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LES
GRAVEURS
DU XIXe SIECLE
GUIDE DE L'AMATEUR D'ESTAMPES MODERNES
PAR
HENRI BERALDI
XII
SAINT-MARCEL- ZWINGER
PARIS
LIBRAIRIE L. GONQUET
5, RUE DROUOT, 5
1892
LES
GRAVEURS
DU XIXe SIÈCLE
LES
GRAVEURS
DU XIXe SIECLE
GUIDE DE L'AMATEUR D'ESTAMPES MODERNES
PAR
HENRI BERALDI
XII
SAINT-MARCEL - ZWINGER
PARIS
LIBRAIRIE L. CONQUET
5, RUE DROUOT, 5
1892
RA
DEC 19 1966
1155723
^
)
"t. 12.
LES
GRAVEURS
DU XIX' SIÈCLE
SAINT-MARCEL (Edme Cabin), peintre et ama-
teur d'estampes, 1819-1890, a laissé un œuvre de
graveur fort peu connu , où se trouvent pourtant
quatre vues prises dans la forêt de Fontainebleau
qui sont des eaux -fortes très remarquables.
M. Loys Delteil , après beaucoup de recherches,
vient de décrire (!j vingt-et-une eaux-fortes et une
lithographie de Saint-Marcel (dont il a gravé le
portrait). Nous suivons ici son catalogue.
1-12. Reproductions diverses.
Copies d'après les maîtres. 1. Tête d'homme à collerette:
Boissieu d'après Van Dyck, in-4. — 2. Le Maître d'école :
Boissieu , in-8. — 3. Le Titien: Van Dyck, in -18. —
4. Pie Vil : De Frey d'après L. David, in-8. — 5. Gérard
Dow : De Frey d'après G. Dow, in-8. — 6. Portrait déjeune
(') Dans le journal La Curiosité Universelle du 29 décembre 1890.
3 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
homme : De Frey d'après Rembrandt, in-8. — 7. Erasme :
Holbein, in-8. — 8. La Cruche vide : A. Van Ostade, in-12.
9. Portrait de religieuse : Delacroix , in-4 , vers 1840. —
10. Tigre dévorant un cheval : Delacroix, in-4 en 1., 1843.
11. Garde-chasse assis: Decamps , in-4. — 12. Le buste
seul du garde-chasse , in-12.
13. LE BERGER ET LA BERGÈRE CONVER-
SANT, effet de soleil dans la forêt de Fontainebleau,
in-4 en 1., 1848.
14. LES BŒUFS TRAVERSANT LA MARE DE
BELLE-CROIX, effet de soleil à travers les arbres,
in-4 en 1., 1848.
15. LA BERGÈRE ASSISE : Nid de L'Aigle, pet.
in-fol. enl., 1852.
16. LE PAYSAN SUIVI DE SON CHIEN, gorges
d'Apreraont, in-4 en 1., 1863.
17-21. Pièces diverses.
17. La mère Dusserre, tête de vieille femme, in-4, 1870.
— 18. La même, profil à droite, in-12.
19. La Panthère, tournée a droite, in-4 en 1. , 1873.
20. Tète de Lion sur fond noir, in-8 en 1. Signé à rebours,
1873 (a paru depuis dans V Illustration Nouvelle).
21. Essai lithographique : trois sujets sur une pierre,
in-fol. enl. : chat assis près du feu, et deux paysages.
SAINT- MARTIN (Paul de), peintre. — A
reproduit ses tableaux de paysages en un album
lithographie sous le titre de Œuvres de Paul de
Saint-Martin, vers 1857. — Autre album : Poésies
des champs. — Cours de Paysage.
SAINT-RAYMOND (E. de). — Paysanne toutou-
SAINT-RAYMOND.
saine gor géant des canards, eau-forte (Cadart).
— Elisabeth de Hongrie guérissant les teigneux :
Murillo (L'art).
SALATHÉ (Frédéric), né en Suisse à la fin du
xvme siècle, graveur de vues au lavis.
1. EXCURSION SUR LES COTES ET DANS LES
PORTS DE NORMANDIE. Paris, Osterwald
(Didot) , gd. in-fol. Quarante vues en couleur, gra-
vées par Salathé, Himely, Paul Legrand , Thaïes et
Newton Fielding , d'après Luttringhausen, Boning-
ton , Noël , Grenier, Régnier.
Ouvrage remarquablement exécuté ; il est à recueillir.
2. Vues et Panoramas.
Bataille de Navarin.
Voyage dans la vallée de Chamounix, 40 p. in - 4.
Vues au lavis : Lyon , 2 p. d après Brascassat. — Pont
de Bordeaux, Magasin des vivres de la Marine. — Bordeaux.
— Marseille. — Toulon. — Cherbourg.
Panorama de Paris pris de la coupole du Palais de l'Ins-
titut, en deux grandes feuilles. — Panorama de Paris près
de la Tour Saint-Gervais. 2 f. Vers 1835.
Venise, Turin, Bade, Leipsick, Château et Musée de
Berlin , Rio-Janeiro , etc.
Les Chutes du Niagara, 2 grandes pièces, d'après
Sebron.
SALMON (Adolphe), né à Paris en 1806 , gra-
veur au burin et aquarelliste , élève de Ingres et
Henriquel, prix de Rome en 1834 (ex-aequo avec
Bridoux). — Académies de concours de 1830 et
1834. — Portrait de femme : Morani, gravé à Rome
en 1849. In-fol. — J. L. Ch. d'Orléans Longue-
8 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
rilh\ d'après Nanteuil, 1853 (Vignères). — Sébas-
tien del Pionibo, d'après le Rosso, 1853. —
M. Schneider, président du Corps Législatif ,
d'après Paul Delaroche, 1857. — La Comtesse
<!' .[</(>// If et sa fille, comtesse de Charnacé : Ingres ;
fac-similé de crayon. — La Charité : Andréa del
Sarto, in-fol., 1863 (Chalcographie), gravé sur le
dessin de Saint-Ève. — Jules César: Ingres, in-4
(frontisp. de V Histoire de César par Napoléon III ).
— Le Christ: Ary Scheffer, 1867. — Apothéose
de Napoléon Ier: Ingres, 1874. — Victor Cousin,
d'après Lehniann. — Le Concert champêtre :
Giorgion, in-fol. (Chalcographie). — M. Thomas,
doyen des notaires de Paris, en tenue officielle,
d'après Cot , in-fol., 1882. — La Source : Ingres ,
in-4. — Œdipe: Ingres, in-4.
Adolphe Salnion a été décoré en 1867.
SALMON (Théodore-Frédéric), né en 1811,
peintre , n'est pas parent du précédent. — Fron-
tispice à l'eau-forte pour Jean Galéas , duc de
Milan, drame poétique d'Arthur Fleury, 1835. —
Portrait de V. Hugo, en tète de quelques exem-
plaires HHernani, 1830. F. S al mon a. f. —
Affiche pour Luciole. — Forgeron près de son
étau, Marchande de poisson : Jeanron , 2 p. in-18
sur la même feuille.
Suite d'Animaux à Veau- for te, par Th. Salmon,
titre et 8 pièces in-8, 1849 (Delàtre imp.).
SALMON.
SALMON (Emile), fils du précédent né en 1840,
graveur à l'eau-forte , élève d'Hédouin. (4)
Sujets divers.
La Mort de Virginie : James Bertrand, 1878. — La Sortie:
Willems. — Pèlerins allant à la Mecque : Belly. — Arabes
sous la tente : Hédouin. — Portrait d'homme : Van Dyck.
— La Liberté : Delacroix, 1881.— L'Effroi : Greuze (L'Art).
— Arrivée du général Prim devant Madrid. — La Classe de
Danse , La Classe de Chant : Ludovici. — La Réprimande :
Vibert. — L'Anniversaire : E. Adan. — Cerf sous bois :
R. Bonheur. — Rezonville : Aimé Morot. — La Dame au
Perroquet : L. Leloir. — Le Labourage nivernais : R.
Bonheur, 1890. — Etc.
SALNEUVE. — Vue du Camp près de Reims
pour le Sacre de Charles X ' , et Bazar construit à
Reims, lithographies d'après X. Leprince.
SANDOZ, peintre — Un profil de femme (la
princesse Czartoryska,) in-8 ovale, 1850, lith.
Sandoz a été l'un des illustrateurs du Béranyer
de 1847. Il a donné des portraits pour la librairie,
notamment pour les classiques de Hachette.
SANG(F.-J). — Paysages et Marines, douze
eaux-fortes (Cadart ) .
SARAH BERNHARDT. — Génie couronnant,
Molière et Shakspcare , dessin ia-4gilloté, pour
un album théâtral.
(1) Il faut encore nommer Salmon, imprimeur en taille-douce. Voyez
l'article Deldlre, tome V, page 114, note.
10 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
SARAZIN DE BELMONT Louise -Joséphine ) ,
peintre et lithographe. 1790-1871. — Suite de
Vues des Pyrénées, 1831 et suiv. (voir L'Artiste).
SARCUS. — Voyez QUILLENBOIS.
SARDOU Victorien). — Delà main dn célèbre
auteur dramatique on a des planches de caprices
calligraphiques et spirites , intitulées Maison
de Bernard Palissy, et signées Sardou médium.
SARGENT ( Alfred ï. né à Paris en 1828, gra-
veur sur bois, élève deTimms, expose depuis 1855.
SARGENT ( Louis), né à Eu, graveur sur bois,
frère et élève du précédent, a exposé depuis 1863.
SAUERVEID (Alexandre), peintre de batailles
et graveur à l'eau-forte, né en Courlande en 1782,
mort à Saint-Pétersbourg en 1844. — Scènes de la
g nerre près de Dresde. — Types de soldats russes. Une
série a été gravée en couleur par Alix et Jazet.
Vue de Paris prise de la route de Mcudon. in-fol.
en 1. Chez Lorieux, graveur.
Le Bivouac de Cosaques aux Champs-Elysées,
grande estampe en largeur gravée en couleur par
Jazet, est une pièce très recherchée. Elle a pour
pendant la Course de traîneaux à Krasnoi-Kabach.
SAULX. 11
SAULX (Jean de). — Voyez DESAULX (4).
SAUVAGE (Napoléon), graveur. — Vue de Fras-
cati : Michallon, 1847. — Études de Paysages (2).
SAUVAGEOT ( Claude ) (3), graveur d'architec-
ture, élève de Gaucherel. a exposé depuis 1855. —
Planches pour diverses publications d'architecture:
Architecture civile et domestique d'Aymar Verdier,
Flore ornementale de Ruprich Robert, etc.
Les Palais et Châteaux, Hôtels et Maisons de
France, par Sauvageot (Morel. éd.).
SAUVÉ Théodore). 1792-1869. élève de David,
gravait au pointillé , sous la Restauration , des
modèles de dessin ou des tètes d'expression, dans
lesquelles figuraient naturellement celles de
Louis XVIII et de Charles X. — Tètes cPexpres-
(!) Nous ne lui avons consacré que quelques lignes, quoiqu'il ait beau-
coup produit ; mais, en matière d'estampes, produire n'est que le moindre
côté de la question ; produire des pièces de nature à retenir l'attention de
l'amateur, des pièces capables d'être collectionnées, voilà l'autre côté et le
plus important. Desaulx a fait une grande quantité de préparations à l'eau-
forte pour les grandes publications : Campagne d'Italie , Voyage de Cons-
tanlinople, Musée des Monuments français. Souvenirs du Golfe de Naples,
Antiquités de la Nubie ; il a gravé bon nombre de paysages d'après les
maîtres , pour le Musée. Dans tout cela, où est la pièce topique, la pièce
qui entrera dans les portefeuilles de l'amateur d'estampes ?
(2) Sous la signature Sauvage, trois types de navires du premier
Empire, gravés en 1848 : la Dorothea, V Impériale et le pirate Souvenir.
(3) Frère de Charles Sauvageot , né à Sanlenay, élève de Millet et
Viollet-le-Duc. Autre Charles Sauvageot, peintre, 1826-1883, élève d'Isabey;
il a lithographie : L'Espérance (Portefeuille du dessinateur), etc.
12 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
s/on. d'après E. Bourgeois. — En 1829, il a litho-
graphie un cahier de Têtes (T études (P après Raphaël.
SAUX (Mme de).— Voyez Henriette BROWNE.
SAVIGNY (Le Baron Frédéric de). — Roger,
par Frédéric, 1869, pointe-sèche in-12 (portrait
du baron Roger Portalis, lequel a gravé le portrait
de M. de Savigny).
SCHAAL (Louis), peintre et graveur, né en
1800, élève de Daguerre et Lethière.
Deux petites pièces pour la naissance du duc de
Bordeaux. — Études de Paysages, 1824 (d).
Lith. pour Y Artiste : Table et Vases de Ghena-
vard; Bronzes et objets d'ameublement de Denière.
Café de la Banque de France, 1838, in-4 en 1.,
gravure assez curieuse [L'Artiste).
Frontispice pour L'Art en Province.
La Cigale : Prud'hon ; Turc : Decamps ; Matelot
et Galérien: Decamps: Jeune Paysanne: Roque-
plan: fac-similé de dessins, 1850.
Projet de Régénération de V empire d1 Occident par
les Beaux- Arts, par Louis Schaal. Paris, 1859,
in-fol. avec 8 pi. gravées. (2)
(!) Le Catalogue Parguez les inscrit sous le uom d' » Auguste Schaal ,
l'iève deCharlet ».
(2) Schaal était un homme à idées (bizarres) ; voyez encore :
Les Beaux-Arts sous la République démocratique , par Louis Schaal ,
SGHANNE. 13
SCHANNE (le Schaunard de la Vie de Bohême
de Murger). — Il existe quelques pièces de lui,
notamment Les Affiches Parisiennes ( Grand-
Carteret).
SCHEFFER (Ary), peintre, 1795-1858, a litho-
graphie et gravé.
1. LeVengeur, 13 prairial an II , in-fol. (Lasteyrie).
2. Portrait de femme, in-8 (Lasteyrie).
3-4. Le Départ. — Le Retour (Villain , 1825).
5. Jeunes filles jetant des fleurs sur le corps de leur
compagne étendue au pied d'un arbre. In-8 en U
professeur de dessin, 1850. — Lettre d'un ouvrier graveur de Paris à
M. le Ministre de l'Intérieur, 1851. — Application de l'enseignement mutuel
militaire à l'élude du dessin industriel dans les classes publiques , 1853.
La Lettre d'un ouvrier graveur est effervescente ; c'est un mélange de
socialisme à la mode de 1848 et d'enfantillage. Voici ce que propose
Schaal : — faire faire un musée des copies de tableaux célèbres ; créer une
sixième classe à l'Institut pour l'Industrie; meubler les palais nationaux
magnifiquement ; les mettre à la disposition du peuple souverain sous le
titre de Cercles du Peuple ; les membres du clergé catholique exécuteront
les cérémonies d'usage pour placer ces monuments sous la protection du
Créateur, après quoi viendront d'autres cérémonies exécutées par les
membres des religions tolérées; des commissaires, hommes et dames,
seront nommés dans chaque section de la garde nationale pour faire les
honneurs des appartements des cercles du peuple : leur signe distinctif
serait le cordon royal et le diadème (!) ; il faudra organiser un service de
voitures pour aller les chercher et les reconduire à domicile .... etc.
En 185T, Louis Schaal lançait un placard gravé annonçant qu'il allait
fonder le journal Les Créations humaines, organe spécial « d'une librairie
universelle exploitée au profit de tout le monde par des actions de un franc,
au capital d'un milliard. « Il annonçait également un grand ouvrage:
Les Chemins de Dieu, voyages artistiques, littéraires, scientifiques, sur
tous les fleuves du Globe
14 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
6-13. Croquis lithographiques par Scheffer aîné,
182(3 : L'Antiquaire : La Convalescence d'une mère ;
Le vieux Pâtre ; La Déclaration ; La Jeune Malade;
Mort on ; Allons ! (départ de volontaires) ; Les Sou-
venirs du Soldat : 8 p. (Engelmann).
Second tirage à l'adresse de Gihaut; numérotage i à 8.
14. Si jeune! (L Artiste).
On trouve encore dans L'Artiste une lithographie de
Françoise de Rimini sans nom de lithographe. Elle n'est
probablement pas de la main du peintre.
15. Marguerite a l'église, eau-forte originale in-12.
{Les Artistes Contemporains.)
16. Un Ange faisant de la musique devant la Vierge
qui tient l'Enfant Jésus; Chœur d'Anges pleurant la
mort du Christ sur le Calvaire.
Ces deux eaux-fortes sont signées de M1"6 Girard, 1836.
Elles portent toutefois le monogramme AS.
17. Histoire de la Révolution Française, 100 sujets
gravés d'après Henry et Ary Scheffer et Johannot
(suite estimée) .
Constater qu'Ary Scheffer a été très souvent gravé serait
insuffisant, car, en définitive, tous les peintres célèbres du
xix" siècle ont été fréquemment traduits en estampes :
Ingres comme Paul Delaroche, Delacroix comme Horace
Vernet , Millet comme Meissonier ; si on ne tient compte
que du nombre des estampes , on trouvera même que tel
Schlesinger, tel Schopin ou tel Compte-Calix n'a pas été
gravé moins souvent que Ingres ou que Delacroix. Mais
Ary Scheffer est , avec Paul Delaroche, le peintre qui a été
le plus capitalement gravé, et celui qui a dû à la gravure
le plus de popularité. Dans les premiers temps, sous la
SCHEFFER. 15
Restauration, lorsqu'il est voué aux sujets de genre, Ary
Scheffer partage avec tous les autres peintres de genre les
honneurs d'une reproduction telle quelle par le burin , la
manière noire ou la lithographie. Mais lorsqu'il passe
ensuite aux poétiques figures de Françoise de Rimini, de
Béatrice, de Mignon, de Marguerite, lorsqu'il se voue enfin
aux sujets religieux, ce sont les premiers burins de son
temps qui le traduisent, les Henriquel, les Galamatta, les
François, les Aristide Louis, les Beaugrand, les Blanchard ;
et le succès de ces gravures est considérable auprès de
toutes les personnes qui veulent placer sous leurs yeux ,
dans leur salon, un sujet de sentiment ou de piété. Avec
Paul Delaroche , Ary Scheffer est certainement le peintre
qui a été le plus encadré.
Les Orphelins, Les Enfants égarés : A. et T. Johannot ;
La Pauvre Femme en couches : Frilley ; La Chaumière
dévastée , La Famille abandonnée , La Veuve du Soldat ,
La Famille du Marin : F. Girard. — Hé! sans espoir :
Belliard. — L'Inondation : Midy. — Les Petits Moisson-
neurs. — Premier chagrin : Girard. — L'Alsacienne : J .
David. — La Mansarde : Gouault. — Le Vieux Sergent :
Maurin. — Le Sommeil : Hipp. Garnier. — Elle retrouve
Chariot : Tassaert. — L'Heureuse Mère : J. David. — Le
Grand-Papa, La Grand-Maman : Desmadryl.
Jeune Grec défendant son père : Maurin. — Femmes
grecques implorant la Madone : Morin. — Les Femmes
Souliotes : Mme Girard. — La Mort de Géricault : Maurin
(et une réduction par Garnier).
Histoire de Ganganelli ,4p.: Jazet. — Chércbert et
Chlodsinde : Maurin. — Bataille de Tolbiac : Tavernier (et
autres pièces pour les Galeries de Versailles). — Louis-
Philippe rencontrant le 1er hussards à la barrière du
Trône : Prévost (Galeries de Versailles) .
Le Giaour : Fajans. — Le Larmoyeur : Paul Chenay, et
une petite eau-forte par Auguste Bouquet.
Françoise de Rimini : Galamatta. — Dante et Béatrice :
N. Lecomte. — Lénore : M"'e Girard. ( Sujet pris dans la
ballade de Burger intitulée Lénore). — Mignon regrettant
sa patrie, Mignon aspirant au ciel: Ar. Louis. — Mignon et
son père : Alph. François.
Marguerite sortant du temple : Desmadryl, (et aussi
Gélestin Nanteuil en forme de titre de romance lithogra-
16 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
phié : Le premier Regard de Faust, par M"18 Molinos
Laffitte). — Le Présent de Faust : Garnier. — Le Roi de
Thulë : Léon Noël. — Marguerite à la fontaine : Flameng.
— Marguerite voit Faust : Caron. — Faust et Marguerite :
Blanchard. — Marguerite à l'église : Alph. François. —
Faust , Marguerite : Eichens.
Hébé: J. François. — L'Enfant charitable : Thévenin. —
Jacob et Rachel, Ruth et Noémi : Levasseur.
Christ consolateur : Henriquel. — Christ rémunérateur:
Blanchard. — Tentation du Christ : Alph. François. — Le
Christ et S1 Jean : Rousseaux. — Le Baiser de Judas :
Chevron. — Le Christ au jardin des Oliviers: Caron,
retouché par Bertinot , et signé Durand. — Les Saintes
Femmes au tombeau : Keller. — Le Christ , Mater Dolo-
rosa , Christus Consolator, Marie-Madeleine : Eichens. —
S< Augustin et S'e Monique : Beaugrand. — S'e Cécile :
Bernardi.
Portraits : Bazard : Aug. Lemoine. — Béranger : S.W.
Reynolds (et lith. par Garnier et par Maria Caron). — Chan-
garnier : L. Noël. — Chopin : Fajans. — Ath. Coquerel :
F. Girard. — Dupont de l'Eure : Garnier. — Duc d'Elchin-
gen : Blanchard. — B. Fould : Blanchard. — La Fayette :
Leroux. — Lamennais : N. Lecomte. — Ch. Ph. de
Lasteyrie : N. H. Jacob , lith. in-8. — Liszt : L. Noël. —
Princesse Marie : Henriquel. — Dr Marjolin : Garnier. —
Le Duc d'Orléans, prince royal, lith. in-fol. signée 5. E.
— La Reine des Belges : Corr. — Rodrigues : Blanchard.
— Rossini : Thévenin. — Rossini : L. Noël. — Edm. Verny :
L. Noël. — Villemain: F. Girard. — Talleyrand: Hodyetts.
Le portrait d'Ary Scheffer a été gravé par Henriquel ,
d'après Benouville.
En même temps que les principales reproductions d'après
Ary Scheffer, citons celles d'après son frère cadet Henry :
Avant ; Après : Desmadryl. — La Déclaration ; Un an
après : Hippolyte. lith., 1824. — La Jeune Mère : Midy. —
Les Regrets maternels : Maile. — Scène d'intérieur :
Régnier. — Bataille de Cassel : Pigeot ( Galeries de Ver-
sailles). — Jésus chez Marthe et Marie : Raunheim.
Portraits : Arago : Sixdeniers. — Armand Carrel : Hipp.
Garnier. — J. Laffitte : H. C. Muller. — Orfila. — Duc
d'Orléans : Chollet , 1845. — C'« de Rambuteau : Sudre.
SGHEFFER. 17
SCHEFFER (Jean-Gabriel), peintre, né en 1797.
Lithographies humoristiques.
Petits sujets à deux par feuille (Delpech).
Eh bien! adieu; A qui êtes-vous, Monsieur?; Tu
t'ennuies avec moi; etc. : pièces signées J. S., 1824. —
Monologue du Cachemire, dansZa Silhouette.
Grisettiana, 12p. signées/. G. S. (Osterwald).
Suite de 12 p. : Simplicité , Constance , Indécision ,
Satisfaction, Timidité, Tristesse, Gaîté, Candeur, Coquet-
terie, Pruderie, Soins maternels.
Le Diable boiteux à Paris (Osterwald et Piéri-Bénard .
1830). Tableaux de Paris.
Ce qu'on dit et ce qu'on pense, petites scènes du monde,
par Scheffer Gabriel , titre et 60 lith. color. (Gihaut).
Le dessin de Scheffer n'a pas le piquant de celui de l'autre
peintre des Grisettes : Henry Monnier. Il est à remarquer
d'ailleurs qu'il ne lithographie pas à la plume, mais au
crayon , et que le coloriage sur le crayon donne un résultat
peu satisfaisant et mou, même avec Monnier. Scheffer est
intermédiaire entre les dessinateurs des mœurs du monde
élégant , comme Lamy, et les dessinateurs qui font rire le
populaire, comme Pigal : c'est le dessinateur petit bour-
geois de 1830, comme Bouchot dans « Les Déclarations »,
comme Bourdet dans ses « Bigarrures de l'esprit humain »,
dans sa « Vie de Grisette », dans son « Béotisme pari-
sien » , comme Philipon dans ses « Souvenirs d'amou-
rettes ». Le tout réuni donne une note particulière.
Souvenirs de Nice et des environs, dessinés d'après
nature par G. Scheffer, lith. par divers (Chaillou-Potrelle).
Plus tard , Régnier et les Bettanier ont lithographie une
suite d'après Scheffer : la Déclinaison du verbe Aimer.
SCHENNIS, peintre. — Un Parc, eau-forte in-4,
1879.
SCHLESINGER (Henri-Guillaume), peintre.—
Les Séductions de la vie, peint et lithographie par
Schlesinger, 1840 {Galerie Pittoresque).
18 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
SCHLŒSSER (Carl), peintre, né à Darmstadt.
— Avant, Après, eaux-fortes, 1869 (Cadart). —
Une Bouteille de Champagne.
SCHMIDT (Jean-Philippe), dessinateur, né à
Paris en 1790, a exposé de 1824 à 1832 des litho-
graphies: Le Monastère, une Baigneuse, d'après
Bouton ; — planches pour Un Mois à Venise par le
Comte de Forbin et Dejuinne. — Reproductions
de décors pour Théâtres de Paris \ — planches
pour Histoire et Description du Palais de Justice
et de la Sainte-Chapelle par Sauvan et Schniidt ;
— Principes d'Ornements à V usage des artistes et
des ouvriers. — Les Baigneuses (L'Artiste).
La Muse romantique, par Schmidt, dessinateur
lithographe du Roi (Engelmann), très grande pièce
au sujet caractéristique : la muse du romantisme
se tient la nuit, sur une tombe, dans les ruines
d'une abbaye gothique éclairée par le flambeau
que tient le spectre de quelque «nonne réveillée»;
autour d'elle, aux rayons de la lune, des ombres
fantastiques mènent une ronde infernale.
Planches pour l'ouvrage du baron Taylor.
SCHNEIDER (Amable) (*), graveur au burin et
peintre , élève de Drolling. — Confiteor ; Credo :
(!) Sous la signature Schnaider : un portrait in-8 de Louis-Napoléon ,
vers 1850 ; Saint François d'Assise, d'après Sigoli ; etc.
SCHNEIDER. 19
Chazel, 2 p. in-8. — Couronnement de la Vierge,
peinture de Flandrin à Nîmes, iii-4 en L, 1861.
SCHNETZ ( Jean-Victor ) , peintre , 1787-1870.
— Le Samaritain secourant le blessé de Jéricho,
Jith. in-8, signée seulement: Peint par Schnetz
( Villain, vers 1820). — Dragon blessé élevant un
trophée pris sur les turcs.
SCHNORR (Louis), de Leipzig, peintre, 1789-
1853. — Le Fils de Napoléon mort à Vienne le
22 Juillet 1832, lith. d'après nature, in-fol.
SCHOMMER (François), peintre. — Patrouille
bavaroise; — Madeleine repentie, 1878, eaux-
fortes, (Gadart).
SCHRŒDER (Frédéric) ('), originaire de Hesse-
Gassel , mort à Paris en 1839 ; buriniste, graveur
de paysage , non sans quelque habileté, comme on
en pourra juger par Le Soleil couchant, Le Coup
de tonnerre, et un Port de mer de J. Vernet (pour
le Musée), etc. Il a gravé beaucoup de planches
pour la Description de V Egypte , etc. — Vignettes
d'après Moreau pour La Fontaine, 1822.
(!) Sous la signature /. Schrœder, nombreuses petites vues pour être
placées dans des livres ; planches des Galeries de Versailles.
20 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
SCHUBERT , lithographe contemporain. —
M. &)*évy\ Le Général Pittié , 2 p. in -fol. —
Reproductions d'après Hamman et autres.
SCHULER (Auguste) ('), graveur au burin et
lithographe, né à Strasbourg en 1804, mort en
1859; élève de son père (2), de H. G. Muller et
Bein. — Le Sommeil d'un ange et Cupidon endormi,
du Corrège, 1850. — La Vierge : Sassoferrato, etc.
— Portraits : Renouard de Bussière ; Bernard
Lormtz, fondateur de l'école forestière de Nancy,
in-4; Teresa MUanollo, in-4, 1851, etc.
Danseuses italiennes : Léopold Robert, lith.
in-fol. dédiée à la Société des Amis des Arts de
Strasbourg, 1836. — Ecce Homo: Solario. — Etc.
SCHULTZ, lithographe. — Bertin d'après Ingres:
Philarète Chasles. etc. — Le féroce Chasseur.
ballade de Burger, in-fol. en 1. (imp. Lemercier).
SCHULTZE, de Dresde, 1749-1819, élève de
Wille. Ce buriniste appartient principalement au
xvme siècle ; mais sous l'Empire, il gravait encore
VEsculape et autres antiques pour le Musée.
(!) J.-Théophile Schuler, son cousin, peintre et illustrateur, 1821-1878.
a lithographie : Construction de la cathédrale de Strasbourg, etc.
(2) Charles Schuler. Il a gravé L'Innocence outragée : Van Brée ,
Strasbourg, 1815, etc.
SCHULZ. 21
SCHULZ ( Louis). — Le Départ du Soldai, Le
Retour du Soldat: Bellangé; lith.
SCRIVEN, graveur anglais travaillant à Paris
vers 1830. — Portraits pour la librairie.
SEARS , graveur sur bois, anglais ; a travaillé
pour les livres illustrés français, à partir de 1835.
Il a massacré en conscience quelques-uns des
derniers dessins de Raffet pour le Napoléon de
Norvins (4).
SEBRON (Hippolyte) 1801-1879, peintre, élève
de Daguerre, a lithographie : Décor du 4e acte de
Gustave ///(pour la Revue des Peintres.) — Église
des Dominicains à Anvers (pour L Artiste). Etc.
SEGÉ (Alexandre), peintre, né à Paris, a gravé
à l'eau-forte nombre de paysages, à partir de 1848.
Il a exposé : Ostia, 1855. — Sept Paysages, 1857.
— Une Ferme. — Un Moulin breton. — Suite de
Croquis , 1861 . — L'Automne, 1863. — Dans les
Abruzzes , 1864 (Cadart). — Dans le Pas-de-
(1) D'une façon générale la fin de cet admirable livre à figures ne
répond pas au commencement, il y a eu visiblement de la presse, il fallait
paraître à jours fixes.
Quel malheur que Raffet n'ait pas eu à l'égard de ses graveurs la poigne
que Menzel a montrée vis-à-vis des siens pour Y Histoire du grand Frédéric,
quand il les força à être aussi nerveux que des graveurs à l'eau-forte. Dans
le livre de Norvins, presque tous les grands bois hors texte sont mous et
lâchés d'exécution.
22 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
Calais , 1864. — Moulin du Pas-de-Calais , /fà;es
de la Canche, 1865. — Dunes de Mirlimont, 1866.
SEGUIN (Gérard), né en 1805, dessinateur, a
illustré Jean-Paul C hop paru, 1833, Monsieur le
Venu eu Madame la Pluie, de P. de Musset, 1846.
Le Royaume des Roses, d'Arsène Houssaye, V His-
toire dhm Pion, d'Alph. Karr, le Musée Poétique,
d'Anaïs Marcelli, 1866, etc.
SEIGNEURGENS (Ernest), peintre et illustra-
teur, a donné au Charivari des Scènes de la vie de
province, 1844, Les Canichomanes, des Actualités.
— Illustrations pour Les Mystères de Paris, Y His-
toire pittoresque de la Franc-Maçonnerie et des
Sociétés secrètes, de Clavel (Pagnerre, 1843).
SELLIER père (François-Noël), graveur d'ar-
chitecture, a exposé de 1776 à 1824. Il a gravé
pour le Musée, les Monuments de la Nubie, Y His-
toire de la Cathédrale de Cologne, les Ruines de
Pompeï, et pour la Description de V Egypte.
Dans ce dernier ouvrage on trouve aussi des
planches de Sellier fils. (*)
SELLIER (Henry), graveur d'archéologie et
d'architecture, 1848 et suiv. — Plafond de V Hôtel
de Ville : Delacroix, etc.
(') Sous la signature Lierles, anagramme de Sellier, portrait in-4 de
La Duchesse de Berry avec le Duc de Bordeaux , lithographie.
SENEFELDER. 23
SENEFELDER (Aloys), né à Prague en 1771,
mort à Munich en 1834.
Sur l'inventeur de la Lithographie, les notices
abondent (la plus intéressante est encore celle de
la biographie de Michaud1, et toujours le morceau
à effet de ces notices est la légende de la note de
blanchisseuse, écrite par hasard sur une pierre
calcaire de Solenhofen avec un vernis gras de
gravure, et soumise à la morsure d'un acide : et
l'on ne manque pas d'ajouter : « la lithographie
était trouvée ! »
S'il y a intérêt à revenir encore une fois sur
cette légende rebattue, c'est pour diminuer consi-
dérablement son importance. La lithographie n'a
point été trouvée en cinq minutes et d'un seul
coup, et Senefelder, loin d'être l'inventeur de
hasard, est au contraire le type du chercheur
patient, infatigable, qui se propose un but et qui
le poursuit pendant des années, jusqu'au succès,
par une série de recherches méthodiques.
Senefelder était un auteur dramatique qui, vers
1791, avait fait jouer ses pièces sur le théâtre de
Munich. Ne trouvant pas d'éditeur pour les impri-
mer, il eut une idée bien arrêtée : trouver un
procédé économique d'impression qui remplaçât
la typographie. Il s'enfonça dès lors dans ses
recherches, essayant tout d'abord d'écrire sur des
planches de cuivre avec une encre grasse et savon-
neuse , et de faire mordre , ce qui donnait une
24 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
écriture en relief. Mais ce genre d'impression
était fort pâteux, et déplus, dispendieux.
C'est ici que le hasard le lit dévier dans ses
expériences et le mit sur une voie nouvelle : la
fameuse note de blanchisseuse le conduisit à faire
mordre la pierre par l'acide. Mais ceci n'est pas de
la lithographie, c'est de la gravure en relief sur
pierre f1) .
Mais Senefelder continua ses recherches avec la
pierre, et c'est ainsi qu'après une longue série
d'expériences, il en vint à dévier une seconde fois,
abandonnant la gravure en relief, renonçant à
entamer la pierre par morsure, pour obtenir seu-
lement un procédé d'impression de l'écriture ou du
dessin au moyen d'une modification chimique de la
surface de cette pierre. Modilication d'ailleurs
complexe, qui comporte d'un côté des réactions
entre les acides gras et le calcaire, de l'autre, des
réactions entre ce calcaire et l'eau acidulée gom-
mée, et naissance de composés, là attractifs, ici
non attractifs de l'encre grasse.
Ce qui prouve encore que Senefelder n'était
pas l'homme du hasard, c'est qu'il poussa son
invention à fond, et arriva à créer méthodique-
ment et complètement le manuel opératoire de la
(!) Procédé médiocre , qui depuis a été employé par Jean-Louis Duplat
à la reproduction de dessins de Moreau le Jeune pour les Fables de La
Fontaine; ces gravures en relief, exécutées pour Renouard et très louées
dans leur temps, sont tout simplement abominables. — Charles Girardet ,
en 1834, a refait de la gravure en relief sur pierre.
SENEFELDER. 25
lithographie, y compris le lavis, l'impression à
deux teintes, le report sur pierre des gravures au
burin, à l'eau-forte ou sur bois, et la chromo-
lithographie.
Par exemple . ce qu'il ne pouvait pas prévoir,
c'est que son procédé ft impression chimique, comme
il l'appela d'abord, deviendrait un procédé de
dessin d'art et recevrait tout son développement et
sa célébrité de la main des peintres français.
Senefelder ne pensait d'abord qu'à remplacer
l'imprimerie, et il conclut son premier traité avec
un éditeur d'Offenbach-sur-le-Mein pour l'impres-
sion de la musique. C'est à Offenbach qu'il connut
deux Français, qui depuis essayèrent vainement
de propager la lithographie en France : Ant. André
en 1800, François Johannot en 1806.
Senefelder fut ensuite directeur de la lithogra-
phie royale de Munich. Nous avons parlé des
essais sur pierre que firent dans cette imprimerie
le général Lejeune en 1805 et le baron Denon en
1809. En 1812 et 1814, Lasteyrie et Engelmanny
étudièrent le procédé qu'ils acclimatèrent définiti-
vement en France en 1815. L'année 1816 est une
grande année pour la lithographie ; c'est sa date de
naissance au point de vue de l'art, nos peintres
l'adoptent : bientôt le procédé prend en France un
immense développement. Depuis il a ajouté au
fonds général de l'Estampe quelque chose comme
vingt mille pièces dignes d'attention !
26 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
Senefelder, qui était d'une nature assez agitée,
vint à Paris en 1820 pour y établir une imprimerie
Lithographique : mais il y trouva des imprimeurs
lithographes au moins aussi habiles que lui, et au
bout de peu de temps retourna en Allemagne.
(Son imprimerie fut reprise par Adrien, 7, rue
Richer). — Il a publié :
L'Art de la Lithographie (traduction française),
1819, in-4.
Recueil papgrographique, in-4. — Portefeuille
lithographique, Paris, 1823. Recueil de pièces
exécutées par un nouveau procédé imaginé par
Senefelder et qui consistait à remplacer la lourde
et encombrante pierre , par une composition pier-
reuse appliquée sur métal ou sur carton. Il cher-
chait à lancer son « papier lithographique » et
dans un prospectus daté de Paris, 1er mai 1820, le
recommandait comme moyen de multiplication
facile aux négociants, aux administrations, aux
ministres, aux états-majors, aux peintres et aux
professeurs de musique. Il ouvrait chez Treuttelet
Wurtz une souscription, à 300 francs ; les sous-
cripteurs devaient recevoir une presse, six cartons
lithographiques, cinquante feuilles de papier à
transporter, des crayons, etc.
L'Aquatinta lithographique, 1824.
SEQUEIRA (LeChevaJierDoMiNGos-ANTONioDE),
peintre portugais, 1768-1838. — Une belle et
SEQUEIRA. 27
curieuse lithographie in -fol. représentant un
monsieur et une dame accompagnés de toute une
ménagerie , un perroquet , un corbeau , un chien
et deux agneaux : D. A. de Sequeira f. c. à
Paris 1824 (Lasteyrie).
SERGENT (Antoine-François). — C'est le gra-
veur en couleurs du xvnie siècle, le conven-
tionnel Sergent-FAgate , le beau-frère du général
Marceau. Nous ne revenons ici sur lui que pour
citer un portrait à'Élisa Garnerin, ascension avec
parachute Je 1er Avril 1824 à Milan, Sergent-
Marceau del. etsculp. ad vivum; in-8, au lavis. (*)
SERVIN (Amédée-Élie), peintre, 1829-1886.—
Pâturage'. Brascassat, in-8 en 1. — Le Chemin des
Prés à ViUiers, d'après son tableau de 1867, in-8
en 1. — Puits de Charcutier, d'après son tableau
de 1869, bonne eau-forte [Gazette des Beaux-Arts).
Inauguration de la Statue du duc de La Roche-
foucauhl-Liancourt, le 6 octobre 1861, lithographie
signée : Dess. par Serein, peintre, in-fol. en 1.
Intérieur de ferme, Intérieur de forge, 2 lith.
in-4 en 1. — Le Défilé, d'après Thuret [L'Artiste).
(!) Nous avons vu cette petite pièce rare , exécutée par Sergent à l'âge
de soixante-treize ans, dans la collection aéronautique des frères Tissandier.
Le portrait de Mme Sergent , sœur de Marceau , a été lithographie à
Nice par Méren , d'après un portrait dessiné par son « époux » en 1808.
Sur Sergent et sa femme, voyez Les Graveurs du XVIIIe siècle.
28 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
SETTE (Jules), peintre et lithographe, 1836 et
suiv. — Lithographies : Bouquets cariés, Groupes
de Fleurs , Elude* de Fruits, Etudes de Gibier.
SEVRETTE ^ Jules' , peintre et graveur à l'eau-
forte. — Le Pêcheur à la ligne, d'après Gilbert,
in-S: La Passerelle, d'après Damiron, 1889; etc.
S H ARLES. — Série de lithographies sur les évé-
nements de 1848 et suiv. ; Berlin denl8maers
1848, Robert Blu m in Wien. Mort du général Rem,
1851 . imprimées à Paris chez Lemercier).
SICARD. — Le Sommeil, Le Réoeil, Les Ré-
flexions, Les Confidences , L'Attente , La Nacelle,
6 p. in-4, lith. par B. Sicard, vers 1830.
SIEURAC (François -Joseph- Juste) , miniatu-
riste, né en 1781. Portraits lithographies :
Louis XVIII, in-fol. et in-8; De Chalandray ,
Davet. — La Surprise, in-8 (Villain) linement
crayonnée.
SILBERMANN (Henri-Rodolphe-Gustave' , né
en 1801 , imprimeur à Strasbourg , peut être con-
sidéré comme le créateur en France delà chromo-
typographie , ou impression des couleurs par des
gravures en relief. 11 a publié ainsi dès 1851-55 les
Vitraux delà Cathédrale de Strasbourg, et en 1855
L'ancienne Bannière de Strasbourg.
SILBERMANN. 29
Sur le moment l'impression typographique en
couleur ne détrôna pas la chromolithographie;
mais aujourd'hui la chromotypographie , avec la
facilité qu'elle trouve dans les procédés photogra-
phiques pour la fabrication des clichés, répond au
contraire admirablement aux nécessités de tirage
rapide et à nombre immense d'exemplaires. Elle
facilite la publication de journaux illustrés en
couleur, de numéros de Noël , etc. Elle pénètre
aussi dans le livre de luxe, comme le Conte (h
V Archer (Imp. Lahure), ou le très remarquable
volume des Quatre fils Aymon récemment illustré
par Grasset (Launette, éd.).
Le développement delà chromotypographie, de
l'impression typographique en couleur . est un
fait marquant dans l'histoire de l'Estampe; les
conséquences en seront probablement considé-
rables , et toute une série de créations nouvelles
peut en découler. Le bibliophile, particulièrement,
doit suivre avec intérêt la production du livre
illustré en couleur par ce nouveau moyen.
SIMON l1), de Strasbourg, s'est beaucoup
occupé des procédés de lavis lithographique imi-
tant l'aquarelle. Il a publié, dans ce genre, en
(*) Au commencement du siècle. Simon, l'associé de Coinv dans la gra-
vure des Fables de La Fontaine, a fait un Triomphe de Napoléon iu-4. —
Un portrait de Napoléon au pointillé, d'après C.Vernet, est signe Simon,
et aussi un Grdlry âgé , d'après Isabey
30 LES GRAVEURS DU XIX» SIECLE.
1850-1851. deux grandes pièces , Le Glacier de
VOber-Aar et Le Glacier du Rhône.
SIMONET (Jean-Baptiste), né en 1742. L'un
des meilleurs et des plus fermes graveurs de
l'école française du xviir6 siècle. Au xixe ce
vaillant artiste est encore le graveur le plus souvent
employé par Renouard à la reproduction des
illustrations de Moreau ; il exécute , — et remar-
quablement , — plus de cent planches pour les
suites de Voltaire, Molière, Télémaque, Racine,
Gresset, Werther, Boileau , Crébillon , Corneille,
La Fontaine, les Lettres à Emilie, les Études
de la Nature, les Passe-Temps de Despréaux,
le Musée Français , Le Mérite des Femmes , Tom
Jones.
SIMONET (Adrien), fils du précédent, grave
sous la Restauration la vignette et le portrait de
livre. Il est surtout préparateur à l'eau-forte :
il pose la première et même la seconde , de sorte
qu'il ne reste plus au buriniste qu'à venir placer
des points de figure sur les chairs et à signer.
Comme gravure préparée par Simonet on peut citer
le Charles-Quint et François Ier à Saint-Denis ,
d'après Gros : les trois premiers états sont signés
de lui , tout est en place lorsqu'arrive Forster,
pour terminer et prendre la planche à son nom.
— Tout comme jadis Simonet père avait « terminé »
SIMONET. 31
le Couché de la Mariée et le Modèle Honnête ,
sur les admirables eaux-fortes de Moreau.
SI NET (André). — D'après le pastel de ce
peintre , une affiche lithographiée , quadruple
colombier, représentant en pied et de grandeur
nature la chanteuse Yvette Guilberl, 1891.
SINGRY (Jean-Baptiste), 1782-1824, peintre en
miniature et délicat lithographe, élève d'isabey.
Quatre profils sur la même feuille, dont celui de
Singry. — La Fayette. — P. Baillât , Chauvelin,
Pelletier de Chambure , Général Drouot, Général
Thiard, Ysidore Agasse, portraits in-8. — Talma,
Michot, Michelot, Melle Mante, A.J.B. Joli/, in-8,
et un très fin portrait également in-8 de Mme Crétu.
Hôtel Thèlusson, 1823.
SIROUY (Achille), né à Beauvais en 1834,
très habile lithographe, élève deLassalle. — Dans
son œuvre, considérable par le nombre et l'impor-
tance des pièces, il faut citer :
Rêverie'. Longuet, 1853. — Intérieur de cui-
sine : Ph. Rousseau. — Après le bal masqué :
Wattier. — Profil de femme, Vieille femme lisant,
Enfant tenant une rose, 3 p. in-12 : Mme Herbelin.
— Suite de Sujets religieux : Giappori. — L'An-
nonciation : Jalabert. — Soins délicats , Recherche
ingénue : Lucien. — La Fête de ma mère : Marchai.
32 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
— Tu es fâchée : Baldi. — Soldai du Christ :
Lorentz. — Patrie absente : Pabst. — Le Marchand
à la campagne : Castan.
Ce n'est pas moi : Hanion, 1857. — Le Gué :
Trovon. — Lecture de la Bible, Première Rêverie :
Roqueplan. — Misère : Tassaert. — Le Loup et
V Agneau : Mulready, 1859. — Le Duel après le
bal masqué : Gérônie. — La Fille du marinier :
Isabey. — Halte de Bohémiens : Knaus, 1861. —
Aihalie : Sigalon. — Les Moines quêteurs ■ Vibert.
— Le petit Charmeur : De Coninck. — Les petits
Oiseleurs , Le Déjeuner au village : Ed. Frère. —
Benedicile : Goodall. — Perdues! : Linder. — Le
Pâturage : Van Marcke.
Jésus descendu de la croix : Ribera. — Vierge au
chapelet : Murillo. — Femme au perroquet : Jor-
daens. — Madone : Corrège. — Adoration des
Mages : Rubens. (Collection Eug. Pelouze.)
D'après Rosa Bonheur : Sous les pommiers ,
1857. — Le Marécage. — Chevreuil, Troupeau
de moutons , 2 petites pièces , 1860. — Études de
chevaux, 12p., 1860.
Sujets de chasse, 12 p. d'après Gabé. — Chiens,
12 p. : Earl. — Le Château de Boursauli, album.
Album de la Galerie historique du Cercle reli-
gieux de Marseille , seize sujets historiques, in-fol.
cintré, d'après les peintures de Magaud, 1863-66.
Cérémonies du couronnement du tzar Alexandre II,
3 grandes pièces.
SIROUY. 33
Encore deux minutes ! (le général de Mac-
Mahon dans la tranchée , avant l'assaut de Mala-
koff) , d'après Aillaud , grand in-fol. en 1. (Il y a
une planche explicative pour le détail des figures.)
— Bivouac en Kabylie (le maréchal de Mac-Mahon
et son état -major: Lebrun, Borel, d'Abzac,
d'Espeuilles, etc.) : Aillaud , grand in-fol. en 1.
Portraits : Ils passèrent sur la terre en faisant
du bien (la Famille impériale, 1857); L'Impéra-
trice et le Prince Impérial : Brochart. — L'Impé-
ratrice : Winterhalter. — V Impératrice : Viénot,
in-fol. — La Princesse Mathilde : Giraud. —
Alexandre III. — Général Le Flô. — Garibaldi.
— Le P. Ratisbonne. — Mal de Santa-Cruz. —
De Larcy, Pinard, Dr Grisolle, Ctme de Chatenay,
Ctesse de Ckoiseul, Jahan père et fils , Oudot père et
fils, Amédèe Jullien. — Mgr. Thomas , évèque de
La Rochelle, d'après Bouguereau. — M. et M'"e
Gihaut, d'après Raffet. — Mmes Reboux , Karoly,
Carlotta Patti.
Rosa Bonheur, d'après Dubufe. — Eugène
Delacroix. — Charlet. — Prud'hon.
Mouilleron, d'après le comte Mniszech, in-fol.
Sirouy a lithographie d'après ses propres
tableaux : Le Sphynx, 1883. — Portrait d'une
petite fille , 1884. — Mme G***. — Sur le qui-vive,
1889. — Deux Têtes, 1889.
Nous avons réservé pour la fin les pièces d'après
Meissonier , Prud'hon , Decamps et Delacroix ,
34 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
qui donnent à l'œuvre de Sirouy une importance
toute particulière et le placent parmi les pins
habiles artistes de la lithographie de traduction.
Les Lansquenets : Meissonier, 1857, in-8.
Vénus et Adonis : Prud'hon , 1869, in-12.
MMe Mayer : Prud'hon , 1870, in-12.
Mme Anthony et ses enfants : Prud'hon , 1884 ,
in-8. (Les premières épreuves ont pour remarque
le portrait de Sirouy).
Jésus aie prétoire : Decamps, 1855.
Sortie de V école turque : Decamps.
Jeune Grecque arrosant des fleurs : Decamps
(fac-similé).
Chasse au loup : Decamps (fac-similé).
Entrée des Croisés à Consianlinople : Delacroix ,
esquisse de la collection Moreau , 1859 , grand
in-fol.
Sardanapale : Delacroix , 1861 , gd. in-fol.
Apollon vainqueur du serpent Python : Dela-
croix , 1879, gd. in-fol.
Jésus endormi dans la barque : Delacroix,
1881, gd. in-fol.
Boissy d'Anglas : Delacroix, 1884, gd. in-fol.
Les deux Foscari: Delacroix, 1886. gd. in-fol.
Portrait de vieille religieuse ; — Marocains de
Tanger; — Femmes d'Alger : Delacroix.
Sirouy est chevalier de la Légion d'honneur
depuis 1869.
SISGO. 35
SISCO (Louis-Hercule), graveur au burin delà
Restauration , né à Paris , mort en 1881. — Por-
trait de son maître Ingouf, in-S. — Clytemnestre:
Guérin; L'Avare puni: Menjaud [Galerie du
Luxembourg).— Images de piété : Albrier, Devéria.
— Vignettes : Devéria , Desenne , etc. — En-tète
pour une compagnie d'assurances de Bordeaux :
Devéria. — M** Georges: Devéria, in -8. —
Portrait de femme âgée, coiffée d'un grand
chapeau à plumes : Dm. etgr. par Sisco. — Scène
de la St-Barthélemy , de P. Delaroche, réduite en
vignette, in-8. — François Ier et Charles-Quint à
St-Denis, de Gros, idem. — Martyre de Ste Agathe.
— Jésus-Christ flagellé : Garbillet, in-8, 1852.
SISLEY (Alfred), peintre contemporain. —
Quelques eaux-fortes : LeLoingàMoret, 1890, etc.
SITTEL (Constant). — Portrait de Van Dyck ,
manière noire, 1849. — Le Commandant Lelièvre
défenseur de Mazagran, d'après Martinet. —
Frisette : Brocbart. — Cecily : Winterhalter.
SIXDENIERS (Alexandre- Vincent), né à Paris
en 1795 , d'abord graveur au burin , puis habile
graveur à l'aquatinte. Il se noya accidentellement
dans la Seine en 1846. C'est un de ces graveurs
qui , malgré un talent ordinaire , demeurent inté-
36 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
ressants parce qu'ils ont été pour ainsi dire très
mêlés à la peinture de leur temps.
Burins : Sécurité de la France : naissance du
Roi de Rome , in-8 , chez l'auteur. — Euterpe ,
statue antique , pour le Musée. — Académie de
Concours, 1816 (Sixdeniers eut le second prix).
— Honneurs rendus à Raphaël après sa mort : Ber-
geret ; gd. in-fol. en 1. 1822. — Propertia de Rossi
terminant son dernier ouvrage: Ducis; in-fol.,
1826. — Suite de Saints : Boyenval, 1828, in-8.
— Endymion : Girodet [Galerie du Luxembourg),
in-4, 1831 . — Bidon : Guérin, in-4 en 1. — Zéphyre :
Prudhon , in-8. — Diverses vignettes : La Dot de
Suzette, deFiévée, (Lequien,2 vign. Desenne), etc.
La Chaumière indienne. — Iconographie instructive.
— Titre: Architecture de C.-N. Ledoux , 1846.
— Deux aciers pour Souvenirs d'un Aveugle, de
J. Arago, 1843.
Dans les gravures à l'aquatinte nous trouvons
d'abord un lot de ces sujets de femmes nues au
bain ou au lit , si en vogue vers 1830 : Tu ne
V auras pas ; Tiens, voilà ; Oh ! le petit canard ; Va
retrouver ta mère ; L'Entrée au bain : La Sortie
du bain ; E Hésitation ; La Conversation ; La Sur-
prise', E Effroi: Viens donc, Je ne veux pas :
Rioult ; — Garde à vous ; Ne regardez pas : Devé-
ria, 2 p. in-8 en 1. — Le Sommeil, Le Réveil,
E Attente, Le Roman : Melle Aimée Pages, 4 p. in-
fol. ; les mêmes in-8 avec Réflexion et Satisfaction.
SIXDENIERS. 37
Le Départ, Le Retour-. Aimée Pages. — Elle
V entraîne : Aimée Pages ; Elle s'enfuit : Rioult.
Ali-Pacha et Vasiliki, Don Juan et Aydée, Don
Juan surpris par Lambro, Lara, (2 p.), Mazepjm
(2p.), Jeune Grecque: Al. Colin.
Donnez à manger à ceux qui ont faim : Duval
Le Camus. — La Fille bien gardée : Destouches.
— Je te salue, grand homme : Charlet , im4 (le
Napoléon y a ensuite été remplacé par une sta-
tuette de la Liberté). — La Visite au Cimetière :
Riquer. — V Invasion : Franquelin. — Edouard,
en Ecosse: P. Delaroche, in-fol.; et le même sujet
in-4. — Navarin : Langlois. — Derniers moments
de Frédéric-Guillaume III : Schoppe.
Louis XVI, statue allégorique de Bosio, in-fol.,
1835. — Charles Ier et ses enfants : Colin , 1836.
— Le Contrat rompu, Destouches, 1837. — La
Charité : Decaisne. — Pêcheurs attaqués par des
ours : Biard, 1840. — Charlotte C 'or day : H. Sohef-
fer. — F Hospitalité : Latil. — Le Virtuose cham-
pêtre : Bouterwich. — Napoléon avec le Roi de
Rome : Steuben. — Les Funérailles de Marceau :
Bouchot, 1843. — F Arabe en prière , La Poste
au désert, Mazeppa : H. Vernet. — Les Crêpes,
Colin-Maillard : Giraud , 1844. — F Accordée de
village , La Dame bienfaisante : Greuze.
Tête de Christ, Le Sauveur: Colin. — La
Vierge. — Sainte Cécile : Delaroche. — Jésus :
T. Johannot. — Éducation de la Vierge : Mmc
38 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
Dehérain, 1846. — Vierge au donataire : Raphaël;
Christ en croix : Rubens; Jésus pasteur : Murillo.
Portraits : Napoléon, Eugène Beauharnais, in-4;
De Lanneau , in-4 ; Du Pavillon , in-4 ; Toullier,
in-4 ; Le docteur Belliol , in-12.
Arago : H. Scheffer, 1838, in-fol. Le premier
état au pointillé avant l'aquatinte est bien.
Melle Rachel : Charpentier, in-fol. , 1841. Une
des meilleures planches de Sixdeniers.
Le Frère Philippe : H. Vernet , in-fol., 1845.
SKELTON, graveur anglais. 1760-1848.
Le Château d'Eu illustré, depuis son origine en
912 jusqu'au voyage de S. M. Victoria reine
d'Angleterre, par Joseph Skelton, texte par Vatout;
1844, gd. in-fol. Planches et portraits par Eugène
Lami , Winterhalter , Karl Girardet , Percival ,
Skelton, gravés par Skelton, Hopwood , Beyer,
Hurlimann, Riffaut, etc.
Un grand nombre de planches pour les Galeries
de Versailles.
SMEETON. — Dans son Histoire anecdotique des
cafés et cabarets de Paris, Alfred Delvau, à l'article
de la brasserie Andler, située rue Hautefeuille,
faisait le dénombrement des artistes qui, vers
1860, en étaient les habitués: Guignet, Français,
Staal, Anastasi, Baron, Traviès, Bodmer, Mouille-
ron « le roi de la lithographie », Gélestin Nanteuil
SMEETON. 39
« son vice-roi » ; Best, Leloir, Brugnot, Trichon,
Pisan, « les princes de la gravure sur bois »,
Régnier, le graveur français, Smithon, le graveur
anglais, etc.
Smithon , c'est Smeeton, qui s'était établi à
Paris vers 1840. Il a gravé nombre de bois pour
le Magasin Pittoresque, pour L'Art, etc.
Il a eu entre autres élèves , Auguste Lepère.
Smeeton disait, avec son accent anglais, qu'il
avait inventé une manière de graver avec la
pied. Il faisait ainsi un travail de gravure tout
piqueté comme par une pointe d'aiguille. D'où
l'on suppose que son système de graver avec le
pied consistait dans une adaptation à la gravure
de la machine à coudre.
SMITH (Orrin) (*). — L'un des Anglais par les-
quels Curnier fit graver lesboisdeP&^/e^ Virginie
et de La Grèce. Les autres sont Th. Williams,
miss Williams, Hart, Slader, Gray, Folkard, etc.
SOINARD (François-Louis). — Vénus de Mé-
dias', le Christ du Guide ; Figure tirée du dernier
tableau de Prud'hon, pointillés, vers J824. —
Soinard a fait ensuite de la peinture de paysage
SOLIER. — Sous cette signature, portrait en
(d) Thomas Smith. PI. pour ia Description de l'Egypte, etc.
40 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
pied de Lord Cochrane, d'après un dessin apparte-
nant à sa veuve , lithographie in-fol. (Renou).
SOLIMAN-LIEUTAUD. Né vers 1810, mort en
1880. — Il serait excessif de lui donner la qua-
lification de graveur, car ce qu'il a gravé ou rien
est la même chose, et encore ce rien passe-t-il pour
n'être pas de lui, mais de sous-graveurs plus que
médiocres (!). Soliman fut donc plutôt collec-
tionneur de portraits gravés : il en avait réuni
des quantités innombrables , et marquait chaque
épreuve, au dos, de ses initiales S. L., marque
bien connue des amateurs. Il se servait de ces
documents pour rédiger des iconographies : Les
Apocryphes de la gravure de portrait] Liste des
portraits omis dans le Père Lélong ;' Liste des por-
traits de personnages nés dans le duché de Lorraine,
1852 ; En Champagne, 1856, etc., etc. La plupart
des manuscrits de ces iconographies sont aujour-
d'hui au musée Carnavalet.
Rien d'horriblement pittoresque comme le
désordre repoussant du taudis où vivait et mourut-
Soliman. C'était un fouillis indicible, sordide, de
dossiers , de papiers , et de hardes ; il faudrait la
plume de Balzac pour le décrire.
Le portrait de Soliman a été gravé par Ad. Varin.
(') Quelques portraits in-12 pour des classiques, Molière ,. Boileau ,
Racine , Chapelain , Voltaire , puis Lanlara , Czartoryski , Kosziusko ,
Philippe-Égalité, La Femme de Van Dyck, Le petit Savoyard, La petite
Savoyarde.
SOLMS. 41
SOLMS (Mme Marie de) (2) a dessiné quelques
portraits -charges qui ont paru lithographies en
1860 dans la Revue artistique aV Aix-les-Bains.
Une vignette sur acier gravée par Darodes ,
Promenade à Hautecombe sur le lac du Bourget,
représente Mme de Solins et Ponsard.
SOLON. — Suite de Compositions Ornemanes-
ques pour servir aux Arts Industriels, dessinées et
gravées (à reau-forte)^rZ.-if. Solon, 1856. (Imp.
Bès et Dubreuil ; second tirage, imp. Pierron). —
Inventions décoratives , choix de compositions et de
motifs d'ornementations , par L. Solon, sculpteur
attaché à la manufacture de Sèvres. (Morel, 1865).
— > La Chute (pour Sonnets et Eaux- Fortes).
Solon est aujourd'hui fixé en Angleterre.
SOMM (François -Clément SOMMIER, dit
Henry), né à Rouen en 1844, vignettiste et gra-
veur à l'eau-forte et à la pointe - sèche , élève de
l'école municipale de dessin dirigée à Rouen par
Gustave Morin.
A dessiné des illustrations gillotées pour les
journaux la Charge, la Cravache, la Chronique
parisienne, le High-Life, le Frou-Frou,\e Monde
parisien, le Panurge, le Tout-Paris, le Chat Noir,
le Courrier Français, — et gravé à l'eau-forte
diverses vignettes de sa composition.
(*) Devenue depuis Mme Rattazzi et Mine de Rute.
42 LES GRAVEURS DU XIXP SIECLE.
A parfois japonisé (illustrations pour L'Art),
par cette remarquable inconséquence qui a porté
certains de nos dessinateurs, las des anciennes
formules et des copies, et épris du nouveau, à
copier dans le japonisme d'autres sujets tout faits
(comme si copier les japonais n'était pas encore
bel et bien copier ! ) [l) .
Bracqiiemond , lorsqu'il était directeur artis-
tique de la maison Haviland, lui a fait composer
une série de décorations d'assiettes, à l'eau-forte,
pour être ensuite transportées sur faïences.
La vraie personnalité de Somm est dans les
menus, les adresses, les ex-libris, programmes,
invitations, cartes de visites, almanachs et pièces
similaires. Il les compose avec un matériel icono-
logique réduit à sa plus simple expression : c'est
toujours « une petite dame », une « belle petite»,
coquettement vêtue d'une élégante confection et
coiffée d'un grand chapeau ; de ce thème à peu
près invariable il tire de nombreuses variations ,
fort spirituellement exécutées. Ce sont des riens,
si vous voulez, mais coquettement troussés.
(!) Il faut même dire plus : admirer et aimer les dessins japonais faits
par des Japonais , c'est logique et fort bien. Mais pour des dessinateurs
français, copier le japon, faire du simili-japon, c'est le pire servilisme d'art.
Quoi qu'il en soit, Somm s'était engoué de japonisme à l'exposition de
1867, il entra à l'école des langues orientales et se fit présenter à Burty :
il comptait obtenir une mission pour le Japon. La guerre vint, adieu la
mission promise ; Somm partit comme soldat. Depuis, les exigences de la
vie l'ont forcé à une production incessante d'aquarelles, de dessins faits
sur les marges des livres, etc.
SOMM.
L'artiste, en somme (sans calembour), est de ceux
qui, suivant le mot fameux, boivent dans leur
verre : il fait agréablement ce qu'il fait.
1-13. Illustrations.
1. La Rapine ide ou L'Atelier, 1870 (Barraud , éd.),
14 eaux-fortes.
2. A la même librairie Barraud, 4 eaux -fortes pour
Tanzaï et Néadarné, de Crébillon fils, dans le goût japo-
nais (sic).
3. Rose tendre et vert foncé, par Eugène Montassier,
couverture gravée et 4 eaux-fortes.
4. La Maison de fous, par Richard Lesclide, 4 eaux-
fortes.
5. Les Solutions conjugales, par Aug. Saulière (Richard
Lesclide), 10 eaux-fortes. (2e édit. chez Dentu, sous le
titre Leçons conjugales).
6. Histoires conjugales, par Aug. Saulière, 10 eaux-
fortes.
7. Ce qu'on n ose pas dire, par Aug. Saulière, 10 eaux-
fortes .
8. Alphabet de l'imperfection et malice des Femmes,
de J. Ollivier, 1876 (Barraud), un frontispice.
9. Le Couvent du dragon vert, par Léon de Rosny,
frontispice.
10. Le Livre des Baisers (Victor Billaud, à Royan),
frontispice.
11. Chansons folles, de Nadaud (Monnier), frontispice
à la pointe-sèche.
12. Magasin théâtral (Barraud), diverses eaux-fortes :
Un Guignol, Gros-Guillaume, LAvare, Le Matamore, Trois
têtes .
13. Paris à V Eau-Forte (Richard Lesclide). Tout le
long, le long des Boulevards ; Femme entourée de person-
nages grotesques voltigeant ; Dame péchant un polichi-
nelle à la ligne ; Groupe de crapauds et de personnages
grotesques. (Cette planche est en collaboration avec Alfred
Lepetit dont c'est la première eau-forte).
14. Le Magicien (table pour L'Illustration Nouvelle,
LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
de Cadart). — 15. La Dame empilant des albums
(Id.). — 16. Prospectus de L'Illustration Nouvelle,
deux petites eaux-fortes.
17-22. Almanachs pour 1878, 1879, 1881, 1882.
1890, 1891 : poitites-sèches, in-4 en 1.
23. Les Potiches, in-8 (Lefilleul). — 24. Premiers
rhumatismes, in-18 (Lefilleul). — 25. L'Éventail,
in-8 (Goupil). — 26. Poisson d'avril , in-4 en 1.
(Goupil). — 27. Tête de femme avec grand chapeau,
in-12 (Goupil). — 28. Tête de femme, in-fol.(Mathias).
— 29. Portrait de Mme Judic, pointe-sèche (La Vie
élégante, Decaux, éd.). — 30. Ph. Burty, croquis.
— 31. Femme hélant un canot, in-18. — 32. Page
de croquis. — 33. Un Ramoneur. — 34. Chez
Rodolphe, 3 petites pièces gravées sur nature dans
la propriété de Rodolphe Salis.
35. Japonisme , 1881 , in-4 en 1. (Dumont). — La
planche a été coupée, et la tête de la femme, tirée
isolément, a été vendue sous le titre de « Blonde »).
— 36. Brune, in-4 (Dumont). — 37. Femme au
grand chapeau, in-4 (Dumont).
38. Dix petites Dames (Delàtre, 1881, couverture
gravée). Série très caractéristique.
39. Six Pointes-Sèches, 1891 (Joly, éd., couverture
gravée.
40-65. Cartes, Menus, Invitations.
40. Invitation pour la Brasserie du Chat-Botte, rue de
Bellefond .
41. Adresse de Guinchard et Fourniret , emballeurs. —
42. Carte de l'expert Gandouin (Hôtel des Ventes). —43.
Carte de Serin, graveur héraldique. — 44. Carte de Marge-
SOMM. 45
lidon, curiosités japonaises. — 45. Carte de Grison, mar-
chand de tableaux. — 46. Carte de Marichy, marchand de
curiosités. — 47. Carte de Bing, curiosités japonaises. —
48. Carte de Delorière, marchand d'estampes.
49. Menu pour M. L*** (Femme précédée d'un petit
marmiton). — 50. Menu du Cochon. — 51. Menu du
Dîner du Fâté de bécasse. — 52. Menu de Paul Eudel.
— 53. Goguette du Clou (avec petit croquis représentant
le chansonnier Jules Jouy). — 54. Brasserie Lofh.
55. Programme pour une représentation à bénéfice à
l'Athénée. — 56. Pendaison de crémaillère, vicomte Gaudry
de la Rochenoire. — 57. Invitation au bal des Incohérents.
— 58 Programme pour une fête donnée par M. Albert
Ménier. — 59. Programme pour une soirée de prestidigi-
tation au Cercle de l 'Avenir commercial , rue Hauteville.
— 60. Invitation pour une soirée chez Cadart, 1874. —
61 . Programme de la soirée Cadart. — 62. Programme pour
soirée avec représentation de Pupazzi. — 63. Programme
pour une représentation de Don Pasquale chez la marquise
d'Osmond.
64. Tête de facture du Magasin des Enfants. — 65.
Adresse de la Maison des Enfants.
Grande affiche à l'éléphant pour le Cirque Ciotti, lith.
1865. — Balayeurs et Balayeuses, lith. pour le Tam-Tam
rouennais, 1866.
Somm a fait jouer sur le théâtre du Chat Noir une pièce
de marionnettes : La Berline de l'Emigré , ou Jamais
trop tardpour bien faire, et, par silhouettes : L'Éléphant,
La Potiche , Avant le Salon , Le Fils de l'Eunuque ,
Cythère A Montmartre .
SOMMERARD (Edmond Du) archéologue, 1817-
1885, a lithographie plusieurs planches pour le
grand ouvrage publié par son père , Alexandre
Du Sorumerard : Les Arts au Moyen-Age , 1839-
43, 5 vol., avec atlas de 510 lith. par Bachelier,
J. Boilly, Chapuy, A. Colin, Delaporte, Delorieux,
, André Durand, Edm. Du Sonnnerard,
Deroy
46 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
Fichot, Th. Fragonard , A. Godard, Guesdon ,
Guichard, Lesaint, Mansson, C. Muller. H. Petit,
Victor Petit, Renoux , Robert sourd -muet,
Eni. Sagot, Fr. Villeneuve, etc. Il y a quelques
planches pittoresques dans la première partie de
l'atlas, où sont données des vues de monuments.
Portrait à' Al. Bu Sommerard, 1842 (L'Artiste.
SOR EL (Victor) ('), a lithographie pour Haute-
cœur une très-nombreuse série de travestissements,
sous les titres Bals de l'Opéra, de la Renaissance,
Bals Musard, Julliers, Bu frêne, 1837-1842.
Autre suite de plus de deux cents travestisse-
ments : Bals fashionables de V Opéra, vers 1847.
SORRIEU (Frédéric) , né à Paris en 1807, élève
de Cassas et Deroy.
Lithographies, 1830-45.
Reproductions de tableaux pour la Revue des Peintres , le
Salon de 1840 , la Galerie Pittoresque, Y Album de l'Infini,
Album du Journal des jeunes personnes, etc.
Petits sujets villageois, d'après Grenier.
Casella, album de littérature italienne, 1838.
Fantaisies du jour, album, 1845 (Bourmancé).
Entourages finement exécutés pour Les Mois de Grévedon ,
pour une suite de sujets de Jules David : (Coquetterie, Impu-
dence, Corruption, Mère dénaturée, Infamie, Dégradation),
pour Le Livre d'or des Contemporains (6 sujets d'après
Mme Elise Boulanger gravés par Desmadryl, et pages de texte
(!) Un autre Sorel dessine actuellement des charges et des silhouettes
dans la Caricature de Robida.
SORRIEU. 47
en fac-similé d'écriture, avec croquis d'après divers), pour
Paris au XIXe Siècle, pour Paris, Lingerie, Nouveautés, de
Gavarni, etc. — Portrait de Lottin de Laval, romancier. —
Un Tour de France. — Le Maître à danser : Anaïs Gollin.
— La Pièce d'eau : Garnerey. — Pâturage par un mauvais
temps : J. Paris ; etc. — Vues de Paris — Vues diverses. —
La Tribune de Florence, grande vue.— Macédoines.— Petites
reproductions d'après les lith. d'Al.-Év. Fragonard.
Scènes de théâtre.— Figures de modes. — Titres de musique :
Mélodies caractéristiques pour piano par Ed. Wolff) 6 dessins
par Sorrieu ; — Frontispice avec portrait pour un Album de
musique de Clapisson ; et dans cet album le Code noir, valse
brillante, etc. — L'Arbre de Noël, mélodie de Thierry et
Grisar. — Les Saisons, 4 duettini par Marmontel. — Mélodies
de Schubert.
SOTAIN (Noël-Eugène), graveur sur bois, né
vers 1816 , a gravé pour le Magasin Pittoresque ,
V Histoire des Peintres , les ouvrages illustrés par
Doré, etc. — Vignettes de Nadar pour Chants et
Chansons de la Bohême, Paris , Bry , 1853.
SOUDAIN (Alexandre), né à Paris en 1833, bon
graveur d'architecture , élève d'Emile Ollivier , a
exécuté des planches pour La Renaissance monu-
mentale en France, les Monuments Historiques
(Escalier du Château de Blois , Maisons et Hôtel
de Ville d'Orléans, Hôtel de Ville de Beaugency,
Cité de Garcassonne, etc.), L'Art architectural en
France de Rouyer , la Topographie historique du
Vieux Paris, les Monuments historiques de Paris
de Leblanc , Y Encyclopédie d'Architecture , V Ar-
chitecture normande de Ruprich Robert , les
Théâtres de la place du Châtelet, les Motifs histo-
48 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
riques, V Architecture funéraire de César Daly.
les Restaurations de Monuments Antiques par les
pensionnaires de Rome , etc.
SOULANGE-TEISSIER (Louis-Emmanuel) , né à
Amiens en 1814, entra en 1830 chez un impri-
meur de Paris et ses premiers essais en compo-
sition typographique furent les proclamations
républicaines de Juillet. Il passa bientôt metteur
en pages chez Panckoucke , puis voulut se faire
recevoir avocat et se mit à étudier le droit, mais
il l'abandonna ensuite pour la grande peinture.
Cette dernière tentative ne fut pas heureuse et il
lui fallut « se résigner à la lithographie ». (')
Soulange-Teissier ne s'est point mal trouvé de
cette « résignation » puisqu'il s'est fait un nom
comme lithographe.
Le Sueur chez les Chartreux: Elise Journet,
1844. — L'Entrée au couvent, La Prise de Voile :
Houzé. — Dévouement, Les Présents de noce :
Du val Le Camus. — Charité, Humilité chrétienne ;
La Famille du Moissonneur , Le beau Temps :
Oscar Gué. — Sacré Cœur de Jésus, Le Denier de
César, Ecce Homo, Fraternité, Regrets, Confi-
dences, Aricl, Suzanne : Bazin. — Jésus instituant
V Eucharistie : Aug. Pichon. — Christ à la Croix,
L'In-Pace: Jacquand. — Mort de S t Pierre de
(') Article biographique du Dictionnaire Larousse.
SOULANGE-TEISSIER. 49
Vérone, Mort de St François-Xavier, Jésus console
sa mère, Le Sauveur : Em. Lafon. — Le Figuier
maudit: Lecointe. — Le bon Pasteur: de Rudder.
— S te Thérèse : Gérard. — Mater Dei, Vierge à
la couronne : Lazerges. — Pour ma mère : Hesse.
— Famille calabraise ; Avant le mariage, Après le
mariage : Colin. — Michel- Ange et le Titien :
R. Fleury. — Le Repos maternel: L. Robert. — La
Retraite au désert: Lansac. — La Ferme d'Italie,
Le Chenil, Janissaire, Laveuses, Le Chercheur de
truffes, Le Passage difficile, Intérieur d'atelier,
Chasseur surpris par V orage : Decamps. — Atelier
de forgeron : Cicéri. — Jeunes filles à la fontaine :
Bendemann. — Grenadier en tirailleur : Charlet.
— Les Dangers partagés: Beauine. — Ondine: G. L.
Millier. — Paysages : Huguet. — La Leçon de
politesse : Bellangé. — La Déclaration soufflée :
Guillernin. — Mars et Vénus surpris par Vulcain :
Roehn. — Panthère noire en embuscade : Gérônie.
— Comment V esprit vient aux filles : Schlesinger.
— La Mère aveugle : Jacob. — Poulailler : Ph.
Rousseau. — Moutons au repos : Brascassat. —
Retraite de Russie : Yvon.
Portraits : Louis-Napoléon , le Marquis de La-
roche-Jacquelin, sénateur ; Mgr de Dreux-Brézé.
Caricatures diverses : Corréard. — Napoléon et
VEcèque, Napoléon et le Curé : Jacquand [Musée
des Rieurs). — Têtes de chiens : Landseer et Earl.
— Gladiateur et autres chevaux de courses.
4
50 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
Soulange-Teissier a été principalement l'inter-
prète de Rosa Bonheur : Animaux, Le Sombrage,
Le -petit Labour. La Fenaison, L'Abreuvoir, Près
de la ferme , Trois frères d'armes , Prairies nor-
mandes, Les Pâturages, etc. — Les Charbonniers,
Inquiétudes, Bruyères du Morvan : Mme Peyrol-
Bonheur .
Nous citerons à part quelques grandes litho-
graphies , les plus remarquables de l'œuvre de
Soulange-Teissier :
Paris et Hélène réconciliés par Vénus : Prudhon,
in-fol. en 1. (Chalcographie).
La Mal' aria : Hébert.
Saint François d'Assise : Benou ville.
Labourage nivernais : Rosa Bonheur.
Série d'études d'animaux : Rosa Boûheur.
Chevaux de trait : Decamps.
Le Singe artiste : Decamps.
La Prise de Malakoff', — Solférino; — Après
la victoire : Y von.
Napoléon III : Gabanel.
Soulange-Teissier est chevalier de la Légion
d'honneur depuis 1859
SOU LIÉ (Léon), peintre, né en 1807. — Pano-
rama du Salon de Toulouse en 1840, croquis
autographiés à la plume de tous les tableaux, por-
traits et statues : dédié à la ville de Toulouse ,
(Dieulafoy, éd.); cahier d'un titre et 17 pi. Le
SOULIE. 51
peintre s'y est représenté dessinant , à la
planche 13.
Le Saut du Sabot, Tarn (dans Le Routier des
Provinces méridionales.
Soulié, médiocre peintre, fut un remarquable
dessinateur. Observateur exact , croquiste alerte,
il fixait avec une verve extrême les types méri-
dionaux . les femmes au marché de la place du
Capitole, les enfants jouant sur les promenades ou
dans les faubourgs toulousains. Il saisissait, avec
l'exactitude d'un objectif et l'esprit en plus, les
vues des places, des quais , du pont de Toulouse ;
il rendait cet aspect heureux et épanoui au soleil
qu'ont les villages des plaines delà Garonne ou du
Tarn ; il aimait à retracer le panorama d'Albi,
avec son ancien pont et sa cathédrale de Sainte-
Cécile aux allures de donjon.
Plein d'un mérite très original , Soulié fut
pourtant profondément malheureux. Nature d'ar-
tiste honnête, sympathique, il était aussi un
indiscipliné, et un naïf, ignorant et dédaignant
absolument l'art de tirer profit de son talent et de
ses dessins. Épris de son Midi, il s'y confinait;
incapable avec cela de se plier à un travail régu-
lier , décourageant les bienveillances, refusant les
commandes ou les positions afin de « garder sa
liberté pour faire de l'art. » De l'art, c'est-à-dire
de la mauvaise peinture à laquelle il s'acharnait,
et qui lui restait pour compte en lui attirant
52 LES GRAVEURS DU XIX» SIÈCLE.
d'humiliantes critiques. C'était son désespoir, ce
fut aussi la misère , fièrement dissimulée , une
misère atroce qui l'abattit corps et àme. Soulié
finit par n'avoir pas , à la lettre , un morceau de
pain à manger. Un jour de mai 1862, il monta
tout en haut du clocher de Saint-Sernin , con-
templa longuement Toulouse et la campagne lan-
guedocienne, et se précipita (*).
SOU M Y (Joseph -Paul - Marius ) , graveur ,
peintre et lithographe, né au Puy en 1831, mort à
Oullins près Lyon en 1863 ^encore une rin tra-
gique : Soumy , dans un accès de fièvre chaude ,
se jeta par la fenêtre). — Élève de V. Vibert et de
l'Ecole des Beaux-Arts ; grand prix de gravure
en 1854 sur une excellente Académie de concours.
Suite à? Images de piété, Soumy del. et se, vers
1854 (chez Daniel).
François Ier , d'après le Titien, in-fol. Belle
planche (envoi de Rome) qui , en somme , cons-
titue à elle seule l'œuvre de Joseph Soumy.
Sainte Véronique et Simon le Cyrénéen : Le
Sueur. Portrait: Giorgione (Gaz. des Beaux-Arts).
(1) Le Musée de Toulouse devrait se préoccuper de recueillir et d'exposer
les dessins les plus importants et les plus caractéristiques de Soulié. Le
conservateur, M. Garipuy, y est tout disposé, et vient de recevoir à cet
effet un premier don de dessins offerts par un collectionneur, M. Mazzoli.
Puisque le nom de Garipuy se présente ici , citons de ce peintre deux
lithographies romantiques: titres pour Les deux Compères , vieux Paris,
paroles de Barateau , musique de Clapisson , et Les Donjons , de Deleuse
et Clapisson.
SOUMY. 53
Eaux-fortes: La Morte, d'après Chifflart; Forges
d'Allevard', Mendiant romain. (Cadart).
Lithographies : Motifs d'études (en collaboration
avec Duplonib). Chez Morier (l).
STA (Henry de SAINT-ALARY, dit), né en
1846. — Dessins humoristiques pour les journaux
illustrés. Vignettes, La Chanson du Colonel , Nos
Militaires, etc.
Almanach pour 1883, eau-forte.
STAAL (Gustave), vignettiste, graveur et litho-
graphe, né en 1817, fils d'un boucher de Vertus
(Marne), vint à Paris en 1834 et fut d'abord
commis dans un magasin de rubans : son goût
pour le dessin lui fit quitter cet emploi. Il passa
par l'École des Beaux-Arts: Paul Delaroche le
prit, dit-on, en affection pour l'extrême fini de ses
dessins (2). Vers 1845 il reçut quelques leçons de
gravure de son camarade Adolphe Varin. Il a
dessiné pour les publications illustrées, quel-
quefois lithographie, enfin gravé pour Bachelin-
Deflorenne une série de portraits de bibliophiles.
(•) Voir : J.-P.-M. Soumy, graveur et peintre, par Ph. Burty. Dans la
Gazette des Beaux-Arts , tome XVIII.
(2) Notice sur Gustave Staal , par Adolphe Varin , dans le journal
V Estampe de 1882. — On ne confondra pas le nom de Gustave Staal
avec celui de P. J. Stahl, pseudonyme d'Hetzel.
M LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
Au total, rien de saillant. Son irrémédiable
défaut était la fadeur.
Il est mort en 1882.
1. Portraits de Bibliophiles, in-8, Staal del. et sculp.
(Bachelin-Deflorenne.)
Duc d'Aumale, Gh. Brunet, Armand Bertin, Barbier,
Curmer, Dinaux, Dibdin, Girardin, La Bédoyère, Lamar-
tine, Lamennais, Morean, Méry, Murger, Elisa Mercœur,
Naudé, Nodier, Peignot, Pixérécourt, Quérard, Renouard ,
R°n Pichon, Toussenel, Viollet-Leduc, de Vigny, Golbert,
Diane de Poitiers, GlcsseDu Barry , Duc de La Vallière, Guy-
Patin , Mazarin, Mme de Pompadour, Rothelin, de Thou ,
Rouget de l'Isle.
2. Lithographies.
Annunziata-Monanni, 1846. — Portrait d'homme attribué
à Francia. — Raphaël. — Souvenir de première communion.
— Gunin-Gridaine. — Les sergents -députés, Boichot,
Rattier , Commissaire. — Dussoubs , De Flotte , Vidal
{Assemblée législative* la Montagne). — Ph. Chasles. —
Moinet, horloger. — Catinka de Dietz, pianiste. — Dieu le
veut!, paroles de Besselièvre (portrait du comte de Cham-
bord), et Je le veux!, réponse. — Dorian , Flourens ,
Thiers conserve Belfort à la France. — Album de la
Chronique illustrée, guerre et Commune.
Staal a dessiné des bois pour le Magasin Pittoresque et
autres publications. — Petit Almanach impérial, illustré
de 118 vignettes par H. Vernet, J. A. Beaucé, Bertall et
Staal. — Romans publiés à deux colonnes , Balzac de
V. Havard, etc. (« Staal, l'illustrateur le plus délicat de
» toutes ces publications à quatre sous et à un sou dont
» la France est inondée depuis quinze ou vingt ans »,
disait en 1862 Delvau dans ses Cafés de Paris. Il le nomme
encore dans les Cythères Parisiennes, au bal de VAstic
dans le quartier Saint-Antoine. « Ils et elles, artistes et
» modèles, tous canotiers et canotières, s'abattaient à
» VAstic en revenant du tour de Marne, poux danser quelques
» quadrilles en costume, avant d'aller se coucher. Parmi
» ces artistes on cite Meissonier , Daubigny, Daumier,
STAAL. 55
» Gham , Staal , Bertall , Pascal le sculpteur, et quelques
» autres encore, grands amateurs de canoterie , dont plu-
» sieurs roulent équipage, — sur la Basse-Seine. »
Meissonier en canotier! On a quelque peine maintenant
à se le figurer ainsi.
Autres illustrations de Staal : Vie des Saints (Delloye). —
Les Femmes de la Bible , 1846 (Garnier) , suite de figures
gravées dans le genre keepsake par des graveurs anglais. —
Images de piété, gravées par Varin et autres. — Galerie
des Femmes célèbres , par Sainte - Beuve , 12 portraits
gravés par Geoffroy, Girardet , Outhwaite, Delannoy. —
Les Femmes mythologiques, Les Génies (femmes) de
V Olympe . ensemble 24 p. (De Gonet). — Les Mystères
de Paris. — Les Etoiles du Monde, 1858. — La Marseillaise,
publiée en 1848 pour être rajoutée aux Chants et Chansons
populaires de la France.
3. Chants et Chansons de Pierre Dupont, 4 v. in-18,
1851-1859, fig. de Staal, T. Johannot, Andrieux (').
G. Nanteuil, Gavarni, Fath, Beaucé, Veyrassat.
Ces figures sont gravées sur acier, médiocrement.
STACHOWICZ. — Monumenta Regum Poloniœ
Cracoviensia: Varsoviae , 1827. Les planches,
gravées au lavis par Dietrich sur les dessins de
Stachowicz, portent la mention : Imp.par Lemer-
cier à Paris.
(!) Clément -Auguste- Andrieux, peintre, né à Paris en 1829, mort en
1880, dessinateur et peintre, élève de Lorentz. Il a lithographie quelques
pièces d'un bon crayon sur les gardes nationaux et les insurgés de 1848.
— Son portrait, lithographie sous le titre de L'Amateur d Estampes , a
figuré à l'exposition de la lithographie en 1891.
De 1849 à 185T Andrieux a exposé des tableaux de bataille, Fontenoy,
Malakoff. Il a été collaborateur du Journal Amusant, du Charivari, du
Monde Illustré. En 1810-T1, il a lithographie une série de 30 p. sur le
Siège de Paris (Bry).
56 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
STADLER, lithographe. — Cj/bèle, Amphitrite,
La Toilette de Vénus : Baudry, 1861. — La Petite
nonchalante: Dejonghe.
STEINHEIL (Louis-Charles-Auguste), peintre,
1814-1885.
Vers 1833, il exécute, en collaboration avec
son beau-frère Meissonier, de petites images de
piété. Meissonier dessine le sujet, Steinheil le
cadre orné. Les éditeurs paient cela deux francs f1).
Un peu plus tard, Steinheil est un des illustrateurs
des Chants et Chansons populaires de la France,
de Notre-Dame de Paris, du Jardin des Plantes.
Il donne aussi des vignettes à la Vie des Saints .
Garnier, 1854, aux Saints Évangiles, Lyon, 1855,
4 vol. in-4, à V Imitation de Jésus-Christ de l'impri-
merie impériale , 1855, aux Fables de Lacham-
beaudie, aux Épisodes de la Bible de L.-G. Michel,
au Traité de botanique de Le Maout et Decaisnes :
il dessinait des fleurs pour des ouvrages scienti-
fiques en leur conservant leur aspect naturel.
Crosse trouvée à Luçon, eau-forte. — Portrait
de son frère Steinheil, botaniste, mort dans un
voyage d'exploration en Amérique, lithographie.
STEINLEN (Alexandre), illustrateur très pari-
sien , né à Lausanne en 1859, collaborateur du
I1) Notice sur Steinheil, par Alfred Darcel. Gaz. des Beauoc-Aits, 1885.
STEINLEN. 57
Chat Noir. Avec saveur et couleur locale, il a
semé le curieux petit volume des chansons et
monologues d'Aristide Bruant, Dans la Rue, de
vignettes où sont portraiturés au vif les rôdeurs ,
les traîneuses, les « marmites », les souteneurs,
les « dos » et autres espèces qui pullulent sur les
boulevards extérieurs, où ils « dégringolent les
pochards », ou « refroidissent les pantes » ou
« trouent la paillasse aux sergots » :
C'était V pus beau , c'était V pus chouette
A la Villette
C'était V pus beau , c'était V pus gros ,
Comm' qui dirait V Empereur des dos.
On Va crevé la s'main' dernière
A la Glacière...!
C'est pas un gros, c'est un p'tit mac
Qui y a mis d' l'air dans l'estomac. . .
Et ainsi de suite , à Batignolles , à « Montper-
nasse », à Saint-Lazare, à la Roquette, à Belleville,
à Ménilmontant , à Montrouge , à la Bastille , à
« Montmerte » , à Grenelle. Noble population ,
ni hommes , ni femmes , tous « macs » et toutes
« girondes » (\;.
Dans une note moins ichthyologique, Steinlen
(!) Et au milieu de tout cela, un quasi chef-d'œuvre : Le Càlier.
En dehors du volume dont nous venons de parler, le répertoire des
chansons de Bruant s'édite en morceaux séparés chez l'auteur, 84, bou-
levard Rochechouart , avec dessins de divers. Steinlen en a illustre
plusieurs, notamment: Aux Arts libéraux, monologue (portrait de Bruant,
dans un costume néglige, savamment composé pour l'effet); Concurrence,
Soupe du mac, Bavard, Foies blancs, Chansons des Michetons (toujours
les souteneurs et leurs marmites ; c'est une note nouvelle dans la chanson.
58 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
a composé des titres de musique (gillotages colo-
riés à la japonaise, par teintes plates), pour la
Semaine artistique et musicale de Cardane, Visite
à Ninon, Un Miracle, Pièces intimes, Nuit mysté-
Aprèstout, ces espèces existent, pourquoi n observerait-on pas leurs mœurs?
Il y a Lien des gens qui font de savants mémoires sur les amours des
cloportes et de< araignées, et ils sont pour cela membres d'une foule d'aca-
démies et chamarrés de croix ! Nous n'en demandons pas autant pour
Bruant. Pour varier, des histoires de pochards (Trempe), de chiens (Les
tjunt' pattes), d'assassins (A Mazas), et de guillotinés (Géomay) ; quel-
quefois même de soldats , non plus de touilourous gauches et bêtas
comme dans le répertoire ordinaire du café-concert, mais de soldats douteux
qui chantent A Biribi (prononcez : aux compagnies de discipline) ou Aux
Bat d'Af (prononcez : aux bataillons d'Afrique).
Steinlen donne des titres à une autre série de chansons : Le Mirliton,
directeur Bruant.
Il idustre également d'autres chansons de café-concert : le « Répertoire
de Mévisto » (A l'atelier, Quand lu feras un gosse, Les P'tits Martyrs,
En r filant la Comète, Les pauv' petits Fieux, etc.), et Les petits Petons,
dits par Kam-Hill, et Mon p'tit Salé, qui est tout naïvement une berceuse,
mais en argot. Etc., etc.
Ainsi tout se renouvelle dans le monde de l'estampe, y compris les
vignettes de chansons de café-concert.
Aux illustrateurs anciens (parmi lesquels on peut nommer un lithographe
spécialiste signant Butscha), aux dessinateurs ordinaires du genre succèdent
Steinlen, Lourdey et autres, illustrateurs des chansons Chat-noiresques
de Bruant, Xanrof Nac Nab. Jouy. — Mais il ne faut pas s'y tromper :
le genre naturaliste et amer n'est qu'une curiosité d'art très travaillée à
l'usage des blasés ou des curieux ; le propre de la vraie chanson française,
faite pour l'ensemble du public, est d'être gaie et faite avec rien. Si l'on
voulait parler à l'instar de Lamartine on dirait que les chansons de
« macs )> n'ont fait que le tour du boulevard extérieur, tandis que : On
va lui percer le flanc, Bien n'est sacré pour un sapeur, Les Pompiers
de Nanlerre et En rev'nanl de la Bévue ont fait le tour du Monde.
Tout est dans l'estampe, avons-nous dit plusieurs fois. Répétons-le
encore. Nous avons pu voir le romantisme ressusciter devant nous rien
qu'avec les titres de musique de Célestin Nanteuil. De même il suffira
plus tard des titres de Steinlein pour faire apparaître le naturalisme.
A un point de vue général, quel curieux document la collection complète
de tous les dessins pour chansons de café-concert ! Là s'étale le type des
STEINLEN. 59
rieuse , Les Cloches du soir, Babillage et autres
pièces intéressantes, et pour les morceaux publiés
par V Intransigeant illustré (et l'éditeur Fouquet).
— Etc.
comiques à face glabre et des fortes chanteuses à biceps ; là se retrouvent
les portraits des célébrités du genre : Thérésa, Plessis, Paulus, Yvette
Guilbert ; là se conserve pour la postérité tout ce qui s'est chanté
depuis un demi-siècle; plates inepties (en grande majorité), déclamations
soi-disant patriotiques, boulangeades, romances écœurantes, caricatures
d'anglais, pioupious grotesques, allusions égrillardes (en masse), mono-
logues de pochards, « scies » (très gaies parfois), etc., etc.
Songez à l'importance du café-concert, plaisir quasi-national, au nom-
bre des gens qui vont y passer leur soirée : par jour ils sont milliers, par
an, millions, par siècle ils seront milliards ; cela vaut la peine d'être
étudié ; une catégorie particulière d'estampes en fournira les moyens.
Surtout gardons-nous de nous fâcher et de déclamer sur le café-concert.
Vus à distance, les articles de colère sont ridicules. Il y a vingt-cinq ans
Veuillot, prenant sa discipline et en assénant de terribles coups . . . sur le
dos des autres, a écrit une satire célèbre sur l'ineptie du café-concert et
sur la « torpeur troublée » du public qui s'y porte : « la tristesse réside
au fond » disait-il, « cette tristesse déserte et plate qu'on appelle l'ennui ».
Au même moment, a l'autre extrémité de l'opinion, un rédacteur d'en-
cyclopédie se demandait quel motif poussait le public dans les cafés-
concerts, et il se répondait : « C'est évidemment l'absence de la Liberté.
Si, sous le Second Empire, on avait le droit de réunion et si les Français
pouvaient se rassembler pour s'entretenir de choses élevées [sic), il n'y
aurait plus que les idiots qui iraient achever de s'abrutir sur l'air de la
Gardeuse d'Ours ». Le droit de réunion est venu : puis la Liberté dans
sa plénitude, et les cafés-ccncerts ont décuplé en nombre et en dimensions,
ce qui voudrait donc dire qu'il y a cent fois plus d' « idiots ». Mais la
déclamation et l'aphorisme à la Prud'homme ne sont pas de l'observation.
Il ne faut pas trop discuter les plaisirs et les goûts de ce qu'on appelle
le gros public. Nous ne l'avons pas insulté pour notre pari lorsque nous
l'avons vu préférer les lithographies de Bellangé à celles de Raffet, ou
se presser devant les caricatures de Lavrate, ou acheter la Lanterne de
Boquillon ; nous ne l'insulterons pas davantage parce qu'il cherche .1 m1
détendre le soir, après une journée de travail, dans des établissements où
on lui chante des gravelures, des romances, des machines patriotiques,
des scies, et des drôleries. Comme le pêcheur a la ligne qui ne prend
rien, mais qui pêche avec le désir de prendre, le public ne va pas au café-
60 LES GRAVEURS DU XIXP SIECLE.
STEUBEN, peiûtre. 1788-1856. — Études
d'après nature (le chapeau de Napoléon vu sous
diverses phases qui sont censées symboliser la vie
de l'Empereur), lithographie originale. Cette pièce
a été reproduite par la gravure.
STEUFFERCHER (Jean). - A exécuté à Paris,
vers 1860, une série d'eaux-fortes pour décors de
céramique.
STEVENS (Alfred), peintre. — Étude de
femme assise, eau-forte, 1878.
STIPULKOWSKY, graveur sur bois, période
1840. — Voir Les Français peints par eux-mêmes.
STOP, de son vrai nom MOREL-RETZ, né à
Dijon en 1825, d'abord avocat, puis dessinateur
concert, et là est le point à noter, avec l'idée arrêtée de s'ennuyer ou
d'entendre des choses idiotes, il y va dans l'espoir du je ne sais quoi
d'amusant qu'il espère qu'on lui servira dans la masse. Ce je ne sais
quoi ne vient généralement pas, mais cependant quelquefois. Pourquoi si
rarement ? Pourquoi dix-neuf fois sur vingt le programme est-il inepte à
intentions obscènes, gâteux à stupéfier le public même du café-concert?
Nous n'en savons rien , et tous ceux qui par métier , suivent et observent
le théâtre, n'y comprennent rien. Peut-être est-il difficile de réussir une
chanson de café-concert, et en faut-il dix-neuf mauvaises pour une bonne,
comme il faut dix-neuf médiocres pièces de théâtre avant d'en rencontrer
une sortant de l'ordinaire, ou bien, — et ceci nous ramène à notre sujet
dont nous nous sommes un peu écarté , — comme il faut plusieurs
centaines de milliers d'images platement exécutées , sans valeur d'art ,
pour que notre siècle laisse après lui un choix superbe et glorieux de
quelques centaines d'estampes dignes de ce nom !
STOP. 61
humoriste. Une des colonnes du Journal Amusant
où il fait notamment des comptes-rendus comiques
des pièces de théâtre. Il a lithographie un grand
nombre de titres de musique , et dessiné des
costumes pour la Nouvelle Galerie théâtrale de
Martinet-Hautecœur. — Un Marchèitalien (Cadart).
— Menu du Souper des Pierrots au Lion d'or.
— Adresse de Pesme et Varin, photographes.
STRANG, etcher (graveur original) anglais, a
envoyé à l'Exposition Universelle de 1889 une
série de portraits à l'eau-forte d'après nature,
traités avec un goût extrême.
SUBERCAZE (Léon), peintre.
Eaux-fortes (vers 1845-48), in-8 ou in-12.
1-14. Reproductions d'eaux - fortes d'A. Van Ostade :
Fête de village, Devant d'habitation, Groupe de trois
figures , Intérieur d'auberge , École de village , Buveurs ,
Groupe de deux figures marchant , Homme avec un tablier.
Homme avec un chapeau , Intérieur avec un homme faisant
manger un enfant , Homme et femme causant, Devant de
maison rustique, Fumeur, Mendiant; — 15-16. Deux
reproductions d'eaux - fortes de Tiepolo. — 17. Portrait
d'après Rembrandt.— 18-19. La Pourvoyeuse, La Récu-
reuse, d'après Chardin. — 20. Nature morte (canard sur un
chaudron), d'après Ch. Jacque. — 21-22. Brebis allaitant
son petit; Bœufs et moutons, d'après deux eaux-fortes de
Van de Velde. — 23. La Conversation, d'après Béga.
Plusieurs pièces portant la signature de Ch. Jacque,
(compositions d'après Ostade, Tiepolo, Chardin, Jeanron)
sont de Subercaze.
24. La Ménagère, d'après son tableau (L" Artiste).
62 LES GRAVEURS DU XIX' SIÈCLE.
SUDRE (Jean- Pierre), le lithographe d'Ingres,
né à Albi en 1783, fut successivement élève de
l'école centrale de sa ville natale, puis de l'acadé-
mie de Toulouse, enfin de David à Paris, en 1802.
Il offre un étrange exemple de stérilité artistique
pendant toute sa jeunesse : au sortir de l'atelier
de David il resta plus de dix ans « sans savoir
comment utiliser ses études de dessin ». Ce n'est
qu'à l'âge de trente-cinq ans qu'il trouva une voie
où s'engager: en 1818, la nouveauté et la facilité
du procédé lithographique, que vulgarisait alors
Lasteyrie. le séduisirent, et il s'y adonna défini-
tivement.
Sa première production fut la série des portraits
des accusés de l'affaire Fualdès: Bastide, Jausion,
Colard, Bach, Bousqvier, Missonnier, la Bancal,
Mme Mansçm : dessinés à Albi d'après nature par
Sudré {sic, conformément à la prononciation
méridionale), élève de David.
De 1820 à 1823, Sudre lithographia la collection
des cent vingt portraits du Panthéon Français de
Langlumé, en médaillons ovales in-4. Il y a là
des personnages dont il est utile d'avoir un
portrait , mais l'ensemble de la série est terne et
banal.
Sudre s'était lié à Paris avec Ingres, son quasi-
compatriote (d'un albigeois à un montalbanais il
n'y a pas loin). Il eut donc naturellement la fortune
d'être adopté par le maître comme son traducteur
SUDRE. 63
attitré, et c'est d'après Ingres qu'il a exécuté ses
lithographies les plus réputées :
L'Odalisque couchée, in-fol. en 1., 1827.
La Tête de C odalisque (lithographiée deux fois,
en 1827 et 1859).
La Chapelle Sixtine, (ou Pie VII tenant chapelle),
1834, très grande pièce, capitale et célèbre (*);
un des chefs-d'œuvre de la lithographie de
traduction .
Le Christ et la Vierge, 1842.
Cherubini et la Muse, 1844.
Œdipe, 1853.
Angélique, 1853.
Portrait de Mme Sudre avec son enfant, 1859.
Sudre dessina et exposa à partir de 1845 une
série d'aquarelles représentant les vitraux exécutés
à Sèvres d'après les cartons d'Ingres pour la
chapelle de Saint-Ferdinand des Ternes.
Les autres lithographies de Sudre , moins
fameuses que ses morceaux d'après Ingres, sont :
Delille sur son lit de mort : Girodet, in-fol. —
Michel- Ange, Raphaël, Le Poussin: Girodet. —
Alain Chartier: Beaume, 1831. — Deux Bai-
gneuses: Rioult. — Portraits de M. G*** et du
colonel Saint-Victor, 1831. — Autre Portrait,
1837. — M. de Rambuteau: H. Scheffer, 1845.
(1) Sans être irrévérencieux, nous rappellerons ici l'analogie qu'on a
trouvée, pour l'effet d'éclairage par la lumière du haut, entre cette pièce
fameuse et le Ventre Législatif de Daumier
64 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
La Vierge à la chaise, 1846. — La Vierge au
silence: Carrache. — Tête d'étude: Léonard de
Vinci. — Christ en croix: Lebrun, 1864. — Christ:
Le Guide, 1865.
Sudre est mort à Paris en 1866, ayant obtenu
toutes les médailles dès 1834, mais point la Légion
d'Honneur; ce qui est une injustice au moins
relative (l).
SULPIS (Jean-Joseph), né à Paris en 1826,
graveur d'architecture, a collaboré à V Ornementa-
tion ait XIXe Siècle de Liénard, à la Statistique
monumentale de Paris, à L 'Architecture du Ve au
XVIe Siècle de G-ailhabaud, aux Archives des Monu-
ments historiques (façade Renaissance du Château
de Blois), h L1 Art dans ses diverses branches de
Gailhabaud, à La Renaissance Monumentale en
(!) Si l'on dresse la liste des producteurs d'estampes décorés (lithographes,
graveurs , aquafortistes) , on verra que Sudre est au moins l'égal de la
plupart de ceux qui furent plus heureux que lui. Mais Sudre , quand il
exécuta ses plus célèbres lithographies , V Odalisque et la Chapelle Sixtine,
n'était pas en ligne pour la croix, et plus tard, lorsqu'il eût pu y prétendre,
il se trouva, lui, l'homme du grain classique, éclipsé et comme démodé par
les lithographies colorées des romantiques et de Mouilleron. Lui-même, en
fournissant des notes pour sa notice biographique, l'a laissé entendre; » En
1855, fait-il dire à son biographe, Sudre n'était déjà plus jeune (l'euphé-
misme est joli : Sudre avait soixante-douze ans), et la lithographie, trans-
formée depuis i830, avait fait d'énormes progrès. Tout en n'ayant pas
à son service les procédés nouveaux introduits dans l'crl de dessiner sur
la pierre, d'en obtenir les noirs profonds, les clairs vaporeux, Sudre
n'en continuait pas moins à affirmer son talent par des productions
d'autant plus remarquables qu'il manquait, pour le faire valoir, de
moyens employés par ses concurrents.
SULPIS. 65
France, à la Monographie du temple de Rome et
d'Auguste, à la Monographie de la Colonne Trajane.
Il a gravé le Monument d'Henri Regnault à l'école
des Beaux-Arts, Y Escalier d'honneur de l 'Opéra, la
Vue perspective du cercle de la Librairie d'après
Ch. Garnier, 1881, etc.
SULPIS (Emile), fils du précédent , grand-prix
de Rome pour la gravure en 1884. — Esclave:
Michel-Ange, 1884. — Albert Durer d'après lui-
même. — La Sibylle lybique: Michel- Ange. — La
Parabole des aveugles d'après Breughel le vieux,
1890. — Dans les Dunes: Delobbe. — Adam et
Eve, Cércs, estampes originales. — Saint Sébas-
tien, d'après le tableau de Mantègne qui est à
Aygueperse (Puy-de-Dôme), 1892 (l).
SUTHERLAND, graveur au lavis, anglais. —
Nous le citons pour l'ouvrage suivant : Picturesque
tour of Seine front Paris lo the sea: bg M. Sauvan,
Londres, Ackermann, 1821 , in-4, avec 25 planches
en couleur, dédié à Louis XVIII.
SUTTER (David), peintre, critique et professeur
d'esthétique générale à l'École des Beaux-Arts,
né à Genève en 1811. — La Maison de Michel-
Ange, eau-forte, Sutter inv. et se. [L'Artiste).
(!) Cette gravure est exécutée sans que toute la planche soit couverte
de tailles et le blanc du papier y joue un rôle. Les burinistes seraient-ils
eutin tentés de revenir aux bons principes?
XII 5
66 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
SWEBACH (Jacques) dit FONTAINE, qu'on
appelle aussi Sivebach-Des fontaines, né à Metz en
1769, mort en 1823, peintre de soldats et de
chevaux, qui avait eu un vif succès aux Salons de
la République et demeura intéressant plus tard,
quoique Renouvier l'appelle assez sèchement « le
peintre le plus petit et le plus expéditif de
l'Empire » ; résuma son œuvre dans un recueil
intitulé Encyclopédie pittoresque, 180 pi. au trait.
Dans ses dernières années il suivit l'usage à peu
près général des peintres, de se mettre à la litho-
graphie, et dessina ainsi :
Passage d'un pont: Swebach d. F. pinx. et
lith., in-4 en 1. (Engelmann, Mulhouse.)
Bachkir, Le Piqueur égaré, 2 p. in-8 en 1.
Attelages russes, 8 p. in-4 en 1., 1821 (Delpech).
Souvenirs de la Russie, par J. Siveback, 12 p.
in-12 en 1. — Autre cahier de 12 p. en 1822.
D'après Swebach: L Attente, lith. par Bonne-
maison; Le Bac, par G. Engelmann (chez Giroux,
rue du Coq) ; Halte de militaires , par Malapeau :
Quatre Études de chevaux par Lambert frères.
Accidents de barrières, 6 p. par Swebach
(Jacques ou Edouard?)
SWEBACH (Edouard), fils et élève du précé-
dent, né à Paris en 1800, peintre, lithographe et
graveur. Son œuvre présente quelques sujets de
sport traités avec piquant.
SWERAGH. 67
1. Lithographies diverses.
Bivouac de cavalerie en Russie (Engelmann).
La Mort de l'estafette (Me»e Formentin).
Intérieur d'une écurie (Langlumé).
Uniformes français (Motte).
Respect aux anciens, gamins ! (Villain).
La Journée d'un cocher (V Album).
Les Parieurs fMotte). Jolie pièce.
2. Fantaisies, sujets militaires par Ed. Swebach.
Vignette de titre. — Les bonnes Vivandières, Mon pauvre
cheval , Les Traînards, Réveille-toi donc , L'Espion.
3. Recueil de douze Sujets divers , composés et
lithographies par Ed. Swebach (Engelmann).
1. L'Espion. — 2. La Malle -Poste. — 3. Une Escar-
mouche. — 4. Convoi de blessés. — 5. La Caravane. —
6. Embuscade de Polonais. — 7. La Curée. —8. La Chasse.
— 9. Le Passage.— 10. Les Prisonniers. — 11. Les Tirail
leurs. — 12. Les Rouliers. (Ces pièces sont in-8 en 1.).
4. Fastes des Habitants de Paris , album national
dédié aux braves qui ont combattu pour la liberté
dans les journées des 21, 28, 29 Juillet 1830,
12 p. in-4 en 1. (Engelmann. Semaine parisienne).
5. Journées de Juillet, feuilles de croquis (Rittner).
6. Défense d'une barricade, 1830 ; in-fol.
7. Album pour 1831, 12 p.
1. La Course (jolie pièce). — 2. Marche declaireurs en
Russie. — 3 Attaque d'avant-poste — k. Traîneau de
poste. — 5. Le Postillon de retour. — 6. Donneuse de
poste. — 7. La Chasse. — 8. Cour de ferme. — 9. Hourrah
de cosaques. — 10. Ecurie de hussards. — 11. Bivouac
de cavalerie en Russie. — 12. Devant d'auberge.
8. Désagréments de la Chasse à courre, couverture
et 12 lith. Bruxelles, deWasmes).
68 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
9. Macédoines, etc.
La République, L'Empire, Les Cent Jours (macédoines;.
— Scènes de carnaval, macédoines (Engelmann). — Macé-
doines de sujets de courses , de chasses , de militaires
(Engelmann). — Désagrément des voitures, macédoines —
Steeple-chase. — Études de chevaux de chasse. — Voitures
russes. — Macédoines de voitures russes. — Macédoines
de sujets russes, 10 feuilles. — Sujets de courses, jus-
qu'en 1846.
10. Gravures en manière noire.
Le Livre de Messe, Le Messager d amour : Destouehes.
Anne de Boulen : Gibot. — Rébecca, Le Fauconnier :
Decaisne. — Fourberie de Don Juan, Le Bouquet de fête :
Fragonard. — Portrait de Dupin aîné : Duval Le Camus (*).
SZRETTER (A.-L.j. graveur d'architecture. —
Monuments polonais au cimetière Montmartre. -
Planches pour le Palais de Fontainebleau de Pfnor.
TAIÉE (Alfred), graveur à l'eau-forte, parisien.
1. Paris et ses Environs, Paris en train, 1869-
1880, six séries d'eaux-fortes (Cadart).
Sous les titres Croquis à Veau- forte gravés sur nature,
Eaux-Fortes par Alfred Talée, Paris et ses Environ*.
(certaines pièces portent en outre le sous-titre Paris en
Train). Les séries ont chacune un titre et douze pièces,
sauf la seconde série, qui est de vingt-cinq pièces.
Nous y choisissons quelques sujets intéressants :
Construction du pont Saint-Michel en 1857, Le Quai de la
Mégisserie en 1860, Pont des Sts-Pères, Arènes de la rue
Monge, Tour de Jean-Sans-Peur, Place Clichy en 1865.
(!) Deux estampes d'après Vallou de Villeneuve portent le nom
d'Henri Swebach comme graveur.
TAIÉE. 69
Démolition du Vaudeville ( deux pièces), Le Pont-Neuf,
Vieilles maisons du Pont-Neuf, La Rue de la Banque,
Notre-Dame, Saint-Séverin, Saint-Germain-des-Prés, Rue
Rollin, Réparations au Louvre, Rue des Pyramides prolon-
gée, Rue de Glatigny, Saint- Ouen avant la guerre. — Rue
Royale en mai 1871, Barricade de la rue St.- Florentin ;
Tuileries , Conseil d'État , Légion - d'Honneur en 1871 ,
Ruines du Ministère des Finances (2 p.) ; Les Canons de la
Commune à Versailles. — Église de Vanves, Villeneuve-la-
Garenne, Notre-Dame de Mantes, Ile St-Ouen , Petit bras
de la Seine à Billancourt , etc — Siège de L'Illustration
Nouvelle, rue Neuve-des-Mathurins ; Le N° 47 du Boulevard
Haussmann (magasin de Cadart).
Citons aussi deux autres séries, en prenant les stations
de bains de mer comme un prolongement des environs de
Paris : Arromanches, titre et 12 p. ; Grandcamp, titre et 12 p.
2. Eaux-fortes diverses.
Le Chanteur : Roybet. — Le Verger : Chintreuil. — La
Danse des Nymphes : Corot. — La Batteuse : Millet. —
Frontispice et 10 p. : Chintreuil. — Galerie Berthelier,
21 p. d'après divers. — Coquelin, rôle d'Aristide dans Le
Lion Amoureux.
Les Sonnets Impossibles , par Poisle-Desgrange : Paris,
Bachelin-Deflorenne, 1873, in-8; 12 eaux- fortes. — Le
Roman à Veau-forte, en douze chapitres inédits par Poisle-
Desgranges : Bachelin, 1874, in-8; 14 eaux-fortes.
TAILLÂND (Edouard), né en 1819. élève de
Sixdeniers. Graveur de vignettes depuis 1843.
préparateur des planches de Geoffroy (Geoffroy
avait un préparateur!), et surtout graveur de
figures de modes d'après les dessins de Jules
David et des sœurs Leloir. Signe particulier : a
gravé ces figures de modes entièrement de sa main,
ce qui est rare dans cette spécialité f1).
(!) Il y a des sous-spécialistes qui gravent seulement les modes de
70 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
TALIN. — Vers 1853, on voit ce nom associé à
celui de Damourette, sur des séries de caricatures.
— Les Lorettes, Les Actrices, Les Filles de marbre,
Fourberies des hommes, par Talin et Damourette.
— Petits albums pour rire, etc. — La Comédie des
Comédiennes.
Talin, c'est Henri MEILHAC. de l'Académie
Française (!).
TAMAGNON (Emerig de), peintre. — Rome
religieuse, Vues de Sicile, lith., vers 1846.
TAMISIER (Charles) (2), élève de Porret;
graveur sur bois de l'époque 1850. Vignettes
femmes (la fille de Tailland , Mme Cordeau, fait des préparations à l'eau-
forte de modes de femmes pour divers graveurs) et d'autres qui gravent
seulement les vêtements d'hommes ; ceux-ci et ceux-là laissant les têtes
et les mains en blanc, pour être gravées par d'autres sous-spécialistes
d'un ordre plus relevé (comme Le Couturier), capables d'exécuter au poin-
tillé ces morceaux de haute difficulté. Au besoin, cet assommant travail
de picotage a été le gagne-pain de plus d'un graveur connu. Ferdinand
Gaillard a commencé par là !
Aujourd'hui il y a une autre ressource, c'est de se faire retoucheur de
photogravures. Juste réciprocité et échange mutuel de services. D'un
côté , les graveurs retouchent les photogravures, et plus la photogravure
disparaît dans le travail de l'homme, mieux elle vaut. De l'autre, on ne
saura jamais les services que les héliograveurs rendent aux graveurs. J'en
pourrais citer, et des plus marquants, qui écrivent des lettres éplorées à
Dujardin : « Il m'arrive un accident , j'ai manqué ma morsure ! Pour-
riez-vous me faire remordre ? » Ou bien : « Je voudrais poser un grain
sur ma planche : je suis embarrassé, voulez-vous me tirer d'affaire ? » Etc.
(i) Grand -Carteret cite un album : La Chicane et l'Amour, dont la
couverture porte : « par Lefils , Meilhac et Damourette. »
(2) Sous la signature Tamisier, une lithographie : Mater Dolorosa ,
d'après Magaud , 1852.
TAMISIER. 71
d'après Grand ville , Johannot, Gavarni. — En
1855, il a exposé Le Printemps, L'Été et L'Automne
d'après T. Johannot, pour le Magasin pittoresque.
TANGUY. — Petites planches pour Paris à
Veau-forte, 1873.
TARDIEU (Pierre-Alexandre), né à Paris en
1756 , célèbre graveur ; arrière-neveu , neveu ,
frère et oncle de graveurs et de graveuses (J), élève
de son oncle Jacques-Nicolas Tardieu et de Wille.
Avec Bervic, (qu'il remplaça à l'Institut en
1822), Alexandre Tardieu forme la transition
entre les graveurs du dix-huitième siècle et ceux
(*) Le tableau suivant expliquera clairement la filiation des Tardieu. Les
noms de ceux qui ont été graveurs sont inscrits en capitales.
Pierre-François,
(1-71 1-1774)
marié à
Marie Rousselet.
i Jean-Bapt.-Pierre,
( 1746-1816 )
qui prit le premier
le titre de
graveur-géographe.
1 . „ / Pierre-Antoine ,
Pierre-Joseph , IAntohœ- FrançoisI flVeur geographe.
.naître planeur, Tardleu rEstrapade,) .„_,„..„
i marie deux fois „.„«,, ,pn™hp / Amhkoise ,
Claude, ) eut 5 enfants / graveur-géographe, f (H88-1K-11.
chaudronnier. \ de
\ Pierre -Alexandrb
I son premier mariage (1756-1844).
et -21 du second , \ - i
\ parmi lesquels : J Jean_baptistb ,
»l I né en 1768,
■ graveur-géographe.
Louis,
tué aux massacres
de Septembre.
Nicolas-Henri, ( Jacques-Nicolas, l Jean-Charles,
(1674-11491 ) (1716-1791) 1 dit Tardieu-Cochin ,
marié à Marie j marié à ) peintre
Horthemels. f Elisabeth Tournay. [ 1765-1830).
72 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
du dix-neuvième, et la fin du dernier siècle coupe
en deux parts exactement égales sa longue car-
rière. (Mort en 1844 à quatre-vingt-huit ans,
Tardieu avait quarante-quatre ans eu 1800).
Il grava surtout le portrait. Au xvme siècle.
Voltaire d'après Houdon pour l'édition de Kehl,
le médecin Dubreuil, Frédéric-Guillaume, Castéra,
La Pérouse, Blauw, Mme Deshoulières , Huber,
Montesquieu, Stanislas -Auguste, Christine de
Suède, le Comte d'Arundel d'après Van Dyck
(un chef-d'œuvre), le grand portrait de Lvof Nicol
d'après Levitzky (autre chef-d'œuvre, quoique peu
connu); un Lepelletier Saint- Fargeau d'après
David, aussi rarissime que le Marat gravé par
Morel ; des assignats, des tètes de lettres pour le
Ministère de la Marine ; les Adieux de Louis XVI
à sa famille d'après Monsiau ; enfin, en l'an VII,
le très grand portrait de Barras en costume de
Directeur , d'après Hilaire Ledru : il est traité , dit
Renouvier, avec une magnificence de représenta-
tion qui peut le faire mettre en pendant avec
n'importe quel potentat ; en habit, manteau riche-
ment drapé, bas de soie, chapeau à panache,
baudrier et écharpe à franges d'or ; la tète, coiffée
à poudre, ne manque ni de dignité ni de finesse.
Par ces œuvres Tardieu, comme Bervic, assurait
la permanence de notre art du burin et lui faisait
franchir le périlleux défilé de la période révolu-
tionnaire.
TARDIEU. 73
Prenons maintenant son œuvre au xixe siècle:
Bonaparte, premier Consul : Isabey : médaillon
in-8. — Washington, id.
Alexandre Ier : Kuchelchen, in-fol.
Napoléon, pour la publication du Sacre.
Napoléon : Muneret, 1810, ovale in-8.
Napoléon, masque rayonnant, d'après Dabos,
terminé par Aubert sourd-muet.
La reine Louise de Prusse : Vigée-Lebrun, in-8.
Demoustier, in-8.
Ney : Gérard, in-4.
Mu rie- Antoinette, en pied, pressant des lys sur
son cœur : Dumoni, gd. in-fol. Très belle planche.
Voltaire: Houdon,in-8, 1817.
Montaigne, in-8, 1818.
Germain Gallard : Loir, in-4.
Charetie, in-8.
Alexandre Bavai: Boilly, in-8.
Volney, buste, in-8.
Comme reproductions de peintures :
Saint Michel terrassant le démon : Raphaël,
1806 : — et divers autres morceaux d'après
Raphaël.
La Communion de Saint Jérôme'. Le Domini-
quin, grand in-fol. Un des remarquables morceaux
de gravure de ce siècle (*). L'aimée de son exposi-
(1) Cela fait peine, en vérité, d'entendre aujourd'hui certains critiques
parler de gravures de reproduction ayànl la valeur de cette planche
d'Alexandre Tardieu ! Un mot tranchant , méprisant , et c'est jugé ! C'est
74 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
tion (1822), Tardieu reçut la croix de la Légion
d'honneur et entra à l'Institut.
Ruth et Boo: : Hersent. (Il en a été fait une
parodie lithographique, avec des tètes de chiens,
sous le titre : Diane et Médor).
Marie de Médicis et Louis XIII , Sully et
Louis XIII : Mme Hersent, etc.
Le portrait d'Alexandre Tardieu a été gravé
par Henriquel, d'après le dessin d'Ingres f1).
TARDIEU iAmbroise), 1788-1841, graveur et
marchand d'estampes, neveu et élève du précédent.
— Il a produit une formidable iconographie au
pointillé : Collection de tous les "personnages célèbres,
1820-28 : on y trouve les portraits de beaucoup de
» vieux jeu », c'est « institutard », ce n'est pas « dans le train », c'est
« ennuyeux » , c'est « encombrant » , etc. Assurément , les grandes
estampes de reproduction sont d'un format à ne pas entrer dans les porte-
feuilles de dimension maniable; ce sont des estampes d'encadrement : elles
n'atteignent généralement pas en vente publique les gros prix des estampes
originales, leurs sujets ne sont pas de ceux que les collectionneurs d'es-
tampes modernes recherchent, attachés qu'ils sont (nous ne les en blâmons
pas) aux sujets de mœurs, de modernité, d'actualité, ou bien encore aux
savoureux caprices de l'eau-forte. Et après ? Qu'est-ce que cela prouve ?
Sinon que ceux qui parlent ainsi ont un parti pris en matière de gravure.
Il n'y a rien de commun entre la gravure de reproduction, qui est la véri-
table gravure (la gravure, c'est la taille), et la gravure originale, qui
est à proprement parler un mode particulier de dessin et qui doit être
considéré comme une annexe de la peinture. Mais, parce que l'on aime
passionnément l'une, ce n'est pas une raison pour ignorer et même
pour injurier l'autre. Il faut savoir apprécier les deux !
(!) Voir, sur Alexandre Tardieu , une notice avec catalogue par Emile
Galichon, dans la Gazette des Beaux-Arts (tome XIV, p. 222).
TARDIEU. 75
personnages de l'époque de la Restauration que
l'on chercherait vainement ailleurs.
Galerie des Uniformes des gardes nationales de
France, publiée avec l'approbation de Monsieur,
et dédiée à S. A. R. par Ambroise Tardieu, garde
national de la onzième légion et graveur du comité
et de l'état-major de la garde nationale, 1817.
Couverture et 27 pi. in-8.
Colonne delà Grande- Armée, 1822, in-4, 36 pi.
Planches et cartes pour Anacharsis, Victoires et
Conquêtes, Histoire Universelle de Ségur, divers
atlas. Ambroise Tardieu était graveur-géographe
de la Marine, du Dépôt des Fortifications, et de
l'administration des Forêts (1).
TASSAERT (Jean-Joseph-François), était le lils
du sculpteur Jean-Pierre-Antoine Tassaert, né à
Anvers en 1729, mort à Berlin en 1788. J.-J.-F.
Tassaert naquit à Paris pendant que ses parents y
séjournaient en 1765 : il passa sa jeunesse à Berlin,
s'y maria, puis, vers 1792 vint se fixer à Paris, où
nous le voyons graver au pointillé les portraits de
Camille Desmoulins, de Charlotte Corday, de
Carteaux, de Brune; un 31 Mai et un 9 Thermidor
d'après Harriet, etc. Après avoir gravé des portraits
de républicains , il grava plus tard ceux de Bona-
parte, de Napoléon empereur dans une gloire
(!) Son fils, Ambroise Tardieu, fut le médecin légiste bien connu.
76 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
céleste, de Marie-Louise', puis, en 1814, une allé-
gorie sur la Cli h le il a Tyran. Ce qui fait que
Henouvier, indigné, et d'ailleurs assez volontiers
préoccupé des effets de style incisif, trouve à
propos du procédé employé par Tassaert cette
étonnante épitliète : son pointillé n/ était qu'une
selle à tous cher aux!
Tassaert a gravé le portrait de M. Dupin,
avocat; des Fleurs d'après Redouté, etc. Il est
mort vers 1835 ' .
TASSAERT Paul), pointilleur et éditeur, fils
aîné du précédent. — A fourni un fort contingent
à l'imagerie de la Restauration : tableaux de piété
pointillés d'après les maîtres et d'autres que les
maîtres: Jésus-Christ et la femme adultère: Le
Titien ; La Confession, La Communion : Soinard :
— portraits de Léon XII, Charles X, Wellington,
etc. ; — sujets divers : La Ménagère, La Coquette:
Présents de noce, Toilette de la mariée ; Lu Moisson,
La Y ni d nnge', Qu'en dites-vous Monsieur?, Char-
mant, délicieux!, etc. Il est mort en 1855.
TASSAERT Octave;, peintre et lithographe,
né à Paris en 1800, mort par suicide en 1874, frère
(1) Henriette Tassaert . sa sœur, a gravé le portrait de son père J. P. A.
Tassaert. — Philippe- Joseph Tassaert (son oncle?) ne a Anvers en
l~3ij, mort en 1803 , a été graveur a Feau-forte et en manière noire.
TASSAERT. 77
du précédent. Il travailla de bonne heure (^ à la
gravure sous la direction de son frère Paul et passa
quelque temps dans l'atelier de François Girard.
Mais dès 1817 il abandonna la gravure pour la
peinture.
Octave Tassaert a beaucoup lithographie, de
1825 à 1838. Quelquefois. — rarement. — un
morceau d'un crayon effurné, clair de lune, montre
que l'artiste avait l'étoffe d'un lithographe remar-
quable dans le mode blond. Le portrait qu'il nous
a donné du lithographe Julien en est la preuve.
Mais, au fond, il s'adonnait à la lithographie sans
enthousiasme et sans conviction, par nécessité : ce
fut, un moment, le plus clair de ses moyens d'exis-
tence. Pour gagner les quatre-vingts ou cent francs
des éditeurs il faisait à volonté tous les sujets
demandés : Napoléon ou l'enseigne Bisson , les
journées de 1830 ou des macédoines ; l'histoire,
l'anecdote, la piété, la gaudriole i surtout : il
allait, suivant sa propre expression, « du folichon
aux larmes », du religieux au graveleux. L'œuvre
futur du peintre, du « Corrège de la mansarde »,
du « Prud'hon des pauvres », est en germe dans
ce salmigondis.
Des cent et quelques lithographies de Tassaert
(*) « Le père Tassaert , qui avait quatre fils et une fille, avait pour
principe de mettre ses fils à la porte de chez lui le jour même qu'ils attei-
gnaient douze ans. Pour la fille, il prolongea la limite jusqu'à seize ans. »
(Bernard Prost).
78 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
et de celles qui ont été exécutées d'après lui par
divers, il existe un catalogue, par Bernard Prost (*) .
1. Sujets divers.
La Nymphe de la Seine au tombeau du général Foy.
(Bernard Prost , N° 597).
Six scènes de la vie de Napoléon : Couverture et 5 p.,
chez Osterwald (599-604).
Album théâtral, scènes de diverses pièces de théâtre;
1827, 12 p. (605-616).
(!) Octave Tassaert , Notice sur sa vie et Catalogue de son œuvre, par
Bernard Prost. Préface par Alexandre Dumas fils. Baschet, 1886, gd. in-8.
Le catalogue comprend les tableaux , dessins , gravures et lithographies ;
il est accompagné d'une nombreuse et très intéressante série de repro-
ductions.
Citons l'appréciation de M. Prost sur les lithographies de Tassaert :
« Le dessinateur renferme, à l'état de chrysalide, tout le Tassaert futur.
» A trente-cinq ans , sa genèse est complète : genre , histoire , religion ,
» mythologie, allégories, etc. Il a parcouru tout le cycle où son pinceau doit
» ensuite se mouvoir avec mainte réminiscence de quelque ancien crayon.
» Ce sont déjà ses divers genres et jusqu'à plusieurs de ses types de
» prédilection ; c'est déjà tout un répertoire emprunté à la fantaisie et à la
» réalité, aux traditions historiques et religieuses, en même temps qu'aux
» boudoirs et aux mansardes ; scènes familières ou sentimentales , mys-
» tiques ou voluptueuses, curieux mélange de Saintes-Familles, de Christs
» en croix , d'enfants d'Edouard , d'apothéoses de Napoléon , de Vierges ,
» de Vénus , de Madeleines , d'odalisques , de grisettes , d'orphelins au
» cimetière, de liseuses au coin du feu, de dénicheurs d'oiseaux, de filles
» séduites, de peines d'amours, de rêves d'amours, etc., etc.; le tout inter-
» prêté souvent dans le goût du jour et pour les besoins de l'imagerie.
» Mais à travers un fatras d'estampes démodées on pressent bien l'artiste
» à venir, avec ses envolées inégales d'esprit tourmenté, avec son sentiment
» expressif dans les genres les plus divers, avec l'affirmation déjà de sa
» note dominante : la préoccupation sensuelle de la beauté féminine. »
On voit que Tassaert n'était pas à court de sujets, comme lithographe
et comme peintre. On l'eu a blâmé. « On lui a reproché », dit Alexandre
Dumas fils , dans sa préface, « d'être littéraire, c'est-à-dire de s'être efforcé
» de donner un intérêt psychologique à quelques-uns de ses tableaux et
» d'en faire jaillir une émotion ou une pensée. Je sais bien qu'aujourd'hui,
» pour toute une école, l'exécution d'un morceau suffit; mais on n'arrivera
TASSAERT. 79
Les Indiens de la tribu des Ossages arrivant en fiacre à
Paris (618).
Trait sublime de l'enseigne Bisson (625).
Le Doux Rêve (626).
Le Songe, La Préférence (627-628).
Vénus triomphante , Vénus sortant du sein des eaux
(630-631).
Le Temps fait passer l'Amour, L'Amour fait passer le
temps (632-633).
Fanfan-Lolotte (636-637).
Portrait de Léon Tassaert fils (644).
Portrait du lithographe Julien, très bonne lithographie.
» jamais à refuser à un tableau le droit d'émouvoir, de faire réfléchir ou
» rêver celui qui le regarde. Si je m'absorbe dans le grand salon du
» Louvre, pendant des heures, devant La Mise au tombeau, devant
» La Vierge au voile, devant VAnliope , Le Solitaire , Erasme ou La
» Joconde , ce n'est pas seulement parce que ce sont de beaux morceaux
» de peinture , mais parce que je sens à travers l'admirable manière de
» voir d'un oeil et l'admirable façon de rendre d'une main , la pensée
» d'un esprit , même dans un simple portrait. Tassaert est de cette école
» et je lui en sais gré ; il en est dans la proportion de ses forces et de son
» temps. »
Nous touchons ici à la grande querelle du morceau contre le sujet, dans
laquelle il y a un fonds de juste, mais dans laquelle aussi on arrive à des
exagérations ridicules, et à des idées funestes. « Depuis Diderot », crient
les partisans du « morceau », « on n'a jamais fait de critique d'art que sur
le sujet. Il est temps que cela cesse. Parlez-nous désormais de ce qui
compte en art : de l'exécution, du morceau ! » Et jusque-là ils ne sont pas
dans leur tort. Mais ils s'y mettent bien vite par des exagérations et des
fanatismes étranges : « Sus au sujet ! plus de sujet ! qu'on nous en débar-
rasse! nous voulons la suppression de tout sujet ! pour tableaux, rien que
des morceaux ; des morceaux d'une belle et succulente matière, qu'on
pourra regarder indifféremment la tête en haut ou la tête en bas ; plutôt
même la tète en bas, afin de faire abstraction de toute trace de sujet ! »
Alors , dans le feu de l'excitation et du paradoxe , on ne se connaît plus ;
alors commence l'extermination en règle de tout ce qui dans la peinture
porte un nom , de tout ce qui dans les tableaux, jouit d'une célébrité ; puis
on s'approche du mur de l'atelier, on y découvre quelque esquisse, ou quart
d'esquisse d'un inconnu, qui représente une pipe culottée ou l'anse d'une
tasse à café, ou telle autre absence de sujet , et alors ce sont des admira-
tions colossales, et voilà » de la peinture », et le Sacre de David n'est qu'un
mauvais tableau , etc !!I
80 LES GRAVEURS DU XIX' SIECLE.
Deux scènes de Henri III (645-646).
Pièces de Y Album périodique , sujets divers lith. par
Tassaert ou H. Garnier (647-656).
Trois scènes de L'Ane Mort, Badinage, Espièglerie, Le
jeune Dénicheur d'oiseaux , La petite Fille et son chien , Les
Œufs frais, Les Cerises, L'Oiseau.
Le petit Oiseau (657).
Le Manteau, suite de 4 p. (659-662).
Les Jeunes Orphelines (670).
Peine d'amour, 1830 (671).
Scène de Shyloch (672).
Mené Constance de V*** (673).
Une pièce pour Croquis par divers artistes (674).
Macédoines, 3 feuilles (675-677), dont deux sur les Jour-
nées de Juillet.
Octave Tassaert en garde national (681).
Variante du portrait précédent (681 bis).
Honneurs funèbres rendus à Napoléon à Ste-Hélène (682).
Le Roman (683).
Jeune femme accoudée à un piano (684).
Scènes des journées de Juillet, par Goblain, Cœure ,
Lœillot, Tassaert, 8 p. ((381 et 685 à 691).
La Toilette, Le Billet, L'Escarpolette, L'Anneau nuptial,
Le Domino, La Lecture. La Colombe, Le Bracelet, La
Bague (695-703).
La Laitière suisse (704).
Le duc de Reichstadt (732).
La Tombe et le Berceau [Napoléon et son fils] (735).
Le Griffon, La petite Chatte (736-737).
La Duchesse de Berry : C'est pour toi que je souffre (739) .
Une Muse au tombeau de Napoléon (742).
Caroline, duchesse de Berry (743).
Malheureuse Pologne (744).
Les Derniers Jours de Walter Scott, 1832 (745).
Un sujet d'après Bouchot (746).
L'Odalisque coupable, L'Odalisque punie (747-748).
Le 22 septembre 1831 , anniversaire de la naissance du
duc de Bordeaux (749).
Le Duc de Bordeaux pose à Prague devant Grévedon (754).
Le Lion du Mont Atlas , Le Tigre royal, 1838 (806-807).
L'Accordée de village, Le Paralytique servi par ses
enfants, d'après Greuze (810-811).
Et plus de cent pièces lithographiées d'après Tassaert par
TASSAERT. 81
Gigoux (Le Matin, bonjour mon fils; La Nuit, bonsoir
mon fils), Carrière (Henry, comte de Chambord ; La Veille
de la bataille d'Austerlitz ; Le duc de Reichstadt reçu par
Napoléon aux Champs-Elysées ; Je ne le verrai plus! ; Oh,
mon fils (Napoléon) ; La Rencontre effrayante ; Les Jeunes
Oiseleurs épouvantes , La petite Fille en danger, Jeune
garçon sauvé par son chien); Bardel (La bonne Mère);
Julien (La Prière, La Mélancolie, La Modestie, L 'Attente,
La Malice, Le Repos; Napoléon au retour de Vile d'Elbe,
Scène de Juillet 1830 au pont des Arts ; Apothéose des
victimes des 27, 28, 29 Juillet; diverses Études); F. Cousin
(Bonaparte aux Pyramides , Napoléon à Waterloo); Dela-
rueile (Napoléon Ier et le roi de Rome) ; H. Garnier (Leices-
ter et Anny Robsart; Les Enfants d'Edouard,^ p.) ; Victor
(Imagerie de piété: Histoire d'Esther, 1838 ; Histoire d'une
Servante, en 4 p. : Le Départ, L'Entrée en maison, La
Séduction, Le Retour; Odalisques, 4 p.) ; Bétrémieux ,
Dumont (Imagerie de piété) ; Urruty (Id. ; La France et le
prince de Joinville à S^-Hélène , Retour de Napoléon), Etc.
2. Imagerie erotique de 1830.
(De ce genre d'imagerie, nous avons suffisamment parlé
à l'article Numa, nous n'y revenons pas).
Le Miroir (629).— La Ceinture (629*»'»).
Les Préludes de la Toilette. Osterwald , 1828 , 6 p.
(638-643).
Les premiers Moments de la Toilette : La Boucle
d'oreille, La Jarretière (658 et 669).
Boudoirs et Mansardes, 8 p. ( 705-712). (Je n'y suis pour
personne. — Que d'appas'.. — Non, Monsieur. — Vous
nous le paierez. — Puisque c'est pour le bon motif, parlez-
en à ma mère. — Méchant! — Jules, je vais sonner! —
Comme ils s'aiment! )
Les Amants et les Époux , 18 p. (713-730). (Quelle
horrible figure ! — Un lendemain de noces : Eh bien,
comment t'en trouves-tu ï Oh ma bonne amie, ne te marie
jamais, c'est une horreur! — Ne fais donc pas la cruelle!
— Il y a des gens qui diraient : je vous remercie. — C'est
juste la taille de la Vénus. — Eh bien ! dites : s'il vous
plaît. — Oh Monsieur, n'entrez pas, elle n'a pas fermé
l'œil de la nuit. — Eh bien , qua-t-il prescrit ? Du repos et
des fortifiants. — Il viendra à ce signal. — Eh bien ,
xn 6
82 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
flatteur, compare. — Déjà coquette! Déjà jaloux! — Ah!
pour le coup , la belle enfant !! — Serai-je toujours aimé ?
Seras-tu toujours aimable? — Va, ma chère amie, ton mal
est tout autre chose que le choléra. — Allons, mon petit
cousin , laissez un moment votre Minerve et vos antiques.
— Au secours , Charles, ma chemise brûle! — Ah! mes
belles dames, vous voulez me dépouiller! eh bien! me
voilà!) Les légendes indiquent les sujets, qui sont d'inten-
tion fort grivoise.
3. Gravures.
L'Été, L'Automne. B (Bouchot) del. 0. Tassaert sculp.
vers 1820. (528-529).
Sujets divers (piété, Napoléon) gravés par Paul Legrand,
J. A. Allais, Roemhild, Leblanc, etc.
TATTEGRAIN (Francis), peintre et graveur, né
à Péronne en 1852, élève deLefebvre et de Lepic.
1-16. — Eaux- Fortes.
i. Passage du Blanc-Pignon à Amiens, 1875, in-4. — 2. Le
Pont de la queue du Sacke à Amiens. — 3. La Forge, in-8,
1875.— 4. Tête de paysan, in-18, 1875.— 5. Canal à Amiens,
1877, in-4 en 1.— 6. Portrait de vieillard, 1876.— 7. Canal du
pont à Moinets, Amiens, 1877, in-18. —8. Barques sur le
sable, Berck, 1880. — 9. Démolition d'une vieille barque ,
Berck, 1880. — 10. L'Homme aux béquilles dans une rue
étroite, in-fol. — 11. Ancien pont de Creil, in-4 en 1. —
12. Un titre de morceau, parole et musique de Daussy. —
13. Tète de femme, pointe-sèche, 1881. — 14. Maîtrise de
Notre-Dame de Senlis, diplôme, 1881. — 15. Débarquement
de harengs, 1882. — 16. Billet de naissance: C'est moi, bébé,
Robert Tattegrain, que j'ai l'honneur de vous annoncer
■mon arrivée en ce bas monde ; Poissy, 1883.
TAU R EL (André-Benoît-Barreau), né à Paris
en 1794, élève de l'école des Beaux- Arts et de
TAUREL. 83
Bervic, grand-prix de Rome en 1818 sur une belle
Académie gravée, s'annonça par le Sextus Pompée
du Musée Royal, et par les portraits in-8 de
Corneille, Molière, La Bruyère et J.-B. Rousseau
(1824), pour les Classiques de Lefèvre, du Tasse, et
par diverses planches pour le Plutarque de Dubois,
comme un vigoureux buriniste, destiné à faire
honneur à notre école. Mais en 1828 il quitta la
France , nommé par le roi de Hollande directeur
de la gravure à l'Académie des Beaux- Arts
d'Amsterdam, fonction qu'il a exercée jusqu'à sa
mort, en 1855. Il fut correspondant de l'Institut.
En Hollande, Taurel a gravé les grands portraits
de Guillaume Ier et de la reine Sophie, d'après
Pienemann, de Guillaume II et de Guillaume III
d'après Kruseman, du czar Nicolas, d'après Kruger
et de la grande-duchesse Anna-Pauloivna d'après
Van der Hulst.
Taurel avait été, à Paris, le maître du jeune
Galamatta arrivant d'Italie.
Il épousa la fille du peintre Charles Thévenin,
qui fut directeur de l'Académie de France à Rome
et conservateur du Cabinet des Estampes.
TAUREL (Edouard), graveur, né à Paris en 1824
et fixé en Hollande, fils du précédent , a gravé
d'après les dessins d'Ingres les portraits de soû père
A.-B.-B. Taurel, (reconnaissable à d'énormes
lunettes , de sa mère Mme Taurel [Claire Thévenin)
84 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
et de son grand-père Ch. Tàévenin, et diverses
reproductions de tableaux.
Il a publié, sous le titre de L'Album T, un
recueil de planches, autographes et documents
divers (L Atelier de Bervic d'après Henriquel-
Dupont, etc.)
TAVERNE (Pierre-Gustave), né à Bordeaux en
1860, graveur à l'eau-forte, élève de Laguillermie.
— Portraits : Raynal, député de la Gironde, 1887.
Bénac. — Vaine attente : Cogghe. — La Fin de la
Journée'. Emile Adan. — Dans la Campagne'.
Julien Dupré, 1890.
TAVERNIER (Pierre-Joseph), graveur au burin
et à l'aquatinte, né en 1787.
Vignettes, Sujets divers.
Vignettes d'après Desenne, Devéria, Johannot. Dans ces
travaux, Tavernier cherche à saisir l'esprit et la manière
d'Henriquel. Il y arrive dans un très fin portrait du pape
Pie VII d'après Lawrence, réduit à la dimension in-8.
Planches pour les Galeries de Versailles. (Bataille de
Tolhiac : Ary Scheffer, etc.).
La Circassienne au bain : Blondel, in-fol. — Narcisse:
Albrier, 1822, in-fol. — Le Médecin malgré lui : Grandville,
1837. — Saint Gilles devant le pape: Murillo. — Réparation
faite au roi au nom du pape : Ziégler.
Le Singe cuisinier : Decamps. Cette gravure, aqua-
tinte et roulette, assez ordinaire, eut le malheur d'être
refusée au Salon de 1834. Il faut voir, là-dessus, la grande
colère du journal U Artiste , toujours dominé par cette idée
à la Janin, que la rénovation de la gravure en France est
dans la manière noire. Il faut voir l'enthousiasme débor-
dant à propos de Tavernier ! Il faut Lire la bordée d'injures
TAVERN1ER. 85
envoyée au Jury. « La planche de Tavernier n'a point été
» refusée par ignorance, mais bien à cause et avec par faite
» connaissance de ce qu'elle vaut. Ce que nous louons d ins
» cette planche doit naturellement être blâmé par des
» académiciens , ce qui nous y plaît leur répugne , ce que
» nous proposons à l'imitation des autres graveurs n'est, aux
» yeux du jury, qu'un exemple dangereux qu'il doit avoir
» soin de marquer de sa réprobation. Tavernier, de l'aveu
» de tous les gens qui ont un peu exaniiné tous les systèmes
» de gravure et tous les ouvrages les plus célèbres, a fait
» une planche doublement remarquable et par la beauté du
» résultat et par la combinaison nouvelle de procédés au
» moyen de laquelle il a été obtenu. On n'a jamais poussé
» si loin le prestige de la couleur. Mais c'est justement
» à cause de cela que cette planche devait être repoussée
» par des hommes qui ont fait profession de sécheresse
» dans leur peinture... Du reste, la planche de Tavernier,
» refusée par le jury, n'en sera pas moins recherchée et
» appréciée par tout ce qu'il y a de connaisseurs en gra-
» vure, et l'auteur n'a pas à se plaindre du tort que ce
» refus lui cause. Le mérite de son ouvrage est assez
» éclatant pour braver la désapprobation de toute espèce
» d'Académie »
Tout cela pour Tavernier! Tout cela pour l'aquatinte!
Cet article de L'Artiste est à conserver : c'est , au fond , le
modèle, toujours suivi, des exagérations d'atelier, des
admirations hors de mesure par camaraderie, et des
violences de critiques pour essayer d'imposer comme de
premier ordre des graveurs d'un mérite plus qu'ordinaire;
s'il y a souvent erreur de goût dans les appréciations, n'y
a-t-il pas aussi quelquefois simple taquinerie à l'adresse
des artistes arrivés ? (l)
(*) Ceci nous rappelle ce mot d'un électeur narbonnais à qui l'on
demandait pour quel candidat, suivant les probabilités, l'on voterait à la
prochaine élection législative, « POUR qui? s'écria-t-il ; — on voit bien
que vous ne nous connaissez pas l Demandez-moi contre qui nous
voterons la prochaine fois ! A Narbonne on ne vole jamais pour
quelqu'un, on vole toujours contre quelqu'un. »
Il en est quelquefois de même en critique d'art : vous voyez aujourd'hui
exalter par des épithètes outrageusement louangeuses et qualifier de
« graveur impeccable •>, ou mieux de « maître-graveur » (ou peintre ou
sculpteur), ou même de « seul graveur de ce temps» tel artiste de second
LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
TAVERNIER (Ernest-Louis), graveur, a exposé
de 1861 à 1877 des reproductions d'objets d'art,
ivoires, orfèvreries ; reliures, sceaux, etc. —
La basse Vieille-Tour à Rouen , eau-forte, 1873.
— Ruines des Tuileries, 1874.
TAYLOR (Le Baron), 1789-1879.
Figure absolument particulière, unique, dans
l'histoire des hommes du monde mêlés aux choses
de l'Art. Carrière plus que multiple , et que l'on a
résumée d'un mot quand on a dit du baron Taylor :
« il fut tout » (1). Carrière d'action, d'activité,
d'une activité prodigieuse , et que l'on peut au
besoin raconter sans phrases : un sommaire suffit ,
comme pour un militaire (le baron Taylor l'a été)
un bref et éloquent état de services.
Né à Bruges en 1789, d'un père français d'origine
ordre et quelquefois pis. Hélas, graveur, ne t'enorgueillis pas ! On t'appelle
« maître », ce n'est ni parce que l'on croit que tu l'es, ni même pour t'être
agréable : c'est simplement pour être désagréable à d'autres. Du moment,
en effet, que c'est toi qui as « la parfaite maîtrise » il est clair que ce n'est
plus un tel, graveur arrivé, considérable et jouissant d'une réputation dès
longtemps acquise. Comme l'électeur narbonnais, ce n'est pas pour toi
qu'on a écrit, mais contre l'autre. Gare aux représailles: quand tu seras
arrivé, à ton tour, on refera, pour un autre en apparence, en réalité contre
toi, l'éternel article Tavernier. Veux-tu aujourd'hui un exemple remar-
quable de ces tentatives d'extermination indirecte ? Regarde l'exaltation
indéfinie d'Alphand . . . . , pour ne pas nommer Haussmann !
(J) Souvenirs d'un Directeur des Beaux-Arts, par M. de Chennevières.
— Voyez aussi la notice du comte Delaborde , secrétaire perpétuel de
l'Académie des Beaux-Arts.
TAYLOR 87
irlandaise et d'une mère flamande , Isidore- Justin
Taylor, élevé à Paris, reçoit une solide instruction.
— Est élève de Suvée pour le dessin. — En 1811,
commence ses voyages artistiques par le Nord de
la France, la Belgique, l'Allemagne et l'Italie. —
Conçoit dès ce moment le projet de réhabiliter
dans l'opinion l'art gothique, c'est-à-dire l'art
national français, se préoccupe d'un moyen
d'exécution pratique, (que la lithographie lui
apportera dans quelques années). — Aux événe-
ments de 1813-14, sert dans la garde mobile.
— Nommé lieutenant d'état-major, promotion
de juin 1814. — En 1815 rejoint Louis XVIII
à Gand, avec son camarade d'atelier, de Cailleux.
— Protégé parle général Lauriston, futur ministre
de la Maison du roi (et conséquemment , des
Beaux-Arts). — Visite l'Angleterre, la Hollande,
la Suisse, l'Espagne, 1816-1819. — Écrivain,
dessinateur, lithographe, metteur en œuvre, publie
dès 1820 le premier volume de l'ouvrage célèbre et
capital : Voyages pittoresques dans V ancienne
France. — Dramaturge, fait représenter une série
de pièces : obtient en 1821 un succès de deux cents
représentations avec son fameux Bertram ou le
Château de Sainte-Aldegonde (en collaboration avec
Nodier). — S'intéresse à toutes les choses du
théâtre, a fait de la peinture de décors avec Degotti,
Gué, Gicéri, s'occupe aussi de la question des
dioramas avec Daguerre, Bouton, Pierre Alaux.
88 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
— Fait toute la campagne d'Espagne en 1823. —
Promu capitaine d'état-major, 1824. — La même
année, mis en disponibilité, est nommé commis-
saire royal près le Théâtre-Français ; se montre
très libéral, reprend Tartufe et Le Mariage de
Figaro longtemps défendus, et présente au public
Alexandre Dumas et Victor Hugo avec Henri 111
et Hernani\ (confirmé dans ses fonctions jusqu'en
1836, fait débuter Rachel). —Publie en 1826-32
un Voyage 'pittoresque en Espagne, en Portugal
et sur les côtes d'Afrique (1). — Va en Egypte.
Y retourne en 1830 avec une mission officielle
pour négocier la cession de l'obélisque de Louqsor.
— Missions en Espagne, 1835 (achat de tableaux),
et en Angleterre (collection Standish). — Nom-
breux voyages ; acquisitions d'objets d'archéologie
pour les musées ; publication de La Syrie,
V Egypte, la Palestine et la Judée, 1838-39 (2),
et d'autres ouvrages (3). — Membre de la Coni-
(!) Paris, Gide, in-4. Planches 1 à 104 signées Taylor del, les suivantes
Blanchard del (le peintre -voyageur Pharamond Blanchard?) ; gravées en
taille-douce (médiocrement) par des Anglais.
(2) Avec Louis Reyhaud. — Au Bureau central des Dictionnaires,
2 vol. in-4 ; 200 pi. de Dauzats, Meyer, Ciceri fils, gravées (médio-
crement) par Finden et « les premiers artistes de Londres ».
(3) Voyage en Suisse. — Les Pyrénées. — Un volume sur la Syrie et
Jérusalem (sous le pseudonyme du R. P. Laorty) qui a eu plus de trente
éditions. — Un volume in-8 sur Reims. — Reims et ses monuments,
sacre des rois de France, par le haron 1. Taylor, membre de l'Institut,
publié par F. Lemaître, graveur, in-fol. Vignette de titre gravée, et
24 lith. de Dauzats et Emile Sagot. — Etc.
Le baron Taylor a dirigé avec Nodier la publication de YHisloire
d' Angleterre du baron de Roujoux : 3 vol. in-4 avec bois, 1835-36.
TAYLOR. 89
mission des Monuments historiques en 1837. —
Est nommé inspecteur général des Beaux-Arts,
1838 [1). — Membre de l'Institut (associé libre de
l'Académie des Beaux- Arts i, 1847. — Consacre la
seconde partie de sa vie à des œuvres philanthro-
piques ; crée successivement en dépit de tous les
obstacles, dirige, et rend prospère jusqu'à leur
procurer une fortune totale de douze millions :
l'Association des artistes dramatiques, celle des
peintres, sculpteurs et architectes, celle des musi-
ciens, celle des inventeurs et artistes industriels,
la Société des gens de lettres, celle des membres
de l'enseignement. — Homme de patriotisme
et d'infatigable bienfaisance, doué de l'énergie
pratique de l'administrateur, « encourageant les
jeunes dans leur début et les vieux dans leur décré-
pitude », ne connaissant d'autre parti que celui
de l'Art , indifférent et supérieur aux partis
politiques, il est honoré par tous les régimes : la
Restauration le fait baron, le Gouvernement de
Juillet commandeur, l'Empire sénateur, la Répu-
blique grand- officier.
De cette carrière sans seconde en son genre (2)
nous avons à retenir un élément, la publication du
(*) Et pendant ce temps, jusqu'en 1843, le baron Taylor est toujours
capitaine d'état-major, disponible ; de sorte que V Annuaire militaire
présente à son nom ce fait anormal et antiréglementaire : un simple
capitaine commandeur de la Légion d'honneur.
A peine pourrait-on rapprocher du baron Taylor le comte de Caylus.
Mais Taylor est un Caylus multiplié à la quatrième puissance.
90 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
recueil formidable et célèbre que la complication
de son titre a conduit à désigner, dans le langage
courant des librairies, par cette abréviation qui se
trouve être un acte de justice : V Ouvrage du
baron Taylor.
VOYAGES PITTORESQUES ET ROMANTIQUES
DANS L'ANCIENNE FRANCE par MM. Nodier,
J. Taylor et Alph. de Cailleux. Gide (imp. de Didot),
1820 à 1878, 19 vol. Dédié au marquis de Lauriston.
Publication très célèbre,dont la renommée a été immense,
et qui a joué un rôle capital à deux points de vue.
D'abord pour l'archéologie. En résumé , dès 1810 (c'est
lui-même qui nous donne cette date), Taylor a eu la pensée
de glorifier par un livre les monuments de notre art ancien,
particulièrement de cet art barbarement et traîtreusement
appelé gothique et qui n'est autre que l'art national français
dans une période de splendeur; et il formulait cette profes-
sion de foi : « Dans l'histoire générale des Beaux- Arts ,
l'art du Moyen-Age, l'art gothique, constitue non pas
une décadence, mais un progrès ». Venu après Alexandre
Lenoir, Taylor, dans sa Normandie et sa Franche-Comté,
a donc la gloire d'être le précurseur des Victor Hugo, des
Mérimée, des Vitet, des Viollet-le-Duc, de la Commission
des Monuments Historiques.
Ensuite pour la lithographie, dont Taylor a précipité la
floraison en lui apportant un merveilleux aliment. Admi-
rons ici l'activité taylorienne ; la lithographie date, comme
procédé usuel, de 1817, et, dès 1819, les Voyages pitto-
resques sont en pleine préparation : imprésario entraînant.
Taylor a réuni une troupe de lithographes d'élite, il a mis le
crayon lithographique dans la main de cinquante peintres,
et, en 1820, paraît le premier volume de la Normandie. Un
genre est créé et porté d'emblée à son plein épanouisse-
ment : la lithographie d'archéologie pittoresque, qui a ses
qualités, la couleur, la vie, l'agrément, — et son défaut,
l'excès même de l'agrément aux dépens de l'exactitude. Et
ce genre qui forme un chapitre spécial dans l'histoire de
l'Estampe, né avec le livre de Taylor, mourra avec lui (au
TAYLOR. 91
moins provisoirement (*), tué par un autre genre, la gra-
vure géométrale d'architecture, qui a ses qualités, la netteté
et l'exactitude, — et son défaut, l'excès même de l'exac-
titude aux dépens du pittoresque et de la vie.
Nous avons eu cent fois l'occasion de citer les Voyages
pittoresques, aux noms des lithographes qui y ont collaboré;
mais il faut regarder maintenant l'ouvrage dans son
ensemble. Non pas que cet ensemble constitue aujourd'hui
un livre de bibliophile : son format, sa masse formidable ne
lui permettent guère d'être recueilli des collectionneurs.
Mais ce recueil est comme un vaste réservoir de deux mille
lithographies et nous avons à examiner comment l'amateur
d'estampes y peut puiser.
NORMANDIE, 2 vol., 1820-25.
L'artiste qui a le plus travaillé à l'illustration de ces deux
volumes est Al. Ev. Fragonard. Il est premier sujet, et
aussi, grande utilité, et dans leur post-face, les auteurs lui
adressent avec raison des remerciements. (Citons parmi ses
meilleures planches : Chapelle du Saint-Sépulcre à Cau-
debec, Château d'Harcourt, Entrée de l'église de Lille-
bonne, Tancarville, Grand Escalier de Gr avilie, Châ-
teau de Dieppe, Chapelle de l'église Saint-Jacques à
Dieppe, Château d'Arqués, Eu, Le Tréport, Manoir
d'Ango, Gournay, Boscherville , Cathédrale de Rouen,
St-Ouen, Place du Parvis Notre-Dame à Evreux, etc., etc.,
de nombreuses planches de détails de sculpture , et le
titre, etc., etc.). A côté de lui débute son fils Théophile
Fragonard, qui signe seulement de son prénom.
Vient ensuite Villeneuve , le dessinateur de vues (Eglise
de Gr avilie , Abbaye de Fécamp, Si-Sépulcre de l'église
(1) Nous disons provisoirement parce qu'en fait de genres on ne sait
ni qui vit ni qui meurt. Notre siècle a vu ressusciter un mort, le bois ;
il a vu ensuite la petite lueur de l'eau-forte originale, presque éteinte,
reprendre jusqu'à briller d'un extraordinaire éclat. Présentement il voit
une éclipse de lithographie, mais avec tendance à sortir de la pénombre.
Voici, par exemple, qu'un de nos dessinateurs, Robida, s'avise de faire,
son petit baron Taylor : il a recommencé par la Normandie, la Bretagne
et la Touraine de nouveaux voyages dans La Vieille France, qu'il va
continuer par la Provence, le Languedoc, etc. Et pour cela il s'est remis
au procédé d'autrefois, à la lithographie d'architecture pittoresque.
92 LRS GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
St-Jacques à Dieppe , Le Tréport, Rouen , Fontaine de la
Croix de Pierre, Fontaine de la Crosse, Vue générale de
Rouen, etc.).
Parmi les illustrateurs importants est le général baron
Atthalin. habile lithographe, à qui les auteurs adressent
aussi de-; remerciements : (Saint -Wandril/e , Croix du
cimetière de Graville, St-Jacques à Dieppe, St-Martin
d'Auchi, Cloître de Boscherville, Escalier de la biblio-
thèque de la cathédrale de Rouen, La Grande-Maison aux
Andclys. Gisors, etc.).
Mais les deux noms à mettre en vedette, et pour parler
comme au théà:re, les deux lithographes étoiles sont, au
premier volume, Isabey père avec ses lithographies admi-
rablement argentines (Saint- Wandrille, Escalier de la
grande tour du château d'Harcourt, Intérieur de l'église
de Graville, Caveau de Notre-Dame d'Eu, etc.: ce sont
des estampes de premier ordre) et au tome second Bonington
avec ses estampes fameuses qui sont le clou du volume et
l'orgueil des collections (Le Gros-Horloge , etc. Voyez
l'article Bonington).
Gros delà troupe: Bourgeois (Vue de Lillebonne, Vue
d'HarpZeur, Donjon de Gisors) ; — Truchot (Eglise de
Louviers, Jumièges, Château d'Harcourt, Cloître de
Graville, Montivilliers) ; — Vauzelle (Eglise d'Hurfleur,
Abbaye de Montivilliers, Cour du Palais de Justice de
Rouen) : — Giceri père (Souterrain du château de Robert
le Diable) ; — Daguerre (Jumièges , Grande Salle du
I^alais de Justice de Rouen) ; — Bouton (vues de Rouen,
etc.) ; — Bichebois (Cathédrale de Rouen, etc.) : — Léger
(Rouen : Portail des Libraires, Portail de la Calendre,
Hôtel Bourgtheroulde, St-Maclou, petite vue en cul-dc-
lampe) ; — Alexis Joly (Château Gaillard, Gisors).
Taylor lui-même (Maison des Templiers à Louviers,
croquis au trait ; Intérieur de l'église de Louviers, cul-de-
lampe de Louviers, Ruines du château de Robert le
Diable. Abbaye de Jumièges, Tombeau d'Agnès Sorel,
Enlise de Léry, lith. par divers d'après Taylor).
Arnout (Intérieur de l'abbaye de Fécamp, Notre-Dame
d'Eu) ; — Baltard (Ruines de Jumièges) ; — Enfantin
(Ruines de l'abbaye de Mortemer); — Lemaître (Arche-
vêché d'Évreux, Cour de l'hôtel Bourgtheroulde) ; —
X. Le Prince (St-Ouen, Notre-Dame d'Eu) ; — Régnier
(Pourvillc) ; — Renoux (Porte de la cathédrale de Rouen) ;
TAYLOR. 93
— Robert {Tancarville , Vue de la plaine d 'Arques) ; —
Schmidt (Église d' Harfleur) ; — Gh. de Vèze (Tancar-
ville);— Lesaint, Picot, Thiénon, Watelet.
Et encore :
Jean Alaux, dit le Romain, peintre, 1786-1864 (Cour du
château d'Arqués).
Jean-Paul, dit Gentil Alaux, peintre, né à Bordeaux ,
1788-1858 (Clocher de Darnetaf).
Oscar Gué, né à Bordeaux en 1809, directeur de l'École
de peinture et du Musée de Bordeaux : neveu de Julien-
Michel Gué qui a lithographie des décors (Eglise de
Graville, Montivilliers . Ces deux pièces sont signées Gué
tout court).
Jean-Joseph Jorand, peintre et archéologue, né à Paris ,
1788-1850 (Portail d'Eu, St-Hildebert, Gournay, Les
Andelys).
Enfin, les plus minces emplois (au théâtre on dirait : les
pannes), c'est-à-dire, ceux de dessinateurs de culs-de-
lampe, sont, remplis par Horace Vernet (qui a aussi dessiné
deux grandes vues), Carle Vernet, Géricault, Bergeret,
Mauzaisse,Gosse,Aubry-i.e-Comte, Vigneron.— Visconti
et Devéria dessinent les fleurons de titres. — Victor Adam
est chargé de mettre, dans quelques planches, les figures,
que certains faiseurs de vues ne savent pas dessiner.
FRANCHE-COMTÉ, 1 vol., 1825.
Nous allons d'abord retrouver des noms d'artistes déjà
vus dans la Normandie. Fragonard (Titre, Dôle, Pesme,
Tour nus, Tombeau de Philibert-le-Beau, Nantua, Abbaye
de Saint-Claude, Besançon) ;
Alexis Joly (Dôle, Saut-de -Pue elle, Neuville-sur- Ain,
Perte du Rhône, Source du Rhône d'après Michallon,
Vues du Jura, Château de Montferrand, Joux) ;
Villeneuve, dont la collaboration devient très fréquente :
ses vues ne se comptent plus (Lac de Nantua, Montagnes
du Bugey, Fort de l'Ecluse, vues du Jura, St-Claude,
Usines de la source de la Loue, Vallée de Consolation,
Saut du Doubs, etc.) ;
Le baron Atthalin (Église souterraine de Toumus, Inté-
rieur il 'une grange de Cordon, Cascade de l'Abyme, La
Quenouille des Fées);
Bichebois (Brou, Citadelle de Besançon) ; — Arnout
(Brou); — J. Alaux (Intérieur d'une grange à Nantua,
94 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
Montagnes du Jura, St-Claude, Pont-des- Arches, Château
de Présilly, etc.) ; — Taylor {Intérieur d'une tour du
château cFArlay); — Bouton (Montaigu, Cave de Lacuzon);
Jorand, V. Adam.
Les trois noms à signaler en vedette sont :
Bonington (Suite. Voyez son Catalogue) ;
Un autre anglais, Harding, avec une série de pièces
remarquables, peu connues, d'un crayon très fin et moel-
leux, qui ont été imprimées à Londres chez Hullmandel :
(Route de Cerdon à Maillac ; Châteaux de Tout-Saint.
d'Oliferne, de La Roche, de Frasne, de Ver ce, de Mon-
taigu, de Rupt; Chateauvillain, Abbaye de Baume, Source
du Héron, Gorges du Mont -Terrible, etc.);
Et le peintre Louis Courtin avec deux pièces superbes
(Intérieur de l'église de Brou, Chœur de l'église de Brou).
Noms nouveaux apparaissant dans ce volume:
Charlet (Grotte d'Osselles, Intérieur d'une baraque de
charbonniers) ; — Deroy (Besançon) ; — Louis Haghe
(Château de Vaire); — Jacottet (Abbaye de Château-
Châlons) ; — les anglais Fielding-Newton (Richecourt) et
Prout (Abbaye de Baume, Montbéliard) ; — enfin Jaime
(Nozeroy); Sabatier (Eglise de Remonot) et Dauzats
(Monnet-le-Château, Intérieur de la tour de Rupt signé
Dozat): nous les retrouverons tout à l'heure.
Culs-de-lampe par H. Vernet, Joly, Thomas, Alâux,
Grévedon, etc., celui de l'introduction par Ingres. Fleu-
rons de titre d'après Percier.
AUVERGNE, 2 vol., 1829-33.
Les belles lithographies, dans ces deux volumes, sont
toujours en grand nombre.
Illustrateurs : Fragonard, qui commence à être distancé,
(Notre-Dame du Puy, etc.), Jorand (ld.), le baron Atthalin ;
pour les Yues, Villeneuve (Vue de Thiers, Château de
Nonette, etc.), Al. Joly.
Alaux (St-Cirgues, Porche de l'église de Thiers, St-
Julien-de-Brioude. — Le Pont du Lignon est signé
M. Alaux) ; — Aubry-Lecomte (Village du Mont-Dor) ; —
Bichebois (Château de Tournoël, Taylor del.); — Bour-
geois (Vallée de Royat, Église de St-Jean à Thiers,
Château de Mozun) ; — Bouton [Notre-Dame du Port à
Clermont, etc.); — Cicéri; — Courtin; — Daguerre (Galerie
du château de Tournoël, Pont de Thiers); — Deroy (Église
TAYLOR. 95
d'Issoire); — Gué (Eglise de Mauzac, Besse, Maison au
Puy, Grand Escalier de l'église du Puy, Vieille Porte au
Puy, Rocher de St-Michel) ; — Hague (Château-Gay, Pont
du Moustier à Thiers); — Léger ; — Taylor; — De Vèze
(Chapelle Ste-Claire au Puy, Polignac) ; — Watelet
(Vallée de Chaudefour).
Noms nouveaux :
Sabatier, qui commence à fournir un grand nombre de
vues (Chapelle et Montagne de St-Cirgues, Le Château de
Mont-Rognon et le Puy-de-Dôme, Le \Mont Dor d'après
Taylor, etc., etc.).
Goignet (Gergovié) ; — Gudin (Château de Buron); —
Hostein (La Roche-Vandeix) ; — Hubert ; — Monthelier
(Grotte de Royat) ; — Thomas (Chapelle de la Vierge à
Volvic, Entrée de Montferrand); — Tirpenne (Cascade de
la Durolle) ;
Jaime (Eglise d'Ennezat , vue du château de Tournoël.
Volvic, Eglise de Pionsat, Village du Mont-Dor, Le Trou
d'Enfer à Thiers).
Le peintre Granet (Eglise de Cœbazat).
Le peintre Nous veaux (Lac Chambon).
Le peintre Justin Ouvrié, 1806-1880, filleul du baron
Taylor (Eglise de Menât, signé Justin).
Chapuy (') (Eglise St-Genez à Thiers, Tour de Clé-
ment VI à la Chaise- Dieu , St-Elpize et les bords de
V Allier).
(d) Nicolas-Marie-Joseph Chapuy, né à Paris en 1790, mort en 1858,
élève de l'Ecole Polytechnique de la promotion de 1809 et élève-ingénieur
des constructions navales, fut mis a la retraite d'office en 1815 pour cause
de bonapartisme. Il devint alors archéologue et architecte. Il a beaucoup
lithographie, et il a mis en œuvre nombre de publications à lithographies.
C'est un Taylor en réduction.
Lui aussi a lutté un des premiers pour nos monuments historiques, en
publiant à partir de 1823 une série de monographies des Cathédrales
françaises ( Paris , Amiens , Orléans , Reims et le Sacre de Charles X ,
Strasbourg- , Auxerre , Chartres , Sens , Dijon , Albi , Arles , Autun ,
Senlis, etc. Chez Leblanc, Gœtschy ou Levraut, in-4). Ces monographies,
dont le texte est de Jolimont et de Du Mège, contiennent des séries de
lithographies dont la majeure partie est de Chapuy ; il s'y trouve des
pièces d'un crayon fin, et les détails d'architecture gothique y sont pré-
cieusement fouillés. D'autres lithographies sont d'Arnout, Bicbebois,
96 LES GRAVEURS DU XW- SIECLE.
A signaler plus particulièrement :
Harding, suite : (Eglise de Mauzac, Chatelgayon, Anval,
Tournoël , Volvic , Cimetière St-Gervais, Chateauneuf,
Cascades de Thiers, Cours de la Durolle) ;
Brascassat (Eglise St- Gervais; Vue de Menât , Eglise
de Beserve, Vue générale de Clermont);
Le peintre De Laberge , avec une pièce d'un aspect
caractéristique (Château de Pesteil à Polminhac) ;
Paul Huet (Tour de Montpeyroux) ;
Eugène Isabey (Rue des Gras à Clermont, Village des
bains, St-Xectaire, Lac d' Aidât, Eglise St-Jean à Thiers,
Château de Bouzols, Donjon de Polignac, Croix de Chau-
desaigues , Château de Pesteil, Château de Larderole).
Avec Eug. Isabey apparaît cependant le défaut du genre :
le pittoresque poussé à l'extrême, plus de chic que de
vérité, et un système de dramatiser jusqu'aux terrains, qui
finit par fatiguer.
Dauzaïs, avec un brillant début (Vue générale de Riom,
Place Delille et Fontaine à Clermont , Cathédrale de
Clermont , Mont-Rognon , Beaumont, Route de Roche fort
aux Mont-Dor, La Roche , La Chaise-Dieu , Façade de
l'église de la Chaise-Dieu , Le Puy en Velay , Grande-
Place du Puy , Maisons à Chaudesaigues , Château de
Rouffiac , St-Pol , Abbaye d'Aurillac).
Courtin, Deroy, J. David, et l'on y voit quelquefois des figures de Victor
Adam.
Voyage pittoresque dans Lyon ancien ei moderne, publié par Cliapuy
et lithographie d'après ses dessins. Paris, Leblanc, 1824, in -fol. ; lith.
par Arnout, Bichebois, Bonington (Façade de l'église St-Jean) Deroy,
Joly, V. Adam.
Souvenir d'un voyage dans le Midi de la France, croquis lithographies
d'après Chapuy par divers (sans intérêt).
Le Moyen-Age monumental et archéologique, lithographies par divers
d'après Chapuy.
Le Moyen-Age pittoresque, texte par Moret, 1839-1844, in-fol. Dessins
de Chapuy, lithographies par lui-même et par Asselineau, Beyer, Boys,
Cuvillier, Tirpenne, Houargue, Villemin, André Durand, Danjoy, Herson,
Wild, etc.
Chapuy a collaboré à d'autres publications : Œuvres de Palladio, 1826,
Monuments de France, Monuments de Pétra, Antiquités d'Alsace, Voyage
en Orient, par M. de Bussière, etc. et autres ouvrages que l'amateur
d'estampes n'est d'ailleurs pas dans l'obligation de connaître.
TAYLOR. 97
Rien à signaler dans les vignettes, sauf un cul-de-lampe
signé Eug. Delacroix.
LANGUEDOC, k vol.; 1833-34-35-37.
Il faut ici renverser l'ordre des facteurs et , avant de
parler des planches, attirer l'attention sur le texte, ou
plutôt sur son exubérante ornementation.
A l'époque où le Languedoc est mis en œuvre, le roman-
tisme, et avec lui l'illustration romantique battent leur
plein. On est tout « moyen-âge ». Les auteurs des Voyages
dans V ancienne France , voyages que depuis douze ans
leur titre qualifie de romantiques, ne peuvent pas faire
moins que d'entrer dans le mouvement. Ils conçoivent
donc des volumes « moyen-âge » avec texte entouré d'or-
nements gothico-romantiques. Toutes les pages sont ainsi
encadrées, et dans ces bordures viennent heureusement
s'intercaler nombre de petites vues pittoresques ou de
détails d'architecture. Les volumes du Languedoc pren-
nent dès lors une allure de vieux manuscrit , de riche
antiphonaire sorti des presses de Didot. — Inconsé-
quence de la bibliographie ! On a écrit des volumes sur les
livres dits « romantiques ». On y a étudié , catalogué ,
reproduit lès moindres vignettes de Johannot , les bois de
Porret, les eaux-fortes de Gélestin Nanteuil. Et on y a
toujours oublié les volumes du Languedoc et de la Picardie,
qui constituent la plus caractéristique peut-être, et certai-
nement la plus touffue des illustrations romantiques !
Les ornemanistes s'y divisent en deux espèces bien
tranchées : ceux qui sont romantiques d'instinct , natu-
rellement et sans effort, — et ceux qui se battent les flancs
pour l'être.
Le plus original , le plus brillant des premiers est
Gélestin Nanteuil, le « jeune homme moyen-âge ». Il
trouve là, en grand, l'occasion de placer son répertoire
d'archanges, de saintes (aux yeux qui ne sont jamais
d'accord), de chevaliers, d'enroulements gothiques et
de donner une des productions les plus saillantes du
romantisme , traitée avec autant d'imagination débordante
et heureusement étrange que de savoureuse couleur. Ses
encadrements de Moissac et de Narbonne sont le paroxysme
romantique, le romantisme flamboyant. — Il faut nommer
aussi Jean Gigoux , qui n'a qu'un seul encadrement ,
mais bien typique , et Perlet , Feuchère , Bonhomme ,
LES GRAVEURS DU XIX' SIÈCLE.
collaborateurs accidentels ; enfin , Dauzats , très remar-
quable.
Dans les seconds est le jeune Viollet-Leduc, qui se
multiplie, et souvent avec ingéniosité. Sa nombreuse série
d'encadrements est curieuse ; mais il y manque le je ne
sais quoi , la flamme romantique. Les fragments d'archi-
tecture y sont habilement et froidement assemblés : tel ,
un élève très fort, dans un discours latin, replace à propos
des tournures notées dans son « cahier d'expressions ».
Viollet-Leduc est déjà un savant « moyenâgiste », mais
il n'est pas un « moyenâgeux » comme Gélestin Nanteuil.
— Encore plus froids sont les encadrements d'AiMÉ
Chenavard , l'homme de l'ornement Louis-Philippe, et de
Théophile Fragonard. — Autres ornements dessinés ou
lithographies par Fries , Marly , Ledoux , Gosse , l'archi-
tecte Danjoy, Lehnert, J. David , Victor Adam , Pierre-
Joseph Challamel ( frère d'Augustin Ghallamel ), Léon-
Auguste Asselineau (cousin du bibliographe des roman-
tiques), Ph. Blanchard, Llanta, Signol, etc.
Passons aux trois cents vues pittoresques.
Dauzats remplit ici le grand premier rôle , ses lithogra-
phies sont innombrables, (Toulouse : Eglise St- Etienne ,
Musée, Lycée, Donjon du Capitule, Arsenal, Escalier de
V Arsenal , Hôtel de Pierre , etc. — Albi : St-Salvi , La
Place, Ste-Cécile, Jubé de Ste-Cécile, Extérieur du chœur;
divers détails de sculpture. — Vues des Environs d'Albi. —
Série du Cloître de Moissac. — Rocamadour, Pont de
Cahors, Cathédrale de Cahors, Château d'Assier, Nar-
bonne, Perpignan, Aiguës-Mortes , Nîmes, St-Bertraud de
Comminges , Cathédrale de Béziers). Ces lithographies
sont d'un très beau crayon. Le Donjon du Capitole, par
exemple, et Y Escalier de l'Arsenal, ne seraient pas désa-
voués par Bonington : malheureusement ces sujets ne sont
pas d'un intérêt capital, et le sujet, quoi qu'on die, est bien
quelque chose !
Alaux ; — Bichebois (Rocamadour, Abbaye de Conques,
etc.); — Bouton (Eglise des Jacobins à Toulouse); —
Chapuy ( Belle série de St-Sernin de Toulouse , Hôtel
d'Assézat, Jubé de la Cathédrale de Rodez; — Gourtin (La
Commutation à Toulouse) ; — Fragonard ( Cour du Capi-
tole) ; — Oscar Gué ; — Haghe ( Narbonne , Salces ,
St-Martin du Canigou , Château de Brissac drawn on
zinc by Haghe , Foix , etc.) ; — Léger ( La Dalbade à
TAYLOR. 99
Toulouse) ; — Monthelier ( Château de Calmont ) ; —
Ouvrié (belle lith. de Saint-Bertrand de Comminges) : —
Renoux (Salle du petit Consistoire au Capitole) ; — Taylor
( Cathédrale de Montpellier, etc.). — Sabatier ( Château
d'Espalion , etc.) — Villeneuve ( Vue d'Albi, Castelnau-
Bretenoux d'après Grille de Beuzelin, Vues du Rouergue,
Pont de Toulouse, Pont du Gard, Château de Lourdes, etc.)
Harding (Notre-Dame de la Brèche, Port-Vendres ,
Villeneuve-lès-Avignon), et d'autres anglais dont les litho-
graphies sont imprimées chez Hullmandel : George Bar-
nard (Eglise de Ville franche, Montauban, Rue de Caylus,
Collioure, Lodève, Abbaye de St-Savin) ; — Thomas Boys
( Tour de Rodez); — Fowler ( Moissac) ; — R. L. Gale
{Le Lot à Espalion , Lourdes) ; — Harris (Narbonne) ; —
Mackensie ; — W. Walton (Vue de Conques).
Noms nouveaux : Bachelier ; — Guiaud ( Église de
Villefranche près Prades) ; — Lassalle ; — Jean-Bona-
venture Laurens ; — Leblanc ( Salles-la-Source ) ; —
Albert Lenoir, fils d'Alex. Lenoir (détails de sculpture) ;
— Ed. Massé ( Hôtel d'Assezat ) ; — Mayer ( Cour du
Château de Montai); — Mialhe (Le Tourmalet); —
D'Orchwiller ; — Victor Petit; — Questel; — Tirpenne;
Turpin de Crissé [Cloître des Cèlestins à Rodez, Intérieur
du Musée de Nîmes) ; — Villemin ; — Weber.
Nombreuses vues des Pyrénées par Villeneuve, Chapuy,
Monthelier, Harding, Joly, Nousveaux. Peu intéressantes.
Dans l'ensemble, on commence à constater quelque mono-
tonie et à éprouver de la lassitude. La lithographie de
vues pittoresques, à l'époque où nous sommes arrivés, se
met à pulluler et à se banaliser. Au Salon de 1834, le tiers
des quarante-cinq lithographes exposants envoie des vues
destinées à l'ouvrage du baron Taylor, ou autres publica-
tions dérivées ! (l)
PICARDIE , 3 vol. 1835-40-45.
Même système d'encadrements de texte que pour le
Languedoc. Le chapitre relatif à Amiens est très richement
(!) Par exemple, le Voyage pittoresque en Bretagne du comte de
Trobiïand.
Les Esquisses Bourbonnaises d'Achille Allier, petit album d'ailleurs
insignifiant (chez Desrosiers, à Moulins).
L'Ancien Bourbonnais, par Achille Allier, gravé et lithographie sous la
100 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
entouré par Célestin Nanteuil , par Viollet-Leduc , qui
semble s'échauffer un instant au contact des autres roman-
tiques, par Perlet, Marly, Signol, Ledoux, etc. Un des
encadrements est du peintre Français, 1838.
Mais bientôt, — la période des livres romantiques tirant
à sa fin, — Nanteuil disparaît ; Viollet-Leduc tombe dans
le genre ennuyeux, puis dans le mauvais : on voit qu'il n'y
a plus le goût. Et les derniers encadrements sont signés
Ph. Blanchard inv. et del. C'est la fin du genre.
Pour les planches , les dessinateurs dont les noms
reviennent le plus souvent sont Barnard, Harding, Dauzats,
Monthelier, Villeneuve, Sabatier, enfin Eugène Cicéri qui
finira par illustrer les Voyages de V Ancienne France
presque à lui tout seul.
Dans les noms nouveaux: Guesdon, l'anglais Hawke,
Julien , E. Lassalle , V. Lefranc , Théod. Mansson ,
Roux , Sagot. — Bachelier , Ad. Cuvillier , l'architecte
Hipp. Durand, Duthoit d'Amiens, Guyon, Herson, Laby,
Lassus , Lion, Aug. Mathieu, l'anglais Nash {Eglise
St-Riquier), Daniel Ramée. — Les graveurs Hibon et
Emile Ollivier.
La qualité des lithographies est de plus en plus banale.
Mais nous citerons par exception :
Eugène Balan (Maison à Amiens, St-Wulfram d'Abbe-
ville , Escalier de la Trésorerie de V abbaye de St-Riquier,
Chapelle des fonts baptismaux , id.) ;
L'anglais Thomas Shotter Boys (*) (Place du grand
marché d'Abbeville, Canal d'Abbeville, Maison d'Abbeville,
Tour du beffroi à Calais) ;
direction d'Aimé Chenavard. Moulins, impr. de Desrosiers, 1833 et suiv.,
in-fol. Vignettes de Johannot, Allier, etc. , lithographies d'André Durand,
Tudot, Courtin, Chapuy, Sagot, Deroy, Villeneuve, Tirpenne, Sabatier,
Bichebois, Sorrieu, Jaime.
V Artiste de ces années est plein de vues d'architecture pittoresque.
La cause du Moyen-Age étant gagnée, les recueils sur le Moyen-Age
se multiplient. Nous en avons cité tout à l'heure à propos de Chapuy,
rappelons aussi celui de Du Sommerard. C'est une profusion, un déluge.
Mais c'est la banalité ; nous sommes loin de l'estampe de collectionneur
comme les lithographies de Bonington, ou même de Dauzats, et nous
tombons dans l'atlas de planches explicatives. Arrêtons-nous.
(!) On retrouve Boys dans deux autres publications : Paris ancien et
moderne, recueil de vues lithographiées d'après nature et d'après les
TAYLOR. 101
Les lithotintes d'Harding [Fort rouge de Calais, etc.) ;
Et la série des planches de Bonhomme , ce maître trop
peu connu : ( Cathédrale d'Amiens : Rose du Nord , Bas-
reliefs du chœur, Bas-reliefs de l'extérieur du chœur, 4 p.,
Fonts baptismaux , Soubassement des bas-reliefs, Tombeau
de Hénancourt , Monuments en bronze , Chapelle des
Macchabées, Tombeau des comtes de Lannoy. — Maison de
1555 , Intérieur de l'église de St-Poix , Collégiale St-
Riquier, Portail de St-Riquier, Dessus de la Grande Porte,
Abbaye de St-Jean des Vignes , Cloître de St-Jean des
Vignes , Petit cloître de St-Jean des Vignes).
BRETAGNE , 2 vol. 1845-46.
Vignettes de titres de Viollet-Leduc , gravées par Gau-
cherel, et de Gaucherel, gravées par Guillaumot.
On peut dire que toute l'illustration est de Dauzats et
d'Eugène Cicéri ( Grande rue Vieille à Nantes , Vues de
Brest , Place de la Halle à Landerneau) , A. Mayer,
Jacottet. Gela tourne à l'imagerie, à la feuille de modèle
pour cours de dessin.
CHAMPAGNE , 2vol.
Ces volumes ont été mis en train vers 1841. Les litho-
graphies sont de Dauzats (série de Iroyes, etc.), Eug.
Cicéri (Série de la Cathédrale de Reims , etc.), Sagot ,
Monthelier, Victor Petit. Quelques planches gravées par
Wacquez.
Rien à signaler.
DAUPHINÉ, 1854.
Lithographies exécutées vers 1843 par Haghe , Harding
(en lithotinte), Aug. Mathieu, et pour les vues Sabatier
et Eug. Cicéri.
BOURGOGNE.
Planches lithographiées par Eug. Cicéri, Sagot, Durond,
manuscrits de la Bibliothèque royale par Boys, Dauzats, Deroy et Jaime;
texte par Duchène aîné: publié en 25 livr., 1836. (Motte, Rittner et
Goupil, Delloye) — Architecture Pittoresque, par Boys: 26 vues prises
à Paris, Rouen, Chartres, Anvers, etc. Lith. coloriées, imprimées chez
Hullmandel. In-fol., 1839.
102 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
Fichot, Hubert Glerget, Gaildreau, Benoist, ou gravées
par F. Lemaître et autres, ou en phototypie Poitevin.
NORMANDIE , troisième volume.
Enfin, plus tard, bien plus tard, en 1878, le baron Taylor,
alors âgé de quatre-vingt-neuf ans , eut , comme dans la
chanson, une réminiscence et revint a son point de départ, à
sa Normandie qu'il pensa (Souvenez-vous en!) à compléter,
avec des éléments qu'il avait prêts depuis plus de trente
ans. 11 publia donc un tome troisième avec lithographies
(bien antérieures à la publication du volume) d'Eug. Cicéri,
Gaildreau, Fichot, Gh. Vernier (d).
TELLIER, dessinateur, 1830 et suiv.
Lithographies.
Un Blessé de la Grande Semaine, 1830. Chez l'auteur, 12,
boulevard Montmartre. In-4 en 1. — La France (?) appuyée
sur une colonne funéraire : à côté d'elle, Louis-Philippe,
mettant la main sur son cœur. In-4 en 1. — Le Lever,
L'Andalouse, paroles de Musset, musique de Monpou. —
La Tour de Nesle : R. de Beauvoir et Monpou. — Bar-
carolle : Th. Gautier et Monpou [-). — Les Emplettes de
bal. — Divers sujets pour le Journal des Jeunes Personnes.
Et des dessins sur bois : Vignette du Journal de la
Jeunesse, gravée par Lacoste. — Illustrations pour les
Crimes des rois de France, 1840.
(!) Il est facile de voir, par le nombre des noms d'artistes que nous
avons cités à l'occasion des Voyages pittoresques de l'Ancienne France, à
quel point l'on serait envahi et où l'on tomberait, si dans un travail sur
l'estampe du XIXe siècle on prenait en considération quiconque a tenu
du plus au moins le crayon lithographique !
Nous avons groupé autour du baron Taylor l'armée de ses collaborateurs,
tout le personnel du genre « vue pittoresque », parce que c'est là que
doit être, après tout, sa vraie place. Beaucoup de vues lithographiées
plaisent, placées dans les volumes. On ne les changerait pas impunément
de milieu pour les insérer à haute dose dans une collection d'estampes.
(2) Autre romance de Monpou, La Femme changée en pierre, avec une
lithographie ridicule, signée Teisserenc.
TERRY. 103
TERRY, lithographe. — Suite de 12 Paysages
de C. Hesse (chez Goupil). — Vues de Suisse,
d'après divers. — Tableaux de la Suisse , d'après
Diday. — For te feuille -Diday. — Nombreuses
pièces pour Les Artistes Suisses.
TESSIER (Léon), peintre, a gravé à l'eau-forte ,
d'après les peintures de son maître Hanoteau :
Fermière apportant à manger aux oies, 1875,
in-fol. ; Les Biquets, 1877.
TESTARD ( François - Martin ?) , graveur au
pointillé et au lavis , commencement du siècle. —
Sujets de piété à l'aquatinte, d'après les maîtres.
— Le Soufflet, Le Dimanche matin, d'après Farrier
(chez Bulla et chez Testard, rue Poupée). —
D Emblème , La Confidence. — Fleurs et Fruits ,
d'après Vidal. — La plus belle des Roses, tête de
femme dans une fleur. (Chez Testard, marchand
d'estampes, 15, quaiMalaquais) (1).
TESTARD (Jacques -Alphonse), né en 1810.
Sujets divers.
Trois sujets d'animaux féroces , d'après Mène , 1840-42.
Une série de petites pièces in-12 en 1., au lavis : Moulons
couchés, 1844 ; Mouton couché (vers 1851); Lapin; Deux
Lapins, Cobaye ; Deux Cobayes. (Imprimerie Beillet.)
(!) Est-ce le même ? — On trouve aussi le nom de Testard dans le
grand ouvrage sur l'Egypte.
10'. LES GRAVEURS DU XIX0 SIÈCLE.
Viltard, rôle d'André dans L'Aveugle de Bagnolet, in-8.
Bronzes de M. Mène. Testard del et se. (L'Artiste). —
Cheval attaqué par un loup (Id.)
Sous le nom de Testard comme dessinateur, on trouve :
Vignettes de piété ; portrait de Pie IX, etc.
Collection des principales vues de Paris dessinées par
Gavard avec le diagraphe et gravées par les meilleurs
artistes. Planches in-4 en 1. dessinées par Testard, gravées
par Appert et Salathé (chez Fatout, vers 1840). — Nouveau
Plan pittoresque de Paris, 1840, titre. — Divers plans de
Paris. — Vue générale de Versailles.
Portrait de Ch. Deburau, 1849, in-4. — Le Même, la
main appuyée sur une table, in-4(1). — Le Même, ayant
à côté de lui la statuette de son père. 1854, in-4. — A. Laja-
riette, directeur des Délassements-Comiques, mort en 1848-
(1) Rapprochons de ces trois portraits de Deburau fils le portrait de
Deburau père, lithographie par Auguste Bouquet d'après son tableau
[L'Artiste), le même réduit sur bois (pour Y Histoire du Théâtre a quatre
sous), et quatre belles lithographies in-4 d'Auguste Bouquet représentant
Deburau dans quatre pantomimes : Le Chiffonnier, ou le Billet de mille
francs, Le Songe d'or (en robe de chambre, mettant la main dans sa
poche), Le Joli Soldai (en Jean-Jean), Les Cosaques (en garçon de ferme).
Ces pièces, d'un beau crayon, sont d'une rareté insigne. Nous les avions
envoyées en 1891 à l'exposition de la Lithographie.
A l'instar des astronomes, — qui n'ayant pas tous les jours un monde
de premier ordre à trouver, comme Leverrier, s'acharnent à la découverte
de petites planètes finissant par tourner à une simple poussière cosmique,
— les iconographes, faute de sujets éclatants à observer, s'ingénient à
découvrir des oubliés ou des dédaignés, — voire de quatrième ordre, —
et à les faire sortir de leur obscurité. Songez donc ! Inventer un nouvel
artiste dans l'estampe, c'est la gloire ; le cataloguer, c'est l'immortalité !
On sera cité, à travers les siècles, dans les catalogues de vente qui feront
suivre les titres des pièces de la fameuse mention : Catalogue un tel,
numéro tant.
Mais les astronomes, tenus en bride par la précision mathématique,
n'ont point licence de modifier et d'amplifier à leur gré le volume, la masse,
ou le poids des corps qu'ils découvrent. Tandis que nous autres amateurs
d'estampes, nous résistons difficilement à la tentation dégrossir, ou plutôt
de boursoufler les ignorés que nous cherchons à mettre en lumière. Pour
un iconographe, tout inconnu qu'il entreprend de révéler est un artiste
TEXIER. 105
TEXIER (Victor), peintre et graveur au trait,
né à La Rochelle en 1777, mort à Paris en 1864 :
Planches pour le Musée Français. — Vues de
absolument extraordinaire, et toute estampe qu'il connaît et qui est restée
non décrite est une estampe inouïe.
Ainsi pour Auguste Bouquet, caricaturiste violent, lithographe assez
intéressant, et un peu graveur, qui peut-être aurait été peintre, mais qui
n'a pas eu le temps de le devenir, étant mort à trente-six ans (voyez
tome VIII, page 259). Champfleury, qui aimait les trouvailles, quitte à les
faire avec un scepticisme assez narquois, s'était mis sur cette piste : il
voulait découvrir Bouquet; pour le singulariser il avait imaginé de lui
donner, avec un air un peu goguenard, le singulier titre de « peintre ordi-
naire de Deburau » ; il venait au Cabinet des Estampes demander
« l'œuvre ;> d Auguste Bouquet. Après des recherches tenaces, s'étant pro-
curé quelques données sur l'homme, il parvint à en tirer, — véritable tour
de force ! — une longue notice (publiée dans le journal L'Art), suivie d'un
catalogue qui nous fait connaître à peu près complètement l'œuvre du
« peintre ordinaire de Gaspard Deburau ».
Eh bien, toutes choses remises en ordre simple et convenablement
tassées, cet œuvre se compose :
De quelques portraits : Auguste Bouquet, sa palette à la main, devant
son chevalet où il peint Deburau ; il est vêtu d'une longue blouse à man-
ches pagodes qui fait ressembler le jeune artiste à une femme ; la pièce est
curieuse. — Mazurier, dans Une Visite à Bedlam. — J.-M. Cambon,
compositeur, vers 1830. — Charles Caret (que Champfleury suppose être
un poète-ouvrier, mêlé aux insurrections). — George Scholey, in-fol. —
Deburau, copie du tableau peint par Bouquet [L'Artiste). — Les quatre
Deburau, dans Le Chiffonnier, le Songe d'Or, Le Joli Soldat et Les
Cosaques, très intéressantes pièces. — Je fume, tu fumes, il fume,
pièce représentant Guinard, Cavaignac, Trelat et d'autres détenus
politiques. (Les profils de Guinard, Cavaignac, Trélat ont aussi été
lithographies par Jeanron et par Gigoux).
D'un lot de caricatures politiques fort violentes : Amateurs de liberté,
La Débâcle, Reliques de Juillet, Un Ami de l'ordre. Elle me résistait...,
Louis-Philippe et la Liberté, Tonnerre de D... le petit bonhomme vit
encore! (Mayeux à Holyrood), Toi grenadier tu vas monter la garde. —
Dans la Caricature de Philipon, vingt-quatre pièces, 1830-33 ; c'est la
partie la plus originale des lithographies de Bouquet. (Nous en avons
parlé tome V, page 116). — Dans le Charivari : C'est ainsi qu'ils iront à
V immortalité, Ah I petit drôle de prince (Louis- Philippe surprend un
106 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
VAlhambra et de Cordoue, 1812. — Tableau de
la Compagnie des Gardes à pied ordinaires du
Corps du Roi, 1815. — Planches pour le Musée
de ses fils en train de dessiner une poire), Dis donc, beau masque, Grand
combat des navets de Compiègne, Suppôts de l'amour unanime, Le trou-
badour de Syracuse, Tête-à-tête de jeunes époux.
D'un lot de ces petites lithographies de reproductions comme on en
exécutait alors, à la centaine et sur le pouce, pour les publications illus-
trées. Dans le Charivari : Le Pécheur napolitain dansant : Duret ; L'En-
terrement du Titien : Hesse; Scène de « Le Brigand et le Philosophe », de
Félix Pyat ; Parias : Préault ; Misère : Préault ; Ours jouant dans soti
auge : Barye ; Le Billet : Roqueplan ; Plage à marée basse : Isabey ; Une
Scène de Paris : Jeanron ; Intérieur d'atelier : Decamps ; Mahomet et son
chat : Em. Lessore. — Dans la Bévue des Peintres : L'Abreuvoir :
Decamps ; L'Arménien : Decamps ; Le Bepas de Pierrot (dans Le Bœuf
enragé) ; Devant la cheminée : F. Boissard ; Le Dimanche des Bameaux :
Em. Lessore. — Dans L'Artiste : scène du Murillo de Félix Pyat (^4 la vue
de ce tableau délicieux...) ; Morte : Decamps ; Scène de la Saint-Barthé-
lémy, Jeux d'enfants : Robert Fleury ; Exorcisme de Charles II : Brune ;
Episode de la retraite de Moscou : Boissard ; Les Dansadores : de Che-
vagneux, 1837.
De quelques tentatives de gravure : Le Larmoyeur : Ary Scheffer (pour
Le Musée d'Al. Decamps), eau-forte. — Un fac-similé d'eau-forte de Rem-
brandt. — Le Caravansérail : Decamps (L'Artiste). — L'Ange gardien :
Decaisne (L'Artiste). C'est une manière noire insignifiante, c'est moins que
rien ; mais, suivant son habitude, L'Artiste faisait à cette image une forte
réclame, par la plume de L. Noël : Cet ouvrage plein d'harmonie se fait
remarquer par de brillantes et solides qualités : l'ensemble de la gravure
est aussi gracieux qu'attrayant ; nous la croyons destinée à un grand
succès, plus encore à cause de la manière dont elle est traitée qu'à cause
du sujet qu'elle représente. . . — Ste Famille, Tobie : Rembrandt (L'Ar-
tiste). — Portrait de Jules Janin, 1841, manière noire.
De sept vignettes sur bois (pas plus !) pour L'Elysée Bourbon d'Urbain
Canel, le journal Bagatelle, le Cirque littéraire et dramatique, album
littéraire et théâtral, l'Histoire du théâtre à quatre sous.
Enfin Challamel a lithographie d'après Bouquet les Derniers moments
de Ganganelli.
Ceci est intéressant à connaître pour ceux qui, s'occupant à fond des
estampes modernes, doivent avoir tout vu, — et suffira à toujours faire
T EX 1ER. 107
de Sculpture du comte de Clarac. — Les Sept
Sacrements du Poussin, 1843, avec explication
par A. Jacquemart, f1)
TEYSSONNIÈRES (Pierre), né à Albi en 1834,
graveur à l'eau-forte et peintre , a d'abord exécuté
des planches de sa composition , de 1867 à 1873 :
Vuesd'Arcachon, Bords delà Garonne à Bordeaux,
Le Pont de Bordeaux, La Passerelle de Bordeaux,
Le Pont et la Cathédrale d'Albi, La Rivière du
Dadou, La Digue de la Garonne à Saint-Macaive,
Les Buveurs, Les Oubliés de la Bastille, Epée
Louis XIII , Vainqueur ou vaincu ? , etc., etc.
Depuis 1873, il s'est adonné à la gravure de
reproduction , et parmi ses nombreuses planches
il faut citer :
Saint Ambroise instruisant Honorius enfant:
J.-P. Laurens, in-4, 1873.
La Mort du duc d'LJngkien : J.-P. Laurens, in-4,
mentionner le dessinateur dans l'histoire de la caricature et de la litho-
graphie. Mais il ne le fera jamais briller en étoile. Dans l'ensemble, dans
l'univers de l'art, les Auguste Rouquet (et tant d'autres dont nous avons
dû nous occuper à un point de vue spécial et relatif) resteront, quoi qu'on
fasse pour eux, de simples astéroïdes. Moins encore : des corpuscules !
(!) Il faut nommer aussi Charles Texier , architecte et dessinateur,
auteur de grandes publications archéologiques : L'Arménie, la Perse et la
Mésopotamie par Charles Texier: Didot, 1842, in -fol., planches gravées
par Lemaître, Clara Lemaître, S. Cholet, Gibert ; Description de l'Asie
Mineure, Didot, 1849, la gravure dirigée par Lemaître; Architecture
byzantine, Londres, Day et fils, lithographes de la Reine et de S. A. R. le
Prince de Galles, 1864.
108 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
1874. Très belle estampe, la meilleure de l'œuvre.
Le Pape Formose : J.-P. Laurens, in-4.
Saint Bruno refusant les présents du comte Roger
de Calabre: J.-P. Laurens, pet. in-fol., 1875.
Mazeppa : Géricault , in-4 , 1876.
Fliézer et Rébecca : Tiepolo, in-4, 1877.
Chasse au faucon : Fromentin, in-fol. . 1878.
Vue du Château Broivn- Cantenac (Gironde),
in-fol., 1879.
La Madeleine , in-fol. : Décor de Marionnettes ,
in-4: A . de Beaulieu, 1880.
Portraits de Pierre et Thomas Corneille : Lebrun
et Jouvenet, 2 p. in-fol., 1881.
Bronze de la collection Thiers, 1882.
Un A])prenti cuisinier: Simon Durand, in-fol.
Fileuse ; Tricoteuse : Millet , et dix-huit autres
planches d'après Rousseau, Decamps, etc., pour
le Catalogue Marmontel.
Tricoteuse; Fileuse: Millet, 2 p. in-4, 1883.
L'Alcool: Beaulieu, in-fol.
Samson terrassant les Philistins: Decamps; Le
Matin : Corot ; Groupe de Chênes : Th. Rousseau ;
Chez V Armurier: Isabey. 1884 (pour les Cent
Chefs -d^ Œuvre).
Le Calvados (pêcheuses de moules) : Teysson-
nières, in-fol. (Keppel éd.).
Les grandes Voiles sur le lac de Genève:
Teyssonnières , in-4, 1885.
Les Deux Filles de la Mer: Delobbe, in-fol.
TEYSSONNIÈRES. 109
La Butte des Clines : Teyssonnières , in-fol.
Portrait de Marie Stuart, in-fol.
Retour de Pêche: Feyen-Perrin, in-fol., 1887.
Le Duel: Beaulieu, in-fol.
Rentrée à la ferme: Vernier, in-fol., 1888.
La Voix des falaises : Teyssonnières. in-fol.
Rabelais à Meudon : Garnier, in-4, 1889.
La Comtesse tf Haussonvïlle : Ingres , inA.
Un Meeting:^. Knight, in-fol., 1890.
Procession of the Flitch of Bacon : Stothard.
Partie gagnée : Meissonier, manière noire, in-4.
Portraits : Teyssonnières , d'après Gervex ;
M1' M. Teyssonnières, VAbbé Michon, l'Ingénieur
Soyer, le Comte d'Osmoy, etc.
Illustrations d'Emile Bayard pour Molière (elles
font peu d'honneur à l'imagination du dessinateur);
— de Maurice Leloir pour Jacques le Fataliste (édi-
tion des Amis des Livres) , et pour Les Confessions
(Launette) ; — de Wagrez pour Le Décaméron
(Boudet) ; — Illustrations pour Bug-Jargal (édition
nationale de Victor Hugo) ; les Mélodies du comte
d'Osmoy ; — Le Château de Coppet.
Ex-libris F. Worms, Bonniceau - Gesmon ,
Dubuisson. —Menus (M. Prévet , député ; Mme de
Bute; Polichinelle; la Lanterne magique). —
Menu et Carte de bal pour la Société de Sauvetage.
— Programme d'une soirée chez Teyssonnières.
— Adresse du magasin du Mikado. — Carte de
visite de Keppel.
110 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
Chaque année depuis 1867 , Teyssonnières
compose et grave sa Carte de visite illustrée (vues
de Bordeaux, Arcachon, la rue des Martyrs, etc.).
Le nombre des planches du graveur monte
actuellement à quatre cents (M.
TEYSSONNIÈRES (Mathilde), née à Toulouse,
fille du précédent . grave à l'eau - forte ; expose
depuis 1881. Sentinelle: Le Titien. — Vanneur:
Salvator Rosa. — Espagnol: H. Regnault. — Le
Sommeil ; Arabe porteur d? eau: Fortuny. — Retire :
Meissonier. — Portrait de femme : Jackson. —
Rêverie, Faneuse, Armorica: Feyen-Perrin. —
Faneuse : Julien Dupré.
THÉNOT ^Pierre), né à Paris en 1803, avait
d'abord semblé promettre un brillant aquarelliste
de paysages : il avait été complimenté par la
duchesse de Berry au Salon de 1827. Mais , faute
de suite dans les idées et le travail , cette carrière
tourna court, et ne le mena pas au succès. Thénot
a lithographie (Etudes de Fleurs et de Fruits.
Titre pour Les Lys et les Roses de Mélanie Waldor,
etc.); il a publié plusieurs traités de perspective.
(!) « La surface de la partie gravée de mes planches égale dix mètres
» carrés » dit Teyssonnières, avec cette forte pointe d'accent qui donne
au langage des languedociens un si vif ragoût : « Je ne pense pas que
» beaucoup de graveurs aient couvert pareille surface. J'ai gravé deux
» cent cinquante kilos de cuivre I »
THENOT. m
Enfin il fut critique d'art à la Gazette de France.
Au total, il mourut dans la misère en 1857.
Gavarni a lithographie son portrait.
THÉROND (Emile), né à Saint-Jean-du-Gard
en 1821 , bien connu pour les innombrables vues
dessinées sur bois pour les journaux illustrés ,
comme le Tour du Monde ; a gravé à l*eau-forte :
Théophile Gautier, portrait-frontispice in-8 pour
Emaux et Camées.
La Closerie des Lilas, Mabille, Le Casino-Cadet,
Le Château des Fleurs. Le Bal Constant, La Reine
Blanche , vignettes pour Les Cythères parisiennes
de Delvau, 1864.
Histoire anecdotique des Barrières de Paris, par
Delvau, 1865, avec 10 eaux-fortes de Thérond
THÉVENIN (Jean-Charles), buriniste , fils du
peintre qui fut conservateur du Cabinet des
Estampes , est né à Rome en 1835 , et y est mort
par accident en 1869 (il tomba du haut de Saint-
Paul-hors-des-murs) .
Sa première planche est demeurée sa meilleure :
le portrait de Bossini: Ary Scheffer, in-fol. 1845.
il a exposé : le portrait de Gérard Doiv ; — La
Vierge à la Croix: Raphaël, 1847; — L'Enfant
charitable: Ary Scheffer; — Les Enfants de
Charles TT : Van Dyck, 1863 ; — Suzanne au
bain : le Corrège, 1865 ; — Béatrix de Cenci : le
112 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
Guide ; Alphonse d1 Avalos : le Titien, 1868 (Chalco-
graphie ) ; — Saint Luc faisant le portrait de
Notre-Dame'. Raphaël, 1868.
Portrait de Pie IX.
THIBAULT (Louis-Gustave) (!), graveur, vers
1840, a travaillé pour les Galeries historiques de
Versailles, etc.
TH I BAUT (Ch arles-Eugene) , peintre et graveur,
né à Paris en 1835, élève de Martinet. — La Fille
de Palma Vecchio. — Romulus : Ingres. — Rêverie,
Le Fil rompu , A la Source : J. Aubert, 1868-80.
THIELLEY (Claude), peintre, né en 1811.
Lithographies.
Séance de quatuor, Partie de whist, Partie de billard, La
Poste enfantine, Les Bulles de savon : Hillemacher. —
Quelles belles carpes!,* Quels beaux boudins! : Verheyden.
— Mariage suisse, La Contrainte par corps, Une vocation
d'artiste : Girardet. — Oh v'ià le diable ! ; Le Grand Papa ;
Hue , dada ! etc. (Plusieurs de ces pièces font partie du
Musée des Rieurs, collection prétendue comique où les dessi-
nateurs se battent en vain les flancs pour amuser la galerie.)
Dans le genre sérieux :
Luther brûle la bulle : Matersteîg , 1855. — Bernard
Palissy: Wetter, 1867, bonne lithographie. — Un des Pâtu-
rages de Rosa Bonheur. — Le Vœu à la Vierge, l'Action de
grâces. — Etc.
(!) Sous la signature Thibaut ou Thiebaut, comme graveur, quelques
pièces au trait, coloriées, sur les Alliés. — Thiebaut, graveur sur bois.
THIENON. 113
THIÉNON (Claude), peintre, né en 1772. — Un
des lithographes de la première heure, dont les
paysages figurent en 1817 dans la collection de
« produits lithographiques » exposée par Lasteyrie.
Vues lithographiées.
Ces pièces, d'une exécution poncive et blafarde, ont un
intérêt de date.
Maison Valentin à Clisson, 1817.
Vues prises à Tivoli, à la villa d'Est, à la Riccia, sur les
bords du Teverone, in-fol., 1817 (Lasteyrie).
Albano, 1817, Temple du Soleil et de la Lune. Thermes
de Dioclétien, 1817. Vue d'un couvent sur l'emplacement de
la maison d'Horace à Tivoli. Vue prise sur la seconde
terrasse de la villa d'Est. Vue prise dans le quartier du
Transtevere, Gascatelles de Tivoli, etc.
Vue du château de Gisors, 1819. — Vue de Provins. —
Château de Graville.
Choix de Vues pittoresques recueillies sur le Départe-
ment de la Gironde, album in-4 (Delpech).
Vue prise à la Riccia, dessinée à la plume sur une planche
de cuivre, 1815.
Voyage pittoresque dans le Bocage de la Vendée, ou
Vues de Clisson : 1817 ; planches de Thénon gravées par
Piringer.
Principes de Lavis et d'Aquarelle.
THIÉNON (Louis-Désiré), né en 1812, fils du
précédent , dessinateur de paysages , a gravé
quelques Vues de 1830 à 1845 ; il a travaillé pour
L'Univers pittoresque. — La Maison de Napoléon
à Longivood , in-4 en 1.
THIERRIAT (Augustin-Alexandre), 1789-1870,
peintre et directeur du Musée de Lyon, a gravé de
1840 à 1857 une série de soixante-dix -sept eaux-
114 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
fortes : petites vues , prises dans les départements
du Rhône , de l'Ain , de l'Isère , etc. , et d'une
facture dérivée de Bléry.
Thierriat fait comme celui-ci la « fabrique
pittoresque », mais ce qu'il réussit le mieux, c'est
le tronc d'arbre (]). Gomme spécimen on peut citer :
Promenade des Tilleuls à Ambronay , Vue inté-
rieure du prieuré de Terney , Vieux Saules aux
Brotteaux , Bords de la rivière d'Oullens ,
Ancienne voûte de V abbaye d? Ambronay, Le Vieux
Mûrier de 160 ans à Terney.
THIERRY, né à Paris en 1787 , graveur d'archi-
tecture , et auteur d'un Cours de dessin linéaire
exposé en 1831. Il était fils de l'architecte Jacques-
Etienne Thierry, qui fut « inspecteur de l'Arc-de-
Triomphe » et en a publié la Monographie.
THIERRY (Joseph), peintre de décors, 1812-
1866, a gravé à l'eau-forte, très naïvement, quatre
vignettes pour le roman de son frère Edouard
Thierry : Les Enfants et les Anges, 1833.
(*) Continuons à remarquer combien est rare, dans l'eau-forte originale,
l'apparition de la figure humaine, et surtout de l'homme mêlé à des actions
intéressantes ! Quand on parcourt des portefeuilles d'eaux-forles origi-
nales, on peut voir cinq cents pièces de suite sans rencontrer un « sujet »
intéressant ! Des arbres, tant qu'on en veut. Quelquefois, — ceci est un
cran au-dessus, — on aperçoit une fabrique pittoresque, ou une ferme.
Encore un degré au-dessus, on aborde l'être anime : le cochon, ou le
mouton. Tout à fait en haut de l'échelle, apparaît quelquefois le berger ou
la paysanne. Mais il ne faut pas eu demander plus.
THIOLLET. 115
THIOLLET (François), architecte, 1782-1842.
Monument de Monge au cimetière Mo nt- Louis ,
lith. 1820. — Antiquités du Haut-Poitou , 1823.
THIRIAT (Henri), graveur sur bois, élève de
Smeeton, expose depuis 1874. — Série de portraits
dessinés par Achille Gilbert: Michelet. Ph. Chastes,
Dufaure, Darwin, Corot, John Lemoinne , Sir
John Gilbert, Veuillot, Janin, Monnier. Baltard,
Sardou, etc., etc. (pour L ) Illustration) , et repro-
ductions de tableaux pour les journaux illustrés.
THIRION (Charles -Victor), né à Langres en
1833. — Premièrement, élève de Pfnor, a com-
mencé par la gravure d'architecture et collaboré à
la Monographie du Palais de Fontainebleau. —
Deuxièmement, élève de Bouguereau , a continué
par graver à la manière noire, d'après son maître :
Ave Maria , Invocation à la Vierge , Bonheur ma-
ternel, loin du Pays, Pépita, Le "petit Chaperon
rouge, Récréation, Dévotion. A aussi gravé d'après
Lobrichon : La Leçon de Lecture , 1865. — Troi-
sièmement, a abandonné, en 1870, la gravure
pour la peinture. Il est mort en 1878.
THOMAS , né vers 1750, mort vers 1812, gravait
au commencement du siècle des illustrations de
Moreau le jeune et autres pour les classiques.
116 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
THOMAS (Antoine-Jean-Baptiste), 1791-1834,
peintre el lithographe.
1. UN AN A ROME, recueil de dessins litho-
graphies par Thomas, ex-pensionnaire du Roi à
V Académie de France. Didot, 1823. in-l'ol., 72 pi.
coloriées.
Ouvrage curieux. Les dessins ont de la vie, du mouvement
et de l'esprit. Voyez par exemple La Bénédiction du Bam-
bino, La Bénédiction des chevaux, Les Confetti, Les
Chevaux de course prêts à partir , Les Moccoletti, Retour
de laprocession, Inondation de laplace Navone, Caratella
allant à Testaccio, Le Saltarello, etc.
2. Lithographies diverses.
Entrée de Charles X à Paris. — Charge contre une canta-
trice, qui pince de la guitare entre un chien qui hurle et un
chat qui miaule ; les mains et la tête peuvent se découper
et se rapporter. — Le Monstre à la Porte -Saint-Martin :
Les Alsaciennes aux Variétés. — Pièces pour Y Album. —
Scène de carnaval a Rome, 1827, (Delpech). — Arrivée des
pensionnaires à la porte du Peuple. (Id.) — Tiens, mange !
— La Marseillaise , placard avec six petites lith., 1830
(Engelmann). — L'an 1830 ou les préludes historiques,
placard.
3. Le Romantisme , effet produit par les lectures
romantiques sur un jeune homme surnuméraire
à V Arriéré, poème en six chants avec quelques
inversions de rigueur, sorti de la plume d'un
anonyme bien connu , orné de croquis composés
et lithographies par Thomas. Janvier 1829 (chez
Delpech), couverture, 6 lith. in-4 en L, et texte.
Album humoristique peu connu et très curieux. Dès le
commencement de 1829, la caricature gouaille les exagé-
rations romantiques , aussi bien que le fera plus tard
Champfleury.
La couverture nous montre d'abord tout le matériel
THOMAS. 117
romantique : diable avec doigts crochus, chat, bourreau,
bonne lame de Tolède, instruments de torture, etc. Pour
épigraphe :
Tout ce qui n'est pas classique est romantique.
Le classique ! rococo, perruque, archiperruque.
Le Romantisme ! divin, et je ne sors pas de là.
Monsieur Beaufils.
A la première planche, le jeune employé de l'Arriéré, en
chemise et bonnet de coton, entre sa table de nuit et son
lit de sangle, tombe de fatigue. Mais il vient de s'imprégner
de lectures romantiques et son sommeil sera agité, d'autant
plus que son chat s'est blotti contre lui et lui donnera des
illusions. Le voici, à la planche suivante, qui descend du
bateau à vapeur de Saint-Gloud : son cauchemar lui fait
penser qu'il aborde dans quelque île déserte. A la troisième
planche, un Méphistophélès, très bien attrapé par le dessi-
nateur, en charge de celui de Delacroix, rit sataniquement
aux dépens de l'infortuné jeune homme. A la quatrième, le
rêveur se voit dans une vieille église, une bande de mous-
quetaires se rue sur lui. A la cinquième planche, Méphis-
tophélès a enlevé au jeune homme sa compagne, sa Mélanie ;
il les voit apparaître tous deux à une lucarne, avec une
inscription en traits de feu. C'en est trop, l'employé de
l'Arriéré fait un effort suprême et son lit de sangle
s'effondre bruyamment. Il se réveille en sursaut, — c'est le
sujet de la dernière planche, — à la voix de la portière qui
lui dit : « Allons, monsieur, levez-vous ! »
Ce persiflage est conçu avec esprit et, ce qui ne gâte rien,
exécuté d'un crayon très fin et doux (*).
THOMAS (Napoléon), dessinateur.
1. Lithographies.
Deux vignettes lithographiées pour les Rhapsodies de
Petrus Borel. — Quelques lithographies sans intérêt pour
le Monde dramatique, etc. Et une innombrable et pitoyable
production de sujets de piété pour les éditeurs spéciaux.
(!) On a attribué à Thomas ces caricatures dites Les Mœurs du siècle
(voyez catal. de Jazel, n° 2).
118 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
2. Bals de l'Opéra : costumes du quadrille histo-
rique, chez Rittner et Goupil.
Titre composé par Chenavard et lithographie par N.
Thomas, et planches d'après les dessins de Henriquel-
Dupont, Delacroix, Boulanger, St-Evre, Robert Fleury, T.
Johannot, E. et A. Devéria, Eug. Lami, dans des encadre-
ments de Chenavard lithographies par N.Thomas et Gigoux.
3. CONTES DE PERRAULT. Paris, Marne, 1836,
in-8, avec 170 vignettes par divers, gravées sur
bois par Lacoste jeune.
Ce petit livre mériterait d'être plus connu et plus recher-
ché qu'il ne l'est : il compte parmi les plus intéressants qui
aient paru dans la première floraison des vignettes sur bois.
Les vignettes de Barbe-Bleue, de Cendrillon, de L'Adroite
Princesse, et de la fin de Peau d'Ane sont de N. Thomas.
Celles du Petit Chaperon rouge, du Chat botté, du Petit
Poucet, d'Eugène Giraud. Quant à celles de La Belle au
bois dormant, de Riquet à la Houppe et du commencement
de Peau d'Ane, elles sont une des plus délicates et des plus
originales productions romantiques de Célestin Nanteuil.
THOMPSON (John), graveur sur bois, né à
Londres vers 1785, a travaillé pour divers ouvrages
illustrés français. On le trouve, par exemple,
gravant avec son frère Charles les bois de Jules
David pour les Fables de La Fontaine, et ceux
de Grandville et Raffet pour Béranger.
THOMPSON (Charles), né à Londres vers 1791,
frère du précédent.
Le nom de Thompson caractérise , avec celui de
Brévière, non pas la renaissance de la gravure sur
bois en France ( ce serait trop dire , et c'est un
THOMPSON. 119
honneur qu'il faut réserver à Porret), mais la
période préparatoire à cette renaissance.
Vignettes sur bois.
Thompson est appelé à Paris par Didot en 1817 (*)
(moment ou Brévière, qui depuis deux ans grave sur bois
de bout, fait paraître ses premiers bois et ses essais de
gravure en camaïeu et en couleur). Il y ouvre un atelier ou
passent Best et peut-être Porret.
Les premiers livres intéressants avec gravures sur bois
sont :
Le petit Rabelais de Desoer, 1820, in-18, portrait d'après
Desenne et 13 vignettes d'après Adam fils, gravés par
Thompson. Livre curieux comme jalon (2).
Les Œuvres de Jouy, vignettes d'après Devéria (3).
Les Œuvres de La Fontaine, Sautelet (Rignoux, imp.),
1826, in-8, avec 30 tètes de pages de Devéria gravées par
Thompson.
Les Messéniennes de Casimir Delavigne, Ladvocat, 1826-
27, in-8.
Bientôt l'imprimerie parisienne dispose de tout un jeu
nouveau de fleurons, vignettes, tètes de pages et culs-de-
lampe, la Collection de Thompson , poly typée par Pinard,
fondeur.
(!) « En 1810, Firmin Didot se mit en rapport avec le professeur Gubitz,
» de Berlin, et lui demanda, pour le service de sa fonderie de caractères et
» pour son imprimerie, un grand nombre de gravures sur bois. Ces mêmes
» gravures sont encore en usage dans les imprimeries de France, et ,
» multipliées au moyen du polytypage , elles figurent même sur des
» impressions faites à Athènes. Elles ont servi en grande partie à l'im-
» pression de l'ouvrage intitulé L'Hymen et la Naissance , recueil de
» poésies inspirées ou commandées pour célébrer le mariage de 1 empereur
» avec Marie-Louise et la naissance du roi de Rome. Quelques-unes ont
» orné la grande et magnifique édition de Camoëns imprimée en 181T par
» Firmin Didot aux frais de M. de Souza. » (Ambroise-Firmin Didot :
Essai sw la Gravure sur bois, 1863.)
(2) Il y a aussi des bois pour un Shakspeare, 1820 ; pour DelilleÇ!),
pour Laborde (?), pour le Temple de Gnide(ï), pour Rapax lecrocheteur(?).
(3) Dès 1815 , il y a dans l'Hermilc de la Chaussée-d'Antin des bois,
anonymes, dont quelques-uns ont un certain intérêt.
120 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
Comme spécimens des bois de cette époque, voyez les
Poésies de M"" Amable Tastu (chez Tastu, imp., 1826), in-8.
fleurons par Thompson; la très jolie petite édition de
Désaugiers de 1827 (chez Ladvocat), et encore les Chansons
de Bëranger de Baudouin, (Rignoux, imp.). 1828, avec
vignettes de Devéria (1).
Thompson avait un matériel iconologique tout prêt pour
les différents cas possibles : les dieux, le zodiaque, les mois,
les allégories diverses, lettres ornées, etc. Il a gravé beau-
coup de blasons, armes de la Maison de France et de la
Maison d'Orléans, — des ornements de lettres de change
pour Rothschild ; marque de Didot, de la Chambre de
Commerce de Bordeaux, — le fleuron de titre des Voyages
Pittoresques de l'ancienne France, — des adresses : Pom-
made de moelle de bœuf de Guélaud ; Poudre de chasse ;
Manufacture d'outils de Pradier, 22, rue Bourg l'Abbé ;
Fabrica de râpe d'Area Prêta de Bahia ; Molinos de choco-
laté de Fernandez Vistores en Vallado/id ; James Plagnol
à Marseille, huile fine clarifiée ; vignettes de titre pour Le
Cabinet de Lecture , Le Courrier des Spectacles , Le
Magasin des Sciences, etc.
Les livres ornés peu ou prou de vignettes sur bois se
multiplient : c'est là le « luxe nouveau de la littérature »
qui, suivant une épître en vers de Méry, « fait briller sur le
titre et la couverture unf vignette en forme d'écusson
Dessiné par Monnier et gravé par Thompson ».
Comme spécimen voir les trois volumes in-12 de Poésies
de Mme Desbordes-Valmore , 1830, avec un assez curieux
répertoire de petits culs-de-lampe où figurent des jeunes
femmes coiffées en coques et des messieurs romantiques.
Mais ici nous cessons d'être dans la période primitive de la
reprise du bois, et nous arrivons à l'âge romantique. Parmi
les vignettes de titre gravées par Thompson : La Couca-
ratcha, d'après H. Monnier , Le Bonnet vert de Méry, 1830,
Le Lit de Camp de Burat de Gurgy, Les Ecorcheurs du
(1) D'autres ouvrages, (rès inconnus des bibliophiles, ont encore à ce
moment-là des bois d'après Devéria, d'une exécution assez primitive. S'ils ne
sont pas à recueillir au point de vue de l'art, ils mériteraient pourtant d'être
indiqués dans la Bibliographie des livres illustrés du xixe siècle ; et cette
indication pourrait servir plus tard à ceux qui voudront faire une histoire
détaillée de la gravure sur bois.
THOMPSON. 121
vicomte d'Arlincourt. Antony d'Al. Dumas , L'Assassinat
de Méry, Le Mutilé de Saintine, La Salamandre d'Eugène
Sue, d'après T. Johannot ; Le Pénitent de Gassagnaux.
La Morale en action des Fables de La Fontaine ,
16 vignettes d'Henry Monnier très finement gravées par
Thompson: Perrotin, 1830 (a reparu en 1831 sous le titre
Les Métamorphoses du Jour).
Bientôt les graveurs sur bois sont devenus légion, et
Thompson rentre dans le rang ; son nom cesse d'avoir une
signification : il est un graveur comme un autre, son travail
s'est d'ailleurs très affiné. Voir les ouvrages illustrés de
1830 à 1840, Y Histoire de F Ancien et du Nouveau Testa-
ment, Curmer, 1835 ; l'Histoire des Ducs de Bourgogne, de
Barante ; les Fables de La Fontaine, édition Aubrée
illustrée par Jules David, 1838, le Béranger de Grandville,
etc., Corinne, 1841-42.
En tête de l'œuvre de Thompson au Cabinet des Estampes,
est son portrait dessiné au crayon par Devéria en 1825.
THOMSON (James), graveur au pointillé anglais,
né en 1785. — Nous retiendrons de lui :
Les portraits de Louis Philippe et de Marie -
Amélie à Claremont, 1849, d'après Dubufe, in-fol.
THORNLEY (Georges- William), dessinateur,
né à Paris, élève de Sirouy , a lithographie :
Cours de dessin d'après les maîtres (Alcan).
Fac-similé de dessins de Boucher (Fabré , éd.).
1881. — Une Réunion d'artistes: Velasquez. —
Le Derby à Epsom : Géricault. — Paysage : Corot.
Le Roucas blanc : Pu vis de Chavannes.
Décoration du Panthéon : Puvis de Chavannes ;
quatre grandes planches pour le sujet principal .
et quatre petites pour la frise. (Commande de
l'Etat). — Ludus pro Patria ; La Guerre : Puvis
122 LES GRAVEURS DU XIX" SIÈCLE
de Chavannes, peintures du Musée d'Amiens.
(Id.). — Le Rêve. Orphée: Puvis de Chavannes.
Plafond de la Mairie du XIXe arrondissement :
Gervex. (Commande de la Ville de Paris).
Album de 20 lithographies d'après les tableaux
de Claude Monet (Goupil).
Album de 15 lithographies d'après les tableaux
de Degas ; petites danseuses , chanteuses de café-
concert, baigneuses, jockeys. (Boussod, éd.).
THOUVENIN. — Sous ce nom, on trouve, sous
la Restauration, une grande quantité de sujets de
piété d'après les maîtres , médiocrement gravés au
pointillé quelquefois mélangé de burin f1).
TIMMS, anglais, a gravé sur bois en France.
La plupart des vignettes de L'Été à Paris , de
Jules Janin (~), sont de lui. 11 a travaillé pour
L'Histoire des Peintres. L'Illustration, etc.
i}) Une Fuite en Egypte du Poussin et une Cène de Léonard, au pointillé
rehaussé de burin, sont signés Th. Thouvenin.
Le Mariage de la Vierge de Raphaël , copié d'après Longhi (chez
Tessari, 1828), ne porte que le nom Thouvenin ; il en est de même de toute
la série des pointillés, Sacrements du Poussin, Saintes Familles et, Transfi-
guration de Raphaël, Noces -de Cana de Lebarbier, etc., et de la Tente de-
Darius de Lebrun , et de Coriolan de Singleton , et du Meurtre de
Virginie, du Hegulus et de la Mort de César de Camuecini, des Vénus de
Renaud et de Bosio , de L'Amour suppliant et de L'Amour vainqueur
gravés par Thouvenin d'après ses propres compositions ; de la très grande
planche des Religieux rançonnés d'après Robert Fleury, etc.
Thouvenin n'a pas exposé. Les manuels lui donnent le prénom de Jean
et le font naître à Paris vers 1T65.
(2) Curmer, 1843. Les 18 planches hors texte gravées sur acier d'après
TINAYRE. 123
TINAYRE, graveur sur bois, fait partie de la
« Société du Livre illustré » qui vient d'entre-
prendre la publication d'un Paris vivant dont
un fascicule a déjà paru : Le Journal , par Clovis
Hughes, illustrations de Lepère, Moulignié, L.
Tinayre, Gérardin, gravées par G. Bellenger,
Lepère, Dété, Noël, Paillard, J. Tinayre, 1890.
Sous presse, Le Théâtre, par Francisque Sarcey.
TINTHOIN (Jules-Louis , peintre, né en 1822.
Jeune Fille jouant avec un canard, 1852; Les
Ames en peine ; La Pêche, 1854; Le Printemps',
En passant: lith. d'après ses tableaux [V Artiste)
— Apparition de la Vierge ; Une Bergère ; P allas.
TIRPENNE (Jean-Louis), né à Hambourg , de
parents français, en 1801, élève de Bouton et
Daguerre ; peintre , lithographe , auteur drama-
tique, et inventeur de la « Méthode de Tirpenne »
que les sceptiques qualifient de méthode pour ne
pas apprendre à dessiner.
Eugène Lami pour L'Eté à Paris, ne doivent point nous faire oublier le
titre et une trentaine du bois dans le texte, d'après Jules Gollig'non, Gh.
Jacque, Léo Drouyn , gravés par Timms, Montigneul, Gottard , l'iaud.
Bernard, Barbant. Les têtes de pages de Collignon sont joliment compo-
sées. Le titre est signé de Charles Jacque, ainsi que la vignette de tête
du premier chapitre (sur le Vieux Paris) et celle qui représente les Fêtes
de Juillet aux Champs-Elysées jjage 210).
Dans Un Hiver à Paris de Jules Janin (Curnier et Aubert, 1843). il y a
une soixantaine de bois, dont quelques-uns, non signés, sont très fins.
Mais on y a utilisé des bois qui avaient déjà paru dans d'autres ouvrages.
124 LES GRAVEURS DU XIX' SIÈCLE.
Vues lithographiées.
Environs de Paris, 1828 (Chaillou-Potrelle).
Eaux des Pyrénées, par Monthelier et Tirpenne.
Souvenirs et croquis de Dieppe et de ses environs, par
Monthelier et Tirpenne.
Planches pour les Voyages pittoresques de l'ancienne
France, le Moyen-Age pittoresque .
Vues de France (avec Monthelier). — Département du
Finistère, d'après Serda. — Ajaccio, Petrabugno, d'après
J. Daubigny, dessinateur du cadastre de la Corse. — Château
de Bouzols. — Une Nuit, souvenir de la Forêt de Compiègne,
— Maison royale des Loges. — Maisons-La ffite, d'après
Pingret. — Excursion à la Grande-Chartreuse. — Paris,
Versailles, Arras, Beauvais, Lyon, Grenoble, Tarbes, etc. :
ces vues sont dues aux efforts associés de Monthelier,
Tirpenne et Victor Adam. — Croquis du Cours de la Tamise.
par Monthelier et Tirpenne. — Vues du Rhin. — Abbotsford,
résidence de Walter Scott. — Lacs suisses. — Les Chalets.
— Pièces pour la Revue des Peintres. — Vues de Turin,
Suze, Nice, Spolète, Vintimille, Gênes, d'après Chapuy, les
figures par Bayot. — Nice, d'après Scheffer. — Vue géné-
rale de Dieppe, d'après Vasse, etc.
(Tirpenne ne faisait pas les figures de ses vues, ce qui le
réduit encore davantage).
Intérieur d'une chapelle ; L'Eau bénite du Samedi-Saint,
d'après Bouton, — Planches pour Souvenir des Armées
Françaises, les figures par V. Adam. — La Malmaison, par
Monthelier et Tirpenne. — Convoi de la reine Hortense à
Rueil ; son Mausolée. — Moulin dans la Somnambula ,
d'après Ferri.
Impressioyts de Voyage, lithographiées par Tirpenne et
Gaildreau d'après des photographies de Victor Frois. (Bulla
et Gambart). — Livre des Salons et des Châteaux, petites
vues. — Croquis de vues de France. — Sites pittoresques,
petit album. — Intérieurs variés.
Six paysages : (Noël), 1827. — Etudes, 12 p. (Chaillou-
Potrelle). — Eléments progressifs de Paysage, 1831. —
Etudes de Paysage et d'Architecture pittoresque. — Croquis
variés. — Fragments de paysage, Cours de Paysage, etc.,
etc. (un véritable délayage).
Etablissement thermal de Bagnoles, figures par Gaildreau.
Colonie agricole de Mettray, 1844.
TISSANDIER. 125
TISSANDIER (Albert), né en 1839, architecte,
aéronaute et voyageur, a fait quelques essais de
lithographie. Dessinant l'architecture et le paysage
avec autant d'exactitude que de facilité , il a
rapporté de ses voyages dans rAmériqueduNord,
aux Canons du Colorado, dans l'Inde, au Japon,
dans les Pyrénées espagnoles, une collection consi-
dérable et très intéressante de vues à la mine de
plomb. Il a pris également, dans ses ascensions
aérostatiques , une curieuse série de paysages
célestes et de vues de nuages. Il a donné de nom-
breuses illustrations aux publications de son frère
Gaston Tissandier, l'aéronaute (le survivant de la
catastrophe du ballon le Zénith) f1).
TISSOT (Jacques-Joseph) , peintre, né à Nantes
en 1836 , ne s'est mis à la gravure qu'en 1875 ,
il était alors fixé depuis quatre ans à Londres,
où il avait un succès considérable comme peintre
de portraits. De 1875 à 1886 il a gravé soixante-
quatorze pièces, principalement des pointes sèches,
portées victorieusement à de très grandes dimen-
sions.
(!) Les frères Tissandier ont formé une collection unique d'estampes et
objets de toute sorte ayant trait a l'histoire des ballons. Gaston Tissandier
en a publié le catalogue, ainsi qu'une utile Bibliographie aéronautique.
Rappelons en passant que la plus remarquable peut-être des ascensions
effectuées par G. et A. Tissandier est celle du 9 octobre 1883, dans
laquelle . au moyen d'un aérostat à moteur électrique , ils obtinrent les
premiers une déviation sensible de la route suivie, par rapport au sens du
vent, c'esUà-dire un commencement appréciable de direction d'un ballon.
126 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
Son œuvre, un des plus importants de la gravure
originale dans ces vingt dernières années, ne
ressemble à aucun autre et nous apporte un sujet
inusité de la part des Français : la femme anglaise,
d'un type particulier, jeune, fraîche et gracieuse,
mais à la physionomie in expressive. Trente fois
l'artiste y est revenu, et avec une conviction et un
sérieux absolument britanniques. Tissot est un
esprit influençable, susceptible de modifier son
orientation suivant les milieux où il se trouve. Il
avait été jadis influencé par Leys, il l'avait été par
le japonisme : à la différence de tant d'artistes
français qui ont passé par Londres sans abdiquer
leur tempérament national, il fut assimilé par
l'Angleterre au point de devenir un pur anglais (l).
A côté des œuvres des graveurs originaux français
ses planches forment un œuvre exotique , autant
par le faire que par le sujet : c'est là leur curiosité,
leur qualité et à la longue leur défaut. Jacques
(James) Tissot est si bien un anglaisé, que voulant
depuis revenir dans ses œuvres à la femme de
Paris, il s'est trouvé l'avoir oubliée.
Pris dans l'ensemble , l'œuvre gravé de Tissot
manque de piquant et n'est pas sans lourdeur.
Question de procédé (la pointe-sèche n'a pas, d'une
façon générale, la fermeté et l'esprit, et surtout la
(1) « Tissot me dit aimer l'Angleterre, Londres, l'odeur du charbon de
» terre, parce que ça sent la bataille de la vie. » (Journal d'Edmond de
Goncourt.)
TISSOT. 127
variété de l'eau-forte : elle donne de beaux noirs,
mais toujours les mêmes, et quelle que soit la main
qui l'emploie: même réflexion pour la manière
noire), et question de modèles. Mais qui force le
collectionneur d'estampes à prendre les œuvres en
bloc? Et la personnalité de l'amateur, son goût, ne
se révèlent-ils pas précisément par l'originalité de
ses choix , et leur sévérité ? Choisissons donc : la
Mavoitrneen , incontestablement une des plus
belles productions de l'estampe originale contem-
poraine ; V Histoire ennuyeuse , morceau remar-
quable et original ; La Galerie du « Calcutta » ,
souvenir d'un bal à bord , et le Bighlander entre
deux femmes à l'avant d'un bateau, sujets dune-
saveur très spéciale; La Frileuse, Le Veuf,
Octobre , Au bord de la mer , Lai Sœur aînée , Le
Dimanche malin, œuvres caractéristiques. On en
pourrait ajouter d'autres.
L'ŒUVRE GRAVÉ
DE
JACQUES TISSOT(i>
1. La Convalescente; in-4, 1875.
Jeune femme assise dans un fauteuil et tournée à droite
(!) Voyez: Eaux-fortes, manières noires, pointes -sèches, de J.-J. Tissol,
l'uris, avenue du Bois de Boulogne, 1886, catalogue in-8 avec reproduc-
tions au dixième de la grandeur d'exécution. Notice par Charles Yriarte.
128 LES GRAVEURS DU XIX* SIECLE.
2. Le Chapeau Rubens ; in-4.
Buste d'une femme de profil à droite, coiffée d'un grand
chapeau dont les brides de velours passent sur le dos.
3. A la fenêtre ; gd. in- 8.
Jeune femme de profil à droite, la figure appuyée sur la
main droite.
4. Premier frontispice, au monogramme ; gd. in-8.
Femme nue, debout, vue de face.
5. Assise sur le globe, second frontispice ; in-4.
6. Troisième frontispice : Ten Etchings by J.J. Tissot;
in-4.
Femme nue, debout, vue de dos, tenant une estampe sur
laquelle est l'inscription du titre.
7. Matinée de Printemps ; in-fol.
Femme debout, une ombrelle ouverte sur l'épaule gauche,
la main droite ramenée au chapeau.
8. Bastien Pradel , souvenir du Siège de Paris ;
gd. in-8.
Soldat d'infanterie, appuyé sur son fusil.
9. Périer, souvenir du Siège de Paris ; gd. in-8.
Soldat d'infanterie, le fusil à la bretelle.
10. Dormeuse ; in-8, 1876.
11. Querelle d'amoureux ; in-4.
Jeune homme et jeune femme, appuyés à une colonne qui
les sépare.
12. Le premier Soldat tué que j'ai vu, souvenir du
Siège de Paris ; in-fol.
La planche a ensuite été coupée petit in-4.
TISSOT. 129
13. Sur la Tamise ; in-4 en 1.
Un monsieur et une dame, à l'avant d'un bateau , s'abri-
tant sous des ombrelles.
14. Miss B*** ; in-4.
Assise, tournée à droite, le coude gauche appuyé. Corsage
clair à manches foncées.
15. Ramsgate ; in-4 en 1.
Jeune femme assise devant une table ronde, dans une
vérandah.
16. Miss L***. (Il faut qu'une porte soit ouverte ou
fermée) : in-fol.
Femme debout dans une porte : elle est vêtue de blanc ,
l'ombrelle reposant sur le pli du coude droit, la main gauche
appuyée sur une porte.
17. L'Éventail ; in-8 en 1.
Femme étendue, tournée à droite, l'éventail ouvert dans
la main gauche.
18. LA GALERIE DU CALCUTTA, souvenir d'un
bal à bord ; in-4 en 1.
Deux femmes et un homme, accoudés à la galerie de
poupe d'un bâtiment.
19. MISS N., ou LA FRILEUSE ; in-4.
De trois quarts à gauche ; grand chapeau à plumes ,
retombant sur le cou. Les bras sous le manteau à boa et à
noeuds de ruban.
20. Le Foyer de la Comédie-Française pendant le
Siège de Paris ; in-fol.
11 est transformé en ambulance.
21. LE VEUF; in-4.
Debout dans un jardin, il porte dans ses bras une fillette
d'une dizaine d'années.
130 LES GRAVEURS DU XIX» SIÈCLE.
22. L'Auberge des Trois-Corbeaux ; in-4 en 1.
Jeune femme debout, dans une construction en planches,
et regardant une rivière à gauche. — État avec le titre
Ten Etchings by J. J. Tissot.
23. ENTRE LES DEUX MON CŒUR BALANCE ;
pet. in-fol. en 1.
Highlander entre deux femmes, sur une embarcation.
24. MAVOURNEEN; in-fol.
Jeune femme de trois quarts à gauche, coiffée d'un cha-
peau à grands bords relevés : elle est vêtue d'un manteau
avec boa, sous lequel se devine le bras gauche.
Maîtresse pointe-sèche ; morceau capital de l'œuvre.
25. HISTOIRE ENNUYEUSE; in-4, 1878.
Une jeune femme coiffée d'un grand bonnet, écoute d'un
air distrait les récits d'un officier qui lui explique ses cam-
pagnes sur la carte. XVIIIe siècle. Très belle pièce.
26. L'AUTOMNE, ou OCTOBRE; in-fol.
Jeune femme marchant dans un parc, vers la droite, un
livre sous le bras. Costume sombre et grand chapeau.
27. Printemps ; pet. in-fol.
Femme debout dans un parc, la main gauche sur la
hanche droite, tenant un éventail à la hauteur du visage.
28. Trafalgar Tavern, Greenwich ; pet. in-fol.
29. Le Crocket ; in-4.
Fillette debout, entre deux arceaux d'un jeu de crocket.
30. Le Joueur d'orgue ; in-4.
31. Mon jardin à S'-John's-Wood ; in-8.
32. Le Portique de la Galerie Nationale a Londres ;
in-fol.
Au bas des marches une femme , un carton sous le bras.
TISSOT. 131
33. Campement au parc d'Issy, souvenu* du Siège de
Paris ; in-4 en 1.
34. Grand'garde , souvenir du Siège de Paris ; in-4.
Soldat debout dans une tranchée-abri.
35. L'Été ; in-fol.
Femme assise, tenant derrière elle une ombrelle japonaise
ouverte.
36. Émigrants; in-fol., 1880.
Femme portant son enfant, et entrant sur un navire.
37. Le Hamac ; in-4.
38. AU BORD DE LA MER ; in-fol.
Jeune femme assise sur une fenêtre a guillotine.
39. L'Hiver, ou Promenade dans la neige ; in-fol.
Jeune femme en buste, de face, elle porte une palatine de
fourrures, ses mains sont dans un manchon. Fond de neige.
40. Garden Party d'enfants ; in-4.
41. Sur l'herbe ; in-4 en 1.
Jeune femme assise, avec deux enfants, près d'un bassin.
42. Sa première Culotte ; in-8.
Petit garçon debout.
43. Rêverie; in-4, 1881.
Jeune femme assise au bas d'un escalier, le menton
appuyé sur la main gauche.
44. LA SŒUR AINEE : in-4.
Elle est assise sur les marches d'un escalier : un livre
ouvert sur les genoux.
45. En plein soleil ; in-4 en 1.
Jeune femme assise, tournée à gauche, fillette étendue.
132 LES GRAVEURS DU XIX' SIÈCLE.
46. Les deux Amis; in-fol., 1882.
Ils se serrent la main, au moment du départ du navire.
47. Soirée d'été ; in-4 en 1.
Jeune femme assise dans un fauteuil et tournée à gauche :
elle porte des mitaines , la tête et le cou sont enveloppés
d'une mantille.
48. L'Enfant Prodigue, titre ; in-fol. en 1.
Un livre ouvert. Titre pour les quatre pièces suivantes :
49. Le Départ ; in-fol. en 1.
Assis sur une table, le jeune homme dit adieu à son père.
50. En pays étranger ; in-fol. en 1.
Danseuses japonaises.
51. LE RETOUR ; in-fol. en 1.
L'Enfant prodigue tombe aux genoux de son vieux père ,
sur le quai de débarquement.
52. Le Veau gras ; in-fol. en 1.
Déjeuner sous une tonnelle.
53-62. Renée Mauperin, par MM. de Goncourt ;
10 eaux-fortes in-8.
63. LE DIMANCHE MATIN; in-fol.
Femme en buste, tournée à droite, chapeau à larges
bords, et très grand nœud de crêpe sous le menton.
64. Le Journal; in-fol.
Femme de trois quarts, assise, tournée à droite, tenant
un journal ; on voit le cordon de son pince-nez.
T1SS0T. 133
65. Berthe ; in-fol.
De face, en buste, coiffée d'un grand chapeau, la figure
portant sur le bras gauche appuyé sur un coussin.
66. Le Banc de jardin, manière noire ; in-fol. en 1.
Jeune femme et deux enfants, dont un garçon à cheval sur
le dossier du banc , retournant la tête vers le spectateur.
67. L'Apparition médianimique , manière noire ;
in-fol, 1884.
Planche spirite. Apparition d'un homme et d'une femme,
enveloppés de leurs suaires.
68. L'Ambitieuse: in-fol.
Elle entre au bal, fièrement, l'éventail à la main, donnant
le bras à son vieux père.
Cette pièce et les quatre suivantes portent la rubrique
générale La Femme à Paris ; ce sont les plus anglaisées
de l'œuvre.
69. Ces Dames des Chars a l'Hippodrome ; in-fol.
70. Sans Dot ; in-fol.
Jeune fille avec sa vieille mère , sur les chaises des
Tuileries.
71. La Mystérieuse ; in-fol.
Elle se promène dans une allée d'arbres, suivie d'un valet
de pied. Femme, valet, arbres, ont la raideur, le stifl anglais.
72. La plus jolie Femme de Paris ; in-fol.
Elle fait son entrée au bal, de face, entre deux rangées
de messieurs à gilets en cœur, qui l'admirent.
73. Le Matin, manière noire ; in-fol., 1886.
Femme de chambre apportant le déjeuner sur un plateau.
134 LES GRAVEURS DU XIX" SIÈCLE.
74. Le petit Nemrod, manière noire : in-fol. en 1.
Des enfants jouent, dans une allée de parc aux arbres
séculaires. Un garçon, à cheval sur une chaise, remet son
sabre au fourreau.
Il a été fait une publication en un album des dix pièces
suivantes : L'Auberge des Trois Corbeaux , titre ; Le
Chapeau Rubens, A la Fenêtre, Bastien Pradel, Querelle
d'amoureux , Le premier soldat tué , Sur la Tamise ,
Ramsgate, Miss. L., La Galerie du « Calcutta ».
TOPFFER (Rodolphe), 1799-1846.
On cite de lui une eau-forte, frontispice pour
La Griffonade, poème composé par un de ses cama-
rades au collège de Genève. (Réimpression en
1885, avec photogravure de l'eau-forte).
Tôpffer fournit à la librairie illustrée française
trois ouvrages intéressants :
Nouvelles Genevoises , Paris , Dubochet , 1845 ,
in-8, avec bois d'après des croquis de Tôpffer par
H. Valentin, Pauquet, etc. Cette illustration de
seconde main est médiocre , et les Nouvelles Gene-
voises méritaient mieux (*). Mais le livre est assez
rare, en belle condition, et recherché.
Voyages en Zigzag, ou excursion d'un pensionnat
(1) Tôpffer s'était défini lui-même avec autant de modestie que d'esprit :
« Artiste, il dessine faiblement, mais il a quelque habitude d'écrire ; litté-
» rateur, il écrit médiocrement, mais il a, en fait de dessin, un joli talent
» d'amateur. Homme grave, il ne manque pas d'idées bouffonnes ; esprit
» bouffon , il ne manque pas d'un sens assez sérieux. » Le jugement du
littérateur sur l'artiste est juste : mais le dessinateur de Cryptogame traite
ici un peu trop cavalièrement l'écrivain des Nouvelles Genevoises.
Sur Tbpffer les documents abondent. Voyez plus spécialement la notice
TOPFFER. 135
en vacances\ Paris, Dubochet, 1844, grand in-8,
nombreux bois d'après Topffer, par Français,
Daubigny , Girardet , etc. . et quinze bois de
Calame. — Nouveaux voyages en Zigzag , à la
Grande-Chartreuse, autour du Mont-Blanc , etc.,
avec notice par Sainte-Beuve; Paris. Victor
Lecou, 1854, grand in-8, nombreux bois d'après
Topffer par Calame , Girardet , Français , Daubi-
gny, etc. f1).
Topffer a obtenu, comme caricaturiste, un succès
énorme. Il avait composé, pour la distraction de
ses élèves, les sept bistoires - charges de Monsieur
Jabot (Genève, 1833), Monsieur Crépin et Monsieur
Vieux -Bois (Genève, 1837), Monsieur Pencil
(Genève, 1840), Le Docteur F estas (édition originale
supprimée, avec 13 planches; édition publiée,
avec 8 planches, 1840), Albert (Genève, 1845),
Monsieur Cryptogame [ Paris , dans V Illustration,
1845, dessins traduits par Gham; puis en album
chez Dubochet, 1846). Et voici que ces petits
de Sainte-Beuve, la biographie du Larousse, La Caricature en Allemagne
de Grand-Carteret, et l'ouvrage suivant :
Rodolphe Topffer, l'écrivain, V artiste et l'homme, par Auguste Blondel
et Paul Mirabaud. Hachette , 1886 , avec 25 photogravures. De ce livre a
été détachée et publiée à part, en 188T, la Bibliographie des Œuvres de
Topffer, par Paul Mirabaud (introduction par A. Parran, de la Société des
Amis des Livres).
(1) Les éditions originales des Voyages en Zigzag consistent en cahiers
autographiés, publiés à Genève de 1833 à 1842. Paul Mirabaud en décrit
quatorze. Le procédé donne à ces albums un aspect très primitif; ils sont
cependant assez estimés. (De 20 à 50 fr.)
136 LES GRAVEURS DU XIX» SIÈCLE.
livres, faits pour amuser les jeunes gens d'un pen-
sionnat, dérident aussi les hommes, à commencer
par Goethe. Leur vogue s'étend, l'on peut dire,
dans le monde entier, et toute une génération
répète en riant ces scies bien connues : Monsieur
Jabot se remet en position. Monsieur Vieux-Bois
change de linge, etc. Ce fut le triomphe de l'humour
bon enfant (').
Un album de 65 dessins de Tôpffer , réunis par
Paul Mirabaud , et reproduits par l'héliogravure
Dujardin, a été publié en 1886.
TOSCHI (Paolo), né à Parme en 1788, vint en
1809 à Paris (2) se mettre sous la direction de
Bervic , et devint un buriniste expérimenté , ayant
un métier solide, mais sans éclat, et surtout
sans originalité. Revenu à Parme en 1819 , il
y ouvrit une école de gravure et fut nommé
directeur de l'académie des Beaux A.rts. Il est
mort en 1854.
(!) Jabot, Crepin, Vieux-Bois ont été publiés en copie par Aubert à
Paris. — Des six premiers albums il existe une édilion allemande copiée,
chez Kessmann. Enfin , F. Tbpffer fils a redessiné en 1860 les albums de
son père, pour Garnier frères.
(2) Calamatta et Mercuri, autres italiens, sont également venus à Paris
se perfectionner dans leur art, au rebours de l'idée de notre École qui
considère le séjour à Rome à la suite du grand-prix comme le nec plus
ultra du perfectionnement du buriniste, alors censé chercher le secret de la
grande gravure dans la contemplation des maîtres et dans la méditation
qu'elle peut provoquer. Sans vouloir être subversif, un certain scepticisme
est permis sur cette prétendue contemplation, méditation et inspiration.
TOSGHI. 137
Toschi a gravé Vénus et Adonis. del'Albane,
1816, une illustration de Desenne pour Philoclès
dans Vile de Samos, une de Gérard pour la Lasiade,
la statue de Napoléon d'après Roland, et ter-
miné le Testament d'Eudamidas . du Poussin ,
commencé par Bervic.
La planche qui a fait sa réputation est la grande
Entrée de Henri IV à Paris , d'après Gérard
(avec une feuille à part pour l'explication des
personnages). C'est le seul morceau vraiment
important par lequel Toschi ait été mêlé à la
peinture française contemporaine.
il se consacra ensuite aux reproductions des
anciens : Ma donna délia S cala : Corrège. — La
Vierge et Saint Jérôme : Corrège. — La Vierge au
linge: Raphaël, 1832, planche laissée inachevée
par Longhi. — Le Portement de Croix : Raphaël ,
1832, gd. in-fol. — La Descente de croix : Daniel
deVolterre, grand in-fol., 1843. — Le Repos en
Egypte: Corrège, 1846. — La Cène: Raphaël,
dernière œuvre du graveur, inachevée. — Mise au
tombeau : Schidone. — Repentir de saint Pierre :
Tiarini.
Portrait de Jules II . d'après Raphaël , du
Corrège, d'après lui-même ; — de Machiavel et de
Vasari : — de Colbert, d'après Nanteuil.
Pieta, de Canova, in-fol.
Fresques du couvent de femmes à Parme : Le
Corrège, 6 p. — Fresque de la Cathédrale de
138 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
Parme . série exécutée par les élèves de Toschi
sous sa direction.
Tempietto nella villa Wilding, in-8. — Paysage,
d'après Storelli.
Le Chercheur de trésor, eau-forte.
Pièce commémora tive de la visite de Marie-
Louise à l'atelier de Toschi , à Parme.
Comme portraits , il faut citer :
Alexandre Ier, in -4.
Alfieri, d'après Fabre, in-fol.
Bervic, grand in-8.
Le comte Decazes . d'après Gérard, in-fol.
Planche intéressante.
Le comte de Nevpperg , d'après Callegari , in-4.
Le bandeau sur l'œil droit, la moustache en brosse
à dents ne donnent pas un air séduisant à celui
qui fut auprès de Marie -Louise le succédané de
Napoléon.
Le compositeur Pa'èr , d'après Gérard , in-4.
Léopold II, grand- duc de Toscane, d'après
Lichens, 1833. — Marie - Antoinette , grande -
duchesse, d'après Bezzuoli, 2 p. in-4.
Charles-Félix , roi de Sardaigne. — Charles-
Albert passant une revue , d'après Horace Vernet,
grand in-fol.
Angelo Mazza , V.Mistrali, Le comte de San
Vitale, d'après Callegari ; Tommasini, in-4.
Le portrait de Toschi a été gravé par son élève
Raimondi.
TOUDOUZE. 139
TOUDOUZE (Gabriel) (4), né en 1821. architecte
et graveur.
Souvenirs de Voyage (en Orient, en Italie, en Alle-
magne et en France) par G. Toudouze. architecte,
cahier in-fol. d'eaux-fortes (Lenoir, Bulla et Vi-
gnères).
Ces eaux-fortes, dont l'exécution est assez nette et serrée,
ont été exposées aux Salons à partir de 1847. La publication
doit avoir été abandonnée. Voici les planches qui nous sont
connues.
Numérotées : — 1. Temple de la Concorde à Agrigente,
1846 ; 2. San Giovanni à Syracuse ; 3. Temple de Castor
et Pollux à Agrigente ; 4. Calvaire de Penmarch ; 5. Cloître
de Cefalu ; 6. Tombeaux, route du Caire à Suez ; 7. Cathé-
drale de Spire ; 9. Tombeaux au Caire ; 10. Porte antique
à Perugia ; 11. Calvaire de Pleyben ; 13. Temple de Junon
Lucine à Girgenti; 14. StsJean et Paul à Rome ; 16. Cloître
de Pont-Labbé ; 17. (Sujet pris à Rome) ; 20. Vue de Bey-
routh et du Liban, 1849 ; 21. Tombeau des Aïoubites au
Caire ; 22. Au Foll-Coat, Basse-Bretagne ; 23. Fontaine du
Foll-Coat ; 24. Château de Nantes, chapelle ; 34. Vue de
Syracuse, 1852 ; 37. Eglise à Pleyben.
Sans numéros : — S1 François d'Assise , Santa Maria
délia Salute ; Sujets pris dans les Etats-Romains ; Au Caire,
1844, A. Beyrouth, 1844; Cloître de Pont-1'Abbé.
Trois très grandes planches en largeur : Vue de Jéru-
salem, Grande Porte à Jérusalem, Tombeau d'Absalon, La
Vallée de Josaphat, gd. in-fol. en 1. 1853.
Gabriel Toudouze et Mme A. Toudouze ont dessiné les
ornements de VImitation de Jésus -Christ, Imprimerie
Impériale, somptueuse édition exécutée pour l'Exposition
Universelle de 1855.
(!) Sa femme, Mme Anaïs Toudouze, fille d'Alexandre Colin, et sœur de
Mme Leloir et du peintre Paul Colin, a dessiné pour les journaux de
modes. (Voyez l'article Gatine). Elle a composé de très nombreux sujets
d'imagerie, qui ont été lithographies par Régnier, les Bettanier, et
Desmaisons. Elle a gravé une eau-forte : famille bretonne devant une porte.
140 LES GRAVEURS DU XIX0 SIECLE.
TOUDOUZE (Edouard), fils du précédent,
peintre et vignettiste.
Distraction de la Châtelaine, eau-forte (Cadart).
Illustrations de Mademoiselle de Maupin, édition
Conquet . 1883 (gravées par Champollion) .
Illustrations pour la Chronique de Charles IX ,
édition Testard (eaux-fortes par Abot, bois par
Tbomas) ; pour Les Aventures de Nigel et Woodstock
(bois par Huyot).
TOULLION (Tony), peintre et lithographe,
né à Paray-le-Monial , élève de Maréchal de
Metz et Amaury-Duval. — Le P. Ravignan, 1845;
Degousée et autres représentants de 1848; Lis-
franc ; MicMevicz ; Quinei (trois fois) ; Michelel ;
L. Quicherat ; J. Quicherat ; Mlu Marie Legouvé,
1850, Auguste Comte, 1861; Thiers , Rémusat ,
Grévy. — Etudes d'après Greuze ; Ornements
(Ganibart, éd.).
TOURFAUT ( Léon - Alexandre ) , graveur sur
bois, a travaillé à partir de 1876 pour les journaux
illustrés et L'Art). Il s'est pendu en 1883.
TOURNACHON (Félix). — Voyez NADAR (M.
(}) Le pseudonyme Nadar, au point de vue étymologique, dérive direc-
tement de Tournachon , sans qu'il y paraisse au premier abord. Il faut
seulement rappeler qu'il y a quarante ans la rage des mots terminés en
rama avait fait place à celle des mots en dar, d'où Tournachon, Tour nadar,
Nadar.
TOURNY. 141
TOURNY (Joseph-Gabriel), né à Paris en 1817,
élève de Martinet, grand-prix de gravure an
concours de 1846. — Portrait du Primatice, envoi
de Rome. — Portrait de Masaccio. — M. Baroche,
président du Conseil d'Etat, 1857.
Tourny a ensuite abandonné la gravure pour
faire sa carrière dans l'aquarelle, et reproduire par
ce procédé les morceaux célèbres des maîtres
italiens , notamment pour la collection Thiers ; il
a aussi dessiné de nombreux portraits.
TOUSSAINT (Henri), né à Paris, élève de
Gaucherel, est un fin graveur à l'eau-forte.
La Sainte-Chapelle; Cour de V 'école des Beaux-
Arts, frontispice (Cadart). Chaussée Saint- Leu à
Amiens ; Le Trocadéro ; La Rue des Nations à
V Exposition de 1878 {L'Art).
Vîtes d'Oxford, Cambridge, Liverpool, West-
minster, S t-B tienne du Mont (pour le Port-Folio).
Saint- Maurice : Turner.
Six tableaux de Corot , Fromentin . Troyon ,
Diaz, Delacroix (Cent Chefs-d'œuvre). La Plage:
Dejonghe; La Promenade: Abbenia. (La Mer).
Nombreuses reproductions de tableaux, en petit
format, pour divers catalogues.
La grande Cascade de St-Cloud, in-fol. (L'Art).
Le C apitoie à Rome, d'après Gaucherel, (20 ép.).
Une Parisienne : R. Collin.
Saint- Maclou , La Cathédrale, Porte de la
142 LES GRAVEURS DU XIX' SIECLE.
Cathédrale , Le Gros- Horloge, Fontaine du Gros-
Horloge, Bords de la Seine, Palais de Justice, Tom-
beau du Cardinal d'Amboise , Bue Eau de Bobec ,
Hôtel Bourg l/ieroulde , etc. (Bouen illustré, Auge).
Andromaque et Astyanax : Rocliegrosse , et
autres planches pour Le Livre d'Or du Salon. —
Porte- F tend art: Meissonier [Modem- Artists).
Van Beresteyn : F. Hais [Gaz. des Beaux- Arts).
Les premières Fleurs : Chaplin (Hautecœur).
Illustrations pour Bigareau , de Theuriet
(Conquet) ; de T. Jazet, pour La Canne de
M. Michelet ( ld. ) ; de Leblant pour Mauprat
(Quantin) ; deBramtot pour Mes Prisons (Jouaust),
et la Vénus dLlle (ld.) : de F. Flameng pour
Victor Hugo, etc.
La Cité et le Pont-Neuf, La Place de la Concorde :
Zuber, 1889. — Martyre : Henner [Portfolio).
— La Valse : V. Gilbert [Album de la Société des
Arts), 1891. — Portrait de Barbey d'Aurevilly,
in-12.
TRAVERSIER (Hyacinthe), graveur, a exposé
en 1841 deux Vues de Paris, et en 1842 une Vue
de la Chapelle royale de Palerme. — Armoriai
national des Villes et Provinces de France. — Atlas
de statistique, 1842.
TRAVIÈS ( Charles - Joseph ) , — son nom
complet est Iraviès de Villers . — né en 1804 à
TRAVIES. 143
Wulfflingen (Suisse) , d'une famille originaire de
France ; naturalisé français.
Un fruit sec de la peinture , et , comme on dit
dans les ateliers , un « raté » ; un déclassé et un
malheureux. Baudelaire l'appelle « le peintre du
guignon ». Elève de Heim et de l'École des
Beaux-Arts, Traviès avait l'ambition de la grande
peinture ; pauvre , souffreteux , mélancolique ,
inquiet et indécis , il eut recours , comme tant
d'autres sous la Restauration , à la production de
feuilles lithographiques , — de la dernière trivia-
lité, — qui , au lieu d'être, comme pour les autres,
un simple épisode et un adjuvant dans la carrière,
devinrent sa carrière même. Le serpent tentateur,
sous la ligure de Philipon , l'induisit en un métier
funeste : la caricature politique faite de violence ,
de haine, et d'attaques directes aux personnes.
Traviès s'y jeta tète baissée, sans faire absoudre
par une exécution maîtresse la vileté du genre.
La caricature politique supprimée par ordre supé-
rieur, vint l'époque brillante du dessin de mœurs.
Traviès dut s'y mettre : mais en restant, à de rares
exceptions près , terne et commun , alors que
d'autres y étaient ou élégants ou vigoureux. Il
essaya de la vignette, sans devenir décidément
illustrateur. Et pendant ce temps , sa véritable
pensée allait toujours aux grandes machines
picturales (l'atelier du dessinateur des ivrognes et
des chiffonniers était plein de tableaux religieux
144 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
inachevés). Il végéta longtemps, « grand échassier
à nez de perroquet et à pommettes saillantes » (*),
torturé par la misère , les embarras de famille et
la maladie, et finit par mourir en 1859, dans une
mansarde du quartier latin, sur un grabat.
S'il eût toujours suivi fermement la voie de
la peinture, Traviès y eût trouvé peut-être une
subsistance honorable et suffisante, une existence
matérielle plus heureuse. Mais, après tout, rien
ne prouve qu'il se serait développé chez lui un
talent à faire surnager son nom dans l'avenir.
Tandis que par la caricature il a vécu cruellement
misérable, mais il conservera une manière de
notoriété. Pas celle qu'il ambitionnait, par
exemple ! Il l'eût voulue par des tableaux comme
ce Jésus et la Samaritaine commandé par l'État
et exposé au Salon de 1853, — et il l'aura (gloire
extrêmement relative) par la création de Mayeux!
1. Premières lithographies.
Le premier idéal de Traviès fut Pigal, et ses premières
séries de lithographies sont du pur genre commun de la
Restauration : Tableau de Paris, 20 p. (Bove-Ducarmej au
n° 18 est déjà un bossu genre Mayeux. — Les Contrastes ,
galerie mimique et physionomique , 20 feuilles à deux
sujets, numérotées dans le bas; autre série, numérotée
dans le haut. — Galerie des Epicuriens, des Savants, des
Négociants, des Misérables, Politesse française, Tableau de
Paris, suite de feuilles très vulgaires. Barrière de la Villette,
(1) Champfleury, Histoire de la Caricature moderne. — Voyez aussi le
portrait-charge de Traviès par Benjamin Roubaud , dans le Panthéon
charivarique
TRAV1ES. 145
Barrière du Combat, Barrière de la Courtille. — Paris,
12 p. (chez l'éditeur quai de la Mégisserie).
Son second idéal fut Grandville, qu'il imita dans des
caricatures au trait de plume : Doubles Visages. — Les Cinq
Sens. — Les Transfigurations, personnages à têtes d'ani-
maux ; Miroir grotesque, id. — Mariage de raison ; Ma-
riage d'argent, 4 p.
Pièces diverses : Grands projets; Arrogant avec un infé-
rieur, humble devant un supérieur; Moi je me règle sur le
soleil (La Silhouette). — Le Chef d'institution ou la nou-
velle année : Echantillon de mœurs parisiennes , un banc
d'omnibus de la Madeleine à la Porte St-Martin ; Enfoncé
Racine ; Lecture de la grande ordonnance du 1er septembre
1828 ; Il faut avouer, mon cher, que vous avez une drôle
de tête ! — Paganini, et pas le sol ! Les Romantiques, 2 p.
— Types (chez l'éditeur, rue du Coq) : Gâte-Sauce, Serpent
de paroisse, M. Boniface, etc.. M. Coyart, teneur de livres,
M. Cuinat, chef de bureau (tout cela est sans esprit). —
Types (chez Osterwald et Ducarme).
Arrivons à la grande « création » de Traviès.
2. Les Mayeux.
Traviès passe pour être le créateur de Mayeux. Ceci
constaté, inutile de perdre son temps à se demander grave-
ment, comme on l'a fait plus d'une lois, quelle est la genèse
de Mayeux ; est-il sorti subitement tout parfait de l'imagi-
nation de Traviès? ou Traviès a-t-il pris quelques indica-
tions « sur nature » d'après un modèle ? Voilà-t-il pas un
grave point d'histoire !
Avant Traviès, la caricature s'était attaquée aux bossus :
et au n° 11 de l'album comique d'Isabey père il y a un petit
bossu prétentieux, tout fier de donner le bras aune grande
femme, qui est déjà Mayeux à moitié trouvé.
De même nous ne nous demanderons pas solennellement :
Que représente Mayeux? Sa mémoire restera-t-elle dans les
gê aérations futures? et autres questions. Surtout nous
nous garderons bien de répondre comme Champfleury que
Mayeux forme avec Robert Macaire et Joseph Prudhomme
une trinité qui personnifie la bourgeoisie. Mayeux, ce fan-
toche priapique, ne représente que Mayeux, un bâtard de
Polichinelle (j'entends • du polichinelle turc), atténué et
rendu susceptible d'être toléré par le public français qui
n'a pas l'habitude du Karagueuz original. Mayeux ne fut, à
xn 10
140 LES GRAVEURS DU XIX' SIECLE.
proprement, parler, qu'une « scie » dont Paris s'est long-
temps amusé, et dont l'avenir (qui nous est maintenant
connu à présent que soixante ans se sont écoulés) a été de
disparaître, remplacée par d'autres « scies », moins accen-
tuées toutefois et d'un genre moins cru (*). Mais il a eu un
beau succès, aux alentours de 1830 , le bossu des trois
glorieuses, qui s'était sûrement caché dans sa cave pendant
l'action, et qui après la victoire réapparaissait triomphant,
insolent, bruyant, mouche du coche, grand faiseur d'em-
barras, et soigneux garde national ! La garde nationale avec
les nuits de service commandé, quelle admirable occasion
pour les fredaines que doit ignorer Mme Mayeux. Et ces
fredaines, c'est la grosse affaire de Mayeux, lubrique,
(*) En d'autres termes , Mayeux n'est pas un « document » dans le bon
sens du mot.
Nous savons bien que tout est susceptible de devenir document avec le
temps ; la preuve en est qu'on élève des palais pour y loger des tessons ;
et comme dans La Grammaire de Labiche, les savants viennent pontifier
sur des morceaux de vases nocturnes qu'ils prennent pour des débris
de lacrymatoires. Mais nous ne sommes pas assez loin des estampes du
XIXe siècle pour les déclarer indifféremment des documents, c'est-à-dire
des témoins valant la peine d'être entendus et dignes d'être crus lorsqu'il
s'agira , plus tard , de reconstituer et de juger notre société. Charges ,
grimaces, grosses têtes, grotesques à la De Cari, scatologies, trivialités à
la Pigal, obscénités lithographiques de 1830, Mayeux, calomnies féroces
des caricaturistes politiques, lanternes de Boquillon . placards publiés à la
faveur du relâchement de l'autorité, pornographies d'aujourd'hui , marée
d'images lancées en tout temps par des « individualités sans mandat » ;
tout cela , feuilles de papier sans autorité , pseudo - documents , faux
témoignages 1
Connaissons toutes ces images, si l'on veut. Mais soyons sceptiques à
leur égard. Sachons surtout nous rendre compte du néant de la plupart
d'entre elles comme influence sur le moment et comme valeur dans l'avenir :
remarquons, par exemple, le fait qui se passe aujourd'hui sous nos propres
yeux : le détachement absolu du public pour les caricatures politiques, on
ne les regarde même pas aux kiosques où elles sont étalées. Ne prenons pas
au sérieux tout ce qui est dessiné : nous ferions comme le naïf populaire,
qui croit toutes les bourdes, et ce qui est plus grave, toutes les accu-
sations, du moment que « c'est sur le journal ». Défions-nous surtout, en
estampes comme en autres choses, des traits des satiriques et des boutades
des hommes d'esprit. Il n'y a point de documents plus menteurs : c'est la
plaie de l'Histoire.
TRAVIES.
147
cynique, volcanique (au moins en paroles), jurant, sacrant
(Nom de D...I Tonnerre de D...! voilà l'inévitable entrée,
la rengaine, le leitmotiv de Mayeux), faisant un bruit de
tous les diables afin que nul n'ignore ses bonnes fortunes
Nom de D..! Mayeux, en fais-tu des caprices!; entrant au
restaurant ou au théâtre avec des allures d'ouragan : Du
serpent à la Tartare! des côtelettes de tigre, tonnerre de
D...! Des truffes, nom de D...! des truffes, garçon? des
truffes comme s'il en pleuvait ! — Une loge grillée, ton-
nerre de D...! ; et montant chez les filles, et faisant du
vacarme, et promettant de lui-même monts et merveilles :
Dépêche-toi, nom de D...! nous allons voir le tremblement!,
« parlant d'amour », dit Ghampfleury, « comme le père
Duchêne parlait politique » : Cache ta gorge, cache-la,
nom de D...! je ne me connais plus! Tiens, prends ma
bosse, coupe-la en quatre, f.... -m'en les morceaux à la
figure!... Dis-moi des horreurs, dis-moi que f ai assassine
mon père et ma mère ! ça m'est égal, tonnerre de D... ! ça
ni! est égal, f. •'•'•'
Mayeux a copieusement fourni matière à articles, et on
en pourra toujours tirer une « chronique ». Mais là n'est
pas notre point de vue. Nous avons à nous demander, tout
simplement, combien Mayeux a suscité d'estampes et de
quelle qualité.
On appelle Les Mayeux en langage de librairie, l'ensemble
des images où se trouve représenté le fameux bossu. En
1832, cet ensemble était annoncé, dans les Petites affiches
du Charivari chez Aubert, comme complet en 100 feuilles
à 75 cent. : charges un peu graveleuses, mais très plai-
santes (sic). Mais il existe aujourd'hui dans diverses biblio-
thèques des recueils factices où le chiffre des Mayeux va
environ à 160 pièces. Les Mayeux ne sont pas du seul
Traviès, mais encore d'autres dessinateurs.
Série à l'adresse de Hautecœur-Martinet ; — Autre série
chez Hautecœur-Martinet, in-4 avec trait carré; - Série
chez Fonrouge , 5, quai Conti : on y remarque Mayeux
regardant Holyrood, signé ^B (Auguste Bouquet) ;- Série
à l'adresse d'Aubert. - Série, imprimerie Delaunois, chez
Charasse, 6 p. — Aventures de M. Mayeux, par Hippolyte
Robillard , chez Aubert. Il y en a deux fort « raides » de
ton - Mayeux, par H. Robillard, imp. Delaunois, chez
Aubert. - Quelques pièces, par Michel Delaporte, chez
Aubert.- Série chez Genty, signée Ch. de S..., d'un dessin
148 LES GRAVEURS DU XIX' SIECLE.
informe. (C'est là que se trouve la fameuse réponse faite à
Mayeux demandant au cardinal Fesch : Comment se porte
Votre Eminence. — Très bien, Mayeux, et la vôtre ?) —
— Facéties de M. Mayeux, par Traviès : ici Mayeux fait
de tous les métiers, il est chapelier, cordonnier, docteur,
tailleur, maître de danse, restaurateur, coiffeur, épicier,
pharmacien, marchand de vin, charcutier, etc., etc., et il
ne se fait pas faute de propos et d'insinuations à faire
rougir les clientes.
Portrait de Charles-Louis-Philippe-Dieudonné Mayeux,
né à Paris, le 7 fructidor an 2, décoré du lys, de la. croix
de Juillet, membre du caveau moderne et de plusieurs
autres académies savantes, par Traviès. — Mayeux par-
venu au Ministère (Traviès). — Le Diable emporte la
Liberté de la Presse (Michel Delaporte). —Mayeux, sculp-
teur, devant sa Galatée : Je me sens capable de mille
hoi-reurs (Traviès).— Mayeux brûlant les lithographies qui
le représentent : Au feu, codions d'artistes ! au feu, nom
de D... ! — La Revue (Robillard). — A la revue : La voilà
donc, cette belle garde nationale dont je suis! — Diverses
pièces signées de Forest, de Prévost, ou Auguste ou Bosco.
— M. Mayeux aux Tuileries. — Lâchez-moi, Madame
Mahieu,j'suis d'ia mobile, nom de D...! (La Silhouette).
On peut citer aussi une image d'Épinal : Mayeux le brave
bossu des trois jours; une réclame de Henri, chapelier.
avec Mayeux pour vignette ; une autre vignette pour les
boîtes de Y Enduit élastique préservateur de l'humidité des
chaussures de cuir.
Nous verrons tout à l'heure Mayeux apparaître dans le
journal la Caricature.
Enfin, en 1839, alors que la vogue du personnage ava it
pleinement baissé, et que le goût du violent et de l'ignoble
dans la charge avait disparu, Traviès essaya de ramener
l'intérêt sur son bossu en lui donnant pour partner un
autre type alors célèbre : il fit la série spéciale de Mayeux
et Robert Macaire, 6 p., qui n'eut aucun succès.
Comme qualité, les lithographies des Mayeux sont géné-
ralement nulles. Elles peuvent former un recueil curieux,
mais rien de plus. Robert Macaire a fourni, avec Daumier,
une série de lithographies superbes ; Prudhomme , lui .
n'a pas été célébré par la lithographie ; Mayeux l'a été
platement, souvent même ignoblement, ainsi qu'il convient
pour des estampes destinées à recevoir des légendes dans
T RAVI ES. 149
le goût de celle-ci : May eux à l'Ambigu : Nom de D..J
M. le gendarme, faites donc finir ces gens-là ! Y n'font
que péter, vesser ; on n'entend rien!
Sur ce dernier trait de « l'esprit de nos pères » bouchons-
nous le nez, nous qui sommes, c'est une chose entendue,
autrement délicats et fins que la génération de 1830. Et
allons au Moulin-Rouge entendre le <.< Pétomane »... !
3. Caricatures politiques.
Pièces isolées : — Je tiens 1 jésuite; Club jésuitique, Ils
auront beau faire...; Les Ex-Ministres; M. de Polignac à
Vincennes ; Digestion diplomatique ; Protocole, Bruits de
guerre; Fin de vacances; Allons donc les Parisiens! Le
Barbier parisien ; Pourriez-vous me dire où sont les
alouettes qui.... etc.; L'ordre le plus parfait règne dans
Varsovie; Le Présent, le Passé, 1831 : Le Peuple restaura-
teur, carte du jour ; C'était bien la peine....
(Rappelons ici que les deux principales séries de carica-
tures parues isolément étaient les cent pièces contre
Charles X, et les cent caricatures politiques, vendues chez
Aubert).
Dans la Caricature de Philipon, Traviès a dessiné nombre
de pièces : — Ce qu'il y a de plus affreux dans l'Univers
(des chiffonnières qui se battent). — Les faux Ouvriers,
assommeurs payés; Peuple affranchi dont le bonheur
commence ; Faut avouer que le Gouvernement a une bien
drôle de tête (le public regardant les caricatures à la
devanture d'Aubert) ; L'ordre le plus parfait règne aussi
dans Lyon ; Louis-Philippe se faisant dire la bonne aven-
ture ; Que drôles de têtes (le Roi et le duc d'Orléans avec
des têtes de poires) ; Le juste-milieu se crotte: Le Pot de
mélasse; Levez le siège, polissons!; La vieille Perruque
d'Harpagon; Mauvaise charge ; Elle est vraiment enceinte!
(nâvrement d'un vieux royaliste aux nouvelles de Blave);
Marche de la banlieue au secours de cent mille hommes de
troupes réglées assiégés par quelques centaines de lâches
républicains; Le grrrand Complot; Fœtus politiques; Mort
aux rats politiques; Route de Pantin, hommes usés;
Entretien de deux monarques provisoires (Louis-Philippe
et le bœuf gras) ; Vieillards, votre heure est venue (la Mort
et la chambre des pères ganaches)... Etc.
Mayeux reparaît dans la caricature ; le voici qui décapite
150 LES GRAVEURS DU XIX' SIECLE.
une poire avec son couteau en s'écriant : Ah! scélérate de
poire, pourquoi n'es-tu pas une vérité ! ou bien qui dit avec
mépris à Lafayette : Corbleu, général, vous nous avez fait
là un fichu cadeau ! on entend suffisamment de qui il est
question. Plus loin, Mayeux prononce le « Jugement de
la chambre qu'on vexe ». (Dans la Caricature également
une feuille de Facéties de M. Mayeux non signée, et un
Mayeux par Grandville : Nom de D... ! peut-on avoir les
jambes f... comme ça).
Dans le Charivari, à partir de 1832, la série assez drôle
des Musiciens de la Chapelle (M. Sou... premier tambourin ;
D'Argot, premier nasillard; Vienn..., premier chantre;
Lobau, premier trombone ; Lamêche, premier galoubet ;
Giraudrelin ; Montaugibet ; Chonaine ; L'abbé Loup ; Tata-
lain; Madier Longeau; Ratry de Vilain Manoir; Dupé). —
Portraits -charges : Stephanus , Jacot-Lefaive , Barthe ,
Guizot, Cul nain gris d'aise , Bètin le veau (charge du
Bertin d'Ingres). — L'exécrable Assassin méditant son
horrible attentat; L'Assassiné. — Philippe-Égalité. — Ces
diables de députés, que drôles de boules ils ont ; Au fait,
c'est vrai, ces républicains ont peut-être raison ; D'où diable
peuvent-ils savoir ça?; Cré coquin de Figaro; M. Tu-Bois;
Le Silène (dit Schonaine) ; Le Diable emporte les fruits ! ;
La Poire est devenue populaire; Une Supposition; La
bonne Digestion; La mauvaise Digestion; La Russie défend
la Turquie , mais elle l'étrangle ; Combat singulier du
Constitutionnel et des Débats; Quel coupe-gorge !
Tout cela est d'intention méchante, féroce même. « Avec
» les dessins de Grandville, ceux de Traviès sont haineux
» et provocateurs. Leurs allusions sont perfides, minces et
» aiguës comme la lame d'un poignard. Ses caricatures
» offrent une amertume, un amaigrissement, une rancune
» expressive... Traviès ne parvint pas à franchir l'énorme
» fossé qui séparait la Restauration de Juillet : un abîme
» entre les mœurs, les physionomies. Il se donna tout entier
» aux entreprises politiques de Philipon, y apportant ses
» amertumes intérieures, car la souffrance physique et
» morale forme une bonne partie du lot des satiriques ; ils
» sont méconnus, ils s'imposent par de cruelles égrati-
» gnures; ils sont incompris, leur dépit se traduit en traits
» acerbes. Le crayon chétif de Traviès ne saurait innocenter
» ses compositions politiques. » Ainsi parle Champfleury.
Traviès, en effet, comme exécutant est terne. Son crayon
T RAVI ES. 151
est sans vigueur, avec une tristesse, un gris caractéristique.
Traviès a sa couleur à lui, il fait « croquemort ».
Pourtant il se montre mieux dans les quelques pièces
suivantes :
4. LIARD, CHIFFONNIER PHILOSOPHE, in-4.
C'est le chiffonnier-poseur qu'il faudrait dire : pour ce
pseudo-chiffonnier qui se promenait en faisant quelques
bribes de citations latines, pour étonner les badauds. Mais
son portrait est la meilleure œuvre de Traviès.
5. UN SECTAIRE AU XIXe SIÈCLE, in-4 cintré.
Ce sectaire, c'est Ganneau, ou comme il s'appelait, celui
qui fut Ganneau, devenu le Mapah (premières syllabes
réunis des mots papa, maman), fondateur de la religion de
YÉvadisme (réunion des mots Eve et Adam). Traviès était
bien tenté de le suivre, comme il suivit aussi Jean Journet.
Ce besoin d'une religion nouvelle, avec un dieu comme le
Mapah, est encore, comme le dit Champfleury « la preuve
d'une certaine faiblesse ». La lithographie est d'un joli
crayon doux.
6. Pièces diverses .
Un Détenu politique (Revue des Peintres). — Les
Vagabonds, d'après son tableau. — Amour filial, et autres
pièces d'après divers {M.). — Les Lionnes de l'avenir
(fillette portant sa petite sœur et tenant un pain), jolie lith.
— Les Balayeurs, Café en plein vent, Les Chiffonniers,
Les Gamins (Paris au XIXe Siècle).
LES MYSTÈRES DE PARIS, publication du Compi-
lateur, 1843. La série in-4, débute par le portrait du
« Compilateur » et continue par une suite de scènes du
roman d'Eugène Sue, on les croirait destinées à être lancées
en prospectus II y a là plusieurs pièces assez vigoureuses,
et l'une notamment, Le Tapis Franc, rue aux Fèves, (n° 16
de la série) qui est remarquable : c'est l'une des meilleures
œuvres de Traviès.
Macédoines, drôleries, petites grimaces, etc. — Titres de
musique : Les Bohémiens quadrille populaire ; Plus de
Patrie, romance deGrimaud et St-Martin, etc.— Le Vendeur
de savon Demarson.
Portraits : Dupont de l'Eure, Hérold, le général Chassé.
152 LES GRAVKURS DU XIXe SIÈCLE.
— Galerie des Illustrations scientifiques : Raspail, Dumé-
ril, Requin, Cruveilher, Cloquet, Orfila. — Portrait d'un
homme au lit de mort. — Buste d'homme avec une cou-
ronne. — Elisa Jubain, cantatrice.
Sujets de Mœurs.
Série de tètes, types divers : le Franc-Bourguignon, le
Fashionable de la Courtille, le Goutteux, l'Amateur de
porter, etc. (Osterwald et Rittner. Sans intérêt.) — Types
Français, 1835 (sans aucune valeur). — Types et portraits
de fantaisie. — Types en pied (Aubert). — Histoire natu-
relle de l'homme. — Galerie physionomique, 1836.
L'Ivrognesse : No?n d'un p'tit bonhomme, ça vous remet
du cœur au ventre ! in-fol. (n° 2 d'une série de Rittner et
Goupil).
LE CHIFFONNIER: Au fait, tous les Français sont
naturellement susceptibles aux emplois civils et militaires,
in-fol. (Rue du Coq, 4). Une des meilleures pièces de
Traviès.
Physionomies de Paris, 8 p. in-4 cintré. — Plaisirs pari-
siens. — Les Rues de Paris, 7 p. — Promenades pari-
siennes. — Comme on dîne à Paris, série nombreuse. —
Scènes de mœurs, 16 p. — Mœurs commerciales et indus-
trielles, 7 p. — Galerie comique. — Blagualitës. — Les
Monologues. — La Vie littéraire. — Mots écorchés. —
Paraphrase de La Bruyère. — Un Scélérat de Neveu.
6 p. — Les Vices distingués, 2 p. — Les Génies méconnus.
2 p. (sur l'une des pièces, on voit le Mapah étendu sur
un divan, entouré de quelques adeptes: il y a dans le dessin
comme une intention de raillerie).
Barrières de Paris, 8 p. — Scènes bachiques, 20 p., 1839.
— Les Joies et les Misères du pauvre peuple, 2 p. — Le
Désabusé : J'en ai tant vu de vilaines choses dans ce monde
que j'aime autant être comme je suis! 1851.
Baudelaire, très bienveillant pour Traviès qu'il croit un
artiste éminent et incompris, dit : « Sa muse est une
» nymphe du faubourg, pâlotte et mélancolique. A travers
» toutes ses tergiversations, on suit partout un filon sou-
» terrain aux couleurs et au caractère assez notables.
» Traviès a un profond sentiment des joies et des douleurs
y du peuple; il connaît la canaille à fond, et nous pouvons
» dire qu'il l'a aimée avec une tendre charité. C'est la
» raison pour laquelle ses Scènes bachiques resteront une
TRAVIES. 153
» œuvre remarquable. Ses chiffonniers d'ailleurs sont géné-
» ralement très ressemblants (d) ».
Traviès a dessiné quelques bois pour La Séparation, de
Vendremish Durivage, 1833 (une vignette de titre). Les
Français peints par eux-mêmes, le Jardin des Plantes*
Les Mystères de Paris, le Paris au XIXe Siècle d'Aubert.
TRAVIÈS (Edouard), né à Doullens en 1809. Le
frère cadet du créateur deMayeuxfut. ô contraste !
un dessinateur de petits oiseaux. Il était bon spé-
cialiste pour l'histoire naturelle et a lithographie :
Macédoines variées de (leurs, fruits, papillons,
insectes: Les Oiseaux les plus remarquables (avec
Tirpenne, chez Ganibart, 1845: Collection pitto-
(!) Tout cela est fort bien , mais au total Traviès, malgré sa philosophie
triste et compatissante, malgré son observation des chiffonniers et des
ivrognes, n'est pas devenu l'artiste « éminent » dont Baudelaire lui croyait
l'étoffe. Peut-être précisément à cause de cette observation des ivrognes et
des chiffonniers. Les ressources matérielles lui ont manqué, dit-on , ou la
santé. Soit ! Et aussi le modelé. Et encore cette fermeté, cette
clairvoyance du but à atteindre qui triomphent souvent de toutes les diffi-
cultés. Admettons qu'il ait eu sûrement l'étoffe d'un peintre éminent ; eh
bien , alors, Traviès s'est perdu parce qu'il s'est déclassé en caricaturiste,
parce qu'il n'a pas eu l'horreur de l'ignoble ; ce qui l'a perdu . — comme
tant d'autres depuis lui, — c'est, en un mot, l'inconscience de ce qui est
à faire et à ne pas faire quand on veut, compter dans l'art. Il lui a manqué
cette notion bien nette que ce n'est pas un métier que d'exploiter le masque
de Charles X vieilli, ou de rabâcher des têtes en poires, ou de ressasser le
nez de M. d'Argout (pas plus qu'aujourd'hui les favoris de M. Jules Ferry
ou l'habit noir de M. Carnot), que Mayeux et ses ordures sont une pitrerie
dont on peut rire, mais qu'on n'estime pas et qui ne mène à rien (pas plus
qu'aujourd'hui les dessins à intention libre). — Traviès, dira-t-on , était
misérable et faisait ce qu'il pouvait pour gagner son pain ! — Soit encore !
n'accablons pas un malheureux. Mais enfin , que d'autres artistes au cœur
noble ont connu la misère des débuts, ont traverse des moments d'une
dureté effroyable, et n'ont jamais été tentés de manger de ce pain-la !
154 LES GRAVEURS DU XIXr SIECLE.
resque des- plus jolis Oiseaux des quatre parties du
Monde, 47 pi. ; Oiseaux et Papillons. 93 pi. etc. (').
Vues de la banlieue de Rouen, lith. par Urruty.
TRAYER (J. Ange). — Les Mois, sujets d'enfants
lithog. (Goupil et Vibert) (2).
TRICHON (Auguste), a gravé des bois pour Les
Etrangers à Paris , 1844 , le Musée des Familles,
L'Illustration, le Journal pour Tous, le Magasin
des Enfants, le Journal du Dimanche, V Histoire
des Peintres. 11 a exposé en 1848. On le retrouve
ensuite aux Salons de 1873 à 1882, avec des
gravures pour le journal La Famille
.'3
TRICHOT-GARNERI (François) . peintre -
verrier (?)
1. MARTYRE DE SAINT SYMPHORIEN : Ingres:
lithographie très gd. in-fol.
Cette très grande estampe dessinée et lithographiée en
1838 par Triehot-Garneri à Chalon-sur-Saône, imprimée
chez Guason-Johard à Dijon, et dédiée àl'évêque d'Autun,
est totalement inconnue ; pour deux raisons, elle est rare,
et elle a été faite en province.
(*) Le Bocage, Trophées de nature morte, La Vénerie. La Chasse,
Souvenirs du Chasseur, etc. Dans ce genre-là on finit par ces trophées de
gibier, découpés et bombés en relief pour faire illusion ! Il y a pareille-
ment des trophées de poissons, à l'usage des pêcheurs, par Champin, qui
fournissait aussi de fleurs le fonds de Delarue,avec Sette et Groboti frères.
(2) Sous la signature Trayer , portraits lithographies de Raspail et
autres représentants de 1848.
(3) Ses filles, Adèle et Advienne Trichnn, gravent sur bois, et ont exposé
la première en 1868, la seconde en 1882.
TRICHOT-GARNERI. 155
Le Cabinet des Estampes en possède deux épreuves :
l'une , sans retouche , offre des morceaux remarquables (la
figure du saint, notamment) et une certaine faiblesse géné-
rale de couleur. L'autre plus montée de ton, et plus vigou-
reuse de modelé, est encadrée dans la salle de la réserve.
Elle porte la signature : Ritoccata da L. Calamatta.
2. Le Sacre de Napoléon : David, t. gd. in-lbl.
Fs. Trichot de Chalon-sur-Saône (Lemercier-
Bénard).
TRIMOLET (Joseph-Louis), peintre, graveur,
lithographe et vignettiste.
Il avait certainement en lui l'étoffe d'un peintre
du plus grand talent ; — mais il n'eut pas le temps
de le montrer (*), étant mort tout jeune, après une
vie de détresse : — heureusement, il a semé dans
quelques livres des illustrations d'un humour très
lin, et ainsi, par les bibliophiles , son nom sera
préservé de l'oubli. Et voilà son histoire en trois
mots.
Né à Paris en 1812, orphelin à neuf ans, il lui
fallut dès cet âge gagner sa vie ; il fut petit commis
dans divers magasins, puis apprenti chez un gra-
veur, put entrer, à force d'économie, dans l'atelier
de David d'Angers, dessina des vignettes pour le
comte Alexandre de Laborde et pour Curmer. se
maria tout jeune avec la sœur de Daubigny, et se
trouva dans la misère. Il continua à dessiner
(!) Il a laissé un tableau, Distribution de secours par des sœurs de
(•liante, à la porte de l'hôtel de Sens (médaillé au Salon de 1839) où se
trouvent des parties de premier ordre. Ce tableau appartenait au sculpteur
Geoffroy-Dechaume, qui l'offrit au musée du Louvre.
156 LES GRAVEURS DU XIX* SIECLE.
diverses illustrations, et mourut, en 1842, emporté
parles privations et la phtisie (l).
1. Lithographies.
Avant, Pendant, Après, petite caricature politique, 1830.
— La Polonaise, chant national, 1831.
Moralités comiques, série caricaturale (chez Aubert). —
P/u/sionomies et poses de différents Lecteurs (Id.).
2. VERSAILLES ANCIEN ET MODERNE, par le
comte Alexrc de Laborde. Everat, 1839, gd. in-8.
Malgré le peu d'homogénéité des illustrations, ce livre,
peu estimé jusqu'ici, est des plus intéressants comme
vignettes, surtout dans sa première partie, voyage de Paris
à Versailles.
C'est un de ces livres qu'on aime à analyser bois par
bois {-), pour se donner le plaisir de découvrir les plus jolis.
Il faut signaler ceux de Trimolet, quelques-uns de Dau-
bigny, un cadre de page par Français (page 81), deux bois
exquis d'après Aubry (le titre de la page 13, vue du Cours-
la-Reine, et celui de la page 79, revue de Louis-Philippe à
(!) Ceci est pour parler simplement. Mais les familles, lorsqu'elles four-
nissent des notes aux biographies et aux dictionnaires, se résignent diffi-
cilement à être simples. Prenons, dans une encyclopédie, l'article de Tri-
molet, évidemment dicté par une bouche pieuse. Voici l'orphelin recueilli
par un bonnetier qui se charge de le loger et de le nourrir en échange d'un
travail assez pénible. « L'enfant, ne pouvant suffire à ce rude labeur,
ALLA DEMANDER A UN COIFFEUR UN PAIN MOINS AMER. Puis, il eut la BONNE
fortune d'entrer chez un graveur d'étiquettes : là il se mil pendant
plusieurs années à colorier des dessins pour les lanternes magiques...
On le fil admettre à VEcole des lieaux-Arts, l'enseignement académique
l'ennuya bientôt, ses dessins d'ailleurs avaient déjà trouvé des admira-
teurs, .... l'avenir s'ouvrait large et brillant : mais l'amour vint se
mêler A SA vie; il se maria... etc. En ses diverses créations, Trimolet
s'est révélé OBSERVATEUR autant que poète, poète autant que philo-
sophe », etc. Ces lyrismes intempestifs gâtent tout !
(2) Quoi ! regarder des bois modernes un par un ! Examiner des livres
contemporains d'aussi près que des incunables !
Parfaitement, et il n'y a rien d'extraordinaire à cela. Car, en réalité, le
TRIMOLET. 157
Versailles), et une curiosité, la vignette qui représente
Louis XIV et Le Nôtre; ce sujet de haute noblesse a été
demandé à Daumier.
Gravure d'Adolphe Best, Cherrier, Lacoste, Lecler,
Verdeil, Orrin Smith, Sears, etc.
3. Diverses illustrations sur bois.
Bois pour quelques Physiologie*, 1841-42.
Quelques vignettes dansZ-o Pléiade (voyez plus bas, n° 8);
— dans Les Français par eux-mêmes ; — dans le premier
volume des Mystères de Paris.
EAUX -FORTES ORIGINALES.
4. Adresse de Quesnel, fabricant de bronze, rue des
Amandiers-Popincourt, in-8.
Diverses statuettes de bronze, notamment celle du Dan-
seur napolitain de Duret. Cartouche dans le haut. Signé.
(15 cent. '/s sur 11 */g).
livre illustré français a eu trois périodes de gloire, — aussi intéressantes
l'une que l'autre :
La première, à la fin du quinzième siècle et au commencement du seizième,
avec les livres des Pigouchet, des Simon Vostre, des Kerver, des Vérard.
des Tory, avec les impressions de Lyon et les illustrations du Petit
Bernard.
La seconde, au dix-huitième siècle, avec l'illustration en taille-douce,
avec les vignettes des Cochin, des Gravelot, des Eisen, des Moreau, des
Marillier, des Choffard,
La troisième, de notre temps, avec la merveilleuse reprise de la gravure
sur bois, avec les illustrations des Johannot, des Jean Gigoux, des Raffet,
des Daubigny, des Grandville, des Monnier, des Gavarni, des Meissonier,
des Gustave Doré, des Edmond M orin. des Neuville, des Vierge, desLepère.
Et c'est pourquoi (la question d'ancienneté et de date, qui est chose
relative, mise à part) un livre de Renduel ou de Dubochet doit, au point
de vue absolu, être considère et analysé d'aussi près qu'un Hardouyn ou
un Du Pré ; un moderne comme Curmer n'est pas moins capital et a t'ait
au moins autant qu'un ancien comme Jean de Tournes pour l'enrichis-
sement du fonds général du livie illustré français.
158 LES GRAVEURS DU XIX" SIÈCLE.
5. Inauguration de la colonne de Juillet, dédié à la
garde nationale, 28 juillet 1840. In-4 en 1.
Par Daubigny (voyez n° 7 de son catalogue), les figures
par Trimolet.
6-7. LE MAÇON, par Michel Raymond (Michel
Masson et Raymond Rrucker). Paris, Delloye, 1840,
2 vol. in-8.
Deux frontispices. L'un représente un homme étendu au
pied d'un échafaudage; la foule s'empresse autour de lui.
L'autre est le passage d'un condamné sur la charrette,
au Pont-au-Change. devant le Palais de Justice. C'est une
très jolie pièce, et très parisienne d'allure.
8. LE COMRAT DES RATS ET DES GRE-
NOUILLES, traduit d'Homère par M. Trianon.
(Dans la Pléiade de Gurmer, 1841.)
Titre gravé à l'eau-forte ; c"est une merveille de finesse.
L'illustration comprend encore six bois très fins de Tri-
molet gravés par Delduc. (Et un autre par Guilbaut).
9. Le bon Pauvre, gr. in-8, 1841.
« Mon Dieu, je vous rends grâce de ce qu'il vous a plu
» me donner ce mur pour m' abriter, cette natte pour me
» couvrir ! »
10-33. COMIC-ALMANACK , Keepsakes comiques
pour 1842 et 1843. Paris, Aubert, 2 vol. in-12.
Texte par Balzac, Soulié, Alhoy, P. de Kock, et autres.
Bois dans le texte par Ch. Vernier.
Et, dans chaque volume, douze eaux-fortes de Trimolet,
pleines d'un humour très particulier. <.< Les si spirituelles,
si légères, et si mordantes planches de Trimolet, de mélan-
colique mémoire », a dit Baudelaire.
1842. Etrennes, Le Bœuf Gras, Concerts, Poissons d'Avril,
Parties de campagne, Bains et promenades sur l'eau, Fêtes
publiques, Orage dans les Champs-Elysées, Ouverture de
la chasse, Retour à la ville, Brouillards, Patineurs.
1843. Embarras de visites, Descente de la Courtille,
TRIMOLET. 159
Grande exposition de petits tableaux, Poissons d'Avril,
Plaisirs et Émotions champêtres, Plaisirs aquatiques à
l'école de natation, Éclipse de soleil à 5 heures du matin,
Température du Sénégal, Solennelle distribution des prix,
Rentrée du Cirque boulevard du Temple, Manière d'empê-
cher les cheminées de fumer, Plaisirs du corps de garde.
34. Patineurs sur la glace, in-8 en 1.
Agrandissement d'un sujet du Comic-Almanack de 184*2.
35-36. Deux eaux-fortes in-8 sur la même planche.
Une religieuse aux pieds d'un moine : au fond des reli-
gieuses.
Un moine à qui un diable donne un papier sur lequel on
peut lire, à la loupe, les noms des péchés capitaux.
37. Une eau-forte in-8.
Deux amoureux sur un bateau à quatre rameurs. Le fond
de paysage, charmant, par Daubigny. (Dimensions du
cuivre, 18 cent, sur 12 '/j.
38. Essai de gravure, in-8 en 1.
Nombreux groupes de tailles, essais de pointe ; buste
d'un pauvre estropié avec sa béquille ; en haut, une grosse
femme (c'est une teneuse de café de la Cité, croquis fait
d'après nature pour l'illustration des Mystères de Paris) (*).
La planche a 15 cent, sur 11.
39. Napoléon à cheval, d'après H. Vernet, in-8.
En tète du cinquième volume des Français par eux-
mêmes, volume consacré en grande partie à l'armée.
40-45. Les Contes de Perrault, quadrille pour le
piano composé par Cari Anslt, illustré par Trimolet
et Daubigny. Paris, Chaillot, in-4 en 1.
Titre important par Trimolet. Perrault assis compose,
(1) Nous tenons ce renseignement du sculpteur Geoffroy-Dechaume,
auquel nous avons du la communication de plusieurs eaux-fortes de Trimolet
qu il était peut-être seul à posséder.
1(50 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
entouré des divers personnages de ses contes. (25 cent, de
large sur 15 de haut).
Chaque page est accompagnée d'une vignette gravée
formant ornement, par Daubigny, les figures par Tiïmolet.
Il y a donc cinq ornements dont quatre signés pour Barbe-
Bleue (Pantalon), Le petit Poucet (Eté), Le petit Chaperon
rouge (Poule), Cendrillon (Trénis) et Peau d'Ane (Final).
A signaler, avec le même genre d'ornementation, mais
sans aucun nom d'artiste : Le Touriste, quadrille d'Ad. Bre-
bant, avec cinq figures : Alsace, Flandre, Auvergne, Bre-
tagne, Provence.
46. Au Théâtre , in-4 en 1.
Gravure au vernis mou, en forme de titre de quadrille.
Un balcon de théâtre, avec des spectateurs, et, au-dessus,
une loge où sont un monsieur et une dame accoudés, et
d'autres personnages. Humoristique et curieux.
47. Affiche des Chants et Chansons populaires
de la France. Vignette in-8.
Au premier plan, un ménétrier, un violoncelliste, en
costume du XVIIIe siècle, une joueuse de harpe, moderne.
Au fond, passe la musique d'un régiment de ligne, etc.
Trimolet a. f.
Cette eau-forte était collée sur l'affiche des Chants et
Chansons. Elle a paru dans U Artiste avec le titre Musique
des Rues.
Gravée sur le même cuivre que la suivante.
48. Malbrough, in-8.
Sujet gravé à l'eau-forte, et qui ne se trouve pas dans les
volumes des Chants et Chansons.
Ici finissent les eaux-fortes originales de Trimolet.
49. CHANTS ET CHANSONS POPULAIRES DE
LA FRANCE. Delloye, 1843, 3 vol. gd. in-8.
Un des principaux livres illustrés du XIXe siècle.
Illustrations du premier volume par Trimolet et Steinheil,
TRIMOLET. 161
et quelques-unes par Daubigny. — Du second volume
par Trimolet , Steinheil, et quelques-unes par Daubigny,
Eugène Giraud, Pascal. — Du troisième volume par Trimolet,
Steinheil, quelques-unes par Daubigny, Dubouloz, Rivoulon,
J. Boilly, Meissonier, Emy, Ed. de Beaumont, Staal.
Graveurs : Aies, Beyer, Boilly, Bosredon, Brunellière,
Gollignon, Hortense Couché, Danois, Daubigny, F. Delan-
noy. Desjardins, Fontaine, Gaitte, Garnier, Geoffroy, Ger-
vais, Girardet, Em. Giroux. Mel,e Goujon, Huart, G. Jonin,
Jourdain, Kolb, Lallemand , Ph. Langlois , Lechard ,
Mme Matthieu, Mercier, Monnin, Nargeot, Pfitzer, Ranson-
nette, Raspail, Roze, Torlet, Wolff.
Trois couvertures illustrées (qu'il est important de pos-
séder, car elles ont des vignettes qu'on ne retrouve pas
dans le livre).
Trimolet a été le metteur en train de cette illustration
remarquable, d'une bonne humeur bien appropriée à la
chanson. Baudelaire a justement dit de lui : « On ne se dou-
» terait guère, à voir la bouffonnerie gracieuse et enfantine
» qui souffle à travers ses compositions, que tant de dou-
» leurs graves et de chagrins cuisants aient assailli sa
» pauvre vie. Il y règne la plus folle et la plus innocente
» gaieté. C'est un humoriste qui mérite une place à part : il
» y a là une saveur sut generis, un goût fin qui se distingue
» de tous autres pour les gens qui ont le palais fin. »
Le portrait de Trimolet a été gravé sur bois par Thiébaut,
en médaillon in-12, d'après le dessin de Steinheil.
Une eau-forte in-4 d'après le dessin de Daubigny qui
appartenait k Geoffroy-Dechaume, représente Trimolet dans
son atelier, tenant une loupe et gravant, en manches de
chemise, sa tête enveloppée d'un mouchoir noué.
Dans la collection Geoffroy-Dechaume (!) un beau dessin
de Trimolet au lit de mort, par H. Martin.
(!) Geoffroy-Dechaume, les deux beaux-frères Trimolet et Daubigny,
les deux beaux-frères Steinheil et Meissonier, étaient liés d'une étroite
amitié. Vers 1833, ils habitaient tous les cinq la même maison du quai
Bourbon (où logea aussi le mouleur Malzieux dont Daubigny a, depuis,
gravé l'adresse). Tous ces jeunes artistes étudiaient et travaillaient
ferme. ... et ne gagnaient rien. A ce point que, certains jours, à l'heure
où l'on sentait la faim, on s'apercevait qu'on ne possédait pas, même à
XII 11
162 LES GRAVEURS DU XIX' SIECLE.
TRIMOLET (Alphonse), fils du précédent, né à
Paris , a vécu dans la misère ; il est actuellement
à l'hôpital de Bicêtre(?)
1-31. Eaux-fortes sur Paris, 1867-1881. (Cadart.)
1-6. Les Anciennes Barrières de Paris, suite de 6 p. 1867
7. LE MARCHÉ AUX CHEVAUX , in-fol. en 1. 1868.
La meilleure pièce de Tiïmolet fils ; surtout au premier
état de morsure.
8. Intérieur de bain froid, in-4 en 1.
9-20. Les rues: de la Vieille-Lanterne, de la Calandre,
Basse-des-Ursins, Brise-Miche, des Célestins, Grenier-sur-
l'eau, des Innocents, delà Cité, du Renard-St-Merry, aux
Fèves, de la Bùcherie, Vieille-du-Temple, 1878.
21. L'Ancien Hôtel-Dieu. — 22. L'Ancien Marché des Inno-
cents, in-fol. en 1. 1870. — 23. Drague de la Pompe Notre-
Dame. — 24. Pont des Saints-Pères. — 25. L'Entrepôt des
vins.— 26. Port Saint-Paul.— 27. Pont de Bercy. — 28. Le
Lion de Belfort. — 29. Port de la Tournelle. — 30. Maison
de Sainte-Beuve, 11 , rue du Mont-Parnasse. — 31. Rue
Massillon.
( Ces eaux-fortes ont quelque intérêt , quoique d'une
facture peu plaisante et d'une maladresse évidente dans le
dessin des figures.)
A ajouter : trois reproductions d'après Ruysdaël, Hob-
bema, Van Ostade. — Portrait de Prosper Camus, in-8 (*).
cinq, un seul centime. Alors on troussait une vignette, ou quelque image
de piété; un des amis courait la porter chez quelque éditeur, revenait avec
cinq francs, ou même moins, et l'on déjeunait gaiement.
(!) Sous la signature Trimolet :
Femme et enfant devant une tombe, lithographie 1821 (Engelmann à
Paris), Société des Amis des Arts de Lyon. (Est-ce d'Antoinette Trimolet,
depuis Mme Petit-Jean, 1795-1831 ?)
La Déclaration (Galerie pittoresque), lith. par Régnier d'après Trimolet
de Lyon.
Portrait d'homme , presque de face , le buste de profil , figure glabre ,
longs cheveux terminés en boucles ; vêtu d'une blouse plissée ; eau-forte
in-8 à clairevoie signée Trimolet 1850. (Est-ce le peintre Anthelme
Trimolet de Lyon, 1798-1866 ? )
TROBRIAND. 163
TROBRIAND (A. de). — Portrait de Ch. Albert
de Savoie, prince de Carignan, et quelques autres
lithographies sans valeur : Religieux de la Grande-
Chartreuse, le Docteur G ail, etc. ; vers 1830.
TRONCHON, graveur. — Contes de La Fontaine,
Paris, Braulart, 1835, 2 vol. in-8, avec trente
eaux- fortes par Tronchon, A. Delvaux, Derly et
autres, d'après Champion, Eug. André, Ducornet
(né sans bras) , etc. — Tronchon a gravé pour les
Galeries de Versailles.
TROUILLEUX (Joseph- Jean -Jacques), né à
Saint -Etienne. — Fleurs et Papillons, 1876 ; Le
Colimaçon ; Combat de Coqs ; Intérieur de Pou-
lailler', Roses , 1878 ; eaux-fortes. (Cadart).
TRUCHOT , peintre, mort en 1823, a lithographie
pour l'ouvrage du baron Taylor, Ruines du Châ-
teau tf H ar court, Jumièges, Montivilliers, etc.
TU DOT (Edmond), né en 1805 à Bruxelles, de
parents français, mort en 1861 à Moulins où il
était professeur de dessin à l'école communale.
Lithographies en manière noire.
En 1831 , Tudot avait imaginé un procédé nouveau de
lithographier en teintes : au lieu de créer des noirs sur le
blanc de la pierre , avec le pinceau ou une flanelle, il cou-
vrait toute la pierre de noir et faisait ensuite des clairs, par
164 LES GRAVEURS DU XIX" SIÈCLE.
analogie avec la gravure anglaise, en grattant avec un outil
spécial « conique, acéré, mais d'une dureté modérée » qui
enlevait l'encre sans entamer la pierre. Il reçut de la Société
d'Encouragement une médaille d'or de deux mille francs ;
L'Artiste publia un spécimen et , toujours très chaud pour
les manières noires, prédit au nouveau procédé un magni-
fique avenir, qui ne s'est pas réalisé. Quelques jours après,
dans une lettre adressée à L'Artiste, l'imprimeur Motte
jetait quelque eau froide sur cet enthousiasme et rappelait
qu'en définitive, les procédés usités avant l'invention de
Tudot avaient déjà permis à Louis Boulanger, Saint-Evre ,
Devéria, Ziégler, Paul Huet, Roqueplan, de laver et estom-
per parfaitement sur la pierre.
Cette querelle n'a plus guère d'intérêt aujourd'hui (*).
Tudot, en dehors de ses essais de procédé, a lithographie
quelques planches pour L 'Auvergne méridionale et le
Velay, et L'Art en Province. — Portraits de Mme Fournier,
âgée ; de Gonod, professeur au lycée de Clermont, etc.
TURNER (Charles), né à Londres en 1780,
mort en 1840. — De ce graveur anglais, dont
l'œuvre est important , nous citerons seulement
cinq portraits : Louis XVIII : H. Villiers ; Le
Duc d' Angoulême \ H. Villiers, et La Duchesse
d'Angoulême; Charles X: Lawrence ; MmeMalibran,
rôle de Desdémone : Decaisne.
(*) Il y a cependant un passage à retenir dans la lettre de Charles Motte ;
celui où il déclare que la vraie raison d'être de la lithographie, c'est de
fournir aux peintres un moyen facile et précieux d'exprimer leur pensée
sans qu'une main étrangère vienne l'altérer ; — que la lithographie doit
être originale et ne reproduire que des dessins d'artistes créateurs pour
avoir une supériorité ; — que si elle s'écarte du dessin original pour repro-
duire des peintures elle fait lausse route et s'égare, et que, en suivant les
traces de la gravure, elle rampe après elle au lieu de V atteindre. Et, dès
1831, Motte dit anathème à la lithographie de reproduction, faite par toutes
les médiocrités qui peuvent tenir un crayon et grener doux et serré.
TURP1N DE CRISSE 165
TURPIN DE CRISSÉ (Le Comte Théodore),
1782-1859, peintre et lithographe, membre de
l'Institut , inspecteur général des Beaux- Arts.
1. Souvenirs du Golfe de Naples, recueillis en
1808, 1818, 1824 (Chalcographie).
Titre et 41 p. gravées par Forster, Leisnier, Lemaître,
Dormier, Ransonnette, Schrœder, Fortier, Aubert, Devil-
liers, Desaulx, Caplin, Lorichon, Bein, Fauchery, Prévost.
A la Chalcographie également, une Vue de Naples gravée
par Beaugean et Niquet.
2. Lithographies diverses.
Vues et Monuments d'Italie. — Le Labourage normand.
— Métayer angevin. — Animaux. — Croquis (chez Aumont
et Tilt). — PI. pour l'ouvrage du baron Taylor.
3. Souvenirs du vieux Paris, exemples d'architec-
ture: dédié au Duc de Bordeaux. Duverger, 1835,
in- fol. ; notices par divers.
Suite de 30 lith. parmi lesquelles : Palais des Thermes,
St-Germain des Prés, Quai de la Grève, St-Germain l'Auxer-
rois, Cour de Cluny, Hôtel de Sens, Escalier de l'ancien
Tribunal de Commerce, la Sainte-Chapelle, Tour de Jean-
sans-Peur, l'Arcade St-Jean, Maisons anciennes, Tourelle
de la rue de l'École de Médecine, etc.
Turpin de Crissé a pour monogramme deux TT accolés,
surmontés d'une couronne de comte.
ULMER (Jean-Conrad) , 1785-1822.
Gravures.
Ulmer est un des étrangers qui travaillèrent pour le
Musée. En 1812, domicilié rue du Jardinet, il exposait La
Distribution des prix de l'Arc de Van der Helst ; quatre
allégories de Wicar : V Accord, Le Caprice, L'Épreuve et
La Rupture. — Il a gravé le Bourgmestre de Van Dyck , un
fragment de la Madone Sixtine et la Vierge à la chaise,
La Vierge au coussin vert , la <$<« Cécile de Mignard, etc.
166 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
UNGER (Wilhelm), né à Hanovre en 1835,
habile graveur à l'eau-forte . a exécuté par cen-
taines , d'une pointe énergique et variée , des
reproductions de tableaux d'après les maîtres
anciens et contemporains, dans le format restreint
des journaux d'art Ç). Mais au lieu d'être éparpillé
dans cinquante publications ou catalogues . et de
se présenter en ordre dispersé , comme celui de la
plupart des graveurs , son œuvre a paru en
recueils, où il se montre ainsi d'ensemble, et
bien plus favorablement : Les Œuvres de W.
Unger, Leyde, Sijthoff, 1874-79. 2 vol. in-fol.,
142 pi. , texte par Vosmaer ; Le Musée du Belvé-
dère à Vienne , 100 eaux -fortes, texte par de
Lutzow, etc.
URRUTY (Alphonse) , dessinateur-lithographe.
Imagerie lithographique, vers 1835.
Urruty a lithographie tout ce dont le commerce pouvait
avoir besoin en son temps : Chemins de Croix , d'après
Th. Fragonard et d'après lui-même, Histoire d'Esther d'après
Tassaert, Sujets de Piété d'après les maîtres ; Portraits des
Prévenus d'Avril et de M. Persil , Portrait de Louis-
Philippe, du Duc d'Orléans; Napoléon sur la Colonne,
Enlèvement des Cendres de Napoléon à Ste-Hélène: Lessert;
Hippocrate refusant les présents d'Artaxerxès ; La Revue
du Décadi d'après C. Vernet et Isabey, Le Chien du Régi-
ment d'Horace Vernet, La jeune Cuisinière, Le Marchand
de lapins et perdreaux d'après Salmon ; Sujets de Chasse :
(l) La Gazette des Beaux-Arts a publié plusieurs planches d'Unger :
voyez aussi les articles qu'elle a consacrés au graveur, en 1880-81.
URRUTY. 167
Le Départ, La Découverte, La Course, La Mort ; Sujets de
Famille ; La Danse de l'Ours, La Mort du Cerf, Le Contre-
bandier espagnol , La Moisson , L'Orage : Urruty del. —
Etc., etc.
Vues de la banlieue de Rouen d'après E. Traviès.
VAFFLARD (Pierre-Auguste-Antoine), peintre,
né en 1777.
Lithographies.
Combat du Palinure et d'un navire anglais, in-fol. en 1.
— Le bon Camarade, in-fol. (Engelmann). — La Porte d'un
homme en place le jour de l'an, in-fol. enl. — Titre d'une
fantaisie pour le piano sur l'air Fleuve du Tage.
Galerie des Militaires français qui à différentes époques
se sont distingués par leur courage (ou plus brièvement :
Galerie Militaire) dédiée aux braves : suite de cent litho-
graphies dessinées « par plusieurs des premiers artistes de
la capitale ». Album in-4 oblong, imprimé à Mulhouse et
édité à Paris par Engelmann. Vafflard a donné au recueil
une douzaine de pièces : le soldat français, grossièrement
dessiné et comme taillé à coups de serpe , y conserve
cependant une allure noble et grave (comme dans les pre-
mières pièces de Charlet). Ici c'est un grenadier qui, ayant
capturé un capitaine autrichien, se fait un épaulement (sic)
de son prisonnier, qu'il emporte au nez de tous les Kaiser-
licks ; là, deux sapeurs entrés dans une rivière soutiennent
de leurs épaules un pont qui fléchit pendant le passage de
l'artillerie (!) ; puis ce sont des soldats français isolés
qui , par leur audace , font mettre bas les armes à des
détachements ennemis entiers ; voici maintenant un capo-
ral de la garde qui sauve deux femmes à l'incendie de
l'Odéon. Etc.
Au total, imagerie très patriote, très saine, et bien faite
pour exalter le soldat. (N'est-il pas préférable de répandre
dans les chambrées des recueils comme la Galerie militaire,
que la Lanterne de Boquillon ?). Deux pièces sont à noter
spécialement : c'est d'abord un général russe qui, voyant la
cavalerie française pénétrer dans les redoutes de la Mos-
kowa, met son épée sous le bras comme pour être plus
168 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
libre de regarder ce spectacle, et applaudit en s'écriant :
Bravo, Français, bravo! On ne voit cela qu'une fois! Puis
c'est un highlander qui, devant les fusils d'un bataillon de
la vieille garde, va ramasser un camarade blessé et l'em-
porte : alors tous nos grenadiers, grands connaisseurs en
bravoure, mettent l'arme au repos et battent des mains en
criant : Bravo F Écossais !
Il y a là l'expression de sentiments chevaleresques et
généreux, bien dignes du métier des armes ; une sorte de
dilettantisme de la gloire autrement honorable que le
réalisme pratique qui porte certaine nation et certaine
armée à s'absorber dans la supputation constante du chiffre
de milliards que l'on pourrait extorquer à ses voisins riches.
Migneret a gravé le Molière mourant de Vafflard ; F. Gi-
rard, sa Marie Stuart ; Dibard, Le Chien de l'aveugle
et Le Chien de l'hospice, etc.
VALDAHON (Jules-César, marquis de), né en
1771. — Tentation de Saint Antoine, lithographie
d'après son tableau de 1822.
VALENTIN (Henri), né à Allarmont (Vosges),
en 1820 , ne répondit pas au désir de ses parents
qui le destinaient à l'état ecclésiastique et l'avaient
fait élever au séminaire.
Venu à Paris vers 1840 , il exécuta des albums
de lithographies : Morale en images , Album -Pro-
verbes, 6 p. (assez curieux), Histoire cVun Projet
de Femme, Musée des Enfants, Caricature de tout
le monde (Aubert), etc. Plus tard il devint le dessi-
nateur attitré de L 'Illustration pour ce qui
concernait l'actualité et la vie contemporaine, et
ses dessins sont à consulter. Il est mort en 1855.
VALENTIN. 169
VALENTIN (Henry) , graveur et peintre , né à
Yvetot en 1822, élève de Rude et David d'Angers.
Eaux-Fortes et Lithographies, 1851-1882.
Fantaisies gravées à l'eau-forte d'après Malenson par
Hv Valentin et Lebrun, architecte : couverture avec por-
traits des artistes (Valentin porte des lunettes) et dix eaux-
fortes in-8 dans des cadres historiés : c'est un mélange de
vues de Rouen, de Jumièges, du Havre, et de sujets de
chasse. (Imprimerie Péron à Rouen, 1851.) — Almanach des
Artistes, année 1852, par Malenson , Valentin et Lebrun.
(Lith. Péron à Rouen). — Diplôme de l'exposition régionale
de Rouen , 1859, d'après Lebrun et Fleury.
Lithographies : Ricord : H. Valentin d'Y. 1854; etc.
Eaux-fortes: Pie IX, 1861. — Paul de Flotte d'après
Jobbé-Duval. — Titre pour Illustration militaire, journal
des Armées de terre et de mer, 1864. E. Delannoy del. —
Ornements d'après E Delannoy. — L'Art au XIXe Siècle,
suite d'allégories in-8, d'après Magaud: Titre, le Commerce,
la Navigation, l'Agriculture, la Chimie, l'Imprimerie, l'In-
dustrie, le Goût, l'Art militaire, la Peinture, la Sculpture,
la Poésie, la Musique. — La France offrant des couronnes
aux grands hommes qui l'ont illustrée : Magaud. — Planches
pour l'Œuvre de Duret. — Statue de Napoléon à Cherbourg
par Le Véel. — Un Ouvrier de Sèvres, in-4. — Souvenir de la
Collection Pourtalès. — Arnaute jouant aux darnes: Gérôme.
— Jeune dame jouant au clavecin : Van cler Meer (Gazette
des Beaux-Arts). — La Vierge à l'encrier : Van der Goes.
— Victor Hugo, plaque commémorative en bronze de Ville-
minot (L'Art). — Portraits de Th. Gautier, Delvau, F. De-
villiers, L. Fugère. — Reproductions d'objets d'art : Cloche
chinoise, Vase d'Oiron, Porte de la Cathédrale de Beauvais.
Ornements d'après E. Delannoy.
VALÉRIO (Théodore), 1819-1879. peintre,
lithographe et graveur, élève de Charlet.
1. Lithographies.
Portrait de Charlet avec sa famille, in-fol. 1842 (Bry). —
Portrait de Charlet (L'Artiste, 1843).
170 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
Costumes du Grand-Duché de Bade : Gihaut (lmp. Bry).
1841, couverture et 36 (?) p. in-4.
Souvenirs du Tyrol , du Vorarlberg et de la Haute-
Bavière ; dédiés à Charlet par son élève Valério : Gihaut,
1842 ; couverture et 12 pi. in-4. — Tyrol, 12 p. in-4. (Bry.)
Suite progressive de Croquis d'après nature : Gihaut,
1841 : couverture (avec portrait) et 24 feuilles. Deuxième
série en 1842 : couverture et 30 pièces. — Suite de grands
Croquis de Paysages d'après nature pour V étude de la mine
de plomb: Gihaut (Bry), 1842 , 18 (?) pi. in-4, la plupart
cintrées. — Nouvelles Etudes retouchées à l'aquarelle et
rehaussées pour servir à l'étude de Vaquarelle : Delarue
(Bry), 1844: 12 p. in-4 cintrées. — Etudes choisies à l'usage
des peintres de genre , lith. à deux teintes : Delarue, 1845,
18 p. cintrées.
Le Touriste, ou Souvenir de l'Ouest de la France:
Nantes, Sebire, 1844, in-8; couverture (avec portrait) et
6 (?) p. — Souvenirs de l'Ouest de la France : Nantes ,
Sebire et Mellinet, 1844, in-4 ; couverture et 12 p.
Souvenir de Hollande {L'Artiste, 1844).
Scènes de la vie de divers artistes, Velasquez, Palissy, etc.
12 p. in-8. — Souvenirs du jeune âge : Valério pinx. et lith.
Episode d'une razzia, d'après Ginain.
Illustrations pour la Chassomanie de Deyeux, 1844, in-8:
16 lith. d'Alfred Dedreux, Beaume, Forest, Foussereau et
Valério.
D'après Valério : planches de la Galerie religieuse et
morale, du Musée pittoresque, de la Galerie pittoresque, du
Passe-Temps des Salons, lithographiées par Legrand, Dollet,
Régnier, Julien, André, Foy, Champagne, etc. — Fantaisies
d'après Valério, par Régnier et Bettanier. — Le Buveur,
manière noire par Doney. — Compositions d'Aquarelle ,
48 motifs en fac-similé d'après Valério et Grenier (Delarue).
2-18. Eaux-Fortes.
2. La Hongrie, 32 p. — 3. Les Populations des Provinces
Danubiennes en 1854, 20 p. — 4. Croatie, Slavonie, Fron-
tières militaires, 8 p. — 5. La Dalmatie, 6 p. — 6. Le Mon-
ténégro. 6 p. 1864. — 7. Types isolés, 7 p.
A l'époque des événements d'Orient, Valério était allé
assister au siège de Silistric; il suivit l'armée turque, visita
VALÉRIO. *71
ensuite la Hongrie et la Bosnie. Il se tourna complètement
alors vers le dessin ethnographique , et ses collections
d'aquarelles eurent, aux alentours de 1855, un très grand
succès. On ne pouvait trouver un sujet avec plus d'à-propos.
Lorsqu'il voulut reproduire ses types en séries d'estampes.
Valério renonça à la souple et facile lithographie (dont
Raffet s'était servi avec tant d'éclat pour les mêmes sujets)
et adopta l'eau-forte ; il est évident qu'il s'est trouvé peu à
son aise avec ce dernier procédé : sa gravure n'a pas de
saveur, et ses modèles ont d'ailleurs une certaine monotonie
de pose.
Les 79 eaux-fortes de Valério viennent d'être publiées de
nouveau par la Librairie centrale des Beaux-Arts ; notice
par H. Vuagneux.
8-10. Musicien Tsigane, in-fol. ; Une Posta, souvenir de
Hongrie, in-fol. en 1.; Pécheurs hongrois de la Theiss.
in-fol. en 1. (Goupil et Artaria).
U. Village hongrois, in-fol. en 1. — 12. Femme tsigane de
Hongrie, 1870.
13. Mendiante bretonne, souvenir du pèlerinage de
Ste-Anne, 1868, in-4. — 14. Autre. — 15. Aveugle bretonne.
— 16. Autre. — 17. L'Épave, 1869, in-4 en 1. - 18. La
Récolte du goémon, in-4 en 1.
VALLOT (Philippe -Joseph -Augustin), né à
Vienne (Autriche) de parents français, en 1796,
mort à Paris en 1870 , graveur.
Vignettes deDesenne, Devéria , Steuben , etc.
M lle Mars : Devéria (').
La Duchesse de Berry et ses enfants : Potier.
Molière et sa servante.
Le Chien du Régiment; Le Cheval du Trompette:
H. Vernet.
(1) Mystères et traîtrises de la collaboration. Vallot a gravé en totalité
un portrait in-8 de M™ de Slaèï. Muller y a donné quelques coups de
burin, juste de quoi l'éteindre un peu, et l'a signé !
172 LES GRAVEURS DU XIX1 SIÈCLE.
Bonaparte avant la bataille des Pyramides : Gros,
grand in-fol.
Napoléon visitant le champ de bataille d'Eylau :
Gros, grand in-fol. enl.. 1834.
Napoléon dans son cabinet aux Tuileries : David,
in-fol. — Le même, in-8.
Le baron Gros, d'après lui-même.
Le Réveil de Jésus : Le Carrache, 1846.
Illustrations pour le Béranger de 1847 (Le Roi
d'Yvetol. Le vieux Sergent, Le vieux Vagabond).
Béranger en pied, d'après Charlet.
VALLOTTON (Félix), graveur sur bois contem-
porain, cherche à donner à ses planches l'aspect
fruste des anciennes xylographies (*) .
VALLOU DE VILLENEUVE (Julien), né à
Boissy-Saint-Léger en 1795, mort à Paris en 1866,
aquarelliste et lithographe.
1. Lithographies diverses.
Costumes des Provinces septentrionales des Pays-Bas,
d'après Greeven , 1826. — Sujets d'après des peintres
anglais, 1827. — Souvenirs d'un Artiste, types de femmes,
1829. — Types de Suissesses, in-8, chez Veith. — La Danse
des Nègres, Jeune Chasseresse, Danse Africaine, La Jeune
Mère, Le Départ, L'Abri, Le Ruisseau, La Fontaine, Le
Puits (Rittner). — La Prisonnière, La jeune Veuve (Ardit).
— Comme j'étais au village, Comme je suis à Paris.
Le petit Balayeur, La petite Marchande de fleurs, d'après
(*) Voyez un article d'Octave Uzanne sur « le néo-xylographe », dans
L'Art et l'Idée, de février 1892, avec des spécimens à l'appui , portrait de
Vallotton et celui d'Uzanne.
VALLOU DE VILLENEUVE. 173
Duval le Camus. — Le Lever de l'ouvrière, Le Bain, La
Veuve du cultivateur, La Veuve du marin, La Musique, La
Peinture : Franquelin. — Bergère écossaise : Goupin.
Les Jeunes Femmes, collection de groupes de têtes à
motifs formant pendant, composées et lith. d'après nature
par V. de V. Chez Jeannin, 1839, in-4. — Les Jeunes Filles,
série lith. par Régnier.
D'après Vallou de Villeneuve : Le Curieux puni , Le
Hussard Séducteur, par L. Noël. — Pièces pour le Musée
de V Amateur, par Régnier. — L'Inquiétude maternelle, par
Desmaisons. — La Rose parlante, par (ou d'après) Chalon.
Jeune Africaine attendant le vaisseau qui doit lui ramener
son amant ; Jeune Indienne jouant avec un perroquet ; 2 p.
à la manière noire par Henri Swebach.
La Réprimande : Vogt lith. — Les Papillottes, par Patrois.
— Le Bain, par Saint-Aulaire. — Petits! Petits!. — Le
Chien Gourmand, par Charpentier. — S'e-Clotilde, S^-Ge-
neviève, Ste-Thèrèse, S'e- Elisabeth, par Charpentier, 1842.
— Fantaisies à quatre par feuille, lith. par Régnier.
2. Imagerie galante de 1830.
Nous avons eu déjà l'occasion de signaler, à propos de
Devéria , Numa , les Maurin , Tassaert , etc., ce genre
d'images à prétentions émoustillantes sans aller jusqu'au
libre. L'exécution en est soignée, car ces pièces étaient
commandées par des éditeurs sérieux, tels que Rittner et
Goupil. Les titres disent les sujets : La Coquetterie, La
Curiosité, Il Indiscrétion, Les Papillottes, La Méditation,
La Contemplation, Le Rendez-vous (chez Noël, vers 1827).
— La Surprise, Le Matin, La Balayeuse, Le Bain de
pieds ou le dimanche matin, Le Sommeil, L'Averse,
L Écossaise ( Gaugain . vers 1828). — Qu'il est gentil!,
Qu'elle est gentille! (Ardit, 183U). — C'est des bêtises
d'aimer comme ça!, N'en demandez pas davantage (Jean-
nin et Tilt). — L'Averse, La Confidence (Rittner, 1831). -
L'Examen, Le Corset, La Surprise, Finissez donc (Rittner).
— Si jeunesse savait ; Si vieillesse pouvait (Jeannin). —
Ma chambre de garçon, l'arrivée, huit heures du soir ; La
même, le départ, huit heures du matin. — Les Moustaches,
La Lune de Miel, La Prière, Allons coucher ; La Brouille,
Le Raccommodement ; Lisette, ne boude pas je t'en prie ! ;
174 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
Oh qu'il est ressemblant! , Petit blanc que j'aime, Le
Chasseur de gros gibier, L'Abandon, Les Regrets (Gihaut).
— Quelle horreur, il l'embrasse ! (très jolie pièce) , La
Déclaration, La Douce Résistance, Le Reproche, M'U' Adèle
il faut payer le passage, Ne regarde pas ! (jolie pièce), Ah
comme elle est bien faite!, La Cordonnière, Voyons donc
voir ! (Gihaut et Tilt, vers 1833). — Les Cancans, L'Indis-
crète, Il ne veut pas, Le Fruit défendu, Le Coup de vent,
L'Oracle (chez Veith. Pièces d'un joli grain). — La Confi-
dence, L'Averse, La Fuite interrompue, Ah je te tiens!
(Rittner). — Le Bain à la ville, Le Bain à la campagne
(Rittner). — Il va venir ; Que lui répondrai-je 'L — Médi-
tation, Inspiration, La Mantille, Baisez vite (Rittner et
Goupil, 1844). — Si tu voidais ; Je ne veux pas, par Des-
maisons. — La Puce indiscrète, La Souris maladroite, Il
faut souffrir pour être belle, Qui dort dîne, par Raunheim.
VALMON (MUe Léonie) , graveuse à Teau-forte,
élève de Chauvel. — Le Port Saint- Nicolas:
Lapostolet , 1884. — Dordrecht: Webb , 1886. —
Vue de Venise d'après la baronne de Rothschild, etc.
VALMONT (Auguste de), dessinateur- amateur.
Lithographies.
Planches pour L'Observateur des Modes, 1818-1823.
L'acteur Potier, 1822. — Bernard Léon.— Théâtre anglais
à Paris.
Séries de caricatures, triviales, signées A. de Vt.
Costume chevaleresque. — Costumes anglais et améri-
cains.
Avenue des Champs-Elysées jour de Longchamps. —
Longchamps, pièce au trait.
Caricatures pour La Mode, vers 1830.
Le Monde renversé, 12 p. genre Grandville.
Chevaux et voitures, pour le Journal des Haras.
Souvenir du passage de la statue du duc d'Orléans au
Havre, 1845.
Reproductions de statues de Canova, grand in-fol.
VAN DEN BROEK. 175
VAN DEN BROEK (Mmc Victorine), élève de
Chaplin etHédouin, a exposé quelques eaux-fortes
de 1878 à 1883. portraits d'après Chaplin, etc.
VAN DER BURCH (Hippplyte^, peintre, 1796-
1854, élève de son père.
Lithographies (signées H.V. B.).
Grange italienne, d'après Jacques - Edouard Van der
Burch père. — Vues de France (ressemblant a des vues
d'Italie). — Lièvre au gîte. — Découverte du tombeau
d'Archimède par Gicéron, d'après Morel d'Arleux — Sujets
historiques : Vincennes, Fontainebleau, etc. — Croquis. —
Études d'après nature. — Petits modèles d'études. — Place
de l'Étape à Orléans. — Vue du pont de pierre à Grenoble,
1830. — Vue du pont d'Avignon. — Paysages, 1833. Etc. —
Album des Chasseurs, avec Bichebois, Sabatier, Tirpenne.
VANLEMBROUCK. — V Annonciation, la Fuite
en Egypte, de Coypel, manières noires, chez
Tessariet Aumont, 1884, in-fol.
VAN MARCKE (*•)• — Lithographies : Deux
Paysages d'après Bertin. — Album de petites
Vues du Puy-de-Dôme, 1828 (chez Noël).— Souve-
nirs Pittoresques lithographies par J. Van Marche
(vues de Paris), chez Raban, 1828.— Collection de
12vues (Lith. Constans): Le Matin; Le Soir. Etc.
VAN MARCKE (Emile), peintre, né en 1827. —
Un Coin d'herbage, eau -forte (Cadart). — Etudes
d'Animaux, 32 p. en typogravure Goupil.
176 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
VAN MUYDEN (Evert), né à Rome de parents
suisses en 1853 , élève de son père et de Gérôme ;
s?annonce comme un ferme graveur à l'eau-forte.
1-24. Sujets divers.
1. Peloton de cavalerie sous Frédéric II, in-4 en 1. 1884.
— 2. Jument chargée de bagages et poulain qui tette, in-4
en 1. — 3. Taureau romain, in-4 en 1. — 4. Jument et
Poulain. — 5. Bouvier romain, in-4 en 1. 1886. — 6. Chèvre
et Cabri, in-8.
7. Singes, d'après nature; in-4 en 1. 1887. — 8. Tigre dévo-
rant, in-8 en 1. — 9. Tête de Lion, in-8. — 10. Lionceaux, in-8
en 1. — 11. Tigre, d'après nature. — 12. Lion attaquant un
buffle, pet. in-fol. en 1. — 13. Tigre couché dans l'ombre,
pet. in-fol. en 1. — 14. Tigre couché de profil, pet. in-fol.
en 1. (Dumont, éd.).
15. Cuirassiers français, in-12. — 16. Dragon suisse, in-12.
— 17. Cuirassier Louis XV, in-12. — 18. Turcoman à cheval.
in-8. — 19. Cosaque, in-12 en 1.
20. Trois gravures pour les Contes de Champfleury , 1889
(Quantin).
21. Petit tigre couché, in-12 en 1. — 22. Tète de cheval,
in-18.
23. Autre tète de cheval, in-8. — 24. Petit tigre avec sa
proie, in-12 en 1.
25. Deux Tigres au bord de l'eau, in-fol. 1887.
(Keppel, éd.)
26. Lionne et Lionceaux, in-fol.
27. Animaux d'après nature (éléphant, singes, tigre,
etc.), in-fol. 1888.
28-33. Sujets divers.
28. Bœuf romain couché, in-4 en 1 — 29. Lion dans les
rochers (avec marge illustrée). — 30. Carrière dans les
environs de Rome, d'après le tableau du graveur, gd. in-4
en 1. — 31. Voiture de voyage de 1830, in-4 en 1.
32. Portrait d'Evert Van Muyden, gravant à la lampe,
in-8 en 1.
VAN OS. 177
VAN OS (Georges-Jean-Jacques), né à La Haye
en 1782 , mort à Paris en 1861 , peintre de la
Manufacture de Sèvres. — Fleurs dans un vase,
Fruits sur une table, lithographies.
VAN RYSSEL. — Ce pseudonyme est celui du
docteur Paul- Ferdinand GACHET. né à Lille en
1838, collaborateur comme écrivain et graveur du
Paris à V Eau-Forte, et auteur d'un certain nombre
de vues gravées à l'eau-forte, signées V?.
VANS (DU FAGET de). — La Vierge au Coussin
vert, de Solario, lith. in-fol. (Lasteyrie).
VAN SPAENDONCK Jeune (Corneille), 1756-
1839, peintre de fleurs à la manufacture de Sèvres.
— Lithographies de Fleurs (Lasteyrie, Villain).
VARCOLLIER (Mme Atala) , née STAMATY,
peintre, a lithographie un portrait de Chateau-
briand.— D'après Ingres : Le Général Dulong, en
pied, 1818, un portrait in-4 d'homme assis que
l'on désigne sous le titre « Un Suisse » 1825, et le
portrait de Mme Gatteaux, 1826.
VARIN ( Amédée ] , dessinateur et graveur, né à
Chàlons en 1818, fils d'un professeur de dessin ,
était l'arrière-neveu et le petit-fils de Joseph et
xii 12
178 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
Nicolas Varin frères , bons graveurs de la fin du
xvine siècle (J).
Il vint tout jeune à Paris, suivit les cours de la
rue de l'Ecole de Médecine, fut élève des graveurs
Geoffroy et E. Rouargue, grava des dessins de
modes , de l'imagerie religieuse , une planche
d'après K. Girardet : Protestants surpris par des
troupes catholiques (pour L'Artiste), prépara la
gravure des Fleurs animées , de Grandville , que
termina Geoffroy , composa les illustrations de
L'Empire des Légumes , drôleries végétales , et des
(!) Ils ont gravé pour le Voyage à Naples de Saint-Non, etc. (Voyez
Les Graveurs du X VIIIe Siècle).
La famille Varin forme une véritable dynastie d'artistes ; elle croit
descendre du fameux Jean Warin ou Varin de Liège, le graveur en
médailles de Louis XIII. Depuis deux cents ans nous pouvons suivre sans
interruption la filiation des Varin.
Pierre Varin ,
graveur.
Joseph Varin ,
deChâlons, 1682-1751,
potier d'étain.
I
Jean-Baptiste Varin ,
deChâlons, 1714-1795,
potier d'étain et graveur sur métaux.
Joseph Varin , Charles-Nicolas Varin,
né à Chàlons en 1*40. né à Chàlons en 1741 ,
mort à Paris en 1800. graveur à Paris ,
graveur. mort à Chàlons en 1812.
Joseph Varin ,
né à Chàlons en 1796,
engagé aux pupilles de la garde,
sergent, blessé à Waterloo;
inspecteur des travaux du passage Colbert à Paris ,
professeur de dessin à Chàlons en 1821 et à Epernay,
mort en 1843.
PlERRE-
ÀMÉDÉE,
graveur,
né en 1818.
Claire-Eléonore,
graveuse,
née en 1820,
a travaillé
à la publication
de L'Art Industriel .
Pierre-
Adolphe ,
graveur,
ne en 1821.
Pierrk-
EUGÈNE-
Xapoléon
graveur,
né en 1832
VARIN. 179
Papillons, métamorphoses des peuples de l'air,
deux ouvrages édités par G. de Gonet.
Ses premières grandes planches furent Le
Repas interrompu, 1852, d'Ed. Girardet, La Paix,
La Guerre (études de chevaux), d'Alfred Dedreux.
Aniédée devint dès lors le graveur attitré de la
maison Goupil pour les reproductions de tableaux
en vogue , habilement exécutées en collaboration
avec son frère Eugène, par un mélange de tous les
procédés. « On ne savait quel nom donner à ce
» genre qui adoptait tous les genres : eau-forte,
» manière noire, aquatinte, mécanique ! » s'écriait
(avec admiration) le graveur Portier (l) ; mais
c'est là une erreur, on lui a parfaitement trouvé
un nom et on l'a appelé « le genre Varin ».
Nous reportons plus bas, à l'article d'Eugène,
la liste des planches gravées par les deux frères.
Amédée Varin est mort à Crouttes en 1883.
VARIN (Adolphe), frère du précédent, dessina-
teur et graveur , né à Chàlons en 1821 , venu à
Paris en 1833 , élève de R. Mon voisin et Em.
Rouargue. Il a considérablement produit. Adolphe
Varin , — et le fait est à noter parce qu'il est
infiniment rare chez les graveurs , — s'intéresse à
l'histoire de la gravure. Il recueille les estampes et
les étudie ; il a publié , sur des graveurs anciens
(*) Dans un article sur Am. Varin, journal L'Estampe du 2T août 1883
180 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
et modernes et sur divers points relatifs à l'art de
la gravure, une série d'articles dans le journal
L'Estampe et dans La Curiosité Universelle.
Sujets divers.
Les Moissonneurs : L. Robert, gravure au burin « gris »
dit « genre allemand », 1839.
Le Christ de Ph. de Champagne, in-4 en 1. 1842.
Nombreux sujets et vignettes de piété pour Curmer ,
Marne, Alcan. — Bontés et Douceurs de Jésus-Christ, suite
d'après Amédée Yarin (ou Le Trésor des Fidèles). —
Litanies de la Vierge, 50 pi. d'après les frères Klauber,
in-8, et la même suite in-12.
Titre de La France maritime.
Ornements anciens des XV XVF, XVIIe Siècles, publiés
par Hauser sous la direction d'Ovide Raynard, 80 pi. 1846.
VAUT INDUSTRIEL,par Léon Feuchère, 72 pi. (Goupil,
1847 à 1850). Planches très bien gravées. Ouvrage très
curieux . montrant les hésitations de l'art ornemental au
milieu du xixe siècle , l'habitude de la copie des anciens
styles , et aussi quelques efforts pour sortir de cette copie
et inventer du nouveau.
Meubles et Serrurerie Gothiques d'après Pugins, 50 pi.
1844. — Style Gothique industriel, 72 pi. (Jeannin et Bulla,
1848) composé et gravé par Varin frères. — Nouveaux
Détails Gothiques, 45 pi 1860.
Annales archéologiques, de Didron. — Revue d'Archi-
tecture, de Daly. — Dictionnaire du Mobilier, de Viollet-
le-Duc.
Album d'Orfèvrerie religieuse, do Bachelet. — Le Trésor
de Si-Maurice (Valais).
Album de Fonte artistique de la maison Ducel. — Album
des Statues fondues par la maison du Val d'Osne. —
Album delà maison Barbezat, etc.
Piano d'Érard appartenant à l'impératrice Eugénie.
Diplôme de la Société du Prince Impérial, d'après Bovy,
avec profil de l'impératrice Eugénie. — Grand diplôme aux
armes de Russie.
Ex-libris divers ; Varin (Recueil de Crouttes), Etévenon,
Henri Jadard, Gresté, Armand et Jules Bourgeois, etc. —
Menus. — Invitations à chasser, du prince de Croy. —
VARIN. 181
Adresse de Lefilleul , libraire (copie d'une adresse du xvme
siècle). — Adresse de Legrand, graveur héraldique. — Tète
de facture , Gillet fils. — Vignette pour boîte de dragées ,
Bonnet fils. — Nombreux calendriers. — Gravures de modes.
Très nombreux portraits : le graveur Ch.-N. Varin, le
marchand d'estampes Vignères , MM. de Goncourt ; suite
de portraits pour illustrer L'Art au XVIIIe Siècle d'Edmond
et Jules de Goncourt ; suite de portraits pour illustrer Les
Graveurs du XVIIIe Siècle de R. Portalis et H. Beraldi ;
suites de portraits pour la Biographie châlonnaise d'Amé-
dée Lhote, et Les Graveurs de V Ecole Liégeoise.
Anselin, Michelet, Levesque,le graveur Geoffroy, Didron,
le Comte de Ghevigné in-32, Quénedey , Vatout , la Prin-
cesse de Triggiano.
PI. pour les Monuments de Ninive.
PI. pour la Vie du Comte d'Hoym, 1880.
Vues des Monuments anciens de La Rochelle, pour l'his-
toire de cette ville, 1883-84.
VARIN (Eugène), frère des précédents, graveur,
né à Epernay en 1831 , élève et collaborateur
d'Ain édée Varin.
L'Architecture Suisse, 40 pi. d'après Amédée
Varin ( Morel , 1848 ). — Catalogue Louis Fould ,
40 pi. — Catalogue de £ la cas, 50 pi.
En collaboration (Amédée commençant les
planches, et Eugène les terminant), les Varin ont
gravé une partie du fonds le plus récent de Goupil :
Hymne à la Vierge : Lenfant de Metz.
Le Premier-Né : Jundt, 1863.
Dernière pensée de Weber : Hamman, 1863.
La Veille des Noces : Dieffenbach ( pendant de
La Cinquantaine ) .
Le Christ marchant sur les flots : Jalabert.
Une Messe sous la Terreur : CL. Muller, 1866.
182 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
La Fête de Noël : Dieffenbach, 1867.
La Lectrice ; Le Facteur rural'. Compte-Calix.
Les deux Amis \ H. Bellangé, 1869.
Les Dernières Cartouches : De Neuville , 1875.
E Ambulance au Château : E. Leroux.
Tobie ; Les Disciples fîEmmaiis : Rembrandt.
Le petit Berger des Abruzzes, Les petits Marau-
deurs napolitains : Mi.ch.etti.
Le Jour du Baptême : Brion, 1874.
Je sais Grand-Papa ! : Weisz.
Le Pèlerinage à Naples : Dalbono.
Noce dans les Abruzzes : Ckirico, 1880.
Enfin , seuls ! ' : Tofano. (Exclamation poussée
par deux nouveaux époux qui viennent de quitter
le bal de noces et se retirer dans leur appartement;
le mari presse sa femme sur son cœur. Ce sujet
est de ceux qui impressionnent fort le public
arrêté aux étalages d'estampes ) .
L'Escarpolette ou Le Printemps; E Orage \ Cot.
L Enfant aux fleurs : Bouguereau.
Les deux Gourmands : Dieffenbach.
Patrie : Bertrand (officier de cuirassiers blessé,
pressant un étendart contre sa poitrine) (1).
(*) « Cette planche » dit Frédéric Henriet dans sa Notice sur la Vie et
les Œuvres d'Amédée Varia « est presque entièrement de la main d'Eugène.
Néanmoins Amédée exprima le désir de la signer. » Et plus haut : « En
1865, Amédee, étant désormais hors concours, voulut que son frère signât
seul La Veille des Noces d'après Dieffenbach : celui-ci obtint a son tour une
troisième médaille. * On voit que, pour ceux qui n'ont pas à tenir compte
de ces arrangements de famille, il est impossible de faire le triage du
travail des deux frères.
VARIN. 183
On peut citer encore : L'Orgue de Saint- Eus-
tache: Bal tard ; — Le bon Pasteur ; L Homme et
V Avidité: Noël Patton (édités en Angleterre) ; —
le portrait de M. Deullin; — La Résurrection de
Lazare : Bida ; — L Innocence entre deux larrons,
La Douleur partagée : A. Dedreux ; — Six Scènes
enfantines: Anker; — Une Tempête dans une
cuvette : Lobrichon ; — Deux bons Amis, Le Goûter
des Canards ; Une Histoire terrible ; Projets ma-
ternels : Brochart ; — Les Exilés : Anker ; — Les
Orphelins : L. Perranlt; — Le petit Chaperon rouge:
E. Lejeune ; — La Visite au Château ; Le Cabaret
du Vert- Galant: A. Moreau : — Quatre Scènes de
la Bible : L. Glaize. — Ave Maria : Antigna ; —
Sacre de Victor - Amédée II : Hainman.
VAUCANU (Emile), graveur, a exposé en 1889
des planches d'archéologie. Il a gravé le portrait
de M. Yves Guyot.
VAUTH 1ER (Jules), peintre, 1774-1832.—
Recueil de dessins d'après l'antique , dessinés sur
pierre de France, 100 pi. (Motte), etc. f1).
(') Sous le nom de Vauthier comme peintre : portraits de Louis XVIII
et des Duc de Berry et d'Angouléme au pointillé par Legrand ; des types
de femmes de différents pays, où l'on remarque La Parisienne roquette,
La jeune Femme, L'Eveillée, etc.; c'est le triomphe du turban ; une série de
têtes de femmes, L'Elégance, La ['rétention, L'Accordée, La Mariée, La
Parure, La jeune Épouse, au pointillé par Bertrand et Girard: ce sont
184 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
VAUZELLE (Jean-Lubin), peintre, né en 1776.
Lithographies.
Porche de l'église d'Harfleur, Cour du Palais de Justice
de Rouen , etc. {Voyages pittoresques dans l'ancienne
France). — Vincennes, Ecouen, Maison de Jacques Cœur,
Abbaye de Fécamp, Anet, St-Ouen, Jumièges, Fontevrault
(chez Delpecli) ; Tombeau de Dagobert (Lasteyrie) , litho-
graphies d'un crayon très pâle. — Plus tard, d'un crayon
plus coloré : Fontaine à Clennont , Vallée de Royat , La
Queuille, Genistousse. — Planches pour un voyage en
Espagne, de Delaborde. — Etc.
VEILLAT (Just), peintre et romancier, a litho-
graphie vers 1834. — Portrait de P. Bernard.
VERDEIL (Pierre), néàNinies en 1812, graveur
sur bois. — On trouve son nom dans les ouvrages
illustrés de 1835 à 1875, et comme spécimens
on peut citer, dans V Histoire de Napoléon de
Norvins, cette vignette, chef-d'œuvre de Raffet:
Batterie de tambours républicains (p. 77) , et plus
loin Les Cosaques (p. 520); le titre des Guêpes
d'Alphonse Karr, d'après Grandville, 1839. Plus
tard , VAlmanach illustré de la France impériale,
1859; des illustrations de Doré, des portraits.
Verdeil a exposé de 1857 à 1874, L'Ordonnance
de bonnes études pour les coiffeurs. Dans le môme genre : L'aimable
Bourgeoise, La jeune Pensionnaire, Le Bonjour du malin, par Augrand,
Berthereau, — Etc.
Sous le nom de Michel Vaulhier peintre, rue de la Liberté : Paysages,
manière de crayon, et V Abreuvoir de Paul Potter, fac-similé de crayon.
VERDEIL. 185
d'après Meissonier , et diverses reproductions de
tableaux pour le Monde Illustré', des scènes
parisiennes d'après Edmond Morin pour L'Illus-
tration. Etc.
VERGNES (Camille), lithographe, expose
depuis 1881 diverses reproductions de tableaux
d'après des peintres contemporains. Exemples :
Jeune Fermière : Moreau de Tours ; Les Victimes
du Salon, d'après Serendat deBelzin. (Ceci repré-
sente un peintre refusé qui se suicide. « Son
tableau devait être bien mauvais ! — penseront
les sceptiques, — pour ne pas avoir pu passer dans
les quatre mille que les jurys bénins acceptent
chaque année 1 » t1) Quatre mille tableaux par an,
grand Dieu du ciel ! ) .
(!) En 1856, sous la signature Camille Vergues, une lithographie de La
Vierge au coussin vert, de Solario. Ce qui fait une reproduction de plus à
ajouter à toutes celles qui existent déjà de ce tableau, par la lithographie
et la gravure. Cette multiplication des Vierges au coussin vert a dû réjouir
Gustave Planche, qui formulait cette fameuse théorie :
« Bien souvent, les graveurs se demandent à quoi employer leur talent.
» On les voit hésiter à recommencer les estampes déjà faites, à s'attacher
» aux peintures déjà connues, aux morceaux déjà célèbres. Eh bien !
» qu'ils reviennent toujours aux chefs-d'œuvre consacrés. »
Ainsi, c'est la répétition sempiternelle d'un certain nombre d'œuvres
» consacrées n et toujours les mêmes qui serait le but unique de lart de la
gravure, d'un art ne varielur réduit à n'êire plus qu'une sorte d'équivalent
de la chanson du petit navire : Si celle estampe vous fatigue, nous allons
la, la, la recommencer !
C'est le contraire qui est vrai (sans le pousser toutefois jusqu'à l'exclu-
sivisme : ne soyons jamais sectaires). Les graveurs, au lieu de reproduire
186 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE
VERNEILH (Jules de), né à Nontron. — A
publié, avec Gaucherel , Le Vieux Périgueux.
vingt eaux-fortes, 1867.
VERNET (Carle), 1758-1836, peintre de ba-
tailles, peintre de la vie sportive du Consulat et
de l'Empire, peintre pour la première fois du cheval
anglais et du cheval arabe, peintre desmamelucks,
peintre de mœurs, dessinateur humoriste, litho-
graphe, et — ce qui est tout aussi indispensable
à dire pour fixer cette physionomie si spéciale, —
anglomane dès le plus jeune âge, puis muscadin,
puis homme « du bon ten » ; homme d'esprit (]),
homme de plaisir, cavalier, et qui caracolait, au
bois de Boulogne, à soixante-dix-sept ans ! Et
encore : fils de Joseph, père d'Horace, et gendre
de Moreau.
Sa biographie est partout, il serait inutile de la
toujours des œuvres « consacrées », ont la mission de « consacrer * les
œuvres en les reproduisant ; loin de se retirer dans le têle à tête avec les
morceaux célèbres déjà gravés, ils doivent, si l'on peut ainsi parler, être
mêlés à la vie et a l'art contemporains.
C'est en se faisant les vulgarisa leurs d'oeuvres de leur temps que les
graveurs excitent l'intérêt et parviennent a la célébrité. Leurs noms
demeurent , dans l'avenir , inséparables de ceux des peiutres qui les ODt
adoptés comme interprètes.
(J) Bien qu'ayant la monomanie invétérée du calembour, et du
calembour le plus vulgaire, en ynu de poêle ou l'équivalent. Exemple :
le lendemain de la naissance d'Horace, il rencontre un ami : « Tu dois
» me trouv.T bien change? » lui dit-il en se touchant le bout du nez avec
le doigt. « Pourquoi ? » fait l'ami. — « Parce que j'ai un nouveau-né. »
VERNET. 187
récrire ici i1). Ce qui est plus à propos et dans notre
sujet , c'est d'apporter notre « contribution à
l'étude de Carie Véniel » en énumérant, le moins
incomplètement possible (2), les nombreuses pièces
(i) Voyez l'excellent article Carie Vernet de Léon Lagrange, dans la
biographie de Michaud. — Et aussi la notice de Y Histoire des Peintres.
Ne voyez pas la Notice historique sur la vie et les ouvrages de Carie
Vernet, par Quatremère de Quincy. Ou plutôt voyez-la, mais comme
une curiosité, comme un exemple de la contrainte académique qui défend
de parler de ce qui n'est pas solennel. Carie Vernet est ici un peintre
d'histoire, et rien autre chose. Et, — néant des éloges ! — un peintre
comme les autres ; pas un mot original, pas une « épithète de circonstance »
pour le caractériser. Surtout pas un mot de tout ce qui, dans son œuvre,
est mœurs, ou vie élégante, ou humour. Fi ! cela serait bas ! Quatremère,
en 183T, est à cent mille lieues de supposer qu'on pourra écrire sans
indignité, de Carie Vernet, ce que dira, par exemple, Léon Lagrange et ce
que nous disons tous aujourd'hui : « L'École française lui fera une place
» d'honneur parmi ces dessinateurs dont la verve traduit au jour le jour
» les faits, les mœurs, les idées du pays; chroniqueurs amusants qui
» fixent la physionomie d'une époque et versent à pleines mains, au milieu
h des solennité* de l'Histoire, le sourire et la rie ... Ce qui frappe dans
i) cette production extraordinaire c'est son caractère constamment fram-
» çais : l'esprit y domine l'art. »
Carie Vernet a été un homme d'élégance et de modernité et qui a vu
son époque, — hommes et chevaux. — Et dans le monde de Quatremère
on n'avait nulle idée de la modernité et des campagnes que mèneraient,
en faveur des hommes de modernité, les Baudelaire futurs, les Goncourt,
et toute la critique actuelle. On y eût été littéralement foudroyé à l'idée
qu'un Théophile Gautier pourrait écrire : « Dans l'art, la difficulté
H suprême, c'est de peindre ce qu'on a devant les yeux: on peut tra-
» verser son époque sans l'apercevoir et c'est ce qu'ont fait beaucoup
» d'esprits éminents. Être de son temps, rien ne parait plus simple et
» rien n'est plus malaisé. Ne porter aucunes lunettes ni bleues ni vertes,
» se trouver dans la foule et en sentir l'aspect, dessiner les physionomies
» de tant d'êtres divers : voilà ce qui exige un génie tout spécial! »
(-) Le catalogue complet de Carie Vernet est difficile à établir, ainsi
qu'il arrive lorsque l'artiste n'est plus la pour vous aider, — lorsqu il
n'a pas laissé lui-même son répertoire écrit, avouant notamment les pièces
anonymes ; — lorsque son œuvre n'est pas constitué au complet absolu et
188 LES GRAVEURS DU XIX" SIÈCLE.
dont le fonds de l'estampe française s'est enrichi
par son fait.
Quand la lithographie fut préconisée par
Lasteyrie et Engelmann, vers 1816, Carie Vernet,
— alors un tout jeune homme de soixante ans, —
adopta le procédé avec ardeur, dès le début, et fut
de ceux dont les « produits lithographiques »
sont portés an catalogue du Salon de 1817. (*)
Depuis, il crayonna pièces sur pièces, soldats,
mamelucks, chevaux, chasses, scènes de la rue,
etc. En tout, plusieurs centaines (2).
Mais ce serait un contre - sens de considérer
uniquement ses lithographies originales. Elles
sont primées de beaucoup par les pièces que
Darcis, Goqueret, Levachez, Debucourt, Jazet et
autres ont gravées au pointillé et au lavis d'après
ses dessins : ce sont elles qui caractérisent
d'une façon certaine au Cabinet des Estampes ; — enfin lorsqu'il ne s'est
pas trouvé un homme pour consacrer des années, et quelquefois sa vie, à
l'établissement d'une iconographie spéciale. Il est à remarquer encore que
les collections de La Combe et Parguez, étendues pour Horace Vernet, ne
comprenaient rien ou presque rien de Carie.
(*) Le premier Album lithographique, 1817, comprend 20 pièces des
peintres Carie Vernet, Horace Vernet, H. Lecomte, Gros, Demarne,
Thiénon, Bourgeois, Vauzelle, Melle Lescot, Grangeret Bessa.
(2) Un biographe a lancé le chiffre de 660 lithographies, et ce chiffre
s'est mis à circuler, répété de dictionnaire en dictionnaire. Or, notre
biographe choisit pour les citer comme exemples de lithographies origi-
nales les charges sur les Alliés, qui, précisément, ne sont ni lithographies,
puisqu'elles sont des gravures à l'aquatinte, ni originales puisqu'elles sont
signées en toutes lettres gravé par Debucourt. Léon Lagrange n'est pas
tombé dans cette erreur.
VER NET. 189
l'œuvre, et leur ensemble apparaît aujourd'hui
comme le document gravé le plus précieux peut-
être sur les mœurs de cette période qui commence
à la chute de l'ancien régime pour finir à la révo-
lution de 1830, période de transition bien spéciale,
qui n'est plus le xvme siècle et qui n'est pas
encore le xixe (1).
Nous voyons son catalogue commencer sous le
Directoire avec des dessins sur les Merveilleuses et
les Incroyables. Et il finit par des lithographies
de Gris de Paris, traitées dans le genre Restau-
ration; contemporaines de Boilly et de Pigal et des
débuts de Grandville et de Monnier. Carie Vernet
— cet homme étonnant , comme le qualifiait
Baudelaire (2), — a donc occupé la scène pendant
trente ans. On peut dire de lui qu'il a reçu,
— pour la peindre suivant son tempérament et
(!) C'est-à-dire notre XIXe siècle, avec son allure actuelle.
Faire commencer les siècles en l'an 1 et les finir en l'an 100, — 1*701-
1800, 1801-1900 — c'est là une coupure mathématiquement exacte, mais
pratiquement fausse. Chacun sait bien que le dix-huitième siècle
commence en 1715 pour finir au 10 août 1192. De là au 29 juillet 1830,
période intermédiaire : le monde des estampes de Vernet et de Debucourt,
des vignettes de Moreau pour Renouard et de Desenne n'est pas plus
notre monde qu'il n'est celui du XVIIIe ; mais quand viennent le Fausl de
Delacroix et les vignettes sur bois do Johannot, quand est proclamé le roi-
citoyen, alors nous entrons véritablement dans ce que nous appelons
aujourd'hui » le XIXe siècle » en nous rengorgeant. Dix ans après,
avec le premier chemin de fer, nous sommes définitivement dans le vrai
XIXe siècle, le siècle de la vapeur et de l'électricité, qui n'a rien de commun
avec celui de la Route de l'oissy, des Joueurs de boules et du Coup de vent.
(2) Voyez, dans les Curiosités esthétique* de Baudelaire, l'article
Quelques Caricaturistes français.
190 LES GRAVEURS DU XIX» SIECLE.
sa verve, — la société française des mains des
dessinateurs du xvni0 siècle, des mains de son
beau-père Moreau, l'auteur du Monument du
Costume] et qu'à son tour, il Ta transmise aux
dessinateurs du xixe siècle , aux Lami, aux
Gavarni.
L'ŒUVRE
DE
CARLE VERNET.
1.
ESTAMPES GRAVEES PAR DIVERS-
1-4. LES INCROYABLES
1-2. LES INCROYABLES ; — LES MERVEILLEUSES, 2 p.
in-fol. en 1., par Darcis.
3-4. L'Anglomane ; — L'Inconvénient des perruques, 2 p.
in-4 en 1., par Darcis.
Carie Vernet était, par tempérament, un homme de
l'ancien régime. Au début de la Révolution cependant, il
alla vers elle, mais n'éprouvant, comme écrit Quatremère,
« que cette illusion si l'on peut dire électrique dont il fut
difficile de ne pas éprouver quelque contre-coup » : il fut
officier de grenadiers dans la garde nationale.
Au 10 août il était déjà plus que refroidi. La Révolution
lui guillotina sa sœur, Mim' Chagrin, femme de l'architecte.
Dès lors ce fut de l'horreur. Il vit donc la réaction avec
délices, et partagea toutes les passions muscadines.
Homme spirituel et léger, c'est sur les successeurs des
Muscadins, sur les « Incroyables » et leurs « déités » qu'il
exerce pour la première fois sa verve, en l'an V, avec un
succès étourdissant. Ses deux dessins <X Incroyables et de
Merveilleuses sont les prototypes du genre. Autour d'eux,
VERNET. 191
se forma ce qu'on a pu appeler une véritable école originale
de dessinateurs et de graveurs humoristes. Les pièces sur
les Incroyables se multiplièrent : La Rencontre des In-
croyables, Café des Incroyables, Les Croyables actifs au
Palais ci-devant Royal, Les Croyables an tripot, La Danse
incroyable, La Marche incroyable, La Rencontre des
Merveilleuses* Les Payables, Les Inconcevables, etc. Sujet
curieux qui ne ressemble à rien, et forme dans l'estampe
un chapitre piquant fort pratiqué des collectionneurs.
5-55. Pièces historiques.
5. Le général Bonaparte, in-4, pointillé, par Darcis. — 6. Le
général Moreau, in-4, par Schencker (Pièces sans valeur).
7. Congé absolu, brevet, par F. Godefroy. — 8. Brevet
de solde de retraite, par Duplessi-Bertaux.
9-31. CAMPAGNES D'ITALIE: 23 « tableaux historiques »
gravés par divers. On a dit que ces représentations de
batailles étaient faites de chic ; c'est vrai pour les soldats
qui ne jouent ici qu'un rôle secondaire, le premier appar-
tenant aux fonds. Vernet s"est évidemment proposé de
caractériser les batailles par l'aspect des lieux où elles ont
été livrées, et en fait le pont de Lodi ne ressemble pas au
fond de montagnes de Rivoli, qui ne ressemble pas au port
de Gènes, qui ne ressemble pas à la baie de Naples, etc.
A remarquer cependant, comme scènes, les entrées des
Français à Milan et à Venise, et la fête de Virgile à
Mantoue.
32. Portrait de Bonaparte, gravé par Roger, en-tête des
Campagnes d'Italie.
Deuxième édition des Campagnes d'Italie sous le titre de
Campagnes de Napoléon, avec : 33. Portrait de Napoléon,
gravé par Simon ; et 34. La France acclamant Napoléon
empereur, tête de page, gravée par Roger.
35. Combat en Egypte de neuf Français..., etc. : très gd.
in-fol. en 1., par Debucourt (et lithog. en plus petit par
Régnier) On y remarque un mameluck qui, tète baissée,
fait sauter à son cheval le pont-levis à moitié détruit.
H6. Scène du passage du St-Bernard, iith. par Heuer.
'M. REVUE DU DECADI, très grande pièce, dessin d'isabey
et Vernet, gravée par Mécou (Le croquis dans les dessins
du Louvre).
192 LES GRAVEURS DU XIX" SIÈCLE.
38. Napoléon sur un cheval blanc tourné à gauche; il étend
le bras droit et retourne la tète vers sa gauche : in-fol., par
Goqueret.
39. Promenade au haras (de la Malmaison ?) , tête de page
gravée en deux formats, par Duplessi-Bertaux et Choff'ard,
1805.
40. Colonel des Guides en grand uniforme, dédié à M. de
Beauharnais, 1804 : in-fol. , par Goqueret.
41. Garde du corps de l'Empereur d'Autriche en grand
uniforme : in-fol., par Lefevre-Marchand.
42. NAPOLÉON EMPEREUR. A CHEVAL, très gd. in-fol
en couleur, par Levachez.
43 Napoléon Empereur, à cheval, in-4, par Levachez.
44. Bataille de Rivoli, par Péronard (Galeries de Versailles).
— 45. Marengo, par Pourvoyeur (/(/.). — 46. Austerlitz,
par Villerey, l'eau-forte par Duplessi-Bertaux; (et plus tard.
par Gholet pour les Galeries de Versailles). — 47. Napo-
léon devant Madrid, par Blanchard (Galeries de Versailles).
48-51. Batailles : d'iéna, ou la mort du duc de Brunswick; —
d'Eylau , ou la mort du général d'Hautpoul ; — d'Essling.
ou la mort du duc de Montebello ; — de la Moskowa ou la
prise de la grande redoute : gd. in-fol. en 1.. par ■). .). Wolff.
52. Bivouac de Cosaques, par C. F. X. Gesta, boulevard
St-Martin , in-4 en 1.
Au premier coup d'œil jeté sur l'ensemble du catalogue,
on voit que. au point de vue estampes, l'histoire donne
dans l'œuvre de G. Vernet, un nombre de pièces bien
moindre que le sport, la chasse et les mœurs. — Voyez
encore , plus loin , les pièces 296 a 300.
Citons trois pièces hors série dans l'œuvre. 53. Une vignette
pour Arsace et Ismënie dans le Montesquieu de Plassan. —
54-55. LaMort dTIippolyte, Le Retour de la course des chars,
tableaux gravés en 1804 et 1808, par J. Godefroy. (On a dit
que Vernet s'était servi ici de modèles de chevaux pris jadis
dans les écuries du duc de Chartres. Ces deux pièces seraient
donc à leur place dans la section des études de chevaux).
56-69. Les Mamelucks.
56. Mameluck, pointillé in-4 en 1., par Mmc Fanny Vernet.
VERNET. 193
57. Combat de hussard et de mameluck dans une sortie,
très gd. in-fol. en 1., par Debucourt.
58. Charge de mameluck, in-fol. en 1., par Debucourt.
59. Mameluck d'ordonnance, très gd. in-fol. en 1., par Debu-
court.
60-61. Cheval arabe conduit par un mameluck, Cheval russe
conduit par un cosaque, 2 p. in-fol. en 1., par Debucourt.
62-65. Fuite de mameluck, L'Attaque repoussée, Cheval
arabe qu'on entrave, Cheval turc a la montre, 4 p.
in-fol. en 1., par Jazet.
66-69. Mameluck au repos , Mameluck au grand galop ,
Mameluck au combat, Chef de Mamelucks, 4 p. in-fol., par
Jazet.
Voyez encore les Nos 35, 201 à 203, 266, 267.
70-105. LES COURSES ET LE SPORT.
70. Le Prince, cheval de chasse anglais, ayant couru de la
barrière des Bonshommes à la grille de Versailles et retour,
en soixante minutes, 1797, par Lefèvre-Marchand.
71-72. Cheval anglais préparé pour la course. — Cheval
anglais partant pour la course, 2 p., par G. Marchand, 1797.
73. PRÉPARATIFS D'UNE POULE ENTRE CINQ
CHEVAUX DE COURSE : très gd. in-fol. en 1., (400fr.
en 1887), par Debucourt.
Vernet et Debucourt se sont rencontrés, et de cette con-
jonction va résulter une nombreuse série d'estampes. Les
deux hommes étaient faits pour s'entendre : tous deux
avaient alors l'esprit tourné vers la représentation des scènes
de mœurs, et avec humour ; tous deux étaient enragés pour
le plaisir (on dirait aujourd'hui : étaient des Jeteurs). Plus
tard, en 1813, Carie écrira à Debucourt : « Croyez au véri-
» table attachement que je porte à votre personne et à la
» vénération reconnaissante que j'ai pour votre talent. Je
» dis reconnaissante car sans vous mon faible savoir-faire
» serait resté dans un cercle dont vous avez décuplé la
» circonférence. »
74. COURSE DU GRAND PRIX FAITE AU CHAMP-DE-
MARS à Paris, par les chevaux qui ont remportés (sic) les
premiers prix dans leurs départements ; gd. in-fol. en 1., par
Debucourt. — 75. Deuxième état avec le titre Une Course
au Champ-de-Mars.
xii 13
l'.ii LES GRAVEURS DU XIX» SIECLE.
76. L'ARRIVÉE : gd. in-fol. par Debucourt. — Deuxième
titre Course de Chevaux. A horse Race.
77-78. LA COURSE; — FIN DE LA COURSE, 2 p. in-fol.
en 1., par Debucourt, 1804 (elles portent des Nos 3 et 4).
79-82. Les Apprêts d'une course ; — Les Jockeys montés ;
— La Course ; — L'Arrivée de la course : 4 p. in-4 en
1., par Darcis.
83-86. Le Jockei au moment de monter a cheval ; — Cheval
DE COURSE AU MOMENT DU DÉPART; — La COURSE AU
PREMIER TOURNANT ; — JOCKEI COUPANT SON ADVERSAIRE :
4 p. in-fol. en 1., par Jazet.
87-90. Préparatif d'une course; — Le Départ; — La
Course; — Les Suites d'une course : 4 p. in-fol. en 1., par
Jazet.
91. Préparatifs d'une course : lithographie in-fol. en 1. signée
d'après Carie Vernet, chez Engelmann.
92-93. CHEVAL QU'ON BOUCHONNE AU RETOUR
D'UNE COURSE; — CHEVAL DE RETOUR DE LA
CHASSE : 2 p. très gd. in-fol. en 1. par Debucourt.
94-95. Intérieur d'écurie ; — Le Marchand de chevaux :
2 p. in-fol. enl., par Coqueret (125 fr., 1887).
96. Cheval pansé a l'anglaise, in-fol. en 1., par Coqueret.
97. Cheval sortant de l'écurie, par Coqueret. (Pièce portée
sur un catalogue de 1889).
98-99. Le Maréchal - Ferrant anglais : in-fol. en 1., par
Coqueret; — Le Maréchal-Ferrant français : in-fol. en L,
par Debucourt.
100-101. Le Maréchal-Ferrant, L'Ecurie : 2 p. in-4 en 1. ,
par Charon.
102-105. L'entrée a l'écurie ; — L'Intérieur de l'écurie ; —
Palefrenier a l'écurie; — La Sortie de l'écurie : 4 p.
in-fol. en L, par Jazet.
106-203. LA CHASSE, etc.
106. GRAND DÉPART DE CHASSE : très gd. in-fol. en L,
par Coqueret (205 fr. 1887).
107. Le Départ pour la chasse, in-fol. enl., par Coqueret.
VERNET. 195
108. Fin d'une chasse, par Coqueret. (Pièce portée sur un
catalogue de 1889).
109-110. Cheval préparé pour la chasse ; — Retour d'une
chasse a la bécassine après l'orage : 2 p. in-fol. en 1.,
par Coqueret.
111. L'ARBRE FRANCHI (par une amazone à la chasse) :
gd. in-fol. en 1., par Coqueret (Chez Rolland. — Très belle
pièce, intéressante par le costume de l'amazone).
Nous sommes ici dans le vif de l'œuvre de Carie Vernet,
et dans une catégorie d'estampes sur laquelle l'attention
des collectionneurs et des historiens vient actuellement de
se fixer avec passion. Et par collectionneurs , nous n'en-
tendons pas seulement les collectionneurs spéciaux , les
hommes de sport : ceux-ci ont toujours ardemment pour-
suivi les sujets de courses , de chevaux , et de chasse
(voyez l'article Hunt) , mais encore les collectionneurs et
les curieux en général, ceux qui aiment tout ce qui retrace
l'aspect d'une société disparue.
La société que nous montrent les estampes de Carie
Vernet, c'est la société brillante de l'époque impériale.
Et les collectionneurs sont présentement en train de
« découvrir » l'Empire ! (*)•
(!) L'Empire ! qui l'eût pensé, il y a cinquante ans ; à l'époque où les
modes de l'Empire passaient pour le dernier mot du disgracieux, les
meubles de l'Empire pour le comble de l'horrible ?
L'Empire ! qui l'eût dit, il y a quarante ans, au moment où l'austère
Renouvier, avec le goût classique et diayseptième alors général, n'avait
qu'un mot de mépris pour tout l'art du dix-huitième siècle : la corruption ;
— et un autre pour toutes les choses de l'Empire : la platitude ?
L'Empire ! qui l'eût cru, il y a vingt ans, lorsque commença la furie sur
les estampes du xvnie, lorsque s'établirent le triomphe , la prépondérance
exclusive de Cochin, d'Eisen et de Gravelot, de Baudouin et de Lavreince,
de Moreau (première manière, ne confondons pas !) et de Debucourt (égale-
ment première manière) ?
Eh bien oui, l'Empire ! nous y sommes arrivés. Nous ne dirons pas,
suivant un mot historique, que l'Empire « est fait » ; mais nous dirons,
suivant un terme de collectionneur, que l'Empire « se fait ». On « y est »
en plein !
Les raisons de cette orientation nouvelle de la mode et de la curiosité ?
196 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
112-113. Le Départ; — La Chasse, 2 p. gd. in-fol. en 1., par
Debucourt (chez Rolland).
114. CHASSEUR ÉGARÉ , très gd. in-fol. en 1., par Debu-
court. — A pour pendant : 115. CHEVAL EFFRAYÉ PAR
LA FOUDRE, par Debucourt (chez Rolland).
Remarquer combien les pièces à l'adresse de Rolland,
qui datent du début du siècle, (elles portent la mention du
dépôt à la bibliothèque Nationale), sont d'un lavis plus
brillant et plus léger que celles qui ont été gravées par la
suite, et dont le ton est d'un noir épais.
115 bis. Sous bois, passage du ruisseau, par Debucourt (?),
pièce portée sur un catalogue de 1889. Ce doit être le
Chasseur égaré.
Il n'y en a qu'une (en tenant pour négligeables les questions des préfé-
rences capables de déterminer la spécialité de quelques collectionneurs,
mais non pas une direction générale du goût ; le collectionnisme, d'habitude,
ne se réglant pas sur la politique).
La seule raison est que la grande loi de l'évolution collectionniste a fait
son œuvre. Après celle des autres siècles , la matière collectionnable du
dix-huitième siècle a été épuisée. Plus de Chansons de La Borde et de
Métamorphoses d'Ovide, plus de Contes des Fermiers Généraux et de
Fables de Dorât (j'entends, en exemplaires dignes de la bibliophilie trans-
cendante), plus de Couchers de la Mariée ou de Promenades publiques
(j'entends, en épreuves inouïes), et si par hasard il s'en trouve, ce sont des
prix tellement abracadabrants et fantasmagoriques que tous les aspirants-
amateurs qui seraient tentés d'entrer dans le collectionnisme et d'aborder
la curiosité par le dix-huitième siècle reculent épouvantés, comme le flot
classique. Et aussi les amateurs à trois chevrons, qui jadis connurent des
prix plus tempérés.
Il y a donc la lassitude, et le besoin du nouveau. Tout a été dit sur les
illustrations de Dorât et sur La Borde. Et quant aux estampes fameuses
du XVIIIe, c'est pire : elles sont aujourd'hui imitées, truquées, et les faux
Saint- Aubin , les faux Debucourt , et les faux Taunay vous cauche-
mardei.t, comme le spectre de Banco, étalées dans de faux cadres jusque
chez le dernier des marchands de ferraille, et ne vous lèchent même pas à
l'époque du repos et des vacances, vous poursuivant, à leur proie atta-
chées, jusques à la devanture des marchands de curiosités qui « font » (ou
mieux : « refont » ) les stations balnéaires.
Et puis, autre résultat de la loi de l'évolution, à mesure que le temps
s'éloigne et après plusieurs générations, les hommes et les choses qui
VERNRT. 197
116-119. LE CHASSEUR; — LE CHASSEUR AU TIRER;
- LE DÉPART DU CHASSEUR; — LE RETOUR DU
CHASSEUR, 4 p. gd. in-fol. en 1., par Debueourt (221 fr.
en 1889).
120-121. LA CHASSE AU RENARD: - LES CHIENS
AYANT PERDU LA TRACE, 2 p. gd. in-fol. en 1., par
Debueourt.
122-123. L'Entrée dans le bois; — La Chasse, in-fol. enl.,
par L.-J. Allais.
124-130. Le Départ au galop, Cheval de chasse, La Barrière
franchie. Le Saut, Le Cavalier démonté, Le Jockey au
montoir, Le Cheval bouchonné, 7 p. pet. in4 en 1., par
Darcis (la suite est vraisemblablement de huit pièces).
paraissaient vieillis et démodés à la génération immédiatement suivante,
reprennent de la vie et de la séduction.
Et voilà pourquoi on vient de faire au Champ-de-Mars l'exposition de
L'Art au commencement du Siècle. Voilà pourquoi M. Marmottan a publié
son curieux livre sur les Peintres français de 1789 a 1830. Voilà
pourquoi on collectionne les meubles et bronzes de l'Empire, et pourquoi,
avec le goût de la copie qui caractérise notre siècle, nos ébénistes ont
immédiatement établi quelques modèles d'ameublement Empire, qui se
vendent aujourd'hui aussi couramment que naguère le Louis XVI, le vieux
flamand, et autres mobiliers « de style ».
Jusqu'ici d'ailleurs, on n'avait jamais raconté l'Empire qu'au point de
vue militaire. Que ce fût Mignet ou Thiers, Norvins ou Laurent de l'Ar-
dèche, toujours la guerre et rien que la guerre. Mais on a fini par se
clouter qu'il a dû exister sous l'Empire une société, société élégante et
brillante, chapitre capital dans l'histoire de la société française ; on a
voulu la reconstituer à l'aide des documents du temps. Et voilà pourquoi
la maison Didot a publié en 1888 un Napoléon Ier ET SON TEMPS,
histoire militaire ; gouvernement intérieur, lettres, sciences et arts.
avec cinq cents figures ; voilà pourquoi la librairie illustrée vient de nous
donner Le Luxe sous l'Empire (par Henri Bouchot) avec une belle série
de reproductions ; voilà pourquoi on n'injurie plus le Debueourt de la
seconde manière, le Debueourt de La Petite Barque, de Y Heureuse Union,
de La Mariée, de La Famille réunie et même de la Voiture brisée par un
temps de neige, et pourquoi les Carie Vernet vont à leur tour devenir
introuvables ; voilà pourquoi on s'arrache les estampes de modes et de
mœurs du commencement du siècle, et enfin, pourquoi les femmes vont
présentement se remettre la taille sous les bras.
198 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
131-134. Promenade en Guigue (boghey) ; — La Pêche a
LA LIGNE ; — DÉPART POUR LA CHASSE ; — La PROMENADE
du matin, 4 p. in-fol. en 1., par Levachez (numérotées dans
la marge inférieure).
135-138. La Chasse au cerf, 4 p. in-fol. en 1., par Levachez
(Id.).
139-144. La Chasse au renard, par Levachez. (Sous ce titre,
une vente de 1887 porte six pièces, qui ont été vendues
150 fr.).
145-146. Le Départ du chasseur; — Le Chasseur au renard,
2 p. in-fol. en 1., par Levachez (Bance, éd.).
147. La Calèche, in-fol. en 1., par Debucourt.
148. CALÈCHE SE RENDANT AU RENDEZ-VOUS DE
CHASSE, très gr. in-fol en 1., par Debucourt (Avant la
lettre, 535 fr. en 1887).
149. LE COUP DE TONNERRE (Amazone chassant) , très
gd. in-fol. en 1., par Debucourt, 1824 (chez Aumont).
150-173. Scènes de chasse à courre, 24 p. in-4 en 1., par
Gamble (mauvais). — 174. Chasse au canard, in-4 en 1.,
par Geoffroy. — 175-176. Chasse au canard, L'Hallali, 2 p.,
par S. W. Reynolds.
177-180. Départ du chasseur ; — Le Chasseur a l'affût ;
— Le Chasseur au tir : — Retour de chasse, 4 p. in-fol.
en 1., par Jazet.
181-184. Le Départ, La Chasse, L'Hallali, Halte au
retour de chasse, 4 p. in-fol. en 1., par Jazet. — 185-186.
Le Cerf aux abois, Halte de chasse, 2 p., par Jazet
(sont peut-être à joindre aux quatre précédentes). — 187-190.
Chasse aux chevaux en Russie , Chasse aux sangliers
en Pologne, Chasse au lion, Chasse au tigre dans l'Inde,
4 p., par Jazet.
191-203. Suite de sujets in-4 à claire-voie, par Jazet , 1830 :
Chasseur aux écoutes, Le Repos du chasseur ; Barrière
franchie, Amazone égarée, Chiens en défaut ; Jockei em-
porté par ses chevaux, Chevaux gagnant la course, Cheval
perdant la course ; Cheval romain au manège, Cheval romain
préparé pour la course ; Mameluck dressant son cheval,
Mameluck en éclaireur, Mameluck gravissant la mon-
tagne.
VERNET. 199
204-209. Spectacles.
204-205. Courses de chaes romains au Champ-de-Mars ; —
Courses de traîneaux (scène avec deux traîneaux, celui
de gauche a la forme d'un cygne) : 2 p. in-fol. en 1., par
Gros.
Rapprocher de cette course de traîneaux, une curieuse
pièce de Debucourt, Le Canal, 1810, représentant une
séance de patinage avec traîneanx , non loin de la barrière
de la Villette.
206-207. Spectacle de Franconi, Nos 1 et 2 (écuyer, écuyère) :
2 p. in-fol. en 1., par Debucourt.
208-209. LA DANSE DES CHIENS, scène de la rue, gd.
in-fol. en 1., par Levachez.
210-234. SCÈNES DE MŒURS , CHARGES.
210. OH! C'EST BIEN ÇA ! (Anglais venus en France après
la paix d'Amiens) lavis in-fol. en 1. An XI. Carie Vernet a
donné un pendant à cette curieuse pièce en 1814. Voyez
plus bas n° 254. — Deuxième état : Costumes anglais, etc.
211. Promenade de Longchamps en 1802, gravure au trait
coloriée, in-fol. en 1. (Anonyme. On Ta aussi attribuée à
Bosio. Au musée Carnavalet est le croquis original attribué
à Carie Vernet.)
Il est certain que la mode des fracs étriqués et des
culottes pour les hommes, et de la taille courte pour les
femmes avait pour résultat de donner aux personnages
du temps une allure plus allongée que l'ordinaire. Cet
allongement fut saisi et exagéré par les dessinateurs
d'alors, il fournit a leurs campagnes humoristiques une base
d'opérations. (Voyez les Debucourt dans toutes ses estampes
de mœurs du commencement du siècle et dans les Modes
et Manières du jour; voyez les pièces plus ou moins sati-
riques : les Bosio, le Garde à vous, les Suprême bon ton,
les Bon genre, etc.) . Mais dans la Promenade de Long-
champs les choses sont tellement exagérées que nous
tombons dans la caricature pure. Et la caricature, — tout
comme la blague, — n'est pas un document et ne prouve
rien , quoi qu'en ait dit Baudelaire. Vues à travers les cari-
catures, toutes les modes, même les plus élégantes, toutes
les sociétés même les plus brillantes, paraissent gro-
tesques. Et après ?
200 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
212-213. Le Gastronome sans argent, in-4, par Comma-
rieux. — Le Gastronome en jouissance, in-4, par Coqueret,
(signé d'Horace Vernet). (A comploter par les pièces de
Debucourt; Les Gastronomes affamés, La Fin des Gastro-
nomes, 2 p. in-4, et aussi Le Gourmand, 1803, ovale in-
fol. en 1. 11 existe encore un très joli Gourmand de Debu-
court, in-8 rond, pour frontispice).
214. Les Ennuyés chez eux (le Café Procope?), in-fol. en
1., par Coqueret.
215-216. Tombera-t-il, ne tombera-t-il pas ? (chasseur ridicule
franchissant un obstacle) ; — Le Sauteur en liberté (pour-
suivi par des chiens qui aboient, et perdant son chapeau),
2 p. in-fol. en 1., par Levachez.
Nous entrons maintenant dans la longue série des pièces
gravées par Debucourt, aux alentours de 1814.
217. Les Amateurs de plafonds au Salon, in-4, par Debu-
court.
218. La Toilette d'un clerc de procureur, id.
219-220. Chacun son tour ; — Inutile précaution , 2 p.
(scatologiques) in-4 par Debucourt, — et aussi, en réduction
in-8 par le même.
221-224. ROUTE DE POSTE ; — ROUTE DU MARCHÉ ;
ROUTE DE POISSY ; — ROUTE DE SAINT-CLOUD,
4 p. in-fol. en 1., par Debucourt (Elles comptent parmi les
plus humoristiques et les plus connues de Carie Vernet).
225. LES JOUEURS DE BOULES, in-fol. en I., par Debu-
court.
226. La Danse des chiens en désordre : id.
227-230. Les Aveugles, Le Joueur de cornemuse, Retour des
Champs , Les Chevaux de bateau ; 4 p. in-fol. en 1. par
Debucourt.
231-232. Marchand de vin des environs de Rome, Route de
Naples : 2 p. in-fol en 1. par Debucourt.
233. Le Marchand de chevaux normands : in-fol. en 1. par
Charon.
234. Joly, rôles de Milord et de M. Scott : il cause avec lui-
même : in-4 par Debucourt. C'est, en somme, moins un
portrait d'acteur qu'une caricature d'anglais ; nous voici
aux charges contre les Alliés et les Anglais.
VERNET. 201
235-257. LES ALLIÉS (charges et uniformes).
Carie Vernet se rallia sans tarder aux Bourbons. Mais,
comme le dit Léon Lagrange, « le vent de la fortune qui
» balayait si prestement le peintre d'Austerlitz fit reparaître
» au-dessous le dessinateur des Incroyables. En saluant les
» Bourbons, il avait aperçu leur escorte, et ce que chacun
» maudissait tout bas il se mit à le chansonner tout haut et
» organisa contre nos amis les ennemis la conspiration du
» rire ». Maigre revanche, au fond, pour de si grands
désastres, qu'une douzaine de pièces plus plaisantes que
méchantes ! D'autant que l'humour disparut bientôt pour ne
laisser que de simples dessins d'uniformes.
235-242. Marche d'officiers anglais, Rencontre d'officiers
anglais, Officiers anglais et écossais, Militaires écos-
sais, Famille écossaise, Militaires anglais, La partie
de plaisir, Officiers anglais se rendant a une partie
de plaisir.
243-248. Promenade anglaise , Anglais en habit habillé ,
Course anglaise, Le Courrier anglais (signé d'Horace
Vernet), Les Anglais a Paris, Goûter des Anglais.
249-253. Tambours russe et anglais, Adieux d'un russe a
UNE PARISD3NNE, Le COSAQUE GALANT, MILITAIRES DE LA
garde impériale russe et allemande , Cosaques au
bivouac.
254. Officiers prussiens.
Toutes les pièces ci-dessus (235-254) in 4 par Debucourt
(chez Bance).
255. LES ÉTRANGERS A PARIS (neuf figures : un couple
parisien, un couple anglais, un officier anglais, un russe,
un autrichien, un autre couple anglais) : lithog. in-fol. en 1.
par Denis Delacom.be (chez Lasteyrie).
256-257. La Famille Anglaise. — Le Kant.
Pièces au trait non signées. Grand-Carteret les attribue à
Carie Vernet.
Beaucoup de pièces anonymes de cette époque sont plus
ou moins dans la manière de Carie Vernet.
258-278. Militaires divers.
258-265. Grenadier et tambour de la garde nationale ; Tambour-
major et sapeur, id. ; Officier et grenadier, id. ; Garde
202 LES GRAVEURS DU XIX' SIÈCLE.
nationale à cheval, Cuirassier français, Hussard français,
Dragon et Lancier de la garde royale, Chasseur à cheval de
la garde royale.
266-268. Mameluck porte-étendard ; Marneluck ; Persan
voulant dompter un cheval français.
269-278. Artilleur anglais, Artilleur et Chasseur anglais,
Hussard anglais, Officier de dragons danois, Cosaque
régulier de la garde, Cosaque irrégulier portant des
dépèches, Le Kalmouck, Cuirassier prussien, Uhlan prus-
sien, Hussard autrichien.
Toutes ces pièces, in-4, par Debucourt (chez Bance).
279. Un Cosaque à cheval, eau-forte, in-8, par Duplessi-
Bertaux (chez Cormont).
280-295. SCÈNES DE LA RUE.
280-287. Marchande d'eau-de-vie ; Marchande de coco
(Carie Yernet a fait intervenir ici, comme client, un fan-
tassin russe. Elles leur ont verse notre petit coco ! aurait
pu dire Musset), Marchande de saucisses, Marchande de
cerises, Marchande de poisson , Il n'y a pas de fumée
sans feu, Passez, payez, Le Jour de barbe d'un char-
bonnier.
288-289. Marchand de peaux de lapins , Rempailleur de
chaises.
290. Le Modèle à barbe.
291-292. La Promenade au bois de Vincennes, La Bonne
d'enfants en promenade.
293. Le Coup de vent.
Toutes ces pièces, in-4, par Debucourt (chez Bance). (*)
(!) Nous venons de grouper par ordre de sujets les pièces gravées par
Debucourt et publiées chez Bance.
Mentionnons maintenant un recueil très curieux et infiniment rare de ces
pièces, accompagne d'un texte, qui a passé en vente en 1890. Cet ouvrage
était ainsi composé :
1™ livraison : Collection de Costumes dessinés d'après nature par
Cle Vernet et gravés par Debucourt, ouvrage compose de six gravures
coloriées. Paris, Bance, et London, Bossange-Masson, 1814. Un folio de
texte français, un folio de texte anglais. Promenade anglaise, Anglais en
VER NET. 203
Nous plaçons ici :
294-295. La Brodeuse, La Vielleuse, in-fol. par Schenker
(types assez élégants) .
Une adaptation de sujets d'après Carie Vernet a été faite
par Victor Adam, en un album lithographique de 12 feuilles
à trois sujets par feuille.
296-300. Pièces historiques (suite).
296. Le Duc de Berry, en colonel de dragons, 1814 : gd.
in-fol. par Jazet.
297. Réception de la Duchesse de Berry par Louis XV III
dans la forêt de Fontainebleau : in-fol. en 1. par Debucourt.
A rapprocher d'un certain Départ de Louis XVIII de Lille,
par Debucourt, d'après le chevalier Basserode, qui est d'un
mauvais passant toutes les bornes. Les assistants y ont des
figures patibulaires. Quant aux gardes du corps on dirait
des pompiers de Nan terre (déjà!).
298. Le Chien du Duc d'Enghien, Prodita Condœi proies
etc. : lithog. in-4 par Cassas, 1822.
299. Prise de Pampelune, 1823, par Péronard [Galeries de
Versailles).
300. Sobieski devant Vienne : lith. par Lewicki.
301-383. Études de chevaux.
301-306. Etudes de chevaux, 6 (?) p. in-fol. au pointillé, par
Demarteau, an VIII. — 307. Cheval échappé, par Schwarz,
(mauvais). — 308. Jument négresse sans poil ..., etc ,
habit habille, Marche d'officiers anglais, Rencontre d'officiers anglais,
Adieux d'un liusse à une Parisienne, Le Cosaque galant.
Chaque livraison suivante a ses deux folios de texte, anglais et français.
2e livraison (1815), (Les modèles de l'année dernière sont revenus en
1815 comme pour poser encore une fois, dit l'euphémisme du texte).
Officiers anglais et écossais, Officiers prussiens , Tambours russe et
anglais, Militaires de la Garde Impériale russe et allemande, Militaires
écossais, Famille écossaise.
3e livraison (1816) : Grenadier et tambour de la Garde nationale pari-
204 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
in-fol. à la roulette, parJohannot. — 309. Les Chevaux en
liberté, manière noire in-fol en 1.
310-313. Chevaux, 4 p. numérotées, titres en anglais et en
français, in-4 en 1., par Levachez.
314-361. Recueil de Chevaux de tous genres, dessinés par
Carie et Horace Vernet et gravés par Levachez, 48 (?) p.
in-4 en 1. (En 1887, une suite contenant seulement 42 p.,
en 1., 660 fr.).
362-365. Cheval allant au manège, Cheval arrivant de la
chasse, Cheval échappé, Cheval au vert, 4 p. gd. in-fol.
par Jazet.
366. Cavalier à cheval (portrait d'homme , époque de la
Restauration), lithog. in-fol., par Heuer. — 367-369. Tauris.
Néron, Cheval sauvage, 3 lith., par Heuer. — 370-375. Suite
de chevaux, 6 petites lith., par Jeantet (chez Engelmann,
republiées chez Turgis). — 376-379. Cavaliers militaires
tirés du cabinet de Montaran : 4 lith., par Aubry (chez
Delpech). — 380-383. Quadrille du char de triomphe de
sienne, Tambour-major et sapeur de la Garde nationale parisienne,
Officier et grenadier de la Garde nationale parisienne, Militaires anglais,
Cosaques en bivouac, Le Coup de vent.
4e livraison (1816) : Garde national h cheval, Mameluck, Houssard
français, Cosaque régulier de la garde, Officier de dragons danois,
Artilleur anglais.
5e livraison (18H), Dragon et lancier de la garde royale française,
La Marchande d'eau-de-vie, La Marchande de coco, Artilleur et chas-
seur anglais, La Marchande de saucisses, La Marchande de cerises).
6e livraison (1818) : Mameluck porte-étendard, Le Kalmuck, Houssard
anglais, La Toilette d'un clerc de procureur, Course anglaise, Le Courrier
anglais.
T livraison (1818) : Cuirassier français, Cuirassier prussien, Houssard
autrichien, Ulhan prussien, Chasseur à cheval de la garde royale, Les
Anglais à Paris.
En outre des 42 pièces ci-dessus, se trouvaient dans le même volume,
mais sans texle explicatif, les huit pièces suivantes : Le Jour de barbe d'un
charbonnier, Passez payez, Cosaque irrégulier portant des dépèches, Im
Marchande de poisson, Inutile précaution, Chacun son tour, Rempailleur
de chaises, Le Chiffonnier. Ce recueil a été vendu 3,000 francs.
A la vente Deslailleurs en 1890, une réunion de 240 pièces de Carie
Vernet a été vendue 2000 francs.
VERNET. 205
Napoléon, Cheval de Kléber, Cheval de Desaix, Cheval de
Louis-Philippe duc d'Orléans, 4 grandes lith., par Victor
Adam.
II.
LITHOGRAPHIES ORIGINALES.
384-402. Imprimées chez Lasteyrie.
384-385. Hussard sabrant un Mameluck ; — Hussard sa-
brant un Cosaque : 2 p. in-fol. en 1. claire-voie.
386-387. Artilleur monté tenant trois chevaux en laisse ;
— Pièce d'artillerie attelée : 2 p. pet. in-fol. en 1.
388 Hussard tirant un coup de pistolet sur un cuirassier
ennemi : in-4 en 1.
389. Mameluck levant le bras gauche : in-4 en 1.
390-396. Trompette de carabiniers;— Carabinier au montoir:
— Hussard au galop ; — Hussard marchant devant son
cheval en fumant sa pipe ; — Cuirassier à pied retenant son
cheval qui se cabre ; — Lancier à pied à côté de son cheval ;
— Artilleur à cheval ; au fond, un artilleur tire son cheval
pour lui faire passer un petit pont de bois : 7 p. in-4 en 1.
397. Kalmoucks chassant le cerf à Parc : in-4 en 1.
398. Le Sommeil d'un guerrier : in-4 en 1.
399. Les deux Extrêmes (le cavalier à la fontaine et le coup
de l'étrier) : in-4 en 1. (pièce portant un n° 1).
400. CHAISE DE POSTE ANGLAISE : in-fol en 1. (pièce
humoristique et typique.)
401. Veneur (à cheval, sonnant de la trompe) : in-4.
402. Les Chiens savants : in-4 en 1.
403-477. Imprimées chez Engelmann.
403. Officier de lanciers : in-4 en 1.
404. Cheval de troupe au piquet, bouchonné par un soldat :
in-4 en 1.
405. Hussard sabrant en sautant par dessus un affût : in-4 en 1.
406. Cosaque relevant son cheval abattu : in-4 en 1.
206 LES GRAVEURS DU KIK« SIECLE
407. Un Cosaque ; à gauche, d'autres cosaques sur un pont:
in-fol. en 1, Signé lith. par Engelmann.
408. L'Abreuvoir : in-4 en 1.
409. La Pétarade, caricature gd. in-8.
410-411. Espagnol monté sur un cheval, Espagnol monté sur
une mule : 2 p. in-4 en 1.
412. Les Chiens en défaut : in-fol en 1.
413. Ruines d'Ascalon : in-fol. en 1.
414-477. Suite de compositions in-4 en 1. pour les Fables
de La Fontaine : 64 p. (les autres par Horace Vernet et
Hipp. Lecomte. Recueil peu intéressant, et d'un format
qui ne permet point de le placer dans des livres).
478-490. Diverses.
478. Croquis à la plume in-4 en 1. : devant une ville assiégée
un cuirassier à cheval ; à gauche, près d'un arbre, un fan-
tassin le bras droit en écharpe, etc.
479. L'Abreuvoir musulman, gd. in-4 en 1., au dépôt général
de la lithographie rue Jacob, n° 14 (Imp. Motte)
480. Mameluck dans un camp, relevant son cheval abattu :
in-4 en 1.
481-482. Cheval indien. — Cheval dans un campement africain,
devant un palmier et une tente :2 p. in-4 en 1.
483. Chute de cheval : in-8 à claire-voie. (V Album.)
484. La Tempête, d'après Joseph Vernet : pet. in-fol. en 1.
485. Dernière grotte du Simplon du côté de la France :
in-4 en 1.
486. Les Soins maternels (une femme allaite son enfant, elle
est sur une ànesse que tette son ânon) : in-4.
487. Petit paysan monté à âne et tenant une canne sur
l'épaule gauche : gd. in-8 en 1.
488. Chasse au faucon : in-8 en 1. (Cul-de-lampe à'Ango pour
la Normandie du baron Taylor )
489. La Prise de tabac derrière la toile : in-4.
Ici, Carie Vernet ne fait qu'entrevoir un filon qu'il sera
réservé à Gavarni d'exploiter à fond : les acteurs hors de la
scène et la vie de coulisses.
490. Cavalcatore à cheval : pièce in-8 en 1. claire-voie. 1831
(imp. Lemercier.)
V E R N E T. 207
491-652. Imprimées chez Delpech.
491-492. Camp de mamelucks. — Déroute de mamelucks :
2 p. in-fol. en 1. très oblongues.
493. Mameluck à pied tenant deux chevaux : in-4 en 1.
494. Mameluck fuyant au galop devant des grenadiers qui le
visent : in-fol. en 1.
495. Mameluck poursuivi par un lancier, in-4 en 1. claire-voie.
496. Combat d'un hussard contre un mameluck, in-4 en 1.
claire-voie.
497-498. Joly, rôle de Lantara. — Joly, rôle de M. Honse :
2 p. in-4.
499-502. Chasses du duc de Berry a Compiégne, 27 avril 1818;
— a Meudon, 29 mars 1819 ; — a Verrières, 29 avril 1819 ;
et une quatrième (a Sèvres ?) : 4 p. in-fol. en 1. (225 fr.
en 1887.)
503. Course de chevaux français qui a eu lieu au Champ-de-
Mars à l'instar des Barberi : in-fol en 1.
504. Pégase : in-4. Carie Vernet, Rome.
505. Les Amateurs d éclipse, 7 septembre 1820 : in-fol. enl.
506. Album lithographique par Cle Vernet, 1821 : titre.
507. LA BOUTIQUE DE DELPECH, avec des passants qui
regardent des lithographies à la devanture : in-4 en 1. Pièce
d'une fine exécution et très caractéristique.
508. Cavalier suivi de son doiMestique a cheval : in-4 en 1.
509. LE MARCHÉ AUX CHEVAUX : in-4 en 1.
510. Rendez-vous de chasse : in-4 en 1.
511. Piqueur traversant un ruisseau avec deux chevaux en
laisse, et précédé par un chien : in-4 en 1.
512-515. La Sortie du Parc, L'Entrée du bois, Le Cerf à l'eau,
L'Hallali sur pied , 4 p. pet. in-4 claire-voie.
516-519. Le Départ, La Chasse, Les Chiens en défaut, X**** :
4 p. pet. in-4 claire-voie.
520-531. Les Accidents de la Chasse par C. Vernet (douze
chutes de cheval variées;, album de 12 (?) p. in-4 numérotées.
532-545. Les Accidents de Voiture (chutes de voiture
variées), album de 14 (?) p. in-4 en 1. ( Le Cabinet des
Estampes possède les nos 2, 3, 8 et 14.)
546. La Danse des chiens : in-4 en 1. claire-voie. 1823.
208 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
547. L'Équilibre du verre (scène de la rue) : in-4 en 1. 1823.
548-647. CRIS DE PARIS (et types de la rue) : album in-4
de 100 lith. (chez Delpech). Recueil important dans la série
des cris de Paris.
648. Concert d'amateurs (animaux) : in-4 en 1.
649-652. Premier Janvier 1760 ; Premier Janvier 1821. —
Costume d'été 1825 ; Costume d'hiver 1825.
Ce sont des sujets d'animaux travestis. Carie Vernet
ouvre ici la voie qni bientôt sera suivie avec tant de per-
sistance par Grandville.
653-891. Etudes de chevaux et de chiens.
653-656. Quatre études (Engelmann;.
657-667. Grande suite de chevaux : in-fol. à claire-voie (Engel-
mann). Au Cabinet des Estampes, cette série est de onze
pièces représentant des chevaux : I arabe avec sa bride et
sans bride (deux têtes), 11 arabe, III arabe avec son équipe-
ment, IV persan, V de course anglais, VI de chasse anglais,
VII de cosaque irréguher, VIII de cosaque régulier, IX de
limonier, X de Mecklembourg, XI Cosaque d'Oural. Les
trois premières pièces portent Lithographie par Engelmann.
668-671. Quatre feuilles, yeux, bouche, oreille de cheval.
(Engelmann, modèles de dessin).
672. Cheval arabe : in-4 en 1. (Melle Formentin).
073-696. Divers croquis de Chevaux par Cle Vernet, suite de
12 (?) p. en forme de petites têtes de pages — Recueil de
chiens de différentes espèces : 12 (? ou 13) p. même format.
697-790. Chevaux de divers pays , double série d'études ,
sans nom d'imprimeur : in-4 en 1.
Première série, les Nos 1 à 16 sont des cavaliers de la
garde royale (il y a deux Nos 8 et pas de N° 12) : — 18 à 22
(non numérotés), chevaux arabe, normand, de chasse
anglais, d'Espagne, anglais sortant de l'écurie ; — 22 à 24,
chevaux de course ; — 25 (non numéroté), cheval arabe ; —
29 à 39, chevaux arabes et cosaques ; — 40, cheval de
revue ; — 41, cheval espagnol de manège ; — 42, la retraite ;
43, muletier espagnol; — 44, abreuvoir musulman; —
45, gendarmerie des chasses ; — 46, garde du corps porte-
étendard ; — 47, gendarme,
La seconde série, parallèle, 1 à 47, développe toutes les
VERNET. 209
têtes des chevaux de la première série à une échelle triple,
le n° 47 porte les signatures de Carie et d'Horace.
791-802. Études de chiens de chasse, 12 p. in-4 à claire-voie
(Delpech).— 803-814. Études de chevaux : 12 p. in-4 à claire-
voie (Delpech). Les N°* 7 à 11 ont des cavaliers militaires.
Les deux séries ci-dessus ont été republiées ultérieu-
rement en un Recueil de Chiens et Chevaux par Carie
Vernet, Turgis, 1842 (imp. Maurin).
815-871. Grande suite de chevaux: in-fol. en 1. à claire-voie
(Delpech). C'est le recueil principal , il comprend : une
feuille de quatre têtes de chevaux (et une feuille de cinq
têtes de chiens), des portraits de chevaux comme Fingal,
Constance, Lilly, Milton, Deceiver, Truftle, etc., chevaux
de mamelucks, chevaux arabes et persans, chevaux anglais,
barberi, cheval de cavalerie française, cheval normand,
cheval d'amazone, chevaux en liberté, etc. Au Cabinet des
Estampes la suite est de 57 pièces ; les premières ne sont
pas toujours numérotées : de 47 à 57 le numérotage se suit.
Les mêmes numéros se retrouvent dans la republication
postérieure faite par Turgis. Et le numérotage se poursuit
alors jusqu'à 72 ( au moins ) par l'adjonction de pièces
empruntées à d'autres suites, notamment à la suivante :
872-891. Suite de chevaux : 20 p. in-4 à claire-voie, numérotées
dans le milieu de la marge inférieure ( Delpech , puis
Turgis). Chevaux en liberté ou avec divers cavaliers,
jockey, cheval romain, etc.
Il a été publié, d'après les estampes de Carie Vernet, un
cahier de chevaux à 2 petits sujets par feuille, comprenant
au moins 140 sujets par Aubry, Lœillot, ou sans signature.
Il y a beaucoup à rabattre aujourd'hui sur ces études de
chevaux de Carie Vernet, qui ont été un progrès au moment
de leur apparition quand elles ont remplacé le lourd cheval
dit historique , mais qui sont aujourd'hui jugées, au point
de vue hippologique, arriérées et insuffisantes. La photo-
graphie instantanée de Muybridge nous a révélé le cheval
d'une façon inattendue. « Carie Vernet, dit le colonel
Duhousset, a toujours exprimé l'action du pas par le trot,
celle du saut par la ruade, et il a représenté les chevaux
galopant avee les deux pieds de derrière fixés au sol. »
(Voyez, par G. Duhousset, Le Cheval, allures, extérieur,
proportions, chez Morel, 1881, Le Cheval dans l'Art (dans
210 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
la Gazette des Beaux-Arts, 1883-84), et Le Réalisme des
allures du Cheval dans l'Art (dans le Magasin Pittoresque
à partir du 15 juillet 1891).
Les révélations de la photographie ont tné les estampes
de sport qui nous montrent vingt chevaux au galop, près
du poteau d'arrivée, tous dans la même position, comme
un peloton de soldats marchant au pas, et dans quelle
position de galop! les deux jambes de devant projetées
horizontalement en avant, les deux jambes de derrière
projetées horizontalement en arrière. C'est le grand écart.
Au mouvement suivant il ne leur restera plus qu'à tomber
tous sur le ventre 1
Le portrait de Carie Vernet a été lithographie deux fois
par son fils Horace, en buste et en pied, — et spirituelle-
ment gravé à l'eau-for te par Henriquel d'après P. Delaroche.
VERNET (Mme Cable), née Fanny MOREAU —
Nous avons vu plus haut un Maméluck gravé par
elle au pointillé. — Le catalogue Parguez men-
tionne à son nom deux lithographies : les portraits
réunis de Moreau le jeune, Joseph et Carie Vernet.
— et une Scène Galante dans un Cabaret.
VERNET (Horace), fils des précédents, 1789-
1863.
Pendant vingt-cinq ans, de 1813 à 1839, il y a
eu , à côté d'Horace Vernet peintre, dont nous
n'avons pas à parler ici, un autre Horace Vernet
en hors d'œuvre , et c'est celui qui va nous
occuper. Cet Horace, nous pouvons le définir
sans paradoxe comme sans critique : dessi-
nateur hippique, caricaturiste, dessinateur de
gravures de modes, lithographe de scènes mili-
taires, humoristico-militaires et cynégétiques,
VERNET. 211
dessinateur romantico-troubadour, et vigne ttiste.
A son début, Horace est un peu mêlé à l'œuvre
de son père ; il dessine des Études de Chevaux,
gravées par Augustin Legrand (elles n'ont aucun
intérêt aujourd'hui), et travaille à la suite de
Chevaux gravée par Levachez ; on a de lui, par
le même Levachez, deux dessins de Calèches.
Carie lui laisse signer Le Gastronome en jouis-
sance, caricature énorme, plutôt anglaise que fran-
çaise ^le goinfre ici représenté est évidemment un
échappé de l'œuvre de Rowlandson) ; Horace met
son nom, dans la série des pièces gravées par Debu-
court, sur Le Courrier Anglais. A citer : deux,
autres caricatures, Milord Pouffe et Mme Pelisse.
A partir de 1813, il fait pendant plusieurs années
des images de modes (il n'y a pas de sot métier)
pour le Journal des Dames. En qualité de fils du
dessinateur des incroyables et des merveilleuses
du Directoire, il se fait en 1814 le dessinateur des
néo-incroyables et des pseudo-merveilleuses de la
Restauration, dans une belle série où il glisse, —
toujours en digne fils de son père , — quelques
charges contre les officiers étrangers. 11 collabore
au recueil des Costumes de Femmes des Départe-
ments publié par La Mésangère.
Comme son père aussi, Horace est un des litho-
graphes de la première heure, et même de la toute
première {son Lancier, véritable point de départ de
la lithographie des peintres, est daté de 1816).
212 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
Il se sert du nouveau procédé avec son tempé-
rament propre , c'est-à-dire avec plus de piquant
que de vigueur. Comme sujet, il va droit au
soldat, mais sans pouvoir le pousser à l'épique
comme Font fait dans leurs lithographies Géri-
cault et Charlet. Assurément, Horace Vernet ne
saurait manquer de donner, lui aussi, une prise de
redoute par des grenadiers français, un blessé de
Waterloo, un brigand de la Loire, et un soldat
laboureur pleurant Napoléon. Mais c'est dans les
scènes familières ou comiques de la vie militaire,
Hussard embrassant une servante, La Partie de
drogue, Deux soldats ivres s'embrassant, Conscrit
jouant du flageolet, et divers sujets de Maraudeurs,
qu'il faut chercher sa véritable originalité. Elles
sont d'un crayon léger et vif ; pièces non pas capi-
tales, mais spirituelles et caractéristiques. Ses
sujets de chasse méritent également une mention,
ainsi que les deux grandes pièces Malle-Poste et
Stage-Coach.
Cependant , après quelques années , la pâle
lithographie des débuts évoluait vers la couleur.
Horace Vernet chercha , comme les autres , à
corser son crayon, et Les Forçats resteront sa
meilleure pièce dans cette nouvelle manière.
En même temps, — toujours pour être dans
le courant, — il s'avisa de velléités romantiques.
Mais il n'avait pas la flamme voulue : il donna
dans la toque à plumes, dans le chevalier bardé
VERNET. 213
de fer ; bref, pour appeler les choses par leur nom,
dans le genre troubadour. Une seule preuve, mais
topique : la pièce intitulée Le Troubadour français
au tombeau dePoniatmvski. Ce n'est pas là un
titre, c'est une pendule !
Effleurant tous les genres , Horace avait été
illustrateur de classiques : dessins du Molière de
Desoer, 1819, et du Don Quichotte de Méquignon-
Marvis, 1822: lithographies pour les Fables de
La Fontaine , 1818, et pour la Henriade, 1825.
Après un long intervalle, il revint encore une fois
à la vignette pour illustrer sur bois le Napoléon
de Laurent de J'Ardèche, 1839.
Nous allions oublier une des qualifications
possibles d'Horace Vernet : peintre-graveur, car
il a laissé une petite eau-forte , V Arrivée au
Poteau, pièce comique sur les courses. (l)
Revenons maintenant à ses lithographies. On
en a depuis 1826 un catalogue par Bruzard, mais
incomplet et sans ordre, et qui peut se refaire. (2j
(1) Deux jockeys penchés sur des chevaux démesurément longs ; à
gauche, la tribune. Horace V. fec. — L. 12 cent., H. 9 (Cab. des Estampes).
(2) Catalogue de l'œuvre lithographique de Mr. J. E. Horace Vernet,
membre de l'Académie royale des Beaux-Arts et officier de la Légion
d'Honneur. Paris, imprimerie Gratiot, 1826 ; in-8 de 68 pages, donnant
204 pièces qui ne sont classées ni par genres de sujets, ni par ordre chro-
nologique absolu. C'est un catalogue confus, et si l'on peut dire, sans phy-
sionomie. (N'en disons pas trop de mal, il nous a servi).
Le colonel de La Combe avoit rédigé un catalogue descriptif, resté
inédit, avec un autre classement. Ce nouveau classement se retrouve dans
les catalogues des ventes La Combe et Parguez, dressé par Burty.
Un lapsus à rectifier à cette occasion : le catalogue Parguez dit (au
214 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
LES LITHOGRAPHIES
HORACE VERNET.
1-27. Portraits.
1. Madame Perregaux, buste ; H. V: in-8 (Lasteyrie).« Au dos
» de cette pièce on lit : Mesdames Lallemant, Moreau, Per-
» regaux, Raguse, Rëcamier ; Messieurs Denon, Fréville,
» Hulot, Perregaux et Vernet (H.) sont les seules per-
» sonnes qui possèdent la gravure lithographique du
» portrait de Mme Perregaux fait à Vitry le 24 novembre
» i 816 par Horace Vernet. On a tiré quelques épreuves de
» plus que celles indiquées ci-dessus, mais sans inscrip-
» tion. » (Bruzard). — 2 Madame Perregaux en pied : in-8.
3. Carle Vernet, buste, in-8, 1817 (en-tète de la Collection
de Chevaux de tous les pays). — 4. CARLE VERNET en
pied, dessinant : in-4, 1818.
5. Mohammed-Ali-Pacha, vice-roi d'Egypte, d'après le comte
de Forbin : in-4, 1818, dédié à Denon. — 6. Boyer, président
d'Haïti : in-8. — 7. Henri Bâche Thornill, sous le titre Le
petit Oiseleur : in-4 en 1. 1 Mai 1819.
8. Talma dans la scène du Songe de Sylla : in-8 (front, de
la tragédie de Jouy. — 9. Perlet rôle de Rigaudin de La
Maison en loterie : in-8 [Le Miroir).
10. Louvel, dessiné à la Chambre des Pairs : in-12, 1820.
il. El général Quiroga : in-fol., 1820. — 12. Maurocordato,
chef du gouvernement de la Grèce ; se vend au profit des
réfugiés grecs : in-8, 1823.
13. Chauvelin : in-8, 1823. — 14. Dupin aîné : in-8, 1823 (en-
tète des Lois des Communes) ; 1er état, avant les lettres H. V
n° 465) que M. de La Combe avait décrit les 872 pièces de l'œuvre. C'est
225 qu'il faut lire. M. Parguez possédait 225 lithog-raphies différentes,
plus des doubles sur papier teinté, et quelques épreuves retouchées à la
main. Le tout fut vendu réuni, et adjugé 1,220 fr. Le colonel de La Combe
possédait 220 lith. qui, vendues séparément, produisirent 1 000 fr.
VERNET. 215
à rebours. — 15. Cyrus Gérard (fils du général), âgé de dix
mois : in-12. — 16. Muraire, président de la Cour de Cas-
sation. — 17. La maréchale Macdonald, décolletée, en
buste : in-8. — 18. Le colonel Verdière à cheval : in-4 (lith.
par Montfort, la tète par H. Vernet). — 19. Le général Foy,
buste : in-8. — 20. Le général Foy, buste, mais sans les
bras indiqués : in-8. — 21. Le général Sébastiani.
22. Bruzard, 1828 (auteur du Catalogue des lithographies
d'Horace Vernet). — 23. Bruzard, la crois à la boutonnière,
1828 (moins ressemblant, dit le Catalogue Parguez).
24. Pierre Guérin; Rome 1830. — 25. Pie VIII. - 26. Le
prince Grégoire Gagarine en page : Rome 1832.
27. Brod, premier hautbois de l'Opéra (Vernet et L. Viardot).
28-66. SUJETS MILITAIRES.
28. LE LANCIER EN VEDETTE : gd. in-8. Pièce capitale
par sa date, 1816 (Lasteyrie). C'est la première lithographie
d'Horace Vernet ; et on pourrait l'appeler aussi l'acte de
naissance de la lithographie d'art en France.
29. Un petit Napoléon à cheval vu de dos: écrit au bas
H. Vernet 1816.
30-31. La Pièce en batterie, La Pièce en action : 2 p. in-fol.
en 1. avac Hipp. Lecomte, 1817.
32. Blessés français attaqués par des Cosaques: in-fol. en 1.
avec Hipp. Lecomte, 1817.
33. Mort de Poniatowski : in-fol. en 1., 1817.
34. Napoléon sur un cap de l'île d'Elbe : in-8, 1817.
35. Grenadier de Waterloo debout, le bras en écharpe : in-8,
1817, « fait en dix minutes ».
36. Grenadier blessé, assis sur des débris près d'un caisson
au milieu du champ de bataille de Waterloo : in-8 en 1.,
1817.
» Le Champ d'Asile. — Voyez plus bas, n° 121.
37-38. Éclaireur du premier rang; Éclaireur du deuxième
rang: 2 p. in-12 pour Quelques idées sur les Troupes à
cheval de France, de De Bourge, 1817.
39. Tombeau du colonel Moncey (mort en 1817, à vingt-
quatre ans, d'un accident de chasse. Cinq soldats des diffé-
rents régiments dans lesquels le colonel avait servi
couronnent son buste) : in-8, 1818.
216 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
40. Bivouac français : in-fol. en 1., 1818.
41. Prise d'une redoute par les grenadiers français :
in-fol. en 1.
42. Qui vive ? (grenadier en faction dans la neige; : in-8, 1818.
(Il en existe un fac-similé par L^illot).
43. Officier d'artillerie parlant a un cavalier démonté :
in-4 en 1., 1818.
44. Embuscade d'infanterie contre les cosaques : in-4 en 1.
45. Deux soldats de cavalerie espagnole : in-4. (Titre pour
Munejo del Sable, le maniement du sabre, 1819, par le
marquis de Gaza de Pontejos. Les 40fig.sont d'Eug. Lami).
46. Infanterie attaquant un mur de clôture : in-8 en 1.
47. Fantassin blessé conduit sur un cbeval par un paysan à
pied : in-8 à claire-voie. (Titre d'un Album de lithographies
par H. Vemet, chez Gihaut).
48. Tirailleurs derrière un mur : in-4 en 1., 1820.
49. Artilleur allumant une mine : in 4 en 1.
50. Chasseur a cheval chargeant : in-4 en 1.
51. Infanterie passant une rivière : in-4 en 1.
52. Débarquement de marins armés : in-4 en 1.
53. SOLDAT, JE LE PLEURE (soldat laboureur, assis à
une table et la tête dans ses mains, pleurant la mort de
Napoléon) : in-8.
54-56. Enfance de Napoléon ; Le Pont d'Arcole ; Retour de
Syrie : 3 p. in-fol. en 1. (pour la Vie politique et militaire
de Napoléon, d'Arnault, 1822).
57-58. Grenadier à pied, Cavalier : 2 p. (pour la Collection
des Uniformes des armées françaises de 1791 à 1814, par
Eugène Lami, 1822).
59. Partisan volontaire (pour le livre de Lemière de Corvey,
sur les Partisans et Corps irréguliers, 1822) : in-8.
60. Le colonel Chambure à Dantzick,jetant une lettre cachetée
dans un mortier. Vignette pour le portrait lith. par Singry.
61. La Sœur de charité (secourant, en 1814, à Aulchy-le-
Château, un officier blessé, M. Papillon, qui se trouve être
son parent) : in-4 en 1.
62. Le général Gérard à Kowno ; dédié aux électeurs de la
Seine : in-4 en 1.
VERNET. 217
63. Scène d'Auvergne en 1815 (soldat blessé, entre sa sœur
qui cherche à le distraire, et son frère qui lui joue de la
cornemuse ; un chien lui lèche les mains) : in-4 en 1.
64. Escorte russe (d'un officier) : in-4 en 1.
65. Cosaque, avec son cheval attaché à un arbre : in-8.
66. Soldats français instruisant des grecs : in-8 en 1.
67-93. SCÈNES DE LA VIE MILITAIRE.
(Il peut paraître arbitraire de séparer ces pièces de celles
qui précèdent, mais il y a intérêt à mettre sous une rubrique
spéciale ces scènes familières de la vie du soldat, parce
qu'elles forment, quoique simples croquis , le morceau
caractéristique de l'œuvre lithographie d'Horace Vernet).
67. HUSSARD EMBRASSANT UNE SERVANTE, devant
un cabaret sur la porte duquel on lit A la grâce de Dieu :
in-fol. en 1. (Lasteyrie).
68. La Cuisine militaire : in-4 en 1. 1817 ( Id. ).
69-71. SOLDATS JOUANT A LA DROGUE. - LES
SUITES DU JEU DE LA DROGUE; — LA RÉCONCI-
LIATION : suite de 3 p. in-4 en 1., 1818 (Lasteyrie).
72. La Cuisine au bivouac : in-4 en 1. (Delpech).
73. Hussard et sa famille au bivouac : in-4 en 1. (Id.).
74. DEUX SOLDATS IVRES S'EMBRASSANT : in-8.
75. INVALIDE FAISANT DANSER UN ENFANT (envi-
rons d'une guinguette) : in-8, 1818.
76. LES DÉLASSEMENTS DU SOLDAT (conscrit jouant
du flageolet . soldats au cabaret avec des femmes) : in-8.
77-78. Petits, petits. — Tiens ferme ! (maraudeurs) : in-8 enl.
79. Qui dort dîne (maraudeurs) : in-8 en 1.
80. L'Apprenti cavalier: in-4 en 1., 1819.
81. Les Fourrageurs : in-4 en 1.
82-85. Coquin de temps ; — Chien de métier ; — Gredin
de sort ; — J' te vas descendre (scènes de grenadiers) :
4 p. in-4 en 1., 1823.
86-87. Mon caporal, j' n'ai pu avoir que ça ; — Mon lieu-
tenant, c'est un conscrit ! (le veau pris par des marau-
deurs) :2 p. in-4 en 1.
88. Ce n'est pas un lapin, non, c'est le chat ! : in-4 en i.
218 LES GRAVEURS DU XIX SIÈCLE.
89-93. La Vie d'un Soldat: 5p. pet. in-fol. en 1. — 1. Ses
premiers jeux annoncent ce qu'il doit être un jour, 1792. —
2. Départ du jeune Grivet pour l'année, 1794 (scène intéres-
sante). — 3. Equipement militaire du jeune Grivet. —
î. Premier fait d'armes de Jacques Grivet, 1795.— 4. Amu-
semens de Jacques Grivet pendant la paix, 1797.
94-95. MALLE-POSTE. — A STAGE-COACH : 2 p.
in-fol. en 1.. 1818.
96-115. Sujets de chasse, etc.
96. Chien en arrêt: in-8 en 1., 1818. — 97. Tète de chien
braque. — 98-99. Garde-chasse rentrant un chien au chenil,
Garde au bois avec un chien courant, 2 croquis.
100. Paysan indiquant le chemin à un chasseur à cheval :
pet. in-4en 1., 1818.
101-102. Repos de chasseur. — Chasseur attendant une
battue : 2 p. in-8 en 1
103-104. Garde furetant a blanc. — Le Braconnier : 2 p.
in-4 en 1.
105-106. Battue au bois ; — Battue en plaine : 2 p. in-4 enl.
107-110. Allons, bonne chance ; — Après, la, mes beaux ! ;
— Ça rapproche ; — Hallali ! Hallali ! : 4 p. in-4 en 1.
111. Lever du valet de limier: in-4 enl. — 112-113. Rapport
du valet de limier ; Hallali du cerf.
114. Chevaux de poste anglais: in-4 en 1., 1823.
115. Chevaux de ferme : in-8 en 1.
116. LES FORÇATS : in-4 en 1. (chez Delpech).
117-127. Titres, Vignettes.
117. Croquis lithographiques par H. Vernet, 1818. (Com-
missionnaire portant une pierre lithographique, sur un quai
oii sont arrêtés des bibliophiles qui furètent dans les boîtes.
Titre d'album. Bruzard aurait bien dû nous dire de quelles
pièces de l'œuvre se composait cet album).
118. Billet d'entrée pour le cours de Zoonomie de M. Hézeau
(l'Ecorché de Houdon) : in-12. — Tableau du squelette de
l'Homme (pour le cours de Zoonomie).
VERNET. 219
119. TÈTE DE FACTURE DU GENERAL ScHMIDT , MARCHAND DE
pierres. (Portrait en pied du général, en redingote et
bonnet de police, tenant un mètre) : in-12. (Pièce curieuse).
120. Dîner de gardes nationaux, tète de lettre pour invi-
tation hebdomadaire. (Les gardes fraternisant au dessert)
121. Le Champ d'asile (officier en uniforme, une pelle à la
main. Intéressante vignette de la romance fameuse de
Naudet et Romagnesi.) : in-8 en 1.
122. Vignette pour La Bonbonnière , romance dédiée à
Melle Louise Vernet (l'auteur, Moschelès, distribue des
feuilles de musique à cinq petites filles). — 123-125. La
Clémence de Titus, La Flûte enchantée, Don Juan:
3 vignettes pour les opéras de Mozart, éd. de Schlesinger,
1823. — 126. Le Paria de Bengalore, romance du comte
de Forbin, musique d'Amédée de Beauplan. — 127. Le
Saut de la chèvre, pour une romance de Goupigny et Amédée
de Beauplan.
128-188. Illustrations, essais de romantisme.
128-146. Fables de La Fontaine, suite de lith. in-4 en 1. par
Engelmann, 1818. — C'est une illustration de famille : sur
les cent vingt pièces de la suite, Carie Vernet en a dessiné
soixante-quatre, son fils Horace vingt, et son gendre Hippo-
lyte Lecomte le reste. Quelques-unes des compositions
d'Horace Vernet peuvent intéresser au point de vue des
modes delà Restauration: La Chatte métamorphosée en
femme, La Vieille et les deux Servantes, La Jeune Veuve,
La Fille, Les Femmes et le Secret. — 147. Nicaise, conte
de La Fontaine.
148. Mathilde et Malek-Adel : in 4, 1817. — 149. Le Trou-
badour français au tombeau de Poniatowski : in-4 en 1. —
150. Mort de Tancrède (Jérusalem délivrée) : in-4, 1818. —
151. Don Quichotte : in-4 en 1., 1818. — 152 Les Adieux
(du Croisé à sa femme) : in-4 en 1. — 153. Conrad sauve
Gulnare de l'incendie (Le Corsaire, de Byron) : in-4, 1819.
— 154-162. Guls-de-lampe pour les Voyages Pittoresques de
l'ancienne France : Combat de deux chevaliers, Falaise de
Fécamp, La Croix des matelots, Coml.-at de cavalerie a la
journée d'Arqués, Naufragé jeté sur la grève de Pourville,
Henri IV entrant à Aumale, Mort de Marguerite de Bour-
gogne, Martyre de saint Valérien. Et une première ébauche
de cette dernière pièce. (Voyez aussi plus bas nos 202 et 203.)
220 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
— 163. Le Serment: in-4 en 1., 1823. — 164. Écossais com-
battant: in-4 en 1., 1823. — 165. Le Turc et sa maîtresse,
in-8. — 166. Leicester et Amy Robsart (Kenilworth). —
167. Manfred et le Chasseur : in-4 (Byron). — 168. Naufrage
de Don Juan : in-4 (Id.). — 160. La Fiancée d'Abydos (Id.).
— 170. Edith au col de cygne. (Esquisses et Pochades, Jal.;
171-188. La Henriade, Dubois, 1825, suite de 18 lith. in-4 en 1.
Les pièces ci-dessus, ainsi groupées, montrent la tentative
d'Horace Vernet pour donner dans le romantisme, tentative
qui aboutit plutôt à la manière troubadour.
A part cela, elles offrent peu d'intérêt aujourd'hui pour
l'amateur d'estampes. — Et à plus forte raison les pièces
suivantes, qui sont quelconques :
189-227. Pièces diverses.
180. Paysanne des environs de Caen gardant les vaches :
1818. — 100. Procession à Arles : in-8, 1818. — 101. Chas-
seur africain : in-8, 1818. — 102. Barque montée par trois
hommes : in-4 eu 1., 1818. — 103-105. Intérieur d'un jardin
à Constantinople (avec Constant Bourgeois), Ismail et
Mariam, Massacre des Mamelucks dans le château du Caire
(Voyage dans le Levant du comte de Forbin). — 106. Vue
d'un port de mer, avec une barque tirée sur le rivage à
droite : in-8 en 1. — 107. Route de Naples (brigands en
embuscade) : in-4 en 1. — 108. Les Osages. — 100. Reli-
gieuse en prison : in-8. — 200. Moine en prière : in-8. —
201. Jeune fille des environs de Lyon montée sur un àne,
1820. — 202-203. Église de l'abbaye de Jumièges (avec
Vauzelle), Entrée du port du Havre (ouvrage du baron
Taylor; voyez aussi plus haut 154-162).— 204. Combat
d'un kurde et d'un persan {Voyage en Arménie et en Perse
d'Amédée de Jaubert, 1821). — 205-207. Naufrage du brick
la Sophie, Sinné sauvage du Sahara, Camp de Sauvages en
Afrique : (Naufrage de la Sophie, par Charles Cochelet,
1821). — 208. Le Dessinateur assassiné: Lorsque de vils
brigands. . . . (front, pour Mes Souvenirs ou les Prisonniers
français en Pologne, de Thiriet). — 200-210. Scène histo-
rique aux environs de Barcelone : in-8 (pierre cassée) ; et le
même sujet refait in-4 en 1. — 211. Lazzaroni : in-8. —
212. Lazzarone marchand d'anchois : in-8. — 213. Matelot
grec et sa maîtresse. — 214-215. Buste de Pitt, Tombeau de
Fox (Recueil des discours de Pitt et de Fox par Janvry et
VERNET. 221
de Jussieu). — 216. Marchand d'esclaves africain, 1823. —
217. Marchand de poisson hollandais : in-8 en 1. — 218. En
fin fond de forêt il est un chêne antique. . . Vignette pour
La Saint-Hubert de Mac-Mahon. — 219. Le Rendez-vous.
— 220. Vue du lac Majeur : H. Vernet pour sa nièce, 1828.
— 221. Le Pinde, traversée de Janina à Tricala. — 222. Cour-
rier à cheval, 1831. — 223. Guarda-Bovi (garde-bœufs). —
224. Sepolcro di Rafaello, 1833. — 225. Arabe fumant sous
un arbre, Jeune femme sur un cheval ailé, croquis avec
texte de George Sand (Livre d'Or de Curmer).
226. Une tête de cheval N° 47 (Voyez Carie Vernet, n° 790).
227. Le duc de Chartres sauvant un prêtre assermenté à
Vendôme en 1791 (simple retouche à une lithographie de
Maurin pour la Galerie du Palais-Royal).
Le portrait d'Horace Vernet, à l'âge ou nous avons eu à
le considérer, a été lithographie par Jules Boilly 1822,
Amélie de Romilly 1823, Julien, Crépy le Prince, Tidier de
la Douce, et Lassalle 1839.
228. INCROYABLES ET MERVEILLEUSES DE
1814.
Nous avons parlé de cette belle suite à l'article Gatine, et
nous signalions le mouvement de reprise sur les pièces de
cette époque. Ce mouvement va s'accentuant. En 1887 nous
indiquions pour la présente suite le prix de 300 fr. Nous
pouvons aujourd'hui inscrire celui de 800 (i).
(!) Ainsi montent rapidement toutes les estampes ayant trait aux modes
et aux mœurs du XIXe siècle. A propos de Carie Vernet nous avons cons-
taté l'intérêt qui vient de se porter sur la période impériale. Mais on ne
s'arrêtera pas là. La Restauration est dès maintenant entamée. Nous y
entrons avec ce recueil d'Horace Vernet et les figures du Journal des
Dames. La Librairie illustrée va publier Le Luxe sous la Restauration
(par H. Bouchot) et bientôt les pendules troubadour, passées à leur tour
à l'état d'objets de collection, deviendront introuvables. Ensuite, on recueil-
lera les documents Louis-Philippe et Second Empire. C'est même déjà
commencé ; et il y a plus, on s'est mis à considérer la période contempo-
raine et les productions graphiques de nos jours passent à l'état de docu-
222 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
229. Figures de modes du Journal des Dames.
Voyez les articles Bnquoy et Gatine.
230. Œuvres de Molière, avec un commentaire
d'Auger Desoer, 1819-25. 9 vol. avec 18 gravures
d'après Horace Vernet, Hersent, Vafflard, Devéria.
Ce Molière, dit « d'Auger » ou « de Desoer », est un des
plus beaux classiques imprimés sous la Restauration.
231. Don Quichotte. Méquignon-Marvis, 1822, 4 vol.,
gravures d'après Horace Vernet et Eug. Lami.
Ce Don Quichotte, dit « de Bouchon-Dubournial », est
recherché en grand papier, pour y placer les figures de
Smirke.
232. HISTOIRE DE NAPOLÉON, par Laurent do
l'Ardèche. Dubochet, 1839, 500 vignettes sur bois
par Horace Vernet.
Gravure souvent très fine et à examiner en détail , de
Brévière, Porret, Andrew-Best-Leloir, Cherrier, Piaud,
ments historiques sans attendre que les années se soient écoulées. Le
XIXe Siècle (par Grand-Carteret), publié par la maison Didot, contient
six cents reproductions , dont beaucoup d'après des documents qui
datent d'hier, et même d'aujourd'hui. Les voilà entrés dans l'histoire.
Nous sommes des ancêtres, pourraient-ils s'écrier. Et avec raison.
Plus nous allons, plus s'aiguise le sentiment très vif de l'intérêt que
présente, et présentera de plus en plus, tout ce qui retracera la physio-
nomie si mouvementée, si caractérisée , du grand Dix-Neuvième Siècle;
plus est nette la sensation que, dans notre genre, nous sommes un sujet
d'observations aussi intéressant que la société du Seizième, du Dix-
Septième et du Dix-Huitième. Plus approche l'an 1900 , plus nous atta-
chons d'importance aux estampes documentaires sur notre temps, parce
que nous sentons que c'est encore ce qui restera de plus durable et de plus
explicite sur nos mœurs. Et notre siècle finissant se met à recueillir, a
reproduire, à vulgariser avec passion tout ce qui le représente ; c'est un
nonagénaire qui, sentant sa fin prochaine, rassemble tous ses portraits et
les fait reproduire, pour les léguer à tous ses enfants.
VERNET. 223
Rouget, Verdeil, Lacoste, Ghauchefoin, Grenan, Roux,
Sears, Thompson, Williams, Gowland, etc.
C'est l'un de nos très beaux livres à figures sur bois
et — après le Norvins de Raffet (') — le second des livres
illustres napoléoniens, le troisième étant le Mémorial de
Sainte-Hélène illustré par Gharlet, le quatrième l'Histoire
populaire de Napoléon de Marco Saint-Hilaire. et le cin-
quième le Napoléon en Egypte illustré par Bellangé (une
vignette par Horace Vernet).
Horace Vernet est , naturellement , un des peintres du
xixe siècle qui ont été le plus souvent gravés : c'est un titre
qu'il partage avec d'autres ; mais ce qui le caractérise, c'est
que , — à la différence de Paul Delaroche et d'Ary
Scheffer. qui ont été gravés par l'élite des burinistes, — il
n'a été reproduit que par des gravures à peu près : burins
de second ordre, lavis de Jazet, planches sommaires des
Galeries de Versailles, ou gravure mécanique de Burdet.
(J) Raffet a pris aujourd'hui comme peintre militaire la place qui lui
appartient, celle d'un dessinateur de génie. Pour Horace Vernet, il reste.
non pas un « grand peintre » (l'appellation est justement réservée aujour-
d'hui à ceux qui ont eu de maîtresses qualités de conception ou d'exécution,
aux peintres peignants), mais, — ce qui n'est pas la même chose, — l'un
des peintres les plus considérables du XIXe siècle, — en dépit des colères
furibondes qu'il a jadis suscitées chez les critiques genre indigné.
Nous avons trouvé un spécimen de la critique à indignation avec
Gustave Planche sur Bellangé. En voici un autre, et peu ordinaire, à
propos d'Horace Vernet. Baudelaire a écrit : » M. Horace Vernet est un
» militaire qui fait de la peinture. Je hais cet art improvisé au roulement
» du tambour, comme je hais l'année, la force armée, et tout ce qui traîne
» des armes bruyantes dans un milieu pacifique. — Celte immense popu-
» Imité, qui ne durera d'ailleurs pas plus longtemps que la guerre, (!)
» est pour moi une oppression. Je hais ce! homme parce que ses tableaux
» ne sont pas de la peinture, mais une masturbation agile et fréquente,
.> une irritation de l'épiderme français. ...»
Baudelaire lui-même ne récrirait pas cela aujourd'hui. Au fond ,
ces colères à froid sont pose de dilettante. Mais depuis 1846 bien des
choses se sont passées, — qui ne ressemblent pas à la fin de la guerre, —
et maintenant, le dilettantisme de lettré applique à l'armée ne se com-
prend plus et paraît un commencement de putréfaction.
224 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
VER NIER (Charles), dessinateur de mœurs.
Lithographies, 1840-1871.
En province, les affiches donnant pour la saison théâtrale
la composition de la troupe portent des mentions d'emplois
dans ce goût-ci : Un tel : fort troisième rôle, des seconds au
besoin. C'est là ce que Vernier fut, pour le Charivari, dans
cette période 1845-1860 ou les chefs d'emploi étaient Dau-
mier, de Beaumont et Cham. 11 devint l'un des collabo-
rateurs, sinon les plus brillants, du moins les plus féconds
du journal, et de même que l'observateur peut relever des
traits intéressants dans une comédie de moeurs, même jouée
par des doublures, il trouvera forcément à glaner dans les
séries lithographiques de Vernier qui ont de la valeur d'à-
propos, comme suffiraient à l'indiquer leurs titres: Actua-
lités, Au Bal masqué, Au Balde l'Opéra, Ces bons Parisiens,
Croquades politiques, Croquis militaires, En Vacances,
Retour des Vacances, Les Fenêtres de Paris, Fêtes cham-
pêtres, Les Français croqués par eux-mêmes, Les Grisettes,
La Lanterne magique, Nouvelle Lanterne magique, Lu-
nettes - lorgnons - lorgnettes , Modes ridicules civiles et
militaires , Le Pays latin , Physionomies des bals publics ,
Les Pétitions illustrées, La Polkamanie, Scènes commer-
ciales, Soirées parisiennes. Souvenirs de l'exposition de
1844, Le Peuple de Paris, 1848 (série à noter, les docu-
ments sur la révolution de 1848 étant, en somme, assez
rares), Les Troupiers français, Nos Troupiers en Orient,
Souvenirs de Carnaval, 1859, La Crinolinomanie (la crino-
line fut, pour les caricaturistes du xixe siècle, l'équivalent
de ce que les hautes coiffures avaient été pour ceux du
xvme). — Et diverses autres suites : Croquis divers,
Dictionnaire de l'Académie, Les douze Mois, Revue cari-
caturale.
Titres de romances. — Séries de costumes : Bals fashio-
nables de l'Opéra ; Travestissements parisiens ; Musée des
costumes. — Costumes de l'Armée française; Costumes
militaires des différentes nations. — Portrait de Napoléon
Bonaparte 7,500,000 voix. — Guerre d'Italie, suite.
Charles Vernier a dessiné les bois du Comic-Almanach
de 1842-43 (les eaux-fortes sont de Trimolet), diverses cari-
catures, etc.
VERNIER. 225
VER NIER (Emile), né à Lons-le-Saulnier, mort
en 1884 , lithographe et peintre (l).
Lithographies.
Superstitions du Berry : Maurice Sand, 12 p. 1857. — Le
Déjeuner interrompu : Garand. — Forêt de Fontainebleau ,
Ém. Vernier. — Edith, Julie : Gigoux.
Un Nid de Fauvettes : Ed. de Beaumont, 1857.
La Vallée de la Loire, La Vallée d'Ornans (L'Artiste) ; Le
Casseur de pierres, gd. in-fol. en L; Le Change; La Curée;
La Remise des Chevreuils ; La jeune Fille aux mouettes ;
Le Retour de la Foire ; La Meute sous bois : Courbet.
Le Cheval qui boit : Meissonier, in-8 (tableau de la
collection Verdier).
Une Famille de saltimbanques : G. Doré.
Jeune femme endormie ; La Vierge allaitant : Tassaert.
Une Noce en Alsace : Brion.
Relai de chiens anglo-normands ; Le Lièvre, Le Lapin, Le
Faisan, La Perdrix, sujets de chasse in-4, et les mêmes in-8:
de Balleroy. — La Meute sous bois : Balleroy. — L'Entrée
au bois, Retour au chenil, 2 p. : Schutzemberger. — Rendez-
vous de chasse : Claude.
Les Bulles de Savon, Les Tourterelles, Le Loto, La
Leçon, La Lecture , L'Indiscrète : Chaplin.
Le Combat de coqs ; Les Joueurs de trictrac : Roybet. —
Les Gâte-Sauce, La petite Fille au chien : Ribot.
Trouville-Deauville et ses environs, album pittoresque
d'après Boudin (quelques pièces comme La Jetée, L'Heure
du bain ont de l'intérêt comme modes de 1865).
Fromage blanc ; Fleurs et fruits : Ph. Rousseau.
Baigneuses : Diaz. — Le Pont de Moret : Decamps. —
Paysages de Jules Didier et de Jules Dupré.
Suite de douze paysages de Daubigny ; L'Ile de Vaux à
Auvers, Le Printemps, Bords de la Loire, Herblay, Étang
de Gilieu, Lever de Lune, Village de Glouton, Le Pont-
Marie, Villerville, Moulin des Gobelles, Le Pré des Graves,
Une Mare dans le Morvan.
(!) Décoré en 1881. plutôt comme peintre.
Il existe un autre Vernier (Paul-Barthélemy), dit Verron- Vernier,
peintre et lithographe, 1830-1861.
xn 15
226 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
Paysages d'après Corot : L'Étang de Ville-d'Avray, Le
Bord de l'eau, Le Matin, Le Soir, Le Marais, Le Berger, La
Toilette, Sodome (*).
Gardeuse de dindons : Breton. — Moutons au pâturage :
Ch. Jacque.
Tête de Supplicié : Géricault.
Le Lion au caïman ; Othello : Delacroix.
La baronne de L*** ; Petit enfant couché : Henner.
La Fileuse, Le Vanneur ; L'Angelus : Millet.
Le Départ des ramoneurs : Sain. — Le Docteur G.: Amand
Gautier. — Othello et Desdémone : Rodriguez. — Turc,
Hidalgo : Merino. — Paysage : Flahaut. — Éléphant dans
les jungles : Saint-François. — Petit Pâtre italien dansant,
Italienne buvant à la fontaine; M. Thiers, M. Grévy :
Bonnat. — Les deux Sœurs : Stevens. — Chien et chats :
Lambert. — Petite mère : Girardet. — L'Examen : Brandon.
— Grand Sanhédrin des Israélites de France : Moyse. — Le
Sommeil de la Grand'Mère, Le Déjeuner de la Pie : Fortin.
— Le vieux Voisin : Salentin. — La Peste d'Elliant : Duvau.
— Un Soir dans les Alpes ; Les bonnes Commères ; Le
Moment difficile : De Meuron. — Dans les Pyrénées, La
Barre de la Bidassoa : G. Colin. — Le Bosphore : Pasini. —
La Nourrice : Michel Lévy. — Les Saltimbanques ; Magy.
— Porteuse de fagot buvant à la fontaine : Baron. — Arabes
abreuvant leurs chevaux : Huguet. — Pâturage : de Kock.
— Environs du Caire : L. Belly. — Etc.
(*) Quel avenir est réservé, sous le rapport de leur entrée dans les collec-
tions d'estampes, et du prix qu'on les paiera, aux innombrables repro-
ductions de tableaux de paysages qui ont pullulé à la suite de la période
d'éclat de notre école paysagiste ?
Il est bien à craindre que cet avenir ne soit pas brillant : et il ne s'agit
pas ici de prophétiser au hasard, mais de constater. En regardant autour
de soi, l'on voit bien la fortune éclatante du paysage en tant qu'estampe
originale : sans remonter à Rembrandt et à Claude Lorrain, aucune inquié-
tude D'est possible pour les eaux-fortes et lithographies originales des Paul
Huet, des Jules Dupré, des Daubigny et des Corot. Mais pour les repro-
ductions de leurs tableaux ne tomberont-elles pas à rien en dépit de leur
mérite très grand? Où sont-ils les collectionneurs de reproductions de
paysages ? Voyez par analogie ce qui se passe pour le xvmesiècle : s'agit-il
de recueillir le Coucher de la mariée ou le Monument du costume, ils sont
deux cents amateurs. Et pour recueillir un de ces paysages gravés par
Vivarès et si vantés il y a cent ans ? Pas un.
VERNIER. 227
Les lithographies de Vernier, d'une couleur honorable au
début, étaient tombées à la fin dans le gris uniforme et
désespérant. C'est dans ce ton que sont exécutées deux
images d'après Puvis de Ghavanne, qui n'en resteront pas
moins historiques, sur le siège de Paris, Le Départ du
ballon et L'Arrivée du pigeon (il y a des titres plus solen-
nels : La Ville de Paris confie son appel à Pair, etc.).
VEYRASSAT ( Jacques -Jules ) , peintre et
graveur, né à Paris en 1828.
1. Innocence: F. Besson. — 2. Poésies d'Arsène
Houssaye : F. Besson. — 3. Maître d'école en
Turquie : Decaraps , 1848. — 4. Le Dessinateur :
Monginot. — 5. Cabaret en Normandie : Andrieux.
— 6. La Promenade du Curé — 7. Plafond de la
chambre à coucher de l'impératrice : F. Besson. —
8. Les Buveurs de cidre, d'après son tableau de
1850. — 9. Le vieux Mendiant, d'après son tableau.
10. Le Tonnelier: Ed. Frère. — 11. Intérieur en
Bretagne : Fortin. — 12. Le Joueur de mandoline :
Decamps. — 13. Femme cousant : Frère. —
14. Marché aux chevaux : R. Bonheur. — 15. Sup-
plice de Brunehaut : Tabar. — 16. Prière des
petits Bretons : Ed. Frère. — 17. Bazar à Beyrouth :
Th. Frère. — 18. L'Essai d'une vocation : Ch.
Fortin. — 19. La Fête de la mère : Ch. Marchai.
— 20. Soleil couché : Daubigny, 1858. — 21. La
Famille du menuisier : Rembrandt. — 22. Après la
toilette : Chaplin. — 23. La Mendiante : Decamps.
— 20. Vaches à l'abreuvoir : Troyon.
Ces planches ont été exécutées pour L'Artiste de 1847 à
1859. Veyrassat compte donc, avec Hédouin, parmi les pré-
curseurs de la gravure de reproduction à l'eau-forte ou en
travail libre, appelée depuis à un si grand développement.
228 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
25. Une partie des illustrations de Bida pour les
Évangiles. — 26. Arabes en voyage : Delacroix.
27. Paysage d'après Daubigny, exposé en 1875. —
28. Le Goûter : Ed. Frère. — 29. L'Usurpateur :
Decamps. — 30. Le Geste napolitain : Greuze.
31-37. Eaux-fortes originales.
31. Le Goûter des moissonneurs. — 32. Le Pilon, in-8,
1853: Delâtre , et une autre eau-forte in-12 en 1., chez
Delâtre. — 33. Sujet macabre. — 34. Philosophes et Comé-
diennes, vignette. — 35. La Véronique, pour les Chansons
de Pierre Dupont. — 36. Vue d'Hérault, in-8 en 1. — 37. Un
portrait d'homme.
38-51. EAUX-FORTES PAR VEYRASSAT, 1866,
cahier de 14 petites pièces.
Titre : Paysanne mettant son enfant sur un âne, in-18
carré ; Chevaux près d'un pont de bois, in-18 en 1.; Chevaux
à l'abreuvoir, in-18 en 1.; Charrette de foin, in-12 en 1.;
Charrue, in-12 en 1.; Halage près d'un pont, in-12 en 1.; La
Rentrée des foins, in-18 en 1.; Halage, in-12 en 1.; Deux
chevaux de halage s'éloignant, in-12 en 1.; Quatre chevaux
de halage au repos, in-12 en 1. ; Cour de ferme à Samois,
in-12 en 1. ; Intérieur d'étable, in-18 en 1. ; Ane et poules,
in-18 en 1.; Paysanne tenant son enfant, in-12 enl.
Premier tirage, avec le nom de Salmon ; publication pos-
térieure par Cadart, sans le nom de Salmon.
52-63. Eaux-Fortes originales, (suite).
52. Le Supplice de Judas (Sonnets et Eaux-fortes). —
53. Paysanne, tournée à droite, faisant danser son enfant.
— 54. L'Abreuvoir, in-18 en 1. — 55. Retour d'une corvée.
— 56. Le Calme après la guerre, in-8 en 1. — 57. Un Relais.
— 58. Le Bac — 59. Maréchal-ferrant à Moret (Gazette des
Beaux-Arts). — 60. Une Maréchalerie, in-4 en 1. — 61. Le
Père Matice, in-4 en 1. — 62. Le Retour du laboureur,
1873. — 63. La Charrette, 1875.
Veyrassat est loin d'être aussi à l'aise, dès que le format
passe à l'in-8 et surtout à l'in-4, que dans les jolies petites
pièces in-12 ou in-18 de sa série de 1866.
VEZE. 229
VÈZE (De), né à Toulouse en 1788, élève de
Bertin. — Paysages, lithographies.
VIBERT (Victor) (l), né à Paris en 1799, gra-
veur, élève de Hersent et Richomme, grand-prix
de gravure en 1828. Il était fils de Joseph Yihert,
graveur en typographie, qui a travaillé pour Didot.
— Victor Vibert appartient, autant et plus que
Saint-Eve , à la catégorie des graveurs lents , en
qui l'excès des études semble avoir atrophié la
faculté productrice. Comme il y a Vhomo unius
Ubri, on peut dire de Vibert qu'il a été « l'homme
d'une seule planche ». Après avoir passé cinq ans
à Rome (son envoi fut le portrait de Masaccîo, 1832)
il fut nommé professeur de gravure à l'École des
Beaux-Arts de Lyon, et devenu l'ami intime
d'Orsel, il passa vingt ans à graver d'après ce
peintre cette grande estampe Le Bien et le Mal,
qui forme tout son œuvre, et qu'il mit au jour en
1859. L'année suivante, il mourait. — La Leçon de
basse de viole : G. Netscher, in-fol. , chez l'auteur,
faubourg St-Jacques. — Portrait de Jacquard,
d'après Bonnefond , belle pi. in-fol. — Une Etude.
(*) A. Vibert, peintre, a lithographie un portrait de Manuel, Alexandre
et Aristote, 1830, des Études académiques, 1841. — Jules Vibert, a litho-
graphie un titre pour La Mort d'un enfant, mélodie originale. — Tony
Vibert, de Lyon, a gravé à l'eau-forte vers 1880 des séries de petites vues :
Charbonnières , environs de Lyon, Parc de Lyon, Lyon et ses environs.
Plusieurs autres paysages ont été gravés d'après T. Vibert et sont signes
C. Tournier.
230 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
VIBERT (Jean-Georges), né à Paris en 1840,
peintre. — Belle affiche pour La Toile d'Araignée,
roman de Poupart-Davyl (procédé Lefrnan). —
Concert Parisien, Léad'Asco, affiche lithographiée.
Une série de tableaux de Vibert a été gravée
par Le Rat, Mongin, Monziès, etc.
VICTOR, lithographe, période 1830-40.
Imagerie lithographique.
Victor a été l'un des traducteurs de Tassaert, dont il a
lithographie les images de piété, l'Histoire d'Esther, la
série des Odalisques, et l'Histoire d'une Servante en 4
pièces ( Le Départ , l'Entrée en maison , La Séduction ,
Le Retour).
Pour son compte, Victor a cultivé les trois données prin-
cipales de l'imagerie : — la Piété (il composait des chemins
de croix) ; — le Militaire (Daumesnil à Austerlitz, Entrée
dans Brienne, Scènes militaires, etc.) ; — et la Grivoiserie
(L 'Oiseau mis en cage, L'Oiseau mort, J'en ai rêvé toute la
nuit, Lève-toi donc, Les Eléments, Les Saisons, L'Orage,
L'Inondation, L'Incendie, La Marée montante, Le Coup
de vent, etc.). Malgré la variété des titres le sujet est inva-
riable, c'est toujours un groupe de femmes nues, traitées
avec une fadeur qui provoque l'écœurement. Ce harem
lithographique se développe de plus belle dans les deux
cahiers de Baigneuses des diverses parties du Monde (chez
Osterwald, Boivin et Delarue).
Pièces diverses : Prise des Tuileries, 1830; Révolution
du Tessin , 1839. — Tout passe avec le temps , l'Amitié ne
passe pas : allégorie. — L'Art de plaire et de briller en
société (Terry, 1838). — La Lecture: d'Orchwiller ; Le
Nouveau Lavater, etc. (')
(*) Sous la signature L. Victor, des Etudes d'Animaux lithographiées
d'après Cooper.
VIDAL. 231
VIDAL (Pierre) (*), né à Tours en 1849, graveur,
dessinateur et attaché au Cabinet des Estampes.
Gomme graveur, il a exécuté divers Paysages à
l'eau-forte, 1874 et suiv. (une série de 10 pi. a été
publiée par Cadart : — Album de Maine-et-Loire ,
vues, châteaux, etc., 100 pi. 1881, et planches
du Dictionnaire historique de l'Anjou, etc.
Comme dessinateur il a illustré :
Paris qui Crie, petits métiers ; notices par les
membres de la Société des Amis des Livres, par
lesquels le volume a été publié, et dessins repro-
duits en gillotage colorié. Paris, imp. Chamerot,
1890, gd. in-8 carré. Ce volume sans prétention
continue et tient à jour le répertoire des cris de
Paris et la galerie des physionomies de petits
marchands ambulants , étudiés jadis par l'auteur
anonyme des figures de la bibliothèque de l'Arse-
nal, par Abraham Bosse, Brébiette, les Bonnart,
Guérard, Bouchardon, Boucher, Cochin, Poisson,
Juillet, Watteau de Lille, et dans notre siècle par
Petit, Joly, Duplessi - Bertaux , Carie Vernet,
(!) Il faut aussi nommer :
Vincent Vidal, de Carcassonne, né en 1811 , peintre de portraits très
en vogue sous le second Empire et auteur de ces gracieux types de femmes
vulgarisés par les gravures de Posselwhite et par les lithographies de
Desmaisons et de Bocquin. On remarquera sur quelques-unes de ces
estampes la signature Widal avec un W remplaçant les deux V des noms
Vincent et Vidal. Cette signature Widal se retrouve sur le titre lithographie
de la Galerie méridionale (lith. Chauvel, à Marseille, 1837) et sur une
lithographie de ce recueil : Prisonniers bédouins à Marseille.
Louise Vidal, graveuse sur bois.
232 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
Chalon (*) , Charles Aubry, Rœhn, Cantillon ,
Henry Monnier, Wattier, Bertall, etc. (2).
La Maison Tellier, dans les Contes de Mau-
passant, édition des Bibliophiles Contemporains.
Paris qui Consomme, texte par Emile Goudeau,
et cinquante dessins en gillotage colorié. Imprimé
pour Henri Beraldi (chez Chamerot), 1893, in-4.
Comme attaché an Cabinet des Estampes,
Pierre Vidal dessine avec humour et observation
les portraits-charges des amateurs , iconographes
ou marchands qui viennent travailler ou faire
des recherches dans le dit Cabinet. Ce piquant
recueil est conservé dans la Réserve, et c'est là
que plus tard , les iconophiles qui « entreront
dans la carrière quand leurs aînés n'y seront plus »
(*) Jean-Jacques Chalon, né en 1T78 à Genève, d'une famille
d'origine française, mort en 1854, établi à Londres, où il a publié un très
curieux et rare album : Twenty-four Subjecls exhibiling the Costume of
Paris, the incidents take foom nature: Rodwell and Martin, 1822 :
24 lithographies, pet. in-4, imprimées par Hulmandell et coloriées
montrent : La Dame du Café, La Marchande de tisane, La petite
Fruitière, Les Tondeuses de chiens, Les Bonnes, Le Café, Les Brodeuses,
L'Escamoteur, La Porte cochère, Le Journal des Débats, Le Restaurant,
La Loueuse de chaises, La Marchande de brioches, Une Matinée aux
Tuileries, Le Porteur d'eau, Le Marche' aux fleurs, Le petit Décrotteur ,
La Prise de tabac, Les Adieux, Les Dames de la Halle, Le Cimetière
du Père-Lachaise, La Charrette du Blanchisseur, Les Dames artistes,
La Marchande de modes.
(2) Cris de Paris : Une feuille chez Marcilly fils, 1827 ; — Une feuille
de 16 p. chez Pillot, 1827 ; — Une feuille de 15 sujets par Victor Adam,
1831 ; — Placard de 16 sujets chez Lacour imp.; autre de 16 sujets chez
Derrieux. — Jeu de cartes, 1834. — Alphabet, lith. Mala, 1838. Autre,
lith. Dourguemie.
VIDAL. 233
y trouveront nos tètes , et la trace de notre pas-
sage I (M
VIEL-CASTEL (Le Comte Horace de), 1798-
1864, dessinateur, caricaturiste, écrivain, conser-
vateur du Musée des Souverains.
Il a publié en 1826 et suiv. la Collection des Cos-
tumes, Amies et Meubles 'pour servir à l'histoire de
France depuis le Ve siècle, dédiée au Roi (Bossange,
in-4, 200 pi. ; l'ouvrage, dit-on, fut entrepris
pour flatter les goûts de la duchesse de Berry) , et
donné des dessins de mœurs et des caricatures à
divers journaux : Bagatelle. La Mode, La Cari-
cature de 1839.
G-rand-Carteret signale comme ayant obtenu un
grand succès son album des Aventures du vicomte
de la Linotière, lion féroce , 31 planches, sous le
pseudonyme à'Archelaûs Niger.
Dans Les Français peints par eux-mêmes , le
comte de Viel-Castel (dont la plume, comme on l'a
vu par ses Mémoires, emportait sans pitié le
morceau) a publié — nous devons le noter, — un
article assez piquant sur les collectionneurs.
(!) Quelques-unes des charges de Pierre Vidal ont paru cette année
dans le journal L'Art, commentées par un article de Molinier, et er.
plaquette sous le titre Un coin de la Bibliothèque Nationale ; d'autres
dans la revue L'Art et l'Idée, de mars 1892, avec un article signé Henri
Nogressau.
234 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE
VIERGE (Daniel) — de son vrai nom URRA-
BIETA : — vigoureux et admirable artiste, qui
restera, comme illustrateur, un des noms célèbres
du siècle.
Né à Madrid en 1851, il vint jeune à Paris,
en 1867, apportant comme bagage une dose
d'énergie peu commune, — et une inépuisable
provision de lumière et de soleil d'Espagne, qu'il a
dépensée depuis, sans compter, dans ses dessins.
Il entra au Monde Illustré en 1870, avant la guerre
étrangère doublée de guerre civile : pour un
compatriote du graveur des « Malheurs de la
Guerre», de Goya, c'était tomber juste. Mais,
remarquons-le, ce compatriote de Goya a été, en
fait, comme illustrateur, engendré par Edmond
Morin ( comme celui-ci l'avait été par John
Gilbert) (4). C'est Morin qui a fait chez nous du
dessin d'actualité une œuvre d'art. Le Monde
Illustre était sorti de la voie banale par lui d'abord,
directement, puis indirectement par l'influence
exercée sur les autres dessinateurs du journal qui,
presque tous, avaient adopté sa manière. Vierge,
comme les autres, commença par faire du Morin.
Voyez les dessins de ses débuts. 1870-72 (pour
n'en citer que quelques-uns : la Fusillade de la
rue de la Paix, La Place d'Armes à Versailles.
L'Emprunt, La Fêle des Écoles à Lyon, L'Anni-
ck) Et Morin et Vierge ont engendré le remarquable illustrateur Lepère.
VIERGE. 235
versaire du Combat des Ai/des , Souvenir de
Coulmiers) vous les prendrez pour des Morin et ne
vous aviserez pas de les signer d'un nom nouveau.
Mais Vierge ne tarde pas à se révéler : il est ce
qu'on appelle « un tempérament » , un énergique,
et, comme un athlète entré dans le frac d'un
dandy, il fait craquer sur toutes les coutures la
formule élégante et légère de Morin, et adopte une
manière taillée à sa mesure. Il prend dans le
journal une importance croissante. En dehors de
ses propres dessins, il est chargé de traduire et de
développer sur le bois les indications des corres-
pondants à l'étranger (ceux de Luc-Olivier Merson
pour Rome, par exemple, et pour l'Espagne, ceux
de son propre frère Samuel Urrabieta). Voyez-le se
singulariser de plus en plus de 1871 à 1878 dans :
La Noël en Espagne, Meeting républicain à Tra-
falgar-Square , Attaque du train iï Andalousie,
et divers Événements d'Espagne, 1872; Fête de
Ste-Eosalie à Palerme, Au Jardin d'Acclimatation,
Pèlerinage de Lourdes, Incendie de la bibliothèque
de VEscurial, 1872; Les Sauterelles en Algérie,
Prise de Cuença, Le Brigandage en Sicile, Le Jour
des Morts à Paris, Centenaire de CConnell, Fête de
nuit à Constanti/nople, Épisodes de la guerre civile
en Espagne, Inondation à Alfortville, L'Appel de
la Territoriale , Travaux du Trocadèro pour
V Exposition de 1878, Le « Roi de Lahore » à V Optera,
Bataille de Shipka, Mariage du roi d'Espagne,
236 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE
Obsèques de la reine Mercedes, Le Garrot, Courses
de Taureaux* Les Rameaux à Séville, Naissance de
V Infante , Baptême de P Infante , Exécution des
décrets aax Capucins, Arrivée de Louise Michel, et
cent autres : vous n'hésiterez plus à en reconnaître
l'auteur, et vous les signerez du premier coup
d'œil. Les contrastes entre les blancs et les noirs
s'accentuent de plus en plus. Entre des ombres
vigoureuses coulent des traînées de lumière. Les
figures prennent une fermeté croissante. Les foules
surtout, — et c'est la caractéristique de l'artiste,
— s'y agitent avec une vie , un tumulte , un
grouillement extraordinaire (r).
Si l'on peut risquer un rapprochement d'un
dessinateur à un musicien. Vierge a été le Verdi
de l'illustration en traduisant Victor Hugo dans
L'Année terrible (Michel Lévy, 1874; puis Hugues,
1879) , Quatre-vingt-treize (Hugues , 1877) , Les
Misérables (1882), Notre-Dame de Paris, éditions
qu'il a illustrées en partie, — et dans Les Tra-
vailleurs de la mer (Librairie illustrée, 1876) et
L'Homme quiril{^o\o, 1877) qu'il a illustrés seul.
(') Il est curieux que le dessin fait de main d'homme puisse exprimer le
mouvement compliqué de la foule et que la photographie instantanée y
échoue complètement. Rien de plus « bête », de plus nul, que la photo-
graphie d'une fête, d'une cérémonie, d'un défilé. C'est figé. Quant aux
foules immobiles, c'est encore pire. Voyez un « instantané » du public au
moment du Grand Prix : c'est une agglomération de têtes d'épingles sans
Caractère ni individualité. Cela rappelle ce mot d'un souverain en voyant
une foule accumulée et recueillie sur son passage, têtes découvertes : « On
dirait du caviar ! »
VIERGE. 237
Son maître livre est V Histoire de France de
Michèle t, avec V Histoire de la Révolution (1876
et suiv.), 26 vol. in-8 contenant un millier de
dessins, les uns de pleine page, gravés suivant
la formule des teintes; les autres, — et ce
sont les meilleurs, — tètes de chapitres ou culs-de-
lampe, gravés sur la formule du trait f1). Vingt-six
volumes, c'est beaucoup pour les bibliophiles qui
n'aiment qne les plaquettes ! Mais ce qui restera
toujours un objet de haute bibliophilie, c'est
l'album des fumés de cette admirable illus-
tration (2).
Vierge a dessiné pour le journal La Vie Moderne,
(!) Le trait, rendu en fac-similé, est le trait même du dessinateur, il a
toute son originalité et son esprit.
La teinte est toujours plus ou moins de la façon, de l'interprétation du
graveur sur bois, qui la rend d'ordinaire par ces longues tailles parallèles,
poussées d'un bord de la planche à l'autre, et dont la monotonie finit par
exaspérer.
Depuis, — à quelques brillantes exceptions près, — les graveurs sur
bois ont trouvé pis : un travail de tailles microscopiques et dissimulées,
de teintes atténuées (ils appellent cela « se tenir dans l'enveloppe » et se
grisent de ce mot), éteignant tous les blancs et tous les noirs, et jouant à
s'y méprendre une photographie un peu passée. Et, dédaignant la vignette,
qui est leur métier même, ils appliquent ce travail à singer le burin, et à
faire de la prétendue estampe. Leur ambition, présentement, est de graver
du Franz Hais, c'est une maladie. Ce ne sont que têtes grandeur nature,
et d'un ennui à périr. Conciliez ceci : c'est extraordinaire (quelquefois), et
ne vaut rien. Cela ne vaut pas un cul-de-lainpe de Vierge gravé au trait ;
parce que ce cul-de-lampe ainsi gravé rentre, lui, dans ce pourquoi le bois
est fait.
Chacun son métier, et les bois seront mieux gravés.
(2) M. Paul Gallimard les possède, dans sa précieuse bibliothèque du
xix'' siècle.
238 LES GRAVEURS DU XIX" SIÈCLE.
1879 et suiv. Pour varier, il y a fait quelquefois du
dessin humoristique. D'autres dessins sont traités
suivant un mode différant complètement de sa
manière ordinaire , la manière tumultueuse et
fortement colorée par contrastes des masses som-
bres et claires. C'est une manière en croquis, avec
une véritable inondation de lumière, à l'espagnole,
et quelques légères indications d'ombres.
Sur cette dernière formule est la spirituelle
illustration de Don Pàblo de Ségovie (Bonhoure,
1882, in-8) (').
L'illustration du Don Pablo n'est pas terminée :
il manque les vignettes des derniers chapitres.
C'est qu'une catastrophe avait frappé le dessi-
nateur ; à trente ans, il se trouvait pris par une
paralysie du côté droit. Ici se révéla son extrême
énergie : au lieu de se laisser abattre, il lutta ;
il se mit à réapprendre le dessin , de la main
gauche. Et redevenu maître de son art , il reprit
le travail.
Sa dernière production est l'illustration d'un fin
petit volume, L'Espagnole, de Bergerat (Conquet,
1891).
Daniel Vierge a gravé quatre eaux-fortes : 1 . Un
sujet de Don Pablo de Ségovie ; — 2 et 3. Menu pour
M. Paul Gallimard; Carte ornée pour le même. —
(!) Un»: nouvelle édition va paraître à Londres, chez Fisher Unwin.
in-4 ; les illustrations y seront dans la dimension des dessins originaux.
VIERGE. 239
4. Fumeuse de cigarette : Vierge 1888, in-4 (fait de
la main gauche) (l).
VIGNERON (Pierre-Roch), peintre, 1789-1872,
que son tableau le plus connu a fait surnommer
« l'auteur du Convoi du Pauvre ». Il a un œuvre
lithographique assez important.
1-6. Mort du Duc de Berry, 6 p. in-4 en 1. (Delpech),
finement crayonnées. — 7. Grâce, grâce pour
l'homme qui m'a frappé /, belle lithographie du
(!) Sous le nom de Vierge , quelques lithographies sur les événements
d'Espagne, publiées chez Turgis : Siège de Carthagène, Bataille de Som-
moroslro, Entrée d'Alphonse XII à Madrid. — Affiche de L'Année terrible.
Voir encore le Musée des Familles, le Magasin Pittoresque, Paris
Illustré, le Cenlury Magazine, Y Illustration espagnole et américaine,
La Mosaïque, les Contes d'Edgar Poe, La Maison de Mazareth, Bosnie
et Herzégovine de Charles Yriarte, le Portfolio anglais, quatre Courses
de Taureaux chez Raschet.
Le portrait de Daniel Vierge a été dessiné par son frère Samuel, mort
aujourd'hui, et gilloté dans la Vie Moderne.
L'article Vierge comporte une conclusion ou une moralité.
Quand vous êtes au café et que vous demandez <c les illustrés » ne les
feuilletez pas avec indifférence, mais pour peu que vous ayez le goût
iconophile, regardez avec soin. Vous avez quatre-vingt-dix-neuf chances
du n'y voir que des mauvais bois, c'est vrai. Mais vous avez une chance
d'y trouver un dessin d'artiste : cela suffit. Et si vous l'y trouvez, l'artiste,
admirez-le en le plaignant. Car il appartient alors à une catégorie peu
favorisée, celle des artistes qui, avec un talent supérieur, ont l'infortune de
n'avoir pour moyen d'expression qu'un procédé inférieur. En art, il y a une
hiérarchie des modes d'exécution. Certes, un grand graveur est un autre
personnage qu'un petit peintre. Mais, dans l'ensemble des choses, la
Peinture prime la Gravure : elle emploie une matière supérieure. La litho-
graphie vient au-dessous de la gravure. Le bois est un moyen d'expression
encore inférieur. Enfin, les « procédés » et paniconographies diverses ne
comptent plus.
Vierge est de cette catégorie d'artistes supérieurs interprétés par un moyen
secondaire. Daumier en est, Raffet en est, Morin en est, et bien d'autres.
240 LES GRAVEURS DU XIX0 SIECLE.
Duc de Berry à son lit de mort, in-4 (Delpech). —
8. Louvel, dessiné au moment où il monte à l'écha-
faud, gd. in-8 (Langlumé). — 9. Le Duc de Bor-
deaux : Une main parricide. ., in-4 en 1. (Delpech).
— 10. Tous les Français partagent sa douleur (la
Duchesse de Berry), in-4 (Delpech). — 11. Le
Serment français (Delpech).
2. Sujets divers.
Grande Académie, dessinée sur pierre française de la
lithographie de Lasteyrie. — Fait historique (Lasteyrie). —
Le Duel (Delpech). — Ainsi va celui qu'Amour mène. —
Paul et Virginie. — Ambrosio et Mathilde. — Les Lunettes
de la Grand'Maman, Les petits Cuisiniers : Scène d'inon-
dation (Constans). — M. Mélange (marchand de vin faisant
du mouillage). — L'Heureuse naissance, L'Enfant aban-
donné ; Secours au malheur, Prix du Vice ; Les Héritiers,
Le Mort. — Le Chien du grenadier. — Kléber en Egypte
(Motte). — Le Refus de confession, cul-de-lampe (à effet
mélodramatique) pour Darnétal, dans l'ouvrage du baron
Taylor.
Costumes Suisses, 56 p. in-8 color , 1822 (Delpech).
Ma mère prendra soin de toi, in-fol.
Le Joueur ruiné, in-fol., p. topique comme vue d'intérieur.
3. Portraits.
Tête de femme âgée, 1818. — Louis XVIII, tète grandeur
nature (Lasteyrie). — Louis-Philippe , in-4. — Louis-
Philippe, gd. in-4, dédié à la Reine. — Louis-Philippe, roi-
citoyen. — Pie VIII. — Napoléon dans son cabinet aux
Tuileries, 1835.
A. A. Barbier, Eugène Beauharnais, Maréchal Brune,
Borgella, Camille Jordan, Général Foy, in-fol., et le même
de profil ; Dupont, Casimir Périer, etc., improvisés au
banquet du 5 mai 1828 ; Hummel, Larochefoucault-Lian-
court, le député Manuel, le sergent Mercier ; Girodet,
Melling, Rossini, Paër, Garât, Pellegrini, H. Herz, Girau-
deau St-Gervais, le Duc de Calabre, Suchet ; les docteurs
Fouquier, Tissier, Marc, Distel ; Kalkbrenner, Bérat. —
Portrait déjeune femme à grand bonnet, d'après MUe d'Ivry.
— Paul-Louis Courier, d'après Hersent. — Etc.
VIGNERON. 241
4. Portraits d'Acteurs :
Albert, Armand, Dérivis (deux fois), Joanny, Kain, Klein,
Montjoie, Perlet, Victor, Victor dans Les Scandinaves. —
Mmes Anatole, Branchu, Fleurât, Georges, Levert, Pasta,
Victorine. — MUe Seidler. — Talma in-4, Talma in-fol.,
Mue Mars, Pradher, Pauline Garcia en pied, 1840, Taglioni,
Nourrit tourné à gauche, Amélie Haitzinger, MmeMontessu,
Mme Schrœder-Devrient, Sontag. — Série in-fol. publiée
chez Gihaut, 1837 : Mme Allan-Dorval, Léontine Fay,
Mme Damoreau, Duprez, Nourrit, Mme Malibran, Mme Son-
tag, Mme Pradher.
Vigneron a lithographie le Croquemitaine de Duval Le
Camus.
Les tableaux de Vigneron ont été gravés par Jazet (Le
Convoi du Pauvre, Un Duel, Exécution militaire), par
A. Moreau, élève de Jazet (Le Soldat laboureur), etc. —
Un portrait de Charles X, de Vigneron, a été lithographie
par E. Bougé, son élève.
VIGNON (Jules de) (*), peintre, né à Belfort en
1815, a lithographie en 1880 son maître Léon
Cogniet au lit de mort.
VIGUIER (2) (Constant), peintre et lithographe,
né en 1799. — Costumes d'Auvergne, 1822, album
in-8. — Le Soldat jardinier et autres lithographies
d'une exécution enfantine. — Vignettes pour les
Fables de La Fontaine, 75 p. gravées sur bois par
Godard fils.
(!) Sous la signature Victor Vignon : une eau-forte, Nature morte, 1890.
(2) Sous la signature V. Viguier, les Scènes de la vie d'une grisette et
d'un étudiant, lith. 1839, et Croquis de Paysages.
xii 16
2-42 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
VILLEMIN. lithographe. — Planches pour le
Voyage aérien en France de Guesdon, et pour un
ouvrage sur le Nord de V Espagne de G. -P. de
Villa- Aniil (chez Hauser, 1849, avec Asselineau ,
Bayot, Ciceri).
VILLENEUVE (Frédéric), né à Paris en 1796,
mort en 1842, dessinateur et habile lithographe.
Comme tous les dessinateurs de vues, il a été très
fécond. — Suite de Vues publiées chez Lasteyrie
en 1819, et du crayon le plus timide : Vue prise
quai des Orfèvres, La Nouvelle Polonaise à Paris,
Hôtel de Clisson, Intérieur de V abbaye de Mont-
martre, Vues prises à Arcueil, Montrouge , La
Glacière , Meudon , Vitry , Crespy , Chantilly ,
Magny , L'Isle-Adam, Poissy , Enghien. — Vues
diverses, 1824 à 1827.
Lettres sur la Suisse par Sazerac et Engelmann,
vues hors texte et culs-de-lampe par Villeneuve.
(Engelmann, 1823 et suiv., in-fol. — Oberland
Bernois, 24 pi. : — Ancien évèché de Bâle, 15 pi. ;
— Lac des Quatre-Cantons, 24 pi. ; — Lac de
Genève, 24 pi. ; — Route du Simplon, 16 pi. ). —
Souvenirs d'Italie (chez Turgis). — Voyage en
Italie, 1829.
PL pour les Voyages pittoresques dans V ancienne
France. Villeneuve a été l'un des principaux
dessinateurs de l'ouvrage du baron Taylor.
VILLENEUVE. 243
PL pour Le Moyen- Age monumental et archéolo-
gique, d'après Chapuy. — Les Arts au Moyen- Age
(Hôtel de Cluny, etc.).
Chalet Delessert à Passy, Pont suspendît construit
àPassypar M. Delessert, 1829.
La Forêt des Druides (dans Norma).
Plaine de V Hisse, Chute du Styx , d'après
Stackelberg.
Excursion à la Grande- Chartreuse , d'après
Champin. — Lacs Suisses, d'après Chapuy. —
Esquisses, 1836 : Bords du Rhin, 24 p. par Ville-
neuve, Piémont 15 p.
Cours de Paysage. Croquis d'après nature.
VILLERET (François-Etienne), dessinateur.
Lithographies.
Exposition des produits de l'Industrie (au Louvre : cette
série de lithographies est assez curieuse ; elle nous montre
ce qu'était une exposition en 1823). — Fontaine de la rue
St- Victor, Hôtel de Sens , Intérieur à Château-Landon. —
Mélange de Chapiteaux et Frag>nents gothiques (Engel-
mann). — Décors du théâtre de la Gaîté, Intérieurs, etc.
Vers 1840 : Panorama de Paris, Place de la Concorde, Vue
générale de Versailles, Vue générale de Rouen, etc. Villes
et capitales d'Europe. — Une série d'anciennes églises,
1838. — La Rue, lithographiée par d'Orchwiller.
Sous le nom de Villeret, une annonce pour la « Rosée
du Ben-Lomond, cosmétique spécial, toilette des Dames :
Guélaud, parfumeur » (Engelmann), et une réclame repré-
sentant l'exposition du corps de Mgr de Quélen « embaumé
selon sa volonté expresse, par M. Gannal, le 1er janvier
1840 ».
244 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
VILLEREY (Antoine -Claude -François) (*), né
à Paris en 1754, mort en 1828, a gravé des illus-
trations d'après Moreau le jeune, une Galerie de
Saint- Bruno de Le Sueur, en 26 pi. in-4, la
Bataille d'Austerlitz de Gérard (pour l'ouvrage sur
les prix décennaux), et deux grandes planches
d'après Prud'hon, Innocence et Amour, et Hymen
et Bonheur. — Témoignage de contentement de la
Maison impériale Napoléon, d'après Mme de Balzac,
maîtresse à Saint-Denis.
VILLEVIEILLE- — Collection de six Eaux-Fortes
originales, Gadart, 1864. — Paysages divers.
VILLOT (Frédéric), né à Liège, département
français de l'Ourthe, en 1809, mort à Paris en 1875,
peintre , graveur , grand curieux et amateur d'art
et de musique; conservateur des peintures au
Louvre et rédacteur des « notices des tableaux du
Louvre ». Détail curieux, il fut l'un des premiers
collectionneurs, peut-être le premier, à donner
dans le japonisme, albums et bronzes.
Eaux-Fortes, etc.
Frédéric Villot était l'ami d'Eugène Delacroix ; il a gravé
à l'eau-forte plusieurs de ses compositions , et ces planches
ont quelque intérêt.
(1) Son fils, Nicolas-Scholaslique-Augusle Villerey, qui signe Villercy
fila, né en 1801, fut aussi graveur, mais au-dessous de tout. Il a gravé
L'Enfant défendu par un chien de Mme veuve Chaudet.
VILLOT. 245
Portrait d'Eugène Delacroix, jeune, d'après lui-même,
manière noire in-8 (') (a été publié ensuite par Burtv en
tète des Lettres d'Eugène Delacroix). — Un Officier turc,
manière noire. — Moine en prière. — Mendiant anglais. —
Étude de femme (fragment du tableau : Le duc de Bour-
gogne montrant sa maîtresse au duc d'Orléans). — Le
comte Palatiano. — Le Cbrist au jardin des oliviers. —
Cavalier. — Seigneur vénitien assis. — Tête de vieillard.
— Pieta, 1839. — Gluck au piano. — Peintre travaillant
dans une chapelle de jésuites (conte d'Hoffmann). — Deux
Arabes causant. — Soldat de la garde de l'empereur du
Maroc. — Christine à Fontainebleau.
Trois Etudes de têtes, d'après Delacroix, gravées sur bois
par F. Villot.
(Delacroix a peint le portrait de F. Villot , et gravé à
l'eau-forte un petit portrait de Mme Villot).
Villot a encore gravé :
Un portrait de Bonington, manière noire, in-8.
Un Cahier d'Essais à l'eau-forte faits à Venise , d'après
Paul Véronèse. — Essais et études à l'eau-forte par
Frédéric Villot, 1831 . — Le Mandoliniste, gravure sur bois
in-4 , signée F. Villot.
VI M ONT (Alexandre), peintre. — Descente de
croix d'après Jouvenet, manière noire, 1846.
VINTRAUT (Frédéric), né an Havre, a exposé
en 1882 denx gravnres en taille-douce. Depuis,
est devenu graveur sur bois.
VIOLLET-LEDUC (Eugène -Emmanuel), 1814-
1879, architecte. — Bien qu'il n'ait ni lithographie
(!) Et non petit in-fol. comme l'indique le catalogue de Leblanc, qui
exagère toujours les dimensions des pièces. De même, le portrait de
Delacroix par Villot est in-8, et non petit in-fol.
246 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
ni gravé, nous devons le mentionner comme illus-
trateur.
De 1833 à 1842, le jeune Viollet-Leduc envoya
aux Salons une série d'aquarelles en général fort
intéressantes (l) ; dès son début le baron Taylor le
remarqua et le prit comme un des vignettistes
chargés d'entourer d'encadrements romantiques,
dans les Voyages pittoresques de V ancienne France,
le texte des volumes du Languedoc et de la
Picardie, parus de 1833 à 1845.
Nous avons eu déjà l'occasion de parler de ces
encadrements (aux articles Cêlestin Nanteuil et
Taylor). Nous n'avons donc qu'à répéter que
Viollet-Leduc s'y montra un moment assez ingé-
nieux, échauffé par le voisinage de Cêlestin Nan-
teuil, dans le volume de la Picardie, mais qu'en
général il fut inférieur aux romantiques de tempé-
rament, et se montra dépourvu de qualités pitto-
resques de couleur et peu spontané d'invention (2)
(!) Vues de Marseille, du Havre, de Cherbourg ; Vues des Pyrénées ;
Vues des Tuileries ; le Banquet des Dames dans la salle de spectacle des
Tuileries en 1835, Vue du théâtre antique de Taormine (on a revu cette
belle aquarelle, en 1889, dans la curieuse exposition centennale des dessins
d'architecture organisée au Champ-de-Mars par M. Lucien Magne) ;
Baptême du Comte de Paris à Notre-Dame, etc.
(2) Voyez cependant, pour le détail, l'article Yiollet-Le-Duc vigneltisle,
par Jules Adeline, dans Le Livre de mars 1887. On remarquera la repro-
duction d'un fragment d'entourage intitulé « Les Charmes de l'ancien
régime ». C'est la copie pure et simple de l'illustration de Moreau pour les
Chansons de La Borde intitulée « la Dormeuse ».
Notons qu'à cette époque le dessinateur écrit son nom Viollel-Leduc : la
coupure en trois mots Viollet-Le-Duc ne viendra que plus tard.
VIOLLET-LEDUG. 247
et finit même par tomber dans le très médiocre.
Et qu'on ne mette pas cette maladresse sur le
compte de la jeunesse; il n'y avait que six mois
de distance d'âge entre lui et Nanteuil. Mais
Nanteuil était né peintre, il avait la flamme
romantique, laquelle n'était point le fait d'un
esprit positif et scientifique comme Viollet-Leduc.
Le vrai titre de gloire de l'architecte est le fameux
ouvrage.
DICTIONNAIRE RAISONNÉ DE L'ARCHITEC-
TURE FRANÇAISE DU XIe AU XVIe SIÈCLES.
Bance (puis Morel), 1854-1869, 10 vol. in-8.
Nous signalons ce livre célèbre, à notre point de vue : pour
l'esprit, la netteté et le piquant de ses quatre nulle cinq cents
bois gravés par Guillaume et Pégard, et encore par Lacoste,
Rose, Debraine, etc. Voyez par exemple aux mots Archi-
tecture militaire (Siège de Garcassonne), Autel, Cathédrale,
Chapelle, Château, Chœur, Engin, Maison, Palais, Porte,
etc. Dans la première édition, la seule qui soit biblio^hx-
lique, les deux premiers volumes n'ont comme titre courant
que les trois premières lettres des mots. Remarquer aussi
combien les premiers volumes, imprimés par Bonaventure
ec Ducessois, sont d'un plus ferme et bel aspect que les
derniers, imprimés par Martinet.
Le Dictionnaire raisonné a été un livre de combat. Il en
faut de tels pour faire entrer la vérité dans la tète des
hommes. C'est le point d'arrivée, (et de triomphe), dans la
lutte pour notre ancien art national ; — l'idée première de
cette lutte ayant germé chez le baron Taylor dès 1811.
Nous omettons les phases intermédiaires, cependant, nous
pouvons citer comme point milieu de cette mémorable cam-
pagne la publication par Victor Hugo de Notre-Dame de
Paris, — roman de combat au point de vue architectural.
Ainsi, — (tant il est vrai que les qualités d'art ne s'appré-
cient pas d'elles-mêmes et ne sautent pas aux yeux, mais ont
besoin d'être longuement expliquées au public, démontrées
248 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
et commentées) , — ainsi il aura fallu un demi-siècle pour
réhabiliter définitivement le grand art français du Treizième,
et pour faire admettre que Notre-Dame, ou la cathédrale de
Chartres, ou celle d'Amiens, par exemple, ne sont pas des
œuvres de hasard, élevées avec des formules empiriques, —
et barbares, — par des maçons ou des entrepreneurs d'une
éducation peu perfectionnée !!!
Mais récriminer en ces matières ne sert de rien : insulter
le public, pas davantage. On n'insulte pas l'enfant illettré, on
lui apprend à lire. De même, conspuer « le bourgeois »
n'avance pas les choses; l'initier à l'art est mieux. Il y a
plus : voilà un homme comme Viollet-Leduc lui-même, dès
qu'on le sort de son architecture du XIe au XVIe il devient
un intransigeant, un sectaire, un iconoclaste. Dès que la
Renaissance arrive, il est hors de lui ! Imaginez-le tout-
puissant, et il ferait raser Versailles, l'Arc-de-Triomphe et
l'Opéra, pour les remplacer par des donjons « rationnels »
en simili-gothique de sa façon. La tolérance est une chose
rare en ce monde !
Autres ouvrages de Viollet-Leduc :
Dictionnaire raisonné du Mobilier français, 1858-1876,
6 vol. in-8 (le premier volume, imprimé chez Bonaventure
et Ducessois, est d'une belle venue). — Descriptions : de
Notre-Dame 1856, du Château de Pierrefonds 1857, du
Château de Coucy 1858. — Entretiens sur l'Architecture,
1858-68, La Cité de Carcassonne (dans les Archives des
Monuments historiques), Chapelles de Notre-Dame, 1867-68,
Histoire d'une Maison, 1873, Histoire d'une Forteresse,
1874, Histoire de V Habitation humaine, 1875, etc.
VION (Henri), né à Paris, élève de Gérôme
et Flameng, avait pris rang de bonne heure
comme un habile graveur à l'eau-forte. Il est mort
prématurément en 1891, laissant :
Vierge: Memling, 1877. — Jeune Seigneur :
Lucas Cranach. — Elisabeth de France : Rubens.
— L'Odorat : Téniers. — Mme du Barry : Drouais.
VION. 249
— Paysage : Millet. — Le Marché : Wou verra ans.
— La Promenade : Palmaroli. — L'Homme à la
ceinture de cuir: Courbet, in-fol. — Les Amateurs:
Meissonier, in-4, 1882. — Harmony : Egusquiza.
— Chasse au faisan : A. Moreau. — Tricoteuse:
Dagnan. — La Confidence : Meissonier , in-fol.
en 1.. 1886. — Une Chanson : Meissonier. in-4,
1888. — Le Troupeau : Rosa Bonheur. — Tête
de Rembrandt , gd. in-fol.
11 n'a pas réussi dans l'eau-forte originale, avec
Le Médecin malgré lui, Un vieux Modèle, et une
Étude d'Egyptien.
VIREBENT (Gaston), qui dirige à Toulouse une
fabrique de céramique d'art, a gravé à l'eau-forte
en amateur.
VIZENTiNI (Augustin), 1780-1836. acteur et
auteur , a fait paraître en 1819 le Recueil des Cos-
tumes de Théâtre, lithographies d'après les dessins
d'Aug. Garneray et Hipp. Lecomte. Quelques
costumes des pièces Emma, Léonore et Félix, La
Bergère Châtelaine, sont dessinés par lui.
VOGEL (Herman), graveur à l'eau-forte alle-
mand contemporain, travaillant à Paris vers 1882.
— Un personnage (tiré de La Partie de cartes) : Meis-
sonier, in-18, petite pièce finement gravée. Etc.
250 LES GRAVEURS DU XIXf SIÈCLE.
VOGT ( Charles ) , né à Paris , dessinateur
lithographe. — Sujets de piété d'après les maîtres.
— La Visite aux cygnes : Ach. Devéria , 1835. —
Paul et Virginie ; La Visite à la nourrice : d'après
M"° Adèle Ferrand. — Bienfaisance, Sympathie:
Magaud. — Ida : I. Félon. — La Prière pendant
V orage : Alf. Johannot. — Portrait de Mêlesville :
Vidal, 1845. — N or vins , Elie Berihet , Rolle,
Baroilhet, Mme Dorus-Gras, Lucile Grahn (dans la
Galerie de la Pressé). — Portraits d'artistes: Anna
Thillon, Mme Frezzolini, Lablache, Provost, etc.
Le bon Pasteur: Roehn. — Bethsabée: Dubufe.
— \1 Instruction religieuse : Mme Ferrand. — Pièces
comiques sur les moines (Goupil, éd. — C'est un
sujet qui amuse le populaire.)
La Duchesse de Nemours : Winterhalter.
le Saut de barrière : Alfred Dedreux ( Musée
Pittoresque) (!).
(*) Rapprocher de cette pièce les autres sujets de sport lithographies
d'après Alfred Dedreux :
Le Saut de barrière, La Sortie de l'écurie, par Asselineau [Album de
l'Amateur).
La Chasse et La Course, par Lœillot.
Les Motifs équestres (courses) par Lœillot, Zéphirin Gengembre,
paysages par Ciceri et Sabatier (Goupil et Vibert): 1842.
Les Amazones par Ach. Giroux et Ciceri.
Les portraits de chevaux de courses : Quoniam ; Nautilus.
Une série sur les courses lith. par Ciceri (chez Jeannin), in-fol en 1.
Une série d'études de cavaliers et voitures, rappelant la manière de
Victor Adam, lithographiée sur fond teinté jaune (par Alfred Dedreux
lui-même? — Chez Formentin et Cattier), 18 p.
Album d'Alfred Dedreux, souvenirs et croquis, 12 p. in-4 en 1. litho-
VOGT. 251
La Liberté, appuyée sur le Christianisme, fait
le tour du Monde. (Le titre, à défaut de date,
suffirait à nous indiquer que nous sommes à
l'époque des généreuses illusions de 1848).
La Réconciliation : peint par E. L. (Le comte de
Chambord reçoit la duchesse d'Orléans et ses
enfants , accompagnés par le duc de Nemours. —
ChezDelarue, 1850).
En 1882, Vogt exposait une Femme au bord de
la mer, d'après Puvis de Cha vannes.
VOISIN (Henri-Léon), né à Saint-Mandé, a
exposé de 1882 à 1889 des eaux-fortes sur le Mont
Saint-Michel. — Une Vue générale du Mont Saint-
Michel, et une Vue de l'Abbaye prise des Remparts,
deux grandes pièces.
Ruth et Boo: : Girardet, 1888. — La Vallée :
Millet, 1889. — Dix eaux-fortes pour Une visite au
Mont Saint- Michel , par H. Voisin et G. Toreg ,
1892.
graphiées par Alfred Dedreux, 1845, marquées A. D. dans un écusson,
titre par Collette (Goupil et Bulla).
Souvenirs équestres, 6 p. lith. par Alfred Dedreux (Goupil). — Scènes
équestres, 24 p. lith. par Alfred Dedreux (Goupil), in-fol. en 1., les
teintes par Ciceri ; cette suite offre peu de variété , il semble que ce soit
toujours la répétition de deux mêmes sujets : une promenade de cavaliers,
ou des courses.
Une curieuse pièce est celle qui représente Louis -Philippe et la reine
Victoria se promenant à cheval à Windsor, lith. par Alfred Dedreux
pet. in-fol. en 1.
Promenades équestres, 12 lith. par Jaime (Goupil).
Éludes variées, 24 lith. par Jaimo (Goupil).
252 LES GRAVEURS DU XIXP SIECLE.
VOLLON (Antoine), (') peintre, né en 1833. —
Eaux-Fortes : Le plus ancien prospectus de la
maison A . Cadart et Chevalier, rue de Richelieu, 66 ;
imprimé par Delàtre, 4, rue des Feuillantines.
1862. — Clichy -la- Garenne. — Un soir chez
M. Burty. — École de village. — Un Frontispice.
— The Bank ofa river.
Une Réunion d'amis : Noterman pinx. , A. Vollon
lith. (Cadart.)
VOLMAR (Joseph), peintre animalier et litho-
graphe.— Le Marchand de chevaux (Engelmann).
— Postillon sanglant son cheval, Postillon au galop,
2 p. (Villain). — Chevaux, plusieurs études (Lan-
glumé) . — Chasse au sanglier , à Vours , au loup ,
au renard, a a cerf, au chevreuil, 6 p. 1826
(Chaillou-Potrelle). — Éludes de Chiens, 20 p. en
deux séries (Villain), et 3 autres, in-8.
Reproductions d'après Géricault : Le Chasseur,
Le Cuirassier', — Quatre sujets publiés chez
Gihaut : — Six sujets copiés d'après les originaux
de la suite dite de Hullmandel (cat. de Géricault,
76, 78, 80, 82, 83, 84) ; — Quatre sujets retouchés
par Géricault (id. 96 à 99).
VUILLEFROY (Félix de), peintre, né en 1841.
— Souvenirs du Morvan , lithographie d'après son
tableau de 1877. — Attelage de bœufs surpris par
V orage. (Ces lithographies sont-elles originales?)
(!) Son tils Alexis Vollon a gravé une Scène de Carnaval, eau-forte
d'après son tableau du Salon de 1889. (L'Ali.)
WACHSMUTH. 253
WACHSMUTH (Ferdinand), né à Mulhouse en
1812, peintre, professeur à Saint-Cyr. — Une petite
eau-forte in- 18 représentant Don Juan devant le
tombeau du Commandeur. — Autre eau -forte à
sujet moyen -âge, in-8enl., signée F. Wachmuth
d'ajjrès son ami Debacq, 1833. — Lith. Rue de la
Marine à Alger ; Scène d'F/fémi, nouvelle par
V. Fleury. {L'Artiste).
WACQUEZ ( Adolphe - André ) , peintre et gra-
veur, né à Sedan en 1814, élève de Delacroix. —
Gëricault mourant, d'après Souclion , in-8 en 1.,
1837. — Portraits de Froissart, Calvin, Régnier,
Rabelais, d'après Eug. Delacroix, pour le Plu-
tarque Français, 1840. — Noce juive dans le
Maroc: Delacroix, gd. in-8. [L'Artiste).
Pèlerinage: d'après la baronne de Senevas,
in-fol. lavis.
Fac-similé de dessins de Raphaël, du Musée de
Lille, pour le duc de Luynes.
WÂLLE. — «A dessiné vers 1825 de ravissantes
pièces en couleur sur les types de la rue. » (Grand-
Garteret.)
WALLET . aqua - fortiste contemporain. —
Meissonier d'après lui-même : in-8 (à la longue
barbe), in-4. — Octave Feuillet. — Napoléon
d'après Meissonier, etc.
25'i LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
WALTNER (Charles-Jules), né en 1820, gra-
veur. Sujets de piété pour les éditeurs spéciaux,
à dater de 1848.
Adaptant pour lui un mot connu , disons qu'il
nous a donné , comme œuvre capitale , son fils.
WALTN ER (Charles-Albert) , fils du précédent,
né à Paris en 1846.
L'un des grands graveurs français. Et graveur
absolument particulier, dont le nom, marquant
une étape dans la marche de son art, signifie
l'extrême limite de la liberté dans les procédés
d'exécution, — en réaction, à la fin du xixe siècle,
contre la perte de toute liberté , infligée depuis
cent ans à la gravure par la formule d'école.
A l'époque de la Restauration, la gravure,
asservie par la dictature de la taille dite « mili-
taire », tombe au métier des Caron, des Chollet,
Charles Johannot et autres, qui se croient les
continuateurs de l'ancien régime du burin , quand
ils n'en sont que les « vieux voltigeurs », aussi
arriérés que les « retour de Coblence ». Une
rénovation est réalisée par Henriquel, qui pour
sa grande gloire infuse à son art un indéniable
esprit et quelque dose d'indépendance. Graveur
du gouvernement de Juillet, Henriquel veut conci-
lier l'ordre avec la liberté : mais allez donc enrayer
les mouvements en avant et forcer les gens à se
contenter de « la meilleure des républiques » !
WALTNER. 255
Après la réforme , la révolution : l'art absolument
libre de nos peintres-graveurs , si éclatant depuis
1850, tente les graveurs de reproduction ; ils se
font graveurs « à l'eau- forte » , c'est-à-dire en
travail non rangé. Pendant ce temps, la gravure
rangée va de Forster à Martinet, c'est-à-dire à son
extrême. Nous avons dit que Martinet était un des
pôles de la gravure ; il représente la rigidité, le
caporalisme de la taille une, deux, trois. Waltner,
par une opposition diamétrale, est l'autre pôle , la
liberté complète , et, comme aurait orthographié
Proudhon, l'an-archie.
Le piquant est que Waltner est l'élève de
Martinet. Il a commencé comme un régulier,
burinant des vignettes de piété avec son père,
puis fréquentant l'École, puis, une année que le
jury était libéral (1868), grand-prix de Rome, sur
une académie de concours qui ne promettait pas
un buriniste extraordinaire.
Waltner partit pour Rome, mais de corps seu-
lement. Insensible à la peinture italienne, son
esprit ardent était avec les peintres hollandais et
flamands ! Au bout de huit mois, il n'y tint plus,
quitta la ville Médicis, revint à Paris, et, au lieu
de donner pour premier essai un « envoi de
Rome », quelque recommencement du portrait
de Masaccio, fit le Baron de Vicq, de Rubens, au
burin libre, et même retroussé à l'impression. Ce
début était un pur chef-d'œuvre; l'École le trouva
256 LES GRAVEURS DU XIX' SIECLE.
parfaitement scandaleux. Mais nous comptions
un grand graveur de plus.
Tempérament énergique, mais toujours avec
distinction, Waltner alla définitivement du côté
où son instinct de l'indépendance et son besoin
d'originalité le poussaient. Il se fit une gravure
composée de tous les moyens connus : burin
libre, eau-forte, pointe-sèche, grattage, procédés
d'impression (*), en un mot, il se servit de tous
ces procédés dont on dit d'habitude « qu'ils ne sont
pas de la gravure » (et qui sont employés d'ordi-
naire par les peintres-graveursj, et il en usa avec
une désinvolture (2) , une force , une élégance
extrêmes. Si bien qu'il en tira des « gravures »
bientôt universellement célèbres, et qui partout,
exerçant une influence tentatrice , faisaient école
et entraînaient des imitateurs dans cette voie
nouvelle (3).
(') « Waltner, par un travail des plus curieux, réunit et approprie a la
» reproduction des œuvres d'art tous les moyens , même ceux qui avant
» lui ne servaient qu'à la gravure originale et semblaient ne pouvoir être
» employés ailleurs. Par ce travail , qui a une certaine parenté avec la
» manière noire par la production et l'utilisation d'une grande quantité
» d'ébarbe , il crée un genre personnel ». ( Bracquemond : Rapport du
Jury de Gravure de l'Exposition de 1889 )
(2) Un de ses spirituels confrères a dit : « Waltner grave à tout, au
burin, à l'aiguille, à la lime, au papier de verre, il grave même à
iimpi imeur, il grave à l'Ardail 1 » Oui, à la condition que le mot ne soit
pas un persiflage. Waltner use en grand des ressources de l'imprimeur.
Seulement, à la différence des médiocres, il en use non au hasard, mais
en connaissance de cause, prévoyant et préparant d'avance l'effet certain à
obtenir, comme un pointeur exercé qui touchera immanquablement le but.
(3) Il est juste d'ajouter que nombre de ces imitateurs s'y cassent le
cou. Le genre exige absolument l'art raffiné, le goût, la puissante niaes-
WALTNER. 257
D'abord accueilli par la Gazette des Beaux-
Arts, Waltner devint ensuite le graveur du
journal L'Art, auquel il donna, de 1873 à 1879,
une série d'œuvres admirables, d'une dimension
déjà plus développée. Il séjourna trois ans en
Angleterre. Enfin, à partir de 1880, les éditeurs
français et anglais le sollicitèrent à l'envi pour
ces planches de format considérable qui l'ont mis
hors de pair.
Waltner est décoré depuis 1882.
Voici le catalogue de son œuvre, — delà pre-
mière partie de son œuvre, — qui se dévelop-
pera, puisque l'artiste est dans toute la force
tria de Waltner. Sinon l'on y sent le malaise, l'hésitation ou l'escamotage
des graveurs inexpérimentés qui comptent que la couleur et l'effet
doivent nécessairement être improvisés par l'imprimeur, devenu une
manière d'esprit-saint infaillible dans ses opérations. De là, une nuée de
planches fort barbouillées, sans dessin, grattées au hasard sur un report
photographique (photographies directes sur le cuivre ou sur le bois,
désastre de la gravure !) et qui sont pires que les pires burins. C'est
l'anarchie, sans trait d'union cette fois.
Quel est lavenir de ce genre de gravure? Sans viser au don de pro-
phétie, il semble logique de déduire que "Waltner étant un extrême, ne
saurait être dépassé, et que, dès lors, la faculté de renouvellement de l'art
français s'exercera par un retour de l'autre bord, vers le burin (pas le
burin en losange, bien entendu) et sa force d'exécution. Déjà s'est pro-
duite une réaction très marquée au profit de la taille contre la teinte, et
en faveur du travail fin , net , et tiré nature. L'avenir semble être à la
o-ravure telle que la concevait notre très grand Ferdinand Gaillard. Cette
réaction eût été même rapide, décisive et salutaire, si, par bonheur,
Gaillard eût pu être chargé pendant une dizaine d'années de l'enseigne-
ment à l'École. Quelle résurrection alors et quel coup de grâce pour les
vieilles formules qui encroûtent et paralysent l'ardeur, l'individualité et le
talent de nos futurs burinistes ! Enfin, ce sera un peu plus long, voilà
tout ! Mais ce sera.
xn n
258 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
de l'âge, de l'énergie et du talent. Cet œuvre, dès
maintenant très considérable, est de cent trente
pièces, dont quarante de premier ordre. Avec
Waltner, le premier ordre seul compte, le gra-
veur y est d'une supériorité à s'écraser lui-même
dans le surplus par comparaison. Il y a mieux :
de ces quarante pièces, il y en a vingt de telle
envergure, (le grand portrait de Rembrandt, par
exemple, ou le Doreur, ou Miss Camden, etc.)
qu'elles écrasent les vingt autres. Mais ce n'est
pas une raison pour diminuer l'importance de ces
dernières.
L'ŒUVRE
DE
CHARLES WALTNER.
. LE BARON DE VICQ : Rubens (Louvre) ; in-4.
(Gazette des Beaux-Arts.)
Début du graveur à son retour de Rome , et l'une de
ses plus fermes et remarquables pièces. Détail curieux :
lorsque Waltner montra ce morceau de sa façon à ses
anciens professeurs , c'est Martinet , le graveur rigide , qui
ne lui dit rien pour le contrarier dans sa tendance, et c'est
Henriquel , le novateur de jadis , qui lui fit un accueil plus
que froid. Non pas que l'illustre graveur n'eût point le
goût délié à comprendre tous les genres de gravures. Il ne
se faisait pas faute, notamment, d'arrêter ses élèves devant
certaines estampes comme celles d'Augustin de Saint-Aubin
pour leur faire admirer l'esprit et l'originalité de la touche.
Mais que si un de ces élèves s'avisait de remarquer qu'on
pourrait essayer de suivre avec succès la même voie,
WALTNER. 259
Henriquel rompait aussitôt l'entretien et renvoyait le
jeune graveur à ses études et aux méthodes de l'École.
Le fait nous a été conté, non par un seul, mais par plusieurs
des anciens élèves d'Henriquel , aujourd'hui graveurs
éminents. Gomme un libéral qui se voit débordé par plus
radical que lui, Henriquel, dans son enseignement, était
devenu despotiquement réacteur. Il redoutait l'invasion de
l'eau-forte, de l'à-peu-près, du lâché, des roueries de tirage,
et se raidissait.. Notons d'ailleurs que le classicisme de
l'enseignement n'empêche pas les hommes de réel tempé-
rament original de se dégager ensuite: de l'éducation
classique sortent les Henriquel et les Gaillard, les Ghauvel
et les Waltner.
Le Baron de Vicq, cependant, exposé au Salon de 1870,
valut à Waltner sa première récompense , et la planche
reçut l'hospitalité dans la Gazette des Beaux-Arts.
2. VAN WESTRUM (Portrait d'un membre de la
famille) : F. Hais ; in-4. (Catalogue Wilson.)
3. Jeune Femme a l'éventail : Cuyp ; petit in-4. (Id.)
4. LADY ELLENBOROUGH : Lawrence : in-8. (Id.)
Une des plus petites pièces de l'œuvre, ce croquis d'après
un portrait inachevé, mais une pièce exquise, et qui, avec
quelques autres, réhabilite en partie la « gravure de
catalogues », exécutée généralement sur commande urgente
et au triple galop.
Lo Catalogue Wilson (Claye, 1873, in-4) est un des
meilleurs catalogues illustrés. C'est un beau livre, où les
planches sont signées Waltner, Boilvin, Brunet-Debaisnes,
Ghauvel , Gourtry, Deblois , Didier , Marie Duclos , L.
Flameng, F. Flameng, Gaucherel, Gilbert, A. et E. Greux,
Hédouin, Jacquemart, Laguillermie , Lalanne , Lalauze,
Lançon, G. G. Lemaire, Lerat, Mlle Louveau, Martial,
Martinez , Masson , Mongin , Pierdon , Pirodon , Rajon.
C'est l'apogée du catalogue à eaux-fortes.
5. REMBRANDT : d'après lui-même ; pet. in-4.
C'est le même que Waltner a grayé plus tard en très
grand. Cette petite réduction est d'une exécution très
piquante.
260 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
Nous entrons maintenant dans la série des pièces gravées
pour L'Art.
6-7. VRIDAGS VAN VALLENHOVEN ; — Mme VRI-
DAGS VAN VALLENHOVEN : Ravesteyn ; 2 p.
in-4, 1875. {L'Art.)
Pièces très fines. La tête de la femme est remarquable-
ment exécutée.
8. MISTRESS FITZHERBERT : Romney ; gd. in-4.
(ja.)
Eau-forte d'un jet superbe. Le premier état est d'une
grande décision de mise en place.
9. M. LAIDEGUIVE : La Tour ; gd. in-4, 1876. (Id.)
10. LÈPIGIÉ, d'après lui-même : in-4 ovale. (Id.]
Une des plus fermes pièces de l'œuvre.
11. L'ÉTUDE : Fragonard ; gd. in-4. {Id.)
12. La Vierge aux fruits : Carlo Grivelli ; in-4. {Id.}
13. PORTRAIT D'HOMME AGE (collection Rothan) :
Jordaens ; gd in-4. (Id.).
Eau-forte d'une admirable vigueur : une des plus belles
pièces de l'œuvre.
14. LTNFANTE MARGUERITE-THÉRÈSE : Velas-
quez ; gd. in-4. (Id.)
15-17. Le Mage asiatique, le Mage d'Ethiopie, le
Mage grec : Rubens ; 3 p. pet. in-4. (Id.)
18. Lions : Rubens ; pet. in-4 en 1. (Id.)
19-20. J. C. DE CORDES ; — JACQUELINE VAN
CAESTRE DE CORDES : Rubens ; 2 p. gd. in-4 ,
1877. (Id.).
WALTNER. 261
21. François Doquesnoy dit Flamand: Van Dyck;
in-4, 1879. (/tf.)
22. La Mise au tombeau : Van Dyck ; in-4. (Id.)
23. Ryckaert : Van Dyck ; in-fol.
24-40. Reproductions d'après les maîtres anciens ,
1872-1880.
24. Mercure, Argus et Io : Rubens. (Catalogue Wilson.)
25. A l'Amitié : Greuze. (Id.)
26. La Vierge et l'Enfant Jésus : Le Corrège.
27. La Vierge et l'Enfant Jésus : Defendente de Ferrari.
(L'Art).
28. Le Christ triomphe du Péché et de la Mort : Rubens.
{Id.)
29. Le Serment de Jean Ziska , tableau du musée de
Stockholm : Rembrandt. (Gazette des Beaux-Arts.)
30. Saint Jean-Baptiste : Murillo, 1877. (Id.)
31. Samson et Dalila : Van Dyck. (Id.)
32. Guillaume d'Orange.
33. Mme de Maintenon, miniature du temps.
34. Médaillon de Gromwell.
35. Portrait d'homme devant un pupitre : Gainsborough ;
pet. in-4.
36. Les deux Cochers : Morland ; gd. in-8. (L'Art.)
37. Vénus et le Temps : Tiepolo; gd. in-4. (Id.)
38. Mme Vigée-Lebrun, d'après elle-même, 1878. {Gazette
des Beaux-Arts.)
39-40. Deux petits portraits d'après Greuze; l'un res-
semble au dauphin (Louis XVII), l'autre est une petite fille.
Parallèlement à ses reproductions de peintures anciennes,
Waltner gravait à partir de 1872 , une série de sujets
modernes :
41. L' Angélus N° 1: Millet; pet. in-4 en 1. {Cal.
Wilson.)
Nous n'avons pas à juger ici L' Angélus, peinture.
Et pour L' Angélus, gravure, nous n'avons plus notre sang-
froid. A partir de la présente reproduction , Y Angélus est
262 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
devenu une scie , un rabâchage , une obsession , une persé-
cution. On n'a plus vu que lui. On Ta gravé en petit et en
grand , et regravé ; on l'a lithographie , on l'a barbouillé en
chromo , on l'a taillé sur bois pour les journaux illustrés ,
on Ta rais en boites d'allumettes, et en tableau vivant dans
les revues , assaisonné d'un couplet bénisseur et ému du
compère. Après cela, il n'y a plus moyen de le voir. Passez-
nous les coquilles, que nous votions l'ostracisme de cette
sempiternelle image ! Seigneur 1 écartez de moi cet Angélus,
que les Américains croient représenter « deux paysans
français enterrant leur enfant ! ».
42. Tête de bélier mort : Troyon. (Cat. Wilson.)
43. Bohémienne: Ricard; gd. in -8. [Gazette des
Beaux- Arts.)
44. Le Christ au tombeau : H. Lévy ; in-4 en 1. (Id.)
45. Dans la rosée (étude de femme nue) : Carolus
Duran : in-4. (Id.)
46. Valet de Torero : H. Regnault ; in-4 , 1874.
{L'Art.)
47. LA COMTESSE DE BARCK ; H. Regnault ;
gd. in-fol. 1876.
48. Le Vase de Chine : Fortuny ; in-4. (LArt.)
49. Le Repos : Louis Leloir ; in-4 en 1. {Id.)
50. MUe MASSON : Paul Dubois ; in-4 carré. (Id.)
Profil de la fille de l'éditeur Georges Masson, âgée d'une
dizaine d'années.
Très remarquable pièce : les épreuves d'une venue irré-
prochable sont rares.
51. Alfred de Musset: David d'Angers ; médaillon
in-18.
Très fine petite pièce, pour l'éditeur Charpentier.
WALTNER. 263
52, Le Prince de Galles, d'après le dessin original
de Waltner, 1878. {L'Art.)
53-80. Reproductions d'après des peintres modernes,
1864 et suiv.
53. Portrait de Gustave Ricard par lui-même. (Catal.
Wilson.)
54. Juives d'Alger : Delacroix ; in-4 en 1. 1874.
55. Dieu vous le paiera ! (mendiant espagnol) : petite p.
d'après un croquis fait par Gélestin Nanteuil en 1854.
56. Vaches à l'abreuvoir : Troyon.
57. Nymphes sous bois : Corot ; in-8 en 1.
58. Autre croquis d'après Corot.
59. Femme couchée : Courbet (première pensée de la
Femme au Perroquet) ; in-8 en 1. (pour Hoschedé).
60. La Chute de la Loue : Courbet ; in-8 en 1.
61. Très petit paysage : Th. Rousseau.
62-69. Quatre têtes de pages et quatre lettres ornées B ,
0, D, R, pour le Livre de Ruth, d'après Bida.
70. Suzanne au bain : Henner, in-4.
71-74. Les Saisons : H. Lévy ; 4 p. in-8. (Durand-Ruel)
75. La Vierge, l'Enfant Jésus et S t Jean-Baptiste: F.
Humbert, in-4.
76. Le Consolateur : Paczkai, pet. in-4. (L'Art).
77. La Fleur préférée : Worms, petit croquis in-12 en 1.
78. Le Chasseur: Hermann-Léon.
79. Les Musiciennes : Walther.
80. Mme X*** en pied : Albert Besnard, in-8.
A la suite de son séjour en Angleterre , Waltner grava
les peintres anglais contemporains, de 1878 à 1885.
81. Portrait de Millais d'après lui-même, in-4.
82. Mme BISCHOFFSHEIM: Millais; in-4, 1878.
{L'Art.)
83. GARDIEN DE LA TOUR DE LONDRES:
Millais; in-fol. 1878.
84. La Marquise d'Ormondes : Millais ; in-4, 1879.
264 LES GRAVEURS DU XIX0 SIECLE.
85. LA FEMME DU JOUEUR : MiUais ; in-fol., 1879.
86. L'AUMONE DE LA VEUVE: Millais ; in fol.,
1880.
87. Forbidden Fruit: Millais ; in-4, 1880.
88. HARMONY : Dicksee ; in-fol., 1880.
89. ROMÉO ET JULIETTE : Dicksee ; in-fol.
90. ASybil: Burn Jones; in-fol. — 91. Suzanne:
Goudall. — 92. Assiégés : F. Holl. — 93. Béné-
dicité : Hunt ; 1880. — 94. L'Oiseau mort :
M. Stone. — 95. The evening Hyran : G. Mason. —
96. The Wayfarers ( aveugle conduit par un
enfant) : Walker ; in-fol. en 1. — 97. The Wagrants :
Walker ; in-fol. en 1. — 98. The lost Pash (femme
égarée dans la neige) : Walker. — 99. Our Village :
Walker. — ÎOO. Paceful Thames : Walker. —
101. Young Anglers : Walker.
102. L' Angélus N°2, in-fol. en 1. (G. Petit).
Lui ! encore lui 1
Nous voici au moment ou L' Angélus devient un talisman
qui partout où il passe fait jaillir un flot de paroles, un flot
d'encre et un flot d'or. On le vend, on le revend, on le
grave, on le regrave, on le promène, on l'exhibe, et toujours
de l'argent ! Au moment où Waltner le grave pour la
seconde fois il est à deux cent mille francs. Encore
quelques années et il va passer à six cent mille !
En 1889, (il nous en souvient) des collectionneurs qui se
sont liés à l'occasion de l'exposition centennale ne veulent
pas se séparer pour toujours. Ils organisent un dîner pour
se revoir. On dîne donc. On cause art, art français ; peinture,
peinture française, peinture française contemporaine; on
s'excite, on s'échauffe ; on déboulonne en passant les vieux
allemands et les vieux italiens , on dit leur fait aux italia-
WALTNER. 265
nissimes. Place aux jeunes , aux Français du xixe siècle :
c'est « eux qui sont les princesses ». On pleure sur
Y Angélus qui n'ira pas au Louvre parce que l'Etat ne peut
pas l'acheter. Au dessert surgit une idée généreuse: Si
nous avancions les fonds ? On les avance par cotisation ,
trois cent mille. Le lendemain Y Angélus se vend six cent
mille et on l'achète tout de même , effet bien connu
de Y emballement en vente publique. Mais l'Etat ne juge
pas à propos de prendre l'acquisition à son compte ; nous
n'avons ni à le louer ni à le blâmer. Les Américains se
substituent aux amateurs-acquéreurs , paient les six cent
mille, emportent Y Angélus. Les collectionneurs emportent
leur veste et rentrent dans leurs avances.
Vue de loin et avec dilettantisme l'affaire n'est pas
capitale. Mais sur l'instant, quelle histoire ! En toute chose
il y a un mauvais et un bon côté. Le bon côté, ici, était
qu'un tableau de l'école française contemporaine était allé
à six cent mille et avait trouvé plus d'un acquéreur.
Résultat très clair. Et pour la conduite à tenir ensuite , il
n'y avait qu'à laisser passer Y Angélus, en saluant le tableau
qui valait un tel prestige à l'huile française. Mais c'est
trop demander à des Gaulois. Alors on se mit à analyser le
tableau et l'opération, et l'on découvrit : 1° que le tableau
ne valait que la moitié de ce qu'on l'avait payé, 2° que
c'était un mauvais Millet , 3° qu'il était en mauvais état ,
4° que c'était un tableau clérical. Clérical et craquelé ,
Monsieur ! 5° que ces pauvres Américains avaient été
victimes, 6° enfin, un critique, et des plus forts, s'écria que
Y Angélus «c était un tableau de cent sous ! »
Ah, s'il s'était agi des Glaneuses ! Les Glaneuses, voilà ce
ce qu'il eût fallu pour notre musée. Car... si... mais... etc.
Un mois après , les Glaneuses étaient généreusement
données au Louvre. A quelque chose Angélus est bon !
A peine celui-ci était-il vendu qu'on en faisait graver à
Paris une reproduction pour l'exportation (ne pas confondre
avec celle de Waltner), qui en un clin d'ceil donnait en
Amérique vingt-cinq mille francs de bénéfice.
Des reproductions de Y Angélus, encore une fois, Seigneur,
délivrez-nous !
103. LE CHRIST DEVANT PILATE : Munkacsy ;
gd. in-fol. en 1. 1882.
266 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
Passons à la série des reproductions de l'école anglaise
ancienne.
104. BLUE BOY: Gainsborough ; in -fol. 1880,
(Colnaghi).
105. Miss Graham : Gainsborough : in-fol. (Id.)
106. Evelina: Cosway; in-18. (Id.)
Petite pièce d'une grande finesse.
107. LADY GAMDEN : Reynolds ; gd. in-fol., 1883.
(Goupil).
Pièce capitale.
108. Miss Benwell : Hoppner ; in-4.
109. The Misser Baillie : Gainsborough ; in-fol.
110. LADY MULGRAVE: Gainsborough; in-fol.,
1885.
Très belle pièce. Grandes recherches de délicatesse
d'exécution.
111. M ASTER LAMBTON : Lawrence ; in-fol.
Série capitale des estampes d'après Rembrandt : 1882-87.
112. REMBRANDT: d'après lui-même (National
Gallery) ; gd. in-fol., 1882. (Goupil).
Une des pièces les plus capitales de l'œuvre. De pareils
morceaux, quoique estampes de reproductions, placent, par
la fierté de l'exécution , Waltner parmi les graveurs
originaux.
113. LE DOREUR : Rembrandt; gd. in-fol. (Goupil).
Autre pièce très capitale.
Ces maîtresses planches de Waltner n'ont pas peu
contribué à ce qu'on pourrait appeler la transformation de
l'étalage du marchand d'estampes.
WALTNER. 267
Il y vingt ans , l'estampe ancienne y dominait encore ,
aujourd'hui l'estampe contemporaine y règne , et avec
éclat. Voyez, rue Laffitte, la devanture de Dumont.
Signe très caractéristique, ce déplacement du commerce
des estampes quittant le quai pour la rue Laffitte , s'éloi-
gnant des libraires pour se rapprocher des marchands de
tableaux.
114-115. WILLEM DAEY; — Mme WILLEM
DAEY: Rembrandt; 2 p. gd. in-fol., 1885. (Goupil).
116. LA RONDE DE NUIT : Rembrandt ; très gd.
in-fol. en 1. 1886.
Cette planche , d'une importance exceptionnelle , a été
tirée sur beau papier du Japon très mince. Waltner estime
qu'on eût obtenu un résultat merveilleux en tirant sur le
même papier , mais appliqué sur un autre papier , pour lui
donner du corps.
1 17. Un vieux Rabbin : Rembrandt; gd. in-fol. (Goupil).
La gravure est , vue de près, très étudiée , mais le sujet
est ingrat à reproduire. Si l'on s'éloigne, il se résout en un
grand carré noir avec un petit bout de nez blanc.
118. UN RABBIN (Hobach) : Rembrandt; gd. in-fol.
119. Le Philosophe (de trois quarts à gauche devant
un livre) : Rembrandt ; gd. in-fol.
120. ELISABETH BAS (V™ Svartenhout ) : Rem-
brandt; gd. in-fol., 1887.
Dernières pièces d'après les peintres contemporains.
121. ENTRE L'AMOUR ET LA RICHESSE : Vély ;
in-fol. (Goupil).
Gravure délicate. Mais ce sujet est bien démodé.
122. L'AMOUR ET PSYCHÉ : P. Baudry ; in-fol.
(G. Petit).
268 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
123. REGINA : Henner ; gd. in-fol., 1888. (Boussod).
124. Diplôme des récompenses de l'Exposition Uni-
verselle de 1889 : Galland ; in-fol. en 1.
En 1886, nous faisions remarquer , a l'article Calamatta ,
que le diplôme de la première exposition universelle avait
été gravé sur un dessin d'Ingres, et nous déplorions que le
diplôme de 1878 , d'après Baudry , n'eût été qu'une photo-
gravure. Depuis, nous avons eu l'occasion, à une assemblée
plénière du jury de 1889 , de faire émettre le vœu unanime
que le diplôme des récompenses de l'exposition universelle
fût gravé. C'est ainsi qu'est né le diplôme ci-dessus.
Le dessin fut mis au concours : l'exposition de tous les
projets eut lieu à l'Hôtel-de- Ville, au nombre d'environ
cent cinquante. Puissance de l'imitation ! Il y en avait ,
d'entrée de jeu , cent vingt a éliminer , comme étant des
réminiscences du diplôme de Baudry pour 1878. Restaient
trente projets neufs. Les uns , et c'étaient les plus inté-
ressants, abordaient résolument la question d*époque et de
localité , plaçaient dans leur dessin la vue de l'exposition ,
abordaient pour les figures le costume contemporain , ou
l'allégorie transparente ; en un mot dataient leurs composi-
tions et en faisaient bien le diplôme de 1889 et non autre.
Les autres restaient dans les allégories générales et sans
date, le diplôme pouvant convenir a toutes les expositions,
à tous les pays et à toutes les dates. Le jury a préféré
cette donnée. Elle a laissé Waltner sans entrain.
125. LES BŒUFS SE RENDANT AU LABOUR:
Troyon (Musée du Louvre) ; gd. in-fol. en 1.
126. Les Fedx de la Saint-Jean : J. Breton ; gd.
in-fol. en 1. — 127. L'Étoile du Berger : J. Breton ;
in-fol. — 128. La Tricoteuse : J. Breton ; in-8.
129. La Musique : Delaplanche ; in-fol.
130. La Comtesse de Bréan ; in-fol.
131. Corot peignant, allégorie : Foubert ; in-8.
132. SALOMÉ : H. Regnault; gd. in-fol. (G. Petit).
WALTNER.
133. L' Angélus N° 3, in-fol. en 1. 1892.(Knœdler).
Lui ! toujours lui 1
Ah, décidément en voilà assez ! Nous avons assez vu ces
deux paysans, d'une vérité suspecte. On demande à en voir
d'autres; de vrais paysans français. Tenez, peignez une
Sortie de la Messe, et montrez-nous, par exemple, quatre
paysans , tous pareils , vêtus du même costume de bonne
laine , tous quatre rasés de frais pour ce jour-là , la tète
couverte du chapeau à larges bords, et enfoncée dans le col
d'une chemise fraîche, lavée, non empesée.
A première vue vous les prendrez pour quatre exemplaires
du même individu. Quelle erreur profonde , et pour celui
qui les connaît et les fréquente, quelles différences de
situation et quelle hiérarchie ! L'un a quatre cent mille francs
de terres. L'autre , plus modeste , est encore un personnage
d'importance, il a un bien de vingt-cinq mille francs.
Le troisième, tout semblable par l'extérieur, n'a rien : c'est
le prolétaire des campagnes, le journalier à trente sous par
jour. Le quatrième a peu de bien , mais quel personnage !
C'est Monsieur le Maire. C'est lui qui demain, au château,
mariera la fille de M. le Marquis avec quelque noble
lieutenant de cavalerie. Pour l'instant , les quatre sosies
réunis, causent, calmement. Savez-vous ce qui sort de leur
bouche. Les destinées du pays. Dimanche prochain, ils
feront un empire ou consolideront une république
134. LE TRIOMPHE DE CHRISTOPHE COLOMB:
Benj. Constant ; très gd. in-fol. 1893.
135. MEISSONIER d"après lui-même, iri-4. (Pour le
Catalogue de l'exposition Meissonier, 1893).
WATELET (Louis -Etienne) ('), 1780-1866
(1) Une imprimerie Watelet, boulevard Edgar Quinet, à Paris, a publié
une série de grands placards-réclames illustrés. Par exemple :
Magasin du Don Diable. Clemenceau a la tribune, et derrière lui
Gambetta au fauteuil de la présidence. — Magasin du Chat botté. Mariée
descendant d'une impériale d'omnibus. — Magasin Aux Travailleurs.
M. Grévy à l'Elysée — Etc.
270 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
peintre de paysages et lithographe. — Paysage
historique représentant Henri IV et le capitaine
Michau, lith., 1819. — Plusieurs croquis de paysa-
ges, datant des débuts de la lithographie. PI. pour
l'ouvrage du baron Taylor. — Etudes de Paysages
dessinés d après nature, lithographies et dédiés à ses
élèves par Walelet, membre de la Légion d'Honneur
et de la Société académique des Enfants d'Apollon,
1829. — PI. pour Croquis par divers artistes.
Avant de lithographier, Watelet avait publié
des Principes de Lavis et d'Aquarelles, gravés.
WATTIER (Edouard) , né à Lille en 1793, dessi-
nateur. — Lithographies pour la Galerie du duc
d'Orléans. — Petit Chemin de Croix, lith. —
Vignettes pour les Contes de La Fontaine, éd.
Bourdin, 1839, pour L'Écho des Feuilletons, etc.
WATTIER ( Emile ) , né à Paris en 1800, mort à
l'hôpital de la Charité en 1868, peintre, litho-
graphe, caricaturiste, graveur et vignettiste. Il
n'était pas sans talent, mais en ce qui concerne le
côté estampes, son œuvre est inconsistant : la
simple énumération des pièces nous montre un
esprit passant d'une matière à l'autre, et irrésolu
sur le choix d'une voie à suivre. Son idée domi-
nante fut , parce qu'il s'appelait Wattier , de faire
des sujets Watteau.
WATTIER. 271
1-14. Eaux-fortes.
1. CONVERSATION DANS UN PARC , sujet Watteau ,
vernis mou in-4.
Un homme, appuyé sur un arbre, parle à une femme qui
tient un éventail. Au fond, balustrade, fontaine jaillissante.
(24 cent, sur 16 Vs-)
Au premier état le fond n'est pas fait, et l'on voit à droite
une femme qui tient une fillette ; ces deux figures ont ensuite
été supprimées.
2. LAlbUiM, croquis in-4 à claire-voie.
Sujet Watteau. Une jeune femme assise, devant un petit
mur de parc, regarde un grand album, une autre femme
debout, à droite, fait de la main gauche le geste de montrer
quelque chose sur l'album. (13 cent, sur 16.)
3. L'Album, vernis mou, in-4 en 1.
Sujet analogue au précédent. Une jeune femme , dans un
parc, regarde un album. A sa droite, c'est-à-dire à gauche
par rapport au spectateur, une femme debout, la main
droite retombant le long du corps. (20 cent. Va sur 13).
4. Le Livre a figures.
Sujet Watteau. — Tirage postérieur sous le titre : Une
belle matinée. (Galerie Durand-Ruel.)
5. La Lecture, vernis mou, in-4 en 1.
Sujet Watteau. Femme debout, vue de dos, lisant une
lettre, dans un parc ; plus loin, une femme étendue à terre,
un homme assis, et une femme tenant un enfant. (20 cent,
sur 13.)
6 Conversation galante, vernis mou, in-8.
Sujet Watteau Femme assise contre une balustrade. A
gauche, un homme et une femme, causant, s'enfoncent dans
le parc. (15 cent, sur 12.)
7. La Leçon de mandoline, vernis mou, in-8 rond.
Sujet Watteau. Diamètre 13 cent.
8. Leçon de mandoline, eau-forte, in-12.
Sujet Watteau. 11 cent. J/2 sur 7 */a.
9. Julie et Saint-Preux, eau-forte, in-8 en 1.
Ils sont à l'avant d'un bateau d'où ils vont descendre.
9 cent. !/2 sur 7 */2.
272 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
10. Croquis de jeune femme assise , eau-forte in-8 à claire-
voie.
De face, robe décolletée en carré, coiffure à boucles sur
les côtés de la tète. Hauteur de la gravure 12 cent. La
planche a 20 cent. ij<% sur 15 lj%. — Premier état , la tête
seule et très légère indication de la robe.
11. Le Chagrin, eau-forte in-4 en 1.
La femme est d'un type qui rappelle celui des femmes de
Johannot. Coiffée d'un petit bonnet, elle est agenouillée,
appuyant sa tête sur son coude droit qui repose sur un gros
tronc d'arbre. Largeur de la gravure : 18 cent. Dimensions
de la planche : 23 cent, sur 19.
12. LE BAISER, eau-forte in-8 ovale.
Des amours dansent une ronde autour d'une jeune fille
debout, vêtue à l'antique, et qu'un jeune homme embrasse.
14 cent, sur 10 */2.
13. LE SOMMEIL, pendant de la pièce précédente.
Des amours étendent un voile sur les deux amoureux,
qui dorment dans un bois.
14. FRONTISPICE, vernis mou, in-4 à claire-voie.
Cadre orné. Femme ailée distribuant des estampes, que
regardent des amours. Au bas, une famille, en costume de
1840, regarde un grand album. (24 cent, sur 16 */g.)
15. Lithographies.
Exposition de 1824 (Journal La Pandore). — Campagne
d'Orient, série in-fol. (*) — Costumes géorgiens, série.
La Vie d'une Modiste, 17 lith. color. (Villain et
Engelmann). — L'Utilité d'une jambe de bois, petit album
(Osterwald, 1828). — Série de types en caricature, 1828. —
Ce que Von voit tous les jours, ce que Von voit trop souvent,
série caricaturale, 1829 (Osterwald et Rittner) (2). — Cinq
heures du soir ; dîner au Rocher de Cancale. — Un ama-
teur partant pour Alger. — Innovation romantique, cari-
cature de modes, 1830.
(1) Une des pièces, le Débarquement des Français en Morée, porte
la mention : Composé et lithographie par Waltier, le ciel PAR Frédébic
DELARVELLE I Cet inconnu qui intervient pour finir un ciel et qui le signe
est un comble.
(2) Grand -Carteret cite deux autres suites : La Journée d'une actrice
et L'Echelle conjugale, et les attribue à Edouard Wattier.
WATTIER. 273
Une pièce de la série des Pasquinades. (Voyez Gat.
d'Henry Monnier).
Les quatre Sergents de La Rochelle.
Tuileries, 29 juillet 1830 (un patriote expirant est porté
sur le trône où il rend le dernier soupir). — Arrivée de
La Fayette à l'Hôtel de ville. — Le Roi-Citoyen (Louis-
Philippe en pied, in-4). — Planches pour la Caricature et
le Charivari. — Arrestation de la Duchesse de Berry,
in-fol. en 1.
Macédoines sur les Journées de Juillet, Souvenirs de Paris
en 1831, Petits Sujets baroques, Petits Costumes militaires,
Petits Costumes suisses, Sujets chinois, Salmigondis poli-
tique, Petits Sujets de piété, etc.
Suite de sujets avec portes et fenêtres à découper et à
réappliquer : (Martinet, 1831), les pièces sont un peu moins
risquées que les similaires des suites de Numa et Bouchot.
Planches pour Croquis par divers artistes.
L'Amour badin : Watteau pinx. Wattier lith.
L'Œuvre de Boucher , reproduit par Emile Wattier
d'après la gravure des dessins originaux ( ce qui signifie :
lithographie d'après les fac-similé de Demarteau et autres),
album de 65 lith., chez Troude et Hourtier (la 2uie série,
nos 66 et suiv. par Georges Bellenger, chez Fabré.
D'après Wattier :
Vignettes sur bois ; titre du Monde Dramatique, 1835,
gravé par Porret ; fleurons divers ; illustrations pour le
Cabinet de l'Amateur, Autrefois ou le bon vieux lemps ,
Y Histoire-Musée de la République Française par Chal-
lai.iel (*) ; suite de vignettes pour Y Histoire Sainte.
(!) Wattier y a reproduit, d'après des estampes du temps, des types de
sans-culottes et le « porte-drapeau de la fête civique ». Dans le même
livre le portrait de Carrier est dessiné par Charles Jacque, qui a égale-
ment donné la reproduction d'une caricature ancienne : « La Provision
du Couvent ». Jacque del. et se.
L'Histoire -Musée de la Révolution représentait en 1842 le suprême
effort d'une illustration documentée, avec ses pénibles reproductions
d'estampes anciennes par des graveurs sur acier tels que Branche, Mon-
nin, Rebel, etc. Quel chemin nous avons parcouru depuis, avec les
facilités de vulgarisation données par les reproductions dérivant des
procédés photographiques ! Pour le XIXe siècle seulement et en quelques
Xll 18
274 LES GRAVEURS DU XIX» SIECLE.
Sur acier : 20 vignettes gravées par Le Couturier pour les
Chansons nouvelles de Festeau, auteur des Éphémères et
des Égrillardes, 1847, in-18.
Etats-généraux du travail avec portrait de Louis Blanc,
gravé par Riffaut (devenu ensuite un Calendrier démocra-
tique pour 1851).
L'Attente, lith. par Jorel (L'Artiste) — Adieux du prince
Louis-Napoléon à Napoléon Ier, lith. par C. Nanteuil en
1849. — Un Petit Souper sous la Régence (ce tableau a
été le cheval de bataille de Wattier) reproduit dans L'Artiste.
— Un Souper (du Directoire ou de la Régence ?) lith. par
Lemoine. — Souper de débardeurs, jolie pièce lithogra-
phiée par Sirouy, in-4 en 1.
Très nombreuses images de piété.
Wattier avait dessiné pour le Ministère de l'Intérieur des
brevets pour les récompenses à accorder aux arts et à l'in-
dustrie, 1850.
WEBER (Antoine- Jean), peintre et lithographe,
1797-1875.
Lith. pour Histoire lithographiée du Palais-
Royal, par Vatout. (Imp. de Motte, in-fol. lith. de
Weher, Marin Lavigne, Lafosse, etc.).
Reproductions diverses ; Gustave Wasa : Hersent.
Sainte Hélène : Vafflard ; — Le mauvais Numéro :
Bafcop ; — Imagerie galante de 1830 , etc. ; —
Portrait de P. -H. Marron , président du Consis-
toire de l'Eglise réformée de France, d'après
Vafflard, in-fol. — Mgr. Affre exposé sur son lit
funéraire.
années, avec les ouvrages publiés sur Napoléon, — sur le XIXe siècle,
— sur la caricature, — sur Daumier, — sur les vignettes romantiques,
— sur Raffet, etc., on en est arrivé déjà à avoir répandu dans le public
les reproductions exactes de plusieurs milliers d'estampes.
WEBRR 275
WEBER (Frédéric), néàBâle, graveur, élève de
Forster. — Portraits pour les Galeries de Versailles.
— Erasme : Holbein. — Napoléon et son fils :
Steuben. — Italienne à la Fontaine : de Keyser. —
Jeune Suissesse et un autre type de femme , in-4 :
Winterhalter. — La Vierge au linge : Raphaël ,
1859. — ■ Portrait de jeune homme : Raphaël
(Chalcographie). — La Villa Visconti : Raphaël,
1868. — La Madona di Lugano : Luini , 1873. —
Amerbach : Holbein. — L'Amour sacré et V Amour
profane: Titien, 1876. — Petit Gitan o : Artaria.
V Impératrice Eugénie, profil in-4: Winter-
halter, 1863. — Le Prince, La Princesse de Galles,
2 p. : Winterhalter. — Le Prince Frédéric de
Prusse et la Princesse Victoria, 2 p. -.Winterhalter.
Louise Colet, Cooper, Canova, Stehlin, bourg-
mestre de Baie, 1880, etc.
WEBER ( Otto ) ( l ) , peintre et graveur. — En
Ecosse , Pardon breton , Le Soir au Village , eaux-
fortes (Gadart).
WEDGWOOD. — Vignettes et portraits pour
l'illustration, vers 1820. — Bernardin de Saint-
Pierre , in-8. — Didot l'aîné d'après le médaillon
de Veyrat, etc.
(!) D'après Th. Weber, peintre de marines, quelques reproductions de
tableaux par la chromolithographie, le bois ou l'eau-forte, et des menus
en photogravure Goupil.
276 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
WEIR (J.-A.) , né à West-Point (États-Unis)
en 1852, peintre et graveur, a envoyé quelques
planches à l'Exposition Universelle de 1889. —
Portraits de John Weir, de E. C. Weir, de
Mme Weir (plusieurs fois répété), de Me"e Weir,
enfant ; diverses Etudes, etc.
WÉRY (Pierre), peintre lyonnais , 1770-1827,
a lithographie : Vue prise dans l'intérieur de l'île
Barbe, près Lyon (Engelmann). — Vue de Vile
Barbe. — Vue de S te- Colombe, Dauphiné.
Piringer a gravé des vues d'après Pierre Wéry.
WHISTLER (James Mac Neil), peintre, graveur
et lithographe.
Américain de naissance et de tempérament,
londonien de résidence, parisien de goûts et par-
fois de séjour, il est nettement français par le
début de son œuvre de graveur : à telles enseignes
que sa première publication d'eaux-fortes a reçu
le nom deFrench Set, la suite française.
Né à Baltimore, vers 1833 (?), fils d'un major du
génie de l'armée américaine, Whistler, d'abord
destiné à la carrière militaire, fut élève de l'école
de West-Point. Mais bientôt, se tournant vers
l'art, il vint à Paris où vers 1857 on le trouve
élève de l'atelier de Gleyre f1).
(!) Ce qui a fait dire à un critique un peu paradoxal « qu'il n'y a pas
» de gens de talent sans avoir passé par l'école de David : car enfin
WHISTLER. 277
A ce moment, Peau-forte originale était en plein
épanouissement. Non qu'elle eût été précédem-
ment abandonnée : de 1830 à 1850, elle avait eu
Célestin Nanteuil, Paul Huet, Marilhat, Raffet,
Delacroix, Meissonier, Johannot, Trimolet, Bléry,
» Gleyre, n'en eût-il jamais été, en est, et ses élèves par conséquent. »
11 fut un temps où Whistler exécutait une copie de Y Angélique d'Ingres,
à côté de J.-J. Tissot qui la copiait également. Où est aujourd'hui cette
copie de V Angélique par Whistler ?
Pour en finir avec la peinture, qui n'est point notre sujet, rappelons
que Whistler, en 1863, ne fut pas admis au Salon, et que son tableau, la
Jeune Fille blanche, figura à l'exposition des Refusés.
Combien il est difficile d'éclaircir, au bout de peu de temps, le moindre
des points d'histoire ! Même alors que les documents abondent : tellement
les documents ont peu de calme et d'impartialité et sont pleins de passion,
et des passions contraires. Allez donc choisir !
Par exemple, pour ceux qui n'ont pas vu l'exposition des Refusés de
1863, comment se la représenter? A croire certains articles de la critique
actuelle, ce fut une réunion d'oeuvres admirables et incomprises, et « la
renommée de ce Salon fameux ira désormais sans cesse en grandissant. »
Ceci paraît, à la simple première vue, un peu fort. Sans doute, il y
eut, en 1863, comme toujours, des erreurs de jury. Il est positif aussi
que des débutants d'alors, refusés, se sont montrés ensuite avec éclat.
Enfin une nouvelle éducation de l'œil a fait comprendre depuis des
œuvres qui alors étaient jugées, de bonne foi, hérétiques ou mystifica-
trices. Pour la gravure, nous avons vu que Y Erasme de Bracquemond et
le Jean Bellin de Gaillard furent proscrits. C'est vif! Ils furent d'ailleurs
remarqués, par Burty. Dans la peinture on cite un certain nombre
d'artistes, les uns refusés en totalité, les autres en partie seulement, le
surplus de leurs envois étant admis au Salon, et que l'erreur partielle ou
totale du Jury n'a pas empêchés de faire leur chemin.
Mais ceci ne nous donne pas un jugement d'ensemble.
Si nous interrogions un témoin contemporain ? Ne le prenons pas
impartial, mais, au contraire, très engagé dans la lutte et dans l'opposi-
tion, (quand on est de l'opposition, il ne suffit pas de l'être en politique,
il faut le rester jusqu'en peinture et en art \), et sincère. Ce témoin, ce
sera Castagnary, et ce qu'il nous apprendra des Refusés sera fort inté-
ressant (Salons, 1851-1819 ; Charpentier, 2 vol. 1892).
Castagnary nous dit que « ni l'édit de Milan, ni l'édit de Nantes ne
278 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
Jacque, Chaplin, Allemand, Achard, Hervier,
etc. Mais elle tendait à prendre un développement
extraordinaire, et présentait surtout une vigueur
et une couleur nouvelles, caractéristiques ; elle
était devenue ce que certains ont appelé « l'eau-
forte intense ». Evolution saisissante avec Leys,
Saint-Marcel (1848), le cahier de Daubigny (1851)
et les premières eaux-fortes de Corot et de Millet,
» mirent tant de joie au cœur des opprimés que la décision souveraine
» qui ordonnait l'exposition des refusés. Dans les ateliers ce fut un délire
» universel : on riait, on pleurait, on s'embrassait. »
L'espérance secrète de l'Opposition était que le Contre-Salon serait une
réunion d'œuvres étourdissantes, qu'il écraserait net et à jamais le Salon,
en mettant une fois pour toutes en lumière l'incurable ânerie des jurés offi-
ciels. Bref, que ce serait la Révolution en art, — en attendant mieux.
Mais voici que beaucoup de refusés, au moment de paraître devant le
public pris pour juge, doutent d'eux-mêmes, prennent peur et se récu-
sent. Castagnary dit « qu'il regrette le caractère facultatif que le gouver-
nement a cru devoir laisser à la contre-exposition » (!).
Sur ce, l'Exposition des Refusés ouvre. On y remarque quelques
victimes, dont notre critique effectue d'ailleurs immédiatement le sauve-
tage. Mais l'ensemble du Contre-Salon, il le faut juger ! Et Castagnary
prononce, sur son honneur et sa conscience, devant le dieu des Arts et
devant les hommes, ce terrible verdict :
« Par ce temps de littérature abondante, on sait assez généralement
» en France ce qu'est un roman ennuyeux, un drame mal fait, une pièce
» de vers insipide, un article de journal déclamatoire ou diffus. Avant
» l'exposition des Refusés on ne pouvait pas se figurer ce qu'est un
» mauvais tableau !
» Aujourd'hui, grâces en soient rendues à Apollon, nous le savons.
» Nous l'avons vu, touché, constaté. Nous pouvons dire hardiment que
» de toutes les sottes productions, la plus sotte ne se fait pas avec la
» plume, mais avec le pinceau. L'homme de lettres s'arrête à mi-chemin
» de l'imbécillité. Plus favorisé que lui, le peintre a le privilège d'atteindre,
» que dis-je ? de reculer les bornes de la bêtise ! »
C'est parler net, et l'on est fixé.
Revenons à Whistler : la brouille entre nos jurys et lui ne dura point,
— pas plus que la froideur marquée que, paraît-il, il rencontra au début,
WHISTLER. 279
et plus encore avec Méryon, qui, de 1850 à 1856,
terminant son œuvre, portait la gravure originale
à l'apogée de la gloire. Bracquemond, le suivant,
avait donné une grande partie de ses pièces maî-
tresses.
Whistler entra dans le courant en 1857, en
gravant son propre portrait (F. Wedmore, n° 1)(1).
En 1858 paraît la « suite française ».
de la part de la Royal-Academy. En 1865, on trouve au Salon son tableau
La Princesse du pays de la porcelaine ; en 1867, Au piano et Sur la
Tamise l'hiver. Puis une longue abstention. En 1882, un portrait ; en
1883, le Portrait de la mère de Whistler ; en 1884, Carlyle ; en 1885,
Lady Archibald Campbell et Théodore Duret ; en 1886, un portrait ; en
1890, deux Nocturnes, etc. Aujourd'hui Whistler, chevalier delà Légion
d'honneur en 1889, a été promu officier deux ans après, en 1891, et le
portrait de sa mère, œuvre remarquable, est au Luxembourg.
Sur Whistler peintre, voyez les nombreux articles de toute la critique
d'avant-garde : Th. Duret, Gustave Geffroy, Roger Marx, Huysmans,
etc., etc. Et dans une autre note, des articles un peu mordants {T. W.,
Chronique des arts et de la curiosité, 25 octobre 1890. — Le Whisllé-
risme et le Pissarisme, par Pointe-Sèche, aans le Journal des Arts).
Nous laissons de côté la partie combative de la carrière de Whistler,
son procès avec Ruskin, son Ten o'Clock, la publication de ce livre au
titre excentrique et original : L'Art charmant de se faire des ennemis, et
autres faits contingents qui dans quelques années seront oubliés. Tandis
qu'on connaîtra toujours la série des eaux-fortes de la Tamise !
(l) <( Whistler was Wistler's first model, » a dit son catalographe
F. Wedmore. — Il faut y ajouter Annie Haden (2) et Le Hollandais
tenant un verre (3).
Les numéros que nous citerons entre parenthèses sont ceux du cata-
logue de 214 planches de l'œuvre de Whistler par Frédéric Wedmore.
Voyez Whistler's Etching, a study and a catatogue by Fredc^ic
Wedmore : London, Thibaudeau, 1886, in-12, avec cette épigraphe en
français qui, mise ici, a une saveur particulière : Sans la liberté de
blâmer, il n'y a point d'éloges flatteurs. BEAUMARCHAIS. Il faut se rappeler
qu'en Angleterre, la critique d'art ne s'exerce que sous la menace de
procès commerciaux en dommages-intérêts, pour dépréciation de la mar-
chandise.
280 LES GRAVRURS DU XIXe SIECLE.
Douze Eaux-Fortes d'après nature, par James
Whistler. Imp. Delàtre, rue Saint- Jacques, 171,
Paris, noo. 1858. A mon vieil ami Seymour Haden.
Titre. L'artiste dessinant entouré de gamins (20).
— Liverdun (4). — La Rétameuse (5). — En plein
soleil (6). — La Maison délabrée, Alsace (7). — La
mère Gérard (9). — Une rue à Saverne (11). — Le
petit Arthur (13). — La Vieille aux loques (14). —
Annie (15). — La Marchande de moutarde (16). —
Fumette (18). — La Cuisine (19).
Indépendamment de cette suite, les eaux-fortes
françaises, parmi lesquelles sont des pièces très
fines, comprennent encore :
Chien au chenil (8). — La mère Gérard, penchée
^10). — Fille tfHeidelberg (12). — Logement de
chiffonniers, quartier Mou f fêtard (17). — Portrait
de Deldtre, hommage à Mme Delâtre (21). — Soupe
à trois sous (27). — Bibi Valentin, enfant en
tablier (28) . — Lecture au lit (29) . — Bibi Lalouette,
enfant de profil, 1859 (30). — Le Verre de Cham-
pagne (31). — Portrait de P écrivain As truc (pièce
appelée quelquefois « Davis ». (49). — Fumette
debout (50). — Fumette la tête penchée (51). —
Drouet, sculpteur, 1859 (53).
Elle de la Cité vue de la Galerie d Apollon,
in-4 en 1., Dec. 1859(55).
Finette à la fenêtre, en grande crinoline, robe
de velours, et la main sur la hanche, in-4, 1859 (54).
— « Finette » , dit le catalogue Wedmore, « was
WHISTLER. 281
» a public dancer. She was generally the com-
» panion of Alice la Provençale or of Rigol-
» boche, in a famous quadrille then in vogue. »
On n'est donc pas plus parisien que Whistler à
cette date. Mais c'est aussi le moment où il va
cesser de l'être, pour commencer son œuvre
anglais.
L'année 1859 est notable dans l'histoire de
l'eau-forte. C'est l'année où Jacquemart essaie
pour la première fois sa pointe prestigieuse, où
Legros se met à graver, où Jacque exécute sa
grande Bergerie, où s'annoncent Lalanne. Jong-
kind, Rops, Ghauvel ; c'est l'année enfin où
Seymour Haden grave les Pêcheurs de la Tamise,
et Whistler les premières pièces de la série de
Londres: avec les deux beaux-frères (Seymour
Haden a épousé la sœur de Whistler), Fart de
l'eau-forte « intense » passe la Manche et s'im-
plante avec éclat en Angleterre^1 )
Whistler, maître de sa pointe déliée, eut la
fortune de trouver à Londres un sujet ; un sujet
(!) Rappelons que, de l'autre côté du détroit, l'eau-forte, au commence-
ment du siècle, avait eu David Wilrie, dont l'œuvre est de quatorze
pièces.
1. Tête de vieillard. — 2. Dame assise à la fenêtre et lisant une lettre;
et femme debout dehors tenant un enfant. — 3. Groupe de trois garçons.
— 4. Garçons jouant à la chaise à porteurs. — 5. Extérieur d'un
cottage dans la manière d'Adrien Ostade, 1820. — 6. Étude pour un
fragment du tableau « Lecture du Testament », 1819. — T. Intérieur du
« Dressing-Room ». — 8. Renvenuto Cellini et Paul III. — 9. Intérieur
hollandais, 1820. — 10. Pauvre femme et deux enfants. — 11. Etude de
282 LES GRAVEURS DU XIXe SIÈCLE.
inédit et capital. Pour cela il ne lui fallut qu'ou-
vrir sa fenêtre, dans sa demeure du vieux Chelsea
qui nous est connue par une des plus belles
eaux-fortes de Seymour Haden( ' ), et regarder « en
» haut de la rivière les vieux ponts de Putney et
» de Battersea, les appontements et les magasins
» où se déchargent les marchandises, l'enfilade
» des allèges et des gabares à sec sur la rive : plus
» bas, vers le port maritime, les navires amarrés
» le long des docks où les bateaux de pèche
la tête du Bagpiper. — 12. Intérieur de chapelle dans une cathédrale. —
13. Dame assise à une fenêtre. — 14. Intérieur d'un cottage avec femme
assise, et une autre femme qui se baisse pour embrasser un enfant.
De Wilkie, il faut rapprocher le peintre Andrew Geddes, avec son
œuvre de quarante-trois eaux-fortes.
la Mmc Geddes mère. — lb L'Enfant à la pomme. — Ie Enfant
couché et chien. — 2. Sir William Allan. — 3. Barrington Pope Black-
ford. — 4. Henry Broadwood. — 5. David Bridge Junior. — 6. Georges
Ghalmers. — 7. Lady Henrietta Hay Drummond. — 8. Francis Jeffrey.
— 9. William Martin. — 10. Alexander Nasmilh. — 11. Colonel Phi-
lipps. — 12. M. et Mme Jerry. — 13. Archibald Skirving. — 14. John
Sheepshanks. — 15. Homme en armure. — 16. Van Dyck. — 17. L'Infante
Isabelle. — 18. Nicolas Rockox, bourgmestre d'Anvers ; 1822. — 19.
Philippe IV. — 19b. Pierre de Laer. — 20. Vieille femme. — 21. Rem-
brandt. — 22. Tête de vieille femme. — 23. Petite tête. — 24. Vieillard
endormi. — 25. Pauvresse. — 26. L'enfant à la cuiller. — 27. La Femme
aux crêpes. — 28. La Maison de Claude Lorrain à Rome. — 29. The
Field of Bannocklown. — 30. Halliford sur la Tamise. — 31. Peckam
Rye, près Londres. — 32. Richmond Park. — 33. Vue à Caen Wood. —
34. La Souche d'un vieil arbre. — 35. Au parc de Richmond. —
36. Halliford. — 37. Arbres à Hyde-Park. — 38. Vue de la Tamise. —
39. Le Christ et les Docteurs. — 40. L'Enfant noir.
Le catalogue des elehings de Wilkie et Geddes a été publié par Laing,
en 1875, à Edimbourg.
(1) Whistler's House, Old Chelsea, (N° 47 du Cat. d'Haden).
WHISTLER. 283
» apportent le poisson au grand marché de Bil-
» lingsgate ». Et Whistler « inventa » la Tamise
maritime et marchande, la Tamise des ivharfs,
des piers et des warehouses, dans cette série de
seize pièces qui est sa maîtresse œuvre : Sixteen
Etchmgs of Scènes on the Thames, and oiher
subjects, série qui se compose de :
Thames Warehouses, from Thames tunnel pier,
pet. in^enl., 1859(35);
Westminster Bridge, pet. in-4 en 1. (36) ;
Limehouse, pet. in-4 en 1. (37) ;
Tyzac, Whiteley & C°, ou Eagle Warf, petit
in-4 en 1. (39) ;
Black Lion Warf, pet. in-4 enl.;
The Pool, pet. in-4 en 1.;
Thames Police, ou Wapping Warf, pet. in-4
en 1. (42) ;
The Lime-Burner. in-4 (44) ;
Portrait de Becquet, violoncelliste , ou The
Fiddler, in-4 (48) ;
Rotherhite, ou Wapping, in-4, 1860 (60) ;
The liitle Pool, in-12 en 1. (72) ;
La Forge, gd. in-4 en 1., 1861 (63) ; (l)
(*) Au sujet de cette pièce célèbre, le catalographe de Whistler met une
annotation qui est pour nous faire froid dans le dos, à nous tous collec-
tionneurs qui pensons avoir une belle Forge. » L'effet cherché dans cette
» audacieuse pointe-sèche n'est atteint que dans une demi-douzaine de
» très belles épreuves tirées avant la publication. » (!) Et voilà !
La suite delà Tamise a été publiée en 1871, par Ellis and Green, à
100 ex.; les épreuves n'étaient pas entièrement satisfaisantes, mais il exis-
284 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
MWbank (au premier état : The Works of James
Whistler), in-12 en 1. (67) ;
Cadogan Fier, ou Eavly morniny, Battersea,
in-Senl. (79):
OJd Hungerford Bridge, pet. in-4 en 1. (80) ;
Chelsea Bridge and Church, in-8 en 1. , 1867 (85) .
Whistler nous montre ici ses qualités caracté-
ristiques : une pointe extrêmement fine, — ce
qui le conduit à ne point forcer la dimension des
pièces (!\. — mais délicate sans mièvrerie, ferme et
nerveuse sans brutalité, ne disant que le strict né-
cessaire, sans empâtement, laissant parler comme
il convient le blanc du papier ; enfin , toujours
élégante (Whistler est essentiellement un distin-
gué). Ces pièces de Londres resteront comme une
des plus belles productions de la gravure originale
contemporaine, et pour résumer tous les éloges
d'un mot, ce sont des eaux-fortes de maître.
tait les épreuves d'artiste tirées par Whistler lui-même. Les planches
furent ensuite reprises par la Fine Art Society et confiées à Goulding qui
en tira de bonnes épreuves.
(!) Whistler a émis une série de propositions-axiomes, un peu compli-
quées de forme, mais dont le fond revient à ceci : que l'on ne doit pas
demander à un procédé plus que ce qu'il peut donner ; — que lorsqu on
se sert d'une pointe aussi déliée que possible, il faut proportionner à la
finesse de cet outil la surface à couvrir, aller plus loin n'est que montrer
la pauvreté du moyen employé ; — que la manie des « remarques » sur
les marges n'est qu'une idée d'amateur (bravo !) ; que c'est odieux, ainsi
que l'exagération des marges (très bienj.
Whistler n'a donc guère gravé que dans le format in-12, in-8, ou petit
in-4. Une de ses singularités, dans ses dernières publications, a été de
supprimer radicalement toute marge et de couper le papier au ras de la
planche. C'est un peu court !
WHISTLER. 285
Elles ne passèrent pas inaperçues en France.
Dès 1863, Baudelaire écrivait : « Tout récemment,
» un jeune artiste américain, M. Whistler, expo-
» sait à la galerie Martinet une série d'eaux-fortes
» subtiles , éveillées comme l'improvisation ou
« l'inspiration, représentant les bords de la Tamise:
» merveilleux fouillis d'agrès, de vergues, de
» cordages, chaos de brumes, de fourneaux et de
» fumées tire-bouchonnées : poésie profonde et
» compliquée d'une vaste capitale » .
La publication en série de seize fut faite en
1871.
« Chose singulière, » — dit Théodore Duret. —
« les bords de la Tamise ainsi reproduits frap-
» pèrent d'abord le public anglais par un côté
» d'imprévu et de nouveauté. Les artistes anglais
» avaient négligé d'abaisser leurs yeux sur cet
» aspect familier des choses ; le Londres bâti et
» affairé avait été méconnu comme vulgaire et
» prosaïque. Quand on voulait peindre la Tamise,
» on s'en allait au loin, on remontait vers Rich-
» mond ou Henley, où l'on découvrait les cam-
» pagnes, auxquelles on attribuait seules le
)) mérite de la dignité et du pittoresque. Mais
» comme ce sont les artistes qui tirent d'eux la
» beauté et le charme dont ils imprègnent le sujet
» qu'ils traitent, dès que Whistler eut reproduit
» ces aspects de la Tamise à Londres, qui avaient
» paru si ternes et si vulgaires, on s'aperçut
286 LES GRAVEURS DU XIX» SIECLE.
)> combien ils offraient de scènes pittoresques et
» de motifs raffinés. Cette publication amena
» toute une suite d'artistes à reproduire par la
» pointe ou le pinceau le Londres fluvial négligé
» jusqu'alors ». (*) En effet, l'influence de Whistler
a été considérable, les vues gravées à sa suite et
comme dans son sillage par des graveurs anglais
et américains, ne se comptent plus (2).
Pendant dix ans, jusqu'en 1859, l'œuvre gravé
de Whistler se poursuit, par des vues de la
Tamise et autres, des portraits et des études de
modèles (3), où sont des pièces très délicates.
(') Whisler et son œuvre, par Théodore Duret, 1888 (extrait de la revue
Les Lettres et Les Arts, de Boussod-Valadon). Cet article de Théodore
Duret, très intéressant, est de ceux qui expliquent le mieux l'artiste. Il a
deux mérites qui ne sont pas communs en matière de Whistler. Premiè-
rement, quoique de très chaude louange, il est mesuré : c'est un article de
critique, et non un accès de whistlerium tremens. Deuxièmement, il est
écrit en français : j'entends en français français, et non en déliquescent,
ou en mystique, ou en mystificateur.
Il est accompagné d'une eau-forte gd. in-8 : Un jeune garçon assis,
tenant son pied dans la main ; 1869.
(2) Une œuvre bien vivante de Whistler à Londres est le New English Art
Club, association de jeunes artistes qui font deux expositions par an à
l'Egyptian Hall, et luttent rageusement contre la Royal Academy. Groupe
remuant et intéressant, sous une influence whistléro-française, avec
quelques impressionnistes, mais mitigés, ordonnés, moins lâchés que les
nôtres, et pas un seul « pointilliste ».
(3) Citons brièvement (notre but n'est pas ici de remplacer le catalogue
Wedmore, mais d'analyser l'œuvre de Whistler à l'usage de l'amateur
français) :
Greenwich Park (33), A Wharf (38), Billingsgate (45, in-4 en 1., 1859,
Port-Folio], Paysage au cheval, 1859(46), Croquis à Limehouse (59),
Vauxhall Bridge, 1861 (66), Westminster Bridge in progress (70), The
WHISTLER. 287
Un moment, il semble qn'il va mettre la main
sur un autre sujet caractéristique, contre-partie
indiquée pour lui de la Tamise: les rues de
Londres [Saint-James streel y 1878). Mais les cir-
constances le détournent dans une voie toute
différente.
Mlle Wapping (71), Timj Pool (13), Utile Smithfleld (18), Chelsea
Wharf, in-8 en 1. (81), Amsterdam, 1863 (82J, Déchargement à Liver-
pool (84), The Swan (89), La Plage, 1873 (101), Steamboals of the Tower
(114), La petite Forge, 1875 (115), Deux navires (116), Speke shore (119),
TheDamwood (120), Shipbuilders Yard (121), London Bridge (123),
Price's Candie-Works (124), Battersea, dawn (125), Croquis de navires
(127), Croquis de la rivière (128), The troubled Thames (129), Croquis
pris à Billinsgate (130), Bateaux de pèche, Hastings (131), Wych Street,
1877), Temple-Bar (133), Free-Trade Wharf (134), The Thames toward
Erith (135), Lindsay Houses (136), From Pickled-Herring Slairs (137j,
St-James Streel, in-4 (140), Battersea Bridge (142), TTie Lar^e PooJ (143),
L' « Adam et Eve » vieux C'/ie/sea (144), Pu*/iey Bnctye (145), TVje
Utile Pulney, 1879 (146), Hurlingham (147), Fulham (148).
Portraits: IVTusMer, 1859(52), H7u's/ier à ta mècfte blanche (la fameuse
mèche blanche!), 1879 (142), Le jeune Fils de Seymour Haden (22 et 23),
Jnnie (24), J/ustc-floom (26, Seymour Haden et sa femme), Arthur
Seymour enfant {Al), Annie Haden enfant, 1860 (57), M' Mann (58),
Axenfcld (61), Riaull, graveur sur bois (62), Boos Winans avec son
accordéon (76), La Mère de Whistler (88), F. R. Leyland, et ses trois
filles (93 à 96), Swinburne (110), Ridley (122, 77ie Guitar-Player) , Lord
Wolseley (138), Irwing en Charles /e:' (139).
La Lecture à ia Jam/>e (25), Pensionnaire de Greenwich (32), Nourrice
et enfant (34), Long-Shore Men (43), Fe'nws, 1859 (56), Joe, 1861 (64),
L'Avare (65), Deux pièces pour une illustration des Poètes anglais
modernes, 1862 (68, 69), Ralcliffe Highway (74), Encamping (75),
L'artiste Ridley sous un ciel noir (77), Ennui (83), Spefe hall, 1870 (86),
le Modèle posant (87), Fo*co (90), La flo&e de velours, 1873 (91), La
petite Robe de velours (92), Lecfur<;(97), Tattmg (98), 3/aude (99) , Maude
assise (100), Tï/Jie modè/e [102), Jeune fille assise (103), 77ie Desk (104,
étude de jeune fille assise), Resting (105, jeune fille), Agnès (106), Le
Modèle couche (101) , Deux croquis (108), The Boy (109), Z)ame à /a
fenêtre (111), Enfant au lit (112), L*ude de jeune fille nue, couchée (113),
Le /J/a»o (117), La Keuve écossaise (118), Le Manchon (126).
288 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
En 1879, Whistler séjourne à Venise. D'où ses
suites vénitiennes, partie piquante de son œuvre,
comme la suite de la Tamise en est la partie forte.
Ce sont des croquis très vifs, spirituels et singu-
liers, jetés sur le papier par une notation sémil-
lante et rapide qui rappelle celle de la musique
manuscrite, j'entends l'écriture du compositeur
qui fixe au vol, fiévreusement, une inspiration,
mouchetant, barrant, pointant. La comparaison
musicale est ici à sa place , avec l'artiste qui
a appelé ses tableaux des « harmonies » , des
« nocturnes » et des « symphonies ». Les pièces
vénitiennes de Whistler semblent des eaux-fortes
pizzicato, comme un Carnaval de Venise enlevé
par Sivori, avec le cinquième doigt, sur la qua-
trième corde.
Venice, a série of tivelve etchings. Fine Art
Society, 1880. Cent exemplaires à 1,250 fr. (149 à
160). '
The Utile Venice, Nocturne, The little Mast, The
little Lagoon, The Palaces, The Doorway, The
Piazzetta, The Traghetto, The Rica (le quai des
Esclavons), The Doorway s, The Beggars, The
Mast.
Deuxième série :
Twenty-six Etchings (vingt-et-une sur Venise,
les autres sont des sujets anglais). Dowdeswell,
1886. Trente exemplaires à 1,250 fr. (161 à 186).
Doonvay and Vine, Wheehvright, San Biagio,
WHISTLER. 289
Bead String^ers, Turkeys , Fruit-Stall , San
Giorgio, Nocturne Palaces, Long Lagoon, Temple.
The Bridge, Upright Venice, Little Court, Lobster
Pots, The Riva n° 2, Drury Lane, The Balcony,
Fishing-Boats, Ponte Piovan, Garden, The Rialto,
Long Venice, Furnace Nocturne^), Quiet Canal,
Sainte dawn, Lagoon noon.
La manière des suites vénitiennes est faite pour
éruoustiller les imitateurs et les lancer dans la
voie d'un rendu sommaire et égratigné qu'ils
jugeront facile. En quoi ils feront fausse route :
le mérite est ici dans la nouveauté, l'originalité,
le goût, l'esprit personnel du peintre.
Depuis ces publications, l'œuvre de Whistler
s'augmente constamment — et s'augmentera
encore, l'artiste étant une de ces natures à rester
toujours jeune, — de nouvelles eaux-fortes (*) et
(*) Merveilleuse pièce de clair-obscur, dit F. Wedmore, et qui ira de pair
avec La Forge et La petite Forge.
(*) Murano, glass Furnace (187). — Fish-Shop, Venice (188). — The
Dyer (189). — Little Salute (190). — Wool-Carders (191). — Regent's
Quadrant (192). — Venetian Islands (193). — Nocturne: Shipping (194).
— Old Women (195). — Alderney Slreet (196, Gaz. des Beaux-Arts,
avec un article de Th. Duret, 1881). — The Smithy (191). — Stables
(198). — Nocturne: Salute (199). — Dordrecht (200). — Un Coin du
Palais-Royal (201). — Croquis à Dieppe [202). — A Booth al afair (203).
— Cottage Door (204). — The Village Swet-Shop (205). — The Seams-
tress (206). — Croquis à Si-James Park (207). — Fragment de Picca-
dilly (208): — Old Clothes Shop (209). — Fruil-Shop (210). — Croquis
de V » Embankment » (211). — Les Enfants Menpès (212). — The Steps
(213). — The Fish-Shop, Chelsea (214).
Les eaux-fortes de Whistler ne sont pas communes on France. On finit
par les connaître (et encore, pas toutes) lorsqu'on est un chercheu
xii 19
290 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
de croquis lithographies [Victoria Club, Stage
door, Old Battersea Bridge, etc. Plusieurs de ces
pièces ont figuré à l'exposition de la Lithographie
en 1891). A signaler, dans ses dernières lithogra-
phies, une Forge et une Étude de jeune femme
(dans un petit journal, le Whielwind, qui annonce
le retour des Stuarts !), et, tout dernièrement, un
très fin petit portrait de Stéphane Mallarmé.
Dans beaucoup de ses pièces, Whistler a pour
marque, en guise de monogramme, une espèce de
papillon.
WIBAILLE (Gabriel), élève de Paul Legrand.
— Le Serment du Jeu de Paume : David ;
manière noire très grand in-fol. 1837.
WIESENER (Pierre-Félix), graveur, a exposé
de 1841 à 1850 des gravures en relief sur cuivre,
à Feau-forte.
invétéré, et que pendant des années on suit les ventes publiques ou le
magasin d'estampes de Dumont.
Le Cabinet des Estampes n'en possède aucune.
A présent que le siècle tire à sa fin, il devient indispensable de procéder,
dans notre collection nationale, à un état de situation des œuvres des
graveurs du XIXe, de poursuivre la mise à jour de ceux qui y sont
incomplets et d'aviser pour ceux qui y sont à peine ou point commencés.
Mais ceci ne doit pas dispenser le dépôt légal de fonctionner avec un soin
un peu éclairé, et les artistes de faire généreusement leur devoir envers le
Cabinet des Estampes. (Nous les renvoyons à notre note du tome II, p. 97).
M. Beurdeley qui, dans ces dernières années, réunit avec vigueur une
collection d'estampes originales modernes, possède un bel œuvre de
Whistler
WILLEMIN. 291
WILLEMIN (Nicolas- Xavier), né à Nancy en
1763, mort à Paris en 1839, antiquaire, dessinateur
et graveur.
Planches au trait.
Peintures, Vases et Bronzes antiques de La Malmaison,
par Al. Lenoir. Dédié à l'Impératrice Joséphine. 1810.
Collection des plus beaux ouvrages de V Antiquité (tirée
des vases étrusques et grecs), chez Esnauts.
Choix de Costumes civils et militaires des Peuples de
V Antiquité.
Mélanges de diverses Antiquités, 1817.
Parallèle des plus anciennes Peintures et Sculptures
antiques.
Monuments français inédits pour servir à l Histoire des
Arts (du xve au xvne siècle), 1839, chez Melle Willemin. Sur
le titre, le portrait de N. X. Willemin.
WILLENICH (Michel), peintre de marine. —
La Rade de Brest, 1878 ; La Rade de Liverpool,
1879, eaux-fortes.
WILLERMET. — Animaux de chasse, litho-
graphies d'après Mélin, 1851 (Goupil).
WILLETTE (Adolphe), né à Châlons en 1857,
dessinateur, lithographe, et peintre.
On serait apparemment fort empêché de racon-
ter en entier et de juger définitivement une pièce
dont il n'a encore été joué que le premier acte.
Il n'est pas plus aisé d'apprécier les artistes au
moment où, engagés au fort du travail et de la
lutte, ils ne sont peut-être même pas arrivés au
292 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
nœud de leur carrière ; lorsqu'ils n'ont donné que
leurpremier acte, comme Willette, âgé aujourd'hui
de trente-cinq ans seulement , et qui a donc à
produire encore la majeure partie de son œuvre (*).
Charmant d'ailleurs, ce premier acte de Wil-
lette, et touffu, et original. Il a d'abord le mérite
de ne ressembler à rien, et n'est ni d'un caricatu-
riste , ni d'un satirique , mais d'un fantaisiste
délicat , juvénile , rêveur , et même souvent
vaporeux, qui ne s'inspire ni du Moyen- Age, ni
du Japon, ni de Londres, ni de Munich, mais est
au contraire de ceux que la race des imitateurs
sans idées s'empresse de contrefaire (2). Ce n'est
ni une comédie, ni un drame, ni un vaudeville,
c'est une pantomime que nous donne Willette, ce
(!) Passe encore de troubler les jeunes dans leur travail quand on a du
mal en dire ; l'expérience montre que les gens qui ont été amèrement
critiqués et méconnus au début ne se portent pas plus mal de ce coup de
fouet stimulant : on pourrait citer à l'appui les plus grands noms de l'art
du siècle. Mais ce qui est dangereux c'est de leur dire prématurément le
bien qu'on en pense, au risque de les noyer, sinon dans un tonneau de
malvoisie, du moins dans un baril de sirop de sucre. Rappelons-nous ce
mot d'un journaliste des plus experts en critique d'art : Quand nous nous
mettons trop lot dans un artiste, nous le tuons !
(2) La copie, le manque de personnalité, jouent un rôle considérable
jusque chez les dessinateurs de mœurs et les caricaturistes. A la suite de
Gavarni ils se mirent à gavamiser. A la suite de Grévin, ils grévini-
sèrent, et firent du fac-similé de Grévin à s'y méprendre. Nous en avons
à présent qui moyendgisenl : c'est le dernier mot du neuf. D'autres
veulent parler japonais à des français: ils outamarotent et hokousaïsenl.
D'autres, un journal anglais sous les yeux, font du simili-Punch ; à
moins que séduits par une feuille munichoise, ils ne se croient obligés de
fliguender. A la dernière heure, les voici qui ivillétisent et forainisent.
Tout ce pastiche ne pèse pas une once.
WILLETTE. 293
Deburau du crayon ; une de ces pantomimes que
le Cercle Funambulesque , en ses bons jours , a
heureusement remises en vogue.
Personnages : le Pierrot blanc et le Pierrot
noir. — Puis la petite femme de Willette « fillette
» des faubourgs de Paris, dont le nez provocant,
» la bouche retroussée à ses coins , la maigreur
» juvénile, la gracilité mignonne font une nymphe
» de trottoir, de café-concert ou de bal public, avec
» des airs d'Agnès polissonne qui la rendent
» adorable. » f1) Appelons-la Phrynette (*), comme
dans la fameuse pantomime de V Enfant Prodigue.
— Puis un collégien, aux premiers frissons du
printemps, et très impressionné par cette gamine
de Phrynette. — Puis un chat, la Lune, et enfin,
la Mort, pour certains jours de velléités maladives
et macabres qui ne sont pas du goût de tout le
monde, car Grand-Carteret les loue, tandis que
Dargenty les blâme.
La scène se passe dans divers journaux illustrés,
comme V Événement parisien (un assez mauvais
lieu, par parenthèse, que la justice a fait fermer),
(1) Dargenty : Exposition de M. Willette, 34, rue de Provence, (dans
Le Courrier de L'Art de 1888).
(2) Willette l'a une fois signée, et assurément par manière d'attaque :
Willette, élève de Cabanel (ce qui est vrai). Ici le critique paradoxal dont
nous avons parlé à propos de Whistler, intervient encore pour nous dire :
« Willette, élève de David. Il sait faire un petit nu de femme. Où l'a-
t-il appris ? Dans l'atelier de Cabanel ? Quelle illusion ! On n'est pas
élève de Cabanel, on est élève de David 1 »
294 LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE.
la Chronique Parisiennne, le Triboulet , le Pa-
nurge, la Grosse Caisse, mais surtout dans le
Chai noir (où Willette a donné dès le début, en
1882, quelques très fines « histoires en images »,
Pierrot fumiste, etc.. (genre dont on a abusé
depuis et qui aujourd'hui ne porte plus) (*), et dans
(*) L' « histoire en images ->, le développement d'un fait ou d'une
anecdote par une série de dessins, généralement sur la même feuille, a
une histoire.
D'ahord l'histoire en images n'est pas une nouveauté, elle est vieille
comme Epinal ou comme les alphabets illustrés. Elle a eu un grand
succès avec Toppfer.
Mais il y a un raffinement : l'histoire en images sans légende. Ceci est
encore vieux comme les verres de lanterne magique, qui sont bien des
histoires en images sans légende ; on en trouvera aussi de nombreux
exemples dans nos journaux illustrés, sous forme d'ombres chinoises, de
silhouettes, de sujets au trait. Il y a vingt-cinq ans que Crafty, Humbert,
Léonce Petit en ont tiré bon parti.
Mais ce qui a fait plus récemment la vogue des histoires en images,
c'est de nous revenir par l'étranger, par les plaquettes du très remar-
quable Busch, par le journal de Munich les Fliegende-Blàtter, avec les
Oberlander, les Meggendorfer et autres habiles du genre. Cette « décou-
verte » parles Français de l'histoire en images sans légende coïncidait
avec un besoin de renouvellement de notre ancien personnel de carica-
turistes, vieillis et usés sur la brèche, et avec la lassitude d'une espèce
de caricature: celle où le mérite du dessin est nul, et qui ne consiste
qu'en une légende surmontée tant mal que bien d'une représentation
graphique quelconque.
Les Français refirent donc de l'histoire en images, et du premier coup,
avec les Caran d'Ache et les Willette, furent maîtres dans ce genre, au
fond, secondaire. Le Chat Noir devint une collection d'histoires sans
légende, et l'est resté. Par une réaction assez naturelle on fut un moment
porté à raisonner ainsi : « Sous prétexte d'esprit dans la légende, la
» caricature est pratiquée par des gens qui ne savent pas dessiner. Plus
» de légende ! et alors l'esprit, le mérite, l'intérêt, seront bien forcés de
» passer dans le dessin. Nous aurons enfin la caricature d'art. Place à
» l'art, à l'art seul ! Plus de légende ! »
Théorie qui vient de recevoir des faits le plus rude démenti. Les
« sans légende » croyaient triompher, après la disparition de Grévin,
WILLETTE. 295
le Courrier Français. Citons à titre d'exemple :
Enfin, voilà le choléra, Les oiseaux meurent les
pattes en l'air, Le Duel des Pierrots. Mimi Pinson
tu iras en paradis, Le Temps des cerises, La Gifle,
Le Vin rouge, Mademoiselle voulez-vous danser •?
mais dès qu'un homme à légende a reparu, il les a tous dévorés, en
reprenant la formule chère aux Français, la formule de Gavarni, de
Daumier, de Cham et de Grévin, le grand dessin de première page, le
dessin en vedette, et qui parle ! C'est ce que veut le Français. Le dessin
muet, la pantomime perpétuelle l'ennuient. Il veut que les personnages
lui parlent sa langue si merveilleusement faite pour les traits incisifs qui
fixent les dessins dans les mémoires et leur servent pour toujours de
désignation et de passe-port. C'est par les légendes qu'on retient les
dessins, même les dessins d'art.
Le succès de l'homme à légende a été instantané. C'était un inconnu
il y a sept ou huit ans : et dès qu'il a paru, il n'y en a plus eu que pour lui.
J'ai nommé Forain, avec sa légende si rapide et brutale, cynique à faire
rougir Thomas Vireloque et même Grévin ; d'une si concise cruauté, et,
pour employer le mot à la mode, si parfaitement « rosse » ; cette légende
enragée qui vous saute dessus au coin des kiosques et vous mord.
Forain aussi, il est trop tôt pour le juger, engagé qu'il est au plus
fort de la production. Il nous a donné son prologue, — un Forain dessi-
nateur et peintre, robuste (Forain est d'éducation classique : « élève de
David ! » dirait encore notre esprit paradoxal, lequel est cependant un
des critiques les plus aiguisés de ce temps-ci) et élégant ; ce prologue est
connu de bien peu de personnes !, — puis son premier acte, évoluant
de la peinture vers le dessin satirique, dessin en forme d'écriture de plus
en plus cursive, mais ferme d'assiette et vigoureux ; ce premier acte
c'est la comédie aristophanesque des Satisfaits, des messieurs trop gros
et trop chauves, qui « plaquent » femme et enfants pour aller courir après
des petites filles trop mineures et trop maigres.
A présent, Forain, en plein succès, entame son second acte. Peut-être
est-il au moment décisif, au nœud de sa carrière. Les journaux se le
disputent , le soumettant à la production la plus intensive : plusieurs
sujets et plusieurs légendes par jour. S'il y résiste, il aura montré un de
ces tempéraments d'une vigueur que rien ne peut entamer. Et que fera-
t-il ? La suite des Satisfaits, ou du nouveau ? Du méchant, ou de
l'humain ? De l'adouci ou de l'exaspéré ? Le particulier ou le général ? Les
petites « rosseries », ou la grande satire ?
Suivez les journaux, tenez-vous au courant, et vous aurez la réponse.
296 LES GRAVEURS DU XIX" SIÈCLE.
etc. A quoi on peut ajouter le portrait de son père,
le Colonel Willette, d'après son tableau.
Willette réussit d'autant mieux qu'il veut aller
davantage vers le léger et le gracieux , (avec une
tendance à faire les jambes des personnages trop
courtes pour le buste) ; ses compositions purement
au trait sont préférables à celles où il use de ce
(frisé qui obscurcit les dessins et leur ôte le nerf.
Mais il n'est plus lui lorsqu'il veut faire le méchant
et le croquemitaine, et, remuant un tonnerre à la
Cal chas, se forcer en socialiste et terroriser le
bourgeois en le menaçant du flingot de l'ouvrier
et de la guillotine à vapeur (Courrier Français du
20 juin 1886). J'aime mieux Phrynette, ô gué,
j'aime mieux Pierrot. J'aime mieux Willette
quand, restant gamin de Paris, il fait pousser par
une jeune personne fort délurée ce cri de titi :
Vlà le Carême : la viande se repose, la morue
jamais! , ou quand, chargeant plaisamment un
tableau de Gérôme, il fait crier par un groupe de
petites femmes, réunies dans le cirque devant
un majestueux personnage à haute casquette :
Ave, Alphonse, morituri te salutant!, ou encore
quand il nous montre sa gamine disant à des
« potaches » en promenade : A Jeudi, ma couvée
chérie, et soyez sages !
Willette a eu un instant son journal a lui :
Le Pierrot, mais qui n'a pas duré. Etre adminis-
trateur d'un journal et le faire vivre est un métier
WILLETTE. 297
particulier, qui exige d'autres facultés que celles
de dessinateur. D'ailleurs, un journal fait par un
seul artiste a peu de chances de réussir ; comme
les pièces de théâtre avec un seul rôle pour une
« étoile » et rien autour.
Willette a illustré Les Pierrots, Les Sœurs
Hédouin, les Giboulées d'Avril et d'autres livres
de Mélandri, La Sœur de Pierrot d'Arsène
Alexandre, Les Nuits de Paris de Darzens, enfin
la partition de U En fan \t prodigue.
Affiches : L'Evénement parisien, Le Courrier
Français, Le Petit National illustré. Nouveau
Cirque, La Grenouillère, Pauvre Pierrot, Confé-
rence salle des Capucines, Elections législatives :
Willette, candidat antisémite, enfin L'Enfant
prodigue: celle-ci est une lithographie originale.
Un jour, nous présent, Bracquemond dit à
Willette : « Voulez-vous compter dans l'art? usez
» d'un moyen d'art, et la paniconographie et le
» report n'en sont pas. Faites de l'eau- forte, par
» exemple, et si vous le voulez , je me mettrai à
» votre disposition pour vous apprendre à graver
» et à faire mordre » .
Les circonstances empêchèrent le dessinateur
de donner suite à cette offre ; mais le conseil ne
fut pas perdu et Willette, comme procédé digne
d'un artiste, adopta la lithographie. Il fut évident,
dès son début (avec l'affiche de la Partition de
V Enfant prodigue, quelques dessins du Pierrot,
298 LES GRAVEURS DU XIX0 SIECLE.
le frontispice du catalogue de V Exposition de la
Lithographie*, les illustrations des Chansons de
Paul Dehuet, et la couverture de L'Art du Rire)
qu'il a l'étoffe d'un remarquable lithographe,
coloré dans les vigueurs et très doux dans les
blancs.
Et maintenant que sera Willette dans son
second acte ? Vigne ttis te ? Dessinateur satirique,
philosophe ou gamin ? Lithographe ? Peintre
décorateur ? C'est ce que nous allons voir. Au
rideau ! (')
WILLMANN (Edouard), de Carlsruhe, est venu
faire à Paris toute sa carrière de graveur.
On trouve son nom sur plusieurs planches du
Béranger de 1847. (Si j'étais petit oiseau, la planche
a ensuite changé de signataire et reçu le nom de
Doherty; Les Vendanges. Les Infiniment Petits,
Les Chasseurs et la Laitière, Les Deux Grenadier s \
Le Juif Errant: sur cette planche, après retou-
ches, le nom de Willmann a remplacé ceux des
graveurs Ferdinand et J. de Mare).
Les Pêcheurs: Le Poitevin. — Vignettes pour
une histoire des voyages en Chine. — Vue de
(*) Sur les peintures décoratives de "Willette au Chat Noir et à la
Rrasserie du Clou, et sur son vitrail du Chat Noir, voyez le livre de
Grand-Carterel [Raphaël et Gamùrinus) sur les brasseries dites artistiques.
Sur l'œuvre de Willette voyez La Caricature en France de Grand-
Carteret, et L'Art du Rire d'Arsène Alexandre (imp. May et Motteroz,
1892).
WILLMANN. 299
Paris d'après Ad. Rouargue. — N ombreuses vues
d'après Ad. Rouargue, in-8.
Vue de Heidelberg, in-fol. 1857. —Fribourg. —
Baden-Baden. — Panorama de Rio-Janeiro. —
Panoroma de la Havane. — Grande vue de Paris
en 1860 (Chalcographie).
Folle et Mitle ; Diane et Blonde, chiennes de
chasse de Louis XIV, 2 p. in-fol. en 1. 1863 (Chal-
cographie).
Le Printemps, L'Été, peintures de L. Cogniet à
l'Hôtel de Ville de Paris, 4 pi. in-fol. en L, 1869.
(L1 Automne et L'Hiver sont gravés par Outhvaite).
Jeune enfant cueillant des fleurs : Knaus ; Jeune
fillette au bord d'un ruisseau : Van Camps :2 p.
pet. in-fol. 1870.
Printemps, Été, Automne, Hiver : Marzak, 4 p.
in-4. La Solitude de la Forêt : Marzak, 12 p. in-4.
Les Grands Paysages, 4 p. originales in-fol.
Les Petits Paysages, 16 p. originales pet. in-fol.
Willmann, graveur habile, mais dans le genre
mécanique et froid des « gravures sur acier » ,
reçut la Légion d'honneur en 1863. Après 1870,
il n'exposa plus. Il est mort en 1878.
WINTERHALTER (François-Xavier), peintre,
1806-1873. — Paganini, lithographie in-12 à
claire-voie f1).
(!) Ce petit portrait de Paganini est signé Nach (1er nalvr v. Winlcr-
halter. On l'attribue à Winterhalter l'aîné, et non à Herman Winterhaltcr
300 LES GRAVEURS DU XIX1 SIECLE.
A de rares exceptions, les tableaux de Winter-
kalter n'ont pas tenté les vrais graveurs : ils n:ont
été reproduits que par la manière noire ou la
lithographie. Le nombre de ces reproductions
est considérable, et il y a deux parts à en faire,
comme il y a deux parts dans l'œuvre du peintre :
les sujets de genre, et les portraits.
Les premiers, les « Décaméron », les « Dolce
Farniente », les « Penserosa », les têtes de « Cora »
ou de « Cecily » , les « Naïveté » , les « Candeur »
et les « Innocence », lithographies de Léon Noël
ou de Raunheim, gravures d'Alphonse Martinet,
Joubert, Maile, Paul Girardet, Gornilliet, Sittel,
ne commandent pas l'attention.
Mais pris dans leur ensemble, les portraits du
peintre des cours de Louis -Philippe et de Napo-
léon III, reproduits par le crayon de Léon Noël et
de Grévedon (plus rarement par Desmaisons,
Lassalle, et par la gravure d'Achille Lefèvre,
Delanoy, Prudhomme, Forster, Weber) demeurent
un témoignage des plus précieux sur les types et
la mode du xixe siècle, pris dans le milieu le plus
affiné. — Il suffirait de citer comme exemple cette
pièce fameuse : L'Impératrice Eugénie au milieu
de ses dames d'honneur (lith. par L. Noël) (!).
le jeune, peintre, fixé à Paris comme son célèbre frère. — Autre litho-
graphie : Johannes predict in der wusle, d'après Overbeck, lith. von
Winterhalter, in-fol. en 1. (Veith. Imp. Lemercier).
(J) Ce n'est pas de la gravure, — dira-t-on , — c'est de l'imagerie. Va
WISMES. 301
WISMES (Le Baron de) , né à Paris en 1814,
domicilié à Nantes. A publié Le Maine et V Anjou
historiques : ses dessins ont été lithographies par
Eug. Leroux, Mouilleron, Français. Ciceri, Ba-
chelier , Aug. Mathieu , Maugendre , Rouargue ,
Eug. Deshayes, Laroche, Moynet, Arnout ,
Benoist, — un ouvrage sur Nantes (librairie Char-
pentier à Nantes).
Il a exposé de 1857 à 1880 une série de dessins
et des eaux-fortes : Intérieurs de hangars et de
fermes, vues prises à Nantes, à Pornic, et dans les
départements de la Sarthe, de Maine-et-Loire, de
la Manche, etc. — V Enfance de Claude Lorrain,
1864. — La Sainte Vierge enfant, 1878. — Le
Petit Chaperon rouge, 1879. — Le Petit Poucet,
1880.
WITTE (Adien-Lambert-Jean de), né à Liège
en 1850, professeur de dessin à l'Académie de cette
ville depuis 1884, et graveur.
Eaux -fortes, 1875 et suiv.
Les planches étaient, en 1891, au nombre de 153, parmi
lesquelles :
Tètes diverses. — Amour tirant de l'arc, frontispice, 1876
pour imagerie, mais qui sait quel avenir est réservé à de semblables
images? Les amateurs du XXe siècle les paieront peut-être 2.000 francs,
comme les amateurs d'aujourd hui viennent de se mettre à payer le
portrait de Mlle Bertin (la modiste de Marie-Antoinette), par Janinet,
qualifie d'imagerie il y a quelques années encore, comme les estampes en
couleur de Debucourt !
302 LES GRAVEURS DU XIX" SIÈCLE.
— Tricoteuse endormie. — Frontispice pour Contes et
Rythmes d'Henri de Backer. — Femme assise tenant un
petit chien. — La Lessiveuse, in-4, 18^0. — Frontispice
pour Y Histoire du Thdâtre de Liège, de Jules Martiny,
1887. — Etudes, vues et portraits divers. — Son propre
portrait.
WORMS (Jules), peintre, né en 1832, élève de
Lafosse. Il a débuté par la lithographie et l'on
trouve sous son nom un Album Oriental d'après
Désandré, 1852, et un Portrait de femme avec une
petite fille, signé Jules Worms, in-4.
La Fleur préférée, croquis à l'eau-forte {Gazette
des Beaux-Arts). — Chaque âge a ses plaisirs. —
La Recette.
Muletier espagnol, eau-forte, gd. in-8.
WYLD (William), né à Londres, habitant Paris,
peintre et fin lithographe, mort en 1891.
1. MONUMENTS ET VUES DE PARIS, dessinés
par W. Wyld, in-fol., 1839 (publiés par Rittner et
Goupil et par Susse).
Couverture : Tombeau d'Héloïse et Abailard.
Vingt pièces in-fol., dont quelques-unes très intéres-
santes.
1. Le Pont-Neuf, 2. La Madeleine (on y voit encore le
réverbère à l'huile, avec sa corde passant en travers de la
rue Royale), 3. La Porte Saint- Martin (curieuse vue),
4. Palais des Tuileries, 5. Pont des Saints-Pères, 6. Hôtel-de-
Ville (curieux), 7. Marché des Innocents, 8. Palais-Royal,
9. Boulevard des Italiens (à la hauteur du Pavillon du
Hanovre; très curieux), 10. Rue de la Paix (vue intéres-
sante), 11. La Bourse, 12. La Porte Saint-Denis (vue très
intéressante), 13. Pont-Royal, 14. Place de la Concorde,
WYLD. 303
15. Paris vu du Père La Chaise, 16. Notre-Dame, 17. Bassin
des Tuileries, 18. Le Panthéon, 19. Chambre des Députés,
20. L'Arc-de-Trioinphe.
2. Lithographies diverses.
PL pour La Mosquée de Cordoue, de Girault de Prangey,
1839 (avec Asselineau, Chapuy, Monthelier, Villemin.)
Vue d'Alger, d'après son tableau de 1837 (L'Artiste). —
Entrée du Grand Canal, Venise (Id.). — Le Canal de
Venise, 1839. — Vue du Grand Canal, gd. in-4 (L'Artiste).
— Vue prise sur le Grand Canal, 1840. — Un Départ pour
Jérusalem, 1841. — Rue Bab-Azoun à Alger, 1842. — Une
Vue d'Amsterdam, 1843. (Ces pièces sont d'un joli crayon
blond.)
Album de 12 vues sur fond teinté (chez Susse) : Dieppe,
Sorrente, Venise, Toulon, Naples, Nantes, Luz, Alger,
Bône, etc.
Chambre ardente de Napoléon sur la Belle-Poule.
Portraits: l.-M. Eléouet, O'Connel.
Atom, cheval de pur sang.
Van de Velde, d'après Le Poitevin, 1843. — Les Beignets,
d'après Eug. Giraud, 1843.
D'après Wyld : Vue de Subiaco d'après son tableau de
1841 par Le Petit (L'Artiste) ; Vue intérieure d'une cour à
Alffer, eau-forte d'Auguste Bouquet (Revue des Peintres).
— Lithographies par Fajans, Lafosse.
YON (Edmond), né à Paris en 1836, a été simul-
tanément (et il faut le signaler comme exception)
graveur sur bois, peintre paysagiste, aquarelliste
et graveur à l'eau -forte.
Il a gravé avec Perrichon les 160 dessins de
Roux pour le Don Quichotte de Furne, 1865, et les
dessins de Brion pour Les Misérables et Notre-
Dame de Paris d'HetzeL 1865. — Bois pourZes
Femmes de Paul de Kock. — De 1867 à 1878, Le
Mariage protestant en Alsace, de Brion; V Atelier
304 LES GRAVEURS DU XIX' SIÈCLE.
d'Anastasi; Une Affaire tfhonneur : Jazet ; divers
bois d'après ses propres compositions et d'après les
tableaux de Corot, Vernier, Leroux, Millet, etc.
Divers bois pour le journal L'Art.
Eaux-fortes : Sous Bois, 6 p., 1874, in-4.
Eaux-fortes d'après ses tableaux : Le petit Flot,
Le bas de Montiyny, Isle-les-Villenoy, La Saint-
Marc, La Rafale [L'Art). — Tableaux par Edmond
Yon, vente du 11 avril 1891. (Catalogue de la troi-
sième vente de tableaux et pastels faite par le
peintre), eaux-fortes par Edmond Yon et G.
Garen.
Portrait de Saucède, d'après Bonnat [L'Art).
YVES (l). — Sous ce nom, des albums lithogra-
phiques , sans art : sujets pris à Rome , Naples
(chez Wentzel) , Ejyisodes de chasse à courre
(Gâche) , Scènes et Mœurs de Paris (chez Wild,
1855. Le titre représente la devanture de Wild,
15, rue de la Banque. Dans les douze pièces, on
peut citer le Café-Concert aux Champs-Elysées).
ZACHARIE (Philippe), né à Radepont (Eure) en
1849, peintre, a lithographie: Episode iï une course
(*) Sous la signature Ph. Yves, chez Cadart, deux séries de paysages,
figures originales d'après les maîtres et variétés à l'eau-forte. — Son
portrait, tenant un album, 1858. — Réunion de famille (Yv.js, sa femme
et son beau-père). — Portrait de Dauvin, marchand d'estampes, vers 1860.
Yves et Barret, gravure en relief analogue au gillotage. Ce procédé est
employé pour les illustrations de la Vie Parisienne, du Charivari, etc.
ZAGHARIE. 305
de chevaux libres: Géricault (imp. à Rouen). —
Douce prière, lith. originale. — Entourage allégo-
rique pour un autographe d'Emmanuel Arène
[Rouen- Kermesse , chez Gagniard à Rouen, 1889),
etc. — Affiche du Cortège historique du 12 juin
1892, à Rouen.
ZIÉGLER (Jules), peintre d'histoire, litho-
graphe et céramiste : 1804-1856.
Portrait et vignettes pour les Contes d'Hoff-
mann, Lefèvre, 1830.
Eloa, compositions au trait sur le poème d'Al-
fred de Vigny, in^, 1833 (pour la princesse Marie).
La Légende vénitienne', — Lecture des Contes
Fantastiques', Le Moine; {La Silhouetté). — Les
deux Moines (L'Artiste).
Costumes Louis XIII (cadre par Nap. Thomas,
d'après Ghenavard).
Portrait de Victor Hugo, in -8.
Une feuille d'esquisses.
Après avoir terminé la peinture du fond de
l'église de la Madeleine à Paris, Ziégler se reposa
en fondant à Voisinlieu , près Beauvais , une
fabrique de poterie où il fit exécuter des vases sur
ses dessins. Ces vases ont été lithographies sous le
titre : Etudes Céramiques par J '. Ziégler (Gihaut,
1850), par Asselineau et Lemoine (1).
(!) On attribue à Ziégler une pièce humoristique assez curieuse sur la
salle des ventes vers 1825 : C'est bien entendu, Messieurs, à huit mille
XII 20
306 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
ZILCKEN (Philippe), de La Haye, peintre, grave
à l'eau-forte depuis 1875. En 1890, son œuvre
était de deux cents pièces (*), parmi lesquelles
Passerelle, Profil déjeune fille, Ruelle d'Arles, La
Pièvre, six eaux-fortes sur Alger , Vieux pont en
briques, Delftshaven, Loolaan, Etude de nu, Vieux
Pont sur le Schenk, Profil de fillette blonde, La
Schie , Près de Delftshaven, Maison arabe à Mus-
tapha inférieur, Le Mallegat à Delft, La Meuse,
Au bord de la Plèvre, etc.
Zilcken a publié à La Haye , en 1890 , le
catalogue des vingt -cinq eaux -fortes de Jozef
Israels (2).
francs l'esquisse? in-4 en 1. (chez Villain), et un placard à la plume, à
trois sujets, intitulé Les Jardins publics (lith. Cornillon), vers 1830.
On lui attribue également la reproduction de son tableau de Giotlo,
eau-forte publiée dans les Artistes contemporains.
(*) Catalogue descriptif des Eaux-Fortes originales de Ph. Zilcken,
par A. Pit, Paris, 1891 (Imp. Mouton, à La Haye).
(2) L'eau-forte hollandaise contemporaine compte les œuvres de :
Israè'ls. — Mauve. — Mathys-Maris. — Storm (de Gravesande). —
Zilcken. — Jan Yeth (paysages). — J. Ed. Karsen (paysages). — Marie
Bauer (cent pièces sur Gonstantinople ; — diverses lithographies origi-
nales ; — suite de 10 p. pour La Légende de St-Julien de Flauhert). —
Mlle fies (paysages). — Mlle Barbara Van Houten (eaux-fortes d'après
Dupré, Delacroix, Breton, etc. et eaux-fortes originales, natures mortes,
paysages). — L. Koster (paysages). — F. Verster (paysages). —
W. Witsen (vues de Londres, scènes mystiques, paysans, etc.). —
De Zwart (paysages hollandais, canaux, dunes).
Une exposition des eaux-fortes des membres de YEtching-Club hollan-
dais a été faite par Keppel à New-York, en 1891.
Plusieurs graveurs hollandais ont envoyé leurs planches à l'Exposition
Universelle de 1889. Storm et Zilcken, De Swart, Bauer, ont exposé aux
Peintres-Graveurs français, chez Durand-Ruel.
ZORN. 307
ZORN (A.nders), peintre suédois, fixé à Paris
depuis 1888.
S'est révélé, à l'exposition des Peintres-Graveurs
de 1891 , comme un aquafortiste vigoureux et
très original f1).
Vues de près, ses planches sont sabrées de tailles
diagonales et non croisées, formant une rayure
d'apparence indéchiffrable. Éloignez-les, mettez-
les à la distance, et le dessin surgit, robuste, par
l'opposition des valeurs.
(*) L'iconographe est débordé par la production de l'estampe originale
contemporaine, tant elle est touffue. Il faut, pour se tenir au courant, un
livre spécial.
Zorn se révélait aux « Peintres-Graveurs Français » de 1891, exposi-
tion où nous notons les noms de Adolphe Albert, de Bellée, Albert
Besnard, Henri Boutet, Bracquemond, Buhot, Delavallée, Desboutin,
Detouche, Forain, Géry-Bichard, Gœneutte, Guérard, Frédéric Jacque,
Jeanniot, Gaston Latouche, Lepère, Lerolle, de L'Hay, Monziès, Louis
Morin, Louis Muller, Prouvé, Paul Renouard, Somm, Victor Vignon, et
comme lithographes Carrière, Ghéret, Dillon, Lunois, Redon, H.
Rivière.
En 1892, nous retrouvons les mêmes, et comme noms nouveaux
Charles Maurin, Henri Paillard et le triomphateur de l'année, le peintre
Paul Helleu avec ses études de femme rapidement et élégamment
tracées à la pointe-sèche, profils, études de nuques, de coiffures en casque
ou en huit, etc. « Ce n'est rien et c'est tout », disait Alfred de Lostalot
dans la Gazette des Beaux-Arts, « des croquis dessinés sur le cuivre nu
» en quelques minutes, sans effaçages ; la peine est donc nulle ; voyons
» les résultats : toute la grâce, le charme capiteux des élégances fémi-
» nines, les habitudes de tête, de mains et d'encolure au goût du jour
» sont là fixées ne varietur ; le texte dans sa concision dit tout ce qu'il
» doit dire ».
En un tour de main, Helleu a ainsi gravé trois cents pièces. Et il va
continuer 1
Quel iconographe pourra jamais se tirer de là ? Et cependant ce sera
un travail nécessaire, si le mérite des pièces se maintient ou augmente.
308 LES GRAVEURS DU XIX1' SIÈCLE.
Zorn signe du monogramme oXn . Son œuvre
à la fin de 1892, est de trente-sept pièces :
1. Deux sœurs espagnoles , pointe-sèche in-fol. —
2. Portrait de Haig, in-4. — 3. Gitane de Séville.
4. Senora de Madrid. — 5. M. Aspelin, in-12. —
6. Rêve d'amour, in-4. — 7. Tsigane hongrois
fumant, in-12. — 8. M1 Wade, avocat, in-4. —
9. Mme M***. — 10. Joueurs d'échecs, in-18. —
11. Jeune femme rattachant ses cheveux. —
12. Antonin Proust. — 13. Un Peintre-Graveur
(Zorn), in-12. — 14. Le chanteur Faure. — 15. Un
Pêcheur et une femme appuyés contre un parapet.
16. ZORN ET SA FEMME, in-fol.
17. LA VALSE, in-4.
18. Intérieur de brasserie à Stockholm. — 19. Le
prince Eugène de Suède, in-8. — 20. Paysanne
suédoise, in-8. — 21. Le peintre Liebermann, in-8.
— 22. M""' Armand Dayot, en chapeau et voilette,
de face. — 23. Mme S***, en chapeau à aigrette,
manteau, boa. — 24. Mme Sn***, âgée, en manteau
de fourrure et chapeau. — 25. Mère et enfant assis
sur l'herbe. — 26. Avec sa mère, au bain. —
27. Rosita Mauri, in-8. — 28. Le Réveil, in-8. —
29. Le Matin (Dumont). — 30. MUe X, fumeuse
(Dumont). — 31. MUe G. — 32. Zorn à cheval,
enveloppé d'un manteau.
33. INTÉRIEUR D'OMNIBUS, in-4.
34. RENAN, in-4 en 1.
35. Le comte de Rosen, in-4. — 36. Dimanche
matin, intérieur suédois, in-4. — 37. MUe Olga B***.
ZWINGER. 309
ZWINGER (Jean -Baptiste -Ignace), dessinateur
et lithographe , né- à Paris en 1787 , élève de
Leguay.
Recueil de douze sujets représentant V histoire de
V Amour, médaillons ronds in-8, d'après Al.-Ev.
Fragonard , 1824. Ces lithographies sont assez
fines.
Le Bonheur d'une mère. — L'Abandon , Le
Regret inutile. — Le Prix de Sagesse, 1826. — Le
Lait de Chèvre. — La Jardinière, La Vendangeuse.
— Psyché.
Suisse, jeux et usages, album d'après Vogt.
Les Soins maternels : Mallet. — La Visite à la
nourrice: MmeLescot. — La bonne Mère: Duval
Le Camus ;
Hèrodiade : L. de Vinci, gd. in-fol.
Voici terminé l'essai d'inventaire des estampes du XIXe Siècle,
que nous annoncions en 1885.
Fidèle au programme que nous nous tracions alors, dans notre
Avertissement* nous avons passé en revue deux mille artistes et
analysé ou énuméré leur œuvre, non pas suivant la méthode ordi-
naire, — qui consiste à tout décrire avec le même détail et sans
prendre parti sur la question de la valeur d'art des pièces, — mais
suivant une méthode nouvelle, proportionnant l'étendue et le détail
des catalogues au mérite et à l'importance des artistes ; en d'autres
termes, donnant autant que possible une physionomie à chaque
catalogue, et surtout faisant ressortir en vedette, sans hésitation
possible, le trait dominant de chaque œuvre et ses pièces capitales.
310 LES GRAVEURS DU XIXe SIECLE.
Assurément cette méthode comporte une certaine dose d'arbi-
traire : qui sait ce que l'avenir fera de nos jugements sur les contem-
porains ? Il en cassera sûrement une partie, rabaissant certains sur
lesquels nous nous faisons illusion, et exaltant, pour une raison
d'art, ou de sujet, ou de document, telle pièce à côté de laquelle
nous passons sans nous y arrêter.
Dans l'ensemble cependant , — et sauf erreurs et omissions
de détail , — nous ne craignons pas d'avancer que nous avons
bien mis graveurs et estampes à leurs plans relatifs, et que le
collectionneur qui réunirait ce que nous avons indiqué comme de
premier ordre posséderait à coup sûr tout l'essentiel de l'estampe
du XIXe Siècle.
D'accord jusqu'au bout avec notre affirmation du début, nous avons
jugé « non en critique d'art, mais en amateur et en curieux, prenant
les artistes comme ils sont, ne leur demandant que ce qu'ils font et
nous tenant pour satisfait s'ils le font bien ; enfin, complètement
dégagé du fatal préjugé qui porte à voir le temps présent inférieur
en tout aux temps d'autrefois ».
Cette liberté d'esprit nous a permis de constater, a cent reprises
différentes, la vitalité et la force de l'Estampe au XIXe Siècle, parti-
culièrement de l'estampe originale, par laquelle notre siècle —
grand dans l'estampe comme en tant d'autres choses ! — peut aller
de pair avec ses aînés.
Nous ne reviendrons pas sur la situation actuelle de la gravure
et de l'estampe : nous nous en sommes expliqué déjà, à la suite de
la dernière Exposition Universelle, dans notre note sur « L'Estampe
en 1889 ».
Ce que nous voulons constater en terminant, c'est la position
particulièrement favorable, considérée, qui depuis quelques années
est faite à l'Estampe, et à celui qui la produit, et que d'une façon
générale nous appelons ici « le Graveur ».
S'agit-il des occasions de se montrer ? Aucune ne leur manque.
L'Estampe et le Graveur ne sont plus victimes, en aucune circons-
tance. Signe des temps, la Peinture, au Salon, a enfin cessé de relé-
guer l'Estampe dans des culs-de-sacs inexplorés du visiteur ; elle
lui offre désormais une belle salle, bien au passage, bien en vue. En
dehors du Salon, qui veut se montrer, le peut. Il a le Salon du
Champ-de-Mars, s'il est dissident de tempérament. S'il est buriniste,
il a l'exposition du burin, au cercle de la Librairie. S'il est peintre-
CONCLUSION. 311
graveur ou lithographe original, il a l'exposition annuelle chez
Durand-Ruel.
Faut-il maintenant rappeler que l'Estampe est mise au premier
plan et qu'en trois ans, trois occasions décisives de se produire lui
ont été fournies : en 1891 avec l'exposition générale de la Litho-
graphie à l'école des Beaux-Arts, puis en 1892, avec la triomphale
exposition de Raffet, rue de Sèze ; demain, en 1893, avec l'exposi-
tion de Meissonier, où ne seront oubliées aucunes des eaux-fortes ni
des vignettes du maître ?
Raffet aura bientôt son monument, sculpté par Frémiet. placé
devant le Louvre.
Il reste bien encore un acte de justice à obtenir : donner à une rue
de Paris le nom de Méryon, ce grand graveur qui, Parisien, a
retracé dans des planches maîtresses le vieux Paris !
Pour le « Graveur », on peut dire qu'il est présentement au comble,
sinon de la fortune, du moins de la considération.
La critique ne l'ignore plus, et le place même souvent en vedette.
L'iconographe est toujours tout prêt pour lui : tout graveur a
aujourd'hui, derrière lui, un catalogueur, — j'allais dire un joueur
de flûte — qui inscrit et quelquefois célèbre ses œuvres dès leur
naissance.
Le collectionneur est ardent, et l'estampe contemporaine, dès
maintenant classée, se paie aujourd'hui ce que se payait, il y a
quelques années, l'estampe des maîtres anciens. Pour mènera bien,
désormais, une collection des maîtresses œuvres de l'estampe
moderne, c'est de cent mille francs, rien de moins, qu'il faut
parler. Pour les livres illustrés du XIXe Siècle, ils ont une clientèle
de jeunes et ardents bibliophiles, et leur prix est en train de doubler
sur les prix d'il y a seulement cinq ans !
S'agit-il, enfin, des marques honorifiques, si chères aux artistes ?
La situation du Graveur est de plus en plus favorable. Nous ne
parlons même pas des médailles, médailles d'honneur, diplômes,
mentions, palmes de toutes sortes et de tous pays. Il en a été comblé,
accablé, et à tel point que cette mitraille de satisfecit a perdu
aujourd'hui toute signification nette.
Mais, pour ne considérer que la plus haute et la plus enviée des
récompenses, la croix, le tableau suivant nous montre la part faite
à l'Estampe avec une libéralité croissante (au point de devenir,
bientôt, presque de la facilité).
312
LES GRAVEURS DU XIX" SIECLE
LEGION D'HONNEUR.
Empire (1).
Restauration.
' Gouvernement
de Juillet.
République
et Empire.
Kki TliLlQUE.
Bervic
Henriquel
r.affet
Hédouin
Ponce
Leisnier
Gavarni
de Rochebrune
Bon Desnoyers
Al. Tardieu
Laugier
Calamatta
Aubry-Lecomte
Ach. Lefevre
Boetzel
Bellay
Richomme.
Grévedon
Z. Prévost
Lalanne
H. G. Muller
Mouilleron
F. Gaillard.
Forster
Dien
Huot
Leroux
Ad. Garon
Chauvel
Bléry
Jazet
Léon Noël
Era. Lassalle
Didier
S. Pannemaker
Martinet.
Soulange-Teissier
Alph. François
Willmann
Gaucherel
de Lemud
Ed. Girardet
Blanchard
Fois Girard
Courtry
Bracquemond
La Guillermie
Waltner
Jules Robert
Danguin
Léop. Mastard
J. Jacquet
OFFICIERS
Charlet
Bon Desnoyers.
Bertinot
Pisan
Ad. Salmon
Em. Vernier
Jacquemart
Sirouy
Daumier (a refusé)
Flameng. (i)
Boilvin
Ach. Jacquet
Baude
Lamotte
Lecouteux
OFFICIERS
Calamatta
Forster
Henriquel
Alph. François
Martinet.
Chéret
Rops.
Champollion
Lefort
Lévy
Maurou.
OFFICIERS
F. Gaillard
Bracquemond.
(1) Auxquels on
peut ajouter : Gh.
Jacque et autres
graveurs ou lithogra-
phes décorés comme
peintres.
(1) Napoléon
ne
donnala
croix
à aucun
graveur.
COMMANDEUR
HENRIQUEL.
CONCLUSION. 313
Une seule crainte serait possible : elle proviendrait du nombre
croissant des graveurs, entrant à flots dans une carrière jugée facile
par des débutants présomptueux. Symptôme : hier, un de nos plus
habiles graveurs, interviewé k ce sujet, signalait comme un fait plus
qu'inquiétant la surabondance des aspirants graveurs. Autre symp-
tôme : plusieurs de nos principaux graveurs sur bois viennent de se
reunir, et pour éviter l'encombrement et la pléthore du métier, ont
considéré comme nécessaire de ne plus faire d'élèves pendant cinq
ans.
Ainsi, la surproduction, ce mal de notre époque, menacerait de se
produire aussi dans l'Estampe. S'il en était ainsi, si le Graveur,
arrivé au plus haut point de considération, outrepassait ce point et
prenait une importance excessive, nous sommes convaincu que le
correctif naîtrait du mal même, et par une réaction fatale.
Pour nous, nous n'avons pas de raison de voir l'avenir en sombre,
nous rappelant toutes les prophéties de malheur faites quand naquit
la menaçante photogravure, qui devait anéantir la gravure, et
qui, expérience faite, laisse aujourd'hui les graveurs plus nom-
breux que jamais. — Nous comptons sur la merveilleuse faculté de
renouvellement de l'art français, pour maintenir l'Estampe dans
l'état remarquable de prospérité où nous la laissons aujourd'hui.
TABLE
pages
Saint-Marcel 5
Saint-Martin (de) 6
Sajnt-Raymond (de) 6
Salathé 1
Salmon (Adolphe) 1
Salmon (Théodore-Frédéric) 8
Salmon (Emile) 9
Salneuve 9
Sandoz 9
Sang 9
Sarah Bernhardt 9
Sarazin de Belmont 10
Sarcus 10
Sardou 10
Sargent (Alfred) 10
Sargent (Louis) 10
Sauerveid 10
Saulx (de) il
Sauvage 11
316 TABLE.
pages
Sauvageot 11
Sauvé il
S.\ix(MmeDE) 12
S w IGNY (Le Baron de) 12
SCHAAI 12
SCHANNE 13
SCHEFFER (Al'y) 1 3
Scheffer (Jean-Gabriel). \1
SCHENMS H
SCHLESINGER ... \1
ScHLCESSER 18
SCHMIDT 18
Schneider 18
Schnetz 19
SCHNORR 19
schommer 19
schrceder 19
Schubert 20
Schuler 20
SCHULTZ 20
SCHULTZE 20
SCHULZ 21
SCRI\'EN 21
Sears 21
Sebron 21
Segé 21
Seguin 22
Seigneurgens 22
Sellier père 22
Sellier (Henry) 22
Senefei.der 23
TABLE. 317
pages
Sequeira (de) 26
Sergent 27
Servin 2^
Sette , 28
Sevrette 28
Sh.vrles 28
SlCARD 28
SlEURAC 28
Silbermann 28
Simon 29
Simonet (Jean-Baptiste) 30
Simonet (Adrien) 3°
Sinet 8 '
SlNGRY 31
SlROUY 31
SlSCO 35
SlSLEY 35
SlTTEL 35
SlXDENlERS . . 35
Skelton 3S
Smeeton 38
Smith 39
SOINARD 39
SOI.IER ,iQ
SoLlMAN-LlEUTAUD 40
SOLMS (M'ne DE) 41
SOLON 41
SOMM 41
SûMMERARD (DU) 45
SOREL 46
SORRIEU 46
318 TABLE.
pages
SOTAIN 4*7
Soudain 47
Soi lange-Teissier 48
SOULIÉ 50
SOUMY 52
Sta (de) 53
STAAJ 53
Stachowicz 55
Stadler 56
Steinheil 56
Steinlen 56
Steuben 60
Steuefercher 60
Ste\ ens 60
Stipulkowsky 60
Stop 60
Strang 61
subercaze 61
Sldre 62
SuLPIS (Jean-Joseph) 64
Sulpis (Emile) 65
SUTHERLAND 65
SUTTER 65
Swebach (Jacques) 66
SWEBACH (Edouard) 66
SZRETTER . . 68
TaiÉE 68
Tailland 69
Talin "70
Tamagnon (de) "70
Tamisier "70
TABLE. 319
pages
Tanguy Il
Tardieu (Pierre-Alexandre) 71
Tardieu ( Amhroise) . . 74
Tassaert (Jean -Joseph-François) 75
Tassaert (Paul) 76
Tassaert (Octave) 76
Tattegrain 82
Taurel (André-Benoît-Barreau) 82
Taurel (Edouard) 83
Taverne 84
Tavernier (Pierre-Joseph) 84
Tavernier (Ernest-Louis) 86
Taylor (Le Baron) 86
Tellier 102
Terry 103
Tessier 103
Testard (François-Martin) 103
Testard (Jacques-Alphonse) 103
Texier 105
Teyssonnieres (Pierre) 107
Teyssonniéres (\l"e) 110
Thénot 110
Thkrond 111
Thevemn - . 111
Thibault 112
Thibaut 112
Thielley 112
ThiÉnon (Claude) 113
Thiénon (Louis-Désiré) 113
Thierriat 113
Thierry 114
320 TAHLE.
pages
Thierry (Joseph) 114
Thk pu.et 115
Thiriat 115
Thirion 115
Thomas 115
Thomas Antoine-Jean-Baptiste) .., 116
Thomas (Napoléon) m
Thompson (John) 118
Thompson (Charles) 118
Thomson 121
Thornle y 121
Thouvemn 1 22
TlMMS 122
TlNAYRE 123
TlNTHOIN 123
TlRPENNE 1 23
TlSSANDIER 125
TlSSOT 125
TOPFFER 134
TOSCHI 136
TOUDOUZE (Gabriel) 139
ToiDOUZE (Edouard) . , 140
TOULLION 140
TOURFAUT 140
TOURNACHON 140
TOURNY 141
Toussaint 1 4 1
Traversier 1 42
Traviès (Charles-Joseph) 142
Traviès (Edouard) 153
Trayer 154
TABLE. 321
pages
Trichon 154
Tricbot-Garneri 154
Trimolet (Joseph-Louis) 155
Trimolet (Alphonse) 162
Trobriand (de) 1 63
Tronchon 163
Trouilleux 163
Truchot 163
TUDOT 163
Turner 164
Turpin de Crissé (Le Comte) 165
Ulmer 165
Unger 166
Urruty 166
Vafflard 167
Valdahon 168
Valentin (Henri) 168
Valentin (Henry) 169
ValÉrio 169
Vallot ni
Vallotton 172
vallou de vrlleneuve 172
Valmon (M110) 174
Valmont (de) 174
Van den Broek (Mffie) 175
Van der Burch 175
Vanlembrouck 175
Van Marcke (J.) 175
Van Marcke (Emile) 175
Van Muyden 176
Van Os 177
xh 21
322 TABLE.
Van Rtssel 1T7
Vans (dit Faget de) m
Van Spaendonck 1T7
Varcollier (Mme) m
Varin (Amédée) m
Varin (Adolphe) H9
Varin (Eugène) 181
Vaucanu 183
Vauthier 183
Vauzelle 184
Veillât 184
Verdeil 184
Vergnes 185
Verneilh (de) 186
Vernet (Carie) 186
Vernet (Mmc Carie) née Fanny Moreau 210
Vernet (Horace) : 210
Vernier (Charles) 224
Vernœr (Emile) , 225
VETRASSAT 227
Vèze (de) 229
Vibert (Victor) 229
Vibert (Jean-Georges) 230
Victor 230
Vidal 231
Viel-Castel 233
VffiRGE 234
Vigneron 239
Vignon (de) 241
Viguier 241
Villemin 242
TABLE. 323
pages
Villeneuve 242
Villeret 243
VlLLEREY 344
VlLLEYIELLE 244
VlLLOT 244
VlMONT 245
VlNTRAUT 245
Viollet-Leduc 245
VlON 248
VlREBENT 249
VlZENTINI 249
VOGEL 249
VOGT 250
Voisin 251
VOLLON 252
VOLMAR 252
VUILLEFROY (de) 252
Wachsmuth . , 253
Wacquez 253
Walle 253
Wallet 253
Waltner (Charles-Jules) 254
Waltner (Charles-Albert) 254
Watelet 269
Wattier (Edouard) 210
Wattier (Emile) 210
Weber (Antoine-Jean) 214
Weber (Frédéric) 215
Weber (Otto) 215
Wedgwood 215
Weir 216
324 TABLE.
pages
Wkry 276
Whistler 2T6
WlBÀILLE 290
WlESENER 290
WlLLEMIN 291
WlLLENICH 291
WlLLERMET 291
Willette 291
WlLLMANN 298
WlNTERHALTER 299
WlSMES (DE) 301
WlTTE (DE) 301
WORMS 302
Wyld 302
Yon 303
Yves 304
Zacharie 304
Zeégler 305
ZlLCKEN 306
Zorn.. 30T
ZWINGER 309
Lithographes d'architecture et vues pittoresques : Alaux,
Arnout , Atthalin , Bachelier , Balan , Barnard ,
Bonhomme , Bourgeois , Boys , Chapuy , Gourtin ,
Dauzats, Delaberge, Duthoit, Fowler, Fragonard,
Gale, Granet, Guesdon, Guiaud, Haghe, Hardemg,
Harris, Hawke, Hostein, Isabey, Jaime, Jorand,
J.-B. Laurens, Lefranc, Léger. Mackensie, Massé,
Mayer , Mialhe , Nash , Nousveaux , Ouvrié ,
Régnier, Renoux, Truchot , Vauzelle, Questel,
TABLE. 325
pages
Villeneuve, Walton, Weber, etc., etc. Voyez l'article
TAYLOR 91etsuiv.
Peintres-graveurs hollandais 306
Conclusion 309
Lille imp. L.Danel.
latfva "i aiHawiHdwi — 'arnn
raidi, Henri
Les grs
Le cle
1. 12
PLEASE DO NOT REMOVE
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