juin est M. Edouard Bachelard,
descendu le 12 juin à 1 heure du soir à Roer-
monde (Hollande), après avoir franchi en
19 h. 7 min. 372 kil. M. Ed. Bachelard était
secondé à bord du Diabolo par sa sœur, M°° Bui-
rette qui se comporta en sportswoman aussi in-
trépide et endurante que gracieuse. M. Bache-
lard portait les couleurs de l'Aéro-Club du Sud-
Ouest.
La deuxième place est attribuée à MM. Ch.
Villepastour, pilotant lAéro-Club du Sud-Ouest
et Louis Duthu, pilotant La Miotte, classés ex-
æquo et qui couraient tous deux pour l'Aéro-
officiels
Club du Sud-Ouesl. M. Villepastour esl des-
cendu à Desteldoucke entre Gand et l'embou-
chure de l'Escaut, le 12 juin, à 9 h. 25 du ma-
tin, après 15 h. 34 de voyage : M. Dulhu, pilo-
tant La Miotte, est atterri le 12 juin, à 11 h. 30
du matin au Polder de Saint-Odolphe au nord
de Termonde (Belgique), ayant séjourné 17 h. 56
min. dans l'atmosphère, Après mesures minu-
tieuses, la Commission sportive a trouvé une
différence de distance si infime entre les deux
concurrents : 276 kil. 716 mèlres pour M. Ville-
pastour, 276 kil. 769 mètres pour M. Duthu.
qu'elle a été conduite à classer ex-æquo les
deux excellents pilotes qui se partageront par
moilié la valeur des 2° et 2° prix.
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qui manque de bien peu la troisième place:
275 kil. 200 m. en 16 h. 36 ; 5°, M. G. Tranchant,
que seconda vaillamment Mme G. Tranchant :
Le vainqueur du concours du 11 juin, M. Ed. Bache-
lard. dans la nacelle du Diabolo, avec M": Buirette,
qui le seconda vaillamment.
6, M. Henry Kapferer, avec lady Harbord ; 7°,
le vicomte de La Brosse , M. Etienne Gi-
raud ; 9°, ex-æquo, M. A. Schelcher et M. G.
Blanchet ; 11% M. A. Baslier ; 12°, M. L. Gon-
freville.
À l’Aéro-Glub du Sud-Ouest
Nouveaux membres. — Sociélaires : NM. Bord
(A. C. B.), André Bouche, parrains : MM. Ville-
pastour et Gonfreville : Emile Dombret (A.C.B.\,
Duffé, parrains : MM. C.-F. Baudrv et C. de
Lirac ;vicomte de Barrègue de Fontanieu (A.C.B.);
André Gounonilhou, parrains : MM. C.-F. Bau-
dry et Henri Gounouiïlhou ; Germain, parrains
MM. Villepastour et C. de Lirac; Hoursiangeu
(A. C. B.); Ch. Leclerc, parrains : MM. Coutu-
rier ct Duffé ; marquis de la Trémoille, prince
de Tarente, député de la Gironde (A. C. B.).
Correspondants MM. Auger, Saintes, par-
rains : MM. M. de Lirac et Séréni; Caffiot, Mar-
seille, parrains : MM. Seguin et Charosl ; Bos-
suet, Paris (A6. C. F.); Bachelard, Paris (Aë.C.F.);
Blanchet, Paris (Aé. C. F.); Dartigues, Toulouse,
parrains MM. Villepastour et Gonfreville :
Henri Delmas, Toulouse, parrains : MM. Ville-
pastour et Gonfreville ; Duthu, Paris (A6. C. F.);
257
Albert Omer-Decugis (Aë. C. F.): François Pey-
Ley, Paris (Aë. C. K.); docteur Jacques Soubies,
Paris (A6. C. F.); Schelcher, Paris (Aë. C. RE
Sirven, Touiouse, parrains : MM. Villepastour et
Gonfreville ; Henry de Lirac, Paris. parrains
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de Saint-Gilles, Paris (A6. C. Ex)
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28 juin. — Bordeaux, usine à gaz de la Bas-
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MM. Ch. Villepastour, L. Gonfreville, E. Sirven ;
alt. à 1 h. 10, à Gauriaguet (Gironde), près Saint-
\ndré-de-Cubzac. Durée : 2 h. 15. Distance : 25
kil. environ,
RAR RAP nr
Sur leplanement des oiseaux
Le phénomène du planement des oiseaux
grands voiliers est un de ceux qui ont le plus
excité l’étonnement et la sagacité des mécani-
ciens. Il consiste comme on le sait en ceci
l'oiseau, les ailes étendues et immobiles, se
tient à une certaine hauteur au-dessus du sol
dans une fixité absolue comme le ferait un
cerf-volant amarré à un point fixe à l’aide
d’une cordelette qui l'empêche d’être entraîné
par le vent auquel il doit sa force ascension-
nelle. Or la force qui soutient l'oiseau et l’em-
pêche de tomber est certainement identique
à celle qui soutient le cerf-volant, c’est-à-dire
qu'elle est due à un courant d'air dans lequel
se tient l'oiseau et qui exerce sur ses ailes
une pression qu'on peut décomposer en deux
autres une composante verticale égale et
contraire au poids de l'animal et une compo-
sante horizontale qui dans le cerf-volant est
équilibrée par la résistance de l’amarre. L'oi-
seau étant entièrement libre, pourquoi n'est-il
pas entrainé par cette composante horizontale
qui est augmentée, en outre, de la pression
exercée par le courant d’air sur le corps même
de l'oiseau
Cette question a été l’objet de beaucoup de
controverses qui n’ont servi qu'à mettre en
lumière l'extrême difficulté de trouver une ré-
ponse satisfaisante. Cette difficulté est telle
qu'on a vu récemment des ingénieurs distin-
gués émettre l'opinion que le planement des
oiseaux çonstitue un phénomène mystérieux
dont l'explication ne peut être donnée dans
l’état actuel de nos connaissances.
Je vais montrer que cette explication est,
au contraire, facile et ne comporte aucune
hypothèse en dehors des lois élémentaires de
la mécanique. Il suffit d’ailleurs, pour résou-
dre le problème qui nous occupe, de se rappeler
une seule de ces lois, relative à la pression
exercée par un gaz en repos ou en mouvement,
et en vertu de laquelle cette pression est tou-
(1) Nole lue par
Sciences, dans la séance du
l'Aradémie des
1908.
l'auteur à
13 avril
258 1°" Juillet 1908
jours dirigée suivant la normale à la surface
sur laquelle elle s'exerce, à la condition qu’on
considère comme négligeable le frottement
exercé par les molécules gazeuses sur les sur-
faces le long desquelles elles glissent. Il est
facile d'ailleurs de tenir compte de cette ac-
tion tangentielle si on le juge nécessaire et de
démontrer qu'elle n’infirme en rien les résul-
tats auxquels nous conduit la loi des pressions
normales à la surface.
Ceci posé, il est facile d'analyser les forces
auxquelles est soumis un petit plan représen-
tant un élément de l’aile d’un oiseau placé
dans un courant d'air horizontal (dirigé de
gauche à droite) et faisant avec ce courant
un angle (compté dans le sens des aiguilles
On
d'une montre) compris entre zéro et
reconnaitra immédiatement que la force nor-
male au plan, due à la pression du courant
d'air, se décompose en une force verticale di-
rigée de bas en haut, c'est-à-dire en sens con-
traire du poids de loiseau, et en une force
horizontale dirigée de gauche à droite, c’est-
à-dire dans le sens du courant d'air. L'oiseau
sera donc soutenu, mais entraîné dans le sens
du courant d'air. Done, quoi qu’on fasse, le
planement est impossible si le courant d’air
a une direction rigoureusement horizontale.
Supposons maintenant qu'on donne au cou-
rant d'air une direction légèrement ascen-
dante ou, ce qui revient au même, qu'il fasse
avec l'horizontale un angle qui, compté dans
le sens des aiguilles d’une montre, ait une va-
leur négative, mais peu considérable, telle
qu'une dizaine de degrés, et donnons au pe-
tit plan une inclinaison également négative,
mais inférieure à celle du vent, de façon qu’il
soit situé dans l’espace angulaire compris en-
tre l'horizontale passant par son centre et la
droite représentant la direction du vent, me-
née par ce même centre. Puis décomposons
comme dans le cas précédent la pression nor-
male exercée sur le plan par le courant d’air
en deux forces, l’une verticale, l’autre hori-
zontale. Nous reconnaitrons immédiatement
que la composante verticale est encore dirigée
de bas en haut, c’est-à-dire en sens contraire
du poids de l'oiseau, tandis que la compo-
sante horizontale est dirigée en sens contraire
de la direction du vent supposée comptée hori-
zontalement. Le petit plan aura donc une ten-
dance à se mouvoir en sens contraire du vent,
et, si la force horizontale ainsi développée est
équilibrée par une force égale et contraire,
due, par exemple, à la pression du vent sur le
corps de l’oiseau, la résultante des forces ap-
pliquées au petit plan se réduira à la compo-
sante verticale dirigée en sens contraire du
poids de l’oiseau. Il est facile de conclure de
cette analyse que l'intégrale de toutes les
forces élémentaires appliquées aux ailes de
l'oiseau peut se réduire à une force verticale
qui, si les données numériques du problème
(vitesse et inclinaison du vent, surface et in-
clinaison des ailes) sont convenablement choi-
sies, sera exactement égale au poids de l’oi-
seau, de sorte que celui-ci, n'étant plus soumis
à l’action d'aucune force horizontale ou verti-
cale, restera en repos dans l’espace, au mi-
lieu du courant d'air, sans avoir besoin de dé-
velopper aucun travail mécanique et, par
conséquent, sans imprimer aucun mouvement
périodique à ses ailes. En un mot, plancra.
J'ai pu appliquer à l’action exercée sur la
concavité d’une aile courbe le procédé d’ana-
lyse que je viens de faire connaître et je suis
arrivé à des conclusions encore plus catégo-
riques. J'ai trouvé d’abord comme il est facile
de le pressentir que les surfaces courbes (telles
que sont les ailes des oiseaux en réalité) don-
nent des résultats bien plus nets et bien plus
variés que les plans et qu’elles se prêtent
mieux à un calcul numérique approché de la
valeur des composantes horizontale et verticale
qu’on peut faire varier presque indépendam-
ment l’une de l’autre. En un mot, les surfaces
courbes présentent à tous les points de vue une
supériorité indiscutable sur les surfaces pla-
nes.
Enfin j'ai voulu soumettre au contrôle de
l'expérience les conclusions singulières et ce-
pendant si claires que je viens d’exposer, et
j'ai imaginé un petit appareil (1) destiné à
mettre en évidence l'existence de la compo-
sante horizontale dirigée en sens contraire du
vent lorsque ce dernier suit une trajectoire
oblique ascendante. 11 se compose d’une sur-
face courbe portée par un chariot très léger
mobile sur un plan faiblement incliné. La sur-
face courbe étant convenablement orientée,
on dirige contre elle et par-dessous le courant
d'air d’un ventilateur et l’on constate que,
loin de fuir devant le courant d’air, elle se
dirige en sens contraire dudit courant en re-
montant le plan incliné grâce auquel elle re-
tourne ensuite à sa position primitive lorsque
le courant d’air est supprimé.
Une des conséquences les plus curieuses et
les plus importantes de l’étude à laquelle nous
venons de nous livrer est qu'on peut cons-
truire des aéronats dirigeables à voiles em-
pruntant ewclusivement au vent leur force
ascensionnelle ainsi que la force motrice qui
leur permet d'évoluer dans tous les sens tant
que le vent souffle suivant une direction lé-
gerement ascendante.
Dans une prochaine note je préciserai le
rôle de la forme concave des ailes de l’oiseau
dans le planement stationnaire.
Marcez DErREz
(1) Cet appareil a été réalisé sous la direction
de M. Verney.
lJ’Aérophile
Sur le planement
stationnaire des oiseaux (1)
Dans une note précédente (séance du
13 avril), j'ai montré qu'il est très facile d’ex-
pliquer le planement stationnaire des oiseaux
grands voiliers, et que, pour réaliser ce cu-
rieux phénomène, il suffit de satisfaire aux
deux conditions suivantes :
1° La somme des composantes verticales de
la pression du vent sur le corps de l'oiseau et
sur ses ailes doit être égale à son poids.
2° La somme des composantes horizontales
de ladite pression, mesurée sur le corps de l’oi-
seau, doit être égale et de signe contraire à
cette même somme mesurée sur les ailes, de fa-
çon que la somme algébrique de toutes les com-
posantes horizontales appliquées à l’ensemble
de l'oiseau (corps et ailes) soit nulle. Il résulte
de cette condition que la somme des compo-
santes horizontales appliquées aux ailes seu-
lement doit être dirigée en sens contraire de
la composante horizontale de la vitesse du vent.
J’ai montré que cette nécessité absolue d’ad-
mettre, pour expliquer le planement station-
naire, que les ailes immobiles de l'oiseau sont
sollicitées par une force horizontale contraire
à la direction du vent (comptée horizontale-
ment), a pour conséquence que la direction
du vent ne peut pas être horizontale; elle doit
être inclinée dans le sens ascendant.
J'ai annoncé que la courbure des ailes de
l'oiseau facilitait beaucoup la production de la
composante horizontale négative de la pression
de vent et que le calcul approximatif de cette
composante (ainsi d'ailleurs que celui de la
composante verticale) était relativement beau-
coup plus facile qu'on ne pourrait le croire en
présence de l’état rudimentaire de nos connais-
sances concernant les lois de l’action exercée
par un fluide en mouvement sur une surface
qui n’est pas normale à la direction des filets
fluides, même quand cette surface est un simple
plan.
D'ailleurs, à défaut des formules que j'ai
établies et qui ne sont applicables dans le cas
d’une aile courbe, que lorsque le vent y entre
presque tangentiellement, j'ai imaginé une
méthode graphique qui montre immédiatement
d'une facon saisissante combien il est facile
d'obtenir, avec ure aïle concave, la force hori-
zontale négative nécessaire à l’immobilisation
de l’oiseau, et cela quelles que soient la direc-
tion et la vitesse des filets gazeux en chaque
point de la surface de l'aile.
Voici maintenant quelques conséquences de
ma théorie :
1° La vitesse du vent n’a aucun influence
sur l'équilibre horizontal de l'oiseau, c'est-à-
D ———————
(1) Comptes rendus (suile à la note précédente).
259
dire que l'équilibre horizontal, étant établi
pour une vitesse donnée du vent, existe tou-
jours si les ailes conservent leur position, lors-
que la vitesse du vent vient à prendre une va-
leur différente. Mais il n’en est pas de même
pour l'équilibre vertical;
2° La forme de la partie postérieure du corps
de l'oiseau et de sa queue à pour conséquence
le développement d’une force horizontale né-
gative qui s'ajoute à celle des ailes.
3° L’inclinaison ascendante du vent néces-
saire pour permettre le planement station-
naire est d'autant plus petite que la surface
des ailes est plus grande par rapport à ce
qu'on pourrait appeler le maître couple ‘du
corps de l’oiseau.
Enfin, je puis dire en terminant que, après
avoir prouvé l'existence de la composante hori-
zontale négative à l’aide de l'appareil men-
tionné dans ma première note (13 avril 1908),
J'ai pu réaliser expérimentalement le plane-
ment stationnaire au moyen d'un autre appa-
reil qui sera décrit dans une prochaine commu-
nication.
Marcez Derrez.
Concours de modèles réduits d'appareils d'aviation
Le concours de modèles réduits d'appareils
d'aviation organisé par l’Aéronautique-Club de
France s’est disputé le 21 juin, au Vélodrome
d'Hiver (Galerie des Machines), devant un nom-
breux public. Les appareils engagés étaient au
nombre de 46, en progression sensible sur l’an-
née dernière, (Voir Aérophile de juin 1907,
p. 171). Ils étaient divisés en 4 catégories dotées
chacune de prix spéciaux et désignées plus loin.
Le jurv composé de MM. Ernest Archdeacon,
le capitaine Ferber et J. Saunière, président de
l'Aéronautique-Club de France (ce dernier rem-
plaçant M. Gabriel Voisin, retenu en Italie par
les expériences de M. Delagrange), a attribué
les prix de la façon suivante :
I. — Appareils de plus de 2 kgr. avec moteur.
Prix du ministre de la Guerre et prix de 150 fr.
de l'Aéronautique-Club de France : M. Paulhan.
II. — Appareils de plus de 2 kgr. sans moteur :
1® prix, M. Janin (médaille de vermeil du Tou-
ring-Club de France) ; ?* prix : M. Jourdain (mé-
daille d'argent du Conseil municipal de Paris):
3° prix : M. Ventre d'André (médaille d'argent
de l'Aéro-Club de France).
III. Appareils de moins de 2 kgr. avec moleur :
1% prix : MM. Leullieux et Fardel (médaille de
vermeil du Conseil général de la Seine et prix
de 100 fr. de l'Aéronautique-Club de France). —
2" prix : M. Dollfus (médaille d'argent du jour-
nal l'Auto et prix de 50 francs de l’'Aéronautique-
Club de France).
IV. — Appareils de moins de 2 kgr. sans mo-
teur : 1* prix : M. Mouren {médaille d'argent du
journal Le Malin. — ?° prix : M. Delizy (médaille
de bronze du Conseil général de la Seine).
Prix spécial de 25 francs offert par le capitaine
Ferber : M. Paulhan.
Prix pour la construction : 1" prix : MM. Rebul
et Sarrazin {médaille de bronze du Conseil gé-
néral de la Seine). — 2° prix : M. Mercier (pla-
260
quette de
l'rance).
Peu d'appareils vraiment originaux ont été
produits et ceux qui présentaient des disposi-
lions nouvelles n'ont pas répondu à l'attente de
leurs inventeurs. On remarquait beaucoup d’en-
vins inspirés de très près des grands aéroplanes
automobiles actuellement en essais. Il est juste
de constater un fini plus grand dans la cons-
truction des mcdèles. Quelques engins se mon-
trèrent assez bons planeurs, nolamment celui
de M. Janin. Les honneurs de la journée sont
revenus à M. Paulhan, mécanicien du dirigeable
Ville-de-Paris et collaborateur de M. H. Kapierer
dans la construction de son grand aéroplane à
moteur. M. Paulhan, lauréat de la même épreuve
bronze de lAéronautique-Club de
l'année dernière, avait déjà élé récompensé au
concours du même genre organisé par l'Aéro-
Club de France en février 1905. Les charmants
oiseaux de carton de M. Mouren ont donné de
nouvelles preuves de leur stabilité extraordinaire.
La force motrice dans les appareils étail pres-
que toujours demandée à des brins de caoul-
chouc tordus. M. Mercier avait cependant muni
son engin d'un moleur à pétrole en miniature
remarquablement exécuté.
En présence du succès croissant du concours
de modèles, l’Aéronautique-Club de France songe
à rendre cette épreuve annuelle en revisant le
reglement de façon à pousser les concurrents
dans la voie des recherches vraiment nouvelles
el d’un intérêt technique général. — L. LAGRANGE
CEE EEE
Les concours d'aviation d2 Spa
MODIFICATIONS AU RÈGLEMENT PROVISOIRE
L’Aérophile du 1” avril 190$ a publié le pro-
gramme et les règlements des äivers concours
d'aviation organisés à Spa les 9, 16 et 23 août,
par l’Aéro-Club de Belgique, sous le patronage
de la Société d'encouragement aux sports.
Le total des prix était de 55.500 fr. Mais les
organisateurs désireux d’avoir le plus de con-
currents possible ont décidé de tripler lindem-
nité de déplacement accordée aux concurrents
qui ne gagneront pas un premier prix et de la
porter de 1.000 à 3.000 fr. Pour bénéficier de
cetle mesure, ces concurrents devront néan-
moins avoir pris part aux trois journées
d'épreuve et avoir parcouru dans l'une de ces
trois journées, un vol de 500 m. au moins à
partir du départ ou justifier d'un vol antérieur
de 500 m. au moins. constaté officiellement par
un Club reconnu par la F. A. I.
Cette disposition avantageuse pour lensemble
des concurrents à amené à restreindre l'impor-
tance des prix proprement dits qui atteignent
encore cependant le coquet total de 21.500 fr.,
se décomposant ainsi
1 journée (9 aoûl), — Un premier prix de
5.000 francs et une médaille d'or. — 2° journée
{16 août): un premier prix de 5.000 francs et
une médaille d'or, — 3° journée: un premier
prix de 10.000 francs et une médaille d'or. —
Poux chacune des trois journées, un deuxième
prix de 500 francs el une médaille d'argent.
: 1° prix de 1.000 fr. ;
Concours de sustentalion
2° prix de 500 francs.
Les concours auront lieu sur le plateau de
Malchamp. à 5 kil. de Spa. Le terrain d'expé-
riences absolument découvert. sans un arbre,
mesure 5 kil. de long sur 1 kil. de Jargeur.
MM. Henri Farman et Robert Esnault-Pelterie
qui l'ont visité ont déclaré que cet emplacement
serait parfait après quelques travaux d'aména-
it Juillet 1008
sement que les organisalcurs prendront à leur
charge a\ec la construction des hangars, des
tribunes, des bars, des clôtures, etc. ‘Tout cela
sera terminé du 20 au 25 juillet. On tracera une
piste elliptique de 950 m. de longueur sur 450 m.
de largeur, que les concurrents devront circons-
crire, On compte sur la participation de MM. H.
Farman, R. Esrault-Pelterie et peut-êlre du ca-
pilaine Ferber avec son N° /X.
Pendant la période des épreuves, un grand
concours de cerfs-volants sera organisé. — PniLos
PAPAS
Les brevets de l'aéronautique
Brevels délivrés du 7 mai au 3 juin 1908.
387482. — :1 février 1908. — LouvriEr (F.)
\éronave. .
387489. — 22 février 190$. — Lacare (M.
Aérostat à force ascensionnelle par le vide.
387522. 24 février 1908. — Courox (E.)
Aéroplane routier.
8387693. — 29 février 1908. — TiromMpsoN (W.-P.).
Perfectionnements aux aéroplanes.
387694. — 29 févrisr 1908. — Lanz (F.) : Pro-
pulseur pour la navigation aérienne.
S903/386406. 10 février 190$. — VIELLERENT
(M.) : 1‘ certificat d'addilion au brevet pris, le
21 janvier 1908, pour roue à aubes aviatrice.
387985. — 9 mars 1908. — MExOUx (R.) : SYs-
tème d'orientation électro-magnétique de l'air en
mouvement dans les ventilateurs ou les pro-
pulseurs, applicable notamment à l'aviation.
387842. — 5 mars 1908. — Campa (P.) : -Bloc-
nioteur pour la propulsion de navires, véhicules
et mobiles de tous genres.
387752 .— 13 mai 1907. — GnrIMM (J.) — Roue
ascensionnelle à aubes pour machines volantes.
387790. — 14 mai 1907. — BERGER (A.) : Dir
teur stabilisateur pour appareils d'aviation.
387802. — 24 février 1908. — DorxEsco (T.)
Aéroplane. H L
387886. — 6 mars 1908. — \\VIMTEHEAD (G.) et
BEACH (S.-Y.) : Aéroplane. .
38TS8S. — 6 mars 1908. — Tesio (A.) : Nouveau
mode d'établissement des acroplanes.
387928. — 7 mars 1908. — CHANTRAINE {J.) : Ap-
pareil de locomotion aérienne,
388039. — 11 mars 190$. — DEerontT (P.) et
SavEs (G.) : Appareil rotalif suspenseur propul-
seur pour réaliser le vol mécanique.
388389. — 5 mars 1908. — VALION (R.-F.) : Prü-
pulseur aérien.
388455. — 23 mars 1908. — GUTERMUTH (N1.-F.) :
Ailes pour machines volantes.
9069/382465. — 28 juin 1907. — AUGEYROLLE (P.)
et REY (F.) : 1* certificat d’addition au brevet
pris le 8 décembre 1906, pour aviateur mixte.
Communiqué par MM. WEISMANN et MARX,
inieurs-conseils en-malièr2 de propriété in-
dustrielle. 90, rue d'Amslerdam, Paris. Télé-
phone : 111-16.
Brevets non mentionnés antérieurement.
385226. — 21 septembre 1907. — DE Broca
(A.-L.) Application du cerf-volant américain
medilié pour servir de porle-amarre en cas de
sinistre maritime.
385217. — 4 mars 1907. — DESRAY (A.-P.-M.-J.) :
Propulseur pour la navigalion aérienne.
385221. — 30 juillet 1907. — Sazvy (P.-E.-T.)
Sysième de propulsion d'avialeur par courant
d'air engendré par un ventilateur.
385215. — 14 novembre 1907. — FAUBER (W.-H.) :
Aéroplane.
385305. — 9 décembre
(A.) : Machine volante.
1907. — BourDELUUP
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Pour le Dirigeable |
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285310. — 10 décembre 1907. — Murray (\W.-
E.) : Aéroplane.
8611/371331. — 26 février 1907 : Corrous (J.)
ei CARREL (C.-M.) : 1” certificat d’addilion au
brevet pris, le 10 novembre 1906, pour propul-
seur aérien et hydraulique.
385426. — 15 mars 1907. — Biparp (R.-A.)
Aéroplane.
Communiqué par MM. WEISMANN et MARX,
ingénieurs-conscils en matière de propriété in-
dustrielle, 96, rue d'Amslerdam, Paris. ‘Télé-
phone : 111-16.
Le Diriceable ““Gross][?7?
Comme nous l’annoncions dans l’Aérophile
du 15 juin, p. 240, le major Gross, aide de l’in-
génieur Basenach, aurait commencé en mai les
essais du nouveau dirigeable des aérostiers
prussiens; appelons-le, sauf réclamations, le
Gross II.
Voici quelques détails donnés par les jour-
naux allemands, sans que nous puissions ::a-
rantir leur exactitude absolue.
Ce dirigeable mesure 66 mètres sur 11 mètres
de diamètre au maître-couple. Son enveloppe
est tendue sur une armature en tubes d’acier,
montée et vissée sur une plaque concave en
aluminium rendue invisible par l'enveloppe,
comme toute partie métallique du corps prin-
cipal.
La nacelle, qui a 5 mètres sur 2, est aussi
en tubes d'acier. Elle est suspendue au ballon
par des tiges fixées dans des boîtes à billes.
Elle comporte deux moteurs indépendants de
75 chevaux, actionnant chacun une hélice à
trois palettes en aluminium. Les hélices, domi-
nant la nacelle, sont placées immédiatement
sous le corps du ballon. Durant les longues sor-
ties, on ne se sert que d’un moteur à la fois.
L’avant du ballon a la forme d’un éperon
fortement relevé. A l’intérieur du ballon sont
logés deux ballonnets compensateurs.
Les essais ne reprirent que le 30 juin et deux
sorties eurent lieu dans la matinée avec succès.
I1 n’en fut pas de même le lendemain 1‘ juil-
let, le jour même de l’ascension de 12 h. du
Zeppelin 1V. ;
Parti le matin, à 4 heures et demie, par un
temps très calme, le Gross II était monté par
sept officiers et conduit par le major Sperling
ot l'ingénieur en chef Basenach.
À six heures, il se dirigea à grande vitesse
vers le bois du Grünewald et s'arrêta au-des-
sus de la gare de Wichkamp. Tout à coup, on
le vit « piquer une tête », perpendiculairement,
et se précipiter dans le bois, où il resta acro-
ché à la cime des arbres. Pendant que l’avant
du ballon cherchait, sous l’afflux du gaz et
l’action des hélices encore en marche, à se dé-
gager, l'arrière se dégonflait.
Une compagnie du 2° régiment de la garde,
qui manœuvrait près du lieu de l’accident,
261
s’est portée au secours des aéronautes, jui,
heureusement, n'avaient pas été blessés.
Le sauvetage du ballon fut particulièrement
difficile. On dut abattre des arbres pour déga-
ger les moteurs, les hélices et différentes par-
ties du ballon. Un vent assez fort, menaçant
d'emporter le dirigeable, cinquante soldats
furent requis pour le maintenir jusqu’au mo-
ment où il fut dégonflé.
Les avaries du dirigeable sont importantes,
et l'enveloppe a été fortement endomma-
gée. — X
NECROLOGIE
Mort du baron von Hewaid. — Le 17 juin,
cst mort à Podewils (Poméranie), le Faron Max
von ileivald.
Baron Max von l{ewald
Sporlsman convaincu et militant, le baron
von H2weld était une des personnalités les
plus connues et les plus brillantes du monde
aéronautique allemand. Né le 10 mars 1565, à
Schæœneberg, près Perlin, il avait à peine
13 ans lorsqu'il fit sa première ascension et
comptait à son actif, en qualité de pilote, plu-
sieurs ascensions fort intéressantes. Il fut l'un
des délégués de son pays à la conférence de fon-
dation de la F. A. [., en octobre 1905 et repré-
sentait dans Ja Coupe Gordon-Bennett 1906 les
couleurs de la « Berliner Verein für Luftschif-
fahrt » qui fait partie de la « Deutcher Luft-
chiffer Verband » Il était également membre
de l’Aéro-Club de France où il jouissait de sin-
cères sympathies.
Déjà souffrant l’année dernière, le baron von
Hewald ne put participer à la Coupe Gordon-
3ennett 1907, mais il prêta son ballon Pommern
à son compatriote. M. Oscar Erbslôh, qui fit
iriompher les couleurs allemandes. — Puiros
RRRPRRRRRRT
Omission. — Dans notre compte rendu de la
° conférence de la Fédération aéronautique in-
ternationale, nous avons omis de signaler (ques-
ion 8, bibliographie, Aérophile du 15 juin,
p. 28), que c’est à l'initiative de la Société Aéro-
nautique de Belgique qu'est dûe la fondation de
l'Office International de Documentalion Aéronau-
tique. La fondation de cet office a été reconnue
el approuvée à l'unanimité par la Fédéralion.
CAPITAINE FERBER
202
Le prix Montefiore n'est pas gagné
Le prix Montefore n'est pas gagné.
M. Montefiore avait mis à la disposition de
l’'Aéro-Club de France un somme de 2% fr.
pour être attribuée à l’aviateur, spécialement
inscrit, qui aurait parcouru avant le 30 juin
au coucher du soleil, la plus grande distance en
circuit fermé et au minimum à kilomètres.
Henri Farman avait rempli les formalités
nécessaires et devait essayer le 30 juin de ga-
gner l’épreuve à Issy-les-Moulineaux. Mais les
brises irrégulières et les remous aériens u une
journée orageuse empêchèrent toute tentative.
Les délais étant expirés, le prix Montenore
n'existe plus en droit, mais son généreux ona-
teur saura, nous en sommes certains, trouver
moyen de maintenir sous une autre forme : ap-
préciable encouragement qu’il offrait aux avia-
teurs.
ee
Notes sur les Hélices
sustentatrices
Le problème du « plus lourd que l'air » par
l'hélicoptère, présente certainement de gran-
des difficultés, mais il offre cet avantage que
tout dépend d’un seul organe, l’hélice. Il y
a bien quelques difficultés accessoires à ré-
soudre, telles que transmission, montague,
bâti, ete., mais le point capital c’est l’hélice ;
de son rendement dépend le succès de l’appa-
reil.
Quelles conditions doivent remplir ces
hélices, quelles dimensions doivent-elles avoir,
quelle sera leur vitesse de régime, comment
faut-il les construire? Autant de points im-
portants que l’on ne peut fixer que par de
multiples essais, et c’est parce que nous tra-
vaillons cette question depuis 3 ans et que
nous avons fait des centaines d'expériences
que nous croyons pouvoir exposer nos idées
sur cette question.
Certaines théories, d’ailleurs très sensées,
mais que la pratique ne confirme pas, indi-
auent que pour soulever un poids important,
il faut attaquer un grand cercle d'air, par
conséquent il faut de grandes hélices. Cette
opinion serait confirmée par la pratique si
les hélices étaient de construction parfaite,
e qui est toujours supposé en théorie. Mais
les hélices de grandes dimensions présentent
les difficultés de construction qui sont Îles
causes principales du mauvais rendement.
D'alord leur poids et leur volume impor-
1* Juillet 1908
tants les désarantagent; puis, il est très diffi-
cile de faire de grandes palettes parfaitement
semblables, conditions indispensables pour nn
bon équilibre. Ces palettes sont généralement
constituées d’une carcasse en tubes, tendue
de soie, ces tubes ne peuvent être complète-
ment aplatis et offrent une grande résistance
à la pénétration; la soie si bien tendue-qu'elle
soit, ne peut pas l'être également sur. toutes
les palettes, qui. en marche, prennent des
courbes différentes; il se forme des poches
au raccordement des tubes, des plis, ete.
Voilà pour la construction, passons mainte-
nant au fonctionnement. Pour entrainer ces
paiettes, des câbles sont nécessaires; dès la
mise en marche, ils entrent en vibration et
offrent une grande résistance à la pénétra-
tion. Aussitôt que l'effort devient important,
les palettes se déforment par suite des diffé-
rences de force ascensionnelle réparties sur
chaque section de surface, et ces palettes qui,
au départ avaient une belle forme mécanique,
prennent en marche une forme quelconque,
absolument iipropre au bon rendement, sans
compter que la soie, sous leffort, prend une
courbe souvent exagérée, formant poche et
absorbant toute la force. Il s'en suit que le
rendement, qui était parfait à faible vitesse,
devient tout à coup mauvais.
I y aurait donc grand intérêt à avoir des
hélices rigides, de pénétration facile, parfai-
tement symétriques et bien polies surtout sur
la surface qui reçoit la pression de l'air; les
formes, courbes et dimensions des palettes ont
beaucoup moins d'importance. Ces conditions
sont beaucoup plus faciles à réaliser avec de
petites hélices entièrement métalliques. Celles
des aéroplanes sont déjà très perfectionnées et
donnent des poussies considérables, quoi-
qu'elles ne soient pas faites dans ce but uni-
que, et que leurs dimensions et leurs vitesses
ne s'y prêtent guère, mais leurs formes
exactes, leur rigidité, leur poli et leur tran-
chant sont aussi nécessaires aux hélices sus-
tentatrices.
Pourquoi n’en fait-on pas de semblables
pour les hélicoprères, en les modifiant suivant
leur but spécial? Parce que l’on veut suivre
cette théorie citée plus haut, qui indique que
pour souiever un poids important 1! faut at-
taquer un grand cercle ou surface d'air. Ce
n'est pas très exact : la surface d’air n’est pas
seule à considérer, il faut plutôt se préoc-
cuper du cu8e p'arm sur lequel l’hélice prend
son point d'appui dans un temps donné, et ce
cube, c'est la surface du cercle décrit par
Uhélice, multiplié par le pas et multiplié par
le nombre de tours; c’est-à-dire le cylindre
d'air refoulé par cette hélice. Plus ce cube
d'air et par conséquent son poids seront im-
portants, plus le point d'appui sera résistant.
l'Agrophile
Il n’est pas besoin d’avoir de grandes hélices
pour obtenir ce résultat. De petites hélices
tournant rapidement produiront le même ef-
fet; bien entendu il ne faut pas aller aux vi-
tesses extrêmes, car il se produirait ce phéno-
mène connu en hydraulique « le vide » et le
point d'appui serait annulé. Mais ce phéno-
mène ne se produit pas si tôt qu’on le suppose,
car si l’air, en raison de sa mobilité, fuit faci-
lement sous les palettes d’hélices, il se renou-
velle avec une grande rapidité. Avant d’at-
teindre ce point critique, il arrivera aussi que
l’air, aspiré, en quelque sorte, par l’hélice,
aura déjà une certaine vitesse de déplacement
quand les palettes l’attaqueront et le point
d'appui en sera diminué. Mais cette cause de
perte est bien moins importante que toutes
celles occasionnées par les grandes hélices et
que nous avons indiquées plus haut; en outre
les petites hélices auront encore l'avantage
du faible poids et du peu d’encombrement. Il
y aura certainement des dimensions et des
vitesses à ne pas dépasser, mais on pourra,
à notre avis, enlever un homme avec des hé-
lices beaucoup plus petites qu’on ne le suppose
genéralement.
Pour ce qui est des courbes et des formes à
donner aux palettes, les plus simples sont les
meilleures. Les courbes des surfaces d’aéro-
planes sont de bons modèles; il est inutile de
les contourner en tire-bouchon, de leur donner
des formes de cuiller à pot; le rendement n’en
serait pas meilleur, au contraire. Quant à
l’angle d'attaque des palettes, celui des plans
d’aéroplanes est encore bcn, quoique un peu
fort.
11 ne faut pas compter sur les tourbillons
d’air produits par les palettes à formes bizar-
res pour assurer la sustentation; le seul point
d'appui sérieux, c’est l’inertie de l'air. Il y
a donc grand intérêt à attaquer, dans un
temps donné, le plus grand volume, par con-
séquent le plus grand poids d’air possible, et
à l’attaquer le plus rapidement possible. Il
faut en quelque sorte saisir l’air, le brusquer,
afin qu’il n’ait pas le temps de reculer. Si les
palettes d’hélices se déplacent lentement, l'air
aura le temps de fuir et le rendement sera
nul, quelle que soit la surface des palettes.
En résumé pour obtenir un bon rendemert
d’un hélicoptère il faut :
1° Æmployer des hélises indéformables, tran-
chantes et parfaitement polies:
2° Attaquer dans un temps donné le plus
grand volume d’air possible;
3° Attaquer l’air le plus brusquement pos-
sible.
Pauz Cornu
263
LE POUR ET LE CONTRE
La « réponse de l'aigle ». — Voir Aérophile
de janvier 190$, pages 4 et 5, la note « Protes-
talion de l'Hélice », sous la rubrique « Le Pour
et le Contre ».
Depuis que « Sainte-Hélice » a dit : « Les ailes
des oiseaux, c'est MOI! »,-je suis perplexe.
Je l’aime bien, Sainte-Hélice. C'est une vieille
dame qui à beaucoup voyagé. Elle a gagné une
très grosse fortune à faire monter (pardon |!) à
faire marcher des bateaux grands et petits dans
tous les mondes. Mon cousin, le linot, affirme
même que sa canonisation est toute récente, et
due surtout à sa fortune, mais que cette fortune.
elle est en train de la gaspiller follement en es-
sayant de faire monter les dirigeables. Il a si
mauvaise langue le linot !
Moi qui ne demande qu'à m'instruire, je me:
suis installé tout près de Sainte-Hélice. Dans.
le grand parc de la bonne dame j'ai construit
mon nid. De là, rêveur, je la regarde se livrer
à ses évolutions savantes, puis je contemple le:
vol de mes amis de toutes sortes, et je cherche:
vainement la ressemblance.
Plus j'examine, plus je réfléchis, moins je com-
prends. Sans doute, mes méninges de pierrot
sont-elles insuffisamment développées. Il faut
que je fasse appel aux lumières de mon grand’-
oncle, M. l’Aigle.
Oui ! mais C'est qu'il habite loin là-haut, lui,
à 800 mètres au moins dans le rocher. Et puis,
il n'est pas très sociable. Si je lui rapporte qu'on
a dit que ses ailes, dont il est si fier, ne sont.
que des hélices, il est bien capable de lancer un
défi à Sainte-Hélice elle-même,
Tant pis!
Là, que vous avais-je dit? Le voilà tout de:
suite fâché. Ecoutez plutôt comme il proteste :
« Ah! mais non ! mon petit, nos ailes n'ont
rien de commun avec cette bizarre machine, et
si l'ingrate nature, au lieu de nous donner
l'oxygène de l’air comme carburant, avait mis.
à motre disposition un autre plus puissant, ce:
n'est pas 12 kilos seulement de charge totale
qu'elles nous permettraient de soutenir.
« D'ailleurs, il est inutile de discuter plus long-
temps. Je vois là-bas un joli petit chevreau qui
appartient précisément à Sainte-Hélice ; il pèse
bien cinq kilos, moi j'en pèse neuf. Je vais sim-
plement., en dépensant pour cette opération, une:
toute petite fraction de HP, l'enlever là-haut dans.
mon aire, où mes enfants lui feront le plus char-
mant accueil.
« Mes hommages à Sainte-Hélice ! Dis-lui bien.
surtout, que c'est moi qui lui ai enlevé son che-
vreau. Dis-lui aussi, puisqu'elle affirme qu'on
peut tirer d'elle « le maximum d'effet possible:
que nul autre engin ne peut donner », que j'at-
tends bientôt sa visite. Point n'est besoin pour:
venir là-haut de fabriquer beaucoup de HP. Je
ne lui demanderai même pas de revêtir, pour:
me faire visite, les seuls matériaux dont sont
constituées nos ailes, os, chair et plumes : c’est.
trop fragile pour elle. Qu'elle se garnisse avec
des matériaux très résistants, mûs par des car-
burants très énergiques. mais qu'elle pèse seu-
lement 9 kilos, et veuille bien enlever, non un.
bipède de 50 kilos, mais un tout petit quadru-
pède de 10 livres. Qu'elle n'oublie pas surtout
de tenir bien compte des nombreux HP que lui
aura coûtés son déplacement ; je veux prendre:
à ma charge les frais du voyage de retour.
Adieu, pettt ! »
Mon grand'oncle fit comme il l’avait dit. Avec
une aisance qui me charma, il enleva délica-
tement le pauvre chevreau, peu satisfait sans
doute de son voyage aérien.
Et moi, je demeurai perplexe.
PETIT PIERROT.
264
Le Tour du Monde aérien
Les prix d'aviation de naguère. — Notre
confrère François Peyrev a publié dans l'Auto
le relevé des récompenses proposées autrefois
aux aviateurs avant les importants encourage-
ments qui ont si puissamment aidé aux progrès
actuels.’ Voici la liste des prix d'aviation de
naguère :
Prix de 100 livres (2.500 francs) créé en juin
1868, par le duc de Sutherland pour l'invention
d’une machine qui, n'étant ni un cerf-volant ni
un ballon, s'élèverait, avec un homme à la hau-
teur de 120 pieds. (Non attribué).
Prix de 5.000 francs offert en 1868 par M. Bou-
cart « à l'inventeur d'un appareil quelconque
à l'exclusion de tout système aérostatique qui
évoluerait pendant 20 minutes avec sécurité
dans plusieurs directions et prendrait terre en un
point déterminé à l'avance et de 3 mètres plus
élevé que le point de départ ». Si l'appareil ne
foncticnnait que pendant 5 minutes le prix était
réduit à 2.000 francs (non décerné).
Prix des Sciences mathématiques de 3.000 fres.
proposé par l’Académie des Sciences en juillet
1873 pour l'année suivante, sur cette question
« Donner une théorie mathématique du vol des
oiseaux », Dix mémoires furent présentés. L'A-
cadémie réserva le prix, mais en attribua la va-
leur par moitié, entre Alphonse Pénaud, auteur
du mémoire n° 2? d'une part, et Hureau de Vil-
leneuve et Crocé-Spinelli, d'autre part, auteurs
du mémoire n° 4.
Prix Penaud (3.000 francs) créé par le regretté
aviateur, pour celui ou ceux qui auraient le plus
fait progresser la locomotion aérienne et attri-
bué, en 1883 par l'Académie des Sciences à 3
lauréats : Gaston Tissandier, qui venait de cons-
truire son dirigeable électrique : Victor Tatin, le
savant aviateur, pour ses expériences d'aviation
pure, et Duroy de Bruignac pour un beau tra-
vail mathématique sur un engin mixte.
Le roi de Saxe baptise un ballon. — S. M.
le roi de Saxe, accompagné du prince héritier
et de la princesse Mathilde, a présidé, le 15 mars,
à Dresde, la cérémonie de baptême du ballon
Dresde, qui s'est éloigné, sous une tourmente
de neige, monté par le docteur Poechsel.
Le plus petit ballon anglais. — L'Hon. C.S.
Rolls a inauguré. le 14 mars, son ballon
Diablotin, le plus petit aérostat anglais. Des-
sendu à 45 kil. de Londres, l'excellent pilote put
charger tout son matériel sur l'automobile qui
le ramena à Londres.
Le plus petit aérostat monté qui ait été cons-
truit est le Brazil (113 m°), à Santos-Dumont,
ballon en soie du Japon, sorti en 1898 des ate-
liers Lachambre : il pesait au complet. avec
son grappin, 27 kilog. 500. Plié dans sa nacelle,
on le transportait comme une valise. Il importe
de rappeler que le* pilote et propriétaire du
Brazil est lui-même un « poids léger », 50 kilos !
Le gaz d'éclairage à bon marché. — L'usine
de Bily-Montigny, près Courrières (Nord), peut
fournir d'excellent gaz d'éclairage aux aéro-
nautes, à raison de dix centimes le mètre cube.
De même, parait-il, l'usine de Roubaix. Avant
la hausse des charbons, cette même usine aurait
pu faire un prix encore plus bas.
Le dirigeable mixte Malécot. — M. Malé-
cot, dont l’Aérophile a décrit en 1907 le système
de dirigeable mixte, essayé à Beauval, près
Meaux, se dispose à poursuivre ses expériences
1° Juillet 1908
à Issy-les-Moulineaux, sous l'examen d’une com-
mission technique désignée par le ministère de
la Guerre.
Un prix d'aviation en Aliemagne. — Un
commerçant de Manheim, M. Karl Lanz, fonde
un prix de 40.000 marks (50.000 francs), à dis-
puter dans la plaine de Tempelhof, près Berlin,
et réservé aux concurrents allemands, montant
des machines volantes construites en Allemagne
et munies de moteurs de marque allemande.
Une somme supplémentaire de 10.000 marks
(12.500 fr.) est affectée par M. Lanz à divers
encouragements aux ingénieurs et inventeurs al-
lemands s'occupant d'aviation.
L’aéroplane Jacquelin. — On confirme que
le champion cycliste Jacquelin construit avec
le concours de M. Védrine, le constructeur bien
connu de carrosserie automobhile, une nouvelle
machine volante. L'engin sera muni d’un moteur
Dutheil et Chalmers.
Un nouveau dirigeable « Parseval ». — On
connaît les essais du dirigeable Parseval de l’an-
née dernière. (Voir Aérophile 1907, n°° de juin,
août, septembre, octobre.) Le Parseval 1908, qui
appartient à une association privée, sera vrai-
semblablement essayé avant peu.
Traversée de la Baltique en ballon. — Par-
tis le 3 mai de Stockholm. à bord du ballon
Andrée, les lieutenants Hamilton et Fogman ont
atterri après vingt heures de voyage sur les
côtes russes de Courlaude.
C'est là, paraït-il, la 6° traversée aérienne de
la Baltique.
Aéro-Club de Ia Sarthe. L'Automobile-
Club de la Sarthe vient de créer au Mans, sous
le nom d'Aéro-Club üäe la Sarthe, une section
aéronautique dont le président est M. Léon Bol-
lée, le constructeur d'automobiles bien connu et
le secrétaire général, M. Durand.
La première ascension de l’Aéro-Club de la
Sarthe a eu lieu le 12 mars, au Mans. Le
ballon Au Petit-Bonheur (1.200 m'), s'éleva à
10 h. 30 du m., emportant M. Ernest Barbotte,
pilote de l’Aéro-Club de France, chargé de for-
mer les premiers pilotes de l'Aéro-Club de la
Sarthe, Léon Bollée, Paul Jamin, René Pellier.
L'atterrissage a eu lieu à 1 h. 30, près Segré
(Maine-et-Loire). Altitude maxima : 1.950 m.
Le Club a décidé l'acquisition d'un ballon de
1.200 m° et l'établissement à son parc aéronau-
tique d'une prise de gaz débitant 1.500 m° à
Vheure.
Aéro-Club du Nord. — Le Comité pour 1908
est ainsi composé : MM. Ed. V. Boulenger, pré-
sident : H. Delanoë, vice-président ; A. Damez,
secrétaire ; A. Lepers, trésorier ; M. Desurmont,
conservateur du matériel: Desruelles, aide ;
Pierre Motte, Ch. Crombez, G. Vandendriessche,
E. Delabre, membres.
Ellehammer gagne le concours de Kiel.
— Seul concurrent le Danois Ellehammer a ga-
gné cette épreuve avec quelques bonds dont le
plus long n'excéda pas une centaine de mètres.
Le lieutenant de vaisseau Frietzche, qui avait
construit pour cette épreuve un aéroplane de
32 m°, avait péri quelques jours avant le 28 juin
dans un accident d'automobile.
Concours d'aviation à Venise. — On an-
nonce l'organisation à Venise d’un concours
d'aviation doté de 25.000 francs de prix, à dis-
puter en octobre.
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MMAIRE : Portraits d’aéronantes contemporains : Richard Clouth (A. Cléry. — La liberté de l'atmosphère (Capitaine Ferber). — Nos aviateurs à
Etranger : Léon Delagrange en Italie (P. Garnier). — La conquête du Prix Armengaud jeure, 2) minutes 20 secondes en aéroplane (G. Rlanchet), — Les
rogrès du monoplan : Nouveaux snccès de Louis Blérint (A. Nicollean). — Un diner chez Armengaud qui procure 25 (00 france à l'aviation (Capitaine
‘erber). — Nouvelles expériences du Zeppelin IV (Paul Ancelle) — Les essais de l'autoballon Gross -II (A. M,). — Les essais de l’aéroplane White Winw
A. de Masfrand). — Les prévaratifs de Wilbur Wright (Philos). — Les brevets de l'aéronautique. — Voyages en zigzag (B...). — A l'Aéro-Club du
ud-Ouest. — L'évolution de l'industrie aéronautique (L. Lagrange). — Le tour du monde aérien.
MMAIRE DU BULLETIN OFFICIEL DE L’AERO-CLUB DE FRANCE : Convocations. — Comité de direction du 4 juin et du 2 juil-
t 1908. — Commission d'aviation du {°° juin 190%. - Commission scientifique du 29 juin 19: 8. — Commission sprrtive des 7 juin, 12 juin, 3 juillet 1908.
— Concours d'atterrissage du 28 juin 1908. — Diners mensuels des 7 mai, 4 juin, ? juillet 1908. — Dons pour le Musée, la Bibliothèque et les Archives.
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Directeur-Fondateur: Georges Besançon
16° Année. — N°14 15 Juillet 1908
Portraits d'Acronautes Contemporains
(Photo Branger).
Ricnarp CLourn
Né à Cologne, le 26 novembre 1882, Richard Clouth est l’un de nos plus jeunes pilotes, l'un de ceux sur
lesquels le sport aérien peut le plus compter.
Fils du grand industriel Frantz Clouth, qui possède ct dirige à Cologne l'une des plus puissantes usines
allemandes de caoutchouc manufacturé, il fut destiné au commerce. Ses études terminées, il faisait un séjour
prolongé en Angleterre, puis en France, et complétait son éducation de futurexportateur, en se familiarisant avec
la lansue de ces deux pays et avec leurs pratiques d’affaires.
C'est en France que s’affirma la vocation aéronautique du jeune homme. Le sport aérien l'attirait invinciblement.
I! se faisaitadmettre àl’Aéro-Club de France et, après quelques ascensions en compagnie d'excellents sportsinen,
il conduisait habilement lui-même les ascensions réglementaires et obtenait son brevet de pilote.
En quelques mois à peine.il aaccomoliure quinzaine d'ascensions. La liste s'allongera, mais elle comprend
déjà des performances fort honorables. Citons Paris-Aurillac comme aide de Georges Blanchet, et en qualité de
pilote : Paris-Thionville, Paris-Saint-Omer Cologne-Mannheim et Cologne-Apolda en mai 1908, enfin lout
récemment, le 28 juin 1908, le beau voyage Cologne-Rantigny (Oise)en 11 heures.
Cette dernière ascension fut faite à bord d'un ballon appelé (‘louth. Le père du jeune aéronaute n'a pas
hésité, en effet, à annexer à sa manufacture un service complet de construction aéronautique. Bien que fabriquant
d'excellentes étoffes croutchoutées, il ne se borne point à établir des aéroslats avec ces Lissus spéciaux Il utilise
aussi les tissus vernissés dont Richard Clouth a pu apprécier en France les remarquables qualités et le prix
avantageux. À son retour en Allemagne. Richard Clouth fut attaché à cette importante partie de la
fabrication paternelle. [| avait en effet étudié en France, chez nos meilleurs spécialistes et notamment dans les
ateliers Mallet, les mille détails de la techaiqu:et de la pratique aérostaliques. Sous sa direction compétente et
active, la réputation de sa marque s'aflirme outre-Rhin, en même temps que le jeune constructeur sait la soutenir
et la répandre par un tempérament sportif et une habileté de pilote dont on peut attendre beaucoup.
A. Crény
CONVOCATIONS
Conseil d'administration, 5 août, à 5 h.
Comité, jeudi 6 août, à 5 h.
Commission scientifique, sur convocalion du
Bureau.
Commission sportive, sur convocalion du Bu-
reau.
Commission d'aviation, sur convocation du Bu-
reüu.
Diner mensuel, jeudi 6 août, à 7 h. 1/2, en
l'Hôtel de l'Automobile-Club, 6, place de la Con-
corde. Prix du couvert : 8 fr.; tout compris.
Les inscriptions pour le diner, réservé aux
seuls membres du Club, sont reçues accompa-
gnées du prix du couvert, la veille au plus lard.
CONITÉ DE DIRECTION DU 4 JUIN
Présents à la séance ouverte sous la présidence
du comte de La Vaulx : MM. le comte de Caslil-
lon de Saint-Victor, Georges Besançon, François
Peyrey, Blanchet, capitaine Ferber, Paul Tissan-
dier, Louis Blériot, Auguste Nicolleau, Alfred Le-
blanc, Maurice Mallet, Georges Le Brun, Etienne
Giraud, le comte de Chardonnet, le comte de
Contades, Georges Dubois le Cour.
Aérostation militaire. — Le Comité accepte de
louer, comme l'an dernier, aux officiers du Génie
le ballon Aéro-Club III (1.200 m°), les 6,15, 19 juin,
si cela est possible, et aux mêmes conditions
qu'aux membres de l’'Aéro-Club.
Concours de ballons. — Le Comité ratilie le
classement fait par la Commission Sportive des
lauréats du concours de distance du 16 mai 190$ :
1j" M. Blanchet, 2° M. Peyrey, 3° M. Pierre
Gasnier.
Le prix de mille francs, généreusement offert
par le prince de Colloredo-Mansfeld, sera appli-
qué au concours du dimanche ?8 juin, au parc
de l’Aéro-Club de France
Le règlement sera le suivant :
Distance minima relative par rapport aux
points désignés par les pilotes. 15 ballons des
1“ et 2° catégories. Concours ouvert aux Soaiétés
affiliées à l'Aéro-Club de France, à raison de un
ballon par Association.
Gaz au prix ordinaire du parc. Prix : 300 Îr.,
250 francs, 200 francs, 150 francs, 100 francs.
Lalloltage. — Le Comité procède à l'admission,
après ballottage, de : MM. Paul de Niermont. par-
rains MM. J. Faure, E. Dubonnet; Léon Demanest.
parrains, MM. Demanest, Tissandier ; Jean de
Fesquet (réintégration) ; Paul Cocteau. par-
Trains MM. Giraud, Tissandier ; René Duvau.
parrains : MM. Avrain, le comte de Castillon ;
Joseph Périer, parrains : MM. Avrain, le comte
de Castillon : Veillet-Dufrêche, parrains : le mar-
quis de Kergariou, M. Dureste : comte de Conta-
des : B. Dubos, parrains : le comte de Castillon.
15 Juillet 1908
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
Siège social : 63, avenue des Champs-Elysées, Paris (VIII)
Télégrammes : AÉROCLUB-PARIS. — Téléphone : 666-21
René Loste ; René Quinton, parrains
laine Ferber, le comte de La Vaulx.
Brevels de pilote. — Le brevet de pilote est ac-
cordé à : M. Bertault, parrains : MM. Edouard
Pachelard et Auguste Nicollcau ; M. Léo Ste-
vens., parräins : MM. le comte de La Vaulx, F.S.
Lahm, et James Mac Coy.
Fêtes du décennat. — Le Comité prend con-
naissance du programme élaboré par le Conseil
dadministration pour les fêtes décennales de
l'Aéro-Club de France, les 9, 10 et 11 juin 190$, et
il l'accepte.
Prix d'atlerrissage. — Le comte de Castillon
de Saint-Victor annonce que le comte de la Ferté-
Meun, oftre un prix de 1.000 francs à l'aéronaute
qui descendra sur la commune de Maron, près
Châteauroux, et que le marquis de Gasquet offre
un prix de 1.000 francs à celui qui atterrira sur
la commune de Lineuil (Cher).
Moyens de contrôle. — M. Peyrey demande
que la Commission SportiVe exige des baro-
mètres enregistreurs plombés dans les concours.
de distance et de durée.
M. Blanchet demande de ne pas exiger com-
munication de la tactique des ascensions quand
ce n'est pas indispensable.
Après vote, le principe des baromètres enre-
gistreurs obligatoires ést adopté, mais la ma-
nière de les imposer reste à étudier.
Ordre de départs des ballons. — M. Giraud
souhaite que dans la mesüre du possible, les
départs soient donnés en concours dans l'ordre
des cubes, en finissant par les plus pelits bal-
lons. La question sera examinée par la Com-
mission Sportive.
Il demande que pour les concours d'atterris-
sage, les départs soient donnés plus tôt, et plus
tard pour les concours de distance et de durée.
le capi-
COMITÉ DE DIRECTION DU 2 JUILLET 1908
La séance était présidée d’abord par le
comte de Castillon de Saint-Victor, trésorier,
puis par le comte de La Vaulx, vice-président
Présents : MM. le comte da La Vaulx, comte
de Castilion de Saint-Victor, René Grosdidier,
Ernest Archdeacon, Gecrges Blanchet, Alfred Le-
blanc, Ernest Zens, François Peyrey, Paul Tis-
sandier, Georges Dubois-Le Cour, Auguste Ni-
colleau, comte de Chardonnet, Frank P. Lahni.
René Gasnier. Louis Blériot, comte de Con-
iades, Georges Le Brun, Albert Omer-Decugis.
Exeu : MM. Barthou, Janets, Rousseau, Kan-
ferer, Perrier.
Le Comité a procédé à l'admission de MM. de
La Choue de la Mettrie (parrains : MM. le mar-
quis de Kergariou, Dureste, comte de Castillon),
Drouineau (parrains : MM. Nicolleau, Besançon
et Capron), comte de Chateaubriand (parrains :
comte de Castillon et ccmte de La Vaulx), Louis
Laveissière (parrains : MM. Schelcher et Péan
de Saint-Gilles), Jacques Dechollain (parrains :
MM. Schelcher et D. D'Aubigny), Mathieu de
l'Aérophile
Vienne (parrains : capitaine Ferber et Mengin),
Ghesquiere-Dierickx (parrains : MM. Leblanc et
Besançon), Marcel Arrault {parrains comte
d'Aubigny et comte de La Vaulx), F. Anionetti
(parrains : M. Jacques Faure et comte de Con-
tades), marquis de Lévis-Mirepoix (parrains : le
comte, de Castillon, P. de Vilmorin et baron
d’Almeïda), baron Clauzel (parrains : MM. Hu-
bert Thonier, comte de Castillon), R. Le Roy-Li-
berge (parrains : comte de La Vaulx et D. d'Au-
bigny). Albert Ouvré (parrains : comte de Cas-
tillon et M. Guffroy), Joé Wattecamps (parrains :
MM. Blanchet et Besançon) : Maurice Roche (par-
rains : comte de La Vaulx et comte de Con-
tades).
Le Comité a pris connaissarce du prix offert
par M. Antonetti et dont le règlement sera ar-
rêté par la Commission sportive.
Le Comité, d'accord avec le ministère des
Beaux-Arts, arrête la date du dimanche 4 oc-
tobre 1908 pour le Grand-Prix de l'Aéro-Club de
France, au Jardin des Tuileries, au bénéfice de
la Caisse des Victimes du devoir.
Le règlement sera le même qu'en 1907 et
NM. Georges Besancon est nommé commissaire
général. “L'Aéro-Club de France prend à sa
charge toute l’organisation de cette journée.
I1 est communiqué une lettre de M. Henry
DCesché, maire de Morsang-sur-Orge qui offre un
prix au premier aviateur qui, avant fin 1909 at-
terrira sur le territoire de cette commune. Le
règlement sera prochainement arrété.
COMMISSION D’AVIATION DU 1" IUIN 1908
Présents à la séance présidée par le capitaine
Ferber : Louis Godard, M. Guifroy, le comman-
dant Ferrus, le comte de La Vaulx, Louis Blé-
riot, Robert Esnault-Pelterie, René Loysel, Chau-
vière, Francois Pevrey.
Eleations. — Le bureau de la Commission est
renommé par acclamations.
Le tirage au sort des membres sortants en
1609, donne le résultat suivant : MM. Armen-
gaud, Blériot, Ferber, Godard, prince d'Arenberg,
Farman, Paul Rousseau, commandant Ferrus,
Tatin, Eiffel, Surcouf.
Félicitations. — Ta Commission, en séance,
félicite son président, M. Archdeacon, par ac-
clamation, du résultat de sa propagande à Gand,
et charge ie secrétaire de le lui faire connaitre
rar dépêche.
Parc d'aviation. — Un crédit de 50 francs est
alloué à M. Blériot pour faire ériger à Issy-les-
Moulineaux neuf poleaux indicateurs de distance
réclamés par le génie.
COMMISSION SCIENTIFIQUE DU 29 iuIN 190$
La réunion était présidée par M. L.
membre de l'Institut.
Présents : MM. Cailletet et Daslre, de l'Insti-
dut, comte de La Vaulx, comte de Chardonnet,
comte de La Beaume-Pluvinel, commandant
Renard, D° Guglielminetti, Joseph Jaubert,
Georges Besancon.
La Commission scientifique de l'Aéro-Club de
France à entendu le rapport du professeur Das-
4re, de l'Institut, qui a examiné avec M. Portier
les observations physiologiques qu'il y aurail
lieu de faire en ballon.
L'étude à faire d’abord serail celle comparative
du sang intérieur et du sang de la surface.
Paul Bert craignait la diminution de l'oxygène
du sang ; un appareil de laboratoire permettrait
de la mesurer.
Cailletet,
297
NM. Dastre demande que les expériences soïent
failes sur des enfants ou sur de jeunes animaux.
Il y aurait lieu, pour l'instant, de se limiter à
ces deux recherches.
L'équipage de chaque ballon se composerait
d'un pilote-aéronaute et de deux physiologistes.
Le commandant Renard demandera à M. Per-
chot, d'indiquer la contre-partie de ces observa-
tions par les mesures faites sur des ouvriers
dans les caissons du chemin de fer métropoli-
tain de Paris.
L'ascension physiologique projetée par les doc-
teurs Crouzon et Soubies est acceplée par la
Commission scientifique et les rapporleurs se-
ront invités à faire connaître à la séance du
?7 juillet, le résultat de leurs observations.
RAR RP Te
COMMISSION SPORTIVE
Séance du 7 juin 1908
Présents : le comte de Castillon de Saint-Vic-
tor, président ; commandant Renard, Mallet,
Georges Besançon, Edouard Surcouf.
Concours du 11 juin. — M. Surcouf, commis-
saire rapporteur, donne connaissance des me-
sures qui ont été faites pour classer les concur-
rents et qui concluent au classement suivant :
1" prix: M. Bachelard, 372 kilomètres, —
Réunion des 2° et 3° prix en un seul décerné
pour les places de second ex-œæquo à MM. Ville-
pastour et Duthu, par 276 kil. 776.
Concours de Poitiers du 1% juin. — M. Mallet
. donne connaissance du rapport dans lequel les
commissaires proposent les places suivantes :
1° prix : M. Briol ; 2° prix : M. Etienne Giraud ;
3° prix : M. André Le Brun. — La C. S. homo-
logue.
Séance du 12 juin 190$
Présents : le comte de Castillon de Saint-Vic-
lor, président : le commandant Renard, Mallet,
Besancon, Edouard Surcouf.
F. 4.1. — Le comte de Castillon de Saint-Vic-
tor donne lecture d'une lettre du colonel Mæœde-
beck demandant que la Commission Sportive
lui fasse connaître au plus tôt ses desiderata
concernant les modifications à apporter au Rè-
glement général des concours de la F. A. I.
Deux questions sont à ce propos portées à
l'ordre du jour de Ta prochaine séance de la
CUS:
1° La question de la nationalisation des pi-
lotes ;
2° Rapport du commandant Renard et de
M. Besancon sur les records des dirigeables.
Concours du 28 juin. — La C. S. arrête le
programme du concours de distance minima
relative, points désignés pär les pilotes, ouvert
à 15 ballons des 1" et 2° catégories, avec un bal-
lon réservé à chacune des Sociétés affiliées à
FAéro-Club de France: 1* prix: 700 francs;
2° prix : 300 francs : 4° prix: 200 francs. Enga-
sgements ouverts du 15 au 22 juin. Commissaires
sportifs : MM. Besancon. Je comte de Castillon
de Saint-Victor. Edouard Surcouf.
Sur documents officiels. la C. S. homologue les
performances suivantes exécutées par M. Téon
Delagrange, le 30 mai 190$, au Champ de Mars
de Rome, sur aéroplane à moteur (classe B.):
Durée : 15° 26” 4/5. 75
— Distance : 12.750 mètres.
Séancr du 3 juillel 190$
Présents : MM, le sous de Castillon de St-Vie-
tor, président : le comte A. de Contades. Georges
Besancon, Paul Tissandier, Edouard Surcouf.
268
Concours du 28 juin. — Est homologué le clas-
sement suivant: 1* prix: M. Picrre Gasnier;
2 prix: M. Tranchant; 5° prix : M. Mayaudon ;
4 prix: M. Suzor , 5 prix: M. Giraud.
Aviation. — Une lettre de M. Henry Farman
demande l'homologation comme record de la
performänce qu'il à accomplie à Gand le 30 mai
1J0S, en parcourant 1.2#1 mètres, sans toucher
terre, ayant à bord de son aéroplanc M. Ernest
Archdéacon. À la suite d’une longue discussion,
la Commission décide que jusqu'à nouvel ordre,
il ny a pas lieu d'homologuer, en aviation, des
records de nombre de passagers ; toutefois, pour
le cas où une homologation serait ullérieure-
ment admise, elle retient que M. Farman a pré-
senlé ün certificat régulier, constatant sa per-
formance.
La C. S. homologue la performance de
M. Louis Blériot, exécutée à bord de son aéro-
plane à moteur (classe B.), le 29 juin 190$, à
Issy-les-Moulineaux, et lui attribue le deuxième
prix des 200 mètres, pour une distance non me-
surée régulièrement, mais d'environ 650 mètres.
Sur la proposition du comte de Castillon, la
Commission décide que le prix de la hauteur,
dit des 25 mètres. sera annulé à la date du
1" juillet 1910, au coucher du soleil, si aucun
concurrent ne l'a gagné avant ce moment.
Grand prix d'aëéroslation 190$. — La C. S.
adopte le règlement du Grand Prix de l'Aéro-
Club de France 1908, épreuve internationale de
distance non handicapée. pour ballons des 21
3° et 4° catégories, ouvert aux pilotes membres
de l'Aéro-Club de France, aux Sociétés françaises
affiliées à l'Aéro-Club de France (un ballon par
Société), et aux clubs étrangers reconnus par
la F. A. {. (un ballon par nation). Il sera donné
cinq prix, en sus des prix particuliers. [es en-
gagements sont ouverts du 15 septembre au
18 septembre, à 4 heures du soir. Commissaire
général: M. Georges Besancon: commissaires
sportifs : MM. le comte de Castillon de Saint-
Victor, Maurice Mallet, Edouard Surcouf.
Coupe Antonetti. — M. Francisco Antonetti a
fait don à l'Aéro-Club de France d'une somme
de 1.000 francs pour une coupe réservée aux pi-
lotes membres de l'Aéro-Club de France et affec-
fée aux ballons de la 1" catégorie, Concours de
distance sans escale à date de départ facultative.
Départ devant avoir lieu au plus tard le 31 dé-
cembre 1908, à minuit. Engagement obligatoire,
accompagné d'une somme de 5 francs, compre-
nant la remise des papiers de bord. Diagramme
du baramètre enregistreur obligatoire. Le départ
doit avoir lieu du parc de l'Aéro-Club de France.
1" prix: une coupe d'une valeur de 300 fr., et
300 francs en espèces. — 2° prix : 250 francs en
espèces. — 3 prix : 150 francs en espèces.
Tes trois prix pourront être gagnés par un
seul concurrent, mais non en un seul voyage,
c'est-à-dire que chaque ascension ne pourra rap-
porter à son pilote qu'un seul des prix.
Concours d'atterrissage
du 28 juin 1908
A côté de ses concours aérostatiques de dis-
tance, l'Aéro-Club de France organise aussi an-
nuellement des épreuves d'atterrissage qui, par
la variété de leurs données se prêtent à merveille
à mettre en lumière, sans fatigue excessive, l'ha-
bileté manœuvrière et les qualités d'observation
et de sang-froid des pilotes.
Le plus récent de ces concours était une
épreuve d'atterrissage au plus près d'un point
choisi par chacun des pilotes, le classement étant
15 Juillet 1908
fait dans lordre de moindre valeur du rapport
de la distance entre le point désigné el le point
d'atterrissage effectif, à 1à distance entre le point
de départ et le point choisi.
La course élail ouverte à 15 ballons et avait
réuni quinze engagements. Un forfait régulière-
ment déclaré réduisit à 14 le nombre des par-
tants.
Le temps superbe et la brise légère du Nord-
Ouest, contribuëerent beaucoup au plein succès
de la fête. L'assistance était particulièrement
nombreuse et élégante.
Reconnu : MM. Archdeacon, le comte de La
Vaulx, Léon Barthou, Maurice Mallet, Levée, les
docteurs Soubies, Crouzon, Félix Marot, A. Pu-
pier, Péan de Saint-Gilles, Armengaud, le capi-
laine Ferber, Frank S. Lahm, Cortlandt F.
Bishop, président de l'Aéro-Club d'Amérique,
Dubois Le Cour, Boulade, président de l’Aéro-
Club du Rhône, J. Saunière, président de l'Aéro-
nautique-Club de France, Mac-Coy, Gasnier, Mu-
ron. Le Secq des Tournelles, Nicolleau, Dervillé,
Saunion,James Bloch, le commandant Bouttieaux,
Jaubert, Perrier, le comte de Fayolle, Lemaire,
Monin, Goupy, Hart. O. Berg, Fauber, Dubois, G.
Duparquet, Garin, Mouclier, A, Schiller, Guil-
laume, Lemaire. Weddell, Deval, Berthault, Gué-
rard, etc.
Au signal des commissaires sportifs, MM. Geor-
ges Besancon, le comte Georges de Castillon de
Saint-Victor et Edouard Surcouf, les 14 ballons
s'élèvent sans incidents, de 4 h. 49 à 5 h. 46, dans
l'ordre suivant :
Eole. 600 n° (M. Pierre Gasnier et comte Ber-
trand de Charnacé\ point d'atterrissage choisi
Coulombs : Aéro-Club n° V, 900 m° (M. André
Schelcher avec M. Mautin) avec un point sur la
route de Houdan à Dreux ; 4. C. D. F., 630 m°
(M. Dubrulle, de lAéronautique-Club, avec
M. Drouelle) avec pour point Mormoulins : Kor-
rigan, 900 m° (M. et Mme Decugis et M. André
Le Brun) avec un point sur la route de Dreux à
Houdan : Rolla VI, 300 n° (M. Etienne Giraud)
avant pour point Marolles ; le Faune, 800 n°
(M. Ernest Zens. de lAéro-Club du Sud-Ouest,
avec M. Paul Tissandier) avec un point sur la
route du Perray aux Bréviaires ; l'Aurore, 900 m°
(M. Mavaudon, de la Société française de navi-
sation aérienne, avec M. Paul Delanorte el
Mlle Rachel Morin) avec pour point Marville :
Lilliput, 300 m° (M. Georges Suzor) avec un point
près Ormay : Zéphyr, 930 m° (M. Gauchy, de
l'Académie aéronautique) avec pour point Fave-
rolles : Astra 11, 900 m° (M. Louis Duthu. avec le
marquis de Virieu et M. Oller) avec pour point
Boutigny : Aéro-Club n° IV, 500 m° (M. Maurice
Guffroy, de l'Aéro-Club de Nice. avec M. Albert
Ouvré) avec pour point Fontenay-le-Fleury :
Alouetle, 350 m° (M. Jacques Delebecque) avec un
noint sur la route de Nogent-le-Roi à Ormoy :
Cuthère, 600 m° (M. Gaston Tranchant, avec
M. Alfred Leblané avec nour point La Louvière :
Bulle de Savon, 600 n° (M. Henry Kapferer. avec
Mme Gustave Goldschmidl\ avec pour point de
départ Orvilliers.
Dans sa séance du 4 juillet. la Commission
sportive. sur Je rapport des commissaires sportifs,
a homologué comme suit, les résultats de
l'épreuve :
1° orix : M. Pierre Gasnier. — 2° nrix : M. Gas-
fon Trarchant. — 9 prix: M. Mavaudon. —
le prix: M. G Suzor. — 5° prix : M. Etienne
Giraud
Se classent ensuile dans l’ordre : MM. Ernest
Zens. Dubenlla, Gauehv. FL. Duthu. M. Guffrev.
À. Schelcher, I. Delebecque. A. Omer-Decugis, H.
Kapferer.
Te concours dans san ensemble a donné d’ex-
cellents résultats. et M. Pierre Gasnier qui dé-
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l'Aérophile
bute cette anñée dans les concours, après son
joli succès dans la course de dislance du 16 mai
1908. se classe excellent premier dans la pré-
sente épreuve d'atterrissage. Il semble devoir
suivre l'exemple de son frère, l'excellent aéro-
naute René Gasnier. Il confirme des aplitudes
complètes d'excellent pilote et sa carrière Spor-
tive proprement dite, s'annonce remarquable ;
M. G. Tranchant, dont les débuts en concours
sont également dignes d’éloges se place excellent
second. D'ailleurs, dans l'ensemble le concours
est très bon et les angles d'écart pour les pre-
miers sont très faibles. VE
Les prix étaient dûs à la générosité d’un nou-
veau membre du Club, le prince de Colloredo-
Mansfeld, qui donna ainsi à ses collègues l'oc-
casion d'une jolie fête et d'une bonne journée
sportive.
E
DINER MENSUEL DU % MAI 190$
Le diner de mai de l’Aéro-Club de France pré-
sidé par le comte de La Vaulx, réunissait dans
les salons de l’Automobile-Club, MM. Henri Jul-
liot, Léon Delagran;e, Alfred Leblanc, Bauche-
ron. Ernest Barbotte, E. Bonnet. de PBrevne.
I ouis Capazza, James Bloch, Coursier, le docteur
Crouzon, R. Demanest, Dubrujeaud, Jules Du-
bois, Delcroix, Echalié, le comte de Fayolle, J.-A.
Farcot, Glidden, A. Granet, Hüé, Jourdain, F.-S
Lahm, Lambert, G. Le Brun, H. Le Secq d
lournelles, Lioré, Lausing, Maurice Mallet, Mau
rice Monin, J.-C. Mac-Coy, A. Omer-Decugis, A.
l'upier, Georges Suzor, Paul Tissandier, G.
Tranchant, Charles Voisin, J. de Villethiou, KE.
Archdeacon, Paul Borcé.
A l'issue du dîner, le comte de La Vaulx à
remis des médailles et des plaqueltes à MM. Al-
red Leblanc et Léon Delagrange.
D.
es
DINER MENSUEL DU #4 JUIN 1908
Le diner mensuel de juin, malgré la proximité
des fêtes du décennat et de la réception des acro-
nautés bordelais, fut très animé.
Présidé par le comte G. de Castillon, il réunis-
sait MM. Ernest Zens, Alfred leblane, Paul De-
laporte, le docteur Crouzon, Amédée Baslier, Jean
de Villethiou, Henri Julliot, Louis Capazza, Emile
Bossuet, James Bloch, Henri Le Secq des Tour-
nelles, Gaston Tranchant, Melvin Vaniman, Ch.
Weissmann, W. H. Fauber, Paul Bordé, le doc-
teur Chanteaud, Pierron, À. L. Helwig. Louis
po A. Pupier, Etienne Giraud, Maurice Mal-
et.
RP RAR
DINER MENSUEL pu 2 JUILLET
Présidé par le comte Henry de La Vaulx, le
diner du 2 juillet réunissait, malgré les villégia-
turcs : MM. Emile Bossuet, Georges Blanchet,
Janies Bloch, Caron, le docteur Crouzon, Du-
brujcaud, Edgard W. Mix, Maurice Monin, Paul
Tissandier, Gaston Tranchant, Ernest Archdea-
con, Louis Blériot, Ernest Zens, Alfred Leblanc.
le comte G. de Castillon de Saint-Victor, le comte
de Chardonnet, F. S. Lahm. Maurice Mallet.
nr Le Brun, Georges Le Brun. Jean de Vil-
Ctniou.
Doxs POUR LA BIBLIOTHÈQUE, LE MUSÈE ET LES
ARCHIVES
Photographies en covleur du parc d'aérosta-
tion de l'Aéro-Club de France. positifs en cou-
269
leurs sur verre montés, pholos et don du doc-
teur Cro1zon.
Photographies de Paris prises en ballon par
M. Albert Omer-Decugis, agrandissements enca-
drés, don de M. Albert Omer-Decugis.
Photographies de Milan et de Bruxelles prises
en ballon par M. André Schelcher, agranaisse-
rsents encadrés, don de M André Schelcher.
Un panier vin de Champagn: Théophile
Moyen et cassis Perdrizet-Dijcn, don de M. Louis-
Adolphe Duthu.
Un baromètre enregistreur Richard, don de
M. Ernest Archdeacon. Deux thermomètres en-
registreurs Richard, don de M. Ernest Archdea-
con.
- Le Problème d2 l'aviation : sa solution par l'aé-
roplane, par M. Armengaud jeune, 1 vol., don
de l’auteur.
Berlin-Bagdad, par Rudolf Martin, 1 vol., dorr
du comte G. de Castillon de Saint-Victor.
Nolice sur les travaux scientifiques du colo-
nel Ch. Renard, 1 broch., don du commandant
Paul Renard.
Photographie du dirigeable Vile-de-Paris,
agrandissement encadré,. don de M. Henry
L'eutsch de la Meurthe.
La 1iderté de lalmosphère
Personnellement je suis très inquiet et je
suis sûr que mes collègues de l’Aéro-Club, qui
ont mené le bon combat pour la conquête de
l'air, le sont aussi.
Depuis que, grâce à eux, s’est répandue dans
le monde entier la passion du sport aérosta-
tique, nous ne sommes plus les seuls, nous
Français, à faire du ballon. Il y a aujourd’hui
des aéro-clubs partout, et depuis quatre ans
une fédération internationale, présidée par
le prince Roland Bonaparte, les réunit. Par-
tout se font des ascensions régies par les rè-
glements que nous avons élaborés d’abord à
Paris, et nous ne sommes plus, nous Français,
les seuls à atterrir dans les divers pays. Réci-
proquement le territoire français, à son tour,
reçoit la visite des ballons de nos collègues
étrangers. ;
Des dépêches de diverses localités nous an
noncent — et nous annonceront de plus en
plus — la descente de tels ou tels aéronautes
qui ont plié leur ballon, parlé une langue
étrangère et sont repartis. Quelquefois la dé-
pêche dépeint un sentiment de surprise soup-
çonneuse et nos journaux semblent se faire
volontiers l’écho de cette tendance. C’est cette
tendance qui nous inquiète car elle marche à
l'encontre de l’œuvre colossale si bien com-
mencée.
Quand le comte de La Vaulx, le comte Cas-
tillon de St-Victor et la noble pléiade fonda-
trice de l’Aéro-Club ont, en 1900, réhabilité le
sport aéronautique, ils avaient en vue «u’en-
traîner par leur exemple tout le monde à na-
viguer dans Pair = c'était mon but aussi
quand j'ai vulgarisé, il y a sept ans, les expé-
270
riences d’aéroplane de Lilienthal — c'était
aussi le but de M. Archdeacon quand il a
commencé sa victorieuse campagne en faveur
de l'aviation — nous avons tous voulu que
l'humanité puisse jouir de la liberté de l’es-
pace, et naviguer à travers cet air impéné-
trable aux générations passées.
Sans doute, nous connaissons les règles de :a
constance des choses, nous savons qu’on n’ac-
quiert pas une liberté sans perdre quelque
chose ailleurs.
Nous savons que l'air pénétrable a pour con-
séquence une diminvtion dans le droit de pro-
priété. Qu'y faire? Il n’est plus au pouvoir de
personne maintenant de l'empêcher ; quiconque
le voudrait, d’ailleurs, serait semblable à ce
fou qui, dans une vallée, élèverait un barrage
dans lespoir d'empêcher le torrent des eaux
de rouler vers la mer.
Il faut s’habituer à ce fait nouveau et s’in-
génier à en pallier les effets. Nous serons ai-
dés par la logique de l’esprit français apte à
saisir les conséquences des choses quand on lui
montre clairement le point de départ.
L'atmosphère qui nous entoure est désormais
pénétrable pour l’homme : de ce fait le pro-
priétaire clos de murs qui a oublié de murer
aussi son ciel n’est plus tout à fait chez lui.
On peut en rire tant que les aéronautes se
contenteront d'envoyer chez un grincheux le
« tout à l’atmosphère » — on deviendra plus
sérieux si quelque masse tombée des cieux
atteint un passant inoffensif; mais l’opinion
deviendra tout à fait nerveuse si elle croit voir
dans chaque aéronaute un observateur inté-
ressé.
Cette nervosité contre laquelle il faut réa-
gir n’est que la conséquence d’un égoisme au
premier degré. Il faut toujours se méfier de
cet égoïsme-là qui est celui de la aerense 1m-
pulsive de l'individu barbare. L'homme civi-
lisé accepte certaines incursions sur son terri-
toire pour en tirer ensuite un avantage pus
grand : c'est de l'égoisme au second degré,
c'est celui qui fait naître entre les individus,
la politesse. Plus tard on verra des civilisa-
tions très raffinés qui pratiqueront l'egoïsme
au troisième et quatrième degré: en attendant
sachons qu’il est un peu ridicule de s'étonner:
de voir des gens à son zénith et qu'il est vain
de s’en plaindre.
IT est très heureux pour l'humanité que trois
grandes nations: l'Angleterre, l'Allemagne et
la France, aient réussi presque à la fois leur
ballon dirigeable, car il ne pourra pas se re-
produire ce qui s’est passé pour l'empire de
la mer.
Sait-on que la mer n’est libre que
depuis 1820 environ, parce que la supériorité
navale de l'Angleterre était telle qu'elle s’ar-
rogeait le droit de visite sur tous les bateaux
portant un autre pavillon ?
15 Juillet 1908
Depuis cette époque on a reconnu que la
mer appartenait à tout le monde, sauf natu-
rellement la zone appelée territoriale, située
près des côtes d’un Etat. Quand un navire de
guerre entre dans cette zone, il salue la terre,
et s’il jette l’ancre, le commandant de cette
force vient en grande pompe visiter les auto-
rités du pays.
Grâce à la simultanéité de la réussite de la
navigation aérienne, nous espérons que les
sanglants combats qui ont été nécessaires pour
faire reconnaître la liberté de la mer, seront
inutiles pour faire reconnaître la liberté de
l'atmosphère.
Qu'il y ait une zone territoriale aussi, c’est
nécessaire. Que s’il est obligé de la traverser
l’aéronaute militaire, soit assujetti à certaines
formalités, c'est indispensable; que s'il atter-
rit il se présente aux autorités, rien de mieux ;
mais que le commerçant, le touriste soient
gênés pour franchir l'atmosphère que notre
xx® siècle lui livre (1), cela est insupportable.
Que s’il blesse quelqu'un, s’il détruit quel-
que chose, une juste indemnité lui soit de-
mandée, rien de mieux; mais l'atmosphère en
elle-même qui est, ne l’oublions pas, une partie
des cieux, doit être ouverte à tout le monde.
11 ne faut pas craindre que l’État ne puisse
se défendre, car l’aéronaute est toujours ovligé
d’atterrir quelque part et on l'y arrêtera, qu’il
soit contrebandier, voleur, violateur, pirate
ou autre chose encore : ce n’est qu'une affaire
de police à organiser .
Quant aux plans de fortifications surpris
— j'ai déjà indiqué en 1899, dans mon cours
à l'Ecole d'application, que fatalement, les
forts, à l’époque de la navigation aérienne, de-
vaient prendre l'aspect de fourmilières pour
qu'on ne sût pas ce qui s'y passe. Il n'y à
qu'à céder à cette évolution.
Dès qu’on aura raisonné, en France, sur ces
questions, on verra où est la vérité; on ne
voudra pas faire comme le parlement de Hol-
lande qui, il y a deux ans, menaçait d'interdire
son pays aux sphériques; ni comme les poli-
ciers russes, qui en 1900 n’ont pas craint d’in-
carcérer, 24 heures, le comte de la Vaulx, cou-
pable d'être tombé un jour à Korostychew, à
1.925 kilom. de Paris.
Il faut penser que l'avenir de la France
est dans l'air, parce que cela va bien à notre
tempérament individuel, que l'aviation fait
des progrès énormes, qu'avant deux ans, les
frontières seront franchies par les aéroplanes
et notamment Calais-Douvres. Il ne faut pas
que ces incursions viennent desserrer, mais au
contraire resserrer les ententes cordiales que
l’on s'efforce d'établir dans tous les pays.
Capitaine FERBER
{) Consulter Le Domaine Aérien el le tégime
Juridique des aéroslats (Aérophile de mars 1902).
j’Aérophile
271
Nos Hviateurs à l'Etranger
Léon Delagrange en Italie
Cliché du journal ‘‘ Les Sports ”.
La premiére femme aéroplaniste, Me Thérèse Pellier, à bord de l'aéroplane Delagrange,
avant son envolée du 8 juillet, à Turin.
Les expériences de Turin. — Tan-
dis que les frères Wright viennent en France,
certains de nos aviateurs continuaient leurs dé-
monstrations à l'étranger (1), on a vu avec quel
succès.
Après sa belle série d'expériences de Milan,
Léon Delagrange s'est rendu à Turin. Dans
un premier essai d'entraînement sur la place
d'Armes de cette ville, le 27 juin, l'aéroplane,
var suite d’un virage mal pris heurta un des
(1) Voir Aérophile des 1er et 45 juin et 1° juillet
1908.
arbres de bordure. L'aviateur fut projeté hors
de son appareil, mais ne se fit heureusement
aucun mal.
L'engin fut réparé par Gabriel Voisin, son
habile constructeur, et, le 4 juillet, il exécu-
tait plusieurs beaux vols de 600 à 800 mètres à
des hauteurs variant de 3 à 5 mètres. Dans
l'assistance : le consul de France, M. Pralon,
le maire de Turin, M. Frela, M. Montu, etc.
La premiere femme aviatrice.
— Je 8 juillet, ie célèbre aviateur parcourait
en plein vol environ 150 mèt., ayant à son bord
Mme Thérèse Peltier, l'artiste statuaire bien
272
connue à Paris. Mme Thérèse Peltier devient
ainsi la première en date, de nos femmes-avia-
trices, — si l'on me permet ce barbare néolo-
gisme. C’est un honneur qui lui vaudra bien
des envieuses, mais qui marque une date dans
l'histoire de l'aviation. À sa suite, les femmes
apporteront au sport nouveau, comme elles l'ont
fait pour l’aérostation, le plus gracieux et le
plus utile des suffrages. Il y a quelques mois à
peine nous en étions à considérer la pratique
de l’aéroplane comme une dangereuse et diffi-
cile acrobatie. La présence de passagères à
bord d'un engin volant nous fait mesurer notre
erreur et aussi notre couardise. Ainsi tombe-
ront, un à un, tous les préjugés dont souffre
encore l'aviation.
Quelques minutes après, Léon Delagrange
exécutait un nouveau vol de 200 m. avec
M. Montu comme passager.
— Le 10 juin, devant le comte de Turin qui
ne lui ménagea pas ses félicitations et en pré-
sence d'un très nombreux public, notre con-
patriote effectuait 5 vols consécutifs.
On à annoncé qu'après la clôture de ses
expériences en tai, Léon Delagrange se
rendrait peut-être à Berlin pour exécuter sur
lehamp de manœuvres de Tempelhof, une
série de démonstrations publiques.
Nous ne pouvons ni confirmer, ni démentir
cette rumeur. Il semble bien toutefois que des
pourparlers ont été engagés, car, nous assure
un aimable correspondant berlinois, les auto-
rités militaires auraient refusé de promettre la
troupe pour le service d'ordre sous prétexte
qu'il y aurait des entrées payantes.
Henri Farman en Amérique. _—
Après un magnifique succès dans le prix Ar-
mengaud jeune, le 8 juillet, voici qu'Henri
Farman nous quitte à son tour. Il a accepté
les propositions d'un syndicat de Saint-Louis
(Etats-Unis) et doit exécuter dans les princi-
pales villes de l'Amérique du Nord une série
d'expériences d'aviation. Le glorieux aéro-
plane l'arman T bis à été démonté et emballé
par les soins de ses habiles constructeurs, les
frères Voisin.
Henri Farnan s'embarquera pour New-York
dans la deuxième quinzaine de juillet.
C'est un de nos plus brillants aviateurs qui
nous quitte, momentanément toutefois.
Henri Farman rentrera en France en temps
utile pour soutenir sa belle chance dans la
première annuité du prix d'aviation Michelin,
pour lequel peuvent compter d’ailleurs les per-
formances accomplies en Amérique.
Le traité signé assure, dit-on, à Henri Far-
man, ce qu’on est convenu d'appeler un pont
d'or. Après tant d'efforts et de sacrifices désin-
téressés, l'aviation commence donc à nourrir
son homme en attendant qu'elle l’enrichisse.
Ce n'était vraiment pas trop tôt. — P. Garnier
15 Juillet 1908
Les grandes journées de l'aviation
LA CONQUÈTE DU PRIX ARMENGAUD
20 minuies 20 secondes En aérOplane
Farman ravit le record du monde de durée
à Delagrange.
Quelques jours à peine avant qu'Henri Far-
man s'adjugeât le grand prix d'aviation
Deutsch-Archdeacon, un autre Mécène, M. Ar-
mengaud jeune, avec une vue nette de la si-
tuation et une remarquable prescience des pro-
grès tout prochains, créait un prix de 10.000
francs pour la première machine volante qui
demeurerait 15 minutes sans toucher le sol,
dans l'atmosphère française.
Six mois après, le 30 mai, à Rome, Léon De-
lagrange avait l'honneur de réussir le pre-
mier, le quart d'heure de vol mécanique con-
tinu ; il faisait mieux encore le 22 juin, à Mi-
lan, avec 16 minutes 30 secondes sans toucher
le sol, élevant à chaque fois son propre record
de durée qui était le record mondial. Mais ses
superbes prouesses accomplies en Italie n’en-
traient pas en ligne de compte pour le prix
Armenvaud jeune.
Il était réservé à son rival et ami Henri
Farman de crcillir ce nouveau laurier, avant
de partir en Amérique, vulgariser par des dé-
monstrations publiques la pratique du vol mé-
canique.
Le 6 juillet, régulièrement engagé, il effec-
tuait dans l'après-midi, à Issy-les-Moulineaux,
toujours avec le Farman-T bis, mais muni cette
fois d'un moteur Antoinette 60 chevaux et
d'un radiateur spécial, quelques essais d'en-
traînement et de mise au point, tandis que
Louis Blériot, également inscrit, réussissait les
magnifiques expériences que l’on lira d'autre
part.
Sur le soir, à 8 h. 40, le vent étant tombé,
Farman prenait son essor pour l'essai décisif.
Les temps étaient pris par les délégués de la
Commission spéciale du prix Armengaud jeune:
MM. Jules Armengaud jeune, le généreux fon-
dateur ; Ernest Archdeacon, Lucien Chauvière,
Louis Delaporte, le capitaine Ferber. Parfai-
tement stable, l'engin décrivait aux yeux émer-
veillés des spectateurs, onze immenses circuits
autour du champ de manœuvres et ne repre-
nait terre qu'au bout de 20 minutes 20 se-
condes, aux applaudissements des spectateurs.
Le prix Armengaud jeune (un quart d'heure
du vol mécanique), était amplement gagné, on
le voit, et du même coup, Henri Farman re-
prenait à Delagrange le record du monde de
durée que celui-ci lui avait ravi. Il aurait
même pu prolonger encore son séjour dans
l'atmosphère, car le moteur Antoinette tour-
nait à merveille, mais les frères Voisin, les
habiles constructeurs de l'engin, sachant que
l'huile de graissage allait manquer, crièrent à
FARMAN ::-
a gagné
LE PRX ARMENGAUD JEUNE
Par une envolée de 20 minutes 20 secondes
comprenant QUARANTE-HUIT virages
Reprenant à
DEÉEILAGRANGE
le RECORD DU MONDE qu'il détenait par 15 minutes 15 secondes
TRE TSSES RSS ANS
té CRE AE
Les Aéroplanes des
FRÈRES VOISIN
ne sont battus que par eux-mêmes
34, Quai du Point-du-Jour, BILLANCOURT (seine
PRISE ESS PTS arr
Tout ce qui concerne la navigation aérienne
e
2
“o
Z ' €”
Tansporte un moteur ‘‘ Antoinett
LE GRAND PRIX D'AVIATION
de 50.000 francs
a été GAGNE le 13 janvier 1908
Par MENRI FARMAN
avec moteur 40 AP Antoinette
28, Rue des Bas-Rogers (Puteaux) .
l'Aérophile
Farman de descendre de crainte de voir grip-
per le moteur. Bien qu'il se fut engagé égale-
ment pour la coupe Archdeacon, coupe de
distance, Farman préféra ne pas faire établir
de périmètre à circonscrir, pour rester plus
libre de sa manœuvre et la distance ne put être
mesurée officiellement, On l’a évaluée approxi-
mativement à près de 20 kilomètres.
Cette performance est d'autant plus méri-
toire qu'ella a été ac:omplie en circuit continu,
dans un champ déjà trop étroit pour les ailes
de nos aviateurs, qui devront s'ouvrir avant
pe vers l'horizon infini de la rase campagne.
Rappelons, puisque l’occasion s’en présente,
les étapes capitales du vol mécanique :
Sautos-Dumont, 25 mètres (23 octobre 1906,
à Bagatelle), Santos-Dumont 220 mètres
(12 novembre 1906, à Bagatelle); Henri Far-
man 770 mètres, en 2 min. 3/5 de seconde
(26 octobre 1907, à Issy); Henri (Farman,
2.004 m. 80, en 3 min. 89 sec. (21 mars 1908, à
Issy) ; Léon Delagrange, 3.925 mètres en 6 m.
20 s., à Issy; Léon Delagrange, 12.750 mètres
en 15 m. 26 sec. 4/5 (30 mai 1908, à Rome);
Léon Delagrange, distance non mesurée, en
16 minutes 30 secondes (22 juin 1908, à Mi-
lan); Henri Farman, distance non mesurée en
20 minutes, 20 sec. (le 6 juillet 1908, à Issy).
Sous nos climats, beaucoup d'oiseaux, sur-
tout parmi les petites espèces et pour les be-
soins courants de Jeur alimentation n'attei-
gnent pas des durées de vol continu aussi
grandes.
On remarquera que dans cette liste de re
cords successifs, que ce soit entre les mains
de Santos-Dumont, ou Farman ou de Dela-
grange, c'est toujours le moteur extra-léger
Antoinette qui actionne les appareils vain-
queurs.
De même, à part les 2 envolées inaugurales
de Santos-Dumont, les appareils des frères Voi-
sin, montés tantôt par Farman, tantôt par
Delagrange sont seuls à figurer au glorieux
palmarès.
Ces deux constatations se passent de com-
mentaires. — G. BLANCHET
LES progrès de l'aéroplane mOnOplaN
Nouveaux succès de Louis Blériot
Les premiers virages du ‘ Blériot VIII ”
8 m. 24 sec de vol en monoplan.
Continuant la série remarquable de ses expé-
riences de monoplan, Louis Blériot, au cours
d'essais privés exécutés le 2 juillet, vers 4 heu-
res 1/2 du matin et le soir du même jour, vers
8 heures, réussissait à Issy plusieurs parcours
en U.
273
Le 3 juillet, à l'aube, il menait à bien ses pre-
miers circuits fermés.
Dans un premier essai, à 4 h. 1/2, il exécu-
tait en 2 minutes 25 secondes, deux boucles
complètes. Un peu plus tard en 2 m. 45 sec. ;
il décrivait 2 circonférences et demie.
Le 4 juillet, de plus en plus maître de son
appareil, Louis Blériot faisait mieux encore.
De fort bonne heure, un premier essai fut ar-
rêté par une avarie légère dans la commande
des organes de direction, avarie aussitôt ré-
parée.
La deuxième expérience se termina, après
3 circuits complets, par suite d’une légère
panne d'allumage (rupture d'un fil). L'atter-
rissage, bien qu'un peu dur, s'effectua néan-
mcins tangentiellement au sol, sans aucun
inconvénient pour le châssis porteur.
A 5 h. 80 du matin eut lieu un vol plus ma-
gnifique encore. Malgré un vent fort sensible
et les remous aériens dangereux créés par les
obstacles divers qui entourent le champ de ma-
nœuvres, Louis Blériot effectua 4 fois le tour
äu terrain entre 6 et 7 mètres de hauteur en
3 minutes 4 secondes, manœuvrant et virant
dans le vent avec une audace et une maîtrise
absolues. L'atterrissage s'effectua avec aisance
devant des escadrons de cuirassiers qui arri-
vaient sur le terrain pour la manœuvre du
matin.
Süûr de sa manœuvre, Louis Blériot n’hési-
tait pas à s'inscrire pour disputer le prix Ar-
mengaud jeune, à Issy-les-Moulineaux, le
6 juillet, le jour même qu'avait choisi, de son
côté, Henri Farman.
C’est ainsi que dans cette journée glorieuse
pour l'aviation, nous eñûmes le rare spectacle
de deux appareils de typs si différents dispa-
tant une même épreuve. Les délégués de la
Junior Institution, la grande association an-
glaise d'ingénieurs, que le comte de La Vaulx
avaient amenés ce jour-là sur le terrain, se
trouvèrent ainsi favorisés, bien qu'ils n'aient
pu attendre l’envolée finale de Farman.
Dans l'après-midi, malgré le vent de 5 à 6 m.
par seconde, ils purent admirer les envolées
faciles de Louis Blériot, l'audace et la sûreté
de ses virages parfois au-dessus des arbres du
champ de manœuvre, à 10 mètres et 15 m. de
hauteur dans le sifflement continu de ses Héli-
ces flexibles. Nous, spectateurs, nous avons vécu
là des minutes émouvantes, d'autant plus im-
pressionnantes que la variété de la manœuvre,
la raideur et le caprice des voltes, la vitesse de
translation et jusqu'à la forme de l'engin, rap-
pelaient à notre œil, mieux que le cellulaire, la
silhouette familière de l'oiseau et ses procédés
de vol. Deux essais de Blériot furent chronomé-
trés : l'un dura 3 m. 9 sec. 2/5, l'autre se pro-
longea 8 m. 24 sec., arrêté seulement par la
chute de la pression dans le réservoir d'essence.
Quelques heures après, comme il est dit d'au-
tre part, Farman faisait plus encore avec
274
90 min. 20 sec. et s'adjugeait le prix Armen-
gaud. Mais la performance de Blériot n'en
demeurera pas moins mémorable. Elle marque
l'avènement du premier monoplan, dont le sa-
vant ingénieur fut à la fois l'inventeur, le
constructeur, le metteur au point et le vaillant
pilote. Le Blériot VIII remanié souvent, selon
les indications de Fexpérience, manœuvre avec
une aisance remarquable. Les deux ailerons
qui lui servent de gouvernails de profondeur
et dont l'action inverse aide au virage, parais-
sent devoir donner des résultats aux moins
aussi bons que ceux promis par les Wright avec
leur dispositif de torsion des ailes; tous les
mouvements de direction, par une ingénieuse
disposition brevetée se commandent au moyen
d'un seul levier. Ils permettent d'évoluer dans
le vent. Enfin, l'appareil avec son envergure
réduite à 8 m. 50 et ses 22 m° de surface ne
pèse pas moins de 480 kilog, c'est-à-dire qu'il
vole sous une charge de plus de 21 kilos par
n°, la plus forte qui ait encore été atteinte.
L'aéroplane Blériot IX plus puissant (60 chx.
Antoinette, 16 cylindres), présentera les diver-
ses dispositions spéciales qui ont assuré le suc-
cès du Blériot VIII dernière manière. Cet ap-
pareil est prêt à entrer en essais. Construit
d'un seul jet, selon les données acquises à bord
de son aîné, il sera plus « d'ensemble » que
celui-ci, qui se ressent fatalement, dans ea
subies. D'autre part, il pourra emporter beau-
coup plus d'essence. Dans ces conditions, il ne
serait nullement surprenant de voir avant peu
un monoplan Blériot exécuter non seulement
son quart d'heure, mais sa demi-heure ou
même son heure de vol continu.
A. NICOLLEAU
Un diner chez M. Armengaud
qui procure 25.000 fr. à l'aviation
Décidément, les dîners d’aviateurs font au-
tant marcher l'aviation que les expériences
elles-mêmes! Les 500 mètres ont été obtenus
après un pari, fait au dîner Charron-Arch-
deacon et l'envolée de deux personnes pariée
également dans un banquet. Cette fois nous ne
nous attendions à rien, heureux simplement
de communier avec tous les promoteurs de
l'idée aérienne, autour de la table somptueu-
sement garnie, de M. Armengaud, dans sa
ravissante villa de St-Cloud.
Autour de Farman et Blériot, les derniers
triomphateurs, étaient diversement groupés
le comte de La Vaulx, Deutsch de la Meurthe,
Archdeacon, Tatin, commandant Renard, colo-
nel Espitalier, G. Besançon, Julliot, Clément,
Regnard, Lahm, Delaporte, Charles et Ga-
briel Voisin, Farman père, Esnault-Pelterie,
15 Juillet :008
Paul Rousseau, Goupy; Mesdames Armen-
gaud, Blériot et Dusseaud mettaient dans ce
monde spécial des aviateurs, une note de
gaieté claire, qu'il ne nous avait pas encore
été donné de rencontrer.
Une franche et cordiale intimité n'a cessé
de régner, et quand, à l'heure des toasts,
M. Armengaud, sans oublier personne, a rap-
pelé les mérites de chacun, de vigoureux ap-
plaudissements se sont fait entendre. Ils re-
doublèrent lorsque Mme Armengaud, comme
autrefois dans les tournois, tendit à KFarman.
sous forme d’un chèque, le prix du quart
d'heure, de vingt minutes.…, qu'il a si vail-
lamment gagné le 6 juillet.
Enfin M. Archdeacon, ciaironnaït avec sa
voix bien connue, les étanes successives et
cherchait à secouer le trop d’indifférence que
l’on rencontre dans le monde, pour la science
nouvelle, lorsque le commandant Renard se
leva.
Après avoir célébré, comme il convenait, la
mémoire de son inoubliable frère, il rorte un
spirituel toast à l’avenir de la locomotion aé-
rienne qui, évidemment, un jour permettra
aux gens comme lui, sujets au mal de mer,
d'aller à Londres sans fatigue.
En entendant ces mots, M. Deutsch bondit.
et déclare fonder un nouveau prix, pour hâter
le désir du commt Renard. — Il fonde un prix
pour celui qui, le premier, transportera le com-
mandant à Londres, par voie aérienne! — 11
prie Mme Armengaud de fixer le prix, et après
un petit colloque à voix basse, M. Deutsch
annonce que Mme Armengaud fixe 25.000 fr.
et une couronne!
Des rires enthousiastes éclatent de toutes
parts et dorénavant, aviateurs et ballonniers
entoureront le commandant du respect attendri
qui s’attachait dans l'antiquité, aux victimes
désignées pour rendre la divinité propice.
Enfin M. Regnard, toujours délicat dans ses
attentions, porte la santé de notre gracieuse
hôtesse, et M. Farman père, tient particuliè-
rement, parce qu'il connaît bien les senti-
ments des Français, à affirmer que si son fils
commence une tournée d’exhibitions en amé-
rique c’est pour obtenir les moyens de conti-
nuer ses expériences et pas du tout pour
gagner de quoi vivre plus tard en bourgeois
satisfait.
Tout a une fin et nous nous séparons qui
en automobile, qui en wagon, qui en aéro-
plane... ; et dans le train, Mme Dusseaud me
confesse, que ce qui l’a le plus particulière-
ment intéressée, c’est de voir si raisonnables,
cette quantité de gens qui tous, il y a seule-
ment quatre ans, avaient, pour le commun des
mortels, un clou dans la tête!
Naturellement j'ai acquiescé.
CAPITAINE FERBER
J’Aérophile
Le ‘ Zeppelin IV” ‘
Le roi et la reine de Wurtem-
berg à bord du « Zeppelin IV ». —
Les essais du Zeppelin IV se sont continués
le 3 juillet. Il y eut ce jour-là trois ascensions,
dont voici le compte-rendu résumé :
Dans l’après-midi, le roi de Wurtemberg,
accompagné de son aide-de-camp, le général
von Hilfinger prit place à bord du grand croi-
seur aérien, dont le comte Zeppelin lui fai-
sait les honneurs. Le temps était superbe. Le
ballon s’éleva avec son aisance et sa sûreté
habituelles, et se dirigea vers le château royal
de Friedrichshafen au-dessus duquel il planait,
8 minutes plus tard. Puis après quelques évo-
lutions, il revenait se poser sur le lac, devant
son hangar.
Le roi quitta alors le ballon et monta aans
son canot automobile Wurtemberg, tandis que
la reine et sa dame de compagnie, la baronne
de Palm, sembarquaient à leur tour dans le
Zeppelin IV. Le dirigeable venait de nouveau
évoluer sur le château de Friedrichshafen
Un quart d'heure après il rejoignait le hangar
flottant et la reine descendait, enchantée de
son excursion aérienne.
A 5 heures, le Zeppelin IV s'élevait du lac
pour la troisième fois, ayant à bord la com-
tesse Lola Zeppelin, nièce par alliance de l’in-
venteur. Il évolua au-dessus du lac d’Uner-
linder et rentra à 6 h. 30, sous la menace d’un
orage qui ne tarda pas à éclater.
L'empereur, après cette belle série d’expé-
riences envoyait à l’inventeur un télégramme
ainsi Conçu :
« Je me réjouis de tout cœur de vos succès
et continue à vous soutenir. Salutations cor-
diales. — GUILLAUME. »
Certains adversaires du système Zeppelin
voulurent voir dans ces derniers mots de l’em-
pereur une allusion à une discussion qui se
serait produite avant le début des essais entre
le général von Einem et l’inventeur. Il est infi-
niment plus probable que l’empereur parle
d’une façon générale, de soutenir le comte
Zeppelin contre ceux qui ne partagent pas ses
idées théoriques, car il fut de tout temps ter-
vent partisan du système rigide et honore
l'inventeur d’une vive sympathie.
Ainsi que nous le disions dans notre dernier
numéro, après la première sortie, on avait
augmenté le gouvernail arrière et installé en-
tre les surfaces latérales d’empennage un nou-
veau gouvernail. Notre photo au bas de la
page 247 reproduit cette disposition.
Dans la troisième sortie, le gouvernail
d'avant qui existait dans la première sortie
(4) Voir Aérophile du 1° juillet 1908.
275
était complètement supprimé, l’empennage
complété de 2 quilles verticales l’une au-des-
sus, l’autre au-dessous de l’arrière de la ca-
rène, le gouvernail d’arrière très agrandi et
entre chaque paire de plans d'empennage la
téraux, avait été placé un double gouvernail
à axe vertical analogue au gouvernail du
Ville de Paris. Notre photo montre ces divers
Aspect de la poupe et des nouveaux disposilifs de
direction du Zeppelin IV à sa troisième sortie. —
Le gouvernail vertical d'arrière est agrandi (la par-
tie hachurée indique sa forme et ses dimensions
antérieures). On distingue une quille verticale en-
dessus et en-dessous de l'enveloppe. Les gouver-
nails latéraux entre les plans d'empennage sont de
forme cellulaire. — (Cf. les photos de la page 247,
Aérophile du 1° juillet).
dispositifs tels qu'ils étaient à ce moment
et peut utilement se comparer à la photo du
bas de la page 247, représentant les disposi-
tions antérieures. La partie hachurée du zou-
vernail d'arrière indique la surface et la
forme de cet organe tel qu'il était à la pre-
mière sortie; il y avait à l’avant, dans cette
première sortie, un gouvernail identique sup-
primé ensuite, comme on l’a vu.
Le dirigeable Zeppelin IV comporte, paraïît-
il, comme le planeur Bayard-Clément, une che-
minée d’ascension permettant l’accès à la par-
tie supérieure du ballon et facilitant l’obser-
vation des astres pour faire le point et
orienter la route du ballon. I] y a à bord des
cabines confortables, une pour le comte Zep-
pelin, l’autre pour l’équipage qui se relaiera
pendant le voyage de 24 heures.
L'inventeur se proposait de suivre le lac de
Constance, de descendre la vallée du Rhin et
de revenir au hancar flottant de Manzell, près
Friedrichshafen, dans l’espace de 24 heures. I]
aura à son bord des représentants de l’admi-
nistration impériale et de l’armée. Si l'essai
réussit, le Zeppelin IV, définitivement milita-
risé, passera ensuite aux mains du gouverne-
ment impérial.
Au cours de cet itinéraire, remarquons-le,
comme dans ceux des précédents voyages et,
276
notamment dans le voyage de 12 heures du
14 juillet, le Zeppelin IV se trouvera toujours
à proximité de nappes d'eau importantes où il
lui serait possible de descendre et de faire une
escale provisoire, s'il s'y voyait contraint par
une panne ou par les circonstances météoro-
logiques. On sait que le comte Zeppelin a tou-
jours répondu aux détracteurs de son système
qu'avec un autoballon de haute vitesse et de
grand rayon d'action comme le sien, il serait
possible dans presque tous les cas de descente
imposée, de gagner un des lacs où des grands
cours d'eau si nombreux dans l'Europe cen-
trale et de descendre à sa surface. La sécurité
du ballon ainsi campé à découvert n'en demeu-
rerait pas moins très précaire, mais le comte
Zeppelin ajoute que dans l'avenir, certaines de
ces étendues liquides pourraient être transfor-
mées en véritables ports d'autoballons compor-
tant des hangars d’abri, des remorqueurs pour
rentrer le ballon et tout l'outillage et le ma-
tériel de manœuvre et de ravitaillement néces-
sares. Ce point de vue semble indiquer que
l'inventeur ne tient pas pour le moment à
faire descendre son engin sur le sol ferme
comme le désirait le général von Einem.
Dans une conférence faite à Dresde, devant
la Scciété des Ingénieurs civils, le comte Zep-
pelin a déclaré que la déperdition de force
ascensionnelle par exosmose en 24 heures n’'ex-
cédait pas 22 kilogrammes; ceci démontre la
parfaite étanchéité des tissus caoutchoutés
« Continental » employés par l'inventeur,
comme d’ailleurs par la plupart des construc-
teurs des grands dirigeables actuels.
Le comte Zeppelin est partisan des moteurs
à consommation faible, fussent-ils relative-
ment lourds comme les 2 Daimler 85 chx de son
n° III qui pesaient ensemble 500 kilos, non
compris les hélices et les transmissions.
Dans les voyages de longue durée, cette éco-
nomie sur la consommation d'essence compense
très vite, avantageusement, suivant lui, le gain
de poids disponible obtenu avec un moteur plus
léger, mais plus dispendieux en carburant.
Bien que l'ultime démonstration de son uti-
lité pratique, n'ait pas encore eu lieu, on se
ferait difficilement une idée de l'enthousiasme
soulevé, en général, en Allemagne, par les ré-
cents succès du Zeppelin IV. Des fètes ont été
organisées le 8 juillet pour fêter le 70° anniver-
saire du compte Zeppelin.
L'inventeur a reçu, à cette occasion, de l'em-
pereur, des rois de Wurtemberg et de Saxe, du
prince régent de Bavière, des grands ducs de
Bade, de Hesse, de Mecklembourg, de Nassau,
d'Oldenbourg, du chancelier de Bulow, des mi-
nistres, des municipalités, des universités, des
étudiants, ete., d'innombrables téléorammes de
féliciations. Les Facultés des Sciences de Leip-
zig, Bonn et Heidelberg l'ont nommé « dec-
teur honoraire », et plusieurs villes alleman-
des, « bourgeois d'honneur ». Une association
15 Juillet 1908
vient d'ouvrir à Mannheim, une souscription
nationale par unité de 2 fr. 50, en vue de créer
toute une flottile aérienne d'après les système
Zeppelin. — Pauz ANCELLE
P.-S.-_Les 24 heures du « Zeppe-
lin IV ». Première tentative. — Impa-
tiemment attendu, le voyage aérien de 24 heu-
res du Zeppelin IF a été tenté une première
fois, sans succès, à jour dit, le 14 juillet.
Certains journaux allemands avaient an-
noncé, que selon le besoin, l'itinéraire pour-
rait en être modifié et passer par Strasbourg,
Carlsruhe et Stuttgart au lieu de Strasbourg,
Mayence et retour à Friedrichshafen (lac de
Constance) dans les deux cas. L'empereur avait
donné l’ordre de saluer l’aéronat de salves d’ar-
tillerie, comme un vaisseau de guerre, à son
passage devant Strasbourg.
Le 14 juillet, donc, tout étart prêt au hangar
de Manzell. Le Comte Zeppelin avertit le roi et
la reine de Wurtemberg qui assistaient au dé-
part sur leur yacht.
Le comte Zeppelin et ses passagers militai-
res et civils prennent place à bord, au milieu
d'une nuée d'embarcations chargées de curieux.
Le ballon s'éleva du lac à 2 h. 15 var vent frais
du Sud-Est, prit la direction de Constance. A
2 h. 45, il planait au-dessus de cette ville, à
200 m. de hauteur environ, se diri:eant vers
le Nord. On le vit alors reprendre la direction
dé Manzell. Il descendit sur le lac à la hauteur
de Meersbourg pour se relever de nouveau.
Arrivé à la hauteur d'Immenstaad, il se mit à
lenger la rive pour regagner Manzell. A 3 heu-
res 45, il se posait sur le lac et le petit vapeur
Bruchhorn le ramenait dans son hangar.
Sur le parcours projeté du Zeppelin IV à
Strasbourg, Mannheim, Mayence, Stuttgart,
on avait fait de grands préparatifs pour le
saluer au passage. Son échec fut une grosse
déception.
Les uns l’attribuent à une avarie survenue
au ventilateur d'un des moteurs, à 2 h. 50, près
de Reichenau, avarie impossible à réparer à
bord (une aile brisée). D'autres, prétendent
que le vent assez vif gênant considérablement
le ballon, le retour fut décidé pour éviter un
échec complet.
Le comte Zeppelin déclarait, dès son retour,
qu'une nouvelle tentative aurait lieu le lende-
main, 15 juillet, après réparation.
Nouvelle mésaventure du « Zep-
pelin IV ». — Le 15 juillet, dans la matinée,
la pluie qui tombait ayant un peu diminué, le
comte Zeppelin donna l'ordre d’appareiller.
A 11 heures, on se mit en devoir de sortir le
Zeppelin IV de son hangar flottant. Le vapeur
à 2 hélices Weller devait remorquer le ballon,
jusqu'au lac libre : ce jour-là, il exécutait
cette marœuvre pour la première fois, rempla-
çant le canot automobile dont se servait d’ha-
bitude l'inventeur. Certains ont voulu voir
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dans cette circonstance, la cause première de
l'accident.
Quoi qu'il en soit, le dirigeable était déjà
extrait de sa prison flottante, lorsque s'éleva
— autant du moins qu'on pouvait en juger de
la terre ferme — un courant d'air qui, prenant
de biais le ballon à peine à l'essor, le poussa
contre le hangar.
Le choc fut d'autant plus violent que le
câble de remorque s'était rompu, sans doute
par suite d’une fausse manœuvre.
La pointe du ballon demeura engagée dans
la gouttière du hangar ; puis certains des com-
partiments à gaz ayant été déchirés, com-
mencèrent à se vider. L’avant du ballon s'in-
cline vers le lac, les nacelles se remplissent
d’eau à moitié, un gouvernail de profondeur
de gauche voit ses « lames de jalousie » démo-
lies et tombe à l’eau; l'hélice antérieure de
gauche a son armature protectrice grande-
ment endommagée, le quart environ de l'en-
veloppe de carène est déchiré et ses lambeaux
flottent dans l'air.
Le ballon descendait ensuite sur le lac;
grâce à un canot automobile, on put le dégager
du hangar auquel il demeurait accroché et on
le hâla à quelque distance.
L'équipe de manœuvre du Zeppelin IV fut
alors rassemblée sur le pont qui conduit au
garage flottant pour aider à-la rentrée du mal-
heureux dirigeable. Mais les difficultés n’é-
taient pas terminées. Le hangar flottant orien-
table se déplaçait à chaque instant, risquant de
détériorer encore le long fuseau qu'on essayait
d'y faire pénétrer. Il fallut une heure environ
d'efforts patients pour réussir à mettre l'axe
du ballon dans le prolongement de l'axe du
hall et à réintégrer l’engin sous son abri.
Les dommages sont, comme on voit, considé-
rables. Leur réparation demandera au moins
une dizaine de jours. Pour les faciliter, on a
dû achever de vider complètement les compar-
timents à hydrogène. Cela entraînera done un
nouveau délai pour le regonflement. Il s'écou-
ea 3 semaines, si ce n’est plus, avant que le
Zeppelin IV ne reprenne l'atmosphère. Les
membres de la commission impériale et la délé-
gation de l'état-major sont repartis le soir
même du 15 juin et ne reviendront à Manzell-
Friedrichshafen que lorsque le ballon sera en
état de tenter de nouveau son ascension de
24 heures.
e
CR
La réussira-t-il, cette performance si long-
temps espérée ? Il peut la réussir et faire plus
encore si les circonstances atmosphériques le
secondent, tout comme nos autoballons, trois
fois plus petits, tireraient, sous les mêmes con-
ditions, leur quinzaine d'heures et même da-
vantage Mais la possibilité de cette prouesse
demeurera exceptionnelle et ne peut s'accom-
plir qu'avec un gros aléa, en risquant le tout
277
pour le tout, dans le seul but d'une satisfac-
tion d’amour-propre et de tenir un engage-
ment imprudent.
Ce succès lui-même n'aura pas grande
force probante en ce qui concerne la valeur
technique du système Zeppelin. Si le Zeppe-
lin IV peut sans doute emporter une provision
de lest et d'essence plus grande (poids brut)
que le Patrie, le République ou la Ville-de-Pa-
ris, et tenir ainsi plus longtemps l’atmosphère,
il le doit uniquement à ses dimensions extraor-
dinaires, mais nullement, comme on semble le
croire, à la supériorité technique des disposi-
tifs adoptés. Supposons — ce qui n’a rien
d’impossible, on le sait — un des types français
construits à l'échelle du Zeppelin IV et les
avantages apparents de ce dernier en durée de
séjour dans l'atmosphère et même en vitesse se
transforment en une infériorité manifeste sur
ces ‘deux points.
On a bien dit en France comme en Allema-
gne, « l'avenir est aux gros ballons, à eux les
hautes vitesses et les grandes capacités de
transport... » Mais les gros ballons sont diffi-
ailes à manœuvrer au départ et à l'atterrissage
et, lorsque, comme dans les Zeppelin, l'emploi
d'une armature rigide si fragile dans son appa-
rente robustesse, et l'ensemble des dispositions
adoptées, nécessitent en outre, des procédés
et des emplacements de départ tout à fait
spéciaux, un outillage compliqué et dispen-
dieux, etc., il est permis de se demander si
ces géants, vulnérables au talon comme
Achille, n'auront pas à faire un stage, un long
stage, avant qu'on puisse utiliser pratiquement
et avec fruit, les avantaces de leur taille. Peut-
être même, vaudrait-il mieux, comme le soute-
nait ici même M. Stanislas Reyowski, s'atta-
cher à améliorer le rendement des cubes
moyens.
La nouvelle mésaventure d’un Zeppelin,
après tant d’autres et avant celles qui l’atten-
dent encore, peut-être, fournissent à cette
opinion une illustration saisissante, — P. A.
Les essais de l’autobaffon ‘“Gross Il”
On sait (Voir l'Aérophile, dernier numéro)
que le beau voyage de 12 heures du Zeppelin IV
le 1% juillet, s'est trouvé mieux mis en va-
leur encore aux yeux de l'opinion allemande,
par la mésaventure dont fut victime le même
jour, le nouveau dirigeable des aérostiers prus-
siens, dû au major Gross et à l'ingénieur Base-
nach, ballon qui procède, on le sait, d’un type
de construction tout différent, dit type semi-
rigide.
Voici quelques détails plus précis que les pré-
cédents sur cet accident. Le 1% juillet, vers
5 heures de l'après-midi, le ballon manœuvrait
au-dessus du champ de manœuvres de Tegel, à
400 m. d'altitude. On essayait les gouvernails
278
qui avaient été modifiés. Etaient à bord, le ma-
jor Sperling, l'ingénieur Basenach, 2 officiers
et 1 mécanicien. Vers 5 h. 1/4, l’aéronat fut
pris par un tourbillon ascendant qui l'enleva
jusqu'à 1:600 à 1.700 mètres. L’enveloppe se dé-
formait à l'arrière; on voyait des plis de plus
en plus grands, et l'appareil tournait toujours
à droite. l'arrière était si flasque que l’enve-
loppe reposait sur les gouvernails et empêchait
la manœuvre. Comme le ballon était incliné la
pointe en l'air, l'équipage fit fonctionner les
2 systèmes moto-propulseurs tout en jetant du
lest pour tenter d'éviter l’agglomération de
Charlottenburg. On essaya vainement d'atterrir
dans un champ de seigle. Mais à 5 h. 1/2, la
nacelle s’accrochait dans des sapins et le ballon
ne put s'en dépêtrer par les moyens du bord.
11 fallut abattre de nombreux arbres et vers
minuit le matériel était ramené sur des cha-
riots au pare d'aérostation. C'était la 3° ascen-
sion de ce modèle.
Le dirigeable Gross IT jaugeait 4.500 n°. Il
avait, comme les Lebaudy, Patrie, République,
une plate-forme ovale en aluminium occupant
le ventre de l'enveloppe et renforcée par une
quille en tubes d'aluminium, et l'avant de la
earène raccordé à la plate-forme pour former
une sorte d'éperon. Chacun des Z so'eurs de
75 chx actionnait par courroie une hélice à 3
branches en aluminium, placée comme l’année
dernière, le plus haut possible entre Îa nacelle
et le ballon.
En marche normale, on n'utilisait qu'un seul
moteur et son hélice, le deuxième groupe moto-
propulseur demeurant en réserve au cas de
panne ou de circonstances exceptionnelles.
L’ascension du 11 juillet. — Les
avaries du Gross II furent promptement répa-
rées,
Le 11 juillet, il exécutait à huit heures du
soir, une sortie qui s'est prolongée 1 h. 17 à
400 mètres de hauteur maxima. Des modifica-
tions avaient été apportées aux moyens de di-
rection sur la verticale. Les variations d'alti-
tude s'obtenaient, paraît-il, au moyen d’un
poids mobile de 125 livres, les nouveaux dispo-
sitifs de direction en profondeur ayant été
abandonnés.
A 9 heures, à la tombée de la nuit, le major
Sperling a essayé à bord, un système de signaux
militaire qui a très bien fonctionné. Un com-
pas de route avec éclairage nocturne dû au
lieutenant Geeds a donné aussi entière satis-
faction. — A. M.
Le dirigeable Siemens-Stuckert. — La So-
ciélé Siemens-Stuckert est en {rain d'achever un
nouveau dirigeable du type non rigide.
Il y aura done avant peu en Allemagne en
cours d'expériences ou entièrement achevés, le
Zeppelin IV, le Zeppelin HT (type de 190%. à
réparer, Je Gross 11, des aérostiers militaires
prussions, le Parseval 1907 et le nouveau Parse-
val 1908, sauf omission.
15 Juillet 1908
Les essais de l'aéroplane “ White Wing ”
(L'AILE BLANCHE)
Premières envolées
Après les premiers vols de l’aéroplane ed
Wing (Aile Rouge), relaté dans lAéro-
phile du 15 mai, p. 198, l’Aerial Experiments
Association, de Hammondsport (Etats-Unis),
mettait en essais un deuxième aéroplane le
White Wing (L'Aile Blanche).
D'après le Scientific American.
L'aéroplane While Wing en plein vol.
Comme on peut le constater, en comparant
la présente photo à celle de son prédécesseur,
le White Wing a le même aspect général aue
le Red Wing : deux plans porteurs superposés,
arqués transversalement en sens inverse l’un
de l’autre, de façon à se regarder par ‘eur
concavité, mais les 2 plans ont cette fois, la
même envergure, 42 pieds, et 4 pieds de lon-
gueur antéro-postérieure dans la région mé-
diane; ils vont, de part et d'autre de l’axe
longitudinal, en se rétrécissant vers l'extré-
mité des ailes. Les constructeurs attribuent un
grand avantage à cette dernière disposition
qui n’est pas nouvelle (V. ailes de l'aéroplane
R. E. P.) et aussi à la disposition, en forme
d'arc double, de la ferme trianvulée qui relie
les 2 plans, forme qui serait, selon eux, abso-
Jument inédite.
En avant des plans, au sommet d’un corps
pyramidal entoilé, se trouve le gouvernail hori-
zontal de profondeur. A l'arrière de l’appareil
est une queue stabilisatrice cellulaire (dans le
Red Wing, c'était un simple plan horizontal),
à laquelle fait suite le gouvernail vertical de
direction.
Enfin, aux extrémités des ailes, sont fixés
4 petits plans triangulaires mobiles, autour
d'un axe horizontal parallèle à l'axe longitu-
dinal de l'engin. Ces plans annexes, comman-
dés par un câble guidé sur des poulies et relié
au corps de l'aviateur, servent par leur dépla-
cement à faciliter les virages, remplaçant le
dispositif de torsion des ailes, imaginé par les
Wright.
l’Aérophile
L’aviateur se place entre les 2 grands plans
sustentateurs; 1l a derrière lui le moteur, nn
Curtiss 8 cylindres, refroidissement par air, qui
développe 40 chevaux à 1.800 tours par mi-
nute. Le moteur actionne une hélice prooul!-
sive en bois, de 6 pieds 2 pouces de uiamètre
et de pas à peu près égal au diamètre. Le . o-
teur tournant à 1.200 tours par minute et ne
développant que 25 chevaux, cette hélice au-
rait exercé un effort axial de 245 livres.
Un châssis à 3 roues garnies d® pneumati-
ques (une en avant, orientable, et deux en ar-
rière) remplace les patins du Red Wing, qui
fut essayé, comme on sait, sur la glace du lac
Keuka. Une piste de roulement d'un demi-
mile de longueur a été établie sur le terrain
d’essais. ;
La surface portante de l’appareïl est de
408 pieds carrés et son poids de 431 livres.
Voici, brièvement résumés, les résultats des
premiers essais :
Le 18 mai, au bout de 200 pieds de lancée,
l'appareil monté par M. Baldwin, s’enlève
assez brusquement et parcourt en volant,
279 pieds, paraissant avoir une bonne stabi-
lité transversale (voir photo), mais le propul-
seur fut un peu endommagé durant le vol.
Le 19 mai, 1® vol de 100 pieds en 2 secondes
et arrêt après 201 pieds de course sur le sol,
pendant laquelle un hauban rompu s'enroule
autour du propulseur. — 2° essai, après quel-
ques minutes de réparations. L'appareil s'en-
lève rapidement à 20 pieds, vire ensuite à
droite, redescend à 12 pieds et revient brus-
quement au sol, endommageant la roue direc-
trice d'avant.
Le 22 mai, après quelques modifications,
M. Curtiss, dont c'était la première envolée,
franchit 615 pieds, frôle le sol sans s'arrêter,
s'envole à nouveau et atterrit définitivement
La distance entre le point du premier essor
et le point du deuxième retour au sol est 4e
1.017 pieds en 19 secondes, contact au sol en
cours de route, compris. Hauteur du vol, entre
o et 25 pieds.
Le 23 mai, il fut décidé que M. Mc Curdy,
piloterait. 6 hommes devaient maintenir l’ap-
pareil jusqu'au lâchez tout de M. Curtiss.
Après avoir roulé 200 pieds, l’aéroplane se sou-
leva brusquement, volant 600 pieds à 10 ou
15 pieds de haut. Mais un mouvement brusque
de virage lui fit regagner le sol où il culbuta.
M. Mc Curdy n'eut aucun mal, mais l’appa-
reil fut très endommagé.
MM. Graham Bell et le lieutenant Selfdrize,
se déclarent enchantés de ces expérienses.
Elles sont en effet intéressantes; mais elles
montrent en même temps que les expérimenta-
teurs américains sont encore en retard sur
leurs confrères français. La stabilité de leurs
engins semble rester des plus précaires.
À. DE MASsFRAND
279
Les préparatits de Wilbur Wright
Le 4 juillet, Wilbur Wright procédait à
l'usine Bollée, au Mans, aux essais du moteur
de son aéroplane, lorsqu'un tube de la circu-
lation d’eau s'étant dessoudé, un jet de va-
peur et d’eau brüûla l’aviateur au bras et au
côté gauches, si douloureusement qu’il s’éva-
nouit. Heureusement, les premiers soins, aus-
sitôt donnés, pallièrent les suites graves qu’au-
rait pu avoir cet accident.
Dès le 7 juillet, Wilber Wright a pu repren-
dre le montage de sa machine volante. Par
suite du retard causé par l’accident, les pre-
miers essais sont remis à la fin du mois.
M. Hart O. Berg, chargé des intérêts finan-
ciers des Wright à déclaré à notre confrère
François Peyrey, que le contrat Wright-Weil-
ler ne comporte, pour l'obtention des
500.000 francs, que deux vols mécaniques de
50 kil., l’aéroplañe étant monté par deux per-
sonnes. Wilbur Wright a même la faculté de
remplacer le passager par un sac de sable.
Donc, si Wilbur Wright remplit ce pro-
gramme, il touchera la somme précitée, alors
même que nos aviateurs accompliraient, dans
les quatre mois qui suivront les essais du
Mans, des performances analogues.
Puarcos
LES BREVETS DE L'ARÉONAUTIQUE
Brevels délivrés du % au 17 juin 1908
SS682. — 30 mars 1908. — BLÉRIOT (L.) : Per-
fectionnements apportés à la réfrigération de
l'eau du moteur des aéronats, aéroplanes et ap-
pareils analogues.
9113/373818. — 24 mars 1908. -— EsNAuLr-PEL-
TERIE (R.) : 4 certificat d’addition au brevet pris,
le 22 janvier 1907, pour un aéroplane
388864. — 20 mars 1908. — CERVELL (J.). Mori--
NARI (J.) et BERNASCON (J.) : Mécanisme destiné
à être employé à la propulsion des bateaux, des
sous-marins et des aérostats, ainsi qu'à la pro-
duction de force motrice au moyen d'un cou-
rant d'air ou d’eau.
388909. — 4 avril 1908. — Vorumann (M.) : Mo-
leur à axe vertical et à cylindres disposés en
étoile autour de cet axe.
388823. — 3 avril 1908. — HuMBERT (V.) : Appa-
reil d'aviation.
JSSS6S. — 21 mars 1908. — GEesr {W.) : Avia-
teur pourvu de surfaces en forme d'ailes d'oi-
seau.
389074. — 10 avril 190$. — GAMARE (A.-L.)
Aéroplane.
385813, — 3 avril 1908. — HouMEx (H.-L.-C.) et
PRIEUR (L.-L.) : Gyroplane.
9193/385107. — 1” février 1908. — LEUILLIEUX
(P.-E.) et FARDEL (B.-A.) : 2° certificat d'addition
au brevet pris le 16 décembre 1907, pour jouet
scientifique du genre hydroplane.
Communiqué par MM. Weissmann et Marx,
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15 Juillet 1908
Voyages en zj5zag
1
“Bobigny
o
Bondy
Hoisyrle-Sec
“Montreuil!
ec ED Sous. uil
incennes
© Chétillon
Voyages en zigzag des huit ballons sphériques du 5 juillet 1908.
La carte très curieuse et très vraie que nous
reproduisons ici donne assez bien l'illusion
d'une course de huit ballons dirigeables qui,
empêchés de revenir à leurs ports d'attache,
auraient atterri çà et là dans la banlieue de
Paris.
C'est le tracé à vol d'oiseau des ascensions du
dimanche 5 juillet 1908, exécutées à bord de
ballons ordinaires d'excursion.
Les conditions atmosphériques étaient vrai-
ment exceptionnelles ; elles coïncidaient, il est
vrai, avec la formation d’un gros orage qui est
allé éclater dans la Beauce et dans le Perche,
tandis que les ballons parisiens, partis en plein
soleil, n'ont reçu que quelques gouttes de pluie
chaque fois qu'éclatait au loin le roulement du
tonnerre.
Les courants d'air superposés étaient de di-
rections nettement différentes et, par un temps
moins troublé, les aéronautes auraient pu
faire merveille en « dirigeant » à leur guise, de
simples ballons sphériques. Mais alors, par beau
temps bien établi, il est infiniment probable
que le phénomène eût été moins accentué.
Donc, trois ballons sont partis ce dimanche
du parc de l’Aéro-Club, à Saint-Cloud, le pre-
mier à 8 h. 44 du matin, les autres à 11 h. 1/2.
L'Aéro-Club n° 5 (MM. Edgard Mix et Mac-
Coy) est allé jusqu'à Versailles, de là à Bougi-
val, puis remontant la Seine, à Enghien, enfin,
il est revenu à Houilles, est passé sur Cor-
meilles-en-Parisis, et a atterri à midi 32 à
la Frette, près Maisons-Laffitte. L'Aurore
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Les courbes des baromètres enregistreurs in-
diquent clairement un vent venant du nord-
est jusqu'à 600 mètres, un vent du sud-ouest
de 600 à 1.200 mètres, enfin un courant d'ouest
au-dessus.
De l'usine à gaz de Rueil, quatre ballons de
l'Aéronautique-Club s'étaient élevés à dix heu-
res et demie, ce même dimanche 5 juillet. Le
Gay-Lussac (MM. Saunière, Renouf et Quillay)
a jeté l'ancre à deux heures, au château de
Montgarny, près Eaubonne, devant la pro-
priété de M. Plisson. L'4. C. D. F. (M. Er-
nest Archdeacon) est monté très haut et, em-
porté par le courant supérieur de l’ouest, au-
dessus des nuages orageux, est allé atterrir à
Bobigny. Le Griffon (M. Cormier), dont les
mêmes conditions, est allé à côté, à Drancy.
L'Ariane (MM. Roger Aubry et Francoy) est
arrivé à bout de lest dans un jardin de la rue
Lafontaine, à Auteuil; son diagramme est des
plus instructifs.
Enfin un ballon parti de Montreuil-sous-Bois
(M. Spielmann), à 4 h. 20 a traversé Paris assez
bas, pour aller atterrir à 7 h. 35 au rond-point
des Bergères, à Puteaux, à quelques centaines
de mètres seulement du garage de son proprié-
taire, M. Mallet. B.
À l'Aéro-Club du Sud-Ouest
Ascensions de l’Aéro-Club du Sud-Ouest
1“ juillet. — Bordeaux, usine à gaz de La
Bastide, 11 h. 10 du soir, le Cudel-de-Uuscogne
(00 in), M. O. Wigand, seul à bord. Al. à
Y h. du malin, le 2 Juillet, à Saint-Sauveur-de-
Meilhan (Lol-ei-Garonne). Durée : ÿ li. ou. Dis-
tance : 60 kilomètres.
5 juillet. — Bordeaux, usine à gaz de la Bas-
tide, à 10 h. 25 du m., la Côte d'Argent (800 m'),
le vicomte C.de Lirac, MM. Acnard et Etienne
Faure. Atl. à 1 h. 15, à Montagne, près Saint-
Emilion (Gironde). Durée : 2 h. 50. Distance :
36 kilomètres. | 4 ;
6 juillet. — Toulouse, usine à gaz, à 3 h. 10,
l'Aquilaine (1.100 m°): MM. Gonfreville, Delmas
et le capitaine Marié, ce dernier néophyte. A
4 h. 50, la Belle-Ilélène (1.630 m°), MM. Ville-
pastour, Ed. Sirven, Mme Sirven, MM. Thomas
et Camou. ces trois derniers néophytes.
Att. : l'Aquilaine, à 3 h. 45, au château d’Au-
fréry, propriété de la maréchale Niel, commune
de Pin-Balma. Durée : 40 m. Distance : 7 kil.
Ait. : la Belle-Ilélène, à 5 h. 15, à Mons. Durce :
3» m. Distance : 13 kil.
Ces deux ascensions, organisées par l'Aéro-
Club de Sud-Ouest, inauguraient l'existence spor-
tive du nouvel Aéro-Club des Pyrénées. brillam-
(1) Ma Cinquantième, Les Sports du 9 juil-
let 1908.
28:
ment présidé par M. Ed. Sirven. Projetées dès
le mois de mai, elles avaient dû être ajournées
pour insuffisance de gaz. Cette fois, la Compa-
gnie avait pris toutes ses dispositions, et a fourni
aux aéronautes un gaz très abondant et particu-
lièrement léger (735 gr. de force ascensionnelle),
qui a permis de braver des circonstances atmos-
phériques déteslables. En effet, Toulouse était
ce jour-là environné dorages. Le gonflement
s’est fait sous une pluie diluvienne. Les départs
furent donnés dans de courtes éclaircies, mais les
ascensions furent naturellement très écourtées,
les pilotes s'étant trouvés dès leur départ au
milieu de nuées orageu Les atterrissages
eurent lieu sous l'averse avec accompagnement
du tonnerre. qui. cette après-midi, tomba à plu-
sieurs reprises sur la campagne toulousaine.
RRRIRRRPS PIS PPISIIRT
L'évolution de l'industrie aéronautique
L'industrie aéronautique est longlemps restée
aux mains de spécialistes remarquables qui
avaient valu à notre pays une répulation mon-
diale dans cette branche de l'art de l'ingénieur.
Néanmoins, les moyens de production demeu-
raient proportiongés aux débouchés qui étaient,
il y a quelques aiées encore, relativement limi-
tés.
L'essor inoui de la locomotion aérienne devait
nécessairenierii anger tout cela. A l'atelier dé
moyenne industrie doit faire place aujourd'hui
là grande manufacture où la division du tra-
vail, l'intervention de plus en plus considérable
de la machine, la multiplicité des services, el
leur bonne cocrdination, vont permettre de pro-
duire et d'étudier plus vite, mieux, et sans doute
à meilleur marché. Une des plus intéressantes
manifestations de ce nouvel état de choses appa-
raît dans la transformation des anciens établis-
sements Surcouf, en pleine prospérité et univer-
sellement estimés, en une puissante Société ano-
nyme au capital d'un million de francs : la So-
ciété « Astra ».
Avec de pareils moyens financiers, la nouvelle
Société vient de créer une vérilable usine mo-
dèle pour la construclion et l'étude de lous des
appareils aéronautiques : sphériques de sport ou
ballons captifs militaires avec leurs pars com-
plets, ballons captifs d'exploitation : celte usine
est dotée d’une organisation industrielle de pre-
mier ordre qui comprend :
Un service technique auquel sont attachés les
meilleurs ingénieurs spécialisles :
Un laboraloire d'essai muni des instruments
les plus perfectionnés, pour contrôler la qualité
des matériaux :
Des ateliers mécaniques spéciaux. de corderie,
de couture. de vernissage. de modelage munis
d'un matériel mécanique comportant les der-
niers perfectionnements et dirigés par un per-
sonnel d'élite.
Ta nouvelle Société construit des sphériqaues
de laus les tvpes. des dirigeahles sur les modèles
satelle était elle-même ou qu'elle étudie selon
les indications des inventeurs, des appareils
d'aviation.
Les établissements Surcouf. auxquels succède
la Société s'élaient signalés dans ces diverses
snécialités par des constructions de nremier or-
dre. N'est-ce nas à M. Surcouf que l'on doit la
partie aérostalique du Lebaudu, l'étude de Ja
construction de lTaéronat Vülle-de-Paris, : qui.
crâce à la libéralité de M, Henry Deutsch de la
Mersthe. fait aujourd'hui parlie de notre malé-
riel militaire ?
282
C'est ancore M. Edouard Surcouf, homme
d'iniualive heureuse, qui €crca 1e preuer ate-
uer special pour appareils d'aviaiion, de meme
qu'il Iournissait ues parcs d'acrustalhion mili-
{aire à plusieurs nalons el qu'il inlroduisait
dans la construction des dirigeables et dans les:
sphériques de l'armée francaise, l'usage des lis-
sus caoutchoutés. En aéroslalion sporlive, la
ivarque Edouard Surcouf avait connu déjà les
plus enviables succès et on lui doil la conslruc-
tion de l'aéronat l'/le-de-France, à bord duquel
a été élabli, dans la Coupe Gordon-Bennett 1907,
le record du monde de durée. M. Edouard Sur-
couf demeure, bien entendu, allaché, en qua-
lité de directeur, à la Société « Astra », avec la
collaboration d'un autre ingénieur fort distin-
gué, M. Henry Kaplerer, codirecteur.
Sous leur impulsion éclairée, la Société « As-
la » a déjà mis en chantier plusieurs ballons
dirigeables dont un commandé par M. Clément,
le grand constructeur d'automobiles, et un autre
destiné à notre service d'aérostation militaire.
Avec une vue nelte des besoins de l'industrie
aéronautique moderne. la Société « Astra » n'a
pas hésité à construire, outre son aérodrome
de Sartrouville, un nouveau hangar à dirigea-
bles, silué à Trilport, près Meaux, en atten-
dant l'installation d'un troisième port pour
navires aériens. Pendant les essais qu'elle fera
pour son compte, où pendant les essais de ses
clients, la Société « Astra » ‘sera ainsi la pre-
mière, et peut-êlre longlemps la seule à offrir
aux aéronats. des abris commodes, judicieuse-
ment répartis et facilitant le tourisme aérien.
Enfin, le vol mécanique ne pouvait manquer
d'attirer l'attention de techniciens aussi avis
et les essais tout prochains de l'aéroplane « As-
tra », ne manqueront pas d'intéresser tous les
aviateurs.
Quant à la fabrication des aérostats., elle sera,
comme par le passé, l’obiet des soins les plus
minutieux et les plus intelligents, et contribuera
elle aussi, à maintenir au premier rang. la ré-
putalion de la vieille maison de construction
aéronautique qui a eu l'audace et la sagesse
d'évoluer, sans hésiter, vers la grande indus-
tie.
L. LAGRANGE
Le Tour du Monde aérien
Société aéronautique de Belgique. — Fon-
dé celte anné ce jeune groupement a déjà
donné d'intéressantes marques de son activité,
sous la présidence habile et dévouée du comte
Hadelin d'Oultremont qui en fut le promoteur.
Le bureau de Ja Sociélé aéronaulique belge est
ainsi composé :
Vice-président d'honneur : S. A. S. le duc
d'Arenberg. — Comité de direction : président :
le comle Hadelin d'Oultremont : secrétaire géné-
ral: le capitaine Emile Mathieu : trésorier : le
comte Adrien Van den Burch : membres : MM. le
baron Pierre de Crawhez, Edmond Heirman,
Maurice Hermans, Emile Deladrier.
La Commission scientifique de la Société com-
prend : MM. Camille Penv. lieutenant général :
Cyrille Van Overbegh, directeur général de l’'En-
seignement supérieur : Georges Tecointe. direc-
leur scientifique de l'Observatoire roval d’'Ucele :
J. Vincent. directeur du service météorologiaue
de lObservaloire royal : Emile Vincent. méléo-
rologiste. à l'Observatoire royal; Emile Dela-
drier., doclenr en srienres.
Les membres de la Société, sporlsmen, ingé-
nieurs, gens du monde, sont Aéjà plus d'une
centaine et l'on compte parmi eux 6 pilotes.
15 Juillet 1908
La Sociélé se propose de contribuer direcre-
meut à la diffusion uu sport aërlen sous toulex
ses lormes, Sans négliger ses applications scien-
liliques el les progres techniques. Elle posseue
déja un beau spherique de L.ouv nr, oflert par
le comte Hadelhn d'Oultremont, sans parler ues
aérostals qui sont la propriélé personnelle de
jlusieurs de ses membres.
La liste des ascensions de la Société aéronau-
tique de Belgique est déjà importante et s'établit
ainsi :
14 mars 190$. — Usine à gaz de Forest, midi 50,
le Qu'importe (1.000 m'), MM. le comte Hadelin
d'Oultremont, E. Deladrier. Atl. à 3 h. 30, à
lhuillies, dans l'Entre Saimbre-et-Meuse.
21 mars. — Usine à gaz de Forest-Bruxelles,
midi 4$, Qu'Importe (1.00 m°, MM. le comte
Jadelin d'Oultremont, le baron Gustave de Mé-
vins. Atl. à 3 h. 10, sur le champ de course:
Grænendal.
14 avril. — Usine à gaz de Forest-Bruxelles,
3 h. 58, la Belgique (1.090 n°), MM. le comte
Hadelin d'Oultremont, le baron F. de Macar,
Joseph de Pret. Al. à 5 h. 55, à Louvesse, près
Soignies (Hainaut).
11 mai. — Usine à gaz de Forest-Bruxelles,
3 h. 53, le Simoun (600 in), M. le comte Hade-
lin d'Oultremont. Att. à 4 h. 55, à Appelterre
(Flandre orientale’,
17 mai, — Usine à gaz de Forest-Bruxelles,
3 h. 30 du s., le Centaure (1.600 m°), MM. le
comte Henry de La Vaulx, le baron et la ba-
ronne Hermann de Wælmont, Etienne Gande-
vax. Att. à 6 h. 50, à Diepenbeck, près de Has-
selt (Limbourg).
17 mai. — Usine à gaz de Forest-Bruxelles,
3 h. 45 du $s., la Belgique (1.600 m°), MM. IE
comte Hadelin d'Oultremont, le due d’Ursel, le
vicomte Guillaume de Spoelberch. Att. à 5 h. 10,
à Tirlemont.
19 mai. — Usine à gaz de Forest-Bruxelles,
Qu'importe (1.000 m°), MM. le comte H. de La
Vaulx, le vicomte Roger de Spœlberch, le baron
Paul de Molembaix. Att, à 6 h. 15 du s., à
Hœylaert (Brabant).
25 mai. — Fêle de charité organisée par la
S. A. B. dans le parc du duc d'Arenberg, à
Héverlé. Malgré une pluie hattante, départ à
3 h. 15 du ballon Qu'Importe (1.000 m°), piloté
par le comte de La Vaulx, accompagné du vi-
comte Guillaume de Spœælberch. Att. à 3 h. 30,
sous une pluie diluvienne, à Rhodes-Saint-Pierre
(Brabant). Distance : 15 kil. en 15 minutes.
Ensuite, malgré le mauvais temps, lâchdg
de ballons grotesques et concours de ballon-
nets.
S juin. — Le Simoun (600 m°), piloté par le
comte Hadelin d'Oultremont. Départ à 4 h. du
s. At. à 5 h 35 du s., à Thielt-Notre-Dame (Bra-
bant).
10 juin. — Qu'Immorte (1.000 m°), pilote: le
comte Hadelin d'Oulfremont : passager : M. Em-
manuel de Gaiffier. Départ de l'usine à gaz de
Forest-Bruxelles à 7 h. 50 du s. Att. le 11 inin,
à 7 h. 50 du matin. à Ionny (Ardennes fran-
caises), Durée : 12 heures.
D'autre part. sur l'iniliative de la Société aéro-
nautiane de Belgique. se tenait le 18 mai à
Bruxelles. la séance de fondation de l'office in-
ternational de documentation aéronautique, dant
la création a été approuvée nar la Fédération
internationale dans sa dernière conférence et
qui est appelé à rendre de grands services.
Real Arro-Club de Esoana. — [Le nouveau
Comité élu pour 1908, en assemblée générale.
est ainsi composé :
MM. le marquis de Riscal, nrésident : le dAne
de Medinacelli, vice-président ; R. Sanchez-Arias,
lJ’Aérophile
trésorier ; Joachim Caro et le comte de Berbe-
rana, secrétaires ; A. Kindelan, E. G. de Sala-
manca, le marquis de Villadeiglesias, le miu-
quis de Quiis, le duc de Zaragoza, membres.
L'Aéro-Club des Pyrénées. — Il vient de se
fcr.der à Toulouse, sous le nom d'Aéro-Club des
Pyrénées, une Société d'encouragement à la lo-
camotion aérienne et automobile, aux sports et
à la vulgarisation des découvertes scientiliques
intéressant la locomotion sous toutes ses formes,
les sports et l'industrie.
MN\I. André Bouche, président, et Edmond Sir-
ven, secrétaire général, ont déjà reçu les plus
précieux encouragements et de nombreuses adhé-
sicns. Tout permet d'espérer que bientôt la
grande métropole du Languedoc sera dotée de
la grande association aéronautique que mérite
un centre sportif et scientifique aussi important.
Aéro-Club de Namur. — Cette Société vient
de se reconstituer avec un Comité provisoire
comprenant : MM. L. de la Charlerie, de Vasse-
lot et Daniel Kinet.
Beau concours aérostatique en Amérique.
— Üne course de ballons dont le départ eut
lieu à Chicago, le % juillet après-midi, et qui
réunissait 9 concurrents, s’est terminée le soir
du 5 juillet par la vicloire du ballon Fielding,
descendu pres de West Shefford (Québec), à
1.280 kilomètres du point de départ et à 160 ki-
lomètres environ de l'endroit où atterrit l’aéro-
naute occupant la seconde place. Le ballon
Ville-de-Dieppe tomba dans le lac Michigan et
demeura sur les vagues pendant une heure.
Puis il remonta dans les airs et finalement des-
cendit à Brenton Harbour (Michigan). Les aéro-
nautes montant l’/linois furent sauvés par des
yachtsmen dans la baie Manente, et ceux du
Columbia furent blessés à la suite d'une colli-
sion de leur ballon avec des arbres et des haies.
Cinq des ballons atterrirent au Canada et les
autres dans le Michigan.
Par la situation géographique des villes des
Etats du centre et par leur régime météorolo-
gique, les Etats-Unis se prêtent à merveille aux
grands parcours en ballon libre, comme on à
pu le voir dans la dernière Coupe Gordon-Ben-
nett.
Le « Nulli-Secundus 1908 ». — On vient
d'achever la remise en état du Nulli-Secundus-Il,
le dirigeable de guerre anglais. Les essais doi-
vent commencer en août, mais le ballon pour-
rait, si besoin était, effectuer une sortie sous
peu de jours.
Peu de modifications y ont été apportées
depuis l’année dernière. Son aspect est le même,
ainsi que les appareils de direction et les plans
stabilisateurs, et son moteur ne développe tou-
jours que 50 HP. On s’est contenté d'alléger
son gréement et de donner plus de rigidité à
son bâti seulement. Il pourra porter deux à
quatre passagers. Les essais sont attendus avec
la plus vive impatience.
L'isothermie des couches élevées de l'at-
mosphère. — On sait que la température cesse
de décroitre et, parfois même, augmente légère-
ment dans les couches élevées de l'atmosphère,
à partir d'une allitude variant entre 10 et 1%
kilomètres. Ce phénomène remarquable, que les
recherches de M. 1. Teisserenc de Bort ont les
premières mis en évidence. a élé expliqué de di-
verses facons. Parmi les dernières théories qui
ont élé émises. celle de M. Fenyi fait intervenir
l'absorption de certaines radiations solaires : la
conséquence Ja plus remarquable de cette théo-
rie scrait de faire dépendre l'isothermie supé-
rieure du ravonnement solaire et par suile des
variations que celui-ci peut éprouver.
283
Pour M. Trabert, l'isothermie peut s'expliquer
en appliquant Les lois du retroiissement adia-
batique non pas dans la verticale, mais en sui-
vant les lignes de courant. Si l'ün admet une
circulation Est-Ouest, dont les observations de
cirrus montrent d ailleurs réellement l'existence,
les courants ies plus élevés dans la verticale
peuvent venir de régions plus humides et plus
chaudes que les courants inférieurs et, par con-
séquent, ètre moins refroidis que ceux-ci, d'où
l'inversion. En supposant par exemple que les
lignes de courant aient une pente moyenne de
1/1000, un gradient horizontal de 1° pour 100
kilomètres suflira pour que l'isothermie suivant
la verticale soit réalisée.
Une fête aérostatique à Troyes Organisée
par l’Aéronautique-Club de l'Aube, le 7 juin 190$.
— A l'occasion de la 34° Fête fédérale des So-
ciélés de gymnastique de France qui a eu lieu
cetle année à Troyes, le Club Aéronautique de
l'Aube, le vaillant groupement régional si ha-
bilement dirigé par son distingué président, ML
H. Joanneton, avait organisé un meeting aéros-
tatique qui à parfaitement réussi. Il comportait
le départ de quatre ballons qui s’élevèrent de la
place du Lycée, à Troyes devant une assistance
aussi nombreuse qu'élécante, vivement intéres-
sée par les manœuvres de gonflement.
Voici les résultats de la journée (départ et
atterrissage) :
% h. du s., Le Titi (470 m.'), pilote M. Protat;
passager : M. Maignot, membres du Club Aéro-
nautiques de l'Aube. Att. à 5 h. 28 du soir, à
Melay, canton de Nevers (Yonne). Durée : 1 h. 28.
Distance : 65 kil. environ.
4 h. 5 du soir, Icare (900 m.’).pilote et pro-
priélaire le marquis Edgard de Kergariou
Aéro-Club de France) passagers MM. H.
Joanneton, président, et Darsonval, membre du
Club Aéronaulique de l'Aube, le vicomte de La
Meltrie. Att. à Précy-le-Sec (Yonne). Durée :
non indiquée. Distance : 82 kil. environ.
% h. 10 du soir. La Walkyrie (900 m°), pilote
et propriétaire : M. Ravaine fAéronautique-Club
de France) : passagers : Mme Ravaine et M.
Scelle de l'Aéronautique-Club de France. Att.
à 7 h. du soir près Précy-le-Sec (Yonne). Durée :
3 h. 50. Distance : 5 kil. environ.
% h. 20 du soir. L'Aube 1.000 m.'), pilote :
M. Clévy : passagers : MM. Martinot et Roger,
tous membres du Club Aéronaulique de l'Aube.
AE. à 7 Dh. 10 à Villiers-sur-Yonne (Nièvre). Du-
rée : 3 h. 50. Distance : 108 kil. environ.
Course-poursuite aérostatique et rallie-
ballons automobile de Tours Organisés le
7 juin par l'Aéro-Club de Touraine. — A 3 h.,
départ du ballon poursuivi, Ville-de-Tours. Pi-
lote : M. Chantreau. président de l'Aéro-Club de
Touraine : passagers : MM. Sirguev, Bellat, Mo-
reau, Paisan. Att. à 5 h. à Pray (Loir-et-Cher).
Durée : 2 h. Distance :
Classement des concurrents aéronautes
1 Le Ramier : MM. Blondel el Tranchant, de
l'A. C. T.. descendus près de Pray à 1.500 m. du
ballon poursuivi. Distance
2° Labor : MM. Vernanchet et Salar : descendu
à Pérignv. à 6 kil. du ballon poursuivi.
3° Frivole M. Vermorv ; descendu à Ville-
porcher. Distance :
4° Zéphir {900 m°\: MM. V. Jouet, Cahalzar,
Oursin, Marion. Aft. aux Crouetlières, près Vil-
leporcher. Distance
5° Papillon : MM. Moucheraud. Sirguey. Rol-
lin. At. près du bois de Sannov. Distance :
G Aéro-Club de la Sarthe MM. Bollée et
Jamin. Att. à la Monnaie. Distance :
284
Le nouveau dirigeable italien. — [65 essais
du nouveau dirigeable ilalien dû aux capilaines
du génie Crocco, Petrucci et Riccaldoni. (Voir
Aérophile du 15 juin, p. 240), vont commencer
au-dessus du lac de, Bracciano. II mesure 60 m.
de long, jauge 2.500 m° et pourra emporter jus-
qu à ÿ personnes.
Un chauffeur aéronaute. — M. Albert
Guyot, le brillant vainqueur de la dernière
Coupé des vVoiturettes, est aussi un aéronaute
convaincu, Membre de l'Aéro-Club de Fran
il fit, il y à quelque temps, ses débuts en sphé-
rique sous la conduile de son ami M. Alfred
Leblanc, recordman du inonde de la durée.
La centième d’une fernme aéronaute. —
Lady Harbord, la distinguée et gravieuse femme
de sport, à exéculé le ?2$ juin, à Londres, sa
centième ascension en conipagnie de MM. Dun-
ville, C.-S. Rolls et Pollack
Nos lecteurs connaissent la belle carrière ac-
ronautique de lady Harbord, marquée par plu-
sieurs traversé aériennes de la Manche, et
dont les voyages eurent si souvent pour point
de départ le parc.de l'Aéro-Club de France.
Nous avons la certitude que la gracieuse aéro-
naute ne s'arrêtera pas en si bon chemin.
Traversée des Alpes en ballon, — ]e bal-
lon Cognacq, piloté par son propriétaire, M. V.
de Beaulieu, de l'Aére-Club Suisse, accompagné
ers, parti le 29 juin à..midi de la
acier Biger du chemin de: fer de Ja
Jungfrau, sur le versant nord des Alpes, à tra-
‘e entièrement le massif alpestre pour. alter-
rir le lendemain après 21 heures de voyage, à
Streza (Italie), près du Jac . Majeur. Altitude
maxima : 2.950 mètres.
de 3 passag
station du
Hangar d’autoballons écroulé. — |e han-
gar pour auloballons militaires en construction
au champ de manœuvres de Fresoaly. près Metz,
s'est écroulé le 12 juillet, à 4 h. du soir, sous
l'effort du vent, pendant un violent orage. Cons-
truit par une maison berlinoise en fer, ciment êt
béton, il devait mesurer 75 mètres de long et
31 mètres de haut et ôlre Lerminé avant fin août
pour les grandes manœuvres.
La plupart des quaranté ouvriers du chantier
élaient partis loucher leu pave. 11 y eut né
moins cinq blessés, dont un dans un élat déses-
péré.
Le hangar sera reconstruit dans un endroit
mieux abrité, mais l'installation du parc d'auto-
ballons de Metz se trouve sensiblement retardée.
A Bruxelles ! Le concours de Spa. — [€
Conseil communal de Spa avant refusé de prê-
ler le terrain pour le Concours d'avialion. i] à
élé décidé, paraït-il, que ce concours aurait lieu
à Bruxelles.
Accident d'atterrissage. — Le hüllon Jlam-
bourg, parti le 14 juillet à 9 h. 30 du‘malin de
Hambourg, à allerri malheureusement à Traven-
munde.
Un fort vent du sud-ouest poussant l'aéros-
tal vers Ja Ballique. les ‘aéronautes tentérent
d'atterriir sur le rivage, mais la nacelle heurta
si violemment une maison que le baron von
Pohl et le négociant Sarminghausen. de Ham-
hourg, qui montaient le ballon, furent hlessés.
Ils ont été transportés sans connaissance à
l'hôpital de Lubeck. C'élait M. Thurain, de Ber-
lin, qui pilclait le balon.
15 Juillet 1908
Derniers échos du « Prix Armengaud
jeune ». — Le capitaine Ferber rend compte
d'autre part du banquet dans lequel M. Armen-
gaud jeune fêtait la victoire de Farman dans le
prix Armengaud jeune. Les toasts y furent nom-
breux, chaleureux et délicats et nous aurions
eu plaisir à publier la charmante allocution du
génereux amphitryon si le texte nous en fût
parvenu assez .à temps.
Citons, néanmoins, les quelques paroles,
pleines de lact, par lesquelles l'un des convives,
M. Regnard, sut associer Mme Armengaud jeune
au succes de Farman : ;
Mon cher: Farman,
« Quæ fuit Egeria tibi? »
Oui, quelle fut la fée propice qui vous à
porté bonheur avant hier ? N'en doulez pas, c'est
\me Armengaud, c'est la gracieuse fernme, en-
thousiaste de tous les arts, de toutes les mani-
festalions de la beauté, de l'idéal, de l'effort vers
le progrès ; c'est la charmante et digne com-
pagne du fondateur de ce prix que vous avez si
bien gagné. Nul mieux que moi, je le proclame
hautement, n'a pu saisir avec quelle profonde
émotion elle suivait votre vol prestigieux, laissant
échapper des cris d'effroi lorsqu'au moment de
vos magniliques virages, une illusion d'optique
pouvait nous faire croire à quelque ralentissement
de votre moteur, à une panne qui eût pu vous
priver d'un triomphe si mérité! Si tant de
cœurs de vos admirateurs et de vos amis, j'ajou-
ferai même de vos compétiteurs, ont violem-
ment battu, pendant ces vingt minules inou-
bliables, félicitez-vous d’avoir suscité tant d'émo-
lion, terminée par tant de joie, chez une si en-
lhousiaste adepte de l’aviation !
Joignez-vous donc à moi, mon cher Farman,
ainsi que vous tous, messieurs, pour porter bien
haul. nos verres à la santé de Mme Armengaud.
Un dirigeable suisse. — M. Alexandre Li-
wventhal, ingénieur finlandais, résidant en Suisse,
collaborateur de MM. Zeppelin et Wellman, à
élabh le plan d'un nouvel aérostat dirigeable
qui pourrait, assure-t-il, rester 72 heures sans
alterrir et voler à une vitesse de 60 kilomètres
à l'heure. ;
Ce dirigeable procéderait du type français Pa-
rie : mais aurait, affirme l'inventeur, une plus
grande stabilité et pourrait facilement évoluer
au milieu des plus haulés monlagnes des Alpes,
ce qu'aucun des dirigeables actuellement connus
ne saurait faire sans danger. \
L'aviation en Amérique. Un vol de 1.€00
mètres. — Le 4 juillet, dans de nouvelles ex-
périences. à Hammondsport (Etat de New-\ ork),
un aéroplane ayant à bord M. Glenn Curtiss à
parcouru 1.600 mètres en ligne droite en une
minute et demie. On ne dit pas s'il expérimen-
lait toujours le « White Wing ».
Errata. — Dans l'article de M. H. Lefort,
paru sous le titre « Influence du rendement sur
la valeur d'un propulseur » et sous la rubri-
que « Le Pour et le Contre » dans l'Aérophile
19%, n° 2, ajouter, 10° ligne, après « une vites-
se » le mot « Donc ». Lire 22° digne : « Comme
V'Z V' » et 23 ligne « F.S EF»; lire 47 ligne
de l'article, page 31, « Ce rendement par unité
de travail » au lieu de « Ce rendement par
unilé de force ».
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SOMMAIRE : Portraits d'aéronautes contemporains : Lieutenant-colonel Georges Espitallier (G. Blanchet). — Du vol à voiles (Albert Bazin). — L'aéro-
plane Dufaux (H. et A. Dufaux). — Sur le poids utile des aéroplanes (Rodolphe Soreau). — l'hydrogène à bon marché (Lieutenant-Colonel Espitallier). —
Phénomènes des ailes concaves dans le planement stationnaire et le vol plané des oiseaux (Marcel Deprez). — L'aéroplane R. Æ. P. II (1. Lagrange). — Le diri-
geable République (Z ..). — Le coefficient de résistance de l'air et le vol des oiseaux (H. Lefort). — Comparaison des propulseurs à réaction et des
hélices (Paul Popovatz). — A l'Aéro-Club du Sud-Ouest. — Les essais d'aviation in'erdits à Issy (P. Garnier). — Une théorie mathématique de l’aéroplane
(A. de Masfrand). — L'aéroplane Ferber IX (P. Ancelle). — L'aéroplane des frères Zens ‘A. Nicolleau). — L’aéroplane Blé, iot VIII (A. Cléry).
à 1907 — est en vente au prix de 12 FRANCS l’
SOMMAIRE DU BULLETIN OFFICIEL DE L’'AERO-CLUB DE FRANCE : Convocations. — Les ascensions du premier semestre 1908
au Parc de DE de France. — Commission sportive du 10 juillet 1908. — Commission d'aviation du 10 juillet 4908. — Commission scientifique
du ?7 juillet 1908.
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Directeur-Fondateur: Georges Besançon
N°15 1 Août 1908
Portraits d'Aéronautes Contemporains
16° Année.
(lhoto Stebbing).
LIEUTENANT-COLONEL GEORGES ESPITALLIER
£uccessivement officier €u génie de grande valeur, ingénieur civil émérite, écrivain scientifique de premier ordre, et,
quand il le veut, pur littérateur, le lieutenant-co!onel Georses Espitallier a su depuis longtemps conquérir une place éminente
parmi les techniciens de l'aéronautique.
C'est à I heure la plus tragique de notre histoire que s'ouvrait la carr'ère militaire de Géorges Espilallier. 11 sortait de
l'Ecole Polytechnique juste à temps pour prendre part aux opérations militaires sous Paris, en 1870. Le jeune officier du génie
y fit vaillamment son devoir en mème temps qu'il affirmait les hautes ca} acités techniques nécessaires dans son arme, à
Ces etats de services si brillamment ouverts le faisaient désigner pour des missions particulièrement importantes, et c'est à
Haïphong qu'il recevait dès le mois d'octobre 1875, à l'âge de 25 aus, ses galons de capitaine. Il construisait dans cette ville ls
bâtiments de la concession française.
Depuis cette époque il se spécialisait dans les services de cons'ruction et, lorsque nous le retrouvons chef de bataillon
à 40 ans, il est professeur de construction à l'Ecole d'application de Fontainchleau, où la clarté el la solidité de son
enseignement élaient hautement appréciées.
Néanmoins, comme tant d'autres, il se sentail alliré vers l’industrie où ses vastes connaissances pouvaient trouver un
champ d'action plus étendu et, en 1897, il s’y consacrait entièrement après avoir pris sa retraite anticipée.
Président ou administrateur de plusieurs Sociétés industrielles, membre de la Société des Ingénieurs civils, le lieutenant-
colonel Georges Espitallier se délasse du souci des affaires par le labeur du publiciste.
Son œuvre est considérable et variée, on y compte jusqu'à des romans, mais les ouvrages scientifiques y sont de
beaucoup les plus nombreux. Une bonne partie d'entre ces derniers ont trait à des questions aéronautiques.
Tout au debut de sa carrière, Georges Espitallier avait eu pour camarade de régiment à Arras, en qualité de licutenant,
celui qui devait devenir Je colonel Charles Renard. Il assista à ses premières recherches aéronautique
essais d’aéroplane à plans multiples en forme de persienne-. Plus tard, après un stage à Chalais, Georges
d'organiser la compagnie de sapeurs-aérost'ers créée au régiment du génie de Grenobe,
Depuis lors il n'a pas cessé de coupérer au mouvement aéronautique par des Conférences très suivies, par les articles
publiés dans la Revue de l'Aéronautique, ia Nature, le Cosmos, le Génie Civil, la Revue scientifigre, ete. el
par des travaux d'ensemble parmi lesquels nous citerons : Zes ballons et leur emploi à la querre, L'Hydrogène et ss
applications à l'Aéronaulique, La Pratique des ascensions libres, Les Aéristiers militaires (sous le pseudonyme de Béthuvs)
el tout récemment: £a Technique du ballon, excellent lraité en train de devenir classique et un Crurs d'aéronautique en qualre
parties, édité en anglais pour l'Internalional School of Aeronautics créée en Amérique par M. Triaca.
Dans loutes ces œuvres, on retrouve avec une rare Clarté d'exposition la forme élégante et facile qui donne de l'attrait
aux notions les plus abslraïtes et parfois les plus arides. C'est le don d'être clair lout en restant risoureusement scientifique
qui place le lieulenant-colonel Espitallier bien loin el bien au-dessus des banals vulgarisateurs et qui caractérise sou talent,
Les vues personnelles du technicien abondent d ailleurs dans ses écrits.
Toutes ces qualités lui ont assuré dans les misieux aéronautiques du monde entier une autorité que sanclionna la
Commission permanente internationale d'Aéronautique, l'rsqu'elle le choisit comme secrétaire, puis comme vice-président
Délégué de celte Commission au Congrès de Milan (1906), il fut charge d’en réunir les travaux et d'en rédiger les procès-
verbaux et remplissait encore la même mission pour la session extraordinaire de la C. P. 1. A., à Bruxelles en 1907.
Le lieulenant-colonel Espitallier, est né le 25 mai 1849 aux Sab'es-d'O'onre. Sa belle carrière militaire et se‘entifique
a valu au savant ingénieur Espitallier de hautes distinctions : officier de la Légion d'honneur, officier d'Académie, officier
du Dragon de l'Annam, chevalicr du Cambodge. GE nces BLa cuer
et nolamment à ses
ilallier était chargé
286
Du vol à voiles
Or, voici qu'en dépit des récents triomphes
de nos aviateurs, quelques esprits chagrins, re-
chignant à l'enthousiasme général prétendent
que tout n'est pas trouvé en aviation et qu'u
nous reste encore pas mal de choses à faire,
voire à inventer, avant de proclamer la con-
quête définitive de l'empire aérien. Ces abstrac-
teurs de quintessence osent blasphémer le dieu
du jour, l’'aéroplane à hélice, ne voulant voir en
lui qu'une solution provisoire et précaire, une
solution « à cbté » du véritable problème
aérien.
Bien des gens s’obstinent à loucher sur
les oiseaux. On recommence à parler « vol
ramé », « vol à voile ».
Reparlons-en donc.
L'expérience, nous dira-t-on, la bonne expé-
rience ferait bien mieux notre affaire.
Certes, plus que personne nous la désirons,
nous la poursuivons, mais en l’attendant et
sans préjuger de ses résultats, l'observation, la
théorie peuvent bien avoir aussi leur utilité ;
elles éliminent parfois les idées fausses et
aiguiilent les recherches vers les solutions défi-
nitives et fécondes.
e
CR
Pour restituer à la question du vol à voile,
toute son importance en aviation, il faut tout
d'abord la déblayer de certaines erreurs cou-
rantes qui en font un simple cas particulier de
planement, un genre de vol accidentel, possible
seulement dans certaines conditions atmosphé-
riques exceptionnelles.
Or, pour qui a quelque peu « globe-trotté »,
observé, bayé aux corneilles, aux vautours,
aux oiseaux de mer, le vol à voile apparaît,
au contraire, comme le vol normal, habituel de
la plupart des grands oiseaux, et, dès lors, ce
mode de locomotion sans dépense de forces,
s'impose à l'esprit comme la solution idéale, in-
tégrale du « plus lourd que l'air ».
Au nombre des opinions contraires survit la
vieille hypothèse des courants ascendants (1).
« Il est des morts qu'il faut qu'on tue ».
Sur le fanc d’une montagne exposé au vent,
un ai-le plane indéfiniment sans un coup d'aile.
(2) Il est évident qu'ici le courant d'air où il
(1). — Voir la récente expérience de M. Marcel
Deprez, cilée ici méme el dans plusieurs journaux
quolidiens qui nous la présentent comme une expli-
cation nouvelle et suffisante du vol à voile.
(2). — Pour enlever facilement le prix Quinton,
nos intrépides hommes volants
rer de cet exemple
Sur le flanc exposé au vent d'une longue colline
incliné d'environ 45°, renouveler les premiers essais
de Lillienthal sans s'élever à plus de 3 ou 4 mètres
n'auront qu'à s'inspi-
du sol. Là, aller el venir tant qu'on pourra en
prenant toujours les vi es en haut de Ja pente
et vent debout, Le prix Quinton ainsi bouclé, la
1° Août 1908
évolue ne peut-être qu'ascendant, puisqu'il est
assujetti à balayer une pente ascendante. Dans
ce cas, très particulier, le phénomène mécani-
que est parfaitement expliqué par la simple dé-
composition des forces, c'est-à-dire, par la théo-
rie du cerf-volant. Mais il cesse de l’être lors-
que notre aigle, continuant à planer, s'élève è
perte de vue au-dessus de la montagne, tra-
verse la vallée et évolue librement dans toutes
les directions (ce qui se voit journellement).
Est-il admissible qu'il rencontre partout des
courants ascendants, mis là tout exprès pour
le soutenir, ou bien encore qu'il suive docile-
ment un de ces courants en balade? Et lors-
que ce n’est plus un, mais dix, vingt, cent voi-
liers que nous voyons planer simultanément
aux quatre coins du ciel, à toutes les hauteurs,
croisant leur vol dans tous les sens, montant et
descendant à volonté sans un coup d’aile, spec-
tacle que nous avons eu maintes et maintes fois
sous les yeux, comme Mouillard, avec lui et
bien d’autres qui en ont témoigné, alors l’hypo-
thèse du vent ascendant s'écroule d’elle-même,
car il faudrait que l'atmosphère tout entière
consentit à se soulever en un immense courant
ascendant sans souci du vide effroyable, baro-
métrique, ou du formidable appel d'air qu’elle
provoquerait à la surface du sol.
Ces déplacements habituels de lair, ces
échanges entre régions atmosphériques voisines
que nous appelons vents ne se produisent guère
que dans le sens horizontal. Il est clair que près
de terre ils doivent nécessairement épouser les
reliefs du sol, mais ces ondulations du vent
vont en s’atténuant, en s'allongeant à mesure
qu'on s'élève et il devient sensiblement hori-
zontal à une faible hauteur. En pays plat,
en pleine mer ces ondulations ne s'expliquent
plus. Les courants ascendants, les tourbillons
ne seraient done que des phénomènes très
localisés et exceptionnels absolument insuff-
sants à expliquer le phénomène si répandu du
vol à voile.
Certes, nous savons peu de choses des loïs qui
régissent l'écoulement des gaz, de l'air en par-
ticulier ; cependant il faut bien leur accorder
quelque analogie avec ce que nous connaissons
de l’écoulement des liquides.
Il serait facile, de montrer, par l'examen
des filets d'air que tout courant ascen-
dant ne peut être que le prolongement, ou si
l'on veut le « pendant » d’un autre courant
descendant de même débit et si l'on peut dire
qu'il y a de par le monde tout juste autant de
montées que de descentes, de même, il doit y
avoir en notre atmosphère autant de cou-
rants ascendants que descendants. Les pre-
miers font monter l'oiseau, c'est entendu; seu-
question du vol à voile n'en serait pas résolue, mais
les programmes de prochains concours similaires
feront bien de prévoir ce stratagème en stipulant
que les expériences devront avoir lieu en rase cam-
pagne ou sur l'eau.
l’Aérophile
lement, les autres le font descendre... Il n’y a
rien de fait.
Citons encore pour mémoire, et sans nous y
attarder, cette absurde hypothèse de l’« oiseau
ballon » ou « semi-ballon », tant de fois crevée,
réfutée, anéantie et que l’on retrouve toujours
regonflé chaque fois que la question du vol à
voile revient sur le tapis. Ce mort-là il faut
renoncer à le tuer.
Autre hypothèse non moins gratuite :
Certaines vibrations mystérieuses, je ne sais
quels mouvements rapides des rémiges de l’oi-
seau voilier expliqueraient son planement as-
cendant sans dépense apparente de force.
Il est assez reçu en physique de faire vibrer
tout ce qu'on ne comprend pas : lumière, cha-
leur, électricité, ete. Le mystère du vol à voile
ne pouvait échapper à cette explication vibra-
toire, mais quelqu'un a fait observer qu'ici les
vibrations devraient être perceptibles à l'œil
et comme personne oncques ne les vit, nous
disons qu'elles n'existent pas. Citons entre au-
tres témoignages, celui de Mouillard parce que
mieux que personne il a su observer, décrire les
grands voiliers, on pourrait presque dire dans
leur intimité. Ces constantes observations
avaient développé chez lui une puissance vi-
suelle extraordinaire. Combien de fois ne
l’'avons-nous pas vu suivre des yeux le vol d’un
vautour longtemps après que nous l’avions
perdu de vue, ou bien encore annoncer plu-
sieurs minutes avant que persone pût rien dis-
tinguer, l'arrivée de tel ou tel couple de milans
dont il nous désiznait d'avance le perchoir. Ce-
pendant, nous étions nous mêmes pourvus d’une
excellente paire d'yeux et très exercés aux
grandes distances. Or, Mouillard, tourmenté
comme nous par l'énigme du vol sans batte-
ments d'ailes n'a jamais pu saisir le moindre
mouvement, le moindre indice qui put auto-
riser cette hypothèse.
« ÆE pur, si muove! »... Il faut donc chercher
autre chose.
En 1995 (1), nous publiâmes une théorie mé-
canique du vel à voile, basées qur les « mouve-
ments internes » du vent. Nous la citons ici,
moins pour la théorie elle-même que pour les
réserves expresses dont nous la faisions suivre
et que voici :
Cette théorie explique presque toutes les
«manœuvres connues des voiliers; nous di-
« sons presque, parce qu'il en est une, au
« moins, qui lui échappe et nous paraît défier
« toute explication mécanique :
« Placé sur une falaise dominant la mer de
« dix mètres environ, nous observons des goé-
« Jlands planant, à peu près, à notre hauteur,
« Le vent souffle du large. Lorsqu'à un moment
(1) Comptes rendus de l'Académie des Sciences
Séance du 17 avril. (Kevue Scientifique des A7 et
24 juin de la même année).
287
« donné, tous s'orientent le bec au vent et
« filent rapidement tout droit « vent de bout »
« jusqu'à perte de vue sans monter ni descen-
« dre et sans autre mouvements que de légers
« balancements latéraux. Nous sommes ici sur
« l’eau et dans un vent parfaitement établi, il
« ne peut être question de courants ascendants.
« Comment expliquer cette manœuvre prodi-
« gieuse, paradoxale. Ces voiliers, corps inertes
«en l'espèce, immergés dans un courant fluide,
« bien loin d’être entraînés, repoussés par ce
« courant, sont, au contraire, attirés par lui
« et comme aspirés en seas inverse.
« Cette observation peut, croyons-nous, être
« rapprochée de la curieuse expérience suivante
« que nous avons vainement signalée à la sa-
« gacité des physiciens :
« Dans le col d'une bouteille ordinaire cou-
« chée horizontalement au bord d'une table,
« placez une petite balle de liège pouvant en-
« trer et sortir librement. Si vous soufflez
« énergiquement sur l’orifice suivant l'axe de
« la bouteille, cette balle sera vivement pro-
« jetée, non pas à l’intérieur comme on pour-
« rait s’y attendre, mais en dehors du goulot.
« N'y a-t-il pas là quelque chose comme les
«effets d'aspiration du vent entrevus par
« Mouillard? »
Depuis que ceci a été écrit, une étude cons-
tante du vol des oiseaux a achevé de nous con-
vaincre qu'il y a dans le vol des voiliers et
peut-être aussi dans celui des rameurs, quelque
chose d'incompréhensible en l’état actuel de
nos connaissances mécaniques. Nous avons tou-
jours pensé, pressenti, que ce quelque chose
doit être pour l'aviation d’une importance ca-
pitale.
Voici à ce sujet quelques nouvelles observa-
tions qui nous paraissent décisives :
TI. -— Observez le vol des martinets, si com-
muns chez nous en cette saison ; ils sont, à l’oc-
casion, de prodigieux voiliers. Par temps calme,
ils rament énergiquement, puis, de moins en
moins, à mesure que le vent fraichit, jusqu’à
faire du vol à voile le plus pur et de préfé-
rence contre le vent. À des oiseaux d'aussi fai-
ble masse, il est difficile d'appliquer la théorie
des variations de vitesse du vent, à moins de
supposer ces variations extrêmement rappro-
chées et fréquentes. On est véritablement stu-
péfait de l’aisance avec laquelle ils avancent
contre le vent le plus fort, se jouent de lui
prsque sans un coup d’aile, car il ne faut pas
prendre pour des battements leurs rapides ba-
lancement latéraux qui ne sont que des mou-
vements d'équilibre. Où est le propulseur ?
IT. — Des oiseaux de mer (goélands, mouet-
tes), par temps calme, vont et viennent le long
d'une plage en ligne droite.
*
288
Ils donnent alors 3 à 4 coups d'ailes à la se-
sonde. Le vent vient-il à se lever, ces mêmes
siseaux, faisant la même route, n'en donnent
plus qu'un ou deux, ou n’en donnent plus du
tout et, cependant, ils se déplacent avec la
même vitesse et visiblement avec moins d'effort
que précédemment, même contre le vent.
Or, si les lois de la résistance de l'air et de
la gravitation nous sont bien connues, l'oiseau
qui, en air calme, donne 3 coups d’ailes pour
avancer horizontalement de 10 m. à la seconde
devra en donner encore 3 pour se maintenir en
place contre un vent de 10 m”. et 6 pour
avancer de 10 m”’ contre ce vent.
Or, non seulement, il ne les donne pas, mais
il paraît progresser contre le vent plus facile-
ment qu'il ne volait en air calme et presque
sans battements d'ailes... Concluez.
IT. — Autre remarque :
Les chasseurs à |’ « agachon » en Provence,
savent fort bien que les gros « passages » doi-
seaux migrateurs (grives, étourneaux, pi-
geons, etc.) ont bien le plus souvent « vent de
bout » et que les oiseaux passent ma foi, aussi
rite que par temps calme et sans plus d'efforts
apparents.
Comment expliquer cette préférence pour le
rent de bout, si le travail dépensé en était plus
que doublé comme il devrait l'être mathémati-
quement ?
IV. — Comment se fait-il que sur le littoral
algérien, par exemple, les oiseaux de mer puis-
sent voler à voile des journées entières, lorsque
le vent souffle du large, sans être entraînés
dans l’intérieur et inversement les oiseaux ter-
riens, sans être entraînés au large par vent
du sud ?
De tous ces faits bien et dûments observés,
se dégage pour nous cette quasi-certitude
que :
L'oiseau voilier ou rameur, indépendamment
du travail musculaire qu'il fournit et de celui
qu'il puise dans les mouvements internes du
rent, rencontre dans le vent même, certaine
force, certaine énergie encore mal définies qu’il
smploie à sa propulsion et à sa sustentation.
#
# +
Faute d'une meilleure méthode, nous avons
ibngtemps essayé, par des procédés empiriques
de surrpendre le secret du vol à voile au moyen
de cerfs-volants monoplans articulés que nous
manœuvrions de terre dans le vent (1), mais
cette méthode dangereuse limitait trop les mou-
rements du planeur ; elle eut du moins l'utilité
(1) On trouvera la reproduction d'un de ces
appareils dans une brochure du capitaine Fer-
der, Revue d'Arlillerie, août 1905, page 353.
1°" Août 1908
de nous enseigner, de nous confirmer les bons
procédés d'équilibre que nous avoxs publiés ici
même. .
e »
Qui donnera le mot de l'énigme? Faut-il
l'attendre de l'aéroplane actuel à hélice ?
Nous ne le pensons pas.
Il faudrait tout d’abord, comme le recom-
mande Tatin, en faire un bon projectile, lui
donner « les lignes » si pures, si parfaites de
l'oiseau, le soulager ensuite de cette fâcheuse
« voiture » qu'il trimballe tout le temps dans
les airs et qui ne lui rend le même service que
sur un parcours insignifiant au départ et à l’ar-
rivée. Cette économie de poids mort et, plus
encore, de travail propulsif vaut bien la peine,
ce nous semble, et la dépense, d'y suppléer par
les installations spéciales de lancement et d’at-
terrissage que nous préconisons. Il faudrait,
surtout le débarrasser de l'hélice qui, fût-elle
folle, suffira toujours à en faire un mauvais
planeur.
Ceci nous ramène tout droit à la saine imi-
tation de l'oiseau qui, lui, passe sans transition
du vol ramé au vol à voile ou vice versa et
paraît s'en bien trouver.
C'est pourquoi nous persistons à chercher
tout à la fois la solution du vol dynamique et
du « vol passif » dans l’aéroplane à ailes bat-
tantes, si peu étudié et si mal construit depuis
Marey, Hureau de Villeneuve et Pichancourt,
c'est-à-dire, depuis l'avènement de l'admirable
moteur léger que nous possédons aujourd’hui.
Juin 1998.
ALBERT BAZIN.
. — Après avoir lu, dans FAérophile, les
deux intéressantes notes de M. M. Desprez, à
l'Aacadémie des sciences, nous croyons pouvoir
maintenir le point d'interrozation, modeste
conclusion de toute cette étude.
Une théorie générale du vol à voile devræ
supposer un vent horizontal
Voici, entre autres, une nouvelle observation
à l'appui de nos dires
Du haut de la grande mosquée du Caire, nous
vimes en plein midi, avec Mouillard, au-dessous
de nous, un grand vautour les ailes étendues,
immobiles, rigides, traverser tout un quartier
de la ville rasant, d'un vol égal et lent, les
terrasses des maisons. Son ombre portée per-
mettait d'apprécier sa hauteur. Donc, pas d’er-
reur possible, son vol était bien horizontal et
la direction du vent très faible ce jour-là, l'était
également. Nous l'avons vérifié ensuite, en
constatant que toutes ces terrasses étaient sen-
Siblement de niveau.
Au reste, d'autres que nous savent et peu-
vent regarder. Il reste encore des aigles dans
nos Alpes, des goélands sur nos côtes et des mi-
lans en Egypte, et nos observations n’ont rien
de très exceptionnel. — À. B.
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289
L'aéroplane Dufaux
L’aéroplane
Avant ces dernières années où les aviateurs
ont obtenu réellement des résultats intéres-
sants, les inventeurs construisaient toutes les
sortes d'appareils se rattachant aux 3 prin-
cipaux types : l'aéroplane, l'hélicoptère et l’or-
thoptère.
Lorsque les aéroplanes commencèrent à don-
ner des résultats, la plupart des aviateurs pen-
sèrent que les hélicoptères devraient être com-
plètement abandonnés et n’arriveraient jamais
à solutionner le problème du plus lourd que
l'air. Nous ne parlons pas des orthoptères qui
ont toujours été considérés par la grande ma-
jorité comme des appareils tout à fait impro-
pres à fournir un moyen de locomotion
aérienne.
L'orthoptère et l'hélicoptère furent donc
presque complètement perdus de vue à part
quelques rares exceptions, mais après les der-
niers résultats des Santos-Dumont, Dela-
grange et Farman, on recommença à agiter
la question de l'hélicoptère, car on s’est étonné
des espaces considérables nécessaires aux aéro-
planes pour prendre leur essor et atterrir et
l'on s’est demandé dans quel sens ces appa-
reils devraient être perfectionnés.
Nous avions présenté, il y a plusieurs années,
un appareil mixte tenant de l'hélicoptère et
de l'aéroplane, pensant qu'en unissant ces
deux appareils, on obtiendrait une machine
présentant des avantages très réels sur l'aéro-
plane et n'ayant aucun des inconvénients de
l'hélicoptère. Pour arriver à réaliser cet appa-
reil, il y avait 3 problèmes à résoudre : le pro-
blème du moteur qui doit être plus léger à
s frères Dufaux (moteur d'aviation Dufaux :
par l'avant.
100 chx, 85 kilogrammes). — Vue de trois-quarts
puissance égale que celui d'un aéroplane
ordinaire, le problème de l'hélicoptère et
celui de l'aéroplane. Ces 3 problèmes ont
forcément pris beaucoup plus de temps à
résoudre que s'il ne s'était agi que du
problème seul de l’aéroplane, et c’est à tort
que l’on a cru que nous étions partisans de
l'hélicoptère seul, parce que nous avions fait
des essais d’un de ces appareils devant les
membres de l’Aéro-Club à Paris, il y a 4 ans;
l'appareil expérimenté à ce moment n'était, en
effet, que l’une des parties constitutives d’un
aéroplane réduit essayé dans la suite et qui
nous à donné des résultats assez satisfaisants
pour nous engager à construire un appareil de
dimensions suffisantes pour transporter un
aviateur. Ce dernier appareil est actuellement
près d'être terminé et sera expérimenté dans
quelques mois. Ce sont ses photographies et sa
description que nous pouvons présenter ici (1).
Description. — L'appareil se compose de
2 caissons dont les plans sont disposés par 3 et
légèrement inclinés en forme de V. Chaque
caisson supporte 2 surfaces verticales. La sur-
face portante totale est de 60 mètres carrés.
Le gouvernail de hauteur est dispcsé à l'ar-
rière.
Les caissons et le gouvernail sont montés sur
une poutre constituée d'éléments de bois creux
entretoisés.
Cette poutre est traversée, au milieu de l'es-
(1) Cf. l'arliclè sur la machine volante des frè-
res Dufaux (dessins et pholos) dans l'Aérophile
de mai 1905.
290
pace séparant les 2 caissons, par une seconde
poutre métallique en tubes d'acier sur laquelle
est disposé le moteur sur une suspension spé-
ciale lui permettant de demeurer vertical
quelle que soit la position de la poutre.
Deux paires d'hélices sont placées à ses ex-
trémités et tournent en sens inverse, de telle
sorte que l'aéroplane n’est soumis à aucun des
effets de torsion dûs à la réaction de l’hélice.
Cette poutre, que nous appellerons la poutre,
des hélices, peut pivoter sur l'aéroplane suivant
un plan perpendiculaire à son axe longitudi-
nal. Elle constitue avec son moteur et ses
hélices un hélicoptère complet.
Chaque hélice mesure 2 m. 8 de diamètre.
Tous les paliers sont montés sur billes et l’en-
traîinement est obtenu par cardan. Le moteur
développe 120 HP pour un poids de 85 kilos, il
est muni d'un radiateur « nid d’abeilles ». Le
poids total de l'appareil monté est de 660 kilos.
Ne disposant pas à Genève de terrains ap-
propriés pour nos expériences, nous ferons
les essais de notre appareil sur le lac de Genève.
La machine est placée dans ce but sur 3 flot-
teurs formant hydroplane.
Pour faire comprendre ic fonctionnement de
l'appareil, nous en rappelons la description qui
a paru précédemment (1) et qui est accompa-
gnée des figures 1, 2 et 3.
Les ailes À et B sont sustentatrices et leur
position est déterminée automatiquement par
la résistance ou la pression de l'air, soit que
l'aéroplane monte ou se déplace dans un sens
quelconque sous l'action de son moteur, soit
qu'il tombe sous l’action de sa pesanteur. On
supposera tout d'abord que l’appareil monte
verticalement sous l’action de son moteur (voir
fig. i) en l'absence de courants d’air latéraux.
Les ailes À et B prennent alors leur position
d'équilibre; l'aile B, quoique de même poids
que À, étant reliée au cadre C par un bras
b plus long que 4, se maintient dans la verti-
“le au-dessous de l'axe de la cage D et du
moteur E, que nous supposons dans la position
indiquée en figure 4, puisque les arbres des
héliees F et G doivent être verticaux pour
que l'appareil monte verticalement.
Pendant ce fonctionnement les hélices F et
G supportent seules l'appareil.
Si, maintenant on déplace la cage D, par
rapport au moteur E, à l'aide du levier e, de
façon à ce que, en considérant toujours le plan
passant sur l'axe e, par le centre de gravité
du moteur E comme étant vertical, les axes
des hélices F et G prennent la direction in-
diquée par la ligne # y, cette ligne deviendra
évidemment la direction dans laquelle le mo-
teur tendra à déplacer l'axe er de l'appa-
reil; mais en agissant dans cette nouvelle di-
rection, les hélices auront une force susten-
tatrice moins grande que dans le sens vertical.
(1) Voir {érophile de mai 1905.
it Août 1co8
F À D
Si, comme ila été supposé, la traction
qu'exercent les hélices est plus grande que le
poids Y de l’ensemble de l'appareil, ce der-
nier tendra à se déplacer selon une résultante
Z: mais comme la réaction de l'air agissant
sous les ailes À et B, à l'encontre du poids de
l'appareil, agit en B sur un plus grand bras
äe levier qu’en À, les ailes A et B tendront à
prendre une position inclinée par exemple
telle qu'indiquée en figure 2. Dans cette posi-
tion les ailes deviennent sustentatrices; soit
Y’ (fig. 2) la portion du poids qu’elles suppor-
tent, la résultante de Z et Y? sera Z' et la
direction =, sera la direction dans laquelle
se déplacera l'appareil.
Si l'on incline encore plus l'axe des hélices,
æz, la résultante Z (fig. 3) étant plus grande,
la vitesse de l'appareil augmentera, la position
de l'axe des ailes tendra à se rapprocher de
l'horizontale, la force sustentatrice ayant aug-
menté donnera la résultante Z’ dont la direc-
tion est celle de l'appareil.
On voit donc qu'avee une surface d’aile suf-
fisante on pourra utiliser la force totale des
propulseurs dans le sens du déplacement laté-
ral.
Les diverses positions prises automatique-
ment par les ailes A et B. pendant que la
cage D se déplace dans l'atmosphère sous
l'action des hélices F et G, dépendent absolu-
ment des divers degrés de pression qu’exerce
l'air sur les ailes A et B selon la vitesse des
vents.
A chaque différence de pression correspond
une position des ailes, sans que la position du
dispositif moteur varie; l'équilibre longitudi-
l'Aérophile 291
nal est donc automatique quelle que soit la
pression de l'air.
On voit donc que l'appareil se compose de
deux parties bien distinctes, d'un hélicoptère
et d'un aéroplane. L'aéroplane est parfaite-
ment mobile autour de l'hélicoptère.
Pour que les appareils d'aviation deviennent
pratiques, il sera indispensable qu'ils pos-
sèdent un équilibre propre automatique indé-
pendant de la conduite plus ou moins habile
de l’aviateur. Lorsque le moteur s'arrête pour
une cause quelconque, l'appareil doit réelle-
ment planer. Dans l'appareil Dufaux, l’équi-
libre est absolument automatique.
Pour bien comprendre ce qui se passe dans
le fonctionnement de cet appareil, nous com-
parerons la traction des hélices à la traction
de la ficelle d’un cerf-volant cellulaire, le
point de pivotement de ces hélices sur l’aéro-
plane représentant le point d'application de la
ficelle du cerf-volant; on sait que la stabilité
du cerf-volant cellulaire est parfaite et qu'il
prend de lui-même une inclinaison différente
selon la vitesse du vent. Si la force exercée sur
la ficelle cesse brusquement et que le cerf-vo-
lant soit convenablement équilibré, il planera
et viendra atterrir sans choc.
Les phénomènes que l’on constate dans ce
cerf-volant se manifesteront, nous l’espérons,
de même façon s-r notre appareil : l'inclinai-
son des plans s'effectuera d'elle-même suivant
la vitesse communiquée à l'appareil par les
hélices. 11 planera lorsque le moteur s'arrêtera
pour une cause quelconque et enfin l'équilibre
loncitudinal sera absolument automatique,
quel que soit le déplacement de l'air.
L'équilibre latéral est assuré par linclinai-
son des plans disposés en V et des plans
disposés verticalement. En effet, lorsque l’ap-
pareil s'incline sous une action quelcon-
que, la surface des plans va croissant d’un
côté de l'axe de pivotement et en décroissant
de l’autre. La réaction exercée par l'air sur
ces surfaces se trouve par conséquent plus
forte d'un côté de l’axe de pivotement que de
l'autre et les points d'application des forces
qui résultent de cette réaction se trouvent dé-
placés, de sorte que la grandeur de ces forces
et les bras de leviers sur lesquels elles agis-
sent sont tels qu'ils tendent toujours à rame-
ner l'appareil dans sa position normale.
Les figures 4 et 5 représentent l'appareil vu
de face et la disposition des plans sustentn-
teurs.
La figure 4 montre l'appareil dans sa posi-
tion normale, la figure 5 le même appareil dans
une position inclinée latéralement.
Dans la figure 4, ab et bC représen-
tent l'ensemble des surfaces portantes «LC?
sans leurs projections.
f et f”, sont les forces correspondant à la
réaction de l'air sur ces plans.
dB’ et B'g sont les bras de leviers sur les
quels agissent ces forces en tendant à faire
tourner l'appareil autour de son axe de pivote-
ment.
Dans la figure 4 les forces f et f” sont égales
et agissent par des bras de leviers égaux et
équilibrés, tandis que dans la figure 5 la force
F a augmenté d'intensité et la force F° a di-
minué, le bras du levier A’B, sur lequel est ap-
pliquée la force F a également augmenté tan-
dis que le bras de levier de la force F a di-
minué. Il résulte donc de ce phénomène exposé
très brièvement, que lorsque l'appareil s'in-
cline, les efforts résultant de l'action de l'air
et leurs points d'application sont tels qu'il
tendent à rétablir l'équilibre.
L'aéroplane Dufaux (100 chx), vue latérale
(L'avant est à gauche.)
Si les résultats des essais viennent confirmer
nos prévisions, nous aurons un appareil :
1° Pouvant s'élever verticalement et atterrir
sans vitesse.
Ces deux manœuvres se feraient par consé-
quent dans un espace restreint. L'atterrissage
pourrait se faire soit en opérant la descente
verticalement à l’aide du moteur, soit en pla-
nant et en renversant les hélices au moment
exact où l'appareil va toucher terre, en frei-
nant pour ainsi dire le vol; la traction des
hélices qui représente environ 700 kilos, au
lieu d'être appliquée dans le sens de la marche
comme en plein vol, serait à ce moment appli-
quée en sens inverse.
20 Un appareil possédant un équilibre lon-
gitudinal et latéral automatique.
3° Un appareil possédant un organe moteur
mobile permettant d'obtenir toutes les posi-
tions devant varier suivant les conditions dans
lesque!les l'appareil se trouvera.
H. cr A. Duraux
292
Qur Le poids utile des aéroplanes
Amplifions un aéroplane donné, expérimenté
avee succès. Soient, pour l’aéroplane originel,
P le poids total, le poids moteur-propulseur,
P, le poids de l'aéroplane proprement dit,
P le poids utile. Soient P', H', P',, P, les
poids correspondants de l'aéroplane agrandi.
Enfin, soient & le rapport de similitude, y le
rapport des vitesses, z le rapport des poids
utiles.
Les aéroplanes envisagés ne peuvent être
semblables que comme formes, mais les épais-
seurs des voilures, les diamètres des hau-
bans, etc., ne doivent pas croître simplement
comme +, En négligeant l'augmentation de la
vitesse, on risque de construire des appareils
qui se briseraient sous les nouveaux efforts dé-
veloppés. Il faut déterminer les éléments
d'après les règles de la Résistance des maté-
riaux; on peut ainsi calculer F',1[",P',, en
fonction de x et de y, et substituer leur valeur
dans l'équation.
SP PTE PS
ee qui donne une fonction z = f (æ, y).
En la représentant par des courbes de ni-
veau æ — }, on verra nettement : 1° les diver-
ses solutions (#, y) qui donnent un poids utile
déterminé; 2° les maxima relatifs pour cha-
que agrandissement } ; 3° le maximum absolu
du poids utile.
Le problème consiste donc à calculer les ef-
forts qu'auront à supporter les divers organes,
suivant le mode de construction de l’aéroplane
originel. C'est une question d'espèce, qui ne
peut être complètement traitée ici.
a
oi
2
1,4
;
# A
à/:,5
£
1" Août 1908
Pour fixer les idées, étudions un cas simple,
en admettant : 1° que la surface du disque
ayant même résistance à l'avancement croisse
proportionnellement à la surface de la voilure
(hypothèse sensiblement exacte): 2° que les
haubans et les autres pièces travaillant à la
traction, au lieu d'être calculés isolément, le
soient de façon que l’ensemble de leurs sec-
tions croisse proportionnellement à P. Quant
aux pièces travaillant à la flexion, comme la
voilure, leurs épaisseurs sont proportionnelles
à V P. Décomposons P, en A, poids des pièces
travaillant à la flexion, et B, poids des pièces
travaillant à la traction; désignons par A' et
B'les poids correspondants dans l’aéroplane
agrandi.
Dans ces conditions, P' = P a ÿ, A'—
A æ y, B'= B x y. Quant àlIl'il est pro-
portionnel à P' V', d'où Il'— 1x y La fonc-
tion caractéristique est alors
ZD, — PT NT TURBO
Posons Te S — mn. Le maximum
absolu du poids utile a lieu pour
y=o,2m—o,;n+V/(o,2m—0,7n)--0,8mn
Tom--31
LE —° y.
B 2y7+n 2
Application. — Les aéroplanes actuels de
MM. Voisin peuvent enlever deux passagers, à
la vitesse d'environ 50 km. à l’heure, quand
le moteur fournit 50 chevaux. Partant de ces
données, je prendrai un aéroplane qui ait, en
kilogrammes,
P—600, [1 100, A=250, B=—100, P,=150.
1:1
me 1
2725 NN
AE
D
Rapport des poids utiles (z)
hp
Y LAN
n
HAN
4 f
1 (> 2
Rapport des vitesses
(1) Comptes rendus. Note présentée à l'Acadimie
Ce: Sciences par M. Deslandres, dans sa séance du 6 juillet.
ARTS EE
2,5
(n)
L'abaque ci-contre donne la représentation
de ce cas particulier. On voit qu'au delà de
æ=175 le poids utile serait inférieur à celui
FARMAN :--
a gagné
LE PRX ARMENGAUD JEUNE
Par une envolée de 20 minutes 20 secondes
comprenant QUARANTE-HUIT virages
Reprenant à
DELAGRANGE
le RECORD DU MONDE qu'il détenait par 15 minutes 15 secondes
|
|
|
a
|
Les Aéroplanes des
FRÈRES VOISIN
ne sont battus que par eux-mêmes
2
SH
Se
NZ
en
ASC
UV
A
Æ:
<f£
Æ:
| 34, Quai du Point-du-Jour, BILLANCOURT (scino)
PPS PER PPS PERL SPECTRE CSSS RER
Tout ce qui concerne la navigation aérienne
LE GRAND PRIX D'AVIATION
de 50.000 francs
a été GAGNE le 13 janvier 1908
Par MENRI FARMAN
avec moteur 40 HP Antoinette
28, Rue des Bas-Rogers (Puteaux)
l’Aérophile
de l'aéroplane originel, quelle que fût la vi-
tesse. Le maximum absolu de poids utile est
donné par æ=1,l, avec y—2,96. Les dimen-
sions de l’aéroplane originel sont donc très sen-
siblement celles du maximum, avec cette
forme d’aéroplanes : pour atteindre ce maxi-
mum, il faudrait construire un aéroplane sem-
blable très peu agrandi, mais très renforcé,
de façon qu’il pût soutenir les efforts corres-
pondants à la vitesse de 150 km. à l'heure.
On aurait alors
P! = 6360, Il‘ = 3140, P',— 2150, d'où P’, —
1070 ke. |
Pour ne pas exagérer la vitesse, il convien-
dra de ne pas pousser jusqu'au max inUum de
charge utile, en profitant de la propriété des
fonctions de varier assez peu dans le voisi-
nage de leur maximum, comme le montre
l'abaque. :
En pratique, le poids Il obtenu pour le mo-
teur serait moins élevé, car le poids par che-
val, supposé constant pour les aéroplanes d'une
même famille, diminue en réalité avec la puis-
sance.
J'ai obtenu des résultats analogues en par-
tant de l’aéroplane de M. Esnault-Pelterie,
dont le type est tout différent.
Les divers poids ci-dessus, calculés à titre
d'indication, nécessiteraient l'emploi d’autres
matériaux que dans l’aéroplane originel, ce
qui amènerait probablement des modifications
dans la construction. Il conviendra done de
faire ultérieurement de nouveaux calculs, en
partant des aéroplanes qui auront été créés
dans le but cherché, et qui auront donné de
bons résultats.
Quoi qu'il en soit, il résulte de cette Note
que, lorsqu'on voudra emporter des charges
notables, il faudra recourir moins à l’amplifi-
cation des aéroplanes actuels qu’à leur renfor-
cement, en vue de les armer progressivement
pour des vitesses croissantes, qui pourront être
utilement triples des vitesses actuelles.
Si l’on ne veut pas atteindre de telles vi-
tesses, qui ne seront pas sans danger, il faudra
multiplier les voilures. Dès maintenant, on
peut prévoir la prochaine substitution des tri-
plans aux bi-plans actuels, pour augmenter le
poids utile avec des vitesses relativement mo-
dérées.
De là deux voies différentes pour la cons-
truction des aéroplanes à grande capacité de
chargement.
Pour les faibles capacités, les mono-plans
auront toutes mes préférences, dès qu'ils se-
ront dotés de stabilisateurs automatiques.
En résumé, l’'aéroplane de l'avenir ne sera
pas d’un type déterminé. En raison même de
sa sensibilité en hauteur, on sera amené à
créer divers types, suivant la valeur de ces
deux caractéristiques essentielles de tout ap-
pareil de transport : la vitesse et le poids utile.
Roporpre SorEau
293
L'hydrogène à bon marché
On sait que la Commission Permanente In-
ternationale d'Aéronaulique a créé dans son sein
une Sous-Commission de l'hydrogène à bon mar-
ché, chargée de rechercher les moyens les plus
pratiques de réaliser ce désideratum capital de
l'aéroslation, de suivre et d'étudier les procédés
divers proposés un peu partout.
La séance du 22 mai 1908 de la Sous-Commis-
Sion de l'hydrogène à bon marché, présidée par
le lieulenant-colonel G. Espitallier, à été par-
liculièrement intéressante en ce qui touche di-
vers procédés de produclion économique nou-
veaux ct leur prix de revient. Nous devons à
l'obligeance du colonel Espitallier, le savant pré-
Sident de la sous-Commission, l'extrait ci-des-
SOUS :
« Dans sa séance du 22 mai 1908, la sous-com-
mission de l'hydrogène à bon marché, réunie
SGus la présidence du lieutenant-colonel Espital-
lier, a éxaminé tout d’abord, sur la traduction
due à M. le capitaine Do, le mémoire présenté
par 16 capitaine Castagneris, lequel a pour titre:
« La question du gaz d'éclairage et de l’hydro-
£ène pur dans le développement actuel de la
science aéronautique ».
« La question que M. Je capitaine Castagneris
pese est celle de: savoir, si, au point de vue Spé-
Cial des applications sportives du dirigeable ‘et
de leur développement, l'emploi du gaz d'éclai-
rage tel qu'il est livré par les usines ou ayatit
subi une épuration qui l'allège notablement
(lurce ascensionnelle 800 -gr.), n’est pas SUSCep-
tikle de donner d'excellents résultats écono-
miques, malgré l'augmentation de volume à 1a-
quelle conduit cet emploi, en comparaison avec
les ballons dirigeables gonflés à l'hydrogène.
« Or, les volumes équivalents sont les sui-
vants :
A
HYDROGÈNE GAZ ÉPURÉ {|
GAZ ORDINAIRE |
V — 10.060 me.
|
V — 16.900. | V = 12,900.
La dépense d'un gonflement passe de 10.000 fr.
à 2.535 pour le gaz ordinaire et à 2.580 pour le
£az épuré. Pour 10 gonflements annuels, les dé-
penses respectives sont 100.000 fr., 25.350 fr. et
85.600 fr.
D'autre part, les puissances motrices, pour
donner la même vitesse, sont celles du tableau
ci-dessous
Î T
|
HYDROGÈNE GAZ ORDINAIRE GAZ ÉPURE
150 HP 213 HP. 180 HP. |
Excédent de dé- i
| p'nse pour 300 1
JDULS EE -Lre es 39,680. 18 906. {
Û
Donc, en résumé, si on compte sur un ren-
licuement de 2 % par jour pendant 300 jours,
l'économi2 réalisable est 99.820 — 79.660, soit
environ 20.000 fr. au bénéfice du gaz épuré.
On voit tout l'intérêt qui s'attache au problème
de lépuration, qui ne comporte guère qu'une
majoration de 5 centimes sur le prix du gaz
d'éclairage ordinaire, ce qui porte le prix du
gaz épuré à 0 fr. 20 le mètr2 cube.
L'avantage sportif résulte dans tous les ca
d> la grande dissémination des usines à aux.
294
qui permet d'en trouver en tous lieux, sans que
lon soit forcé, comme pour l'hydrogène, d'en
Winsporter à l’état comprimé.
Ces divers avantages restent entiers tant que
la vilesse réclamée ne dépasse pas 15 à 20 m.
jar seconde; au delà, en raison des volumes
considérables qu'il faudrait réaliser, on sera en-
core forcé d'employer de l'hydrogène.
M. le capitaine Do fait remarquer que tout le
eulcul repose sur l'évaluation des cubes équi-
vatents, qui seraient pour les ballons à gaz et
à hydrogène dans le rapport :
1,69 des forces ascensionnelles.
Or, cela ne tient pas compte des poids morts
et en particulier du poids de l'étoffe qui aug-
mente la valeur de ce rapport.
En outre, on ne tient pas compte non plus
des frais de premier établissement (prix du bal-
lon) et de la nécescité d’avoir des hangars beau-
ecup plus spacieux.
L'avantage qui résulterait de l'emploi du gaz
d'éclairage quoique épuré, ne paraît donc pas
aussi considérable que le dit le capitaine Casta-
gneris, et, même avec de l’hydregère coûtant
1 fr. le mètre cube, la question mériterait d’être
serrée de plus près.
D'autre part, à l'heure actuelle, on espère
Beaucoup abaisser le prix du mètre cube d'hydro-
gène, en particulier par l'emploi du procédé
Lane, qui repose sur la décomposition de la va-
peur d’eau en présence du fer porté au rouge.
Bien que très ancien, puisqu'il remonte à Couté,
c2 procédé n'avait. au peint de vue industriel,
donné iusqu'ici que des résultats très médiocres.
La difficulté principale résidait dans l’impossi-
Lilité où l'on se trouvait de faire servir le fer
un assez grand nombre de fois pour rendre la
production économique. Au bout d'un certain
rombre de passages de la vapeur d’eau, le fer
devenait passif et ne pouvait plus fixer l’oxy-
gene de la vapeur d'eau. M. Lane affirme avoir
rerfectionné la fabrication par ce procédé, grâce
à un tour de main spécial, en évitant l’incon-
vénient signalé. Des usines de son système ont
été installées en Angleterre et en Russie. Ces
usines ont été perfectionnées petit à petit et
à: l'heure actuelle, il résulte des renseignements
fournis par le général Kovanko, commandant
ies aérostiers russes, que l'usine russe amélio-
rée fonctionne très bien. L'Angleterre a com-
mandé à M. Lane une nouvelle installation :
enfin, une Société française pour l'exploitation
di brevet Lane monte en ce moment au parc
de lAéro-Club à Saint-Cloud, une usine, qui
sera, naturellement, munie des derniers perfec-
honnements. Cette usine, qui doit être prête à
livrer du gaz pour le 15 juillet, fournira de
l'hydrogène à des prix très réduits, lesquels se-
raient d'environ 0 fr. 30 pour le mètre cube
d'hydrogène non comprimé et 0 fr. 50 pour le
même gaz comprimé.
Le président de la S. C. lit une lettre du co-
iônel Van den Borren, dans laquelle cet officier
signale qu'une Société hollandaise livre au
parc aérostatique d'Anvers de l'hydrogène élec-
trolytique comprimé à raison de O0 fr. 85 le
mètre cube. Ce prix comprend :
A) Le transport des tubes aller et retour, d'An-
vers à l'usine ;
B) Les frais de douane;
D\ L'assurance contre les risques de trans-
port du matériel.
Les frais accessoires sont donc, comme on le
voil, assez considérables et le prix du gaz seul
à l'usine ne serait pas bien élevé, quoique lais-
sunt évidemment un bénéfice. Il semblerait ré-
sulter de es renseignements que l'électrolyse
n'est pas un procédé aussi coûteux qu'on le
croit généralement et pourrait peut-être permet-
ire d'obtenir de l'hydrogène à bon marché, si
ect hydrogène était consommé sur place.
1°" Août 1908
Le lieutenant-colonel Espilallier attire ensuite
l'attention sur l'intérêt qu'il y aurait à avoir
des renseignements précis sur les divers procé-
dés à l'aluminium ; on sait que le service russe
d'aérostation s’est bien trouvé de la réaction
soude et aluminium pour le gonflement des bal-
lons qui ont figuré dans la campagne de Mand-
chourie, où la question de transport avait une
grande importance, en raison de la distance qui
séparaif le théâtre de la guerre du centre d’ap-
provisionnement ; or, le poids des matériaux né-
cessaires ne dépassait pas 3 kilog. par mètre
cube d'hydrogève produit.
D'autres spécialistes préconisent l'emploi de
l'hydrate de polasse pour remplacer la soude.
Ces divers procédés semblent assez coûteux,
mais présentent des avantages dans certains
cas particuliers, en campagne notamment.
Enfin, le procédé d'extraction de l'hydrogène
par décomposition de la vapeur d’eau sur du
charbon porté au rouge n'a pas dit son der-
nier mot. Si l'on admei la composition approxi-
iative du gaz à l’eau qui en résulte :
H (50) + CO (40) + CO* (5) + Az (4,5)'et O (0,5)
on sait qu'on se debarrasse assez aisément
de l'acide carbonique. Tout repose donc sur les
moyens de se débarrasser ainsi de l’oxyde de
carbone. On a utilisé le chlorure cuivreux, dans
ce but, mais le gaz obtenu est encore très lourd,
car il ne contient que S0 % d'hydrogène. Il serait
sans doute préférable d'éliminer l’'oxyde de car-
bcne par iiquéfaction. M. Frank à utilisé pour
cela l'appareil frigorifique Linde. M. Georges
Claude, membre de la Sous-Commission, a déjà
jroposé d'y appliquer ses appareils et l’on peut
ser de sérieuses espérances sur les essais que
c2 savant prépare.
L'hyârogène ainsi obtenu serait certainement
à un très grand degré de pureté et, d'autre part,
si l'on s'en rapporte aux prévisions de
M. Georges Claude, le prix de revient en serait
inférieur à celui de l'hvdrogène obtenu même
par la méthode Howard Lane.
La Sous-Commission estime qu'il y a lieu de
prier M. Georges Claude de vouloir bien pré-
senter un note résumant l’état de la question.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est
levée à 4 h. 30.
Le président de la Sous-Conmission,
ESPITALLIER
Etude des phénomènes
que présentent les ailes concaves
dans le planement stationnaire
et dans le vol plané des oiseaux ()
Dans mes deux précédentes communica-
tions, j'ai montré que la force négative hori-
zontale que l'oiseau est obligé de faire naître
pour rester immobile dans l'espace est mise en
évidence très facilement au moyen d'un tracé
graphique très simple, lorsqu'on suppose que
l'aile est plane.
Mais j'ai dit que ce même tracé s'applique
très bien aux ailes courbes et qu’il montre alors
(1) Comptes rendus de l'Académie des Sciences,
22 juin 1908. 5
L'Hydroplane “ FAUBER ”
(Brevreré S G. D. G. EN FhaNcE ET À L'ÉTRANGER)
<< Une invention moderne de Ja plus haute importance °”
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J’Aérophile
avec une évidence saisissante que, dans ce cas,
on peut faire varier dans des limites très éten-
dues et indépendamment l’une de l’autre la
composante horizontale négative et la compo-
sante verticale qui équilibre le poids de l’oi-
seau, ce qu'on ne peut faire avec une aile
plane.
En outre, j'ai insisté, dans mes deux com-
münications, sur ce fait que je possédais les
moyens de calculer approximativement la gran-
deur numérique des composantes horizontale et
verticale de la pression du vent sur une aile
concave, malgré l’état rudimentaire de nos con-
naissances concernant l’action développée,
même sur un simple plan, par un fluide en mou-
vement. Voici le principe de ce procédé de
calcul que j'ai appliqué depuis longtemps à
l'évaluation des composantes verticale et hori-
zontale qui seraient développées sur un cerf-
volant vertical ayant exactement la forme
d’une jalousie de fenêtre composée, comme on
le sait, d'une série de petits volets horizontaux
qu'on peut incliner plus ou moins suivant la
quantité de lumière qu’on veut laisser pénétrer
dans l'appartement .
Ce genre de cerf-volant vertical à persiennes
a été appliqué, il y à plus de treize ans, par
Hiram Maxim à son aéroplane à vapeur, mais
j'ignore si les petits volets parallèles étaient
plans ou courbes. Pour résoudre le problène qui
nous occupe, je les supposerai courbes, ce qui,
d’ailleurs, est bien préférable.
Désignons par s la section droite du canal
formé par deux volets consécutifs; par V la
vitesse du vent à son eutrée dans ce canal (nous
supposons que le cerf-volant est immobile et que
l'air entre tangentiellement aux volets); par z
l'angle que fait avec l'horizontale la tangente
au volet du côté de l’entrée du vent; par 4
l'angle que fait avec l'horizontale la tangente
au volet du côté de la sortie du vent; par p la
masse du mètre cube d’air.
La composante verticale de la pression totale
de l'air sur les parois du canal formé par deux
volets consécutifs a pour valeur l'accroissement
pendant une seconde de la projection verticale
de la quantité de mouvement de l’air, mesurée
à l'entrée et à la sortie du canal. Or, la compo-
sante verticale de la vitesse de l’air à l'entrée
est égale à V sin «& ; la masse qui passe dans
le canal pendant une seconde étant égale à
u.SV, il en résulte que la projection verticale
de la quantité de mouvement développée pen-
dant une seconde a pour valeur à l'entrée du
canal pu.sV° sin 4. A la sortie du canal, elle
devient égale à p1.5V* sin 4.
Donc, la composante verticale de l'effort dé-
veloppé par les volets sur l’air en mouvement à
pour expression p.sV* (sin % — sin 2). En
vertu du principe de l'égalité de l’action et de
la réaction, cet effort donne lieu à un effort
de signe contraire développé sur l’ensemble
des deux volets consécutifs, de sorte que, en
295
définitive, la composante verticale à laquelle
cet ensemble est soumis a pour valeur.
By SVM (Ein x —1sin 28):
On trouverait de même pour la composante
horizontale.
Fx — p.s V? (cos x — cos 1‘).
Ces deux équations contiennent la solution
de tous les problèmes qui concernent les aéro-
planes du genre Hiram Maxim, puisqu'elles
permettent de calculer l'effort vertical, c’est-à-
dire le poids que l’aéroplane peut enlever (ainsi
que l'effort horizontal qui en résulte et que
l'hélice doit pouvoir développer) en fonction de
la section totale S des canaux compris entre les
volets du cerf-volant vertical à persiennes.
On remarquera qu’elles ne contiennent aucun
autre coefficient expérimental que y, c'est-à-
dire la masse du mètre cube d'air, laquelle est
parfaitement connue, puisqu'elle est égale au
poids du mètre cube d'air divisé par 9,81. On
est donc dispensé, dans le calcul de ce genre
d’aéroplanes à persiennes verticales, de l’em-
ploi des coefficients empiriques que lon est
fcreé d'introduire dans les formules relatives
au calcul des aéroplanes ordinaires e& qui ont
autant de valeurs qu’il y a d’expérimentateurs,
C’est ce qui me faisait dire, il y a déjà long-
temps, lorsqu'on m'interrogeait sur le calcul
des organes sustentateurs des aéroplanes, que
je pouvais faire ce calcul avec certitude, sans
connaître aucun des coefficients empiriques qui
figurent dans les formules habituellement em-
ployées (1).
Revenons maintenant au calcul des valeurs
de F, et Fy lorsqu'il s’agit d’une aile courbe
Les quantités pu, V, x et x sont connues dans
ce cas comme lorsqu'il s'agit d’un canal formé
par deux volets consécutifs ; seule, la valeur de
s est inconnue. C’est ici qu'intervient l’empi-
risme en déterminant la valeur d'une section s
fictive qui ferait cadrer les valeurs de Fx et
F, déterminées expérimentalement avec celles
qui résulteraient de l'emploi des deux formules
ci-dessus.
Grâce à l'emploi de ce coefficient s qui rem-
place le coefficient K, actuellement employé,
lequel ne présente d’ailleurs aucune certitude,
on peut déterminer à l’avance toutes les condi-
tions du vol plané et du planement station-
naire, à la condition de remplacer dans les for-
mules, lorsqu'on les applique au vol plané, la
valeur de V par celle de la vitesse relative de
l'air par rapport à la surface des ailes.
J'ai à peine besoin de dire que ces formules
appliquées au planement stationnaire permet-
(1) Je ferai remarquer en outre que non seulement
ce genre d'aéroplanes permet de déterminer théori-
quement et rapidement avec certitude les valeurs
ontima de S, x et 4, mais qu'ilest très supérieur au
point de vue de l'encombrement aux aéroplanes ac-
tuels.
2906
tent de retrouver les lois que j'ai déjà formu-
lées dans mes notes du 13 avril et du
18 mai (Voir Aérophile n° 13, de 1908).
Je dois mentionner, en terminant, une con-
séquence très curieuse de mon tracé graphique
ainsi que de mes formules. Elle consiste en ce
qu'il est facile de déterminer la vitesse limite
qu’un oiseau peut atteindre en marchant contre
le vent dans le vol plané, c'est-à-dire sans
battre des ailes. On trouve que cette vitesse
limite est d'autant plus grande que l'angle
sous lequel peut se faire le planement station-
naire est plus petit et que, par conséquent,
cette vitesse, pour des oiseaux ayant de très
grandes ailes par rapport à leur maître-couple,
pourrait, sans battement d'ailes, dépasser celle
du vent lui-même. Marcez DePrrez
L’Aéroplane ‘“R.E. P. 11”?
M. Robert Esnault-Pelterie continue avec
un soin méticuleux la mise au point du nou-
veau monoplan le ZX. Æ. P. II dont nous
relations dans le numéro du 15 juin les re-
marquables débuts.
Depuis la belle expérience du 8 juin, l'ap-
Cliché de la Vie Aut molile.
L'aéroplane R. E. P. I
pareil a subi quelques retouches de détail,
mais les dispositions essentielles restent les
mêmes. Ainsi qu'il l'avait fait dès l’année der-
nière, le savant aviateur s'est attaché à ré-
duire le plus possible les résistances nuisibles
parasites et à faire une « coque aérienne »
ailée, aussi « fine » que possible, Tous les or-
ganes et tous les artifices de construction sont
masqués sous la voilure extérieure en toile
caoutchoutée « Continental »; seuls quatre
haubans font encore saillie.
Comme on peut le voir sur la photo cf-
contre, l'engin affecte toujours, et plus encore
que le précédent, l'aspect général d'un oiseau
avec son corps fusiforme où s'abritent l'ex-
cellent moteur R. E. P. 7 cylindres et l’avia-
1°" Août 1908
teur ; avec ses ailes étalées, son hélice à 4 bran-
ches à l'avant, et à l'arrière sa queue d’aronde
servant à la direction sur la verticale. Il
existe en outre, en dessus et en dessous du
corps deux plans verticaux pour la stabilité
de route et à l'arrière un gouvernail vertical.
Surface porbante : 17 m°; poids actuel :
375 kilog. qui atteindra 410 kilog. lorsque
l'on aura installé un nouveau réservoir d’es-
sence contenant 55 litres. L. LAGRANGE
LE DIRIGEABLE RÉPUBLIQUE ”
Après les premiers essais de l’autoballon Répu-
blique (1) on avait remarqué dans le nouvel! en-
gin une l'ère tendance à piquer du nez, incon-
vénient sans aucun danger, du reste. On y remé-
dia néanmoins en reportant la nacelle un peu
plus en arrière, en même temps que lon pro-
litait de ce travail de retouche pour augmenter
le pas des hélices en vue d’accroitre la vitesse.
Ces modifications furent mises à l'épreuve et
donnèrent toute satisfaction dans l'ascension du
23 juillet. Le ballon élail piloté par M. Georges
Juchmès accompagné de MM. le capitaine Bois,
l’aide-pilote Landrin, le mécanicien Rey, l'ad-
judant Vincent. L'ascension dura de 8h. à 9h.
du malin, au-dessus de la presqu'île de Moisson.
l'ingénieur Henri Julliot et le lieu-
tenant Lenoir observaient de terre
les évolutions du dirigeable.
L’autoballon « République » ac-
cepté par la Commission mili-
taire. — Le 23 juillet, M. Julliot avait
reçu une note du commandant du parc
aérostatique militaire de Chalais-Meu-
don linformant que la commission mi-
litaire chargée de la réception du nou-
veau ballon se rendrait à Moisson le
lundi suivant et qu'une ascension
aurait lieu. C'était donc une invitation
à tenir le ballon prêt et presque un
ordre pour une ascension par n'importe
quel temps.
Le lundi, 27 juillet, à l'heure dite,
la commission militaire, composée du
commandant Voyer, directeur du parc
de Chalais, des capilaines Audouard et
Marschal, qu'assistait le commandant
Bouttieaux, sous-directeur ui service du
génie, arrivaient au parc de Moisson,
où ils furent reçus par MM. Robert Le-
baudy, l'ingénieur Julliot et Juchmès,
pilote de l’autoballon.
La commission technique procéda d'abord à
une visite complète du dirigeable et des modifi-
cations apportées en vue d'obtenir l'équilibre
parfait. Elle s’assura, en outre, que les clauses
du contrat avaient été observées.
La sorlie eut lieu ensuite. MM. le commandant
Voyer, le capitaine Audouard, le lieutenant Le-
noir, Juchmès, pilote ; Landrin, aide-pilote : Rev,
mécanicien civil ; l'adiudant Vincenot, mécani-
cien militaire, prirent place dans la nacelle. La
force ascensionnelle du ballon. bien que le gonfle-
mont -dalât de deux mois, élait encore de 1.200
kilog., comprenant îes voyageurs, le lest. l'es-
sence, l'eau et l'huile. Evolutions durant 35 mi-
nutes.
Nouvelle
sivement militaire.
nimité. — Z.
(1) Voir Aérophile du 1" juillet 1908.
ascension d'instruction à 6 h., exclu-
Acseplation de l'engin à l'una-
l’Aérophile
Le coefficient de résistance de l'air
ET LE VOL DES OISEAUX
On admet actuellement pour la valeur de
la réaction d’une surface se déplaçant ortho-
gonalement dans l'air la valeur
R=KSVY
Il existe de grandes divergences entre les
valeurs données à K par les différents au-
teurs. Elles sont causées par le fait que les
surfaces qu’ils considèrent sont des surfaces
naturelles, se comportant différemment sui-
vant leur nature et leur forme.
Si l’on considérait une surface théorique,
c’est-à-dire infiniment plane et polie, la loi
de variation de R pourrait être déterminée
d’une façon absolument précise pour des sur-
faces semblables.
Considéré dans un fluide incompressible, la
valeur de cette réaction est donnée par l’ex-
pression :
R =" 0 v°
m0)
w”, densité du fluide,
g, accélération de la pesanteur,
Q valeur de la surface,
v, vitesse du déplacement.
Dans l’air, cette expression ne peut être ad-
mise parce que w est variable, le fluide étant
compressible, et parce que les variations de w
sont fonctions de © et de V. En effet, les
frottements moléculaires, nuisibles à l’écou-
lement du gaz et entraînant sa compression,
sont d'autant plus considérables que © est
grand. D'autre part il est évident que si V
croît, la compression augmente.
Nous pourrions même ajouter que la réac-
tion est encore fonction de la forme de la
surface. On voit, par exemple, d’une façon
très apparente, que l'écoulement du gaz se
produira plus facilement, à égalité de mesure,
sur un rectangle que sur un cercle.
Si l’on tenait compte de cette dernière re-
marque, la détermination de R deviendrait
d’une complexité telle que l’on pourrait la
considérer comme impossible, au moins au
point de vue mathématique. En la négligeant,
on peut écrire R sous la forme
wù æ indique un coefficient; Q la valeur de
la surface; y l’exposant de cette surface; V,
la vitesse du déplacement; z l’exposant de la
vitesse.
On peut affirmer, a priori, que y est plus
grand que 1 et z plus grand que 2.
Nous allons décrire un procédé expérimen-
tal permettant de déterminer les valeurs in-
297
connues. Nous n’avons pas fait ces expériences
n’en ayant ni le temps, ni les moyens. Nous en
exposerons le principe qui pourra permettre
à des chercheurs mieux placés que nous de
les effectuer.
Donnons d’abord la description de l’appa-
reil. (V. fig. 1.)
Fi. 1.
Un disque A, de surface fixe, forme para-
chute et peut être chargé de poids étalonnés
B. Il est relié par un cäble à un appareil en-
registreur composé d’un rouleau C sur lequel
s’enroule le fil, d’un filet de vis D, solidaire
du rouleau, d’un écrou E avec index et d’un
cylindre F animé d’un mouvement de rota-
tion uniforme. .
Le système A tombant en chute libre, on
voit que la loi des espaces est transcrite gra-
phiquement (V. fig. 2.)
E
EG. 2.
Au bout d’un certain temps de chute, la vi-
tesse devient constante. C’est ce qu'accuse la
courbe relevée qui, à partir d’un point a, de-
vient une ligne droite. Au delà de cet instant,
le poids et la réaction se compensent, et dans
l'expression :
RIT
Ts
—— y V:
9
R égale le poids du système, V est constatée pai
le graphique. En faisant varier P, on obtient
298
une valeur correspondante de V et l’on a ainsi
une série d'équations ayant comme inconnues
æ, Y, #, que l’on pourra déterminer.
En répétant l'expérience avec des surfaces
de mesures différentes, on obtiendrait de nou-
velles valeurs. Il est possible que l’ensemble
des résultats ne concorde pas, parce que #, y
et z ne seraient pas constants. Il faudrait
alors réunir leurs valeurs soit dans des ta-
bleaux, soit sur un abaque. La connaissance
de trois variables
permettrait de dé-
terminer les trois
autres.
Examinons
maintenant les
surfaces naturel-
les. Nous avons
dit, au début de
cette note, que si
l'on considérait
une pareille sur-
face, K dans l'expression R=K $S V° pouvait
varier dans de très grandes limites. Il convient
de remarquer que, dans ce cas, K n'est pas
F6. 3
1 Août 1908
un coefficient réel, mais bien seulement un
coefficient apparent. Une surface natu-
relle est formée, en matière, de rugosité telles
que a b ec. Le déplacement dans Pair produit
des réactions
partielles » qui,
envisagées pour
des surfaces élé-
mentaires, les-
quelles peuvent
étre considérées
comme des surfaces théoriques, dépendent du
coefficient théorique. Ces réactions partielles
ont une composante R, correspondant à un
coefficient K caractéristique de la surface, mais
n'ayant qu'un rapport d'analogie avec le coeffi-
cient déjà étudié.
C’est pourquoi il peut avoir des valeurs très
divergentes, aussi bien supérieures qu’'infé-
rieures à la valeur théorique.
Nous le voyons d’une façon plus claire en
considérant une surface sphérique. (V. fig. 4.)
Si elle se déplace dans le sens de sa convexité
à une vitesse V, elle aura un coefficient caracté-
ristique K, ; si elle se déplace dans le sens op-
F1G: 4
Surfsce du disque one. (S)
[Vitesses : 0.075 p.mètre
Echelles
o o5op seconde
| Temps
Sn VALEURS
MISE re
des POIDS # DIAGRAMME
relevce
Graphiques S V2
k sm 70 99
1 | 15,0C0 6,10 Le | vitesses : 005
2 15,900 6,85 0,32 Éleltrs MP EE
de K: Gm10
3 2k,000 7,00 0,41 pour |.
a | 2,500 | 7,15 0,19 A ARS
| É ! AE CDI ù
5 | 3k,000 7,3 0,56 Re
Fer j 0/2 ‘ eg! -O:: ù
| 2 9 6 : : AU ta '
6 34,500 1,45 0,63 | ! er G: 0
| BUS 5 ! !
1 41.000 15,50 0,71 / ot |
| . s: : ' ! '
8 | 4x,5n0 | 7,70 076 | M TROUS
| Ni o: d : ï ee '
a: : ! : ‘D ï
' 2 ' : : ï a '
; | ' ' NICE !
| | Axe des vitesses 6.10, 685: 700! 715! 730: 745 150 7.70
Fi6. 5 et 6. Graphiques et tableau, calcul de K et diagramme
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l’Aérophile
posé, ce coefficient sera K, pour la même vi-
tesse et l’on aura évidemment
RER OK:
K désignant le coefficient caractérisant la
surface plane de nature identique se mouvant
à une même vitesse.
Ces faits expliquent la possibilité de con-
cevoir pour K des valeurs très grandes.
A l’aide de l’appareil décrit plus haut, nous
avons étudié la variation de K sur une sur-
face composée d’une lame de caoutchouc fixée
sur un treillis à larges mailles, pour des vi-
tesses variant de 6 m. 70 à 7 m. 70 par se-
conde. Nous avons obtenu les graphiques re-
présentés ci-contre en demi-grandeur. Ils don-
nent pour K la loi de variation consignée au
tableau et au diagramme. (V. fig. 5 et 6). On
y remarque l'accroissement rapide de K avec la
vitesse, qui s'explique par la déformation crois-
sante du caoutchouc sous l'influence de la pres-
sion.
—
La valeur atteinte par K est de 0,8, mais
elle aurait été dépassée de beaucoup si nous
avions pu continuer les expériences.
Nous allons compléter cette étude des va-
riations du coefficient de résistance de l'air,
en examinant les valeurs qu’il atteint dans
le vol des oiseaux. Dans une note parue dans
l’Aérophile en novembre 1907, nous avons
montré, pour un exemple, qu’il était de 2,8 au
minimum.
Nous allons répéter cette démonstration en
nous basant sur des renseignements précis
extraits d'articles de M. Tatin et publiés sur
lAérophile en novembre 1907 et mars 1908.
Donnons d’abord notre méthode de raison-
nement.
Nous considérerons un oiseau de poids P,
présentant une surface alaire $S et dont l'aile
a une vitesse V à son extrémité.
Il est évident que le mouvement d’abaisse-
ment des ailes doit au moins produire une
réaction égale au poids de l'oiseau. C’est, en
effet, la condition primordiale du vol.
On doit donc avoir (1) :
D K à V?
D
qui donne à K la valeur :
PRE
MD S AVE
(1) En effet, considérons une aile plane rec-
tangulaire de longueur !, de largeur a, tournant
autour d'un axe æ y de son plan avec une vi-
tesse uniforme V à son extrémité. (V. suile de
la note, colonne suivante.)
299
Dans l’application de cette formule, nous
»
Î
donnerons successivement à — les valeurs at-
tribuées par M. Tatin aux trois groupes de
volatiles qu'il observe : petits, moyens, gros.
Petits :
P == 046,02167 ; S — 04,01002 ; 2 — 1.084
Moyens
P— 0:5,2524 ; S — 0m"1,08316; = 3.035
Gros
PE 4kg 5293 ; Si 0095231
|
Pour V, nous appliquerons la valeur cons-
tante 1,20 x VERS 2,06 déduite de la vitesse
1,20 au centre de pression sur laquelle les
auteurs semblent d’accord.
Nous aurons
; 2 É ù 1.984
Oiseaux petits : K — x TE —F10
à ME Sao ce
Oiseaux moyens : K — — DE —12 11)
5 # 3 8.700
Oiseaux gros : K — X 5 — 6.15
2.06°
Ces grandes valeurs de K dépassent toutes
les prévisions, aussi nous rappellerons la dé-
finition que nous avons donnée de ce coeffi-
cient apparent dans les surfaces naturelles
et nous ferons observer qu’elles ont été obte-
nues en admettant pour V une vitesse cons-
(Suile de la note précédente.)
Fic. 8
élément de surface
MO US
Dans ce mouvement, un
a dx reçoit une poussée élémentaire
V r\? V x
XI CUT A) CAT
l L
et la totalité de la surface donne lieu à une réac-
tion qui est la somme de ces pressions, c’est-à-
dire que l’on a :
K a V? Û KaV?_ KSV
0: _—_— 2 fe ER
Pin : fa El XT—= 5
On peut, sans erreur appréciable, assimiler
l'aile de l'oiseau à une aile rectangulaire
moyenne.
représente sa vitesse,
300
tante chez tous les oiseaux. Cette dernière hy-
pothèse ne nous semble pas exacte : nous pen-
sons que la vitesse croit en règle générale avec
l'envergure de l'oiseau.
A un autre point de vue, elles doivent être
considérées comme des minima, car l’abaisse-
ment de l’aile crée une force qui doit, d’une
part, compenser en outre, du poids de loi-
seau, que nous avons seulement retenu, la
force mégative due au relèvement de l’or-
gane comme la force d'inertie nécessaire pour
maintenir le volatile en suspension pendant
cette période passive, et, d'autre part, créer
la propulsion nécessaire au déplacement.
On pourrait, d’ailleurs, calculer la poussée
négative duë& au relèvement de l'aile, en se
donnant comme coefficient de résistance le
coefficient théorique 0,065. Nous estimons
que cette valeur est élevée, étant donnée la
convexité très accentuée de la partie supé-
rieure de l'aile. Cependant nous l’adopterons
et nous aurons dans les trois cas :
Oiseaux petits :
55 Y 0.710092 K 2.n62
0.065 X PALMEX LE ue opt
2
RU
Oiseaux moyens :
0.06: 08316 2.06?
Rp — AE CURE CPR ER 0k:,00$
3
Oiseaux gros :
Rpe= NES N NEC ENEE queue
2
c'est-à-dire le 1/22, le 1/32, le 1/93 des poids
moyens, ce qui montre suffisamment que même
en supposant que l’aile présente toujours la
même surface, l’action négative produite pen-
dant son relèvement peut être considérée
comme négligeable.
Cette conclusion confirme l'hypothèse que
nous avions émise sur le vol de l’oiseau, phé-
nomène produit simplement par la différence
d'activité des surfaces inférieure et supérieure
de l'aile.
Elle serait également un argument très sé-
rieux en faveur des ailes battantes qu'elle per-
mettrait de concevoir absolument indéfor-
mables, H. Lerorr
Le terrain d’Issy interdit
Le 235 juillet, le Gouverneur militaire de Paris
décidait, « en raison des dangers signalés par
M. le Préfet de Police », d'interdire toute expé-
rience d'aviation sur le champ de manœuvres
d'Issy-les-Moulineaux
Cette fâächeuse mesure
tion parmi les avialeurs.
Heureusement, sur les instantes démarches de
MM. le capitaine Ferher, Louis Blériot-et Geor-
esancon, le Préfel de Police s'est montré
à tolérer les essais à Issy à condition
qu'ils aient lieu de 4 à 6 heures du matin et que
tout aviateur s'assure 1 sous-brigadier et S hom-
mes pour lé service d'ordre. Coût 18 francs.
Le Gouverneur militaire de Paris lèvera sans
douts son velo.
a causé une grosse éMO-
1°" Août 1908
COMPARAISON
ENTRE LES
Propulseurs à réaction et les Hélices
Dans son Etude sur la propulsion des aéro-
planes à grande vitesse (voir l’'Aérophile,
1% mars 1908), M. René Lorin compare, pour
une même énergie fournie, l'effort de poussée
produit dans un système ordinaire de propul-
sion composé d’un moteur à explosion et
d’une hélice, à l’effort obtenu simplement par
la réaction des gaz s’échappant du même mo-
teur pendant qu’il tourne à vide à sa vitesse
de régime. L'auteur trouve qu’à cylindrée et
à vitesse égales, l'effort produit par ce « pro-
pulseur à échappement » est approximative-
ment une fraction 0,29 de l’effort produit par
l’hélice. Cette fraction est relativement consi-
dérable ; comme, d'autre part, les avantages
dérivant de la suppression de l’hélice auraient
une importance capitale pour la stabilité, la
vitesse et la légèreté d’un aéroplane, l’adop-
tion des propulseurs à échappement devrait,
si l'estimation était bonne, s'imposer sans re-
tard dans la locomotion aérienne. Mais mal-
heureusement, cette estimation est loin de la
vérité.
Pour l’établir, M. Lorin admet que le mo-
teur-propulseur peut transformer en force
vive utile une fraction 0,58 de l'énergie calo-
rifique du combustible, et qu’en même temps
la vitesse moyenne d'écoulement des gaz est
de 250 mètres à la seconde. Or, un rendement
en force vive aussi élevé (0,58) ne peut pas
être donné par un cycle où la détente des gaz
ne produit que la vitesse moyenne de 250 mèe-
tres,
Supposons, en effet, pour plus de simplicité,
le cas théorique où un kilogramme de gaz à
la pression d’explosion de æ atmosphères se
détend entièrement dans l’air ambiant en ac-
quérant une certaine force vive. Soient /, la
température absolue de l'air, et t, la tem-
pérature après l'explosion sous volume cons-
tant, de sorte que {, = xt,. ln désignant
par C, la chaleur spécifique du gaz sous vo-
lume constant, la chaleur fournie par le com-
bustible à un kilogramme de gaz est
(1
Cu (1 — to)
A la fin de la détente, le gaz conserve une
température {, > t,: pour fermer le
cycle, il devrait céder au réfrigérant la quan-
tité de chaleur
Cp (2 — lo)
où Cest la chaleur spécifique du même gaz
sous pression constante. La chaleur disparue
est donc
Co (ii — lo ) — Cp (2 —
elle s’est transformée en travail
Lo )3
dont la va-
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D —————————…————
de
lJ’Aérophile
leur est en kilogrammètres, en désignant par
E, l’équivalent mécanique de la chaleur,
L — ECrto [E— 1 car
On peut admettre sans grande erreur la dé-
tente adiabatique, de sorte que, en faisant
1
: U ee
Cr—., One Er VO CI CNET ES
Ce IT
ŒT
marquant ensuite que EC, — — T° où R est
une constante, on a plus simplement
ù 1
Rlo
= SET (r — 1 + x — 2)
Fe
L est le travail nécessaire pour communiquer
aux particules composant le kilogramme de gaz
leurs vitesses d'écoulement qui varient en géné-
ral d’une particule à l’autre. En représentant
par V une vitesse moyenne commune à toutes
ÿ V?
les particules, telle que L — En
accélération de la gravité, on peut calculer
cette vitesse moyenne par la formule
1
rat)
En admettant les valeurs numériques :
SLR 29,350 290; 77 — 14
on trouve que la vitesse moyenne V — 250 mè-
tres est réalisée lorsque la pression d’explosion
æ = 2,24 atmosphères.
Le rendement théorique de ce cycle est évi-
demment
où g est
a 24Rl0
M (r Dane
i
Ce (li — 15) Er Cp (te — to)
C» (U1 bo)
D —
Î
ou bien
en y mettant x := 2,24 on trouve
O0 712
En pratique, il faudra tenir compte aussi
des pertes de chaleur à travers les parois, de
sorte que le rendement en force vive, au lieu
d’être 0,58, est inférieur même à 0,12, et l’ef-
fort produit par le propulseur à échappement
sera, en adoptant les autres estimations faites
par M. Lorin, une fraction de l'effort pro-
duit par l’hélice, inférieure à
12
16 X 20
Un rendement comme (0,58 serait peut-être
atteint dans un propulseur à échappement
dont le cycle est comparable à celui du meil-
leur moteur à explosions, ce qui implique des
compressions élevées, et partant de grandes
vitesses moyennes d’écoulement. Ainsi, par
exemple, lorsque æ est voisin de 8 atmosphères,
= 0,06
301
V est près de 1.000 mètres à la seconde, et
alors l’effort de traction du propulseur à
échappement (en faisant abstraction des ren-
dements) est le 1/40 de l'effort de traction de
l'hélice produisant la même force vive avec la
vitesse moyenne de 25 mètres.
L’étendue de cette note ne me permet pas
de donner ici plus de développements à cette
question ; dans une analyse plus approfondie,
on peut démontrer que pour produire le même
effort de poussée en kilogrammes, le propulseur
à réaction doit dépenser äu moins trente fois
plus de combustible que l'hélice. Ce rouveau
genre de propulseur est extrêmement gaspil-
leur. Cependant, il y a d’autres considérations
qui militent en faveur du propulseur à réac-
tion ; ce sont principalement les questions du
poids, de l’encombrement, enfin, comme l: dé-
montre fort bien M. R. Lorin (voir Aérophile,
novembre 1907), la nécessité de donner aux
véhicules aériens de grandes vitesses — et
c’est là une obligation qu'on reconnaît cha-
que jour davantage. On ne peut pas espérer
que l’hélice donne des résultats beaucoup
meilleurs que ceux dont elle a fait déjà preuve.
Son avenir est limité, tandis que le propulseur
à réaction semble avoir un rôle décisif dans
la solution pratique du problème de la
locomotion aérienne. C’est ce que je m’effor-
cerai de démontrer en de prochains numéros
de cette revue.
Paur Porovarz
À l'Aéro-Club du Sud-Ouest
Ascensions de l’Aéro-Club du Sud-Ouest
12 juillet. — Bordeaux, usine à gaz de la Bas-
ide, 6 h. 40 du m., La Côte-d' Argent (800 mr’),
MM. Paul Léglise et Etienne Faure. Att. à
10 h. 40, par vent très viclent, à 6 kil. au nord
de Le Blanc (Indre). Durée : 4 houres. Distance :
240 kil. M. Paul Léglise gagne le prix créé par
M. Ch. Villepastour pour le premier atterrissage
dans le département de l'Indre.
13 juillet. — Saintes (Charente-Inférieure),
4 h. du s., Le Cadel-de-Gascogne (700 m°), MM.
Louis Gonfreville et Auger. Att. à 5 h. 5, à Siercq
(Charente-Inférieure). Durée : 1 h. 05. Distance :
42 kil.
Rallie-ballon omni-locomotions. — En raison
de la vitesse du vent, deux autos seulement ont
ju rejoindre.
13 juillet. — Bordeaux, usine à gaz de la Bas-
tide, 11 h. 15 du s., l'Aquitaine (1.109 m'), MM. J.
3riol et Louis Privat. Att. le 14 juillet à 8 h. 50
du m., à Momestier (Allier), Durée : 9 h. 35. Dis-
lance : 335 kil. M. Briol gagne le prix de l'Allier,
fondé par le chevalier de Wawak-Adlar.
14 juillet. — Bordeaux, usine à gaz de la Bas-
tide, 8 h. 45 du m., Malgré-Nous (800 m°), le vi-
comte Ch. de Lirac, MM. Marcel Gounouilhou et
Henri Lesfargues. celui-ci néophyte. At. à
10 h. 25, à Saint-Etienne-de-Tisse (Gironde). Du-
rée : 1 h. 40. Distance : 35 kil.
Télégrammes
CONVOCATIONS
Conseil d'administration, 5 août, à » h.
à, Dh.
Commission scientifique, en vacances.
Comité, jeudi 6 août,
Commission sportive, sur convocation du Bu-
reau.
Commission d'aviation, sur convocation du Bu-
reau.
Dîner mensuel, jeudi 6 août, à 7 h. 1/2, en
l'Hôtel de l'Automobile-Club, 6, place de la Con-
corde. Prix du couvert : 8 fr., tout compris.
Les inscriptions pour le diner, réservé aux
seuls membres du Club, sont reçues accompa-
gnées du prix du couvert, la veille au plus tard.
LE PREMIER SEMESTRE 1908 À L'AÉRO-CLUB
DE FRANCE
Le premier semestre de 190$, au parc d'aéros
tation de l’Aéro-Club de France, aux côleaux de
Saint-Cloud, a été marqué par 186 départs de bal-
lons consommant au total! exactement 199.185
mètres cubes de gaz d'éclairage.
Cette floitille formidable de ballons sphériques
a enlevé 512 acronautes, dont 74 dames. C'est
dire que le total des voyageurs aériens de 190$
sera en augmentation considérable sur celui de
l'année derniere.
Pendant ce même semestre, plus de cent ex-
périences ont élé faites au parc d'aviation de
l'Aéro-Club, à y-les-Moulineaux, avec un re-
tentissant suc
Depuis le mois d'avril, l'Aéro-Club de France
a agrandi son siège social transféré aux Champs-
Elysées; et il compte aujourd'hui plus de 700
membres titulaires.
COMMISSION SPORTIVE DU 10 JUILLET 1908
Prix Armengaud: Sur le vu du cerlificat de
MM. Archdeacon, Paul Delaporte, Regnard, le
prix est attribué à M. Henri Farman, pour son
expérience du 6 juillet 190$, à Issy-les-Mouli-
neaux, qui lui vaut le record de durée en avia-
tion (appareil à moteur, Classe B), par 20 mi-
nutes 19° 3/5.
COMMISSION D'AVIATION DU 10 JUILLET 1908
Présents : MM.
Godard, Cailletet,
férer, Blériot, le commandant Ferrus,
de la Meurthe, Surcouf, Tissandicr.
Prix Deutsch de la Meurthe (de 25.000 francs) :
MM. Blériot, Kapférer, Tatin, Surcouf et Blé-
président ; Talin,
Guffroy, Kap-
Deutsch
\rchdcacon
Zens, Rousseau,
Août 1908
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
Siège social : 63, avenue des Champs-Elysées, Paris (VIII)
: AÉROCLUB-PARIS. — Téléphone : 666-21
riot sont nommés membres de la Commission
chargée d'étudier ce nouveau prix qui sera at-
tribué à l'éronaute ou à l'aviateur qui trans-
portera le commandant Renard en Angleterre.
Prix Armengaud : Archdeacon déclare que
c'est à 7 heures 43 an Henri Farman s'est élevé
à bord de son aéroplane ; il a repris terre à
Sheures 3:19? gagnant le prix Armen-
gaud par 20° 19°
Pri ix Morlefiore-Friant : La Con-nission, après
on adopte le réglement du prix Monte-
[io eu rian£.
COMMISSION SCIENTIFIQUE DU 27 JUILLET 190$
Présents : MM. le comle de Chardonnet, prési-
dant la séance, Paul Bordé, Joseph Jaubert, le
docteur Crouzon, le docteur Jacques Soubies, Al-
bert Omer-Decugis.
Ascension physiologique à grande hauteur du
3 juillet 190$. — M. À. Omer-Decugis a fait un
compte rendu de l'ascension à grande hauteur
du 3 juillet 190$, qu'il a pilotée. L'allilude maxi-
ma, vérifiée, a été de 5.350 mètres ; le thermo-
mètre a marqué — 12° el l'hygromètlre 27°.
Le docteur Crouzon relate ensuite les expérien-
ces auxquelles il s'est livré, en compagnie du
docteur Jacques Soubies, au cours de celte même
ascension. Les observateurs ont étudié le « mal
en ballon », qui a commencé à partir de 4.050
mètres, sur un des passagers : il y a élé remédié
facilement, grâce à l'oxygène pur débilé par le
détendeur du docteur Güglielminetti ; la pression
artérielle n'a pas été influencée régulièrement
par l'altitude ; les aéronautes ont enregisiré une
diminution notable el progressive de la force
musculaire. La sensibilité cutanée, mesurée avec
le compas de \eber, diminué dans une fai-
ble proportion ; enfin, l'ouie, mesurée avec le
diapason Bonnier, a élé également peu modifiée.
Ces expériences seront reprises au cours de
nouvelles ascensions à grande hauteur qui se-
ront faites par la Commission physiologique de
l'Aéro-Club
Ascension scientifique du 11 juillet. — Lecture
a élé ensuite donnée du rapport du comle de La
Baume-Pluvinel sur son ascension de nuit du
11 juillet dernier.
Au cours de ce voyage, exéculé à une altitude
de 500 mètres, MM. E. W. Mix ct Favé ont pu
indiquer, à 1 kilomètres près, au maximum,
le « point » exact où se trouvait le ballon, male
gré la nuit.
De leur côté, MM.
le comle de La Baume-Plu-
vinel et Charles-Ed. Guillaume ont fait des ex-
périences de télégraphie sans fil avec le détec-
teur 6 olytique du capilaine Férié ; ils pu-
rent ainsi saisir au passage les communications
entre la Tour Eiffel et Casablanca.
La Commission se déclare ensuile en vacances
jusqu'à la fin d'octobre.
l’Aérophile
Une théorie mathématique
de l'Aéroplane
Rarement la théorie mathématique de l’aé-
roplane a été poussée aussi loin, avec autant
de conscience que dans la brochure dite : « Les
calculs », publiée par le capitaine K. Ferber,
chez Berger et Levrault. Comme l'édition ve
être bientôt épuisée, nous croyons être utiles à
nos lecteurs, en en donnant un aperçu.
Cela nous est d'autant plus facile que le ca-
pitaine avec une réserve extraordinaire pour
un polytechnicien, a tenu à écrire les résul-
tats en « français » et a plaidé les circons-
tances atténuantes pour n'avoir usé des x et
des y qu'après sept ans de pratique.
Tout d’abord au moyen de la « composition
des surfaces », il ramène un aéroplane aussi
compliqué qu'il soit, à 3 surfaces seulement
la surface portante, la surface nuisible per-
pendiculaire à la marche, qui re-
présente la résistance du corps, des
haubans, de l'aviateur, du frotte- x
ment, etc., et enfin la surface quille
s'élève dans le plan de symétrie et
provenant soit d’une véritable
quille, soit de la forme du corps,
soit du V donné aux ailes.
Ces 3 surfaces, le poids, la répar-
tition des poids, et l'effort du pro-
pulseur forment les caractéristi-
ques d’un aéroplane donné qui
déterminent sa marche. La réparti-
tion des poids a par exemple une
importance primordiale au point
que s'ils sont déplacés on peut avoir
une marche toute différente défi-
nissant un autre aéroplane; aussi,
à bord d’un tel engin est-il défendu
de se déplacer sans la permission du capitaine.
(Il en est d’ailleurs de même à bord d’un sous-
marin.)
Puis il pose les questions les plus générales
du mouvement dans l’espace. Un tel mouve-
ment peut engendrer comme l’on sait, non seu-
lement la translation nécessaire; mais aussi
3 rotations autour de 3 axes rectangulaires
principaux, passant par le centre de gravité
du corps en mouvement.
I] faut amortir ces rotations car elles sont
en général nuisibles.
Notons pour mémoire, que dans l’espace, les
mouvements se superposent et que par exem-
ple une rotation commencée subsiste jusqu’à
ce qu’elle soit amortie. Sur terre le frottement
du sol nous masque ce phénomène qui surprend
tous les débutants, encore que l’automobile
nous ait enseigné le dérapage. En un mot, dans
l'air, le dérapage est la règle et non l’excep-
tion. Il doit en être de même dans un sons-
303
marin et souvent les mêmes résultats s’appli-
quent aux deux engins.
Les équations du mouvement ne s’intègrent
pas même dans les cas les plus simples; mais
elles peuvent servir, quand on connaît une tra-
jectoire, à déterminer les caractéristiques de
l’aéroplane, de manière que s’il est accidentel-
lement écarté de cette trajectoire, il ait une
tendance à y revenir, après une série d’oscilla-
tions amorties. Deux savants anglais, les pro-
fesseurs G.-H. Bryan et W.-E. Williams ont
déjà appliqué cette méthode en 1903, dans le
cas où l’aéroplane ne sort pas du plan de symé-
trie (1).
Pour l'appliquer, il faut connaître une tra-
jectoire. La ligne droite simplifierait beaucoup
les choses; mais y a-t-il des trajectoires en
ligne droite? Quand il y a un moteur suffisant
cela paraît évident; mais quand il y a panne
et arrêt du propulseur? Le capitaine a cher-
ché, pour le savoir, à matérialiser la trajec-
toire — il a essayé d’abord de faire des dessins
perspectifs à travers une toile métallique —
A
|
La partie floue représente la trajectoire de l’aéroplane pendant
une ressource.
ensuite il a utilisé le cinématographe, mais
ça n’était pas clair. Enfin il a simplement pris
des photographies, l’obturateur restant ouvert,
et a constaté que très souvent on obtient des
lignes droites, même quand on ne se sert pas
de moteur. Un aéroplane bien construit,
semble toujours avoir une trajectoire limite
qui est une ligne droite et qui est suivie après
quelques ondulations, quel que soit le aepart.
Nous reproduisons quelques-unes de ces tra-
jectoires à défaut du film cinématographique,
qu'on trouvera reproduit en partie dans Ja
brochure originale. Comme l'aéroplane sort du
champ très limité du cinématographe, on voit
s’avancer majestueusement un aéroplane, puis
un deuxième, un troisième, etc., et l’on s’ima-
gine voir passer l’escadrille que le capitaine
(1) Longiludinal slabilily of aerial gliders. Pro-
cecdings of the Royal Sociely, vol. 73.
:
304
a hâte de commander, marchant « au plus près
de l'horizontale et en ligne de file ».
Quoi qu'il en soit, les équations, dans le cas
ou la trajectoire est rectiligne, conduisent à
énoncer
Conséquence I. — Quand un aéroplane sans
moteur, décrit une ligne droite, l'angle d'at-
taque reste constant, on ne peut le modifier,
qu'en touchant à la répartition des poids, ou
à un gouvernail de profondeur (qui déplace lu
surface nuisible fictive).
La même conséquence qui est précieuse s'ap-
plique à l’aéroplane à moteur, ou dont le mo-
teur est en panne, lorsqu'on a soin de faire
La partie floue représente la trajectoire de l’aéroplane :
absolumeat une ligae droite.
passer la poussée par le centre de gravité.
Quant au centre de gravité, sa position avcer-
mine l'angle d'attaque que prend l’aéroplane.
Naturellement il y a un angle meilleur que les
autres.
Les équations mettent en évidence, que la
pente de la trajectoire, dépend de la surface
nuisible ou résistante :
Conséquence 11. — La pente de la trajec-
toire varie dans le même sens que le rapport de
la surface nuisible à la surface portante (1).
Conséquence III. — Le meilleur angle d’'at-
taque est la moitié de l'angle de la pente aui
donne le meilleur trajet.
Conséquence IV. — Le meilleur angle d'at-
taque est éqal à la racine carrée du rapport de
la surface nuisible à la surface portante.
Cela donne une méthode très élégante pour
obtenir les coefficients nécessaires, car on n’a
qu'à faire planer son aéroplane le moteur ar-
rêté, répartir les poids jusqu'à ce que le
maximum de portée soit obtenu, mesurer la
pente, chronométrer la vitesse uniforme ob-
tenue, et au moyen des conséquences précé-
1) Donc, les aéroplanes très rapides qui auront
peu de surface portante el, relativement, un gros
maître couple, descendront, moteur éleint, une
pente assez rapide.
1 Août 1908
dentes, calculer la surface nuisible. Quand on
a la vitesse, les équations donnent immédiate-
ment le coefficient de la résistance de l'air qui
a été si controversé. Voilà matière à une nou-
velle controverse, car l’aéroplane Kerber, n° 5
qui descend à une pente maxima de 13°, avec
7 m. 50 de vitesse par seconde (135 kg et 50 m°),
nous fait obtenir 0,7 pour le coefficient de la
résistance de l'air, c’est-à-dire 8 à 10 fois plus
que ce que les Renard, Canovetti, etc., ont
trouvé, et voilà peut-être pourquoi les oiserux
volent !
Cela tient peut-être aussi à la courbure des
surfaces
Conséquence V. — La résultante
fournie par une courbe ayant 1/15
de flèche maxima, cette flèche étant
de 1/3 avant de lu largeur, est in-
clinée sur la perpendiculaire à la
corde de lu cowbe de 1°15 sur
l'avant.
Lilienthal avait déjà trouvé ce
résultat; mais plus favorable
encore.
Conséquence VI. — Dans un
aéroplane à moteur, l'angle d'atta-
que qui convient pour que la pous-
sée soit minima, est le même que
celui qui donne la pente minima
quand le moteur est arrété.
Jusqu'à présent, les divers au-
teurs cherchaient surtout l'angle
d'attaque qui donne la sustentation avec le
minimum de travail; c'est un angle 3 fois plus
grand que le précédent, par conséquent, il
donne un solution plus lente et, aujourd'hui
que la légèreté des moteurs est acquise, il ne
faut s'inquiéter que d'aller aussi vite que pos-
sible, et cela oblige, avec un moteur donné
(T=FV) d'avoir une poussée minima.
elle es
Conséquence VII. — Pour utiliser le mieux
possible l'effort dont on dispose, on doit l’in-
cliner au-dessus du plan alaire d'un angle pré-
cisément égal à l'angle d'attaque.
Toutefois on gagne peu de cette manière et
l'hélice travaille mal. Enfin, il faut remarquer
que la poussée du moteur doit être appliquée
au centre de gravité afin qu'il ne naïsse pas
de rotation nuisible, s’il se produit un arrêt
du moteur ; d’un autre côté, le centre de résis-
tance à l’avancement, doit aussi se trouver au
centre de gravité.
Conséquence VIII. — La poussée minima
que doit donner le propulseur, pour mainte-
mir l'aéroplane est égale au poids total multi-
plié par la pente minima que suit l'aéroplane
quand le moteur est arrété.
Cette conséquence est de la plus haute im-
portance puisqu'elle permet de acverminer à
priori la poussée nécessaire.
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l’Aérophile
Conséquence IN. — La vitesse d'un acro-
plane aux environs de l'horizontale est à peu
près constante et égale à la vitesse de régime
de l’aéroplane sans moteur.
Cette conséquence très curieuse avait été
cignalée par Renard et Pénaud.
Conséquence N. — Pour doubler la vitesse
d'un aéroplane donné, il faut multiplier par s
la puissance du moteur.
Cette conséquence est semblable à celle que
l’on trouve pour les bateaux. Elle finira par
limiter la vitesse des aéroplanes et les forcera
à grossir prodigieusement.
Plusieurs aviateurs l’ont critiquée en fai-
sant remarquer que la puissance augmentait
moins vite si l’on diminuait l'angle d’attaque
ou la surface. Mais il faut observer que chaque
aéroplane aura un angle d'attaque limite, qui
mesurera son degré de finesse. L’aviateur s’éta-
blira toujours sur cet angle limite car il y aura
intérêt. De même que le pilote d’un bateau
à voile gouverne toujours au plus près du vent,
de même l’aviateur gouvernera toujours au
plus près de son vent relatif. Quant a la sur-
face, elle ne saurait non plus être diminuée
indéfiniment et les limites une fois atteintes, la
conséquence agira de toute sa fâcheuse impor-
tance.
Nous arrivons aux questions de stabilité et
nous trouvons
Conséquence XI. — Un aéroplane sans quille
n'a aucune stabilité latérale. (Rappelons que
le V des aïles contribue pour une part à for-
mer la surface quille).
Conséquence XII. — Un aéroplane symé-
trique lancé bien droit, suivant son axe, sans
aucune rotation, dans un miieu parfaitement
calme, ne s’écartera pas de son plan de symé-
trie. La moindre rotation initiale, le moindre
trouble en cours de route, l’engageront sur une
hélice dont les périmètres dépendront des ca-
ractéristiques de l’aéroplane.
Conséquence XIII. — Un aéroplane construit
en observant certaines relations entre les ca-
ractéristiques, lancé d’une façon quelconque.
commencera par suivre un arc d'hétice, mais
se redressera bientôt pour ne plus quitter
son plan de symétrie jusqu'à ce qu'une cause
extérieure se fasse sentir. S'il n’y a pas d’obs-
tacle, la cause extérieure ne peut être que le
vent et au bout de peu de temps l’aéroplane
rentrera dans le vent relatif, ce qui est la
condition primordiale mise en lumière par
M. Bazin pour faire du vol à voile.
Conséquence XIV. — La surface quille Zoit
être toujours en arrière du centre de gravité
et plus haute ou plus basse que lui, suivant
qu'une certaine relation entre les moments
d'inertie se trouve satisfaite. (Nous renvoyons
le lecteur à l’ouvrage original.
305
Conséquence XV. — L'n aéroplane est lingi-
tudinalement stable lorsque son poids est plus
grand que celui d’un parallélipipède rectangle,
ayant pour base le carré construit sur le rayon
de gyration, pour hauteur l’enverqure et envi-
ron vingt-neuf fois plus lourd que le milieu
ambiant.
Cette conséquence curieuse n’est pas défini-
tive, car il y a dans l’analyse quelques termes
dus aux rotations qui ont été né2ligés et il y
rentre des coefficients comme celui de la résis-
tance de l'air qui ne sont pas définitifs; néan-
moins la forme générale restera.
Conséquence XVI. = /1 faut ériler de con-
centrer dans un aéroplane tous les poids en
un même point.
Cette conséquence a été signalée d’abord oar
le lieutenant de vaisseau Lapointe qui signe
& Pigeon vole »; elle conduit à augmenter le
moment d'inertie et par conséquent rend L’os-
cillation lente. L’aviateur a le temps de « voir
venir », mais il ne faut pas exagérer, parce
qu’une oscillation trop lente a souvent pour
corollaire une amplitude croissante dange-
reuse.
Conséquence XVII. — Quand un aéroplane
est stable, il existe deux points critiques, l’un
près du bord avant de l'aile, l'autre près et
en avant du centre de figure, entre lesquels
doit tomber la projection du centre de gravité
sur le plan de l'aile.
Cette condition ressemble à celle du polygone
de sustentation, y aurait-il une loi générale ?
Couséquence XVIIT. —— Quand les 2 points
se confondent ou que la proïection du centre
de gravité passe par l’un d'eux, l’aéroplane
subit un tangage périodique.
Quand l’aéroplane fait usage de son moteur
le point critique d'avant est seul à considérer.
Conséquence XIX. -_ Contrairement à une
opinion courante, il est inutile de s’astreindre
à mettre le centre de gravité très bas, car celu
n'est pas une condition de stabilité. On a au
contraire intérêt à le rapprocher des ailes pour
augmenter la sensibilité.
Conséquence XX. — Un aéroplan. stable
dont le moteur est arrêté parcourt une droite
descendante avec une vitesse uniforme. Si sa
vitesse vient de diminuer, il fait une abatée
pour la retrouver ct s'établir sur une droite
parallèle à la première, mais située plus
bas qu'elle. Si au contraire sa vitesse vient
à augmenter, à se cabre pour la diminuer et
et s'établir sur une droite parallèle à la pre-
mière, mais située plus haut qu'elle.
Le type des trajectoires résultant de ces con-
séquences a déjà été publié dans l’Aérophile
(1905, page 67).
306
L'aviateur peut, en agissant sur le gouver-
nail de profondeur, s'établir sur une droite
plus élevée; mais il faut apporter une grande
attention à ne pas brusquer trop le gouvernail,
car il en résulterait, avec une trop grande
augmentation d'angle d'attaque, une diminu-
tion de la vitesse qui peut, au contraire, pro-
voquer une abatée foudroyante. Le plus grand
malheur qui puisse arriver à un aviateur, c’est
de perdre sa vitesse.
En résumé, un aéroplane sous lequel Pair
S’écoule librement, qui a de l’empattement,
dont le centre de gravité se confond avec le
point d'application du propulseur et le centre
de résistance à l'avancement, enfin qui possède
les trois V est stable automatiquement, sauf
dans les moments où il à perdu sa vitesse ; en-
core se dépêche-t-il de la reprendre dès qu’il le
peut. Que veut-on de plus? Et pourquoi s’em-
barrasser de gouvernails automatiques, de 2y-
roscopes soi-disant stabilisateurs ? La masse des
sens ne sait pas encore que le passage d'un
aéroplane dans Pair crée dans l’ensemble
de ce fluide une surface de separation
sur laquelle il s'appuie exactement comme
le fait un bateau sur la surface de
séparation de l’eau et de l'air. Pour voir cette
surface de séparation, imaginez l’aéroplane en
mouvement uniforme, considérez comment
V'air s'écoule sous lui, puis solidifiez cet air par
la pensée en appliquant un mode de raisonne-
ment cher aux physiciens. Enlevez alors l’aéro-
plane et regardez. Vous avez cette surface ‘le
séparation ; si elle affecte des formes analogues
à celles que laisse dans l’eau un bateau, c'est-
à-dire si c’est une selle bien symétrique et
profonde, l’aéroplane est stable.
Regardez la carène d’un bateau par-dessous :
elle possède les 3 V qu’il est nécessaire aussi
de donner aux aéroplanes pour la même raï-
son : le V latéral, le V longitudinal et le V
d'une fièche dans le sens de la marche.
Enfin il n’est pas possible de faire la théo-
rie de l'aéroplane, sans faire aussi celle de
l'hélice propulsive ; les conséquences en ont été
présentées à l’Académie le 21 janvier 1907,
d'ailleurs nous y reviendrons. Le cap. Ferber à
simplement généralisé les formules que le co-
lonel Renard avait données pour les hélices au
point fixe. On en tire la solution complète au
problème et une importante conséquence :
Conséquence XXI. — On ne peut pas en ‘e-
méral placer une hélice en prise directe sur le
moteur, car pour donner sa puissance, le mo-
teur doit tourner à un nombre de tours déter-
miné et pour donner le meilleur rendement,
l'hélice doit tourner aussi à un nombre déter-
miné le tours, qui nest pas forcément le même.
Quant au rendement de l’hélice, il dépend
du recul; il ne faut pas que le recul relatif soit
grand. {1 y a un maximum de rendement pour
des reculs compris entre 2 et 3 dixièmes. D'un
autre côté, pour que le recul soit petit, il raut
1°" Août 1908
que le cercle couvert par l’hélice — la surface
d'appui — soit de même ordre que la surface
résistante de l’aéroplane. C’est ce qui fait que
de grandes hélices sont préférables aux petites
malgré les raisons de sentiment invoquées par
beaucoup de personnes. Toutefois, dès qu’il y a
de la force en excès et que le meilleur rende-
ment importe peu, il est possible de résoudre
le problème tout aussi bien avec de petites
hélices tournant vite, qu'avec de grandes tour-
nant lentement. Il est même prétérable
d’adonter la 1° solution, car outre lencom-
brement, les grandes hélices sont cuuciles à
construire et à faire démarrer.
Jn résumé, l'ouvrage du cap. Ferber consti-
tue un tout très iryportant que les aviateurs
auront certainement intérêt à consulter pour
améliorer les constructions futures.
A. De MaASFRAND
L'aéroplane ‘“ Ferber IX”
Il y à tantôt 10 ans, le capitaine Ferber se
faisait le pionnier du vol plané sans moteur,
en reproduisant le premier en France, les ex-
périences de Lilienthal. Il attendait ainsi
l'heure où la création du moteur léger vien-
drait rendre possible l'aviation automobile et
(Photo Rol).
L'aéroplane ‘* Ferber VII ”.
dès 1905, il avait achevé à Chalais-Meudon
un aéroplane à moteur que nous avons pu
voir. Mais il n'eut pas le temps de lexpéri-
menter : la malheureuse machine expulsée de
son garage pour faire place au dirigeable Le-
baudy, acheva de se détériorer lamentable-
ment sous les intempéries.
Or, le savant aviateur se réservait de mon-
trer, dès que cela lui serait possible, à quel
point il en était en 1905, alors que la pre-
mière envolée d'un aéroplane nous semblait
encore un rêve lointain. C’est dans ce but qu'il
mettait en chantier, il y a quelque temps, un
aéroplane absolument semblable à celui de
Chalais, le Ferber IX qui vient de changer de
dénomination et s'appellera désormais, lAn-
toincette III. Les premiers essais, fort inté-
l’Aérophile
ressants, démontrent ce aue l'on pouvait fai
il y a 3 ans déjà.
L'Antoinette IIT est un biplan à armature
en bambou ligaturé, dans lequel les deux sur:
faces, vues en projection horizontale, affec-
tent la forme d’un segment de couronne et
dont les bords antérieurs et postérieurs dé-
crivent, par suite, un arc de cercle ouvert vers
l'arrière de l'appareil. Le capitaine Ferber es-
time cette forme nouvelle, plus propre à assu-
rer la stabilité de route. Les surfaces sont
tendues de toile sur des nervures de bois, mais
toute la membrure de la cellule biplane est
constituée par des tiges de bambou assemblées
souplement par ligatures; un dispositif spé-
cial permet un gauchissement et une torsion
des ailes, analogues à ce qui a lieu dans le type
Wright.
En avant de l'appareil, se trouve un gou-
vernail de profondeur ; en arrière, une surface
horizontale de stabilisation surmontée d’une
quille fixe verticale.
Aux extrémités latérales de la surface infé-
rieure, sont fixées des surfaces annexes, pe-
tits focs triangulaires mobiles, servant de gou-
vernail de direction.
Au niveau de la surface inférieure et lui
donnant insertion, se trouve le corps de l'ap-
pareil, dans lequel se place l’aviateur, ayant
devant lui le moteur, un Antoinette 50 chevaux
8 cylindres, actionnant une hélice Antoinette
de 2 m. 20 de diamètre et 1 m. 10 de pas,
tournant en avant des surfaces portantes et
du moteur.
Tout l'appareil est supporté par 2 roues gar-
nies de pneus, placées en tandem sous le corps.
Pour le départ et l'atterrissage, l’aéroplane
roule sur ces deux roues jusqu’à l’essor ou jus-
qu'à l'arrêt, tandis que des patins-béquilles
placés sous la surface inférieure, permettent à
l’aéroplane de partir où de reposer incliné sur
une aile et préservent ces plans de tout con-
tact fâcheux contre le sol à l’envol et à la des-
cente.
Le poids total est de 400 kgr .; la surface
de 40 m°; l’envergure de 10 m. 50 et l’aéro-
plane s’allège vers 40 kilomètres de vitesse à
l'heure.,
Les premiers essais montrent qu'il est sta-
bilisé du premier coup, ce qui n’est pas éton-
nant, puisque ce fait avait été déjà reconnu
sur le premier spécimen de ce modèle.
Ce qu'il y à de plus curieux, c’est qu'il est
presque immédiatement en équilibre sur ses
deux roues porteuses en tandem.
P. ANcEezrE
Les essais préliminaires de l’aéroplane Fer-
ber IX ont commencé le 14 juillet, à l'aube.
Dès le 22 juillet, le capitaine Ferber réussissait
des vols de 10, 30, 50 mètres. Dans un dernier
essai, il avait déjà fourni 120 mètres de vol
lorsqu'il voulut diminuer sa hauteur. IL manœu-
vra son gouvernail de profondeur ; l'engin obéit
307
à merveille. Quand il fut près de terre, l'aviateur
voulut actionner le gouvernail en sens inverse
pour se redresser un peu et arriver tangentielle-
ment au sol. Mais les commandes du gouvernail
fonctionnèrent mal. Dans un atterrissage assez
brutal l’hélice et le châssis furent endommagés.
Les réparations étaient déjà exécutées lorsque
la reprise des expériences se trouva empêchée
par la mise en interdit du champ de manœuvres
d'Issy-les-Moulineaux. — P. A.
L'AÉROPLANE DES FRÈRES ZENS
MM. Ernest et Paul Zens ont entièrement
terminé l’aéroplane dont ils avaient entre-
pris la construction en 1907. L'appareil défi-
nitif diffère sensiblement du projet originel
dont nous avions publié dans l’Aérophile
d'avril 1907 les caractéristiques et les croquis
schématiques.
Voici la description succincte de la machine
telle qu’elle est aujourd’hui :
La partie sustentatrice proprement dite se
compose de deux surfaces d’inégale grandeur,
(fhoto Ho).
Aéroplane des frères Zens, vu de 3/4 par l'avant.
rigidement fixées, superposées, non parallèles
entre elles. La carcasse des surfaces est cons-
tituée par des nervures en bois évidé et elles
sont reliées par des montants de bois profilé
de section elliptique haubannés par des fils
d'acier raidis au moyen de tendeurs spéciaux,
aussi peu résistants que possible à l’avance-
ment dans l’air.
La surface supérieure a 8 m. d'envergure
1 m. 20 de longueur d'avant en arrière; ses
deux moitiés forment les deux côtés d’un
angle dièdre de 156 degrés, ouvert en haut.
La surface inférieure mesure 8 m. 30 d’enver-
gure, 2 m. 30 de longueur antéro-postérieure,
et ses deux moitiés forment, comme celles
de la surface supérieure, un angle dièdre ou-
vert en haut, mais plus aigu. Les extrémités
latérales de la surface inférieure sont souples
et nettement relevées vers le haut et le bord
postérieur de la même surface est souple lui
aussi. La voilure est en papier du Japon verni
qui pèse, non verni, 125 grammes au m° eb ne
se rompt que sous une traction de 390 kilo-
grammes par mètre linéaire. Les surfaces sont
concaves inférieurement d’arrière en avant et
leur profil est constitué par 3 courbes diffé.
308
rentes raccordées. L'angle d'attaque est de 90.
La surface totale des ailes et de la queue
28 m:..
En arrière et beaucoup plus éloignée que
dans le projet primitif, se trouve une surface
stabilisatrice rectangulaire de 5 m. d’enver-
gure, 1 m. de longueur antéro-postérieure, soit
5 m° de superficie également formée d'une
voilure de papier verni, tendue sur une cer-
casse en bois.
A l'avant de l'appareil et placé au sommet
d'un corps pyramidal à 4 faces tendues de
papier du Japon, se trouve un plan servant
de gouvernail orientable en tous sens et utilisé
à la fois pour la direction dans la verticale
et sur l'horizontale. Envergure : 2 m. 10; lon-
gueur antéro-postérieure : 0 m. 90; surface :
1 im° 89. Les divers mouvements de ce gou-
vernail sont commandés au moyen d'un volant
unique.
Le pilote est placé entre les deux surfaces
portantes. Il a derrière lui le moteur, un An-
toinette 50 chevaux, 8 cylindres, carburateur
Fiat. Le moteur est refroidi au moyen d’un
radiateur spécial formé d’une série de tubes
de cuivre de 2 dixièmes de millimètre d’épais-
seur disposés symétriquement, par groupes, de
part et d'autre du corps pyramidal d'avant,
les tubes de cuivre se trouvant raccordés par
des tubes de caoutchouc; la provision d’eau
est de 24 litres. Pour le moment, le réservoir
d'essence contient 6 litres. Le moteur com-
mande en prise directe une hélice « Antoi-
nette » à bras d'acier, pales d'aluminium de
2 mètres de diamètre et dont le pas modi-
fiable avant expérience, sera définitivement
fixé d'après les indications des premiers essais.
L'hélice tourne en arrière des surfaces por-
tantes et du moteur, dans une échancrure du
bord arrière de la surface inférieure.
L'ensemble de l'appareil repose sur un
train de roues porteuses comportant : à
l'avant, 2 roues garnies de pneumatiques mon-
tées sur un dispositif amortisseur à ressorts
d'acier plats et câbles de caoutchouc Sandow ; à
l'arrière, sous le plan stabilisateur, deux autres
roues porteuses plus petites.
L'encombrement de l'appareil est de 8 m. 30
de largeur sur 8 m. 40 de longueur entre ver-
ticales ; il pèse monté 320 kgr. environ. Les
bois employés sont le sapin d'Amérique et le
frêne; les diverses pièces sont raccordées par
des cornières en fonte d'aluminium sans vis ni
mortaises.
L'aéroplane Zens a été construit par ses
deux inventeurs avec un soin et un fini d’exé-
cution tout à fait remarquables. Plusieurs dis-
positifs de détails fort bien étudiés décèlent
une rare ingéniosité et un sentiment très
exact des nécessités de la pratique. Dans
1°" Août 1908
l'ensemble de l'appareil, les frères Zens se
sont efforcés, avec succès, de réduire au mi-
nimum, la résistance à la pénétration.
Le hangar d’'abri où les frères Zens out
construit leur appareil est situé à Gonesse, au
milieu d'une vaste plaine très propice aux
premiers essais; mais les expériences ne com-
menceront qu'après l'enlèvement des récoltes,
incessamment d’ailleurs. — A. NiCOLLEAU
rs
LES EXPÉRIENCES DE M. BLÉRIOT
Le 17 juillet, Louis Blériot reprenait à Issy-
les-Moulineaux, les essais de son aéroplane
n° VIII (Voir Aérophile du 15 juillet 1908).
Entre 6 et 8 heures du soir, maliré un terrain
détrempé, il prenait son essor à plusieurs re-
prises, et exécutait, en dépit d'un vent assez
frais, des vols de 32 et 37 secondes. Le dernier
se termina par une descente assez dure dans
laquelle l’hélice fut légèrement endommagée
au contact du sol.
A la suite de modifications apportées aux
plans de la queue, l'arrière de l'appareil s'éle-
vait trop facilement et la machine avait ten-
dance à piquer du nez.
Le 21 juillet, nouveaux essais.
Le 23 juillet, après quelques essais dans la
matinée, Louis Blériot changeait son hélice
qui ne lui donnait pas satisfaction. Vers midi
et demi, il reprenait son vol, mais parvenu à
l'extrémité du terrain d’Issy-les-Moulineaux,
l'appareil, pris par un remous, parut plonger,
la queue à 45° de l'horizontale; en même
temps, il donnait de la bande à tribord. Comme
il n’était guère à plus de 4 mètres au-dessus
du sol, il ne put être redressé; l'aile droite
venait râcler le sol et l’aéroplane chavira pour
s'affaisser à terre. L’aile gauche se brisa mais
M. Louis Blériot demeura sain et sauf.
Le Blériot VIII ne sera peut-être pas remis
en état.
Mais on sait déjà que le Blériot IX, en-
tièrement terminé est prêt à commencer sa
campagne. Voici ses principales caractéristi-
ques :
Corps d'assemblage de 10 mètres de long, de
section quadrangulaire à l'avant et triangu-
laire à l'arrière. Monoplan à ailes mobiles à
leurs extrémités, remplaçant par cette mobi-
lité, les ailerons. du Blériot VIII, supprimés.
Moteur Antoinette, 65 chevaux, 16 cylindres
actionnant une hélice tractive à 4 branches,
flexibles de 2 m. 10 de diamètre et 1 m. 30 de
pas. Radiateur spécial consistant en une
feuille de zinc tendue sur le corps supportant
une infinité de réservoirs minuscules et ne
pesant que 2 kilog. par m° de surface de
refroidissement, soit, au total, 20 à 25 kilog.,
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16° Année. — N°16 15 Août 1908
La Première Femme-AViateur
Me TuÉRÈsE PELTIER
Née d’une vieille famille orléanaise, Mme Thérèse Peltier manifeslait de bonne heure de rares aplitudes artistiques. La
musique, la littérature, le dessin l’attiraient. La sculpture devait la fixer.
Les femmes sculpteurs deviennent de plus en plus nombreuses à notre époque. On pourrait s'étonner de les voir briller
AE cet art sévère et viril,si l'on ne constalait en même temps. chez elles, une évolution vers l'énergie, évolution déterminée, par
nos goûts nouveaux de vie en plein air et de sports. La grâce féminine n'y perd rien d'ailleurs et les œuvres de Mme Thérèse
Pellier sont l'image fidèle de ce tempérament nouveau de nos compagnes . ‘
Elles unissent à la vigueur, l'élégance et l'harmonie et lui ont assuré une place distinguée parmi les statuaires contem-
porains Depuis son premier envoi en 1900 au Salon des Arlistes Francais, où elle obtenait, deux ans après, une menlion
honorable, l'artiste a affirmé la maturité d'un beau talent en pleine possession de lui-même par des figures el des bustes que
l'on est heureux de retrouver dans nos Exposilions annuelle .
Sou envoi à la dernière Exposition des femmes peintres et sculpteurs lui mérila le Grand Prix, c'est-à-dire la consécration
Ja plus enviable qu'elle pût souhaiter, celle de ses rairs.
Les instants qu'elle dérobe à son art préféré, elle les consacre avec succès à la musique ou à Ja littérature.
Elle se délasse dans le sport : la grâce du palioage. l’audace des courses à cheval, et même les joies un peu cruelles de
chasse, la retiennent successivement, mais le plus moderne des sports : l'aviation, devait faire {orl aux autres. Elle suivit
avec passion, dès l'origine, les expériences de Santos-Dumont, de Delagrage, de Farman, de Blériot. Chaque jour, l'obsédait
davantage le rève de voler à son tour, ù
Le mois dernier, à Turin, sous la conduite de Léon Delagrange, elle franchissait 200 mètres d'un vol. C'était le 8 juille(,
AR enprable où la première femme-avialeur apportait au sport nouveau l'appui précieux de son audace heureuse el
riante.
Celte satisfaction ne lui suffit plus ; elle aspire déjà à diriger seule le vol puissant et rapide d'un oiseau artificiel. Comme
Ja gracieuse el vaillante artiste n'en est plus à derner ses preuves de sang-froid et d'adresse, attendons à la voir quelque jour
diriger dans l'espace le premier aéroplane conduit par une main féminine, el acheyer ainsi la honte de nos hésitations
pollronnes,
A. Crénv
310
Le Gyroplane Breguet-Richet n° 4
RP DES
Le gyroplane Breguet-Richetl II. — En haut, le gyro-
plane à l'essor, vu de 3/4 par l'arrière, dans l'expé-
rience dun 22 juillet. — En bas, le gyroplane, au
moment de la mise en marche, vue de face, monté
par l'ingénieur Volumard.
1° Données principales. Le eyro-
plane Bréguet-Richet N° II (Voir Aérophile de
septembre 1207), comporte deux systèmes gi-
ratoires d’ailes planantes combinés avec des
surfaces fixes.
Les ailes planantes mobiles, sont à la fois
sustentatrices et propulsives.
Le développement de ailes fixes a été rendu
aussi important que possible, afin de donner
à l'appareil le maximum de sécurité.
En cas de panne ou d'arrêt du moteur, le
gyroplane devient un aéroplane libre et en
planant, sa vitesse de régime est de 17 mètres
à la seconde environ, avec une pente de des-
cente de 15 à 20 %.
Dans ces conditions, la composante verticale
de la vitesse de régime est au maximum de
3 m. 50 à la seconde et par suite facilement
amortissable, si l'appareil reste équilibré avant
l'atterrissage.
La surface totale des ailes fxes qui concou-
rent à la sustentation est de 50 mq.
La surface totale des ailes tournantes est de
11 mg.
La surface projetée du corps de l'appareil
est de 11 mg.
Il en résulte que la surface qui formera pa-
rachute, dans le cas hypothétique d'une des-
cente verticale sera de 72 mq.
Le poids de l'appareil en ordre de marche,
avec des approvisionnements pour une heure
et monté par un homme, est voisin de 600 kgr.
Les systèmes giratoires planeurs donnent
au point fixe une poussée suivant leur axe de
480 kgs environ, pour une puissance absorbée
de 37 à 38 chevaux.
Au début de l'essor, la composante verticale
portante est de 4535 kgr, environ et la com-
15 Août 1908
posante horizontale tractive est de 145 kgr.
La vitesse minimum nécessaire à l'essor est
d'environ 7 mètres à la seconde, soit 25 kilo-
mètres à l'heure — c'est cette vitesse qui est
la vitesse minimum de vol.
En plein vol, la vitesse maximum, appro-
chera de 20 mètres à la seconde, soit 72 kilo-
mètres à l'heure.
La vitesse normale de régime est de 15 à
16 mètres à la seconde. Les ailes tournantes
donnent alors, seulement environ 65 kgr. de
force tractive et 250 kgr. de force portante.
Les surfaces fixes donnent, dans ces condi-
tions, une poussée verticale de 350 kgr.
Le gyroplane, au moment des essors, est pres-
que un hélicoptère pur. En plein vol, au con-
traire, il est beaucoup plus un aéroplane qu’un
hélicoptère et fonctionne alors d’une façon
beaucoup plus économique. En effet, pour la
vitesse de 15 mètres à ia seconde, la puissance
demandée au moteur sera, d’après les prévi-
sions, seulement de 25 chevaux.
Le moteur est un Antoinette de 40 chevaux,
monté avec carburateur, radiateur, pompe de
circulation et volant de mise en route du mo-
Croquis schématiques du gyroplane Brequet-Richet II;
d'après le Bulletin Technologique. (De très légères
modifications de forme avaient été apportées à ces
croquis dans l'exécution définitive, notamment en
ce qui touche l’envergure des surfaces A). — En
haut, vue de front: SS, surfaces fixes principales ;
AA, ailerons gauchissables ; HH, ailes planantes
giratoires. — Au milieu, vue en plan:ss, surfaces
fixes supérieures; HH, ailes planantes giratoires ;
NN, nacelle; P, pilote; G, gouvernail vertical; G,
vouvernail horizontal. — En bas. élévation latérale,
SS, surfaces fixes supérieures ; AA, ailerons gauchis-
sables; HI, ailes planantes giratoires ; G, gouver-
nail vertical ; G', gouvernail horizontal.
lJ’Aérophile
teur (c'est l'aviateur lui-même, de son siège,
qui met le moteur en route).
Le moteur commande les deux systèmes gi-
. ratoires au moyen de deux embrayages à pla-
teaux et l'entraînement se fait par couronnes
dentées, orâce à une disposition brevetée assu-
rant un envrênement toujours parfait.
Le diamètre des cercles balayés par les ailes
tournantes est de 7,85 mètres. La vitesse de
rotation au point fixe est de 1,8 tours par se-
conde, ce qui correspond, pour le moteur, à
une vitesse de 1.080 tours par minute et à
une puissance développée de 37 à 38 HP.
En vitesse normale de l'appareil, le moteur
tourne entre 1.250 et 1.350 tours par minute.
2° Description sommaire. — Le
corps, entièrement en tubes d'acier, est fusi-
forme et s'étale à l’arrière pour former un
empennage fixe qui porte la queue, dont la sur-
face, lors des prochains essais, sera de 10 m°.
Vers le milieu du corps, sont implantés, de
part et d'autre, deux bras en acier qui portent
les axes des gyroplanes, les grandes ailes supé-
rieures et les ailerons inférieur.
A l’avant, sera placé un équilibreur de 5 m°
de surface. Les ailerons latéraux dont la sur-
face est de 11 m° sont gauchissables et com-
mandés par le pilote, au moyen de ses pieds.
Les surfaces fixes et les surfaces tournantes
sont souples et construites d’après une dispo-
sition brevetée ; elles sont recouvertes, en par-
tie, par de la tôle mince d'aluminium et en
partie, par un papier spécial, absolument im-
perméable à l'eau et par conséquent non hygro-
mètrique.
A l'arrière est placé un gouvernail de direc-
tion de forte dimension qui joue en même
temps, le rôle d'empennage vertical.
Tout l'appareil est monté sur deux fortes
roues reliées à une suspension amortissante
brevetée. Cette suspension est formée de deux
corps de pompe pleins d'huile, dans lesquels
plongent des pistons spéciaux, reliés au bâti
de l’appareil. Ces pistons sont munis de res-
sorts qui, tout en donnant à l'amortissement
la souplesse voulue, permettent le réglage au-
tomatique des orifices d'écoulement de l'huile
à travers le piston.
La course verticale des pistons dans les corps
de pompe est de 1 mètre, et il est possible, sans
danger pour l'appareil, d’atterrir avec des vi-
tesses verticales de chute qui peuvent aller
jusqu’à 7 mètres à la seconde. Le poids total
de cette suspension à amortissement liquide est
de 40 kilogr. environ, y compris les deux
roues comptées pour 18 kilogr.
L’arrière de l'appareil repose sur une forte
roulette, et l'avant est protégé par une roue
qui au moment du départ vient porter sur le
sol.
Essais. - Les premiers essais ont montré
le parfait fonctionnement des ailes tournantes
311
souples, non seulement au point fixe, mais
pour des vitesses d'avancement de 12 à 13 mè-
tres à la seconde. Ces ailes ont joué leur double
rôle de sustentateur et de propulseur, sans
donner aucun mécompte.
Dans les premiers essais directs, l'essor à été
obtenu pour des parcours qui ont varié entre
14 et 20 mètres, suivant l'habileté des manœu-
vres du pilote. -
Ces esais ont montré que des modificatiens
devaient être apportées à l'empennage arrière ;
l'appareil, en effet, à toujours montré une
tendance à se cabrer et aucun vol prolongé n’a
pu être fait pour cette raison.
Les essais ont eu lieu notamment le 22 AE
let, dans un champ de betteraves dont la cul-
ture est actuellement très avancée et, malgré
ce terrain tout à fait défavorable, les essors
se sont effectués avec la plus grande facilité,
après des parcours de lancement de longueur
insignifiante et avec un excédent important de
force ascensionnelle. Louis BREGUET
x
# *
CCE expériences du 22 juillet 1908. — [°c
? juillet, ont eu lieu à Douai les premiers essais
gyroplane Bréquet-Richet II qui diffère du
Bréguet-Richet I {V. Aérophile de septembre 1907)
par l'adjonction de surfaces planantes tixes
comme on vient de ie voir.
Malgré l'état presque impraticable du terrain,
— un champ de betteraves en pleine culture —
dès la seconde tentative, l'appareil, monté par
lhabile ingénieur Volumard, des ateliers Bré
guet s'élevait franchement et très vite à 4 mètres
du sol, après quelques mètres seulement. de lan-
cée au contact de terre. Mais il se cabrait ensuite
d'une façon inquiétante. Le pilote impuissant à
redresser l'engin, coupa l'allumage alors que
l'avant de la machine se trouvait à plus de 10 m.
du sol.
Le Ésopane se reçut par PRTÈTE tombant à
cereiéel par ES inv lc de de
réparations et retouche de certains détails.
Les légères avaries qui ont marqué la tin de
l'expérience semblent peu de chose lorsqu'on
songe aux multiples déboires qui marquérent la
Jongue mise au point des premiers aéroplanes.
Ainsi que nous le faisait remarquer l'Ingénieur
Volumard lors d’un récent passage à Paris, on
peut retenir de ce premier essai quelques consta-
tations intéressantes :
1° Facilité et rapidilé d'essor du gyroplane,
malgré le très mauvais état du terraim de de-
part ;
2° La stabilité transversale, tout au moins,
paraît, dès maintenant, assurée malgre la
crainte que ce type de machine semblait ins-
pirer jusqu'à présent à pas mal de bons esprits.
3° En dépit de la fragilité apparente des ailes
tournantes, on n'a pu constater après la chu
aucun dégât dans leurs divers organes. Seuls, les
dispositifs amortisseurs soumis à des eftorts
anormaux furent endommagés. 1IS peuvent etre
facilement renforcés.
1° Comme l'indique M. Louis Breguet dans la
note précédente, l'appareil pente se soute mr dans
l'atmosphère à toutes
25 kil. et 50 kil. à l'heure. se ‘d'al-
lures constitue un avantage Irts able sur
les appareils au tvpe aéroplane essayés jusqu à
ce jour. PHILOS.
312
TOUJOURS LE GOEFFIGIENT K
De nombreux articles dans l'Aérophile, ont
eu pour but de discuter les valeurs expérimen-
tales de ce fameux coefficient K. Or, je me suis
amusé à réunir quelques pièces du procès et
j'ai constaté que nous ne sommes même pas
d'accord sur la formule théorique qui pour-
rait servir de guide.
Poncelet à établi autrefois, après Newton,
que la pression de l’air sur une surface plane
en mouvement normal répond à la formule
€ Ce,
R=—$ V'; c'est cette valeur de K =— qu a-
ei 27
dopte M. Tatin. M. Macaluso (Aérophile,
15 mars 1908), aboutit à l'expression
NON $ a
Re. "1S V*, enfin si on se reporte à une
T
étude de M. Vallier (levue de Mécanique,
1904-1905), sur la dynamique de l’aéroplane,
d
J
Ainsi donc, il y a une incertitude du qua-
druple entre les valeurs extrêmes théoriques
d > d
de K : — et — ; c'est vraiment bien étrange
2 0 J
et bien embarrassant, et les pauvres aviateurs
qui caleulent des projets de machines volantes
aspireraient à un peu de lumière sur la ques-
tion. Je veux simplement ici, communiquer
quelques réflexions rapides qui me sont venues
à l’esprit en présence de cet imbroglio.
on constate qu'il utilise la valeur K —
Il importe de bien préciser les conditions
dans lesquelles sont obtenues ces diverses for-
mules, car c’est là, je crois, que git le point
délicat.
Newton et Poncelet ont établi la leur en con-
sidérant ce qui se passe sur une seule face de la
paroi en mouvement, en introduisant la force
vive et en admettant qu'une surface $S en effec-
tuant dans l'air un parcours e à la vitesse V
imprimait cette vitesse aux molécules d'air du
cylindre Se, d’où on avait la relation :
1 d
==" Soi VE = Re c'est-à-dire :
207
CRE
R= — $ V:.
20
On voit immédiatement que ce mode de rai-
sonnement ne tient pas compte de la seconde
face de la surface qui existe cependant et de
l'aspiration qui se produit nécessairement der-
rière cette face.
d
— en consi-
20
dérant que la pression exercée par un plan en
mouvement dans un fluide à une vitesse déter-
minée est égale au poids d’une colonne de ce
fluide dont la hauteur correspondrait à la
M. Tatin aboutit aussi à K —
15 Août 1908
hauteur de chute nécessaire pour obtenir cette
: À Ve
vitesse ; or, on sait que cette hauteur h = — ;
29
! CINE
on a donc : R=Shd,R = —— $S V°. Il ne tient
24
toujours pas compte de ce qui se passe sur
l'autre face du plan.
M. Vallier admet que la pression sur une sur-
face plane est représentée par le poids d’une
colonne de fluide qui aurait pour base l'aire
considérée et une hauteur double de la hauteur
due à la vitesse, ceci étant la conclusion d’un
raisonnement dû à Rankine, et il donne alors :
Re 4
(
ce de passe sur une face de la paroi en
mouvement.
M. Marcel Deprez, dans une note récente à
l'Académie des Sciences, en raisonnant sur ce
qui se passe dans un canal déterminé par deux
volets consécutifs dans un cerf-volant à per-
siennes aboutit, pour une surface courbe incli-
nés, à la formule : R =p$S V* (sin a— sin «')
d
0
ce qui ne fait que déguiser sous une nouvelle
appellation ce que l'on savait déjà ; et toujours
il ne tient pas compte de ce qui se passe sur
la face opposée à la direction du mouvement.
M. Macaluso imagine une surface $S qui
glisse comme un piston à l'intérieur d’un
cylindre ouvert aux deux extrémités. Pendant
le mouvement, la surface transmet à la masse
du fluide qu'elle heurte avec la face antérieure
la même vitesse V. En même temps, une même
masse de fluide se déplace avec la même vi-
tesse à la suite de la face postérieure du piston
pour empêcher le vide qui se produirait sans
cela. Ces deux mouvements des deux masses
d'air ne peuvent s'exercer qu'aux dépens de la
force motrice F qui fait équilibre à la résis-
tance R; or, pendant l'unité de temps on aura
F = 2 M V, d'où R = 2 M V et en posant
S V°,en ne considérant toujours que
dans laquelle il désigne par y l'expression
P
MR NP et D MSN Mona:
g
RAM
q
Le raisonnement ci-dessus qui donnerait
pour K une valeur quatre fois plus grande que
celle admise par Newton, semble exact puisqu'il
introduit les phénomènes qui se passent sur
les deux faces de la paroi en mouvement, et
inattaquable, sauf sur ce point particulier du
mouvement dans une enceinte limitée, ce qui
n'est certainement pas le cas dans la pratique.
Si maintenant nous faisons le calcul de K
dans ces trois théories, en prenant comme va-
leurs d = 1 kg. 293, poids du n° d'air et g
— 9,81 accélération de la gravité, nous obte-
nons les trois valeurs : K = 0,065, K = 0,13,
K — 0,264.
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lJ’Aérophile
ont chacun des arguments pour nous prouver
que leur valeur est la bonne. M. Macaluso nous
dira que la valeur de K ainsi déterminée ex-
plique le vol des oiseaux et ce fait que l'air
porte plus que l’on ne pensait. M. Tatin et les
partisans du nombre 0,065 ont pour eux les dé-
terminations expérimentales du colonel Renard
qui trouva 0,085. Les gens qui comme M. Val-
lier, prennert K=0,13 se réfèrent au tableau
de Coulomb et Borda, des nombres duquel on
tire la valeur 0,13545, et à l'expérience du pa-
rachute qui donne effectivement 0,13.
A mon avis, au point de vue expérimental, il
y à lieu de prendre la valeur 0,13 dans les cal-
culs d’aéroplanes et 0,085 dans les calculs d’hé-
lices. Voici les raisons qui me paraissent plau-
sibles; je les ai déjà développées il y a quel-
que temps dans la Revue de Mécanique (1); le
colonel Renard pour trouver 0,085 à dû (mais
malheureusement, je n'en suis pas sûr) em-
ployer la méthode des paiettes tournantes mon-
tées sur moterr électrique.
On peut prévoir immédiatement a priori que
dans ce cas, où l'on a affaire à de petites sur-
faces tournant à grande vitesse, il va se pro-
duire un entraînement de l'air par les
palettes dans un mouvement de giration au-
tour de l'axe, d’où deux conséquences : tout
d’abord, une force centrifuge prend naissance
qui, agissant sur les molécules d'air, tend à les
écarter du centre de giration et par consé-
quent à diminuer la densité au point consi-
déré; et, seconde conséquence, si l'air est
animé d'un meuvement de rotation, de même
sens que celui des palettes, la vitesse relative
des palettes par rapport à l'air est évidem-
ment diminuée, la pression résultante est alors
moindre et tout se passe comme si K avait di-
minué; la diminution de K trahit une dimi-
nution de la vitesse relative: si V est la vi-
tesse apparente, vitesse réelle de rotation des
palettes et V’ la vraie vitesse relative nous
pourrons écrire : 0,085 S V° = 0,13 S V”* ce
qui conduit à l'équation V — 1,2 V’: la
vitesse apparente est done 1, 2 fois trop forte,
la vitesse relative réelle de l'air et des pa-
lettes est de 1/4 plus faible, par suite de l'en-
traînement de giration de l’air autour de l'axe.
Du reste, ce fait de cet entraînement gira-
toire de l'air par les palettes d’une hélice que
je soupçonnais depuis longtemps et qui n’a ja-
mais, je crois, été mis en évidence d'une ma-
nière précise, je l'ai, ces temps-ci, démontré
d’une manière frappante : il suffit, une hélice
étant en mouvement au point fixe, de présen-
ter du côté du courant d’air un moulinet dont
l'axe coïncidera avec celui de l’'hétice et por-
tant des palettes dont le plan est perpendicu-
laire au plan de rotation de l’hélice, pour le
(1) Revue de mécanique. — Pression de l'air sur
une surfaze en mouvement. J. Rodet, 31 janvier
1307.
313
voir se mettre en mouvement rapide de rota-
tion dans le sens même de rotation de l’hélice,
ses palettes étant entraînées par la masse d’air
qui tourne rapidement autour de l'axe.
Toutes ces complications que je signale dans
l'établissement de la formule théorique de la
résistance de l’air sont bien connues de tout le
monde et je n'ai fait que les grouper de facon
à mieux montrer par ce rapprochement le dé-
saccord curieux qui existe. Mais il y a pire : on
n'est même pas d'accord sur la manière d'écrire
les formules et de ce fait résulte nombre de
confusions. Voici ce que je veux dire :
Pour les surfaces inclinées, on fait usage gé-
néralement de la formule Duchemin-Langley et
PER SN
1+sin?«
de petits angles se réduit, en négligeant
sin a devant 1, à : P = 2K S V* sin «, mais
qui pourgæ= 90° (surface normale) donne
PÉ=URKASAVE
Or, certains auteurs, le capitaine Ferber ou
M. Ârmengaud jeune, par exemple, étudiant K
sur des aéroplanes écrivent P = KS V'sin «
et sont tout étonnés de trouver une valeur de
K de presque 0,3 et nous disent : « Vous voyez
bien que l'air porte plus qu'on ne le dit; nous
trouvons un coefficient double de celui admis
d'habitude! »
Ce n’est pas bien étonnant, les uns écrivant
le 2, les autres pas.
Il serait, je crois très utile, qu’il soit mis fn
officiellement une fois pour toutes à cette anar-
chie qui règne sur ce pauvre coefficient K.
Aussi je demanderais en terminant à M. Arch-
deacon, le vaillant président ae la Commission
d'aviation, de vouloir bien s'intéresser à cette
question et de faire procéder à des définitions
exactes à ce sujet en faisant quelque chose
d'analogue à ce qui a été réalisé pour la termi-
nologie. Je voudrais que la Commission d'avia-
tion ou une sous-commission prise dans son
sein, nous définisse une fois pour toutes et sans
ambiguités la formule théorique de la résis-
tance de l’air et la valeur de K. Car il ne s’agit
au fond, que de s'entendre; peu nous importe
en effet, d'écrire K — 0,26 au lieu de 0,13 s’il
est entendu que nous devons le diviser par 2
ou réciproquement, Mais ce qui fait que l’on
discute à perte de vue, c'est qu'on manque
d'entente sur l'écriture même des choses. Je
demande donc la création de la sous-commis-
sion du coefficient K!
on écrit :
ce qui pour
Joserx Roprr.
ès ciences.
Licencié
314
Dynamisme du planement
On discute présentement, beaucoup ce qu'on
pourrait appeler le secret du planement.
Il y a deux dynamismes différents, suivant
les cas, dans le planement ascendant, Les ob-
servateurs ont prétendu que le planeur mon-
tait à des vitesses que l’ascendance du vent ne
pouvait expliquer et les tekhniciens soute-
naient que c'était paradoxal.
J'ai vu des cas d’élévation qui m'ont paru
confirmer les dires des observateurs et dans
mon ouvrage de 1884, j'ai représenté ces cas
par des figures, mais les explications que j’es-
sayai d'en fournir à cette date, n'ont pas de
valeur.
Avec le temps, je perdis ceci de vue et je
me contentai d'exposer les faits de dynamisme
ordinaire, ce qui consiste à dire (fig. 1): le
planeur glisse sur l'air suivant un angle > qui
a un minimum et par une vitesse V’_, il tombe
donc de h. Le vent étant V et ascendant, le
planeur a une vitesse ascensionnelle * et
s'élève donc de À’, alors que le vent monte de
H. Et l'on a:k <H , puisque X = H — À.
Dans ces conditions dynamiques, on à donc
nécessairement S plongeant en avant d'un
angle a et V’ ascendant.
Ce que j'ai fait ressortir dans mon ouvrage
de 1893, — et je crois avoir été le premier, —
c'est la faiblesse de l'angle + de pente, déri-
vant de la grande puissance aviatrice de la voi-
lure-oiseau.
Des observations récentes m'ont confirmé mes
impressions anciennes et je conclus au dyna-
misme de la figure 2, dans laquelle l'on voit
v plongeant,
Le planeur incliné en arrière.
Et > H
Et je trouve la justification de ces conditions
en me servant de la théorie que j'ai faite et
exposée dans mon ouvrage de 1893, en subs-
titution à la théorie classique erronée, du mou-
lin à vent.
æy est la direction du planeur en vitesse tv;
ab, ou $, représente le planeur.
Dans la position ab et le planeur supposé
15 Août 1908
sans la vitesse v, il serait emporté par le vent ;
mais une fois en vitesse v, il peut y avoir équi-
libre dynamique.
Menant be parallèle à xy, prolongeant le
vent en c et le vent relatif en d et portant ce —
bd, on à ae, route absolue du vent.
C'est-à-dire, qu'un filet d'air entré en a, sort
en e au moment où le bord arrière d arrive
en ce point e. En conséquence, ae ou S’ est le
plan relatif, où le planeur relatif, au vent
absolu V. ;
L'effet est tel que si le vent agissait sur S’
au repos.
Or, ce plan $’ se trouve dans les conditions
requises pour amener la réaction R verticale
et égale au poids P si le vent (V — »’) est
suffisant; car S’ plonge en avant d'un angle
et fait, avec le vent, une incidence à; il suffira
donc que ces deux angles soient convenables,
v’ est la vitesse dont le planeur recule sur la
ligne du vent dans la figure 2; si «y était per-
pendiculaire au vent on aurait # = 0 , si «y
est inclinée en avant, v’ est additif au vent.
On à donc :
RARPI= RSS ANNE EUR) Ron
Tel est le « secret » qui divisait observa-
teurs et techniciens.
Je désignerais par le terme « auto-dynami-
que », les conditions de planement répondant
à cet équilibre.
Il faut que le planeur naturel s'imprime
préalablement la vitesse », soit en ramant, soit
par un lancer; cet équilibre est moins stable
que le précédent ; les planeurs ne le soutiennent
pas longtemps. C’est un tour d’habileté, sur-
tout s'ils veulent conserver la ligne droite.
Mais ils obtiennent une bonne moyenne de sta-
bilité en modifiant l'allure et en passant alter-
nativement d'un des systèmes d'équilibre dans
l'autre, ce qu'ils font en tournant en cercle.
Telle serait la raison d'être des évolutions en
spirales, donnant au planeur une ascension ra-
pide.
On remarquera qu’en recul (fig. 2), le pla-
neur relatif est allongé et aminci; cela le rap-
proche du plan mince: il perd alors en qualité
aviatrice, de sorte qu'il faut des angles a et à
plus forts que dans le cas de la figure 1, soit
done, davantage d'ascendance et de vitesse de
vent.
Dans le cas en avancée contre le vent, il est
au contraire raccourei et épaissi, d’où, davan-
tace de résistance à la pénétration et perte
encore de valeur aviatrice.
I1 faut donc, plus d'ascendance et de vitesse
de vent pour ce dynamisme que pour le dyna-
misme ordinaire. Dans chaque sens, il est un
maximum de vitesse v’ inférieure à V, et dans
toutes les directions, la vitesse » du planeur
est limitée. Il subsiste donc cette condition pre-
mière, dans un cas comme dans l’autre, c'est
que le planeur ne peut conserver l'altitude ou
s'élever, sans une ascendance du vent.
A. Gouriz
J’Aérophile 315
Pour üne priorité
Sous ce titre, le comte Almerico da Schio,
inventeur du dirigeable italien Ztalia, vient
de publier une Note qu'il a communiquée à
l'Institut royal vénitien de sciences, lettres et
arts, dans sa séance du 10 mai 1908. Dans cette
Note, il revendique la priorité quant à l'ap-
plication des gouvernails horizontaux aux diri-
geables. Nous en donnons ci-après un résumé.
Dans la séance du 6 avril dernier de l’Aca-
démie des sciences de France, dit le comte da
Schio, M. Deslandres présenta une note du
commandant Bouttieaux, chef de l’Etablisse-
ment central de l’Aérostation militaire de Cha-
lais-Meudon, sur l'emploi des ballons dirigea-
bles et en particulier sur l'utilité des gouver-
nails de profondeur (Voir l’Aérophile du
1 mai 1908, p. 170).
Dans cette Note, le commandant Bouttieaux
expose comment on est arrivé à obtenir l’équi-
libre vertical des dirigeables au moyen de plans
mobiles autour d’un axe horizontal, ou gou-
vernails de profondeur, au lieu du jet brutal
de lest ou de la perte de gaz auxquels on était
contraint jusqu’à présent. L’heureuse applica-
tion faite aux dirigeables Patrie, en 1906, et
Ville-de-Paris, en 1907, permit de parcourir
des distances plus longues sans toucher terre,
que celles précédemment parcourues et plus
précisément de 100 km. auparavant et 260 km.
à la suite.
Dans cette Note, l'étude et l'application de
l’importante adjonction à la nef aérienne sont
indiquées comme innovation française.
Le comte Almerico da Schio rappelle que
depuis le mois d'août 1897, il avait étudié l’ap-
plication des gouvernails dits de profondeur
et qu’il l'avait signalée dans une de ses commu-
nications. Le passage de sa propre citation est
le suivant :
« L'idée de placer en poupe et à la proue de
la nacelle, deux plans tournant autour d'un
axe horizontal et à inclinaison variable à vo-
lonté, me semble très heureuse. »
En février 1899, dans une de ses brochures
intitulées : Pour la première aéronef, le comte
da Schio décrivit le véhicule aérien, pesant
comme l'air, lequel s'élève de terre au moyen
de la réaction de l'air sous les deux aéroplanes
imclinés et, grâce à eux, peut, à volonté, main-
tenir son équilibre vertical en montant, des-
cendant et atterrissant, sans jet de gaz, ni de
lest, méthode que nous-même qualifiions en
1897 de barbareet désignions sous l'appellation
de Méthode de la « double saignée ».
Ces dispositions furent ensuite développées
dans les publications successives jusqu'aux
essais décisifs de juin et juillet 1905. Dans ces
expériences, le pilote était le lieutenant du
génie militaire italien, E. Cianetti. Ce dernier
publia en 1905, dans les numéros 7, 8 et 9 du
Bulletin de la Société Aéronautique Italienne,
sur les essais auxquels il avait procédé :
« Les aéroplanes mobiles sont efficaces : s'ils
sont parallèles à l'axe de la nacelle, ils don-
nent à lV’aérostat une certaine inertie longitu-
dinale qui concourt à diminuer le tangage ; s'ils
sont inclinés, ils fournissent une force ascen-
sionnelle fictive, positive ou négative, suivant
le sens de leur inclinaison et toujours en fonc-
tion de l'angle d’inclinaison et de la vitesse de
propulsion. Pendant les essais exécutés, l'effi-
cacité de ces organes a été constatée spéciale-
ment pour obtenir les variations de cote d’'al-
litude, franchir des obstacles, soulever le qui-
derope de terre et l'y faire traîner de nou-
veau. »
Le comte Almerico da Schio rappelle que les
périodiques français ont parlé avec bienveil-
lance de son aéronef Ztalia et des notes publiées
à son sujet, signalaient avec scepticisme la nou-
veauté de certains de ses organes : carène élas-
tique, aéroplanes, ete., au point que l’on
attendait le résultat des essais pour se pronon-
cer et en reconnaître les avantages.
Dans l’Aérophile d'avril 1905, il est dit que
« des deux aéroplanes qui dans la pensée de
l'inventeur, constituent la partie la plus im-
portante du système... une fois le ballon en
route, les aéroplanes seront utilisés pour la
direction sur la verticale. »
Dans La Nature du 20 janvier 1906, le lieu-
tenant-colonel du génie Espitallier, écrivait en
parlant de l’Italia : « Toutes ces dispositions
sont parfaitement rationnelles et il ne reste
plus qu'à attendre la sanction de l’expt-
rience..… On ne saurait méconnaître les mé-
rites réels de cette tentative. »
Dans la Conquête de l'Air du capitaine Sa-
zerac de Forge (Paris 1907), dont le manuscrit
avait été revu par M. Julliot, ingénieur, cons-
tructeur du Lebaudy, il est dit :
« En dessous, deux plans inclinés à incli-
naison variable, jouent un rôle d'aéroplanes.
Une fois le ballon en marche, c'est grâce à ces
plans que l'inventeur espère modifier ou con-
server sa situation en altitude. »
Enfin, dans le volume du IIIe Congrès inter-
national d’aéronautique, tenu à Milan du 22
au 28 octobre 1906 (Paris, Dunod, 1907), à
la page 74, le capitaine Voyer, parlant de
l'équilibre dans les dirigeables dit : « C’est
ainsi que le comte da Schio dispose sous son
ballon, des plans mobiles autour d'un axe hori-
zontal qui, plus ou moins inclinés dans un sens
ou dans l’autre, donnent par leur réaction, sur
l'air, un surcroît ou une diminution de force
ascensionnelle, variables au gré du pilote. »
A la page 87, se trouve une note sur le diri-
seable Italia, due bien certainement au lieu-
tenant-colonel Espitallier, dans laquelle parmi
les qualités caractéristiques de l’aéronef du
comte da Schio, il est dit : « Qu'elle monte ou
descend sans jet de lest, ou lâchage de qu,
316
par le seul effet de l'action de l'air sur les plans
à inclinaison variable. »
La conclusion qu'en tire le comte Almerico
da Schio est que d'après les témoignages mêmes
des officiers et auteurs français, la première
application des gouvernails de profondeur —
que nous préférons, quant à nous, appeler gou-
vernails horizontaux — a été faite par lui sur
l'aéronef Italia, bien avant la Patrie.
En terminant cet exposé, nous croyons de-
voir exprimer notre étonnement que cette
application des gouvernails horizontaux aux
dirigeables n’ait pas été faite plus tôt — même
sur la France — car, ïls avaient déjà été appli-
qués sur les bateaux sous-marins. Ainsi que
nous l'avons signalé dans une communication
faite en 1897, à la Société française de navi-
gation aérienne et l'avons établi, à la même
époque, dans notre première étude sur la navi-
gation sous-marine, la similitude de cette der-
nière avec la navigation aérienne est très
grande. Dupuy de Lôme l'avait du reste si-
gnalée, il y a plus de vingt ans
Or, les gouvernails horizontaux ont été
employés dès la fin du xvrrr° siècle, par Fulton.
qui, vers 1796, établit les plans de son bateau
sous-marin Le Nautilus, lequel précéda dans
la réalité celui du rêve de Jules Verne, dans
Vingt mille lieues sous les mers (1).
Après Fulton, Castéra, en 1828; l'américain
Hunley dans son sous-marin David, en 1863;
Gustave Zédé sur le Gymnote, en 1886 et tous
leurs successeurs, dans les divers pays, l'appli-
quèrent également.
L'hélice-lest, à axe vertical, a été aussi appli-
quée depuis longtemps sur les bateaux sous-
marins, à commencer par l’américain Bushnel},
enr MEN
G.-L. Pesce
DIRIGEABLES ÉTRANGERS
Le « Nulli Secundus I ». -— Le nouveau bal-
lon automobile anglais a exécuté sa première
sortie le 24 juillet. Il ne diffère du premier aéro-
nat que par l'addition de deux plans équilibreurs
disposés scus l'enveloppe présentant toujours le
même aspect d’un cylindre, terminé par ? calottes
sphériques, forme peu favorable à la pénétration.
Celle première sortie n’a pas élé très probanlte.
Cependant. le ballon. parait-il, a évolué à 30 kilo-
mètres à l'heure conlre une légère brise.
Le dirigeable « Gross IH ». — Au cours d’une
nouvelle ascension {(V. Aérophile du 15 juillet), le
24 juillet, cet autoballon militaire, continuant ses
essais de télégraphie sans fil. a réussi à recevoir
à bord plusieurs téléSrammes de la station de
Nauen. On va chercher maintenant à relier d'une
facon permanente le dirigeable « Gross II » avec
cette station et celle de Norddeich.
(1) La Navigalion sous-marine, Vuibert et No-
ny. Paris, 1906 : p. 184.
(2) La Navigation sous-marine, page 148.
15 Août 1908
L'Aéroplane Kæchlin-Pischof
Après avoir construit un aéroplane biplan
qui ne constituait qu'un appareil d'études.
M. Kœchlin à fait établir par M. de Pischof,
née dernière et au commencement de 1908 à
auteur lui-même d'un biplan expérimenté l'an-
Issy-les-Moulineaux (Voir Aérophile de novem-
bre 1907 et 1% janvier 1908, le nouvel aéro-
plane dont nous publions la photographie).
La surface portante est répartie,le long d’un
fuselage quadrangulaire, en 3 paires d’aile:
fixes, en tandem, la dernière paire figurant la
queue stabilisatrice.
l’holo Rol.
Aéroplane de Kæchlin-Pischof.
Toutefois, les ailes ne sont pas en escalier,
mais se trouvent montées sur le fuselage de
telle sorte que l’on peut faire passer un plan
par l'axe transversal des 3 ailes d’un même:
côté, ce plan restant parallèle à la corde qui
sous-tend la concavité inférieure de chacune.
Envergure de la première paire d'ailes
6 m. 30; de la 2 paire : 5 m. 30; de la
3 paire : 3 mètres.
Fuselage à quatre arêtes, à maître-bau re-
porté vers l'avant, très effilé à l'arrière, entoilé-
entièrement, à l’avant duquel est installé le
moteur Duteil et Chalmers 20 chevaux, 2 cyl.,
lequel actionne une hélice en bois de 1 m. 65
de diamètre. Construite par les ateliers Lu-
cien Chauvière, suivant des procédés ingénieux
que nous aurons sans doute occasion de dé-
crire, ce propulseur tourne tout à fait à l'avant
de l'appareil, à l'extrémité du fuselage. Dans
le milieu du corps fuselé est ménagé le poste
de l’aviateur qui se place assis, ayant devant
lui le volant avec lequel il commande les mou-
vements du gouvernail de profondeur, en deux
segments, situé à l'avant sous le gouvernail
vertical. Signalons enfin 2 plans fixes verticaux
formant quille à l'arrière du fuselage, l’un au-
dessus, l’autre au-dessous.
L'appareil est monté sur des roues porteuses
garnies de pneus, deux à l’avant munies d’un
dispositif amortisseur élastique, une à l’ar-
rière sous l'extrémité du corps fuselé-
La surface sustentatrice totale est de 18 m°;
le poids de la machine, y compris l'aviateur, ne
dépasserait pas 202 kilos. — P. GARNIER
a gagné
LE PRX ARMENGAUD JEUNE
Par une envolée de 20 minutes 20 secondes
comprenant QUARANTE-HUIT virages
Reprenant à
DEILAGRANGCGE
le RECORD DU MONDE qu'il détenait par 15 minutes 15 secondes
TILONEFQUETS ÆG CHER PRIS PERLE IASEMET SAT 71
Les Aéroplanes des
FRÈRES VOISIN
ne sont battus que par eux-mêmes
34, Quai du Point-iu-Jour, BILLANCOURT (scine)
Arrrnrrre
Tout ce qui concerne la navigation aérienne
y Z 3?
7: -
nsporte un moteur ‘‘ Antoineti®
LE GRAND PRIX D'AVIATION
de 50.000 francs
a été GAGNE le 13 janvier 1908
Par HMENRI FARMAN
avec moteur 40 HP Antoinette
28, Rue des Bas-Rogers (Puteaux)
l’Aérophile
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
Siège social : 63, avenue des Champs-Elysées, Paris (VII)
Télégrammes : AÉROCLUB-PARIS. — Téléphone : 666-21
CONVOCATIONS
Conseil d'administration, 2? septembre, à 5 h.
Comité, jeudi, 3 septembre, à 5 heures.
Commission scientifique, EN vacances.
Commission sportive, Sur convocation du Bu-
reau.
Commission d'aviation, sur Convocalion du Bu-
reau.
Dîner mensuel, jeudi 3 septembre, à 7 h. 1/2, en
l'Hôtel de l'Automobile-Club, 6, place de la Con-
corde. Prix du couvert : S fr., tout compris.
Les inscriptions pour. le diner, réservé aux
seuls membres du Club, sont recues accompa-
gnées du prix du couvert, la veille au plus tard.
RRPRAPRARARRe
Annuaire 1908.
L'annuaire de l’Aéro-Club de France pour
1908 a élé expédié les 5-6-7 acûl, à tous les so-
ciétaires ayant payé leur cotisation.
Il est à jour, à la date du 3 Juillet 1yUS.
L'annuaire sera remis aux nouveaux adhérents
et aux retardataires en même temps que la quit-
tance et la carte de membre.
Ce volume de 200 pages, chaque année plus
important, peut contenir quelques erreurs. Nous
serons obligés aux intéressés de vouloir bien nous
les signaler des maintenant pour la mise à Jour.
Il a été fait un tirage à part de la partie « Sia-
tuts et Règlements », comnrenant les 144 pre-
mières pages. Le conseil d'administration a de-
cidé de vendre un franc ces brochures aux
personnes qui les demanderaient. Le payement
peut être fait en limbres poste irançais,
COMITÉ DE DIRECTION DU 5 AOUT 1908.
Le Comité de Direction de l'Aéro-Club de
France, dans sa séance du 5 août 190$ a procédé
à l'admission de 17 nouveaux membres titulaires:
MM. Louis Barlhou, Ministre des ‘1ravaux Pu-
blics et des Postes, Charles Bergognié, Marcel
et Georges Besnard, David Bishop, Paul Bonvil-
lain, Léon Buirette, Edouard Bourdariat, Mar-
tin Derilhon, Louis de Fraguier, Paul Kocchlin,
marquis de Lareinty-Tholozan, lieutenant Jac-
ques Lefranc, Marcel Linzeler, comte Arnold
d'Oultremont, Don Simoni, ‘lranchant de Lunel.
Le brevet de pilole-aéronaute a été décerné à
M. René Grosdidier, dépulé de la Meuse.
L’Aéro-Club de France a accepté, pour l'an-
née 1908, l’aftiliation de l’Aéro-Citub de la Sarthe,
dont le siège social est au Mans.
Enfin, le Comité a arrêté délinilivement,
comme suit, (par ordre alphabétique), la liste des
champions-aéronautes qui représenteront la
France à la Coupe Gordon-Bennett, le 11 octobre
1908, à Berlin : MM. Emile Carton, Jacques
Faure, Alfred Leblanc. Suppléants : MM. Louis
Capazza, Ernest Barpolte.
DU 5 AOUT 1908.
Au dernier diner de l’Aéro-Club de France, On
fêlait le retour d'Italie de Con Delagrange, «t
DINER MENSUEL
317
aussi les récênts succès de Louis Blériot.
les convives, nous avons nôté : MM.
liot, Alfred Leblanc, Ernest Zens,
let, Edouard Bachelard, le
Marcel Besnard, Jarïies Bloch,
cugis, Mautin, Paul Regnard,
eorges Suzor, A. Witzig, Goupy, Maurice Caron,
Fauber, Georges Blanchet, Pi lerron, Jean
de Ville thiou, Louis Capazza, Geor ges Bans, etc.
Parmi
Henri Jui-
Maurice Mal-
docteur Crouzon,
Albert Omer-De-
Gaston ‘iranchant,
Les brevets de l'aéronautique
Brevcls délivrés du 1S juin au 1" juillet 1908
389157. — 11 avril 1908. — CHAUVIÈRE (L) : pou-
lie à toile pleine.
389288. — 16 avril 1908. — Farcor (J.-M.-A.) et
THOUYENOT (C.-H.) : moteur hélice pour appareils
d’avialion, navigation ou analogues.
380098. —- 21 mars 1908. — HiLsManx (A.): Aé-
10plane,
389173. — 13 avril 1908. —- Micrrazk (W.) : Aéro-
plane müû par des ailes ou hélices rotatives.
359230. — 15 avril 1908. — Mac Curp (W.-A.):
Perfectionnements aux aviateurs.
359278. — 16 avril 1908. — RaxzaA (A.) : Aérostat
à déformation automatique,
38911. — 18 avril 1508. — DEMOULN (A.)
plane.
389186. — 22 avril 1908. — Société dite : Mo-
TORLUETSCHIFF STUDIENGESELLSCHAFT M. D. H.:
Soupape de sûreté pour aérostats.
Communiqué par MM. Weismann et Marx,
ingénieurs-conseils en matière de propriété in-
duslrielle, Paris, 90, rue d'Amsferdam. — Tél.
111.16.
: Aéro-
A l’Aëéro-Club du Sud-Ouest
27
Ascensions de l’Aéro-Club du Sud-Ouest.
15 juillet. — Bordeaux, usine à gaz de la Bas-
tide — 9 h. 40 du s. — l’Aquitaine (1.100 m.) : le
vicomte Ch. de Lirac, M. R. Achard et Mme X. —
Alt. le 16 juillet, à 9 h. 25 du m., à Congournac.
commune de Puycornet (Tarn-et-Garonne. — Du-
ie : 11 h. 45 — distance : 166 kilomètres.
2 août. — Bordeaux, usme à gaz de la bastide
— à 9 h. 20 du m. — La Côte d'Argent (S00 m'),
le vicomte C. de Lirac et M. Ed. Sirven, att. à
10 h. 30, à Gujan-Mestras, près du bassin d'Ar-
cachon. Durée : 1 h. 10. Distance : 48 K.
2 août. — Bordeaux, usine à gaz de la Bastide
— 9 h. 50 du m.— le Cadet de Gascogne 2100 m')
MMI. Gonireville et l'errasson (ce dernier néo-
phyte) att. à 11 h. 10 du m., à Vigneau, commune
de Bigamos (Gironde), Durée : 1 N. 20. DIStance :
SALE CUS
318
15 Août 1908
Le raid et la destruction du ‘ Zeppelin IN ”
Le Zeppelin IV — En haut, le ballon en pleine marche. L'avant de la carène portait d'abord un gou-
vernail vertical qui a été supprimé après les premières expériences. On le voit à gauche sur la photographie.
En bas, le ballon descendant sur le lac de Coustance, devant son hangar flottant Le ballon est vu de ÿ£ par
l'arrière. On distingue les deux nacelles, les deux hélices de droite, les deux slabilisateurs de profondeur à
persiennes de droite, les quatre surfaces d'empennage horizontal et les quilles verticales supérienre et infé-
rieure ; à l'arrière, le gouvernail vertical principal (agrandi après coup) et les deux gouvernails verticaux
annexes, biplans situés entre les plans d'empennage horizontaux.
Tenté à l’improviste, commencé de la façon
la plus brillante, dans les acclamations de tout
un peuple et l’ardente curiosité du monde en-
tier, poursuivi de jour et de nuit, les 4 et
5 août, avec la palpitante péripétie d'une pre-
mière panne, heureusement surmontée, pour
finir par une destruction complète, alors que
le grand croiseur aérien semblait, malgré tout,
devoir toucher au port, le magnifique et der-
nier raid du Zeppelin IV, apparaît comme un
des plus grands et des plus émouvants événe-
ments sportifs de notre époque. L’audace de la
tentative, le brio de son exécution, son issue
finale presque tragique, lui conféraient un réel
caractère de grandeur. Le comte Zeppelin a
légitimement reçu à cette occasion, les félici-
tations et les condoléances sincères de tous
ceux que passionnent les progrès de l’aéronau-
tique. Nous y associons de tout cœur celles de
l’Aérophile.
J’Aérophile
Mais nous devons ici juger les choses plus
froidement, oublier la beauté de l'effort pour le
très sec enregistrement des résultats. Ces résul-
tats, les voici aussi impartialement résumés
que possible avec quelques commentaires qui
pourront être développés plus tard, car ils
sont loin d’épuiser l'ampleur du sujet.
Le raid du ‘Zeppelin IV”
Premiere étape
Le temps paraissant favorable, le comte Zep-
pelin décide de tenter, le 4 août, le voyage de
24 heures sans escale demandé par le ministre
de la Guerre, avant la militarisation du ballon.
La Commission impériale de contrôle, disper-
Le Comic Zeppelin. :
sée depuis l’accident du 15 juillet, ne saurait
être prévenue à temps, l'essai aura lieu à
titre privé. À 6 h. 15 du matin, le ballon est
sorti du hangar. A bord, avec le comte Zeppe-
lin, le baron von Bassus, l'ingénieur Dürr,
2 capitaines, M. Ferdinand von Zeppelin, ne-
veu de l’inventeur, l'ingénieur Stahl et des
mécaniciens, en tout 12 personnes au lieu des
16 à 18 passagers enlevés ordinairement, ce qui
augmente d'autant, pour ce grand voyage, le
poids disponible au départ sous forme de lest
et d’essence.
A 6h. 45, le Zeppelin IT s'élève de la surface
du lac de Constance devant Friedrichshafen,
par ses propres moyens, sans être tiré par un
bateau à vapeur.
I] passe à 7 heures sur Immenstad ; à 7 h. 15
sur Radolfzell ; à 8 heures sur Schaffouse, s’en-
319
gage sur la vallée du Rhin, atteint Bâle à
9 h. 22, double la flèche de la cathédrale, salué
de salves d’artillerie, et met le cap au Nord
suivant toujours le fleuve.
Après être passé en vue de Mulhouse et de
Colmar, le Zeppelin IV défile à midi 10, à
40 à l’heure environ, devant la flèche de Stras-
bourg, salué d’acclamations enthousiastes, de
la volée des cloches, du fracas de l’artillerie et
de chants patriotiques. Le ballon était assez
bas pour qu'on pût distinguer les passagers;
ils répondaient aux vivats.en agitant leurs
mouchoirs. Une pluie de cartes postales et des
dépêches, lancées des nacelles, par le comte
Zeppelin et ses amis, confirmaient que tout
allait bien à bord et que l’on continuait la
route sur Mannheim.
À © h. 45 du soir, par 300 mètres de hauteur
environ, le Zeppelin IV surplombait le pont de
cette ville et semblait s’immobiliser 4 à 5 mi-
nutes, tandis que montait vers lui la frénétique
ovation de milliers de spectateurs. Le puissant
croiseur continuait sa marche vers Worms, y
parvenait vers 3 heures du soir, exécutait quel-
ques évolutions autour de la cathédrale; les
cloches sonnaient à toute volée et un régiment
d'infanterie placé au bord du Rhin jouait
l'hymne national .
Premiere panne. -_ On descend
sur le Rhin ; on répare ; on dé-
leste ; on repart. -_ On attendait fié-
vreusement, à Mayence, l’arrivée annoncée du
Zeppelin IV, lorsqu'on apprit par un télé-
gramme d’'Oppenheim-sur-le-Rhin, qu'une
panne de moteur, disent les uns, une avarie à
une hélice, suivant d’autres, avait obligé l’aé-
ronat à descendre, à 5 h. 45 du soir, sur le
fleuve, entre Laubenheim et Oppenheim, à
Nierstein. On prétendit bien que le comte s’é-
tait volontairement arrêté pour prouver à ses
adversaires que son ballon peut, aussi facile-
ment que tout autre, faire escale et repartir;
mais la version de la panne de mécanisme fut
ensuite confirmée. D'ailleurs, alerte avait été
donnée à la garnison et une partie du 118 ré-
giment d'infanterie avec un détachement de
sapeurs du génie étaient aussitôt transportés
au lieu de l’arrêt, par train spécial.
Ils trouvèrent le ballon flottant sur le Rhin,
dans une anse sans courant, entre deux esta-
cades.
Des milliers de spectateurs assemblés sur la
rive, poussaient des « hurrahs » en l’honneur
du comte Zeppelin et chantaient le « Deuts-
chland über alles ».
On ne se borna pas à réparer la panne; on
s’occupait en même temps de ravitailler le
ballon d’essence, tandis qu’on l’allégeait, d’au-
tre part, le plus possible, en débarquant tous
les instruments non indispensables, les bidons
vides et même, a-t-on assuré, 3 passagers qui
partirent par le train, ramenant tout ce maté-
320
riel à Kriedrichshafen et
page à 9 personnes.
Novs reviendrons tout à l'heure sur ce point
important.
réduisant l’équi-
La deuxieme étape
La panne de mécanisme conjurée, le Zep-
pelin IV fut amené près de la rive, avec l’aide
des sapeurs du gémie et il repartait à 10 h. 15
du soir, réparé, réapprovisionné de combusti-
bles et allégé. De nouveau, il s'était élevé de
la nappe d’eau sans être tiré par un remor-
queur. Grâce à ses fanaux, on put longtemps
le suivre des yeux, filant dans la nuit, vers
Mayence, en descendant le cours du fleuve.
Il arrivait vers 11 heures du soir au-dessus
de cette ville, point extrême du circuit décrit,
dépassait le pont et virait de bord pour com-
mencer son trajet de retour.
Prenant d’akord la route suivie à l’al'er, il
repassait en pleine nuit, le 5 août, à 1 h. 45
du matin, au-dessus Ge Mannheim. Là, il aban-
donnait la vallée du Rhin pour celle de son
affluent, le Neckar, filant vers le sud-ouest et
se dirigeant sur Stuttgart. À 4 heures du ma-
tin, près d'Eppingen, il coupait la frontière
du Wurtemberg et de Bade, passait à 5 h. 10
à Ludwigsbourg et dominait Stuttgart à
6 h. 20 du matin, cinglant vers le Sud.
Nouvelle panne. -_ 2° escale. —
Au delà de cette ville, le ballon se dirigeait
vers Degerloch-Mæœhringen, luttant contre un
vent assez vif. Il semblait en difficulté et on
le vit évoluer sans direction bien précise du-
rant près d’une heure, au-dessus de Nürtingen.
Puis, il avait obliqué subitement, semblant re-
prendre la direction du Nord. Quelques ins-
tants après, on le voyait s’abaisser rapidement
et il venait atterrir dans un vaste SR près
d’Echterdingen, sur les plateaux de Franconie,
à quelques kilomètres au sud de Stuttgart.
Bientôt des milliers de curieux étaient assem-
blés autour du monstre aérien, immobile.
On n’a pas d'indications précises sur les ma-
nœuvres employées pour l'atterrissage. I1 sem-
ble bien toutefois que les ancres et Le engins
d'arrêt du bord ont suffi à obtenir l'immobili-
sation du ballon, peut-être avec le concours des
automobilistes qui le suivaient depuis Stutt-
gart et des habitants de la région. Si l’atter-
rissage a réellement eu lieu sans dommages,
sans fatigue pour la carène ni aucun organe,
le comte Zeppelin aura fait ainsi une réponse
victorieuse à ceux qui, comme nous, redou-
taient et redoutent encore pour lui, l'épreuve
d’une arrivée au sol ferme.
Ce deuxième arrêt eut deux causes
1° Une panne de moteur (échauffement d’un
coussinet), panne causée peut-être par la fa-
tigue de la lutte contre le vent. Le comte Zep-
pelin aurait déclaré, en effet, que depuis
15 Août
coë8
Mannheim, il ne marchait qu'aver un seul mo-
teur, et en consultant le tableau de marche
et la carte, on verra que la vitesse moyenne
avait considérablement baissé dans le voyage
de retour, particulièrement depuis Mannheim.
20 Diminution notable de la force ascension-
nelle par perte de gaz, malgré l’allègement
opéré à l’escale précédente, diminution indi-
quée encore par le conseiller Rudolf Martin.
Ces pertes de gaz sont dûes aux contractions
virage de
retour à [1.4
iftepanne:
gcale de 5h45 à 10h 155
Lauberheim
alter: 28.484)
ue
Er nsenit m)
ne
(6h.L0rStuthgart
LCOR
Eckterd ré qu m.
estructron:2 hs
5 Août
V/
ki
S7 50 109 Kit.
Colmar JEnétane jusqu'a la IPèscate
“étape jusqu'à La L''EScace
anne d eséale
Frontières d'Etats
Carte du parcours du Zeppelin IV dans son voyage
du 4-5 août 1908. — Les heures de passage sur les
points indiqués sont celles des premiers télégrammes.
Elles sont sujettes à rectification, mais demeurent très
approximatives.(Au lieu de Mannheim, retour 1 h. 45
soir, lire Mannheim, retour 1b.45 matin, 5 août).
et dilatations successives de la masse gazeuse
sous l’effet des variations de température, sur-
tout dans un voyage de jour et de nuit, aux
changements d'altitude déterminés par ces va-
riations thermiques, par les dépôts de rosée ou
d'humidité qui surchargent le ballon et le dé-
lestent ensuite inévitablement lorsque cette
surcharge aqueuse s’évapore, etc... Ni le dé-
lestage automatique dû à la consommation
d'essence (on peut l’estimer théoriquement à
66 kgr. à l'heure environ, quand les deux mo-
teurs sont en marche, en tablant sur une con-
sommation d'un demi-litre par cheval-heure),
ni l’effet refroidisseur du vent relatif, créé
par la translation, ni la double enveloppe avec
matelas d'air qui tend aussi à retarder et
modérer l’échauffement ou le refroidissement
du gaz, ni même l’action mécanique des gou-
vernails de profondeur qui peuvent freiner
les variations d'altitude positives où néga-
tives, ne réussissent à pallier entièrement la
perte de gaz inévitable dans toute ascension
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aérostatique et que peut seule compenser la
projection du lest, tant qu’il en reste à bord.
Il est même probable que les aéronautes ont été
amenés à soupaper en cours de route pour ne
pas aller plus haut qu’ils ne voulaient et aussi
pour descendre au sol par deux fois, et peut-
être eurent-ils la main lourde. Le ballon était
donc encore doublement en difficulté et Frie-
drichshafen, son port d'attache, était encore
distant de 117 kil. environ à vol d'oiseau.
Quoi qu’il en soit, des ouvriers furent de-
mandés à l’usine Daimler pour réparer le mo-
teur, aidés des mécaniciens du bord; on télé-
graphiait à Friedrichshafen pour demander
d'urgence 500 tubes d'hydrogène de ravitaille-
ment qui ne pouvaient arriver avant 6 heures
du soir, et le ravitaillement lui-même, aïnsi
opéré en plein air, était une opération délicate
sous le moindre vent et assez longue. Enfin,
deux compagnies de grenadiers étaient en-
voyées pour la garde et la manœuvre du bal-
lon à terre.
Ainsi contraint à une escale de fortune pro-
longée, le Zeppelin IV, comme tout autre bal-
lon, se trouvait dès lors dans une situation
critique, à la merci d’un caprice des élé-
ments (1).
Le campement provisoire fut organisé aussi-
tôt, avec les moyens de fortune dont on dispo-
sait, de telle sorte que le ballon « évitât », au-
tant que possible, em se présentait toujours
pointe au vent, n’ofrant ainsi que le mini-
mum de prise aux courants aériens. L’ancre
principale avait été enfouie dans les terres la-
bourées, des cordes reliaient le ballon à deux
pieux latéraux; un sac de toile de 4 m°, en
forme de parachute renversé et relié au ballon
avait été empli de terre et enfoui dans le sol;
tous les cordages disponibles à bord furent
utilisés, car on n'avait pu en trouver de suffi-
samment longs dans le pays.
En attendant de pouvoir repartir vers Frie-
drichshafen, encore distant de près de 120 kilo-
mètres à vol d'oiseau, le comte Zeppelin, après
s'être restauré aux environs, recevait les féli-
citations de nombreuses délégations, tandis
qu’une foule évaluée à 40.000 personnes s’as-
semblait autour du ballon à l’ancre.
L'’évasion, l'incendie et la des-
truction. — C’est vers 2 heures de l’après-
midi que se produisit l’accident. Une violente
(1) Cette situation était même plus délicate que celle
du Patrie, les 29-30 novembre 1907, car seul, un ha-
sard malheureux empêcha le panneau de déchirure
de fonctionner et de vider instantanément le ballon,
ce qui, moyennant la perte de gaz et de menues ré-
parations, eût empêché l'évasion de l'engin (V. Aéro-
phile de décembre 1907). Avec ses 16 compartiments à
gaz, le Zeppelin ne peut être vidé rapidement et,
fut-il vide, sa carène rigide offre toujours la même
prise aux efforts du vent. C’est un réel désavantage
dans de telles circonstances, toujours à prévoir d'’ail-
leurs.
321
bourrasque ascendante rompait les amarres,
arrachait les faibles poteaux de retenue, et,
malgré les efforts des soldats, le Zeppelin IV
était enlevé de telle sorte que l’arrière se dres-
sait en l’air tandis que l’avant venait au sol,
l'ancre principale ayant résisté la dernière.
L'énorme masse était ensuite projetée dans un
verger et traînait en se déchirant sur les ar-
bres. Soudain, une flamme jaillit à l'avant sui-
vie d’une formidable explosion ; en un instant,
tout était en feu et le colossal navire aérien ne
présentait plus que les débris calcinés, tordus
et fumants de ses parties métalliques. Un mé-
canicien occupé dans une nacelle se blessa griè-
vement en se précipitant de très haut sur le
sol; un autre mécanicien, des grenadiers, des
spectateurs furent aussi blessés, mais plus lé-
gèrement. Le comte Zeppelin, accouru, ne put
que contempler, en pleurant, la destruction
tragique de l’œuvre de sa vie, devant les assis-
tants profondément émus et consternés.
L’évasion du ballon s'explique très naturelle-
ment, par l’énorme pression du vent sur une
surface aussi vaste, sans accuser d’incurie le
personnel préposé à la surveillance. Les causes
de l'incendie demeureront sans doute tou-
jours plus obscures.
Les hypothèses abondent; on a incriminé
l’électricité atmosphérique et la foudre, mais
sans aucune raison sérieuse à l’appui. Si un
moteur était en action à ce moment, quelque
traînée de gaz émanée d’un des ballons inté-
rieurs crevés, où un mélange détonant d’air et
d'hydrogène créé dans les nombreux espaces
confinés qui abondent sous la carène, ont très
bien pu enflammer à son contact, ou par l’ac-
tion de quelque étincelle jaillie du frottement
de deux parties métalliques. Peut-être y avait-
il à bord quelque lampe à souder, puisqu'on
procédait à des réparations... Saura-t-on ja-
mais ?.. Les archives du bord et plusieurs ins-
truments avaient pu échapper au désastre.
Les résultats atteints
Malgré une issue dramatique, le raid du
Zeppelin IV n’en demeure pas moins le plus
magnifique voyage que l’on ait kmcore ac-
compli en dirigeable.
Nous en résumons ci-dessous les résultats en
indiquant les distances approximatives, mesu-
rées en joignant à vol d'oiseau sur la carte les,
points du parcours mentionnés. (Le parcours
réel doit évidemment être très sensiblement su-
périeur aux chiffres indiqués, mais nos lecteurs
pourront, néanmoins, faire des constatations
intéressantes sur les diverses sections du tra-
jet, en attendant les rapports officiels) :
1re érare (Friedrichshafen. — Nierstein. —
A17 kil. en 11 h.). — Départ de Friedrichsha-
fen le 4 août, à 6 h. 45 du m. Passage à Bâle,
à 143 kil. du point de départ environ, à 9 h. 32;
322
à Strasbourg, 259 kil. environ, à midi 10; à
Mannheim, 374 kil. environ, à 2 h. 40 s.; des-
cente sur le Rhin, à Nierstein, 417 kil. du
point de départ, à 5 h. 45 s. Durée totale de la
première étape : 11 heures.
Jre gscaze à Nierstein de 5 h. 45 s. à 10 h. 15
s., soit une durée : 4 h. 30.
de frape (Nierstein — Mayence — Echterdin-
gen. — 189 kil. en 9 h. 45). — Départ de Niers-
tein le 4 août à 10 h. 15 s. — Passage et virage
de retour à Mayence, à 17 kil. du point de dé-
part de la 2° étape. — 2° passage à Mannheim,
à 77 kil. du point de départ de la 2° étape, à
1 h. 45 du m., le 5 août. — A KEppingen, 129 kil.
environ, à 4 h. du m. — A Ludwigsbourg,
164 kil., à 5 h. 10 du m. — A Stuttgart, 180
kil., à 6h. 20 m. — Atterrissage à Echterdin-
gen, 189 kil. environ du point de départ de la
2e étape, à 8 h. environ. — Durée totale de la
2e étape : 9 h. 45.
9e pscALE À ÉCHTERDINGEN, de 8 h. du m. à
2 h. du s., soit une durée de 6 heures.
Parcours et durée des deux étapes : 606 kil.
en 20 h. 45 de marche effective.
Durée totale de séjour hors du hangar:
31 h. 15, dont 20 h. 45 de marche effective,
4 h. 30 pour la première escale, 6 heures pour
la deuxième escale jusqu'à la destruction.
Nous ne donnons pas les moyennes de vi-
tesses, les distances, mesurées par le procédé
que nous avons indiqué, étant notablement
inférieures à la réalité; mais on constate
que la vitesse de la deuxième étape est infé-
rieure à celle de la première, surtout depuis
Mannheim.
Comme on le voit, le Zeppelin IV a battu
dans sa première étape, le record du
monde de distance sans escale, qui lui ap-
partenait déjà par plus de 379 kil, depuis
le 1% juillet 1908, mais le record mondial de
durée sans escale qu’il avait établi par 12 heu-
res le même jour, n'est pas égalé.
. Il'est loin d’avoir rempli le programme pri-
mitivement, imposé par le Ministère de la
Guerre, 24 heures sans escale ni ravitaille-
ment et rien ne prouve qu’il eût pu le rem-
plir les 4-5 août, même sans panne de méca-
nisme, car la perte de force ascensionnelle
constatée par deux fois, est de nature à en
faire douter.
Nous ne voudrions pas avoir l'air d’atté-
nuer par des arguties un succès dont per-
sonne n’a encore approché, mais nous ne
voyons rien à changer à ces quelques lignes
écrites il y a un mois: « La réussira-t-il, cette
performance si longtemps espérée. Il peut la
réussir et faire plus encore, si les circonstances
atmosphériques le secondent, tout comme nos
autoballons, trois fois plus petits, tireraient,
sous les mêmes conditions, leur quinzaine
15 Août 1908
d'heure et même davantage. Mais la pos-
sibilité de cette prouesse demeurera excép-
tionnelle et ne peut s'accomplir qu'avec un
gros aléa, en risquant le tout pour le tout
dans le seul but d’une satisfaction d’amour-
propre et de tenir un engagement impru-
dent. etc... »
L'émotion patriotique en Alle-
magne et Ia création d’une
flotille militaire aérienne
Quoi qu'il en soit, le comte Zeppelin, a reçu
la noble récompense justement réservée à ceux
qui osent. même témérairement. Son ma-
gnifique raid, terminé d’une façon grandiose-
ment dramatique, a remué jusqu'au cœur le
peuple allemand. Avec un superbe élan pa-
triotique, que ne peuvent gâter quelques
exagérations puériles ou des rodomontades
parfois ridicules, l’empereur, les souverains,
les municipalités, le peuple tout entier, ont
réconforté le vieil inventeur par les marques
de sympathie les plus chaleureuses, les plus
délicates, les plus unanimss.
Bien plus... Avec une ténacité qui l’ho-
nore, au lendemain même de la destruction
du ballon, la nation entière, aussi bien le
gouvernement impérial et les corps constitués
que les simples particuliers, fournissaient au
comte Zeppelin, les moyens matériels de pour-
suivre l’œuvre à laquelle il a voué sa vie et
sacrifié sa fortune. Les souscriptions ouvertes
de toutes parts, réunissaient, en quelques
heures, plus de 2 millions de francs et elles
sont loin d’être closes. L’inventeur allemand
pourra ainsi mettre en chantier plusieurs
nouveaux dirigeables perfectionnés, améliorés
selon les leçons sévères de l'expérience. Il va
remettre en état, en attendant, le Zeppe-
lin IIT de 1907, détérioré sous son hangar,
par la tempête, au cours de l’hiver dernier, et
qui sera prêt avant deux mois.
Nos voisins, ils ne s’en cachent pas, veu-
lent arriver, coûte que coûte, à la « domina-
tion de l'air », non seulement par émulation
scientifique, mais surtout dans un but mili-
taire. Ils ont déjà ébauché, dans ce sens, une
organisation très méthodique. L'utilisation
des dirigeables — l'expérience du Zeppe-
lin IV, après celle du Patrie le prouve —
suppose la création de ports d’autoballons suf-
fisamment nombreux et bien répartis, pour
que les navires aériens obligés à une escale
fortuite, puissent y trouver abri, ou tout au
moins secours.
Le projet allemand comporte la création de
50 de ces garages. Pour commencer, 25 sont
déjà prêts ou en construction. Les plus im-
portants, au nombre de sept, sont déjà termi-
nés et se trouvent échelonnés sur la frontière
française et le littoral de la Mer du Nord, à
Metz, Strasbourg, Kiel, Brême, Hambourg,
lJ’Aérophile
Husum et Wilhelmshafen. Il faut y ajouter
les deux hangars du comte Zeppelin, l’un
flottant sur le lac de Constance à Friedrichs-
hafen, et un nouveau hall, sur le sol ferme, à
600 mètres du précédent.
Ce que nous devons faire
En Allemagne, on le voit, la création d’une
flotte aérienne est attaquée à fond par ses
deux points essentiels: création d’engins
nombreux et puissants, création, non moins
indispensable, des nombreux abris que ces en-
gins réclameront.
Ceci doit nous inciter à avancer plus ar-
diment dans la voie que nous avons ouverte
les premiers. À nos garages de Chalais, de
Toul, de Verdun, aux aérodromes privés de
Moisson, de Sartrouville, de Beauval près
Meaux, doivent s'ajouter de nombreux abris
dont l'emplacement devra être choisi, en con-
naissance de cause, par l’autorité militaire.
Multiplions aussi les unités de cube moyen
comme le Lebaudy, le République, le Ville-
de-Paris, qui ont fait leurs preuves et répondu
parfaitement aux ‘besoins spéciaux en vue
desquels ils avaient été créés. Au printemps
de 1909, l’autoballon Liberté du type Répu-
blique, mais un peu plus puissant et plus ra-
pide encore, sera livré par son éminent cons-
tructeur, M. Henri Julliot (1). D'autre part,
la Société « Astra » à reçu commande de deux
autoballons du type Ville-de-Paris, dont l’un
portera le nom glorieux de Colonel-Charles-
Renard. Construisons-en d’autres encore, car
ce n’est pas avec trois ou quatre unités, que
l’on constituera une puissance militaire sé-
rieuse.
Et puisque la mise au point du dirigeable
long-courrier semble prochaine, n’hésitons
plus à mettre en chantier nos modèles qui,
sous un volume considérable, mais moindre
que celui du Zeppelin IV, plus maniables et
moins coûteux, l’emporteront, néanmoins, sur
le Léviathn allemand en qualités de fond,
comme en vitesse. M. Julliot à présenté il y a
quelques mois, le projet complet d’un diri-
geable d'armée de 100 mètres de long,
11 m. 50 de diamètre au fort, pour 7.000 à
8.000 m° de jauge, déjà décrit dans l’Aérophile
du 15 février 1908. Avec ses deux moteurs
Panhard de 120 chevaux, ce ballon aurait une
vitesse de 60 kil. à l’heure, en transportant
beaucoup plus de poids utile que le Zeppe-
lin IV. Souhaïtons que ce nouveau type ne
tarde pas trop à être mis sur pied.
P. AxcEezre
(1) Le Liberlé aura 67 m. de longueur pour
un volume de 4.200 m° environ. Le moteur Pan-
hard-Levassor développe 90 chx. L'empennage
ct les ailerons seront plus développés que dans
les modèles précédents.
323
BIBLIOGRAPHIE
Notre Flotte aérienne, par Wilfrid de Fon-
vielle et Georges Besançon. — Gauthier-Villars,
édileur, 55, quai des Grands-Auguslins, Paris. —
1 voi. carlonné, 6 fr. 50.
La librairie Gauthier-Villars publie un volume
de MM. de Fonvielle et Besançon, intitulé Notre
Flolle aérienne.
Désireux de s'adresser à la masse des gens ins-
truits et intelligents que passionnent les ques-
tions aéronautiques, les auteu e sont bien gar-
dés d'écrire un livre exclusivement technique,
ils n’ont admis aucune des formules indispensa-
bles aux mathématiciens, mais ils ont gardé
dans toutes les parties de leur œuvre une préci-
sion aussi irréprochable que possible, principale-
ment en Ce qui concerne les dimensions, les vi-
tesses, la durée des parcours, les dates, etc.
Le titre Notre Flotte aérienne indique à lui seul
que les auteurs se sont proposé principalement de
présenter la genèse de nos Unités de combat
cependant, ils n'ont point oublié de mettre en
lumière les applications qui ont été faites dans
les autres pays : le volume contient nolamment
l'histoire des ballons dirigeables Zeppelin depuis
leur création jusqu’à nos jours.
Ecartant les tentatives sans intérêt et tous les
éléments inutiles et encombrants, les deux auteurs
particulièrement qualifiés, ont pu retracer plus
amplement les recherches vraiment scientifiques
et les efforts souvent héroïques, qui nous ont
valu les rapides progrès actuels.
Leur exposé méthodique, substantiel, écrit dans
un style alerte et clair deviendra vite indispensa-
ble à tous ceux qui, devant l'essor prodigieux de
la locomotion aérienne, tiendront à connaître
ses premiers maîtres, ses premiers succès et ses
premiers héros.
Le ballon libre et sa pratique. — Notre con-
frère FArIOTrE, rédacteur en chef des Locomo-
lions Mécaniques, vient d'écrire un petit guide
pratique du ballon sphérique sous le titre Le
Ballon libre el sa manœuvre. C'est un heureux
essai de vulgarisation du sport passionnant et
charmant encore très peu connu, parce qu'il a été
longtemps cru dangereux. Notre confrère démon-
tre que le ballon libre esl moins dangereux que
l'automobile, moins cher aussi et plus facile à
manæuvrer el même à arrêter. Description, gon-
lement, appareillage, manœuvres aériennes, at-
terrissage, dégonflement, accessoires, prix des
ballons, école de l'air, tout est présenté en ma-
nière de grammaire élémentaire, afin de rendre
facile l'apprentissage de la locomotion dans le
domaine des oiseaux, domaine qui sera le nôtre
demain.
En vente aux Locomolions Mécaniques, 198,
rue de Courcelles, Paris. Prix : 1 franc ; par
posle reconmaäandé : 1 franc 15.
« Un Aviateur ». — Avec les passionnantes
aventures d'Un Aviateur qui vient de paraître
chez Fasquelle, Valentin Mandelstamm, que son
talent de conteur a placé au premier rang des
jeunes écrivains, nous donne le vrai roman, et
que tous attendaient, de la Conquête de l'Air. Et
la figure du héros, cet extraordinaire Gilles Le-
brisard, si primesautier, génial et hardi, qui,
dans une étrange el poignante idylle, meurt vo-
lontairement après avoir réalisé sa chimère, res-
tera une des plus belles créations de l’auteur de
l'Ameral, de Suzannah, de Jim Blackwood, Jo-
chey… Ft
Pour paraitre prochainement :
Au fil du vent (L'Idée Aérienne, 1° partie), par
nolre excellent confrère François Peyrey.
Eléments d'aviation, par Viclor Talin.
324
15 Août 1908
Les premiers vols de Wilbur Wright en France
Ainsi que nous l’avions annoncé, Wilbur
Wright a commencé à l’hippodrome des Hu-
naudières près du Mans, les essais de son aéro-
plane automobile déjà expérimenté au mois
de mai dans les dunes de Kill-Dewill, près
Kiütty-Hawk (Caroline du Nord) (V. Aéro-
phile du 15 juin 1908). Les premiers vols, ef-
fectués à titre d'entrainement, n’ont pas eu
encore l'ampleur et la durée des vols réalisés
déjà soit en 1905 (V. Aérophile de décem-
bre 1905 et janvier 1906), soit cette année.
Mais la facilité avec laquelle s'envole l’appa-
reil et la dextérité dont l’aviateur fait preuve
du premier coup, dans sa manœuvre, ont
achevé de dissiper tous les doutes. Pas un des
anciens détracteurs des Wright n’oserait met-
tre en doute, aujourd’hui, les expériences an-
térieures des hommes qui ont véritablement
volé les premiers, ni la possibilité de les voir
renouveler sous peu de temps leurs vols pro-
longés. Tout le monde rend enfin justice à
deux admirables pionniers de la science, trop
longtemps discutés. C’est pour l’Aérophile, une
fierté profonde d’avoir le premier, dès 1903
et dans la suite, fait connaître l'importance
décisive de leurs travaux successifs et hâté
l'aurore de leur gloire.
(Cliché des Sports.)
W. Wright dans son aéroplane, les mains aux leviers de manœuvre.
L'appareil et le champ d’expé-
riences. — Rappelons en les compétant, le:
dispositifs de l’aéroplane Wright déjà publié:
dans l’Aérophile du 1% juillet et conformes
d’ailleurs comme disposition générale aux di-
verses descriptions, croquis, dessins, textes de
brevets publiés depuis 1903 dans l’Aérophile.
L'appareil présente donc deux surfaces por-
tantes superposées, entoilées, concaves d'avant
en arrière, de 12 m. 50 d'envergure, 2 mètres
de longueur du bord avant au bord arrière, et
maintenues distantes verticalement de 1 m. 80
par des montants de bois verticaux articulés.
A 3 m. en avant de ces 2 plans porteurs,
s’en trouvent deux autres parallèles, plus pe-
tits, superposés, orientables au gré du pilote
autour d’un axe vertical et servant de gouver-
nail de profondeur. À 2 m. 50 en arrière des
LÉGENDE DE LA PLANCIIE, PAGE 325.
En haut, à gauche : Spectateurs attendant les
essais. — En médaillon : l'aéroplane Wright en
plein vol. — A droite : l’aéroplane prêt à partir
sur son rail et le pylone,
En bas, à gauche : l'aéroplane amené au point
de départ el vu par l'arrière, — A droite : l'aé-
roplanc et son abri.
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326
surfaces portantes, le gouvernail vertical
formé de deux surfaces planes entoilées, pla-
cées verticalement côte à côte et mobiles en-
semble autour d’un axe vertical. A l'inverse
des modèles français pas de queue stabilisa-
trice-à l’arrière.
Le moteur est placé entre les deux surfaces
portantes, sur la surface inférieure un peu à
droite du plan de symétrie de l'appareil. C'est
un 25 chx. 4 cyl. pesant complet 90 kgr., en-
tièrement imaginé et construit par les frères
Wright. Soupapes automatiques, allumage par
magnéto, pas de carburateur proprement dit.
A la droite du moteur, un radiateur à tubes
plats en cuivre. A gauche du moteur, deux lé-
gers sièges pour l’aviateur et son passager, as-
sis côte à côte, les pieds reposant sur une barre
d'appui. Le moteur actionne par chaîne croisée
courant dans des tubes d'acier servant de
guide deux hélices tournant côte à côte, en
sens inverse, en arrière des surfaces portantes.
Ces hélices de 2 m. 50 de diamètre et dont le
pas semble considérable, sont en bois. Un dis-
positif démultiplicateur de 33 à 9 les fait
tourner à 450 tours par minute, tandis que
dans les machines françaises, les propulseurs,
de diamètre et de pas moindres, tournent à la
même vitesse que le moteur, soit 1.100 à
1.200 tours.
La direction en profondeur et dans le plan
horizontal, est obtenue par la manœuvre du
gouvernail horizontal d'avant et du gouvernail
vertical d’arrière et aussi par le gauchissement
des surfaces dans leur région postérieure, qui,
cependant sert surtout à maintenir l'appareil
en équilibre. Le gauchissement donné à la
moitié d’une des surfaces portantes se trouve
déterminer dans l’autre moitié, un gauchisse-
ment égal mais de sens inverse. Cette souples:
et cette déformabilité des ailes qui est la ca-
ractéristique la plus importante peut-être des
aéroplanes Wright est obtenue au moyen de
câbles d'acier coulissant sur des poulies et
aboutissant à un levier de manœuvre placé sous
la main de l’aviateur. Ce dernier doit être assez
habile et assez maître de son appareil pour
gauchir l'appareil dans le sens et dans la me-
sure nécessaire au rétablissement de l’équi-
libre. La torsion n’affecte pas le bord d’atta-
que des ailes.
L'appareil repose sur deux longs patins de
bois, qui ne le surélèvent guère que de 40 centi-
mètres, et sur lesquels il atterrit. Il ne pos-
sède pas comme les modèles français de
roues porteuses sur lesquelles on se lance jus-
qu'à ce qu'on ait atteint la vitesse nécessaire
à l'essor. Tout l’appareil pèse, monté, 450 kgr.
Le départ nécessite l'emploi d’un matériel
spécial qui ne fait pas partie de la machire
volante. Si le vent souffle, l’aviateur pose à
terre un rail de bois d’une vingtaine de
mètres de longueur ; il place l'appareil sur un
léger chariot indépendant à galets, de telle
15 Août 1908
sorte, que le rail soit encastré dans une gorge
ménagée inférieurement dans la partie mé-
diane du chariot. Les hélices, mises en route,
un encliquetage maintient d’abord le tout im-
mobile. Le déclic abattu par le pilote, l’aéro-
plane et le chariot sur lequel il repose démar-
rent et progressent sur le rail en accélérant
leur vitesse. Une butée disposée sur le rail ar--
rête le chariot et l’aéroplane continuant sa
course en vertu de sa puissance vive, se
trouve ainsi à l'essor, aidé, s’il le faut, par
une manœuvre opportune du gouvernail avant.
Si le vent est nul, l’aéroplane est rapidement
et progressivement mis à la vitesse nécessaire
par la chute de disques de bronze de 700 kgr.
abandonnés du haut d’un pylône spécialement
édifié. Les poids sont reliés à un câble qui, aw
moyen de poulies de renvoi et passant sous le
chariot entraîne, par l'avant, l’aéroplane sur-
son rail, avec une vitesse accélérée, jointe à la
poussée de ses hélices jusqu’à l’envolée, réali-
sée comme précédemment.
Le pylône de lancement de 6 mètres de hau-
teur, la maisonnette d’abri ont été édifiés sur-
l’hippodrome des Hunaudières, L'appareil y
a été transporté, le soir du 4 août et Wilbur
Wright s’est installé auprès de lui, le défen-
dant contre les curiosités indiscrètes sans le:
quitter ni le jour, ni la nuit.
Les premiers essais. Le premier-
essai a eu lieu le 8 août, devant une assistance:
peu nombreuse composée d’aviateurs, de jour-
nalistes et de sportsmen, parmi lesquels,
MM. Archdeacon, président de la Commission
d'aviation; Hart O. Berg, représentant les
intérêts des Wright; Léon Bollée, Louis Blé-
riot, notre confrère Francois Peyrey, Rene.
Gasnier, Ernest Zens, Paul Zens, Pierre Gas-
nier, Robert Guérin, Dickins, capitaine Saze-
rac de Forge, de Moy, deux officiers russes,
etc., etc...
L’aéroplane sorti du hangar fut minutieu-
sement inspecté par Wilbur Wright dans ses
moindres détails.
Le temps était calme, et l’on employa potu-
réaliser le lancement la méthode du pylône.
Les hélices furent mises en route, Wil-
bur Wright prenait place à bord. Soudain, il
déclanchait le mécanisme qui détermine la
chute des poids. L’aéroplane glissait vivement
sur le rail, un coup de gouvernail le cabrait
avant la fin du chemin de lancée et aussitôt, il
décrivait une demi-volte, gagnant une hau-
teur de 10 mètres environ; il décrivait ensuite:
deux grands orbes passant au-dessus de petits
arbres, puis son hangar, du poteau d'arrivée
de l’hippodrome ; on distinguait la manœuvre
de l’aviateur gauchissant ses ailes pour mainte-
nir un équilibre remarquable. Le grand oiseau
blanc venait enfin atterrir à 20 mètres du point
de départ entre la rivière de l'hippodrome et le
kiosque du pari-mutuel. Il glissa légèrement
J’Aérophile
sur ses patins et presque aussitôt s'arrêta, tan-
dis que les spectateurs acclamaient l’aviateur,
ému malgré son flegme extraordinaire.
La durée du vol chronométrée par MM. Er-
nest Zens et Louis Blériot, fut de 1 minute,
45 secondes. La vitesse est évaluée à 55 kil.
à l'heure environ.
— Les essais reprirent le lundi soir 10 août,
car les Wright, fils d’un pasteur de Dayton,
observent, dans toute sa rigueur, le repos do-
minical. Aux spectateurs de l’avant-veille
«étaient venus s’adjoindre, entre autres person-
nalités, MM. Léon Delagrange, Frank P.
Lahm, le comte de La Vallette, M. et Mme Léo
327
Pour atterrir, Wilbur Wright <2 rapproche
du sol, maintient les soupapes ouvertes au
moyen d’un dispositif spécial, supprimant la
compression, plane un instant et se pose sur
ses patins, avec une légèreté inouie, arrêté
presque aussitôt, après una glissade à terre
insignifiante.
— Le 12 août, nouveau progrès. À 8 h. 5 du
matin, vol de 6 min. 56, dans un vent de 15 kil.
à l’heure pour une distance de 7 à 8 kil. re-
présentant 6 fois le tour de l’hippodrome.
Le soir à 6 h. 1/2, malgré un vent plus frais
encore, deux vols réussis, l’un de 40 ses
l’autre de 1 min. 44. .
(Cliché des Sports.)
L'aéroplane Wright en plein vol.
Stern, le préfet de la Sarthe, M. et Mme Al-
hert Omer-Decugis, Drzewiecki, nos confrères,
Paul Rousseau, Frantz Reichel, A. Wimille,
-etc., sans parler de nombreux habitants du
Mans et des environs.
14 essai à 6 heures du soir avec lancement
par chute des poids. Le moteur avait des ratés
-et l’aéroplane arrivé à la fin du rail, ne s’en-
“vole pas.
2e essai à 7 heures. L’aéroplane s’envole, mais
mal équilibré longitudinalement, ne tient l’at-
mosphère que 42 secondes.
3° essai, réussi à 7 h. 30, pendant 1 m. 41 sec.
au cours duquel furent décrits entre 10 et
12 mètres de hauteur, 2 immenses 8.
— Le 11 août, au coucher du soleil, splen-
-dide envolée de 3 min. 43 sec. pour un parcours
de plus de 4 kil. L’aéroplane, admirablement
maniable, changeait de hauteur au gré du pi-
lote, volant tantôt à 20 m., tantôt à 2 m. du
sol.
Avant de tenter les grandes envolées, le fa-
meux aviateur veut acquérir la parfaite mai-
trise de l’appareil qui, au lieu des 4 leviers de
manœuvre de l’aéroplane expérimenté en mai
dernier à Kill Dewil, présente une disposition
de commandes différente, nécessitant l’acqui-
sition de nouveaux réflexes.
Wilbur Wright déclare qu’il contiunerait son
entraînement progressif durant un mois en-
viron, pour aborder vers le 10 septembre le
programme imposé par le syndicat, acquéreur
conditionnel de ses brevets.
Les conditions du traité de
vente. — Voici les clauses principales du
contrat intervenu entre les Wright et les capi-
talistes groupés autour de M. Lazare Weiller.
Le Comité Lazare Weiller remettra à Wilbur
Wright, une somme de 500.000 francs s’il exé-
cute par vent moyen, à quelques jours d’inter-
valle, deux vols contrôlés de 50 kilomètres cha-
cun, l’aéroplane étant monté par le pilote et
328
un passager ou chargé d’un poids de sable
équivalent aux poids d’un passager, en empor-
tant une provision d’essence suffisante pour
un voyage de 200 kilomètres.
Font partie du Comité: MM. Weiller,
Léauté (de l'Institut), Léon Bollée, baron de
Castex, etc. Moyennant cette somme, les
épreuves subies, le Comité acquiert le mono-
pole de la construction et de la vente des ap-
pareils Wright en France et dans les colomies.
Ces premiers essais encore brefs, montrent ce
qu'on peut attendre de Wright. Il s’est affirmé
comme un remarquable virtuose du vol mé-
canique qu'il pratique d’ailleurs depuis des
années, dans des planeurs et dans des 1ppa-
reils automobiles et comme un admirable in-
venteur.
Comparée à nos modèles, sa machine volante
présente des avantages et des infériorités : Elle
s'élève, se soutient et se dirige dans l’atmos-
phère en n’utilisant qu'une puissance motrice
beaucoup moindre que les aéroplanes français ;
cela s'explique par ce fait, qu’elle est peut
être plus légère et qu’elle ne transporte pas
dans les airs le lourd chariot de lancement
que nos aviateurs emploient, et qui crée une
résistance accessoire considérable à l’avance-
ment. Mais il y a autre chose.
Les Wright ont besoin de moins de puis-
sance motrice parce qu'ils ont eu le mérite de
réussir, les premiers, à adapter à une machine
volante, des hélices de grand diamètre tour-
nant relativement lentement, et dont le rende-
ment est meilleur, lorsqu'il s’agit de faire pro-
gresser à travers l'air, avec une lenteur rela-
tive, un appareil peu pénétrant. Cet avantage
disparaîtrait, si l’on recherchaïit, comme on
tend déjà à le faire chez nous, à réaliser de
grandes vitesses. Nos petites hélices à pas court
et tournant vite l’emporteraient alors.
En revanche, la machine ne se suffit pas à
elle-même ; elle ne peut prendre son vol qu'avec
le secours de dispositifs extérieurs qui ne peu-
vent la suivre. Nos aéroplanes sur roues ont
la facilité de s'arrêter et de repartir par leurs
propres moyens, partout ils auront devant eux
un emplacement libre un peu étendu et rou-
lant: prairie, route, etc.,) et ces emplacements
se rencontrent un peu partout.
Dans l’appareil de Wright, le soin d’assurer
l'équilibre est presque uniquement dévolu à
l’'habileté du pilote, qui gauchit les plans sus-
tentateurs. L'apprentissage de telles machines
est forcément plus difficile que celui des nôtres.
On a cherché plutôt en France, à réaliser le
plus possible des appareïls stables par cons-
truction, en leur adjoignant une queue et di-
15 Août 1908
vers autres organes passifs et automatiques de
stabilisation. Certains inventeurs cependant,
comme M. Blériot, qui se sont faits du rôle du
pilote une conception analogue à celle des
Wright, ont mis à sa disposition des organes
de stabilisation tels que les ailerons latéraux,
tout différents des surfaces déformables em-
ployées par les Wright et qui semblent pouvoir
rendre les mêmes services, en restant plus fa-
ciles à manier.
Si les Wright ont le mérite immense d’une
incontestable antériorité, la supériorité intrin-
sèque de leur appareil sur les nôtres, ne semble
donc pas indiscutable.
Un avenir prochain montrera si l’on peut
concilier les avantages des deux méthodes, ou
s’il faut opter entre elles.
M. Decouz
Les exvériences de Wilbur Wright
Un accident, — Le 13 août, de très bonne
heure, après un essai réussi de 8 min. 13 s., Wil-
bur Wright essaie un vol en hauteur et gagne
une trentaine de mètres au-dessus du sol. Le
moteur fonctionnant mal après 2 min. 20 sec. de
vol il veut atterrir, mais par suite d'une fauss
manœuvre (comme en mai dernier, à Kill-Dewil),
sincline trop à droite et endommage une aile
dont les réparations demanderont une huitaine de
Jours.
Le Tour du Monde aérien
Une voiture à hélice aérienne. — À l'usine
Clément; M. Clerget termine actuellement un
nouveatt moteur d'aviation, dont voici les inté-
ressantes caractéristiques
50 ch., circulation d'eau, pesant 75 à So kil.,
et tournant à 1.800 tours.
7? cylindres horizontaux rayonnants avec un
seul maneton. Deux volants intérieurs. Un dé-
multiplicateur permet à l'hélice, en prise directe,
de ne faire que 1.000 tours. La disposition hori-
zontale des cylindres détermine un équilibre par-
fait, facilite le refroidissement et le graissage.
Un autre moteur, complètement imaginé, ce-
lui-là, par M. Clerget, est à l'étude ,ainsi qu'une
veilure à hélice
Cet'e voiture sera munie d’un moteur de 144
chevaux acticnnant deux hélices, en tandem,
travaillant à larnére.
La voiture à hélice dédaigne naturellemant
l'embrayage, le changement de vilesse — les hé-
lices ayant un pas variable — et le différentiel.
Ce serait une sorte de cigare à quatre roues.
On connait les principales expériences d’hélices
aériennes appliquées à la traction de véhicules
terrestres (voiture du capitaine Ferber, motocy-
clette à hélice de M. Archdeacon, voiture à hé-
lice de M. Henri Fabre, etc... (Voir Aérophile de
septembre 1906, 15 janvier 1908). Cet emploi de
l'hélice aérienne permet comme son application
sur des canots, d'intéressantes expériences com-
paratives de rendement des hélices sur un appa-
reil en marche et non au point fixe.
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(L. Chauvière)| — Issy rendu aux aviateurs.
Revue technique et pratique
de ia iocomotion aérienne Convocations. — La Coupe Anlonetti. — Les Ascensious au
SOMMAIRE DU BULIETIN DF L'AFRO-CLUB DE FRANCE :
‘ 7 Parc de l’Aéro-Club de France.
Directeur-Fondaleur : GEORGES BESANÇON
Portraits d'Acronautes Contemporains
ALBERT OMER-DECUGIS ET M"® OMER-DECUGIS
Né à Lille, le 28 avril 4874, Albert Omer-Decugis avait déià pratiqué à peu près tous les sports, lorsqu'il exéculait en 1904,
sa première ascension. Bon escrimeur, cavalier emérile, fin yachlman, gra :d voyageur que sa fantaisie ou ses affaires condui-
sivent dans toules les contrées de l'Europe, et jusqu'en Afri-
que, en Algérie, aux Açores, aux Canaries, il avait élé des
premiers à sacrifier à la déesse aulo.
Le charme du ballon le séduisit dès l'abord. Formé à
l’école de Georges de Castillon, il devenait vile un excellent
pilote, méthodique, endurant et sûr. Il le prouvait dernière
ment ea conduisant avec une parfaite maëstria l'ascension
physiologique à grande altitude du 3 juillet. Néanmoins c'est
le tourisme aérien qu'il a lore surtout, les sensitions neuves
dans la gloire des jours clairs, l'obscurité solennelle des
nuils, les brumes des nuées fantastiques. Il en rapporte, pour
son plaisir, des vues photographiques, admirables de pittores-
que et d'imprévu, souvent r'marquées et primées dans les
concours de photographie aéronautique. Il pro onge ainsi, une
fois de retour parmi les terriens, les multiples enchante-
ments qui s'offrent aux navigateurs de l'atmosphère.
Albert Omer-Decugis comple aujourd hui une quarar-
laine d'ascensions ; c'est un des pilotes qui ont amené à
l'aérostation le plus de néophyles vite fanatisés. Mais le Mme Arvenr Ouer-Decuis
meilleur de ses éèves, celui dont il peut être le plus fer, n'est autre que Mm° Albert Omer-Decugis. C'est le 9 juillel
1905 que la gracieuse sportswoman se risquait pour la première fois dans l'atmosphère ; elle en est aujourd'hui à
sa 29° ascension, dont plusieurs, accomplies de nuit ou dans
les concours, constituent de fort intéressantes traversées
aériennes. Cilons seulement Paris-Chenoncezux, Faris-Chà-
teauroux, Paris-Thionville. Mme Albert Omer- Decugis n'est
point, en nacelle, un simple passager ; il lui arrive souent
de suppléer son mari et de conduire foute une ascension.
Elle a sa part de responsabilité dans l'équipe mixte Albert
Omer-Decugis, qui a déja figuré res honorablewent contre
des équipages entirrement masculins el qui fera bien mieux
encore lorsqu'une invraisemblable malchance lui accordera
quelque répit
N'oublions pas qu'un spcrt n'est véritablement vulgarisé
qu'après avoir conquis le suffrage des femmes... je ;arle des
sports qu'il leur est effectivement possible de praliquer.
C'est ce qu'exprimait un jour, avec son humour habituel
Nilfrid de Fonvielle lorsqu'il disait : « Vous voulez faire
justice des préjugés qui nuisent à l'aérostation et répandre
universellement sa pratique... Décidez les femmes à monter
en ballon ».
Le vénéré doyen des aéronaufes francais doil savoir infiniment gré à Mme Albert Omcr-Decugis du brillant et ulile
exemple qu'elle donne.
M. Arvrar Ouen-Decucis
P. ANCELLE
330
RÉSONANCE
Hélices Aériennes
LA
et les
Parmi les agrès de gymnastique que nous
avions au régiment, il y avait une grande
bigue de sapin reposant sur des chevalets à
ses deux extrémités. Là-dessus nous faisions
le simulacre du passage d’une rivière. Cette
bigue était si solide qu'il eût fallu, je crois, le
poids de toute la compagnie pour la faire
casser,
Or, un jour, nous étions cinq à danser en
cadence sur la poutre, réglant nos mouvements
sur l’oscillation propre qu'elle prenait. Insen-
siblement, les oscillations augmentèrent d’'am-
plitude, devinrent énormes, et nous fimes tant
et si bien que, dans un craquement sinistre, la
poutre se cassait en deux.
Les coups de piston de nos moteurs à pé-
trole jouent parfois un mauvais tour de ce
genre à nos hélices aériennes accouplées direc-
tement. C’est pourquoi il est peu d’aviateurs
qui n'aient dans leur musée rétrospectif quel-
que demi-douzaine d’hélices brisées.
Les arbres et les bras de ces hélices savam-
ment calculées sont en état de résister large-
ment soit à la force centrifuge, soit à l'effort
simple du coup de piston le plus brutal, de
même que notre poutre de sapin résistait fa-
cilement au poids des cinq hommes. Nous al-
lons voir comment les explosions emploient,
pour briser leurs hélices, le même procédé ma-
licieux que les soldats de tout à l’heure.
Pour expliquer le phénomène, les physiciens
vous diront :
1° Toutes les fois qu'une masse est reliée
par un organe élastique à un point fixe on à
une autre masse, l’ensemble est susceptible
de vibrer avec un nombre d’oscillations par
seconde bien déterminé.
2° Ce nombre d’oscillations par seconde, par-
ticulier au système, est d'autant plus grand
que la partie élastique est un ressort plus puis-
sant et que les masses sont plus faibles (1).
3° Si une cause extérieure donne à ce sys-
tème susceptible de vibrer des impulsions suc-
cessives avec un nombre d’impulsions par se-
conde qui est précisément son nombre d’oscil-
lations propres, il se produit des oscillations
dont l’amplitude croîtra indéfiniment si l’en-
semble n’est pas amorti : c’est la résonance.
(4) Etant donnés les moments d'inertie I et l' de
chaque masse en kilogrammes mêtre carré. le couple C
en kilogrammètres que donnerait l'arbre pour. une
torsion d'un radian, la durée T en secondes d'une
oxcillation est donn&æ par la formule
1°! Septembre 1908
Appliquons ces lois à un cas de la pratique
que nous choisirons à dessein dans les meil-
leures conditions pour présenter ce phénomène
de résonnance.
Voilà un moteur à pétrole d'automobile
il a un bon volant, quatre cylindres: à sa vi-
tesse normale il tourne à 1.000 tours. Mettons-
le directement en prise avec un arbre de un
mètre de long : cet arbre aura le diamètre
normal que l’on mettrait à ce moteur s’il était
sur une auto, 80 millimètres, par exemple. Au
bout de cet arbre, clavetons solidement une
hélice rigide.
On pourrait croire que nous sommes dans
d'excellentes conditions : « Vous avez un vo-
lant, dira-t-on, tout va être régularisé : l'arbre
étant flexible, l'hélice ne recevra pas directe-
ment les chocs du moteur, tout ira bien. »
En réalité, nous commes dans des conditions
déplorables : il faut que quelque chose casse.
Nous avons un volant, c’est vrai. Mais ce
qui est plus grave, nous en avons deux; l’hé-
lice fait volant. Nous avons deux masses re-
liées par un organe élastique : c'est le cas dont
nous parlaient tout à l'heure les physiciens ;
d’après eux l’ensemble est susceptible de vi-
brer. Essayons.
Prenons d’une main le volant, de l’autre
main l’hélice et tâchons de les faire tourner en
sens inverse autour de leur arbre commun.
L'arbre va résister, mais, si nous sommes assez
forts (ce qui n’est pas le cas!), tout en résis-
tant, l'arbre se laissera tordre de quelques de-
grés.. — Lâchons tout; — l’arbre se détordra,
mais, par suite de l’inertie des masses, se tor-
dra, en sens inverse, reviendra de nouveau,
etc. : ce sont des oscillations qui viennent de
prendre naissance et qui s’éteignent peu à peu.
Nous pourrons remarquer que la durée des
oscillations est toujours la même, quelle que
soit la torsion première donnée à l’arbre. Sup-
posons que nous constatons 20 oscillations par
seconde. Nous voyons déjà que si notre mo-
teur à pétrole donne lui aussi 20 explosions par
seconde, sûrement il y aura de la casse.
Ce moteur ayant 4 cylindres fait 2 explosions
par tour, soit 33 explosions par seconde à 1.000
tours sa vitesse normale. A cette vitesce, il n'y
aura donc probablement pas de vibrations exa-
gérées, puisque les explosions ne sont pas en
mesure avec l’oscillation propre du système.
Mais pour se lancer ou pour s'arrêter, le mo-
teur passera par la vitesse de 600 tours. A
cette vitesse, il y a juste 20 explosions par se-
conde : là, l’accord est parfait, c’est la réso-
nance. Pour peu que les vibrations aient le
temps de s’amplifier, c’est un clavetage qui
saute, l’arbre ou le bras de l’hélice qui casse.
Voilà le phénomène de la résonnance qui a
donné dans toutes les branches de la science
tant de difficultés aux ingénieurs. Il y a dix
ans, les électriciens se trouvaient en présence
l’Aérophile
de la même difficulté lorsqu'ils voulurent ac-
coupler un gros moteur synchrone sur un al-
ternateur, conduit par une machine à vapeur
à piston. Là encore, le lien élastique se rom-
pait : c’étaient des courants formidables qui
faisaient sauter tous les fusibles. Ceux qui
ont voulu accoupler des moteurs à pétrole à
des dynamos ont eu des difficultés du même
genre. é
Aujourd’hui, les électriciens sont sortis vic-
torieux de la lutte contre la résonnance, mais
certains aviateurs se battent encore.
Pour se défendre contre le même phénomène,
ils ont pris et prendront les mêmes procédés.
*
%x *
Il faut, soit empêcher la résonnance de se
produire en donnant à l’ensemble vibrant une
fréquence propre bien différente de celle des
coups de piston; soit amortir les oscillations
pour les empêcher de prendre des amplitudes
exagérées.
I. — On peut d’abord rendre la fréquence
propre d’oscillations très grande, supérieure à
la fréquence propre des explosions à la vitesse
maxima : il faut alors, comme nous l’avons vu,
que les masses soient légères et que l’organe
élastique soit très fort, très peu élastique.
C'est ainsi que l’on a construit pour l’aviation
des moteurs sans volants dont on s’est même
ingénié à alléger les parties tournantes.
Si les vilebrequins de ces moteurs sont reliés
aux pales d’hélice par un arbre suffisamment
court, par des bras d’ailes suffisamment peu
flexibles dans le plan de rotation, l’ensemble a
une fréquence de vibration de l’ordre de plu-
sieurs centaines de vibrations par seconde, chif-
fre que n’atteint pas la succession pourtant si
rapide des explosions de moteurs à 7 ou 8 cy-
lindres tournant à plus de 1.000 tours par mi-
nute.
On peut encore obtenir une fréquence pro-
pre très grande avec un moteur à volant, si on
cale directement l’hélice sur le volant, sans
l'intermédiaire d'aucun arbre. Mais il faut
alors que les bras de l’aile soient d’une très
grande rigidité dans le plan de rotation.
A l'inverse, on peut rendre la fréquence de
vibrations beaucoup plus faible que la fré-
quence des coups de piston aux vitesses utili-
sées pratiquement. On met alors des masses
considérables aux extrémités d’arbres très
élastiques. C’est ainsi que dans certains de
nos dirigeables, le moteur muni d’un volant
mène par l'intermédiaire d’engrenages démul-
tipliants et de longs arbres de couche, une hé-
lice de grand diamètre.
II. — L'autre solution qui consiste à amortir
Voscillation a l'inconvénient, apparent plutôt
331
que réel, d’absorber une certaine énergie. En
fait, cette énergie perdue n’a de valeur ap-
préciable que pour le cas de la résonnance,
qui n’est en général pas le cas de la marche
normale. L’amortisseur ne fonctionnera donc
qu’à la vitesse critique, transmettant, sans
pertes, la puissance, en pleine vitesse.
Le type bien simple et bien pratique de ces
amortisseurs est la courroie, qui glisse lorsque
l'effort prend une valeur exagérée, sans faire
comme le ressort qui, l'effort passé, rend, en
se détendant, l'énergie absorbée en se tendant,
et ainsi entretient les oscillations.
Quant à ceux qui ne pardonnent pas à la
courroie ses défauts de poids, encombrement,
glissement, pression sur les arbres, etc., ils
pourront employer l’accouplement élastique
amorti : quelque chose comme la suspension
de nos voitures automobiles actuelles; un res-
sort doublé d’un amortisseur; ou encore, quel-
que chose comme un accouplement élastique de
dynamo dont les oscillations seraient freinées
par un vigoureux « Truffaut ».
Et que l’on ne dise pas que de tels organes
alourdissent inutilement nos groupes propul-
seurs : l’élasticité ainsi obtenue permet de di-
minuer les dimensions des autres pièces, désor-
mais à l’abri des chocs. Quand un construc-
teur saura que son moteur ne sera jamais at-
telé qu’à un bon accouplement élastique, il le
fera sans crainte beaucoup plus léger.
En aviation, faisons des organes qui puis-
sent se dérober aux à-coups, qui sachent céder
en se courbant sous la tempête comme le rœ
seau de La Fontaine. Pour construire’ léger,
construisons souple, c’est-à-dire, à la fois élas-
tique et amorti.
Henri FaBre,
ingénieur-électricien.
À l’Aéro-Club du Sud-Ouest
Les ascensions de l'Aéro-Club du Sud-Ouest
18 Juillet. — Bordeaux. usine à gaz de La
Bastide, 5 h. 30 s. Le Loto (350 m°): M. Roger
Achard, att. à 6 h. 40 dans la lande de Saint-
Alban, commune de Cestas (Gironde). Distance
parcourue : 15 kilom. Durée : 1 h. 10.
18 Juillet. — Bordeaux, usine à gaz de La
Bastide, 5 h. 35 3. Le Lanturlu (500 m'):
M. Etienne Faure, att. à 6 h. 40 dans la Lande
de Saïint-Alban, commune de Cestas (Gironde).
Distance parcourue : 15 kilom. Durée
NE
332
Le propulseur à échaprement
et l'aéroplans à grande vitesse
A un point de vue général, si l’on dispose
d'une source d'énergie que l’on utilise à la
propulsion d’un véhicule, de fa;on à obtenir
une puissance utile constante, la courbe repré-
sentant les efforts de traction en fonction des
vitesses est une branche d'hyperbole H (fig. 1),
dont les asymptotes sont les axes de coordon-
nées.
Pratiquement, si l’on réalise la propulsion
d'un véhicule roulant, en attaquant les roues
par un moteur à vapeur à couple très variable,
on pourra suivre, entre certaines limites, la
courbe théorique. Si l’on adopte un moteur à
couple constant, comme le moteur à explosion,
on sera conduit à employer différentes combi-
naisons de vitesse relative entre le moteur et
les roues motrices, et on substituera à la courbe
théorique une série d'éléments de droites hori-
zontales D,. D,, D,, D,. — Si l’on réalise la
propulsion en prenant appui sur l'air au moyen
d'une hélice calée sur l'arbre d'un moteur à
couple constant, la courbe théorique sera rem-
placée par une ligne que l’on peut confondre
approximativement avec une droite À B, O B
représentant le déplacement de l’hélice. On
voit que l'application de l’hélice à la traction
des véhicules mus par des moteurs à couple
constant donne une solution approchée du pro-
blème du changement de vitesse progressif.
Dans tous les cas, se rapproche, autant
que possible, du diagramme théorique.
En ce qui concerne les efforts résistants, nous
considérerons trois sortes de véhicules, aux-
quels nous supposerons que l’on applique la
même puissance utile, constante, représentée
par l’hyperbole H (fig. 2).
19 Véhicule lourd et lent
L’effort résistant est dû seulement au rou-
loment ; il est constant et égal à F,. La courbe
des efforts résistants est une droite C,, parallèle
à l’axe des vitesses, coupant l'hyperbole H des
efforts moteurs en un point donnant la vi-
tesse maxima V,, que l’on pourra réaliser. A
chaque instant, la différence f, entre l'effort
de traction et l'effort résistant donne l'effort
accélérateur. L'accélération du mouvement est
proportionnelle à f,, et inversement proportion-
nelle à la masse du véhicule, laquelle est pro-
portionnelle à F,.L’accélération est donc de la
f y _— fi
orme, =K F..
29 Véhicule léger et rapide
Les efforts résistants sont la résistance au
roulement F,et la résistance du vent. La
1 Septembre 1908
courbe C, des efforts résistants est ascendante:
elle coupe H en un point donnant la vitesse
— L'accélération +, — K Ê est
beaucoup plus grande que-,et, dans certains
cas, elle pourra devenir dangereuse pour les
organes transmettant le mouvement; — on
sera alors conduit à diminuer cette accéléra-
tion en n’utilisant pas, au démarrage, toute la
puissance motrice.
maxima V,.
3° Aéroplane rapide
L'aéroplane rapide peut être considéré
comme la suite de l'automobile à grande vi-
tesse. La courbe C, des efforts résistants peut
s’infléchir légèrement lorsqu'il il y a allège-
ment, puis, la résistance du vent devenant pré-
pondérante, la courbe se relève. L’accélération
n=k LE sera, pour un aéroplane très léger
et très Rae absolument hors de proportion.
Le propulseur, moteur à explosion, hélice,
donnera des efforts de démarrage considéra-
bles, permettant de s’enlever sur des terrains
donnant un coefficient de roulement très élevé,
et sans même utiliser toute la puissance dis-
ponible ; — mais il n'y aura pas harmonie, aux
différentes vitesses, entre le diagramme des
efforts de traction et celui des efforts résis-
tants.
L'hélice joue, en quelque sorte, le rôle d’un
démultiplicateur; c'est le propulseur pour
grands efforts et vitesses modérées, convenant
bien au plus léger que l’air et au plus lourd que
l'air à grande surface portante qui paraît,
malheureusement, plus sensible encore que le
premier aux effets du vent.
La condition fondamentale que doit réaliser
le propulseur applicable à l’aéroplane très ra-
pide est la suivante : donner un effort de
traction aussi indépendant que possible de la
vitesse. Dans ces conditions, la puissance utile
ira constamment en croissant et nous ne serons
plus dans des conditions favorables pour le tra-
vail d’un moteur; mais il n’est pas nécessaire
d'employer un moteur pour constituer un pro-
pulseur. Le rendement d'un moteur à explo-
sions, bien qu'il réalise un progrès sensible, par
rapport à celui autres moteurs thermiques,
n’est que de 20 ° ; la majeure partie de l’éner-
gie du combustible est emportée par l’échappe-
ment et la circulation d’eau, et encore cette
dernière est-elle moins que de l’énergie inu-
tile; c'est de l'énergie nuisible (on pourrait
dire négative), car elle nécessite, pour la dis-
siper, des appareils lourds qui immobilisent,
par leur poids, une partie de l'énergie utile.
Quant au rendement de l’hélice, on le rap-
porte généralement à la puissance motrice ef-
fective, et on le définit : le rapport du travail
du véhicule (produit de l'effort de traction par
la vitesse), à la puissance motrice. Si AB
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l'Aérophile 333
>> Axe des elbrts detraction
Fig. /
B Axe des Vilesses
0 B Fig. 5 Û
Coupe À B
(Les nee él2
position de démerrege)
TP EAULE dat —
334
(fig. 3), est le diagramme des efforts de trac-
tion de l’hélice, à chaque point M correspond
une vitesse OP et un effort OQ. Le travail est
l'aire OPMQ dont la courbe représentative
est une parabole à axe vertical, passant par
O et B. Si le travail du moteur était cons-
tant, cette parabole représenterait, à une autre
échelle, le rendement; mais le travail moteur,
si l'on maintient la vitesse de rotation cons-
tante, tend à diminuer aux grandes vitesses de
translation, et la courbe du rendement est
désaxée vers la droite. L'expérience a montré
que le sommet $S de la courbe a une abscisse
telle que le recul TB soit égal environ à
0,40 x OB. (OB, déplacement de l’hélice).
Le rendement, ainsi défini, n’est pas un cri-
terium bien intéressant : il passe par un
maximum de 0,50 environ, mais il est nul au
point fixe, alors que l’hélice donne, en somme,
son maximum d'effet. Quoi qu’il en soit, si l’on
rapporte le rendement à l'énergie primaire de
combustible, on voit qu'il est bien faible. Son
maximum est de 0,20 (rendement du moteur)
x 0,50 (rendement maximum par rapport au
moteur) = 0,10.
Il y aurait un grand avantage à pouvoir
supprimer l'intermédiaire de la puissance mé-
canique. C’est ce que l'on obtient par l'emploi
du propulseur à échappement.
7 *
*k *
Le propulseur à échappement utilise directe-
ment la réaction due à la puissance vive com-
muniquée aux produits de la combustion du
mélange carburé et à l’air ambiant.
Ce propulseur (fig. 4), se compose essentiel-
lement d’une série de cylindres à simple effet,
analogues à ceux des moteurs à explosion, mais
l'échappement est produit dans le fond du cy-
lindre au moyen d’une soupape guidée par une
douille portant des lumières, dispositif créant
le minimum de pertes de charge. Le cylindre
est prolongé par un ajutage divergent dont la
méridienne est étudiée pour produire une dé-
tente progressive des gaz. L'appareil est sus-
pendu par un axe passant par son centre de
gravité, lequel axe est fixé au véhicule avec
interposition de ressorts amortisseurs, régula-
risant l'effort de traction.
Bien que l’on retrouve dans cet appareil
tous les organes essentiels du moteur à explo-
sion ce n’est pas un moteur, car il n’y a pas
utilisation d'énergie mécanique, l’échappement
étant réglé pour que la vitesse de régime soit
conservée, sans charge sur l'arbre. Alors que
dans un moteur on recherche, pour améliorer
le rendement thermique, les grandes compres-
sions qui conduisent à l'emploi d'organes de
forte section (et par conséquent, de poids
élevé) et qui exigent des enveloppes à circu-
lation d’eau et des appareils compliqués et pe-
1* Septembre 1908
sants, pour le refroidissement de cette eau;
dans le propulseur à échappement, au con-
traire, il faut rechercher les plus faibles com-
pressions et carburations compatibles avec un
bon allumage. D'où adoption d'organes très lé-
gers et possibilité de supprimer la circulation
d’eau, rendue inutile, d'une part, par le faible
échauffement résultant de la compression et
carburation réduites, ainsi que de l’échappe-
ment prématuré et, d'autre part, par le re-
froidissement facile dû au grand volume de
l'appareil par rapport au poids de combustible
‘consommé et à la disposition sur le véhicule,
très favorable au refroidissement.
Une cylindrée de 50!, à une vitesse de 1.500!
à la minute, donne un volume aspiré à la se-
conde de 50 x 12,5—625!, représentant un poids
de 625 x 1,293 = 808 gr. 125 et une masse
de 30125
EU 82; 0rTaT -MASsse.
DST grammes-mass
Si l’on admet une charge moyenne de seu-
lement 2 kilos à l’échappement, soit une pres-
sion de 4 à 5 kgr. à l'ouverture de la soupape
d'échappement et une pression maxima de 7 à
8 kgr. à l’explosion, l'écoulement continu s’ef-
fectuerait à une vitesse de 550 mètres environ,
produisant une quantité de mouvement
F=82,3 x 550—45.265 grammes.
Dans ces conditions, nous supposons, d’une
part, l'écoulement continu, et d'autre part,
nous ne tenons pas compte de la réaction sur
l'atmosphère dont nous ne nous sommes servi
que pour y puiser le comburant. Avec l’écoule-
ment discontinu produit par l’échappement, la
masse gazeuse contenue dans l’ajutage et son
prolongement fictif a, entre deux échappe-
ments, le temps de reprendre, partiellement
tout au moins, son inertie de repos. (Une incli-
naison de l’axe du propulseur par rapport à la
direction du mouvement est très favorable, car
elle permet d'agir sur des couches successives
d'air, ayant toute leur inertie). Il en résulte,
que cette masse peut être assimilée à un pro-
jectile. Si l'on admet que la masse réellement
influencée représente quatre fois la masse aspi-
rée, la force vive mise en jeu restant la même,
cela revient à considérer une vitesse d’écoule-
ment moitié et une quantité de mouvement
double, soit 90.530 grammes.
Nous obtiendrons donc un effort de 90 kilos
environ, effort peu dépendant de la vitesse de
translation qui est presque négligeable par
rapport à celle d'écoulement des gaz.
Pour se rendre compte approximativement
de la consommation de combustible, considé-
rons la force vive mise en jeu
1/2 82,3 x 350 — 12.447.870 grammètres
on peut admettre que le rendement en force
J’Aérophile
vive par rapport à l'énergie primaire est de
plus de 0,50 (Voir Aérophile du 1 mars 1908).
PARU CU. 12.447
L'énergie primaire est donc on 24.894
2
kilogrammètres.
Un moteur correspondant à cette énergie pri-
maire aurait, avec un rendement de 0,20 une
puissance de 24.894 x 0,20—4.978 kilogrammè-
tres-secondes, c'est-à-dire——= 66 chevaux.
Nous aurions donc réalisé un propulseur
donnant un effort constant de 90 kilos, ayant
la consommation d’un moteur de 66 chevaux,
. et un poids plutôt plus faible, si l’on’ tient
compte de la légèreté de construction et de la
suppression de tous les accessoires; bien que,
cependant, une cylindrée de 50! représente à
1.500 pour un moteur, une puissance de plus
de 300 chevaux.
On peut comparer le rendement absolu à ce-
lui du groupe moteur-hélice. Il suffit de tracer
une parabole (fig. 5) dans laquelle OC repré-
sente l’analogue du déplacement OB de l’hé-
lice, c’est-à-dire une quantité de l’ordre de la
vitesse d'écoulement des gaz. Les flèches des
deux paraboles sont dans le rapport des ren-
dements, c’est-à-dire environ
0,50
0,2% —
19
,D.
On voit que le rendement, ainsi que l'effort
de traction (dont le diagramme est repré-
senté par DC) sont d’abord inférieurs à ceux
donnés par l’hélice, mais ils deviennent rapi-
dement supérieurs
Le déplacement OB de l’hélice ne peut guère
dépasser pratiquement 30 à 40 m.; il s'ensuit
que pour de telles vitesses de translation l’hé-
lice est absolument impuissante, alors que le
propulseur à échappement à unrendement com-
parable au rendement maximum de l’hélice et
allant sans cesse en croissant.
L’aéroplane auquel serait appliqué le pro-
pulseur à échappement, pourrait être conçu en
s'appuyant sur les règles suivantes :
1° Adopter de grandes vitesses de transla-
tion, 30 m. à la seconde étant un minimum;
29 Abandonner les matériaux légers qui ne
permettent de réaliser qu’une construction de
solidité et de durée précaires et qui ne sau-
raient résister aux grandes vitesses. Construire
un appareil à faible envergure, entièrement
métallique ;
3° Abandonner le mode d'enlèvement et d’at-
terrissage par châssis de roulement qui est peu
sûr aux grandes vitesses, et exige un dispositif
compliqué, lourd et présentant une grande ré-
sistance à l'avancement.
Dans cet ordre d'idées, l'appareil serait com-
posé essentiellement (fig. 6), d’un corps cylin-
335
drique (1) C, en tôle et cornières d’acier, de
0,80 de diamètre et de 10 à 12 m. de longueur,
présentant à l’avant une forme très effilée et
reposant sur le sol par trois patins p, deux à
l'avant, un à l'arrière. Deux propulseurs iden-
tiques, P, en porte à faux de chaque côté, et
deux surfaces sustentatrices S travaillant dans
le sillage des propulseurs. Le pilote à l’arrière,
disposant de deux leviers, l’un à droite, l’autre
à gauche, portant les manettes pour le ré-
glage de la carburation et de l'allumage, et
commandant l'inclinaison des axes des propul-
seurs. La direction et la stabilisation seraient
obtenues par des variations de cette inclinai-
son, combinées avec des modifications de la
carburation et de l’avance à l'allumage.
Pour l'enlèvement, les axes des propulseurs
étant dirigés verticalement, la réaction sur le
sol soulagerait l'avant, et, l’inclinaison étant.
ensuite diminuée progressivement, l'appareil
glisserait presque exclusivement sur le patin
arrière, ne portant qu'une faible partie du
poids total.
Pour l'atterrissage (fig. 7), les propulseurs
étant éteints, soit volontairement, soit acci-
dentellement, l'appareil décrirait une trajec-
toire parabolique et viendrait, comme une
flèche, se ficher en terre, d’une quantité suf-
fisante pour amortir le choc, de façon à ne pas
dépasser la limite d’élasticité des matériaux
employés. Quant au pilote, il disposerait d’une
course de 10 à 12 m. pour amortir sa chute. A
une vitesse de 30 m. à la seconde, la force vive
d'un homme du poids de 70 kilos est de
F7
10
D
“e 9,81
drait donc un effort constant de
X30°— 3.211 kilogrammètres. Il fau-
3.211
42
los pour absorber cette force vive en 12 m., æ
qui est fort possible si la pression est unifor-
mément répartie sur la surface du corps, au
moyen d'un vêtement élastique solidaire d’un
frein F.
Il est évident que ceci suppose qu’il se pré-
sente toujours un terrain meuble et sans obs-
tacles, favorable à l’atterrissage. Aussi un tel
appareil, lancé à l'aventure, présenterait des
conditions de sécurité bien précaires, comme
d’ailleurs, tout aéroplane un peu rapide; mais
on peut concevoir le jalonnement de terrains
reconnus à l'avance, dépourvus de tout obs-
tacle, matériel ou artificiel, constituant de
véritables routes aériennes.
= 2€8 ki-
(4) Un cylindre de 0m80 de diamètreet 12m delongueur
avec une fente longitudinale de 0®40 de largeur, en
tole d'acier de 2/10 de millimètre aurait un volume de
120 X(3 14 X 8 — 4) X re 5 dm: représentant un
poids de 35 kilos environ que l’on peut tripler pour
tenir compte du poids des armatures et du renforce-
ment de l'avant. Le corps de l'appareil pèserait 100 ki-
los environ.
336
C'est une opinion assez répandue, que la
solution du plus lourd que l’air est dans l’em-
ploi de grandes vitesses. Malgré les difficultés
de réalisation pratique, il ne faut pas trop dé-
plorer cette nécessité, puisqu'elle fera peut-
être un jour, de la locomotion aérienne, le plus
rapide de tous les modes de locomotion.
R. Lorin
L'aéroplane Gastambide-Mengin
Construit comme appareil d’études, le Gas-
tambide-Mengin, après avoir brillamment
rempli son rôle, comme on va le voir, vient
d'être réformé par la Société Antoinette à
qui il appartient; elle le remplacera inces-
samment par un nouvel appareil déjà mis en
chantier et dans lequel on profitera des pré-
cieuses indications fournies par les essais de
l'appareil primitif.
Nous ne referons pas au jour le jour, l’his-
toire des essais du
Issy, cela deviendrait fastidieux; nous re-
(buvto lui.)
Le Gastambide-Mengin II à l'essor.
tiendrons seulement deux expériences extrê-
mement intéressantes celle du 20 août et celle
du 21 août.
Le 20 août, le Gastambide-Mengin, monté
par son excellent pilote habituel, M. Welfe-
ringer, chef du bureau des études de la So-
ciété Antoinette, et par M. Robert Gastam-
bide, l’un des inventeurs, effectuait un vol
d’une centaine de mètres et plusieurs autres
plus courts. Il devenait, de ce fait, le premier
monoplan qui se soit élevé avec deux aviateurs
à bord. Le premier vol aurait pu être pro-
longé car le moteur Antoinette de 50 chevaux
tournait à merveille, mais le passager, logé
dans un espace étroit, avec une des pointes
du réservoir d'essence à quelques millimètres
de son visage, risquait d’être blessé dans un
atterrissage un peu dur.
Le 21 août, sans atteindre encore les re-
cords du monoplan détenus par Louis Blériot,
le Gastambide-Mengin réussissait une perfor-
mance fort honorable dont le croquis ci-contre
donnera une idée et qui fut marquée par un
incident pittoresque. Parti devant son han-
gar, l’appareil exécutait un vol de 1 min.
36 sec., au cours duquel il décrivait une bou-
Gastambide-Mengin, à .
1°" Septembre 1908
à Issy
Le vol du Gastambide-Mengin à Issy le 20 août.
— A. Hangar de la Société Antoinette. — B. Aéroplane
Ferber IX arrêté. — ..... "Tracé approximatif du par-
cours. (Cliché de l'Auto).
cle entièrement fermée et revenait atterrir
près de son hangar après avoir franchi par
une dizaine de mètres de hauteur, dans son
trajet de retour, le F'erber IX qui se trouvait
au repos sur le champ de manœuvres.
Malgré ces succès, on l’a vu, le Gastambide-
ilengin ne reprendra pas l'atmosphère. Ra-
pidement établi, soumis à un travail intensif,
il ne présentait plus une rigidité de cons-
truction suffisante, et cela pourrait devenir
dangereux pour l’expérimentateur.
La Société Antoinette poursuivra ses essais
d’aéroplane dans l’île de Tournedos (Eure),
formée par la Seine, et louée à M. Hervey
Raoul-Duval.
L'AÉROPLANE FERBER IX
Le 3 prix des 200 mètres.
Le capitaine Ferber, affecté à la direction
d'artillerie de Brest, à dater du 21 août der-
nier, se trouve momentanément éloigné du
is 10 ul.)
Le lerber IX à l'essor
petit monde des aviateurs, dont il demeure
l’une des plus hautes compétences, après
avoir été, aux heures difficiles, l’un des plus
habiles vulgarisateurs de la locomotion nou-
lFARMAN
a gagné
LE PRIX ARMENGAUD JEUNE
Par une envolée de 20 minutes 20 secondes
comprenant QUARANTE-HUIT virages
Reprenant à
DEÉEILAGRANGE
le RECORD DU MONDE qu'il détenait par 15 minutes 15 secondes
EEE EN ASS ee
Les Aéroplanes des
FRÈRES VOISIN
ne sont battus que par eux-mêmes
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EE
fe
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34, Quai du Point-du-Jour, BILLANCOURT (seine)
Tout ce qui concerne la navigation aérienne
se 1
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nett
Frs .
Porte un moteur ‘ AY
Le Moteur ANTOINETTE
Détient tous LVL,
les Records du ,
Monde d'AViation
J’Aérophile
velle, l’un de ses apôtres les plus dévoués.
Nous avons relaté (Voir Aérophile du
1 août 1908), les débuts encourageants, de
son aéroplane le Ferber IX, reproduction d’un
modèle déjà conçu et exécuté dès 1905. La
suite des essais à répondu aux espérances fon-
dées dès le premier jour. Le 25 juillet, le sa-
vant officier réussissait déjà un vol de 300 mè-
tres. Puis, sachant qu’il devait se rendre à
Brest et qu’il lui serait impossible de termi-
ner son entraînement, il confiait son appa-
reil à M. Legagneux, mécanicien de la So-
ciété Antoinette dont il avait remarqué l’ha-
Lileté et l'intelligence. En deux journées d’es-
sais, aidé des conseils du capitaine Ferber,
M. Legagneux manœuvrait déjà fort bien son
aéroplane.
Le capitaine Ferber le faisait alors inscrire
pour disputer, le 19 août, le &æ des prix des
200 mètres restant à courir. Le 19 août, du
premier coup, vers 7 heures du matin, le
Ferber IX monté par M. Legagneux franchis-
sait d’un beau vol, à 5 ou 6 mètres de hau-
teur, une distance de 256 mètres, mesurée au
moyen d’un cordeau de 10 mètres, en pré-
sence de MM. René Quinton, André Fournier,
Gastambide, Demanest, docteur Jullia, ete.
Avant son départ pour Brest, le capitaine
Ferber aura donc eu ainsi la satisfaction de
voir sanctionner, en une expérience publique et
concluante, la valeur d’un engin déjà créé en
1905 et dont il fut empêché de montrer alors
toutes les qualités.
A. M.
Nouveaux prix d'aviation
Concours d'aviation en Russie.— 50.000
roubles de prix. — Le capitaine Ferber à an-
noncé dans l’'Eclair que le gouvernement russe
créait une série de concours d'aviation à dispu-
ter à Saint-Pétersbourg du 1° juillet au 15 août
1909, et dotés d’une allocahon globale de 50.000
roubles (163.000 francs.
D'après l'avant-projet communiqué par les ca-
pitaines Autonoff et Nenichenko, des aérostiers
russes, une catégorie d'épreuves est réservée aux
machines volantes grandeur réelle montées et
une autre aux modèles réduits. Voici les condi-
tions prévues pour chaque catégorie :
A. Appareils grandeurréellemontés.-1° EPREUVE
DE DISTANCE OU DE DURÉE (la chose n'est pas ab-
solument firée). — 2° EPREUVE DE VITESSE. (Chose
curieuse, c’est la lenteur qui sera primée. Cela
doit tenir aux préoccupations des officiers d'élat-
major qui ne veulent nas d'une machine irop
rapide qui les empécherait de bien observer.) —
3° EPREUVE DE GRANDE HAUTEUR, certainement plus
de cent mètres. (Cela doil tenir également à des
préoccupations militaires.) — 4° SORTIE PAR
GRAND VENT, pour donner une nole de bonne sta-
bilité. — 5° DESCENTE STABLE ET LENTE, le moleur
arrété. — 6° UNE NOTE pour celui qui, par Tap-
port à son poids lotal, pourra emporter le plus
grands poids utile. L'approvisionnement comple
dans le poids utile. Ù
Une prim> de 3.000 reubles est affezlée à cha-
cune de ces six épreuves. L'appareil qui aura
gagné le plus grand nombre de ces primes
337
re reçoit, en plus, une prime de 18.000 rou-
les.
B. Modèles réduits. — Epreuves analogues do-
tées chacune de primes partielles de 300 roubles
complétées par une prime de totalisation finale
de 2.600 roubles. — Prix spécial de 2.000 roubles
pour les modèles réduits sans moteur qui, sou-
mis à un vent ascendant, réussiront à se main-
tenir en équilibre un certain temps sans des-
cendre, condition analogue à celle du prix Quin-
ton (V. Aérophile du 15 juin 1908).
20.000 francs pour l'aviation en Belgi-
que. — Le concours d'aviation de Spa n'ayant
pu avoir lieu faute d'engagements, l’Aéro-Club
de Belgique a voté le principe d’un prix d'avia-
ion doté de 20.000 francs de prix à attribuer en
1909 au propriétaire de l'appareil d'aviation cons-
truit en Belgique et monte par un Belge, qui
aura effectué un vol de 25 kilomètres, sans tou-
cher terre er route.
ARR RRRARR
Les brevets de l'aéronautique
Brevets délivrés du 2 juillet au 5 août 1908.
389566. — 4 avril 190$. — CUvVELIER (H.) : Rai-
disseur.
389636. — 27 avril 1908. — BLÉRIOT (L.) : Procédé
permettant de reporter le volant des moteurs à
explosions sur un arbre autre que le vilebre-
quin de ces derniers et dispositifs en compor-
tant application. :
389582. — 16 avril 1908. — MarRTINOT (A.-E.) :
Appareil de lccomolion aérienne.
389610. — 25 avril 1908. — BurCKkHARDT (G.) :
Appareil d'aviation.
389647. — 4 juillet 1907. — HENNEBIQUE (F.) :
Hélice pour appareils d'aviation.
389704. — 28 avril 1908. — SCHNEIDER (M.) : Aéros-
tat à armature.
389734. — 30 avril 1908. — DE VILLEPIGUE (A.-D.)
et DELAISUE (A.) : Système d'aviateur.
389791. — 24 avril 1908. — GRANDIEAN (L.-M.-E.) :
Appareil d'aviation orthoptère dirigeable fondé
sur l'application de principes dont la plupart
constituent une théorie nouvelle du vol des oi-
SCavx.
389834. — 2 mai 190$. — KERWAT (S.)
plane.
389739. — 30 avril 1908. — Girop (E.) et DAUBEN-
Bis (F.) : Système de publicité par ballons diri-
geables.
390098. — 9 mai 1908. — ESNAULT-PELTERIE (R.) :
Dispositif de graissage des cylindres des moteurs
à explosicns à cylindres inclinés, disposés en
étoile ou en V. à
389974. — 7 mai 1908. — KLoos (L.) : Machine
volante.
390062. — 8 mai 1908. — Vanimax (M.) et Mac
Cox : Dispositif d'hélices propulsives ascension-
nelles et descensionnelles pour les ballons diri-
geables et aéroplanes. ; ;
390069. — 8 mai 1908. — Tonxer (M.) et BLÉRIOT
(L.) : Procédé permettant de réaliser des niveaux
indifférents à tous les effets susceptibles de faus-
ser leurs indications, et niveau en comportant
application à
389993. — 7 avril 1908. — SAUVAL (L.) et LEUIL-
LIEUX (P.-E.) : Jouet scientifique. ;
389998. — 8 avril 190$. — SANEROT (F.-A.) : Hé-
lice volante.
300256. — 14 mai 1908. — LoniN (C.-J.-R.) :
Systèmc de propulsion.
: Aéro-
Communiqué par MM. Weismann et Marx,
ingénieurs-conseils en matière de propristés in-
dustriclles, 90, rue d'Amsterdam, Paris.
338
Wilbär Wright au Mans
Nous relations brièvement en dernière
heure, dans notre numéro du 15 août, les ava-
ries subies par l’aéroplane Whright à la fin de
son deuxième vol du 13 août.
La première expérience avait été superbe.
Lancé à 7 h. 30 du matin au moyen du pylône
et de la chute des poids, l'appareil s'élevait
rapidement, décrivait entre 20 et 30 mètres
de hauteur, dominant parfois les peupliers en
bordure, sept grands orbes autour du champ
de manœuvres, et revenait doucement au sol
après 8 m. 13 s.. d'un vol remarquablement
stable. Les spectateurs parmi lesquels M Hart
O. Berg, Léon Bollée, Calderara, officier de la
marine italienne, le commandant Borrel, qui
fut mêlé aux premiers pourparlers du minis-
1 Septembre. 1908
fondrière aperçue au dernier moment. Mais,
ainsi qu'il l’a déclaré lui-même, il se trompe
dans la manœuvre des leviers de gauchisse-
ment, incline l'appareil à gauche au lieu de
l'incliner à droite et arrive ainsi au contact
du sol sans avoir eu le temps de se redresser.
Un craquement, un cri des assistants; mais
déjà Wilbur Wright, après un geste de désap-
pointement est debout auprès de son oiseau
étendu dans la bruyère et examine soigneuse-
ment l'aile cassée.
Les dommages subis n'avarent pas grande
importance. Wilbur Wright décidait de ne pas
remplacer les longerons ni les traverses, mais
simplement, de les consolider pour aller plus
vite. Le 17 août, la machine était de nouveau
en ordre de marche.
Dans l'intervalle, Wilbur Wright avait ob-
tenu des autorités militaires la permission de
tère de la guerre français avec les Wright en
1905, Ed. Surcouf, Henry Kapferer, nos con-
frères Dickins, Robert Guérin, étaient dans
l'admiration.
A ce moment arrivait miss Pierpont Morgan
qui s'intéresse passionnément à toutes les lo-
comotions aériennes. Devant sa richissime
compatriote, Wilbur Wright voulut faire
mieux encore. Parti pour la seconde fois, il
met un peu plus d'avance à l'allumage et re-
gagne une trentaine de mètres de hauteur.
mais le moteur a des ratés, nettement perçus
par les spectateurs. Soudain, au moment où
l’on croyait qu’il allait recommencer un se-
cond tour, Wright coupait l'allumage et des-
cendait d'une vingtaine de mètres en planant
obliquement vers le sol ; arrivé près de terre
lJ’aviateur semble vouloir décrire une spire
pour venir se poser entre le pylône et une ba-
raque toute proche, cherchant à éviter une
(Cliché de La Pratique Automobile).
L'aéroplane Wright vu de l'arrière. On distingue bien le dispositif
propulseur avec ses deux hélices et ses transmissions par chaînes.
continuer ses expériences au camp d’Auvours
situé à 11 kilomètres du Mans entre les deux
routes nationales du Mans à Paris et du Mans
à Orléans.
L’hippodrome des Hunaudières en raison de
ses dimensions relativement restreintes, obli-
geait l’aviateur à faire un virage toutes les
les 12 secondes environ pour ne pas s’en écar-
ter. Il en résulterait dans des vols prolongés
de 50 kilomètres, comme ceux auxquels s’est
obligé Wilbur Wright, une fatigue exagérée du
pilote, qui pourrait compromettre la réussite
de l'expérience. De plus, avec les cercles 1.0m-
breux et irréguliers que l'appareil est forcé de
décrire, la mesure exacte de la distance de-
vient presque impossible.
Au camp d’Auvours, l’espace libre-sera assez
grand pour qu’on puisse dresser 2 pylônes de
repère, distants de 5 kilomètres ; l'appareil
devra les doubler successivement dans son vol.
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J'Aérophile
Hâtivement, Wilbur Wright faisait édifier
un hangar d’abri au camp d’Auvours et l’ap-
pareil y était transporté le 19 août de la fazon
suivante: après que les gouvernaiïls eurent été
repliés, l’aéroplane fut fixé sur un essieu Cau-
tomobile, de façon à être tiré par le travers.
L’extrémité d’une aile fut attachée à ne voi-
ture automobile conduite par M. Léon bollée,
le dévoué président de l’Aéro-Club de Ia Kar-
the, et roulant ainsi sur la route sans le moïin-
dre accroc, on arrivait au camp d’Auvours
43 minutes après avoir quitté l’hippodrome des
Hunaudières. Wilbur Wright était enchanté
de ce moyen de transport rapide et commode,
imaginé par M. Léon Bollée.
Les essais ont repris le 21 août su camp
d'Auvours avec 2 vols, le premier de 1 m. 49s.
1/5 à 6 ou 7 mètres du sol, à 5 h. 20 dus ir ;
le deuxième de deux m. 14 s. à 6 h. 22, à une
hauteur qui atteignait une vingtaine de mè-
tres.
La rareté des expériences de Vilbur Wright
et leur brièveté relative, après ce qu’il a fait
{eu
L'aéroplane Wright devant le hangar des Hunaudières.
ul.)
antérieurement et ce qu’il semble pouvoir cxé-
cuter à son gré, ont étonné. Des explications
diverses ont été fournies dont on lui a attribué
la paternité. Les uns ont prétendu que 1'aé-
roplane expérimenté à Kill-De:'Il-Hill au
mois de mai dernier avait quatre leviers de
manœuvre, deux actionnés par Wilbur Wiight,
deux par son frère Orville, tandis que l’appa-
reil expérimenté au Mans, manœuvré par un
seul homme et muni d’un dispositif de com-
mande différent, avec 2 leviers, nécessitait un
supplément d'apprentissage. Que les comman-
des soient différentes dans les 2 appareils con-
sidérés, nous n'avons pas de motifs d'en dou-
ter. Mais il n’est pas exact que l'aéroplane de
Kill-Dewill Hill, en 1908, ait constamment
nécessité la présence de 2 aviateurs à bord.
D’après le tableau dressé par les Wright de
leurs essais de mai dernier (Aérophile, 15 juin
1908, p. 222) et la note complémentaire pa-
rue dans l’Aérophile du 1‘ juillet 1908, (p. 251.
col. 2), on constate que sur 13 essais relatés,
(Pohto Rol.)
L'aéroplane Wright à l'essor au bout de sa voie de
lancement.
2 seulement, les deux premiers du 14 mai 1908,
eurent lieu avec deux aviateurs à bord.
D'autre part, affirmet-on, Wilbur Wright
attendrait que son frère Orville chargé de
présenter au Signal Corps des Etats-Unis, un
aéroplane militaire, en fût au même point que
lui. On sait que l’aéroplane présenté par
Orville Wright, est acheté 125.000 francs
par le Ministère de la Guerre américain, sous
condition de fournir 40 milles de vitesse à
l'heure et un vol, au moins, d’une durée d’une
heure avec 2 personnes à bord (pour plus de
détails, voir Aérophile, du 15 mars 1908, p. 115
et 116). Les essais de recette devaient com-
mencer au fort Myers (Virginie) à partir du
18 août avec un délai d’un mois (1).
*
+ *%
En réalité, personne ne connaît les raisons
qui peuvent guider Wilbur Wright. Il conduit
ses expériences à sa guise, sans se soucier des
suppositions et des commentaires, et ce n’est
certes pas nous qui l'en blâmerons. Le pro-
gramme d'essais convenu entre le groupe fi-
nancier Lazare Weiller et lui, ne comporte
pas de délai étroit ; Wright est libre de choi-
sir son heure et nous croyons que le public,
comme ses acheteurs éventuels peuvent, sans
crainte, lui faire crédit. M. Decouz
(1) Au sujet de cet appareil, Orville Wright à
déclaré qu'il élait très analogue à celui que Wil-
bur monte en France. Le moteur fait aussi 25-
28 chx, sans carburateur, et pèse environ 80 kg.
complet. L'aéroplane posséderait 3 leviers de ma-
nœuvre au lieu de 2, comme dans celui d'Orville.
La machine, au point de vue militaire, pourrait
surtout servir aux services d’éclaireurs ; à 300 m.
de hauteur, elle serait très difficile à atteindre ;
même atteinte dans sa voilure, elle pourrait con-
tinuer sa course. Orville Wright considère d’ail-
leurs que, pratiquement, il y aura rarement né-
cessité de voler très haut.
340
L'Autoballon militaire « République »
1* Septembre 1908
(Photo. Rol)
Le dirigeable militaire République. — Le départ.
Ainsi que nous l’avons relaté (Aéprophile
du 1% août) le ballon République est aujour-
d'hui militarisé. Après avoir gagné, par voie
aérienne, comme ses aînés Lebaudy et Patrie,
le hangar de l'Etablissement central d’aérosta-
tion militaire à Chalais Meudon, le nouvel
engin militaire poursuit, en ce moment, une
série d’ascensions destinée à compléter l’ap-
prentissage et l’entraînement de ses nouveaux
équipages : officiers commandants de bord et
sous-officiers mécaniciens. Cette période d’exer-
cices terminée, République gagnera son port
d'attache définitif qui serait, assure-t-on, la
place forte de Belfort, où l’on achève d'établir
un aérodrome comportant un hangar d’abri
et toutes les installations annexes nécessaires.
Voici, de bonne source, le relevé des ascen-
sions effectuées depuis que le ballon est entière-
ment remis aux autorités militaires, c’est-à-
dire depuis la 2° ascension de la journée du
27 juillet, déjà mentionnée en deux mots dans
l’Aérophile du 1 août.
27 juillet (2° ascension de la journée). —
Départ de Moisson, 5 h. 37 du s. Att. à Mois-
son, à à h. 56 du s. Route suivie : Evolutions
à proximité du hangar. Durée : 19 minutes.
Equipage : 7 personnes. Beau temps, vent
faible.
31 juillet. — Départ de Moisson, 7 h. 23 du
m. Att. à Moisson, à 7 41. Evolutions à proxi-
mité du hangar. Durée : 18 minutes. Equi-
page : 5 personnes. Beau temps, vent N.-0.
de 6 m. à la seconde.
31 juillet. — « République » gagne,
par voie aérienne, le hangar
de Chalais-Meudon, son nouveau
port d’attache. — Départ de Moisson à
9 h. 17 du m. Att. à Chalais-Meudon, à 10 h.
39 m. du m. Equipage : capitaine Bois, pi-
l’Aérophile
lote; capitaine Marchal, passager ; lieutenant
Lenoir, aide-pilote ; adjudant Vincenot, méca-
nicien; sergent Ruau, aide-mécanicien. Route
suivie : Mantes, Epone, Crespières, Versail-
les (Cf. Aérophile de décembre 1906, la carte
du même voyage effectué par Patrie le 15 dé-
cembre 1906). Distance 58 k:1. Durée
1 h. 22 dont 1 h. 13 de trajet effectif, le reste
du temps total étant affecté à des évolutions
et des manœuvres, ‘au départ ou à l'atterrissage.
Temps très brumeux au départ, beau à l’arri-
vée. Vent N.-0. de 8 m. à la seconde.
Les commandants Bouttieaux et Voyer, l’an-
cien et le nouveau directeur de l’Etablisse-
ment Central de l’Aérostation militaire, assis-
taient, à Chalais-Meudon, à l'atterrissage de
cette ascension très habilement conduite par
le capitaine Bois; M. et Mme Paul Lebaudy,
MM. Henri Julliot etGeorges Juchmès suivi-
rent le dirigeable en autamobile.
Le général de division Veilliard, directeur
du génie, qui inspectait les forts avec son état-
major, fut informé par la télégraphie sans fil
des évolutions de République. Le général put
gagner l’ermitage de Villebon assez à temps
pour retenir à déjeuner les officiers de l’aé-
rostat ainsi que ses distingués constructeurs,
MM. Julliot et Juchmès.
1% août. — Départ de Chalais, 8 h. du m.
Att. à Chalais, à 9 h. 17 du m. Route suivie :
Champ de courses d'Auteuil, Jardin d’Accii-
matation, Neuilly, Asnières, Mont-Valérien,
Ville-d'Avray, Petit-Bicêtre. Distance parcou-
rue : 37 kil. Durée : 1 h. 17. Equipage : 6 per-
sonnes. Observations : légère brume et vent
N.-E. de 5 m.
4 août. — Départ de Chalais, 7 h. 42 du m.
Att. à Chalais, à 9 h. 37 du m. Route suivie :
Boulogne, Courbevoie, Argenteuil, Sartrou-
ville, Bougival, Vaucresson, Versailles. Dis-
tance parcourue : 51 kil. Durée : 1 h. 55 (ma-
nœuvres de départ et d'atterrissage comprises).
Equipage : 7 personnes. Observations : Beau
temps. Vent faible du nord.
6 août. — Départ de Chalais, à 7 h. 57 du
m. Att. à 9 h. 15 du m. Route suivie : Bas-
Meudon, Bois de Boulogne, Bagatelle, Champ
de courses de Saint-Cloud, Ville-d'Avray,
ferme de Trivaux. Distance parcourue : 80
kil. 500. Durée : 1 h. 17. Equipage : 6 person-
nes. Temps très couvert; vent fort du N.-E.
8 m. à la seconde.
8 août. — Départ de Chalais à 8 h. 16° du
m. Atterrissage : à Chalais, à 9 h. 16’. Route
suivie: Chalais, Bas-Meudon, Boulogne, Bois
de Boulogne, Champ de courses, Bas-Meudon,
Chalais, Ferme de Trivaux et Chalais. Dis-
tance parcourue: 21 km. Durée: 1 heure, y
compris les manœuvres de départ et d’atter-
rissage. Equipage: six personnes.
10 août 1908. — Départ de Chalais 7 h. 48’ du
341
m. Atterrissage à Chalais à 9 h. 52’. Route
suivie : Ferme de Trivaux, Fort de Villeras, St-
Aubin, Gif, Gometz-la-Ville, Limours, Go-
metz-le-Châtel, Etangs de Saclay, Bièvres,
Clamart, Chalais. Distance parcourue: 51 ki-
lomètres 500. Durée: 2 h. 4 y compris les ma-
nœuvres de départ et d'atterrissage. Equi-
page: sept personnes.
13 août 1908. — Départ: de Chalais à
S h. 45 m. Atterrissage: à Chalais à 10 h. 15
m. Route suivie : Chalais, Ville-d'Avray, Vau-
cresson, Chalais. Distance parcourue : 26 k 600.
Durée : 1 h. 30, dont 40 minutes de manœuvres
diverses. Equipage: sept personnes.
17 août 1908. — Départ: de Chalais à
8 h. 12 m. Atterrissage: à Chalais, à 10 h. 3°
m. Route suivie: Chalais, Neuilly, St-Denis,
Argenteuil, Chatou, Bougival, Le Jardy, Cha-
lais. Distance parcourue: 54 km. 800. Durée :
1 h. 51, y compris les manœuvres de départ et
d'atterrissage. Equipage: sept personnes.
19 août 1908. — Départ de Chalais, 9 h.
# m.; atterrissage: 10 h. 58 m. Route sui-
vie : Chalais, Malakoff, Fortifications de Pa-
ris, Charenton, Bois de Vincennes, Nogent-
sur-Marne, Noisy-le-Grand. Retour par Ivry,
Châtillon, Plessis-Picquet. Distance parcou-
rue : 53 kilomètres. Durée : 1 h. 55 m. (ma-
nœuvres de départ et d'atterrissage compri-
ses). Equipage : 6 personnes.
21 août 1908. — Départ de Chalais, 8 h.
9 m. atterrissage : Chalais, 11 h. 30 m. Route
suivie : Chateaufort, Dampierre, Rambouillet,
Les Essarts-le-Roi, Montigny-le-Bretonneux,
Satory, Chaville. Distance parcourue : 74 kilo-
mètres. Durée : 3 h. 24. Equipage : 5 person-
nes. Evolutions à Rambouillet devant M. le
Président de la République. Vitesse du vent :
8 m. 50.
A. CLréry
342
17 Septembre 1908
Les autoballons en Ajlemagne
Les débris du Zeppelin
Nous publions ci-dessous d’intéressantes notes
adressées par un aimable correspondant berli-
noîs, que nous ne saurions trop remercier. On
remarquera la précision des détails fournis et
leur intérêt technique ; ils dénotent un homme
fort au courant de la question des dirigeables et
qui ne craint pas de donner, le cas échéant, son
avis motivé. — N. D. L.R.
Les projets du comte Zeppelin. — [es jour-
naux anglais félicitaient l'industrie anglaise
d’avoir obtenu la commande des nouvelles enve-
2s pour les sacs à gaz du Zeppelin V. Ces
loppes seraient en baudruche et déjà on
comptait que 600.000 bœufs seraient obligés de
donner leur péritoine ! La Compagnie Continen-
tal s’est alarmée et a demandé à Zeppelin la vé-
ité. L'inventeur a répondu que, ne sachant pas
encore comment on construira le Zeppelin V, il
ne pouvait avoir passé commande. Les plans du
nouveau ballon ne seront commencés que lorsque
les résultats des expériences d'octobre avec le
Zeppelin III bis seront connus. Le ballon subit
en ce moment ,un allongement, comme je vous
rivais.
Une maison viennoise a proposé à Zeppelin de
ne pas construire ses nacelles en bois ordinaire,
mais d'employer des bois à fibres triplement croi-
sées et pre . Ce serait une grande économie
de poids.
sée
Zeppelin ne construira, tout d'abord, qu'un di-
(Cliché de la Pratique Automobile)
IV après l'incendie
rigeable. Avec le reste de la collecte qui aug-
mente tous les jours, il forme une « Zeppelin-
Luftschiff-Stiflung », donation qui servira à ai-
der pécuniairement, le cas échéant, soit avec les
intérêts seulement, soit avec une partie du capi-
tal, la société qui exploite les brevets Zeppelin.
Un nouveau directeur commercial est engagé.
Naturellement cette aide ne doit être accordée
que dans le but de l'intérêt national.
Les ateliers seront agrandis : aux environs de
Friedrichshafen, les pourparlers avec les pro-
priétaires de terrains ont abouti. Les terrains
achetés couvrent 249 morgen dont 100 comme
champ d'essais (1 morgen prussien=25 ares 53 ;
1 morgen würtembergeois=31 ares, 6), soit en
tout 61 à 76 hectares. On construira 3 halls nou-
veaux et des ateliers selon les progrès les plus
récents. On parle d’une usine à hydrogène, et
EC
peut-être, d’un four à aluminium ! Zeppelin a de
l'hydrogène à très bas prix de l’usine électro-chi-
mique de Grisheim ; il est vrai que le transport
et le capital des 5 ou 600 bouteilles et le temps
perdu par l'attente doivent entrer en ligne de
compte.
La manufacture d'aluminium s'est engagée à
livrer le métal pour un nouveau ballon dans un
délai de 15 jours après commande.
Les mécaniciens qui étaient à bord lorsque l’ou-
ragan du 5 août commençait à attaquer le Zep-
ASTRA
Société de Constructions Aéronautiques
(Anciens Etablissements SURCOUF)
SOCIÈTE ANONYME AU CAPITAL DE UN MILLION DE FRANCS
Les Éléments SURCOUF
ont construit Ie “ LEBAUDY ”
Les Établissements SURCOUF
ont construit la “ VILLE DE PARIS”
Les Établissements SURCOUE
ont construit l'aérostat
“ L'ILE-DE-FRANCE ”
qui a battu dans la Coupe Gordon-Benrett 1907, Île
record mondial de durée, contre des aérostats
en étoffe caoutchoutée double.
Les Établissements SURCOUF
ont introduit en France
les ctoffes caoutchoutés doubles
ATELIERS ÉLECTRIQUES ET BUREAUX
à BILLANCOURT (Seine)
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149, rue deSilly, à BILLANCOURT (Seine). Tél.225 |
- J’Aérophile
pelin IV de côté, alors qu'il était encore maintenu
par l'amarre d’arrière, veulent avoir entendu, à
plusieurs reprises, des crépitements dans la ca-
rène. — Décharges électriques ?.…
Entre toutes les opinions plus ou moins compé-
tentes qua les journaux ont publiées, voici celle
d'un homme qui connait bien la situation, celle
de l’ancien capitaine Von Krogh, qui, de 1900 à
1906, a été l’aéronaute du comte de Zeppelin :
Après avoir démontré comment on doit envi-
sager la question et qu'un dirigeable, dont le
moteur est en panne, doit se comporter comme
un simple sphérique, c'est-à-dire, qu'après at-
terrissage, on doit pouvoir, le cas échéant, le
faire disparaître le plus possible en déchirant le
panneau, ce qu’un Zeppelin ne peut pas faire,
M. von Krogh dit :
(nee Prenons maintenant le voyage de 24 heu-
«res. — Un homme compétent devrait savoir
« que nous ne sommes encore que dans les dé-
« buts de la dirigeabilité des aéronats. Il faut
« donc être modeste, et vous voyez de quel mo-
« deste rayon d'action le ballon militaire Gross 11
« et. le Parseval se contentent. Regardez aussi
« vers la France ! On a souvent tendance, en
« Allemagne, à accuser nos voisins de l'Ouest
« d'être enclins à proclamer très haut leurs suc-
« cès et de s’en aveugler. Avec quel sang-froid
« et quelle tiarté d'esprit n'ont-ils pas travaillé
« dans cette branche ! Même si tout avait bien
« marché, le comte Zeppelin n'eût pu se mainte-
« nir 24 heures en l'air. Son aéronat est trop
« lourd et ne peut pas emporter assez de lest ;
« je lui concède au plus 18 heures. Si nous pou-
« vions apprendre de la catastrophe que le sys-
« tème rigide, tel au’il est aujourd'hui, ne repré-
sente pas la solution du problème aérien, alors
« le 5 août n'aura pas été un jour perdu. »
En revanche, le capitaine Hildebrand, un fana-
tique du rigide et un ami de Zeppelin, prouve,
par sa harangue, que le système Zeppelin est
meilleur que les autres : la preuve est que le
Zeppelin n'a été détruit que par l'explosion et
que le Patrie s'est envolé.…. ! 11!
C'est toujours drôle.
L’autoballon « Parseval II ». — [Le Parse-
val II, gonflé au commencement de juillet, vient
de faire plusieurs belles sorties. IL est cons-
truit pour le gouvernement. Les conditions sont :
10 à 12 heures sans atterrir, une vitesse suffi-
sante pour manœuvrer contre un vent de 10 m’,
la plus grande partie du voyage par, environ,
1.500 m. d'altitude, atterrissage en un lieu dé-
terminé, sans aide, dégonflement et chargement
du ballon sur 2 charrettes dans un temps relati-
vement court. On parle aussi d'amener sur le
lieu du départ, le ballon démonté et de le gonfler
sur place ! !
Le Parseval I a 5$ m. de long, 9 m. 3 au mai-
tre-couple, 3.200 m° de volume, moteur 100/110 HP.
Daimler, nouveau modèle d’aéronautique. Ré-
servoir de 400 litres d'essence suffisants pour le
voyage de 10 à 12 heures, force ascensionnelle,
environ 3.600 kilos. Le Parseval I de l'an passé
avait 52 m: de long, 8 m. 9 de diamètre, 2.800 m°
et 85 HP. de puissance motrice ; l'enveloppe
était cylindre, terminée par 2 calottes très
plates. Le Parseval II, dont l'enveloppe a été
étudiée: par le professeur. Prandl, de Gottingen,
est. formé par un cylindre ou plutôt un cône,
car il se rétrécit légèrement vers l'arrière, ter-
miné à l'avant par une demi-sphère, à l'arrière
par une pointe aiguë. Les surfaces stabilisatrices
sont montées sur un cadre en bois, mais tou-
jours gonflées et tendues par le courant d'air
produit par l'avancement.
343
_Le 13 août, vers 7 h. 1/2, eut lieü la 1" ascen-
sion, en mème temps que la 1 du Gross 11. La
nacelle était montée par MM. le major von Par-
seval, capitaine von Kehler et capitaine von
Krogh comme pilote, un mécanicien et un chef
d'atelier des ateliers Daimler. Vent faible, en-
viron 4 m., manœuvres par 300 m. en moyenne
au-dessus du champ de tir ; 20 minutes apres,
atterrissage dynamique.
2° ascension, le 14 août, au matin, vers 6 h. 1/4.
A bord : MM. von Kehler, pilote, von Krogh et
un mécanicien. Tour de Berlin par le nord au-
dessus de Reinickendorf, Pankow, Weissen-
:e, etc... Niederschônweide où se trouve une des
usine de l'Allsemeine Elektrizät Gessellschaft
qui a. formé, avec la Studien-Gesellschaît, une
Luft-Schiffart-Gesellschaft, ayant pour but de
construire des ballons dirigeables dont les plans
sont donnés par la Studien-Gesellschaft, et même
d'entreprendre des lignes aériennes ! !
Après avoir plané au-dessus de l'usine qui, en
ce moment, construit un Parseval II, le ballon
revint vers le sud de Berlin, champ de ma-
nœuvres de Tempelhof, puis fila vers le S.-O.,
Steglitz, etc., Wannsee et retourna le long de
la Havel, à Tegel, ou, plus exactement, Reinic-
kendorf. Atterrissage vers 8 h. 3/4 : parcours
d'environ 88 kilom. contre un vent du S.-E., léger
au début ; mais, entre Steglitz et Wannsee,
par environ 300 m. d'altitude, il soufflait envi-
ron 8 à 10 m. par à-coups.
3° ascension, le 15 août, vers 4 h. de l’après-
midi ; voyage vers Tegel, retour vers Spandau,
retour et manœuvres au-dessus du champ de
tir et de la Jungfernhaide qui entoure le champ.
Descente de 200 m. d'altitude entièrement dyna-
mique. Au cours des manœuvres que je suivais
à l'aide d’une longue-vue (élant au centre de la
ville, à 8-10 kilom. du champ d'expérience), je
vis le ballon horizontal monter verticalement,
entrainé apparemment par un courant ascendant:
de temps de penser, et déjà l'avant se penche
(sous le poids du ballonnet que l’on gonflail) et le
ballon redescend à la hauteur primitive ! Pen-
dant la descente dynamique, le ballon est poussé
contre les sapins, mais il se dégage presque aus-
sitôt sans le moindre mal et atterrit à 4 h. 55.
Changement de mécanicien et, presque aussitôt,
nouveau départ pour atterrir vers 5 h. 35.
»° ascension, le 17 août au matin, vers 10 h.
ou 10 h. 1/4. M. von Krogh, pilote ; 5 personnes
à bord. Atterrissage vers midi. — On change les
passagers et on repart, 6 personnes sont à bord.
Après quelques courtes évolutions au-dessus du
lac de Tegel, le ballon revient vite. De gros
nuages se montrent et ont l'air d'apporter de
l'orage. Le ballon descend rapidement en spi-
rales, comme toujours. Le soleil, qui jusqu'alors
avait dardé, est caché par un nuage ; le ballon
descend encore plus vite ; on débraye les héli-
ces probablement trop tard, car la nacelle cogne
assez rudement contre terre. Les passagers
n'ayant pas de place pou” se retenir sont bous-
culés en avant et la pression sur le bras gauche
de von Krogh est si forte qu'un rayon de la
roue de direction est brisé en même temps que
le radius du bras gauche du pilote. La conden-
sation du gaz a été plus forte que l’on n'avait
prévu, mais le ballon n'avait pas le moindre
dégât. Le même soir, il faisait sa 8° ascension
avec M..von Kehler,.pilote. 3/4 d'heure de durée
environ. !
9° ascension, le 19 août, vers 7 h. 3/4. À bord :
MM..von Kehler, pilote ; le président de l’Aéro-
Club d'Allemagne, duc de Saxe-Altenbourg, et
2 autres personnes.
344
Le ballon était pesé de façon à avoir, au dé-
part, très peu de force ascensionnelle.
Le moteur est mis en marche et actionne le
ventilateur qui est tout petit, à peu près 0 m. 60
de diamètre : le ballonnet d'’arrière est surchargé,
celui d'avant délesté et l'on voit le ballon s’in-
cliner la pointe en l'air. Au moment du Lâchez
tout on embraya l'hélice ; ses 4 pans d’étoffe
bordée de plomb se meuvent, se croisent, s’élè-
vent et déjà les voilà comme un vrai moulin à
vent, et le ballon, tout d'un coup, prend son
essor ! Il paraît que ce propulseur non rigide
produit une poussée de 350 k. L'enveloppe se
déprime au milieu et un bourrelage existe à la
partie supérieure. Ce bourrelage, je l'avais déjà
remarqué à 10 kil. de distance, avec la longue-
vue, pendant la marche à environ.300 m. d'al-
titude.
Le 20 août, vers S h., 10° ascension au-dessus
de Berlin et ensuite aéro-gymkana avec le
Gross 11. Au cours de la journée, il y eut encore
3 voyages sportifs avec, à bord, des membres
de l'Aéro-Club allemand. Pendant le dernier
voyage, M. Oscar Erbslüh, le détenteur de la
Coupe Gordon-Benett 1907, qui élait venu exprès
à Berlin pour faire un voyage avec le Parseval,
ayant l'intention d'en acheter un pour le sport
dans les provinces rhénanes, prit place dans la
nacelle pour se familiariser avec le ballon.
Le 21 août, vers 6 heur:s du soir, courte as-
cension (14°) devant le kronprinz et la kronprin-
zessin. Vu l'heure, les impériaux visiteurs remi-
rent l'ascension à la semaine prochaine. Après
leur départ, la comtesse de Pourtalès qui était
venue avec la kronprinzessin, s'embarqua à bord
du Parseval et fit une courte ascension, la 15°.
Le 22 août, vers 9 h. 1/2, 16° ascension par un
vent de 19 m. à terre et de 13 à 14 m. plus haut.
Le Parseval 11 monta rapidement jusqu’à environ
500 m. et filait, le vent de côté et, en retournant,
le vent presque en pointe, quand tout à coup,
une aile du ventilateur se brisa. On dut ralentir
le moteur presque de moitié et le pallon ne put
plus combattre le vent. On alterrit à quelques
kilomètres, à Dalldorf-Wittenau, et comme l'on
devait, le soir même, dégoniicr, pour procéder
à un ravitaillement total de gaz en vue du voyage
de 10 h., on ouvrit le panneau de déchirure, ce
qui réussit bien. Le ballon fut retransporté en
voiture au hall, vers 3 heures de l'après-midi.
Les panneaux de déchirure se trouvent, l'un vers
l'avant et l’autre vers l'arrière, et sont horizon-
taux, un peu au-dessus du bourrelet supérieur
auquel sont fixés les cordages. Suivant d’autres
informateurs, c’est la poulie du ventilateur qui
s'est rompue.
— Le capitaine von Krogh quitte la Studien-Ge-
sellschaft pour aller comme aéronaule chez Sie-
mens et Schuckert qui construisent un ballon sur
lequel on garde le plus grand secret. Le hall
sera établi au champ de manœuvres de Dôberitz.
Ce sera un hall orientable, à l'instar des plate-
formes tournantes des chemins de fer. M. von
Krogh était, avant la construction du Parseval 1,
en 1906, l'aéronaute de Zeppelin depuis 1900.
— Le Parseval IT, dont la nacelle est en cons-
truction à Niederschônweide dans les ateliers de
la N. À. G., aura 5.600 m° de volume ; 2? moteurs
N. A. G. de 100 chevaux, 2 propulseurs système
Parseval.
Comme le ballon est destiné au sport, la na-
celle comportera un compartiment réservé pour
les passagers. Le ballon doit être livré vers Ja
fin de septembre el sera monté à Bitterfeld (en-
viroa 60 kil. au sud de Berlin, ligne de Dresde),
où la nouvelle Luftfarzeug-Gesellschaft possède
un eérodrome.
1° Septembre 1908
Le dirigeable militaire « Gross I ». — Le
Gross II à une nouvelle enveloppe ! plus grande,
de for:ne nouvelle ! C’est la 4° fois que les aéros-
tiers changent les formes de leurs enveloppes,
— l'an dernier, 2? gabarits, cette année, dito !
Dès le début, ils se sont inspirés des Lebaudy,
avec quelques différences ; maintenant, tout y
esl, ou à peu près, mais surtout la fameuse
queue de stabilisation et de direction qui carac-
térise si bien les Lebaudy ! Le plus comique
c’est que le major Gross se plaignait amèrement
ces jours-ci, des indiscrétions de la presse qui
signale tout (?)}, de sorte que les compétences,
surtout à l'étranger, peuvent juger des progrès
faits, et se dépêcher de les imiter !:! Ce serait
un danger pour laéroslalion mililaire alle-
mande ! !!
La 1" ascension a eu lieu le 13 août, le soir,
en même temps que le Parseval II.
La ?° ascension eut lieu le 17 août, après-midi,
de 3 h. 3/4 à 5 h. 1/2.
J'ai observé, à la longue-vue, l'expérience. Je
croyais tout d'abord à un autre ballon : je
ne reconnaissais plus la forme et surtout la
queue me déroutait, car, en juin, et même après,
le ballon était cylindrique, terminé par ? pointes
très obtuses et l'enveloppe était fixée, comme les
Lebaudy, à la partie rigide. — Maintenant l’en-
veloppe est au-dessus du corps rigide. Est-ce le
même châssis ? Je n'ai pu le voir à cause de
la distance (S à 10 kil.) ; je le pense, pourtant,
car, à l'avant, il est relevé légèrement. Autant
que j'ai pu voir, l'enveloppe est retenue à la
plateforme par des amarres, cordes fixées à une
bande de toile cousue le long de l’étoffe. La na-
celle est très bas. Les 2 hélices sont, comme la
nacelle, au milieu de la longueur, et sont fixées
un peu en dessous de la plateforme.
La queue stabilisatrice porte un empennage
analogue à celui des Lebaudy ; à l'arrière. le
gouvernail vertical ; à peu près au milieu, entre
les hélices et le gouvernail, une grande surface
formant quille. Tout à l'avant, sous le maïtre-
couple, les gouvernails horizontaux de profon-
deur, constitués chacun par ? plans, assez longs,
parallèles, tournant autour d'un même axe hori-
zontal. L’arrière de l'enveloppe est aussi em-
penné par ? grandes surfaces horizontales. L'en-
veloppe, qui est plus grande, contient 5.200 m°.
La vitesse serait de 12 m. Les manœuvres avaient
l'air d’être très aisées et l’inclinaison légère du sys-
tème, soit vers le haut, soit vers le bas. suivait
bien les montées et les descentes. Le ballon des-
cendit d'environ 200 mètres pour alterrir, en
grandes spirales, ce qui dura à peu près 10 mi-
nutes.. — (Avec l'enveloppe précédente, j'ai ob-
servé qu'une fois le ballon en manœuvre, l'avant
était toujours la pointe en l'air, pendant la mar-
che horizontale, les montées ou les descentes !
C'était assez curieux.)
3° ascension dans la nuit du 17 au 18 août.
Départ. 10 h. du soir, vers Tegel, Finkenkrug,
Neustadt-sur-Dosse et retour ; environ 140 kil.
L'autoballon monta peu à peu jusqu'à 900 m.
À 2 heures du matin, arrivée au-dessus de Ja
caserne, à 500 mètres d'altitude ; atterrissage à
9 h. 1/4. — 4 personnes à bord : major Gross,
major Sperling, ingénieur Basenach, 1 mécani-
cien.
Dans la nuit du 18 au 19 août, à 10 heures,
4° asecension avec, pour but, Hambourg (280 kil.).
Les moteurs ne marchent pas. Réparation. Dé-
part à 1 h. du matin, retour vers 3 heures, par
suite de panne ! On a donné pour raison l’engor-
gement d'un tuyau de graissage.
Le 20 août, au matin, 5° ascension, au-dessus
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l’Aérophile
de Berlin. L’atmosphère élait si brumeuse qu'au-
delà de 1 ou 2 kil. on ne pouvait rien voir. Dé-
part : 7 h. 1/2. Le duc de Saxe-Altenbourg à bord.
Trajet : Müller, Chaussée-Friedrich et Bellallian-
ce-strasse jusqu'au Tempelhoferfed (champ de ma-
nœuvres au sud de la ville), puis retour au-des-
sus du Tiergarten, le long de la Sieges-Allée
{allée de poupées, comme disent les Berlnois) où
il rencontre le Parseval II parti une demi-heure
plus tard, vers 8 h. 1/2. Les 2? autoballons se
rencontrent au-dessus du champ de tir de Tegel
et commencent à se donner la chasse, à lutter
de vitesse, — on eût dit le jeu de libellules mons-
tres. À 9 heures, descente ; il est vraiment dom-
mage que l’air fût si brumeux.
A 10 h. 3/4, nouveau départ vers le nord, jus-
qu'à Hubertus-StocK (une chasse de l’empereur) ;
retour vers 2 h. 1/2. — 100-110 kil.
Le 21 août, vers 6 heures, en présence du
kronprinz et de la princesse, de la comtesse
de Pourtalès, et de dames de la suite, courte
ascension de démonstration (la 7), puis enthou-
siasmé, le kronprinz désira faire lui-même un
voyage aérien et le ballon l’emporta environ
1/2 heure au travers des airs (8° ascension).
Le 22 août, vers 9 1/4 du matin, en présence
de l’Etat-major, par un vent assez fort, 9° as-
cension de démonstration. Comme le vent était
trop fort, en haut, l’aérostat ne s’éleva pas beau-
coup au-dessus des sapins ; malgré tout, il fut
repoussé plusieurs fois par le courant aérien
contre lequel il ne pouvait lutter qu'avec peine.
(Certains journaux donnent le vent moins fort,
au maximum 10 m., et, sans plus de détails,
disent que l'ascension a été satisfaisante ! !) Le
papier a de ces complaisances... C'est même assez
curieux que pas un journal n'ait relaté les nou-
velles formes du « Militaire ». On a parlé d'une
nouvelle enveloppe, et ce fut tout, sans détails.
Ne
Le Tour du Monde aérien
Les Pyrénées franchies en ballon. — Par-
tis le 19 août, à 8 h. du soir, de Campo-Franco
(Espagne, à bord du Jupiter, le capitaine Gorde-
juala et le lieutenant Kernandez Mulero, ont
atterri vers midi à Artigueloutan, près Pau,
apres avoir franshi {cite la chaïnc des Pyrénées
per 4.000 mètr:s de hauteur.
Les Pyrénées, auparavani, n'avaient été frar-
chies que deux fois . par Eugene üoderd pere,
qui exécuta, le 29 mars 1875, le voyage Bavonne-
Pamrçelune, et par J Ferraniez Duro, dort on
n'a pas oublié l’admirable raid Par-fuadiz
(Grenade), soit 704 kil. en 15 heures (22 jan-
vier 19056).
Le dirigeable suisse. —— Le dirigeable suisse
dont rous avons parlé dernièrement. dû à l'in-
génieur Liwentaal, est en construction à Ver-
nier. Le Genève, — c'est son nom, — se rap-
proche du type Patrie et jaugera 3.500 m°, mo-
teur : 125 chx, vitesse prévue : 60 kil. à l'heure,
durée possible de séjour dans l'atmosphère
72 heures. Ces deux derniers points ont réelle-
ment besoin d’être démontrés.
Explosion d'un dirigeable en gonfiement.
= Le 14 août, on procédait, à Londres, à l’expo-
sition franco-briltannique, au gonflement d'un
ballon dirigeable d’exhibition appartenant à un
certain capitaine (?) Lovelace, lorsque, vers
11 heures, une explosion retentit, suivie d'un
incendie, Une jeune dactylographe, Mlle Blanche
Hill, qui servait de secrétaire au capitaine Lov
lace, fut carbonisée ; il y eut cinq autres bles
parmi les hommes préposés au gonflement et
345
deux d'entre eux succombèrent peu de jours
après. La cause de l'explosion n'est pas claire-
ment définie. -
Le capitaine (?) Lovelace est le même qui,
monté quelque temps auparavant sur-le ballon
en gonflemect, passa à travers l'étoffe et tomba
à l’intérieur où il eût élé infailliblement asphyxit
sans le prompt secours de ses employés qui dé-
chirèrent l'enveloppe et ramenèrent leur patron
à l'air pur. :
Premiers essais de l’aéroplane des frères
Zens. — Le 4 août, M. Paul Zens procédait aux
premiers essais de l’aéroplane qu'il a construit
avec la collaboration de son frère M. Ernest
Zens. L’aéroplane s'était déjà soulevé plusieurs
fois et paraissait devoir donner d'excellents ré-
sultats. Il arrivait à l'extrémité du terrain dis-
ponible, lorsque le pilote, en voulant couper l’al-
lumage, s'aperçut que l'interrupteur ne fonction-
nait plus. L'appareil continuant sa route, vint
heurter des meules de paille et capota. L'avant
et la queue de l'appareil ont été brisés, les ailes
demeurèrent indemnes.
Un dirigeable belge. — Ce dirigeable du com-
mandant Le Clément de Saint-Marcq pourra pro-
bablement effectuer ses premiers essais au coërs
de l’année prochaine ; il aura environ 4.000 me-
tres cubes et sera muni de deux moteurs légers
développant ensemble 200 chevaux. La vitesse
propre prévue est de 60 kilomètres à l'heure.
Les usines Pipe ont offert de fournir gratui-
tement un de ces moteurs au département de la
guerre.
L'Aéro-Club argentin. — Un groupe de
sportsmen à la tête desquels se trouve M. Aron
de Antchorena, vient de fonder à Buenos-Aires,
l'Aéro-Club argentin, la première association
aéronautique de l’'5Amérique du Sud,
La première ascension du Club a eu lieu de
Buenos-Ayres, le 26 décembre 1907, à bord du
ballon Pampero, à M. de Antchorena piloté par
son propriétaire accompagné de M. Georges
Newburg. Après avoir traversé le Rio de la Plata,
le Pampero atterrit sans incidents à quelquesé
kilomètres de Martendes. Le voyage dura
4 heures.
Une nouvelle station de sondages aériens.
— Depuis le 1° avril, une nouvelle station de son-
dages aériens fonctionne à Friedrichshafen sur
les bords du lac de Constance, ville où se trouve
le hangar du comte Zeppelin ; cette station, rat-
tachée au Service météorologique du Wurtem-
berg. est entretenue grâce aux subsides fournis
par l'Empire et par plusieurs Etats allemands.
Elle possède un canot à vapeur, le Gna, qui per-
met de faire des lancers de cerfs-volants aussi
hien par temps calme que par tempête ; dans
ce dernier cas, le bateau se déplace dans le sens
du vent pour diminuer la pression qu aurait à
supporter le cerf-volant. DUO
Comme le lac de Constance n'est pas éloigné
de la station de premier ordre installée au s0on+
met du Santis, il est permis d'espérer que.les
deux séries d'observations recueillies à la même
altitude. à l'air libre et sur la montagne, condui-
ront à des résultats extrêmement intéressants.
L'Allemagne, qui possède déià, à Lindenberg,
l'observaloire aéronautique le plus complet qu'il
existe au monde, et à Strasbourg, à Hambourg
et à Munich, des stations de sondages: aériens
parfaitement organisées, montre, une fois de plus
par la création d'un nouvel observatoire, tout
l'intérêt qu'elle attache à l'exploration de l'at-
mosphère. En France, il n'existe qu'une seule
stalion de sondagé; aériens, et encore n'est-elle
entretenue que grâce à la libéralité et au dévoue-
ment à la science de M. Teisserenc de Bort.
346
Les Machines volantes en Amérique
L'aéroplane « June-Bug » et la Coupe du
a Scientific American, ». — La COUPE d'avia-
tion du Scientific American a, maintenant, un
premier titulaire. Créée, il y a plus d’un an, par
notre puissant confrère américain, cette épreuve
devait être disputée le 14 septembre 1907 et com-
portait un vol en ligne droite de 1 kilomètre. Il
n'y eut pas de concurrents à celte date et les
donateurs décidèrent de transformer leur prix en
challenge de distance, à date libre avec vol mi-
nimum de 1 kilomètre pour le premier tenant.
Ultérieurement, l'Aerial Association Experi-
ments se mit en ligne avec ses deux premiers
appareils Red-Wing et White-Wing, décrits dans
l'Aérophile du 15 mai et du 15 juillet 1908 et
dont les parcours maxima respectifs avaient été
318 pieds 11 inches et 1.017 pieds (ce dernier vol,
comme on l'a vu, coupé par un contact au 501
sans arrêt).
Sans se décourager, les membres de l'Aerial
Association Experiments avaient mis en chan-
tier un troisième aéroplane le June-Bug et l'en-
L'aéroplane June-Bug en plein vol (Photo Rol).
gageaient pour disputer la Coupe du Scientific
American. L'essai eut lieu le 4 juillet, jour de
l'indépendance américaine, à Hammondsport.
Voici, d'après le Scientific American, les ré-
sultats des expériences, incomplètement Tap-
portés, d'après les premières dépêches, dans l'Aé-
rophile du 15 juillet. :
Les essais du 4 juillet furent contrôlés par
MM. Manly, ancien collaborateur de Largley :;
Alan R. Hewley, A. M. Herring el le rédacteur
aéronautique du Scientific American. On Mt
sura à travers champs une distance de 1 kilomè-
tre dont le terme fut indiqué par un jalon très
visible.
A 6 heures du soir, par temps absolument
calme, eut lieu la première tentative. L'appareil
était monté par M. G. H. Curtiss. En 12 secondes
et après un parcours de 100 pieds environ, l'appa-
reil, lancé sur une route abandonnée, élait à
l'essor. En approchant du but l'aéroplane tour-
nait à gauche et montait d'une facon continue,
volant au-dessus d’une vigne. impuissant à arre-
ter ce mouvement ascensionnel avec son gouver-
nail de profondeur avant, même en le braquant
vers la terre jusqu'à fond de course, M. Curtiss
diminua l'avance à l'allumage et atterrit douce-
ment, 100 pieds avant 1e fanion indiquant Ja tin
du kilomètre.
On visita l'appareil et l'on constata que le cable
reliant la queue d'arrière au gouvernail de pro-
fondeur avant était attaché trop court, ce qui
expliquait la difficulté de la manœuvre en pro-
fondeur.
1°! Septembre 1908
On remédia aussitôt à ce défaut et à 7 heures
du soir l’aéroplane repartait du point primitif.
Il s'éleva rapidement à 20 pieds, redescendit vers
la fin de son vol à 15 pieds et atlerrit sur un
sol assez dur. La distance franchie était cette
fois d'au moins 1 mile en 1 m. #2 S. 2/5, CE qui
Gore Pond à une vitesse de 35 miles à l'heure.
Le lendemain, 5 juillet, M. Curtiss exécutait
encore un-essai au cours duquel il effecluait en
volant une courbe fermée. Ce vol — le 16% du
June-Bug — avait environ 4,500 pieds de déve-
loppement et dura 1 minute 15 secondes. L'appa-
reil fut gravement endommagé à l'atterrissage.
Le June-Bug, dont l'aspect rappelle beaucoup
celui du White-Wing, son prédécesseur imnTe-
diat (V. photo de l'Aérophile du 15 juillet), pèse
un peu moins de 295 kilogr. pour une surface
portante de 33 m’ et est actionné par un moteur
de 25 chx seulement. Si la légèreté relative du
système explique en partie le bon rendement de
La Coupe d'aviation du ‘‘Scientific American ”.
Coupe du Scientific American, challenge annuel
de distance pour appareils d'aviation à attribuer
pour la première fois à l'aviateur régulièrement ins-
crit effectuant un vol d'un kilomètre en ligne droite
(A® tenant: M. Curtiss dans l’aéroplane june Bug,
vol de 1.609" environ, le #4 juillet 1908, à Ham-
monds-Port (U. S. A.)
La Coupe re ‘résente un globe céleste en argent sur-
monté de Ipaigle américain, avec un aéroplane Lan-
gley ct des oiseaux dans les nuages. A la base du
piédestal quatre chevaux ailés et des palmes. Hau-
teur : 32 inches. Valeur : 2.500 dollars.
l'Aérophile
l'appareil, les inventeurs altribuent surtout ce
bon rendement aux dimensions réduites de la
queue et à ses formes très fines. La queue sta-
bilisatrice à 10 pieds d'envergure, 27 inches
d'avant en arrière el 22 pieds’ 1/2 de surface ; le
gouvernail vertical a 30 inches’ de superficie (1),
tandis que le gouvernail horizontal d'avant à
30 inches de longueur antéro-postérieure (32 in-
ches sur la section médiane), 8 pieds d’enver-
guret et 13 pieds 1/3 de surface.
Voici les autres caractéristiques : surface des
grandes ailes portantes : 370 pieds* ; hélice de
6 pieds 2 inches de diamètre et 17° de pas (soit
un pas légèrement inférieur au diamètre qui
correspondrait à 17° 1/2 de pas), montée directe-
ment sur l'arbre d'un moteur qui développe
25 chx. à 1,200 tours.
Des mesures faites au cours des dernières ex-
périences, il résulte que, dans cet appareil, un
poids de 11 kilog. SU par cheval est déplacé dans
l'air à 61 kilomètres de vitesse horaire et que
la charge par m° de surface utile est de plus
de 8 kilog. 648, ce qui est loin d’égaler le poids-
mètre des aéroplanes français ({ Farman du
Grand Prix d'aviation, plus de 10 kgr. par m°;
Blériot VIII, 20 Kgr. par m°; R. E. P. II, 22 kgr.
par m'). — PAUL POUCHET
PRIT ES
Le Pour et le Contre
Propulseurs à réaction ou hélices ? —
Monsieur le Directeur, voulez-vous me permettre
de répondre en quelques mots à la note de
M. Popovatz, parue dans l'Aérophile du 1* août
1908, sous le titre : Comparaison entre Les pro-
pulseurs à réaction et les hélices, en réponse à
mon article intitulé : Etude sur la propulsion des
aéroplanes à grande vitesse, paru dans l'Aéro-
phile du 1* mars 1908.
Dans ce dernier arlicle, le souci d'être bref,
m'a peut-être rendu insuffisamment précis. Le
chiffre de 250 m. indiqué pour la vitesse moyenne
d'écoulement « des gaz » ne se rapporte pas,
dans ma pensée, à la vitesse d'écoulement en
mince paroi des produits de la combustion.
Il est certain que si l’on tient compte unique-
ment de ce dernier écoulement, on trouve des
efforts utiles extrêmement faibles.
Mais, l’échappement étant produit dans un
ajutage divergent, si la vitesse de translation
est de plusieurs dizaines de mètres à la seconde,
et si le temps qui s'écoule entre ? échappements
consécutifs est de 1/40 de seconde environ, l’aju-
tage se sera « déplacé », entre ces 2 échappe-
ments consécutifs, et dans le sens du mouvement,
de plusieurs mètres. Il suffit que l’axe de l’aju-
tage soit incliné de quelques degrés sur la direc-
tion du mouvement pour qu'il rencontre une
couche atmosphérique absolument neuve, pos-
sédant toute son inertie de repos, qui constituera
en quelque sorte un projectile gazeux, dont la
masse doit figurer, avec une certaine vitesse,
dans le calcul de la quantité de mouvement. Le
chiffre de 250 mètres indiqué doit se rapporter
à « la vitesse moyenne d'écoulement de toute la
masse gazeuse influencée ». Il va de soi que la
vitesse des seuls gaz d'échappement est beau-
coup plus considérable et peut atteindre les chif-
fres demandé par M. Popovatz. Le chiffre de
8 atmosphères, indiqué pour la pression d'ex-
plosion, correspond, d’aileurs, à une assez fai-
(1) 1 pied=0 m. 304 ; 1 inche=0 m. 085 ; 1 pied”
=0 m’09 ; 1 inche‘=0 m‘000645. 1 mile—1.609 m.
347
ble compression. On utilise couramment des pres-
sions d'explosion beaucoup plus grandes.
Dans ces conditions, le gaspillage est considé-
rablement diminué. Il à, d’ailleurs, son utilité.
De 2 efforts égaux obtenus en procédant, d'une
part avec. de faibles vitesses, d'autre part avec
de grandes vitesses d'écoulement, le second est
très supérieur au point de vue de la stabilité. —
Si un2 hélice a un déplacement de 25 m. et est
animée d’une vitesse de translation de 15 mètres
elle n'agit qu'avec une vitesse réelle de 10 mètres.
La moindre perturbation atmosphérique produit
une dissymétrie dans la veine gazeuse et il en
résulte une variation dans la trajectoire du pro:
pulseur. Les grandes vitesses d'écoulement don
nent, au contraire, une trajectoire très stable,
ce qui est très important, au point de vue de la
stabilité générale du véhicule. — R. LorN
A propos des caleuls de M. Marcel Deprez.
— Si M. Marcel Deprez présentait ses calculs sur
les aéroplanes comme un intéressant exercice
d'analyse, nul ne les contesterait ; mais il n’est
vraiment pas possible de lui laisser dire que ses
calculs contiennent tout simplement la solution
complète de toute la question des aéroplanes.
Je ne parlerai pas de sa théorie du vol plané,
nombre de personnes ayant déjà fait remarquer
l'inanité de son hypothèse du vent ascendant.
Je rappellerai, pour mémoire, que déjà en 1902,
M. Rodolphe Soreau, l’'éminent ingénieur, a cru
devoir réfuter, à la Société des Ingénieurs Civils,
le petit calcul simpliste dans lequel M. Marcel De-
prez croyait avoir enfermé tout le problème des
hélices, de même qu'il croit actuellement (Aca-
démie des Sciences, 22 juin 1908, V. Aérophile
du 1* août) avoir enfermé dans trois lignes de
calculs tout le problème des aéroplanes.
M. Marcel Deprez semble peu préoccupé de sa-
voir si les hypothèses gratuites qu’il. se donne ont
un rapport quelconque avec la réalité, et. si,
lorsqu'il fait des calculs approximatifs, les ter-
mes qu'il néglige sont réellement négligeables.
Dans son calcul sur l’aéroplane Hiram Maxim,
il considère la section droite du canal formé par
deux volets consécutifs, sans remarquer que
cette section varie puisque les volets sont cour-
bes. Il suppose que le vent entre tangentiellement
aux volets, mais il oublie de dire pourquoi el
de rechercher si cette condition est bonne. Il
admet sans démonstration que l'air sort tangen-
tiellement à l'arrière des volets, et sans avoir
changé de vitesse. Il oublie, chose très grave,
que l’aéroplane n’agil pas seulement sur les mas-
. ses d'air qui le traversent, mais aussi sur celles
qui le côtoient, et que quand on isole, par la
pensée, un filet d'air des masses qui l’environ-
nent, on ne peut aboutir à rien qui ressemble
à la réalité.
Les expériences très curieuses qui ont élé faites
concernant l’action de l'air sur les surfaces cour-
bes, et la position de la résultante par rapport à
la normale, montrent combien il faut se défier
des théories en chambre et des idées a priori.
Remarquons encore que M. Marcel Deprez ou-
blie complètement : 1° qu'il y a une résistance à
la pénétration ; 2° que les propulseurs (hélices ou
autres) ont un recul ; 3° que les propulseurs
ont un rendement différent de l'unité ; 4° qu'il
existe un problème de la stabililé ; 5° qu'il existe
un problème du virage ; 6° qu'il existe un pro-
blème de la construction, etc. Et relisons mainte-
nant la phrase dans laquelle M. Marcel Deprez
affirme bravement que ses peliles formules « con-
tiennent la solution de tous les problèmes que
l'on peut se poser sur un acroplane »….
ALEXANDRE SÉE.
348
Société française de Navigation aérienne
Par suile d'arrangements spéciaux avec « l'Aé-
rophile », nous aurons le plaisir de publier à
l'avenir, dans cetle revue, les procès-verbaux des
réunions mensuelles de la Sociéié Francaise de
Navigation Aérienne.
Nous donnons ci-dessous un résumé des pro-
cès-verbaux des réunions qui ont eu lieu depuis
le 1° janvier
*#
* _*
SÉANCE DE JANVIER. — Le secrétaire général fait
part de l’heureuse solution de l'affaire Farcot
la Sociélé de Navigation Aérienne encaisse une
somme de 47.700 francs, cont elle a la libre dis-
position.
En raison des très grands progrès réalisés en
navigalion aérienne, l'Assemblée, contrairement
à ce qui avait été arrété tout d’abord, juge
inutile de construire un appareil suivant les plans
et indications de Farcot.
Les ballons dirigeables actuels ont résolu et
au-delà, toutes les questions qu'à l'époque de sa
mort, Farcot pouvait prévoir.
I1 à, par suite, été décidé que sur le legs Far-
cot, il serait prélevé, conformément aux statuts,
une somme de 40.000 francs et que cette somme
serait employée à encourager les progrès en aéro-
nautique, sous forme de prix et médailles, de
construction d'appareils scientifiques, ou d'es-
sais dans les laboratoires officiels.
L'Assemblée a procédé ensuite au renouvel-
lement de son bureau. Ont élé élus pour 1908 :
Président : M. Berget. — Vice-Présiden(s
MM. Capazza, Ferber, Soreau, Carton. — Secré-
taire général : M. Paul Delaporte. — Secrétaires :
MM. Mayaudon, Chauvière, Trochery, Sosson. —
Trésorier : M. Cassé. — Archiviste :: M. Chavou-
tier.
SÉANCES DE FÉVRIER, MARS, AVRIL, JUIN. — L'ordre
du jour portait une discussion générale sur les
moteurs légers, sur la stabilisation des aéropla-
nes et sur le coefficient K.
Moteurs légers. — MM. Esnault-Pelterie, le ca-
pitaine Ferber et J.-A. Farcot ont donné diffé-
rents renseignements et descriptions sur les mo-
teurs qu'ils construisent. Tous ces détails ont, de-
puis, paru dans l'Aérophile ; nous y ren-
voyons nos membres que cette question intéresse.
Stabilisation aulomalique des aéroplanes. —
Cette question est une de celles auxquelles s'at-
laque le plus l'ingéniosité des aviateurs.
Les appareils des frères Wright n’ont pas d’é-
quilibre automatique. Leur bon fonctionnement
repose sur l'habileté du pilote.
Les appareils français possèdent, en général,
une certaine stabilité automatique ; cette stabi-
lité est obtenue actuellement par la forme gé-
nérale des appareils qui sont presque tous cons-
titués par une ou plusieurs surfaces portantes
plac à l'avant et par une queue stabilisatrice
à l'arrière.
Diffirents autres systèmes peuvent être étu-
diés. L'emploi des gvroscopes a même déjà donné
de très bons résullats. On peut employer les gy-
roscopes de plusieurs facons, soit pour le main-
üen dans une direction déterminée de l’appareil
lui-même, soit pour la commande de plans ac-
cessoires qui concourent à la stabilité générale.
C’est cette solution qui semble la ‘plus ration-
nelle, et c’est la seule qui, jusqu'à ce jour, ait
donné des résultats intéressants.
Comme application directe du gyroscope,
M. Berget cite toutefois les essais qui viennent
d'étre Jaits, en Allemagne, sur des torpilleurs.
Un gyroscope de 1.200 kilos, monté sur un tor-
14 Septembre 1908
pilleur de 40 tonnes, en a réduit les oscillations
dans la proportion de 12 à 2, mais il en est ré-
sulté une fatigue importante pour la coque.
On à proposé aussi l'emploi du pendule pour
la maintien de la stabilité. Ce système n'a pas,
jusqu'à ce jour, donné de bons résultats.
Il faut, en effet, que les appareils de stabili-
sation fonctionnent pour des variations de direc-
tion excessivement faibles (1 ou 2? degrés), et
l'effet d’un pendule se fait peu sentir pour des an-
gles de cette valeur.
Un pendule est souris d’aulre part à des effets
d'inertie dans les virages el dans les légères va-
riations de vitesse, et les modifications de posi-
tion qui en résultent tendent à compromettre ja
stabilité générale des appareils
On à, cependant, employé avec succès, sur les
bateaux, des amortisseurs d’oscillaiions pendu-
laires. Le système Crémieux, par exemple, qui
consiste en une sphère de métal roulant dans
un tube plein d'un liquide visqueux, a pu amor-
tir les oscillations d'un remcrqueur dans la pro:
portion de 10 à 1.
Coefficient de la résislance de l'air. — MM. So-
reau, Marcel Armengaud et Roux ont donné
communication à la Socifté d’intéressants mé-
moires sur la résistance de l'air.
C'est improprement qu'on désigne par K le
coefficient de la résistance de l'air à employer
dans le calcul des aéroplanes.
K est la résistance d'un plan mince carré, de
un mètre carré de surface, tombant en se dépla-
cant à la vitesse de 1 mètre par seconde dans
une direction normale de sa surface.
Le Dantec a trouvé que, dans ces conditions,
un plan offre une résistance de Si grammes à
l'avancement.
Mais celte valeur se trouve modifiée dès que
le plan change de forme 6u de diménsion, des
qu'il attaque l'air ob'iquement, dès que Ja vitesse
augmente et que la surface employée est gauche
au lieu d'être plane, ce qui est le cas d’un aéro-
plane. ?
On peut donc dire que le coefficient à em-
ployer, et que nous appellerons est égal à
K (a+b+c+d+e) formule dans laquelle abcde
sont des coefficients dépendants des «afférentes
variations ci-dessus.
A la suite de ces différentes discussions, M. So-
reau à donné communication d'abaques repré-
sentant les surfaces et puissances à employer
dans la construction des aéroplanes, soit pour
in marche à puissance minima, soit pour la mar-
cha à surface minima.
Ces abaques, ainsi que le mémoire de M. Mar-
cel Armengaud, parailront dans l'Aérophile.
Le secrétaire : CHAUVIÈRE.
Les prochaines séances publiques ce la So-
ciété de Navigation aérienne auront lieu au
mois d'octobre.
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BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
Siège social : 63, avenue des Champs-Elysées, Paris (VIII)
Télégrammes : AÉROCLUB-PARIS. — Téléphone : 666-21
CONVOCATIONS
Conseil d'administration, 2 septembre, à 5 h.
Comité de direction, jeudi 3 septembre.
Commission scientifique, en vacances.
Commission sportive, sur convocation du Bu-
reau.
Commission d'aviation, sur convocalion du Bu-
reau. E
Diner mensuel, jeudi à septembre, à 7 h. 1/2,
en l'hôtel de l’'Automobile-Club, 6, place de la
Concorde. Prix du couvert : S francs, tout com-
pris.
Les inscriptions pour le dîner, réservé aux
seuls membres du Club, sont reçues accompa-
gnées du prix du couvert, la veille au plus tard.
COUPE ANTOXETTI.
La Coupe de distance pour ballons de première
catégorie (jusqu'à 600 m°), créée par M. Francisco
Antonetti (Voir Bulletin Ofjiciel du 15 juillet,
p. 268, col. 1), a déjà son premier tenant.
Parti le 22 août, à 8 h. du s., dans son ballon
Cythère (600 mètres cubes), M. Alfred Leblanc,
recordman du monde de la durée en ballon et l'un
des représentants français dans la prochaine
Coupe Gordon-Bennett, descendait le lendemain
matin à 8 h. 25 à Speyerdorf (Allemagne), après
un beau voyage de pres de 460 kilomètres, dont
le parcours exact sera calculé par la Commis-
sion sportive.
Ce premier succès stimulera l'ardeur des au-
tres concurrents, jaloux de montrer quels magni-
fiques résultats on peut obtenir des ballons de
cube modeste et pratique, manœuvrés par des
mains expertes.
La Coupe Antonetti est attribuée, on le sait,
au pilote régulièrement inscrit ayant accompli,
au 31 décembre 1908, le plus grand parcours
sans escale dans un ballon de 1“ catégorie. Des
primes récompensent, en outre, le 2° et le 3° du
classement.
LES ASCENSIONS AU PARC DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
18 avril. — Minuit 15, Le Condor (1.450 m'),
MM. Emile Dubonnet, Vellby Jourdan, Frank Ot-
ter. Att. à 1 h. 30 du s., à Châtelaillon (Charente-
Inférieure). Durée : 12 h. 15. Distance : 398 kil.
18 avril — 2 h. du m., L'Entente Cordiale
(1.450 m°), MM. Jacques Faure, Tremblett el ses
deux fils. Att. à Saint-Hilaire-de-Talmont (Ven-
dée). Durée non indiquée. Distance : 387 kil.
18 avril. — 1 h. 20 du s., Stella Maris (600 m'),
NM. Henry Gon, E. Bordac. Att. à 3 h. 1/2, à
Etampes. Durée : 2 h. 10. Distance : 50 kil.
18 avril. — 11 h. 20 du s., L'Albatros (800 m'),
MM. Alfred Leblanc, Albert Lambert. Att. le 19
avril à 8 h. du m., à Nevers. Durée : 8 h. 40.
Distance : 217 kil.
18 avril. — 11 h. 20 du s., Le Limousin (1.200 m'),
MM. Amédée Baslier, Lecrèt. Corpal, Gougé. Att.
le 19 avril, à 9 h. du m., à Culan (Cher). Durée :
9 h. 40. Distance : 255 kil.
19 avril. — 10 h. 45 du m., Le Nord (1.200 m'),
MM. le baron Guy d'Ussel, Ed.-V. Boulenger,
349
Mme Ed.-V. Boulenger. Att. à 1 h. 30, à Voulx,
au es de Montereau. Durée : 2 h. 45. Distance :
sil.
21 avril. — 3 h. 10 du $., Au Pelit Bonheur
(1.200 m°), MM. Georges Bans, Henri et Paul Le
Secq des Tournelles, Pierre Launay. Att. à 6 h. 15
à Provins. Durée : 3 h. 5. Distance : 86 kil.
23 avril. — 2 h. 30 du s., Aéro-Club III (1.200 m'°
MM. le comte H. de La Vaulx, le Mae de Ga
raman-Chimay. Att. à 5 h. 45, à Feignies, près
Maubeuge (Nord). Durée : 3 h. 15. Distance :
217 kil. i
28 avril. — 11 h. 15 du m., Au Pelit Bonheur
Leu NUE RRTRONE Albert Lambert. AE.
À = outencourt, près Doullens (S )
Durée : 5 h. 45. Distance : 144 kil. ne
29 avril. — inauguration d’un ballon. — Plus
de 24 heures en ballon. — 6 h. 10 du s.
Sonia II (1.600 m°), MM. le comte Economos, Au:
guste Nicolleau. Att: le 30 avril, à 6 h. 45 du s
à Pinnelles (Yonne). Durée : 24 h. 35. »
C'était linauguration. de ce ballon, superbe
sphérique en soie française, récemment sorti des
ateliers Maurice Mallet.
Le comte Economos et M. Nicolleau espéraient
à bon droit faire un beau voyage de distance.
Mais l'atmosphère restait incroyablement calme,
à peine traversée par des brises folles, si bien
que le matin du 30 avril, le Sonia 11, après avoir
erré du côlé de Provins, se trouvait ramené au-
dessus de Vincennes.
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, les
aéronautes décidèrent alcrs de tenir l'atmosphère
au moins 24 heures. Ils ne reprirent terre, en
effet, que le 30 avril, 24 h. 35 arrès leur départ.
Ils auraient pu la prolonger encore, car il leur
restait de nombreux sacs de lest à l'atterrissage,
mais l'atmosphère demeurait toujours désespéré-
ment stagnante et continuer dans ces conditions
devenait vraiment par trop fastidieux. Il$ jugè-
rent suffisant d'avoir accru d’une unité à la liste
des voyages aériens de plus de 24 heures et
exécuté la première grande ascension de durée
de l’année 1908.
30 avril. — Midi 30, L’Alouelte (350 m'), M. J.
Delebecque. Att. à 3 h. 15, à Fontenay-lez-Louvres
(Seine-et-Oise). Durée : 2 h. 45. Distance : 26 kil.
30 avr. — 2 h. du s., Aéro-Club IV (500 m'°),
M. A. Lambert. Att. à 3 h. 45, à Nanterre (Seine-
et-Oise). Durée 1 h. 45. Distance : 3 kil.
1“ mai. — 11 h. 40 du m., Le Céniaure
(1.600 m‘), MM. le comte de Castillon de Saint-
Victor, Réquillart, Morin. Att. à 7 h. du s., à
Marolles (Seine-et-Oise). Durée : 7 h. 20. Dis-
tance : 54 kil.
3 mai. — 10 h. du s., L’Essor (1200 m'),
MM. G. Tranchant, Jean Dubrujeaud, Mmes Tran-
chant, Foucher. Att. à 3 h. 10, à Morienval
(Oise). Durée : 5 h. 10. Distance : 71 kil.
3 mai. — Midi 40, Le Walthalla (2.200 m'),
MM. Alfred Leblanc, le comte de Moy, H. Le Secq
des Tournelles, Georges Bans, Emile Barlatier,
Léon Sée, Robert Manoury. Att. à 6 h., à Ma-
reuil-sur-Ourcq (Oise). Durée : 5 h. 20. Distance :
70 kil.
350
3 mai. — 1 h. 30 du s., L'Escapade (1.200 m°),
MM. Léon Barthou, Carrion, Mme Lafaurie. Alt.
à 4 h. 20, à Thorigny (Seine-et-Marne). Durée :
8 h. 50. Distance : 36 kil.
3 mai. — ? h. 40 Au s., L'Oural (900 m),
MM. Ed. Bachelard, G. Bertault, Mme Buirette.
Att. à 6 h., à La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-
Marne). Durée : 3 h. 20. Distance : 68 kil.
4 mai. — 1 h. 30 du s., Le Djinn (1.600 nr’)
MM. le comte de Castillon de Saint-Victor, André
Legrand, Mmes X..., X.. et X.. Alt. à 5 h. 1/2,
à Jossigny, près Lagny. Durée : 4 h.
7 mai. — 2 h. 45 du s., Le Fot (600 m°), M. An-
dré Legrand. Att. à 5 h., à Bussy, près Lagny.
Durée : 2 h. 15. Distance : 39 kil.
10 mai. — 2 h. 50 du s., Aéro-Club V (900 nr),
MM. Aug. Nicolleau, A. Debuire. G. Bans. Atf.
à 6 h., à Coulommiers. Durée : 3 h. 10. Distance :
64 kil.
10 mai. — 3 h. 30 du s.. Aéro-Club III (1.200 m°),
MM. Mac-Coy, Glidden, Vaniman. Att. à 5 h. 30,
ASS SAT GEOTRes Durée : 2? h. Dislance:
29 Kil.
13 mai. -- Midi 20, Acro-Club II (1.200 m')
MM. Mac-Coy, Glidden, Vaniman, Att. non in-
diqué.
16 Mai. — Concours de distance pour 9 bal-
lons. (Voir compte rendu spécial dans l'Aéro-
phile du 1” juin.)
16 mai. — 6 h. 40 du s., L'Escapade (1.200 m'),
MM. Léon Barthou, Carrion, Mme Lafaurie. Att.
non indiqué.
17 mai. — 10 h. du s., Eole (600 m,. MM. Lio-
nel-Marie, Marcel Rivière. Att. à midi 10, à Sucy-
en-Brie. Durée : 2 h. 10. Distance : 24 kil.
17 mai. — 10 h. 25 du s., Sphynæx (1.000 m°),
MM. G. Suzor, Edeline, Neuerbourg. .Att. à
1 h. 40, à Sivry (Seine-et-Marne). Durée : 3 h. 15.
Distance : 54 kil. L
17 mai. — Midi 40, Wallhalla (2.200 m'), MM. le
comte de Castillon, André Legrand, le comte de
Châteaubriand, Ménard, Claude Coupry. Att. non
indiqué.
18 mai. — 7 h. 40 du s., Don Quiclolle
(1.200 m°), MM. J. Delebecque, Mme J. Delebec-
que, Mile Brun. Alt. à 4 h. 30 du m., à Savenay.
Durée : 8 h. 50. Distance : 346 kil.
820 mai. — 3 h. 50 du s., Favori (600 m'),
MM. Sanlos-Dumont, miss Vandridge. Att. non
indiqué.
22 mai. — 5 h. du s., Aéro-Club II (1.550 m'),
MM. le docteur Chanteaud, Cosson, Mellerio.
Att. à 7 h. 10, à Longueil-Sainte-Marie (Oise).
Durée : 2 h. 10. Distance : 66 kil.
24 mai. — 9 h. 15 du m., La Mouche (1.600 m'),
MM. Jean de Francia. Blue Bedel, Roger Min-
clin. Att. non indiqué.
24 mai. — 10 h. 30 du m., Aéro-Club V (900 m'°),
MM. E. Mix, Nicolaïos. Att. au château de Fer-
rières (Seine-et-Oise). Durée non indiquée. Dis-
tance : 36 kil.
84 mai. — 11 h. 10 du m., L'Eole (600 m'),
MM. G. Bans, Jacques de Villoutreys. Att. à
5 h. 15, à Lizines, près Provins. Durée : 6 h. 5.
Distance :
24 mai. — 11 h. 45 du m., Lutèce (1.450 m'),
MM. Santos-Dumont, le marquis de la Torre. de
la Huerta, Trestegui. Atl. à La Celle-sur-Morin.
Durée non indiquée.
84 mai. — 11 h. 50 du m.,Wallhalla (2.200 m'),
MM. A. Leblanc, le docteur Crouzon, le comte de
Fayolle, M. et Mme Monin, le docteur Petit-Hélut.
Att. à 3 h. 15, à Villeneuve-le-Comte, pr.s Cou-
lommiers Durée : 3 h. 25.
un
J’Aérophile
24 mai — Midi 50, L-Essor (1.200 m°
MM. G. Tranchant, G. Pinta, Duboc, Suzor. A
à 4 h. 15, à Limosin, au sud de Coulommiers.
Durée : 3 h. 25. Distance : 79 kil.
24 mai. — 2 h. 50 du s., Aéro-Club IV (500 m'),
M. G. Bertault. Alt. à 5 h., à Crèvecœur-en-Brie,
Durée : 2? h. 10. Distance : 52 kil.
24 mai. — 6 h. 30 du s., Au Pelil Bonheur
(1.200 im°), MM. Jacques Delebecque, Clarcke,
Mme Clarcke. Al. le 25 mai, à 4 h. 30 du m., à
Toul. Durée : 10 h. Distance : 346 kil.
.Pris pour des officiers allemands par les auto-
rités locales françaises, les aéronautes eurent
quelque peine à dissiper le malentendu.
25 mai. — Midi 50, Djinn (1.600 m°), MM. le
comte de Castillon de Saint-Victor, Félix Avrain,
Joseph Périer, R. Duvau, Mme Goyard. Att. à
4 h., près de Fismes (Marne). Durée : 3 h. 10.
Distance : 117 kil.
25 mai. — 1 h. du s. care (1.000 m°), MM. le
marquis E. de Kergariou, Veillée, Dureste. Att.
à 4 h., à Torcy. Durée : 3 h. Distance : 80 kil.
27 mai. — 3 h. du s. Aéro-Club IV (500 m')
M. le docteur Chanteaud. Att. à 7 h., à Vibraye
(Sarthe). Durée : 4 h. Distance : 153 kil.
28 mai. — 9 h. 40 du s. L'Essor (1.200 m'),
MM. G. Tranchant, Balézeaux, des Fontaines,
Mme Foucher. Att. à 2 h., à Château-Renaull
(Ad snone Durée : 4 h. 15. Distance : 175
kil.
28 mai. — 10 h. 45, L'Aurore (900 m°), MM. G.
Bans, le comte de Fayolle, Mme la comtesse de
Fayolle. Att. à 4 h., à Sainte-Maure (Indre-ei-
Loire). Durée : 5 h. 15. Distance : 230 kil.
ès mai. — 10 h. 50, Condor (1.450 m'), M. E.
Dubonnet, Mmes X.. ct X.. Att. à 4 h. 30. à
Sainte-Maure (Indre-et-Loire), Durée : 5 h. 40.
Distan:e : 230 kil.
31 mai. — 10 h. 55. Azur (600 m'), MM. G. Su-
zor, Léon Gimpel. Att. à 1 h. 20, à Fouquerolles
(Oise). Durée : 2 h. 25. Distance : 61 kil.
3 juin. — 11 h. 30, Ariane (450 m’), M. Santos-
Dumont, Mme Bastei-Tairs. Alt. non indiqué.
4 juin. — 9 h., Aéro-Club II (1.550 m°), MM. Henri
Kapferer, Neddell, Pierre et Paul Charpentier,
Mercier. Att. à midi 25, à Montreuil-sur-Epte
(Seine-et-Oise). Durée : 3 h. ?5. Distance : 53 kil.
4 juin. — 10 h. 15, Lutèce (1.450 m°), MM. G.
Cormier, Charpentier, Mlle A. Charpentier, Mlle
E. Charpentier. Att. à 4 h. 30, à Songeons (Oise).
Durée : 6 h. 15. Distance : S1 kil.
6 juin. — 9 h. 30, Aéro-Club III (1.200 m‘), M. le
le capitaine Gaucher, le sergent-major Buy, le
maréchal des logis Legros, le maréchal des logis
Ménard. Att. à 10 h. 40, à Corbeil (Seine-et-Oise).
Durée : 1 h. 10. Distance : 33 kil.
Ascension d'entrainement pour les sous-offi-
ciers mécaniciens de dirigeables militaires.
6 juin. — 11 h., Syiphe (1.600 m°), M. E. Giraud,
M. Cocteau, Mme et Mile Politis. Att. à 11 h. 45
du s., à Cazillac (Lot). Durée : 18 h. 45. Distance :
440 kil.
8 juin. — Midi 15, Walhalla (2.200 m'), M. le
comte de La Vaulx, M. G. Blanchet, Cte de Cas-
tillon, Lady Harbord, Mlle Brabazon. At. à 7 h.,
à Nangis. Durée : 6 h. 45. Distance : 67 kil.
8 juin. — Midi 45, Condor (1.450 m°), M. Santos-
Dumont, Mmes Hayer, Bastes. All. non indiqué.
8 juin. — ? h. du s., Bulle de Savon (600 m'),
M. Weddel, Mme Weddel. Alt. à 6 h. du s., à
Presles (Seine-et-Ois?). Durée : 4 h. Distance :
29 kil.
lJ’Aérophile
8 guin. — 4 h. 45, Aéro-Club V (900 m'), M. le
docteur Chanteaud, M. le docteur Perraud. Att.
à 1 h. du m., à Vieux-Champagne, près Provins
ne MeEne): Durée : 8 h. 15. Distance : Ÿ4
kil.
8 juin. — 10 h. 30 du s., Talisman (1.000 m').
MM. Roger Aubry, Marcel Baïllère. Alt. le 9 juin,
à 9 h. 1/2 du m., à Cussy, près Avallon. Durée :
11 h. Distance : 230 kil.
9 juin. — 10 h. 45 du m., Nephlys (1.000 m').
MM. le comte de La Vaulx, prince Philippe Ca-
raman-Chimay, de La Riboisière. Att. non indi-
qué.
10 juin. — 10 h. 45 du s., Eole (600 m°), M. Ca-
pazza, M. Gérard de Chamberet. Att. à 1 h. 30
du in.. château de Samont, près Dourdan. Du-
rée : 2? h. 45. Distance : 39 kil.
11 Juin. — Concours de distance pour 12 bal-
lons. (Voir compte rendu dans l’Aérophile des
15 juin et 1° juillet 190$)
13 juin. —- 5 h., Aéro-Club IV (500 m'), M. le
docteur Chanteaud. Atf. non indiqué.
13 juin. — S h. 30 du s., Austerlitz (1.600 m'),
M. E. Barbotte. M. et Mme Lemaire, Mme Jul-
liot. Att. le 14 juin, à 7 h. 30 du m., à Cologne
(Allemagne). Durée : 11 h. Distance : 385 kil.
13 juin. — 540 kilomètres en ballon. —
11 h. 30 du s., Condor (1.450 m'), MM. E. Du-
bonnet, Dufour, Crouan, Mme Crouan. Att. le
1% juin, à 9 h. 30 du m., à Dixburg (Westpha-
lie). Durée : 10 h. 20. Distance : 540 kil.
1% juin. — 11 h. Icare (1.000 m'’), MM. le mar-
quis de Kergariou. Pupier, Pierron. Att. à 2 h. 50
à Chenay (Marne). Durée : 3 h. 50. Distance :
132 kil.
14 juin. — 2 h. 15, Wathallah (2.200 m°), MM. le
comte de Castillon, A. Omer-Decugis, Mautin,
Schelcher. Mmes A. Omer-Decugis, Martin, Mlle
Boissay. Att. à 6 h. 15, à Sillery (Marne). Durée :
4 h. Distance : 140 kil.
1% juin. — 3 h. 30, Aéro-Club IL (1.550 m°),
MN. Mix, le docteur Le Sorier, Paul Bour, Mme
Paul Bour. Att. à S h. du s., à Etrichy (Seine-et-
Oise). Durée : 4 h. 30. Distance : 40 kil.
14 juin. — 3 h. 30, Gay-Lussac (900 m°), MM.
Santos-Dumont. Salit, le comte de la Huerta.
Att. non indiqué.
15 juin. — 7 h. 20, Aéro-Club N° 3, (1.200 m'),
MM. le capitaine Bois. le sergent-major Buy. les
maréchaux des logis Fovssier et Legros. Att. À
10 h. 42, à Gouvieu, près Chantilly (Oise). Durée :
3 h. 20. Distance : 39 kil.
Ascension d'entrainement pour Îics sous-offi-
ciers mécaniciens de dirigeables militaires.
17 juin. — 11 b. 5 m., X. (1.550 m°), M. Mac-Cov,
M. Vaniman. Att. à 7 h., à Momignies (Belgique).
Durée : 7 h. 55. Distance : 225 kil.
17 juin. — 2 h. 15. — L'Elfe (1.800 m'), comte
de La Vaulx, MM. Leroy-Liberge, Daniel d'Au-
bigny, Marcel Arrault, 1 dame. Att. à 6 h. 45,
à Soissons (Aisne). Durée : 4 h. 30. Distance :
100 kil.
17 juin. — 3 h. 30, Aéro-Club IV (500 m'). M.
Grosdidier. Alt. à 6 hi. 5. à Crépy-en-Valois. Du-
rée : 2 h. 35. Distance : 65 kil.
17 juin. — 10 h. du s..Aéro-Club II (1.550 m'),
MM. Guffroy, René Quinlon, le docteur John de
Christmas, le capilaine W. d2 Christmas. Att.
à 9 h. 45 m., près Senlis (Oise). Durée : 11 h. 45.
Distance : 47 kil.
18 juin. — 10 h. 30, Limousin (1.200 m'), MM. le
docteur Soubies, Nicolleau, Mme René Bizard.
Att. à 2 h., à Villepreux (Seine-et-Oise). Durée :
3 h. 30. Distance : 15 kil.
351
20 juin. — 3 h. du m., Condor (1.450 m’), M. J.
Faure, 3 personnes. Aft. non indiqué.
21 juin. — Midi, Djim (1.600 m’), MM. le comte
de Castillon, Philippe de Vilemorin, d'Almeida, le
marquis de Levis-Mirepoix. Att. à Châteaudun.
Distance : 9$ kil.
21 juin. — 2 h., Aéro-Club V (900 m'), M. Ed.
Mix. Mile Jeanne Dumas. Att. à 5 h. du m., à
Chambon-Sainte-Croix (Creuse). Durée : 15 h.
Distance : 369 kil.
21 juin. — 9 h. 25 du s., Aéro-Club IT (1.550 m°),
MM. les lieutenants Bellenger, Lefranc, Bergo-
gnié, de Fraguier. Alt. à 1 h. 15 du m., à Fréte-
sel (Loir-et-Cher). Durée : 3 h. 50. Distance : 133
SIL.
23 juin. — 7 h. 30 m., Aéro-Club III (1.200 m°),
MM. le capitaine Gaucher, les maréchaux des
logis Ménard, Joussier, le sergent Allemand.
Att. à 11 h. 30. à Manivilliers {Loiret}. Durée :
4 h. Distance : 62 kil.
23 juin. — 11 h. 20, Au Petit Bonheur (1.200 m°),
MM. G. Bans, Lautfray. Mmes Lauffray et Drouet.
Att. à 3 h. 30, à Beaune-la-Rolande (Loiret). Du-
rée : 4 h. 10. Distance : 90 kil.
22 juin. — 3 h. 15, Centaure (1.600 m°), MM. le
Comte de Castillon. le baron Thonier, Mme la
baronne Clauzel. Att. à Pithiviers (Loiret). Dis-
lance : 74 kil.
23 juin. — 2 h. 15, Nephlys (1.000 m'), comte
de La Vaulx, comte et comtesse Guillaume de
Spoelbergh. Att. à 5 h. 15, à Malesherbes (Loi-
rot). Durée : 3 h. Distance : 64 kil.
24 juin. — Midi 30, Quo-Vadis (1.200 m'), MM.
Pierre Gasnier. le comte de Lapeyrouse, Goffart,
Mme la comtesse de Lapeyrouse. Att. à 3 h. 15, à
Dourdan. Durée : 3 h. 45. Distance : 40 kil.
24% juin. — 2 h. 45, Aéro-Club IV (500 m°), M. R.
Grosdidier. Att. à 6 h. 10, à Vierville (Eure-et-
Loir). Durée : 3 h. 25. Distance : 70 kil.
24 juin. — 8 h. du s.. Djinn (1.600 m°), MM. le
comte de Castillon, Caillaut, Merle, Mme X..
Att. à La Roche-sur-Yon. Distance : 385 kil.
25 juin. — 2 h. du s., Le Faune (800 m'), MM. le
comte de La Vaulx, Rodoconachi. Atf. à 7 h. 45,
près Mortagne. Durée : 5 h. 45. Distance : 182
kil.
27 juin. — 2 h. 15, Centaure (1.600 m°), MM. le
comte de Castillon, le comte de Rochefort, Mlle
Pierpont-Morgan, Mlle de Woolf. Att. non indi-
qué.
27 juin. — 11 h. 30 du s., Au Petit Bonheur
(1.200 m°\, MM. H. Lillaz, Gambeaux, Mme X..
Att. à 4 h., à Domfront (Orne). Durée : 4 h. 30.
Distance : 211 kil.
28 juin. — Concours d'atterrissage Pour 14
ballons. (Voir ccmpte rendu dans l’Aérophile du
15 juillet 1908.)
30 juin. — 9 h.. Geneviève (1.600 m'), MM. Sur-
couf, Josse Bernheim. Gaston Bernheim, Mmes
Bernheim, Surcouf. Att. à midi 15, à Maurepas,
près Dreux. Durée : 3 h. 15. Distance : 25 kil.
30 juin. — 10 h. 30 du m., Condor (1.450 m'),
MM. R. Aubry, Paul Martin, Marcel Baillière,
Mlle X... Att. à Boncourt, près Anet (Eure). Du-
rée : 3 h. 45. Distance : 75 kil.
2 juillet. — 10 h. 15, Austerlilz (1.600 m'), MM.
E. Barbotle, Lucien Leduc, Pierre Sevaistre et
Emile Bégule. Ati. à 5 h., à Mamers (Sarthe).
Durée : 7 h. 15. Distance : 144 kil.
2 juillet. — 5 h. du s., Aéro-Club II (1.550 m'),
MM. Mac-Coy, Cortland-Bishop, Mme Cortland-
Bishop. Att. à 7 h. 30, à Chartres (Eeure-et-Loir).
Durée : 2 h. 30. Distance : 71 kil.
352 l'Aérophile
2 juillet. — 10 h. 35, Don Quichotte (1.200 m°),
MM. J. Delebecque, Girault, Mlle Girault. Att. à
4 h. 20, à Préaux (Orne). Durée : 5 h. 45. Dis-
tance : 126 kil.
2 juillet. — 11 h. 30 du s., Bulle de Savon
(600 m'). MM. A. Weddell, Georges Jallel. A.
non indiqué.
3 juillet. — Ascension scientifique. — 4 h. 45,
\Wathalla (2.200 m'), MM. Albert Omer-Decugis,
le docteur Soubies, le docteur Crouzon. Att. à
10 h. 30, à Broglie (Eure). Durée : 5 h. 45. Dis-
lance : 118 kil. Altitude maxima : 5.350 m.
5 juillet. — S h. 44, Aéro-Club V (900 m'), MM.
Mix, Mac-Cov. Att. à 12 h. 32, à La Frette, près
Maisons-Laffitte. Durée : 3 h. 48. Distance
dankile
5 juillet. — 11 h. 30, Aurore (900 m'), MM. G.
Bans, Péan de Saint-Gilles. Alt. à 3 h. 30, à
Sannois. Durée : 4 h. Distance : 13 kil.
5 juillet. — 11 h. 45, Essor (1.200 m°), MM. G.
Suzor, G. Tranchant, M. et Mme Aucoc. Alt. à
1 h. 10, à Saint-Cyr. Durée : 1 h. 25. Distance :
13 kil.
Pour les particularités de ces trois dernières
ascensions, voir dans l'Aérophile du 15 juillet,
l'article : « Voyages en zigzag. »
9 juillet. — 11 h., Austerliz (1.600 m'), MM. E.
Barboile, Mohin, Mauger. Att. à 4 h. 15, à Nu-
becourt (Meuse). Durée : 5 h. 15. Distance : 219
kil.
9 juillet. — 4 h., Excelsior (1.600 m'). MM. le
comte de Contades-Giseux, Kenaud Paul Roscert
Alt. non indiqué.
9 juillet. — 5 h., Aéro-Club V {900 m°), MM. Guf-
froy, Roger Trousselle. Att. à 7 h., à Meaux
(Seine-et-Marne). Durée : 2 h. Distance : 50 kil.
10 juillet. — 11 h. du s., Aéro-Club IT (1.550 m°),
MM. Jacques Faure, le comte G. de Veverlé, le
comte Henry de Vogüé, Pagratide, Mme la com-
tesse de X... Att. non indiqué.
10 juillet. — 3 h. du s.. care (1.000 m°), MM. le
comte de La Vaulx, Mouthon, Mlle Mouthon.
Att. à Senlis. Distance : 47 kil.
11 juillet. — 3 h. du s., Centaure (1.600 m'),
MM. le comte de La Vaulx, le prince Henri de
Ligne, le comte d'Oultremont. Att. non indiqué.
11 juillet. — 8 h. 30 du s., Nephtys (1.000 m'),
MM. le comte de Castillon, de La Salle, Mme X.
Att. non indiqué.
11 juillet. — 9 h. 15 du s.. Geneviève (1.600 m').
MM. E.-W. Mix, Favé, Ch.-Ed. Guillaume, le
comte de La Baume-Pluvinel. Att. à Sorrey-le-
Bocage.
11 juillet. — Ascension ministérielle. --
9 h. 45 du s. — L'Escanade, MM. Léon Barthou.
Louis Barthou, ministre des Travaux Publics, des
Postes et des Télégraphes, Carrion. Alt, le 12
juillet, à 6 h. du m., à Dormans (Marne). Durée :
S h. 15. Distance : 100 kil.
C'était la quatrième ascension de M. Louis Bar-
thou qui a effectué 3 ascensions en sphérique sous
la conduite de M. Léon Barthou et une en diri-
geable, à bord du Ville-de-Paris, piloté par
M. Henry Kapferer.
12 juillet. — 1 h 50 du s., Ariane (450 m'),
MM. A. Santos-Dumont, Maxime Réalier-Dumas.
Att. à 4 h. 45, à Amiens (Somme). Durée : 2 h. 55.
Distance : 112 kil.
14 juillet. — 10 h. 45 dum., MM. Ernest Arch-
deacon, Labrot, Clerget, Mme Clerget. Att. non
indiqué.
14 juillet. — 10 h. du s., Quo Vadis (1.200 m'),
MM. A. Schelcher, A. Omer-Decugis, Mme A.
Omer-Decugis. Att. le 15 juillet, à 7 h: du m., à
Thionville (Lorraine). Durée : 9 h. Distance :
283 kil.
16 juillet. — 10 h. 45 du m., Ouragan (900 m'),
MM. Louis Duthu, Henry Le Secq des Tournelles,
Paul Le Secq des Tournelles, Marcel de Conninck.
Att. à 5 h. 30, à Sennely (Loiret). Durée : 6 h. 45.
Distance : 131 kil.
20 juillet. — 7 h. du s., Don Quichotte (1.200 m'),
MM. Jacques Delebecque, Milles E.-R.-S. Stein-
hardo, L.-D. Steinhardo. Att. le 21 juillet, à
10 h. du m., à Saint-Dier-d'Auvergne (Puy-de:
Dôme). Durée : 15 h. Distance 360 kil.
21 juillet. — 2? h. 45 du s. Aéro-Club IT (1.550 nv),
MM. Santos-Dumont, Derou, Mme Brichelon. At.
non indiqué.
23 juillet. — 11 h. du m.. X (1.200 m'), MM. Louis
Baffer, Caron, Jacques Boussac, Mme Caron. Alt.
aux Forges de Montataires, près Liancourt. Dis-
tance : 47 kil.
26 juillet. — 9 h. 45 du m., Austerlilz (1.000 m'),
MM. L. Duthu, Malesset, Abel Deval. Att. à
2 h. 1/2, à Moissy-Cramagel (Seine-et-Marne). Du-
rée : 4 h. 30. Distance : 37 kil.
26 juillet. — 10 h. du m., Astra (1.200 m'),
MM. Henry Kapferer, A. Dennery, Mme X...
Mlle Z... Att. non indiqué.
96 juillet. — 11 h. 30 du m.. Essor (1.200 m°).
MM. G. Tranchant, Maurice Tranchant; Dubri-
geaud, Mme Maurice Tranchant. Att. à 3 h. 30,
à Nandy (Seine-et-Oise). Durée : 4 h. Distance :
40 kil.
26 juillet. — 3 h. 15 du s., Abeille (1.000 m'),
MM. G. Blanchet, Victor Baguès, Teutsch, X., Y.,
Mmes X... Y… Al. à Villeneuve-Saint-Georges
(Seine-et-Oise). Distance : 22 kil.
26 juillet. — 3 h. du s.. Korrigan (900 nr),
MM. A. Omer-Decugis, G. Bénard, M. Bénard.
Att. à 5 h.. à Draviel (Seine-et-Oise). Durée : 2 h.
Distance : 24 kil.
30 juillet. —.4 h. du s., Ariane (450 m°), MM.
Santos-Dumont, le comte de la Huerta. Att. à
à Etampes. Distance : 47 kil.
2 noûl. — £ h. du m., Archimède (900 m'),
MM. G. Blanchet, J. Duchange, Mme Duchange
Att. à midi, à La Chartre (Sarthe). Durée : 4 h.
Distance : 171 kil
Le terrain d’Issy rendu aux aviateurs.
La fâcheuse situalion créée aux aviateurs par
la défense d'expérimenter sur le terrain d’'Issv
en dehors des premières heures de la matinée,
vient de prendre fin.
Après entente avec M. le Préfet de Police, M. le
général Picquart, ministre de la Guerre, qui esl
un fervent arni de la locomotion aérienne, a pris
un arrêlé aux termes duquel le terrain d'Issy-
les Moulineaux .est interdit au public, sauf dans
la petite parlie située à droite de la sente con-
cédée à la circulation. Mais, en revanche, les
aviateurs sont autorisés à expérimenter à toutes
heures du jour où le terrain ne sera pas occupé
par la troupe.
Un service d'ordre composé de soldats, pour
le plus grand nombre, et d'agents de, police
pour les cas où des procès-verbaux devraient
ûtre dressés. assurera à la fois la. sécurité du
public et la tranquillilé des aviateurs.
C’est là le dénouement heureux d’une situation
qui fut irès préjudiciable aux aviateurs ; ils
vont se remettre à l'œuvre avec plus de cœur
que jamais pour la gloire de l’aéronautique fran-
çaise.
Le directeur-gérant : G. BESANÇON
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Revue technique et pratique
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16° Année. - N° 18 15 Septembre 1908
SOMMAIRE : Aéronautes conlemporains: A, von Parseval (G*
Besançon). — Les Wrighlen France et en Amérique (A. de
Maslrand). Magnifiques perfo'mances de Delagrange.(P. An-
celle). Réflexions sur l'aeroplane Wright; aéroplane Witzig,
Livré, Dutilleul (A. Witzig): — Le Blériot VII ter dans le
veut. — Hélicoptère Luyties (G Blanchet). — À lAcro-Club
du Sud-Ouest. — Troisncuveauxdirigeable français : Bayard-
Clément, Ville-de-Bordeuux, Colonel-Henard (A. Cléry).
Ligue Nationale atrienne, — Auloballon République. — Le
pour elle contre: à propos du dynamisme du planement (Gou-
pil. — L'inconnu du vol des oiseaux (Constantin). — Tou-
Jours le cosfficient K (A Sée). — Nécrologie: Mascart: —
Coupe Gordon-Bennelt 1908. -- Bibliographie. — Nulli Se-
cundus /1. -- Tour du monde aérien. !
SOMMAIRE DU BULLETIN DF L'AËRO-CLUB DE FRANCE :
L'hydrogène au pare de'Ae, C. F. + [ssy rendu aux aviä-
teurs. — L'Aé. G,_F. et les avialeurs. — 4 Grand Prix de
l'Aë. G. F. — Asçensions au parc d: l’Aé. C. F.
Portraits d'Aéronautes Contemporains
MAJOR AUGUST VON PARSEVAL
Né le 5 février 1865, à Frankenthal (Rheimp-
falz), où son père remplissait une importante
fonction de l'Etat, le baron August von Parseval
-élait admis en 1573 au corps des pages du roi de
Bavière, à Munich. Il entrait en 187$, en qualité
d’enseigne, au 3° régiment d'infanterie Prince
-Charles de Bavière, à Augsbourg, et sans quit-
ter ce régiment, il était successivement promu
lieutenant en 1880, premier lieutenant en 1890,
-capitaine en 1895, major et chef de bataillon en
1904.
Esprit ingénieux et inventif, curieux des ques-
liens scientifiques, le baron von Parseval, sans
négliger ses devoirs. d'officier d'infanterie, s'a-
-donna avec passion aux questions de techniques
aéronautique. Dès 1889, il publiait une étude très
remarquée sur « la mécanique du vol des oi-
seaux ». Passant, peu après, de la théorie à la
pratique, il obtenait un corgé de deux ans et
-construisait en collaboration avec le capitaine
von Siegsfeld, un atroplane à deux paires d'ai-
les en tandem, la paire d’arrière formant gou-
vernail horizontal. Les deux inventeurs n'ayant
pas réussi à obtenir la stabilité automatique qu'ils
espéraient réaliser, abandonnaient ces expérien-
Ces. ep
Mais ces travaux eurent, néanmoins, une capi-
tale conclusion pratique car ils conduisirent leurs
auteurs à l'invention du « ballon cerf-volant »,
ce « drachen ballon » que la plupart des armées
-du monde, à la suite de l’armée allemande, ont
introduit dans leur matériel d'aérastation. mili-
taire.
Profitant d'un nouveau congé de 18 mois ac-
cordé en 1902, le major von Parseval mettait à
l'étude le ballon dirigeable dont un premier type,
le Parseval 1, fut essayé dès 1906. Cet appareil
d'une conception si personnelle. continua ses
‘essais l’année dernière par de belles ascensions.
Au commencement de 1907, l'engin déjà construit
<t les brevets furent achetés par la Motor Lufts-
EN
chiff-Studien Gesellschaft et ses qualités s'affir-
mèrent. Les expériences du modèle 190$, le Par-
seval 11, dont on connaît l'importance et le suc-
cès, se poursuivent par les soins de celle puis-
sante société, en vue d'applications mililaires.
Le majcr ‘on Parseval a pris sa retraite : il est
LE MAIOR A. VON PARSEVAL.
aujourd'hui sous-directeur de la Motor Luftschiff-
Studien Gesellschaft dont M. von Kehler est di-
recteur général ; la carrière bien remplie du sol-
dat est donc terminée ; mais heureusement pour
les progrès d2 l'aéronautique, celle de l'ingénieur
est loin d'être close.
GEORGES BESANCON.
354
LES WRIGHT EN FRANCE
et en Amérique
Wilbur Wright au camp d'Auvours, Orville
Wright au fort Myers (Virginie)... C’est dans
les deux continents que se déroulent aujour-
d’'hui, les phases et les péripéties d’un des
plus passionnants spectacles qu'ait jamais
présentés l’histoire des sdiences iappliquées.
Après des années de recherches dans un iso-
lement complet et volontaire, les aviateurs de
Dayton livrent aujourd’hui à l’ardente curio-
sité du wende entier L fruit de leurs efforts:
des « mystérieux », des «timides » ont dû
renoucer à leur sauvagerie: ils :e soumettent
aux contrôles les plus indiscrets et les plus
rigoureux. Et peu à peu, aux yeux de tous,
s'affirme la réalité de leurs assertions précé-
dentes si longtemps discutées; ils s’achemi-
nent bon train. vers une récompense noble-
ment conquise.
Mais Wilbur Wright ferait sagement de se
hâter, s’il était vrai comme on l’a à tort an-
noncé récemment, que son contrat se trouve
résilié au cas où un autre aviateur « vole-
rait » avant lui 50 kilomètres et 1 heure. Les
aviateurs français, immobilisés par l’interdic-
tion d’Issy-les-Moulineaux, font des progrès
inouis depuis qu’on leur a rendu leur champ
d'entraînement."
Wilbur Wright au camp d’Auvours
Interrompus depuis le 21 août, par une
série de pluies et de bourrasques, bien inat-
tendues en cette saison, les essais ont repris
le 31 août, dans la matinée. Un accident de
manœuvre faussa l’expérience.
Un peu avant le vol, au moment où l’ap-
pareil était prêt à partir, un mécanicien de
Wilbur Wright s’embarrassa en courant dans
13 Septembre 1908
le câble qui rattache le gouvernail arrière au
levier droit de manœuvre et qui rend l’organe de-
direction horizontale solidaire du gauchisse.
ment. Malgré sa minutie habituelle, Wilbur
Wright, que les articles de ces jours derniers
au sujet de ses lenteurs ont passablement
énervé, voulut partir quand même.
A peine l’appareil avait-il quitté le rail de
lancement, que le gouvernail refusait d’obéir
au levier, et Wilbur Wright, au lieu de s’en
aller à gauche comme il le voulait, fila vers
la droite, à faible hauteur, son aéroplane
étant incliné transversalement.
Tous les efforts faits pour le redresser fu-
rent vains et au bout de 50 secondes, Wilbur
Wright, après un vigoureux coup de barre es-
Cliché de Za Pratique Ar
L’ Aéroplane Wright en plein vol. A l'arrière-plan le hangar.
sayait de profiter d'un équilibre momentané
pour atterrir. Malheureusement, les conditions
défavorables dans lesquelles il se trouvait firent
que l’aéroplane se releva en avant, s’inclinaæ
de côté à l’arrière et toucha terre de travers.
Le choc brisa le patin droit à l’arrière de
l'appareil et distendit plusieurs fils.
Wilbur Wright s’employa toute la journée
à de nouvelles réparations, mais le mauvais
temps de l’après-midi empêcha tout nouvel
essai.
Wright vole 10 minutes 40 secondes. —
Le 3 septembre, Wright prenait une brillante-
revanche.
Une première fois, il prenait son essor
à 7 h. 45 du matin, filait à droite puis reve-
nait sur sa gauche, dessinant au-dessus de la
plaine un immense 8, d’un kilomètre envi-
ron de longueur, puis décrivait quatre ellipses
très allongées. Avant la fin de la cinquième,
alors que tout semblait marcher à souhait, on
le vit soudain descendre et venir à terre, à
trois cents mètres du pylône. Le vol avait duré:
dix minutes quarante secondes, temps chro-
nométré, suivant délégation officielle de
l'Aérophile
TAéro-Club de France, par M. Léon Bollée,
président de l’Aéro-Club de la Sarthe et la
distance parcourue était d'environ onze kilo-
mètres, c’est-à-dire, la plus longue que l’avia-
teur américain eût encore accomplie en
France.
Wright expliquait alors qu’il avait entendu
des bruits suspects dans son moteur et qu’il
avait préféré atterrir prématurément pour
en rechercher les causes. La vitesse du vol
avait été d'environ. 60 kilomètres à l’heure.
Le vol de l’appareil avait été cette fois,
parfaitement rectiligne à 25 mètres de hau-
teur sans les ondulations des premiers essais
dans lesquelles certains ont voulu voir une
partie du « secret » des Wright, alors qu’elles
étaient dues simplement à l’imparfaite sûreté
de main de l’opérateur dans la manœuvre du
gouvernail de profondeur.
A 10 heures, nouvelle envolée. Par les soins
‘de Léon Bollée, toutes les précautions avaient
été prises non seulement pour chronométrer
la durée, mais aussi pour la mesure exacte du
parcours.
Deux commissaires, M. Paul Jamin, vice-
président de l’Aéro-Club de la Sarthe, et
M. le baron de Sennevoy, membre de ce même
Aéro-Club et de l’Aéro-Club de France, fu-
rent placés à un kilomètre l’un de l’autre,
dans le sens du grand axe des ellipses que dé-
crit ordinairement Wilbur Wright.
Deux autres commissaires furent placées aux
extrémités du petit axe de ces ellipses, long de
quatre cents mètres. Leur rôle devait être et
demeurera, par la suite, de chronométrer la
vitesse de l’aéroplane quand :il file en ligne
droite.
Mais un incident de manœuvre rendit ces
précautions inutiles ce jour-là. Le palan qui
hisse les disques du pylône de lancement se
tordit, en effet, et les aides de Wright, ayant
tiré sur la corde de façon exagérée, firent tom-
ber le pylône, qui eut deux pieds cassés à
cinquante centimètres du sol. Le pylône étant
plutôt trop élevé, Wright se contenta d’am-
puter les pieds intacts au niveau des deux
autres et l’équilibre fut rétabli.
L’aéroplane fut alors replacé sur le rail et
le lancement s’opéra avee l’aisance accoutu-
mée. Pourtant, dès le départ, on vit bien que
cette seconde expérience n’aurait pas le suc-
cès de la première. Le moteur allait fort mal
et Wilbur Wright, inquiet, tournait, constam-
ment la tête pour le regarder. Trois fois, l’aé-
roplane toucha terre, glissa sur ses patins, une
fois même les patins tracèrent un profond sil-
lon dans le sol sur 10 mètres de long et malgré
le ralentissement provoqué par cet énergique
freinage, l'appareil se releva sans arrêt.
Cependant, après un parcours d'environ quatre
cents mètres, 1l s’arrêtait définitivement.
Le moteur, cause d’insuccès, fut examiné. I]
ne lui était survenu rien de fâcheux; mais Wil-
355
bur Wright l’avait fait tourner, la veille au
point fixe, dans son hangar, pendant cinquante
minutes sans arrêter, et il.ne l’avait pas net-
toyé. De là était résulté un encrassement des
tiges de soupapes, et c’est d'elles que venait
tout le mal.
En effet, après un nettoyage rapide, on lança
les hélices pour remettre en marche le moteur
paresseux. Il fonctionna à merveille. Wilbur
Wright, plein d’entrain, allait repartir pour la
troisième fois, mais la pluie survenant obligea
à rentrer l'appareil.
L'aviateur américain se montra toutefois
enchanté d’avoir pu toucher le sol et repren-
dre son vol sans s'arrêter. Désireux de dispu-
ter le prix de la hauteur (25 mètres), il compte,
par cette manœuvre, en franchissant la ligne
des ballonnets, après avoir touché le sol, pou-
voir satisfaire à l’article 4 du règlement, ainsi
conçu : « L'appareil devra s'élever d’un sol
horizontal par ses propres moyens. » La Com-
mission d'aviation de l'Aéro-Club de France
aura à décider si l'inscription de Wright est
admissible dans ces conditions, car les avis
sont partagés. -
Wilbur Wright vole aisément par vent lé-
ger. — Le 4 septembre, départ à 6 heures du
soir. Wright partait vent debout et s’éleva à
quinze mètres en l'air, puis il tourna et conti-
nua sa route vent arrière, ce qui est pour
l’aviateur une situation défavorable. Néan-
moins, Wright fila sans faiblesse plus d’un ki-
lomètre durant et revint, dans une allure su-
perbe, achever un 8 de 2 kil. 500. Le vol avait
duré 2 min. 13. Plusieurs rafales avaient souf-
flé, mais Wright ne s'était pas, cependant,
écarté yle la belle ligne que son départ indi-
quait, et il vint atterrir avec sûreté à cinq
mètres de son pylône.
Au moment du départ, la vitesse du vent
constatée à l’anémomètre par M. Léon Bollée
était de 19 kil. 800 à l'heure, soit 5 m. 50 par
seconde. :
Le vent fraîchissant d’instant en instant,
Wilbur Wright a dû renoncer à voler une se-
conde fois.
Wilbur Wright vole pres de 20 minutes. —
Le 5 septembre, Wilbur Wright manquait de
peu le record du monde de durée, encore détenu
à ce moment par Henri Farman, avec 20 min.
19 sec. 3/5 (Prix Armengaud jeune). Il y eut
deux expériences ce jour-là.
A 7 h. 22, par un temps superbe et vent à
peu près nul, l'appareil prenait son vol, et,
cette fois, évoluait pendant 19 m. 48 s. 2/5,
avec une sûreté et une aisance absolues.
Wright était à 15 mètres de hauteur, quand
il coupa: brusquement l'allumage et atterrit à
300 mètres de son (pylône de lancement, devant
les assistants étonnés de le voir s'arrêter sans
motif apparent.
Wright expliqua qu'il était descendu parce
356
que, ainsi que l’autre jour, il avait entendu
un bruit anormal dans son moteur. Toutefois,
s'il avait su le temps déjà fait, il aurait con-
tinué encore une minute au moins, afin äu
s'approprier les records.
On à estimé approximativement la distance
parcourue à 22 ou 23 kilomètres.
A 9 h. 33, malgré un vent de 3 mètres à la
seconde, Wilbur Wright partait à nouveau. Le
bâron de Sennevoye et M. Paul Jamin avaient
été placés à 600 mètres l’un de l’autre, pour
mesurer la vitesse du vol que MM. Bollée et
Lardry chronométraient. Tout d’abord, Wrisht
partit vers la Fourche, vira au poteau, revint
au second poteau placé du :côté d'Ardenay, à
1.200 mètres du premier, puis revint au po-
teau de la Fourche. Au moment où il commen-
çait son troisième virage, une rafale le poussa
au-dessus d'un bouquet d'arbres. Wright donna
un coup de levier qui le ramenait au-dessus
du terrain nu; il voulut alors fermer trop
brusquement son virage : l’aéroplane s’inclina
et, comme il était près de terre, le bout de
l'aile gauche toucha et se brisa. Cette aile est
la même qui avait été brisée, à un virage sem-
blable, aux Hunaudières, le 13 août, et qui
avait été consclidée sans remplacement des
pièces brisées. Le vol avait duré 3 m. 21 s.
La vitesse en plein vol à été de 57 kilom. 850 à
l'heure. Le vent prenait l’aéroplane en travers
et provoquait une dérive. Si l’on tient compte
de ce fait, on constate que, par. temps calme,
la vitesse de l'aéroplane Wright doit dépasser
60 kilomètres à l'heure.
Pour gagner du temps, contrairement à ce
qu'il avait fait précédemment, il consentit à
se laisser aider, pour les réparations, par les
ouvriers de l’usine Bollée. Aussi, dès le mardi
suivant, les longerons et les nervures de l’aile
inférieure gauche et les montants du gouver-
naïl étaïent déjà remplacés, et l'appareil se
trouvait prêt pour de nouvelles expériences.
Orville Wright au Fort Myers
Les essais d’Orville Wright ont commencé
au Fort Myers (Virginie), sous le contrôle du
Signal Corps de l’armée américaine. On con-
naît la contrat conditionnel intervenu entre
laviateur et les autorités militaires de la
grande République américaine (v. Aérophile
du 15 mars 1908, p. 115 et 116); nous ne les
répéterons pas. Rappelons seulement qu'Or-
ville Wright, le plus jeune des deux frères, a
toujours été considéré ccmme. un opérateur
plus expert encore que Wilbur dans la manœu-
rre du type d'appareil que les deux frères ont
créé. Son entraînement sera sans doute plus
rapide; son appareil ne diffère que très lé-
gèrement (v. Aérophile du 1% septembre,
p. 339, col. 2) de l’aéroplane expérimenté au
Mans.
Le 29 août, au fort Myers, Orville Wright
15 Septembre 1908
procédait à des essais du moteur, lorsque des-
imperfections se révélèrent dans le montage-
des chaînes qui entraînent les hélices.
On rectifia ce détail, et, le 3 septembre, de-
vant de nombreux spectateurs, Orville Wright
décrivait, en 1 m. 11 s., plusieurs cercles, à
40 milles à l'heure, mais en regagnant le sol,
l’aéroplane s’inclina à droite et un montant fut
brisé.
Le lendemain, tout était réparé et l'aviateur
exécutait un nouveau vol de 4 m. 30 s. à 52 ki--
lomètres à l'heure environ, atterrissant sans-
incidents et salué d’une enthousiaste ovation.…
Orviille Wright vole plus d’une
heure et bat tous les records
Au moment de mettre sous presse, nous par-
virent, la nouvelle d’un merveilleux succès
d’Orville Wright.
Le 9 septembre au fort Myers (Virginie) en:
face de Washington sous le contrôle des
officiers du Signal Corps et en présence d’un.
nombreux public, Orville Wright à accompli
un vol de 57 min. 31 sec. à la vitesse moyenne
de 60 kil. à l'heure. Parti à 8 h. du m., il
a fait avec la plus grande aisance 58 fois le
tour de son champ d'expériences, et atteint
une hauteur évaluée à 45 mètres.
En descendant, Orville Wright, qui ne pou-
vait se rendre compte du temps écoulé, s’est
montré assez désappointé d’avoir manqué de-
si peu l’heure en vol mécanique. Il avait en-
core assez d’essence pour voler longtemps,
mais il avait cru entendre des ratés dans son
moteur qui continuait cependant à bien mar-
cher et par excès de prudence, il avait pré-
féré atterrir. €
Le temps était tout à fait favorable, clair,
froid, sans le moindre vent.
Quoi qu'il en soit, il était dès lurs détenteur
officiel de tous les records du monde en avia-
tion. Durée, distance, hauteur et probable-
ment vitesse. Il a même dépassé le plus long
vol des appareils Wright en essais privés qui
était de 38 kil. 956 m. en 38 min. 3 sec., le:
5 octobre 1905. Les télégrammes de félicita-
tions n’ont pas tardé à affluer. Encouragé par
ce décisif succès, dans l’après-midi du même
jour, il faisait mieux encore. 11 doublaïit le cap
redouté de l’heure en vol mécanique exécutant
un vol ininterrompu de 1 h. 3 min. 15 sec. de-
vant MM. Taft, Metcalf, des généraux, des of-
ficiers, etc... faisant, paraît-il, 63 kilomètres
957 mètres dans ce laps de temps. Ù
Enfin, pour clôturer cette journée triom-
phale, il effectuait un vol de 5 milles en 5 min.
58 sec., ayant à son bord le lieutenant Frank
P. Lahm, ce qui constitue le record du vol à
deux passagers dans la même machine volante,
M. Augustus Post, secrétaire de l’Aéro-Club:
d'Amérique, chronométrait. A. DE MasrRanD
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J’Aérophile
Magnitiques performances de Delagrange
A peine le champ de manœuvres d'Issy était-
il rendu aux aviateurs que l'entraînement re-
prenait, actif et profitable. Et, du premier
coup, Delagrange, l’un des plus réputés cham-
Plan d'Issy- les-Moulineaux avec indication du péri-
mètre quadrangulaire circonscrit par Delagrange le 6
septembre 1908: on a marqué aussi l'emplacement du
Parc d'aviation de l'Aéro-Club de France et de divers
autres hangars. !
pions de la pratiqué aviatrice, réunissait des
performances splendides.
Les frères Voisin, créateurs et constructeurs
de son appareil, l'avaient patiemment remis
au point. Ils l'avaient aussi modifié. Leur ten-
dance au type franchement cellulaire s’accuse.
Quatre cloisons verticales, entre les deux plans
porteurs, deux à l'aplomb de l’extrémité des
ailes et deux autres entre les précédentes, dé-
terminent, dans le nouveau modèle, trois bof-
tes sans fond sensiblement cubiques, la grande
du milieu étant occupée par le moteur et
l’aviateur; quant à la queue, elle était déjà
cellulaire. Ces changements, conseillés par de
délicates expériences de laboratoire que pour-
suivent, en ce moment, les célèbres construc-
teurs, se sont trouvés justifiés par les magni-
fiques résultats de l’expérience à grandeur et
conditions réelles.
Tous les records du monde d'aviation appar-
tiennent, depuis l’origine, aux appareils Voi-
sin.
De plus, le Delagrange avait été muni d’un
nouveau moteur, un Antoinette, comme le pré-
cédent, mais plus puissant, 50-60 chevaux au
lieu de 40-50 chevaux. Ce nouveau type a mer-
veilleusement fait ses preuves et accru encore
le renom mondial et mérité de la maison qui
sut créer le premier moteur d'aviation, et qui
demeure également associée à tous les records
français de vol mécanique.
357
Les essais ont repris à Issy-les-Moulineaux,
le 3 septembre, dans les premières heures de
la matinée, Delagrange était à court d’entrai-
nement, il montait un appareil sensiblement
remanié, et cependant, pour ses débuts, il
réussissait aisément des vols de 1.000 à
1:500 mètres. Peut-on faire un meilleur éloge
de l'aviateur et aussi du type d’engin qu’il
pilotait.
Le 5 septembre, à 6 heures du matin, Dela-
grange prenait son essor et régulièrement,
sans à-coup, avec une stabilité admirable, il
décrivait d’un seul vol quatre grands circuits
autour du champ de manœuvres, suivis de deux
autres plus petits; au cours du dernier, il pas-
sait en plein vol au-dessus du Ferber IX, ar-
rêté. Chronométré par MM. Louis Blériot et
André Fournier, ce vol dura 9 m. 40 s. pour
une distance approximative de 10 kilomètres.
Le vol fut arrêté par l'épuisement de l'essence
dans le réservoir qui n’en contenait que 8 li-
tres.
Une demi-heure de vol mécanique. Léon
Delagrange bat tous les records d'aviation.
— Le lendemain, journée glorieuse pour
l'aviation française. Delagrange battait tous
les records à ce jour, manquant de quelques
secondes seulement la demi-heure de vol méca-
nique, bouclant quinze fois un périmètre
quadrangulaire, indiqué à l’avance et décri-
L'aéroplane Delagrange passe au- dessus d’un groupe
de journalistes et de spectateurs à Issy 7 septembre
1908 (Photo Rol, Paris).
vant, par suite, 60 quarts de conversion dans
ce laps de temps si bref... et si long.
A la première heure, se trouvaient sur le
terrain : MM. le capitaine Ferber, Louis Blé-
riot, A. Goupy, R. Gasnier, André Fournier,
représentant la Commission d'aviation de
l’Aéro-Club de France; Gabriel et Charles Voi-
358
sin, inventeurs et constructeurs de l’aéroplane
Delagange ; Levavasseur et Gastambide, de la
Société Antoinette, dont le moteur léger,
puissant et régulier anime l'oiseau artificiel;
le vicomte de la Brosse, l'officier de marine
italien Calderara, L. de Brouckère, l'aéro-
naute belge bien connu, etc.
Sur les indications de Léon Delagrange, on
délimite, au moyen de fanions, un quadrila-
tère irrégulier indiqué sur notre figure et qui
mesure 1.556 m. 50 de tour.
Vers 7 h. 1/2, après avoir vérifié son moteur
qui fonctionne parfaitement, Delagrange se
met en route; progressivement, il gagne 5 mè-
tres de hauteur, prend son premier virage et
continue, merveilleusement stable. En 15 mi-
nutes, il a déjà couvert S tours de circuit.
Va-t-il battre le temps fait la veille par
Wright (19 min. 48 sec. 2/5) et le record de
durée détenu par Henri Farman (20 min.
19 sec, 8/5)? La ronde fantastique continue ;
Delagrange, très à l'aise, salue au passage les
spectateurs qui l'acclament. Au quatorzième
tour, l'appareil commence à baisser, l'essence
est presque épuisée, mais c'est seulement après
le virage sud du quinzième tour que l'atterris-
sage se fait, très normal et sans le moindre
incident, toute l'essence étant consommée.
La durée chroncmétrée a jété de 29 min.
53 sec. 8/5. La distance couverte mesurée à la
corde, c'est-à-dire en multipliant le périmètre
du quadrilatère circonserit par le rombre de
tours, a été trouvée de 24 kil. 125 m. Or, en
réalité, l'appareil voyageant à l'extérieur, a
effectué un parcours réel beaucoup plus con-
sidérabl:, une trentaine de kilomètres, peut-
être, ce qui, malgré les innombrables virages,
cause (de ralentissement, donnerait une vitesse
moyenne de €0 à l'heure environ, très remar-
quabie dans ces conditicns.
A titre de document, voici les temps par
tours: ln 5008 En 28 05m, 5607. 54
8 m. 52, 10 am. 50, 12 m. 58, 15 m., 17 m. 15,
19 m. 9, f1 m. 8, 28 m., 24 im. 9, 26 m. 34,
28 m. 27 et enfin 29 m. 58 s. 4/5. On remar-
quera la régularité de marche de l'appareil.
Tous les records d'aviation durée et distance
avaient été battus dans cette mémorable expé-
rience.
Delagrange renouvelle presque son ex-
picit précédent. —— Le lendemain, 7 septem-
bre, en présence de MM. le capitaine Ferber,
A. Goupy, François Peyrey, Gabriel et Char-
les Voisin, René Quinton, fondateur de la Li-
gue Aérienne Française, Bunau-Varilla, ete.,
Léon Delasrange renouvelait presque sa per-
formance de la veille, tenant l'atmosphère
28 min. 1 sec. 1/5, terminant par un atterris-
sage aussi aisé que d'habitude. Il n'y eut pas
de.« piste » tracée et la distance ne put être
exactement mesurée. P. ANCELLE
15 Septembre 1908
Quelques réflexions
sur l'aéroplane Wright
AÉROPLANE DE MM. WITZIG, LIORÉ, CUTILLEUL
L'aéroplane Wright n’emploie pour se dé-
placer qu'un moteur de 24 chevaux. Tous les
appareils français ayant volé et du même poids
de 450 kilogs emploient un moteur de 50 ehe-
vaux, ce qui étonne un peu au premier abord.
La supériorité de l'appareil américain tient à
plusieurs raisons et en particulier à l'emploi
d’'hélices à allure lente.
I. — Cet appareil emploie comme on le sait,
deux hélices en bois de 2 m. 50 de diamètre
tournant à 450 tours par minute
Les appareils de Farman, Delagrange, cons-
truits par les frères Voisin n’emploient qu'une
seule hélice de 2 mètres de diamètre tournant
à 1.400 tours par minute.
Il est facile de se rendre compte que l’en a
tout intérêt, pour déplacer un aéroplane, à
prendre appui sur une grande surface d’air au
moyen de l’hélice.
Si l’on applique à l'appareil en mouvement
l'équation du théorème des quantités de mou-
Fr
vement : ne UE V où F est l’effort de trac-
tion nécessaire au déplacement de l’aéroplane,
La
Gouvernail
de hauteur
EL
HI
Moteur
Croquis schématique de l'aéroplane Wilzig, Lioré,
Dutilleul/ — Fig. 1 : Vue perspective de 3/4 par
l'arrière. — Fig. 2 : Coupe schématique longitudi-
nale. :
v sa vitesse, m la masse de l'air refoulé par
l'hélice et V la vitesse de cet air, on peut se
rendre compte de la supériorité des hélices à
allure lente.
En effet, la masse M d'air est proportion-
nelle à D° V, D étant le diamètre de l’hélice,
puisque cette masse est égale à
D; 15293
7 XV X TSI
On peut donc dire que le 2* membre de-
l'équation est de la forme: K D° V'.
l’Aérophile
Il y a donc plusieurs solutions pour dépla-
cer l’aéroplane au moyen d’hélices qui pour
donner à cet appareil la vitesse v devront
toutes satisfaire à l'équation D V — cons-
tante.
Si on a une hélice de grand diamètre, la vi-
tesse de l’air refoulé par l’hélice sera faible et
si l’on a une hélice de petit diamètre la vitesse
de l'air refoulé sera grande.
C'est d’ailleurs la remarque faite par M. De-
lagrange dans son article de l’llustration que
son hélice renverse un homme à quelques
mètres par la violence du courant d’air, tandis
qu'à 2 mètres en arrière des hélices de
M. Wright, un chapeau tient sur la tête. Or,
plus la vitesse de l’air projeté par l’hélice est
faible, moins grands sont les frottements, les
tourbillons, les pertes de charge qui sont pro-
portionnelles au carré de cette vitesse; c'est-
à-dire, meilleur est le coefficient d'utilisation.
Les appareils de Farman, Delagrange et
Wright pèsent à peu près le même poids: en-
viron 450 kilos, et la surface sur laquelle prend
appui l’hélice des deux premiers n’est guère su-
périeure à 3 mètres carrés, tandis que pour
les 2 hélices de l'appareil Wright elle est
d'environ 16 mètres carrés.
Pourquoi donc n’a-t-on pas employé chez
nous d’hélices à allure lente ?
Au début de cette année, pénétré de cette
idée que la solution était dans les hélices à
allure lente, j'ai constaté chez presque tous
les constructeurs, une certaine répugnance à
commander au moyen d’un moteur à pétrole
une hélice par un train d’engrenages. M. Le-
vavasseur, l'ingénieur distingué, au cours
d'une visite que je lui ai faite au début de
l’année, m'a même dit que le problème du ré-
ducteur de vitesse pour moteur à pétrole était
insoluble et que les chaînes ou les engrenages
cassaient à cause de la violence des à-coups dûs
aux explosions dans le moteur et à l’inertie de
l’hélice.
Néanmoins, nous avons fait construire,
MM. Lioré, Dutilleul et moi, un aéroplane qui
sortira dans le courant du mois de septembre
et qui emploie un moteur Renault de 50 che-
vaux commandant par un train d’engrenages
une hélice en bois de 3 mètres de diamètre
tournant à 600 tours par minute. La surface
d'air sur laquelle cette hélice prendra appui
sera donc de 7 mètres carrés.
IT. — L’aéroplane du système Wright re-
pose sur deux simples patins en bois et exige
pour le démarrage un lancement artificiel
obtenu par le glissement de l’appareil sur un
rail posé sur le sol, produit par la chute d’un
poids tombant du haut d’un pylône. Ce poids
de 600 kilogs est constitué par des disques en
bronze.
Les appareils français démarrent par leur
propre moyen, roulant sur des roues qu’ils em-
portent avec eux.
359
Le poids du chariot constitué par 3 ow
4 roues, dans les appareils français de 500 kgs,
n’est certes pas négligeable puisqu'il varie
entre 60 et 80 kgs. Outre que ce chariot est un
poids mort à transporter, il présente au dé-
placement une résistance au vent assez consi-
dérable. C’est une surface nuisible.
Il est bien évident que si l’on supprimait ce
châssis dans les appareils du type Voisin, ceux-
ci pourraient emporter facilement un voyageur
de plus, c’est-à-dire 3 personnes; mais où la
supériorité des appareils français est considé-
rable, c’est qu’ils n’ont pas besoin de revenir
à leur pylône pour démarrer à nouveau.
De plus, l'apprentissage pour monter un ap-
pareil français est des plus faciles puisqu'on
commence par rouler, puis par effectuer une
série de bonds, pour enfin faire des vols pre-
Iongés. L'appareil Wright jette l’aviateur dans
la mer aérienne à une vitesse de 50 kil. à
l'heure, et celui-ci doit se débrouiller.
ITE. — L'aéroplane américain n’a pas de cel-
lule arrière.
Cette cellule est employée dans les appareils
français pour maintenir la stabilité longitudi-
male que Wright chtient non pas automatique-
ment, mais crâce à une pratique de 5 cu 6 an-
nées de vol, commencée sur des appareils mu-
ris de moteur.
Il est bien certain, qu'un appareil de ce
type ne pourrait être monté par un aviateur
du premier coup; il lui faut faire un appren-
tissage sur des appareils de même type sans
moteur, c'est-à-dire moins rapides. Farman et
Delagrange sont arrivés à voler en deux ow
trois séances.
D'ailleurs, cette stabilité longitudinale ne
semble pas si facile à obtenir dans l’appareïñ
Wright qui vole comme une chauve-souris,
c’est-à-dire décrit dans l’espace une sorte de
sinusoide, tandis que tous les appareils fran-
çais se déplacent en ligne droite.
Les cellules arrière des appareils de Farman
et Delagrange présentent des surfaces verti-
cales qui gênent pour tourner et les obligent à
cécrire des virages à grand rayon de courbure.
L'appareil Wright qui n’a pas de cellule
arrière, vire absolument sur place, c’est bien
évident, mais nous croyons que la bonne solu-
tion est d’avoir une cellule arrière ou une
queue munie seulement de plans horizontaux,
de manière à assurer la stabilité longitudinale
et à ne pas gêner dans les virages.
L’aéroplane de 47 mètres carrés de surface
de sustentation que nous avons mis en cons-
truction en mars 1908, aux ateliers Lioré, à
Levallois-Perret, possède à l'arrière une im-
portante queue constituée par 3 plans en forme
de V retournés.
Nous donnons ci-contre un petit croquis re-
présentant ce dispositif.
On remarquera que l’hélice souffle sous ces
3 plans horizontaux qui utilisent ainsi les filets
36o
d'air projetés par elle pour aider à la susten-
tation. Nous avons divisé la queue arrière en
3 plans, car on sait que les plans attaquant les
filets d'air ne doivent guère avoir plus de
3 mètres de longueur, sinon la portion supplé-
mentaire n’est pas utilisée et il ne s'y passe
que des tourbillons. Ces trois plans sont dé-
calés l’un par rapport à l’autre pour permettre
à l’air légèrement comprimé qui vient d’atta-
quer un plan de s’évacuer en passant par-des-
sus le suivant.
Cet appareil est en somme un biplan dont la
surface inférieure est très réduite ; d’une part,
au milieu pour ne pas nuire au fluide attaqué
par l’hélice, et d’autre part, sur les côtés pour
ne pas toucher terre dans les virages pris très
près du sol.
Lioré et Dutilleul dans les ate-
L'aéroplane Witzig,
liers Lioré, à Levallois-Perret. La membrure est ache-
vée et n'attend plus que la voilure. Le moteur Renault
qui figure sur la photo n'est là que pour donner une
idée d'ensemble, sera remplacé par un autre moteur
de même marque.
Nous donnons ci-dessous les caractéristiques
de l’appareil :
Surface de sustentation : 47 m°; puissance du
moteur: 50 chevaux; vitesse de l’hélice:
600 t/m; vitesse prévue pour l’appareil : 15 m.
par seconde; diamètre de l’hélice: 3 mètres;
pas de l’hélice: 2 m. 50; poids de l’appareil:
500 kgs.
Les essais de plusieurs hélices ont été effec-
tués aux Usines Renault frères, à Billancourt,
où ont été installés un moteur électrique, di-
rectement accouplé à l’hélice, permettant de
mesurer très exactement la puissance absorbée
par cette hélice et un dispositif dynamomé-
trique enregistrant la poussée produite au
point fixe.
Je donnerai plus tard, quelques détails sur
les essais d’hélice que nous avons faits, mais
dès maintenant, je voudrais développer un
peu la méthode qui consiste à considérer l’aé-
roplane comme un corps qui se déplace en pre-
nant appui sur le cylindre d’air comprimé par
l’hélice.
Il sera intéressant d’entamer la discussion
sur cette méthode.
15 Septembre 1908
L'hélice prend l'air que nous supposerons
calme, c’est-à-dire à la vitesse 0 et l’amène à
la vitesse V. Le travail produit est donc
1
50 V? la masse de l'air étant m.
Soit r ie rendement de l’hélice et P la puis-
1
sance du moteur. On a =» V? = Pr.
Appliquons à l’hélice de lappareil Farman
et supposons un rendement de 0,6 à l’hélice
pour le moteur de 50 chevaux :
ee
SO MS A
On en tire V — 23 m. par seconde environ.
Appliquons l'équation des quantités de mou-
vements :
nav.
F étant l'effort de traction et g étant naturel-
lement l'accélération de la pesanteur 9,81.
Pour l'appareil de Farman
F ae 22 ë 1É29 5 TER
m V = EE UT
Fv
Donc m V = 220 et par suite et — 290
L'appareil volait à 14 mètres par seconde,
220: »x 9,81
14
Je crois bien que c'était en effet l'effort de
traction du moteur Antoinette.
d’où on conclut que F — = 155 kgs.
AuG. WirziG
Ancien élève de l'Ecole Polytechnique
LE MONOPLAN ‘BLÉRIOZ VII TER ”
DANS LE VENT
Après quelques essais d'entraînement, Louis
Blériot réussissait, à Issy-les-Moulineaux, le
9 septembre, à bord de son aéroplane Blé-
riot VIII ter, plusieurs vols en ligne droite
de 400 à 500 mètres, par le vent le plus fort
peut-être qu’ait encore affronté un aéroplane
10 à 12 m. à la seconde, soit plus de 40 kil, à
l'heure en moyenne.
En raison des obstacles élevés qui entou-
rent le terrain d’Issy, Louis Blériot ne vou-
lut point risquer des orbes et des virages;
mais il semble certain qu’il les tenterait avec
succès dans un espace plus vaste et largement
découvert. Il cherche en ce moment un terrain
répondant à ces desiderata.
Après des modifications successives, Louis
Blériot en est revenu progressivement à re-
constituer dans toutes ses caractéristiques
sous le nom de Blériot VIII ter; le même aéro-
plane monoplan qui avait pu évoluer brillam-
ment pendant 8 min. 24 secondes, en pleine
atmosphère agitée le 6 juillet dernier.
FAR AR
a gagné
LE PRX ARMENGAUD JEUNE
Par une envolée de 20 minutes 20 secondes
comprenant QUARANTE-HUIT virages
Reprenant à
DEÉEILAGRANGE
le RECORD DU MONDE qu'il détenait par 15 minutes 15 secondes
Les Aéroplanes des
FRÈRES VOISIN
ne sont battus que par eux-mêmes
I TEE PIE
34, Quai du Point-du-Jour, BILLANCOURT (seine)
Tout ce qui concerne Ia navigation aérienne
Il Détient tous LVL,
les Records du ,
Monde d'AViation
lJ’Aérophile
L'HÉLICOPTÈRE
361
OCTO LUYTIES
D'après le Scientific Américan.
Hélicoptére d’études Luytics.
Notre photographie empruntée au Scientifie
American représente un hélicoptère. d’études
dû à M. Otto Luyties, l’un des plus grands
qui aient été construits.
Il est constitué par deux hélices superpo-
sées à 4 ailes en tubes d’acier tendues de
toile; ces hélices sont montées sur deux arbres
creux concentriques; l’angle d'attaque des
ailes de l’hélice supérieure est de 12°, celui de
l’hélice inférieure de 13°. Les hélices ont
35 pieds de diamètre et 850 pieds carrés de
surface alaire totale. Actionnées par un mo-
-teur à 8 cylindres, refroidissement par air,
développant 20 chevaux à 1.550 tours, ces hé-
lices, tournant elles-mêmes à 35 tours par mi-
nute seulement au moyen d’engrenages démul-
tiplicateurs, ont exercé une traction ascension-
nuelle de 700 livres mesurée au dynamomètre,
soit un effort axial de 35 livres par cheval de
moteur. L’appareil entier pèse plus de
1.000 livres. Construit en 1907, cet hélicoptère
a été expérimenté en octobre et décembre 1907
et ne donnait alors que 550 livres de traction.
‘C’est en avril 1908, après modifications, qu’il
arriva à donner une traction de 700 livres. Il
‘fut ensuite détruit par une tempête.
Des ses essais l’inventeur a conclu qu'avec
un moteur de 40 chevaux, un appareil ramené
au poids de 700 livres enlèverait en plus
400 kilog. de poids utile. Cet appareil sera cons_
+ruit le plus tôt possible.
M. Otto Luyties préconise les petites vites-
«ses et les grandes surfaces alaires au point de
vue du rendement et de la sécurité, mais
comme M. Cornu (voir Aérophile n° 8 de 1908).
il constate qu’il est très difficile d'établir de
grandes pales bien conformes à l’épure et sur-
tout de les maintenir telles pendant la marche.
Il a adopté les hélices à 4 branches pour des
raisons de construction. L’angle d'attaque qui
lui a donné dans la pratique les meilleurs ré-
sultats est de 5°, bien qu'à son avis, l’angle
d'attaque le meilleur, soit théoriquement le
plus petit possible.
Il pense que les hélices superposées tirent
moins que les hélices placées côte à côte, mais
sont moins influencées par les remous; il recom-
mande la progression par l’inclinaison des
arbres d’hélices en raison de sa simplicité, bien
que la résultante des poussées horizontale et
verticale soit encore à étudier. — G. BLANCHET
SISISIIIS
A l'Aéro-Club du Sud-Ouest
Les ascensions de l'Aérc-Club du Sud-Ouest
G septembre. — Mirande (Gers), 6 h. soir,
le Cadet de Gascogne (700 m'), M. le vicomte
€. de Lirac. Atterrissage à 7 h. 35, à Saint-Jus-
{in (Gers). Distance : 21 kil. Durée : 1 h. 35.
Cette ascension était faite à l’occasion d'une
fèle de bienfaisance. La petile usine à gaz de
Mirande a fait preuve de la meilleure bonne vo-
lonté mais ses moyens de production étant
lrès faibles. elle n'a pu complètement remplir
le ballon et le pilote a dû partir sans passager.
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RRAUE
mn DE ST pq
15 Septembre 1908
l’Aérophile
Trois nouveaux dirigeales 1rançais
« Bayard-Clément ».
« Ville-de-Bordeaux ».
— « Colonel-Renard ».
Bayard-Clément, Ville-de-Bordeaux, Colo-
nel-Renard tels sontiles noms de trois nouveaux
autoballons qui s’aventureront bientôt sur
la mer aérienne. Tous trois font partie d’une
série complètement étudiée par la Société
Astra, aussi bien au point de vue mécanique
qu'au point de vue de la sustentation. Con-
tinuant avec des moyens d'action plus puis-
sants encore l’œuvre des ateliers Ed. Surcouf,
la Société Astra héritait des savantes études
qui aboutirent à la construction du dirigeable
de M. Henry Deutsch de la Meurthe, Ville-de-
Paris, ce chef+d’œuvre d’architecture aéro-
nautique aujourd’hui militarisé, dont nos lec-
teurs se rappellent la superbe campagne d’ex-
périences l'hiver dernier. MM. Ed. Surcouf
et Henry Kapferer, les deux éminents ingé-
nieurs qui dirigent l’Astra, n'avaient donc
plus à étudier un type général, pour leurs
nouvelles constructions ; ils le possédaient tout
sanctionné par de décisives expériences. Le
Bayard-Clément, le Ville-de-Bordeaux, le Co-
lcnel-Renard, dérivent donc nettement du
Ville-de-Paris, mais avec les perfectionne-
ments et les améliorations indiquées par la
pratique, cette grande maîtresse.
Le « Bayard-Clément ».
Le dirigeable Bayard-Clément a été com-
mandé par M. A. Clément, créateur de la
célèbre maison d'automobiles et de moteurs
qui porte son nom. M. A: Clément, esprit ou-
vert à tous les progrès modernes de la loco-
motion, s'intéresse, on le sait, depuis long-
temps, à toutes les branches de l’aéronauti-
que automobile; en entrant résolument dans
la voie de l'expérience directe, il donne à tous
ses confrères un exemple qui sera certaine-
ment suivi.
Ainsi que nous l’avons dit, le ballon que
la Société Astra vient de lui construire est du
type Vülle-de-Paris, avec des perfectionne-
ments importants auxquels l’Aérophile pourra
consacrer ultérieurement un article spécial.
Les principaux perfectionnements sont: une
étude nouvelle et très poussée de l’empennage,
la distribution automatique d’air au ballon-
net, un système de campement très étudié en
cas d’atterrissage par surprise et par fort
vent, etc., etc.
Il sera alternativement propulsé par des
hélices d'étude différente, et un enregistreur
spécial permettra de lire, à tous moments,
pendant la marche du ballon, l'effort de trac-
tion exercé par l’hélice. Ce dispositif aura
363
le grand avantage de permettre des compa-
raisons intéressantes sur Îles différents mo-
dèles établis, pendant la translation de l'aé-
ronat dans l’atmosphère.
Les résultats ainsi obtenus auront des con-
séquences et une portée du plus grand inté-
rêt. Dans ces conditions, la nacelle du (é-
ment-Bayard sera, en effet, un véritable la-
boratoire d’études, permettant de déterminer
la meilleure hélice; et cela autrement qu'au
point fixe, où les résultats obtenus sont des
chiffres sans valeur, même au point de vue
comparatif.
Description du dirigeablc « Bayard-Clé-
ment ». — Voici les principales caractéris-
tiques de ce nouvel engin (Voir fig. en regard) :
Ballon. — Carêne fusiforme dissymétrique
de 10 m. 58 de diamètre au fort et 56 m. 25
de long. — Volume 3.500 m. — Surface
2.250 m°. — Poids 805 kgr.
La génératrice de l'enveloppe est composée
de deux paraboles du 3° degré. Au milieu se
trouve le fuseau de déchirure ; à la partie ar-
rière se trouve l’empennage souple composé
de 4 ballonnets dont la forme est différente
de celle des ballonnets du Ville-de-Paris. Ils
sont conique, fixés sur le ballon, suivant une
génératrice et sur une largeur de 150 m/m
environ. À cet endroit sont percés des trous
faisant communiquer ces ballonnets d’empen-
nage avec le carène proprement dite.
Ballonnet. — Longueur 23 mètres. Volume:
1.100 m. Il est composé d’une doublure du bal-
lon comprenant la partie inférieure de la
carène jusqu'à la ralingue de suspension: il
est terminé par deux cloisons fusiformes. Au
milieu se trouve une cloison étanche divisant
le ballonnet en deux parties A et B, gonflées
par les manches C et D communiquant avec
la manche E qui relie le ventilateur au ballon.
Cette dernière manche est munie d’une cloi-
son, et par l'intermédiaire d’un appareil fixé
sur le ventilateur, on envuie, l’air à volonté,
soit dans la partie A, soit dans la partie B
du ballonnet. L’extrémité des manches C et D
forme clapet de retenue.
Soupapes. — Deux soupapes automatiques
à gaz s’ouvrant sous une pression de 40 m/m
d’eau à la partie inférieure et à l'arrière du
ballon.
Le ballonnet a deux soupapes automatiques,
laissant échapper l’air à 30 m/m. Ces soupapes
peuvent se commander à la main.
Nacelle. — Longueur 28 m. 50; largeur
1 m. 50, hauteur 1 m. 50, surélevée à la partie
centrale, pour permettre de circuler libre-
ment; elle est spacieuse et commode. Elle est
construite en tubes d'acier réunis par des rac-
cords portant les bossages nécessaires à la
fixation de tous les fils tendeurs. Cette nacelle
est garnie d’étoffe et de toile d'aluminium. En
conséquence, pour permettre au pilote de
364
mieux voir les manœuvres au départ et à l’at-
terrissage, son plancher a été surélevé de
0,60 c/m. Le gouvernail vertical composé de
deux plans parallèles, est en acier, sa surface
totale de 18 mètres carrés. Le gourernail ho-
risontal également en tubes d’acier est com-
posé de 3 plans superposés et sa surface est
de 16 mètres carrés. Il est placé un peu à
l'avant du centre de poussée. Ces deux gou-
vernails sont équilibrés et commandés par des
câbles d'acier actionnés par des organes ‘irré-
versibles.
Système moto-propulseur. — Le moteur est
un excellent Bayard-Clément de 105 HP qui
actionne une hélice de 5 m. de diamètre tour-
nant à 380 tours, par l'intermédiaire d’em-
pennages démultiplicateurs enfermés dans un
carter. Pour éviter les trépidations, le mo-
teur est fixé sur la nacelle au moyen de res-
sorts.
Suspensions, — La nacelle. est fixée au bal-
lon par des suspentes en câbles d'acier venant
se fixer à des pattes d’oie amarrées au ballon
par des bâtonunets de buis placés dans une ra-
lingue. Sous la ralingue de suspension, une
deuxième ralingue où sont amarrées les pattes
l'oie du réseau triangulaire.
Les suspentes sont attachées à la nacelle
par l'intermédiaire de caps de mouton, ce qui
les rend réglables.
D
Le gonflement du Bayard-Clément sera sans
doute commencé à l'heure où paraîtront ces
lignes.
Le dirigeable « Vi!lle-de-Bordeaux ». -— Les
dispositions générales du dirigeable Ville-de-
Bordeaux sont semblables à celles du Bayard-
Clément. Il n'en diffère que par son volume
qui est un peu moindre (3.000 m° au lieu de
3.500 m°) et par le moteur Renault dont il est
muni. Ce ballon permettra aussi des essais
comparatifs d'hélices en pleine marche.
L'aé-
ronat Colonel-Renard, dont le gouvernement
confie la construction à la Société Astra, sera
également du même type que ses deux aînés,
avec quelques perfectionnements particuliers
dus à la collaboration des officiers du service
de l’Aérostation Militaire et des ingénieurs
. de l’Astra: ;
Le dirigeable « Colonel-Renard ».
Il] complète heureusement l’ensemble de
travaux le plus considérable, qui ait jamais
été établi d'un seul jet, avec une méthode et
une science remarquables, par des construc-
teurs français.
A. CLéry
15 Septembre 1908
La Ligue Nationale Aérienne
M. René Quinton, assistant au Collège de
France, dont la thèse remarquée de doctorat
ès-sciences sur l’origine marine des êtres ani-
més à donné lieu à des procédés thérapeuti-
ques nouveaux et qui porte un intérêt pas-
sionné aux choses de l’aviation, pour laquelle
il fondait récemment un prix de 10.000 fr.,
avait été frappé du splendide succès de la
souscription qui réunit en trois semaines,
3 millions de marks pour le comte Zeppelin,
et qui va permettre à l’inventeur allemand
de mettre en chantier toute une flotte aé-
iienne, tout en prélevant 1 million de
marks destinés à favoriser l'essor de l’avia-
tion en Allemagne.
Il a pensé que la France ne devait pas res-
ter en arrière et après avoir obtenu les plus
précieux encouragements, il vient de créer la
Ligue Nationale aérienne, dont il définit
ainsi le but:
« Nous voulons fixqr en France tout ile
mouvement de l'aviation. Nous voulons que
notré pays, qui est encore maître de la situa-
tion, garde sa prépondérance au point de vue
de la locomotion aérienne.
« Nous voulons que la France, grâce à la
collaboration de tous, ait la gloire de parfaire
cette immense découverte: la Conquête de
l'Air, dont les hommes rêvent depuis tant de
siècles.
« Est-il desoin de montrer les conséquences
de la solution de ce grand problème? De
l’aveu de tous les hommes de science, des spé-
cialistes, des vitesses inconnues vont être réa-
lisées. Avant cinq ou six ans, nous verrons
des machines voler dans les airs à des vites-
ses de 200 et 300 kilomètres à l’heure. Elles
mettront Paris à deux heures et demie de
Marseille, à cinq heures d'Alger, à vingt heu-
res des Indes, à trente heures de Pékin. C’est
une révolution véritable dans la vie sociale
des peuples. Il faut que ce soit la France qui
ait l'honneur de la réaliser... »
La Ligue Nationale aérienne demande donc
à tous les Français soucieux de l'intérêt et de
la gloire de leur pays de devenir membres
adhérents. Afin que tout le monde veuille et
puisse répondre à cet appel, la cotisation an-
nuelle par membre a été fixée au chiffre très
bas de cinq francs.
M. Quinton estime que 50.000 adhésions se-
ront parvenues d'ici quelques semaines. Cin-
quante mille membres à cinq francs par tête,
cela donnerait un budget annuel de 250.000 fr.,
avec lequel la ligue instituera des concours
et des prix, pour les moteurs, pour les hélices,
pour la forme de courbure des ailes: enfin
pour tous les records de distance, de vitesse,
de durée, de hauteur, d’atterrissage, de con-
duite dans le vent, ete.
Pour l’Aéroplane
Pour le Dirigeable
Pour l’Hydroplane
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l’Aérophile
Tous ces prix, d’ailleurs internationaux,
seront disputés exclusivement sur le territoire
français. La France deviendra ainsi le grand
centre de l’aviation.
L'œuvre est absolument nationale et désin-
téressée. Aucune fonction d’un membre quel-
conque ne sera rétribuée. Il suffit d’ailleurs
de dire que ses fondateurs ont nom : Archdea-
con, Armengaud, Deutsch de la Meurthe, Mi-
chelin, Quinton, le marquis de Dion, Blériot,
le commandant Bouttieaux, Delagrange, Es-
nault-Pelterie, Farman, capitaine Ferber,
Gastambide, Julliot, Kapferer, Levavasseur,
Mengin, Tatin, etc.
Le siège social de la Ligue nationale aé-
rienne est de 40, rue des Mathurins, à Paris.
C’est là que toutes les souscriptions et commu-
nications doivent être adressées.
Une commission composée de MM. Henry
de La Vaulx, Georges de Castillon, Georges
Besancon, Arnold de Contades, Georges Blan-
chet, Louis Blériot, René Gasnier, Henry Kap_
ferer, Maurice Mallet, François Peyrey, Paul
Tissandier, Ernest Zens, a été nommée pour
servir de trait d'union entre le Club et la
Ligue, chaque Société restant indépendante,
au point de vue administratif comme au point
de vue financier.
La Ligue instituera des concours, créera &es
prix; l’Aéro-Club les organisera et les contrô-
lera, sans préjudice bien entendu des encoura-
gements divers sous forme de concours, prix,
etc., etc., dont l’Aéro-Club dispose déjà peur
des centaines de mille francs, ni des nouveaux
prix qu’il pourra créer. L’Aéro-Club de France
demeure, en effet, la seule puissance sportive
reconnue en France par la Fédération aéro-
nautique internationale.
En dehors des membres titulaires à 5 francs,
la Ligue accepte des membres à vie, rachetant
leur cotisation annuelle par une somme une
fois versée de 100 francs — celle des membres
bienfaiteurs souscrivant une somme minima
de 200 francs — celle des membres fondateurs
de prix, réservée aux donateurs généreux qui
verseront au moins 1.000 francs à la Ligue.
La somme versée par ces derniers sera af-
fectée à un prix spécial portant le nom du
donateur.
Les cinq membres qui auront amené dans
l’année le plus de ligueurs à la Ligue auront
un prix couru publiquement sous leur nom.
Dès maintenant, la L. N. A. fonde un prix
de mille francs, dit Prix de la Petite Gironde,
destiné à l’aviateur qui, sur le champ de ma-
nœuvres d’Issy-les-Moulineaux, aura réussi un
vol d’une durée égale ou supérieure à 39 m.
37 s. Il est valable jusqu'au jour où Wilbur
Wright accomplira un vol d’une durée dépas-
sant ce temps, constituant, à l’heure actuelle,
le double de son plus long séjour dans l’atmos-
phère française.
365
5 ! : Fr x 335
L'autoballon ‘‘ République ”
Ascension de durée (6 h. 30) et clôture
de la première campagne d'expériences
militaires. — Le 4 septembre, conformément
au programme imposé par le ministère de la
Guerre, et malgré le temps orageux, le diri-
geable militaire République a effectué la der-
nière sortie de sa série actuelle d'exercices.
(Nous donnerons ultérieurement les ascen-
sions d'instruction effectuées depuis le 21 août
jusqu'au 6 septembre.)
Départ de Chalais-Meudon à 8 h. 35 du ma-
tin. A bord : MM. le commandant Voyer; le
capitaine Bois, pilote, et l’adjudant-mécani-
cien Vincenot.
Traversée de Paris contre le vent, en se diri-
geant vers le nord-est. À 9 h. 1/4, passage à
la Villette, au-dessus des usines Lebaudy où
a été construite la partie mécanique; puis,
poursuivant sa course plus ou nord, le ballon
gagnait Senlis à 11h. 1/2, Pont-Sainte-
Maxence à midi et arrivait à Compiègne vers
midi et demi. Là, il évolua longuement au-
dessus de la ville, vira autour du clocher de
l’église Saint-Jacques et reprit, sans s'arrêter,
la direction de Paris. Contournant, au retour,
la banlieue sud de la capitale, il regagnait
Chalais-Meudon, où l'atterrissage eut lieu,
sans encombre, à 3 h. 45.
C'est là un très beau raid de 260 kilomètres
environ, accompli en 6 h. 1/2, à une vitesse de
30 à 25 kilomètres. Altitude moyenne : entre
200 et 400 mètres; le maximum de hauteur
atteint, au retour, a été de 650 mètres.
Cette « ascension de durée » constitue, pour
nos dirigeables, le record du voyage « en bou-
cle p.
Le République avait emporté 420 kilos de
lest; il en a dépensé 230, et les 190 kilos qu'il
possédait encore à l’arrivée prouvent qu’il au-
rait pu fournir une course sensiblement plus
longue. Et cela, malgré un temps incertain,
avec des alternances de soleil et d'ombre qui
tendaient à diminuer sa force ascensionnelle.
Entre Senlis et Compiègne, à Villeneuve-
sur-Verberie, une descente brusque obligea le
pilote à un brusque coup de barre pour éviter
le clocher. 200 mètres plus loin, le ballon arri-
vait à quelques mètres du sol; le baromètre
indiquait 20 mètres. Cet incident coûta 100 ki-
les de lest.
Consommation d'essence : 190 litres.
Le ballon est gonflé depuis 110 jours; c’est
toujours le même gaz qui servait, à part quel-
ques ravitaillements partiels.
Une aussi parfaite étanchéité fait honneur
au constructeur de l'enveloppe, M. Georges
Juchmès. Elle met aussi en valeur les incom-
parables qualités destoiles caoutchoutées Con-
tinental, matière ‘première des carènes de
presque tous les grands dirigeables, qui a
trouvé aussi une heureuse application dans la
366
voilure de nos aéroplanes, tels que le Farman
et le Delagrange. :
République a été dégonflé. Dans quelques
jours, on aura achevé, à Chalais-Meudon, le
montage de l’ancien ballon Lebaudy n° 3, (le
Jaune), agrandi et modifié. Celui-ci sera alors
regonflé, à son tour, pour servir, vers le
15 septembre, à une nouvelle campagne d’ins-
truction des équipages militaires.
LE POUR ET LE CONTRE
A propos du dynamisme du planement. —
(V. Aérophile du 15 août 1908, — Je crois ulile
d'informer les lecteurs que la méthode que j'ai
appliquée et que j'applique au moulin à vent,
a été vérifice par moi expérimentalement.
Elle conduit à une réduetion rapide du refou-
lement suivant l'arbre du moulin au fur et à
mesure qu'on laisse prendre davantage de vi-
tesse de rolation, et c'était la le point essentiel
à vérifier ; si cet effort d'entrainement reslait à
la valeur que lui assigne la théorie classique,
ma thèse, en ce qui concerne le pianeur, se trou-
vait renversée. L'expérience indiquant que l'en-
trainement a bien la valeur que je lui assigne.
ce que j'ai exposé pour le cas du planeur est
exact. — A. GOUPIL.
L'inconnu du vol des oiseaux. — N. Bazin
dit avec raison, dans son récent article de
l’Aérophile du 1° juillet, qu'il y a, en aviation,
des morts qu'on ne peut arriver à tuer : mais il
aurait pu dire aussi qu'il y à des vivants qu'on
ne peut arriver à faire nailre.
En voici un que je lui laisse le soin de mettre
au monde, ne pouvant y arriver moi-même.
M. Bazin se demande quel peut bien
être ce quelque chose de mystérieux qui a tou-
jours échappé à l'observateur, et qui fait que
l'oiseau exécute un certain nombre de mouve-
ments en apparence paradoxaux et cela sans dé-
pens2 appréciable d'énergie.
Il trouvera la clef du mystère en étudiant les
conséquenc d'un certain mouvement de bas-
cule de larrière à l'avant qu'il pourra observer
chez les oiseaux gros et gras. Quoique ce mou-
vement existe sans exceplion chez tous les oi-
seaux, il ne peut être observé que chez ceu
à cause de l'effort plus apparent que nécess
le soulèvement d'un poslérieur excessif.
Il verra que le mécanisme du planement de
l'oiseau, quoique ayant quelque chose de com-
mun avec celui du cerf-volant, est loin de lui
élre identique et que les données de l'acroplanc
sent incomplètes. — J. CONSTANTIX
Toujours le coefficient K. — Une remarque
à propos de l’article de M. J. Rodet, intitulé
« Toujours le coefficient K », paru dans l’Aéro-
phile du 15 août.
M. Rodet est partisan de la valeur 0,13, et pour
infirmer le résultat 0,085 trouvé expérimentale-
ment par Renard, il critique la méthode des pa-
lettes tournantes.
Malheureusement, il y a d'autres expériences
qui échappent à cette critique et qui ont donné la
valeur 0.079, plus faible encore que celle de Re-
nard et plus voisine de :
Ce sont les expériences de M. Eiffel. faites à la
Tour Eiffel, en mouvement rectiligne et au
moyen d'une méthode remarquablement précise.
Ces expériencs sont résumées dans le Bulletin
de la Société des Ingénieurs Civils, février 1908.
La question n'est donc pas résolue dans le
sens indiqué par M. Rodet : elle reste entière.
ATEXANDRE SÉE
15 Septembre 1908
NÉCROLOGIE
Elie Mascart. — Le 26 août. est mort à 71 ans,
à Poissy. où il s'était retiré, Eleuthère-Elie-Nico-
las Mascart, ancien directeur du Bureau Central
Météorologique, l'un des plus grands savants
qui se soient spécialément adonnés à la méléo-
rologie et à la physique du globe.
Né le 20 février 1837, il entrait à 21 ans à
l'Ecole Normale (section des Sciences). Agrégé
en 1861. docteur ès-sciences en 1564, il fut quelque
temps conservateur des collections de l'Ecole
Normale. Nommé au lycée de Versailles, puis
au Collège Chaptal, il suppléait Regnault au Col-
lège de France et lui succédait en 1872.
Éiis: Mascart
A ce moment, l'étude de la-physique du globe
et de la météorologie l'attire définilivement. Ap-
pelé en 1871 au Bureau Cenlral ME rologique,
il en devint direcleur en 1s7s et ne le quittait
que l'an dernier, terrassé par l'âge et la maladie,
après en avoir fait un Inslilul admirable.
ices depuis
Membre de l'Académie des Sei
1884, Mascart à laissé deux oùvrag le météo-
rologie qui font autorité en la matière : La Mé-
téorologie appliquée à la prévision du lemps et
le Trailé de magnélisme terrestre. On lui doit
aussi différents ouvrages Jrailé d'électricité
slalique, Eléments de mécanique, Trailé dopli-
que qui décèlent sa haule compétence dans les
branches les plus diverses de lx physique et de
la mécanique, sans parler d'importantes notes à
l'Académie et de travaux divers.
Esprit ouvert à tous les progrès et à toutes.
les initiatives, Mascart avait élé des premiers
à comprendre les services immenses que l'aéro-
naulique pouvait rendre à la météorologie.
Nous ne saurions nolamment oublier dans
cette revue quel intérêt bienveillant et efficace,
il voulut bien témoigner aux premiers essais de
sondages aériens et aux premières ascensions
des ballons-sondes, les Aérophiles. Membre d'hon-
neur de l'Aéro-Club de France, il était, depuis
sa création, membre de la Commission scienti-
fique de ce Club et jusqu'à la fin de sa vie, il ne
cessa de s'intéresser à ses travaux. La mort d'E-
lie Mascart, qui met en deuil la sciencé francaise,
sera universellement déplorée dans les milieux
aéronautiques. — G. B. 4
l’Aérophile 367
La Coupe Gordon-Bennett 1908
+
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Emplacement et dispositions prises par la Deutseher-Luftschiffer Verbard pour le départ de la re Ccupe
Aéronautique Internationale Gordon-Bennett, à Schmargendorf, près Berlin, le 11 octobre 1508.
Le départ de la 3° Coupe Aéronautique Gordon-
Bennelt sera donné le 11 octobre 1908, à Berlin-
Schmargendorf, par les soins de la Deutscher
Luftscluffer Verband. C'est, en effet, à la Fédé-
ration Aéronautique Allemande que revient cette
année, par suile de la belle victoire de son cham-
pion, Oscar Erbsiôh, l'an dernier, l'honneur d’or-
ganiser la grande épreuve internationale annuel-
le de la FAT.
Nous avons déjà dit un mot (Voir Aérophile
du 1‘ avril 1908) de l’organisation de cette capi-
tale manifestation, organisation conduite avec
une ac!ivité et une intelligence remarquables par
la Deutsche Luftschilfer-Verband.- D'ailleurs. ain-
si qu'on va en juger, jamais autant de nations
représentées à la F. A. I. n'avaient pris part
à l'épreuve et jamais les concurrents n'avaient
été aussi nombreux : 16 en 1906, 9 en 1907, 23 ins-
criks en 1908. Six nations représentées en 1906,
quatre en 1907, neuf en 190$.
Voici l'ordse des départs elabli par tirage au
sort, conformément au Règlement : ;
1. Amérique. — America (2.200 m'). Pilote :
J.-C. Mac Coy. — 2. Allemagne. — Busley
(2.200 m°). Pilote : Docteur Niemeyer. — 3. Gran-
de-Bretagne. — Banshee (2.200 m'). Pilote : M.
John Dunville. — 4. Espagne. — Valencia
(2.200 m°). Pilote : capitaine Kindelan (1). — 5. wel-
(1) Le capitaine Kindelan, dont on se rappelle
la dramatique ascension au-dessus de la Médi-
terranée, le 2% juillet 1907 (V. Aérophile de nov.
1907, p. 323), a été l’objet d’une manifestation
très sympathique des habitants de Valence. Ils
ont réuni, par souscription, le prix du ballon
Valencia, avec lequel le capitaine Kindelan dis-
putera la Coupe.
gique. — Belgica (1.680 m'). Pilote : M. de Moor.
— 6. Suisse. — Cognacq (2.200 m'). Pilote : M. V.
de Beauclair. — 7. Italie. —- Acios (2.200 m').
Pilote: Prince Scipion Borghë aide : le :eu-
tenant Cianetti ou le major Mo — $. France.
— X... (2.200 m°). Pilote : M. Jacques Faure : aide :
M. Emile Dubonnet. — 9. Amérique. — Conque-
r07 (2.209 m'). Pilote : M. Holland Forbes. —
10. Allemagne. — Berlin (2.200 m'). Pilote : M. Os-
car Erbslôh, détenteur actuel de la Coupe Gor-
don-Bennett. — 11. — Grande-Bretagne. — Bri-
tannia (2.200 m'). Pilote : Hon C. $S. Rolls. —
12. Espagne. — Norte (2.200 m'). Pilote : lieute-
nant Herrera. — 13. Belgique. — L'Ulopie (2.200
m'). Pilote : L. de Brouckère. — 14. Suisse. —
Helvelix (2.200 m°). Pilote : colonel Schae ——
Celes-
France. — Astra (2.200 m').
15. Ilalie. — Ruvenzori (2.200 m'). Pilote
tino Usuelli. — 16. (
Pilote : Alfred Leblane. — 17. Amérique. — Saint-
Louis (2.200 m'). Pilote lieutenant Frank P.
Lahm, vainqueur de la Coupe Gordon-Bennett en
1906. — 18. — Allemagne. — Düsseldorf (2.200 m').
Pilote: capitaine von Abercron. — 19. Angle-
terre. — Zephyr (2.200 m'). Pilote : professeur
A.-K. Huntington. — 20. Espagne. — Montäner
(2.209 nr). Pilote : E.-G..de Salamanca. — 21. Bel-
gique. — Ville de Bruxelles (2200 m'}. Pilote :
Everarts. — 22 Italie. -— Basiliola (2.200 m'). Pi-
lote : capitaine Romco Frassinetti. — 23. Brise
d'Aulomne (2.200 m'). Pilote : Emile Carton.
Soient 3 Américains, 3 Belges, 3 Allemands,
3 Anglais, 3 Français, 3 Italiens, 3 Espagnols,
2 Suisses.
Le plan que nous publions, dressé par la Ber-
liner Luftschiffer Verein, indique les excellentes
dispositions prises pour le départ de la grande
épreuve.
368
Le 10 oclobre, veille du départ de la Coupe
Gordon-Bennelt, auront lieu, au même endroit,
? aulres épreuves aérostatiques
l: Un concours d'atterrissage au plus près
d'un but déterminé distant de 100 kil. au maxi-
mum, pour tous ballons. Gaz gratuit. Inscription,
100 marks non remboursables.
2. Concours de durée sans escale pour bal-
lons des 2°, 3°, 4°, 5° catégories sans handicap,
es ballons de chaque catégorie ne concourant
ventre eux. Gaz gratuit. Inscriptions non rem-
boursables : 100 marks pour la 2° catégorie ;
125 marks pour la 3° ;: 150 marks pour la 4°
200 marks pour la 5°. Prix fixés par classe.
Prix existant à ce jour : Prix d’une valeur de
2.000 marks, offert par la ville de Berlin. —
Prix dune valeur de 3.000 marks offert par le
Lokal-Anzeiger. — Prix d'une valeur de 1.500
marks offert par la Oberrheinischer Luftchiffer-
Verein, — Prix d'une valeur de 1.500 marks
offert par les ateliers aéronautiques Franz-Clouth.
— Prix d'une valauw de 1.000 marks offert par
un ami de ia navigation aérienne par l'intermé-
diaire de M. le conseiller Haaselau. — Prix d’une
valeur de 1.000 marks offert par les ateliers aéro-
nautiques Riecinger. — Prix de la fabrique d’op-
tique C. P. Goœrz. — Prix de la Société Silésienne
dé navigation aérienne. — Prix offert par le ca-
pilaine Hildebrandi. — Prix offerts par la Berli-
ner Luftschiffer-Verein. -
Pour toutes les épreuves, y compris la Coupe
Gordon-Bennett, le jury se compose de MM. le
conseiller Busley, président de la Deutscher Luf-
tschilfer Verband, le commandant Gross, le ca-
pitaine Hildebrandt. le heutenant-colonel Moede-
beck et un représentant de l'Afro-Cluh de France
Commissaires sportifs MM. Herward- von
Bittenfeld, le capitaine Hildebrandt, le capitaine
von Kleist, le lieutenant-colonel Moedebeck et un
présentant de lAéro-Club de France.
Starters : MM. Gradenwitz, les lieutenants von
Selasinsky et Wismann, le docteur Stade.
RPRRPRRRRRPRRARR
BIBLIOGRAPHIE
Eléments d'aviation, par VICTOR TATIN, lau-
réat de l’Académie des Sciences (Prix Pénaud).
Préface d'ERNEST ARCHDEACON. — Un volume
in-$, illustré de nombreuses photographies et de
figures spécialement dessinées par l’auteur. —
Edition de l’Aérophile, 63. avenue des Champs-
Elysées, Paris. Prix : 3 francs.
La bibliographie lechnique abonde en docu-
ments sur l'aviahon, mais ils gardent tous, fâ-
cheusement, un caractère fragmentaire.
Or, l'aviation n'est plus aujourd'hui le rêve
lointain d'une élite de chercheurs isolés. Tous
nos contemporains suivent avec un intérêt pas-
sionné les expériences de nos aviateurs : quel-
ques-uns aspirent à les reproduire ou à les dé-
passer, tous désirent les bien comprendre.
A ce besoin général des esprits cultivés ré-
pondent à merveille les Eléments d'avialion que
vient de publier Victor Tatin, le savant doyen
des aviateurs français. Débarrassée d’un inutile
fatras de formules sans ulilité pralique, la ques-
tion du vol mécanique se trouve cependant ex-
posée dans cet ouvrage avec une rigueur scien-
tifique absolue dans ses principes généraux et
dans ses notions les plus sûres.
Après avoir résumé à grands traits l'état actuel
de l'aviation, Victor Tatin étudie les lois de la
résistance de l'air et leur application au pro-
blème de l’aéroplane. Un chapitre spécial,.con-
sacré aux hélices aériennes, condense avec.une
clarté lumireuse les beaux travaux antérieurs
15 Septembre 1908
de Tan su ce point capital. Le terrain ainsi
déblayé, l’auteur nous convie à étudier mctho-
diquement avec lui la construction d'un aéro-
plane et les conditions rationnelles auxquelles doit
satisfaire un bon appareil. 11 conclut par une
esquisse historique des progrès successifs de l'a-
viation pleine d'aperçus et de renseignements
nouveaux ‘
Précédé d'une attrayante préface d'Ernest
Archdeacon, le vaillant et généreux apôlre de
l'aviation française, édité avec le plus grand
soin et doté d'une illustration documentaire d'au-
tant plus adéquate au texte qu'elle a été des-
sinée par l'auteur lui-même, ce livre « plein de
choses », constituera le meilleur guide pour tous
ceux qui veulent s'initier au problème du vol
mécanique. C’est le vérilable vade-mecum de l'a-
viateur, aussi utile aux techniciens qu'aux
sportsmen.
Les premiers hommes-oiseaux : Wilbur et
Orville Wright, par François Peyrey. — Un vo-
lue, grand format, avec un fac-similé d’un cro-
quis de Wilbur Wright. Prix : 1 fr. 50. — Henri
Guiton, imprimeur-éditeur, 35, rue de Trévise,
Paris.
Depuis les fameuses expériences du Mans, il
n'est point de nom plus universellement célèbre
que celui des frères Wilbur et Orville Wright ;
mais bien peu de gens ont une idée exacle de
leur personnalité et de leurs travaux. On peut
être célèbre et mal connu.
I manquait une étude d'ensemble sur les fa-
meux aviateurs américains. C'est cette lacune que
vient de combler aujourd'hui le beau lravail de
François Peyrey : Les premiers hommes-oiseaux:
Wilbur et Orville Wright.
L'avant-propos initie le lecteur aux progrès
modernes de l'aviation ; l’auteur expose ensuite
les travaux successifs des Wright : Expériences
de vol plané, de 1900 à 1903 ; premiers vols mé-
caniques de 1903 jusqu'aux grandes randonnées
aériennes de 1905, si longtemps discutées, pour
aboutir aux magnifiques démonstrations qui se
poursuivent au Mans. « L'Enigme » et Ja
« Preuve », comme l'écrit l'auteur, l’œuvre en-
tière de ceux qui ont résolu « le problème des
âges », se trouvent méthodiquement exposées ;
les pièces justificatives puisées aux meilleures
sources sont réunies à la fin du volume, en un
chapitre spécial, de façon à ne pas surcharger le
texte.
Elles complètent par une documentalion aussi
abondante que consciencieuse, un ouvrage où se
retrouvent, avec les rares qualités de style de
François Peyrey, son remarquable souci de la
clarté et de la précision.
Ecrit pour tout le monde, ce volume demeure,
par son prix modique, accessible à tous, bien
que le plus grand soin ait été apporté dans son
impression. C'est à la fois un bon livre el un
beau livre.
Nouveau confrère. — Sous ce litre, L’ACro,
qui ressemble à l'abréviation usuelle du nôtre, —
nous ne nous en plaignons pas, — notre con-
frère Fafiotta vient de lancer une nouvelle pu-
blication aéronautique. Présenté sous la forme
journal, avec des dispositions typographiques
nouvelles, säns faire double emploi avec les re-
vues, L'Aéro hebdomadaire mènera le bon corm-
bat pour la diffusion et l’organisation de l’Aéro-
nautique. On s'abonne aux bureaux de l’Aéro,
199, boulevard de Courcelles. Paris. France 6 fr. ;
Etranger : 8 francs.
Devenu aujourd'hui le doyen de la presse a€ro-
nautique française l'Aérophile est heureux de,
souhaiter bonne chence et plein succès au plus
jeune de ses confrères.
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J’Aérophile
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
Siège social : 63, avenue des Champs-Elysées, Paris (VIII)
L'Hydrogène au Parc de l'A. C. F. — L'usine
de la Société française de l'Hydrogène, contiguë
au Parc de l'Aéro-Club de France, aux côteaux
de Saint-Cloud est à peu près terminée.
On sait que cette Société s'est engagée à four-
nir de l'hydrogène pur, à raison de 0 fr. 20 le m',
aux membres de l'Aéro-Club effectuant leurs as-
censions au parc. Prévenir la veille.
Un gazomètre de 1.200 m° a été installé, et la
place est réservée pour un autre, si le mouvement
de consommation le rend nécessaire. L'usine
pourra commencer a fonctionner fin septembre
vraisemblablement. Le poste téléphonique de
Jusine pourra être utilisé par les membres du
club.
L'Aéro-Club possédera ainsi dans son parc,
trois prises de gaz : une de gaz hydrogène, et
deux de gaz d'éclairage (l’une de 600 m° à l'heure,
l'autre de 1.500 m° à l'heure, soir au total 2.100 m°
de gaz d'éclairage à l'heure).
Issy-les-Moulineaux rendu aux aviateurs
Apres entente entre le ministère de la Guerre
de qui dépend le terrain militawre d’Issy-les-Mou-
lineaux et la Préfecture de police préoccupée d'as-
surer la sécurité des spectateurs et la liberté
d’allure des expérimentateurs, le champ dentrai-
nement est de nouveau mis à la disposition des
aviateurs, sous les conditions suivantes
1° Les aviateurs sont autorisés à effectuer leurs
expériences dans la partie du terrain située au
sud de la sente tolérée, allant de la rue Camille-
Desmoulins, à la porte de Sèvres qui demeurera
toujours accessible au public, la partie située au
Nord pouvant êlre utilisée par des troupes de
faible effectif pendant les expériences des avia-
teurs. Pendant les expériences, la sente qui va
du Rond-Point de l’abreuvoir à la porte de Sèvres
est interdite au public. Nul ne sera admis sur le
terrain. pendant les expériences s’il n’est porteur
d'une carte délivrée par le commissaire de police
de Vanves :
2° En plus des deux premières neures de la ma-
tinée. les aviateurs pourront se livrer à leurs
expériences chaque jour, de 10 heures du matin à
1 heure de l'après-midi.
Pour ce dernier laps de temps. les aviateurs de-
vront avertir à 7 heures du matin au plus tard,
M. le Commisasire de police de Vanves qui pren-
dra les mesures nécessaires pour assurer le ser-
vice d'ordre dont les frais, à lx charge des avia-
teurs: s'élèvent à 14 fr. 50. ;
PRRRRSRRRRRR
L'Aéro-Clu et l:s aviateurs
L'Aéro-Club de France a mis en distribution une
nouvelle édition, mise à jour, des prix et règle-
ments d'aviation à disputer en 190$, sous son pa-
tronage.
Ce sont d'abord la Coupe internationale Miche-
Jin (20.000 francs par an : au total 160.000 francs)
le Grand Prix Michelin de 100.000 francs.
‘
369
Télégrammes : AÉROCLUB-PARIS. — Téléphone : 666-21
Ce sont aussi la Coupe Archdeacon (objet d'art,
valant 2.500 francs), le prix Montefore-Friant
(2.500 francs et un portrait au crayon de l'avia-
teur), le prix de la Commission d'Avialion (5.000
francs), le prix de la Hauteur, dit « des 25 mè-
tres » 00 francs), le prix des 200 mètres de la
Commission d'Aviation, le prix Triaca (500 fr.),
le Concours d’inûicateur d'horizontale (500 francs),
etc., etc:
Rappelons les prix déjà versés aux aviateurs
par l’Aéro-Club de France : Grand Prix Deutsch-
Archdeacon (50.000 francs), prix Armengaud
10.000 francs), prix des Cent mètres (1.500 francs),
Prix des Deux-Cents mètres, etc.
La liste des prix est envoyée sur demande
adressée à l’Aéro-Club, 63, Champs-Elysées.
PP RPP RAR
14 Grand Pr de l'Aëro-Club de France
Epreuve internationale de distance
Disputée sous les règlements de la F.A.I.
Dimanche 4 octobre 1908
A Paris, Jardin des Tuileries
Réglement.
Nalure du Concours. — Distance sans escales
{non handicapé). Art. 82, 155 et 156 du Règle-
ment général.
Prix. — 1° prix : 1.500 francs ; Vase de Sèvres
offert par le Ministère de l’Instruction publique ;
Médaille d'argent du Ministère de la Guerre ;
Médaille d'argent de la Ville de Paris ; Diplôme
de l’Aéro-Club de France : Médaille de vermeil
offerte par la Revue l'Aérophile. — 2° prix : S00
francs : Vase de Sèvres offert nar lé Ministère
des Travaux publics el des Postes. — 3° prix
400 francs ; Médaille de vermeil offerte par: l’Au-
tomobie-Club de France. — 4° prix : 200 francs;
Médaille de vermeil offerte par le Touring-Club
de France. — 5° prix : 100 francs ; Médaille d'ar-
gent offerte par le Syndicat des Journaux et Pu-
blicalions périodiques.
(Tous les prix en espèces annoncés ci-dessus,
sont offerts par l'Aéro-Club de France.)
Une médaille d'argent de l'Aéro-Club de France
sera décernée à l’aéronaule qui présentera : le
livre de bord le mieux tenu.
Une plaquette de vermeil, offerte par l'Aéro-
Club de Nice, récompensera le meilleur dia-
granime.
_ En dehors de ces prix : 1° Le journal l’Aulo
offre une médaille d'argent au premier classé des
concurrents étrangers. — 2° Le journal Les
Sports offre une médaille d'argent au preinier
classé des concurrents français.
Catégories admises. — Seront admis à concou-
rir 20 acroslals des 2°. 3° et 4° catégories. c'esl-à-
dire de 601 à 1:600 mètres cubes. (Art.:87 et sui-
sants.)
Gaz. — Te gaz d'éclairage. obligaloire pour
fous, sera fourni gratuilement à tous les con
currents.
Concurrents. — Sont admis : Les pilotes mem-
370
bres de l'Aéro-Club de France. — Les Socictés
françaises afliliées à l'Aéro-Club de France (1 bal-
lon par société). — Les Sociétés de l'étranger re-
connues par la Fédération Aéronautique Inter-
nationale (1 ballon par nation).
Au cas où le nombre des engagés dépasserait
20, on procédera à un tirage au sort éliminatoire
auquel ne prendront part que les ballons enga-
gés par l’Aéro-Club de France.
Droit d'entrée. —- Le droit d'entrée est de
200 francs. dont la moitié remboursée aux par-
ts ; complètement retenu aux forfaits ; en-
tièrement remboursable aux pilotes, membres de
l’'Aéro-Club de France, ron favorisés par le sort.
Engagements. — (Art. ?2$ el suivants.) Enga-
gements reçus au Siège social de l'Aéro-Club de
France, 63, Champs-Elysées, du 5 septembre 190$
au 18 septembre, à 4 heures du soir. (Pour être
valable, tout engagement doit être fait par écrit
et obligatoirement accompagné du droit d'ins-
cription.}
Matériels. — Afin que tout fe matériel puisse
être présenté aux Commissaires Sportifs ou aux
Aéronautes-Experts là veille du Concours, les
cancu:ren!s sont rigoureusement lenus d'appor-
ter leurs matériels au Jardin des Tuileries {en-
trée : grille de la place de la Concorde; le samedi
3 octobre, de 1 heure à 3 h. 1/2.
Conditions imposées aux concurrents. — Les
aérostats devront, obligatoirement, porter le gui-
don ou le pavillon du Club que représente l’aéro-
naute-commandant, ainsi que son pavillon na-
tional.
Déparls donnés au Jardin des Tuileries, le di-
manche 4 octobre 1908, à partir de 4 h. 1/2 de
Faprès-midi. L'ordre du départ sera fixé le 18 sep-
tembre, à 4 heures du soir, par un tirage au
sort exécuté par les soins des Commissaires
sportifs.
COMMISSAIRE GÉNÉRAL : M. Georges Besançon.
COMMISSAIRES SPORTIFS : MM. le comte de Castil-
lon, Maurice Mallet, Edouard Surcouf.
STARTER-CHRONOMÉTREUR : M. Paul Rousseau.
Douane. — Des facilités seront accordées pour
le passage en douane des concurrents qui auront
indiqué, en lemps utile, par quelle gare frontière
leur matériel entrera en France.
Chemins de fer. — Des permis de voyage à
demi-tarif, sur le réseau des Chemins de fer fran-
çais, seront demandés par l'Aéro-Club de France
aux diverses Compagnies, pour faciliter la venue
à Paris des concurrents, de leurs aides et de
leurs employés.
PRE pre
LES ASCENSIONS AU PARC DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE.
? août. — 3 h. 30 du s.,4bcille (1.600 m'), MM. A.
Omer-Decugis, Marcel Bénard, Demachy, Mautin,
Mmes Mautin, A. Omer-Decugis. Att. à 5 h. 44,
à Auneau (Eure-et-Loir) Durée : 2 h. 14. Dis-
tanzz : 56 kil
4 août. — 3 h. 10 du m., Aéro-Club V (900 m’).
MM. les lieutenants Bellenger, de Fraguier, Ber-
gognié. Att. à 11 h. 5 du m., à Janville (Eure-et-
Loire). Durée : 7h. 55. Distance : 82 kil.
7 août. — 10 h. 40 du m., Le Limousin (1.200 m'°),
MM. A. Nicolleau, le docteur Crouzon, Pedro, Pe-
laez de Teresa. Att. à 1 h. du s., à Olivet (Loi-
ret). Durée : 2 h. 20. Distance : 112 kil.
8 août. — 11 h. du m., Aéro-Club II 1.550 m°),
MM. Ernest Barbotte, W.-L. Oakley, Baldwin,
Whitehouse, Miss Morgan. Att. à Auneau. Dis-
tance : 56 kil. à
8 août. — 10 h. du s., Astra (1.200 m'), MM
Henry Kapferer, Marcel Kapferer, Mmes X... et
Z.. Alt. non indiqué.
15 Septembre 1908
9 août. — 2 h. du s., X (1200: m’), MM. le
comte H de La Vaulx, Rabel, Mrve Rabel Att.
à ,5 h. 30, à Laon. Durée : 3 h. M lustance.:
127 kil.
12 août. — 1 h. 30 du s., Gay-Lussac (900 mr),
MM. E. Carton, Linzeler, Joly. Att. à 5 h. 30, à
Bignon-Mirabeau (Loiret). Durée : 4 h. Distance :
99 kil.
16 août. — 2 h. du s. Bulle de Savon (600 m'),
M. Weddell. Escale à Buc, où Mme Louis Game
monte à bord. Att. définitif à 6 h. du s., à Her-
bonvilliers. Durée : 4 h.
19 août. — 10 h. 30 du s., Limousin (1.200 m'),
M. A. Bastier, Mmes A. Bastier, Devaux. Att.
le 20 août, à 4 h. du m., sous l'orage, à Argen-
tan (Orne). Durée : 5 h. 1/2. Distance 164 kil.
20 août. — Ascension ministérielle. — 11 h.
du m., Excelsior (1.600 m'), MM. René Grosdidier,
le général Picquart, ministre de la Guerre, Gra-
mont, officier d'ordonnance, le comte Arnold de
Contades-Giseux. Att. entre Dieppe et Le Havre.
20 août. — 2:h. du s., Ariane (450 m'), M. A.
Santos-Dumont, Mlle Irène Bardoni. Atl. non
indiqué.
22 août. — 10 h. 15 du m., Aéro-Club ‘II
(1.550 m'). MM. G. Blanchet, Summer Gérard,
Norman VWitehouse, William Witehouse, \Wil-
liam Baldwin, Mme X. Att. non indiqué.
22 août: — Coupe Antonetti.. — $ h. du Ss.,
Cythère (600 m'), M. Alfred Leblanc, Mme X...'
Alt. à Speyrdorf (Spire), le 23 août, à $S h. 25 du
m. Durée : 12 h. 25. Distance : 460 kil.
M. Alfred Leblanc inscrit pour la Coupe An-
tonetli en devient brillamment le premier déten-
teur {Voir note parue en tête du Bulletin officiel
du 1° septembre, sous le titre « Coupe Antonetti ».
ti ».
24 août. — 5 h. 15 du s., Le Sylphe (1.600 m'),
MM. J.-C. Mac Coy, Vaniman, Montagne, Mme
Montagne. Att. à 7 h. du s., à La Ferté-Alais.
Durée : 1 h. 45. Distance . 100 kil. k
26 août. — 3 h. 45 du s., Aéro-Club V (900 m°),
MM. J. C. Mac Coy, Walter Allen. Ait. à 7 h.
du s., à Reims. Durée : 3 h. 15. Distance : 142 kil.
29 août. — 11 h. 20 du m., Abeüle (1.000 m'),
MM. G. Blanchet, Baguës, le docteur Gastou, miss
Whitney. Att. à 6 h. du s., près Reims. Durée :
6 h. 40. Distance : 140 kil.
31 août. — 2 h. 40 du s.. Aéro-Club IT (1.550 m°),
MM. E. Barbotte, Harold Vanderbilt. Towsend
Burden, Sunner Gérard. Att. à 4 h. 45, à Compiè-
gne. Durée : 2 h. 5. Distance : 78 kil.
2 seplembre. — 3 h. du s., Ron-Ron (600 m°),
MM. Jacques Faure, Merleaux-Ponty, gouverneur
de l'Afrique Occidentale. Att. à Ermainvilliers.
3 septembre. — 2 h. 15, Astra (900 m°}, MM. J.
C. Mas Coy. Mac Coy fils. Att. à 6 h., à An-
thé, près Amiens. Durée : 3 h. 45. Distance :
122 kil.
5 septembre. — 11 h. 15 du m., Stella Maris
(600 m°), M. Henry Gon. Att. près de Nemours.
Durée non indiquée. Distance 74 kil.
Erratum. — Dans le Bulletin officiel de l’Aéro-
ro-Club de France, sous la rubrique « Ascensions
de l'Aéro-Club de France », page 352, colonne 2,
à partir de la 3° ligne, le texte doit être ainsi
rétabli :
16 juillet. — 10 h. 45, Ouragan (900 m°), MM. L.
Duthu, Balay, Sonnery. Att. à midi 15, à Roissy
(S.-et-O.). Durée : 1 h. 15. Distance : 29 kil.
19 juillet. — 3 h. du 5., Aéro-Club II (1.200 m'),
MM. G. Bans, Henry Le Secq des Tournelles,
Paul Le Secq des Tournelles, Marcel de Con-
ninck. Alt. à 5 h. 30, à Sennely (Loiret). Durée :
2 h. 30. Distance : 161 kil.
J’Aérophile 371
Le “ Nulli-Seeundus I ”
Dirigeable militaire anglais.
Le dirigeable Nulli Secundus II. En haut, vue d'en-
dessous et de 3/4 par l’arrière., En ba8 vue latérale.
Nos photographies donnent deux aspects diffé-
rents du Nulli-Secondusil, le dirigeable militaire
anglais de 190$ dont nous relations la première
sortie dans l’Aérophile du 15 août 1908, p. 316.
Le modele de 1908 avait 2.400 m° et ne différait
du ballon de 1907 que par des détails peu im-
portants. Enveloppe en baudruche, sangles pas-
sant pas-dessus la carène pour soutenir la quille
inférieure rigide, entièrement entoilée, raccordée
à la carène et soutenant des plans stabilisateurs
à l'arrière ; nacelle munie inférieurement d’une
béquille pyramidale en tubes d'acier analogue à
celle des types Leouudy ct Palrie ; gouvernail
vertical double, de forme polygonale à l'arrière ;
à l'avant, gouvernail de profondeur incliné de
facon à rejeter en cours de route les filets d'air
sous la carène ; nacelle reportée vers l'avant
pour compenser l'effet de l'empennage arrière.
Moteur Antoinette de 50 chx qui a vaillamment
fait son devoir ; il actionnait 2 hélices latérales
de 2 m. 50 de diamètre.
Nous écrivons au passé car, après une deuxiè-
me sortie de 20 minutes contre le vent, le 14 août,
et une ascension terminée, le 15 août, par un
atterrissage difficile sous le vent qui endomma-
gea l’hélice et la carène, les aérosliers anglais
paraissent peu disposés à continuer les essais
d'un modèle qui, pas plus cette année que l’an-
pee diiere, n'a donné de résultats bien pro-
ants.
Paul PoucHEer.
Le Tour du Monde aérien
Le dirigeable Baldwin. — Après ses essais
au iort Myers, notamment son essai de vitesse
pendant lequel il marcha à 19 milles 61 à l'heure.
le dirigeable Baldwin ayant 3empli les condi-
tions assez modestes exigées par le Signal Corps
qui ne demandait que 70 % de celte vitesse, a
été accepté par l’armée americaine et servira à
l'instruction des officiers et équipages militaires.
Il a été payé 25.000 francs.
Le dirigeable militaire américain Baldwin (d’après le
Scientific Américan).
Dans son essai d'endurance, le Baldwin avait
marché à 13 milles 3/4 à . heure.
Notre, photo indique les dispositions essentiel-
les de l'appareil 11 mesure 94 pieds de long,
20 pieds au maître-bau et jauge 19.500 pieds cu-
bes. 11 peut emporter deux hommes d'équipage.
M. Baldwin reste à la disposition des officiers
du Signal Corps pour les initier à la manœuvre.
Le dirigeable « Torres Quevedo ». — [Notre
photographie dene une idée d'ensemble du diri-
rigeable espagnol Torres Quevedo dû à l’ingé-
nieur bien connu de ce nom et qu’on a qualifié
à tort de dirigeable mililaire espagnol, alors que
le service d'aérostation militaire d'Espagne s'est
borné jusqu'à présent à fournir à l'inventeur
l'hydrogène comprimé et les hommes de manœu-
vre dont il a besoin pour les expériences qui se
poursuivent au parc des aérostiers, à Guadala-
para.
372
La carène est constiluée par 3 fuseaux soudés
suivant des lignes méridiennes horizontales, de
facon à présenter en coupe transversale la forme
d'un as de trèfle renversé, avec un fuseau infé-
rieur surmonté de 2? fuseaux supérieurs placés
côte à côte. Au niveau de la soudure du fuseau
inférieur aux deux fuseaux supérieurs, une ar-
mature horizontale traversant la carène et qui
donne attache à la suspension soutenant la na-
celle. Les 2 fuseaux supérieurs sont maintenus
en forme sous la pression intérieure du gaz par
des liens inextensibles qui relient leur ligne de
suture médiane supérieure à la plateforme de
suspension, Prolongeant horizontalement et hors
de la carène, la plateforme interne de suspen-
sion, sont placés à la poupe, de part et d'autre
de la carène, 2 plans stabilisateurs d'empennage.
Au-dessous du fuseau inférieur et toujours à l’ar-
rière de la carène, le gouvernail vertical. La na-
celle, en tubes métalliques tendus d'étolfes, porte
de chaque côté un moteur à 8 cylindres action-
nant une hélice à 2 branches. On assure que la
manœuvre du dirigeable serait commandée à
distance au moyen du felekine, appareil de com-
mande par ondes Hertziennes déjà appliqué par
M. Torres Quevedo, à des canots et à des torpil-
les. (V. Aérophile d'août 1903; page 192.)
Un dirigeable autrichien. — SOUS la pression
de l'opinion publique, le gouvernement autri-
chien a décidé de faire construïfun dirigeable
militaire. On assure même que les autorités mi-
litaires allemandes auraient mis à la disposition
du ministère de la Guerre autrichien plans et
devis de dirigeables systèmes Zeppelin, Gross-
Basenach, Parseval, Lebaudy, Ville-de-Paris. La
commission d'examen autrichinenne se serait dé-
cidée pour un type semi-rigide analogue Lebau-
dy qui sera étudié et construit en Autriche. Les
fonds seront recueillis par souscription. Un riche
banquier vennois aurait mis à la disposition du
ministère de la Guerre un million de krünen,
Rothschild, de Vienne, et Dreher parlent de sui-
vre cet exemple. è î
On s’occupera également de réorganiser le
corps des aérostiers militaires autrichiens, trop
négligé depuis quelque temps.
Un ballon captif « sidéré », — Le 29 août, à
Saragosse, à la tombée de la nuit, un ouragan
a brisé les amarres d’un ballon captif, sur lequel
est tombée, au même moment, une étincelle élec-
trique, causant l'explosion du ballon qui fut ré-
duit en miettes. Les débris enflammés tombè-
rent sur des piles de bois et les bâtiments d’une
scierie voisine qui, sous la violence du vent, fu-
rent consumées en un clin d'œil. Plusieurs trains
durent passer au milieu des flammes.
Aéroplanes italiens. — Un ancien chauffeur
de la princesse de Bourbon, M. Bartolo Ullana,
doit essayer sur les vastes plaines de San Ro-
sore, Lrès Pise, propriété du roi d'Italie, un aéro-
plane à carcasse d'acier pour lequel la Société
Antoinette a fourni 2 de ses moteurs de 50 chx
8 cyl. L'inventeur avait essayé précédemment à
Gères un modèle en réduction muni d'un mo-
teur de 12 chx.
— Le ? eptembre, le professeur Bassoli de
Modène a essayé un aéroplane sans moteur, tiré
par une automobile, à bord duquel il s’est soule-
vé très régulièrement à 1 m. 50 du sol, sur une
centaine de mètres. Quand il aura l'appareil
bien en main et Eien au point, il ajoutera un
ensemble propulseur.
15 Septembre 1908
L'aéroplane Fritzche. — L'aéroplane avec le-
quel le malheureux lieutenant de marine Fritz-
che espérait participer au concours d'aviation
de Kiel le 28 juin, lorsqu'il fut tué en automo-
bile, vient d'être achevé avec l'appui financier
de son frère, par la maison de constructions mé-
Croquis schématique de l’aéroplane Kritzche, achevé
après la mort de l'inventeur. Elévation latérale.
caniques Mordhorst, sous la direction de l'ingé-
nieur en chef de la marine Lüw. On a cherché,
comme dans l'aéroplane Ellenammer (V. Aéro-
phile du 1* mars, du 15 mars 1908 et du 1‘ juil-
let 1908, p. 264, col. 2) à obtenir la stabilité lon-
gitudinale automatique ; attendons les essais.
Les aéroplanes et les autoballons en Hol-
lande. — On construit à Brieill (Pays-Bas) un
dirigeable dont les plans seraient tenus secrets
par l'autorité militaire,
D'autre part l'ingénieur hollandais Robyns a
construit un hélicoptère-aéroplane. La machine
aurait 1 m. 50 de long et posséderait une hélice à
axe vertical et une hélice à axe horizontal. Cons-
truit en aluminium, cell appareil ne pèserait pas
plus de 100 kilos Les autorités militaires hollan-
daises auraient ordonné au commandant de l'es-
cadrille de tropilleurss, de Brieill d'aider en tous
points l'inventeur qui espère commencer ses es-
sais en septembre.
Torpilles volantes. — Il y a 2 mois les jour-
naux allemands parlaient d'une « torpille vo-
- lante » imaginée par un inventeur suédois ;
deux jours après ils annonçaient que les Etablis-
sements Krupp avaient acheté les brevets. On
assure que la puissante maison consacrerait des
capitaux considérables à l'étude et au perfection-
nement du nouvel engin.
Les étapes de l'aviation
Dernière heure. — Le 10 septembre, Orville
Wright bat son record de la veille par 1 h.
5 min. 52 sec., à 42 m. de haut avec un vent
de 12 miles à l'heure. — Le même jour, Louis
Blériot traverse plusieurs fois Je terrain
d’Issy, par vent de bout et vent arrière de
40 kil. à l'heure. — Au camp d’Auvours, le
même jour, Wilbur Wright fait successive-
ment, par temps calme, 9 min. 10 sec. 3/5 et
21 min. 43 sec. 2/5. — Au camp d’Auvours,
le 11 septembre, 3 vols de W. Wright; l’un
de 2 min. 45 sec., contrarié par le brouillard ;
un de 4 min. 40 sec., et un de 4 min. 50 sec.,
les deux derniers arrêtés par déréglage de la
magnéto. — Le 11 septembre dans la matinée
malgré le vent, Blériot vole à merveille à
7, 8, 10 m. de hauteur, devant M. Louis Bar-
thou, ministre des Travaux Publics, qui le
félicite chaleureusement.
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16° Année. - N° 19 1:" Octobre 1908
SOMMAIRE : Femmes-Aéronautes : Mme (Ed. Surcouf (G
Besançon) — Coupe [G -B. 1908 : Equipes français
Autobullons mililaires allemands (S, Ruskstuhl). — Les mer-
veilles de l'aviation : Wilbur Wright au cimp d'Auvours ;
Urville Wright au Fort Myer (M begoul)
— Nos avialeurs
“ Issy-les-Moulineaux (G. Blanchet). — L'aéroplane Gasnier
SES —
s'envole (A, Clérv). — Les expériences militaires du ltépu-
b'ique. — Recherches physiologiques en ballon à grande
allitude (Dr O. Crouzon). - L'aéronef Malécot (Philos). —
L'aéroplane Vaniman. — Tour du Monde Aérien.
SOMMAIRE DU BULIETIN OFFICIEL DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE:
Convocalions — Diner du Grand Prix de l'Aëé. CG. F. —
Membres à vie. — 4e Grand Prix de l’Aéro-Club de France.
— Concours d'Evreux. — (omité de direction du 3 sep-
tembre 4908. — Diner mensuel du 3 seplembre 1908. — Les
ascensions au parc d: l'Aéro-Club de France.
Portraits de Femmes Aéronautes
MADAME ÉDOUARD SURCOUF
L'Aérophile a souvent signalé le dévelop-
pement de l’aérostation féminine. Au premier
rang des enthousiastes qui apportèrent au
nouveau sport, si longtemps discuté, l'appui
de leur gracieuse audace,, Mme Edouard Sur-
couf occupe et gardera une place d'honneur.
Femme d’un aéronaute réputé qui est en
même temps un de nos plus distingués cons-
tructeurs, elle ne pouvait partager les pré-
xentions dont le ballon eut tant de mal à
triompher. Dès 1895, elle exécutait, en pleine
nuit, sa première ascension, qui dura 9 heu-
res. Elle aurait pu borner son ambition à
quelques promenades aériennes de pur agré-
ment, sous la conduite experte de son mari.
Mais à si bonne école, elle ne devait pas,en
rester là. L'imprévu du sport aérien, sa va-
riété, sa poésie, l’avaient conquise tout de
suite. Elle voulut être pilote à son tour.
Songez que 22 ascensions figurent à son
carnet de route; sur ce nombre, elle en a con-
duit 6 de bout en bout avec une parfaite
maëstria. Mme Edouard Surcouf est la seule
aéronaute à qui d’autres femmes se soient
confiées pour affronter l’atmosphère. Mlle Gñi-
che, la première le 23 août 1906, puis Mme Aï-
rault, Mlle Tissot, furent ses premières pas
î-
gères. Elles nous ont ainsi valu la joie de voir
enfin, les premiers aérostats montés par un
équipage entièrement féminin, dans des bal-
lons aux noms puérils et charmants, fleuris
de fleurs et de sourires.
Nous devrons à Mme Edouard Surcouf, les
véritables records aérostatiques féminins. Pi-
iote de l’Aéronautique-Club de France et de
VAéro-Club du Rhône, fondatrice et première
présidente du Comité des Dames de l’Aéro-
nautique-Club de France, elle a montré, par
son charmant exemple, que l’aérostation est
un sport accessible aux femmes, dans tous
les détails de sa pratique. Il suffit de rap-
peler l'influence heureuse des femmes sur n05
MADAME ÉDOUARD SURCOUF
propres actions, leur extraordinaire puis-
sance de prosélytisme, pour apprécier à sa
valeur le service ainsi rendu à l’Idée aérienne.
GrorGes BESANÇON
CONVOCATIONS
Conseil d'administration, 30 septembre à SAN
Comité de direction, jeudi 1° octobre.
Commission scientifique, en Vacances.
Commission sportive, sur convocation du Bu-
real. |
Commission d'aviation, sur convocalion du Bu-
real. |
Diner mensuel, reporté par exception au same-
di 3 octobre, en raison du Grand-Prix (V. plus
bus).
RRPPPSI PSS PPS SET IE
Diner pu GRAND-PRIX DE L’AË.-C.-F.
Le diner mensuel d'octobre est reporté excep-
tionnellement au samedi 3 octobre et se confon-
dra avec le diner du Grand Prix de l'Aéro-Club
de France qui aura lieu ce jour-là, à 7 h. 1/2, en
l'hôtel de l'Automobile-Club de France, 6, place
dé la Concorde. Les pilotes du Grand Prix y son
invités. Prix du couvert : 12 francs exceplion-
nellement. Les inscriptions pour ce diner ouvert
à tous les membres du Club sont reçues accom-
pagnées du prix du couvert, la veille au plus
lard.
PPT IIET IIS
MEMBRES A VIE
Rappelons que les membres de l'Acro-Club
de France ont la faculté de racheter la cotisalion
annuelle et de devenir « membres à vie », par
un versement unique de 1.000 francs, suivant
Art. 2 des Statuts.
Figurent en tête de la liste des Membres à
vie de l’Aéro-Club de France : MM. le comte G.
de Créqui-Montfort, Bernard-1. Dubos, le comte
Jacqu:s du Luart, Sir David Salomons, A.-M.
Singer, Alfred Vonwiller, elc….
4° Grand Prix de l’Aé-C. F.
{4 octobre 1908.)
Le regishe d'inscriplion a été close le 18 sep-
tembre à 4 h. du s. Aussitôt après, par les soins
de M. Ed. Surcouf, il a élé procédé au tirage au
sort de l’ordre de départ qui a donné les résultats
suivants :
1. Geneviève (1.600 m'), pilote : M. Henry Kap-
ferer (Aéro-Club de France) . — 2. Aimanzor
(1.600 m°), piloté : M. Jacques Delchecque (Aéro-
Club de France) : aide : M. Georges Suzor. —
3. Cambronne (800 nr), pilote : M. Edmond Da-
vid (Aéro-Club de France. — 4. L'Aube (1.240 n°),
pilote : M. Boivin (Club Aéronautique de FAube).
— 5. Excelsior (1.600 m°), pilote : M. Ernest Bar-
bolte {Académie Aéronautique de France) — 6.
Quo Vadis (1.200 m'), pilote : M. André Schel-
cher (Aë-C. F.) ; aide : M. Mautin. — 7. Austerliiz
‘1.600 m'), pilote : M. Louis Duthu !Aéro-Club de
France). — 8. Nirväna (1.600 m'), pilote : M.
Edouard Bachelard (Aéro-Club de France) : aide :
Mme Buiretie. — 9. Limousin (1.200 m°), pilote :
M. Amédée Bastier (Aéro-Club de France) : aide :
Mme Amédée Bastier. — 10, Aéro-Club II (1.550
1 Octobre 1908
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
Siège social : 63, avenue des Champs-Elysées, Paris (VIIl‘)
Télégrammes : AÉROCLUB-PARIS. — Téléphone : 666-21
m'), pilote : M. Léon Maison (Aéro-Club de Fran-
ce). — 11. Djinn (1.600 m‘), pilote ; M. André Le-
grand (Aéro-Club de France. — 12. Espérance
(1.575 m'), pilote : lieutenant Bellenger (Aé-C. F.) ;
aide : M. André. — 13. Centaure (1.600 m'),
pilote : M, Georges Blanchet (Aë.-C. F.) ; aide :
M. J. Aghion. — 14 Le Chartes (1.430 m'),
pilote : M. Léon Gheude (Aéro-Club de Belgique).
— 15. Kôln (1.430 m'), pilote : M. Mickel (Deuts-
cher Luftschiffler Verband). — 16. Abeille
(1.600 m’), pilote : M. Albert Omer-Decugis (Aéro-
Club de France). — 17. Mouche (1.600 m°), pilote :
M. Jean de Francia {Aëéro-Club de Nice) ; aide :
M. Bienaimé. — 1S. Anjou (1.200 m'), pilote
NM. Georges Cormicr (Aéronautiqre-Club de
Fiance).
Les dispositions prises pour ce 4° Grand Prix
annuel qui parait devoir remporter un succès
plus colossal encore que ses ainés, sont lout à
fait analogues à celles des années précédentes.
Le contrôle de l'épreuve se fera du bord au
moyen des excellents baromètres enregistreurs
de la maison Jules Richard. Chaque pilote devra
done emporter un enregistreur Richard, scellé
et soigneusement réglé par les soins du savant
constructeur qui les met gracieusement à la dis-
position du Club.
La Fédération Colombophile de la Seine effec-
lucra un lâcher de 5.000 pigeons-voyageurs, spec-
täcle charmant dont les Parisiens sont friands.
La musique du 28° régiment d'infanterie {chef :
M. P. André), la musique du 76° régiment d'in-
fanterie {chef : M. Schmidt), l'Harmonie du Jour-
nal (chef : M. O. Coquelet), l'Harmonie du Plan-
teur de Caïffa (chef : M. Maurice Hauchard), exé-
cuteront avec la maëstria qu'on leur conraît, un
programme de concert aussi varié qu'artistique.
Le prix d'entrée au 4 Grand-Prix de l'Aéro-
Club de France, au bénéfice de la Caisse des Vic-
times du Devoir, est de 5 francs à la terrasse de
l'Orangerie, 2 francs à la Terrasse du Jeu-de-
Paume, et 0 fr. 50 pour le reste du jardin.
Les portes du jardin s'ouvrirornt dès 9 h. du m.:
celles des terrasses s'ouvriront à 1 h. du soir.
Sur présentation de la carte verte 190$, à por-
ter oslensiblement, les membres de lAéro-Club
de France ont accès personnellement à la ter-
rasse officielle de l'Orangerie ct dans l'enceinte
des mancuvres. Ils pourront se procurer au
Siège de l’Aéro-Club de France des cartes d’en-
irées pour les deux terrasses aux prix indiqués
ci-dessus.
Des tourniquets seront installés à toutes les
portes du Jardin des Tuileries. Le change de
monnaie sera fait par les soins Au Compton: Na-
tional d'Escompte.
Prix supplémentaires. — Un panier de 25 bou-
toilles Grand-Crémant Médoc Rex au 1" classé
des Francais et au 1° classé des étrangers.
(
naar
CONCOURS D'EVREUX.
Organisé par le journal Les Sports et le Co-
mité d'Evreux, sous les auspices de l'Aéro-Club
de France et sous les règlements de la F, A. [.,
l’Aérophile
ice concours cuvert à 4 ballons de 1" catégorie
{inscriptions closes le 12 septembre) était une
“épreuve de périmètre routier dont le départ eut
lieu le 20 septembre à 4 h. du s. Commissaires
sportifs : MM. le comte de Contades, Maurice
Mallet, Georges Besançon.
Prix en espèces ou objets d'art : 1°, 200 fr. ;
Le départ eut lieu après les courses d’auto-
mobiles organisées par Les Sports.
De nombreux représentants de l’Aéro-Club
de France étaient présents, parmi les-
‘quels MM. Maurice Echalié, Georges Dubois,
Georges Berteault, Mautin, Georges Bans, etc.
Les commissaires sportifs : MM. Maurice Mallet
et le comte de Contades indiquent aux concur-
rents comme prérimètre à atteindre les routes
commençant à Pontoise et finissant à Rouen,
par Magny-en-Vexin et Fleury.
A 4 heures les ballons s'élèvent dans l'ordre
suivant : Eole (600 m°), pilote : M. André Schel-
cher, avec Mme X...; Aéro-Club IT (1.550 m'),
pilote : M. Maurice Guffroy, secondé par le mar-
-quis de Clermont-Tonnerre ; Ron-Ron (600 m'),
pilote : M. Jean de Francia, secondé par M.
Maurice Bienaimé ; Vagabond (600 m'), pilote :
M. Georges Le Brun, secondé par M. Albert
Omer-Decu£gis.
Avec une habileté remarquable, les quatre con-
‘currents ont réussi, malgré les fils télégraphi-
ques, à poser leur nacelle, soit dans l'axe de
la route indiquée, soit sur les bas-côtés, si bien
qu'il faudra un examen rigoureux de la Commis-
‘sion Sportive pour établir le classement.
M. Jean de Francia, descendu sur l'axe de la
route, à 2 kil. à l’ouest de Saint-Clair-sur-Epte,
paraît devoir se classer premier, ez-æquo peut-
être avec M. André Schelcher, descendu sur la
ro'te, à 1 kil. à l’est de Magny-en-Vexin. M. Mau-
rice Guffroy est descendu dans le fossé de Ja
route, à 500 m. au N. de Magny ;: M. Georges
Le Brun, à 9 m. 50 de la route, à l’est de Saint-
Clair-sur-Epte.
‘COMITÉ DE DIRECTION DU 3 SEPTEMBRE 1908.
Admissions. — Le Comité de Direction de
l'Aéro-Club de France, dans sa séance du 3 sep-
tembre 1908, a procédé à l'admission de MM. Pe-
dro Pelaez, André Rabel, capitaine William Gui-
-gnard, Jules Boizel, W.-F. Whitehouse, Georges
Lemaïître-Mercier, William Merleaux-Ponty.
Brevet de pilote. — Le brevet de pilote-aéro-
naute a été décerné à M. Glidden.
Exposition de l'Aéro-Club de France. — Le Co-
mmité, après examen de la question, a décidé
d'essayer d'organiser une exposition le l’Aéro-
Club de France, indépendante du Salon de l’Au-
tomobile et des Sports. La Chambre syndicale
des Industries aéronautiques sera très prochai-
nement consultée sur ce point.
Nouveaux prit d'aviation. — Sur proposition
de M. le comte de Contades, le Comité décide
«d'offrir un.prix de l’Aéro-Club au prochain con-
‘cours de moteurs légers.
Remerciements. — Le Comité vote des remer-
‘Ciements à M. Dausset, rapporteur du budget
au Conseil municipal de Paris, qui va demander
à la Ville des prix que l’Aéro-Ciub de Frarce re-
mettra en 1909 aux aeronautes et aux aviateurs.
En fin de séance, le Comité a désigné une
‘Commission chargée d'aider M. Quinton, dans
la fondation de la Ligue Nationale Aérienne ; elle
se compose de MM. Georges Besançon, Georges
Blanchet, Louis Blériot, le comte de Castillon
de Saiïint-Victor, le comte de Contades, René Gas-
375
nier, Henry Kapferer, le comte de La Vaulx,
Maure Mallet, François Peyrey, Paul Tissan-
dier, Ernest Zens.
DINER MENSUEL DU 3 SEPTEMBRE 1908.
Malgré les villégiatures, le diner mensuel du
3 septembre, présidé par M. Léon Barthou, a été
des plus animés. Parmi les corvives : MM. Geor-
ges Bénard, Ernest Barbotte, Georges Blanchet,
Louis Blériot, Georges Besançon, Edouard Bour-
dariat, Marcel Bénard, Maurice Mallet, Maurice
Caron. le docteur Crouzen, Don Simoni, de Brey-
nes, Victor Tatin, Maurice Echalié, Henry Gon,
Henri Julliot, Albert Omer-Decugis, A. Goupy,
André Pupier, Paul Regnard, Georges Suzor,
Paul Tissandier, L. Pierron, Gaston Tranchant,
Ch. Weissmann. Ernest Zens., Paul Zens, Marcel
Kapferer, Henry Kapferer, Alfred Lebianc, G. Du-
bois-Le Cour, Jean de Villethiou, W.-H. Fauber.
RD
LES ASCENSIONS AU PARC DE L'AËÉRO-CLUB DE FRANCE.
5 septembre. — 2 h. du s. Aéro-Club V
(900 m’), MM. E.-W. Mix, C. Fish. Att. à 5 h.,
au château de Janville, près Melun. Durée :
3 h. Distance : 48 kil.
5 septembre. — 4% h. du s., L'Escapade
(1.200 m°), MM. le comte Arnold de Contades.
James Farley, Robert Lewthwaite, Mme X..RAtt.
non indiqué. ,
6 septembre. — Midi, L'Essor (1.200 m'), MM.
Monin, Hébert, le docteur Petit, Mile Hébert. Att.
à 4 h. 5, à Rebais (S.-et-M.). Durée : 4 h. 5. Dis-
tance : 74 kil.
6 septembre. — 2? h. du s., Ariane (450 nr),
MM. E. Dubonnet, Marcel Baraltoux. All. non in-
diqué.
Coupe Gordon-Bennett 1908
Les équipes françaises. Voici
la composition exacte des trois équipes qui dé-
fendront le 11 octobre, les couleurs françaises
dans la Coupe aéronautique internationale
Gordon-Bennett 1908, avec la désignation de
leur matériel.
M. Alfred Leblanc, pilote, recordman du
monde de la durée en ballon. Aérostat : Ile-de-
France (2.250 m‘). Aide: M. Jacques Dele-
becque.
M. Jacques Faure, pilote. Aérostat : Le Con-
dor (2.250 m'). Aide: M. Emile Dubonnet.
M. Ernest Carton, pilote. Aérostat: Brise-
d'Automne (2.250 m'). Aide : M. Marcel (pseu-
donyme).
Avec de tels champions, nous pouvons avoir
la certitude de voir nos chances vaillamment
soutenues dans la grande épreuve internatio-
nale.
376
Les Autofallons Mfitaires
LE « PARSEVAL II »
Nous avons publié l'année dernière la descrip-
tion détaillée du Parseval 1. Le Parseval Il lui
ressemble beaucoup avec quelques modifications
que nous indiquerons brièvement.
Le major von Parseval a cherché à créer un
type de dirigeable militairé de campagne, facile
à transporter sur deux fourgons à la suite des ar-
mées, monté en quelques heures, gonflé aisément
sur place, susceptible d'être dégonilé, plié et dé-
monté aussi commoedément qu'un sphérique.
Comme dans ces derniers engins, l'emploi des
matériaux rigides est réduit au minimum dans
le Parseval. L'enveloppe est maintenue en forme
par une pression intérieure de 22 m/m d'eau.
La carène de cette année est effilée à l'arrière,
Vue schématique de l’autoballon « Parseval I ».
B', ballonnet d'avant presque vide. — B?, bal-
lonnet d'arrière plein d'air. — H', H*°, manche
d'échappement et de remplissage des ballon-
nets à air. — V, ventilateur de gonflement
d'air des ballonnets. E' jusqu'à E°, rouleaux-
guides de la corde de jonction entre les deux
ballonnets. — F, gouvernail de côté, derrière
la quille K. — N, nacelle avec les rouleaux-
guides L' à L* des cordes de portée obliques.
Le pointillé N' indique la position de la na-
celle pendant la marche en avant. — S. hélice.
el se rspproche enfin de la forme des solides de
moindre résistance, indiquée, il y a belle lurette,
par Renard. Elle coatient 2 ballonnets à air, l’un
à l'avant, l’autre à l'arrière. Ils servent par leur
état de plénitude à conserver la rigidité de la
forme et sont utilisés aussi pour les changements
d'altitude. Pcur monter, on vide le ballonnet
d’arrière et inversement. On arrive par ce moyen
à régler l'altitude à 200 mètres près, et à obte-
nir des “variations positives où négatives de
300 mètres de hauteur autour de la zone d’équi-
libre. Pour des variations d'altitude plus grandes
l'emploi du lest est nécessaire. Il y a à l'arrière
deux empennages latéraux, fermés de cadres de
bois, tendus d’étoffe ; sous la carène, est un ca-
dre de même construction, formant quille pour
la stabilisation de route, cadre auquel fait suile,
immédiatement, le gouvernail vertical.
La nacelle, placés assez bas, peut courir sur
des câbles et se déplacer vers l'avant sous l'ac-
tion de J hélice. Le moteur Daimler de 85 chx,
4 cyL., circulation d’eau avec ventilateur d'alumi-
nium, actionne une hélice spéciale constituée
Jar 4 bras d'acier munis d'ailes d'étoffe lestée
de plomb. Ces ailes molles et sans forme au
repos deviennent rigides sous l'action de la force
centrifuge quand l'hélice tourn:. Elles mesurent
alors 4 m. 30 de diamètre. A 260 tours par minute,
1° Octobre 1908
cette hélice exerce une traction de 400 kgr. au
point fixe et 250 kgr. en translation, ce qui cor-
respond à un avancement de 13 m. par seconde
ou 48 kil. S00 à l'heure.
L'hélice surélevée sur un bâti est placée entre
la nacelle et la carène.
Pour l'atterrissage, 1i existe plusieurs cordes de
lancée et un guide-rope de 150 mètres.
En emportant 400 kgr. d'essence on peut avoir
300 kgr. de lest, ce qui suffit pour un voyage de
10 heures et davantage.
Nos lecteurs trouveront dans l'Aérophile du
1* septembre, page 343, les dimensions et les
principales caractéristiques constructives du Par-
seval I. — N. D. L.R.
Suite des essais du « Parseval II ».
BERLIN, de notre correspondant particulier. —
Dégontlé le 22 août dans les circonstances que
je vous ai indiquées (V. Aérophile du 1* sep-
tembre), le Parseval 11 était de nouveau prêt le
1* septembre. Il devait entreprendre, avant les
manœuvres allemandes, le grand voyage de
10 à 12 heures exigé par les autorités militaires.
Mais « l'homme propose et le vent dispose »,
si bien qu'après de longues journées où l’atmos-
phère était démonlée, les essais du Purseval ne
purent reprendre que le S septembre, vers 5 h. 1/?
du soir. Le vent, à peu près nul à terre, était
très vif à 150 mètres. Le ballon avançait à
peine. Il mit une demi-heure à faire 5 ou 6 kilo-
mètres vers Charlottenbourg, mais le trajel 4e
retour, avez le vent, s'effectuait en quelques rai-
nutes. Pour atterrir, le vent était si fort qu'il
était inulile de décrire des orbes ; le ballon se
born à se maintenir pointe en avant en descen-
dant lentement, pour reprendre terrz à 6 h. 10.
Le major von Parseval, qui pilotait, déclarait
qu au-dessus de 200 m. il lui eût été impossible
de remonter le vent ; il y avait à bord un anémo-
mètr: à mail.
Le « Parseval II » exécute une ascension
de 11 heures. — Le 15 seplembre, vers 8 h. 15
du m., en présence du général von Einem, mi-
nistre de la Guerre et du général inspecteur von
Lyncker, le Parseval II, monté par le capitaine
von Kehler, pilote, le capitaine George, l'ingé-
nieur Kiefer, le contremaitre Weck, partait de
Tegel pour entreprendre le grand voyage de du-
Le dirigeable Parseval II. (L'avant est à droite).
1ée figurant aux essais de recette. (ie! gris lé-
gèrement nuageux ; vent du N.-0. de 5 m. p. s
à terre, qui put atteindre probablement 11 mèé-
tres par sec. à 1.200 m. d'altitude, selon les
observations de l'observatoire météorologique de
Lindenberg.
Trajet suivi Postdam, à 10 h. 10 du m,
Brandebourg, à mdi 15 par 200 à 300 m. d’al-
titude, marchant contre le vent à 15 kil. à l'heure
environ, par rapport au sol ; Genthin à 2 h. 15 ;
le ballon file ensuite vers Jéricho, franchit l’Elbe,
pread la direction de Magdebourg et revient at-
terrir à 7 h. du s. à Tegel, après 1/4. d'heure
d'évolutons au-dessus du charp de tir.
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l’'Aérophile
tant à 200 et 300 mètres de hauteur contre un
vent de 10 m. par s. il se dirigeait vers Postdam.
A 9 h. 30, i! était au-dessus de Grunevald quand
une bourrasque brisa le plan d'empennage de
gauche (simple cadre en bois tendu de toile). Les
débris du cadre firent dans la carène un trou
de 0 m. 50 de long sur 0 m. 30. Le gaz fuyait
à flots et la chule commença rapide ; la cärène
pliée en deux affectait la forme d’un V, un peu
de gaz demeurant enfermé aux deux extrémités
de l'enveloppe. Le Parseval II s’affala sur le toit
Durée : 11 h. 32 ce qui approche le record du
monde établi le 11 septembre par le Gross 11
(V. article spécial) et égale à peu près le temps
du plus long voyage du Zeppelin IV. Parcours :
855 kil. environ. — E. RUCKSTUHL.
Le « Parseval Il » mis hors d'usage. — À
la nouvelle de cette remarquable performance,
l'Empereur envoyait un télégramme de félicita-
tions au major von Parsevali et exprimait le
désir de le voir le lendemain, à 10 heures, en
même temps que le Gross 11, au champ de ma-
nœæuvres de Bornstædt, pres Dœberitz, où avaient
liau des manœuvres.
Le 16 septembre, au matin, les deux dirigeables
se mettaient en route. Le Gross II partit le pre-
mier, monté par le major Gross, pilote, le géné-
ral von Lyncker, le major Sperling, l'ingénieur
Basenach. le mécanicien Mæœves. Le Farseval 1i
se mettait en route 1 heure après, monté par
le capitaine von Kehler, le major von Parseval,
l'ingénieur Kuefer et le contremaître Woelrk.
L'empereur, l’inpératrice, le kronpriuz, les prin-
ces Adalbert, Auguste-Guillaume et Oscar, la
PHneRSe Victoria-Louise attendaient à Borns-
Vers 9 h. 40, ils purent voir à la lorgnette
le Gr2ss II luttant péniblement contre le vent ;
mais après 50 minutes d'efforts infruciueux, le
pilote renonçait à s'approcher davantage ; il
virait de bord et, sous une pluie battante, rega-
gnait Tegel, sans auire incident.
Le Parseval II avait été moins heureux. Lut-
Le hall du Parseval II avec le ballon vu par bout
arrière (Photo de M. Rückstuhl).
du n° ?8 de la rue Trabener ; la nacelle tomba
dans le jardin et le choc fut amorti par de
petits pins. Le moleur intact et l'enveloppe pe-
sant 1.400 kgr, restèrent sur le toit qui ne fut
pas crevé, ce qui semble indiquer une chute
moins rapide qu'on ne l'a dit. Les aéronautes
purent sortir indemmes de la nacelle. Les pom-
piers de Wilmersdorf, après 2 heures de travail,
dégagèrent le ballon et l'enveloppe fut empor-
tée, par les aérostiers, à Tegel. Le moteur et la
nacelle ramenés dans ‘es ateliers de la nouvelle
Compagnie d'électricité.
Le major von Kehler a déclaré que les surfaces
d'empennage qui ont cédé en déterminant l'ac-
cident étaient construites trop légères ; on l’a-
vait re:onau et on avait déià commandé des ca-
La nacelle du Parseval Il. On distingue lhélice au
repos dont les 4 branches souples se trouvent inertes
et pendantes. On voit aussi la manche à air des bal-
lonnets et sa connexion avec la carène. (Photo commu-
niquée par M. Ruckstuhl).
dres en tubes d'acier destinés à remplacer les
cadres de bois trop peu solides.
Le major vor Parseval n’est nullement décou-
ragé par cet accident qui ni diminue nullement,
en effet, le mérite de ses belles performances
antérieures ; le ballon réparé avec des matériaux
lus résistants, reprendra bientôt ses essais mi-
itaires de recette.
Toutefois, les accidents survenus aux divers
ballons allemands et surtout leur répétition don-
nent à penser. On peut se demander si les équi-
pages sont vraiment bien entraînés, s’il ne leur
manque pas un peu, avec une bonne pratique
manœuvrière, ce que l’on pourrait appeler le
« sens aéronautique », c’est-à-dire le sentiment
net des possibilités, en tenant compte des cir-
constances de l'expérience. L'’audace est une
bonne chose, mais elle ne supplée pas à la mé-
{hode ; elle n'abrège pas l'indispensable école.
au contraire, — N. D. L. R.
*
+ *
L'AUTOBALLON MILITAIRE « GROSS IT »
Bern, de notre correspondant particulier. —
L'autoballon militaire Gross 11 (V. Aérophile du
1“ septembre) a effectué -une sortie d'environ
1 heure le 1° septembre. Vent vif, 9 m. p.s., à
200 mètres de hauteur.
— Le 4 septembre, après-midi, vers ? h., par
vent vif et temps très humide, ascension de trois-
quarts d'heure contre le vent, vers Charlotten-
bourg et retcur.
Le 8, après-midi, vers 1 h. 1/2, nouvelle
sortie de trois-quarts d'heure, toujours par vent
tràs vif du S.-S.-O.
Le « Gross II » s’adjuge en ascension de
nuit et de iour le record du monde de durée
sans escale pour les autoballons. — Le
11 septembre au soir, le drachen-ballon qui pla-
nait depuis midi à environ 500 m., indiquait un
vent O.-S.-0. de 4 à 5 m. Vers 10 h. du soir, les
préparatifs pour une ascension nocturne du mi-
litaire étaient commencés. Départ à 10 h. 25. —
Vent en pointe, ou à peu près. Le major Gross,
le major Sperling, pilotent à tour de rôle ;
l'ingénieur Basenach et un mécanicien surveillent
les moteurs. Suivant l'ingénieur Basenach, le
vent augmenta bientôt jusqu'à 10 et li m. pars.
au-dessus de Rathenow (73 kilom. depuis le dé-
part). Le ballon, malgré l'effort de ses deux
moteurs, planait pendant 2? heures au-dessus de
378
la ville. Vers 6 h. 1/2 du matin, après 8 heures
de marche, arrivée à Slendal (102 kilom.). On
quilte la ligne ferrée de Lehrle-Hanovre pour
filer vers le sud : Magdeburg (157 kilom.) est
atteint vers 8 heures. Le ballon revient à grande
allure, évec le vent, un seul moteur en action ;
après avoir passe Brandebourg et Pcstdam, il ar-
rive à Tegel (252 kilüm.) vers 11 h. 10 du m. le
12 septembre, par environ S00 m. d'altitude.
La descente commence en décrivant de nom-
breux orbes au-dessus du champ de manœuvres.
Je suivais la manœuvre à la longue-vue. Vers
200 m. on jela une amarre et, quelques minutes
après 11 h. 1/2 la naceïle était à terre. Plus de
13 heures sans escale ! Le record de Zeppelin
ce et avec un ballon trois fois plus
petit
Pendant les deux tiers de la descente; fa
pointe du ballo 1 était légèrement relevée vers
le haut, probablement sous l’action des gouver-
nails de hauteur mis à la montée pour empêcher
une descente irop rapide, determinée par des
coups de soupape. C'est ce que les journaux
appellent une descente purement dynamique !
Le ballon aurait passé Postdam par 1.000 mètres
d'altitude et même atteint 1.300 mètres en cours
de route.
Pas un journal jusqu'à présent (13 septembre)
n'a publié la silhouette du Gross 11, probable-
ment pour ne pas dévoiler les secrets.
E. RUCKSTUHL.
— On à vu plus haut que dans la sortie du
16 septembre, le Gross 11, empêché par le vent
de gagner Dœberitz où l'attendait l'empereur, put
rentrer sans incident à Reinickendorf, tandis que
le Parseval I1 subit un grave accident matériel.
Derniers échos sur le « Zeppelin IV ». —
Un des points les plus intéressants des récents
voyages du Zeppelin IV et notamment de sa
grande ascension des 4-5 août, c'est l'efficacité
des gouvernails de profondeur analogues aux
ailerons du Patrie et du République et formant,
comme eux, aéroplanes. Le Zeppelin IV, au dé-
part élait « plus lourd que l'air » de 150 kilos
qu'il compeñnsait par la réaction suslentatrice de
l'air sous les gouvernails de profondeur une fois
les hélices mises en marche ; il s'élevait ainsi
sans jeter un gramme de lest. Le comte Zcp-
pelin assure que sous un angle d'attaque de do,
ses gouvernails de profondeur donnaient de S00
à 900 kilos dallégement, les moteurs étant en
p'eine vitesse.
Ces gouvernails de profondeur ne sont em-
ployés que lorsque la carène doit rester horizon-
tale dans. les changements d'altitude ; dans le
cas contraire, on déplace un contrepoids mobile
sur une tringle et qui donne à la carène l'incli-
naison voulue pour la montée ou la descente.
— Les hélices du Zeppelin IV avaient été de nou-
veau raccourcies avant l'ascension des 4-5 août
pour augmenter leur vilesse de rotation et, par
suite, la vitesse de translation, mais la proportion
raisonnable fut sans doute dépassée et les mo-
teurs tournaient trop vite et s'emballaient.
— L'armalure du « Zeppelin IV » transformée
en cuillers à café. — On vend couramment en
Allemagne des souvemrs de la destruction du
Zeppelin IV. Ce sont des cuillères à café en alu-
minium, dont la matière première a été fournie
par la carcasse du ballon. Des médaillons du
comte Zeppelin sont également en voie d’exé-
cution avec le même métal.
— L'Assccialion aliemande pour'la flotte ac-
rienne o, stilue en sections. La section Ber-
lin et province de Brandebourg a pour président
1° Octobre 1908
provisoire le major Mœdebeck, qui parla de ‘a
création de ports aéronautiques, des expéditions
aéronautiques scientifiques, de l'exploration de
l'océan aérien, des régions continentales encore
inconnues, de la création des cartes aéronauti-
ques indiquant les lignes électriques de haute
tension, les régions dangereuses pour l’atterris-
sage, etc.
— Sait-on que le Zeppelin IV comme le planeur
Bayard-Clément, de Capazza, est muni vers son
milieu d’une cheminée verticale donnant accès
sur la partie supérieure de la carène. Cette dis-
position a été prise pour faciliter le repérage
de la route suivie, par les méthodes astronomi-
ques, le zénith se trouvant masqué par la carène,
pour un observateur placé dans la nacelle.
— Le 7 septembre, le Conseil municipal de
Friedrichshafen a signé le traité avec la Zeppe-
G. m. b. H. (Société en commandite Zeppelin). La
Vile achète pour 425.560 francs, les terrains né-
cessaires à l'édification de nouveaux hangars-
ateliers-garages, et loue ces terrains à la Société
pour 6.250 francs par an pendant 50 ans. La
Zeppelin G. m. b. H., pour faciliter cette affaire,
a prêté à la ville de Friedrichshafen 500.000
marks à 4 % qui ont servi à cette dernière pour
l'achat üu terrain : le conite Zeppelin s'engage à
payer à Friedrichshafen les impôts sur les reve-
nus de la souscripiion nationale, ses impôts per-
sonnels et ceux de la Z. G. m. b. H. ce qui fait
que Frieiricnshafen émaissera probablement cinc
fois plus qu'auparavant. Le loyer annuel pourra
descendre à 2.009 marks si, d'autre part, les
impôts arrivaient à certaine valeur déterminée
entre les contractants. Par la création de la So-
ciété Zeppelin, qui dispose des fonds recueillis
par souscription, la suite de l’entreprise ne dé-
pendra plus uniquement de ia personne et de
la vie de son promoteur.
Avec les 4 millions de marks (5 millions de
francs versés) remis par souscription, le conte
Zeppelin espère pouvoir fabriquer dans ses ate-
liers en construction, à Friedrichsahafen, 8 aéro-
nats dans l’espace d'un an.
Le Zeppelin 111, de 1907, s'appellera dorénavant
le Zeppelin I et pourra sortir en octobre ; l’em-
pereur viendrait, assure-t-on, le visiter à Fried-
richshafen. Le Zeppelin IV (détruit; figurera sous
le n° 1, à titre honoraire évidemment. Le pro-
chain ballon, entièrement neuf, sera le Zeppelin
III, etc... Voilà qui ne simplifiera pas la besogne
des annalistes. — E. RUCKSTUHL.
J’Aérophile
Les Merveilles de l'aviation
Journées glorieuses. — Journées
tragiques. — Les Wright en
France et en Amérique.
Nous mentionnions en deux mots, en der-
nière heure, le 15 septembre, les superbes
vols d’Orville Wright à Fort Myer. Quelle
prestigieuse série de succès : 1 h. 3 m. 15 sec. le
9 septembre, 1 h. 5 m. 52 sec. le 10 septembre,
1 h. 10 m. 50 sec. le 11 septembre, 1 h. 14 m.
20 sec. le 12 septembre. Et voilà que six jours
plus tard, cette fulgurante progression se ter-
minait par une catastrophe! Frappé en plein
essor, le grand oiseau, chargé de nos plus
hautes espérances, s’abattait inerte sur le sol,
ensevelissant sous ses débris le corps pantelant
d'Orville Wright et de son compagnon, le lieu-
tenant Selfridge.
Le lieutenant Selfridge est mort. Son nom
s'ajoute à ceux de tant de braves qui
payèrent de leur vie le progrès conquis pour
les autres (1). Orville Wright, grièvement
blessé, git pour de longues semaines ur un
lit d'hôpital, attendant une guérison que les
sympathies du monde entier souhaitent
prompte et complète. Pourquoi faut-il payer
si cher chacune de nos victoires sur la matière
inerte ou hostile ?
Malgré leur répercussion douloureuse, de tel-
les catastrophes n’arrêtent pas la marche en
avant. Trois jours après la chute tragique de
son frère, Wilbur Wright, faisant violence à
son chagrin, battait de 16 minutes le meilleur
temps de son cadet. Il volait plus d’une heure
et demie, il aurait pu continuer, à son gré,
longtemps encore. Combien d’oiseaux de nos
climats, surtout parmi les espèces sédentaires,
n’ont jamais parcouru dans l’atmosphère une
traite aussi prolongée que l’oiseau de bois et
de toile des glorieux inventeurs de Dayton.
Wilbur Wright au camp d’Auvours
Voici la relation succincte des expériences
de Wilbur Wright au camp d’Auvours depuis
celles du 11 septembre (Voir Aérophile du
15 septembre, pages 354 et suivantes et
page 368, colonne 2).
(1) Le martyrologe de l'aéronautique est parti-
culièrement chargé. Sans parler des accidents de
l’aérostation, rappelons parmi les plus glorieuses
victimes récentes, des recherches d'aviation Li-
lienthal (9 août 1896), Pilscher (30 septembre 1899).
379
Le 12 septembre en présence de MM. Lazare
Weiller, qui représente le syndicat acquéreur,
sous conditions, des brevets Wright, Henry
Deutsch de la Meurthe, Léon Bollée, Henry
Kapferer, Paul et Ernest Zens, Paul Tissan-
dier, Henri Farman, Marcel Kapferer, baron
et baronne de Sennevoy, René Quinton, etc...,
un premier essai à 7 h. du m. arrêté à 700 m.
du pylône après 4 m. 8 s. de vol; 2 essai arrêté
à 1.000 m. du pylône après 6 m. 41 s. 4/5. Vent
de 5 mètres p. s.
Vols arrêtés par le mauvais fonctionnement
du moteur qui donnait depuis les derniers
essais, des signes de défaillance. Wilbur Wright
se décide à le démonter et constate que le
graissage se faisait mal, le filtre en crin de
l'huile étant encrassé. Les jours suivants sont
employés à des essais minutieux du moteur
qui paraît parfaitement au point.
39 minutes 18” 2/5 de vol mé-
canique. — Les essais de vol reprennent
le 16 septembre. Parti à 8 h. 10 du matin, Wil-
bur Wright vole avec une aisance admirable
durant 39 min. 18 sec. 2/5 au-dessus du camp
par 8 à 10 mètres de hauteur. Atterrissage à
bout d’essence à 1.000 mètres du pylône. Il bat
ainsi son propre record 38 min. 3 s. à Spring-
field près Dayton (Ohio), le 5 octobre 1905.
(Voir Aérophile de décembre 1905).
Vol avec un passager. -_ Enchanté
de cette belle performance, Wilbur Wright
offrait le soir du même jour, une place à bord
à M. Ernest Zens, aussi connu comme avia-
teur que comme aéronaute, et qui lui deman-
dait depuis de longs jours, cette faveur. Dé-
part à 6 h. 20; atterrissage très doux à 10 mè-
tres du pylône après 2 m. 20 s. 1/5 de vol très
aisé avec virages en forme de 8. Record en
France du vol à deux.
« Il me semblait, dit M. Ernest Zens à la
descente que je filais sur un fluide élastique
et transparent, comme sur l’eau d'un lac lim-
pide. Toutefois, l'air qui vous fouette le vi-
sage, le ronflement du moteur, évoquent l’im-
pression du 80 à l’heure en automobile. Le
dérapage d’une voiture qui tend à faire un
tête-à-queue, telle est à peu près l’effet un
peu troublant que me firent les virages. La
manœuvre de redressement de l’aéroplane à
l'essor me surprit assez, mais l'atterrissage
est en réalité aussi doux qu’il le paraît. Au
bout de quelques instants, je me sentais en
confiance parfaite, mais je n'aurais pas cru
que nous volions à 12 m. de hauteur; j'aurais
estimé que nous n'avions pas dépassé 4 m... »
— Le 17 septembre à 8 h. 25 du m. faux dé-
part, à 8 h. 45 vol de 6 min. 43 s. 2/5.
380
Par 1 heure 31 minutes do secondes 4/0
.et 66 kilomètres 600 mètres
Wilbur Wright établit le 21 sep-
tembre au camp d’Auvours, les
records de distance et de du-
rée en vol mécanique.
ll D devlent le 17 tenant de ia
Coupe Michelin 1908 (20.000
francs) et du prix de la Com-
mission d'aviation de l’Aéro-
Ciub de France (5.000 francs).
Son parcours réel reporté au sol,
atteint 90 kilomètres environ.
Profondément affecté par l'accident sur-
venu à Orville Wright le 18 septembre 1906
(Voir plus loin), et surtout par la fin tragi-
que du lieutenant Selfridge, l’infortuné com-
pagnon de son frère, Wilbur Wright n’en fut
point démoralisé. Les caractères de cette
trempe réagissent sous l’adversité.
11 s'était régulièrement inscrit à l’Aéro-Club
de France (par l'intermédiaire de l’Aéro-Club
de la Sarthe, dont il vient d’être reçu mem-
bre) pour disputer le 17 ou le 18 septembre
(jour même de l'accident), le Prix de la Com-
mission d’Aviation de l’Aéro-Club de France
et la Coupe Michelin 1908 (1).
Par un sentiment de haute convenance, il
ajourna toute tentative jusqu'aux obsèques du
lieutenant Selfridge, mais il s’inscrivait à
nouveau pour disputer les mêmes épreuves,
les 21, 22 et 23 septembre.
Dès le 21 septembre, en une prestigieuse en-
volée de 1 h. 31 min. 25 sec. 4/5, arrêtée du
plein gré de l’aviateur, il battait de 16 mi-
nutes le meilleur temps d’Orville Wright et
nous montrait, à l'évidence, les merveilleux
résultats que peut déjà donner le vol méca-
nique, encore à ses débuts.
La matinée et une bonne partie de l’après-
midi furent employées à une minutieuse re-
vision de tous les organes et particulièrement
du ‘moteur. M. Hart O. Berg chargé des
intérêts financiers des Wright réunissait à
déjeuner au Mans autour de M. Henry White,
ambassadeur des Etats-Unis en France, les
(1) Prix de la Commission d'avialion de l’'Aéro-
Club de Frunce : 5.000 francs à l'aviateur inscrit
à l’A6.-C. F., 48 heures à l'avance, qui, au 30 sep-
tembre 1908 aura accompli la plus grande dis-
tance en circuit fermé, de 10 h. du matin au cou-
cher du soleil, autour d’un triangle de 1 kil. ue
plus grand côté au maximum.
Coupe Michelin 190$ : 2.000 francs à l’aviateur
ayant accompli, au 31 décembre 1908, le plus
grand parcours dans les mêmes conditions. Ins-
criptions reçues 48 heures à l'avance, en France,
par l’Aéro-Club de France ou les sociétés qui lui
sont affiliées, à l'étranger, par les sociétés recon-
nues par la F. A. I.
1% Octobre 1908
principales notabilités présentes tandis que:
des milliers de spectateurs, contenus par le
service d'ordre affluaient autour du camp
d'Auvours. Parmi les personnalités ayant ac-
cès dans l’enceinte, citons encore: MM. Paul
Rousseau, chronométreur officiel de l’Aé. C. F.
Paul Tissandier, Ernest Zens, François Pey-
rey, délégués de la Commission d'aviation de
l’Aéro-Club de France, chargés du contrôle
avec M. Léon Bollée, président de l’Aéro-Club
de la Sarthe, MM. Paul Zers, le comte de
Lambert, Arnold Fordyce, qui fut à la fin de-
1905, le promoteur des négociations entre les
Wright et le Ministre de la Guerre français,
René Pellier, Jamin, G. Durand, Lewis, Do-
zier, président de l’Aéro-Club de Saint-Louis
(U. $. A.), Davila, Dickins, Robert Guérin,
Wimille, Pozzi, Pol Ravigneaux, Jean de Ni-
colaï, le baron de Sennevoy, Le Chevallier, etc.
Trois fanions furent plantés: l’un du côté
de la Fourche vers l’est du camp (contrôleurs :
MM. François Peyrey et Paul Zens); le
2% vers Chapagné (MM. Durand et Davila), le
8 vers Ardenay, vers l’ouest du camp (con-
trôleur : M. E. Zens), formant les sommets d’un
triangle dont les côtés avaient 1.000 mètres,
704 mètres, 301 mètres, en tout 2.005 mètres
de périmètre. L'ensemble du vol devait être
chronométré par MM. Paul Rousseau et Léon
Bollée, assistés de M. Verney, chronométreur
de l’Automobile-Club de la Sarthe.
Pour le Prix de la Commission d'aviation
et la Coupe Michelin 1908, clôturés réglemen-
tairement à l'heure astronomique du coucher
du soleil (6 h., heure de Paris et 6 h._8 min.
33 sec. 26 centièmes, heure du Mans), chrono-
métreurs et contrôleurs devaient noter la du--
rée du vol et la distance parcourue à cet ins-
tant, mais continuer ensuite à prendre le
temps et la distance, en vue des records de
durée et de distance si l’aviateur prolongeait
son vol.
Il y eut 3 faux départs. À 4 h. 10, le cha-
riot porteur dévie sur le rail et l’aéroplane
est lancé de travers. À 4 h. 1/2, ce chariot su-
bit des avaries réparées rapidement par
M. Léon Bollée. À 4 h. 55, la brise qui avait
changé de direction gêne l'essor, prenant
l’aéroplane par la gauche.
Invités, journalistes, photographes, orien-
tent convenablement la voie de lancement et
à 5 h. 17, Wilbur Wright prend son vol, filant
vers le poteau de La Fourche. I] commence.
à décrire d'immenses orbes elliptiques, virant
largement autour du triangle marqué par les
fanions. Continuant son vol admirablement
régulier entre 6 et 7 m. de haut jusqu’au
10° tour, plus haut ensuite, inclinant un peu
et redressant à merveille son appareil au vi-
rage de La Fourche où se produisait un remous
très net, immobile sur son siège, les mains sur
ses deux leviers de manœuvre, sans effort ap-
parent, comme un bon cycliste les mains au
guidon, Wilbur Wright décrivit 83 boucles
l’Aérophile 381
Le: 2]
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Les champs d'expériences de Wilbur Wright en France. — L'hippodrome des Hunaudières (à gauche, en bas.)
Le camp d'Auvours (à droite, en haut). — Echelle de TE environ.
LES PRINCIPAUX VOLS MÉCANIQUES (au 22 septembre 1908).
DATES AVIATEURS DIEUX DURÉES DISTANCES
4 D'EXPERIENCES
21 septembre 1908 W. Wright Auvours 1h.31°25” 4/5 (R)| 66 kil. 600 (Rj
12 — — O. Wright Fort-Myers |1h.14 20” (1)
11 — — — — 1 h. 10° 50”
10 — — — — Th: 5252%
9 — — — — In 2152
— — —— — -— 57e
16 — W. Wright Auvours 391825
17 — — W. Wright Auvours 322 477
5 _ — L. Delagrange Issy 29° 53” 4/5 21 kil. 727
10 — — W. Wright Auvours 21/43” 2/5
6 juillet — H. Farman Issy | 20? 20° Prix Armengaud
» septembre — W. Wright Auvours 19’ 48°’ 2/5
22 Un —— L. Detagrange Milan 16° 30”?
30 mai — L. Delagrange Rome 19° 26” 4/5
Vols avec Un passager
12 septembre 1908 O0. Wright Fort-Myers 96” (R)
avec le comman- |
dant Squiers
9 — — O. Wright — 6°
avec le lieutenant
Lahm |
(1) Distance non mesurée exactement. — La lettre R indique les records du monce au jour où le tableau
a été arrêté. Les chiffres des records de distance sont ceux des procédés de mesures adoptés pour le contrôle
officiel. Ils sont inférieurs à ceux du parcours effectif.
382
complètes composées à partir du 1% fanion
passé en plein vol.
Il s'arrêtait volontairement à 6 h. 48 min.
25 sec. 4/5; la nuit tombait. Il avait dépensé
22 litres d'essence sur une provision de
50 litres, et perdu seulement 2 litres d’eau de
refroidissement sur les 10 litres du réservoir.
La foule rompant les barrages, se précipitait
vers l’aviateur, et lui faisait une ovation fré-
nétique à laquelle il eut de la peine à se sous-
traire. Toujours maître de lui, même dans cet
admirable succès, Wilbur Wright reportant sa
pensée vers son frère dit simplement: « .. Or-
ville sera content là-bas, à l’hôpital..…. » Il
remercia ceux qui le complimentaient, puis ren-
tra sous son hangar, auprès de son appareil
sur lequel il veille jour et nuit.
Voici les résultats de cette journée glorieuse
pour l'aviation :
Record du monde de durée en vol méca-
nique : 1 heure, 31 minutes, 25 secondes 4/5
(de 5 heures 17 du soir, à 6 heures 48 minutes
25 secondes 4/5.
Record du monde de distance en vol méca-
nique: 66 kil. 600 comptés comme si l’aéro-
plane avait suivi les côtés du triangle tracé.
En réalité, étant donnée l’ampleur des vira-
ges, le parcours effectif doit avoisiner 90 ki-
lomètres.
Priæ de la Commission d'aviation (chrono-
métrage et contrôle de distance arrêtés à
6 h. 8 min. 33 sec. heure du Mans). — 19 dé-
tenteur provisoire : Wilbur Wright par
38 kil. (comptés à la corde), en 52 min. 6 sec.
Coupe Michelin 1908 {chronomètrage et con-
trôle comme précédemment). — 19 détenteur
provisoire: Wilbur Wright par les mêmes
chiffres que précédemment.
A titre documentaire voici le tableau de
chronométrage par tour :
Départ: 5 h. 17 m. 31 s. 4/5 du s. 0 kilo-
mètre. — Premier passage : 5 h. 20 m.
15 s. 4/5, 2 kilomètres. — 29 pass. 5 h. 22 m.
51 s. 4/5, 4 kil. — 3% pass. 5 h. 25 m. 32 s. 4/5,
6 kil. — 4° pass. 5 h. 28 m. 8 s. 4/5, 8 kil. —
58 pass. 5 h. 30 m. 45 s., 10 kil. — 6° pass.
5 h. 33 m. 19 s. 3/5, 12 kil. — 72 pass. 5 h.
35 m. 56 s., 14 kil. —— 8° pass. 5 n. 38 m.
29 s. 1/5, 16 kil. — 99 pass. 5 h. 41 m. 6 s. 2/5,
18 kil. — 10° pass. 5 h. 43 m. 45 s. 2/5, 20 kil.
— 119 pass. 5 h. 46 m. 24 s. 8/5, 22 kil. —
12e pass. 5 h. 49 m. 2 s. 2/5, 24 kil. — 13° pass.
5 h. 51 m. 44 s. 2/5, 26 kil. — 14 pass.
5 h. 54 m. 23 s. 4/5, 28 kil — 15 pass.
5 h. 56 m. 59 s. 4/5, 80 kil. — 162 pass. 5 h.
59 m. 37 s. 2/5, 82 kil. —. 17° pass. 6 h. 2 m.
15 s., 84 kil. — 18 pass. 6 h. 4 m. 52 s. 4/5,
86 kil. — 19° pass. 6 h. 7 m. 36 s. 1/5, 38 kil.
— 20e pass. 6 h. 10 m. 19 s. 4/5, 40 kil. —
21° pass. 6 h. 12 m. 51 s., 42 kil. — 22° pass.
6h. 15 m. 13 s., 44 kil. — 23° pass. 6 h. 18 m.
1% Octobre 1908
34 s., 46 kil. — 24° pass. 6 h. 21 m. 22 s..
48 kil. — 259 pass. 6 h. 24 m. 18 s. 1/5, 50 kil.
— 26° pass. 6 h. 27 m. 16 s. 1/5, 52 kil. —
27e pass. 6 h. 30 m. 16 s. 1/5, 54 kil. — 28 pass.
6 h. 33 m. 4 s. 3/5, 56 kil. — 29° pass. 6 h.
36 m. 6 s. 2/5, 58 kil. — 30° pass. 6 h. 89 m.
o s. 2/5, 60 kil. — 31° pass. 6 h. 42 m.,
62 kil. — 329 pass. 6 h. 45 m. 1 s., 64 kil. —
33° pass. 6 h. 47 m. 58 s. 4/5, 66 kil.
Temps de chaque tour: 1°, 2 m. 44 s. —
29, 2m: 36 s. — 39, 2 m. 41 s. — 4°, 2 m. 365.
— 59, 2 m. 26 s. 1/5. — 6°, 2 m. 29 s. 3/5. —
7e, 2 m. 26 s. — 8, 2 m. 33 s. — 9°, 2 m.
38:55. 1/5. 109, 25m: 29Ns" "1 9m:
39 s. 1/5. — 12, 2 m. 29:s. 4/5. — 13°, 2 m.
42 s. — 14°, 2 m. 29 s. 3/5. — 15°, 2 m.
35 s. 1/5. — 16, 2 m. 38 s. 8/5. —- 17°, 2 m.
37 s. 3/5. — 18°, 2 m. 27 s. 4/5. — 19, 2 m.
43 s. 2/5. — 209, 2 m. 43 s. 8/5. —-219, 2 m.
31 s. 1/5. — 22°, 2 m. 22 s. — 23°, 3 m. 11 s.
— 249, 2 m. 48 s. — 25°, 2 m. 46 s. 1/5. —
268, 2 m. 58 s. — 279, 3 1m. — 28, 2m.
38 s. 2/5. — 29e, 2 m. 525. 30€, 2 m. 40 s.
— 31°, 2 m. 44 s. 3/5. — 32%, 3 m. 1 s. —
33°, 2 m. 57 s. 4/5.
Le tour le plus rapide est donc le 7° en
2 m. 26 sec.; le plus lent est le 32° en 3 m.
1 sec. On voit par le peu d’écart entre ces:
extrêmes, écart influencé certainement :par
une différence dans le parcours réel, la ré-
gularité de marche de l'appareil.
Dans l'incertitude du parcours effective-
ment suivi par l’aéroplane, on ne peut utile-
ment calculer la vitesse moyenne de route;
elle doit être d'environ 60 kil. à l’heure.
En prenant pour base un parcours effectif
fort vraisemblable de 90 kil., notre confrère:
Les Sports constate, par exemple, que dans
un vol en ligne droite, Wilbur Wright parti
de l’Arc-de-Triomphe, à Paris, aurait pu faire.
d’une traite, le trajet suivant: Arc-de-Triom-
phe, 0 kil. — Hippodrome de Longchamps,
3 kil. 3 min. — Traversée de la Seine avant
Saint-Cloud, 6 kil. 6 min. — Ville-d'Avray,
10 kil. 10 min. — Versailles, 15 kil. 15 min.
— Entre Maincourt et Dampierre au N. de:
Dampierre, 30 kil. 30 min. — Entre Ram-
bouillet et Etang-d'Or, à 2 kil. au $. E. de:
Rambouillet, 45 kil. 45 {min. — Chartres,
75 kil. 1 h. 15. — Bailleau-le-Pin, 90 kil.
1 h. 30 min. — Supposé parti du Mans, il
serait descendu à 7 kil. au-delà de Château-
dun, ete... — 90 kil. de vol font également
environ 3 fois la distance de Calais à Douvres,.
par-dessus le Pas-de-Calais.
Voici le procès-verbal officiel du magnifique:
raid de Wilbur Wright, le 21 septembre 1908 :
Records du monde de Wibur Wright au
Mans-Auvours.
Record de durée : 1 h. 31 m. 85 s. 4/5.
Record de distance : 66 kil. 600 (33 fois le-
tour du triangle mesuré (2.000 m.), plus 300 mè-
FARMAN, S
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l’Aérophile
tres de l'envol au premier virage et 500 mètres
du dernier virage à l'atterrissage).
Le départ a eu lieu à 5 h. 17 m. et l'arrêt à
6 h. 48 m. 25 s. 4/5.
Prix de la Commission d'Aviation et Coupe
Michelin 1908.
Du premier poteau franchi en plein vol au der-
nier poteau franchi ex plein vol avant le cou-
cher du soleil, soit à 6 h. 7 m. 36 s. 1/5 : 38 kil.,
soit 19 passages a £hacun es lois sommets du
triangle et du même câté.
L'heure du coucher du soleil à Paris était
6 h. À cause de sa longitude Ouest de 2° & 19”,
l'heurs du Mans est en relard sur le temps de
Pazis de $ 33”, ce qui donne comme heure de
coucher au Mans : 6 ki. 8 33”.
Fait au Mans, le 21 septembre. 190$.
On! signé : MM. L. Bollée, A. Daviia, G. Du-
rand, R. Peilier, K. Peyreÿ, P. Rousseau, P. Tis-
sandier, Ernest Zens, Faul Zens.
Wright gagne un kilomeëetre sur
son record officiel. —- Le 24 septem-
bre, Wilbur Wright inscrit régulièrement
- pour la Coupe Michelin 1 908 et le prix de
la Commission d’aviation de l’Aéro-Club de
France, prenait son vol à 3 h. 59 du soir.
MM. Ernest Zens, Omer-Decugis, le comte
de Lambert, le comte de Castillon de Saint-
Victor, Louis Blériot, Paul Jamin, René Pel-
lier, étaient au contrôle des poteaux de vi-
rage. MM. Léon Bollée et Lardry, chronomé-
traient le vol.
Le temps de Wright a été le suivant :
10 kil. comptés comme nous l’avons indiqué,
en 13 m. 39 sec. 1/5, 20 kil. en 26 m. 50 s. 2/5,
30 kil. en 40 m. 1/5 de s., 39 kil. en 54 m.
3 s. 1/5.
A partir du 322 kilomètre, le vent s’est mis
à souffler par bouffées irrégulières. L’anémo-
mètre a accusé 3 mètres, 5 mètres, puis 8 mè-
tres de vitesse à la seconde. I’aéroplane pi-
quait du nez, mais était vigoureusement re-
levé par Wilbur Wright, qui lutta merveilleu-
sement contre l’air pendant près d’un quart
d'heure. Mais la foule enthousiasmée dé-
borda le service d’ordre et envahit le terrain
obligeant l’aviateur à atterrir pour éviter tout
accident.
Il avait battu d’un kilomètre son parcours
officiel du 21 septembre pour la Coupe Miche-
lin 1908 et le Prix de la Commission d’avia-
tion, parcours dont la mesure fut arrêtée rè-
glementairement au coucher du soleil. Au
24 septembre, Wilbur Wright devenait donc
détenteur provisoire de ces épreuves avec
39 kil. au lieu de 38 kil. Pour les 38 kil. du
21 septembre, sans vent, le temps fut de 51 m.
9 s. 3/5; pour la même distance le 24 septem-
bre, avec vent irrégulier, le temps fut de
51 m. 10 s. 2/5.
* Le soir, en un superbe banquet d’une
trentaine de couverts, auquel assistaient
MM. d'Auriac, préfet de la Sarthe, Le Che-
vallier et d’Estournelles de Constant séna-
teurs, etc. ; l’Aéro-Club de la Sarthe fêtait les
succès de Wilbur Wright.
Après les allocutions de M. Léon Bollée, pré-
sident de l’Aéro-Club de la Sarthe, du préfet
de la Sarthe, de M. d’Estournelles, Wilbur
Wright remercia en quelques mots spirituels.
383
Orville Wright à Fort Myer
Fes Fe 5% Se
Erhelle ex pleds eo
fArtillerie]
Ecuries
PECESTEUrS
ière national d'Arlington
Le champ de manœuvres de Fort Myer près We-
shington où avaient lieu les expériences d'Orville
Wright. Une enceinte de cordes, figurée sur le plan,
indique l'espace réservé à l'aviateur. L'échelle en
pieds montre son exiguité. L'appareil était garé sous
le hangar figuré en noir.
1 h. 5 m. 52 s. de vol mécanique.
— Au cours de ses trois magnifiques expérien-
ces du 9 septembre (Voir Aérophile du
15 septembre), Orville Wright avait eu la
gloire d’atteindre le premier l’heure en vol
mécanique et de voler avec un passager, du-
rant 6 min. (et non 5, ni comme le disaient
les premiers télégrammes).
Le lendemain 10 septembre, par un vent de
12 milles à l’heure, il volait pendant 1 h. 5 min.
52 s. et atteignait 30 mètres de hauteur.
1 h. 10 m. 50 s. de vol mécaril-
que: Le 11 septembre, par un temps su-
perbe, il faisait en 1 h. 10 m. 50 s., cinquante-
huit fois le tour de son champ d'expériences
de Fort-Myer, s’élevant progressivement à
chaque tour jusqu’à 30 mètres. Sous les bouf-
fées de vent, l'appareil piqua du nez à plu-
sieurs reprises, mais Orville Wright le redressa
toujours aisément.
On a raconté que le même jour, le lieutenant
Lahm aurait monté seul, avec succès, l’appa-
reil d’Orville Wright, ce qui eut démontré la
facilité de sa manœuvre; mais ce bruit n’a
pas été confirmé.
1 h. 15 m. 20 s. de vol mécanli-
que: 9 m. 6 s. de vol avec un
passager. Continuant sa progression
régulière, Orville Wright fit deux essais le
12 septembre après-midi. Dans le premier,
accompagné du major Squiers, officier du Si-
gnal Corps, il tint l’atmosphère 9 m. 6 sec.
(Record du vol avec un passager).
Dans le second essai, seul à bord, le vail-
lant aviateur volait 1 h. 15 min. 20 sec. Ac-
clamé par la foule à la descente, il confirmait
son intention de satisfaire sous une quinzaine
de jours, aux essais de recette imposés par les
autorités militaires. M. Octave Chanute, le
384
Orville Wright
HER
Le lieutenant américain Thomas Selfridge. tué dans
l'accident survenu à l’aéroplane de Wilbur Wright au
Fort-Myer, près Washington le 17 septembre 1998.
Le lieutenant Selfridge (en chapeau rond) cause avec 1e
professeur Alexandrer Graham Bell l'inventeur du
Téléphone, qui est l'un des dirigeants de l'Aerial Expe-
riments Association, société d'études d'aéroplanes.
Le lietenant d'artillerie Selfridge, fils de l'amiral
avait obtenu d'être détaché au service aéronautique du
Signal Corps. Il avait fait plusieurs intéressantes as-
censions sportives. Secrétaire de l'Aerial Experiments
Asssociation, il assistait aux expériences des aéropla-
nes de l'Association: Red Wing, White Wing, June
Bug (V. Aérophile des 15 mai, 15 juillet, 1° septem-
bre 1908). [1 suivait assidûment les expériences d'Or-
ville Wright depuis leur début.
1 Octobre 1908
vénérable doyen des aviateurs américains, eut
la joie d'assister à ce triomphe de son élève,
le commandant Fournier, attaché militaire
français, à Washington qui suivit en 1905-
1906, les négociations entamées par le gouver-
nement français avec les Wright, le colonel
Templar, ancien commandant des aérostiers
anglais, étaient également présents. Sur une
question de ce dernier, Orville Wright se dé-
clara en mesure de laisser tomber en cours de
route, des objets sur un point repéré à
l'avance, ce qui aurait une grande impor-
tance en temps de guerre. (Des expériences
de cette nature ont été faites avec un certain
succès à bord du Lebaudy). Orville Wright ne
croît pas que l’aéroplane soit dès maintenant
apte à transporter de lourdes marchandises
ou de nombreux voyageurs, mais on pourra
l'utiliser avant peu pour des services rapides
de poste ou de messageries.
On remarquera que c'était seulement la
T° expérience de cette série d'essais et le re-
cord était à plus d’une heure et quart.
La catastrophe du 18 septembre
Le lieutenant Selfrigde tué —
Orville Wright grièvement blessé.
L'accident. — « Tout marche trop bien, di-
sait Wilbur Wright, en apprenant coup sur
coup, les exploits de son frère. je suis in-
quiet. » Un terrible accident ne devait pas
tarder à justifier ces appréhensions.
Le 18 septembre à 5 h. 14 min. par vent
de 6 milles à l’heure, Wilbur Wright prenait
son essor, emmenant, comme passager, le lieu-
tenant Selfridge. Le lieutenant Selfridge pe-
sait 175 livres : c'était la plus lourde surcharge
que l'appareil eut encore enlevée.
Au début, tout alla bien; l'aéroplane
s'éleva progressivement jusqu'à 14 mètres,
puis atteignit une trentaine de mètres au
2% tour. Avant de virer pour entamer le
4 tour, Orville descendit d’une dizaine de
mètres. À ce moment, on entendit un craque-
ment inquiétant. Une partie de l’hélice de
gauche tomba à terre, tandis que l'appareil
plongeait brusquement et s’abattait sur le sol
en tournant sur lui-même, d’une hauteur de
18 mètres environ. L’avant toucha le premier
et les deux aviateurs furent arrachés de leur
sièges. On se précipita à leur secours. Tous
deux gisaient sous les débris de l'appareil.
Le lieutenant Selfridge, la face ensanglan-
tée, râlait. Il était pris entre le moteur et le
sol. Il fut transporté jusqu’à lhôpital mili-
taire de Fort-Myer. Les médecins constatèrent
une fracture de la base du crâne, plusieurs
fractures de côtes et diverses blessures au vi-
sage. Le malheureux officier expirait à 8 h. 10
du soir (1 h. 10 du matin, heure de Paris),
sans avoir repris connaissance,
Orville Wright n'avait pas perdu conscience.
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Le plus Léger
Le plus Régulier
J’Aérophile
T1 put donner, d’une voix faible, des conseils
aux sauveteurs qui essayaient de le dégager.
‘On lui cacha la mort de son compagnon. Tou-
jours admirablement énergique, il put dicter
quelques messages rassurants pour les siens.
Les médecins constatèrent qu’il avait la jambe
fracturée en trois endroits, des côtes enfon-
cées et des blessures au visage. Sa vie n’est
pas en danger, mais il est condamné à l’im-
mobilité pour de longues semaines. Katherine
Wright, sœur de l’aviateur, professeur de
grec dans une Université américaine, est au-
près du blessé. Les amis d’Orville firent ren-
trer sous le hangar, les débris de l’appareil.
On n’y touchera plus jusqu’à ce que Wright
soit en état de s’en occuper lui-même.
Les causes de l'accident, le premier acci-
dent grave subi par les Wright depuis 8 ans
d'essais divers, sont assez difficiles à établir
avec précision.
Orville Wright essayait le 18 septembre, de
nouvelles hélices toujours en bois de sapin.
Les premières informations assuraient que
l’une de ces hélices, celle de gauche, s'était
brisée en pleine marche, déséquilibrant l’ap-
pareil, ses débris auraient rompu les haubans
de commande du gouvernail. La deuxième hé-
lice continuant à tourner, Wilbur Wright
après avoir presque réussi à redresser l’ap-
pareil transversalement par un gauchissement
convenable des ailes, ne pût l'empêcher de
piquer de l’avant sous l’action de l’hélice de
droite et de revenir au sol suivant un spi-
rale. Il est probable cependant que Wilbur
Wright songea à couper l’allumage et on s’ex-
plique mal la rupture d’une hélice tournant
à une vitesse aussi réduite que celles des
Wright.
Dès la première heure, Wilbur Wright di-
sait: « Je ne pense pas que l’accident ait été
causé par la rupture d’une branche d’hélice.
Peut-être le moyeu a-t-il cédé, ou un hauban
des bras de force. Peut-être une chaîne de
transmission a-t-elle sauté; je ne puis croire
que les chaînes aient cassé car leur coeffi-
cient de sécurité est de 16. Peut-être Orville
avait-il mal réglé la longueur de ces chaînes. »
Orville Wright s’est fait montrer les débris
de l’hélice et voici la version qu’il admet ainsi
que son frère. Les hélices en tournant, pas-
sent très près des haubans qui maintiennent
le gouvernail vertical d’arrière. Or, le 18 sep-
tembre, Orville Wright essayait des propul-
seurs d’un diamètre un peu plus grand. Une
de ces hélices rencontra un de ces haubans
qu'elle coupa. Le gouvernaïl, non maintenu
s’inclina du côté opposé et le hauban encore
intact, devenu lâche, fut pris à son tour par
la seconde hélice; le coup de roulis qui s’en
suivit devait suffire à amener l’appareil au
sol par le travers. Cette version, assez plau-
sible, ne satisfait pas ‘entièrement l'esprit.
Ælle supposerait, en effet, la très grave négli-
385
gence de faire passer les hélices assez près
des haubans raidisseurs du gouvernail pour
qu’elles pussent entrer en contact avec eux.
I1 faut done admettre que le hauban se brisa
d’abord et que ses bouts furent ensuite pris
dans l’hélice.
Orville Wright a déclaré qu'au moment où
il arrivait au sol, il avait le sentiment que
l’aéroplane sous l’action du gauchissement se
redressait. Il pense, comme son frère, que si
l'accident s’était produit à une hauteur plus
grande, il aurait peut-être eu le temps de se
redresser entièrement ou au moins, d’amortir
la chute et d’éviter ses cruelles conséquences.
+
# +
POST-SCRIPTUM
Suite des essais de Wilbur Wright
— Le 25 septembre à 9 h. 25 di matin, dé-
but d’un premier vol qui se prolonge 36 m.
14 s. 3/5. Le réservoir d'essence n’étant pas
cloisonné le carburant se déplaçait librement
suivant l’inclinaison de lappareil, ce qui
produisait des mouvements inattendus de na-
ture à compromettre la stabilité de l’aéro-
plane. On remédie à cet inconvénient.
A 6h. dus. premier vol de 5 m. 5s.
Un peu plus tard, vol de 9 m. 1 s. avec
M. Paul Zens, à bord; record européen du
vol avec un passager. :
On a attribué aux frères Wright, une vir-
tuosité de manœuvres confinant à l’acroba-
tie. La même objection, ne l’oublions pas, fut
opposée à Farman jusqu’à ce que Delagrange
en trois ou quatre tentatives fut parvenu à
égaler et même à dépasser ses performances.
Un exercice que l’on peut prolonger ‘plus
d’une heure et demie sans trace de fatigue
rausculaire, ni cérébrale, comme l’a prouvé
Wright, répond mal à l’idée que l’on doit se
faire d’une acrobatie. Tout au moins, est-ce une
acrobatie qui semble devoir rester à la portée
de bien des gens.
Sur la proposition de M. d’Estournelles de
Constant, le Conseil général de la Sarthe a
voté un crédit de 500 francs comme contribu-
tion aux prix que doit fonder l’Aéro-Club de
la Sarthe, prix à disputer dans le départe-
ment.
M. Drcouz
386
1% Octobre 1908
Nos aviateurs à Issy-les-Moulineaux
(Cliché des Sports.)
Me Thérèse Peltier, la première femme-aviateur à bord de l'aéroplane Delagrange à Issy.
Les inconvénients du terrain d’Issy-les-Mou-
lineaux, sont connus. Il est constamment tra-
versé de remous dangereux, cerné d’obstacles
gênants, trop petit pour les évolutions de
grand rayon imposées aux cellulaires par leur
principe de construction même, trop étroit
aussi pour des appareils rapides comme les
Blériot. L’aviateur n’est pas maître de son
heure d’expérience. 11 doit opérer à heure
fixe, pendant deux laps de temps quotidiens
trop courts, et cela au prix d’un service
d'ordre toujours onéreux. Cependant, sa
proximité de Paris est avantageuse (surtout
pour la mise au point des nouveaux engins)
et nos aviateurs y ont encore opéré d’intéres-
sants essais. Mais il est douteux, qu’ils y sé-
journent longtemps, au moins sous le régime
actuel.
Déjà, la Société Antoinette a loué pour les
essais de ses prochains aéroplanes, l’île de
Tournedos formée par la Seine au-delà des
Andelys. Henri Farman s’installe à Mourme-
lon, au bord du camp de Châlons, mis à la dis-
position des aviateurs par le Ministre de la
Guerre à peu près sous les mêmes conditions
que le terrain d’Issy, mais où l’espace, tout
au moins, ne manquera pas. Louis Blériot,
cherche un champ d'essai en Beauce. Tout
cela montre combien serait désirable la créa-
tion d’un aérodrome commode, dans lequel les
aviateurs seraient chez eux et pourraient ex-
périmenter à leur aise. On en propose de di-
vers côtés. Une Société immobilière, dite So-
ciété d’Encouragement à l'aviation, offre
même un terrain de 100 hectares, clos de
Savigny-sur-Orge et projette d’y
faire les installations nécessaires aux avia-
teurs et au public. C’est là une idée qui
mérite de réussir.
Ajoutons qu'en revanche, de nouveaux ap-
pareils viennent d’être transportés à Issy-les-
Moulineaux aux fins d'expériences; entr'au-
tres ceux de MM. A. Goupy, Borgnis-Desbor-
des, Witzig-Lioré-Dutilleul, etc.
murs, à
Les expériences de Delagrange
Elles furent contrariées tantôt par le mau-
vais temps, tantôt par les incommodes con-
signes que l’on connaît.
Le 13 septembre, Delagrange effectuait un
beau vol de 10 min. 10 sec. Il se proposait de
tenter un nouvel essai à 9 h. du matin; mais
le commissaire de police, se basant sur le
règlement, ne le permit pas.
Le lendemain 15 septembre,
volées.
Le 17 septembre, dans une superbe envolée,
courtes en-
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l’Aérophile
Delagrange réussissait à battre officieusement
son propre record et faisait plus d’une demi-
heure, 30 minutes 26 secondes.
Les jours suivants, le célèbre aviateur fai-
sait plusieurs essais d’entraînements ayant
à son bord, Mme Thérèse Peltier. Mme Pel-
tier, la première femme-aviateur, veut, en
effet, conduire elle-même un aéroplane; à si
bonne école, elle ne peut qu'y parvenir
promptement.
Léon Delagrange aspire néanmoins « à l’en-
droit écarté où de voler en paix on ait la
liberté » et il patronne énergiquement l’aéro-
drome projeté à Savigny-sur-Orge.
Les expériences de Louis Blériot
Nous avons relaté le beau vol de Louis Blé-
riot, le 11 septembre en présence de M. Louis
Barthou, ministre des Travaux Publics qu’in-
téressent au plus haut point toutes les ques-
tions de locomotion aérienne; il félicita aussi
les autres aviateurs présents MM. De-
lagrange, Goupy, les frères Voisin, Lega-
gneux, etc...
Le lendemain, Louis Blériot reprenait son
entraînement à 6 h. du matin. Il traversait
à grande allure, tout le terrain d’Issy; lors-
que dans un virage, par une fausse manœuvre
l'extrémité d’une aile touchait le sol, l’ap-
pareil culbutait, et se brisait. Cette fois en-
core malgré la rudesse du choc, Louis Blériot
était indemne; le moteur Antoinette restait
intact.
Louis Blériot paraît résolu à ne plus faire
d'expériences au champ de manœuvres d’Issy ;
son appareil qui atteint le 80 kil. à l'heure
le traverse en un clin d'œil et l’aviateur doit
constamment se préoccuper des virages.
Il ‘espère trouver en Beauce du côté de
Toury, les vastes espaces nécesspires
aux évolutions d’un engin rapide. En
attendant de reconstituer son n° VIII ter
brisé, monoplan, il met en chantier un bi-
plan à ailerons de stabilisation, remplaçant
le gauchissement des appareils Wright, l’hé-
lice unique tournant à l'arrière des surfaces
portantes.
Le « Ferber IX »
M. Legagneux à poursuivi à Issy, son en-
traînement à bord du Ferber IX et réalisé
des envolées intéressantes. Par malheur, le
19 septembre après un parcours de 500 mè-
tres, l’aéroplane fit une chute dans laquelle une
aile et le châssis porteur furent brisés. M. Le-
G. Brancrer
gagneux n’eut aucun mal.
387
L'aéroplane Gasnier s'envole
Sans tapage et en s’isolant le plus possible,
M. René Gasnier, l’aéronaute bien connu, fa-
natique aussi de l'aviation, vient de procéder
aux premiers essais de son aéroplane: nous.
avons publié dans l’Aérophile du 1° avril 1908,
les caractéristiques de ce biplan à gouvernaip
avant orientable en tous sens; nos lecteurs
trouveront ci-dessous la photegraphie de l’en-
gin au moment de ses premières expériences.
Poids avec 5 litres d’essence, 15 litres d’eau
et le pilote: 410 kilogr.
L'aéroplane Gasnier, monté par son inventeur
M. René Gasnier. (Moteur Antoinette de 50 che-
vaux, 8 cylindres.)
L’aéroplane entièrement construit par
M. René Gasnier dans sa propriété du Fresne,,
près Bouchemaine (M.-et-L.), fut transporté
en août, aux fins d'expériences dans la prairie-
de Rochefort-sur-Loire, à 20 kil. d'Angers,
excellent aérodrome de 600 hectares, malheu-
reusement couvert d’eau une partie de l’an--
née.
Voici, d’après le carnet d’expériences de:
M. René Gasnier, un aperçu de ses intéres-
sants essais :
«1er essai, 4 août. Roulé à 25 kil. à l’heure
en faisant des virages et des 8. Remplacé les
tendeurs et fils d’acier des montants des roues
par des tubes rigides. 2 essai, 7 août.
Roulé à 30 à l'heure; l’unique gouvernail
avant permet les virages les plus variés. (Fils,
brisés au passage d’un fossé, remplacés.) —-
3 essai, 17 août. Mis par moments toute:
l’avance et fait des bonds d’une trentaine de:
mètres. La manœuvre du gouvernail devient
plus dure dans les deux sens. L’arrière de l’ap-
pareil accroche une des bornes nombreuses qui:
pointent dans l'herbe, l'appareil pique du
nez, le gouvernail d’avant se brise contre le:
sol; l’aviateur projeté sans mal sur l’herbe. —
4e essai, 7 septembre. Les principales bornes
ont été enlevées. L'appareil modifié présente
un gouvernail horizontal commandé par levier-
388
de la main droite et un gouvernail arrière
commandé au pied. Aux extrémités des ailes,
ailerons commandés par levier de la main
gauche. Une seule roue à l'arrière, ensemble
de l’engin raccourei de 60 centimètres. Roulé
doucement ; le gouvernail d’arrière, trop com-
pensé, cause des embardées. — 5° essai, 8 sep-
tembre. La surface du gouvernail arrière,
est diminuée et il devient très maniable. —
G° essai, 9 septembre, 6 h. du m. Avec toute
l'avance, l'appareil s’enlève facilement, fait
12 vols de 30 à 80 m. maximum, à ? m. de
haut. Donné plus d'incidence à l'arrière qui
s’enlevait après et touchait avant les roues
d'avant. — 7e essai, 12 septembre, 7 h. du m.
Vols de 5, 6 et 9 secondes; 150 mètres pour le
meilleur. L'arrière encore trop lourd. Avancé
la poutre armée contenant moteur et pilote
de 4 centimètres par rapport au deux plans
d'avant. — 8e essai, 17 septembre, 6 h. du m.
Quatre vols de 100 à 200 m. pour le plus long,
à 3 m. de hauteur maxima. L’arrière est
encore trop lourd.
9 essai, 17 septembre, 6 h. du m. Donné au
plan d’arrière la même incidence qu'aux ailes,
soit 10°. L'appareil s’enlève en 100 mètres
et vole très bien équilibré entre 3 et 5 mètres
de haut, lorsque au bout de 500 m. de vol
environ, il est subitement précipité au sol.
Un fil d'acier de croisillonnage s'est brisé, à
été entraîné par l’hélice et, sous la torsion, ar-
rache l’aile tout entière. L’aéroplane est com-
plètement brisé au point qu'aucune partie ne
pourra être utilisée pour le reconstruire. Le
moteur a peu souffert. Après ces essais, la
machine semblait bien au point et prête à
des vols plus prolongés..… »
M. René Gasnier en fut quitte avec de lé-
gères contusions à la face, il reprendra ses
essais en profitant de l'expérience acquise sur
son premier engin qui donna des résultats plus
qu’'honorables. A. Créry
1 Octobre 1908
Les expériencss militaires
du dirigeable ‘‘ République
Nos lecteurs trouveront ci-contre le tracé de
la belle ascension de Chalais, Compiègne et retour
par laquelle l’autoballon République a terminé
brillamment sa première série d'expériences mi-
litaires (V. Aérophile du 15 septembre 1908). Pour
être complet, nous donnons le résumé suivant
des 3 plus récentes ascensions du République.
31 aoûl. — Départ, Chalais-Meudon, $ h. 33 du
m. — Att., Chalais-Meudon, 9 h. 40 du m. —
Route suivie : Chalais, Viroflay, Versailles, Véli-
zy, Clamart, Chalais. — Distance parcourue
26 kil. 200. — Durée : 1 h. 7.
Observations : vent de 8 m. par sec. S. S.-O.
Equipage : 5 aéronaulcs.
d'Ermenonville
lsnteil ©
Itinéraire du R‘publique Chalais-Compiègne et
retour (5 septembre 1908).
3 seplembre. — Départ : Chalais-Meudon, 7 h.
55 du m. — Atterrissage : Chalais-Meudon, 9 h.
30. — Route suivie : Villebon, Marly, Saint-Ger-
main, Bougival, Sevres, Chalais. — Distance p
courue : 45 kil — Durée : 1 h. 35. — Obse
tions vent de 6 m. O.-N.-0. — Equipage
5 aéronautes.
5 septembre. — Départ : Chalais-Meudon, 8 h.
37 du m. — Atterrissage : Chalais-Meudon, 3 h.
11 du soir. Roule suivie : Paris, Le Bourget,
Gonesse, Survilliers, La Chapelle, Senlis, Verhe-
, Compiègne, Senlis, Le Bourget, Saint-Mandé,
Châtillon, Chalaïis.
Distance parcourue : 181 kil. — Durée : 6 h. 34,
— Observations : temps nuageux, vent de 6 m.
aéronautes. (Les chiffres relatifs à
ascension rectilient ceux qui ont
ëlé publiés d'après les premières nouvelles dans
l'Aérophile du 15 septembre.)
l’Aérophile
Recherches physiologiques en ballon
A GRANDE ALTITUDE (1)
L’ascension que nous avons effectuée le
3 juillet 1908, sous le patronage de la Com-
mission Scientifique de l’Aéro-Club, avait pour
but un certain nombre de recherches physiolo-
giques pour lesquelles M. le docteur Jacques
Soubies nous a donné son concours le plus
dévoué. Nous nous étions proposé de faire
avant tout quelques recherches relatives à la
théorie de l'acapnie et de profiter de cette as-
cension pour étudier de nouveau certains
points relatifs aux modifications de la pression
artérielle, de la force musculaire, de la sen-
sibilité et de l’ouie à une altitude élevée. Nous
avons pu réaliser à peu près notre programme
grâce à l’habileté de notre pilote, M. Aïbert
Omer-Decugis, que nous sommes heureux de
remercier ici.
I. — Recherches relatives à la
théorie de l’acapnie. On sait que
le mal en ballon est un ensemble de symptômes
qui surviennent chez les aéronautes entre 5.000
et 6.000 mètres et dont le développement peut
entraîner la mort.
D'après l'ouvrage de Jacques Soubies sur la
Physiologie de l'aéronaute, ces symptômes sont
la fréquence et la profondeur des inspirations,
la soif, les nausées ou les vomissements, la di-
minution de la force musculaire, la fréquence
du pouls et les palpitations, la congestion vei-
neuse de la face, la céphalalgie, la torpeur et
la paresse intellectuelle, la somnolence.
Pour expliquer cet ensemble d'accidents, on
a invoqué un grand nombre de théories, mais
deux d’entre elles ont surtout mérité l’atten-
tion des physiologistes : ce sont celles de
lanoxyhémie, c’est-à-dire de l'insuffisance
d'oxygène dans le sang et celle de l’acapnie,
c’est-à-dire celle qui explique le mal en bal-
lon par la diminution de l'acide carbonique
dans le sang ou par la trop grande exhalai-
son d'acide carbonique. En effet, l'acide car-
bonique est un excitant énergique du centre
respiratoire et, au delà de 5.000 mètres, il y a,
suivant Tissot, G. Weiss, Avazzotti, augmen-
tation de CO* exhalé, et, pour Mosso, l’insuf-
fisance d'acide carbonique dans le sang serait
une cause du mal des montagnes ou du mal
en ballon : c’est là la théorie de l’acapnie qui
a été également défendue par Agazzotti. Cet
auteur a pu, du reste, faire sur lui-même une
expérience assez démonstrative; il a pu, en
respirant un mélange de 13 % d'acide carbo-
nique et de 87 % d’oxygène, supporter
(1) Rapport présenté à la Commission scienti-
fique de l'Aéro-Club de France dans sa séance
du 27 juillet 1908.
389
en 1906, l'énorme dépression de 112 mil-
limètres de mercure correspondant à 14.582
mètres d'altitude. Quand il se sentait fatigué
ou déprimé, il respirait le mélange d’acide
carbonique et d'oxygène qui le ranimait beau-
coup mieux que l'oxygène pur. Agazzotti ad-
met donc que la présence d'une certaine quan-
tité d'acide carbenique dans l'air inspiré est
indispensable contre le malaise dans les fortes
dépressions, et il admet parfaitement le con-
seil donné par Mosso aux aéronautes d'ajouter
de l’acide carbonique à l'oxygène dans les alti-
tudes.
Nous nous sommes proposé de suivre ce
conseil et d’ébudier l’action comparée de
l'oxygène pur et du mélange d’Agazzotti et il
nous était nécessaire, pour répéter pratique-
ment l'expérience d'Agazzotti, d'arriver à une
altitude supérieure à 5.000 mètres.
Dispositif et instrumentation. — Le mé-
lange que nous avons choisi était celui
d'Agazzotti dont la formule est :
13 % de CO
87 % d'O
Nous nous sommes proposé d'emporter des
bouteilles de 450 litres en fonte contenant ce
mélange comprimé. Nous n'avons pu obtenir
des industriels auxquels nous nous sommes
adressés de faire à l'avancée ce mélange et
de le comprimer dans les bouteilles. Nous avons.
dû faire charger nos tubes d’acide carbonique,
puis d'oxygène dans deux usines différentes.
Nous avons vérifié ensuite la composition de
notre mélange en faisant l'analyse du gaz
sous la direction de M. Goupil, chef de labo-
ratoire au Collège de France. Pour cela, nous
avons introduit notre mélange dans une
éprouvette graduée sur une cuve de mercure
et nous avons fait absorber l'acide carbonique
par la potasse. Dans les trois bouteilles que
nous avions fait charger, le mélange avait été
formé, par erreur sans doute, à 50 %.
Nous avons dû, en raison du court délai qui
nous restait, utiliser ce mélange. Mais pour
obtenir les proportions du mélange d’Agaz-
zotti, nous avons dû, en le débitant pour la
respiration, le mélanger à l'oxygène pur dans
des proportions déterminées : 1 litre 30 du
mélange, soit 0,65 de CO* pour 3 litres 70
d'oxygène pur : c’est-à-dire pour un total de:
5 litres.
Il a suffi pour cela de placer sur une bou-
teille de mélange et sur une bouteille d’oxy-
gène pur deux détenteurs Draeger-Gugliel-
minetti réglables de 0 à 5 litres et d'ouvrir
chaque détendeur dans les proportions indi-
quées plus haut. Chaque détendeur était relié
à un flacon barboteur où se faisait le mélange
final et, de ce flacon, partait un tube qui dis-
tribuait ce mélange définitif par un tube tri-
furqué à chacun des deux expérimentateurs
et au besoin au pilote. Chacun de nous était
muni d'un masque respiratoire. Nous pouvions
390
donc tous trois respirer le mélange d'Agaz-
zotti. Il nous suffisait d'autre part d'arrêter
le débit de ce mélange pour respirer l’oxy-
gène pur. Enfin, nous avions en réserve un
appareil complet pour la respiration de l’oxy-
gène pur, sur lequel nous aurions pu brancher
au besoin notre tube trifurqué. Nous étions
ainsi en mesure d'expérimenter le mélange
ou de nous adresser à l'oxygène pur par la
simple ouverture ou fermeture du détendeur.
Ascension. — Altitude. — Nous avons com-
mencé notre ascension à 5 heures 20 du ma-
tin. Les trois voyageurs : M. Omer-Decugis,
M. Jacques Soubies et moi, nous étions dans
des conditions différentes. M. Omer-Decugis
était dans les meilleures conditions, car il se
lève habituellement à 3 heures et demie du
matin, heure à laquelle nous nous étions le-
vés le jour du départ. M. Jacques Soubies
était fatigué : il n'avait observé aucun régime
les jours précédents et avait éprouvé la veille
quelques troubles digestifs et de la céphalalgie.
J'étais dans de bonnes conditions, ayant évité
depuis deux jours tout écart de régime, toute
ingestion d'alcool et m'étant soumis à un ré-
gime diurétique, mais cependant n'ayant pas
dormi de toute la nuit qui précédait l'ascen-
sion.
Nous fimes une ascension lente, mais régu-
lièrement progressive et nous atteignîimes à
9 h. 50 du matin, c’est-à-dire au bout de
quatre heures et demie, l'altitude maxima de
5.350 mètres.
Jusqu'à 4.000 mètres, nous n'éprouvâmes
aucun symptôme. Jacques Soubies et moi
fimes à ce propos la comparaison entre nos
sensations de cette ascension et celle d'une
ascension précédente où nous avions atteint
l'altitude de 3.400 mètres en deux heures et
où nous avions éprouvé de la lassitude, de la
congestion veineuse de la face et de la surdité.
Nous avions peut-être profité d'un certain en-
traînement, mais il est certain d'autre part
que nous avions suivi pendant l'ascension un
régime plus recommandable : alors que la pre-
mière fois, nous avions usé de champagne et
d'alcool avec l’idée de nous réconforter, nous
nous étions contentés cette fois de prendre au
départ du café et pendant l'ascension, de temps
en temps, une gorgée de vin de kola ou une
tablette de chocolat à la kola.
Entre 4.000 et 4.050 mètres, nous notâmes
tous trois que notre respiration était un peu
plus haletante. Mais nous n'avions pas de con-
gestion veineuse de la face, ni de troubles au-
riculaires. Jacques Soubies qui, à l’ascen-
sion précédente à 3.400 mètres, avait été
atteint de troubles auriculaires marqués, n’en
éprouvait aucun, parce qu'il avait pris sans
doute la précaution de se moucher soigneuse-
ment.
À 4050 mètres, Soubies présente de la
1°" Octobre 1908
congestion veineuse de la face; il ressent une
légère céphalée de la nuque. Je lui administre
pendant une minute un débit de 3 litres d’oxy-
gène pur par minute. La céphalée disparaît.
A 4.200 mètres, nous ressentons encore tous
les trois la respiration un peu haletante.
À 4.800 mètres, Soubies éprouve un peu de
somnolence : je lui donne pendant une minute,
le mélange d'Agazzotti : sa somnolence cesse.
À 4.350 mètres, Soubies est de nouveau re-
pris de somnolence : il a la vision trouble de
la terre, ses paupières sont lourdes. Je lui
donne l'oxygène pur pendant 25 secondes. Il
est aussitôt ranimé et refuse de prendre plus
longtemps l'oxygène : il à repris son entrain,
il est gai et chantonne.
A 4.550 mètres, Soubies est plus haletant,
sa respiration est profonde et fréquente. Il est
guéri après 10 secondes du mélange. Il ressent
à partir de ce moment un froid aux pieds très
vif.
Decugis et moi, nous ne sommes nullement
incommodés.
Decugis continue sans fatigue la manœuvre
du lest.
Je surveille Soubies et je règle l’'administra-
tion du gaz. Je me contente de temps en
temps de m’aérer avec un éventail. Je cher-
che si l'oxygène ou le mélange peuvent me
donner une sensation quelconque de mieux
être : je n'en éprouve aucune. À cette alti-
tude, nous lâchons deux oiseaux que nous
avions emportés : ils volent pendant une cen-
taine de mètres en décrivant d’instinct une
grande spire, puis disparaissent.
À 4.800 mètres, Soubies éprouve un malaise
plus grand, il est fatigué, veut s'asseoir et
s'effondre au fond de la nacelle; il est hale-
tant, ne peut plus prendre aucune note, j'écris
pour lui: une minute d'oxygène pur le ra-
nime complètement.
À 5.000 mètres, Soubies veut aider Decugis
à prendre la température : il ne peut manier
le thermomètre-fronde, il est fatigué. s’assoit,
de nouveau dans la nacelle, ne répond plus
aux questions ou demande qu'on le laisse
tranquille et qu’on attende encore avant de lui
donner l'oxygène : il désire éprouver jusqu’au
bout les sensations du mal de ballon. Je le
secoue, le frappe sur le bras et lui applique
le masque. Je lui donne le mélange d’acide car-
bonique et d'oxygène qui ne lui apporte pas
un bien-être suffisant. Il réclame alors l'oxy-
gène pur qui le remet presque instantané-
ment.
À 5.100 mètres, Soubies observe que Decugis,
dont le pouls était de 80 à 4.050 mètres, pré-
sente un pouls de 102. :
De 5.000 mètres à 5.85) mètres, Decugis et
moi n'éprouvons aucun malaise.
Soubies respire d'une façon discontinue
l'oxygène pur et se trouve beaucoup mieux.
J’Aérophile
Un poisson rouge et une grenouille que nous
avions emmenés sont en parfait état.
L’altitude maxima est atteinte à 5.350 mèe-
tres, nous avons dépensé tout le lest disponi-
ble. La descente se fait assez rapidement à la
vitesse de 2 m. 50 à 4 mètres à la seconde
suivant les moments.
Nous n’éprouvons aucun malaise à la des-
cente. Soubies est remis complètement dès
3.000 mètres : au moment de l'atterrissage, il
tire la corde de soupape. Après l'atterrissage,
il s'occupe seul du pliage du ballon et déjeune
ensuite parfaitement.
Conclusions. — L'un de nous, Jacques Sou-
bies. a éprouvé, dès 4.050 mètres, les premiers
symptômes du mal en ballon : céphalalgie, fa-
tigue musculaire, congestion veineuse, somno-
lence, troubles de la vision, respiration hale-
tante.
Nous avons cherché à superposer ces symp-
tômes à ceux que produit, suivant Mosso,
d’une part, la privation d’O et d’autre part, la
privation de CO*.
L'anoxyhémie produit suivant lui : la cya-
nose, la tendance au sommeil, la fatigue, les
palpitations et les troubles de la vue. Et cepen-
dant, il prétend que l'inhalation de CO* les
modifie. L'acapnie produit les vomissements,
la dépression du système nerveux, la fréquence
du pouls, la fréquence et la profondeur de la
respiration.
I1 semble que chez Jacques Soubies, il y ait
eu association des symptômes d’anoxyhémie et
d’acamnie.
Le mélange d’Agazzotti aurait done dû ame-
ner chez lui plus d'amélioration que l’oxygène
pur.
Or, nous avons pu nous rendre compte à
plusieurs reprises qu'il n’en était rien.
Jacques Soubies à éprouvé six malaises qui
ont nécessité une inhalation gazeuse pour le
ranimer : trois malaises ont été dissipés avec
l'oxygène pur, trois avec le mélange d’Agaz-
zotti.
Avec l’oxygène pur : à 4.050 mètres, guéri-
son en 60”; à 4.350 mètres, guérison en 25’;
à 4.800 mètres, guérison en 60”.
Avec le mélange d'Agazzotti : à 4.300 mè-
tres, guérison en 60”; à 4.550 mètres, guéri-
son en 10”; à 5.000 mètres, à insuffisantce de
ce mélange; on à recours à l'oxygène.
Le seul avantage du mélange semble avoir
été cette guérison em 10”, à 4.550 mètres : il
est à noter qu'à ce moment, il s'agissait sur-
tout de troubles respiratoires et il est pos-
sible que l'acide carbonique ait agi là comme
excitateur de la respiration.
Aux autres malaises, la guérison n’a pas été
plus rapide et au dernier l'amélioration était
si peu nette, que Jacques Soubies à réclamé
l'oxygène et s’en est servi dans la suite de
5.000 mètres à 5.350 mètres, d’une façon dis-
continue.
301
Nous ne pouvons donc, de ces recherches,
conclure à l'efficacité du mélange d’Agazzotti
et il semble bien plutôt que ce soit l'oxygène
pur qui soit encore le meilleur gaz à recom-
mander. Nous ne pouvons évidemment for-
muler des conclusions rigoureuses en les ba-
sant sur une seule observation. Nous serions
heureux, au contraire, que d’autres recher-
ches soient faites sur cette question. Mais
nous ne pouvons conseiller aujourd’hui
aux aéronautes, comme le disait Mosso, d’em-
porter un mélange de CO* et d'O de préfé-
rence à l'oxygène pur. C’est encore à ce der-
nier que nous donnons notre préférence. En
le débitant régulièrement avec le détendeur
Draeger-Guglieminetti, on peut obtenir un
mélange rigoureux avec l'air extérieur et on
peut aborder sans imprudence et sans danger
les grandes altitudes.
®
e ©
IL — Recherches complémen-
taires. — Le programme de notre ascension
était forcément limité et, désireux d’étudier
comparativement le mélange gazeux et loxy-
gène, nous avons dû laisser de côté les recher-
ches concernant la question de l’hyperglobulie
que nous avions étudiée dans une précédente
ascension. Nous avons de même laissé de côté
les recherches sur les échanges respiratoires.
Nous avons cependant mis notre ascension
à profit pour faire quelques mesures sur la
pression artérielle, la sensibilité, l’ouie, la
force musculaire.
Pression artérielle. — Nous avons
relevé les chiffres suivants de pression arté-
rielle prise avec le sphymomanomètre de Po-
tain
Soubies Decugis Crouzon
à terre : 19 17 —
à 3.000 m.: 16 13,5 15,5
à 4.600 m. : 19) —
Ces chiffres montrent que la pression arté-
rielle n’est pas régulièrement influencée par
l'altitude, que la pression varie suivant des
conditions difficiles à déterminer. Les recher-
ches des autres auteurs et les recherches anté-
rieures consignées par Soubies dans sa thèse,
ainsi que celles de nos précédentes ascensions,
ont montré du reste des résultats tellement
différents qu’on ne peut admettre que l’alti-
tude seule produise ces variations. Au surplus,
l'appareil dont nous nous sommes servis, qui
est bon dans la pratique courante, n'offre pas
toute la rigueur nécessaire et nous nous pro-
posons à la première occasion de reprendre ces
recherches avec l'appareil récent de M. Vaquez,
le sphygmosignal, ou avec celui de M. Am-
blard.
1° Octobre 1908
ee À 10734 matin
S:Aauiin d'Aïgeron {
Diagramme de l'ascension de recherches physiologiques à grande altitude du 3 juillet 1908. Ballon Wal-
thalah (2250 2) ; pilote : M. Albert Omer-Decugis ; observateurs : MM. le doeteur O. Crouzon et le docteur
Jacques Soubies. Le livre de bord etle présent diagramme montrent que le pilote a fort bien conduit cette
asœnsion, amenant progressivement les deux observateurs aux altitudes où ils pouvaient faire des constata-
tions et des expériences intéressantes. Le départ eut lieu du parc de l'Aéro-Club de France (coteaux de Saint-
Cloud) le 3 juillet à 4 h. 45 du matin. Altitude maxima après vérification des instruments au bureau central
météorologique sous la direction de M. Angot, directeur, 5.350 mètres. Atlerrissage sans incidents à 10 h. 30
du matin à Broglie (Eure). Durée : 3 h. 45. Distance : 118 kilomètres.
Force musculaire. — Nous avons
sauf pour l’un de nous, la diminution de la
force musculaire :
Soubies :
À terre : 50, 49, 48, 47, 48, 49, 48, 48, 47,
46, 46, 42, 43, 38, 39. Moyenne : 45.
À 3.400 mètres : 52, 51, 42, 46, 42, 40, 39, 36,
37, 37, 40, 39, 36. Moyenne : 42.
À 4.000 mètres : 44, 45, 44, 43, 40, 40, 44, 38,
27, 38, 37, 28, 37, 27. Moyenne : 88.
Decugis :
À terre : 66, 65, 65, 65, 55, 62, 63, 61, 66, 53,
48, 51, 48, 47, 47. Moyenne : 57.
À 3.000 mètres : 60, 56, 54, 52, 56, 46, 51, 46,
52, 56, 53, 50, 52, 51, 43 : Moyenne : 51.
Crouzon :
À terre : 50, 56, 51, 44, 43, 40, 38, 37, 37, 35,
81, 35, 35, 33, 34. Moyenne : 41.
À 3.400 mètres : 50, 50, 42, 42, 42, 45, 41,
38, 35, 35, 32, 38, 35, 39, 32. Moyenne : 39.
A 4.000 mètres : 55, 45, 47, 45, 45, 49, 43, 40,
41, 88, 37, 37, 37, 38. Moyenne : 42.
Sensibilité. — Nous avons recherché
notre sensibilité cutanée à l’aide du compas
de Weber. L’écartement auquel la sensation
du double contact était sentie était le sui-
vant :
Soubies : A terre, poignet gauche: 27; à
3.400 mètres, poignet gauche : 49.
Crouzon : À terre, poignet gauche
3.400 mètres, poignet gauche : 27.
90; à
La sensibilité était diminuée à 3.400 mètres
pour Jacques Soubies, elle était très légè-
rement augmentée pour moi.
Ouïe. — Nous avons mesuré à l’aide du
diapason de Bonnier, notre audition osseuse
et aérienne.
Soubies.
Audition osseuse : to 25% 12
Audition aérienne : 13” 20” 8”
Crouzon :
Audition osseuse : 6” 10” 4”
Audition aérienne : 15 Le 8”
Pour Soubies, le Rinne est donc devenu né-
gatif à partir de 3.000 mètres; pour moi, le
Rinne est resté positif.
En résumé, nos recherches concernant la
pression artérielle, la sensibilité, la force mus-
culaire, l’ouie ont apporté la confirmation des
travaux des autres auteurs et de nos consta-
tations antérieures.
La partie principale de notre étude, celle
qui à trait à la théorie de l’acapnie, ne nous
a pas permis d'adopter cette théorie et nous
a ralliés plutôt à celle de l’anoxyhémie. Ce
sont là toutefois, les conclusions d'une obser-
vation. Sans nul doute, il y aura lieu d’en
faire d'autres et de poursuivre la solution
d'autres problèmes de la physiologie des alti-
tudes.
Mais devant la satisfaction que nous ont
causées ces recherches à grande altitude, nous
prions la Commission Scientifique d’agréer nos
plus vifs remerciements, pour le patronage
qu'elle a bien voulu nous accorder.
Dr O. Crouzox
Chef de clinique à l'Hôtel-Dieu.
13 juillet 1908.
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l’Aérophile
393
IL'AËRONEEr MALÉCOT
Cliché des Sports.
En haut : L'aéronef Malécot à Issy-les-Moulineaux. — En bas : Le poste des mécaniciens
Dans la nacelle : M. Malécot est devant.
La description détaillée et la relation des
premiers essais de cet appareil ont déjà paru
avec figures et photos dans l Aérophile de juin
et de septembre de l’année dernière.
Rappelons toutefois, les principales caracté-
ristiques de cet engin mixte dans lequel l’in-
venteur a tenté, à son tour, de concilier les
avantages du « plus lourd » et du « plus lé-
ger que l’air ».
L'aéronef Malécot comporte:
1° Une partie aérostatique constituée par
un ballon de forme allongée en soie française
394
vernie, de 33 mètres de long, 7 m. 30 de dia-
mètre pour une capacité d’un peu plus de
1.000 m', avec un ballonnet compensateur oc-
cupant la partie inférieure de la carène. Cette
enveloppe très réussie, fait honneur aux ate-
liers aéronautiques Carton-Lachambre qui l’ont
établie ;
2° Une partie aéroplanante constituée par
une série de panneaux entoilés situés au-des-
sous de l'enveloppe ; ils mesurent 20 mètres de
longueur et 140 m° de surface totale, Ils sont
montés sur une poutre armée, de section trian-
gulaire au centre de laquelle se trouve la na-
celle destinée à l'équipage. Cette nacelle con-
tient aussi le moteur de 28 chevaux, lequel
actionne directement une hélice propulsive en
noyer renforcé et aluminium de 2 m. 65 de
diamètre, tournant à 1.200 tours par minute;
3° Une deuxième nacelle (+ stabilisation
pouvant contenir les passagers ou du lest; cette
nacelle est fixée à un câble d’acier sans fin
qui peut courir sur des poulies à gorges pla-
cées aux extrémités de la poutre armée, câble
que l'équipage enroule ou déroule sur un
treuil. A l'extrémité arrière de la poutre ar-
mée se trouve le gouvernail vertical de direc-
tion.
L'appareil se manœuvre comme suit: au dé-
part, le ballon enlève par sa seule force as-
censionnellea la première nacelle et son équi-
page, mais la force ascensionnelle n’est pas suf-
fisante pour enlever du sol la nacelle inférieure
de stabilisation. L'ensemble de l’appareil en
y comprenant la nacelle inférieure est donc
plus lourd que l’air. L’hélice est alors mise en
marche et la réaction sustentatrice de l'air
sous la partie aéroplanante ainsi déplacée
horizontalement fournit dynamiquement le
supplément de force ascensionnelle nécessaire
à l'enlèvement de la nacelle de stabilisation.
L'’effort ascensionnel supplémentaire ainsi ob-
tenu aurait été successivement de 60,80 et
100 kgr. représentés par une surcharge de lest.
Pour obtenir les changements d’altitude
dans les deux sens, l'équipage déplace la na-
celle stabilisatrice sur son câble, augmentant
ainsi ou réduisant l’angle d'attaque de la par-
tie aéroplanante, tout en obligeant le ballon à
lever ou à piquer du nez.
C’est un procédé analogue à celui des aile-
rons ou des gouvernails de profondeur des
dirigeables Patrie, République, Italia, Zeppe-
lin, Ville-de-Paris, ete. Mais dans ces types, ce
sont les aéroplanes eux-mêmes qui sont mobi-
les autour d’un axe horizontal et détermi-
nent par leur changement d’orientation les va-
riations d'altitude de tout le reste. Dans le
Malécot, au contraire, les aéroplanes sont im-
mobiles par rapport au reste du système, et
c'est le déplacement de l’ensemble qui déter-
mine leur changement d’incidence.
Est-il besoin de dire combien le premier dis-
positif nous paraît plus simple, plus efficace,
1 Octobre 1908
plus commode et plus sûr que le contre-poids
errant sur sa corde du Malécot, dispositif ru-
dimentaire essayé déjà par Zeppelin dans son
premier ballon et qui ne lui donna pas satis-
faction.
Les essais du Afalécot repris à Issy-les-Mou-
lineaux ou l'inventeur a fait édifier un han-
gar, n’ont pas encore donné, quoi qu’on en ait
dit, de résultats bien probants. Nous atten-
drons la suite des expériences pour en parler
en pleine connaissance de cause.
Une commission d’officiers présidée par le
colonel Ringelbach, du 1% génie à Versailles,
doit fournir au Ministère de la Guerre, un
rapport sur les expériences.
Puizos
L'aéroniane Melvin Vaniman
M. Melvin Vaniman qui s’est fait connaître
comme ingénieur en chef de l’expédition aéro-
polaire Wellmann et qui avait construit la
partie mécanique et la nacelle de lAmé-
cica II est un des militants de l’aviation.
Il à construit plusieurs appareils pour des
particuliers dans ses ateliers de Gennevilliers,
et notre photo représente l’aéroplane qu’il a
établi pour lui-même; il va l'essayer prochai-
nement.
Photo Branger
L'aéroplane Melvin Vaniman.
C’est un triplan, dont les surfaces présen-
tent une section antéro-postérieure tout à fait
caractéristique, et sont supportés par une ar-
mature d'acier bronzé. Chaque plan porteur
mesure 11 mètres d'envergure sur 2 m. 20
d'avant en arrière. Surface totale 72 mètres
carrés. Le moteur placé entre les deux plans
inférieurs, est un puissant Antoinette 70-
80 H.P., 8 ceyl. qui actionne deux hélices tour-
nant côte à côte, en sens inverse, en arrière
des plans. Les organes de direction aussi bien
le gouvernail latéral que le gouvernail de pro-
fondeur se trouve reportés en avant de la ma-
chine. Longueur totale de l’appareil 6 mètres.
Poids monté: 300 kgr. environ.
J’Aérophile
Le Tour du Monde aérien
Télégraphie sans fil par cerf-volant. —
Le ballon cerf-volant, de la direction de Toul,
porteur d'antennes, a effectué toute une série
d'expériences de télégraphie sans fil avec la tour
Eiffel, planant à 300 mètres de hauteur entre
le fort Saint-Michel et la côte Barine .
Cerf-volant de sauvetage. — [e 21 août, à
Nantes, au Congrès de la Ligue maritime, de-
vant une Commission présidée par l'inspecteur
général Massenet, M. A. de Broca, artiste pein-
tre réputé, a procédé, par gros temps, à une
expérience de cerf-volant porte-amarre. Son en-
gin a réussi à porter une amarre à an bâtiment
situé à 500 mètres au large des jelées et figu-
rant un navire en perdilion, La Commission
s'est déclarée très satisfaile de ce succès.
Les ballons et la tuberculose. — Après
d'autres médecins, M. Christian Beck est d'avis
que les progrès de l’aérostalion permettront d’as-
surer aux tuherculeux les bienfaits d’une cure
d'altitude très efficace.
insignes d'honneur. — L'AGro-Club de Saint-
Louis à eu la délicate attention d'offrir à MM. Os-
car Erbsloh, vainqueur de la coupe G.-B. 1908,
et Alfred Leblanc, deuxième dans la même
épreuce, recordman du monde de la durée, un in-
signe d'honneur, en or, spécialement dessiné.
De France en Angleterre en ballon, —
C'est encore l’habile et audacieux pilote Jacques
Faure qui réussit à nouveau cette hasardeuse
performance. Parti le 17 septembre à 5 h. du
soir, du Parc de l’Aéro-Club, à Saint-Cloud, dans
l’Aéro-Club III (1.550 m°), avec M. Franck Otter,
il est descendu 12 heures après à Ivychurch,
comté de Kent (Angleterre). La trave aéro-
marilne proprement dile dura S heures.
Un aérodrome à Milan. — On parle d'éta-
blir auprès de la nouvelle usine à gaz de Milan
un aérodrome avec laboratoire et ateliers com-
plets de réparations. On y entretiendrait en état
constant. de service des ballons captifs, des sphé-
riques libres, des dirigeables, voire des machi-
nes volantes.
Nouveau moteur aéronautique. — [Le nou-
veau moteur aéronautique de la N. E. G. présente
la particularité que l'axe des manivelles n'est pas
au centre des cylindres, mais à environ 12 m/m
sur le côté de descente des pistons. On évite
ainsi la tendance du pislon à se mettre de tra-
Vers ; par conséquent, moins d'usure latérale et
plus de force ; deuxième conséquence, les Ficlles
peuvent tre plus courtes ainsi que la distance de
l'axe manivelle aux cylindres, d'où économie de
poids.
Société de tourisme aérien par ballons à
moteurs. — Fondée à Berlin par le conseiller Ru-
dolf Martin ; créera des engins, des garages, des
lignes régulières. Chaque membre a droit à un
voyage par an. Il y a des membres d'honneur.
des membres à vie, il y en a d'honoraires et
d'effectifs. Ces derniers, pour 20 marks, ont
droit à 20 kilomètres. Le parcours offert aug-
mente avec la cotisation. À 200 marks. on a droit
à 750 kil. On espère ramener le coût de l’ex-
ploilation à 15 pfennigs par kilomètre. D'après
le comte Zeppelin, 1.250.000 francs suffiraient
pour élablir une ligne de dirigeables de Berlin
à Copenhague
Aéroplanes de partout. — Il devient impos-
Sible d'énumérer les aéroplanes dont on annon-
ce la sortie prochaine. Beaucoup, il est vrai,
n'existent que sur le papier, ou même dans l'ima-
395
gination de leurs auteurs. Signalons quelques
appareils construits :
— Le baron Pierre de Caters, le sportsman
belge bien connu, essaiera prochainement, à
Saint-Gravenræsel (Belgique), un triplan en bois
de frêne construit à Paris, qui sera muni d’un
moteur de 59 chx, pesant moins de 180 kgr.
— Le professeur Reissner, qui fit construire
un appareil l’année dernière, à Paris, et le pro-
tesseur Junckers, également d’Aix-la-Chapelle,
étudient un aéroplane dont les essais doivent
commencer ircessamment.
— M. Rozies {Gaston) doit essayer en novem-
bre un nouvel aéroplane.
— MM. Desmonceaux de Givray et Galiotti an-
noncent les essais prochains d'un appareil qui
combine le planement avec des effets de diffé-
rences de température dont les quotidiens don-
nent une explicalion vraiment nébuleuse.
— M. Linzeler, membre de l’Aéro-Club de
France, essaiera prochairement un biplan de
son invention envergure, 11 m. ; longueur,
8 m. ; double gouvernail avant de profondeur :
à l'arrière, gouvernail horizontal et vertical
le tout reposant sur un bâti à 3 roues caout
choutées. Moteur Lirzeler 45 chx, 4 cylindres,
couplés à ailettes. Poids de l'appareil : 400 ker.
Essais à Vernouillet. dans un champ de 2 ki,
prêté par M. Desplanches.
,
Le prix d'aviation du « Daily Mail »
(250.000 fr.). — Notre confrère, le Daily Mail,
vient de faire connaître le règlement du Prix
d'avialion qu'il a fondé depuis 18 mois environ
(V. Aérophile de février 1907).
« Les propriélaires du « Daily Mail » s'enga-
gent à payer la somme de dix mille livres
(250.000 francs) à la première personne qui réus-
sira à effectuer le vol de Londres à Manchester
sous les conditions ci-après :
« l'La distance à couvrir devra être complée
d'un point quelconque à moins de 5 miles des bu-
reaux du Daily Mail à Londres à un autre point
à moins de 5 miles des bureaux du Daily Mail
à Manchester.
« 2° Le vol devra être effectué en un our de
24 heures avec, au plus, deux escales pour ap-
provisionnement de pétrole :
« 3° Le vo! devra être accompli par un acro-
plane où une machine plus lourde que l'air, el ces
machines ne devront emporter à l'intérieur ni
gaz, ni aucun dispositif aérostalique :
« 4° Tes concurrents devront être membres
d’une Société aéronautique ;
« 5° Les concurrents pourront se faire inscrire
à n'importe quelle date.
Les concours aérostatiques de Bruxelles.
— Le 21 juillet, l'Aéro-Club de Belgique avait or-
ganisé, au parc du Cinquantenaire, à Bruxelles,
une grande manifestation aérostatique qui a ob-
tenu, à tous les points de vue, le succès le plus
complet.
La journée comprenait
l° Un corso aérostatique de ballons pavoisés
et fleuris au nombre de 5, avec lâcher de bal-
lonnets et ascension du ballon-pilote Charles,
marquant l'ouverture des fêtes ;
2° Un concours d'atterrissage au plus près
d'un périmètre routier, disputé par 11 ballons
y compris les ballons pavoisés et fleuris :
3° Un concours international de distance dis-
puté par 4 ballons allemandes et 3 belges, et
dont voici, sommairement., les résultats fort in-
téressants 1” Bamler (1.437 m'), M. Schultze
(all.), atterr. le 23 juillet à Yzernay, près Mau-
levrier (Maine-et-Loire), 564 kil. en 42 h. 35, ap-
prochant, on le voi. le record mondial de durée
(43 h. 3, par Alfred Leblanc). Vitesse moyenne
du Bamler : 13 kil. 400 à l'heure. — 2° ex-æquo :
Belgica (1.600 m'), M. de Mcor (belge), allerri le
396
22 juillet, à Tassé (Sarthe), 465 kil, en 27 h. 50.
à raison de 16 kil 700 à l'heure, et Ville de
Bruvelles (2.200 m'i, M. F. Jacobs, (belge), pré-
sident de l'Aéro-Club de Belgique, alterri le 22
juillet, à 4 #il. au $S. d'Aubigné (Sarthe), 464 kil.
en 23 h. 30 à raison de 20 kil. à l'heure. —
4° Princess Vicloria Bonn (1.437 m'), M. Sippel
(all.), atterri à Lannoy (Sarthe), 398 kil. en
IS h. 10. — 5° Düsseldorf {2.200 m'), M. Schrüc-
der (all), atterri aux Mureaux (S.-et-0.). 7 2tber
fed (1.437 m'), M. Weiss (all), allerri à Hirson
(Aisne)
Rallie-ballon automobile à Périgueux Orgû-
nisé pour les fêtes du 15° anniversaire de l'Aulo-
mobile-Club du Périgord. Ballon poursuivi, le
Faune, piloté par le comte Guy de Fayolle, pré-
sident de l'A C. P. et membre de l'Aé.-C. F..
avec M. Klingel comme pass: Poursuite
acharnée par 23 autos, rendue plus intéressante
par le parti que sut tirer l'habile pilote de deux
courants de sens différent. Al. à la Giboulée,
à 38 kil. de Périgueux, après ? h. 50 de voyage.
— ‘Trois prix gagnés par MM. Henri Millet, G.
Lagrange, Gonlhier, dans cel ordre. La voilure
du premier a fait 97 kil. dans la poursuite.
Nouvel aéronat militaire anglais. -— |cC
Nulli-Secundus IT à élé entièrement démonté. La
plupart de ses pièces entreront dans la cons-
truction d'un nouveau ballon militaire de type
différent et de dimensions beaucoup plus gran-
des.
Nouveaux succès de l’aéroplare « Juñe-
Bug ». (Voir Aérophile du 1" septembre, page
316). On mande de New-York, 30 août :
« June-Bug », Yaéroplane de lAcrial Experi-
ment Associalion, déjà détenteur, par 1 mile,
de la Coupe d'aviation du Scientific American, à,
paraît-il, couvert 3 kil. 200 en trois minules. Sa
forme a été modifiée, la queue cellulaire ayant
été sunnrimée, »
Pecrfectionnements aux « captifs » militai-
res français. — Deaucoup de nos ballons sphé-
riques militaires sont aujourd'hui munis d'un
ballonnet qui s'emplit automatiquement d'air au
moven de fenétres à clapets placées dans la par-
tie inférieure de la sphère. L'a en s'engouf-
frant, lient le ballonnel sous pression el slabi-
lise le captif dans le vent aussi bien qu'un dra-
chen-ballon, mais plus simplement.
Aéronautes recucillis en mer. — larlis le
10 septembre, à 10 heures du soir, en ballon. de
Balterrea-Londres, MM. le lieutenant Barringlon-
Kennelt et Short, qui espéraient allemdre la
côle belge, ont élé recueillis à bout de lest ct
lransis, dans la mer du Nord par un remorqueur
qui les ramena au Hock (Hollande).
Le dirigeable « Italia » et les nouveaux
autoballons italiens. — [Le dirisgcable /lalia,
à carène élastique, dû au comte Almerico da
Schio, modifié comme nous l’annoncions dans
l'Aérophile du 1* juillet a repris ses essais. La
plus récente ascension à eu lieu le 3 juillet a
l'aérodrome de Schio (Vénétie), (V. Aérophile
d'avril, août et octobre 1905). Cette sortie dura
»0 minutes, le ballon n'élait pas: encore muni
du moteur Anloinelte 40-50 chx qu'il doit rece-
voir, et l'ancien moteur se confirma trop lourd
et trop faible, mais les organes de manœuvres
proprement dits donnérent:salisfaction.
Les essais du dirigeable militaire ilalien. dû
à MM. Morris, Ricaldoni el Crocco, les savants
Ofliciers de la Brigala Specialisti, sont commen-
cés (V. plus loin).
17 Octobre 1908
Enfin, un troisième dirigeable dû à l'éminent
ingénieur Fortanini et appartenant à la Sociélé
« Leornardo di Vinci », à clé construit à Crezen-
zago, près Milan ; il terminera vers décembre
des essais commencés il y a 2 ans. Capacilé
3.000 m°.
Premiers essais du dirigeable militaire
italien- — Durant la deuxième quinzaine d'août
et la première quinzaine de septembre, essais
préliminaires salisfaisants du moteur. Les es-
sais d'élanchéilé auraient accusé une perle de
7 % de gaz par 24 heures. De premières expé-
riences à Bracciano, vers le 12 septembre au-
raient démontré la nécessilé de cerlaines relou-
ches, dans la partie motrice. On n'indique pas
la date de la reprise des essais.
A la mémoire de Philippe Le Bon. — lans
la séance qu'il a tenue à l'Iôlel de Ville de Paris
le Comité des inscriptions parisiennes à arrête
les termes de l'inscription suivante à apposer
sur la maison portant le n° 12 de la rue Saint-
Louis-en-l'Ile
DANS CETTE MAISON
L'INGENIEUR PHILIPPE LEBON
A DÉCOUVERT, EN 1799
LE PRINCIPE DE L'ÉCLAIRAGE
ET DU CHAUFFAGE
PAR LE GAZ
Nos lecteurs connaissent (voir Aérophile de
janvier 1905. Les origines du gaz d'éclairage),
la part qui revient à Lebon dans celle grande
découverte industrielle, dont la paternité a
donné lieu à tant de coutroverses.
Les brevets de l'aéronautique
Brevels délivrés du 5 août au 19 août 1908.
390454. — 21 mai 1908. — SOCIÉTÉ ANONYME
AsrrA : Disposilif de cominande des gouvernauls
pour aéroplane.
390515. — 23 mai 1908. — TATARINOFF (W.)
Mode de navigalior aérienne.
300667. — 29 mai 190$. — ViALARD-COUROU
(M.-P.-F.) : Ballon dirigeable.
290817. — 1" juin 1908. — \WISNEWSKI (V.)
Mécanisme de propulsion pour ballons et machi-
nes volantes.
200835. — 2 juin 190$. — VERDER (P.-F.-M.)
Organe de suslentalion à ailes mobiles pour ap-
pareils d'aviation.
9101-378765. — 30 mai 190$. — SKOUSES (P.)
1” cert. d'add. au brevet pris, le 13 juin 1907,
pour machines à propulsion.
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chet).— L'aéroplane Bonnet-Labranche (A. M). — Le qua-
trième Grand Prix de l’Aéro-Club de France (Philos). —
Les conditions météorologiques pendant le quatrième Granil
Prix de l'Aéro-Club de France (Angot). — A Issy-les-Mou-
lineaux (M. l'egoul). — Explication rationnelle du vol ramé
(J. Le Bon). — Tribune des inventeurs : Nouvelles ex pé-
rienses de Paul Cornu. — L'Aéronautique Française à l'Ex-
position Franco-Britannique (F. de Rue). — Le Pour'et le
Contre : La priorité du gouvernail de profondeur appliqué
aux aérostats (Ch. Dollfus). — A l'Aéro-Club du Sud-Ouest.
— Tour du monde aérien. — Nécrologie.
SOMMAIRE DU BULIETIN OFFICIEL DE L'AÉRO-CLUB. DE
FRANCE : Comité de direction du 4°r octobre 1908..— Cam-
mission sportive du 30 septembre 1908. — Les ascensions au
Parc de l'Aéro-Club de France.
Portraits d'AViateurs Contemporains
TRAJAN
Le monoplan de Vuia, ses premiers essais à
Montesson, ses premiers essors encore trop courts
et mal assurés à Issy-les-Moulineaux et à Baga-
telle, tout cela est d'hier (1)... Bien peu s'en sou-
viennent pourtant.
*
* *%
Lorsqu'il arriva à Paris, Trajan Vuia venait de
prendre son grade de docteur devant la Faculté
d2 Budapest. Devenu juriste pour obéir à sa fa-
mille, le jeune homme préférait les études scien-
tifiques, il avait suivi pour son plaisir personnel,
les cours de l'Ecole supérieure technique de la
capilale hongroise. Le problème du vol l'avait
tCujours spécialement préoccupé.
C’est en 1903, à Paris, que Trajan Vuia com-
mençait la construction de son aéroplane d'étu-
des. Comme Ader, il adoptait le monoplan à ailes
repliables, le lancement sur roues et comme
icus les aviateurs jusqu'à cette époque, il dut
créer en même temps que la machine volante, le
moteur léger indispensable. Disposant de ressour-
ces limitées, Vuia avait imaginé un moteur peu
coûteux, à anhydride carbonique, suffisant pour
un engin de démonstration. Il ne put l’achever
qu'en 1905 et ne parvint jamais à le mettre au
point. Avec cet appareil, il réussissait cependant
à quitter le sol pour quelques mètres en 1906,
mais la stabilité longitudinale était des plus pré-
caires et la force motrice insuffisante. En 1907,
un nouvel aéroplane, amélioré et muni cette fois
d'un Antoinette 24 chevaux donnait des résultats
plus satisfaisants.
Mais Santos-Dumont avait déjà volé 220 mètres,
125 progrès rapides de Farman captivaient l’at-
tention publique. Vuia avait cessé ses expérien-
ces, les ressources lui manquaient pour amélio.
(1) Voir Aérophile de 1906 et 1907 passim.
VUIA
rer et développer sa conception première. Il ren-
tra modestement, dans le rang. Beaucoup l'ont
déjà oublié.
>
+ +
Nous avons voulu réparer cette injustice. Son
appareil abondaït en dispositions ingénieuses, qui
TRAJAN VUIA
atlestaient un esprit original, inventif et des con-
naissances mécaniques très sérieuses. Il fut conçu
‘ et exécuté au moment même où les premiers suc-
cès du Lebaudy semblaient faire oublier l’avia-
tion. L'effort de Vuia à cette heure difficile et avec
de; moyens d'action restreints, fut des plus méri-
tcires. 11 fut un bon serviteur de la grande cause.
Gardons-lui donc son petit coin d'histoire, il l'a
vaillamment conquis. ,
A. CLÉRY.,
308
Les prouesses de Wu Wright
L'aviateur américain gagne le
prix de fa commission d’avia-
tion. — Plus d’une heure de vol
avec un passager.
Au camp d’Auvours, Wilbur Wright conti-
nue la série de ses merveilleuses performances ;
vols d'une heure et davantage avec un pas-
sager de poids moyen comme Frantz Reiche!
comme Fordyce, essor facile avec un compa-
gnon de poids plus imposant tel que M. Léon
Bollée, le distingué président de l’Aéro-Club
de la Sarthe, six passagers successivement en-
levés dans la mème journée, atterrissages tou-
jours faciles et sans le moindre incident, les
conditions du contrat Wright-Lazare Weil-
ler, qui nous parurent si sévères, pleinement
remplies et même dépassées, tout ce que nous
espérions se réalise sous nos yeux, avec une
sûreté et une rapidité prodigieuses. Avec un
passager à bord Wilbur Wright a déjà fait des
vois plus prolongés que ceux de tout autre ap-
pareil monté par son seul pilote. Et tout cela
s'acromplit si aisément que l’on ne sait encore
si l’aviateur a réalisé son suprême exploit, si
son aéroplane a fourni tout ce qu’il peut ren-
dre. On ne voit pas trop ce qu’on pourrait lui
demander encore, tout au moins au point de
vue de la pure démonstration de princire. Les
exigences techniques et industriellzs se dessi-
nent déjà; il faut songer à allonger la durée
des vols par des moteurs d’un fonctionnement
plus sûr encore, par laugmentation de la
provision d'essence transportée, rendre plus
pratique les moyens de départ, et il est permis
de songer à améliorer le confortable à bord,
la carrosserie aérienne. La phase de l’inven-
tion pour ce type d'appareil est close; Père
des metteurs au point commence.
Nous n'attendons plus de Wright qu’une
chose : l'éducation de son premier élève; si
lon en croit les impressions des passagers,
qui purent suivre de près ses manœuvres Pap-
preutissage ne paraît pas devoir être tres dif-
fivile.
Cetic Témonstration est cependant néces-
saire.
28 septembre. — 1 h. 7 min. 24 sec.
de vol, seul; 11 min. 35 sec. 2/5 de
vol avec M. Paul Tissancier. —
Dazs l’après-midi Wright, seul à bord, exécute
trois vols contrôlés et chronométrés autour de
la piste tracée à cet effet.
Le premier vol commencé à 2 h. 46 se pro-
longea 1 h. 7 m. 24 s. 4/5. La distance officiel-
lement parcourue était de 48 kil. 120 m.,
comptant pour le prix de la commission d’avia-
tion et la Coupe Michelin 1908. Dans son vol
de 1 h. 31 m. 25 sec. du 21 septembre, com-
15 Octobre 10908
(Photo Rol).
Un virage de Wilbur Wright.
mencé plus tard dans l’après-midi la distance
parcourue à l'instant du coucher du soleil se
trouvait être de 38 kil., distance comptant
officiellement pour les 2 épreuves sus-indi-
quées. Wiibur Wright venait donc de gagner
9 kil. environ sux la précédente distance offi-
cielle.
Deuxième vol à 5 h. 23. Cette fois, M. Paul
Tissandier, l'excellent aéronaute et sportsman
que passionnent aussi les expériences d’avia-
tion à pris place à bord. Wright vola ainsi
avec son passager 11 m. 35 s. 2/5, record mon-
dial, à ce moment, du vol à deux. La hauteur
du vol atteignait par instants une trentaine
de mètres.
Enfin un troisième vol de 7 m. 45 avec le
comte de Lambert, termina cette journee bien
remplie.
Le premier vol fut arrêté par l'insuffisance
de Ja provision d'huile.
30 septembre. — Wilbur Wright ga-
gne le Prix de la Commission d’a-
viation, clos à cette date, avec les 48 kil.
120 m. effectués le 28 septembre.
3 octobre. — Pres d'une heure de
vol à deux. - Ies jours suivants sont
employés à améliorer le graissage qui présen-
tait quelques imperfections. En même temps
on essayait des hélices de dimensions plus
grandes en vue de prochains essais avec des
passagers plus lourds et de vols plus prolongés.
C'est seulement le 3 octobre que les vols
reprennent.
Le matin, 3 vols d’essai de 4 min. 50 sec. 1/5,
de 9 m. 31 sec. 2/5, et de 22 sec. 1/5, avec de
nouvelles hélices. Dans le premier vol, la hau-
l’Aérophile
teur moyenne ne dépassa pas 1 m. 50. Jamais
Wright ne s'était maintenu si bas. Il voulait
démontrer la parfaite maniabilité de l’appa-
reil à proximité du sol, ce qui constitue une
difficulté de plus, par suite du danger de con-
tact avec la terre. La vitesse du second vol
aurait atteint 62 kil. 500 à l’heure, ce qui
mettrait un gain de 5 kil. par heure à l’avan-
tage des nouvelles hélices. Ces hélices ont des
pales à peu près deux fois plus larges que
celles des précédentes et elles tournent plus
vite.
Dans l’après-midi, Wilbur Wright vole en-
core seul 18 min. 23 sec. 4/5 couvrant environ
14 kil. à 10 mètres de hauteur moyenne. Puis
il iavite notre aimable confrère Dickins, du
New-York Herald à prendre place à bord et
faisait avec lui un vol de 3 m. 2s. 2/5.
On croyait tout terminé, le soir tombait, lors-
que, à 5 h. 55 du s., Wilbur Wright emme-
nant avec lui lrantz l’excellent chronigueur
sportif du Figara commençait autour de la
piste figurée par les 3 fanions, la randonnée
aérienne la plus impressionnante qu’il eüt
encore réussie. La nuit assombrissaié peu à
peu l’immense clairière, des phares d’automo-
bile s’allumaient un à un dans le noir, le
grand oiseau volait toujours, se repérant sur
le fanal fixé au sommet du pylône; la foule
attendait la fin de la ronde nocturne, pénétrée
de l’étrange beauté du spectacle. Le vol s’a-
cheva sans incidents sous la clarté de la lune.
Il avait duré tout près d’une heure, exacte-
ment 55 min. 32 s. 1/5 et la distance parcou-
rue peut s’évaluer à 50 kilomètres environ.
C'était le nouveau record de durée du vol
à deux qui faisait ainsi un bond formidable
de 11 min. à près d’une feure.
5 octobre. Un passager de
100 kilog. — Wilbur Wright tenait à re-
mercier M. Léon Bollée, président de ;’ Aéro-
Club de la Sarthe et les autres dirigeants du
Club des bons offices qu’ils n’ont cessé de lui
prodiguer depuis le début de ses essais au
Mans. Or il n'avait emmené jusqu'alors que
des passagers de poids léger ou moyen ct
M. Léon Bollée, un vrai « poids lourd », ne
pèse pas moins de 108 kilog.! Ce ne fut pas
une difficulté pour l’aviateur américain, et
M. Léon Bollée n’en faisait pas moins le
5 octchre en compagnie de Wilbur Wright, ses
deux tours d’aérodrome en 4 min. 9: sec.
M. René Pellier, vice-président de l’Aéro-
Club de la Sarte prenait ensuite place à bord
pour 3 vols qui durèrent respectivement
3 min. 54 s., 7 min. 30. s. et 30 secondes seu-
lement pour le troisième. Ce dernier vol fut
abrévé par un curieux inziäent. Voulant assu-
rer sa casquette qui menaçait de s'envoler,
Wright lâcha son levier droit, mais en levant
le bras il appuya par inadvertance sur la
corde qui commande l’allumage et le moteur
399
s'arrêta. Le pilote put reprendre son levier à
temps et atterrir uornalement.
Le soir du même jour, vol de 10 minutes
avec M. Pellier.
M. Léon Bollée dont on connait la compé-
tence dans les questions mécaniques est d'avis,
après avoir observé de visu les manœuvres de
Wright en plein vol, que la conduite de son
appareil est aisée à apprendre.
6 octobre. — Plus d’une heure de vol
avec un passager: C’est à M. Ar-
nold Fordyce, le promoteur des premières né-
gociations pour l’achat de l'appareil Wright
en 1906, que devait échoir le plaisir de voler
le premier plus d’une heure en compagnie de
Wilbur Wright.
Le départ eut lieu à 5 h. 18. Des phares
d'automobiles placés aux fanions de visage et
sur le pylone indiquaient la route à suivre.
Tout de suite l’appareil gagnait 25 m. de
hauteur et commençait ses immenses ellipses,
et quand l’aéroplane vint reprendre terre, en-
tre le hangar et le pylone, il avait volé 1 h.
4 min. 26 sec. 1/5, battant de nouveau de 9 min.
le précédent record du vol à deux. Le parcours
a été évalué à 70 kil. La clause du contrat de
vente qui imposait à Wilbur Wright une heure
de vol avec ur passager était remplie.
7 octobre. — Ce jour-là Wilbur Wright em-
portait successivement six passagers pendant
les temps suivants M. Hart O. Berg,
3 min. 24 s.; Me Hart O. Berg, 2 min. 35.;
M. Félix Lardy, trésorier de l’Aéro-Club de
la Sarthe, 4 min. 25 s. 4/5; M. Paul Jamin,
vice-président du même Club, 4 min. 22 s.;
le jeune Michalopoulo, un garçonnet de 11 axis,
neveu de M. Léon Bollée, 4 m. 12 s. 2/5;
M. Seldotenkoff, attaché de l’ambassade de
Russie à Rome, 4 m. 24s. 4/5.
Mre Hart O. Berg devient ainsi la
deuxième femme qui ait volé en aéroplane.
Tous les passagers se sont déclarés enchan-
tés.
Notre excellent confrère François Peyrey
constate dans l'Auto que jusqu’au 7 octobre
1908 inclus Wilbur Wright a exécuté 56 vols
d’une durée totale de 11 h. 32 min. 3 sec. et
enlevé 15 passagers différents dont la liste
s’allongera de jour en jour.
8 octobre. — Encore 7 vols ce jour-là, dont
6 ont duré en moyenne 4 minutes, avec
MM. Griffith Buwer, un des champions anglais
dans la Coupe Gordon-Bennett, C. $. Rolls,
F. H. Butler, le major Baden-Powell, Serge
Ktaznatkoff, chambellan du tsar, Me Léon
Bollée, et le commandant Bouttieaux, l’an-
cien directeur de Chalais-Meudon. Le com-
mandant Bouttieaux, dont on connaît la haute
compétence en aéronautique, s’est montré
émerveillé de la maniabilité de l'appareil qui
400
tantôt volait à 25 m. de hauteur, tantôt venait
au gré du pilote, frôler les bruyères en fleurs.
La reine douairière d'Italie et don Jaime
de Bourbon, qui assistaient aux expériences de
l'après-midi, félicitèrent chaleureusement Wil-
bur Wright.
9 octobre. -— 6 vols de 4 min. chacun en
moyenne avec pour passagers M. Lazare Weil-
ler, MM. Henry Deutsch de la Meurthe et
Ecrnheim, ingénieur des constructions navales.
5 octobre. — M. Painlevé, de l'Insti-
tut, vole 1 h. 9 min. 45 sec. 2/5
avec Wilbur Wright. — Après une
natinée de mauvais temps, les essais de re-
cette ont eu lieu l’après-midi devant la com-
mission choisie par MM. Lazare Weiller et
Berg pour contrôler l'exécution des clauses
du contrat d'achat de l’appareil Wright. Cette
commission comprend
Président : M. Henri Béauté, membre de
l'Institut; vice-président : M. Painlevé, mem-
bre de l’Institut, professeur à l'Ecole Poly-
technique ; MM. Ernest Archdea-
con, président de la commission d'aviation de
l’Aéro-Club de France; Armengaud jeune,
président de la Société d'aviation; Hart. O.
Berg; Adolphe Berget, professeur à la Sor-
Eonne; Léon Bollée; commandant Bonel,
membre de la commission des inventions inté-
réssant l’armée; commandant Bouttieaux, di-
recteur des services d’aérostation, délégué du
ministère de la Guerre; Henri de Castex; de
Castillon de Saint-Victor, président de la com-
irission sportive de l’Aéro-Club de France;
Henry Deutsch (de la Meurthe); capitaine
Dorand, délégué du ministère de la Guerre ;
capitaine Ferber; lieutenant de vaisseau Glo-
rieux, délégué du ministère de la Marine;
Ambroise Goupy; Henry Kapferer; Frank
Lahm; de Lareinty-Tholozan; Henry de La
Vaulx; capitaine Lucas Girardville, déiégué
du ministère de la Guerre; Charles Mascart ;
capitaine Moch; Petithomme, ingénieur en
chef de la Marine, délégué du ministère de la
Marine ; François pose ; René Quinton, pré-
sident de la Ligue Fr ançaise aérienne, et Paul
Tissandier.
Devant une foule immense,
expérience eut lieu à 4 h. 1/2, interrompue
tout de suite. M. Painlevé, de l’Institut, qui
accompagnait Wilbur Wright, ayant voulu
rattraper sa casquette que le vent soulevait,
toucha à la corde qui coupe l'allumage au
moment où l’aéroplane filait sur le rail de
lancement. Le moteur s'arrêta et, l'appareil
allant patiner dans le sable, brisa un fil de
son armature.
Wright
humeur.
menaça
membres
une première
manifesta une véritable mauvaise
Il avait perdu son flegme habituel, et
d'ajourner, toute expérience, si le
15 Octobre 1908
public, accouru autour de son appareil, ne se-
retirait pas nnmédiatement.
La réparation fut effectuée d'urgence, et,
à oh. 1/2, les poids du pylone s’abattirent
cette fois.
Sa performance ne s'arrêta qu'à 6 h. 21,
lorsque tous les records furent battus. Wright
et M. Painlevé avaient ainsi tenu l’atmosphère
pendant une heure neuf minutes 45 see. 2/5
couvrant une distance officielle de 55 kil.
(parcours effectif : 70 à 80 kil.), à 10 mètres.
de hauteur moyenne, par un vent nul (précé-
dent record, le 4 octobre, avec M. Fordyce
l'hdmz ts 1/5
On assure que le groupe financier de
M. Lazare Weiller, considérant les conditions
d'achat comme remplies, se disposerait à
verser à Wright la moitié de la somme pro-
mise (250,000 fr.) l’autre moitié payable lorsque:
l’aviateur aura instruit les trois élèves qu’il
s’est engagé à former. P. ANCELLE
Lorna
À l’Aéro-Club du Sud-Ouest
Ascensions de l'Aéro-Club du S.-O.
30 septembre. — Bordeaux, usine à gaz de la
Bastide, 8 h. 30 du m., l’Aqguilaine (1.100 m'°) :
MM. le vicomte Ch. de Lirac, Félix Mesnard et
Valadier, celui-ci néophyte. Att. à 10 h. 40 à
Castelnau-du Médoc. Durée : 2 h. 10. Distance
2? kil.
5 octobre. — 10 h. 5 du m. Montauban. La
Côte d'Argent Go m'). MM. le vicomte Ch. de
Lirac, de Saint-Félix et Saint-Faust, ces deux
derniers néophytes. Att. à midi 20, à Lizac (Tarn-
et-Garonne). Durée : 2 h. 15. Distance : 17 kil.
Cette ascension était donnée à l’occasion du
centenaire de la création du département de Tarn-
et-Garonne.
7 octobre. — 3 h. 30 dus. pod usine à
gaz de la Bastide. Le Réve (1.200 m') MM. Paul
Léglisé, Roger Achard, Etienne Faure et le vi-
comte de Lirac. Alt. à 5 h. 50, à Sainte-Hélène-
du-Médoc. Durée : 2 h. 20. Distance : 2S kil. 500.
IISISIIS
Les brevets de l'aéronautique
Communiqué par MM. Weismann et Marx, in-
génieurs-conseils en matière de nropriété indus-
lrielle, 90, rue d'Amsterdam, Paris.
391110. — 5 novembre 1907. — NeyEx (E.)
Aviateur dirigeable aérodynamique.
391218. — ?3 août 1907. — PrLLer (V.) : Ballon
dirigeable.
391 — 26 août 1907. — JACQTELNX (E.) : Aé-
roplane à surfaces mobiles.
391325. — 2 avril 1908. — Lonraxt (L) : Gou-
vernail de direction automatique pour machines.
volantes.
291425. — 1° juin 1908. — Mazet (M.) : Sys-
tème d'aérostal dirigeable à montage et à dé-
montage rapides.
391430. — 2?S août 1907. — SOCIÉTÉ ANTOINETTE :
Système d'hélice pour la navigation aérienne.
391445. — 11 juin 1908. — CLEMENCEAU (L.-L.)
Procédé d'allègement et de stabilisation des a6-
roplanes par les gaz chauds provenant de l'é-
chappement du moleur.
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BULLETIN OFFICIEL
DE L’AÉRO-CLUB DE FRANCE
Siège social : 63, avenue des Champs-Elysées, Paris (VIII)
COMITÉ DE DIRECTION DU 1‘ OCTOBRE 1908.
Ballottage. — Le Comité de Direction de l’Aéro-
Club de France, dans sa séance présidée par
le comte de La Vaulx, a procédé au ballottage
et à l'admission de MM. Jean Gobron, Joseph
Bonnet, Jean de Fabry, Henri Turot,. Maurice
Dodeman, André Capron, Jacques Chevrier, Guil-
laume Hugues, Lucien Henraux, Raymond Mé-
zières, Thayer, Hollier-Larousse, E. Chalençon,
Dobresco, Seinesco, Victor de Beauclair.
Brevet de pilote. — Il a décerné le brevet
de pilote-aéronaute à M. Henry Gon.
Médailles d'or. —- Il vote une grande
médaille d’or à Wilbur et à Orville Wright, pour
lcurs expériences d'aviation de septembre 1908.
Exposilion aéronautique. — Le principe d’une
Exposition aéronautique en 1909 est voté.
Modification au règlement du brevet de pilote.
— Après échange de vues, le Comité décide d’a-
jouter au texte du règlement de délivrance du
brevet de pilote-aéronaute : « Il peut également,
dans les mêmes cordilions, rctirer le brevet. »
Grand Prix de l’Aéro-Clu» de France. — Le
Comité de Direction approuve les dispositions
prises pour la journée du Grand Prix de l’Aéro-
Club, le 4 octobre, aux Tuileries ; il désigne
MM. Léon Barthou, de La Vaulx et Louis Blé-
riot pour recevoir les personnages officiels à la
tribune: d'honneur.
COMMISSION SPORTIVE DU 30 SEPTEMBRE 1908.
Présents à la séance ouverte sous la prési-
dence du comte de Castillon de Saint-Victor, pré-
sident : MM. Paul Tissandier, Maurice Mallet,
le comte Henry d: La Vaulx, Paul Renard, le -
comte Arnold de Conltades, Etienne Giraud,
Georges Besancon, Edouard Surcouf.
Concours d'Evreuz. — Les commissaires,
MM. Maurice Mallct, de Contades et Georges Be-
sançon, donnent connaissance de leur rapport
qui conclut à lattribution des 1* et 2 prix
réunis en un seul, à MM. de Francia et Schel-
cher, classés premiers ex æquo.
Le rapport des commissaires ne déterminant
pas d’une facon suffisamment précise la place
de 3°, la C. S. renvoie le dossier pour complé-
ment d'enquête.
L'un des concurrents ayant adressé son dos-
sier après les délais réglementaires, est frappé
d’une amende de 20 francs, qui lui sera notifiée
par le secrétariat.
Interprétation de Règlement. — La C. S. exa-
mine ensuite l'incident soulevé par l’Aéronauti-
aue-Club de Fran:e au sujet d'une interprétation
des Règlements de la F. A. I. et approuve plei-
nement la manière de voir et les actes du secré-
taire de la C. S. et son rappcrt sur l'incident.
Coupe Antonetti. — Le dossier de M. Leblanc,
relativement à la Coupe Antonetti, est de nou-
Veansprésenté à la CS.
À la suile de cet examen, ef à l'unanimité. la
C.S. homologue : Coupe Antonetti : M. Alfred
Leblanc, 1* (enant. (Voyage du 22 août 1908.
401
Télégrammes : AÉROCLUB-PARIS. — Téléphone : 666-21
Départ de l’Aéro-Club, descente le 23 août 1908,
à Speyerdorf, commune de Lahen, canton de
Pheïnpflatz (Allemaone). Distance homologuée :
438 kil. 800.)
Modifications DrODOSRES au Règlement de la
F. A. |. — La C. $S. examine les diverses pro-
positions qui vont être présentées à la réunien
du 9 octobre, à Berlin, pour les modifications à
apporter au Règlement général des Concours de
la F. A. I. et indique à son délégué, le comte «de
Castillon, les points de vue qu’elle le charge de
défendre.
LES ASCENSIONS AU PARC DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE.
7 septembre. — 3 h. 15 du s. Ron-Ron (600 m').
MM. le comte Arnold de Contades, Jean Go-
bron. Att. à 6 h. 30, à Dangu, près Gisors. Du-
rée : 3h15.
8 septembre. — 9 h. 30 du s. Le Limousin
(1.200 m') MM. Amédée Bastier, Ravut, Juste,
Lemouzay. Atl. à 6 h., à la frontière belge. Du-
réerman RU
9 sentembre. — 1 h. 15 du m. L’Elfe (1.800 mr).
MM. Frank Otter, Demay, Rectèves, Southey.
Att. non indiqué.
11. septembre. "14 h: 15 du me. Astra
(1.600 m'). MM. le comte de La Valette, William
Maxwell, Norman Dike, John Hill Morgan, Mme
Ed. Surcouf, Mme de La Valette. Att. à 2 h. 40
près Chelles. Durée : 2 h. 55.
12 seplembre. — Ascension féminine. —
2 h. 45 du s. Ariane (450 m°). Mme Emile Carton,
Mme Silberer, femme de M. Victor Silberer, le
distingué président du Wiener Aéro-Club. Ail. à
4 h. 35, à Grisy (S.-et-M.). Durée : 1 h. 50.
Ascension très bien conduite par un équipage
entièrement féminin.
12 septembre. — 6 h. 30 du s. Bienvenue
(1.450 m'). MM. Emile Carton, Marcel Baratoux,
Jules Baratoux, Dollot. Att le 13 septembre, à
midi 45, à Chéries (Loire). Durée : 18 h..15.
12 septembre. — 11h. du -s. Limousin
(1200 m°). MM. A. Bastier, Furet, le docteur
Adolphe Bloch. Att. à midi 30, à Rivière-les Fos-
sés (Côtes-du-Nord). Durée : 13 h. 30.
14 septembre! — 1 h. 15 du s. Le Favori
(600 m'). M. A: Santos-Dumont, Mme Laloue-
Depoues. Att. à Luzarches.
17 septembre. — Traversée aérienne de ia
Manche de France en Angleterre. — 5 h. du
s. Aéro-Club III (1.550 m°). MM. Jacques Faure,
Frank Otter. Att. à 5 h. du m., à Ivychurch.
comté de Kent (Angleterre). Durée : 12 h. dont
8 heur>s de traversée maritime.
15 septembre. — 1 h. du s. L'Aurore (900 m').
MM. Aug. Nicolleau, Drouineau. Aïtt. à 3 h. 20
à Gournay (Seine-Inférieure). Durée : 2 h. 30.
19 seplembre. — 10 h. 45 du m. Aéro-Club V
(900 m°). MM. Ernest Barbotte, Jules Duhois., Al-
fred Frod. Aft. à 3 h. 20, à Luzarches (S.-et-O.).
Durée : 4 h, 35.
402
plendides vols d'Henri Farman
au camp de Châlons
Tandis que Wilbur Wright poursuit au
camp d'Auvours ses magnifiques expériences,
Henri Farman, installé à Mourmelon au bord
du eamp de Châlons, a repris lui aussi ses
essais. L'appareil que les frères Voisin ont
muni de cloisons verticales, est pleinement ra-
mené au type cellulaire qui paraît posséder
les préférences des célèbres constructeurs. Au
camp de Châlons, l’espace ne manque pas et ce
type d’engin a pu y montrer plus commodé-
ment qu'à Issy-les-Moulineaux, trop étroit
pour d’amples virages, de splendides qualités.
Farman parut même devoir ravir de justesse
à Wilbur Wright, le prix de 5,000 frauca de
la Commission d'aviation.
(Photo Branger)
Henri Farman franchit un léger vallonnemeut au
camp de Chälons.
Après de premiers essais d'entraînement et
de mise au point avec la coliaboration de Ga-
briel Voisin qui s'était rendu avec lui au
camp de Châlons, Farman s'était engagé pour
disputer les 26, 27 et 28 septembre (engage-
ment renouvelé les jours suivants) la Coupe
Michelin, le prix de la Commission d'aviation
et le prix de la Hauteur.
Son vrai début à Châlons eut lieu le
29 septembre et il demeure sensationnel. Le vol
ne put commencer qu’à 5 h. 45, sans espoir de
ravir à Wilbur Wright son record officiel, car
c'était à peu près l'heure du coucher du so-
leil, heure après laquelle, réglementairement,
les performances effectuées n’entrent pas en li-
gne de compte. Farman n’en accomplit pas
moins d’un vol très régulier et parfaitement
sûr, à 10 mètres de hauteur en moyenne, qua-
torze fois lo tour d’un immense triangle de
3 kilomètres de périmètre, tenant l’atmos-
phère durant 43 minutes; le parcours compté
à la corde est de 42 kil. Etant donnée la lar-
15 Octobre 1908
geur des virages, il fut, en réalité, beaucoup
plus long. Contrôle de MM. A. Fournier et
Montefiore
Le célèbre aviateur pouvait donc espérer
en commençant son essai plus tôt dans la jour-
née du lendemain, 30 septembre, date de clô-
ture de la compétition, égaler ou battre les
48 kilomètres par lesquels Wilbur Wright était
devenu officiellement le 28 septembre, ‘léten-
teur provisoire du prix de la Commission d’a-
viation. Mais un malencontreux défaut de
graissage lui fit perdre cette dernière chance
Il dut interrompre un vol superbe après
35 min. 36 sec., effectuant onze fois le tour de
la piste triangulaire, plus le premier kilo-
mètre du 3 tour, soit 34 kilomètres au total.
Le prix de la Commission d’aviation lui
échappait, mais comme fiche de consolation
il devenait, tout au moins, le tenant à ce
jour de la Coupe Ernest Archdeacen, pour
laquelle il était inscrit.
LI
x _*
Henri Farman est trop bon sporcsman
pour se décourager. Il perfectionne la mise
au point de l’appareil qui lui a permis de si
beaux succès et ne désespère point d’égaler
à son tour, pour peu que la chance le favo-
rise, les glorieuses performances de Wilbur
Wright. GEORGES BLANCHET
AAA
L'aéroplane Bonnet-Labranche
L'appareil des frères Bonnet-Labranche,
que représente notre photographie, commence
ses essais préliminaires. Il ne mesure pas
moins de 80 m° de surface portante et est
muni d’un moteur de 80 chevaux actionnant
une hélice tractive à deux branches.
(Photo Branger)
L'aéroplane Bonnet-Labranche.
On remarquera le développement du plan
supérieur qui va rejoindre la cellule stabili-
satrice d’arrière. Gouvernail de profondeur à
l'avant du fuselage et plan mobile autour d’un
axe horizontal, situé derrière la queue cellu-
laire et servant également à la direction sur
la verticale. Ailerons mobiles aux angles ex-
ternes antérieurs du plan inférieur.
A. M.
l’Aérophile
LA
Ë
iÙ-CLUB DE
Le Grand Prix de l’Aéro-Club de France,
disputé le 4 octobre dernier, pour la qua-
trième fois, est aujourd'hui l’un des grands
évents sportifs parisiens. La coïncidence avec
un épreuve hippique très suivie, le Grand
Prix d'Automne, le charme d’une -exquise
journée d'automne, propice aux dernières ex-
cursions dominicales, ont pu causer quelques
vides. Ils n’ont pas réussi à détourner du
jardin des Tuileries, la foule immense, en-
thousiaste que passionnent aujourd’hui plus
que jamais, toutes les manifestations aéro-
nautiques. À l’attrait d’une magnifique jour-
née de sport et du spectacle splendide de
lescadre aérienne, voguant lentement sur
Paris, éparpillée dans la lumière dorée puis
peu à peu disparue dans les brumes du soir, se
joignait la satisfaction d’une bonne action,
puisque la fête était organisée, comme à l’ha-
bitude, au bénéfice de la Caisse des Victimes
du Devoir. Le public parisien ne refuse
jamais son obole à ceux qui lui procurent ce
double plaisir.
Quant au succès sportif, il a été complet,
exceptionnel... inespéré. Les concurrents eus-
sent souhaité le bon vent d'ouest, vif et ré-
gulier qui les eut emmenés bon train vers
l’Europe centrale. Or, une brise presque in-
sensible émouvait à peine l'atmosphère lim-
pide. C’était la direction incertaine des temps
de calme presque absolu, l'attente obstinée,
monotone, énervante, dans une nacelle errante
(Photo Branger)
Les départs du 4m° Grand Prix de l’Aéro-Club de France au Jardin des Tuileries, le 4 octobre 1908.
et qui s’attarde, au lieu -de la chevauchée ra-
pide et fantastique dans les nuées échevelées.
Les pilotes se résignèrent; et leur endurance,
leur. énergie raisonnée, leur maîtrise de soi,
leur habileté à ménager le lest, nous ont néau-
moins valu, dans ces conditions difficiles, des.
résultats très honorables comme distance et
absolument remarquables comme durée. Son-
gez que 11 concurrents sur 18 ont tenu l’atmos-
phère plus de 24 heures ! Dans un simple
1.600 m° de coton, le glorieux C'entaure, que le
comte de La Vaulx lui prêtait, le vainqueur,
Georges Blanchet, notre excellent collabora-
teur, aidé de M. Sirven, le distingué prési-
dent de l’Aéro-Club des Pyrénées, dépasse
37 heures ! M. Jean de Francia, un jeune
pilote qui s’est classé en peu de temps parmi
les meilleurs, ne descend qu'après 30 heures,
suivi de près par Georges Cormier de l’Aéro-
nautique-Club de France, l'excellent second
de l’année dernière. D’autres nouveaux pilotes,
comme Albert Omer-Decugis. le lieutenant
Bellenger, affirment toute leur valeur ; dans
un 1.200 m° déjà ancien, le Limousin, Amé-
dée Bastier, accompagné d’un néophyte,
M. Pillard, débute dans les grandes épreuves
avec plus de 24 heures. De glorieux vétérans
comme Ed. Bachelard et Ernest Barhotte, ce
dernier arrêté par la mer, ne reprennent terre
également qu'après une journée révolue:
de même, le docteur Sticker qui représenta
dignement et avec une si parfaite courtoisie,
les couleurs allemandes dans ce concours in-
ternational. Arrêté trop tôt par la mer, Jac-
404
ques Delebecque a prouvé qu’il serait le
digne second d'Alfred Leblanc dans la Coupe
Gordon-Bennett, et ce ne fut point la faute
d'Henry Kapferer s'il se retrouvait après
94 h. 18 de voyage, près de Château-du-Loir.
L’inconstance du vent et sa faiblesse pou-
vaient tromper les meilleurs. Rarement, ja-
mais peut-être, les atterrissages d’un con-
cours aérostatique furent aussi dispersés.
L'angle d'écart entre les points extrêmes de
descente occupe près d’un tiers de l’horizon.
Les météorologistes trouveront là matière à
d’intéressantes remarques, surtout en con-
sultant les divers livres de bord qui permet-
tent de retrouver exactement la route suivie.
Partis vers l’est, les ballons se sont trouvés
ramenés ensuite peu ou prou vers l’ouest, sui-
vant des courbes plus ou moins brusquement
infléchies. Même les ballons descendus le plus
au sud, comme le C'entaure ne semblent pas
avoir échappé à ce mouvement, mais pour eux,
la courbe fut de plus grand rayon.
#
% +
Le samedi 3 octobre, un banquet cordial
réunissait à l’Automobile-Club de France, les
concurrents qui étaient invités, ainsi
que de nembreux convives. Autour du
comte Henry de La Vaulx, vice président de
l’Aéro-Club de France, noté : MM. Ed. Ba-
chelard, Ernest Barbotte, Georges Blanchet,
Boivin, G. Cormier, le docteur Sticker, J. De-
lebecque, Léon Gheude, J. de Francia, Albert
Omer-Decugis, Augustus Post, secrétaire de
l’'Aéro-Club of America, André Scheleher,
Léon Maison, G. Besançon, M. Bienaimé,
lieutenant Bellenger, Forbes, Louis Godard,
René Gasnier, L. Henraux, Helwig, Le-
maître-Mercier, Frank $S. Lahm, le comte de
Lambert, André Le *:un, Georges Le Brun,
Alfred Leblanc, J.-C. Mac Coy, Boyer, Guillou,
James Bloch, Blau, Jacques Faure, Emile
Bossuet, le comte de Castillon, docteur Crou-
zon, Don Simoui, Dodeman, Emile Du-
bonnet, Paul Delaporte, Léon Delagrange,
Maurice Echalié, Henri Julliot, André Pu-
pier, Pierron, Maurice Mallet, Hon, C. S&.
Rolls, P. Regnard, Ed. Surcouf, Victor Ta-
tin, Paul Tissandier, W. H. Fauder, Gaston
Tranchant, Melvin Vauiman, Ch. Weismann,
Ernest Zens, Paul Zens, P. Frézier, Jean de
Villethiou, Frank H. Butler, M. Wolfang. etc.
A l'issue du banquet, le comte de La Vaulx
prononce l'allocution suivante, fréquemment
coupée d’applaudissements
« Mes chers collègues,
« L'absence de M. Cailletet, notre distingué
président, relenu loin de nous par !2 Congrès
du froid, me procure l'agréable devoir de re-
mercier en volre nom à lous. les, organisateurs
et les concurrents du Grand Prix de l'Atro-Club
de France qui va se disputer demain dans le
jardin des Tuileries. :
« Je veux tout d’abord remercier M. Georges
Besancon, notre sezrélaire général, qui s'est
mulliphié pour assurer la parfaite organisation
de celte grande épreuve sportive. Je veux aussi
n
15 Octobre 1908
remercier notre chel du secrétariat, M. Bans,
qui, bien que se tenant modestement dans l’om-
bre, n’en à pas moins secondé avec un dévoue-
ment infatigable notre secrétaire général.
« En votre nom aussi, mes chers collègues,
je remercierai les concurrents de demain et, d’une
manicre toute spéciale, les concurrents étrangers
M. le docteur Sticker, pilote de la Fédération
aéronautique allemande, et M. Gheude, pilote
de l'Aéro-Club de Belgique, ainsi que les con-
curreits de nos Sociétés affiliées, MM. Ernest
Barbotte, Boivin, Cormier et de Francia. Par
leur présence et par l'émulation qu'ils vont dé-
ployer pour conquérir le trophée du Grard-prix
de l’Aéro-Club, ils vont prouver à tous que mal-
gré les superbes performances des Wright, des
Blériot, des Farman, des Delagrange, malgrs
les magnifiques randonnées des aéronats, le
sport du ballon spérique n'est pas mort et que,
contrairement au dire d2 quelques-uns, il de-
vient de plus en plus prospère au fur et à me-
sure que la pensée humaine sorienic vers les
sciences de l'air. é
« Il me reste donc à souhaitr à tous, aux
organisaleus c:mtne aux cenrurrerls de notre
Grar.d-Prix, un teaps idéal ; nous atteindrons
ainsi le double but que nous nous proposons
donner à la foule le speclacle d'une superb2
manifestation sportive et secourir le plus génc-
reusemeAat possible les Victimes du Devoir.
« Lans queiques jours. les champions français,
désignés par l’Aéro-Club de France pour courir
la Coupe Gordon-Bennett, se rendront à Berlin ;
d'ici là, aucune réunior officielle ne nous pet-
mettra de leur exprimer les souhaits que nous
formons pour leur victoire. Qu'il me soit encore
permis, malgré la présence parmi nous de con-
currents étrang2rs (eux-mêmes nous compren-
dront et nous approuveront, car Is n'ont pas
ménagé, j'en suis sûr, leurs vœux à leurs cham-
pions nationaux), qu'il me soit donc permis
d’adrésser, au nom de l'Aéro-Club de France, nos
vœux les plus sincères à Carton, à Faure et à
Leblanc, qui vont aller défendre nos couleurs
dans ce grand {ournoi pacifique. où seuls en-
trent en je: l'amcur du sport el jamour de Ja
science !»
*
*X *#
Le lendemain matin, par un temps radieux
le gonflement commençait sous la surveillance
des commissaires sportifs et des commissaires
délégués. L'examen des divers matériels avait
été fait avec compétence par les aéronautes
experts MM. Abel Corot, Emile Carton,
Louis Godard.
Dès l'ouverture des portes re public afflue et
les terrasses se garnissent rapidement.
À 3 heures, tandis que s'élèvent les ballons-
pilotes et les ballons-sondes, les personnages
officiels font leur entrée : M. Dujardin-Beau-
metz, sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts
représente le gouvernement. M. Gayot délé-
gué par M. le ministre des Colonies, M. Che-
deville adjoint au maire du 1% arrondissement
après une promenade autour des ballons, ga-
gnent avec le ministre des Beaux-Arts la tri-
bune officielle, guidés par MM. L.- P, Cail-
letet, président de l’Aéro-Club de: France, le
comte Henry de la Vaulx, Georges Besancon,
commissaire général du Grand Prix; Léon
Barthou, Eouis Blériot, René Grosdidier,
Becq de Fouquières, conservateur des Tuile-
1108,
CONSTRUCTEUR g
Ingénieur-en-Chef “ cru
- de l'Expédition Polaire Wellman,
Inventeur & Constructeur de la nacelle du ‘‘ Wellman ’ - 1907.
Agent du moteur E. N. V. pour avi.
tion et Auto-Ballons : huit cylindres,
refroidissement à l’eau, soupapes com-
mendées. Magneto, pompe à huile et
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28, Rue des Bas-Rogers — PUTEAUX |
l’Aérophile
Reconnu encore parmi les personnalités pré-
sentes : S. A. I. je prince Roland Bonaparte,
président de la Fédération aéronautique inter-
nationale et de la Commission scientifique de
l’Aéro-Club de France; LL. AA. RR. le prince
et la princesse Georges de Grèce, $. A. R. le
prince don Jaime de Bourbon, Santos-Dumont,
comte de Castillon, Prevet, sénateur, président
de la Caisse des Victimes du Devoir, Henri Jul-
Tiot, Mallet, commandant Renard, comman-
dant Bouttiaux, commandant Voyer, Georges
Juchmès, Archdeacon, capitaine Marchal,
(Photo de M. Georges Bans)
Les personnages officiels se rendant à la tribune ré-
servée. De droite à gauche : M L.-P. Cailletet, prési-
dent de l’Aéro-Club de France; le général Dalstein,
souverneur de Paris ; M. Dujardin-Beaumetz, ministre
“des Beaux-Arts; M. de Fouquières, conservateur des
Tuileries ; M. Léon Barthou, directeur du Cabinet du
Ministre des Travaux Publics.
René Quinton, Corot, Surcouf, Rousseau,
Emile Dubonnet, Rolls, Butler, Tatin, Tissan-
dier, Peyrey, Soreau, Ferber, Georges et An-
dré Le Brun, Capazza, comte de Contades,
Pean de Saint-Gilles, Maurice Couvreux, Jean
Ghesquière, Diérickx, Vaniman, Louis Godard,
Fordyce, Lucien Lemaire, Gorges Dubois, lady
Harbordt, Mme Decugis, Mme Ed. Surcouf,
Antonin Boulade, président de l’Aéro-Club du
Rhône et du Sud-Est, J. Saunière, président
de lAéronautique-Club de France, E.-
V. Boulenger président de l’Aéro-Club du
Nord, A. Nicolleau, F. S. Lahm, Pupier, Ch.
Villepastour, François Peyrey, L. Gonfreville,
comte ŒEconomos, Georges Bans, Echalié,
Hinstin, M. Guffroy, G. Juchmèes, L. Godard,
Laurent, secrétaire général de la Préfecture
de police, ete., etc.
Nos confrères M. de Besson, Fordyce, Wi-
mille, de Lafreté, Fafotte, l’excéllent dessi-
nateur Mich., etc., etc.
Les préparatifs s’achèvent sous la direc-
405
tion de MM. le comte de Castillon, Maurice
Mallet, Ed. Surcouf admirablement secondés
par les commissaires déléqnés : MM. James
Bloch, Emile Carton, le comte A. de Contades,
A. Corot, Georges Dubois, René Gasnier, Jac-
ques Faure, M. Guffroy, G. Juchmès, G. Le
Brun, A. Le Brun, Alfred Leblanc, A. Nicol-
leau, A. Santos-Dumont, Paul Tissandier,
îrnest Zens.
MM. Angot directeur du Bureau Central
météorslogique et Joseph Jaubert, directeur
du service météorologique de la Ville de Paris
apportent les documents météorologiques qui
fourniront d’utiles indications aux conceur-
rents. De son côté, sous la tente des commis-
saires, M. Magne, ingénieur de la maison Jules
Richard, préparait et scellait les 18 baromètres
enregistreurs de contrôle, obligeamment prêtés
par le célèbre constructeur et qui rendent tant
de services aux aéronautes par leur fonetion-
nement si précis et si parfait.
Les excellentes musiques du 28° d'infanterie
(chef M. André) et du 76° d'infanterie (chef
M. E. Bourbié), l'harmonie du Journal re-
marquablement conduite par M. O. Coquelet
et l’harmonie du Planteur de Caïffa sous l’ha-
bile direction de M. Hauchard entament leur
superbe programme de concert.
Tout à coup, dans un grand frémissement
d'ailes blanches, les 5,000 pigeons de la Fédé-
ration colombophile de la Seine, libérés au
signal de M. P. Dérouard, président de ja
F. C. $., s’évadent vers le ciel bleu où rôdent
quelques ballons pilotes. Ce spectacle magique
et saisissant soulève une tempête d’applau-
dissements.
L'heure des départs est proche; les concur-
rents se hâtent vers les nacelles.
Déjà un superbe ballon est amené au point
de départ. C’est le ballon hors course le Gay-
Lussac, chargé de « faire le pas » devant les
concurrents. Dans sa nacelle, décorée aux cou-
leurs nationales, ont pris place MM. Emile
Carton, Jacques Faure, Alfred Leblanc, les
trois vaillants et habiles champions qui re-
présenteront le sport aérostatique fran-
çais à la Coupe internationale Gordon-Ben-
nett, disputée à Berlin le dimanche suivant.
Départ à 4 h. 15, très réussi et salué de vivats.
Le Gay-Lussac s'éloigne lentement vers l’ouest,
et à 6 h. 30, ses passagers reprenaient terre
dans le bois de Vincennes pour rapporter à
Paris les premiers renseignements sur l'état
de l'atmosphère, désespérément. calme aux
diverses altitudes jusqu’à 1.500 m. Ils avaient
fait du 4 kil. à l'heure !
A Ja suite du Gay-Lussac, avec une régu-
larité parfaite, sans le moindre incident, les
concurrents s'élèvent à leur tour, dans l’ordre
suivant :
1. Geneviève. — 2. Almanzor. — 3, Cam-
bronne, dont le pilote M. David, qui gagne
406 15 Octobre 1908
_Feuillants. QF Entreé 6/50
Mormonèx
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12
Terrasse du bord de l'Eau
"Entrée :0/50
PCAULO HIT
Quai des Tuileries
Plan du jardin des Tuileries montrant les emplacements de gonflement des ballons ; 1. Geneviève ; 2. Almanzors
8. Cam bronne ; 4. Aube ; 5. Excelsior: 6. Quo-Vadis ; 7. Austerlitz; S. Nirvana; 9. Limousin; 10. Aéro-Club IIS
11. Djinn, 12. Espérance ; 13. Centaure; 14. Charles; 15. Overstolz ; 16. Abeille ; 17. Mouche ; 18. Anjou.
CLASSEMENT -
Pirores et Ainrs Ciuns REPRÉSENTÉS Barcoxs
———————————
. Georges Blanchet (Edmond Sirve:) Aéro-Club de France Centaure (1,600 me)...... mine CECI
2. Jean de Francia (Bienaimé) ...[Aéro-Club de Nice... .......|#ouche (1,600 mc).......
3. Georges Cormier (seul à bord, .… [Aéronautique-Club de Franco... |[An‘ou (4,200 mc) ..…
4. Omer Decugis (Guillaume)... ...[Aéro-Club de France Abeille (1,600 mc).....
5. Bcllenger (André) Id. e Espérance (1,575 me).
6. Ed. Bachelard (Mve L. Buirelte).. : Id. . [Nirvana (1.600 mc)...
. Dr Sticker ‘Bau). Deutscher Lultschifrer VérDini .|Overstolz (1,430 me)
8. J. Delebecque (Suzor)... . «| Aéro-Club de Hrarce.......,.... Almanzor (1,200 mc\..
9. E. Barbotte (R Grosdidie:).. : Académie Aéron, de France......| Excelsior (1,600 mc)...
0. Amédée Bastier EUROS RE ..«[Aéro-Club de France | Limousin (1,200 me).
. Louis Duthu (F. Reichel), ne Id. ..|Austerlitz (1,600 me)..
2. Boivia (Carpentier)... .. L ...|Club Aéronautique de l'Aube... .| Aube (1,200 mc)...
. Edmond David (seul à 4 bord) ne ........s|Aéro-Club de France Cambronne (S00 mec)
. À. Schelcher (A. Mautin:. te re I. Quo Vadis (1,2C0 me...
. Henry Kapférer (Ernest Zens 0e DE Id. . | Geneviève (1.200 mc.
. Léon Gheude (A. Vleminex).. : .... | Aéro-Club se Belgique : : Charles (1,430 mc)..
. Léon Muison (Wateau),.... Aéro-Club de France Aéro-Club IT (1,550 m Te
André Legrand (Cte J. de Missiosse), 2 Id. .…. ….. |Djinn (1,600 mcl.....00 6.001108
(1)Ce Tableau dressé avec soin, ne deviendra définitif qu'après homologation par la Commission Sportive ‘ile 1 Aéra-Club de Fra
PAérophile 407
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GRAND PRIX
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Cliché des Sports | Carte des Alterrissages
Georges BLaxcuer, vainqueur du 4° Grand-Prix
de l’Aéro-Club,
NCGCURRENTS (1)
n. 4 08 Point D'ATTERKISSAGE
; SSAGE
nm. 4 oct. 190 L E
Joux et Heure
' : Disrance
d'atierrissage *
Navacelles (Gard). ,...... Déogooce Lovecsoccecllo ou OINÉMENNTTENIN sc#080e
Prelager, pres S'-Georges- de= Matiteuud (Loire). n ..|5 oct. 11 h. 39 soir...
Vil'edoux (Ch.-[nf.) . Re 5 oct. 10 h. 35 soir.
Limoges (Haute-Vienne) ee : ..\5 oct. 7 h. 35 soir...
Saint-Martin d'Estreaux (Loire .. oct. h. 30 soir.
Sainot-André-le-Désert (Saône-et-Loire) ;
Vieuxvy-sur-Coursnon, prés Rennes...
Saint-Pair, pres Granville (Manche)...
Plage de Vains (Mont-Saint-Michel)
Le Châtelier, près Fougères. .
2 kil. au N. de Lonvigné- le-Désert (lile-et-Vil
Sonvigny, 12 kil. après Moulins Rene
Charenlon-du-Cher (Cher) …
Montsurs (Mayenne). 6!
St-Elienne-des-Guérets. près Château Renault oct. 48 soir.
Serigay, près Bellêème (Orne).. PRÉ ont: du matii
Dhuizon (arrondiss. de Romorantin! Me cl oNOnte 20 matin
Béon, près Joiguv ....., .. DA ER .[5 oct. 6 h. 30 matir .
à AR PR ES ——
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STE Ut Ii!
he 40 soir..
h. soir...
h. soir...
soir...
5 soir...
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oct. 30 soir...
oct.
oct.
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oct.
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15 Octobre 1908
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Quelques diagrammes altimétriques du 4e Grand-Prix ds l'Aéro-Club de France (baromètres enregistreurs
Jules Richard). — De haut en bas :
Diagramme du Nirvana, piloté par M. Bachelard: du Centaure, piloté par
M. Blanchet, vainqueur de l'épreuve; de | 4beille, piloté par M. A. Omer-Decugis; de l'Almanzor, piloté par
Jacques Delebecque. —
On a choisi autant que possible les diagrammes des ascensions dont les points d’atter-
rissage ont été les plus cartés dans les diverses directions.
vivement 2,009 m. d'altitude environ, dans
l'espoir de trouver un courant plus rapide. —
4. l'Aube. — 5. Excelsior. — 6. Quo Vadis. —
7. Austerlitz. — 8. Nirvana. -— 9. Limousin. —
10. Aéro-Club IT. — 11. Djinn. — 12. Espé- :
rance. — 13, Centaure. 14. Charles.
15. Overstolz. — 16. Abeille. — 17. Mouche. —
18. Anjou.
(Voir au tableau de classement les noms des
pilotes et de leurs aides.)
Notre carte et le tableau de classement don-
nent l’idée d'ensemble de ce qre fut la course.
Nous publions également les diagrammes de
quelques ascensions, choisies parmi celles qui
se terminèrent dans les directions les plus
opposées. D'une façon générale il semble que
les aéronautes qui ont navigué assez haut ont
pu gagner davantage vers le Sud. Ceux qui
sont restés près du sol apres une pointe vers
l'Est ont été, presque tout de suite, rarmenés
vers l’ouest. Ils purent espérer s’avancer vas
la pointe extrême de la péninsule américaine,
mais le vent continuant son mouvement tour-
nant, les ramena trop tôt vers la baie de
Saint-Malo, leur enlevant du même coup toute
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l’Aérophile
possibilité de tenter une descente en Angle-
terre.
Les cinq prix sont attribués comme suit,
sous réserve d'homologation par la commission
sportive de l’Aéro-Club de France :
1er priæ. — M. Georges Blanchet (Aéro-Club
de France), vase de Sèvres offert par le mi-
nistère de l’Instruction publique, diplôme de
l’Aéro-Club de France, médaille de vermeil
offerte par l’Aérophile, médaille d’argent of-
ferte par notre confrère Les Sports, prime
de 1,500 fr. — 2 priæ : M. Jean de Francia
(Aéro-Club de Nice), vase de Sèvres offert par
le ministre des Travaux publics et des Postes,
prime de 800 francs. — 3 prix, M. G. Gormier
(Aéronautique-Club de France), médaille de
vermeil de l'Automobile-Club de France, prime
de 400 francs. — 4° prix, M. Albert Omer-
(Photo Branger)
Le départ du Centaure, monté par M. Georges
Blanchet, pilote, vainqueur du #4° Grand Prix de
l'Aéro-Club de France, et par M. Edmond Sirven, son
aide (debout au second plan).
Decugis (Aéro-Club de France), médaule de
vermeil du Touring-Club de France, prime de
200 francs. — 5 prix, M. le lieutenant Bel-
lenger (Aéro-Club de France), médaille d’ar-
gent du Syndicat des journaux et publications
périodiques et prime de 100 francs.
Le docteur Sticker reçoit la médaille d’ar-
gent offerte par notre confrère J'Auto au
mieux classé des concurrents étrangers.
Une médaille d'argent de l’Aéro-Clu» de
France sera attribuée à l’aéronaute qui
aura présenté le libre de bord le mieux
tenu et une médaille de vermeil de l’Aéro-Club
de Nice à celui qui présentera le meilleur dia-
gramme.
L’ascension de Georges Blanchet, si elle
ne bat aucun record, se classe cependant la
409
98 parmi les ascensions de durée, depuis l’ori-
gine des ballons. Ce succès remarquable d’un
des plus anciens collaborateurs de l'Aérophile
nous cause une satisfaction toute particulière.
Nos lecteurs connaissent la belle carrière aéro-
nautique de Georges Blanchet dont nous avons
publié le portrait en décembre 1906. Tour à
tour sportsman, aéronaute et chroniqueur
scientifique, il devint rapidement une des phy-
sionomies les plus connues et les plus sympa-
thiques de notre petit monde. Depuis sa pre-
mière ascension en 1893, sous la conduite de
Georges Besançon, il affirme en vingt épreuves
ses hautes connaissances théoriques et ses rares
capacités de technicien. Classé dans les con-
cours de l'Exposition de 1900, premier à Liége
en 1905, à Amiens, à Versailles,
premier concours du Figaro, lauréat des meil-
leurs résultats sportifs à l’Aéro-Club de France
en 1905, 2 au concours de printemps 1907, et
1er dans la même épreuve cette année, l’auteur
du Vade-mecum de l’'Aéronaute, ouvrage dle-
venu classique, achève de mettre les plus
beaux exemples à l'appui de ses préceptes.
M. Ed. Sirven, l’énergique et dévoué second
de Georges Blanchet dans cette dure ascen-
sion à droit aussi à de chaleureux compli-
ments. Né à Toulouse le 2$ mars 1878, il a
pris part à plusieurs concours d'atterrissage
et de distance et exécuté de fréquentes ascen-
sions. Avec l’appui de l’Aéro-Club du Sud-
Ouest, il a eu l’heureuse idée de fonder à Tou-
louse l’Aéro-Club des Pyrénées, à peine âgé de
5 mois, mais qui compte déjà 150 membres,
possède 2 ballons, et dont la prospérité est
dès maintenant assurée.
J’allais oublier le seul record battu
dans ce 4° Grand Prix, celui de la durée en
ballon pour ies femmes aéronautes. Mme Léon
Buirette qui secondait M. Ed. Bachelard, son
frère, a tenu l’atmosphère durant 24 h. 42. Le
précédent record féminin de durée appartenait
à Mme Lucien Lemaire par 19 h. 10.
Cette nouvelle performance féminine en dit
long sur les progrès accomplis dans la pra-
tique du sport aérien. Elle souligne les beaux
résultats sportifs de ce 4 Grand Prix de
l’Aéro-Club de France qui demeurera l’une des
épreuves les plus curieuses et les plus instruc-
tives pour tous ceux qu'intéresse l’art du pi-
lote-aéronaute.
classé au
Pros
410
LES CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
&' Grand Prix de l'Aéro-Club
Nous devons à lobligeance de M. Angot, le
savant directeur du Bureau Central météorologi-
que, l'intéressantc nole suivante :
« La situation atmosphérique des 4 et 5 octo-
bre a été caractérisée par l'existence, sur l'ouest
de l'Europe. d'un maximum barométrique sta-
tionnaire, allongé du nord au sud et dont l'axe
passait par le milieu de la France. Paris se trou-
vait à peu près au centre de ce maximum ; la si-
tuation devenait encore plus curieuse dans la
soirée du 4 et la matinée du 5, où les hautes pres-
sions, tout en conservant la même position géné-
rale, se groupaient autour de deux centres, l’un
sur l’Angleterre, l'autre sur le sud de la France.
« Dans ces conditions, Paris se trouvait au
centre d'une zone de calm ii n'y avait pas
de vent proprement dit, mais de temps en temps,
des bouffées, de directions très variables, dont la
vitesse maximum ne dépassait du reste pas 2 ou
3 m. par seconde à l'altitude de 300 m. À mesure
qu'on s éloignait de Paris vers le nord. la direc-
tion du vent devenait plus nette et variait de
nord à est: vers le sud. au contraire, la direction
dominante élait de sud à l’ouest.
« La situation ne devint un peu plus nette que
dans la soirée du 5: la pression baissait alors
nettement dans le Sud de la France et un maxi-
mum unique couvrait la mer du Nord. Le vent
toujours faible, du reste, soufflait de nord à est
sur presque toute la France, passant à sud-est
su” les côtes de l'océan. Pendant tout ce temps,
enfin, une dépression profonde traversait la Rus-
Sie du nord-ouest au sud-est, et sous son in-
. fluence, le vent, en Allemagne, passait graduel-
lement du sud-ouest à l’ouest et au nord,
La direction suivie, sous ces influences, par des
aérostats s'élevant de Paris dans la soirée du
4 octobre pouvait donc être tout à fait quelcon-
que. et dépendait du hasard des bouffées d'air
qui partaient tantôt dans un sens, tantôt dans
l'autre, et de l'altitude où l'on se trouvait à ce
moment. Toutes les directions étaient possibles,
sauf celle du nord, où se trouvait le maximum
absolu de pression. Pour tous les aérostats, le
départ eut lieu vers l’est ou le sud-est : il esl
extraordinaire que pas un n'ait eu la chance de
continuer dans cette direction, qui n'aurait pas
été plus invraisemblable que les autres. La nuil
du 4, en effet. et même dans la matinée du 5,
quelques stations, Nancy, Wiesbaden, Karls-
ruhe, Cologne. ont continué à noter un vent
de sud-ouest. Il à dépendu du seul hasard qui
les points d'atlerrissage n'aient pas été dissémi
nés entre des points aussi différents que l'Au
triche, le sud de la France et la baie du Mont
Saint-Michel. » |
ANGOT
15 Octobre 1 908
À Issy-les-Moulineaux
Nos aviateurs à Issy-les-Mouli-
neaux. — Les aviateurs ne sont pas tous à
Auvours ou au camp de Chälons. Le terrain
d’Issy sert toujours aux essais des nouveaux
appareils.
Celui de MM. Witzig, Lioré et Dutilleul
fut très gravement endommagé dès la première
sortie. Le triplan si original de M. Gcupy,
construit par les frères Voisin s’y trouve en
cours d’expériences. On vient d’y transporter
le nouvel aéroplane monoplan Antoinette, qui
(Photo Rol)
L'aéroplane Blériot VIII ter en plein vol à Issy-
les Moulineaux, te 2 octobre 1908.
y prendra ses galops d'essais pour être trans-
porté ensuite à l'aérodrome de Tournedos.
Des aviateurs célèbres, tels que Louis Blé-
riot et Delagrange, en attendant d'avoir
trouvé des terrains plus favorables, reviennent
s’entretenir la main à Issy.
Delagrarge y vola encore 9 m. 33 dans le
brouillard le 19 septembre; Louis Blériot plus.
de + minutes le 2 octobre, et récemment son
monoplan, dont il possède de mieux en mieux
la manœuvre, parcourait à grande allure une
trajectoire à grandes ondulations verticales,
des plus intéressantes car le pilote garda cons-
tamment la maîtrise de son appareil et atter-
rai sans le moindre dommepe,
M. Decour
l’Aérophile
Explication rationnelle du vol ramé
Nous lisons dans un article récemment paru
dans la Revue de Paris, cette phrase très
juste: « les travaux de Marey constituent à
« eux seuls une œuvre admirable de persévé-
« rance et de sagacité. Pourtant cette somme
« énorme d'efforts est restée peu productive :
« on sait un peu mieux comment les oiseaux
« volent; mais il est très difficile de tirer de
« cette science une explication rationnelle du
« vol. »
Mais plus loin, nous voyons discuter la théo-
rie de l’appui direct et cette théorie, nous
allons la défendre en l’expliquant d’une façon
toute nouvelle.
2
Voici done un oiseau placé dans l’air au re-
pos; comment s'y prend-t-il pour ne pas
tomber ?
La première idée qui vient à l'esprit est
que l’oiseau se soutient en abaïissant ses ailes
étendues, de façon à présenter la plus large
surface et qu’il remonte ensuite ses ailes en
partie repliées, — comme les rameurs font de,
leurs avirons quand ils les ramènent en ar-
rière — pour éviter d'appuyer contre l'air
pendant le mouvement ascendant. Le corps de
l'oiseau effectue done une série alternée de
chutes pendant la remontée de l’aile et d’as-
cension pendant sa descente. Telle est la théo-
rie de l'appui direct ou théorie orthoptère;
cette explication admise, il suffit de donner à
l’aile une légère obliquité par rapport à l'air
pour que la sustentation se double d’une pro-
gression dans le sens horizontal.
Pendant la remontée, l’aile se replie en
grande partie le long du corps, de sorte que
dans son cycle entier l’humérus décrit sensi-
blement un cône. Ce cône est peut-être un peu
aplati (question physiologique); cela prouve
seulement que le mouvement horizontal de re-
pliement de l'aile, comme le ferait un éventail,
est plus étendu que le mouvement d’oscilla-
tion vertical. Rien n’est plus simple à expli-
quer.
Mais quand on prétend n'avoir jamais vu
d'oiseau voler verticalement dans un air tran-
quille, ou l’on s’avoue aveugle, ou on nie l’évi-
dence.
Avez-vous déjà observé — spectacle courant
— des moineaux occupés à picorer sur le sol?
Est-ce que pour voler ils courent en s’aidant
de longs battements d’ailes jusqu’à ce que leur
vitesse horizontale soit suffisante ou bien font-
ils un saut en hauteur? Nous n'avons jamais
rien constaté d’approchant.
Pour notre part, nous avons sourent vu de
petits oiseaux voleter sur place à la hauteur
411
de leurs nids; nous avons vu des pigeons s’éle-
ver d’un trottoir à la corniche de la maison
adjacente; nous avons vu ces mêmes pigeons
voler sur place au-dessus de leur colombier
avant de s’y poser; nous les avons vus, arri-
vant à terre en vol plané rapide battre des
ailes en arrière pour anéantir leur vitesse.
C’est là du vol à reculons, momentané et si les
oiseaux n’avancent jamais à rebours, c’est
d’abord pour cause d’inutilité et ensuite pour
des raisons d’équilibre. Est-ce que les cyelis-
tes ont jamais pensé eux-mêmes, à reculer
sur leurs machines ?
C’est une hérésie, donc de croire que le vol
vertical n’a jamais été constaté.
*
X *
Mais, nous arrivons à l’argument décisif (!)
des adversaires de la théorie de l’appui direct,
Considérons, disent-ils, un pigeon; la surface
de ses deux ailes déployées atteint 7 dem’.
D'après la durée du coup d’aile descendant
(75 centièmes de seconde) et l’amplitude de
l’oscillation du centre de pression de l’aile
(20 centimètres), on peut calculer la vitesse
de ce centre; on trouve ainsi 2,65 m. par se-
conde. Or, 7 décimètres carrés déplacés à la
vitesse de 2.65 m. subissent de la part de l’air
une pression égale à 0.07 x 80 x 2.65°=39 gram-
mes; tel est le poids que les ailes du pigeon
pourraient soutenir pendant leur descente :
Vanimal pèse plus d’un quart de kilo! Et il
n’est pas question ici de la période de re
montée de l’aile pendant laquelle la chute se
fait plus rapide que celle d’une masse de
plomb. La disproportion entre les résultats de
ce calcul et la réalité, nous montrerait l’ina-
nité de la théorie orthoptère si — car, heu-
reusement pour la science mathématique dont
on à trop médit en ces matières, il y à un si —
si, disons-nous, le raisonnement cité plus haut
avait quelque valeur.
Or, quelle est l'essence de ce raisonnement
captieux? La voici : une surface $S à laquelle
est fixé à un poids P descend dans l’air avec
une vitesse V. La réaction de l'air est
R = KSV:. Et l’on voudrait que R soit plus
grand que P, de façon que $ remonte, or, elle
descend!
Après cet argument décisif (!) contre la
théorie orthoptère nous allons exposer en quel-
ques mots, comment les choses se passent en
réalité.
Et d’abord, par où pêche le profond raison-
nement exposé plus haut ?
Tout simplemént en ce qu'on a gratuitement
supposé que le poids P était solidaire de $,
alors qu’en réalité l’aile agit comme un le-
vier : elle s’abaisse beaucoup pendant que le
corps de l'oiseau remonte d’une quantité très.
petite.
412
Mais pour comprendre clairement le phéno-
mène dynamique du vol sur place, il faut, tout
en simplifiant la question, y introduire toutes
les données nécessaires.
m
EE —
F
M@&
Soient m E 2) la masse des deux ailes que
nous supposerons descendre parallèlement de
haut en bas; M la masse du corps de l’oiseau
et L la course de descente des ailes.
Le centre de gravité du système (M, m)
sera situé en un point g tel que:
nt
M+
et si une force intérieure rapproche M et m,
on aura pour le chemin parcouru par M
ISERE
Pre
CENT
et lors du contact de M et m:
1 nn oil F
M +
_ 5 "M t2
d'où
2Mn!
— FM + m)
qui donne le temps après lequel l'arrêt du
mouvement aura lieu.
Admettons maintenant, que m offre une cer-
taine surface ayant prise sur l’air et ainsi
entraîne dans son mouvement une certaine
masse d’air y (que nous supposerons constante
pour écourter le raisonnement de cette petite
note, mais qui, en réalité s'accroît d’une fa-
con progressive).
(2
15 Octobre 1908
Alors le mouvement ne s'arrêtera plus qu’à-
près un temps {, donné par
De 2M{ + u)l
D KM + + u)
D'ailleurs:
4
nm +
M+mnm<+u
\
MA — 1
d’où l’élévation du centre de gravité du sys-
tème (M,m) :
ne nm + en
9h G + ur pu M +- =)
M
e (M + M où Ep)
Mais pendant le temps t, l’oiseau est tombé
d'une quantité :
ES l P 8 l P 2M un + ul
TOME 0 1 2M En EME» Ewy)
LÉ (in + PM
ECM + (M + om + pu)
[
|
de sorte que l'élévation réelle cherchée se ré-
duit à:
Mu
d (M )(M + m + pb)
(in + u)PM7
7 FM EN En Ep)
FMy — PMnl — PMul
F(M—m)(M+my)
Pour que x soit positif, il suffit que:
Fu > P(M + p)
ou
F> (eA)es
c’est-à-dire, que quels que soient le poids des
ailes, leur surface et le poids total de l'oiseau,
il y aura toujours — théoriquement bien en-
tendu, car les forces de l’oiseau ont une li-
mite — une force de descente des aïles suff-
sante pour soutenir l’oiseau dans l’espace.
Ainsi, prenons le cas cité plus haut du pi-
geon. Son poids P = 290 grammes. Admet-
tons pour poids seul de ses ailes, 50 grammes
(personne, en effet, ne s’est occupé jusqu’à ce
jour, de la question du poids des ailes; c’est
- pourtant une donnée primordiale). Admettons
(cela ne peut être déterminé que par l'expé-
rience), seulement 9 grammes d’air (7 litres),
intéressé dans je mouvement des ailes et nous
trouvons:
0
pe Fe + 1) 290 — 1.S85 grammes.
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l’Aérophile
Avec ces 1.885 grammes de traction (sur le
centre de pression) de ses aïles, le pigeon s’élé-
verait. -
En réalité, nos essais, relatés ailleurs, nous
ont prouvé que le pigeon devait développer
seulement un effort d’environ 55) grammes,
pendant la descente de l’aile et de 100 gram-
mes pendant la remontée.
Quant au travail développé dans ie vol sur
place, ou le vol vertical, il est certainement
maximum et c’est la raison pour laquelle Poi-
seau s’efforce tout de suite de suivre une tra-
jectoire horizontale qui l’allèze comme un pe-
tit aéroplane et lui permet d'espacer les coups
d'ailes et de diminuer leur amplitude.
Lt ainsi, nous croyons avoir brièvement dé-
montré que les ciseaux doivent voler. Ce
que confirme pleinement lexpérience.
J. Le Box
Ingénieur 4. 1. Ly, 4. I. M.
CE
NOUVEAUX PRIX D'AVIATION
12.060 francs pour la traversée de Paris
en aérop'ane,.
Celte épreuve eréée par notre confrère. L’Aulo
exicera de la part des concurrents de l'audace
et une pleine conlianse dans la régularité de
teurs appareils. Maïs elle ne présente aucure im-
possibilité (héorique el des performances analo-
gues ont élé déjà effectuées au-dessus d’un ter-
rain moins mouvementé il est vrai que l’agglo-
mération parisienne.
Voici le règlement provisoire de celle épreuve
bien moderne :
Règlement. — L’'Aulo offre un prix de 12,900 fr.
_ en espèces au premier aviateur qui, à bord d'une
machine volante, réussira la performance sui-
vante >
Article premier. — Partir du champ de ma-
nœuvres d’Issy-les-Molineaux ou de fout autre
point, gagner sans escale le viaduc d'Auteuil et
Se reidr?, toujours sans escale, Jusqu'ôu Pont
National, à Ivry, en surplombant la Seine du-
rant tout le voyage. Arrivé au Pont National,
à Ivry, l'avialeur aura la faculté de se rendre à
son gré au polygone de Vincennes. Il pourra y
atterrir ou continuer son voyage.
Art. 2 — |a performance devra être accom-
plie entre 10 heures du matin et 3 heures du
soir.
ATt. 3. — [Les concurrents äevront s'engager
l'avant-veille à l'Auto avant 6 heures du soir
Art. 4. — Tout engagement devra êlre accom
pagné d'un droit d'entrée de 100 francs, entiè-
rement remboursable aux parlants.
Art, 5. — Seront seuls admis les engagements
des avialeurs qui jus!ifieront d’une performance
de 20 kilomètres, reconnue par l'Aéro Club de
France.
Art. 6 — L'Aulo décline toute responsabilité
au sujet des accidents qui pourraient survenir,
soit aux concurrents, soit à leurs appareils,
soit à des tiers F
Art. 7. — Dans le cas où plusieurs concur-
rents prendraient leur inscription pour le même
jour, l’ordre des départs serait donné d’après
l'ordre des engagements.
Axt. 8. — L'épreuve est ouverle à partir du
16 octobre 1908.
413
Par-dessus la Manche en aéroplane
{2.500 fr.)
En dehors du prix d'aviation Londres-Man-
chester (250.000 francs), dont nous avons ré-
cemment publié les conditions définitives, le
Daily Mail crée un nouveau prix de 12.500 francs
pour la traversée de la Manche. En voici le rè-
glement :
« Les propriétaires du « Daily Mail » s’enga-
gent à payer la somme de 12.509 fr. à la per-
sonne qui, la première, réussira à parcourir,
au vol, la distance entre la France et l’Angle-
terre, ou entre l'Angleterre et la France, selon
les conditions suivantes :
« 1° Le vol doit avoir lieu entre le lever et le
coucher du soleil. — 2° Le vol doit être accompli
par un aéroplane où une machine plus lourde
que l'air et ne comportant pour s’enlever ni gaz
ni dispositif aérostatique. — 2° Les concur-
rents doivent faire partie d'un Club aéronau
tique reconnu par la F. A. I. — %° Les concur-
rents peuvent se faire inscrire à n'importe quelle
date de l’année courante, en avisant 24 neures
à l'avance soit le Directeur du « Daily Mail », à
Carmelite House, à Londres, E. C., ou aux Bu-
reaux du « Daily Mail » de Paris, 36, rue du
Sentier.
La distance la plus courte à travers la Manche
fait remarquer notre confrère, est de 34 kil. 600
enviren. MM. Wright, Delagrange el Farman
ont tous parcouru une plus grande distance à
de différentes époques.
Rappelons que la maison Ruinart père, de
Reims, a offert également dès 1907 (v. Aérophile
de janvier 1906) un prix de 12.500 francs au pre-
mier aéroplane qui volera de Calais à Douvres
ou vice-versa.
TRIBUNE DES INVENTEURS
Nouvelles expériences de M. Cornu; il
demande un moteur. — M. Paul Cornu, dont
l'Aérophile a relaté les intéressantes expérien-
ces d’hélicoptère, nous écrit :
« À mon dernier passage à Paris je vous
annonçais mon intention de construire un bâti
d'étude pour hélices sustentatrices :; depuis
3 mois je fais journellement des essais avec
l'un de mes frères et je suis arrivé à détermi-
ner ex2_tement les meilleures dimensions, for-
mes et “ourbes à donner aux pales, ainsi que
le diamètre et la vitesse des hélices ; des hélices
à pales multiples ont été essayées, et j'ai pu
mesurer exactement la force dépensée dans cha-
que essai ; je suis en possession de données
précises, d'autant plus que les essais ont été faits
dans les conditions exactes de la pratique, avec
moteur à pétrole, transmission par pignons
d'angles, et hélices de 4 à 6 mètres. Au cours
de ces essais, des phénomènes nouveaux et avan-
tageux ont été constatés, dont je vais essayer
de tirer parti.
D'après ces données, je viens d'établir les plans
d'un hélicoptère capable d'enlever deux hommes
et d'atteindre une vitesse d'environ 50 kilom. à
l'heure (avec mon système de propulsion par
réaction de l'air refoulé par les hélices susten-
tatrices sur des plans que j'ai étudié à nouveau)
Cet appareil ne dépassera pas six mètres dans
sa plus grande dimension, mais, pour l'action-
ner, il me faut un moteur de 60 HP authenti-
que, et après les grosses dépenses que nous
faisons depuis 3 ans, ncs moyens ne nous per-
mettent pas d'en jaire l'acquisition ; cependant
j'espère trouver un constructeur de moteurs lé-
gers, qui, eu égard à mes travaux précédents,
voudra bien m'en confier un ; peut-être trou-
verai-je plus facilement par l'intermédiaire de
votre estimée revue. P. CORNt
414 15 Octobre 1908
L'aéronautique française
A L'EXPOSITION FRANCO-BRITANIQUE
L’'Exposition franco-britannique est assu-
rément un grand succès, une foule énorme
envahit chaque jour l’enceinte et vient admi-
rer l'effort colossal que les industries fran-
çaises ont produit pour représenter dignement
le pays.
L'industrie aéronautique naissante se de-
vait, malgré les charges qui l’accablent, de
manifester sa vitalité. C’est ce qu'a pensé üe
Comité français des expositions à l'étranger
qui, dès le mois de février pressentait l’Aéro-
Club à ce sujet. Un Comité composé de MM. le
comte de La Vaulx président, Georges Besan-
çon, vice-président, le capitaine Ferber, se-
crétaire, fut chargé d'étudier la participa-
tion des aéronautes et aviateurs à l’exposi-
tion. :
M. Cruppi, ministre du Commerce ayant
cbtenu que le Comité accorderait le couvert
à la Section Aéronautique vu l'intérêt gran-
dissant de la question, il fut possible d'offrir
aux exposants un prix abordable.
Malgré cet avantage, il y eut un trop grand
nombre d’abstentions parmi les aviateurs mi-
Jitants, dû certainement au prix total imposé
par la surface encombrante nécessaire à l’ex-
position d’une machine volante. Ce sera là, si
l'on n’y prend garde, une pierre d’achoppe-
ment pour les futurs « Salons de l’Aéroplane ».
Peut-être à titre d'indication pourra-t-on pro-
fiter de la hauteur, suspendre les engins aux
voûtes, et diminuer ainsi, en le faisant sup-
porter par plusieurs, le prix du mètre carré
superficiel.
Quoi qu’il en soit, onze exposants seulement
remplissaient la salle spéciale réservée à
Paéronautique à côté de l'Economie sociale,
dans le passage conduisant de la porte monu-
mentale au centre de l'Exposition. Malheu-
reusement, les grands moyens de transports,
tube, tramway, métro, s’arrêtaient à une
autre porte, de sorte qu’on avait craint an
instant, de voir délaissé le boyau où se trou-
vait l’aéronautique.
Il n’en a rien été comme nous avons pu le
constater par de nombreuses visites person-
nelles.
En commençant par:l'ordre alphabétique,
nous retrouvions d’abord, comme de juste hors
concours, car il a toujours remporté partout
les plus hautes récompenses :
L'Aéro-Club de France qui expose ses dia-
grammes de voyages, d’ascensions, de gaz
consommé, qui racontent la vie du Club depuis
dix ans et expliquent l'influence merveilleuse
qu’il a prise dans le monde entier.
A côté, nous trouvons comme exposant hors
concours, membre du jury, son sympathique
secrétaire général : Georges Besançon, qui nous
montre son œuvre, l'Aérophile.
Parmi les pages ouvertes des volumes parus,
nous reconnaissons l’histoire passionnante que
nous avons vécue des débuts de la conquête:
Les Santos, les Patrie, les Farman, les Dela-
grange, les Ferber, les Blériot, et cela nous
donne le regret des heures d'attente dans le
sable d’Issy-les-Moulineaux.
M1. Paul Bordé, avec sa précision et son soin
coutumiers, nous montre dans une élégante
vitrine ses baromètres, hygromètres, thermo-
mètres, jumelles, lunettes, etc... nécessaires à
l’aérostation, pour lesquels il obtient une mé-
daille d'argent. j
M. A. Boulade, président de l’Aéro-Club
du Rhône, expose une quantité de ces photo-
graphies prises en ballon avec le talent que
l’on sait et qui sont ingénieusement présen-
tées sur des clichés positifs éclairés par trans-
parence. Il recevra le Grand Prix que méri-
tent ses efforts persévérants.
M. Farcot, nous présente un moteur
type automobile 15/20 HP. applicable à l’avia-
tion, pouvant faire tourner une hélice dont
le modèle grandeur naturelle est fait en bois
vernis. Le moteur est semblable à celui dé-
crit dernièrement dans l’Aérophile. Ce moteur
recevra une médaille d’argent.
M. F. Hue, dans une délicate vitrine, a
réuni tous les instruments nécessaires à l’aé-
ronaute, baromètre, thermomètre, statosco-
pes, etc... dont plusieurs se font remarquer ;
pas une disposition heureuse pour la prati-
que. Ses efforts seront récompensés par une
médaille d’or.
M. le comte de La Vaulx, hors concours
comme président du jury, a exposé ses docu-
ments qui relatent ses nombreuses ascensions
si variées depuis ses voyages de grande durée
-et distance en Russie (1900), ses expériences
de déviation en Méditerranée, jusqu’à ses es-
sais en ballon dirigeable qui vont recommen-
cer incessamment.
M. M. Mallet, hors concours comme mem-
bre du jury, expose aussi une série de tableaux
et de photographies, montrant l'aspect de ses
ateliers, hangars qui vont, bien que neufs,
bientôt devenir trop petits devant l’affluence
des affaires toujours croissantes et toujours
plus variées.
La Société Antoinette, hors concours égale-
ment, son administrateur délégué, le capitaine
Ferber était secrétaire du jury, expose un
groupe de moteurs pour aéroplanes de 24 che-
vaux, actionnant avec démultiplication deux
hélices de 2 m. 50 de diamètre tournant en
sens inverse sur le même arbre. Cette dispo-
sition avait été imaginée par le capitaine Fer-
ber pour son aéroplane N° VIII. Des pancar-
tes rappellent en anglais les succès rempor-
J’Aérophile
tés par ces fameux moteurs sur les canots et
les aéroplanes.
La Société des anciens établissements Fal-
connet-Perrodeau a dressé verticalement un
tableau représentant des aérostats munis d’un
tissu caoutchouté spécial imperméable. Elle
reçoit une médaille d’or.
La Société française de Ballons Dirigeables
est hors concours parce que deux de ses ad-
ministrateurs, le comte de La Vaulx et
M. Mallet, font partie du jury. Dans une
grande vitrine transparente sur les quatre
faces, elle montre le type des ballons facile-
ment pliables, de petit cube et par conséquent
bon marché, qu’elle construit pour les sports-
men désireux de se lancer dans le nouveau
sport.
Enfin la Société de Caoutchouc manufacturé
Continental, universellement connue pour
avoir fourni la peau « de tous les dirigeables
actuels » reçoit en récompense de son succès,
un grand prix.
Tel est l’ensemble de l’exposition, qui mal-
gré le petit nombre des exposants, fait hon-
neur au pays; d’ailleurs ce petit nombre est
encore considérable par rapport à la section
anglaise qui n’a aucun exposant, il n’y avait
donc aucun jury anglais en fonction.
Outre les récompenses mentionnées plus
haut, des diplômes de collaborateurs ont été
accordés à MM. Bans, Caulo, collaborateurs
de l’Aéro-Club de France; de Masfrand, eolia-
borateur de M. Besançon; J. Rech, collabo-
rateur de M. P. Bordé; H. Michaud et R.
Zell, collaborateur de M. Farcot; A. Penel,
collaborateur de M. Hue; Demay et Spiel-
man, collaborateurs de M. Mallet; Levavas-
seur, Ch. Welferinger, collaborateurs de la So-
ciété Antoinette; Discher et Geoffroy, collabo-
rateurs de la Société Falconnet-Perrodeau ; Ba-
chelard, collaborateur de la Société Française
de Ballons; P. Loeser, collaborateur de la
Société Continental.
Toutes ces récompenses avant d’être défini-
tives devront, comme d'habitude, être sanction-
nées par le jury supérieur ; mais elles ont déjà
subi l’examen des jury de classe et de groupe,
il serait improbable qu'il y fut fait des mo-
difications, d’après ce que nous avons ‘ppris
à Londres.
F. De Ru
415
Le Pour et le Contre
La priorité de l'application aux aéronats
des gouvernails de profondeur. — (Voir arti-
cle de M. Pesce, « Pour une priorité », dans l’Aé-
rophite du 15 août 1908.) FA
M. da Schio a revendiqué devant l'Institut
Royal véritien de sciences, lettres et arts, la
priorilé de l'application des gouvernails horizon-
taux aux ballons dirigeables.
M. Pesce s'étonne de ce que le dirigeable La
Lrance n'en ait pas été muni ; or, cet aérostat
possédait un tel gouvernail. Je n'ai pas sous les
yeux la mote du commandant Bouttieaux, à
l'Académie des Sciences, et ne peux savoir si le
gouvernail horizontal de La France y est men-
tionné, mais voici ce que nous lisons dans Les
Ballons dirigeables, de MM. Girard et de Rou
vile, page 234 :
« Gouvernail horizontal. — Un peu en arrière
de cette roue (roue du gouvernail vertical) s'en
trouve une autre qui agit sur les commandes
d'un gouvernail horizontal de 8 m‘, placé au-
dessus des hords de la naccile et en avant du
gouvernail vertical. A
« Ce gouvernail horizontal est formé de ? longs
bras de 3 m. 50 chacun environ, et de 1 m. de
largeur, perpendiculaire à la direclion générale.
Des lattes de bois en forment également les
bords, lu ligne médiane el quatre traverses.
« Ce plan horizontal pouvait servir de stabi-
lisateur ; à cause de sa roue de manœuvre, il
aurait pu ètre utilisé peur changer de zone de
navigation ; il ne semble pas cependant que les
officiers de Chalaiïs, déjà très absorbés par la ma-
nœuvre d'une foule d'organes nouveaux, aient
essayé de s’en servir pour cet objet. »
Ce passage est accompagné d’un plan de ce
gouvernail horizontal et d’une vue générale de
La France sù l’on apercoit clairement la roue et
la commande de cet organe. ,,
D'ailleurs, la nacelle de La France existe en-
core el il est possible que le gouvernail horizon-
tal y soit toujours fixé : il serait donc facile d’en
vérilier le fonctionnement. , :
Si, comme le croient MM. Girard et de
Rouville dans leur excellent ouvrage, les
capitaines Renard et Krebs ne se sont pas
servi de l'engin dont nous parlons, il n'en reste
pas moins vrai que ceux-ci ont été les premiers
à l'appliquer.
Avant 1884 nombre de projets de navigation
aérienne comportaient de semblables gouvernails
et même des modèles réduits pourvus de cet or-
gane ont été essayés : nous siganlerons ceux de
Jullien, le 6 novembre 1850, et de Dupuis-Delcourt
et Régnier, le 21 février 1851, expérimentés tous
deux avec succès, l’un à l’'Fippodrome et l’autre
au Cercle agricole. Nous ne croyons pourtant
pas que le gcuvernail horizontal ait été appliqué
en grand avant les expériences de La France
en 188% et 1885. IL est donc clair que la priorité
de cette application revient, non pas au comte
Almerico da Schio, mais aux officiers français
Charles Renard et Arthur Krebs. ,,
J'ajouterai que ce dispositif a été adopté de-
puis par les constructeurs des ballons l’/talia
(da Schio) ; Patrie et République (Julliot) ; Ville
de Paris (Surcouf et Kapferer) ; Zepppelin II
et IV (Zeppelin) ; Nulli-Secundus (Cody, Copper,
Templar) : Roy Knabenshüe (Roy Kräbenshüe) ;
Gross Il (Gross), etc.
CHARLES DOLLFUS
416
NÉCROLOGIE
Alexis Hansky, — D'autres apprécieront avec
plus d'autorité que nous l’œuvre de ce savant
astronome russe qui périssait à 38 ans, en se
baignant dans la Mer Noire, le 11 août dernier,
à Simeis (Crimée). i
Alexis IHansky.
Né en 1870, il était licencié ès-sciences en 1894.
Successivement attaché aux observatoires d’Odes-
et de Pulkowa, il observait de façon remarquable
l'éclipse tolale du S août 1896, à la Nouvelle-
Zemble, passait à l'Observatoire de Paris, puis
à celui de Meudon, participait à des travaux de
détermination de la constante solaire au som-
met du Mont-Blanc, à l'observation de l'éclipse
solaire de 1905, en Espagne, à l’étude de la pesan-
teur au Spitzhberg et notamment à la baie de la
Virgo d'où partirent la malheureuse expédition
aérostatique d'Andrée et le dirigeable de Well-
mann, el.
Ne négligeant aucun procédé d'investigation,
M. Harsky avait organisé 3 ascensions aérosta-
tiques pour l'observation des Léonides (notam-
ment avec Jacques Faure) et pensait que le ballon
pouvait rendre de grands services à l'astronomie.
Ses travaux avaient été couronnés par l’Acadé-
mie des Sciences de Paris, la Société Astrons-
mique de France, la Société astronomique
russe, elc…
Nous tenions, nous aussi, à rendre hommage
à un savant qui avait tenu à montrer l'utilité du
ballon corame instrument d'investigation et de
recherches.
Il fut un des rares à suivre, à ce point de vue,
l'exemple de Camille Flammarion et de Wilfrid
de Fonvielle. Les aéronaates ne doivent pas ou-
blier son nom. — AÉROPHILE
15 Octobre 1908
Le Tour du Monde aérien
Premiers succès du dirigeable militaire
italien. — Le 5 octobre, les essais directs du diri-
geable militaire italien dont nous avons plusieurs
fois parlé, ont commencé avec un complet suc-
cès.
Parti à 10 h. 50 du matin, de son hangar de
Vigna di Valle sur le lac de Bracciano près de
Rome, le ballon s'équilibre d’abord à 100 m. puis
s2 dirige vers Anguillara, Il longe ensuite la rive
es! du lac, tout en gagnant au moyen de jets de
lest une hauteur de 500 mètres ; il vire de bord
vers Trevignano, passe devant les bains de Vica-
rello, puis se dirige vers son hangar qu'il rega-
gne à 10 h. 55. En cours de route, une expérience
de marche arrière a été faite avec un plein suc-
cès ; ce ballon, — cest une des plus curieuses
particularités, — est, en effét, muni d'hélices a
pa: réversible.
Le dirigeable était monté par le major Morris,
les capilaines Crocco et Ricaldoni de la Brigata
spécialisli, le mécanicien Laghi.
Pour les inventeurs. — Un syndicat de capi-
talistes qui ne manquera pas d'occupation est en
formation en Autriche, Son but est d'acheter
pour son compte ou pour le compte de tiers les
brevets aéronautiques intéressants.
Le projet d’un ancien collaborateur de David
Schwarz, dont on se rappelle le ballon a enve-
loppe en feuilles d'aluminium essayé sans suc-
cès à Berlin en 1897 a déjà retenu j'attention du
Syndicat,
Nouvelle méthode de production de l’hy-
drogène. — Ce procédé qui vient d'Amérique ef
dont on n'indique pas encore l'inventeur est si-
gnalé par le Cosmos.
On produit du gaz à l’eau selon la méthode
ordinaire, en faisant passer de la vapeur d'eau
sur du charbon incandescent : le gaz est com-
posé d'hydrogène et d'oxyde de carbone, On le
fait passer sur du carbure de calcium en poudre
fortement chauffé. L'oxyds de carbone se Aécom-
pose ; il se forme de la chaux ct du graphite, et
le gaz qui reste est de l'hydrogène que l’on dit
à 97 0/0 de pureté. On ajoute que le prix du gaz
ainsi obtenu serait très peu élevé.
Les aérostiers militaires allemands, — Au
cours des essais faits en Allemagne pendant
l'année 1907 avec les ballons dirigeables, on a
constaté l'insuffisance de l'effectif des deux com-
pagnies d’aérosliers utilisées. La formation d’une
nouvelle compagnie a dès lors été décidée. Les
deux compagnies primitives formaient un batail-
lon, placé sous la haute direction de l'inspecteur
des troupes de communications, et comprenant :
1° Le commandement : 2° Les deux compagnies ;
3° Une section d'attelages ; 4° L'école aéronau-
tique; 5° Une section photographique ; 6° Le
colcmhier militaire
Au total, un effectif de paix de 14 officiers,
1 médecin, 3 employés, 30? hommes, plus 1 offi-
cier, 38 hommes, 15 chevaux de selle et 44 che-
vaux de trait pour la section d’attelage.
La nouvelle compagnie comprend 3 5fficiere,
10 saus-officiers, 75 hommes, mais qui ne comp-
tent pas à l'effectif du bataillon ; ces hommes
proviennent de l'infanterie.
Il existe en outre à Munich une section aéro-
nautique bavaroïise, qui compte # officiers, 1 offi-
cier-payeur, 15 sous-officiers et S8 hommes.
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16° Année. - N° 21 14: Novembre 1908
SOMMAIRE : Aéronautes contemporains : John Dunvil'e —
le colonel Schaeck. — La Coupe Gordon-Bennelt 1908 ((G.
Bans). — Après la Coupe Gordon-Bennelt (Ed. Surcouf). —
Aulour de la Coupe Gordon-Bennett (E. R.) — Les Brevels
de l'Aeronautique. — Les travaux des Wright exposés par
eux-mêmes. — Les vols de Wilbur Wright (M. l'egoul). - Le
Tour du monde aérien. — Les «irigeables en France et à
l'Etranger! P.A.). -- Une station de cerfs-volants météorologi-
ques (Emile Wenz). — l’Avation en France et à l'Etranger:
Les Aéroplanes; les Prix (A. C.). — A l'Aéro-Club du sud-
Ouest.
SOMMAIRE DU BULLETIN OFFICIEL DE L'AËRO-CLUB DE
FRANCE : Convocations. — Grand Prix d'Aviation. — Parc
d'Aviation. — L’hydrogène au Pare d’Aérostalion, — Les
ballons en messageries. — Commission d'Aviation du 14
septembre et des 8 el 19 octobre. — Commission sportive
du 20 octobre. — Les records d'aviation.
Portraits d'Acronautes Contemporains
Joux Dunviize
John Dunville, pilote du ballon anglais
Banshee, à la Coupé Bennett 1908, est né
en 1866.
Il a fait ses études au Collège d’Eton et les
a complétées à l’Université de Cambridge.
Depuis 1890, il fut lé secrétaire privé du
duc de Devonshire, jusqu’à sa mort en 1907.
Depuis cette époque, Dunville s’est adonné
à l’aérostation et il s’est passionné pour ce
sport.
Il a fait une cinquantaine d’ascensions, dont
la traversée de la Manche, de Londres à
Saint-Omer, avec son ballon Mascotte.
Dunville est devenu une haute personnalité
du monde sportif. Il-est doué supérieurement
des qualités britanniques: l’énergie et la té-
nacité.
Selon toutes probabilités, Dunville empor-
tera à Londres la Coupe Gordon-Bennett.
COLONEL SCHAECK
Le colonel Schaeck, pilote suisse de l’Helvétia,
à la Coupe Bennett 1908, est né à Genève, en
1856. IL a fait ses sciences à l’Université de
Genève, puis ses études comme ingénieur ci-
vil à Vienne, à Berlin et à Carlsruhe.
C’est lui qui a organisé le service d’aéros-
tation militaire en Suisse.
Le colonel Schaeck a fait 66 ascensions
libres, dont deux en drachen-ballon.
Par son voyage de Berlin à Ersholmen, en
Norwège, le champion suisse s'est signalé
comme l’un des plus audacieux aéronautes des
temps modernes; il ne s’est pas découragé un
seul instant, et s’il a été pendant deux heures
remorqué, s’il a enfreint à la dernière mi-
nute les conditions sportives de la course, c’est
que ses appels ont été mal interprétés ou qu’il
était brisé de fatigue et que plus de témérité
eût causé sa perte. — B.
418
1% Novembre 1908
LA COUPE GORDON-BENNETT 1908
et les Fêtes Aéronautigques
de Berlin
Le gonflement des 23 ballons de la Coupe Bennett à Berlin-Schmargendorf.
La «Berliner Verein für Luftschiffahrt »
avait organisé trois grandes journées de fêtes
pour la Coupe Gordon-Bennett, à Berlin.
Elles ont eu lieu les 10-11-12 octobre, dans le
pare de Schmargendorf aménagé spécialement
près d'une usine à gaz.
Comme on pouvait l’espérer, ces fêtes, par-
faitement organisées, ont eu un gros succès de
curiosité, un retentissement considérable dans
le monde entier et, si elles ont été marquées de
quelques incidents dramatiques, l’'imprudence
ou la folle témérité de quelques pilotes en fu-
rent les seules causes.
Conformément au règlement de la Coupe
Bennett, l'Aéro-Club de France avait délégué
un représentant à Berlin; ce fut le comte de
Castillon de Saint-Victor, président de la Com-
mission sportive.
10 octobre :
d'atterrissage.
Samedi, Concours
Vingt-cinq ballons étaient inscrits pour pren-
dre part au concours d’atterrissage du samedi
10 octobre, organisé pour permettre aux étran-
gers de voir le panorama de Berlin.
À une heure de l'après-midi, par un temps
magnifique, le major Mœdebeck a indiqué le
point d'atterrissage aux aéronautes. C’est le
village de Schmachtenhagen, situé à 38 kilo-
mètres de Berlin, sur la route de Oranienbourg
à Zehlendorf.
Voici quel était l’ordre de départ :
1. L'Aéro-IIT (859 mc.), M. Georges Gouweloos.
Belgique.
7
2. Ernst ‘680 mc.), lieutenant Einsiedel, Alle-
magne.
Le Roitelet (250 me.), M. Peters, Belgique.
. Poderwils (1.000 mc.), docteur Flemming, Al-
lemagne.
& U2
5. L’Aéro-1V (1.000 mc.), M. Liefmans, Belgique.
6. Hewald (1.200 mc.), docteur Sticker, Allema-
gne.
7. Le Brabant-Wallon (1.200 mc.), M. Hanrez,
Belgique.
S. Radelzl:y (1.100 mc.), M. Hinterstoisser, Au-
triche.
9. Le Condor (1.000 mc.), docleur ès-sciences
Goldschmidt, Belgique.
10. Bezold (1.380 mc.), lieutenant Hadeln, Alle-
magne.
11. Overstolz (1.437 mc.), lieutenant Roenneberg,
Allemagne.
12. Tschudi (1.300 mc.), lieutenant von Fussartill,
rés. n° 3, Benecke, Allemagne.
13. hein (1.437 mc.), M. Rappard, Allemagne.
14. Elberfeld (1.437 mc.), M. Meckel, Allemagne.
15. Sohnke (1.437 mc.), M. Bletschacher, Alle-
magne.
16. Graudenz (1.437 mc.), professeur Wehrle, Al-
lemagne.
17. Zeppelin (1.250
magne.
18. Dresden (1.437 mc), M. Wunderlich, Alle-
magne.
19. Bac Munchen (680 mc.), M. le marquis von
Falkenhausen, Allemagne.
20. Prinzess Victoria Bonn (1.437 mc.), M. Mi-
larch, Allemagne.
21. Bamiler (1.437 mc.). M. Schroder, Allemagne.
22. Radio-Solaire n° ? (700 mc.), capitaine Mer-
cier, Belgique.
23. Gross (1.600 mc.), M. de ;:a Quiante, Alle-
magne.
. Pegnitz (1.570 mc.). M. Schott, Allemagne.
. Cadet de Gascogne {700 mc), M. Wigand,
France.
mc.), M. Griessbacli, Alle-
La course a été gagnée par le ballon alle-
l'Aérophile
mand Ælberfeld, piloté par M. Paul Meckel. I]
a atterri à 302 mètres du but désigné.
Le second fut le ballon Sohnke, piloté par
M. Bletschacher, de Munich, arrivé à 314 mè-
tres du but.
Le troisième est le ballon belse Brabant-
Wallon, conduit par M. Hanrez, arrivé à
304 mètres.
Le quatrième est le Podewills; le cinquième,
Rhein, 6° Bezold, 7° Aéro IV, 8 Pegnitz,
9e Orerstolz.
Le petit ballon Cadet-de-Gascogne, piloté par
M. Wigand, de l’Aéro-Club du Sud-Ouest, à
abandonné la course à 1.550 mètres du Eut
«lésigné à l'avance.
x
Bimanche, i1 octobre : Coupe
Gordon-Bennett.
Un temps superbe, très doux, avec très peu
ile vent, a favorisé la journée de la Coupe Gor-
don-Bennett, à Berlin-Schmargendorf.
Un monde fou était venu de la ville et des
environs.
De 3 heures à 4 h. 45, les ballons se sont éle-
vés dans l’ordre du programme, en présence du
prince régent de Bavière et du feld-maréchal
von Hahnke, représentant l'Empereur.
1. America-Il (2.200 mc.), M. J. Mac-Coy (aide
lieutenant Fogmäann). Amérique.
Busley 2.200 mc.), D' Niemeyer (aide : M. Hie-
demann). Allemagne.
3. Banshee (2.200 mc.), M. John Dunville (aide :
NI. Pollock). Angleterre.
k. Valencia (2.200 mc), capitaine
(aide : M. de la Horga). Espagne.
». Belgica (1.680 mc), M. Geerls (aide : M. Pec-
ters). Belgique.
ü. Cognac (2.200 mc.), M de Beauciair (aide
M. Bichly). Suisse.
7. Aclos (2.200 mc.), lieutenant Cianelti (aide
M. Giovanni Pasline). Italie.
S. Condor-Il (2.200 mc.), M. Jacques Faure (ai-
de : M. Emile Dubonnet). France.
9. Conqueror (2.200 mc), M. Hoiland Forbes
{aide : M. À. Post). Amérique.
10. Berlin (2.200 mc.), M. Oscar Erbsloh (aide
D° Sticker). Allemagne.
11. Brilannia (2200 mc), M. Griffith-Brewer
(aide : Mac Cléan). Angleterre,
29
Kindelan
12. Caslillæ, (2.200 inc, M: Montojo (aide
M. Romero de Vejiade). Espagne.
13. L’Ulopie (2.200 mc.), M. de Broukère (aide
M. Van den Bussche). Belgique.
14. Helvelia (2.200 mc.), colonel Schaeck (aide
M. Messner). Suisse.
15. Ruwenzori (2.200 mc.)
Borsalino). Ilalie.
16. Ile-de-France (2.200 mc.), M. Alfred Leblanc
{aide : M. J. Delebecque), France.
17. Saint-Louis (2.200 mc.), M. Arnold (aide : M.
.-J. Hev Amérique.
1S. Dusseldorf (2.200 mc.), M. von Abercron (ai-
de : M. Stach von Goltzhein). Allemagne.
19. Zenhur (2.200 mc.) ofesseur Hintington
(aide : M. Brabazon). Angleterre.
20. Montana (2.200 mc.), lieutenant Herrera (seul
à bord), Espagne.
21. Ville-de-Bruxelles (2.200 nw), M. Everarts
(aide : M. Jacobs). Belgique.
Bassiliola (2.200 mc.), M. Frassinelti {aide
NI. Cobianchi). Italie.
, M. Uselli (aide : M.
Le]
49
419
23. Brise-d'Aulomne (2.200 mc.), M. Emile Carton
(aide : M. Marcel Baratoux). France.
Au départ, la brise était de 8 mètres à la
seconde, poussant vers le Sud-Est, et quoique
la vitesse fût faible, on pouvait espérer que les
ballons vogueraient loin et longtemps dans
cette direction.
Un seul incident marqua les départs. Le bal-
lon américain C'onqueror, piloté par M. For-
bes, s’est déchiré à 500 mètres d’altitude, quel-
ques minutes après son départ.
L'aéronaute avait commis l’imprudence de
prolonger la manche d’appendice par une tu-
bulure de faible diamètre qui devait « main-
tenir le ballon sous pression en évitant de per-
dre du gaz ». La pression fut exagérée, il y
eut arrachemeunt de toute la partie inférieure
que ne bridait pas le filet. L’étoffe a, heureuse-
ment, formé parachute et la descente, d’abord
accélérée, s’est terminée d’une façon relative-
ment douce sur le toit d’une maison de Friede-
nau, près Berlin. Une cheminée a été démolie
et les pompiers, accourus, ont trouvé les deux
aéronautes sains et saufs. Cet accident causa
quelques minutes de panique, mais heureuse-
ment on en eut vite l'explication.
Dans ia nuit du dimanche au lundi, des bri-
ses folles ont ramené les ballons de la Coupe
Bennett au Sud, puis à l'Ouest. Aussi a-t-on
appris avec surprise le lendemain matin que
plusieurs ballons étaient à trente kilomètres
seulement de la ville de Berlin.
Dans la journée du lundi le vent qui conti-
nuait à tourner, poussa les aéronautes vers le
Nord-Ouest, c’est-à-dire dans la seule mauvaise
direction à craindre, vers l’infranchissable mer
du Nord!
Peu à peu, on eut des nouvelles du passage
des ballons par les dépêches ietées par les
champions au-dessus des villes.
A Paris, comme à Berlin, le 12 octobre, on
ne se faisait plus d’illusion sur l'issue de la
Coupe Bennett. Aucun record ne serait battu
et le vainqueur serait obligé de descendre après
une trentaine d'heures, pour jeter l’ansre en
terre ferme.
Un autre incident fut annoncé le 12 octobre.
Le ballon espagnol Montana, du lieutenant
Herrera, était tombé brusquement de 2.000 mè-
tres d'altitude, à 11 heures du matin, à Meit-
zendorf (Saxe), à 120 kilomètres de Berlin.
L’aéronaute en a donné l'explication suivante :
le panneau de déchirure avait été collé rapi-
dement, sans couture, ni points de sûreté. Au
soleil, il s’est décollé peu à peu, et sans doute
partiellement, déterminant une descente à
l'instant où les aéronautes s’y attendaient le
moins. [l n’y a pas eu d’accidents de personnes,
La course s’est terminée par quelques inci-
dents dramatiques qui ont mis hors course plu-
sieurs champions qui ont fait preuve de trop
de témérité Ce sont l'Helrétia (colonel Schaeck,
Suisse), remorqué pendant deux heures dans les
420
eaux norvégiennes, le Castilla (M. Montojo,
espagnol) et le Busley (docteur Niemeyer, al-
lemand), sauvés au large d’'Héligoland, le
Saint-Louis (M. Arnold, américain), sauvé
au large de Wilhecoshaven, le Ruvenzori
(M. Usuelli, italien), sauvé à l'embouchure du
Weser. On sait que la Fédération aéronauti-
que internationale, en séance tenue à Londres,
au printemps de 1908, a décidé de mettre hors
© DA
, riddin
= =
= Hokcu
To
er
= Schles
Garding
Wiegévhashu
Oldenburg
COUPE GORDON-BENNETT
1900
Carte des Alterrissages.
Les chiffres indiquent
l'ordre de depart.
course les descentes en mer; notification en
avait été faite sur les papiers de bord remis à
chaque pilote de la Coupe Bennett avant le dé-
part.
Dans ces conditions et en attendant le clas-
sement officiel qui sera fait par la « Berliner
Verein für Luftschiffahrt », on peut faire de
la Coupe Gordon-Bennett 1908, le classement
suivant :
Banshee IM. Dunviile, Anglais), atterri à Hrid-
ding, fronlicre danoise, à 425 kilomètres de Ber-
lin.
Belgica (M. Geerts, Belge, qui a remplacé M.
Demoor au dernier moment), alterri à Wiegbolds-
bur, Frise orientale, à 423 kilomètres environ de
Berlin.
Condor (M. Jacques Faure, champion français,
avec M. Emile Dubonnetl), atterri à Hostrup-
Tondern (Schleswig), Allemagne du Nord, près la
frontière du Danemark. Dislance : 397 kilomètres.
Durée : 36 heures.
MAR
FIONIE
Magdebourg ° (8
1°" Novembre 1908
L'Ile-de-France (M. Alired Leblanc, champion
français, avec M. Jacques Delebecque), allerri
à Garding-en-Schleswig, dans le voisinage de
Brise-d'Automne, devant la mer du Nord. Dis-
tance environ 361 kilomètres. Dürée : 34 h.
15 m. Il restait encore 500 kilos de lest !
Brise-d'Aulomne (M. Emile Carton, champion
français, avec M. Marcel Baratoux), atterri dans
le voisinage de lle-de-l'rance, à Garding-en-
Schelswig, Allemagne du Nord, devant la mer
du Nord. Distance : environ 361 kilomètres. Du-
Christiansud
£ Alesund
BERLIN
O BERLIN
Francfort,
sur- Oder
q eitzendor£
Zrelitz
l
Belz:9
rée : 37 heures. Les aéronaules possédaient en-
core la moitié de leur lest !
Aelos (lieutenant Cianeiti, Italien), atlerri à OI-
denburg. Distance : 34S kilomètres.
Cognac (M. V. de Benuclair, Suisse), allerri
à Cappel-Neufeld. Distance : 352 kilomètres.
L'Utopie (M. de Broukère, Belge), atterri à Al-
tembrick, près Cuxhaven. Distance : 339 kio-
mètres.
Düsseldorf (cap. von Abercron, Allemand), al-
icrri près Bremarhaven (Nord de Br, Dis-
tance : 336 kilomiètres.
Berlin (M. Osvar Erbsloch, Allensnd), atletri
près Cuxhaven, Cappeler Heufeld, au bord de la
mer du Nord, à l'embouchure üe l'Eibe. Distan-
ce : 330 kilomètres.
Valencia (cap. Kindelan, Espagnol), descendu
au nord de Bréme. Distance : 300 kilomètres.
Basiliola (M. Frassinelti, Italien), atlerri près Zc-
ven. Distance : 286 kilometres.
Brilannia (M. Griftilh Brewer, Anglais), aller-
ri près de. Lunebourg (anovre). Distance : 212
kilomètres.
Amerika-Il (M. Mac-Coy, Américain), alterri à
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l’Aérophile
Ahohenwieldorf (Mecklembourg). Distance : 200
kilomètres.
Montana (lieut. Herrera, Espagnol, accident
lundi à 11 heures du matin, à Meitzendorff (Saxe).
Distance : 120 kilomètres.
Zephyr (prof. Huntinglon, Anglais), atterri à
Selsricke, près Zielitz, district de Magdeboureg.
Distance : 113 kilomètres.
Ville-de-Bruxelles (M. Everarts, Belge), atler-
ri à Belzig-Goltzow (Brandenbuwr:g). Distance : 32
kilomètres.
Conqueror (M. Holland Forbes, Américain),
éclaté à Friedenau, près Berlin. Distance : 5 ki-
lomètres. è
%
x *%
Les champions français ont fait contre mau-
vaise fortune bon cœur, et ils ont été simple-
ment heureux de constater que, s’il y avait eu
an prix de régularité ou un prix de classement
421
votre route et nous avons nettement reconnu
Hambourg, le lundi à 4 heures et demie du soir.
Notre marche était désespérément lente.
« Pour éviter d’être trop vite portés sur la
mer, nous avons dû nous maintenir de longues
heures à près de 4.000 mètres d'altitude. Nous
y sommes restés jusqu'à 3 heures du matin le
mardi. Nous avancions lentement vers le Nord
du Schleswig.
« Pour éviter le courant &e terre assez ra-
pide, nous avons soupapé pendant trois minu-
tes et nous sommes arrivés à pic, presque au
rivage.
« IT nous restait cinq cents kilos de lest au
moins, mais nous ne pouvions aller plus loin,
plus au Nord. »
LES CHAMPIONS FRANÇAIS DE LA COUPE BENNETT 1908
Emile Carton.
par équipes, ce sont eux qui l’auraient gagné.
Ils sont arrivés à quelques heures d'intervalle
dans la même région — comme un seul homme
—— ils ont vogué pendant plus de trente-quatre
heures et ils n’ont pas commis la moindre 1im-
prudence.
A leur retour à Paris, les champions fran-
cais de la Coupe Bennett ont raconté leurs
impressions.
M. Jacques Faure, parti à 3 heures 50, a
assisté à la chute du C'onqueror:
« Notre Condor est allé d’abord vers le Sud-
Est, jusqu'à Francfort-sur-Oder.
« A 11 heures du soir, nous avons changé de
direction brusquement et nous avons été éga-
rés pendant quelques heures. Passant sur un
village, notre guiderope frôlant des câbles
d'électricité, a déterminé une illumination su-
bite.
« Au Sud de Winsen, nous avons retrouvé
Jacques Faure.
Cliché des « Sports
Alfred Leblanc.
*
* +
Le récit de MM. Leblanc et Carton est à peu
près le même:
« Nous avons fait pour le mieux, étant donné
que nous marchions dans la plus mauvaise di-
recltion.
« Nous avons décrit à l'est, puis au sud de
Berlin, une boucle de plus de six cents kilom *-
res de longueur, tandis qu'à vol d'oiseau la dis:
lance n’est guère que de 400 kilomètres Ê
« Le brouillard qui cachait la le à trois
cents mètres nous à obligés à veiller sans cesse
et à user de mille précautions Nous compre-
nons très bien que, dans la nuit. plusieurs bal-
lons soient descerdus trop au large et même que
d'autres se soient £garés.
« L'équipe francaise a fait preuve de sagesse.
« Nous nous sommes tous retrouvés soit au
bureau de télégraphe Je Garding, soit au che-
min de fer, el si nous avons eu I déceplion €
constater que nous ne gagnions pas la Coupe,
nous avons eu la satisfaction de constaler que
tous nous avions manœuvré de la même façon
et de la facon la plus logique en tirant des bor
422
dées vers le nord du Schleswig allemand, xe15
le Danemark, sans nous laisser emporter par la
brise de l'est, qui nous eût obligés à atlerrir plus
or
Avec le les! qui nous restait, noüs pouvions
(ous tenir dans l'espac e pendant plus de soixante-
douze heures ! Tous les records pouvaient êlre
ballus, à condition d'aller vers l'Est.
« Nous avons été lémérire, mais nous n'a-
vons pas été jusqu'à l'imprudence.
Plusieurs Anglais nous ont déclaré que,
si la Coupe élait allribuée à TlAngleterre
il est possible que nos amis de l'Entente cor-
diale nous demandent de venir la faire Gispuier
à Paris, l’année prochaine, en raison de la mau-
vaise situalison géographique de Londres. »
+
+ #
Le colonel Schaeck, pilote de l'Helrétia, a
fait de son voyage, le plus mouvementé, le ré-
cit suivant :
« Notre ballon est passé sur Magdebourg. 11
ellait d’abord au Nord-Ouest, puis au Nord.
« Dans la nuit, le vent changea et nous con-
duisit le long de la côte norvégienne où il y
avait du brouillard et de hautes vagues.
« Pour la première fois, nous revimes Ja
terre à 10 heures, mercredi matin.
Nous avons suivi la côte, mais parallèle-
ment et en la laissant à notre droite. Nous
avons marché au guiderope sur la mer.
« Un bateau de pêche nous à pris à sa re-
morque, mais M. Messner resta en nacelle.
« Le débarquement a eu lieu à la station de
Ersholmen, après 73 heures de voyage aérien.
Nous avons dégonflé le ballon sur terre, au
panneau de déchirure, comme normalement.
Notre traversée maritime a duré 43 heures
et quart.
« En débarquant nous avons vidé encore
beaucoup de sacs de lest et nous avons pu en
une heure, faire le pliage du matériel. »
Le champion suisse, dans sa ne
adressée à Berlin, dit qu'il a été remorqué
contre son gré par les pêcheurs qui n’ont pas
compris ses explications.
#
Le comte de Castillon de Saint-Victor, re-
tour de Berlin, où il représentait l’Aéro-Club
de France comme commissaire délégué à la
Coupe Gordon-Bennett, nous a donné son avis
autorisé sur les fêtes auxquelles il à assisté :
« Ce n'est qu'au moment du lâchez-lout que
nous nous sommes apereus que M. Forbes avait
prolongé la manche de gonflement «le son ballon
d'un long tuyau de faible diamètre. Nous sup-
posions tous qu'il y avait à côté une autre issu,
une soupape pour le gaz.
« L'éclatement du Conqueror a donné lieu à
une scène très émouvante. On a vu la partie
inférieure du ballon se déformer, puis se déchi-
rer. Heureusement que l'éloffe robuste ne s'est
pas ouverte du haut en bas et que. soutenue par
le filet, elie a formé parachule.
« J'ai depuis. causé avec M. Forbes. II m'a dit
simplement qu'il avait mal calculé le diamètre
de la manche qu'il avait eu la malheureuse idée
1% Novembre 1908
d'ajouter à l'appendice el de fixer au ventilateur
des le départ.
« L'accident du Montana n'a été expliqué par
le lieutenant Herrera, lui-même.
« L2 jJeure Espagnol, pourtant très hâbiie, à
commis une imprudence. Il s'est conltenté de col-
ler avec une dissolution «de caoutchouc le pan-
neau de déchirure, tandis que l'on fait généra-
lement en plus quelques points de couture qui
craquent lorsque l'on tire sur la corde rouge.
« A 11 heures du matin. à 2.000 mètres, em
plein soleil, le collage n'a pu résister aux Urac-
lions de l'éloffe qui séchail et se tendait.
«Il est infiniment probable que le panneau d°
déchitine ne s'est que partiellement décollé ci
c'est ce qui à sauvé l'éjuipeg: : ie balion est
descendu comme si la soupape avait été grand»
GENE Le
« L'orgarisatien ailen:ande élail exceliente. -2n
_ arrivé à fournir 20.000 mètres cubes de gaz à
l'heure, La sociele berlincise à fait ie elle
aceueil aux aéronautes français et toutes ïes ré-
ceplions ont été parfaitement réussies : j'estime
que l'ensemble des fêles a pu coûter 300.006 fr.
«II v avait un monde fou à Schmarsendorf
el s'il restait beaucoup de places dans les tri-
bunes, c'est parce qu'elles étaient trop vastes et
que 'e prix des places clair très éle
« Les aéronautes français m'ont prié d'être leur
interprète pour remercier la « Berliner Verien
fur Luftschiffahrt » de sa cordiale hospitalité. »
vÉ.
Lundi, 12 octobre :
durée.
Concours de
Trente-huit ballons étaient inscrits pour le
Concours de Durée du lundi 12 octobre, à
Berlin-Schmargendorf. Trente-deux se sont éle-
vés.
Cette troisième et dernière épreuve devait
être disputée par catégories, c’est-à-dire en
réunissant les ballons de cubes semblables :
2 catégorie, 3° catégorie, 4° catégorie, 5° ca-
tégorie.
En dehors d'un ballon autrichien, tous les
balions étaient allemands. Le petit Cadet-de-
rascogne de M. Wigand, de l’Aéro-Club du
Sud-Ouest, n’a pas été gonflé, l'engagement
ayaut été tardif.
Le gonflement commencé à 11 heures du ma-
tin, a été terminé avant 3 heures.
Les ballons sont partis vers le Nord-Ouest,
poussés vers la mer, encore plus rapidement
que la veille.
Voici quels étaient les inscrits :
I. — Pelits ballons de 2° catégorie (601 à 900 me.).
1. Essen-Rhur (900 mc.), lieulenant Vogt, Alle-
magne.
2, Ernst (680 mc.) licutenant von Einsiedel,
ANemagne
3. B. À. C. Munchen (680 mc.), (non régularisé).
4 . . z.
4. Cadcl-de- Gascogne (700 mc.) non régularisé).
II. — Ballons de 3° calégorie (901 à 1.200 mec.).
5. Clouth (1.200 mc.), M. Richard Clouth, Alle-
magne.
6. Hewald (1.200 mes M. Cassirer, Allemagne.
7. Podewils (1.200 me.), M. Schubert, Allemagne.
S. Zeppelin (1.200 en (non régularisé).
l’Aérophile
9. Radelzliy (1.100 mc.), docteur Schlein, Au-
triche.
III. — Ballons de 4° calégorie (1.201 à 1.600 mc.)
10. Abercron (1.137 mc.), docteur Kempken, Al-
lemagne.
11. Otto (1.437 mce.), M. Everth, Allemagne.
12. Wurlemberg (1.437 mc.), M. Alfred Dierlam,
Allemagne.
13. Bamler (1.437 mc.), M. Schroder, Allemagne.
4. Overstolz (1.437 mc), lieutenant Mickel, Alle-
magne.
15. Atlas (1.600 mc), lieutenant
Fassmann, Allemagne.
16. Posen (1.500 me.}, lieutenant Matlersdorf, Al
lemag:ne
7. Mainz-Wiesbaden mc.), M.
Allemagne.
1S. Ziegler (1.437 mc), ticutenant Moller, Allema-
gue.
19. Gross (1.600 mc)., docteur Brockelmann, Alle-
magne.
20. Dresden (1.437 mc.), professeur Poeschell, Al-
lemagne.
21. Hamburg (1.500 mc.), marquis de Pohl, Aiie-
magne.
22. Prinzess-Victoria-Bonn
larch, Allemagne.
23. Pegnilz (L.500 mc.), M. Berlin-Nurnberg, Alle-
magne.
Holthoff von
(1.437 Eberhard,
(1.437
mc.), M. Mi-
21. #schudi (1.300 me.), M. Liebich, Allemagne.
25. Segler (1.437 mce.), docteur Treitschke, Alle-
magne.
26. Bochum (1.437 inc.), M. Herbruggen, Allema-
one.
27. Schlesien (1.437 mc), M. Dohna-Schlodien,
Allemagne.
2S. Koeln (1.437 mc), M. Zimmermann, Allema-
gne.
29. Hergesell (1.150 mc.), lieutenant Foertsch, Al-
lemagne.
30. Elberfeld (1.437 mc.), M. Meckel
31. Bezold (1.380 me.}, (non régular
Aïlemagne.
IV. — Ballons de 5 catégorie (1.001 à 2.200 me.).
22. Dusseldor] (2200 mc.), docteur Weiss, Alle-
magne.
33. Franiien (1.700 mc.) non régularisé)
34. Vivienne (2.150 mc.) (non régularisé).
35. Plauen (1.696 mce.), M. Baumeister, Allemagne.
gne.
36. Graj-Zeppclin (2.200 mc.), M. Reichel, Alle-
magne.
37. Pomniern (1.694 mc.}, M: Mueller. Allemagne
28. dJugusla (1.700 mc.), M. A.
magne.
Riedinger, Alle-
Dans sa séance du 19 octobre, la « Berliner
Verein für Luftschiffahrt » a procédé au clas-
sement des lauréats du concours de durée du
lundi 12 octobre.
Dans la deuxième catégorie : 1% prix, Es-
sen-Ruhr (13 heures 3 m.); 2 prix, Ernst.
Dans la troisième catégorie : 1° prix, le bal-
Jen Hewald (11 heures 42 m.); 2 prix, le bal-
lon Clouth.
Dans la quatrième catégorie: le ballon
Gross (24 heures 30 m.), a obtenu le premier
prix de l'Empereur; le ballon Abercron xece-
vra le deuxième prix du Ministre de la Guerre.
Les gagnants, du 3° au 8 prix, sont les bal-
lons :
Atlas, Overstolz, Hamburg, Schlésien, Bo-
chum, Tschudi.
423
Dans la cinquième catégorie ont été décer-
. nés: 1 prix, ballon Pommern (15 h. 30 m.);
2 prix, ballon Augusta; 3° prix, ballon Graf-
Zeppelin.
Les ballons sont descendus dans la même
zone que ceux de la Coupe Gordon-Bennett,
mais il y ont été plus vite conduits.
Deux ballons tombés en mer seront mis hors
course: le Plauen a été recueilli sur la Mer
du Nord, avec ses deux aéronautes, MM. Ho-
chstetter et Scheiterer, par le chalutier à va-
peur Ruby qui les à ramenés à Hull; l’Her-
gesell a été trouvé dans les environs d'Héligo-
land et rapporté par un vapeur norvégien à
Yarmouth, mais la nacelle manquait et l’on
reste sans nouvelles des aéronautes.
Les autres ballons de la course de durée sem-
blent avoir fait des voyages sans incidents.
GEorcEs Baxs
Après la Coupe Gordon-Bennett
La conférence pour la paix réunie à La
Haye avait à peine clos ses assises que la
guerre éclatait entre la Russie et le Japon.
Quelques mois à peine, après que la F. A. f.
croyait prendre une mesure préservative
contre la témérité des pilotes, en les dis-
qualifiant sans pénalité en cas de desceute
en mer, quatre aérostats de la Coupe Gordon-
Bennett nécessitaient quatre sauvetages en
pleine mer du Nord, et dans l'épreuve de durée
du lendemain, deux aérostats subissaient le
même sort et les craintes les plus justifiée:
accablent nos collègues allemands, quant à
l’un des deux dont on a retrouvé l'enveloppe
veuve de sa nacelle et de son équipage!
En fait, jamais concours aéronautique ne
fut aussi mouvementé, aussi fertile en sur-
prises de toutes sortes, en incidents bizarres
ou regrettables; et cela depuis le moment du
départ jusqu'à la dernière minute de la lutte.
Jamais non plus, Pardeur de la lutte ne fut
aussi intense, et si la direction du départ, le
plein Est ou le Sud-Est avait été constante,
on eût assisté à la plus belle épreuve aéro-
nautique qu’il fût possible de rêver et on peut
affirmer que tous les records sans exception,
eussent été battus et de loin!
Mon rôle n’est pas d'apprécier les nom-
breux incidents de la course, ni d'en tirer les
faciles conclusions, mais je ne puis pourtant
passer sous silence, l’accident du Conqueror,
un des aérostats américains, dont j'ai suivi
toutes les phases avec une anxieuse atten-
tion. Les ventilateurs avaient fait leurs
preuves à Saint-Louis en 1907, et de nom-
breux concurrents, douze je crois, les avaient
adoptés cette année; malheureusement, ces
applications n'avaient généralement pas été
424
étudiées avec toute la technicité si désirable
pour ce perfectionnement, en soi très déli-
cat, et l'installation du système sur le C'on-
queror était particulièrement défectueuse.
Je ne peux mieux faire pour en donner
une idée, sans entrer dans une description
technique qui sortirait de mon rôle, que re-
produire une interview de M. Forbes, lui-
même, le pilote du C'onqueror:
« J'avais prolongé l’appendice par une lon-
« gue manche d’étoffe d’un diamètre malheu-
« reusement trop petit. Je me proposais de
« mieux conserver le gaz en ouvrant et fer-
« mant à la main cette issue inférieure. Parti
« assez vite, j'ai entendu un eraquement et
« J'ai vu aussitôt mon ballon déchiré par en
« bas. Je me suis empressé de jeter tous mes
« sacs de lest. Mais ce délestage absolu ne
« nous eût pas sauvé la vie si le ballon ne
« s'était pas déployé largement au-dessus de
« nous. L’étoffe a formé parachute dans son
« filet et la descente à été relativement douce
« sur le toit d’une maison de Friedenau, près
« de Berlin. Une cheminée à été démolie. Les
« pompiers m'ont aidé à dégager le ballon et
« les locataires de l'immeuble ont été fort ai-
« mables. Evidemment, j'avais commis une
« grave imprudence et je la regrette d'autant
« plus que je possédais l’un des meilleurs bal-
« Jons. »
Avant le départ, j'avais examiné l’arrimage
du C'onqueror et fait part à quelques person-
nes, des craintes qu'il m'inspirait. Un grand
personnage de l’aéronautique me fit cette suc-
culente réflexion que je m'en voudrais de gar-
der pour moi:
« Ne craignez rien, mon cher, il ne peut ar-
«river aucun accident, il en est des appen-
« dices, comme des portes; ils sont ouverts où
« fermés, or celui-là n’est pas fermé! »
C’est un rien, mais encore fallait-il le trou-
ver!
Au point de vue aéronautique pur, les ré-
sultats sont médiocres; mais ce qu’ils devaient
être avec des brises folles, incertaines, sans
consistance et sans diminuer en rien le mérite
de M. Dunville, pilote du Banshee; on peut
dire que le hasard à joué un rôle trop impor-
tant dans cette épreuve classique, en donnant
une victoire très méritée, néanmoins, à un
aérostat qui a parcouru 400 kilomètres et qui
en pouvait encore faire le double.
Les véritables triomphateurs sont les orga-
nisateurs de la « Deutscher Lufftschiffahrt Ve-
rein » qui ont fait un effort magistral en réu-
nissant dans ces trois journées, le plus grand
nombre de ballons que nous ayons jamais vu
en même temps; 86 aérostats d'ensemble en-
viron 120.000 cubes, réunis dans une enceinte
pouvant les contenir tous à la fois et à proxi-
mité d’une usine à gaz capable de les gonfler
sans difficulté en quatre heures.
Des tribunes, presque luxueuses, pouvant
1° Novembre 1908
contenir 20.000 personnes confortablement as-
sises, un service d'ordre admirable, des mu-
siques militaires de tout premier ordre, qui
ont magistralement exécuté les hymnes na-
tionaux des ballons partants: la Marseiilaise
avait été remplacée par la marche de Sambre-
et-Meuse. Erreur du traducteur, sans doute !
Les représentants des divers clubs fédérés
ont été reçus par nos camarades allemands,
comme ils savent recevoir. Les marques d’ami-
tié les plus délicates nous ont été prodiguées
et chacun s’est appliqué à nous faciliter notre
tâche. Grand dîner au Jardin Zoologique. Ré-
ception au Reichtadt, qui gagne beaucoup à
être connu... de l’intérieur. Soirée à l’ancien
Palais de l'Exposition Universelle, et enfin, ce
fut le gros morceau des réjouissances, soirée
de gala à l'Opéra-Impérial où l’on donnait un
impérial opéra « Sardanapal », et nous pûmes
à l'aise, contempler l’admirable physionomie
de Guillaume IT qui reflète avec une incroyable
intensité, la volonté et l'énergie sans être dé-
parée par un remarquable éclairement de bonté
que les photographes officiels s'efforcent, je ne
sais pourquoi, de faire disparaître en de ma-
ladroites retouches.
I serait puéril de ne pas reconnaitre qu'au
point de vue de l’organisation générale, nos
collègues allemands font, sinon mieux, du
moins beaucoup plus que nous et cela tient
uniquement à ce fait que, de l’autre côté du
Rhin, il n’y a qu'une aérostation, immense
fédération nationale au succès de laquelle tra-
vaille tout le monde: militaires, civils, bour-
geois, industriels, savants, ministres et l’Em-
pereur lui-même !
Ca n’est pas plus difficile que ça!
Au point de vue sportif, l'épreuve de 1908
peut compenser sa médiocrité par un ensei-
gnement précieux : il faut, pour l’avenir, une
organisation différente de la Coupe Gordon-
Bennett, notre grande épreuve fédérale. Un
jour fixé par avance pour le départ est im-
possible, on devra se contenter de fixer une
période que la météorologie locale nous aidera
à déterminer. Période pendant laquelle aéros-
tats et concurrents seront « en observation »
et quand une direction acceptable sera à peu
près assurée, on donnera le signal du départ.
Avec une telle méthode, on ne verra plus de
si beaux efforts sportifs perdus ou à peu près,
sacrifiés à la merci de la forme capricieuse
d’une côte ou de l’incertitude de grands cou-
rants aériens incapables d'adopter une direc-
tion honnête!
Je sais bien qu’exposer un tel programme
est plus facile que le résoudre et que les dif-
ficultés de tous ordres sont nombreuses; mais
nos amis les Anglais ont déjà fait plus diffi-
cile! Je ne suis pas en peine pour eux!
Ep. Surcour
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Autour de la Coupe Gordon-Bennell
Notre correspondant de Berlin nous a adressé,
au sujet de la Coupe Gordon-Bennelt, une longue
lettre bourrée de détails pittoresques, dont nous
exlrayons les passages inédits les plus intéres-
sants.
L'organisation de la Coupe Gordon-Bennett
à Berlin fut digne de la précision et de
l'exactitude allemandes, surtout aux points de
vue sécurité et secours: vingt-huit appareils
téléphoniques étaient dispersés dans l’en-
ceinte de Schmargendorf; un bureau de télé-
graphe était relié aux principales capitales de
l'étranger.
Au concours d'atterrissage de la veille, on
avait eu une amusante surprise. Le but était ua
moulin situé à un kilomètre à l’est de Schma-
chtendorf, petit village à l’est d'Oranienburg.
Le moulin qui figurait sur les cartes n'existe
plus depuis deux ans! Avec de la toile blanche,
on a dû faire une croix par terre et ce chan-
sement à pu tromper quelques aéronautes.
Toutes les manœuvres ont été faites par les
zérostiers militaires. Ils sont bien exercés,
bien dressés, ils savent entendre les comman-
dements et obéir en cadence.
Toutes les canalisations de gaz sont souter-
raines, ce qui facilite beaucoup la circulation.
Seuls les robinets sortent d’un lit de sable, le
sable de la marche de Brandebourg !
Les départs des champions de la Coupe Ben-
nett ne manquèrent pas de pittoresque.
Le premier à partir, Mac Coy, en bras de
chemise, comme tous les Américains, le tho-
rax et l’abdomen enveloppés dans un gilet de
velours réséda, surveille l’embarquement de
ses conserves.
Au soleil, les ballons vernis et les ballons
caoutchoutés faisaient contraste ; le ballon re-
couvert d'aluminium était éblouissant. Dans
la foule, les toilettes claires dominaient et
ques-unes très sportives étaient fort
ginales.
Une nacelle allemande, celle du Busley, mé-
rite d’être décrite. Comme elle n’était pas
assez longue pour permettre au pilote de
prendre un peu de repos en s’allongeant hori-
zcntalement, on y avait pratiqué une ouver-
ture, une porte en osier qui s’ouvrait en
dehors et qui permettait de sortir les pieds
sans risquer de tomber dans le vide. Un filet
empêchait les couvertures de glisser de ce vé-
ritable lit pliant.
Au départ, les tribunes D, du côté sud, ont
reçu un abondant baptême de sable. Le Busley
s’est équilibré à une cinquantaine de mètres.
L’Aetos a filé son guiderope beaucoup trop
tôt, il s'est emmêlé dans les tribunes, il a oc-
casionné un coup de rabat vers la grande tour
du réservoir d’eau de l'usine à gaz: il a fallu
icter beaucoup de lest pour franchir ce dan-
ori-
425
gereux obstacle. Le Conqueror, avant l’acci-
dent que vous savez, avait fait un mauvais
départ; il cogna contre une balustrade et un
sac de lest fut éventré pendant que son pi-
lote en vidait un autre sur la foule, d’où as-
cension brusque et sans méthode, fortes oscil-
lations, et le reste... Après la chute sur le
toit de la gare de Fridenau, M. Post ne perdit
pas son sang-froid, les pompiers le trouvèrent
photographiant M. Forbes à peine dégagé de
la nacelle.
Un accident analogue à celui du C'onqueror
était arrivé au Dusseldorf IT, quelques jours
avant, quand M. Von Abercron voulut essayer
un nouveau ballonnet qu'il avait perfectionné.
M. Clouth, expert, a déclaré que l’enve-
loppe du Conqueror était construite d’une fa-
çon irréprochable et de qualité parfaite.
i’éclatement provient done uniquement de la
manche trop étroite et trop allongée.
Pour le concours de durée, le lundi, le gon-
Éement marcha un peu moins vite, car il ny
avait que 23 prises de gaz pour 82 ballons. Les
2éronautes du malheureux Hergesell ne par-
tirent qu'à 5 heures 17, à la nuit, comme à
regret, comme s’il avaient un affreux pressen-
timent…
E. R.
Les brevets de l’aéronautique
391488. — 19 juin 1908. — Horraxps (S.-H.) :
Dispositif perfectionné de propulseur pour ma-
chines aériennes applicable également à la ven-
tilation et autres buts analogues.
291462. — 18 juin 1908. — NEUBRONNER (J.). :
Procédé et appareil pour prendre des vues pho-
tographiques de paysages de haut en bas.
391783. — 29 juin 1908. — Société DiniER DE VAS-
DENYEY et CIE : Roue à palettes.
391798. — 29 juin 1908. — Micueun (A.) : Systè-
me de construction des hangars à ballons au-
tre bâtiments devant satisfaire à des conditions
analogues.
2482-368619. — 1°” juin 190$. — Vincent (C.-A.-
EL.) : Premicr certificat d'add. au brevet pris pour
monlre-boussole.
391935. 1° juillet 1908. Mier (M.-B.)
Ct HARVEY (G.-W.) : Hélic: de propulsion.
391894. — 9 septembre 1907. — HENXEBIQUE (F.) :
Propulseur aérien.
391915. — 15 juin 1908. — DiriGENT (L.-B.) : Avia-
teur, genre hélicoptère, fonclionnant à turbine.
à essence ou à tout autre liquide similaire.
391953. — 2 juil!ct 1908. — Crarke (T.-W.-K.) :
Perfectionnements apportés aux appareils aéro-
nautiques.
392002. 12 seplembre 1907:,=— HENXEBIQUE
(F.) : Perfeclionnernents apportés-aux appa
d'aviation. :
392)4S. — 6 juillet 190$. — DrixLer (J.) : Ac
roplane.
Communiqué par MM. Ch. Weismann et Marx,
ingé1ieuts-conseils en matière de propriété in-
dustrielle, 90, rue d'Amsterdam, Paris.
eils
426
LES TRAVAUX DES WRIGHT
Exposés par eux-mêmes
The Century iluslraled Monthy, magazine de
New-York, à publié dans son numéro de Seplem-
bre dernier un arlicle documenté des aviateurs
américains Wübur et Orville Wright.
ls exposent comment ils sont venus à l'avia-
‘lion, leurs expériences préliminaires ei racon-
tent leurs longs essais de vol plané, puis leurs
premiers vols à moleur ; ils lerminent en décri-
vant de manière saisissante l'impression que l'on
ressent lorsque l'on quille le sol en aéroplane.
“ien que les lecleurs de « l'Atrorphile » aien*
clé, depuis 5 ans, informés «vu jour le jour rl
de première main.-des travaux des Wright, nous
avons tenu à publier la genèse d'une invention,
exposéz par les inventeurs eux-mêmes.
On a traduil seulement quelques passages ly-
piques de ce curieux arlicle, en donnant un
aperçu de l'ensemble. Ceux de nos lecteurs qui
désirent se documenter plus complèlement con-
sulleront notre confrère américain qui publie des
pvholographies de l'appareil Wright de 1903, de
190% et de 1905, appareils déjà connus de nos
lecieurs:
Il est assez rare de posséder des documents sur
les expériences des frères Wright. A cet égard,
l’article qu'ils ont publié dans le Century Maga-
zine est intéressant en ce qu'il complète leur rap-
port à l'Aéro-Club d'Amérique du 11 mars 1906
qui rendait compte officiellement de leurs pre-
inières expériences.
Au début, les avialeurs américains racontent
comment ils ont élé conduils à s'occuper d'avia-
tion : d'abord pour leur amusement personnel
dans leur jeunesse, ils se sont consacrés à la
construction d'hélicoplères, puis ils ne s’occu-
pèrent plus, devant les difficultés qu'ils rencon-
trèrent, que de cerfs-volants : un jeu dans le-
quel ils étaient pas maitres.
C’est lement vers 1896 qu'ils s'occupèrent
sérieusement de la question : ils éludièrent suc-
cessivement les livres de Chanule. Le progrès en
machines volantes ; de Langley, Les expériences
en aéro-dynamique ; L Annuaires aéronauti-
ques de 1905, 1906 et 1907, et plusieurs brochures
publiées par l'Institulion Smithsonnienne, entre
autres les articles de Lilienthal ei des extraits de
l'Empire de l'air de Mouillard.
En avialion, ils exposent qu'ils se trouvaient
en présence de deux écoles : la première repré-
sentée par des hommes comme le professeur Lan-
gley et Sir Hiram Maxim, qui ne s'occupaient
que du vol à moteur. La seconde était représen-
tée par Lilienthal, Mouillard et Chanute, et ne
s'occupait que de vol plané.
Les sympathies des Wright furent pour cette
seconde école. Dans leur article du Century Ma-
gazine, ils exposent les différentes méthodes que
l'on à cherchées pour équilibrer un appareil vo-
lant ; ils condamnent, après expérience, le sys-
tème d'équilibre automatique. Ils arrangèrent
leur machine de manière à ce qu’elle fût inslable :
« Nous voulions la rendre aussi inerte que pos-
sible aux effets du changement de direction et
de vite et réduire de la sorte à un minimum
les effets du vent ; d’après nolre système, c'était
l'opérateur qui devait lui-même se redresser. Li-
lienthal et Chanule. continuent les frères Wright,
dirigeaient et équilibraient leur machine par le
déplacement du corps de l'opérateur, mais cette
méthode nous parut incapable d'être utilisée pra-
tiquement en raison du poids qu'il fallait remuer
et parce que la distance où l'on pouvait le trans-
porter, était limitée. Nous avons done cherché
un système par lequel l'opérateur pouvait varier
1°" Novembre 1908
à sa volonté l'inclinaison de différentes parlies
des ailes et obtenir ainsi du vent, les forces né-
sessaires pour rétablir l'équilibre que le vent lui-
méme avait délruit. Ceci pouvait être oblenu fa-
clement en ulilisant &es ailes pouvant se cam-
brer el en ajoutant des surfaces supplémentaires
dans la forme de gouvernails ».
« Un: heureuse invention fut imagince par
laquelle le système de surfaces superposées, ap-
paremment rigides, inventées par Wenham el
perfectionnées par Stringfellow et Chanule, pou-
vait être cambré de manière que l'aéroplane
pût présenter à droite el à gauche des angles
différents par rapport au vent. »
Les frères Wrighl rappellent que de 1885 à
1900, on s'occupa avec activité de la conquête de
l'air; mais Maxim, mais Ader abandonnèrent
leur œuvre. Lilienthal et Pilcher se tuèrent,
Chanute et bien d’aulres ralentirent leurs elforls
et le public considéra alors que le vol humain
était impossible et que ceux qui en cherchaient
la solution devaient être classés sur le même
rang que ceux qui cherchaient le mouvement per-
pétuel.
« Nous avons commencé nos expériences en
octobre 1900, disent-ils, à Kitty Hawk (North
Carolina). Nous voulions d'abord que notre ma-
chine s'enlevât comme un cerf-volant avec un
homme à bord par des vents de 15 à 20 milles à
l'heure. Mais après essais, nous avons trouvé
qu'il fallait des vents beaucoup plus forts. C'est
en 1901 que nous avons connu M. Chanute qui
nous à beaucoup encouragés : il demeura plu-
sieurs semaines avec nous. pendant les essais
que nous fimes cette année-là et les deux années
qui suivirent. I1 fut également témoin d'un des
vols à moteur que nous avons faits près de Day-
ton (Ohio), en octobre 1904.
« En 1901, après divers essais, nous renonçà-
mes à enlever un appareil Comme on enlève un
cerf-volant. Nous nous aperçcûmes à ce moment-
là que les tables de pression de l'air générale-
ment usilées, étaient incorrectes. C’est à ce mo-
ment que nous avons commencé à essayer du
« vol glissé » qui nous parut la seule méthode
capable de nous donner l'entraînement désiré
pour l'équilibre d'une machine. Après quelques
minutes d'entrainement, nous avons pu faire
des vols de plus de 300 pieds et après quelques
jours, nous avons pu voler en {toute sécurilé
dans des vents de 27 miles. La difficulté réelle
n'était pas d'avancer contre le vent, mais de
maintenir l'équilibre. »
En résumé, les frères Wright ne trouvèrent
pas leurs expériences de 1901 très encouragean-
tes. malgré l'assurance de M. tuanule qui esti-
mail leurs résultats supérieurs à ceux de leurs
prédécesseurs.
C'est cependant en 1901 que les frères Wright
imaginèrent leur gouvernail mobile, travaillant
conjointement avec la torsion des ailes. Ce sys-
tème est d'ailleurs exposé dans leur brevet (1).
Jusqu'alors. les frères Wright ne s’'élaient oc-
cupés de la question qu'au point de vue sporlif,
mais comme ils s'aperçurent que les calculs
concernant les pressions aériennes étaient
inexacts, ils résolurent de faire eux-mêmes des
recherches après lesquelles ils construisirent un
nouvel appareil qui fut essayé à Kill Devil Hill
‘ Ja saison suivante et avec lequel, en septembre
et octobre 1902, ils firent environ un millier de
vols dont certains couvraient une distance de
plus de 600 pieds et d’autres furent faits contre
un vent de 36 milles à l'heure, prouvant le bon
(1) Voir Aérophile de janvier 1906 et du 1* mai
1908.
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Te Moteur ANTOINETTE
n DÉTIENT TOUS À
mn LES ss
PRIX D’AVIATION
28, Rue des Bas-Rogers = PUTEAUX
l’Aérophile
fonctionnement de leur système d'équilibrage.
Avec cette machine, pendant 1automne de 1903,
ils ont fait un nombre de vols assez conside-
rable au cours desquels ils restaient en l'air pen-
dant plus d'une minute, planant souvent immo-
biles durant un certain ‘emps sans descendre.
C'est alors que les frères Wright décidèrent de
construire une machine à moteur.
D'après le premier projet, cette machine de-
vaft peser GO0 livres, y compris l'opérateur et
un moteur de 8 HP, mais par la suite, le moleur
se nicntra plus puissant qu'on n'avait estimé, ce
qui permit de profiter de 150 livres supplémen-
laires pour renforcer les ailes et d'autres par-
lies. La conslruction des hélices fut des plus
simples.
« Nous avions d’abord pensé nous servir des
lables employées par les ingénieurs de la marine,
mais nous nous sommes aperçus qu'ils ne tra-
vaillaient que d’après des formules empiriques et
nous cherchames nous-mêmes en nous inspirant
de ce fait que des hélices sont aes ailes travail-
lant comme des spirales. Nos premières hélices,
construiles uniquement d’après nos calculs,
avaient un rendement utile de 66 %, soit un tiers
de plus que n'avaient oblenu Maxim et Lan-
-aley.
« Les premiers vols avec la machine à moteur
eurent lieu le 17 décembre 1903, en présence de
cinq personnes seulement (dont les noms sont
donnés dans le Century Magazine). Bien qu'une
invitation générale ait été envoyée à tous les gens
qui demeuraient dans un ravon de 5 à 6 milles,
ceux-là n'étaient pas nombreux qui élaient dis-
posés à risquer les rigueurs d'un vent froid de
décembre pour voir une mach:ue volante qui ne
volerait pas! Le premier vol dura seulement
douze secondes, un vol très modeste comparé à
celui des oiseaux, mais ce n’était pas moins le
premier dans l'histoire du monde dans lequel
une machine portant un homme s'élait élevée
d'elle-même, emporlée dans l'air par son propre
RON et élail redescendue sans êlre démo-
lien!
.« Le second el le lroisième vol furent un peu
plus longs et le quatrième dura 59°, couvrant
une distance de S52 pieds contre un vent de
20 milles.
« Après ce dernier vol, la machine fut ramenée
au camp et placée dans un endroit où on la
croyait en sécurilé. Mais quelques minutes plus
lard, tandis que nous causions des vols récents,
un coup de vent inallendu frappa la machine et
commençait à la retourner ; tout le monde se pré-
cipita pour l'arrêler, mais c'était trop tard!
M. Daniels, un géant en laille, en force, fut
enlevé de Lerre et tombant à l'intérieur entre les
surfaces, fut secoué en tous sens ; finalement, il
lomba à lerre n'eut que des blessures superliciel-
lés, mais la machine fut lellement abînée que
les expériences furent interrompues.
ce Au printemps de 1904, grâce à l’amabilité de
AI. Torrence [uffmann, de Dayton (Ohio). il
nous fut permis de construire un hangar et de
continuer nos expériences à huit milles à l’est de
Davton. La nouvelle machine était plus lourde et
plus forte, mais semblable à celle avec laquelle
nous avions volé à Kill Devil Hill. Quand elle
fût prête pour son premier essai, {tous les jour-
naux de Daylon en furent informés et environ
une douzaine de journalistes étaient présents.
Nous avions seulement demandé qu'aucune pho-
tographie ne fût prise, et que les comptes renäius
ii aient pas un caractère sensationnel de manière
à ne pas attirer la foule sur nos terrains d’expé-
riences. En tout, cinquante personnes étaient
présentes.
(1) Voir Aérophile de décembre 1993.
427
« Quand nos préperalifs furent lerminés, le
vent ne soulllait qu'à raison de trois ou qualre
illes à l'heure, ce qui né permettait pas de par-
tir sur une pis'e aussi pelile, mais élant donné
que de nombreux spectateurs claient vents de
loin pour voir marcher la machine, on fit un es-
sal.
« Pour ajouter au : difficultés, le moteur refusa
de marcher convenablement, la machine apres
avoir parcouru la longueur du rail de lancement,
glissa à terre sans s'élever le moins du monde.
Plusieurs des journalistes revinrent le lendemain,
mis furent à nouveau désappointés : le moteur
fonctionnait mal et après avoir glissé seulement
60 pieds, la machine tomba à terre.
« D'aulres essais furent remis jusqu'à ce que le
imoteur fonctionnäl mieux: les journalistes
avaient perdu sans doule confiance dans la ma-
chine, bien que leurs comptes rendus n’en di-
sent rien, par amabilité: Plus tard, lorsqu'ils
apprirent que nous volions plusieurs minules,
sachant que des vols plus longs avaient été faits
avec des dirigeables, et ne voyant aucune diffé-
rence essentielle entre les dirigeables et les ma-
chines volantes, ils ne sy intéressèrent que fort
peu.
« Il ne nous fallut pas voler longtemps en 196%
avant. de nous apercevoir que le problème de
l'équilibre n'était pas encore entièrement résolu ;
parfois, en accomplissant un virage, la machine
se penchait fortement de côlé en dépit de tout ce
que l'opérateur pouvait faire, bien que, dans les
mêmes condilions, au cours d'un vol en droile
ligne, elle su fût r'eslr'essé er un instant
« Pendant un vol, cemmie nous lournions alt-
tour d'un faux acacia, à une hauteur d'environ 50
pieds, la machine commença à tourner tout à coup
sur une aile et se dirigea vers l'arbre: l'opérateur qui
n'avait pas la moindre intention d’allerrir dans
un arbre épineux, essaya d'atteindre le sol. Tou-
telois, l'aile gauche heurta l'arbre à une hauteur
de dix à douze pieds au-dessus du sol et brisa
plusieurs branches, mais le vol qui avait déjà
os une distance de six milles, fut conlinué
jusqu’au point de départ. Les causes de ces dif-
licullés — trop techniques pour être expliquées
ici, — ne furent entièrement surmont qu'à la
lin de septembre 1907. À ce moment, les vols
augmentèrent en longueur jusqu'au 5 octobre où
les expériences furent arrêlées parce qu'elles
avaient attiré trop de spectaleurs sur nolre ter-
rain. Nous avions donc réalisé un appareil volant
pratique ; en 1906 et 1907, nous avons construit
dc nouvelles machines et nous nous sommes ‘oc-
cupés de négocier pour leur vente ».
On sait que les essais furent repris au mois de
mai dernier. Les frères Wright disent que la
machine employée fut celle qui servit en 1905
à quelques modificalions près, nécessil par les
exigences du gouvernement des Etats nie Le
moteur élait plus puissant, les radiateurs el les
réservoirs d'essence plus grands. L'opérateur
Glait à au lieu d’être à plat ventre, enfin une
place avait élé ajculic pour -un passager.
« Pour montrer aux lecleurs comment notre
machine fonctionne, écrivent les frères Wright,
imaginons-nous prêts pour le départ : la ma-
chine est placée sur une piste mono-rail, face au
vent, et relenue solidement par un câble; le
moteur est mis en mouvement et à l'arrière, les
hélices bourdonnent ; vous vous asseyez au cen-
ire de la machine ôté de l'opérateur : il lâche
le cable el vous êles projelé en avant ; un aide
qui tenait la machine en équilibre sur Je rail part
avec vous en avant, mais avant que vous ayiez
(N Voir Aérophile du 15 juin et du 1" juil-
lot 1908:
428
parcouru 50 pieds, la vitesse est U'op grande
pour lui, et il la aller.
« Avant d'avoir atteint l'extrémité de la piste
mono-rail, l'opérateur mel en mouvement le gou-
vernail d'avant et la machine quitte le rail comme
un cerf-volant supporté par la pression de l'air
qui agit en dessous.
« Tout d'abord, au-dessous de vous, le terrain
n'est qu'une tache confuse, mais à mesure que
vous vous élevez, les choses deviennent plus
claires ; à une hauteur de cent pieds, on à à
peine la sensation du mouvement, sauf pour le
vent qui vous frappe à la figure. Si vous n'avez
pas pris la précaution de fixer votre chapeau
avant de partir, vous le perdez probablement à
ve moment-là.
« L'opérateur touche un levier : l'aile droite se
lève et la machine oscille vers la gauche. Vous
virez un peu court et cependant, vous n'avez pas
ka sensalion que vous avez souvent en automo-
bile et en chemin de fer d'être projelé hors de
volre place. Les objets à terre semblent mainte-
nant se mouvoir à une vitesse plus grande, mal-
1" Novembre 1908
gré que vous ne sentiez aucun changement dans
la pression du vent sur votre figure. Vous savez
à ce moment que vous avancez avec le vent.
« Quand vous approchez du point de départ,
l'opérateur arrête le moteur, tandis qu'il est en-
core haut en l'air. La machine s'incline vers le
sol et après avoir glissé cinquante ou soixante
pieds, s'arrèle ; malgré que la machine atlerrisse
souvent, alors que sa vitesse est d’un mille à la
minute, vous ne sentez pas le moindre choc et
en fait, vous ne pouvez pas dire le moment ;
auque] elle louche le sol. Le moteur. à côlé de
vous, fait un bruit assourdissant pendant tout le
vol et pourtant, dans votre animation, vous ne
vous en êtes pas apercu jusqu'à ce qu'il se soil
arrèlé ».
En terminant, les frères Wright annoncent que
lorsqu'ils n'auront plus à s'occuper de la vente
de leurs appareils, ils ont l'intention de publier
les résullats de leurs travaux de laboraloire qui.
selon eux, ont rendu possible la solution du pro-
blème du vol.
Les Vols de Wilbur Wright
Wilbur Wright continue ses expériences. Le
12 octobre, à 6 h. du soir, l’aviateur s’envolait
ayant à bord le capitaine Lucas-Gerardville,
par Wilbur Wright et M. Mercanti, rédacteur
au Corrière della Serra de Milan, faisait un
vol d’une minute 3$ secondes.
Me Ilart. O. Berg et Wilbur Wright, 7 octobre 1908.
du parc aérostatique de Chalais-Meudon. Mau-
vais fonctionnement du moteur. Durée du vol
2 m. 30 sec.
Le 15 octobre, à 4 h. 20, l'appareil monté
Après un second vol de 2 m. 35 sec., effec-
tué en compagnie de M. René Gasnier, Wilbur
Wright décida d'accomplir une nouvelle expé-
rience : il partit seul et monta immédiatement
J’Aérophile
à 20 mètres; après avoir fait deux tours
d'aérodrome en 4 m. 20 sec., il coupa subite-
ment l'allumage.
Un long eri partit de la foule qui crut une
catastrophe inévitable, mais Wright, très sûr
de lui, descendit en planant et vint doucement
atterrir après avoir parcouru environ 60 mè-
tres. Les spectateurs lui firent une longe
ovation.
Des ratés persistants ont décidé Wilbur
Wright à démonter son moteur qu'il a fait
transporter aux usines Bollée, aux fins d’une
mise en état qui demandera plusieurs jours.
A signaler: au cours du vol accompli en
compagnie de M. René Gasnier, trois cylin-
dres donnaïent seulement à la sortie du
deuxième virage; malgré lcette énorme di-
minution de puissance motrice, l’aéroplane
vint atterrir près du pylône de départ, comme
Wilbur Wright le fait à chaque expérience.
La durée totale des vols exécutés en France
par Wilbur Wright, au 15 octobre inclusive-
ment, donne pour les 72 expériences une du-
rée de 13 heures 49 m. 13 s. et un parcours
d'environ 694 kilomètres.
Nous avons compté les distances parcourues
à raison de 49 kilomètres 896 à l'heure, l’expé-
rience du 11 octobre ayant donné 29 virages
aux poteaux distants de 1.000 mètres, soit
58 kilomètres pour une durée de 1 heure
9 m. 45 s. (13 m. 86 à la seconde).
À ce jour, trente personnes ont pris place
dans l’aéroplane du célèbre aviateur améri-
cain. Nous en donnons la liste en mentionnant,
entre parenthèses, la durée du séjour dans
l’atmosplière de chacune d’elles : ;
16 septembre 1908, M. Ernest Zens (20° 20°’).
25 septembre, M. Paul Zens (9° 1” 1/5).
28 septembre 1908, MM. Paul Tissandier
(11° 35” 2/5); le comte dé Lambert (7° 45”).
3 octobre 1908, MM. Dickins (3 2” 2/5);
Frantz Reichel (55° 37°’ 2/5).
5 octobre 1908, MM. Léon Bollée (4 9”);
Pellier, quatre vols (3’ 54”, 7° 30, 80”, 10°).
6 octobre 1908, M. Fordyce (1 h. 4 26° 1/5).
7 octobre 1908, MM. Hart O. Berg (3 21);
Mme Hart O. Berg (2 3”); MM. Landry
(4 25° 4/5); Jamin (4 22”); Michalopoulo
(4 12” 2/5); Seldotenof (4 25 4/5).
8 octobre 1908, MM. Brewer (3 15”); Rolls
(3 43”); Butler (4 2”); major Baden-Powel
(? 25°); Serge Kaznatkof (4 96” 8/5);
Bottiaux (14 55 4/5).
9 octobre 1908, Mme Lazare Weiller
{4 59° 4/5); MM. Henry Deutsch (de la Meur-
the) (7 26” 1/5); Bernheim (7° 37°); le capi-
taine Nollet (3 207’).
10 octobre 1908, M. Painlevé (1 h. 9’ 45”
3/5).
12 octobre 1908,
rardville (2° 407).
15 octobre 1908, MM. Mercanti (1’ 38);
René Gasnier (2 357).
le capitaine Lucas-Ge-
M. Decour,
429
7 e
Le Tour du Monde aérien
Paroles ministérielles. — Du discours pro-
noncé par M. Barthou, ministre des Travaux
publics, au Congrès de la Route, le 12 octo-
bre, nous délachons avec plaisir l'extrait su-
vant qui à rapport à la locomotion aérienne :
« En attendant l'heure prochaine où, sur les
routes de :;à-haut, indeslructibles. celle-là, et
éternellement renouvelces, tous les hommes réa-
liseront enlin le rêve de parcourir, en des vols
audacieux, les espaces inlinis de l'air, donnons
les soins es plus atlentifs aux routes terres-
tres. Eles ont cté, eiles sont encore un des
signes des progrès accomplis par les hommes
depuis le jour où ils frayerent le premier sen-
lier. ‘ar elles, ils passèrent du clan à la tribu.
el de la tribu à la nation; grâce à elles, les
idées les plus généreuses parcoururent le monde.
Faites-les robustes, avenantes, agréables, afin
que les peuples rapprochés apprennent de plus
en plus à se connaître et poursuivent avec une
conliante ardeur l’œuvre de civilisation soli-
daire qui fera l'humanité meilleure »
L’Aéronautique à l’Académie des Sports.
— Au cours de sa séance du vendredi 16 oc-
tobre, présidée par le duc Decazes, l'Académie
des Sports à er-tendu une fort intéressante com-
municaltion du cecmmandant Paul Renard sw:
le dernier Grand Prix de l'Aéro-Club de France.
« Si l’on ne faisait attention, a dit en substance
l’'éminent technicien, qu'aux résultats brutaux
du Grand Prix de l'Aé.-C. F., on pourrait êlre
porté à conclure que les qualités d'habileté e!
d'expérience de no: pilotes actuels sont infé-
rieures à celles de leurs prédécesseurs. Or, c’est
exictement à la conclusion inverse que l'on dort
aboutir, el si l'on veut examiner bien atlentive-
ment les exploits ::ccomplis, soit au cours &cs
Coupes Gordon-Bennell, soit pendant les Con-
cours de l'Exposition de 1900 (tel le fameux
raid de 1.906 kilomètres de MM. le comte de La
Vauix el de Castillon de Saint-Victor, el les.
compar2r avec les performances du Grand Prix
de l’Aéro-Club, on peut affirmer que celles-ci
ont prouvé les progrès tout à fait remarquables
* réalisés dans la conduite des ballons libres.
« La " d'un voyage aérien comporte deux
éléments : la durée et la distance. Celle-ci dé-
pend surtout du vent. La durée, au contraire.
dépend presque ex2lusivement de l'habreté du
pilote. Or, à ce point de vue, les résultats du
Grand Prix de l'Aéro-Club sont tout à fail re-
marquables. En effel, sur les 18 ballons qui ont
quilté, le 4 cctobre, les Tuileries, l'un, le vain-
queur, à navigué 37 heures, ce qui est supérieur
comme durée au célèbre record de distance du
comle de La Vaulx: 8 ont fail un voyage de
pius de 24 heures, et le dernier est resté encore
dans les airs près de 14 heures. »
Auparavant, l'Académie avail voté par sccla
mations sa médaille à Wilbur Wright.
L'Académie à entendu M. de Castillon de Saint-
Victor, qui a rendu comple de la séance de !a
Commussion consultative d'aérostalion mihlaire,
à laquelle il à assisté en qualité de délégué de
l’Académie des Sports pour l'attribution de le
Coup: Desgrange Cette ccmmission a désignr
comme premier lenant de la Coupe, le capilaine
Marchal, pour son beau voyage de Versailles
à Auray (Brelagne). Ce choix devra être soumis
à l'approbation du ministre de la Guerre; ül
n'est donc pour le moment qu'officieux.
Un cours d’aéronautique à l'Université de
Colombie. — [es cours de l'Université de Co-
lumbia seront augmentés d'un cours d’aérosla-
tion qui, on suppose, allirera beaucoup d'élèves.
430 1° Novembre 1908
LES AÉRONATS
EN FRANCE
Le dirigeable militaire « Le Le-
baudy ». — Le Lebaudy, entièrement remis
en état et modifié (longueur augmentée de
5 mètres et volume porté à 3.300 m'), a fait sa
première sortie le ? octobre. .
Ce ballon, datant de quatre ans, ayant à son
actif une longue et glorieuse campagne, était
dans un état de conservation qui a démontré
surabondamment l'excellent parti qu'on peut
tirer d’un matériel aérostatique soumis à un
dur service, lorsqu'il est entretenu rationnel-
lement.
Au 21 octobre, le Lebaucdiy a exécuté 9 ascén-
sions, battant au cours de l’une le record d’al-
titude pour dirigeables.
2 octobre. de 4 h. 86 à 4 h. 50 du soir: évo-
l'holo Bol.
,
Le ‘* Lebaudy ” 190$, gagnant la haute atmosphère
le 6 octobre 1908, à 9 heures du matin.
lutions au-dessus du parce de Chalais-Meudon,
avec + personnes à bord. Ascension de réglage ;
durée : 18 minutes.
+ octobre, de 7 h. 47 à 9 h. 5 du matin: par-
cours au-dessus de Meudon, Fort de Villeras,
étang du Trou Salé, Versailles, Sèvres, Meu-
don, & personnes à bord. Ascension d’instruc-
tion ; durée : 1 heure 18 minutes.
5 cetobre, de 2 h. 5 à 4 h. 10 du soir: voyage
au-dessus de Meudon, du Bois de Boulogne,
Gennevilliers, Colombes, Mont-Valérien, Saint-
Cloud. Evclutions diverses entre le Petit-Bi-
cêtre et Chatillon-Meudon. 6 personnes à bord.
Ascension d'instruction ; durée : 2 heures 05 m.
6 octobre, de 8 heures 59 du matin à midi 7:
circuit au-dessus de Meudon. Massy, Longju-
meau, Montlhéry, Arpajon, Marcoussis, Ville-
juif, Palaiseau, Meudon. 4 personnes à bord:
le commandement Voyer, le capitaine Marchal
et deux mécaniciens. Ascension d'altitude:
1.510 m. au-dessus de la mer (record d'altitude
pour dirigeables). Durée: 3 heurés 8 m.
7 octobre, de 7 heures 33 à 9 heures 38 du
matin: voyage circulaire: le tour de Paris en
dehors des fortifications. 6 personnes à bord.
Ascension d'instruction, durée : 2 h. 05.
8 octobre, de 7 heures 56 à 8 h. 17 du matin:
avarie au propulseur droit à 8 heures 9. Né-
cessité de retour. Atterrissage sans incident
au parc de Chalais. Durée de l'ascension:
21 minutes.
19 octobre, de 3 h. 39 à 4 h. 19 m. du soir;
évolutions au-dessus du plateau de Châtillon.
5 personnes à bord. Durée de l'ascension:
10 minutes.
20 octobre, de 3 h. 16 à 4 h. 31 m. du soir.
Parcours: Meudon, Issy, Vanves, Ivry; re-
tour par la même route. 6 personnes à bord.
Durée du voyage: 1 h. 15 m.
21 octobre, de 8 h. 17 à 10 h.: 22 m. du ma-
tin. Circuit: Meudon, Clamart, Châtillon, Vil-
lejuif, Ivry, Joinville-le-Pont, aqueduc d’Ar-
cueil, Meudon. 6 personnes à bord. Asceasion
par la pluie. Durée du voyage: 2 h. 05 m.
L'équipage des dirigeables comprend: le
commandant Voyer, les capitaines Marchal,
Gaucher, Bois, les lieutenants Lenoir, Néant,
Renaux.
Les sous-officiers mécaniciens Giraud, Vin-
cenot, Allemand, Reau, Menard, Legros, Jous-
sier.
Le dirigeable « Malécot ». — I;
première grande sortie du ballon mixte A/aié
cot, décrit dans l’Aérophile du 1° octobre 1908
{page 393), a eu lieu le samedi 17 octobre.
Depuis le mois de septembre, de nombreux
essais avaient donné satisfaction à l’inventeur.
Déjà, le 27 septembre, l’aéronat, monté par
MM. Malécot et Yvon, avait évolué à 500 mè-
tes durant 54 minutes, pour revenir à son han-
gar après avoir plané au-dessus du parc d’aé-
rostation militaire de Chalais-Meudon. Les 5,
7 et 9 octobre, le A/alécot manœuvrait chaque
fois Gurant une heure et demie, dans tous les
sens, à une altitude moyenne de 150 m. au-des-
sus de Vanves et d’Issy.
L’ascension 17 octobre était suivie en
du :i7
autos, par le distingué aéronaute Emile Car-
ton, constructeur de ce dirigeable et par le
commandant Voyer, directeur du parc d’aéros-
tation militaire de Chalais-Meudon, du capi-
taine Flory et d’un lieutenant de génie.
Le départ eut lieu d’Issy-les-Moulineaux à
neuf heures. Le ballon, ayant à bord M. Ma-
lécot et le mécanicien Yvon, prit la direction
de l’est, poussé par un vent favorable, 1 sui-
vit les fortifications se dirigeant vers Vin-
cennes. À 9 h. 15, il traversait la Seine au
pont National, à une altitude de 150 mètres.
“ASTRA”
Société de Constructions Aéronautiques
(Anciens Etablissements SURCOUF)
SOCIÉTÉ ANONYME AU CAPITAL DE UN MILLION DE FRANCS
—
PRINCIPALES CONSTRUCTIONS
Le ‘“Lhebaudy”
Aéronat dirigeable
La “Ville de Paris”
Aéronat militaire du Gouve-nement Français
“L'Ile de France”
Aërostat sphérique (record du monde de durée)
COUPE GORDON-BENNET 1907
“Clément-Bayard”
Aéronat dirigeable de 3.500 mètres cubes
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AUX BUREAUX DE
| L° AÉROPHILE
63, Champs-Élysées, PARIS
ST RES ER EE TER LIRE 23 ENTREE QE PER EPS AE Er
l’Aérophile
Puis, après être passé au-dessus de la porte
Dorée, le pilote le fit atterrir au polygone de
Vincennes.
A 10h. 15, l'ascension fut continuée, M. Ma-
lécot avait l'intention de suivre les fortifica-
tions par le nord. Le vent debout le gêna con-
sidérablement. A une allure très lente, le
ballon évolua vers la porte de Bagnolet et de
Ménilmontant. À la porte de Saint-Ouen, un
fort remous fit dévier l’appareil qui descendit
peu à peu. À ce moment, l’un des deux guide-
ropes s’enroula autour d’un fil de trolley. Le
ballon descendit alors à 50 mètres des forti-
fications, dans la plaine de Malassis; le gou-
vernail trancha une barrière et le cadre fut
légèrement cassé. La foule s'était précipitée
sur le ballon et, dans son ardeur à aider les
aéronautes, elle brisa quelques fils de tension.
M. Malécot, ayant reconnu que les avaries
n'étaient pas graves, se mit en devoir de les
réparer. La chose fut faite très rapidement,
et à 3 heures 40, l’aéronat s'élevait de nou-
veau et reprenait sa route vers Issy-les-Mouli-
neaux, en passant par Asnières, Saint-Cloud,
le Bois de Boulogne, Passy et Auteuil.
Le dirigeable évolua encore quelques ins-
tants au-dessus du champ de manœuvres, puis
l'atterrissage eut lieu à 4 h. 30, avec une
remarquable facilité.
Le ballon dirigeable « Clément-
Bayard ». — Le Clément-Bayard, décrit
dans l’Aéropiile du 15 septembre (page 363),
est absolument au point. Le nouveau navire
aérien aura effectué, à l’aérodrome de Sar-
trouville, ses premiers essais quand paraîtra ce
numéro.
Le Clément-Bouard en sonflcment.
Avant de la poutre armée montrant le démultiplir:
teur ; plus loin, les cabines en tôle du pilote et des
passagers. Au-dessus, le gouvernail de profondeur.
Le Clément-Bayard, rappelons-le, a les carac-
téristiques suivantes : il mesure 56 mètres de
long, 10 m. 58 de diamètre ; son volume est de
3.500 mètres cubes et sa surface de 2.250 mè-
tres.
Il a une nacelle de 28 m. 50 de long, cons-
431
truite en tubes d'acier. À l’avant se trouve le
gouvernail de profondeur; son hélice, cons-
truite par M. Chauvière, est en bois et me-
sure 5 mètres de diamètre. La partie mécani-
que est sans contredit la plus belle qu’on ait
faite jusqu’à ce jour. Une innovation heureuse :
le pilote par une simple lecture à l'appareil en-
registreur placé devant lui, sait exactement à
quel régime tourne son moteur et peut se
rendre compte du travail de l’hélice. La nacelle
est enfermée dans une tangue en toile caout-
choutée, sauf la partie sur laquelle repose le
moteur, la cabine du pilote et celle des voya-
geurs, qui sont à parois en tôle d'aluminium.
Le réservoir à essence, placé devant le pilote,
contient 450 litres ; le moteur est un 120 che-
vaux Bayard-Clément.
Dans notre prochain numéro, nous donne-
rons les plus minutieux détails sur les expé-
riences exécutées par ce remarquable appareil.
L’aéronat Santos-Dumont. — San-
tos-Dumont s’occupe de l’établissement d’un
nouvel aéronat, qui ne cubera que 150 mètres
et sera müû par un moteur Dufaux de 3 HP.
L'hélice, mobile sur son axe, est fixée à
l'avant de l’aéronat à l’extrémité d’une poutre
armée en bambou. Par cette disposition, San-
tos-Dumont compte supprimer le gouvernail.
A L'ÉTRANGER
Le dirigeable espagnol « Kinde-
lan-Torres-Quevedo ». -— Ie capitaine
Kindelan, des aérostiers militaires espagnols et
l’ingénieur Torrès-Quevedo, expérimentent en
ce moment au pare de Guadalajara un petit
ballon dirigeable cubant 960 mètres. Le type
définitif jaugera 4.000 m°.
Cet aéronat d'essai a 36 mètres de long.- Il
est muni de deux moteurs Antoinette 24 HP.
Les moteurs, placés de chaque côté de la na-
celle, actionnent, à 1.200 tours, deux hélices de
1 m. 50 de diamètre.
La stabilité est assurée par un empennage
de poupe et une quille spéciale. L’auto-ballon
n’est alourdi d'aucune armature (Voir l’Aéro-
phile du 15 septembre, page 371).
Jusqu'à ce jour, les essais ont eu lieu au gui-
derope. À 50 mètres d’altitude, l’aéronat ne
parcourut jamais plus d’un kilomètre à une
vitesse de 6 à 7 mètres à la seconde.
Un nouvel aéronat semi-rigide.
-— La maison Siemens et Halske construit un
auto-ballon, sur lequel nous pouvons déjà four-
nir les détails suivants: le ballon, qui est du
type demi-rigide, aura plusieurs moteurs, et
il semble que l’on veuille en faire un navire
aérien de transport.
Pour sauvegarder le plus possible les secrets
de construction, la maison ne construit pas
toutes les pièces dans le même atelier, mais les
432
a distribuées séparément dans ses divers ser-
vices.
Le hangar destiné à ce ballon sera élevé sur
le champ de tir de Dœberitz, où, par suite de
la configuration du terrain, il sera presque
caché.
Le « Parseval ». -_ Le dirigeable Par-
seval a entrepris jeudi, 22 octobre, à 16 h. &8,
sa première sortie depuis l'accident qui lui
était arrivé le 16 septembre (Voir l’Aérophile
du 1® octobre, page 376).
A 10 h., le ballon fut sorti de son hall. Dans
la nacelle prirent place le major von Parseval,
le capitaine von Keller, le lieutenant von Stel-
ling, l'ingénieur Kiefer et un mécanicien.
Le Parseval s’éleva contre un vent d’est de
4 mètres, puis il tourna à gauche vers Tegel,
fit le tour du champ de tir et prit la direction
de Spandau. I! passa au-dessus de Charlotten-
bourg et de l’ouest de Berlin et rentra dans
son hall après une heure de voyage.
L'atterrissage se fit très bien, malgré le vent
qui prenait le dirigeable en travers.
1° Novembre 1908
il a augmenté la force ascensionnelle par l'ad-
dition d'un nouveau secteur qui allonge le bal-
lon de 8 mètres.
Le Zeppelin N° 3 sera ainsi capable d'exécu-
ter, lui aussi, des ascensions de 24 heures.
Etant donné le plus petit diamètre de ce bal-
lon, le moteur de 85 chevaux suffira à lui as-
surer une semblable à celle du
Zeppelin N° 4.
L’augmentation de longueur donnée au
Zeppelin N°3 n’est pas de nature à augmenter
sensiblement la résistance à l’air de ce diri-
geable.
La nacelle du nouvel aérostat est en tous
points semblable à celle des autres dirigeables
construits par le comte Zeppelin. Un appareil
Morse relie la cabine du pilote à celle des ma-
chinistes, et les ordres se transmettent ainsi
par courts télégrammes.
Quatre heures durant, le vendredi 23 oc-
tobre, le Zeppelin N° 3, revu, corrigé et aug-
menté, a, prudemment évolué au-dessus du lac
de Constance.
Part: de son hall flottant à deux heures, il
vitesse
Les dirigeables Gross IT et Parseva! II au champ de tir de Tegel, près Berlin.
De nouveau le Parseval sortait vendredi à
2 h. 30, pour entreprendre une épreuve de
hauteur dont dépendait son admission par
l'administration militaire.
Le dirigeable devait évoluer une heure à
1.500 mètres. Il s’éleva, en effet, à cette hau-
teur, où soufflait un vent violent, et manœu-
vra, à deux heures quarante-cinq, au-dessus du
champ de tir de Tegel.
Il évolua pendant une heure entre 1.500 et
1.600 mètres et descendit normalement.
Parvenu à 100 mètres au-dessus du sol, un
coup de vent descendant le ft tomber dans les
arbres entourant le champ de tir. Pour le dé-
gager, on dut procéder au dégonflement.
Les quatre occupants de la nacelle n’ont pas
été blessés et le ballon n'a pas été endommagé.
Le « Zeppelin 3 ». Ze Zeppelin N°3
fera ses essais avec son moteur de 85 chevaux.
Le comte Zeppelin a donc renoncé à employer
pour ce ballon le moteur de 110 chevaux du
dirigeable numéro 4 victime des éléments; mais
n'y est rentré qu'à cinq heures cinquante.
Opérations de sortie et de rentrée, manœu-
vres ascensionnelles et autres ont parfaitement
réussi, disent les dépêches qui nous arrivent de
Friedrichshafen.
Dans les nacelles, reliées entre elles par le
télégraphe, avaient pris place le neveu et le
gendre du comte Zeppelin, ainsi que l’ingé-
nieur Durr et une équipe de sept mécaniciens.
La stabilité de l’aérostat est parfaite et on
affirme que le gouvernail fonctionne mieux que
celui de l’ancien dirigeable.
Le dirigeable militaire italien.
—— Après les essais satisfaisants de l’aéronat
n° 1 qui, à plusieurs reprises, évolua parfai-
tement sur le lac de Bracciano, le major Mo-
ris à été chargé par le gouvernement italien
de la construction d’un nouvel auto-ballon.
L'aéronat n° 1 est sorti, de nouveau le
17 octobre, avec le capitaine Ricaldoni, pi-
lote, et le lieutenant Munari. Il a évolué faci-
lement sur les petites villes de Vrevignano et
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Villa del Verre, salué par les applaudissements
«le la foule.
Le 20 octobre, le ministre est monté à bord
du dirigeable, piloté par le capitaine Rical-
doni, et accompagné du capitaine Crocco et du
lieutenant Murrari.
Le dirigeable est allé à une très grande vi-
tesse jusqu'à Anguillare, a viré, puis est ren-
tré &ans son hangar.
Le ballon sort aisément de son hangar, ma-
nœuvré par un petit nombre de soldats. Il
roule sur un chariot jusqu'à la sortie du
hangar; quelques hommes suffisent ensuite à
le trainer.
Pendant ses sorties, le dirigeable a exécuté
différentes évolutions destinées à étudier le
fonctionnement des divers organes. La mise
en marche arrière du pas des hélices, due à l’in-
version à été notamment essayée.
La stabilité longitudinale du ballon qui a
la forme d’un poisson, est parfaite.
La nacelle, est réduite aux dimensions ana-
logues à celles du Patrie. Pour que les hélices
ne touchent pas terre, elles sont surélevées sur
le bordage de la nacelle, ce qui permet à celle-
ci d’atterrir aisément.
Le ballon est recouvert de poudre d’alumi-
nium, ce qui le fait encore plus ressembler à
un poisson; effet complété par une longue na-
geoire située le long de la ligne inférieure. Il
ne manque done que les nageoires dorsales et
latérales. Celles-ci sont concentrées vers la
partie arrière du ballon sous forme &e pian
de direction un peu plus grand que ne seraient
des nageoires effectives. La dernière partie
de la nageoire est mobile et constitue le gou-
vernail proprement dit. L’'inclinaison de ce
plan est obtenue de la nacelle. — P. A.
Une station de cerfs-volants météorologiques
Comme complément à la note parue dans
VAérophile du 1% septembre dernier (p. 345),
voici quelques détails au sujet de la « Dra-
chenstation » (station météorologique de
cerfs-volants) de Friedrichshafen, sur les bords
du lac de Constance.
Les frais d'installation se sont montés, en
tout, à 79.000 francs, dont 50.000 francs pour
le remorqueur des cerfs-volants, le Gna. On
a, en outre, prévu 27.500 francs, comme dé-
penses annuelles pour le fonctionnement de
ce poste.
Le Gna est un joli remorqueur en acier,
avec moteur à essence ; il a 27 mètres de long
sur 3 m. 50 de large et peut atteindre comme
vitesse 32 à 34 kilomètres à l'heure (soit en-
viron 8 à 9 mètres à la seconde). Une dynamo
commande le treuil et actionne en même
temps un projecteur. Par vent faible, le ka-
teau marche aussi vite que possible contre ce
vent, de sorte qu'il arrive à créer pour les
233
cerfs-volants un vent artificiel suffisant pour
l'ascension de ces derniers. Par un vent trop
fort il marche au contraire avec ce dernier
afin d'en réduire la vitesse, évitant ainsi des
avaries tant aux cerfs-volants qu’à leur câble,
un fil d'acier de 7 dixièmes de millimètre.
La station elle-même est un bâtiment qui
comprend, ‘en dehors d’une habitation, des
ateliers de réparation, serrurerie et menuise-
rie.
On conçoit aisément, tous les avantages
Lancement d’un cerf-volant météorologique par le re-
morqueur le Gna, de la station météorologique de
Friedrichshafen.
qu'offre une semblable installation sur un lac
d’un périmètre de 177 kilomètres et d’une su-
perficie de 64 kilomètres carrés et où, de plus,
on n'est pas aussi exposé que sur mer aux
effets du mauvais temps.
Dans certains cas, quand ïil y a
, par
Lancement d’un ballon-sonde à bord du remorqueu
le Gna, de la station météorologique de Friedrich-
shafen.
exemple, du brouillard, on remplace les cerfs-
volants par un petit ballon captif de 18 mè-
tres cubes.
Quand aurons-nous en France, une station
aussi bien installée ?
Eure WENZ
434
L'AViation
LES RAÉROPLANES
EN FRANCE
L’aéroplane Goupy. — Un longe-
ron de bois s'étant fendillé dans les expérien-
ces précédentes, une cassure nette s’est pro-
duite, lors des essais exécutés à Issy-les-Mouli-
neaux, le 6 octobre, à l'avant du fuselage du
triplan de M. Goupy. Le châssis s’est affaissé et
l’hélice arrêtée, tordue.
L'aéroplane, réparé à la suite de l'accident,
a été fort endommagé le 7 octobre, au cours
L'appareil était
s’est
d'essais de mise au point.
monté par M. Gabriel Voisin.
Remis en état, il a été expérimenté avec suc-
La sta-
bilité du nouvel appareil des Voisin est excel-
lente. A terre, . la
M. Goupy, qui suivait avec une auto, dépas-
sait 60 kilomètres à l'heure.
Monté par Gabriel Voisin, le triplan a plu-
sieurs fois effleuré le sol. Comme il est assez
« tangeant », relativement au poids emporté,
une nouvelle hélice, d’un diamètre un peu plus
grand que celle qui fut essayée et d’un pas plus
fort va être montée.
cès le 19 octobre, à Issy-les-Moulineaux.
vitesse, contrôlée par
L'agéroplane Gasnicr. — Nous avons
Aéroplane Gasnier en plein vol
seplteubre, à 7 heures du matin.
L°
le 17
donné dans l’Aéroplile du 1° octobre (p. 387),
le récit des essais de l’aéroplane René Gasnier,
détruit au cours d’une expérience exécutée le
17 septembre. Nous croyons devoir placer sous
les yeux de nos lecteurs, la photographie de ce
remarquable appareil en plein vel, anéanti au
moment où sa mise au point semblait parfaite.
Essais du « Blériot » et de « l’An-
toinette ». -_ M. Blériot a effectué le 9 oc-
tobre, quelques beaux vols. Le monoplan, qui
évolua à une quinzaine de mètres de hauteur,
atterrit sans incident.
j Novembre 1908
Ensuite, l'Antoinette, construit sur le mo-
dèle de l’ancien Gastambide-Mengin, s’enleva
aisément de terre; il parcourut quelques di-
zaines de mètres. Mais, tout à coup, le tuyau
d'essence creva et le liquide ayant jailli s’en-
flamma. 11 y eut plus de peur que de mal. Le
pilote fit preuve de sang-froid en fermant vi-
vement le robinet du réservoir d'essence. A
l'atterrissage, un peu brusque — on le conçoit
— une roue fut faussée.
Blériot et le Prix de la hauteur.
— M. Louis Blériot, a tenté les 21 et 22 ccto-
bre, de gagner le prix de-la hauteur (2.509
francs), créé par un groupe de sportsmen.
Clché de l'Auto.
M. Louis Blériot.
M. Blériot opérait dans les plaines de Toury
(E.-et-L.). Il installé au lieu dit le
« Champ-Perdu », à peu de distance de la gare
de la Compagnie d'Orléans, à 209 mètres de la
chapelle Saint-Blaise.
Une grande pièce de 15 hectares, encadrée
par les bois de Houzée, a été mise à la dispo-
sition de l’aviateur par M. Lambert, raffineur,
maire de Toury.
Contrarié par un vent violent, M. Blériot
réussit, le 21, un superbe vol de 7 kilo-
iuètres environ, en 6 m. 40 s., à une hau-
teur de 20 mètres, manquant le prix de
bien peu. Le lendemain, malgré un vent en-
core plus fort, M. Blériot exécutait un nou-
veau vol, mais le moteur s'arrêtant subitement,
l’aéroplane reprit terre un peu brutalement
après un parcours de 550 m. en 30 secondes.
Une poutre cassée à l'atterrissage oblige l’in-
trépide aviateur à ajourner sa tentative.
s'est
l’Aérophile
Le monoplan REP 2 bis. __ M. Ro-
bert Esnault-Pelterie, vient de terminer le
montage, à son aérodrome de Buc, de son aéro-
plane Rep N° 2 bis.
Le Rep N° 2 bis présente quelques modifca-
tions sur le modèle précédent : les ailes ont été
baissées, le gouvernail de profondeur aug-
menté, mais, dans son ensemble, il se rappro-
che beaucoup du type déjà connu. Les ess
ne commenceront que dans quelques jours.
Le moteur est, naturellement, un de ces fa-
meux Rep extra-légers; c’est, du reste, le
même qui a été employé par M. Robert Es-
ais
455
M. Léon Hervieux espère commencer ses es-
sais sous peu de jours.
L’aéroplane Hughes. -_ MM. Geor-
ges et René Hughes ont construit un aéroplane
triplan, actuellement expérimenté dans la
plaine de Coubillon.
Le nouvel engin a une surface de 32 mètres
carrés. L’hélice est de 1 m. 50 de diamètre. Le
poids atteint seulement 83 kilos.
L'encombrement est fort restreint, car la
largeur n’est que de 6 mètres et la longueur de
T m. 45.
C iché des « Sports ».
Le monoplan REP 2 bis
nault-Pelterie pour ses
cieux ans.
expériences depuis
Le monoplan Santos-Dumont. —
Santos-Dumont ne se désintéresse point de
l’aviation. Il s'occupe en ce moment de la cons-
truction d’un nouvel appareil. Cet aéroplane
aura un moteur 24 ch. Antoinette; c’est une
réplique de la Demoiselle, qu'il expérimenta à
Issy-les-Moulineaux.
L’aéroplane Detable. -_ M. De-
table qui, depuis longtemps, s'occupe d’avia-
tion, va expérimenter un monoplan de 6 mè-
tres carrés, muni d’un moteur d'aviation Her-
dtlé-Bruneau de 2 HP 1/2 pesant 8 kilos en
ordre de marche. Cet aéroplane n’emprunte
rien à aucun type étranger; il est automati-
quement stable sans queue ni équilibreur.
L’aéroplane Hervieux. — Depuis un
an, un Havrais, M. Léon Hervieux, travaille
à un monoplan. L'appareil qui a 10 m. d’en-
vergure, muni d’un moteur 18-24 HP., pèsera
100 kilos seulement,
Le moteur, fabriqué par les frères Hughes,
fait dix chevaux et cependant les inventeurs
espèrent quitter le sol à la vitesse de 86 kilo-
mètres à l’heure.
Notre aéroplane militaire. -_ On
lit dans l’Opinion du 24 octobre:
La France possède, tout construit et prêt à
voler, un aéroplane militaire. 11 est actuelle-
ment au camp de Satory, sous la garde vigi-
lante des soldats de l'artillerie et du génie.
Sa forme est celle d’un triplan. A l'avant,
faisant corps avec les trois plans de l'oiseau, se
trouve une cellule stabilisatrice triangulaire,
la pointe du triangle étant dirigée vers le sol.
A l'arrière, séparé par quelques mètres du
corps de l’appareil, est le gouvernail, formé,
lui aussi, d’une cellule triangulaire.
L'hélice est placée devant le siège que doit
occuper l’aviateur.
Le premier essai a été effectué mardi 20 oc-
tobre.
Ajoutons qu'il s'agit de l’aéroplane à per-
siennes, type Fillips, du capitaine Lucas-Gi-
rardville.
436
A L'ÉTRANGER
Premiers essais du «de Ca-
ters ». Le baron de Caters à commencé
le 17 octobre, à Sgravenwezel, les essais de son
triplan. Toutefois, pour les premières expérien-
ces, l'aviateur se contente de faire rouler l’ap-
pareil ; le terrain de lancement n'étant pas pro-
pice, M. Caters tentera incessamment, sa pre-
mière envolée.
Chute de l’agrogplane militaire
anglais. _— Après plusieurs semaines d’es-
sais presque quotidiens au camp d’Aldershot,
l'aéroplane Tonilea, construit pour le War Of-
it" Novembre 1908
LES PRIX
Pour les aviateurs italiens. -—
Notre confrère transalpin la Gazzetta dello
Sport a l'intention d'organiser, au début de
l'année prochaine, à Milan, une Exposition
concernant les projets et les appareils d’avia-
tion. Notre confrère fonde également un prix
de 1.000 francs pour le meilleur moteur ita-
lien d'aviation.
Concours d’aéroplanes à Bres-
Cia. -_ La ville de Brescia organise pour
septembre 1909 un « Concours international
d'aviation ».
Cliché des « Sports ».
L'aéroplane militaire anglais Cody
fice, sous les ordres de son inventeur, le colo-
nel Cody, paraissait absolument au point.
Le jeudi 15 octobre, l’aviateur résolut de
tenter enfin son premier vol. Après avoir roulé
quelques mètres, l'appareil s’enleva, et, parfait
de stabilité, parcourut entre 3 et 4 mètres au-
dessus du sol, environ 500 mètres en ligne
droite.
Mais le colonel, pour éviter un bouquet d'ar-
bres, voulut virer trop brusquement et l’aéro-
plane, déséquilibré, s'abattit lourdement.
L’aéroplane a été complètement détruit. Le
colonel Cody est indemne.
Un aéroplane du major Parse-
val. — Le major von Parseval à construit
plusieurs modèles d'aéroplanes dont quelques-
uns appartiennent au type monoplane, genre
Blériot.
La société d'études pour la navigation aé-
rienne à moteur, entreprendra bientôt des es-
sais avec ces aéroplanes.
Cette société s'occupe aussi d'un aéroplane
inventé par le professeur Prandt, de Gœttin-
gen.
Vers la même date, à Bologne, aurait aussi
lieu un Concours d’aéroplanes.
Les aviateurs auront la possibilité de se ren-
dre aux deux épreuves italiennes.
L'aviation sur la Côte d'Azur. —
Nous apprenons, qu'à l’occasion du meeting
de Monaco, il sera organisé un concours
d’aéroplanes doté de prix très importants.
Déjà la Municipalité niçoise, inspirée par
l'Aéro-Club de Nice, vient de voter une
somme de 10.000 francs, qui sera consacrée à
l’organisation d'un Grand Prix d’Aviation.
Cette épreuve se disputera pendant la sai-
son prochaine, bien entendu, sous la direction
de l'Aé. C. de Nice.
Notre confrère la Côte d'Azur Sportive s’est
également inscrit pour un prix. De plus,
M. Maubert, l'auteur du monument Gam-
betta, qui va être inauguré par le Président
de la République, prépare une œuvre d’art
d'une valeur de 5.000 francs destinée à un
challenge. Le motif représente un aigle pre-
nant son vol et symbolisant le « Vol plané ».
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sera un cencours d'aviation doté de 10.000 fr.
de prix. On sait que le maire, M. Capron,
vient de créer, avec la collaboration de notre
infatigable collègue M. M. Guffroy, lAéro-
Club de Cannes.
Un prix d'altitude. — La ville de
Bagnères-de-Bigorre vient de décider la créa-
tion d’un prix de 10.000 francs, offert à la
Ligue Nationale Aérienne, pour être attribué
à l’aviateur qui, au moyen d’un appareil plus
lourd que l'air, aura pu partir de Bagnères-
de-Bigorre (alt. 542 m.) pour atteindre le
sommet du Pie du Midi de Bigorre (alt.
2.877 m.), soit directement à vol oiseau,
soit en suivant le profil des vallées qui remon-
tent vers ce mont, et sera rentré à Bagnères
par ses propres moyens.
La distance qui sépare la villé de Bagnères-
de-Bigorre du sommet du Pie du Midi de Bi-
gorre, où se trouve l'observatoire, est de 12 ki-
lomètres à vol d’oiseau.
La différence d'altitude étant de 2.345 mè-
tres pour 12 kilomètres de parcours, c'est
près de 20 0/0 à gravir.
Sur le parcours, on rencontre des paliers
naturels suffisamment plans et abrités des
vents, qui semblent des échelons naturelle-
ment disposés pour s'acheminer vers le som-
met.
La Ligue Nationale Aérienne.
_— Le Comité technique de la Ligue Nationale
Aérienne a tenu sa première séance le 20 oc-
tobre.
Le Comité a aussitôt procédé à l'élection äu
bureau, qui a été constitué de la façon sui-
vante :
Président : M. Carpentier,. membre de l’Ins-
titut.
Vice-présidents MM. de Castillon de Saint-
Victor et Armengaud jeune.
Secrétaires: MM. Rüisler, P.
R. Gasnier.
Membres: MM. Georges Besançon, Louis
Blériot, Léon Bollée, Boussinesq, membre de
l'Institut; commandant Bouttieaux, directeur
du Laboratoire des recherches du parc d’aé-
rostation de Chalais-Meudon; Chauvière, Cie-
ment, Léon Delagrange, Dussaud, Esnault-
Pelterie, Fabre, Farman, capitaine Ferber,
commandant Kerrus, Gastambide, (Goupy,
Kapférer, Krebs, comte de La Vaulx, Levavas-
seur, Pishoff, L. Renault, Richet, Santos-Du-
mont, Surcouf, Tatin, Lazare Weiller, Gabriel
et Charles Voisin, Zens.
Le Comité directeur de la Ligue Nationale
Aérienne est ainsi composé : M. René Quin-
ton, président; MM. Archdeacon, Deutsch de
la Meurthe, Paul Painlevé, membre de l’Ins-
titut, vice-présidents ; le comte de Céligny, se-
crétaire général; M. G. Franchelli, trésorier.
Dans sa prochaine réunion, le Comité
Tissandier ct
437
technique s’occupera de l'attribution à don-
ner aux divers prix offerts à L. N. A. (24 prix
de 1.000 francs, un de 2.000, un de 20.000 fr.,
créé par la Ligue).
Parmi les prix de 1.000 francs, sept ont déjà
leur attribution fixée par les donateurs eux-
mêmes. C’est d’abord le prix Goupy, pour
l’aéroplane qui effectuera le premier, en ter-
rain varié, un trajet de dix kilomètres en ligne
droite, puis le prix du baron de la Gatinerie,
pour la première aviatrice qui fera le kilo-
mètre bouclé; le prix Lazare Weiller, pour
le premier aviateur français qui battra le re-
cord en hauteur de Wright; le prix Victor
Charbonnel, pour l’aéroplane capable de s’éle-
ver et ayant le moindre encombrement; le
prix René Arnoux, pour le premier aéroplae
capable de prendre son envolée sur une route
nationale bordée d'arbres et d’y atterrir; le
prix Siot-Decauville, pour le premier officier
effectuant le kilomètre bouclé sur un aéro-
plane dont il sera propriétaire; enfin, le prix
Falize, pour le premier aviateur qui effectuera
le trajet esplanade des Invalides, colonne Ven-
dôme-Arc de Triomphe.
807.000 francs pour l'aviation.
1. Prix du Daily Mail pour la tra-
versée de Londres à Manchester. Fr.
2. Priz annuel Michelin de 20.000
220.000
francs, pendant huit ans......,... 160.000
3. Prix Michelin, Paris-Clermont-
Herr aidé eee re RATE CESR Pa 100.000
+. Grand prix d'aviation de l’Aéro-
CU DER SE NS MERS TA A ce MEN 109.009
». Coupe Henry Deutsch Ge la
Meutte Re ANRT RAS TA ERA 70.009
6. Prix Deutsch, pour la traversée
de la Manche avec M. Renard comme
PASSAT ORENEEC E EE ET LC Te A 25.000
7. Grand prix de la Ligue natio-
MAC AÉTICNNEN PAT EE ME CE INR 20.000
8. Vingt prix de 1.000 francs de
la Ligue...... RE TE EE et aa à 20.000
9. Prix de l’Aéro-Club de Nice... 10.000
10. Prix du Daily Mail, pour la tra-
verséendemla Manche Fret 12.500
11. Prix Ruinart pour la traver-
Secret Manche er PTE RE TRAE 12.500
12. Prix de l'Auto, pour la traver-
sée der Paris et RS nee 12.050
13. Prix de la ville de Bagnères-
de-Bigorre, pour l'ascension du pic
dus MA ARRETE A UE MALO OU0
14. Prix Coupe Ernest Archdeacon. 3.000
15. Prix de l'Auto, pour la hau-
COURRIEL 2.500
438
Le Grand Prix d'aviation. — La
création du Grand Prix d’Aviation de 160.000
francs de l'Aéro-Club de France a produit une
énorme sensation et a suscité de nouvelles mar-
ques d'encouragement pour nos aviateurs.
MM. Chautard, Messimy, le marquis de
Dion, Desplas, Leboucq, Gervais, Dalimier,
Clémentel, ont déposé un amendement au bud-
get de l'instruction publique tendant à accor-
der une subvention de 100.000 francs pour la
locomotion aérienne.
Le Prix de l'Ecole Centrale. —
L'Ecole Centrale des Arts et Manufactures
vient de donner un bel exemple à la jeunesse
française.
Une souscription organisée par MM. Mon-
nier, major de troisième année, Marcel Cam-
bien et Paul Lehmann, produisit en 24 heures
mille francs, qui ont été déposés à la Ligue Na-
tionale Aérienne.
Les aviateurs à Janviile. -— Le
maire de Janville, près Toury, M. Dutrop,
et le notaire, M. A. Léturmy, ont fait savoir
à l’Aéro-Club de France qu'ils otffraient gra-
cieusement l'hospitalité aux aviateurs qui vien-
draient s'entraîner en Beauce.
Les vastes bâtiments d’une briqueterie
pourraient abriter plusieurs aéroplanes. Les
départs pourraient se faire dans un champ de
3 ou 4 hectares, libre toute l’année, au
bord d’une route.
Les aviateurs trouveront à Janville des
trams et des omnibus pour franchir les Quatre
kilomètres qui séparent de la gare de Toury,
un mécanicien et un charpentier très adroits,
enfin un excellent hôtel avec le téléphone pour
Paris.
Un champ d'aviation à Bétheny.
— Un groupe de Rémois, très sympathique à
l'aviation, vient de faire des démarches pour
que des expériences aient lieu sur le champ de
courses de Bétheny, près de Reims. Situé non
loin d’ateliers de construction, ce terrain pour-
rait devenir un centre permanent d’expérien-
ces d'aviation.
Delagrange va reprendre ses
expériences. — On sait que Delagrange
procède à son installation sur le terrain de
Savigny-sur-Orge. Il attend que l’aménage-
ment de l'aérodrome et des hangars soit ter-
miné vers la fin du mois probablement —
pour reprendre ses expériences.
Deux biplans, un triplan et un appareil type
Wright seront alors transportés à Savigny et
Delagrange a l'intention de se lancer à l'assaut
des records sur chacun de ces appareils.
1" Novembre 1908
À l’Aéro-Club du Sud-Ouest
3ANQUET DU S OCTOBRE. — Dans ies salons du
café de Bordeaux, à eu lieu un grand banquet
de l'Atro-Club du Sud-O4est. Le président, M. C.-
F. Baudry, avait à sa droite M. E. Sirven, le
président du nouvel Aéro-Club des Pyrénées, ré-
cemment fondé à Toulouse, el à sa gauche
M. Queulain, un de nos meilleurs sportsmen
bordelais.
Sur la table d'honneur figurait, à côté du bel
objet d'art la Bacchante, offert il Y à quelque
tetups aux pilotes bordelais par leurs amis les
pilotes de Paris pour ètre disputé en prix, une
magnifique coupe de vermeil que leur ont égalc-
ment offerte, dans le méme but, MM. Sirven el
Delmas de Toulouse, fondateurs de lAéro-Club
des Pyrénées, en témoignage de reconnaissance
pour la part effective et morale qu'a prise FAGro-
Club du Sud-Ouest dans cette fondation du grou-
pement toulousain.
A l'heure des to& M. Baudry a fail accla-
mer par la nombreuse assistance des aéronautes
bordelais la mémorable randonnée aérienne qui
vient d'accomplir M. F: Sirven dans le grand con-
cours de j'Aéro-Club de France de dimanche der-
nier. On sait que dans ce concours, Comme aide-
pilote de M. Georges Blanchet, M. Sirven à puis-
samment arié ce dernier à gagner le premie
prix en demeurant avec lui 37 heures 12 minutes.
Nouveaux pilotes. — Le Comité de l'A6.-C. S.-0.
a nommé pilotes du Club MM. Roger Achare
(Bordeaux), Etienne Faure (Bordeaux) et Edmond
Sirven (Toulouse), qui on satisfait aux épreuves
réglementaires et montré loutes les qualilés re-
quises à la conduile des aéroslats.
ASCENSIONS. =— 10 octobre. — Bordeaux, usine
à gaz de la Bastide. A 11 h. 30 du soir, le fiéve
(1.200 ‘m°) : MM. R. Achard, C. de Lirac, EL.
Faure et Jacmart, ce dernier néophyle. AU. le
il oclobre, à 7 h. 20 du m.. dans la lande de Lu-
becque, commune d'Audenge (Gironde). Distance :
31 kil. Durée : 7 h. 50 {brises folles de nuit).
1S octobre. — Toulouse. usine à gaz. A 3 h. 10
du soir, la Maladeita (900 m'}, MM. Louis Gon-
freville, Thomas et Camou. Alt. à 5 h. 5, à Co-
logne (Gers). Durée : 1 h. 55. Distance : 39 kil.
A. 4 h. 15 du s.. Soulel-Œ'Or (1.200 nr) : MM. Ch.
Villepastour, Henry Delmas, capitaine Marie el
docteur Castaing, ce dernier néophyte. Alt. à
5 h: 45. à Sarrau (Gers). Durée : 1 h. 30. Dis-
tance : 44 kilometres.
À 5 h. 15 du soir, Lanturlu (540 m°) : M: Ed.
mond Sirven, seul à bord. Att. à 6 h. 35 du &.,
à Cox (Haute-Garonne). Durée : 1 h. 30. Distance :
37 kilomètres.
SLs
C'était l'inauguralion des deux splériques Mu-
ladelta el Soul2l-d'Or, construits récemment par
la maison Mallet pour le jeune Aéro-Club des
Pyrénées, dont l'Aéro-Club du Sud-Ouest forme
en ce moment les futurs pilote
Celte triple ascension avait réuni, à l'usine à
gaz de Touivuse, une assistance très élegante et
très mondaine. La veille, un âiner avail réuni,
avec un cerlain nombre. de membres du Club
toulousain, la délégation de l'Aéro-Club du Sud-
Ouest. ayant avec elle son président, M. C.-r.
Baudry. président d'honneur de l'A&.-C. des Py-
lenCCS:
l’'Aérophile
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
Siège social : 63, avenue des Champs-Elysées, Paris (VIII)
CONVOCATIONS
Conseil d'administration, mercredi 4 novembre,
à 5 heures.
Comité de direction, jeudi 5 novembre, à 5 h.
Commission scientifique, lundi 23 novembre,
à 5 heures.
Dîner jeudi 5 novembre en l’honneur de Wil-
bur Wright, à l'issue duquel il lui sera remis la
grande médaille d’or de l’Aéro-Club de France,
votée par le Comité, à Wilbur et Orville Wright
en commémoration de leurs belles expériences
d'aviation. HR
Le prix du couvert est porté à 20 francs par
personne. Le diner aura lieu dans la salle des
fêtes de l’'Automobile-Club (place de la Concorde),
à 7 h. 1/2.
Les inscriptions accompagnées du montant du
couvert (20 francs) seront reçues jusqu'au 31 oc-
tobre.
TS
LE GRAND-PRIX D'AVIATION DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
Le Corseil d'administration de l’Aéro-Club de
France, en sa séance du 20 octobre, a décidé
d'organiser une Cours2 d’aéroplares (vitesse et
durée), à l'automne 1909. Le premier prix sera de
100.000 franes.
La course aura lieu de ville à ville, dans les
plaines de la Champagne ou de la Beauce et les
épreuves dureront trois jours : du samedi &u
lundi. S
Le règlement du Grand-Prix d’Aviation de
l’'Aéro-Club de France sera arrêlé ultérieuremeni.
PP PR PR RPE RTS
AU PARC D'AVIATION
Le Gouverneur militaire de Paris a décidé que
les membres de l’Acro-Club de France, porteurs
de la carte d'identité 190$, auront désormais accès
à leur parc d'avialion sitié à Issy-les-Moulineaux,
même à l'heure des exercices, à condition de
passer par la rue Jeanne-d'Arc, voisine de la
porte d’Issy-les-Moulineaux.
Les expériences peuvent avoir lieu, à dater du
22 octobre, de 6 à 8 heures du matin et de 10 heu-
res à midi.
L'HYDROGÈNE AU PARC D'AVIATION
Sous peu de jours fonctionnera l'usine à gaz
hydrogène cui voisine le parc de l’Aéro ‘ Jub, .ux
Coteaux de Saint-Cloud.
Le précieux fluide sera fourni aux 1éronaules
au prix exceplionnel de 20 centimes le metre
cube.
La nouvelle canalisation installée sur la pe-
louse du parc d'aérostation débitera cent mètres
à l'heure, mais cette quantilé ne tardera pas à
439
Télégrammes : AÉROCLUB-PARIS. — Téléphone : 666-21
être augmentée dès que sera achevé le gazomètre
de 1.200 mètres cubes.
Les deux canalisations âe gaz d'éclairage en
service dans le parc fournissent l’une 1.500 mè-
tres à l'heure, l’autre 600.
CO
COMMISSION D'AVIATION DU 14 SEPTEMBRE 1908.
Présents à la séance ouverte sous la présidence
de M. Victor Tatin le commandant Ferrus,
Henry Kapférer, Edouard Surcouf, Robert Es-
nault-Pelterie, Armengaud (jeune).
Terrain d'avialion. — Le président lit une lett:e
de M. Renault, notaire, qui offre un terrain
d'aviation de 100.000 mg ; cet emplacement n'of-
frant qu'un carré de 300 mètres de côté, est
reconnu trop petit.
Nominalion. — M. Paul Tissandier est nommé
secrétaire adjoint, en l'absence du capitaine Fer-
ber.
Modifications aux règlements. — La Commis-
sion d'Aviation prend acte que la C. S. a dû re-
fuser l’homologation de la performance de M. Le-
gagneux sur l’aéroplane Ferber IX, pour un prix
de 209 mètres. Celle performance avant été exé-
cutée le 19 août, à 5 h. 45 du malin, contraire-
ment au règlement de la Commission d’Aviation
qui dit que toutes les épreuves ne pourront être
courues qu'entre 10 heures du matin et le coucher
du soleil.
A ce propos, une longue discussion s'engage
relativement à l'opportunité de modifier ce règle-
ment, qui semble enfermer les aviateurs dans des
limites trop étroites. ;
Mais en présence des difficultés de contrôle
pour les expériences de nuit, ou de ville à ville,
la Commission décide de n'apporter au règle-
ment actuel, que la modification suivante, dans
l’article unique s'appliquant à tous les records :
Paragraphe 4. — Au lieu de : « toutes les épreu-
ves ne pourront avoir lieu qu'entre 10 heures
du matin et le coucher du soleil »,
On imprimera : « Toutes les épreuves ne pour-
ront avoir lieu qu'entre le lever et le coucher du
soleil. »
Mais pour arriver à compléter le règlement,
on décide qu'une commission sera nommée pour
étudier une nouvelle réglementation, permettant
des données plus larges et plus libérales.
Cetse Commission est ainsi composée : MM. Ro-
bert Esnault-Pelterie, Henry Kapferer, Rodolphe
Soreau, Edouard Surcouf.
Prix de la Hauteur, dit des 25 mètres. — Une
discussion s'engage concernant les appareils mu-
nis d’un système de lancement du genre de celui
dé Wright.
À la suite d'un long débat, la décision sui-
vante est adoptée à l'unanimité, moins une voix :
« La Commission considère que les systèmes de
lancement dans lesquels intervient une source de
puissance etiérieure à l'appareil, ne rentrent pas
dans les prescriplions de règlement du prix de la
Hauteur, dit des 25 mètres. »
440
Il y a lieu de remarquer que la Conimission 4
été d'accord, pour admettre qu'en dehors de celte
restriction, un appareil qui s'eniéverait en pre-
nant son élan au moyen d'un chariot ou d'un
sunport quelconque, qu'il abandonnèrait au mo-
ment de l'envolée. serait, lui, admis et considéré
comme rentrant dans les prescriplions au prix
de la hauteur.
SÉAXCE pu 8 ocToruE 1908.
Présents à Ja séance présidée par M. Archdea-
con : MM. Esnault-Pellerie, Archdeacon, Miche-
lin, Kapférer, Eiflel, Peyrev, Blériot, Zens, Rous-
seau, Tatin, Chauvière, Soreau.
Nominalions. —. La Commission nomme
M. Paul Tissandier secrélaire de la Commission
d'Aviation, et M. Ernest Zens secrétaire adjoint.
liccords d'avialion — Après une longue dis-
cussion, la Commission d'Avialion, considérant
que son règlement ne s'oppose pas à la recor-
naissance de records, ne visant pas l’altribution
des prix et coupes qui y sont désignés, reconnait :
1° Le record de durée et de distance ‘établi par
Wilbur Wright, le 21 septembre 190$, par 1 h.
31 m. 25 s. 4/5, et 66 kil. 600 mètres.
2° Les performances exécutées par Wilbur
Wright, en vue de la coupe Michelin et, du prix
de la Commission d'Aviation :
s 21 septembre 1908, 3S kil
. 24 septembre 1908, 39 kil. 095 mètres.
2S septembre 1908, 48 kil. 126 mètres.
M. Rousseau présente à la Commission un
rapport sur la performance de: M. Wright, du
3 octobre dernier (vol de 55 m.:37 2/5, à :deux
personnes à bord).
Le Président donne lecture d'un rapport de
M. André Fournier sur le vol de 34 kil. de
M. Henry Farman, au camp de Châlons, le
30 septembre 190$, en vue de la Coupe Archdea-
con. M. André Fourbier élënt seul commissaire
officiel présent, s'élail adjoint M. Montefiore.
Après longue discussion pour: savoir si l’on doit
atlribuer la Coupe Archdeacon à Farman, la Com-
mission, en présence d'un rapport incomplet, dé-
cide de transmettre le résultat de son vote à la
Commission Sportive qui jugera.
lievision des règlements. — M. Sorcau accep
la présidence de la sous-commission chargée d'é
tudier les nouveaux règlements des concours
d'aviaticn.
D
I
C.
e
Coupe Michelin 1909. — La Commission décide
de faire courir la Coupe Michelin en 1909 sur
une distance de 100 kil. Les concuirents devront
boucler ? fois un circuit de 50 kil.
La coup2 sera attribuée au pilote de
d'aviation qui aura fait le meilleur
celle disfañce-au 31 décembre 1909.
l'appareil
lemips sur
SÉaxcx pu 19 ocToBrE 1908.
Présents à la séance présidée
deacon : MM. Chauvière, le
L. Godard, Surcouf, H.
dier, Ernest Zens, P. Rousseau, Esnauit-Pelte-
rie, Tetin, qui entendent la sous-commission de
revision des reglements et arrêtent les règlements
des Gpreuves d'aviation pour 1909.
par M.
ommandant Ferrus,
Kapférer, Paul Tissan:
Jogation
Novembre 1908
COMMISSION SPORTIVE DU 20 OCTOBRE 190$.
Présents à la séance présidée par le comle de
Castillon de Saint-Viclor : MM. Léon Barlhou,
comte A. de Contades, Paul Rousseau, comman-
dant Renard Georges Besancon, Edouard Sur
couf.
Grand Prix 1908. — M. Surcouf donne leclure
du rapport des commissaires sportifs pour cette
épreuve,
Les conclusions du rapport sont homologuées
de la manitre suivante :
1° prix : M. Blanchet ; ?° prix, M. de Francia :
3° prix, M. Georges Cormier- ; 4° prix, M. Omer-
Decugis ; 5° prix, le lieutenant Bcllenger.
Médaille d argent offerte par l tuto au premier
classé des concurrents étrangers : M. le profes-
seur Sticker. L
Médaille d'argent offerte par les Spor
mier classé des concurrents français : À
äu pre-
i. Blan-
concurrent ayant le livré
professeur Sticker.
Récompense de l’'Aéro-Club de
ayant le meilleur diagramme : M.
Réclamaltion
le C. S. que M. Carton, sans en faire l'objet d'une
de board le mieux tenu :
Nice au pilote
Bachelard.
— Le président fait connaître à
amalion réglementaire, a fait observer qu’en
il a accompli de Madrid à Corial (Espagne),
1905,
°un voyagé: de 27 heures 13 -minut2s qui aurait
dû lui valoir la médaille de durée annuelle de
l’Aéro-Club de France, médaille qui a été attri-
‘buée au comte Henry de La Vaulx peur un voya-
ge de 26 h. 42 m.
La C. S. regrette que cette réclamation si lar-
dive ne lui permelte pas de donner satisfaction
à M. Carton.
Hoôomologalions de records d’'avialion. — M.
Rousseau présente divers dossiers des perfor-
‘mances accomplies par Wilbur Wright au camp
d'Auvours. Après examen des divers dossiers, la
C. S. homolovue :
Durée el distance. Appareil à moteur classe B.
— Wilbur Wright, camp d'Auvours, 21 septem-
bre 1908. Temps : 1 h: 31° 25° 4/5. Distance
65 kil. 600.
Appareil à moteur, classe B. — Ayant à bord
deux aviateurs y compris le pilote Wilbur
Wright, à bord M. Painlevé, 10 octobre, camp
d’Auvours. Distance : 58 kil.
Durée : Première homologation, — \Wilbur
Wright, à bord M. Reichei, 3 oclobr2 190$, camp
d'Auvours. Temps : 55 m. 35 s. 3/5.
Deuxième homologation. — Wilbur Wright, à
bord M. Painlevé, 10 octobre 1908, camp d'Au-
vours. Temps : 1h. 9 m. 455. 3/5.
Prix de la Commission te — 1" homo-
Wilbur Wright, 21 seplembre 1908.
Camp d'Auvours. Dislance : 3S kil.
?* homologation : Wilbur Wright, 24 scptem-
bre 1908. Camp d'Auvours. Distance : 39 kil. 095.
3° homologalion : Wilbur Wright, ?$S septembre
190$, camp d'Auvours. Distance : 48 kil. 120.
La C. S. constatant que la performance. qui
fait l’objet de cette dernière homologation n'a pas
&té battue à la date expirée du 30 septembre 1908,
homologue que Wilbur Wright est détenteur du
susdit prix.
Coupe Michelin. -—- 1° homologation :
Wright, 21 scpterabre
tance : 38 kil.
?* homologation : Wilbur Wright, 24 scptembre
190$, camp d’Auvours. Distance : 39 kil. 695.
Wilbur
1908, camp d’: Auvours. Dis-
em)
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16° Année. - N° 22 15 Novembre 1908
SOMMAIRE : Le banquet de l’Aero-Club en L'honneur de
Wilbur Wright (G. Bans). — A | Aëéro-Gub du Sud-Ouest.
— Sur le vol à la voile (M. Gandillol). — A propos d'avia-
tion : Principe élémentaire du vol ramé ’A Odier). —
Bu'letin des ascensious. — Premiers exploits Cu Clément-
Bayard (A. M.). — L'hélice /nlégrale du Clément-
Bayard (L. Chauvière). — Les aeronuts en France : Ze
Lebaudy, ete — L'aérostation au camp d’Auvours. — Les
merveilles de l'aviation : Le pr:mier vol de ville à v Ile par
Henri Firman (G. Blanchet). — les expériences de Blériot :
Premier circuit géograp ique par escales (*. Ancelle). —
Wilbur Wright forme des élèves (M. Desoul). — La
Coupe G. ; classement officiel (A. M ); Îles sauvel-ges
en mer (E. R) — Les aéroplaues c4 France
SOMMAIRE DU BULLETIN OFFICIEL DE L'AFRO-CLUB DE
FRANCE : Convocatinns. — Les ballons en messageries —
Comite ce direction du 5 novembre 1908 — Commi-sion
sportive du {{ novembre 1908. — Les à censions au Parc
“te l'Aéro-Clnb de France. — Les dons pour la bibliothèque,
le musée et les archives.
LE RANQUET WILEUR WRIGAT
Organisée par l'Héro-Club de France
M. Louis Barthou, debout, parle.
À gauche du Ministre, Wilbur Wright; MM. d'Estournelles de Constant. sénateur ; de Dion, député; Dausset,
conseiller municipal de Paris. — A droite, M. Cailletet, président de l’Aéro-Club; le baron de Zuylen,
président de l’Automobile-Club; Gay, syndic du Conseil municipal de Paris.
En face: le comte H. de La Vaulx : à gauche, Dr Léon Petit. représentant du Touring-Club de France; R. Gros-
didier, député; comte de Lambert. — A droite: commandant Bouttieaux, Cortland Bishop, président de
l’Aéro-Club d'Amérique. (Photo communiquée par le New-York Herald.)
Comme il avait fêté, le 10 novembre 1906, les
piemières et mémorables envolées de Santos-
Dumont, et le 16 janvier 1908, la glorieuse vic-
toire d'Henri Farman dans le Grand Prix
d'aviation Deutsch-Archdeacon, l’Aéro-Club de
France conviait, le 5 novembre dernier, tous les
amis de l’aérolocomotion nouvelle à célébrer
les succès de Wilbur Wright, le premier en
date des hommes-volants, et le recordman de
la durée et de la distance en aéroplane, à ce
jour.
Le banquet et la soirée qui le suivit avaient
lieu dans la salle des Fêtes de l’Automobile-
Club de France, cadre merveilleux pour une
fête de ce genre. La vaste nef, avait été trans-
formée pour la circonstance et décorée avec un
goût parfait. Des plantes vertes et des fleurs
étaient semées à profusion jusque sur la scène
où elles se confondaient avec le décor.
Deux cent cinquante convives, tous de hautes
personnalités du monde de l'aviation et de
Vaérostation, étaient là, et nombreux furent
les retardataires qui ne purent trouver place.
Le gouvernement était représenté à cette
fête par M. Louis Barthou. On sait avec quel
iutérêt passionné, le ministre des Travaux Pu-
blics, des Postes et des Télégraphes à toujours
suivi le développement des locomotions méca-
niques et plus particulièrement les progrès de
l'aéronautique sous toutes ses formes.
Automobiliste. fervent, aéronaute que ten-
tèrent ‘souvent les excursions aériennes en
sphérique et même en dirigeable, en attendant
une première promenade en aéroplane, le mi-
uistre des Travaux publics, des Postes et des
lélégraphes suit avec un intérêt passionné le
développement des locomotions mécaniques et
particulièrement de la locomotion aérienne. Ces
questions l’intéressent, en effet, doublement :
comme administrateur et comme sportsman.
A ses côtés, à sa droite : MM. Wilbur
\V/right, baron d’'Estournelles de Constant, sé-
mateur ; le marquis de Dion, député, président
d'honneur, fondateur de ‘“Aéro-Club de
France ; Dausset, conseiller municipal de Pa-
ris, Camille Blanc ; Caron, conseiller municipal
de Paris; Léon Barthou, Santos-Dumont, Tu-
rot, conseiller municipal de Paris; Léon Dela-
grange, Daubrée.
À sa gauche, M. Cailletet, président de
l’Aéro-Club de France, le baron de Zuylen,
président de l’Automobile-Club de France;
Gay, conseiller municipal, représentant le pré-
sident du Conseil municipal de Paris; Hart
Q. Berg, F. Arago, député; Quentin, conseiller
raunicipal de Paris; Léon Bollée, président de
l’Aéro-Club de la Sarthe; Levée, conseiller
wuunicipal de Paris; Lazare Weiller, Louis
Flériot.
Le comte Henry de La Vaulx, vice-président
€e l’Aéro-Club de France avait à sa droite :
JM. le commandant Bouttieaux, René Quin-
ton, président de la Ligue nationale aérienne ;
Cortland Bishop, président de l’Aéro-Club ot
America ; Ernest Archdeacon, le comte de Cas-
tillon de Saint-Victor, Robert Esnault-Pelte-
rio, le commandant Renard, Joseph Vallot, le
comte Récopé, Edmond Blanc, Lemaître-Mer-
cier.
À sa gauche : MM. le docteur Léon Petit,
délégué du Touring-Club de France, René
Grosdidier, député ; le comte de Lambert,
Georges Besançon, Henry Kapferer, J. Eiffel,
Armengaud jeune ; E.-V. Boulenger, président
de l’Aéro-Club du Nord, Victor Tatin, J. Sau-
rière, président de l’Aéronautique-Club de
France.
MM. Aghion. Marcel Armengaud, le comte
dAubigny, Auerbach, E. Bachelard, G. Bans,
Barbotte, Léon Barthou, Bauer, le baron de
Eélimay, le comte de Belmont, Bernheim, Josse
Bernheim,Berthou,Bignon, Billion,G. Blanchet,
Ets, J. Bloch, Blumenthal, Boizel, Boissy d’An-
glas, Bonnard, A. Borgnis, P. Borgnis, Bossuet,
Don Jaime de Bourbon, E. Blau, Bouton,
Breyer, de Breyne, Buirette, Bertrand, Beh-
rens, Capazza, Caplain, Caron, Carrion, le
docteur Chanteaud, le comte de Chardonnet,
Charron, Chesnay, Coenon, le comte de Con-
t:des, le commandant Cordier, Cosson, Cou-
vreux, E. Couvreux, le docteur Crouzon, Chai-
gnon, Cousin, Dassonvifle, P. Delaunay-Belle-
ville, R. Delaunay-Belleville, Delcroix, J. De-
lebecque, R. Demañest, Desouches, Desrous-
15 Novembre 1908
seaux, Dickin, G. Dubois Le Cour, G. Du-
rand, L. Duthu, L. Demanest, Denis, Echalié,
le comte KEconomos, J. Eiffel, d'Equevilly-Mont-
justin, Estivant, Everaerts, Falconnet, W.-H.
Fauber, Favreau, A. Fournier, Freinwald,
Fordyce, Fafiotte, R. Gasnier, Gaupillat, Gé-
rin, Ghesquière-Dierickx, Gianoli, Giraud, Gi-
rardot, Gon, Goupy, A. Granet, comte de
Grimberghe, Grosclaude, Grosdidier, le docteur
Guglielminetti, Guffroy, le capitaine Guignard,
M. Guillaume, de Gurtubay, R. Guérin,
Guyot, Gay, Halphen, Helwig, Heurtel, Hue,
Hugé, Jourdan, Juchmès, M. Kapférer, le
marquis de Kergariou, Labouchère, le baron
Lafaurie, J. Lafitte, F.-S. Lahm, le comte de
Lambert, Lauffray, A. Leblanc, A. Le Brun,
G. Le Brun, Lemaire, Leresche, Le Seeg des
Tournelles, Levée, Linder, Lioré, Max Lyon,
G. de Lafreté, comte de Lapeyrouse, Malenfer
de Brater, Mallet, Marchal, A. Mautin, G. de
Méaulne, Mélandri, E.-W. Mix, Monin, Raoul
Montéfiore, E. Mors, comte de Moy, Manoury,
Méry, A. Massard, Nicolleau, André Noël, L.
Olivier, A. Omer-Decugis, Péan de Saint-Gil-
les, Pierron, Poillot, Puaux, A. Pupier,
Georges Prade, le docteur Louis Petit, le comte
Récopé, Regnard, Roulleaux-Dugage, Paul
Rousseau, Risse, Rennett, Frantz Reichel,
Schelcher, A. Segond, le baron de Sennevoy,
Séret, Suzor, Sencier, Thayer, Thierry-Mieg,
P. Tissandier, Tranchant, Thomson, Tauber,
Vanimam, de Vienne, J. de Villethiou, Marcet
Viollette, Walter Behrens, Weddell, Wenz,
Weissmann, Witzig, M. Walter, Wimille,
Martin-Zédé, E. Zens, P. Zens, Séré.
Le festin fut délicat et les invités ont em-
rorté un superbe menu illustré.
On a applaudi les excellents solistes du 1049
d'infanterie : M. Brottin, lauréat du Conser-
vatoire ; MM. Flourié, Arnoux, Rabault, Wal-
ter, Pierreuse et Fieffe ; M. Gaubert, premier
prix du Conservatoire; MM. Chartier, Lugand
et Robquin.
Au dessert, M. Cailletet, de l’Aéro-Club de
France, a le premier pris la parole. Après avoir
félicité M. Barthou et le baron de Zuylen, 11
s'adresse en ces termes à Wilbur Wright :
L'Aéro-Club de France, en décernant sa grande
médaille d'or à vous et à votre frère, que nous
regretions de ne pas avoir à nos côtés, a voulu
témoigner son admiration pour les merveilleuses
performances que vous avez accomplies dans un
art qui ouvre une ère nouvelle à l’activité hu-
maine.
Nul ne peut savoir les conséquences qui résul-
teront de ce nouveau mode de locomotion, dont
nous saluons aujourd'hui les prestigieux débuts.
C’est un honneur pour moi d’avoir à remettre
à MM. Wright la grande médaille d’or de l’Aéro-
Club de France ; elle sera pour eux la juste ré-
compense des superbes performances qu'ils onl
accomplies en dernier lieu sur le sol de la France.
Je :ève mon verre en l'honnezr de M. le mi-
nistre, des frères Wright et de l'aviation fran-
çaise tout entière !
l’Aérophile
M. Louis Barthou prend la parole à son tour.
: On connaît la haute autorité conquise au Par-
lement et au barreau par l’éloquence merveil-
leusement claire et précise du ministre des
Travaux publics ; mais ce remarquable orateur
d’affaires, ce merveilleux dialecticien est le
plus spirituel et le plus délicat des causeurs ;
il le prouva une fois encore en prononcant l’al-
locution suivante chaleureusement applaudie :
Messieurs,
Je me félicite d’avoir pu venir à celte fêle à
un double titre, comme membre de 1 Aéro Iub
de France, en camarade et comme ministre, re-
présentant le gouvernement de la République.
Je suis heureux de constater vos ellcrts, vos
succès et les services rendus par notre associa-
tion.
Je salue ici le recordman de la distance en
ballon, le comte de La Vaulx; le recrdman de
la durée, M. Alfrea Leblanc, aussi des cham-
pions comme MM. de Castillon de Sainl-Vicior,
Jacques Faure..., toute l'histoire de 1'a6 station !
C'est en France que la lacametion etrienne est
née el s'est développée comme je le disais tout
à l'heure à la tribune du Sénat.
Quand j'ai vu Wright, j'ai deviné sa personna-
lité et je n'ai pas été surpris de ses £Lcces.
Sa physionomie se résume en ces mots : fran-
chise, intelligence et tenacité.
Il a fallu aux frères Wilbur et Orville Wright
une volonté et une solidarité admirables. J'asso-
cie au nom de Wilbur celui d'Orville, qui a ris-
qué sa vie pour réaliser une les plus belles in-
ventions du génie humain.
Le nom des Wright est inscrit dans les anna-
les de l'esprit humain.
Mais n'oublions pas nos aviateurs irançais. En
Farman, je salue l'homme et l’œuvre. Je salue
aussi les prouesses de Blériot ct de Delagrange.
Blériot m'a donné ‘es impressions les plus
fortes de ma vie. Je suis prêt à monter en aéro-
plane avec vous, monsieur Blériot.
Je salue encore ici le gouverneur militaire de
Paris, le général Dalstein, et le commandant
Bouttieaux, l’Aéro-Club de France el l'Armée
francaise.
Je dis mon admiration sincère et cordiale à
Wilbur Wright, à Orville Wright, et aux avia-
teurs français, leurs émules de gloire.
Après que les photographes eurent pris quel-
ques clichés, Wilbur Wright a prononcé, en
anglais, une charmante allocution que M. d’Es-
tournelles de Constant, sénateur, a aussitôt
traduite :
Pour moi et pour mon frère je vous remercie
de l'honneur que vous nous faites et de la récep-
tion cordiale que vous nous avez réservée ce
soir. ;
Si j'étais né dans votre beau pays et si j'avais
grandi au milieu de vous, je n'aurais pu m'at-
téndré à un accueil pius chaleureux que celui qui
vient de m'être fait. Lorsque nous ne nous con-
-naissiors pas, nous n'avions point de confiance
en nous : aujourd'hui que nous nous connais-
sons i! en est autrement ; nous nous croyons et
nous sommes des amis. Je vous en remercie.
Dans l'enthousiasme qui se manifest® autour de
moi, je ne vois pas simplement un élan destiné
à glorifier une personne, mais un iribut à une
idée qui a de tout temps passionné l'humanité.
Je pense quelquefois que le désir de voler à la
facon des oiseaux est un :déal que nous ont
443
transmis nos ancêtres qui, dans leurs pénibles
voyages à travers les contrées sans routes des
temps préhistoriques, voyaient avec envie les
oiseaux courant librement par l'espace, à toute
vitesse, au-dessus de tous les obstacles, par le
chemin inlini des airs. Il ÿ a dix ans à peine, on
avait presque renoncé à tout espoir de voler ; les
plus convaincus doutaient eux-mêmes, el j'avoue
qu'en 1901 Jai dit à mon frère Orville que les
hommes ne voleraient pas avant cinquante ans.
Deux ans après, nous faisions des vols nous-
mêmes. Cette démonstralion de mon nnprissance
de prophète me donna un lel choc que depuis
Je me suis imélié et me suis gardé de toute prédic-
tion. ainsi que le cavent bien, du.resté, mes
amis de la presse. Il n’est pas nécessaire d’ail-
leurs de regarder trop loin dans l'avenir ; nous
voyons assez déjà pour être certains qu'il sera
magnifique.
Dépêchons-nous seulement d'ouvrir les voies,
Une dernière fois, je vous remercie de tout mon
cœur, et en vous remerciant. je voudrais qu'on
CADReQNE que je remercie la France tout en-
ière.
Cette péroraison, très simplement dite, a
soulevé de longs applaudissements.
Le comte de La Vaulx a remercié la presse
française -et la, presse étrangère qui, depuis
dix ans, encouragent l’œavre ent-eprise par
l’Aéro Club de France.
Au nom de l'Automobile Club, le baron de
Zuylen se lève à son tour et félicite l’Aéro Club
de ses succès. . |
Il rappelle qu’il est fils aîné de l'Automobile
Club, qu’il est reçu ici comme chez lui; enfin,
il remercie M. Barthou de l'intérêt qu'il porte
aux moteurs légers et à l’industrie automobile.
Le marquis de Dion complimente M. d'Es-
tournelles de Constant qui, au Sénat, a de-
mandé une subvention pour l’aéronautique en
général, et M. Louis Barthou, le plus sportif
de nos ministres.
Il signale que M. Barthou a fait voter un
crédit de 100.000 francs.
11 félicite le Sénat qui a voté l’ordre du jour
de remerciements à tous ceux qui, en France,
travaillent à perfectionner la locomotion aé-
rienne.
Le commandant Renard a prononcé, au nom
de l’Académie des Sports, quelques paroles très
applaudies.
Enfin, M. Barthou reprend la parole pour
s'expliquer sur la question automobile.
C'est la fin des malentendus, dit-il, on m'attri-
bue une loi qui n’est pas mienne. Ii en est des
lois comme des enfants : la recherche de la pa-
ternilé est interdite.
Nous nous étions mis à trois pour faire une
loi. On m'en a attribué les défauts. J'eusse pré-
ie qu'on reconnût les qualités de ma collabo-
ration. i
Il n'est jamais entré dans mes intentions de
porter atleinte à une industrie qui est une des
forces et des gloires du pays.
444
La loi ne punit que ceux qui commettent de
regrellables excès.
Plus d'équivoque, plus de malentendus. Du
reste, M. de Dion s'est associé au vote de confian-
ce que m'a adressé le Sénal.
On applaudit encore et la séance de cinéma-
tographe commence.
Nous cherchons Wilbur Wright. Il appose
des quantités folles de signatures sur les me-
nus que lui présentent les collectionneurs. 11
sait maintenant les petites corvées qui incom-
bent à nos héros.
On lit plusieurs dépêches d’excuses. Signa-
lons surtout celles d'Henri Farman, le redou-
table émule de Wright, qui « témoigne son ad-
miration pour l’homme et pour l’œuvre, ainsi
que son regret de ne pouvoir assister à la fête
de ce soir » ; et de M. Henri Deutsch de la
Meurthe, le Mécène à qui la locomotion aé-
rienne doit tant, qui « s'excuse de ne pouvoir
s’asseoir ce soir aux côtés de Wilbur Wright et
le remercier encore une fois d’avoir réalisé le
plus beau rêve de sa vie ! »
Voici le télégramme de M. Michelin
Clermont-Ferrand, 5 novembre.
Impossible d'assister au banquet. Transmet-
Lez excuses à président Aéro-Club de France. Fé-
licitations à Wright, Farman, Blériot et à tous
nos glorieux pionniers. Dites-leur qu’attendons
sûrement aviateurs avant un an sur le Puy-de-
Dôme. Comptons bien que le prochain banquet
avialion se fera Clermont-Ferrand pour le fêter.
Wilbur Wright a reçu, dans cette même soi-
rée, plusieurs récompenses.
C’est d’abord la grande médaille d’or de
l’Aéro Club de France, spécialement frappée
par la Monnaie.
C’est aussi la médaille de l'Académie des
Sports.
C’est enfin le chèque de 5.000 francs, mon-
tant Gu Prix de la Commission d’Aviation de
l’Aéro-Club de France que l’aviateur américain
a gagné, le 30 septembre 1908, au camp d’Au-
vours.
Le comte de La Vaulx a annoncé à Henri
Farman et Louis Blériot que, dans sa séance de
l'après-midi, Aéro Club de France avait vote
des médailles commémoratives des deux pre-
miers « voyages » en aéroplane.,
La fête s’est terminée par une séance de ciné-
matographe.
Les films de Gaumont, de Pathé et de la
maison Eclipse, ont évoqué les étapesde l’avit
tion en France.
Pour finir dans une apothéose, les films ont
montré les magnifiques performances de Wilbur
Wright à l’hippodrome des Hunaudières et au
camp d’'Auvours, sa méthode de lancement, ses
vols seul, ses vols à deux, ses records.
GEORGES Baxs
15 Novembre 1908
A l'Aéro-Club du Sud-Ouest
CourEe SiRvEx-DELuas. — Cette coupe, pièce d'or-
fèvrerie en vermeil, offerte par MM. Ed. Sirven
et Henry Delmas, de Toulouse, sera attribuée
au pilote, membre du Club (membre d'honneur,
sociétaire ou correspondant) qui, parti de Bor-
deaux dans un ballon de première où deuxième
catégorie (930 m° au maximum), au Cours de l’an-
née qui commence le 25 octobre 1908 et se ter-
mine le 24 octobre 1999, à minuit, aura accompli
le voyage de plus longue distance sans escale.
Ce concours n'est pas un challenge. Il n’est
pas nécessaire de s'inscrire. La Commission spor-
tive de l’Aé.-C. du S.-0. désignera le vainqueur
au plus tard le 10 novembre 1909.
ASCENSIONS. — Toulouse, usine à gaz, 29 oc-
tobre, à 10 h. 50 du m. La Maladetta (900 m°).
MM. Ed. Sirven, Delmas et Brocqua. ce dernier
néophyte. Alt. à 3 h. 55 du s., à Clairac (Lot-et-
Garonne). Durée : 5 h. 5. Distance : 122 kil.
Toulouse, 1* novembre, — 10 h. du m. Mala-
detta (900 m'). M. Sirven partant en qualité de
pilote pour la première fois, avait pris à son
bord M. H. Delmas et M. L. Broqua.
Att. à 5 h., aux environs de Tonneins (Lot-et-
Garonne). Durée : 7 heures. Distance : 200 kil. en-
viron.
Toulouse, 5 nov., 10 h. — Maladetta ‘900 m'°).
MM. Ed. Sirven, pilote, Delmas et Baville, ce der-
nnier néophyte. Att. à 3 h. de l’après-midi à Tour-
neuve, canton de Gabaret (Landes). Durée : 5 h.
15. Distance : 137 kil.
Toulouse, S novembre. — Trois belles ascen-
sions, effectuées par un temps idéal :
A 10 h., Maladeltta (900 m'), piloté par M. Ed.
Sirven, passagers Mme Ed. Sirven ct M. Broc-
qua. Att. à Gaja-la-Selve, à 1 h. 30. Durée : 3 h,
30. Distance : 60 kil.
A 10 h. 15, Soulel-d'Or (1.200 m’), pilolé par
M. Gonfreville ; passagers : capitaine Marie. Me-
rens, Lautécaze, ces deux derniers néophytes.
Att. à 2 h. 35, dans la cour de la gare de Belle-
garde (Aude). Durée : 4 h. 20. Distance : 78 kil.
A 10 h. 5, Réve (1.200 m°), piloté par MM. Ch.
Faure, Léglise et R. Achard. Att. à Cumiès (Au-
de), à 1 h. Durée : 2 h. 25. Distance ::48 kil.
PRIX D'AVIATION DE 10.000 FRANCS, fondé par la
Petite Gironde {disputé sous le contrôle de l'Aéro-
Club du Sud-Ouest).
Ce prix sera gagné par le premier aviateur qui
réussira, après s'être élevé de la place des Quin-
conces, à virer autour du clocher de l’église de
Cenon, de l’autre côté du fleuve, et à revénir sur
la place des Quinconces pour y atterrir. Dis-
tance à vol d'oiseau de la colonne des Girondins
(Quinconces) au clocher de Cenon : 3.540 mètres
environ, soit un circuit d'environ 7 kilomètres
seulement.
L'AÉRO-CLUB pu SUD-OUEST, — Nous avons reçu
de M. Wigand, la lettre suivante :
« L'intéressant article paru dans votre numéro
du 1" novembre courant sur les fêtes aéronau-
tiques de Berlin contient, relativement au con-
cours d’atterrissage du 10 octobre dernier, la
mention suivante :
« Le petit ballon Cadet-de-Gascogne, piloté par
«M. Wigand, de l’Aéro-Club du Sud-Ouest, a
« abandonné la course à 1.550 mètres du but dé-
« signé à l’avance. »
« Je tiens à vous faire observer à ce sujet que
j'ai atterri, en effet, d'après le classement officiel,
à 1.550 mètres à l’ouest du but désigné à l’avan-
ce. J'ai été classé treizième sur vingt-deux ballons
partants et n'ai songé à aucun moment à aban-
donner la course, ma descente ayant été effec-
tuée dès l'instant où je risquais, en continuant,
de m'éloigner du but au lieu de m'en approcher.
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l’Aérophile
Sur le Vol à la voile
On a récemment discuté dans l’Aérophile
la question suivante: Un oiseau peut-il pro-
gresser horizontalement contre le vent, rien
qu'en étendant ses ailes et sans les mouvoir ?
Diverses personnes fort compétentes ont
affirmé que cette manœuvre de l’oiseau serait
impossible si le vent n’avait pas une certaine
<omposante ascendante. Je crois qu’il n’en
est rien, et voici, grosso modo, comment je
suppose que l’oiseau procède pour voler sans
mouvoir ses ailes et horizontalement contre
un vent horizontal.
Dans la figure 1 ci-contre, la flèche inférieure
RL es IT
horizontale
vent
Sens au
fig |
indique le sens du vent, ABC est l’aile de
l'oiseau, et OR représente la pression du vent
contre l’aile. Cette résultante est formée prin-
cipalement de deux composantes, l’une ver-
ticale OS, sustentatrice, c’est-à-dire suppor-
tant le poids de l'oiseau, l’autre horizon-
tale OM, motrice, c’est-à-dire donnant le mou-
vement à l’oiseau, malgré la pression du vent
contre son corps et les divers frottements re-
tardateurs (1).
Ce qui cause souvent la méprise du théori-
R\ T
Sens du vent
Fa 2?
cien, c’est la simplification illégitime qu’il se
permet de faire subir au tracé de l'aile; à
(1) Chaque aile supporte aussi une composante
latérale perpendiculaire aux précédentes et di-
rigée sans doute vers l'extérieur, c'est-à-dire dans
445
une forme creuse telle que ABC, il substitue
une forme droite AOC; dès lors, il croit être
dans le cas que représenterait la figure 2:
pour une aile qui aurait réellement la forme
plane AC, la pression du vent donnerait une
résultante OT normale au plan alaire; comme
précédemment, on pourrait substituer à cette
résultante ses deux composantes, l’une verti-
cale OS, l’autre horizontale ON ; mais ici, la
sustentatrice seule OS serait semblable à celle
de la figure 1; quant à la motrice ON, elle
serait de sens inverse (dirigée vers l’arrière,
tandis que OM l'était vers l’avant), d’où l’as-
pect paradoxal et inexplicable que semble
alors prendre le phénomène.
En réalité, l’aile plane AOC n'existe pas;
ce qui existe, c’est, je pense, une aile creuse
ABC; or, dans ce cas (fig. 1), la réaction de
l’air n’est pas dirigée suivant la normale OT,
elle passe en avant de cette normale (1) et
forme avec elle un petit angle TOR (2) que
l’on pourrait appeler angle utile puisque
c’est lui qui permet à l’oiseau de progresser
sans effort.
Tant que l’angle de AC avec le vent (hori-
zontal) est moindre que l'angle utile, la ré-
sultante OR de la, pression du vent sous l'aile
passe en avant de la verticale OS, et par con-
séquent admet une composante réellement mo-
trice OM (fig. 1). Si cette composante est pré-
cisément égale à la pression de l’air sur le
corps et aux frottements, l'oiseau stationne
immobile; mais si l'oiseau, réduisant encore
son angle d'attaque, incline un peu plus la
résultante OR vers l’avant et augmente par
suite la composante motrice, il avance contre
le vent, sous réserve, bien entendu, que la
vitesse de celui-ci et les valeurs que peut
prendre la surface alaire remplissent certaines
conditions aussi aisées à exposer pour le théo-
ricien que délicates à observer pour qui veut
imiter l'oiseau (3).
M. Gaxprzcor
le sens qui lisse les plumes ; ces composantes
latérales ne servant ni à soutenir, ni à mouvoir
sont probablement faibles ou nulles ; en tous Cas,
vu leur symétrie, elles se détruisent l'une et l’au-
tre, et il est inutile de s'en occuper ici plus lon-
guement.
(1) Ceci est l’un des nombreux résultats consi-
gnés par mon jeune camarade, le capitaine Fer-
ber, dans sa très intéressante brochure relative à
la théorie des aéroplanes (Les Calculs, Berger-
Levrault, Paris, p. 31-33).
(2\ Angle que l'on a énormément exagéré sur
les figures 1 et 2, afin de rendre celles-ci plus lisi-
bles.
(3) Un cas où l’homme pourrait sans doute tirer :
plus facilement parti des considérations précé-
dentes, c’est celui de la navigation à voile ; en
modifiant convenablement le gréement, on arri-
verait à donner aux voiles une courbure perrnet-
tan. de mieux utiliser la force du vent.
446
A PROPOS D'AVIATION
Principe élémentaire du voi ramé
Nous avons parcouru plusieurs théories sur
le vol des oiseaux: elles sont très belles au
point de vue mathématique, mais omettent
trop souvent une considération extrêmement
importante.
Nous voulons parler d’une chose si natu-
relle pour les initiés, qu’ils ne supposent pas
qu’il soit permis de l’ignorer.
Les techniciens nous pardonneront donc les
données élémentaires qui vont suivre: elles
ne leur apprendraient rien; mais nous allons
essayer, à l’aide de comparaisons au moins
bizarres, de mettre en évidence de la façon
la plus tangible possible que: L’aile d’un o1-
seau est toujours au moins aussi active
comme sustentation pendant la relevée que
pendant l’abaissement.
Soit en schéma K Y Z la trajectoire d’un
point d’un élément d’aile (fig. 1).
H
A l'abaissement en A, elle aura une inci-
dence i, qui créera une réaction N que l’on
veut n'être pas normale à la voilure, mais for-
tement rejetée à l’avant: d’où une susten-
tation P et une composante d'entraînement R.
A la relevée de l'aile, en B, l’oiseau aura
assurément changé l’inclinaison de son aile,
mais conservera encore une incidence sur la
trajectoire qu’elle décrit. Evidemment la
réaction N, quoique rejetée encore en avant
de la normale, donnera une composante trac-
tive Q' moindre et peut-être même nulle ou
faiblement négative; mais ce qui est indé-
niable, c'est que la réaction N s'étant rap-
prochée de la verticale, la composante de sus-
tentation, P? est forcément plus grande que
P lors de l’abaissement,.
Donc, pendant la relevée, l'aile tracte
moins, mais soutient davantage que pendant
l’abaissement.
15 Novembre 1908
*
x *
Pour le vol devant le nid (1), nous allons
indiquer de même une comparaison simple,
destinée seulement à le faire saisir facile-
ment: il suffira d’une minute d'attention.
Imaginez deux hélices à une seule pale
chacune, de pas contraire, tournant en sens.
inverse à même vitesse sur le même axe hori-
zontal.
Elles seront calées l’une en avant de l’autre
pour ne pas se rencontrer, et devront se croi-
ser aux moments précis de leurs passages aux
points le plus haut et le plus bas de la cir-
conférence décrite.
Vu de face, ne semblera-t-il pas que cela
représente deux ailes battant de 180°, mais
dont l'incidence se renverserait à chaque
changement de sens du mouvement alternatif
de battement.
Et si cela était, rien ne serait changé; la
traction garderait bien constamment la
même valeur dans le même sens.
Or, quand l'oiseau veut effectuer le vol de-
vant le nid, il se renverse beaucoup et fait
agir ses aïles avec l'amplitude maximum pos-
sible de battement; et il en change l’incli-
naison à chaque point mort. Cela ne revient-
il pas à notre double hélice imaginaire dont
on aurait orienté l’axe verticalement ?
Là encore, l’aile agit constamment et n’a
pas non plus à s’effacer à la remontée.
En somme, dans les deux cas, l’aile de
l’oiseau rameur agit beaucoup plus comme
une godille que comme une rame.
%x
Reprenons l’hélice supposée et rendons-la
construisable.
Aux chiffres près, rien ne sera changé si
l’on adopte 4 ou 8 pales au lieu de 2, et si
l’on prend deux axes parallèles au lieu d’un
seul.
Or, deux hélices de pas contraire, à axes
(1) Cela signifie le vol sur place en air calme;
c'est une variante de l'ascension verticale.
J’Aérophile
verticaux, tournant en sens inverse forment
ce qu'on convient d'appeler un hélicoptère.
On pourra le considérer, au point de vue théo-
rique, comme un oiseau qui aurait 4 ou 8 ailes
et essaierait de réaliser le vol devant le nid.
Or, on sait que seules les petites espèces y
parviennent quelques instants, et avec une
peine infinie: c’est que leurs voilures s'ap-
puient sur le courant d’air qu’elles créent au
lieu de réagir comme les planeurs sur des
couches d’air relativement immobiles.
De tout ceci, nous concluons:
(a) Les appareils à ailes battantes peuvent
être ramenés à des aéroplanes ordinaires sans
rien changer aux données absolues (1).
(b) Les appareils à ailes à clapets ou s’ef-
façant à la remontée donnent parfois la preuve
d'une vive imagination; mais ils révèlent
toujours l’ignorance totale d’un principe élé-
mentaire fondamental, puisqu'ils aliènent vo-
lontairement l’action utile de la relevée.
(c) L’hélicoptère est un appareil qui tente
d’imiter cette difficulté qu'est le vol devant
le nid.
(4) L’hélice de traction agit comme une
aile d’oiseau pendant la relevée, cette rele-
vée étant illimitée au lieu de n’avoir comme
chez les oiseaux que 180° à 200° maximum :
E F fgurerait le développement de la cir-
conférence décrite par une pale (fig. 1), la
flèche indique le sens de rotation, et H K
serait le sens de la translation de lappareil,
C D serait alors la trajectoire relative de la
pale, d'autant plus relevée que le rapport du
déplacement de l'appareil à la vitesse du
point considéré de l’hélice serait plus grand:
c’est donc bien l’action d’une relevée illimitée.
(e) De tous les calculs établis à propos du
vol des oiseaux, aucun ne peut être exact: il
est extrêmement difficile de relever des den-
nées certaines et de faire intervenir toutes
les considérations nécessaires.
Et, si cela était possible, il n’y aurait au-
cun intérêt à le faire; car ce ne serait pas
pour nous un enseignement utile, attendu
que nous disposons de moyens que la ‘ature
n’a pas, et réciproquement.
A. Onrer, ing. A. et M.
{1} Une étude approfondie ferait naître un avan-
tase appréciable de ce que le mouvement de
l’ornithoptère n’est pas uniforme, mais cet avan-
tage sombre devant l'effroyable difficulté de
construction soulevée par le fait même du mou-
vement accéléré. C'est pourquoi nous n’insistons
pas là-dessus aujourd’hui.
des
ASCENSIONS
FRANCE
1® seplembre. — Palaiseau-Villebon, 4 h. 15,
L'Aiglon (400 m°), M. Bortheiser. Att. à Somme-
sais (Marne), à 7 h. 30. Distance : 100 kil. Durée :
on 15;
6 septembre. — Roubaix, 11 h.. Eden (800 m'),
M. et Mme E.-V. Boulenger, M. Eug. Rasson.
Alt. près d'Huy (Belgique), à 2 h. 30. Distance :
145 kil. Durée : 3 h. 30.
6 septembre. — Rueil, 10 h. 15, Mouette (600 m'),
Mme Ed. Surcouf, Mile Tissot. Att. à Plessis-
Saint-Jean (Yonne), à 4 h. 20. Distance : 114 kil.
Durée : 6 h. 5 m.
6 septembre. —— Rueil, 11 h. 15, Bienvenu
(1.450 m°), MM. Dard, Ph. Dard, Guillou, Mlle Cail-
laux. Att. à Saint-Prix (Marne), à 6 h. 15. Dist. :
125 kil. Durée : 7 h.
6 seplembre. — Rueil, 1 NL 30, Solitude
(500 m'), M. et Mme Guimbert. Att. à Nanteuil-
les-Meaux, à 2? h. 45. Distance : 54 kil. Durée :
So"
G septembre. — Rueil, 11 h. 40, l’Anjou (1.000
m'), MM. Dubrulle, Franiin, Duval et Bandart.
Att. à Poinecy (S.-et-M.), à 3 h. 10. Distance : 57
kil. Durée : 3 h. 30.
7 septembre. — Le \ians (Sarthe), 3 h., l'Aéro-C.
de la Sarthe n° 1 (1.200 m') MM. Léon Bollée,
René Pellier, le baron et la baronne de Senne-
voy. Escale à 6 heures, à l’hippodrome des Hu-
nandières, à 20 m. de l’ancien hangar de Wil-
bur Wright. Atl. à la gare de Laigné-Saint-Ger-
vais, à 7 heures. Distance : 16 kil. Durée : 4 h.
8 septembre. — Le Mans, 3 h. 30, Aé.-C. de
la Sarthe n° 1 (1.200 m'), MM. Léon Bollée, Pel-
lier, Paul Jamin. Att. près d'Evreux, à Ivry-la-
Bataille, à 6 h. 45. Distance : 120 kil. Durée :
Sn 15;
8 septembre. — Roubaix, 1 h. s.; Le Nord
(1.200 m'), MM. S.-L. Boulenger, Eugène Ras-
son, Paul Fort, Fr. Masurel. Att. entre Tern-
luzen et Axel (Hollande), à 3 h. 20. Distance :
102 kil. Durée : 2 h. 20.
9 seplembre. — Vernon, midi 30, Montgoljier
(500 m°), MM. Amédée Saint-Aubin, E. Moussard.
Att. près de Fosse, province de Hainaut (Bel-
gique), à 5 h. s. Distance : 270 kil. Durée : 4 h. 30.
12 septembre. — Roubaix, 1 h., Iris (450 mr},
MM. E. V. Boulenger, Max Desurmont. Escale
à Anappes (Nord) d'où M. Boulenger repart seul.
Att. à 15 kil. sud de Mons (Belgique). Distance :
65 kil. Durée : 4 heures.
13 septembre. — Paris (Les Tuileries), 6 h., Le
Risque-Tout (900 m'), MM. Musy, Henry Leblanc,
Mme Emilienne d'Alençon. Escale a Noisiel,7 h.,
Mme Emilienne d'Alencon débarque. Att. à St-
448
Martin-sur-Oreuse (Yonne), le 14 septembre, à
1 h. du soir, Distance : 100 kil. Durée : 19 heures.
13 seplembre: — Rueil (Seine), 11 h. Espoir
900 m', M. G. Blondel et deux voyageurs.
Att. à Faremoutiers (S.-et-M.), à 3 h. 15. Dist. :
60 kil. Durée : 4 h. 15.
13 septembre. — Epernay (Marre), 3 n°745:
L'Escapade (1.200 n°), MM. H. de La Vaulx, Geor-
ges Lemaitre, Doizel. Att. à Suippes (Marne), à
5 h. 45. Distance : 35 kil. Durée : 2 heures.
13 septembre. — Le Mans, 7 h. 30 s., Auster-
litz (1.200 m'),: MM. E. Barbolte, René Pellier,
Paul Jamin, Georges Durand. Att. à Charroy-sur-
Seine (Côte-d'Or), le 14 septembre, à 9 h. du m.
Dist. : 103 kil. Durée : 13 h. 30.
13 septembre. — Rueil, 1 h., La Perle (800 m'},
MM. Dubrulle, Lambert et Derivry. Att. à Clave-
Souilly (S.-et-M.), à 5 h. Dist. : 46 kil. Durée :
4 heures.
14 seplembre. -— Roubaix, 1 h., Le Nord (1.200
m'), MM. E.-V. Boulenger, Edouard et Eugène
Rasson, Pierre Motte. Att. à 13 kil. au sud de
Louvain, à 5 heures. Distance : 120 kil. Durée 4 h.
20 sotembre. — Rueil, 8 h. matin, Bienvenu
(1.450 m'), MM. Dard, Gasparin, Mayer, Jules
Staas. Att. à Blaringhem (Nord), à 3 h. 50. Dist. :
203 kil. Durée : 7 h. 50.
20 septembre. — Orbec-en-Auge, 4 h., Ville-
d'Orbec, (60 m'), M. Valère Lecomte. Att. à Gou-
pillien (Eure), à 6 h. Dist. : 50 kil. Durée : 2 h.
22 seplembre. — Lyon, 10 h., Arago-II (900 m'),
MM. A. Boulade, Edm. Gillet et E. Chalençon.
Att. à Vénissieux, à midi. Dist. : 12 kil. Durée :
2 heures.
27 septembre. — Franconviüle, 3 h., Ron-Ron
(600 m'), M. E. Barbotte et un passager. Att. à
Luzarches, à 5 h. Distance : 21 kil. Durée : 2 h.
27 Septembre. — Rueil, 8 h. 30, Lutèce (1.450 m°),
MM. Dard, Mounier, Meunier, Mlle Cailiaux. Att.
Epieds (Aisne), à 1 h. 30. Dist. : 92 kil. Durée :
5 heures.
2 octobre. — Lyon (Rhône), 10 h. m., Arago-II
(900 m'), MM. Berthelon, Milal, Paccard. AL. près
Morestel (vallée du Rhône), à 3 h. 35. Distance :
42 kil. Durée : 5 h. 35.
3 octobre. — Rueil (Seine), 5 h. 30 Clément-
Bayard \600 m'), MM. Clerget, Pierre Boulenge.
Att. à Créteil, à 7 h. Dist. : 23 kil. Durée : 1 h. 30.
8 octobre. — Angers (M.-et-L.), 2 h. 30 s., Aéro-
Club-Ouest-1 (900 n'(, MM. de Farcy, Fortin- Gif-
fard. Att. non indiqué.
S octobre. — Paris (Jardin d’Acclimatation), 2 h.
Hippolyte-Carnot (600 m°), MM. Ribeyre, Henri
Mahuet. Att. à Villeparisis (S.-et-M.), à 6 h. 13.
Dist. : 33 kil. Durée : 4 h. 13.
11 octobre. — Rueil, 10 h. 10, Lutèce (1.450 n°),
MM. M. Dard, Guillon, Meusnier et Mme. Escale
à Saint-Leu-Taverny. Alt. à Vineuil (Oise), à 3 h.
30. Distance : 44 kil. Durée : 5 h. 20. \
12 oclobre. — Rueil, midi 30, Gay-Lussac
(900 m°), MM. Prin, Gasteau, Mme Prin. Alt. près
Dieppe, à 3 h. 30. Distance : 140 kil. Durée : 3 h.
.1? octobre. — Le Mans, 11 h. du s., 4é.-C. de la
Sarthe n° 1 (1200 m'), MM. G. Blanchet, Léon
Bollée, le comte de Moy. At. le 13, à 6h. du m.
à Guiberville, près de Saint-L. Distance : 46 kil
Durée : 7 heures. À
14 Oclcbre. — Le Mans, 3 h. 30, Le Ludovic
(600 m'y, MM. Jamin et Mannoury. Att. à Conlie
(Sarthe), à 5 h. 30, Distance : 25 kil. Durée : 2h.
17 oclobre. — Rueil, 9 h. 30, Favori (500 m')
,
15 Novembre 1908
M. Emile Scelle, seul à bord. Alt, à Neuïichâtel-
en-Bray, à 3 h. Dist. : 110 kil. Durée : 5 h. 30.
18 octobre. — Saint-Denis, 4 h., L'Auto (650 m'),
MM. Valère Lecomte, Dietrich. Att. à Vernouillet,
à 5 h. Distance : 27 kil. Durée : 5 h. 30.
18 octobre. — Nantes, 10 h. Cambronne (800 m').
MM. Ed. David, Morinet, Marchand. Escale à
11 h. 15 à Saint-Emilion (Loire-Inf.). Att. à Qué-
briac (Ille-et-Vilaine), à 3 h. 30. Durée : 5 h. 30.
Distance : 133 kil.
20 octobre. — Rueil, 11 h. Clément-Bayard
(6.000 m'). MM. Clerget, Aman. Att. à 3 h. 30
à Faraincourt (Seine-et-Oise). Durée : 4 h. 30.
Distance : 86 kil.
23 octobre. — Nesles (Somme), 4 h. Lilliput
(400 m°). M. J. Delebecque. Att. à Tricot (Oise) à
6 h. 40. Durée : ? h. 40. Distance : 54 kil.
25 octobre. — Rueil, 2 h. Astra (600 m'). MM.
Deligny, Lasson. Escale aux Mureaux où M. Las-
son descend. Aft. à Brionne, le 26, à 1 h. du m.
Durée : 11 h. Distance : 114 kil.
31 octobre. — Rueil. 10 h. 30. Risque-Tout
(900 m°). MM. Leblanc, Lemoine. Att. le 4, en vue
de la mer, à Veulettes, à 6 h. du m. Durée :
7 h. 30. Distance : 150 kil.
31 octobre. — Rueil, 1 h. Bengali (600 m°). MM. .
G. Gass. E. Prestige. Att. à Conflans-Sainte-Ho-
norine, à 4 h. Durée : 3 h. Distance : 16 kil.
1° novembre. — Sartrouville, 11 h. 45. Bayard-
Clément (600 m°). MM. Clerget, Lucas. Att. à Au-
theuil, près Louviers, a 3 h. Durée : 3 h. 15. Dis-
tance : 83 kil.
1 novembre. —- Rueil, 11 h. 45 Favori (900 m').
MM. Ribeyre, Henri Mañnuet. Att. à Saint-Pierre-
de Bosguerard, près Louviers, à 4 h. 45. Durée :
5 h. Distance : 104 kil.
1 novembre. — Nantes, 11 h. Cambronne
(800 m‘). MM. Ed. David, Gendron, Pouré. Alt. à
5 h. 30, à Cournon (Morbihan). Durée : 6 h. 30.
Distance : S0 kil.
8 novembre. — Paris (Champ de Mars), 1 h. 50.
Saint-Louis (2.200 m'). MM. A. Leblanc, Suzor,
Léon Leblanc, Trouvé, Th. Guédon, Beauvais,
Canager, comte de Moy. Att. à Maintenon, à 3 h.
30. Durée : 1 h. 40. Distance : 63 kil.
2 h. 50. Gulliver (1.200 m’). MM. Bastier, Ché-
roux, fils du président du Conseil municipal de
Paris, Mmes Desvaux, Goyon, Delage. Att. à Fa-
verolles, à 4 h. Durée : 1 h. 10. Distance : 57 kil.
4 h. — Limousin (1.200 m'). MM. Jacques Dele-
becque, Georges Bans, Fafiotte, directeur de
l’'Aéro. Alt. à Montfortl'Amaury, à 5 h. Durée :
L heure. Distance : 40 kil.
ETRANGER
6 septembre. — Interlaken, 1 h. du s. Sirius
(2.000 m'). MM. Ed. Spelterini, de Kattendyke.
Ballon gonflé au gaz d'éclairage ; au départ,
540 kilos de lest.
Le ballon louvoie devant le massif Eiger-
Münch-Jungfrau, puis passe entre le Gspalten-
horn (3.719 m.), la Blümlisolph (3.671 m.), le Biets-
chshorn (3.953 m), et franchit la vallée du Rhône
au-dessus de Baron, dominant successivement le
Balfrim (3.822 m.), le Dôme (4.554 m.), le Taesch-
horn (4.102 m.), le Rinefischhorn (4.203 m.), le
grand glacier du Gornergrat, le Montrose (4.576
m.) et le Lyskamm (4.538 m.). Att. à 8 h. du soir,
près de Brusson (Italie), sur le versant sud du
massif du Grand-Combin. C'est la plus belle tra-
l’'Aérophile
versée des Alpes, la sixième, effectuée par Ed.
Spelterini. Dans un prochain numéro nous en
donnerons un compte rendu plus détaillé et il-
lustré d’incomparables photographies prises par
Je vaillant atronaute.
10 septembre. — Londres, 10 h. du s. Le lieu-
tenant Tarringten-Kennett et M. Eustache Short,
élevés de Battersea, dans l'intention de traverser
le Pas de Calais, sont tombés dans la mer du
Nord, le vent ayant changé brusquement vers le
milieu du parcours. Les aéronautes, transis de
froid, furent sauvés par un remorqueur qui les
-ébarqua au Hook de Holiande.
12 septembre. — Etats-Unis, Chelsea (Massa-
chusetts), 2 h. Pilotés par l’'Hon. C. S. Rolls,
M. Lawrence Rutch, le professeur Lowell et le
capitaine Cloman ont fait une intéressante as-
cension.
Escale à Stevenage. Att. à Hitchen. à 7 heures.
Durée : 5 heures.
28 septembre. — Allemagne, Le Dusseldorf
{2.200 m'), monté par le capitaine Abercron et
le lieutenant von Goltzheim, a éclaté au-dessus
de la forêt d’Aper, à 2.006 m. d'altitude. L’enve-
loppe formant parachute permit aux aéronautes
de toucher terre sains et saufs. L'accident est
dû à la manie qu'ont les aéronautes alle-
mands de munir l'appendice d’un tuyau de
section étroite, descendant jusqu’à la nacelle, où,
ligaturé à un ventilateur, l'évacuation du gaz ne
peut se faire normalement par suite de cet étran-
glement.
6 octobre. — Springfield (Ohio), 3 h. 10, Boston,
MM. Glidden. Att. à Ludlow, à 5 h. 10. Distance :
17 kil. Durée : 2 h.
LES PREMIERS EXPLOITS
Clément-Bayard
Ainsi que nous annoncions dans le dernier n°
-de V’Aérophile, l’'aéronat Clément-Bayard était
prêt depuis quelques jours, mais le mauvais
temps d’abord, puis l’absence de M. Henry
Kapferer, à qui était réservé l'honneur du
premier voyage, retardèrent ses débuts.
Le matin du 29 octobre, par très beau
temps, malgré le vent qui soufflait à 9 mè-
“tres à la seconde, les premiers essais furent
-décidés.
Les dernières dispositions étaient prises et
Vaéronat sorti de son hangar. Le moteur
Bayard-Clément de 120 chevaux, mis en mar-
che, fonctionnait parfaitement.
A neuf heures, tout était paré. MM Kapfé-
rer, pilote, Surcouf, les deux constructeurs
-du ballon, directeur de la Société « Astra »,
Guillelmon, Sabatier, Dilasser avaient pris
place à bord.
À 9 h. 10, l’aéronat appareillait. Le dé-
part s’effectua parfaitement et la promenade
au-dessus de Saint-Germain, Maisons-Laffitte
eut lieu sans aucun incident. À 10 h. 45 le
449
ballon descendait près de son hangar, acclamé
par les personnes présentes.
— Une seconde excursion fut immédiatement
décidée et à 11 h. 45 l’aéronat s’enlevait de
nouveau emportant le pilote, M. H. Kapférer,
et six passagers : MM. A. Clémsnt, proprié-
taire de l’aérostat, KF. Charron, son gendre,
Guillelmon, Binon, Sabatier et J. Dilasser.
A bord : 340 kilos de lest, 250 kiles d’essence,
120 kilos d’eau et un assortiment complet
d'outils et de pièces de rechange.
Cette sortie fut absolument remarquable.
Le Bayard-Clément passait au-dessus de Car-
rières-Saint-Denis, Puteaux, le Rois de Bou-
logne, Neuilly, Levallois, gagnait la place
Péreire, la Concorde, virait de bord sur la
Bourse, à midi 15, filait sur la gare Saint-
Lazare, virait de nouveau vers la Madeleine,
revenait vers Saint-Augustin et, après avoir
passé au-dessus des usines Bayard-Clément à
Levallois, et des usines Charron 4 Puteaux,
atterrissait à Sartrouville à midi 35. Tout le
long du parcours, le ballon qui évolua à une
hauteur moyenne de 200 mètres fut acclamé
par la foule.
Le voyage avait donc duré 50 minutes. A
l'aller, l’aéronat dut lutter contre le vent.
Le retour, au contraire, de la Bourse à Sar-
trouville, s’effectua en moins de 20 minutes !
La vitesse moyenne avait été de plus de 59
à l’heure !
L’aéronat, pendant toute la sortie, s'était
admirablement comporté et son moteur
Bayard-Clément n’a pas eu un raté.
La silhouette générale de l’engin, sa carène
jaune en tissu Continental, d’une rare pureté
de lignes, sa poutre armée à la fois robuste et
svelte,sont d’une belle harmonie ; la marche est
d’une rectitude absolue et l'aptitude aux évo-
lutions les plus variées, apparaît remarquable.
Les constructeurs estiment la vitesse propre
de l’aéronat à 55 kilomètres à l’heure et, de
l’aveu de tous les sportsmen, il donne une im-
pression de rapidité véritablement saisissante.
31 octobre. — Troisième sortie du Clément-
Bayard ; évolution sur Paris durant une demi-
heure. A bord : MM. Henry Kapferer, pilote,
le commandant Bouttieaux, Léon Bollée, prési-
dent de l’Aéro-Club de la Sarthe
1er novembre. — Sartrouville, Picrefonds et
retour. — Dès la première sortie du Clément-
Bayard, M. Clément avait annoncé son inten-
tion de se rendre dans son aéronat à sa pro-
priété de Pierrefonds. Cette superbe prouesse
aérienne à été accomplie dès la quatrième
ascension du ballon, le 197 novembre 1908, cin-
quième jour de la campagne d’expériences.
C’est assez dire combien les ingénieurs de la
Société « Astra », MM. Ed. Surcouf et H. Kap-
ferer, qui ont étudié et établi l'engin, étaient
sûrs de leurs calculs et aussi de leur construc-
450
tion. Ils avaient il est vrai, fait leurs preuves
avec le Tlle-de-Paris, dont dérive le Clément-
Bayurd. Mais aucune campagne de dirigeable
n'avait encore été menée avec cette rapi-
dité, couronnée d’ailleurs par le plus complet
succès. Pas d’essais préliminaires, pas de tà-
tonnements ni de retouches ; l'appareil est au
point et prêt à tous les services qu’on peut en
attendre dès sa sortie des ateliers. C’est un
grand succès pour l’industrie française.
La sortie ayant été décidée ferme la veille,
le Bayard-Clément quittait le 1° novembre à
11 h. 15 du matin, son hangar de Sartrouville.
Henry Kapferer était à la direction, Ca-
pazza aù stabilisateur, Sabatier, l'ingénieur
des usines Bayard-Clément, au moteur avec
Le dirigeable Clément-Bayard en route pour Pierrefonds
un mécanicien : les passagers étaient : MM.
A. Clément et Guillelmon.
Puis M. Clément donnait l'ordre de se diri-
ger vers Compiègne. Voici le tableau de mar-
che.
Départ : Sartrouville, 11 heures 15 minutes ;
Maisons-Laffitte, Herblay, La Frette, Pierre-
laye, Meriet, l’Isle-Adam, Beaumont, Boran,
Gouvieux, Saint-Maximin, Creil à 12 h. 39
minutes. Beaurepaire, lont-Saint-Maxence,
Chevrières, où M. Clément passa pour rendre,
d'en haut, visite à un ami, Jaux, Compiègne
à 1 h. 28.
Vieux-Moulin, Pierrefonds, à 2 h. 2 m.
Gilocourt, Rocquemont, Borest, la forêt
d'Ermenonville, Mortefontaine, Chennevières,
Gonesse, le Bourget, à 3 h. 26 m.
Les fortifications sont passées à Pantin à
3 heures 32.
15 Novembre 1908
Porte-Saint-Denis, les boulevards, -le Lou-
vre, la Concorde, Champs-Elysées, avenue du
Bois de Boulogne, Auteuil, où M. Clément
lance du bord une carte à l'adresse de M. F.
Charron, présent aux courses ; Le Vésinet,
Chatou, Sartrouville. Retour à 4 h. 8 m.
Comme on le voit le trajet n’a pas eu lieu
suivant l'itinéraire le plus court, Jouant la
difficulté, M. Clément a tenu à décrire un
ample arc de cercle sur Paris, qui allonge sin-
gulièrement son parcours.
La distance développée atteint 200 kilomè-
tres franchis en 4 h. 53. C'est le record fran-
çais pour dirigeables des voyages en circuit
fermé. La vitesse moyenne fut d'environ 50:
kilomètres à l'heure. Altitude moyenne de
{Photo Branger'.
route : 200 m. Le vent soufflait d'Est-Sud--
Est à 20 kilomètres à l’heure. A titre de com-
parai:. n, M. Clément avait fait partir de Sar-
trouville à 11 h. 45 un petit sphérique monté
par un de ses ingénieurs, M. Clerget. Après
s'être maintenu à 400 et 500 m. d'altitude
moyenne, M. Clerget descendait à 3 h. à
Autheuil (Eure) près de Louviers.
Il n'est que justice d’asocier à ce nouveau
triomphe du Clément-Bayard les tissus caout-
choutés Continental, que l’on trouve chaque
fois qu'on réalise une nouvelle prouesse :
aérienne, et dont sont revêtus, armure effi-
cace, les dirigeables Ville-de-Paris, Ville-de-
Bordeaux, Lebaudy, De-La-Vaulæ, Républi-
que, Clément-Bayard, Colonel-Renard, Parse-
val, Zeppelin, Gross, ainsi que les aéroplanes
Farman, Delagrange, Goupy, De-Caters, De-
Crawhez.
FARMAN
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LE PRIX NE UD AR
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Chennevières » J
© Dammartin
“Marcilly
. le Baïncy
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se
Itinraire du Clésnent-Bayard, de Sartrouville à Compiègne, Pierrefonds et retour par Paris
le 4er Novembre 1908
2 novembre. — Malgré le vent qui fraichis-
sait et une brume intense, le Clément-Bayard
quittait son hangar vers 4 heures, emportant
dans sa nacelle huit passagers : le pilote, M.
Henry Hapférer, et M. Capazza, aide-pilote
et futur pilote-commandant du ballon, Mme
Kapferer mère, M. Henri Deutsch de la Meur-
the, M. et Mme Surcouf, M. Sabatier et un
mécanicien.
Le ballon a évolué pendant plus d’une demi-
heure au-dessus de Saint-Germain et de Mai-
sons-Laffitte, avec sa remarquable aisance
habituelle, puis a regagné Sartrouville sans
incident.
Mme Kapférer, dont c'était la première
excursion en aéronat, s’est déclarée enchantée.
Elle a reçu les félicitations de tous ses compa-
gnons pour son parfait sang-froid.
On voit par ce qui précède, les éclatants ré-
sultats obtenus dès le début par le Clément-
Bayard. Ils suffisent à prouver avec quel soin
et quelle science il a été étudié et construit.
La description d'ensemble que nous en avons
donnée dans l’Aérophile du 15 septembre per-
met de s’en rendre compte. Mais nous n’avons
pu faire connaître les perfectionnements de
détail qui le distinguent du Ville-de-Paris, le
type original déjà si remarquable. Nous nous
proposons de décrire quelques-unes des ingé-
nieuses dispositions nouvelles imaginées par
MM. Ed. Surcouf et H. Kapferer, les in-
génieurs de | « Astra ». Nous commencerons
toutefois cette série de notes techniques sur le
Clément-Bayard, par quelques détails sur l’hé-
lice étudiee et construite par Lucien Chau-
vière, l’un de nos meilleures spécialistes. 4. M.
452
L'heélice du « Clément-Bayard ».
(Hélice « Intégrale » de Lucien Chauvière).
Cette hélice a 5 mètres de diamètre. Le
pas en est variable, et va en progressant du
centre à la circonférence, et de l’arête d’en-
trée à l’arête de sortie. Elle est construite en
planches de noyer assemblées et superposées
en éventail.
La vitesse de rotation de l’hélice est le tiers
de celle du moteur, elle oscille entre 380 et
400 tours. Ce nombre de tours donne des
vitesses périphériques de 105 mètres par se-
cande, ce qui est la plus grande vitesse réali-
sée jusqu'à ce jour pour des hélices de cette
importance
A ces vitesses les effets gyroscopiques qui se
développent, s'opposent puissamment au tan-
Vue de la partie mécanique du Clément-Bayard.— AU
second plan, gouvernail de profondeur triplan. —
Au premier plan, à l'extrémité avant de la poutre
armée, l'hélice intégrale tractive (Pholo Branger.)
gage du ballon ; la vitesse du dirigeable s’en
trouve donc augmentée.Pour accentuer, même,
l’importance de ces phénomènes gyroscopiques,
on n’a pas recherché une très grande légèreté
dans la construction de l’hélice ; son. poids est
de 90 kilos, soit plus de trois fois ce qu’il
est possible d'obtenir pour ces diamètres dans
la construction d’hélices Intégrale légères, du
même constructeur.
Aux vitesses auxquelles elle tourne, l’hélice
du Clément-Bayard supporte dans ses bran-
ches un effort, dû à la force centrifuge, dépas-
sant 19.000 Xilogrammes. La matière ne tra.
vaille cependant qu’au 1/208 sa charge de rup-
ture. Les épaisseurs des bras sont calculées de
façon à diminuer par leur élasticité la bruta-
lité des réactions gyroscopiques de l’hélice sur
la nacelle. Seul le bois nous a permis d’attein-
dre ce résultat grâce à son haut coefficient d’é-
lasticité. Sur place, les pales de l’hélice char-
gée de poids ont pu fléchir de plus de 20 cen-
timètres sans déformation apparente des cour-
bes circonférentielles de réaction et sans qu’il
ait ét5 constaté la plus faible déformation per-
manente., — L. CHAUVIÈRE
15 Novembre 1908
Les Aéronats en France
Ascensions du dirigeable mili-
taire « Lebaudy ». — (Voir Aérophile du
1e novembre p. 430). 24 octobre, de 10 h. 50
à 11 h. 8 du m. Circuit : Chalais-Meudon,
Versailles et retour à Chalais-Meudon. Durée :
18 m. 6 passagers. Ascension d'instruction. 119
ascension.
28 octobre. — De 3 h. 28 à 4 h. 39 du s. Cir-
cuit : Chalais-Meudon, Bellevue (2 virages),
Sèvres, Fausses-Reposes, Grand-Montreuil,
Meudon, Chalais. Alt. moy. : 250 m. Durée
1 h. 11. 6 passagers. Ascension d'instruction
(12e). Vent de 6 m.S$.
29 octobre. — De 3 h. 25 à 4 h. 50. Circuit :
Chatenay, Croix de Berny, Fresnes, Rungis,
Orly, Antony, Chatenay, Galliera, Durée
1 h. 55. 6 passagers. Ascension d’instruction
(12°). Vert de 4 m.S$.
30 octobre. -- Départ de Chalais à 8 h. 14.
A bord, les capitaines Bois, Gaucher, Marchal.
Au bout de 20 minutes, au-dessus du pare de
Versailles le moteur fonctionnant mal, le pi-
lote décide l’escale qui a lieu, sans incidents, à
9 h. 5,dans un champ de betteraves,au Chesnay
Le lieutenant Lenoir qui suivait en automobile,
fait envoyer un détachement du 1® génie qui
maintient le ballon. A 4 h. 22, la panne conju-
rée, le Lebaudy reprend la route de Chalais où
il arrive à 4 h. 45. Voyage aller 1 h. 1; escale :
6 h. 47. Voyage retour : 43 min. Circuit: Cha-
lais, Villebon, Virofiay, Versailles, Æglise
Saint-louis, Le Chesnay (escale). Retour par
Chaville et Bellevue. Ascension d’instruction
(132). 6 personnes à bord.
2 novembre. — De 2 h. 15 à 4 h. 2. Circuit:
Massy, Champlan, Longjumeau, Chiliy, Wis-
sous, Paray, Villeneuve-le-Roi, Orly, Fresnes,
Bourg-la-Reine, Clamart. Durée : 1 h. 47. 6 per-
sonnes, ascension d'instruction (14°). Vent de
5 m.S.E.
3 novembre. — De 2 h. 23 à 3 h. 37. A bord:
6 personnes. Circuit : Val-Fleury, Issy, Ouest-
Ceinture, Montrouge, La Bièvre, boulevard
d’'Austerlitz et Saint-Michel, les Invalides,
Issy, Chalais, Durée : 1 h. 14. Ascension d’ins-
truction (15°). Vent de 4 m. E.
4 novembre. — De 2 h. 15 à 3 h. 35. Cir-
cuit : Val Fleury, la Seine, ponts de Sèvres,
Saint-Cloud, Suresnes, pont de Neuilly, forti-
fications et Chalais. A bord: 6 personnes, Du-
rée 1 h. 20. Ascension d'instruction (16€). Vent
de 5 m. N. E.
10 novembre. — De 1 h. 25 à 3 h. 10. Circuit:
Auteuil, Bois de Boulogne, Neuilly, Asnières,
etc. Durée: 1 h. 45. A bord: capitaines Mars-
chal, Bois, lieutenant Lenoir et deux autres
personnes. Ascension d'instruction (17).
l'Aérophile
L'armée russe commande un
dirigeable à MM. Lebaudy. -_ Après
un voyage du général Palitzine, délégué du
grand état-major russe, qui a visité les ateliers
aérostatiques de Moisson, le gouvernement
russe a décidé de commander à M. Lebaudy
un premier aérostat militaire.
Ce dirigeable, du type République, mesure
exactement 61 mètres de longueur. Diamètre
au maître-couple: 11 mètres. Le cube total
atteindra 4.000 mètres environ. Ainsi il pourra
‘emporter dans les airs un poids total de 1.200
kilos. Les réserves d’essence prévues lui per-
mettront un parcours de 1.000 kilomètres en-
viron sans ravitaillement.
Les travaux sont déjà commencés. D’autre
part, la maison Panhard et Levassor prépare
le moteur, lequel développera environ 90 che-
vaux à son régime normal.
Si tout va bien, le dirigeable russe fera ses
essais sur la fin du printemps prochain.
Le dirigeable militaire « Ville-
de-Paris » appareille à Verdun. —
Le dirigeable militaire Ville-de-Paris affecté
comme on sait, à la place forte de Verdun
(V. Aérophile du 1® février 1908 le voyage de
Ville-de-Paris de Sartrouville à Verdun et
la description détaillée de l’aéronat), va re-
prendre ses expériences interrompues depuis
janvier dernier.
Le beau croiseur aérien offert au ministère
de la Guerre par M. Henry Deutsch de la
Meurthe, sera conduit dans ses premières sor-
ties par MM. Henry Kapferer, pilote de la
précédente campagne d’expériences et Ed.
Surcouf, son habile constructeur. ‘fous deux
accomplissent, en qualité de sous-lieutenants
de réserve d’aérostiers, une période, à Verdun.
Le « Malécot » dégonfié. — (Voir
Aérophile du 1% nov). M. Malécot a fait
procéder au dégonflement de son dirigeable.
Peut-être, si le temps reste beau appareillera-
+-il de nouveau. Il se propose toutefois d’ex-
périmenter au printemps prochain un aéronat
de même type mais plus grand et plus puis-
sant.
L'AËROSTATION AU CAMP D'AUVOURS
Le dimanche 16 septembre, à 3 h. 30 du
soir, s'élevait du port de la Sarthe, au Mans,
Le Luddion (600 m'), monté par MM. Paul
Tissandier et Ernest Zens, qui, depuis plu-
sieurs semaines, suivaient les expériences de
Wilbur Wright.
De très faibles brises soufflant dans des sens
différents, invitèrent les habiles aéronautes à
soir, s'élevait du port de la Sarthe, au Mans,
Le Luddion (600 m'), monté par MM. Paul
Tissandier et Ernest Zens manœuvrèrent si
bien, qu’à 4 h. 1/2 ils prenaient terre à quel-
ques mètres du hangar et Wilbur Wright
453
était le premier à toucher la nacelle du Ludion.
MM. Tissandier et Zens cédaient leur place
à notre excellent confrère François Peyrey et
à M. Paul Zens, qui faisait sa première as-
(
de
8 à
En haut: Le Ludion arrive au camp d'Auvours. —
Au milieu : Les assistants suivent le Ludion qui
approche du pylône. — En bas : Wright (en veston
clair) regarde arriver le Ludion.
(Photos ue MM. Zens et Tissandier).
cension. Ces messieurs reprenaient terre à
5 h. 45, au-delà d'Ardenay.
Là, troisième ascension: M. Léon Bollée
montait à son tour dans la nacelle et partait
seul. Après avoir atteint l'altitude de
1.600 mètres, Le Ludion atterrissait à 6 h. 45,
près de Bouloire, où M. Léon Bollée procé-
dait au dégonflement.
454
K
TRE GERMAN CROWK PRINCE,
15 Novembre 1908
AERONATS ÉTRANGERS
DAS PPELIETE
a
COURT ZEPPELIN
En haut : le Zeppelin I évoluant au-dessus du lac de Constance. — En bas, médaillon à
gauche : le comte Zeppelin : médaillon de droite, le Kronprinz. (Communiqué par le
New-York Herald.)
LES DIRIGEABLES ALLEMANDS
Les ascensions du « Zeppe-
din UN »- -_ Le 24 octobre, le Zeppelin IIT,
modèle 1907, modifié et dénommé Zeppelin I
a effectué sa deuxième ascension sans incident
en partant du hangar flottant de Manzell.
Après s'être dirigé sur Friedrichshafen, il est
revenu au port d’attache. Le voyage aérien
qui dura deux heures fut effectué par un vent
assez fort. Somme toute le Zeppelin I n’est
autre que le modèle 1907, allongé, dont les
gouvernails verticaux ont été un peu reculés
et auquel on a ajouté à l'arrière un empen-
nage vertical: Le grand gouvernail d’arrière
du modèle 1908 n’y figure pas. Les gouvernails-
jalousies triplans placés à l'arrière des plans
horizontaux ont paru suffisants.
— Le 26 octobre, nouvelle sortie, de 11 heu-
res à midi 30 de l’après-midi. Le départ a été
aisé, mais pour la rentrée, le hangar orientable
et flottant, oscillait constamment et le ballon
eut beaucoup de mal à réintégrer son port d’at-
tache.
Pendant le voyage, l’un des deux moteurs
eut des ratés.
l’Aérophile
Le comte Zeppelin était à bord. C’est
la première fois que le dirigeable, qui a effec-
tué déjà deux sorties, se trouvait sous la di-
rection de l’inventeur. Il a évolué en tous sens
et en toutes directions, tantôt montant à une
assez grande hauteur, tantôt rasant la sur-
face du lac de Constance et manœuvrant à
quelques mètres de l’eau; tantôt prenant sa
course vers un bord ou l’autre du lac, pour
enfin rentrer dans son hangar à midi et demi.
Le comte Zeppelin a été acclamé par la popu-
lation. 9 personnes à bord.
La Commission impériale assistait à cette
ascension.
— Le 27 octobre, sortie de longue durée.
Le prince Henri de Prusse était à bord avec
le comte Zeppelin.
Le ballon parti à 10 h. }, évolua pendant
6 heures aux environs et rentra sans incident.
L’aller s’est effectué par Heiligenberg, Ue-
berlingen, Ludwigshafen, jusqu'à Schaff-
house. :
A deux heures, le dirigeable était en vue de
Constance, qu'il avait atteint par Stein et
Diedenhofen. î
Les cinquante kilomètres qui, à vol d'oiseau,
séparent Schaffouse de Constance avaient été
parcourus en une heure.
De Constance, le Zeppelin IIT revint à son
point de départ par Rorschach et Bregenz, et,
à quatre heures et demie, il s’arrêtait, après
une course de six heures, près le hall flottant
de Manzell.
— Le 29 octobre, à bord le duc Albrecht de
Wurtemberg. Le temps était magnifique et le
roi vint accompagner le duc jusqu’à la nacelle.
Le ballon s’éleva de Manzell vers 1 h. dans la
direction du pare du château et fila vers le
port en passant au-dessus de la « Maison Alle-
mande ».
La sortie ne fut marquée par aucun incident.
L’aéronat évolua pendant trois heures et de-
mie au-dessus de la terre ferme et passa suc-
cessivement au-dessus de Ravensbourg. Kifsleg,
Heitgatz et Lindau. Il descendit finalement à
5 h. 45.
— 2 novembre, sortie d’une heure avec la du-
chesse de Wurtemberg à bord, la comtesse de
Hella et 2 personnes de la suite, par beau
temps.
Le kronprinz à bord du « Zeppelin III »
va au-devant de l’empereur. — Les journaux
allemands annonçaient depuis plusieurs jours
l’arrivée prochaine de l’empereur d'Allemagne
à Donaueschingen et son ascension probable à
bord du Zeppelin III. Si l’empereur, à l’heure
où nous écrivons, n’est point encore monté à
bord du fameux navire aérien, le kronprinz,
son fils, y effectuait, le 7 novembre, une fort
intéressante ascension de 6 heures et demie.
Le 7 novembre, à 11 heures du matin, le
455
Wurtemberg, qui avait à bord le kronprinz,
le comte Zeppelin et quelques aides de camp,
aborda à Manzell, où la famille du comte et
quelques membres du Comité central de la
Ligue Aérienne, ainsi que le professeur Herge-
sell et les ingénieurs du comte saluèrent l’hé-
ritier du trône. Puis le kronprinz et le comte
Zeppelin pénétrèrent sous le hall du diri-
geable.
Le kronprinz sauta dans la nacelle de l’a-
vant, si rapidement que le comte Zeppelin eut
peine à le suivre.
Dans la nacelle, se trouvait déjà l’ingénieur
Durr, avec trois mécaniciens. Le kronprinz
tendit la main à M. Durr, salua de nouveau
de la main les dames restées à terre, et, aussi-
tôt, le cri de : « Lâchez tout ! » fut poussé.
Le dirigeable se mit en mouvement.
Le vent changeaïit de minute en minute et le
hangar tournait tantôt à droite, tantôt à gau-
che, de sorte que les petites embarcations qui
l’entouraient avaient fort à faire pour éviter
une collision. ‘
Le ballon était déjà à moitié sorti du han-
gar lorsqu'on cria : « Halte ! » On avait oublié
de prendre à bord un des aides de camp.
Quelques instants plus tard, le navire aérien
fit son apparition au-dessus du lac et s’éleva
par ses propres moyens. Toutes les hélices pro-
pulsives fonctionnaient, car le vent était assez
fort. :
Le dirigeable plana quelque temps sur le
lac et au-dessus de Friedrichshafen, puis, bien-
+ôt, s'effaça dans la brume.
Il arriva au-dessus de Donaueschingen vers
une heure trois quarts. Le train qui amenait
l'empereur devait entrer en gare à deux
heures. Le dirigeable évolua au-dessus de la
ville, à deux cents mètres de hauteur, puis i
descendit légèrement vers la gare et manœu-
via, à cent mètres environ, au-dessus de la
voie ferrée. À
Le train de l’empereur fut bientôt signalé.
Le prince impérial et le comte Zeppelin adres-
sèrent, de la nacelle, des saluts au kaïiser en
agitant leurs mouchoirs, et le souverain leur
répondit.
Guillaume IT, accompagné du prince de Fur-
stenberg, se rendit alors au château de Do-
naueschingen. L’empereur monta sur la ter-
rasse et, de la nacelle du dirigeable, le prince
impérial lui jeta une lettre.
Le Zeppelin fit le tour du château et prit en-
suite la direction du lac de Constance. Il y
était de retour trois heures après et il descen-
dit sans incident à Manzell, à 5 h. 50, la nuit
tombée depuis longtemps. Il avait ainsi ac-
compli une magnifique traversée de 6 heures et
demie.
Le kronprinz remercia cordialement l’ingé-
nieur Dürr et les autres personnes présentes.
De grandes quantités d'hydrogène sont en
456
réserve à Manzell pour permettre, le cas
échéant, un regonflement du ballon et le met-
tre en état d'accomplir devant l’empereur, s’il
le désire, les expériences les plus diverses, ou,
au besoin, une ascension de longue durée.
Dans chacune des deux ascensions que le
Zeppelin n° III vient de faire, il a emporté,
outre neuf personnes qui avaient pris place
dans les deux nacelles, 970 kilogrammes d’es-
sence et 1.050 kilogrammes de lest. Comme les
deux moteurs consomment 50 kilos d’essence
par heure, l’aéronat avait done à bord une
quantité suffisante de combustible pour un
voyage de dix-neuf heures.
Contrairement à ce qui a été prétendu, on
n’a jeté du lest ni pendant l’ascension, ni au
moment d’atterrir.
Guillaume II assiste à une ascension. — Le
10 novembre, comme annoncé, Guillaume IL
arrivé dans l'après-midi à Friedrichshafen,
après avoir examiné en détail le Zeppelin n° I,
demanda au comte Zeppelin de le faire assister
à une ascension. Puis, à la demande de Guil-
laume IT, le prince de Furstenberg et l'amiral
Muller, chef du cabinet naval de l’empereur,
prirent place avec le comte dans la première
nacelle, tandis que l’aide de camp de l’empe-
reur s’installait dans la nacelle d’arrière. Le
ballon s’est alors majestueusement élevé dans
les airs, tandis que le vapeur portant l’empe-
reur le suivait à distance.
Après une demi-heure d’évolutions, l’aéro-
nat redescendit sur le lac. Aussitôt, le vapeur
portant l’empereur est allé vers lui; le prince
de Furstenberg et l'amiral Muller sortirent de
la nacelle, et la princesse ainsi que le major
Gross y prirent place.
Le Zeppelin I remonta alors pour recom-
mencer ses évolutions. Puis, revenant vers le
hall flottant, il a effectué très rapidement et
sans aucun accroc son atterrissage.
Lorsque le ballon fut rentré dans son hall,
l’empereur et le prince de Furstenberg s’avan-
cèrent vers le comte, et le prince, au nom de
Guillaume IT, remit au comte Zeppelin le cor-
don de l’ordre de l’Aigle Noir.
La souscription natioïale pour la, construc-
tion des ballons dirigeables Zeppelin, atteint,
à l’heure actuelle, 6.891.715 francs, tout près
de sept millions.
Samedi, 24 octobre, a eu lieu l'inauguration
du monument élevé à Echterdingen par les pa-
triotes wurtembergeois, pour commémorer l’ac-
cident survenu au comte Zeppelin, en même
temps que le premier atterrissage du ballon
rigide sur terre ferme.
C'est un énorme bloc de pierre avec le mé-
daillon de Zeppelin et les mots : « Iei atterrit
pour la 1'e fois sur terre ferme le comte Zep-
15 Novembre 1908
pelin, le 5 août 1908 ». Sur l’autre face une
plaquette idéalisant la conquête de Pair.
Le « Zeppelin I » acheté par le gouverne-
ment allemand. — Le 9 novembre après avis
d’une Commission spéciale, le ministère de la
Guerre allemand s’est rendu acquéreur du Zep-
pelin 1 pour la somme de 1.650.000 marks
(2.062.500 francs). L'empereur a informé le
comte Zeppelin de cette décision en lui renou-
velant ses félicitations.
Echos du voyage des 4-5 août. — (De notre
correspondant de Berlin). — Zeppelin, lors
de sa nomination comme président du Conseil
du Musée allemand (analogue à notre Conser-
vatoire des Arts et Métiers), parla de la catas-
trophe du 5 août; on n'avait pas tout prévu:
le soleil a toujours échauffé, pendant le pre-
mier jour, l'arrière du ballon qui lui restait
exposé beaucoup plus que le reste, de sorte
que l’arrière se relevait beaucoup; les gouver-
naïils et le poids mobile ne suffisaient pas
pour compenser. À l’avenir, il veut rendre les
réservoirs d’essence mobiles pour pouvoir ainsi
les transporter. Un degré de différence entre
l’air et le gaz est égal à 60 kil. sur son ballon!
Il a été emmené à 1.800 mètres de hauteur,
d’où grande perte de gaz. « Si nous avions eu
assez de pratique, dit-il, nous aurions pu con-
tinuer avec un moteur, mais nous ne savions
encore rien de l’échauffement inégal des dif-
férents ballons, du moins nous le savions théo-
riquement, mais pas traduit en pratique ».
— E. R.
Le «Parseval II »._— (Denotrecorrespon-
dant de Berlin. — Voici sur l’ascension du 23
octobre déjà relatée succinctement dans l’Aéro-
phile, quelques détails complémentaires qui en
feront mieux comprendre l'issue.
Vers midi, l’ordre survenait de se tenir
prêt et la commission arrivait. Vers midi 1/2 le
Parseval II était sorti de son hall ayant à
bord von Kehler comme pilote, le major
Sperling, commissaire, l'ingénieur Kiefer et
le mécanicien Weig.
Un vent d’Est de 6 mètres soufflait. L’aéro-
nat monta vite jusqu’à la couche inférieure
des nuages (environ 800 m.) puis il lächa du
lest et l'appareil se maintint au-dessus de 1.500
mètres, sans jeter de lest. L'heure de manœu-
vrer étant passée, on commença la descente qui
fut facile jusqu'aux nuages, mais alors eut
lieu une forte condensation du gaz, et le ballon
tomba rapidement. :
Le jet de lest ne freîna la chute que tout
près du sol,au moment où un coup de vent pré-
cipitait l’aéronat contre un arbre voisin qui
perça l'enveloppe. Le gaz s’échappant empêcha
de revenir par les moyens du bord jusqu’au
hall (environ 2 kil.) et on fut obligé d'ouvrir
J’Aérophile
les panneaux de déchirure pou: éviter de plus
grands dégâts par le vent.
— Le 4 novembre eut lieu la 3 excursion de
recette. L'ordre était : le ballon plié arrive
sur deux charrettes, il est gonflé en plein air,
appareillé et part. La veille au soir les deux
charrettes avaient été transportées chez les
aérostiers militaires voisins. On commença à
7 heures 1/2 du matin, par un fort brouillard ;
720 bouteilles d'hydrogène fournirent le gaz
et au fur et à mesure du gonflement, on fixait
les surfaces horizontales de stabilisation, la
quille et le gouvernail, puis les robinets et sou-
papes d'aluminium commandant les 2 ballon-
nets. L’appareillage était terminé vers midi
1/4; à midi 1/4 eut lieu le départ. L’aéronat:
monta vite, au-dessus du brouillard (300 m.)
ayant à bord, MM. von Parseval, von Kehler,
capitaine Georges, l’ingénieur Kiefer et Wiek.
A 1 heure 3/4, on atterrissait, à cause du
brouillard, à une dizaine de kilomètres Est de
Berlin, près du village de Schoneick ; puis le
ballon fut dégonflé bien que le vent fût à peu
près nul. Cause : le brouillard avait empé-
ché l’orientation. Le ballon a été rapporté sur
charrette à Tegel. Il fait partie du matériel
militaire et a été payé à la Studien-Gesells-
chaft 210.000 marks.
Pourquoi a-t-on dégonflé le ballon ? Bien
certainement parce que l'atterrissage a été
violent et que quelque partie fut faussée. C’est
toujours la même cause : pas de gouvernail
de hauteur proprement dit; la contraction du!
gaz produite par l’ombre d’un nuage, comme
le 17 août, ou par l'immersion dans les brouil-
lards comme le 23 octobre et le 4 novembre
fait tomber le système; l’air plus ou moins
froid envoyé dans les ballonnets pour main-
tenir la forme refroidit encore par l’intérieur
tout en alourdissant l'appareil, de sorte que si
l’on ne se trouve pas très haut le jet de lest
ne peut pas freîner assez tôt et le choc se pro-
duit. Nous voyons le 23 octobre que le pilote
n’était pas en mesure de diriger sûrement pen-
dant les derniers 1000 mètres de descente
pour qu’il atterrît à 2.000 mètres du hall. Si un
bouleau n’avait déchiré l’enveloppe, on au-
rait été certainement en mesure de revenir
au point de départ et le grand public n’eût
rien appris de cette descente involontaire. Les
jours qui viennent nous permettront d'établir
d’intéressants parallèles entre le Parseval IT et
les non rigides français : Ville-de-Paris, et
surtout Clément-Bayard, qui a à peu près le
même cube et la même force motrice. — E. R.
Le « Gross II ». _ ( De notre correspon-
dant de Berlin.) — Le Militaire I (Gross II) a
commencé sa 2% campagne. Corrigé et remis
au point, il prit l’atmosphère le 5 octobre,
vers 3 heures de l’après-midi, avec le major
Sperling, l’ingénieur Basenach comme pilote,
le capitaine George comme passager et deux
457
mécaniciens. Il manœuvra une heure au-dessus
du champ de tir et des environs. À 4 heures
1/4, nouvelle ascension avec deux personnes de
plus le propriétaire et un ingénieur des
usines Korting qui ont fourni les moteurs.
Cette ascension est la première que l’aéronat
entreprend après avoir embrayé ses hélices à
terre, et en s’élevant par la réaction sur le
gouvernail de hauteur. Atterrissage vers 5 h.
1/4. L’aérostat à fourni une série de courbes
à très petit rayon. Il est regréttable que les
gouvernails de hauteur, vus en profil, ne
soient pas reconnaissables sur la vue publiée le
1e° novembre. Ils se trouvent à droite et à
gauche, à peu près au milieu, entre la man-
che du ballonnet avant et l’avant de la plate-
forme. Comme je vous l’écrivais, le Militaire T
a 2 ballonnets (dont les manches sont bien vi-
sibles avec la photo) et 2 plans stabilisateurs
un à l’arrière comme les Lebaudy, ux plus
petit à l’avant.
Le 7 octobre nouvelle ascension d’entraîne-
ment. À bord Sperling,pilote, Basenach;
4 officiers et 3 mécaniciens; départ à 11 heu-
res du matin, à 300 mètres le vent nord-ouest,
soufflait à 6 m. par seconde puis augmenta
peu à peu jusqu’à 9 et 10 m. Le voyage s’é-
tendit vers le nord de Berlin. #lermsdorf,
Nianenburg, puis retour au-dessus de Blan-
kenfeld-Rosenshal (environ 70 kil.). Atterris-
sage à 1 heure 1/4 par vent fort soufflant par
ACOUPS. — E. R.
Le « Gross II » tombe dans Le port de Stet-
tin et se détériore. — Après une courte sortie
d'essais le Gross II partait :e 11 novembre,
à 5 h. 40 du soir, monté par le major von
Sperling, l'ingénieur Basenach, le mécani-
cien Mœbes, Burenhich, par vent du sud-ouest,
de 4 à 6 mètres par seconde, dans l'intention
de tenter un voyage de 24 heures et d’attein-
dre Hanovre. Mais l'équipage perdit sa route
et aux premières heures du jour décida d’at-
terrir dès qu’il verrait la mer. Le dirigeable
descendit, paraît-il, dans le port de Stettin
et vint s’échouer près de Wollin et ne put être
ramené à la côte qu'après que la partie méca-
nique eut subi des dégâts considérables.
Le nouveau « non rigide » alle-
mand. — Le nouveau dirigeable du systè-
me non rigide (v. Aérophile du 1° nov.) qu’on
est en train de construire à Berlin aura des
dimensions inconnues jusqu'à présent. Le
ballon, en forme de cigare, aura un diamètre
de 12 mètres, une longueur de plus de 120
mètres et jaugera plus de 12.000 mètres
cubes. Il sera muni de quatre moteurs, dont
chacun actionnera une hélice. La construction
du ballon est poussée très activement et l'on
espère pouvoir commencer les esais dès le mois
de mars de l’année prochaine.
458
Les Merveilles de L'Aiation
Le premier vol mécanique de
ville à ville. — Henri Farman
vole de Bouy à Reims à 73 kil. a
l'heure à 50 metres de hauteur.
— Le prix de la Hauteur.
De Bouy à Reims en plein vol, par-dessus les
champs, les arbres et les villages... le pre-
mier voyage en aéroplane..…. C’est à Henri
Farman que revient l’honneur de l’avoir réa-
lisé.
Sans doute les aviateurs et notamment
Henri Farman lui-même, ont déjà accompli
des vols plus longs. Mais le gagnant du Grand
Prix d’Aviation Deutsch-Archdeacon, est aussi
le premier qui se soit placé dans les conditions
normales où se pratiquera le vol mécanique.
Abandonnant les éternels circuits au-dessus
d’un emplacement choisi à l'avance, il a osé,
avant tout autre, affronter la route aérienne,
telle qu’elle s'offre à nos aïles, avec ses obs-
tacles, ses surprises et ses dangers ; il s’est
élancé librement dans la liberté de l’atmos-
phère, vers le but choisi..…, il l’a atteint.
Grâce à lui nous avons pris un peu mieux
comscience de nos forces.
Il a rendu tangibles pour tous, les services
pratiques et d’usage courant que les progrès
de l’aérolocomotion nouvelle mettent dès
maintenant à notre portée, et rendu une fois
de plus un capital service à la cause.
C’est le même appareil de vol mécanique
dont nous applaudissions le triomphe il y a 10
mois dans le Grand Prix Deutsch-Archdeacon
qui vient d'exécuter sous la conduite du même
pilote, au-dessus des plaines champenoises la
première excursion aérienne, le premier
« voyage géographique » qui figure au livre
d’or de l'aviation. A la machine primitive, ses
fameux constructeurs, les frères Voisin, ont
bien pu apporter quelques retouches, quelques
améliorations de détail suggérées par !'expé-
rience, mais l’ensemble de l’appareil est resté
le même ; les principes qui avaient présidé à
sa conception n’ont fait que mieux affirmer
leur valeur, de jour en jour. Ceci prouve avec
quel soin, quelle haute connaissance de la
question la machine avait été étudiée et cal-
culée dès le début par les savants construc-
teurs de Boulogne.
Après avoir repris patiemment son entraî-
nement autour de son hangar de Bouy (Camp
de Châlons), Henri Farman reprenait le 28 oc-
tobre la série de ses grandes expériences.
Ce jour-là, à 9 h. 1/2 du matin, par un vent
de 50 m. à la seconde il commençait un su-
perbe vol qui s’étendit sur 40 kilomètres.
Dans l'après-midi, il prenait à son bord
M. Painlevé, de l’Académie des Sciences et
exécutait aisément avec lui un trajet aérien
15 Novembre 1908
de 2 kilomètres environ. Puis, de nouveau
seul à bord il effectuait le trajet de son han-
gar à Cuperly et retour. Il terminait cette
journée bien remplie par un vol de 5 kilomè-
tres se maintenant avec une audace admira-
ble à 35 et 40 mètres de hauteur. Il atterris-
sait en planant après avoir coupé l'allumage
à 30 mètres de hauteur.
Pour augmenter la stabilité dans le sens
transversal, Farman avait ajouté des « aïle-
rons » à l’appareil, il avait également porté
à 75 litres la contenance du réservoir d’essence
ce qui permet un vol d’une durée de 3 heures.
_— Le 29 octobre à 5 h., vol de 2 minutes
arrêté par une fuite aù réservoir d’essence.
Le premier vol mécanique de ville à ville.
C’est le 30 octobre qu'Henri Farman avec
une audace et une sûreté admirables réalisait
le premier voyage aérien de ville à ville qui
a justement causé une sensation profonde.
L'aéroplane Henri Farman franchit un rideau d'arbres
dans son voyage Bouy-Reims.
(Photo Rol.).
L’aéroplane fut sorti du hangar à 3 h. 40 et
amené sur le camp de Châlons, à gauche de
la route centrale. Après un dernier examen
de la machine, Henri Farman prenait son
vol à 3 h. 50 dans la direction de Reims, avec
vent d'E. $S. E. par le travers, gagnant une
hauteur de plus de 40 mètres qui lui était
imposée par les rideaux de hauts peupliers
qu'il avait à franchir, puis il disparaïissait
rapidement. À 4 h. 7, Henri Farman atterris-
sait avec une parfaite aisance à Reims, dans
un champ voisin du terrain de manœuvres de
cavalerie et des caves de la maisor Pommery.
Ce trajet de 27 kilomètres à vol d’oiseau,
fut effectué en 20 minutes soit à la remar-
quable vitesse de 73 kil. à l'heure et à 40 m.
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rable.
Farman pensait se remettre en route tout
de suite, pour regagner par voie aérienne son
hangar de Bouy. Mais quelques menus dé-
tails de réglage et le crépuscule hâtif l’obligèe-
rent à renoncer à ce projet.
Le Prix de la Hauteur. — L’aéroplane dé-
monté fut ramené sur un camion automobile
de la maison Pommery ; il arrivait au hangar le
31 septembre à 10 h. du matin. Farman, avec
l’aide de Gabriel Voisin et du bex mécanicien
Maurice Herbster, se mettait aussitôt en de-
voir de remonter son appareil, prenant à peine
le temps de déjeuner.
Il tenait en effet à disputer, ce jour-là, le
prix de la Hauteur de 2.500 francs pour lequel
il s'était régulièrement inscrit. Les contrô-
Beyne
À.
Fort de Nogent-l'Abesse
= Maily- Champagne
°Verzy
Craonge Ludes
de la Montggne
de Reimÿ
Trépail à
Billy-le. Grana
Les deux premiers voyages à travers champs en vol mécanique. — A droite :
Moronvilliers
©
Lou verey
Bouÿ S
459
La hauteur réelle de l’obstacle improvisé,
mesurée par le général Jourde était de
23 m. 30 au lieu de 25 mètres. La Commission
d'aviation aura donc à décider si le prix peut
être attribué à Henri Farman. Nous souhai-
tons que cette satisfaction puisse être donnée
au vaillant aviateur.
Quoi qu’il en soit, Henri Farman a déjà
volé maintes fois et d’un vol soutenu, notam-
ment dans le voyage Bouy-Reims, à des hau-
teurs bien supérieures.
Il a terminé brillamment la campagne d'’es-
sais qu’il s'était assignée et va poursuivre son
entraînement en vue du prix Michelin 1908
réservé à l’aviateur qui aura parcouru la plus
longue distance contrôlée au 31 décembre 1908.
Le 3 novembre, plusieurs larges circuits à
la nuit tombante.
Vudesincourt ©
° livernon
oO
Baroches
Oison
©
Baigneaux
Bac 4} 3 a, Ÿ
© RS Hilaire & 2€Arrét
Mourmelen-le Grand
Poupry ©
Boissay o
— Artenay Triney
Châlons PCAULO del o Arblay
Voyage de l’aéroplane Henri
Far man, de Bouy à Reims, premier voyage de ville à ville (30 octobre 1908). — Voyage du Blériot VII ter,
de Toury à Arteuay et retour, premier voyage en circuit, à travers champs, par escales (31 octobre 1908).
leurs de la Commission d’aviation, MM. Robert
Esnault-Pelterie et Ernest Zens étaient pré-
sents ainsi que MM. Paul Tissandier, André
Fournier, Gabriel Voisin, ete... Le règlement
du Prix de la Hauteur spécifiait que l’obstacle
à franchir devait être formé par une ligne
de ballonnets captifs à 25 m. au-dessus du sol
sur une ligne perpendiculaire à la direction
du vent régnant. Maïs le matériel nécessaire
manquait. Pour figurer l’obstacle, on fixa à
l’observatoire de la batterie d’expériences,
pylône de 10 m. de haut, une échelle surmontée
d’une perche à laquelle étaient fixés 2 ballon-
nets.
À 4h. 15, Farman sortait l'appareil de son
hangar après un léger arrêt près de la voie
romaine ef à 4 h. 30 il franchissait aisément
l’obstacle figuré ; quelques minutes après, à
4 h. 40, le soleil couché, l’épreuve ne pouvait
être recommencée.
Nous rappelons ci-dessous la glorieuse liste
des plus belles performances d'Henri Farman.
26 oct. 1907 (Issy), 52 min. 3/5, 770 mètres :
Prix de 150 mètres, second tenant de Le Coupe
Archdeacon. — 13 janv. 1908 (Issy), 1 min.
28 s., 1 kilomètre : Prix Deutsch-Archdeacon
et Prix du Daily Mail. — 21 mars (Issy),
3 min. 31 s., 2 kil. 4 m. 80 centim. — 30 mai
(Gand) 1.241 mètres avec M..Archdeacon, pas-
sager. — 6 juillet (Issy), 20 min. 19 s., 3/5.
Prix Armengaud. — 2 octobre (camp de Chä-
lons), 44 min. 32 s., 40 kilomètres. — 28 octo-
bre (camp de Châlons), 40 kilomètres environ
(vent : 10 mètres à la sec.). — 28 octobre (camp
de Châlons), 1,500 à 2.000 mètres, avec un pas-
sager, M. Painlevé. — 30 octobre, (Bouy à
Reims), 20 min. 27 kilomètres : premier vol de
ville à ville. — G. Brancxer.
400
Les Expériences de Louis Blériot
Les records du monoplan. — Le
premier circuit géographique
par escales en aeéroplane. —
Le « biplan Blériot ».
Le 30 octobre, Louis Blériot, régulièrement
engagé à l'Aéro-Club de France, se disposait à
disputer le prix de la Hauteur au Champ-
Perdu, près de Toury, à bord du monoplan
Blériot VIII ter. MM. A. Fournier, A. Goupy,
E. Zens et P. Tissandier, délégués de la Com-
mission d'aviation, étaient présents pour le
contrôle. L’aéroplane prit le départ à 10 h. 5,
il avait à peine parcouru une quarantaine de
mètres qu’il se cabrait violemment et retom-
bait lourdement sur le sol. Les branches de
l’hélice étaient faussées, l’armature tordue,
mais cette fois encore l’aviateur étäit heureu-
sement indemne.
Un examen rapide fit vite reconnaître la
cause de cet accident inexplicable à première
vue. Les drisses de commande du gouvernail de
profondeur avaient été remontées à l’envers.
Cette coupable négligence d’un aide aurait
pu avoir les plus terribles conséquences, car le
monoplan s'était complètement retourné, re-
couvrant et emprisonnant son pilote.
Le 31 octobre, au lendemain même du pre-
mier voyage de ville à ville Bouy-Reims, glo-
rieusement mené à bien par Farman, Louis
Blériot avait l'honneur ampler:ent mérité
d'exécuter le premier voyage aérien par esca-
les effectué en aéroplane. Il démontrait ainsi
que les aéroplanes montés sur roues sont
vraiment des appareils complets, capables de
reprendre leur vol sans aucun secours exté-
rieur, là où ils l’ont interrompu. La chose
était prévue, certaine même, mais Blériot de-
meure le premier à l'avoir démontrée. C’est
un succès dont il peut être fier et qui rendra
un grand service à la cause, car il est de
nature à frapper l’esprit publie. (V. carte
p. 459).
Dans la matinée, à 11 h. 40, Louis Blériot
exécutait une première expérience ; parti
vers le village de Senouville, il virait au-dessus
d’un petit bois et revenait sans incidents, en
4 ou 5 minutes, à son point de départ, essai
effectué à la hauteur de 12 à 15 mètres.
L’après-midi, à 2 h. 50, le célèbre aviateur
reprenait l'atmosphère, se dirigeant vers Arte-
nay, localité située à 14 kilomètres de son
hangar et au-dessus de lzquelle il avait fait
placer des ballonnets pour indiquer le virage.
Il avait indiqué à l'avance son itinéraire
d’une trentaine de kilomètres et ajouté un
radiateur à son moteur Antoinette 50 chx.
8 cyl. qui marchait à merveille. L’aéroplane
volant à une douzaine de mètres au-dessus du
sol file sur le village de Château-Gaillard,
vers le sud, continue vers Dameron, lâchant
15 Novembre 1908
les autos lancées à sa poursuite. En 11 minu-
tes il était déjà au sud d’Artenay, lorsqu’à
800 mètres du château d’Avilliers une panne
de magnéto l’obligeait à l’escale. L’aviateur
répare et 1 h. 30 après, il repart par ses pro-
pres moyens pour continuer son itinéraire.
Il se tient cette fois plus à l’ouest, passe à
Pourpry et fait une deuxième escale à la
ferme de Villiers, près Santilly. Au bout de
ggelques minutes, l’aéroplane reprend son
vol, repasse à Pourville, et à 5 heures, il atter-
(Photo Branger.)
Le monoplan Blériot VIII ter en plein vol dans son
voyage Toury-Artenay et retour, 31 octobre 1908.
rissait, avec une aisance parfaite, au Champ-
Perdu, son point de départ ayant ter-
miné par ses seuls moyens l’ample circurt
qu’il s'était assigné et terminé le premies
voyage géographique par escales. En même
temps, Blériot démontrait à nouveau qu’il
possède l’appareil aérien automobile le plus
rapide du monde : sa vitesse moyenne a été
paraît-il, de 85 kilomètres à l’heure.
Ce magnifique succès devait avoir un fà-
cheux lendemain. Le 4 novembre, dans la ma-
tinée, deux essais préliminaires pour vérifier
la partie mécanique.
A 3 h. Blériot reprenait ses essais sur l’im-
mense plaine sans s’enlever ; il revenait en
roulant vers le hangar lorsque l’aile gauche
heurta un léger talus aperçu trop tard. L’ap-
pareil ainsi brusquement arrêté dans sa course
culbuta.
L’aile gauche était fracassé?, l’hélice tor-
due, le corps de l’appareil brisé. Il y eut
quelques secondes d’affreuse angoisse pour la
femme et le père de l’aviateur qui assistait
pour la première fois aux expériences de son
l'Aérophile
fils. Heureusement, Louis Blériot, par mira-
cle, n'avait reçu dans cet effroyable choc que
des contusions légères.
Le biplan Blériot. -- Pour le moment,
Louis Blériot ne s’occupera pas de remettre son
monoplan en état de marche. Il lui suffit
d’avoir réussi à obtenir, le premier, des résul-
tats pratiques et concluants avec un appareil
de ce type ; il en poursuivra plus tard la par-
faite mise au point et se consacrera d’abord à
la construction des nouveaux aéroplans tout
différents qu’il à imaginés.
Il expérimentera d’abord un biplan, dont
voici les principales caractéristiques : 2 plans
sustentateurs rigides, non déformables, super-
posés, de 12 m. d'envergure, 2 m. 50 de lon-
gueur antéro-postérieure et 30 m. * de surface
chacun, soit ensemble 60 m.
En avant : gouvernail &e direction formé
de 3 plans verticaux parallèles.
En arrière de l'appareil, 2 plans auxiliaires
de 8 m chacun. Ces plans dits ailerons sont
reliés au bord postérieur des plans porteurs par
un-bâti en porte-à-faux et monture à charnière
autour de laquelle il leur est possible de
pivoter en se relevant ou en s’abaissant. Ces
mouvements sont provoqués par le pilote au
moyen de drisses de commande aboutissant à
un levier unique placé dans la main de l’avia-
teur ; les dispositions sont telles que les dépla-
cements sont de même amplitude poxr chaque
aïleron, mais de sens inverse, c’est-à-dire que
l’un s’abaisse tandis que l’autre se relève et
réciproquement.
On obtient ainsi, par des moyens tout diffé-
rents, les effets de stabilisation transversale
procurés par le gauchissement des ailes dans
l’appareil Wright. La manœuvre est plus s1m-
ple puisqu'elle se fait au moyen d’un seul
levier.
Le moteur est un Antoinette 50 chx, qui
pourra être remplacé par un moteur de 100 chx.
16 cyl. de même marque. Il actionne par
chaîne, avec démultiplication, une hélice
unique de 3 m. de diam. tournant à 480 tours,
en arrière des plans porteurs, dans une échan-
crure, entre les 2 ailerons.
L'appareil est étudié pour emporter, y
compris le pilote, 4 voyageurs dont les sièges
sont disposés sur le plan inférieur : 2 en avant
2 en arrière.
La longueur totale
8 mètres.
L’ensemble repose sur un châssis à roues
du type adopté par Blériot, mais renforcé
et muni de pneus plus gros, en raison du
poids qu’il supporte ; l’atterrissage comme le
départ ont lieu sur ces roues.
Louis Blériot possède d’ailleurs dans ses
ateliers un monoplan, analogue au Blériot
VIII ter, mais avec des améliorations de dé-
tail: il l’expérimenta ensuite. -- P. ANCELLE
de l'appareil est de
401
WILBUR WRIGAT a
FORME DES ELEVES
Il ne restait plus à Wilbur Wright, pour
clore son programme d’expériences, qu'à for-
mer des pilotes capables de conduire ses appa-
reils, avec autant de maëstria que l’inventeur
lui-même. Ainsi doit tomber la dernière ob-
jection opposée par certains à l’aviateur amé-
ricain : la difficulté présumée de la manœuvre
de l'engin. Les progrès rapides du comte de
Lambert, le premier élève-pilote de Wright
montrent que les craintes exprimées sur ce
point n'étaient pas fondées.
Wright compte rester encore 2 ou 3 mois
au camp d’'Auvours. Le hangar que les der-
nières pluies avaient inondé va être modi-
fé. On y ménagera une chambre bien close
et munie d’un poêle! 6 sybaritisme.Le hangar
des Hunaudières, qui fut le premier garage
de Wright, sera démoli.
Le 24 octobre, après avoir toute la semaine
précédente, vérifié et remis au point son mo-
teur, Wilbur Wright reprenait ses expérien-
ces à 4 h. 1/2, en présence des délégués du
ministère de la Marine, les commandants
Petithomme et Thomazy et le lieutenant Glo-
TIeUX. ,
Le premier vol exécuté seul par Wilbur
Wright dura 2 min. 30 sec.,par un vent de 4 m.
à la seconde : le tangage était vif, et la mar-
che de l’aéroplane était saccadée.
Deuxième envolée de 3 min.17 s. 2/5 en com-
pagnie du docteur Pirelli de Milan.
Puis, Wright emporta dans l’air vif et froid
le commandant Petithomme, monta à 15 mè-
tres, et atterrit exactement dans la même
ligne qu'aux vols précédents, après 4 minutes
58 secondes.
À 5 h. 1/4, Wilbur Wright repartait en com-
pagnie du baron Von Lancken, attaché d’af-
faires d'Allemagne. Mais son rail s'était dé-
semboîté, ec l’aéroplane alla patiner dans le
sable en brisant un fil. Wright ne prit pas la
peine de réparer, il fit placer son aéroplane
sur le rail, et partit dans la nuit.
Le baron Von Lancken et lui tinrent l’at-
mosphère pendant 3 min. 2 sec.
La première leçon. — Le 28 octobre Wright
donnait à son premier élève, le comte de
Lambert, inventeur des hy<lroplanes si remar-
qués, une première leçon.
L'élève-pilote manœuvrait un 3 levier en-
clanché avec celui qui commande le gouver-
naïil de profondeur, manœuvré par Wright,
constamment en éveil et prêt à redresser les
erreurs de direction.
Trois vols dans ces conditions.
Les deux premiers, le matin, durèrent 12
minutes et 8 minutes. Ils ont été suivis d’un
départ raté.
462
Le troisième vol, le soir, a duré 15 minutes
2 secondes 3/5.
L'appareil se maintint à une faible hauteur,
imposée par Wright, pour que M. de Lambert
se rendit compte des variations d’altitude.
M. de Lambert, a déclaré qu'il n’y avait
aucune espèce d’acrobatie dans la façon de
conduire et que, sans naturellement préciser
la date à laquelle il pourra s’élancer seul dans
l’aéroplane américain, il compte bien en pos-
séder prochainement le mécanisme.
Wright lui a confié d’abord un levier du
gouvernail de profondeur, parce qu’il est le
plus délicat à manier. La manœuvre de l’au-
tre exigera moins de peine. Dans les lignes
droites, M.de Lambert put déjà conduire seul,
sous l’étroite surveillance de Wright qui, aux
virages, reprenait la direction complète de
l’aéroplane.
Les mouvements de l'élève deviendront bien-
tôt instinctifs, affirme Wright, comme ceux
d’un bicycliste manœuvrant son guidon sans
s’en apercevoir.
Le 29 octobre, première envolée, de 7 min.
> sec. 3/5.
Deuxième vol interrompu après 17 min.
34 sec. 2/5, à la suite de ratés du moteur qui
obligèrent les pilotes à atterrir dans la direc-
tion d’Ardenay à un kilomètre du pylône de
lancement.
Une automobile vint ramener l’aéroplane,
et, à 5 h. 1/4, commençait un dernier vol de
19 min. 25 sec. 3/5.
M. de Lambert tint seul le gouvernail de
plongée pendant deux virages.
Le chevalier de Knyff assistait aujourd’hui
pour la première fois aux expériences de
l « homme-oiseau ». 11 les déclara admirables.
MM. Louis Renault et Brasier étaient éga-
lement présents et félicitèrent vivement
Wright et son premier élève.
Panne de moteur. — Le 30 octobre, après
un vol de 15 min. avec le comte de Lambert,
Wright avait repris l'atmosphère quand, à la
5e minute, une tête de bielle cassa, perçant le
carter. L’aviateur descendit en planant et
atterrit doucement.
Essais devant la Commission de l’armée.
— Le lendemain 31 octobre, à la première
heure, Wright transportait à Auvours le mo-
teur de rechange qu’il possédait à l’usine Bol-
lée et le montait sur l’aéroplane.
À quatre heures, l'appareil était prêt à re-
prendre l’atmosphère, devant MM. Paul Dou-
mer, Joseph Reinach, Cochery, Messimy, comte
d'Alsace, de la Commission de l’armée ; Léon
Barthou, Albert Clemenceau, Pérard, ingé-
nieur en chef des Ponts et Chaussées ; Besson-
neau, baron de Caters et de nombreux specta-
teurs.
Wright fit seul un vol de 4 m. 30 sec., à
15 Novembre 1908
une grande hauteur. Il arrêta son moteur,
alors qu’il se trouvait à 50 mètres de hau-
teur et descendit en vol plané pour atterrir très
doucement près des pylônes de lancement, aux
applaudissements de l'assistance.
Le second vol de 10 m. 37 sec. fut fait avec
M. Paul Doumer, tantôt à 40 mètres de hau-
teur, tantôt rasant les bruyères du camp.
M. Joseph Reinach prit place ensuite à
côté de Wright, mais, par suite de fausse ma-
nœuvre, causée par l'obscurité, il y eut deux
faux départs et la nuit complète étant venue
Wilbur Wright remit ses expériences au 2
novembre.
Lorsque l’apprentissage du comte de Lam-
bert sera terminé, ce qui ne saurait tarder,
M. Paul Tissandier, le second élève de Wright,
débutera à son tour. Entraîné à tous les
sports, aéronaute de premier ordre et chauf-
feur émérite, M. Paul Tissandier ne peut
manquer de devenir à bref délai un excellent
aviateur. Lorsqu'il connaîtra à fond le manie-
ment de l'appareil il compte s'installer en
Beauce, à proximité de l’aérodrome Blériot et
aborder à son tour les voyages aériens à tra-
vers pays.
— Le 10 novembre, Wright, mzigré le froid,
reprit ses expériences, avec un nouvel élève,
le capitaine Lucas Girardville, du pare de
Chalais-Meudon, un des apprentis pilotes
désignés par le ministère de la Guerre.
Au premier vol, dans une manœxvre trop
brusque du gouvernail arrière, un montant
fut brisé. La réparation fut effectuée aussi-
tôt et Wright put, avec son nouvel élève, faire
un vol d’un quart d'heure, parfaitement exé-
cuté.
+
# *
— Le 11 novembre, dans un brouillard épais,
continue ses leçons de conduite au comte de
Lambert (2 vols de 15 à 20 min.) et au capi-
taine Girardville (1 vol de 10 min.)
— L’Aéro-Club de Grande-Bretagne a attri-
bué aux frères Wright, sa médaille d’or pour
1908.
— Orville Wright est en bonne voie de
guérison, mais il est probable que la jambe
fracturée demeurera plus courte que l’autre
d’un centimètre et demi environ. Le célèbre
aviateur a pu quitter le 31 octobre l'hôpital de
Fort-Myers et être transporté par chemin de
fer à Dayton (Ohio) où habite sa famille.
M. DecouL
l’Aérophile
La Coupe Gordon-Bennelt 1908
CLASSEMENT OFFICIEL
Dans sa séance du 31 octobre, le jury de la
Coupe Gordon-Bennett 1908, s’est réuni à Ber-
lin pour décider le classement de l'épreuve.
Etaient présents : MM. Busley, conseiller privé,
président du jury; le lieutenant-colonel Mæœde-
beck, secrétaire et membre du jury, le capi-
taine Hildebrandt, A. Riedinger, constructeur-
aéronaute, membres du jury, et l'avocat
Eschenbach, juriste assistant.
Le lieutenant-colonel Mœdebeck a soumis au
jury le classement suivant qui a été adopté
et rectifie le classement provisoire précédem-
ment publié. ;
1°’ colonel Schaeck, Aéro-Club Suisse (ballon
Helvetia) vainqueur de la Coupe G. B. 1908
avec 1.212 kil.
2e M. John Dunville, Aéro-Club of the Uni-
ted Kingdom (ballon Banshee), 2 prix avec
428 k. 750 m.
3° M. Geerts, Aéro-Club de Belgique (ballon
Belgica, 3 prix avec 413 kil.
4 M. Jacques Faure, Aéro-Club de France
(ballon Condor) 379 kilomètres.
59 M. Emile Carton, Aéro-Club de France,
ballon Brise d’automnes 361 kil. 750.
6° M. Alfred Leblanc, Aéro-Club de France,
(ballon Ile-de-France) 361 kil. 250.
7e le lieutenant Cianetti,Societa Aéronautica
italiana (ballon Aetos), 348 kil. — 8 M. V. de
Beauclair, Aéro-Club Suisse (ballon Cognacq),
347 k. 640. — 9e M. Oscar Erbsloh, Deutscher
Luftschiffer Verband, (ballon Berlin), 347 kil.
640. — 108 capitaine Von Abercron, Deutscher
Luftschiffer-Verband, (ballon Dusseldorf) 341
k. 75. — 11° M. Usuelli, Societa Aéronautica
italiana (ballon Ruvenzori) 334 kil. — 1% M.
L. de Brouckère, Aéro-Club de Belgique, (bal-
lon L’Utopie) 333 kil. — 13° le capitaine Kin-
delan, Aéro-Club de España (ballon Valencia)
310 k. —— 14° le capitaine Frassinetti, Societa
Aéronautica italiana, (ballon Basiliola) 293 kil.
500 m. — 152 M. Griffith Brewer, Aéro-Club
of the United Kingdom (ballon Britannia) 275
kil. — 16° M. J. C. Mac Coy, Aéro-Club of
America (ballon America 11) 205 k. 500. — 17°
le capitaine Herrera, Aéro-Club de España
(ballon Montaner) 121 kil. 500. — 18° Le pro-
fesseur Huntington, Aéro-Club of the United
Kingdom (ballon Zéphir) 118 kil. — 19° M.
Everaerts, Aéro-Club de Belgique (ballon
Ville-de-Bruxelles) 52 kil. 509.
20° à 23e le docteur Niemeyer, Deutscher
Luftschiffer Verband, (ballon Busley); M. H.
Arnold, Aéro-Club of America (ballon Saint-
Louis) ; M. J. Montojo, Aéro-Club de Es-
paña (ballon Castilla). Distances non cal-
culables, les ballons étant tombés dans l’eau.
463
— 24° M. A. Holland Forbes, Aéro-Club of
America (ballon Conquervr) crevé au-dessus de
Friedenau.
On remarquera que le colonel Schaeck, l’un
des tenants de l’Aéro-Club Suisse se voit attri-
buer la Coupe Gordon-Bennett, bien qu’il ait
été pris en remorque en mer. Le livre de bord
de l’Helvetia relate, en effet, que le ballon a
été pris en remorque le 14 octobre à 3 h. du
soir par le vapeur Cimbra, (affirmation cor-
roborée par deux témoins) à 12 kil. de la côte,
à proximité du village de Bergest, près Bud, à
Romsdalsanit, où il a été amené à terre, dé-
gonflé et emballé. La distance à vol d’oiseau
de Schmargendorf à Bergest, a été trouvée de
1.212 kil. En déduisant les 2 h. de remorquage
pour un trajet estimé de 22 kil., il en résulte
que l’Helvetia s’est arrêté à 1.190 kil. de son
point de départ. Une photographie publiée
par le journal norvégien Aftersosten ?e lundi
19 octobre 1908, n° 593, prouve que l’Helvetia
s’est maintenu en l’air pendant le remorqua-
ge.
On sait que le 27 mai 1908, à la dernière
conférence de la Fédération Aéronautique In-
ternationale à Londres,il avait été spécifié que
les concurrents d’une épreuve aéronautique des-
cendus en mer seraient mis hors de course et
ne seraient pas classés. Mais la conférence
n'avait pas spécifié que cette décision aurait
un effet rétroactif.
Or, les engagements pour la Coupe G. 8.
1908 ont été clos le 1 février 1908, aors que
les descentes en mer n’étaient pas interdites.
Le jury de la Coupe G. B. 1908, à donc pensé
que la disposition de la conférence de mai,rela-
tive aux descentes en mer n’était pas appli-
cable à une épreuve dont les engagements
avaient été clos 3 mois auparavant sous un
règlement différent. C’est cette raison juridi-
que qui l’a conduit à considérer comme valable
la performance du colonel Schaeck qui deve-
naït alors, et de loin, le vainqueur de cette
épreuve de distance. — A. M.
Les saüuvetages en mer
Notre correspondant de Berlin nous envoie
l’épilogue de la Coupe Gordon-Bennett 1908,
le récit des sauvetages sur la mer du Nord.
Le colonel Schaeck affirme qu’il n’a pas été
« sauvé », mais que les pêcheurs se sont em-
parés de son guiderope contre sa volonté. Il
était alors à dix kilomètres de la côte!
N'ayant pas d’ancre, il l’avait remplacée
par un matelas attaché en son milieu au gui-
derope.
Les questions furent mal interprétées. Les
pêcheurs attachèrent l’amarre au bateau et
filèrent vers le port.
Dans un virage, le baïlon fut rabattu près
de l’eau. La nacelle plongea et le colonel
Schaeck dut sauter à l’eau, puis sur le va-
peur.
464
Le dégonflement de l'Helvétia fut fait à
terre normalement.
Le colonel Schaeck réclame tout au moins
le record mondial de la durée, en déduisant
s’il le faut le délai du remorquage.
Il a passé l'embouchure de la Weser à
350 mètres d’altitude.
Avec le lever du soleil, il s’est laissé mon-
ter le matin à 3.000 mètres (altitude moyenne
du mardi 13 octobre); le mercredi, il est allé
jusqu'à 5.000 mètres.
MM. Schaeck et Messner ont très bien re-
péré leur marche. Ils ont dormi le plus sou-
vent possible, pour conserver leurs forces.
Mercredi 14 octobre, ils étaient à 5.300 mè-
tres, quand ils virent la terre à environ
40 miles. Ils se laissèrent descendre peut-être
un peu trop tôt. Le matelas forma bouée. On
sait le reste.
— Le Dr Niemeyer, pilote du Busley a aussi
raconté son sauvetage mouvementé.
Au cours du voyage, il se maintint très bas.
Il frôla les arbres de la Spreewal, au nord
de Cottbus; il traversa le Lausitz par Sprem-
berg-Baugen, au-dessus de Meissen, au nord
de Dresden; il passe ensuite Halle, les en-
virons de Braunchveig, les landes de Lin-
chowig, le sud de Hambourg. Il avait laissé
les engins de sauvetage à Berlin, croyant,
d’après la direction initiale, qu’il n’en aurait
. pas besoin.
Le ballon allait assez doucement vers l’An-
gleterre, mais le vent changea vite et con-
duisait peu à peu vers la pleine mer.
Le Dr Niemeyer et M. Hiedemann déci-
dèrent d'appeler le premier navire qu’ils ren-
contreraient. Le premier ne vit pas leurs
signaux faits avec une petite lanterne élec-
trique et n’entendit pas la sirène. Le second
continua sa course... Un troisième les aper-
çoit et répond d’un coup de sirène. Un coup
de soupape, la nacelle court sur les vagues,
trois fois plus vite que le bateau!
Les aéronautes, pour éviter de perdre da-
vantage de distance, tirent la corde de dé-
chirure et s’accrochent au filet. Le bateau
approche et manœuvre difficilement, pourra-
t-il les sauver ?
Les aéronautes se croient perdus et se ser-
rent une dernière fois les mains. Ils jettent
leurs habits et se cramponnent à l’épave.
Au bout de vingt minutes, une chaloupe
approche; ils sont sauvés, on les ramène à
Hull.
— Le Saint-Louis fut entraîné au-dessus de
la mer, parce que MM. Arnold et Hewat ne
comprirent pas les réponses des paysans. Ils
croyaient aller vers la Belgique et la France!
Ils pensèrent jeter l’ancre en mer. La
main de l’aide s’emméla dans les cordages.
M. Arnold coupa l’ancre pour sauver la
main |
La course sur l’eau dura trois quarts d'heure.
15 Novembre 1908
Quand un bateau eut embarqué les aéro-
nautes, ceux-ci ne purent faire fonctionner
le panneau de déchirure, parce que l’étoffe
n’était plus assez tendue.
Le ballon fut repêché quelques heures plus
tard.
— L'accident du lieutenant Herrera a fait
l’objet d’une sérieuse enquête.
Le jeune pilote du Montana avait lui-même
posé, collé le panneau de déchirure, sans
points de sûreté.
En outre, la corde rouge était trop courte.
Elle subit de nombreuses tractions par l’al-
longement du ballon à diverses reprises pen-
dant le voyage et cela dut aider au décolle-
ment.
Comme l’aéronaute espagnol était seul en
nacelle, — ce fut du reste le seul parmi les
champions de la Coupe Bennett, — il avait
d’autres préoccupations que celle de surveil-
ler la fameuse corde installée défectueuse-
ment.
À 11 heures du matin, à 2.000 mètres d’al-
titude, le panneau de déchirure s’entrouvrit
et le ballon descendit vite, mais heureuse-
ment sans malheur.
— Dans la course de durée du 12 octobre, le
sauvetage du Plauen fut très périlleux.
Les aéronautes MM. Hackstetter et. Schei-
terer passèrent Cuxhaven à 6 heures du ma-
tin, le mardi avec 25 sacs de lest. Ils espé-
raient passer en Angleterre.
A 2.000 mètres, ils rencontrèrent des nuages
qui amenèrent un terrible coup de condensa-
tion; beaucoup de lest y passa.
Il fallut couper la moitié du guiderope et
voguer à dix mètres des flots. Le vent pous-
sait de plus en plus vers le Nord. Dans la
nuit, le froid fut si vif, que pour ne pas bou-
ger des couvertures, le pilote fit un trou au
fond de la nacelle, par où il sema le sable.
Mercredi au jour, le Plauen remonta à
4.350 mètres. Mais il redescendit en dix-huit
minutes. Déjà la nacelle était dans l’eau.
Le pilote monte dans le cercle, son aide se
cramponne aux suspensions; ils plongent tour
à tour, car le ballon tourne sans cesse. Cette
situation épouvantable dura plus de huit
heures.
Il ne vient dans ces parages qu’un bateau
toutes les six semaines. Ils l’on heureusement
rencontré !
M. Hackstetter était tellement crispé que
les sauveteurs durent couper les cordes pour
l’enlever. Après deux heures de soin, il revint
à la vie. M. Scheiterer en fut quitte pour
une forte fièvre et des maux d’oreilles. La
scène s'est passée à 500 kilomètres au nord
de Hull.
L'Hergesell a été repéché sans sa nacelle
et sans ses aéronautes, les lieutenants Fœrtsch
et Hummel, considérés comme perdus. — E.R.
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BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
Siège social : 63, avenue des Champs-Elysées, Paris (VIII)
CONVOCATIONS
Commission scientifique, lundi 30 novembre, à
5 heures.
Conseil d'Administration, mercredi 2? décembre,
à 5 heures.
Comité, jeudi 3 décembre, à 5 heures.
Commission sportive, une convocation du Bu-
rEeau.
Commission d'aviation,
Bureau.
Dîner mensuel, jeudi 3 décembre, à 7 h. 1/2,
en l'hôtel de l'Automobile-Club de France, 6,
place de la Concorde. Prix du couvert, 8 francs
tout compris. Les inscriptions pour le diner, ré-
servé aux seuls membres du Club, sont reçues
accompagnés du prix du couvert, la veille au
plus tard.
une convocation du
LES BALLONS EN MESSAGERIE. — A la demande de
l’'Aéro-Club de France, le ministre des Travaux
publics a adressé aux administrateurs des Com-
pagnies de chemins de fer la lettre suivante :
« Il m'a été signalé que des ballons dégonflés,
remis sous bâches aux chemins de fer, étaient
parfois chargés dans des fourgons qui, ayant
servi aux transports d'acides, en contenaient des
resles, au contact desquels ces ballons étaient
détériorés.
« Etant donné la valeur des transports de cette
nature, et, par suite, l'importance des indemni-
tés que doivent entraîner les avaries constatées,
les Compagnies ont le plus grand intérêt à éviter
le retour de pareils faits et je vous prie de don-
ner, dans ce but, les instructions nécessaires. »
PRIS
COMITÈ DE DIRECTION DU 5 NOVEMBRE 1908.
La séance est présidée par le comte Henry de
La Vaulx.
Ballottage. — Sont élus membres de l’Aéro-Club
de France : MM. Adrien Sesond, W. de Tatari-
noff, J. Poliakoff, Ch. Villepastour, Thierry-Mieg,
L. Gonfreville, A. Zlotnicki, Léonard Tauber, Max
Lyon, Léon Clerc, Baron J. de Belhmann, Georges
Dickin, Georges Bignon, d'Ecquevilly-Montjustin,
J.-B. Gerin, Ernest Loste, Eugène Walbaum, Re-
nouf, Raoul Montefore, Auguste Comes, A. de
Durfort, Raoul-R. Charbonnel, Henry Auerbach,
Hugues Halenger, Georges Bauer, Lazare Weil-
ler, A. Leresche, Ernest Gilliard, Robert Denon-
cin, A. Junghann, A. Von Andre, A. Wateau,
du Pont de Goult-Soussine, Georges Lehmann,
E. Bernheim, A. Hugon, Riguelle, Dr J. Sticker,
Georges Prade, Camille Blanc, Dany de Thier-
sant, E. Lantz, R. Abbott, R. Gouache, Marcel
Florant, Léopold Gautreau, J. Freiwald, Chéri
Heïlbronn, Laborie, Japy de Beaucourt, Tour-
neux, G. Vuiton. Cuénod, Lieut. Stach von
Holzheim, Delasalle, Von Abercron,
Brevels de pilole-aéronaule Gäécernés à
MM. Léon Bollée, Albert Weddell, Victor de
Beauclair, capilaine Hildebrandt, capitaine von
Abercron et docteur Sticker.
Télégrammes : AÉROCLUB-PARIS. — Téléphone : 666-21r
Membre d'honneur : Commandant Bouttieaux,
ancien directeur des Etablissements Aéroslati-
ques de Chalais-Meudon.
Affilialion : Aéro-Club des Pyrénées, dont le
siège social est à Toulouse sur la présentation de
l’Aéro-Club du Sud-Ouest,
Médailles commémoralives : de leur premier
« voyage » en aéroplane à MM. Henri Farman
et Louis Blériot,.
Prix d'aviation oîlferts par la Principauté de
Monaco (100.000 francs). par MM. Bader et Kabhr
(2.500 francs), par l'hôtel Meurice (2,500 fr.), etc.
Grand prix d’avialion de l'Aéro-Clüb de France
(100.000 francs), automne 1909. L'étude des cir-
cuits a déjà commencé, et le comte de La Vaulx,
a annoncé que les villes de Reims et de Châlons
avaient déjà constitué des comités pour obtenir
que celte épreuve soit disputée en Champagne.
Concours de moteurs légers. — Une médaille
de vermei]l et une médaille d’argent (grand mo-
dule) seront données à l’automobile-Club de
France pour être attribuées aux constructeurs
lauréats du concours de moteurs légers, destinés
à la locomotion aérienne, organisé par l’Auto-
mobile-Club.
COMMISSION D’AVIATION DU 19 OCTOBRE 1908.
Séance présidée par M. Ernest Archdeacon.
Prix. — M. Jacques Faure annonce qu’un do-
nateur anonyme offre 1.000 francs à la Commis-
sion pour un prix dont ladite Commission déci-
dera l'affectation.
Règlements. — La Commission discute les mo-
difications apportées aux règlements des con-
cours et records d'aviation.
Chronométreurs. — La Commission renvoie à
la prochaine séance une proposition de M. Rous-
seau concernant les chronométreurs.
COMMISSION SPORTIVE DU 11 NOVEMBRE 1908.
La séance est présidée par le comte de Cas-
tillon de Saint-Victor, président.
Concours d'Evreux, 20 septembre 1908. — Sur
le rapport du comte de Contades, la Commis-
sion maintient sa décision du 30 septembre :
1 ex-æquo : MM. de Francia et Schelcher ;
3 prix : M. Maurice Guffroy.
Coupe Gordon-Bennett 1908. — Après avoir
entendu M. le professeur Busley, président de
la Fédération aéronautique allemande, la Com-
mission décide qu'il n’y a pas lieu de déposer de
réclamation concernant ce classement. En effet,
le colonel Schaeck a argué que la mise hors de
course de tout ballon descendu en mer et ayant
eu recnurs à un baleau d’une façon quelconque,
est une décision prise près de quatre mois après
la clôture des engagements de la Coupe Gordon-
Bennett (Conférence de Londres, 27 mai 1908),
sans stipulation d'effet rétroactif. Les juristes
consultés ont été de cet avis.
466
Licences sont accordées au Sporting-Club de
Monaco (prix d'avialion, 75.000, 15.000 el 10.000
francs) — concours ouvert du ?4 janvier au
°% mars 1909), — à MM. Ruinart (prix d'aviation
de 12.500 francs pour la traversée de la Manche).
Réglements. — La Commission examine les rè-
glements des épreuves d'aviation créées par la
Petile Gironde, par MM. Bader et Kahn, par la
direction de l'hôtel Meurice.
rnnnnnannnnnrrannane
LES ASCENSIONS AU PARC DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE.
20 septembre. — Ascension féminine. —
8 h. 10 du m. La Mouette (900 rm). Mme Edouard
Surcouf, Mlle Tissot. Att. à 11 h. 25, forêt d'Es-
suiles (Oise). Durée : 3 h. 15. Distance : S0 kil.
23 septembre. — S h. 50 du m. Aurore (900 m').
MM. le lieutenant Bellenger, le lieutenant Le-
franc, A. Maggiar. Att. à 4 h., à Ham (Somme).
Durée : 7 h. 10. Distance : 115 kil.
25 septembre — 5 h. 45 du s. Le Condor
(1.450 m’). MM. Jacques Faure. Emile Dubonnet,
Frank Olter. Att. le 26 septembre, à 7 h. du m.
à Ouddorp (Hollande). Durée : 13 h. 15. Distance :
330 kil.
27 septembre. — 10 h. 50 du m. Aurore
(900 m°. MM. Georges Bans, Emmanuel Cou-
vreux, Jean Ghesquière. Att. à 4 h. 30, à Pogny
(Marne). Durée : 5 h. 40. Distance : 168 kil.
29 septembre. — 1 h. 30 du s. X.… (900 m').
MM. J.-C. Mac Coy, Coster. Att. non indiqué.
2 octobre. — 1 h. 30 du s. Wallhalah (2.200 m°).
MM. le comte G. de Castillon de Saint-Victor, le
comte Hervé d'Hunolslein, le comte de Las-Ca-
ses, le comte Jean de Reviers, le comte de Portes.
Att. à 5 h. du s., à Anet (Eure-et-Loir). Durée :
4 h. 30. Distance : 62 kil.
6 actobre. — Midi 5, Korrigan (900 m') : MM.
Georges et André Le Brun, Mme X... Att. à Anet
(E.-et-L.), à 4 h. du s. Distance : 62 kil. Durée :
4h. 25.
6! octobre. — 3 h. s., Le: Condor (1:450 m°) :
MM. Jacques Faure, Ch. Kuadler, Milles Gaby
Deslys, Alice Guerra. Escale à Saint-Cyr où
Mlle Guerra descend. Atl. à Rambouillet, à 5 h.
30, où les aéronautes sont rejoints par leurs amis
qui, en autos, suivaient le ballon depuis Paris.
Distance : 38 kil. Durée : 2 h. 30.
7 octobre. — 2 h. 15 s., Bulle-de-Savon (600 m'),
MM. A. Weddell, Antoine Giotnicki. Att. au châ-
teau de Lamorlaye (Oise), à 5 h. 30. Distance :
35 kil. Durée : 3 h. 15.
8 octobre. — 11 h. m. L’Essor (1.200 m’). MM.
G. Tranchant, Robert Fauré, Le Page, Mmes Fou-
cher, Médard. Att. à Nesle (Somme), à 3 h. 40.
Distance : 110 kil. Durée : # h. 40.
11 octobre. — 10 h. du m. Austerlitz (1.600 m').
MM. E. Barbolte, Lefebvre, Legrit, Mmes Lefeh-
vre, Legrit. Att. à Clermont (Oise), à 4 h. 30.
Distance : 48 kil. Durée : 6 h. 30.
11 octobre. — 11 h. m., Bulle-de-Savon (600 m°).
MM. A \Veddell, Daniel Franklin. Escale à 3 h.
1/2, à Mortefontaine. Att. à Neumoulin (Oise), a
4 heures. Distance : 56 kil. Durée : 5 heures.
15 octobre. — 10 h. m. Aé.-C.-F. (900 m°). MM. E.
Barbotte, Jules Dubois, Alfred Frod. Att. près
Le Neubourg (Eure), à 4 h. Altitude maxima :
1.500 m., moyenne : 400 m. Dist. : 105 kil. Du-
rée : 6 heures.
15 octobre. — 11 h. m. Aé.-C.-F. 11 (1.550 m')
MM. Georges Bans, Beutom, docteur Goyard,
Thierry-Mieg, et Mme Thierry-Mieg. — Le ballon
a huit fois traversé la vallée de la Seine dans
les plus beaux panoramas du nord-ouest.
15 Novembre 1908
Att. à 4 h. 30, près de Louvicrs, devant l’an-
tique et charmant prieuré de Saint-Lubin. Dist. :
90 kil. Durée : 5 h. 30.
15 octobre. — 1 h. 15 s. Nephtys (1.000 m'). Le
comte de Castillon de Saint-Victor, M. X. et Mme
Y.… Att. à Pacy-sur-Eure, à 5 heures. Distance :
66 kil. Durée : 3 h. 45 m.
16 octobre. — 10 h. 50 m. Le Centaur2 (1.600 m').
L'hon. C. S. Rolls, l'hon. Mrs Harbord, la ba-
ronne de Heeckeren (néophyte) et M. Maurice Ro-
tival (néophyte), 3 escales de 25 minutes au to-
tal, au cours du voyage. Att. à Neufchâtel (S.Inf.).
à 5 h. 20 s. Distance : 125 kil. Durée : 6 h. 5 m.
Altitude maxima : 1.600 m. La baronne de Heec-
keren, émerveillée de sa première traversée aé-
rienne, a immédiatement commandé un bailon.
18 octobre. — 9 h. 15 m., Altaïir (1.600 m').
MM. Maurice Farman, Marcel Origet. At. près
Fécamp {S.-Inf.), à 4 h. 40 soir. Dist. : 166 kil.
Durée : 4 h. 20.
18 octobre. — 11 h. 45, Azur (600 m'). MM. G.
Suzor, Pierre Jourdain. Att. à Hennezis, près
des Andelys (Eure). Distance : 74 kil. Durée :
4'heures. e
18 octobre. — Midi 10, Vagabond (606 m°). M. et
Mme Omer-Decugis. Att. à Omerville {S.-et-0:), à
3 heure. Distance : 48 kil. Durée : 2 h: 50.
18 octobre. — 1 h. 10, L'Aurore (900 mr).
MM. Georges Blanchet, le D' Luteaud, Léon Pinès.
Att. à Sotteville, près Rouen (S.-Inf.), à 6 heures.
Distance : 102 kil. Durée : 5 heures
18 octobre. — 2 h. 15, Aé.-C. n° 5 (900 m'), mon-
té par MM. J. Faure, le marquis de Polignac et
Mme X... — L'Ezxcelsior (1.600 m'), monté par le
comte A. de Contades, le comte Ch. de Polignac,
le marquis de Polignac, le comte Guy de Bon-
vouloir, Mmes Brécourt, Vallée. Les deux bal-
lons, partis ensemble et conduits de la même
facon, ont atterri à 4 h., près de Meulan, à
500 m. l’un de l’autre. M. Leblanc, auquel on
avait indiqué le point d'atterrissage, attendait,
à l'endroit désigné, ses amis qu'il ramenait à Pa-
ris en auto. Distance : 28 kil. Durée : 1 h. 45.
20 octobre. — 16 h. 20. Mistral (900 m'). MM. E:
Barbotte, Jules Dubois, Alfred Frod. Att. à Calle-
ville-les-2-Eglises (S.-Inf.), à 4 h. Durée : 5 h. 40.
Distance : 142 kil.
22 octobre. — 11 h. 30. La Miolte (1.200 m°).
MM. Duthu, le comte de Chateaubriand, Lair.
Att. à Saint-Denis-d'Anjou, près SAhlé (Sarthe),
à 5 h. Durée : 5 h. 30. Distance : 220 kil.
25 octobre. —- 10 h. 20. Austerlitz (1.600 m°).
MM. Barbotte, Jules Dubois, 1. Jacob, A. Jacob.
Att. à Mur-en-Sologne, près Romorantin, à 4 h.
Durée : 5 h. 40. Distance : 170 kil.
27 octobre. — Midi. Aéro-Cluh V (900 m°).
MM. Barbotte, Lemaître-Mercier, Jules Boisel,
Att. à Amiens (Somme), à 2 h. 15. Durée : 2 h. 15.
Distance : 120 kil.
28 octobre. — 10 h. 15. Mistral. (900 m’.
MM. Barbotte, Jules Dubois. Alfred Frod. Att.
près Somain (Nord), à 3 h. 45. Durée : 5 h. 30.
Distance : 200 kil.
29 octobre. — 9 h. 40. Gay-Lussac (900 m'.
MM. Carton, Marcel Baratoux, Jules Combe-
male. Att. à Veules-les-Roses (S.-Inf.), à 2 h. 50,
à 3.350 m. de la mer. Durée : 5 h. 10. Distance :
152 kil.
29 octobre. — 11 h. Korrigan (900 mr:
MM. André Le Brun, G. Le Brun, Mme de Lo-
bel. Att. à Saint-Aignan, près Rouen, à 3 h. 45.
Durée : 4 h. 45. Distance : 107 kil.
dr novembre. — 9 h. 40. Aurore (900 m').
MM. G. Bans, Em. Couvreux, Ghesquière. D., La-
bouchère. Att. à Hondoville (Eure), à 2 h. 45.
Durée : 5 h. 05. Distance : 88 kil.
J’Aérophile
1° novembre. — 11 h. 15. Centaure (1.600 m°).
Le comte de La Vaulx MM. G. Lemaître-Mer-
cier, Jules Boisel, Walbaum. Att. près de Le
Neubourg, à 4 h. 30. Durée : 5 h. 15. Distance :
102 kil.
dr movembre. — Midi. L'Escapade {1.200 mr).
MM. Léon Barthou, Louis Barthou, ministre des
Travaux publics, e Mme Louis Barthou. Att. à
RAC SRE, à % h. Durée : 4 h. Distance :
kil.
1 novembre. — Midi 25. L'Enlente Cordiale
(1.450 m'). MM. J. Faure, J. Gobron, André Be-
lot, Robert Denoueur, la comtesse de Winslon.
Escale, à 3 h., à Mareil. Att. à Maulne, près Les
MTeAU à 4 h. Durée : 3 h. 35. Distance
Kil.
1° novembre. — 10 h. 30. Aéro-Club IV (500 m').
M. Marcel Origet. Att. à Vellannes, près Epône,
à midi 20. Durée : : 1 h. 50. Distance : 32 kil.
6 novembre. — 10 h. 30. Jalo (550 m°). M. Mar-
cel Baratoux. Att. à Procottes (Calvados), à
2 h. 40. Durée : 4 h. 10. Distance : 202 kil.
6 novembre. — 11 h. soir. Austerlitz (1.600 m').
MM. Ernest Barbotte, Duthu, Jarrige, Dubois,
Frod. Escale à Moutiers-en-Cinglais (Calvados), à
6 h. Att. à Pont-Hébert, près Saint-Lô (Manche),
le 7, à 11 h. 30 du m. Durée : 12 h. 30. Distance :
248 kil.
7 novembre. — 10 h. soir. Quo Vadis (1.200 m').
MM. A. Schelcher, Georges Briand. Att. le $8,
près de Grandville (Manche), à 5 h. du m. Du-
rée : 7 h. Distance : 282 kil.
8 novembre. — 9 h. 30. Allan (1.600 m'}.
MM. Maurice Farman, Jean Rouff, L. Souret. Att.
à Lonlie, à 2 h. 30. Durée : 5 h. Distance :
186 kil.
Dons POUR LA BIBLIOTHÈQUE, LE MUSÉE
ET LES ARCHIVES.
Conférence sur la Navigation Aérienne, par le
commandant Renard. — Le colonel Charles Re-
nard, 1847-1905. — De l’Intoxication par les gaz
des ballons, par le D° Chaignot. — L'’Aviation,
par le commandant Renard. — La sécurité dans
les ballons dirigeables, par le commandant Re-
nard. — Les aéroslats diriyeables, par le com-
mandant Renard. — Rapports du Jury interna-
tional en 1900 classe 34, rapport du commandant
Renard). — Musée rélrospeclif de la classe 34
(Aérostation) à l’'Exposilion de 1900, dons du
commandant Renard.
Le Tour du Monde de deux gosses (10° volume),
par le comte de La Vaulx et A. Galopin, don des
auteurs.
Estampes anciennes, don de M. David Salo-
mon.
LES Aéroplanss En France
Les essais du triplan « Goupy ». — Le 29 oc-
tobre, de très bonne heure, M. Goupy sortait
son triplan sur le terrain d’Issy-les-Moulineaux,
dans le but de poursuivre ses intéressantes ex-
périences.
De l'angle du terrain, côté d’Issy-les-Mouli-
neaux, à la porte de Grenelle, le triplan, piloté
par M. Colliex, traversa le terrain à plusieurs
reprises. Le moteur donnait merveilleusement et
la stabilité semblait parfaite. L'aviateur voulut
alors tenter un petit vol.
Malheureusement, alors que l’aéroplane mar-
chaïl superbement à près de 60 à l'heure et com-
mençait à se soulever par l'arrière, M. Colliex,
dans un virage, se laissa surprendre par la vi-
tesse. Le triplan vint heurter les barrières et
une cellule avant de l'aile gauche se brisa.
M. Goupy fit rentrer l'appareil qui fut remis
promptement en ordre de marche.
407
M. Goupy recommenca le 9 novembre ses ex-
périences.
Le triplan roula longuement, traversant à di-
verses reprises le champ de manœuvres dans
toute sa longueur. Malgré le vent violent, l’ha-
bile sportsman à exécuté quelques beaux virages
sans essaver toutefois de quitter le sol.
Les essais actuels ont pour but de vérifier la
stabilité et la robustesse du nouvel engin, dû
aux frères Voisin. Successivement essayé par
M. Goupy, le lieutenant Calderara, de la marine
italienne, l'ingénieur Colliex, chef du bureau des
études des ateliers Voisin, l'appareil s’est avéré
très exactement centré el très maniable. La sta-
bilité est pleinement comparable à celle des bi-
plans de Voisin. même munis de cloisons verti-
cales. On à pu constater expérimentalement que
la vitesse nécessaire à l'essor est de 55 kilomètres.
L’aéroplane Zipfel. — Un jeune ingénieur
lyonnais, M. Zipfel, créateur des « Ateliers
d'aviation du Sud-Est », vient de mettre en es-
sais un nouveau biplan dont voici les caracté-
ristiques :
Deux plans superposés (armature en frêne
verni, voilure en tissu caoutchouté Continental
comme dans l’aéroplane Henri Farman), distants
verticalement de 1 m. 50 et mesurant 10 m. 20
d'envergure sur 2? mètres de large. Cellule
arrière stabilisatrice formée de deux plans de
4 m. 60 d'envergure sur 2 mètres de largeur.
A l'avant, un gouvernail de profondeur.
L'ensemble de l'appareil repose sur un châssis
mobile à roues folles, permettant d'éviter les
bris dans les etterrissages Lbrusques, même avec
vent de travers.
Hélice de ? m. 10 de diamètre et 1 m. 10 de pas,
actionnée par un moteur Antoinette de 50 HP.
Surface totale portante : 52 mètres carrés ;
poids de l’appareil tout monté : 500 kilos.
M. Zipfel estime qu'il obtiendra une vitesse
moyenne de 55 kilomètres à l'heure.
M. Zipiel a recu du général Brunet, gouver-
neur, l'autorisation de procéder à ses expérien-
ces sur le terrain militaire de « Grand Camp »,
près de Lyon.
D'autres appareils sont en construction dans
la région lyonnaise : à Villeurbanne, celui de
MM. Rœsch et Seux ; à Sainte-Foy-les-Lyon, le
Juge ct Rolland ; à Villefranche, le Vermorel.
L’aéroplare « Belotoff » et la traversée
de la Manche en vol mécanique. — Le prince
Serge de Bolotoff vient d'adresser au Daily Mail
son engagement pour le prix de 12.500 francs
attribué par notre confrère à la première ma-
chine volante qui traversera le Pas de Calais. Il
compte s'attaquer à cette superbe et sensation-
nelle performance dans la première quinzaine
de décembre.
L'aéroplane « Bolotoff » a été construit spé-
cialement par les frères Voisin en vue de cette
épreuve, de facon à assurer les plus grandes
chances possibles de succès et à réduire les ris-
ques au minimum. Il est muni d'un moteur
Panhard el Levassor de 110 chx à 1.109 tours. Er
cas de descente involontaire en mer des flotteurs
dissimulés dans le fuselage assureront à la ma-
chine une complète insubmersibilité. Hélice trac-
tive Voisin, métallique, de 3 m. de diamètre,
montée directement sur l'arbre du moteur. Le
poids total de ce puissant triplan dépassera
1.000 kilos.
L’aéroplane de Wolff. — Un officier belge,
M. de Wolff, vient de faire transporter à Issy
un aéroplane qu'il expérimentera prochaine-
ment.
Nos aéroplanes militaires. — En dehors de
l’aéroplane du capitaine Lucas-Girardville men-
468
tionné dans l'Aérophile du 1* novembre, p. 435,
il existe un deuxième aéroplane du capilaine
in, également délaché à Chalais-Meudon. Les
essais de ces appareils auront lieu soit à Satory,
soit à Vincennes. .
Essai d’un modèle d'aéroplane tiré par une
automobile. — M. Outrey a essayé à Compiè-
gne, le 9 novembre, un modèle de monoplan de
5 m. environ de largeur tiré par une automobile
et qui s'enleva plusicurs fois à 5 et 6 mètres.
L'aéroplane Péan. -— \[. Péan a expérimenté
le 8 novembre, à Bagatelle, un aéroplane dont
il est l'inventeur et le constructeur. Cet appareil
est établi sur le type de l’ancienne machine vo-
lante de M. Vuia. Aucun vol n’a élé tenté, car la
machine n'est point encore complètement au
point.
Delagrange reprend ses essais. — [Léon
Delagrange a inauguré le 10 novembre l’aéro-
drome de la Compagnie d'Avialion, à Savigny-
sur-Orge. Durant toute la journée, il a volé çà
et là, et troublé de nombreuses compagnies de
perdreaux.
Il poursuivra ces jours-ci son entrainement
et se félicite vivement d’avoir abandonné Issy-
les-Moulineaux, pour un terrain plus commode
et où l'aviateur peut travailler à l'aise sans le
souci de l'heure ni la crainte de blesser un spec-
tateur.
Santos-Dumont reprend ses expériences
d'aviation. — Le glorieux initiateur en France
du vol mécanique va reprendre ses expériences.
Son nouvel aéroplane est tout à fait analogue
15 Novembre 1908
marche, 200 kilogrammies, dont 50 kilog. pour le
pilote. Vitesse prévue : 80 kil. à l'heure.
Les essais auront lieu à l'aérodrome que San-
tos-Dumont possède à Saint-Cyr.
L'aéroplane Maurice Farman. — Maurice
Farman, frère du champicn aviateur, Henri Far-
man, el sportsman célèbre lui-même, construit
à son tour un aéroplane biplan dont les sur-
faces pourront être gauchies par un procédé dif-
férent de celui des Wright.
Muni d'un des fameux moteurs extra-légers
REP, le nouvel aéroplane sera essayé à l’aéro-
drome de Buc, où les aéroplanes REP et Kapfé-
rer firents débuts. ;
L'aéropiane Antoinette (V. Acrophile du 1%
novembre). — Le nouvel aéroplane Antoinette,
construit par MM. Levavasseur, Gastembide et
Mengin, à fait le 5 novembre, dans la matinée,
une intéressante sortie de mise au point sur le
terrain de manœuvres d’Issy-les-Moulineaux.
L’aéroplane Kæchlin-Pischof., — Le 29 oc-
tobre, après-midi, à Vilacoublay, sur le terrain
gracieusement offert par M. Dautier, l’aéroplane
Pischof et Kæchlin à parfaitement volé sur 300
et 500 mètres, à 3 el 7 mètres de hauteur. Les
deux aviateurs s’exercèrent à virer.
Leur aéroplane est « monoplan » de 25 m. de
surface, pesant, complet et monté, 245 kilog. Il
est muni d’un moteur 17 HP, 2 cylindres à ai-
léttes Dutheil et Chalmers.
Le terrain de Villacoublay étant trop petit, les
deux aviateurs, après avoir achevé la mise au
point de l’aéroplane à Issy, iront en Beauce ou
au camp de Chalons, tenter des vols prolongés.
(Cliché des Sports)
Santos-Dumont transporte sur son auto, son nouvel aéroplane, à Saint-Cyr
dans l’ensemble au Santos-Dumont 19 déjà dc-
crit dans l’Aérophile de novembre 1907, et dont
les essais ne furent pas poursuivis bien qu'ils
eussent prouvé dès le début la facilité d’essor
de l'engin. C’est un monoplan composé de deux
ailes formant entre elles un angle dièdre ouvert
en haut. Le moteur, un Antoinette de 24 chx,
parfaitement au point, actionne par courroie une
hélice unique tractive tournant à 700 tours, et
dont l'effort de traction atteint 70 kilos. L’en-
vergure des ailes est de 5 mètres et leur surface
totale ne dépasse pas 9 m°. A l'arrière, au bout
d'une longue perche, un empennage stabilisateur
de section cruciale.
Poids total de l'appareil monté en ordre de
L’aviation et le ministre des Travaux pu-
blics. On connait avec quel esprit ouvert à
tous les progrès, M. Louis Barthou s'intéresse aux
questions d'aviation. Le ministre des Travaux
publics pour suivre les progrès de l’aérolocomo-
tion nouvelle qui ressortissent, en effet, de son
département, vient par un arrêté du 27 octobre
1908, sur la proposition du directeur du person-
nel et de la comptabilité, de charger M. Jouguet,
ingénieur ordinaire des mines de première classe
à Paris, d’une mission spéciale, ayant pour ob-
jet de suivre les expériences d’aviation organi-
sées en France et de procéder à toutes études
relatives aux questions de cet ordre intéressant
l'administration des Travaux publics.
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15° ANNÉE. — No 93 Paraît le 1er et le 15 du mois 1% DÉCEMBRE 1908
REVUE TECHNIQUE & PRATIQUE DES LOCOMOTIONS AÉRIENNES
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16° Année. - N° 23 1 Décembre 1908
A VA VER Ÿ En Von Van VE V2 va Ven
> .
3 EROPAIL SOMMAIRE : L'aéroplane Wrigh£ décrit par un de ses
passagers. Comment il est rail, Comment il vole (René Gas-
L E vier). — L'avialion ea France : les expériences de Wright ;
FONDE EN 189z Farman en triplan; aéroplanes divers, ete. (M. Degoul). —
Les aéroplanes à l’étranger (G. Blanchet). — Les dirigeubles
: 3 b. Ancelle). — Les dirigeables à l'élranger : Le
Revue technique et pratique italien, elc.- (A. de Masfrand). — Autour du
éroplane (A+ Goupil). —
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Directeur-Fondateur : GEoRGEs BESANÇON navigation aérienne. — Le Pour et le Contre. La première
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Le Numéro : 75 centimes. ot Epreuves d'aviation. — Les brevets de l'Aéronaulique. —
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= ET TN TES STE) NT bre 1908 et du 20 novembre 1908. — Commission sportive
REDACTION & ADMINISTRATION du 20 novembre 1908. — Les ascensions au Parc de l'Aéro-
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Wicsur Waicur
‘bre avialcur,
D'après un dessin exécuté le 31 octobre, par M. Jacques Weismann, en vue d'un portrait du cé
479
Décembre 1908
L'Aéroplane Wright déerit par un de ses passagers
COMMENT IL EST FAIT — COMMENT IL VOLE
Photo Rol,)
L'Aéroplane Wright monté par Wilbur. Wright, à droile, et son premier passager, M. Erncsi Zens, à gauche.
e. — R, radiateur; R', réservoir d'essence;
articulée à l'extrémité de laquelle vient s
part aux poids; L,
b, belle reliant le levier LL’
P, pompe à eau;
accrocher, suivant le dispositif (figure 4 planche Il),
levier de gauchissement et de direction latérale; L’,
au gouvernail de profondeur; », une des roues sur lesquelles on place l'appareil pour le ransporter d’un
SS, montants obliques du gouvernail avant; p, tige de bois
le câble de lancement relié d'autre
levier de commande du gouvernail avant de profondeur;
point à un autre; à, corde que Paviateur abat avec la main pour provoquer l'arrêt da mateur, en maintenant les soupapes levées; U, rail.
Nos lecteurs ont été tenus fidèlement au cou-
rant des performances sensationnelles des
\Vright. Ils ont admiré les résultats obtenus. Ils
connaiss2nt aussi les caractéristiques essentiel-
les de l'appareil.
Il nous a semblé bon néanmoins de compléter
les renseignements déjà fournis par une descrip-
tion détaillée et précise. M. René Gasnier, le
sporlsman bien connu a bien voulu s'en charge Le
On sait que M. René Gasnier, après une superbe
carrière d'aéronaute, s passionné pour l'avia-
tion. Il a imaginé, construit et expérimenté un
aéroplane dont les premiers essais ont été des
plus intéressants. [1 a assidüment suivi les expé-
riences de Wright et étudié sa machine avant d y
prendre place. I élait donc particulièrement qua-
lifié pour en fournir la description précise qu'on
va lire et en exposer clairement le fonctionne-
ment.
Je ne veux faire ici ni un parallele entre
les différentes écoles d'aviation, ni une étude
critique sur l’appareil Wright. Ce sujet a été
traité dans de nombreux articles. Je me con-
tenterai de dire que celui qui a volé le pre-
mier eb qui nous présente aujourd'hui une
machine volante capable de réaliser les perfor-
mances que l'on sait, est, à mon sens, un
homme de génie. Tout, dans cet appareil, a
été conçu par le cerveau de cet homme, et de-
puis le plus petit organe du moteur jusqu’au
moindre fil qui attache les toiles, il a tout
étudié lui-même, avant de réaliser de ses
mains. Mais si l’aéroplane Wright a été beau-
coup loué où même critiqué, il est difficile d’en
trouver une description complète. C’est cette
lacune que je m'efforcerai de combler.
Connaissant cette machine, il peut sembler
facile d’en construire d’absolumert identi-
ques et d'arriver rapidement aux résultats ob-
tenus par les Wright aujourd’hui. C’est là une
erreur car, même en copiant, des tours de
main échappent et donnent lieu à des mécomp-
tes d’où résultent des retards ; puis, la diffi-
culté d'apprendre seul le maniement de l’en-
gin, exigerait, de son côté, beaucoup de temps,
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l’Aérophile
471
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0:60 nn Er _A 3.50 os .
Big. - Vue de profil.
Croquis d'ensemble cotés de l’aéroplane Wright et schéma du dispositif de gauchissement.
I] sera donc plus simple pour ceux qui veulent
imiter Wright, d’acheter un appareil et d’ap-
prendre à s’en servir sous la conduite d’un
professeur. On évitera, de la sorté, une perte
de temps et d’argent.
x
* *
L’aéroplane Wright se compose de deux
plans sustentateurs de 12 mètres 50 d’enver-
gure et de 2 mètres de longueur du bord
avant au bord arrière, ce qui donne une sur-
face de sustentation de 50 mètres carrés. Ces
plans, reliés par des montants de bois, sont dis-
tants, verticalement, de 1 mètre 80.
À 3 mètres 50 en avant, se trouve le gouver-
nail de profondeur composé de deux plans
horizontaux de 4 mètres 50 d’envezgure et de
75 centimètres de longueur antéro-posté-
rieure ; la distance entre ces deux plans est de
80 centimètres; entre les 2 plans du gou-
vernail avant se trouvent deux aiïlerons verti-
caux fixes, en forme de demi-lune et écartés
l’un de l’autre de 1 mètre 80. À 2 mètres 50 en
arrière des plans principaux est monté le gou-
vernail de direction formé de deux plans ver-
ticaux de 1 mètre 80 de hauteur et dé
60 centimètres de longueur ; ils sont dis-
tants de 50 centimètres. L'aéroplane complet
pèse environ 400 kilogs. !
Les deux plans sont constitués, chacun par
un cadre de bois compértant, au sens de l’en-
vergure, deux longerons de 12 m. 50 de long.
La section de celui de l'avant a 5 centimètres
d'épaisseur et est arrondie à la partie avant
pour faciliter le passage du plan dans l'air ;
les deux longerons de chaque plan, sont dis-
tants l’un de l’autre de 1 m. 30 et réunis, à
chaque éxtrémité, par deux traverses de même
épaisseur et arrondies également. Sur les
deux faces de ce cadre se trouvent réparties
parallèlement au sens de la marche. eb à égales
472
distances l’une de l’autre, 34 nervures, de
2 mètres de long. (Voir la figure de démonstra-
tion, Planche II, fig. 3), indiquant simplement
le mode de construction des nervures), cintrées
suivant la courbure que Wright a jugée opti-
ma. Ces nervures formées de 2 pièces, comme
le montre la figure 3, pl. IT, sont réunies en
avant par une bande de tôle qui entoure le
longeron; de loin en loin, de courtes entre-
toises de bois maintiennent leur écartement ;
à l'arrière, elles sont rivées l’une sur l’autre.
Un fil d'acier tendu réunit toutes les nervu-
res à l'arrière en circonscrivant l'arrière de
chaque plan. L’aile est done épaisse à l'avant
et mince à l’arrière. Cette armature de bois est
tendue de toile sur sa face supérieure et sur
sa face inférieure. La toile du dessous est
clouée à l'avant et cousue avec des goussets le
long des nervures inférieures ; la toile de des-
sus est simplement clouée à l’avant et fixée
au fil d'acier de l’arrière. Le tissu est taillé
et monté de fil biais par rapport à l’envergure
des plans (1), de manière à ne pas se défor-
mer à l'usage. Les deux plans sont reliés en-
tre eux au moyen de montants portant un
œil à chaque extrémité ; cet œil se fixe à un
crochet vissé sur les longerons ; une goupille
empêche le montant de s'échapper (pl. IT
fig. 2). Ces crochets servent également à fixer
les fils d'acier maintenant les deux plans dans
la position qu'ils doivent avoir l’un par rap-
port à l’autre. Les fils d'acier passent en dou-
ble dans üun petit tube de cuivre ; le tout est
soudé ensemble et les fils sont placés ensuite
dans le crochet sans aucune espèce de tendeur.
L'appareil, en effet, ne comporte, en tout, que
huit tendeurs dont quatre pour les fils qui
maintiennent les arbres porte-hélices et quatre
pour ceux qui relient les patins. La partie
avant des plans est fixe et maintenue par des
fils croisés, la partie arrière peut se gauchir,
c'est-à-dire s'élever ou s’absisser pour donner
un mouvement de torsion à l'aile et augmenter
l'incidence d’un côté alors qu'on la diminue
de l'autre. La figure 3, planche 1, montre
cette flexibilité des extrémités de droite et de
gauche ; la ligne pointillée indique comment
un côté s’abaisse alors que l’autre s'élève et
les vues À et B en coupe expliquent 0--1ment
la partie arrière de l’aile seule s’abaisse ou
s'élève alors que les longeroïs avant sont fixes
sur toute l’envergure des plans. La vue en pers-
pective (fig. 1, pl. III) montre le levier
agissant sur les fils au moyen desquels on ob-
tient le gauchissement. On remarque que
seules les extrémités des ailes sont flexibles
et aue le centre de l’aprareil reste toujours
rigide. La figure 2, pl. IF, montre, agrandi,
le levier qui sert à la fois au gauchissement et
(1) Voir figure du premier brevet francais des
Wright dans l'Aérophile du 1* janvier 1906.
1° Décembre 1908
au gouvernail arrière. Le mouvement de droite
à gauche du levier, et réciproquement, pro-
voque le gauchissement ; en actionuant le
même levier d’avant en arrière, on fait pivo-
ter le gouvernail de direction vers la droite ou
vers la gauche. C’est un simple mouvement de
cardan; les deux manœuvres peuvent se faire
simultanément, le levier pouvant se mouvoir
en tous sens.
Le gouvernail arrière est fixé dans la posi-
tion qu'il doit occuper, au moyen de fils d’a-
cier, mais un des fils est muni d’un ressort
permettant au gouvernail de se relever et de
n'être pas brisé, si, dans un afterrissage, l’ap-
pareil se cabrait au point que le gouvernail
pût toucher le sol.
Le gouvernail avant est commandé (fig. 3,
pl. IIT) par un levier qui agit sur une tige de
bois À et transmet le mouvement à un petit
levier B fixé sur un tube d'acier qui porte
trois bielles € agissant sur les tiges D et inch-
nant, vers le haut ou vers le bas, les plans du
gouvernail E, E. Lorsque le levier de manœu-
vre est au repos, les plans du gouvernail pré-
sentent une très légère courbure, mais par
suite de la différence de longueur qui existe
entre les portions avant et arrière de la bielle
C, et les portions avant et arrière des plans
E, E, lorsque le levier est poussé complètement
à l'avant, les plans ont une légère courbure
en dessus et lorsqu'il est complètement à l’ar-
rière, une courbure inférieure beaucoup plus
forte que lorsque le levier de manœuvre est
au repos et vertical. Cette particularité aug-
mente la puissance du gouvernail dans chaque
sens.
Les patins qui supportent tout l'appareil et
servent également de soutien au gouvernail
avant sont, comme tout le reste de l’aéroplane,
en sapin d'Amérique. Leur section transver-
sale présente 4 centimètres de hauteur sur 5
de largeur. Les différents montants de bois qui
relient les patins à l'appareil, sont réunis en-
semble au moyen de légères feuilles de tôle et
de boulons à tête ronde de 5 millimètres.
Le moteur, du poids de 90 kilos, développe
95 chevaux à 1.400 tours et a 106 d’alésage
et 102 de course. Les soupapes d'aspiration et
d'échappement se trouvent sur les culasses ;
celles d'échappement sont commandées par
des culbuteurs, l'aspiration automatique. Les
bougies se trouvent également sur les culasses,
et le courant leur est fourni par ane magnéto
à haute tension Eisemann. Une pompe à huile,
dans le carter dun moteur, assure le
graissage; le réservoir d'huile est au bas du
carter. Un réservoir d'essence de 50 litres est
placé entre le moteur et le siège du passager
plus haut que les culasses. L’essence se rend
à une pompe à engrenage (située égale-
ment dans le carter) qui l'envoie dans
un ajutage placé perpendiculairement au
situce
l’Aérophile 473
PILE
CELUI
Fig! _ Vue en plan
Fos cm
0—
Fig. 1. Croquis côté de l'aéroplane Wright. — Fig. 2. Mode d'assemblage d’un montant articulé et mode d’amarrage et d'arrêt des
fils de commande de gauchissement. — #ig. 3. Coupe schématique d’une nervure. — #ig. 4. Montrant le mode d'atiache de
l'extrémité antérieure du cäble de lancement au moyen de l'œilletO à l’agrafe à angle droit C qui termine la tige articulée indiquée
en p dans la photo de la p. 40. Arrivé à bout de course, l'œillet O se dégage naturellement et la liaison n'existe plus. — Fig. 5.
(Coupe transversale) et fig. 6 (Coupe longitudinale) indiquant la façon dont l'aéroplane est instalé sur le rail de lancement. —
R, rail de lancement; G, galets à gorge; P, plate-forme sur laquelle repose l'appareil par ses sabots S, S’ avec le gabarit M dans
lequel ils s’encastrent à froitement donx et qui est relié à la plate-forme P par le tire fon& T antour duquel ce gabarit M peut pivoter,
permettant d'orienter l'aéroplane comme s’il était placé sur une plaque tournante de chemin de fer.
Fig À. Vue perspective montrant les relalions du levier figuré ea L sur la photo de la p, 470 avec le dispositif de gauchissemeut des
ailes et la rommande du gouvernail arrière de direction latérale. — Fig. ? Détails de la commande du gauchissement el du gou-
vernail arrière indiqué dans sun ensemble pur la fig. 1, présente planche, — Fig. 3. Détails du fonctionnement du gouvernail avant de
profondeur. (Voir l'explication dans le Lexte.)
474 1° Décembre 1908
tuyau amenant l'air. aux soupapes d’aspira-
tion. Le carter du moteur est relativement
haut, ce qui fait soupçonner des bielles lon-
gues. Le bas des cylindres est percé de trois
trous pour laisser échapper à fond de course.
Des chemises d’aluminium les entourent et
contiennent l’eau de refroidissement qu’une
forte pompe centrifuge, montée à l’extrémité
de l'arbre moteur, envoie au radiateur. Celui-
ci est formé de tubes aplatis placés le long d’un
montant dans la hauteur comprise entre les
plans, et contient 10 litres d’eau. L'arbre du
moteur, à l’arrière, porte deux pignons qui en-
traînent les deux hélices en bois, de 2 m. 60
de diamètre, par l'intermédiaire de chaînes ;
ces chaînes passent dans des tubes pour éviter
qu'elles ne sautent de leurs pignons et l’une
d'elles est croisée afin que les deux hélices
tournent en sens inverse. La démultiplication
des propulseurs est dans le rapport de 9 à 31,
du moins pour les hélices utilisées en premier
lieu, car les hélices actuelles semblent avoir
un plus grand pas et tourner moins vite. Le
pas est inconnu, mais, d’après ce que dit
Wright, le recul serait de 15 à 20 9%, il est
donc facile à connaitre.
Le transport de l’aéroplane sur route est des
plus aisés ; le gouvernail arrière se démonte et
se place entre les deux plans ; on fait de
même avec le gouvernail de profondeur ; la
partie avant des patins se replie en A (pl. I,
fig. 1), à droite et à gauche, et il ne reste
plus que deux plans de deux mètres de large
qu’on peut remorquer derrière une automobile
en les plaçant sur deux roues. En un quart
d'heure l'appareil est démonté et prêt à rou-
ler sur toutes les routes, ce qui est précieux
dans bien des cas.
Le lancement a lieu sur un rail de 21 mè-
tres de long ; en dehors de la puissance des
hélices, on a recours à un poids de 700 kilos
tombant de 5 mètres de hauteur et donnant la
lancée nécessaire au moyen de poulies de ren-
voi. Les 21 mètres de rail sont parcourus en
3 secondes 2/5 ce qui donne, en supposant
(simple supposition) que le mouvement soit
uniformément accéléré, une vitesse de 55 kilo-
mètres à l’heure au bout du rail.
L'aéroplane étant sur le rail, le poids en
haut du pylône, les hélices en marche, un aide:
tient l’extrémité d’une aile pour que l’appa-
reil reste en équilibre. Wright déclanche, au
moyen d’un petit levier qui se trouve sous son
siège (V. croquis en regard, page 475), le fil
d'acier qui retenait l'appareil. Au premier
mouvement, 1l se trouve en équilibre et l’aide
peut lâcher l’aile. Le gouvernail avant est mis
à baisser afin de conserver l’appareil collé aw
rail jusqu’au bout; on ne le met à monter qu'à
l'extrémité et l’aéroplane se trouve dans l'air.
Les leviers sont disposés de telle sorte qu'ils
doivent toujours être verticaux.
La main gauche tient le levier du gouver-
nail de profondeur, les mouvements se font
d'avant en arrière. Si l’appareil pique du nez
le levier se trouve incliné en avast ; par con-
séquent, pour redresser l’appareil, il faut le
ramener en arrière, c’est-à-drre vers la verti-
cale. Si l'appareil se cabre, le levier se trouve
incliné en arrière, il faut donc le ramener en
avant vers la verticale.
La main droite tient le levier servant à la
fois au gauchissement et au gouvernail arrière.
Le gauchissement s’obtient, on l’a vu, en pous-
sant le levier de gauche à droite et réciproque-
ment. L'appareil penche-t-il vers le côté gau-
che, le levier se trouve incliné comme tout
l'appareil, à gauche; en le remettant vertical
L'aéroplane Wright placé sur le rail de lancement. A gauche les deux petits chariots servant
au transport de l'aéroplane. (Photo Bol).
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A
SERRE PP TE
lJ’Aérophile
cn augmente l'incidence de l'aile gauche et
l'équilibre se rétablit ; il en est de même pour
le côté droit.
Il est donc très facile de se rappeler ces
mouvements et de les faire instinctivement
comme on va à bicyclette. Le mouvement du
gouvernail arrière échappe seul à cette regle,
car le levier se meut d'avant en arrière, en
L)
DEP
Figure schématique indiquant la façon dont le pilot: déclanche les
poids et libère l’aéroplane. L'appareil étant sur son rail et les
hélices mises en marche demeure immobile, retenu à la voie par
le fil d'acier en double C fixé au bäli de la vo‘e et dans lequel
est passé l'ardillon A, dont le ressaul'c est engagé dans un œil
ménagé dans la plaque P, qui tend à venir en avant sous l'action
du ressa tr,
Pour libérer :'appareil et lui permettre d'avancer sur son rail de
lancement sous l'effort des hélices et la traction des poids, le
pilote, assis sur le plan port-ur in érieur dont N est une coupe
partielle, relève avec la main l'extrémilé de l’ardillon A qui se
dégage de l'œilleton de la plaque P et tombe librement en arrière
en pivotant autour de la charnière qui le fixe au plan porteur
N. L'agrafage est ainsi ouvert; le ‘äble d'acier C qui reliait
J'appareil à la voie de lancement, retombe librement, et l'appareil
que rien ne retient plus, s'élance en avant sur son rail, sous
l'action des hélices et sous la traction des poids qui commencent
à ce moment leur chute.
avant pour tourner à gauche et en arrière pour
tourner à droite. Aussi pour se rappeler ce
mouvement Wright a-t-il écrit sur une barre
de bois placée devant lui le mot pull indiquant
qu’il faut pousser en avant pour tourner à
gauche, côté sur lequel il vire habituellement.
L’aéroplane s'appuie dans l’air sur ses
plans et sur ceux de son gouvernail, c’est-à-
dire en deux points. Le moteur, le passager
et le pilote étant sur la même ligne dans le
sens de l'envergure, tous les poids de l’appa-
reil se trouvent donc réunis en un point dans
le sens longitudinal, ce qui done une très
grande sensibilité d'équilibre longitudinal.
La conduite de cet appareil ressemble en
beaucoup de points, comme équilibre, à celui
d’une bicyclette. Wright, lersqu'il vole par
temps calme, manœuvre d’une manière imper-
ceptible le gouvernail avant et le gauchisse-
ment ; il semble même ne pas toucher au gau-
chissement dans les lignes droites ; seule, une
très légère ondulation dans le sens de la mar-
che indique le mouvement fait par le gouver-
nail de profondeur, comme le cycliste peut le
faire avec le guidon de sa bicyclette. Pour 1es
475
virages, il tourne le gouvernail arrière comme
on le fait en bateau et l’appareil s'incline,
en virant, plus ou moins selon que le rayon
moins grand. On ne se
est plus ou rend
Un virage de Wilbur Wright (Photo Rol).
compte dans le virage que l’appareil est pen-
ché que lorsqu'il l’est trop ; à ce moment le
pilote gauchit légèrement du côté nécessaire
et l'appareil se redresse immédiatement.
CRE |
TK FO
En plein vol, deux à bord (Photo lol.
Entre les deux plans du gouvernail avant so
trouvent deux petits plans demi-circulaires
dont l’un est visible planche I, fig. 1 en B.
Ces plans servent à donner à l'appareil une
direction fixe et à empêcher l’avant de flot-
ter. Dans les virages, ils maintiennent l’appa-
reil dans la courbe donnée par le gouvernail
arrière ; sans eux l’aéroplane pourrait déra-
per en virant.
Par le vent, selon Wright, la conduite est
plus difficile ; il faut lutter contre des rafales
476
invisibles, ce qui resemble un peu au cas où
serait le pilote d’un canot à voile naviguant au
pius près dans de la grosse mer avec les yeux
bandés. Notons de plus, qu'en aéroplane, on
uavigue dans trois dimensions au lieu cle deux.
L'appareil, qui a un angle d'attaque néga-
tif lorsqu'il est sur le rail, semble encore
avoir un angle négatif lorsque Wright vole
seul ; l'angle paraît positif dans le vol avec
un passager et l'incidence des plans est alors
plus grande.
Les deux principales qualités de l’aéroplane
Wright sont d’abord l'excellente utilisation
de la force motrice due. à la forme des ailes,
à leur courbure et au rendement excellent Ges
hélices. Toutes ces questions ont été très étu-
diées par les frères Wright. Enfin leur appa-
reil a cette merveilleuse qualité d’être un bon
planeur, car on peut couper l'allumage à
n'importe quelle hauteur, il redescend tran-
quillement en planant comme l'oiseau et
l’atterrissage sur les patins est merveilleux
par sa douceur et sa précision.
REXÉ GASNIER
BulIglin
des
ASCESIONS
ETRANGER
10 octobre. — Springfield (Ohio), 2? h. 53, Bos-
ton, MM. Ch. J. Glidden, A. P. Maxim. Att. à
Middlefield, à 4 h. 53. Distance : 58 kil. Durée
8 heures.
A ce jour, M. Gtidden a fait 24 ascensions.
donnant, pour 48 heures 48 m. de séjour dans
l'atmosphère, un parcours de 1.250 kil.
17 octobre. — Sandnigo (Italie), Elivia, monté
par M. Aguglia, aéronaute forain, éclate et Lombe
sur le toit de l’église. M. Aguglia est dans un état
pitoyable.
17 octobre. — Buenos-Ayres. Pampero (1.200
m') (don de M. A. de Anchorena à l'Aéro-Club de
Buenos-Ayres) ayant à bord M. Eduardo Nenber-
ry et le sous-officier Romero, du colombier mili-
taire, s’est dirigé vers la mer. Depuis, sans nou-
velle des aéronautes.
8 novembre. — Francfort-sur-Mein, 5 h. du 5.
Zigler (8.200 m°). MM. Wurmbach, Mayer Mul-
ler, Mlle Edwig Muller. Att. le 9, à 10 h. du m.,
à Hanvec, près Brest (Finistère). Durée : 17 h.
Distance : 970 kil.
S novembre. — Bitterfield (Saxe), 5 h. 40 du s.
Berlin (2.200 m°) MM. Sticker, Munzing. Att. à
Saint-Aubert (Orne), le 9. à 5 h. du s. Durée
23 h. 40. Distance . 970 kil.
Le Berlin, gonflé à l'hydrogène, qui avait 77
sacs de lest au départ, n'en à dépensé que dix
durant le voyage.
1° Décembre 1908
L’Aviation en France
Les expériences de Wright
12 novembre. — Trois vols d'instruction
avec MM. de Lambert et le capitaine Lucas.
Girardville, les deux premiers élèves de Wil-
bur Wright.
Wright gagne le Priæ de la Hauteur de
l’'Aéro-Club de la Sarthe. — TL’Aéro-Club de
la Sarthe avait créé, avec le concours du Con-
seil général de la Sarthe et du Conseil muni-
cipal du Mans, un prix de 1.000 fr. pour l’avia-
teur qui franchirait un obstacle de 30 mè-
tres de hauteur, avec cette clause que Wright
pourrrait le disputer sans utiliser la chute des.
poids pour le départ de son appareil. L’avia-
teur américain avait déjà déclaré (V. Aérophile
du 15 août 1908, vol. 1) que l'emploi du py-
lône ne lui était pas toujours nécessaire pour
la mise à l’essor. Il en a fait, le 13 novembre,
avec un plein succès, la première démonstra-
tion publique. Il s'était engagé pour disputer,
ce jour-là, le Prix de la Hauteur de l’Aéro-
Ciub de la Sarthe, dont la commission d’avia-
tion installait à 2 h. la ligne des ballonnets,
flottant à 30 m. au-dessus du sol, conformé-
ment au règlement de l'épreuve.
Wright fit allonger le rail de lancement
d’une dizaine de mètres, y plaça l'appareil
dans jequel il monta; l’aéroplane, propulsé
uniquement par ses hélices, parcourut le rail
de lancement avee une vitesse sans cesse ac-
crue et, au bout du rail, prenait son vol avec
son aisance ordinaire, et recevait à sa descente
les félicitations des assistants.
Il exécutait ensuite un vol d'instruction de
15 min. environ avec le capitaine Lucas-Girard-
ville.
A 4 h. 3, il s'envolait seul pour le Prix de
la Hauteur, montant lentement et sûrement
dans la direction d'Ardenay, revint vers la
Fourche, passait une première fois, à 4 heures
8 30°’, à 15 mètres au-dessus de la ligne des
ballonnets, et la coupait une deuxième fois, à
4 h. 11° 15°, à 60 mètres au-dessus du sol, le
double de la hauteur imposée, avant d’atterrir
au milieu des acclamations qui saluaient sa
victoire.
Dix minutes plus tard, vol de 5 min. avec
M. G. Durand, l'excellent secrétaire de l’Aéro-
Club de la Sarthe, et enfin, vol d'instruction
avec le comte de Lambert.
14 novembre. — Cinq vols d'instruction avec
le comte de Lambert et le capitaine Lucas-Gi-
rardville.
16 norembre. — 9 vols d'instruction de 19 mi-
nutes avec le comte de Lambert, de 21 min.
avec M. Lucas-Girardville. Vols de 5 min.
avec le marquis de Viana, grand écuyer du
roi d’Espagne, et de 8° 20” avec M. Quinonès
de Léon, membre des Cortès. Ce dernier vol
l’Aérophile
terminé par un retour au sol en planant sui-
vant une ligne spirale.
17 novembre. — Le comte de Lambert te-
nant les deux leviers de manœuvre, conduit
de bout en bout deux vols de 15 min. chacun
dans lesquels Wright se borne à l’accompa-
gner. La direction semblait moins assurée
que sous la main de Wright; l’appareil tan-
guait et roulait légèrement, mais les virages
et toutes les manœuvres furent parfaitement
corrects sans que Wright eût à intervenir à
aucun moment. Ainsi se trouve démontrée la
facilité de conduite de l'appareil Wright,
trop longtemps mise en doute; au bout d’une
série de leçons dont la durée totalisée n’at-
teint pas 2 heures passées dans l’atmosphère,
le premier élève de Wright est en état d’exé-
cuter des vols prolongés avec virages et ma-
nœuvres diverses.
Un peu plus tard, tentative de Wright en
vue du Prix de la Hauteur de l’Aéro-Club
de France, interrompue après 1°40° de vol,
par des ratés de moteur.
18 novembre. — Parti à 2 h. 40 sur son
rail, saas l’emploi du pylône, pour disputer
le prix de la Hauteur de l’Aéro-Club de
France, Wilbur Wright fait la moitié du tour
du camp, revient toucher la terre, sans s’ar-
rêter, à un endroit imposé, continue son vol,
frôle encore le sol, repart, et, 3 minutes
après, franchit par 35 m. de hauteur la li-
gne des ballonnets flottant à 25 m. selon le
règlement, et atterrit 32 secondes après.
(Considérant que l’engagement de Wright
pour le Prix de la Hauteur avait été accepté
alors que la performance antérieure de Far-
man, pour la même épreuve, était encore en
discussion, les Commissions d’aviation et spor-
tive de l’Aéro-Club de France ont décidé, le
20 novembre, de doubler l’allocution et de la
partager entre les deux aviateurs).
Ensuite, vol de 9 24” avec M. Frank S.
Lahm, père du lieutenant Lahm, qui gagna
la première coupe Gordon-Bennett et participa
aux envolées d’Orville Wright. Puis, vol
d'instruction avec le capitaine Lucas-Girard-
ville, arrêté au bout de 19 minutes par la
rupture de la chaîne qui se désengrénait en
calant l’hélice de droite. Une horrible angoisse
étreignit les spectateurs. Allait-on assister à
une catastrophe semblable à celle qui coûta
la vie au lieutenant Selfridge (V. Aérophile
du 1+ octobre 1908)? Mais Wilbur Wright ar-
rêtait aussitôt le moteur et descendait en
planant.
L'accident s'était produit à 5 à 6 m. envi-
ron de hauteur. Wright put néanmoins, dans
ce court espace, se redresser assez pour obte-
nir un atterrissage presque normal, mais une
aile vint quand même au contact du sol et subit
des avaries. Il y a lieu de penser que le re-
dressement eût été complet si la hauteur de
chute eut été plus grande. Notons que pour
477
son départ sans pylône, pour le Prix de la
Hauteur, Wright n’a même pas dû s’enlever
tête au vent. Il n’y avait pas le moindre vent
à ce moment et l’action des hélices suffit à
elle seule à déterminer l'essor. Le premier
contact au sol, sans arrêt, dans cette expé-
rience, se prolongea sur 22 mètres.
— Sur la prière de l’Aéro-Club of the United
Kingdom, qui a décerné aux Wright sa
grande médaille d’or, Wilbur Wright a pro-
mis d’alier exécuter en Angleterre des expé-
riences de démonstration qui auront lieu pro-
bablement sur le champ de manœuvre de Sa-
lisbury Plain.
L’Aéro-Club of America a décerné aux frè-
res Wright sa grande médaille d’or.
La santé d'Orville Wright. — Orville
Wright, rentré à Dayton, va beaucoup mieux.
Il marche un peu avec des béquilles et, d’après
le docteur, il pourra se servir de la jambe
biessée dans deux mois.
Il ne pourra reprendre ses expériences avant
un an au moins. En attendant, il étudie, se
renseigne sur les expériences de son frère, de
Farman, de Blériot, etc. I1 a même envisagé
quelques modifications à apporter à son appa-
reil et, dès le retour de Wilbur, il l’aidera
dans ses travaux.
Le gouvernement des Etats-Unis a fait sa-
voir qu’il accordait une nouvelle prolongation
pour faciliter aux Wright l’exécution de leur
contrat.
Farman en triplan
Après les essais relatés dans le dernier nu-
méro, Henri Farman a repris son entraîne-
ment le 16 novembre, exécutant au-dessus du
camp de Châlons, 3 vols dont 2 de 5 kilomè-
tres à 15 mètres de hauteur.
Le 17 novembre, il effectuait plusieurs vols
très réussis dont le plus long atteignit 10 ki-
lomètres à une quinzaine de mètres de hau-
teur. De légères avaries qui s'étaient produi-
tes à l'atterrissage, furent réparées le lende-
main par Henri Farman, assisté de son ha-
bile mécanicien Maurice Herbster.
L’aéroplane d'Henri Farman a subi une
modification importante dont l’aviateur pa-
raît très satisfait : de biplan, il a été trans-
formé en triplan, par l’addition d’un panneau
entoilé supplémentaire de 6 m. 50 d’envergure
sur 1 m. 50 de longueur antéro-postérieure,
pesant 25 kilogr., monté au-dessus de la par-
tie antérieure de l’ancien plan porteur supé-
rieur. Pour rétablir le parfait centrage de
l'appareil, la cellule stabilisatrice d’arrière
sera agrandie.Le type à surfaces multiples vers
lequel s’orientaient déjà certains construc-
teurs, et non des moindres, tels que les frères
Voisin, trouvera peut-être en Farman un
champion redoutable et un excellent metteur
au point. Cette modification de l’appareil a
478 1°" Décembre 1908
conduit Farman à faire édifier un second
hangar plus vaste avec atelier de mécanique
et un pavillon d'habitation. Farman, on le
voit, se dispose à poursuivre à fond, dans
l'isolement, le perfectionnement de son ap-
pareil et son propre entraînement.
Farman, on le sait, est un partant certain
dans le meeting d'aviation de Monaco. Pour
s'entraîner plus utilement, il à fait figurer
sur le sol avec des lignes tracées à la chaux,
le plan en vraie grandeur du quai où aura lieu
ie départ des concurrents (Voir carte plus
loin) ; il s'exerce à partir et à atterrir dans
les limites tracées.
Un monument commémoratif. — Repre-
nant une idée de notre confrère Les Sports,
la Ligue Nationale Aérienne se propose de
faire édifier à Bouy et à Reims deux stèles
triangulaires avec flèches de bronze pour com-
mémorer le premier vol mécanique de ville
à ville qu'Henri Farman exécuta, de Bouy à
Reims, le 30 octobre 1908.
P. S. — Farman gagne le Prix de la Hau-
teur. — Appliquant avec raison le règlement
de cette épreuve dans son esprit plutôt que
dans sa lettre étroite, la Commission d’avia-
tion et la Commission sportive ont décerné, le
20 novembre, le Prix de la Hauteur à Henri
Farman pour sa performance du 31 octobre (et
non 31 septembre, comme nous l’imprimions
dans le dernier numéro, p. 459, col. 1, par
une erreur matérielle que nos lecteurs ont
certainement rectifiée).
L’aéroplane Maurice Farman.
— Voici quelques détails complémentaires sur
l’aéroplane que Maurice Farman (V. Aéro-
phile du 15 novembre 1908), désireux de s’en-
gager à son tour sur les traces glorieuses de
son frère, et M. Albert Neubauer font cons-
truire, sur leurs plans, par les ateliers aéros-
tatiques Maurice Mallet.
Aéroplane biplan, cellulaire, à deux places
côte à côte; gauchissement spécial de l'arrière
des plans ; une seule hélice centrale de 2 m. 50
tournant à 800 tours sous l’action d’un mo-
teur R E P, du type à 10 cylindres, refroi-
dissement par air, qui ne développe pas moins
de 52 chx au frein. L'appareil est monté sur
roues. Les essais s’effectueront sur le terrain
de M. Robert Esnauit-Pelterie, à Buc, et se-
ront conduits par M. Maurice Farman.
L’aviateur fera également des essais avec
le nouveau moteur d'aviation Renault, 8 cy-
lindres, culasses à ailettes, refroidissement
par circulation d’air au moyen d’un ventila-
teur disposé à l'arrière. Poids, 170 kilogr.
Puissance : 58 chx. Carburateur spécial placé
au-dessus des cylindres; allumage par ma-
gnéto. Au point fixe, sous le contrôle de
MM. Lumet et Carpentier, ce moteur a fonc-
tionné 3 heures sans arrêt.
Le monoplan Antoinette IV. —
Les essais de mise au point de l’'Antoinette IV,
piloté par M. Welferinger, se poursuivent ra-
pidement et avec un brillant succès, à Issy-
les-Moulineaux. Le 16 novembre, à 10 h. 30
du matin, traversée du champ de manœuvres
(600 à 700 mètres), à 5 à 6 mètres de hau-
teur. Le 17 novembre, cinq vols de 200 à 300
mètres de hauteur. Le 18 novembre, après
avoir traversé le champ de manœuvres à 3 mè-
tres de hauteur, M. Welferinger, pour éviter
de blesser deux gardes municipaux, s’éleva
d’un coup de barre à 6 mètres de hauteur et
vint atterrir assez durement dans la partie
du terrain où s'élève le hangar Malécot. Ava-
ries légères réparées le soir même.
La Société Antoinette met en chantier,
pour M. René Demanest, qui en sera le pi-
lote, un monoplan de 44 m°, à deux places,
présentant les mêmes dispositions que l’Antoi-
nette IV et destiné au meeting de Monaco.
Aéroplane Wehrlé. -_ M. Wehrlé, di-
recteur des Thermes de Royat se propose de
mettre en chantier un aéroplane monté sur
patins et roues combinés ; manœuvres comman-
dées par un unique volant.
Le muitiplan d’Equevilly. — Notre
photographie donne une idée exacte du très
curieux multiplan dont le marquis d’'Eque-
viily-Montjustin, ingénieur du génie mari-
time, vient de commencer à Issy-les-Mouli-
Le multiplan d Equevilly (Photo Rol)
neaux, les essais préliminaires. C’est un mul-
tiplan dont les panneaux superposés, de gran-
deur différente, au nombre de douze, sont
montés sur une originale armature annulaire
en tubes d'acier. L'appareil, supporté par des
roues, est propulsé par une hélice de 2 m. 50
de diamètre placée en son centre et actionnée
provisoirement par un moteur de 7 chx, qui
sera remplacé par un moteur plus puissant.
Largeur maxima : 5 m. Surface portante :
25 m..
Le triplan et le biplan Moore-
Brabazon. — Obligé de se rendre dans
N VANIMA
CONSTRUCTEUR.
Ingénieur-en-Chef “ a
de l’'Expédition Polaire Wellman, > À
Inventeur & Constructeur de la nacelle du ‘‘ Wellman ‘’ - 1907.
TR ET
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l'Amérique du Sud et, désireux de se fami-
liariser auparavant rapidement avec la pra-
tique de l’aviation, M. Moore-Brabazon vient
de commander aux ateliers Voisin frères, un
biplan genre Farman, type dont l’aviateur
Le biplan Moore-Brabazon (Photo Rol).
anglais considère avec raison l’apprentissage
comme le plus aisé et le plus rapide. Mais il
ne renonce nullement à son triplan dont les
avantages le séduisent et en continuera la mise
au point à son retour.
L’aéroplane Witzig-Lioré-Dutil-
leul, remis en état et modifié de manière à
mieux assurer l'équilibre, poursuivra ses es-
2
-sais à Issy-les-Moulineaux (Voir Aérophile du
15 septembre 1908).
L’aéroplane Zipfel. — La première
sortie de ce biplan eut lieu le 19 novembre,
au Grand Camp, près Lyon. Monté par son,
-constructeur, l'appareil quitta le sol à plu-
-sieurs reprises. Mais, au retour, il s’enfonça
-dans le terrain gras et piqua du nez; de lé-
gers dommages au gouvernail furent vite ré-
parés après cette première journée encoura-
-geante.
Le monoplan «R E P 2 bis » ga-
gne le 3° Prix des 200 metres. —
‘Le troisième des prix dits « des 200 mètres »,
créés par l’Aéro-Club de France, a été gagné,
le 21 novembre, à l’aérodrome de Buc, par le
monoplan R E P 2 bis. M. Robert Esnault-
Pelterie, l’inventeur de l’engin, un peu à
court d'entraînement, avait cédé sa place à
bord à un de ses collaborateurs, M. Château.
M. Château s’est brillamment acquitté de sa
tâche.
Elevé à 11 h. 12, le monoplan R E P 2 bis
ne reprit terre qu'à 316 mètres du point de
départ, distance mesurée par MM. Jacques
Balsan, Paul Tissandier et Ernest Zens, con-
trôleurs de l’Aéro-Club de France, A. Goupy
et Robert Esnault-Pelterie. Le vol fut d’une
parfaite stabilité à une hauteur de 4 à 7 mè-
tres, malgré un vent qui soufflait par bouf-
fées irrégulières à la vitesse de 6 à 8 m. par
seconde mesurée à l’anémometre.
479
M. Château, dont l’apprentissage ne remon-
tait guère qu’à une quinzaine de jours, ne
tenta point le virage, mais il regagna son
point de départ en volant après avoir retourné
l'appareil.
Dans l'après-midi, il exécuta quelques nou-
veaux vols de 250 à 300 mètres pour permettre
aux photographes d'opérer. M. Château avait
indiqué à l’avance aux opérateurs le meilleur
emplacement à occuper et il passa exactement
à l’endroit fixé à une hauteur de 3 à 4 mètres.
Les Prix de 200 mètres, fondés par l’Aéro-
Club de France pour encourager la construc-
tion d'appareils nouveaux en leur offrant une
récompense dès leurs premiers succès, étaient
au nombre de trois. Le premier a été gagné
par Léon Delagrange, le 17 mars 1908, à Issy,
par 269 m. 50.
Le deuxième, par Louis Blériot, le 29 juin
1908, à Issy, avec un vol non mesuré d’une fa-
çon précise, mais atteignant 700 mètres envi-
ron. M. Château, à bord du R E P 2 bis, vient
de gagner je troisième et dernier de ces prix.
Antérieurement, l’Aéro-Club avait créé dans
le même esprit: le Prix des 60 mètres, gagné
par Santos Dumont, le 12 nov. 1906, à Baga-
telle, avec 82 m. 60. Le Prix des 100 mètres,
gagné par Santos Dumont, le même jour, dans
un autre essai, au même endroit, par 220 m.
Le Prix des 150 mètres, gagné par Henri Far-
man, le 26 octobre 1907, par 770 mètres, à
Issy.
L’aéroplane Bourdariat. -- Nous
apprenons que M. Edouard Bourdariat cons-
truit, à Levallois-Perret, un aéicplane parti-
cipant du type Langley et du type Chanute.
La partie avant (Langley) a 9 m. 50 d’en-
vergure sur 1 m. 50 de longueur.
La partie médiane (Chanute) a 7 m. 50 d’en-
vergure sur 1 m. 44 de largeur. Surface
22 m. c. 50.
La partie arrière (Langley) mesure 6 m. 50
d'envergure et 1 m. 50 de largeur.
Le tout est supporté par un fuselage de
10 m. 50 de longueur.
Rien de définitif encore au sujet de la par-
tie mécanique.
Un nouvel aëéroplane. — L'ancien
champion cycliste, M. G. Pasquier, de Reïms,
commencera bientôt des expériences d'aviation
au camp de Châlons, près de Saint-Hilaire-le-
Grand. Le hangar se trouve entre Saint-Hi-
aire et Sonain.
L'appareil sera du type biplan, à queue mo-
noplan (40 mètres de surface portante), pro-
pulsé par deux hélices de deux mètres de dia-
mètre, muni de roues pour le lancement. Il
sera actionné par un moteur de 60 chevaux, ne
pesant que 40 kilogs, dont M. G. Pasquier est
l'inventeur.
M. Decour
480 1° Décembre 1908
Les aéroplanes à l'Etranger
Le triplan de Caters. — Le baron de Caters
a fait, à la fin d'octobre, avec son triplan, cons-
truit par les frères Voisin, une série d'essais
pleinement satisfaisants. Il est parvenu à s’éle-
ver à 1 m. 50 au-dessus du sol, et a plané à
cette hauteur pendant S00 mètres.
M. de Caters a l'intention de faire construire
un second appareil du même type que le pre-
mier.
Il continuera ses expériences dans le courant
de la semaine prochaine sur un terrain situé
près d'Anvers. Le moleur Vivinus, placé sur
son triplan, et dont l’alésage des cylindres a
été porté à 110 millimètres, tourne à 1.250 tours
et donne une puissance de 57 à 58 chx. Afin de
diminuer la vitesse des tours, le pas de l'hélice
va être augmenté. La diminution de puissance
sera compensée par une meilleure utilisation de
l'hélice.
Aéroplanes allemands. — [La construction
d'un aéroplane rappelant celui de Wright vient
d'être achevée à Tempelhof, près de Berlin, par
M. Meschner, ingénieur très connu. Le châssis
est en tubes d'aluminium, les montants en acier.
L'appareil est muni d'un moteur puissant ac-
tionnant une hélice à trois branches.
On compte sur une vitesse minima de 60 kil.
à l'heure. Les essais du moteur ont élé très
satisfaisants. L'aéroplane fera ses essais dans
un champ, près de Tempelhof.
On dit que le major Parseval aurait égale-
ment terminé la construction de son nouvel aéro-
plane.
— À Hanovre, l'aviateur Karl Jatho achève
un aéroplane qui sera muni d'un moteur âalle-
mand Koerting, de 35 chevaux, à quatre cylin-
dres, avec refroidissement à l’eau, pesant, avec
ses accessoires 80 kilos.
Ce sont, paraït-il, des moteurs de cette mar-
que, mais de 70 chevaux, qui sont installés sur
le dirigeable allemand Gross.
L’aviation en Allemagne, — Le conseil d’ad-
ministration du Syndicat des Charbons de
Westphalie a voté 20.000 marks pour la cons-
truction d’un aéropiane. C’est l'Association du
Bas-Rhin, présidée par le docteur Niemeyer qui
dirigera les travaux de construction de cet ap-
pareil.
L'aviation en Allemagne. — L'association
aéronautique du Bas-Rhin, à Essen, fonde une
société d’études d'aviation pour construire un
appareil selon des principes nouveaux.
L'aéroplane Herring. — Le délai d’expéri-
mentation de l’aéroplane Herring, pour le con-
cours institué par le Signal-Corps des Etats-
Unis, a expiré le 13 novembre.
M. Herring essayait le 28 octobre son appa-
reil et son début fut plutôt malheureux.
Après un vol d'environ 100 mètres, à Hemps-
iead Plains, à Long-Island, l'appareil s'est brisé.
M. Herring va reconstruire son engin.
Une société d'aviateurs en Angleterre.
— Une nouvelle société aéronautique pour en-
courager la construction des aéroplanes et les
expériences d'aviation, formée en septembre der-
nier, en Anglelerre, compte déjà 350 membres.
Plusieurs aérophiles français bien connus se
sont déjà fait inscrire. Une première réunion
d'inauguration a élé tenue à Claridge’s Hotel, à
Londres, le 6 novembre.
Accident à l’aéroplane Bellamy. — M. Bella-
my, un Français qui, depuis plusieurs mois, expé-
rimente un aéroplane près de Londres, à Rich-
mond, a été victime le 3 nov. d’un accident alors
qu'il essavait sa machine en se lançant du haut
d'une colline. Une fois lancée, la machine devait
planer et monter grâce à son moteur à six
cylindres. L'appareil descendit rapidement la
pente et se retourna au lieu de s'élever. L'in-
venteur, assis immédiatement derrière l'hélice,
fut grièvement contusionné. La machine est
hors de service.
Le triplan « Grade ». — (De notre corres-
pondant de Berlin). — Le triplan de l'ingénieur
Grade, de Magdebourg, qui a un 6 cylindres de
36 chx pesant 54 kilog. a fait ses essais. Après
avoir cassé une hélice, à une vitesse de 25 kil.
on à corrigé le moteur qui n'était pas assez en
harmonie avec l’hélice. L'appareil vire bien sur
le sol. Le 2 novembre, avec une vitesse un peu
plus grande (40 kil), l'appareil s'enleva après
15 mètres d’élan jusqu'à $ mètres de haut, et
après avoir parcouru une cinquantaine de mè-
tres, piqua. L’hélice est brisée ainsi que l'aile
droite. M. Grade est indemne. L'appareil qui a
ès m° de surface pèse 150 kilog. On essaye à
Mulhouse un nouvel appareil certainement du
genre d'hélicoptère car il s'élève sans élan. Il
se serait élevé d'un mètre et parcourut quel-
ques mètres. Les inventeurs veulent s'inscrire
pour le prix Lanz... quand ils voleront ! —E. R.
Un tissu pour aéroplanes. — (De notre cor-
respondant de Berlin). — L'étoffe pour aéro-
planes qui a été primée au concours de Silésie
est un tissu en fibres de china-grass (Urtica ni-
vea) qui pèse 200 à 220 gr. par m° et vaut 1 mark
80 environ (2 fr. 25) le mètre carré. Comme soli-
dité moindre résistance au frottement, étan-
chéité, hygroscopie, poids et prix, c’est ce tissu
qui à réuni le plus de points. — E. R.
Essai d’un grand ornithoptère. — On mande
de Bruxelles, le 16 novembre, que l’ornithoptère
de notre distingué confrère belge, M. A. de La
Hault, directeur de La Conquête de l'air, essayé
dans le plus grand secret, sur la plaine de Ber-
kandaël, près de Bruxelles, s’est élevé aisément
au-dessus du sol. Il est muni d’un moteur de
100 chx.
Nouvel aéroplane italien. — A Novara, les
frères Gemma commenceront incessamment les
premiers essais d'un appareil d'aviation qu'ils
nomment : Aerocurvo.
Cet appareil a 9 mètres de longueur et 7 m. 1/2
d'envergure.
Le moteur Anzani dont il est muni pèse 91 ki-
los et tourne à 1.500 tours.
Le gouvernement russe et l'aviation. —
Le gouvernement russe a, paraît-il, donné l'or-
dre à ses représentants d'activer les pourparlers
engagés pour l'achat d'aéroplanes aux frères
Wright.
Le tsar, qui s'intéresse personnellement à
l'aviation, a fail demander une augmentation des
crédits accordés au ministère de la guerre, qui
dispose actuellement de quatre millions.
Nous avons déjà dit dans l’'Aérophiüe du 15 no-
vembre dernier que le gouvernement russe avait,
d'autre part, passé commande à MM. Lebaudy
d'un dirigeable militaire du type République.
GEORGES BLANCHET
TE NE
lJ’Aérophile
Les Dirigeables en France
Nouvelle campagne d’expérien-
ces du « Ville de Paris ». — Une
panne. — Escale et retour au
hangar.
Le dirigeable Ville-de-Paris a repris, le
16 novembre, à Verdun, le cours de ses ascen-
sions militaires devant une foule nombreuse.
Le ballon, sorti du hangar de Belleville, à
2 heures, par une équipe du 1% régiment du
Génie, s'élevait, quelques minutes apres,
monté par MM. le commandant Bouttieaux,
Henri Kapferer, et je mécanicien Paulhan.
L’aéronat se dirigea vers l'Est dans la direc-
tion des casernes Marceau et Chevert, revint
sur Verdun, contourna la cathédrale et la ci-
tadelle, passa au-dessus du bourg de Jardin-
Fontaine pour filer ensuite vers Thierville. A
ce moment, on vit l’hélice s'arrêter. Le mo-
teur ne fonctionnait plus. Avec beaucoup de
décision, le commandant Bouttieaux songea à
faire escale pour réparer la panne et laissa
dériver l’aéronat vers le champ de manœu-
vres où les hommes du 162° régiment d’infan-
terie à l’exercice pourraient maintenir le bal-
lon, ce qui eut lieu, en effet, vers 3 h. 1/2; en
même temps, par un pli lancé du bord aux offi-
ciers qui suivaient le ballon,il demandait d’ur-
gence l’équipe d’aérostiers commandée par
M. Ed. Surcouf, lieutenant de réserve et
constructeur de l’engin, qui était restée au
hangar et ne tardait pas à arriver, au pas
gymnastique, sur le lieu d'atterrissage. Mais
on reconnut bientôt que le baïlon ne pourrait
pas rentrer par ses propres moyens : au mo-
ment de l’atterrissage, les soldats qui avaient
saisi les cordes d’arrêt avaient amené le bal-
lon un peu trop brutalement; l’hélice, qui
s'était arrêtée dans la position verticale,
heurta le sol, et son arbre de couche se rom-
pit. Il fallait ramener le ballon à bras sur un
parcours de 4 kilomètres, à travers mille obs-
tacles qu’on dut franchir ou abattre : fils
télégraphiques, voies ferrées, rideaux d’ar-
bres, haies vives, fossés, etc... Ce difficile
transport, effectué sous la direction de
M. Surcouf, par les aérostiers, avec le con-
cours des autres troupes de la garnison (500
hommes), fut mené à bien avec une habileté
admirable. L’équipage était resté à bord pour
parer à tout événement. À 6 h. 50 du soir, le
Ville de Paris réintégrait son hangar. Les ré-
parations demanderont quelques jours.
Telle est la vérité sur un incident sans gra-
vité qui a été singulièrement amplifié. La
rentrée au hangar fut rendue plus laborieuse
par le fonctionnement défectueux du projec-
teur qui aurait dû éclairer la manœuvre. Ce
fut vraiment le côté dangereux de l’aventure.
On y para tant bien que mal par un éclairage
de fortune avec des phares d’autos et des jan-
481
ternes prêtées par le personnel de la Compa-
gnie de l'Est, qui fit preuve d’une complai-
sance et d’un dévouement dignes d’éloges.
Le « Clément-Bayard ». — Un mi-
nistre à bord. — Le dirigeable Bayard conti-
nue la série remarquable de ses expériences
sous la direction habile de Louis Capazza, qui
en est devenu le pilote définitif. Nous relate-
rons ultérieurement les détails de cette belle
campagne.
Signalons pourtant, dès aujourd’hui, une
nouvelle ascension ministérielle en dirigeable :
celle de M. Viviani, ministre du Travail.
Le 20 novembre, à 11 h. 3/4, M. Viviani ac-
compagnait, en effet, M. Clément dans une
sortie de son magnifique aéronat.
Sur le Bois de Boulogne, des essais de direc-
tion en tous sens, de variation d'altitude, d’ar-
rêts complets du moteur et de reprises, ont
été effectués sur la demande du ministre et à
son entière satisfaction. Le (Clément-Bayard
s’est dirigé ensuite sur Paris, évoluant avec la
plus grande aisance sur Passy, le Trocadéro,
l'Etoile, le Pare Monceau, Levallois.
À bord : M. Viviani, M. le colonel Lowther,
M. Clément, M. Guillelmon, M. Sabathier,
M. Capazza.
Retour effectué à 1 h. 1/4 Une ovation
a été faite au ministre et à M.'Clément par
la population de Sartrouville au moment de
l’atterrissage.
M. Clemenceau, le général Picquart,
M. Louis Barthou, avaient déjà pris place en
dirigeable. M. Viviani suit leur exemple; tout
le cabinet actuel finira par donner cette
preuve d'intérêt et de confiance à la nouvelle
locomotion.
Le hangar Malécot détruit. — Le
23 novembre, vers 6 heures du matin, le han-
gar Maïécot a été enlevé par la tempête et
n’est plus qu'un monceau de débris.
L’enveloppe de l'appareil mixte n’était plus
sous le hangar, mais la poutre armée et le mo-
teur ont souffert considérablement.
P. ANCELLE
1° Décembre 1908
Les aéronats à l'Étranger
Une sorlie du dirigeable militaire italien au-dessus du lac de Bracciano (Pholo Rol).
Le dirigeahle militaire italien
(Voir Aérophile du 1 novembre et précédent).
L’auto-ballon militaire a fait, le 26 octobre,
deux ascensions : la première a duré 20 mi-
nutes et la deuxième, une heure et demie, in-
terrompue par une légère avarie du ventila-
teur. Parcours : 60 kil. Vitesse : 45 kil. env.
Pas de jet de lest. Provision d’essence : 100 ki-
logr. Consommation d’essence : 20 kilogr. à
l'heure. Puissance développée : 70 chx.
La stabilité de l’aéronat a été parfaite.
Dans la nacelle avaient pris place le major
Moris, les capitaines Crocco et Ricaldoni et le
mécanicien Laghi.
Le 30 octobre, le duc de Gênes a fait une
ascension à bord de l’auto-ballon militaire ita-
lien.
L’aéronat est demeuré 1 h. 10 dans l’at-
nosphère et a évolué parfaitement.
Le due de Gênes s’est montré très satisfait
de son voyage aérien. Deux autres ascensions
plus courtes ont eu lieu le même jour, ce qui
donnait 13 sorties à cette date.
Le 31 octobre, l’auto-ballon, monté par les
capitaines Crocco et Ricaïdoni, et le mécani-
cien Contin, parti de Bracciano le matin, à
11 h. 45, plana sur Rome, où toute la popu-
lation a suivi avec le plus vif intérêt ses évo-
lytions.
Le ballon passa sur la place d’Armes, à
500 mètres environ de hauteur, puis se dirigea
sur le Capitole au-dessus duquel il vira.
Il rentra à Bracciano sans incident. Durée :
1h.25. Alt. maxima : 500 m.
— Le 10 novembre, nouvelle ascension du
duc de Gênes, à bord du dirigeable militarre
italien. Durée : une demi-heure.
Sur le soir, nouvelle sortie très courte (la
15*) avec le lieutenant Cianetti et M: Son-
nino.
Voici quelques détails sur la construction du
dirigeable italien qui fait honneur aux sa-
vants officiers de la Brigata Specialisti.
L'appareil peut être classé dans la catégorie
des semi-rigides à laquelle appartiennent éga-
lement les types Lebaudy, Patrie et Répu-
blique.
La carène est dissymétrique, en étoffe revê-
tue d’un enduit à l'aluminium, le maître-couple
est reporté vers l’avant, l'arrière se termine en
pointe. Elle est étudiée selon les données éta-
blies par le colonel Renard, de manière à pré-
senter la moindre résistance à l'avancement et
à permettre avec le moins de frottement pos-
sible, l'écoulement en arrière des filets flui-
des écartés par la proue. Sous l’arrière, une
quille verticale à laquelle fait suite le gou-
vernail vertical. De part et d'autre de l’ar-
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J’Aérophile
rière, stabilisateurs cloisonnés. Nacelle en
forme de canot.
Les deux hélices, préalablement expérimen-
Le dirigeable militaire italien vu d’en-dessous en
pleine marche (d’après le Bolletmo della Sociela
aeronautic Italiana).
tées à bord d’un hydroplane à propulsion aé-
rienne, décrit dans l’Aérophile de juillet 1907,
sont actionnées par un excellent moteur
Bayard-Clément de 70 chevaux.
Nacelle et hélices du dirigeable militaire italien:
le ministre de la guerre à bord (d'après le Bolle-
ino della Societa aéronaulica italiana).
— Parmi les hommes de la classe sortante du
3° régiment du génie italien, à Turin, un co-
mité réunit des souscriptions pour offrir une
médaille d’or au major Morris et aux capitai-
483
nes Crocco et Ricaldone. Cette médaille sera
un juste témoignäge public d’admiration
adressé aux constructeurs et pilotes du super-
Le aéronat militaire.
— Le dirigeable militaire vient d’être acquis
par le gouvernement italien, satisfait des ex-
cellents résultats obtenus, dès le début, par
ses savants constructeurs les capitaines Crocco
et Ricaldoni. Trois dirigeabies du même type
ont été également commandés ; ils devront être
prêts au printemps 1909 et participeront aux
grandes manœuvres d'été.
Le Zeppelin 1. — Le Zeppelin I (ancien
Zeppelin IIT, construit en 1907, modifié en
1908), aujourd’hui acquis par le ministère de
la Guerre allemand (V. Aérophile du 15 nov.
1908), restera quelque temps encore à Frie-
drichshafen jusqu’à ce qu’on ait érigé près de
Berlin un hangar propre à le recevoir.
Le service du nouvel aéronat militaire com-
prendra 75 hommes, dont l’uniforme spécial
est commandé et l’instruction commencée.
L’équipage régulier sera de 10 hommes, sans
compter le commandant, les mécaniciens et les
officiers de quart. Le major Gross, l'inventeur
du semi-rigide allemand, commandera le Zep-
pelin I.
On dit qu'un crédit de 6.250.000 francs sera
inscrit dans le prochain budget pour la créa-
tion de nouveaux ballons, des Zeppelin, pro-
bablement, étant donnée la préférence de l’em-
pereur pour ce type d’aéronats.
A. DE MASFRAND
PRET
[a Croix pour 165 Aviateurs
100.000 francs pour l'aviation
La séance du 20 novembre de la Chambre des
députés restera mémorable dans les annales de
l'Aviation.
Par un premier vole, elle a adopté, sans dis-
cussion, un amendement présenté par MM. Chau-
tard, Messimy, le marquis de Dion, Desplas, Le-
boucq, Gervais Dalimier, Clémentel, députés, im-
putant au budget 1909 des Travaux Publics,
une subvention de 100.000 francs pour la locomo-
tion aéri
Puis, sur la proposition du marquis de Dion,
elle a demandé à M. le ministre des Travaux
publi heureux de cette mission, de présenter
un projet de loi permettant d'attribuer aux pion-
niers de la locomotion nouvelle les récompenses
honorifiques que l'opinion publique réclame pour
eux depuis longtemps.
Pour cette promotion spéciale, plusieurs noms
ont été mis en avant et ralifiés par une approba-
tion universelle ; il est permis de penser qu'il
s'en äjoutera d’autres, car les mérites et les dé-
vouements ont abondé et la reconnaissance na-
tionale tiendra à se manifester dans toute son
ampleur.
Les représentants du pays ont tenu à la fois à
apporter un concours direct aux progrès de la
ocomolion nouvelle et à adresser l'hommage de
la nation à ceux dont les efforts ont orienté l’hu-
manité vers de nouvelles et radieuses destinées.
484
Autour du coefficient K
POUR LE CALCUL D'UN AÉROPLANE
TI. — Dans l’Aérophile du 15 août 1908,
M. Rodet se plaint, avec raison, de voir
l’anarchie régner dans les formules servant à
calculer les réactions de l'air sur les aéropla-
nes et sur le martyre qu’on fait souffrir au
malheureux coefficient K !
En ce qui concerne les plans minces, les ex-
périences de Langley, si nombreuses, fixent
K à 0.085 pour la moyenne des groupes d’ex-
périences les plus rapprochées.
Le rayon du manège qu’il a employé était
très grand eu égard aux dimensions des plans
et par conséquent la force centrifuge n’influait
plus.
La force centrifuge augmente la réaction,
je l’ai démontré en 1893 et par de calcul et
expérimentalement et le frein Renard a, de-
puis, prouvé qu’il en est ainsi. Mais elle est
négligeable dès lors que le rayon de giration
atteint 10 ou 12 fois la traversée du plan au
sens du rayon. En outre, plus l’incidence du
plan sur le sens du mouvement est faible et
plus est faible l’effet de la force centrifuge,
car la vitesse radiale imprimée à l'air, dimi-
nue. Donc, on peut, pour des plans, adopter
0.085 sans grande erreur, si la densité de l’air
est 1 kil. 30.
Tous les artifices de démonstration pour
conclure à 0.13 ou 0.065, ou 0.26 sont done
vains, Car, ou ils ne répondent pas aux con-
ditions d’une marche en plein air, comme le
fait remarquer justement M. Rodet, ou bien
l’on ne tient pas compte des effets de dépres-
sion qui se produisent en arrière sur le péri-
mètre et de la contrepression qui s'exerce pro-
bablement vers les parties centrales de cette
face arrière ; 0.085 est suffisamment exact dans
la pratique, pour des plans müûs rectiligne-
ment et si l’on a 0,13 pour le parachute, c’est
qu’il est concave.
IT. — Puisque les appareils aériens sont ap-
pelés à fonctionner à des altitudes variées, on
ne peut se dispenser d'introduire la densité,
dans des formules pratiques.
Si donc 0.085 correspond à à = 1 k. 30,
on devra donc déjà écrire: R — 0.0653S V:.
Il est clair que celui qui établirait un aéro-
plane à Quito ou au Puy-de-Dôme, aurait des
mécomptes s’il prenait 0.085 SV*.
TIT. — Dès lors que l’on fait passer une
surface de 900 à 0°, on constate une réduc-
tion de la réaction et une variation des deux
composantes, l’une Q perpendiculaire au cou-
rant, l’autre F au sens du courant, et on
obtient autant de courbes variées que de
1% Décembre 1908
formes différentes de surfaces; on remarque,
en outre, qu'on n’a pas du tout fig. 1, on
Tang. à, mais que, selon les cas et les inci-
dences, on a: = Tang. 2.
Puisque c’est à qui détermine ces variations,
il n’est pas rationnel de conserver sinus à en
fin de formule et de compenser les différences
par un autre coefficient 2, 3, ou autre; par
lequel on multiplie K. Des multiplicateurs de
K, il y en aurait à l'infini!
K étant déterminé expérimentalement sur
l'espèce de surface adoptée et pour 90°, doit
rester constant, et c’est la fonction de à qui
doit comporter toute la variation, sans quoi, il
n’y a rien de clair ni de logique.
IV. — Si l’on exprime la réaction par R
en posant:
R = KSV: fon i,
le cas est incomplètement exprimé, car rien
n'indique, dans cette expression, la direction
réelle de R, qui est supposée être normale à
la surface, ce qui n’est pas toujours vrai.
On ne peut donc valablement tabler que
sur les deux composantes Q et F, et cela, par
deux fonctions expérimentales de à, l’une q,
pour les valeurs Q; l’autre f, pour les va-
leurs F.
V. — Comment veut-on, pour les inciden-
ces pratiques de O0 à 15°, utiliser des formules
aussi simples que celles qu’on s'efforce de
créer, quand on voit la variété des résultats
que donne l'expérience sur des voilures d’es-
pèces diverses ?
La figure 2 donne les valeurs f et q pour
un plan rectangulaire très long eu égard à
la largeur et présenté en bout.
La figure 3 indique R les valeurs de Du-
; M 2Hsinp à
chemin, plans carrés: = ou la mienne:
1 +sin à
2 sin à — sini en tablant, pour les angles
faibles, sur K — 0.13; comme K n’est en
réalité que 0.085, les ordonnées se trouvent
trop faibles, la vraie courbe est R’ (Langley)
On obtient alors, d’après toutes les don-
nées de Langley, les courbes de la figure 4
pour les plans carrés; la courbe q se détache
tangentieïlement à l’ordonnée en 0, et la
courbe f part suivant un angle avec la ligne
des +.
La figure 5 donne les courbes pour des rec-
tangles longs présentés par grand côté; les
ordonnées g aux angles pratiques avoisinent :
V sin 2; et les f avoisinent: 0.40 sin à + 0.60
sin À.
La figure 6 s'applique aux surfaces longues,
l’Aérophile
fig 2
Plans rectangulaires
très longs présentés en bout
1
Sinus i = 0 1
fig 3 fig 4 fig 5
Plans carrés Plans carrés Plans reclangulaires
R (Duchemin x Goupil) (Langley) irés longs. présentés
R' (Langley) par grand côte
LT LA LA
Sius 1:0 Sinusi.0 Sinusi «0 0, .
119.6 :
ne 9. 7 pe
sommet tangentiel quée au # (probable)
au courant “Lilientha} ÊX
Sinus 1 0 Sinuss 120 Sinus i=0
paraboliques, dont le sommet de la parabole
est tangent au courant; on a: R = ÿ 2 sin i
— sin à, comme approchée, valeur qu’on peut
— sin, comme approchée, valeur qu’on peut
appliquer à g, de 0° à 20°.
La figure 7 s’applique à une arquée au
1/12e de Lälienthal.
Enfin, la figure 8 est la loi probable pour
les planeurs.
On voit ce qu'il faudrait de K variés si l’on
voulait, partout, se contenter de sinus i/
Il est donc manifeste qu’il est impossible
d'adopter une expression simple, générale,
s'appliquant aux aéroplanes. L’ingénieur qui
voudra renseigner sur la valeur de sa voilure
devra, ou donner le diagramme expérimental
de sa voilure, ou deux empiriques q et f, re-
présentant ce diagramme.
Mais y a-t-il eu un seul aviateur qui ait
déterminé expérimentalement le diagramme
de son aéroplane ?
On n’est jamais sûr de la vitesse! les rap-
ports donnent le temps du parcours à fraction
de seconde près, mais le parcours est évalué de
diverses manières, de sorte que le calcul don-
nera 15 mètres, d’après telle voie d’informa-
tion et 17 mètres d’après telle autre source.
Les résistances passives ne sont jamais indi-
quées non plus, et si l’on a la force nominale
du moteur, on ne sait quelle est la fraction de
cette force dépensée à la marche normale hori-
zontale. Jamais on ne connaît l'incidence à
laquelle l’aéroplane est porté.
VI. — Le plus pratique, à mon avis, est donc
d’avoir des graphiques tirés de l’expérimenta-
485
tion et à dimension convenable (0 m. 10 est suf-
fisant) et de prendre à l’échelle les valeurs
g et f.
Foin de toutes ces prétendues démonstra-
tions en æ qui n’ont jamais rien démontré de
certain en matière de fluides; à cet égard, je
suis de l’avis de M. Archdeacon, en partie du
moins, car l’aide des mathématiques est indis-
pensable quand même ; mais avant tout, il faut
de la mathématique pratique.
Si donc, on a à calculer un aéroplane; étant
donnés les diagrammes du type de voilure
choisi, on écrira: Q = K2ÈS V°gq
F=KiSV'f
Si l’aéroplane marche horizontalement à une
incidence à, on prend aux diagrammes les coef-
ficients q et f et on déduit la vitesse par:
P
KS Qq
puisque Q doit égaler P.
Et on aura la résistance par :
V =
r-PL+Kv
K° V* étant les résistances passives des pièces
autres que la voilure.
Si l’aéroplane est en chute, moteur en
panne, c’est R qui doit égaler P.
Si à f on ajoute f” pour les résistances pas-
EST
- q
Rien n’est plus simple, plus rapide, et plus
approché du vrai, que cette méthode.
A. GoupPiz
A l'Aéro-Çlub du Sud-Ouest
Ascensions. — 15 novembre. — Bordeaux
(usine à gaz de la Bastide), à 10 h. 30 du matin,
l'Aquitaine (1.100 m°) : le vicomte C. de Lirac,
M. pères et Guionie, ce dernier néophyte. Att.
à 12 N. 45 du s., à Beliet (Gironde). Durée : 2 h. 15.
Dre : 97 kil. (Ascension en plein brouillard.)
sives, on a pente = tang + —
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE NAVIGATION AÉRIENNE
Procès-verbal de la séance du 22 octobre
1908, ouverte sous la présidence de M. R. So-
reau, vice-président, remplacant M. A. Berget,
président, empêché.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu
et adopté. Dépouillement de la correspondance.
Parmi les publications reçues pendant les va-
cances se trouve le volume contenant les pre-
cès-verbaux et comptes rendus des travaux de la
Commission permanente internationale d’aéro-
nautique, session extraordinaire, tenue à Bruxel-
les du 12 au 15 septembre 1907. M. Soreau pré-
sente cel ouvrage et sculigne particulièrement,
en les commentant, les articles ci-après :
Historique des ballons dirigeables (conférence
par le commandant P. Renard). — Expériences
récentes du dirigeable « Patrie », par le comman-
dant Voyer. — Notes sur l'emploi du sextant à
niveau pour faire le point en ballon, par M. La
zaume Pluvinel. — La nécessité d'établir plu-
486 net
sieurs observaloires aérologiques au point de vue
de la méléorologie, par M. Assman. — Recher-
ches sur les changements de vilesse et de direc-
tion dans les masses d'air en mouvement, par
M. le commandant Le Clément de Saint-Marcq.
M. de Fonvielle, en termes émus, fait ensuite
l'éloge de M. Hansky qui vient de trouver la mort
en se baignant dans ja mer Noire L'orateur rap-
pelle que le disparu était de l'école de ceux qui
pensent que le ballon est l'instrument rêvé pour
les observations météorologiques et qu'il peut ren-
dre, quoi qu'en disent certains, de réels services
à l'astronomie. Hansky fit, à Paris, plusieurs as-
censions pour l'observation des Léonides. M. de
Fonvielle termine en proposant à l’Assemblée
d'adresser à la fomille du regretté savant les sym-
pathiques condoléances de la Société Française
de Navigation aérienne. Il sera fait droit à cette
juste proposition. | £
L'ordre du jour comporte une discussion au
sujet des récentes expériences d’aéroplanes.
M. Delaporte, qui essisla à piusieurs envolées
de Farman, Blériot et Wright, veut bien donner
ses impressions, en comparant l'école française
et l'école américaine ; il en tire plusieurs déduc-
tions très intéressantes.
MM. Soreau, Lecornu, Mercier et Chauvière
prennent ensiute la parole et la discussion se
termine par un échange de vues au sujet du vol
plané chez les oiseaux. £
M. Bunzli, présenté par MM. Mercier et Chau-
vière, est admis comme membre titulaire, à luna-
nimilé.
La séance est levé
Le secrélaire : MAYAUDON
LES BREVETS AÉRONAUTIQUES
392075. ? juillet 190$. — Ross (P.) : Appareil
mesureur et enregistreur des oscillations en
tous sens de corps tels que des bateaux, bal-
lons, véhicules de chemins de fer et autres corps
mobiles.
392117. — 8 juillet 1908. — Société dite : OPris-
CHE ANSTALT C. P. GOERZ ARTIENGESELLSCHAFT : Ni-
veau à bulle d'air, en forme de boîte
9565-391443. — 8 juillet 190$. — GoBrox. — Pre-
mier certifical d'add. au brevel pris pour moteur
extra-léger pour l'avialion, l’aérostation ou au-
tres applicalions.
392394. — 23 seplembre 1907. — BEnEL : Aile
rotative s'appliquant aux machines volantes et
aux moulins à vent.
392401. — 15 avril 1908. — Branp : Aviateur.
392464. — 18 iuiilet 1908. — LATASTE : Aéro-
plane.
392498. — 20 juillet 1908. — VAxIMAN : Réservoir
d'eau ou d'essence pouvant 6g
radiateur pour aéroplane.
393544. — 2$ septembre 1907. — JUGE : Aviateur.
392490. — 20 juillet 1908. — Levy : Enduit igni-
fuge et résistant aux intempéries, et son procédé
de fabrication.
392505. — 26 septembre 1907. — Ducour : Pro-
duit pour la conservalion des tissus et autres
matières.
392649. — 6 juillet 1998. — FEQUuANT : Aéroplane,
avec dispositif automatique de stabilisation
amortie, à rendement maximum et permettant
le freinage.
392672. — 16 juillet 1908. — ESNAULT-PELTE-
RIE : Aéroplane à surfaces sauchissables de puis-
sance sustentatrice variable.
392674. — 2 octobre 1907. — DouTRE : Aviateur.
392723. — 25 juillet 1908. — Cacna : Appareil
d'aviation.
lement servir de
Décembre 1908
9191-373818. — 25 mai 1908. — ESXAUL1-PELTERIEE :
Cinquième certificat d'add. au brevel pris pour
aéroplane.
| 392865. — $S octobre 1907. — Pucer : Hélicop-
ère.
392977. — 12 octobre 1907. — MARTINOT : Appa-
reil de locomolion aérienne.
393229. — 12 août 1908. RHompson : Perfec-
tionnements apportés aux hydroplanes.
393216. — 12 août 190$. — Vixocrapow : Hélice
populsive aérienne et hydraulique.
39208S6. — 16 juillet 1908. — BouLASsIER : Sur-
face de sustentation sur aviateur,
Communiqué par MM. Weismann el Marx, in-
génieurs-consels en matière de Propriété indus-
lrielle, 90, rue d'Amsterdam, à Paris. — Télé-
phone : 111-16.
LE POUR ET LE CONTRE
La première application du gouvernail de
profondeur aux aéronats. — (Réponse du
comte Almerico da Schio. Voir l’'Aérophile du
15 octobre, page 415). — Je ne conteste pas que
les officiers Renard et Krebs aient pourvu La
France d’un gouvernail de profondeur sans en
profiter. Il est pourtant indéniable que le pre-
mier dirigeable qui ait fait usage de semblables
gouvernails à été l’/lalia. Mais dans l’/lalia on
n’a pas du tout adopté le dispositif de La France,
comme l’affirme M. Charles Dolfus dans l'Aéro-
phile du 15 octobre dernier.
Les deux dispositifs sont différents :
a) Par la position de l'organe. — Le gouvernail
de profondeur de La France est unique et au-
dessous de l'extrémité de la poupe ; les gouver-
nails analogues de l'/lalia sont au nombre de
deux, au-dessous de la poupe et au-dessous de
la proue.
b) Pour la fonclion de l'organe. — Le gouver-
nail de La France sert à incliner l'axe de l’aéro-
nat, et c'est encore à l’hélice de pousser l’aéro-
nat dans la nouvelle direction. Les gouver-
nails de l’Jlalia sont situés entre l'hélice et
l'aéronat. Ils transmettent à l’acronef la poussée
verticale provoquée par la résistance, qui le fait
monter et descendre, en maintenant son axe
horizontal.
Patrie, République, Ville-de-Paris, Zeppelin,
ont suivi ce dernier principe. Au contraire, le
gouvernail placé seulement à la poupe, unique
ou double, je le vois, si je vois bien, dans Nulli-
Secundus, Knabenshue, Torres-Quevedo.
Je ne crois pas que le dispositif de La France
pourrait servir pour la direction verticale. Je
crois, au contraire, qu'il sera précieux pour la
stabilité horizontale et contre le déversement.
Aussi le commandant Boutlieaux dans sa note
du 6 avril dernier, à l'Académie des Sciences, si-
gnale-t-il les avantages des gouvernails cen-
traux, inaugurés en France sur le Patrie, avan-
tages que l’aéronef /talia avait expérimentés dans
ses neuf sorties à Schio, trois ans auparavant.
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aux Concours de 1907:
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Ascension du Ballon *< Helvetia”’ à la Coupe Gordon-Bennett (Berlin)
11-14 Octobre 1908, d’une durée de 13 heures.
piloté par le Colonel Schaeck et l'ingénieur Messner
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L’AÉROPHILKE
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l’Aérophile
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
Siège social : 63, avenue des Champs-Elysées, Paris (VIII)
Commission d'aviation, le 1” et le 3° mardi de
chaque mois, à 5 heures.
Conseil d'administration, mercredi 2 décembre,
à 5 heures. É
Comité, jeudi 3 décembre, à 5 heures.
Commission sportive, sur convocation du bu-
reau.
Commission scientifique, lundi 28 décembre, à
5 heures.
Diner mensuel, jeudi 3 décembre, à 1 h. 1/2, en
l'hôtel de l'Automobile Club de France, 6, place
de la Concorde. Prix du couvert : 8 francs tout
compris. Les inscriptions pour le dîner, réservé
aux seuls membres du club, sont reçues accom-
pagnées du prix du couvert, la veille au plus tard.
COMMISSION SCIENTIFIQUE DU 26 OCTOBRE 1908.
Séance présidée par M. W. de Fonvielle.
Nécrologie. — Au début de la séance, M. de
Fonvielle fait l'éloge de M. Mascart récemment
décédé, qui fut l’un des membres les plus actifs
de la Commission scientifique. C’est lui qui, avec
M. Cailletet, encouragea les premiers ballons-
sondes. C'est lui qui demanda l'attribution à San-
tos-Durnont du Grand Prix de 100.000 francs.
Observations. — M. Cailletet, communique à
l'assemblée une observation qu'il a faite le 4 oc-
tobre, à l’occasion du Grand Prix de l’Aéro-
Club de France : les ballons semblent grossir
quand ils s’approchent de la ligne d'horizon. Le
même phénomène se produit pour la lune ; c'est
une illusion de nos sens.
Le commandant Renard veut bien se charger
de faire un rapport sur les ascensions du 4 oc-
.tobre qui ont montré vn cas de dispersion très
rare avec angle de 120 degrés. MM. Jaubert et
Eiffel acceptent d'apporter au commandant Re-
nard la collaboration dont il pourrait avoir be-
Soin pour établir son rapport.
M. le comte de.La Baume-Pluvinel fait savoir
à l'assemblée qu'il donnera, à la prochaine
séance, un rapport sur ses expériences de télé-
graphie sans fil, en ballon. M. de Fonvielle
émet le vœu que les météorologistes civils et mi-
litaires unissent leurs études.
COMMISSION D'AVIATION DU 14 NOVEMBRE 1908.
Séance présidée par M. Archdeacon.
Chronométreurs. — Le commandant Ferrus fail
remarquer que dans les règlements généraux de
la F. A. I, il est dit à l’art. 18 que la vacation des
chronométreurs sera de 30 fr. par jour : il ne
pense pas que l’on puisse leur accorder 50 fr.
Cette modifications est adoplée.
Nominations. — MM. M. Mallet, Gabriel Voi-
sin, et René Gasnier, sont nommés membres de
la Commission d'Aviation. Le nombre des mem-
bres étant limité, et le quorum atteint, dès qu'une
vacance se produira, de nouvelles candidatures
posées seront examinées.
‘coupe Michelin,
487
Télégrammes : AÉROCLUB-PARIS. — Téléphone : 666-21
Règlements. — Une nouvelle lecture és£ faile
des règlements généraux ; quelques modifications
de détails y sont apportées après remarques de
MM. Rousseau, Ferrus, Blériot, Talin. Pour la
rien ne s'y opposant plus,
M. Archdeacon propose à la Commission de don-
ner le prix au propriétaire. M. Michelin, consuité,
ne cache pas que ses préférences vont au pilote
de l'appareil. La proposition de M. Archdeacon,
mise aux voix, est repoussée.
En ce qui concerne le Grand Prix Michelin,
100.000 fr., une modification est adoptée : Arrivé
à Clermont-Ferrand, le concurrent devra virer
autour de la cathédrale en-la laissant à droite
et à une distance d'environ 1.500 mètres.
Proposilion de M. L. Barthou. — M. L. Bar-
thou soumet à la Commission, la proposition sui-
vante ‘
« M. L. Barlhou désirant savoir la suite que la
Ligue Nationale Aérienne se propose de donner
à la démarche spontanément faite par M. Quinton
auprès de l’Aéro-Club de France le 3 septembre
dernier, ainsi que le procès-verbal de la séance
du comité le relate. Il fut entendu que l’Aéro-
Club étant la seule puissance sportive reconnue
par la Fédération Aéronautique Internationale,
les épreuves créées par la Ligue seraient organi-
sées et disputées sous les règlements de l’Aéro-
Club de France.
« M. L. Barthou voudrait connaître les inten-
tions définitives de la Ligue. Il exprime le désir
que M. Archdeacon, président de la Commission
d'Avialion de l'Aéro-Club de France, veuille bien
se renseigner et rendre compte du résultat de ses
démarches, »
Cette proposition est adoptée et la Commission
charge son président, cui accepte, de vouloir bien
lui rendre compte de £es démarches.
RES
COMMISSION D'AVIAIION DU 20 NOVEMBRE 1908.
La séance est présiäée successivement par
MM. Tatin el Soreau.
Elections. — La Commission est appelée à
nommer un nouveau J'ésident, par suite de ja
démission de M. Archdeacon.
La Commission d'Aviation a rendu hommage à
ceux qui, depuis tant d'années, par leur dévous-
ment, leur lihéralité, et leurs travaux, ont per-
mis à l’Aéro-Club de France de provoquer le mou-
vement scientifique, industriel et sportif dont les
progrès actuels de l'aviation nous montrent au-
jourd'hui le merveilleux épanouissement, en nom-
mant présidents d'honneur, MM. Deutsch de la
Meurthe, Victor Tatin el André Michelin.
Ensuite, sont élus : président, M. Rodolphe So-
reau ; vice-présidents, MM. Robert Esnault-Pel-
terie et Louis Blériot ; secrétaire, le capitaine
Ferber ; secrélaire adjoint, M. Ernest Zens.
Prix de la Hauteur. — Après avoir pris con-
naissance des rapports des commissaires, relatifs
aux performances de Henry Farman et de Wil-
bur Wright, inscrits pour le Prix de la Hauteur
dit des « 25 mètres » (2.500 francs), ia Commis-
sion d’Aviation, d'accord avec la Commission
488
sportive, considérant que Henri Farman (31 oc-
tobre) et Wilbur Wright (1S novembre) ont réalisé
.les conditions du règlement avant l'attribution
du prix, se félicite de ce résultat, double le mon-
tant du prix et décide d'attribuer à chacun des
aviateurs le Prix de la Hauteur, 2.500 francs.
COMMISSION SPORTIVE DU 20 NOVEMBRE 1908.
Séance présidée par le comte de Castillon de
Saint-Victor.
Prix de la Hauteur, dit « des 25 mètres ». —
Après avoir entendu les commissaires rappor-
teurs, la Commission sportive, d'accord avec la
Commission d'Aviation, double le montant du
Prix de la Hauteur, äccordant ainsi la valeur de
ce prix (2.500 fr.) à chacun des aviateurs ayant
couru ce prix : MM. Henry Farman (31 octobre
1908) et Wilbur Wright (1$ novembre 1908).
LES ASCENSIONS DU PARC DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE.
11 novembre. — 3 h. 30.
Jules Dubois. Alt. à Bessancourt, à 4 h. 40. Du-
rée : 1 h. 10. Distance : 22 kil.
13 novembre, — 2 h. 50 Aéro-Club IV (500 m°).
MM. Jules Dubois, Alf. Frod. Att. à Charman-
lr'ay (S.-el-M.), à 4 D. 45. Durée : 1 h. 55. Distance :
50 kil.
16 novembre. — ? h. 20. Berlin (2.200 m')
MM. Sticker, Hugo Munring. Att. Suedpoint
Zuyderzée, à 1 h. 30 soir. Durée : 21 h. Dis-
tance : 450 kil.
16 novembre. — ? h. 20. Condor 1 (1.450 n°).
MM. J. Faure, Warhington, Otter, L. Tremlet.
Att. à Brou, à 5 h. 30. D'urée : 3 h. 10. Distance :
105 kil.
16 novembre. — 2? h. 20. Condor II (2.200 m').
MM. E. Dubonnet, Ellen Welley, Jourdan, D' Gé-
rard, W. Jounchan. Att. Le Theil (Orne), à 6 h.
Durée : 3 h. 40. Distance . 132 kil.
17 novembre. — 1 h. 15. 4. C. III (1.200 m°).
MM. Guffroy, M. J. de Vilmorin et Mme Lévé-
que. Att. à 10 h. 50 du s., près Auxerre. Durée :
9 h. 35. Distance : 132 kil.
18 novembre. — 11 h. 4. C. IV (500 m°). MM. J.
Dubois. Alt. à Mareuil-les-Meaux, à 3 h. Durée:
4 h. Distance : 50 kil.
Alouette (350 m°). MM.
La locomotion aérienne au Parlement
L'importance capitale prise dans l'opinion pu-
blique par la locomotion aérienne et spéciale-
ment l'aviation, ne pouvait manquer d’avoir son
reflet au Parlement, Le Sénat et la Chambre pos-
sèdent déjà leur groupe d'aviation, qui se pro-
posent de défendre les intérêts de la science et de
l'industrie nouvelles auprès de leur collègue et de
leur faire attribuer tous les encouragements
puissants et efficaces que le pays réclame. Est-il
besoin de le dire, le gouvernement avait déjà, en
temps voulu, porté son attention de ce côté ? Par
une heureuse fortune, il s’est trouvé aussi que le
ministre dont le département se trouve le plus
directement intéressé par les applications nou-
velles, M. Louis Barthou, ministre des Travaux
publics, des Postes et des Télégraphes, était
déjà mêlé personnellement d'une façon très
aclive, très efficace et très éclairée au mouve-
ment aéronautique. Les intérêts de l’aéronauti-
que ne sauraient être en de meilleures mains. Le
ministre de la Guerre a montré depuis longtemps
déjà que l'importance militaire de l’automobi-
lisme aérien ne lui avait pas, non plus, échappé.
C'est au Sénat, le 5 novembre, qu'est venue
l'interpellation de M. d'Estournelles de Cons-
1 Décembre 1908
tant, fervent ami de l'aviation, « sur les en-
couragements officiels que le gouvernement
compte donner aux expériences de locomotion
GéTIenne », développée dans des termes excel-
ents.
M. d'Estournelles de Constant invite le gouver-
nement à faire inscrire au budget des prix ana-
logues aux grands prix de Longchamp, d’Aüteuil,
de Chantilly. Il demande que ces prix soient
créés sans retard pour que les municipalités de
province multiplient les aérodromes comme elles
ont multiplié les champs de courses, les vélo-
dromes, les circuits. Il faudra, en outre, réser-
ver des terrains, construire des hangars, des
garages, comme en construit des ports pour les
bateaux, des stations pour les chemins de fer.
M. Louis Barthou, ministre des Travaux pu-
blics, des Postes et des Télégraphes, répond.
Admirablement maitre de son sujet, il fait un
rapide historique de l'aéronautique, très sûre-
ment documenté et d'une forme très littéraire,
des services rendus par cette science à la Pa-
trie, et des encouragements que le gouvernement
lui a déjà donnés. Il rappelle qu’à la Chambre on
a demandé un crédit de cent mille francs à ins-
crire au budget des travaux publics dans le but
demandé par l'honorable interpellateur.
Mais le ministre déclare immédiatement qu'il
se réserve le droit de distribuer cette subvention
comme il l’entendra, sans être obligé de l’attri-
buer à une ligue quelconque plutôt qu'à une
autre. Le gouvernement est tout disposé d'autre
part à mettre à la disposition des aviateurs tous
les espaces libres dont il dispose.
Enfin, il accepte avec plaisir l'inscription au
budget de son ministère de la subvention de
109.000 fr.
La péroraisor de M. Barthou est très applau-
di
ie.
M. d'Estournelles de Constant répond alors qu'il
n’a jamais eu l'intention de demander la sub-
vention pour une association en particulier, qu'il
prend acte des déclarations de M. Barthou et
laisse au gouvernement le soin d'attribuer,
comme il convient, la subvention pour le plus
grand bien de l'aviation.
Après quelques observations du général Mer-
cier, qui rappelle les encouragements accordés
par un gouvernement précédent aux inoubliables
expériences de l'avion d'Ader, les déclarations
du ministre des Travaux publics sont approu-
vées à mains levées.
Les aviateurs sont donc assurés, dès mainte-
nant, d'un encouragement officiel de 100.000 fr.,
car la Chambre des députés ratifiait peu
après le vote du Sénat. Bien mieux le groupe
parlementaire d'études et d'encouragement pour
les progrès de la locomotion aérienne présidé
par M. Hector Depasse, député de la Seine,
réuni le 2 novembre, après avoir entendu plu-
sieurs personnalités aéronautiques, se propose
de demander à la tribune de la Chambre des
encouragements plus importants, on parle d’un
crédit d’un million renouvelable pendant ? ans.
Deux opinions sont en présence. Les uns dési-
rent que les crédits permettent l'achat d’appa-
reïls et leur perfectionnement: d'autres préfè-
reraient voir. fonder des prix à conquérir par
les aviateurs dans certaines conditions.
— Il s’est créé au sein du Sénat un groupe
d'encouragement à la locomotion aérienne dont
les principaux promoteurs sont MM. de Freycinet,
Léon Bourgeois, Monis, le général Langlois, Bon-
nefoy-Sibour, d'Estournelles de Constant ; dès le
début, il y eut 58 adhésions qui ne manqueront
pas de s’augmenter. s
Le groupe du Sénat et celui que préside à la
Chambre M. Hector Depasse uniront ieurs efforts
pour maintenir notre pays à la tête du mouve-
ment aéronautique.
l’Aérophile
PAIX ET EPREUVES D'AVIATION
Le Grand Prix d'aviation de l’Aéro-Club de
France (100.000 francs). — La sensation cau-
sée par la création du Grand Prix d'aviation de
l’'Aéro-Club de France, n'est pas près de s'étein-
dre. Cette magnifique allocation de 100.000 fr.
s’ajoutant aux 350.000 francs de prix déjà versés
aux aviateurs par l’Aéro-Club de France ou de-
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489
tages de la plaine beauceronne ; l'Aéro-Club de
la Sarthe appuie l’idée de Wilbur Wright qui
parle du circuit Paris-Camp d’Auvours et retour,
escales et ravitaillements permis, et étudie aussi
un circuit de moindre étendue. On a même pro-
posé comme circuit le tour de Paris, et notre
confrère Ch.-A. Bertrand, demande que le Grand
Prix d’Aviation soit une épreuve de durée.
M. R. Gastambide. l’aviateur bien connu, se-
rait partisan d’un lrajet Châlons-Nancy, etc.
Cependant, c’est la région champenoise, (héâtre
des exploits d'Henri Farman, qui paraît, pour
Cabbe
oquebrune
Hide Bon Voyage
Fu rouges
MÉDITERRANEE
(Cliché des Sports).
Carte du parcours du Concours d'aviation de Monaco. Dans le carton, délail du quai de lancement
meurant encore à gagner, sera un stimulant
énergique des progrès de la locomotion nouvelle.
En attendant que le règlement définitif en ait été
arrèlé, les formules de concours les plus di-
verses, souvent fort intéressantes, se font jour
un peu partout, el de nombreuses régions se
disputent l'honneur de voir disputer la grande
épreuve.
Biarritz propose le circuit du Labourd ; Pau,
le circuit du Béarn ; Tarbes, une grande semaine
d'aviation des Pyrénées avec 4 épreuves : cir-
cuit de Bagnères, circuit de Labourd, circuit de
la Bigorre, circuit du Béarn ; le Cluh aéronau-
tique de l’Aube propose un circuit aérien, par-
tant de Troyes et allant à Châlons, par le camp
de Mailly ; MM. Fambert, maire de Toury, et
Dutrop, maire de Janville, font valoir les avan-
l'instant devoir l'emporter. La municipalité de
Reims a déjà engagé des pourparlers à ce sujet,
avec le comte de La Vaulx agissant au nom de
l'Aéro-Club de France. En outre, le vice-prési-
dent de l’Aéro-Club de France a assisté le 7 no-
vembre, à Reims, au nouveau Cercle, à la pre-
mière réunion du Comité d'initiative fondé pour
obtenir que l’Aéro-Cluh de France fasse courir
son Grand Prix d’'Aviation, avec 150.000 francs
de prix, dans la Champagne.
Le comte de La Vaulx a exposé les grandes
lignes du projet ; comme auprès de la Munici-
palité, il a rencontré dans ce Comité, composé de
hautes sonnalités, l'accueil le plus favorable
È la réalisation de cette grande épreuve spor-
1Ve.
Le maire de la ville de Reims a acceplé la
490 1° Décembre 1908
présidence d'honneur du Comité d initiative, dont
la présidence a été attribuée à M. de Polignac.
Le Prix Ruinart, 12.500 francs offerts par la
maison de champagne Ruinart père, à Reims,
pour la traversée de France en Angleterre ou
vice-versa, en machine volante, créé le 4 décem-
bre de l’année 1906 (V. Aérophile de janvier 1907),
est dès maintenant confirmé. Le règlement arrêté
par les donateurs d'accord avec l’Aéro-Club de
France, sera incessamment publié.
Prix des Galeries Lajayetle (2.500 francs) of-
fert par MM. Bader et Kahn, directeurs des
Galeries Lafayette, par l'intermédiaire de lAéro-
Club de France, au premier avialeur ou aéro-
naute qui descendra ou fera escale en aéroplane
ou dirigeable sur la vaste lerrasse dominant leur
immeuble, à l'angle de la Chaussée-d’Antin et du
boulevard Haussmann.
Nouveau prix de 2.500 francs. — La direction
de l'hôtel Meurice offre à l’Aéro-Club de France
un prix de 2.500 francs à attribuer au premier
aviateur qui descendra en machine volante sur
la toiture-débarcadère de lhôtel.
Le Prix de l’Aéro-Club de Nice. — Quoi qu'on
en ait dit l’Aéro-Club de, Nice ne renonce nulle-
ment au concours d'aviation dont il a annoncé
l'organisation. Le programme en sera prochaine-
ment publié.
Concours de planeurs. — L'Aéronautique-Club
de France organise pour 1909 un concours de
modèles de planeurs réservé à ses sociétaires et
doté de prix en espèces.
Le premier concours d’aéroplanes de Mo-
naco (100.000 francs de prix), 24 janvier-
24 mars 1909. — Cette magnifique série
d'épreuves ne comporte pas moins de 100.000 fr.
de prix offerts par l'International-Sporting-Club
de Monaco, qui, après avoir rendu tant de ser-
vices au yaching automobile, aura ainsi bien mé-
rité de l'aviation.
Voici les conditions générales de l'épreuve que
M. Camille Blanc a exposées le 4 novembre, au
Conseil d'administration de l'Aéro-Club de
France :
Le concours aura lieu du 24 janvier au 24
mars.
Les concurrents devront effectuer, à des jours
différents, trois fois la même épreuve, dont les
temps chronomètrés et additionnés, serviront à
établir le classement.
Parcours : Partir du port de Monac, fran-
chir la ligne des jetées et au-dessus de la baie
d'Hercule, atteindre, doubler ie cap Martin et re-
venir au point de départ, soit au total environ
Ÿ k. 600 pour chaque épreuve.
Les appareils devront être munis de dispositifs
de flottaison, ils ne pourront être conduits que
par des pilotes ayant par ailleurs, fourni un
parcours permettant au Comité, qui en sera seul
juge, de les admettre à concourir.
Les concurrents qui ne seront pas satisfaits des
épreuves par eux effectuées, pourront les renou-
veler en tout, ou en partie, dans les limites du
temps pendant lequel le concours restera ouvert
et ce sont les trois meilleurs de ces temps qui
seront appliqués pour le classement.
Les concurrents devront prévenir le Comité
le matin, avant neuf heures, de leur intention
de concourir et l'épreuve ne pourra se faire que
dans la limite de 2 heures avant et 5 heures après
midi, limite pendant laquelle le départ sera of-
ficiellement contrôlé.
La répartition des prix se fera de la façon
suivante :
75.000 fr. à l’aviateur classé premier.
15.000 fr. à l’aviateur classé deuxième.
10.000 fr. à l’aviateur classé troisième.
Dans le cas où l’ensemble des épreuves ne
permettrait pas d'effectuer le classement. ainsi
prévu, le Comilé emploiera tout ou partie des
fonds non distribués à une répartition aux di-
vers concurrents et à titre d'encouragement.
Des dispositions seront prises pour élever des
hangars au point de départ et les aviateurs
pourront, sous la surveillance du Comité, ins-
taller les différents modes de lancement qu'ils
auront adoptés. Sur mer, un service de surveil-
lance sera établi au moven de canots automo-
biles et d’un remorqueur.
Notre carte donne une idée d'ensemble du ma-
gnifique cadre où se disputera le premier con-
cours d’aéroplancs. (Voir carte page précéd.)
Bordeaux-Paris-Aviation Organisé par L'Au-
to. — Cette épreuve sur un parcours déjà clas-
sique dans d’autres sports de locomotion est or-
ganisée par notre confrère L’Aulo qui se pro-
pose de la doter d’une riche allocation. En atten-
dant que le règlement détaillé en soit publié,
notre confrère annonce que cette course, ouverte
dès 1909, se disputera par escales comme suit :
Bordeaux (départ), Angoulême, Poiliers, Tours,
Orléans (4 escales), Paris (arrivée).
Le Prix de la Ville de Paris. — Dans sa séance
du 28 octobre, le Conseil municipal a voté, sur
la proposition de M. Louis Dausset, rapporteur
général du budget, et de MM. Maurice Beer et
Paul Virot, conseillers municipaux, un crédit
de 15.000 fr. en faveur de la Ligue aérienne.
Cette subvention servira à fonder un prix
d'aviation qui portera le nom de Prix de la Ville
de Paris el sera couru dans le département de
fa Seine.
Les Prix de la Ligue Nationale Aérienne.
— Le Comité technique de la Ligue Nationale
Aérienne a arrêté l'affectation d'un prix de
2.000 francs et de dix-neuf premiers prix de
1.000 francs qui lui ont été offerts.
1. Le Prix ae la Compagnie d'Aviation, pour
la première femme aviatrice qui effectuera le
kilomètre en boucle fermée.
2. Le Prix Lazare Weiller, pour le premier
aviateur français qui battra un record en hau-
teur établi par Wilbur Wright.
3. Le Prix de la Vie Financière, pour le pro-
priétaire de l’aéroplane capable de s'élever et
ayant les dimensions les plus petites en largeur.
en hauteur et en profondeur.
4. Le Prix Arnout, pour l'aéroplane capable
de prendre son vol sur une route nationale bor-
dée d'arbres et d'y atterrir après avoir effectué
au moins un kilomètre.
5. Le Prix Siol-Decauville (ohjet d’art repré-
sentant la Lionne blessée, de Valton), pour le
premier officier effectuant sur un aéroplane,
dont il sera le propriétaire, le kilomètre bouclé.
6. Le Prix André Falize, pour le premier avia-
. teur s’envolant des Invalides, gagnant la colonne
Vendôme, puis l'Arc de Triomphe et venant al.
terrir aux Invalides.
Pour les autres prix, le comité a décidé les
affectations suivantes :
1. Trois prix de mille francs seront successi-
ment accordés aux propriétaires français d'aéro-
planes, détenant à des dates déterminées, le re-
cord du vol par le plus grand vent, pendant
cinq minutes.
Le premier de ces prix sera décerné le 3 jan-
vier 1909, c’est-à-dire quatre mois, jour pour jour,
après la dâte de la fondation de la Ligue, les
deux autres à deux mois d'intervalle, le 3 mars
et le 3 mai.
2. Quatre prix de mille francs seront attribués,
comme ‘prime à la construction, aux proprié-
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laires français d'aéroplanes ayant bouclé le kilo-
uiclre en pilotant eux-mêmes leur appareil.
Ccs prix ne seront accordés qu'à des avialeurs
ayant pas gagné antérieurement une sonic
de mille francs.
3. Trois prix de mille francs seront successi-
vement attribués aux propriétaires français d'aé-
roplanes pilolant eux-mêmes leurs appareils ef
délenant le record de la vitesse sur une distance
d'un kilomètre parcouru successivement dans
ICS deux sens, départ lancé. L’atterrissage entre
les deux parties de l'épreuve est facultatif, mais
sa durée totale ne doit pas dépasser un quart
d'heure.
Ces prix seront décernés aux dates des 3 dé-
cembre, 3 février et 3 avril.
4. Un prix de mille francs (Prix Goupy) sera
donné le 3 janvier 1909 à l’aviateur ayant par-
COuru jusqu'à ce jour la plus grande distance en
ligne droite en terrain varié et à une vitesse
moyenne supérieure à 40 kil à l'heure,
Un prix de deux mille francs (Prix Bernard
Dubos) sera décerné pour le même record, mais
à la date du 3 mars 1909.
5. Un prix de mille francs est réservé à l’avia-
leur qui, s'élevant le 2 janvier 1909 entre 2 heu-
res et 2? heures 5 minutes, aura parcouru la
plus grande distance en circuit fermé sans tou-
cher le sol.
6. Un prix de mille francs sera attribué à l’avia-
teur français s'étant élevé par. ses propres
moyens, avec le moindre élan, sur une même
Diste, aller et retour.
Prir de « La Nature » (10.000 francs), offert à
la Ligue Nationale Aérienne pour le premier -aé-
-roplane franchissant en moins de 2 heures, sans
toucher le sol, 100 kilomètres mesurés en droile
ligne sur la carte d'état-major au 1/80.000, le
concurrent ayant indiqué à l'avance son point
d'allerrissage à 5 kilomètres près.
Prix Falco (10.000 francs), offert par M. A.
Falco au premier aviateur qui, parti du camp de
Châlons, viendra alterrir au champ de manœu-
vres d’Issy-les-Moulineaux (180 kil. environ à vol
d'oiseau).
Le prix de 20.000 Îrancs de la Ligue Nationale
Aérienne sera décerné au Vainqueur d’une course
-d’aéroplanes qui aura lieu sur une distance de
20 kilomètres en circuit fermé à l’aérodrome de
Savigny-sur-Orge.
Les tentatives seront individuelles : le concur-
rent qui aura fait le parcours en moins de temps
sera proclamé vainqueur. Au cours de l'épreuve,
on ne devra toucher ni ’e Sol, ni les poteaux
de virage.
La course aura lieu, départ lancé, avec 1.500
mètres de lancée. Les concurrents auront droit
à trois faux déparis, mais chacun fera perdre
leur {our et les replaccra en fin de série.
Tous les aviateurs français ou résidant en
France depuis deux ans au moins pourront pren-
dre part au concours.
Une Coupe d'une valeur de 50.000 francs est
offerte à la Ligue Nutionale Aérienne par la
maison Pommerv. Elle apparliendra provisoi-
rement à la fin de chaque semestre à l’aviateur
détenant à cette époque le record de distance en
ligne droite, et sera, à la fin de la {roisième an-
née, la propriété définitive du détenteur de ce
record. Toutefois, si avant ces 3 ans révolus,
un avialeur couvre 1.000 kilomètres en moins
de 5 heures, la Coupe lui äppartiendra immé-
diatement à titre définitif.
Priz Passega (1.000 francs) au constructeur de
EE qui battra le record de Wright (66 kil.
. l'éclat désirable, on a
491
Prix de la Ville de Piarrilz (1.000 francs), con-
ditions à déterminer.
Un nouveau prix de 1.000 dunes (le 28°), vient
“ètre offert à la Ligue Aérienne par M. E. de
Fontanes.
Un prix de 10.000 jrancs pour les cerfs-volants.
— Le commandant Dollfus vient d'offrir à la
Ligue Aérienne un prix &e 10.000 francs pour le
premier cerf-volant de construction française el
manié par des Français qui enlèvera un homme
à une hauteur de 200 mètres el l'y souliendra
pendant une heure au moins.
Prix de Brescia. — La Sociela Aeronaulica
s'est mise en relations avec l'Aéro-Club de France
au sujet du Circuit de Brescia doté de 100.000 fr.
pour les: aviateurs, à disputer lin août ou com-
mencement de septembre. Circuit projelé par
Castenedolo, Ghedi, Vignizzolo, Calcinalo, Cili-
vergne, au-dessus & immenses plaines.
Une Exposition aéronautique à Nancy. —
L'année prochaine, s'ouvrira à Nancy l'Expo-
Sition Internationale de l'Est de la France, qui
comprendra une section consacrée à l'aéronauli-
que. Cette seclion, qui promet d'être fort intéres-
Sante, constituera une annexe importante de
l'Exposition ; elle comprendra un vaste atro-
drome sur lequel seront édiliés des hangars pour
un ballon dirigeable et des aéroplanes.
En outre, on organise une EXposilion rétros-
pective d’Aéronautique. ainsi qu'une Exposition
de ‘tous les produits s'y rapportant.
Pour donner à celte Exposilion annexe tout
décidé. d'admettre (jus-
qu'à concurrence de la place disponible), les expo-
sants sans leur réclamer aucun droit d’exposi-
tion ou d'emplacement, en laissant seulement
à leur charge l'assurance des produits exposés.
Un ballon dirigeable, ayant VE osilion de
Nancy. comme port d'attache, fera des ascensions
et des excursions jaurnaliè ; de plus, des con-
cours d'aviation seront organisés ainsi que des
concours de ballons libres.
On peut avoir des renseignements plus détail-
lés en s'adressant à la Direction de l'Exposition
à Nancy, où à son correspondant à Paris pour
l’'Aéronaulique, M. Besançon, secrétaire géné-
ral de l'Aéro-Club de France, 63, avenue des
Champs-Elysées.
Saumur-Angers-Aviation. — ]| es question
d'organiser à l’occasion du Grand Prix de l'A. C.
F., une épreuve challenge interclubs d'aviation,
qui consisterait en une course de vitesse sur le
parcours Angers-Saumur-Angers, soit 100 kil.
environ. La coupe serait altribuée pour un an
au club victorieux avec obligation pour Jui d’or-
ganiser l'épreuve suivante. L'avialeur victorieux
toucherait une somme importante en espèces.
Le Grand Prix d'aviation de Cannes. — S\r
l'initiative de son maire, Cannes aura, comme
Nice el Monaco, ses voisines, son meeting d'avia-
lion pour lequel on parle de 100.000 francs de
prix, une Exposition et un Congrès aéronauli-
ques. Les détails de ces diverses inanifes{talions
seront publiés ultérieurement.
492 i® Décembre 1908
Un aspect prochain du ciel parisien. La phôge représente la terrasse d’une maison située au
coin du Boulevard Poissonnière et de la rue de la Lune, terrasse spécialement établie pour ser-
vir d’escale à des engins aériens (Cliché des Sports).
Le Toûr du monde aérien
Le Paris aérien de demain, — [es artistes et
les littéralcurs nous ont donné par anlicipalion
des aperçus piltoresques des transiormations ap-
s.dans nos mœurs, nos habitudes et notre
clat social et jusque dans notre architeclure par
les progrès de l'aérolocomotion. Ces fant: S
qui nous apperaissaient si lointaines se réali-
sent sous vos yeux.
Aux “architectes parisiens, l'honneur d'avoir
créé les premiers immeubles adaptés à notre
vie aérienne. Notre excellent confrère. Georges
Bans, donne dans Les Sporls un curieux relevé
des immeubles dont la toiture-terrasse se prêle,
dès maintenant aux atterrissages d'aéroplanes
ou même de dirigeables..Il nale notamment,
les terrasses des “grands Magasins des Galeries-
Lafayette, l'hôtel Meurice, qui primeront leur
premier visiteur aérien, de l'usine Hanin, rue
de Vaugirard, une autre place de la Bourse, celle
des Chemins de fer de l'Est, de la nouvelle Impri-
merie Nationale,:rue de la Convention, de la
maison Benvislon, de TlAutomobile-Club de
France, ete... A'nofer particulièrement la te É
d'une maison située au coin du boulevard Bonne-
Nouvelle et de la rue de la Lune, dont le pro-
priétaire prévoyant, interdit, par bail, à ses loca-
laires de soulever aucune réclamation q
dans un avenir plus ou moins rapproché, cette
lerrasse pourra servir de stalion à des véhicules
aériens.
La Sociélé du « Nouveau Paris » dont Geor
Bans est.l'actif et dévoué seci
déjà commencé un plan de Par
rons, indiquant toutes les escales ainsi offertes
dans Paris, aux navigateurs de l'air, ainsi que
les espaces libres tels que le Champ de Mars, Je
Trocadéro, les Invalides, les Tuileries, ;
pourraient descendre sans gûôner la circula-
tion.
Le diner des aviateurs français. — Le ban-
quet donné par la Société d'Encouragement à l'A-
viation, en l'honneur des aviateurs français sera
présidé par : Louis Barthou, ministre des Tra-
vaux publics, des Postes et des Télégraphes. Il
aura lieu le samedi, 5 décembre, à 7 h. 1/2 à l'ho-
tel Meurice. Le comte de La Vaulx y représentera
l'Aéro-Club de Fran
Des médailles d'or spécialement frappées à la
Monnaic seront remises à MM. Henri Farman,
Léon :Delagrange‘et Louis Blérict, les glorieux
champions de lavia!ion française,
Les délégations parlementaires et la Ligue
Nationale Aérienne chez Henri Farman. —
Dans le but de faire mieux connaître les travaux
d'Henri Farman, la Ligne Nationale Aérienne
avait organisé, pour les 21 eb 22 novembre, une
excursion au camp de Chalons en invitant pour
la première journée le groupe parlementaire de
l'Arbitrage international et, pour la deuxième, le
groupe parlementaire d’ Encouragement à la lo-
comotion aérienne.
Henri Farman attendait ses visileurs en conti-
nuant le 20 novembre par deux envolées Lrès rcus-
sies à bord de son appareil transformé en tri-
plan. Le 21, la délégation de la Ligue, le groupe
de l’Arbitrage et diverses personnalités du monde
sportif el politique, après un déjeuner à Rens,
arrivaient au hangar. Mais des rafales de 19 à
2 m. par seconde balayaient le camp de Chä-
lons. En attendant une accalmie, M. Maurice
Herbster, le chef niécanicien de Farman, donnait
aux visiteurs des renseignements techniques très
écoulés sur la & asiruction et le maniement de
l'appareil. Puis à la nuit, fidèle à sa promesse
Henri Farman exécutait 2 beaux vols très applau
dis, malgré le vent qui était encore très frais.
Toutefc le célèbre aviateur, craignant ave
raison la persistance du gros Lemps, Dr
M. Quinton de bien vouloir remettre la visite du
Groupe parlementaire de locomotion aérienne,
ce qui fut fait télégraphiquement.
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16° Année. - N° 24 15 Décembre 1908
20 A 2 VV VV VA VA Ve
SOMMAIRE : Notre 17° année. — Le vol à voie : La vitesse
OPA] des aéroplanes (José Weiss). — Les gnz rares dans l'atmos-
L phère à diverses hauteurs (L. Teisserenc de Bort).— Nou-
veau procédé de fabrication de Fhydrogène pur (Mauricheai -
Beaupré) — A propos des théories de Marcel Deprez
(M. Dardeleti. — Dét rmination du « point » el expériences
de télégraphie sans fil en ballon (A. de la Baume-Piuvinel:.
— Les perturbations météorologiques et les ballons (Emile
Revue technique et pratique Carton), — le qu'il faut lire. — L'aviation en France. —
: L'aviation à l'Etranger (PF. Ancelle). — Les dirigeables en
des locomotions aériennes France. — Les d zeables à Etranger (Georges Blanchet
— Le Pour et le Contre : Sur l2 vol à voile (A. Goupil..
Sur le vol à voile (A — Sur une méthode de calcul
FONDE EN 1893
Directeur-Fondateur : GEORGES. BESANÇON
(J. Le Bon), — Résistanre de l'air en fonction de la surfacé
KR . 5 : (A. Sée). — Tour du monle aérien. — Voyage du « Mam-
Le Numéro : 75 centimes. moth » (A. Nicolleau). — A l'Aéro-Club du Sud-Ouest :
Ligue méridionale aer'enne. -
{ France et Algérie. . . . ... : 45 fr. SOMMAIRE DU BULLETIN OFFICIEL DE L'AFRO-CLUB DE
BECNAEMENTS ANNUELS l Golonies et Etranger. 18 fr. FRANCE : Convocations. — Avis important, — Comité du 26
novembre 1908. — jes récents incidents aéronautiques:
(Changement d'adresse : 50 cent.) mise au point. Comité du 3 décembre 1908. — Diner
———— mensuel du 9 decembre 1908, — Classement du concours
- SE = = Se 2 de photographie aéronautique Jacques Balsan. — Commis-
REÉDACTION & ADMINISTRATION sion scientifique du ?N novembre 1908. — Commission d'a
viation du 1° décembre 1908. — Ascensions au pare de
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NOTRE DIX-SEPTIÈME ANNÉE
ORSQU'IL Y à seize ans écoulés, paraissait le premier numéro de l'Aérophile, la locomotion
FE aérienne n'intéressait guère qu'un petit nombre de bons esprits et de caractères aventureux.
en avance sur leur époque.
Le ballon sphérique était à peine pratiqué ; il apparaissait surtout comme un inutile et dan=
gereux jouet; on ne songeait même pas au puissant concours qu'il peut apporter dans une foule de
recherches d'ordre scientifique. On méconnaissait aussi le sport superbe et passionnant auquel il
peut donner lieu
De ballons dirigeables, il n'était plus question. Et cependant, en 1884 et 1885, Renard
Krebs avaient fourni l’éclatante et péremptoire démonstration de leur possibilité, mais leurs pre-
miers succès semblaient déjà oubliés.
Quand à l'aviation, qui complait pourtant déjà des expériences capitales et des travaux de
premier ordre, c'était à peine si ses savants et dévoués pionniers n'étaient pas rangés parmi les
chercheurs de la quadrature du cercle ou les sectateurs du mouvement perpétuel!
Nous ne désespérämes point cependant, et pendant des années, côte à côte avec la vaillante
phalange, nous avons, nous aussi, lutté de notre mieux et de toutes nos forces pour un progrès
sans cesse reculé et que notre main atteint enfin.
En cette fin de l’année 1908, qui vit le glorieux avènement de la forme la plus longtemps
rèvée, la plus parfaite des locomotions aériennes, il nous sera permis de rappeler que l'Aérophile
dès ses premiers numéros, faisait large place à Ja nautique aéro-mécanique, sic que la plupart
des contemporains la taxaient encore d utopie.
Encouragé par les adhésions les plus flatteuses, aidé par les collaborations les plus autorisées,
soutenu enfin, par les encouragements de nos lecteurs, trop peu nombreux d’abord, et: aujourd'hui
multipliés par milliers dans tous les pays du monde, Je Aérophile est fier d’avoir apporté sa pierre
au monument impérissable que l'esprit Don la vaillance humaine, la foi scientifique ont érige
au seuil du xxe siècle!
Que cet aperçu rétrospectifnous soit permis : ; nous n'en abusons point, nos lecteurs nous rendront
cette justice en même temps qu'ils agréeront tous nos remerciements pour le réconfort puissant
qu'ils nous ont apporté.
Au fur et à mesure des progrès de l'idée, nous nous sommes ceflorcés par des améliorations
successives, de maintenir notre œuvre à la hauteur de la fàche entreprise,
Les améliorations successives apportées à notre publication prouvent, mieux que de longucs
paroles, combien nous avions compris les nouveaux devoirs imposés par le succès.
Avec l'appui bienveillant de nos lecteurs et amis, nous comptons bien persévérer dans cette
voie, en maintenant l'Aérophile à la place éminente qu'il a conquise depuis longtemps, dans la
presse aéronautique du monde entier.
Grâce à des modifications matérielles que l’on pourra apprécier dès notre premier numéro
de 1909, dans notre cadre encore élargi. nous ferons à toutes les questions, à toutes les études qui
touchent à la locomotion aérienne et à ses applications, la part de plus en plus large que leur
intérèt mérite.
L’aéro-locomotion purement mécanique sera traitée avec toute l'ampleur et tout le sérieux que
comporte une question scientifique, industrielle et sportive aussi capitale.
Nous ne négligerons cependant pas les ballons dirigeahles qui donnent dès aujou d’hui de:
résultats pratiques d'une utilisation immédiate et nous continuerons à faire au ballon sphérique,
ce merveilleux instrument d'un sport qui ne ressemble à aucun autre et de recherches scientifiques
où il ne saurait être remplacé, la place düûe au nombre de ses fervents et à l'intérêt de ses
applications.
Nous espérons ainsi faire de l'Aérophile, l'universel « magazine » d'aéronautique, indispen-
sable à tous, capable d’intéresser et d’instruire et que continueront à lire aussi bien l'ingénieur el
le technicien que l'industriel avisé ou le pur sportsman. L'AÉROPHILE
494 15 Décembre 1908
Le voi à Voile
La vitesse des aéroplanes
J'ai réussi maintes fois, à reproduire assez
bien, avec des modèles sans moteur, les orbes
ascendantes du vautour et crois pouvoir don-
ner de ces orbes une explication qui diffère un
peu de celle de M. Marcel Desprez, parce
que j'y introduis un facteur dont il ne tient
pas compte.
Voyons d'abord mes deux instantanés : le
modèle photographié en plein vol est le même
dans les deux. Il a une surface de 1 m. 80,
une envergure de 3 m. 30, pèse net kg. 5,5 et
porte un bloc de plomb pesant kgs. 7,5: done
poids total: 13 kgs. ou environ 7 kgs par m'.
Dans la photographie n° 1 il y a de forts
courants ascendants dont la direction est assez
bien indiquée par la fumée du feu à l’avant-
plan. Le modèle a été lancé du sol et est en
train de monter. Dans la photographie n° 2, le
modèle à été lancé de mon pylône en calme
presque plat; pourtant, s’il y a des courants,
ils sont ascendants: ce vol particulier, très
réussi, a duré 1 minute et 10 secondes, la
distance parcourue en cercle est de 1.100 mè-
tres environ et la hauteur totale perdue est
de 32 mètres; c’est-à-dire une trajectoire
entre 2° et 3 de l’horizontale. De gros mo-
dèles pesant jusqu’à 40 kgs (pour 4 m°
de surface), me donnent les mêmes résultats.
Ja sais que j'aurai des incrédules et pourtant
co est qu'un progrès, assez fort il est vrai,
sur les petits modèles que j'avais au concours
de 1905 (1) et que tout le monde a pu voir
planer. On m’excusera de donner tous ces dé-
tails: ïls sont nécessaires pour faire com-
prendre ce que j'ai à dire.
Que se passe-t-il dans ces modèles? Le voici
en deux mots: le planement des vautours n’est;
pas autre chose: ce n’est qu’une question de
qualité. Le poids les entraîne en suivant la
ligne de résistance moindre, et la trajectoire
fournie dépend entièrement du degré de per-
fection dans la qualité du planeur.
Si nous supposons, en effet, un planeur bien
équilibré, dans lequel la résistance à la péné-
tration serait égale à 0, et dans lequel la
sustentation, c’est-à-dire la résistance à la
chute verticale, augmenterait avec la vitesse,
nous aurions comme résultat, le mouvement
perpétuel dans la direction horizontale. Or,
ces conditions sont précisément celles qui exis-
tent chez les oiseaux, sinon d’une façon abso-
lue, au moins en pratique; nous avons une
forme qui n'offre à la pénétration qu'une ré-
1) Voir Aérophile de février 1905.
sistance inappréciable: nous avons la susten-
tation qui augmente avec la vitesse (je re-
viendrai tantôt sur ces deux points); et nous
avons aussi, au moins en toute apparence le
mouvement perpétuel qui doit résulter de ces
conditions et que nous pouvons constater tous
les jours. Si j'arrive avec des modèles relative-
ment bien grossiers à atteindre 3 de l’hori-
Zontale, qu’il y a-t-il d'étonnant que les beaux
planeurs que le bon Dieu à faits si parfaits,
arrivent, eux, avec un équilibre vivant, à
fournir en « tombant » une trajectoire qui se
confond très sensiblement avec l'horizontale ?
On conçoit que le travail nécessaire pour at-
teindre l'horizontale absolue, devient, dans
ces conditions, infinitésimal, et c’est ainsi que
les grands voiliers planent indéfiniment par
le seul effet de la pesanteur.
Quoi que puisse dire M. Bazin, je persiste
à ne pas croire que les orbes ascendantes et
même le vol horizontal indéfini puissent se pro-
duire sans courants ascendants. Mais quelque
minime que soit cette ascendance, produite
soit par les remous du vent, soit par la dila-
tation de l’air au contact d’un sol surchauffé,
elle suffit pour tout expliquer et l'oiseau s'en
sert par instant. Pendant bien des années
d'observation, je n'ai jamais vu d'oiseau se
livrant à ce beau manège, si ce n'est du côté
des montagnes exposé au vent, ou tout au
moins au-dessus d’un bouquet d'arbres ou d’un
gros objet quelconque, expliquant la présence
d’un remous ascendant. Jamais personne, par
exemple, n’a vu un épervier faisant son joli
petit manège au point fixe, sans avoir le bec
au vent et sans qu'il y ait en dessous de lui
un monticule, un bâtiment, une haie même,
pouvant produire la petite ascendance néces-
saire. Paysagiste, et partant, observateur par
métier, passant ma vie dans les champs, je
suis payé pour le savoir. Si, alors, la hauteur
perdue, par seconde, par notre vautour, est
moindre que la hauteur gagnée dans le même
laps de temps par la masse d’air, il résulte ce
fait en apparence paradoxal, mais pourtant
bien naturel que le vautour monte, tout en
tombant: c’est-à-dire qu'il monte par rapport
au sol, tout en tombant par rapport à l'air
ambiant qui le supporte. C’est ce qui se passe
dans l’instantané fig. 1.
Dans le courant de l'été dernier, j'ai obtenu
un jour, d’un petit modèle de 3 kgs, quatre
grands orbes consécutifs portant mon mo-
dèle à une centaine de mètres au-dessus de son
point de départ; et un autre jour un petit
modèle de 500 grammes lancé dans un vent
ascendant assez fort, après s'être élevé d’une
dizaine de mètres, est resté pendant 40 secon-
des, montre en main, presque cloué sur place,
ne se déplaçant en aucun sens de plus de 2 ou
Mn taté
J’'Aérophile 495
Fig. 1. — Photographie d’un modéle José Weiss en plein vol. Le modèle lancé du sol est en train de
monter. Il y a des courants ascendants dont la direction est indiquée à peu près par la fumée du feu situé
€ à l'avant-plan. (Cliché de Tze Aeronautical Journal.)
Fig 2. — Photographie du mème modèle lancé du pylone. (Voir les conditions du vol dans le corps de
l'article.) — Cliché de The Aeronaulical Journal.
un
490
3 mètres. Pendant ces 40 secondes, la vitesse
du vent était égale à la vitesse de régime du
modèle et le courant ascendant compensait
exactement sa chute. Ce sont là, évidemment,
des réussites entre mille, mais elles expli-
quent le manège des oiseaux et avec des appa-
reils montés et guidés par l’aviateur devenu
expert, je crois que nous arriverons un jour à
en faire autant que les voiliers
Ma petite table d'oiseaux planeurs n’a pas
OISEAU
EE a || mms
Hirondelle noire.. ... . .... .|ü,04510,0180 9,5
Terne (hirondelle de mer) ..|0,11310,0385 8,7
Petite mouette......... ..|0,31210, 089% 7,9
Autre mouelte.. ..[0,43610,1120 $,0
Autre mouetle, , . ..10.76310, 1740 7,8
Mouetle à dos noir. . [2.258 10, 3340 7,8
Épervier et ne 0%204//070788 6,2
Corbeau (corneille).. ...... ...10,49210, 1317 TS
Héron ...,.. PRE RE Tr NT The ( 0,2810 hd)
Albatros .. eee ee )|1:120) 040240) 8,6
Vautour (Gyps tulvus) ...... ..|7,940/1, 0400 102
Aéroplane id aclionné par
pédales, sans moteur ..... .../125,0!7,8500/16,00! 8
Ï
une allure bien scientifique, mais elle a l’avan-
tage d’avoir été établie exclusivement par des
mensurations faites personnellement. Et ce
point est important au point de vue de la com-
paraison, pour laquelle il est essentiel que
tous les oiseaux comparés soient mesurés
exactement de la même manière et par la même
main.
Fig. 3. — Méthode de mensuralion.
parlie hachurée) — 3% longueur >< largeur. La lon-
gueur est prise lorsque le bord arrière fait ligne droite.
On remarquera que l'aile longue et étroite a un petit
avantage de poids. k
Que le rapport du poids à la surface dans
un aéroplane ait une importance majeure,
c'est évident par ce fait démontré par l’expé-
rience,, qu'un planeur peut être trop léger
comme il peut être trop lourd; il est donc bien
clair qu’il doit exister un rapport intermé-
diaire qui est le rapport le plus avantageux.
On remarquera que chez les planeurs de la na-
15 Décembre 1908
ture ce rapport n'est pas direct, la constante
» l
2 [ ee
n'étant pas —— mais bien
S 1,34
Pour simplifier, appelons À ce coefficient
P
Ti
Chez tous les oiseaux qui sont véritablement
planeurs, la valeur de ce coefficient À est
toujours aux environs de 8. Quand elle est
moindre que 8, comme dans le vanneau, où elle
n'est guère que de 4,5, ou qu’elle est supé-
rieure à 8, comme dans la perdrix et les ca-
nards sauvages où elle atteint 16 et 18, l’oi-
seau n’est plus un planeur de bon aloi et le
vol demande un travail constant.
D'un autre côté, des expériences méthodi-
ques, avec des modèles de dimensions graduées,
prouvent péremptoirement que le rapport du
poids à la surface est le même, dans des mo-
dèles artificiels, que chez les oiseaux ayant un
vol assimilable. En ce sens, que si nous fai-
sons deux modèles exactement semblables, mais
l’un beaucoup plus grand que l’autre, ces deux
modèles donnent la même vitesse de régime, si,
et seulement si, les poids sont comme la puis-
sance 1.33 des surfaces, c'est-à-dire si A est
le même dans les deux.
Comment faire accorder ce fait avec la for-
mule classique KSV*, qui d’ailleurs ne se vé-
rifie guère dans les expériences de vol libre?
Je ne puis le dire. Suivant le mot célèbre de
Huxley : « ce qui sort du moulin des mathéma-
tiques dépend de ce qu’on y fait entrer. » Les
données premières sont encore trop incertaines
pour que le terrain puisse appartenir aux ma-
thématiciens. Nous en sommes réduits, jusqu’à
nouvel ordre, aux moyens empiriques. Voici
toujours 3 facteurs dont les mathématiciens ne
semblent pas tenir suffisamment compte:
1° L'action du poids en tant que force mo-
trice ; 2° La jolie composante horizontale pro-
duite sous l'effet du poids par un bord avant
rigide et recourbé vers le bas et un bord arrière
très flexible; 3° La puissante aspiration pro-
duite sur une surface convexe par un courant
tangentiel. Ce troisième facteur est très im-
portant.
Voici le dispositif, très simple, d’une série
Fig. 4. — A. Fort ventilateur actionné par une dy-
namo: S Surface convexe vue de profil; B. Table ;
C. Charnière; D. Plateau recevant les poids; E.
Direction du courant indiquée en introduisant de
la fumée dans le venti'ateur. ;
d'expériences encore incomplètes par lesquelles
j'espère arriver à déterminer la formule de
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| À PT 0e CE
J’Aérophile
“cette réaction, dans laquelle K x’est pour
rien. Qu'il me suaffise de dire qu'à 27 mètres
de vitesse, une surface carré de 1 dm’, conve-
nablement cintrée, supporte environ 200 gram-
mes.
Le même D Renonene se produit dans l’eau.
Un jet d’eau lancé tangentiellement sur une
surface convexe l’attire ee au lieu de
le repousser. Je ne sais trop comment les phy-
siciens expliquent ce phénomène. Cette aspi-
ration, qui, pour autant que je sache, n’est
pas admise encore, explique très bien ce que je
disais tantôt, à propos du vol plané des oi-
seaux chez qui la sustentation augmente avec
la vitesse produite : par le poids, parce que la
composante verticale se produit sans aucune
incidence et sans nécessairement produire un
recul, comme le ferait: forcément l'incidence.
J'ai dit tantôt, que chez les oiseaux, la ré-
sistance était inappréciable : elle est pratique-
ment égale à 0. Des expériences faites l’an
«dernier avec une mouette et un corbeau morts,
raidis dans la. position du vol ne m'ont pas
permis, jusqu’à environ 25 mètres de. vitesse,
de constater même un gramme de pression. Il
est certain, qu'en fait d'appareils d'aviation,
le type se rapprochant de la forme de l’oiseau
donne des résultats bien supérieurs à ceux des
types cellulaires, quand on sait les équilibrer,
-<et cela parce. qu’ils offrent beaucoup moins de
résistance. :
Il y a, au sujet de la vitesse des aéroplanes,
un fait très curieux sur lequel j’attire l’atten-
tion des travailleurs et des physiciens. C’est
‘que la résistance à la pénétration ou son ab-
sence, de même que la poussée de l’hélice, n’in-
fluent pas sur la. vitesse et n’ont pour résultat
‘que de faire yarier l'angle de chute ou.de direc-
tion en hauteur de la trajectoire. Si j'’augmente
la résistance dans un modèle, en y fixant par
“exemple un gros volume de ouate, le modèle
fait un mauvais angle de chute, mais la vi-
tesse est exactement la même que lorsqu'il
plane normalement. Si au contraire, je dimi-
nue la résistance en la compensant par la pous-
sée d’une hélice, la trajectoire atteint et dé-
passe l'horizontale, mais la vitesse constatée
-est encore la même. Il semblerait qu’il y ait là
une loi encore inconnue, comparable un peu à
‘celle du pendule. Je ne prétends nullement la
dicter d’une façon définitive, mais elle revient
à dire que ce que Ferber signale dans sa con-
séquence XX (1) pour les appareils sans mo-
“teur, reste vrai avec le moteur. Dès que la
poussée tend à augmenter la vitesse, l'appareil
monte pour la diminuer, à moins, bien entendu,
-que cette poussée ne vienne à être compensée par
une manœuvre de gouvernail produisant une
résistance équivalente. La vitesse dépend uni-
(1) Voir Aéroephile du 1" août 1908, p. 305.
497
auement du rapport du poids à la surface et
est toujours proportionnelle non pas au rap-
P
S 1,553
coefficient A :
Pour tous les HoRPens Y compris les oi-
“eaux, planeurs où non, la vitesse exprimée en
mètres par seconde est toujours très sensible-
ment égale à 3 A . Ainsi dans l’aéroplane
Esnault-Pelterie 3A— 26 mètres, qui est bien
la vitesse constatée. Chose fort curieuse, dans
les biplans, la formule tient aussi, mais à la
condition de ne compter que comme un seul
les plans superposés. Ainsi dans le biplan
Wright, en comptant ainsi 3 A— 18 mètres
vitesse constatée. Dans l’ancien aéroplane Fer-
ber, nous avions 3 À — 7.20; la vitesse cons-
tatée était de 7 m. 50. Les queues cellulaires
et les plans complexes ont des influences va-
riables, suivant qu’ils sont sustentateurs ou
pas. La formule tient par exemple dans le
14 bis de Santos-Dumont, en négligeant la
flèche cellulaire. À
Cette formule donnerait pour la perdrix une
vitesse de 48 mètres et pour un petit canard
appelé en Picardie « pilet noir » et chez qui
A ‘ atteint 22, une vitesse de 66 mètres. Lex
chasseurs qui font du marais en Picardie sa-
vent qu’il est presque impossible de le tirer au
vol. Le vol avec tant de poids et si peu de sur-
face demande beaucoup de force pour main-
tenir la hauteur; aussi l’aile est très muscu-
leuse et bat très rapidement.
Tous les planeurs auraient une vitesse
moyenne de 24 mètres, qui est probablement la
vitesse optima du vol plané, c’est-à-dire Ja
vitesse qui demande le minimum de force. Dans
l'expérience illustrée ci-dessus, j'ai pu consta-
ter que la force de l'aspiration produite a
le courant tangentiel suit la loi ordinaire du
carré de la vitesse, mais pas indéfiniment. Vers
25 mètres la force de l'aspiration semble at-
teindre sa limite et devenir constante. La vi-
tesse étant proportionnelle à P et l'aspiration
ne croissant comme V' que jusqu’à 25 mètres,
le planeur dont la vitesse est de 25 mètres ect
donc dans les conditions de planement les
plus avantageuses, le poids à cette vitesse: pro-
duisant le maximum de ce qu’il peut produire.
Cela expliquerait assez pourquoi, chez les .oi-
seaux planeurs, A est aux abords de 8, qui
leur donne exactement cette vitesse optima.
M. Esnault-Pelterie est le premier qui ait
atteint 8,7 pour 4, lui donnant 26 mètres de
vitesse. Mais il a pu constater que l’atterris-
sage devient extrêmement dangereux, parce
que cette vitesse de 26 mètres est irréductible
à moins d'aborder nez au vent, s’il y en a.
L'arrêt du moteur fait descendre l'appareil,
suivant une pente qui dépend de sa qualité
de planeur, mais ne diminue pas la vitesse.
M: Blériot a pu constater le même fait. Il fau-
dra donc pour atteindre de grandes vitesses,
port direct mais à S c'est-à-dire à mon
498 15 Décembre 1908
faire des machines à ailes réductibles. Après
un départ relativement lent, ailes déployées,
on pourra diminuer la voilure, au fur et à me-
sure de l'accélération du moteur et atteindre
ainsi des vitesses prodigieuses, qui étant don-
nées l’absence complète d'obstacles dans l’at-
mosphère, n’offriront aucun danger. On ralen-
tira pour l'atterrissage, en invertissant le pro-
cédé. Il n’est pas du tout prouvé que dans ces
conditions, la force nécessaire soit comme le
cube de la vitesse, mais il est assez probable
qu'il faudra trouver un autre propulseur que
l’hélice, à moins peut-être de la faire à pas
assez long.
Quand le martinet plonge sur un insecte, il
rentre subitement les ailes et la différence de
vitesse est parfaitement visible. Tous les oi-
seaux du reste, rentrent les ailes quand ils ont
à lutter contre un vent violent; mais n'ayant
plus de moyen de propulsion lorsqu'ils rentrent
les ailes, ils ne peuvent varier leur vitesse que
dans une mesure très restreinte. J’ai souvent
remarqué, par exemple, que lursque l’anémo-
mètre donne plus de 25 mètres, les mouettes
et les corbeaux ne peuvent avancer que par
intervalle et en louvoyant; lorsqu'on rate un
oiseau tiré au vol, tout terrifié qu’il est par
la détonation, sa vitesse n’augmente pas ou
presque pas,
José Weiss
Recherches sur la présence des gaz rares
dans l'atmosphère à diverses hauteurs
L'étude de la haute atmosphère m'a conduit
à rechercher la présence des gaz rares, parti-
culièrement de l’argon, du néon et de l’hélium
dans l'air recueilli à diverses hauteurs. L’inté-
rêt de cette étude est encore augmenté par
l'opposition qui existe entre les caractères de la
circulation atmosphérique à diverses altitudes ;
tandis que la composition des couches basses
et moyennes tend à être régularisée par le bras-
sage permanent de l'air dû aux mouvements
tourbillonnaires, la zone dite isotherme qui
s'étend au-dessus est formée d’un feuilleté de
courants superposés assez indépendants les uns
des autres.
Je dois rappeler qu'en 1897, M. Cailletet
a, le premier, procédé à des expériences à
l’aide d'un appareil qu'il établit pour recueillir
automatiquement de l’air. Ce dispositif, porté
par l’'Aérophile de MM. Hermite et Besançon,
a permis à M. Müntz de déterminer la compo-
sition de l'air à grande hauteur et à M. Théo-
dore Schlæsing de mesurer sa teneur en argon
dans la prise du 18 février 1897 (voir Comptes
rendus du 8 mars 1897).
Depuis cette époque, les découvertes de Sir
William Ramsay ont montré l'existence dans
l'air au niveau du sol de quatre nouveaux gaz
qui accompagnent généralement l’argon.
Comme les ballons-sondes employés couram-
ment sont d'assez petit volume, au plus une
centaine de mètres cubes, j'ai cherché à établir
un appareil beaucoup plus léger que celui que
pouvait enlever l’Aérophile, me proposant aussi
d'obtenir une certitude complète, tant au point
de vue de l'altitude à laquelle est puisé l'air
que de la pureté de la prise. L'appareil ne com-
porte, en effet, aucun robinet, graisse ou pro-
duit chimique servant à l’obturation.
Pour cela, j'ai disposé des tubes ou des petits
ballons de verre se terminant à une extrémité
par une tubulure fermée qui sert au retour à
puiser l'air dans le récipient, tandis qu'à
l’autre extrémité le tube porte une pointe effi-
lée fermée au chalumeau après que le vide a
été fait. À ce récipient, convenablement abrité
et suspendu, est fixé un mécanisme déclanché
électriquement qui brise la pointe effilée au
moment voulu; quelques instants après, un
second contact envoie le courant d’un petit
accumulateur dans un fil de platine entourant
la base de la pointe effilée. Ce fil porté au
rouge fond le verre et scelle ainsi la prise
d'air.
Les contacts sont réglés par un baromètre,
si la prise d'air doit être effectuée à une hau-
teur donnée, ou par le mouvement d’horlogerie
d'un enregistreur ordinaire porté par le bal-
lon, si l’on se propose de recueillir l’air le plus
haut possible.
Les premières observations ont été faites
avec des tubes de quelques centimètres cubes
seulement, au mois de juillet 1907; des tenta.
tives répétées ont eu lieu à bord de l’'Otaria,
pendant l'été dernier, par les soins de mes col-
laborateurs pour rapporter de l'air des régions
élevées intertropicales. Mais l'atmosphère sa-
line de la mer à empêché les contacts de fonc-
tionner; au contraire, à Trappes, nous avons
pu recueillir une série d'échantillons de l’air
des hautes régions dont le volume à 760mm
variait entre 200 em et 400 cm.
Dans ces échantillons, j'ai recherché par le
spectroscope la présence de l'arzon et de ses
compagnons, et cela par deux méthodes diffé-
rentes. Les prises ont été divisées en deux par-
ties : l'une dont on a extrait d’abord l’argon
et les gaz rares par le calcium (1); l'autre qui
a été soumise à l’action du charbon refroïdi
dans l'air liquide, absorbant l’oxygène, l'azote
et l'argon de l'air, et laissant ainsi paraître
les spectres de l'hélium et du néon. x
Bien que cette étude doive être poursuivie
assez longuement, je crois utile de résumer les
résultats obtenus jusqu'à ce jour.
Dans toutes les prises, et quelle que soit leur
(1) Cette méthode est due à M. Moureu et rem-
place avantageusement l'absorption de l'azote et
de l'oxygène par le inagnésium employée par
Lord Ravleich et Gr William Ramsay.
J’Aérophile
hauteur, on constate, comme on devait s'y
attendre, une proportion notable d’argon.
L'hélium, caractérisé surtout par sa raie
jaune et quelques raies vertes et bleues, a été
observé dans les prises faites depuis les couches
basses jusqu'à 10 km. de hauteur. Au con-
traire, dans les échantillons recueillis aux en-
virons de 14 km., nous n’avons pu encore cons-
tater la présence de l’hélium, alors qu’en opé-
rant sur le même volume, à la même pression
et dans le même appareil, on retrouve d'or-
dinaire des traces nettes de ce gaz dans l’air au
voisinage du sol.
Le néon (1), bien caractérisé par sa raie
jaune et ses principales raies rouges, se voit
nettement dans toutes les prises d’air traitées
par les deux méthodes.
Ce résultat semble justifier l'identification
de plusieurs des raies observées dans le spectre
des aurores boréales avec celles du néon, sous
cette réserve que la raie jaune L = 5852 n’a
pu être retrouvée dans l'aurore, alors qu’elle
est très brillante dans les divers échantillons
d'air.
Je saisis cette occasion pour remercier Sir
William Ramsay des conseils qu’il a bien voulu
me donner lorsque je lui ai exposé, en janvier
dernier, mes premières recherches.
L. TeissERENC pe BoRrT
Un nouveau Procédé de fabrication
DE L'HYDROGÉNE PUR
Le nouveau procédé de fabrication de l’hy-
drogène pur que nous avons l'honneur de sou-
mettre à l’Académie est basé sur la décompo-
sition de l’eau, prise à la température ordi-
naire, par de l’aluminium spécialement pré-
paré.
Nous prenons de l'aluminium, en limaille
fine, et nous lui ajoutons une petite quantité,
de bichlorure de mereure et de cyanure de
potassium pulvérisés. Il se produit alors un
léger échauffement de la masse.
Cette préparation se présente sous fo'me
d'une poudre métallique grossière. Sa densité
apparente est de 1,42. La durée de sa conser-
vation est indéfinie, dans tout récipient qui la
préserve du contact de l'humidité de l'air. Sa
propriété la plus remarquable est son action
sur l’eau. Un kilogramme de cette préparation,
traité par un excès d’eau, dégage environ
1300 1. d'hydrogène à la température de 15° et
à la pression de 760 m/m. 11 suffit donc de
(1) Pour conserver le néon dans les tubes d’a-
nalyse spectrale, j'ai substitué aux électrodes
d'aluminium généralement en usage, des électro-
des de cuivre qui l’absorbent peu, tandis qu'avec
l'aluminium le spectre de ce gaz ne tarde pas à
disparaître. si le néon est en pelite quantité
dans le tube.
499
800 gr. pour produire 1m’; enfin 1 dm de cette
préparation donne environ 1770 1. d'hydrogène.
A cause de cette propriété, nous lui avons
donné le nom d’hydrogénite.
Conditions de préparation de l'hydrogène. —
Nous plaçons ce produit dans un récipient
permettant de recueillir le gaz mis en liberté,
et nous le traitons par une petite quantité
d’eau, environ 1 1. pour 1 kg. Au bout de
quelques secondes, la réaction commence et se
manifeste par un échauffement progressif.
Nous utilisons ce dégagement de chaleur pour
régler la rapidité de la décomposition, qui est
d'autant plus grande que la température des
produits en réaction est plus élevée, à condi-
tion toutefois de ne pas dépasser 80°. Nous
arrivons à ce résultat en introduisant dans
l'appareil générateur une quantité variable
d’eau, que nous déterminons d’après la tem-
pérature que nous voulons avoir, Nous agis-
sons ainsi, très simplement, sur le débit d’'hy-
drogène. En maintenant la température aux
environs de 70°, la quantité d'aluminium con-
tenue dans l'appareil est complètement oxydée
en 2 heures environ.
Les indications qui précèdent sont essen-
tielles pour obtenir le rendement total en
hydrogène. Celui-ci n’est jamais atteint si la
température s'élève jusqu'à 100°, ou si, au
contraire, la préparation est noyée, dès le dé-
but, dans une grande masse d’eau.
La réaction se fait avec un très grand déga-
gement de chaleur, suivant l'équation :
Al? + 64H20 = Al20* + 3H20 + 3H?,
qui correspond à 184 cal., 6 et montre que la
décomposition de l'eau par 1 kg. de la prépa-
ration donnera environ 3300 cal.
Cet hydrogène, produit en milieu non acide,
est pur et possède, par le fait, son maximum
de force ascensionnelle.
La réaction ne laisse qu'un résidu neutre,
constitué par de l’alumine hyäratée très pure.
Les appareils générateurs peuvent donc être
construits avec tous les matériaux usuels.
Application à l'Aéronautique. — Le but prin-
cipal de nos recherches à été d'obtenir un
procédé de production de l'hydrogène applica-
ble en Aéronautique.
A ce point de vue, notre préparation est inté-
ressante par les avantages suivants :
Le mode d'utilisation est d’une grande sim-
plicité.
L'hydrogène est dégagé à l'état pur, direc-
tement.
Le rendement en hydrogène, d'un poids ou
d’un volume donnés de produit, est très élevé.
C’est pour cette raison, de toutes les sources
d'hydrogène connues, celle dont le transport
serait le plus avantageux.
MAURICHEAU-BEAUPRÉ.
500
A PROPOS DES THÉORIES
de M. Marcel Deprez
A la suite d'une interview parue dans l'Echo
de Paris du 6 janvier dernier, vous m’avez
fait l'honneur de me demander pour vo'.e re-
vue quelques renseignements sur mon aéro-
plane; je vous ai dit que cela ne m'était pas
possible pour les raisons que je vous 2i expo-
sées, mais aujourd'hui se présente pour moi
l'occasion de vous écrire au sujet d'un “as par-
ticulier au problème de l'aviation : je ta saisis.
#
> *
Lorsque je vis dans les quotidiens la créa-
tion du prix de M. Quinton, je pensai que la
proposition était prématurée, mais lorsque je
vis l'explication du planement donnée par
M. Deprez, explication qui prétend justifier
la possibilité du problème de M. Quinton, je
pensai que si on partait de cette théorie pour
résoudre le problème on partait d’un point de
départ erroné; en effet, la théorie et les expé-
riences de M. Deprez n'ont aucun rapport
avec le planement, c’est ce que j'aurai le plaï-
sir de vous montrer tout à l’heure.
J’espérais que la théorie de M. Deprez,
trouverait parmi les nombreuses personnes
qui, aujourd’hui, s'occupent d'aviation une ré-
probation semblable à la mienne et je me dé-
lectais dans l’attente d’une joyeuse démolition.
Mais rien n’est venu, du moins à ma con-
naissance ; bien mieux, des journaux scienti-
fiques, ont publié dés articles intitulés théorie
générale (déjà !) du planement, qui ne sont
que l'exposé de la théorie de M. Deprez et
qui nous bercent de rêves. de rêves. C’en est
trop. Je démolirai donc puisqu'il le faut, mais
démolir n’est rien, il faut reconstruire. Je re-
construirai (1).
Æ *
Démolissons. — 1° La théorie et les expé-
riences de M. Deprez ne sont possibles que si
le vent est ascendant. Oserai-je insinuer qu'il
n'y a pas dans l'atmosphère que des vents
ascendants, qu'il en existe aussi de descendants,
car si la quantité d’air qui monte était supé-
rieure à celle qui descend, nous serions morts
par asphyxie depuis bien longtemps.
Admettre la théorie de M. Deprez, c’est
admettre que les oiseaux ne planent que par
vent ascendant — pas même horizontal, il faut
ascendant; — ils ne pourraient donc planer par
tous les vents, en moyenne pas même une fois
sur ‘deux et quand le vent aurait la fantaisie
(1). Voir dans l’Aérophile du 1" juillet 190$, les
notes de M. Deprez à l’Académie des Science
15 Décembre 1908
d'être descendant ou horizontal, ils regarde-
raient d’un œil morne l’espace où l’on ne peut
aller qu'en battant des ailes et, paresseux, at-
tendraient que le vent monte. En réalité, les
planeurs s'inquiètent peu de la direction
ascendante ou descendante du vent il leur suf-
fit, pour planer, qu’il y ait vent, dans certaines
conditions de vitesse. J'ai eu l’occasion de le
voir bien souvent en montagne; j'ai vu pla-
ner des buses dans une région traversée par
un courant descendant; soit L C L’ une sec-
tion verticale d'une chaine de montagnes par
un col en C, soit D la direction générale du
vent, ascendante sur L’ C, descendante sur
C L : l'oiseau en O remontait en planant vers
le col (fig. 1).
20 Si la théorie de M. Deprez est exacte,
quand l'oiseau plane, il doit avoir la figure
schématique (2); or, j'ai toujours vu les pla-
neurs avoir l'aile relevée à l'avant (fig. 3), ce
qui est facile à observer à l’œil nu, quand on
a l'œil exercé et ce qui est très facile à voir
avec une jumelle, surtout lorsqu'on se trouve
au même niveau que le planeur, ce qui arrive
fréquemment en montagne.
3° Si la théorie de M. Deprez est exacte, il
existe une force horizontale qui entraîne l’oi-
seau contre le vent. L'oiseau pourrait donc
avancer contre le vent indéfiniment. On ne
comprend pas alors pourquoi les oiseaux, pour
aller contre le vent, décriraient ces grandes
courbes que l’on a remarquées et qui leur font
perdre du temps et de l'espace.
Nous verrons plus loin l'explication de ces
courbes et leur nécessité.
Si M. Deprez avait sur sa théorie, conçu
un aéroplane avec une forme, des surfaces et
une masse, je pourrais peut-être lui démontrer
que son appareil ne volerait, ni ne planerait.
Mais ce que nous a donné M. Deprez n'est
que du schéma, on ne peut travailler sur un
schéma d'une façon ferme.
Si la théorie de M. Deprez n’a aucun rap-
port avec le planement, elle en à beaucoup
avec la marche au plus près des bateaux à
voile puisqu'elle n’est que cette théorie trans-
portée du plan horizontal dans le plan vertical,
le poids du chariot remplaçant la réaction de
l'eau sur la quille du bateau (voir croquis 4).
Cela ne tend pas à montrer que la théorie de
M. Deprez est inexacte, les raisons qui pré-
cèdent me paraissent suffire : c’est un rappro-
chement que je fais et qui me paraît curieux.
*
x +
Reconstruisons. — Au lieu de regarder Ux
aigle qui plane et de bâtir tout de suite ex-
abrupto une théorie qui donne une certaine
satisfaction à l'esprit, commençons par regar-
der voler les oiseaux de toutes tailles pendant
quelques dix ans. Regardons-les quitter le sol
Pa.
Le 30 Octobre 1908
Henri FARMAN
Sur son vieil AÉROPLANE VOISIN
S ENIOLA DU GAP DE CHALONS, ET A 100 MIÈTRES DE HAUTEUR
os dessus les bois
les routes
les cours d'eaux
les r7cis=s fesrréss
les villages
1es pIts hauts peupliers
11 s’en alla eoucher à Reims
Le lendemain
il GAGNA le PRIX de la HAUTEUR
L'arrivée au champ de manœuvres de Reims
Les Frères VOISIN
34, QUAI DU POINT-DU-JOUR., BILLANCOURT
Téléphone : 167 Bouiogne-s-Seine
A]
c
: Antoine
75
0
P0rte un moteur ‘
VIII NE SINS SPRL RSRSSSSSSISSS
LES DEUX PREMIERS VOYAGES AÉXENS
- FARMAN : Châlons-Reims
et BLÉRIOT à Toury
ont été accomplis
GRACE AU MOTEUR ANTOINETTE
28, Rue des Bas-Rogers = PUTEAUX
l’Aérophile
et y revenir, regardons-les monter, descendre,
tourner; à force de regarder et de raisonner
sur ce que nous voyons, nous apprendrons
quels sont les principes mécaniques du vol,
nous reconnaîtrons qu’ils sont les mêmes pour
tous les oiseaux et nous bâtirons alors une
théorie du vol qui ne pourra être mise en dé-
faut dans aucun cas.
Cette théorie faite, nous nous attacherons à
l'étude du planement qui n’est qu'un cas par-
ticulier du vol et, pour ce faire, nous regar-
derons pendant très longtemps et souvent des
oiseaux qui effectuent ce planement et parmi
So:
de sorte que les courbes décrites par l'oiseau,
s'il veut avancer contre ie vent, auront la
forme indiquée figure 6, s’il veut monter, la
forme indiquée figure 7.
Il ne faut pas avoir une imagination bien
ardente, pour penser que la force vive que
l'oiseau possède aux points B B etc., est par
lui utilisée pour vaincre la résistance de la pe-
santeur et la résistance du vent. La valeur de
la force vive lui étant donnée, s’il en use beau-
coup pour avancer contre le vent, il en aura
peu pour monter et inversement.
On voit donc que l'oiseau pouvant à son gré
utiliser la force vive qu'il possède de par le
su vent
les nombreuses remarques que nous ferons,
nous ferons celle-ci : tous les planeurs pla-
nent de la même manière qui est la suivante :
Considérons un oiseau qui plane, un goéland
par exemple pour fixer les idées. Il avance
contre le vent, son plan de symétrie est dans
la direction du vent. Peu à peu, sa vitesse par
rapport à nous, observateur, diminue ; un mo-
ment il reste immobile, puis le voilà qui tourne
il cède au vent; mais, de nouveau, il se tourne
contre le vent et avance contre lui.
Soit A (fig. 5) le point où sa vitesse s’est an-
nulée pour la première fois et où il a commencé
à céder au vent, soit B le point où il s’est re-
tourné contre le vent et A’ le point où sa vi-
tesse s'est annulée une seconde fois. Soient AA,
A’A les distances horizontales et verticales des
points À et A’. Je remarque que ces deux
quantités augmentent ou diminuent en même
temps, plus AA, sera petit, plus A’A, <era
petit et inversement. Autrement dit, plus l’oi-
seau monte, moins il avance contre le vent et
plus il avance contre le vent moins il monte;
vent pour monter ou gagner contre le vent,
aucun point de l’espace ne lui est interdit, et
nous dirons alors que planer c’est : en utili-
sant la seule énergie du vent, pouvoir attein-
dre un point quelconque de l’espace. — Nous
sommes loin déjà, en avant du problème de
M. Quinton.
Notre problème à la limite est le suivant :
Partant d’un point A, céder au vent jus-
qu'en B et revenir en A avec une vitesse
nulle.
La vitesse de l'oiseau en À étant nulle, nous
allons écrire que la 1/2 force vive acquise en B,
est égale à la somme des travaux à effectuer
pour aller de B en A.
Nous savons qu'un oiseau suspendu dans
l'air, tombe continuellement, même lorsqu'il
monte; en effet, soit un oiseau dont je repré-
sente (fig. 8) les surfaces portantes par leur
projection verticale MN, soit à l'angle d’in-
cidence : si l'oiseau ne tombait pas, au bout
d’un certain temps, ilirait en MN’; 0or,ilesten
502 15 Décembre 1908
M, N, donc il est tombé de la hauteur N° N,
et au lieu de s'élever de n N° il ne s’est élevé
aue de nN, (1). La vitesse de chute s’il ne mo-
difie pas la forme de ses surfaces portantes, ce
qui est le cas dans le planement, est uniforme ;
par conséquent, l’oiseau développe continuelle-
ment une puissance Pu, P son poids, w sa vi-
tesse de chute. Si donc, l’oiseau part de A pour
aller en B, il développera un travail égal à
Put, t le temps, et pour aller de B en A, un
travail égal à Put’, soit au total Pu (& + #).
D'autre part, pour parcourir la distance ho-
rizontale de B à A, il va avoir à lutter contre
la résistance du vent; soit R, cette résistance,
le travail à effectuer sera Re, e étant la dis-
tance horizontale de B à A.
Nous considérons donc que tout se passe
comme si pour aller de A à B, l'oiseau en-
traîné par le vent parcourait la distance hori-
zontale AB’ et entraîne par la pesanteur, la
hauteur B’B et pour aller de B en A, comme
s'il parcourait la distance horizontale BA? et
montait de la hauteur A’”A’+A’A en luttant
contre le vent et contre la pesanteur (fig. 9).
Pour que l'oiseau revienne en A, il faut donc
que l'on ait :
EE a:
> nv? > Re + Put + {).
Nous allons exprimer toutes les quantités qui
entrent dans cette inégalité en fonction de la
masse de l'oiseau, de sa vitesse en B, de la
vitesse du vent et des différentes surfaces in-
téressantes :
19 P=mg.
2° L'oiseau tombant avec une vitesse uni-
forme, on sait que la résistance de l'air est
égale au poids de l’oiseau.
mg =KSu°M.
K étant un certain coefficient, $S la projec-
tion horizontale des surfaces portantes de l’oi-
seau M la masse de l’air; d’où
SE 1
7} KSM
3° Considérons notre oiseau au point A, au
moment où il est immobile: voici qu’il tourne.
En tournant il présente au vent une certaine
surface que je ne préciserai pas pour ne pas
compliquer notre problème, que j'appellerai S’
projetée sur un plan vertical perpendiculaire
à la direction du vent; je supposerai cette pro-
jection constante bien qu’elle ne le soit pas et
enfin je supposerai que l’oiseau ne tombe pas.
Au premier instant l'oiseau résiste par iner-
1) Par suite d’une erreur de gravure dans la
fig. 8, les lettres M' N°’ se trouvent répétées
deux fois. Prière de lire M, N, les lettres M’ N’
inférieures dans le croquis.
tie et la force qui lui est appliquée par le
vent est égale à K'S'MV'. V la vitesse du
vent.
Un instant après, l'oiseau ayant acquis une
certaine vitesse v, la force qui lui sera appli-
quée ne sera plus que K'S'M (V- v}', l'oiseau
a alors parcouru un certain espace e en un
certain f.
Dans ces conditions l'équation du mouve-
ment est
le VS
m — = MKS(V — v}°
dt?
‘de
add
dv de
dt dE
en substituant
MERS V2
Des AS M(v — DE
dr IC'S'M
ro di
(ù — V}? a
d'où en intégrant
dv KSM
7% = —— 1
v — V): nr
J
or l'intégrale
a mess)
à o
“ 0
donc l'équation devient
1 1 KSM
FANS ETE
Me MT
(1) = KSMVN — 0)
Mettons cette expression sous la forme
TE ni ) 1
= KSM * =
et posons
on obtient pour *
alV?
Lai
Vo —
en portant la valeur de v
de
dans >= —
5 ; dl
alV° de
on à ER —
e 1+avV di
l’Aérophile
d'où LSe
AL
r2
s _—_ d
PEU
d'où après intégrations
aiN — L(1 Æ atV)
(42
CE
remplaçons # par sa valeur
ne v
aN(V — &)
nt
v D
PT lv = LC AVE <)| KSM
Nous avons les valeurs de £ et de e cher-
chons # et R.
Quand l'oiseau arrive en B et se retourne
contre le vent et avance contre lui, au pre-
mier instant la résistance que le vent lui op-
pose est égale à
K,S,M(V + cv}
K , un certain coefficient, S, projection de
l'oiseau sur un plan perpendiculaire à la di-
rection du vent.
Cette force va tendre à annuler la vitesse
de l'oiseau, mais cette vitesse diminuant cette
force, va diminuer et quand v sera nul la force
sera K, S, M V:.
Le problème qui se présente est analogue à
celui que nous venons de résoudre et si nous
cherchons la valeur de #’, pour laquelle la vi-
tesse de l’oiseau sera nulle, nous trouvons
VE mo
_ KSMV(V +)
La résistance R qui varie deK,S,MV V Lx}?
à K,S, HV? a annulé la vitesse v de l’oiseau on
a donc
RE — mv
R — = K,S,MV(V + v).
Notre inégalité deviendra done
sm DKSMV(V ++)
D Rene 0e (1 ARE
V—v V—v
nt , my
KSM * 2 je
mo mo
QE on nt QU
(rs KSMV(V —) )
(* Les quatre lignes précédentes de formules
doivent être lues comme si l'inégalité était dispo-
sée sur une seule ligne, disposition qui eût en-
traîné ici l'emploi de caractères trop petits.
ou
503
/ :
mi Û
9) Rom X vw
1 1 re
ee DRE
En =) LU KS(V -— po
Cette inégalité exprime mathématiquement
les observations que l’on peut faire sur les
oiseaux planeurs, sauf une toutefois qui est
la suivante :
Les oiseaux planeurs ne sont jamais de très
petits oiseaux. Notre inégalité n'exprime pas
qu’il y ait pour eux une limite inférieure; ma-
thématiquement, il n’y en a pas; mais il suffit
de se reporter à l'expression que nous avons
trouvée pour e pour voir que cette quantité
varie comme . ; or si nous considérons
deux oiseaux semblablement construits et de
même densité et que À soit le rapport de leurs
dimensions linéaires on à :
]
2:
uw] un
I
ke
nm mA.
SAS
=
F
1
e varie donc comme les dimensions linéaires
des oiseaux ; pour les oiseaux très petits, toutes
autres choses (V et v) restant égales, e sera très
petit de sorte que pour planer les petits oi-
seaux seraient obligés de faire des courbes
d'amplitude très restreinte.
Vous avez pu remarquer que pour l’établis-
sement de l'inégalité qui caractérise le plane-
ment, j'ai fait l'hypothèse que pour un même
oiseau, la quantité K'S’ est constante, ce qui
est faux; cette quantité varie avec la posi-
tion de l'oiseau par rapport au vent; je n'ai
pas fait par ailleurs d’'hypothèse sur la façon
dont l'oiseau effectue ses virages en A et B.
Ces raisons font que l'inégalité que nous
avons trouvée est incomplète. Pour planer, il
faut satisfaire à cette inégalité, il ne suffit pas
d'y satisfaire.
Pour écrire l'inégalité complète qui carac-
térise le planement et pour la justifier je se-
rais obligé de faire appel à ma théorie du vol,
ce que je ne peux faire, étant donné que cette
théorie est celle même de mon appareil.
**) Même observation que (').
/
504
On peut néanmoins voir que malgré les sim-
plifications, le problème du planement n’est
pas aussi simple que l'avait fait M. Deprez.
M. Deprez, à moins qu'il ne dédaigne mes
attaques de moucheron, voudra défendre sa
théorie; je le supplie de regarder avant, voler
les oiseaux.
Si on applique notre formule du placement
aux appareils qui existent actuellement on
peut se rendre compte que ces appareils ne pla-
neront jamais.
Alors le problème de M. Quinton n'est donc
pas possible ? Si, même très perfectionné jus-
qu'au planement mais avec... mon aéroplane.
M. Darpezer
P.-S. — Pour rendre le phénomène du plane-
ment plus sensible, on peut le représenter de la
façon suivante en supprimant la chute. |
Soit deux surfaces horizontaies P et Q limitées
par des parallèles, animées d'un mouvement uni-
iorme de vitesse V dans le sens des parallèles,
les deux surfaces acco!ées (elles représenteront
le vent).
La surface P est très
C! : 1
ATEN rugueuse, de la grosse
à GA toile, par exemple, Q,
Es très lisse, de la toile
PGh- 07 cirée.
Si nous placons en A
une boule avec une vi-
tesse nulle, cette boule, au premier instant, ré-
siste par inertie, mais la force R, que le frot-
tement par roulement va lui appliquer, va la
mettre en mouvement et, au bout d'un certain
temps. elle aura une certaine vitesse et sera à
une certaine distance e de À, en B
Si, à ce moment, nous plaçcons près des sur-
faces P et Q, sans qu'il y ait contact, une surface
cylindrique CC’ perpendiculaire à PQ de façon
que la boule entre tangentiellement en C dans
la concavité pour en sortir tangentiellement en
C’, cette boule rencontrera sur la surface QU, la
résistance au roulement KR.
Si on fait abstraction de ce qui se passe de
C en C’ comme j'ai fait abstraction du virage de
l'oiseau dans le planement, on voit que la boule
reviendra jusqu'à la hauteur de A, si l'on a :
RSS
Sens du mouvement
q FSU EN
5 on V° z R'e
m, la masse de la boule ; v, sa vitesse en B :
R’ la résistance au roulement de la boule sur
Q ; e la distance AB.
e est une certaine fonction de R et on arrive
à trouver que pour que le retour en A soit pos-
sible, il faut que pr
taine quantité 1
C'est là une analogie avec le planement.
On voit que si on peut faire que la boule dé-
passe A on la fera avancer dans le sens inverse
au mouvement des surfaces P et Q et si, dans
ce cas, on remplaçait la surface cylindrique CC’
par une rampe hélicoïdale, C’ plus haut que C, on
pourrait, à son gré, faire avancer la boule en
sens inverse äu mouvement des surfaces ou la
fajre monter autre analogie, — M. D.
soit plus petit qu'une cer-
15 Décembre 1908
RECHERCHES
SUR LA
DÉTERMINATION DU « POINT »
et Exvériences de téligraphie sans fil en ballon
Notre ascension a eu lieu le 11 juillet 1908.
Nous sommes partis à 9 heures 36 du soir, du
parc de l’Aéro-Club et nous avons atterri le
lendemain matin à 4h. 30, à Lorrez-le-Bocage
(Seine-et-Marne). M. Mix pilotait le ballon et
les passa _ers étaient : MM. Ch.-Ed. Guillaume,
directeur adjoint du bureau international des
poids et mesures ; Favé, ingénieur-hydrographe
et moi.
M. Mix et M. lavé ont fait plusieurs déter-
minations du point; l’un, avec le sextant à
niveau; l’autre, avec l'astrolabe à palettes
dont M. Favé est l'inventeur. M. Guillaume
reconnaissait les endroits au-dessus desquels
se trouvait le ballon au moment où l’on faisait
le point et les marquait sur la carte. Les dis-
tances entre les points déterminés astronomi-
quement et les points au-dessus desquels se
trouvait réellement le ballon ont été les sui-
vantes :
Point A (M. Mix), 10 kilomètres.
Point B (M. Favé), 5 kilomètres 5.
Point C (M. Favé), 3 kilomètres 5.
Point D (M. Favé), 10 kilomètres.
Pont E (M. Mix), 9 kilomètres.
On voit donc, que l’un et l’autre instru-
ments permettent de faire le point à 10 kilo-
mètres près, ce qui est largement suffisant pour
savoir si le ballon s'approche des côtes.
Quant à moi, je m'étais proposé de faire des
expériences de télégraphie sans fil pour me
rendre compte s’il serait possible de signaler
aux aéronautes par l'envoi d'ondes hertzien-
nes l’approche de la mer ou d’un autre danger.
On peut entrevoir, en effet, le jour où le déve-
loppement de la navigation aérienne rendra
nécessaire la création sur les côtes de phares
d'ondes hertziennes signalant aux ballons la
présence de la mer, de même qu'il existe des
phares d'ondes lumineuses signalant aux ba-
teaux, la présence de la terre. Pour savoir dans
le rayon de quel phare on se trouve, ces pha-
res d'ondes hertziennes pourraient envoyer des
signaux particuliers, de même que les phares
lumineux émettent des éclats à des intervalles
déterminés.
Dans mon expérience du 11 juillet la source
d'ondes hertziennes était l’antenne de la Tour
Eiffel et l'appareil récepteur que j'avais à bord
du ballon était un détecteur électrolytique du
capitaine Férié. Mon antenne consistait en un
fil fin enroulé sur un rouet et que l’on pouvait
dévider plus ou moins. Je n'ai pas pu em-
ployer un fil dépassant 80 mètres de longueur
à cause de la faible altitude à laquelle le bal-
lon a été maintenu pendant toute la nuit.
l'Aérophilé
Aussitôt apres notre départ, j'ai entendu dis-
tinctement les signaux envoyés par la Tour Eif-
fel et j'ai continué à percevoir ces signaux jus-
qu'à 10 heures 55, heure à laquelle les télé-
graphistes de la Tour Eiffel ont cessé l'envoi
des télégrammes à Casablanca. Le ballon se
trouvait alors à 33 kilomètres environ de la
Tour Eiffel.
_ Ces expériences corroborent celles qui ont été
faites autrefois par le capitaine Férié et prou-
vent que la réception des ondes hertziennes en
ballon n’offrent aucune difficulté dans les con-
ditions où j'ai opéré.
A. DE LA BAUME-PLUVINEL
ARR SE
Les perturbations météorologiques et les Ballons
(Observations d’un aéronaute)
J'avais eu maintes fois l’occasion de faire.
au cours d’ascensions aérostatiques, de cu-
rieuses observations météorologiques. Mais il
ne m'était pas encore arrivé de constater les
phénomènes occasionnés par la brusque appa-
rition d’une bourrasque de neige et de grêle,
comme je le fis le 19 avril 1908, au cours d’une
ascension à bord de l’Ariane (450 m'°), en com-
pagnie de M. Louis Méan, au départ du bois
de Boulogne, à 3 h. 55 après-midi.
La journée était marquée par des chutes
de grêle et de neige intermittentes, avec tem-
pérature plutôt basse, soit ce qu’on est con-
venu d'appeler généralement des « gibou-
lées ».
Au moment du départ, la température était
de + 805 à terre. La pression barométrique
756 m/m.
La traversée du bois de Boulogne et d’une
grande partie de Paris s’effectua à une alti-
tude moyenne de 350 m., d’une façon assez nor-
male; équilibre facile sans aucun jet de lest,
température en faible décroissance; cette der-
nière particularité s'explique par l’éclaircie
relative dans laquelle était plongé le ballon.
Les nuages qui nous environnaient étaient
de composition absolument disparate. Tandis
que vers le sud, des stratus légers se profi-
laient à l’horizon, la partie nord, et princi-
palement N.-O., direction &’où venait le vent,
était fort chargée de nimbus épais, très fon-
cés, sur une grande hauteur. En les obser-
vant, nous remarquâmes aisément qu'ils s’ag-
gloméraient; le soleil presque visible pour
nous depuis notre départ, disparut; et à
4 h. 10, après une légère descente vers 250 m.
suivie d’un jet de 4 à 5 kgr. de lest, nous
nous équilibrions vers 400 m., enveloppés de
tous côtés par des nuages épais. Nouvelle des-
cente légère et équilibre à 600 m. après avoir
jeté à nouveau quelques kilos de lest.
Nous avions traversé une grande partie de
Paris, reconnaissant au-dessous de nous,
505
l'usine à gaz de l'avenue de Choisy, lorsque,
sans que nous soyons montés, les nuages nous
voilèrent la terre. (Le baromètre indiquait
toujours 600 m.; 702 m/m.)
A 4 h. 20, les premiers flocons de neige firent
leur apparition tout autour de nous, et pres-
que au même instant, un bruit formidable
provoqué par la chute de grêlons que nous
constations énormes — 8 à 10 m/m de diam.
— se fit entendre, pendant que le ballon
était violemment secoué, ce qui provoquait
un balancement accentué de la nacelle. Vite
un gros sac de lest de 20 kilos était préparé,
pendant que j'observais le baromètre, m’at-
tendant à une descente sérieuse.
L’aiguille au lieu d’accuser un mouvement
de descente, fit justement le contraire; la
grêle tombait toujours; mon compagnon ayant
aussi un baromètre constatait ce même mou-
vement de montée, ce qui excluait l’idée que
mon instrument pouvait être déréglé.
Bientôt, nous atteignons 800, 1.000 et
1.500 m. d’altitude, et en 10 minutes nous
sommes aspirés ainsi verticalement jusqu’à
1.900 m. sans jeter un gramme de lest, tandis
que les grêlons frappaient toujours à grand
fracas l’enveloppe de notre aérostat.
À 4 h. 35, la grêle cessa et des crépitations
intenses se firent entendre autour de nous. Je
me rendis immédiatement compte que celles-
ci étaient dues à des décharges électriques sur
l'ancre accrochée à un côté de notre nacelle,
car j'avais eu déjà l’occasion de faire des
observations de ce genre. Toutefois, en esti-
mant que ce crépitement électrique se mani-
festait déjà depuis 5 minutes au moins, du-
rant la chute de grêle, cela porterait à envi-
ron 20 minutes la durée totale et continue de
ce phénomène. Les crépitations étaient par-
fois assez fortes pour faire vibrer la vanne-
rie de la nacelle aux environs de l’endroit où
se trouvait l’ancre.
À 4 h. 45, nous étions en pleine descente ;
deux sacs de lest de 22 kilos furent vidés en
quelques minutes, cependant, la descente al-
lait en s’accentuant. A 5 h. 48, le dernier sac
fut vidé, soit environ avec les deux précé-
dents 65 kgr. et à 400 m. nous apercûmes, au
sortir des nuages, un bois au-dessous de nous.
L’étoffe du ballon claquait sous les remous du
vent. Deux minutes après, nous étions à
terre; ou plutôt nous nous trouvions proje-
tés sur les arbres; la neige et le 7ent faisant
rage.
Après avoir touché les branches de cime,
nous réussîmes à traîner, sans danger, jusqu’à
une clairière voisine, terminant heureusement
notre voyage, au bois de Lagrange, à Yerres.
De l’avis des personnes présentes, la bour-
rasque fut des plus violentes et accompagnée
d’une chute de neige suffisante pour recou-
vrir complètement la terre. Sur le ballon, une
croûte de neige congelée de 7 à 8 centimètres
506
existait à la descente ; elle se détachait en par-
tie lorsque l’aérostat se couchait.
La température minima fut observée à
1.400 m. Elle était de — 3°, tandis qu’elle
n’était que de — 2° à 1.900 m. A terre,
quelques instants après la descente, nous
constations : thermomètre, + 6°; baromètre,
753 m/m 5 (altitude du lieu déduite).
Notons encore que les décharges électriques
sur notre ancre ne cessèrent que très peu de
temps avant notre sortie des nuages. Une
forte chute de neige dura 30 à 35 minutes
après notre atterrissage.
Faudrait-il done supposer que, durant l’as-
piration en verticale de 600 m. à 1.900 m.,
sans aucun jet de lest, sans soleil et en pleine
surcharge de grêle, le ballon fut chargé d’élec-
tricité et qu'une dilatation notoire du gaz
s’ensuivit ? E. CARTON
BIBLIOGRAPHIE
« Au fil du vent », par François Peyrey. —
Un superbe volume grand in-8°. papier de
luxe, illustré de nombreuses gravures tirées à
part, sous couverture en trois couleurs de Mich ;
préface du comte Henry de La Vaulx. — Prix,
15 francs, aux bureaux de l'Aérophile.
Il nous faut tirer hors de pair, parmi les nom-
breux ouvrages que provoque la vogue actuelle
des choses de l'air, l'œuvre nouvelle si impatiem-
ment attendue de François Peyrey : « Au fil du
vent ».
Notre distingué confrère s'est proposé de faire
connaître au public cultive, l’histoire de l'aëros-
tation, sa pratique, ses gloires, ses drames et
ses charmes. Il y a admirablement réussi avec la
triple autorilé de l’aéronaute, de l'érudit et de
l'arliste.
En ces pages définitives, François Peyrey nous
initie tout d’abord à la naissance du .premier
moyen de locomotion aérienne ; il en expose les
progrès et en détaille les grands evénements
avec une sûreté de documentation que l’on n'avait
pas encore rencontrée. Il aborde ensuite les
différentes applications de la géniale découverte
de Montgolfier, perfectionnée par Charles. Puis,
c'est l'ère moderne où le bal'on, &r6p longtemps
méconnu et oublié, Irouve enfin sa place parmi
les 2rands sports el Gevient linstrument indis-
pensable de recherches scientifiques de la plus
haule importance.
Tout cela est exposé avec une méthode claire
et précise, chaque chapitre épuisant son sujet :
la langue est chaude, colorée, vibrante ; l’on sent
derrière l'écrivain, l’xéronaute passionné et com-
pétent.
Des tableaux récapitulatifs qui nécessitèrent
un travail de bénédictin, des statistiques ingé-
nieuses, introuvables ailleurs, complètent cette
étude absolument remarquable qui s'ouvre en
guise d'avant propos, par des notes délicates,
nuancées el vervcuses sur les inoubliables im-
pressions que procure le tourisme aérien.
La préfage du comte Henry de La Vaulx,
donne à cet ouvrage le patronage le plus auto-
risé qu'il pouvait recevoir. Une pittoresque cou-
verture en couleurs du jeune maitre Mich, en-
gaîne ce superbe volume où le luxe de l'édition
demeure à la hauteur de la valeur et de l'attrait
du texte,
. Tous ceux qui s'intéressent aux choses de l'air.
à quelque titre que ce soit, liront Au fi du
vent. Les techniciens et les sportsmen y trou-
veront des renseignements documentaires admi-
15 :Décembre 1908
Fac-simile de la couverture de Au Fil du Vent
(Composition en 3 couleurs de Mich)
rablement groupés qu'ils ont souvent cherchés
en vain: les simples lecteurs y rencontreront
tout le profit et tout l'agrément que peut procu-
rer une œuvre aussi littéraire qu'instructive.
Le carnet du sportsman, par L. Henraux.
— ‘Tout en restant dans le domaine qui lui est
propre, l’'Aérophile n'a rien voulu négliger pour
plaire à ses lecteurs : ceux-ci pourront appré-
cier le talent de notre nouveau collaborateur et
ami. L. Henraux, dont les frises encadreront
bientôt le texte de nos principales rubriques.
L. Henraux vient d'illustrer le Carnet du
sportsman publié cette année.
Dix sports s'y trouvent représentés : l’aéro-
naulique, l'automobhilisme, le yvachting, le tir
aux pigeons, la chasse à tir et la chasse à
courre, le lawn-tennis et le golf, le polo et les
courses, enfin les sports mondains : le bridge et
le théâtre. Chacun de ces sports aura ses dessins,
spirituels et amusants, d'un grand intérêt artis-
tique.
Mais il y a plus : pour unir, selon la formule
classique, l'utile à l’agréable, L. Henraux a fail
suivre chacun de ses dessins, de tableaux synol-
tiques, où le sportsman pourra noter toutes ses
impressions.
C'est ainsi que l'aéronaute pourra noter l'heure
du « lâchez tout », de l'atterrissage, l'altitude
maxima, etc., etc. Une carte de l'Europe cen-
trale lui permettra de relever schématiquement le
tracé de ses voyages. Enfin sur une page spé-
ciale, il pourra faire signer les passagers emme-
nés à son bord el conserver ainsi un souvenir
durable de son ascension.
A la fois élégant et pratique, le Carnet du
sportsman, de L, Henraux présente, on le voit,
toutes les qualités de l’œuvre moderne. Nous lui
prédisons un gros succès.
INGENIEUR
CONSTRUCTEUR
Ingénieur-en-Chef
de l'Expédition Polaire Wellman,
Inventeur & Constructeur de la nacelle du ‘‘ Wellman
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l'Aérophile
L’Aviation en France
Henri Farman en triplan
La pluie ayant cessé, Henri Farman reprend,
le 24 novembre, les essais de son appareil trans-
formé en triplan et exécute dans la matinée
plusieurs vols remarquables, étant donnée sur-
tout la vitesse du vent qui, mesurée à l’anémo-
mètre, variait de 6 à 14 mètres à la seconde.
Dans cette atmosphère agitée, le célèbre avia-
teur a pu faire des remarques fort intéressantes.
De subites rafales soulevaient l'appareil de 15
à 20 m. et le coup de vent passé, l’aéroplane
redescendait pour être repris par une autre ra-
fale.
« C'était, dit-il, un mouvement continu d'os-
cillations, quelque chose comme un ascenseur
qui se serait déplacé en avant... »
Farman prit ainsi des virages. Par vent ar-
rière, il filait à 90 à l'heure : par vent debout,
son appareil, parfois, n'avançait plus. Vers la
fin des essais, come l’aéroplane restait parfaite-
ment stable, dans une position horizontale dans
tous les sens et sans aucune inclinaison, il ne fil
aucune manœuvre ; il se laissait aller, faisant
seulement agir, dans les virages, le gouvernail
de direction.
Le moteur Antoinette de 50 chx, dont l’ap-
pareil est toujours muni, a vaillamment sou-
lenu ces manœuvres en terrain varié.
— Le 26 novembre, vers 4 heures de l'après-
midi, vol circulaire de 9 kilomètres en 7 minutes.
— Le 28 novembre, Henri Farman procédant
à de curieuses expériences. IL avait démonté le
troisième plan de son appareil ramené ainsi à
l'état de biplan, et racourci l’'envergure du plan
inférieur à 7 m. seulement tandis que celle ‘du
plan supérieur demeurait de 12 m.; la surface
portante se trouvait ainsi réduite à 40 m°. L'ap-
pareil ainsi modifié parut moins stable, mais
Farman estime qu'en diminuant la cellule ar-
rière et en réduisant le gouvernail de profondeur,
ce biplan, diminué de surface, serait encore Ca-
pable de batlre ses records
Continuant la série de ses expériences, Henry
Farman a évolu le 1‘ et le 2 décembre avec son
appareil transformé définitivement en triplan de
7 mèlres d'envergure. Il à volé avec aisance ;
l’apareil est très stable et se dirige bien. L'avia-
teur pense pouvoir emporter 70 litres. d'essence.
Le 3 décembre, il espérait faire un essai de
longue durée, mais le brouillard l'a empêché de
poursuivre ses expériences. Il faillit même en-
trer en contact avec le petit bois qui se trouve
au milieu de son terrain.
Delagrange à Savigny. — Léon Delagrange
continue son entraînement à l'aérodrome de Sa-
vignv. créé par la Société d'Encouragement à
l'Aviation. La Coupe Michelin 190$ sera altri-
buée à la fin de décembre et le célèbre aviateur
entend bien défendre sa chance parmi les ten-
lâtives que ne manquera pas de susciter ces
jours-ci, la conquête toute prochaine de ce glo-
rieux et riche trophée.
— Le 29 novembre. Léon Delagrange, en pré-
sence de Wilbur Wright et d'une assistance de
plus de 2.000 personnes, a effectué sur le bi-
plan avec lequel il fil sa campagne d'Italie, plu-
sieurs vols d'un quart d'heure environ. à une
hauteur de dix à douze mètres, au milieu de
bravos enthousiastes.
Wilbur Wright, venu en automobile de Paris,
où il avait eu la veille une fort courtoise entre:
vue avec les constructeurs de Delagrange, les frè-
507
res Voisin, ses émules français, trouva l'aéro-
drome de Juvisy tout à fait confortable et pro-
pice aux expériences des aviateurs.
Le monoplan Antoinetle, arrivé de la veille,
fut fort admiré d'une nombreuse assistance.
L’aéroplane Lejeune. — \I. Lejeune fail cons-
truire, par M. de Pischof, un biplan à carcasse
de bambou, à ? gouvernails de profondeur, l'un
en avant, l'autre en arriere. Moteur de 12 chx
aclionnant, par chaînes, äcux hélices.
L'Italie et l'aviation française. — [Ce licu-
tenant Calderara, de la marine ilalienne, qui
suit depuis quelque temps en France, à titre
privé, les expériences d'avialion, vient de se
voir confier, à titre officiel, par son gouverne-
ment, une mission du même genre, avec auto-
risation de participer à des expériences d'aviation
et d'en faire pour son propre comple.
L'aéroplane REP-II. — Notre photographie,
prise à Buc, pendant le vol qui lui valut le 3° des
prix de 200 mètres, permet de se faire une idée
Phuto Hol
L'aéroplaue REP II eu plein vol, à Buc,
gagne le troisième prix des 200 mètres
de la beauté de lignes de ce superbe monoplan.
si remarquablement étudié et d'une silhouettte
si plaisante, si fine. si approchée, sans copie
servile, des formes naturelles de l’oiseau.
M. DEGouL.
RL SIT
L'Aviation à l’Étranger
Aéroplanes espagnols. — On assure que le
marquis de Viana, ancien président de l’Aéro-
Club de España, et M. Juan de Gustaba vien-
nent de commander des machines volantes. On
parle d'un meeting d'avialion à Saint-Sébastien,
l'été prochain.
L'aviation en Belgique. — La « Bruxelles
Aviators », nouvelle société belge, va mettre en
chantier un type d’aéroplane de 7 m. 50 de sur-
face, paraît-il, muni d'un moteur de 18 chx ac-
fionnant une seule hélice. Lancement sur des
roues que l'appareil abandonnera en prenant
l'essor.
L'ornithoptère de La Hault. — Bien que sa
voilure ne soit pas en place, notre photo permet
de se faire une idée de la machine volante à
ailes battantes de M. Adhémar de La Hault.
D'après certaines informations belges dont
508
nous nous sommes faits l'écho (Aérophilc du 1"
décembre), cet appareil, muni d'un moteur de
dsuvbu ave
L'ornithoptère de la Ilault (100 eñx)
100 chx, se serait déjà enlevé par ses propres
moyens. Souhuitons que ce succès d’un type
d'appareil un peu trop négligé se trouve con-
firmé.
PAUL ANCELLE
Les Dirigeables en France
Ascensions du « Ville-de-Paris ».
Comme nous l’avions dit, les dommages subis
par le dirigeable Ville-de-Paris à l'atterrissage
du 16 novembre (V. Aérophile du 1” décembre)
étaient sans gravité. En deux Jours, le ballon
élait remis en ordre ‘le marche, Et ;:es essais
rela.:dés par le maïivais temps re, renxient dès
le 24 novembre.
Le dirigeabiv partit à 9 h. emportant MM. le
comm. Bouttieaux, Renaud, Henry Kapferer et le
mécanicien Paulhan. Atterrissage à 9 h. 18, au
point de départ, après avoir contourné la ville de
Verdun.
Nouvelle sortie à 2 heures de l'après-midi. .A
bord : MM. le commandant Boutlieaux, Henry
Kapferer, pilote, le ieutenant Delassus et Pau-
Jhan, mécanicien. Après avoir viré avec ai-
sance, l'aéronat fila vers l’ouest pour planer
bientôt au-dessus des forts de Bois-Pourru, Choi-
sel et Montfaucon. Retour au hangar à 3 h. 10.
L'équipage s'est déclaré enchanté du parfait fonc-
tionnement de tous les organes.
— Le 27 novembre, deux ascensions. La pre-
mière, destinée à l'instruction des équipages,
dura 1 heure au-dessus de la vallée de la Meuse.
La deuxième sortie se prolongea de 11 h. 25
du matin à 1 h. 45 uu soir, soit 2 h. 20. Elle
15 Décembre 1908
avait pour but une reconnaissance des forts des
deux côtés de là Meuse et a parfailement réussi.
Le ballon vira de bord au-dessus du camp des
Romains, à Saint-Mihiel. Etaient à bord : MM. le
commandant Bouttieaux :le lieutenant de réserve
Henry Kapferer, pilote ; l’adjudant Paulhan au
moteur.
— Le 28 novembre, Ville-de-Paris évolue lon-
guement sur les forêts des Ardennes, pousse une
pointe jusqu'à Clermont et réintègre son han-
gar sans incidents. À bord : MM. les lieutenants
Henry Kaplerer, Delassus et deux sous-officiers
mécaniciens.
— Nouvelle sortie le 29 novembre, de 10 h. à
11 h. du matin. Evolutions sur la ville et les
environs.
Dans l'après-midi, de midi 15 à 2 h., ascen-
sion très réussie et très probante à grande hau-
teur.
— Le Ville-de-Paris exécute le 2? décembre.
au-dessus des forts de Verdun, avec 5 personnes
à bord, une ascension de 4 heures qui terminera
sans doute la campagne actuelle.
Le « Clément-Bayard ». — Le ?28 novembre,
évolutions très réussies sur Paris malgré un
ent de 13 m. à la seconde à la Tour Eiffel.
— Le lendemain, 29 novembre, malgré le
brouillard, le ballon a évolué pendant 3/4 d'heure
sur Maisons-Laflitte et Saint-Germain. M. Pain-
levé, M. et Mine Maurice Ephrussi, Mme Ed.
Surcouf, Mme Ephrussi, MM. Sabatier et Albert
Stopford étaient à bord avec M. Louis Capazza,
pilote.
— Le 1* décembre, malgré un brouillard in-
tense, nouvelle sorlie du Viülle-de-Paris pour l’ins-
truction de l'équipage.
Les autobalions de sport. — La Société fran-
caise des ballons dirigeables a créé, outre ses
modèles de grands aéronats, des types d’autobal-
lons de sport, de plus petit échantillon, capables
d'enlever leur pilote et de fournir de longues
excursions à belle vitesse lorsqu'ils sont gon-
flés au gaz d'éclairage et permettant des par-
cours plus prolongés avec l’aide d’un mécanicien
quand on emplit leurs flancs d'hydrogène pur.
Ces autoballons peuvent être dégonlliés et dé-
monts aisément à l'atterrissage et rarnenés par
chemin, de fer aussi facilement qu'un sphérique
de même cube. Cet avantage précieux et la fa-
culté d'opérer le gonilement au gaz d'éclairage,
mettent à la portée de tous les sportsmen les
joies de l’aérolocomotion automobile.
Le premier de ces ballons, acquis par le Petil
Journal a effectué, le 29 novembre, ses premiers
essais, monté par le comte Henry de La Vaulx,
directeur technique de la Société.
Le célèbre aéronaute s'est élevé à 3 h. 1/2 de
l'après-midi du parc de l’Aéro-Club de France,
aux coteaux de Saint-Cloud. Il a atterri à la Ga-
renne-Bezons, où l’aéronal fut dégonflé, plié et
transporté aussi aisément qu'un simple ballon
sphérique.
Nous publierons prochainement les caractéris-
tiques des nouveaux engins.
PHiLos
Les Dirigeables à l’Etranger
Le Parseval-11l, — Le 28 novembre, à 1 h. 30,
en présence du lieutenantl-colonel Schmiedeke,
délégué du ministère de la Guerre, le Parseval-Il
partait de Tegel, se dirigeant vers Spandau.
Après avoir atteint cette ville, il revenait à
Tegel à 2 h. 40 et reprenait terre à 3 heures.
l’'Aérophile
Le but de la sortie était de constater la vi-
tesse propre à l’aéronat et l’on avait choisi pour
décider le départ, un moment où l'atmosphère
était aussi calme que possible ; mais à l'heure
du retour, le vent faisait 6 à 7 mètres par sc-
conde.
On assure que cette ascension termine la série
d'épreuves de recette imposée par le ministère de
la Guerre et que le Parseval-Il pourra prendre
place incessamment dans le matériel aéronau-
tique de l’armée allemande.
Un nouveau dirigeable anglais, beaucoup
plus grand que le premier, Nulli Secundus, vu
ètre mis en chantier.
Un dirigeable belge. —- Sous les auspices de
l'Aéro-Club de Belgique, un dirigeable fusiforme
de cube moyen et de grande vitesse est en cons-
truction. Ce drirgeable a élé commandé par
M. Robert Goldschmidt, bien connu par ses noni-
breuses initiatives dans le domaine scientifique.
La partie aérostatique a été confiée à l'ingt-
nieur-aéronaute français bien connu, Louis Go-
dard. La partie mécanique, qui comportera deux
moteurs développant ensemble 100 chevaux,
sera de construction belge.
Le dirigeable La Belgique sera le premier qui
ait évolué dans le ciel de Bruxelles.
M. Robert Goldschmidt est secondé, pour la
production de l'hydrogène, par Ernest Solvay, le
grand industriel, qui s'intéresse parliculièrement
au problème de la locomotion aérienne.
GEORGES BLANCHET
Le Zeppelin-l. (De notre correspondant de
Berlin.) — Le Zeppelin (ancien Zeppelin-I!l)
est complètement démonté et 25 aérosliers venus
de Berlin vont, pour se familiariser avec lui, le
remonter et faire, 10 par 10, des ascensions
d'instruction. Puis ils iront tous (Zeppelin-l et
aérosliers) à Metz, où l’on a construit un hall.
Le Zeppelin-l comporte un empennage vertical
et horizontal ainsi que des gouvernuils verticaux,
jalousies à trois plans, à l'arrière des surfaces
stabilisatrices et fonctionnant indépendamment
l'une de l’autre ; par exemple, pour un virage
rapide vers la droite, on ferme les jalousies de
droite complètement, ce qui produit une sorte
de centre autour duquel l’aéronat vire. Les gou-
vernails de hauteur soni aussi agrandis.
À Friedrischafen a eu lieu un concours de
plans et projets pour les ateliers de construction
a élever sur le nouveau ter’ain de la Société
« Zeppelin ». Le hangar doit pouvoir contenir
deux aéronats d’une longueur de 150 mètres
avec ouverture d'accès aux deux extrémités
plusieurs projets ont été primés, — E, R.
,
————
Le Poür et le Contre
Sur le vol à voile. — À propos de l’article de
M. Gandillot paru dans l’Aérophile du 15 novem-
bre 1908.
Dans un très intéressant article de M. Gan-
dillot, (4érophile du 15 novembre 1908, page 445),
il est exprimé l'avis que la résultante R des
réactions est peut-être, sous une concave, en
avant de la normale, n, au vent; ce qui don-
nerait une force f propulsive. Si cela est vrai on
doit pouvoir reproduire ce phénomène d'aspira-
lion (et paradoxal devant la mécanique) arti-
ficiellement : un ventilateur chassant l’air sortant
par un tube horizontal, agissant sur une petite
surface posée sur un léger châssis, roulant sur
un support bien horizontal.
509
En essayant diverses formes, on «loit trouver
celle qui donne R en avant. Je ne crois pas qu'on
réussisse. J'ai démontré que, pour un plan, on
a KR’ déclinée en arrière de n°’, normale au plan.
J'ai indiqué, dès 1884, que, pour des concaves
ou concavo-convexes et notamment la /orme
oiseau, on devait avoir R” très voisine de n,
normale au vent sait donc déclinée en avant de
n’, cela, de par des constats divers.
Dans une expérience citée dans mon ouvrage
de 1884, j'ai constaté R déclinée en avant de la
verticale ; mais j'ai des raisons de croire que
le vent n’était pas horizontal, mais un peu ascen-
dant, car le vol avait un peu de rampe au sens
du vent, qu'alors si R était en avant de la ver-
ticale, elle n'était pas en avant de la normale
au vent. Dans tous les cas, l’expérience bien me-
R n Aie,
Hand
“
née serait toujours bien utile, car en supposant,
ce qui est probable, que jamais on n'amène R à
coïncider avec n, il serait important de savoir
de combien on peut en approcher ; pour cela il
suffirait de mettre le tube nprojetant le courant
d'air à une ascendance peu à peu progressive,
en laissant la surface rouler {oujours horizonta-
lement et d'en varier l'incidence, jusqu’à ce que
le système reste en panne.
Il est clair qu'on aura alors R’ verticale et la
rampe du courant sera l’angle n c R”.
Plus cet angle sera faible, plus efficace sera la
forme de la voilure, et je recommanderais sur-
tout d'essayer la coupe qu'indique M. Gandillot,
mais avec proue épaisse en avant, la partie a b
relevée, (fig. 8 ci-contre).
Les ailes d’un aéroplane de 27 m° que j'ai cons-
truit en 1883 avaient cette coupe et, de plus il y
avait un corps forme oiseau très important, et
j'ai constaté un pouvoir portant considérable et
un entraînement aussi étonnant par sa fai-
blesse ; je devais donc avoir, par 10° environ
d'incidence, R” très voisine de la normale au
courant.
Les circonstances ne m'ont pas permis de con-
tinuer mes observations, je n’opérai qu’une demi-
journée sans moyens de mesurage de vent con-
venables et le lendemain une rafale brisa une
aile pendant le transport au lieu d'expériences.
L'appareil ne fut que soumis au vent, retenu
au sol par 2 courtes amarres au petit châssis de
roulement.
A. GOUPIL.
510
Remarque sur l'article de M. Gandillot
paru dans l’ « Aérophile » du 15 novembre,
intitulé : « Sur le vol à la voile ». — La {h6o-
rie de M. Ganäillot aboutit tout simplement au
mouvement perpéluel, puisque l’aéroplane: ou
l'oiseau, est supposé -e soutenir el se propulser
. sans travailler en air calme. Cette simple cons-
tatation dispense de plus ample discussion.
L'erreur de M. Gandillot, consiste en ceci
dans sa fig. 1, la réaction OR peut effectivement
être en avant de ja normale OT, muis jamais en
avant de la verticale OS. Elle restera dans l'an-
gle 1OS.
La preuve c’est que l'hypothèse contraire abou-
lirait au mouvement perpétuel. A. SÉE.
Sur une méthode de calcul de M. Witzig. —
{Voir « Aérophile » du 15 septembre 190$). —
M. Witzg termine son article du 15 septembre
par quelques mots sur une méthode théorique.
Il s'y glisse, malheureusement, quelques inexac-
titudes.
1° Le travail produit Pr est utilisé à chasser
l'air et aussi à propulser l'appareil, On a donc
]
A
2
d’ailleurs la détermination théorique de m esl
fort sujette à caution.
2° L'équation des quantités de mouvements
V°+Fv=Pr.
Fv
n'est pas —-=m V
e
LS 5
Qv
mais —=Jn V où Q est le poids complet de
q
l'apparcil monlé.
Les calculs subséquents montrent donc que
P = 155 kg.. alors qu'il avoisine 500 kg !
3° L'équation des quantités de mouvements
n’est applicable que dans le cas de forces inté-
rieures à un système de masses,
Ainsi cette équation serait applicable au sys-
{ème canon-obus, si le canon élail entièrement
libre de ses mouvements. Il ne l’est pas à cause
de ses attaches et de son frottement sur la lerre
et par suite, le principe des quantilés de mouve-
ments ne peul aucunement servir.
Dans le cas de l’aéroplane, l'air est refoulé
d'une part. par l’hélice, mais l'aéroplane lui-
même offre une résistance à l'avancement de
sorte, qu'ici aussi, l'équation précédente ne peul
être appliquée.
Veuillez croire, etc.
J. LE Box.
Sur la résistance de l'air en fonction de
la surface. — Dans une note que vous avez
publiée en décembre 1907, j'exprimais l'opinion
qu'à la loi S':1 proposée par Borda, il serait pré-
férable de subslituer S10S,
Je vais plus loin aujourd'hui, el l'étude des
expériences faites par M. Eiffel à la Tour Eiffet
(voir le 3ulletin de la Société des Ingénieurs
civils, février 190$), m'amène à la formule St,
.M. Eiffel expérimentant en mouvement recli-
ligne, les résultats obtenus sont très précis. Il à
lrouvé pour un plan carré :
Surface :1/16m°, 1/5, 1/4 1/2 d°
Coeff. K : 0,070, 0.072, 0.075, 0,077, 0,079.
Or la loi qui correspond le mieux à ces expé-
riences est [ = 0.179 S10ÿ V2,
ALEXANDRE SÉE
15 Décembre 1908
Le Toûr du monde aérien
Un équipage de femmes-aéronautes. —
Notre pholo représente le départ du ballon
Ariane (450 m°) au parc de l'Aéro-Club de France,
le 12 septembre dernier (V. p. 401). Le ballon étail
monté par Mme Emile Carlon, femme du répulé
conslructeur-aéronaute et Mme Victor Silberer,
ne du distingué président du \Wiener-Aéro-
lub.
Un équipage de femmes-aéronautes.
.Le départ de l’Ariane monté par Mw° Émile Carton
pilote, à gauche, et Me Victor Silber, passagère à droite.
L'ascension fut conduite de bout en bout par
Mme Emile Carton qui fut la première parmi les
femmes aéronaules contemporaines à se risquer
seule dans l’atmosphère. Toutefois, Mme Carlton
n'avait pas encore auparavant conduit de ballon
dont l'équipage fût exclusivement féminin. Elle
clfectuait le 12 septembre, son premier voyage
dans Ces conditions. Le voyage fort bien ment
malgré l'absence à bord de tout représentant du
sexe fort, se termina au bout de 1 h. 50 à Grisy
S.-et-M.).
Ballon allemand fusillé par les Cosa-
ques (?) — Le ballon Silésie parti le 21 novem-
bre de Breslau se trouvait à 100 m. environ de
la frontière russe après avoir dominé Krotoschin,
Jarotschin et Zerkow, lorsque les aéronautes en-
tendirent une vive fusillade. 15 coups furent
tirés du territoire russe sur le ballon. La 15° balle
seule atteignit la nacelle et s’enfonçca dans les
sacs de lest sans blesser personne. Les aéro-
nautes s’empressèrent d'atlerrir à une lieue de
Zinn. On suppose que les coups de feu ont été
tirés par des Cosaques de la frontière.
Est-ce à ces mœurs nouvelles que prétendent
nous pousser certains de nos compatriotes affo-
lés par la descente en France de quelques aéro-
nautes allemands, poursuivant leurs excursions
aériennes au fil du vent d'Est.
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LE 1000 MEMBRE
DE
L'HÉRO-CLUB DE FRANGE
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A NOS LECTEURS
À cette époque où la locomotion aérienne s'affirme triomphalement, nous croyons
devoir conseiller vivemert à nos lecteurs de se faire inscrire à L’AÉRO-CLUB
DE FRANCE.
Ils trouveront au verso un bulletin d'adhésion qu'il leur suffira, après l'avoir rempli,
d'adresser au Siège social de L'AERO-CLUB DE FRANCE. 6;, avenue
des Champs-Elysées, Paris.
A l'heure présente, chacun doit en effet s'intéresser à la locomotion nouvelle dont
l'avenir, grâce à L'AERO=-CLUB DE FRANCE auiscul provoqua cet essor,
est appelé à un succès plus remarquable encore que l’automobilisme terrestre.
Outre les nombreux avantages que leur offre leur Société, les Membres de L'AÉRO-
CLUB DE FRANCE ont la faculté enviable de suivre pas à pas les progrès quo-
tidiens de la science aérienne. Le Club met, en effet, à leur disposition un parc pour le
gonflement des ballons sphériques et automobiles ainsi qu'un aérodrome où sont exécutées
les expériences d'aviation. Au Siège social, situé 63, avenue des Champs-Elysées, les Socié-
taires trouvent tous les renseisnements et documents qui leur sont nécessaires. En outre,
L’'AÉRO-CLU B DE FRANCE organise chaque année de nombreuses épreuves
sportives pour chacune des branches de la locomotion aérienne : sphériques, aéronats et
appareils d'aviation, et des conférences où sont traitées toutes les questions aéronautiques.
Enfin, les Membres de L'AÉRO-CLUB DE FRANCE reçoivent gratui-
tement, le 1% et le 13 de chaque mois, la revue technique « L'AÉROPHILE »; cons-
tituant assurément la meilleure publication de ce genre.
l’Aérophile
BULLETIN OFFICIEL
DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
63, avenue des Champs-Elysées, Paris (VIII)
Siège social :
CONVOCATIONS
Commission d'aviation, le 1* et le 3° mardi de
chaque mois, à 5 heures. ' MA Ne
Consoil d'administration, mercredi 6 janvier,
à » heures. ae : 2e
- Comité, le 1°” et le 3° jeudi de chaque mois,
jeudi, 1? décembre, à 5 h ; jeudi, 7 janvier, » h.
Commission scientifique, lundi 26 janvier à
> heures. Fee ' d
Diner mensuel, jeudi ? janvier, à 1 h. 1/2, en
l'hôtel de l'Automobile Club de France, 6, place
de la Concorde. Prix du couvert : 8 francs tout
compris. Les inscriptions pour le diner, réservé
aux seuls membres du club, sont reçues accom-
pagnées du prix du couvert, la veille au plus tard.
AVIS IMPORTANT
Réunion bi-mensuelle du Comité de direction.
— Par décision prise, dans la séance du 26 no-
vembre 1908, les séances du Comité de direction
auront lieu désormais deux fois par mois, le
premier et le troisième jeudi du mois, sauf avis
contraire.
COMITÉ DE DIRECTION DU 26 NOVEMBRE 1908.
Séance présidée par le comte de La Vaulx.
Réclamation contre le classement de la Coupe
Gordon-Bennelt 1908. — Le Comité, après dis-
cussion, décide de se joindre à l’Aéro-Club de
Grande-Bretagne pour adresser une réclamation
à la F. A. I. au sujet du classement des concur-
rents de la Coupe Gordon-Bennett 1908.
Election d'un membre du Comité. — M. Robert
Esnault-Pelterie est élu membre du Comité de
direction.
Brevel de pilote-aé*onaule. — Le brevet de
pilote-aéronaute de l’Aéro-Club de France est
accordé à M. Jules Dubois.
Affilialion. — L'affiliation de la Société d'En-
couragement à l'Aviation est acceptée.
Rapports de l’Aéro-Club de France avec divers
groupements, au sujet de l’avialion. — Le Co-
mité s'occupe ensuite des incidents survenus ré-
cemment au sujet de l’organisation des épreu-
ves d'aviation. (Voir plus loin le résumé de celte
partie de la séance sous le titre « Les récents
incidents aéronautiques ».
Ballotage. — Il est procédé au ballotage et à
l'admission de : MM. Ernest Cauvin, Georges
Bricard, H. de Mumm, Jules Dreyfus, Serge de
Bolotoff, Henschel, Sigismond Bardac, Fran-
çois Arago, Paul Bæœckel, René Kann, R.-E.
Drake, Henry Davillier, Théodore Dentz, Arnold
Dentz, Volfang Giesler, Fred. Grunberg, Noël
Bardac, Léon Bardac, le commandant Ferrus,
M. de Brozick, Maurice Denoncin, Auguste Bail-
leau, Louis Escande, Lucien Louvet, Paul Mar-
tin, Luiz Niemeyer, Ch. de Salverte, comte Guic-
ciardi, Auguste Pellerin, Gaston Calmette, Henry
511
Télégrammes : AÉROCLUB-PARIS. — Téléphone : 666-21
Regniault, Paul Lehmann, Jérôme Ascensio, Mau-
rice Robin, Jean Hennessy, Valter Bebhrens, le
baron de Castex, Charles Piquerez, marquis de
Bellamar, George Crombac, Jean Larivière, Mau-
rice Larivière, Z. de Maollerke, Ernest Bœcker,
Otto Bemberg, Fred Bemberg, Hugo Munzing,
Otto Bemberg fils, Charles Dussaud, Ernest May,
G. Guillaume, T. Liefmans, A. Belvalette,
A. Adam, Arnold Fordyce, Paul Lutaud, Pierre
Passion, Aimé Chaix, colonel Massy, comte de
\Vanssav.
#
Le: récents incidents aéronautiques
Comme on le verra plus bas la séance du Co-
mité du 26 novembre a eu une importance excep-
tionnelle.
Y assistaient : MM. le comte Henry de La
Vaulx, président, le comte Castillon de Saint-
Victor, Jacques Balsan, Henry Deutsch de la
Meurthe, Léon Barthou, Victor Tatin, le capi-
laine Ferber, Santos-Dumont, François Peyrey,
Ernest Zens, Paul Tissandier, le comte de Char-
donnet, Frank-$S. Lahm, A. Nicolleau, Pierre Per-
rier, Robert Esnault-Pelterie, le comte Hadelin
d'Oultremont, Etienne Giraud, Louis Blériot, Al-
fred Leblanc, René Gasnier, le comte Arnold
de Contades, Emule Janets, Ardré Le Brun, Geor-
ges Dubois-Le Cour, Albert Omer-Decugis, Geor-
ges Blanchet.
x
k x
MISE AU POINT
M. Léon Barthou donne lecture du rapport
Suivant, qui venait de recevoir l'approbation du
Conseil d'administration comprenant, ce jour-
là : MM. Deutsch de la Meurthe, Jacques Balsan,
le comte de La Vaulx, René Grosdidier, Jac-
ques Faure, le comte de Castillon de Saint-Vic-
tor, Léon Barthou, Georges Besançon.
« Au moment cù l'Aéro-Club de France vient
d'être l’objet d'attaques aussi injustifiées qu'im-
prévues, il convient de rappeler son rôle au
cours de ces dernières années, et d'indiquer
quelle à été son attitude à l’occasion d'incidents
récents.
Fidèle à son titre légal,
depuis dix ans,
aérienne,
Elle a d'abord mis le zèle le plus passionné
à s'occuper des ballons sphériques, soit par
l'aménagement du pare de Saint-Cloud, soil par
l’organisation de nombreuses épreuves, et dans
tant d’autres circonstances qu'il est superflu de
mentionner ici.
Faut-il rappeler ensuite que depuis le jour,
déjà lointain (en 1901), où les tentatives mémo.
rables de Santos-Dumont, dans ses ballons à
moteur, laissaient tant de personnes incrédules
ou indifférentes, l’Aéro-Club s'est maintes fois
préoccupé de la question des dirigeables ?
Après Santos-Dumont, il a fêlé les splendides
résultats obtenus par MM. Julliot et apferer,
notre société n’a cessé,
d'encourager la locomotion
513
que notre sociélé s'énorgueillit de compter parmi
les membres les plus éminents de son Comité de
direction, comme elle est fière des glorieux ser-
vices rendus à lä science des aéronats par
MM. Surcouf et Juchmès.
Et n'est-ce pas l'Aéro-Club de France qui a.
le premier, contribué à stimuler l'ardeur admi-
rable des aviateurs français, en organisant de
nombreuses épreuves, dues à la générosité de
membres de notre société, qu'ils chargeaient de
l'application des règlements ? Elle-même, d’ail-
leurs, ne prélevait-elle pas sur ses ressources
toutes les sommes dont elle pouvait disposer
en faveur des champions du plus lourd que l'air ?
C'est ainsi que l'Aéro-Club de France mar-
quait dès l'année 1906 (prennuers vols de Santos-
Dumont à Bagatelle) tout l'intérêt qu'il portait
à un mode nouveau de locomotion, en fondant
les premiers prix d'aviation et en donnant à nos
audacieux collègues, Farman, Blériot, Dela-
grange, Esnault-Pelterie, et à leurs rivaux, les
premiers encouragements.
Il semblait que, sans prétendre à un mono-
pole pour l'organisation des épreuves d'avia-
tion, ce qui n'a jamais été sa pensée, notre so-
ciété pouvait croire qu'elle était qualifiée, par
son passé et comme mandataire de la Fédéra-
tion Aéronaulique Internationale, pour faire dis-
puter ces épreuves sous les règlements de la
Fédération.
Telle était la situation au moment où certains
incidents se sont produits. les uns relatifs à la
Ligne Nationale Aérienne, les autres à l’'Automo-
bile-Club de France.
En ce qui concerne la Ligue, dont le but ini-
lial était exclusivement de recueillir des subsides
pour encourager, dans un intérêt nalional, la
locomotion aérienne, et qui ne peut que gagner,
comme le croient beaucoup de ses adhérents, à
rester fidèle aux intentions de son fondateur, elle
a reçu à l’Aéro-Club le plus chaleureux accueil.
Faut-il rappeler la réception qui fut faite à
M. Quinton à la séance du comité du 3 septem-
bre dernier ?
C'est ce jour-là que M. Quinton prit l’enga-
gement de faire disputer les épreuves créées par
la nouvelle société sous les règlements de la
Fédération. Pour donner à la Ligue un témoi-
gnage immédiat de ses sympathies, l’'Aéro-Club
désigna une commission chargée de se mettre en
rapports avec elle : et on sait, d'autre part, avec
quel empressement un grand nombre de nos
collègues ont accepté de faire partie du comité
technique de la Ligue.
C'est le même élat d'esprit, entièrement favo-
rable à l'œuvre nouvelle qui déterminait, le
2 octobre, un des membres les plus éminents de
notre Conseil d'Administration, M. Deutsch de
la Meurthe, à accepter les fonctions de vice-prési-
dent de la Ligue :
« A la condition — écrivait-il à M. Quinton —
que notre jeune Ligue restera en grandissant
en parfaite communion de vues avec l’'Aéro-Cluh
de France. dont je m'honore d'être l’un des fon-
dateurs et qui est en définitive l'initiateur du
grand mouvement aérien auquel nous assis-
tons. »
En réponse à sa lettre. M. Deutsch de la
Meurthe reçut de M. Quinton les assurances les
plus formelles.
Deux mois s'écoulèrent sans que l’Aéro-Cluh
fut chargé d'organiser aucune épreuve.
Le 14 novembre, M. Archdeacon, président de
la commission d'aviation de l'Aéro-Club de
France, fut prié, par les membres de cette com-
mission, de demander quelles étaient, en ce qui
concerne l'accord du 3 septembre, les intentions
définitives de la Ligue. M. Archdeacon déclara
que comme vice-président de la Ligue, il ne
savait rien, mais qu'il se renseignerait.
15 Decembre 1908
Deux jours après, M. Archdéacon adressail à
l’Aréo-Club de France sa démission de prési-
dent de la Commission d'aviation, dans des ter-
mes que l'attitude de l'Aéro-Club ne justifiait
nullement, mais il n’a fourni à notre sociélé
aucun renseignement sur le mandat qu'il avait
accepté et qu'il eût dû refuser si les griefs qu'il
à articulés contre l’Aéro-Club dans un journal,
Glaient fondés.
À l'heure où nous écrivons celle note impar-
liale, la Ligue ne parait pas devoir se confor-
inner aux déclarations failes par son président
le 3 septembre. Quant à nous, nous n'oublierons
pas qu'elle a la noble ambition de favoriser la
locomotion aérienne et qu'un grand nomnre de
ses adhérents font partie de notre société.
Nous arrivons à l'accord qui a eu lieu avec
l’'Automobile-Club de France, dans les condi-
lions suivantes :
Tout d'abord, rien ne permeltait de supposer
que celte société aurait un jour l'intention de
s'occuper de la locomotion aérienne.
En effet, le 9 janvier dernier,
l'Auto publiait l'article suivant :
Le Comité de l'Automobile-Club a discuté la pro-
position qui lui était faile de la création d'une Com-
mission d'aéronautique et d'aviaticn.
M. Archdeacon, qui a réellement pris l'inilialive
de celle proposilion, nous déclarait à l'instant mème
où le Comité était en séance, qu'il faisait passer, ce
faisant, son amour de la science de l'aviation el de
l'aéronautique avant tous les sentiments, très paler-
nels, qu’il peut avoir à l'égard de l'Aéro-Club, qu'il
fonda.
« A l’Aéro-Club, nous sommes puissance 1. L'Aulc-
mobile-Club est puissance 10. Si l'on veut que l’avia-
lion démarre, il lui faut des protecteurs qui puissent,
par exemple, faire autoriser uñe loterie nationale dont
les bénéfices, qu'ils soienl seulement de cinq ou six
cent mille francs, nous donneraient un rude levier.
Cela, lAutomobile-Club le peut, l'Aéro-Club ne le
peut pas. »
Au Comité, M. Deutsch de la Meurthe paria d’aulre
façon :
« On nous propose, dit-il en subslance, de nous
occuper des ballons dirigeables et de l'aviation sous
le prétexte que le moteur intervient pour leur pro-
pulsion. Mais je me souviens personnellement d’avoir
versé, voici déjà quelques années, la somme de
100.000 francs à Santos-Dumont, dont le dirigeable,
grâce à un moteur à explosions, s'en élail allé, des
ccteaux de Saint-Cloud, doubler la Tour Eiffel, pour
revenir aussilôt à son point de départ.
« Il y a donc quelques années que le moleur est puis-
samment intervenu dans les choses de l'aéronaulique,
celles dont l'Aéro-Club s'est toujours occupé avec tant
de vaillance et de dévouement. Voici également que
depuis quelques mis, les aviateurs semblent toucher
au but qui paraissait si Chimérique lors même que l'on
travaillait déjà la queslion. L
« Est-ce donc à cette heure où l’homme semble avoir
vraiment trouvé des ailes, des ailes que l'Aéro-Club
a contribué à faire pousser, et cela avec lant d’ab-
négation, tant de ténacité, est-ce donc à celle heure
que nous allons lui enlever tout le fruit de ses
efforls ? »
Le marquis de Dion soulint la même cause :
« L'Aéro-Club a des droils acquis. Nous devons les
respecter. I1 y a là une question de courtoisie et de
probité qui domine tout. ne A ee
« Si la question du moleur appliqué à la navigalicn
aérienne peut légilimement intéresser les construc-
leurs d'autcmobiles, c'est à la Chambre syndicale,
pouvoir officiel, de venir prêler aide à l'Aéro-Club,
pouvoir officieux. : ;
« Mais, en tous cas, nous ne devons rien faire sans
avoir pris l'avis de l'Aéro-Club, sans nous être en'en-
dus avec lui. »
Le Comité, conquis par les plaidoyers, dont
nous n'avons d'ailleurs donné ici que l’écho bien
pâle, s’est alors rallié à la proposition du mar-
quis de Dion, décidant de demander à l'Aéro-
Club les voies et moyens qui permettraient d'ar-
river à une entente dont profiteraient si large-
ment lu science et le sport glorieux qui nous
le journal
l'Aérophile
ont déjà donné les Sanlos-Dumont, les Pa-
lrie les Ville-de-Paris, et qui, demain, par
la toute puissante volonté du moteur à explo-
sions, feront planer, toutes ailes étendues, et
feront voler au gré de leurs caprices, les « hom-
mes-0iseaux ».
Aucune suite ne fut donnée à celte proposi-
lion.
Quelques mois plus tard, le 12 novembre, l'Auto
publiait un communiqué aux termes duquel le
Comité de l’Automobile-Club décidait de s’occu-
per d'aviation.
Notre société avant eu connaissance de ces
intentions par les journaux, des renseignements
furent demandés au président de l’Automobile-
Club, qui était en mème temps prié de convo-
quer, le cas échéant, les deux Conseils d’admi-
uistration.
Ils furent réunis le 18 novembre, sous la pré-
sidence de M. le baron de Zuylen, qui ouvrit la
séance en souhaitant, avec la plus exquise bonne
srâce, une cordiale bienvenue aux membres de
l’'Aéro-Club. IL émit aussi le vœu qu’un accord
intervint entre les deux sociétés.
C’est M. Léon Barthou que l’Aéro-Club avait
chargé de prendre la parole. Il rappela rapidc-
ment les longs efforts de l'Aéro-Club en faveur
de tous les modes de locomotion aérienne et l’é-
tonnement, fort légitime, de notre société lé jour
où elle avait appris que l’Automobile-Club ne
pérsistait plus dans ses intentions premières et
qu'il voulait s'occuper d'aviation.
M. Léon Barthou déclara qu'il n'y avait pas
lieu de s'arrêter à certaines polémiques, ni à des
menaces de querelle, préjudiciables aux avia-
teurs et à une industrie nouvelle, mais qu
convenait seulement que deux sociétés puis-
santes eussent une seule préoccupation : l’inté-
rét supérieur de la locomotion aérienne.
Notre collègue rappela que jusqu'à ce jour,
l’Aéro-Club avait mission d'assurer le respect des
règlements de la Fédération Aéronautique Inter-
nationale. Il fit remarquer qu'ils offraient à tous
les concurrents des garanties nécessaires.
M. Léon Barthou ajouta que l'accord qui allait
certainement intervenir entre les deux sociétés
devait avoir cette première conséquence : assurer
aux épreuves et aux concours une réglementa-
tion unique sans laquelle il ne saurait y avoir
de justice sportive.
Et c’est pour arriver à ce résultat que M. Léon
Barthou proposa, au nom de ses collègues, la
création d'une Commission mixte, chargée d'’éla-
borer et de faire respecter les règlements intéres-
sant l'aviation. La proyosition de l’Aéro-Club
reçut le meilleur accueil. Elle fut ensuile soute-
rue par M. de Chasseloup-Laubat. membre du
Conseil de lAufomobile-Club. Avant d'être votée
en principe, à l’unanimilé, sous la réserve de
l'approbation des Comités des deux Clubs. elle
fit l’objet d'amendements également adoptés. Le
marquis de Dion demanda que la Chambre syn-
dicale des Industries aéronautiques fût repré-
sentée dans la commission mixte ; une demande
analogue concernant la Ligue nationale aérienne
reçut l'approbation de M. Deutsch de la Meurthe.
en sa qualité de vice-président de la Ligue.
Ajoutons que sur la demande de notre dé-
° voué vice-président, M. H. Menier, également
membre du Conseil d'administration de l’Auto-
mobile, le marquis de Dion déclarait qu'il re-
firait sa démission de président d'honneur de
l’Aéro-Club.
Le même jour. le Comité de l'Automobile rati-
fiait la décision du Conseil d'administration.
En ce qui nous concerne, nous estimons que,
dans les circonstances que nous venons de résu-
mer, il convient, dans l'intérêt supérieur de la lo-
comation aérienne. d'avoir avec l’Automobile-Club
un accord définitif qui prendra un caractère plus
513
précis quand nous passerons du principe de la
création de la commission mixte, à sa réalisation.
De part et d'autre, la plus complète loyauté doit
favoriser cette œuvre. L'Aéro-Club vient de don-
ner des témoignages de son esprit de concilia-
tion. Nous ne devons pas oublier que nous
avons toujours reçu à l'Automobile le meilleur
accueil. D'autre part, au banquet Wright, son
président appelait l’Aéro-Club « le fils glorieux
de lAutomobile-Club ».. Nous accroïitrons ce pa-
trimoïine de gloire et nos deux sociétés maintien-
dront entre elles d’affectueuses, de constantes re-
lations grâce auxquelles, nous l'espérons, la
France ne cessera pas d’avoir, au point de vue
de la locomotion aérienne, la première place.
Il vous appartient, Messieurs, de décider si
vous approuvez l'attitude &e notre Conseil d'ad-
ministration.
. Si telle est votre décision. ce rapport devra
être intégralement inséré dans le procès-verbal:
et publié dans notre organe officiel, afin que tous
les membres de l'Aéro-Club soient exactement et
complètement renseignés sur l'attitude prise par
ie Conseil d'administration et le comité de direc-
on. »
Après avoir donné lecture de ce rapport,
M. Léon Barthou fait remarquer qu'il contient
un historique des incidents récents au sujet du-
quel des observations pourraient d'abord être
présentées si. contrairement à ce qu'il croit, le
rapport renferme une erreur quelconque.
Personne ne demandant la parole sur ce point,
M. Léon Barthou développe les raisons pour les-
quelles le Conseil d'administration a estimé qu'il
y avait lieu de poursuivre les négociations au
sujet desquelles le comité de direction était ap-
pelé à donner son avis. Notre collègue indique
qu'il faut les continuer dans un esprit complet
de loyauté et de conciliation dont l'Aéro-Cluh
a déjà donné des preuves indiscutables.
Sur la proposition de M. Francois Peyrey.
appuyée par M. Emile Janeis, le Comité adresse
ses félicitations à M. Léon Barthou.
Après un échange d'observations entre MM. de
La Vaulx, Blériot, Janets, ce derrier demande
que le Comité approuve le Conseil d'aministra-
tion et lui confie le soin de défendre pour les
négociations ultérieures, les intérêts de l’Aéro-
Club de France.
A titre documentaire, nous donnons ci-dessous
la liste des
ÉPREUVES D’AVIATION PE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE
DÉIA GAGNÉES.
Prix des 60 mètres (100 francs offerts par la
Commission d'aviation de l’Aéro-Club de France).
— £Santos-DTMONT, par 220 mètres. le 12 novem-
bre 1906, à Bagatelle.
Prir des 100 mètres (1.500 francs offerts par la
Commission d'aviation de l’Aéro-Club de France).
— SAxTOs-DUMONT, par 220 mètres, le 12 novem-
bre 1906, à Bagatelle.
Prix des 150 mètres (prime de 200 francs et
grande plaquette de vermeil offertes par la Com-
mission d'aviation de l’Aéro-Club de France). —
Henri FArMAN, par 770 mètres, le 26 octobre 1907,
à Issy-les-Moulineaux.
Prix spécial (une médaille de vermeil) créé par
la Commission d'aviation et attribuée à Louis
BLériorT pour un vol de 18% mètres à Issy-les-
Moulineaux, le 17 septembre 1907.
Prix des 200 mètres (prime de 200 francs et
grande plaquette de vermeil offertes par la Com-
mission d'aviation de l’Aéro-Club de France). —
j:r Léon DELAGRANGE, par 269 m. 50, le 17 mars
1908. à Issy-les-Moulineaux. — 2* Louis BLÉRIOT,
par un vol non mesuré d’une façon précise, mais
dépassant 700 mètres, à Issy-les-Moulineaux, le
29 juin 1908. — 3° M. CHATEAU, par un vol de
916 mètres, à Buc, le 21 nc'embre 1908.
514
Grand Prix d'avialion Deutsch-Archdeacon
50.000 francs offerts par MM. Henry DEUTSCA de
la Meurthe, et Ernest ARCHDEACON. — Henri Far-
MAN, le 13 janvier 1208, à Issy-les-Moulineaux
(1.000 mètres en 1 minute ?8 s.).
Prix du « Daily Mail » (2.500 francs pour le
premier aviateur effectuant un cireuil fermé d’un
demi-mille de développement). — Henri FARMAN,
le 13 janvier 190$, à I<sy-les-Moulineaux.
Médaille de vermeil de l'Aéro-Club de France
au constructeur de l'appareil gagnant le Grand
Prix d'aviation. — Les frères Voisin, ‘1 nstruc-
teurs de l’aéroplane Farman:!.
Médaille de vermeil de I Aéro-Cluk de France
au constructeur du moteur de l'apparenu ‘agnant
le Grand Prix d'aviation de l'AérsCluh de
France. — La SOCIÉTÉ ANTOINETTE
Prix Triaca, médaille d’or offerte par M. Al-
bert-C. Triaca au ‘constructeur du moteur de
.lappareil gagnant le Grand Prix d'aviation, —
Léon LEVASSEUR, directeur de la SocIÉTÉ ANToi-
NETTE.
Prix Armengaud jeune, 10.000 francs offerts
par M. ARMENGAUD jeune au premier aviateur
effectuant un séjour continu d’un quart d'heure
dans l'atmosphère. — Henri FarMa“, par 20 m.
20 s., à Issy-les-Moulineaux, le 6 juillet 1908.
Coupe Ernest Archdeacon (Epreuve Challenge
de distance) : 1 détenteur : Sanros-DuMoxT, à
Bagatelle, 23 octobre 1906, 25 mètres ; 12 novem-
bre 1906, 220 mètres. — 2° détenteur : Henri Far-
MAN, à Issy-les-Moulineaux, 26 octobre 1907,
770 mètres ; 3 janvier 1908, 1.000 m. ; 21 mars
1908, 2.004 mètres. — 3° détenteur : Léon DELA1-
GRANGE, à Issy-les-Moulineaux, 11 avril 1908,
3.925 mètres.
Prix de la Commission d'avialion de l'Aéro-
Club de France : 5.000 francs, à l'aviateur inscrit
pour ce prix, ayant effectué le plus grand par-
cours au 30 septembre 190$, au coucher du soleil.
—. Wicgur WricH1, 48 kilom. 120 mètres, au
camp d’Auvours (Sarthe), le 28 septembre 190$.
Coupe Michelin 1908 (En compétition) : Wizeur
WRIGHT, 39 kilomètres 095 mètres, au camp d’Au-
vours (Sarthe), le 24 septembre 1908.
Prix de la Hauteur (obstacle de 25 mètres de
hauteur à franchir : 2.500 francs). — HENRI FAR-
MAN au camp de Chälons, le 31 octobre 1908. —
WiLBUR WRIGHT au camp d'Auvours, le 18 no-
vembre 1908.
Nota. — Les conditions du prix de la hauteur
avant été remplies par Henri Farrman et Wilbur
Wright avant l'attribution du prix, l’'Aéro-Club
de France a décidé de doubler le montant du
prix en le yiortant à 5 000 francs ct de le parta-
ger cntre les deux aviateurs.
COMITÉ DE DIRECTION DU 3 DÉCEMBRE 1908.
Séance présidée par le comte Henry de La Vaulx.
Ballotlage : MM. Huet, Casimir Yvart, Alberl
Glandaz, Jean Ostheimer, Eugène Duilot, Geor-
ges Berteaux, Robert Ostheimer, Raoul Vuille-
mot, William Hogan, Luigi de Chastillon, vi-
comte André Ruinart de Brimont, Léon de Bey-
de Henri Bouilliette, G. Vuitton, Ch. Grunhold.
ue.
Brevet de pilole-avialeur. — Ce brevet sera
décerné par les soins du Comité dès que la Com-
mission d'aviation en aura arrêté les conditions.
Affiliation. — Aéro-Club des Alpes, (Ligue aé-
rienne du Sud-Ouest), à Grenoble.
Commission mirte. — Le Comité nomme cinq
délégués et trois suppléants à la Commission
mixte d'aéronautique.
Commission du calendrier. — Réunion le 2$ dé-
cembre, pour arrêter les dates des grandes
épreuves d'aérostation et d'aviation en 1909.
Adhésion. — Le Comité décide d'adhérer au
Comité national des sports (Fédération).
15 Décembre 1908
a
DINER MENSUEL DU 3 DÉCEMPRRE 1908.
Le diner mensuel de l'Aéro-Club de France,
dans le Salon de l’Automobile-Club, avait réuni
autour du comte de La Vaulx, vice-président,
MM. Louis Blériot, Henri Farman, Georges Blan-
chet, Léon Delagrange ; Antonin Boulade, prési-
dent de 1 Aéro-Club du Rhône ; le marquis de
Virieu, président de l'Aéro-Club des Alpes:
James Bloch, Edmond Blau, Brombeck, Edouard
Bachelard, Bauer, Emile Bossuet, Baucheron,
Emile Carton, Lucien Chauvière, le capitaine
Ferber, Maurice Guffroy, Etienne Giraud, Henri
Julliot, Alfred Leblanc, André Le Brun, Georges
Le Brun, Maurice Monin, Pierre Passion, Pol-
lock, Maurice Mallet, Victor Tatin, Gaston Tran-
chant, Wateau, Ernest Zens, Paul Zens, André
Pupier, Paul Tissandier, le comte Hadelin d'Oul-
tremont, Paul Rousseau, Jean de Villethiou,
Georges Bans, etc.
Au dessert ont été remises les médailles com-
mémoralives à MM. Henri Farman, pour son
voyage Bouy-Reims en aéroplane : Georges Blan-
chet, vainqueur du Grand Prix 1908 de l'Aéro-
Club de France ; Louis Blériot, pour son voyage
en aéroplane Tloury-Ardenay et retour par esca-
les ; Alfred Leblanc, premier tenant de la Coupe
Antonetti.
CONCOURS DE LA PHOTOGRAPHIE AÉRIENNE
JACQUES BALSAX
Résultats. — Le jury du 4 concours de photc-
graphie aéronautique. fondé par M. Jacques Bal-
san, s'est réuni à l'Aéro-Club de France, le
27 novembre 1908.
Les résultats obtenus sont merveilleux et ont
donné lieu à un rapport remarquable, signé de
MM. Gustave Eiffel, Paul Bordé, Antonin Bou-
lade, Bucquet, commandant lardinet, Joseph Jau-
bert, Monpillard, Puyo et Emile Wenz.
Les prix et médailles ont été ainsi attribués :
1" prix (500 francs offerts par M. Jacques Bal-
san), et félicitations du jury : capitaine J. Th.
Saconney.
?° prix (100 francs offerts par S. A. I. le prince
Roland Bonaparte, et DSqueUe de la Société
du Nouveau-Paris) : M. Roger Aubry.
Médaille de l’Automobile-Club M. Ludwik
Mark ; médaille de lAéro-Club de France :
M. Meyer-Heine ; estampe du ministère de l'Ins-
truction publique : Mme Jeanne Morinet ;: médaille
du Touring-Club : M. Houssard : médaille de la
Société française de photographie : M. André
Schelcher ; estampe du ministère de l’Instruction
publique : M. Tiberghien ; médaille du Photo-
Club de France : M. Weddell ; médaille de la
soaee Météorologique de France : M. Georges
ans.
A l'issue de la réunion du jury, M. Jacques
Balsan à annoncé au'il renouvelait pour l'an-
née 1909, le prix de 500 francs qu'il offre pour
encourager la photographie topagraphique-aéro-
nautique, et M. Gustave Eiffel a offert un prix
de 250 francs.
COMMISSION SCIENTIFIQUE DU ?8 NOVEMBRE 1908.
Assistaient à la séance présidée par M. Wilfrid
de Fonvielle, MM. Bertin, de l’Institut, comman-
dant Renard, comte de La Baume-Pluvinel, comte
de Chardonnet, Teisserenc de Bort, docteur Gu-
glielminetti, Joseph Jaubert, Paul Bordé, Georges
Besançon.
Le comte de La Baume-Pluvinel a fait un rap-
port sur l'ascension scientifique, exécutée le
11 juillet 1908 où en compagnie de MM. Favé
et Guillaume, il a étudié le « point en ballon »,
et où des communications de télégraphie sans fil
avec la Tour Eiffel, ont pu être échangées. La
Commission a déclaré que dès maintenant les
aéronaules possédaient le moyen scientifique de
l'Aérophile
faire le point en ballon, à » ou 10 kilomètres
près.
Le comte de Chardonnet, annonce qu'il se
propose d'étudier jusqu'à quelle altitude l'atmos-
phère est contaminée par les gaz, les émanalions
des usines, les grandes agglomérations.
Le professeur Bertin fera à la prochaine séance,
une communication sur l'équilibre des aéro-
planes.
COMMISSION D'AVIATION
Séances du 27 novembre et du 1° décembre 1908.
Dans les séances du 27 novembre ect du 1” dé-
cembre, la Commission d’avialion, présidée par
M. R. Soreau, a adopté les règlements généraux
des concours. Les concurrents n'auront plus
à leur charge que les frais d'engagement ct,
s'il y a lieu, les frais de chronométrage.
Elle a étudié les règlements des concours de
Cannes et de Nice, envoyés par les Aéro-Clubs
correspondants.
LES ASCENSIONS AU PARC DE L'AÉRO-CLUB DE FRANCE.
20 novembre. — 11 h. 20 s. Condor-Ill
(2.200 m°). MM. Emile Dubonnet, Jourdain, Mmes
Jourdain et D... Att. le 21 novembre, à 8 h. du
m., à Plforzheim, près Bade, où les autorités al-
lemandes firent le plus courtois accueil aux aéro-
nautes. Durée : 8 h. 40. Distance : 450 kil.
LES GRANDES ASCENSIONS
D’Angleterre en Russie en ballon. —
Le voyage du « Mammoth ».
Déjà célèbre par son audacieux et superbe
vovage de Londres-Crystal Palace à Brakar
(Suède), par-dessus la mer du Nord (12-13 octo-
bre 1907, 1.175 kil. à vol d'oiseau en 19 heures,
voir Aérophile de décembre 1907, le ballon Mam-
moth vient de s'inscrire, glorieusement à nou-
veau dans les fastes de l’aérostation sportive avec
la splendide traversée de Londres-Crystal Palace,
à Mateki-Drewin, près Nowo-Alexandrow et
Dvinsk (Russie).
Cette ascension préparée à l'avance, comme
la précédente, avait le même but : alteindre et
battre si possible le record de distance en ballon,
détenu par le comte de La Vaulx, avec le voyage
Vincennes-Korostychew, gouvernement de Kiew
(Russie), 1.925 kil. à bord du Centaure, les
9-11 octobre 1900. Le fameux record cette fois en-
core reste debout, mais jamais il n'avait été plus
menacé.
L'expédition était organisée, cette année aussi,
par notre confrère le Daily Graphic. Son cheri
était le même qu’en 1907, l'excellent et intrépide
aéronaute, A. E. Gaudron, constructeur du bal-
lon ; comme passagers : M Turner, qui représen-
tait le Daily Graphic, comme en 190%, et le capi-
laine Maitland. M. Tannar, inléressé dans l’expé-
dition, prêtait le ballon mais n'élait pas à bord.
Nous avons donné en décembre 1907 les dé-
lails les plus complets sur l'équipage et sur le
gréement tout spécial du Mammoth. Rappelons
cependant que le ballon jauge 3.055 m°: sa cir-
conférence est de 185 pieds anglais 1/2 et son
diamètre de 59 pieds.
Les poids se décomposaient ainsi : enveloppe :
800 livres : nacelle, 80 livres : cercle, 40 livres :
ancre, 40 livres ; cordages, 80 livres ;: aéronautes,
120 livres env.; provisions, 100 livres ; instru-
ments, 60 livres : lest. 2.700 livres.
Voici d’après les premières informalions que
nous rectifierons, s'il y a lieu, le comple rendu
succinct du voyage.
515
Le gonflement du Mammoth au gaz d'éclairage
commencé au Crvslal Palace, près Londres, le
18 novembre 190$, à 5 h. du m., se termine à
10 h. 15.
A 11 h. du m. départ par vent frais d'ouest. Le
ntre sur mer près Queensborough vers
(distance du Crystal Palace, 50 miles).
» de la mer du Nord, arrivée au-dessus
du continent que les aéronautes ne quitteront
plus, vers Ostende. Le Mammoth est aperçu le
soir du mème jour à Schneidennecke (Allemagne)
et alterrit le 19 novembre, à 11 h. du s. au mi-
lieu des glaces et sous une bourrasque de neige
à Mateki-Drewin, à 9 miles de Nowo-Alexan-
drow.
La distance parcourue est évaluée approxima-
tivement à 1.150 miles (1.850 kil. environ). C'est
le record anglais de distance en ballon, mais le
record du monde (1.925 kil.) reste à M. de La
Vaulx.
A NICOLLEAU.
A L'AËRO-CLUB DU SUD-OUEST
La Ligue méridionale aérienne. — L'Aéro-
Club du Sud-Ouest qui sous l'impulsion intelli-
sente et énergique de son président M. C. F. Bau-
dry, à donné tant de preuves de son dévouement
à l'idée acrienne, et l'Aéro-Club des Pyrénées
de création plus récente mais qui parait devoir :
marcher sur les traces de son aîné, viennent de
rendre un nouvel et signalé service à l’aérolo-
comotion.
Unissant leurs efforts, ils viennent de créer à
Bordeaux, la Ligue Méridionale Aérienne qui ren-
contre déjà dans une trentaine de départements
français figurant parmi les plus riches et les
plus sportifs, l'accueil le plus chaleureux.
La nouvelle Ligue est fondée pour favoriser
dans la plus large mesure et exclusivement les
tendances progressistes si généreusement mani-
festées par le Midi, en groupant toutes les bonnes
volontés d'où qu'elles viennent, tout en laissant
la direction et le contrôle du sport proprement
dit à ceux qui ont qualité pour cela, c’est-à-dire
les Aéro-Clubs régionaux et l'Aéro-Club de
France.
La Ligue Méridionale Aérienne a tout de suite
trouvé l'appui unanime des puissants journaux
régionaux sans distinction d'opinion
La Pelile Gironde, la Gironde, la France de
>ordeaur et du Sud-Ouest, et le Nouvelliste de
Bordeaux, pour Bordeaux, La Dépêche, le Télé-
gramme, L'Express du Midi et Le Rapide pour
Toulouse. Elle se propose de provoquer des con-
cours pratiques, à gagner dans des délais très
rapprochés, de créer un aérodrome aux envi-
rons de Bordeaux, dans les Landes où les en-
droits propices abondent et une deuxième instal-
lation du même genre près de Toulouse.
En dehors des membres adhérents à 5 francs,
la Ligue Méridionale Aérienne accepte des mem-
bres à vie, vachetant leur cotisation annuelle par
une somme une fois versée de 100 francs au
moins. des membres donateurs souscrivant une
somme minima de 500 francs, ou créant un prix
d'aviation de 1.000 francs au moins — les condi-
tions de ce prix devant être agréées par la Li-
gue — et des membres d'honneur.
Avec un tel programme et de tels concours,
cette belle œuvre de décentralisation scientifique
industrielle et sportive. sur laquelle nous revien-
drons est assurée du plus éclatant succès.
Les adhésions sont recues : à tous les jour-
naux quotidiens de Bordeaux et de Toulouse ; au
siège provisoire de la ligue méridionale aé-
rienne, 1 rue Franklin, à Bordeaux: à l’Aéro-
Club du Sud-Ouest, 2 place de la Comédie, à Bor-
deaux : à l'Aéro-Club des Pyrénées. 81 boulevard
Carnot, à Toulouse.
516
Tale des Matières du seizième volume de L« Aérophile )
Aéro-Club de ne
Comité de direction, 6,
180, 192, 194, 214, 266 SLT,
roll ler;
375, 401, 465,
511
Commission d'avialion, 35, 55, 113,
93, 234, 267, 302, 439, 465, 487,
Commission scientifique, 180, 194, 267, :
n {
Commission sportive, 14, 55, 193, 234, 267,
302, 101, 440, 465
Diners mensuels, 36, 76, 113, 194, 269, 317,
375,
Les ascensions au Parc de l'Aé. C. F,,59, 76,
91, 113, 194, 349, 370, 375, 401, 466, 485,
Brevets de pilote, Le 20 D, 1, 127, 178,
180, 193, 194, 214, 266, 317, 3 75, 401, 465;
ASNUALON ESS 79; 186,09317,54057 511,
Dons pour la bibliothèque, le musée et les
ANCHAVES NE eme 92, 196, 269,
Assemblée générale du 9 n ven 190$. 113, 126.
Coupe Gordon-Bennett Ha 2 14, ro 192,
367, 375, AIS,
GRAN PNA IAUNION ERREUR a
Concours de nacelles insubmersibles........
Banquels, H. Farman et W. Wright, 39,
Prix Armengaud jeune, 32, 43, 190, 272, 284.
Concours d’indicateur d'horizontale. ….....
Prix d'aviation Michelin. 114, 131,
Concours de distance sans escale, 16 mai
LOU LE nee RENE OLIS)
Concours de distance du 11 juin 1908, 214;
* 256.
Concours de Poiliers du 14 juin 1008" 214,
Fêtes décennales de l'Aéro-Club............
Grand Prix de l'Aéro-Club de France, 267,
268, 369, 374, 103,
Concours de dislance minima du 28" juin
LOS ed Le LP D RU PAR RE NE
Coupe Antonetti. "UT 268, 349, 370,
Concours dEvreux, 20 seplembre 1908. 374,
ACAUÉMICNTESISDOLS AA DETIR
Aéro-Club au Sud-Ouest, 13, 56, 76, 90, 92,
107, 135, 145, 180, 190, 307, PRE 235, 25 57,
281! 301, 317. 331, 361, 400, 438, 444, 485,
Aéronautique en 1907 TL. tte to eee ee ne
Aéronautique francaise en SOS 65
Aéronautique au Pa:lement (13) 248 188,
Aéroplanes
ATHOINELLE RER. MEME 31, 434, 168, 478
AUS OLA TASER IEEE EN MR ER
AIDET EMBAZINE : Fe NCA RER
BONES EM SPA MON TEST L TOR
BANC SRE MER
Monoplan Blériot, 9,
BOIO LOT RER SR AÉRE Soa
Bonnet-Labranche
Bourdariat
De Caters
Anglais C
Delagrange,
129, 147, 217, 236, 253, 271. 357,
9
]
127, 179,
180
191
60
167
Ji
190
450
15 Décembre 1908
Dufaux es Rene RE eee 141,
ENeNamMMEr ER Te eee EE 85,
Multiplan :d'Equevilly.cP2cPEee Re Re
EtrichietiWels Mir NENeR EUR Crete ue
Henri Farman, 8, 17, 32, 38, 129, 136, 218,
835, 278, 402,:458, 477,
Henri Farman (description)............. 38,
MaAUTICeMFATMANT A PA PEER tee nt
Ferpér: ete bare here chibene 306, 336,
ReEnSEGASNIER eee meertebeie 125, 387,
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Vuia verte tee eee CTI et
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Witzig, Livré, Dutilleul.......... 358, 410,
NWrighta(Brevels) Een re terrerer 161,
(Description) ..
(Expériences), 222, 250, 324, 338, 354, 372, 319,
398, 226, 461,
(RECOLTS) ARR PNR NM RME 356, 380,
LENS MERE Leterme mienne 307,
Zipie le Re Ter A 467,
Aérostation au camp d'AuvVOurs............
Ales ADATANLES EEE res eee encres
ALES PCONCAVES EN ee re eee ete LE
AIDrÈS MeEMSUCCÈS AS EEE bebe dl
ABPrODOSAAVIAION ER EE Mae er Re RE
Ascension du Fidès (15 déc. 1907)..........
Ascension du Mammoth (nov. 1908)........
Ascension physiologique. :.::..............
Ascension du Ziegler (1-3 nov. 1907) TR
Avenir de l'aéronautique SPA Le Re tee
Aviation en ‘Angleterre: (L’)................
Ballons sonde re Ne eee
Banquets d'aviateurs.......:..:.…. EUR 139
Bibliographie LIEN 76, 96, 239, 323, 368
3oussole des aviateurs 15; A4, 90, 123, 145
Brevels de l’aéronautique, 92, 135, 197, 238!
260, 279, 317, 337, 396, 400, 195!
Bulletin des ascensions............ 96, AT,
Calculs de M. Marcel Deprez.......... 347.
Calcul {Critique d’une méthode de)..........
Canon contre les dirigeables (Le)..........
Cerfs-volants météôrologiques.…....... 345;
Chambre syndicale des industries aéronau:
ITU ST REC bb ane tee 84,
Coefficient de la ré = MDR:
COPENCIENtMIRER Le en ARMOR CSL 312, 366,
Rois des PHARES — PHARES des Rois
D D —————
Les Fhñhares
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Sont les
plus puissants,
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Premiers prix
7 aux Concours de 1907:
ee MANNEEIM = LIEGE
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RECORD OU MONDE :
Ascension du Ballon ‘‘ Helvetia”” à la Coupe Gordon-Bennett (Berlin)
11-14 Octobre 1908, d'une durée de 73 heures,
piloté par le Colonel Schaeck et l'ingénieur Messner
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l'Aérophile 5
Concours de modèles réduits d'aviation.... 299
Conditions météorologiques pendant le
Grand Prix de L'A6.: C: FH... 110
Conflit aéronautique (Le)........ 911
Coupe du Scientifige American : 346
Coupe Gordon-Bennett 1908, 7, 125, 367, Sa s
418, A6:
Dîner chez Armengaud jeune.............. 27%
Dirigeables
Baldwin :..:::...:..:...........4440. 371
Planeur Bayard-Clément.................... 182
Clément-Bayard........ 362, 431, 449, 481, 50$
D'armée (projet)........................... 6
(CRISacocsosscésenecasoce 261, 277, 316, 344, 377
EAP LE CL CE te 219, 396
Kindelan Forrès-Quevedo............ 371, 43
Pepaudy 1908 ME EE RENE ee eetete _ 430, 452
MATE ORNE Peer ne 393, 430, 453, 481
Marçay-Kluitimans....::...:............... 15
Militaires" "nt Men a ae Ie IN siecle 66
Militaire belge 25
Militaires ‘italiens..:..:.: 26, 240, 416, 432; 482
Militaire russe..........................e.e 153
Nulli-Secundus ::.............. 26, 283, 316, 371
Parseval...….....…..... 343, 316, 432, 456, 508
PéDIJOUENAl ET EC EE enr Eee cer
République.:..:...:. sec cate
Santos-Dumont...............
Siemens et. Halke 431, 45
\'üle-de-Paris.......... 21, 45, 49. 453, AS1, 508
Zeppelin, 25, 200, 245, 275, 318, 342, 378, 432,
| 154, 483. 509
Distinctions honorifiques....….... 63, 116, 483
Droit industriel et progrès aéronautique.... 203
Dynamisme du planement........... 314, 366
Equilibre et virage des aéroplanes.......... 187
Espace nécessaire à un aéroplane pour s'en-
MOlEPiseccccdtc eee teor ose éccoobunonesadac 2%
Essor des aéroplanes....................... 119
Etapes de l’aviation.......... 17.129; MAT STE
Etude des ailes concaves.................. 294.
Expériences d'aviation de MM. Etrich et
NN CR EE Cle a
Explication rationnelle du vol ramé 411
Fédération aéronautique internationale, 145,
Tr TOP 027
Flying-Fisch d'Henri Farman (Le).......... 94
Gaz à ballons en France.................. 133
Gaz rares dans l’atmosphère.............. 498
Gouvernails de profondeur, 170, 237, 315,
Gyroplane Bréguet-Richet.................. 310
Hauteurs atteintes par ballons sonde...... 26
Hélices aériennes, 4, 30, 51, 622 118, 262,
300, 330, 452
Hélices sustentatrices...................... 262
Hélicoptère Bertin.................... 128,04225
Hélicoptère Paul Cornu.......... 128, 135, 413
Hélicoptère Julian Félipe................... 16
Hélicoptère Otto Luytiès.................... 361
Hydrogène à bon marché (L').... 293, 416, 499
Hydrovolant Forlanini...................... 202
Incidence des aéroplanes......... 54, 89,. 124
Indicateur d'horizontale, 15, 44, 90, 123, 145,
99, 238
Liberté de l’atmosphère.................... 269
Ligue Méridionale Aérienne................ 515
Ligue Nationale Aérienne...
Machines volantes diverses l
Méthode de tCalCUle 0er. -ccr-eleeerieemete
Montgolfières militaires (gonflement,
5:
Ha
=
œ
Moteurs d'aviation. .............. 4 74
Nacelles insubmersibles..............., 23, 189
Nécrologie :
MÉGBbocceccobor dococcododoooneonc none 33
MP PE DIT Eee mere cee re eereCriiele 1)
Baron Mat von HEWLETT 261
Be MOSCUNtE E-rea eee 366
HATETISSHANS RUE Eee leeeirehnpit 416
Oiseaux, aéroplanes el coefficient de résis-
217
LAC CR CMIENIREP RARE rl TER 102
OISEAUXADIAN EU SECRET CEE CURE IE TO 196
OrnithopièreMCGCIIOMPArE RE 57
Ornitaoptière de La Hault............ 480, 505
Par dessus la Manche en ballon.......... 134
Paris daviIAteurs EEE REC RTRE 36, 133, 236
Perfectionnement aux machines acronau-
HOME susonsocccocsobooscantonpague 161, 165
Perturbations météorologiques el les ballons. 505
Planement des oisauiv.. ........ 257, 259, 294
Poids maximum soulevé par un aéroplane,
Re le Ille taie ne inde ei ae NE 292
Point en ballon (Le)............c.... 158, 504
Portraits d'aéronautes et d’avialeurs con-
TONNES Dodadoncecocoandbobeuobesobouu
OUSNRB LÉ TION EN UT RE Ar 1
(Gabriel'e(\CRaTles VOS RE 37
BÉONRLEUADESS CURE RE EEE eee 57
IJ0WEtrich ele Trans WVelS ER NN 17
Commandant Paul Renard................ 97
CUDUAUNEMPET CRETE R EEE EME TEEN 117
DÉONÉDElA MANIERE ACER EAP ECEECEN 137
BOUL ICONS NI PE ER Tee eee 157
LOS CAM oc acescoodes act 0e de 1SI
ALOIDREMCLÉM ENTRER CEA ET RNREREEECRE 181
GODUOU EME OS EE ET ENT ETIEN 201
TUeSWATMENQUUDEAIEUTE TELE CEE eee 221
Léon Barthou...... 241
Richard Clouth 269
Lieut.-colonel Espitallier.................. 285
Mme Thérèse Pellier............ PR ete 309
M. et Mme À. Omer-Decugis............. 329
MAOrADONEPUTS UE EEE EEE RE CEE 353
MIMeMET SUN OUR EE EEE EEE eee 73
NCA ER TEE EP RCRE T OE LCR CE CE 397
TOR RDUN DIE RE E EEE eee rene 117
Calor Satreobicdcascondensooouceessendo 117
Pour et contre, 4, 30, 54, 74, S9, 105, 124,
198, 232, 263, 347, 366, 415, 486, 909
Pour une priorité. ...... do 315
Poutres armées à faible résistance à l'air.. 22
Principe élémentaire du vol ramé.......... 446
Prix d'aviation, 8, 52, 43, 93, 111, 114, 131,
190, 225, 232, 255, 260, 264, 337, 395, 413, 436,
489, 515
Procréside l'aviation nee meer 69
Propulseur à échappement el aéroplane à
OrAMTeMVILESSE AT ELE EEE C ee LEE CE erEE 332
Propulseurs à réaction.......... 300, 332, 347
Propulsion des aéroplanes à grande vi-
S3
440
62
310
Résistance des hélices aériennes............ 118
Résonance et les hélices aérienne (La)...... 330
Réverie sur des théorèmes................ 213
Sociétés aéronautiques............ 90, 282; “395
Société franc. de navigation aérienne, 348, 455
Stabilisation automatique des aéroplanes,
PU RECENSE NUE RFA AE 106, 237
Station de sondage aérien............ 345, "433
Télégraphie sans fil en ballon............ 50%
Théories de M. Marcel Deprez (Les).... 347, 500
Théorie mathématique de l’aéroplane...... 303
Tour du monde aérien, 7, 36, 74, 92, 136, 200,
239, 264, 282, 328, 345, 371, 395, 416, 429,
492, 510
Tout le monde aviateur.................... 176
Tribune des inventeurs........ 16. 23, 237, 413
Utilisation des dirigeables acluels..... 170
Vinci (Léonard de) et le vol des oiseaux.... 232
Virage des aéroplanes........ 82, 187, 198, 236
Vitesse ‘des ballons dirigeables...,........ 20%
Vitesse des aéroplanes...................... 19%
Voiture à hélice aérienne.................. 32S
Vol à voiles. (Du)............ 286, 445, 494,
Vol plané des oiseaux............ 257,259 0297
Voyages en aéroplanes (Les premiers)... 458, 460
Voyages en Zigzag
518 15 Décembre 1908
TABLE DES AUTEURS
Aérophile............. RER LES Machines volantes diverses.........:..................
= Les, dirigeables à l'Etranger.........u:.................
— Les premiers aéroplanes IE rés RL ARU
_ Nécrologies: Alemis HaAnSkY ESS EEE EEE RER
Ancelle AUDE rene en ee PaéroplaneABléTIOL Crete rec cer OU
BhélicopteremConnuercececcereentrre een erriseeri
— L'aéroplane Red Wing, premières envolées............
— Portraits d'aéronautes contemporains : Capilaine Bois.
—— Cinq minutes de vol à voiles (prix René Quinton)......
— Perdirigeable Zeppelin-IVi. ne LteRR RSS RE 246, 275
— L'aéroplane Bern Der TRES RE ee Eee
Aéronautes contemporains : M. et Mme Omer Decugis..
Magnifiques performances de Delagrange..............
— Les prouesses de Wilbur Wright.........,............
a Les aéronats en France et à l’Etranger................
= Les dirigeables\en France." 222"10.ceemteeticertetset
P'aviationmanml'étrancern entr enterrer eee
AnEOt ---rMe-hmenireceetiecesee Les conditions méléorologiques du Grand Prix de l’Aéro-
CUP 1008 LE LR RS ne tte eat ete
Archdeacon (Ernest)........... Pour la boussole "des /AvVIiAleUrS 0. chine temerneiersie
= Indicateur de pente pour aéroplane (Réponse à M. Gou-
DID CREME Eee ete ene ec lceleelsleleleieleete
= ANIDLÉS MEN SUCCESS Eee EC ETC rer Lee ere CCR CAC
— Réverie sur des {NÉOTÈMES.. Lente setelosieeieie die
Art Ur CL). eee eme Que peut le canon contre les dirigeables ?............
ASC nie ee eine eee cat e Incidences des aéroplanes et le concours d'indicateur
d'horizontale AE en een eee men een ce
Bans (Georges)................. Une école d’aéronautique par correspondance..........
_ Le semaine aéronautique de Bordeaux................
— Portraits d’aviateurs contemporains : Léon Delagrange.
_ Voyages en zigzag (5 juillet 1908)....:...............
— Aéronautes contemporains : John Dunville, colonel
SLA once cn enp io bad our Ébooce
— La Coupe Gordon-Bennett 1008 EE NE ANNE
— Le banquet Wilbur Wright (5 novembre 1908)........
Barthou (Léon)................ Rapport sur les incidents du conflit aéronautique......
Baume Pluvinel (comte de la).La détermination du point en ballon....................
— La détermination du point et la lélégraphie sans fil
(Se Lo) OR NET PR EE ouate
Bazin (Albert).................. L'aéroplane à ailes battartes d'Albert Bazin............
— Equilibre et virage des aéroplanes...............,... 187
— DUVOL A VON EEE SR ee etre
Besançon (Georges)............ Portraits d’aviateurs contemporains : Louis Blériot....
— COMMANTANVERENATA ANR Reel re net ere ee
—— B'aéronautiquenen 1907 ere cerner ee ie rer e
—— Portraits d'aéronautes contemporains : Léon Barthou..
Major AU US ETONs PARTS eVAL ERP EEE EEE RE ER
NÉéCrOlO Sie RE eRMOSCOT EEE RER EEE ent
Portraits de femmes aéronautes : Mme Edouard Sur-
IAE
Blanchet (Georges)............ Machines volantes d'aujourd'hui et de demain........
Les expériences d’aéroplane d'Henri Farman....32, 402,
Éiaéroplane René GaSnier ee CEE ere ele neue
Expériences de Robert Esnault-Pelterie................
Nos aviateurs à l'étranger : Léon Delagrange à Milan.
Pasconqueteldu prix Armencaudr.r Eee Rene ae Rl
Portraits d’aéronautes contemporains : Lieutenant-co-
lONELMESDUQUET NE PE RER ER EU NS RE
Bihélicoptere OHOoNLUVHeS Er, MER ANNE
Nos aviateurs à Issy-les-Moulineaux....................
Les aéroplanes à l'étranger
Les dirigeables à l'étranger
RAS
[ÉTAS)
Biériot CL): 2 2-0 ie eee Résistance des hélices aériennes aux grandes vi e
Boudin (Lucien)................ pass l'intérêt de l'aviation ou la machine volante pra-
QUE RE tes atsletetetat te ete lee tte ele a ee EE
es Pour la boussole des aviateurs, ou de l'incidence d’un
AÉTOPIANE MN Ne entier dent MES CORRE
Bouttieaux (commandant)—— Conditions d'utilisation des ballons dinecables actuels...
Bréguet (Louis).................Sur le rendement des hélices de pr opulsion dans l'air.
= Detl'essor des laéroplanes een RE RENE
— Ce gyroplanelPréguet-Richel no EE Ne
Carton (Emile)................. Les perturbations météorologiques et les ballons........
CRAUVIDrO CL). are eee see Société française de navigation aérienne..........,...
= L'hélice du Clément- Bayard Sete elle tante ee
l’Aérophile 519
Portraits d'aéronautes contemporains : Richard Clouth. 266
La première femme-aviateur ; Mme Thérèse Pellier..…. 309
Chevalier (H.)...................Stabilisation automatique des aéroplanes par le
Ë BYTOSCOPE.. ..esessesesenesessosesesenesee terres 106
Cr CAD EEE re see Le dirigeable de Marçay-Kluitjmans.................... 15
= s Description détaillée du Ville-de-Paris................ 49
— Un dirigeable d’armée................................ 6%
F3 L'ornithoptère Collomb................................. 87
= L'hélicoptère Berlin.................................... 128
= Les expériences d’aéroplanes de Louis Blériot...... 149, 308
ES Portraits d'aviateurs contemporains : Paul Cornu...... 157
Du Une nacelle insubmersible............................. 189
= L'aéroplane Auffm-Ordt................................ 210
= L'aéroplane GOupy....................................: 283
Et Les préparatifs de Wilbur Wright...................... 250
[RE
L'autoballon militaire République...................... 340
Trois dirigeables : Bayard-Clément, Ville-de-Bordeaux,
Colonel REA ER EE NT OT eee eteleeieleteetercielelelsiete te 363
387
L’aéroplane Gasnier s'envole... : :
Portraits d'aviateurs contemporains : Trajan Vuia.... 398
L'aviation en France et à l'étranger.................. 434
Constantin (J.)...............-. Sur la résistance des surfaces.................:........ 5
= L'inconnu du vol des oiseaux.......................... 366
Cornu (Paul).................... L'hélicoptère Paul Cornu.......................... 138, 413
Bal ‘Notes sur les hélices sustentatrices.................. 262
Crouzon (D° O.).................. Recherches physiologiques en ballon à grande altitude.. 389
Dardelet (M.)... A propos des théories de M. Marcel Deprez............ 500
Degoul (M.)..................... De Sartrouville à Verdun en autoballon (16 janv. 1908).. 21
A L'aéroplane Gastambide-Mengin....................... 86
SE L'aéroplane Blanc...................................... 191
ae Les aviateurs français à l’étranger..................... 217
GE La machine volante Bertin....................... eee
Fr Le dirigeable Jlalia..................................... 249
En Les expériences d’aéroplane des Wright 324, 338, 383, 455, 461
ai PaviationentErancerEEnEr eee cLe-eclieleeleetetieleelerete 476
a Les aéronats en France er 07
Deprez (Marcel)................ Sur le planement des oiSeaux........................ 25720250
es Phénomènes que présentent les ailes concaves........ 294
Dolifus (Charles)....-......-.-- Priorité de l'application, aux aéronats, des gouvernails
défprorondeur eee reeeee-recee-e-eeere dec -rerce 415
Ducasse (H.).................... Ballons tombés en mer et dispositifs de sûreté........ 23
Dufaux (H. et A.)............... L'aéroplane et le moteur d'aviation Dufaux....... 14170289
Espitallier (lieut.-colonel)...... É’hyvdrogène a bon/marché. "0e." 293
Fabre (H.)....................... Poutres armées à faible résistance à l’air.............. 22
Rp La résonance et les hélices aériennes................ 330
Farman (Henri)................. Essais méthodiques d’un aéroplane cellulaire.......... 61
Félipe (Julian).................. L'hélicoptère Julian Kelipe....:...2.........:........... 16
Ferber (capitaine).............. Quel espace faut-il à un aéroplane pour s'envoler du sol
En ROUEN Vacdbcoucocoocococoopvonpoodeoeco bec banoe 24
Ne Portraits d’aviateurs contemporains : Léon Levavasseur. 57
= Histoire du moteur « Antoinette »...................... 55
= Les progrès de l’aviation.............................. 69
= La Fédération aéronautique internationale (4 confé-
rencemrondres#l008) CEteEtieisiel eeepc 287
= Que valent les brevets Wright?.................:...... 852
a Failiberte de L'AtMOsphÈre NEA ee. elelamieisieisie eielete oise 269
na Un dîner chez M. Armengaud.......................... 274
Gandillot (M.)................... SLAM VOAM a vONe Re NE eee LL enr 445
Garnier (P.)..................... Le dirigeable planeur Bayard-Clément................ 182
D Nos avidteursManlétranger... nee see 271
DE L'aéroplane Kœchlin-Pischof........................... 316
Gasnier (René)................. L'aéroplane Wright décrit par un de ses passagers.... 470
Gastambide (Robert)........... Pebmoteuredaa lion PRE rec Lee 174
Girardville (capitaine)......... qi utile maximum que l’on peut soulever en aéro-
ï DAME PEER EE ECC ECOLE EEE eee Li celri te 171
Godard (Louis).................. D militaires : nouveau système de gonfle-
MENT EP EEE CEE I Eee ei celsialeetclercaselsiels 88
Goupil €A.)...................... Qu’entend-on par incidence d’un aéroplane automobile? 54
= Indicateur de pente pour aéroplane et l’inutulité de tels
IMSILUMENIS LEP EEE EEE ME EC Ceres. 123, 199
== Dynamisme du planement Fe :
= AÉOUT AUMCOCTICIEN TR RER RE ee eee rec -LEe creer
ee Sie Evo D AGE Gerccconoenoocccoo co oocc doses
Harbord (Mrs.).................. Par-dessus la Manche en ballon (31 janvier 1908).... 134
Helbig (D')...................... De Rome dans l’Adriatique, en ballon (15 déc. 1907)...... 27
Jdulliot CH.)...................... PesAdiriseables man EST metre erereeteeesenceleseleiee 66
Kapferer (H.)................... Comment le Ville-de-Paris à fait Sartrouville-Verdun. 46
Lagrange (L.)................... Henri Farman gagne le Grand Prix de l'Aviation
(MAN En LODS) EEE ee eaeniceeieseemterIcoricreeiels tee 17
Le nouvel autoballon mililaire français Ville-de-Paris..
520 15 Décembre 1908
Ë pese aViQ On Eee tisse 129,
TE \ Rortraits d'aéronautes contemporains : Adolphe Clé-
| MENT NN ete D ee
o É ‘oncours de modèles réduits d'appareil
nn ‘évolution de l'industrie aéronautique
Lagrange €L.)
‘& aviation...
— LÉ ACLOPIAN EUR EDIT LEE
La Vaulx (comté H. de)......... Sur les DRUœe réelles atteintes par les ballons sonde.
= L'avenir de l'aéronautique........ Peneehiese
LeiBon (JD Arret MPa Explicalion rationnelle du vol ramé. RCE
— ; Sur une méthode de calew de M. Witzig
Lefort \(H:):5.- 220. 2.0. NEVER \éroplaneethélicoptére......222.0.1e2r
— Influence du rendement sur la valeur d'un propulseur..
— Le coefficient de résistance de l'air et le vol des oiseaux.
Leudeit (Omer)................. L'angle d'attaque, l'angle d'inclinaison, l'angle d'inci-
TeNCOMR rer eee ee rie eee ete ete ER
= Droit industriel et progrès ‘aéronautique..............
Lorin (René).................... Etude sur la propulsion des aéroplanes à grandes
MIPRSSOS CE bise tn el tt ele Musee Lie le tte
= Le propulseur à échappement et l’aér oplane à grande
MTS SORA PRE ET R C PEe CE Tee nai C El
E Propulseurs à réaction où NÉICESIEEA ER ETrLAERe GE
Maculaso (F:)............. set Les DeeuX, les aéroplanes. et le coefficient de la résis-
, taNCe se LAID RER eee NE Re Eee
Masfrand (A. de)............... \lachines volantes diverses : aéroplane. Antoinette elite
= Portraits d'aviateurs contemporains : les frères Voisin.
= Les expériences d'aviation .de. MM. Étrich et Wels...
= Portraits d'aviateurs contemporains : Jules Armen-
OUT UNE TT Nr ee ent
= Le dirigeable République
. Les essais de l'autoballon Gross-11. 2.117"
== Les essais de l’aéroplane While Wing. ste
E Une théorie mathématique de l'’aéroplane........ ;
e Les aéroplanes Gastambide-Mengin et Ferber-IX......
= Les Wright en France et en Amérique....... rte ete ne
= JE ‘aéroplane Bonnet-Labranche..........
— Les premiers exploits du Clément- Bayard. est ddoudd
— re. La Coupe Gordon-Bennett 1908 (classement officiel)...
= Les aéronats à l’étranger........... at
Mayaudon........ nesseesee es Société française de navigalion aérienne —
Mauricheau-Beaupré........... Nouveau procédé de fabrication de l'hrdrogène........
Nicolleau (A.)................... L'aéroplane Kapferer..….... .
= Nos aviateurs à.létranger..........:
— Les essais du Blériot-VII.....: 1.) _
= Les progrès de l'aéroplane monoplar......, PR CNET
I’aéroplane des frères tZens.... MN CE Ne PARC
vs Le voyage du Mammoth... 0e
Odier (A.)........................ \ propos d'aviation........
= Principe élémentaire dusvoliramér #20...
Pesce (G::L:)..::...... 44... 0 l'hydrovolant de l'ingénieur Forlanini
_ Pourune Epriorlié sr Eee ent rec
Petit Pierrot.................... aréponsendenlaisle RM TR PE encens
PROS re ere Coouee Les nouveaux prix d'aviation 114, 5
— Portraits d'aéronautes contemvrorains : Louis Capazz
— le. concours aérostalique de Bordeaux (10 mai 1908.
= Prochains essais des :Wright en France............ one
= Nécrologie : mort du baron Von Hewatld. ;
on L'aéronef MO CO LS RER EEE
— Le 4 Grand Prix de l'Aéro-Club de France (4 octo-
breM908) ER ARRISES CCE
— Les aéronats en Fran
Popovatz (Paul)................ Comparaison entre les propulseurs à réaction el les
NÉTICES IE NE PTT ae eo ve
Pouchet (Paui)................. Les machines volantes en
— Le: Nulli-Secundus-I[I
Réau de la Goignonnièere (L. dupindicaleur acoustique de pente........................
Renard (commandant Paul)...Discours prononcé aux obsèques de Janssen....——
So Portraits d'aéronautes contemporains : : capitaine Pezet.
— Ceux qui disparaissent : Mme Poilevin.........…. ELEC
= Miragetdes aéroplanes remercie res
Reyowski (Stanislas)........... Comment accroître la vilesse des ballons dirigeables.
Rodet ((J:): 5:29, 52325. Rime Toujours Mlencoetficien tee RARE PR CIRE RE
Rucksetuhl (E.)................... Les autoballons militaires allemands... +310; 4D4,
— Autour de la Coupe Gordon-Bennett 190$. CEE = lee 485,
Rue(F. de): 7eme Lei L'aéronaulique française à l'Exposition Franco-Bri-
TAMMOUC MERE ere
Sainte Hélice.................... Protestation de lhélice.
Saunière (J.)..... enter Legaza#ballons en France... ""1.-chees ;
Sazerac de Forge (capitaine).L'aéroplane Ellehammer..... te te ae el tele te ete
— Gouvernail de profondeur automatique pour les aéro-
Dan es ER RCE te is ele Mn ateeete se
19
Le
181
; 259
281
296
26
72
411
51
30
30
297
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J'Aérophile 521
Schio (Almerico da)............ Premiere application du gouvernail de profondeur...... 250
SéeNCA D TE Ten den A propos des calculs de M. Marcel Deprez..,......... 347
ns HRowWoursMlemcoelNcien there MEET AEPL L MEN EEE 366
— Sur Tao) VON Sococbcnbodeccccoomecodonnoneesouvonel 510
à = Résistance de l’air en fonction de la surface............ 510
Seux (Ed:)....................... SUDAIeRVINeeRdES MAR ODIONes eee ete tere-reee 82
- L'aéroplane lyonnais Roesch-Seur...................... 175
= Léonard de, Vinei et le vol des oiseaux.....-.......... 232
Soreau (Rodolphe)............. SurempoidsrutileNdes aéroplaness- 42.2. UC nee 202
Surcouf (Ed.)..................... \près la Coupe Gordon-Bennett 1908.................. 123
TatintOV asset PercoelficientideNal résistance de l'air" ter een eur 104
Teisserenc (de Bord).......... Présence des gaz dans l’atmosphère................. HT 00M08
Voisin (Les frères)............. L'aéroplane Farman tel qu'il a gagné le Grand Prix.. 38
—— Le Flying-Fish d'Henri Farman...............,........ 94
un Houtillemondetaviateur... "0.2. EEn eee 176
Wegener (D'° Kurt)..............Second voyage du Ziegler d'Allemagne en Angleterre
Henovemhne MODE ARRETE EEE EN MENACE 5
Weiss (JOSÉ6).................... Le vol à voile, la vitesse des aéroplanes.............. 49%
Wenz (Emile).................... Une station de cerfs-volants météorologiques.......... 433
Witzig........................... Réflexions sur l'aéroplane Wright. Aéroplane Witzig.
an Lions DMMenls ascocspeecsaocnedadoe ob bebe 35$
Wright (W. et O.)............... Perfectionnements aux machines aéronautiques (Bre-
VOLS) RSR ME eee meet e tan PAR de CEE f ue 161, 165
— Nos dernières expériences en Amérique................ 222
= N'OSATAMV OURS ER EEE eee Cceel ect eee Cite 426
DR etre er ee .Les autoballons en Allemagne.................... 261, 312
ZE R ECO LC CT LOL ÉeRdiieeableMRÉDUDIQUE CRE ROMREREENE CRE EEENNE 296
TABLE DESYGRAVURES
1 LUS IMSablascouoocosopcecocondocegescocoddbnounontoneee TU DEN a Rein er de ee 1
2-3 Schémas de l’aéroplane Albert Bazin........................ Da Lens 2
4 à 7 L’aéroplane à ailes battantes Albert Bazin.................................... 3
S Carte du voyage du Ziegler (1-3 nov. 1907)..:...................,.....,....... 6
9 L'aéroplane Blériot (1S décembre 1907)...................................... 10
10 à 13 -L’aéroplane Gastambide-Mengin.............................................. 12
1% GastambideMeneinee er EEE CRE EE eco Lee tecereeeccrche 13
15 Le dirigeable de Marçay-Kluitjmans.......................................... 15
16 H. Farman, H. Deutsch, Charles et Gabriel Voisin.............,............... 17
17 H. Farman gagne le Grand Prix d’Aviation (13 janvier 1908).................. 18
18 HÉtDeutschderaiMeurihe ethEMArcChdeAcOon en REC ELE NT Re ee EEE nee Te 19
19 B'aerodromendiss ele MOINE CE EP RE EE ee eee eee crebe eee 20
20 Lexdirigeable Will de PATIS RER Re nelalsieleensec esse ceeeeeereeec 21
el Châssis en poutre armée supportant une hélice..................,............. 22
82 VereUueNenMpoUtLeMArMec er ERA LE Eric er rreeremelerceesece--ctEe-cre 23
23 Diagramme de l’ascension du Fidès (15 décembre 1907 D£
24 Carte du voyage du Fidès (15 décembre 1907)................................ 29
25 Armature d'une aile de l'atroplane Antoinette... 31
26-27 Gabriel et Charles Voisin........................... 37
28-29 BiaéroplanetEaEanmman TERRE PP EEE RE E Er ereeeeceeleret ee eCceebre 38
30 Le dirigeable Ville-de-Paris à Sarlrouville..................................... 15
31 Carte des voyages du Ville-de-Paris (18 et 24 décembre 1907).................... 16
32 Carte du voyage du Ville-de-Paris, de Sartrouville à Verdun (15 janvier 1908).. 7
33 Schéma” due dirigeableVille-de=Paris ed... nee evene elec ce 20
34:35 PhélicetarticuléeNaumaule de PAT ER EEE race amener ornements 51
36-37 Le dirigeable Ville-de-Paris\ vu enwboul..........................:.......... 52
38-39 Ventilateur du ballonnet à air du Ville-de-Paris.............................. 52
40 Schéma de l'usine d'hydrogène de Sartrouville..............,.,.,........... 53
A1 Indicateur de pressions du Ville-de-Paris...................................... 54
42-43 Schémas relatifs à l'incidence d'un aéroplane à moteur...................... 54
44 LÉO IL AT uooacoosdseuadono ou dosec sono Ue a bn NOT TOOLS on
45 New AntomettemGastanmbi ce Pen NAN ET nt UT 8
46: lesmoteur d'aviation PANtOINele Meet e eee eee cerner -eeesmenetrte 58
47 Coupe du moteur, d'aviation Antoinette..............:..........:...4......% 59
48 PusmetdesmoieursPANtOIMeUl Reese ner eee iemtenntieleieecie encre 60
49 Modèle réduit de l’aéroplane Antoinelle........................................ 61
50 Sur le rendement ‘des hélices. aériennes...........::...................... 62
51 Moteur Panhard-Levassor 120 HP................................::............ 64
D2 TE TCIUITIO PP EE ec eee ete 66
53 CaDHaiNeEMHERDEL APE PEN ET ALES CCE Lee cCeLrE Creer rEr eee 69
54 : COMeRANTERAN V ATIRE AR EEE re eee eee eete tee C-cee rene 72
53 Too triche Mer an rANNElS ER NPC RE ee ELEC eee correct 77
56 Un planeur de MM: Etrich. et Wels...............................,.,....... Hi
57 L'aéroplane automobile Elrich el Wels n° 2 ....,................,............ 7
55 M. Wels exécutant une glissade aérienne (octobre 1907)........................ 79
98- 99
100 à 103
104 à 109
110
111
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133-134
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13S
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140 à 14!
145 à 14
148-150
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169
170-171
I 72
173
15 Décembre 1908
L'aéroplanetEtrichiet EWVEelS En AS MR Re RM Re Creer en
Croquis relatifs. à l’aéroplane Etrich et Wels....:....:...….4.%. RS
Croquis relatifs au virage des aéroplanes................:.:...........:.....
L'aéroplane ÉllehaMmMer ae a ee nn M RON Rte RTS PE
L'aéroplane Gaslambide-Mengin
L'ornithopière Combe RE EL te Re TN ee OS EE
Chautierie de lasmonsolfiereaL Godard. meer semer Ce -h ee
Croquis relatifs à l'angle d'incidence des aéroplanes
Le Flying-Fish d'H. Farman ee ae dei ee EE eee EU ET LL CCR ele
Commandant MPaAUlER en ATEN Re RARE EE
Tracé des zones dangereuses pour les dirigeables (porlée de canon)..........
Le Fling- Fish d'H. _Farman etes tete le ne eee el elalete een Dieu ele il Pelle Le le EN ETES
La Sa des ne A nelle let ieletes Dale eee al eta ne Le eee ee le ete late ent ee
Carte des atterrissages des ballons élevés de Bordeaux (16 février 1908)..
L’aéroplane Gilbert. SR ee nee tete nt ne Rate D Elta Te ee Let et tele tete tete
MM. André et Edouard Michelin
Capitaine 1Pezelie MURS ER NE AA DATE NN AA MES APR ER Ne
Résistance des hélices aériennes
L'aéropiane FE: pKADIETER M RE te DA AR LR RER aS
Schémas derl'aéroplane HKApIererseneee UMM EER Re nent
IndicateurédeñpentespourNaéroplanes PERRET EEE ee-heet CUCL ECC UE
Schémas relatifs aux angles sous lesquels navigue un aéroplane
Hélicoptère. Benin MR RE ER En ARR ee ER EE
L'aéroplane HÉSParmantNDis ENS ENE RIRE SRE
L’aéroplanetDelasrance- Ne Ra el rte Pen Pa CR CU
Parcours aérien d'H. Farman (21 mars 190$)
Léon Delagranee nt mens lene ent ie NA RAR RES RER Ne
HéliCoptéreMPAU ÉCOUTER EN NE EN E
Dispositifnd'essaistdeMthélicoptére Paul Cornu... nee certe eceee
Action des plans propulseurs de l'hélicoptère Paul Cornu dans les virages.
Pemoteurid'aviationtie0NPAE Ne PAP DUIQUX REC ER RENE CR n Un DANS
Dessins explicatifs du moteur d'aviation H. et A. Dufaux
Léon Delagrange en plein vol (11 avril 1908)
L'aéroplane BlÉTiOLIN RS ARR ER RE A RE CR ER NE AN TR ER
PauliCornu. Re EC Re RSA EN Ne ee
Abaquepour fairetlempointientballon ee ee rene Eee
Tracé du voyage de l'Ile-de-France, Coupe Gordon-Bennett 1907..............
Figures descriplives de l'aéroplane Wright (brevet français 384124)
Figures descriptives de l’aéroplane Wr ighl brevet français 384125)..........
L’aér Gplane A CESCH-SEURAMRAN ER E ae nr ea ee A CCSN SU
IOUIS CA PAZZA ann 2 ie mr ads anu cata el ee ee an ee a ln te Sete a eee ee
Adolphe #Clémentsrnsnenentas nette eee iaianeisle ie niet eines e ele te
Hélice et moteur du dirigeable lenliculaire Bayard-Clément....................
Schéma du dirigeable lenticulaire Bayard-Clément
Schémas relatifs aux aéroplanes
NocelleWinsubmersible Chen VIe MERE re E M E R EL e
L’aérOplaneABlANC TR Re cr Lil tie le EE
Mme POIEVIN mere aies epenre se eneni a lens etes dr ae brie eue UN
ÉFAÉéTOPIANCMR EL WANT RENNES ER ET D CR AE NT rie ele tee
SChémasrrelatiis a unaindicateuridepentes-sre-creur-- hr mure nee
Capitaine BOIS Sr ere etesenmenenre mec iibe be: ne LE ETC De ene TETE t
T'hvdrovolanteEorlanini est te rrecmrerenlarseeene CR r EPL E TC TEL
Le concours aéroslatique de Bordeaux (10 mai 1908).....................:......
Carte des alterrissages du concours de Bordeaux (10 mai 1908)................
M. Ernest Loé, vainqueur du concours de Bordeaux (10 mai 1908)
L'aéroplane Auffm Or RE RE Re Re ER :
Le concours de distance de l’Aé.-C. F. (10 mai 1908).............. dite re lle
Résultat du concours de distance de l’Aé.-C. F. (10 mai 1908)..................
Unsvolid'H KFarmantanGandi rer ee INR EN N RANE ER a
UnivolidetDelagrangefäatRomes 7 ment een e caen ce cent
Félicitations à H. Farman après son vol à deux (Gand, 29 mai 1908)..........
Jules Armensaudiieune Rte ren escelaeenenssee eee a ee Le CE
L'aéroplanetriDlIAanfGOUPDY MERE reel een CURE
Schémas /deMlaéroplanemiriplan GOUDY- EL. RC Re eeee rente
L’hélicoptére Berlines sente ent ennui
Le concours de balions organisé à Londres par la F. A. (B0mairLI0S) TEE E
Départ de ballons à Hurlingham-Club {Londres 130 mai 1908) RSR RAR
H. Farman et E. Archdeacon à bord du Farman-I bis (Gand, 30 mai 1908)......
Schéma relatifaumviraseNdes AérOplanes se ereremeecret-R eee nee dent
Gouvernail de profondeur automatique pour aéroplanes......................
HROCRIEUR acoushquenderpentenre RE nee ent el D Eee e ne EU e Le
Catastrophe du dirigeable Morell, à Berkeley (84 mai 1908)....................
Léon? Barthou ss ts ee ee SE RE NT RS ET
Éeballon dirigeable "REDUDIQUeE Re EEE RE NRC Re ete
La nacelle du dirigeable RÉDUDUQUEN A Ses sente nee UT LUN ete e lee et
Le dirigeable République vu par bout arrière......................... ACELCEE
Levdiriseable Zepnpclin-lVa(by pe LODS) ARS ER TE en te ere Ce ee LT Tee
193
194
195
196
197
198 à 200
201
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210-241
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3 943
5 A l
245 à 249
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251-252
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(60
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287 à 290
299-300
301
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319
316
l’'Aérophile
Pendriseablem72ppeline M SDeRL907) ER RPEE CR EEA EEEROANESReR
Lendirigeable Zenpelin-IVIENURENMPOUPE.. eee NE M 2.
Un vol des Wright à Kill-Dewil-Hills (mai 190$)..... DRE SAR AR IR ENS CRE En
L'aéroplane Wright en plein vol à Kill-Dewill-Hills..........:...............
Dispositif de gauchissement des ailes des aéroplanes Wrighl................
Louis Blériot. — L'aéroplane Blériot-VIIL..............,...:...................
Carte des atterrissages du concours de distance (11 juin 1908)................
MAEdMBachelardetiNimenRbtuineltten eee RE ER ee
Baron Max von Hewald...... NN RE ET CNE A ONE PA EEE RNA A 7e cn Re
RICHAL A CIOU RER LA RAR RARE ART RRRenrA rer ve EEE ER ANNE
Mme Thérèse Peltier à bord de l’aéroplane Delagrange......................
NOUVEAU ISDOS HISMAURZ ED DEN IV RECENSE ER NET
L'aéroplane Mie Winglent plein Ole nee mere eeenttlas eee srtee
Carte des voyages en zigzag des ballons élevés de Paris (5 juillet 1908). .........
Lieutenant-colonel Georges ÉSSDitA LED AA RARES EE NON EN RENE ARS
L’aéroplane des frères Duraux. TN RE IR SE ERA AU LI LU AREA PS IA EP AL ee
Schémas relatifs à l’aéroplane Dufaux..........:..........:.............200
Iaéroplanet DTA AUTeMAler Ale ART PETER PETER NE rt
Abaquelsurrlepordsqutile des aéroplanes et NE CE CRETE CCR ELEC Ce
IAÉTODIANE RE DEN ERRONÉE a CA EE PA PR
Schémas, graphiques, diagrammes et tableau, relatifs au coefficient de résis-
nes CU Macao one t bat o A ON ee 297 à
Trajectoires d'un aéroplane (étude du capitaine Ferber ER re 009
Ia érOpIANE AR EL DEL INA APR PRE DEN ESC te RP Re
MaerOplane TEST LES ZEN SNA PRET ee te LC RER NEA CAE NRA Anne
Mme MPRÉLTÉSC RPC ET RER EEE ER ee Rene En RER ENT Re
escyroplanesBrésue ERICReMIIERE TERRES EEE ee Eee Len nEL LE
Schémas relatifs au dynamisme du planement................................
B'aéroplanemR CN INEPISChNO EEE NPA AE RENTE PER Re
Le Zeppelin-IV en pleine marche (4 août 1908)..................................
BencomteNZEDDENARE ANNE ADN ETIENNE AE EE en EU use TS
Carte du parcours du Zeppelin IV: (45 août 1908).....::.....:....:...........
Wilbur Wright à bord de son aéroplane....................................
Muesidiversestderlaéroplane AMIS ERE CCE R EME RE RE METRE PEN EN RER CE.
Éfaéroplane WriehtAenBpleinE VOIRE ee EEE ere etie else
MéteteNmerAlbertmOmer Decusis PEER NE E EEE EENMEeRRnEn
Schémas relatifs à un aéroplane rapide, type R. Lorin........................
L'aéroplane Gastambide-Mengin-Il à l'essor...................................
Le vol du Gastambide-Mengin-I1, à Issy (20 août 1908)..........................
Haéroplanesnen0eT AM eSSOR EE Time ces een eme eee
Le propulseur, les hélices et les transmissions de l’aéroplane Wright......
MuesideRNaéroplaneNrIS USER RE EEE EURE Anne ER NET
Départ du dirigeable République (STILL LELOOS) PNA NE ANRT AU
Les débris du Zeppelin- IVAAPrÉSAIMNCENIES AA EEE AAA MERE ee
BiaéroplanemuneBUIMeNNDIEMEVOIRER EE PEER EEE EE EE EEE R TER REC CENTER Ce
aiCoupe du SCIentiIOPAMELICAN NE PER ARENA NEA
Bema on AMV ONNPATSE VAR MERE elle ER ONE ROUE tr or
Éfaéroplane AW ris EAeNSDIeNM VOIES TEE CEE CEE CURE R RE NME PEER ERA
Parcid'aviahonidiissysles MOULINEAUX AR EEE RER eee nil leesereeereer
L’aéroplane Delagrange en plein vol (6 septembre 190$)........................
Schémas de l'aéroplane Wilzig, Lioré, Dutilleul..............................
Baéroplanem az Pione DUREE ERP EEE PER E REC ECRERPREPARERATENLE RL
HÉDCODIER RO HOME ESP TEE EE CRE URL Le RER E CRE enrelere
Le dirigeable Bayard-Clément (élévation latérale)..............................
IE EMN AS CAT DE A D TE a GE ERA SE AR ER PAT
Le parc d'aviation de la 3° Coupe Gordon- Bennett LODEN ET EN EREERTeE 2e
emdisiseabiemNUIIESECUNOATUS TIRER RER PET ERA Eeee e ce orterui
Le dirigeable AMÉLICANB LTD ITR RCE EE Een entame nelle Ne Pate lue
Le dirigeable espagnol Kindelan-Torres-Quevedo..............................
SchémandenlhaéroplanemMi Ir CEE ERREUR Er Uer tee
Me: RO SRE oonocoassoaodacebsonon abc eo Soc oo de boe
Peidinieeablerallemand eQnseUielI RNA een 376
Les champs d'expériences de Wilbur Wright en France......................
Le champ d'expériences d’'Orville W right AMBOREMVET. AC eee
ONE TIENTERE PE EEE EEE EEE EE Ce nt enr nemeee eee eu
Le lieutenant Thomas Selfridge el le professeur Graham-Bell..............
Mme Thérèse Peltier à bord de l’aéroplane Delagrange........................
BraeroplaneRenEMEASMIeRE LE EEE erenereeee Liber eee:carele ere
Itinéraire du République (Chalais, Compiègne et retour) (5 septembre 1908)......
Diagramme de l'ascension physiologique 8 juillet 1 OOS ERA RE AE VA Le
L'aéronef NMNÉG oc oooseoteconosaeccadonosséuononuorddemeonodnensob ab donoTout eo
AérODIAne ME TU UAMAQN MAN ER Eee RE eee cernes ete
ra DIE LPE t rire ere PR nee eee een
UneviraeeideVTIETreN VTieDEPeET Eee eeecere nee erer ere creer
Paéroplane HNRarman au"camp'de Chélons en TEEN RENE
aéropD Anne BONNE EPADrANCNE EEE te seeeeeieeecece sise mere cree
Le 4 Grand Prix de l’Aéro-Club de France (4 octobre 1908)................ 103 à
MM. Georges Blanchet et Edmond Sirven............,..................,..
L'aéroplane Blériol-VIIL ler en plein vol (2 octobre 1908).......................,
353
351
354
2386
387
39S
392
393
394
397
398$
102
102
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109
S24
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S1S
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323 à
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330-331
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10
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339
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355 à 371
372
373
374 à 376
377 à 384
38
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387-388
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390
391 à 400
101
402
103
404-405
406
15 Décembre 1908
Graphiques relatifs à la dynamique du vol sur place...:.........,............
AÏCXISHAAN SKY Ier e etes selatele else elec celeron e deb ne le delta ae ele Lies
JON D AD UNIL ER TER M ET CU MO ER Te CU et Ne TT RU NA CRETE
Colonel MSA EPA Pere RER ee ee ED tr ENS E
Gontlement des 23 ballons de la Coupe Gordon-Bernett 190$......,,....,.......
Carte des atterrissages des ballons de la Coupe Gordon-Bennett 1908
Emile Carton, Jacques Faure, Alfred:; Leblanc,.2.22...0.1400. eme
Mme Hart ©. Berg et Wilbur Wright (7 octobre 1908).:2....1..... 441404...
Le dirigeable Lebaudy-1908 (6 octobre 190$)..........::...4.1.....44204.0
Gonflement dudiriseablenClément-Bayartli dance telles SO
Les dirigeables allemands Gross et Parseval-I11........ rene LU el
Lancement d'un ballon-sonde et d'un cerf-volant météorologique par le remor-
QUEULHLE ON QAR en en ele Te Ne te UC RE CU LE ROUE DEP
L'aéroplane Gasnier en plein vol (17 septembre 1908)....::...:......:.,....
Douis NBIÉTIOL Eee acier ei MEL te Pate nn NL EL PR AA î
L'aéroplanetmonoplantRen-Lebis RER ER Ne EEE Re
L'aéroplane militaire. anglais du colonel. Cody..............:. 101...
Le banquet Wilbur Wright (5 novembre 1908)..." Re MERE Eee
Schémas relatifs au vol à la voile
Schéma relatif AUMVOlTAME A Secret rene he bee
Le dirigeable Clément-Bayard en roule pour Pierrefonds (1° novembre 1908)...
Itinéraire du dirigeable Clément-Bayard de Sartrouville à Compiègne et retour
(imovembre MODS) APR ER pire boRe enr lee CES CS
L’hélice intégrale tractive du dirigeable Ciément-Bayard
L’aérostation au camp d’Auvours (16 septembre 1908)......:.................
Le Zepypelin-Il évoluant au-dessus du lac de Constance (7 novembre 1908)......
Éevkronprinz ét#le;comteZeppelin mienne Creme eee.
L'aéroplane H. Farman, voyage de Bouy à Reims (30 octobre 1908)............
Carte des deux premiers voyages en aéroplane (30 et 31 octohre 1908)..........
L’aéroplane Blériot-VIIT ter, voyage de Toury-Artenay et retour (31 oct. 1908)..
Santos-Dumont transportant son nouvel séroplane à Saint- Cyr 1e
WilburiWrigh UN RE me re Cr On te Dr A ee CR ln teen eee
Photographies et dessins schématiques relalifs à l'aéroplane: Wright.. 470 à
L’aéroplane mUIMDIAN TE QUEVIILeT ER ARE NE RE ete ec
L’aéroplane Moore-Brabazan..,.... ; L
Photographies wdu/dirigeable "italiens set Pent PME CC ee 0. 182
Schémas relatifs aux réacti” MS Te laIreSUTUIeSESUTIACES ME EE ee eee. ester e
Carte du parcours du cont”"urs d'aviation de Monaco 1909....................
Unaspectiprochaïin/duicielenarisien se RE TRE eee cesse
Modèles d’aéroplanes José. Weiss en plein vols..,1.4::..........,.,...,....
Méthode de mensuration d'oiseau. ER tele Me SE ee tete Neal D EN D
Figures relatives AUMVOEDIANÉ MEN NEC RER Lee 501 à
Couverture d'« Au Fil du vent »
L'aéroplane REP Ien pleinsvol er RACE A CN ERIC Rene er
RornithoptérendenarHaUlt encre nee tn et eb CU eee Ce
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