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Full text of "Bulletin de la Société botanique de France"

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SOCIÉTÉ BOTANIQUE 


DE FRANCE 


BULLETIN 


DE LA 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE 
DE FRANCE 


FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 


TOME DIXIÈME 


PARIS 


AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ 


RUE DE GRENELLE-SAINT-GERMAIN, 84 


1863 


LISTE DES MEMBRES 


ADMIS DANS LA 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE 


PENDANT L'ANNÉE 1862. 


ANDERSSON, professeur à l’Académie de Stockholm (Suède). 


BABINGTON (CHARLES-CARDALE), professeur à l'Université de Cambridge 
(Angleterre), 

BRINGUIER (ANTÉNOR), docteur en médecine, rue Saint-Guilhem, 27, à 
Montpellier. 


CONSTANT (ALEXANDRE), banquier, à Autun (Saône-et-Loire). 


DELOYNES (P.), avocat, rue des Cordeliers, 15, à Poitiers. 

DESCROIZILLES riLs, docteur en médecine, rue Louis-le-Grand, 5, à Paris, 

DUJARDIN-BEAUMETZ, docteur en médecine, rue Saint-Dominique, 8, À 
Paris, 


Yj SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

GARROUTE (l'abbé), professeur à l'École de Saint-Caprais, à Agen (Lot-et- 
Garonne), 

GAUTIER (GASTON), hôtel des Bains, à Narbonne (Aude). 


LABALBARY, docteur en médecine, à Bourg-la-Reine (Seine). 

LARCHER, chef du bureau de l'instruction publique àda Préfecture de la Seine, 
place Lacépède, 9, à Paris, 

LOMBARD (ARMAND), propriétaire, au Vigan (Gard). 


MARTIN (JosEPH DE), docteur en médecine, médecin-adjoint de l’hôpital de 
Narbonne (Aude), | 
MARTIN (Louis DE), étudiant en médecine, rue Barthez, 6, à Montpellier. 
. MOUILLEFARINE (EDMOND), rue de la Chaussée-d’Antin, 38, à Paris. 


PAYOT (VÉNANCE), naturaliste, à Chamounix (Haute-Savoie). 
POSTH (J.), associé de la maison Vilmorin-Andrieux, avenue Victoria, 11, à 
Paris. 


RAVAIN (l'abbé), professeur d'histoire naturelle au collége de Combrée (Maine-: 
et-Loire). 

REMY (JULESs), ancien voyageur du Muséum d'histoire naturelle, à Louvercy, 
par Châlons-sur-Marne, 

RODIN (HrPpOLYTE), chef d'institution, à Beauvais (Oise). 

ROGET DE BELLOGUET (MAURICE), rue Saint-Dominique, 71, à Paris, 


TOURNIAIRE (JOSEPH-ÉTIENNE), rue Montorgueil, 51, à Paris, 


LISTE DES MEMBRES. vi] 


Admis comme membres à vie, 


MALINVAUD (Ernest). 
GUILLOTEAUX-VATEL. 

BABINGTON (Charles-Cardale). 
REMY (Jules). 

CASTELLO DE PAIVA (le baron de). 


Membres décédés. 


PoucHerT (Eugène), juillet 1861. 
VAN-DEN-BOSCH, 18 janvier 1862. 
MENIÈRE (Prosper), 7 février, 
BASSEVILLE, février. 

MICHALET (Eugène), février, 
DESMAZIÈRES, 23 juin. 

Mansy (de), 23 juin. : 
GirAUDY (Honoré), novembre. 
JAMAIN (Alexandre), 12 décembre. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE 
DE FRANCE 


SÉANCE DU 9 JANVIER 1863. 
PRÉSIDENCE DE M, AD. CHATIN, 


M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de 
la séance du 26 décembre 1862, dont la rédaction est adoptée. 


Dons faits «a la Société: 


1° De la part de M. Alph. De Candolle : 


Etude sur l'Espèce, à l'occasion d'une révision de la famille des 
Cupulifères. 


2° De la part de M. Œrsted : 


Acta Societatis historico-naturalis hafniensis, 1861. 


3° De la part de M. Henri Émery : 


Notice sur les recherches de physiologie végétale de Joseph Priestley. 
h° Æevue française, t. IV, n° 1. 
5° En échange du Bulletin de la Société : 


Pharmaceutical Journal and transactions, janvier 1863. 
L'Institut, décembre 1862 et janvier 1863, deux numéros. 


Conformément à l’art. 28 du règlement, M. le Président fait con- 
naître à la Société les noms des membres des diverses Commissions 
nommées par le Conseil, pour l’année 1863, dans sa séance du 
26 décembre dernier. 

Ces Commissions sont composées de la manière suivante : 

+ 1 


r- SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


4° Commission de comptabilité, chargée de vérifier la gestion de 
M. le Trésorier : MM. de Bouis, Moquin-Tandon et Ramond. 

> Commission des archives, chargée de vérifier la gestion de 
M. l’Archiviste : MM. Eug. Fournier, Lasègue et Le Maout. 

3° Commission permanente du Bulletin : MM. Chatin, Duchartre 
et Grœnland. 

h° Commussion permanente des gravures : MM. Decaisne, J. Gay 
et Moquin-Tandon. 

5° Commission chargée de recueillir les opinions émises relati- 
vement à la tenue de la prochaine session extraordinaire, et de for- 
muler une proposition sur le lieu et l’époque de cette session : 
MM. Boisduval, Cosson, J. Gay, le comte Jaubert et de Schœnefeld. 

6° Comité consultatif, chargé de la détermination des plantes 
de France et d'Algérie soumises à l’examen de la Société : MM. Bes- 
cherelle, Cordier, Cosson, Eug. Fournier, J. Gay, Grœnland et 
Roussel. 


M. le Président annonce que, par suite du tirage au sort fait le 
42 décembre dernier, les membres du Conseil sortant cette année 
sont : MM. Brice, Bureau, Fermond et Le Dien. 

M. le Président annonce en outre que, par suite de la perte bien 
regrettable de M. À. Jamain,-archiviste de la Société, il y a lieu de 
pourvoir à son remplacement. 


On procède ensuite à l'élection du président pour l’année 1863. 


M. Ernest Cosson, ayant obtenu 177 suffrages sur 185, est pro- 
clamé président de la Société pour 1863. 


La Société nomme ensuite successivement : 


Vice-présidents : MM. Moquin-Tandon, Ramond, Le Dien et 
Fermond. | 

Archiviste : M. Duchartre, en remplacement de M. A. Jamain, 
décédé. | 

Secrétaire : M. À. Gris, en remplacement de M. Duchartre, 
appelé aux fonctions d’archiviste. 

Vice-Secrétaire : M. Éd. Bureau, en remplacement de M. Gris, 
nommé secrétaire. 

Membres du Conseil: MM. Gubler, Chatin, J. Gay, le comte 
Jaubert et Paul de Bretagne. 


SÉANCE DU 9 JANVIER 1863. à 


Il résulte de ces nominations que le Bureau et le Conseil d’admi- 
nistration de la Société se trdrvent composés, pour l’année 1863, 
de la manière suivante : 


Président. 


M. Ernest Cosson. 


Vice-présidents. 
MM. Fermond, MM. Moquin-Tandon, 
Le Dien, Ramond. 
Secrétaire. général. 
M. de Schœnefeld. 


Secrétaires. ; Vice-secrétaires. 
MM. Eug. Fournier, MM. Bureau, 
. À. Gris. | Prillieux. 
Trésorier. Archiviste, 
M. Fr. Delessert. M. Duchartre. 


Membres du Conseil. 


MM. P. de Bretagne, MM. Gubler, 
Brongniart, le comte Jauberti, - 
Chatin, Lasègue, 

Decaisne, A. Passy, 
J. Gay, T. Puel, 
Gide, E. Roze. 


Avant de se séparer, la Société vote des remerciments unanimes 
à M. Ad. Chatin, pour le dévouement avec lequel il a bien voulu 
diriger ses travaux pendant l’année qui vient de finir. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


SÉANCE DU 16 JANVIER 1863. 
PRÉSIDENCE DE M. E. COSSON. 


M. le Président , en prenant place au fauteuil, s'exprime en ces 
termes pour remercier la Société de l'avoir appelé à diriger ses 
travaux pendant l’année qui vient de s’auvrir : 


Messieurs et chers confrères, 

Dans votre dernière séance, vous avez voté des remerciments unanimes à 
M. le professeur Chatin, pour le dévouement et l'exactitude qu'il a apportés 
dans ses fonctions pendant toute la durée de sa présidence. Nous devons un 
égal tribut de gratitude à M, le professeur Duchartre qui, successivement 
secrétaire, vice-président, président, veut bien continuer à donner à la So- 
ciété son concours si utile, en se chargeant, comme archiviste, de diriger le 
classement de nos collections, qui de jour en jour, par des legs ou des dons, 
acquièrent une nouvelle importance. 

En m'appelant à l’insigne honneur de présider à vos travaux pendant la 
présente année, vous avez bien plutôt tenu compte de mon dévouement à la 
science et aux intérêts de la Société que de mes titres scientifiques et de la 
valeur des travaux publiés par moi jusqu'ici. Je ne saurais trop vivement vous 
exprimer toute ma reconnaissance , et soyez persuadés que l'honneur que 
vous me conférez est pour moi en même temps une bien douce récompense 
de mes efforts et un puissant encouragement à les continuer. Du reste, je 
n'aurai qu'à suivre lexemple donné par mes honorablés prédécesseurs, 
qui tous, quelle que fût leur haute position sociale ou scientifique, n’ont 


janais négligé aucun des devoirs que leur imposait le mandat décerné 
par votre confiance, 


M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de 
k séance du 9 janvier, dont la rédäètioi est adoptée. 
M: le Président annonce une nouvelle présentation. ré, M 


Dons faits à la Société : 
4° Par M. Éd. Bureau : 
Notes sur les Bignoniacées de la Nouvelle-Culédonie. 
2° De la part de MM. Montagne et Millardet : 


Notes sur l'ile de la Réunion (Annexe O : Botanique, Cryplogamie, 
Alques). 


SÉANCE DU 16 JANVIER 1863, 5 
3° De la part de M. Lindeberg : 
Torfmossornas byggnad utbredning och systematiska uppstællning. 


4° En échange du Bulletin de la Société : 
L'Institut, janvier 1863, un numéro. 


M. J. Gay fait hommage à la Société, de la part de M. Lindeberg, 
d'une monographie synoptique du genre Sphagnum (en sué- 
dois) (1). 

M. Eug, Fournier fait à la Société la communication suivante : 


SUR LE GENRE PBRAYA, px M, Eugène FOURNIER. 


On se plaint généralement aujourd'hui de la facilité avec laquelle sont 
écrites un certain nombre de diagnoses spécifiques nouvelles; on serait en 
droit de s’élever également contre l'établissement trop fréquent de types géné- 
riques nouveaux, On à souvent oublié le vieil adage linnéen : Character non 
facit genus, que justifiaient pourtant les succès des fondateurs de la nomencla- 
ture, et l'on a même créé des genres qui n'ont plus de caractère du tout. 
Dans ce dernier cas, quand l'erreur est reconnue, un réformateur survient, 
qui modifie les caractères du genre inconsidérément admis, mais en conserve 
le nom, et y introduit des espèces qu’en auraient exclues la diagnose 
primitive; de là résultent une confusion fâcheuse dans la classification, et des 
obscurités que peut seul éclaircir un scrupuleux examen des textes origi- 
naux. La famille des Crucifères nous présente plusieurs exemples de ces créa- 
tions génériques mal fondées et plus mal échafaudées ; j'en signalerai un par- 
ticulièrement aujourd’hui à la Société ; il nous est offert par le genre Braya. 

Le genre Braya à &té établi par Sternberg et Hoppe dans le premier 
volume des Denkschriften der À. Baïer. botan. Gesellschaft in Regensburg 
(1815), pour une plante que M. Hoppe venait de découvrir dans les Alpes de 
la Carinthie supérieure, et qui est aujourd'hui encore généralement connue 
sous le nom de Zraya alpina; il n’est pas question de l'embryon dans la 
description ni dans la figure que les anteurs donnèrent de leur plante. De 
Candolle, qui ne la connut guère mieux, plaça le genre Braya dans les 
Pleurorrhizées auprès des Arabis. Plus tard, parüt la planche des Zcones 
Floræ germanicæ et helveticæ, 1. A, tab. 56; elle représeite deux em- 
bryons du Z. alpina, dont l’un a la radicule dorsale, et l’autre presque laté- 
rale; mais Rob. Brown, en 1824, dans le CAloris melvilliana, sir W. 


(4) A la suite de cet opuscule, M. Lindeberg annonce la découverte d’une nouvelle 
huile essentielle (Ætheroleum Hepaticarum\, qui lui a été fournie particulièrement par 
le Madctheca lærigata. 


6 SOCIÊTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Hooker, dans l’£xotic Flora, tab. 124, et surtout M. J. Gay, dans les 
notes qu'il à fournies à M. Monnard (1), ont surabondamment établi que 
l'embryon de la plante dont il s’agit est parfaitement notorrhizé. 

Ce point une fois connu, le genre Zraya ne différait plus du Sisymbrium, 
type de la tribu des Notorrhizées, que par ses valves uninerviées et ses graines 
bisériées, ainsi que l’a fait remarquer Koch dans son Synopsis floræ germa- 
nicæ, en faisant passer dans le genre Praya les Sisymbrium supinum et 
S. pinnatifidum. Mais il existe nombre de Sisymbrium à valves uninerviées, 
par exemple les S. Sophia, S. canescens Nutt., S. cinereum Nutt. 

En outre, M. Weddell.a fait connaître, dans son CAloris andina(pl. 85) un 
Sisymbrium imbricatifolium dont les graines sont tantôt uni- et tantôt bisé- 
riées, selon la largeur de la silique. Dans le Sisymbrium officinale, elles sont 
unisériées dans le haut et bisériées dans le bas de la silique(Rchb. Ze. f1. 
germ..Al, tab. 72). Ce caractère est variable dans plusieurs espèces du 
groupe Sophia. M. Weddell a insisté sur ce point dans une note manuscrite 
qu'il m'a communiquée ; d'après lui, il y a, dans les Sisymbrium des espèces 
à siliques plus ou moins-développées, où les graines sont tantôt uni- et tantôt 
bisériées ; et il y. a d’ailleurs toute une section de Sisymbrium exotiques, 
ayant pour type le Sisymbrium myriophyllum, à siliques longues ou courtes, 
dont les graines sont encore plus constamment bisériées que. dans les Braya, 
et.cependant on n’a. jemais eu l'idée de les. y rapporter. IL y a plus, car dans 
le Braya alpina lui-même, les graines sont quelquefois unisériées, comme le 
fait remarquer M. Joseph Hooker dans le nouveau Genera plantarum (p.83) ; 
enfin. cet auteur, en. décrivant le. genre Sisymbrium, lui reconnaîl des 
graines quelquefois bisériées. è 

Le genre Braya n’a donc pas de raison d’être. Il ne pourrait subsister que 
fondé sur des considérations de port et d'habitat qui me paraissent insuffi- 
santes,. puisque les plantes alpines tendent à prendre le même port, à quelque 
famille. qu’elles appartiennent; mais on a tenté de le conserver en le modi- 
fiant. Les uns, se fondant probablement sur la place donnée au Braya dans 
le Prodromus, ont réservé ce nom générique pour certaines espèces de JVasz 
turtium à radicule exactement latérale, par exemple les Nasturtium asperum, 
N. Boissieri, N. microspermum, etc. Cette manière .de procéder n’était 
pas logique, puisque le Braya alpina, sur lequel a été établi le genre, offre 
une radicule dorsale, et que d’ailleurs le Nasturtium asperum et ses voisins 
avaient été placés par M. Spach dans une division particulière, Sisymbrella, 
que l'on pouvait conserver. D'un autre côté, M. Weddell a pensé qu'il pour- 
rait restreindre le genre Praya aux espèces de Sisymbrium dont le calice 


(1) Observations sur quelques Crucifères décrites par M. De Candolle dans le pre- 
mier volume de son Systema regni vegetabilis, par J.-P. Monnard, principal du collége 
de Nyon, avec des notes de M, J. Gay (Ann. sc. nat. 17° série, t. VID). 


SÉANCE DU 16 JANVIER 1863. 7 


persiste jusqu’à la maturation du fruit, et son Braya calycina (Chl. and. 
pl. 85) témoigne de cette idée qu’il a abandonnée depuis, reconnaissant 
l'inconstance de ce caractère, Dans le Genera plantarum dont je parlais plus 
haut, M. J. Hooker a séparé, pour les faire rentrer dans les Sisymnbrium, les 
Braya supina et B. pinnatifida, qui diffèrent par le port des autres Zraya, 
et quiont le fruit plus allongé ; puis il a réuni aux espèces ‘restantes celles 
qui composent les genres Platypetalum R. Br., Aphragmus: Andrz. et Æu- 
dema Humb. et Bonpl. Voici la diagnose nouvelle qu’il en donne : 

« Sepala brevia, basi æqualia, Stamiua edentula, libera, Siliqua ovata, 
» oblonga, linearis, teres vel compressiuscula ; valvis convexis, 1-nerviis v, 
» Costatis ; seplo .integro, pertuso v..03 replo basi lato, saçcato ; stylo brevi 
».X. elongato ;.stigmate.capitato. Semina 2-. (rarius 1-) seriata, œ v. pauca, 
» immarginata; funiculis setaceis,. liberis.. » 

Il est facile de remarquer que cette diagnose ne répond plus à celle de 
Hoppe, et qu’elle est extrêmement vague. Les plantes qu’elle renferme n’ont 
guère d’analogie que, par leur port.alpin, raison qui, comme je l’ai dit, ne 
me paraît pas suffisante, Les espèces qu’on y a groupées appartiennent en 
effet, soit au genre Sisymbrium, soit à quelques autres pate voi comme 
je vais-essayer de le démontrer, 

Les Braya alpina Sternb. et Hoppe, B.' supina Koch, B. pimiotéfidia 
Koch, 2. siliquosa Bunge (/ndex seminum Horti dorpat. 1839, p. 7), B. 
Limosella Bunge (Delect. sem. dorpat. 1841), et: B. versicolor Turcz. (Led. 
Fl,ross. I, 196) ne s’éloignent pas à mes yeux du genre Sisymbrium, auquel 
M. Weddell à ramené lui-même son Z.-calycina, ainsi que la plupart des 
autres espèces américaines, qu'il avait d'abord placées dans ce dernier genre, 
et étiquetées en conséquence dans l’herbier du Muséum. Je pense que le 
Braya. falcata Hochst..est également un Sisymbrium, mais je n’en ai pas vu 
les fruits mûrs; cette espèce d’Abyssinie n’est d’ailleurs pas décrite dans 
l'ouvrage d’Ach, Richard, 

Le Braya purpurascens Bunge ( Led, #/. ross, 1, 495) n’estque le Platy- 
petalum purpurascens R. Br, (Parry's first voy. app. p. 267) ,et le genre 
Platypetalum diffère assez du Sisymbrium par la forme du fruit pour qu’il 
nous paraisse devoir être conservé. Le B.? ypnlosa Hook. (#1. bor.-americ, 
I, p. 65, tab, 47) ,-que son auteur ne plaçait qu'avec doute dans le genre 
Braya, nous. paraît également, par. la largeur .du fruit et la convexité des 
valves, devoir être rapporté au Platypetalum. Le B. rosea Bunge (/nd.. sem. 
H. dorpat. 1839, p. 7) a été nommé. Platypetalum capitatum par Turczani- 
now.et rapporté avec doute au P/. dubium R, Br. par Ledebour (71. ross. 
1, 195), à cause de son ovaire: ovoïde, qui le. place en effet dans ce dernier 
genre; enfin, le-Zraya nana Bunge ( Delect. sem. dorpat., absque diagnosi) 
est le Platypetalum nanum Turez, 

Le Braya athroocarpa Wedd., de la chaîne des Andes, se rapproche. des 


8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


espèces du genre Smelowskia par sa cloison incomplète et ses feuilles à laci- 
niures très-étroites. 

Le Praya ænea Bunge (Delect. sem. H. dorpat. p. 8; Led. . c. T, 
195), diffère encore du genre Sisymbrium par son ovaire ovoïde; sa position 
est incertaine entre les genres Platypetalum et Eudema ; \ se rapproche de 
l’'£. rupestris Humb. et Bonpl. par la forme de ses pétales, dont le limbe est 
à peine distinct de l'onglet. 

Quant au Braya involucrata Led. L. c. I, 194 (Platypetalum involucratum 
Bunge, £num. alt. p. 58), lefruit mûr n’en ayant pas été va, même par l'au- 
teur qui l’a décrit, on ne sait où le placer. 

En résumé, tous les Zraya qui me sont connus ont leur place dans les 
genres Sisymbrium et Platypetalum, selon que leur fruit est linéaire ou 
renflé, et rien n’autorise à conserver le genre qui repose sur une observation 
incomplète de Hoppe. 


M. Éd. Bureau présente les observations suivantes : 


M. Eug. Fournier vient d'entretenir la Société d'une espèce de Crucifère 
qui présente des graines, disposées, dans chaque loge, tantôt sur une seule 
rangée longitudinale, tantôt sur deux rangées, et dont la largeur du fruit varie 
en conséquence. Il est curieux de rencontrer exactement le même fait dans 
une famille bien éloignée, mais dont le fruit présente avec celui des Crucifères 
la plus grande analogie : c'est la famille des Bignoniacées. Les principales mo- 
difications offertes par le fruit dans l’une de ces familles se retrouvent dans 
l’autre, et il ne serait pas difficile de disposer les Crucifères et les Bignoniacées 
en deux séries parallèles, d’après les caractères tirés de la fructification. 

Pour ne parler aujourd’hui que du fait signalé par M. Fournier, je dirai 
que les genres Tanæcium et Pachyptera, parmi les Bignoniacées, le présen- 
tent aussi. Des deux fruits de Tanæcium prælonqum Miers qui sont dans la 
collection des fruits du Muséum, l'an a une seule série de graines dans chaque 
loge, et l’autre en a deux séries, Le fruit de Pachyptera foveolata DC. de 
l’herbier général du Muséum, que j'ai fait figurer pour ma Monographie 
des Bignoniacées, n'a qu'une série de graines dans chaque loge: le fruit de la 
même espèce, appartenant à l’herbier Delessert, en a deux séries: c'est celui 
qui à servi à Aug.-Pyr. De Candolle pour l'établissement du genre. 

Dans les cas en question, qu’il s’agisse des Crucifères ou des Bignoniacées, 
et que les graines paraissent disposées sur une ou sur deux séries longitudi- 
nales, il n'y en à pas moins deux rangées d’insertions par loge; les graines 
s'insèrent en effet alternativement sur le bord droit et sur le bord gauche de 
la cloison. Mais, en s'avançant vers le centre du fruit par suite de leur 
accroissement, les graines peuvent se comporter de deux manières: dans 
certains Cas, elles se rencontrent sur là ligné médiane de la loge, viennent 


SÉANCE DU 16 JANVIER 1863, 9 


buter, en quelque sorte, celles du côté droit contre celles du côté gauche, 
et présentent un obstacle mutuel à leur développement transversal; il y a 
alors deux séries. D'autres fois elles se glissent les unes entre les autres; 
chacune d'elles occupe alors.toute la largeur du fruit, et elles semblent ne 
former qu'une seule série. Les deux plantes dans lesquelles j’ai remarqué la 
première de ces deux dispositions, ont des graines coriaces et épaisses qui 
doivent réussir difficilement à se glisser dans les intervalles de la série opposée ; 
lorsque les graines sont minces et inséréés sur deux rangées dans chaque loge, 
comme cela a lieu dans les genres Arrabidæa, Cuspidaria, Pyrostegia, etc., 
elles se développent sans se faire mutuellement obstacle, chacune d'elles 
occupe la largeur entière de la cloison, et cela devient alors un caractère 
générique constant. 

Dans les Bignoniacées pléostictides, c'est-à-dire qui ont au moins deux ran- 
gées d’insertions de graines sur chaque bord de la cloison (au moins quatre 
rangées d'’insertions par loge), on observe quelque chose d’analogue. Dans 
certains genres, les graines appartenant aux rangées d’un côté se glissent entre 
les graines appartenant aux rangées de l’autré côté (Willingtonia, Incarvil- 
lea, etc.). Dans d’autres genrés, les grainès des rangées de droite d’une part, 
celles des rangées de gauche d’autre part, ne dépassent pas la ligne médiane 
de la loge, mais ici cela tient ordinairement à un obstacle présenté par une 
saillie de la cloison (Spathodea, Sparattosperma), ou par une convexité inté- 
rieure de la ligne médiane des valves (Amphilophium). 

La disposition des graines dans les Bignoniacées pléostictides n’est donc 
plus exactement comparable à ce qu’on voit dans les Crucifères. 


M. J. Gay dit que c’est à tort que l’on a créé le genre Diplotaris, 
qui ne diffère du genre Brassica que. par ses graines bisériées. 

M. Cosson dit que la distinction qu’on a établie entre les genres 
Arabis et Turritis n’est pas meilleure, car l’Arabis Pseudoturritis 
Boiss. ressemble complétement par ses caractères extérieurs au 
Turritis glabra, dont ilne diffère que par des graines unisériées. 
M. Cosson ajoute que la famille des Crucifères présentant (comme 
celle des Graminées et comme la plupart des autres grandes familles 
naturelles) une assez grande variabilité dans les caractères qu’on a 
regardés comme ayant une valeur de premier ordre pour l’établis- 
sement des genres, il serait à désirer qué l’on pût y établir des 
coupes fondées sur l'observation de caractères nouveaux. 

M. J. Gay met sous les yeux de la Société du pain de Bouleuu, 


avec des échantillons des écorces qui servent à sa fabrication. Il fait 
remarquer que. ce prétendu pain ne constitue pas un aliment 


10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


nutritif, et il ajoute que des paysans finlandais qui n'avaient 
d'autre nourriture sont morts dé faim aux environs d’'Helsingfors. 


M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de la communication 
suivante, adressée à la Société : 
NOTE SUR QUELQUES PLANTES CRITIQUES, DU FLORA MONSPELIBNSIS, DE LINNÉ, 
cpu M3, DUVAL-JOUVE (!). 


{Strasbourg, 29 novembre 1862.) 


Ces jours derniers, après la lecture d’un ouvrage de géographie botanique, 
je cherchais à me rendre compte de ce que Linné avait fait et provoqué sur 
cette partie de la science, lorsque mon attention fut arrêtée par un document 
entièrement : relatif à la flore de France. C’est une thèse soutenue, sous la 
présidence, de, Linné, le 45. juin 1756, par Théoph.-Erdm, NATHHORST. 
Elle.a pour. titre :. FLORA MONSPELIENSIS, et se trouve réimprimée dans 
Amænitates academicæ, AN, n°.lxx, pp. 468-495. Elle est antérieure de 
six ans à l’Aortus monspeliensis de Gouan et de neuf ans au Flora monspe- 
liaca du même (2). 

Après avoir, au début de sa thèse, exposé l'importance de la géographie 
botanique et des secours que doit prêter à cette étude la simplicité de la 
nomenclature linnéenne, l’auteur donne une description fort exacte des envi- 
rous de Montpellier. En effet, avant. de venir écouter les leçons de Linné et 
recevoir à l'Académie d’Upsal le bonnet de docteur, Nathhorst, « germanus 
» silesiensis », a pendant plusieurs années étudié à Montpellier ; il a beaucoup 
herborisé aux environs, il y a même constaté la disparition de certaines plantes, 
détruites par le trop grand nombre des collecteurs, attendu « üt vix üllus 
» Æsculapii filius suo prius discendi desiderio satisfacere potuerit, quam Mon- 
» tem Pessulanum ejusque.alumnas plantas suis usurpaverit oculis. » (p. 470.) 
Il a d'abord déterminé ses plantes avec les ouvrages de Magnol et de Sau- 
vages ; il les a, de plus, soumises à ce dernier, les a contrôlées ensuite sur les 
observations contenues dans les lettres de Sauvages à Linné, et que celui-ci 
avait mises à sa disposition (p.474); et enfin ses récoltes et ses dénomina- 
tions.ont été revues par le président de la thèse, l’auteur du Species plan- 
tarum., Ajoutons,que l'auteur a imprimé en caractères différents les espèces 
propres au Languedoc et celles qui se retrouvent en Suède, rappelons-nous la 
part que Linné prenait aux thèses inspirées et présidées par lui, et qui, dans 


(1) Dans le cours de cet article, suivant le désir de M. Duval-Jouve, les noms de 
plantes sont reproduits tels qu'ils sont imprimés dans Ja thèse de Nathhorst, et non 
toujours conformément à l'orthographe habituellement en usage dans notfe recueil. 

(Note de la Commission du. Bulletin.) 

(2) La thèse de Nathhorst mentionne 4463 espèces vasculaires. Le Flora monspe- 

liaca de Gouan en décrit 1743, plus 107 Cryptogames vasculaires ; enttout 1850: espèces. 


SÉANCE DU 16 JANVIER 1863. 41 


l'histoire de la botanique, les fait comprendre dans ses propres travaux (1), 
et nous verrons que toutes ces circonstauces réunies donnent à cette Flore 
une valeur toute particulière, qui permettra peut-être de reconnaître à quelles 
plantes de Montpellier répondaient, pour Linné du moins, quelques-uns de 
ses types qui ont été et sont encore embarrassants et douteux. Je vais en citer 
quelques exemples, pris dans les familles que j'étudie plus spécialement, les 
Joncées, les Gypéracées, les Graminées et les Cryptogames vasculaires. 

Les JONCÉES mentionnées par Nathhorst sont les:suivantes (2) : 

Juncus acutus, J/. glomeratus (sic), J. effusus, 3. inflexus, J. squarrosus, 
J. articulatus, J. bufonius, J. campestris, J. niveus. 

Juneus niveus. — Cette plante ne figure dans la première édition du 
Species plantarum que comme variété G du Juncus pilosus, avec la syno- 
nymie de Scheuchzer, C'est dans la thèse de Nathhorst qu'elle paraît d’abord 
comme espèce, six ans avant la deuxième édition du Species plantarum, où 
elle-figure avec l'habitat « Monspelii » ; et le nom princeps de cette espèce, 
au lieu d’être Juncus niveus EL: Sp. pl. edit. 2, p.468, doit être : J. niveus 
L. F1, monsp. in Am.acad.. AV, p. 481. 

Juncus inflexus. — La détermination du type linnéen a donné lieu à de 
nombreuses discussions, et ce nom, adopté d’abord, n’est plus cité, même 
comme synonyme douteux, dans la #lore de France. C'est pourtant de France 
et de Montpellier, par Sauvages , que venaient les premiers individus décrits 
par Linné, comme l’indiquent la synonymie et l'habitat de la 1'° édition du 
Species. C’est encore de France et de Montpellier que lui viennent les nou- 
veaux exemplaires sur lesquels il reconnaît l'identité de sa plante. Dans les 
deux éditions du Species, Linné donne son Juneus inflexæus comme identique 
avec la plante de Sauvages, avec le Juncus acumine reflexo alter Scheuchzer, 
p. 345, et comme plante de l’Europe méridionale, On sait, en effet, que cette 
plante, si commune dans le midi de la France, ne croît pas en Suède (Fries 
Summ, veg. Scand. p. 65). Or Nathhorst imprime le nom desaplante, soumise 
à Linné, avec le caractère réservé aux plantes languedociennes et non sué- 
doises, et la mention en caractère différent des Juncus conglomeratus et effu- 
sus, également recueillis à Montpellier, prouve-en même temps, contre Smith, 
que Linné distinguait parfaitement son Juncus inflexus de ses deux autres 
espèces. D'autre part, la synonymie de Scheuchzer ne permet aucun doute. 
Ge consciencieux descripteur signale avec soin ce caractère tout particulier à 
l'espèce « medulla nivea, in quædam veluti diaphragmata distincta », la cou- 


(1) Sprengel, faisant allusion à la thèse qui nous occupe, l’attribue si complétement 
à. Linné qu’il ne nomme même pas Nathhorst (Hist. rei herb. M, p. 478); M. Ch. Mar- 
tins (Patria, p.491) et M, Pritzel (Thes. lit. bot. p. 403) en font autant. 

(2) Un + désignera les espèces qui ne sont pas dans le Flora monspeliaca de Gouan. 
Les caractères italiques indiquent, comme dans le texte de Nathhorst, les plantes com- 
munes au Languedoc et à Ja Suède. 


142 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


leur des gaînes « ex atro spadiceo resplendentibus et nitidis », ses stries, sa 
ténacité, « tenacitatem eximiam », l’usage qu’en font les jardiniers ; en un 
mot, l'erreur était impossible pour Linné, et son Juncus inflezus est bien la 
plante de Scheuchzer et de Sauvages, près de qui Nathhorst avait fait ses 
récoltes. Aussi les botanistes avaient-ils reconnu la plante de Linné et conservé 
comme princeps le nom Juncus inflexus (Scopoli, Carn. edit. 2, n° 429 ; 
Leers, Æ4 herborn. p. 87; Villars, Dauph. I, p. 231; Roth, Zent. fl. 
germ. IE, p. 400 ; Lamarck, Encycl. méth. XI, p. 265; Hoffmann, Deutschl. 
FI. A édition, p. 424 et 2° édition, p. 165; Schkubr, Bof. Tasch. T, 
p. 301, etc.), jusqu’au moment où, sur une expression de la diagnose lin- 
néenne, ce nom fut repoussé par les monographes. 

Dans le midi de la France, ainsi que je l’ai constaté moi-même, il n’est pas 
rare de rencontrer des tiges sur lesquelles la bractée qui simule une prolon- 
gation du chaume, après s’être desséchée de très-bonne heure, se courbe sur 
la panicule, en prenant plus où moins l’apparence d’une feuille (voy. Poiret, 
ÆEncycl. méth. suppl. HN, p. 155, et Schkuhr, Bof. Tasch. VI, p. 301). 
C'est ce que G. Bauhin et Scheuchzer avaient exprimé par « acumine 
» reflexo », Sauvages par « culmo paniculam arcuatim tegente » ; c’est ce que 
plus tard constata Villars en ces termes trop exclusifs : « la partie de la tige 
» qui surpasse les fleurs est aplatie et élargie; elle se courbe un peu, d’où est 
» venu son nom, »(Dauph. 1E, p. 231.) Pour désigner ce caractère tout acci- 
déntel, qui manque généralement dans le nord et n'existe dans le midi ni sur 
toutes les touffes, ni sur tous les chaumes d’une même touffe, Linné employa 
l'expression malheureuse « apice membranaceo ». Elle dérouta les mono- 
graphes , tous habitants du nord de l’Europe. Rostkovius s'en exagéra la 
portée, et dit du Juncus inflexus L. : « Planta mihi ignota. Differt a J. effuso 
» et glauco apice culmi plano et folii instar dilatato, » et il rapporta au Juncus 
glaucus Ehrh. la plante nommée Juncus inflexus par les auteurs autres que 
Linné (De Junco, p. 8, 1801). E. Meyer après avoir, dans son Junci generis 
monographiæ specimen, p. 33 et suiv., 1819, exposé qu'il n’a aucun moyen 
de reconnaître « ex herbario » sur quelle plante Linné a établi son type, 
ajoute que ce qu'il v a de plus sûr est « recipere nomen ebrhartianum et 
» delere linnæanum »; ce qu’il fit alors et plus tard encore dans son Synopsis 
Juncorum, pp. 13 et 14, 4822. En 1824, Smith, citant le Zuncus inflezus 
L., ajoute : « Planta valide dubia, cujus synonyma a Linnæo citata ad 
» J. glaucum spectant (4). » (Ængl. fl. I, p. 461. Du doute permis on passa 


(1) NH semble, d’après ce texte un peu ambigu , qu’il faudrait rapporter la plante 
d’'Ebrhart au Juncus inflecus L.; mais, s’il faut en croire E. Meyer (Monogr. p. 39 et 
Syn. Junc.p. 13), Smith aurait deux fois commis l'erreur de confondre le J. infléxus L. 
avec le J. effusus L. On comprend alors qu’il ne restait plus à Smith qu’à rapporter 


les synonymes de Linné à la plante d’Ehrhart, au lieu de rapporter, sur ces synonymes, 
la plante d’Ehrhart à celle de Linné. 


SÉANCE DU 146 JANVIER 1863. 43 


brasquement à la négation complète, et, en 1825, Laharpe, dans sa Hono- 
graphie, ne mentionne même plus le synonyme linnéen. La plupart des 
floristes modernes ont suivi son exemple, à l'exception toutefois de Koch, qui 
dit très-expressément, après la description du Juncus glaucus Ehrh. : 
« J. inflexus Leers, Herb. p. 87, et mult. auct., et, ut videtur, etiam 
» Linnæi. » (Syn. edit. 3°, p. 631.) Le texte de Nathhorst nous montre que 
Koch a pleine raison ; ce texte aurait levé les scrupules d'E. Meyer et de 
Rostkovius, et, ainsi que nous proposons de le faire, ces auteurs auraient 
conservé à la plante de Linné son nom princeps : Juncus inflezus L. Sp. 
edit. 4°, p. 326 (1). 


CYPÉRACÉES. 


Cyperus longus, C. esculentus, C. flavescens, C. fuscus. 

Schœnus Mariscus, S. aculeatus, S. mucronatus, S. nigricans. 

Eriophorum polystachyum. 

Scirpus palustris, S. holoschænus, $. lacustris, S. mucronatus, 5, marti- 
timus, S. sylvaticus. 

Carex leporina, €. vulpina, C. muricata, *C..atrata, €. pseudo-cyperus, 
C. arenaria, “C. dioica, C. flava, C. acuta. 

Cyperus esculentus, — Cette plante, récoltée à Montpellier et nommée 
par Linné, montre que M. Godron a eu raison d'adopter l'opinion de 
M. Soyer-Willemet, qui ne rapporte pas (comme l'avaient fait à tort Rœmer 
et Schultes et Kunth) notre Cyperus méridional au C'yperus rotundus L., 
et de voir dans le Cyperus olivaris Targ.-Tozz. le C'yperus esculentus L. 
(FL. de Fr. WI, p. 359). Rappelons en passant que Linné lui-même indique 
comme habitat de son Cyperus esculentus « Monspelii inque Italia », et, 
avec Gouan, Villars et Desfontaines, conservons à la plante de Montpellier son 
nom princeps : Cyperus esculentus L. Sp. edit. 1°, p. 45. 

Carex atrata et Carex dioiea ne Ccroissent point aux environs de Mont- 
pellier. D'où les tenait Nathhorst ? 

Le Carex arenaria n’y croît pas davantage. Il est de toute évidence que 


(1) Resterait à examiner si le nom linnéen ne se rapporte pas à la forme J. panicu- 
latus Hoppe, qui croît en abondance à Montpellier, avec la forme J. glaucus Ehrh. Mais 
si l’on considère qu’on ne différencie ces deux formes que par l’ampleur de la panicule 
et la couleur plus ou moins foncée des capsules, que, du reste, tous les détails de l’or- 
ganisation sont identiques, que tous les intermédiaires de grandeur se trouvent souvent 
sur les panicules d’une même touffe, et tous les intermédiaires de coloration à mesure 
qu'on s’avance en altitude ou vers le nord, et que d’ailleurs ces différences de colora- 
tion se retrouvent sur la plupart des espèces de Jones (J. alpinus, J. lamprocarpus, J. 
silvaticus, J. bulbosus, etc ), suivant qu’on les observe dans la plaine et le midi, ou-dans 
les régions plus froides du nord et des montagnes, on sera amené à ne voir au-dessous 
de ces différeuces, sensibles seulement sur des sujets extrêmes, qu’une seule espèce et un 
seul type, comme M. Godron l’a fait pour les J. bulbosus L. et J. Gerardi Lois. (F1. 
Lorr. 2° édit, p. 272), et M. Cosson pour l’espèce qui nous occupe (F1. Algér. p.254). 


4h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


la plante mentionnée sous ce nom et que Gouan indique à Maguelonne (F7. 
monsp: append. p. 473), est le Carex divisa Huds., soit la grande forme, 
soit la petite forme C. setifolia Godr.; et qu’ainsi Linné comprenait sous son 
Carex arenaria plusieurs espèces distinguées aujourd’hui. 


GRAMINÉES. 

Anthozanthum odoratum. 

*Nardus gangitis, *N. articulatus. 

Phälaris canariensis, Ph, utriculata, Ph. arundinacea, Ph. phleoides. 

*Panicum glaucum, P. Crus galli, P. sanguinale, P. Dactylon. 

Alopecurus geniculatus, A. pratensis, À. monspeliensis. 

Phleum pratense, Ph. nodosum. 

Agrostis minima, À. canina, À. alba, À. stolonifera, À. paradoxa, A. ca- 
pillaris. 

Aira cristata, À. cœspitosa, A. canescens, À, fleæuosa, À. aquatica, 
A. caryophyllea. 

Melica nutans, M. ciliata. 

Poa trivialis, P. angustifolià, *P. setacea, P. pére P. pratensis, 
P. annua, P. compressa, P. bulbosa. 

Briza maxima, B. media, B. minor, B. Eragrostis. 

Dactylis glomerata. 

Cynosurus cristatus, C. echinatus, C'. cœrulœus, C, paniceus. 

Festuca rubra, F. ovina, *F. hirsuta, F. fluitans. 

Bromus secalinus, B. arvensis, B. sterilis, B. squarrosus, *B. nutans, 
B, tectorum, B. pinnatus, B. distachyos. 

Stipa pennata, S. juncea. 

Avena elatior, À, fragilis, À, nodosa, À. Dre A. fatua, À. flaves- 
cens. 

Lagurus ovatus. kb «3 

Arundo phragmites, A. Calamagrostis, À, Déni; A; arenaria. 

Lolium temulentum, L. perenne. 

Hordeum murinum. 

ÆElymus arenarius, 

Triticum monococcum, 7. repens, *T. junceum, T. tenellum. 

Andropogon Ischæmum, A. Gryllus, A. distachyon. 

Holcus lanatus. 

Cenchrus capitatus, C. racemosus. 

Ægilops triuncialis, Æ, ovatus, Æ. incurvus. 

Nardus Gangitis. — Y a-t-il une plante sur laquelle il y ait eu plus 
d'opinions diverses ? 


Murray la qualifie « obscura », et incline à en faire une variété du Vardus 
aristata (Syst. veg. edit. XIV, p. 102). 


SÉANCE DU 16 JANVIER 1868. 45 


Smith la regarde comme une espèce du genre Aottbællia (Act, Soc, Linn. 
lond. T, p. 216). 

Willdenow se range à l'opinion de Smith, en ajoutant que la synonymie 
du Species se rapporte au Æestuca spadicea, et que Linné s’est trompé en 
citant la figure de Morison (Sp. pl. edit. 1°, p. 316); enfin, il fait du Vardus 
Gangitis L. un sense ou douteux de son Aottbællia cylindrica (op. c. 
p. 464). 

Lamarck et Poiret l’identifient avec le Vardus scorpioides Lam., plante 
d'Amérique (Zncycl. méth. IV, p. 430, et suppl. IV, p. 61). Rœumer et 
Schultes le conservent comme espèce propre, Monerma Gangitis, tout en lui 
donnant pour synonyme le Vardus scorpioides Lam. (Syst. veg. II, p. 800). 

Kunth le rapporte au Ctenium americanum Spreng., qu’il identifie d’ail- 
leurs avec le Campuloa monostachya Rœm. et Sch. et le Monerma Gangitis 
des mêmes (Ænum. pl. T, p. 27h). Steudel est du même avis (Vomencl. bot.), 
ainsi que Richter (Cod. linn. p. 67, n° 4A5). Ge dernier appuie son opinion 
sur l'autorité de la figure de Morison citée par Linné, « Planta vix 
» à Linnæo visa..: » (op. cit.) 

Enfin Trinius, après avoir dit aussi que Linné n'avait point vu cette 
plante, s'appuie sur des raisons que nous rapporterons plus loin, pour en faire 
le Rottbællia monandra (Clav. agrost. ant. pp. 347 et 348). 

Ces opinions, si diverses en apparence, se réduisent en définitive à quatre. 
La plante de Linné serait : 1° Psilurus nardoides auct. recent. ; 2° Lepturus 
cylindricus auct. recent. ; 3° Monerma Gangitis Rœm. et Sch. qui le ramè- 
nent au Clenium americanum Spreng.; et 4° Linné n'aurait pas vu sa 
plante, 

À cette dernière assertion de Richter et de Frinius, Linné s’est lui-même 
chargé de répondre dans la préface du Species, en disant expressément : 
» NON VISAS plantas heic omisi, totiés elusus ab auctoribus,-ne dubia certis- 
» simis miscerem. » (p. 6.) Il est vrai que dans la première édition du même 
ouvrage, Linné avait placé après la diagnose du Vardus Gangitis le signe + 
qu'il emploie, dit-il (préf. p. 6), « si quando contigerit non sufficienter in- 
» spexisse plantam, vel specimen imperfectum obtinuisse. » Mais, dans la 
seconde édition, après la communication des récoltes de Nathhorst, il a fait 
soigneusement disparaître le +, ce qui prouve qu'il était satisfait de l'examen 
de la plante. Une autre preuve que, même longtemps avant la première édi- 
tion du Species, Linné avait vu son /Vardus Gangitis, c'est que dans son 
Flora lapponica, edit. 1°, p. 25 (1737), il dit, après avoir décrit le Nardus 
stricla : « Nardi nomen huic gramini imposui, dum genere convenit. cum 
» Nardo spuria narbonensi G. B.» Il avait donc vu ce qu'il croyait être le 
Nardus de G. Bauhin ; il en avait même étudié et reconnu les organes assez 
nettement pour y voir une Graminée, en distinguer le genre , et il ne pouvait 
avoir fait cette étude que sur la plante elle-même et non sur la figure de 


16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


De Lobel, qu’il cite en synonymie, non plus que sur la description du même 
auteur, car la figure de De Lobel ne représente que la base de la plante, et 
son texte, comme nous le verrons bientôt, ne dit rien des organes de repro- 
duction, ni même de la fleur. 

La plante de Linné est donc bien une plante de la Krance méridionale, con- 
trôlée et vérifiée sur les récoltes de Nathhorst, et dès lors elle ne peut être le 
Monerma Gangitis Rœm. et Sch. (Ctenium americanum Spreng.) comme 
l'ont pensé Kuntbh, Steudel et Richter, puisque celui-ci est une plante améri- 
caine qui né croît pas aux environs de Montpellier. Reste donc à examiner si 
le Nardus Gangitis L. se rapporte à l’une des deux autres plantes précitées 
ou à une autre Rottbælliacée française. 

Or, qu'il ne puisse être le Psilurus nardoides, c'est ce qui ressort évi- 
demment du texte de la deuxième édition du Species, où Linné donne, à côté 
du Nardus Gangitis et sous le nom de Nardus aristatus, cette plante qu’il 
avait reçue de Gouan, et que Nathhorst n’avait pas trouvée à Montpellier. 
Gette espèce est ensuite conservée sous le même nom de Vardus aris- 
tatus, et toujours à la suite du Vardus Gangitis, dans tous les ouvrages. de 
Linné, avec la synonymie de Scheuchzer ; qui en donne une figure parfaite, 
Agrost. tab. 2, fig. 7, K. Les termes de la diagnose linnéenne « spica 
» recurva » forcent encore d'éliminer le Lepturus cylindricus « à épi roide, 
» subulé, dressé ». | 

Restent encore deux espèces françaises de ZLepturus. 11 faut éliminer tout 
d'abord le Lepturus incurvatus, qui figure dans la première édition du 
Species et dans le catalogue de Nathhorst, sous le nom de Nardus articu- 
latus avec la synonymie de Scheuchzer, nom qui, dans les travaux postérieurs 
de Linné, est remplacé par celui d'Ægilops incurvata. I ne reste donc que 
le Lepturus filiformis, dont l’épi est aussi souvent flexueux que droit ; plante 
répandue aux environs de Montpellier, où Jussieu l'avait récoltée pour la 
communiquer à Scheuchzer (Agrost. p. 45). Gouan n’a pas distingué cette 
plante du Zepturus incurvatus, ainsi que le démontre sa. synonymie (F7. 
monsp. p. 132) ; ce qui d’ailleurs.est bien permis, puisque des auteurs très- 
graves ne veulent voir dans les Lepturus incurvatus et filiformis que deux 
formes d’un même type (Anderss. Gram. Scand. p 10); ce qui explique 
en même temps pourquoi Gouan n’a point, dans son #/ora monspeliaca, 
mentionné le Nardus Gangitis L. Je crois donc que le Lepturus filiformis 
Trin. et recent. auct. à pour nom princeps : Vardus Gangitis L. Sp. pl. 
edit. 4°, p. 53. 

Mais pourquoi procéder par élimination et par conjecture ? Et, puisque 
Linné cite pour son {Vardus Gangitis la synonymie de De Lobel, pourquoi 
ne pas recourir au texte de cet auteur et y rechercher les caractères du 
Nardus Gangitis ? C'est ce qu'a fait Trinius dans son Clavis agrost. antiq. 
pp. 346-348, et ce qui l’a conduit à dire : « Itaque Lobelii gramen.… in veram 


SÉANCE DU 16 JANVIER 1863. 17 


» Rotthœlliam monandram abit, » (p. 348.) C’est aussi ce que nous avons 
voulu faire. 

Ce qui nous a tout d’abord frappé, c’est que De Lobel et G. Bauhin, au 
lieu de comprendre leur Vardus Gangitis spuria narbonensis parmi leurs 
Graminées, le placent entre les Cyperus et les Juncus. Ensuite, les figures 
que De Lobel en donne (/con. p. 84, et Advers. nova, p. 43) n’ont aucun 
rapport avec une Graminée et surtout avec une Rotthælliacée. Voici une tra- 
duction du texte de De Lobel, Advers. nova, p. 43 (1) : 


NARDUS GANGITIS SPURIA NORBONEÆ. 


« Dans la Gaule narbonaise, et à sept milles environ du bourg de Ganges, 
se trouve une montagne fort agréable et fort haute, où croissent en abondance 
les plus belles plantes, ce qui lui a valu le nom d’Aort de Diou ou Jardin de 
Dieu. Sur le versant qui regarde le midi ou la Méditerranée, cette plante se 
montre en grande quantité aux endroits humides et couverts de mousse. La 
racine en est petite et consiste en quelques fibres grêles et dures; il s’en élève 
de petites tiges portant épi, grosses Comme le petit doigt, d’un brun päle et 
presque de la hauteur d’un palme, non tout à fait terminées en pointe , mais 
comme tronquées vers leur sommet. Elle à des feuilles vertes, roides, 7onci- 
formes, presque hautes d’un pied, nombreuses, et qui, naissant contre. la 
racine, s'élèvent au-dessus de l’épi chevelu qui entoure le haut de la tige. 
Plusieurs pieds enlacés en gazon serré offrent l'aspect d’un seul. Toute la 
plante est inodore, à l'exception des filaments de l’épi (beaucoup plus gros que 
ceux de l’espèce indienne), et qui ont l'odeur du Muschus Quernus vel ter- 
restris. Elle enfonce donc un peu sous terre des filaments chevelus, desquels 
s'élève un chaume grêle, luisant, jonciforme, assez semblable à ce qu’on 
appelle Z/pha ; il est haut d’une coudée, et du milieu au sommet il porte 
des gousses herbacées (herbaceæ siliquw), alternantes, assez petites, et de ces 
calycules sortent des filaments enroulés (apiculis) assez semblables à la fleur 
du Schænanthus ou à un Géranium en graine et à un Cotvylédon. Cette plante 
me paraît se rapporter au GANGITIS de Dioscoride (2). » 

Trinius cite ce texte èn extenso et, arrivé à ces mots « cubitum altus », il 
interrompt sa citation pour s’écrier : « Hucusque, quis est qui l'estucæ spadi- 
» ceæ descriptionem non agnoscat ? » J'avoue qu'après la lecture de cette 
description j'ai été de ceux qui n’y reconnaissent pas celle du Fes{uca spa- 


(1) Le titre complet est : Dilucidæ simplicium medicamentorum explicaliones et stir- 
pium adversaria nova, auct. E. PENA et M. DE Logec. Londini, 1605. 

(2) Dioscoride, dans la description des diverses:sortes de Nardus, dit qu’un de ceux 
de l'Inde croît près du Gange, d’où vient qu'il l'appelle Gangitis (lib. }, cap. VI, edit. 
Saraceni, 1598); ainsi le nom de De Lobel et de Linné n’est qu’une reproduction de 
celui de Dioscoride , au lieu d’être tiré du nom de la ville de Ganges, comme l'a dit De 
Théis (Gloss. bot, p. 319). 


LT 2 | 2 


48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


dicea. Enfin Trinius ajoute : « Sed sequentia revera cum Rottbællia potius 
» congruunt. « J'avoue encore que je n’ai pu rien voir de semblable ni dans 
les figures de De Lobel qui représentent seulement la partie inférieure de la 
plante, ni dans la description de ce long épi formé de petites «siliquæ her- 
» baceæ» , rappelant par leur ensemble l'épi du Cotylédon, et par leurs détails 
l'appareil floral des Géraniums après la chute des pétales ; et il m'a semblé 
exact de penser, non plus avec Trinius, que Linné n’avait pas vu son Vardus 
Gangitis, mais qu'au contraire, il avait si bien vu la plante à lui adressée et mal 
à propos rapportée au Vardus de De Lobel, qu'il s'était certainement dispensé 
de lire et de citer le texte des Adversaria de cet auteur. Dès lors il a été 
avéré pour moi que la Graminée de Linné n’avait rien de commun avec le 
Nardus de De Lobel. 

Restait à savoir quelle était cette dernière plante, et, pour cela, on pouvait 
sortir de l'interprétation de la figure et du texte et recourir à la réalité. Avec 
l'indication exacte et détaillée de l’habitat du ÂVardus de De Lobel, je 
m'adressai au savoir et à la complaisance de notre confrère M. le docteur 
Diomède Tuezkiewicz (du Vigan), et le priai de rechercher à l'Hort de Diou, 
et le texte de De Lobel sous les yeux, quelle plante croît « uberi proventu, 
» muscidis et udis tractibus... folio rigido, junceo, vix pedeus alto, numeroso, 
» quod ab ima radice ortum trans spicam, etc. » — Voici sa réponse : 


‘ «Le Vigan, 17 octobre 1862. 
» Monsieur et cher confrère, 

» Ayant trouvé dans les Herborisations de Gouan le Nardus Gangitis L, indiqué plu- 
sieurs fois dans des localités sèches et sablonneuses, où croît abondamment le Psilurus 
nardoides, j'avais jusqu’à ce jour partagé l’opinion commune, et regardé le Nardus 
Gangitis de Linné et de De Lobel comme synonyme du Psilurus. Mais, après avoir étudié 
le texte de De Lobel, je suis convaincu que son Nardus Gangilis spuria Norbonæ est le 
Triglochin palustre, qui croît abondamment à l’Hort de Diou dans les endroits humides. 
Examinez cette plante pendant l’anthèse, et vous trouverez la description de De Lobel 
exacte de tout point ; ses « apiculis e calyculis » sont les stigmates réfléchis et barbus ; 
l’aspect général de l’épi répond assez bien à celui de l’Umbilicus pendulinus ; la gros- 
seur de la souche, les feuilles radicales, la hampe jonciforme, tout concorde parfai- 
tement. 

» L’Hort de Diou est un vallon placé près du sommet et sur le versant méridional de 
VAigoual, à 1500 mètres d’altitude, à 40 kilomètres de Ganges. Suivant la tradition 


populaire, les prêtres romains s’y rendaient de Nimes pour y récolter les plantes médi- 
cinales, etc. » 


Si à ces précieux renseignements on ajoute cetle circonstance que les 
figures de De Lobel (/con. p. 84 et Advers. nova, p. 43) représentent très- 
convenablement la partie inférieure du Triglochin palustre, toutes les incet- 
titudes cessent, et il est permis d'affirmer que le Nardus Gangitis L. n’a rien 
de commun avec le Vardus Gangitis spuria Norbonæ, que De Lobel avait 
mis parmi ses Joncs, et que ce dernier nom doit être reporté èn synonymie à 
une Joncaginée, au 7riglochin palustre L. 

Mais maintenant, comment Linné a-t-il pu prendre les singulières figures 


SÉANCE DU 16 JANVIER 1863. 19 


de De Lobel pour celles d’une Graminée? Rien de plus simple et de plus 
facile à expliquer que cette erreur. De Lobel a eu l’idée bizarre d’aligner les 
unes contre les autres cinq bases de 7riglochin avec un fragment de hampe 
_sortant des feuilles radicales (voy. Advers. nova, p. 43, et /cones, p. 84). Or 
la souche du Nardus stricta L., plante du nord, offre rangés en ligue, comme 
sur la figure de De Lobel,des faisceaux de feuilles radicales, du centre desquels 
s'élève le chaume. Cette disposition, jointe au nom de De Lobel, a induit Linné 
en erreur : il a cru y voir naturellement la base d’un Vardus, et, comme il 
avait reçu de Sauvages quelques-unes de ces extrémités de chaume que les 
anciens botanistes se contentaient de récoher , un brin incomplet venant de 
la Gaule narbonaise, il le rapporta dans son Species au Nardus Gangitis 
spuria Norbonæ de De Lobel, en l'affectant du signe +, qu'il fit disparaître 
plus tard, après avoir mieux vu sa plante sur les récoltes de Nathhorst, et 
oublia la figure de De Lobel. 

Melica eiliata. — Linné n’a pu voir du Languedoc que le Welica Ma- 
gnolii G. et G., ou le Melica nebrodensis Parlat., qu'il ne distinguait pas 
du Melica ciliata des contrées septentrionales. 

Poa sctacea, Festuca hirsuta, Bromus nutans. — Il est impossible de 
conjecturer à quelles plantes avaient été appliqués ces noms, qui ont disparu 
des ouvrages postérieurs de Linné. 

Avena nodosa, — Ce nom n’a pas été conservé par Linné pour désigner 
la forme tuberculeuse de l’Avena elatior. 

Arundo Calamagrostis. — Schrader prétend que la plante décrite sous 
ce nom ne se rapporte point au Calamagrostis lanceolata Roth (FT. germ. 
I, p. 214}. Le texte de Nathhorst semble lui donner raison contre l'opinion 
générale, car je ne crois pas que le C'alamagrostis lanceolata croisse aux 
environs de Montpellier. 


CRYPTOGAMES VASCULAIRES. 


*Equisetum sylvaticum, E. arvense, Æ. fluviatile, E. hyemale. 

Ophioglossum vulgatum. 

Osmunda Lunaria, 0. regalis, O. Spicant, *O. crispa, 

Acrostichum septentrionale, A. Thelypteris, À. pulchrum. 

Pteris aquilina. 

Asplenium Scolopendrium, À. Ceterach, À. Trichomanes, À. Adiantum 
nigrum, À. Æuta muraria, À. onopteris. 

Polypodium vulgare, P. Filix mas, P. Filix fϾmina, P. aculeatum, 
P, rhæticum, P. fontenum, P. fragile, P. Dryopteris. 

Adiantum Capillus ©. 

Marsilea natans. 


Equisetum sylvaticum, Equisetum hyemale, Osmunda crispa. — 


20 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Le doute est permis sur la présence de ces espèces aux environs de Mont- 
pellier. La seconde n’est probablement que l’£quisetum ramosissimum Desf., 
forme à tige simple; la dernière babite les Cévennes et les Pyrénées, et, avec 
beaucoup d’autres plantes pyrénéennes , figure à tort comme croissant à Mont- 
pellier. 

Acrostichum pulchrum , Asplenium Adiantum nigrum, Asplenium 
Onopteris, — Ces trois espèces figurent dans la première édition du Species, 
mais, dans la seconde édition, Linné a fait disparaître la première et la der- 
nière, et en rapporte la synonymie à l’Asplenium Adiantum nigrum. La 
première en était une forme à lobes entiers, « pinnulis indivisis » ; dans la 
description de la troisième, « pinnulis lanceolatis inciso-serratis » , il est 
difficile de ne pas reconnaître la variété B Serpentini Koch, reprise plus 
tard comme espèce sous trois ou quatre noms différents. Est-il bien sûr qu'on 
eût mis la même ardeur à rendre à cette forme les honneurs de l’espèce, si, 
au lieu de faire un miki, on eût simplement repris le nom d’Asplenium 
Onopteris L. (1)? 


M. Ém. Bescherelle fait à la Société la communication suivante : 


BRYOLOGIE PARISIENNE. — NOTE SÛR LES MOUSSES DES ENVIRONS DE RAMBOUILLET 
(SEINE-ET-OISE), par M, Émile BESCHERELLE, 


Dans plasieurs notes insérées au Bulletin (2), nous avons, M. Roze 
ct moi, essayé de compléter la géographie bryologique des environs de 
Paris, et, indépendamment des localités nouvelles pour des plantes rares, 
déjà décrites dans les flores de Chevalier et de Mérat, nous avons fait connaî- 
tre plusieurs espèces ou variétés intéressantes qui n'avaient pas encore élé 
signalées dans la région parisienne. Nous sommes arrivés ainsi, depuis la 
publication de ces notes, à inscrire vingt nouvelles espèces dans le catalogue 
de nos environs. 


(1) Dix-neuf ans après la thèse de Nathhorst, un autre document, qui n’est pas sans 
importance dans l’histoire de la flore de France, nous venait d’un autre élève de Linné. 
En 1761, Forskal partait avec une commission de savants pour visiter l’Arabie. Leur 
navire dut relâcher à Marseille, et Forskal en profita pour visiter le quartier de l’'Esta- 
que. Il y récolta 264 espèces, « Cum dies vix unus huic negotio superfuit » (Niebuhr in 
præf. Forsk. FI. æg. arab. p. 15), et en dressa une liste sous le titre de : FLORULA 
ESTACENSIS seu Florula lilloris Galliæ ad Estac prope Massiliam. Elle comprend les 
douze premières pages du Flora ægyptiaco-arabica, et renferme un grand nombre 
d'observations intéressantes sur des plantes que l’auteur croyait des types linnéens et 
dont néanmoins il signale les différences. Ainsi, à l’aide de ses remarques, on reconnaît 
très-bien qu'il a rencontré l'Agrostis verlicillata, l'Aira Cupaniana, le Dactylis hispa- 
nica, etc., qu’il rattache aux Agroslis stolonifera, Aira caryophyllea , Dactylis glo- 
merala, etc. Ce travail sera toujours consulté avec fruit par ceux qui s'intéressent à 
l’histoire de la flore de France. 

(2) Voyez t. VIE, p. 433 ; &, VU, pp. 82 et 444; t. IX, p. 448. 


SÉANCE DU 16 JANVIER 1863. 21 


M. Roze vous a entretenus récemment de sa récolte près de Beauvais (1); 
je vous demanderai aujourd’hui la permission de vous donner un aperçu 
des Mousses qui croissent dans les environs de Rambouillet et de Saint- 
Léger. 

Depuis bien longtemps cette région est explorée par les botanistes parisiens, 
et, si la phanérogamie se trouve amplement représentée à Saint-Léger, la 
cryptogamie, et surtout la bryologie, n’est pas moins bien partagée sous ce rap- 
port. Les terrains à Sphagnum sont, en effet, les localités de prédilection de 
certaines Mousses et Hépatiques, et ceux dont je m'occupe ont de tout temps 
attiré l'attention des botanistes qui ont étudié plus particulièrement cette 
partie de la science des végétaux. Malgré la luxuriante végétation de Sphag- 
num qu'on y trouve, on est étonné, quand on consulte les Flores de Cheval- 
lier et de Mérat, ainsi que le catalogue qu'a publié dans le Bulletin notre 
honorable collègue M. Le Dien, de voir seulement une dizaine de Mousses 
signalées à Saint-Léger. Cette stérilité relative nous avait toujours paru sus- 
pecte, et il était à supposer qu’un si petit nombre d'espèces ne s’y étaient pas 
seules donné asile, à l'exclusion de tant d’autres qui viennent ordinairement 
dans les terrains analogues. 

C'est donc dans le but de contrôler les pesage ec de nos devanciers que 
nous avons, M. Roze et moi, exploré au mois de juin dernier, les marais 
tourbeux situés entre Rambouillet, Poigny et Saint-Léger, MM. Richard et 
et Lefèvre (de Chartres) avaient bien voulu se joindre à nous, ainsi que 
M. Cintrat (de Paris). 

Lorsqu'on a quitté à Saint-Léger l'auberge classique où se donnent rendez- 
vous tous les botanistes parisiens, on rencontre à peu de distance du village 
de très-grandes plaines marécageuses où. chacnn va récolter les gracieuses 
espèces du genre Drosera. Là se trouve amplement représenté le groupe des 
Sphagnum. D'abord ce sont des toufles de Spk. cymbifolium Dill. , aux tiges 
épaisses, garnies de feuilles largement concaves et surmontées de grosses cap- 
sules sphériques d’un roux noirâtre. A côté se développe le Sph. acutifolium 
Ehrh., dont les tiges empourprées sont plus débiles et plus allongées. Au mi- 
lieu de ces touffes chargées de capsules plus petites que dans l'espèce pré- 
cédente, croît l'Aypnum stramineum Dicks., aux longues tiges filiformes, 
qui contraste par sa couleur vert pâle et le Iuisant doré de ses feuilles avec la 
teinte glauque des Sphaignes sur lesquels il s'appuie, Le Sphagnwæcetis com- 
munis Nees (Jungermannia Sphagni Hook.) se trouve également associé aux 
Sphaignes. 

A quelques mètres de là croissent en abondance, sur des mottes de terre 
formant comme de petits ilots dans ces marais, de larges touffes d’Aula- 
comnium palustre Schwægr., chargées de nombreuses fructifications et 


(4) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 366. 


22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de rosettes mâles qui entr'ouvraient leurs feuilles périgoniales et laissaient 
voir les anthéridies. 

L'Hypnuni aduneum se développe aussi non loin si là, et plusieurs touffes 
portaient quelques rares capsules. 

Un peu plus loin et près de l'endroit où croît l’Æelodes palustris Spach, 
on récolte le Sphagnum cuspidatum Ehrh., espèce très-voisine du Spk. acu- 
tifolium Ehrh., mais qui ne présente jamais la teinte rosée, quelquefois 
pourprée, qu’on remarque dans cette dernière espèce, et qui s’en distingue en 
outre, à l’œil nn, par des feuilles ondulées. Cette Mousse, assez rare dans nos 
environs, était en très-bel état de fructification, 

Nous avons retrouvé, dans le même endroit, le Sphagnum molluscuns 
Bruch, jolie petite espèce que j'ai déjà signalée en 1861, et qui mon- 
trait encore ses belles pelites capsules sphériques, d’un rouge orangé, dont les 
spores étaient déjà disséminées ; tandis que les autres espèces, beaucoup plus 
grandes, laissaient à peine entrevoir leurs capsules noirâtres, recouvertes encore 
de leur coiffe. 

Le Sphagnum subsecundum Nees et Hornsch. est également assez abondant 
dans le marécage de Saint-Léger, mais on y trouve encore plus fréquemment 
la variété contortum, qui se fait remarquer par ses rameaux contournés et ses 
feuilles raméales tellement imbriquées de.toutes parts, à l’état sec, qu’on ne 
saurait confondre cette variété avec les espèces du même genre. 

Une dernière espèce de Sphagnum se trouve aussi à Saint-Léger : c’est le 
Sphagnum rigidum Schimp., que les flores parisiennes ne citent pas. Cette 
espèce, qui garnit presque tous les rebords des rigoles pratiquées dans ces 
marécages et les parties d’où l’eau s’est retirée, ne peut être confondue avec 
ses congénères, dont elle se distingue par ses feuilles dressées et par ses touffes 
de 10 à 15 centimètres de hauteur, très-compactes et d’un blanc laiteux. Là 
aussi, dans les rigoles, viennent abondamment le Webera nutans Hedw., et, 
comme Hépatiques, les Cheiloscyphus polyanthus, Jungermannia crenu- 
lata et Calypogeia Trichomanes. 

Nous avons cherché en vain le Sphagnum squarrosum Pers., signalé 
dans les flores, et l'Æypnum trifarium Web. et Mohr, qui, pour Chevallier, 
n'est qu'une variété de L’Æypnum stramineum Dicks. dont je viens de parler, 
Il était réservé à notre honorable confrère qui vient de quitter la présidence de 
notre Société de récolter, quelques jours plus tard, dans sa localité classique, 
le Splachnum ampullaceum 1. (1), que les herbes non encore coupées en 
juin avaient dérobé à nos recherches. 

En quittant les parties stagnantes, nous nous trouvâmes sur un terrain tour- 
beux, mais desséché, qui nous offrit une véritable forêt de Polytrichum com- 
mune L., ayant des tiges de 20 à 25 centimètres de hauteur, Cette espèce, 


(1) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 399. 


SÉANCE DU 16 JANVIER 1863. 23 


ainsisque M. Roze l'a très-bien fait remarquer dernièrement, a jusqu'ici été 
confondue avec le P..formosum Hedw., dont elle se distingue aisément, 
même à l’œil pu, par son opercule conique plus court et par ses capsules cu- 
biques à arêtes vives, tandis que le 2. formosum offre toujours un opercule 
assez long égalant très-souvent la capsule qui est elle-même plus allongée, 
quelquefois arrondie «et le plus souvent à 5 ou 6 plis longitudinaux. 

Je n'ai jusqu'ici trouvé le P. commune L. qu'à Saint-Léger, Malesherbes 
et Montmorency, tandis que j'ai vu un peu partout le 2, formosum Hedw. 
C'est, en eflet, ce dérnier qu’on rencontre dans tous les bois sablonneux à 
Meudon, Chaville, Versailles, Fontainebleau, Viliers-Cotterets , etc, , -etcs 
L'herbier de Mérat; conservé au Muséum d'histoire naturelle de Paris, ne ren- 
ferme qu’un seul échantillon de 2. commune L., récolté à Montmorency, et 
encore ses longues tiges, de plus de 35 centimètres, sont-elles stériles. Tous 
les autres échantillons parisiens de l’herbier de Mérat se rapportent au P. 
formosum Hedw., quoiqu'ils portent la dénomination de P. commune. . 

J'ai cherché vainement, sur les indications de M. Le Dien et d’après un 
échantillon récolté par M. l'abbé Dænen , le Dicranum Schraderi Schweægr., 
que l’éminent auteur du Zryologia europæa indique dans les régions monta- 
'gneuses et subalpines. Tous les échantillons de Dieranum que j'ai récoltés 
dans les marécages se rapportent au Dicranum palustre La Pylaie. Ceux que 
j'ai trouvés un peu plus haut, entre les bruyères, en regagnant Poigny, n’of- 
frent que les caractères du Dicranum spurium Hedw. (stérile), que M. Le 
Dien indique seulement à Villers-Cotterets et que j'avais déjà récolté en bel 
état de fructification, à Fontainebleau, dans une excursion faite au mois d'avril 
dernier avec MM. GrϾnland, Roze, Dalimier et de Mercey. J'avais quelques 
raisons de douter de l'existence du Dicranum Schraderi Schwægr. dans nos 
environs. Aussi, voulant m'assurer de son identité, ai-je prié M. l’abbé 
Dænen, qui a, indirectement il est vrai, fait ajouter cette Mousse à nôtre flore, 
de m'envoyer un des échantillons qu'il avait récoltés à Saint-Léger. 

J'ai le regret de déclarer que l'échantillon adressé par notre honorable col- 
lègue de Dreux se rapporte à l’Aulacomnium palustre Schwægr., de même 
que celui qui se trouve dans l’herbier de notre collègue M. Lefèvre, et qui 
lui avait été donné par M. l'abbé Dænen. Cette jolie Bryacée croît, en effet, 
très-abondamment dans les marais de Saint-Léger; mais elle diffère sous plus 
d’un rapport du Dicranum Schraderi. Schwægr. qui, jusqu’à de plus heu- 
reuses recherches, devra être rayé de la flore parisienne, 

En rentrant à Rambouillet, nous nous sommes dirigés sur l’étang du Seri- 
saye, mais l'heure avancée ne nous permit pas cette fois d'explorer avec soin 
cette localité. Je signalerai cependant, en passant, quelques espèces intéres- 
santes que j'ai récoltées sur les bords de cet étang. Nous y avons retrouvé les 
Sphagnum molluscum et rigidum déjà cités plus haut, et un Campylopus nou- 
veau pour notre flore, le C'ampylopus torfaceus Br. et Sch., dont les touffes 


24 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

étaient mêlées à une jolie petite Hépatique, le /ungermannia setacea, que je 
n’avais pas encore rencontrée dans. nos environs. Sur les talus fraîchement 
remués des rigoles de drainage, se développaient les individus mâles du Dicra- 
nella rufescens Schimp. qui se distingue du Dicranella varia Schimp. par sa 
teinte roussâtre, sa capsule dressée, symétrique, et par ses feuilles falciformes 
tournées du même côté. Nous avons trouvé encore en cet endroit de jolis 
échantillons de Pleuridium nitidum Br. et Sch., dont les petites capsules 
subaxillaires étaient encore recouvertes de leur coiffe. 

Mais nos boîtes et nos poches étaient pleines d'une riche récolte, et l'heure 
avancée nous obligea de ne pas pousser plus loin nos recherches et de termi- 
ner une journée dans laquelle nous avions découvert quatre plantes nouvelles 
pour notre flore, et constaté de nouvelles localités pour d’autres Mousses assez 
rares déjà signalées dans les catalogues parisiens. 


M. Le Dien dit que, s'il a cité le Dicranum Schraderi à Ram- 
bouillet, c’est sur la foi de M. Schimper, à qui avaient été soumis 
les échantillons qu’il a examinés dans lherbier de M. Cosson. 
Quant aux Polytrichum commune et P. formosum, il dit n’avoir 
jamais observé que l’une des deux espèces aux environs de Paris. 

M. Bescherelle dit que Mérat a appelé Polytrichum commune var. 
pallidisetum le vrai P. formosum, qui est beaucoup plus commun 
aux environs de Paris que le P. commune. 

M. Roze rappelle que le P. commune, qui forme d'énormes 
touffes dans les marais tourbeux, présente une urne à quatre 
angles énormes, tandis que le P. formosum, beaucoup plus spora- 
dique, mais très-répandu dans les terrains sablonneux, offre une 
urne à 4-6 angles. 


M. Éd. Bureau, vice-secrétaire, donne lecture de la communica- 
tion suivante, adressée à la Société : 


NOTICE DE M. l'abbé MIÉGEVILLE SUR QUELQUES PLANTES RÉCOLTÉES 
DANS LES HAUTES-PYRÉNÉES EN 1860-1862. : 


(Notre-Dame-de-Garaison, 29 novembre 1862.) 
M. J. Gay, après avoir établi le fait de la croissance spontanée de son Ajax 
muticus aux Pyrénées, à la montagne d’Esquierry, termine ainsi sa commu- 


nication insérée dans notre Bulletin (1) : « Ceci prouve, pour le dire en pas- 
» sant, que les Pyrénées n’ont pas dit encore leur dernier mot, et qu’elles ne 


(4) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 279. 


SÉANCE DU 16 JANVIER 1863. 25 


» sont pas encore épuisées, malgré les nouveautés nombreuses qu’elles ont: 
» fournies à notre science depuis les publications de Lapeyrouse. » Tout porte 
à croire que l’éminent botaniste est dans le vrai, et que nos montagnes ren- 
ferment encore quelques richesses végétales qui ont échappé à tant d’explora- 
tions dont elles ont été l’objet. Mes récoltes de l’année peuvent en servir de 
démonstration péremptoire. J'ai à ma disposition des plantes qui m'intéres- 
sent au suprême degré. Quelques-unes me paraissent être des formes spéciales 
et non signalées jusqu’à ce jour par la science, à ma connaissance du moins, 
d'espèces connues depuis longtemps. Il y en a d’autres qui, sans être nouvelles 
pour la flore française, pourraient être de vraies nouveautés pyrénéennes. 
J'ose espérer que dans le nombre il se trouvera d’heureuses découvertes qui 
ne seront peut-être pas sans quelque valeur. C’est le motif qui me détermine 
à envoyer à notre Société ces raretés florales, avec une esquisse aussi abrégée 
que possible du résultat de mes études. 

Mais, avant d'entrer en matière, ikne sera pas hors de propos d'exposer le 
programmé dans lequel j'ai l'intention de me circonscrire. Ce programme 
m'est tracé par un savant article de M. le docteur Gubler, inséré dans le Bal- 
letin de notre Société (1) : « Si je crois devoir protester, après d’illustres de- 
» vanciers, dit l’éminent confrère, contre l'introduction d’un grand nombre 
» d'espèces nouvelles dans le catalogue de nos flores, je me garderais bien 
» d’ailleurs de demander la suppression de toutes les formes décrites. Ces 
» formes, je les accepte sans peine, à la condition de les catégoriser et de 
» leur assigner leur véritable rang dans la nomenclature, Les considérer 
» comme non avenues, ce serait nier les résultats de l'observation ; les ranger 
» purement et simplement sous une dénomination spécifique commune, ce 
» serait, selon moi, établir la confusion sous prétexte de faire de la synthèse. » 

Je crois, avec M. Gubler, que bien des espèces de création moderne doivent 
« descendre à l’humble rang de simples variétés. » Je crois, avec M. le comte 
Jaubert, que « remanier indiscrètement les anciennes espèces pour en tirer de 
» prétendues nouveautés à l’aide de différences impalpables, c’est s’appauvrir 
» sous prétexte de perfectionnement (2). » Je crois, avec l’un et l’autre, à la 
légitimité du cri d’alarme poussé par d’honorables confrères, à la vue des dévia- 
tions téméraires où vont se perdre tant d'amateurs de savantes minuties. Je crois 
que cette tendance exagérée, inaugurée par la systématique Allemagne, à di- 
viser et à subdiviser indéfiniment les types linnéens, est un danger sérieux 
pour notre belle science. Mais, s’il faut admettre, avec MM. Decaisne et Gubler, 
que «« les véritables espèces sont noyées dans la multitude des mauvaises », 
il faut aussi admettre, avec tout le monde, que les grands législateurs de la 
science, Tournefort et Linné, et tous les partisans exclusifs de leur école, 


(1) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 198. 
(2) Jbid.s t: V, ps 9. 


26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


confondent « dans une même dénomination certaines bonnes espèces parfaite- 
». ment. distinctes ».. Il faut admettre qu’à ce point de vue la botanique des- 
criptive attend une amélioration, et que le mouvement analytique qui la pré- 
pare, au lieu d'être enrayé, doit être maintenu, à la condition d’être gouverné 
parles règles d'une sage synthèse qui en prévienne les écarts. Il me semble- 
rait.que la méthode la plus sûre consisterait à fondre les principes vrais des 
deux écoles, de l’école ultra-analytique et de l’école ultra-synthétique, «en re- 
jetant ce qu'elles ont.d’exagéré. La vérité est comme la vertu ; elle a peur des 
extrêmes. 

Qu'il me soit. aussi «permis de faire observer que, si j'adopte des noms 
particuliers pour les plantes litigieuses ou inconnues, ce n’est que dans le but 
d'éviter la confusion à laquelle une distinction purement numérique m’expose- 
rait. On voudra bien n’y voir que des jalons qui doivent me diriger dans mon 
travail. Je n’entends nullement présenter comme-définitive une nomenclature 
qui n’est pour moi qu’un secours provisoire, 

Quant à l’ordre de mes études, il m'est indiqué par la série dus familles 
naturelles généralement adoptée, 


I. — C'est dans la ville de Cauterets, si renommée pour la vertu de ses 
eaux thermales, que j'ai récolté à la fin d'avril et.au commencement de mai 
les végétaux, dicotylédones qui vont m'occuper d’abord. 

En première ligneparaît le CAPSELLA ALPEST RIS, dont je retracerai les carac- 
tères distinctifs. Pourvue d’une corolle. une fois plus longue que le calice gla- 
bre, uni à la base, à sépales lâches et purpurins, notre Crucifère a les anthères 
oyales. Sa grappe fructifère, assez courte, se compose d’un nombre assez res- 
treint de pédoncules filiformes, dressés à angle aigu. Le style, d’abord saillant, 
n'est jamais dépassé par les lobes de la silicule à peine échancrée au sommet, 
et presque aussi large que longue. Les feuilles. radicales, pétiolées, pennati- 
fides-dentées, à lobes internes triangulaires-aigus, et à lobe terminal -briève- 
ment ovale, se déploient en rosette élégante et plus ou moins diffuse: Les cauli- 
naires, pennatifides ou.dentées, embrassent la tige par deux oreillettes aiguës. 
C'est une plante gréle, de 2-8 centimètres, d’un veré terne’ et jaunâtre, mol- 
lement velue, à tige simple, à racine filiforme en fuseau. 

Sans, parler de son style inclus, de sa silicule d’un-tiers plus longue que 
large, assez profondément échancrée, de sa grappe fructifère chargée de pédon- 
cules étalés à angle droit, des orcillettes courtes et arrondies de ses feuilles 
caulinaires, elc., on dirait que le Capsella Bursa pastoris de nos auteurs dif- 
fère surtout de notre €’. alpestris par la longneur-de sa tige de 2-4 décimè- 
tres et par le type.de sa physionomie luisante et verte. 

Ce dernier caractère n’abandonne jamais la plante de Mæœnch, résistant en 
toute saison et en tout lieu, en hiver comme en été, dans les plus hautes ré- 
gions comme dans les terres basses, à ce perpétuel mouvement de polymor- 


SÉANCE DU Â6 JANVIER 1863. 27 


phie qui n’épargne aucune de ses parties élémentaires. Je l'ai vue aussi fraîche, 
aussi succulente dans les vallées de la chaîne centrale de nos montagnes que 
dans les champs et les prés du bassin sous-pyrénéen. De son côté, le Cap- 
sella alpestris, d’une imperturbable invariabilité dans sa stature, ne change 
jamais de forme. Nulle différence entre mes exemplaires de la valite de Lu- 
tour et des bords du lac de Gaube, et mes échantillons recueillis le 47 avril 
beaucoup plus bas et à Cauterets même, soit près du Mamelon-vert, soit entre 
la rue.et le pont de la Raillère. Nos plantes végètent pêle-mêle dans ces deux 
dernières localités, et elles tranchent si bien par leur port, leur taille et leur 
aspect, que l'esprit doit se faire une sorte de violence pour souscrire à leur 
identité, Je viens donc prier mes savants confrères de Paris d'examiner si la 
petite. Crucifère doit rester dans le modeste rang de forme, ou si elle mérite 
d’être élevée. à la dignité d'espèce. Pour mon compte, j'aurais surtout. voulu 
comparer leurs graines ;. mais, leurs fruits n'étant pas mûrs lorsque je dus 
quitter Cauterets, cet élément a manqué à mon analyse, 

A côté du Capsella alpestris. croît à Gauterets le VALERIANELLA PUSILLA. 
Cette épithète rend à merveille. l’exiguïté de sa taille et l'élégance de son 
port. La première vue de cette Mâche me fit.croire que j'avais sous la main un 
trésor précieux pour la science, Une étude plus attentive me confirma bientôt 
dans cette idée. Il me fut impossible, après lavoir maintes fois analysée, de la 
rattacher nettement à aucune des espèces décrites dans les Flores qu’il m'est 
donné de consulter. Comme il fallait se décider et que je ne pouvais me per- 
suader qu’une plante aussi commune eût échappé à tant d’habiles explora- 
teurs de nos montagnes, je finis par la désigner avec doute sous le nom de 
Valerianella olitoria. M. Bouteiller , professeur. à Provins (Seine-et-Marne), 
vient de m'écrire qu’il n'y à rien de moins certain que cette dénomination. 
J'adhère volontiers à l'opinion de ce savant botaniste ; je conviens avec lui que 
le synonyme hasardé se trouve faux. Qu'est-ce donc que notre: Va/erianella 
pusilla? Je Yignore complétement. Pour parvenir à une ‘détermination 
sûre, à une distinction positive des espèces de ce genre, il faudrait un rigoureux 
examen du fruit dans son entière maturité. Ne le possédant pas, je suis 
forcé d'ajourner cette opération à une époque plus opportune. Les amateurs 
seront cependant bien aises d’en retrouver ici une description prise sur le vif. 

Le Valerianella pusillaest une plante de 3-8 centimètres, d'un vert tendre, 
à fleurs blanches légèrement lavées de bleu. Son inflorescence. consiste en 
corymbes serrés et plans, à rameaux dressés et peu divergents. Sa tige, un 
peu hispidulée sur les angles, n’est rameuse-dichotome qu'au sommet; et ce 
caractère, d’une persistance inaltérable, sépare déjà notre Valérianée de la 
plupart des Mâches connues en France, Quoique le péricarpe, à peine formé. et 
vu à la loupe, m’ait paru ovale et lisse, il serait téméraire de se prononcer sur 
ce point. Les bractées sont peu étalées, linéaires, arrondies au sommet, .ciliées 
et scarieuses à la base. Les feuilles sont entières et glabres ; les radicales rétré- 


28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


cies en large pétiole et ovales en spatule, plus courtes et plus obtuses que celles 
du Valerianella olitoria ; les caulinaires inférieures, plus étroites, linéaires- 
spatulées ; les supérieures, linéaires-elliptiques, rarement dentelées à la base. 
Le Valerianella pusilla abonde au printemps dans les prairies qui bordent la 
route de la Raillère. C’est là que je le découvris, le 17 avril, en compagnie du 
Myosotis nanu. 

Le MYoSOTIS NANA est une Borraginée de 2-6 centimètres, hérissée-soyeuse. 
Ses fleurs forment une courte grappe, nue ou feuillée, un peu lâche après 
l'anthèse. Le pédicelle fructifère inférieur est quelquefois plus long que le 
calice, les autres l’égalent ou en sont dépassés; plus ou moins appliqués 
contre l’axe de la tige, ils sont tous couverts de longs poils étalés. Le tube de 
la corvlle concave excède le calice fendu presque jusqu’à la base et chargé de 
soies courbées en hamecon dans le bas, droites dans le haut. Une membrane 
fine et pliée en dedans borde dans leur moitié supérieure les carpelles verts, 
luisants, presque aigus. Les feuilles sont d’un vert jaunûtre et très finement 
tuberculeuses ; les radicales, obovées, brièvement et largement rétrécies en 
pétiole ; les caulinaires et les florales oblongues, plus ou moins spatulées. La 
tige est droite, roide, simple ou rameuse ; la racine est fibreuse, extrêmement 
ténue, et annuelle, à 

Dépourvu de leurs caractères-types, le Myosotis nana ne peut être soumis 
à une étude comparative avec les A. silvatica, alpestris et pyrenaica. Les 
seules proportions de leur corolle plane font de ces trois derniers une catégo- 
rie à part. Le A7. nana est loin de réunir les éléments constitutifs du #. #n- 
termedia où du M. hispida. H se rapproche sans doute de l’un et de l’autre, 
par l’exiguité et la délicatesse de ses fleurs, comme il se rapproche du M. py- 
renaica par sa lige droite et inflexible, par ses longues soies étalées et blan- 
châtres. Mais leur stature de 2-6 décimètres, le tube de leur corolle dépassé 
par celui de leur calice, les feuilles d’un vert sombre du premier, d’un vert 
gai du second, forment un contraste significatif avec les éléments correspon- 
dants de leur congénère. L’exiguité de sa taille invariablement naine, le carac- 
tère propre de sa physionomie et son extrême villosité éloignent le M. nana 
de tous les autres Myosotis de nos montagnes. 11 ne ressemble en rien au 
M. nana Villars. Les carpelles de la plante des hautes Alpes du Dauphiné 
présentent quatre faces à quatre angles, et les angles latéraux sont souvent 
hérissés d’un rang d’aiguillons. Une simple bordure lisse couronne les car- 
pelles du 7. nana des Pyrénées. Je ne serais point étonné que la science se 
décidât tôt ou tard à l’admettre comme espèce. 

Les botanistes ne s'entendent guère au sujet d’un Primula que je nom- 
merai PRIMULA PYRENAICA. Cette belle plante se mêleaux Myosotis nana et 
au Valerianella pusilla dans toutes les prairies basses de Cauterets. Je l'ai 
maintes fois observée dans les prairies des vallées d’Isure et du Louron ; je 
sais qu’elle surabonde dans celles de Barréges et de Campan. D'après certains 


SÉANCE DU 16 JANVIER 1863. 29 


botanistes, elle ne serait point distincte du Primula officinalis. On ne peut 
être de leur avis lorsqu'on met en regard les exemplaires du P. pyrenaica 
et ceux du P. officinalis type, ou de sa variété ampliata Koch. Son calice, au 
lieu d’être ouvert et frès-enflé, est simplement campanulé et lâche. Je pense 
pour celte raison, avec M. Bouteiller, que /a plante des Pyrénées n'est certai- 
nement pas la plante provinaise ou parisienne. Celle-ci a d’ailleurs les fleurs 
petites et très-odorantes, tandis que le P. pyrenaica les a peu odorantes et de 
forme moyenne: 

D'autres prétendent que c'est le Primula suaveolens Bertol., ou, ce qui 
revient au même, le P. Columnæ Tenore. Is assurent que d’habiles bota- 
nistes, ayant comparé la plante des Alpes à celle du Tirol, en ont reconnu 
l'identité. Mais la corolle de cette dernière, très-différente de la corolle de la 
nôtre, rend cette identité inadmissible. Dans le P. pyrenaica, le tube de la 
corolle dépasse évidemment celui du calice. Le contraire a lieu dans la plante 
de Tenore et de Bertoloni; car on lit dans Bertoloni (#7, atal. t, 11, p. 376): 
limbus corollæ parvus, concavus ; et dans Tenore (Syn. p. 88): corollis 
calyces maxime inflatos subæquantibus. Or ces caractères ne vont point à la 
plante des Pyrénées ; ils nous ramènent au ?. officinalis. 

Enfin, M. Bouteiller m'écrit que « ma plante, n’ayant pas le calice enflé de 
» Primula officinalis, ne pouvait pas être évidemment prise pour le 2. Tom- 
» masinii, et que pour lui, s’il lui était permis d'émettre une opinion, il la 
» considérerait comme le P. elativr, à cause de sa corolle plane, de son 
» calice appliqué, vert sur les angles, blanchâtre et transparent dans les inter- 
» valles, à dents lancéclées-acuminées. Seulement, ajoute-t-il, je trouve ces 
» dernières plus courtes et moins longuement acuminées, comme vous le ver- 
» rez aux échantillons provinais que je vous adresse. » Je répondrai respec- 
tueusement au savant botaniste de Provins que le vrai ?. elatior, qui 
abonde dans nos montagnes, se distingue par son calice #rés-vert, à peine 
blanc dans les intervalles, très-serré contre la corolle, et à dents #rés- 
longues et très-aiguës. Or ces caractères sont peu saillants dans le P. pyre- 
naica, qui a en outre les fleurs plus petites et d’un jaune bien plus foncé, les 
feuilles plus vertes et plus allongées. Ces plantes constitueront toujours deux 
espèces bien tranchées pour quiconque les contemplera et les étudiera sur 
le vif. 

Quant aux raisons qui font douter M. Bouteiller de l’identité du Primula 
pyrenaica avec le P. Tommasinii de la Flore de France, elles sont d’au- 
tant plus puissantes pour moi que les feuilles du premier n’ont point avec 
celles du P. officinalis cette conformité assignée comme caractère spéci- 
fique à sa plante par M. Grenier (de Besancon). A la même époque et sur le 
bord du sentier du Camp-Bascou, presque au point où on le quitte pour faire 
l'ascension du Monné, fleurit à Cautcrets une autre Primevère qui réunit 
exactement l'inflorescence du ?. pyrenaica ct la feuillaisoa du P, offci- 


s 


30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nalis (4). Vraisemblablement, c’est la plante de notre pic de Lhéris, publiée, 
sous Ja dénomination de P. Tommasinii, par l’éminent botaniste que je 
viens de désigner. 

En face de tant d'opinions diverses et de difficultés sérieuses, j'ai cru qu'il 
était de l'intérêt de la science d’éveiller sur ce point l'attention des botanistes 
français. Je prie en particulier mes honorables confrères de Paris de donner 
à notre Primevère une détermination définitive qui mette fin à nos incerti- 
tudes. La dernière des phrases de M. Bouteïller que j’ai eu l’honneur de citer 
insinue déjà à la science qu’elle pourrait être une bonne espèce, intermédiaire 
au Primula officinalis et au P. elatior. 

Avant d’en finir'avec les plantes de Cauterets, qu’on veuille bien me per- 
mettre de nommer une petite Véronique que je trouvai le 2 mai dans l’im- 
mense et sauvage vallée de Lutour. Cette jolie plante, très-commune aux 
Pyrénées, se tient généralement dans les régions élevées. Cette année encore, 
je l'ai revuë pour la cinquième où sixième fois dans le beau plateau qui se 
déroule au pied du cirque de Trémouse, à 6 kilomètres environ de la cha- 
pelle de Notre-Dame-de-Héas. Ses tiges, couchées et radicantes dans toute 
leur longueur, rameuses et pourvues de radicelles:axillaires ; ses feuilles rap- 
prochées et presque orbiculaires ;: ses fleurs réunies en grappe courte et serrée, 
blanches et rayées de bleu, plus grandes et moins nombreuses que celles du 
Veronica serpyllifolia; nous disent déjà qu'il s’agit du Veronica tenella 
Allioni. Des auteurs du premier mérite la mentionnent seulement comme 
une forme du V. serpyllifolia. D’autres, non moins distingués, subjugués par 
l'importance des caractères que je viens d'exposer, ne peuvent s’empêcher d’y 
voir une excellente espèce. Si je ne me trompe, il y a bien autant de diffé- 
rence entre le V. fenella et le V. serpyllifolia qu'entre le Viola alba et le 
V. hirta, le Sedum Telephium etle S. Fabaria, V' Artemisia Villarsii et 
l'A. spicata, etc. Il me semble qu’on devrait replacer notre plante dans le 
poste d'honneur “que ve avaient assigné Allioni, Lapeyrouse et tant d’autres. 

(La suite au prochain numéro.) 


M. Duchartre rectifie et complète de la manière suivante la men- 
tion qu il a faite, dans la séance du 28 novembre dernier @} d’un 
Agaricus edulis gigantesque : 


Ce n’ést pas M. Chevreul (comme on là imprimé par erreur), mais M, Ro- 
binet qui à fait connaître à la Société impériale d'Agriculture que M"° Mil- 
let, sa sœur, à trouvé dans une vigne à Genillé (arrondissement de J:oches, 
Indre-et-Lojre) un Agaricus edulis préséntant les dimensions suivantes : 


(1) Je n’en possède qu'un seul exemplaire. 
(2) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 447. 


SÉANCE DU 16 JANVIER 1863. 31 


Hauteur du pédicule ; 4, ::,.4,,,.4. om,14 
Circonférence du pédicule, ,.,.....,. 0®,18 
Diamètre du chapeau. ...........,. 0,35 
Circonférence du chapeau. . ::...... 4,00 
POS nt 0 -msires PI UT 4 kilogr. 


M. Eugène Fournier, secrétaire, donne lecture de la communi- 
cation suivante, adressée à la Société ; 


SUR LES ORGANES DE LA FRUCTIFICATION DU NIJELLA STELLIGERA Bauer, 
par M, Alph. de ROCHEBRUNE. 


(Angoulême, 29 octobre 4862.) 


Le Vitella, stelligera Bauer., par la présence d'étoiles d’un blanc d'ivoire 
situées aux articulations les plus inférieures des tiges, étoiles constituées par 
l'avortement des ramuscules des verticilles soudés en une masse crustacée (1), 
avait vivement captivé l'attention des. botanistes à cause même de cette con- 
formation assez rare chez lesGharacées, et que cependantdes études ultérieures 
ont établie comme caractéristique, avec certaines modifications toutefois, de 
plusieurs espèces, spécialement dans le genre Chara (2). 

Les stations du !V. séelligera sont situées sur un assez vasté rayon, d’après 
les indications mêmes de Wallman, qui le signale en France, en Allemagne, 
en Bohême, en Russie, etc. (3). 

Cependant, malgré ces stations nombreuses et surtout son extrême abon- 
dance dans les localités qu’il affectionne, eaux stagnantes profondes, fleuves et 
rivières à courant tranquille, le !V. stelligera n'est encore aujourd’hui que 
très-imparfaitement connu, car les organes dela -fructification, dans lesquels 
résident des caractères essentiels,ont été ou mal décrits parles auteurs qui les 
ont vus, ou bien ont échappé aux recherches des exp'orateurs. 

Les anthéridies, dont nous ne trouvons que quelques! mots les concernant 


(1) Coss. et Germ, de.S'-P, F1, par. édit, 1, p. 681. 

(2) Les différentes notes de M. Durieu de Maisonneuve publiées, au Bulletin. t Vi, 
p:479;et't. NII p: 627, ‘ont démontré la présénce de bulbilles sur un assez grand 
nombre de Characées. Ces buibilles sont ou simples ou composés ; simples notamment 
chez le Chara aspera Willd.; composés chez le Chara fragifera, DR., qui, par, excep- 
tion, en présente parfois de simples mélangés avec les compüsés. 

Le Chara aspera était jusqu’à présent la seule espèce connue présentant üriiquement 
des bulbilles unicellulés sans mélange de bulbilles composés ou, bulbilles, normaux. 
Nous devons signaler une seconde espèce présentant le même fait. Le Chara alopecu- 
roides ! Del., que nous avons découvert il y a deux années dans les marais salants de la 
Chareste-Inférieure, de même que le Chara aspera;, présente uñiquement et toujours 
une innombrable quantité de bulbilles unicellulés, identiques en tous points avec ceux de 
ses congénères. 

C’est un fait qui nous semble présenter un haut intérêt et que nous nous empressons 
de signaler simplement, en attendant de soumettre à la Société un travail sur cette rare 
etcurieuse espèce. F 

(3) Wallman, Essai syst. des Characées, p. 34. 


32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dans Wallman (loc. cit.), et dont les flores ne disent rien, n'ont jusqu'ici 
jamais été observées sur des échantillons français. Quant aux nucules, tou- 
jours d'après Wallman, le petit nombre d'exemplaires qui ont été découverts 
sont, sans exception, dé provenance française, et dans une note (/oc. cit.) il 
signale les savants auteurs de là Æore parisienne comme les seuls qui aient 
observé ces nucules. 

Nos recherches quotidiennes sur les Characées des deux Charentes nous ont 
fourni le moyen de rencontrer, pourvus d’anthéridies et de nucules, d'in- 
nombrables échantillons de N. stelligera. 

D'un côté, les caractères différentiels existant entre les nucules des échan- 
tillons charentais et les descriptions des auteurs ; de l’autre, la découverte 
d’anthéridies sur les sujets recueillis dans nos contrées, découverte que nous 
croyons pouoir signaler comme la première qui ait été faite en France, nous 
font un devoir d'en informer la Société et de donner une description succincte 
de ces organes peu connus. 

ANTHÉRIDIES. — Beaucoup plus grosses que dans les autres espèces (plus 
grosses que leurs propres sporanges), bien plus molles, de forme moins parfai- 
tement sphérique et comme déprimées ; le plus grand diamètre existant dans 
le sens de leur équateur presque saillant ; beaucoup plus pâles (rouge brique), 
inégalement colorées et tachetées le plus souvent par le retard que met à 
passer du vert au rouge la couche obchromule en grains qui tapisse la partie 
interne des cellules formant la carapace. 

Le cercle transparent donné par lépaisseur transversale des cellules de 
l'enveloppe paraît plus étroit que dans la plupart des autres espèces, relative- 
ment au diamètre total de l'anthéridie. 

Les flagellum, où rubans porte-anthérozoïdes, ont une épaisseur égale à 
ceux des anthéridies bien plus petites des autres espèces. 

Nous nous sommes convaincu, par des observations faites à diffé- 
rentes époques, que l’âge n’influe en rien sur la constitution de ces anthé- 
ridies. 

Les anthéridies du !V. stelligera, comme on le voit, diffèrent sous très- 
peu de rapports de celles des autres espèces du genre. Quant à la position 
qu'elles occupent, elle a été très-bien définie par Wallman (/oc. ert.), seule 
description du reste qu'il en donne: Antheridiis in divisuris solitariis 
geminisve. 

NucuLes. — Nous avons établi plus haut qu’il existait des différences assez 
uotables entre les nucules des échantillons charentais et celles décrites par 
les auteurs. En effet, Wallman les caractérise : Vuculis solitariis sub-5- 
striafis, et en cela il semble ne donner qu'une traduction de la diagnose de 
MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre (loc. cit.) avec une imperceptible 
modification : Sporanges solitaires au niveau des bractées, ovoides, à 
5 stries. 


SÉANGE DU 16 JANVIER 1863. 33 


La description de M. Boreau (1) est en quelque sorte identique : Sporanges 
solitaires, presque à 5 stries. 

Les nombreuses nucules observées sur nos échantillons doivent être ainsi 
caractérisées : Nuculis solitariis geminisve, rotundatis 5-8-striatis, 

Les nucules du N. stelligera charentais présentent une forme arrondie 
sphérique, et non pas ovoide ; elles sont terminées par une pointe obtuse, 
géminées très rarement solitaires, et non pas toujours solitaires au niveau 
des bractées, lesquelles sont presque toujours avortées ; 5-8 stries, le plus 
généralement 8, et non pas loujours 5 stries. 

Le N. stelligera se rencontre dans la Charente par touffes très-volumi- 
neuses, dans les endroits les plus profonds, où il forme des îlots parfaitement 
limités et échelonnés sur un espace de 800 mètres environ. 

D'une couleur vert olive intense, il ne présente que rarement de légères 
traces d’incrustation; les organes reproducteurs commencent à se montrer à 
la fin d'avril et subsistent jusqu’à la mi-octobre. 

Ua fait qu’il est important de signaler, c'est l'abondance ou la rareté des 
bulbilles stelliformes en raison de l'abondance ou de la rareté des organes re- 
producteurs. Tous nos échantillons pourvus de ces organes présentent, il est 
vrai, des étoiles, mais en nombre moins considérable et de forme moins ro- 
buste que les rares touffes non fructifères. De plus, le nombre et le volume 
des étoiles semblent diminuer en raison de l'accroissement et de l'apparition 
des nucules et des anthéridies. 

Nous avons recueilli des échantillons bordelais couverts de magnifiques 
étoiles sans aucune trace d'organes reproducteurs. 

Nous sommes porté à considérer ce phénomène comme une sorte de ba- 
lancement organique, balancement que l’on peut constater sur d’autres espèces 
de la famille des Characées. 


(4) Flore du Centre, édit, 3, p. 754. \ 


3h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. 


PRÉSIDENCE DE M. FE, COSSON. 


M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de 
la séance du 16 janvier, dont la rédaction est adoptée : 

Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le 
Président proclame l’admission de : 


M. Gaunerroy (Eugène), attaché au ministère de l'intérieur, 
rue de la Montagne-Sainte-Geneviève , 35, à Paris, pré- 
senté par MM. Bescherelle et Roze. 


M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. 

M. le Président annonce aussi à la Société la mort regrettable de 
M. Eugène Pouchet, l’un de ses membres, décédé à Saint-Yon 
(Eure) en juillet 1861; la nouvelle de cette perte n’est parvenue 
que récemment à la connaissance du Bureau. — M. Eug. Fournier 
donne lecture de l’extrait suivant d’une lettre qu’il vient de rece- 
voir à ce sujet de M. Malbranche (de Rouen) : 


M. Pouchet était surtout numismate : il possédait une collection remar- 
quable de médailles, et il était parfaitement au courant de leur valeur, Il 
avait formé un herbier de plantes spontanées et cultivées, au classement duquel 
j'avais beaucoup coopéré. 11 se plaisait à herboriser, et se montrait souvent 
infatigable pour de longues et patientes recherches dans les marais et les bois 
qui avoisinaient sa propriété (marais Vernier et forêt de Brotonne), et dont il 
connaissait les plus secrètes localités. 11 cultivait, dans un petit coin spécial de 
son jardin, des plantes rares françaises ou étrangères, qu’il entourait de soins 
particuliers et qu’il montrait avec une certaine satisfaction. Je me rappelle, 
entre autres, le Jeffersonia, qui fructifiait très-bien et qu’il m’apporta pen - 
dant plusieurs années, Vous savez avec quelle affabilité il exerçait l'hospitalité, 


et combien il était heureux de faire les honneurs des localités botaniques de 
sa contrée. 


Lecture est donnée d’une lettre de M. Ch. Fermond, qui remercie 
la Société de l'avoir appelé aux fonctions de vice-président. 
Dons faits à la Société : 


1° De la part de M. Al. Braun : 
Ueber die Bedeutung der Morphologie. 


SÉANCE DU 930 JANVIER 1863. 3 
Zwei Deutsche Isoètes-Arten. 
Index seminum Horti botanici berolinensis (suivi d'un Appendiz, 1861). 
De genere Armeriæ dissertatio inauguralis, auct. Fr. Petri. 
% De la part de M. R. Caspary : 
Ueber die Gefæwssbuendel der Pflanzen. 
3° De la part de M. Alph. de Rochebrune : 
Observations sur le Cypris fusca. 
n° De a part de M. Todaro : 
Index seminum Horti regii panormitani, 1862. 
5° De la part de M. le docteur P. Sagot : 
Principes généraux de géographie agricole. 
6° De la part de M. Hanstein : 
Ueber eine Neuhollændische Mursilea. 
7°. De la part de la Société d’'Horticulture de la Haute-Garonne : 
Annales de cette Société, septembre-octobre 1862. 
8° De la part de la Société d'Horticulture et d’Arboriculture de 
la Côte-d'Or : 
Bulletin de cette Société, septembre-octobre 1862. 
9 De la part de la Société Smithsonienne : 
Report of the Commissioner of patents (Agriculture) for 1861. 
10° En échange du Bulletin de la Société : 


Wochenschrift fuer Gærtnerei und Pflanzenkunde, cinq numéros. 

Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture, décem- 
bre 1862. 

Bulletin de la Société impériale zoologique d’Acclimatation, décem- 
bre 1862, 

L'Institut, janvier 1863, deux numéros. 


M. Ed. Bureau fait à la Société la communication suivante : 


ÉTUDES SUR LES GENRES REY£SIA ET MONTTEA CL Gay, ET OBSERVATIONS SUR LA 
TRIBU DES PLATYCARPÉES DE M. MIERS, par M. Édouard BUREAU, 


On doit à M. CL Gay la connaissance des deux genres qui font l’objet prin- 
cipal de cette notice et qui se composent chacun d’une seule espèce. Il les 


36 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE 

décrivit et les figura dans sa Flore du Chili (Historia physica y politica de 
Chile, Botanica (Flora chilena), tomo cuarto, 4847, pp. 416-418; Atlas 
botanico, lamina 51-52). Ces genres s’y trouvent placés dans l’ordre des 
Bignoniacées, après l'£ccremocarpus; mais l'auteur n'indique pas à quelle 
tribu de l’ordre ils lui paraissent devoir appartenir. 

Il n'existe pas, à ma connaissance, d’autre description des genres Monttea 
et Reyesia que celle du Flora chilena. Les auteurs qui les ont mentionnés 
depuis sont en très-petit nombre, et aucun ne paraît les avoir étudiés sur 
nature. - 

Walpers, dans ses Annales botanices systematiéæ (t. TIF, 1852-1853, 
pp. 92-93), conserve ces deux genres dans l’ordre des Bignoniacées, et les met 
dans la tribu des Eccrémocarpées, sans doute à cause de la place qu'ils occu- 
pent dans l’ouvrage de M. Gay. Mais un point d'interrogation placé devant 
chacun d’eux indique que, pour Walpers, leur place dans la classification est 
loin d’être définitivement fixée. : 

M. Miers (Observations on the Bignoniacecæ, in The Annals and Magazine 
of Natural History, vol. VIT, n° 39, p. 166), paraît, au contraire, ne pas 
éprouver d’hésitation pour classer le Monftea et le Reyesia ; il les réunit au 
genre Orycladus, décrit par lui-même, ainsi qu'aux genres Platycarpum et 
Henriquezia, pour en former, dit-il, une tribu naturelle de l’ordre des Bigno- 
niacées, sous le nom de Platycarpeæ. Le caractère distinctif de cette tribu 
serait, suivant M. Miers, d’avoir un ovaire formé de deux feuilles carpellaires 
portant des ovules sur leur nervure médiane, et réunies dos à dos de manière 
à former un ovaire à deux loges (L. c. p. 165). Examinons s’il est possible 
d'admettre une telle hypothèse. 

D'abord cette position des ovules serait quelque chose d'unique dans 
le règne végétal. Toutes les fois, en effet, qu’une loge ovarienne est formée 
par une seule feuille carpellaire et contient plusieurs ovules, on peut remar- 
quer que les ovules sont placés près des bords de cette feuille. C’est là une 
règle très-générale. Je ne connais que deux petits ordres naturels qui y fas- 
sent exception : les Nymphéacées et les Butomées. Eh bien! dans ces deux 
ordres, où les ovules semblent couvrir toute la paroi intérieure du car- 
pelle , et qui se rapprochent ainsi de l’organisation attribuée par M. Miers à 
ses Platycarpées, dans ces deux ordres, dis-je, la nervure médiane du car- 
pelle est précisément dépourvue d’ovules. L'hypothèse de M. Miers me paraît 
donc, comme je le disais, une chose sans exemple en botanique et peu en 
harmonie avec les faits observés jusqu'ici. 

La position relative que M. Miers assigne aux deux carpelles qui forment 
l'ovaire de ses Platycarpées n’est pas moins anomale que l’origine supposée des 
ovules sur la nervure médiane de chaque carpelle. The midrils of the carpels 
are disposed back to back, dit-il : « les nervures médianes des cargelles sont 
disposées dos à dos. » Par conséquent, suivant l’auteur que nous citons, les 


SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. 37 


bords des feuilles carpellaires sont tournés du côté extérieur de la fleur, c’est- 
à-dire que la position qu’occuperaient les carpelles serait précisément l'inverse 
de celle qu’ils ont dans toutes les plantes connues : Nymphéacées, Butomées, 
Liliacées, Renonculacées, Malvacées, Euphorbiacées, Apocynées, Scrofulari- 
nées, Loganiacées, Gentianées, Bignoniacées même (voy. Payer, Zraité d'or- 
ganogéntie comparée de la fleur, p. 589, pl. 151), etc., etc. Je ne connais 
pas, je le répète, dans le règne végétal tout entier, un seul exemple de la 
structure indiquée ici par M. Miers. 

J'ai même peine à comprendre comment pourrait se former un ovaire de 
cette sorte. Les deux feuilles carpellaires dont il est composé naîtraient-elles 
avec la face, qui naturellement devrait être inférieure, tournée en haut ? C’est 
à peine si l’on ose émettre une pareille supposition, tant elle est contraire à tout 
ce qu'on connaît, et je ne vois pas la nécessité d’invoquer une exception si 
étonnante pour expliquer un ovaire ne présentant en somme aucune différence 
notable avec ceux qui, dans des groupes voisins, sont incontestablement 
produits par des carpelles soudés bords à bords. 

Les feuilles carpellaires se tordraient-elles après leur naissance pour se mettre 
ainsi dos à dos? Mais ces feuilles n’ont pas de pétiole sur lequel elles puissent 
se tordre, et, si elles se tordent sur le limbe (ce qui ne doit pas leur être facile), 
il devrait rester dans l'ovaire adulte quelque trace de cette énorme torsion. 
Comment, d’ailleurs, admettre ici une torsion spontanée, quand nous voyons 
les feuilles ordinaires montrer une sorte d’antipathie pour cette position ren- 
versée ? Tout le monde sait que si l’on réussit à maintenir, pendant un temps 
quelconque, une feuille la face supérieure en bas et qu’on l’abandonne ensuite 
à elle-même, cette feuille ne tarde pas à reprendre sa position habituelle. 

Il ne reste plus qu’une hypothèse possible pour expliquer la structure d’un 
ovaire tel que le comprend M, Miers : c’est que les feuilles carpellaires, nées 
dans une situation normale, se recourbent de telle sorte que leur face inférieure 
devienne concave et forme la paroi intérieure de la loge. Mais, dans ce cas, les 
ovules seraient portés par le côté inférieur de la nervure médiane du carpelle, 
ce qui serait encore bien plus anomal que de les voir naître de son côté supé- 
rieur, D'ailleurs, je ne crois pas que M. Miers ait recours à cette explication, 
puisqu'il dit formellement que les nervures médianes de ses carpelles sont dos 
à dos (back to back), et que, dans la dernière supposition, elles seraient face 
à face, 

Si les lois générales qui président à l'origine et à la situation relative des 
parties constituantes du gynécée sont contraires, nous venons de le dire, à 
l'interprétation morphologique que donne M. Miers de l'ovaire des genres 
appartenant à sa tribu des Platycarpées, la comparaison directe de l'ovaire de 
ces genres avec le même organe dans les autres plantes gamopétales n’es 
pas plus favorable à cette manière de voir. 

- L'organogénie florale des gamopétales commerce à être assez bien connue, 


38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


et cet immense groupe a présenté une grande uniformité dans la composition 
de l'ovaire. Lorsque l'ovaire est formé de deux carpelles, l’un de ces carpelles 
est placé du côté de l'axe de l'inflorescence et l'autre du côté de la bractée. 1] 
en est de même des loges, lorsque l'ovaire en a deux, puisque, dans ce cas, 
chaque carpelle forme une loge. 11 est excessivement rare que les loges de 
l'ovaire soient latérales, comme M. Miers les représente dans ses Platycarpées. 
Mais, qu'il y ait une loge ou qu'il y en ait deux, les carpelles se regardent par 
leur face supérieure ; ils sont soudés bords à bords, et leurs sommets, 
soudés comme le reste, s’effilent pour constituer le style et le stigmate. Celui-ci, 
qui est généralement bilobé ou bilamellé, appartient donc, par moitié, à deux 
carpelles différents, chaque carpelle formant un des lobes ou une des lamelles. 
La forme des stigmates traduit ainsi le plus souvent la position des carpelles 
et des loges. 

Or, dans le genre Henriqguezia, le stigmate est formé de deux lamelles, 
l’une du côté de l’axe et l’autre du côté de la bractée ; dans le genre Æeyesia, 
il se compose de deux lobes très-différents l’un de l’autre, comme nous le 
verrons plus loin, et ces deux lobes sont encore l’un antérieur et l’autre pos- 
térieur. Dans le Monttea, le stigmate, n'étant pas lobé, ne peut rien nous 
apprendre, et je n'ai pas vu celui du Plutycarpum, quoique j'aie pu analyser 
des fleurs de ce genre. 

Ce premier examen peut donc déjà faire présumer que les carpelles et les 
loges sont antéro-postérieurs, et, en effet, j’ai pu m'assurer que telle est leur 
position dans les genres Platycarpum, Henriquezia, Monttea et Reyesia. Je 
n'ai pas observé le genre Oxycladus (qui n'existe pas à Paris), mais il est 
plus que probable, vu son analogie extrême avec le genre Monttea, que son 
ovaire est construit de la même façon. 

En un mot, le pistil des genres en question ne présente rien qui puisse 
faire supposer que ses carpelles constituants aient une position différente de 
celle qu’ils occupent dans la généralité des plantes gamopétales à ovaire bilo- 
culaire. 

Non-seulement la tribu des Platycarpées de M. Miers ne se distingue pas 
par une structure particulière de l'ovaire, mais elle est en réalité composée de 
genres qui appartiennent à des familles différentes. Les Æenriquezia et Platy- 
carpum sont pourvus de stipules, et leur ovaire est infère, quoique le fruit, 
se développant surtout aux dépens de la partie supérieure de l'ovaire, s'élève 
bien au-dessus du calice. 

M. Seemann (7he Ann. and Mag. of Nat. Hist, vol. IX, p. 195) a donc eu 
raison de penser que ces genres seraient mieux placés entre les Rubiacées 
et les Loganiacées. Ce sont pour moi de véritables Rabiacées : l’existence 
d’un fruit en partie supérieur au calice n’est pas, il me semble, une raison 
suffisante pour l'emporter sur le caractère important tiré de l'insertion des 
étamines et les séparer de cet ordre, 


SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. 39 


Le même fait se présente dans les genres Witreola et Mitrasacme, que 
j'ai rangés autrefois dans les Rubiacées, et qui forment, comme les deux 
genres en question, un passage des Rubiacées aux Loganiacées. 

On pourra donc conserver la petite tribu des Platycarpées de M. Miers, 
mais elle sera réduite aux deux genres Platycarpum et Henriquezia, et elle 
devra être portée dans l’ordre des Rubiacées. Elle sera caractérisée par son 
fruit, en partie supérieur au calice, par l'existence de quatre ovules dans 
chaque loge, et par un caractère singulier qui, je crois, n'a pos encore été 
indiqué : c'est que les fleurs, légèrement irrégulières, sont résupinées, comme 
celles du genre Zogania et des Papilionacées. Le calice a l’un de ses lobes 
tourné du côté de la bractée, deux lobes (libres dans le P/atycarpum, soudés 
dans les Æenriquezia) du côté de l'axe, et enfin deux latéraux. Pour la 
corolle, c’est l'inverse : c’est-à-dire que l’un des lobes est en face de l'axe, et 
que la bractée répond à l’intervalle de deux lobes. Enfin les cinq étamines 
sont superposées aux lobes du calice : il y en a une en avant, deux en arrière 
et deux latérales. 

Si M. Miers, n’ayant pu observer par lui-même quelques-uns des types 
qu'il a cru devoir faire entrer dans ses Platycarpées, s’est trouvé avoir réuni 
dans cette tribu des genres hétérogènes, il a rendu cependant un véritable 
service en montrant l’analogie extrême qui existe entre les genres Oxycladus 
et Monttea. 

M. Seemann pense être à même de prouver l'identité de l’'Oxycladus et 
du Aeyesia ; je pense qu'il a voulu dire de l’'Oxycladus et du Monttea, car 
le Æeyesia est très-différent des deux autres genres, quoiqu'il appartienne à 
un même groupe naturel. 

Ce phytographe distingué paraît n'avoir pas non plus étudié sur nature le 
Monttea et le Æeyesia. H ne s’est pas prononcé sur la place qu'ils doivent 
occuper, et les a laissés avec l’Oxycladus à la suite du tableau de sa classifi- 
cation des Bignoniacées, sous le titre : Genera incertæ sedis. 

Plus heureux que la plupart des botanistes qui en ont parlé, j'ai pu étu- 
dier le Monttea et le Reyesia sur les échantillons mêmes qui ont servi à l'éta- 
blissement de ces deux genres, et qui ont été offerts par M. CL Gay au 
Muséum d'histoire naturelle de Paris. L’incertitude qui régnait jusqu'ici sur 
les véritables affinités de ces genres m’a engagé à en faire un‘examen attentif. 
J'ai pu ainsi reconnaître quelques détails d'organisation qui n'étaient pas 
encore signalés, et qui me paraissent de nature à mieux préciser la place que 
doivent occuper le Monttea et le Reyesia dans la classification naturelle, 


Le Reyesia chilensis est une plante d'un pied de haut, à souche épaisse, 
ligneuse, très-courte, grisâtre, émettant un grand nombre de rameaux grêles, 
glabres, entremélés, parfaitement dichotomes. Les fleurs sont terminales: 
c'est-à-dire que chaque rameau, à quelque ordre qu'il appartienne, émet 


L0 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


deux branches opposées avant de se terminer par une fleur solitaire. Mais les 
deux rameaux résultant de chaque dichotomie ne sont pas égaux : l’un est 
plus fort et plus long que l’autre, de telle sorte qu'il rejette en avant la fleur 
terminale et donne à son pédicelle l'apparence d’un ramuscule né en dehors 
de la dichotomie. Comme cette inégalité se reproduit à chaque bifurcation 
et toujours du même côté, l’axe résultant de la succession des rameaux les 
plus forts finit par s’incurver, comme le ferait une cyme scorpioïde. Ce mode 
de ramification est, en effet, exactement intermédiaire entre la dichotomie à 
rameaux égaux et la cyme scorpioïde, dans laquelle un des deux rameaux qui 
prennent naissance à chaque nœud est réduit à sa plus simple expression. 
Chaque rameau du Reyesia vaît à l’aisselle d’une feuille, mais le plus fort se 
soude avec sa feuille axillante, ou du moins l’entraîne de telle sorte qu’elle 
semble naître à une hauteur de 2 à 5 millimètres au-dessus de la base de ce 
rameau. La feuille à l’aisselle de laquelle naît le rameau le plus faible ne quitte 
jamais sa position normale. Les deux feuilles qui, en réalité, appartiennent à 
une même paire, ne paraissent donc point régulièrement opposées, et semblent 
être portées, an contraire, par des axes d'ordre différent, 

Ces feuilles sont tellement petites qu’au premier abord la plante paraît en 
être dépourvue. Elles n’ont guère plus de 2 millimètres de long, et sont ses - 
siles, caduques, linéaires-aciculaires, obtuses au sommet, et garnies sur leurs 
bords de quelques rares poils glanduleux, visibles à la loupe seulement. 
Chaque fleur est portée sur un pédoncule long et grêle, Ce pédoncule est 
glabre dans toute sa partie inférieure ; mais, dans le hant, il se recourbe en 
avant, et, dans ce point, il porte des poils glanduleux assez longs. 

Le calice est hérissé des mêmes poils que le haut des pédoncules ; il est 
gamosépale, campanulé, divisé presque jusqu’à sa moitié en cinq dents à peu 
près égales, linéaires-lancéolées, un peu courbées au dehors, obtuses et légè- 
rement calleuses au sommet. Sa préfloraison me paraît valvaire induplicative. 

La corolle, de 1 centimètre de long (quatre à cinq fois plus longue que le 
calice), est infondibuliforme; son tube est cylindroïde dans ses 3/5 inférieurs 
environ et élargi dans ses 2/5 supérieurs ; son limbe est partagé en cinq divi- 
sions linéaires-lancéolées, obtuses, à bords infléchis et en préfloraison valvaire 
induplicative. Les quatre postérieures sont égales et ont 4 millimètre et demi 
environ de longueur ; l’antérieure est d’un tiers au moins plus longue que 
les autres. Toutes les cinq sont dressées. 

L'’androcée se compose de quatre étamines insérées sur le mbe de la 
corolle dans le point où il commence à s’élargir. Elles sont glabres, et leurs 
filets sont presque droits. De ces quatre étamines, deux sont d’un, tiers plus 
courtes que les autres et tout à fait incluses : ce sont les antérieures; elles 
sont situées à droite et à gauche du grand lobe de la corolle. Les deux autres 
sont placées entre les lobes latéraux et les lobes postérieurs ; elles dépassent 
un peu la gorge de la corolle, I! n’y a pas trace de la cinquième étamine, qui 


SÉANCE DU 30 JANVIER 1865. LUI 


devrait se trouver entre les deux lobes postérieurs. Les anthères sont intror- 
ses, à deux loges largement ovales, courtes, obtuses, arquées, qui sont unies 
seulement par leur sommet, s'ouvrent chacune par une fente longitudinale et 
sont couvertes de petites papilles qui à la loupe les font paraître chagrinées. 
Ces deux loges sont égales dans les grandes étamines, mais les étamines les 
plus courtes ont la loge postérieure de leurs anthères constamment plus grosse 
que l’autre. 

Les caractères que présente l'androcée dans le genre Reyesia sont, on le 
voit, fort anomaux, puisque la didynamie s’y présente en quelque sorte dans 
un sens renversé. Les étamines qui sont les plus courtes dans le Aeyesiu 
sont habituellement les plus longues dans les plantes à étamines didynames ; et 
les étamines qui sont les plus courtes dans ces dernières sont devenues les 
plus longues dans le Xeyesia. L'inégalité des loges dans les anthères des éta- 
mines antérieures est encore un fait très-exceptionnel. 

Si l'on cherche la cause de ces anomalies, on la trouve dans la forme 
curieuse que prend la partie supérieure de l’organe femelle. 

Le style est simple, grêle, droit et glabre; il s’élargit à sa partie supé- 
rieure en une sorte de spatule membraneuse, concave, ou de cuiller légère- 
ment cordiforme, qui est recourbée en avant, à angle droit avec la partie 
filiforme du style. Le stigmate contribue aussi évidemment à former cette 
dilatation, car le bord de la cuiller est garni, dans presque toute son étendue, 
mais surtout en avant, de papilles stigmatiques, et se continue avec le lobe 
antérieur fort aminci du stigmate. 

Le lobe postérieur est situé au-dessus de l'échancrure peu profonde qu’on 
remarque à la partie antérieure de la dilatation : c’est une sorte de bouton 
arrondi, oblus, qui termine la partie principale du style, laquelle se continue 
sur le dos de la cuiller et y forme une côte longitudinale très-saillante. Gette 
côte repousse un peu en avant la ligne médiane de la partie membraneuse, 
de telle sorte que la concavité de la cuiller se trouve subdivisée en deux 
légères dépressions latérales. 

En un mot, le lobe antérieur du stigmate et la partie antérieure du style 
contribuent seuls à former la dilatation ; la partie postérieure du style et le 
lobe postérieur du stigmate n’y prennent aucune part. 

Le style, ainsi configuré, passe derrière les étamines antérieures, et, se 
recourbant brusquement en avant, applique sur leurs anthères sa partie dila- 
tée et stigmatique. Tel est certainement l'obstacle qui s’est opposé à l'allonge- 
ment des deux étamines antérieures. Leur brièveté ne doit donc pas être 
attribuée à une tendance naturelle à l'avortement ; c’est l'effet d’une cause 
toute mécanique. 

Chacune des deux dépressions qui forment la concavité de la cuiller que 
j'ai décrite reçoit le sommet d'une des anthères. Celles-ci se trouvent ainsi 
solidement fixées et ne peuvent échapper, en glissant à droite et à gauche du 


2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

style, à la compression qui agit sur leur sommet; à mesure qu’elles grossis- 
sent, elles se trouvent comprimées l’une contre l’autre, les petites papilles 
qui couvrent leurs loges s’enchevêtrent, et ces deux anthères finissent par 
adhérer ensemble. 

. Par une sorte de compensation, les deux étamines postérieures, qui n’ont 
rencontré aucun obstacle, deviennent plus longues qu’elles ne le sont dans 
l'immense majorité des plantes à étamines didynames. Leurs anthères, qui 
n’ont point été serrées l’une contre l’autre, ne sont nullement adhérentes. 

Reste à expliquer l'inégalité des deux loges des anthères antérieures. Ici il 
faut renoncer à faire intervenir une action mécanique. En effet, les loges 
postérieures de ces anthères sont les plus grosses ; or ce sont elles qui , dans 
l'hypothèse d’une inégalité causée par la compression, devraient être les plus 
petites, car ce sont elles qui sont appliquées et pressées contre le stigmate; 
les loges antérieures sont presque entièrement en dehors de la cuiller stigma- 
tique, 

C’est donc, je pense, à une action physiologique qu’il faut attribuer l'excès 
de volume des deux loges postérieures. Coiffées comine elles le sont par le 
stigmate, ces deux loges doivent servir à la fécondation de la manière la plus 
efficace. La fente par laquelle se fait leur déhiscence est cachée dans la con- 
cavité de la cuiller décrite ci-dessus, et le pollen ne peut s'échapper sans tou- 
cher aux papilles stigmatiques qui couvrent le pourtour de cette cuiller, La 
fente par laquelle s'ouvrent les loges antérieures de ces deux étamines est au 
contraire tout à fait à découvert, située au-dessous du stigmate, et le pollen 
contenu dans ces loges peut s'échapper sans rencontrer l'organe destiné à le 
recevoir. Le volume des loges postérieures est donc en rapport avec l’impor- 
tance de leurs fonctions ; ce volume ne peut guère avoir d'autre cause que le 
stimulus produit sur cette partie de l'organe mâle par le contact immédiat et 
permanent de l'organe femelle et læ plus grande. énergie vitale qui en est la 
conséquence. Il est inutile d'établir ici avec des faits pris dans le règne animal 
une Comparaison qui vient naturellement à l'esprit, mais cette réaction de la 
fonction sur l'organe mérite d’être notée en botanique, car le règne végétal 
en fournit très-pen d'exemples, 

L'ovaire du Æeyesia est glabre , ovoïde, et entouré à sa base par un disque 
en forme de cupule, dont le bord porte à droite et à gauche une forte protu- 
bérance obtuse, Cet ovaire présente deux loges : l’une antérieure et l’autre 
postérieure. Chacune renferme un placenta axile, assez gros, portant de onze 
à vingt ovules anatropes, formés d’un nucelle et d’une seule enveloppe, 
dressés, avec le raphé en dedans et le micropyle en dehors et en bas. 

Le fruit est une petite capsule ovoïde, longue de 2 millimètres 1/2, à 
déhiscence loculicide et à valves par conséquent latérales; mais ces valves, 
qui sont très-minces, se fendent dans leur moitié supérieure ou même plus 
profondément, de sorte que la capsule paraît s'ouvrir par quatre valves. 


SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. Lh3 


La cloison tout entière se sépare du péricarpe et porte sur chacune de ses 
deux faces un placenta axile, assez saillant, couvert de graines disposées 
comme les ovules. Ces graines sont très-petites, polyédriques et diversement 
comprimées les unes par les autres. Leur testa est aréolé, papilleux. Celles 
que j'ai vues n'étaient pas mûres et ne contenaient pas d’embryon, Je ne sais 
si, dans ce genre, il existe un périsperme. 

D'après les observations que je viens d'exposer, les caractères du genre 
Reyesia me paraissent devoir être modifiés comme il suit : 


REYESIA 
CI. Gay F1. chilena, t. IV, p. 418; Atlas botanico, lamina 52. 


Calyx campanulatus, 5-partitus ; laciniis subæqualibus, una postica. Corolla 
infundibuliformis, tubo basi cylindrico, sursum ampliato ; limbo 5-lobato, 
lobis lanceolatis (marginibus inflexis et æstivatione induplicato-valvatis), pos- 
ticis 4 æqualibus, antico multo longiore, Stamina 4, medio corollæ tubo 
inserta, didynama : antica 2 minora, lateralia 2 majora, postico quinto nullo. 
Antheræ introrsæ, 2-loculares, luculis papillosis, late ovalibus, brevibus, ob- 
tusis, incurvis, rima laterali dehiscentibus. Staminum majorum antheræ 
liberæ, loculis æqualibus; minorum autem cohærentes, loculo postico majore. 
Disci cupuliformis ora tuberculo obtuso dextra sinistraque superata. Ovarium 
late ovatum, biloculare, loculis antico-posticis. Placenta in utroque loculo 
uniça, axilis, ovula 10-20 anatropa, adscendentia gerens, raphe interiori, 
micropyle exteriori et inferiori. Stylus simplex, filiformis, ad apicem antice 
incurvatus ibidem à Jatere membranaceo-dilatatus, nempe in laminam con- 
cavam, cordatam, vertici et præcipue loculo postico staminum anteriorum 
arcte impositam expansus. Stigma bilobum : lobo postico subrotundato, 
obluso ; antico tenuiori, transverse producto et cum margine papilloso laminæ 
continuo. Capsula ovoidea, 2"",5 longa, calyce persistente inclusa, locu- 
licida, bivalvis; valvis lateralibus, tenuibus, bipartitis, a septo utrinque 
placentam gerente per dehiscentiam sejunctis. Semina in utroque loculo plu- 
rima, minutissima, adscendentia, polygona, inter se varie compressa. Testa 
reticulato-papillosa. An albumen adsit adhuc dubium. Embryo... — Planta 
chilensis humilis, stirpe crassa, lignosa, grisea, brevissima, ramos numerosis- 
simos, graciles, glabros, intermixtos, compluries dichotomos gerente. Cujus- 
que dichotomiæ ramus alter semper major. Folia minima , lineari-subulata, 
sessilia, caduca, opposita; sed cujusque jugi alterum liberum, alterum cum 
rai majoris basi connexum. Flores terminales, solitarii, longe pedunculati ; 
pedunculus autem, rami majoris basi remotus, extra dichotomiam oriri 
videtur. 

Species unica : REYESIA CHILENSIS CI, Gay L c, — Crescit in siccis 
provinciæ Copiapo (GI Gay in herb, Mus. paris. ). 


hh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Le Monttea chilensis est un arbrisseau du Chili, à rameaux opposés, dé- 
cussés, les plus vieux glabres, les jeunes pubescents. Les feuilles sont oppo- 
sées, décussées comme les rameaux, nombreuses, généralement plus courtes 
que les entre-nœuds (qui sont fort rapprochés), glabres, ovales, aiguës au 
sommet et brusquement terminées à la base en un très-court pétiole pubes- 
cent. Ces feuilles paraissent avoir été un peu charnues (M. CI. Gay, sur une 
des étiquettes du Muséum, les dit difficiles à sécher); elles sont penniner- 
viées, mais leurs nervures secondaires sont assez peu marquées en dessous et 
presque invisibles en dessus. 

Les fleurs sont solitaires à l’aisselle des feuilles. Le calice, de 5 millimètres 
de long, est pubérulent, campanulé, légèrement oblique, à cinq dents aiguës, 
dont les deux antérieures sont un peu plus longues et dont la préfloraison est 
valvaire. La corolle, longue de 41 à 42 millimètres, d’un bleu violacé clair, 
est couverte de poils appliqués , d’un aspect soyeux, à pointe dirigée en bas ; 
sa forme est tubuleuse en dedans du calice, au-dessus elle se dilate graduelle- 
ment; en même temps, elle se courbe un peu sur elle-même, de telle sorte 
qu’elle décrit une convexité en avant et une concavité en arrière. Le limbe 
est divisé en cinq lobes obtus, à peu près égaux, l’antérieur cependant légère- 
ment plus grand. Ges lobes sont disposés dans le bouton en préfloraison 
cochléaire : les postérieurs, dont l’un est extérieur, recouvrant les latéraux 
qui eux-mêmes recouvrent l’antérieur. À la base de celui-ci, on remarque 
un repli de la corolle formant une sorte de sillon profond, ou de sac allongé à 
concavité extérieure, qui occupe à peu près la moitié de la hauteur du tube. 

L'androcée se compose d’une étamine postérieure rudimentaire, stérile et 
réduite à un filet court, terminé par une petite lamelle largement ovale, acu- 
minée, et de quatre étamines fertiles, eincluses, didynames, les antérieures 
plus longues. Les filets sont glabres, arqués, et les anthères également glabres, 
introrses, formées de deux cellules largement ovales, un peu divergentes, 
attachées par leur partie supérieure, libres inférieurement et s’ouvrant cha- 
cune par une fente longitudinale. Ces étamines sont insérées sur le tube de la 
corolle vers son quart inférieur, la postérieure ou stérile un peu plus bas, et 
les deux antérieures un peu plus haut que les deux latérales. 

L'ovaire est ovale et légèrement comprimé transversalement ; sa surface est 
un peu chagrinée, et il est entouré à sa base par un disque cupuliforme, 
partagé en cinq lobes obtus à sa partie supérieure, qui est pourvue d’un 
rebord figurant une sorte d’ourlet. A l’intérieur, cet ovaire présente deux loges, 
l'une antérieure et l’autre postérieure. ‘ 

Dans chaque loge, il y a un placenta axile portant de six à huit ovules 
anatropes, pendants, le raphé en dedans et le micropyle en haut. Le style 
est simple et le stigmate obtus, nullement bilobé. 

Le fruit a environ 8 millimètres de long. Il est glabre, finement chagriné à 
la loupe, elliptique, mais avec un côté plus convexe que l’autre. 


SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. UE 


Bien que le péricarpe soit. mince et sec, il paraît indéhiscent. On observe 
deux loges dans le fruit comme dans l'ovaire ; celle qui est située du côté le 
moins convexe à ses parois presque appliquées l’une contre l'autre et ne con- 
tient que quelques rudiments de graines avortées ; celle qui est du côté le plus 
conveïe contient aussi quelques traces de graines avortées et une seule graine 
bien développée, attachée sur la cloison, un peu au-dessus du milieu de sa 
hauteur et remplissant toute la loge. Cette graine est comprimée perpendicu- 
lairement à la cloison, et son point d’attache est marginal. Le testa est mince, 
flexible et formé d'une rangée de grosses cellules à parois ponctuées et rayées. 
Il est séparé du tegmen par un assez large espace. Cette dernière membrane 
est à peu près de même épaisseur que le testa, mais d’une consistance moins 
sèche. Elle renferme un embryon dépourvu d’albumen, dont la radicule est 
supérieure, et qui, en raison de la forme comprimée de la graine, a, d'après 
ce qu'il m’a semblé, ses cotylédons situés dans un plan perpendiculaire au 
plan de l’ombilic et de la cloison. La radicule est grosse, aiguë à son extré- 
mité, un peu plus courte que les cotylédons, qui sont larges à la base, 
ovales, arrondis au sommet, et parcourus par quelques nervures divergentes, 
dont une médiane. Je n’ai pu voir de gemmule. 

On peut donc exposer de la manière suivante les caractères du genre 
Monttea : 


MONTTEA 
CI. Gay F1. chilena, & IV, p. M6; Atlas botanico, lamina 51. 


Calyx oblique campanulatus, 5-dentatus, dentibus æstivatione valvatis, 
anticis paalulum majoribus. Corolla pilis adpressis retrorsis sericeo-velutina, 
intra calycem tubulosa, supra calvcem sensim ampliata, incurva, extus antice 
convexa et sulco externo profundo longitudinali notata, intus pilis brevissi- 
mis glandulosis tecta; limbo 5-lobato, lobis subæqualibus, antico vix majore, 
æstivatione cochleari dispositis, uno posticorum externo, antico interno. Sta- 
mina inclusa, glabra, paulum supra basin tubi corollæ inserta : quatuor fertilia 
quorum antica 2 longiora, lateralia 2 breviora. Antheræ introrsæ, biloculares, 
didymæ, loculis late ovalibus, obtusis, divergentibus, basi liberis, apice con- 
natis et filamento afixis, rima longitudinali dehiscentibus. Stamen quintum 
sterile posticum, brevissimum, anthera orbatum, apice lamellatum. Discus cupu- 
liformis, apice marginatus et 5-lobatus, basin ovarii cingens. Ovarium ovatum, 
trausverse subcompressum, biloculare, uno loculorum antico, altero postico ; 
placenta in utroque loculo unica axilis, ovula 6-8 gerens, anatropa, suspensa, 
micropyle supera, raphe interiori. Stylus simplex ; stigma obtusum, indivisum. 
Fructus pericarpio exsucco, tamen (ut videtur) indehiscens, inæqualiter ellip- 
ticus, bilocularis : altero loculorum, septo hinc repulso, fere oblitterato, 
vacuo; altero scmen unicum continente, paulo supra medium septum appen- 
sum loculumque totum implens, transverse compressum , hilo: marginal. 


6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Testa tenuis, a tegmine distans. Albumen {ut videtur ) nullum. Embryonis 
radicula crassa, apice acuta ; cotyledones faciebus seminis parallelæ, basi latæ, 
apice ovato-rotundatæ, 3-5-nerviæ nervis divergentibus ; gemmula nulla, — 
Arbuscula chilensis circa 6-pedalis, ramis valde foliosis ; foliis oppositis, car- 
nosulis, integerrimis, ovalibus penninerviis, nervis autem pagina superiore 
fere indistinctis, petiolo brevissimo ; floribus axillaribus solitariis, colore cæru- 
leo-violaceo diluto. 

Species unica : MONTTEA CHILENSIS CL Gay |. c. (vulgo Uuillo). — 
Crescit rara ad littora rivulorum provinciæ Coquimbo. Novembri floret (CI. 
Gay in herb. Mus. paris. et herb. Delessert). 


Quelle place doivent occuper le Wonttea"et le Reyesia dans une classifica- 
tion naturelle ? 11 est, pour moi, hors de doute que ce ne sont point des 
Bignoniacées. Dans toutes les Bignoniacées, sans exception, les ovules sont 
horizontaux, et il y a dans chaque loge deux placentas parfaitement distincts, 
le milieu de la cloison restant tout à fait nu. Dans le Monttea et le Aeyesia, 
au contraire, il y a dans chaque loge un placenta unique, occupant le milieu 
de la cloison et portant des ovules dressés ou pendants. Gette organisation ne 
diffère en rien de celle des Scrofularinées, dont les deux genres en question 
se rapprochent d’ailleurs fort bien par leur port, leurs feuilles simples, leurs 
fleurs irrégulières et leurs étamines didynames. Le RÆeyesia est d’ailleurs une 
Scrofularinée par son fruit aussi bien que par sa fleur, et il est même pos- 
sible de lui assigner une place précise dans cet ordre, car son inflorescence 
définie, la préfloraison valvaire induplicative de sa corolle et la brièveté rela- 
tive des deux étamines inférieures le placent, sans aucun doute, dans la tribu 
des Salpiglossidées, près des genres Duboisia R. Br. et Schwenkia L. 

Il est plus difficile de préciser la place du Monttea, car ce genre présente 
deux caractères fort anomaux pour l’ordre des Scrofularinées : la présence 
d’une seule graine dans le fruit, par suite de l’avortement de tous les ovules 
moins u, et l'absence d’albumen dans cette graine. Faut-il donc, à cause de 
ces caractères offerts par le fruit, refuser d'admettre le Monttea parmi les Scro- 
fularinées, malgré l'identité de sou ovaire avec celui des plantes appartenant 
à cet ordre ? Je ne le pense pas. 

Rien n’est plus variable que le fruit dans les Scrofularinées : sa déhiscence 
est tantôt loculicide , tantôt septicide, tantôt septifrage; il peut même être 
indéhiscent, comme il me paraît l’être dans le Monttea : c’est le cas du genre 
Duboisia, que j'ai cité plus haut. Cependant toutes ces diverses sortes de 
fruits proviennent d’ovaires construits sur un plan uniforme. Il est d’ailleurs 
certain que, dans la plupart des ordres naturels, les caractères fournis par 
l'ovaire présentent bien plus de constance que ceux offerts par le fruit; nous 
devons donc, il me semble, leur accorder plus de valeur et les prendre en 
considération plus sérieuse, quand il s’agit de chercher si un genre appartient 


SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. h7 


à tel ou tel ordre. En admettant le Monttea dans les Scrofularinées, on ne 
fera qu’admettre dans cet ordre une forme de fruit de plus. Cette forme n’a 
d’ailleurs rien de contraire aux tendances de l’ordre, puisqu'elle semble 
n'être autre chose qu’un effet de la tendance à un arrêt de développement qui 
se manifeste dans toutes les gamopétales irrégulières, de la partie postérieure 
de la fleur vers la partie antérieure. Le plus souvent, l'arrêt de développe- 
ment n’est bien visible que dans les trois verticilles extérieurs; ici, il atteint 
aussi le gynécée ; voilà, il me semble, toute la différence : c’est une différence 
du plus au moins. 

Reste l'absence d’albumen dans la graine, caractère qui perd bien de sa 
valeur, si l’on considère que, dans le Wightia, Scrofularinée incontestable, 
l'albumen est réduit à l'épaisseur d’une simple membrane, d’après M. Ben- 
tham, et manque complétement, d’après Endlicher. 

Le Monttea et l'Oxycladus, qui ne peut pas en être éloigné, forment donc, 
à mon avis, une nouvelle tribu des Scrofularinées, tribu qui ne me paraît 
pas se rapprocher des Bignoniacées, mais bien plutôt de la tribu des Anto- 
niées, appartenant à l’ordre des Loganiacées. On trouve, en effet, dans les 
Antoniées, deux genres qui présentent - quelques points d'organisation com- 
muns avec le Monttea et l'Oxycladus : le genre Antonia Pohl n'offre dans 
chaque loge qu’une seule graine, par suite de l’avortement de tous les ovules, 
sauf un seul; et le genre Usteria Willd. présente une fleur irrégulière par un 
arrêt de développement portant, comme ici, sur le coté postérieur de la fleur, 


M. E. Roze dépose sur le bureau de la Société des échantillons 
de Sphærocarpus Michelii Bell., qu'il a recueillis, avec M. Besche- 
relle, le 25 janvier 1863, dans un champ en jachère près de Ville- 
génis (Seine-et-ODise). | 


M. Roze dit que cette curieuse Hépatique se trouvait là en assez grande 
abondance, sur une terre sablonneuse, en compagnie du Æiccia glauca L. et 
de l'Æphemerum serratum Hampe. Il ajoute que Mérat et Chevalier, dans 
leurs flores parisiennes, n’indiquaient cette plante qu'à Compiègne, où 
M. Marcilly l’a effectivement retrouvée après Pillot, et dans les allées du 
parc de Frémilly près Bouray, où M. Gay l’a le premier récoltée dans nos 
environs, en 1815, durant les cent-jours; mais que MM. Roussel et Grœn- 
land l'ont depuis recueillie dans la propriété de M. Vilmorin, à Verrières. Il 
fait remarquer “enfin que les échantillons qu'il a l'honneur de présenter à 
la Société sont encore très jeunes, et que la maturité des fruits de cette 
Hépatique ne doit pas être complète avant le mois de mars ou d'avril. 


M. Moquin-Tandon présente quelques observations sur une poire 
prolifère : 


48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

M. Moquin-Tandon rappelle d’abord que le rameau sorti d’un fruit proli- 
fère peut produire une fleur, se continuer en rameau foliacé, ou bien produire 
un second fruit. La prolification est, dans ces divers cas, floripare, frondipare, 
ou fructipare. Dans ce dernier exemple, quand il s’agit de poires, on voit une 
deuxième poire sortir de l’œil de la première. M. Moquin-Tandon a vu un 
cas d’une double prolification de cette nature où l’on remarquait une troisième 
poire, qui paraissait sortir de la deuxième. | 


M. Duchartre fait observer qu’il y aurait un grand intérêt à faire 
l'étude analytique des monstruosités analogues à celles dont M. Mo- 
quin-Tandon vient de présenter un exemple, parce qu’en général, 
dans ces cas, le fruit inférieur est dépourvu de loges et réduit à un 
renflement charnu. 

M. Moquin-Tandon ajoute qu’en effet, dans plusieurs des cas de 
prolification fructipare qu’il a examinés , le fruit supérieur présen- 
tait seul des loges; mais que quelquefois aussi il y en avait seule- 
ment dans le fruit inférieur, et parfois même dans les deux; ces 
fruits anomaux ne contenaient jamais de graines. 

M. Bureau demande à M. Moquin-Tandon s’il a observé la proli- 
fication sur des Cryptogames. 

M. Moquin-Tandon répond en citant les observations faites par 
M. Des Moulins sur des Champignons prolifères (1); il ajoute que les 
axes de ces Champignons ne se correspondaient pas. — M. Moquin- 
Tandon donne ensuite quelques détails sur des figues prolifères 
qu’il a observées, avec M. Roussel, au Jardin-des-plantes de Tou- 
louse. | 


Dans ces cas, la figue de deuxième génération affectait des positions très 
diverses par rapport à la figue-mère, qui était parcourue dans son centre par 
un axe supportant la seconde figue, M. Moquin-Tandon fait observer qu’il 
s’agit ici d’une inflorescence, et non d’un fruit comme dans les poires qu'il 
vient de citer. Il ajoute que les figues des deux générations étaient l’une et 
l’autre tapissées à leur intérieur par des fruits et des graines normales. 


M. Bureau dit qu'il a vu une fois au jardin botanique de la 
Faculté de médecine de Paris un épi d’Equisetum frondipare. 

M. Moquin-Tandon rapporte une observation faite par lui sur un 
Erynqium dont la racine paraissait traversée par une Graminée. Il 
a reconnu que cette racine avait, dans sa jeunesse, rencontré une 


(1) Voyez le Bulletin, t. V, p. 211. 


SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. 19 
pierre, et qu’elle s'était alors divisée en deux branches qui s'étaient 
réunies plus loin, embrassant la Graminée dans l'intervalle de leur 
écartement. 

M. Cordier rappelle que certains Æericium , dont le développe- 
ment est trés-rapide, embrassent quelquefois les tiges des végétaux 
voisins. 

M. Duchartre dit qu'il a vu un bourgeon de Pomme-de-terre qui 
avait traversé le tubercule en se développant ; il y avait dans ce cas 
pénétration réelle d’un organe dans un autre. 


M. Moquin-Tandon entretient encore la Société d’une anomalie 
bizarre qu’il a observée sur des feuilles du Chou : 


Il rappelle à ce propos que, dans les feuilles normales, les faisceaux secon- 
daires s’écartent de l’axe suivant deux modes, tantôt sur le même plan, tantôt 
en divergeant. Dans le Chou qu’il a observé, l'axe primaire se continuait au 
delà du limbe et formait, par la divergence de ses fibres, un petit entonnoir 
foliacé ; on remarquait des productions semblables à l'extrémité des nervures 
secondaires. 


M. J. Gay dit que ces appendices portaient peut-être des forma- 
tions ovulaires. 

M. Duchartre répond que cela n’est pas probable, car les feuilles 
du Chou-frisé des horticulteurs, qui présentent toutes sortes d’ap- 
pendices, n’ont jamais d’ovules sur leurs bords. 


M. Moquin-Tandon dit : 


Que, dans un autre Chou, il a observé des oreillettes foliacées dans les sinus 
des feuilles, disposition qui est normale dans le genre Tournonia, de la famille 
des Basellacées. M. Moquin-Tandon insiste, à cette occasion, sur cette loi de 
tératologie d’après laquelle tout végétal monstrueux reproduit l'état normal 
d’un autre végétal, loi qu'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire avait déjà signalée 
en zoologie quand il disait que les phénomènes tératologiques ne sont que des 
phénomènes physiologiques changés de place. 11 cite, comme confirmation de 
ce qu'il avance, les fasciations présentées à l’état normal par les rameaux des 
X'ylophylla, et à l'état monstrueux par le Celosia cristata de nos jardins, 
dont il a vu des échantillons spontanés, provenant des Indes, munis d’une 
tige grêle et d’une inflorescence spiciforme ; dans ce cas la race monstrueuse 
est maintenue par la culture. 


M. de Schœnefeld rappelle la fasciation observée sur un grand 
nombre de pieds de Cichorium Intybus, voisins les uns des autres, 
LE & 


50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
à Saint-Germain-en-Laye, pendant une herborisation de M. Cha- 
tin (1). 

M. Moquin-Tandon dit qu’il a semé des graines de Cichorium 
Intybus fascié, et que la monstruosité s’est reproduite sur un 
dixième environ des individus provenant du semis. 


M. J. Gay fait hommage à la Société, de la part de M. Al: Braun, 
d’une thèse soutenue sous la présidence du savant professeur de 
Berlin, par M. Frédéric Petri, sur le genre Armeria, considéré 
principalement au point de vue organographique. 


M. Gay fait à la Société une rapide analyse verbale de ce travail, et signale 
l'interprétation que M. Petri a donnée de la gaîne qui termine la tige des 
Armeria et qui se trouve rompue et chassée lors de l'épanouissement de l’in- 
florescence ; l’auteur est d’avis que cette gaîne résulte de la soudure des pièces 
d’un involucre. 


M. Cosson dit : 


Que M. Germain de Saint-Pierre et lui, dans leur #/ore des environs de 
Paris, ont décrit la gaîne des Armeria comme résultant de la soudure de 
prolongements des bractées au-dessous de leur insertion. Ces prolongements 
des bractées sont analogues au prolongement unilatéral du calice {souvent 
très-développé chez un assez grand nombre des espèces du genre Armeria) 
qui a fourni à M. Boissier d’utiles caractères pour l'établissement des sections 
du genre. 


M. Eug. Fournier , secrétaire , donne lecture de la communica- 
lion suivante, adressée à la Société : 


NOTE SUR LES CARACTÈRES QUE LES ARÈTES ET LES FEUILLES PEUVENT FOURNIR POUR 
LA DIVISION EN SECTIONS DU GENRE AVENA, par M. J. DUVAL:JOUVE. 


(Strasbourg, 15 janvier 1863.) 


Si l'on examine les arêtes et les feuilles des espèces françaises et algérienries 
du genre Avena (2), on remarqüe : 

4° Que les arêtes présentent sur leur partie tortile des différences très-con- 
sidérables d’orfanisation; 


(1) Voyez le Bulletin, t. VII, p. 905 ét 923: 

(2) Je crois lés Arrhenatherum et les Trisetum itdûment séparés des Avena; mais; 
comme je n’ai point ici l'intention de discuter la Yaleur de ces distinctions génériques, là 
présente noté sé rapporle au genre Avena tel que l'ont limité MM. Cosson (Bull. Soc: 
bot. de Fr. À, p. 41; et Fl; Ag. p. 104%) et Godron (F?, dé Fr. 11, p. 510): ; 


SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. 51 


2° Qu’à chacune de ces différences en correspond une dans les feuilles ; 

3° Qu’au moyen de ces différences très-apparentes et l’on ne peut plus faciles 
à constater, le genre se divise en groupes d’espèces bien distincts. 

Ainsi, sur les unes, on trouve que la partie tortile de l’arête, qu’elle soit ou 
non tordue, constitue un cylindre uni et régulier (pl. I de ce volume, fig. A). Si 
avant la maturité ou la dessiccation l’arête n’est pas encore tordue, on remarque 
vers les côtés, mais un peu plus rapprochées du dos, deux rainures fines et pa- 
rallèles, qui, naissant à la base de l’arête, en suivent toute la partie tortile, 
puis la dépassent et vont expirer plus ou moins loin sur la moitié terminale. Si 
l’arête est tordue, ces rainures dessinent sur la partie tortile, toujours cylin- 
drique, deux bandes spiralées, parallèles, mais d’inégale largeur (fig. A), qui 
se continuent en ligne droite, plus ou moins loin, au delà du genou de l’arête, 
sur sa partie non tortile, Si l’on opère des coupes transversales sur cette partie 
tortile, avant ou après la torsion, on voit que ces rainures si fines ne sont pas 
seulement des rainures ou des sillons superficiels, mais de véritables fissures, 
très-profondes et qui, partant latéralement de la surface, pénètrent en se cour- 
bant presque jusqu’au dos de l’arête (fig. A 1-A 6). J'entends par dos la 
partie qui, à la naissance de l’arête, est la continuation du dos de la glumelle 
(fig. A 6, d) et par ventre la partie opposée, c’est-à-dire celle qui, à la nais- 
sance de l’arête, est contiguë à la partie supérieure et externe de la glumelle 
(fig. À 6, v). Ges fissures partagent donc la surface de l’arête en deux bandes 
parallèles d’inégale largeur, une dorsale plus étroite (fig. A, d), une ventrale 
plus large (fig. A, v). Toute la partie centrale de l’arête est chargée de matière 
verte dans le jeune âge, et colorée en brun foncé à la maturité (fig. À 1-A 6). 
Vers le dos se montre un faisceau fibro-vasculaire toujours incolore. Cette 
disposition est parfaitement constante sur toute la section des espèces annuelles. 
Je l’ai constatée sur les Avena sativa L. (fig. A 4), oréentalis Schreb. (fig. A 2). 
abyssinica Mochst., strigosa Schreb. (fig. A 3), brevis Roth, barbata Brot., 
fatua L. (fig. À 4), clauda DR., longiglumis DR., eriantha DR., Ludo- 
viciana DR. (fig. A 5) et séerilis L. (fig. A 6). D’espèce à espèce, elle 
n'offre que d’insignifiantes variations ; elle se modifie avec le degré du déve- 
loppement de l’épillet, en ce sens qu’elle est un peu moins courbe et moins 
profonde dans le jeune âge. La figure A 4 montre une coupe opérée sur une 
arête jeune et non encore tordue de l’A. sativa L. 

Sur d’autres espèces, la partie tortile de l’arête n’est plus un cylindre régu- 
lier parcouru par deux fines rainures ; avant la torsion, c’est un cylindre un 
peu comprimé par le dos et quelquefois même un peu rentrant sur la ligne 
ventrale, et qui, de chaque côté de la région dorsale assez étroite, offre deux 
cannelures marquées et relativement larges. 11 en résulte qu'après la torsion 
la même partie offre comme une vis à deux bandes spiralées, parallèles, l’une 
plus large (fig. B, v), l’autre plus étroite (fig. B, d) et marquée de deux canne- 
lures, qui, comme dans la section précédente, s’avancent sur la partie no 


52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tortile de l’arête et expirent avant d'en atteindre l'extrémité. Des coupes 
trausversales nous donnent les figures B 1 à B 4 et permettent de voir un petit 
faisceau fibro-vasculaire vers la partie dorsale. Les arêtes de cette forme ne se 
colorent point vers leur centre en brun foncé comme les précédentes ; leur 
tissu central est incolore ; c’est vers les côtés que sont groupées les cellules à 
chlorophyllz qui deviennent rougeâtres ou rarement brunâtres à la maturité 
(fig. B 1-B 4). Cette disposition, moins saillante à première vue et moins 
tranchée que la première, est tout aussi constante qu’elle sur les espèces qu'il 
m'a été donné d'étudier, savoir sur les Avena pubescens Huds. (fig. B 1), sefacea 
Vill. (fig. B 2), flifolia Lag., sempervirens Vill. (fig. B 3) et montana Nil. 
(fig. B 4). 

Enfin, sur d’autres espèces, se montre une disposition nouvelle. La partie 
tortile de l’arête est aplatie, en ruban épais bordé de chaque côté d’un bour- 
relet blanc dont la double spirale tranche de la façon la plus marquée sur les 
deux faces colorées en brun foncé et tordues de bonne heure (fig. CG et C 1-C 4). 
Ainsi jusqu’à un certain point cette disposition est l'inverse de la précédente, 
en ce que sur celle-ci les cellules incolores et blanches sont sur les faces et au 
centre, et que les plus colorées sont marginales, tandis que sur la troisième 
les cellules colorées sont au centre et sur les faces et que les incolores sont 
marginales. La face ventrale est la plus large, souvent plane ou quelquefois un 
peu rentrante sur la région médiane; la face dorsale, plus étroite, est mar- 
quée, contre les bourrelets marginaux, de deux sillons très-étroits, j'aimerais 
autant dire de deux stries très-fines, qui répondent aux fissures de la première 
section et aux cannelures de la seconde, occupent la même place et se pro- 
longent comme elles au delà du genou sur la partie non tortile; elles y sont 
même plus nettement visibles que sur la partie tortile, où la torsion les rétré- 
cit encore. Les coupes transversales donnent un ovale avec deux petites 
échancrures sur la face dorsale contre la bordure calleuse (fig. G 4-C 4). Cette 
disposition a été constatée par moi sur les Avena macrostachya Bal, (fig. C1), 
planiculmis Schrad., sulcata Gay (fig. C 3), Scheuchzeri AU. (fig. C 2), bro- 
moides Gouan (fig. C4), pratensis I. 

A ces différences correspondent dans les feuilles des différences très-dignes 
d'attention. Ainsi : 

1° Les arêtes dont la moitié inférieure est cylindrique (fig. A) sont, sans 
aucune exceplion, accompagnées de feuilles larges, planes, et dont les deux 
faces à peu près semblables sont parcourues par de petites nervures, entre les- 
quelles s’en montrent, à espaces égaux, quelques-unes un peu plus fortes 
(fig. À 4”). 

2° Aux arêtes creusées en vis de la seconde section (fig. B) s’unissent des 
feuilles dont les deux faces sont très-dissemblables. L'inférieure est lisse ou 
porte de très-petites nervures ; la supérieure est profondément plissée et sil- 
lonnée comme les feuilles de l’Aëra cæspitosa L. et toujours très-rude (fig. B 3’ 


SÉANCE DU 80 JANVIER 1863. 53 


et B 4’). Ges feuilles ont une très-grande tendance à s’enrouler ou à se plier 
suivant leur longueur. L’A. pubescens fait seul exception par ses feuilles 
planes, à nervures égales sur les deux faces. Il peut donc former un groupe 
à part, qui relie la première section à la seconde, et, si l'Avena sesquitertia 
Godr. (an L.?) est une bonne espèce, il prend place à côté de l’A. pubescens. 

3° Enfin, aux arêtes bordées de bourrelets blancs correspondent des feuilles 
toujours munies d’une bordure marginale blanche, tout à fait semblable à 
celle des arêtes. Les deux faces de ces feuilles sont semblables entre elles, 
soit qu’elles présentent de grosses nervures alternant avec de plus petites, 
comme l'A, macrostachya Bal. (fig. G 1’), soit qu'entre la nervure médiane et 
leur bordure blanche elles n’aient que des nervures fines et égales, comme 
les A. sulcata, bromoides, etc. (fig. C 4). 

La concordance du caractère offert par l’arête avec celui que fournissent 
les feuilles permet donc de s’en servir, soit pour établir certaines sections dans 
le genre Avena, soit pour caractériser avec plus de netteté les sections très- 
naturelles déjà distinguées dans ce genre. Ainsi M. Godron le divise en deux 
grandes sections : EUAVENA et AVENASTRUM, différenciées, la première par 
« épillets pendants », la seconde par « épillets dressés » (#7. de Fr. III, 
pp. 510 et 514). Koch avait déjà indiqué ce caractère comme principe de 
division (Syn. edit. 3°, p. 689). M. Cosson, à qui l’on doit une si excellente 
classification des espèces de la première section, a aussi mentionné le carac- 
tère tiré de la direction des épillets mûrs, mais en le plaçant le dernier (F2. 
Alg. pp. 105 et 114). Il eût, je crois, mieux valu le supprimer entièrement, 
puisque l’A. macrostachya Bal., qui appartient à une autre section, a les 
épillets pendañts comme les espèces de la première section. D'autre part, 
M. Godron subdivise la seconde section en deux groupes : « a ligule courte, 
tronquée; b liqule allongée, lancéolée. » Ce caractère paraît, en effet, suffi- 
sant si l’on ne considère que les espèces françaises (bien que l'A. montana ait 
ses ligules de longueur assez variable), mais l'A. macrostachya se trouve, par 
ce principe de division, séparé de ses congénères. Je crois donc qu'il y 
aurait avanlage à introduire dans ces divisions les caractères tirés de la con- 
stitution des arêtes et des feuilles, à peu près ainsi qu'il suit : 


sectio I. 


ANNUÆ. Aristæ cylindratim tortæ, 
sectione transversali duas fissuras 
curvas præbentes.— Folia utraque 
pagina nec non margine conformia. 


Subdivisions d’après M. Cosson (voy. Bull. Soc. 
bot. de Fr, 1, p. 11). 


* Folia utraque pagina nec non margine con- 
Sectio II. formia ; ligula lanceolata. A. pubescens Huds. 

** Folia pagina superiore profunde sulcata et 
scaberrima, inferivre sublævia; ligula brevis. À. 
setacea Nill., fllifolia Lag., sempervirens Nill., 
montana Vill, 


PERENNES. Aristæ cochleatim {ortæ, 
ad dorsum lateraliter sulcatæ. 


54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
* Folia dorsali, intermediis el marginali nervis 
Sectio II albis crassis notata; ligula brevis. À. macrosta- 
chya Bal. 


PERENKES. Aristæ compressæ et, ut£ ** Folia marginal sic ut dorsali nervo albo crasso 
folia, margine albonervoso notatæ. } notata ; ligula lanceolata. À .planiculmis Schrad., 
sulcata Gay, Scheuchzeri All., bromoides Gouan, 

pratensis L., etc. 


L’A. pubescens, par ses feuilles planes à faces semblables, relie la première 
section aux deux autres (1). D’autre part, l'A. macrostachya sert de passage 
entre la seconde section et la troisième ; par ses feuilles à grosses nervures et 
à ligule courte, cette espèce tient un peu de la seconde section, et elle rentre 
dans la troisième par les nervures marginales de ses feuilles et de ses arêtes, 
nervures qui sont moins fortement marquées que sur les espèces du second 
groupe de la même section. 

Les caractères que je signale ne me paraissent pas encore avoir attiré l’at- 
tention. La nervure blanche qui borde les feuilles de la troisième section à 
été mentionnée d’abord par M. Boissier { Voy. bot. Esp. p. 656), et ensuite par 
M. Willkomm, mais comme propre à une seule espèce, l’A. su/cata Gay, dont 
il dit: « Folia.. margine et medio eleganter albinervia » (Sert. fl. hisp. ‘in 
Flora 1852, p. 525), et encore: « Foliis margine medioque albo-callose 
nervatis » (Prodr. fl. hisp. p. 69). Au même lieu, le même auteur dit aussi 
de l'A. albinervis Boiss., qu'il regarde comme une variété de l'A. sulcata : 
« Foliis evidentius callose marginatis », mais il ne mentionne pas ce caractère 
sur les A. Scheuchzeri, bromoides, etc., qui appartiennent au même groupe 
et le présentent également. Je n’ai nulle part trouvé mention directe où indi- 
recte du caractère tiré de la conformation des arêtes. Dans la diagnose du 
genre Avena, Palisot de Beauvois emploie l'expression « arista plicata » 
{Agrost. p. 89), mais, dans le Glossaire explicatif des termes placé en tête 
du même ouvrage, on lit, page Ixxj : « PLIGATUS, voy. Loudé », et page Ixvj: 
« COUDÉ, plicatus, a, um, épithète donnée particulièrement à l’arête lors- 
qu’elle est pliée et coudée dans son milieu. » Ainsi, pour cet auteur, aris/a 
plicata signifiait simplement ce que nous désignons par « arête genouillée » 
Godr.; « arista genuflexa » Koch, « geniculata » Kunth. 


Explication des fiqures (pl. 1 de ce volume). 


Fig. À partie tortile de l’arête de l'A. sterilis ; type de la première section ; =. 
Fig. B partie tortile de l’arête de l'A. montana ; type de la deuxième section; ++ 


(1) Bien que cette note soit exclusivement relative au genre Avena réduit à ses 
plus étroites limites, je ne puis m'empêcher de faire remarquer que les arêtes et les 
feuilles de l’Arrhenatherum elatius le placent à côté de l’Avena pubescens dans le pre- 
mier groupe de la deuxième section, et que celles de l'A. longifolium Thore (sub: 
Avena), ainsi que sa ligule, le placent en tête du groupe suivant, à côté des A. sempervi- 
ee a plantes des hautes montagnes qu’il représente sur les coteaux et les plaines 

e l’ouest. 


SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. 55 
Fig. C partie tortile de l’arête de l’A, sulcata Gay ; type de la troisième section; =. 


Les coupes des arêtes sont à 25 diamètres et celles des feuilles à 5 diamètres. Les 
espèces d’une même section sont désignées par la même lettre avec un numéro, ainsi 
qu'il suit : 

re section, fig. À 4 et À 1! Avena saliva L. (jeune). 

À. orientalis Schreb. 

. Strigosa Schreb. 

. faltua L. 

. Ludoviciana DR, 

. Sterilis L. 

. pubescens Huds. 

. selacea Nill. 

et B 3/ A. sempervirens Vill. 

et B 4’ À. montana Vill. 

et C 17 À, macrostachya Bal. 
A. Scheuchzeri AN, 
A. sulcala Gay. 

et C 4! À. bromoides Gouan. 


> > 
D 


2e section, fig. 


Lx RèœRh 


3 
4 
5 
6 
1 
2 
3 
4 
3° section, fig. C 1 
2 
3 
Li 


A 
A 
A 
B 
B 
B 
B 
C 
C 
C 
C 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 


en ——— 


SEPTEMBRE 1863. 


N.-B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans celte Revue chez M, J. Rothschild, libraire 
de la Société botanique de France, rue de Buci, 14, à Paris. 


BOTANIQUE DESCRIPTIVE. 


La Flore vallaisanne: par M. J.-E. d’Angreville. Un volume in-8° de 
vaii et 218 pages. Genève, chez Marc Mehling; Paris, chez J.-B. Baillière 
et Fils. 1863. Prix : 3 francs. 

Cet opuscule est un simple catalogue des plantes qui croissent dans le 
Valais, dressé, à quelques exceptions près, suivant la méthode de De Can- 
dolle, des Renonculacées aux Champignons. Les espèces y sont énumérées 
dans chaque genre par ordre alphabétique. Quant aux Cryptogames, l’auteur 
a suivi, pour les Mousses, le Catalogue de M. Schimper et la Bryologie de 
Bridel; pour les Lichens, l'ouvrage d’Acharius; il s’est contenté de recourir 
à Linné pour les Champignons Il paraît que ses herborisations ne lui ont 
fait constater la présence d'aucune Algue d'eau douce dans le Valais, car son 
livre n’en mentionne aucune. M. d’Angreville regrette de n’avoir pu consi- 
gner dans son livre des détails sur la constitution géologique du sol vallaisan, 
non plus que sur l’altitude des plantes qu’il indique: il les réserve pour une 
édition ultérieure. 

En parcourant la Flore vallaisanne, nous y avons remarqué comme dignes 
d’une mention particulière les plantes suivantes : 7halictrum dubium Mu- 
rith, Anemone Burseriana X., À. fragifera L., Ranunculus Rionii Rion 
(aquatique), Fumaria Laggeri Jord., Draba sclerophylla Gaud., Sisym- 
brium pannonicum Jacq., Viola montana X., V. Ruppii Ait., Polygala sibi- 
rica L., Alsine herniarioides Rion, Arenaria grineensis Thom., À. spha- 
gnoides Fræhl., Cerastium uniflorum Thom., Geranium bohemicum L., 
G. lividum Ait., Spartium radiatum L., Trifolium saxatile AW., Phaca 
lapponica X., Astrayalus leiocarpus Shattleworth, Geum inclinatum Gaud. 
Scleranthus verticillatus Rchb., dix-huit espèces du genre Sempervivum 
(dont plusieurs sont signées de M. Schnittspahn, auteur d’une monographie 
encore inédite de ce genre), Selinum dimidiatum DC., Ligusticum pelo- 
ponnesiacum V., Galium lucidum AB. , Valantia pedemontana Bell. , Asperula 
flaccida Ten., Scabiosa Halleri Murith, Chrysanthemum Halleri Sut., 
Chondrilla sedunensis d’Angreville (foliis inferioribus subovato-lanceolatis 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 57 


runcinatis spinosis, superioribus linearibus integris ciliatis), Campanula 
sibirica L., Linaria italica Trev., Salvia verticillata L., Nepeta violacea 
Ait., Galeopsis Reichenbachii Reut., Thymus pannonicus AÏ., Plantago 
bidentata Mur., Oxyria reniformis Hook., Salix Laggeri Wimm., Betula 
Murithi Gaud., B. verrucosa Ehrh., etc., etc. 

La mention de chacune de ces espèces est accompagnée de l'indication de 
la localité et de l’époque où elle a été rencontrée. L'auteur à fait connaître 
les noms donnés vulgairement à chaque genre, en français, en anglais et en 


allemand. 
D' EUGÈNE FOURNIER. 


Chloris andina; Essai d'une flore de la région alpine des Cordillères 
de l'Amérique du Sud; par M. H.-A. Weddell; t. If, in-4° de 316 pages, 
avec 41 planches lithographiées. Paris, chez P. Bertrand, 1857-1862. 


Il y a plusieurs années déjà que notre Æevue a rendu compte du premier 
volume de cet important ouvrage (1), qui ne devait d’abord en comprendre 
que deux et qui s'étendra au moins à trois. Nous continuerons, suivant ce qui 
qui a été fait déjà ici même pour cet ouvrage, d'indiquer les matières qui y 
sont traitées et les nombreuses nouveautés qui y sont décrites, et que nous 
signalerons dans l’ordre adopté par l’auteur. Les familles étudiées dans le 
tome II du CAloris sont les suivantes : 

Ordo IL. Calyeereæ. — 1. Calycera Cav. (3 spec.). — 2. Boopis Juss. 
(2 spec.). — Gamocarpha DC. (1 spec.). 

Ordo III. Lobeliaceæ.— 1. Pratia Gaudich. (5 spec.) : Pr. oligophylla 
(pl. 45, B), Pr. subsessilis, Pr. glandulifera (Lysipoma glanduliferum Schldl. ) 
(pl. 45, À). — 2. Rhizocephalum (Isotoma sect. Rhizocephalum Schldl., 
2 spec.): Rh. Candollii (Lysipoma laciniatum Alph, DC. , Isotoma? fasciculatum 
Schldi.), Rh. pumilum. — 3. Lobelia L. (3 spec.) : L. subpubera, L. mo- 
desta. — 4. Lysipoma (6 spec. ). 

Ordo IV. Valerianes.— 1. Valeriana L. (29 spec.): V. Bonplandiana 
(V. decussata Bonpl. msc., non Ruiz et Pav.), V. Grisiana (pl. 49, À), V. 
rumicoides (pl. 49, €), V. nivalis (pl. 48, A), V. bulbosa, V. micropterina 
(pl. 49, 2). — 2. Phyllactis Pers. (16 spec.) : Ph. crassipes (pl. 47, A), Ph. 
hispida, Ph. bracteata (Valeriana bracteata Benth.), Ph. aretioides (Valeriana 
aretioides H. B. K.) (pl. 47, Z), Ph. densa, Ph. inconspicua, Ph. Mutisiana, 
Ph. cordifolia, Ph. pinnatifida, Ph. macrorrhiza (Valeriana macrorrhiza 
Pæpp.), Ph. corymbulosa, Ph. Mandoniana. 

Ordo V. Sambueinesæ.— Sambucus Tourn. (1 spec. ). 

Ordo VI. Rubiaceæ.— 1, Galium L. (13 spec.) : G. quitense (Rubia nitida 
H. B. K.), G. Kunthii (Rubia hirta H. B. K.), G. albicans (Rubia incana 


(1) Voyez le Bulletin, t. V, p. 383. 


58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


H. B. K.), G. flaccidum (Rubia debilis H. B. K.), G. scabrum Wedd. non Host. 
(Rubia scabra H. B. K.). — 2. Mitchella L. (1 spec.). — 3. Cruickshankia 
Hook, et Arn. (1 spec.). — 4. Hedyotis Lam. (12 spec.): H. mutica (pl. 50, 
B), H. Hartwegiana (H. capitata Wlprs), H. cephalantha. 

Ordo VIL. Loganiacesæ. — Buddleia L. (6 spec.). 

Ordo VIIL. Asclepiadese. — 4. Pentagonium Schauer (4 spec.). — 2. Lu- 
gonia (1 spec.); L. lysimachioides. 

Ordo IX, Gentianesæ. — Gentiana Tourn. (59 spec.) : G. crossolæma, 
G. trichostemma, G. Dombeyana (G. rotata Domb. msc.), G. verticillata, 
G. scopulorum, G. Herrediana Raim., G. Raimondiana, G. bicolor, G. pu- 
nicea, G. amæna, G. fruticulosa (G. fruticulosa et G. subulata Domb. msc.). 
— 2. Halenia Borkh. (13 spec.): H. Dombeyaua (H. gracilis var. f. Dom- 
beyana Griseb.), H. Purdieana (pl. 53, A), H. gentianoides (pl. 53, 2), H 
inæqualis, H. elata, H. major. 

Ordo X. Polemoniacesæ. — 1, Collomia Nutt. (4 spec.). — 2. Gilia 
Ruiz. et Pav. (5 spec.) : G. Gayana. — 3. Cantua Juss. (4 spec.). 

Ordo XI. Hyärophyllaceæ. — 1. Microgenetes Alph. DC. (1 spec.). — 
2. Phacelia Juss. (3 spec.) : Ph. nana (pl. 53, C). 

Ordo XII. Borragines. — 1. Eritrichium Schrad. (7 spec.): E. pach- 
nophilum, E. Gayanum, E. humile (E. humile et E. procumbens DC., E, 
procumbens Clos) (pl. 62, A), E. pygmæuin (Anchusa pygmæa H. B. K., 
Lithospermum alpinum Willd.), E. linifolium (Anchusa linifolia Lehm., A. 
oppositifolia H. B. K., Antiphytum linifolium DC.), E. Walpersii (Anchusa 
Kunthii Walp., Antiphytum Walpersii Alph. DC.). — 2. Cynoglossum Tourn. 
(1 spec.) : G. Trianæum. 

Ordo XIII. Solanacezæ. 

Subordo 1. Solanineæ Miers. — 1. Fabiana R. et P. (7 spec.). — 2. Ces- 
trum L. (3 spec.): C. Miersianum, — 3. Salpichroa Miers (5 spec.) : S. Man- 
donjanum. — 4. Dunalia H. B. K. (1 spec.). — 5. Jochroma Benth. (1 spec.). 
— 6. Fregirardia Dun. emend. (1 spec.) : Fr. Dunaliana, — 7, Lonchestigma 
Dun. (3 spec.). — 8, Trechonætes Miers {2 spec.). — 9, Solanum Senditn. 
(13 spec.) : S. fragile, S. tolimense. 

Subordo 11. Atropineæ Miers, — 10, Lycium L,. (3 spec.) : L, étophltahi, 
L. gelidum, L. leiostemum. 

Ordo XIV. Serofalariaces. — 1, Limosella L. (1 spec.) — 2. Sib- 
thorpia L. (3 spec.): S. nectarifera (pl. 60, 2). — 3. Veronica L. (2 spec.). — 
h. Aragoa H. B. K. (2 spec.). — 5. Ourisia Commers. (12 spec.) : O. rupicola, 
0. pulchella, ©. biflora. — 6. Castilleja Mutis (1 spec.). -— 7. Pedicularis L. 
(t spec.). — 8. Bartsia L. (31 spec.): B. trichophylla, B. ciliolata, B. cane- 
scens, B. biloba, B. crenoloba, B. filiformis (B. subinclusa Griseb.), B 
elongata, B. heterophylla, B. euphrasioides, B. integrifolia, — 9. Euphrasia L. 
(2 spec.). — 10. Mimulus L, (2 spec.). — 11. Alonsoa (2 spec.). — 12. Cal- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 59 


ceolaria L. (34 spec.) : C. parvifolia, C. bartsiifolia, C. elliptica, GC. umbel- 
lata, G. glacialis. 

Ordo XV. Gesneriaceæ. — Columnea Plum. (1 spec.). 

Ordo XVI. Bignoniaeese. — Eccremocarpus Ruiz. et Pav. (1 spec.). 

* Ordo XVII. Lahiatæ. — 1. Salvia L. (5 spec.). — 2. Hedeoma Pers. 
(1 spec.) : H. Mandoniana. — 3. Calamintha Benth. (1 spec.) : C. cærulescens 
(Hedeoma cærulescens Benth.). — 4. Micromeria Benth. (3 spec.) : M. 
pulchella (Soliera pulchella Clos). — 5. Gardoquia Ruiz et Pav. (3 spec.). — 
6. Stachys L. (2 spec. ). | 

Ordo X VIIL Verbenaceæ. — Verbena L. (7 spec.) : V. gynobasis, ovario 
usque ad medium quadrilobato. 

Ordo XIX. Lentibulariezæ. — Pinguicula Tourn. (2 spec.). 

Ordo XX. Plantaginaceæ. — 1. Plantago (9 spec.). — 2. Bougueria 
Dene (1 spec.). — Littorella L. (1 spec.). 

Ordo XXI. Myrsinacesæ. — Grammadenia Benth. (1 spec.). 

Ordo XXII. Eriencesæ. — 1. Pernettya Gaudich. (3 spec.) : P. robusta. 
— 2, Gaulthieria Kalm. (13 spec. ): G. tolimensis, G. petræa, G. saxicola, — 
3. Gay-Lussaccia H. B. K. (1 spec.). — 4. Vaccinium L. (8 spec.): V. aga- 
thosimoides. — 5, Ceratostema Juss. (3 spec.) : C. pubiflorum. — 6. Bejaria 
Mutis (3 spec.). 

Ordo XXIIT. Rhamnaceæ. — 1, Colletia Commers. (2 spec.). — 2. No- 
tophæna Miers (2 spec.). — 3. Ochetophila Pæpp. (2 spec.). 

Ordo XXIV. Umbellifersæ. — 1. Bowlesia Ruiz et Pav. (4 spec.) : B. 
pulchella (pl. 67, 8). — 2. Hydrocotyle Tourn. (4 spec.) : H. isoloba, H. 
gunnerifolia, H. sphenoloba. — 3. Azorella Lam. (18 spec.): A. pulvinata 
(pl. 66, À), A. biloba (Fragosa biloba Schldl.) (pl. 66, Z), A. peduncularis 
(Bolax pedunculatus Spreng.). — 4. Pozoa Lagasca (2 spec.). — 5. Laretia 
Gill. et Hook. (1 spec.). — 6. Mulinum Pers. (3 spec.). — 7. Eryngium 
Tourn. (1 spec.).' — 10. Oreosciadium (Apium, sect. Oreosciadium DC. 
Prodr.) (3 spec.): O. dissectum (Petroselinum dissectum Benth., Nipho- 
geton andicola Scbldl.) (PL 69, €), O. montanum (Apium montanum H. B. 
K., A. ranunculifolium, H. B..K.), ©. Lingula (pl. 69, 2). — 11, Osmor- 
rhiza Rafin, (1 spec.). — 12. Oreomyrrhis Endl. (1 spec.). 

Ordo XXV. Araliaceæ. — Oreopanax Dene et Planch. (3 spec.). 

Ordo XX VI. Saxifragacesæ.— 1. Escallonia Mutis (2 spec.) : Esc. ma- 
crantha. — 2. Weinmannia L, (6 spec.) : V. Trianæa (pl. 72, B). — 3. Sa- 
xifraga L. (4 spec). 

Ordo XXVITI. Caetaeeæ. — Opuntia Tourn. (1 spec.). 

Ordo XXVIIT. Rihesiaeesæ. — Ribes L. (5 spec.) : R. parviflorum, R. 
incarnatum. | 

Ordo XXIX. Passifloraceæ. — Tacsonia Juss. (1 spec. ). 

Ordo XXX. Loasacese. — 1, Loasa Adans. (7 spec.) : L. coronata Gill. 


60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


mwsc. (Cajophora coronata Hook. et Arn.) (pl. 74), L. heptamera, L. rosulata, 
L. acuminata. — 2. Cajophora Presl (1 spec.). — 3. Bluménbachia Schrad. 
(4 spec.). : B. Prietea. — 4. Acrolasia Presl (1 spec. ). 

Ordo XXXI. Onagrariaceæ. — Epilobium L. (5 spec.). 

Ordo XXXII. Haloragesæ. — 1. Myriophyllum Vaill. (3 spec.). — 2. Gun- 
nera L. (1 spec.). 

Ordo XXXIIL. Melastomaeesæ. — 1. Chætogastra Naud. (4 spec.). — 
2. Micomia Ruiz et Pav. (8 spec.). 

Ordo XXXIV. Rosaceæ. — 1. Hesperomeles Lindl. (6 spec.) : H. pernet- 
tyoides. — 2. Spiræa L. (1 spec.). — 3. Rubus L. (8 spec.). — 4. Potentilla 
Nestl. (1 spec.). — 5. Geum L. (2 spec.). — 6. Tetraglochin Pæpp. (1 spec. ). 
— 7. Polylepis Ruiz. et Pav. {6 spec.) : P. tomentella (pl. 78), P. sericea. — 
8. Acæna L. (Ancistrum et Acæna H. B. K. (16 spec.) : A. ochreata, A. sub- 
incisa. — 9. Alchemilla Tourn. (13 spec.) : A. frigida, A. Polylepis (pl. 75, A), 
À. Mandoniana, A. erodiifolia, A. stemmatophylla (pl. 75, 2). 

Ordo XXXV. Leguminosæ. — 1. Lupinus (1à spec.) : L. tolimensis. — 
2. Lotus L. (1 spec.). — 3. Vicia L. (3 spec.). — 4. Astragalus DC. (21 spec. ) : 
A. minutissimus, A. cryptanthus, A. Orbignyanus, A. tarijensis, À, micran- 
thellus, A. modestus, — 5, Phaca L. (2 spec.). — 6. Adesmia DC. (13 spec. ): 
À. polyacantha, A. rupicola (pl. 79 bis, C. 

Ordo XXXVI. Polygalesæ. — Monnina Ruiz et Pav. (4 spec. ). 

Ordo XXX VII. Hypericaceæ.— Hypericum L. (8 spec. }: H. thesüfolium 
Triana et Planchon msc. (H. thesifolium, H. indecorum, H. uliginosum, 
H, silenoides, H. tarquense, H. multiflorum H. B. K.). 

Ordo XXX VIII. Malvaeeæ. — 1. Malva L. (11 spec.): M. pygmæa (Sida 
pygmæa Remy, Malvastrum pygmæum Asa Gray), M. Purdiæi (Malvastrum : 
Purdiæi Asa Gray), M. parnassiifolia (Sida parnassiæfolia Hook., Malvastrum 
parnassiæfolium Asa Gray), M. rhizantha (Malvastrum rhizanthum Asa Gray), 
M. Richii (Malvastrum Richii Asa Gray), M. nubigena (Sida nubigena Wiprs), 
M. Oriastrum. — 2. Malvastrum Asa Gray emend. (17 spec.): M. borussicum 
(Sida borussica Meyen), M. Orbignyanum, M. longirostre, M. flabellatum, 
M. Mandonianum, M. Castelnæanum (pl. 80, À). 

Ordo XXXIX. Geraniaceæ. — 1. Geranium L'Hérit. (11 spec.): G. 
rupicolum, G. canescens, G. quinquelobum. — 2, Erodium L'Hérit. 
(4 spec.). | 

Ordo XL. Hypseocharides Wedd. — Hypseocharis Remy (4 spec.). 

Ordo XLI. @xalides. — Oxalis L. (12 spec.) : O. eriolepis, O. platylepis, 
O. pachyrrhiza, O. pycnophylla. 

Ordo XLIL Berberidesæ. — Berberis L. (13 spec. ) : B. pichinchensis, B. 
Goudotii Triana et Planchon, msc. (B. rigidifolia Benth. pro parte, non 
EN 

Ordo XLIIT. Ranuneulaeeæ., — 1. Anemone [. (Anemone et Hepatica 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 61 


DC.) (1 spec.). — 2. Ranunculus L. (18 spec.) : R. Mandonianus, A/ismam 
natantem habitu referens, R. psychrophilus, R. filamentosus, R. palimbifo- 
lius, R. giganteus (Anemone gigantea Raimondi, flore 40 cent. lato, pl. 
82 bis), R. Raimondii (Anemone argentea Raimondi. — 3. Myosurus Dill. 
(1 spec.). — 4. Caltha Pers. (1 spec. ). 

Ordo XLIV. Frankeniaceæ. — Frankenia L. (1 spec.). 

Le volume se termine par des additions dont il a été tenu compte dans la 
présente énumération, et par une table alphabétique des familles et des genres 
qui y sont contenus. L'auteur avertit que c’est seulement par suite d’une 
nécessité typographique que l'exposition de la famille des Frankéniacées suit 


celle des Renonculacées. 
E. F. 


Illustrations of the genus Carex (lconographie du genre 
Carex) ; par M. le docteur Francis Boott, trésorier de la Société Linnéenne 
de Londres. 3° partie; un volume in-4°, contenant 21 pages de texte et 
101 planches gravées ou lithographiées. Londres, chez W. Pamplin, 1862. 


Nous continuons à donner le relevé des planches consacrées par M. Boott à 
l’iconographie des Carex. Ce sont les suivantes : 

Tab. CCCXI-CCCXVIIT, C. filicina Nees. Tab, CCCXIX-CCCXX, C, 
cruciata Nees. Tab. CCCXXI, C. amϾna Boott. Tab. CCCXXII, C. ramosa 
Schkuhr. Tab. CGCXXIHIT, C. vesiculosa Boott. Tab. CCCXXIV-CCCXXV, 
C. Cumingiana Steud. Tab. CCCXX VI, C. impunctata Boott. Tab, CCCX X VII- 
CCCXXIX, C. setosa Boott. Tab. CCCXXX, C. celsa Boott. Tab. CCCXXXI, 
C. longifolia R. Br. Tab. CCCXXXIII, C. Raoulii Boot. Tab. CCCXXXIVY- 
CCCXXX VII, C. Jamesoni Boott, Tab, CCCXXX VIII-CCCXL, C. borbonica 
Lam. Tab. CCCXLI-CCCXLIV, C. æthiopica Schkubr, Tab. CCCXLY- 
CCCXLIX, C. Boryana Schkuhr. Tab. CCCL, C. insularis Carmichael. Tab. 
CCCLI-CCCLIV, C. Wahuensis Mey. Tab. CCCLV, C. riparia Curt. Tab, 
CCCLVI-CCCEX, C. alpina Swartz. Tab. CCCLXI, C. Lehmanni Drejer, 
Tab. CCCLXII-CCCLXV, C. atrata L. Tab. CCCLXVI, C. atropicta Steud, 
Tab. CCCLXVII, C. Bonplandii Kunth. Tab. CCCLXVITI-CCCLXIX. C. 
scoparia Schkuhr. Tab. CCCLXX-CCCLXXI, C. lagopodioides Schkuhr. 
Tab. CCCLXXII-CCCLXXIV, C. cristata Schw. Tab. CCCLXX V-CCCLXX VIT, 
C. fœnea Willd. Tab. CCCLXXVIN, GC. alata Torr. Tab. CGCLXXIX- 
CCCLXXXII, C. adusta Boot. Tab. CCCLXXXIV-CCCLXXXIX, C. stra- 
minea Schkubr. Tab. GCCXC-CCCXCI, C. stipata Mublb. Tab. CCCXCIE, 
C. conjuncta Boott. Tab. CCCXCII, C. vulpina L. Tab. CGCXCIV, C. 
Sparganioides Muchlb. Tab, CCCXCV, C. cephaloidea Dewey. Tab. CGCXCVI- 
CCCXCVIIL, C. cephalophora Muehlb. Tab. CCCXCIX-CCCC, C. Muebhlen- 
bergii Schkubr. Tab. GCCCI-CCCGIIL, CG. Brongniartii Kunth. Tab. GGGCIV- 


62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


CGCCIX, GC. vulpinoïdea Michx. Tab. CCCCX, CG. disticha Huds. Tab. 


CCCCXI, GC. Gayana Desv. os 


Icones Floræ germanieæ ct helveticæ, simul terraxrum 
adjacentium, crgo mediæ Europæ; auctoribus L. Reichen- 
bach et H.-G. Reichenbach filio, t. XX, décades 9-20. 


Nous continuons à donner le relevé des planches de cet important ouvrage. 


Decades 9-12. Tab. 1702. Veronica Anagallis L. var. genuina, var. tenella 
et var. anagalloides. 4703. V. urticifolia L. fil., V. scutellata L. et var. 
pubescens Kit. 1704. V. fruticulosa L. var. stenophylla, V. Chamædrys L. 
4705. V. Allionii Vill, V. montana L. fil. 4706. V. officinalis L. et var. 
Tournefortii Schmidt, V. Frælichiana Rchb. 1707. V. Baumgartenii Rœm. 
et Schuit., V. aphylla L. 1708. V. prostrata L. 1709. V. Teucrium L., V. 
multifida L. 14740. V. Teucrium L. var. angustifolia Benth., V. austriaca L. 
var. bipinnatifida Kit. 1741. V. austriaca L. var. pinnatifida Kit., V. Ba- 
chofenii Heuff., V. spuria L. var. ovalifolia. 1712. V. crassifolia Wierzb. 
1713. V. spicata L. et var. cristata Kit. 1714. V. longifolia L. var. vulgaris 
Kit., var. media Kit. 4715. V. spuria L. 1716. V. alpina L., V. bellidioides L. 
1747. V. saxatilis L., V. fruticulosa L. 1718. V. tenella AL, V. serpyllifolia L. 
var. borealis Laest. 1719. V. peregrina L., V. acinifolia L. 1720. V. verna L., 
V. arvensis L. 1721. V. præcox AL, V. triphyllos L. 1722. Limosella 
aquatica L. 1723. Veronica satureioides Vis. Lindernia Pyxidaria L. 1724. 
Bartsia Trixago L. 1725. B. alpina L. et var. parviflora ; Eufragia latifolia 
Griseb. 1726. E. viscosa Benth. 1727. Bartsia Odontites Huds. et var. litto- 
ralis 1728. B. lanceolata Rchb. fil., B. verna Rchb. fill 1729. B. lutea Rchb. 
fil, B. viscosa Rchb. fil. 1730. Euphrasia tricuspidata L., E. salisburgensis 
Funk. 1731, E, officinalis L. 1732. E. officinalis L. var montana Fr., var. 
cuprea Jord., var, nemorosa Fr., var. micrantha Rchb., var. gracilis Fr., 
var. curta Fr,, var, relusa Tausch, E. minima Schlch. 1733. Melampyrum 
pratense L. 1734. M. saxosum Baumg., M. silvaticum L. 1735. M. nemo- 
rosum L. 1736. M. arvense L., M. barbatum Waldst. et Kit. 4737. M. cri- 
statum L. 1738. Alectorolophus minor Rchb. 1739. A. major var. hirsutus, 
var. medius, var. glaber. 1740. A. angustifolius Rchb., A. alpinus. 1741. 
Tozzia alpina L. 

Decades 13-16. Tab. 1742. Pedicularis rostrata L. var. genuina, var. Jac- 
quini. 1743. P. Portenschlagii Saut., P. asplenifolia Flærke. 4744. P. gyro- 
flexa Gaud. 1745. P. cenisia Gaud. 4746. P. tuberosa L. 4747. P. incar- 
nata Jacq. 1748. P. atrorubens Schleich. 1749, P. silvatica L., P. palustris 
L. 1750. P. sudetica Willd. 4751. P. Friderici-Augusti fomm. 1752. P. Bar: 
relieri Rchb. 1753. P. dolichorrhiza Schrenk. 4754. P. leucodon Griseb. 
4755. P. ochroleuca Schloss, 1756. P. foliosa L. 1757. P, comosa L, 1758. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 63 


P, recutita L. 1759. P. rosea, P. OEderi Vahl. 1760. P. Allionü Rchb,. fil, 
P. rosea Wulf. 1761. P. acaulis Scop. 1762. P. verticillata L., P. Fride- 
rici-Augusti Tomm. 1763. P. Sceptrum-Carolinum L. 1764. Lathræa Squa- 
maria L. 4765, Clandestina rectiflora Lam. 1766. Phelipæa arenaria Walp. 
1767. Ph. arenaria var. campylantha Rchb. fill 1768. Ph. lavandulacea 
Reut. 1769. Ph. cæsia Reut. 1770. Ph. cærulea C.-A. Mey. 1771. Ph. 
Muteli Reut, 1772. Ph. nana Rchb. fil 1773. Ph. ramosa C.-A. Mey. 
1774. Pedicularis exaltata Bess. 1775. P. Hacquetii Graf. 1776. P. fasci- 
culata Bell. 1777. P. Hugueninii Rchb. fil 1778. Orobanche Rapum 
Thuill. 4779. O. crinita Viv. 4780. ©. cruenta Bert. 1781. O. variegata 
Walir. 

Decades 17-20. Tab. 1782. Orobanche speciosa DC. 1783. O. Galii Duby 
et var. strobiligena. 4784. ©. -Epithymum DC. 1785. O. platystigma Rchb. 
1786. O. hyalina Spran., O. pumila {Koch. 1787. O. procera Koch. 1788. 
O. leucantha Griseb. 1789. O. pallidiflora Wimm, Grab. 1790. O. Teucri 
F.-W. Schultz. 1791. O. Ritro Gren. et Godr. 4792, O. rubens Wallr. 1793. 
O. Laserpitii-Sileris Rafin. 1794. O. elatior Suit. 1795. O. Cervaria Suard. 
1796. O. Picridis F. Schultz. 1797. ©. loricata Rchb. 1798. O. flava Mart, 
1799. O. lucorum A. Braun. 1800. O. Salviæ F.-W. Schultz. 1801. O. pu- 
bescens d’Urv. 1802. O. laurina Ch. Bonap. 1803. O. Hederæ Vauch. 1804. 
O. minor Sutt. 180%. O. Crithmi Vauch. 1806. O. amethystea Thuill. 4807. 
O. Buckiana Kit. 1808. O. cernua Lœfl. 4809. O. cærulescens Steph. 4810. 
O. Cumana Wallr, 1811. Acanthus mollis L. 1812-13. A. spinulosus Host. 
1814. À. longifolius Host. 1815. A. spinosissimus Desf. 1816. Globularia 
cordifolia L. et var. nana Camb., G. incanescens Viv. 1817. G. vulgaris L. 
1848. G. Alypum L., G. nudicaulis L. 1819. Pinguicula vulgaris. L. var. 
gypsophila Hamp. 1820. P. grandiflora Lam., P. leptoceras Rchb, 1821. 


P. lusitanica L., P. longifolia Ram., P. alpina L. 
Ë. F. 


Kryptogamenfiora von Sachsen, der Ober-Lausitz, Thuce- 
ringen und Nord-Boæœhmen, mit Beruecksichtigung 
der henachhbarten Lænder. Erste Abtheilung : Algen im wei- 
testen Sinne, Leber-und Laubmoose (Flore cryptogamique du royaume 
de Saxe, de la Lusace supérieure, de la Thuringe et de la Bohême sep- 
tentrionale, avec des considérations sur les pays voisins. Première partie, 
coniteriant les Algues dans le sens le plus étendu, les Hépatiques et les 
Mousses) ; par M. le D' L. Räbenhorst. Leipzig, chez Édouard Kummer, 
1863; in-8°, pp. 653; préambule et table des matières, pp. 20; environ 
200 gravures sur bois intercalées dans le texte. 


L'auteur s'explique, dans le court préambule de cet ouvragé important, 
sur les limites du territoire dont s'occupe cette Flore, et il nous apprend à ce 


6h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


propos que la partie de son livre relative aux Algues peut être considérée en 
quelque sorte comme une Flore des Algues de l’Allemagne en général, car, 
dit-il, dans une Flore locale, même d’une circonscription minime, on trouve 
représentées à peu près toutes les Algues de l'Allemagne entière, on pourrait 
presque dire celles de l'Europe. Cette partie de l’ouvrage contient, comme 
un complément très-précieux et important, plus de deux cents belles gravures 
sur bois intercalées au texte et représentant tous les genres d’Algues mentionnés 
dans la Flore, 

L'auteur a donné l'étendue la plus large à la famille des Algues, qu'il 
divise en trois classes: A/gæ, Melanophyceæ et Rhodophyceæ. Les Algues 
proprement dites se subdivisent à leur tour en Diatomaceæ, Phycochromaceæ 
et C'hlorophyllaceæ, les premiers contenant l’ordre des Diatomeæ, les seconds 
celui des Glycophyceæ etles troisièmes les ordres des Palmellaceæ, Conjugalæ, 
Siphoneæ et Confervaceæ. La classe des Melanophyceæ ne contient que l’ordre 
des Lemoniaceæ ; les Rhodophyceæ se composent de deux ordres : Batra- 
chospermaceæ et Phyllophoracecæ. 

Les autres classes des végétaux cryptogamiques contenues dans cette 
première partie sont les Characées, les Hépatiques, les Sphagninées et Îles 
Mousses ou Bryinées. Les descriptions des plantes sont en allemand, et les 
noms des espèces sont suivis de leurs synonymes; l’auteur donne aussi l'éty- 
mologie des noms des genres. La publication de la seconde partie de cet 
ouvrage, qui devra contenir les Lichens et les Champignons, dont les genres 
seront également figurés, est promise pour la fin de l’année 1864. 

JOHANNES GRŒNLAND, 


Bryologia javaniea, seu descriptio Muscorum frondosorum archipe- 
lagi indici, iconibus illustrata ; auctoribus R.-B. van den Bosch et C.-M. 
van der Sande Lacoste. Vol. I, initium. Lugduni-Batavorum. 


Nous continuons à donner à nos lecteurs le relevé des planches de cette 
importante publication. 

Tab. 131. Rhizogonium piniforme Bruch. 132. R. piniforme Bruch. var. 
elatum v. d. B. et Lac. 133. R. latifolium v. d. B. et Lac. 134. Cyathopho- 
rum Adiantum Mitt. 435. C. parvifolium v. d. B. et Lac. 136. G. tenerum 
v. d. B. et Lac. 137. Hypopterygium Struthiopteris Brid. 138. H, trichocla- 
don v. d. B. et Lac. 139. H. Chamædrys v. d. B. et Lac. 140. H. Vriesii 
v. d. B. et Lac. 441. H. aristatum v. d. B. et Lac. 442. H. tenellum C. 
Muell. 143. H. humile Mit. 144-45. Rhacopilum spectabile Rev. et Hornsch. 
146. R. demissum v. d. B. et Lac. 447. Distichophyllum nigricaule Mitt. 
148. D. nanum Dz et Molk. 449. D. Mittenii v. d. B. et Lac. 150. D. acu- 
minatum v. d. B. et Lac. 451. D. Montagneanum v. d. B. et Lac. 152. D. 
tortile Dz et Molk. 153. D. undulatum Dz et Molk. 154. Daltonia longipe- 
dunculata C. Muell. 155. D. contorta C. Muell. 1456. D. mucronata v. d. B. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 65 


et Lac. 157. Hookeria acutifolia Hook. 458. Eriopus remotifolius C. Muell. 
459. Actinodontium adscendens Schr. 160. A. rhaphidostegum v. d. B. et 
Lac. 161. Pterygophyllum Blumeanum v. d. B. et Lac. 162. Callicostella 
papillata Mitt. 163. C. Prabaktiana v. d. B. et Lac. 464. Lepidopilum macro- 
pus v. d. B. et Lac. 465. L. Sumatranum v. d. B. et Lac. 166. Chætomi- 
trium philippinense v. d. B. et Lac. 167. C, horridulum v. d. B. et Lac. 
168. C. ciliatum Dz et Molk. 469. C. torquescens v. d. B. et Lac. 170. C. 
lanceolatum v. d. B. et Lac. 471. C. papillifolium v. d. B. et Lac. 172. 
C. muricatum v. d. B. et Lac. 173. C. acanthocarpum v. d. B. et Lac. 174. 
C. Vrieseanum v. d, B. et Lac. 175. Homalia exigua v. d. B. et Lac. 
ER 


BOTANIQUE APPLIQUÉE. 


Le Jardin fruitier du Muséum, ou /conographie de toutes les 
espèces et variétés d'arbres fruitiers cultivés dans cet établissement, avec 
leur description, leur histoire, leur synonymie, etc.; par J. Decaisne 
(4° vol., livr. 37-41). Paris, 1860-61. Chez Firmin Didot frères, fils et 
Cie, rue Jacob, 56. 


Nous continuerons de faire connaître les variétés de Poires décrites par 
M. Decaisne, en suivant l’ordre des livraisons de son magnifique ouvrage. 

37° livraison. — Poire Gilot: fruit ’hiver, gros ou moyen, ventru, 
obtus ; à queue droite, charnue ; à œil enfoncé ; à peau un peu rude, jaune 
du côté de l'ombre, rouge-brun du côté du soleil, terne, parsemée de points 
et de marbrures, et marquée d'une large tache fauve autour de la queue ; 
chair cassante, sucrée ; à cuire. — P. Orange d'hiver : fruit d'hiver, moyen, 
turbiné ou arrondi, ordinairement un peu bosselé ; à queue droite, légèrement 
enfoncée dans le fruit; à peau lisse, jaune, unicolore, marquée de quelques 
petites taches fauves ; à chair ferme ou demi-cassante, sucrée, plus ou moins 
musquée. —- P. Catillac: fruit d'hiver, moyen ou gros, ventru, obtus, 
souvent un peu bosselé ; à queue légèrement oblique, cylindracée, un peu 
enfoncée dans le fruit; œil grand ; peau épaisse, jaune, lavée de rouge au 
soleil, parsemée de points et de taches fauves ; chair cassante, âpre ou sucrée; 
fruit à cuire. — P. Ambrette d'hiver : fruit d'hiver, moyen, arrondi, légè- 
ment déprimé aux deux extrémités, jaune olivâtre, parsemé de points et de 
nombreuses taches fauves un peu rudes ; à queue droite ou un peu oblique 
et un peu renflée aux deux bouts ; à chair ferme ou demi-fondante, sucrée, 
parfumée. 

38° livraison. — Poire Bergamotte ; fruit d'automne, moyen, arrondi, 
vert pâle, pointillé, déprimé aux deux extrémités ; à queue cylindracée, ren- 
flée aux deux bouts, assez courte, droite ou arquée ; à chair fondante, très- 
juteuse, sucrée, parfumée, — P. Passe-Colmar : fruit de fin d'automne où 

TE 5 


66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


d'hiver, piriforme ou ventru ; à peau jaune, lavée de rouge-orangé au soleil, 
parsemée de points et portant autour du pédoncule une large tache jaune ; à 
queue droite, assez courte ; à chair fondante, parfumée, un peu citronnée.— 
P, Double-Fleur : fruit d'hiver, ventru, à peau jaunâtre, parsemée de très- 
petits points ainsi que de nombreuses taches ou marbrures fauves, ordinaire- 
ment dépourvue de taches autour du pédoncule; à queue remarquablement 
longue, grêle, légèrement renflée ou accompagnée de petits plis à son inser- 
tion sur le fruit ; à chair cassante, peu juteuse , sucrée , non musquée ; fruit 
à cuire. — P. Amoselle : fruit d'hiver , moyen, arrondi, déprimé aux deux 
extrémités; à queue longue, arquée, renflée à son insertion sur le fruit ; 
peau épaisse, jaune-verdâtre, lavée de roux au soleil, parsemée de gros points : 
fauves ; œil enfoncé, à divisions caduques ou rapprochées ; chair demi- 
cassante, sucrée, légèrement parfumée. 

39° livraison. — Poire Martin-sec : fruit d'hiver, petit, piriforme ou en 
calebasse, à queue droite ou arquée, insérée dans l’axe ou sur le côté du 
fruit ; à peau brune ou de couleur cannelle, pointillée ; à chair cassante, 
jaunâtre, sucrée, d’une saveur particulière, — P. Lefevre : fruit d'automne, 
moyen ôu gros, obtus aux deux extrémités ; à queue assez courte, légèrement 
enfoncée dans le fruit, renflée aux deux bouts ; à peau fine, olivâtre, bronzée, 
quelquefois lavée de roux au soleil, parsemée de nombreux points grisâtres 
arrondis ; œil à divisions très-longues; chair fondante, très-juteuse et sucrée. 
—r P. Hamden : fruit d'automne, moyen, arrondi ou ventru ; à queue droite, 
cylindrique, insérée au centre d’une cavité régulière ; à peau vert-jaunâtre, 
parsemée de points et de taches circulaires lisses olivâtres ; à chair fine, très- 
juteuse, acidulée, très-faiblement musquée. — P?. d'Hacon: fruit d’au- 
tomne, moyen, assez régulier, arrondi ou légèrement turbiné, déprimé aux 
deux extrémités ; à queue droite , assez grosse ; à peau jaune-verdâtre lavée 
de rouge, parsemée de petits points verts, dépourvue de taches ou de mar- 
brures fauves ; chair fine, très-fondante, musquée. 

L0° livraison. — Poûre Louise-Bonne d'Avranches : fruit d'automne, 
assez gros, piriforme, oblong, obtus, à peau jaune-citron vif, lavée de rouge 
du côté du soleil, parsemée de petits points fauves ; à queue assez longue, 
renflée et ordinairement coudée à son insertion sur le fruit ; à chair très-finé, 
fondante. — P. É'pine du Mas : fruit d'automne, moyen, piriforme, oblong ; 
à peau jaune, lavée de jaune-orangé ou de rouge-carminé, parsemée de points 
et marquée de fauve antour du pédoncule; à queue oblique, assez courte, 
ordinairement insérée en dehors de l’axe du fruit ; à chair blanche, ferme, 
acidulée, parfumée. — P. de Fontenay (Vendée) : fruit d'automne, assez gros, 
oblong ou piriforme, à peau verte, marbrée de taches olivâtres ou fauves et 
parsemée de gros points ; à queue charnue, droite ou insérée obliquement et 
un peu en dehors de l’axe du fruit ; à chair fondante, juteuse, parfumée. — 
P. Pomme : fruit d'automne, petit ou moyen, à queue droite profondément 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 67 


enfoncée dans le fruit; à peau jaune-verdâtre, presque complétement recou- 
verte de larges taches fauves, squameuses, rudes ; à chair se blanc jau+ 
nâtre, fondante, sucrée, légèrement astringente. 

hA° livraison. — Poire Graslin : fruit d'automne, sirhé, oblong où 
piriforme-ventru ; à peau très-lisse, jaune et lavée de rose au soleil, parse- 
mée de petits points fauves et quelquefois marquée dé pétités taches brunes; 
à queue légèrement courbée, plissée, renflée ét charnue à son insertion sur 
le fruit, avec lequel elle se confond ordinairement ; à chair fine, fondante, 
sucrée-acidulée, parfumée. — P, Bretonneau: fruit d'hiver, ventru, à 
peau jaune-térne, lavée de rouge foncé au soleil, parsemée de points, recou« 
verte de nombreuses taches, et portant autour du pédoncule une large 
macule fauve ; à queue courbée ; à chair blanc-jaunâtre, assez grossière, cas 
sante ; fruit à cuite. = P, Napoléon : fruit d'automne, moyen, piriforme, 
ventru, oblong et obtus aux deux extrémités, toujours étranglé vers le milieu ; 
à peau lisse, jaune, presque dépourvue dé points, parsemée de quelques petites 
marbrures, quelquefois lavée de rose du côté du soleil ; à pédoncule de gros- 
seur variable, ordinairement enfoncé dans le fruit ; à chair fine, fondante, 
sucrée-aciduléé, plus ou moins parfumée, — P. Bishop's tumb : fruit d'au- 
tomne, moyen, piriforme, souvent un peu bosselé ; à peau jaune et rouge- 
foncée, parsemée de points entremélés de quelques petites taches fauves ; à 
queue droite ou oblique, plus ou moins charnue, se confondant avec le fruit; 


à chair fine, fondante, juteuse, parfumée. 
E. F, 


MÉLANGES. 


Œuvres scientifiques de Gœthe, analysées et appréciées par 
M. Ernest Faivre. Un volume in-8° de 44h pages. Paris , chez L. Ha- 
chette et Ci°, 1862, 


Nos lecteurs nous sauront gré de leur signaler un livre dont l'intérêt bota- 
nique ne saurait être mis en doute. Les vues élevées de l’auteur de l’Æ'ssar 
sur la métamorphose des plantes, ses théories, entrémélées d'erreurs de détail, 
ilest vrai, mais justifiées dans leur généralité par les progrès de la science 
qu’elles paraissaient prédire, tiendront toujours une grande place dans le sou- 
venir de ceux qui les ont connues et s’imposeront d’ellés-mêmes à l’étude de 
ceux qui les ignoreraient encore. L’excellente traduction de M. Ch. Martins 
avait déjà initié le public français à une partie des œuvres scientifiques de 
Gœthe; M. Faivre à voulu achever le travail, et surtout mettre en luinière 
les découvertes les plus originales du poëte, les circonstances qui les ont dé 
terminées, les doctrines qui en ont été le point de départ ou le résultat, enfin 
les liens intimes qui rattachent aux différentes phasés de la carrière de Gæthe 
ses conceptions scientifiques et philosophiques. Aussi a-t-il joint à l'analyse 


68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


des travaux de botanique, de zoologie et de géologie de l’auteur de Faust, et 
à la traduction littérale des pièces essentielles de son œuvre scientifique, des 
considérations sur sa vie, ses correspondances, ses doctrines, et spécialement 
sur le caractère original de ce puissant génie. 

Le livre de M. Faivre est destiné à compléter une nouvelle traduction des 
œuvres de Gæthe publiée par la maison Hachette, et due à M. Jacques Por- 
chat. I] débute par une introduction où l’auteur examine l’état de la science à 
l’époque où Gœthe a commencé à écrire, et l'influence qu'il a exercée sur 
son développement. Le corps de l’ouvrage est divisé en quatre parties. La 
première étudie la vie et les relations scientifiques du poëte, soit avant son 
voyage en Italie, soit depuis son retour de ce pays, et nous le montre dans une 
position politique élevée qui lui permet de favoriser les arts et les sciences. 
La deuxième, de beaucoup la plus longue de l'ouvrage, est relative à ses tra- 
vaux scientifiques; l’£ssai sur la métamorphose des plantes est traduit en 
entier. M. Faivre rappelle ensuite les diverses appréciations qui ont été faites 
de cet opuscule et des doctrines qu’il contient, ainsi que l'influence qu'il lui 
reconnaît sur les progrès de la science ; nous n’insisterons pas sur les détails 
d'anatomie comparée et de géologie dans lesquels il a dû entrer pour suivre 
l'auteur allemand dans ses divers travaux. La troisième partie a pour titre : La 
science dans les écrits littéraires et esthétiques de Gæthe; la quatrième : 
Doctrines de Gæthe en histoire naturelle. Ici, M. Faivre étudie les rapports 
des conceptions philosophiques du poëte avec les doctrines philosophiques de 
Spinoza, Kant, Fichte, Schelling et Hegel ; d’après lui, cet homme de génie, 
toujours original dans ses créations, n’aurait pris que peu de chose aux sys- 
tèmes d'autrui; l’idée essentielle que Gæthe exprime toujours en philosophie 
naturelle, c’est que pour pénétrer les phénomènes et les comprendre, il faut 
être avant tout docile à l’enseignement des faits, également éloigné d’une ana- 
lyse et d’une synthèse exclusives, de l'abus des expériences et de l’abus des 
théories. Gœthe à développé ces principes dans un discours sur l'expérience, 
considérée comme intermédiaire entre le sujet et l’objet, que M. Faivre a 
traduit ir extenso. 11 ne croit pas, comme Schelling, que l'observation soit 
un vain mot, et que la méthode spéculative soit le but unique de la science; 
il ne pense pas, comme Bacon, que notre esprit puisse rester exclusivement 
enfermé dans la région des faits et des inductions. C’est sous l'empire de ces 
principes que Gæthe a conçu le principe d'unité de composition organique, 
plus de vingt ans avant qu'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire publiât son Ana- 
tomie philosophique, et l'idée des métamorphoses, dont il a entrevu l'impor- 
tance dans le développement des animaux, après l'avoir démontrée dans celui 
des végétaux. « Aussi, dit M. Faivre, Gæthe doit-il prendre rang parmi les 
» naturalistes philosophes les plus éminents de ce siècle, malgré son ignorance 
» du détail, sa ridicule polémique contre Newion et ses applications fausses où 
» exagérées de certains principes. Sa science n’est pas d’un observateur curieux 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 69 


» des faits particuliers, mais d’un esprit généralisateur qui se place sur les 
» sommets pour contempler la nature de loin et de haut. Il n’est pas du 
» nombre de ces savants qui comptent, pèsent, observent, expérimentent ; il 
» appartient à ce petit groupe d'hommes éminents, qui méditent, interprèlent, 
» indiquent les voies nouvelles, devancent leur époque et préparent les 
» progrès. » 

E. F. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Botanische Zeitung. 


Articles originaux publiés dans les troisième et quatrième trimestres 
de 1862. 


Hildebrand (F.). — Ueber einige Fælle abnormer Bluethenbildung (Sur 
quelques cas d'anomalie dans la formation des fleurs): 1° Formation anomale 
des fleurs d’un Convallaria majalis, pl. vit, fig. 1-20; 2° pélorie du 
Viola odorata, fig. 21-27; 3° fleur anomale du Sarothamnus scoparius, 
fig. 28, n° 27, pp. 209-214. 

Reichenbach fil. (H.-G.). — Neue Orchideen (Nouvelles Orchidées), n° 27, 
pp. 214-215. 

Alefeld. — Nachtræge zu meiner Monographie der Pirolaceen (Additions à 
ma monographie des Pirolacées), n° 28, p. 217-220. 

Alefeld. — Ueber die Séipulæ bei Lotus, etc. (Sur les stipules dans le genre 
Lotus, etc.), n° 28, p. 220. 

Mohl (H. de). — Einige anatomische und physiologische Bemerkungen ueber 
das Holz der Baumwurzeln (Quelques observations anatomiques et physio- 
logiques sur le bois des racines des arbres) ; 4° article : Sur le bois des 
racines des Conifères, n°° 29 et 30, pp. 225, 230 et 233-239, 

Sachs (Julius). — Zur Keimungsgeschichte der Dattel (Histoire de la ger- 
mination du Dattier), n°° 31 et 32, pp. 241-246 et pp. 249-252, ipl. 1x. 

Reichenbach fil. (H.-G.). — Dendrobium Aphrodite, n° 31, p. 246. 

Sachs (Julius), — Ueber saure, alkalische und neutrale Reaction der Sæfte 
lebender Pflanzenzellen (Sur la réaction acide, alcaline et neutre des sucs 
contenus dans les cellules vivantes, n° 33, pp. 257-265. 

Teysmann et Binnendyk, directeurs du jardin botanique de Buitenzorg à 
Java. — Ueber das Kaju-Garu, ein wohlriechendes Holz in Indien (Sur le 
Kaju-Garu, bois odorant des Indes orientales); communiqué par M. le 
professeur Miquel; n° 33, pp. 265 et 266. 

Mohl (H. de). — Einige anatomische und physiologische Bemerkungen, etc. 
(Quelques observations anatomiques et physiologiques, etc.); 2° article : 
La racine des arbres feuillés {Laubhælzer), n°° 34, 35 et 36, pp. 269- 
278, 281-287 et 289-295. 


70 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Nylander (W.).— Tylophoron et Parathelium, genera Lichenum nova, 
n° 34, pp. 278-279. 

Nylander (W.). — Circa genus Aporiam Dub. notula, n° 34, pp. 279-280. 

Irmisch. — Notiz ueber die Rubus-Arten (Note sur les espèces du genre 
Rubus}, n° 36, p. 295. 

Buchenau (Franz). — Der Bluethenstand von Æmpetrum (Inflorescence de 
l'Empetrum), n° 37, pp. 297-301, pl. x, fig. 1-7. 

Schlechtendal (D.-F.-L. de). — Abnorme Bildungen an Pflanzen (Formes 
anomales dans le règne végétal, n° 37, pp. 301-302. 

Buchenau (Franz). — Eïnige Beobachtungen aus dém Gebiete der Pflanzen- 
Teratologie (Quelques observations de tératologie végétale), n° 38, p. 305- 
310: Racines des Daucus Carota, lonopsidion acaule, Brassica Rapa, 
Periploca grœca, Parnassia palustris, Plantago major, pl. x, fig. 8-20. 

Mohl (H. de). — Einige anatomische und physiologische Bemerkungen, etc. 
(Quelques observations anatomiques et physiologiques, etc.) ; 3° article : 
Sur: les racines, n° 39 et 40, pp. 313-319 et 321-327. 

Nylander (W.). — Circa Lichenes ferricolas notula, n° 39, p. 349. 

Mueller (Carl). — Additamenta ad Synopsin Muscorutn nova, n° 40, 41, 
42, 43, hh, 45 et 46, pp. 327-329, 337-339, 348-350, 361-362, 373-374, 
381-382, 392-393. 

Regel. — Noch einmal Zetula alba L. und deren Abarten, B. alba verrucosa 
und pubescens (Encore une fois le Zetula alba L. et ses or B. alba 
verrucosà et pubescens), n° 40, pp. 329-330. 

Solms-Laubach (le Cte Fr. de). — Ueber einige behaarte Pezizen (Sur 
quelques Pézizes velues, n° 41, pp. 333-337, pl. xI. 

Alefeld (Friedrich). — In denselben Bluethen normaliter die Antheren zum 

* Theil nach innen, zum Theil nach aussen aufspringend (Des anthères qui, 
dans la même fleur, offrent normalement une déhiscence en partie rh 
en partie extrorse), n° A, p. 339. 

Kabsch (W.). — Ueber die Einwirkung verschiedener Gase und des luftver- 
duennten Raumes auf die Bewegungserscheinungen im Pflanzenreiche (Sur 
l’action des différents gaz et de l'air raréfé sur les phénomènes de mou- 
vement dans le règne végétal), n°° 42 et A3, pp. 341-348 et 353-361. 

Dronke. — Abnorme Fruchtbildung bie Prunus A rmeniaca (Formation anor- 
male du fruit d’un Prunus Armeniaca), n° 42, pp. 350-354. 

Alefeld (Friedrich). — Ueber die amphicarpen Vicieen (Par les Viciées 
amphicarpes), n° 43, pp. 362-363. 

Sachs (Julius). — Ueber den Einfuss des Lichtes auf die Bildung des 
Amylums in den Chlorophyllkærnern (De l'influence de la lumière sur 
la formation de la fécule dans les granules de chlorophylle), n° 44, 
pp. 365-373. 


Schimper (W.-Ph.). — Bemerkungen ueber D' Muellers Zryum Drum- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 71 


mondii (Observations sur le Zryum Drummondii de M. le D' Mueller), 
n° 44, pp. 374- . 

Beichenbach fil. (H.-G.). — Cleisostoma Guiberti Lind. et Rchb. fil. n° 44, 
pp. 375. 

Sollmann (Aug.). — Ueber die Eutwicklung der Sporen von Sphæria capi- 
tellata Klotzsch (Sur le développement des spores du Sphæria capitellata 

. Klotzsch), n° 45, pp. 377-381, pl. xir. 

Schlechtendal (D.-F.-L, de). — Abnorme Pflanzenbildungen (Des formations 
anomales dans le règne végétal), n° 45, pp. 382-383. 

Pollender (Alo ys). — Chromsæure, ein Lœsungsmittel fuer Pollenin und 
Cutin, nebst einer neuen Untersuchung ueber das chemische Verhalten 
dieser beiden Stoffe (L’acide chromique, matière propre à dissoudre la 
pollinine et la cutine, accompagné d’une nouvelle observation sur les 
propriétés chimiques de ces deux substances), n°° 46 et 47, pp. 385-389 
et 397-405. { 

Wiesner (Julius). — Einige Beobachtungen ueber Gerb-und Farbstoffe der 
Blumenblætter (Quelques observations sur le tannin et les matières colo- 
rantes des pétales), n° 46, p. 389-392. 

Wicke (Wüilh.). — Beobachtungen an Chenopodium Vulvaria ueber die 
Ausscheidung von Trimethylamin (Observations sur la sécrétion de tri- 
méthylamine dans le Chenopodium Vulvaria), n° 46, pp. 393-395. 

Mueller (Carl). — Antwort auf D° W.-Ph. Schimpers Bemerkungen ueber 
D' Muellers Bryum Drummondii (Réponse aux observations de M. le 
D' Schimper sur le Bryum Drummondii de M. le D' Mueller), n° 6, 
pp. 395-396. 

Schlechtendal (D.-F.-L. de). — Abnorme Fruchthildungen (Formations 
anomales de fruits), n° 47, pp. 405-406, 

Schacht (Hermann). — Ueber den Stamm und die Wurzel der Araucuria 
brasiliensis (Sur la tige et la racine de l’Araucaria brasiliensis), n°° 48 
et 49, pp. 409-414 et 417-4123, pl. XII et XIv. 

Phæœbus (P.). — Das Staudingersche Microtom (Le microtome de M. Stau= 
dinger), n° 49, pp. 424-425. 

.Reichenbach fil. (H.-G.). — Rodriquezia pardina, n° 49, p. 528. 

Milde (J.). — Wissenschaftliche Ergebnisse meines Aufenthalts bei Meran 
(Résultats scientifiques de mon séjour dans les environs de Méran), n°° 50, 
51 et 52, pp. 429-438, 4h1-h5h et 157-460. 

Buchenau (Franz). — Berichtigangen zu dem Aufsatze in n° 38 £inige 
Beobachtungen aus dem Gebiete der Pflansenteratologie (Rectifications 
au mémoire du n° 38, intitulé : Quelques observations de tératologie 
végétale), n° 50, p. 438. 

Mohl (H. de). — Einige erlæuternde Bemerkungen zu a der von Prof. Schacht 
gegen meine Darstellung des Coniferenholzes erhobenen Reclamationen 


2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


(Quelques observations relatives aux réclamations élevées par M. Schacht 
contre mon Æzxposition de la structure du bois des Coniféres), n° 52, 
pp. 460-462. 


Publications diverses : 


Liste des plantes qui ont résisté en plein air, depuis plusieurs années, au 
jardin botanique de la marine à Brest; par M. Hétet (Ann. sc. nat. 1862, 
tt XVI, pp. 379-382). 

Additamenta ad 7'hesaurum litteraturæ botanicæ altera; index IT librorum 
botanicorum Bibliothecæ horti imperialis botanici petropolitani quorum 
inscriptiones in G.-A. Pritzelii Zhesauro litteraturæ botanicæ et in Addita- 
mentis ad thesaurum illum ab Ernesto Amando Zuchold editis desiderantur ; 
collegit et composuit Ernestus de Berg, horti imperialis botanici petropo- 
litani bibliothecarius. Petropoli, 1862. In-8° de 32 pages. 

Guide du botaniste dans le canton de Vaud, comprenant en outre le bassin 
de Genève et Le cours inférieur du Rhône en Valais ; par D. Rapin ; 2° édi- 
tion. Un volume in-8° de 772 pages ; Genève et Paris, chez Joël Cherbu- 
liez, 1862. 

Trattato della malattia dominante nella vegetazionc, ossia la crittogamologia 
generale e speciale della vite, del gelso e del baco; è rimedj per redurli allo 
stato normale sano e prospero (Traité de la maladie qui domine dans la 
végétation, ou Histoire générale et spéciale des cryptogames de la vigne, 
du mürier et du ver à soie, avec les remèdes propres à ramener les êtres 
malades à leur état normal) ; par P. Mariano Crespi. Milan, 1862). 


NOUVELLES. 


— M. J. de Seynes, docteur ès sciences, a été nommé agrégé près la 
Faculté de médecine de Paris au mois d'août 1863, à la suite d’un brillant 
concours, dans lequel ont été soutenues les thèses suivantes : De la germi- 
nation, par M. J. de Seynes, De la fécondation dans les Phanérogames, 
par M. Eug. Fournier, et De la fécondation dans les Cryptogames, par 
M. Léon Vaillant. Notre Revue rendra compte ultérieurement de ces travaux. 


— Notre Bulletin a déjà annoncé les travaux de M. Guiseppe Pancio sur 
la flore de la Servie. Ces travaux ont été poursuivis et couronnés de succès, 
car ils ont permis à M. de Visiani de présenter à l’Institut vénitien l’Z/lustra- 
zione delle piante nuove e pix rare della Serbia raccolte ed osservate dal 
prof. Guiseppe Pancio. On sait que M. Pancio avait déjà publié en 1836 un 
catalogue des plantes phanérogames de la Servie. 


Paris, — Imprimerie de E, MARTINET, rue Mignon, 2. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE 
DE FRANCE 


SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1863. 
PRÉSIDENCE DÉ M, E. COSSON. 


M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de 
la séance du 30 janvier, dont la rédaction est adoptée. 

A l’occasion du procès-verbal, M. Moquin-Tandon revient sur la 
poire prolifère dont il a parlé dans la dernière séance (voy. plus 
haut, p. 48), et qu'il a examinée de nouveau d’après les observa- 
tions de M. Duchartre : 


M. Moquin-Tandon a remarqué des lobes calicinaux très-visibles sur cha- 
cun des trois fruits dont se compose l'échantillon anomal, et deux ou trois 
loges dans leur intérieur. Il ajoute que l’on peut distinguer les cas de vraie 
prolification de ceux où la dilatation résulte de l'hypertrophie du pédoncule, 
par plusieurs caractères. Quand il y a prolification, le fruit inférieur est le 
plus gros, et il est formé d’un parenchyme charnu; en outre, la ligne de 
démarcation entre les fruits, qui sont creusés de vestiges de loges, est bien 
tranchée, et elle porte des lobes calicinaux. Quand, au contraire, il y a hyper- 
trophie du pédoncule, le fruit inférieur est le plus petit, et il présente des 
côtes plus ou moins distinctes, formées par les faisceaux fibro-vasculaires du 
pédoncule ; la ligne de démarcation est mal établie, et l’on ne trouve ni rudi- 
ments de loges, ni sépales. Quant à la formation des fruits prolifères, M. Mo- 
quin-Tandon serait porté à croire que du premier fruit est née une fleur, qui 
a produit le second fruit; mais c’est l’analogie qui le guide dans l’interpré- 
tation du fait actuel plutôt que l'observation directe. 


M. Chatin fait remarquer que si l’on n’observait pas de lobes 
calicinaux sur la ligne de démarcation qui sépare les fruits proli- 
fères, ces fruits rappelleraient les verticilles de loges superposées 
de la Grenade et la disposition que l’on a observée dans les fruits 

T X 6 


7h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


du Pommier de Saint- Valery, et n’en différeraient que par un 
étranglement placé entre ces verticilles. 

Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le 
Président proclame l’admission de : 


MM. Pomez (A.), garde-mines-géologue, à Oran (Algérie), pré- 
senté par MM. Vigineix et Lefèvre. 
SCHONEN (le baron de), rue Saint-Dominique, 32, à Paris, 
présenté par MM. P. Marès et Cosson. 


M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. 


Dons faits à la Société : 


4° De la part de M. Morière : 
Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, t. VIT, 4861-62. 


2° En échange du Bulletin de la Société : 


Nouveaux mémoires de la Société nt des sciences naturelles, 
t. XIX, 1862. 

Compte rendu de la 45€ session de la Société suisse des Sciences 
naturelles, réunie en août 1861. 

Pharmaceutical journal and transactions, février 1863. 

L'Institut, février 1863, deux numéros. 


M. J. Gay annonce à la Société que M. Babington offre de lui 
envoyer une collection de ses Rubr anglici. 

La Société accepte avec reconnaissance l'offre de M: Babington: 
M. le Secrétaire général est chargé d’en informer l'honorable pro- 
fesseur de Cambridge, et de lui transmettre les remerciments sé Ja 
Société. 


M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : 


NOTE SUR UNE ESPÈCE NOUVELLE D'AMARYLLIS DU BRÉSIL, 
pt M. P, DUCHARTRE. 


Au mois d'août 1862, la Société impériale et centrale d’Horticulture reçut 
d’un de ses membres, M. Binot, horticulteur fixé à Pétropolis, près de Rio- 
Janeiro (Brésil), deux pieds d’une Amaryllidée qui se présentait avec des 
caractères exceptionnels à divers égards. Son bulbe avait des dimensions con- 
sidérables, puisqu'il mesurait 0",10 à 0",12 d'épaisseur ; en outre, il se con- 


SÉANCE DU 13 FÉvRIER 1862. 75 


tinuait supérieurement en une sorte de fausse-tige conique, formée par 
l'emboîtement des feuilles dans leur moitié inférieure ; cette fausse-tige attei- 
gnait 0%,45-0",50 de hauteur, et elle était terminée par des feuilles forte- 
ment arquées en faucille. Dans la lettre trop peu circonstanciée qui accompa- 
gnait cet envoi, M. Binot disait qu'il avait découvert cette plante sur une 
montagne (dont il n’indiquait ni le nom, ni la situation, mais que je présume 
faire partie de la Serra dos Orgaos, ou chaîne des Orgues), que personne 
n'avait gravie avant lui; là, ellé arrivait à des proportions extraordinaires 
pour une plante bulbeuse, puisqu'elle atteignait 2 et même 3 mètres de 
hauteur, et sa hampe portait à son extrémité supérieure une magnifique 
otbelle de huit à douze grandes fleurs. Il ajoutait qu’y ayant reconnu un 
Amaryllis, il proposait de lui donner le nom d’Amaryllis-Impératrice-du- 
Brésil. 

Vers la même époque, ou un peu auparavant, deux autres pieds, beaucoup 
moins développés, de la même plante, furent envoyés par l’horticulteur de 
Pétropolis à M° Furtado, qui les fit placer dans l’une des serres de son 
château de Rocqiencourt près Versailles (Seine-êt-Oise) ; l’un de ceux-ci à 
produit, dès la fin dé janvier dernier, une ombelle de quatre grandes et belles 
fléurs. Tnstruit de cette heureuse circonstance, je me suis empressé d’aller 
examiner cette remarquable Amarvyllidée, en même temps que M. Riocreux 
se rendait de son côté à Rocquencourt pour y exécuter, pour la Société impé- 
riale et centrale d’Horticulture , la belle et très-exacte figure que j'ai l'hon- 
neur de mettre en ce moment sous les yeux de la Société botanique. 

Comme l'avait reconnu M. Binot, la plante dont on lui doit la découverte et 
l'envoi en Europe, est une espèce d'Amaryllis de la section Æ'ppeastrum. 
Par son port, par Ses dimensions, par l’ensemble de ses caractères, elle me 
semblé parfaitement distincle de toutes les espèces de la même section qui 
oùt &té décrites jusqu’à ce jour. Je crois devoir lui donner le nom d’Amaryl- 
lis procera, afin de rappeler ses dimensions vraiment extraordinaires, qui 
Surpassent de beaucoup celles de l’Amaryllis (Hippeastrum ) robusta Alb. 
Dietrich, la plus grande espèce que l’on connût encore (voy. Algem. Gar- 
tenzeitung, 18° ann. 4850, p. 44), et qui en font le géant du genre. J’en 
résumérai les caractères principaux dans la diagnose suivante : 

AMARYLLIS (fippeastrum) PROCERA Dectre: bulbo maximo, in collum 
producto; foliis numerosis, distichis, longissimis, parte superiore loratis, fal- 
catis, patulis reflexisve, parte inferiore erecta longe vaginantibus, sicque 
pseudocaulem crassum, elatum (1-2 metr.), externe vaginis aridis, brunneis 
obtectum efficientibus, apice obtuso angustatis, utraque pagina striatis, mar- 
gine integerrimo cartilagineis; scapo centrali erecto, foliis breviore, valde 
compresso, ancipiti; spatha bivalvi, valvis lanceolatis, inæqualibus, altera 
latiore, externa, bicarinata, altera angustiore, plana, demum flaccidis, 
deflexis, arescentibus rubescentibusque, ut et bracteæ lineari-lanceolatæ, 


76 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

floribus intermixtæ; floribus pluribus (4-12), umbellatis, amplis, speciosis, 
lilacinis, infundibulato-campanulatis, deflexis : perianthii 6-partiti sepalis 
petalisque oblongis, undulatis, æquilongis, illis apice crasso-mucronatis; 
staminibus styloque reclinatis, apice incurvo arrectis, perianthio brevioribus ; 
capsula seminibusque ignotis. 

Qu'il me soit permis d’ajouter à cet exposé concis des caractères distinctifs 
de l’'Amaryllis procera, quelques lignes sur les particularités anatomiques 
remarquables que j'ai reconnues dans ses feuilles. 

Les deux faces de ces organes sont marquées de stries longitudinales et 
parallèles, toutes égales entre elles, qu’un examen tant soit peu attentif fait 
reconnaître comme étant alternativement vertes et pâles. Les lignes vertes 
indiquent les saillies ; les lignes pâles répondent aux sillons qui séparent ces 
lignes proéminentes. A cette différence de coloration correspondent diverses 
particularités anatomiques. 1° L'épiderme ne porte de stomates que sur 
les bandes vertes, et ses cellules y sont à la fois plus courtes et plus larges, 
et moins régulièrement rangées en séries longitudinales. 2° Les cellules 
épidermiques offrant toutes, dans leur longueur, une série de grosses papilles, 
au nombre de six ou huit, en moyenne, pour chacune d’elles, celles qui sont 
comprises dans les lignes vertes ont leurs papilles beaucoup moins prononcées 
que les autres. 3° Le parenchyme à chlorophylle se trouve, comme peut le 
faire deviner la situation des stomates , sous les bandes vertes, et un plan de 
cellules incolores s'étendant dans le milieu de l'épaisseur de Ja feuille, il en 
résulte que les cellules vertes forment sous chacune de ces bandes proémi- 
nentes deux masses distinctes et séparées : l’une sous l’épiderme supérieur, 
l'autre sous l’épiderme inférieur de la feuille. 4° Toute l’épaisseur du tissu 
foliaire, dans la portion qui correspond aux lignes pâles de la surface, c'est- 
à-dire aux sillons, se montre dépourvue de chlorophylle et, par conséquent, 
incolore; or, c'est uniquement au milieu de ces mêmes portions incolores 
que se trouvent les faisceaux fibro-vasculaires, c'est-à-dire les nervures paral- 
lèles de la feuille. Ces diverses particularités anatomiques me semblent 
remarquables ; aussi ai-je cra devoir les indiquer dans cette note succincte. 


M. Chatin demande à M. Duchartre quelle est la différence de 
longueur des étamines dans l’espèce qu’il a observée, et si l’on 
pourrait fonder sur ce caractère l'établissement d’un nouveau 
genre dans la famille à laquelle elle appartient. 

M. Duchartre répond qu'il est déjà difficile de bien comprendre 
les limites des groupes formés aux dépens de l’ancien genre Ama- 
rylhs, et qu’on a peut-être, en établissant ces groupes, géné- 
ralisé trop promptement des observations faites sur quelques 
espèces. 


SÉANCE DU 43 FÉVRIER 1863. 47 
M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture des communications 
suivantes, adressées à la Société : 


LE NOM DE POA CHAIXI Vill. A LA PRIORITÉ SUR CELUI DE POA SUDETICA Hænke, ET 
CELUI DE JUNCGUS NUTANS Vill. SUR CELUI DE JUNGUS PEDIFORMIS Chaix in Vill, 
par M. J, DUVAL-JOUVE. 


(Strasbourg, 5 février 1863.) 


Des plantes européennes qui n’ont pas été décrites par Linné, les uncs, 
ayant des formes bien tranchées ou une aire de végétation très-restreinte, ont 
joui du privilége d’être reconnues après avoir été décrites une fois. D’autres, 
plus répandues et appartenant à des familles où genres et espèces sont nom- 
breux et difficiles à caractériser, ont été, vers la fin du dernier siècle ou le 
commencement de celui-ci, décrites presque simultanément sur plusieurs 
points ; et, plus tard, cette multiplicité de noms, mettant obstacle à ce qu’elles 
fussent nettement reconnues, a engendré des erreurs, des noms nouveaux, 
puis des rectifications erronées à leur tour, en un mot, une synonymie sou- 
vent inextricable. Au nombre de ces dernières plantes se trouve le Poa auquel 
presque toutes nos flores modernes conservent, comme princeps , le nom de 
Poa sudetica Hænke. En effet, cet auteur l’imposa, dès 1791, à cette espèce 
qu'il décrivit dans les Mémoires de la Société royale des sciences de 
Bohême (1). Trois ans plus tard, Mœnch en faisait son Poa rubens (Meth. 
p. 187). Mais, en 1776, Pollich avait décrit le Festuca silvatica auct. recent. 
sous le nom de Poa silvatica, et, en 1791 , Ehrhart avait donné à ce même 
Festuca le nom de Poa trinervata. Or ces dénominations furent adoptées 
par Willdenow et, pour cet auteur, « 12 Poa trinervata Ehrh., 13 Poa 
» sudetica Hænke, 44 Poa rubens Mœnch » (Sp. pl. TI, p. 389, 1797), con- 
stituèrent trois espèces très-rapprochées, comme l’indiquent leurs numéros 
d'ordre et mieux encore les notes de l’auteur. De Candolle se guida sur Will- 
denow et, en 1805, publia dans sa F7. fr. I, pp. 58 et 59, un Poa triner- 
vata et un Poa rubens, tous deux distincts du Poa sudetica qui se trouvait 
exclu. L'année suivante, Loiseleur-Deslongchamps reproduisit et cette exclu - 
sion et ces admissions dans son Flora gallica, ed. 1°, p. 50. Ajoutons qu'en 
1805, Willemet, dans sa Phytographie encyclopédique ou Flore de Lor- 
raine, I, p. 16, recevait comme nouvelle cette plante à lui dédiée par Godefrin, 
Poa Willemetiana. En 1806, Schrader, après avoir établi définitivement 


(4) Voici le titre exact de l'ouvrage, non mentionné dans le Thesaurus de Pritzel et 
désigné ordinairement par l’abrévialion « Hænke Sudet. » : Beobachtungen auf Reisen 
nach dem Riesengebirge, von Joh. Jrasak , Abbé Gruber, Thad. Hænke, F. Gerstner, 
veranstallet und herausgegeben von der Kœnigl. Bœhm. Gesellschaft der Wissenschaften. 
Dresden, 1791 ; in-4°, 


75 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


entre le Poa silvatiea Pall. et le Poa trinervata Ehrh. l'identité qu'il avait 
soupconnée dès 4794 (Spicil. flor. germ. p. 5), rendit cette espèce au genre 
Festuca, et, d'autre part, il ramena le Poa rubens Mœnch au Poa sudetica 
Hænke. Sur l'autorité de Schrader, De Candolle, dans son Supplément de 
4845 , corrigea sa méprise en la remplaçant toutefois par une autre, car cet 
auteur publiait notre plante sous le nom de Festuca compressa, donnée 
comme synonyme de Pou montana Delarb. (F4. fr. V, p. 263), en même 
temps qu’il lui rendait le nom de Poa sudetica Hænke (op. cit. p. 272), qu’elle 
a conservé depuis. 

Or le nom de Hænke est-il bien réellement le nom princeps de ce Poa ? 
Dès 1787, c’est-à-dire quatre ans avant la publication de Hænke, Villars 
avait donné de cette espèce, qu’il nommait Poa silvatica Chaix, une très- 
bonne description et une figure non moins bonne (Æist. pl: Dauph. IT, 
p. 128, pl HIT). Mais ce nom, si parfaitement convenable d’ailleurs, était 
déjà employé depuis onze ans par Pollich, comme nous l’avons dit ci-dessus, 
et, bien que cet auteur l'ait appliqué à une plante d’un autre genre, nous ne 
croyons pas qu'on puisse le reprendre comme nom princeps du Poa sudetica, 
ainsi que, dans sa Flore d’ Alsace, YX, p. 324, notre savant confrère, M. Kirsch- 
leger a cru pouvoir le faire. De plus, en remontant la synonymie indiquée 
par Villars à son Poa silvatica, on trouve que dans le Catalogue fourni à 
Villars par l'abbé Chaix, le 5 janvier 1785, et imprimé en 1786 dans le 
tome 1° de l’Aist. des pl. du Dauph. pp. 309 à 382, Chaix rapportait son 
Poa silvatica, d'une part, à la plante de Pollich (Festuca silvatica), e, 
d'autre part, à la plante n° 11 de Gérard (Festuca spadicea). Gette double 
erreur n'avait pas échappé à Villars; il l’avait signalée à Ghaix,, et ce dernier 
l'avait lui-même reconnue, comme le prouve la note de Villars (Æist pl. 
Dauph. XX, p. 128), et ce n’était que par déférence pour son ami qu'il avait 
conservé ce nom fautif (1) Mais précédemment Villars avait lui-même 
reconnu cette Graminée comme nouvelle, innommée, et, dans son Æ/ora 
delphinalis (2), il l'avait nommée Poa Chaixi, en accompagnant ce nom 
d’une description, ainsi qu'il suit : 

« Poa Chaixi Vil. In silvis et pratis alpestribus. Culmus 3-ped, compres- 
» sus, folia ferme viridia carinata obtusa rigida, paniçula rigida, ; spiculæ 
» oyatæ compressæ 1-7-floræ rubro nitentes ; affinis parum P?, compressæ. 
» An P. alpina, sed 4-plo major, » (F1. delph. p. 1.) 


(4). Une preuve de l'embarras de Villars à ce sujet se trouve dans la manière dont: il 
écrit le nom de cette plante dans ses Herborisations : «a Poa silvatica Carxi » (Hist. 
pl. Dauph. I, p. 276). C’est le seul nom de cette longue liste qui soit ainsi noté. 

(2) Le Flora delphinalis de Villars fut rédigé en 1783 et 1784 sur les instances de 
Güibert, qui le fit imprimer en 1785, avec une préface de lui, dans le premier tome de 
son Systema plantarum Europæ. Le Flora delphinalis était le développement du Pro- 
spectus de l'hist. des pl. du Dauphiné, Grenoble, 1779, et le prodrome de l’His!. des pl. 
du Dauphiné, 1786, 


SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1863. 79 


Ce nom imputé par Villars, publié avec description en 1785, est donc 
bien véritablement le nom princeps et à conserver, Il y aura d’abord avan- 
tage à fairé disparaître, avec le mot sudetica, une de « ces épithètes qui, 
» empruntées à des pays ou à des montagnes, quaud les plantes ont une vaste 
» distribution, paraissent peu convenables » (Kirschleger, #7. Als. TI, 
p. 325); mais, plus que tout cela, il y aura justice historique et justice scien- 
tifique à rattacher à une Graminée les noms de Villars et de Chaix, qui ont 
si puissamment contribué à la connaissance des plantes du Dauphiné et, en 
particulier, des Glumacées. 

Il serait hors de propos de mentionner ici toutes les Glumacées que ces 
deux botanistes ont été les premiers à signaler en France, d'autant qu’à une 
époque où les relations scientifiques étaient si difficiles et si réduites, il leur 
est arrivé de décrire et de nommer comme nouvelles des plantes déjà nom- 
mées et décrites dans des publications à eux inconnues. Je me bornerai donc 
à citer quelques espèces qui leur doivent leur première description et un nom 
qui a droit à être conservé comme princeps : 

Festuca silvatica Nil, Æist, pl. Dauph. I, p. 271, et II, p. 105, 
tab. II, 

Festuca pumila Chaix in Vill. Æist. pl. Dauph. Y, p. 316, et IX, p. 102. 

Festuca (nunc ÆXœleria) phleoides Nil. F1. delph. p. 7; Hist. pl. 
Dauph. X, p. 249, et 1E, p, 95, tab. IL. 

Avena calycina Vil. FT. delph. p. 10; Hist. pl. Dauph. XX, p. 148, 
Lab. IT (aunc Danthonia provincialis DC.) 

Avena distichophylla Nil, Prosp. p. 16; Aist, pl, Dauph. XX, p. 444, 
tab, IV, 

Avena mentana Nil, Hist. pl. Dauph. XX, p: 451. 

Avena setacea ill. Prosp. p. 16; A1, delph, p. 9; Hist. pl. Dauph. XX, 
p. 144, tab. V. 

Avena sempervirens Vill Prosp. p. 17; FL delph. p. 10; Hist, pl. 
Dauph. XI, p. 140, tab. V. 

Agrostis (nunc Calamagrostis) villosa Chaix in Vill Æist, pl, Dauph. 
I, p. 378, et II, p. 79, 

Agrostis verticillata Vil. Prosp. p. 16; Hist. pl. Dauph. XX, p. 74. 

Carez hordeistichos Vi. Prosp. p. 18; F1. delph. p. 407; Hist. pl. 
Duuph. X, p. 313, et IL, p. 224, tab. VL 

Carex sempervirens Vill. ist. pl. Dauph. XX, p. 214. 

Carez fœtida Vi. Hist. pl. Dauph. X, p. 312. Dans la Flore de France, 
on lit après ce nom : « Vill. Prosp. AI. Ped. 2, p. 265 », ce qui en attri- 
buerait la priorité à Villars, son Prospectus étant de 4779, et le Flora 

pedemontana de 1785. Mais les savants auteurs de la Flore de France ont 
sans doute été induits en erreur par la note que Chaix a insérée ist, pl. 
Dauph. X, p. 312, et où il dit : « Cum hic citatur Vill intellige prospectum 


80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


» delphinense (sic). » Or le Carex fœtida n’est cité ni dans le Prosp., ni 
dans le F1. delph., mais seulement dans l’Æist. pl. Dauph., et, à mon avis, le 
nom d’Allioni a la priorité. Au reste, l'abbé Chaix n'était pas fort scrupu- 
leux à cet égard; à la même page, il commet la même inexactitude au sujet 
du Carex gynobasis Vill, et, pour ce qui le regarde, il se décerne en toutes 
lettres les honneurs du MIHI à propos des Carex curvula, C. humilis, 
C. verna, C. argentea (alba Scop.), C. capillaris, etc., nommés bien 
avant lui. 

Juncus alpinus Vill. ist. pl. Dauph. II, p. 233. 

Juncus (nunc Luzula) spadiceus Nil. Prosp. p. 183; Hist. pl. Dauph. IX, 
p. 236, tab. VI bis. Ici la priorité appartient bien à Villars, dont on néglige 
ordinairement de citer le Prospectus, 

Juncus (nunc Luzula) nutans Vill. FT. delph. p. 34. J. pediformis Chaix 
in Vill. Æist. pl. Dauph. X, p. 318, et II, p. 238, tab. VI. 

L'histoire de cette espèce démontrera jusqu’à quel point l'excellent Villars 
poussait la déférence à l'égard de son ami. Dans son Flora delphinalis, 
p. 34, Villars avait, dès 1779, donné à cette espèce le nom, parfaitement 
convenable d’ailleurs, de Juncus nutans, ajoutant : « Chaix pro varietate 
» habuit Linpæi : differre videtur. » Or, dans le Catalogue des herborisations 
qu'il fournit pour l'Histoire des pl. du Dauphiné, Chaïx laisse de côté le 
nom déjà imposé par Villars, baptise la plante pediformis, et Villars, pour 
ne pas contrarier son ami, adopte le nom pediformis, mais en rappelant 
toutefois le sien propre, Juncus nutans, qui est bien le nom princeps et doit 
être conservé. Ajoutons que si Chaix a remplacé nutans par pediformis, 
c’est que sans doute ce dernier nom aura plu davantage à lui prieur-curé 
des Baux, attendu, comme il le dit, que l’épi de cette espèce est « instar pedi 
» episcopalis (crosse) incurvata» (Hist. pl. Dauph. X, p. 318, note 6). Pedi- 
formis signifie donc en forme de crosse, et vient de pedum, non de pes, 
comme M. L. Reichenbach paraît l’avoir cru en traduisant cet adjectif par 
« fusstheilig » (Deutschl. FI. p. 20). 

En résumé, de tout ce qui précède, il nous paraît résulter que la syno- 
nymie du Zuzula pediformis doit être établie ainsi qu'il suit : 


LUZULA NUTANS. 
1779. Juncus nutans Vi. FT. delph. p. 34; Hist, pl. Dauph. NW, 
p. 258. 


1786. J. pediformis Chaix in Vill Æist pl. Dauph. I, p. 318, et IL, 
p. 238. 


Luzula pediformis DC. et omn, auct. recent. 


Et que celle du Poa sudetica de nos flores doit être la suivante : 


1785. POA CHAIXI Vill FT. delph. p. 7. 


SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1863. 81 


1786. Poa silvatica Chaix in Vill. ÆZist. pl. Dauph. 1, pp. 276, 316 (non 
Poll. et excl. omn. syn.), et II, p. 128, tab. IIL 

1791. P. sudetica Hænke Sudet, p. 120. 

4794. P. rubens Mœnch Meth. p. 187. 

1800. ? P. montana Delarb. FT. Auv. II, p. 699. 

1805. P. Willemetiana Godefrin in Willem. Phyt. encycl. p. 86. 

1805. P. trinervata DC. FI. fr. III, p. 58 (non Ehrh. nec Willd. et, 
excl. syn. Poll.), et ejusdum in eod. loco P. rubens, p. 59. 

1815. Festuca compressa DC. F1. fr. NV, p. 263, et ejusdem Poa sudetica, 
p. 272. 


NOTICE DE M, l’abbé MIÉGEVILLE SUR QUELQUES PLANTES RÉCOLTÉES DANS 
LES HAUTES-PYRÉNÉES EN 1860-1862 (suite et fiu) (1). : 


II. — Mes explorations à Cauterets et dans les alentours étant achevées, il 
me fallut rentrer pour deux mois à Garaison. Ce ne fut que le 28 juin que 
j'en repartis pour me rendre à l’antique chapelle de Notre-Dame-de-Héas, 
dans la vallée de Barréges. Cette chapelle, pour le dire en passant, est située 
sur le territoire et au sud-est de Gèdre, commune du canton de Luz, non 
loin du Mont-Perdu et du Pimené, dans un bassin couronné par les riches 
pâturages du Camp-Long, de l’Aguila et de Groute. Son altitude est de 
4556 mètres. Les montagnes de Héas forment avec celles d’Aure, leurs 
voisines et leurs rivales, la ligne de démarcation de la France et de l'Espagne ; 
placées au centre des Pyrénées, elles en sont le point culminant. C’est la 
patrie des plantes qui vont passer sous nos yeux. La plupart sont des végétaux 
monocotylédones de la famille des Cypéracées et de celle des Graminées. 

À propos des Cypéracées, je suis heureux de pouvoir mettre à leur tête 
le Æobresia caricina Willd. Certains botanistes modernes avaient eu tort 
d'exclure cette rareté végétale du catalogue de la flore des Pyrénées. Je lui 
ai découvert moi-même, cette année, trois gîtes : le premier au sommet des 
crêtes du Camp-Long (14 juillet) ; le deuxième dans la montagne de Vignec- 
Aure, à côté d’un petit lac où prend naissance le Bodet, l’un des quatre 
torrents qui vont former à Aragnouet la rivière de la Neste (4 août); 
le troisième à la base du Gabiédou et sur le bord du courant qu’on descend 
(9 et 13 septembre). Un sagace et persévérant explorateur, M. Bordère (de 
Gèdre), mon ami, l'avait surprise longtemps avant moi aux sources froides 
d’Aspé, entre le port de Boucharo et Gavarnie. Mutel, qui l'avait récoltée au 
Lautaret, dans les hautes Alpes du Dauphiné, la signale en Suisse, à la source du 
Rhône au mont Saint-Gothard. M. Grenier a eu l’extrême obligeance de m'en 
donner deux exemplaires provenant du Mont-Cenis. On voit par là que le 


(1) Voyez plus haut, p. 24. 


82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


conditions géographiques et géologiques de sa végétation sont les mêmes dans 
les Alpes et les Pyrénées. En France comme en Suisse, le Æobresia caricina 
recherche la source de quelque courant, les grandes altitudes, les rochers 
humides, les expositions boréales, 

A côté du Aobresia caricina s'élève au Gabiédou le Carez bicolor. Les 
caractères de la plante d’Allioni conviennent parfaitement à la nôtre, Dans 
l'une et dans l’autre, les trois épillets terminaux, rapprochés et ovales, à la fin 
panachés de blanc et de brun, sont tous femelles, à l'exception du supérieur, 
muni seulement à la base de quelques fleurs mâles, çe qui l’a fait nommer 
Carex androgyna par M. Fries et par d’autres botanistes. Les utricules fruc- 
tifères, stipités, obovés-piriformes, glabres et obtus, ne portent à leur som- 
Jet que deux stigmates, La bractée inférieure, entièrement herbacée et par- 
fois plus longue que les épis, est engaînante à la base. Je ne puis élever le 
moindre doute sur l'identité de la Laiche des Alpes et de celle des Pyrénées; 
je me permettrai de constater qu’elle est partout d’une extrême rareté. Les 
floristes qui en parlent ne lui assignent que deux étroites colonies dans les 
hautes Alpes : l’une au Petit-Galibier, l’autre au Mont-Viso; personne, que 
je sache, ne constate sa croissance aux Pyrénées. Lapeyrouse et M. Philippe 
(de Bagnères) ne la nomment point dans leurs ouvrages. Je suis autorisé à la 
considérer comme une découverte intéressante pour la science et en particu- 
lier pour la flore pyrénéenne. 

Les montagnes de Héas sont aussi la patrie du Careæ rupestris AIL 
Naissant au voisinage des Xobresia caricina et Carex bicolor, il se mêle 
dans les rochers granitiques du Gabiédou et de Trémouse aux énormes 
toufles formées par l’£lyna spicata. L’herboriseur qui ignorerait cette der- 
nière circonstance de sa végétation, passerait souvent sur le sol où il abonde 
sans en apercevoir un seul pied. C’est par hasard que je le surpris dans 
les endroits ci-dessus désignés en 1860 et 1861. Le 14 juillet de cette 
année, je l'ai retrouvé, pour la seconde fois, confondu avec le Saxifraga 
androsacea , au point le plus élevé du Camp-Long. Lapeyrouse, qui l’a décrit 
sous la dénomination de Carex Dufourii, l'avait observé à la Piquette 
d'Eretslis près Barréges, Il est probable que, depuis cette époque, aucun 
botaniste ne l’avait revu dans nos montagnes. Plusieurs auteurs affirment à 
bon droit que les utricules du Carex rupestris sont souvent noircis et rongés 
par l'Uredo urceolorum. Tous mes exemplaires pris, il y a deux ans, dans les 
fissures des rochers de Trémouse portent l'empreinte des cicatrices faites par 
cet agent délétère. 

Les botanistes seront charmés d'apprendre que le Carex capillaris Nilk 
croît au Maillet (1), à la source du canal d'irrigation creusé par les habitants 
de Héas, qui parcourt dans toute leur étendue les pâturages de Groute pour 


(1) Je l'y aï récolté le 4 juillet de l’année courante (1862). 


SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1863. 83 


aller se précipiter en cascade à travers les rochers du Craboutat et se répandre 

dans les prairies baignées par le gave. M. Philippe (de Bagnères), sur le 
témoignage de Lapeyrouse, lui assigne pour domicile les alentours du glacier 
du Talion à Gavarnie. Le vallon du Maillet, séparé du Talion par le Mont- 
Ferrant, le col d’Estaubé et le Pimené, se trouve dans la même zone topo- 
graphique et géologique. Cette plante, aussi rare dans les hautes Pyrénées que 
dans les hautes Alpes, aime les pentes herbeuses et rocailleuses. 

Le moment est venu d’entretenir la Société botanique de France d'un 
quatrième Carez qui me paraît digne de lui être signalé ; je l'ai découvert, 
le 4 août dernier, dans la montagne de Vignec-Aure, autour d’un lac qu’on 
rencontre entre les pâturages de cette montagne et une fontaine aussi fraîche 
qu’abondante, où s’abreuvent pendant l'été les pasteurs et leurs troupeaux. 
Pour procéder avec plus de méthode, j'en esquisserai d'abord la des- 
cription, 

CAREX INTERMEDIA (non Good.). — Deux ou trois épis rapprochés, ovales- 
obtus; l'épi mâle terminal, solitaire, court (8- 10 millimètres); 1-2 épis 
femelles plus courts (5-7 millimètres) ; le supérieur sessile, l’inférieur souvent 
pédonculé, rarement gynobasique, et alors porté sur un long pédoncule 
capillaire. Bractée inférieure herbacée, égalant l'épi mâle, pourvue.de deux 
oreillettes grandes, rectangulaires, d'un brun noirâtre, semi-engaînantes à 
la base et proéminentes au sommet ; bractées supérieures conformes aux 
écailles et à peine plus grandes qu’elles. Écailles mâles semblables aux écailles 
femelles, d’un pourpre noir foncé, obtuses, mutiques, plus courtes et plus 
étroites que les fruits, à carène verte et à la fin blanche, à bordure blanche 
peu apparente. Deux stigmates, Utricules fructifères verts, à la fin d’un blanc 
bruvâtre, glabres, ovales-comprimés, à bec presque nul, échancré-bifide. 
Feuilles vertes, roides, brièvement acuminées, à peine rudes aux bords et 
sur la carène. Gaïînes d’un brun assez foncé, se déchirant peu en filaments. 
Souche forte, longuement rampante, stolonifère, pourvue.de fibres épaisses 
et plus longues que les tiges. Celles-ci dressées, triquètres, à angles aigus et 
presque lisses. Plante de 6-8 centimètres. 

Ce Carex a bien quelques rapports avec le Carex bicolor Allioni et le 
C: Goodenowii Gay, et ilme semble que ce n ’est ni l’un ni l’autre. Sa taille, ses 
allures, son chaume trigone, la forme et la blancheur de ses utricules fructi- 
fères, la physionomie de ses épillets, son épillet inférieur parfois gynobasique, 
rapprochent sans doute le C', intermedia du C. bicolor. Mais le C. bicolor 
diffère essentiellement de son parent par le petit nombre de fleurs mâles qu’il 
ne porte qu'à la base de son épi supérieur, et par sa bractée inférieure non 
bi-auriculée, foliacée et engainante. Pour ce qui est du C. Goodenowit, sa 
stature plus haute (2 décimètres au moins), ses épillets plus nombreux (2-4), 
peu écartés, trois fois plus longs et cylindriques, toutes ses bractées supé- 
rieures longues et herbacées, sa bractée inférieure munie à la base de deux 


8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


oreillettes à peine visibles, arrondies et d’un pourpre noir, ses utricules 
fructifères imbriqués sur 6-7 rangs, etc., ne permettent pas de le mettre en 
parallèle avec le Carex intermedia. Par la nature de sa souche et les propor- 
tions des fibres de sa racine, le C. intermedia se trouve à une énorme dis- 
tance du C. bicolor et du C. Goodenowii. Notre plante n'a, rigoureusement 
parlant, qu'un seul caractère qui lui soit commun avec ses congénères, et ce 
caractère consiste dans les deux stigmates dont ses utricules fructifères sont 
surmontés. Si je me suis hasardé à lui imposer le nom de €. intermedia, la 
raison en est toute simple. C’est que, par la forme de sa bractée inférieure 
semi-amplexicaule, elle se place naturellement entre le €. bicolor dans 
lequel cette bractée est embrassante, et le C. Goodenowii dans lequel elle 
est libre. 


III. — Des Cypéracées aux Graminées le passage est tout naturel. Cette 
famille est représentée, dans le vallon et les montagnes de Héas, par de précieux 
rejetons. Ceux que je me propose de mettre en relief appartiennent aux 
genres Agrostis, Trisetum, Poa et Festuca. 

Il ya, à Héas, cinq sortes d’Agrostis: l'A. vulgaris, variété pumila, 
l'A. alba, variété decumbens, et les A. alpina Scop., rupestris Alloni, et 
pPyrenaica d’un grand nombre de botanistes de nos jours. On voudra bien me 
permettre quelques observations critiques sur les trois dernières. Ces plantes, 
bien qu’elles aient plus d’un point de contact, ne sauraient être confondues 
sous un même nom spécifique. Pour en juger, il suffira de les soumettre à 
une analyse comparative. 

La panicule de l’Agrostis alpina est ovale-oblongue, à pédoncules hérissés 
et rudes. Celle de l'A. rupestris est étroite, oblongue, à rameaux capillaires 
lisses et glabres. L’A. pyrenaica ne déploie les rameaux glabres et lisses de 
sa panicule ni pendant ni après la floraison. Les épillets de l'A. alpina sont 
ovales, presque obtus ; les épillets ovales de l’A. rupestris sont presque une fois 
plus petits que ceux de ses congénères ; l'A. pyrenaica les a ovales-cylindri- 
ques, très-aiqus. Les fleurs de l'A. a/pina, d’un pourpre violet, sont bronzées 
à la maturité; les fleurs de l’A. rupestris, d'un violet peu foncé ou jaune 
verdâtre, sont d’un jaune doré à l’état sec ; les fleurs de l'A. Ppyrenaica, d'un 
violet très-pâle, sont à la fin d’un blanc brunâtre. Dans l'A. a/pina, la glu- 
melle inférieure est terminée par quatre soies, les deux extérieures plus longues, 
écartées, parfois inégales ; dans l'A. rupestris, par quatre soies très-courtes, 
à peine distinctes et toutes égales ; dans l'A. pyrenaica, par deux soies très- 
longues, contiguës , souvent inégales. La glumelle supérieure des À. alpina 
et pyrenaicu est remplacée par un pinceau de soies fines et blanches, dont 
celle de l’A. rupestris est ordinairement dépourvue, L’arête dorsale ne quitte 
jamais, dans les À. alpina et pyrenaica, la base de leur glumelle inférieure, 
tandis qu’elle est toujours fixée entre la base et le milieu de cet organe dans 


* 


SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1863. 85 


l'A, rupestris. La tige de l'A. alpina est de 1 à 2 décimètres ; celle de 
l'A. rupestris de 5 à 15 centimètres ; et celle de l'A. pyrenaica dépasse très- 
souvent 6 décimètres. 

La station topographique de nos Agrostidées n’est point la même. L’Agrostis 
rupestris ne descend guère de la région des neiges. Après l'avoir récolté, le 
k août 1860, au point le plus élevé du Camp-Long, je l'y ai revu le 14 juil- 
let 1862. L’A. pyrenaica ne s'élève point au-dessus de la basse région alpine. 
Il fleurit partout sur les roches et les pentes humides septentrionales, depuis 
Gèdre-Dessus jusqu'au pied des pics de Trémouse et de la Canaou. La zone 
habitée par l'A. alpina est comprise entre les stations territoriales occupées 
par les deux autres. Il est commun dans les rochers du cirque de Trémouse, 
à la base du Gabiédou et à l'entrée de la gorge qui conduit au port de la 
Canaou. Je ne lai jamais observé plus haut, si ce n’est une seule fois, le 
L août 1860, dans les tours élancées du Camp-Long. 

Les botanistes modernes qui séparent des Agrostis alpina et rupestris 
l'A. pyrenaica, pour l’élever sous ce nom au rang d'espèce, semblent avoir 
raison. L’A. pyrenaica Pourr. (A. a/pina Scop.) vit dans les Alpes comme 
dans les Pyrénées. Le véritable A. pyrenaica (A. Schleicheri Jordan) paraît 
être une plante exclusivement pyrénéenne. 

Je dois, dans l'intérêt de la science, ajouter quelque chose à ma lettre du 
25 janvier 1862, au sujet du 7risetum agrostideum (1). I] importait de bien 
fixer l’époque de la floraison de cette intéressante Graminée, et ma lettre ne 
contient rien de précis à cet égard. Je l’ai récoltée en pleine fleur dans les 
pentes rocheuses qui bravent le petit vallon du Maillet, le 25 juillet, le 
18 août, le 9 septembre et au commencement d'août, dans les pâturages 
d’Aguila, entre le torrent qui les traverse et la superbe tour de Lieusaoubere 
qui les contemple. M. Bordère (de Gèdre), notre confrère, l’a recueillie en 
échantillons beaux et frais, vers la mi-octobre, dans la partie la plus élevée 
du Camp-Bieil. Les mois de juillet et d’octobre marquent donc les deux 
termes de sa végétation. 11 s’en faut bien qu'elle soit aussi rare que je l'avais 
cru d’abord, et que le donnent à entendre la savante note de M. J. Gay (2) 
et toutes mes lettres relatives à cette plante. Il est hors de doute qu’elle abonde 
au Camp-Bieil, à la montagne d’Aguila, dans la partie supérieure du cirque 
de Trémouse, à la base du Gabiédou et du Mont-Ferrant. Il est probable 
qu'avant longtemps les botanistes lui trouveront quelque autre colonie dans 
la haute chaîne de nos montagnes, et que la science pourra lui assigner une 
base territoriale très-honorable. 

C’est un fait acquis à la science que le Poa distichophylle Gaud. (P. ceni- 
sia AI, P. cinereu Vill.) croît spontanément aux Pyrénées. Cette belle Gra- 


(1) Voyez le Bulletin, t. 1X, p. 40, 
(2) bid. t. VIN, p. 449. 


86 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

minée n'avait pas échappé à l'œil clairvoyant de Lapeyrouse, qui la signale, 
das son Æéstoire abrégée des plantes des Pyrénées, comme une variété du 
P. angustifolia Leers. Les auteurs de la Flore de France et celui de la Flore 
des Pyrénées signalent avec raison sa croissante au Pic-du-Midi de Bigorre, 
sur la foi de Ramond. Ce célèbre naturaliste, explorateur aussi intrépide 
qu'intelligent, l’'Y avait certainement observée. Les plus hautes tours du 
Camp-Long et celles de la Canaou me paraissent avoir la même élévation que 
ce pic, c’est-à-dire 2935 mètres au-dessus du niveau de la mer. Dans la der- 
ñière de ces localités, malgré toutes mes recherches, je ne pus en découvrir 
qu'un seul pied le 14 juillet dernier. Ce n’était pas l’époque de sa végétation, 
si je né me trompe, béaucoup plus tardive. Plus heureux le 2 octobre, je Ja 
técoltai à foison entre les deux pics de la Canaou , où elle brave les glaciers 
éternels et la neige de l’ânnéé de sa tête gracieuse, étalant gaiement sa fraîche 
panicule et ses fleurs parées de tous les organes de la reproduction. Notre Poa 
n’est donc pas la propriété exclusive des Alpés: les Pyrénées leur disputent 
l'honneur de le posséder. 

Un certain nombre de Graminées du genre #'estuca habitent les montagnes 
de Héas; on rencontre à chaque pas, depuis Gèdre-Dessus jusqu'à la plus 
haute région alpine , le F'estuca rubra , forme réduite et glauque. Le 4 août, 
en me rendant dans la vallée d'Aure par le port des Aguilous, je m’aperçus 
qu’il vivait pêle-mêle avec les Festuca E'skia et pilosa. Le 2 octobre, il fleuris- 
sait encore au sommet de la crête de la Canaou , bien au-dessus de la région 
des neiges, confondu avec le Poa distichophylla et le Festuca alpina. Je ne 
puis, du reste, douter de sa Ssynonymie, puisqu'il a été déterminé par 
M. Duval-Jouvé (de Strasbourg). L’éminent botaniste m’a écrit que cette 
Graminée était aussi vulgaire dans les Vosges que dans les Pyrénées, en ajou- 
tant qu'il avait été heureux de pouvoir « constater que les formes variables du 
» Festuca rubra se retrouvent au pied dés Pyrénées identiques avec celles p* 
» pied des Vosges. » 

À quelques hectomètres de la chapelle de Notre-Dame-de-Héas, non loin 
du pont de Tard-Vengut, sur le bord du sentier dé Touvyère , je rencontrai, 
à la fin de juillet, un Festuca qui pourrait bien être le Festuta indigesta 
Boissier. Sans parler des autres caractères qui concordent parfaitement avec 
ceux du F. indigesta Boiss. dans la Flore de France, le Festuca de Héas, 
comme celui du Canigou, a les épillets « #/liptiques, comprimés, formés de 
» 5-7 fleurs lâchement imbriquées ; la glumelle inférieure linéaire-lancéolée, 
» un peu carénée au sommet, dépourvue de nervures visibles, verté et lui- 
» Sante, munie ‘d'une arête de moitié Moins longue qu’elle. » Ses feuilles 
sont bien « d’un: vert glauque, dresséés ou courbées en dehors, étroitement 
» enroulées par les bords et parfaitement cylindriques, non carénées, 
» épaisses, très-roides, piquantes au sommet, très-lisses ,» Ses chaumes 
sont bien « dressés, roides, entièrement lisses, unis, si ce.n’est at sommet 


SÉANCE pu A3 FÉvhiern 1863. 87 


» légèrement sérié, mais non angu/eux, nus dans leur moitié ou dans leurs 
» deux tiers supérieurs, » Notre plante forme en outre « des gazons épais et 
» très-glissants. » Mais elle a un caractère assez saillant qui manque à celle 
dé M. Boissier, où qui n’est pas du moins exposé par l'éminent doyen de la 
Faculté des sciences de Nancy : ses fleurs sont fortement ciliées dans leur 
moitié supérieure. 

Rien de plus facile que de confondre à première vue le Festuca alpina 
Gaudin ou Suter, et notre FESTUCA STOLONIFERA, son compatriote, je dirais 
presqué $on frèré, tant est grande leur analogie. Le tableau suivant rendra 


leur distinction spécifique palpable : 


FEsTucA ALpiNA Gaud, Sut.— Panicule à 
peine d’un pouce, roide , élalée pendant et 
contractée après l’anthèse , subunilatérale, 
à peine rude sur son axe. Pédoncules égaux 
aux épillets ou un peu plus courts, solitaires 
à chaque nœud. Épillets oblongs , compri- 
més, composés de 3-8 fleurs écartées, 
étroitement ovales, aiguës. Axe de l’épillet 
un peu rude. Glumes linéaires, carénées, 
très-aiguës et très-inégalés; l’inférieuré 
uninerviée et la supérieure trinerviée. Glu- 
melle inférieure linéaire-lancéolée, aiguë, 
carénée au sommet, un peu comprimée 
latéralement, pourvue de cinq nervures, 
les deux latérales confuses, verte, d’un 
gris violet au sommet, étroitement sca- 
rieuse au bord , terminée par une arête va- 
riable, mais en général équivalente au tiers 
de sa longueur; glumelle supérieure ter- 
minée par deux petites pointes. Caryopse 
ovale-oblong, élargi au sommet. Feuilles 
radicales fasciculées, filiformes, dressées, 
molles à l’état frais, vertes, non carénées ; 
la caulinaire conforme, située au-dessous 
du milieu du chaume, à limbe court, à 
ligule courte et bi-auriculée. Chaumes de 
2 décimètres, dressés dès la base, verts, 
lisses, un peu anguleux au sommet. Souche 
fortement fibreuse-stolonifère. Rejels dres- 
sés, épais, brièvement stipités, enveloppés 
par les gaînes des anciennes feuilles et 
terminés par un faisceau considérable de 
feuilles. Radicelles fines, flexueuses, noi- 
râtres. Plante formant des touffés épaisses 
et compactes. 


FESTUCA STOLONIFERA. — Paniculeoblon- 
gue, subunilatérale , à rameaux plus courts 
que l’épillet, solitaires à chaque nœud, les 
inférieurs rarement géminés, munis de 
deux épillets, les supérieurs munis d’un 
séul, distiques-étalés pendant l’anthèse. 
Épillets oblongs, un peu comprimés, formés 
de 2-5 fleurs rapprochées, brièvement 
ovales, presque obtuses, Axes de la pani- 
culé ét des épillets à péiné rudes. Glumes 
ovales, carénées, presque obluses, peu inés 
gales ; l’inférieure uninerviée et la supé- 
rieure trinerviée. Glumelie inférieure lar- 
gement ovale, munie de cinq nervures non 
saillantes (à la loupe et sur le sec), d'un 
violet vif, à peine vert blanchâtre à la 
base, assez largement scarieuse au sommet 
et terminée par une arête courte, égalant à 
peine le quart de sa longueur; la supé- 
riéure terminée par deux petites $oies. 
Caryopse linéaire-elliplique, atténué aux 
deux extrémités, comprimé, plan d’un côté, 
convexe de l'autre. Feuilles vertes, lisses, 
toutes constamment planes à l’état frais, 
larges de 2 millimètres, jamais fasciculées 
à la base du chaume , pourvues en dessus 
de 3-5 nervures élégantes, et en dessous 
d’une carène obluse et lisse ; les deux cau- 
linaires à limbe court, à languette courte et 
bi-auriculée, la supérieure fixée au-dessus du 
milieu du chaume. Celui-ci, de 4 à 2 dé: 
mètres, courbé à la basé, redressé-ascen- 
dant, lisse, violet, finement strié au som- 
met. Souche gréle, fibreuse et longuement 
traçante, stolonifère. Stolons épais, minces, 
enveloppés par les gaînes des anciennes 
feuilles, très-longs et terminés par un petit 
faisceau de feuilles. Radicelles fines, 
flexueuses, noirâtres. Plante croissant très- 
raremént en touifes. : 


Bien distinct du Festuca alpina, comme on vient de le voir, le F. stoloni- 
fera ne l’est pas moins du F#. Hallert. Voisin de la plante d’Allioni par son 


88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


inflorescence , il n’en possède aucun des caractères spécifiques. La glumelle 
inférieure du F. Halleri est pourvue de cinq nervures /ines et sallantes, et 
porte à son sommet une aréte plus longue qu’elle ou au moins aussi longue. 
Dans le Æ. stolonifera, la glumelle inférieure est toujours brièvement 
aristée, et ses nervures sont si obscures qu’on ne peut guère les saisir que 
sur le sec et à l’aide d’une bonne loupe. Sa panicule à rameaux capillaires et 
très-rudes ; ses fleurs panachées de vert, de violet et de jaunâtre ; sa glumelle 
inférieure entièrement scarieuse au sommet jusqu’à la nervure dorsale ; ses 
feuilles fraîches, érès-fines, subulées et fasciculées à la base du chaume; sa 
ligule oblongue et saillante, etc., etc., ne permettent pas de confondre le 
F. pumila Chaix in Vill avec notre F. stolonifera (1). Les feuilles et la 
racine du #. stolonifera le séparent totalement , soit du 7, pumila, soit du 
F. Halleri, soit du F. alpina. J'avais déjà constaté le caractère de ses 
feuilles dans les exemplaires récoltés, le 11 septembre 1860, au sommet du 
port de Boucharo, et dans ceux recueillis, le 24 août 1861, au Mont-Ferrant. 
Mes herborisations de 1862 n’ont rien ajouté sur ce point à mes observations 
de 1860 et de 1861. 

La partie souterraine du Festuca stolonifera a été, cette année, l’objet 
exclusif de mes explorations. Après lui avoir fait une première visite au 
Gabiédou, le 9 septembre, je lui en fis, le 13, une deuxième dans cette même 
localité et une troisième à l’entrée de la Canaou. Convaincu que le caractère 
que me paraissait offrir sa souche était de la plus haute importance, je voulais 
absolument en connaître la nature et la forme. Je retournai donc au port de 
la Canaou deux ou trois jours après; et, celte fois, la neige qui m’y surprit, 
tombant avec abondance, me laissa à peine le temps de déraciner la plante, 
Toutefois, je craignais encore que le phénomène de végétation tant de fois 
observé ne fût pas assez constant pour constituer un caractère vraiment spéci- 
fique. Il fallut que mes jarrets se résignassent à deux nouvelles ascensions au 
cirque de Trémouse. La première eut lieu le 2 octobre, la seconde le 8, et la 
conclusion fut toujours la même. Le Festuca stolonifera était encore fleuri; 
la gelée et la neige qui formaient son cortége ne l’avaient point altéré. Les 
expositions boréales, humides et glacées sont sa demeure de prédilection. 
Végétant avec le Poa distichophylla et le Festuca alpina, il surabonde dans 
la zone territoriale qu’habite le Trisetum agrostideum. Il s'appellerait à bon 
droit Festuca glacialis, nivalis ou frigida. Si je lui préfère la dénomination 
de F. stolonifera, c’est parce qu’elle est vraiment scientifique, puisqu’elle 
exprime le caractère essentiel de notre intéressante Graminée, 


IV. — Je ne puis clore mon humble notice sans parler d’un végétal cryp- 
togame qui ne vient qu'aux limites extrêmes de notre végétation. De doctes 


(1) Le Festuca pumila croît à Trémouse. 


SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1863. 89 


botanistes, à qui j'ai eu l’honneur d'envoyer cette grêle Fougère, la pren- 
draient volontiers pour une forme très-réduite du Gystopteris fragilis, si son 
rhizome rampant ne s’y opposait. Leur juste appréciation n’a été perdue ni 
pour moi, ni, j'ose le croire, pour la science. A l’instant, je me suis mis en 
train d'étudier le C'ystopteris fragilis type, ou ce que je prends pour tel avec 
tous les herboriseurs de mon pays. Mes observations ont eu pour résultat de 
me démontrer que la souche de cette plante est vraiment fraçante et qu'elle 
émet des touffes de frondes continues et assez compactes. Dès lors la Fougère 
de la plus haute chaîne de nos montagnes ne devrait plus intriguer ni dérou- 
ter personne, Il faudrait la considérer comme une simple miniature de celle 
qui encombre nos vallées. Ce qu’il y a de certain, c’est que les nombreuses 
variations des lobes et des lobules, dans l’une et l’äutre de ces deux formes, 
sont propres à déconcerter le plus habile botaniste. Ces deux plantes n’ont de 
constant que le vert gai de leurs frondes oblongues-lancéolées dans leur pour- 
tour, la forme et l’arrangement sur les segments de leurs groupes de spo- 
ranges , la disposition alterne et jamais opposée de leurs segments le long du 


rachis, et la propriété tracante de leur rhizome fibreux et couvert d’écailles 
brunûtres. 


M. Cosson rappelle que M. J. de Parseval-Grandmaison a trouvé, 
il y a plusieurs années, le Kobresia caricina dans les Pyrénées (1). 


SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1863. 


PRÉSIDENCE DE M. E. COSSON. 


M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de 
la séance du 43 février, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le 
Président prononce l’admission de : 


M. FLEurTiaux, boulevard des Filles-du-Calvaire, 22, à Paris, pré- 
senté par MM. T. Puel et L. Puel. 


M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. 


(1) Voyez le Bulletin, t, 11, p. 609. 
+ = 7 


90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Dons faits à la Société : 


4° De la part de M. George Stacey Gibson : 
The Flora of Essezx. 


% En échange du Bulletin de la Société : 
Wockhenschrift fuer Gærtnerei und Pflanzenkunde, 1863, quatre 
numéros. 
Journal de la Société impériale et centrale d’Horticulture, jan- 
vier 1863 et liste des membres. 
L'Institut, février 1863, deux numéros. 


M. A. Gris fait à la Société la communication suivante : 


DE L'ORGANISATION DU SCUTELLE DANS LE MAÏS, ET DE SON ROLE PENDANT LA 
GERMINATION, par M, Arthur GRIS. 


L'embryon du Maïs qui, comme on sait, est latéral et extraire, est accom- 
pagné d’un albumen farineux abondant qui repose sur la partie postérieure et 
charnue d’un appendice de la tigelle connu sous le nom de scutelle. 

Le parenchyme de ce scutelle est formé de cellules polyédriques ou sub- 
polyédriques, laissant entre elles de petits méats intercellulaires, et dont les 
parois assez fines présentent çà et là des amincissements, ou pores, qui parais- 
sent fermés par une membrane très-ténue. Ce parenchyme est protégé par 
une couche de cellules épidermiques qui s’allongent perpendiculairement à la 
surface du scutelle dans sa partie convexe contiguë à l’albumen, de manière 
à former une sorte d’épithélium assez remarquable. M. Julius Sachs, qui 
vient de publier tout récemment le résultat de ses intéressantes recherches 
sur la germination des Graminées, à appelé le premier l'attention sur cette 
particularité anatomique de l’épiderme du scutelle. Mais ce savant ne nous 
paraît pas avoir analysé aussi complétement qu'il était possible de le faire le 
contenu des cellules parenchymateuses de cet organe. Selon lui, elles renfer- 
ment de fins granules de matière albumineuse, des globules de graisse, des 
grains d’amidon et un nucléus sans nucléole. 

J'ai soumis des coupes très-minces du scutelle à l’action de l’eau, de l'huile, 
de la glycérine, de l’éther, des réactifs iodés, de J’acide sulfurique. Chacun 
de ces réactifs, pris isolément, n'aurait fourni que des données incomplètes et 
même erronées, mais la résultante des observations faites par l'intermédiaire 
de chacun d'eux donne des résultats qu'on a tout lieu de croire satis- 
faisants 

Qu'on place une coupe mince de ce tissu sous l'huile, par exemple. On sera 
immédiatement frappé de voir dans chaque cellule un corps volumineux dont 


SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1863. 91 


la forme n’est pas toujours la même dans toutes les cellules; il est ovale ou 
oblong, ou elliptique, ou même polygonal. Là, il paraît homogène; ici, au 
contraire, hétérogène, mais il est toujours doué d’un certain éclat. Il est 
impossible, en le voyant, de ne pas lui trouver quelque ressemblance avec les 
grains d’aleurone volumineux que M. Hartig a désignés sous le nom de so/- 
laires, comme on en voit dans la noisette, l’amande, etc. Mais, d’un autre 
côté, ce corps prend tout à fait, dans certaines circonstances, la forme d’un 
nucléus muni de son nucléole, par exemple, si on l'observe sous l’eau sucrée, 
la glycérine, etc. 

A côté de cette formation un peu énigmatique , il y a un grand nombre de 
globules plus petits, à contours arrondis, ressemblant souvent à de petits 
anneaux brillants, d’un blanc bleuâtre, que je considère comme des grains 
aleuriques, et qui sont mêlés à des granulations très-fines. L'ensemble de ces 
formations, qui constituent par leur abondance la base fondamentale du con- 
tenu cellulaire, prend une coloration jaunâtre sous les réactifs iodés. 

Tous ces corps paraissent caractérisés par la présence de la matière azotée, 
mais on trouve encore, dans ces mêmes cellules, des formations qui en sont 
complétement. dépourvues. Je veux parler de l’amidon, qui abonde surtout 
dans les régions moyennes du parenchyme sous la forme de grains sphériques 
et simples, et de l'huile dont la présence se manifeste aussi bien sous le 
microscope que par l'expérience directe. 

Telles sont les matières qui, par la diversité de leur composition chimique, 
de leur structure, de leur aspect, font du parenchyme du scutelle un appa- 
reil aussi difficile à bien étudier qu'intéressant au point de vue anatomique et 
physiologique. 

Mais que devient le scutelle pendant la germination, alors que la fécule, 
dont l’albumen est le réservoir, se résorbe, alors que l'axe et les parties qui 
le terminent se développent et se transforment ? 

La partie aleurique du contenu du scutelle doit subir, dès le commence- 
ment de la germination, une modification profonde si, comme on doit le sup- 
poser, ces tissus sont soumis à l'influence de l’eau. Quoi qu’il en soit, il 
devient dès lors très-difficile de déterminer avec quelque certitude la présence 
ou la manière d’être de ces formations aleuriques. Ce qui paraît certain, 
c’est que dès les premières phases de la germination jusqu’à l’époque où la 
jeune plante, couronnée de trois ou quatre feuilles, plongeant profondément 
dans le sol un axe radiculaire chargé de radicelles, doit vivre par elle-même, 
le parenchyme du scutelle est toujours gorgé d'une gangue finement gra- 
nuleuse, jaunissant par l’iode, et de grains amylacés nombreux et volu- 
mineux. 

Quel est donc le rôle du scutelle pendant la germination ? 

M. Sachs pense que les produits de dissolution de la fécule périspermique 
arrivent à l'embryon à l’état de sucre. Ce sucre a dû traverser le scutelle, et, 


92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

chose singulière ! M. Sachs avoue lui-même qu'il n’a jamais trouvé traces de 
sucre dans le parenchyme du scutelle. Il faut remarquer d’ailleurs que ce 
savant semble très-compétent dans ces sortes de recherches microchimiques, 
qu'il a lui-même perfectionnées. Il a donc fallu chercher le mot de l'énigme. 
M. Sachs l’a-til trouvé, lorsqu'il propose d'éclairer de la manière suivante un 
phénomène si obscur ? Selon lui, vers le commencement de la germination, le 
parenchyme du scutelle est rempli d’une grande masse de fécule, dont la 
matière ne peut provenir que de l’endosperme ; la matière des grains de fécule 
(sucre) se précipite sous forme de granules (amidon) chaque fois et aussitôt 
qu’elle a pénétré à travers une membrane cellulaire. Les granules nés se dis- 
solvent de nouveau, et de nouveau la solution. (sucrée) traverse la paroi voi- 
sine pour se précipiter en granules, et ainsi de suite. « De cette façon, dit 
l’auteur, les produits de solution de l’amidon peuvent bien être du sucre ou 
dé la dextrine, mais ces matières ne se trouvent jamais qu’en quantité 
inappréciable ; car, à mesure qu’elles se forment dans une cellule, elles tra- 
versent immédiatement ses parois pour se précipiter sous forme de granules 
dans les cellules voisines. » 

Il faut avouer que c’est là une hypothèse très-ingénieuse, mais aussi que 
le sucre suivrait une marche bien singulière et bien laborieuse pour arriver 
jusqu'à l'embryon. On pourrait aussi s'étonner de voir le sucre se trans- 
former si aisément en fécule, car s’il est facile de faire du sucre avec de la 
fécule, la chimie n’est pas encore arrivée à faire de la fécule avec du sucre. 
Mais la cellule végétale ne pourrait-elle pas être un petit laboratoire de chimie 
plus puissant que tous nos grands laboratoires ? Aussi je laisse de côté cette 
première objection pour en opposer une bien plus grave à la théorie de 
M. Sachs. Il admet que la fécule qu’on trouve pendant toute la durée de Ja 
germination dans le scutelle provient de l’albumen. Mais il y en existait tout 
autant avant la germination. Voici du reste une nouvelle preuve à l'appui de 
l'idée que les grains d'amidon qui abondent dans le scutelle ne sont point de 
nouvelle génération. En effet, les formations amylacées nouvelles qui appa- 
räissent dans les tissus de l'embryon sous l'influence des matières nutritives 
émanées de l’albumen sont généralement des grains composés. 

Nous ne croyons donc pas, comme le pense M. Sachs, que les matières 
contenues dans le parenchyme du scutelle soient dans un état continuel de 
dissolution et de formation. Pour nous, ces matières, modifiées en partie, 
sont dans un certain état d’immutabilité. 

Par son grand développement, par ses relations avec l’albumen, par ses 
connexions avec l'embryon, par les phénomènes physiologiques internes qu'il 
présente, le scutelle, qui est le principal organe d’absorption du germe, nous 
semble jouer le rôle d’un filtre; c’est un intermédiaire neutre entre un 


organisme qui se résorbe, l’albumen, et un organisme qui se développe, 
l'embryon proprement dit, 


SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1863. 93 


M. Duchartre dit qu’il a quelque peine à concevoir comment le 
scutelle peut transmettre, ainsi que le ferait un filtre, les matériaux 
nutritifs qui vont de l'albumen à à l'embryon, puisque les cellules du 
scutelle sont déjà remplies d’amidon, d’aleurone et d’huile. 

M. Gris dit qu’il ne tient pas à conserver l'expression de tre, 
mais qu’il ne voit guère aux matériaux sortis de l’albumen d’autre 
chemin que le scutelle pour parvenir à l'embryon; il croit pouvoir 
considérer cet organe, à cause de sa position, de son dévelop- 
pement et de sa structuré anatomique, comme le principal organe 
d'absorption de embryon. 

M. Duchartre fait remarquer que les éléments du périsperme 
sont dissous par l’eau qui en remplit le tissu, et qu’ils pourraient 
être transportés à cet état jusqu’à la surface de l'embryon propre- 
ment dit, pour être absorbés par elle. 

M. Moquin-Tandon compare.le rôle assigné au seutelle par M. Gris 
au rôle qué joue le placenta chez les animaux. 

M. Cosson demande à M. Gris si les grains d’amidon augmentent 
rapidement en nombre, dans la période initiale de leur développe- 
ment , chez les embryons qui absorbent au contact les éléments 
périspermiques. 

M. Gris répond que l'embryon du Dattier qui, à l’état sec, n'offre 
à l'observation que des grains d’aleurone, est déjà chargé de nom- 
breux grains d’amidon au moment où la radicule commence à 
former une saillie au dehors. 

M. Cosson fait observer combien :1l est remarquable que la 
transformation et l’absorption des matériaux nutritifs soient accom- 
plies dans la germination, quels que soient le volume de l'embryon 
et la position qu’il occupe relativement au périsperme. 

M. Moquin-Tandon rappelle qu’il en est de même dans le règne 
animal], et qu’à l’état embryonnaire les vertébrés reçoivent les élé- 
ments nutritifs parle ventre, les articulés par le dos, et les céphalo- 
podes par la tête. 


M. J. de Seynes fait à la Société la communication suivante : 


POLYMORPHISME DES ORGANES REPRODUCTEURS CHEZ UN FISTULINA, 
par M. Jules de SEYNES. 


Certaines espèces de Champignons ont eu le privilége d'être étudiées, dé- 
crites ou figurées par tous les mycologues : ce sont surtout celles qui se recom- 


94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


mandent par leurs qualités alimentaires ; et, de même que la botanique géné- 
rale a commencé par l'étude des plantes médicinales, de même l'origine de 
la plupart des travaux mycologiques est due à l'étude des Champignons 
comestibles. C’est à cela que le Féstulina buglossoides Bull. doit sans doute 
d'avoir été décrit et figuré par un grand nombre d'auteurs ; il y a cependant 
encore beaucoup à observer et beaucoup à dire sur cet Hyménomycète. La 
facilité avec laquelle il se distingue et la place si naturelle que lui assigne un 
deses caractères extérieurs, ont dû être pour beaucoup dans le peu d'attention 
que l’on a donnée jusqu'ici à son étude anatomique. Comme chez les Polypo- 
rés, l’hyménophore du Fistulina est disposé en tubes , mais chaque tube est 
isolé, ce qui n’existe ni chez les Bolets ni chez les Polypores, et, suivant l’in- 
génieux rapprochement de Fries, le genre Fistulina est ainsi aux Bolets ce 
que le genre Schizophyllum est aux Agarics. 

Supposons que chacun de ces tubes, ainsi isolé, devienne compacte et que 
l'hyménium en revête la surface extérieure, nous aurons un Æ/ydnum; c'est 
ainsi que le genre Fistulina forme le trait d'union lé plus simple et le mieux 
caractérisé entre les Bolets et les Hydnes. Il est à peine nécessaire d'insister 
sur sa forme, sa couleur et ses autres caractères extérieurs, tant celui-là suffit 
pour le distinguer complétement, On n’a pas eu non plus à étudier très-scru- 
puleusement les différences de structure qui pouvaient servir à limiter les 
espèces dé ce genre; ces espèces se réduisent à deux , dont l’une est exotique 
et à peine définie (1). 

Nous avons étudié l'espèce qui vient communément en Europe : disons, 
avant tout, quelques mots de son histoire et de sa synonymie, C’est 
dans les bois, sur le tronc des arbres, qu’on rencontre le Fistulina buglos- 
soides ; dans le nord, il vient sur le Chêne (Persoon, Trattinick, Fries, etc.), 
de là le nom d’Æypodrys, primitivement donné par Solenander, en 1596 
(Consult. medic. Francof.), adopté par Persoon (Myc. étrop. IX, p. 148. 
— Champ. Comest. p. 2h5). Ce dernier auteur avait conservé dans son 
Synopsis (p. 549) le nom de Poletus hepaticus, Qui lui avait été donné 
par Schæfler (#ung. Bav:et Palat. tab. 116-420). C’est à Bulliard qu’on 
doit le non de F'istulina, tiré de la séparation des tubes hyménophores (2), et 
l'espèce appelée vulgairement Langue ou Foie-de-bœuf (Dendrosarcos hepa- 
ticus Paulet, tab. 1x), reçut le nom de Fistulina buglossoides Bull. (F. hepa- 
tica Fries). Dans les pays méridionaux, on ne rencontre plus guère ce 
Champignon que sur les Châtaigniers (Agaricus esculentus, Castaneæ àdnas- 
cens Micheli) ; de là le nom italien de Zingua di Castagno, rossa buona, et le 


(1) Ellé ne mé paraît guère reposer que sur la longueur dn stipé. 

(2) J'ai à peine besoin de. faire observer que le nom d’Hypodrys, datant d’une époque 
beaucoup plus ancienne que celle à laquelle on est convenu de faire remonter la syno- 
nymie, ne mérite pas d’être conservé, puisqu'il exprime une idée fausse, ce Cham- 
pignon n'étant pas exclusivement attaché au Chêne, 


SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1863. 95 


nom languedocien qui n’en est pas fort éloigné : Lenguo dé Castaniè. Gette 
différence de station en rapport avec la latitude vient probablement de ce que 
les Châtaigniers croissent surtout dans les zones montagneuses et humides, et 
reproduisent ainsi, sous le climat du midi, les conditions favorables que cette 
espèce rencontre dans les forêts de Chênes du nord ; d’ailleurs nos bois-taillis 
d’Yeuses, dans lesquels les troncs ne pourrissent guère, offrent un terrain peu 
propice au développement des Champignons lignicoles. 

A Florence (1) et à Vienne, on vend le F'istulina sur les marchés, mais 
en France il est seulement, comme le rapporte Schæffer pour la Bavière, 
pauperibus esculentus. Dans les Gévennes, il est bien connu des paysans, qui 
s’en nourrissent. 

Plusieurs points de son anatomie, du développement des tubes, de la struc- 
ture du parenchyme, et, en particulier, des cellules chargées de sucs colorés 
qui représentent les laticifères dont Gorda a signalé la présence dans les 
Champignons, offriraient un grand intérêt, mais nous les réservons pour un 
travail plus complet, et. nous nous bornerons aujourd’hui à signaler chez le 
Fistulina buglossoides l'existence de deux modes de fructification. L’impul- 
sion donnée à ce genre de recherches par les belles découvertes de M. Tulasne 
a beaucoup étendu le cercle des espèces dans lesquelles on a pu reconnaîtreun 
polymorphisme réel. Toutefois, chez les Champignons supérieurs, appartenant 
à la division des Hyménomycètes, on ne l'a bien constaté que chez ceux dont 
la structure des organes de végétation est très-simple, chez les Trémellinés. 
« Inter Hymenomycetes seu Fungos basidiophoros qui totius ordinis #yce- 
» toidei fastigium occupant, Tremellinei, quia sane dignitate viliores, ceteros 
» præstant multiplici in eodem typo seminum natura, Etenim præter sporas 
» basidiogenas solitas , spermatia perexigua discreta vel prioribus commixta 
» oStendunt, interdumque toti fere in gemmas solutas conidia mentientes 
» abeunt (2). » 

À ces spores vraies, à ces spermaties de deux sortes, dont les unes simulent 
le mode de développement des conidies, ajoutons un quatrième mode de 
reproduction découvert, comme les précédents, par M, Tulasne chez les Tré- 
mellinés, et dont il a rendu compte avec détail dans les Annales des sciencés 
naturelles, sér. 3, t. XIX, pp. 193, 231. En voici le résumé, extrait 
des Comptes rendus de l'Acad. des sciences, t XXXVI, p. 627 : « Indé- 
» pendamment d’un appareil spermatophore, les Trémellinés m'ont offert 
» dans les Dacrymyces , et spécialement dans le 2. deliquescens Duby, 
» l'exemple curieux, sans doute unique jusqu’à présent, d’un Champignon 
» basidiosporé qui se transforme fréquemment, soit tout entier, soit par par- 


(4) D’après Micheli, Vittadini dit toutefois : « Essa infatti non mangiosi comune- 
mente che dalla povera gente. » Funghi mangerecci (1835). 
(2) Tulasne, Selecta Fungorum carpologia. Paris, 1861, {. 1, p. 62. 


96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


» ties seulement, en organes gongylaires : une telle métamorphose convertit le 
» tissu de la plante en une pulpe facile à désagréger, en même temps que sa 
» couleur jaune ordinaire est changée en une teinte rouge plus ou moins 
» vive. » M. Tulasne s’explique par là comment M. Fries, n'ayant constaté que 
l'état gemmifère, a pu reléguer au nombre des Gymnomycètes ce Champi- 
gnon basidiosporé (1). 

Dans un genre voisin des Ze/ephora et des Auricularia, chez les Cyphella 
Fries, £picr. p. 566, et, en particulier, chez le Cyphella muscicola Fr., 
M. Tulasne a encore annoncé l'existence de conidies, et il a décrit leur évo- 
lution en détail dans le magnifique ouvrage qu’il vient de faire paraître, 
Selecta Fungorum carpologia, p. 134. 

Enfin , je signalerai quelques faits assez incertains, mais qui doivent être 
mentionnés comme exprimant l’état de la science sur cette question : en 1859, 
M. De Bary publiait dans le Botanische Zeitung (numéros 46, 47 et 48) une 
série d'observations sur les Vyctalis asterophora et parasitica Fries (Ag. 
lycoperdoides Bull.), d’après lesquelles il aurait reconnu dans ces Agari- 
cinés plusieurs sortes de corps reproducteurs; ces résultats, contestés par 
M. Tulasne (Comptes rendus de l’Acad, des sc. 1860, t. L, p. 16) (2), ont 
été, au moins en partie, remis en question par M. Bail (Die wichtigsten Scetze 
der neuern Mycologie. Xëna, 1861), qui affirme avoir retrouvé sur l’hymé- 
nium de ces Champignons les petits organes appelés chlamydospores par 
M. De Bary , naissant à l'extrémité des cellules allongées qui forment le tissu 
propre des lamelles, 

M. Bail ajoute à ce fait l’observation des corpuscules engendrés par les 
capitules réunis en grappe, que porte latéralement l’Ag. racemosus Pers. Ces 
petits capitules produisent d'innombrables cellules germinatives, ovales-oblon- 
gues, blanches, simples, qui restent agglomérées jusqu’à ce que l’eau mise sur 
le porte-objet du microscrope où on les a placées les dissocie. Les capitules 
conidifères de cette espèce, aussi rare qu’anomale, sont connus et admis 
depuis assez longtemps, mais l'existence tout entière de ce Champignon est 
un véritable problème pour les mycologues. Il est à peine nécessaire de parler 
des petits corps observés par M. De Bary, sur des exemplaires très-avancés 
d’Ag. melleus Wabl., et de ces corpuscules arrondis, incolores, aperçus par 
M. H. Hoffmann dans les cellules supérieures du chapeau d’un Ag. conopilus 
Fries. L'auteur dit lui-même que ces spores, aperçues sur des échantillons 
plus que mûrs, sont sans doute dues à un Sporotrichum ou à quelque autre 


(1) Ann. sc. nat. sér. 3, t. XIX, p. 193-231. 

(2) M. Tulasne a montré comment c Fest à un parasite, l Asterophora agaricicola Cord., 
qu’il faut attribuer la fructification de deuxième forme annoncée par M. De Bary. Ce 
parasite empêche même la fructification normale de se produire, ainsi que cela arrive 
souvent en pareil cas, et M. Tulasne cite à l'appui nid sv du Sphæria lateritia, qui 


détermine l’avortement Fe complet des lamelles Ge l Ag. deliciosus L., sur lesquelles 
il se fixe. 


SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1863. 97 


Micromycète , dont la trame, extrêmement ténue, vous échappe facilement, 
spores qui, d’ailleurs, auraient pu être entraînées de l'extérieur en faisant la 
coupe destinée à l'examen microscopique (1). 

Sur tous ces faits, il n’y a donc de bien avérés ou d’une vérification facile 
que ceux qui concernent les Trémellinés , les C'yphella et l'Ag. racemosus. 
Celui que nous annonçons aujourd’hui sera, nous l’espérons, sanctionné 
par d’autres observateurs, et nous appelons sur lui l'attention des micro- 
graphes. 

En regardant la surface supérieure, d’un rouge plus ou moins intense, du 
Fistulina buglossoides, on s'aperçoit facilement qu’elle est tomenteuse, fine- 
ment granulée, et qu'elle porte, d'espace en espace, de petits mamelons 
papilleux qui lui donnent une ressemblance plus frappante avec la surface 
de la langue d’un animal : c’est ce que représente très-bien la planche 468 de 
Bulliard. Ces mamelons sont formés par des touffes de cellules rapprochées, 
s'élevant au-dessus de la superficie, comme les tubes hyménophores à leur 
premier état de développement ; et, sur la portion qui représente le stipe, on 
peut en suivre toutes les transitions jusqu'aux tubes fertiles. 

Il semble qu’il y ait eu chez cette plante une sorte d’effort tendant à une 
fructification périphérique générale, et que cet effort, ayant produit son effet 
à la surface inférieure, à été insuffisant sur les autres parties du Champi- 
gnon (2); iln'a pas cependant tout à fait avorté, car entre ces tubercules 
stériles, si analogues à des tubes hyménophores rudimentaires, entre les cel- 
lules pileuses allongées, simples, et la plupart remplies de matière colorante 
granulée rouge, on trouve une grande quantité de cellules issues du paren- 
chyme intérieur, allongées, finement granuleuses et en tout semblables par la 
forme, la dimension et le contenu aux cellules allongées qui forment la masse 


(1) H. Hoffmann, Jcones analyticæ Fungorum. Giessen, 1861-62. Heft 2, p. 38, 
pie 7. 

(2) L'aspect particulier de la surface supérieure du Fistulina a été noté par beaucoup 
d’auteurs, et la signification morphologique des petites papilles a été indiquée par Persoon : 
« Singulare quod superne quoque hinc inde tubuli observentur sed vix explicati. » (Syn. 
p. 149.) Et ailleurs : « Nonnunquam per aberrationem in pilei facie superiore conspi- 
» ciuntur sed tunc abortivi. » (Myc. eur. II, p. 149.) Mais aucun n'en a parlé avec 
autant de soin que Trattinick, et, malgré l'explication naïve de l’avortement, ce passage 
vaut la peine d’être cité : « Si Fungus iste maturitalis suæ gradum nactus est, tunc ex 
» tota ejusdem superficie stellulæ undique membranaceæ atque perexiguæ efflorescunt, 
» quæ sub lente contemplatæ in centro foramine annulato et saccato perforatæ circum- 
» circa eleganter emarginatæ simul atque ciliatæ sunt. Post 8 vel 14 dies, hæ stellulæ 
» pededentim elevantur a sacculis substratis, quæ num in tubulos tenerrimos liberos ad 
» 2 usque 4 lineas longos producuntur, ex quibus demum sporulæ disperguntur. 

“» Sed abortus quadam specie, non omnes illæ stellulæ abeunt in tubulos sed istæ 
» solummodo quæ in parte Fungi inferiori terram respexerunt. Supcriores a solis vehe- 
» mentia forte exsiccantur, priusquam ad slatum fructificationis pertingere possent. Ab 
» ejusmodi tubulis corruptis superficies superior deinde quasi villoso-squamosa atque 
» verruculosa spectatur. » (L. Trattinick, Fungi auslriaci, 1806, p. 118, tab. 12, 
f. 22.) 


98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


du parenchyme où qui concourent à la formation des tubes hyménophores. 
Ges cellules poussent à leur extrémité des subdivisions courtes ét en nombre 
variable, au fond desquelles apparaît bientôt une petite goutte d'huile, Gette 
gouttelette augmente de volume ainsi que l'extrémité cellulaire qui la contient. 
Cette extrémité en cul-de-sac prend une forme ovoïde; on dirait qu’elle 
s'agrandit en partie aux dépens de la portion qui la rattache’ à la cellule-mère ; 
cette portion s’amincit beaucoup et la membrane en devient extrêmement 
ténue. À ce moment, la jeune cellule sporiforme a pris une forme arrondie, 
s’est séparée par une cloison d’avec son pédicule, dont elle se détache bientôt. 
D'autres fois, cette évolution ne se fait pas immédiatement ; les subdivisions 
primitives s’allongent en cellules, qui se ramifient souvent une seconde fois, 
et la formation des petits organes dont nous venons de parler n’a lieu qu’à 
une deuxième ou à une troisième génération cellulaire, c’est ce que montrent 
les figures 6 et 7 de notre planche; il résulte de là des grappes souvent très- 
élégantes. 

Les petits corps cellulaires issus de cette évolution , étudiés isolément, 
ont fréquemment la forme des véritables spores nées sur les basides ; d’autres 
fois, ils conservent un peu de leur forme allongée cylindrique primitive, ou 
présentent quelque chose d’irrégulier. Leur dimension est très-variable, comme 
celle des vraies spores, mais on peut dire que, d’une manière générale, ils sont 
un peu plus grands. Enfin, leur structure est identique avec celle des spores; 
circonscrils par une membrane assez épaisse, peut-être double chez les uns et 
les autres, ils sont remplis d’un liquide un peu trouble ou granuleux , et pré- 
sentent toujours une goutte d'huile réfractant la lumière en jaune avec un 
reflet bleuâtre qui occupe environ les deux tiers de la cavité cellulaire ; quel- 
quefois il y a deux de ces gouttelettes, Nos figures 8 et 9 sont destinées à mon: 
ter l’analogie de structure des spores (8) et de ces cellules sporiformes (9). 
Nous avons mis ces cellules dans de l’eau, entre deux verres, et pendant un 
mois nous les avons laissées dans une humidité constante sans avoir pu obtenir 
aucun commencement de germination ; des spores issues des basides sou- 
mises, dans les mêmes conditions, à une observation journalière, né nous en 
ont présenté non plus aucune trace. L'épreuve, sans doute interrompue trop 
tôt, est donc nulle, et nous nous proposons de la continuer en la poursui- 
vant pendant toutes les saisons de l’année et en variant les données de 
l'expérimentation. 

D’après ce que nous avons dit plus haut du développement et de la struc- 
ture de ces corps, quelle peut-être leur nature ? Leur situation sur la plante- 
mère semblerait devoir les faire ranger parmi les productions gongylaires ét les 
assimiler à ces conidies dont M. Tulasne a signalé la présence à la surface du 
Dacrymyces deliquescens ; mais ces conidies en chapelet, se divisant par un 
cloisonnement scissipare de la cellule-mère et conservänt un contenu granu- 
leux analogue, ne nous paraissent pas avoir subi le même degré d'élaboration 


SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1863. 99 


que lés corpuscules du Fistulina. Peut-être faudrait-il, pour avoir leur signi- 
fication précise, recourir à l’analogie avec d’autres végétaux, et se demander 
s’il ne pourrait pas se produire chez les Champignons quelque chose d’analogue 
à ce qui se passe chez les Phanérogames , qui peuvent avoir, non-seulement 
des organes de reproduction différents : bulbilles, gemmules , stolons, etc., 
mais aussi des graines qui, sur une même plante, offrent des embryons dans 
des rapports différents avec les parties qui les entourent ou avec la plante elle- 
même ? Y aurait-il ici deux semences d’un rôle physiologique identique, 
mais dans des rapports différents avec leurs organes nourriciers? Je ne 
saurais me prononcer; il règne encore trop d'incertitude sur les questions qui 
se rattachent aa polymorphisme de la reproduction chez les Champignons, et 
les observations que je présente sur le Fistulina buglossoides ne Sont encore 
ni assez nombreuses, ni assez décisives, pour m'’autoriser à des conclusions 
rigoureuses sur un sujet aussi délicat, 


Explication des fiqures (pl. IT de ce volume). 


Fig. 1. — Coupe et vne de la surface supérieure d’un Fistulina buglossoides Bull. de 
, petite dimension (grandeur naturelle). 
3. == Tubes de la surface inférieure, dont un détaché vu à la loupe. 


3: — Basides de l’hyménium à l’intérieur des tubes fertiles, grossis 580 fois. 

4. — Une cellule pilifère rouge simple de la surface supérieure, et une cellule 
ramifiée portant des corps reproducteurs grossis 390 fois. 

5. — Ces mêmes corps, en voie d'évolution et à diverses phases, grossis 900 fois. 

6 et 7. — Cellules ramifiées, portant les mêmes corps sporiformes , grossies 
720 fois. 

8. — Spores issues des basides, grossies, une 1200 fois , les autres 900 fois. 


9. — Cellules sporiformes, grossies 900 fois. 


M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de la communica- 
tion suivante, adressée à la Société : 


QUELQUES RECHERCHES DE SYNONYMIE, par M. D. CLOS. 


(Toulouse, 9 février 1863.) 
I. — Sur les PFaronychia argenten et nivea, 


Dans son C'Aloris narbonensis, lu à l'Académie des sciences de Toulouse, en 
1784, et imprimé dans les Mémoires de cette compagnie en 1788, Pourret 
proposait (t, III, p. 321) deux nouvelles espèces d’/{lecebrum avec les déno- 
minatious et les diagnoses suivantes : 

« L. herniarioides : Caulibus repentibus, foliis ovatis, ciliatis, stipulis qua- 
ternis brevioribus; floribus capitatis, bracteis obtusis. %. — À Fontlaurier, 
Fontfroide, etc. Gette espèce ne saurait être confondue avec l’Z. capitatum L. 
et ne peut convenir à l'Z Paronychia L, 


100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE 


» 1. argenteum : Caulibus prostratis, foliis lanceolatis. subacutis glabris ; 
stipulis ternis; floribus lateralibus, bracteis lanceolatis, aristatis. ©. — A 
Narbonne, sur les collines arides. Cette espèce avait jusqu’à présent été con- 
fondue avec l’Z Paronychia. » 

Or on cherche vainement ces deux noms : Z herniarioides, 1. argenteum, 
dans la plupart des ouvrages consacrés à la description des plantes de France, 
et notamment dans les Flores françaises de De Candolle, Mutel, MM. Grenier 
et Godron. 

Je regrette de ne pouvoir consulter le mémoire publié en 1801 par Villars, 
dans le Journal de Schrader, sur les //{lecebrum. Mais, en 1805, Persoon 
rapporte avec doute, et d’après Villars, l’Z. herniarioides Pourr., à titre de 
variété, à l’Z. serpyllifolium ;Vill. (Paronychia serpyllifolia DC.). Poiret 
(Æneycl. suppl.) et De Candolle (Prodr. t. WII, p. 371) adoptent la même 
opinion. Seulement Persoon dit de cette variété : Foliis ovato-cordatis ; et De 
Candolle : Foliis subcordatis, caractère qui n’est pas énoncé dans la diagnose 
de Pourret. 

Or je ne sache pas qu’on ait jamais constaté la présence à Narbonne du 
Paronychia serpyllifolia DC. ; et dans un catalogue manuscrit des plantes de 
cette belle région, formé par Delort, et qu’a bien voulu me communiquer 
M. Maugeret, je ne vois figurer du genre Paronychia que les P. argentea, 
capitata : wais on a sigualé encore depuis dans cette localité le P. nivea. 
Pourret a le soin de dire que sa plante diffère de l’/{lecebrum capitatum. 
Nous allons montrer que son Z. argenteum est le Paronychia argentea Lam. 
La voie d'exclusion et la comparaison des caractères conduisent à rapporter 
l'{Uecebrum herniaricides Pourr. au Paronychia nivea DC.; tous les termes 
de sa diagnose me paraissent convenir à la plante, sans en excepter celui qui 
concerne les bractées; elles sont obtuses, mais l’auteur a omis d’ajouter 
qu’elles sont de plus acuminées. 

Quant à l’/{lecebrum argenteum Pourr., Villars le rapporte à son Z. nar- 
bonense, espèce admise par Persoon, mais donnée avec doute comme syno- 
nyme du Paronychia argentea Lam. par De Candolle (Prodr.). L'embarras 
des auteurs est probablement dû à ce que Pourret dit sa plante différente de 
l'Alecebrum Paronychia L., dénomination prise par tous les phytographes 
modernes comme synonyme du Paronychia argentea Lam. Mais cette dernière 
synonymie est-elle à l'abri de toute objection? Les caractères assignés par 
Linné à son /{lecebrum Paronychia sont encore plus succincts que ceux 
qu’a donnés Pourret, car il se borne à dire : Æloribus bracteis nitidis obval- 
latis, caulibus procumbentibus, foliis lœvibus, indiquant pour patrie de 
cette espèce l'Espagne et Narbonne. Or remarquez : 4° que la phrase lin- 
néenne peut aussi bien convenir au Paronychia polygonifolia DC. qu’au 
P. argentea Lam.; 2° que le P. polygonifolia croît en Espagne d’après De 
Candolle; 3° que Pourret ne dit pas que l’/{lecebrum Paronychia vienne à 


SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1863. 101 


Narbonne, et qu'il a pu croire, peut-être à bon droit, que cette plante était 
étrangère à la localité; 4° que les caractères assignés par lui à son 7. argen- 
teum conviennent à merveille au Paronychia argentea Lam. (1), tels : tiges 
couchées, feuilles lancéolées-subaiguës, stipules ternées, fleurs (groupes de 
fleurs) latérales, bractées lancéolées, aristées (2). Mais ce n’est que dans le 
troisième volume de sa Flore française, édité en 1794, que Lamarck proposa 
son Paronychia argentea (p. 230) ; V'Aecebrum argenteum Pourr., décrit 
par Pourret en 1784, est donc antérieur de dix ans, et, aux yeux des bota- 
nistes qui croient devoir rétablir autant que possible les anciens auteurs dans 
leurs droits, le Paronychia argentea Lam. doit devenir un synonyme du 
P. argentea Pourr. sub Illecebro, et le P. nivea DC. doit céder aussi le pas 
au P. herniarioides Pourr. sub Illecebro. Qu'il me soit permis néanmoins 
d'ajouter que cette réforme me paraît avoir plus d’inconvénients que d’avan- 
tages. 


XIE, — Sur l’Anagallis verticillata All. 


L’'Anagallis verticillata A. (Pedem, t. I, p. 87, tab. 85, f. 4), admis 
comme espèce par Loiseleur (Æ/ora gall. t. T, p. 117), puis reconnu par lui 
comme variété de PA. cærulea (Notes sur pl. p. 40), a été inscrit par 
M. Duby (in De Candolle, Prodr. t. VII, p, 71) au nombre des Species 
ignotæ. Steudel (Nomencl.) et Mutel (For. fr.) ne le croient pas spécifique- 
ment distinct de l’A. latifolia Curt. ou Monelli Curt., tandis que Lamarck 
était fenté de le rapporter aux Lysimachia (Encycl. Bot. t. IV, p. 337). 
Au contraire, son continuateur Poiret s'exprime ainsi dans le supplément 
de ce dernier ouvrage (t. IV, p. 9): « Je me suis assuré par l'examen 
» de plusieurs individus que l'A. verticillata n’était qu’une simple variété 
» de l’A. Monelli. » Mais, d’après M. Duby, cette dernière dénomination 
aurait été appliquée à trois espèces différentes : à l’A. arvensis (A. Mo- 
nelli L.), à VA. collina Schousb. (A. Monelli Desf. part.), et à la plante 
qui doit seule porter ce nom : l'A. Monelli Clus.! Or remarquez qu’Allioni 
dit expressément son À. verticillata annuel, et que, si M. Duby applique 
le signe Z à l'A. Monelli Clus., les échantillons de cette espèce récoltés 
en Espagne par M. Bourgeau, et déterminés par M. J. Gay, sont accom- 
pagnés de cette indication : Plante annuelle. Remarquez enfin qu'un Ana- 
gallis Monelli est cité par Risso au nombre des plantes croissant dans le 


(4) C’est très-probablement de l’{llecebrum argenteum Pourr. qu’il s’agit dans cette 
phrase, placée par Villars à la suite de sa description de l’Z. polygonifolium : « M. l'abbé 
» Pourret nous en a envoyé, des environs de Narbonne, une espèce voisine également 
» inconnue, qui est plus grosse ainsi que les bractées, et elle a ses feuilles un peu 
» hérissées de petits poils. » (Dauph. t. IE, p. 557.) 

(2) Le caractère de la durée pourrait seul donner encore prise au doute, car Pourret 
dit annuel son {llecebrum argenteum; mais à cette époque on n’attribuait pas à celte 
indication l’importance qu’elle mérite, 


402 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


comté de Nice, notamment.à Saint-Hospice (Æist. nat. de l'Europe mérid. 
t II, p. 452). 

Tout porte donc à faire présumer que l'A. verticillata AN. est l'A. Mo- 
nelli Clus., plante qui, même à l’état normal, montre ses feuilles supérieures 
ternées ou quaternées. 


HA, — Sur le Lapsana matrocarpa, 


M. Cosson a récemment décrit sous ce nom une espèce d'Algérie trés- 
voisine, dit-il, par la plupart de ses caractères et par son port du 
L. communis, dont elle n’est peut-être qu'une variété remarquable. Elle en 
diffère par la pubescence glanduleuse de la partie supérieure de la tige et 
des pédoncules, par les capitules et les akènes beaucoup plus gros (1). Or on 
cultive assez généralement dans les écoles de botanique une espèce de 
Lapsana, sous le nom de Z. grandiflora Bieb., distincte du Z. communis 
par sa taille plus élevée, ses capitules plus gros, et surtout par les poils glan- 
duleux qui recouvrent les pédoncules et les involucres : pedunculis calyci- 
busque glanduloso-hispidis, dit Bieberstein (Cauc. 2, p, 261). Toutefois, je 
n'ai pas pu constater, sous le rapport de la grosseur, une différence bien 
notable entre les akènes des Zapsana grandiflora et communis. Mais, à 
supposer constant le grand développement des fruits du Z. macrocarpa, ce 
seul caractère suflira-t-il pour élever cette plante au rang d'espèce ? 

Je sais combien il faut être réservé sur la question d'identité de deux 
espèces, tant qu'on n’a pas vu les objets eux-mêmes; je sais aussi qu’il con- 
vient de l’être encore plus lorsqu'il s’agit d'espèces créées par un de nos phy- 
tographes les plus distingués, et aux yeux duquel l’espèce doit reposer, si je ne 
me trompe, sur des caractères réels, précis, pouvant se traduire en formules 
et visibles pour tous. Aussi réduirai-je cette note à cette question adressée à 


M. Cosson: Le ZLapsana macrocarpa Coss. diffère-t-il du Z. grandiflora 
Bieb. ? k 


IV, — Sur les Conyza chilensis et diversifolia, 


Nous avons reçu à diverses époques, au Jardin-des-plantes de Toulouse, 
sous les noms de Ælumea longifolia, Conyza longifolia, C. chilensis, des 
graines qui ont toutes donné une même espèce de plante. 

En 1836, De Candolle (Prodr. t. V, p. 446) admet Zlumea longifolia DC. 
(espèce indienne), et (ibid. p. 378) Conyza chilensis Spreng., C. diversi- 
folia Weïnm., deux espèces vivaces du Chili. En 1849, ces deux dernières 
espèces sont aussi décrites comme distinctes par M. Rémy (in Gay Flora chil. 
t. IV, p. 74). Cependant Weinmann, en 1839, déclarait (in Linnæa t. XUF, 
p. 154) que son €. diversifolia, décrit par lui en 1820, n'était autre que le 


(1) Voyez le Bulletin, t, IX, p. 173 et 174. 


SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1863. 103 


C. chilensis Spreng., antérieur en date de deux ans, car c'était sur des indi- 
vidus nés de graines données par Sprengel avec la désignation €, chilensis 
qu'il avait établi son espèce. 

Or, de deux choses l’une, au les plantes qu’ont eues en vue De Candolle et 
M. Rémy, sous les noms de C. diversifolia, C. chilensis, diffèrent, soit l’une 
et l’autre, soit au moins l’une d'elles, de celles qui avaient été primitivement 
décrites sous ces dénominations ; ou ces deux phytographes auraient admis et 
décrit une même espèce sous deux noms différents : cette dernière supposition 
est d'autant moins probable, même abstraction faite du mérite des deux 
auteurs, que De Candolle dit avoir vu les deux espèces et que M. Rémy leur 
consacre une assez longue description. 

Des deux synonymes rapportés par De Candolle au €. chilensis, l’un est 
le C. procera Desf. (Cat. H. par. 1829, p. 164); mais à cette même page 
de ce Catalogue de Desfontaines, on cherche vainement un Conyza procera, 
cet autear rapportant le Dimorphanthes procera Cass. (1) au Conyza longi- 
folia H. p.; et à la p. 446 des additions de cet ouvrage, Desfontaines donne 
pour synonyme au €. longifolia H. p., le €. chilensis Link et Spreng.; 
mais ce dernier nom réclame la priorité, car c’est en 1818 que Sprengel a 
fait connaître la plante (Nov. prop. p. 14), tandis qu'on cherche en vain 
l'indication du €. longifolia dans la seconde édition du Tableau de l’école 
de botanique, par Desfontaines, en date de 1815 ; il n'apparaît que dans son 
Catalogue (ou 3° édition) de 4829. C’est donc le €. chilensis Spr. que nous 
avons reçu à diverses époques sous les trois dénominations citées au début de 
cette note. 

Weinmann dit aussi avoir reçu des graines de Conyza chilensis sous les 
noms de Ælumea insignis DC. et B. longifolia (loc. eit.). 

Le C. chilensis est tont au plus bisannuel, comme l'indique Desfontaines. 
De Candolle et M. J. Rémy disent vivaces les €. chilensis et diversifolia. 


V. — Sur l'Oxalide ecrénelée. 


On cultive dans un grand nombre de jardins, sous le nom d’Oxalis cre- 
nata, une espèce d'Oxalis à tubercules nutritifs, mais sur la synonymie de 
laquelle on est loin de s'accorder, Jacquin, et après lui Willdenow, ont 
désigné sous ce nom une plante annuelle, admise comme telle par De Candolle 
(Prodr. t, 4, p. 691). Persoon, Steudel, Poiret, Willdenow et De Candolle 
n'hésitent pas à la considérer comme l'Oxys lutea annua, floribus dentatis 
de Feuillée. Mais ce dernier botaniste, qui figure et décrit la plante, ne fait 


(4) Dans le grand Dictionnaire des sciences naturelles, t. XXV, p. 93 (année 1822), 
Cassini donne le Dimorphanthes pracera comme vivace, et ajoute: « Nous avons décrit 
» cette plante sur un individu vivant cultivé au Jardin-du-roi, où il fleurissait à la fin de 


» juillet. » 


104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


pas la plus légère mention de ses tubercules ; il lui donne même une 7'acine 
pivotante et ne figure pas la moindre tubérosité. MM. Jacques et Hérincq, 
dans leur Manuel général des plantes, inscrivent l'Oxalis crenata Jacq. avec 
l'indication vivace, Le Bon Jardinier n'hésite pas aussi à appeler Oxalis 

crenata, mais sans now d'auteur, la plante tuberculeuse, ajoutant qu'elle est 
connue au Pérou sous le nom d’Oca, et que son introduction en Angleterre 
date de 1829. En 1833, l’Aorticulteur belge donne une figure et une des- 
cription de l’Oxalis crenata D. Don mss., le disant originaire du Pérou el 
cultivé avec abondance dans les jardins des environs de Lima (p. 309, pl. 
n° 20). Bientôt après, M. Jacquin jeune, et puis encore M. Jacques, la firent 
connaître en France dans les Annales de Flore et de Pomone (année 1833-54, 
p. 240, et année 1835, p. 193). 

Or M. Weddell, dans son Voyage en Bolivie, p. 147, rapporte les Oca 
blanche et rouge du marché de la Paz à l'Oxulis tuberosa, espèce que 
Molina décrit dans son histoire du Chili, où l’on mange, dit-il, communément 
ses racines cuites. Mais, chose étrange! M. Claude Gay, qui a longtemps 
résidé dans les principales villes du Chili, se borne à dire que, n’ayant pas vu 
la plante, il est forcé de s’en tenir à la description très-courte donnée par 
Molina et par Savigny dans l'£ncyclopédie méthodique de Lamarck (Flora 
chilena, t. X, p. 436). Cependant, dès 1854, M. Hénon rappelait que l’'Oxalis, 
improprement appelé, dit-il, crenata par les horticulteurs, n’est autre que 
l'O. crassicaulis var. rubra Zucc., espèce inscrite dans le Nomenclator 
botanicus de Steudel, p. 239, comme distincte de l'O. fuberosa Mol. « Les 
habitants des Cordillères, dans la république de l’Équateur, ajoute M. Hénon, 
cultivent cette plante autour des villes, et les indigènes la ramassent dans les 
bois, où elle est spontanée, et en approvisionnent Quito. Ils la nomment Oca 
rouge (in Ann. de phys. et d'hist. nat. de Lyon, 2° sér. t. VI, p. 111). » 
Remarquez enfin que si Steudel rapporte à l'O. crassicaulis Zucc., l'O. Arra- 
catcha Hort., Sweet (Hort. brit. 3° éd. p. 123) inscrit l'O. Arracatcha G. Don 
comme synonyme de l’O. crenata Jacq. 

Quant à l’O. tuberosa Mol. est-il réellement distinct de l'O. crassicaulis ? 
C’est l'opinion de Zuccarini (voy. Ann. des sc. nat. 2° sér, t. I, p. 314), 
adoptée par M. Duchartre (in Dict. univ. d’hist. nat. 1. IX, p. 364). Mais 
ce dernier savant assigne à ces deux plantes une même patrie : Pérou et Chili. 
N'y a-t-il pas là quelque présomption pour croire à l'identité des deux ? L’O. 
crenata Jacq., Willd., Persoon, DC. est-il l’'Oxys de Feuillée, l'O. crenata 
de D. Don et des auteurs modernes, l'O. fuberosa Mol., l'O. crassicaulis 
Zucc.? - | 


M. Moquin-Tandon, pour confirmer l’opinion émise par M. Clos, 
dans sa note relative au Paronychia, dit que, parmi les plantes de 
Pourret qu'il a remarquées dans l’herbier de Poiret, il se trouveun 


SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1863. 105 


échantillon de l’//ecebrum herniarioides Pourr., plante qui est 
bien le Paronychia argentea Lam. 

M. J. Gay rappelle que l’herbier de Pourret fait partie des collec- 
tions qui ont été léguées au Muséum d'histoire naturelle de Paris 
par M. Barbier. 

M. Cosson est d’avis qu’il y a un grand inconvénient à créer des 
noms nouveaux quand la synonymie occupe déjà tant de place dans 
les ouvrages descriptifs; il ne croit pas qu’en pratique on doive 
nécessairement reprendre le nom spécifique antérieurement imposé 
à une plante, quand celle-ci a été depuis changée de genre. 

M. Moquin-Tandon (relativement à la note de M. Clos sur un 
Oxalis) dit qu’ila reçu du Pérou. de beaux tubercules rouges, qui 
appartiennent à la variété rouge de l’'U//ucus.tuberosus Lozano. 

M. Cosson (relativement à Ja note de M. Clos sur le Lapsana 
macrocarpa) fait observer qu’il wattache pas lui-même une grande 
importance à la distinction spécifique de cette plante, qui, cepen- 
dant, lui a paru différer suffisamment du L. grandiflora. I ajoute 
que, du reste, les espèces de ce groupe sont extrêmement voisines, 
et auraient besoin d’une révision monographique. 


M. Duchartre fait connaître à la Société une observation signalée 
la veille à la Société impériale et centrale d’'Horticulture : 


Il s’agit d’une variété de Topinambour, dont le tubercule est blanc, d’une 
qualité alimentaire excellente et presque égale à celle de l’Igname-de-Chine. 
Ce Topinambour, eavoyé il y a longtemps à la Société d’Horticulture, a été 
cultivé par M. Louesse, qui s’en est peu occupé pendant quinze années, et 
n’en a reconnu que dernièrement la valeur. 


MM. Roze et Bescherelle font hommage à Ja Société du cinquième 
fascicule de leurs Muscinées des environs de Paris. Dans ce fasci- 
cule se trouvent cinq espèces nouvelles pour la bryologie pari- 
sienne (à ajouter au Catalogue de M. Ém. Le Dien), savoir: les 
Dicranella cerviculata Schimp., Dicranum majus Turn., Sphag- 
num fimbriatum Wils., Sph. rigidum Schimp., et Sph. molluscum 
Bruch. ; 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


(OCTOBRE 1863.) 


N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette revue chez M. J. Rothschild, libraire 
de la Société botanique de France, rue de Buci, 44, à Paris. 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


Essai dune flore mycologique de la région de Mont- 
pellier et du Gard; observations sur les Agaricinés, suivies d’une 
énumération méthodique; par M. J. de Seynes (Thèse pour le doctorat ès- 
sciences). In-4° de 453 pages, avec cinq planches et une carte, Paris, chez 
3.-B. Baillière et fils, 1863. 


Ce travail se divise en deux parties : dans la première, composée de cinq 
chapitres, l’auteur étudie les généralités de son sujet: dans la seconde, qui 
forme le chapitre sixième de l'ouvrage, il trace une énumération méthodique 
dé la famille des Agaricinés. Daps Je premier chapitre, il fixe les limites de 
la région qu’il a étudiée, et qui sont : à l’est le Rhône, au nord la vallée du 
Chassezac et de l’Ardèche, à l’ouest la chaîne des Cévennes, au sud la vallée 
de l’Orhe; il y rappelle aussi les travaux où il est parlé des Champignons de 
celte région, et cite ceux de Magnol, Boissier de Sauyages, Gouan, Amoreux, 
Roubieu, De Candolle, Delile et Dunal, lequel à eu pour collaborateurs 
MM. F, de Girard, J,-E, Planchon et Touchy. — Le chapitre JT traite de la 
structure de l’Agaric, et en particulier de son byménium; l'auteur n’y insiste 
que sur les points qui ont été de sa part l’objet d'observations personnelles. 
1! indique l'assimilation qu’on peut faire des Sclerotium aux organes qui, chez 
les Phanérogames, tiennent lieu de véritable tige. 11 donne des détails inté- 
ressants sur le système laticifère des Agaricinés, déjà décrit par Corda dans 
l'Agaricus fœtens Pers. et par M. Hoffmaan, ainsi que sur les diverses sortes 
de poils qui recouvrent quelquefois la surface extérieure du chapeau ou du 
stipe, et contribuent alors à Jui donner une apparence particulière. Les cel- 
lules qui constituent ces poils, ainsi que les cellulés simplement épidermiques, 
contiennent des granules dont la quantité et la coloration sont sujettes à beau- 
coup de variations ; cette coloration augmente par le froid ; quant à la privation 
de lumière, elle n’exerce que peu d'influence sur la coloration des Champi- 
gnons. M. de Seynes, combattant l'hypothèse émise par Corda sur le rôle des 
cystides, ne voit dans ces cellules « que des organes revenus à des fonctions 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 107 


végétatives par une sorte d’hypertrophie du baside » ; il fait remarquer que, si 
les cystidesémettent quelquefois un liquide visqueux, comme l’a constaté Corda, 
cela s’observe chez des Champignons dont toutes les portions végétatives 
sont visqueuses, ou ont une tendance à le devenir dans les temps hunides. 
Le chapitre III traite dé la spore, de sa dissémination et de sa germination. 
L'auteur étudie ici les Ascomycètes ; il cherche comment la spore se sépare 
de la thèque, et croit trouver l'explication de ce fait dans l'hygrométricité, et 
dans un défaut d'équilibre entre la tension de l'atmosphère et celle de l’inté- 
rieur de la thèque. Chez les Basidiosporés, c’est d’une manière passive, par 
la simple chute de la spore détachée, que s’opère la dissémination ; quelque- 
fois les spores sont projetées au delà de l’aire que mesure la circonférence du 
chapeau. L'auteur traite ensuite longuement de la forme et de la coloration des 
spores, ainsi que de leur contenu huileux, qui se réunit généralement en 
deux, trois où quatre gouttelettes ; quand il n’en existe plus que deux, 
comme dans les spores des Pézizes, la limite de ces deux gouttelettes, qui se 
touchent sans se confondre, peut être prise pour une cloison développée à 
l'intérieur de la spore. I lui paraît fort probable que les substances huileuses 
des végétaux se trouvent constituées à l’état de grains d’aleurone par leur 
combinaison avec un élément albumineux. Quoi qu’il en soit de ces agglomé- 
rations, l’émulsion de l'huile se produit de nouveau au moment de la germi- 
nation. M. de Seynes à étudié avec soin et figuré les différentes phases de la 
germination du Morchella esculenta. Il a remarqué que les prolongements 
cellulaires qui naissent de la spore germante apparaissent le plns souvent sur deux 
points diamétralement opposés de ce corps. Ces prolongements sont limités par 
un contour extrêmement fin, et entourés à leur base d’une trace circulaire qui 
semble indiquer la rupture de la membrane externe. En effet, la paroi de ces 
prolongements n’absorbe pas la décoction de noix de galle placée sur le porte- 
objet, tandis que la membrane externe dé la spore se colore en noir au contact 
de cette dissolution et d’une goutte de sulfate de cuivre. L'auteur, envisageant 
surtout ce mode de germination, est disposé à admettre que la spore représente 
l'embryon des végétaux phanérogames. — Le chapitre IV traite des appareils 
multiples de reproduction chez les Flyménomycètes. Comme les faits sont peu 
nombreux dans cet ordre de considérations, l'auteur n’a pas voulu en borner 
l'étude aux seuls Agarics. Il y rapporte avec détails ses observations sur le 
polymorphisme des organes de la fructification chez le Fistulina buglossoides 
Bull., observations que nos lecteurs trouveront in extenso dans ce numéro 
même du Aulletin (4). — Le chapitre V est intitulé : Distribution géogra- 
phique; détermination des zones. M. de Seynes reconnaît une grande impor- 
tance à la fixation des zones fongines, établies par M. E. Fries. Il distingue 
dans le pays qu’il a exploré les environs immédiats de Montpellier, où se 


(4) Voyez plus haut, p. 93. 


108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


rencontrent en abondance l’Agaricus déliciosus L., sous ies Pins d’Alep, et 
l'Ag. vaginatus Bull. sous les Chênes-verts ; il cite encore, dans cette subdi- 
vision, les Agaricus crustuliniformis Bull., Ag. terreus Schæff., Ag. cali- 
gatus Viv., Ag. concolor Del., Ag. œdematopus Schæff., Ag. grammopodius 
Bull., Aydnum cinereum Bull., Peziza eximia DR. et Lév., P. leucomelas 
Pers. Une seconde zone est contenue dans les limites des montagnes siliceuses, 
où croissent les Châtaigniers, jusqu’à la hauteur où ils cessent vers 1000 mètres ; 
elle est caractérisée par l’Agaricus cœæsareus Schæff. et les Amanites, un grand 
nombre de Lactaires et de Mycènes. Enfin, en s’élevant vers les sommets les 
plus hauts des Cévennes, où se rencontrent le Pin-silvestre et le Hêtre, la 
végétation cryptogamique prend l'aspect que les flores connues attribuent à 
l'Europe septentrionale ; les Agaricus mucidus Schrad. et Ag. muscarius L. 
sont particuliers à cette zone. La région la plus importante est celle des dunes 
et des bois de Pinus Pinea qui s'étendent, entrecoupés d'’étangs, sur les 
bords de la Méditerranée ; région remarquable par une humidité et une 
chaleur constantes; elle acquiert un grand intérêt par le lien qu’elle offre 
entre la flore fongique du continent et celle d'Algérie. On y remarque les 
Gyrophragmium Delilei Mont., Montagnites Candollei Fries, Agaricus 
ammophilus DR. et Lév., Peziza ammophila DR. et Lév., etc. 

Dans l’énumération méthodique des Agarics de la région de Montpellier et 
du Gard, qui forme plus de la moitié de ce travail, M. de Seynes a suivi 
d’une manière générale M. Fries comme étant l’auteur le plus complet, mais 
sans s'attacher exclusivement ni à la méthode suivie dans le Systema ni à 
celle de l’Æpicrisis. Les Agarics sont divisés en deux groupes, Chromosport 
et Leucospori, et en quinze sous-genres. Les espèces énumérées par l’auteur 
ne sont point décrites, mais les localités et l’époque où elles croissent sont 
signalées par lui avec soin ; il fait souvent aussi à leur sujet des observations 
intéressantes que nous ne pouvons indiquer en détail. 

Dr EUGÈNE FOURNIER. 


Revue critique de la durée des plantes dans ses rap- 
ports avec la phytographie; par M. D. Clos. (Extrait des Mé- 
motres de l’Acudémie impériale des sciences de Toulouse, 6° série, t. I, 
p: 114.) Tirage à part en brochure in-8° de 56 pages. 


Ce mémoire a été lu par son auteur à l'Académie de Toulouse, le 5 février 
1863. Il est divisé en plusieurs chapitres. Dans les considérations prélimi- 
naires, M. Clos examine ce qu'il faut entendre par plante vivace, et quelle 
est la signification du mot souche; il montre que ces deux termes ont été 
diversement définis par les auteurs, et incomplétement par beaucoup d’entre 
eux ; il pense aussi qu’on devrait, pour éviter toute amphibologie, rayer de la 
science le mot souche et s'en tenir au mot rhizome. Le chapitre premier 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 109 


traite des plantes annuelles, bisannuelles, pérennantes, vivaces et ligneuses ; 
l’auteur y fait voir que les floristes et monographes ont indiqué de manières 
très-contradictoires la durée d’un grand nombre d’espèces; il distingue deux 
sortes de plantes bisannuelles, les vraies, présentant deux périodes bien mar- 
quées de végétation, l’une où les matériaux s'accumulent dans la plante, 
l'autre où ils sont dépensés pour la fructification ; et les fausses, qui germent 
à l'automne pour fleurir l’année suivante et mourir ensuite, et en réalité ne 
diffèrent pas des annuelles ; il étudie des plantes intermédiaires par leur durée 
entre les bisannuelles et les vivaces, et qu’il nomme pérennantes ou sub- 
vivaces ; d’autres intermédiaires entre les vivaces et les ligneuses et qu'il 
nomme subligneuses. Dans le groupe des vivaces, il distingue aussi les épi- 
gées ou épivivaces, conservant toujours des tiges aériennes feuillées, et les 
hypogées ou hypovivaces, dont les parties vivantes sont en hiver cachées sous 
le sol ; il en sépare encore une catégorie de plantes dont tous les organes de 
végétation se détruisent chaque année, excepté certains bourgeons chargés de 
les propager jusqu’à l’année suivante; ces plantes sont pour l’auteur des semi- 
vivaces (A/drovandia, Hydrillées, Lemnacées, Characées, Conferves, etc. ). 
Le chapitre II traite de la durée de la plante au point de vue de la classifica- 
tion ; l’auteur y admet que l’importance de ce caractère est quelquefois très- 
grande, car il peut servir, dit-il, dans l'établissement des familles ou de 
leurs tribus, des genres ou des sous-genres, des espèces, des variétés ou des 
races. Le chapitre IIT est intitulé : Divers modes de multiplication asexuelle 
des plantes vivaces, et leur division en trois groupes; on y trouve la repro- 
duction des idées émises dans les pages précédentes. Le chapitre IV est 
intitulé : Æapport de la durée avec d'autres caractères et avec les circon- 
stances extérieures; le chapitre V : Des causes qui peuvent induire en erreur 
sur la durée des plantes; enfin, le chapitre VI : Des signes propres à repré- 
senter la durée des plantes, auxquels l’auteur ajoute quelques modifications, 
exprimées par des prépositions suivies des signes généralement employés, et 
qui désignent les divers états qu'il a distingués dans la vie des plantes. 
E. F. 


Étude sur Pespèce à Poccasion dune révision de la 
famille des Cuputifères: par M. Alph. De Candolle (Bibliothèque 
universelle de Genève, archives des sciences physiques et naturelles, 
livraison de novembre 1862). Tirage à part en brochure in-8° de 68 pages. 


En étudiant pour le seizième volume du Prodromus la vaste famille des 
Cupulifères, M. De Candolle, profitant des immenses matériaux mis à sa dis- 
position pour ce sujet, a eu l'idée de faire une étude sur l'espèce, envisagée 
spécialement dans cette famille. 11 a dans ce but groupé les formes qui se 
rapprochaient le plus, sans se laisser préoccuper par l'opinion des auteurs ni 


410 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


par les noms qui se trouvent dans les herbiers; ces groupes une fois con- 
stitués, il a étudié les variations et les analogies des échantillons qui les com- 
posaient. Il à constaté un grand nombre de variations intéressantes offertes 
par les divers organes portés sur un même rameau, dans la longueur des 
pétioles, qui s’élève d’un à trois; dans la forme du limbe, qui passe fré- 
quemment d’une ellipse à une ellipse allongée, à la forme ovée ou obovée, 
avec toutes les transitions intermédiaires ; dans les lobes et les dentelures du 
limbe, qui sont très-inégales sur la même feuille et à plus forte raison sur des 
feuilles différentes de la même branche, qui sont mutiques ou mucronéés, ete. ; 
dans la terminaison comme aussi dans la base du limbe, qui sont pareil- 
lement aiguës ou obtuses ; dans la vestiture des feuilles, lesquelles, presque 
toujours pubescentes en dessous, surtout dans leur jeunesse, paraissent 
devenir glabres en veillissant; dans les bractées, qui varient de forme et de 
longueur ; dans le périgone des fleurs mâles, dont les lobes sont plus ou 
moins profonds, plus ou moins nombreux, aigus ou obtus, sur le même chaton; 
dans le mode d’adhérence de ces fleurs, qui sont tantôt sessiles, tantôt pédicellées 
sur le Quercus rubra L. ; dans le nombre des élamines ; dans ces organes eux- 
mêmes, qui sont mucronés ou non mucronés ; dans la longueur des pédoncules 
fructifères ; dans le nombre des fruits ; dans la forme de la cupule, dont l’arrêt 
de développement est très-fréquent et cause des formes irrégulières décrites 
par quelques auteurs comme régulières; dans le renflement du dos des 
écailles; dans la direction de ces dernières, qui, toujours dressées et im- 
briquées à l’origine, divergent plus tard et s’étalent ou même se recourbent ; 
dans la désinence de ces mêmes écailles, qui quelquefois s’allongent en 
lanières, tandis que d'autres appartenant à la même cupule gardent la forme 
ordinaire ; dans la longueur du gland évaluée relativement à celle de la 
cupule ; dans la durée des feuilles, qui varie quelquefois d’une année à l’au- 
tre, pour le même arbre, suivant les conditions de chaque saison. Après 
cette longue étude des variations, l’auteur énumère les caractères qu’il n’a 
jamais vus se modifier sur leur même branche, dans les Quercus et genres 
voisins, et qui sont la grandeur des stipules, leur pubescence ainsi que celle 
des anthères, la nervation du limbe, la forme de la cupule dans sa partie 
supérieure et sa grandeur, l’époque de maturation du fruit et la position 
des ovules avortés dans le fruit mûr. Après avoir constaté, par des een- 
taines d'échantillons, la variabilité ou la fixité de ces caractères, l’auteur a 
formé deux ordres de groupes : le degré supérieur établi par des carac- 
tères constants qui ne présentent pas de transitions d’un individu à un autre, 
correspondant à l’idée d'espèce, et le degré inférieur consistant en types 
caractérisés par des modifications diverses qui se rencontrent parfois sur lés 
mêmes rameaux, types qu’il appelle des variétés, et qui se rattachent au groupe 
du degré supérieur, 11 est à remarquer que les espèces les mieux connues se 
trouvent être celles qui ont le plus de variétés et de sous-variétés spontanées. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 411 


M. De Candolle reconnaît qu’on peut adresser deux objections à la marche 
qu’il à suivié pour constituer les variétés et les espèces : la première, c’est 
qu’il y a peut-être, dans les formes servant de transition entre ses variétés, des 
hybrides provenant de deux espèces, ce qui est bien difficile à éclaircir; la 
seconde, plüs générale, porte sur l’absence presque complète d'observations 
relatives à l’hérédité des formes dans les Chênes et genres voisins, Sur ce point, 
l'auteur fait observer que l’hérédité est un attribut des races aussi bien que 
des espèces, et rappelle à ce sujet que le peuple juif possède une certaine 
configuration héréditaire. 

Lé deuxième paragraphe du travail de M. De Candolle est intitulé : 
Observations et conjectures sur l'histoire et l’origine des formes des Cupu 
lifères. I jette d’abord un coup d’æil rapide sur la distribution géographique 
actuelle de ces plantes et étudie ensuite ce qu’on peut savoir sur les muta- 
tions de leurs aires. Celle du Quercus Cerris est, dit-il, en voie de diminution, 
car elle présenté des lacunes qu’on ne. peut expliquer autrement; au con- 
traire, lé Hêtre prospèré de. plus en plus, et envahit les forêts du, Danemark 
et de l'Allemagne, où il se substitue aux Conifères, au Bouleau et même au 
Chêne. D'autre part, la Variation fréqtiente des formes sur le mêmé individu 
et la disparition possible de certaines variétés qui relient les formes d’une 
même espèce, font penser à l’auteur que dans l’avenir on devra constater un 
plus grand nombre de types distincts qu’on n’en trouve aujourd’hui dans la 
nature. 

Étudiant de plus près les migrations des espèces, M. De Candolle montre 
que le Hêtre offre une extension croissante vers l’ouest, fort bien constatée 
par M. Vaupell. S'il existé en Corse et en Sicile, c’est qu'il s’y est introduit 
à une époque pendant laquelle ces îles étaient contiguës ävec d’autres terres 
situées plus au nord. Enfin la présence du Hêtre sur les hauteurs des Pyré- 
nées, dé la Corse, de l’Etna et des Apénnins prouve qu’il a été jadis répandu 
dans les régions intermédiaires. M. J.-D. Hooker à fait valoir des consi- 
dérations analogues relativement au Cèdre du Liban. L'auteur en applique 
de semblables au Châtaignier, qui ne se trouve pas en Algérie, évidemment 
parce qu'à l'époque où il s’est répandu dans l’Europe méridionale, il existait 
déjà un bras de mer qüi l’a empêché de s'étendre sur le continent africain. 1 
se rencontre dans l’Europe et l'Asie occidentale, aux États-Unis, en Chine et au 
Japon. L'auteur entre dans des détails analogues pour le Quercus Robur L., 
plus ancien en Europe que le Hêtre et le Châtaignier, et pour le Quercus 
Ilex, plus ancien encore, car il existe en Algérie comme en Europe, et l’on a 
retrouvé ses feuilles dans les tufs modernes de Lipari ; on rencontre aussi en 
Asié des formes extrêmement voisines du @. /lex, ainsi que dans les États- 
Unis et au Mexique. 

En terminant ces considérations, l’auteur reconnaît qu’il y à des probabi= 
lités én faveur de la modification lente de certaines formes, et de la création 


112 SOCIÉTÉ : BOTANIQUE DE FRANCE. 


de variétés héréditaires. Gela le conduit à parler du système de M. Ch. 
Darwin, et à l’apprécier. On voit qu’il est disposé à distinguer la théorie elle- 
même de l’auteur des démonstrations et des déductions au moyen desquelles 
celui-ci a cherché à l’établir, et qu’il n’admet pas volontiers l'influence attribuée 
par M: Darwin à la sélection. naturelle. | rappelle que depuis les anciens 
Hébreux, Grecs et Romains, les hommes de la race blanche ont bien lutté, 
soit individuellement, soit collectivement, et que nonobstant on ne peut pas 
dire qu'il y ait une différence évidente entre les modernes et les anciens soit 
pour la beauté physique, soit pour la force ou la santé. 

Le travail de M. De Candolle se termine par le résumé des principales 


opinions qu'il y à soutenues. 
E. F. 


BOTANIQUE DESCRIPTIVE. 


Mémoire sur les Loranthacées; par M. H. Baillon (Adansonia, 
livr. de juillet et août 1862). Tirage à part en brochure in-8° de 51 pages. 


L'auteur examine successivement, dans ce travail, la structure florale des 
Myzodendron, Arjona, Quinchamalium, Santalum , Thesium, Stolidia, 
Lavallea,, Henslowia,. Exocarpos, Cansjera, Anthobolus, Viscum, et de 
quelques autres plantes appartenant à différentes familles (Santalacées, Lirios- 
mées, Olacinées, Myzodendrées, Opiliées, Cansjérées, Anthobolées, Loran- 
thacées), qu'il réunit sous le nom d’ordre des Loranthacées. 

On sait que l'ovaire adhérent des Myzodendron est partagé à sa base en 
trois, loges incomplètes et entouré d’un bourrelet saillant. M. J.-D. Hooker a 
regardé ce bourrelet comme la portion supérieure libre, mais très-courte, 
d’un calice soudé plus bas avec le pistil. Pour M. Baillon, cet organe n’est 
qu'un épaississement de l’axe pédonculaire, analoguëé au calicode des Santa- 
lacées; il se développe tardivement, après l'apparition des ovules. Quant aux 
cloisons incomplètes, elles sont pour lui de nature axile, et tiennent à un iné- 
gal accroissement des différentes portions du réceptacle. — L’ovaire de l’Ar- 
Jona tuberosa Gav. occupe également la concavité d’un réceptacle en forme 
de bourse, dont le bord s’épaissit à un certain âge en un bourrelet charnu. 
Mais l'Arjona possède une fleur. hermaphrodite et périanthée, tandis que 
celle, du Myzodendron est unisexuée et nue. Le Quinchamalium. est très- 
voisin de l’Arjona et pourrait lui être réuni; son ovaire présente trois cloi- 
sons incomplètes alternant avec les ovules, comme dans les genres précé- 
dents. — L'enveloppe florale unique des Arjona et des Quinchamalium est 
une corolle, parce que toutes les pièces de ce verticille se développent simul- 
tanément. L'auteur étend cette interprétation aux fleurs des Cornées, Ampé- 
lidées, Santalacées et Loranthacées; rappelant que M. Miers l'avait déjà adoptée 
pour les Olacinées, et M. Alph. de Candolle pour les Santalacées, M. Baillon 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 113 


a étudié l’organogénie du Santalum album sur des rameaux de tout âge 
recueillis dans l’Inde, aux environs de Bombay, et arrivés à Paris trois mois 
après, parfaitement conservés dans l’alcool. Il à confirmé par ses propres 
recherches l’évolution du sac embryonnaire du Santalum, décrite il y a une 
trentaine d'années par Griffith. Continuant ses études par l’examen des 7he- 
stum, il y a constaté, comme sur le Santalum, l'apparition simultanée des 
folioles périgoniales, ainsi que sur les C'horetrum, les Myoschilos, les Lepto- 
meria, les Olax à fleurs distiques, les Groutia du Sénégal, l'Opilia acuminata 
Wall. et les Zeptonium qui sont congénères. 

Il donne ensuite des détails sur le calicode, regardé par queiques bota- 
nistes comme un calice, et qui n’est qu’un épatement pédonculaire, lequel se 
remarque dans la plupart des familles étudiées dans ce mémoire. Quelquefois 
il existe plusieurs bourrelets semblables, ce que l’on voit nettement, dit 
l’auteur, dans le jeune fruit de l’Anacolosa Pervilleana, espèce de Madagas- 
car. Poursuivant les considérations qu’il vient de présenter sur l’asépalie, 
M. Baïillon arrive à regarder comme asépales, non-seulement les Monotropa, 
mais une partie des Rubiacées et la plupart des Synanthérées, Dipsacées et 
Valérianées. Selon lui, la portion adhérente du calice n’a jamais existé dans 
les genres Galium, Asperula, Rubia. Les six folioles qui se trouvent en 
dehors de la corolle du Sherardia pourraient bien n’être, dit-il, que deux 
bractées opposées, accompagnées chacune de leurs stipules latérales. Les col- 
lerettes qui entourent la corolle des Patrinia, des Valeriana, des Centran- 
thus et des Fedia, et qui sont parfois décomposées en un grand nombre de 
languettes, sont encore pour lui des bourrelets pédonculaires analogues à ceux 
des Loranthacées. 

M. Baillon décrit ensuite deux nouveaux genres : Stolidia et Lavallea. Le 
Stolidia (St. Mauritiana H. Bn) est fondé pour des plantes rapportées de l’île 
Maurice par Commerson ; il se distingue dans les Olacinées par sa corolle à 
préfloraison imbriquée. Le genre Lavallea (L. philippinensis H. Bn, Cum. 
exsicec, n° 848; L.zeylanica H. Bn, Thw. exsice. n° 1237), est une Santalacée 
à fleur pentamère complète. L'auteur montre plus loin les rapports étroits qui 
unissent les Santalacées aux Olacinées. Les Sfrombosia peuvent être définis 
des Lavallea à ovaire supère, et les Æenslowia des Lavallea asépales. 
L’Henslowia heterantha appartient bien à ce dernier genre. Il s'occupe 
ensuite des £'xocarpos, au sujet de l'ovaire desquels M. De Candolle était 
demeuré dans une grande indécision ; M. Baillon considère comme des sacs 
embryonnaires de longues cellules qui se développent au fond de la loge ova- 
rienne, se dégageant du centre d’autres cellules basiliaires qui forment un 
ovule dressé et réduit au nucelle. Ces sacs embryonnaires s’allongent de 
bonne heure par leur partie supérieure, et chacun d’eux constitue ainsi un 
grand poil creux qui s’insinue de bas en haut dans l'orifice supérieur de 
V'ovaire ; c'est dans son extrémité supérieure que l'embryon se forme. — Le 


A1 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


genre Cansjera ne diffère des Opilia que par un caractère de minithe valeur; 
la forme du réceptacle floral. Les Opilia, et par conséquent les Groutia, ont 
aussi le gynécée des Cansjéra. = L'organisation du Zepionurus silvestris 
BL. est encore très-analogue. = Les Anthobolus, malgré leurs grandes offi- 
nités avec les Zxocarpos, qui les rattachent aux Santalacées, sont intime- 
ment unis aux Loranthacées. Leur ovaire se compose en effet d’une paroi 
épaisse renfermant une cavité centrale de la base de laquelle naît, dans un 
bouton très-jeune, un petit mamelon conique formé dé cellules lâchement 
unies et plus allongées dans le sens vertical que transversalement, M. Baillon 
signale l’analogie de la fleur femelle de l’Anthobolus avéc « le prétendu ovule 
nu des Conifères ». L'auteur discute ensuite les différentes opinions produites 
sur la structure de l'ovaire du Gui ; il se range à celle de M; Hofmeister. 
: E, F. 


De l'étude spécifique dun genre Æubus; par M. l'abbé Cha- 
boisseau. (Extrait du Congrès scientifique de France, 28° session, t. IUT). 
Tirage à part en brochure in-8° de 44 pages. Bordeaux, 1863. 


Ce travail débute par quelques considérations générales sur l'espèce, dans 
lesquelles l’auteur se montre également éloigné des restrictions de l’école lin- 
néenne et-des exagérations de l’école nouvelle, et qu'il applique surtout à 
l’étude des genres difficiles, A cet égard, il faut, dit-il, avec des moyens arti- 
ficiels, il est vrai, mais sagement calculés et mûrement réfléchis, arriver à un 
arrangement systématique qui puisse, à défaut de certitude absolue, donner 
une certitude morale de la bonté de l’espèce. Étudiant les moyens qui. per- 
mettent d'arriver à cette certitude morale, il signale en premier lieu le factes, 
ensemble des signes qui manifestent l’espèce, sorte de miroir fidèle où se 
reflètent les différences intimes et cachées des espèces voisines; en second 
lieu, la diffusion géographique et géologique de l’espèce, et enfin les carac- 
tères que Fries appelait caractères biologiques, c’est-à-dire l'attitude de la 
plante, son mode de croissance, l’époque de floraison, etc. 

L'auteur arrive ensuite à l'application des principes qu’il a posés, et à la 
description des espèces. Son but est seulement de prouver qu’il en existe 
d'excellentes dans le genre Rubus, mais non de faire une monographie com- 
plète, ni même une flore locale. Il déerit à ce point de vue quinze espèces du 
genre, pour lesquelles il a souvent adopté des noms récents dont il était cer- 
tain, sans faire pour le moment des recherches synonymiques qui eussent 
nécessité une grande dépense de temps ; ce sont les suivantes : Æubus divari- 
catus Ph. Muell., 2. nitidus W. et N., 2. fallax Chab. et Ph, Muell., Z. 
discolor W. et N., À. Phyllostachys Ph. Muell., Z. septorum Ph. Muell., 
R. vestitus W, et N., R. Chaboissœæi Ph. Muell, À. Genevieri Bor., 
R. discerptus Ph. Muell., À. bicolor Ph. Muell. et Chab. (sp. nov.), À. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE: 415 


adenoleucus Chab. (2. serpens Godr. pro parte), 2. Æolandrei Ph. Muell., 
(R. Wahlbergii Godr. et Bor.). 2, éhamnocharis Ph, Muell., et À, cæsius L, 
La description de ces quinze espèces est précédée d’un tableau dichotomique 
qui conduit à leur détermination. ; 

Dans un troisième chapitre, l’auteur passe à l'examen des caractères des 
Rubus, et examine successivement le turiop, la tige florifère, la fructification 
et l’habitat, Le turion présente sept Caractères étudiés successivement par 
l’auteur : la direction, l’angulation, les aiguillons, les glandes, les feuilles, les 
pétioles et les stipules; la tige florifère en présente sept autres : les rameaux, 
les feuilles, l’inflorescence, les sépales, les pétales, les organes sexuels et 
l’époque de floraison ; la fructification cinq : l'attitude du calice fructifère, 
les carpelles, le réceptacle, les akènes et l’époque de maturation. 

De toutes les considérations qu’il a émises ressort évidemment, pour l’au- 
teur, que l’on peut baser la distinction des espèces sur des caractères véri- 


tables, pourvu qu’on ne sorte pas d’une sage réserve, 
Ë. F. 


Quatre mémoires; par M. Ch. Des Moulins. (Extrait des Actes de la 
Société Linnéenne de Bordeaux, t. XXIV, 2° livraison.) Tirage à part en 
brochure in-8° réunissant les quatre mémoires chaéün avéc uné pagination 
distincte, Bordeaux, 10 novembre 1862. 


Les mémoires compris dans cette publication sont intitulés : Aufonomie 
réelle du genre Schufa Spach ; Notes sur une publication récente de M. D. 
Clos; Vrilles de la Vigne-vierge ; et Vites boreali-americane. 

Le premier de ces mémoires a pour objet de rétablir le genre Schufia Spach 
qui n’a pas été adopté, et qu'Endlicher a considéré comme une simple sec- 
tion du genre Æuchsia. M. Spach n'a pas décrit les fruits, qui mûrissent 
rarement en France, et que M. Des Moulins a observés. Il copie la descrip- 
tion donnée du genre Schufia par M. Lemaire dans la Æ#lore des Serres, en 
1848, et publie ensuite la sienne; on y remarque que la préfloraison est 
valvaire; et que les graines sont triangulaires-arrondies, aiguës à la base. 
— Le genre Schufia est d’ailleurs caractérisé par son inflorescedce terminale 
trichotome, et contient aujourd’hui deux espèces: Schufia arborescens et 
Seh. macropetala (Fuchsia macropetala Presl). 

La publication de M. Clos, dont parle M. Des Moulias, «est intitulée : £ssar 
sur la végétation d'Ussat (Ariége) ; elle a paru dens le tome 1° de la Revue 
des sociétés savantes (sciences mathématiques, physiques et naturelles). 11 y 
-st question d’une galle du Pistacia Terebinthus ressemblant à de larges 
siliques terminées en pointe, que M. Glos à trouvée aux environs de Cahors, 
et que M. Des Moulins possède récoltée au sommet du Puy d’Issolu (Corrèze). 
Le Musée de la Faculté de médecine de Paris renferme aussi des échantillons 
de cette galle; elle est produite par l'Aphis Terebinthi, M. Des Moulins montre 


116 SOCIÉËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


qu’elle provient de la transformation d’un bourgeon. Il donne ensuite quel- 
ques détails sur les galles semi-lunaires portées par les folioles du même Pis- 
tacia. Puis il s'occupe de quelques pélories de Linaire, et de la ques- 
tion si controversée de l'influence chimique du sol sur la végétation, à propos 
du sol sur lequel croît naturellement le Pteris aquilina. 

Le quatrième mémoire de M. Des Moulins est intitulé : Vote sur une pro- 
priété singuliere des vrilles de la Vigne-vierge (Ampelopsis quinquefolia 
Mich.). Il a remarqué depuis longtemps que cette Ampélidée adhère aux 
hautes murailles sur lesquelles elle s'élève par le moyen de ses vrilles ; ces 
organes sont pour cela modifiés, raccourcis, épaissis en formé de griffe pin- 
vatifide et plus ou moins régulière, dont chaque doigt se termine comme 
celui d’une rainette, et, au lieu d’ongle, par une pelote charnue de suçoirs 
apparemment visqueux, qui se colle à la pierre et s’insinue entre les molécules 
de sa surface avec une si vigoureuse ténacité, que, lorsqu'on arrache la griffe, 
ce n’est pas la pelotte qui reste adhérente au mur, mais bien une petite quan- 
tité de détritus de la pierre calcaire qui restent inséparablement adhérents à 
la pelote arrachée. M. Des Moulins ajoute que ces organes ont été nettement 
appréciés par MM. Asa Gray et Chapman, et qu’ils ne se développent pas 
constamment. Des croquis dus à M. Lespinasse, et intercalés dans le texte, 
représentent différents états des vrilles étudiées par l’auteur. 

Enfin le fascicule est clos par une monographie des Vignes de l'Amérique 
du nord, rédigée par M. Elias Durand, et précédée d’une introduction due à 
M. Ch. Des Moulins. Dans l'introduction, le président de la Société Linnéenne 
de Bordeaux expose l'intérêt qui s'attache à l'étude des Vignes américaines, 
qui passent pour plus vigoureuses que nos cépages attaqués par une maladie 
funeste, et qui pourraient peut-être les remplacer dans certaines localités. 11 
rappelle que, depuis les travaux de Rafinesque, le major Leconte a publié en 
1853, dans les Proceedings de l’Académie de Philadelphie, une monographie 
des Vignes américaines, dans laquelle il a admis, selon M. Durand, un trop 
grand nombre d'espèces ; il signale aussi les publications qui ont été faites 
l’année dernière, dans le Bulletin de la Société d'Acclimatation, par M. Du- 
rand lui-même, au sujet du parti qu’on pourrait tirer en France des cépages 
américains. M. Des Moulins fait ensuite connaître ce que lui a appris la cor- 
respondance d'un savant cryptogamiste américain, M. Ch. Sprague, touchant 
les parasites des Vignes des États-Unis, auxquels les botanistes américains 
n'ont jusqu’à présent reconnu aucune influence fâcheuse. M. Des Moulins fait 
ensuite une analyse sommaire de l’ouvrage de M. Robert Buchanan, intitulé : 
The culture ofthe grape, and wine-making (Culture de la Vigne et fabrica- 
tion des vins), d’après la neuvième édition. M. Des Moulins conclut de cette 
analyse qu’il n’existe pas de différences très-considérables entre la moyenne 
du climat des États-Unis e1 la moyenne du climat de l'Europe vinicole, non 
plus qu'entre l'ensemble des méthodes de culture qui réussissent aux États- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 417 


Unis et l’ensemble de celles qui réussissent en Europe, ni par conséquent 
entre la nature, le tempérament, l’idiosyncrasie, en un mot, des Vignes amé- 
ricaines et des Vignes européennes; on peut donc, dit-il, en général, et avec 
de bonnes chances de succès, cultiver au moins certains cépages américains 
en Europe. — Enfin M. Des Moulins expose les variations de la classification 
générique des Ampélidées américaines ; il soutient que le genre Cissus doit 
être maintenu et que le genre A mpelopsis ne doit pas l’être. 

La monographie de M. Durand admet le seul genre Viéis, divisé en VITES 
VERÆ (V. Labrusca L., æstivalis Mich., caribæa DC., candicans Engelm., 
californica Benth., cordifolia Mich., rotundifolia Mich., rupestris Scheele, 
monticola Buckl., Lincecumii Buckl.) ; et PSEUDOVITES (V. indivisa Pers, 
incisa Nutt., acida L., bipinnata Torr. et Gray, hederacea Willd.). Cette 
deuxième section répond au genre C'issus. M. Durand ajoute des détails sur les 
applications économiques des diverses races fournies par ces espèces, et 
M. Des Moulins indique quels noms botaniques doivent porter, suivant lui, 
les espèces de la deuxième section, qu'il fait rentrer dans le genre Cissus. 

E. F. 


BOTANIQUE APPLIQUÉE. 


Le Jardin fruitier du Muséum, ou /conographie de toutes les 
espèces et variétés d'arbres fruitiers cultivés dans cet établissement, avec 
leur description, leur histoire, leur synonymie, etc.; par J. Decaisne 
(a° vol., livr. 42-48). Paris, 1860-61. Chez Firmin Didot frères, fils et 
Ce, rue Jacob, 56. 


Nous continuerons de faire connaître les variétés de fruits décrites par 
M. Decaisne, en suivant l’ordre des livraisons de son magnifique ouvrage. 

b2° livraison. — Poire Petit-Oin : fruit d'automne, moyen, maliforme 
ou turbiné, obtus, à peau jaune ou jaune verdâtre, parsemée de points et de 
quelques taches fauves, quelquefois légèrement teintée de rose au soleil ; à 
queue droite ou un peu courbée ; à chair blanchâtre, fondante, sucrée-acidu- 
lée, relevée. — P. bronzée : fruit d'hiver, gros ou moyen, oblong ou pres- 
que cylindrique, obtus aux deux extrémités, à peau jaunâtre, presque tota- 
lement recouverte de taches olivâtres ou bronzées, lisses ou finement 
réticulées ; à pédoncule court, renflé et charnu à son insertion sur le fruit ; à 
chair ferme, sucrée-acidulée, parfumée, fenouillée. — P. Cornemuse : fruit 
d'été, petit, allongé, à peau jaune, lisse, presque dépourvue de points, ou 
Mi-partie jaune et rouge-brillant ; à queue se continuant avec le fruit, remar- 
quablement charnue et toujours accompagnée de plis circulaires, droite ou 
arquée ; à chair blanchâtre, ferme, demi-cassante, très-sucrée, fort agréable. 
— P. Moiré : fruit d'automne, piriforme, ventru et turbiné ; à peau jaune, 
parsemée de points et de nombreuses taches ferrugineuses ; pédoncule situé 


118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


à fleur de fruit ou légèrement enfoncé, cylindrique et charnu ; chair très- 
fondante, sucrée-acidulée, parfumée. 

h3° livraison. — Poire Nouveau-Poiteau : fruit d'automne, gros ou 
très-gros, oblong, à peau vert-olivâtre, presque complétement recouverte de 
taches fauves, gercées ou rudes ; à queue de longueur variable, droite ou 
oblique, souvent insérée en dehors de l'axe du fruit; à chair verdâtre, 
remarquablement fine, fondante, très-juteuse, mais peu relevée. — P. Orange- 
rouge : fruit d'été, moyen, arrondi ou turbiné, vert-pâle ou jaunâtre à 
l'ombre, lavé de rouge-laqueux au soleil ; à queue assez grosse, plus ou moins 
enfoncée dans le fruit et entourée de petites protubérances ; à chair demi- 
cassante, sucrée, parfurnée. — P. Goubault : fruit de fin d'été, moyen, arrondi 
ou maliforme, déprimé aux deux extrémités, vert-pâle ou vert-jaunâtre, lisse; 
à queue droite, légèrement enfoncée ; à chair très-fine, juteuse, parfumée. 
= P. Sixe : fruit d'automne, vert, lisse, arrondi ou ovale, aminci du côté 
de la queue, qui est droite ou arquée, renflée et accompagnée d’une tache 
brune à son insertion ; à chair verdâtre, très-fine, fondante, très-juteuse, 
sucrée, peu relevée. 

Lu° livraison. — Poire É‘pine d'été : fruit d'été, moyen ou petit, turbiné, 
à queue droite ou un peu oblique ; à peau verte ou vert-jaunâtre, fine, par- 
semée de très-petits points olivâtres et ordinairement dépourvue de taches ; 
à chair blanche, fondante, très-juteuse et musquée. — P. Louis-Philippe : 
fruit de fin d'automne, gros, oblong ou piriforme ; à peau terne, jaune-pâle 
ou légèrement olivâtre, parsemée de gros points et de taches fauves un peu 
rudes ; œil grand, à fleur de fruit ; chair blanchâtre et ordinairement assez 
sèche. — Fraisier de Bargemon (Fragaria Majaufea Duch., F. Hagen- 
bachiana Koch) : fruit petit, arrondi, rouge, violet-vif du côté du soleil, 
jaune-verdâtre lavé de violet du côté de l'ombre; chair très-pleine, verdâtre, 
fondante, ayant beaucoup de rapport avec celle du Brugnon, très-juteuse, d'une 
saveur analogue à celle de la Framboise. La description de cette espèce est 
accompagnée d’une note de M. J. Gay, lequel, revenant sur une opinion for- 
mulée antérieurement par lui, dit qu’il soupçonne très-fortement le Fragaria 
Hagenbachiana de n'être qu’un hybride des F. vesca et F. collina: — Fraisier 
du Chili (Fragaria chilensis Duch.): fruit dressé, très-gros, en formé de 
cône obtus ; peau luisante, d’un rose jaunâtre, pâle du côté de l'ombre et d’un 
rose assez vif du côté du soleil ; graines brunes , grosses et saillantes ; chair 
légère, assez juteuse, peu sucrée et peu parfumée (1). 

45° livraison. — Poire Angleterre d'hiver : fruit d'hiver, piriforme, 
ventru, à peau vert-pâle ou vert-jaunâtre, parsemée de gros points et de 
taches où de marbrures fauves ; à queue de longueur variable, arquée, insé- 
rée à fleur de fruit; à chair cassante, juteuse, sucrée; fruit à cuire. — 


(1) Les Fraisiers ont été traités par Mme L. Vilmorin, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1419 


P. Franc-Réal: fruit d'hiver, moyen, arrondi, vert-jaunâtre, terne, par- 
semé de gros points et taché de brun autour de la queue et de l'œil ; à queue 
légèrement renflée aux deux extrémités, placée à fleur de fruit; à chair cas- 
sante ou demi-cassante, sucrée ; fruit à cuire. — 2. de Saint-Lézin : fruit 
d'automne, allongé, à queue assez longue, arquée, insérée en dehors de l'axe 
du fruit; à peau un peu rude, terne, jaune-olivâtre, parsemée de nombreux 
points fauves ; à chair blanchâtre, cassante, peu juteuse, — P, Audibert : 
fruit d'hiver, turbiné ou arrondi, légèrement bosselé; à peau lisse, vert- 
jaunâtre, légèrement lavée de rouge du côté du soleil, parsemée de très-petits 
points fauves ; à queue droite, renflée à son insertion sur le fruit; à chair 
blanche, cassante, sucrée, peu parfumée ; fruit à cuire. 

L6° livraison. — Poire Calebasse : fruit d'automne, allongé ou oblong, 
obtus, bosselé, à queue droite ou oblique, plus ou moins épaisse ; à peau 
lisse, d’abord jaune-olivâtre, passant au jaune-ferrugineux à la maturité; à 
chair demi-fondante ou cassante, légèrement parfumée. — P. Sarrazin : 
fruit d'hiver, piriforme, moyen ou petit ; à peau jaune-ocreux, lavée de 
rouge du côté du soleil, parsemée de petits points bruns; à queue droite ou 
arquée, assez épaisse et renflée à son insertion sur le fruit; à chair cassante, 
acidulée-sucrée. — P. des Invalides: fruit d'hiver, piriforme-oblong, moyen, 
déprimé ou arrondi ; à queue droite ou oblique, grêle ou charnue, enfoncée 
daos le fruit, qui présente ordinairement de ce côté de grosses protubérances ; 
à peau vert-jaunâtre, lisse, parsemée de petits points ; à chair blanche, cas- 
sante, sucrée ; fruit à cuire. — P. Sucré-vert : fruit d'automne, moyen ou 
petit, turbiné, à queue droite ou oblique, placée à fleur de fruit; à peau 
toute verte, lisse, parsemée de très-petits points, ordinairement dépourvue 
de marbrures; à chair verdâtre à la circonférence, fondante, sucrée, par- 
fumée. 

7° livraison. — Poire Willermoz : fruit de fin d'automne ou d'hiver ; 
gros, piriforme, souvent un peu bosselé, à peau jaune, légèrement lavée de 
rose du côté du soleil, parsemée de points fauves ; à pédoncule renflé et 
plissé à son insertion sur le fruit; à chair cassante où demi-cassante, peu 
juteuse et peu parfumée. — P. Œuf-de-Cygne : fruit d'hiver, moyen, 
arropdi ou ovoïde, légèrement déprimé aux deux extrémités ; à peau jaune- 
verdâtre ou jaune-indien, lavée ou faiblement flagellée de rouge-brique du 
côté du soleil, parsémée de nombreux points bruns ; à chair blanche, ferme, 
assez juteuse et un peu musquée. — P. de Saint-Gall: fruit d'hiver, oblong, 
aplati ou déprimé aux deux extrémités ; à peau terne, bronzée ou plus ou 
moins teintée de brun-violâtre, parsemée de petits points et de marbrures 
fauves ; à qüeue longue , grêle, cylindrique ; à chair cassante, jaunâtre, peu 
juteuse et sucrée; fruit à cuire. — ?,; PBonne-Malénoise : fruit de fin d’au- 
tomne, moyen, turbiné, obtus ou arrondi ; à peau de couleur jaune-olivâtre, 
parsemée de gros points et de nombreuses marbrures ferrugineuses un peu 


490 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


rondes ; à queue arquée, ordinairement insérée dans une légère dépression 
irrégulière ; à chair très-fine, fondante, parfumée. 

L8° livraison, — Poire Suzette de Bavay : fruit d'hiver, moyen, arrondi, 
présentant ordinairement des protubérances autour de l’œil; à queue droite, 
grêle, légèrement enfoncée dans le fruit ; à peau lisse, jaune, unicolore ou 
faiblement lavée de rouge au soleil, marquée de quelques petites taches 
fauves ; à chair ferme ou demi-cassante, sucrée, peu parfumée. — ?. Æspe- 
ren : fruit d'hiver, moyen ou gros, arrondi ou déprimé; à queue droite ou 
arquée, cylindracée, brune ; à peau jaune ou jaune-verdâtre, terne, parsemée 
de gros points fauves et souvent marquée de taches brunes autour du pédon- 
cule; à chair blanche, très-fine, fondante, très-juteuse et parfumée. — 
P. Mansuette : fruit d'hiver, gros, piriforme-ventru ou turbiné, irrégulier, à 
peau jauuâtre, terne, parsemée de gros points ainsi que de marbrures brunes; 
à queue droite ou oblique, renflée et plissée à sôn insertion sur le fruit; à 
chair cassante, sucrée, peu parfumée ; fruit à compote. — P, de Dame : 
fruit d'automne, turbiné, arrondi, moyen ; à queue longue, droite, cylindra- 
cée; à peau lisse, verte ou vert-jaunâtre, parsemée de petits points bruns ; à 
chair blanche, d'apparence grossière, peu juteuse et peu parfumée. 

Ce volume se termine par la liste synonymique des fruits publiés en 1860 


dans le Jardin fruitier. 


NOUVELLES. 


— M. Virlet d’Aoust, ingénieur des mines, a récolté au Mexique, dans la 
province de San Luis de Potosi, en 1851, des collections de plantes qui sont 
actuellement étudiées pour être prochainement distribuées en centuries et 
mises en vente. Ces collections sont particulièrement riches en Fougères et en 
Composées. 

— M. Eugène Simon a fait connaître dernièrement, dans le Bulletin de 
la Société d’'Acclimatation, une nouvelle espèce de Pin, originaire des 
montagnes du Thibet, et nommé en Chine Pei-Go-Song. Le tronc et les 
branches en sont d’un blanc d'argent éclatant. Les Chinois recueillent avec 
soin l’écorce qui s’en détache, la pulvérisent, et, en la mélangeant avec de 
l'huile, en font un onguent qu'ils emploient contre les maladies de la peau. 

— La culture du Quinquina a été essayée par les Anglais dans l’Inde, non- 
seulement dans les Nilgerries, comme nous l'avons fait connaître il y a plu- 
sieurs mois, mais encore à Darjeeling, station située non loin de la haute 
chaîne de l'Himalaya et sur les monts Khasia. 


— On s’occupe au Canada de cultiver diverses espèces d’Asclepias, dans 


l'espoir d’en extraire une matière textile qui puisse suppléer au défaut du 
colon. 


Paris. — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2. 


SOCIÈTÉ BOTANIQUE 
| DE FRANCE 


SÉANCE DU 13 MARS 1863. 


PRÉSIDENCE DE M. E. COSSON. 


M. Eug. Fournier, secrétaire , donne lecture du procès-verbal de 
la séance du 27 février, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le 
Président proclame l’admission de : 


M. Pesry-RémonD, à Porchéfontaine près Versailles, présenté par 
MM. Guilloteaux-Vatel et Chatin. 


M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. 
Lecture est donnée d’une lettre de M. Vénance Payot, quiremercie 
la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. 


Dons faits à la Société : 


4° De la part de M. Vénance Payot : 


Guide du botaniste au Jardin de la Mer-de-glace, 
Végétation de la région des neiges. 


Catalogue phytostatique des plantes cryptogames cellulaires, ou Guide 
du lichénographe au Mont-Blanc. 


Catalogue des Fougères, Préles et Lijcopodiacées des environs du 
Mont-Blanc. 


Observations météorologiques faites à C hamonix. 


2° De la part de M. D. Clos : 


Catalogue des graines du Jardin-des-plantes de Toulouse, 1862, 
+ L 9 


122 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
3° De la part de M. Ferdinand Cobn : 


Berichte ueber die Verhandlungen der botanischen Section des Schle- 
sischen Vereins in den Jahren 1858, 1859 und 1860. 

Bericht ueber die Thœtigkeit der: botanischen Section des Sehlesischen 
Vereins im Jahre 1861. 


k° De la part de M. Carrière : 
Réfutation de divers articles de M. Guyot sur la culture de la Vigne. 


5 De la part de M. le docteur Schultz-Bipontinus : 
Achtzehnter und neunzehnter Jahresbericht der Pollichia. 


6° De la part de la Société d’Horticulture de la Haute-Garonne : 
Annales de cette Société, novembre 1862. 


7° En échange du Bulletin de la Société : 


Linnæa, Journal fuer die Botanik, t. XV, livr. 3, 5 et 6. 

Flora oder allgemeine botanische Zeitung, 1862, n°° 1 à 10 et 29 à 37. 

Botunische Zeitung, 1861, 4° trimestre; 1862, 1% et 4° trimestres. 

Pharmaceutical journal and transactions, mars 1862. 

Bulletin de la Société impériale zoologique d’Acclimatation, jan- 
vier 1863. 

Annuaire de la Société impériale zoologique d’Acclimatation, 1863. 

L'Institut, mars 1863, deux numéros. 


M. Duchartre présente à la Société des cônes de Sequoia Eat 
et donne à ce sujet les détails suivants : 


PRÉSENTATION DE CONES DE SEQUOIA GIGANTEA Endl., par M. P. DUCHARTRE. 


J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société des cônes de Sequoia 
gigantea Eudl. ( Wellingtonia gigantea Lindl.) qui ont été produits dans les 
belles plantations de M. de Vibraye. Il y a fort peu de temps que ce bel arbre, 
le géant des végétaux connus, a développé pour la première fois sa fructification 
en France ; malheureusement le développement en a été imparfait cette fois 
encore, puisque sur trente-neuf cônes femelles il n’y a eu qu’un seul chaton 
mâle qui soit arrivé à l’état parfait et qui ait donné du pollen. Ce chaton mâle 
s'étant trouvé sur l'arbre notablement plus bas que les fleurs femelles, la 
fécondation n’a pas eu lieu ; aussi j'ai pu m'’assurer qu'aucune graine ne ren- 
ferme d'embryon. Les cônes n’ont pas d’ailleurs atteint les proportions aux- 
quelles ils arrivent dans le pays natal de l’arbre, car, au lieu de 6 ou 7 centi- 
mètres de longueur, ils n’en ont pas plus de 3 à 4, Leur production a eu lieu 
sur un arbre encore bien jeune, puisque l'espèce n’a été introduite qu’en 


SÈANCE DU 43 mars 1863, 198 


1854 en Angleterre par le voyageur-botaniste Lobb,; et l’année suivanté en 
France par M. Boursier de la Rivière, consul de France en Californie. Tout 
porte à croire que cet arbre fructifiera désormais annuellement, et que, sans 
doute, produisant un nombre de plus en plus considérable de fleurs mâles, il 
ne tardera pas à féconder ses fleurs femelles et à donner, par suite, de bonnes 
graines. Il n’est peut-être pas inutile de faire observer que le Sequoia 
gigantea, dont on à trouvé des pieds hauts de 400 et même 420 pieds anglais 
(126 et 432 m.), hauteur à laquelle n'arrive aucun autre végétal connu, a des 
graines longues à peine de 3 ou 4 millimètres et qu’il fructifié même très-peu 
abondamment à l’état spontané. Aussi raconte-t-on que M. William Murray 
qui, en 4859, fit un voyage dans le but unique de se procurer des graines de 
cet arbre, ayant employé pendant plusieurs journées un excellent chasseur à 
tirer des coups de fusil pour en abattre des cônes, ne parvint à s’en procurer 
par ce moyen qu’une quantité qui, selon son expression, serait entrée sans 
peine dans la poche d’un gilet. 

On n’a connu pendant plusieurs années qu’une seule localité où existât, en 
Californie, le Sequoia gigantea. Elle est située à la source des rivières Sta- 
nislas ét San-Antonio, par 122° 30’ de longitude occidentale (méridien de 
Paris) et 38° de latitude nord, à une altitude de 4500 pieds atiglais, c’est- 
à-dire 1417 mètres au-dessus du niveau de l'Océan. Cette espèce Ÿ forme un 
petit bois nommé dans le pays C'alaveros grove, et que les Anglais ont appelé, 
depuis sa découverte, Mammoth-tree grove, ou bois des arbres géants. On y 
comptait, il y a deux ans, 92 de ces arbres. Ge bois et les arbres qui le for- 
ment ont été visités et décrits plusieurs fois. Il y a peu d’années qu’on en à 
découvert deux autres bois plus considérables : l’un à Mariposa, l’autre à 
Fresco; le premier comprend 400 arbres, tandis qu’on en compte environ 
600 dans le second. — Les proportions moyennes des Sequoia yigantea qui 
existent dans ces trois localités sont une hauteur de 100 mètres et une circon- 
férence de 30 mètres au niveau du sol. L'énorme trone de ces arbres s’élance 
en colonne nue jusqu'aux deux tiers environ de leur hauteur totale, ou jusqu’à 
66-70 mètres environ. IL est bon de dire que, même dans son jeune âge, 
cette Conifère se fait remarquer par l'épaisseur considérable qu'a son tronc 
relativement à sa hauteur. 


M. Duchartré entretient ensuite la Société de quelques phéno- 
mênes que présente la floraison forcée du Lilas blanc, et des résultats 
qu'a donnés une expérience pratiquée, sur ses indications, par 
M. Fournier, jardinier au château de Rocquencourt (Seine-et-Oise). 

À la suite de cette communication, plusieurs membres proposent 
diverses hypothèses pour expliquer la non-coloration des fleurs du 
Lilas forcé en hiver. 


494 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. Chatin est disposé à admettre que la rapidité du dévelop- 
pement des fleurs ést une des principales causes de l’absence de 
coloration. 

M. Ramond demande si la température élevée de la serre ne serait 
pas plutôt la seule cause de la non-coloration. 

M. Duchartre fait remarquer que l’on ne parvient jamais à 
blanchir le Lilas-de-Perse, non plus que le Lilas-Saugé, et que 
l’action des agents extérieurs, quelle qu’elle soit, n’est pas la même 
sur les diverses espèces ou variétés de Syringa. Répondant à 
M. Ramond, il dit qu’ordinairement on ne voit guère, chez les 
végétaux, la chaleur s'opposer au développement d’un principe 
colorant, et que d’ailleurs la température ne s’est pas élevée à plus 
de 45 degrés dans l'expérience dont il vient de parler. Il ajoute qu’il 
n’a jamais vu de Lilas ordinaires dont les fleurs développées en 
serre fussent colorées. 

M. Cosson dit que l’un des moyens d’éclaircir cette question serait 
peut-être d’essayer de blanchir le Lilas vers l’époque ordinaire de 
sa floraison. 

M. J. de Seynes dit qu’il a vu dans une mine, à 80 mètres de 
profondeur, un Agaric coloré en brun; il se demande si lab- 
sence d'ozone ne serait pas une des causes de l’absence de colo- 
ration. 


M. Bureau, vice-secrétaire, donne lecture de la communication 
suivante, adressée à la Société : 


LE CAREX NITIDA Host EST-IL SYNONYME DU CAREX OBESA Al, 
par M, J, DUVAL-JOUVE, 


(Strasbourg, 14 février 1863.) 


À la description de son n° 74, Carex verna, Schkuhr ajoute: « Peut-être 
» pourrait-on lui rapporter les synonymes suivants : 

» C. filiformis, var. y Leers Herborn. p. 204. Scheuchz. p. 428. 

» C. obesa AN. FT. ped. n° 2330. Hall. Hist. n° 4387. » 

Le premier synonyme a été souvent reproduit, et, à ma connaissance du 
moius, sans aucune expression ni aucun signe de doute. Et pourtant il est 
entièrement fautif. Leers a réuni sous ce nom f/iformis (qu’il rapportait à 
tort au même nom linnéen) trois « variétés », qui sont trois espèces dis- 
tinctes, très-reconnaissables toutes trois aux excellentes figures qu’il en à 
données (pl. XVE, fig, 5, I, IT, III), et à ses descriptions assez complètes. La 


SÉANCE DU 13 MARS 1863. 495 


var. à minor, fig. 5, I, est le C’. præcoz; la var. G major, fig. 5, III, est le 
C. polyrrhiza, et la var. y media, fig. 5, IT, est le C. pilulifera. Leers dit 
positivement, dans la description générale de son espèce, « capsulæ subhirtæ », 
p. 2014, et si la présence des mots nitida et duplo majores, dans ce qu’il 
dit de la var. y, a pu faire illusion, c’est qu’on n’a pas suffisamment remarqué 
que ces mots sont destinés à décrire, non la forme normale, mais un état 
maladif auquel est sujet le €. pèlulifera. Voici le texte de Leers : « Var. y... 
» Capsulæ in hac sæpe ustilagineæ, globosæ, crusta cinerea, nitida, induratæ, 
» duplo majores. » M. Godron a signalé lui-même une des plus singulières 
déformations que la présencé d’un Uredo détermine fréquemment sur cette 
espèce, qu’elle rend méconnaissable (#7; de Fr. IN, p. 41h). 

Le doute n’est donc pas permis sur l'erreur commise par Kunth (Cyp. 
p. Ah5). Mais cette erreur en engendre une autre, celle du synonyme de 
Scheuchzer, p, 428, et de celui de Haller, n° 1387; car c’est précisément 
Leers qui a rapporté ces deux synonymes à sa var. y, p. 200, en affectant, 
il est vrai, celui de Haller d’un?. Et ce sont à leur tour ces deux synonymes 
fautifs qui amènent chez Schkubr la citation fautive du synonyme d’Allioni. 
En effet, ce dernier auteur, donnant à un certain Carex le nom obæsa (sic), 
n’ajoute à ce nom aucune description propre, et cite seulement les phrases de 
Haller, n° 1387, et de Scheuchzer, p. 428. 

Ainsi Schkuhr a cité par erreur le Carex filiformis y de Leers; celui-ci 
rattachait à sa plante les numéros de Haller et de Scheuchzer, et, comme ces 
numéros constituaient toute la diagnose du Carex obesa AÏL, ils ont néces- 
sairement altéré chez Schkubr et ses reproducteurs la citation de ce dernier 
synonyme ; le tout repose donc sur la méprise de Schkuhr. 

Reste à voir si par hasard, au-dessous de cette méprise, subsisterait un 
élément de vérité, savoir : 

1° Si les synonymes de Haller et de Scheuchzer se rapportent à une même 
espèce ; 

2° Si cette espèce est bien le Carex nitida Most, fauquel cas, malgré 
l'excellence de la figure et de la description de cet auteur, le nom imposé 
par lui devrait disparaître devant la priorité de celui d’Allioni. 

Or, 1° que Haller aît voulu comprendre sous son n° 14387, Carexæ spicis 
femininis sessilibus, ternis, capsulis ovato-triquetris, la plante décrite à la 
P. 428 de Scheuchzer, Cyperoides alpinum pumilum, spicis spadiceo- 
viridibus brevioribus et crassioribus, c'est ce que met hors de tout doute la 
synonymie affirmée par Haller, dans son £num. stirp. Helv. p. 238, n° 18, 
dans son ist. stirp. Helv. n° 1387, et plus expressément encore dans son 
Append. in Jos. Scheuchzeri agrostographiam, p. 33. De plus, les traits 
principaux des brèves descriptions de Haller (Ænum. p. 238, et Hist. n° 1387) 
concordent assez bien avec ceux de la longue et minutieuse description de 
Scheuchzer, et, comme le fils de Schenchzer avait mis l’herbier de son père 


126 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


à la disposition de Haller (Append. p. 38), il y a tout lieu de croire que 
les deux botanistes suisses ont eu en vue la même plante. 

2 Mais que cette plante soit le Carexæ nitida Host, c'est ce à quoi s'oppo- 
sent l'habitat et surtout les principaux caractères que lui attribuent ses 
auteurs. L'un et l’autre en effet lui donnent le vaste habitat d'une espèce 
répandue « in alpibus helveticis » ; ce que dément Gaudin en combattant le 
nom Carex alpestris Lam.: « Nomen C. alpestris nequaquam tolerandum 
» est cum planta non taotum nusquam in alpibus, sed ne quidem locis mon- 
» anis occurrit. » (Agrost. II, p. 163.) Si la seconde partie de cette assertion 
est un peu trop exclusive, la première est complétement confirmée par tout 
ce que Host, Koch et M. Godron allèguent sur l'habitat de cette espèce. 
Mais il y a plus, Scheuchzer et Haller disent positivement qu’au-dessous de 
l'épi mâle s'en trouve un second, ou entièrement mâle, « adjacet exigua 
» alia », ou au moins mâle au sommet, « aut pleramnque partem cassa et flori- 
« fera » (Scheuchz. p. 429). Scheuchzer dit de la gaîne de l’épi femelle infé- 
rieur ? «aut nulla aut vix semilinearis », et de celle de l'épi femelle supérieur : 
« vaginula, veluti truncata, atro-fusca, in folium angustissimum, lineam 
» unam longum abiens » (p. 429) ; il dit enfin des utricules : « Utriculus viri- 
» descens, compressiusculus et obscure triqueter, utrinque paulisper mucro- 
» natus », et de l'akène : « semen ejusdem cum utriculo figuræ » (p. 430). 11 
est impussible de reconnaître là les gros utricules trigones (« fructibus subro- 
» tundo-ovatis » Kunth; « capsulis subglobosis » Host) du Carez nitida Host, 
ses bractées engaînantes, son épi mâle unique, etc. Mais on y reconnaît très- 
bien avec Gaudin une petite forme alpine du Carex vulgaris Fries, eu comme 
Schleicher et Gaudin, qui avaient consulté l’herbier de Scheuchrer, ont donné 
le nom de Carezx obesa au Carex vulgaris Fries (voy. Gaudin, Agrost, helv. 
II, p. 120, et Kunth, Cyp. p. 411), que, de plus, Schleicher faisait con- 
trôler ses plantes à Turin et qu’il a distribué le C’, vulgaris Fries sous le nom 
de C. obesa Al, il y a, à mon avis, toute raison de croire qu’en effet le 
C. obesa AÏl. se rapporte à une forme alpine du €”. vulgaris et n’a rien de 
commun avec le C. nitida Host. 

La vérification sur l'herbier d’Allioni du type correspondant à son Carex 
obesa ferait disparaître tout doute ; malheureusement elle n’est plus possible. 
J'avais prié M. Aug. Gras de vouloir bien faire cette vérification, et, par sa 
lettre du 8 janvier dernier, notre savant confrère me fait connaître que l’her- 
bier d’Allioni, après avoir appartenu à M. Bonnafous, est aujourd’hui possédé 
par la Société d'agriculture de Turin et déposé au jardin botanique de l'Uni- 
versité, mais non sans avoir jadis subi de coupables soustractions, et que, 
notamment, rien n’y représente le Carex obesa de l’auteur piémontais. 
M. Aug. Gras ajoute qu'il a herborisé, rapidement il est vrai, dans la localité 
classique d’Allioni sans y rencontrer le Carex nitida Host, assez répandu 
d'ailleurs dans la plaine et sur les collines des environs de Turin ; que G.-F. 


SÉANCE DU 13 Mars 1863. 497 


Re mentionne le Carex nitida Host sans parler du Carex obesa Al, que 
Balbis ne le mentionne pas davantagé, et que dans l'herbier de Balbis, non 
plus que dans celui du jardin botanique de Turin, rien ne représente le Carex 
obesa Al]. 

Le vrai nom princeps du C. nétida Host, c’ést-à-dire celui sous lequel il a 
été, POUR LA PREMIÈRE FOIS, désigné et distingué, date de 1789; c'est 
celui de €. alpestris Lam. (£ncycl. méth. XIT, p. 369) (1); malheureuse- 
ment ce même nom avait été, dès 1785, employé par Allioni pour désigner 
l’éspèce qu’en 1779 Asso avait déjà appelée Carex Halleriana. Le nom Carex 
verna donné par Schkubr (avec d'assez mauvaises figures, contre son habi- 
tude) ést de 1801, comme celui de Host, mais ne peut non plus être con- 
sérvé, Car il avait été employé, dès 1787, par Villars (Dauph. 11, p. 204) 
pour désigner le Carex præcox Jacq., et en 1789 par Lamarck (Æncycl. 
méêth. XII, p. 395) pour désigner par sa var. à le Caréx stricta (test. DC. 
FT. fr. ANT, p. 114), et par sa var. y le Carex glauca (test. DC. op. c. 
p. 120). Ainsi le nom de Host, Carex nitida, devient le plus ancien qui n'ait 
pas été donné à un autre Carex (2), et doit par conséquent être conservé. Il 
me semble que la synonymie peut être établie ainsi qu'il suit : 


1801: CAREX NiTiDA Host, Gram. austr. 1, p. 53, tab. 71. 

1787. ?C. globularis Vi. Dauph. IX, p. 211 (test. Godron), non L. 

1789. C. alpestris Lam. Encycl. méth. HI, p. 369 (non All.). 

1804. €: verna Schkubr n° 74, tab. I, fig. 46 mala, tab. Ppp, fig. 156, et 
tab. Ffff, fig. 189 non bona (non Vill., nec Lam. et exel. omn. 
synon. ), 

1804. €. liparicarpos Gaud. Etr. de flore, p. 153. 

1855. C, obæwsa Goûr. F1. de Fr. NII, p. 409 (non All). 


M: Bureau présente ensuite à la Société un manuscrit en langue 
birmane, écrit sur des lamés de feuilles d’un Palmier (Borassus 
flabelliformis L.). 1 donne à ce sujet lecture de l'extrait suivant 
d’une lettre qu’il a reçue de son frère, à qui appartient ce manuscrit 


1) D’après M. Godron (F1. de Fr. t. NI, p. 409), ce serait le nom Carex globularis 
Vill. (Dauph. t. T1, p. 211). Mais, outre que ce nom avait été déjà employé par Linné, 
la description de Villars: « Épis hérissés par les écailles et par les capsules pointues,.… 
» épi mâle très-petit, court, filiforme, ne portant que quatre ou cinq écailles brunes, » 
défend d'y voir cette espèce « à écailles femelles plus courtes que les fruits... à 
» utricules ovoïdes brusquement contractés en un bec court, arrondi au sommet » 
(Godr. FL. de Fr. t; II, p. 409), alors même que quelque méprise en eût placé un 
échantillon avec ce nom dans l’herbier de Villars, 

(2) Toutefois il est juste de dire que Hoppe avait employé cet adjectif pour désigner 
le Carex mucronata Al. (Bot. Tasch. 4800, p. 498); mais l’auteur lui-même corrigea 
aussitôt son erreur, et ce nom, qui n’acquit aucune notoriété, ne fut pas même cité par 
Hoppe dans son Caricologia germanica, 


198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


et qui a séjourné longtemps dans l'Inde, dont il a étudié avec 
beaucoup de soin les divers idiomes : 


EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. Léon BUREAU, secrétaire de Ja Société académique 
de Nantes, A M, ÉDOUARD BUREAU. 


Nantes, 140 mars 1863. 


Le Palmier dont les feuilles servent à former les manuscrits, est connu 
vulgairement dans l'Inde sous le nom de Æondier-Loutar : c’est le Borassus 
flabelliformis de Linné. Un faisceau de feuilles palmées couronne sa tige, qui 
s'élève de 40 mètres environ. On prétend qu'il ne donne qu’une seule fois dans 
sa vie des fruits qu’on appelle /ongues. Son bois a une belle couleur noire 
veinée de jaune ; on le cultive plutôt pour recueillir la liqueur qui découle de 
ses spathes, et dont on se sert comme boisson, que pour ses feuilles, qui sont 
cependant d’un grand usage, soit pour écrire, soit pour confectionner des 
éventails. 

Quand on se sert de cette feuille pour écrire , on la sépare en lames aux- 
quelles, dans l'Inde, on donne le nom d’olles ; aussi ce genre de manuscrits 
est-il connu sous le nom de manuscrits sur olles. Ces manuscrits sont extrê- 
mement communs dans le sud de l’Inde, principalement à la côte de Coro- 
mandel, Dans les environs de Pondichéry, tous les Indiens écrivent sur olles, 
et les minutes des commissariats de police tenues par les indigènes sont 
presque toutes écrites ainsi. Ceci n'empêche pas l’usage du papier, mais ce 
dernier est d’introduction relativement récente. 

Il n'existe peut-être pas de manuscrits sur olles d’une grande antiquité, 
car, ainsi que la Société botanique peut en juger par l’exemplaire qu’elle a 
sous les yeux, ce genre de manuscrits est fragile et sujet à être dévoré par les 
insectes; mais il y a tout lieu de croire que l’on écrit sur olles depuis très- 
longtemps. Dans tous les cas, les livrés sur olles sont beaucoup plus anciens 
que les autres, qui ne sont la plupart dw temps que des copies dont les origi- 
naux sont sur feuilles de Æ#ondier. 

La langue que l’on écrit ainsi à la côte de Coromandel est le tamoul, dont 
les caractères arrondis sont faciles à tracer au poinçon. 

A Ceylan, on écrit beaucoup sur olles le cinghalais, qui est la langue 
dominante de l’île, et le pali, qui est la langue sacrée des bouddhistes. 

Les livres ordinaires des Birmans, comme ceux des Hindous, sont com- 
posés de feuilles de Æondier, sur lesquelles les lettres sont gravées au burin, 
mais les Birmans surpassent de beaucoup les Hindous pour la netteté et l’or- 
nement de l’ouvrage. Il y a, dans chaque monastère bouddhique, un dépôt de 
ces livres, conservés ordinairement dans des boîtes de laque. 

Les livres en caractères palis (le pali est la langue sacrée des bouddhistes 


SÉANCE DU 13 Mars 1863. 129 


de l'empire birman et de Siam, comme de ceux de Cevlan) sont quelquefois 
faits de minces filaments de Bambou, artistement tressés et vernis, de manière 
à former une feuille solide, unie et aussi grande qu'on le veut. Cette feuille 
est ensuite dorée, et l’on y trace les lettres sacrées en noir et en beau vernis 
du Japon. La marge est ornée de guirlandes et de figures en or sur un fond 
rouge, vert ou noir, 

La bibliothèque impériale de Paris possède plusieurs beaux exemplaires de 
manuscrits palis sur olles et sur feuilles artificielles. 

Deux mots maintenant sur la manière d'écrire sur les olles. 

Le Rondier-Loutar est le seul Palmier qui soit employé à cet usage, du 
moins je n’en ai jamais vu employer d’autre et je n’ai jamais entendu dire, 
ni lu dans aucun auteur, qu’on se servit parfois des feuilles d’une espèce dif- 
férente. 

L'Indien qui écrit tient l’olle dans nne main et trace de l’autre main les 
caractères à l'aide d’un poinçon. On passe ensuite du noir sur ces caractères 
pour les faire mieux ressortir. J'ai vu souvent se servir à cet effet d’une 
feuille de Bananier froissée entre les doigts, avec laquelle on frottait l’olle. 

Les feuilles du Zorassus ne subissent aucune préparation ; on les laisse 
sécher naturellement. Elles sont plus lisses, plus fermes et d’une couleur plus 
également jaune à Ceylan et dans la presqu'île au delà du Gange que dans 
l'Inde même. 

Les livres tamouls sont souvent enfilés dans deux cordes, une à chaque 
extrémité, au lieu d’être serrées entre deux planchettes comme l’est mon 
manuscrit birman. On voit aussi deux petits trous dans chaque feuille de ce 
manuscrit : ils servaient à passer deux baguettes de bois pour empêcher les 
feuilles de se déplacer et pour les mieux aligner en refermant le volume. 

Je n’ai jamais entendu dire que l’on écrivit sur des-écorces d'arbres, ni 
daus l’Inde, ni dans l’empire birman, à Siam ou dans les pays voisins. Je 
crois même pouvoir affirmer le contraire. ‘ 


M. Duchartre rappelle qu’à l'Exposition universelle de 1855, les 
produits de l’île de Ceylan étaient munis d'étiquettes faites de 
feuilles de Borassus flabelliformis. 


MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, 
adressées à la Société : 


NOTE DE M, Vénance PAYOT, 
(Chamonix, 26 février 1863.) 


Mon premier devoir, en exprimant à la Société botanique de France ma 
reconnaissance pour la faveur qu’elle m'a accordée en m’admettant au nombre 


130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de ses membres, est de lui communiquer une rectification à mon Cata-, 
logue des Fougères, Prêles et Lycopodiacées des environs du Mont-Blanc, 
publié en 1860. 

Depuis la publication de cette brochure, j'ai eu l'avantage d'entretenir 
d'agréables rélations avec le savant monographe M. le docteur Milde (de 
Breslau), qui a bien voulu m'éclairer de ses lumières. 

Dans mon travail (p. 15), j'ai dédié à mon savant ami de Genève, M. Reu- 
ter, un Botrychium qui doit être rapporté au 2. matricarifolium À. Br. 
(B. rutaceum des auteurs). 

Quant au Potrychium rutifolium À. Br. (B. matricarioides Willd.), j'ai 
eu l'heureuse chance de lé recueillir de nouveau le 28 octobre 1862, non 
loin de la localité que j'ai indiquée dans mon Catalogue (p. 16). Cette éspèce 
est donc acquise à la flore de France. 

Je dois mentionner aussi deux variétés nouvelles qui ne figurent pas dans 
mon Catalogue des Lichens des environs du Mont-Blanc (1). Ce sont les 
Cetraria aculeata Schær. var. erinacea Nob. et Cetraria islandica Ach. var, 
hypoleuca Nob. J'en donnerai la description dans une prochaine édition de 
mon Catalogue, qui contiendra un nombre presque double d'espèces ou de 
variétés inédites. 

Je términe celte note en signalant à l'attention des bryologues deux nou- 
velles espèces de Mousses trouvées dans le rayon de mes explorations scien- 
tifiques autour de la chaîne du Mont-Blanc (dont les limites sont tracées sur 
une carte qui accompagne mon Catalogue des Fougères): Ge sont les Didy- 
modon denticulatus Schimp. in lit. 1862, et Brachythecium Payotianum 
Schimp. in litt. 1862. Le célèbre professeur de Strasbourg les décrira dans 
la nouvelle édition de son Synopsis, à laquelle il travaille, et je ne puis 
mieux faire que de céder la plume à l’éminent bryologue. 


DIANTHUS DELTOIDI-SILVATICUS. — NOTE SUR UN HYBRIDE ENTRE LE D. DELTOIDES L. 
ÊT LE D. SILVATICOUS Hoppe, Godr. ét Gren., par M. HN. LOREM, 


L 


(Montpellier, 27 février 1863.) 


Encore une nouveauté, penseront avec un peu d'humeur peut-être quelques 
botanistes absorbés par l'étude de l'organisation intime des plantes, et qui n’ont 
ni le temps, ni l'occasion de rechercher les formes inconnues que la nature à 
produites. Eh! mon Dieu, oui, encore une nouveauté, et il y en a certes bien 
d'autres que nous serions heureux de connaître, car nous ne nous croirons 
jamais trop riches, même lorsqu'il nous restera à peine le temps d’inventorier 


(1) Publié dans les Bulletins de la Société des sciences nalurelles du canion de 
Vaud, n° 47, 


SÉANCE DU 43 mars 1868. 131 


nos richesses. Il est facile, nous l’avouons, de prendre le change, et l'imagi- 
nation, même dans les sciences, a le triste privilége de faire couler beauconp 
d'encre sans que nous en soyons, hélas ! plus éclairés. Qu'on se garde donc 
d'écrire sans une conviction profonde et qui ait pour base des données cer- 
taines ; personne plus que nous ne forme ce souhait, La prudence et la 
réserve sont plus que jamais commandées, aujourd'hui qu'une déplorable 
superfétation a envahi la nomenclature ; mais est-ce une raison pour s'arrêter 
quand la science marche, et serait-il plus sage de se taire quand on se croit 
certain d’avoir rencontré une prodaction inconnue ou que personne n’a 
mentionnée ? La plante que nous avons à signaler nous paraît être de ce 
nombre, et c’est une de celles qui offrent avec évidence toutes les conditions 
de l’hybridité. Dans les genres à espèces intimement unies, comme les Dian- 
thus, ces formes adultérines perdent en partie par la dessiccation leur cachet 
distinctif ; mais, étudiées vivantes au milieu des espèces génératrices, elles 
décèlent souvent leur origine au botaniste même le moins exercé. 

L’hybride dont nous parlons s’est montré à nous en juillet 1862, à Saint- 
Agrève (Ardèche) (1200 m. d'’alt.). Il végète au milieu d’un nombre considé- 
rable de 2. silvaticus, et non loin du 2. deltoides qui abonde également 
dans les mêmes prairies. La situation respective des trois plantes, autant que 
la distribution des caractères, nous a convaincu qu'il a pour mère le D. sil- 
vaticus, au pied duquel ont germé les graines hybridées, et que le pollen, 
transporté sans doute par les insectes, a été fourni par le D, deltoides. 

Persuadé qu'il est inutile de décrire, comme on décrit les espèces, des 
hybrides qui disparaissent souvent sans retour, nous nous contenterons de 
mentionner ici les notes différentielles qui séparent le nôtre de ses ascen- 
dants, Quoiqu'il ait plus spécialement le facies du 2. silvatieus qui l'entoure, 
on l'en distingue de prime abord par une couleur glauque qu'il doit évidem- 
ment à l'influence paternelle, et par les dimensions moindres de presque tons 
ses organes. Les écailles calicinales sont elliptiques et moins brusquement 
acuminées, le tube du calice est bien plus court, les pétales, de moitié plus 
petits, sont denticulés et jamais profondément découpés, etc. Il diffère du 
D. deltoides par les organes de végétation plus développés, sa tige glabre et 
plus dressée, son calice brun olivâtre plus gros, les pétales à limbe arrondi, 
les fleurs un peu fasciculées, ete. 

Il est remarquable surtout par deux caractères qui, tout en faisant défaut 
dans les espèces légitimes, contribuent néanmoins à en confirmer le croise- 
ment. Ses étamines, en effet, sont constamment rudimentaires; elles sem- 
blent même tout d'abord manquer entièrement, car les anthères, dépourvues 
de pollen bien conformé, reposent sur un filet extrêmement court au fond 
de la corolle, au lieu d’en couronner la gorge comme à l'ordinaire. 

L'autre phénomène différentiel est offert par la corolle, dont les pétales sont 
toujours relevés en entonnoir et ne s’étalent point horizontalement comme 


h 


4132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ceux des parents (1). Quelle explication plausible donner de ce fait? Si Dieu 
eût créé un OEillet en associant, pour former la corolle, les petits pétales du 
D. deltoides aux onglets résistants du D. silvaticus, il nous paraît probable 
que l'épanouissement complet d’une pareille fleur eût été fort difficile ; aussi 
nous a-t-il semblé naturel d'attribuer le phénomène en question à l’union 
accidentelle de l’onglet large et fort du 2. silvaticus avec un limbe de petite 
dimension dû à l'influence du 2. deltoides. Quoi qu'il en soit, l’état des étamines 
contribue puissamment à démontrer l’hybridité de notre plante, et l’impossi- 
bilité qu'éprouve la corolle à s’ouvrir complétement, loin d’infirmer cette 
hybridité, nous paraît propre au contraire à la mieux établir. 

Nous croyons, en terminant, ‘devoir parler d’une plante dont l’hybridité est 
moins certaine pour nous que celle du 2. deltoidi-silvaticus, mais à la 
formation de laquelle le 2. deltoides semble avoir concouru en remplissant 
un rôle analogue à celui que nous venons de lui assigner. 

Le A août 4853, nous trouvàmes sur un petit rocher de Gavarnie, au 
milieu des Dianthus monspessulanus et deltoides, une forme qui avait plu- 
sieurs Caractères du premier, mais qui nous sembla trop éloignée du second 
pour y voir avec certitude un hybride de ces deux espèces. La plante mysté- 
rieuse paraissait refléter plus sensiblement, avec l'influence du 2. monspes- 
sulanus, celle du 2. superbus, dont elle semblait être d’abord comme un 
diminutif; mais une pareille hybridation n’était point admissible, car le 
D. superbus ne se montrait là nulle part. D'ailleurs, comment admettre un 
croisement entre ces deux espèces, puisque la dernière, au même lieu et à la 
même altitude, est en retard de près d’un mois sur sa congénère, quoique 
cértaines flores leur assignent à tort la même époque de floraison ? 

Le 2 août 1860, nous retrouvâmes confondus sur le même rocher les 
D. monspessulanus et deltoides, mais la forme qui nous avait embarrassé sept 
ans auparavant ne s’y retrouvait plus, circonstance, pour le dire en passant, 
qui nous parut militer en faveur de la présomption d’hybridité. Cette plante, 
que nous avions recueillie en 1853, est dans notre herbier toujours innommée. 
Nous n’hésiterions point à l'appeler aujourd’hui D. deltoidi-monspessulanus, 
si nous ne savions combien a été nuisible souvent la confusion d’une simple 
probabilité avec la certitude qui seule peut autoriser l'introduction d’un 
nouveau nom dans la science. Toutefois, en voyant, d’une part, le rôle que 
vient de jouer le 2. deltoides daus un cas analogue ; en nous rappelant, d’un 
autre côté, la disparition du Dianthus de Gavarnie, dont les parents présumés 
occupent toujours le même rocher, nous espérons que de nouveaux faits 


viendront confirmer tôt ou tard nos présomptions relativement à l’hybridité 
de cette plante. 


(1) Nous avons observé ce contraste plusieurs fois sur place, et, chaque jour, sur 
riotre fenêtre, dans un vasè où rious avions réuni ces trois plantes. 


SÉANCE DU 27 Mars 1863. 133 
A en juger par le D. deltoidi-silvaticus de Saint-Agrève, dont l’hybridité 
nous est démontrée, le 2. deltoides est une de ces plantes dont l’action, dans 
le croisement, est moins énergique et moins évidente que celle de leur congé- 
nère. En effet, dans les deux cas d’hybridité, l’un incontestable, l’autre 
problématique, dont nous avons parlé, les Dianthus monspessulanus et silva- 
ticus nous semblent révéler, pour ainsi dire, une certaine supériorité de tem- 
pérament relativement au D. deltoides. L'action de celui-ci a été généralement 
moins sensible; son pollen n’a modifié que faiblement l’ovule fécondé, et la 
plante hybridée a conservé une ressemblance plus marquée avec le porte- 
graine. 


SÉANCE DU 27 MARS 1863. 


PRÉSIDENCE DE M. E. COSSON, 


M. Éd. Bureau, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal 
de la séance du 13 mars, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le 
Président proclame l'admission de : 


MM. BreLay (Ernest), propriétaire, à Bougival (Seine-et-Oise), 
présenté par MM. Guilloteaux-Vatel ct Oudinet ; 
GuiLLoTEAUx (Joannès), banquier, rue de Trévise, 32, à 
Paris, présenté par MM. Guilloteaux-Vatel et Oudinet. 


M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation, et 
fait part à la Société de la perte regrettable qu’elle vient de faire 
dans la personne de M. l'abbé Dænen, décédé à Dreux le 8 de ce 
mois. À cette occasion, M. le Président s’exprime en ces termes : 


Messieurs, 

J'ai un bien pénible devoir à remplir; j'ai à vous annoncer la perte que la 
Société vient de faire d’un de ses membres les plus dévoués, qui, malgré son 
grand âge, était heureux de s'associer à nos études, d'assister à nos sessions 
départementales annuelles, et de contribuer par son active libéralité à la vulga- 
risation de la connaissance des plantes. La mort de M. l'abbé Dænen afligera 
profondément tous ceux qui, par leurs relations avec lui, ont été à inême 
d'apprécier ses excellentes qualités, mais elle est pour moi un véritable deuil 
de famille. 11 y a bien peu de temps que je vous rappelais à Grenoble le 
dévouement et la sollicitude toute paternelle avec lesquels l'abbé Dænen à 


434 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dirigé mes premiers pas dans la région alpine, dont la flore lui était si familière. 
J'étais loin de croire alors que le vigoureux vieillard qui, même dans ces 
dernières années, pouvait sans fatigue faire les plus longues courses, dût être 
sitôt enlevé à notre affection. Deux ans auparavant, il parcourait avec nous, 
pendant la session de Strasbourg, les riches localités des Vosges, et trouvait 
une ardeur toute juvénile pour les plus longues excursions dans ces belles 
montagnes qu’il avait explorées autrefois lorsqu'il était aumônier d’un régiment 
en garnison à Neuf-Brisach, et qu'il se plaisait à revoir avec la Société 
botanique, 

M. l'abbé Dænen est mort dans sa soixante-quinzième année, le 8 de ce 
mois. Dans les derniers jours de l’automne, il avait été frappé de deux attaques 
successives d’apoplexie. Au mois de janvier, il subit une nouvelle atteinte de 
cette terrible maladie, et les soins les plus intelligents ne purent que retarder 
le moment fatal. e 

Né en Suisse le 16 juillet 1788, à Muenster, dans le Haut-Valais, il entra 
très-jeune à l’École de médecine de Fribourg; mais il ne tarda pas à renoncer 
aux études médicales pour suivre la vocation qui l’appelait à embrasser la 
carrière ecclésiastique. Pendant quatre ans, il fut curé dans son canton natal; 
en 1816, il fut attaché comme aumônier à un régunent suisse au service de 
la France, et, en 1822, il fut appelé aux mêmes fonctions dans le 1° régi- 
ment de hussards, commandé bientôt après par le jeune duc de Chartres. La 
bienveillance de la famille d'Orléans lui fut dès lors acquise, et, après la sup- 
pression des aumôniers dans les régiments, en 1830, il dut à l’affectueuse 
sympathie du roi Louis-Philippe d’être nommé, en 1831, curé de la paroisse 
d’Anet (Eure-et-Loir). En 1834, il fut appelé aux fonctions de chapelain de 
la chapelle de Dreux, sépulture des princes de la famille royale, et, en 1843, 
lors d'une organisation nouvelle du service religieux de cette chapelle, il fut 
nommé second aumônier, En 1846, il devint premier aumônier, et, en 
1847, la place de doyen étant devenue vaçante par la mort de Mgr l’évêque 
de Maroc, il fut chargé de remplir provisoirement ces fonctions, qu'il à 
conservées jusqu’à sa mort. 

En 1844, il reçut du Roi la mission de confiance d’aller en Espagne, cher- 
cher les restes mortels du prince de Conti (Louis-François-Joseph de Bourbon- 
Conti), mort à Barcelone en 1814. — L'abbé Dænen fut nommé chevalier 
de la Légion d'honneur en août 1846. 

Les dispositions de M. Dænen pour les études d'histoire naturelle et spéciale- 
ment pour la botanique se révélèrent de bonne heure sous l'influence du grand 
spectacle qu'offre la nature dans les hautes montagnes du Valais. Dès sa jeu- 
nesse, il se livra avec ardeur à la récolte et à l’étude des plantes, et plus tard 
chaque changement de garnison fut pour lui l'occasion de nouvelles et inté- 
ressantes explorations. Il aimait à revoir son pays natal, et jusqu’à ces dernières 
années, il profitait avec empressement des courts loisirs que lui laissaient ses 


SÉANCE DU 27 Mars 1863. 135 
fonctions pour revenir dans les Alpes de Suisse, C’est à l’occasion de l’un de 
ces voyages, qu’en 1838, j'eus la bonne fortune de faire sa connaissance. 
IL voulut bien m'’admettre, ainsi que mon ami Germain de Saint-Pierre, à 
l'accompagner et à visiter sous sa direction la vallée du Rhône supérieur et 
les riches localités de Zermatten, de Saas, le mont Cervin, le mont Rose, etc. 
Indépendamment de ses nombreuses herborisations en Suisse, il parcourut, 
en 1850 et 1853, les Alpes de la Lombardie, et publia, à son retour, un 
exsiccata renfermant un grand nombre d'espèces rares trouvées par lui dans 
ces deux voyages. En Alsace, dans le midi de la France, dans le nord-est de 
l'Espagne, etc. , il a fait également d’utiles herborisations. 

Je n’ai pas besoin, Messieurs, de vous rappeler l'importance des recher- 
ches de M. l'abbé Dænen dans le département d’Eure-et-Loir, et l’empres- 
sement avec lequel il faisait part de ses découvertes aux auteurs de la Ælore 
des environs de Paris ; c’est à ses consciéncieuses explorations que nous 
avons dû, M. Germain de Saint-Pierré et moi, de pouvoir donner le tableau 
presque complet de la végétation de cette partie, fort peu connue jusque-là, 
de notre flore. Le nom de M. l'abbé Dænen tient l’une des premières places 
parmi ceux des botanistes qui ont Je mieux mérité de la Flore des environs 
de Paris et qui ont le plus de titres à la reconnaissance de ses auteurs. 


Enfin M. le Président annonce à la Société que le Conseil, sur le 
rapport d’une Commission composée de MM. Boisduval, Cosson, 
J. Gay, le comte Jaubert et de Schænefeld, et chargée d'examiner 
les avis reçus des départements, relativement à la tenue de la pro- 
chaine session extraordinaire, a décidé que la proposition suivante 
serait, conformément à l’art. 47 du règlement, soumise à l’appro- 
bation de la Societé : 


La Société tiendra cette année une session extraordinaire en Savoie, qui 
aura principalement pour but l'exploration du Mont-Cenis. La session s’ou- 
vrira à Chambéry vers la fin de juillet prochain. 


La Société adopte cette proposition à l'unanimité. 


Dons faits à la Société : 
4° Par M. Gubler : 


Études sur l'origine et le développement du muguet (Oidium albicans). 
Notice biographique sur Achille Richard. 

Observations sur la flore du département des Alpes-Maritimes. 

Des anomalies aberrantes et régularisantes. 

Étude tératologique sur une anomalie du Pinus Pinea, 


136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
Préface d'une réforme des espèces. 
L'Helichrysum arenarium au bois de Boulogne. 

> De la part de M. Parlatore : 


Coniferæ novæ nonnullæ descriptæ. 
Parole in morte di Matteo Blytt. 
Note sur une monstruosité des cônes de l’Abies Brunoniana. 


3° De la part de MM. Planchon et Triana : 


Sur Les bractées des Marcgraviées. 


k De la part de M. Eugène Coemans : 
LS] 
Spicilége mycologique, 3 cahiers : 
4. Sur les Ascobolus de Belgique. 
2. Sur les Ozonium de la flore belge. 
3. Sur un Champignon nouveau (Kickæella alabastrina). 


5° De la part de M. Napoléon Doûmet : 


Rapport sur l'exposition de 1862 de la Société d’Horticulture et de 
Botanique de l'Hérault. 


6° De la part de M. J.-E. d’Angreville : 


Flore vallaisanne. 


7° En échange du Bulletin de la Société : 
Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der Preussischen Rhein- 
lande und Westphalens, année 1862. 
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture, février 1863. 
Bulletin de la Société impériale zoologique d'Acclimatation, f6- 
vrier 1863. 
L'Institut, mars 1863, deux numéros. 


M. A. Passy donne lecture de la note suivante, adressée à la 
Société par M. Bouteille : < 


NOTÈ DE M. BOUTEILÉLE, 


(Magny-ën-Véxin, mars 1863.) 


C'est vers la mi-juin que l'Orobanche-du-Lierre s'annonce, et la plante 
continue à végéter jusque vers le milieu du mois d'août. Cependant, en 1859, 
j'en ai vu un pied qui a commencé à pousser vers la fin de septembre etqui a 
été tué par les premières gelées de novembre, tandis que, l’automne dernier, 
j'en ai observé trois aussi à floraison tardive. Je crois donc que c'est à tort 
que le savant auteur de la Ælore d'Alsace à publié, en 1845, un Orobanche 


SÉANCE DU 27 MARS 1863. 137 
serotina, et que, dans cette circonstance, M. Kirschleger a eu affaire à un 


individu à floraison tardive de l'Orobanche procera (voy. Flore d'Alsace, 
t. I, p. 613). 


M. Durieu de Maisonneuve met sous les yeux de la Société de 
nombreux échantillons monstrueux de Primula sinensis, qui pro- 
viennent du Jardin-des-plantes de Bordeaux. — M. Durieu ajoute 
qu’il a lu avec intérêt la notice de M. Ém. Bescherelle sur la variété 
bulbillifère du Pleuridium nitidum Brid. (1), et qu’il a lui-même 
fréquemment observé cette variété dans les serres chaudes du 
Jardin de Bordeaux, où elle couvre d’un tapis fin et serré le sol des 
pots dont la terre est rarement renouvelée. En cet état, la Mousse 
n’a jamais montré de capsules, non plus que le Pleuridium subu- 
latum, qui se produit parfois dans les mêmes circonstances, mais 
toujours dépourvu de bulbilles. — Enfi M. Durieu présente à la 
Société un résumé des découvertes de M. Clavaud sur les organes 
hypogés des Characées, et dépose sur le bureau la notice suivante : 


NOTE SUR LES ORGANES HYPOGÉS DES CHARACÉES, par M. Armand CLAVAUD, 


(Castets-des-Landes, mars 1863.) 
I. — Racines (2). 


Les racines des Characées ne semblent pas avoir encore été l’objet d’une étuae 
attentive. Wallman, dans sa Monographie, les passe entièrement sous silence. 
M. Montagne, à la suite d’un examen rapide, en a donné une idée inexacte, 
qui semble avoir été admise sans contrôle par ceux qui sont venus après lui. 
Cependant l'organe dont il s’agit offre une structure assez complexe et fort 
curieuse, et c'est pour l'avoir méconnue que les auteurs qui se sont occupés 
des bulbilles n’ont pas aperçu ce qui est précisément le point capital dans 
l'étude organographique de ces corps. 

Dans la belle planche qui accompagne son Mémoire sur la multiplication 
des Charagnes (Ann. sc. nat. 3° série, t. XVIII), M. Montagne figure les 
racines des Characées comme des tubes unicellulaires parfaitement simples et 


(1) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 448. 

(2) Il n’y a point ici une racine primordiale, un organe analogue à la radicule des 
Végétaux supérieurs, laquelle est le prolongement direct de l'axe auquel elle s’oppose. 
La spore unique germant sort de son enveloppe brune, qui s'ouvre au sommet par cinq 
dents triangulaires. Elle s’allonge en tige par une extrémité, et s’arrondit de l’autre en 
Cul-de-sac renflé. C'est sur le pourtour de ce cul-de-sac que se développent latéralement 
les premières racines. Celles qui viennent ensuite naissent des nœuds renflés du rhizome, 
ou même de ceux de la tige épigée mis en contact avec le sol, comme le montre la 
figure 1, qui représente l’un des nœuds renflés d’une tige radicante de Chara. 


Fr * 10 


138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


continus (6g. 2 de la planche III de ce volume — fig. 9 de M. Montagne). 
L'explication des figures fait connaître que telle est, en effet, l’idée que cet 
observateur s'était faite de ces organes. 

Les livres de botanique descriptive ne disent rien des racines des Chara- 
cées, ou bien ils se contentent de reproduire l’assertion de M. Montagne. 

Or ces racines ne sont ni simples ni continues. Leur structure rappelle 
celle de la tige sans la répéter. 

4° Elles sont composées, comine les Liges, d'articles successifs renflés aux 
articulations (fig. 3, 4, 5, 6, 7, etc.) et pouvant être séparés sans déchire- 
ment par l'ébullition, la macération, etc. (fig. 8 et 9). 

2° Comme les tiges, elles sont rameuses aux articulations (fig. 6 et 7, en a) 
ainsi qu’à leur extrémité (fig. 11), et ces axes secondaires sont eux-mêmes 
articulés et susceptibles de se ramifer plus ou moins (fig. 6, en b), donnant 
ainsi des axes tertiaires, etc. 

3° De même que la tige (fig 15, cs), elles offrent souvent aux nœuds des 
agglomérations de cellules (fig. 6 et 22, cs), indépendamment des rameaux 
tubuleux (mêmes fig. r). 

4° Mais, tandis que dans la tige les cloisons sont planes et horizontales 
(fig. 45, c), celles de la racine sont toujours fortement obliques, et elles affec- 
tent une forme sigmoïde très-bizarre et très-inusitée (fig. 3, 4, 5, 6, etc., 
en €). 

5° Il résulte de cette disposition que les rameaux des racines et les agglo- 
mérations de cellules qui les accompagnent ne sont pas verticillés comme dans 
Ja tige. Leur ensemble forme constamment un fascicule latéral (fig. 6, 7, etc.) 
sur l’un des renflements du nœud (1). 

Les cellules primitives d’un fascicule latéral naissent de la paroi même de 
l'axe, suivant le mode de multiplication cellulaire par bourgeonnement que 
M. Hugo de Mohl a montré le premier avec évidence dans le Con/ferva glome- 
rata et ailleurs. Elles se forment à chaque nœud sur celui des deux ren- 
flements qui appartient à la cellule de l’axe la plus voisine de la base radi- 
culaire. 

Identiques à l’origine (fig. 3 et 5, en a), elles n’éprouvent pas toutes Île 
même sort. Les unes s’allongent en radicelles (fig. 6, r) destinées à un fonc- 
tionnement immédiat ; les autres demeurent dans leur état primitif (fig. 6, cs) 
et sont réservées pour des fins ultérieures. On peut, à cause de cela, donner 
à ces dernières le nom de cellules stationnaires, On peut aussi les appeler 
accessoires, parce qu'elles ne servent point à l'accroissement et à la vie de 
’axe qui les porte. 

Les caractères essentiels des radicelles sont les suivants : 

1° Elles se développent exclusivement dans le sens longitudinal ; 


(1) Ce dernier fait est très-important au point de vue de l’étude des bulbilles. 


SÉANCE pu 27 MARS 4863. 139 


20 Elles sont constamment libres de toute adhérence ; 

3° Elles ne s'emplissent jamais de fécule en grains. 

Les cellules accessoires ou stationnaires offrent des propriétés diamétrale- 
ment opposées : 

1° Elles s'accroissent et se multiplient, suivant les trois dimensions, par des 
cloisons dirigées dans tous les sens ; 

2° Elles sont constamment soudées entre elles dans toute leur étendue ; 

3° Elles sont très-aptes à l'accumulation de la fécule. 

L'opposition dans les caractères distinctifs résulte ici, comme partout, de 
l'opposition dans les fonctions. 

On conçoit très-bien, par exemple, l'aptitude des cellules stationnairés à 
s'emplir de fécule, puisque c’est là le résultat accoutumé de toute suspension 
préméditée de l’activité cellulaire ; c’est ce qui arrive dans les graines , les 
tubercules, etc. Mais il ne saurait en être ainsi pour les radicelles, organes 
actuels d'absorption, parce que l'accumulation de la fécule en grains ne peut 
coïncider dans une même cellule avec le phénomène de la gyration, indispen- 
sable à la vie de toute cellule active, du moins dans les plantes homorganiques. 

Semblablement, si les radicelles se séparent des cellules adjacentes dès leur 
point de départ et demeurent complétement libres de toute adhérence, c’est 
uu résultat nécessaire de leur condition d’organe distinct et défini, destiné à 
avoir une action particulière et indépendante. Tout organe ayant son activité 
propre se dégage par cela seul de la masse végétative d’où il est issu. Il n’en 
est pas de même des cellules qui n’ont point encore de rôle distinct. Tant 
qu’elles demeurent unies à leurs voisines par une destinée commune, elles ne 
peuvent prétendre à un développement particulier, et elles restent soudées en 
une masse unique, comme il vient d’être dit. 

La connaissance précise, quoique sommaire, que nous avons maintenant de 
la structure des racines comparée à celle de la tige, nous permet d'aborder 
l'étude des bulbilles. 


5. — Bulbilles, 


M. Montagne (/oc, cit.) dit, en parlant des bulbilles du Chara stelligera, 
que cet appareil est formé « par une agglomération de cellules développées 
circulairement autour du tube principal, au niveau des nœuds ou endo- 
phragmes », ce qui est parfaitement vrai. Mais plus loin, il ajoute, en parlant 
de ceux du Chara aspera : « On y observe, le long des tiges, aussi dans leur 
partie inférieure, des globules blanchâtres assez gros, d'environ 1"",5 de 
diamètre, sphériques ou ovoides, solitaires où verticillés ; j'en ai observé jus- 
qu'à quatre réunis au même nœud. Ils présentent ceci de particulier que 
chacun d’eux, au lieu d'offrir cette multiplicité de cellules dont sont formés 
les nœuds das autres espèces qui en sont pourvues , n’est composé que 
d’une seule cellule, » 


41h10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Il résulte de ce qui précède que l’auteur regarde les bulbilles du Chara 
aspera, et sans doute ceux des autres espèces, comme appartenant au sys- 
tème de la tige, au même titre que ceux du Chara stelligera. 

MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre, adoptant cette manière de voir, 
disent que les bulbilles se développent au niveau des articulations de la partie 
souterraine de la tige (F7. paris. éd. 2). 

M. Durieu de Maisonneuve, dans sa note sur le Chara frogifera (Bull. 
Soc. bot. t. VI, 1859, p. 179 et suiv.), renvoie au mémoire de M. Montagne 
pour ce qui concerne la structure des bulbilles de cette plante. « En effet, 
dit-il, de même que ceux du Vitella stelligera, ils sont formés par une 
agglomération de cellules développées circulairement autour du tube princi- 
pal, au niveau des nœuds. » 

Les auteurs qui se sont occupés de ces corps les ont donc regardés , soit 
comme étant une dépendance de la tige, soit comme se développant toujours 
circulairement autour d’un tube central, par lequel ils seraient constamment 
traversés dans le cas d’un bulbille à plusieurs cellules, et qu'ils entoureraient 
en verticille dans le cas de plusieurs globules unicellulaires. 

Les deux faits corrélatifs suivants montreront en quoi les observations des 
auteurs précités sont demeurées incomplètes. 

4° Les racines, de même que les tiges, offrent des bulbilles à leurs arti- 
culations. 

C’est ainsi que les bulbilles en étoile du CA. stelligera appartiennent à la 
tige, tandis que les bulbilles fragiformes du CA. fragifera dépendent presque 
tous des racines. 

2° Les uns et les autres sont analogues quant au fond anatomique et phy- 
siologique, mais leur organographie diffère comme celle des systèmes de 
ramification auxquels ils appartiennent. Us se séparent par ce point fonda- 
mental que les bulbilles caulinaires sont traversés par le tube qui leur donne 
naissance, et autour duquel leurs éléments sont disposés en un verticille ou 
anneau (fig. 16, 17, 18), tandis que les bw/billes radiculaires sont toujours 
latéraux, en dépit des apparences contraires (1), aussi bien dans les bul- 
billes dits normaux du Chara fragifera (fig. 49 et 20) que dans les bulbilles 
unicellulaires de la même plante et des Chara aspera (fig. 12 et 14), baltica, 
alopecuroides, etc. 

Si l’on considère qu'un balbille est un verticille arrêté dans son développe- 
ment (2), avec tendance à la multiplication de ses cellules par division et 


(1) Dans le Chara fragifera, la multiplication des cellules par division les fait déborder 
tout autour de l’axe, sans que néanmoins elles s’y rattachent autrement que par le point 
latéral d’insertion ; mais elles peuvent paraître alors verticillées. De même dans le Ch. fra- 
gilis et ailleurs.— Les fig. 16 et 18 sont empruntées à la planche déjà citée de M. Montagne. 

(2) Ceci n’a pas besoin d’être prouvé. La théorie, basée sur l’analogie, l’affirme avec 
certitude. Mais je puis montrer des échantillons dus à mon ami M, Motelay, chez lesquels 


LI 


 SÉANCE DU 27 MARS 18639. Aa 


à l'accumulation de la fécule, et si l’on se rappelle le mode de ramification 
des racines précédemment exposé, on comprendra qu’il n’en saurait être 
autrement. En effet, dans les racines ce n’est plus un verlicille qui est 
transformé, c’est un fascicule latéral. 

La cloison du nœud bulbillifère sera nécessairement plane et horizontale 
dans les bulbilles caulinaires, tandis qu’elle sera oblique et sigmoïde dans les 
bulbilles radiculaires (fig. 19, 20). Elle suffirait donc pour indiquer avec cer- 
titude l’origine du bulbille auquel elle est adjacente. 

J'entrerai dans quelques détails relativement à ces bulbilles ou globules 
unicellulaires qui se rencontrent habituellement chez le Chara aspera et 
accidentellement chez le CA. fragifera et ailleurs, parce que leur origine et 
leur nature n’ont point été suffisamment expliquées. 

On a vu que M. Montagne les assimile aux bulbilles normaux, dont ils ne 
différeraient que parce qu’ils sont unicellulaires. M. Durieu, qui les a 
observés dans le Ch. fragifera, semble au contraire n’admettre aucune 
analogie entre eux et les bulbilles normaux. Je pense que la vérité est 
entre ces deux extrêmes. Mais, avant d'exposer ma propre manière de voir, 
je vais discuter les preuves que M. Durieu apporte à l’appui de son opinion. 

Après avoir dit que ces corps consistent, comme chez le CA. aspera, en une 
vésicule sphérique, lisse, solide, amylophore, parfois affaissée, rappelant cer- 
tains œufs d'insectes ou de mollusques, il ajoute (1) : « Les bulbilles adventifs 
du CA. fragifera n'étant point traversés par le tube, ne peuvent par consé- 
quent être considérés comme constitués par le nœud lui-même. Ils adhèrent 
simplement au nœud par un point de leur périphérie, disposés en verticille de 
trois ou quatre globules au plus, bien que souvent il ne s’en développe 
qu'un seul. 11 n’est pas inutile de noter aussi que les nœuds porteurs de glo- 
bules ne prennent aucune sorte d’accroissement. L’articulation, dans ce cas, 
est si peu apparente que le tube paraît continu. 

» Si, au premier abord, on était porté à considérer les corps dont il s’agit 
comme une simplification des bulbilles multicellulaires normaux, on reconnai- 
trait bientôt qu’ils ne sauraient représenter une cellule isolée de ceux-ci, puis- 
que leur surface est unie et lisse, quand, au contraire, les mamelons, ou cel- 
lules périphériques des bulbilles composés, sont couverts de saillies hémisphé- 
riques microscopiquement semblables à celles dn bulbille lui-même, de telle 
sorte que, vu à un grossissement suffisant, chacun de ces mamelons repro- 
duit exactement le bulbille entier. 

» ....Je n’ajouterai rien sur ces corps exceptionnels, que je me borne 


un même axe, tige épigée d’abord, s'enfonce en terre à plusieurs reprises, et y devient 
Chaque fois rhizome bulbillifère à tous ses nœuds, pour se montrer de nouveau à la 
lumière muni à chaque'articulation d’un verticille développé et verdoyant. ; 

(1) Nouvelles observations sur les bulbilles des Characées, in Bull. Soc. bot. de Fr. 
L VII, 4860, p. 627 et suiv, 


4142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


aujourd’hui à signaler, sur ces bulbilles de second ordre, si différents des 
bulbilles composés par leur forme, leur position et leur structure, » 

Nous avons vu que les bulbilles normaux du CA. fragifera ne sont pas ver- 
ticillés autour de l’axe, ni par conséquent traversés par lui, mais qu'ils sont 
constitués en réalité par les cellules agglomérées ou cellules accessoires d'un 
fascicule latéral, et qu’ils n’adhèrent à l’axe que par une base fort restreinte 
(fig. 49 et 20). 

Or les globules dont il s’agit partent du même point que les bulbilles ordi- 
naires, et ils sont disposés exactement comme eux, relativement à l'axe 
(fig. 12). Chacun d'eux n’est autre chose que l’une des cellules primi- 
tives d’un fascicule latéral (1), et ils adhèrent à l'axe d’une même quantité 
et de la même façon que chacune des cellules basilaires du bulbille multi- 
cellulé, 

Les uns et les autres sont donc formés par des cellules identiques à l'ori- 
gine et appartenant à une même agglomération. Ils ont, avec le nœud, 
exactement les mêmes rapports, en sorte qu’on ne peut regarder les uns 
comme constitués par le nœud lui-même, tandis que les autres ne le seraient 
pas. 

Quant à l’objection tirée de ce que des saillies ou mamelons existeraient 
dans le CÀ. fragifera, sur les cellules périphériques des bulbilles ordinaires, 
et manqueraient aux bulbilles oviformes, l'observation ne la confirme pas. 
Une simple coupe, grossie, de ces différents corps montre avec évidence que 
ces saillies ou mamelons n'existent nulle part (fig. 21). Ils sont l'effet d’une 
illusion d'optique produite par les jeux de la lumière sur les grains de fécule 
inclus, vus à travers la paroi transparente (2). 

Je ne puis admettre davantage l'opinion opposée, et regarder. les corps 
oviformes comme ne différant des bulbilles normaux que parce qu'ils sont 
unicellulaires. 

Je remarque, en premier lieu, que leur paroi n’est pas partout uniforme. 
En observant avec assez d'attention un certain nombre de ces corps, on 
reconnaîtra qu'ils sont tous, ou presque tous, apiculés, au point directement 
opposé, à leur base d'insertion, par une protubérance arrondie, plus ou moins 
saillante, que j'ai représentée en s, fig. 12. Dans les cas assez rares où 
une telle saillie ne se montre pas, la paroï offre au même point un épaissis- 
sement notable et une coloration brune plus ou moins intense, C’est surtout 


(4) Lorsqu'il s’en trouve plusieurs au même nœud, ils semblent verticillés par l’obli- 
gation où ils sont de s’étaler en divers sens, mais leur insertion est toujours unilatérale. 
(fig. 13, où l’on ne voit que leurs bases, les globules ayant été enlevés.) 

(2) Cette apparence est moins sensible dans la cellule unique des corps vésiculeux, à 
cause de son extrême grandeur relative. Les prétendues saillies ne semblent plus alors 
que des points brillants. De plus, à cause de la moindre courbure de la paroi pour une 
surface donnée, la lumière est réfléchie par les grains d’une manière plns uniforme, 
sous des angles moins divergents, ce qui donne lidée d'une surface plus unie. 


: SÉANCE DU 27 Mars 1863. 143 


dans le Chara aspera que les saillies dont je parle sont faciles à observer; 
dans le CA. fragifera, elles sont un peu moins constantes et moins déve- 
loppées. 

Il est impossible de ne pas voir, d’une part, dans la base de l'organe, de 
l’autre, dans ce renflement terminal, les deux pôles d’un axe de développe- 
ment dirigé constamment dans le sens longitudinal ; et, par suite, on est porté 
à regarder l'organe lui-même comme n'étant autre chose qu’une radicelle 
réduite à sa cellule basilaire gonflée par la fécule. Cette opinion se fortifie 
quand on observe que ces globules ne sont pas toujours sphériques, et que 
plusieurs d’entre eux sont nettement ovoïdes ou elliptiques, la saillie dont il 
s’agit restant toujours terminale à leur extrémité amincie. 

On ne conservera plus aucun doute si l’on examine la figure 44. Ici l’ac- 
croissement longitudinal est évident; le prolongement radicellaire n’a plus 
besoin d’être supposé, puisqu'il existe; de plus, au lieu des grains de fécule 
caractéristiques d’un bulbille, on a le contenu fluide et plastique des cellules 
en activité vitale. 

Remarquez que ces globules ne se soudent jamais entre eux, dans le cas 
où plusieurs sont collatéraux. Bien que partant alors du même point, comme 
je l’ai dit plus haut et comme le montre la figure 43, ils se séparent dès leur 
base et demeurent toujours parfaitement libres dans toute leur étendue. Or 
c'est là un caractère qui, parmi les cellules d’un nœud radical, n'appartient 
qu'aux seules radicelles, ainsi que je l’ai fait voir dans la première partie de 
cette note. 

Ce libre développement et la tendance évidente à l'accroissement longitu- 
dinal sont des preuves décisives et suffisantes de la nature radicellaire de ces 
Corps. J'ajouterai cependant, comme appoint, l'absence constante de multi- 
plication interne par cloisonnement, aïnsi que l’incomplète accumulation 
de la fécule, qui donne sur le sec à un grand nombre de ces globules l’aspect 
de petites vessies affaissées et vides. 

Il me reste à rechercher si ces globules sont des radicelles arrêtées dans 
leur développement, et devenues bulbilliformes, ou si, au contraire, ce sont 
les cellules accessoires et stationnaires (fig. 6, en cs), — génératrices des 
bulbilles composés, — qui ont été ici imparfaitement transformées en radi- 
celles. 

La réponse à cette question est facile. Si nous avions affaire à des radicelles 
transformées en bulbilles par l'accumulation de la fécule à leur intérieur, il 
est évident que les ce/lules stationnaires seraïent elles-mêmes féculentes, à 
fortiori, — 11 suffit pour cela de se rappeler le rôle et la destination des deux 
sortes d'organes. — Nous aurions donc à la fois un ou plusieurs globules uni- 
cellulaires et un bulbille composé. Or nous savons qu’il n’en est point ainsi, 
et que les bulbilles-globules ne se montrent jamais accolés à un bulbille nor- 
mal, Il en faut nécessairement conclure que ce sont les cellules accessoires 


44% SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


qui ont été transformées en radicelles, mais d’une manière assez incomplète 
pour que l’accumulation de la fécule s’y puisse effectuer (1). 

De ce que chaque globule représente seulement la cellule basilaire d’une 
radicelle, et est, par suite, unicellulaire ; de ce qu'ils sont toujours libres entre 
euxetnon pas soudés en plusieurs manières ; de ce qu’ils ne sont jamais accom- 
pagnés d’agglomérations cellulaires diverses, il résulte qu'ils ne sauraient se 
présenter sous deux aspects différents, dans quelque espèce qu’on les exa- 
mine. Tout au plus peuvent-ils passer de la forme sphérique à la forme ellip- 
tique ou ovoïde. 

Les globules ainsi formés ne sont jamais bien nombreux (1-4, mais quel- 
quefois 5-9 : Ch. aspera, Ch. alopecuroides), parce que leur nombre ne sau- 
rait dépasser celui des cellules accessoires, aux dépens desquelles ils sont 
formés. Or ces cellules, qui peuvent, à une certaine époque, se multiplier 
indéfiniment par division intracellulaire, pour constituer un bulbille normal, 
sont à l’origine en quantité fort restreinte. 

Puisque le nom de bulbille s'applique à l’ensemble des cellules féculentes 
développées au voisinage d’un nœud, et non pas seulement à l’une d'elles, on 
doit admettre qu’il n’y a qu’an bulbille unique dans le cas où plusieurs glo- 
bules sont réunis (fig. 13), comme dans le cas où il n’y a qu’une seule sphé- 
rule (2). 

Les corps exceptionnels dont nous venons de parler ne sont pas sans ana- 
logie avec les bulbilles en étoile du CA. stelligera. Dans cette plante, les bul- 
billes affectent plusieurs formes, mais elles rentrent toutes dans celles que 
représentent les figures 16, 17 et 18. La première seule est un bulbille nor- 
mal ; il est produit suivant le mode ordinaire, et ne diffère pas de ceux qu'of- 
frent généralement les rhizomes. Les deux autres formes qui, au fond, diffè- 
rent peu entre elles, peuvent être comparées aux bulbilles à globules du Chara 
aspera. 

La figure 18 laisse apercevoir nettement cette analogie. Naturellement, à la 
place d'essais de radicelles, nous avons ici des essais de rameaux, et, au lieu 
d’un ou de plusieurs appendices latéraux, c’est un verticille tout entier qui 
nous est offert. 

La figure 17 est dans le même cas : sculement la modification n’y a pas été 
immédiate, et la formation du bulbille y est à deux degrés. Le premier rang 
de cellules verticillées (a) ne présente rien de particulier, et se forme suivant 


(1) La réflexion confirme cette manière de voir. En effet, les racines sont avant tout 
des organes d'absorption. Chez elles, toute autre fonction n’est, en définitive, qu’acces- 
soire. Leur activité doit donc se diriger principalement dans ce sens; et, dans le cas de 
lutte entre deux tendances opposées, c’est celle qui est le plus conforme à la nature de 
cet organe qui doit l’emporter. 

(2) J'ai négligé d’expérimenter jusqu’à quel point de tels bulbilles sont aptes à 
reproduire la plante. Ge que j'en ai dit peut faire douter provisoirement de leur parfaite 
aptitude à cet égard, 


SÉANCE DU 27 mars 1863. 145 


le mode normal représenté figure 16 ; mais ensuite l’anomalie intervient et 
produit les rayons étoilés, qui sont des tentatives réprimées de tiges et de 
rameaux. 

On remarquera que , si les globules radicaux n’offrent jamais qu’une seule 
cellule, laquelle représente le premier entre-nœud radicellaire, il n’en est pas 
de même chez le CA. stelligera. En effet, dans la fig. 18, on a deux cellules 
caulinaires superposées et le rudiment d’une troisième ; dans la fig. 17, 4’est 
un premier entre-nœud, 4’ en est un deuxième, et les cellules représentées 
en c ne sont autre chose que les tubes verticillés ou rayons, qui se dévelop- 
pent d'ordinaire en nombre constant aux diverses articulations de la tige et 
des rameaux. De là l'extrême régularité qu’affectent dans ce cas les bulbilles, 
ainsi que leur disposition en étoile si singulière et si curieuse (1). 

Il ne faut pas croire toutefois que l’analogie soit complète entre les bul- 
billes anomaux radiculaires et ceux du Ch. stelligera. 

Pour savoir en quoi ces deux anomalies diffèrent, il faut se reporter aux 
formes normales dont elles sont des déviations. 

Dans le rhizome, les cellules qui naissent autour d'un nœud sont toutes 
destinées à demeurer stationnaires : aucune n’est appelée à fonctionner immé- 
diatement comme dans la tige épigée. L'évolution est réservée tout entière 
pour une époque ultérieure; tout ici est provision d'avenir. Il suit de là 
que le bulbille est constitué par la totalité des cellules qui se forment à cha- 
que articulation. 

Il n’en est pas de même dans les racines. Comme elles sont avant tout des 
organes d'activité immédiate, au même titre que la tige épigée , elles ne peu- 
vent se dispenser de développer à chaque nœud des rameaux ou radicelles 
immédiatement vivants et agissants, et le bulbille ne peut plus être constitué 
que par les cellules que j'ai appelées accessoires , lesquelles accompagnent, 
comme on sait, les radicelles. 

I! résulte de ce qui précède que, dans les bulbilles du rhizome, lorsqu'une 
cellule tente de se développer plus ou moins et ébauche un rameau rudimen- 
taire, elle ne fait qu'une tentative prématurée d'évolution. Elle devance sa 
mise en activité, mais elle ne se détourne pas de sa direction première ; elle 
ne change pas de rôle, Dans les bulbilles radiculaires, au contraire, une cel- 
lule accessoire, en se transformant plus ou moins en radicelle, produit une 
véritable anomalie par déviation, puisqu'elle se détourne en réalité du rôle 
qui lui a été assigné, et transforme véritablement sa nature. 


(1) Ai-je besoin de dire que les bulbilles étoilés, de même que les bulbilles oviformes, 
ne sauraient être l'apanage exclusif d’une espèce unique, et qu’on peut les rencontrer 
ailleurs au moins exceptionnellement ? Ayant trouvé, le 31 juillet dernier, dans l'étang 
de Saint-Julien-en-Born (Landes), une plante qu’il convient de rapporter au Chara con- 
nivens Salzm., j'ai observé, sur l’un des individus recueillis, deux étoiles parfaitement 
identiques avec celles du Ch. stelligera. — (Note ajoutée au moment de l'impression, 
septembre 1863,) 


146 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Je viens de dire que les cellules qui naissent aux nœuds d’un rhizome 
restent toutes également et absolument stationnaires pour entrer dans la com- 
position des bulbilles qui se forment en ces points; mais cela doit s'entendre 
seulement du cas où le rhizome enfonce assez profondément dans le sol ses 
entre-nœuds longuement développés, comme dans le CA. stelligera. C’est ce 
qui arrive plus ou moins chez beaucoup d'espèces du genre C'hara. La pro- 
fondeur où se trouvent alors les bulbilles leur donne à un haut degré les 
caractères qui constituent ces sortes d'organes, je veux dire l'arrêt de déve- 
loppement et l’accumulation de la fécule. Il en résulte que leur évolation est 
suspendue d’une manière absolue et pour un temps considérable; aussi n'a- 
t-elle point lieu pendant l’année même de leur formation. 

De ce que les entre-nœuds du rhizome sont longuement développés, il 
résulte que chaque bulbille n’est jamais constitué que par un nœud unique, 
et qu'il est, en conséquence, parfaitement simple. 

La mème cause qui amène les résultats que je viens d'exposer, et qui n’est 
autre que l’enfouissement profond des bulbilles, restreint le nombre des axes 
de végétation qui émanent de ces corps à l’époque de leur épanouissement. 
La plupart des cellules qui constituent le bulbille sont destinées à servir de 
magasin de fécule au petit nombre de celles qui se développent, et à 
leur offrir toute formée la nourriture qui leur est nécessaire pour atteindre la 
surface du sol. 

Les choses suivent une marche tout opposée, lorsque le rhizome, au lieu 
de s’enfoncer dans le sol, rampe en quelque sorte à fleur de terre, et se 
trouve ainsi, dans une certaine mesure, soumis aux mêmes influences qu’une 
tige épigée ; c’est ce qui se voit chez les Nitella, et parfois même chez les 
Chara. 

Il en résulte : 1° Que les bulbilles sont bien moins solides et moins fécu- 
lents ; 2° que toutes, ou presque toutes leurs cellules périphériques se déve- 
loppent en axes de végétation, ce qui augmente le volume apparent du bul- 
bille et lui donne l'aspect d'un plexus souvent considérable de tiges et de 
racines; 3° que ce développement n’est pas suspendu pendant une longue 
période de temps, comme dans le cas cité plus haut, mais qu’il s’effectue con- 
curremment avec celui du centre de végétation auquel les bulbilles se rat- 
tachent. 

En pareil cas, les axes qui émanent d’un bulbille sont presque tous des 
tiges épigées. Un très-petit nombre seulement s’allongent latéralement en 
rhizomes, ou plutôt en stolons; ceux-ci produisent à leur extrémité un bul- 
bille qui se comporte comme celui d’où il est issu. 

Il arrive assez souvent que les tiges nombreuses qui partent d’un bulbille à 
fleur de sol-ont leurs premiers entre-nœuds très-peu développés, presque 
nuls. Dans ce cas, les renflements ou nodules qui se forment aux articulations 
inférieures sont tellement rapprochés et fasciculés que leur ensemble donne 


SÉANCE DU 27 MARS 1865. 447 


l'idée d’un bulbille unique de proportions colossales (1). Cette énorme masse 
s'accroît encore de ce que chacun des renflements ainsi agrégés ou même 
soudés, n'étant au fond qu'un bulbille plus ou moins complet , donne lui- 
même naissance à des tiges nouvelles et à des racines. Mais un examen atten- 
tif fait reconnaître, même dans les cas extrêmes, l’origine complexe de l’en- 
semble et la présence simultanée de plusieurs générations d’axes et de 
bulbilles. 

La nature composite de ces bulbes se reconnaît ordinairement à ce qu’une 
partie des innombrables tiges qui s’en échappent sont manifestement plus 
jeunes et moins développées que les autres ; elles sont beaucoup plus courtes, 
plus flexibles, moins fructifères, ou même stériles; et, dans les espèces à 
incrustation, elles se distinguent nettement par leur couleur verdoyante du 
fond grisâtre de l’ensemble. 

Cette tendance à l’évolution sur place se montre quelquefois absolue, de 
sorte qu’une telle masse bulbeuse représente la plante hypogée tout entière, 
avec tous ses entre-nœuds et tous ses bulbilles, mais elle peut aussi se com- 
biner avec la production de stolons. 

Je n’ai signalé que des cas extrêmes, entre lesquels une foule d’intermé- 
diaires et de compromis peuvent être observés, soit dans des genres diffé- 
rents, soit, à un moindre degré, entre les espèces d’un même genre, soit, 
en partie, dans une même espèce. 

MM. Montagne et Durieu ont fait voir que les bulbilles des Characées sont 
des appareils reproducteurs. Puisque un grand nombre de ces corps appar- 
tiennent à la racine, il suit de là que cet organe est, dans les Characées comme 
dans les Mousses, un moyen très-actif et très-important de reproduction. La 
présence d’un bulbille n’est pas même toujours nécessaire : chaque articulation 
des racines, placée dans des conditions favorables, peut donner une nouvelle 
plante (fig. 22, en #) (2), pourvu qu'il s’y développe une ou deux cellules 
accessoires (cs) indépendamment des rameaux tubuleux ou radicelles (r). 


ELI, — Nucules bulbilliformes. 


M. Durieu a signalé (Bull. Soc. bot. t. VII, 1860, p. 629) un cas très- 
fréquent d’anamorphose des nucules, par suite duquel toute trace de tégu- 
ment disparaît. Il ne reste plus alors qu’un globule lisse et blanc, gorgé de 
grains de fécule, et assez semblable aux bulbilles oviformes du C#. aspera. 
Du reste, ni le pédicelle de la nucule, ni le rameau qui la porte, ni les brac- 
tées qui l’accompagnent n'ont subi la moindre altération. 


(1) Certaine forme du Chara fragilis est très-remarquable sous ce rapport. 

(2) I! est curieux de voir le premier verticille de cette jeune tige demeurer incomplet 
et latéral, témoignant ainsi de son origine radicellaire. n’est pas douteux qu’un 
deuxième ou un troisième verticille eût été complet. 


148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Voici l'explication de ce fait, telle que je la conçois : 

Dans le sporange naissant, la spore unicellulaire est portée sur un pédicelle 
de deux cellules, où s’insère un verticille de cinq rameaux à la hauteur de la 
seconde cellule. Ces rameaux, formés de deux cellules dans les Chara, de 
trois dans les Vitella, parfaitement libres d’abord, s’enroulent de très-bonne 
heure autour de la spore et se soudent, mais continuent à vivre ct à s’allonger. 
J'ai observé des sporanges très-avancés où la circulation était encore parfai- 
tement visible dans ces cellules enveloppantes. Donc, jusqu’à l'époque de la 
maturité, le pédicelle fournit le fluide nourricier, non-seulement à la spore, 
mais encore à l'enveloppe sporangiale. Mais, si la spore vient à se développer 
exceptionnellement, accaparant plus ou moins la nourriture commune, les 
tubes spiralés ne la suivront pas dans son accroissement, et il en résultera, à 
des degrés divers, le cas d’anamorphose signalé. 

On voit clairement que ce phénomène ne saurait intéresser les par- 
ties avoisinantes (rameau, pédicelle, bractées), attendu qu'il se passe au- 
dessus d’elles, par delà l'extrémité du pédicelle, et que l’inégal partage du 
fluide nourricier ne peut porter que sur la quantité de matière nutritive qui, 
après avoir traversé cet organe, se dispense enfin aux parties qui le surmon- 
tent (spore et enveloppe sporangiale). 

On s’étonnera peu de ce manque d'équilibre entre la force de développe- 
ment de la spore et celle du tégument , si l’on considère qu’il existe partielle- 
ment, même chez les nucules dont le développement est le plus régulier. En 
effet, chaque rameau de l’enveloppe sporangiale a toujours une de ses cellules 
dans les Chara, deux dans les Nitella, qui, une fois formées, ne s’accroissent 
jamais et semblent en quelque sorte ne plus vivre : ce sont celles qui consti- 
tuent les dents de la coronule. Dans les Vitella, où elles sont à peine visi- 
bles, elles {ombent ordinairement de fort bonne heure et n’offrent même pas 
pendant qu’elles se maintiennent cette chromule qui, du moins, s'aperçoit 
dans la cellule stationnaire d’une coronule de Chara. 

Le fait qui nous occupe n’est donc que l’exagération d’une inégalité consti- 
tutionnelle. 


M. Cosson dit : 


Que le sporange du Chara stelligera a été étudié, par son ami M. Weddell, 
sur un échantillon de l’herbier de Thuillier, et que c’est aussi M. Weddell 
qui en a donné la figure publiée dans l'Atlas de la Flore des environs de 
Paris. M. Cosson ajoute qu’il considère comme importante l'observation 
de M. Clavaud, qui établit que les corpuscules amylophores de Ja partie 
souterraine des /Vifella sont unilatéraux comme les racines, tandis que 
ceux de la partie aérienne reproduisent la disposition en verticille des ramu- 
scules, 


SÉANCE DU 27 MARS 1863. 149 


M. Grœnland donne les explications suivantes sur trois petites 
serres à Hépatiques mises par lui sous les yeux de la Société : 


NOTE SUR DES SERRES PORTATIVES DESTINÉES A LA CULTURE DES HÉPATIQUES, 
par M, J, GRŒNLAND. 


Déjà, il y a environ douze ans, j'avais essayé de cultiver des Hépa- 
tiques ; j'avais fait construire dans ce but plusieurs petites caisses carrées, 
que je couvrais tout simplement d’une plaque de verre. La hauteur de ces 
caisses était proportionnée au développement des fructifications des espèces les 
plus robustes parmi ces plantes, et par conséquent environ de 15 centimètres. 
Je w’aperçus, dès le début, de deux inconvénients graves de ce mode de 
construction ; d’une part, celles de mes petites plantes qui étaient placées par 
trop à l'ombre des parois de mes caisses ne tardaient pas à s’étioler ou bien 
à moisir ; d'autre part, la couche d’air qui entourait ces végétaux d’une 
structure délicate n’était pas toujours assez chargée d'humidité pour leur 
permettre de se développer vigoureusement. J'avais cependant transporté ces 
petites serres portatives avec moi, lorsqu’en 1853 je vins m'installer à Paris, 
et je m'en servis lorsque j'achevai un petit travail sur la germination des Hépa- 
tiques, qui, commencé à Hambourg, fut publié, en 1858, dans les Annales 
des sciences naturelles. D’autres occupations vinrent ensuite interrompre 
plusou moins mes études concernant les Hépatiques, en même temps qu'il 
m'avait été impossible de trouver dans mon domicile un emplacement con- 
venable pour la culture de ces végétaux, de sorte que, pendant plusieurs 
années, je dus les abandonner presque complétement. Ce n’est qu’à partir 
du commencement de cette année que j'ai repris la culture de ces charmantes 
plantes, et l’état dans lequel se trouvent ces végétaux, tels que j'ai l'honneur 
de les soumettre à l’examen de la Société, peut prouver que cette fois j'ai 
eu plus de succès. 

Je dois dire tout d’abord que mon logement est particulièrement favorable 
pour ces expériences, car mes fenêtres sont tournées vers le nord-ouest, et c’est 
là que j'ai placé mes serres en miniature, qui constituent de petites bâches en 
zinc laminé, couvertes chacune de quatre morceaux de verre qui glissent dans 
des coulisses formées par le rebord du zinc. Ces quatre morceaux sont tenus 
ensemble par de petites pinces en plomb laminé. Ces verres étant en pente, je 
puis placer mes plantes selon leur différente grandeur, et il m'est possible en 
même temps de leur donner à toutes une distance à peu près égale des vitr es 
qu’elles touchent presque. Ainsi j'obtiens que l’air qui les environne soit con- 
stamment chargé d’humidité au plus haut degré. Je me suis aperçu cependant 
qu’il est très-utile, pour la réussite de ces plantes, de leur donner une sorte de 
drainage, et, par cette raison, j'ai pris l'habitude de mettre au-dessous d’elles 
une couche de terre formant une espèce de sous-sol ; car mes Hépatiques crai- 


150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


gnent autant d’être noyées que de se dessécher. Pour faciliter l'écoulement de 
l’eau qui pourrait s’accumuler au fond de la bâche, j'ai eu soin de faire percer 
mes caisses de pelits trous aux quatre coins. On voit qu'outre l'avantage de 
pouvoir donner, par ces constructions bien simples, une atmosphère uniformé- 
ment chargée d'humidité, elles permettent en même temps partout dans la bâche 
un accès égal à la lumière du jour, et qu’ainsi ces végétaux se trouvent à peu 
près dans leurs conditions naturelles de végétation. On n’a pas besoin de les 
arroser fréquemment; l'humidité ne pouvant presque pas s'échapper au 
dehors, on ne doit en ajouter que rarement. La grande majorité des Hépatiques 
se trouvent très-bien de ce mode de traitement, et même les espèces corti- 
coles qui, comme la plupart des Mousses, sont soumises dans leurs stations 
naturelles à des alternatives fréquentes d’humidité et de sécheresse, ne 
se portent pas trop mal chez moi; il n’y a d’ailleurs qu'à les renouveler de 
temps en temps, lorsqu'elles dégénèrent ou périssent. Les semis d’'Hépati- 
ques que j'ai opérés sur les mottes retournées des espèces qui fournissaient les 
spores, ont aussi réussi parfaitement dans mes serres. 

Dans les trois serres que j'ai l'honneur de présenter à la Société , il y à 
environ la moitié des Hépatiques de notre flore, et au moins une quinzaine en 
pleine fructification. Qu'il me soit permis d'énumérer ici les espèces qui y 
sont contenues. Le Calypogeia Trichomanis Corda commence à faire sortir 
de terre ses longues capsules cylindriques, dont déjà quelques-unes ont 
ouvert leurs valves si singulièrement contournées. Le Pellia epiphylla Nees 
est déjà au déclin de sa fructification ; le Marchantia polymorpha L. n’a 
encore développé que ses réceptacles mâles; ce n’est que bien plus tard, 
c’est-à-dire après la fécondation des archégones, que les réceptacles femelles 
feront leur apparition. Le charmant ZLepidozia reptans Nees est en pleine 
fructification, ainsi que les Jungermannia albicans L., Chiloscyphus po- 
lyanthus Corda, Aneura pinnatifida Nees, Scapania nemorosa Nees, Lopho- 
colea heterophylla Nees. Le petit Fossombronia pusilla Nees, qui fructifie 
presque constamment, est en ce moment également couvert de fruits en 
partie noirs, en partie encore verts. Les fruits du Æeboulia hemisphærica 
Raddi ne sont point encore complétement mûrs, mais ses réceptacles sont 
déjà très-développés. On y aperçoit en outre encore les plantes suivantes : 
Sphærocarpus Michelii Bell., Riccia glauca L., Metzgeria furcata Ness, 
Frullania dilatata Nees et F. Tamarisci Nees, Lejeunia serpyllifolia Lib., 
Trichocolea tomentella Necs, Madotheca platyphylla Dumort., Mastigo- 
bryum trilobatum Nees, Radula complanata Dumort. , Jungermannia exsecta 
Schm. et J. bicuspidata L., Plagiochila asplenioides M. et N. 

Il va sans dire que les dimensions des serres à Hépatiques peuvent 
varier selon les besoins de celui qui cultive ces plantes et selon l'emplacement 
qu’on veut leur donner. Les miennes ont 44 centimètres de longueur sur 
35 centimètres de profondeur ; leur hauteur est de 4 centimètres sur le 


SÉANCE DU 27 MARS 1863. 451 


devant et de 15 centimètres sur le derrière. Il paraît évident que la culture 
d’autres plantes, par exemple des jolis Zymenophyllum et d'autres Fougères 
délicates, doit pouvoir s'opérer avec succès dans des constructions de ce 
genre. 


M. de Schœnefeld annonce qu’il a trouvé près de Versailles une 
nouvelle localité du Narcissus incomparabilis Mill., dans le petit 
bois situé entre le grand canal et le pare de Trianon. Il ne prétend 
nullement d’ailleurs affirmer la spontanéité de la plante, qui n’est 
peut-être qu’un hybride des N. poëticus et Pseudonarcissus. 


M. Éd. Bureau, vice-secrétaire, donne lecture de la communication 
suivante, adressée à la Société : 


DOUTES ET PRIÈRES AU SUJET DE QUELQUES ESPÈCES DE GLYCERIA DU GROUPE DES 
HALOPHILES, par M, 3, DUVAL-JOUVE. 


(Strasbourg, 2 mars 1863.) 


Hest dans le genre G/yceria un groupe d'espèces que M. E. Fries ( 71. 
scan. p. 102; Summ. veg. p. 77) et avec lui MM. Andersson (Gram. Scand. 
p. 53) et Godron (F{. de Fr. II, p. 534) ont appelé HELEOCHLOA. Cette 
section a même paru si naturelle et si tranchée à des botanistes dont l'opinion 
est une autorité, qu'ils ont cru devoir lui conférer la dignité de genre en la 
nommant Atropis, Puccinellia, etc. Cependant, qu'il s'agisse de section ou 
de genre, il n’en est pas moins difficile, le livre ou les plantes à la main, de 
se rendre strictement compte des caractères différentiels. Ainsi, on lit dans 
M. Andersson (op. et p. c.): « Æeleochloa... panicula demum contracta... »; 
mais, à la page suivante, il est dit du G. distans, la première et la 
plus répandue des espèces de ce groupe : « Panicula... demum pyramidalis 
ovata, rami sub anthesi horizontaliter divaricati, fructiferi refracti ». Comme 
caractère générique, on treuve : « ATROPIS... Glumæ breves inæquales; val- 
vula inferior apice scarioso-obtusa... » (Grisebach in Ledeb. F1. ross. III, 
p. 388); mais si l’on examine les plantes elles-mêmes, on constate qu’une 
grande espèce méditerranéenne, G. festucæformis, a les glumes /ongues, 
presque égales, avec la glumelle inférieure aiguë. Une simple remarque, que 
M. Andersson place après les caractères du groupe (op. et p. €. ): « Plantæ 
salinæ », suffit pour faire cesser l'embarras. En effet, ces plantes se distin- 
guent tout particulièrement de leurs congénères, en ce qu’elles croissent 
exclusivement sur des terrains imprégnés de sel, soit au bord de la mer, soit 
dans les salines ; c’est ce que n'indique pas le nom du groupe HELEOCHLOA; 
c'est ce qu’indiquait l'adjectif sa/ina, imposé par Pollich à l'espèce qu’il 


152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


décrivit (4), et ce que j'ai voulu indiquer par le nom HALOPHILÆ, Âalo- 
philes (&k<, sel), n’osant pas employer le mot salines, qui, en français, comme 
substantif, a une autre signification, et, comme adjectif, signifie « contenant 
du sel », et non « croissant dans des terrains salés ». Si, à cette considération, 
on joint quelques-uns des caractères qu’indiquent MM. Andersson et Godron, 
« glumelle inférieure, à cinq nervures peu saillantes, etc. », ils suffiront pour 
faire reconnaître le groupe, sans prétendre lui attribuer une valeur générique 
ou sectionnelle. 

Quoi qu’il en soit, ce groupe est représenté en France par les six espèces 
suivantes : | 

Glyceria festucæformis Most (sub: Pou) ; G. convoluta Hornem. (sub : 
Poa) ; G. maritima Huds. (sub : Poa); G. distans L. (sub : Poa); G. con- 
ferta Fries; G. procumbens Gurt. (sub : Poa). 

Il paraît qu’il à été plus facile d’établir ces espèces qu’il ne l’est aujourd’hui 
de les distinguer. D'une part, M. Fries nous dit du G. conferta établi par 
lui : « Proximis intermedia, characteres manifestos offerens, sed variationis 
ambitus non satis exploratus » (Mant. IT, p. 10) ; « Utrum G. maritimeæ an 
G. distanti affinior sit, vix dicas » (Summ. Scand. p. 245), et du G. mari- 
tima qu'il identifie presque avec le G. festucæformis : « Limites acutos 
G. maritimæ haud reperi » (Summ. Scand. p. 245). M. Andersson va tout 
aussi loin, et dit de la forme pulvinata du G. distans : « Formam depaupe- 
ratam G. maritimæ tam æmulat, ut summa difficultate ab ea distinguatur, 
unde synonyma supra allata vaga et incerta » (Gram. Scand. p. 54). D'autre 
part, si on considère la synonymie, la plus réduite même, célle de la Flore de 
France, qui a la sagesse de ne citer que les sommités, on trouve que ces six 
plantes ont reçu quatre noms de genres ; la première, quatre noms d'espèce; 
la deuxième et la quatrième, cinq; la cinquième, trois. Enfin, à l’exemple de 
Trinius, qui avait déjà ramené à son Poa arenaria les G. festucæformis, 
muritima et distans, l'auteur de la Flore d’A lgérie réunit les cinq premières 
espèces précitées, et de plus le G. fenuifolia Boiss. et le G. tenuiflora 
Griseb., en une vaste unité, Atropis distans Griseb. (Cosson, F1. d'Algérie, 
p. 139 ct suiv.). 

Toutes ces divergences prouvent, d’une part, l’extrême difficulté de la 
question ; mais, comme elles émanent des chservateurs les plus distingués, et 
que, dès lors, elles ne peuvent que reposer sur des faits bien observés, sur des 
études sérieuses de la réalité; elles donnent à croire, d’autre part, que ces 


(4) « Poa salina... Ad salinas circa Duerkheïm... Amat terram salsam: cum fere 
» semper in Palatinatu ad salinas occurrat, adeo salinæ nomen ei imposui. » (His!. pl. 
Palat. 1, p. 89 et 90). Malheureusement cette espèce avait déjà reçu de Linné le nom 
très-peu juste de Poa distans. M. E. Fries dit de la station de la même espèce et surtout 
de ses formes réduites : « In ipsa aqua salina vadosa extra limitem mappæ contiguæ 
» gramineæ.., extimum in mari gramen.., » (Mant. 11, p. 41.) 


SÉANCE DU 27 MARS 1863. 153 


études ont été faites isolément, sur des échantillons desséchés, en nombre 
insuffisant pour la comparaison. Le G. festucæformis de M. Fries, si voisin 
de son G. maritima, est-il bien celui de la Méditerranée, et celui des plages 
de Toulon et de Marseille est-il bien celui que Host a recueilli sur les bords 
de l’Adriatique ? Je suis loin d’en être certain, et c’est pour essayer d'arriver 
à quelque certitude sur ce point, que je demande à la Société la permission 
de me servir du Zulletin pour adresser mes prières aux botanistes, nos con- 
frères, et soumettre mes observations à leur contrôle. 

Je ne parlerai que de trois espèces françaises : G. distans, convoluta et 
festucæformis, parce que ces trois espèces sont les seules que j'aie pu voir 
sur le vif, en assez grand nombre et assez longtemps pour les suivre et les 
étudier à mon aise, 

Avant de consigner ici mes propres observations, je rappellerai brièvement 
l'établissement de ces espèces et mentionnerai les caractères distinctifs qu’on 
leur attribue encore. | 

Le Poa (nunc Glyceria) distans fut ainsi nommé, pour la première fois, 
en 1767, par Linné, qui, dans son Wantissa, p. 32, le décrivit en ces 
termes : 

« POA distans paniculæ ramulis subdivisis, floribus quinquefloris : flos- 
» cülis distantibus obtusis.. Æabitat in Austria. D, Jacquin. 

» Statura reliquarum Poæ specierum. Culmi adscendentes, læves, uti 
» Folia. Panicula scabriuscula. ÆFlosculi Lk seu 5 obtusi, ab apice ad 


» medium corollæ albi et adeo distantes, ut facile assumeretur pro Agros-. 


» tidis specie, nisi calyx inquiratur; qua nota primo intuitu dignos- 
» citur (1). » 

La phrase caractéristique et la description qui la suit portent les traces évi- 
dentes, je n'ose dire de la négligence, mais au moins de la précipitation. Elles 
ne permirent ni à Pollich, ni à Curtis, de reconnaître que la plante qu’elles 
concernaient était celle que le premier nommait sept ans après Poa salina, 
en la décrivant admirablement (Æist. pl. Palat. I, p. 89) ; et que le second, 
trois ans plus tard, décrivait et figurait sous le nom parfaitement juste de Poa 
retroflexa (FL lond. fasc. VI, tab. 4). Willdenow nous apprend encore 
qu’elles induisirent Vahl en erreur , et que cet auteur (Symb. bot. II, p. 19) 
crut devoir, d’après elles, rapporter le Poa distans L. au Poa divaricata 
Gouan; mais, ajoute-t-il : « Specimina sicca a generosiss. de Jacquin mihi 
missa exacte cum 2. salina Pollich conveniunt » (Sp. pl. , p. 401). Roth 
avait fait remarquer que « in Poa salina flosculi non sunt remoti, sed spicula 


(4) On voit ainsi que l'adjectif distans ne fait point allusion, comme on le croit 
souvent, à l’écartement ou à la déflexion des rameaux de la panicule, mais à un carac- 
tère que Linné s'était évidemment exagéré, à l'écartement des fleurs sur l'axe de 
l'épillet, 


sr A1 


2 


454 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


potius imbricata dici potest » (Zent. fl. germ. II, p. 120); Schreber avait 
pris et fait prendre à Linné lui-même le Poa distans pour l’Aira (nunc Ca- 
tabrosa) aquatica L. (voy. Bull. IX, p. 9) ; Hudson avait réduit le Poa dis- 
tans L. à n'être qu'une variété B de l'Aîra aquatica (F1. angl. ed. ?°, 
p. 34); tout cela fit que, malgré l'affirmation de Willdenow, C.-C. Gmelin, 
-emarquant avec Roth (2. c.) que l’Aira aquatica L. et le Poa distans 1. 
« promiscue crescunt », et ressentant encore des doutes certainement 
permis sur l'identité du Poa salina Poll. et du Poa distans L., demanda à 
Vienne la plante de Jacquin, et, dit-il: « Specimina austriaca, Viennæ ab 
amico lecta, mihi missa, a nostrate nullo modo differunt » (#7. bad. I, 
p. 188). Il n’est donc guère possible de nier l'identité des deux plantes, et 
quelque doute que fassent naître, sur la possibilité d’une confusion avec l'Aira 
aquatica multiflora, V'expression « flosculi distantes », et ce fait que le Poa 
distans L., qui croît en Suède et en Norvége, ne figure pas sous son nom dans 
l'herbier de Linné, et ne s’y trouve que dans la feuille de l’Aëra aquatica 
(Hartm. Ann. herb. linn. p. 36); le nom imposé par Linné, si impropre 
qu'il soit et si mauvaise que soit la diagnose qui l'accompagne, paraît néan- 
moins le nom princeps et à conserver. 

Une forme appauvrie, à épillets très-petits réduits à deux ou trois fleurs, 
avait été trouvée dans les Alpes, près des forts de Briançon, par Chaix, qui 
la nomma Aira brigantiaca (Hist. pl. Dauph. X, p. 378), et par Villars, 
qui, tout en la reconnaissant analogue aux Poa, en fit d’abord une variété B 
de l’Aira aquatica (F1. delph. p. 6), puis une espèce « Aira miliacea, à 
cause de sa panicule ouverte comme celle du Millet-des-bois, Milium effu- 
sum » (Hist. pl. Dauph. I, p. 303, et II, p. 81). 

En 1815, le Poa convoluta fut ainsi décrit par Hornemanu : « Panicula 
subcontracta, spiculis linearibus 6-8-floris; flosculis basi liberis, obtusis ; foliis 
glaberrimis, involuto-setaceis, rigidis, glaucis; radice fibrosa » (Hort. bot. 
hafn. XI, p. 953). Cet auteur distinguait sa plante du Poa distans par ces 
inots : « pauicula subcontracta », et du Poa maritima par ceux-ci : « radice 
fibrosa ». Ce sont encore là les deux principaux caractères par lesquels les 
floristes distinguent ces espèces; et l’on s'accorde à ne faire remonter qu'à 
Hornemann la priorité de la description et la dénomination du Poa convoluta. 
Cependant, en 4794, vingt-et-un ans avant la publication du deuxième volume 
de l’Aortus regius botanicus hafnienis, cette plante était minutieusement 
décrite par Mœnch, sous le nom de Poa arundinacea. En général, on a rap- 
porté la plante de Mœnch au P. maritima Huds., mais le soin que cet auteur 
a eu d'opposer dans sa description le caractère « radix minime repens » au 
caractère « radix repens » assigné par Hudson à son 2. maritima (F1. angl. 
ed. 2°, p. 42), et qu'on à continué à lui assigner depuis, aurait dû, ce me 
” semble, empêcher ce rapprochement. Au reste, voici in extenso la diagnose et 
la description de Mœnch ; 


SÉANCE DU 27 MARS 1863. 455 


« POA arundinacea, foliis convolutis: culmo erecto : panicula coarctata : 
» spiculis subteretibus muticis 10-12-floris coloratis. 

» Descriptio. — Radix fibrosa, minime repens, perennis. Culmus lævis 
» teres pedalis sesquipedalis erectus glaucus. Folia culmo breviora, convoluta 
» subrigida lævissima glauco-viridia. Vaginæ læves. Ligula albida oblonga- 
» obtusa membranacea. Panicula rämosa, ramis erectis, duobus ex uno loco: 
» Axis scabra.. Calycis valvulæ virides acutæ, ovato-lanceolatæ. Corollæ val- 
» vulæ calyce longiores : exteriori ovata acuta ; interiori obtusa : ad apices 
» rubellæ, albido-membranaceæ. Antheræ flavæ. Semen oblongum utrinque 
»acutum. Semina sub nomine Poæ arenariæ Gouani accepi » ( Meth. 
p. 486). 

Remarquons ici, d'une part, que Gouan n’a décrit aucune plante sous le 
nom de Poa arenaria; d'autre part, que, bien que cet auteur n'ait men- 
tionné non plus, sous aucun nom, aucune de nos espèces de Glyceria, il y à 
néanmoins toute probabilité qu'il a vu ces plantes, si communes sur le littoral 
de Montpellier (Godr. F1. de Fr. I, p. 534-536), et que, pour-s’éclairer, 
il avait adressé ses Glyceria aux jardins en relation avec celui de Montpellier, 
en proposant le nom Poa arenaria, sous lequel parvint à Mœnch une de ces 
espèces, qu'il nomma Poa arundinacea (1). Ce nom paraît donc le nom prin- 
céps de notre espèce, qui devrait s'appeler G. arundinacea Mæœnch (sub : 
Poa), mais que, dans cette note, je continuerai à nommer G. convoluta pour 
éviter toute confusion. Du reste, la synonymie de cette espèce se réduit à 
presque rien, après qu’on a écarté les dénominations qui, à l’époque où elle 
était peu connue, la rapportaient tantôt au P. distans L., tantôt au P. ma- 
ritima Huds., tantôt au P. festucæformis Host, et c’est pour rappeler 
deux de ces noms donnés par Gussone que M. Parlatore l’a mentionnée sous 
le nom de Gussonii (FL. it, E, p. 36). 

Le nom de G. festucæformis est unanimement rapporté à la plante décrite 
par Heyÿnhold (in Rchb. Æor. exc. p. 45); mais comme cet auteur identifie 
sà plante avec le Poa festucæformis Host, il s'ensuit, je le crois du moins, 
qu'il ÿ a unanimité pour attribuer à Host la priorité de distinction et dé 
dénomination. 

Admettant donc, par hypothèse, trois plantes répondant aux trois noms 
ci-dessus rapportés, voici un tableau comparatif des caractères diflérentiels les 
plus saillants à elles imposés par M. Godron. Koch et M. Andersson ne les 
mentionnent pas tous, mais ils n’en mentionnent aucun autre, 


(1) Le nom de Poa arenaria fut appliqué par Retz l’année suivante, en 1795 (FL. 
Stand. Prodr: ed. 2%, p. 23), au P. maritima d’après Willdenow (Sp. pl. F, p. 396), 
au P. distans d’après M. Andersson (Gram. Scand. p. 54). 11 y a là encore un singu- 
lier rapprochement de date et de nom qui pourrait laisser croire à l'hypothèse que Retz 
aurait reçu la même communication que Mœnch, sous le même nom, qu’il aurait appliqué 
à une plante scandinave: 


456 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


G. DISTANS. G. CONVOLUTA. G. FESTUCÆFORMIS. 
Feuilles. . ... planes. roides, enroulées, su-|un peu roides, enrou- 
bulées. lées, subulées. 
Ligule (4)... /{courte, obtuse. saillante, arrondie. allongée, lancéolée, la- 
cérée. 
Panicule . ... |[Rameaux nus à la base, | Les plus longs rameaux|Rameaux nus à la base; 
réfléchis; épillets à| nus à la base, tous] épillets à 6-11 fleurs 
4-6 fleurs lâches. étalés ou réfléchis ;| rapprochées. 
épillets à 6-11 fleurs 
rapprochées. 


Glumes .....lovales, obtuses, très|lancéolées, obtuses; 2/3|lancéolées , subaiguës, | 
inégales, 1/2 jon-| en longueur de la] 2/3 en longueur de 


gueur de la glumelle| glumelle contiguë. la glumelle contiguë. 
contiguëé. 
Glumelles, . . |L’inférieure oblongue. |L’inférieure oblongue. |L'inférieure linéaire- 
oblongue. 


Nul caractère comparatif n’est tiré ni des caryopses , ni de la surface des 
feuilles (car si M. Godron dit du G. distans « feuilles rudes en dessus et sur 
les bords », il ne dit rien des feuilles des autres espèces), ni de la souche, 
et, en résumé, la première plante se distinguerait des deux autres par les 
feuilles, et celles-ci entre elles un peu par la ligule, caractère douteux,un 
peu par la direction des rameaux, à peine par la longueur et la forme des 
glumes et des glumelles. Ce sont à aussi les légères différences que M. Cosson 
indique entre les variétés et sous-variétés de son Afropis distans (FI. Alg. 
pp. 140-141). 

Host avait attribué d’autres caractères à son 2. festucæformis (Gram. 
austr. III, p. 12); mais, comme en citant son synonyme, Koch y ajoute ces 
mots terribles : « Pessime descripta » (Syn. ed. 3*, p. 701), l’idée me vint 
de comparer, puisque je pouvais le faire, les plantes vivantes entre elles, et 
en particulier le G. festucæfurmis vivant à la description et à la figure de 
Host, attendu que je trouvais moi-même une certaine contradiction entre la 
forme attribuée aux feuilles par la description et celle qu’elles ont sur la 
planche 17 du tome III des Gram. austr., à laquelle on se réfère ordinaire- 
ment. Host dit expressément : « Folia crassa, firma; dorso apicem versus 
carinala carinaque aculeis exasperata, reliqua parte convexa lævia » (op. €. 
p. 12). Dans son Flora austriaca, où il réduit ses descriptions, il conserve 
néanmoins « folia crassa, firma » (p. 149). Mais Ja planche précitée que 
j'avais alors, comme aujourd’hui, sous les yeux et qui est superbe d’exécution, 


(1) Caractère sans valeur, attendu que la ligule de la feuille supérieure varie consi- 
dérablement de longueur et de forme sur les chaumes d’une même touffe. 


SÉANCE DU 27 MARS 1863. 157 


représente notre plante avec des feuilles planes et même assez larges. Examen 
fait sur des sujets vivants des trois espèces, pris au même lieu et souvent sur 
, un même mètre carré, j'ai constaté : 

1° Quele G. distans a les feuilles minces, planes, carénées, subitement 
acuminées, et jamais enroulées, tout au F0 irrégulièrement pliées ou tordues 
en se flétrissant ; 

2° Que le G. convoluta a les feuilles épaisses, résistantes, longuement acu- 
minées, toujours pliées et un peu enroulées à la marge, arrondies sur le dos 
et seulement un peu carénées, rudes vers la pointe ; 

3° Que le G. festucæformis a des feuilles charnues, jonciformes, insen- 
siblement acuminées, parfaitement lisses, cylindriques et sans carène, si 
ce n'est à quelques millimètres de la pointe, comme le dit Host; ce n'est 
qu'en le déchirant qu’on peut en étaler le limbe composé de deux moitiés 
semi-cylindriques, étroitement appliquées l’une contre l’autre, sans être 
enroulées au bord, même alors qu’elles sont flétries, fanées et dessé- 
chées. 

Les expressions « folia crassa, firma » du texte de Host étaient donc rigou- 
reusement exactes ; mais d'où venaient alors les feuilles planes de la figure ? 
J'avais récolté en nombre les trois G/yceria et j'en avais dessiné les feuilles 
sur le vivant ; mais lorsque, quelques jours après, je voulus montrer à un ami 
ces feuilles de formes si nettement tranchées, à ma grande surprise, je trouvai 
sur le G. festucæformis que, par la dessiccation, le parenchyme épais inter- 
posé entre les faisceaux fibro-vasculaires s'était affaissé, que des côtes et des 
stries avaient apparu, et que, par la compression, les feuilles cylindriques 
s'étaient presque aplaties, et simulaient des feuilles planes pliées selon la lon- 
gueur. Je pensai alors que cette apparence avait trompé le dessinateur de 
Host et mis la figure en contradiction avec la description que l’auteur avait 
faite sur le vivant. 

Aux différences des feuilles correspondent des différences analogues sur les 
entre-nœuds des chaumes. Ainsi ceux des G. convoluta et festucæformis 
présentent sur toute leur longueur des parois très-épaisses, très-solides, rési- 
Stant à la pression des doigts, avec une cavité centrale presque nulle ; les 
entre-nœuds du G. distans ont une vaste cavité centrale, des parois minces, 
flasques, cédant à la moindre pression ou s’affaissant même naturellement à 
leur moitié incluse. Ces tiges sans consistance disparaissent après la floraison 
et avec l'été; le G. festucæformis végète toute l’année et continue à produire 
en automne des faisceaux de longues feuilles jonciformes à côté de ses chau- 
mes persistants et dont les entre-nœuds inférieurs restent verts presque jus- 
qu'au printemps suivant. Cette persistance est moins marquée sur le G. con- 
voluta. La floraison de ces deux espèces est toujours d’un grand mois en 
retard sur celle du G. distans. 

Je dois faire remarquer ici que ces différences, ainsi que celles que j'aurai 


158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


à signaler, ne sont point dues à des influences de latitude, d’atmosphère ou de 
sol, par la raison que mes observations sur ces trois plantes ont été faites dans 
une même localité, à Rognac (Bouches-du-Rhône), au bord de l'étang mari- 
time de Berre, où j'ai pu, pendant plusieurs mois chaque année, les observer 
et les récolter toutes trois souvent, je le répète, sur un même mètre carré. 
Étudiées sur levivant, les panicules de ces trois plantes offrent des différences 
de disposition qui les font distinguer au premier coup d'œil. Ainsi, celle du 
G. convoluta, vue verticalement de haut en bas, est inscriptible dans un triangle 
isocèle à large base; ses rameaux sont au nombre de deux: un latéral et un 
médian, formant entre eux un angle droit ou un quart de verticille, disposés 
en demi-alternance, et de telle sorte que les rameaux latéraux sont seuls 
alternants, tandis que les:médians sont toujours immédiatement superposés et 
toujours dès lors du même côté du rachis, du côté opposé au limbe de la 
feuille quand la panicule sort de la gaîne. De là une panicule unilatérale. Sur 
les G, distans et festucæformis, la panicule se circonscrit par un losange (4); 
les rameaux, au nombre de cinq, deux grands latéraux ou extérieurs, un 
grand médian et deux petits intermédiaires forment des demi-verticilles; mais 
ces demi-verticilles alternent complétement ; il en résulte une panicule égale 
dont les rameaux latéraux se superposent immédiatement et dont les médians et 
les petits sont les seuls à alterner,. Ces deux modes de disposition ne souffrent 
aucune exception, et Les petits rameaux qui, sur les sujets vigoureux, s'’inter- 
posent quelquefois entre les deux rameaux des verticilles inférieurs du 
G. convoluta, ne changent rien à la disposition relative de ceux-ci ; ils n’en 
demeurent pas moins à angle droit , tout au plus s’écartent-ils un peu davan+ 
tage, jusqu'à former entre eux un quart et demi de verticille, et par leur super- 
position, trois angles droits, mais toujours la panicule reste incomplète par 
un côté, D'autre part, sur les-sujets très-maigres du G. distans, comme celui 
que Host a figuré (Gram. austr. IX, pl. 63), les rameaux se réduisent souvent 
à trois ou même à deux formant un quart de verticille; mais alors qu'on fasse 
attention à l’ensemble de la panicule, et l’on y verra une splendide confirma- 
tion de la loi de complète alternance entre les verticilles de cette espèce. En 
effet, ces quarts de verticille, au lieu de s’agencer comme ceux du G. convo- 
luta d'un même côté du rachis, alternent complétement, paraissent ainsi oppo- 
sés quand on les regarde verticalement, et constituent toujours une panicule 
égale, inscriptible dans un losange. 
Ges dispositions ne se constatent bien que sur le vivant; la compression 
ord et déforme la panicule. Mais avec un peu d'attention on peut encore, sur 
le sec, reconnaître de quel côté du rachis partent les rameaux. Hudson me 


(1) La disposition du G. convoluta est aussi celle du G. maritima; elle est exacte- 
ment représentée paï ia panicule du P. annua, et la disposition des G. distans et Le 
éæformis répond rigoureusement à.celle des Poa pratensis et trivialis: 


SÉANCE DU 27 MARS 1863. 159 


paraît avoir remarqué ce caractère ; il dit de son P, maritima: « Panicula 
» secunda, ramis binatis » (op. et p. c.). M. Andersson a dit aussi : « G. dis 
» fans, panicula æquali.… G. maritima, panicala subsecunda (op. et p. c.); » 
et M. Cosson : « ATROPIS disans Var. à vulgaris et var. B festucæformis, 
» paniculæ ramis inferioribus subquinis..… var. + maritima paniculæ ramis 
» inferioribus subgeminis » (#7. Alg. pp. 440 et 441). 

Notons en passant la longueur relative des anthères : celles du G. distans 
sont moitié plus petites que celles du G. convoluta, plus petites elles-mêmes 
que celles du G. festucæformis. 

Enfin, il me reste à parler du caractère tiré de la longueur des glumes 
comparées entre elles et aux glumelles contiguës. M. Godron a déjà indiqué 
ce caractère ; je l’ai étudié, pour ma part, sur une immense quantité d’indi- 
vidus vivants du G. distans, observés soit dans les salines de Duerkheim 
(Bavière rhénane), localité classique du Poa salina Poll., soit sur les bords 
de l'étang de Berre , et je l'ai constamment trouvé en concordance avec les 
ressemblances qui unissent le G. convoluta au G. festucæformis et avec les 
différences qui séparent ces deux dernières plantes du G. distans. 

Le G. distans à ses glumes largement ovales, très-obtuses, très-inégales 
entre elles; l'inférieure, de moitié plus courte que l’autre, recouvre à peine 
le tiers de la glumelle contiguë. 

Le G. convoluta a ses glumes ovales-lancéolées, obtuses; l’inférieure, 
d’un tiers plus courte que l’autre, recouvre la moitié de la glumelle contiguë ; 
mais il n’est pas rare, je dois le dire, de trouver sur une même panicule dé 
cette plante les épillets du haut avec de grandes glumes peu inégales, et ceux 
du bas avec des glumes plus inégales et beaucoup plus petites. 

Le G. festucæformis a ses glumes lancéolées, peu inégales entre elles ; 
l'inférieure récouvre les 3/4 ou les 4/5 de la glumelle contiguë. 

Ainsi, en résumé, ces trois plantes me paraissent différer entre elles : 
1° par l’époque de la floraison; 2° par la durée de végétation; 3° par la 
forme des feuilles ; 4° par la disposition de la panicule ; 5° par la longueur 
des anthères; 6° par la longueur relative des glumes. 

Et maintenant tirerai-je des différences cette conclusion, que ce sont trois 
espèces, ou des ressemblances cette autre, que ce ne sont que trois formes 
d'un même type ? Non, certes ; ni l’une, ni l'autre. Je n’en induirai même 
pas que ces différences doivent persister partout aussi nettement tranchées 
qu’elles m'ont apparu. Je n’affirme rien; je me borne à rapporter exactement 
ce que j'ai vu, et ce, pour le soumettre à l'examen et au contrôle de mes con- 
frères et surtout à la vérification de ceux qui habitent les contrées maritimes. 
Je les supplie de vérifier si ces caractères persistent ; si le G. distans conserve 
toujours ses feuilles planes, le G. convoluta ses feuilles enroulées, et le G. fes- 
tucæformis ses feuilles charnues et jonciformes ; s’il y a de véritables transi- 
tions entre le G. convoluta et le G. festucæformis ; si l'on n'aurait pas cru 


160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


trouver ces transitions en prenant de grandes formes du G. convoluta pour 
le vrai G,. festucæformis. N'y aurait-il que deux types essentiels, le G. dis- 
tans à feuilles minces et planes, et le G. maritima à feuilles épaisses, pliées, 
et dont dépendraient comme formes extrêmes les G. convoluta et festucæ- 
formis ? Le G. maritima a-t-il toujours des stolons ? Je n’ai pu étudier cette 
plante sur le vivant, et même je dois dire que je n’ai pas encore reçu de 
France un seul échantillon auquel j'aie pu authentiquement appliquer le nom 
de G, maritima ; tout ce que j'ai reçu sous ce nom n'était que du G, con- 
voluta. 

Je prie donc nos confrères de me communiquer leurs observations, de vou- 
loir bien me récolter des échantillons complets de Glyceria, formes-types, 
formes luxuriantes ou réduites, avec une indication de Ja nature de la station. 
J'ai déjà moi-même récolté une telle quantité de ces plantes que j'espère 
être en mesure de répondre à ce qu'ils daigneront m'adresser, Je les supplie 
enfin de commencer par excuser cette demande; je n’ai pour la leur adresser 
d’autre droit que mon désir de m'éclairer, d'autre titre que celui de membre 
d'une Société « qui a pour objet de faciliter, par tous les moyens dont elle 


» peut disposer, les études et les travaux de ses membres » (Art, 2 des 
Statuts). 


A propos de cette communication, M. J. Gay dit qu’il a trouvé le 
Glyceria maritima très-abondant près de Coutances (Manche), avec 
des rameaux inférieurs stoloniformes, et le G/yceria distans à 
Viége (Valais), sur un terrain qui n’est nullement imprégné de sel. 

M. Chatin ajoute que l’on trouve le G/yceria distans à Dieuze 
(Meurthe), où il y a des sources salées. 

M. Cosson dit que les caractères par lesquels on distingue les 
Glyceria distans et maritima ne résistent pas à l'examen d’un 
grand nombre d’échantillons, et que, d’ailleurs, les véritables 
espèces ne se distinguent jamais par un caractère unique. — Il 
ajoute que le G. distans existe en Auvergne, près des sources 
incrustantes de Saint-Nectaire, avec le Glaux maritima et quelques 
autres espèces ordinairement maritimes. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


(OCTOBRE 1863.) 


N.B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette revue chez M. J. Rothschild, libraire 
de la Société botanique de France, rue de Buci, 44, à Paris. 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


De l’action de quelques composés du règne minéral 
sur les végétaux; par M. Marie-Edme-Étienne-Hénri Roché (Thèse 
de pharmacie) ; in-4° de 71 pages. Paris, 1862. 


Ce travail est divisé en trois parties. Dans la première, l’auteur étudie les 
effets extérieurs des composés minéraux sur les végétaux, c’est-à-dire succes- 
sivement les effets qu'ils produisent sur les plantes considérées d’abord en 
général, puis en particulier, suivant leur espèce, leur âge et leur composition 
chimique, et enfin, suivant la composition du sol où elles vivent, l'humi- 
dité, la température et la lumière dont elles jouissent. Les poisons dont 
M. Roché apprécie l'action , tant d'après les auteurs (Marcet, Daubenv, 
Macaire, Mueller, Chatin, Bouchardat, etc.) que d’après ses propres re- 
cherches, sont les suivants : l'arsenic, l’antimoine, le mercure, l'argent, le 
cuivre, l’étain, le plomb, le fer, le zinc, le manganèse et leurs principaux 
composés. Cet exposé est rempli de faits intéressants ; on regrette seulement, 
en le lisant, que l’auteur n'ait pas séparé les résultats de ses propres expé- 
riences de ceux qu'il a trouvés dans les travaux antérieurs. Relativement aux 
effets particuliers des composés minéraux, il signale certaines espèces qui y 
sont rebelles, notamment parmi les Cryptogames, ce qui, dit-il, devrait faire 
proscrire l’arsenicage des blés usité contre l’Uredo Carbo, que la loi inter- 
dit, et que bien des fermiers pratiquent encore. Il indique aussi une résis- 
tance plus grande pour les Monocotylédones que pour les Dicotylédones ; il a 
toujours vu les premières se développer dans du sable lavé et calciné, arrosé 
avec une solution titrée de sels métalliques, où aucune espèce de Dicotylé- 
done ne germait ; parmi ces dernières, les Légumineuses sont les plus sensi- 
bles à l'action des poisons. L'âge des plantes exerce une influence marquée 
dans les expériences; les plus jeunes meurent toujours les premières. Relati- 
vement à la composition chimique des végétaux, l'auteur a remarqué que 
les Crucifères sont les seules plantes qui germent dans du sable arrosé avec 


162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


les solutions de nitrate d'argent et de bichlorure de mercure au dix-millième, 
d’émétique et de sulfate de cuivre au millième, ou enfin dans le sulfure d’an- 
timoine et l’oxyde noir de cuivre; il est disposé à admettre que le principe 
soufré de ces plantes se combine avec le composé métallique, et, le rendant 
insoluble, en annihile en partie les effets. L'influence du milieu est souvent facile 
à apprécier ; ainsi les terrains calcaires, en transformant le poison minéral, 
le rendent aussi insoluble et inactif; quant à l'humidité, à l’agitation de l'air, 
l'action en a été appréciée déjà par M. Chatin. 

La deuxième partie traite de la présence de quelques composés du règne 
minéral dans les végétaux, soit normalement, soit accidentellement, et de leur 
-répartition suivant les organes. On sait, à ce dernier- égard, que l’arsenic se 
rencontre dans le chaume et les feuilles de Blé arséniqué, mais non dans l’épi 
de la même plante. L'auteur a répété sur l’Æeltanthus annuus des expériences 
analogues à celles de MM. Chatin et Filhol, et a vu que l’arsenic.- diminue dans 
les organes de la plante semée dans un terrain arséniqué, à mesure que ces 
organes s’éloignent du sol. Il s'occupe encore, dans un chapitre spécial, de la 
transformation des composés minéraux absorbés par le végétal ; mais il ne peut 
guère, de son propre aveu, présenter sur ce sujet que des hypothèses. 

La troisième partie est intitulée Æecherches Sur l'absorption et l’excrétion 
des composés minéraux par les plantes. « On a regardé, dit l’auteur, la pré- 
» sence des composés minéraux dans les plantes Comme le résultat d’une action 
» purement mécanique ; les spongioles, en présence des solutions corrosives, 
» suivant la plupart des physiologistes, ont été détruites et l'absorption s’est 
» faite par imbibition , capillarité, endosmose (1). Qu'il en soit ainsi dans 
» les expériences provoquées, lorsqu'on plonge les racines des plantes dans 
» des solutions concentrées de sels métalliques, nous l’admettons; toutefois, 
» même dans ce cas, une partie de la liqueur s’est introduite avant la des- 
» truction des spongioles, et cette introduction Cependant n’a pas eu lieu par 
» un autre organe. Mais on ne peut révoquer €n doute l'absorption pure et 
» simple, par les spongioles, des liqueurs nourticières de la plante, etc. » 

À l'appui de ses opinions, M. Roché invoque des expériences spéciales. 1! a 
placé dans des solutions vénéneuses des Jacinthes à racines coupées et d’au- 
tres à racines intactes, eta vu, en général, les signes de l’empoisonnement 
apparaître plus tôt chez les plantes dont les racines étaient intactes ; il à fait 
des observations analogues sur les racines adventives du Polygonum orientale. 
Il'ajoute qu’en s'appuyant sur ces résultats et Sur la présence des minéraux 
toxiques dans les plantes à l’état normal, il doit rejeter la propriété de distin- 
guer dans l'absorption les éléments nourriciers des éléments nuisibles, pro- 
priété que l’on à attribuée aux racines. Il rappelle que l’on a pu saisir, par 
des réactifs, les traces du passage des substances toxiques dans les vaisseaux 


(1) Voyez le Bulletin, t. VHI, p, 476. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 163 


des plantes. Il fait comprendre comment ces substances agissent d’abord sur 
les feuilles, parce que la solution qui les enferme se concentre dans ces orga- 
nes en vertu de la transpiration. Quant à l’excrétion des composés minéraux, 
l’auteur n’étudie cette fonction que dans le cas où elle élimine des substances 
vuisibles absorbées précédemment par les racines du végétal. Il a vu l'acide arst- 
nieux diminuer peu à peu dans des Blés dont la graine en avait absorbé la solu- 
tion, mais r’en à jamais constaté, comme M. Chatin, la disparition complète, 
Pour que l’excrétion ait lieu, dit M. Roché, il faut avoir enlevé complétement 
du sol où est planté le végétal observé le composé dont on veut obtenir l'ex- 
crétion ; ceci est une application des lois de l’endosmose, On comprend, d'après 
cela, combien est redoutable l'emploi répété d'engrais artificiels qui renferment 
différents métaux toxiques et solubles dans les liqueurs nourricières des plantes. 
L'auteur cherche ensuite quels sont les organes d’excrétion des racines ou 
des feuilles. Il n’a étudié le rôle des racines dans l’excrétion que sar des 
plantes soumises à des doses faibles de composés ou les ayant absorbés par des 
organes autres que les racines, afin d’éluder la difficulté qui naît de l’action 
destructive exercée par les solutions toxiques concentrées sur les spongioles. 
Ses expériences sur le Blé sont analogues à celles de M. Chatin; il'en tire des 
conclusions semblables, mais contraires à celles de M. Cauvet. I] a employé des 
Jacinthes, dont les racines, divisées en deux parties, plongeaient d’une part 
dans la solution toxique, d'autre part dans l’eau distillée ; quand les accidents 
se montraient dans la plante, on ne trouvait aucun composé métallique dans 
cette eau, du moins tant que les racines restaient turgides. 11 a répété encore les 
expériences de M. Cauvet sur des plantes à stolons radicants, et n’a pas trouvé 
le poison dans. les vases où trempaient les racines adventives de la plante-mère 
empoisonnée par une solution faible. Les stolons continuaient à végéter, ne 
cherchant leur alimentation, dit-il, que dans l’eau qu’ils absorbaient par leurs ra- 
cines propres; cependant il a constaté la présence du poison dans les sujets portés 
par ces stolons. En employant les solutions concentrées, il a vu, au contraire, 
les radicelles des stolons se flétrir et laisser passer le composé minéral dans l’eau 
des vases. Enfin, dans une troisième série d'expériences, M. Roché a fait usage 
de solutions très-étendues et a placé dans du sable les radicelles des stolons 
dont la plante-mère était empoisonnée. Il a trouvé le poison dans ce sable 
Sans que les radicelles fassent attaquées. Il est disposé à penser que le courant 
d'absorption établi par les racines saines des stolons plongeant dans l’eau s’op- 
pose au courant contraire d’excrétion. Il s'occupe ensuite du rôle des feuilles 
dans l’excrétion. 11 conclut de ses expériences que ce rôle est nul et que les 
feuilles ne peuvent excréter le poison ni à l’état gazeux, ni entraîné par la 
Vapeur d’eau, ni par simple extravasation, du moins dans l’état physiologique 
et quand on emploie des solutions toxiques faibles. 11 a analysé les goutte- 
lettes excrétées par l'extrémité des feuilles d'un blé arséniqué et cuprifère et 
d'y à point trouvé de poison ; mais il reconnaît que les feuilles peuvent se 


16/1 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


charger du composé métallique introduit, et, en se détachant , le séparer de 
la plante, 
Dr EUGÈNE FOURNIER, 
Recherches sur Ia formation de la matière grasse dans 
les olives; par M. S. de Luca, professeur de chimie à l’Université de 
Pise (Comptes rendus, séances des 26 août 1861, 15 et 22 septembre 1862). 


Il résulte de ces recherches que, dans les premières périodes de leur dévelop- 
pement, les olives contiennent en abondance une matière verte qui a beaucoup 
de ressemblance avec la chlorophylle, et, comme celle-ci, est soluble dans 
l'éther et le sulfure de carbone : cette matière verte diminue d’une manière 
progressive avec l'accroissement des olives, tandis que la matière huileuse 
augmente dans une relation inverse, et devient de moins en moins colorée, 
Lorsque les olives sont complétement développées et mûres, la matière verte 
disparaît, et le sulfure de carbone ne sépare de ces fruits que de l’huile traus- 
parente et à peine colorée d’une teinte jaunâtre. En outre, les olives, au mo- 
ment de leur formation, contiennent en abondance de la mannite, dont elles 
retiennent toujours une certaine proportion tant qu’elles sont vertes. 1l est à 
remarquer que cette matière sucrée se retrouve dans toutes les parties de 
l'Olivier sur les écorces, bois, branches grosses et minces, et en plus grande 
quantité dans les feuilles et dans les fleurs avant la fécondation ; elle disparaît 
complétement dans les fruits mûrs qui contiennent un maximum d'huile, 


ainsi que dans les feuilles jaunies. 
E. F. 


Étude chimique sur les graines du Fusain d'Europe; 
par M. P.-H. Lepage, pharmacien à Gisors (Extrait du Précis de l’Aca- 
démie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, année 
1861-62). Tirage à part en brochure in-8° de 6 pages. 


Il résulte de l'examen chimique auquel s’est livré M. Lepage, que les 
graines de l’£vonymus europæus, privées de leur arille et séchées à l'air 
libre, contiennent : huile fixe, 41,50 ; sucre de glycose, matières protéiques, 
gomme, principe amer, tannin, sels solubles et eau hygrométrique, 24,00 ; 
tissu cellulaire et sels insolubles, 34,50. L'huile fixe, qui a été obtenue en la 
dissolvant dans le sulfure de carbone, est d’une couleur jaune tirant sur le 
brun ; sa densité est de 0,921 ; elle est à peu près insoluble dans l’alcoo!, et a pu 
supporter un froid de — 10° sans se congeler ; elle donne avec la soude caus- 
tique un savon dur, probablement propre à être employé aux usages écono- 
miques, et produit sur les chiens un léger effet purgatif. Le principe amer n’a 
été obtenu qu’à l’état amorphe, Le tannin des graines colore en vert les sels 
de sesquioxyde de fer, Quant aux arilles, l’auteur en a extrait 25 pour 100 
d'une matière grasse, fluide, d’une belle couleur rouge, présentant en hiver 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 165 


une consistance comme gélatineuse. Il faut rapprocher de ces recherches 

celles de M. Kubel, publiées dernièrement dans le Journal fuer praktische 

Chemie. Ce chimiste a extrait du liquide conteuu dans la couche interne de 

l'Evonymus un principe ternaire isomère avec la mannite, et qui en diffère 

par son mode de cristallisation et son point de fusion ; il le nomme Z'vonymite. 
E. F. 


BOTANIQUE DESCRIPTIVE. 


Deuxième mémoire sur les Loranthacées; par M. H. Baillon 
(Extrait de l’Adansonta, livraison de novembre 1862). Tirage à part en bro- 
chure in-8° de 79 pages, avec une planche gravée. 


Nos lecteurs ont vu, dans le précédent numéro du Bulletin, l'analyse du pre- 
mier mémoire de M. Baillon sur le même sujet; ils savent que l’idée fondamen- 
tale qui préside à ces recherches est l’assimilation des Loranthacées, Santala- 
cées, Olacinées, Anthobolées, etc. , et leur fusion en un ordre unique qui porte 
le nom d'ordre des Loranthacées. L'auteur confirme cette opinion par de 
nouveaux détails dans son deuxième mémoire. [l montre que la seule différence 
qui sépare les Olacinées des Santalacées est relative à la situation de l'ovaire, 
qui est en général supère dans la première de ces familles et infère dans la 
seconde. Mais il rappelle que des différences analogues existent dans les Pri- 
mulacées et les Saxifrages et qu’elles y sont acceptées par tous les botanistes ; 
et d’ailleurs il prouve que la famille des Olacinées elle-même renferme aussi 
des types à ovaire infère, par exemple les Liriosma. Il ajoute quelques détails 
sur le Pseudaleia de Du Petit-Thouars, qui doit, selon lui, rentrer dans le genre 
Olax, ainsi que l’a dit Willdenow ; il s'occupe aussi du genre Æeisteria L.., 
qui possède un ovaire triloculaire, et indique les transitions nombreuses qui 
relient ce genre aux Olax et aux T'hesium à ovaire uniloculaire et à placenta 
central libre. Les Ximenia sont pour lui des Aeësteria à fleur tétramère. Ces 
plantes ont des étamines en nombre double de celui des pétales ; ce nombre 
devient quadruple dans un genre nouveau que l’auteur décrit et figure sous le 
nom de Coula. C'est le nom qui est donné à ce végétal par les indigènes du 
Gabon, d’où M. Aubry-le-Comte en a rapporté des échantillons fleuris et des 
fruits en 1845 ; le Coula est un arbre très-remarquable, dont les graines four- 
nissent un aliment recherché. L'espèce unique est le Coula edulis H. Bn. 

L'auteur revient ensuite sur l’idée principale qui préside à ses recherches, 
à l'occasion du Genera plantarum de MM. Bentham et J. Hooker, qui pla- 
cent les Olacinées dipérianthées bien loin des Santalacées à fleurs monochla- 
mydées, 1] puise dans l’organisation du genre Schæpfia un nouvelargument pour 
confondre entièrement les deux ordres des Santalactes ct des Olacinées. I 
s'occupe ensuite du genre Jodina Hook. et Arn. (/lex ruscifolia Lam.) qui 
doit, suivant Jui, faire partie du groupe des Opiliées. 


166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Il cherche ensuite sur quels caractères absolus on pourra établir des coupes 
secondaires dans le grand ordre des Loranthacées. Il en vient à diviser cet 
ordre en quatre sous-orûres, d’après la direction des ovules et la situation de 
l'oyaire : les ovules ascendants caractérisent les Loranthinées, dont l’ovule est 
tantôt adhérent (Loranthus, Viscum), tantôt libre (£xocarpus, Anthobolus) ; 
les ovules descendants caractérisant les Santalinées, dont l'ovaire est également 
tantôt adhérent (Myzodendron, Schæpfia, Anacolosa, Lavallea, Henslowra, 
Liriosma, Pyrularia, Thesium, Santalum, etc.), et tantôt libre (Æeisteria, 
Cathedra, Strombosia, Stolidia, Olax, Cervantesia, Opilia, Lepio- 
nurus, etc. ). 

L'auteur étudie ensuite un certain nombre de genres qui doivent être sépa- 
rés de l’ordre des Loranthacées : le Tripetaleia Sieb. et Zucc., qui se rappro- 
che des Éricinées; le Bursinopetalum Wight, qui doit trouver sa place dans 
les Araliacées, en prenant le nom de Mastixia Blume ; le Balanites, qui à de 
l’aflinité avec les Méliacées. Les Icacinées, qui, selon M. Bentham, forment 
une tribu de l’ordre des Olacinées, en sont fort éloignées par M. Baillon, qui 
regarde le périanthe, la situation des étamines et la structure du gynécée 
comme fort différents dans ces deux familles, et considère les Icacinées 
comme faisant partie de la famille des Ilicinées ; il entre à ce sujet dans une 
longue discussion. 

Les Loranthacées, ainsi limitées par l’auteur, se rattachent aux Cornées 
par les genres à ovaire infère et à loges presque complètes ; aux Ilicinées par 
les types à ovaire cloisonné également d’une manière incomplète, mais libre et 
supère, aux Gymnospermes par les genres à ovule unique, dressé sur un pla- 
centa central et réduit au nucelle ; enfin, parmi les familles à corolle gamopé- 
tale, principalement aux Primulacées et Myrsinées, dont le périanthe est tan- 
tôt supère, tantôt infère, dont la placentation est centrale-libre et dont les 
étamines sont en général oppositipétales. 

Ce travail est terminé par une révision des genres connus de l’auteur, datis 
laquelle il supprime, autant que possible, l'exposition des caractères décrits 
partout, pour lesquels il renvoie en général au Prodromus, aux suppléments 
de Walpers et au Genera d’Endlicher. Cependant cette exposition occupe vingt- 
quatre pages ; l’auteur y caractérise les genres Viscum Tourn., Arceuthobium 
Bieb., Castræa Saint-Hilaire, Zupeia Cham. et Schlecht., Ginalloa Kortb:; 
Eubrachion ook. f., Phoradendron Nutt., Eremolepis Griseb. , Loranthus 
L., Anthobolus R. Br., £xocarpos Labill., avec deux espèces nouvelles : 
E, sandwicensis et EÆ. Casuarinæ ; Myzodendron Banks et Sol, Antidaphne 
Pæpp. et Endl., Santalum L., Colpoon Berg., Osyris L., Thesium L.; 
Thesidium Sond.; Choretrum R. Br., Leptomeria R. Br., Myoschilos R. el 
Pav., Vanodea Banks, Arjona Cav., Quinchamalium Mol., Pyrularia Mich., 
Henslowia BL, Buckleya Torr., Lavallea . Bn, Schæpfia Schreb., Anaco- 
losa Bl., avec une espèce nouvelle A. Pervilleana ; Lirisoma Pœæpp: et End, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 167 


Olax L, , avec neuf espèces nouvelles : O0. Pervilleana, 0.? quercina, O. psit- 
tacorum, O.? Boiviniana, O. Bornieriana, O0. Breontii, O. Thouarsiana, 
O. gambecola et O. multiflora ; Ptychopetalum Benth., Cathedra Miers, 
Agonandra Miers, Opilia Roxb., avec deux espèces nouvelles : 0, manillana 
et O. Cumingiana; Cansjera Juss., Champereia Griff., Cervantesia R. et 
Pav., Jodino. Hook. et Arn., Aptandra Miers, Sérombosia B1., Stolidia MH, 


Bn, Heisteria L. et Ximenia Plum. 
E. F. 


Notes on the Loranthaceæ, with a synopsis of the genera (Votes 
sur les Loranthacées, avec un synopsis des genres); par M. Daniel Oliver 
(Proceedings of the Linnean Society, vol. VIT, pp. 90-106). 


Au commencement de ce travail, l’auteur s'explique sur laffinité reconnue 
entre les Loranthacées et d’autres familles. 11 incline fortement à regarder les 
Loranthacées et les Santalacées comme deux subdivisions du même ordre, et 
n’est pas éloigné de partager sur ce point; comme à l'égard des Olacinées, 
l'opinion de M. Baillon, qu'il cite avec éloge. Suivant les recherches de 
M. Hofmeister, dont les résultats concordent avec ceux de ses propres obser- 
vations, il croit qué le gynécée des Zoranthus, Viscum, etc., est constitué 
par un ovule unique, dressé, et souvent entièrement soudé avec la paroi de 
l'ovaire. Cet ovaire renferme un albumen abondant, même dans le genre 
Loranthus, où il avait été nié par M. Micrs. 

La suite du travail de M. Oliver se compose de détails sur les genres 
Loranthus, Viscum, Ginalloa, Notothixos gen. nov., Arceuthobium, Pho- 
radendron, Antidaphne, Eubrachion, Lepidoceras et Eremolepis ; il donne 
ensuite le synopsis des genres des Loranthacées et de leurs sections, qui sont 
au nombre de vingt-deux dans le seul genre Loranthus. 

Le genre nouveau /Votothixos est placé entre les genres Ginalloa et Tu- 
Peia; il est établi aux dépens des Viscum subaureum F. Muell., V. in- 
Canum Hook., et de quelques autres espèces du même genre. L’£remolepis 
Wrightii Griseb. est proposé avec doute par l'auteur pour le type d’un 
nouveau genre ayant les fleurs monoïques, et le périanthe 4-partit dans les 


fleurs mâles. 
EL 


Plantes rares de la Gironde: par MM. Ch. Des Moulins et Les- 
pinasse (Extrait du Congrès scientifique de France, 28° session, t. III). 


Ce travail à été entrepris par MM. Des Moulins et Lespinasse pour répon- 
dre à une question posée dans le programme du congrès scientifique de 
France, dans sa vingt-huitième session, tenue à Bordeaux en septembre 4861, 
I} se compose de trois tableaux-ou énumération de plantes : le premier, sous 
le titre de Primates, renferme les plantes qu'on peut considérer. comme 


168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


autochthones et qui se font remarquer par le petit nombre de leurs localités 
connues en Europe, ou par leur localisation spéciale à notre sud-ouest, 
ou enfin par la nouveauté de leur découverte. Le second (Advenæ) ren- 
ferme celles auxquelles on peut attribuer avec certitude, ou seulement avec 
une grande probabilité, une origine étrangère au sud-ouest, et qui se sont 
complétement naturalisées là où elles se sont établies dans la Gironde. Le 
troisième (Æariores seu litigiosæ) renferme celles qu’une des deux circon- 
stances indiquées par son titre rend intéressantes à récolter dans les excur- 
sions. Nous remarquons dans ces tableaux une diagnose différentielle des trois 
formes qui se rattachent à l’'Aspèdium aculeatum Sw., le refus de croire à 
l'autonomie spécifique des Capsella rubella Reut. et [. gracilis, la mention 
d’un certain nombre de /?ubus pour la détermination desquels les auteurs 
ont été aidés par M. l’abbé Chaboisseau, un long catalogue de Mousses, etc. 
E. F. 


Sur les hybrides de Æanencelus; par M. Alfred Wesmael 
(L'Institut, 31° année,'n° 1516, 21 janvier 1863). 


Gette notice de M. Wesmael a été lue à l’Académie royale de Belgique dans 
sa séance du 11 octobre 1862. L'auteur y décrit un hybride des Ranunculus 
acris et À. bulbosus, auquel il donne le nom de ZX. subacri-bulbosus; la 
souche de cette plante est tuberculiforme, donnant naissance à un nombre 
variable de tiges (5 à 7). Les organes sexuels y sont avortés, M. Wesmael 
fait quelques remarques sur les hybrides observés dans le genre Æanun- 
culus, : 

Le même jour, cet auteur avait présenté à la même Académie un cas de 


développement de tubercules sur les parties aériennes de la Pomme-de- 
terre. 
E. F. 


Note sur l'Elodea canadensis Rich. (Anacharis Atsinas 
&raum Babingt.); par M. Crepin (Extrait des Bulletins de La Société 
royale de botanique de Belgique, t. TI, n° 1). Tirage à part en brochure 
in-8° de 10 pages. 


Nous avons déjà fait connaître la découverte faite de l'Anacharis en Bel- 
gique. M. Crepin indique dans sa notice les différentes localités où où l 
rencontré, en donne une diagnose soignée, en corrigeant les caractères attri- 
bués au genre Z/odea par Richard, et montre combien l'apparition de cette 
Hydrillée peut être funeste dans plusieurs parties de la Belgique où les eaux 
s'écoulent difficilement ; on cite, en effet, des drainages devenus inutiles, 
des canaux complétement obstrués par le développement de l'Anacharis. Le 
seul moyen de la faire disparaître des lieux qu’elle envahit est un desséche- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 169 


ent complet, car l’arrachement ne fait que la multiplier, en brisant les tiges, 
dont chaque fragment reproduit la plante à l’aide de racines adventives qui 


la soutiennent en s’enracinant ou simplement en nageant. 
E. F. 


Petites annotations à la flore de la Belgique; par M. Fran- 
çois Crepin (Extrait des Bulletins de la Société royale de botanique de 
Belgique, t. I, n° 1). Tirage à part en brochure in-8° de 8 pages. 


M. Crepin signale dans cette notice la découverte en Belgique des Po/ygala 
calcarea, Veronica opaca et Spartina stricta; il décrit ces plantes, ainsi 
qu'une variété obscura du Fragaria vesca L., dont la connaissance force, 
dit-il, à supprimer le #. Hagenbachiana Lang. Il donne encore des détails sur 
les Pirola rotundifolia L., var. arenaria Koch, Scirpus carinatus Sm., 


Polystichum cristatum Roth et Lycopodium Chamæcyparissus Al. Braun. 
E. F. 


Series inconfecta plantarum indigenarum Aragoniæ, 
præcipue meridionalis, auctoribus Francisco Loscos y Bernäl, 
et Joseph Pardo y Sastrôn ; e lingua castellana in latinam vertit, recensuit, 
emendavit, observationibus suis auxit atque edendam curavit Mauritius 
Willkomm. Un volume in-8° broché de 135 pages. Dresdiæ, 1863. 


Le titre seul de ce petit ouvrage en indique le contenu. Il comprend une 
introduction sous forme de lettre, adressée en espagnol à M. Willkomm par 
MM. Loscos et Pardo, pharmaciens à Castelseräs et à Castellote, par laquelle 
ces auteurs remercient le savant botaniste danois de l'intérêt qu’il veut bien 
prendre à leurs travaux, ainsi que les botanistes espagnols qui leur ont adressé 
des renseignements et communiqué des échantillons. Cette lettre ren- 
ferme encore l'indication de plantes observées en Aragon à la fin du siècle 
dernier par différents botanistes. Quant à la florule elle-même, c’est une 
énumération des espèces observées jusqu’à présent dans la région étudiée par 
les auteurs; celles qui y sont indiquées pour la première fois sont marquées 
d'un astérisque ; de ce nombre sont un grand nombre de plantes apparte- 
nant à la flore de France ou à la flore méditerranéenne, comme les Diplo- 
taxis virgata DC., Boleum asperum Desv., Alyssum granatense Boiss. 
Reut., Lepidium calycotrichum Kze (L. granatense Coss.), Polygala rosea 
Desf., Silene tridentata Desf., Dianthus brachyanthus Boiss., Malva ægyp- 
tia L., Hypericum Caprifolium Boiss., Lythrum Salzmanni Jord. , Thapsia 
Asclepium L.? Silybum eburneum Coss. DR. Onopordon nervosum Boiss., 
Cirsium odontolepis Boiss., Nonnea micrantha Boiss., Ornithogalum tenui- 
folium Guss., Deschampsia refracta Rœm. Schult., etc. L’énumération va 
jusqu'aux Cryptogames inférieures (Mucor, Oidium, Uredo). Ceue liste 

A 4 12 


470 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


est accompagnée de notes intéressantes sur un grand nombre d'espèces; les 
localités précises sont indiquées pour les plus importantes. On trouve 
encore, dans l’énumération, la description d’un certain nombre d'espèces 
nouvelles, qui sont les suivantes : Æeutera puberula Loscos et Pardo, diffé- 
rent du /?. gracilis Boiss. par sa tige rameuse dès la base et les segments des 
feuilles inférieures plus larges; Valerianella multidentata Loscos et Pardo, 
voisine du V. discoidea Lois., dont elle est peut-être une forme luxuriante ; 
Centaurea podospermifolia Voscos et Pardo, à feuilles basilaires, pinnatisé- 
quées, longuement pétiolées et dépassant les fleurs; Myosotis gracillima 
Loscos et Pardo, annuel, ayant les fleurs de moitié plus petites que celles 
du M. hispida, et distribué par M. Huet du Pavillon sous le nom de #Z. collina 
Ebrh. ; Orobanche Santolinæ Loscos et Pardo, voisin de l'O. pubescens d'Urv., 
mais ayant les fleurs de moitié plus grandes, la corolle moins arquée, etc.; 
Teucrium aragonense Loscos et Pardo, voisin du 7. capitatum L. et du 
T. cœspitulosum Duf., qui en diffère par ses feuilles tout à fait glabres, ses 
étamines et ses anthères pourprées ; Arthrocnemon coralloides Loscos et Pardo, 
annuel et herbacé, et distinct, par conséquent, de toutes les autres espèces 
d’Arthrocnemon, dont on devra peut-être le séparer pour en constituer un 
genre nouveau; £uphorbia helioscopioides Loscos et Pardo, voisin de l’£. 
helioscopia L., dont il diffère par la grosseur des graines et la forme de la 
caroncule; £. minuta Loscos et Pardo, « perennis, capsulæ glaberrimæ coccis 
dorso rotundatis, seminibus rugosis, primo albo-griseis demum olivaceis, 
caruncula magna coroniformi albida instructis. » 

L'ouvrage se termine par un addenda où se trouve la mention de l’Aie- 
racium Spathulatum Scheele et des Æ. aragonense, H. bellidifolium et 
H. Lawsonii du même auteur, espèces nouvelles que M. Scheele publiera 
prochainement dans une monographie des Hieracium des Pyrénées et 
d'Espagne. 

E. F. 


Sopra due Crocelfere italiane, (Sur deux Crucifères italiennes) ; 
par M. le professeur Théodore Caruel (Extrait du volume V des Affi della 
Società italiana delle scienze naturali in Milano; Milan, mai 1863). 
Tirage à part en brochure in-8° de 7 pages. 


Les deux Crucifères dont il est question dans cette note de M. Caruel 
sont les Sisymbrium Zanonii (Erucastrum Zanonii Ball), et Bivonæa 
Saviana Car. (onopsidium Savianum Ball). On se rappelle que M. Ball avait 
décrit dans ce Bulletin (1) l'£rucastrum Zanonti, qu'il rapportait à ce genre 
à cause de ses cotylédons condupliqués. M. Caruel a trouvé au contraire que 
la radicule était placée sur le dos des cotylédons plans’et près de leurs bords: 


(1) Voyez le Bulletin, t. VIH, p. 254. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 171 


M. Ball a reconnu ce fait par de nouvelles observations. Cette plante rentre 
donc dans le genre Sisymbrium auquel elle avait déjà été rapportée par 
M. Gay, dans un travail lu à la Société au mois de novembre 4860, mais qui 
n'a été publié qu’au mois de mai 1863 (1). Le caractère tiré de la bisériation des 
graines ne paraît pas à M. Caruel d’une assez grande valeur pour placer cette 
espèce dans le genre Praya. On pourra consulter à ce sujet une notice pu- 
bliée (2) par l’auteur de cet article, et qui n’avait pas paru au moment où 
M. Caruel imprimait sa note. Quant au Bivonæa Saviana, le savant botaniste 
de Florence pense qu’il ne doit pas rester dans le genre Zonopsidium, groupe 


fort hétérogène, qu'il conviendrait de réduire au seul Z. acaule Rchb. 
E. F. 


Sul fiore femineo degli Aresm (Sur la fleur femelle des Arum) ; 
par M. le professeur Théod. Caruel (Extrait du volume V des Affi della 
Società italiana di scienze naturali in Milano). Tirage à part en brochure 
in-8° de 5 pages, avec une planche lithographiée ; janvier 1863. 


L'auteur rappelle d’abord que, d’après M. Gasparrini, il existerait une 
enveloppe florale autour des fleurs femelles de l'Arum italicum, que lui- 
même a publié sur ce sujet une opinion contraire (voy. Ann. sc. nat. 
3° série, t. XVI); et que M. Polonio s’est rangé à celle de M. Gasparrini dans 
son mémoire intitulé : Observations organographiques sur les fleurs femelles 
de l’Arum italicum, publié à Pavie en 1861. M. Caruel revient sur les 
arguments qu’il a donnés dans les Annales pour justifier sa manière de voir, 


en les éclaircissant par une planche spéciale. 
E. F. 


Considérations sur la méthode naturelle en botanique ; 
par M. Ph. Parlatore. In-8° de 73 pages; Florence, 1863. Prix : 2 francs. 


Il y a déjà longtemps que M. Parlatore a émis dans ses Lezioni di botanica 
Comparata et appliqué dans sa Flora italiana les principes qu’il développe 
aujourd'hui. Il voudrait que, pour établir les grandes classes, on n’accordât 
pas une importance prédominante à tel ou tel caractère, mais qu’on se fondât 
sur l’ensemble de l’organisation. Il étudie l’histoire de la méthode naturelle, 
en critiquant les principaux auteurs qui s'en sont occupés, et pense que dans 
ce siècle les botanistes l’ont mal interprétée, les uns accordant, avec Jussieu, 
plus d'importance à l'embryon et aux organes de la reproduction; les autres, 
avec De Candolle, aux organes de la nutrition. Aucun organe, comme l'expose 
très-longuement M. Parlatore, ne présente dans ses caractères une constance 


(1) Voyez le Bulletin, t. VIT, p. 878 et suiv. 
(2) Voyez plus haut, p. 5. 


172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


suffisante pour que l’on fonde une coupe générale sur une de ses modifica- 
tions ; l'embryon lui-même varie fréquemment, et quant aux Acotylédones 
comprises sous ce nom en vertu d’un caractère négatif, elles réunissent des êtres 
de structure très-différente. 

L'auteur étudie successivement les organes sur lesquels ont été établies 
des classes principales, l’insertion des étamines, la présence ou l'absence 
de la corolle, le nombre des pétales, etc., qui ne fournissent jamais au 
classificateur des caractères constants ; il prouve surabondamment cette 
variation par l'examen de quelques familles naturelles (Graminées, Orchi- 
dées, Crucifères, Papilionacées ); ainsi que par celui de quelques genres 
(Trifolium, Saxifraga, Linaria, etc.). 11 reconnaît que cette variation 
se présente dans les organes de nutrition comme dans ceux de repro- 
duction. 

Le seul guide qui, suivant lui, puisse servir le naturaliste dans une 
étude aussi difficile, est la recherche des types généraux de structure dont 
l'observation doit être la seule et vraie base de la méthode naturelle. Ces 
types sont, pour M. Parlatore, au nombre de cinq dans le règne végétal: le 
type des plantes cellulaires (Algues, Lichens et Champignons), celui des plantes 
cellulo-fibreuses (Hépatiques et Mousses), celui des Cryptogames vasculaires 
(Équisétacées, Fougères, Rhizocarpées, Lycopodiacées), celui des Monocoty- 
lédones et celui des Dicotylédones. Ces types sont établis d'après un ensemble 
de caractères dont plusieurs peuvent manquer isolément chez certains êtres 
sans que le type cesse d’exister ; il en est ainsi, notamment chez les végétaux 
aquatiques et parasites. L'auteur étend aux genres et aux espèces les consi- 
dérations précédentes, en soutenant que tout organe et toute partie d’un 
organe varie dans chaque espèce, et que l’on ne peut fonder un genre sur un 
caractère unique ; que même la distinction des espèces ne doit pas être faite 
d’après un petit nombre de caractères saillants, mais par l'étude de toute la 
structure de la plante. Aussi ne peut-il admettre comme espèces naturelles 
«une foule de fausses espèces, dont malheureusement sont remplis les 
» ouvrages de quelques botanistes, car on a fait des espèces de certains genres 
» ({beris, Viola, Silene, Rubus, etc.) ce que, pour le genre, Klotzsch a fait 
» à peu près du Zegonia. » 

Il cite à ce propos des modifications curieuses du Senecio squalidus L., qui 
a des feuilles très-découpées, même bipinnatifides, à Catane et au pied de 
l’'Etna, commence à les avoir un peu moins découpées à mesure qu’il s'élève 
sur ce volcan, jusqu’à ce qu'il se présente avec des feuilles entières, à 
3000 imètres environ au-dessus du niveau de la mer. Il ne pense pas que 
l'étude des hybrides puisse modifier sa manière de voir sur l'espèce, car ces 
plantes ne présentent pas, à proprement parler, des caractères intermédiaires 
entre ceux de leurs parents, mais leurs caractères mélangés seulement, et plus 
ou moins juxtaposés, jusqu’à ce que la disjonction des deux types qu'elles 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 173 


portent confondus les y ramène. Il termine par quelques mots où il se déclare 
opposé aux vues émises récemment par certains naturalistes sur la transfor- 


mation des espèces. 
E. F. 


PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. 


On the flora of the Devonian period in northenstern 
America (De la flore dévonienne dans l'Amérique septentrionale) ; par 
M. J.-W. Dawson (The American journal of science and arts, 2° série, 
n° 105, mai 1863, pp. 311-319). 


Nous nous empressons de signaler à nos lecteurs ce travail, d'autant plus 
intéressant que les espèces de la flore dévonienne sont actuellement en France 
l'objet d’investigations fort sérieuses. IL est extrait du Quarterly journal of 
the geological Society, novembre 1861 ; malheureusement la seconde partie, 
qui contient les descriptions des espèces, n’y est pas reproduite : l’auteur rap- 
pelle que sir W.-E. Logan a décrit des espèces dévoniennes en 1859 dans le 
Quarterly journal, et MM. Matthew et Hartt dans le Canadian Naturalist, 
vol. VII, mai 1861. L'auteur donne ensuite quelques détails sur ses propres 
découvertes; on y remarque plusieurs espèces nouvelles : Æhachiopteris 
punctata, Rh. cyclopteroides, Rh. striata, Rh. tenuistriata, Rh. pinnata ; 
Syringodendron gracile; Stigmaria exiqua ; Lycopodites Vanuxemi; Acan- 
thophyton spinosum; Syringozylon mirabile ; Dadoxylon Harttii; Didy- 
mophyllum reniforme; Calamites inornatus; Cyclopteris incerta, C!. 
Brownii, C. varia, C. valida; Leptophlæum rhombicum ; Sphenopteris 
Hitchcockiana, Sph. marginata, Sph. Harttii ; Sigillaria palpebra; Astero- 
Phyllites acicularis, Ast. latifolia, Ast. scutigera; Annularia acuminata ; 
Pinnularia dispalans; Psilophyton elegans, Ps. glabrum; Neuropteris 
serrulata, N. polymor pha ; Hymenophyllites curtilobus; Pecopteris discre- 
pans, P. ingens ; Cardiocarpum cornutum, C. obliquum ; et Trigonocarpum 


racemosum. 
E. F, 


Mémoire sur le terrain de transition dans les Vosges ; 
par MM. J. Kæchlin et W.-P. Schimper (Mémoires de la Société des 
sciences naturelles de Strasbourg, 5° vol., 2° cahier). 


Nous ne pouvons signaler à nos lecteurs que l'existence de cet important 
travail, trop étranger à notre science pour qu’une analyse détaillée en soit 
admise dans cette Revue. Il est enrichi d’une trentaine de planches lithogra- 
phiées représentant les Lépidodendrées, les Stigmariées, etc., du terrain de 
la grauwacke aux environs de Thann. Le musée de la Société industrielle de 


Mulhouse contient un grand nombre de ces fossiles. 
E. F. 


4174 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


MÉLANGES. 


Annales de lassociation philomathique vogéso-rhénane, 
4'e livraison, 1° semestre. In-12 de 72 pages. Strasbourg, 1863. Paris, 
chez J.-B. Baillière et fils. 


Nous avons déjà annoncé la création de l’Association philomathique vogéso- 
rhénane dont le président est notre honorable confrère M. le professeur Kirsch- 
leger, connu de tous nos confrères par son dévouement aux intérêts de la 
science, et surtout de la botanique alsacienne. L’utile publication dont nous 
annonçons ici le début est destinée à faire suite à la Flore d'Alsace de 
M. Kirschleger, en même temps qu’à la Flore de Lorraine de M. Godron. On 
y trouve le compte rendu des excursions faites par les membres de l’Associa- 
tion, et un grand nombre de détails sur les publications relatives à la botani- 
que, principalement à la végétation alsato-vosgienne, qui ont paru en 1861 et 
1862. On remarque avec plaisir que les membres de l'association, tant dans 
les départements où elle a pris naissance, que dans les départements plus 
éloignés, sont déjà très-nombreux. 

E. F, 


BOTANIQUE APPLIQUÉE. 


De la culture de la Violette à Toulouse; par M. Timbal- 
Lagrave (Extrait des Annales de la Société d'horticulture de Toulouse, 
mars et avril 1863). Tirage à part en brochure in-8° de 16 pages. 


Nous citons ici spécialement ce petit travail, parce qu’on y trouve, outre 
des détails intéressants sur la culture et nous pourrions dire l’exploitation 
de la Violette aux environs de Toulouse, une description soignée de l'espèce 
de Violette qui y est répandue, et que M. Timbal-Lagravea depuis longtemps 
nommée Viola tolosana, en la distinguant d’autres espèces établies égale- 
ment aux dépens du Viola suavis Bieb., que Koch a fait connaître et a 
appris à distinguer du V. odorata L. M. Timbal-Lagrave, en reproduisant 
aujourd’hui la description du V. folosana, indique les différences qui sépa- 
rent cette espèce du V. sepincola Jord., auquel MM. Billot et Noulet ont 
proposé de la réunir, et du V. Beraudi Bor. Malgré ces différences, peut- 
être vaudrait-il encore mieux, dit l’auteur, revenir à l'opinion de Koch, en 
rétablissant le V. suavis Bieb. 

Nous remarquons, parmi les pratiques usitées pour la culture de la Violette, 
qu’on n’emploie que la reproduction par stolons, et que pour obtenir de 
beaux stolons à l'automne, on enlève, autant que possible, les fleurs ver- 
nales et estivales. Les stolons obtenus sont mis en pépinière et vendus au 
printemps suivant aux horticulteurs, qui les cultivent pendant l'été, en ayant 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 475 


soin de supprimer encore les stolons ou les fleurs qui tendraient à se 
produire, afin de les faire fleurir pendant l'hiver, Les précautions ordinaires 
sont prises contre le froid. Depuis quelques années, afin de produire des pé- 
doncules plus longs, les jardiniers sont dans l'habitude de recouvrir les pieds 
en octobre ou novembre d’une couche de 6 centimètres de germes d'orge ou 
de paillis. Par ce moyen, les fleurs allongent leurs pédoncules, afin d'arriver 
au jour. La longueur des pédoncules est très-recherchée pour la confection 


des bouquets. 
E. F. 


NOUVELLES. 


— On trouve dans le Moniteur du 10 septembre 1863, un grand article 
sur la fécondation des céréales, signé de M. Daniel Hooïibrenck. Cet auteur 
propose aux agriculteurs de pratiquer en grand la fécondation artificielle des 
céréales (Blé, Seigle, Orge, Avoine, Colza, Sarrazin, etc.), afin d'augmenter 
le rendement de ces cultures. Pour exécuter cette opération, l’auteur emploie 
une corde appropriée à la largeur du champ qu’on doit féconder, à laquelle 
pend une frange de grosse laine à greffer, dont les brins, serrés les uns contre 
les autres, ont de 45 à 50 centimètres de longueur. Deux manouvriers, placés 
sur les côtés du champ, tendent la corde de telle manière que la frange seule 
touche les épis, qu’elle agite en les touchant, pendant que les deux ouvriers 
marchent parallèlement l’un à l’autre. Un troisième ouvrier, placé à égale 
distance des deux extrémités de la corde, lui imprime, avec deux bâtonnets 
qui y sont adaptés vers le milieu, un mouvement horizontal de va-et-vient, tel 
que les franges simulent un mouvement de scie, et font battre doucement les 
épis les uns contre les autres ; le pollen est ainsi répandu indistinctement sur 
tous les épis. L'auteur fait observer qu’ainsi la fécondation peut avoir lieu 
entre épis différents, et que ce croisement exerce une influence favorable sur 
les germes qui en résultent. Il conseille aussi d’enduire la frange de miel 
en y passant les doigts imprégnés de cette substance, D’importants résultats 
ont été obtenus par cette méthode dans le domaine de Sillery, près de Châlons- 
sur-Marne, et ont été officiellement constatés par une commission composée 
de MM. Payen, de l’Institut, Dailly, secrétaire de la Société d'Agriculture, et 
Simons, chef du cabinet du ministre de l’agricukure, du commerce et des 
travaux publics. On a constaté que ‘la fécondation artificielle, ainsi pratiquée, 
augmentait d’un tiers environ le rendement en grains. 

Le Moniteur du 11 septembre nous apprend que M. Hooibrenck a appli- 
qué un procédé analogue à la Vigne et aux arbres fruitiers pour en augmenter 
le rapport. L'Empereur, qui a visité les propriétés de M. Jacquesson, où sont 
employés les procédés de M. Hooibrenck, et qui s’est vivement intéressé aux 
résultats obtenus, a décidé que des expériences seraient instituées pour juger 
de l’efficacité des méthodes de M. Hooibrenck, à Fouilleuse, à Fontainebleau 


176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


et dans d’autres localités. Ces expériences embrasseront non-seulement les 
procédés de fécondation artificielle, mais encore les diverses méthodes de 
taille et de culture dont M. Hooïibrenck a fait l'application chez M. Jacquesson. 
Une commission spéciale a été nommée par décision impériale du 9 de ce 
mois, pour suivre ces expériences ; elle se compose de Son Exc. M. le maré- 
chal Vaillant, président; et de MM. Payen, Decaisne, Dailly, Pépin, Cazeaux, 
inspecteur général, Lambezat, inspecteur général adjoint de l’agriculture, 
Tisserand, chef de division des établissements agricoles au ministère de 
la maison dé l'Empereur, et Simons. 


— D'après des résolutions prises récemment par la Société des pharma- 
ciens de Londres, le jardin botanique que la Société possède à Chelsea va 
recevoir d'importantes améliorations destinées à en faire un établissement 
propre aux études scientifiques. 


— Le Pharmaceutical journal contient, dans son numéro de décembre 
1862, une planche représentant le Cordia Boissieri Alph. DCG., et exécutée 
d’après un échantillon de l’herbier de sir W. Hooker. On sait que c’est cette 
espèce qui fournit le bois qu’on tire du Mexique sous le nom d’Anacahuite 
ou de Nacahuita. 


— M. Waton, libraire à Nîmes, se trouvant possesseur du précieux her- 
bier de la Flore du Gard, laissé par M. de Pouzolz, consentirait à le céder à 
un prix convenable, 


— On annonce la réimpression des Nouveaux éléments de botanique et de 
physiologie végétale d'Achille Richard, neuvième édition, accompagnée de 
notes complémentaires insérées dans le texte, par M, Charles Martins ; ainsi 
que la publication prochaine de Nouveaux éléments d'histoire naturelle, dus 
à M. l'abbé Lambert : ces livres doivent paraître à la librairie F. Savy. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Note sur l’ergot du Froment; par Ad. Heydenreich (Gazette médicale de 
Strasbourg, 1862). 

De l'influence de l’idée religieuse sur les progrès de l’histoire naturelle; par 
M. l’abbé Chaboisseau (Extrait du Congrès scientifique de France, 28° ses- 
sion, t. III). Tirage à part en brochure in-8° de 11 pages. 

Crepin (François). Troisième fascicule d'observations sur quelques plantes 
rares ou critiques de la Belgique; analysé dans le journal /’/nstitui, 
22 avril 1863, 

A. Gris. Sur la production de l’amidon dans les graines des C'anna pendant la 
germination (Communication faite à la Société philomathique); voy. le jour- 
nal l’Institut, 20 mai 1863. 


Paris. — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE 
DE FRANCE 


SÉANCE DU 10 AVRIL 1863. 
PRÉSIDENCE DE M. E. COSSON. 


M. Éd, Bureau, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal 
de la séance du 27 mars, dont la rédaction est adoptée. 
Par suite de la présentation faite dans la dernière séance , M. le 
Président proclame l'admission de : 
M. Comans (l’abbé Eugène), rue des Violettes, 73, à Gand, pré- 
senté par MM. Durieu de Maisonneuve et Tulasne. 


M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. 


Dons faits à la Société : 


1° De la part de MM. Kæchlin-Schlumberger et W.-Ph. Schimper : 
Le terrain de transition des Vosges. 


2 The american Journal of science and arts, novembre 1862-mars 1863. 


3° En échange du Bulletin de la Société : 


Atti della Societa italiana di Scienze naturali, mars 1863. 
Pharmaceutical journal and transactions, avril 1863. 
L'Institut, avril 1863, deux numéros. 


A propos de l'ouvrage offert à la Société par MM. Kæchlin- 
Schlumberger et Schimper, M. Bureau fait remarquer : 


Que les plantes des terrains de transition des Vosges, figurées par ces 
auteurs, ont beaucoup d’analogie avec la flore fossile du bassin anthracifère 
de la basse Loire, dont il a eu l'honneur de mettre de nombreux spécimens 

Tv x. 45 


178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


sous les yeux de la Société pendant la session tenne à Nantes (1). Dans les dépôts 
des Vosges, comme dans ceux de la Bretagne, les Lycopodiacées forment la 
partie dominante de la flore, et la plupart des espèces sont identiques dans les 
deux pays. De plus, on remarque, dans l’un comme das l’autre, l'absence du 
genre Neuropteris (appartenant à la famille des Fougères), l’un de ceux qui ca- 
ractérisent le mieux la flore du terrain houiller proprement dit (Coal-measures), 


M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de la communication 
suivante, adressée à la Société : 


DE L'ORIGINE HYBRIDE DU PRIMULA VARIABILIS, par ME, Hb.-A. GODRON. 


(Nancy, avril 14863.) 


Je crois avoir le premier signalé le Primula variabilis Goup., qui se ren- 
contre au bois de Malzéville près Nancy, comme un hybride des Primula 
grandiflora Jacq. et officinalis Jacq., qui vivent en société sur ce plateau 
calcaire. J'avais émis avec doute cette opinion, en 1843, dans la première 
édition de ma #lore de Lorraine; de nouvelles observations m'ont permis 
l’année suivante de formuler cette idée d’une manière positive (2). Depuis, 
tous les botanistes qui ont étudié cette plante ont accepté cette opinion, et 
l'on pouvait considérer cette question comme résolue. Mais, pendant les deux 
dernières années, quelques doutes se sont élevés sur la nature de ce végétal, 
et des objections, en apparence sérieuses, ont été produites par plusieurs 
observateurs, On à rencontré, assure-t-on, cette plante dans des localités où 
l’un des parents n'existe pas. Ces faits méritent d’être discutés. 

M. de Rochebrune (3) a trouvé près d'Angoulême le Primula variabilis, 
dans des localités où le Primula grandiflora n'existe pas, et ailleurs, là où le 
Primula officinalis fait complétement défaut. Heureusement qu’il nous 
donne une description détaillée et très-bien faite de ce qu'il prend pour le 
Primula variabilis ; il attribue à cette plante des feuilles contractées sous le 
limbe, des pédicelles penchés unilatéralement pendant l'anthèse, un calice à 
dents lancéolées-aiguës égalant la moitié du tube. Or ces caractères n’appar- 
tiennent pas au Primula variabilis, mais s'appliquent admirablement au 
Primula elatior Jacq. 

Parmi les caractères que M. de Rochebrune attribue à la plante qu'il 
prend pour le Primula variabilis, se trouve la longueur du style qui dépasse 
le tube de la corolle ; selon lui, ce caractère est constant (4), etle Prémula 
officinalis serait la seule espèce de cette section du genre Primula qui pré- 


(1) Voyez le Bullelin, t: VIE, p. 689-690. 

(2) Godron, De l'hybridité dans les végétaux. Nancy, 1844, in-4, p. 244 
(3) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 235. 

(4) Ibidem, p. 238. 


SÉANCE DU 40 avriL 1863. 179 


seutât des formes à style long et à style court. Nous rappellerons que De Can- 
dulle a décrit un Primula brevistyla (A), qui lui avait été adressé du Mans 
par Goupil, et qu’il avait reçu également de Bastard sous le nom de Primula 
grandiflora (2). Or ces deux plantes appartiennent au Prémula variabilis de 
Goupil. Gette forme végétale peut donc être à style court, et elle l'est aussi 
souvent qu'à style allongé, comme nous l'avons souvent observé au bois de 
Malzéville. Du reste, dès 1825, mon ami M, Soyer:Willemet avait déjà 
constaté que toutes les espèces de la section Primulastrum varient quant à la 
longueur du style, ét qu’il faudrait les dédoubler toutes si l'on attachait de 
l'importance à ce caractère (3). 

M. de Rochebrune signale encore une forme acaule de son Primula varia- 
bilis, qui, nous venons de le voir, est le Préimulu elatior Jacq. Mais toutes 
les Primevères de cette section, comme le fait a été constaté dépuis longtemps, 
ont toutes une hâmpe ; seulement, dans les formes dites acaules, elle est très- 
raccourcie. Nous avons, du reste, observé cette extrême brièveté de la hampe 
dans les Primula officinalis et elatior, et aussi, quoique très-rarement, une 
hampe bien développée dans le Primula grandiflora. Enfin, dans toutes ces 
espèces, on rencontre quelquefois sur la même souche des hampes très-allongées 
et des hanpes extrêmement courtes, dont les fleurs paraissent acaüles ; ce fait 
est même assez fréquent dans le vrai Primula variabilis. 

Enfin, la plante des environs d'Angoulême est très-fertile, ce qui doit être 
d'après cé que nous avons démontré précédemment ; le Primula variabilis 
de Goupil a été, au contraire, dit stérile. Ce dernier point exige une expli- 
cation, A l’époque où je composais la première édition de ma Flore de Lor- 
raine et où j'étudiais sur le vif nos Primevères, le bois de Malzéville, seule 
localité connue, dans notre ancienne province, du Primula grandiflora, non 
exploité depuis longues années ét très-ombragé, ne présentait sur ses bords 
et le long du chemin qui le traverse qu’un nombre assez restreint de pieds 
de Primula variabilis. C’est sur quelques individus, qui paraissaient fran- 
chement intermédiaires aux deux espèces, au milieu desquelles ils vivaient en 
société, que j'ai constaté la stérilité de cette forme végétale, Pendant les huit 
dernières années, on a successivement coupé ce bois dans toute son étendue, 
et les Primula grandiflora, officinalis et variabilis se sont multipliés en 
abondance dans les jeunes taillis, où ils ne sont plus privés d'air et de 
lumière, Mais, en outre, dans ces circonstances favorables, des formes extrê- 
iement variées du Primula variabilis se sont produites, Cette année (1862), 


(1) De Candolle, Flore française, t. V (1815), p. 383. 

(2) Bastard, Essai sur la flore de Maine-et-Loire, p. 78. — Dans le supplément de 
cet ouvrage (p. 26), il nomme cette plante Primula variabilis, et j'en ai reçu de Jui- 
même un échantillon qui ne laisse aucun doute sur l'exactitude de cette détermination. 

(3) Suyer-Willemet, Annales de la Société Linnéenne de Paris, t. IV (1825), p. 287, 
et Observations sur quelques plantes de France (1828), p. #71. 


180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. Mathieu, professeur à l’École forestière, a recueilli dans notre localité 
classique et m'a fait voir presque tous les passages entre les deux espèces 
génératrices. De nouvelles fécondations, par l'intermédiaire des byménoptères 
qui fréquentent avidement les fleurs de Primevères, rendent leurs hybrides 
fertiles et les modifient profondément. Ceci est conforme, du reste, à ce qu’on 
observe dans les jardins, lorsque le Primula variabilis est cultivé concur- 
remment avec le Primula grandiflora : la première de ces formes devient 
fertile, et par semis elle retourne souvent au type auquel elle est associée. 

1l résulte de tous ces faits que les observations de M. de Rochebrune n'in- 
firment en aucune façon l'opinion admise sans conteste jusqu’à ces derniers 
temps au sujet de la nature hybride du Primula variabilis. 

Si M. de Rochebrune a pris le Primula elatior pour le P. variabilis, 
l'inverse a eu également lieu (1), et je m'explique très-bien cette confusion. 
Dans la première édition de ma Ælore de Lorraine, je m’exprimais ainsi à 
propos du Primula variabilis : « La forme à hampe élevée peut être confon- 
» due au premier coup d'œil avec le Primula elatior, dont elle a le port, mais 
» elle s’en distingue par des caractères bien tranchés. » 

De son côté, M. Ramond (2) considère comme étant le Primula variabilis 
des auteurs le Primula grandiflora, qui abonde dans la forêt de Tancarville 
et présente de nombreux passages de la forme dite acaule, à la forme en partie 
acaule et en partie caulescente, et à la forme exclusivement caulescente. Or 
tous les Primula de la section Primulastrum présentent, nous l'avons vu, 
ces diverses variations. Ce ne sont pas nécessairement pour cela des hybrides, 
et sur ce point nous sommes de l’avis de M. Ramond. Mais nous distinguons 
positivement le Primula var iabilis de la forme caulescente du Primula gran- 
diflora et de ses diverses variétés. 

Restent les observations de M. Lebel (3). Ici il n’y a pas eu de confusion, et 
ce botaniste consciencieux a positivement recueilli le Primula variabilis dans 
la presqu'île de la Manche. J’en ai la preuve : il a bien voulu m'adresser, en 
1853, deux échantillons de cette plante, recueillis par lui à Négréville, où 
depuis ce végétal a disparu. L’étiquette qui accompagne ces échantillons me 
prévient que l’un d’eux est à fleurs jaunes et l’autre à fleurs purpurines. On 
sait que dans les jardins cette variété à fleurs pourpres est généralement cul- 
tivée et qu'on y observe bien d’autres variations. On pourrait croire que cette 
coloration anomale des fleurs de l’une des plantes de M. Lebel est un 
stigmate de domesticité antérieure, et penser que cette plante a été transportée 
accidentellement dans le pré où elle a été observée ; mais on objecterait immé- 


(1) Ainsi un botaniste instruit croit avoir reconnu, au bois de Malzéville, le Primula 
elatior, qui ue croit pas dans cette localité; il a pris pour tel, évidemment, une des 
formes du Primula variabilis (voy. Bull. Soc. bot. de Fr. t. IX, p. 165). 

(2) Ramond, ibidem, t. IX, p. 240, en note. 

(3) Lebel, ibidem, t. VI, p. 8. 


SÉANCE DU 10 aAvriL 1863. 181 


diatement que M. Durand-Duquesnay (1) a trouvé aux environs de Lisieux 
des Primula variabilis dont les fleurs étaient remarquables par leur ten- 
dance à prendre des couleurs variées ; j'ajouterai même que, cette année, 
M. Ingelrest a rencontré sur le plateau de Malzéville un pied de cette plante, 
à fleurs purpurines, et celui-ci était certainement sauvage. D'une autre part, 
il résulte des observations et des expériences qne j'ai faites au Jardin de 
Nancy, et qui seront prochainement publiées, que, dans certains genres, les 
hybrides devenus fertiles varient d’une manière incroyable, quant à la colo- 
ration de leurs fleurs et même dans presque tous leurs organes, à ce point 
que l'hybridation doit être considérée comme une des causes de variations les 
plus puissantes parmi celles qui modifient les végétaux. 

Toutefois, si l'on considère que le Primula variabilis, observé dans deux 
localités sealement du département de la Manche, s’y montre en un petit 
nombre d'individus, dans le coin d’un pré, il est permis de soupçonner que 
cette plante a pu être importée dans ces deux localités exceptionnelles avec le 
fumier qu’on répand sur les prairies, et d'autant plus que dans les communes 
rurales on jette sur les fumiers tous les débris des jardins, que le Primula 
variabilis, qu’on y cultive souvent en bordure, doit être déplanté au bout de 
quelques années, pour rétablir la régularité des bordures, que le nombre des 
pieds devient dès lors surabondant et que les souches inutiles sont jetées au 
dehors, c’est-à-dire le plus souvent sur des fumiers; or ces rhizomes, ou 
même les graines, ont bien pu suivre la même voie de transport que la 
matière fertilisante dont nous parlons. On trouvera sans doute cette suppo- 
sition hasardée, mais une station aussi exceptionnelle, se montrant dans les 
conditions que nous venons de relater, semble cependant présenter les carac- 
tères d’un fait purement accidentel. On sait combien de plantes européennes 
l’homme à transportées à son insu, dans les régions les plus éloignées du 
globe. Il n’y a rien d’impossible que des plantes d’un jardin aient été trans- 
portées dans des prairies du voisinage. Nous connaissons, du reste, un exemple 
analogue du transport d’une autre Primevère dans une région où elle n’exis- 
tait pas antérieurement. Ce fait, je le tiens de mon ami le docteur Mougeot, 
qui l’a observé quelques années avant sa mort. Le Primula officinalis 
n'existe pas à Bruyères, et c’est à quelques lieues de cette ville, à la limite du 
muschelkalk, qu'il commence à paraître; il abonde dans toute la plaine de 
Lorraine et s'étend même partout sur les coteaux calcaires qui la bordent à 
l'ouest. Or, en 1855, il se montra pour la première fois dans +un pré qui, 
l’année précédente, avait reçu à l'automne une abondante fumure provenant 
d’un cheval nourri avec du foin recueilli dans la plaine. 

Quelle que soit l’idée qu’on se forme sur l'explication que nous hasardons, 
il est pour nous bien établi que le fait observé par M. Lebel doit être nécessai- 

1 


(4) Voyez le Bulletin, t. VI, p. 40. 


182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

rement le résultat d’une cause accidentelle quelconque. Nous nous appuyons, 
pour admettre cette conclusion, sur un fait qui nous semble péremptoire : c'est 
que nous avons reproduit le Primula variabilis par la fécondation artificielle 
du Primula grandiflora, au moyen du pollen du Primula officinalis, tout à 
fait semblable à la forme-type du coteau de Malzéville, et présentant les carac- 
tères de la plante que M. Lebel a bien voulu nous adresser, Celle-ci ne peut 
pas dès lors être indigène dans le pré où l’on en a observé quelques individus 
en l'absence du Primula officinalis. 

Le Primula variabilis est donc toujours pour nous une liste hybride. 


M. Eug. Fournier rappelle, à l’occasion de cette communication, 
une notice de M. Gubler publiée dans le Bulletin (t. VI, p. 872) et 
une publication de M. Alfred Perrier, analysée dans le même recueil . 
(t. IX, p. 545). 

M. Ramond fait observer qu’il a trouvé assez fréquemment, dans 
le département de la Seine-Inférieure, le Primula grandiflora, 
tantôt d’une couleur rouge sale, tantôt d’une teinte variant du rouge 
pâle au rouge vif. 

M. J. Gay dit qu’en Basse-Normandie, dans le département de la 
Manche, cette plante a plus souvent des fleurs d’un rose violacé que 
des fleurs jaunes, Il ajoute que cette forine à fleurs d’un violet pâle 
se retrouve dans le Caucase, où Marschall de Bieberstein l’a indiquée 
sous le nom de Pr. amæna. 

M. Duval-Jouve signale la même variété au hameau de la Vil- 
lette près Boissy-Lamberville, arrondissement de Bernay (Eure). 

M. Cosson dit que M. Durand-Duquesnay a recueilli cette variété 
à fleurs rouges aux environs de Lisieux. 11 ajoute que MM. Decaisne 
etNaudin s'occupent de réunir, au Jardin-des-plantes de Paris, toutes 
les espèces et variétés de Primula indigènes, et comptent pratiquer 
entre elles des fécondations artificielles, Ces mêmes observateurs 
ont remarqué que le pollen du Pr. variabilis n’est jamais bien 
conformé, et que cette plante ne peut porter de graines que par 
suite de l'influence d’un pollen étranger, 


M. À. Gris fait à la Société la communication suivante : 
NOTE POUR SERVIR A L'HISTOIRE PHYSIOLOGIQUE DE LA GERMINATION, 
par M. Arthur GRIS, 


»Ç ’ Q * à . .. 
Lorsqu'on place une graine à périsperme farineux dans .des conditions 
propres à détermmer la germination, les tissus du jeune embryon sont de 


SÉANCE DU 10 AvrIL 1863. 183 


bonne heure le siége d’une formation de fécule très-abondante. Cette forma- 
tion provient-elle du périsperme ? La matière amvlacée contenue dans les cel- 
lules périspermiques passe-t-elle immédiatement, sous une forme quelconque, 
dans les tissus de l'embryon et s’y dépose-t-elle sous forme de globules ? Ou 
bien cette production se fait-elle de toutes pièces dans l'intérieur du germe ; 
est-elle complétement indépendante du périsperme ? 

La première hypothèse paraît avoir pour elle de très-grandes probabilités, 
et a été soutenue par un physiologiste allemand, M. Sachs. Selon lui, l’atuidon 
qui apparaît de très-bonne heure dans les tissus de l'embryon germant pro- 
vient du périsperme et résulte de la transformation du sucre qui a passé de ce 
périsperme dans le germe. 

La deuxième hypothèse paraît au premier abord moins vraisemblable, 

Ne pourrait-on point s'assurer par expérience de la valeur réelle de ces 
deux hypothèses ? Il suflirait pour cela d'isoler l'embryon d'une graine 
à périsperme farineux et d'en obtenir un commencement de germina- 
tion. 

Mais il n’est point aisé d'isoler les embryons sans les léser, auquel cas leur 
germination serait incertaine; d'autre part, il importe que des fragments de 
tissu périspermique ne demeurent point adhérents à la surface de l'embryon, 
auquel cas l’expérience ne serait pas rigoureuse. 

Après quelques essais incerlains, il m’a semblé que les graines de Canna 
étaient parfaitement propres au genre d’essai que j'avais l'intention de tenter. 
En effet, au centre d’un périsperme dur, gorgé de fécule, est creusée une 
cavité dans laquelle l'embryon de ces graines est parfaitement libre, sans 
aucune adhérence avec le tissu du périsperme, 

En brisant ces graines avec quelque précaution, il est très-facile d’en isoler 
les germes pärfaitement intacts. 

Je plaçai ces germes dans les lacunes d'une éponge fine, légèrement mouil- 
lée et j’exposai le tout à l'influence d’une douce chaleur. J'obtins bientôt un 
commencement de germination, 

Mais, avant d'exposer ce qu’il me fut dès lors permis de constater, je dois 
indiquer en quelques mots quel est le contenu des tissus du germe avant la 
germination. 

Le parenchyme cotylédonaire, particulièrement gorgé de granules aleu- 
riques, ou ne renferme point d’amidon, ou n’en présente que quelques traces, 
Ou quelquefois en est sensiblement pourvu. Ces différences dans le contenu 
des cellales parenchymateuses du cotylédon semblent indiquer que tous les 
embryons ne sont pas du même âge, que leur évolution se prolonge parfois 
au delà du térme de la maturation de la graine, que le moment où celle-ci 
passe à l’état de repos n’est pas toujours exactement le même. Cette remarque, 
qui s'applique ici aux embryons d’une même espèce de plante, peut égale- 
ment s'appliquer aux embryons de diverses espèces végétales, et il me paraît 


18h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


certain, par exemple, que l'embryon du Maïs est beaucoup plus âgé que celui 
du Dattier. ‘ 

D'autre part, il est bien évident que dans un même embryon certaines 
parties ont acquis un développement beaucoup plus considérable que d’autres. 
Dans notre C'anna, par exemple, le cotylédon très-développé est beaucoup 
plus âgé que les petites racines adventives qui sont encore incluses dans 
le parenchyme du corps radiculaire et que les petites feuilles de la gem- 
mule. 

Il résulte de là que l’amidon, qui peut se rencontrer en quantité parfois 
assez notable dans le parenchyme cotylédonaire, est tout à fait indistinct dans 
les petites racines et les petites feuilles encore à peine ébauchées. 

Tel est donc l’état des choses dans l'embryon du Canna avant la germi- 
nation. 

Mais que s'est-il passé lorsque ce germe, débarrassé du périsperme, comme 
je l’ai indiqué plus haut, a été exposé pendant vingt-quatre heures environ à 
l'influence de la chaleur et de l'humidité ? 

On remarque dans le parenchyme cotylédonaire un abondant dépôt d'ami- 
don, et ce parenchyme n’en contenait point ou n’en contenait que des traces 
plus ou moins sensibles avant l'expérience. 

On remarque un abondant dépôt d’amidon dans le parenchyme des jeunes 
feuilles de la gemmule et des jeunes racines adventives, et le parenchyme de 
ces parties en était complétement dépourvu avant l’expérience. 

Nous tirons de cette expérience aussi simple que décisive la conclusion 
suivante : 

L'amidon qui apparaît dans les tissus de l'embryon, dès les premières 
périodes de la germination, s’y développe d’une manière tout à fait indépen- 
dante de l’albumen et à l’aide des matières préalablement déposées dans l’in- 
térieur de ces tissus avant la germination. 


M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de la communication 
suivante, adressée à la Société : 


NOTE SUR LE FICARIA GRANDIFLORA Rob., par M. Adrien WW ARION. 
(Givita-Vecchia, février 1863.) 


J'ai pu, depuis deux ans, observer avec. soin les formes de Ficaria qui 
croissent en abondance aux environs de Givita-Vecchia, et m’assurer que les 
caractères cités par les auteurs pour séparer le Æicaria grandiflora Rob. du 
F'. ranunculoides Mœnch, n’ont rien de constant. Les lobes des feuilles sont 
indifféremment, et souvent sur le même individu, divergents ou incombants, 
et ce caractère, d’après lequel M. Reichenbach avait créé le Ficaria calthifolia 


SÉANCE DU 10 avriL 1863. 485 


(Fl. exc. p.718, n° 4571),ne peut même servir à la distinction de variétés. La 
largeur de l’écaille nectarifère varie aussi, mais il est assez rare, même sur les 
échantillons très-développés, de trouver cette écaille aussi large que l'onglet. 
La forme et la couleur des sépales n’ont rien de caractéristique. Sur les pre- 
mières fleurs, qui se développent en Italie dès le mois de janvier, les sépales 
sont verdâtres, tandis qu'ils sont jaunâtres sur les fleurs qui s’épanouissent en 
février-mars. La présence ou l'absence de bulbilles aux aisselles des pétioles 
ne me semble non plus avoir aucune valeur spécifique. Aux environs de Metz 
et de Strasbourg, j'ai quelquefois rencontré ces bulbilles sur le Ficaria ranun- 
culoides, mais toujours lorsque la plante croissait dans des endroits couverts; 
le plus souvent alors, les fleurs avaient avorté et les carpelles ne se dévelop- 
paient pas. 

Quant aux autres caractères invoqués, ils peuvent tous se résumer dans les 
dimensions comparatives de diverses parties de la plante; ce ne sont alors que 
des modifications dues à des influences de localité. Aux environs de Civita- 
Vecchia, le Ficaria prend un très-grand développement lorsqu'il se trouve 
dans un ravin ombragé, humide; il exagère, pour ainsi dire, toutes ses di- 
mensions, et se présente identique au ficaria grandiflora Rob. , tel que je le 
connais de Marseille et de Toulon. Mais, si l’on s'élève sur les berges rocail- 
leuses et sèches de ce ravin, on voit la plante diminuer progressivement de 
grandeur et passer, par une série continue d'échantillons, au Ficaria ranun- 
culoides Mœnch. C’est, d’après la description, une de ces formes intermé- 
diaires qui a été élevée au rang d'espèce, sous le nom de #. ambiqua, dans la 
3° édition de l'excellente Flore du centre de la France de M. Boreau. 

Je crois cependant le Ficaria grandiflora assez remarquable pour être 
signalé comme variété, et je terminerai cette note par le tableau suivant, qui 
complétera ma pensée : ‘ 


FICARIA RANUNCULOIDES Mœænch Meth. p. 215. — F. calthifolia Rchb. F7. 
exe. p. 718,ex F. Schultz Jahresb. der Pollichia, 1861, p. 34. — F. 
ambiqua Bor. Fl. Centre, 3° édit. I, p. 20. — Aanunculus Ficaria L. 
Sp. p. 774. — R. calthifolius Bluff, non Jord. 

Yar. $ grandiflora. — Ficaria grandiflora Rob. Cat. Toulon, p. 57 et 112. 
— F. calthifolia Gr. Godr. FL. Fr. X, p. 39, non Rchb. — fanunculus 
calthifolius Jord. Obs. 6° fragm. p. 2, non Bluff. — 2. ficariformis F. 
Schultz Jahresb. der Pollichia, 1861, p. 34. 


M. Duval-Jouve, après avoir placé sous les yeux de la Société un 
petit appareil en caoutchouc, au moyen duquel on se rend compte 
très-facilement des diverses apparences que présente une spore 
d'Equisetum munie de ses élatères, ajoute les explications sui- 
vantes : 


186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


SUR LES ÉLATÈRES DES EQUISETUM, par M, J. DUVAL-JOUVE, 


Les spores des Æquisetum et le gracieux appareil de leurs élatères ont tou- 
jours été un objet favori d’études pour les micrographes, et ont donné lieu à 
un grand nombre de figures, de descriptions et d'opinions différentes. L’as- 
péct que présente une de ces spores bien complète, à sa sortie du sporange, 
est celui d’une sphère placée au point de réunion de quatre fils plus ou moins 
contournés et dilatés à leur extrémité. Or trois opinions sont encore adoptées 
par un grand nombre de botanistes pour rendre compte de ces apparences. 

Suivant la première, il y a deux fils qui se croisent au point d’adhérence 
de la spore : « Staminodia bina, cruciatin affixa polline repleta. » (Reïchen- 
bach, FT. excurs. p. 154, et beaucoup d’autres auteurs.) 

Suivant la seconde, l'extrémité des fils est renflée en massue, claviforme : 
« The clavate ends of the filaments. » (Henderson, Xeprod. Equis. in Trans. 
of Linn. Soc. vol. XVII, p. 569.) 

Enfin, suivant la troisième, les stries ou les rides en spirale qui courent le 
long des fils des élatères lorsqu'ils sont étendus sont dues à ce que chacun des 
fils est composé d'un bord épaissi contre lequel est une lame mince « et que 
» cette lame mince se replie spiralement autour de la partie épaissie.... So 
» schlægt sich zugleich der unverdickte Theil dieser Bænder um den verdick- 
» ten spiralig herum. » (Pringsheim, Notiz ueb. d. Schleuderer v. Equis. 
in Bot. Zeit. 1853, p. 243.) 

Si l'on considère que dans un sporange non encore ouvert les élatères 
forment autour de la spore une sphère simple en marchant parallèlement et 
sans jamais se croiser ni se superposer, il sera impossible de concevoir qu'ils 
puissent se croiser au point d’adhérence, car deux lames ou deux lignes 
spirales qui se croiseraient en un point se croiseraient nécessairement à 
chaque tour de spire et ne pourraient en aucun cas courir parallèlement. Et 
de plus, pour concevoir ce premier croisement et ceux qui en résulteraient, 
il faudrait concevoir la cellule génératrice des lignes spirales double à chaque 
point de croisement et simple ailleurs, ce qui serait absurde. Aussi, pour 
échapper à cette absurdité, Bischoff, qui avait considéré les élatères comme 
se croisant à leur point d'adhérence à la spore, « die sich in ihrem Befesti- 
» gungspunkte durchkreuzen » (Arypt. Gew. p. 32), affirma-t-il plus tard 
que chaque élatère constitue à lui seul une enveloppe complète (Zehrb. der 
Bot. 1,. p.443 et 445). L'observation directe d’une spore fraîche détruit 
cette hypothèse, et montre que les élatères constituent autour de la spore 
une cellule sphérique, simple, qui à la maturité se divise en deux fils mar- 
chant parallèlement. 1 est moins facile d'observer directement le point d’adhé- 
rence des deux fils entre eux et à la spore, car sur le porte-ubjet les spores se 
présentent constamment avec leur point d’adhérence placé en bas. Là est 


SÉANCE DU 10 AvRIL 1863. 187 


évidemment leur centre de gravité, Pour pouvoir les examiner en sens 
contraire, il faut employer de petites plaques de verre ou de mica légèrement 
gomméeset que l’on retourne après que les spores y ont adhéré. On s'assure 
alors à son aise que les étaléres sont parallèles à leur point d’adhérence. 

Pour se rendre un compte exact des autres apparences, il suffit de prendre 
une sphère en caoutchouc et de la découper en deux bandes parallèles et dila- 
tées en spatule vers les deux pôles. On voit alors que cette sphère unique, 
découpée en deux bandes parallèles, reproduit si bien la disposition des éla- 
tères qu’elle reproduit aussi toutes les apparences que présente ce gracieux 
appareil. Ainsi, en étirant en ligne droite une de ces bandes spirales, on voit 
que, de quelque façon qu’on la regarde, la torsion qu’elle subit nécessairement 
pour passer à la ligne droite fait paraître les extrémités non plus seulement 
dilatées en spatule, mais renflées en massues, claviformes, et cette même tor- 
sion reproduit les rides en spirales, pour l'explication desquelles M. Prings- 
heim avait imaginé l’existence d’une lame mince se contournant en spirale 
autour d’un fil épais. | 

Il est donc permis de conclure que les élatères proviennent d’une cellale 
simple qui enveloppe la spore, sont parallèles et non croisés à leur point 
d’adhérence, spatulés et non claviformes à leurs extrémités, simples et non 
entourés d’une bande mince en spirale. 


M. Hénon fait à la Société la communication suivante : 


PROMENADE A LA RECHERCHE DU NARCISSUS REFLEXUS DE LOISELEUR (1), 
par M. le docteur HÉNOX. 


Parmi les Narcisses anciennement connus, il en est plusieurs sur lesquels 
on est bien loin d’être d'accord et dont le type original semble perdu. Pour 
divers botanistes, le Varcissus calathinus de Linné est une plante inconnue 
de nos jours. Quelques-uns pensent la retrouver dans l'espèce que Bonne- 
maison à sigoalée, il y a un demi-siècle, dans les îles Glénans, et que Loise- 
leur désigne sous le nom de Varcissus reflezus. Cette supposition me paraît 
peu admissible, puisque le N, calathinus de Linné est une plante orientale, à 
fleur jaune et odorante, à feuilles planes, tandis que le N. reflezus, décou- 
vert par Bopnemaison, à été retrouvé seulement en Espagne et en Portugal, 
que les fleurs sont d’un blanc jaunâtre et inodores, que les feuilles sont con- 
vexes d'un côté et présentent une double nervure saillante, Enfin Linné ne 
mentionne pas dans son espèce le caractère qui a motivé le nom spéfcique 


(1) Narcissus REFLEXUS. — N, foliis angusto-linearibus virentibus planiusculis dorso 
subconvexis binerviisque, scapo cylindrico lævi 1-2-floro, nectario campanulato margine 
sexerenato, petalis reflexis alterne latioribus subæquali, floribus cernuis. (Loiseleur, 
Recherches sur les Narcisses indigènes, 1810, in-4°, p. 42.) 


188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de celle de Loiseleur : les segments du périgone réfléchis ct dressés par suite 
de l’inclinaison de la fleur, comme dans les C'yclamen et le Dodecatheon. 

La plante indiquée par Bonnemaison croît dans des îlots éloignés de la côte 
du Finistère, îlots peu fréquentés, d’un abord difficile, dans une mer assez 
mauvaise, surtout au printemps. Par un temps favorable, la traversée se fait 
en deux heures; par une mer agitée, le trajet est beaucoup plus long; j'ai mis 
huit heures à l’accomplir. 

Peu de naturalistes vont dans ces îles; on n’en a rapporté que rarement le 
Narcisse, dont la floraison, de courte durée, a lieu du 5 au 25 avril. 

M. J. Gay, l’un des doyens des botanistes français, avait été avec son fils 
aux îles Glénans, il y a une quinzaine d’années, dans une saison où il ne reste 
aucun débris extérieur de la plante. Il fit des fouilles à un endroit qu’on lui 
avait indiqué, et, parmi un grand nombre de bulbes qu'il recueillit, il en trouva 
quelques-uns qui étaient ceux du N. reflezus. Un soupçon lui restait, soup- 
çon partagé par beaucoup de personnes : le N. reflezus était-il bien réellement 
spontané dans l’île Saint-Nicolas? À l'instar de l’Amaryllis de Guernesey 
(A. sarniensis L.), dont l’histoire est si connue, il avait peut-être été jeté 
dans cette île par suite d’un sinistre maritime et s’y était naturalisé. 

Antérieurement à M. Gay, Bonnemaison avait rapporté des Glénans des 
échantillons multiflores ou présentant des variations de couleur. Tous ces 
individus appartenaient-ils à la même espèce? C'était un second point à 
vérifier. 

Je me décidai, cette année, à profiter des vacances de Pâques pour essayer 
de résoudre ce petit problème. Je me transportai donc rapidement jusqu'à 
Concarneau (port du Finistère), où je pris le bateau blanc, monté par cinq 
hommes et dirigé par un pilote habile, et le lundi de Pâques (6 avril), mal- 
gré un gros temps qui nous rendit la traversée pénible, je pus explorer deux 
îles. 11 nous fut impossible d'aborder ailleurs, tant la mer déferlait avec fureur 
sur les autres îlots, entourés de rochers et de récifs. 

Le premier où nous abordâmes ne fait point partie des Glénans et se nomme 
l’{le-aux-Moutons. Xl est à deux lieues environ au sud de la pointe de Mous- 
terlin, long d’à peu près quatre cents mètres, inhabité, sans source. 

Dans l’île, le terrain est léger, sablonneux ; en quelques endroits il a plus 
de 50 centimètres d'épaisseur ; il est noir, assez semblable à de la bonne terre 
de bruyère. La végétation était fort belle. L'herbe, d’un vert foncé, s'élevait 
à 60 centimètres. De tous côtés, l'œil rencontrait des fleurs bleues, blanches 
ou jaunes. Le Lychnis dioica est commun ; plus élevé, plus velu qu'ailleurs, 
il est encore remarquable par la grandeur de ses corolles. Une variété de la 
Scille-penchée ($S. nutans Smith), que M. Gay considère comme ditférente de 
celle qui croît aux environs de Paris, était en pleine floraison. Nous en trou- 
vâmes une sous-variété à fleurs d’un blanc jaunâtre, Gà et là une grande Cru- 
cifère, du genre Brassica, dressait ses tiges fleuries et contrastait par ses larges 


SÉANCE DU 40 AvRIL 1863. 189 


feuilles et par ses pétales jaunes avec une Radiée semi-ligneuse (Anthemis 
marttima L.), à fleurs blanches, au feuillage finement découpé: Ailleurs, une 
Légumineuse (Vicia) se cramponnait avec ses vrilles au-dessus des hautes 
herbes, pour y produire à la lumière ses fleurs solitaires, sessiles, axillaires et 
d'un jaune teinté de violet, La variété de la Bette-maritime (2. maritima 
var. erecla Gren. et Godr.; 2. carnulosa Gren. mss.), que plusieurs consi- 
dèrent comme le type de la plante cultivée, est aussi spontanée dans cette 
île. M. Duchartre a remarqué que la grande régularité avec laquelle les feuilles 
sont disposées sur la tige de cette plante peut servir à démontrer la superpo- 
sition de cinq en cinq de certaines feuilles alternes. C’est un bel exemple de 
phyllotaxie. La tige dressée de cette Bette, ses feuilles larges et charnues, la 
font distinguer de loin. Le Lichen qui sert à fabriquer l’orseille (Æoccella 
fuciformis « DC.) couvrait les rochers. 

Daus les pelouses sèches qui garnissent les bords de la mer, on retrouvait la 
majeure partie des plantes qui croissent sur les côtes de cette partie du Finis- 
tère, notamment le Behen-maritime, tout constellé de fleurs, ainsi que les 
petites sphères d’un rose plus ou moins vif de l'Armeria maritima. Le Trèfle- 
blanc, plusieurs variétés naines de Myosotis, deux espèces de Cresson, le 
Plantain-maritime étaient aussi en pleine floraison. Une plante bulbeuse, que 
je crois être un Ornithogale ou une Scille, formait, par l’entrecroisement de 
ses feuilles touffues, de larges plaques de gazon, mais sans aucune trace de 
fleurs. 

On m'avait assuré que le Narcisse-réfléchi croissait dans l’île-aux-Moutons ; 
c'est en vain que nous l'avons cherché ; s’il y existe encore, il doit y être 
très-rare. 

La seconde île où nous pûmes aborder est l’île Saint-Nicolas. Elle est beau- 
coup plus grande que l'îlot que nous quittions; c’est l’une des plus impor- 
tantes du groupe des Glénans, composé d’une quinzaine d'îles ou îlots. Ce 
petit archipel est situé à quatre lieues au sud-sud-ouest de Concarneau. 

L'île Saint-Nicolas est cultivée en partie ; un fermier et sa famille l’habi- 
tent toute l’année. Le terrain, sablonneux, paraît médiocrement fertile. Il y a 
quelques broussailles peu élevées, mais on n’y voit aucun arbre, soit à cause 
dela violence des vents qui y règnent une grande partie de l’année, soit à cause 
du peu de profondeur du sol. Deux pieds de Vigne, chétifs et mal tenus, étaient 
plantés contre la maison. On cultive le Blé dans de grands carrés enclos de 
murs, construits en pierres sèches et hauts d’un mètre environ, qui brisent les 
courants d'air. Une autre ressource du fermier est l’incinération des varechs 
pour la fabrication de la soude. La végétation spontanée est peut-être plus va- 
riée que celle de l’île-aux-Moutons, mais elle était incomparablement moins 
luxuriante. 

À peu de distance de l’unique maison de l’île, se trouve le mur en pierres 
sèches à l’angle duquel M. Gay avait creusé pour chercher des bulbes. Trois 


490 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


pieds du. Narcisse-réfléchi balançaient leurs fleurs en cet endroit, et, comme 
dans ce désert le sol est rarement remué, le creux fait jadis par M. Gay était 
encore reconnaissable. 

Là où l’on cultive le Blé, le N. reflezus a disparu. On le retrouve sur la li- 
sière des champs et dans les terrains nor défrichés. 11 y est assez abondant pour 
qu’on puisse le considérer comme vraiment spontané. Le plus ordinairement 
il est uniflore, fréquemment on le rencontre biflore et quelquefois triflore, Le 
scape s'élève de 10 à 20 centimètres, mais, lorsque le sol est profond et de 
bonne qualité, il acquiert jusqu’à 30 centimètres de hauteur, et presque tou- 
jours alors il est multiflore. 

Je n’ai trouvé que des variétés ou variations peu importantes. 

La couleur des fleurs est d’un blanc plus ou moins teinté de jaune. 

Les segments du périgone sont parfois notablement plus étroits, aigus. 

La couronne ou coupe varie un peu dans son évasement ; ses rapports de 
longueur avec le tube et avec les segments du périgone sont assez constants. 

Dans les étamines, dont trois sont presque sessiles et incluses dans le tube, 
tandis que les trois autres, munies de longs filets, portent l'anthère aux deux 
tiers de la couronne, j'ai vu parfois les étamines inférieures pourvues de filets 
assez longs portant l’anthère jusqu’au tiers de la couronne. Je n’ai observé 
cette disposition que dans les variétés à segments du périgone étroits. 

Le fermier m'a assuré que dans une île voisine, celle de l'Étang ou du Loch, 
le Narcisse est commun ; qu’il y prend de grandes dimensions. C'est de là 
peut-être ou des jardins que proviennent certains échantillons à cinq ou six 
fleurs qu’on voit dans les herbiers. 

A l'exception du Narcisse, du Chou-à-huile qui paraît échappé des cul- 
tures, et de la variété de la Scille-penchée que j'ai mentionnée plus baut et” 
dont le fermier se sert ici pour faire des cataplasmes maturatifs, je n'ai 
trouvé que peu de plantes fleuries. 

Notre rapide exploration a eu pour résultat la certitude que le Varcissus 
reflezus est bien véritablement spontané dans les îles Glénans, et que les varia- 
tions multiflores ou à segments aigus appartiennent à la même espèce. 

I] fallait se hâter : les marins nous rappelaient, la mer devenait de plus en 
plus mauvaise, on avait des craintes pour le retour, Heureusement nous en 
fûmes quittes pour la peur, la pluie et le mal de mer, dont on peut rire, mais 
seulement quand on a mis pied à terre. 


M. J. Gay dit : 


Qu'il s’est rendu en septembre 4847 aux îles Glénans, dans le but d'y 
recueillir le Narcissus reflezus Lois. À cette époque de l’année, la plante était 
déja complétement desséchée. M. Gay fit creuser le sol au pied d'un mur, 
dans un endroit qui lui fut désigné par le seul fermier qui habite l’île, et il 


SÉANCE DU 10 avril 1863. 191 


recueillit ainsi un certain nombre de bulbes, sans pouvoir distinguer alors 
ceux qui appartenaient à la plante en question. Ces hulbes furent apportés à 
Paris et plantés, Deux d’entre eux produisirent au printemps suivant le 
N. reflezus Lois. Après avoir donné des fleurs en 1848 et 1849, la plante 
cessa de fleurir, ainsi qu’il arrive souvent, sous le climat de Paris, à d’autres 
plantes bulbeuses maritimes, particulièrement à l’Amaryllis sarniensis. 


M. Hénon fait remarquer qu’il est fort difficile d’abordér aux iles 
Glénans, et que le voyageur n’y trouve aucune ressource ; aussi les 
visites des botanistes y sont-elles bien rares. Depuis longues années 
on n’y avait pas vu une boîte à herboriser, et le trou creusé, en 1847, 
par M. Gay, n’a pas été comblé. — M. Hénon ajoute que le Quercus 
[lex est fort abondant aux environs de Quimper, et lui paraît 
croître dans ce pays à l’état tout à fait sauvage. 


M. Bureau fait à la Société la communication suivante : 


SUR DES FLEURS MONSTRUEUSES DE PRIMULA SINENSIS, rar M. Éd. BUREAU. 


J'ai examiné les échantillons monstrueux de Primula sinensis présentés 
par M. Durieu de Maisonneuve dans la dernière séance (1), et voici ce qu'ils 
m'ont offert : 

Les fleurs anomalement développées se montrent sous deux formes très- 
dissemblables, qui ne me paraissent cependant être que deux degrés diffé- 
rents d’une même sorte de monstruosité, Ces denx formes ne sont point 
mélangées dans une même inflorescence, et appartenaient probablement à des 
pieds distincts. 

Les fleurs les moins déformées présentent un calice tabuleux très-allongé, 
une corolle également très-longue et d’une couleur verdâtre, dont le tube 
porte cinq étamines, et un ovaire cylindrique tellement long qu'il dépasse la 
gorge de la corolle, Le style est, au contraire, très-court. 

Si l'on ouvre cet ovaire , on trouve au centre un rameau poilu, comme les 
rameaux de l’inflorescence, et formant évidemment la continuation du pédi- 
celle de la fleur, dont il ne diffère en rien. Ce rameau se partage au sommet 
en un grand nombre de divisions aplaties, contournées, irrégulières, qui por- 
tent sur leurs bords des ovules plus ou moins bien dévéloppés. 

Entre cette monstruosité et celle dont je vais parler maintenant, je n'ai pas 
vu de formes intermédiaires. Toutes deux cependant me paraissent, comme 
je l'ai déjà dit, l'effet plus ou moins prononcé d’une même tendance de la 
fleur : la tendance à se changer en un rameau. 


(1) Voyez plus haut, p. 137. 


192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Les fleurs qui présentent le degré le plus avancé de monstruosité sont 
beaucoup plus compliquées. Tous les organes qui composent leurs différents 
verticilles sont métamorphosés en appendices foliacés, nullement soudés entre 
eux. Je ne puis micux comparer l'aspect de la fleur qu’à celui d’un capitule 
de Composée à larges bractées (d’Artichaut par exemple) avant l'épanouis- 
sement. \ 

Si tout se bornait à cette métamorphose, les appendices dont il s'agit 
devraient être au nombre de vingt : cinq représentant les pièces constituantes 
du calice, cinq les pièces de la corolle, cinq les étamines et cinq les carpelles; 
mais il yen a bien davantage, et il est évident que l’axe de la fleur , après 
avoir donné naissance à la quantité d’organes appendiculaires qu'il doit nor- 
malement porter, a continué à produire des appendices semblables, exac- 
tement comme un rameau, dont la partie supérieure produit sans cesse de 
nouvelles feuilles tant que le mouvement de la séve n’est pas arrêté. 

La ressemblance de cette partie centrale de la fleur avec un rameau se 
trouve complétée par la position des appendices qui, dans cette région, sont 
alternes et placés sur une ligne spirale, tandis que la disposition en verticilles 
est encore bien reconnaissable pour tous les appendices extérieurs. 

Puisqu'il est facile, dans le cas en question, de distinguer les folioles qui 
représentent les organes composant les quatre verticilles d’une fleur ordinaire 
de Primula, il est évident que tous les organes foliacés situés plus haut ne 
peuvent être portés que par le placenta changé en rameau, comme il l’est dans 
la première forme de monstruosité. Ici, seulement, l'allongement moindre du 
rameau placentaire rend la transformation moins apparente. 

Si cette extrémité de l’axe de la fleur représente le placenta, elle doit porter 
les ovules ; c’est aussi ce qui a lieu. Ces organes sont placés sur de petits ren- 
flements partant de l’axe et occupant les deux bords de toutes les folioles supé- 
rieures, dans la moitié de la hauteur de ces folioles. 

En même temps que les différentes pièces appendiculaires de la fleur ten- 
dent à passer à l’état de feuilles, elles en prennent les propriétés ; ainsi elles 
portent fréquemment des bourgeons à leur aisselle. Ces bourgeons s’allongent 
en rameaux qui se terminent par une fleur exactement semblable à celle que 
je viens de décrire, et donnant elle-même naissance à des rameaux qui occu- 
pent l’aisselle des pièces de ses différents verticilles. J'ai vu cette sorte de 
rawification produire jusqu’à des axes de quatrième ordre et donner à l’inflo- 
rescence un aspect des plus bizarres. 

Telles sont les monstruosités intéressantes dont la Société a bien voulu me 
confier l’examen. Je me suis borné à les décrire aussi exactement que je l'ai 
pu, sans vouloir aborder maintenant l'étude des importantes questions de 
morphologie qu’elles soulèvent, 


M. Roze fait à la Société la communication suivante : 


SÉANCE Du 10 AvriL 1863. 193 


NOTE SUR UNE EXCURSION BRYOLOGIQUE AUX ENVIRONS DE PROVINS, EN MARS 1863, 
par SEM. BOUTEILLER ct ROZE, 


L’exploration des collines crétacées qui s'étendent de Provins (Seine-et- 
Marne) jusqu’à la station de Longueville nous ayant offert un certain intérêt 
au point de vuc des Mousses récoltées sur les confins est de la flore pari- 
sienne, nous avons cru pouvoir en faire l’objet de la présente note. 

Ce qui paraît dominer à première vue sur la portion du sol, improductive 
ou délaissée par la culture, de toutes ces collines, c’est la plupart des espèces 
des terrains calcaires proprement dits, telles que l’ÆZypnum molluscum Hedw. , 
le Thuidium abietinum Schimp., le Cylindrothecium concinnum Schimp., 
stériles tous trois, et surtout le Camptothecium lutescens Schimp., qui seul 
s'y montre chargé de très-nombreuses fructifications. 

Ceci constaté, nous sommes allés visiter des roches calcaires et des blocs 
erratiques quartzeux , situés sur le penchant d’un coteau, au pied duquel se 
dessine le cours sinueux de la Voulzie, et nous y avons recueilli les Mousses 
suivantes : 

Sur les roches calcaires : 

Gymnostomum tortile Schwægr., plante nouvelle pour la flore parisienne, 
dans les petites cavités de la roche ; 

Barbula aloides Br. eur.; 
et Didymodon luridus Hornsch., rare ct très-peu fructifé; ces trois espèces 
entremêlées de Barbula squarrosa De Not. et de ZLeptotrichum flexicaule 
Hampe, stériles, ainsi que de Grimmia apocarpa Hedw. , d’'Orthotrichum ano- 
malum Hedw. , etd’£ncalyptavulyaris Hedw. , abondants et toujours fructifiés, 

Sur les blocs quartzeux : 

Pterogonium gracile Swartz, signalé comme très-rarement fertile et qui, 
là, se montrait en certains endroits chargé de fruits ; 

Hedwigia ciliata Hedw., présentant la forme-type et là très-curieuse 
variété leucophæa, toutes deux fertiles ; 

Et Grimmia leucophæa Grev., espèce nouvelle pour la flore parisienne, 
et qui, stérile dans cette localité, avait été trouvée antérieurement et assez 
bien fructifiée sur les rochers de grès avoisinant l'emplacement de l’ancien 
château d'Épernon (Eure-et-Loir), mais qui n’avait pas encore été signalée. 

Nous avons de plus récolté, sur des Ormes bordant une route aux portes de 
Provins, l'Orthotrichum fallax Schimp. (0. pumilum Br. eur.), et, sur le 
tronc d’un Noyer courbé en dos d’âne , le Leucodon sciuroides Schwægr. 
Chargé d’urnes noirâtres, fertilité qui est loin de lui être habituelle. 

Enfin, sur les parois verticales d'un ravin crayeux, nous avons découvert le 
Seligeria calcarea Br, eur., que, du reste, nous avons revu très-abondant 
dans de vastes tranchées ouvertes pour les travaux du chemin de fer, près de 

T, x 34 


494 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Longueville, et qui selon toute probabilité doit se retrouver dans la plupart 
des localités de la Champagne où la craie du sol se trouve ainsi mise à nu. 

Tel est, en résumé, le résultat de no$ communes investigations ; nul doute 
qu'il n’y ait encore quelques espèces intéressantes à inscrire à la suite de cet 
aperçu : c’est ce qui revient en particulier à celui de nous pour qui l’achè- 
vement du catalogue des plantes provinoises est l’objet de patientes et minu- 
tieuses recherches. 


M. Duval-Jouve expose qu’en général les flores mentionnent le 
Leersia oryzoides comme une plante peu commune, tandis qu'au 
contraire ses observations lui ont fait reconnaître que cette Grami- 
née est des plus répandues. 

M. Larcher fait observer qu’il a lui-même trouvé le L. oryzoides 
abondant aux environs de Paris et jusque dans l'enceinte même de 
la ville, sur les bords de la Seine. 


M. Duval-Jouve ajoute ce qui suit : 


SUR LA FLORAISON ET LA FRUCTIFICATION DU LEERSIA ORYZOIDES, 
par M. JS. DUVAL-PSOUVE. 


J'ai constaté la présence du ZLeersia oryzoides au bord des eaux courantes 
et dormantes, du nord au sud, depuis Strasbourg jusqu'à Tarascon, et de 
l’est à l'ouest, depuis Strasbourg jusqu’à Lisieux. M. le capitaine Pâris, notre 
confrère, m'a dit avoir également trouvé cette plante aux bords de tous les 
cours d’eau de la Basse-Normandie, 

Ce qui a dû induire en erreur sur la fréquence de cette plante est cette cir- 
constance, qu'elle ne fleurit que très-rarement dans nos contrées, bien 
qu'elle y fructifie tous les ans. Je m'explique : 

Ordinairement, on ne constate la présence du Z. oryzoides dans une lôca- 
lité que lorsqu'on en voit la panicule plus ou moins exserte:; sans panicule, 
on né la distingue pas des autres Graminées au milieu desquelles elle croit. 
Or, sur cette éspèce , la panicule exserte est une exception, une exception si 
rare qu'on devrait presque la dire une anomalie. 

Quand on se met sérieusement à la recherche de cette plante automnalé, 
où parvient facilément à la distinguer sans sà panicule, car elle est toujours 
reconnaissable à la rudesse extrême dé ses feuilles d’un vert jaunâtre ‘et sut- 
tout à sa feuille supérieure courte et seule à former constamment un angle 
droit avec sa gaîne. On voit alors que toutes ses tiges non fleuries sont extrê- 
mement répandues au bord des eaux, et que ce qui empêche peut-être qu'on 
ne signale cette plante partout, c’est que sa fructification tardive (août, Sep - 
tetnbre, octobre) ne $e montre presque jamais exserte et dès lors n’attire point 


SÉANCE pu 40 AvRIL 1868. 195 


les tegards. En effet, si l’on examine de près et en les déchiquetant toutes ces 
tiges, en apparence sans pauicule, on trouve que, loin d'en être privées, elles 
en ont de parfaitement fécondées, non pas seulement dans la gaine supé- 
rieure, Mais DANS TOUTES LES GAINES, à l'exception des plus inférieures qui 
sont submergées. Toutes ces panicules incluses sont fécondes et leurs cary- 
opses mûrissent avec une grande rapidité. Que si l’on examine la panicule 
exserle, on trouve qu'elle est entièrement privée de caryopses ihûrs ét qué 
tous'ont avorté, 

Une partie de ces faits a déjà été signalée. Schreber a été le prétier, je 
crois, à faire remarquer que : « Si la panicule du L. oryzoides sort én entier 
» de la gaîne supérieure, elle est complétement stérile; si elle ne sort qu’à 
s moitié, les épillets de la partie exserte sont constamment stériles, tandis que 
» ceux qui restent inclus sont fertiles » (Beschr. d, Græser, L'ILE, p. 8) 
Cette observation, répétée par Kæler (Gram. Gall. ét Germ. p. 6), Gmelin 
(FU bad. 1, p. 117), Schrader (F2, germ. p. 177), Gaudin (Agrost. helv. 
b. 4), n’est mentionnée dans aucurie flore française. Spennñer prétend qué 
cette plante ne fleurit, dans les contrées rhénanes, que lorsque l'été y est 
très-chaud et très-long (F4. frib. NL, p. 1054); c'est une erreur que Nees 
d’Esenbeck adopte et reproduit en ces termes : « Leersia aryzoides, unica 
» hujus generis species europæa, in nostris regionibus rarissime cœlo favente 
» paniculam bene explicatam et florentem ostendit, qualem aestate calida 
» anni 1835 observare contigit » (Gen. plant. fl. germ. vol. I, n° 1). 

Dans la synonymie de cette espèce, on peut remarquer que Wiggers l'a 
nommée Ehrhartia clandestina, et soupçonner que cette dénomination est 
une allusion au fait que je signale, à la présence de panicules fertiles incluses 
dans toutes les gaînes. 11 n’en est rien toutefois, et le texte de Wiggers prouve 
que cet auteur n'avait observé que la panicule terminale fréquemment à 
demi-incluse et n’avait nullement soupçonné l’existence d’autres panicules 
dans les autres gaînes (4). I1 dit en effèt : « Panicula ramosa, contracté; 
»Vagina semper arcte inclusa, ut in plerisque florescentiam in illa absolvat 
* et semina maturet » (Prim. fl. hols. p. 64, n° 695). 

Il est une autre Graminée qui présente une particularité analogue, le Cryp* 
iostachys vaginata Steud., originaire de l'Amérique septentrionale et à 
laquelle l'auteur assigne comme caractères : « vaginis omnibus paniculam 
* faventibus clandestinam, post florescentiamn demum plus minus exsertain » 
(Syn. Glum. p. 184). Mais, dans le Z. oryzoides, les panicules incluses, à 


(1) Dans le mémoire que M. A. Braun a publié en 4861, dans les Verhandlungen à, 
botanischen Véreins f. d. Provins Brandenburg, pouf faire rentrer le Leersia dans le 
genre Oryza, ce sävant botaniste reprend le nor clandeslina, mais uniquement parce 
qu’il est relativement le plus ancien et qu’il n’est pas pussible de dire Oryza oryzoides. 
l'üe fait aucune allusion aux particularités signalées. (Zurueckfuehrung d: Gallung 

KERSIA Sw. sur Gattung ORyza L.) 


196 SOCIÊTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


l'exception encore assez rare de la supérieure, ne sortent jamais ; elles soft 
renfermées dans des gaînes si étroitement involvantes qu’il est impossible, 
même en les touchant, d’y soupçonner la présence d’une panicule féconde. 

Dans le riche herbier de M. Buchinger, où j'ai pu voir la plante de Steu- 
del, j'ai pu aussi étudier des Leersia exotiques, et je n’ai constaté la présence 
de semblables panicules sur aucune espèce exotique, mais je l'ai retrouvée 
sur des échantillons de Z. oryzoides provenant de Pennsilvanie. 

J'ai voulu rechercher la cause de la stérilité des panicules exsertes et de 
l'état contraire sur les panicules incluses, et je ne suis encore arrivé qu’à con- 
stater les faits suivants, qui me paraissent dignes d'attirer l'attention des 
botanistes. 

Si l’on examine les fleurs d’une panicule exserte, on trouve que les deux 
glumelles, bien vertes et bien nerviées, s’écartent au moment de l’anthèse 
pour laisser sortir les étamines et les stigmates plumeux ; c’est en cet état 
que les a très-exactement figurées Nees d’Esenbeck (Gen. p{. fl. germ. vol. I, 
n° 1). Les anthères sont grandes, remplies d’un pollen abondant, bien con- 
formé et tout gonflé de fovilla; les stigmates sont également bien développés, 
ainsi que l'ovaire, et pourtant ce dernier se flétrit et se dessèche immédia- 
tement après l’anthèse, et la panicule demeure stérile. 

Que si l’on veut rechercher le moment de l’anthèse sur les panicules 
incluses, pour si peu que les glumelles soient vertes et nerviées, on trouve 
constamment que la fécondation a déjà eu lieu et que l'ovaire est dans un état 
de développement très-avancé. Les glumelles sont restées fermées et si forte- 
ment adhérentes qu'il est presque impossible de les séparer sans les déchi- 
rer (1). La cavité fermée qu’elles constituent ainsi est constamment remplie 
d’un liquide parfaitement transparent et légèrement visqueux, dans lequel 
baignent les organes de la génération. L'ovaire, déjà gros, porte des stigmates 
très-pelits, autour desquels on voit les trois anthères déflorées très-petiles et 
au moins trois fois plus courtes que celles des panicules exsertes ; ce qui 
montre que les anthères et les stigmates ne sont pas sortis des glumelles, 
comme cela a lieu sur les panicules exsertes, et que la fécondation s’est 
opérée loin de la lumière et dans une cavité remplie de liquide (2), 


(1) Cette circonstance à induit Wiggers en erreur et lui a fait attribuer au L. ory= 
zoides « calyx uniglumis» (1. c.). Roth a déjà relevé cette erreur en ces termes : « Calyx 
» univalvis quem vidit Wiggersius nuuquam observatur, sed semper bivalvis. » (Tent. 
fl. germ. t. 11, p. 69.) 

(2) I paraît que Wiggers n’avait étudié les organes de la génération que sur la 
partie incluse de la panicule supérieure, car Ja présence des anthères groupées autour 
du stigmate, l'extrèmé ténuité des filets souvent collés contre l'ovaire, l’ont encore induit 
en erreur et l'ont fait placer son Ehrhartia dans la gynandrie, en lui attribuant : « Fila- 
» menta brevissima apici germinis inserta. » Cet auteur fait observer que cette plante 
est l’unique exemple d'une Graminée appartenant à la gynandrie. Roth a également 
relevé celte erreur : « Nec stamina germini imposita, ut videbantur Wiggersio, observare 
» potui, » (op. c. p. 69.) 


SÉANCE DU 2h AVRIL 1863. 197 
Si l'on veut trouver des anthères non déflorées, il faut prendre une tige 
d’une extrême jeunesse; on voit alors, dans les gaînes étroitement serrées, 
des fleurs dont les glumelles blanches et à peine nerviées renferment des 
anthères non déflorées, mais toujours très-petites; les grains de pollen y sont 
en très-petit nombre et mal conformés ; leur membrane est si mince qu’elle 
se déchire au moindre contact et laisse échapper la fovilla. Ajoutons que la 
plupart de ces grains semblent même dépourvus de fovilla et réduits à une 
membrane flasque et déformée. Et avec cela, les panicules incluses sont fautes 
fertiles, comme si la privation de la lumière, l'absence d’un air sec et un 
milieu humide étaient les conditions de leur fécondation. 
C’est l'ensemble de ces circonstances qui m’a autorisé à dire en commen- 
çant que notre plante fleurit rarement, bien qu’elle fructifie abondamment 
tous les ans. 


M. Cosson dit qu’il croit se rappeler qu’il a été fait mention des 
panicules incluses du Leersia oryzoides dans une des sessions 
extraordinaires de la Société. 

M. Duval-Jouve répond qu’il n’a pas vu cette mention dans le 
Bulletin, mais qu’il a lui-même déjà signalé le fait en question 
dans les Annotationes de M. Billot (p. 112 et suiv.), à la date du 
3 novembre 1857. 


M. Emmanuel Duvergier de Hauranne met sous les yeux de la 
Société une planche lithographiée, comme spécimen de l'A/bum de 
la bryologie parisienne que se propose de publier M. Kleinhans. 


SÉANCE DU 24 AVRIL 1863. 


PRÉSIDENCE DE M, E, COSSON, 


M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de 
la séance du 10 avril, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le 
Président proclame l’admission de : 


M, ViBraye (le marquis de), membre correspondant de l’Institut, 
rue de Varennes, 56, à Paris, présenté par MM. A. Passy 
et Duchartre ; 


198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. Micuer, employé à la Direction générale des douanes, rue 
Lemercier (Batignolles), 48, à Paris, présenté par MM. Ra- 
mond et À. Gris. 


M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. 


Dons faits à la Société : 


4° De la part de M. D. Clos : 
Revue critique de la durée des plantes dans ses rapports avec la 
phytographie. 
2° De la part de M. le comte de Lambertye : 
Culture fdrcée par le thermosiphon des fruits et légumes de primeur, 
3° livraison (Fraisier). 
3° De la part de M. Lepage : 
Étude chimique sur les graines du Fusain-d'Europe. 
k° De la part de M. Roché : 
De l’action de quelques composés du règne minéral sur les végétaux, 
5° De la part de MM. Vilmorin, Andrieux et Cie: 
Extrait général des Catalogues de cette maison, 1863. 
Supplément aux Catalogues, 1863. 
6 De la part de la Société d'Horticulture et d’Arboriculture de 
la Côte-d'Or : 
Bulletin de cette Société, novembre-décembre 1862. 
7° De la part de la Société d’'Horticulture et de Botanique de 
l'Hérault : 
Annales de cette Société, b'iIL ot 


8 De la part de la Société d’'Horticulture de la Gironde : 
Programme et règlement de son exposition de 1863. 


9° En échange du Bulletin de la Société : 
Wochenschrift fuer Gærtnerei und Pflanzenkunde, 1863, huit numéros, 
Atti dell I. R, Istituto veneto, t. VIX, n° 10: t. VIE, n°° 4, 2, 3. 
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture, mars 1863. 
Bulletin de la Société impériale zoologique d'A cclimatation, mars1863. 
L'Institut, avril 1863, deux numéros. 


SÉANCE DU 24 AVRIL 1863. 199 


M, Chatin dépose sur le bureau, au nom de M. Lepage, pharma- 
cien à Gisors, un travail sur l'analyse chimique des graines du 
Fusain, 

M. Chatin fait ensuite hommage à la Société d’une thèse soutenue 
à l'École supérieure de pharmacie de Paris par M. Roché, et inti- 
tulée: De l'action de quelques composés du règne minéral sur les 
végétaux. 


M, Roché, ajoute M. Chatin, a conclu de ses recherches que les matières 
non assimilables sont excrétées par les racines et non par les feuilles. Cette 
conclusion est contraire à celle qu’a déduite de ses travaux M. Cauvet, auteur 
d’une thèse soutenue récemment sur le même sujet devant la Faculté des 
sciences de Strasbourg. 


M. le Président annonce à la Société la perte profondément dou- 
loureuse qu’elle vient de faire dans la personne de l’un de ses 
vice-présidents, M. Moquin-Tandon, membre de l’Institut, etc., et 
s'exprime de la manière suivante : 


Messieurs et chers confrères, 


Vous savez tous la perte douloureuse qui vient de frapper si cruellement la 
Société botanique. M. le professeur Moquin-Tandon, que nous voyions il y 
a peu de jours encore prendre part à nos travaux avec un si vif intérêt, a été 
emporté dans la nuit du 44 au 15 de ce mois, vers deux heures du matin, par 
un de ces accidents foudroyants, qui, il y a peu de mois, avait déjà enlevé à 
notre affection l’un des membres les plus dévoués de notre Bureau, mon 
excellent ami le docteur A. Jamain. Ma douleur est trop vive pour que je 
trouve maintenant le recueillement nécessaire pour vous retracer, comme 
je le voudrais, la vie laborieuse et si remplie du membre éminent de 
notre Société dont nous déplorons tous la mort imprévue. Je ne pourrai donc 
Yous donner qu'une esquisse bien imparfaite de la richesse de cette 
Organisation exceptionnelle, largement douée par la nature de toutes les 
qualités du cœur et de l'intelligence. Je reconnais d’ailleurs mon incompétence 
Pour mettre en relief comme elles le méritent l'étendue et la variété des 
Connaissances de notre illustre et regretté confrère. Aussi dois-je me borner 
à rappeler ses œuvres botaniques principales, laissant à des voix plus autorisées 
Que la mienne le soin de mettre en lumière la valeur de ses nombreux 
lravaux en zoologie, en médecine et en littérature. 

M. Moquin-Tandon (Christian-Horace-Bénédict-Alfred) naquit à Montpel- 
lier, le 7 mai 1804. Sa famille paternelle était originaire du pays de Gers; 
elle appartenait à la religion réformée, et, préférant perdre ses biens et garder sa 
loi, elle quitta son pays natal lors de la révocation de l’édit de Nantes, pour se 


200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


fixer à Genève; elle revint plus tard s'établir à Montpellier. La famille Tandon, 
à laquelle appartenait la grand’-mère maternelle du professeur Moquin-Tandon, 
avait des titres scientifiques et littéraires : c’est à la mémoire de l’un de ses 
membres, Barthélemi Tandon, membre de l’Académie des sciences de Mont- 
pellier, astronome distingué, que M. Moquin a dédié le genre Zandonia, de 
la famille des Basellacées, et c’est à son grand-père maternel, Auguste Tandon, 
que le jeune Moquin dut son goût pour les sciences et les lettres. 

Dès sa première jeunesse, il montra une vocation si prononcée pour l'étude 
des sciences naturelles, que son père, négociant des plus honorables, dut re- 
noncer à lui faire embrasser la carrière commerciale (1). 11 fit de brillantes 
études littéraires, durant lesquelles il trouva moyen de suivre les cours de 
zoologie et de botanique. IL eut même la bonne fortune d’assister aux der- 
nières leçons que professa De Candolle à Montpellier. Par son intelligence 
précoce il se concilia la bienveillance de ce savant éminent, et dès cette 
époque commencèrent entre l'élève et le maître des relations de science et 
d'amitié qui ne furent jamais interrompues. — Reçu bachelier ès-lettres le 
l& novembre 1822, il prit deux jours après sa première inscription à la Faculté 
de médecine de Montpellier. Il devint ensuite l'élève et plus tard le collabora- 
teur de Dunal et d’Auguste de Saint-Hilaire. Il trouva auprès de ces savants 
une bienveillante amitié, qu’il aimait toujours à rappeler avec reconnaissance, 
et leur intimité l’iuitia aux principes les plus élevés de la science, en même 
temps qu’elle lui apprit ces procédés si utiles pour les dissections et les 
observations délicates et que la tradition seule peut transmettre. 

A vingt etun ans, en 1825, M. Moquin commenca à s'occuper d’études sur 
le groupe des Salsolacées. Ces plantes sont, comme vous le savez tous, bien 
loin d'attirer l'attention des néophytes de la science, mais elles offraient au 
jeune observateur un intérêt d'autant plus grand que, sous leur aspect 
uniforme et peu attrayant, qui les faisait nommer familièrement par lui 
« les crapauds du règne végétal », il savait devoir trouver de ces caractères 
curieux et inattendus dont l'étude offre le plus de charme au véritable 
naturaliste. M. Moquin voulait même prendre comme sujet de thèse pour 
le doctorat ès-sciences, la monographie des Salsolacées. Mais il ne tarda 
pas à reconnaître que ce sujet était beaucoup trop vaste et il en cherchait 
un nouveau, lorsque le hasard de ses études le lui offrit. M. Moquin rap- 
porte ainsi lui-même les circonstances qui fixèrent son choix (2) : « C'était 
en 1825, je travaillais à ma thèse de botanique pour le doctorat ès-sciences, 
la Monographie des Chénopodées. La matière s'étendait devant moi, sa 
longueur m'effrayait ; je cherchais un sujet plus court. Disséquant par ha- 


(1) En 1820 et 1821, il a rempli dans la maison de commerce de son père, Moquin- 
Tandon et ce, d abord les fonctions de simple copiste, plus tard celles de caissier. 
(2) Voy. l'Éloge historique de Dunal, par M. J.-E. Planchon, p, 17. Montpellier, 4856, 


à SÉANCE DU 24 AVRIL 1863. 201 


sard la fleur d’une Crucifère, le Ve/la Pseudocytisus, je vis, à la place des 
étamines géminées, une seule étamine avec une double anthère, D’autres 
fleurs de la même famille me firent concevoir que chaque paire d’étamines 
longues représente une étamine simple. J'étais arrivé au dédoublement, sans 
_ voir encore la généralité de la loi. Dunal revient de Beauregard, une des fermes 
qu'il gérait, je lui fais part de mes observations et de mon idée, Il bondit 
sur sa chaise (je crois encore le voir !}, il m’embrasse, ouvre un carton, en 
tire les feuilles de son Essai sur les Vacciniées et me lit l'exposé de sa théo- 
rie. J'étais ébahi ! Dunal m'engage à de nouvelles recherches, me conseille de 
prendre les dédoublements pour sujet de thèse et m'autorise à puiser daps son 
ouvrage inédit. De là sortit, l’année suivante, mon £ssa sur les dédouble- 
ments. » Dans ce premier travail, l’auteur se plaît à s’effacer pour faire large- 
ment place à son maître, et il n’étudie guère le phénomène du dédoublement 
que chez les étamines ; mais pour lui, comme pour Dunal, qui lui avait cédé 
si généreusement ses titres à la priorité d’une idée neuve et féconde, le dédou- 
blement embrasse non-seulement tous les organes floraux, mais encore toutes 
les autres parties de lorganisme végétal. De Candolle, l’un des premiers, 
comprit l'importance de ces principes nouveaux, et il leur consacra un cha- 
pitre dans son Organographie végétale (1827) et plus tard un autre article 
étendu dans sa Zhéorie élémentaire (1841). Déjà antéreurement il avait 
fait réimprimer le mémoire de M. Moquin dans la Bibliothèque universelle 
de Genève. A. de Saint-Hilaire, dans sa Morphologie végétale, prête l'appui 
de sa haute autorité aux idées de Dunal et de Moquin-Tandon, qui obtinrent 
également l'adhésion de M. Ræœper; aussi bientôt firent-elles loi dans la 
science. 

Le 9 décembre 1826, après un examen brillamment soutenu, M. Moquin 
obtint le titre de docteur ès-sciences. Le sujet de sa thèse de zoologie était 
la monographie complète de la famille des Æirudinées, dont il décrivit 
les genres, les espèces et les variétés, en insistant sur leurs mœurs et les détails 
de leur organisation. Cuvier a dit de cette publication que c'était un beau tra- 
vail, et Férussac l’a présentée comme un modèle de monographie. — Deux ans 
plus tard, le 48 août 4898, il fut reçu docteur en médecine; sa thèse avait pour 
litre Essai sur la phthisie laryngée syphilitique, et ce mémoire a été considéré 
par Lallemant comme une étude neuve et digne d'attention. — En 1829, M. Mo- 
quin fut appelé comme professeur à l’Athénée de Marseille, où il fitun cours de 
physiologie comparée; c’était la première fois que cette partie de la science 
était l’objet d'un cours spécial, car à cette époque la chaire du Muséum d’his- 
toire naturelle n’avait pas encore été créée. — En 1833, il fut nommé profes- 
seur d'histoire naturelle à la Faculté des sciences de Toulouse et chargé de 
l'enseignement de la zoologie et de la botanique pendant cetle première 
année, A partir de 1834, il n’eut plus à professer que la botanique, mais la 
ville de Toulouse Jui confia la direction de son Jardin-des-plantes et la chaire 


202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
de botanique appliquée attachée à ce jardin. Pendant près de singt ans, il rem- 
plit ces fonctions avec autant de zèle que de succès. — Il à été secrétaire de la 
Faculté des sciences de Toulouse pendant douze ans, et pendant trois années 
doyen par intérim de cette même faculté. — Comme directeur du Jardin- 
des-plantes il avait donné aux collections de cet établissement une puissante 
impulsion et avait réuni dans ses cultures une intéressante série de plantes des 
Pyrénées. 

Au mois d'avril 4843, M. Moquin a été nommé chevalier de la Légion 
d'honneur. 

En 1850, il fut. chargé par le gouvernement d’une mission pour l'explora- 
tion botanique de la Corse ; son voyage, durant lequel il recueillit de riches 
matériaux, avait surtout pour but de compléter les importantes collections 
formées dans cette île par son ami Requien. Malgré ses occupations si variées, 
il se proposait de publier une Zlore de Corse, considérant comme un pieux 
devoir envers la mémoire de son ami de faire connaître par son livre toutes 
les richesses des collections qu’il lui avait léguées. 11 consacra jusqu’au der- 
nier jour ses trop rares moments de loisir à cet important travail que, mieux 
que tout autre, il eût été à même de mener à bonne fin. Il s'était assuré le 
concours de M. Montagne pour la partie cryptogamique. 

En 1853, présenté en première ligne par la Faculté de médecine et le Con- 
seil académique pour la chaire d'histoire naturelle à la Faculté de médecine 
de Paris, il fut choisi par le ministre parmi d’autres candidats d’un grand 
mérite et appelé à ces hautes fonctions professorales. Son cours, dont il s'oc- 
cupait avec amour, était un des plus suivis de l’École. 

Les Éléments de zoologie médicale (1860) et les Éléments de botanique 
médicale (1861), dans lesquels il a résumé son enseignement, renferment 
toutes les notions de zoologie et de botanique utiles au médecin, en même 
temps qu’ils exposent en quelques pages les principes généraux de ces deux 
sciences et les bases des classifications généralement adoptées. 

Les importants travaux de M. Moquin et spécialement ceux sur la botanique 
l'avaient désigné au choix de l’Institut. Nommé membre correspondant, le 
12 mai 1851, en remplacement de FE. Link, de Berlin, il fut nommé membre 
titulaire dans la section de botanique, le 20 février 1854, où il succéda à 
A. de Saint-Hilaire, son maître et son ami, — En 1857, il a été appelé à 
siéger à l’Académie de médecine, dans la section de thérapeutique et d’his: 
toire naturelle, à la mort du docteur Martin Solon. 

M. Moquin, l’un des membres fondateurs de notre Société, a pris la part la 
plus active à sa constitution, Vice-président dès la première année, en 1854, il 
n’a cessé depuis de faire partie du Bureau ou du Conseil. Président en 1857, 
il a montré, par le zèle et le soin avec lesquels il a dirigé nos travaux, tout 
son dévouement pour notre institution. 

Membre de la Société impériale zoologique d’Acclimatation dès sa fonda 


SÉANCE DU 24 avriL 1863. 203 


tion (1834), il a été appelé à prendre place dans le Conseil d'administration 
en 1857, et a été nommé vice-président en 1862, Depuis la nomination de 
M. Drouyn de Lhuys au ministère des affaires étrangères, il a eu souvent à 
diriger les travaux de la Société et à présider ses séances. Il se faisait un devoir 
de ne jamais manquer aux réunions du Conseil, où il savait habilement pré- 
senter les questions administratives les plus compliquées et où par la sûreté de 
son jugement il s'était acquis l'influence la plus légitime (1). 

La Société des Amis des sciences, dont l'illustre Thénard a été le fondateur, 
et dont le but est, comme vous le savez, de venir en aide aux plus nobles in- 
fortunes scientifiques, ne pouvait trouver indifférent le cœur généreux de 
M. Moquin. Son concours pour l'établissement et la propagation de la Société 
fut aussi dévoué qu'efficace. A la dernière réunion publique annuelle de cette 
Société, qui a eu lieu le lendemain même de sa mort, un éclatant hommage a 
été rendu à sa mémoire par S. Exc. M. le maréchal Vaillant, hommage auquel 
les nombreux assistants se sont associés avec la plus vive sympathie. 

Un grand nombre d’autres sociétés savantes, françaises et étrangères, scien- 
tifiques et littéraires, se faisaient gloire de compter M. Moquin au nombre de 
leurs membres. Il était un des quarante mainteneurs de l’Académie des Jeux 
floraux de Toulouse, 11 devait sa nomination (1841) à la publication faite par 
lui, conjointement avec M. Gatien Arnoult, du précieux manuscrit des Leys 
d'amors (Lois d'amour), admirable monument de la littérature romane. 

L'aptitude de M. Moquin pour l'administration lui fut des plus utiles dans 
la direction du jardin de la Faculté de médecine de Paris, dont il était chargé 
comme professeur de botanique. Le budget dont il disposait pour tous les 
besoins de cet établissement était plus que modique, mais grâce à l'impulsion 
du maître et au dévouement des employés sous ses ordres et en faisant reg- 
sources pour les échanges des doubles de la belle collection d'Orchidées réunie 
par les soins du jardinier en chef, M. Lhomme, toutes les espèces principales 


(1) Les regrets que la mort de M. Moquin-Tandon a causés à la Société d'Acclimatation, 
et dont M. Drouyn de Lhuys, son président, s’est fait l’éloquent interprète, ne sont ni 
moins profonds ni moins unanimes que ceux de la Société botanique. Je crois devoir 
reproduire ici les passages suivants de l’allocution par laquelle M. Drouyn de Lhuys a 
annoncé la triste nouvelle dans la séance gériérate du 17 avril : 4 

« Ai-je besoin de vous retracer le portrait de ce collègne aimé, dont l’image est 
nrésente à vos esprits comme à vos cœurs? N’est-il pas là pour ainsi dire devant vous ? 
Ne croyez-vous pas le voir et l'entendre? 11 y a peu de jours, il siégeait à cette place 
que j'occupe pour quelques instants et qu’il savait si bien remplir. Vous rappellerai-je 
le charme piquant de sa parole, la sûreté facile de son commerce, l'enjouement de son 
Caractère, qui présentait un mélange de malice et de bonhomie ? Cet esprit à Ja fois 
solide et léger, puissant et élastique, avait toujours une allure aisée, sans fléchir, sans 
s'affaisser sous le fardeau d’une vaste érudition. Des connaissances variées meublaient 
richement son intelligence et ne l’encombraient jamais. 

» Certains esprits portent des fleurs, d’autres des fruits; celui de M. Moquin-Tandon 
produisait, avec une égale fécondité, les fleurs de la littérature et les fruits de la science. » 

e (Note ajoutée pendant l'impression.) 


20/4 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


employées en médecine, dans l’industrie ou dans l’économie domestique, étaient 
représentées dans les carrés ou les serres du jardin. Ce ne fut pas sans un vif 
chagrin que, par suite des modifications apportées au jardin du Euxem- 
bourg par la ville de Paris, M. Moquin vit disperser et disparaître en partie, 
par la suppression momentanée de l’école, les éléments de l’intéressante col- 
lection des végétaux réunie par ses soins et ceux de ses prédécesseurs. 
Quelques mois auparavant, M. Moquin avait déjà dû quitter la maison affectée 
jusque-là à l'habitation du professeur de botanique, cette maison devant faire 
place aux serres du Sénat. Pour lai, dont la bibliothèque et l’herbier étaient 
coordonnés avec une telle méthode qu'à l'instant même il pouvait mettre la 
main sur la plus mince brochure ou trouver la plante qu’il désirait consulter 
ou étudier, le désordre qui devait résulter inévitablement d’un déménage- 
ment étaitune bien vive contrariété, Mais, au milieu de tous ces tracas et de 
ces difficultés matérielles, son activité ne fut pas ralentie un instant. Il y a 
quelques mois à peine qu'il entretenait ses amis du projet d’un livre intitulé le 
Monde de la mer, œuvre à la fois littéraire et scientifique qu'il devait faire 
paraître sous son pseudonyme littéraire d'André Frédol. L'auteur n'a pu 
mettre la dernière main à son ouvrage, qui cependant est assez avancé pour 
être publié par les soins de son fils aîné, M. Olivier Moquin-Tandon. 

M. Moquin-Tandon offrait la réunion bien rare des aptitudes les plus di- 
verses. Observateur aussi habile que persévérant, il constatait les faits avec 
toute la rigueur scientifique, apportait dans l'étude et la description des espèces 
une scrupuleuse exactitude, et ne négligeait aucune des questions souvent si 
minutieuses de la synonymie. Esprit élevé et généralisateur, il savait déduire 
toutes les conséquences des faits particuliers, arriver aux rapprochements les 
plus ingénieux et les plus vrais, et formuler des théories dont plusieurs sont 
devenues des bases de la science. La facilité et la clarté de son exposition, 
l'habileté avec laquelle il savait, en quelques traits, représenter sur le tableau 
les figures nécessaires à ses leçons, en faisaient un professeur hors ligne et le 
rendaient bien digne d'occuper la chaire d’Achille Richard, dont l’enseigne- 
ment a laissé à l’École de médecine de si honorables souvenirs. Toutes ses pu- 
blications se distinguent par l'esprit méthodique et philosophique qui y règne 
et par la précision et la netteté de leur rédaction. Personhe ne savait mieux 
porter la lumière dans les questions obscures et les exposer avec une simpli- 
cité attrayante même pour les personnes les plus étrangères au sujet. Ayant 
voué sa vie, avec une ardeur presque égale, à la botanique, à la zoologie et 
aux études littéraires, il a laissé dans chacune de ces spécialités des œuvres qui 
le placeront toujours au premier rang. 

Tous ceux qui ont eu le bonheur de conuaître M. Moquin-Tandon ont été 
à même d'apprécier les qualités de son cœur et le charme de sa conver- 
sation si riche de faits, si spirituelle et toujours pleine de bienveillance. Sa 
bonté se dépeint tout entière dans les quelques lignes suivantes, que j'em- 


: SÉANCE DU 24 Avril 1865. 205 


prunte au catalogue manuscrit de ses travaux dont je dois l'obligeante 
communication à sa famille : « Je me félicite, dit-il, de n’avoir jamais engagé 
de polémique avec personne et de n'avoir répondu à aucune des attaques di- 
rectes ou indirectes, aigres-douces ou virulentes, dont j’ai été l’objet... En je- 
tant un coup-d’'œil rétrospectif sur ma carrière littéraire ou scientifique, je ne 
trouve aucun écrit que je ne puisse avouer. Je note cette circonstance avec 
une bien douce satisfaction. » 

Il y a près de vingt ans que je me plais à compter M. Moquin au nombre 
de mes maîtres, et il voulait bien me considérer comme un ami. Jamais son 
concours bienveillant ne m'a fait défaut, et, à mes débuts dans la carrière, j'ai 
trouvé dans ses conseils les encouragements qu’il se plaisait à donner à ceux 
qui, comme lui, s’efforçaient de concourir aux progrès de la science, but 
unique de sa vie. 

J'ai déjà dit que le caractère aimable et sympathique de M. Moquin, 
son jugement sûr et ses aptitudes variées n'avaient pas tardé à lui valoir 
l'estime et l'affection de ses maîtres dans la science. Bientôt ils l’associèrent à 
leurs travaux. Nous avons déjà rappelé dans quelles circonstances aussi hono- 
rables pour le maître que pour l'élève, Dunal lui inspira le sujet de sa Z'hèse 
sur les dédoublements. C’est encore à Dunal qu'il dut l’idée première de sa 
Théorie des zonites, théorie qu’il établit et développa avec talent dans sa Thèse 
sur les Hirudinées. I a rédigé, en commun avec Auguste de Saint-Hilaire, 
deux importants Mémoires sur Les Polygalées, contenant des recherches sur 
la symétrie florale de cette famille, sur ses affinités naturelles et les caractères 
des onze genres qui la composent ; la Description des Polygalées du Brésil 
méridional, pour le grand ouvrage Flora Brasiliæ meridionalis ; un mé- 
moire sur la Symétrie des Capparidées, dans lequel ils ont étudié la symétrie 
des étamines et en ont déduit les véritables affinités de la famille, Ils avaient 
en outre, dès 1830 et 1831, mis la dernière main à la Description des Cap- 
paridées et des Fougères du Brésil méridional, destinées également au 
Flora Brasiliæ meridionalis, mais, par suite de l’état de santé d’A. de Saint- 
Hilaire, ces deux travaux sont restés inédits. G’est enfin à M. Moquin qu'est 
dû le chapitre xxxvur de la Morphologie végétale traitant des anomalies. 
Auguste de Saint-Hilaire a montré toute l'estime et l’affection qu'il avait vouées 
à son collaborateur en ajoutant son nom à celui des autres savants auxquels 
il a dédié cet important ouvrage. 

Webb, de si regrettable mémoire, appelé par ses études sur l'histoire natu« 
relle des îles Canaries à consulter à Montpellier les collections de la Faculté 
des sciences de cette ville renfermant l’herbier de Broussonnet, se trouva natu- 
rellement en relation avec M. Moquin, et ces deux hommes, si distingués et si 
bien faits pour se comprendre, se lièrent d’ane étroite amitié. M. Moquin 
prit une assez large part dans la rédaction du grand ouvrage Æistotre natu- 
r'elle des îles Canaries, œuvre qui fait la gloire de Webb, Il y a rédigé l'or- 


206 SOGIÊTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. . 
nithologie , et covpéré à la botanique en prêtant son concours à Webb pour la 
famille des Polygonées et en se chargeant de la description des Salkolacées 
canariennes. Ils ont publié égalementen commun des Considérations sur la fleur 
des Cruciéres. Dans ce mémoire, les glandes florales d’un grand nombre de 
Crucifères sont décrites avec soin, et ils démontrent que ces glandes ne sont pas 
des organes avortés ; ils y font l’exposé critique des différentes théories par 
lesquelles on a essayé d'expliquer le tétradynamisme, et en présentent une 
nouvelle appuyée sur des faits nombreux normaux et anormaux et sur l’em- 
bryogénie. 

J'ai été moi-même bien heureux du concours que M. Moquin m'a prêté 
avec tant de bienveillance pour la détermination de quelques Salsolacées non- 
velles ou peu connues de la flore d'Algérie, et il y à bien peu de temps que 
nous avions plusieurs conférences amicales à l'occasion des deux articles que 
j'ai eu l'honneur de publier en commun avec lui dans notre Bulletin sur les 
Anabasis alopecuroides et arctioides. 

Les importantes études de M. Moquin sur l’ornithologié et l’oologie lui 
valurent l'estime et l'amitié du prince Charles Bonaparte, qui aimait à l’entre: 
tenir de ses recherches scientifiques. Le prince lui dédia un genre nouveau 
d'oiseaux, le genre HMoquinus, et il avait consacré le souvenir de leur amitié 
par la dédicace de son bel ouvrage /conographie des pigeons. À la mort du 
prince, trois livraisons seulement avaient paru; M. Moquin se fit un religieux 
devoir de veiller à l'achèvement de l'œuvre, collationna le manuscrit et les 
figures laissés par l’auteur et publia les ucuf dernières livraisons, - 

Une des circonstances les plus honorables de la vie scientifique de M. Mo- 
quin est d’avoir été désigné par Fillustre auteur du Prodromus parmi les 
savants qui devaient aider son fils; M. Alphonse De Candolle, dans l’achève- 
ment de cette œuvre, la plus importante qui ait jamais été consacrée au règne 
végétal (1). 

Les ouvrages de M. Moquin-Tandon, publiés où manüscrits, embrassent 
toutes les branches de la botanique. Ils se rapportent à la botanique générale, 
à l'organographie, à la physiologie, à la tératologie, à la botanique descrip- 
tive et à la botanique dans ses rapports avec la médecine, l’agriculture et 
l'horticulture. Je regrette, Messieurs, que le cadre dans lequel je dois me 
restreindre ne me permette pas de vous entretenir des études z00logiques 
et d'anatomie comparée (2), qui ont tenu une large place dans la vie de 
notre illustre collègue. Je n'ai pas non plus à vous parler de ses œuvres 
littéraires et des notices biographiques sur les troubadours, qu’il a publiées 


(4) De Candolle a dédié à M. Moquin ün genré nouveau de la famille des Composées, 
du groupe des Mutisiacées (Prodromus, VII, 22 [1838]), 

(2) Les travaux publiés ou inédits de M. Moquin en zoologie et en anatomie comparée, 
mentionnés dans le catalogue manuscrit de ses ouvragés, dressé par lui, s'élèvent au 
nombre de 69, 


SÉANCÉ DU 24 AVRIL 4863. 207 


la plupart dans la Biographie universelle de Michaud. Je dois encore moins 
vous faire lénumération de ses publications en langue romane ou en patois 
provençal (1), dans lesquelles la verve toute méridionale de l’auteur s’allie 
toujours à la grâce de la forme et souvent à l’érudition la plus solide; mais 
je ne puis résister au désir de vous rappeler la plus justement renommée 
de ces charmantes productions, le C'arya magalonensis (2), dont le titre et 
les allusions botaniques font deviner chez l’auteur les études habituelles au 
paturaliste, 

La botanique descriptive tient une large place dans les travaux de M. Mo- 
quin. Dès 1825, comme nous l’avons indiqué plus haut, il s’est occupé de 
l'étude monographique des Salsolacées et des familles voisines, et, en 1849, il 
fit paraître dans la deuxième partie du treizième volume du Prodromus de De 
Candolle les monographies des PAytolaceacées, des Salsolacées, des Basellacées 
et des Amarantacées, qui occupent presque entièrement ce tome. Toutes ces 
monographies, résultat des longues recherches dé l’auteur, peuvent être 
citées comme de véritables modèles. La famille des Phytolaccacées renferme 
20 genres, dont 3 nouveaux, et 83 espèces, dont 15 nouvelles ; les Sa/sola- 
cées comptent 71 genres, dont 21 nouveaux, et 545 éspèces, dont 125 nou- 
velles ; la petite famille des Basellacées se compose de 6 genres, dont 2 nou- 
veaux, et de 21 espèces, dont 9 nouvelles; la monographie des Amarantacées 
comprend 45 genres, dont 6 nouveaux, et 559 espèces, dont 123 nouvelles. 
Ces importantes publications sont le résumé de ses œuvres antérieures sur le 
même sujet, parmi lesquelles nous citerons : 

Bssui monsgraphique du genre Suwda, présenté, en 1831, à l'Académie 
des sciences. Voici en quels termes A. de Saint-Hilaire s'exprime sur ce 
premier travail : « Il faut savoir gré à l'observateur qui, sans être arrêté par 
le peu d’attraits que présentent les Chénopodées, n'a pas craint de se livrer 
à une étude approfondie de ces végétaux si utiles à l’homme, ét qui a fait 
des efforts pour Les tirer de l'espèce de chaos où les ont laissés jusqu'ici les 
répugnances des botanistes..…, Nous dirons, en résumant, qu'une rédaction 
soignée, une finesse d'observation fort remarquable, un esprit de méthode 
uès-prononcé sont: les qualités qui nous ont paru caractériser l'écrit de 
M. Alfred Moquin. » 

Description des Chénopodées recueillies en Perse par M. Belanger (1833) ; 

Description de plusieurs genres nouveaux de lu famille des Chénopodées, 
publiée, en 14834, dans les Annales des sciences naturelles ; 


(4) La litérature fomane et le patois provençal sont représentés dans ce même 
Catalogue par 46 productions plus ou moins étendues. 

(2) Manuscrit du xiv* siècle (attribué à André Frédol ou Frédoli, évêque de Mague- 
lonne), in:8, Toulouse, 4836, avec un fac-simile du manuscrit original. — 2° édit., 
Montpellier, 4844. Impression de luxe, avec la traduction en regard et une préface de 
M. Fortoul, révélant le véritable auteur du prétendu manuscrit. — Un passage de ce livre 
curieux a été reproduit incidemment dans notre Bulletin, t. JV, p. 645, 


208 SOCIÊTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


Conspectus genérum Chenopodearum, 1° partie, publiée, en 1835, dans 
les Annales des sciences naturelles, — Ce mémoire comprend toutes les Ché- 
nopodées spirolobées ou à embryon spiral ; 

Mémoire sur le genre Halimocnemis C. A. Mey., publié, en 1838, dans 
les Mémoires de l’Académie des sciences de Toulouse. — Cette petite mono- 
graphie comprend 45 espèces, parmi lesquelles 5 sont nouvelles ; 

Chenopodearum monographica enumeratio (1840). — Cette monographie 
renferme 46 genres, dont 8 nouveaux, et 349 espèces, dont 64 nouvelles. 
Dans une note de la préface, l’auteur propose l'établissement d'une famille 
nouvelle, les Basellacées, famille aujourd’hui généralement adoptée ; 

Sur Le genre Cornulaca, publié, en 1840, dans les Mémoires de la Société 
des lettres, sciences et arts de l’Aveyron. — L'auteur décrit deux nouvelles 
espèces dans ce genre, jusque là considéré comme monotype ; l’une d'elles avait 
été classée dans la section Tragacantha du genre Astragalus ; 

De genere Maireana, dans les Annales des sciences naturelles (1844). — 
Dans le catalogue manuscrit de ses ouvrages, l’auteur rappelle dans les 
termes suivants que tous les amis de M. Maire ont été appelés par lui à con- 
courir à ce travail : « Webb a mis la préface en latin, Cosson a revu la 
description, Germain de Saint-Pierre a dessiné la plante et Decaisne les 
analyses » ; 

Du nom que doit porter la famille naturelle des Ansérines, des Arroches 
et des Soudes ; 

Considérations sur quelques-uns des caractères de la famille des Salsola- 
céés, manuscrit inédit dont une partie seulement a été lue à la Société bota- 
nique en 1857; 

Note sur l’Anabasis alopecuroides Delile (en commun avec E. Cosson), pu- 
bliée dans le Bulletin de la Société botanique (1857). — Dans cette note le 
genre est divisé en deux sections, Agathophora et Anabastrum, et il s’y trouve 
une description étendue de l’Anabasis alopecuroides ; 

Description de l’Anabasis aretioides (en commun avec E. Cosson), publiée 

dans le Bulletin de la Société botanique en 1862. 

Gette publication est la dernière que M. Moquin ait consacrée à la famille 
des Salsolacées, dont il s'occupait depuis 1825. Les travaux les plus récents et 
les plus estimés, parmi lesquels doit être citée en première ligne la belle 
monographie des Anabasecæ par M. À. de Bunge, ont généralement confirmé 
l'exactitude des observations du consciencieux auteur de la monographie des 
Salsolacées et constaté la valeur des genres établis par lui. 

Indépendamment de la monographie des Amarantacées, publiée dans le Pro- 
dromus, M. Moquin à, relativement à cette famille, publié Sur Le genre Polyc- 
nemum une note qui a été imprimée dans les Annales des sciences naturelles, 
en 1836, fait paraître des Observations sur deux Amarantacées de La flore 
française (Bull, Soc, bot, 1858), et laissé manuscrit un important mémoire, 


SÉANCE DU 2h AVRIL 14863. 209 


accompagné d’un grand nombre de figures, sur les staminodes dans cette 
faille, 


Les travaux les plus importants publiés ou laissés manuscrits par M. Moquin 
sur la botanique générale, l’organographie et la physiologie sont : 

L'Essai sur les dédoublements ou multiplications d'organes dans les 
végélaux ; 

Note sur les dédoublements et les partitions, publiée dans le Bulletin de la 
Société botanique, en 1856 ; 

Considérations sur les irrégularités de la corolle, mémoire présenté à 
l'Institut en 1832. — L'auteur cherche à y établir que toutes les corolles 
irrégulières où anomales sont soumises à des lois invariables; il indique ces 
lois et fait connaître en même temps le plan symétrique de plusieurs familles 
naturelles. Dans son rapport sur ce travail, A. de Saint-Hilaire s'exprime ainsi : 
« Après avoir passé en revue les diverses irrégalarités, M. Moquin résume 
les considérations auxquelles il s’est livré, et en tire des conclusions apho- 
ristiques qui nous paraissent aussi vraies que bien exprimées. » 

Outre les Considérations sur La fleur des Crucifères, rédigées en commun 
avec Webb, M. Moquin à publié, en 1831, une note sur la Symétrie des éta- 
mines du Clypeola cyclodontea. 


M. Moquin a laissé plusieurs importants manuscrits contenant le résumé 
des cours dont il a été successivement chargé. 


Les monstruosités végétales ont été pour M. Moquin l’objet des études les 
plus suivies. — En 1841, il a publié les Éléments de tératologie végétale ou 
Histoire abrégée des anomalies de l’organisation dans les végétaux. L'origine 
de ce livre est due à une conversation avec l’illustre Étienne Geoffroy Saint- 
Hilaire (1). On y trouve, disposées avec ordre et formant un corps de doc- 
tive, la plupart des monstruosités végétales éparses dans kes livres, ainsi 
qu'un grand nombre d’anomalies observées par l’auteur (Alph. De Candolle). 
Avant ce travail d'ensemble, la tératologie végétale n'existait pas comme 
science, le nom même de tératologie n’était employé que dans le règne 
animal. Voici comment s’exprimait A. de Saint-Hilaire en présentant un 
exemplaire de cet ouvrage à l’Institut (séance du 22 mars 4844) : « Pendant 
les deux derniers siècles, on à cité dans les recueils scientifiques une foule 
de faits anormaux, mais on n'avait pas su les lier entre eux. C'est ce que 
fait aujourd'hui M. Moquin-Tandon ; il s'attache à prouver que les anomalies 
Yégétales peuvent être ramenées à des principes communs, et montre que 


(1) Geoffroy Saint-Hilaire, dinant un jour avec MM, Dugès el Moquin-Tandon, dit à 
Ces deux naturalistes : « 11 faut que vous fassiez, vous, une Physiologie comparée, et 
Vous, une Tératologie végétale. » (Galerie historique et crilique du dix-neuvième 
siècle, par Henry Lausac, t. 11 [1858]) : 


Ts X, 15 


210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


les lois qui régissent ces anomalies ne sont autres que celles de l’organo- 
graphie. Non-seulement le livre de M. Moquin sera consulté avec fruit par 
les savants, mais il est assez bien rédigé pour être lu avec plaisir par les 
hommes qui ne se seraient point appliqués à la botanique d’une manière 
spéciale. » (Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, XIT, 531.) 
— À. de Saint-Hilaire a cru devoir terminer sa Morphologie végétale par un 
résumé très-succinct, mais complet, des Éléments de tératologie de M. Moquin- 
Tandon. Ce résumé forme le chapitre xxx VUI de cet important ouvrage. — La 
Tératologie végétale à été traduite en allemand, avec des notes, par le 
professeur J.-C. Schauer, en 1842. 


De tous les travaux de botanique appliquée publiés par M. Moquin, le plus 
important est sans contredit celui qu’il a consacré aux propriétés des plantes 
et publié, en 1861, sous le titre d'Éléments de botanique médicale, Ce livre 
donne tous les détails nécessaires sur les usages des plantes en médecine; mais 
on peut regretter que l’auteur ait cru devoir, pour rendre son œuvre plus 
pratique, renoncer à suivre, dans l'exposé des propriétés des plantes, l’ordre 
régulier indiqué par la classification naturelle. Ce livre renferme 128 figures 
dessinées d’après nature par MM. Riocreux et Lackerbauer, gravées sur bois 
et intercalées dans le texte, et qui sont bien propres à fixer dans la mémoire 
des élèves les caractères des végétaux utiles. 

M. Moquin a publié, dans divers recueils ou journaux, de nombreux articles 
sur les usages des plantes, sur l’horticulture et l'agriculture, et nous en 
donnerons l’énumération dans le tableau bibliographique de ses œuvres (1). 

L'importante série des travaux de M. Moquin sur l’histoire naturelle com- 
prend des notices biographiques et des éloges de naturalistes. J'ai à citer ici 
des notices sur Garidel, Tournefort, Guillemin, l'éloge de Duméril, prononcé, 
en 1861, à la rentrée de la Faculté de médecine de Paris, et celui d’Auguste 
de Saint-Hilaire dont il a laissé le manuscrit. 


ÉNUMÉRATION BIBLIOGRAPHIQUE DES TRAVAUX BOTANIQUES 
DE M. LE PROFESSEUR MOQUIN-TANDON (2). 


Botanique générale, @rganographie et Physiologie. 


Essai sur les dédoublements où multiplications d'organes dans les végétaux, Montpel- 
lier, 4826, in-4° avec 2 planches. — Ce mémoire a été réimprimé en entier dans la 
Bibliothèque universelle de Genève, mars 1827. 


(4) Pour donner plus d'autorité au compte rendu et aux appréciations que j'ai pré- 
sentés ici sur les travaux botaniques les plus importants de M. le professeur Moquin, j'ai 
S- devoir généralement les emprunter soit aux rapports faits à l'Académie des sciences, 
soit aux annotations de l’auteur dans la notice publiée par lui 3, lors de Sa 
candidature à l’Institut. é RE av 

(2) De nombreuses communications ou observations faites par M. Moquin dans les 
séances de la Société botanique de France, ne sont pas mentionnées dans l'énumération 


SÉANCE DU 24 AVRIL 1863. 241 


Sur la symétrie des élamines du Clypeola cyclodontea ; publié dans le Bulletin de la 
Société d'agriculture, 1831, à la suite de la description de cette plante par Delile. 


Considérations sur les irrégularités de la corolle dans les Dicotylédones. — Ce mémoire 
a été présenté à l’Institut, et a obtenu un rapport favorable (23 juin 4832); il est 
imprimé dans les Annales des sciences naturelles, sér. 1, t. XXVII (1832). — Le 
rapport se trouve dans le tome XXVI du même recueil. 


Mémoire sur la Dissémination ; publié dans la Minerve de la jeunesse, t. 1 (1835); 
réimprimé dans les Annales de l’ Aveyron. 

Sur les Lois de formation des végétaux. Lettre à M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, pré- 
sentée à l'Institut, le 8 mai 1837; imprimée dans les Comptes rendus de l’Académie 
des sciences, t. IV (1837), p.691. 

Considérations sur le Géantisme végétal; dans le Journal d'agricullure pratique et 
d'économie rurale, t. IV (1841). 


Sur la Longévilé des Chénes; dans le Journal d’agricullure pralique et d'économie 
rurale, t. IV (1841). 


On the structure of Cruciferous flowers (en commun avec Webb); dans le London 
journal of botany, janvier 1848. 

Considérations sur la fleur des Crucifères (en commun avec Webb); dans les Mémoires 
de l’Académie nationale des sciences, inscriplions et belles-lettres de Toulouse, 
sér. 3,t. V (1849). 4 

Rapport fait à l’Académie des sciences sur un mémoire de M. Germain de Saint- 
Pierre, intitulé : Mémoire sur les phénomènes de ladivulsion (fasciation et dédouble- 
ment) chez les végétaux ; publié dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences, 
t. XXXIX, p. 44 (1854). 

Sur les dédoublements et les partitions ; dans le Bullelin de la Société botanique de 
France, t. III, p. 612 (1856). 

Remarques à l’occasion des communications de MM. Payer et A. Brongniart (Sur le 
principe des connexions appliqué à la taxonomie végétale); dans les Comples rendus 
de l’Académie des sciences, t. XLIX, p. 1406 (1859). 

Cours d’organographie végétale fait à la Faculté des sciences de Toulouse en 1834. — 
Inédit. 

Cours de botanique élémentaire et pratique fait au Jardin-des-plantes de Toulouse en 
1834. — Inédit. 

Cours de Physiologie végétale fait à la Faculté des sciences de Toulouse en 1835, — 
Inédit. 

Cours de Philosophie et de Taxonomie (Taxionomie) végétales fait à la Faculté des 
sciences de Toulouse en 4836. — Inédit. 

De l'influence de la lumière sur la végétation. Expériences entreprises sur un pro- 
&ramme donné par M. A. De Candolle, 4846. — Inédit. 


Mémoire sur l'accroissement et la longévité de l'Orme, 1850. — Inédit. 


Tératologie. 


Chapitre xxxviti (Anomalies végétales), pp. 817-824, dans les Leçons de botanique, 
Comprenant principalement la Morphologie végétale, par A. de Saint-Hilaire, 41840. 


Éléments de Tératvlogie végétale, ou Histoire abrégée des anomalies de l’organisation 
dans les végétaux, Paris, 4841, in-8°, 


Suivante. — Consulter , pour avoir la série complète de ces communications ou 
observations, les tables détaillées du Bulletin de la Société botanique. — Les plus impor- 
tantes sont les suivantes : t. I de ce recueil, p. 291 ;t. II, pp. 230, 293, 613; t, I, 
Pp. 289, 658; t. IV, pp. 352, 452, 696 ;t. V,p. 212; t. VI, p. 790; t. VII, pp. 869, 
877, 881, 904, 905, 924 ;t. VIII, pp. 32, 518; t. IX, p.91; t, X, pp. 48, 49, 75,93, 


919 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DÉ FRANCE. 


Moquin-Tandon’s Pflanzen-Teratologie, Berlin, 1842, in-8°. — Traduction allemande, 
avec des notes, de la Tératologie végétale, par le docteur J.-C. Schauer; elle forme 
le second volume de la Pathologie végétale du professeur F.-J.-F. Meyer, éditée par 
Nees d’Esenbeck. 

Quelques mots sur les fleurs doubles et les fleurs pleines; dans le Journal d'agriculture 
pratique et d'économie rurale, t. V (1844). 


Botanique descriptive. 


Description des Polygalées du Brésil méridional (en commun avec A. de Saint-Hilaire); 
faisant partie du Flora Brasiliæ meridionalis par A. de Saint-Hilaire, livraisons XI 
et XII (1827). 


Conspectus Polygalearum Floræ Brasiliæ meridionalis (en commun avec A. de Saint- 
Hilaire); dans les Annales de la Sociélé royale des sciences, belles-lettres et arts d'Or- 
léans, t. IX (1828). 

Premier mémoire sur la famille des Polygalées, contenant des recherches sur la symé- 
trie de leurs organes (en commun avec A. de Saint-Hilaire). — Mémoire présenté à 
l'Institut, imprimé dans les Mémoires du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, 
t. XVII (1828), avec 9 planches. 


Second mémoire sur la famille des Polygalées (en commun afec A. de Saint-Hilaire). 
— Mémoire présenté à l’Institut, imprimé dans les Mémoires du Muséum d'Histoire 
naturelle de Paris, t. XIX (1830). 


Mémoire sur la symétrie des Capparidées et des familles qui ont le plus de rapport avec 
elles (en commun avec A. de Saint-Hilaire), dans les Annales des sciences naturelles, 
sér. 1,t. XX (1830). 

Essai monographique sur le genre Suæda et sur les Chénopodées les plus voisines, 
avec 4 planches. — Ce mémoire a été adressé à l’Institut ; il a été imprimé dans les 
Annales des sciences naturelles, sér. 4, t. XXIII (1831). — Le rapport fait sur ce 
mémoire par A. de Saint-Hilaire se trouve dans le même volume, p. 207. 


Description des Polygonées des îles Canaries (en commun avec Webb), dans le Phyto- 
graphia canariensis de MM. Webb et Berthelot, t. III, 1'€ partie (1832). 


Description des Chénopodées recucillies en Perse pir M. Belanger avec une planche; 
publié dans la partie botanique du Voyage de M. Belanger aux Indes-orientales 
(1833). 

Description de plusieurs genres nouveaux de la familie des Chénopodées; dans les 
Annales des sciences naturelles, sér. 2, t. 1, pp. 202 et 289 (1834). 


Conspectus generum Chenopodearum ; dans les Annales des sciences naturelles, sér. 2, 
t. IV (1835). 

Sur le genre Polycnemum ; dans les Annales des sciences naturelles, sér. 2, t. VII, 
pr. 33-42 (1837). 

Sur le genre Halimocnemis; dans les Mémoires de l’Académie royale des sciences, 
inscriptions et belles-iettres de Toulouse, t. N (1839). 

Description d'une plante hybride produite par les Tigridia conchiflora et Pavonia; 
publié dans le Journal d’agriculiure pratique et d'économie rurale, t. I (1839); 
réimprimé avec une figure dans les Annales d’horticullure de Gand (1840). 


Chenvpodearum monographica enumeratio, Paris, 1840, in-8°. 

Sur le genre Cornulaca; dans les Mémoires de la Société des lellres, sciences et arts 
de l'Aveyron , t. II (1840). 

De genere Maireana; dans les Annales des sciences naturelles, sér. 2, t. XV, p. 96 
(1841), avec une planche. 

Descriplion des Chénopodées et Phytolaccées des îles Canaries ; publié dans le Phylogra= 

+ phia canariensis de MM, Webb et Berthelot, t. III, 47€ partie (1843). 


SÉANCE DU 24 AVRIL 1863. 243 


Calalogue des Mousses qui croissent dans le déparlement de la Haute-Garonne, pré- 
senté à l’Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, qui 
en a voté l’impression ; voir les Mémoires de cette Académie, sér. 3, {. IV (1849). 

Monographie des Phytolaccaceæ ; dans le Prodromus syslemalis universalis regni vege- 
tabilis de De Candolle, t. XIIT, sect. 2 (1849). 

Monographie des Salsolaceæ ; dans le Prodromus syslematis universalis regni vegelabilis 
de De Candolle, t. XHI, sect. 2 (1849). 

Monographie des Basellaceæ ; dans le Prodromus systematis universalis regni vegelabilis 
de De Candolle, t. XIII, sect. 2 (1849). 

Monographie des Amarantaceæ ; dans le Prodromus systemalis universalis regni vege- 
tabilis de De Candolle, t. XIE, seet. 2 (1849). 

Sur l’Ulluco. Lettre à M. A. De Candolle ; dans les Archives des sciences physiques et 
naturelles de Genève, t. XI, p. 77 (1849). 

Du nom que doit porter la famille naturelle des Ansérines, des Arroches et des Soudes ; 
dans les Mémoires de l’Académie des sciences, inscriplions ct belles-lettres de Tou- 
louse, sér. 3,1. VI (1850). 

‘Sur une espèce nouvelle de Vanille (Vanilla lutescens Moq.) ; dans le Bulletin de la 
Société botanique de France, t. II, p. 354 (1856). 

Note Sur l’Anabasis alopecuroides (en commun avec M. E. Cosson); dans le Bulletin 
de la Société botanique de France, t. IV, p. 168 (1857). 

Sur les graines horizontales et verticales des Salsolacées dans une méme espèce ; dans 
le Bullelin de la Société botanique de France, t. IV, p. 443 (1857); extrait d’un 
manuscrit plus étendu. 

Observations sur deux Amarantacées de la Flore française ; dans le Bulletin de la So- 
ciélé botanique de France, t. V, p. 217 (1858). 

Descrip'ion d'une nouvelle espèce d'Anabasis (Anabasis arctioides) (en commun avec 
M.E. Cosson) ; dans le Bulletin de la Société botanique de France, t. IX, p. 299, 
avec une planche (1862). 

Description des Capparidées du Brésil méridional (en commun avec A. de Saint- 
Hilaire), préparée pour le Flora Brasiliæ meridionalis en 1831 ; restée inédite. 

Description des Fougères du Brésil méridiona! (en commun avec A. de Saint-Hilaire) ; 
préparée pour le même ouvrage en 1832 ; restée inédite. 

Mémoire sur les staminodes des Amarantacées, avec beaucoup de figures ; manuscrit 
datant de 1846, resté inédit. 

Mousses de l'Aveyron (en commun avec M. A. de Barrau) ; manuscrit datant de 1850, 
non encore édité. 

Flore de Corse; manuscrit renfermant la description des plantes de plusieurs familles de 
la flore de cette île. 


Botanique appliquée, Agriculture, Horticulture. 


Note sur une plante textile, V'Ortie-de-la-Chine (Urtica nivea); dans le Bullelin de la 
Société d'agriculture de l'Hérault, septembre 1830. 

Sur le Mürier mullicaule {Morus multicaulis Perrot.) ; dans le Journal politique et lilté- 
raire de Toulouse et de la Haute-Garonne, septembre 1835. 

De l'Ortic; dans le Courrier de l'Hérault du 4° octobre 4831 ; réimprimé dans le 
Journal des propriétaires ruraux, t. XXXII, 4837. 

Sur une nouvelle plante tinctoriale, le Peganum Harmala ; dans le Journal politique et 
littéraire de Toulouse et de la Haute-Garonne, juin 1840. 

Du Platane ; dans le Courrier de l'Hérault du 45 octobre 1831 ; réimprimé dans le 
Journal d'agriculture pratique et d'économie rurale, t. II, 1840. 

De l'Olivier ; dans le Courrier de l'Hérault du 19 et du 26 novembre 1831, 


214 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


De la culture du Sésame (Sesamum orientale L.) ; dans le Journal d agriculture pra- 
tique et d'économie rurale, t. V (1842). 


Quelques mots sur deux Lichens fébrifuges ; dans le Compte rendu annuel de la Société 
royale de médecine de Toulouse, 1844 ; réimprimé dans les Mémoires de la Société 
des sciences et arts de l'Aveyron, t. V, 1845 ; étendu et réimprimé dans le Journal 
d'agriculture pralique et d'économie rurale, t. XI, 1848. 


Acclimatation de l’Iyname-Patale; discours lu à la séance publique annuelle de la 
Société impériale d’Acclimatation le 10 février 1858 ; dans le Bulletin de cette Société, 
t. V, p. Ixij. 


Éléments de botanique médicale, Paris, petit in-8°, 1860, 543 pages avec 128 figures 
intercalées dans le texte. 


Sur le Mussenna; dans le Bulletin de la Société botanique de France, t. VIN, p. 32 
(1861). 


Sur l'Igname-Palale; dans l'Annuaire de la Société impériale d’'Acclimatation pour 
l’année 1863, pp. 277-290. 


Éloges historiques ou notices biographiques de botanistes, 


Notice sur la vie et les travaux de Guillemin; dans la Biographie universelle de 
Michaud, nouvelle édition, t. XVII, p. 482 (1857). 


Notice sur Garidel ; dans le Plutarque français, Marseille (1858). 
Notice sur Tournefort; dans le Plutarque provençal, Marseille (1860). 


Notice sur la vie et les travaux d’Auguste de Saint-Hiiaire; publiée depuis la mort de 
l’auteur dans la Biographie universelle de Michaud, nouvelle édition, t. XXXVH. 


M. le Président donne lecture de la lettre suivante ce il a reçue 
de M. Duval-Jouve : 


LETTRE DE M, J, DUVAL-JOUVE. 


Strasbourg, 21 avril 1863, 
Monsieur le Président, 

J'ai la douleur de vous annoncer que la Société botanique vient de perdre 
un de ses membres les plus actifs et les plus dévoués à la science. M. Paul- 
Constant Billot est mort à Mutzig (Bas-Rhin) le 49 de ce mois, après une 
longue maladie, C’est une grande perte pour la botanique française et pour 
ses amis. 

Comme membre de l’Université, à laquelle M. Billot a appartenu pendant 
trente ans, comme membre de la Société botanique, j'ai prononcé quelques 
mots sur la tombe de notre coufrère ; ils sont ci-joints. Si le règlement ne s'y 
oppose pas, il serait bien doux à sa famille et à ses amis que ces paroles pus- 
sent trouver place au Bulletin. 

Je serais, pour ma part, heureux que ce tribut fût rendu à la mémoire de 
notre excellent confrère et ami, 

Veuillez agréer, etc, J, DUVAL-JOUVE, 


SÉANCE DU 24 AVRIL 1863. 245 


Discours prononcé par M. Duval-Jouve aux obsèques de M. Billot. 


Celui dont nous venons d'accompagner la dépouille mortelle était un savant 
distingué, mais il était surtout un homme de bien. 

Né à Rambervillers le 42 mars 1796, Paul-Constant Billot fit au lycée 
impérial de Strasbourg des études brillantes, pendant lesquelles se manifesta 
la passion qui a dominé sa vie et l’a rendue heureuse, la passion de l’his- 
toire naturelle et en particulier de la botanique. 11 y suivait encore les cours 
de mathématiques spéciales, que déjà il attirait l’attention de Villars et de 
Nestler, et recevait de ces maîtres savants de précieux conseils et d’hono- 
rables témoignages d'affection. Bientôt il se lia d’une étroite amitié avec 
l'excellent docteur Mougeot, et alors se marqua nettement la vocation du 
jeune homme. Billot devint passionné pour la botanique, et pendant près de 
cinquante ans c’est à cette science qu’il a consacré tous ses loisirs, qu’il a dû 
toutes ses consolations dans les traverses que lui aussi a eu à essuyer, En 
relation avec les botanistes les plus distingués de l’Europe, le savant que nous 
regrettons entreprit une vaste publication , et il sut la porter à un point où 
nulle autre n’est parvenue, à un degré qui fait de ses Centuries la col- 
lection la plus utile pour la flore de France et d’Allemagne. Son nom 
était connu de tous, et toujours cité comme le nom d’un homme plein de 
cœur et de loyauté ; c’est qu'aussi il n’était pas possible de trouver meilleur. 

Professeur, et professeur très-distingué , il a, pendant près de trente ans, 
formé avec un zèle exemplaire des élèves qui tous sont devenus ses amis, 
qui tous pleureraient aujourd’hui autour de sa tombe, s’il lui avait été donné 
de mourir au milieu de ceux à qui il avait appris à aimer également et la 
science et celui qui l’enseignait. 

Mais si haut que le savant et le professeur méritât d’être placé, l’homme 
valait encore mieux. Il faut avoir vécu dans son intimité, avoir reçu les 
secrets de son âme, pour pouvoir apprécier tout ce qu’il y avait en lui de sen- 
timents délicats, nobles, généreux. Toujours agréable, toujours gai, même en 
ces derniers temps où la douleur le torturait, son aimable enjouement était le 
reflet de tout ce qu'il y avait d’excellent dans son cœur. II ne savait qu’aimer, 
et quand je l'ai vu pour la dernière fois, il n’y à que quelques jours, hélas ! 
prévoyant sa fin prochaine, en parlant avec calme, il n’éprouvait, me disait-il, 
qu'un regret : c'était la douleur que sa mort causerait à une sœur et un 
frère adorés, à une famille tendrement chérie, à des amis bien-aimés. 

Il avait raison. Il s’en allait plein de jours, avec la renommée bien acquise 
d’un savant et d'un juste; mais il laissait après lui une famille et des amis 
qui le regretteront toujours. 

Adieu ! 


En exprimant les regrets unanimes que cause à la Société la 


216 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


triste nouvelle de la perte de M. Billot, M. le Président prie 
M. Fournier, secrétaire, de donner lecture d’un article récemment 
publié dans le Courrier du Bas-Rhin, à l'occasion de la mort de ce 
botaniste. — M. Fournier donne lecture de l’article suivant : 


Mutzig. — On nous écrit de cette ville : 

« Nous venons de perdre, à l’âge de soixante-sept ans, un de nos conci- 
toyens établi à Mutzig depuis un an seulement. C’est M. Constant Billot, ancien 
professeur des sciences physiques et naturelles au coliége de Haguenau, qui a 
voulu jouir chez nous d'une retraite honorablement gagnée. Originaire de 
Rambervillers (Vosges), il s'était établi, il y a plus de trente ans, à Hagucnau, 
où de nombreux élèves, dont l'instruction scientifique lui avait été confiée, 
garderont bonne mémoire du maître aussi bienveillant qu’aimable qui les à 
initiés à l’étude des sciences. Mais M. Billot s'était fait connaître bien au 
delà du cercle restreint de ses fonctions officielles : son nom était honora- 
blement connu des botanistes de toute l’Europe par la publication d’un 
Herbier de la Flore de France et d'Allemagne, dont la première centurie 
parut en 1846. Depuis cette époque, il se livrait avec ardeur à la continua- 
tion de cette collection, pour laquelle il eut le concours de nombreux bota- 
nistes de la France, de l'Allemagne et de l'Italie. En 1862, il put faire 
paraître les centuries 31, 32 et 33 de cet herbier, et la mort est venue le 
surprendre au moment où il préparait les centuries 34 et 35. La botanique 
lui doit ainsi la collection la plus nombreuse qui ait jamais été publiée, et sans 
la mort qui l’a enlevé à la science et aux nombreux amis qu’elle lui avait 
valus, chaque année aurait encore vu paraître de nouvelles centuries de cette 
importante collection. En même temps qu’il publiait son Æerbrer, il faisait 
paraître un recueil d'observations botaniques sous le titre de: Annotations à 
la Flore de France et d'Allemagne, où lui et ses collaborateurs ont con- 
signé de nombreuses recherches sur les végétaux de notre flore. Quelques- 
uns des mémoires contenus dans le recueil dû aux veilles du modeste bota- 
niste de Haguenau sont accompagnés de planches qui en rehaussent la 
valeur. 

» Les obsèques de M. Billot ont eu lieu le 20 avril. Sur la tombe, M. Duval- 
Jouve, inspecteur de l’Académie, a adressé au défunt les adieux suprêmes 
au nom de l'amitié et de la science dont il était le digne représentant. » 


M. Fournier annonce ensuite à la Société la perte regrettable 
qu’elle vient de faire dans la personne de M. Augé de Lassus, rece- 
veur des finances à Poligny (Jura), décédé dans cette ville le 49 de 
ce mois, et auquel la flore française doit plusieurs découvertes inté- 
ressantes dans le département du Var. 


SÉANCE DU 24 AVRIL 1863. 217 


M. Fournier fait en outre connaître une autre perte, également 
sensible, que vient d’éprouver la botanique parisienne : 


M. le docteur Adrien de Villiers, ancien interne des hôpitaux de Paris, cst 
décédé à Nemours (Seine-et-Marne) le 16 de ce mois, dans sa soixante-qua- 
trième année, Ce médecin distingué était conou depuis longtemps de la pla- 
part des botanistes parisiens, et surtout des anciens élèves d’Adrien de Jussieu, 
par l'exactitude et l'étendue de ses connaissances sur la flore de nos environs, 
l’aménité de son caractère et l’empressement qu’il mettait à communiquer les 
découvertes qu’il avait faites dans ses herborisations. 


M. le Président appelle toute l'attention de la Société sur l’impor- 
tance des recherches de M. de Villiers sur la végétation du canton 
de Nemours. M. Cosson exprime en même temps sa gratitude per- 
sonnelle pour le zèle avec lequel M. de Villiers a contribué à faire 
profiter la Flore des environs de Paris des intéressants résultats de 
ses explorations. 

M. Gaudefroy met sous les yeux de la Société une touffe d’A/ope- 
curus utriculatus trouvée dans les nouvelles pelouses du bois de 
Vincennes près Paris. Cette plante avait déjà été rencontrée par 
M. Vigineix dans des conditions à peu près analogues. 

M. Cosson fait remarquer que cette Graminée a dù être intro- 
duite (probablement avec des graines de gazons), de même que le 
Gaudinia fragilis, qui est temporairement abondant dans certaines 
localités de nos environs, et qui cependant n’est point spécial aux 
régions les plus chaudes de la flore parisienne, ce qui semble- 
rait devoir être s’il était réellement spontané chez nous. 

M. Chatin ajoute qu’il a trouvé lAlopecurus utriculatus près de 
Saint-Germain-en-Laye, dans une prairie voisine d’un champ 
d’Avoine sur le bord duquel croissait le Phalaris canariensis. 


M. Gubler fait à la Société la communication suivante : 
NOUVELLES REMARQUES SUR LES HYBRIDES DES PRIMULA OFFICINALIS ET ELATIOR : 


PRIMULA ELATIORI-OFFICINALIS, px M. Adolphe GUBLER. 


Dans le cours de l’année 1860 (1), j'ai eu l'honneur de présenter à la 
Société diverses formes de Primevères observées par moi dans le département 
de Seine-et-Oise, et que j'ai cru devoir considérer comme des produits 


(1) Séance du 23 novembre, Voyez le Bulletin, t. VII, p. 872 et suiv, 


218 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


hybrides de deux de nos espèces indigènes. J’appuyais mon opinion sur les 
considérations suivantes. 

Au point de vae morphologique, les variétés dont il s’agit sont intermé- 
diaires entre les Primula officinalis et elatior, participant tantôt plus, tantôt 
moins, de l’un ou de l’autre de ces deux types spécifiques. 

Ce premier point constaté, il y avait deux hypothèses à faire : ou bien je 
pouvais envisager toutes les variations observées comme la preuve du polymor- 
phisme d’une seule et même espèce ; ou bien je devais y voir soit des métis, soit 
des hybrides, selon que les deux types dont elles offrent les caractères diver- 
sement associés seraient admis au rang des bonnes espèces ou au contraire 
relégués parmi les races dérivées d’un type primigène. 

Malgré ma répugnance bien connue pour la subdivision exagérée des types 
linnéens, j'inclinai vers la seconde manière de voir, d’abord parce que la 
scission du Primula veris L. en P. officinalis et elatior me paraît fondée sur 
des raisons solides; ensuite parce que les formes ambiguës portent toujours 
des fleurs de couleur foncée, indice, je crois, de l’infécondité qui caractérise 
les véritables hybrides ; et enfin parce que les deux types spécifiques dont ces 
hybrides procéderaient, vivant au contact l’un de l’autre, non-seulement dans 
le parc de Millemont, mais encore dans le bois environnant, sont placés dans 
les conditions les plus favorables à leur fécondation réciproque. Je fus ainsi 
conduit à désigner ces formes indécises sous le nom de Primula elaliori-6ffi- 
cinalis, en ayant soin de donner comme synonyme le ?. Tommasinii de 
MM. Grenier et Godron, auquel j'aurais pu joindre le P. éntricata des 
mêmes auteurs. 

Cependant plus d’un doute a surgi dans mon esprit, et c’est dans le but 
d’élucider la question que j'ai voulu revoir la série complète des formes en 
litige, et que j'ai prié mon ami M. Maurice Richard de me faire expédier en 
mottes toutes les variétés de Primevères vivant à l’état spontané dans la loca- 
lité indiquée ci-dessus. 

C’est le résultat de deux envois tout récents que je mets sous les yeux de 
mes collègues. - 

Voici d’abord deux échantillons normaux, l’un de P, officinalis, l'autre 
de P. elatior. Leurs caractères, on le voit, sont exactement conformes aux 
descriptions classiques. 

A côté du premier type, je présente à l’état vivant un pied qui appartient 
évidemment à la même espèce, dont il a tous les attributs, sauf la coloration 
rouge orangé de ses fleurs, laquelle est très-analogue à celle de la Giroflée- 
des-jardins (Cheiranthus Cheiri). Gette coloration très-riche est peu rare à 
Millemont, cependant MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre ne l'ont pas 
rencontrée, et elle ne leur a pas été signalée par les nombreux explorateurs de 
notre région botanique, puisqu'elle n'est pas mentionnée dans l'excellente 
Flore des environs de Paris. 


SÉANCE DU 24 AVRIL 1863. 219 


Près de cette simple variante se placent naturellement deux individus qui 
retiennent le calice large, campanulé et laineux-blanchâtre de la Primevère- 
officinale, mais qui ont déjà des corolles plus grandes, à limbe moins concave, 
se rapprochant par là de celles de la Primevère-élevée, et de plus colorées en 
pourpre intense. 

Entre ceux-ci et le précédent s’interposeraient, dans une série graduée, les 
sujets que j'avais principalement en vue lors de ma première description, et 
dont les fleurs, beaucoup plus claires, s'éloignaient moins de la coloration 
normale des deux types générateurs. 

Pais viennent des échantillons qui rappellent davantage la Primevère-élevée. 
lis présentent, avec des ombelles de fleurs aussi garnies que celles de la 
Primevère-officinale, des corolles larges, à disque plan, et des calices sinon 
étroitement appliqués sur le tube de la corolle, du moins assez serrés, à peine 
velus et munis en partie de nervures vertes. 

Ces dernières formes, plus vigoureuses que les autres et plus différentes des 
deux espèces dont je les suppose issues, par les grandes dimensions de leurs 
fleurs et leur couleur pourpre noirâtre variée de jaune, sont aussi plus voi- 
sines des Primevères cultivées. Elles m’avaient échappé lors de ma première 
visite à Millemont, et comme ce sont précisément celles sur lesquelles Ja con- . 
troverse peut s'établir, on comprend que ma note de 1860 ne reflète aucune 
hésitation de ma part. Je discuterai tout à l’heure la valeur des objections que 
ces variétés m'ont inspirées à moi-même, mais auparavant je veux terminer 
l'exposition des faits. | 

Ces modifications typiques ne sont pas les seules que le botaniste rencontre 
dans les Primevères de Millemont. Il en est d’autres qui virent à la monstruo- 
sité ou qui rentrent franchement dans le domaine de la tératologie, comme cela 
se voit dans les plantes affolées par l’hybridation. Ainsi l’une de celles que je 
soumets à la Société présente des corolles à fond pourpre noir moucheté de 
blanc, et à limbe dentelé presque fimbrié. Une autre nous montre des calices 
colorés et évasés, à divisions peu profondes et arrondies, en sorte que chaque 
fleur paraît munie de deux corolles emboîtées. De telles altérations morpho- 
logiques intéressent la solution du problème, en ce qu’elles indiquent une 
excessive mutabilité, ordinairement communiquée aux types du règne végétal 
par l’hybridation; elles confirment ainsi mon opinion sur l’origine de toutes 
ces variétés. 

Toutefois, j'en conviens, on éprouve quelque peine à accepter de prime 
abord plusieurs des échantillons exposés ici devant la Société, comme repré- 
sentant des produits de la fécondation mutuelle des deux espèces confondues 
par Linné sous la dénomination de P. verts. L'aspect sombre des fleurs et le 
port d’une partie de ces plantes rappellent bien platôt les Primevères de nos 
plates-bandes, qu'on semble vouloir désormais rapporter exclusivement au 
P. grandiflora. 


220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

A la vérité, l’accord sur ce point ne saurait être unanime, car les preuves 
manquent. Naguère encore, deux de nos collègues les plus autorisés profes- 
saient une opinion contraire, et sans doute il se trouve plus d’un botaniste 
dissident disposé à maintenir les distinctions de la #{ore des environs de 
Paris, et à rapporter au P. grandiflora les Primevères cultivées acaules, 
et au P. elatior celles qui sont pourvues d’une hampe. D'ailleurs, je le 
répète, attribuer à une seule espèce toutes les ;variétés cultivées, c’est faire 
une hypothèse plus ou moins plausible, dont la démonstration reste à 
fournir. 

Il se pourrait bien que la Primevère caulescente de nos plates-bandes re- 
connût une tout autre origine et qu’elle fût, au contraire, le résultat d’un 
croisement. 

Pour établir la validité de l'opinion reçue, je ne vois, en cffet, que deux 
bases possibles : celle de la similitude morphologique, ou celle de la filiation 
réciproque des formes attribuées à la même essence spécifique. Or je ne 
sache pas que personne, jusqu'ici, ait assisté à la métamorphose de l'une 
de ces formes dans l’autre, du P. grandiflora sauvage, par exemple, 
en cette autre plante cultivée que les soins de l’homme en auraient fait 
dériver. 

Quant aux traits anatomiques, ils sont loin d’être concordants. Je ne trouve 
pas, je l’avoue, dans les variétés de nos horticulteurs que je viens d’exami- 
ner sous ce rapport, non plus que dans les formes rassemblées sur cette table, 
et que je crois spontanées, l'ensemble des caractères dévolus à la forme cau- 
lescente de la Primevère-à-grandes-fleurs. Dans celle-ci (1) le pédoncule 
commun est peu robuste, les pédicelles sont longs et grêles et les fleurs peu 
nombreuses. Dans les autres, la hampe est épaisse et les ombelles multiflores 
sont ramassées par suite de la brièveté des pédoncules particuliers. Dans le 
P. grandiflora les poils sont plus longs que le diamètre des pédicelles; ils 
sont courts chez nos hybrides, comme dans le P. elatior. Le P. grandiflorñ 
a les divisions calicinales aussi longues que le tube ; elles sont de moitié plus 
petites dans nos ?. elatiori-officinalis, et semblables, par conséquent, à celles 
de la Primevère-élevée. Les analogies seraient donc plus étroites entre les 
formes litigieuses et cette dernière espèce. 

Au reste, en admettant pour un instant que plusieurs variétés du parc et 
du bois de Millemont (celles qui s’éloignent le plus des Primevères-élevée et 
officinale) dérivent de la Primevère-à-grandes-fleurs, il faudrait encore expli- 
quer l'existence de ces formes à fleurs rouges, morphologiquement équidis- 
tantes entre les P. officinalis et elatior, et plus éloignées de la variété de 
culture rattachée au P. grandiflora qu’elles ne le sont de leurs générateurs 


(4) J'en ai rapporté ailleurs un exemple (voy. Observations sur la Flore de Cannes 
et des Alpes-Maritimes, in Bull, Soc. bot, de Fr. t. VIII, 1861, p. 239), 


SÉANCE DU 24 AVRIL 1863. 291 


dans mon interprétation. Il resterait encore à tenir compte de cette modifica- 
tion, que chacun ici peut observer sur le vivant, et qui, ne différant de la Pri- 
mevère-officinale type que par la coloration rouge-orangé de ses fleurs, semble 
marquer le premier pas dans la voic des altérations dues à l'intervention d’une 
essence étrangère. 

En définitive, pour expliquer les formes ambiguës soumises à l'appréciation 
de la Société, j’adopte provisoirement l’idée d’un croisement par fécondation 
réciproque entre les P. oficinalis et elatior, et je crois pouvoir maintenir, 
jusqu’à plus ample informé, aux produits de ce croisement supposé, le titre 
d'hybrides, sous le nom de Primula elatiori-officinalis. 


M. J. Gay est d’avis que les diverses modifications de types 
spécifiques observées par M: Gubler pourraient bien être échap- 
pées de jardins et résulter de la culture. Jamais, suivant lui, des 
formes semblables n'ont été observées à l’état réellement spon- 
tané. 

M. Ramond dit que les Primevères cultivées, remarquables par la 
vivacité des teintes de leur corolle, doivent généralement être rap- 
portées au Primula grandiflora, dont elles se rapprochent beau- 
coup par le calice et la forme du fruit. 


M. Gubler répond : 


Les objections posées par mes honorables et savants contradicteurs sont 
très-plausibles ; la note que j'ai rédigée en tient compte, parce qu'elles s'étaient 
également présentées à mon esprit. Mais, toute réflexion faite, je n’ai pas cru 
qu'elles dussent me faire changer d’avis. Je n’en demeure pas moins disposé à 
réformer ma manière de voir, s’il y a lieu. Les observations devront être répé- 
tées, mais l’expérimentation seule me paraît appelée à résoudre non-seulement 
le problème actuel, mais encore la question plus générale de l’unicité ou de la 
pluralité de nos espèces de Primevères. Je serai heureux de pouvoir concourir 
à ce résultat en fournissant à M. le professeur Decaisne des pieds vivants des 
diverses formes que j'ai décrites, pour les soumettre à une culture prolongée 
et voir à quels types elles se réduisent. 


M. J. Gay met sous les yeux de la Société un pied de Cytinus 
Hypocistis, parasite sur le Cistus albidus, et qui lui a été récem- 
ment envoyé de Montpellier par M. Martins. 

M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de Ja lettre sui- 


vante, adressée à M, Chatin, président de la Société pendant 
l’année 1862 : 


222 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


LETTRE DE M. N'ARGIONI-TOZZETTE À M. CHATIN. 


Florence, 17 mars 1863. 
Monsieur le Président, 

Par le numéro 7 du Bulletin de la Société botanique de France, que j'ai 
reçu il y a quelques jours, j'ai pu connaître une partie du beau travail que 
vous publiez sous le titre de Recherches sur le développement, la structure 
et les fonctions des tissus de l'anthère (1). 

Voilà déjà trois ans que, faute du temps nécessaire pour quelques vérifica - 
tions, je garde dans mes cartons un mémoire {avec une planche d’une cin- 
quantaine de figures) relatif à des recherches que j'avais entreprises pour dé- 
terminer les rapports de Ja structure de l’anthère avec sa déhiscence, surtout 
dans les cas où celle-ci est limitée ou exceptionnelle. 

Je ne viens pas ici réclamer nn droit quelconque de priorité, qui vous appar- 
üent exclusivement, mais seulement vous faire hommage à vous, Monsieur, si 
connu par tant de travaux, à la Société et à la science, de ce que j'ai moi- 
même observé au sujet des anthères, à simple titre ou de confirmation ou de 
doutes, selon que le hasard m’aura porté aux mêmes conclusions que vous 
ou à des conclusions différentes. 

Dans les anthères à déhiscence longitudinale de plusieurs espèces, choisies 
au hasard, d'Armnaryllis, Lilium, Tulipa, Leucoium, Calonyction, Ipomæn, 
Pharbitis, Mirabilis, Datura, Digitalis, Lobelia, Centaurea, Cynara, Gail- 
lardia, Heliopsis, Artemisia, Magnolia, ainsi que dans plusieurs espèces de 
Solanum, dans le Lycopersicum esculentum, et dans diverses espèces de 
Cassia (anthères fertiles), je trouve, à partir du connectif vers la ligne de 
déhiscence, une ou plusieurs couches d'un tissu fibreux tel que Mirbel ct 
M. Purkinje l'ont depuis longtemps indiqué, placées au-dessous d’une mein- 
brane cuticulaire anhiste, dont l'épaisseur est en général très-considérable et 
la surface libre très-souvent marquée de reliefs linéaires, de ponctuations, etc., 
et d'un épiderme qui varie autant par la forme de ses éléments, que par leur 
grandeur, leur disposition, etc. 

Mais, tandis que ce tissu s'étale sur toute la longueur de la loge dans les 
anthères dont la déhiscence se fait par une fente longitudinale complète, il 
s'arrête aux alentours du point de déhiscence, là où celle-ci est limitée. Dans 
les anthères des C'assia, ce tissu n’occupe que le sommet de l'organe, tandis 
qu'on trouve dans le corps de celui-ci, au-dessous de l’épiderme, une 
couche de cellules avec leurs parois extérieures et latérales épaissies et 
ponctuées. 


. On trouve aussi une couche fibreuse sur le segment operculaire (et seule- 


(1) Voyez le Bulletin, t, IX, p. 461 et suiv. 


SÉANCE DU 24 AVRIL 1863. 293 


ment là) des anthères des Berbéridées (Berberis, Mahonia) et du Laurus no- 
bilis ou du ZL. C'amphora. On la trouve de même, mais étendue à toute la 
paroi de la bourse, dans les anthères des Po/ygala, déhiscentes toutefois par 
un ostiole terminal antérieur. 

Cependant la déhiscence des Polygala rentre, ainsi que celle des So/anum 
et des C'assia, dans les déhiscences longitudinales limitées, et la loge unique 
qu'on voit à la fin n’est que l’effet de changements d'organisation qui amènent 
la fusion successive des deux loges en une seule et des deux cavités pollini- 
ques originaires de chaque loge en une seule, de telle manière que les anthères 
des Polygala, uniloculaires à la fin, ne sont pas moins quadriloculaires au 
cominencement. 

Il n'y a pas de tissu fibreux dans les anthères des Mélastomées (Centrade- 
nia) ; il n’y en a pas non plus dans les /hododendron, les Azalea, les Erica, 
dont l’anthère s'ouvre au sommet ou obliquement de côté par la destruction 
d’une membrane très-fine, tendue entre les lèvres de l'ouverture circulaire ou 
ovale épaissies par un renflement de l’épiderme. 

Dans les Pirola, que je n'ai pas étudiés vivants, on trouve dans la paroi 
de la loge des cellules fibreuses à fibres grossières et adhérentes à la mem- 
brane cellulaire qui persiste. 

Après l'observation de ces faits et de beaucoup d’autres que je ne rapporte 
pas ici, je m'étais demandé quelles étaient les causes de la déhiscence, et en 
observant l’état des tissus dans une anthère un instant avant son ouverture et 
dans une anthère déjà ouverte, mais depuis peu de temps, et ce qui advient 
lorsqu'on humecte une tranche très-fine de cette anthère, soumise au micros- 
cope, j'avais conclu que toutes les dispositions étaient prises pour que, à une 
époque donnée, les deux valves des anthères à déhiscence longitudinale (totale 
ôu partielle), pussent céder facilement à une traction quelconque, opérée de 
leur bord à leur base sur le connectif ou à une pression exercée de l'inté- 
rieur. 

Ges dispositions consistent, pour les cas les plus ordinaires, dans l’amincis- 
serment des membranes cuticulaire et épidermique, qui est depuis longtemps 
et de manière très-différente ménagé sur la ligne ventrale de l’anthère, et dans 
la résorption du bord extérieur du diaphragme interloculaire qui vient aboutir 
à cette ligne pendant que la cavité de la loge est divisée en deux bourses polli- 
niques, et que Link a appelée raphé, je ne sais pourquoi (1} 


(1) Dans les cas de déhiseence operculaire, il paraît que l’affaiblissement des liens 
de l’opereule à la coque de Ja loge est préparé par la brusque séparation du tissu 
fibreux de celui-là, d’avec les tissus des bords de louverture de la loge elle-même. Ces 
brusques passages d’une forme de tissu à une autre forme, dans la continuité d’un 
Organe, est du moins la cause prochaine de la déhiscence de plusieurs péricarpes, pro- 
bablement aussi des urnes des Mousses, ainsi que je crois pouvoir le conclure de mes 
observations dirigées au point de vue de la déhiscence sur les deux séries d'organes, 
dans un travail assez avancé, mais inachevé, ainsi que celui relatif aux anthères. 


224 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


La destruction de la membrane mince, tendue sur l’ostiole des Æhododen- 
dron, Azalea, etc. , ainsi que des Centradenia (Mélastomées) détermine direc- 
tement l'ouverture de la loge. 

La cause de la déhiscence n’est pas le moins du monde dans l’élasticité des 
fibres du tissu fibreux, qui ne sont ni élastiques, ni même hygroscopiques, et 
qui sous l’action des réactifs (acide sulfurique et iode) se comportent comme 
les membranes cuticulaires, l'enveloppe extérieure des grains de pollen ou les 
fibres des vaisseaux rayés, et très-différemment des fibres des élatères des Mar. 
chantia et des Targionia, des bras des spores des £'quisetum, des cils des 
péristomes des Zortula, etc., qui ne sont pas élastiques à vrai dire, mais très- 
sensibles aux changements hygrométriques. Ces dernières fibres se dissolvent 
très-promptement dans l'acide, et se colorent en bleu par l’iode, tandis que les 
autres persistent inaltérées en prenant une coloration jaune très-foncée. 

Avec les dispositions indiquées ci-dessus, qui se réalisent autant dans les 
anthères à déhiscence longitudinale que dans celles à déhiscence operculaire, 
la cause de la déhiscence elle-même est tout simplement pour moi dans le des- 
séchement et dans le retrait des éléments des tissus, surtout de l’épiderme et 
conséquemment de la membrane cuticulaire, qui a lieu lorsque la maturité du 
pollen marque le temps d'arrêt pour la vie de l’anthère et pour le mouvement 
des courants liquides vers les éléments de ses tissus. 

On voit l’anthère s'ouvrir sur une ligne antérieure, ou du segment libre au 
segment adhérent d’un opercule, car d’un côté les liens sont très-affaiblis, et 
de l’autre les membranes détachées ont un point d'appui persistant ; on les 
voit s’entortiller de diverses facons, car, la membrane cuticulaire étant 
continue et se retirant, oblige les tissus les plus mobiles à céder à ses 
tractions. 

Voilà comment des causes physiques, agissant sur de simples prédispositions 
des tissus inertes dans le fait, achèvent l'ouvrage que la vie a commencé et 
réalisent un des phénomènes les plus curieux à examiner et les plus importants 
pour la reproduction de l’espèce dans les plantes. 

J'ai l'honneur, etc. A. TARGIONI-TOZZETTI. 


A la suite de cette communication, M. Chatin présenteles obser- 
vations suivantes : 


n] 


L'heure avancée de la séance me fait remettre à un autre jour la com- 
munication que je me proposais de faire à la Société. Toutefois, la pré- 
sentalion d’un travail sur ce sujet, aujourd’hui même, par M. Targioni- 
Tozzetti, pouvant, malgré mes communications antérieures à la Suciété de 
biologie, à l'Académie des sciences et à cette Société même, donner quelque 
intérêt à la question de priorité, j'ai l'honneur de mettre sous les veux de la 
Société, en en faisant une énumération sommaire, les nombreux dessins con- 


SÉANCE DU 24 AVRIL 1863. 


225 


Statant mes observations. Ces dessins sont relatifs aux familles suivantes, étu- 
diées généralement dans leurs principaux genres, et que je relève dans l’ordre 
même de mes observations : 


Graminées, 
Cypéracées, 
Typhacées, 
Joncées, 
Commélinées, 
Aroïdes, 
Palmiers, 
Mélanthacées, 
Liliacées, 
Asparaginées, 
Asphodélées, 
Dioscorées, 
Amaryllidées, 
Hypoxidées, 
Iridées, 
Hémodoracées, 
Broméliacées, 
Pontédériacées, 
Cannées, 
Orchidées, 
Hydrocharidées, 
Potamées, 
Campanulacées, 
Lobéliacées, 
Stylidiacées, 
Composées, 
Dipsacées, 
Valérianées, 
Caprifoliacées, 
Araliacées, 
Rubiacées, 
Apocynées, 
Asclépiadées, 
Gentianées, 
Polémoniacées, 
Convolvulacées, 
Borraginées, 
Cestrinées, 
Solanées, 
Verbascées, 
Scrofularinées, 
Rhinanthacées, 
Orobanchées, 
Gesnériacées, 
Pignoniacées, 


Acanthacées, 
Ébénacées, 
Jasminées, 
Verbénacées, 
Labiées, 
Plombaginées, 
Plantaginées, 
Primulacées, 
Myrsinées, 
Épacridées, 

* Éricacées, 
Pirolacées, 
Monotropées, 
Mélastomées, 
Francoacées, 
Oiéinées, 
Guttilères, 
Ternstræmiées, 
Tiliacées, 
Malvacées, 
Sterculiacées, 
Buettnériactes, 
Euphorbiacées, 
Polygalées, 
Tropéolées, 
Géraniacées, 
Zygophyllées, 
Rutacées, 
Aurantiacces, 
Hippocastanées, 
Malpighiacées, 
Linées, 
Violacées, 
Résédacées, 
Ampélidées, 
Crucifères, 
Fumariacées, 
Papavéracées, 
Berbéridées, 
Magnoliacées, 
Renonculacées, 
Nymphéacées, 
Urticées, 
Polygonées, 
Chénopodiées, 


Phytolaccées, 
Amarantacées, 
Silénées, 
Alsinées, 
Cactées, 
Crassulacées, 
Saxifragées, 
Passiflorées, 
Ombellifères, 
Cornées, 
Loranthacées, 
Santalacées, 
Balanophorées, 
Rafflésiacées, 
Cytinées, 
Asarinées, 
Népenthées, 
Cucurbitacéos, 
Bégoniacées, 
Œnothérées, 
Lythrariées, 
Laurinées, 
Thymélées, 
Protéacées, 
Rhamnées, 
Granatées, 
Myrtacées, 
Calycanthées, 
Évonymées, 
Célastrinées, 
Pomacées, 
Rosacées, 
Amygdalées, 
Papilionacées, 
Césalpiniées, 
Mimosées, 
Éléagnées, 
Salicinées, 
Quercinées, 
Bétulinées, 
Cupressinées, 
Abiétinées, 
Cycadées. 


M. J. de Seynes rend briévement compte de divers faits térato- 
logiques, et en particulier de phénomènes de soudures observés 
par lui sur des Champignons. Il se réserve de faire ultérieu- 
rement à la Société une communication plus étendue sur ce 


sujet. 
Fr. 


16 


226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
M. A. Gris fait à la Société la communication suivante : 


NOTE SUR QUELQUES PROTÉACÉES DE LA NOUVELLE - CALÉDONIE, 
pa MM. Ad. BRONGNIART ct Arthur GRIS. 


Le Muséum d'histoire naturelle doit à la libéralité de M. Vieïllard, médecin 
de la marine impériale, une belle série de Protéacées recueillies par lui à la 
Nouvelle-Calédonie, Une partie d’entre elles rentre dans les genres déjà bien 
connus : Sfenocarpus, Grevillea, Knightia et Cenarrhenes, et n'ajouteront 
que de nouvelles espèces à ces genres, dont les trois premiers étaient déjà 
signalés comme appartenant à la flore de cette grande île. 

Mais il y a un certain nombre d’espèces fort analogues entre elles par leur 
mode de végétation, et qui paraissent se rapprocher à certains égards des 
Helicia de V’Asie tropicale, mais encore plus des Æhopala de l'Amérique et 
des genres qu’on en a récemment séparés. 

Ce sont toutes des Protéacées à ovaire bi-ovulé, dont le fruit ne nous est 
que très-imparfaitement connu, mais semblerait, dans l’une d’entre elles du 
moins, avoir un péricarpe épais, coriace et indéhiscent. L'étude de l'ovaire 
nous signala un caractère qui paraissait presque étranger à cette famille, ou 
du moins qui n’y était indiqué que d’une manière exceptionnelle et incom- 
plète. 

En effet, cet ovaire présente deux ovules suspendus au sommet de la cavité 
et orthotropes, ayant ainsi leur micropyle en bas. 

Cette structure de l’ovaire se trouve sans doute comprise dans la description 
donnée par M. Meisner dans le Prodromus de De Candolle (t. XIV, p. 209), 
lorsqu'il dit que les ovules sont fixés à la base ou au sommet de la cavité ova- 
rienne et ont le micropyle inférieur; cependant il désigne d’une manière 
générale les ovules par le terme d’anatropes. Cela supposerait qu'il ne s'est 
pas bien rendu compte de la structure de ces ovules lorsqu'ils sont sus- 
pendus. 

Dans la description spéciale des deux genres voisins de celui que nous 
avons à décrire, il signale en partie la structure de ces ovules. Ainsi, dans la 
description du genre Andripetalum ([. c. p. 3h45), on lit « ovulis 2 collate- 
ralibus orthotropis », sans qu’il soit indiqué que ces ovules sont suspendus ; 
dans la caractéristique du genre Adenostephanus, on lit (4. c. p. 236) « ovulis 
2 collateralibus pendulis », et la forme orthotropique de ces ovules n’est 
point signalée ; enfin, dans la description du Æhopala, l’auteur ne dit rien de 
la direction ni de la structure des ovules. Or, dans ces trois genres, l'ovaire a 
exactement la même organisation et présente, comme dans les Protéacées de 
la Nouvelle-Calédonie dont il est ici question, deux ovules suspendus au 
sommet de la loge et orthotropes. 

Après avoir constaté une structure , on peut dire identique, dans l'ovaire 


SÉANCE DU 24 AVRIL 18638. 297 


des /?hopala, des Andripetalum, des Adenostephanus et de nos Protéacées 
de la Nouvelle-Calédonie, nous avons dû chercher si ce caractère des ovules 
orthotropes suspendus ne se rencontrait pas dans d’autres Protéacées. Nous 
l'avons également constaté dans le Cenarrhenes nilida, les Persoonia juni- 
perina et lanceolata, le Brabejum stellatum, le Conospermum taxifolium, à 
ovaire uni-ovulé et à ovule parfaitement orthotrope; dans le Guevina avellana, 
où l’on retrouve exactement la structure des Æhopala ; dans le Symphyonema 
montanum, et enfin dans le Zambertia formosa, où deux ovules collatéraux 
et orthotropes, presque scssiles, paraissent suspendus latéralement, leur point 
d'attache n'étant pas, comme dans les cas précédents, dans la direction de 
l'axe de l’ovule. 

Ainsi le caractère tiré de la forme anatropique des ovules est loin d’être 
général parmi les Protéacées, et, si l’on passait en revue tous les genres de cette 
famille, peut-être étendrait-on cette énumération ; ce qui est constant, c’est 
la position inférieure du micropyle, d’où il résulte que ces ovules sont ortho- 
tropes lorsqu'ils sont suspendus, anatropes lorsqu'ils sont dressés. Ces obser- 
vations confirment l’opinion déjà émise par l’un de nous, que la direction du 
micropyle, et par suite de la radicule, vers la base ou le sommet de l'ovaire, 
lorsque cet organe ne renferme qu’un petit nombre d'ovules, est plus impor- 
tante que Ja forme droite ou réfléchie de l’ovule lui-même, et par conséquent 
que la direction de la radicule relativement au hile. 

Les Protéacées de la Nouvelle-Calédonie qui, au nombre de cinq, ont 
donné lieu à ces études, s'accordent donc entre elles ct avec les genres Æho- 
pala, Adenostephanus, Andripetalum et Guevina, par leurs deux ovules 
suspendus au sommet de la loge ovarienne et complétement orthotropes. 
Elles diffèrent au contraire des Æelicia, qui ont les ovules géminés dressés et 
anatropes. 

D'autres caractères les distinguent dans ce groupe. Trois espèces ont des 
caractères génériques parfaitement identiques; leur stigmate a la forme de 
celui des Æhopala, mais un réceptacle obliquement tronqué entraînant l'inser- 
tion oblique des sépales, et la présence d’use glande hypogyne unique et 
unilatérale suffisent à les caractériser comme genre distinct. Cette forme 
oblique du réceptacle en particulier, très-facile à observer après la chute des 
sépales, fait immédiatement reconnaître ct distinguer ce genre des Æhopalu. 
Nous le consacrons, sous le nom de Xermadecia, à la mémoire de Huon 
de Kermadec, commandant de la /echerche, l'un des bâtiments de l'expédition 
envoyée à la recherche de La Pérouse, sous les ordres de d’Entrecasteaux, 
mort à la Nouvelle-Calédonie et inhumé près de Balade. 

Uné autre espèce, que nous avions d’abord rangée parmi les fermadecia, 
en diffère par le mode régulier d'insertion des sépales sur un réceptacle hori- 
zontal et par la présence des quatre glandes distinctes ct symétriques des 
Rhopal a, dont elle se rapproche en outre par la forme du stigmate,et dont 


228 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


elle ne diffère qué par une plus grande brièveté des filets des étamines. Nous 
avons donc raugé cette espèce parwmi les Æ2hopala, sous le nom de Æhopala 
Vieillardi, malgré la différence des régions qu’elle habite. 

Enfin la cinquième espèce qu'il nous reste à signaler ici se rapproche 
des Adenostephanus par son stigmate oblique, latéral, en forme de mamelon 
circulaire obtus, mais paraît en différer assez notablement par un réceptacle 
oblique et par la structure du disque. Cette structure n'ayant pu être con- 
statée d’une manière certaine sur la fleur unique qu’il nous a seulement été 
possible d'examiner, nous plaçons cette espèce avec doute à la suite du genre 
Adenostephanus (qui est américain), sous le nom d’Adenostephanus austro- 
caledonicus. 

On peut caractériser comme il suit le nouveau genre et les trois espèces 
qu'il comprend : 

KERMADECIA Ad. Br. et A. Gris. 


Flores irregulares, racemosi. 

Calyx clavato-cylindricus, sepalis 4 spathulatis, apice dilatato antheriferis, 
basi obliquis. 

Antheræ subsessiles, oblongæ, apiculatæ. 

Ovarium sessile, 1-loculare, ovulis 2 collateralibus orthotropis, pendulis. 

Stylus superne incrassatus, clavatus, stigmate emarginato, subbilobato. 

Receptaculum oblique truncatum, disco semi-annulari adnato. 

Fructus : drupa exsucca seu nux pericarpio crasso indehiscens? (fructus 
immaturus tantum in Æ. elliptica visus). 


4, KERMADECIA SINUATA. 

Folia elliptica, versus apicem dilatata, sinuato-lobata, superne glabra (ner - 
vis tantum breviter tomentosis), inferne tomento ferrugineo brevi dense tecta. 
Racemi adscendentes, plerumque simplices, flores geminatos, pedicellis liberis, 
gerentes. 

Arbor; crescit in monte Novæ Caledoniæ Diane dicto (Vieillard, n° 1103). 


2. KERMADECIA ROTUNDIFOLIA. 

Folia rotunda, integerrima, apice ematginata, basi subcordata, glabra, 
superne nitida, Racemi compositi, adscendentes, flores geminatos , pedicellis 
liberis, gerentes, 


Arbor ; crescit in silvis montium Novæ Caledoniæ prope Zalade (Vieil- 
lard, n° 4105). 


3. KERMADECIA ELLIPTICA. 
Folia elliptica, integerrima, apice subémMarginata, glabra, superne nitida. 
Racemi adscendentes, simplices, flores geminatos, pedicellis liberis, gerentes. 


Arbor ; crescit in silvis montium Novæ Caledoniæ prope Balade (Vieil- 
lard, n°4104). 


SÉANCE DU 24 AVRIL 1863. 229 
Voici les diagnoses des deux autres espèces nouvelles ci-dessus mentionnées : 


RHOPALA VIEILLARDI, 

Folia elongato-oblonga, integerrima, subundulata, basi plus minus inæquali 
sensim attenata, apice sæpissime falcata obtusa, glabra, utrinque nitida, 
margine nigricanti 'cincta. Racemi axillares, adscendentes, flores geminatos, 
pedicellis fere omnino connatis, gerentes. : 

Arbor; erescit in montibus Novæ Caledoniæ Poila dictis (Vicillard, 
n° 1107). 

Var. longifolia. Koliis elongato-lanceolatis majoribus, valde undulatis, 
racemis longioribus sat distincta ; crescit iisdem locis (Vieillard, n° 1108), 


ADENOSTEPHANUS AUSTRO-GALEDONICUS. 

Folia oblonga, integra, basi attenuata, glabra, subtus obscure purpurata, 
Racemi simplices, flores geminatos incurvatos, pedicellis omnino connatis, 
gerentes. 

Arbor ; crescit in. montibus Novæ Caledoniæ Porila dictis (Vieillard, 
n° 4109). 


M. Roze dépose sur le bureau, de la part de M. Marcilly fils, des 
échantillons de Lycopodium Chameæcyparissus (1) provenant du 
bois de Belloy prés Beauvais (Oise), et destinés à l’herbier de la 
Société. 


(1) Voyez le Bulletin, t. VIE, p. 244 et 430. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


(NOVEMBRE 1863.) 


N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette revue chez M. J. Rothschild, libraife 
de la Société botanique de France, rue de Buci, 14, à Paris. 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


De la germination; thèse présentée au concours d’agrégation par 
. M. Jules de Seynes. In-4° de 76 pages, avec une planche gravée. Paris, 
chez J.-B. Baillière et fils, 1863. 


‘ L'auteur expose d’abord les conditions extérieures qui déterminent «la 
graîne à germer, montre l’évolution de ses parties dans les différents types 
offerts par le règne végétal, puis étudie les changements intérieurs dont les 
organes du végétal sont le siége pendant cet acte physiologique. 

Il commence par indiquer combien il est difficile de douner une définition 
exacte de la germination, considérée au point de vue général, quand on veut 
tenir compte des travaux récemment produits sur le développement des Cryp- 
togames, l’alternance de la génération, les phénomènes chimiques et histogé- 
niques qui président à la nutrition des végétaux. Il étudie ensuite, principa- 
lement d’après De Candolle, Sénebier, Théodore de Saussure et Humboldt, 
l'influence exercée par l'eau, l'oxygène, la chaleur, la lumière, l'électricité 
ct divers agents chimiques, tels que le chlore, dans l'acte de la germina- 
tion. — Dans un second chapitre, il traite de la germination au point de vue 
morphologique dans la série végétale. Il se conteñte, à ce sujet, d'examiner 
quelques types autour desquels peuvent se grouper les différentes modifica- 
tions connues : ucus, CEdogonium, Cystopus, Morchella, Pellia, Funaria, 
Pteris, Avena, Cannu, Vallisneria, Orchidées, Zamia, Pinus, Æsculus, 
Trapa, Cuscuta, Nelumbium. 1 rassemble les procédés de germination 
cellulaire des Cryptogames en trois groupes sous les noms de gerinination 
mycéloïde (Algues et Champignons), thalloïde (WMarchantia, naissance des pro- 
embryons) et embryomorphe (développement des Cryptogames acrogènes sur 
leur pro-embryons, germination des Lycopodiacées). Il résume la germina- 
tion des Phanérogames en quatre groupes, d’après M. Schacht. 1 recherche 
ensuite si l'on peut déduire, des différences qu'on observe dans ces procédés 
physiologiques, quelques caractères d’une valeur et d’une utilité réelles pour la 
classification, — Le chapitre HI traite des conditions propres à la graine et des 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 231 


changements qu’elle subit dans sa vie et dans son organisation. Il est divisé én 
plusieurs paragraphes relatifs aux phénomènes physiologiques de maturité, de 
vitalité, au rôle des parties de la graine, au développement des éléments anato- 
miques et aux phénomènes chimiques. L'auteur dit que les faits avancés sur la 
longévité des graines ont besoin d’être contrôlés avec prudence, et il étudie 
les fonctions physiologiques des cotylédons et de l’albumen, en s'appuyant sur 
les travaux de M. A. Gris, de M. Hartig et de quelques autres observateurs. 
Il rappelle que le phosphore n'existe dans les cotylédons que péndant leur 
période d'activité chimique et le développement des jeunes organes. — Le 
chapitre IV est intitulé : Applications pratiques et conclusions. L'auteur y 
considère son sujet au point de vue médical et économique, ne faisant d’ail- 
leurs qu'énumérer très-rapidement les déductions applicables à l'agriculture. 

M. de Seynes jette ensuite un coup d’œil en arrière et résume les résultats 
de son travail. Chez les végétaux inférieurs, dit-il, par suite de l’état encore 
incertain de la science et des transitions nombreuses que leur étude nous pré- 
sente, la gerinination nous apparaît comme un simple acte reproducteur, 
quelle que soit la provenance du corps qui en est l’agent; chez les végétaux 
supérieurs, elle se définit d’une manière tout à la fois simple et vraie, en par- 
tant du seul point de vue de l'embryon fécondé : la série des phénomènes qui 
amènent cet embryon à s’accroître, à développer ses parties, pour donner 
baissance à une plante capable de vivre et de se suffire à elle-même. Puis, 
pour caractériser les nuances qui l'ont obligé à élargir cette dernière défini- 
tion, il distingue trois classes de germination : une germination préter-em= 
bryonnaire ou extra-embryonnaire, propre aux corps réproducteurs des végé- 
taux inférieurs qui ne peuvent être considérés comme des embryons, véritable 
gemmation ; une germination pro-embryonnaire, comprenant deux phases 
séparées par la formation d’un pro-embryon ; enfin une germination embryon 
naire, la seule à laquelle s'applique ce nom d’une manière iicontestablé : 
c'est celle des Phanérogames et d’uu grand nombre de Gryptogames, 

M. de Seynes a présenté les indications bibliographiques en tête de chaque 
chapitre de sa thèse et les a complétées par un supplément, La planche jointe 
à son travail représente les germinations de diflérents végétaux; ce sont, pour 
la plupart, ceux qu'il a pris pour types dans le chapitre morphologique de son 


travail. 
Dr EUGÈNE FOURNIER. 


De la fécondation dans les Phanérogames ; thèse présentée 
au concours d’agrégation pat M. Eug. Foutüier ; 1 Vol. in-8° de 154 
pages, avec 2 pl. grav. Paris, chez F. Savÿ, 1863. 


. M. Fournier présente d’abord l'exposé historique de la question, puis la des- 
cription succincte des organes nécessaires à la fécondation, Il traite ensuite 
des circonstances qui facilitent ou entravent cette fonction, des divers actes 


+: : 40 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


physiologiques dont elle se compose et des phénomènes qui l’accompagnent 
et la suivent. Viennent plus loin deux chapitres consacrés à l'étude des fécon- 
dations croisées et à celle de la parthénogénèse. 

L'étude historique de la fécondation est divisée en trois périodes : la pre- 
mière, étendue depuis l’antiquité jusqu’à la fin du xvri° siècle; la seconde, de 
l'anatomie de Grew jusqu’à la découverte du tube pollinique ; la troisième, 
remplie par les recherches contemporaines, la naissance, le règne et la chute 
de la théorie de M. Schleiden, et illustrée par les travaux de M. Hofmeister., — 
Dans la description des organes nécessaires à la fécondation, l’auteur examine 
seulement la structure du grain pollinique, le stigmate, le tissu conducteur et 
les divers développements qui ont lieu avant la fécondation dans le sac em- 
bryonnaire simple où multiple ; c’est-à-dire le noyau primaire, les vésicules 
embryonnaires déconvertes par M. Amici, avec leur appareil filamenteux dé- 
crit par M. Schacht, et les cellules antipodes observées par M. Hofmeister. 
Il s'occupe spécialement des Conifères, et adopte l'opinion de M. AL Braun, 
qui, dans son mémoire sur la polyembryonie, conserve aux corpuscules le nom 
de vésicules embryonnaires. — Le chapitre II est intitulé : Des agents qui 
facilitent ou entravent la fécondation. L'auteur y traite successivement du rôle 
des enveloppes de la fleur, des rapports de position des organes mâle et fe- 
melle dans la fleur, de la déhiscence des anthères, des mouvements des éta- 
mines et des styles, du concours apporté par les insectes et par les vents; en- 
fin de certaines circonstances météorologiques. Il étudie principalement l’in- 
fluence de l’eau en traitant des agents nuisibles à la fécondation et s'étend sur 
l’organisation de lA/drovandia et du Vallisneria. — Le chapitre IV est inti- 
tulé : Des phénomènes essentiels de la fécondation. L'auteur y étudie la péné- 
tration du tube pollinique, sa structure et les modifications qu’il subit dans 
son trajet, les diverses manières dont a lieu son contact avec les vésicules (her- 
nie du nucelle hors de l’ovule, du sac embryonnaire hors du nucelle, des vé- 
sicules embryonnaires hors du sac, simple contact entre le boyau et la paroi 
du sac) ; il fait remarquer que l’affinité des Loranthacées et des Santalacées est 
confirmée par l'étude microscopique des phénomènes de la fécondation dans ces 
deux familles; il arrive ensuite à l'étude du rapport du boyau avec les vésicules 
et de la théorie de M. Tulasne, Ce qui explique, dit-il, comment les auteurs 
sont divisés sur l'époque d'apparition des vésicules, c’est que, de l’aveu de ceux 
qui disent les avoir formellement observées avant la fécondation, elles sont, au 
moment de cet acte, presque diffluentes, etne serevêtent en général d’une mem- 
brane solide qu’après le contact du boyau et du sac. Il donne ensuite quelques 
détails sur des faits particuliers observés dans la fécondation chez les Canna, 
Tillandsia, Citrus, etc. Puis il réfute la théorie de M. Schleiden, d’après 
les raisons fournies contre elle par M. Tulasne, qui l'avait autrefois adoptée. 
C'est, dit-il, dans la forme du suspenseur et dans les rapports qu’il affecte 
avec l’extrémité inférieure du boyau encore adhérente au sac, qu’il faut cher- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 233 


cher l'explication des erreurs qui ont entraîné les pollinistes. Entrant dans la 
comparaison des phénomènes de la fécondation dans les deux embranchements 
du règne végétal, il regarde les granules polliniques, malgré leur immobilité, 
comme analogues, dans leur rôle physiologique, aux spermatozoïdes des Cryp- 
togames, et le sac embryonnaire comme analogue à l’archégonc. Il ajoute que 
les Conifères et les Cycadées se rapprochent plus des Cryptogames supérieures 
que les autres Phanérogames, à cause des formations multiples qui naissent 
dans leur sac embryonnaire, comparable aux cellules-mères des spores des 
Rhizocarpées. Mais il regarde comme forcée l’analogie que plusieurs auteurs 
ont voulu établir entre le suspenseur des Phanérogames (Vorkeim) et le pro- 
embryon des Fougères et Équisétacées, attendu que cet organe sc développe 
dans les Phanérogames après la fécondation et dans les Fougères avant elle, 
Comparant ensuite les éléments mâle et femelle dans les deux embranchements 
du règne organique, il rappelle que ces éléments procèdent d’une cellule qui, 
pour les mâles, produit les animalcules mobiles des Cryptogames et les sperma- 
tozoïdes des animaux ; et qui, pour les femelles, reste à l’état de vésicule 
embryonnaire et se segmente intérieurement par un procédé pareil à la seg- 
mentation du vitellus, pour aboutir à la formation de l'embryon. — Le cha- 
pitre V est intitulé : Des phénomènes qui accompagnent la fécondation ; l'au- 
teur y traite du développement de chaleur qui se remarque au moment de cet 
acte. — Le chapitre VI expose les phénomènes postérieurs de la fécondation, 
c’est-à-dire le développement de l’endosperme, mais seulement d’une manière 
sommaire. — Dans le chapitre VII, l’auteur étudie les fécondations croisées 
d’après MM. Lecoq et Ch. Darwin; il cite un fait particuliér de cet ordre observé 
par lui sur le Veronica spicata; il touche seulement à la question des hy- 
brides, en étudiant dans quelles conditions la fécondation est possible entre des 
types différents et entre leurs produits. Ce chapitre est terminé par quelques 
mots sur les fécondations artificielles et sur la persistance de vitalité du pollen. 
— Le chapitre VIII traite de la parthénogénèse ; l’auteur y discute les opinions 
de MM. Lecoq, Braun, Naudin, Baillon, Regel, Karsten, et conclut qu'il reste 
aujourd’hui bien peu de faits authentiques en faveur de cette théorie. 

La thèse de M. Fournier est terminée par un index bibliographique énumé- 
rant un grand nombre de travaux relatifs à la fécondation, et par deux planches 
qui représentent cet acte physiologique chez les Conifères et chez quelques 


autres végétaux, et dont les dessins sont en général empruntés à M. Schacht. 


De Ia fécondation dans les Cryptogames; thèse présentée au 
concours d’agrégation par M. Léon Vaillant. 1 vol. in-8° de 134 pages, 
avec deux planches lithographiées. Paris, chez F. Savy, 1863. 


L'auteur traite successivement de la fécondation chez les Algues, les Li- 
chens, les Champignons, les Hépatiques, les Mousses, les Characées, les Fou- 


23 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


gères, les Équisétacées, les Lycopodiacées et les Rhizocarpées, et jette ensuite 
un coup d'œil d'ensemble sur la reproduction de ces différents groupes dans 
un court chapitre intitulé : Conclusions. Relativement aux Algues, il étudie 
spécialement les phénomènes offerts par le Sphæroplea annulina Ag. d'après 
les travaux de M. Cohn, rappelle les observations faites sur les Synsporées 
par M. Decaisne, M. Thwaites, M; Iizigsohn, les études faites sur les 
Clostéries par M. Morren et d’autres naturalistes, et sur les Diatomécs par 
MM. ‘Thwaites et De Bary; il s'occupe ensuite des recherches de MM. Cohn 
et Carter sur les Volvox. Pour les Fucacées, il choisit comme type le Vau- 
cheria, étudié avec grand soin par M. Pringsheim, et décrit le mode de repro- 
duction spécial des OEdogoniées, ainsi que ceux des Saprolegmia et Pythium. 
Il analyse ensuite les observations de MM. Thuret et Pringsheim sur la fécon- 
dation des Fucacées ; quant aux Floridées, il se borne à signaler les deside- 
rata de la science. Le chapitre destiné aux Lichens contient la description des 
apothécies, des spermogonies et des pycnides. L'auteur rappelle que cer- 
taines espèces diviques, comme les Sticta limbata er St, aurata, ne produisent 
pas de fruits en Europe, où elles n'ont pas d'individus munis de spermogonies, 
tandis qu’en Amérique elles en produisent. Quant aux Champignons, il 
n’essaye pas d'entrer dans la description détaillée des nombreux appareils 
existant dans les diverses plantes de ce groupe, parce que, dit-il, il en tirerait 
peu de renseignements au point de vue spécial de la reproduction sexuelle. I 
pense que les appareils à spores endothèques, lorsqu'ils existent, sont de tous 
les organes ceux qui rappellent le plus les organes femelles, mais simplement 
par analogie, et que les organes mâles paraissent complétement inconnus, En 
traitant des Hépatiques, il décrit la structure da Warchantia d'après les tra- 
vaux de Mirbel, de Bischoff, et de MM. Thuret et Grœnland. Il rappelle que 
M. Hofmeister a observé des anthérozoïdes au-dessus des archégones des 
Jongermannes. Dans l'étude de la fécondation des Mousses, il prend pour type 
le Polytrichum commune. H ne semblerait pas nécessaire, dit-il, de croire 
que le corpuscule mâle descend, en quelque sorte volontairement, de la tige 
qui le supporte pour s'élever ensuite le long de la tige sur laquelle se trouxe 
l'archégone, comme semble vouloir l’admettre M. Thuret. La projection brus- 
que du contenu de l’anthéridie paraît pouvoir donner assez de chances pour 
qu’un de ses corpuscules soit porté sur l'organe à féconder, d'autant plus que 
la déhiscence des anthéridies a lieu sous l'influence de l'humidité et dans des 
circonstances amenées régulièrement par la rosée, où l'organe femelle doit être 
lui-même rempli de liquide. Dans le chapitre consacré aux Characées, M. Vail” 
lant décrit leurs organes sexuels principalement d’après les travaux de M. Thu- 
ret. Les Fougères sont traitées surtout d’après les observations de M. Leszczÿc- 
Suminski et de M. Hofineister ; les Équisétacées, d’äprès celles de M. Duval- 
Jouve. Dans les Eycopodiacées, l’auteur prend pour type le Selaginella 
denticulata étudié par M. Hofmeister ; quant aux Rhizocarpées, il rappelle 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 235 


seulement le développement des organes sexuels observé par MM. Nægeli et 
Hofmeister. 

. Dansle dernier chapitre, intitulé Conclusions, M. Vaillant considère d’une 
. façon générale la génération alternante chez les Cryptogames, et présente un 
tableau où sont comparés les organes sexuels de ces plantes entre eux et avec 
ceux des Phanérogames. Il place sur le même rang les spores des Fougères, 
les microspores et les macroscopes des Se/aginella, le pollen et l’ovule des Pha- 
nérogames ; sur le même rang aussi les anthérozoïdes des Cryptogames et la 
fovilla des Phanérogames, la spore primordiale des Algues, des Fougères et des 
Lycopodiacées et le sac embryonnaire des Phanérogames. Du reste, il ajoute 
«que ces faits ne sont pas absolus », et il conclut que la prétendue limite entre 
les végétaux phanérogames et cryptogames est réellement si peu considérable 
que l’on peut presque la regarder dès à présent comme nulle. Enfin, pour lui, 
il est démontré par des faits en quelque sorte tangibles chez les Cryptogames : 
1° que les deux éléments pris isolément sont inféconds ; 2° que le contact de 
l'élément mâle ne suffit pas pour féconder l'élément femelle; et 3° que l’élé- 
ment mâle ne se développe pas simplement dans l'élément femelle, mais que 
tous deux se confondent pour se vivifier. 

La thèse de M. Vaillant est terminée par un index bibliographique où il 
énumère des travaux relatifs aux différentes familles de Cryptogames, et par 
deux planches lithographiées par M. Faguct, représentant la fécondation du 
Sphæroplea annulina d'après M. Cohn, et celle des Fougères d'après 


MM. Suminski, Wigand et Thuret. 


Sur les bourgeons axillaires du Saginé nodosa; par 
-.M. J. A: Henrotay (Bulletins de la Société royale de botanique de Bel- 
gique, t. 1, pp. 160-175). 


M. Henrotay a constaté que les fascicules de petites feuilles placés aux ais- 
selles des grandes feuilles du Sagina nodosasé détachent à l'automne, pous- 
sent des racines et reproduisent la plante. Il compare ce fait à d’autres faits 


analogues et déjà bien connus. sg 


Note sur les poils des Fougères et sur les fonctions de ces 
organes ; par M. J.-E. Bommer (Bulletins de la Société royale de bota- 
nique de Belgique, t. I, pp. 91-101). 


L'auteur divise les poits des Fougères en laniformes, capilliformes, et lépi- 
diformes ou écailleux ; il les regarde comme destinés à absorber l'eau nécessaire 
au développement de la plante, du moins dans leur jeune âge et lorsqu'ils 
garnissent les bourgeons. Si l’on veut, dit-il, favoriser la végétation du Didy- 
mochlæna sinuosa Desx., des Alsophila, des Cibotium, on ne doit guère 


236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 
arroser ces plantes au-dessous du pied, mais le plus souvent sur le bourgeon. 


Il cherche à combattre l'opinion émise par M. Duchartre sur la non-absorp- 
tion de la rosée par les feuilles,? en invoquant les expériences plus anciennes 


de Bonnet et de M, Du Mortier, 
E. F. 


De lEspèce, à propos de l’ouvrage de M. Darwin; par 
M. Fée (Extrait des Mémorres de la Société des sciences naturelles de Stras- 
bourg), in-4°, 46 pages. 


L'auteur de cette critique reconnaît avec M. Darwin que la sélection, appli- 
quée par l'homme aux deux règnes organisés de la nature, modifie d’une ma- 
nière remarquable un certain nombre d'êtres, mais il combat les conséquences 
qu’en a déduites le naturaliste anglais. 11 rappelle qu'il existe un grand nom- 
bre d’interruptions dans la chaîne qui relie les animaux les uns aux autres, et 
qui devrait être continue suivant le système de M. Darwin. Il soutient que 
les races ne s'établissent pas dans la nature, comme dans nos jardins ou dans 
nos ménageries; que toute modification considérable d’un type spéficique se 
lie de près à la monstruosité et souvent empêche la reproduction ; que l’action 
des agents physiques surles êtres organisés a pour résultat non d’en modifier les 
espèces, mais seulement d’en restreindre l'accroissement, et qu’à ce point de 
vue la sélection naturelle est seulement une balance numérique des êtres vi- 
vants. Il insiste sur la rareté des hybrides, pour prouver la faculté de résistance 
des types. Il trace-enfin une revue rapide des différentes flores et faunes con- 
temporaines des divers âges de la terre, et conclut de la dissimilitude à peu 
près universelle qu’on constate entre elles qu’à toutes les grandes époques du 
globe il y a eu création d'organismes formés sur un même plan, bien qu’ab- 


solument distincts comme espèces. 
E. F. 


BOTANIQUE DESCRIPTIVE. 


Description de quelques espèces nonvelles de ZAubus; 
par Ph.-J. Mueller (Annotations à la flure de France et d'Allemagne, 1862, 
pp. 291-295). 


Ces espèces sont les suivantes : 2. chnoophyllos Ph.-J. M. (R. collinus 
DC. Godr. Monogr. p. 29 ; FT. de Fr. 1, p. 545 ; FL. de Lorr. éd. 2, 1, 
p. 240); C. Billot, exsice. n° 1176, — À. tricacanthos Ph.-J. M. (A. hir- 
tus W. et N.); C. Billotexsice. n° 2056. — 7. entomodontos Ph.-J. M: 
(2. Schleicheri W. et N.); C. Billot, exsice. n° 2451. — À. mentitus 
Ph.-J. M. (A. piletostachys Gr. et Godr.); C. Billot exsiec. n° 2667). — 
Re. spiculifolius Ph.-3. M. (A. rhamnifolius W. et N.). 

Nous mentionnons seulement ces espèces sans en reproduire les descrip- 


REVUE BIBLIOGRAPIMQUÉ, 237 


üons , puisqu'elles sont déjà connues. M. Mueller ne dit pas pourquoi il a cru 


devoir en changer les noms. 
E. F. 


Sur le Rosa fraæinifotia Borkh.; par M. Déséglise (A nnotations à 
la flore de France et d'Allemagne, 1862, pp. 295-297). 


Cette note a pour objet d'inscrire dans la flore française une espèce du 
genre Æosa, qui n’y était pas encore connue et qui a été recueillie à Pierre- 
fonds près Compiègne, pendant une herborisation de M. Chatin; à Males- 
herbes, par feu notre confrère M. Bernard ; et par M. Ducot, à l’ancienne 
Sablière près de Bordeaux. Elle a été publiée par M. Wirigen sous le 
n° 464. Selon M. Déséglise, elle a été décrite par MM. Cosson ct Germain de 


Saint-Pierre sous le nom de Xosa cinnamomea. 
E. PF, 


Monographie des Sanles de la flore helge; par M. Du 
Mortier (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, 1. 1, 
pp. 130-147), 


Il y a longtemps que M. Du Mortier a publié une classification des Saules 
dans la preniière livraison des Zijdragen tot de natuurkundige Wetenschap- 
pen (1825); cette classification, qu'a employée aussi M. Fries, en 1832, dans 
son C'ommentatio de Salicibus, est fondée sur le nectaire ; les espèces où cet 
Organe est cupuliforme, comme le Salix pentandra, forment la section 
Lygus ; les espèces où le nectaire est double (Salix alba L., S. babylonica 
L., cte.), la section Amerina; celles où cet organe est unique et qui l'ont li- 
néaire avec des feuilles en préfoliatioà enroulée, constituent la section Vimen 
(S. viminalis L., mollissima Ehrh., Seringeana Gaud., etc.); celles qui ont 
au contraire le nectaire unique cunéiforme, avec des feuilles en préfoliation 
équitante, ont les anthères jaunes ou noires après l’anthèse et constituent les 
sections Vetrix (S. repens L., argentea Sm., etc.) et Helice (S. Helix L., 
burpurea L., etc.). Les caractères tirés de la couleur des écailles et de la 
forme des stipules sont employés pour sectionner ces sous-genres. Par ces 
Moyens, l’auteur arrive à décrire, avec de courtes diagnoses, non moins de 
trente-neuf espèces de Saules appartenant à la flore belge ; on n’y remarque 
Naturellement aucun des Saules alpins, qui rentrent dans son sous-genre 
Chamætia. 


£.F. 
L’Ardenne; par M. François Crepin, professeur de botanique à l'École 
d’horticulture de Gendbrugge-lez-Gand (Extrait du Bulletin de la Fédéra- 
tion des Sociétés d'horticulture de Belgique, 1862, p. 313); tirage à part 
en brochure in-AL° de 60 pages. Bruxelles, 1863. 


On trouve dans ce travail spécial l’histoire de la botanique ardennaise, la 


238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


description physique du sol, l'étude des associations de plantes observées dans 
les principales stations, l’indication des grandes cultures du pays, des forêts 
qui le recouvrent, des considérations de géographie botanique, enfin un cata- 
logue raisonné de la végétation ardennaise. Dans les considérations de phyto- 
statique, M. Crepin suit les errements de Thurmann; il montre que les 
terrains de l’Ardenne appartiennent à la classe des sols eugéogènes. I] donne la 
liste des plantes aquatiques qui paraissent plus particulièrement liées à la pré- 
sence des sols eugéogènes, la plupart très-disséminées ou nulles dans le Jura ; 
et celle des espèces terrestres qui se trouvent dans les mêmes conditions. II 
montre ensuite que la flore ardennaise présente des analogies frappantes avec 
celle de la région moyenne des Vosges, IL signale un certain nombre de 
plantes nouvellement découvertes dans l’Ardenne, parmi lesquelles nous 
remarquons 7Alaspi ‘alpestre, Rosa arduennensis, Scrofularia Ehrharti, 
Crepis nicæensis, Hymenophyllum tunbridgense, Lycopodium alpinum et 
L. Chamæcyparissus. Aucun /soëtes n'a encore été rencontré dans l'Ar- 


denne. 
E. F. 


Cuseutæ species floræ rossieæ; auctore Victore de Janka (PZul- 
letin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 1862, n° I, 
pp. 586-588. 


Cette note est simplement un tableau dichotomique conduisant à la déter- 
mination des Cuscuta palæstina Boïss., €. planiflora Ten., C. Epithymum 
Murr., C. europæa L., C. Epilinum Weïhe, C. pedicellata Ledeb., C. pul- 
chella Engelm. , C. Aotschyana Boiss , €. chinensis Lam., C. obtusiflora 
Humb. et Bonpl., C. racemosa Mart., C. monogyna Vahl, C. lupuliformis 


Kr. et C. Lehmanniana Bunge. 
E, F. 


Enumeratio plantarum cirea Mohileyiam ad HBorysthe- 
mes, nec non in ipso gubernio passim, collectarum anvo 1861 , auctore 
N. Downar (Zulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 
année 1862, n° II, pp. 599-607). 


Ce travail est la continuation, ou plutôt le complément d'un mémoire 
commencé l'année précédente ; l’énumération s’y étend du genre -7halictrum 
au genre Bæomyces. On y remarque la description d'une forme particulière 
du Æanunculus divaricatus Schrauk et d’une nouvelle espèce de  Cala- 
magrostis, C. obscura Downar (palea inferiori ad medium dorsum aristata, 
arista recta flore conspicue breviori). Signalons encore la découverte aux 
environs de Mohilew des Utricularia neglecta Lehm. et Xæleria valesiaca 


Gaud. 
E. F. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 239 


Plantæ Wrightianæ & Cuba orfentali; par M. À. Grisebach, 
pars IT (Extrait des Mem. Acad. amer. Scient. et Artium, 2° ser. t. VIII, 
pp. 503-536). Tirage à part en brochure in-4°. Cantabrigiæ Nov. Angl., 
nov. 1862. 


Notre Æevue à déjà rendu compte d’un premier travail de M. Grisebach sur 
les plantes récoltées à Guba par M. Ch. Wright (1). Ce deuxième fragment 
s'étend des Rubiacées aux Amaryllidées ; la mention des espèces y est accom- 
pagnée de l'indication des localités où elles ont été récoltées par M. Wright 
et du numéro d'ordre sous lequel elles ont été publiées. On y remarque un 
grand nombre d'espèces nouvelles ; ce sont les suivantes : Cafesbæa Grayi, 
Sphinctanthus longiflorus, Schradera cephalophora, Hoffmannia ? lanceo- 
data, Exostemma rotundatum, ÆE. ellipticum, Ferdinandea stellata, F. 
brachycarpa, Rondeletia (Stevensia) rigida, Manettia lygistoides, Olden- 
landia callitrichoides, Guettarda bracteata, G. réticulata, G. macrocarpa, 
Stenostomum granulatum, Chioné lucida, Ch. elliptica, Ch. myrtifolia, 
Erithalis rotundata, Psychotria coronata, Ps. lasiophthalma, Ps. costi- 
venia, Ps. trispicata, Ps. hebecladoides, Ps: pyramidalis, Machaonia 
microphylla (Rubiacées); Vernonia hieracicides, Eupatorium lantanifo- 
lium, E. plucheoïdes, E. hypoleucum, Critonia imbricata, Mikania cory- 
dalifolia, Lantanopsis hispidula G. Wright (Zantanopsis C. Wright novum 
genus Melampodinearum), Calydermos ? spilanthoides, Seneciotrineurus, 
S. plumbeus, S. polyphlebius, Liabum Wrighti, Leria media (Synanthé- 
rées); Tupa imberbis (Lobéliacées); Ardisia bumelioides, A, multiflora, 
À. jacquinioides (Myrsinées); Sapota polita, Sideroxylon dictyoneurum, 
Bumelia glomerata (Sapotacées); Symplocos cubensis (Styracées); Hænian- 
thus salicifolius, Linociera axilliflora (Oléinées); Strychnos Grayi, 
Rauwolfia salicifolia, Plumieria filifolia, Thyrsanthus ?  corylifolius 
(Apocynées); Marsdenia campanulata (Asclépiadées); Æemianthus callitri- 
choides (Scrofulariées); Brunfelsia purpurea, B. vinciflora, Cestrum daph- 
noides (Solanées) ; Dianthera peploides, Acanthus bispinosus (Acanthacées); 
Conradia corrugata, Columnea tincta (Gesnériacées); /pomæa heptaphylla 
(Convolvulacées); Pinus cubensis (Conifères); Arthrostylidium  fimbria- 
tum, À, capillifolium, Olyra Pineti C. Wright, Tricuspis simplex, Pani- 
cum durum, Isachne lcersioides, Arundinella cubensis, Triscenia ovina 
(Graminées; Triscenia, novum genus, habitu Festucæ ovinæ, Andropogo- 
neis inserendum); Zhynchospora pruinosa (Cypéracées). 

Les espèces ou genres nouveaux qui, dans cette énumération, ne sont suivis 


d'aucun nom d'auteur, doivent porter celui de M. Grisebach, : 
. E 


(1) Voyez le Bulletin, t. VIN, p. 405. 


240 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


On some new species of Amomum from West Afriea 
(Sur quelques espèces nouvelles d’Amomum de l'Afrique occidentale); 
par MM. D. Oliver et D. Hanbury (Journal of the proceedings of the 
Linnean Society, vol. VII, pages 169-170). 


Les espèces nouvelles décrites dans cette note ont été envoyées par M. Gus- 
tave Mann; les diagnoses en sont extraites d’une monographie préparée par 
les auteurs. Les noms de ces espèces sont les suivants : Amomum arundina- 
ceum, À. giganteum, À. Sceptrum, A. Mannii, A. subsericeum, A. limba- 
tum, A. pilosum, tous signés de MM. Oliver et Hanbury, et À. cifratum 
Pereira. 

E. F. 


De genuere Armeriæ; dissertatio inauguralis botanica, quam consensu 
et auctoritate amplissimi philosophorum ordinis in alma litterarum universi- 
tate Friderica Guilelma, ad summos in philosophia honores rite capessen- 
dos, die XXIV M. januarii A. MDCCCLXIII publice defendet auctor Fride- 
ricus Petri, berolinensis. In-8° de 41 pages. Berlin. 


Cette thèse est dédiée à M. AL. Braun. L'auteur y poursuit un double but: 
il étudie la morphologie des Armeria et les caractères sur lesquels on a divisé 
le genre en espèces qui lui paraissent trop nombreuses. Le premier chapitre 
est intitulé : De l'évolution du scape et de la gaîne; M. Petri y décrit des 
observations organogéniques intéressantes. Le cône qui produira l'inflores- 
cence donne d’abord naissance, un peu au-dessous du sommet, à trois gib- 
bosités qui se développent et dépassent bientôt l'extrémité du cône, lequel 
s’étrangle à sa base; plus tard, se prononcent au sommet de l’axe les rudi- 
ments des folioles intérieures de l’involucre, qui sont promptement dépassés 
par ceux des folioles extérieures. C’est alors seulement qu’apparaissent dans 
les folioles extérieures les premières traces des vaisseaux spiraux, et quand 
les folioles extérieures égalent en longueur la bractée portée par le scape, on 
voit se dessiner la gaîne. Beaucoup d'opinions ont été produites sur la nature 
de cette gaîne. M. Petri rappelle celles de M. Alph. De Candolle, de Koch, de 
Doœll et de quelques autres auteurs ; il pense que la gaîne est produite par un 
anneau qui naît de la partie dorsale des trois pièces extérieures de l’invoiucre, 
on peut, selon lui, observer qu’elle est bilobée ou trilobée à l’origine. Quant 
aux fleurs et aux bractées-mères, elles apparaissent sous forme de petits mame- 
lons, et persistent dans cet état jusqu’à l’entier développement de la gaîne, 
lequel cesse lorsque cet organe a atteint au plus la longueur de 2 pouces. 
L'auteur s'occupe ensuite de la structure anatomique de la tige et des organes 
foliacés portés par elle ; il insiste beaucoup sur l’analogie que présente l’épi- 
derme de la gaine muni de stomates sur ses deux faces, avec celui de la face 
externe des folioles de l’involucre, et sur la distance et l'épaisseur relatives 


REVUE BIBLIOGRAPILIQUE. 2h1 


des vaisseaux fibro-vasculaires qui constituent les nervures des feuilles. — Le 
deuxième chapitre traite de l’inflorescence des Armeria, qui, selon l’auteur, 
n’a pas encore été bien expliquée. Elle est formée, dit-il, par la répétition de 
cymes composées hélicoïdes, à sympode très-court, dont les éléments sont des 
cymes scorpioïdes (glomérules) placées par deux, trois ou quatre à l'aisselle 
des bractées florales souvent avortées et munies de bractéoles ou préfeuilles, 
regardées à tort par certains auteurs comme les bractées de la cyme totale, 
L'involucre qui entoure cet ensemble floral offre des éléments disposés comme 
les feuilles de la tige, suivant le cycle 5/13, et qu’il ne faut pas, dit M. Petri, 
prendre pour des bractées, puisqu'ils ne supportent point de fleurs à. leur 
base. Il étudie longuement l'ordre d’épanouissement des fleurs, au sujet du- 
quel il combat les idées émises par Ebel. D’après M. Petri, les trois cymes les 
plus extérieures s'épanouissent les premières, du moins dans les cas les plus 
ordinaires. Le chapitre de l’inflorescence se termine par la mention d’une 
monstruosité qui a offert à l’auteur un capitule entouré de son involucre et 
de sa gaîne, et exhaussé par l'allongement du scape au-dessus d’un autre 
involucre doublé d’une autre gaîne. — Le chapitre troisième contient la 
monographie du genre Armeria. Ici M. Petri rappelle d’abord les diffé- 
rentes manières de voir de plusieurs botanistes sur la constitution des espèces 
dans ce genre. Il montre que l’on a accordé, à ce point de vue, beaucoup trop 
d'importance à la forme des feuilles, à la longueur du pédicelle comparée à 
celle du tube calicinal, ainsi qu’à d’autres caractères. Il en arrive à rassembler 
en une seule espèce, Armeria vulgaris Willd., toutes les formes allemandes 
que M. Boissier a acceptées ; il décrit cette espèce avec ses variétés planfaginea, 
elongata, maritima et alpina et avec un grand nombre de sous-variétés. 

Un appendice donne quelques détails sur la vie et les études antérieures de 


l’auteur. 
E. F, 


Observations sur l’organisation des fleurs dans le genre 
Apocynum ; par M. H. Baillon (Adansonia, t. III, pp. 8-11). 


Dans cette note, l’auteur insiste principalement sur l'insertion dela corolle, qui 
est périgyne dans le genre Apocynum, tandis que l'insertion est hypogyne dans 
la plupart des autres genres de la famille des Apocynées. Il rappelle les nombreux 


exemples de variations analogues que l’on rencontre dans le règne végétal. 
E. F. 


Organogénie florale des Cordiaeées; par M. H. Baillon (Adan- 
sonta, t. III, pp. 1-7). 


Dans ce travail, M. Baillon nous apprend que les genres Cordia et Helio- 

* tropium sont conformés exactement sur le même type floral, ayant tous deux 

un style qui se divise en quatre lobes et un ovaire biloculaire dont les loges 
T1 XL 17 


2h12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


primitives sont partagées en deux par une fausse-cloison, de façon qu'on y 
trouve plus tard quatre loges bi-ovulées. M. Baillon propose de diviser les 
Borraginées en deux groupes : les Borraginées proprement dites de tous les 
auteurs, et les Cordiacées, subdivisées en Cordiées, à embryon replié sur lui- 
même et dépourvu d’albumen, Héliotropiées, à embryon non plissé, dépourvu 
d’albumen, et Tournefortiées, à embryon entouré d’un albumen. Une planche 


jointe à ce travail représente le développement du Cordia ferruginea Kunth. 
E. F. 


Plantes cryptogames cellulaires du département de 
Saône-et-Loire, avec des tableaux synoptiques pour les ordres, les fa- 
milles, les tribus et les genres, et la description succincte de plusieurs espèces 
et de beaucoup de variétés nouvelles recueillies par l’auteur; par M. Grognot 
aîné. 4 vol. in-8° de 296 pages. Autun, chez Dejussieu, 14863. Prix : 6 fr. 


Cet ouvrage commence par un avant-propos où l’auteur trace, dans le dépar- 
tement de Saône-et-Loire, trois régions assez tranchées par leurs caractères 
botaniques : celle des montagnes granitiques, porphyriques et arénacées du 
Morvan, celle des coteaux de calcaire jurassique et de terrain à gryphées, et 
celle de la vaste plaine où coulent la Saône, le Doubs et la Seille, 

Il fait ensuite connaître les ouvrages où il a puisé pour composer le sien ; 
le corps même de son livre débute par la classification des Cryptogames 
cellulaires. Les Mousses donnent lieu à deux tableaux synoptiques : l’un des 
tribus et l’autre des genres. Chaque genre est ensuite étudié, les espèces en sont 
énumérées, et les localités où elles ont été trouvées dans le département 
soigneusement indiquées. L'auteur a en général conservé les grands genres 
admis par les anciens cryptogamistes (Æypnum, Polytrichum, etc.). Dans le 
chapitre qui traite des Hépatiques se trouve un tableau spécial conduisant à 
la détermination difficile des espèces du genre Jungermannia, conservé par 
l’auteur dans toute son extension première. On remarque parmi les Lichens 
l'indication d’un très-grand nombre de variétés, dont beaucoup créées par l’au- 
teur, et même de quelques espèces nouvelles, comme les Zecanora mutabilis, 
L. atro-fusca, Lecidea Carioni, L. fuseo-violacea, Verrucaria viridi-atra, 

V. dendritica, V. metalloidea, V. tristis, etc. Les Fonginées sont divisées en 
Hypoxylées, Urédinées, Mucédinées, Lycoperdacées et Champignons propre- 
ment dits. On remarque un tableau synoptique des Sphériacées. Ici encore 
sont présentées des espèces nouvelles, les Sphæria Jungermanniæ, Sph. 
Ornithogali, Sph. subseriata, Sph. Comari, Asteroma tenerrimum, À. 
confervoides, À. immaculatum, À. gallicola, A. Pomariæ, A. Donacis, À. 
Trifolii, A. latebrarum, A. confusum, Phacidium Aconiti, Ph. gallicola, 
Ph. Tremulæ, Ph. Populorum, etc., etc. Les genres des Urédinées, des 
Mucédinées, des Lycoperdacées et des Champignons sont distribués en tableaux 
synoptiques. Le genre Sc{erotium est conservé par l’auteur, qui adopte pour 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 243 


le Sclerotium C'lavus l'opinion ancienne, et dit que cette espèce produit diffé- 
rents Claviceps, selon les espèces sur lesquelles on la rencontre. Les Phycées, 
auxquelles est encore consacré un tableau, ne contiennent pas moins de trente- 


huit genres. 
E. F. 


Prodromus floræ novo-granatensis; auctoribus J. Triana et 
J.-E. Planchon ; Lichenes seu Lichenographiæ novo-granatensis prodro- 
mus, scripsit W. Nylander (£x Actis Societatis Scientiarum fennicæ, 
t VII, janv. 1863); tirage à part en brochure in-4° de 90 pages, avec 
deux planches gravées. Helsingforsiæ. 


On trouve dans ce nouveau travail de l’éminent lichénographe, non moins 
précieux par lui-même que par la nouvelle qu’il donne en s’annonçant comme 
le début d’un ouvrage important, une introduction où l’auteur expose les 
sources où il a puisé, un catalogue, dressé par ordre de numéros, des Lichens 
renfermés dans les collections de M. Lindig, puis l’énumération méthodique des 
Lichens de la Nouvelle-Grenade, accompagnée de l'indication des synonymes 
et des lieux d’origine de chaque espèce, et complétée souvent par de précieux 
détails sur leur organisation. 

Plusieurs espèces, n'étant suivies que du nom de M. Nylander sans autre 
indication bibliographique, nous paraissent devoir être considérées comme 
nouvelles ; entre autres les Collema coccophylloides, C. implicatum, Rama- 
lina bojotensis, Sticta peltigerella, Parmelia reducens, P. osteoleuca, 
Lecanora crocantha, L. conjungens, L. russeola, L. subferruginea, L. pal- 
lidior, L. erythroleuca, L. erythroleucoides, L. insperata, L. diplinthia, 
L. colobinoides, L. erysiphœæa, L. inæquata, L. mesoxantha, L. conci- 
lians, L,. multifera, L. albo-atra, Pertusaria albidella, P. achroiza, 
P.assimilans, P. rhodostoma, P. tuberculifera, P. confundens, P. pycno- 
phora, Thelotrema sphinctrinellum, Th. microporoides, Th. lœvigans, 
Th. albidum, Th. Auberianoides, Th. leucomelanum, Th. glyphicum, Th. 
leucocarpoides, Th. develatum, Th. epitrypum, Th. metaphoricum, Lecidea 
sorortella, etc., etc. Le fascicule se termine par l’explication des planches, où 
sont figurés dans quelques-uns de leurs détails beaucoup des Lichens étudiés 


Par l’auteur, et par une table alphabétique des espèces signalées dans le livre. 
E. F. 


Antonii Bertolonii Flora italica cryptogama ; pars secunda, 
fasciculus 1 ; in-8° de 128 pages ; Bononiæ, 1862. Paris, chez J.-B. Bail- 
lière et fils. 


La Flore cryptogamique italienne de Bertoloni, commencée en 1858, compre- 
nait déjà quatre fascicules in-8° renfermant 662 pages de texte, et traitant des 
Équisétacées, Lycopodiacées, Fougères, Mousses et Hépatiques, avec de très- 


244 SOCIÉTÉ POTANIQUE DE FRANCE. 


grands développements bibliographiques et descriptifs. L'ouvrage est aujour- 
d’hui continué tout à fait sur le même plan; le nouveau fascicule paru a rap- 
port aux Algues, dont l'étude n'y est cependant pas terminée, aussi nous 
réservons-nous de revenir ultérieurement sur ce sujet quand le travail de 


M. Bertoloni sera plus avancé. 
E. F. 


Notice sur un Champignon nouveau (Xckxella alabastrina) 
Gms; par M. Eug. Coemans (Pulletins de lu Société royale de botanique 
de Belgique, t. X°, p. 155-159). 


Ce nouveau genre appartient aux Hyphomycètes ; il présente un mycélium 
rameux, caché dans la vase, donnant naissance à des pédicelles dont le som- 
met semble d’abord se préparer à former un sporange, puis se divise en la- 
nières régulières à la manière des Geaster, s’aplatit et s’épanouit pour former 
une étoile à sept, neuf, dix, douze ou treize rayons, qui portent les spores 
acrogènes du champignon ; quelquefois on rencontre sur les mêmes pieds des 
pédicelles surmontés d’une petite vésicule sporangiforme qui se trouve pla- 
cée entre les rayons et qui forme le prolongement de l'axe de la tige. Elle 
renferme de dix à vingt grosses spores en tout semblables à celles des Mucori- 
nées ordinaires; mais il faut bien remarquer que l’auteur ne présente cette 


dernière observation qu'avec doute. 
E. F. 


Note on Myæotrichum chartarum WKunze (/Vote sur le 
Myxotrichum chartarum Æunze); par M. Arthur-H. Church (7he Annals 
and Magazine of natural history, cahier de janvier 4862, pp. 32-33). 


Cette note est destinée à décrire un Champiguon microscopique qui se ren- 
contre généralement sur le papier ou la paille humide, et qui a déjà été 
figuré par Kunze et par Corda, le Myzxotrichum chartarum Kunze, Actino- 
spira chartarum Corda. M. Church en donne encore une gravure; il a pu en 


observer les spores. 
E. F. 


PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. 


Flora saræpontana fossilis; die Pflanzenversteinerungen des 
Steinkohlengebirges von Saarbruecken, mit Beruecksichtigung der Koblen- 
pflanzen anderer localitæten (Flore fossile de Saarbrueck; pétrifications vé- 
gétales du terrain houiller de Saarbrueck, avec un aperçu des plantes du 
terrain houiller d’autres localités); par M. Friedrich Goldenberg. Troi- 
sième livraison, contenant les genres fossiles Stigmaria, Diploxylon, Lo- 
matophloios et Lepidophloios. In-4° de 47 pages, avec six planches gravées. 


Voici les noms des espèces décrites et figurées dans cette livraison : Sfig- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 245 


maria conferta Cord., St. rimosa Goldenberg, Sf. ficoides Brongn., St. 
anabathra Cord., Diploxylon cycadeoideum Cord., D. anabathra Gold. 
(Isoétées), Lomatophloios crassicaulis Cord., L. intermedius Gold., Lepi- 
dophloios laricinus Sternb., L. macrolepidotus Gold. 

Ces espèces sont l’objet chacune d’une diagnose écrite en latin et d’une 
‘description écrite en allemand. Les planches annexées les représentent avec 
de grands détails dans leur aspect et sur des coupes pratiquées en sens 
divers. 

E. F. 
Sulle plante fossili del trias di Recoaro raccolte dall profes- 
sore A. Massalongo, osservazioni (Observations sur les plantes fossiles du 
trias de Recoaro, récoltées par le professeur A. Massalongo); par M. le 
baron Achille de Zigno (extrait des Mémoires de l'Institut vénitien, 

t. XI); tirage à part en brochure in-4° de 31 pages, avec dix planches 

lithographiées. Venise, 1862. 


Les fossiles dont il est parlé dans ce travail appartiennent aux genres £'qui- 
setites, Caulopteris, Æ'thophyllum, Echinostachys, Taxodites, Araucarites, 
Haidingera et Taxites. On y trouve la description de plusieurs espèces nou- 
velles, signées de MM. Massalongo ou de Zigno; des fragments en ont été 


reproduits dans les lithographies annexées à ce mémoire. 
E. F. 


BOTANIQUE APPLIQUÉE. 


Pomologie de la France, ou Histoire et description de tous les 
fruits cultivés en France et admis par le congrès pomologique institué par 
la Société impériale d’horticulture pratique du Rhône, Paris, chez F. 
Savy, 1863. 


Cet ouvrage doit paraître par livraisons mensuelles ; cinq en ont déjà été 
publiées au moment où nous écrivons. On y trouve la description et les 
figures des variétés suivantes de Poires: Beurré-Giffard, Passe-Colmar, 
Broom-Parck, Auguste-Jurie, Doyenné d'hiver, Bergamotte-Espéren, Beurré- 
Diel, Bon-Chrétien-Napoléon, Ananas, Alexandrine-Douillard, Beurré- 
Clairgeau, Beurré d'Hardenpont, Fondante-de-Charneu, Fondante-de-Noël, 
Beurré-de-Luçon, Duchesse-d'Angoulême, Bon-Chrétien-Willam’s, Curé, 
Marie-Louise-Delcourt, Colmar-d’Arenberg, Louise-Bonne-d’Avranches, 
Beurré-Six, Beurré-d’Apremont, Fondante-des-bois, Baronne de Mello, 
Beurré-Sterckmans, Triomphe-de-Jodoigne et Poire-Seigneur (Espéren). 

Les articles où ces fruits sont décrits sont signés par M. Willermoz, secré- 


taire du congrès pomologique et du comité de rédaction. 
G E. F. 


246 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


22 


New american remedies; Sanguinaria canadensis L, ; blood root, 
puccoon, indian paint; — Sarracenia purpurea L. ; indian cup, side-saddle 
flower; — Dicentra formosa Borkh. ; turkey corn ; — Xanthoxylon frazi- 
neum Willd.; prickly ash; toothache shrub ; Pfelea trifoliata L.; sbrub 
trefoil, wafer ash. — Nouveau remèdes américains ; le Sanguinaria cana- 

.densis L., racine rouge, fard indien; le Sarracenia purpurea Z., coupe in- 
dienne, fleur ensellée ; le Dicentra formosa Rorckh., graine à dindon; le 
Xanthoxylon fraxineum Wälld., frêne épineux ; le Ptelea trifoliata Z., trèfle 
en buisson, frène à oublies ; par M. le professeur Bentley (Pharmaceutical 
journal, vol. IV, n° 6, pp. 263-269; n° 7, pp. 294-302 ; n° 8, pp. 353- 
351; n°9; pp. 399-407 ; n° 11, pp. 494-198); 1862-63. 


Nous devons faire connaître succinctement à nos lecteurs la suite des inté- 
ressants travaux de M. Bentley sur les médicaments d’origine américaiñe. 
Le Sanguinaria canadensis L. est plus anciennement connu que les autres 
plantes étudiées par l’auteur, pour son emploi dans l'alimentation et dans la 
teinture aussi bien que pour ses propriétés drastiques et emménagogues. 
Aussi renverrons-nous à l’article cité pour les détails qui le concernent, ana- 
logues à ceux que donne M. Bentley au sujet des plantes qu’il a déjà étudiées. 
Nous noterons, en passant, que dans le Sanguinaria, qui est une Papavéracée, 
les chimistes ont trouvé, outre la sanguinarine, sorte d’alcaloïde spécial, 
la porphyroxine, qui a déjà été rencontrée dans l’opium ; d’ailleurs la sangui- 
narine de Dana paraît identique avec la chélérythrine, découverte par Probst 
dans le Chelidonium majus. — Le Sarracenia purpurea a été, dans ces der- 
nières années, préconisé comme un remède excellent contre la variole ; l’ana- 
lyse chimique n’a pas encore été faite d’une manière complète, — Quant au 
Dicentra, c'est la souche tubériforme qui en a été employée dans la syphilis 
et certaines affections de la peau ; cette souche est globuleuse à l’état frais, et 
plus ou moins déprimée et ridée, quand elle est sèche, à l’une de ses extrémités, 
d’où naissent des branches souterraines ; la couleur en est d’un brun terne; 
elle contient de la fécule quand elle est récoltée au printemps. M. Wenzell, 
chimiste de Philadelphie, y a trouvé de la corydaline, de l’acide fumarique, 
une résine âcre, etc. La corydaline, purifiée par des cristallisations successives, 
présente de petits prismes hyalins à quatre faces, solubles dans l’alcool, l’éther 
et le chloroforme, mais insolubles dans l’eau. M. Wenzell a conclu que cet 
alcaloïde est identique avec celui que Wackenroder a extrait des C'orydalis 
d'Europe, — Ce sont l'écorce et les fruits du Xanfhoxylon qui sont employés 
pour l’usage médical. On remarque sur la surface des fruits, comme sur le 
bord des feuilles de cette plante, des vésicules chargées d’une huile essentielle. 
L'écorce ressemble un peu à l'écorce de la racine de Grenadier. On en a, bien 
entendu, retiré un alcaloide, la xanthoxyline. MM, Chevallier et Pelletan 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 247 


avaient déjà extrait la xanthopicrite du Xanthoxylon Clava Herculis L. M. 
Bentley, fondé sur les analyses de M. Perrins, regarde ces deux principes 
comme identiques avec la berbérine, qui a déjà été observée dans des plantes 
de diverses familles (1). Il paraît que dans le commerce on rencontre plusieurs 
espèces de Xanthoxylon mêlées ensemble, maïs ayant peut-être des propriétés 
différentes. L’écorce de Xanthoxylon est excitante et sudorifique ; le docteur 
Wood en a comparé l’action à celle des Daphnés et du Gaïac; on l’emploie 
beaucoup dans le rhumatisme chronique, et on l’a aussi essayée contre le cho- 
léra. 11 paraît que ces propriétés se trouvent concentrées à un haut degré dans 
l'extrait hydro-alcoolique de l'écorce, sorte d’oléo-résine nommée xan- 
thoxylin; on fait encore une teinture alcoolique avec l'écorce et avec les 
fruits; des pharmaciens de New-York ont aussi extrait l’huile essentielle de la 
plante, — Le Pfelea trifoliata L. possède des fruits aromatiques, des tiges 
qui, jeunes et vertes, passent pour anthelminthiques, et une racine dont l’écorce 
a des propriétés toniques, employées dans les fièvres d'accès. On en a retiré 
une oléo-résine nommée ptélein ; c’est un extrait d’un brun jaunâtre âcre 


et piquant au goût, conservant l’odeur particulière de la racine, 
E. F. 


Note on the ordeal bean of Calabar, Physostigma venenosum 
Balfour (Note sur la Fève-épreuve du Calabar, Physostigma venenosum 
Balf.); par M. Daniel Hanbury (Pharmaceutical journal, vol. IV, n° 12, 
juia 1863, pp. 559-561). 


Le Physostigma, genre nouveau créé par M. Balfour dans les Transactions 
de la Société royale d'É‘dimbourg, vol. XX1, p. 305, appartient à la famille 
des Légumineuses et à la tribu des Phaséolées; il se distingue par une sorte de 
capuchon qui recouvre le stigmate et d’où lui vient son nom, et par la largeur 
du hile qui occupe la moitié de la longueur de la graine; ilse sépare du genre 
Mucura par les caractères de sa fleur et de son ovaire, et du Canavalia par 
ses étamines diadelphes et d’autres caractères. C’est une herbe volubile de 
l'Afrique occidentale, dont les graines contiennent, outre de l’amidon et de la 
légumine, de 4 à 3 pour 400 d'huile fixe ; l'extrait alcoolique que l’on en ob- 
tient exerce une très-remarquable action sur la pupille, dont il provoque la 
contraction ; cette propriété a été étudiée déjà par plusieurs observateurs, 
notamment par M. Christison (Pharmaceutical journal, vol. XIV, p. 470), 
et plus récemment par M. Robertson dans l’£dinburgh medical journal, 
mars 1863. Ces graines, extrêmement vénéneuses, sont employées dans le pays 
Pour reconnaître les coupables auxquels on en fait manger quelques-unes en 
guise d'épreuve,; s'ils sont innocents, ils doivent échapper à la mort. Il 
importe d’ajouter que la torréfaction fait disparaître, au moins en partie, le 


(1) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 493. 


248 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE. FRANCE. 


principe vénéneux de ces graines, ce qui permet quelque subterfuge dans la 


ratique. 
pe E. F. 


NOUVELLES. 


M. George Schweinfurth (de Berlin), connu par une étude des plantes 
rapportées de la haute Égypte par M. Rob. Hartmann, est sur le point de 
partir pour un voyage botanique en Abyssinie, 


BIBLIOGRAPHIE. 


Stanislas Julien. Mémoire sur la plante textile Zcehou-ma (Urtica Mrs 
Mémoire sur la plante textile Xo (Dolichos bulbosus). 

Rochussen. Culture du Quinquina à Java (Bulletin de la Société d cho 
tation, 1863). 

À plain and easy account of british fungi ; with description of the esculent 
and poisonons species, details of the principles of scientific classification, 
and a tabular arrangement of orders and genera (Étude simple et facile des 
Champignons d'Angleterre, avec la description des espèces comestibles et 
vénéneuses, des détails sur les principes de leur classification scienti- 
fique et un tableau synoptique des ordres et des genres de ces végétaux); 
par M. M.-C. Cooke. Avec vingt-quatre planches coloriées. Londres, chez 
Robert Hardwicke, Piccadilly, 4862. 

Note sur les fleurs des Schizandrées ; par M. H. Baillon (Adansonia, t IH, 
pp. 42-hh). 

Ueber eine Missbildung von Cirsium arvense Lam. (Sur une déformation du 
Cirsium arvense Zam.); par M. A. Petunnikoff (Bulletin de la Société 
des naturalistes de Moscou, 1862, n° IV, pp. 469-472). 

Beobachtungen ueber den Anfang der Bluethezeit einiger in der Umgegend 
Kirschinew’s vorkoinmonden Pflanzen, nebst meteorologischen Angaben 
fuer die Jahre 1859 et 1860 (Recherches sur l’époque de floraison de 
quelques plantes qui se rencontrent dans les environs de Kirschinew, avec 
des données météorologiques pour les années 1859 et 1860) ; par M. Al. 
Dægningk (Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou, 1862, 
n° IV, pp. 473-494). 


FE Paris. — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE 


DE FRANCE 


SÉANCE DU 8 MAI 1863. 


PRÉSIDENCE DE M. E COSSON. 


M. Éd. Bureau, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal 
de la séance du 24 avril, dont Ja rédaction est adoptée. 

Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le 
Président proclame l'admission de : 


MM. Courciëre (Paulin), professeur de physique au lycée de 


Nîmes (Gard), présenté par MM. $. de Salve et de Schæ- 
nefeld ; 


GRosJEAN, ancien pharmacien, à Fismes (Marne), présenté 
par MM. Chatin et Bocquillon. 


M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. 


Dons faits à la Société : 
1° De la part de M. Choulette : 
Fragmenta floræ algeriensis exsiccata, 5° tenturie. 
2° De la part de M. W. Nylander : 
Circa Lichenes Armoricæ et Alpium Delphinatus observationes. 


3 De ja part de la Société d’Horticulture et d’Arboriculture de 
la Côte-d'Or : 


Bulletin de cette Société, janvier-février 1863. 
es 


250 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
&° En échange du Bulletin de la Société : 


Pharmaceutical journal and transactions, mai 1863. 
L'Institut, avril et mai 1863, deux numéros. 


M. À. Gris, setrétairé, dénne lécture dé la coimunication sui- 
vante, adressée à la Société : 


ANNOTATIONS SUR QUELQUES SEDUM DE FRANCE, par M. Ch. GRENIER. 


(Besançon, avril 4863.) 


Le genre Sedum, tel qu'il a été exposé dans notre Flore de France, ré- 
claine déjà d’assez nombreuses rnodifications. Pendant les douze années qui 
se sont écoulées depuis sa publication, de soigneuses et intelligentes recher- 
ches, pratiquées sur presqué tous les points de là France, d'importants docu- 
ments édités en Europe par d’éminents botanistes sont venus jeter la lumière 
sur bien des questions litigieuses, et en cherchant aujourd’hui à résumer 
toutes ces données, moh but ést tout à la fois de comibler une lacune dans 
notre premièr travail, ét d'offrir üit spécimen du supplément que je prépare à 
la Flore de France. 


Senum TecgpHiuM L. Sp. 616 (excl. var.), ét #2, suec, 1523 Fries, 
Summ. h0 et 178, S. maximum Sut. Helv. I, 2703; G. G. FT. Fr. I, 
617. S. latifolium Bertol. Am. ifal. 366. 

Obs.— Je peuse maintenant qu'il y a lieu de rétablir la synonymie de cette 
espèce ainsi que je viens de le faire. Les botanistes suédois ont adopté cette 
manière de voir, et les plantes qu’ils envoient militent en faveur de cette opi- 
nion. Enfin les observations de M. Fries (Summ. 178) me paraissent si con- 
cluantes, que je ne puis résister au désir de les reproduire : « Unicam modo 
» € Telephiis in Suecia omni et Norvegia habemus speciem vere indigenam, 
» eaindemque excepta Lappoñia ubiquitariam, némpe Sedum maximum, 
» quod absque dubio est S. Telephium L., et valde dubitamus an aliud 
» Linnæo cognitum fuerit. » 

Wabhlenberg, dans son Ælora upsaliensis, de même que dans son 1. 
suecica, ne signale, dans ce groupe, qu'une seule espèce commune en 
Suède, et qui est, à n’en pas douter, la platité Vuë et décrite par Linñé sous 
le nom de S. Telephium. Or ce S. Telephium L. est précisément la plante 
à laquelle Sutét a donné lé nom de S. marimüm, après avoir préalablement 
TUE le nom de S. Telephium aux S. purpurascens et S. Fabaria 
Koch. 


Il me paraît donc qu’il y a tout lieu, dans ce cas, de revenir à la dénoini- 
nation linnéenne, 


SÉANCE DU 8 Mar 1863. 251 


: SEDUM PURPURASCENS Koch, Syn. 284. S. TelephiumG. G. F1. Fr. X, 618. 

Obs. — Le changement de nom que nous imposons à cette espèce, est, 
comme on le voit, une conséquence forcée de l’article précédent. 

La géographie de cette espèce, tantôt confondue avec le Sedum précédent, 
tantôt avec le suivant, est entièrement à refaire, Je me bornerai à dire que 
cette plante est rare dans le Jura, tandis que la suivante y est très-commune, 
depuis la plaine jusque sur les sommités, 


SEDUM FABARIA Koch, Syn. 284; G. G. FL Fr. I, 618. 

Obs. — La plante du Jura concorde assez exactement avec la description 
de Koch; elle en diffère cependant : 4° par l'époque de la floraison, qui est 
ici la même que celle du S, purpurascens, au lieu de devancer d’un mois celle 
de ce dernier ; 2° par les pétales que j'ai vus ordinairement recourbés et non 
plans, comine le dit Koch. Il est vrai que Koch, dans une note, ajoute que 
les deux plantes sont identiques pour la forme des pétales, ce qui nie semble 
impliquer identité de courbure dans les deux espèces. En résumé, malgré 
ces deux petites différences, je crois que notre plante du Jura est bien la 
même que celle de la Flore d'Allemagne, et je n’hésite point à les réunir 
sous une même dénomination. 


SEDUM LITOREUM Guss. PL, rar. 185, tab. 37, £ 2, et Syn. I, 520; 
Bertol. F7, ital. IV, 697. — Plante annuelle, très-glabre. Tige de 2-8 cent., 
ord, rougeâtre, ainsi que les feuilles, dressée, souvent rameuse dès la base et 
à rameaux ascendants. Feuilles épaisses, les premières subspatulées, les sui- 
vantes ellipsoïdes, subclaviformes, un peu aplaties en dessus, obtuses, prolon- 
gées en éperon à la base, rapprochées en rosette. Fleurs sessiles, unilatérales, 
disposées en 2-3 cymes scorpioïdes (parfois réduites à 2-3 fleurs) formant un 
corymbe terminal. Pétales d’un jaune pâle, lancéolés, aigus, mucronés, éga- 
lant où dépassant un peu les sépales obtus. Étamines 5, rar, 10; anthères 
d'un violet foncé. Carpelles 5, un peu divergents, lisses. Port du S. saza- 
tile, ©. Mai. 

Hab. — Lés Sables-d'Olonne (Marichal, Lloyd); Marscille, sur les rochers 
des bords de la mer, au vallon des Ofo (PZlaise et Roux). 

Obs. —- En 1848, époque où je publiai les Sedum de la Flore de Fr ance, 
l'espèce dont il s’agit ici ne m'était point connue comme plante française ; je 
dus donc n’en faire aucune mention, Ce ne fut qu’en 1851 que M. Lloyd pu- 
blia son S. Marichalii, dans ses Votes, page 13; puis, dans sa Flore de 
l'Ouest, qui parut en 4854; il reproduisit sa description amendée par une 
étude plus complète de la plante, 

Ce fut en 1854 que M. Lloyd, sur ma demande, m'envoya des graines de 
son Sedum, et l'année suivante 1855, j'eus le plaisir de voir fleurir la plante 
et de l’étüdier vivante. 


JE | 


252 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Si j'avais désiré voir vivante cette espèce, c'est qu’en 1852 j'avais reçu de 
MM. Blaise et Roux (de Marseille) un Sedum sans nom, dont je soupçonnais 
l'identité avec celui de M. Lloyd. 

Lorsqu’au printemps de 1855 je vis la belle végétation du semis provenant 
des graines de M. Lloyd, j'écrivis à M. Blaise de m’envoyer des rosettes du 
Sedum marseillais. Ce zélé botaniste s’empressa de satisfaire à ma demande, 
et les jeunes rosettes que je reçus de lui, mises en terre, me donnèrent leurs 
fleurs presque en même temps que celles de Nantes. 11 me fut donc facile de 
constater l'identité des deux plantes. 

1} n'y avait plus à douter, l'espèce de Nantes était certainement la même que 
celle de Marseille. Je regrettais cependant de n’avoir point envoyé à M. Lloyd 
là plante de cette dernière provenance. En 1856, je réparai cet oubli et 
j'adressai à M. Lloyd quelques pieds fleuris de la plante de Marseille, dont 
plusieurs rosettes très-jeunes et retardées sans doute par la transplantation ne 
fleurirent qu’en 1857. Dans une lettre, en date du 27 mai de la même année, 
M. Lloyd me répondit qu’il reconnaissait l'identité des plantes de Marseille et 
de Nantes, et me renvoya même dans sa lettre un exemplaire fleuri de la 
plante de l’ouest, On le voit, un plus sévère contrôle n’était pas possible. 

En 1857, M. Lelourneux envoya à M. Billot, ce botaniste si regretté, le 
Sedum des Sables-d'Olonne, afin de le faire éditer dans les centuries. M. Billot 
soumit cette plante à mon appréciation ; je la lui retournai avec le nom de 
S. litoreum Guss., accompagné de celui de S. Marichali Lloyd, comme 
synonyme, et c’est sous celte appellation que la plante parut dans les exsic- 
cata de Billot, au numéro 2266. 

Un seul doute pouvait subsister encore. La plante de Marseille et de Nantes 
était-elle bien celle de M. Gussone? Je m'adressai à l’auteur de la Flore de 
Sicile, et, dans un riche envoi qu’il me fit en 1859, je reçus deux exemplaires 
du S. litoreum, qui achevèrent de dissiper mes derniers doutes. C’est dont 
avec une entière confiance que j'inscris le nomde cette plante parmi ceux des 
espèces françaises. 


SEDUM SEXANGULARE L, Sp. 620. S. boloniense Lois. Not. A7 ; G. G. FL 
Fr. 1,626. S. insipidum G, Bauh. ap. Godet, FL. Jur. 251. 

Obs. — Ce n'est pas sans hésitation que j'avais adopté, dans la Ælore de 
France, le nom de S. boloniense, et je dois ajouter que le moment du regret 
ne se fit pas longtemps attendre. C’est donc avec empressement que je rends 
à celte plante le nom qu'on lui avait induement enlevé pour lui en substituer 
un qui à le double inconvénient d’abord de déroger au droit de priorité et 
ensuite d'imposer le nom d’une localité, on ne peut pas plus restreinte, à une 
plante répandue dans la plus grande partie de l’Europe. Aussi, dès 1854, je 
cherchai à renouer la tradition linnéenne, en éditant cette plante dans les cen- 
turies de Billot, n° 361 bis, sous le nom de &. sexangulare L. J'avais PU 


SÉANCE DU 8 MAI 1863. 253 
alors étudier des échantillons suédois et constater leur identité avec la plante 
française; les exemplaires publiés par M. Fries, dans son Æerbarium nor- 
male, fasc. 9, n° 43, ne laissent aucun doute à cet égard. L’unique objection 
que l’on puisse faire à cette déduction serait de supposer que Linné n’a pas 
connu la plante du bois de Boulogne, et que son $. sexangulare n’est qu’une 
forme de son $. acre. Or constatons d’abord que la plante des environs de Paris, 
commune en France, se trouve également en Suède, sans modification aucune, 
et ajoutons qu’elle est abondante aux environs d’Upsal, d’où j’en ai reçu de 
nombreux exemplaires. Donc, dans l'hypothèse précitée, il faut admettre que 
Linné, qui avait sous les yeux les S. acre et S. boloniense, n’a point aperçu 
la plante nommée par Loiseleur S. boloniense, qu'il a élevé au rang d'espèce 
une variation ivsignifiante et presque imperceptible du $. acre, pendant qu’il 
foulait aux pieds, sans l’apercevoir, bien que mêlée aux deux autres, une 
plante que les botanistes les moins expérimentés distinguent à première vue, 
Une pareille supposition ne me paraît pas soutenable, et, d'accord avec les 
‘ botanistes de la Suède, je crois pouvoir légitimement conserver à cette espèce 
le nom de S. sexangulare L. 


SEDUM REFLEXUM L. Sp. 618; G. G. F1. Fr. I, 626. 


a. virescens : tiges et feuilles vertes; fleurs d’un beau jaune, 


B. glaucescens : tiges et feuilles plus ou moins glauques; fleurs d'un 
jaune vif. — S. rupestre L. Sp. 618. 

y. «lbescens : tiges et feuilles vertes ou glaucescentes ; fleurs d’un jaune 
plus ou moins pâle. — S. albescens Haw. Rev. 28; G. G. FI. Fr. 
021: 


Obs. 1. — Le 18 juillet 1861, je trouvai pêle-mêle, au sommet de la mon- 
tagne de Rosemont près Besançon, deux Sedum, dont l’un, à feuilles vertes, 
était incontestablement le S. reflexzum, si répandu dans notre contrée; l’au- 
tre, par sa teinte d'un glauque argenté intense, se distinguait nettement du 
premier et frappait l’œil à grande distance. Pour étudier plus facilement ces 
plantes, j'en rapportai de beaux et nombreux exemplaires que je plantai au 
jardin, cherchant ensuite, par une étude suivie, à déterminer leurs caractères 
distinctifs, Mais, à part la couleur, il ne me fut pas possible de trouver entre 
eux la moindre différence. Je retournai sur les lieux, afin d'étendre mes inves- 
tigations à un plus grand nombre d'individus, et là, dans un espace de quel- 
ques centaines de mètres, il me fut facile de rencontrer tous les intermé- 
diaires, toutes les nuances passant d’une forme à l’autre. Il devint alors 
évident pour moi que j'avais là deux formes d’une seule et même espèce, 
et que le S. rupestre de Linné ne différait pas spécifiquement de son $. 
reflezum. 

Les pieds que j'avais replantés avaient été placés près d’une corbeille de 


25h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Pétunies, dont la vigoureuse végétation ne tarda pas à les recouvrir presque 
entièrement. Ce ne fut que vers le milieu d'octobre que le jardinier, en enle- 
vant les Pétunies, leur rendit l'air et la lumière. Mais alors quel ne fut pas 
mon étonnement en voyant, sur les pieds glauques, les tiges et les rameaux 
abrités par les Pétunies teints d’un beau vert uniforme et identique à celui du 
S. reflezum, pendant que la partie extérieure et non recouverte de ces mêmes 
pieds avait conservé sa teinte glauque primitive, considérablement affaiblie il 
est vrai, mais encore très-distincte. Quelques pieds, entièrement recouverts, 
ne se distinguaient plus du $. refleæum type. Ainsi, dans l’espace de quelques 
mois, la transformation d’une des formes dans l’autre s'était pleinement 
accomplie, 

J'étais bien désireux de savoir ce que seraient, l’année suivante, les jeunes 
pousses des pieds à teinte glauque. Au printemps de 1862, j'en abritai quel- 
ques-uns en les privant de soleil au moyen d'écrans, et ceux-là donnèrent 
des pousses qu’il me fut impossible de distinguer de celles du $S. reflexum 
ordinaire. Les autres, que j'avais laissés en pleine liberté, me donnèrent des 
pousses dont la teinte gardait une trace de couleur glauque, qui permettait 
encore de les distinguer ; mais cette teinte n’avait plus rien de commun avec 
la belle conleur argentée qui les rendait si remarquables en 4861. Le caractère 
avait disparu et cette forme avait fait retour au type. 

En 1863, aucun des pieds à teinte glauque n’a repris la belle couleur argen- 
tée : tous ont conservé leur couleur verte lavée d’une très-légère teinte glau- 
que, qui me permet de reconnaître encore les pieds qui autrefois ont possédé 
ce caractère à un très-haut degré, 

Pour en finir avec cette teinte glauque, je dirai qu’elle est déposée à la sur- 
face de l'épiderme, comme la poussière pruineuse qui recouvre certaines 
prunes ; un frottement assez léger suffit pour l'enlever, et une immersion de 
quelques secondes dans l’eau bonillante la fait entièrement disparaître. 

De tous ces faits, il est, je crois, permis de conclure que la teinte glauque 
n’est pas ici suffisante pour fonder des espèces. 

Obs. 2. — Tout ce que j'ai reçu de l’ouest et des Pyrénées sous le nom de 
Sedum albescens, avait les feuilles vertes; mais je ne doute pas que cette forme 
n'ait aussi sa variété glauque, Le plus souvent les fleurs que j'ai vues étaient 
d'un beau jaune ; alors je n'ai pas su en quoi cette plante différait du S, re- 
flexæum, et, pour mieux dire, elle a, dans ce cas, représenté à mes yeux le 
type de cette dernière espèce. D’autres fois, elle m'a présenté des fleurs très- 
pâles, qui au premier abord donnaient à la plante un aspect assez remarr 
quable, C’est cette forme que j'ai prise pour le véritable S, albescens Haw.3 
je pense que je n'ai aul besoin d’insister pour faire admettre que c'est là un 
caractère plus qu'insuffisant pour constituer une espèce et même qu'il n'y 4 
là qu’une minime variation, que j'aurais peut-être oublié de signaler si on 
n'avait voulu l'ériger en espèce, 


SÉANCE DU 8 MAI 1863. 255 
SEDUM ELEGANS Lej, F1, Spa, I, 2053 G. G, FL Fr, 1, 626, — 
Souche et tige se comportant comme dans le S. reflesum, Feuilles vertes ou 
glauques, charnues mais peu épaisses, comprimées et presque planes, linéai- 
res, fortement cuspidées, plus longuement prolongées en éperon à la base; 
celles des rejets stériles ééroitement imbriquées-appliquées et formant un cône 
renversé, Fleurs d’un jaune vif, subsessiles, s'épanouissant sur les rameaux 
relevés, disposées en cymes scorpioïdes, foujours dépourvues de bractées, 
formant un corymbe recourbé avant l’anthèse ; segments du calice plans et 
non épaissis aux bords et au sommet ; étamines à filets glabres ; carpelles pe- 
tits, lisses ; graines à peine ridées. 2%. Juin-juillet. (Description à substituer 
à celle de la Flore de France.) 


a. glaucescens : tiges et feuilles glauqnes. — $. elegans Lei. et auct. 


B. virescens : tiges et feuilles vertes, — S. aureum Wirtg. F1. Pr. Rh. 
184, et pl. exsice, n° 27, 


Hab, — Commun dans les sols sablonneux et surtout siliceux, dans la ré- 
gion des Vignes, et sur le plateau qui la domine, Si l’on trouve cette espèce 
en plein calcaire jurassique, c’est toujours sur l’oxfordien supérieur (chaïlles) 
qui contient de 50 à 75 pour 100 de silice. 

Obs. -» En 1861, j'ai reçu de MM. Lloyd, Boreau, Chaboisseau et Callay 
des exemplaires vivants de S. elegans. Les plantes de Nantes, d'Angers, de la 
Vienne et des Ardennes avaient toutes plus on moins la teinte glauque. Mises 
en pleine terre, je n'ai plus obtenu, en 1862, que des plantes à teinte glauque 
douteuse, et, en 1863, il ne me reste pas un seul pied de #, elegans à teinte 
Yéritablement glauque ; tous ont pris la teinte verte et se sont ainsi transfor- 
més en #. aureum Wirtg. 

J'avais moi-même, en 1861, rapporté de la campagne de mon excellent 
ami I, A. Monnot-Arbilleux, située à la Chevillotte, à quelques kilomètres 
de Besançon, de magnifiques exemplaires de S, elegans, dont la bril- 
lante teinte argentée proyoquait l'admiration des simples curieux. Aujour- 
d’hui ils ont complétement perdu ce caractère : ils ont même pris une teinte 
d’un vert sombre qui forme un curieux contreste avec leur primilif état. 

H y a plus : M. Bayoux, à qui j'avais fait part de mes observations sur la 
variation des Sedum, a constaté un fait non moins intéressant que les précé- 
dents. Ge zélé botaniste avait rencontré le $. aureum en plaine, dans des prés 
aux bords de l'Ognon, et il l'avait transplanté dans son jardin, où sa teinte 
verte s’était parfaitement conservée ; puis, voulant s’en débarrasser, il l'avait 
relégué sur un vieux mur, Dans cette nouvelle position, la plante passa de la 
couleur verte à la couleur glauque, et devint ainsi du $, e/egans, pendant 
qu'une partie de la plante oubliée en place garda la teinte verte du S. aureum. 

Ainsi, en deux années, nous ayons pu constater sur les mêmes pieds la 
transformation de la forme glauque à la verte et de la verte à la glauque, Ne 


256 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


résulte-t-il pas de là que c'est dans la station que réside la cause principalé de 
ces changements, que dans les sols fertiles et humides la plante manifeste une 
tendance marquée pour la virescence, tandis que dans les sols secs et arides 
elle incline à la glaucescence ? 


SEDUM ANOPETALUM DC: Rapp. I, 80; G. G: F1, Fr: I, 627, $, ru- 
pestre Vill. Dauph: HK, 679 (non L.). 


a. glaucescens : tiges et feuilles glauques (forme-type). 


B. virescens : tiges el feuilles vertes. — $, Verloti Jord. in Bull. Soc, 
bot. Fr. VIT, 606. 


Obs. 4. =— Les faits constatés sur les S. reflezum et elegans me conduisent 
à réunir le S. Verloti au S. anopetalum, bien que je n’aie point encore d’ex- 
périences directes pour appuyer cette opinion. Cependant j'ai déjà constaté 
qu’en plongeant le S. anopetalum dans l’eau bouillante il perd instantanément 
sa couleur glauque et qu’il prend si franchement la teinte verte, qu'il n’est 
plus possible de le distinguer du $. Verloti. Ainsi que dans les précédents, la 
couche pruineuse qui recouvre la plante est une sécrétion épidermique de na- 
ture cireuse, qui a peut-être pour effet d’atténuer l’évaporation dans les plantes 
qui végètent d'ordinaire sur des rochers arides et peu propres à leur fournir 
une riche alimentation. 

Obs. 2. — Villars donnant à son S. rüpeire des pétales dressés, il est évi- 
dent qu’il à eu en vue la plante dont je viens de parler, et, si l’on ne tenait 
compte que du droit de priorité, il faudrait substituer le nom de Villars à celui 
de Dé Candolle. Mais le nom de S. rupestre à donné naissance à tant de con- 
fusions qu’il me paraît utile de l’abandonner, afin d'éviter désormais toute 
équivoque. 

En effet, Linné, dans la phénnète édition du Species (1753), n’admet que le 
$. rupestre, auquel il donne une variété B. Dans le F1. suecica (1755), p. 153; 
il reproduit la même opinion ; mais dans l’appendix du même ouvrage, p. 465, 
ilélève aa rang d'espèce sa variétéB, sous le nom de S. reflexum, et il ne diffé- 
rencie les deux espèces que par la teinte, qu’il dit verte pour le S. reflezum, et 
glauque pour leS. rupestre. M. Fries, dans ses Vovitiæ, p.135, confirmé de 
tout point ces données et conclut à l'identité des deux espèces. Il est donc 
acquis que les deux espèces de Linné n’en font qu’une, et qu’il faut choisir entre 
deux noms édités dans le même ouvrage, par conséquent de même date, bien 
que dans le manuscrit le S. rupestre ait dû précéder le S. reflexum. Malgré 
cette légère nuance, j'ai gardé le nom de S. reflezum, exempt de toule con- 
testation, et j'ai rapporté à là variété G le nom de S. rupestre, qui cesse ainsi 
d’être un nom spécifiquement admis. 

De cette discussion; il résulte que, le nom de S. rupestre L. étant aban- 
donné, le nom de S: rwpestré Vill, pourrait logiquement être substitué à celui 


SÉANCE DU 8 MAI 1863, 257 
de S. anopetalum DC. ; mais, je le répète, ce serait retomber dans les ambi- 
guités que j'ai voulu éviter, et c’est pour ce motif que je donne la préférence 
au nom créé par De Candolle, 


M. J. Gay dit que le caractère tiré de la glaucescence des feuilles 
est sans valeur dans le genre Sedum, et que M. Grenier a supprimé 
à bon droit les espèces fondées sur ce caractère, M. Gay regrette de 
ne pas trouver dans le travail de M. Grenier l'indication d’une forme 
très-remarquable de Sedum, voisine du S. re/lexum, qui n’a pas 
lestiges réfléchies avant la floraison, et qu’il a recueillie sur les som- 
mets du Jura, il y a environ trente ans. Cette plante porte dans son 
herbier le nom de Sedum juranum. 

M. Cosson partage entièrement l'opinion de MM. Grenier et Gay 
sur le peu de valeur de la glaucescence comme caractère spécifique 
chez les Sedum. Il ajoute qu’il a trouvé lan dernier, sur le Mont- 
Caroux près Bédarieux (Hérault), la forme glauque du Sedum ele- 
gans, que Brotero a nommée S. pruinatum. 

M. de Schœnefeld dit qu’aux environs de Paris le Sedum reflexum 
se montre à peu près sur tous les terrains (et même sur les murs 
enduits de plâtre, où il est généralement glauque et très-robuste), 
tandis que le S. elegans est exclusivement propre aux terrains 
sablonneux. 

M. Le Dien fait remarquer que le S. reflexzum abonde dans les 
sables près d’Asnières (Seine). 

M. Cosson ajoute que, dans le département du Loiret, il a vu les 
Sedum reflexum, elegans et sexangulare croître pêle-mêle dans 
Jes mêmes bois. 


M. J. Gay fait hommage à la Société, de la part de M. Nylander, 
d’un travail de ce botaniste, ayant pour titre : C2rca Lichenes Ar- 
Mmoricæ et Alpium Delphinatus observationes, et extrait des Acta 
Societatis scientiarum fennicæ, t, VII, janvier 1863. M. Gay est 
d’avis que ce travail est de nature à intéresser vivement les bota- 
nistes français, et qu’il y aurait lieu de l’insérer dans le Bul- 
letin (1). 


(1) Nous sommes heureux de pouvoir reproduire ici, avec l'autorisation de l’auteur, 
la partie de cet intéressant travail qui contient les observations de M. Nylander sur les 
Lichens recueillis par lui dans les Alpes du Dauphiné, durant l’excursion de la Société 
botanique de France dans ces montagnes en août 1860. — L'autre partie, qui concerne 
les Lichens observés en Bretagne, a déjà été publiée dans le Bulletin, t. VIII, p. 753 et 
suiv, (Note de la Commission du Bulletin.) 


258 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


CIRCA LICHENES REGIONIS ALPINÆ DELPHINATUS OBSERVATIONES 
scripsit WW, NYLANDER, 


Tres dies modo, d, 4, 5 et 6 mensis Augusti 1860, hic peregi in montibus 
supra La Grave et Villard-d’A rène, altitudine semper amplius 1500 metrorum 
supra mare in viciniisque glacierum æternarum, quæ fere ad vicum La Grave 
descendunt latere scilicet boream spectante couvallis amnis torrentis Æ0- 
manche (4), Metam præcipuam mibi proposueram Lichenes saxicolas regionis 
glacialis et Squamarias in natura examinare, ubi summa copia vigentes for- 
mas plurimas et optime evolutas offerebant, De zona ita hic agitur supra re- 
gionem silvaticam sita tantumque in parte infera arbores adhuc raras exhi- 
bente, tum vero mox solis pascuis declivibus aut alibi glaciebus aut rupibus 
nudis licheniferis constituta usque in summis montium cacuminibus. Quas 
species vegetatio hæc tam alte elevata proferat, sequentibus videbitur paginis; 
corticolas ibi evanescere facile patet ; saxicolæ contra vigorem alpinum insi- 
gnem abundantemque ubique ostendunt; terrestres quoque haud leve occu- 
pant momentum in natura eadem, 

1, Synalissa symphorea (DC), — Ad saxa supra Villard-d’Arène ; etiam 
supra terram saxorum inter Ændocarpon hepaticum, 

2, Omphalaria nummularia Nyl, Syn, 1, p. 99, var, thallo stellato- 
Jobato (2). — Circa La Grave, ad saxa, 

3. Collema flaccidum Ach. (3). — Passim, non vero supra Villard-d’Arène 
visum. 

h. C. furvum Ach. — Ad rupes supra La Grave, altit. circa 4600 metr. 

5. C. melænum Ach. — Passim. Var, polycarpum Schær. supra Villard- 
‘d’Arène. 

6. C. plicatile Ach. — Etiam hoc ad saxa supra La Grave. 

7. Leptogium saturninum (Discks.)Nyl. — Ad latera subumbrosa rupium, 


(1) Jam proxime ante (vel infra) Villard-d’Arène supra lapides ad torrentem Ro- 
manche legi species baud paucas, sicut ex, gr. sequentes, quæ hic enumeratæ imaginem 
præstent ejus particulæ montium Delphinatus. Sunt Collema flaccidum, Leplogium lace- 
rum var. pulvinatum (4eh,), Physcia cœsia, Squamaria chrysoleuca (adhue parca et 
parum eyoluta), Lecanora alphoplaca (plagas latas saxorum speciminibus inter se conti- 
guis tegens, frequens), L. oreina (abundans), L. argopholis (etiam hæc plagas lalas 
interdum pedales formans), L. chlorophana (apothecis thallo concoloribus), et cum bac 
Lecidea morio, L. squalida (atque ejus var. thallo cinereo vel griseo rarius), Vrceolaria 
scruposa, Endocarpon rufescens, Verrucaria pallida (hæc frequenter supra saxa et 
lapides inter muscos). Nonnihil inferius Lecanora epanora copiose obvia ad latera rupium 
ferrosarum prærupta jaxta viam . 

(2) Forte Omphalaria genere haud distinguenda sit a Synalissa. 

(3) Collema auriculatum Hffm,, Nyl. Sun. 1, p, 106, fertile lectum fuit ad La 
Grande-Chartreuse a eel. Brébisson. ÆEliam ad Pontarlier (Doubs) fertile id invenit 


tri Sporæ formæ ut in affinibus, longit, 0,024-34 millim., erassit, 0,009-43 
minm. 


SÉANCE DU 8 MAI 1863. 259 


ad saxa calcareo-schistosa, adhuc altitudine circa 100 metrorum supra La 
Grave. Inferius in montibus ad cortices arborum. Sed versus Gratianopolin 
(Grenoble) ejus loco occurrit Z. Hildenbrandii (Garov.). 

8. L. lacerum var. pulvinatum (Ach.). — Ad La Grave. 

* 9. Cladonia pyxidata formis symphycarpa et pocillo (Ach.). — Passim. 

10. CT. gracilis formis exoncena (Ach.) et aspera (FIk.). — Rarius. — 
CT. cervicornis quoque rarius et sterilis ohvia. 

41, CT. rangiferina var. silvatica (Hffim.). — Passim, Sic character est 
vegetationis hujus raritas Cladoniarum. 

12. Stereocaulon alpinum Laur. — Rarius. 

413. S€. tomentosum var. alpestre Th. Fr. — Rarius. NA. 

14. Thamnolia vermicularis (L.) Ach. — Sat frequens in regione magis 
edita, 

: 45. Alectoria jubata f. lanestris (Ach.). — Rarius, ad saxa. 

16. À. ochroleuca (Ehrh.). — Passim in regione editiore, 

A7. Cetraria islandiea var. crispa Ach. — Haud rara. 

18. Platysma nivale (L.) et 

19. PI, cucullatum Hffm. — Passim. 

20. PL, juniperinum var. Tilesii (Ach.), Cf Nyl Lich. Scandin. p. 85. 
— Sterile sat frequens, raro fertile ; quoque saxicola raro crescens. 

21. Peltidea aphthosa (K.) Ach. (4). — Rarius. 

22. Peltigera malacea (Ach.) Fr. — Ad summa cacnmina supra terram 
parce. Sequentes species inferius obveniunt et in convallibus, æque ae Pel- 
tidea aphthosa. 

23. P, rufescens Hffm. — Passin. Etiam ad La Grave forma iranseuvte in 
P, caninam, atque ibi adhuc ipsa canina Hffm. 

24. P. horizontalis Hffm. — Passim. . 

25. P. venosa Hffm. — Passim. de LUS 

26. Solorina saccata Acb. — Rarius, Var, spongiosa (Sw.) Nyl. Syn. I, 
P. 531, quoque rarius obvia. 

27. $. bispora Nyl Syn. 1, p. 331. — Rarius ad latera clivulorum in 
regione circiter 100 meétra et amplius supra La Grave. 

28. Parmelia saxatilis Ach. — Non frequens et vix nisi sterilis, 

29. P, conspersa Ach. (f. hypoclysta Nvl ). — Passim. 

30, P. proliza Ach. — Frequens, — P, olivacea Ach. ad Larices prope 
La Grave. 

31. P, stygia Ach..— Sat frequens. 

32. P. lanata (L.). — Passim. 


(1) Ob differentiam gonidiorum Pe:tidea distinguenda sit a Pelligera. Similiter ebe 


servandum, Nephromium expallidum Nyl. ob eandem caussam lransferendum esse ad 
genus Nephroma. , 


260 SOCIÉTÉ BCTANIQUE DE FRANCE. 


33. Physcia contortuplicata (Parmelia contortuplicata Ach. Syn, p. 210) 
Nyl Syn. I, p. 411 (sub Ph. parietina) (1). — Thallus cinerascens, pro parte 
vitellinus, anguste divisus, laciniis multifidis intricatis ; apothecia (receptaculis 
podicellatis insidentia) vitellino-ochracea vel aurantiaco-rufescentia vel auran- 
tiaca, mediocria (latit. 4-3 millim.), plana vel planiuscula et demum margi- 
nem thallioum excludentia ; sporæ biloculares vel sæpe simpliciter 1-septatæ 
(tubulo loculos jungente vix unquam wvisibili}, longit. 0,011-16 millm., 
crassit. 0,006-8 millim.-— Ad saxa schistosa (sat friabilia) vel supra £erram 
ad eadem saxa frequens mox supra La Grave et circa 150 metra adhuc altius. 
Satis parce fectilis. 

3h. Ph. stellaris (L.)— Ad cortices prope La Grave. Etiam ad saxa 
ibidem. 

35. Ph. cœæsia var. albinea (Ach.). — Ad schistos in regione superiore, 

36. Ph. pulverulenta (Schreb.) — Ad Larices prope La Grave. — Var. 
muscigena (Whlnb.) in zona editiore passim. 

37. Umbilicaria polyphylla Hffm. — Haud frequens, 

38. U. atro-pruinosa var. cinerascens (Ach., quæ eadem est ac var. lævis 
Schær.). — Passim in zona editiore. 

. 89, VU, spodochroa Hffm., Nyl. Lich. Scandin. p. 115. — Passim, 

40. U. cylindrica (L.) et var. tornata (Ach.). — Sat frequenter, præser- 
tim in zona superiore granitica. 

LA. Psoroma hypnorum (Hffm.). — Supra terram haud rarum vel sat 
frequens. 

42. Pannaria brunnea (Sw.). Supra terram sat frequenter. 

43. P. mycrophylla (Sw.). — Admixta cum Synalissa symphorea DC., 
ad saxa rarius. 

hh. P. nigra (Huds.) Nyl. Lich. Scandin. p. 126. — Ad saxa schistosa 
jurassica. 

15. Squamaria gypsacea (Sm.) Nyl 1 ec. p. 130 (2). — Rara supra 
terram ad basin rupium calcis jurassicæ, altitudine usque 4750 metr. 

h6. S. chrysoleuca (Sm.) Nyl. L c. p. 131, Syn. II, p. 60. — Variis lu-” 
dens varietatibus, speciosa et abundans ad saxa schistosa et granitosa, ex alt: 
1500 metr. usque ad summa cacumina. 

47. S. melanophthalma (Ram.) DC., Nyl. IL citatt, — Socia præcedentis 
(alt. 1500-2000 metr. supra mare) et æque variabilis. Apotheciis nigris est 
primaria melanophthalma DC., ïis glaucescentibus est g/auca Ach. (L. U, 
p. 411). Fere adhuc abundantior quam S. ckrysoleuca. 


(4) Physcia parietina (L.) in tota regione, qua occupamur, deesse videtur, atque jam 
multo inferius desinit, nec (ni fallor) eam ultra Bourg-d'Oisans vidi in itinere versus 
zonam alpinam, 

(2) Sub nomine « Squamaria gypsacea » datur in Anz. L. exs. 97 ( Catal. Sondr. 
p. 46, saltem pro p.) Squamaria crassa var. liparia (Ach.), 


SÉANCE DU 8 Mar 1863. 261 


L8. S. pellata DC., Nyl. Lich. Scandin. p.132, Syn. TE, p. 62. — Simul 
cum chrysoleuca et melanophthalma frequentissime, supra altitudinem 
4600 metrorum. Apotheciis pallidis vel testaceo-pallidis et thallo rugoso ‘vel 
subrimose insculpto dignoscenda. 

49. S. disperso-areolata (Schær.) Nyl. IL citatt, (1).— Passim frequen- 
ter, una cum tribus Squamariis præcedentibus. 

50. S. albula Nyl. Syn. II, p. 63. Arcte et forsan nimis affinis præce- 
denti, at thallo magis depauperato, areolis subradiantibus (obsolete crenatis) 
vel effusis, opaco, hinc inde subruguloso ; apothecia flavescenti-pallida (latit. 
1-2 millim.), sat conferta; sporæ longit. 0,011-15 millim., crassit. 0,007-8 
millim. —— Supra Villard-d’Arène (altit. fere 1750 metrorum). 

51. S. saxicola (Poll.) Nyl Lich. Scand. p. 133, Syn. II, p. 65. — 
Frequenter ad saxa vigens. Forma Garovaglii (Krb., Anz.) haud raro occur- 
rit in zona inter 4500-1700 metror. altitudine supra mare. Var. diffracta 
(Ach.) quoque haud rara. Var. versicolor (Pers.) ad calcem jurassicæ forma- 
tionis passim (2). 

52. S. concolor (Ram.) Nyl. — Prope glacies æternas, altit, 1750 metror, 
et ultra usque ad cacumina summa, passim frequens. Variat (subeffusa) 
thallo vix effigurato areolato-subeffuso. 

53. Placodium murorum (Hffm.) DC., Nyl. Lich. Scandin. p. 130. — 
Frequens; etiam haud raro ad ligna vetusta. 

5h. PL elegans DC. — Frequens in zona editiore. Nonnisi varictatem sis- 
tit præcedentis. 

55. PL. bracteatum (Hffm.) Nyl. L c. p. 131 (Squamaria fulgens var. 
decipiens Anz. Catal. Sondr. p. 46). — Altit. 1600 metr. et amplius 
passim. 

56. PI. variabile var. alpestre (Ach. L. U. p. 679, Syn. p. 152) Nyl L 
C. p. 138 (3). — Ad saxa prope La Grave. 

57. Lecanora vitellina Ach.—— Ad saxa (præsertim schistosa) sat frequens. 

58. L. aurantiaca var. erythrella (Ach.) Nyl 1 c. p. 142. — Adisaxa 
granitica supra La Grave. 


(1) Nomen hocce Schærerianum forte « sesquipedale » haberi possit, sed id ob talem 
Caussam mutare ægre licitum est. Auctor upsaliensis insinuationibus ridiculis gloriam 
quærens nomen verrucoso-areolata (Verrucariæ datum) :« Nylanderianum» avide dicit 
(4ret. p. 265)et graviter oppugnat ; adnimadvertere autem liceat nomen illud æque esse 
Schærerianum ac nomen disperso-areolata modo analogo compositum minimeque Nylan- 
derianum. 

(2) Ægre a var. versicolore nudiore separanda sit Squamaria albo-effigurala Anz. 
Catal. Sondr. p.46, L. Longob. exs. 41 « orbillis minoribus centrifugis, solis laciniis 
periphericis albo-pulverulentis, apotheciis minoribus, margine albo », superficie thalli 
subareolato-ruguloso. 

(3) Thallo nullo, ecrustaceum, est Lecanora Agardhiana Schær. L. H. 617 (non 
Ach.), Placodium Agardhianum Anz. Exs. 37 (Biatora albo-pruinosa Arn. Exs. 50). 
Quoque « Catillara fraudulenta » Krb. est status ecrustaceus Placodii variabilis. 


LA 


262 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


59, L. cérina var, stillicidiorum (OEd.). — Supra muscos rarius. 

60, L: ferruginea var, variata Nyl — Thallus tenuissimus albidus, pas- 
sim subgranulatus ; apôtliecia biatoriua ferruginee vel rubricose rufa (præser- 
tim juniora) aut obscuriora vel fusco-nigra (in eodem specimine) aut rarius 
sordide subvirescentia (latit. circa 0,75 millim.), margine proprio integro 
(juniore saltem et extus pallidius tincto quam epithecium), inde fere expla- 
nato; sporæ longit. 0,011:18 millim., crassit. 0,007-9 millim. — Supra 
iuscos vetustos depressos in regione supra La Grave versus glacies, altitudine 
circiter 1650 metrorur supra mare, 

61, ZL. fulvo-lutea Nyl, 1 ©. p. 146, — Supra Grimmias vetustäs, altit. 
circa 1600 metr, , sat rara. Apothecia vix latit, 4 inillim. adtingentia ; spoôtræ 
longit, 0,014-16 millim., crassit, 0,009:12 millim. 

62, L, tetraspora Nyl n, sp. — Similis Lecanor® sinapispermæ (DC.), 
sed thecis (2-) 4-sporis, sporis longit, 0, 017-27, crassit, 0,010-16 millim., 
loculis tubulo junctis. — Supra terram (herbulas emortuas) socia Zecanoræ 
turfaceæ var. mniarææ (Ach.), supra La Grave, altit. circa 4600 metr.; 

-rara (1). 

63. L. nreina Ach, — Frequens ad saxa varia, Etiam ad calcem juras- 
sicam (altit. circa 1750 metr.) et tum thallo sæpe dealbato. 

64, L. nèmbosa (Fr.), — Rata (alit. cifca 1650 metr. obveniens). Thal- 
lus ambitu vel locis umbrosis pallido-virescens. Quoque in Jura hanc speciem 
occurere, obiter memoretur: 

65. L. sophodes var. confragosa (Ach.) Nyl. Lich. Scandin. p. 149, + 
Ad saxa rarius (ait. 1500-1600 metr.). Sporæ longit. 0,018-23 millim., 
crassit, 0,009-13 millim. 

66. Z. turfacea Ach. et var. mniarœa (Ach.) Nyl L c. p. 151. — Rarius 
(supra 1600 metr.). Etiam forma apotheciis albo-pruinosis ibidem ; sporæ ei 
longit. 0,027-34 millim., crassit. 0,011:14 millim. ) 

67. Z, alphoplaca (Whlub.). — Sat frequens in zona inferiore, ad gra- 
nitum: 

68. ZL. circinata (Pers.) Ach.— Ad schistos et saxa calcarea (usque saltem 
altit. 1750 metr.) passim. 

69. Z. glaucoma * bicincta (Ran.). — In summis cacuminibus supra Vil- 
lard-d’Arène. Sporæ longit. 0,011-14 millim,, crassit, 0,007-8 millim. 

70, Z. subfusca var. distans Ach. — Ad cortices arborum in regione infra 
La Grave. 


(4) Nomen De Gandollei sinapisperma restituendum est pro léuicoræa Ach., Nyl. 
Lich. Scandin. p. 146. Vidi quidem et examinavi specimen archetypum Patellariæ 
Sinapispermæ DC. lectum in Ereslitz Pyrenæorum ab ill. Léon Dufour, in cujus herbario 
asservatur manu De Candollei anno 1799 inscriptum « P. sinapisperma ». Sporas habet 
hoc specimen 8nas, longit, 0,016-18 millim., crassit, 0,010-42 millim. Apothecia intér- 
dum juniora margine obtuso, Est « Biatora cuprea » Fr. L. S. éxs. 349. 


SÉANCE DU 8 MAï 1863. 363 


71. L, argopholis (Whlnb.) Ach,, Nyl Lich. Scandin. p. 166. — Passim 
sat frequenter. ; 

72. L, badia Ach. = Typus sat rara, sed var. cinerascens Nyl. contra 
sat fréqueris. Forma concinna, rimtcola, typi, apotheciis confertis, thallo 
parco areolato (subeffigurato) in summis cacuminibüs schistosis supra Villyrd- 
d’Arène. 

73; L. atra Ach. = Ad saxa usqüe in zonam maxime editam. 

1h, L. ventosa Ach. => Passim ad sümina Cacumina gtanitosa. 

75, L, cinerea (L:) Smmrf. Lapp. p. 99, Nyl L €. p. 153. — Var: de- 
pressa (Ach.) bassim et procédens usqué in surmma cacumina supra Villard- 
d’Arène; f. lævata (Ach.) ad La Grave. Supra Villard-d’Arène (altit. ciréa 
1750 metr.) var, gbbosa (Ach.) Nyl L €. p. 154, transiens in Cu/caream, 
sed apotheciis nudis, + *Z. calcarea (Ach.) ibidem ad schistos æque àc prope 
La Grave, sporis 6-8nis, — *Z, Dicksonit (Ach.) Nyl. L c: p. 155, àd saxa 
granitosa versus La Grave, 

76, L. tenebrosa “obscurissima Nyl. = Differens à typo tencbrost pres 
cipue thecis amplioribus, sporis breviter ellipsoideis (longit, 0,009:14 millit. , 
crassit. 0,007-8 millim.). Thallus nigricanti-cincreus vel cinereo -nigrescuns. 
— Socia Lecanoræ ventosæ , altit. 1650 metrotüuim et aimplius supra mare. 
Etiamsi apothecia sint huic Licheñi lecideina, forsan tamen loCus systematicus 
eidem tribuendus est prope ZLeécanoram cineream, quæ ipsa haud raro apo- 
thecia facie Lecideæ offert (1). Limites inter ea genera nulli definiti. 

77. L. verrucosa Laur. — In regione superiore (supra altit. 1650 metr.) 
passim. 

78 Z; castaneñ (Ram) f, percænotdes Nyl. (L. cervina £. percæna Schær., 
Hepp, Flecht, 378), = Dilfert a castanea squamis thalli Sæpissime albo- (vel 
Cæsio-) pruinosis, apotheciis fuscis nudis. Sporæ longit 0,004-6 millim., 
crassit. 0,002 millim, ; paraphyses plerumque articulatæ (crassit. circa 0,0025 
tillim.). Ad saxa calcarea in zona altit. 4600-1700 metrorüm, Fatie sæpé 
Lecanoræ calcareæ f, Hoffmannii (Ach.) Nÿl 1 €. p. 454. 

179. Z. fuscata (Schrad.) Nyl. 1. c. p. 175 (Acarospora cervina var. squa= 
Mulosa Mudd; Exs. 431), + Ad schistos frequens. 

80; Z: eucarpa Nyl. == Versus La Grave ad latérâ saxortith. Apothetia 
usque latit, 5 millim. , aut simplicia umbilicato-adfixa aut nonnulla umbilico 
Communi connata. Sporæ longit. 0,005-6 millim. crassit. 0,002 millim. (in 
Stätu vegéto sæpius guttula oleosa versüs utrumque apicem). 


(1) L. tenebrosa *obscurissima quoque in Pyrentæis ad Barrèges (sæpe thallo ténui 
Subnigro opaco) obveñit. Gelatina hymenea iodé éærulescens (etiam thecæ similiter, 
tinctæ), Accedit L. tenebrosa * tumidior, similis ténebrosæ typicæ, thallo cinereo-nigri- 
Cante, apotheciis forte magis lecideinis (intus albidis vel pallidis), thecis amplioribus, 
Ovoideis; Sporis majoribus oblongo-ellipsoideis (longit. 0,016-18 millim. , crassit 0,008 
Millim.); ad saxa granitosa in Mont-Dore Arverniæ. In Lécanora tenebrosa (Flot., Nyÿl. 
Le. p. 231) sporæ sunt longit. 0,040-17 millim., crassit. 0,006-8 millim. 


264 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


81, L. simplex (Dav.) NyL. 1 c, p. 476.—Simul cum Placodio variabili 
var. alpestri (Ach.) sat rara. 

82. Glypholecia rhagadiosa (Ach.) Nyl Prodr. Gall. Alger. p. 194. — 
Ad saxa dispersa majora calcarea sat frequens, semper solum lateri eorum 
meridiem spectanti adnascens, altit. 1600-1750 metrorum (1). 

83. Urceolaria scruposa Ach. et var. gypsacea (Ach.). — Passim. 

84. Lecidea lurida Ach.— Ad rupes schistosas supra La Grave (altit. circa 
4600 metr.). Sporæ longit. 0,011-15 millim., crassit. 0,008-10 millim. 

85. L. globifera var. rubiformis (Wblnb.). — Animadvertere liceat me 
eam vidisse lectam a L'° Ant, Mougeot in regione mox supra Villard-d’Arène 
dicta Lautaret (2). 

86. L. atro-rufa Ach., Nyl. Lich. Scandin. p. 198. — In regione supra 
4650 metr, passim. Thallus variat magis cinereo-albicans. Sporæ longit. 
0,012-16 millim., crassit. 0,006-7 millim. 

87. L. cuprea Smmrf., Nyl. 1 c. p. 199. — Forma thallo albido macro, 
apotheciis atro - rufescentibus, sporis longit. 0.014-44 millim., crassit. 
0,005-6 millim. Supra muscos minores vetustos, altit, circa 1650-1700 
metr., rara. é 

88. L. vernalis Ach., Nyl. 1 c. p. 200 (Biatora cuprea Anz. Exs. 179). 
— Supra muscos et. terram altitudine amplius 4600 metr. passim. Sporæ 
oblongæ simplices (absque septo ullo), longit. 0041-16 millim., crassit. 
0,0045-65. Terrestris thallum habet magis evolutum (albidum) granu- 
losum (3). 

89. Z. sphæroides (Ach.) Smwrf., Nyl. L c. p. 204. — Forma apotheciis 
pro parte obscuris fuscescentibus. Supra muscos, altit. 1600-1700 metr., 
rarius. Sporæ fusiformes 3-septatæ, longit. 0,016-25 millim., crassit. 
0,005-6 millim., hypothecium incolor. Sin apothecia haud raro etiam vetu+ 
stiora essent pallide rufa hanc formam ZLecideæ sabuletorum f. triplicanti 
subjungerem ; ita sese tangunt. 


90. Z. decipiens Ach. — Supra terram usque fere in zonam maxime ele- 
vatam, 


91. L. candida Ach. — Passim usque altitudine 1650 metrorum. 
92, L. vesicularis Ach,, Nyl. 1. c. p. 214.— Supra terram saxorum inter 


(1) Differt Glypholecia à Lecanora similiter ac Chiodeclon ab Opegrapha, h..e 
forma composita (glyphica) apotheciorum est in illo genere typica. Si aberratione qua- 


dam in Lecanoræ vel Lecideæ specie una alterave aliquando occurant apothecia subgly- 
phica, hocce distinguendum est, nec miscendum eum re typica et normali. 


(2) Datur hæc eadem rubiformis in Nyl Lich. Mont-Dore, 43, «ad basin saxorum 
M sl inter Puy-de-Dôme .et Mont-Dore Arverniæ » (Prodr. Gall. Alger: 
P. . 


(3) Lecidea sabulelorum f. montana Nyl. Lich. Scandin. p. 205 Jecta fuit in regione 


saltem viciua ad Briançon (sporæ in specimiue inde 1-septatæ, rarius 3-septatæ, longit- 
0,016-21 millim., crassit. 0,006-7 millim.), 


SÉANCE DU 8 Mai 1863. 265 


muscos minores in Zona mivus elevata. Sæpius thallo nudo; var. opuntioides 
(Vill Dauph. HE, p. 967) forte hæc forma est dicenda ; occurrit altit. circa 
1600 metr. thallo substipitato-squamuloso (squamis scilicet turgidis basi 
stipitato-productis), apotheciis latit. usque 6 millim., sporis fusiformibus 
1-septatis (longit. circa 0,013 millim., crassit. 0,0045 millim.), gelatina 
hymencea iodo vinose rubens (præcedente cærulescentia levi). 

93. ZL. tabacina (Ram.) Schær. — In zona minus elevata. Etiam forma 
facie externa Lecideæ confusæ et sporis oblongis interdum tenuiter 4-septatis 
(longit. 0,015-23 millim., crassit. 0,004-6 millim.); ad saxa supra La Grave, 
fissuris adnascens saxorum (terra repletis). 

94. L. squalida Ach. — Sat frequens, præsertim in zona editiore. 

95. ZL. conglomerata Ach. — Ibidem sat rara. 

96. Z. aromatica Ach. — Ad rupes usque altit. saltem 1600 metr, rarius. 

97. Z. parasema Ach., Nyl. — Ad cortices prope La Grave. Terrestris, 
altitudine circa 1600 metr., supra herbas vetustas destructas. Var. enteroleuca 
(Ach.) ad rupes calcareas (cum Placodio elegante), apotheciis planiusculis 
vel nudis vel pruinosis, spermogoniis abundantibus; supra Villard-d'Arène, 
altit. circa 1700 metrorum. 

98. Z. episema Nyl. — Supra Squamariam saxicolam var. versico- 
lorem. 

99. Z. vitellinaria Nyl. — Supra La Grave, altitudine circa 1600 metr. 
Supra mare. Nec episema, nec vitellinaria a parasema sint separandæ. 

100. Z. contigua (Fr.) Nyl. Lich. Scandin. p. 224. — Ad saxa passim. 

*L. confluens (Ach.) Nyl. 1 c. p. 225 (L. vapulata Anz. Exs. 283). 
F. subcalcarea Nyl. (ibid.) ad saxa supra Villard-d’Arène (sporis long. 0,011- 
16 millim., crass. 0,007-9 millim.). 

101. Z. polycarpa FIk. — Ad rupes altit. 4600-1700 metr. Sporæ lon- 
git. 0,009-10 millim., crassit. 0,0045-%5 millim. 

4102. L. amylacea Ach., Nyl. 1 c. p. 227. EF. elata (Schær.) in summis 
alpibus supra Villard-d’Arène sat frequens. 

105. Z. marginata Schær. — 1bidem rarius. 

104. L. armeniaca (Duf.) Nyl. L. c. p. 229. — Typus (thallo flavo-arme- 
niaco, nec bene armeniaco ut in Pyrenæis) rarius ad summa cacumina grani- 
tosa. Var, aglæoides Nyl., thallo flavo areolis plerumque rugosis, frequens 
ibidem ; sporæ ei longit. 0,009-13 millim., crassit. 0,0045-55 millim. 
Variat ibi quoque thallo pallidiore (minus flavo, inde fere pallide ochro- 
leuco). Adest ibidem denique var. lutescens (Anz. Exs. 113) differens thallo 
Pallide ochrolenco magis lævigato subopaco (vel thailo albido areolato-dif- 
fracio) ; sporæ ut in typo et in var. aglæoide; hæcce varietas sæpe faciem 
habet omnino Lecideæ marginatæ Schær., sed apotheciis intus nigricantibus 
{vel nigro-cinerascentibus) mox differt. Mixtæ illæ varietates crescunt et tran- 
situs sæpe observantur, Occurrit adhuc armeniaca ex. gr. supra Villard- 

LA 19 


266 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
d’Arène ad calcem alpinam (altit. circa 1750 metr.) thallo pro parte leviter 
albo-pruinoso. 

105. Z. æœnea Duf., Nyl. Prodr, Gall. Alger. p. 134. — Ad saxa sum- 
morum cacuminum, socia Umbil. atro-pruinosæ var. cinerascentis (Ach.). 

406. Z, fusco-atra f. fumosa (Ach.). — Ad schistos, et simul var. grisella 
(Fk.), in zona minus elevata. 

407. L. atro-brunnea (Rem.) Schær. — In zona elevata frequentissima. 
Etiam ad calcem obvia, Ægre specie separanda a L. fusco-atra. 

108. Z. morio (Ram., DC.) Schær. — Sat frequens. 

409. L. petræa “excentrica Ach., Nyl Lich. Scandin. p. 234. — Ad saxa 
calcarea usque altit. 1650 metr. passim. 

440. L. geminata Flot., Nyl. 1. c. p. 234. — Rarius, usque saltem altit. 
1800 metrorum. 

A1. L. triphragmia Nyl. Prodr. Gall. Alger. p. 1l1, Lich. Seandin. 
p. 230, — Muscos vetustos obducens supra La Grave (altit 1650 metror.). 
Sporæ longit. 0,027-36 millim., crassit. 0,011-12 millim. 

412. ZL. disciformis (Fr.) Nyl. — Thallo albo granulato-verrucoso fere 
mediocri, sporis longit. 0,018-24 millim., crassit. 0,008-10 millim.; supra 
muscos altit. 1600-1700 metr. rarius. 

113. L. saxatilis (Schær.) Nyl Lich. Scandin. p. 237. — Altit. 1600- 
1700 metr. passim (sporis long. 0,012-15 millim., erass. 0,006-8 millim.). 
Etiam supra thallum areolatum vel granulato-areolatum sordide albido-flaves- 
centem sat tenue (sporis long. 0,009-14 millim., crass. 0,006-7 millim.). 

414. L. solorinaria Nyl. — Affinis Lecideæ oxysporæ (Tul.), sed apothe- 
ciis convexis, sporis minoribus (long. 0,040-14 millim., crassit. 0,0035- 
A5 niillim.), gelatina hymenea iodo vinose rubente (præcedente cærulescentia 
levi). Supra thallum So/orinæ bisporæ Nyl. rara. 

115. Z. Hookeri Schær., Nyl. Prodr. Gall. Alger. p. 439. — Sat rara 
supra muscCos vetustos et terram, altit. 1600-1700 metr. Sterilis. 

416. L. scabrosa Ach., Nyl. Lich. Scandin. p. 247. — Sporæ longit. 
0,014-16 millim., crassit. 0,008-9 millim. Altit. 4600-1700 metror. rarius, 
supra terram nudam. 

417. L. trypetheliza Nyl. — Thallus flavo-virescens verrucoso-granulosus 
vel verrucosus (verrucas sistens contiguas aut interdum subdispersas Opacas, 
latit. circa 1 millim. vel sæpe minores); apothecia nigra punctiformia (inter- 
dum nonnulla in singulis verrucis thallinis), demum plana latiora (usque latit. 
0,3 millim. vel paullo amplius adtingentia), intus albida; sporæ incolores 
ovoideæ vel oblongo-ovoideæ (apice infero angustiores), 1-septatæ, Jongit. 
0,012-18 millim., crassit. 0,005-6 millim., paraphyses graciles. Gelatina 
hymenea iodo haud tincta (vel obsolete cærulescens). — Supra terram nudam 


basi saxorum, versus glacies æternas supra La Grave, altit, circa 4700 metr. 
supra mare. 


SÉANCE Du 8 MAï 4863. 967 


418. L. geographica (L.) Schær. — Frequens. Var. gerontica (Ach.) 
Nyl. Lich. Scandin. p. 248, ad calcem passim (etiam statu var. afrovirenti 
Schær. analogo). 

119. £ndocarpon miniatum var. complicatissimum Nyl. — Ad saxa supra 
La Grave, altit. supra mare circa 1600 metr., rarius. Thallus densissime e 
squamis miautis (vel lobulis erectis vel adscendentibus) congestus, crustam 
formans nonnihil pulvinatam compactam altit. fere 10 millim. (latit. max. 
bipollicaris et amplius); squamæ albo-cinerascentes summo margine nigri- 
cante, infra sordide pallidæ vel sordide testaceæ (passim fuscescentes) ; sporæ 
longit. 0,009-11 millim., crassit. 0,006-8 millim. 

120. £. fluviatile Web. — Ad lapides in torrentibus sat rarum. 

124. E°. rufescens Ach., Nyl. Pyrenoc. p. 1h. — In regione inferiore, ad 
rupes calcareas. Sporæ ei ibi longit. 0,015-16 millim., crassit. 0,009-12 
millim, 

122. Æ. hepaticum Ach.— Adhuc in zona superiore, supra terram. Sporæ 
longit. 0,042-45 iillim., crassit. 0,007-8 millim. 

123. Æ. compactum (Mass.) Nyl. Pyrenoc. p. 16 (1). — Ad saxa schistosa 
supra La Grave (altit. 1550-1600 metr.) innatum vel immixtum thallo Ver- 
rucariæ umbrinæ var. clopimæ. Sporæ longit. 0,012-15 millim., crassit. 
0,008-10 millim. 

124. Verrucaria tephroides (Ach.) Nsl LE c. p. 17, Lich. Scandin. 
P. 267. — Passim. Variat thallo ambitu subradiante. 

125. V. radicescens Nyl. — Thallus squamis crustose contiguis crustam 
Cinerascentem vel cérvino-cinerascentem formans crassam arcte congestam ; 
sporæ ellipsoideæ longit. 0,016-18 millim., crassit. 0,009-11 millim. Spermatia 
(in spermogoniis conceptaculo pallido et simili apotheciis, sed minore) longit. 
0,007-9 millim., crassit. 0,001 millim. Crusta thallina crassit. 10-14 millim., 
adnumeratis scilicet radicibus, nam adsuñt sæpe quasi radices ejus nigricantes 
infra angustatæ ; crusta passim tenuior et vix radicose producta. — Crescit in 
fissuris rupium et inter muscos ad rupes, supra La Grave (versus glacies), 
altit. circiter 1650 metrorum. Aflinis est Verrucariæ dædaleæ (Kphb.), sed 
thallo magis concreto, radicante, sporis crassioribus et brevioribus (in V. dæ- 
dalea sunt longit. 0,017-24 millim., crassit. 0,007-8 millim. ). 

126. V, pallida (Ach.) Nyl. — In regione inferiore obvia. Supra La 
Grave eam haud vidi. 

427. V, umbrina (Whinb., Fr.) Nyl Pyrenoe. p. 21, Lich. Scandin. 
P. 269, var. clopima Whlnb.— Passim (in zona tamen maxime elevata hand 
Obvia). Sporæ longit. 0,040-57 millim., crassit. 0,015-23 millim. 


(4) Jam in Flora 1860, p. 546, animadverli me spermogonia ejus speciei invenisse 
oMmnino conformia cum iisdem apud ceteras species generis Endocarpi. Ibidem quoque 


nolavi E, reticulatum Duf., Nyl. Pyrenoc, p. 47, sistere Lecideam e stirpe Lecideæ 
mamillaris. 


268 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE. FRANCE. 


498. V. cataleptoides Nyl. Lich. Scandin. p. 272. — Ad calcem alpinam 
supra La Grave (altit. circa 1650 metr.). Sporæ longit. 0,018-24 millim., 
crassit. 0,010-12 millim. 

499. V. subfuscella Nyl. Lich. Scandin. p. 271 (V. fuscella Ach., Nyl. 
Pyrenoc. p. 23). — Ad schistos supra La Grave; altit. usque saltem 1600 
metrorum. Sporæ longit. 0,014-15 millim., crassit. 0,007-8 millim. 

130. V. integra Nyl. Lich. Scandin. p. 276. — Ad calcem altit. 1500.- 
1650 metr. passim. 

. 1431. V. Ungerüi Flot., Nyl. Pyrenoc. p. 28. — In summis cacuminibus 
supra Villard-d’Arène frequens, ad rupes calcareo-schistosas. 

432. V. Auruntii (Mass. ex specim. a D. v. Krempelhuber communicato; 
V. incavata NyL Lich. Scandin. p. 273, non vero apud Mudd. Br. Lich. 
p. 295, sed Thelidium immersum Mudd. ibid.). — Ad saxa calcarea supra 
La Grave, altit. 1600-1650 metr., rarius, simul cum Placodio elegante. 
Thallus macula alba vel albida indicatus, apothecia immersa (calcivora), peri- 
thecio integre nigricante (supra crasse nigro ibique ostiolo depresso inæquali 
Lecideam quasi minorem imitantia, latit. 0,5 millim.); sporæ ellipsoideæ 
A-septatæ (vel septo sæpe solum spurio), longit. 0,030-34 millim., crassit. 
0,014-16 millim. 

133. V. intercedens Nyl. Pyrenoc. p. 33, Lich. Scandin. p. 276. — Ad 
schistos passim, usque altit. 1600 metror., sporis longit. 0,027-35 millim., 
crassit. 0,015-18 millim., perithecio subtus tenuiter nigricante nonnihilque 
immerso similiter ac in alpinis Pyrenæis. Adest quoque in summis cacumi- 
nibus supra glacies montium La Grave forma apotheciis confertis, sporis 
sæpius long. 0,024-26 millim., crass. 0,015-16 millim. 

Præter species has enumeratas quasdam etiam alias vidi in eadem regione, 
sed specimina earum inde haud reportavi, vel quarumdam modo status parum 
evolutos animadverti, quare omittantur. 

Ex alpibus revertenti mihi occasio data fuit Gratianopoli examinandi her - 
barium a celeberrimo Villars olim compositum, ubi in Museo horti botanici 
conservantur typi operis ejus Æistoire des plantes du Dauphiné, 1786-1789 
editi. Sequentia, quæ ex herbario auctoris notavi de Lichenibus Delphinatus, 
hic appendicis loco afferre liceat. Ordinem sequor herbarii Villarsii. 


« Lichen consubstantialis » videtur esse Squamaria (saxicola var.) insulala (Ram), 
Ex Obion, 

« L. farinaceus » est Squamaria pruinosa (Chaub.) Dub. Quoque ex Obion. 

« L. dispermus » Dauph. 111, p. 994 est L. atro-brunnea (Ram.). 

« L, saxipertusus » est Limboria sphinctrina Duf, 

« L. scriptus » recte sistit Graphidem scriptam e viciniis urbis Gratianopolis. 

« L. ocellatus » est Urceolaria ocellata DC, Quoque inde. 

« L. elveloides » 1. ce. p. 987 est Bæomyces icmadophilus (Ehrh:). 

« L. lentigerus » 1. c. p. 978 est recte Squamaria lentigera (Web.). « Le long du 
Drac. » 

«L. corallinus » sistit Lecanoram tartaream Ach. sterilem. 


SÉANCE DU 8 MAI 1863. 269 


« L. opuntioides » 1. ce. p. 967 est Lecidea vesicularis Ach. 

« L. friabilis » 1. c. p. 979 est Placodium fulgens DC. Ad Grenoble, 

« L. mesenteriformis » est Lecidea mamillaris Gouan. 

« L. fusco-ater » 1. c. p. 1001 videtur sistere Lecideam petræam Flot. (microscopice 
specimen examinare occasio non fuit). 

« L. pinastri » 1. c. p. 954 est Platysma pinastri (Scop.). Ad Larices prope 
Briançon. 

« L. tartareus » 1. c. p. 989 est Urceolaria scruposa saxicola. « 11 donne plus de 
teinture que le L. parellus » notavit Villars, 

« L. Jingulatus » 1. c. p. 982 est Squamaria saæicola (Poll.). 

« L. cæsius » 1. c. p. 973 est Pannaria rubiginosa (Thunb.), In Val-Gaudemaf. 

« L. pantospermus » 1. c. p. 969, tab. 55, est Lecidea decipiens Ach. 

« L. cæspitosus » est Squamaria crassa DC. 

«L. agariciformis » 1. c. p. 949 Lecanoræ vertosæ exprimit glomerulos vel gibbos 
thallinos verrucosos abnormes (latit, cirea 3-5 millim. vel quidem majores), quales suprä 
thallum ejus sat raro protrusi inveniuntur, 

« L. intestiniformis » est Parmelia encausta Ach. 

«L. ciliaris» est Physcia ciliaris (L.) DC. 

« L. croceus » 1, c. p. 961 est Solorina crocra Ach. ex alpibus summis Delphi- 
natus, 

« L. tinctorius » 1. c. p. 952 est Ramalina pollinaria Ach. 

« L. lacerus » 1. c. p. 936 est Cladonia deformis (L.) Hffm. Ad Briançon, 

« L. resupinatus » 1. ec. p. 959 est Nephromium tomentosum (Hffm.). La Grande- 
Chartreuse. 

« L. ambiguus » 1. c. p. 934 est Cladonia alcicornis Flk. e Grenoble. 

« L. silvaticus » est Stictina silvatica (L.) Nyl. 

« L, caninus » 1. c. p. 958 est Peltigera canina Hffm. 

« L. velleus » p. 964 pr. p. est Umbilicaria spodochroa (Ehrh.) Hffm, — « Var. B, 
polyrrhizus » est U. cylindrica (L.) Dub. 

« L. decussatus » p. 964 est Umbilicaria alro-pruinosa var. reticvlata (Duf.). Nomen 
Villarsii sit retinendum. — U. hyperborea Hffm. in herbario Villarsii adest e Champo- 
léon, at in PI. Dauph. non indicatur. — U. flocculosa Hffm. quoque e Briançon adest in 
hoc herbario, in libro autem citato non memoratur. 

« L. deustus » 1. c. p. 963 pertinet ad Endocarpon fluviatile DC. 

« L.'calicaris » |. c. p. 937. Sub hoc nomine adest Ramalina polymorpha Ach. 

« L. fragilis » 1. ce. p. 938 est Sphærophoron coralloides Pers. e summis alpibus 
(« la Drouveyre, près de la source du Drac, etc. »). 

« L. rangiferinus » 1. c. p. 939. Sub hoc nomine in herbario asservatur Cladonia 
rangiferina var. silvatica (Hffm.). 

« L. spinosus » 1. ce. p. 940 est Cladonia furcata Hffm. 

« L. paschalis » 1. c. p. 950. Sub eo nomine adsunt Stereocaulon tomentosum var. 
alpestre Th. Fr. et var. alpinum (Laur.). « In montibus. » : 

«L. fragilis » 1. e. p. 938 videtur sistere Alectoriam ochroleucam (Ehrh.) juve- 
nilem, 

«L. cornutus » hb. Vill. est Thamnolia vermicularis Ach. : 

« L, divaricatus » L c. p. 942 est Evernia divaricala (L.) Ach. Frequens in silvis 
abielinis. 

« L. auratus » 1. c. p. 954 est Chlorea vulpina (L.). Ad Larices prope Briançon. 
Etiam ad ligna a Villars lecta loco dicto Champsaur. 

« L. pubescens » 1. c. p. 944 et « L. lanatus » p. 943 respiciunt Parmeliam lana- 
tam (L.). 

« L. microscopicus » 1. c. p. 946 est Stereocaulon nanum Ach. 

Fe _ hirtus » et « floridus » ibid. p. 939 pertinent ad Usneam barbatam f. floridam 
ch.). 


Vidi adhuc quosdam alios Lichenes e Delphinatu in herbario Villarsüi, sicut Usneam 
barbatam f. dasypogam et plicatam (Ach.), Alectoriam jubatam et f. chalybeiformem, 
Cladoniam gracilem, uncialem, Physciam stellarem var. tenellam (Scop.), Parmeliam 
Physodem Ach., Physciam candelariam (ad Grenoble), etc. 


270 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
M. J. Gay fait à la Société la communication suivante : 


VOYAGE BOTANIQUE AU CAERNARVONSHIRE, DANS LE NORTH-WALES, FAIT EN AOÛT 1862, 
EN VUE D'UNE ÉTUDE PARTICULIÈRE 
DES ISOËTES DE CETTE CONTRÉE, par M. 3. GAY. 


L 


Histoire des Isoëles du North-Wales, depuis Ray jusqu’à Babington. 


C’est dans le pays de Galles que l’/soëfes a son origine historique. Là se 
trouve le mont Snowdon, et dans une de ses creyasses les plus sauvages le tout 
petit lac que les Gallois ont nommé Phynon-vréch. C’est là qu’un naturaliste 
d'Oxford, nommé Edward Lloyd ou Llwyd, recueillit le premier, à la fin du 
xvir° siècle, la plante aquatique et submergée à laquelle Linné devait plus 
tard donner le nom d’/soûtes lacustris. I l’envoya à Jean Ray, sous le nom 
d’Aizoides fusiforme alpinorum Llacuum, avec l'observation : Hujus plantæ 
nihil vidimus præter folia et radices, unde quo genere orta sit prorsus 
ignoramus ; et Ray la publia sous le nom de Subularia lacustris seu Cala- 
mistrum herba aquatico-alpina (Ray Synops. method. stirp. brit., edit. 1°, 
1690, p. 210, cum ic.). Six ans plus tard, le même texte reparaissait sans 
addition ni changement, sauf la figure retranchée (Synops. method. , edit. 2°, 
1696, p. 283). Arrive la troisième édition du même ouvrage, publiée par 
Dillen. Ici la plante du Phynon-vrêch porte le nom de Subularia vulgaris 
erecta folio rigidissimo, et l'éditeur ajoute au texte primitif : Æujus plant@ 
nihil prœter folia et radices vidit D. Lloyd, nec ab eo tempore alius quis 
quicquam præterea observavit, et quamuis D'. Richardson in piscinis suis 
plantaverit, ibique læte vigeat planta, flores tamen et semina nondum pro- 
ferre voluit, probabile autem eam ejusmodi cum ultima specie generis esse. 
Il classe la plante, en conséquence, dans le voisinage de son Subularia erecta 
Juncifoliis acutis mollibus, une petite Crucifère lacustre et submergée, qui 
deviendra plus tard le Subularia aquatica L., et qui, dans les îles Britapni- 
ques, n'était alors connue que dans le lac Zough-Neagh, près Kilmore, en 
Irlande (Synops. method., ed. 3°, 1724, p. 306, n° 4, ici encore sans figure). 

Cette même édition mentionne un Subularia fragilis, folio longiore et 
tenuiore, qui est, sans doute, une simple variété de l’/soétes du Phynon- 
vrêch, et qui avait été trouvé par le docteur Richard Richardson « in the lake 
and by the river-side near M. Evans’s house in Wales » (Syn. meth., ed. 3°, 
4724, p. 307, n° 3). Nous avons tout lieu de supposer, M. Babington et moi, 
qu'il s’agit ici du lac Z/yn-Peris et de son extrémité supérieure, la plus voi- 
sine de l’église paroissiale de Llanberis, d’où une variété pareille nous a été 
apportée par le guide John Roberts. 

Deux ans plus tard, dans l’été de 1726, Dillen explorait botaniquement €n 


SÉANCE DU 8 MAI 1868. 271 


personne l’ouest de l'Angleterre, y compris le pays de Galles et le groupe du 
mont Snowdon, cette terre jusqu'ici classique de l’soëtes. Une lettre de Dillen 
au même docteur Richard Richardson dont il vient d’être question, lettre 
datée de Londres, le 8 octobre 1726, nous a conservé le récit de ce voyage 
(A select. of the corresp. of Linn. and other naturalists, by sir J.-E. Smith, 
II, 1821,p. 131-143). Dans cette lettre, on ne trouve ni dates, ni renseigne- 
ments précis sur les localités, ceux du moins qui pourraient servir aujourd’hui, 
depuis que la vallée de Llanberis, alors presque déserte, est devenue un pays 
très-habité (la paroisse de Llanberis était alors sans pasteur). La lettre est 
notamment très-pauvre en données relatives aux /soëtes, et il n’y est pas même 
dit expressément que le voyageur ait visité la localité classique du Phynon- 
vrêch, Tout ce qu'on y voit, c’est que Dillen a trouvé auprès de Llanberis les 
deux formes de Subularia afférentes à l’/soëtes, la forme folio rigido (celle 
du Phynon-vrêch) dans le lac de Cown (1), et la forme fragilis, folio longiore 
et tenuiore, à l'endroit où le docteur Richardson l'avait lui-même cueillie, 
near M. Evans's house (voy. plus haut). Cown est ici synonyme de Llyn-y- 
Can (lac du Chien), situé très-haut dans la montagne, à l’est de l’église pa- 
roissiale actuelle de Llanberis, et où l’on n’a trouvé jusqu'ici que l’Zsoëtes 
echinospora. I est donc possible ou même probable que Dillen ait connu cette 
dernière espèce, c'est-à-dire qu'il l'ait vue et cueillie, mais il paraît certain 
qu'il n’a pas su la distinguer, il est de fait qu’elle n'existe pas dans son 
herbier. 

Ce voyage devait pourtant avoir une influence notable pour une meilleure 
intelligence des deux plantes jusqu'ici classées parmi les Subularia. Dillen 
reconnaît enfin que ces plantes ne sont point dépourvues d'organes reproduc- 
teurs, comme Liwyd (il écrit Lhwvd) et Richardson l’avaient cru, mais qu’elles 
ne sauraient être confondues avec le Subularia n° 4 de la troisième édition du 
Synopsis (Subularia aquatica L.), puisqu'elles n’ont ni calice, ni corolle, ni 
étamines, et que leurs moyens de reproduction se réduisent à des graines 
nombreuses, semblables, pour lé volume et la couleur, aux graines du Pavot 
leucosperme, renfermées dans une cavité uniloculaire qui occupe la base des 
feuilles. Dillen venait de découvrir ce qui sera plus tard macrospores et ma- 
crosporange. Ce n’était qu'une partie de l’admirable organisation de ces 


(4) Le mot gallois wi où cown (prononcer coun én français et cooù en anglais), qui 
signifie chien, a une ressemblance frappante avec le xôwy des Grecs (et même le {{und 
des Allemands). {1 est assez curieux, an point de vue de la linguistique comme à celui de 
l'ethnologie, de trouver des termes de Jangage aussi voisins chez des péuples confinés 
aujourd'hui aux deux extrémités opposées de l'Eurore. 

Llyn est la forme galluise (kimrique) du mot lac, comme loch en est Ja forme écossaise 
(gaëlique} et lough la forme irlandaise (érse), dans les trois dialectes que parlent encore 
de nos jours les peuplades d’origine celtique qui se sont maintenues sur divers points des 
îles Britanniques. — (Note ajoutée, à ma prière, par mon excellent confrère et ami 
M. W. de Schœnefela.) 


272 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


plantes, mais cela lui suffit pour y reconnaître un genre nouveau, auquel il 
donne le nom de C'alamaria, par suite d’une certaine analogie qu'il croit re- 
marquer entre la structure des feuilles du nouveau genre et celle d’un 
Roseau (1): « rigida enim sunt folia, calamum referentia, medulla calami 
exsiccati simili intus repleta ». Le nouveau genre établi et longuement décrit 
sur la base principale que je viens d’indiquer, Dillen y rapporte les deux 
plantes dont il a été question plus haut, savoir l’A2zoides fusi forme alpinorum 
lacuum de Lloyd, et le Subularia fragilis, folio longiore et tenuiore du 
docteur Richardson, qu’il décrit comme deux espèces distinctes, mais sans 
mentionner un seul caractère qui soit vraiment distinctif. Les figures jointes 
au texte (les premières figures d’/soëtes qui aient été publiées avec indication 
des macrospores) montrent bien des différences de taille et de port considé- 
rables, mais la première laisse beaucoup à désirer pour représenter la forme 
naine, dressée et stricte du Phynon-vrêch, et quant à la seconde (fig. 2), elle se 
rapporte à une forme allongée, qui est propre aux lacs inférieurs du Caernar- 
vonshire, et dans laquelle ni moi, ni personne jusqu'ici, n'avons su voir autre 
chose que la plante des lacs supérieurs, nourrie par des eaux moins froi- 
des (2). Les deux figures pèchent, d’ailleurs, par un point essentiel, en ce 
qu’elles montrent un rhizome trilobé (les trois lobes qne l’on voit en avant en 
laissent même supposer un ou deux autres par derrière), tandis que le propre 
de l’/soëtes lacustris et de toutes les espèces voisines est d’avoir le rhizome 
bilobé. Quant à la topographie des Calamaria du North-Wales, Dillen y 
ajoute très-peu de chose. Le Calamaria n° 1 est toujours indiqué au Phynon- 
vrêcb et au Llyn-y-Gwn(cette fois bien écrit, et non pas sous la forme Cown), 
dans cette dernière localité en compagnie du G/adiolus lacustris, c'est-à-dire 


(4) Si ce n’est plutôt du Calamus aromaticus officinarum C. B., c’est-à-dire de 
l’Acorus Calamus L. 

(2) Ce jugement, déduit du texte et des figures de Dillen, a été pleinement vérifié, 
lorsque, le 28 août 1862, j’ai pu visiter, à Oxford, les herbiers de Dillen et de Sherard. 
Les échantillons des deux espèces prétendues y sont parfaitement distingués par leurs 
étiquettes, mais, avec l’infirmité du temps, sans aucune indication de localité. Le n° 1, 
sous le nom de Calamaria folio breviore et crassiore, a les feuilles moins épaisses que 
dans la figure, et représente assez bien la forme naine et trapue du Phynon-vrêch. Le 
n° 2, sous le nom de Calamaria folio longiore et graciliore, est exactement la forme plus 
répandue dans les lacs inférieurs du Caernarvonshire, la forme que je désignerai plus 
loin sous le nom de palula. Toutes les deux se reconnaissent comme /soëles lacustris au 
port et à la couleur vert sombre du feuillage, quoiqu’elles soient ou paraissent entièrement 
dépourvues de spores adultes. I1 y a, dans l’herbier de Dillen, un échantillon du n° 1 
et trois du n° 2, en tout quatre, dont aucun ne peut être pris pour l’/s. echinospora. 1 
en est de même des douze échantillons de l’herbier de Sherard, six du n° 4 et autant du 
n° 2, ces derniers marqués D" R. July 1722, ce qui indique qu’ils ont été récoltés par le 
D' Richard Riehardson en juillet 1722, sans doute à l'endroit indiqué plus haut, near 
M. Evans’s house. Ceci nous fournit la date du voyage de Richardson, qui manquait à 
un paragraphe précédent. Nous y voyons aussi des échantillons authentiques de la plante 


que Richardson avait communiquée à Dillen sous le nom de Subularia fragilis, folio lon- 
giore et tenuiore. 


SÉANCE DU 8 MAI 1863. 273 
du Zobelia Dortmannu L., à propos de quoi je dois répéter ici l'observation 
que, dans les temps modernes, aucun collecteur n’a pu retrouver l’/soêtes la- 
custris dans ce lac Llyn-y-Cwn, où tous ont pu récolter ls. echinospora, 
quoique en minime quantité. Quant au Calamaria n° 2, il vient, dit l’auteur, 
« in lacubus illis longissimis et altissimis prope Llanberis, præcipue prope 
pontem (Pont) Vawr dictum ; item in lacu (Llyn) Ogwan in monte Gly- 
der, » Ce dernier lac, situé sur le versant oriental du mont Glyder, à peu de 
distance du Llyn-y-Cwn, est pour l’histoire de l’/soêtes lacustris une localité 
nouvelle. L'autre localité, désignée sous le nom de Pont-Vawr, est indubita- 
blement la même que R. Richardson indiquait sans nom near M. Fvans's 
house, et que M. Babington et moi nous plaçons presque avec certitude à 
l'extrémité supérieure du Llyu-Peris, où se trouve encore aujourd’hui, d’après 
John Roberts, un emplacement nommé Zont-Fawr. Remarquons aussi que 
l’épithète altissimi, appliquée par l’auteur aux longs lacs de Llanberis, se 
rapporte à la profondeur de ces lacs, et nullement à leur élévation au-dessus 
du niveau de la mer, car l'altitude du lac supérieur (Llyn-Peris) n’est que de 
104,46 et celle du lac inférieur (Llyn-Padarn) de104",23 (0*,23 de moins). 

C’est ainsi que Dillen traitait le futur genre /soëtes dans son Æistoria Mus- 
corum, publié à Oxford en 1741, dix-sept ans après la troisième édition du 
Synops. method. stirp. brit., où il avait déjà été appelé à toucher le même 
sujet. Les Calamaria y sont décrits et figurés, p. 540-42, tab. LXXX. Ici, 
le texte et les figures, malgré leursimperfections, ont fait faire un pas sensible 
à la connaissance organographique du genre. Un passage de ce texte a dû même 
faire présager l'extension considérable que pourrait prendre un jour le genre 
Isoètes, considéré dans sa diffusion géographique et, par là même, dans sa 
Capacité spécifique, bien qu'il ne fût encore bien connu que par une seule 
espèce, reléguée dans quatre petits lacs du North-Wales, à l'extrémité N.-0O. 
de l’Europe. Je veux parler du passage introduit à la page 542, où Dillen dit 
avoir vu, dans l’herbier de Ch. Du Bois (1), un échantillon de Calamaria, 
reçu, en 4700, d'Édouard Buckley, qui l’avait récolté aux environs du fort 
Saint-George, dans les Indes-orientales. L'auteur dit n'avoir vu aucune diffé- 
rence, pas même dans les spores, entre cette plante et le Calamaria n° 2 du 
North-Wales, et il s’extasie sur l'identité spécifique d'échantillons venus sous 
des climats si différents. 11 est néanmoins plus que probable que la plante 
indienne appartenait à une tout autre espèce. Peut-être est-ce lZosètes coro- 
mandelina Linn. fil. et Willd., une plante de la côte de Coromandel, récol- 
tée par Kænig, que distinguent déjà, suivant M. Al Braun (Zwei Deutsche 
1soëtes-Arten, 1862, p. 32), son rhizome tri- non bilobé et le relief particulier 
de ses macrospores, ce qui en fait une espèce voisine de l’/s. setacea. 


(4) Du Bois était un botanophile que Dillen cite parmi ceux qui lui ont fourni des 
Matériaux pour la 3° édition de son Synopsis methodica (ibid. præf, p. 7). 


274 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Pour éclairer le Calamaria du North-Wales, disons un mot de celui 
d’une contrée voisine. Linné n’avait pas tardé à reconnaitre la plante de Dil- 
len, au moins celle que représente la figure 2, dans certains échantillons sué- 
dois provenant de la Dalécarlie et du Smoland, et, quoique déjà nommée par 
Dillen, dont il cite le texte et la figure, il l’enregistra bientôt sous le nom de 
Marsilea foliis subulatis semicylindricis articulatis, en annonçant qu’il réu- 
nissait en un même genre Pilularia, Calamaria, Salvinia et Lenticularia 
quadrifolia, usquedum, dit-il, omnes sufficienter examinatæ sint (Linn. 
F1. suec., edit. 1°, 1745, quatre ans après l'apparition de l’Æistoria Mus- 
corum, p. 363). 

Linné venait de faire une association générique presque monstrueuse. Mais 
les hommes de génie ne tombent que pour se relever bientôt plus forts et plus 
maîtres d'eux-mêmes. Aussi est-ce à Linné que’ nous devons le complément 
des traits principaux qui caractérisent le Calamaria de Dillen. Ge dernier 
auteur avait reconnu, à la base intérieure des feuilles, des récipients sémini- 
fères. Linné découvre, à la base des feuilles intérieures, des récipients de forme 
toute semblable, mais qui, au lieu de graines, sont remplis de ce qui lui 
paraît être du pollen. Les premiers deviennent aussitôt pour lui des capsules, 
les autres des anthères, et, comme ces deux organes sexuels sont séparés sur 
le même pied, ne trouvant, d’ailleurs, ni enveloppes florales, ni pistil pro- 
prement dit, il ne peut se dissimuler qu’il a devant lui un exemple évident de 
cryptogaimie monoïque. À ce fait, éminemment curieux et nouveau, Linné 
ajoute la découverte d’une petite écaille brune et cordiforme, qui avait échappé 
à Dillen, et qui se trouve à la base intérieure des feuilles, immédiatement au- 
dessus des récipients tant sporifères que polliniques. Il se trompe en y voyant 
l'indice d’un calice. Il se trompe en supposant les récipients séminifères bilo- 
culaires, lorsque les récipients polliniques seraient uniloculaires, puisque en 
réalité les récipients sont uniloculaires dans les deux sexes, quoique traversés, 
d'arrière en avant, par un nombre variable de barres transversales superposées 
les unes aux autres, qui paraissent avoir échappé à l’auteur suédois, et dont 
la signification précise n’est pas encore connue. Il se trompe, lorsque, dans la 
figure jointe au texte, il représente les fibres radicales irrégulièrement rameuses, 
puisqu'elles sont très-régulièrement dichotomes, au moins dans l'espèce 
qu’il décrit. Gette plante est pour lui un genre qu’il appelle Zsoëtes, nom jadis 
appliqué aux Sedum, et qui lui paraît convenable pour désigner une herbe 
qui conserve son feuillage en toute saison, été et hiver (tcos, égal, £zoc, an- 
née). Telle est la substance de l’article Zsoëêtes daus Linn. Skanska Resa, où 
lier scanicum, 1751, p. 417, cum ic., article écrit en majeure partie en 
suédois, et que, néanmoins, j'ai pu bien comprendre, grâce à une traduction 
latine que je dois à l'obligeance de M. Élias Fries. — Linné ne parle ici que 
génériquement de l’/soëtes. Ce n’est qu’un peu plus tard qu’il appliquera à 
sa plante la nomenclature binaire et que l'espèce deviendra /soëtes lacustris 


SÉANCE DU 8 MAI 1863. 275 


(Linn., Sp. pl., ed. 4%, 1753, p. 1100). Quant à la figure annexée au Skan- 
ska Resa, elle représente une forme de l’/s. lacustris, remarquable par ses 
feuilles courbées en faucille, et qui paraît être restée inconnue à Dillen, 
quoiqu’elle ne soit point rare dans certains lacs du North-Wales, comme on 
le verra plus loin. 

Je reviens à l'Angleterre, où tout à l’heure j'ai laissé notre plante sous le 
nom de C'alamaria. C'était en 1741, et personne, que je sache, ne fit men- 
tion de cette plante jusqu’à l’année 1762, où Hudson l’inséra dans son Flora 
anglica, p. 373, sous le nom linnéen d’ /soëtes lacustris, qui devait désormais 
prévaloir. 

Un grand nombre d'auteurs anglais en parlèrent depuis: Lightf. #T. scot., 
4977, IE, p. 683. — Wither. Arrangem., ed. 3°, III, 4796, p. 760. — 
Smith Zngl. Bot., XVI, 1803, tab. 1084. — Smith F2. brit., ed. 1°, LT, 
1804, p. 1144; ed. 2, IV, 4828, p. 343.— W. Hooker in Curt. #1. lond., 
N. S., IV, 1821, tab. 131, etc., etc., — d'où résulta finalement une exten- 
sion considérable de l'aire géographique de la plante. D'abord et longtemps 
circonscrite dans les étroites limites de la vallée de Elanberis, elle se trouva, 
en fin de compte, disséminée dans les trois royaumes, si bien qu’en 1844, on 
lui connaissait vingt-quatre localités principales, dont huit en Angleterre, (y 
compris le Caernarvonshire, dans le North-Wales, et le Brecknockshire, dans 
le South-Wales), six en Écosse et dix en Irlande. Voir le détail de ces loca- 
lités, avec les témoignages sur lesquels elles s'appuient, dans Edw. Newman, 
Hist. of brit. Ferns, 1844, p. 382-8h, où l’auteur, p. 382, ligne 8, dit 
avoir lui-même rencontré la plante dans douze au moins des petits lacs qui 
abondent dans le massif du Snowdon. 

L'/soêtes lacustris jouait donc, depuis longtemps, un rôle considérable dans 
la flore anglaise, même à l'époque où il était encore inconnu en France (1). 

Mais, indépendamment des idées plus ou moins défectueuses que les différents 


(1) La première mention de l’Js. lacustris français se trouve dans Thore, Essai d’une 
Chloris du département des Landes, Dax, 1803, p. 424, où l’auteur cite entre autres 
les mares du bois de Saint-Vincent près Dax, dans lesquelles il aurait trouvé la plante, 
eu compagnie de son awi Bory de Saint-Vincent, alors que ces mares étaient presque à 
sec, circonstance qui ne permet pas de croire qu'il s'agisse ici du vrai lacuslris. — 
Tout aussi suspectes sont les trois autres localités, Montpellier, Domfront et Saint- 
Andéol, que De Candolle citera deux ans après pour la même espèce (F4. fr. 4805, IL, 
P: 976, n. 1448). Il est certain que la plante de Montpellier se rapporte à une autre 
espèce (plus tard /s. selacea), et quant au lac de Saint-Andéol, dans l'Aubrac, on sait 
aujourd'hui qu’il renferme deux espèces, l'une très-abondante, qui est l'echinospora, 
l’autre très-rare, qui est le lacustris (J. Gay, Excursion bolaniqueà l’Aubrac et au Mont- 
Dore, in Bull. Soc. bot. Fr. VIN, 1864, p. 512 et IX. 1862, p. 111. Extr., 1869, 
P.6 et 47). — C'est dans la même année 1805 que Willemet indiquait l’/s. lacustris 
dans les lacs de la chaîne des Vosges (Phytogr. encycl. 1805, III, p. 1221), et ici le 
fait a été reconnu comme parfaitement exact (Kirschleg. FI. d'Alsace, H, 1857, p. 370). 
En France, l'Is. lacustris ne se trouve jusqu'ici que là (dans les Vosges), sur le plateau 
central, et aux lacs de Carlitte dans les Pyrénées orientales. 


276 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


auteurs propageaient sur sa structure, entraînés surtout par Linné, la plante 
restait spécifiquement isolée, personne ne se doutant que le genre /soêtes pût 
renfermer deux espèces anglaises parfaitement distinctes l’une de l’autre. 

Les choses en étaient là, lorsqu’après la découverte, faite en France par 
M. Duricu de Maisonneuve, de l'espèce nouvelle qu'il appelle Zs. echinospora, 
et sachant qu’on la trouvait fréquemment mêlée à l’/s. lacustris, j'eus l’idée 
d’appeler sur cette question l'attention de M. Babington, professeur de bota- 
nique à l’université de Cambridge et auteur d’un Manual of british botany, 
déjà arrivé à sa quatrième édition. C'était au commencement de septem- 
bre 1861, alors que j'étais encore au Mont-Dore et que je pouvais lui fournir, 
comme objets de comparaison, d'excellents échantillons des deux espèces. 
M. Babingtou prit intérêt à la question, et, parmi beaucoup d’échantillons 
reçus de lui en décembre de la même année, j'en distinguai deux, qui, soumis 
à M. Durieu, furent aussitôt reconnus par lui pour appartenir à son Js. 
echinospora, malgré l'état défectueux de l’un d’eux, qui n’était qu’une moitié 
d’échantillon partagé dans sa longueur. Ce dernier échantillon avait été récolté, 
en juin 1828, par M. W. Wilson, le célèbre bryologue (de Warrington, Lan- 
castershire), dans ce même lac gallois Llyn-y-Cwn, où Dillen avait précé- 
demment indiqué son Calamaria folio breviore et crassiore. L'autre échan- 
tillon, parfaitement entier et très-bien caractérisé, provenait de la vallée de 
Llanberis, où M. Babington l'avait recueilli lui-même en août 1847. Ce pre- 
mier envoi fut bientôt suivi d’un autre, renfermant plusieurs échantillons de 
la même espèce (reconnus, au moins, comme tels par M. Durieu, malgré 
l'extrême imperfection de leurs organes reproducteurs), provenant du Loch- 
of-Park, ou Loch-Drum, petit lac de l’Aberdeenshire, en Écosse, d’où ils 
avaient été envoyés tout récemment par MM. Dickie, Brown et King, ceux 
de ces deux derniers messieurs récoltés en octobre 1862. 

Auteur d’un Bryologia anglica très-estimé (London, 4855), M. William 
Wilson (de Warrington) n’est pas non plus étranger à l'étude des /soêtes anglais. 
Deux articles de lui sur cette matière m’ayant été communiqués par M. Ba- 
bington, je les ai lus avec la plus grande attention, dans l'espoir d’y trouver 
quelque jugement ou quelque renseignement utile sur la plante par lui récoltée 
au Llyn-y-Cwn, cette même plante que M. Durieu rapportait à son /s. echi- 
nospora (1). Dans le premier de ces articles (Hook. Journ. of Bot., 1, 1834, 
p. 312), tout ce qu’il dit de la plante, c’est qu’elle avait les frondes étalées 
(spreading), aplaties, dilatées à la base et beaucoup plus courtes que celles du 
Ffynnon-frech (c’est ainsi qu’il écrit le Phynon-vrêch de Ray et de Dillen), et 
qu’elle paraissait dioïque, ce qui n'offre rien de caractéristique quant à la 
direction des frondes, puisque l’/s. lacustris varie assez souvent à feuilles 


(1) M. AL. Braun m’écrit qu'il a jugé de même les échantillons qui lui ont été envoyés 
de la même localité par M, Wilson lui-même. 


SÉANCE DU 8 MAI 1863. 277 


étalées, et absolument démenti par l'expérience quant à la séparation des sexes. 
L'autre article a été inséré, en juin 1842, dans le PAytologist, t. TI, p. 235, 
et ne contient non plus rien de suffisamment comparatif. On y voit seulement 
que les spores de la même plante ont paru à l’auteur plus nombreuses et plus 
lisses, et les capsules plus grandes et munies de douze barres transversales, 
toutes choses qui, probablement, ne dépendent que de l'individu observé, et 
qui, au surplus, n’ont rien de caractéristique. Il est donc évident pour moi 
que M. Wilson, qui a vu nos deux plantes vivantes sur le terrain, n’a pas eu 
la moinde idée de la différence vraiment spécifique qui pouvait exister entre 
elles. Ses deux articles n’en sont pas moins remarquables par certains détails, 
où il montre une intelligence de l’organisation isoëtique bien supérieure à celle 
dont les flores de la même époque pouvaient donner l’idée. Je signale, entre 
autres, le passage du premier article, où il dit avoir accidentellement trouvé, 
dans l’ /s. lacustris, deux ligules superposées l’une à l’autre. Ce fait a de quoi 
frapper ceux qui savent que plusieurs espèces du même genre, et notamment 
ls. Malinverniana, ont normalement une double ligule. (Voy. Cesati et De 
Not. /soëteos novæ Descript. in Ind. sem. hort. bot. Gen., 1858, et Gennari 
Revist. delle Isoetee della F1. ital. in Comment. della Soc. crittogam. ital., 
n° 2 et 3, 1861 et 1862.) La seule chose qui paraisse ne pas pouvoir être 
accordée à M. Wilson, c’est qu'il y ait une communication ouverte entre le 
sporange et la base de la ligule; l’opinion de M. Al. Braun est, du moins, 
qu'un tissu particulier sépare entièrement ces deux cavités. 

Quoi qu'il en soit, il résultait des communications faites par M. Babington, 
en 1861, qu’une seconde espèce d’/soêtes, l'1s. echinospora DR., existait en 
Angleterre comme en France, et cela sur deux points éloignés l’un de l’autre, 
vallée de Llanberis, dans le Caernarvoushire, et Loch-of-Park, en Écosse. Aussi 
M. Babington a-t-il pu inscrire la nouvelle espèce en toute sécurité dans la cin- 
quième édition de son Manual of brit. bot., publiée en juin 1862, avant même 
que la plante eût été régulièrement décrite par l’auteur français, occupé d’un 
travail d'ensemble qui n'était pas encore suffisamment avancé (1). Dans cet 
ouvrage, M. Babington aanonce une troisième localité anglaise pour ls. echi- 


(1) La première indication de l’{s. echinospora se trouve dans une lettre que j'ai 
reçue de M. Durieu, en date du 28 octobre 1860. L'espèce a été ensuite sommairement 
caractérisée par lui dans Bull. Soc. bot. de Fr. VIH, 1861, p. 164. J'en ai parlé moi- 
même en plusieurs passages de mon Excursion botanique à l'Aubrac et an Mont-Dvre, 
imprimée dans le même Bulletin en 1861 et 1862. Son indigénat allemand et sa distri- 
bution géographique ont été exposés par M. Al. Braun, dans la même année 1862, p. 24- 
26 de son mémoire intitulé Zwei Deutsche Isoëtes-Arten. Enfin, an moment même où 
j'écris ces lignes, je suis précédé de deux très-intéressantes notices sur la même e*pèce 
de plante : l'une de M. Babington, dans Seemann Journ. of Bot, 1°* cah. du 1°° vol., 
jauv. 1863, p. 1-5, avec fig. col., tab. 1; l’autre de M. Crepin, dans le 3° fasc. de ses 
Notes sur queiques p'antes rares ou critiques de la Be'gique (reçu en mars 1863), où se 
trouve annoncée (p. 37-40) avec détail la nouvelle de l’{s. echinospora découvert à Genck, 
dans la province de Limbourg. 


278 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nospora, savoir le Ben-Voirlik, dans le Dumbartonshire, en Écosse. C’est la 
même qu'Edw. Newman a déjà citée pour l/s. lacustris (Hist. of brit. 
Ferns, 1844, p. 384). Est-ce avec raison, ou bien les deux espèces se trouvent- 
elles là dans les mêmes eaux commie en tant d’autres lieux ? Je n’ai pas vu les 
échantillons de cette localité. 

Gette découverte, dans laquelle j'avais été un intermédiaire très-actif, 
m'avait vivement intéressé ; mais le fait de la découverte re ne suffisait pas. 
Sür le plateau central de la France, j'avais pu jager du rôle que joue la nou- 
velle espèce relativement aux altitudes, au sol, ct surtout à sa congénère, l’/s. 
lacustris: Ge rôle était-il le même en Angleterre, dans des circonstances de 
latitude, de climat et de constitution géologique bien différentes ? J’ai voulu 
étudier cette question dans le pays de Galles, qui était plus rapproché de moi 
que l'Aberdeenshire, et je n’ai pas hésité à entreprendre ce voyage, lorsque 
j'ai su que M. Babington était disposé à m'y servir de guide. 

(La suile à la prochaine séance.} 


M. Dalimier donne lecture de la communication suivante, adressée 
à la Société : 


NOTE SUR UNE COLORATION ROSE DÉVELOPPÉE DANS LES FIBRES VÉGÉTALES PAR 
L'ACTION MÉNAGÉE DES ACIDES, par ME. Ph, VAN MREGHEENE, agrégé préparateur 


à l'Écolo normale supérieure. 
(Paris, mai 1863.) 


Depuis plus de trois mois, dans les manipulations de botanique que je 
dirige à l’École normale, je me servais, pour faciliter aux élèves la distinction 
du liber dans les coupes de tiges, d’une réaction curieuse produite par l'acide 
chlorhydrique contenant un peu d'acide nitrique. Une goutte de cet acide, 
placée sur la coupe, colore les fibres corticales en un beau rose, les fibres 
ligneuses en jaune, et n'agit pas sur les autres éléments anatomiques. 

Croyant cette réaction bien connue, je me bornais à la faire pratiquer aux 
élèves, sans y faire autrement attention. J'ai appris tout récemment qu’il n’en 
était pas ainsi, el, pensant que cette observation pouvait offrir quelque intérêt, 
j'ai étudié de plus près l’action de l’acide chlorhydrique et des autres acides 
sur les fibres végétales ; cette étude m'a conduit aux résultats que j'ai l'hon- 
neur de communiquer à la Société. 

EL. — Si l'on plonge une coupe transversale de racine d’Érable, par exemple, 
dans une goutte d'acide chlorhydrique pur et fumant, et qu'on la retire aussitôt 
qu'elle est imbibée, pour l’examiner au microscope, on voit les îlots du 
liber se colorer en rose; l’action commence par les faisceaux les plus anciens, 
c'est-à-dire par ceux qui sont le plus éloignés du centre, et, dans chaque 
faisceau, ce sont les fibres de la périphérie qui se colorent les premières. 


SÉANCE DU 8 MAI 1863. 279 


Quelques minutes suffisent pour que la coloration ait gagné non-seulement 
tous les îlots, mais aussi toutes les fibres isolées qu’elle met en évidence. Le 
réactif n’agit d’ailleurs ni sur les cellules de l'écorce, ni sur le cambium. Il 
colore les fibres du bois, mais ce n’est qu’à la longue; ‘et tout le liber possède 
depuis longtemps sa teinte rose éclatante lorsque le bois ne fait encore que se 
teinter dans la zone voisine du cambium, par où commence toujours sa colo- 
ration. Par une action longtemps prolongée, la couleur du liber se fonce et 
devient violacée, tandis que celle du bois est encore le plus souvent limitée à 
la zone la plus jeune, aux rayons médullaires et à quelques plages irrégulière- 
meut distribuées ; d’ailleurs, en raison de la moindre épaisseur des fibres, la 
couleur ruse y est toujours plus sombre et bien différente de celle qu'affecte 
le liber. 

J'ai dit que si l’on emploie l'acide concentré, il ne faut qu’imbiber la coupe 
et la retirer aussitôt; quand on la laisse séjourner dans l'acide, la coloration 
rose ne se produit plus, un dégagement de gaz se manifeste et tout se colore 
en jaune brunâtre. Il y a plus : si, sur une coupe où le liber est bien coloré 
en rose, on ajoute une goutte d'acide, un dégagement de gaz a lieu, la teinte 
jaune brun gagne un à un tous les îlots du liber, et le rose s’elface à mesure. 
Ce dégagement de gaz est incompatible avec la teinte rose ; le produit coloré 
qui se forme par l’action ménagée de l'acide chlorhydrique se détruit donc au 
contact d’un excès d’acide. 

Pour rendre la réaction plus sûre, il vaut mieux étendre l'acide fumant de 
son volume d’eau; on peut alors plonger la coupe dans le réactif, placer le 
verre à couvrir, et observer, Si l’on veut éviter tout elfet des vapeurs acides 
sur le microscope, on plonge la coupe pendant quelques instants dans l'acide 
étendu, on la retire, on la laisse sécher à l'air, et on la met ensuite dans 
l'eau pour lexaminer au microscope; la teinte est un peu affaiblie par l’eau, 
mais reste encore très-nelte. 

Si l'on ajoute à l'acide chlorhydrique un peu d'acide nitrique (1/10 de son 
volume), la réaction est la même, mais en outre le bois se colore en jaune; ce 
qui est l'effet particulier de l'acide nitrique. 

J'ai réalisé cette réaction sur un certain nombre de tiges et de racines 
(branche et racine d'Érable; branches de Tilleul, Noisetier, Châtaignier, 
Orme, Prunier, Aubépine, Pêcher, Vigne, Peuplier, Acacia) ; je l'ai trouvée 
partout la même. Les différences d’un végétal à l’autre ne se montrent que 
dans la rapidité avec laquelle la coloration s'effectue et dans l'intensité qu’elle 
prend. Dans les jeunes pousses de Pêcher, dans les jeunes branches de Vigne, 
où le liber est très-développé et la couche herbacée très-verte, les îlots roses 
du liber se détachant sur un fond vert offrent un aspect très-agréable à l'œil. 
Dans le Peuplier et l’Acacia, au contraire, l’acide ne développe qu’une teinte 
rosée très-pâle. 

Les fibres des Conifères et des Cycadées se colorent aussi très-bien ; et 


280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dans ce dernier groupe, le réactif est très-utile, car il met en évidence les 
fibres isolées, éparses au milicu du tissu cellulaire, comme dans le C'ycas revo- 
luta, par exemple. 

Sur les fibres des végétaux monocotylédonés, l’action de l'acide chlorhy- 
drique est très-lente, mais par un contact prolongé, elle devient très-nette et 
se montre surtout dans la zone de fibres qui entoure le cambium de chaque 
faisceau ; c'est ce que j'ai observé sur le Palmier et le Dracæna. Dans les 
Fougères, ce qui se colore surtout dans les vaisseaux fibro-vasculaires, ce sont 
les parois des vaisseaux scalariformes ; la gaîne de cellules fibreuses qui les 
entoure ne se colore pas sensiblement. 

IT. — Le mode d’action de l’acide chlorhydrique sur les fibres végétales 
ne lui appartient pas en propre. Il le partage avec les acides azotique, sulfu- 
rique, phosphorique, etc. ; je vais en dire quelques mots. 

On sait que l’acide azotique jaunit les fibres végétales, tant celles du liber 
que celles du bois; mais ce n’est là que le résultat définitif de l’action de cet 
acide ; il y a une réaction intermédiaire qu’il est facile de manifester en pre- 
nant quelques précautions. 

Place-t-on une goutte d’acide nitrique ordinaire sur une coupe de tige, on 
voit au microscope se produire un dégagement de gaz et la coupe prendre une 
couleur jaune foncé. 

Prend-on de l’acide étendu de son volume d’eau, le résultat est tout diffé- 
rent: on voit au bout de quelques instants tous les îlots du liber se colorer en 
un beau rose, aussi riche que celui que produit l’acide chlorhydrique ; mais 
si les tissus restent en contact avec un excès d'acide, cette coloration n’est que 
fugitive : on voit peu à peu le bois se colorer en jaune et un gaz se dégager; 
la coloration jaune gagne peu à peu l'écorce. Pendant quelques instants, 
le bois est très-jaune, le liber très-rose, mais bientôt celui-ci est envahi îlot 
par îlot, et tout devient jaune brun. On rend la coloration permanente en ne 
faisant que tremper la coupe dans l'acide et en la laissant sécher sur un verre 
au contact de l'air. On peut même, avec l’acide concentré, en trempant vive- 
ment une coupe, en colorer le liber en rose, au moins en quelques endroits et 
pour quelques instants. 

L’acide nitrique chargé de produits nitreux agit comme l'acide pur, mais il 
est peut-être d’un emploi plus sûr. Cette réaction a été vue et appliquée, il y 
a quelques années, par M. Vincent, pharmacien de la marine. Pour recon- 
naître la présence du Phormium tenax dans les câbles et les toiles de la ma- 
rine et la proportion dans laquelle il y était mélangé au Lin et au Chanvre, il 
plongeait les fibres dans de l’acide nitrique contenant de l'acide hypo-azotique ; 
le Phormium tenax prenant une couleur rouge, tandis que le Lin et le 
Chanvre se coloraient à peine, la distinction était facile. Or, dans l’action de 
l'acide chlorhydrique sur les fibres corticales, j'ai signalé des différences de 
degré quand on passe d’un végétal à l’autre, et j'ai montré que l'acide 


SÉANCE DU 8 Mai 1863. 281 


nitrique, surtout quand il est chargé de produits nitreux, se comporte comme 
l'acide chlorhydrique. Le procédé pratique de M. Vincent se trouve ainsi 
généralisé. 

III, — Ayant vu les acides chlorhydrique et azotique agir de la même 
manière sur les fibres, j'ai essayé l’action de l'acide sulfurique. On sait que 
cet acide concentré attaque et noircit les tissus végétaux, en transformant la 
cellulose en un produit amylacé, puis en dextrine et en glucose. Mais, qu'on 
étende l’acide de son volume d’eau et qu’on le fasse agir sur une coupe de 
tige, on observera exactement ce que j'ai décrit pour les acides chlorhydrique 
et azotique, c’est-à-dire une coloration rose très-riche dans le liber, s'éten- 
dant peu à peu au bois, en commençant par la zone extérieure, 

IV. — L'emploi de l'acide phosphorique sirupeux étendu de son volume 
d'eau conduit exactement au même résultat, mais l’action paraît plus lente, 
quoique la couleur devienne aussi intense ; elle se produit d’ailleurs, comme 
toujours, sur le liber avant de se manifester sur le bois. 

Enfin, il n’est pas jusqu'aux acides oxalique et acétique qui ne provoquent 
à la longue, dans les fibres corticales, une teinte rosée assez faible mais très- 
nette pour l'acide oxalique, plus faible encore pour l'acide acétique. 

V. — Ces observations montrent que cette coloration des fibres végétales 
se produit sous l'influence de tous les acides un peu énergiques, quand on à 
soin d’en ménager l’action ; il n’y a que des différences de degré quand on 
passe d’un végétal à un autre et d'un acide à un autre. 

il en résulte que les fibres végétales sont imprégnées d’une substance inco- 
lore, capable par l’action ménagée des acides de se convertir en un composé 
rose ; que les fibres du liber la contiennent en plus grande quantité que celles 
du bois, ou du moins à un état où sa transformation est plus facile, et qu’il y 
à à un moyen pratique commode de reconnaître le liber (ce qui offre quel- 
quefois de la difficulté dans les coupes longitudinales), mais surtout de le 
faire voir aux personnes peu familiarisées avec les tissus végétaux. Quand la 
réaction qui fait l’objet de cette note n’aurait pas d'autre importance, je 
m'estimerais heureux d’avoir pu, en quelque manière, faciliter la démonstra- 
tion de la structure anatomique des végétaux. 


M. Chatin fait à la Société la communication suivante : 


RECHERCHES SUR LE DÉVELOPPEMENT, LA STRUCTURE ET LES FONCTIONS DES TISSUS 
DE L’ANTHÈRE, par M, Ad. CHATIN. 


DEUXIÈME PARTIE (4), 


Je me propose d'entretenir aujourd'hui la Société, dont je réclame toute 
Prop ] J 


(1) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 461, 
D x 20 


282 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


la bienveillance, de quelques-uns des résultats de mes recherches sur le déve 
loppement, la structure et les fonctions des tissus de l’anthère. Après avoir dit 
quelques mots de la formation et de la destruction des logettes, j’entrerai en 
plus de détails sur les membranes qui composent les valves, me réservant 
de traiter, dans une autre communication, d'autres points de l’histoire des 
anthères généralement négligés jusqu’à ce jour. 


ti 


1. — Premicrs développements des tissus de l'anthère; des logettes, 


L’excellent travail de Mirbel sur le développement de l’anthère peut être 
ainsi résumé : 

4° Le tissu de l’anthère est d’abord une masse utriculaire homogène. 

9 Plus tard, les utricules situées vers le milieu de chacune des moitiés 
des deux lobes de l’anthère grandissent et changent de forme : ce sont les 
utricules polliniques (ou utricules-mères du pollen) destinées à être résor- 
bées après qu’elles auront donné naissance, dans leur cavité, à des grains de 
pollen, généralement au nombre de quatre pour chaque utricule-mère. 

3° Vers la maturation de l’anthère, la portion de la masse utriculaire 
primitive qui avait persisté, séparant en deux logettes chacune des deux 
demi-anthères, disparaît, et celles-ci n’offrent alors qu’une seule loge. 

n° Tout le tissu sous-épidermique se transforme, vers l’époque de la 
déhiscence, en cellules fibreuses ou à filets. 

5° La transformation des utricules simples en cellules à filets est tellement 
brusque qu’elle ne peut être surprise au moment de son évolution. 

Les propositions 1 et 2, confirmées par divers observateurs, notamment par 
M. Duchartre (1), paraissent être hors de toute contestation; j'ai eu trés- 
souvent l’occasion d'en vérifier l'exactitude. 

La proposition 3 est encore généralement vraie. Cependant j'ai constaté un 
assez grand nombre de cas dans lesquels la cloison de séparation persiste 
complète au milieu de chaque demi-anthère ; celle-ci restant ainsi, jusqu’à sa 
déhiscence, coupée en deux logettes. Alors le plus ordinairement (Zyco- 
persicum, Tradescantia, des Asclépiadées, Orchidées, etc.) la déhiscence a 
lieu, comme dans les cas où l’anthère est à deux loges, en deux demi-valves. 
La seule différence est que celles-ci reposent par leur bord, jusqu'à l'instant 
de la déhiscence, sur la cloison des logettes. Ce sont les deux ventaux d’une 
porte qui, au lieu de répondre tous deux à une chambre unique, donnent 
entrée à deux chambrettes contiguës l’une à l’autre, Habituellement, l’extré- 
mité de la cloison devenue libre à la déhiscence par le décollement des valves 
qui jusque-là reposaient sur elle, se déjette, se contracte ou se détruit diver- 


(1) Observations anatomiques et physiologiques sur a Clandestine & Europe, pl. VI, 
fig. 81 à 85. 


SÉANCE pu 8 mat 4863, 83 


sement, et à ce moment l’on pourrait croire que la destruction de la cloison 
a précédé la déhiscence elle-même au lieu de la suivre. Dans les Passiflora, 
Scabiosa, etc., ce sont les valves réfléchies et adossées de la loge qui, plus 
que la cloison proprement dite, forment les logettes. 

Le nombre des plantes dans lesquelles la cloison de séparation des 
logettes ne persiste pas jusqu’au moment même de la déhiscence, mais ne se 
détruit qu'aux approches de ce moment, est considérable. L'un des meil- 
leurs exemples est celui observé par M. Duchartre dans la C'landestine, 
qui présente une cloison encore épaisse après la production des cellules 
fibreuses (1). 

Mirbel avait d’abord professé que le nombre ordinaire des loges des 
anthères est de quatre, et non de deux selon l'opinion commune (2). Plus 
{ard, il crut pouvoir conclure de ses études organogéniques, limitées à un trop 
petit nombre d'espèces, que le nombre 4 des logettes, constant dans le jeune 
âge, faisait toujours place à deux loges. C’est entre les deux opinions succes- 
sivement adoptées par le savant anatomiste qu'est la vérité. 

On vient de voir que les propositions 1 et 2, déduites du mémoire de 
Mirbel, sont absolument admises, mais que la proposition 3 n’est pas sans 
d'assez nombreuses exceptions. Mes observations établissent que les propo- 
sitions 4 et 5 doivent être presque complétement modifiées. 

Et d’abord, touf Le tissu sous-épidermique se change-t-il en cellules à 
filets? On est conduit à l'affirmation en se reportant, non au texte muet à cet 
égard, mais aux figures de Mirbel (3) et de Meyen (4), représentant l’anthère 
dans son jeune âge, et plus tard lorsque ses cellules à filets se sont produites. 
Le contraire sera toutefois établi un peu plus loin. On verra aussi que la 
transformation des cellules simples en cellules fibreuses, quoique rapide, peut 
être suivie. : 


A1, — De la première membrane ou de ia membrane externe 
des anthères, 


Développement. — La membrane épidermique est dénommée exothecium 
par Purkiuje. Elle est figurée par Meyen et Mirbel. Ce dernier ajoute qu’elle 
se présente sous la forme d’utricules relevées sur la face externe en petits 
mamelons. Voilà tout ce qu’on sait de celte membrane. Mais son développe- 
ment, sa disparition complète, les variations profondes de structure qu'elle 
peut offrir, le rôle qu’elle semble appelée à remplir dans certains cas de 


(1) Duchattre, loe, cit. pl. VI, fig. 86. : 

(2) Brisseau-Mirbel, Éléments de Physiologie végétale, 1, p. 247, et pl. XXXIHIE, fig, 6 D 
a par erreur que l’auteur renvoie à la pl. XXXI, fig. 9). 
* (3) Mirbel, Loc. cit. 

(4) F.-J.-F, Meyen, loc. cit., et Pfanzen-Physiologie, 1837, t, IN, fig. 4 et 7, 


284 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


structure spéciale et surtout quand les cellules à filets viennent à manquer, 
n’ont aucunement préoccupé ces savants anatomistes. 

Aux premiers âges de l’anthère, lorsque les utricules polliniques ne se 
dessinent point encore au sein des masses cellulaires, et souvent longtemps 
encore après la formation de ces utricules, la première membrane n’est pas 
distincte du tissu qu’elle recouvre. Mais, peu à peu, les utricules qui forment 
son assise (1) prennent une forme spéciale, grandissent en des directions 
variables, et le plus fréquemment, comme l’a dit Mirbel, se relèvent en 
petites ampoules, ce que j'ai vu être aussi le caractère habituel des utricules 
épidermiques dans les pétales ; chez quelques plantes, le relief des cellules 
épidermiques de l’anthère est même assez grand pour que celles-ci constituent 
de véritables poils (Zycopersicum, etc. ). 

G'est aux approches de la déhiscence que les cellules de la première mem- 
brane éprouvent, soit dans toute l'étendue de l’anthère, soit en particulier à 
certaines places nettement circonscrites vers la ligne de déhiscence et le point 
d'attache des valves au connectif, les changements les plus remarquables. On 
les voit alors tantôt prendre sur toute la surface de l'organe (Pedicularis, 
Chironia, Cassia, Octomeris, Zamia surtout, etc.) une épaisseur notable, 
tantôt former par un développement localisé excessif une saillie dont la section 
verticale représente une sorte de crête de coq, soit des deux côtés de la ligne 
de déhiscence (Passiflorcæ spec., Aponogeton, Bignonia, Lycopersicum, etc. ), 
soit à la base des valves (Zchmea) soit sur le connectif lui-même (Culen- 
dula); quelquefois enfin (et ce cas doit d’autant plus fixer l'attention qu'alors 
l’anthère est réduite à une seule membrane) les utricules épidermiques 
disparaissent complétement, Au point de vue des balancements organiques, 
on ne manquera pas de remarquer que dans le Calendula cette destruction 
ou réduction extrême de la membrane épidermique sur les valves de l’anthère 
correspond à un excès de développement de cette même membrane sur le 
connectif. 

Mais c’est principalement chez les espèces dont l’anthère manque de 
cellules fibreuses que la membrane épdermique prend des développements 
inusités, ainsi qu'on le voit dans le Lycopersicum, le Pirola, le Melastoma, 
le Cycas, le Zamia surtout. Du rapprochement de ces deux faits en coïn- 
cidence, manque de cellules à filets, développement considérable de la 
membrane épidermique, sort naturellement cette hypothèse : la prewière 
membrane ne supplée-t-elle pas, dans le phénomène de la déhiscence, la 
seconde membrane, quand celle-ci ne se transforme pas en cellules dites 
fibreuses? On se confirme en quelque sorte dans cette idée en considérant 
que le développement spécial de la membrane épidermique s'opère, comme 


(1) Dans tous les cas où l’épiderme des anthères se distingue bien des autres tissus, je 
ne l'ai vu formé que d’une seule couche d’utricules, 


SÉANCE DU 8 Mai 1863. 285 


la transformation des cellules à filets, vers le moment de la déhiscence, et est 
parfois localisé comme lui sur les points où le rôle des tissus présumés actifs 
dans la déhiscence peut s'exercer avec le plus d'efficacité. Je reviendrai plus 
tard sur les fonctions de la première membrane. 

Généralité d'existence. — La première membrane existe toujours (1). 
Elle se distingue le plus ordinairement très-bien des tissus sous-jacents par 
la forme de ses utricules; parfois cependant, surtout dans les premiers âges de 
l'anthère, elle ne peut être reconnue, quoique son existence ne puisse être 
révoquée en doute. Celle-ci est démontrée dans plusieurs des cas obscurs, 
soit par la transformation en cellules à filets de tout ou partie (C'/andestina) 
du tissu sous-jacent, soit par la coloration de ce dernier, ou par celle des 
utricules épidermiques elles-mêmes. 

Mais l'existence constante de la membrane externe n'est vraie que pour la 
jeune anthère, car il peut arriver que cette membrane disparaisse à peu 
près tout entière vers l’époque de la maturation (Pinus?, Laurus nobilis, 
Mahonia) ; parfois sa destruction n’a lieu que sur la ligne de déhiscence 
(Schaueria, etc. ). 

Formes. — La forme la plus habituelle des utricules est celle dans laquelle 
elles se relèvent en petits mamelons (Weyenia, Aspidistra, etc.) ou en papilles 
rappelant celles qui forment le velouté des pétales. Plus de longueur aux 
mamelons ou aux papilles constitue les poils (généralement simples : Zycoper- 
sicum) qui se montrent surtout aux extrémités des anthères et sur le connectif. 
Le cas inverse du précédent, caractérisé par l’aplatissement des utricules, se 
présente dans le Palsamina, le Canna, surtout dans les Synanthérées 
(Cosmos, Dahlia, ete.). 

Le plus souvent à peu près la même sur toute la surface de l’anthère, la 
forme des utricules de la première membrane peut différer beaucoup (autre- 
ment que par leur allongement en poils) par places. C’est ainsi que les utri- 
cules se relèvent considérablement, tout en restant soudées entre elles, dans 
le voisinage de la ligne de déhiscence (2) chez le Lycopersicum, VA pono- 
geton, V Æchmea, le Peristrophe, V Eranthemum, le Leucoium, plusieurs 
Passiflora, etc., sur le milieu même des valves dans le So/anum laciniatum, 
le long du connectif dans le Calendula (3). 

Coloration. — La membrane externe se distingue souvent du tissu placé 
au-dessous d'elle par une coloration propre ou par le manque de toute couleur, 


(1) Je ferai toutefois quelques réserves touchant l'existence constante d'une membrane 
au dehors de la membrane fibreuse, 

(2) Jamais sur la ligne même de déhiscence, où la première membrane s'amincit et 
peut même disparaître. 

(3) J'ai déjà fait remarquer que, par une sorte de balancement organique, le grand 
développement de la membrane épidermique du connectif coïncide avec la destruction 
ou l’amincissement extrême de celle-ci sur les valves du Calendula. 


286 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Assez souvent de couleur verte ou incolore, elle est d'un jaune vert dans 
l'Octomeris, plusieurs Cassia; jaune dans le Tradescantia, des Solanum, 
Ranunculus, etc.; plus ou moins brune dans les £rica, Rhododendron, plu- 
sieurs Cassia, etc.; d’un rouge violet dans le Cyrtanthera magnifica, des 
Anemone, Papaver, etc. Parfois, dans le 7randescantia par exemple, la 
coloration de la membrane épidermique est semblable à celle de la troisième 
membrane. 

Structure, — Les utricules composant la membrane épidermique des 
anthères sont généralement d’une texture délicate. Cependant elles peuvent 
prendre une épaisseur considérable. Déjà résistantes dans le Pedicularis, 
l'Epimedium, beaucoup d’Acanthacées, etc., les utricules de la première 
membrane prennent une notable épaisseur dans les Zrèca, Rhododendron, 
Pirola, plus encore dans le Chironiu, le Cassia, surtout dans quelques 
Lobéliacées, et le Zamia, dont les utricules épidermiques rappellent assez bien 
les cellules sc/éreuses qui forment les granulations pierreuses de certaines poires. 

La cuticule peut elle-même former sur l’utricule une croûte épaisse; sa 
surface peut être comme chagrinée (Cassia, etc.). 

La membrane épidermique est ordinairement constituée par une seule 
assise d’utricules. Je n'ai vu d'exception à cette règle que dans un Cassia 
(rapporté de Bahia par Salzmann et conservé dans l’herbier Delessert), 
qui présente de deux à trois assises d’utricules très-épaissies et colorées dans 
les côtes ou crêtes qui bordent la suture. Ces utricules de la première mem- 
brane pe peuvent ici être confondues avec celles, aussi disposées en assises 
multiples, de la deuxième membrane, ces dernières étant incolores et ponc- 
tuées. Peut-être observera-t-on quelques cas d’anthères à membrane épider- 
mique formée sur toute son étendue de plusieurs couches d’utricules, ainsi 
que cela est connu dans un certain nombre de feuilles, etc. 


‘IIL, — De la seconde membrane des anthères. 


La seconde membrane des anthères, improprement dénommée endothecium 
par Parkinje qui pensait, avec Mirbel et Meyen, qu’elle représentait le tissu 
le plus interne, celui qui tapisse immédiatement, et à tous les âges, la cavité 
des valves, est la partie le moins incomplétement connue, on pourrait presque 
dire la seule un peu connue, des tissus qui composent ces organes. 

C’est elle seule que Purkinje a eue en vue dans son grand travail, elle 
seule dont Mirbel s’est attaché à suivre l’évolution. Comme la première 
membrane, la seconde membrane des anthères peut être considérée dans : 

La généralité de son existence, 

La coloration, 

La forme, 

La structure, 


SÉANCE DU 8 MAï,1863. 287 


Et le nombre d'assises de ses utricules. Mais la formation des cellules 
fibreuses doit par-dessus tout être étudiée. 

Transformation des utricules simples en cellules fibreuses. — On a vu 
comment Mirbel, pour s'être montré trep fidèle à cette pensée que l'étude or- 
ganogénique, faite sur une seule espèce, doit éclairer tous les faits de même 
ordre, ne vit pas que la transformation des utricules simples de la seconde 
membrane en cellules à filets est susceptible d’être suivie tout aussi bien, sur 
un certain nombre d’anthères, que la transformation de même genre qui a 
lieu habituellement dans le tissu des feuilles des Orchidées épiphytes. C'est 
à tort aussi qu'il pensa que cette transformation des utricules se produisait 
toujours à un moment très-rapproché de la déhiscence. 

En réalité, le passage des utricules simples en cellules à filets peut être 
suivi avec assez de facilité dans un très-grand nombre de cas, et l'on voit alors : 

Que la transformation des tissus commence ou par l’attache des valves au 
connectif, ou par un point rapproché de la ligne de déhiscence, ou par ces 
deux points à la fois; QUIL 

Que, dans tous les cas, c’est le tissu bordant immédiatement la ligne de 
déhiscence qui se transforme le dernier, et que, souvent même (Peristrophe, 
Schaueria, Cyrtanthera, Brillantaisia, Helleborus, etc.), un arrêt d’éva- 
lution aidant, les utricules marginales de cette ligne de déhiscence ne subissent 
pas la transformation. 

Relativement à ce point, que la transformation des utricules simples en 
cellules à filets s’effectuerait toujours à un moment très-rapproché de Ja 
déhiscence de l’anthère, c’est au contraire presque la règle que cette transfor- 
‘nation commence et souvent se complète à une époque encore éloignée de la 
déhiscence (ÆHelleborus, Beloperone, Bignonia, Lamium, Rosmarinus, 
Fœniculum, ete.). 

Mais je dois, sur ce sujet qui a tant préoccupé le savant Mirbel, rappeler 
ses propres paroles et citer encore quelques détails de mes observations. 

« Ce fut alors (aux approches de la déhiscence) qu’un changement extra- 
» ordinaire se inanifesta dans une ou plusieurs couches d’utricules placées 
» immédiatement au-dessous de la membrane utriculaire superficielle. Les 
» utricules s’agrandirent dans tous les sens et leurs parois se divisèrent en 
» lanières ou en filets dont la position rappelait très-bien la forme première 
» de l’utricule. La métamorphose ne se faisait pas comme dans le Marchantia, 
» par transitions appréciables ; elle était si brusque, que je ne pus jamais 
» surprendre la nature à l'œuvre (1). » 

Ces paroles de Mirbel devaient inspirer le désir de rechercher si, peut-être, 


(1) Mirbel, Mémoires de l’Académie des sciences, t. XIII, p. 394: pl. IX, fig. 93 
et 94. — On sait que l’auteur compare les élatères du Marchantia aux cellules fibreuses 
des anthères. 


288 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


en suivant le développement de l’anthère sur d’autres espèces que le très- 
petit nombre de celles examinées par ce savant, on ne saisirait pas le moment 
de la transformation qui lui avait échappé. 

L'Æchmea fulgens, le Chironia frutescens, le Pedicularis silvatica, ec, 
se prêtèrent mal à mes recherches. Cependant il me parut qu’en plusieurs cir- 
constances j'avais entrevu dans la seconde membrane de leurs anthères quel- 
ques états de transformation. Ces premières observations prirent plus de con- 
sistance dans le Canna nepalensis et l'Aponogeton distachyus, où je vis 
apparaître les premiers linéaments des filets dans les utricules d'abord simples 
de la seconde membrane; elles devinrent concluantes dans le 7radescantia 
virginica, plante dans les anthères de laquelle je vis même la transformation 
commencer par deux points de l’anthère : la ligne de déhiscence et le talon ou 
attache des valves au connectif, pour de là envahir, rapidement sans doute, 
mais toutefois successivement, le reste des parois. 

Fort de ces données, je m'adressai aux plantes à très-grosses anthères 
que Mirbel avait soumises à son observation. 

Le Cucurbita Pepo et le Passiflora brasiliensis, base du travail de 
Mirbel, se prêtent en effet difficilement à l'étude du phénomène de trans- 
formation, mais celui-ci est plus aisément saisissable sur d’autres espèces de 
Cucurbita et de Passiflora. C'est même dans ces plantes que j'ai pu suivre 
le moins difficilement, et la transformation des cellules, et les points premiers 
de cette transformation, qui sont bien le voisinage du connectif et de la ligne 
de déhiscence. 

La transformation des utricules de l’anthère, rayonnant alors de ces deux 
points en quelques plantes, rappelle ce qui se passe chez les animaux dans les 
os produits par divers centres d'ossification apparus sur des points opposés, 
puis marchant à l'encontre l’un de l’autre. Concluons donc en disant : 

4° La transformation des utricules simples en cellules à filets, quoique 
rapide, peut être constatée dans son évolution. 

2° La transformation commence sur des points divers, généralement vers 
l'attache des loges et la ligne de déhiscence, pour de là envahir successive- 
ment le reste des valves. 

Généralité d'existence. — L'existence de la deuxième membrane peut 
être admise comme à peu près constante. Je dirais comme absolument con- 
stante, d’après mes observations, si je n’avais été conduit à douter de la pré- 
sence de cette membrane dans le Thunbergia alata. Cette plante n’ayant, en 
effet, les valves de ses anthères formées que de deux assises d’utricules dont 
l'interne ne se transforme pas en cellules fibreuses, on est porté à penser que 
cette assise interne représente non la seconde, mais la troisième membrane, 
et l'on se confirme dans cette opinion par cette considération que, dans les 
autres genres d’Acanthacées où les trois membranes existent, la seconde se 
change en cellules à filets. 


SÉANCE DU 8 MAI 1863. 289 


Je ne tairai toutefois pas cette objection que, dans les Acanthacées, la troi- 
sième membrane se détruit après Ja production des cellules fibreuses, tandis 
qu'elle persisterait chez le 7hunbergia. Mais je ferai aussi remarquer qué 
l'objection perd beaucoup de sa valeur par ce fait que la troisième mem- 
brane persiste habituellement dans les anthères privées, comme celles du 


Thunbergia, de cellules à filets. 
(La suite prochainement.) 


M. Dalimier demande à M. Chatin s’il a pu constater la présence 
de trois membranes dans les anthères du Pinus. 

M. Chatin dit qu'il ne saurait faire une réponse précise à cette 
question, parce qu’il n’a pas encore étudié les anthères des Pinus 
dans le jeune âge. 

M. Duchartre demande à M. Chatin s’il pense que l'expression de 
cellules à filets doive être préférée à celle de cellules fibreuses. 

M. Chatin répond que l'expression de cellules à filets lui paraît 
moins défectueuse que celle de cellules fibreuses. 

M. l'abbé T. Chaboisseau fait à la Société la communication 
suivante : 


NOTES SUR PLUSIEURS ESPÈCES OBSERVÉES VIVANTES OU SOUMISES A LA CULTURE, 
par M, l'abbé TT. CHABOISSEAU. 


X. — Sur le genre Platycapnos Bernhardi,. 


Le genre Platycapnos, établi par Bernhardi (Linnæa, VIII, 471), a été 
rejeté par plusieurs auteurs de grande autorité. Dans le nouveau Genera de 
MM. Bentham et Hooker, on lit ce jugement sommaire : « Differt stigmatis 
» forma singulari (fere bipenni) ; ceterum ob habitum et ceteros characteres 
» nequaquam à Fumaria officinali generice separandum. » 

Je suis de ceux qui regardent comme fâcheux l'établissement d’un nouveau 
genre, toutes les fois que des caractères très-importants ne le rendent pas 
nécessaire. C’est surcharger inutilement Ja mémoire, si surtout il s’agit, 
comme ici, d’un genre monotype, et d’une espèce dont le facies se rapporte 
aux espèces d'un genre voisin. Il est donc nécessaire d'établir les caractères 
Comparatifs des genres Fumaria et Platycapnos, et de montrer que ces carac- 
tères sont éminemment génériques. Ceci est d’autant plus indispensable, que 
si l’on trouve de bonnes descriptions du genre Fumaria, notamment par 
MM. J. Gay (1) (Ann. se. nat, 2° série, XVIII, 214), et Lindley (Veget, 


(1) L'étude de M. Gay est surtout intéressante par le rapprochement qu’elle établit 
entre les Fumaria et les Crucifères. 


290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


kingdom), le genre Platycapnos paraît, en revanche, superficiellement décrit 
par son auteur et par les auteurs qui l’ont admis après lui. 


FUMARIA. — Nucule subglobuleuse (nucula drupacea, selon l’heureuse 

: expression de Bernhardi), indéhiscente, à deux valres soudées. Endocarpe 

‘adhérent, se transformant sous le style en une substance spongieuse, qui se 
résorbe ensuite en laissant la graine échancrée ou creusée au sommet. A ces 
caractères essentiels, on peut ajouter le stigmate à deux lames divergentes, 
avec une pointe courte au milieu (Parlatore Monogr. fig. 4), le pollen à six 
mamelons (Parlatore /. c.), et le pétale supérieur éperonné, régulièrement 
atténué du sommet au milieu. 


PLATYCAPNOS. — Capsule ovale-comprimée, indéhiscente, à deux valves non 
soudées, mais simplement retenues par l'enveloppe épicarpique. Endocarpe 
membraneux, libre, formé de deux pièces attachées aux placentas. Stigmate 
à deux lames latérales divergentes, avec une lame intermédiaire allongée 
et bifide (Parlatore Monogr.). Pollen lisse, sans mamelons ; pétale supérieur 
simplement gibbeux, muni latéralement vers le sommet de deux appendices 
auriculiformes jaunes. Ce genre ne renferme qu’une seule espèce : Platy- 
capnos spicatus Bernh. (Fumaria spicata X..). 


L'épicarpe du Platycapnos, charnu vers la base du fruit, se détruit facile- 
ment sous l’action de l'humidité : alors les deux valves s’entr'ouvent de bas en 
haut; elles sont unies, de chaque côté, un peu au-dessous du sommet, par une 
véritable charnière, M. Parlatore dit du fruit : altero latere uninervis. La 
vérité est que chaque valve est traversée de trois faisceaux fibreux, l’un 
médian, droit, les deux autres arqués et se rapprochant du bord ; seulement 
la nervure médiane est ordinairement un peu saillante sur une des valves. 

Le mécanisme est facile à comprendre : le fruit est bordé de chaque côté 
par un bourrelet fibreux, qui devient libre un peu au-dessous du sommet 
et se replie sur lui-même pour passer d’une valve à l'autre. J1 se trouve ainsi 
une charnière établie sur chaque côté ; les deux valves, entièrement libres à 
leur extrémité et aussi au-dessous des deux charnières, pivotent sur ces deux 
supports. Les deux placentas, attachés dans le repli même du rebord fibreux 
qui passe d'une valve à l’autre, encadrent l'endocarpe dont les deux valves 
s'ouvrent sans déchirement en se séparant du placenta du côté du hile. 

Le principe de la classification des genres dans les Fumariacées est difficile 
à déterminer, Plusieurs auteurs, entre autres MM. Grenier et Godron, ont pris 
pour base le nombre des graines; d’autres, la déhiscence ou l’indéhiscence 
des capsules. Or ces deux principes de classification sont également insuffi- 
sants. M. Gay (/. €.) dit avec raison du Fumaria officinalis : Placentæ duæ, 
parietales.…., utraque medio bi-ovulata; ovula reniformia, ex quatuor 
unicum persistens. D'un autre côté, le singulier genre Ceratocapnos offre sur 


SÉANCE DU 8 MAI 1863. 291 


une même plante des fruits déhiscents et indéhiscents. Si donc on ne veut pas 
tout réunir en un genre unique, il faut adunettre dans cette famille deux 
groupes, les Corydalées, à graines arillées (et fruit déhiscent), et les Fuma- 
riées, à graines sans arille (et fruit indéhiscent) ; et le genre Platycapnos se 
rapproche bien plus des Sarcocapnos et même des Corydalis que des 
Fumaria ; car la forme du fruit et la disposition des trois nervures le rendent 
très-voisin du Sarcocapnos, et la demi-déhiscence, ainsi que l’endocarpe séparé 
représentant un arille, le rapproche des Corydalis, au lieu qu'il n’a vraiment 
d'un Fumaria que l'aspect. : 

Ce n’est pas ici le lieu de parler de la distinction des espèces dans le genre 
Fumaria : aucun sujet n’est plus difficile, ni plus contesté. Les semis que j'ai 
faits de ces plantes m'ont permis d'arriver pour plusieurs à des conclusions 
certaines; d’autres sont encore douteuses pour moi. Je recevrai avec recon- 
naissance les échantillons authentiques et surtout les graines que l’on voudra 
bien m'offrir en échange d’autres plantes rares. Qu'il me soit permis d’obser- 
ver que les études sur le sec sont très-insuffisantes ; l’épicarpe, qui s’épaissit 
vers la base du fruit ea une partie caractéristique charnue sur laquelle repose 
Ja noix osseuse, se déforme totalement par la dessiccation. De là sont venues 
la plupart des erreurs accumulées jusqu'ici dans les ouvrages descriptifs. Une 
bonne monographie doit de toute nécessité donner des descriptions faites sur 
le vif, avec des planches coloriées. 


EI, — Sur le Cytisus prostratus Boreau!, Scopoli? 


M. Boreau (Flore du Centre, 3° édit. n° 542) a décrit un Cytisus du 
département de la Vienne, sous le nom de Cyt. prostratus (Scop. F1. carn. 
IE, p. 70.) 11 diffère du Cytisus supinus X., par une double floraison. En 
mai, il porte des fleurs latérales axillaires, solitaires où groupées par deux, trois 
et jusqu’à cinq; en juin ou juillet, il a, comme le Cyt. sugänus, des fleurs 
groupées en capitule terminal. 

Cette plante n'étant pas rare dans le bois et les bruyères des environs de 
Pindray (Vienne), notamment dans les taillis de Graillé et le bois de la Bour- 
gogne, j'ai pu l’étudier assez complétement pendant plusieurs années pour 
émettre sur son compte un jugement certain. 

Est-elle bien le Cytisus prostratus de Scopoli ? Est-elle une bonne espèce 
distincte du Cyt. supinus L, ? 

Quant à la première question, j'avoue mon incompétence, La synonymie 
des C'ytisus allemands est du reste fort embrouillée. M. Neilreich (#/ora von 
Nieder-Œsterreich, p. 927), a fait du Cyt. prostratus de Scopoli une 
variété y du Cyt. capitatus. Or notre plante de France ne peut être réunie 
qu’au C. supinus L. La description de Scopoli est trop courte pour qu’on 
puisse en tirer rien de certain; cependant on y lit: Æami fusci, nudi, ad 


292 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

apicem foliosi et floriferi..; pedunculi solitarii.….; flores per totam longitu- 
dinem caulis ex alis prodeuntes, expressions qui ne s'appliquent pas parfai- 
tement à la plante française. 

Du reste, quoi qu’il en soit, le Cytisus décrit par M. Boreau n’est pas 
distinct du C. supinus L., comme l'étude sur place m'en a convaincu. Car 
1° les deux sortes de floraisons ne sont pas toujours aussi espacées : il n’est 
pas rare de les rencontrer ensemble, en juin, sur le même rameau ; 2° elles 
se présentent avec tous les caractères d’une variation accidentelle. Ainsi, les 
deux sortes de fleurs ne se trouvent pas sur tous les rameaux d’une même 
souche, et, ce qui est concluant, c’est qu’une souche, après avoir produit une. 
année des fleurs axillaires, ne les présente plus l’année suivante, et redevient 
Cytisus supinus. 

L’explication morphologique de la production des fleurs axillaires n’est pas 
difficile. Elles ne se présentent que sur des tiges dont l’axe principal a été tron- 
qué pendant l’hiver ou au premier printemps. La force de la séve se portant 
sur les bourgeons placés au-dessous de l’extrémité tronquée, les développe 
ordinairement en rameaux latéraux qui fleurissent en juin-juillet. Si leur 
développement s'arrête de bonne heure, la floraison se prononce dès le mois 
de mai : elle se montre sous forme de petits capitules pauciflores, ou réduits 
à une seule fleur, dont le pédoncule est souvent très-court ou comme nul. 
En cet état, l'extrémité des tiges tronquées porte une petite grappe de fleurs 
axillaires qui leur donne l’aspect d’une espèce distincte, tandis qu’en réalité il 
n’y qu’une variation accidentelle. 

Le Cytisus prostratus Scop. est donc à rayer de la flore française. 


HIS, — Sur les Sedum à fleurs jaunes. 


Nous possédons dans la Vienne sept espèces de ce groupe : ce sont les Sédum 
acre L., sexangulare L. (boloniense Lois.), anopetalum DC., nicæense All 
(altissimum VPoiret), Forsterianum Smith (elegans Lej.), reflezum L., et 
une espèce voisine du reflezum et du nicæense, que je ne puis rapporter 
à aucune description d'auteur, et que je suis obligé, malgré ma répugnance 
pour les espèces nouvelles, de nommer ici Sedum luteolum. 

Les Sedum acre et sexangulare sont hors de toute discussion. Il me suflüra 
de rappeler, avec M. Grenier (Archives de Billot), que le S. boloniense Lois. 
n’est pas distinct du S. sexangulare L., comme on peut s’en convaincre par 
l’'Herbarium normale de M. Fries. 

Une autre observation, peu importante je l'avoue, c’est que le $. anope- 
talum et le S. nicæense ayant souvent les fleurs très-pâles et plutôt blanches 
que jaunâtres, la division des Seda genuina de MM. Grenier et Godron 


dans la Flore de France pourrait être utilement modifiée de la manière 
suivante : 


SÉANCE DU 8 MAI 1863. 293 


SEDA GENUINA Koch. — Munis de rejets stériles à feuilles cylindracées ou 
renflées, pérennants. 


À. Feuilles renflées-obtuses. 


1. Fleurs blanches ou rougeâtres : S. cruciatum Desf., album L., micran- 
thum Bast., anglicum Huds., dasyphyllum L., brevifolium DC. 
2. Fleurs jaunes : S. repens Schl., acre T.., sexangulare L. 


B. Feuilles aiguës-subulées : S. Forsterianum Smith, reflezum L., luteolum 
Chab. , nicæense AIL, anopetalum DC., aristatum Vill., amplexicaule DC. 


C'est de ce dernier groupe qu’il s’agit ici, moins les deux dernières espèces 
que je n’ai jamais observées vivantes. | 

Je ne crois pas devoir tenir compte de la couleur verte ou glaucescente des 
rejets stériles. Je suis loin de rejeter les espèces que l’on à créées récemment 
sur cet ordre de caractères, n’ayant pas étudié toutes ces espèces vivantes et 
in loco natali, Maïs tout ce que j'ai vu de nos contrées m'a offert une telle 
variabilité sous ce rapport, qu'en acceptant la glaucescence et la forme des 
rejets comme caractère spécifique, il faudrait entrer dans un démembrement 
que je n'ai ni raisons suffisantes, ni désir d'entreprendre. : 

Il'existe deux autres caractères, à mon avis, plus solides. Ces caractères 
sont la présence ou l'absence de poils glanduleux hyalins obtus à la basé 
des étamines et sur les deux faces intérieures des carpelles ainsi que sur leur 
ligne de déhiscence, et l'attitude droite ou réflexe du corymbe avant la 
floraison. 

M. Crepin est le premier, à ma connaissance, qui ait mis en relief, dans 
ses excellentes Aotes sur la flore de Belgique (fascicule 1), le caractère tiré 
des poils hyalins. Depuis cette époque, je l'ai vérifié et trouvé constant sur des 
Sedum de toute provenance; mais il est très-difficile à voir sur le sec. Jus- 
qu’à plus ample examen, je crois ce caractère solide. Le Sedum Forsterianum 
Smith (e/egans des auteurs) m'a toujours offert des étamines et des carpelles 
sans glandes, Le S. anopetalum DC., si distinct du reste, en offre en petit 
sombre. Le S. nicæense All, et mon S. luteolum en sont abondamment 
fournis. Le S. reflezum L. en a toujours, quoique moins abondamment, 
malgré l'affirmation contraire des auteurs de la Flore de France, comme je 
l'ai constaté sur des échantillons que M. Grenier m'a envoyés de Besançon. 
Quant à l'attitude réflexe ou droite de la tige avant l’arthèse, elle est plus déli- 
cate à observer, et je sais que de savants auteurs en contestent la persistance. 
Cependant je ne puis m'empêcher de l’admettre comme constante. Ayant 
observé quelquefois des tiges qui semblaient s'éloigner de la règle commune 
de leur espèce, comme certains S, reflerum dressés, el certains S. nicæense 
penchés, je les ai transportés dans mon jardin, où ils ont constamment repris 
l’année suivante leur direction normale, et je me suis assuré, par nn examen 


29h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


attentif sur le terrain, que ces variations apparentes provenaient toujours d'un 
obstacle local et accidentel, D'après mes observations, les S. anopetalum et 
nicæense ont l'inflorescence toujours droite, c’est-à-dire naissant et se dévelop- 
pant droite, quelquefois un peu nutante (mais non réflexe) avant de fleurir, 
mais reprenant promptement l'attitude dressée. Au contraire, dans les S. For- 
sterianum, reflerum et luteolum, le corymbe très-jeune se montre droit sûr 
tige; mais en se développant il se renverse en crosse, et ne reprend la pose 
dressée qu’au moment de fleurir. J'avoue ne savoir nullement la cause de 
cette singulière évolution. 

Quoique toutes ces espèces (à l'exception d’une seule) soient très-connues 
et décrites dans plusieurs ouvrages, on me permettra d’en donner ici la des- 
cription synoptique, à laquelle j’ajouterai ce que je sais de leur synonymie, 
Je ne parlerai pas des graines, qui se ressemblent dans toutes, c’est-à-dire 
sont ovales-oblongues et marquées de côtes longitudinales : elles sont seule- 
ment plus petites dans le S. Forsterianum. Le S. luteolum est constamment 
stérile, comme nous le verrons. 


Description synoptique des Sedum à feuilles subulées. 
A. — Tige réflexe avant l’anthèse. Filets des étamines et carpelles lisses et glabres. 


4: SEDUM FORSTERIANUM Smith. — Rejets obconiques ou ovales-globuleux, 
très-serrés, allongés et lâches à l'ombre, verts ou plus rarement glauques. 
Feuilles grêles, subulées, atténuées à la base en un appendice assez long, 
planiuscules à leur face supérieure, fortement ponctuées et couvertes, 
surtout à l'extrémité, d’aspérités hyalines qui, vues à contre-jour, les font 
paraître denticulées. — Pas de feuilles bractéales. — Corymbe réflexe avant 
l’anthèse, à rameaux un peu scorpioïdes, puis dressés-agglomérés. Sépales 
ovales-triangulaires, petits, obtusiuscules, peu épaissis au bord. Pétales 
d’un beau jaune, ainsi que les étamines. Filets et carpelles glabrescents 
Anthères d'un beau jaune, courtes, ovales-oblongues avant l’anthèse, ovales- 
arrondies et subréniformes ensuite. — Fleurit en juin, et souvent dès le 
commencement; habite les terrains de sable (diluvium siliceux ou grani- 
tique), dans toute la vallée de Ja Gartempe, de Montmorillon à Saint-Savin. 
— La synonymie de cette espèce et de ses différentes variétés est très- 
difficile ; je pense cependant qu'elle peut être établie de la manière sui- 
vante : 


æ S. Forster ianum Smith. — Rejets allongés, obconiques ; feuilles vertes ; 
sépales elliptiques, un peu atténués au sommet (S, elegans G. G. FL. de 
Fr. 1, 626; Billot Herb. Gall. et Germ.). 


B. S. pr uinatum  Brotero, — Rejets globuleux; feuilles glauques : sépales 
elliptiques, arrondis au sommet (S. e/egans Lejeune!) Vidi vivum! 


SÉANCE DU 8 Mat 1868. 296 


y S. aureum (Wirigen, F1. d, Preuss, Rheinprovinz, et Archives de Billot, 
p. 295) — Rejets obconiques; éperon allongé, écarté, cuspidé, dont la 
longueur égale la largeur de la feuille; sépales ovales, obtus (Schultz, 
Herb. normale). Vidi vivum ! 


9. S. trevirense Rosbach, in Wirtg. #1. d. Preuss. Rheinprov. — Rejets 
piriformes; éperon de la largeur de la feuille; sépales triangulaires- 
oblongs, obtus, insensiblement atténués de la base au sommet. Von vidi. 


Observations. — 1° Notre plante se rapporte au S. aureum ou au S. Fors- 
lerianum type ; mais la forme pruinatum existe aussi en France. — 2° Le 
S. Forsterianum (Smith) d'Angleterre a été confondu par plusieurs auteurs 
anglais avec le S. reflexum. La plante ici décrite serait, je crois, le S. Forste- 
rèanum Sinith (non Bentham), S. rupestre Babingt. (non L. nec Smith) (voy. 
n° 2). — 3° M. Wirtgen a attribué des bractées au S. e/egans (Billot, Archiv. 
p. 295); dans la Flore des provinces rhénanes, il dit le contraire, M. Ozanon 
m'a envoyé dans le temps un S. elegans de la Montagne-Noire (Aude) avec 
cette note : « Les bractées se sont détachées dans la boîte et sont tombées en 
route. » Pour moi, je n'ai jamais vu de bractées dans les formes de ce 
groupe. — 4° Je n’ai jamais observé ces plantes que dans les terrains de for- 
mation siliceuse. Toutefois M. Ozanon m'a envoyé un Sedum elegans 
recueilli sur le calcaire jurassique à Châlon-sur-Saône, — 5° La tige fistu- 
leuse que l’on a attribuée au S. elegans est un caractère sans valeur, qui 
dépend de l’âge de la plante et se trouve sur toutes les espèces. 


B, — Tige réflexe avant l’anthèse. Filets des (lamines munis à leur base, ainsi que les 
faces latérales des carpelles, de poils Lyalins oblus glanduleux. 


2. SEDUM REFLExUM L. — Rejets ordinairement allongés, serrés et glauques 
au soleil, lâches et verts à l'ombre ; feuilles presque lisses, cylindracées, 
mucronées, prolongées à la base en un appendice blanchâtre court, arrondi, 
celles de la tige remontant en fausses-bractées dans l’inflorescence, —- 
Corymbe réflexe avant l’anthèse, à rameaux scorpioïdes, puis redressés; 
fleurs brièvement pédicellées, rarement subsessiles, Sépales ovales-triangu- 
laires, acutiuscules, épaissis au bord. Péfales d’un jaune vif, ainsi que les 
élamines. Base dés filets et faces internes des carpelles munies de poils 
hyalins obtus. Anthères courtes, ovales-oblongues avant l’anthèse, ovales- 
arrondies ou subréniformes ensuite. — Fleurit de la mi-juin en juillet, 
Commun. 


La synonymie de cette espèce vulgaire est fort obscure. Si, comme je le 
pense, le Sedum rupestre L. n’en est qu’une forme robuste, elle serait : 
Sedurn rupestre 1. Flora suecica, p. 153, n° 401; Fries; Bentham (non 
Babingt, nec plur, auct, angl). S. reflexum L. Flora suecica, app. p. 463, 


296 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
n° 1296, ex Fries (cf. ANovit. p. 135). S. Forsterianum Bentham (non 
Smith). 


3. SEDUM LUTEOLUM. — Rejets oblongs, serrés, glauques, s’allongeant et 
verdissant à l'ombre sans perdre entièrement leur glaucescence. Feuilles 
semblables à celles du S. reflézum, mais plus robustes et souvent dilatées 
comme celles du S. nicæense, remontant en fausses-bractées dans l’inflo- 
rescence. — Corymbe réflexe avant l'anthèse, à rameaux scorpioïdes, 
puis. redressés ; fleurs à pédicelle excessivement court et comme nul. 
Sépales ovales-oblongs, acutiuscules, épaissis au bord. Pétales d'un jaune 
pâle tirant au verdâtre, ainsi que les filets. Base des étamines et faces 
latérales des carpelles fortement garnies de poils hyalins. Anthères d’un 

“jaune plus prononcé que les filets et les pétales, oblongues ou linéaires- 
oblongues avant l’anthèse, pyramidales-oblongues ensuite. — Ne fruc- 
tifie jamais. — Très-abondant à Villars près Lussac-les-Châteaux (Vienne), 
sur les rochers calcaires (jurassiques), au milieu des S. reflezum et 
nicæense, dont il est probablement hybride. Fleurit en juillet, un peu 
après le S. reflezum, un peu avant le S. nicæense. 


J'ai longtemps appelé S. albescens Haw. cette espèce que j'observe et cul- 
tive depuis plusieurs années. Ayant pu me procurer vivant le S. albescens du 
midi, je n’y ai vu jusqu'ici qu'un S. reflexzum petit, à feuilles très-glauqucs 
et serrées, à fleurs jaunâtres (les auteurs admettent qu’elles peuvent passer 
au jaune vif), et à rameaux du corymbe peu recourbés. — L'espèce de la 
Vienne n’est pas le S. albescens Haw. et auct. — Elle n’est pas davantage le 
S. nicæense, dont elle se rapproche cependant beaucoup ; elle en diffère par 
sa tige réflexe, par la couleur plus foncée de ses fleurs, etc. En mettant même 
de côté la couleur des fleurs, on ne saurait y voir un S$. refleæum ; il est vrai 
que certains individus s’en rapprochent , mais l’ensemble a la haute taille, les 
étamines fortement hérissées, les rameaux du corymbe fortement scorpioïdes, 
et surtout la forte souche ligneuse et dure, du $. nicæense. La stérilité con- 
stante de cette espèce et une certaine variabilité de formes tendant vers les 
deux espèces voisines me font croire fortement à une race hybride, peut-être 
même à deux croisements contraires. Mais je n'ai aucune preuve directe de 
ce fait; je suis donc obligé, à mon grand regret, de lui imposer un nom. 


C.— Tige loujours droite avant l’anthèse. Filets des élamines munis à leur base, ainsi 
que les faces latérales des carpelles, de poils hyalins obtus glanduleux. 


4. SEDUM NIGÆENSE Ailioni ! (S, altissimum Poiret). — Souche forte, sub- 
ligneuse ; rejets serrés, glauques, lâches et verdissant un peu à l'ombre, à 
feuilles grosses, lisses, subulées, très-brièvement appendiculées à la base, 
celles de la tige ordinairement élargies et charnues, remontant en fausses- 


SÉANCE DU 8 MAI 1863. 297 


bractées. — Corymbe toujours droit, à rameaux fortement scorpioïdes; 
Jeunes boutons très-courts et très-obtus; fleurs très-distinctement pédi- 
cellées. Sépales petits, ovales-oblongs, aigus, épaissis au bord. Pétales 
très-pâles, souvent presque blancs, ainsi que les filets. Base des filets et 
faces latérales des carpelles fortement hérissées. Anthères d’un beau jaune, 
ovales-oblongues avant l’anthèse, ovales ensuite. — Abondant à Villars 


(Vienne), sur les rochers calcaires. Fleurit à la fin de juillet et au commen- 
cement d'août. 


Cette plante est certainement le S. nicæense d'Allioni, malgré la très- 
mauvaise figure du Flora pedemontana, qui semble représenter autre chose. 
M. Moris (Flora sardoa) affirme que c’est cette plante qui croît à la localité 
classique d’Allioni, et qui est cultivée à Turin depuis le temps de cet auteur. 
Enfin M. Ardoino l'a vue dans l’herbier d’Allioni; il pense que la très- 


mauvaise figure du Ælora pedemontana a été faite sur une tige cultivée et 
déformée. 


5. SEDUM ANOPETALUM DC. (S. ochroleucum Villars ?). — Rejets plus ou 
moins serrés, érés-glauques et comme blanchâtres, à feuilles étroites, 
munies d’un appendice très-court, arrondi ou tronqué , celles de la tige 
élargies, remontant en fausses-bractées. — Corymbe toujours droit, à 
rameaux très-légèrement scorpioïdes, puis étalés-dressés ; fleurs grandes, à 
pédicelle très-court. Sépales lancéolés-linéaires, longs (5-6 millim.), 
aigus, légèrement épaissis au bord, munis en dehors et en dedans de 
glandes assez nombreuses. Pétales longs, étroits, dressés, presque blancs, 
ainsi que les filets. Quelques poils hyalins clairsemés aux étamines et aux 
Carpelles. Anthères plus foncées, oblongues-linéaires avant l’anthèse, puis 
OVales-pyramidales. Fleurit vers la fin de juin, sur les rochers calcaires de 
Poitiers. Je n'ai pu m'assurer du synonyme de Villars (S. ochroleucum) 
qui, s’il s'applique à cette espèce, en serait le nom princeps. 


+ Les descriptions qui précèdent ont été faites exclusivement sur des plantes 
de la Vienne; il est clair que parmi les caractères indiqués il en est dont la 


Constance à besoin d’être vérifiée par des observations faites sur une plus large 
échelle. 


XV, — Sur la durée de l'Orobanche Hederæ Vauch, 


Les observations que j'ai faites sur la croissance et la durée de l'Orobanche 
Hederæ Vauch. ne s'accordent pas entièrement avec ce qui a été dit dans le 
Bulletin. 

y a plusieurs années, ayant trouvé sur l’Archangelica officinalis une 
Orobanche que M. l'abbé de Lacroix proposa d'appeler 0. Chaboissæi, et ne 
sachant trop à quelle espèce la rapporter, je pris le parti de la cultiver, J'avais 
d’abord songé à semer ensemble les Angéliques et les Orobanches; mais, 

T, X, 21 


298 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


pour en ayoir plus tôt fait, je plantai simplement dans le jardin deux pieds 
adultes d’Angélique sur un sol très-argileux, en ayant soin de ramener les 
petites racines sur la surface et de les couvrir d’un mélange formé avec du 
terreau léger, du sable et des décombres calcaires. L'année suivante, ne 
voyant rien paraître, je n’y songeais déjà plus, quand je remarquai, à travers 
les feuilles fanées, une seule tige d’Orobanche sortant de terre, En décou- 
yrant la base, je trouvai cette tige principale montée en fleurs, entourée de 
quelques bourgeons écailleux, insérés au même point sur la racine d’Angé- 
lique ; l’année d’après, ces bourgeons donnèrent des tiges florifères, et je pus 
constater que cette plante n’était que l'O. Hederæ. Le support étant venu à 
périr, mon expérience en resta là. Je n’ai malheureusement pas observé les . 
premiers phénomènes de la germination ; seulement j'ai constaté que cette 
plante se comporte comme une plante vivace, germant et formant sa souche 
souterraine la première année, commençant à produire des tiges florifères la 
deuxième année et tout à fait adulte la troisième (1). 

Depuis, j'ai constaté la même chose sur l’'Orobanche UÜlicis Des Moulins, 
qui croît dans nos bruyères. Si, à l'hiver et au printemps, on creuse au pied 
des tiges qui ont fleuri l'été précédent, on les trouve parfaitement vivaces, 
avec une souche munie de bourgeons assez longs. 

On sait que l’Angélique, comme plusieurs Ombellifères, ne garde pas long- 
temps sa propriété germinative. Il serait done utile de semer, en septembre, 
l'Orobanche en même temps que l'Angélique. Elles se développeraient 
ensemble et offriraient la garantie de durée qui m’a fait défaut. 


V. —— Sür Île Gagen saxatilis Koch, 


Les discussions qui ont eu lieu dans ces dernières années sur les Gagea 
bohemica et saxatilis, sans beaucoup. éclaircir la question, m'ont engagé à 
cultiver ces plantes pour en obtenir des fruits, Je-dois rendre compte ei de 
mes essais, quoiqu'ils ne m'aient pas encore conduit à un résultat satisfaisant. 

Il y a trois ans, je fis le voyage de Nemours, d’où l'excellent et regrettable 
docteur de Villiers me conduisit aux rochers de Poligny, Cette année-là 
justement, le Gagea, contrarié par l’hiver, n'avait pas jugé à propos. de 
paraître. Cependant, comme à quelque chose malheur est bon, je remarquäi 
que la plante eroissait sur une roche de grès légèrement déprimée au centre 
et retenant un peu d’eau pendant une partie de l'hiver, 

J'ai donc tout simplement planté l’année dernière des Gagea sazatilis du 
Palatinat et de Thouars (Deux-Sèvres), dans une petite caisse garnie au fond, 
à défaut de mieux, d’une pierre de silex un peu creuse, dans une couche 


(4) M. Bernard Verlot a constaté la même chose sur les Orobanche Hederæ cultivés 
au Muséum, (Note ajoutée péndant l'impression), 


SÉANCE DU 8 MAI 1863. 299 


de terre légère, épaisse de 10 centimètres au plus. Les plantes, protégées 
par ane plaque de verre dans les jours froids, ont parfaitement fleuri. Je les 
ai fécondées artificiellement en croisant les pollens des deux localités, et j'ai 
obtenu en avril quelques graines, maïs en petit nombre, et jamais plus 
d’une par loge. Les capsules avaient les faces enfoncées (et nullement con- 
-vexes), comme M. Reichenbach a figuré celles du Gagea bohemica. Si donc il 
y à une différence réelle entre la capsule de ces deux espèces, la con- 
vexité des capsules du Gagea saxatilis tient à la présence des graines en 
nombre dans chaque loge. La question en est restée là pour moi cette année. 

Pour avoir des pieds robustes, il faut les ôter de terre en avril-mai, en ne 
laissant que ce que les racines en retiennent, et les conserver en lieu sec jus- 
qu’en septembre; les bulbes qui ont été trop bien nettoyés perdent ane partie 
de leurs tuniques et ne donnent pas de fleurs au printemps suivant. 

Les caïeux sont très-nombreux. On sait que la plante a deux bulbes, munis 
chacun d’une feuille filiforme ; au-dessus du bulbe de l’année précédente se 
développe une série de petits caïeux superposés suivant un ordre alterne dis- 
tique, dont les inférieurs, en grossissant, émettent une feuille filiforme et 

“remplacent successivement l’ancien bulbe qui périt. 


VE. — Sur les Avena Ludovieiana DR., fatua L. et barbata Brotero. 


Je ne reviendrais passur les Avena Ludoviciana DR. et fatua L., si je n’a- 
vais entendu révoquer en doute la constance de leurs caractères par des bota- 
nistes très-sérieux. Je dois assurer que la culture m'a parfaitement démontré 

_que ce sont deux excellentes espèces. 

Toutes deux sont communes dans nos moissons, où elles atteignent une 

‘haute taille et se ressemblent parfaitement. 


AYENA FATUA L,,a deux à quatre fleurs aristées ; la terminale, ordinairement 
rudimentaire, quelquefois contenant une graine petite et à demi avortée, 
et alors aristée, est portée sur un pédicelle toujours soyeux. On sait que 
toutes les fleurs se désarticulent. La cicatrice d'insertion de la fleur infé- 
rieure est plus petite que dans l'A, Zudoviciana. 


AVENA LUDOVICIANA DR., a constamment deux fleurs aristées, jamais plus; 
la terminale, toujours mutique, quel que soit son état de développement, est 
portée sur un pédicellé glabre ou seulement cilié de quelques poils dans sa 
moitié supérieure. La cicatrice d'insertion de la fleur inférieure est plus 
grande que dans l'A. fatua. 


Dans les deux espèces, le pédicelle de la deuxième fleur est scabre, mais 
non poilu inférieurement, et muni supérieurement de poils soyeux décrois- 
sauts ; seulement la partie dénudée est un peu plus considérable dans l'A, Lu- 
doviciana, Le earactère des arêtes et celui du pédicelle de la fleur terminale 


300 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


permettent de distinguer sûrement ces deux espèces avant la maturité, ét 
indépendamment de la désarticulation. 


AVENA BARBATA Brotero, dont les fleurs se désarticulent toutes comme celles 
de l'A. fatua, se distingue par les deux longues arêtes qui terminent la spa- 
thellule extérieure. Cette éspèce, propre à la région maritime du sud-ouest, 
s’avance dans les terres à Thouars (Deux-Sèvres), où elle est de petite taille; 
à Poitiers, où M. l'abbé de Lacroix l'a recueillie dans les rochers calcaires 
de la Tranchée; et à Tours, où je l’ai observée gigantesque le long de la 
levée de la Loire, de Saint-Symphorien à Marmoutiers. Elle se rencontrera 
sans doute sur beaucoup d’autres points de l’intérieur, sur les pentes des 
rochers calcaires. 


L 


VII. — Les Characées du département de la Vienne, 


La région des bruyères de Montmorillon et la zone granitique renferment 
présque toutes nos espèces de Characées. J'en ai jusqu'ici observé treize. 


CHARA. — 1° Monosiphonicæ : Ch. coronata Ziz (Ch. Braunii Gmel. ), très- 
abondant en septembre dans l’étang du Riz-Chauvron. 

2° Polysiphonicæ monoicæ : Ch. bhispida Smith; Ch. fœtida A. Braun; 
Ch. fragilis Desv. : 

3° Polysiphonicæ dioicæ : Ch. fragifera DR., à Pindray (1). 


NITELLA. — 4° Pseudobracteatæ : N. glomerata Desv., à Pindray. 

2° Ebracteatæ dioicæ : N. capitata Nees; N. opaca Agardb. 

3° Ebracteatæ monoicæ : N. mucronata Braun, B heteromorpha, trouvé à 
Poitiers, par M. l'abbé de Lacroix ; N. translucens Pers. N. flexilis L. ; N. 
tenuissima Desv. ; N. gracilis Agardh. 

J'ai observé deux fois une variété très-curieuse du MVitella flexilis, dans 
laquelle les anthéridies et les nuculés ne se développent pas conjointement 
au même nœud, comme à l'ordinaire, maïs sur des rameaux séparés, quoique 
sur le même pied, de sorte que si l’on n’y prend garde, on croit avoir affaire 
à une espèce dioïque. La même anomalie a été observée à Paris, par M. Cosson ; 
et à Bordeaux, par M. Clavaud. 


VIII. — Sur quelques Hépatiques. 


J'ai rencontré cette année deux Hépatiques rares et qui échappent par leur 
extrême pelitesse : 


Lejeunia minutissima Dum., déjà trouvé autrefois par M. l'abbé de La- 


.(1) M. Durieu de Maisonneuve a trouvé cette espèce dans l'étang de Cieux (Haute 
Vienne); moi-même, en compagnie de M. Deloynes, l'ai revue dans l'étang des Plan” 
chettes près le Riz-Chauvron, avec J’Isoëtes tenuissima Bor, — (Note ajoutée pen 
l'impression, septembre 1863.) 


SÉANCE DU 8 MAI 1863. 301 


croix, à Port-Seguin près Poitiers, y a été retrouvé par M. Deloynes et moi; 
et aussi au Riz-Chauvron, sur le Chêne, le Charme et l’Aulne. 

Jungermannia Turneri, autrefois trouvé à Montmorillon, par M, l'abbé 
de Lacroix, a été revu par moi à Pindray, en fructification, dans le commen- 
cement de mars 1863, 

Le Jungermannia nigrella De Not. abonde dans tous les endroits frais des 
rochers calcaires jurassiques du centre de la France, Il a été trouvé près de 
Paris, par MM. Bescherelle et Roze. Il fructiie abondamment en septembre 
octobre. | 


M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : 


EXPÉRIENCES SUR LA DÉCOLORATION DES FLEURS DU SYRINGA VULGARIS L. DANS LA 
CULTURE EN SERRE, par M. PP. DUCHARTRE, 


J'ai déjà eu l'honneur d'appeler l’attention de la Société sur ce fait remar- 
quable que le Lilas-commun (Syringa vulgaris L.), soumis à ce qu’on nomme 
la culture forcée, c’est-à-dire cultivé en serre chaude pendant l'hiver, développe 
des fleurs assez dépourvues du principe colorant qui leur est naturel pour 
paraître blanches. Dans ma première communication sur ce sujet (Bull. Soc. 
bot. de Fr. t. VII, p. 152 et suiv.), analysant les diverses circonstances dans 
lesquelles cette décoloration se produit chez les jardiniers qui ont trouvé dans 
cette culture spéciale les éléments d’une industrie fructueuse, j'ai cherché à 
déterminer les causes auxquelles on peut attribuer ce curieux effet, sans arriver 
toutefois, je dois l'avouer, à jeter sur cette question tout le jour désirable. Alors, 
en effet, j’avais dû me contenter d'observer la marche des faits sans pouvoir 
faire Les expériences variées qui eussent été nécessaires pour les expliquer, Aussi 
me suis-je empressé de saisir l’occasion qui s’est présentée cette année de 
tenter ces expériences, et les résultats que j’en ai obtenus me semblent assez 
curieux pour que je croie devoir les signaler à la Société. Je ne dois pas négli- 
ger de dire avant tout que c’est grâce à l’obligeance éclairée de M. Fournier, 
jardinier-chef chez M. Furtado, à Rocquencourt près Versailles, que j'ai pu 
tenter ces divers essais pour lesquels il fallait pouvoir disposer à la fois de 
serres convenablement construites, d’une surveillance intelligente et exacte, 
et de sujets en nombre suffisant, conditions difficiles à réunir. 

Parmi les diverses influences auxquelles on peut attribuer la décoloration du 
Lilas forcé, comme l’appellent les jardiniers, les plus puissantes semblent être 
l’affaiblissement de la lumière et une forte chaleur. C’est en effet dans des serres 
chauffées de 33 à 36 degrés centigrades et peu éclairées, que M. Laurent aîné, 
l’horticulteur parisien le plus avantageusement connu pour ses succès dans cette 
culture spéciale, enferme les pieds de Lilas dont il veut avoir les fleurs déco- 
lorées. Mais aujourd'hui M. Fournier obtient des fleurs de Lilas parfaitement 


302 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

décolorées dans une serre où la température ne s'élève guère au-dessus de 
15 degrés centigrades. Une forte chaleur n’est donc pas nécessaire pour cetté 
décoloration. Des deux influences qui m'avaient d’abord semblé les plus actives 


en cette circonstance, il ne reste ainsi que l’affaiblissement de la lumière, car 
M. Fournier place le Lilas qu’il veut forcer dans une fosse creusée sous uné 


large tablette largement ouverte, il est vrai, du côté du nord, mais néanmoins 
médiocrement éclairée. Il m’a semblé dès lors intéressant de rechercher si 
dans cette même serre peu chauffée, une vive lumière amènerait la formation 


dans les corolles du principe colorant qui y manque quand elles se dévelop- 


pent à une lumière affaiblie. Dans ce but j'ai fait l'expérience suivante: 

Sur deux touffes de Lilas placées en deux points différents de la serre, on a 
laissé la moitié environ des branches sous la tablette, c’est-à-dire à une lumière 
affaiblie, tandis qu’on a redressé les autres branches en les retirant de dessous 
cette même tablette. Ges branches ainsi maintenues redressées arrivaient tout 
près des vitres qui couvrent la serre ; elles recevaient donc beaucoup de lumière; 
même le temps ayant été fort beau tant qu’a duré cette expérience, c’ést-à- 
dire pendant la deuxième moitié de février et le commencement de mars 1863, 
elles ont reçu les rayons directs du soleil pendant plusieurs heures chaque 
jour. Néanmoins les fleurs ont été aussi blanches que celles qui s'étaient épa- 
nouies en même temps, soit sur les mêmes pieds, soit sur des pieds différents, 
sous l'influence d’une lumière affaiblie. 

Répétée de la même manière ou dans des conditions légèrement différentes, 
cette expérience à donné constamment des résultats identiques. Je crois donc 


pouvoir en conclure que l’affaiblissement de la lumière n'est pas plus néces- 
saire qu’une forte chaleur pour que le Lilas, naturellement coloré, développe 


en serre des fleurs dépourvues de leur principe colorant. 

Existerait-il dans les serres une cause particulière quelconque qui empéchât 
les fleurs du Lilas d’y prendre leur coloration naturelle? Telle est la question 
qui s’est présentée à mon esprit, dès qu’il m’a été démontré par l’expérience 


que le défaut de coloration des fleurs de cet arbuste n’était pas dû aux causes’ 


auxquelles les idées admises dans la science m’avaient porté d'abord à 
l’attribuer. Pour tâcher de trouver une réponse plausible à cette question, j'ai 
fait les deux expériences suivantes : 

4° Un pied de Lilas a été laissé en pleine terre et à l’air libre jusqu’au 42 avril. 
A cette époque ses jeunes boutons de fleurs étaient déjà formés et colorés 
comme ils le sont normalement dans ces conditions. Il a été alors arraché, 
comme le sont tous ceux que l’on force, et ensuite transporté dans la serre où 
ses branches sont restées à la lumière. Dans ces nouvelles conditions, le prin- 
cipe colorant n’a pas continué de se produire, et le 49 avril ces boutons étaient 
devenus des fleurs blanches. 

2° Dans les premiers jours du mois d’avril, une touffe de Lilas venant d’être 
arrachée, a été placée dans la serre. La plupart de ses branches sont restées 


SÉANCE DU 8 MAI 4863, 303 


dans l'aimosphère de cette serre et tout près des vitres; quant aux autres, on 
les a fait passer à travers üne ouverture qu’on a pratiquée dans un des châssis 
en en retirant une vitre. Celles-ci se sont donc trouvées en dehors de Ja serré 
et à l’air libre. On a bouché avec de la mousse l'ouverture qui avait été prati- 
quéé spécialement én vué dé cétte expérience. Deux faits se sont dès lors pro- 
duits : d’abord, comme if était facile de le prévoir, les branches restées dans 
l'atmosphère chaude de la serre ont développé leuts fleurs beaucoup plus rapi- 
dement que les autres. Le19 avril elles étaient chargées de fleurs blanéhes bien 
épanouies, tandis que celles qui avaient été amenées à l’air libre ne portaient 
encore que de petits boutons gros comme une tête d’épingle, et déjà visiblement 
violacés. En second lieu, lorsque au bout d’environ deux semaines les fleurs 
de ces dernièrés branchés qui avaient subi pendant leur développement l’in- 
fluence de l'air libre se sont épanouies, elles se sont montrées colorées comme 
celles des Lilas plantés en pleine terre. Ainsi, le même arbuste a donné, sur 
ses diverses branches, des fleurs, les unes violettes,:les autres décolorées, selon 
qu’elles se sont développées à l'extérieur ou à l’intérieur de la serre. 

IL semble donc résulter de ces expériences une conséquence inattendue ; 
c'est que dans l'air même d’une serre il existe une cause qui s’oppose à la 
formation du principe colorant des fleurs du Lilas-commun, ou qui peut-être 
l’altère à mesure que la végétation tend à le produire. Or, dans l’état actuel 
de la science, à quelle cause peut-on attribuer un effet si curieux ? Ne serait- 
ce pas à l’action de l'oxygène ozonisé, principe décolorant par oxydation des 
matières organiques, qui, d’après diverses observations, doit exister dans des 
serres remplies de plantes vivantes en. plus forte proportion que dans l’at- 
mosphère libre ?: C’est sous toutes réserves que je hasarde cette hypothèse, et 
je désire vivement. que. d’autres observateurs veuillent bien la soumettre, de 
leur côté, au contrôle de l'expérience. 


M. Chatin est, ainsi que M. Duchartre, disposé à attribuer à 
l’action de l’ozone une certaine part dans la production du phéno- 
mène. | 

- M; Fermond demande si lon ne pourrait pas faire intervenir 
l'influence de la lumière incidente, l’obliquité des rayons solaires, 

M. Duchartre répond que la disposition des serres hollandaises 
dans lesquelles l'expérience a eu lieu ne lui paraît pas favorable à 
l'hypothèse de M. Fermond. 

M. Fermond ajoute que l'excès d’oxygêné, même non à l’état 
d'ozone, peut être pour quelque chose dans le phénomène d’albi- 
nisme. 

M. Cosson fait remarquer que, dans un grand nombre de végé- 
taux, la fixité de la coloration des fleurs est loin d’être en raison de 


304 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


son intensité. Il cite à cet égard le Delphinium orientale, dont les 
fleurs, souvent d’un violet foncé, sont assez fréquemment roses ou 
blanches. 


M. À. Gris présente à la Société un rameau fleuri d’Eucalyptus 
Globulus qui lui a été adressé par M. Peyremot, professeur de 
botanique médicale à Toulon, et donne lecture de l'extrait suivant 
de la lettre qui accompagnait cet envoi : 


LETTRE DE M, PEYREMOT À M. A. GRIS. 
Toulon, 23 avril 1863. 


…..Je vous adresse quelques échantillons pris sur un Æ£'ucalyptus Glo- 
bulus Labill., dont je suis le développement avec le plus grand intérêt au 
jardin botanique de Saint-Mandrier près Toulon. 

Les individus de la même espèce que vous avez à Paris n’ayant pas ren- 
contré des conditions aussi favorables, n’ont probablement pas eu une crois- 
sance aussi rapide que celui dont je vous envoie aujourd’hui une fleur épa- 
nouie. 

Voici, à l'appui, quelques indications qui vous permettront de juger du prix 
que nous devons attacher à cette précieuse acquisition. 

L'Eucalyptus de notre école de botanique a été semé en février 1859. Ses 
feuilles furent décussées, sessiles, subdécurrentes jusqu’au printemps de 1861, 
époque à laquelle apparurent les premières feuilles alternes, pétiolées, falci- 
formes, propres à l'arbre adulte. De nombreux bourgeons-fleurs (une cen- 
taine) se montrèrent pendant l'été de 1862, mais la plupart tombèrent avant 
de s'épanouir. La floraison des autres ne commença qu’à l'entrée de l'hiver 
de 1863, et elle dure encore. L'ovaire offre ceci de particulier, qu’il est tantôt 
à quatre, tantôt à cinq loges. Quelques fruits semblent parcourir les phases 
normales de maturation et me font espérer des graines fertiles. 

Cet Eucalyptus atteint aujourd’hui une hauteur de 7,74. La circonfé- 
rence du tronc est de 0",50 au niveau du sol, et de 0,34 à deux mètres 
au-dessus. 


A l’occasion de cette communication, M. Cosson fait remarquer 
que la Nouvelle-Hollande est l’une des contrées qui fourniront peul- 
être le plus de végétaux à l’acclimatation en Algérie et dans le midi 
de la France. 


SÉANCE DU 22 MAI 1863. 305 


SÉANCE DU 22 MAI 1863. 


PRÉSIDENCE DE M. E. COSSON. 


M. A. Gris, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance 
du 8 mai, dont la rédaction est adoptée : 

Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le 
Président proclame l’admission de : 


M. Perir (Paul), pharmacien, rue des Quatre-Vents, 16, à Paris, 
présenté par MM. Eug. Fournier et de Schœnefeld. 


M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. 


Dons faits à la Société : 


4° De la part de M. E.-G. Pâris : 


Courses bryologiques aux environs de Chambéry. 


2° De la part de M. V. Personnat : 
L’Abeille de Chamonix, 1863, deux numéros. 


3° De la part de M. Fr. Crepin: 
L'Ardenne. 

. Elodea canadensis Rich. (Anacharis Alsinastrum Bab.). 
Petites annotations à la flore de Belgique, 1° fragment. 


&° De la part de M. Willkonm : 


Series inconfecta plantarum indigenarum Aragoniæ, par MM. Fr. 
Luscos y Bernal et J. Pardo y Sastron ; traduit en latin par M. Will- 
komm. 


5° En échange du Bulletin de la Société : 


Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 1862, n°1. 
Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern, année 1862. 
Atti dell” I. R. Istituto veneto, t VIIX, n° 4. 

Wochenschrift fuer Goœrtnerei und Pflanzenkunde, 1863, quatre 

numéros. 

Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture, avril 1863. 
Bulletin de la Société impériale zoologique d'Acclimatation, avril 1863. 
L'Institut, mai 1863, deux numéros. 


306 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. le Président propose à la Société, au nom du Conseil, de fixer 
au lundi 27 juillet prochain, à Chambéry, l'ouverture de la session 
extraordinaire qui doit avoir lieu celte année en Savoie. — Cette 
proposition est adoptée. | 

Lecture est donnée d’une, lettre de M. ie qui remercie la 
Société de l'avoir admis a nombre de ses membres. 

M. le Président annonce la mort de M. Grosjean, pharmacien à à 
Fismes (Marne), admis dans la dernière séance, 


M. Fermond fait, à à la Sogiété la communication suivante : 


ÉTUDES SUR L'ÉVOLUTION DES BOURGEONS, par M. Ch, FERMOND, 
PREMIÈRE PARTIE. 


De l'hécastosie, ou de In force qui préside à là séparation des divers 
organes végétaux. 


Comme point de départ. de nos études, nous ayons cru devoir choisir de 
préférence le bourgeon naissant développé sur des axes vigoureux, après en 
avoir enlevé toutes les feuilles et tous les botürgeons apparents ét en prenant 
grand soin d'en suivre attentivement. les moindres progrès. Or, quarid on 
examine un bourgeon naissant, on recônnaît au microscope qu’il n’est con- 
stitué que par une multitude de petites cellules assez semblables et intime- 
ment liées entre elles; mais bientôt cette petite masse de tissu cellulaire se 
fend par le sommet, et cétte fente se poursuit d'an seul côté pour les feuilles 
alternes (Monocotylédones) ou de déux côtés pour les feuilles opposées, ou de 
trois, de quatre, de six côtés pour les feuilles. verticillées, en même temps 
qu’une séparation se fait concentriquement éntré les parties circulaires et la 
partie centrale. Au céntré de ces organes, én général peu développés ét qui 
alors prennent le nom d’écatlles, se trouve une’ pétite masse indivise de tissu 
cellulaire qui se comportera de la même façon, en observant d’ordinaite la loi 
d’alternance; mais les organes qui se sépareront. cette seconde fois; mieux 
nourris ou protégés déjà par les premières écailles , acquerront un plus grand 
développement. La masse indivise centrale nouvelle subira le même sort et 
donnera lieu à d’autres organes qui se développeront encore mieux, et ainsi 
de suite jusqu’au moment où l’on: sera arrivé à retrouver la figure de la 
feuille particulière à l'espèce sur laquelle on fait l'observation, Or il arrive 
un moment où cette masse centrale, bien enveloppée par les organes, appen- 
diculaires déjà très-développés, est si petite que l’on ne sait plus distinguer 
le phénomèné de séparation dont nous venons de parler, quoique pourtant 
cetté Séparation sé continue encore; C’est qu’alors, dès qu’elle se prononce, 
les organes appendiculaires naissants affectent auésitôt l'apparence de mame- 


SÉANCE DU 22 WA 1863. 307 
lons qui, pat leur développeñent ultérieur, revétiront la forme conne a 
l'organe appendiculaire de l'espèce que l’on analyse. 

C’est à ce phénomène ou cette force, qui oblige les parties à se séparer les’ 
unés des autres et dont plus tard nous ferons connaître le mécanisme, que 
nous avons cri devoir donnér le nom d’hécastosté (tiré du grec ravtoc,: 
chaque individu), parce qu’en effet elle sépare, éndividualise pour ainsi diré 
plus ou moins profondément les diverses parties, si bien qu’elles ne sont plus 
liées les unes avec les autres que par des points très-restreints, Commie on! 
peut l’observer dans les feuilles et les bourgeons sur les tiges ; les pétales, les’ 
étamines, les carpelles et les graines sur l'axe très-court qui les supporte. 

Afin de se rendre compte des phénomènes dus à lhécastosie, il faut com- 
mencer par distinguer trois formes de cette propriété générale, savoir : sd 

4° Celle qui séparé concéntriquement les parties autour de l'axe, telles que 
les feuilles, les bourgeons, les sépales, etc. , que nous appellerons hécastoste 
centripète, parce qu’elle tend à marcher vers le centre de l’axe. 

2° L'hécastosié qui sépare circulairement en une ou plusiears les parties’ 
que l’hécastosie centripète a déjà séparées, de façon à constituer des organes 
plans, alternes, opposés, verticillés; nous la nommons Aécastosie circulaire 
ou plane : circulaire, parce qu’elle agit circulairement et parallèlement à 
l'axe; plane, parce que c’est elle qui divise le limbe des feuilles le plus ordi= 
nairement de figure plane. 

Si l’on veut des exemples très-propres à bien faire comprendre ces deux 
formes de l’hécastosie, on les trouvera dans les bourgeons connus sous le nom 
de bulbes. En effet, si l’on coupe transversalement un oignon de Scille par 
exemple, on le trouvera constitué par une série de tuniques bien séparéés, 
mäis emboîtées lés unes dans les autres : c’est l’hécastoste centripète ”_ les'a 
produites. Ici pas là moindre tracé d’hécastosie circulaire. 

Au contraire, dans quelques plantes, comme les Cereus, les Fhbbaute ; 
les Echinopsis, etc., qui ne se composent, pour ainsi dire, que de côtés vér- 
ticales unies entre ellés par lé corps même du végétal, il n’y à qu’uné hécas® 
tosié circulaire ét Yhécastosie centripète est en défaut. 

Dans un bulbe de Lis, l'hécastosie circulaire est vente se joindre à l'hécAs = 
tosie centripète pour en former les écailles que tout le monde connaît, 

Enfin, s’il arrivait qu'il y eût à la fois défaut d’hécastosie centripète et défaut 
d'hécastosie circulaire, on aurait un bulbe indivis connu sous le nom de bw/be 
solide, dont les Gladiolus fournissent d'excellents exemples. 

3° La troisième forme de l’hécastosie est celle qui fait que les parties qu'ont 
divisées les hécastosies centripète et circulaire sont séparéés les-unes des autres 
par un tube cylindrique on prismatique nommé entre-nœud où mérithalle, 
parce qu'il ést, en effet, placé ‘entré les points d’où émergent les organes 
appendiculaires et où se trouvent des renflements que l’on nomihe nœuds 
vitaux. Sï mous portons notre attention sur ces nœuds vitaux, nous ne tar= 


308 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dons pas à reconnaître que, bien souvent, selon les espèces où on les obserte, 
ils sont le siége d’une articulation qui permet de détacher les mérithalles les 
uns des autres, comme s'ils n'avaient été que collés ensemble (£'quisetum, 
Vitis, etc.). Pareillement, vers la fin de la saison, presque toutes les feuilles, 
les folioles même des feuilles dites composées, se désarticulent de l’axe qui les 
porte et tombent d’elles-mêmes (Æobinia Pseudacacia). Les pédoncules ne 
sont pas exempts de cette désarticulation spontanée quand les fleurs qu'ils 
portent ont rempli leurs fonctions (Asparagus officinalis, Æsculus Hippo- 
castanum, etc.). Enfin, c’est grâce à de semblables articulations spontanées 
que les carpelles et certains bourgeons (bu/billes) tombent, que certains car- 
pelles (/omentacés) se séparent par articles et que les graines se sèment 
d’elles-mêmes. 

En présence de ces faits irrécusables, il est donc bien établi que la petite 
masse de tissu cellulaire, unique et homogène dans le principe, n’a pas seu- 
lement subi des séparations verticales, concentriques et latérales, mais encore 
des séparations éransversales que nous désignons sous le nom d’hécastoste 
transversale. 

Si maintenant nous observons qu’en agissant ainsi, ces trois formes de 
l’hécastosie dirigent leur action suivant les trois dimensions de l'étendue : lon- 
gueur, largeur et profondeur ou épaisseur, nous reconnaîtrons que ces trois 
hécastosies, en se produisant simultanément, ont précisément pour effet de déli- 
miter et circonscrire d’autres petits amas de cellules ayant chacun une vie par- 
ticulière dans la vie générale de l'individu, et leurs mouvements propres dont 
la variabilité entraînera nécessairement des différences dans les parties pro 
duites. C’est la réunion de ces trois formes de l’hécastosie, prises strictement à 
leur naissance, qui conduit logiquement à la nécessité de reconnaître dans les 
parties végétales des centres vitaux que, pour plus de simplicité. et surtout 
à cause de leurs propriétés, nous nommerons phytogènes. 

Le plus souvent, les mérithalles se succèdent sans phénomènes extraordi- 
paires, produisant autour d’eux des feuilles et des bourgeons, puis des fleurs. 
Dans ce cas, si l’on vient à couper transversalement l'axe ou tige, On y 
trouve un seul canal médullaire généralement arrondi. Les hécastosies sont 
normales. 

Mais il peut arriver que ce phytogène, ne s'étant pas encore constitué à 
l'état de bourgeon, se comporte dans son. développement de façon à produire 
des phénomènes anormaux que nous examinerons sous le nom de #ultipli- 
cations ou chorises. 

Ainsi, il se peut que ce phytogène, avant de produire les une, deuxet trois 
parties latérales et circulaires qui constituent les organes appendiculaires, se 
divise en deux parties par suite de l’action de l’hécastosie centripète, et 
qu'alors, au lieu de former un seul axe, il en forme deux qui d'ordinaire 
marchent parallèlement dans leur évolution. Dans ce cas, on a le phéno- 


SÉANCE DU 22 mat 1863. 309 


inène nominé dédoublement, lequel présente trois modifications appré- 
ciables : 

1° Si l’hécastosie est complète, les deux axes seront séparés ; ainsi isolés, 
ils se comporteront d’une manière normale, et chacun d’eux offrira dans sa 
coupe transversale un canal médullaire arrondi. 

2° Mais il se peut que l’hécastosie centripète se prononce beaucoup moins, 
et qu’elle se traduise à l'extérieur par un aplatissement de l’axe et par une 
rainure longitudinale plus ou moins profonde sur l’une ou sur les deux faces 
de cet axe, Dans cette circonstance, si l’on coupe l’axe transversalement, on 
remarquera qu'il s’est formé deux canaux médullaires dont l’ensemble simule 
un huit de chiffre (Moquin-Tandon), canaux d’autant plus distincts que les 
sillons étaient plus profonds, ce qui accuse un état hêcastosique plus pro- 
noncé. 

3° Enfin, si l’hécastosie centripète est encore moins prononcée que dans 
l'exemple précédent , quoique manifeste encore, le phénomène ne se traduira 
que par l’aplatissement de l’axe et par un bourgeon lui-même aplati comme 
l'axe et dans le même sens. La section transversale d’une semblable tige ne 
montre plus deux canaux médullaires, mais un seul qui a alors une forme 
elliptique. Cet état particulier est un commencement de la monstruosité que 
les physiologistes appellent fascie ou tige fasciée. Tous ces phénomènes con- 
stituent des excès d’hécastosie centripète, puisqu'au lieu d’un élément on est 
forcé d’en reconnaître deux. 

Par contre, il y a une autre série d'anomalies que nous désignerons sous le 
nom de défauts d’hécastosie, et dans laquelle viennent se ranger tous les phé- 
nomènes connus sous le nom de soudures, expression que nous ne saurions 
adopter, parce que d’abord elle ne concorde plus avec celles que nous 
employons pour exprimer tous les phénomènes de l’hécastosie, et parce 
qu’ensuite elle donne évidemment une fausse idée de la nature de ce genre de 
phénomènes, puisque, pour qu'il y ait eu soudure, il aurait fallu que les 
parties eussent été séparées auparavant. Or, nous savons bien que, dans le 
principe, tout était intimement lié dans la petite masse de tissu cellulaire ou 
phytogène. 

Des considérations résultant de cette étude nous ont conduit aux conclu- 
sions suivantes : 

1° Les phénomènes de l’hécastosie sont, en général, d'autant plus marqués 
qu'on Les observe chez les végétaux les plus élevés dans les classifications 
mélhodiques. 

2° L'hécastosie centripète est d’une importance plus grande que les deux 
autres formes de l'hécastosie, et se retrouve d'autant plus développée qu'on 
l'observe chez les végétaux les plus élevés dans les différents groupes. 

3° L'hécastosie circulaire est d’une importance moins grande que l'hé- 
Castosie centripète, et se montre souvent d'autant plus développée dans les 


«340 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE. FRANCE. 

fleurs qu'on l'observe dans les espèces. les plus élevées dans les différents 
groupes. 

.….&°-L'hécastosie transversale est d'une importance inférieure aux deux 
autres , etrpeut indifféremment se rencontrer dans. tous les groupes 


végétaux. 
À (La suite à la prochaine séance.) 


t 


“ 


M! 3. Gày fait à la Société la communication suivante : 


NOTE SUR DEUX FORMES REMARQUABLES DU CYTINUS HYPOCISTIS L., 
par ME. 3. GAY. 


“ 


Lorsque j'ai présenté l'envoi de M. Martins à la Société (séance du 24 avril 
dernier), j'étais sans aucune explication épistolaire de son contenu, et je n°y 
“ai vu que ce que portaïént les étiquettes, savoir des échantillons du Cyfinus 
*Hypocistis, cueillis par MM. Barrandon ét Roudier, sur deux mères diffé- 
‘rentes, les uns sur le C'istus monspeliensis, les autres sur le Cistus albidus, 
“et, distrait par d’autres occupations, j'ai négligé de comparer avec une 
‘attention suffisante les deux produits qu’à priori jé ne pouvais guère supposer 
‘différents. 
Informé, depuis, qu’à Montpellier, le Csfus monspeliensis avail été Ja 
“seule nourrice jusqu'ici connue du Cyfinus Hypocistis ; que ce dernier crois- 
sant sur le Cistus albidus était, au contraire, un fait tout nouveau observé 
"pour la prémière fois cette année, par MM. Barrandon et Roudier, et seule- 
‘ment sur les hauteurs dé Mireval; enfin que ces messieurs croyaient avoir 
‘observé entre les parasites des deux Cistes des différences notables, qui pour- 
“raiént bien être spécifiques, j'ai profité pour étudier cette dernière question 
‘d'in nouvel et copieux envoi de plantes fraîches quin m'a été fait par M. Mar- 
“tins, à Ja date du 10 mai. 
‘7 De cétte étude, il résulte, en effet, qu'il existe des différences très-appré- 
‘ciables entre le parasite du Cisus albidus ét celui du Cêstus monspeliensts. 
L° Ee premier, celuÿ qui est nouveau pour la flore de Montpellier, est géné- 
ralement plus grand et plus gros, mesurant de 41 à 16 centimètres de lon- 
-guéur au heu dé 6 à 8. Sa somimité florale se détache mieux en tête de la 
tige cylindrique, celle-ci s’élargissant plus graduellement de bas'en haut dans 
l'äutre plante, sous la forme d’un cône renversé. Ses écailles caulinaires, ses 
“bractées et ses bractéoles, plus longues et plus larges, sont, dans leur partie 
supérieure, d’un beau rouge cramoisi, qui contraste avec le rouge ferrugi- 
“neux dont les sommités des mêmes parties sont teintes dans l'autre plante. Ses 
‘fleurs, enfin (ovaire et périanthe), sensiblement plus grandes, se distinguent 
en cutré par leur couleur d’un blanc terne, non jaune serin, et par leur surface 
“entièrement glabre,; non hérisséce extérieurement de papilles nombreuses, 


'SÉANCE: DU 22 MAI 1868. “all 
longiuseules, coniques ou cylindriques, ou quelquefois en massüe, qui me sont 
pas des poils cloisonnés à la manière orditraire, mais SON des lobes du tissu 

‘sous-jacent (4). 

Ces différences sont assurément bornes et elles suffisent pour 
‘établir dans le Cyfinus Hypocistis deux formes qu’il faudra dorénavant men- 
tionner séparément dans nos flores, Je suis même très-disposé à croire que 
ces formes pourront être un jour élevées au rang d'espèces. Mais, comme les 
différences signalées dépendent toutes de la taille, de la couleur £&t de h 
‘pubescence, caractères de médiocre importance, comme je n'ai rien vu dans 
la structure de l'ovaire et de l'appareil sexuel qui puisse appuyer ces différences, 
‘comme enfin le fruit des deux plantes, y compris leurs graines, m’est encore 
inconnu (2), je crois qu'il serait prématuré de rien décider à cet égard, et je 
me borne en conséquence à présenter le parasite du Cistus albidus comme 
variété de l’autre qui, très-répandu:dans le bassin de la Méditerranée, où le 
premier est jusqu'iei areg én être tenu pou le st du Cytinus 
Hypocistis. 

La variété dont il est dci quhstide est pion très-rare dans de bassin de la 
Méditerranée ; mais elle s’y trouve en plusieurs endroits; autres que Montpel- 
lier, et elle a même été signalée deux fois dans ces derniers temps, par deux 
auteurs indépendants l’un de l’autre et travaillant des flores différentes. 

Tout annonce, en effet, que notre plante est le C'yfinus Hypocistis var. 
kérmesinus de Gussone, observé par lui en Sicile et dans les îles voisines sur 
les Cistus villosus et creticus, quoique la diagnose, d’ailleurs exacte, n'ait 
point relevé le caractère, pour moi important, des fleurs glabres, 

C’est, avec plus de certitude encore, le Cytinus Hypocistis var. canariensis 
Webb Phytogr: can, que l’auteur indique à Ténérifle et à Palma, croissant 
sur les Cistus vaginatus et monspeliensis. La certitude ici plus grande-résuite 
non-sealement de ce que l’auteur: a introduit dans sa diagnose (d’ailleurs 
imparfaite, parce qu’elle a été tracée d’après le sec) les mots importants g/a- 
bratus vel glaberrimus, mais encore des nombreux échantillons canariens 
que ke 'ai vus, et où la glabréité des fleurs est très-pronontée. 

A Montpellier, c’est sur le C'isfus albidus que croît notre variété ; en Sicilé 


k th Ajoutons que l'ovaire èn voie de maturation exsude sestivinis, dans les échan- 
tillous mis sous la presse, une gomme-résine, blanche et limpide, que je n’ai pas encore 
Yue dans la forme à fleurs pubescentes. 

(2) Les fruits, encore frais, des deux- plantes, n'ont été, plus tard, communiqués 
par M. Martins, mais ceux de la variété cramoisie s'étant trouvés en mauvais état, 
M..Arthur Gris, que j'avais prié d'en faire l’examen détaillé, n’a pu arriver à aucun 
résultat d’où l’on pût induire une diflérence appréciable entre les deux plantes, ni pour 
le fruit, ni pour la graine. — Je n’ai pas. à parler ici des observationis curieuses qu’à 
cette, occasion M. Gris a faites sur la placentation et la structure séminale du Cytinus. 
Il faudra les comparer à ce que M. Gasparripi a dit sur le même sujet in Guss. F1. 
ne synops. 1, 2 (1844), Add. p, 879, et dans le mémoire spécial que je seit 


342 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


c'est sur les Cistus villosus et creticus, d’après Gussone que je viens de citer; 
aux îles Canaries, c’est, d’après Webb, sur les Cistus vaginatus et monspe- 
liensis. Toujours sur des Cistes, jamais sur des Hélianthèmes, et, sauf 
l'exception du Cistus monspeliensis, toujours sur des Cistes à fleurs roses. Cette 
exception m'avait d’abord paru suspecte, et je craignais qu’elle ne couvrit une 
erreur, mais j'ai dû me rassurer lorsque j'ai vu dans l'herbier de M. Cosson, 
un pied de notre Cytinus kermesinus (caractérisé du moins par ses fleurs 
très-glabres), adhérent à un Ciste, qui, quoique chétif et sans fleurs ni fruits, 
ressemblait au C. monspeliensis plus qu'à toute autre espèce, Tout annonce 
donc que, du moins aux Canaries, notre Cytinus kermesinus peut vivre sur 
le même Cüistus à fleurs blanches, qui, dans le bassin de la Méditerranée, est 
la nourrice habituelle du Cyfinus à fleurs jaunes. 

Malgré cette rencontre fortuite des deux formes pouvant s’accommoder d’une 
même nourrice, le Cytinus à fleurs jaunes et pubescentes n’en conserve pas 
moins son caractère propre, quant aux plautes qui lui servent d'attache, On 
ne l’a jusqu'ici observé sur aucun des Cistes à fleurs rouges cités pour le ker- 
mesinus. Sa nourrice habituelle et générale, dans tous les quartiers du bassin 
de la Méditerranée, c’est le Cistus monspeliensis. Il se trouve communément 
aussi sur le C. salvifolius, autre espèce à fleurs blanches, ce que témoigne 
surabondamment un envoi de plantes fraîches, que je reçois d'Arcachon, près 
Bordeaux, au moment où j'écris ces lignes, envoi fait par mon jeune ami, 
notre confrère, Henri de Vilmorin. D’autres nourrices sont plus rares et plus 
exceptionnelles, mais s'appuient sur des témoignages dignes de foi. C’est ainsi 
que M. Debeaux indique le Cytinus Hypocistis sur le Cistus Clusii (espèce 
à fleurs jaunes), à Boghar, en Algérie (Cat. des pl. de Boghar, dans Act. 
Soc. Linn. de Bord. XXI, 1860, p. 174), ce que confirme un échantillon 
de l’herbier de M. Cosson, récolté à Batna par M. Lefranc. Ici s'arrête la 
liste des Cistes proprement dits, connus comme supports du vrai Cytinus 
Hypocistis. Mais cette forme est moins cistophile que l’autre, et, à défaut 
de mieux, sans sortir de la famille, elle ne dédaigne pas les Hélianthèmes. C'est 
ainsi que, d’après l’herbier de M: Cosson, notre plante s’accommode encore 
des Æelianthemum glutinosum et halimifolium, puisqu'elle a été trouvée 
sur le premier à Mostaganem par M. Balansa, et à Aumale par M. Charoy, 
deux localités algériennes ; et sur l’Æ. halimifolium, par M. Durieu, à Stora 
et la Calle (en Algérie), ainsi que par M. Welwitsch à Vendas (en Portugal). 

Notre plante se montre donc plus vagabonde que sa variété cramoisie, plus 
indifférente à sa nourrice, ressemblant en cela à d’autres parasites et notam- 
ment à certaines Orobanches qui vivent indifféremment sur un grand nombre 
de plantes différentes, même de genre. 

En finissant, je dois dire un mot d’une plante que j'ai vue dans la collec- 
tion sicilienne de M. Huet du Pavillon, où elle porte le n° 173, cueillie à 
Ogliastro et donnée pour le Cytinus Hypocistis var, kermesinus Guss. Pout 


SÉANCE DU 22 Mat 1863. 313 


moi, cette plante n’est point la variété de Gussone, et, autant par sa petite 
taille que par ses fleurs pubescentes, elle rentre indubitablement dans le 
vrai Cytinus Hypocistis, à fleurs jaunes. Mais l'étiquette l'indique comme 
ayant crû sur le Cistus villosus, c'est-à-dire sur une des deux nourrices 
qu’en Sicile on croyait propres à la variété de Gussone, et que personne 
n'avait jusqu'ici indiquées comme nourrices du type. Y a-t-ileu quelque mé- 
prise de la part du collecteur ? Ou bien faut-il conclure de son étiquette que 
le Cytinus Hypocistis type, pris par lui mal à propos pour la variété kerme- 
sinus, peut croître aussi sur le Cêstus vi/losus, ce dont Gussone n'avait rien 
dit ? L'avenir pourra seul éclairer ces questions. 

Je résume, ainsi qu'il suit, ce que l’on sait des caractères distinctifs des 
deux plantes, de leur distribution géographique et de leur synonymie, d’où 
résultera le fait que la connaissance de la forme cramoisie est bien antérieure 
aux publications de Webb et de Gussone, puisqu'il faut remonter jusqu'à 
Clusius, c'est-à-dire deux cents ans en arrière, pour avoir la tête de son 
histoire. 

CYTINUS HYPOGISTIS. — Squatnis Caulinis bracteisque apice ferrugineo- 
purpureis, flore luteo columnaque genitalium papilloso -pubescentibus. 

Hypocistis lutea Clus. Hisp., 1576, p. 443 (in Helianth. halimif. para- 
sitica). — Ejusd. Æist., 1601, p. 72, iisd. fere verbis. 

Hypocistis varia Clus. Hisp. p. 161. — Ejusd. Æist., p. 79, cum ic. 
stirpem in Cis{o monspeliensi parasiticam sistente. 

Hypocistis flore luteo. Tournef. Coroll., 1703, p. 46. 

Cytinus Hypocistis L. — Brot. Phyt. Lusit. select. 1, 1816, p. 122, tab. 
51. — Ad. Brongn. in Ann. sc. nat., sér, 1,1 1, 1824, p. 40, « et GB, 
tab. 4. — Sibth, F1. græc., X, 1840, tab. 938 (Cisto salvifolio adbærens). 
— Gasparr. in At. del congr. degli scienz. in Nap., 1846, I, p. 981, 
tab. 3 (ouvrage que je n’ai pu consulter). 

Habitat per omnem fere regionem mediterraneam, Hispaniam nempe Lusi- 
taniam, Galliam australem, Italiam saltem mediam et australem, cum insulis 
adjacentibus, Dalimatiæ insulas, Græciam, Macedoniam, Thraciam, Bithyniam, 
Rhodum ! Cretam! Natoliæ oram meridionalem saltem circa... (nomen hbaud 
legendum) (Heldr. exsicc. ! ann. 1845), Algeriam, inde ab maris littore usque 
ad Aumale, Boghar et Batna (lat. nempe 35 et 36), et Mauritaniam saltem tingi- 
tanam. Etiam in Gallia occidentali australiore, vasconica nempeé et tarbellica. 
Item in Sabaudiæ convalle Mauriana circa St Jean-de-Maurienne (siquidem 
Specimini fidendum, quod a b. Huguenin ann. 1830 communicat. coram 
est). — De Cypro et Syria, ut de Ægypto, de agro tripolitano et tunetano, 
testimonia hucusque nulla, neque de Canaris insulis, — Plantæ nutrices 
vulgo Cistus monspehensis et C. salvifolius; passim Cistus Clusii Dun., 
nominatim in Algeria interiore circa Boghar, teste Debeaux, et circa Batna, 
teste Lefranc in herb, Coss.; passim Æelianthemum halimifolium W., spe- 

T, X 4 : 


314 _ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ciatim in Lusitania circa Ulysipponem (Clus. 1 c.) et Vendas (Welw. in 
herb. Coss.), itemin Hispania bætiça circa Chiclana, copiose (Willk. exsicc.! 
n° 772), item in Algeria littorali circa Stora et La Calle { DR. in herb. 
Coss.!; rarius Z7. glutinosum Pers., in Algeria circa Mostaganem (Balansa ! 
in herb. Coss.) et Aumale (Charoy ! ibid.); rarius 7. glutinosi var. Æ. gla- 
brum Ten., circa urbem Algeriam {herb. Fauché nunc Boiss. ). 

B KERMESINUS. — Plerumque elatior et robustior, squamis caulinis brac- 
teisque longioribus, latioribus, apice kermesino-purpureis, flore majore, 
albido, columnaque genitalium glaberrimis, ovario maturescente turgide glo- 
boso, cereo-albo. | 

Hypocistis rubra Clus. Hisp., 1576, p. 134, cum ic. stirpem in Cisto 
albido parasiticam sistente (« purpurea sive kermesina, floribus candican- 
tibus »). — Ejusd. ÆZ4sf., 1601, p. 68, cum ic. ead. 

Hypocistis purpurea, flore candicante. Tourn. Coroll., 1703, p. 46. 

Cytinus Hypocistis var. canariensis Webb Phytogr. canar. XX, 1850, 
p. 429. 

Cytinus Hypocistis var. kermesinus Guss. FT. sic. synops. II, 1844, 
p. 619. 

Habitat in Gallia australi monspeliensi, hucusque unice prope Mireval (ibi 
hoc anno 1863, exeunte Aprili, a cll. Barrandon et Roudier! primum 
detectus) (1); in Sicilia passim, inque insulis vicinis Alicuri, Felicuri, Mare- 
timo et Pantellaria (Guss.); in Canariis insulis, nempe in Teneriffa (Webb), 
in Teneriffa australi circa Guimar et Adexe (La Perraudière ! in herb. Goss.); 
in Gomera (Bourg. exsicc.! n° 4015, ann. 1845), et in Palma (Webb). — 
Nutrices in Sicilia Cistus albidus et C. creticus (Guss.), Monspelii C. albidus 
(Barrandon), in Canariis insulis Cèstus vaginatus et C. monspeliensis (Webb), 
quam quidem matricem postremam confirmare videtur specimen herb. Coss., 
a Perralderio in Teneriffa prope Guimar lectum, idemque Cisti cujusdam 
frustulo adhærens, quod C. monspeliensem potius quam aliam quamyis 
generis speciem æmulatur. 


M.J. de Seynes dit que le Cytinus Hypocistis, croissant sur le 
Cistus albidus, est commun sur la rive gauche du Gardon, entre 
le pont du Gard et Saint-Privat. 

M. Gay fait remarquer que la forme en question n’a pas encore 
été signalée en France. — Il ajoute que le Cytinus Hypocishis, 
indiqué à Saint-Jean-de-Maurienne, peut en effet s’y rencontrer; 
puisque les Rhamnus Alaternus, Osyris alba, ete., se trouvent dans 
la Savoie méridionale. Le fait du Cytinus Hypocistis croissant en 


(1) In planitie lapidosa et sterili (plateau-garrigue), vico quæ Mireval impendet, per 
quam iter est Monspelio Frontiniagum eunti, viamque ingresso stratam, non ferream, 


SÉANCE DU 22 MAI 1863. 315 


Maurienne a cependant grand besoin d’être vérifié, ainsi que 
beaucoup d’autres indications du même collecteur (feu Huguenin), 
même celles qui sont appuyées d’échantillons, comme c’est ici le 
cas. 


M. Roze fait à la Société la communication suivante : 


NOTE SUR LE CAMPYLOPUS LONGIPILUS (Brid.?) Bryol, eur. 1, tab. 931, 
par M. Ernest ROZE. 


En explorant, le 14 mai dernier, les rochers de grès très-ombragés, situés 
dans la forêt de Retz, près de la station de Vaumoise (chemin de fer de Paris 
à Soissons), nous avons été, M. Bescherelle et moi, fort agréablement surpris 
de rencontrer sur un de ces rochers le C'ampylopus longipilus Br. eur. sous 
un aspect tout à fait nouveau. Il se présentait en touffes assez compactes, 
couronnées çà et là de rosettes polytrichoïdes dont la pluie de la veille et 
la fraîcheur de la roche étalaient en étoiles les feuilles terminales. Nous pré- 
sumâmes à cette vue que ces rosettes ne pouvaient contenir que les périgones, 
inconnus jusqu'ici, de ce C'ampylopus, ce qui nous fit chercher avec le plus 
grand soin si la présence de quelque urne ne viendräit accroître le plaisir 
de notre découverte. Mais un seul rocher nous offrit des touffes de notre 
Mousse, et aucune d’elles ne présentait le moindre fruit. L'examen ultérieur 
nous amena du reste à reconnaître que ces touffes n'étaient composées que 
des tiges mâles de la plante, et que toutes les anthéridies présentes n’y 
trouvaient aucun, archégone à féconder. 

L'étude des rosettes a donné les résultats suivants : à l'extérieur, une cou- 
ronne de feuilles entières, ovales-lancéolées, à nervure très-large, épaisse, 
terminée en poil hispide, en somme un peu plus développées que celles de la 
tige, mais presque en tout conformes à ces dernières ; à l'intérieur, 12-15 
périgones gemmacés, composés chacun de 5-6 feuilles concaves, cordifor- 
mes, très-entières, à nervure étroite ou nulle, mais non pilifères, et de 8-10 
anthéridies coûrtement pédicellées, environnées d'un assez grand nombré de 
paraphyses confervoïdes assez longues et teintes en jaune pâle comme les 
feuilles périgoniales. Notons en passant que la complète maturité de ces 
Organes paraît n'avoir lieu qu’au mois de juin. 

Espérons que la connaissance des deux sexes du Campylopus longipilus 
sera suivie de la découverte du fruit de cette plante, que l’on n’a certaine- 
ment placée avec quelques autres, toujours stériles comme elle, dans ce genre 
même, que par analogie d'aspect, de structure et de végétation. 


M. de Schæœnefeld présente des fleurs anomales de Fuchsia, dont 
les pétales, à onglet trés-long, ont une apparence staminoïde et 


316 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


semblent être des intermédiaires entre les vrais pétales et les vraies 
étamines. 

M. Chatin fait observer que les traces anthérifères qu’on voit sur 
ces pétales n’offrent ni pollen, ni cellules fibreuses. Il ajoute que les 
anthères de nombreuses fleurs de Prttosporum Tobira, en apparence 
normales, ne présentent point de pollen. 

M. Fermond fait remarquer que le Péttosporum Tobira fructifie 
généralement bien; il Jui paraît donc probable que M. Chatin a 
examiné des fleurs accidentellement stériles. 


M. Chatin fait à la Société la communication suivante : 


SUR LES PRINCIPES IMMÉDIATS ET LES MATIÈRES COLORANTES DES VÉGÉTAUX, 
par REM. FILHOL et CHATIN. 


Le travail dont je viens soumettre les résultats à la Société fait suite à la 
fois à ma communication du 23 novembre 1860 (Bull. de la Soc. bot. de 
France, 1. VI, p. 882) : Sur l'existence, dans tous les tissus végétaux, d'un 
principe immédiat neutre, et à plusieurs mémoires de M. Filhol: Sur les 
matières colorantes des fleurs. I] peut être résumé en les propositions 
suivantes : 

1° La matière avide d’oxygène, matière provisoirement désignée par À 
(Bull. Soc. bot. 1. c.), et qui colore en brun les feuilles d’automne, existe dans 
les fleurs comme dans la généralité des autres organes des végétaux. 

2 L'action suffisamment prolongée de la lumière et de l’air sur la chloro- 
phylle colore celle-ci en brun jaunâtre et lui fait perdre la propriété de passer 
au vert par l'acide chlorhydrique ; le phénomène est le même, que la chloro- 
phylle soit enfermée encore dans Je tissu végétal ou qu’elle en ait été extraite 
par les dissolvants. 

3° Tontes les fois que l'acide chlorhydrique a paru développer la couleur 
verte dans la chlorophylle jaunie à l'air, c’est qu’à la chlorophylle était mêlée 
de la xanthine. 

L° L'action combinée de la lumière et de l’aic sur la xanthine est, comme 
l’a vu M. Frémy, favorisée par la présence des bases, des alcalis surtout; elle 
est au contraire entravée par les acides. Le phénomène donne lieu à une 
absorption d'oxygène et à la production de gaz, sur lesquels nous reviendrons 
dans la seconde partie de ces recherches. 

5° La surface des jeunes feuilles est protégée par des corps gras dont la 
proportion diminue vers la période automnale ou de coloration des feuilles. 
On sait d’ailleurs que M. Payen a signalé dans la cuticule des feuilles plu- 
sieurs matières grasses, et que même, suivant M. Frémy, la cuticule serait 
essentiellement constituée par des substances de cet ordre. 


SÉANCE DU 22 MAI 1863. 317 


6° Les feuilles vertes, étant exposées à l’air après une immersion préalable 
dans l’éther, prennent la coloration feuille-morte. Le phénomène se produit 
plus rapidement si à l’éther simple on substitue de l’éther ammoniacal. C’est 
que l’ammoniaque, comme les autres alcalis, favorise l'oxydation de la ma- 
tière À, et que l’éther a enlevé de la surface de la feuille la matière grasse 
protectrice. L'oxygène de l’air forme de l’acide carbonique en brûlant une 
portion du carbone de A. 

7° La plupart des feuilles panachées de blanc (Aucuba, Ilex, etc.) se colo- 
rent en brun, comme les feuilles vertes, consécutivement à l’action de l’éther 
ammoniacal ; très-rarement (Acer Negundo) elles restent blanches. On peut 
admettre que ces dernières feuilles, sensiblement privées de la matière A, qui 
est un attribut général des sucs nourriciers, sont réellement, par le fait même 
de l’absence de cette matière plus que par celle de la chlorophylle, affectées 
de chlorose. 

8° Les feuilles de certains arbres (Malus, etc.) se colorent vers la fin de 
l'été en jaune, puis en rouge; mais jamais d’abord en rouge, plus tard en 
jaune. 

Les feuilles jaunes, soumises à l’action successive de l’éther ammoniacal et 
de l’air, passent au rouge en absorbant de l'oxygène. 

L’acide sulfureux et d’autres corps ‘désoxydants, mis en contact avec les 
feuilles rouges, les ramènent au jaune. 

9° Les feuilles jaunes sont donc, dans les espèces pouvant offrir la colora- 
tion rouge, le premier degré d’oxydation des feuilles rouges. Nous avons été 
conduits aussi à regarder les fruits jaunes de diverses plantes (Æubus, Ribes, 
Prunus, Malus) comme des arrêts de développement, ou mieux d’oxydation, 
des fruits rouges que produisent d’autres variétés des mêmes espèces. 

10° Les feuilles rouges contiennent habituellement encore, au-dessous du 
rouge qui en farde la surface, une matière jaune que l’on peut isoler par 
l'éther, et qui devient promptement rouge, en s’oxydant au contact de l’am- 
moniaque et de l'air. | 

11° La cyanine, observée dans les feuilles du Pelargonium zonale par 
M. Chevreul et dans celle de plusieurs autres végétaux par M. Frémy, colore 
en rouge un certain nombre de feuilles ( Vitis, Ampelopsis, etc.); mais c’est 
une substance différente, caractérisée par sa non-coloration à la lumière dif- 
fuse, qui rougit les feuilles du Berberis. 

12° L’éther enlève aux feuilles du Noyer (/uglans regia et J. nigra) une 
matière incolore qui prend, sous l'influence de l’ammoniaque et de l'air, une 
belle couleur violette. Cette matière, qui n'existe pas dans les jeunes feuilles, 
se détruit pendant la coloration automnale; nous l'avons retrouvée dans le 
brou de noix. 

13° Les persels de fer développent sur les feuilles, que celles-ci soient 
vertes, blanches, jaunes, rouges ou déjà brunies, une coloration noire plus ou 


318 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


moins intense, Cette coloration noire tient du vert ou du bleu, suivant l’espèce 
du végétal, 

L'action des sels ferriques est instantanée, si au préalable l’enduit gras de la - 
surface des feuilles a été enlevé par l’éther. 

La solution du perchlorure de fer dans l’éther est un réactif sûr et prompt, 
dont l'effet s’explique par ce qui précède. L'éther ferré indique encore la 
présence des substances tanniques ou tannoïdes dans les feuilles mortes très- 
brunes ne contenant plus que des traces de ces principes. 

Les feuilles décolorées de l’Acer Negundo, qui ne prennent pas la teinte 
feuille-morte sous l'influence de l’éther ammoniacal, noircissent au contraire 
par l’éther ferré, ce qui montre que l'élément tannoïde a persisté dans un cas 
où la matière A faisait défaut, 

44° Le quercitrin, matière colorante isolée du quercitron (écorce du 
Quercus tinctoria) par M. Chevreul, qui l’a retrouvé dans les fleurs de 
lVÆsculus Hippocastanum, est beaucoup plus répandu qu'on ne le pensait. 
Il existe en effet ‘dans toutes, ou presque toutes les parties herbacées des 
végétaux, ainsi que dans une foule d’autres organes, sur lesquels nous aurons 
à revenir plus tard. 

45° Avec le quercitrin coexiste assez souvent le tannin, quelquefois l’acide 
gallique, matières qui ont avec lui ce caractère commun de donner une cou- 
leur brune avec les sels de fer. 

46° Ces trois mâtières ; quercitrin, tannin, acide gallique, qu’on peut dire 
de même famille et dont la troisième dérive même, au moins en dehors des 
corps organisés, de la seconde, ont une diffusion ou généralité d'existence 
très-différente : le quercitrin est le plus répandn ; le tannin vrai l’est beaucoup 
moins ; l’acide gallique est rare, 

47° Il ressort implicitement des présentes recherches que ce qu'on a dit 
du tannin vert doit être généralement rapporté au quercitrin.. Prochainement 
nous dirons si au mot généralement, aujourd’hui employé par réserve, ne 
devra pas être substitué le mot foujours. Alors il n’y aurait qu’un tannin, ce 
tannin gallique qui donne avec les sels de fer une coloration bleue, et dont 
M. Pelouze à fait une si belle étude. 

48° Durant la coloration automnale des feuilles, les trois matières qui colo- 
rent les sels de fer disparaissent, leur destruction ayant lieu dans l’ordre sui- 
vant : quercitrin, tannin, acide gallique. Cet ordre de destruction est le même 
que celui de la diffusion, qui paraît être aussi celui de leur importance phy- 
siologique. 

19° La liqueur cupro-potassique, communément employée à constater la 
présence du glucose, mais qui est aussi réduite par un grand nombre d’autres 
matières organiques, notamment par celles que M. Payen a extraites du tissu 
du bois, et, ce qui est plus inattendu, par la cellulose elle-même, la liqueur 
cupro-potassique donne un moyen facile de reconnaître le mélange du tannin 


SÉANCE DU 22 mar 1863. 319 


au quercitrin. Énergiquement réduite par le tannin, la base cuprique de la 
liqueur d'essai n’éprouve aucune réduction en présence du quercitrin. 

20° Il est donc acquis que les sucs des plantes, et surtout ceux des parties 
herbacées, c'est-à-dire des organes dans lesquels se pressent les phénomènes 
les plus actifs de la végétation, renferment, entre quelques autres, deux 
matières dont le rôle important ressort assez de leur extrême diffusion elle- 
même, savoir : 4° la matière incolore qui, sous l'influence de l’oxygène 
atmosphérique, produit la coloration brune des feuilles d'automne; 2° le 
quercitrin, généralement pris pour du tannin dans tous les travaux publiés 
jusqu’à ce jour. | 


M. le comte Jaubert demande à M. Chatin quelle est la substance 
qui colore en jaune les racines des WMaclura et des Morus. 

M. Chatin répond que cette coloration est très-probablement due 
à la présence d’une matière que M. Chevreül a désignée sous le 
nom de #orine. 

M. Fermond demande à M. Chatin si la matière A, qui fait l’objet 
de sa-communication, ne serait pas la matière anciennement connue 
sous le nom général d’exfractif. 

M. Chatin répond que l’extractif des anciens pharmaciens est 
d’une composition complexe et variable, tandis que la matière en 
question est simple et partout identique. 


M. J. Gay fait à la Société la communication suivante : 


VOYAGE BOTANIQUE AU CAERNARVONSHIRE, DANS LE NORTH-WALES, FAIT EN AOÛT 4862, 
EN VUE D'UNE ÉTUDE PARTICULIÈRE 
DES /SOËTES DE CETTE CONTRÉE, par ME, Œ, GAY (1) 


IL. 


La vallée de Llanberis, sa situation , sa division en vallée-haute et vallée-basse, séparées par 
le Dolbadarn-Hill, ses montagnes y compris le Snowdon, ses anciens glaciers, sa géologie, 
son climat et sa végétation dans le fond du thalweg. 


Le 11 août 1862, je partais de Paris à sept heures du matin, et, le lende- 
main 42, à six heures du soir, j'arrivais à Bangor (à 236 milles de Londres), 
après avoir couché à Londres, sans y rien voir qu’un bout de Hyde-Park, 
et sans avoir fait d’autre observation le long de ma route, si ce n’est que la 
moisson du Froment commençait à peine dans le Kent, au sud de Londres, 
lorsqu'elle était à Paris terminée depuis quinze jours. 


(1) Voyez plus haut, p. 270. 


320 - SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Bangor est un petit port de mer, situé à l’ouverture septentrionale du 
détroit de Menai, en face de l’île d’Anglesey, à l’extrémité occidentale de 
laquelle se trouve le port de Holyhead, où commence la ligne de vapeur qui 
conduit à la capitale de l'Irlande. C’est à Bangor que M. Babington m'attendait, 
après avoir fait, dans la même journée du 12 août, et grâce au chemin de fer 
(qui traverse le détroit de Menai au moyen du fameux pont tubulaire), fait, 
dis-je, une excursion à Holyhead, pour y cueillir entre autresl’ÆZelianthemum 
Breweri Planch., qui a là et à Almwch, dans la même île d’Anglesey, ses 
deux seules localités connues. Il était accompagné du révérend W.-W. New- 
bould, de Turnham-Green près Londres, un auxiliaire très-utile dans l’ex- 
ploration projetée, vu que c’est un homme des plus versés dans les détails” 
spécifiques de la botanique anglaise, quoiqu'il n’ait rien écrit, que je sache, 
sur la matière, ni, je crois, travaillé à se former un herbier. 

Il n’y a qu'une huitaine de milles anglais (environ 12 kilomètres) de 
Bangor à Llanberis. Nous nous y rendîmes tous les trois, le lendemain 13 
août, dans une voiture louée, en traversant par des chemins de campagne le 
terrain montueux, peu cultivé et peu habité, qui sépare le littoral du groupe 
des montagnes du Snowdon, Dans ce trajet, nous rejoignîimes la route de 
poste qui conduit de Caernarvon à Capel-Curig (16 milles de distarice) en 
suivant la vallée de Llanberis, par la rive gauche des deux lacs (1). En peu 
d'heures, nous fûmes rendus à notre destination par cette dernière route, et 
nous nous installâmes très-confortablement dans le Padarn-Villa-Hotel, tenu 
par Richard Humphrey, un des trois principaux hôtels établis pour le service 
des touristes au hameau de Padarn-Villa, dans la moitié inférieure de la 
vallée de Llanberis, sur la rive gauche du Llyn-Padarn (Ilyn signifiant ac en 
gallois) et près de son extrémité supérieure. 

Nous voici dans le Caernarvonshire, chef-lieu Caernarvon (lat. Arvonia), 
un des cinq comtés du North-Wales (lat. C'ambria septentrionalis). Le Liyn- 
Padarn, au bord duquel nous sommes arrivés, est un lac de forme oblongue, 
courant du nord-ouest au sud-est, mesurant 3 milles environ de longueur sur 
1 mille de largeur, et situé à 104 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il 
occupe tout le fond de la vallée, sauf une étroite lisière de la rive gauche, où se 
trouvent disséminés trois ou quatre hameaux, avec quelques rares cultures 


(4) C’est une route plus ou moins moderne, remplaçant une autre voie qui conduisait 
au Llanberis supérieur par les hauteurs du Llanberis inférieur, rive droite, à une distance 
notable au-dessus du niveau du lac. C’est nécessairement par cette dernière route que 
Dillen et ses prédécesseurs, venant de Bangor ou de Caernarvon, auront pénétré au 
Llanberis supérieur. Cela est de quelque importance pour juger les localités que Dillen 
indique, et notamment celle du Pont-Wawr, dont il a été question plus haut, lequel 
devait se trouver à l'extrémité supérieure du Liyn-Peris. Il est même très-possible, Si 
ce n’est probable, que Dillen aura borné son exploration au Llanberis supérieur, c’est-à- 
dire aux environs immédiats du chef-lieu paroissial, et qu’il n’aura pas même visité le 
Llanberis inférieur, c’est-à-dire le bassin du Llyn-Padarn, alors impraticable et inhabité. 


SÉANCE DU 22 Mat 1863. 324 


jardinières et quelques prairies plus ou moins marécageuses. Sur la rive droite, 
au contraire, la montagne s’abaisse directement dans le lac, et cette partie de 
la ceinture est complétement inhabitée, parce qu’elle n’est susceptible 
d'aucune culture, Le propriétaire d’une carrière d’ardoise voisine (l'immense 
carrière de Dinorwig) y à pourtant établi un chemin de fer qui sert à 
l'exportation de ses produits, qu’il transporte ainsi, à très-peu de frais, 
jusqu’au détroit de Menai (1). Une autre carrière d’ardoise, moins importante 
quoique déjà considérable, la carrière de Glyn, se trouve sur l’autre rive, 
près du hameau de Frondeg. Toutes deux dépensent beaucoup de poudre 
pour faire sauter la roche à exploiter, et tous les jours, à intervalles souvent 
rapprochés, il en résulte des détonations formidables, capables d’effrayer les 
nouveaux arrivés au Padarn-Villa-Hotel; car ces étrangers, non prévenus, 
pourraient se croire exposés entre les batteries tonnantes de deux armées 
ennemies en présence. 

Au delà de Padarn-Villa-Hotel, où nous sommes descendus, la vallée est 
tout à coup barrée par une colline transversale, nommée Dolbadarn-Hill, 
sur laquelle se trouve une tour cn ruines (Dolbadarn-Castle) dont on fait 
remonter la construction au vl° siècle. Derrière ce rempart, la vallée se con- 
tinue en ligne droite, pour aboutir, à quelques milles plus loin, en se rétré- 
cissant de plus en plus, et aussi en élevant de plus en plus son niveau, à un 
faîte d’où la route descend plus ou moins graduellement, à gauche sur la 
petite ville de Capel-Curig, à droite sur celle de Beddgelert, qui sont l’une 
et l’autre en dehors du domaine que je me suis promis d'explorer. Le point 
culminant dont je viens de parler a, dit-on, environ 304 mètres (1000 pieds 
anglais) d'altitude. La gorge très-sauvage qui y conduit est connue sous le 
nom de Pass of Llanberis (2). Plus bas est le village de Llanberis, chef-lieu 
de la vallée, avec son église paroissiale, où le service religieux anglican se 
fait en gallois (dans la partie inférieure de la vallée, dont j'ai parlé dans le 
paragraphe précédent, il y a trois chapelles dissidentes où le culte se fait en 
anglais). A 4 mille au-dessous du village commence le Llyn-Peris, lac de moitié 
moins long que le Llyn-Padarn, qui couvre la totalité du thalweg et qui se 
décharge dans ce dernier lac au moyen d’un court canal naturel, ouvert entre 
le Dolbadarn-Hill et la carrière de Dinorwig. Il n’y a aucune culture agricole 
dans cette partie supérieure de la vallée, pas plus que dans l’inférieure. 

Très-peu de chose est le relief des montagnes qui encaissent la vallée infé- 


(1) M. Ashton-Smith est le créateur de ce vaste établissement industriel, qui a 
récemment passé, par héritage, dans les mains de M. Duff, son neveu, un jeune homme 
de vingt ans. 

(2) Ce nom est même quelquefois étendu à la vallée tout entière, haute et basse, 
comprenant les deux lacs ; ainsi dans la jolie vignette mise en tête de Ramsay’s Old 
Glaciers of Switzerland and North-Wales, London, 4860, in-12, charmante gravure 
qui, par parenthèse, donne une idée fort exacte de l’aspect du pays que j'ai visité. 


322 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


rieure, tant à l’ouest du côté de Nant-Cwellyn, qu’à l’est du côté de Nant- 
Francon, les deux vallées parallèles les plus voisines, la dernière également 
très-riche en ardoises exploitées. La montagne s’élève de part et d'autre en 
pente douce, quoique çà et [à très-accidentée, couverte de prairies ou de 
pâturages jusqu’à 200 ou 250 mètres, partout où le permet la nature très- 
rocailleuse du terrain. C’est dans cette zone inférieure que, dans des métairies 
clair-semées, sont entretenues, sur la rive gauche du Llyn-Padarn, un certain 
nombre de vaches, destinées seulement à fournir aux habitants le lait et le 
beurre dont ils ont besoin, le fromage n'étant point ici un objet de fabrication. 
Dé l’autre côté du lac, on aperçoit vers le sommet de cette même zone un 
grand nombre de petites maisons blanches, éparpillées sur la pente de la 
montagne et qui servent de logement à une’partie de la nombreuse population 
ouvrière de la carrière de Dinorwig, dont une autre partie non moins consi- 
dérable est transportée tous les soirs hors de la vallée au moyen du chemin de 
fer dont j'ai déjà parlé, pour être ramenée le lendemain à ses ateliers par la 
même voie. Telle est, sur les deux rives du lac, jusqu’à 200 ou 250 mètres 
au-dessus de son niveau, l'aspect général de la montagne. Immédiatement 
après vient le désert, inhabité, inhabitable, qui s’étend jusqu'aux derniers 
sommets de la montagne, sommets qui paraissent former un plateau maré- 
cageux de 1100 à 1300 pieds (335-400 mètres) d'altitude, 

Tout autre est la vallée supérieure, plus étroitement encaissée par des 
montagnes plus élevées, plus déchirées et plus abruptes ; gorge étroite et sau- 
vage, où il ne se trouve guère d’autres habitations que celles du village parois- 
sial peu populeux de Llanberis (1). À droite s'élève le massif imposant du 
Snowdon, creusé et raviné de mille manières, dont les ravins sont autant de 
puits ou de cirques, séparés par des pitons d’aspect formidable, le tout for- 
mant un affreux dédale, au travers duquel circulent quelques rares sentiers, 
abrupts et dangereux, au moins ceux qui y donnent accès du côté du village 
de Llanberis et de Beddgelert. Il y a donc plusieurs pitons dans ce groupe. 
Le plus élevé et le plus central se nomme Y-Wyddfa, et il a 3571 pieds 
d'altitude absolue, d’après les cartes anglaises, c'est-à-dire 1088 mètres (2), ce 
qui fait 984 m. au-dessus du Llyn-Padarn. C’est 44 m. de plus que le village 
du Mont-Dore et 247 m. de moins que le plateau de l’Aubrac (voy. mon 


(1) La paroisse entière de Llanberis, comprenant les deux fractions de la vallée, haute 
et basse, ne compte guère que 4000 âmes de population, y compris 500 ouvriers de la 
carrière de Dinorwig, fixés à demeure dans le voisinage, 500 sur environ 2700 que la 
carrière emploie habituellement. 

(2) C’est la plus haute montagne du Caernarvonshire, après laquelle viennent le 
Carnedd-Llewellyn avec 3469 p., le Car-David avec 3427 p., le Shabod avec 2878 p'» 
le Craiggoch avec 2859 p., le Cnict avec 2214 p., etc. (d’après la carte du North-Wales, 
en une feuille, de J. et C. Walker). — Le Ben-Nevis, dans les Grampians d'Écosse, 
mesure 4325 mètres d'altitude, d’après l'Annuaire du Bureau des longitudes ; ilest donc 
de 237 mètres plus élevé que le Snowdon. 


SÉANCE DU 22 Mai 4863. 323 


Excursion bot. à l’ Aubrac, etc., ann. 1861). Donc ce serait une taupinière 
pour tout habitant des Alpes et des Pyrénées, même pour ceux du centre de 
la France; mais c'est le géant du pays de Galles et peut-être de l'Angleterre 
entière, un géant dont le panorama attire tous les ans des milliers de touristes, 
pour le service desquels plusieurs marchands de comestibles se sont établis au 
sommet du cône terminal, où ils bivouaquent au milieu des brouillards et des 
frimats depuis le 45 mai, époque de la fonte des neiges, jusqu’au 45 octobre, 
lorsque les neiges commencent à reprendre possession de la montagne, ce qui 
indique que le cône terminal du Snowdon n’est libre de neige que pendant 
les six mois d'été. — Tel est le côté occidental de la vallée supérieure de 
Llanberis. A l’est et en face du Snowdon est un autre groupe, sensiblement 
moins élevé et moins déchiré, dont Y-Glyder-Fawr paraît être le sommet le 
plus élevé avec 3000 pieds environ d'altitude (contre 3571 qu'a le Snowdon) 
d’après Black (Picturesque-Guide, 9° édit., Edinburgh, 1859). Un des lacs 
Jes plus élevés de ce groupe, le Llyn-y-Cwn, dont j'aurai à parler plus tard, 
est estimé avoir 2100 pieds, soit 640 m. au-dessus du niveau de la mer. 

La constitution géologique de cette contrée est des plus intéressantes. On a 
pu voir par ce qui précède combien le schiste y est abondant. Of, les terrains 
schisteux du Caernarvonshire appartiennent géologiquement à l'époque la 
plus ancienne des terrains stratifiés. MM. Sedgwick et Murchison les ont intro- 
duits, comme types, dans la classification, sous le nom de terrains silurien 
et cambrien. Ce sont essentiellement des schistes argileux, associés à quel- 
ques autres roches de caractères minéralogiques très-variés (même du quartz 
en rognons que l’on rencontre accidentellement dans la montagne, et qu'à 
Cause de son éclatante blancheur autant qu’à cause de sa rarété, on transporte 
souvent à la plaine pour l’ornement des portes d'entrée dans les cours et les 
maisons). Leur composition générale est l’alumine et la silice avec un peu de 
Chaux et seulement des traces de magnésie. Les débris organiques renfermés 
dans ces terrains consistent principalement en coquilles, qui peuvent être 
rapportées au genre Producta. On n’y trouve aucun fossile provenant du 
règne végétal. Le sommet du mont Snowdon est formé d'une masse de 
porphyre feldspathique d’origine ignée, accompagnée de diverses roches 
métamorphiques et enclavée au milieu des terrains schisteux qui forment 
d’ailleurs tout le corps de la montagne. Ces détails géologiques sont extraits 
de Delabèche’s Manual of geology, traduit de l'anglais par Brochant de 
Villiers sur la deuxième édition. Paris, 1833, 10° section, p. 566). 

La vallée de Llanberis n’est pas moins remarquable comme siége d’anciens 
glaciers, qui ont jadis rempli toute la vallée jusqu'à l'issue du lac Padarn et 
jusqu’à une certaine hauteur sur les flancs des montagnes, glaciers qui ayant 
disparu peut-être avec le commencement de notre époque quaternaire, ont 
laissé après eux tout ce qui accompagne ailleurs le mouvement des glaciers : 
moraines, roches moutonnées, stries d’érosion et de frottement, etc. Ce 


324 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


phénomène a été particulièrement mis en lumière pour les trois vallées 
parallèles de Cwellyn,  Llanberis et Nant-Francon, par M. Ramsay, un des 
directeurs du Geological Survey de la Grande-Bretagne, à qui je dois aussi 
toutes les altitudes approximatives dont j'aurai à faire usage dans la suite de 
cette relation. Voy. son livre : Old Glaciers of Switzerland and North- 
Wales (London, 1860, in-12, avec cartes et nombreuses vignettes), que j'ai 
déjà cité plus haut. 

Le climat de Llanberis est moins régi par l’altitude, qui est insignifiante, 
que par la latitude qui est de 53°, 45’ (4°, 55’ au nord de Paris; 8°, 15 
au nord du Puy-de-Sancy) et par le voisinage de la mer, qui amène de fré- 
quents brouillards, dont les montagnes sont habituellement enveloppées, ce 
qui devient une cause de fraîcheur et d'humidité, en même temps que cela 
réduit considérablement le nombre des jours de l’année où les touristes, qui 
arrivent ici par milliers, peuvent effectuer l’ascension du Snowdon par un 
temps parfaitement clair. Le climat est donc ici sensiblement plus froid qu’à 
Paris ou à Londres, et c’est sans doute pour cela que je n’ai vu à Llanberis 
ni céréales cultivées, ni arbres fruitiers d'aucune sorte (les arbres fruitiers 
manquent aussi au Mont-Dore, mais là c’est au-dessus de 1200 mètres, et 
on y cultive encore le Seigle, l’Avoine, l’Orge et le Sarrasin). 

J'ai dû commencer ma relation par la topographie des lieux, par leurs 
altitudes, leur constitution géologique et leur climat. J'arrive maintenant à la 
flore du pays, telle qu’elle ressort de cette quadruple influence, et telle que 
j'ai pu la connaître après quinze ours d’exploration (du 143 au 27 août 
inclusivement). 

De même que les herbes ségétales, la plupart des arbres de nos plaines on 
de nos cultures les plus vulgaires manquent absolument dans le bassin de 
Llanberis ; j'ai déjà nommé les arbres fruitiers. Il en de même du Marronier- 
d'Inde, du Tilleul et des Conifères, car je ne puis compter comme indigènes 
ou même comme naturalisés quelques rares individus du Pinus silvestris que 
j'ai vus dans l'enceinte murée des héritages, sur la rive gauche du Llyn- 
Padarn. Le Bouleau (Betula alba) est dans le même cas, car les quelques 
sujets bien venus que j'ai vus de cette espèce étaient tous séquestrés dans un 
enclos. 

La colline de Dolbadarn, qui coupe transversalement la vallée dans toute sa 
largeur, à quelques pas de Padarn-Villa-Hotel, est aujourd’hui couverte d’une 
véritable forêt, composée en majeure partie de Mélèze avec mélange de Hêtre, 
de Chêne, de Frêne, d’Ormeau (U{mus montana Smith), de Bouleau, 
d’Aulne (A/nus glutinosa) et de Sorbier-des-oiseleurs; mais cette forêt est 
tout artificielle, Elle a été plantée de mémoire d'homme par le propriétaire 
de la carrière de Dinorwig, à qui le terrain appartient, et, de toutes les 
essences dont elle se compose, les deux dernières sont les seules que j'estime 
indigènes pour les avoir vues ailleurs dans des conditions où elles ne pouvaient 


© SÉANCE DU 22 mat 1863. 395 


pas avoir été plantées de main d'homme. Le Mélèze (d’ailleurs reconnu comme 
complétement étranger aux îles Britanniques) dissimule même ici très-mal son 
origine étrangère, car il est de petite taille, son feuillage jaunissant semble 
annoncer le malaise, et, ce qui est plus caractéristique, il ne donne point de 
graines propres à la germination, ce qu’au reste on observe partout où il n’est 
pas indigène et notamment dans les vastes plantations de cette espèce, que 
M. le comte de Rambuteau a créées dans sa terre du même nom près la 
Clayette, dans le pays granitique du Charollais. — Aux deux arbres que j'ai 
reconnus tout à l'heure comme indigènes, je dois ajouter le plus noble de 
tous, le Chêne (Quercus sessiliflora), qui existe en taillis sur la rive gauche 
du lac, près du hameau de Frondeg, et qui forme une forêt continue considé- 
rable, forêt non taillée, sur la rive droite du lac, près de son extrémité supé- 
rieure. L’arbre est là mal venu et de petite taille, mais il prend ailleurs de 
belles proportions, là où il est isolé, protégé et soigné. Deux autres arbres 
encore peuvent compter parmi les indigènes : ce sont les //ex Aquifolium et 
Acer Pseuduplatanus, dont on rencontre par-ci par-là quelques sujets isolés. 

Telle est la flore forestière de Llanberis, pauvre, mesquine et confinée au 
fond de la vallée. A 400 mètres au-dessus de la surface du lac, plus un seul 
arbre, plus d'ombre: c’est l’âpre nudité de montagnes pelées, désertes, 
et malheureusement stériles pour le botaniste, comme on le verra plus loin. 

Les arbustes ne sont guère plus nombreux que les arbres. Au fond de la 
vallée et en faisant le tour du Llyn-Padarn, j'ai cueilli: Prunus spinosa L., 
Rosa tomentosa Sm., R. pimpinellifolia DC., Rubus pyramidalis Bab. ! et 
Rubus incurvatus Bab.! (ces deux derniers garantis sur place par l’auteur 
lui-même, qui me les livrait fraternellement de la main à la main). — J'y ai 
vu, sans les cueillir, quelques Sulix (parmi lesquels manquaient S. pentandra 
et même S. alba), Corylus Avellana, Myrica Gale, Calluna Erica, Erica 
cinerea et Tetralir, Lonicera Periclymenum, Cratægus Oxyacantha, Rosa 
canina, Rubus idæus, et plusieurs autres congénères, indépendamment des 
deux que j'ai nommés plus haut. — Je n’y ai point remarqué le vulgaire 
Ligustrum vulgare de notre France, qui paraît ne se trouver en Angleterre 
que dans les comtés les plus méridionaux. 

Un dernier arbuste à citer, c'est l’Ulex Gallit ? Planch., dont j'ai ren- 
contré quelques buissons en fleur le 18 août, en montant au Snowdon, à 
environ 400 mètres au-dessus du fond de la vallée. 

Quant aux plantes herbacées qui croissent spontanément autour et au 
niveau du Llyn-Padarn, je les distinguerai en terrestres, palustres et lacustres. 

Plantes terrestres. — Celles que j'ai récoltées sont : Æypnum myosuroides 
L. (sur les rochers du Dolbadarn-Hill), ZÆymenophyllum Wilsoni Hook. 
(tbid., en quantité sur les rochers ombragés), Æ. tunbridgense Sm. (je l'ai 
pris dans la sérre de J. Roberts, qui l'avait apporté du voisinage), Brachy- 
Podium silvaticum P. B. (sur les rochers de la rive droite), Festuca vivipara 


326 SOCIÉTÉ BOTANIQUE .DE FRANCE. 


Smith (assez commun sur la rive gauche, parmi les rochers), Scirpus Savii 
Seb..et. Maur. : (sur le bord du chemin qui conduit à la cascade), Carex 
ovalis Good. (dans les prés), Melampyrum silvaticum L. (sur les rochers 
de la rive droite), Digitalis purpurea L. (assez commun), Centaurea nigra 
L. (très-commun, à l'exclusion de toute autre espèce), Hieracium Pilosella 
L., 1. boreale Fries, Valeriana officinalis L., Galium saxatile L. (G. her- 
cynicum Weig.), Sedum anglicum Huds. (commun), Umbilicus pendulinus 
DC. (sur les rochers de la rive gauche), #Montia fontana L:, Æpilobium 
montanum L. et £, obscurum Schreb., Fragaria vesca L., Lotus cornicu- 
latus L. et Li: major: Smith, Geranium sanguineum L. (sur les rochers de 
la rive droite), Æypericum Androsæmum L. (en plusieurs endroits, parfaite- 
ment sauvage), 7. pulchrum L: (sur les rochers de la rive droite), Viola 
silvestris @ Riviniana Koch, et Lepidium Smithii Hook. ou L. hetero- 
phyllum Benth. (aussi commun ici que dans la France occidentale). — A ces 
espèces, dont j'ai rapporté des. échantillons, on peut joindre l’£Zuphrasia 
officinalis L. et le Lychnis diurna Smith, dont je n’ai fait que prendre 
note. — Remarquez ici l'absence complète d’Orchidées, de Chénopodées, 
de Polygonées, de Primulacées, d’Euphorbiacées, de Plantaginées, de Labiées, 
de Solanées, de Convolvulacées, et de sept ou huit autres familles, qui, sous 
les latitudes de l’Europe centrale, forment pour ainsi dire le fond de la végé- 
tation. De çes familles, je n’ai pu remarquer aucun représentant dans la 
vallée de Llanberis; pendant le court séjour que j’y ai fait. 

Intercalons ici une dernière plante terrestre, que M. Babington m'a rap- 
portée vivante le 15 août, cueillie par lui dans la vallée supérieure de Llan- 
beris, sur le flanc gauche de la montagne, très-peu au-dessus de l’église 
paroissiale. Je veux parler du Meconopsis cambrica Vig., cette plante remar- 
quable que la France possède dans plusieurs de ses provinces, surtout aux 
Pyrénées, mais qui tient au pays de Galles par un de ses noms les plus anciens 
(Cambria = pays de Galles) et qui a même été indiquée « Non procul a yico 
dicto Llanberris » {Moris. Æist. pl. univ. 11, 1680, p. 279; Ray Synops. 
ed: 2°, 1696, p. 180, ed. 3°, 1724, p. 309). Ce fut une bonne fortune pour 
moi de tenir la plante du lieu même où elle avait été primitivement décou- 
verte sur le sol britannique, et de la main d’un des meilleurs floristes du 
pays. ; | | 
Plantes palustres. — Il.y a sur la rive gauche du Llyn-Padarn, si ce n’est 
des marais de quelque étendue, au moins beaucoup de places marécageuses. 
Gest là que j'ai cueilli en différents endroits : Sphagnum cuspidatum Ebrb., 
Potamogeton oblongus Vi. (une grande forme nageante), Lysimachia vul- 
garis L., Pinguicula vulgaris L., Scutellaria minor L. (seule Labiée que 
j'aie remarquée dans le pays), Senecio Jacobæa var. (un seul pied, très-haut 
de tige et très-rameux) et Senecio aguaticus Huds. (celui-ci très-commun, 
comme sur toute la ligne que j'ai parcourue de Londres ici, si cen'est depuis 


SÉANCE DU 22 MAI 1863. 327 


Calais), Œnanthe crocata L. (plante méridionale qui remonte très-loin les 
côtes de l'Océan), £'pilobium palustre L. (dont j'ai décrit avec quelque détail 
le mode de reproduction par gemmes dans Æxcurs. bot. à l’Aubrac, extr., 
1862, p. 18, mais dont les stolons, ici trop courts et trop grêles, n'avaient 
pas encore développé leur bourgeon terminal), Aypericum Helodes L. et 
: dubium Leers, Drosera rotundifolia L. et Ranunculus cœnosus Guss, (2. 
Lenormandi F. Schultz), autre plante méditerranéenne qui, comme on voit, 
remonte très-loin vers le nord en suivant les côtes de l'Océan, et qui n’a 
peut-être pas ici sa frontière septentrionale. — Indépendamment de ces 
espèces, dont j’ai rapporté des échantillons, j'ai vu et reconnu dans les mêmes 
terrains marécageux : Osmunda regalis (cueilli par M. Babington), £'quisetum 
limosum L., Phalaris arundinacea L., Phragmites vulgaris Trin., Scirpus 
lacustris L. (dont pourtant je n’ai pas examiné les caractères floraux), £rio- 
phorum angustifolium Roth, et Hydrocotyle vulgaris L. — Remarquons 
combien ces marais sont pauvres en espèces ailleurs très-nombreuses dans les 
mêmes conditions ; un seul Scirpus et un seul Potamot ! Point de Carex ni 
de Juncus ! Point non plus de Chara, ni de C'allitriche, qui paraissent man- 
quer également dans les eaux du lac attenant ! Il est certain du moins que 
je les ai cherchés sans pouvoir les découvrir. 

Plantes lacustres. — Dans un étang profond et dans un lieu qu’on m'a 
nommé Cwm-y-Glo, situé à 100 mètres environ au-dessous de l'extrémité 
inférieure du Llyn-Padarn, j'ai cueilli le Nymphæa alba en pensant à mon 
savant ami le professeur Caspary, le futur historien des Nymphéacées. Je n’ai 
vu cette espèce nulle part ailleurs dans la vallée de Llanberis, et je n’y ai vu 
aucun /Vufar. 

Sur la rive droite du Llyn-Padarn, les eaux sont trop profondes pour 
nourrir aucune plante, Mais il n’en est pas de même de la rive gauche; 
où le terrain s’abaisse plus graduellement sous les eaux. Là, l’£quisetum 
limosum et le Phragmites communis s’aventurent dans le lac jusqu’à une 
faible distance, et ils y restent volontiers stériles parce qu’ils n’y sont pas 
dans leur station normale. C’est au milieu de ces Roseaux et de ces Prêles 
que vivent en plusieurs endroits, et probablement partout où les circonstances 
sont les mêmes, les quatre plantes du pays de Galles qui avaient le plus d’in- 
térêt pour moi, deux desquelles avaient même été la cause déterminante de 
mou voyage. Là effectivement se trouve en quantité l’/soëfes lacustris, mêlé 
de quelques rares individus de l'Z. echinospora, vivant en société du Lo- 
belia Dortmanna et du Subularia aqguatiea, ce dernier toujours entièrement 
submergé et vivant à un ou deux pieds sous l’eau (où il fleurit et fructifie) 
comme les deux /soëtes, le Lobelia venant épanouir ses fleurs à la sur- 
face après avoir formé ses boutons sous l’eau (avec cette infirmité que sa 
hampe est très-fragile, de sorte qu'il est impossible de mettre la plante en 
presse sans qu’elle se rompe, lorsqu'elle dépasse la longueur du papier, ce qui 


328 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


est ordinairement le cas). Accompagné de MM. Babington et Newbould, j'ai 
cueilli ces quatre curieuses plantes vivant toujours en société sur deux ou 
trois points de la rive gauche du lac, dans son tiers supérieur, et l’un de ces 
points était précisément sous mes fenêtres, à une portée de fusil du Padarn- 
Villa-Hotel, où j'étais logé. Seulement la cueillette n’était pas en ce der- 
nier lieu sans quelque difficulté ; il y fallait un bateau, plus un harpon assez 
longuement emmanché, tandis qu'ailleurs un bâton tendu de la rive y suffi- 
sait, moyennant le risque de se mouiller un peu les pieds. 

Une autre localité à citer séparément pour les deux /soëfes, réunis au Subu- 
laria aquatica, c'est celle que j’ai assignée plus haut au Nymphæa alba, non 
pas l'étang au sein duquel ce dernier a établi son domicile, mais le lit de la 
rivière qui coule tout auprès, la rivière Seiont qui sert de déversoir au Llyn- 
Padarn. L'endroit précis est, comme je lai dit, à 400 mètres environ au- 
dessous du pont sous lequel passent les eaux du lac pour se contracter immé- 
diatement en rivière. Cette station a quelque intérêt en ce que c’est la seule 
que j'aie, moi, jusqu'ici rencontrée, où nos deux /soëtes vécussent dans une 
eau courante; il est vrai que le courant est ici très-peu sensible. 

Je dois ajouter, avant de quitter le fond de la vallée, que nos deux /soëtes 
se trouvent encore dans le Llyn-Peris, au moins à son extrémité supérieure, 
là, comme dans le £lyn-Padarn, en proportion très-inégale, l’echinospora 
très-rare, la où le lacustris est très-commun. 

J'ai dit de quoi se composait le tapis végétal naturel, ou introduit de temps 
immémorial, dans la vallée inférieure de Llanberis, au niveau du lac. Quel- 
ques mots sur les plantes cultivées ne seront pas inutiles pour faire mieux 
apprécier la nature du climat sous cette latitude (53°, 45”) et à cette faible 
altitude (104 mètres). Une première remarque à faire, c’est qu’à l'exception 
de la Pomme-de-terre, qui y réussit parfaitement, je n'ai vu aucun légume 
quelconque cultivé à Padarn-Villa, de sorte qu’on peut dire que les jardins 
potagers y manquent complétement, absence que le voyageur étranger trouve 
très sensible à l'heure du dîner. — Dans le jardin d’une des maisons de 
Padarn-Villa, j'ai vu un vieil individu du Quercus [lex serratifolia, taillé en 
boule, plus court que la taille humaine et, bien entendu, stérile, Dans la cour 
de Padarn-Villa-Hotel, où je logeais, on voyait des massifs de Rhododendron 
maximum, de Syringa vulgaris, de Prunus Laurocerasus et de Xerria japo- 
nica. Adossés aux murs de la maison d’habitation du même hôtel, à l'exposition 
du sud et de l’ouest, on voyait le Rosier-du-Bengale (Rosa sempervirens), 
le Weigela rosea et le Cotoneaster microphylla, ce dernier étroitement 
appliqué à la muraille en guise d’espalier, très-rameux, haut de 7 à 8 pieds, 
et produisant un effet charmant par ses nombreuses petites feuilles luisantes, 
perlées d'une multitude de petites fleurs blanches (avis à nos horticulteurs de 
France, qui, je crois, n’ont pas encore songé à donner à cet arbuste du Napaul 
un emploi d’ornementation). — Dans le jardin d’agrément attenant à cette 


SÉANCE DU 22 MAI 1863, 329 


même cour, planté depuis peu d’années et ouvert aux hôtes de la maison, en 
l’absence de tout arbre au moins adulte, j'ai remarqué : Taxus baccata fasti- 
gtata, Araucaria imbricata (un seul pied très-jeune), Zuxus sempervirens, 
Chrysanthemum indicum, Symphoricarpos racemosa, Viburnum Tinus, 
Hydrangea arborescens, un Fuchsia très-abondant et très-ornemental, Cra- 
tægus Pyracantha, Prunus lusitanica, Sarothamnus scoparius, Cytisus 
alpinus, un Lupin vivace de l'Amérique du nord, Ruta graveolens, Hype- 
ricum hircinum et calycinum, enfin Mahonta' Aquifolium. 

On le voit, l’Europe méridionale, les deux Amériques, l'Inde septentrionale 
et le Japon ont chacun fourni leur contingent pour l’ornementation de ce jardin 
et de la cour qui le précède. Ce sont des plantes qui presque toutes supportent 
parfaitement le climat de Paris, mais il est intéressant de les voir tout aussi 
rustiques sous une latitude de 4°, 55’ plus septentrionale. Il est vrai que 
c’est dans le voisinage presque immédiat de l'Océan atlantique, dont on sait 
que la température hivernale, beaucoup plus douce que celle de l'intérieur du 
continent sous les mêmes parallèles, permet à beaucoup de végétaux de vivre, 
si ce n’est de prospérer, fort au nord de la zone où ils ont leur vraie patrie. 

(La suite à la prochaine séance.) 


M. À. Gris, secrétaire, donne lecture de l'extrait suivant d’une 
lettre adressée par M. Aug. Gras à M. le secrétaire général de la 
Société : 

LETTRE DE M. Auguste GRAS A M. DE SCHŒNEFELD. 


Turin, 2 avril 1863. 


tbe Je suis depuis longtemps tourmenté d’un petit doute, dont je désire 
enfin me délivrer en requérant de votre bienveillance un charitable éclair- 
cissement. Voici un passage de Conrad Gesner (Æorti Germanie, 1561, 
fol. 277 recto) qui m'a fort intrigué : 

Ruta pratensis Lutetiæ vocatur in pratis proximis nascens herba : 
cujus flores albi vel purpurascentes, nullis foliis, solis apicibus aut circin- 
ns longiusculis constant. Reperitur et apud nos locis sazxosis et umbr'osis, 
circa sepes silvarwm alicubi. Folia Aquilinæ vel Aquilegiæ vulgo dictæ, 
fere similia habet. A. G. (Aretius, Gesnerus). Plurimis annis planta una 
in horto jam müihi duravit, loco umbroso. Aliqui cirea Sabaudiam hanc 
non recte Rutam caprariam vocant. Cognata huic videtur Saxifraga lutea, 
de qua infra. Simile est etiam ei Thalictrum a nonnullis dictum, etc. 

Ou je me trompe fort, ou la plante désiguée par Gesner est le 7halictrum 
aquilegifolium L. Or, ce qui cause mon embarras et me fait soupçonner 
quelque malentendu, c’est que dans la flore classique des environs de Paris 


c Pigamon est impitoyablement relégué parmi les plantes d'ornement, et 
T. X. 23 


330 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


que partout, dans le rayon de cette flore, où l’on a signalé son apparition, 
on n’a voulu voir dans l'élégante espèce qu’un aventureux forçat en pleine 
rupture de ban. Est-il donc tout à fait improbable qu’elle ait un jour poussé 
spontanément sur le sol de Paris? Peut-il se faire qu’elle en ait silen- 
cieusement disparu? Cette indication de spontanéité, qui paraît pourtant 
si bien caractérisée, ne scra-t-elle enfin qu'une hallucination du savant 
Gesner ? 

Vous m'obligeriez extrêmement, mon cher confrère, de me fournir, sur ce 
petit motif d’une très-grande curiosité, l'explication que vous croyez la plus 
probable, et de prier, en mon nom, notre digne président de vouloir bien 
vous dire sa pensée sur ce léger incident d'histoire, Le fait pourrait, je 
pense, intéresser en général la géographie botanique, et, en particulier, la 
chronologie de la flore parisienne. 


MM. J. Gay et Cosson font remarquer que le Thalictrum aquile- 
gifolium étant une plante sous-alpine, l'hypothèse de M. Aug. Gras 
leur paraît présenter peu de probabilité. | 

M. Puel dit que cette plante a été trouvée aux environs de 
Bordeaux. 


M. À. Gris, secrétaire, donne lecture de la communication 
suivante, adressée à la Société : 


NOTE SUR LE PINUS UNCINATA ET SES CONGÉNÈRES LES PLUS VOISINS, 
por BI. A. MATHIEU. 


(Nancy, 25 avril 1863.) 


Le Pinus uncinata Ram, in DC. #2. fr. est beaucoup plus répandu qu’on 
ne le croit généralement, et se rencontre assez abondamment dans les hautes 
Vosges, où je l’ai observé, non sans surprise, pour la première fois en 1862, 
dans üne localité en quelque sorte classique pour les botanistes, à Gérardmer. 
11 y forme des bouquets et même des massifs forestiers d’une certaine étendue 
et peuple particulièrement les lieux tonrbeux, à l'exclusion du Pinus silves- 
tris, pour lequel il a toujours été pris jusqu'alors ; parfois il se retrouve en sol 
sec. C'est lui qui boise la grande tourbière, d'au moins 60 hectares, recou- 
vrant la moraine frontale du Belliard, à laquelle le lac de Gérardmer doit sa 
formation ; il compose ces groupes de Pins disséminés sur le Gazon-Martin, 
que la #lore d'Alsace (t. I, p. 91) indique comme Pins-silvestres ; je l'ai 
revu au col des Charbonniers qui précède celui de la Schlucht; enfin je le 
connaissais depuis quelques années déjà sur un autre point des Vosges, Sur 
le plateau tourbeux qui termine le Schneeberg (Bas-Rhin), dans une situa- 
tion où toutes les tentatives de repeuplement en Pin-silvestre ont échoué;en 


SÉANCE DU 22 MAI 1863. 331 
raison de l’âpreté du climat et surtout de la violence des vents qui règnent 
sur ce sommet isolé, 

Sur tous ces points le Pin-silvestre n'existe pas à l’état spontané, et je suis 
convaincu qu'il en est de même des autres parties des hautes Vosges où cette 
essence a élé indiquée, surlout dans les sols tourbeux. Le Pinus Pumilio 
signalé par la #lore d'Alsace sur les hauteurs marécageuses des Vosges cen- 
trales, le Pinus silvestris qu'elle cite sur les Hautes-Chaumes de Péris, à 
1200 mètres d'altitude, ne sont certainement que des formes diverses du 
P. uncinata : la première, rampante; la seconde, élancée ; formes auxquelles 
on a attaché une importance spécifique qu’elles sont loin de mériter. 

La confusion que je signale ici veut que j'entre däns quelques détails sur 
les caractères de plusieurs Pins souvent confondus entre eux, et néanmoins 
réellement distincts. Ma tâche est facile avec l’excellent travail de M. Will- 
komm (Beitræge fuer Forsthotanik) et tes observations de M. Th. Hartig. 

On a décrit sous les noms de : Pinaster Pumilio De V'Écluse (1583), Pinus 
Mughus Scop. (1772), P. Pumilio Hænke (1791), ?. montana Hoffm. (1800), 
P, uncinata Ram. in DC, (1805), P. sanguinea Lapeyr. (1813), P. rotundata 
et humilis Link (1827), P. obliqua Sauter (1830), P. uliginosa Neumann 
(1837), des Pins bien différents du Pinus silvestris, quoique quelques auteurs 
et principalement des auteurs forestiers les aient considérés comme des défor- 
maiions de cette espèce, dues à l'altitude et à la nature tourbeuse des sols sur 
lesquels ils croissent d'habitude, mais non exclusivement. Ces Pins, qui for- 
ment un groupe bien distinct, et depuis longtemps connu des Allemands sous 
le nom de Xrummholzkiefer, possèdent un ensemble de caractères communs 
qui permettent de les distinguer sûrement du ?. silvestris. 


GROUPE DU P. UNCINATA. 


Port très-variable, non spécifiquement, 
Mais individuellement. Tantôt l’axe principal 
s’oblitère de bonne heure et produit, près 
du sol, de longues branches traînantes, 
redressées au sommet; tantôt il s'élève 
droit et forme un arbre à tige régulière- 
ment verticillée, dont les branches arquées 
et relevées à l'extrémité produisent une cime 
Jongue et étroite, toujours pyramidale-aiguë. 
Les rameaux, qui ne possèdent souvent que 
le bourgeon terminal, ou, tout au plus, avec 
celui-ci un ou deux bourgeons latéraux, ne 
se verticillent point; ils sont trapus, remar- 
Guablement, souples et tenaces. 

SCorce gerçurée-rugueuse et d’un brun- 
Noirätre jusqu’au sommet de l'arbre ; rare- 
ment rougeâtre vers l'extrémité, mais alors 
écailleuse et non finement membraneuse. 

Feuillage d’un vert franc et sombre, très- 


touffu et d’une persistance moyenne de 
' 


P, SILVESTRIS. 


Tige dressée, verticillée de même que 
les branches; celles-ci droites, étalées- 
dressées, formant une cime plus lâche, 
pyramidale-aiguë dans l’origine, p'us tard 
étalée-arrondie. Pousses moins trapues, peu 
souples, assez fragiles. 


Écorce gerçurée-écailleuse et brun-rou- 
geâtre au pied ; rouge-ocreux clair dans les 
parties supérieures, où elle s’exfolie en 
minces membranes. 

Feuillage d’un vert glauque, peu serré, 
d’une persistance moyenne de trois ans, 


GROUPE LU P. UNCINATA. 


cinq ans, produisant un couvert épais et 
donnant de loin aux massifs l'aspect de ceux 
d'Épicéas. 

Cônes mûrs indifféremment étalés, réflé- 
chis ou pendants, plus rarement ascendants, 
le plus souvent luisants, à écussons plus ou 
moins prolongés en apophyses, que termine 
un ombilic cerclé de noirâtre; sessiles ou 
peu visiblement stipités. 

Graine une demi-fois aussi longue que 
l'aile, germant habituellement avec quatre 
ou sept feuilles cotylédonaires, suivant 
l'espèce. 

Racines traçantes. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


P. SILYESTRIS. 


formant un couvert léger et Connant aux 
massifs vus de loin une teinte grisätre 
caractéristique. 

Cônes mûrs toujoursréfléchis ou pendants, 
d’un gris brunâtre mat, à écussons plans ou 
quelquefois prolongés en une grêle apo- 
physe, dont l’ombilic n’est point cerclé de 
noir ; courtement mais toujours visiblement 
stipités. 

Graïne un tiers aussi longue que l'aile, 
germant le plus souvent avec cinq feuilles 
cotylédonaires. 


Racines pivotantes. 


La lunite bien établie entre le Pin-silvestre et ses congénères les plus 
rapprochés, il faut séparer spécifiquement ces derniers. 

Les auteurs de la Ælore de France, à l’imitation d'Endlicher dont le 
Synopsis a été le guide sur ce point, n’admettent parmi eux que deux 
espèces: Pinus Pumilio Hænke, auquel ils réunissent ?. Mughus Scop. et 
Pinus uncinata Ram. Si l'on compare leurs descriptions, on ne trouve entre 
ces Pins'd’autres caractères différentiels que les suivants : le P. Pumilio a les 
cônes plus petits, étalés et non réfléchis; la tige en est ascendante, mais ne 
dépasse pas 2 mètres, et se divise dès la base en branches longuement 
couchées ; le P. uncinata, au contraire, a les cônes étalés ou réfléchis, et 
forme un arbre élevé, à ‘cime pyramidale. Le cône en est dit oblique, il est 
vrai, mais comme il n’est pas mentionne si celui du ?. Pumilio l'est ou ne 
l'est pas, ce caractère reste ici sans importance pour la distinction. 

Or, grosseur et direction des cônes, taille, port élancé ou couché n’ont 
aucune valeur spécifique ; M. Th. Hartig l’a constaté le premier par des semis 
de graines qu'il a fait venir des localités où les auteurs ont observé leurs 
espèces ; M. Willkomm l’a vérifié sur place ou sur des échantillons authen- 
tiques. On peut d’ailleurs s’en convaincre aux environs de Gérardmer, où 
l’on trouve pêle-mêle et dans des conditions exactement semblables des Pins 
traînants ou élancés et très-droits, dont les cônes, indifféremment étalés ou 
réfléchis à la maturité, présentent dans la dimension des différences qui vont 
du simple au double et offrent un polymorphisme véritable, sans qu’il puisse 
venir à l'esprit de personne d'y voir des espèces différentes. Je puis enfin, à ce 
sujet, invoquer l'opinion toute concluante de M. J. Gay (Voyage botanique 
en Auvergne, in Bull. Soc. bot. de Fr. t. VIN, p. 622), qui, à propos de sa 
trouvaille du Pinus uncinata dans cette contrée (où il est plus commun qu'on 
ne le suppose, et forme, je le crois, partie des pineraies réputées de P. sil- 
vestris des pays hauts), n'hésite pas, malgré les différences signalées dans la 
direction des cônes, à y voir le P. silvestris Pumilio Gaud. du Jura, €t 


SÉANCE DU 22 MAI 1863. 333 


conséquemment le P. Pumilio de la Flore de France, qui, suivant moi, ne 
serait pas celui de Hænke. 

J'arrive à la distinction spécifique, telle que M. Willkomm l’a établie pour 
les Pins du groupe qui m'occupe ici et dont l’Europe centrale produit trois 
espèces. ; 

4° PINUS UNCINATA Ram. — Cône toujours oblique sur la base, dont les 
écussons du tiers inférieur sont plus ou moins prolongés, du côté éclairé 
seulement, en apophyses pyramidales réfléchies en crochets ; de coloration 
variable allant du testacé au brun, mais toujours luisants. Arbrisseau rampant, 
dressé, ou arbre élancé, à tige très-droite, dont les cônes mûrs sont étalés, 
réfléchis, pendants, plus rarement étalés-ascendants. Graine habituellement 
7-cotylédonée. 

C’est l'espèce la plus répandue du groupe ; elle croît dans les circonstances 
les plus diverses, et offre les plus grandes différences quant à la taille, au 
port, à la couleur et à la forme des cônes ; aussi peut-on en décrire, assez 
inutilement, d'innombrables variétés. Elle peuple des forêts étendues dans les 
Alpes, les Pyrénées, et tous les échantillons que j'ai pu me procurer de ces 
contrées, ainsi que du Jura, de l'Auvergne, des Vosges et de la Forêt-Noire, 
y doivent être rapportés sans hésitation, en raison de l’obliquité toute carac- 
téristique de leurs cônes. Je suis convaincu que c’est la seule espèce française 
du groupe à laquelle se rapportent : P. sanguinea Lapeyr., P. Mughus Poir. 
non Scop., P. uliginosa Neum., P. montana Duroi, P. humilis et rotun- 
data Link, P. Pumilio Lamb., P. obliqua Saut., P. Mughus et uliginosa 
Koch, enfin P. uncinata et P. Pumilio (non Hæuke) de la Flore de 
France. 

2 PiNus PumiLi0 Hænke. — Cône très-régulier et droit sur la base, 
souvent efflorescent, dont les apophyses sont, à une même hauteur, sembla- 
blement conforimées sur tout le pourtour; celles du tiers inférieur ont la face 
supérieure convexe et plus développée que l’inférieure qui est concave, de 
sorte que l'ombilic en est situé au-dessous du milieu. Embryon généralement 
3-5-cotylédoné. Forme rampante, rarement arborescente et dressée. 

Tandis que le P. uncinata appartient principalement au sud-ouest de 
l'Europe, celui-ci paraît spécial au nord-est. Je ne l'ai jamais vu de France, 
Où très-probablement l’on a décrit sous ce nom les variétés traînantes et ché- 
tives du P, uncinata. 

3° PINUS MuGxus Scop. — Cône très-régulier et droit sur la base; non 
efflorescent, mat, dont les apophyses sont, à une même-hauteur, semblable- 
ment conformées sur tout le pourtour, et offrent toutes une forte carène 
transversale ; celles du tiers inférieur presque planes, jamais bossues sur la 
face supérieure, qui est à peine plus développée que l'inférieure et dont 
l'ombilic est conséquemment central. Buisson à tige et branches toujours 
traînantes. 


334 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


C’est l'espèce la moins répandue; confinée dans les Alpes de la Carinthie, 


du Tirol et de la haute Bavière, elle doit être, plus encore que la précédente, 
étrangère à la flore française. 


A la suite de cette communication, M. 3. Gay présente les obser- 
vations suivantes : 


A côté du Pinus silvestris, M. Mathieu distingue un groupe du P, unei- 
nata, dans lequel il reconnaît trois espèces : uncinata Ram., Pumilio Hænke, 
et Mughus Scop.; la première très-répandue en Espagne, en France et dans 
la chaîne des Alpes; la seconde particulière au nord-est de l'Europe; la 
troisième cantonnée dans les Alpes du Tirol, de la haute Bavière et de la 
Carinthie ; les deux dernières étrangères à la France. 

M. Mathieu suit en cela l'exemple de M. Willkomm, qui, dans un travail 
récent, a distingué les trois espèces par des caractères tirés de l'égalité ou 
inégalité de développement des apophyses dans les écailles d’un même rang 
circulaire, comparées à l'extérieur du cône, et à l'intérieur, c’est-à-dire du 
côté de l'ombre ; mais la valeur de ce caractère a été fortement contestée dans 
ces derniers temps, notamment dans un opuscule récent (4862), inséré dans 
le 4° fascicule du 3° volume des Verhandlungen der naturforschendèn 
Gesellschaft in Basel, sous le titre d'Ucbersicht der europæischen Abieti- 
neen. Le docteur H. Christ, auteur de cet article en dix-neuf pages in-8°, à 
retrouvé la même égalité ou inégalité de développement des apophyses dans 
les Pinus silvestris, halepensis, Pinaster, etc., où elles ne constituent 
évidemment que des différences individuelles. Suivant lui, elles ne doivent 
pas avoir plus d'importance dans les autres groupes du genre, et, en consé- 
quence, il réunit sous le nom de Pinus montana Mi. (Schlechtend. in 
Linnæa, t. XXIX, ann. 1857) les trois plantes que M. Mathieu distingue 
spécifiquement comme Pinus uncinata, P, Pumilio et P, Muyhus. 

Je me permets de signaler ce fait à l'attention de M, Mathieu, qui, je crois, 
trouvera dans l'opuscule de M. Christ bon nombre d’autres observations dont 
pourra profiter sa Flore forestière de France. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


(DÉCEMBRE 1863.) 


N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M, 3. Rothschild, libraire 
de la Société botanique de France, rue de Buci, 44, à Paris. 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


Histologische Untersuchungen (Xecherches histologiques) ; par 
M. H. Karsten. In-A° de 78 pages, avec trois planches gravées. Berlin, 4862. 


Ce travail est destiné à éclairer quelques points de la formation, du déve- 
loppement et de la structure de la cellule végétale, 

L'auteur commence par rappeler les notions qu’il a déjà établies à ce sujet, 
notamment dans sa dissertation De cella vitali (1843), et dans son travail 
sur le Cecropia (Ueber den Bau der Cecropia peltata ZL. Bonn, 1854). 11 
entre ensuite dans des études histologiques nouvelles et décrit successivement 
le développement des cellules de l'écorce, celui des ŒÆ'dogonium et des 
Cladophora, celui du pollen, le mode d’accroissement des Spirogyra, la 
structure et le développement du nucléus, celui des cellules articulées, et enfin 
les matériaux qui constituent les parois des cellules, Dans l'impossibilité où 
nous sommes de faire connaître en détail les opinions de l’auteur sur chacun de 
ces points, nous extrairons seulement de son travail l'indication des résultats 
auxquels il est parvenu. 

Il décrit le développement cellulaire de l'écorce dans une Artocarpée, le 
Cecropia peltata, et dans une Aroïdée, le Philodendron pertusum Korth. 
Il à remarqué, dans le C'ecropia, que le tissu collenchymateux placé sous 
l'épiderme et rempli d’un liquide aqueux et incolore au commencement de la 
seconde période de végétation, donne alors naissance à des cellules incolores 
aussi dont l'apparition coïncide avec la résorption de la chlorophylle, 

Il trace ensuite la division qui s'opère dans les cellules de l'écorce du 
Philodendron ; i étudie les fibres du liber, que maintiennent dans leur forme 
des couches épaisses d’accroissement; en les traitant d’abord par l'acide nitrique 
bouillant, additionné de chlorate de poiasse, puis par l’'ammoniaque, il à pu 
amincir les parois et les dissoudre complétement, et, dans ce dernier cas, il a vu 
la solution anmoniacale continuer son action sur les cellules juxtaposées dans 
la fibre, qui se sont dissociées et ont repris leur forme sphérique primitive, II 
a vu se dissocier également les cellules dont la soudure constitue, suivant ses 
observations, la charpente des vaisseaux spiraux; les spirales, qui leur sont 


336 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


extérieures, peuvent alors en être séparées et se déroulent isolément. Il à 
même vu quelques-unes de ces cellules reliées à des cellales du parenchyme 
voisin entre deux tours voisins de la spirale, et, à cause de cela, il les regarde 
comme étroitement dépendantes de ce parenchyme. 

En traitant du genre Ædogonium, M. Karsten insiste sur le développe- 
ment endogène qui se fait dans l’intérieur des articles cellulaires de cette 
plante ; deux des cellules contenues dans chaque article se développent seules, 
en refoulant les autres éontre les parois, arrivent à se toucher, et de leur ados- 
sement résulte une cloison nouvelle, que déplace et élève le développement 
toujours prédominant de la cellule inférieure. Le reste du chapitre relatif aux 
Œdogonium contient l'étude des transformations qui s’accomplissent dans 
ces cellules et dans leurs parois. L'auteur s’occupe ensuite du CZadophora 
glomerata ; il étudie les phénomènes qui se présentent quand on à coupé un 
tronçon de cette Conferve, de telle façon qu'il ne reste qu'une cellule entière 
entre deux autres ouvertes et répandant leur contenu. Alors la cellule intacte 
se gonfle et pousse devant elle la cloison inférieure en s’allongeant ; elle devient 
ainsi moins riche en chlorophylle que ne le sont les articles normaux de la 
plante. Son extrémité inférieure s’attache sur les articles vivants qu’elle ren- 
contre dans le voisinage et leur adhère étroitement; l’auteur la compare à 
l'extrémité radiculaire des végétaux supérieurs; elle n’est pas recouverte par 
l'enveloppe générale de la Conferve. L’extrémité supérieure se dilate aussi, 
mais en général plus tard, en un prolongement ascendant que recouvre au 
contraire cette enveloppe; l’auteur la met en parallèle avec le caudezx adscen- 
dens des végétaux vasculaires. Il insiste sur la différence de l’état physiolo- 
gique des deux extrémités de la cellule intacte de la Conferve, qu'il suppose 
douée d'une polarité particulière ; il s'étend sur cette propriété qu'il recon- 
naît aussi dans d'aatres familles cryptogamiques, et qu'il étudie d'une 
manière générale dans le règne végétal. — Dans le chapitre suivant, qui est 
le quatrième de son mémoire, M. Karsten suit le développement des jeunes 
cellules formées dans l’intérieur de l'article isolé du C/adophora ; elles naissent 
le long de la ligne médiane de cet article, et sont ensuite refoulées à la 
périphérie, — Dans le chapitre cinquième, l’auteur décrit le développement 
de l'extrémité radiculaire de l’article isolé; cette extrémité se développe en 
poussant devant elle la cloison qui la séparait du tronçon inférieur, ouvert et 
vide; cette cloison se détruit au bout de quelque temps, de son centre à 
sa périphérie, et ne persiste plus que sous forme d’un repli circulaire qui 
s'imprime sur la base de l'extrémité radiculaire. — Le chapitre sixième nous 
explique le développement des cloisons qui se fait dans la cellule du Clado- 
Phora par le moyen de cellules endogènes. 

Dans le chapitre VII, M. Karsten traite du développement du pollen. Il 
trace rapidement l’histoire de cette partie de la science, et décrit le pollen 
de l'Al{hœa rosea comme formé par des cellules endogènes libres, entre 


mm 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 337 
lesquelles s’insinue la paroi épaissie de la cellule-mère, 11 étudie aussi parti- 


culièrement le développement d’aspérités à la surface du pollen, — Le 
chapitre VIE est relatif au développement des Spirogyra, dans les articles 
desquels existe aussi un tissu endogène, constitué par des grains de chloro- 
phylle ou des cellules incolores, tissu qui est employé pendant la croissance 
de la plante. 

L'étude du noyau qui se remarque dans les articles des Spirogyra, au 
centre de la cellule-mère, fait le sujet du chapitre IX ; l’auteur s’y attache 
principalement à la manière dont se fait la circulation du plasma dans l’inté- 
rieur de cette cellule-mère, entre les cellules de nouvelle formation qui la 
remplissent. Ces dernières naissent dans le noyau, par multiplication endogène, 
suivant le mode généralement décrit ; l’auteur a employé le chapitre dixième 
tout entier à en préciser l’évolution. — Le chapitre onzième et dernier est con- 
sacré à l'étude des matériaux qui constituent les parois des cellules, de leurs 
métamorphoses, de la séparation des couches dont ils se composent ; M. Karsten 
y recherche les causes qui déterminent la ‘transformation de lenveloppe 
cellulaire, primitivement dépourvue de structure, et s'étend ensuite sur 


l'impossibilité de soutenir la théorie de l’utricule primordial. 
Dr EUGÈNE FOURNIER. 


Recherches concernant les fonctions des vaisseaux ; par 
M. A. Gris (Comptes rendus, 1863, t. LVI, pp. 1048-1050). 


M. Gris fait connaître dans cette note un moyen facile de démontrer la 
présence de la séve dans les vaisseaux des plantes. Ce moyen, c’est l'emploi 
de la liqueur de Fehling, qui fournit un précipité rouge d'oxydule de cuivre 
quand on fait tomber dans la liqueur quelques gouttes de séve, M. Gris à 
plongé pendant quelques instants, dans cette liqueur bouillante, des fragments 
épais de bois de Châtaignier, de Bouleau, de Peaplier, de Cylise, au com- 
mencement du printemps; pratiquant ensuite dans l'épaisseur de ces frag- 
ments des coupes propres à l'observation microscopique, il s’est assuré qu’un 
abondant précipité d’oxydule de cuivre tapissait la face interne des gros 
vaisseaux, ainsi que les cellules des rayons médallaires. 11 en conclnt que les 
vaisseaux, dits lymphatiques, contiennent (au printemps au moins) une séve 
d’une constitution très-analogue, sinon identique, à celle qui se trouve dans 
les éléments cellulaires des mêmes tiges, et que le précipité d’oxydule de 
Cuivre est très-probablement déterminé de part et d’autre par la présence du 
glucose dans ces mêmes éléments. 

M. Gris a remarqué en outre que la spiricule des vaisseaux réticulés, 
annulaires, spiro-annulaires, etc. , traités par le même réactif, offre dans son 
intérieur un précipité rouge, formé de petits grumeaux d’un brun noirâtre : 
phénomène qui lui paraît une heureuse confirmation des idées de M. Trécul 


338 SOCIËÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


sur la structure de ces spiricules. Nous rappellerons, à ce sujet, une obser- 
vation de M. Cauvet, qui a vu se teindre isolément en noir les spiricules de 
vaisseaux où pénétrait un liquide coloré par de l'encre (£'tudes sur le réle 


des racines dans l'absorption et l'excrétion, pp. 14 et 23). 
E. F. 


Sur la présence normale de gaz dans les vaisseaux 
des plantes; par M. P. Dalimier (Comptes rendus, 1863, t. LVI, 
pp. 1097-1100). 


M. Dalimier a reconnu par des expériences personnelles que les vaisseaux des 
plantes ne contiennent de séve que chez certains végétaux et pendant un temps 
relativement très-court, opinion soutenue par plusieurs auteurs éminents, 
français et étrangers, mais sur laquelle les botanistes ne sont pas encore 
universellement d'accord. M. Dalimier a mis l’extrémité inférieure d'une 
branche fraîchement coupée en communication avec un réservoir d’air com- 
primé, par le moyen d'un tube en caoutchouc et quelquefois aussi d’un tube 
de verre additionnel. Pendant le mois de mars 1860, il a fait des expériences 
suivies sur des végétaux dont les bourgeons n'étaient pas encore développés : 
Vigne, Érable, Robinier, Pêcher, Tilleul, etc.; dans tous, l'air comprimé a 
traversé le tissu ligneux avec la plus grande facilité, et n’a chassé devant lui 
aucun liquide. La longueur des branches n’a jamais été un obstacle dans . ces 
expériences. Vers la fin d'avril, il reconnut l'impossibilité de faire de nouveau 
passer le courant gazeux à travers plusieurs des végétaux qu'il avait précé- 
demment étudiés ; dès la fin de mai, il pouvait le rétablir, Dans les Conifères, 
où il y a, dit-il, absence de vaisseaux, l'air comprimé ne peut s'ouvrir un 
passage. Dans les plantes à feuilles persistantes, telles que le Zaurus nobilis et 
le C'amellia japonica, le courant gazeux s'établit toujours, quelle que soit 


l'époque de l'année. 
E, F. 


Note relative aux fonctions des vaisseaux des plantes; 
par M. H. Lecoq (Comptes rendus, 1863, t. LVI, pp. 1148-1149). 


M. Lecoq ne conserve aucun doute sur la présence des gaz dans le tissu 
vasculaire. Ses expériences ont été faites, il y a plusieurs années, sur des 
plantes aquatiques. Les Myriophyllum, les Potamogeton, sur lesquels il a 
continué ses études depuis qu’il a communiqué à l’Académie les observations 
faites par lui sur ce sujet, offrent constamment, dit-il, un dérangement de 
petites bulles visibles à l'œil nu, et en quantité suffisante pour remplir 
bientôt une éprouvette, Si l’on pique le tissu cellulaire des feuilles avec une 
aiguille, on n'obtient rien; mais si la piqûre atteint un vaisseau, on voit 
immédiatement les bulles de gaz sortir, se grouper, et se rendre à la surface 


ou davs le vase destiné à les recueillir. 
E. F. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 339 


Note sur Îles fonctions des vaisseanx des plantes; par 
M. Ad. Brongniart (Comptes rendus, 1863, t, LVII, pp. 5-6). 


M. Brongniart revient sur le sujet traité d’une manière différente par les 
observateurs précédents. Il a vérifié les faits avancés par M. Gris, dont les 
expériences établissent que, sur plusieurs arbres et pendant une période déjà 
assez étendue, la plupart des vaisseaux du bois, peut-être tous, renferment 
une séve sucrée. Il rappelle, au sujet des plantes aquatiques observées par 
M. Lecoq, que ces plantes n’ont, pour ainsi dire, pas de vaisseaux, mais de 
nombreuses et larges lacunes, d’où s’échappent évidemment, selon lui, les 


bulles d’air dont ce savant a observé le dégagement. 
E.F. 


Expiration nocturne et dinrne des feuilles: feuilles colorées; 
par M. B. Corenwinder {Comptes rendus, 1863, t. LVII, pp. 266-268). 


Dans ce mémoire, M, Corenwinder démontre que les feuilles exhalent pen- 
dant la nuit une quantité d'acide carbonique variant suivant la température, 
et qui devient tout à fait nulle, ou à peu près, lorsque le thermomètre 
approche de zéro; que les jeunes pousses ct les bourgeons, à la lumière du 
jour, et surtout au soleil, laissent échapper de l'acide carbonique, quelquefois 
en quantité considérable; enfin, que les feuilles adultes, qui n’expirent 
jamais d'acide carbonique, soit par un temps clair, soit par un temps obscur, 
lorsqu'elles sont exposées en plein air et qu’elles reçoivent de la lumière de 
toutes parts, en exhalent au contraire généralement lorsqu'on les maintient 
dans un appartement où elles ne sont pas exposées aux rayons du soleil. Les 
feuilles colorées en rouge, en brun, en pourpre, jouissent des mêmes pro- 
priétés que les feuilles vertes, quant à leur action sur l’acide carbonique. Il est 
donc inexact, suivant l’auteur, de dire que c’est par leurs parties vertes que 


les feuilles décomposent l'acide carbonique de l'air sous l'influence des rayons 
solaires. 
E. F. 


Sur Jlacoloration que les acides peuvent communiqner 
Aux organes végétaux, dans certaines familles; par 
M, À. Guillard (Comptes rendus, 1863, t. LVI, pp. 1126-1128). 


M. Guillard s’est déjà occupé de ce sujet dans ce Bulletin (t. V, p. 102), 
et dans la Presse scientifique des Deux-Mondes (1864, t. II, p. 313 et 314). 
D'après les observations qu'il rappelle dans cette note, l’acide chlorhydrique 
colore les fibres et les différents vaisseaux en violet, avec ses nuances vineuse 
et rose, quelquefois en vert d’eau (Staphylea, Dianthus), en jaune (fibres 
libériennes des Sagina et Plumbago, fibres de la feuille des Myrica), ou en 
orangé (Épacridées). L’organe qui reçoit la coloration avant tous les autres 


340 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


est la trachée. Le phénomène de coloration, manifesté par l'emploi direct 
de la goutte d'acide, peut ordinairement s’obtenir de toutes les plantes de Ja 
même famille. Il est des familles, et même des ciasses entières, qui s’y 


refusent. 
E. F. 


Observations on the gonidia and confervoid filaments 
of Mosses, and on the relation of their gonidia to those of Lichenes 
and of certain freshwater Algæ (Observations sur les gonidies et les fila- 
ments confervoides des Mousses, et sur les rapports de leurs gonidies 
avec celles des Lichens et de certaines Alques d’eau douce); par M. J. 
Braxton Hicks (7ransactions of the Lianean Society of London, 1862, 
vol. XXIII, part 3, pp. 567-588, avec deux planches gravées et coloriées). 


On sait que les filaments verts qui se détachent de la partie supérieure du 
système souterrain chez les Mousses ont été désignés sous le nom de Proto- 
nema par des botanistes qui les regardaient comme des Algues, et que 
M. Kuetzing, suivi depuis dans cette voie par M. Schimper, a redressé sur ce 
point l'erreur des naturalistes. Cependant M. Kuetzing, dans son Phycologia 
generalis, a conservé le groupe des Protenemeæ, formé des genres Proto- 
nema et Gongosira, et très-voisin, dit-il, des C'ladophora. Le mémoire de 
M. Hicks est destiné à montrer que les filaments du Protonema ont avec les 
Conferves une ressemblance bien plus grande qu’on ne le pense généralement, 
bien qu'ils appartiennent indubitablement aux Mousses qui leur donnent 
naissance, et qu'ils sont destinés à reproduire. Il a observé ces filaments 
principalement pendant l'hiver, sur le tronc des arbres et en cultivant des 
Mousses sous des plaques de verre; et il fournit des résultats à ajouter à ceux 
dont MM. Schimper et Nægeli ont déjà enrichi la science. 

Les gonidies des Mousses sont, comme on sait, des cellules à développe- 
ment endogène qui se forment sur le Protonema, cellules que M. Kuetzing à 
regardées comme les fruits d’un genre d’Algues, mais qui peuvent se déve- 
lopper aussi sur la tige aérienne, et qui sont de véritables gemmes chargées 
de conserver la vie de l’espèce pendant la saison froide et pendant la séche- 
resse ; ces gemmes diffèrent des bulbilles en ce qu’elles ne contiennent point 
d’axe dans leur intérieur ; elles développent seulement, par une sorte de ger- 
mination, des tubes confervoïdes sur lesquels s’élèveront des axes. M. Hicks en 
décrit soigneusement le développement. D’après lui, ce ne sont pas seulement 
les cellules-mères, ou gonidies composées, qui jouissent de la propriété de 
reproduire la plante, mais toute cellule du Protonema ou gonidie simple. 
M. Hicks s'étend longuement sur l’analogie que présentent ces cellules avec 
certains genres d’Algues, selon leurs formes.et le mode de leur développe- 
ment. Elles se multiplient, en général, par division endogène et quateruaire. 
Dans un cas où toutes les cellules du filament se partageaient ainsi, la paroi 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 344 


commune ne disparaissant qu'après ce changement, l’auteur, qui observait 
ce fait sur l'écorce d’un arbre, croyait la voir couverte de cellules de CAlo- 
r'ocoCcCus. 

En outre, M. Hicks étudie le formation des cellules Libres, dont il a observé 
deux modes dans les filaments. Dans l’un de ces modes, il a vu tous les maté- 
rjaux contenus dans le filament se rassembler en une ou deux masses ovales, 
qui s’entourent d’une membrane et se segmentent, tandis que la paroi primi- 
tive du filament se détruit. Dans un autre mode, ce sont des granules de 
chlorophylle qui s'entourent d’une paroi, développent un nucléus dans leur 
centre, se segmentent, et constituent une cellule indépendante, capable d’une 
évolution ultérieure. Les parois du filament, lorsqu'elles disparaissent, se 
résolvent en une substance gommeuse qui entoure les gemmes. 

Des gemmes, devenues libres par la résorption de cette paroi, étant restées 
plusieurs mois dans état complet de repos, M. Hicks en mit quelques-unes 
dans de l’eau et les recouvrit d’un verre mince; il plaça le tout au soleil 
pendant une heure environ; il trouva ensuite, à sa grande surprise, tout 
l'appareil rempli de zoospores ; il y en avait un millier dans un pouce carré; 
au bout de quelque temps, ils perdirent leurs cils et se subdivisèrent comme 
les zoospores des Algues. 

E, F. 
Étades algologiques ; IL : Quelques observations sur l'influence de 
la température sur la production des formes mobiles et immobiles du Pro- 
tococcus pluvialis Kuetz. (Hæmatococcus pluvialis Klot., Chlamydococcus 
pluvialis À. Braun, Hysygnum pluviale Perty, Discerea purpurea Morren), 
par M. André Petrovsky (Zulletin de la Société des naturalistes de 

Moscou, 1862, n° 2, pp. 575-585). 


MM. Cohn et Cienkowsky ont démontré que, si l’on met dans l’eau les 
cellules desséchées et immobiles du Protococcus pluvialis Kuetz., elles pro- 
duisent par division des êtres mobiles et contractiles, qui paraissent parfaite- 
ment identiques avec les Monas, Chilomonas, Uvella, Microglena, Gyges, 
Asteria, Pandorina, Chœtoglena, Chlamydomonas, rangés tous jusqu’à 
présent parmi les infusoires. Des êtres placés, pour ainsi dire, sur la limite 
des deux règnes, et sur lesquels M. Gros (de Moscou) a décrit des transfor- 
mations vraiment extraordinaires, les Zuglena, sortes de cellules vertes con- 
tractiles, qu’on n’a jamais vu absorber de substances solides, doivent, suivant 
M. Petrovsky, être aussi rapportés aux Protococcus. 

D'après l’auteur, la température exerce sur les transformations des Proto- 
coccus une influence considérable. 11 a examiné des Protococcus pluvialis 
qui flottaient en masses rougeâtres sur les étangs au milieu des bois, et 
dont quelques individus s'étaient partagés en deux par division cellulaire 
endogène. Ces individus, ayant été placés dans une chambre chauffée, perdi- 


342 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


rent leur membrane d’enveloppe, ainsi que les Protococcus non divisés; 
quelques-uns commencèrent à exécuter un mouvement de rotation, puis de 
légères contractions. Ensuite, l'auteur aperçut, sur un point de leur contour, 
une incision bientôt de plus en plus grande; finalement les globules prirent la 
forme des £uglena et rampèrent en se contractant comme eux. Quelques 
heures après, les £uglena ainsi formés, ayant la grandeur, la forme et la 
couleur des Æ£. viridis ordinaires, se trouvèrent munis chacun de deux longs 
cils ; quelques-uns avaient gardé un peu de matière rouge au centre, d'autres 
avaient complétement verdi, hormis le point rouge placé près de la base des 
deux cils. L'auteur fit ensuite l'expérience inverse, et plaça dans un vestibule, 
où la température était celle de l’air extérieur, cinq globules privés de leur 
enveloppe, soit mobiles, soit immobiles, et un Z£'uglena ; deux des globules 
reprirent une enveloppe, les trois autres devinrent immobiles, l’£uglena fut 
changé en boule immobile aussi. L'auteur multiplia les observations et vit 
qu’en abaissant ou élevant la température, on peut produire à volonté la 
forme immobile et la forme mobile du Protococcus, et en outre que la forme 
mobile peut être produite sans division, contrairement à l'assertion de 
MM. Cobn (Nachtræge zur Naturgeschichte des Protococcus pluvialis Auetz.; 
in Actis Ac. L.-C. Nat. Cur. t XXIT, pars II), Cienkowsky et Weisse 
(Ueber den Lebenslauf der Euglena, Mélanges biologiques, 1851, 4" li- 
yraison). 

Il faut rapprocher de ces faits la contractilité observée sur le prothallium 
des Champignons (voy. Hoffmann, in Annales des sciences naturelles, 1859, 
t XI, n° 3), et sur les zoospores de l’Amæbidium parasiticum (woy. Cien- 
kowsky, in Bof. Zeit. 1861, n° 25). 

M. Weisse a publié dans le Pulletin de la Société des naturalistes de 
Moscou, 1862, 111, p. 262, quelques remarques critiques sur les observa- 
tions de M. Petrovsky, qui a répondu à M. Weisse dans le même Pulletin, 
4862, n° 4, p. 465, 

E. F 


Ucher dic Stoffe, welche das Matcrial zum YVachstinatni 
der Zellhænte liefern (Sur les substances qui fournissent les 
matériaux nécessaires à l'accroissement des parois cellulaires); paï M. Ju: 
lius Sachs (Pringsheim’s Jahrbuecher fuer wissenschaftliche Botanif, 
t. III, 2° livraison, pp. 183-258, 1862). 


Dans cet important mémoire, M: Sachs commence par exposer les moyens 
mis à la disposition du naturaliste pour étudier chimiquement la fécule et le 
sucre sur le porte-objet du microscope. 11 recherche ensuite le rôle que joue 
le tissu cellulaire dans la nutrition des cellules épidermiques en général, en 
s'appuyant sur les travaux de MM. Nægeli, Hoffmann, de Mohl, et de quel- 
ques autres observateurs. Un chapitre spécial est consacré à l'étude de la 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 3438 


division du grain de fécule, étudiée par l’auteur dans l’embryon de quelques 
Légumineuses, Graminées et Rosacées, des Quercus, Convolvulus, Acer, etc. 
L'auteur étudie ensuite la fécule renfermée dans les granules de chlorophylle, 
et retrace l’historique de ce point de science d’après les recherches de MM. de 
Mohl, Nægeli, Bæhm, Cramer et A. Gris; puis la décrit dans la jeunesse des 
organes. Il étudie ensuite le rôle de l’amidon dans la germination de quelques 
plantes et les produits qui résultent de ses diverses transformations : il sépare 
dans cette étude les embryons qui contiennent de l'amidon, soit dans leurs 
cotylédons, soit dans un endosperme, de ceux qui contiennent de l’huile 
dans les mêmes parties, et de ceux autour desquels le tissu cellulaire lui-même 
du périsperme se liquéfie pour servir de matériaux nutritifs. Il étudie ensuite 
la germination des tubercules qui renferment de l’inuline, et particuliè- 
rement le développement des jets latéraux de la Betterave. Un long chapitre 
(chap. VIT) est intitulé : 26le de l’amidon ct du sucre pendant la végétation, 
depuis la fin de la germination jusqu'à la floraison ; l'auteur y étudie le 
développement de la Pomme-de-terre, de la Betterave, du Maïs, du Ricin, du 
Chou et du Dahlia. L'auteur traite ensuite (chap. VHI) du rôle de l’amidon, 
du sucre et de l'huile dans le développement de quelques fruits (Haricot, 
Ricin, Giroflée-rouge) ; il rapporte des expériences spéciales et très-soignées 
qu’il à faites en analysant séparément les carpelles, les trophospermes et les 
ovules divisés en leurs différentes parties. Le chapitre IX est intitulé : De 
l'état dans lequel se trouvent l’amidon, le sucre rt l'huile dans les diffé- 
rents tissus; le chapitre X : Des migrations de ces trois principes ; enfin le 


* Chapitre onzième et dernier est un supplément historique. mé 


On prolification in flowers, and especially on that kind termed 
axillary prolification (De La prolification dans les fleurs, et spécialement 
de celle qu'on nomme prolification axillaire) ; par M. Maxwell T, Masters 
(Transactions of the Linnean Society of London, vol. XXIIT, part 5, 
4862, pp. 481-493, avec une planche lithographiée). 


M. Masters avait publié en 1861, dans la deuxième partie du tome XXII 
des Zransactions, un mémoire Sur La prolification médiane dans les fleurs. 
Il traite aujourd'hui de la prolification axillaire, variété dans laquelle on voit 
des boutons paraître à l’aisselle des divers éléments de la fleur, et qui a été 
désignée par M. Engelmann sous le nom d'ecblastesis; elle est distince 
de la prolification latérale de M. Moquin-Tandon, dans laquelle les boutons 
se développent à l’aisselle des bractées. L'auteur examine d’une manière très- 
générale les divers degrés de ces cas tératologiques, les circonstances dans 
lesquelles ils se rencontrent, les plantes qui en sont le plus fréquemment 
affectées (Caryophyllées, Potentilla, Anemone, Dictammus, Ombellifères, 
Crucifères, Xeseda, Nymphæa) ; i cite la plupart des cas de ce genre récem- 


341 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ment décrits par différents observateurs, et en étudie lui-même quelques- 
uns, qu'il figure, dans un Dianthus, l'Opuntia Salmiana, le Telragonia 
expansa et le Daucus Carota. Dans ce dernier cas, les deux carpelles étaient 
changés en feuilles, du milieu desquelles sortait l'axe d’une nouvelle inflo- 
rescence. Le travail de M. Masters est terminé par un tableau, dans lequel il 
donne la liste des genres sur lesquels a été observée la prolification axillaire, 
avec l'indication des organes à l’aisselle desquels elle a été formée et des 
résultats qu’elle a produits. 
E. F, 
BOTANIQUE DESCRIPTIVE. 


On Welivifschia, a new genus of Gnetaceæ (Sur le Wel- 
witschia, genre nouveau de Gnétacées) ; par M. Joseph Dalton Hooker 
(Transactions of the Lianean Society, vol. XXIV, part 1, pp. 1-48, avec 
quatorze planches lithographiées par M. Fitch, 1863). 


Notre Æevue a déjà rendu compte des premières Notes publiées pour faire 
connaître le singulier végétal auquel M. J. Hooker vient de consacrer un 
travail magistral. Depuis, M. Welwitsch a décrit de nouveau la plante qui 
porte aujourd’hui son nom, dans une lettre adressée par lui de Lishonne à 
M. Alph. de Candolle, et publiée dans la Zibliothèque universelle de Genève, 
en avril 1861. M. Thomas Baines en envoya des dessins à sir William Hooker 
avec des graines, dans lesquelles on reconnut la structure de celles des Cyca- 
dées et des Gnétacées. M. Welwitsch en adressa des échantillons à Kew, et 
consentit-à retirer le nom de Tumboa, qu’il avait donné à sa plante et par 
lequel les indigènes du cap Nègre désignent des végétaux fort différents; 
M. J. Hooker le remplaça par celui de Welwitschia mirabilis, le genre 
Welwitschia Rchb. ayant &6 supprimé et fondu dans le genre Gilia par 
M. Bentham. Enfin de nouveaux envois d'échantillons et de renseignements 
parvinrent à Kew, de la part de MM. Monteiro et C.-J. Andersson, et permirent 
à M. J. Hooker de tracer une étude complète de la plante. 

Il doune d’abord une longue diagnose latine, générique et spécifique, du 
Welwitschia, qu'il place dans les Gnétacées, malgré la forme et la structure 
du tronc, la disposition des vaisseaux, l'hermaphrodisme des fleurs et l'évo- 
lution anomale de l'embryon. 11 trace alors une diagnose comparative des 
genres Gnetum, Ephedra et Welwilschia, auquel il attribue les caractères 
suivants : 

Squamæ strobili homogami 4-fariam imbricatæ, perplurimæ floriferæ, 
fructiferæ valde auctæ. Flores hermaphroditi et fæminei. F1 &. Perianthium 
h-phyllum, foliolis 2-seriatis, interioribus connatis. Stamina 6, monadelpha ; 
antheræ 3-loculares. Ovuli integumentum solitarium, disco stigmatiformi 
terminatum. FL ©. Perianthium ampullaceum, compressissimum, 2-alatum. 
Ovulum maris, sed processu styliformi recto apice simplici lacero. Fructus 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 346$ 
siccus, squamis membranaceis strobili velatus. Truncus obconicus, lignosus. 
Folia 2, opposita, longissime linearia, dilacerata, nervis parallelis. 

M. Hooker expose dans autant de paragraphes distincts l’étude morpholo- 
gique et anatomique du tronc, de la feuille, de l’inflorescence, des cônes 
hermaphrodites et de leurs fleurs, des: cônes femelles, des fleurs femelles, de 
leur périanthe et de leur péricarpe, de l’ovule examiné avant la fécondation, et 
enfin la fécondation de la plante et l’embryogénie de la graine, 

Le tronc est, comme on le sait, ume masse obconique, tantôt nettement 
distincte de la racine, tantôt se continuant insensiblement avec elle, enfoncée 
en grande partie dans le sol, et s’étalant à la surface de la terre en une expan- 
sion ligneuse, ou couronne discoïde, qui porte des feuilles atteignant 42 pieds 
de circonférence, dans une sorte d’entaille circulaire profonde, Une section 
verticale de ce tronc montre d’abord une couche corticale brune, puis un 
parenchyme largement développé et constituant presque toute la masse, dans 
lequel se rencontre un système fibro-vasculaire fort anomal. Ce système consiste 
d’abord en une couche mince, en forme de coupe, partant du centre de l'axe 
pour joindre la base des feuilles. Cette couche donne naissance, secondai- 
rement, à un système ascendant de faisceaux vasculaires isolés qui se 
terminent dans des protubérances de la couronne, et, troisièmement, à un 
système de faisceaux descendants, qui pénètrent dans l’axe du tronc et vont se 
perdre dans la ‘couche de cambium. Ces faisceaux se composent de fibres 
libériennes rameuses, marquées à leur surface de stries très-fines, de vais- 
seaux rayés à parois épaisses, dans lesquels les couches d’accroissement décri- 
vent des sinuosités remarquables, et de vaisseaux spiraux; on n’y rencontre 
point les fibres aréolées si abondantes dans les autres plantes du groupe des 
Gymnospermes. Cette tige paraît à M. Hooker se rapprocher beaucoup par 
sa constitution des tiges à développement endogène. 

La structure de la feuille est extrêmement compliquée, ce qui est en rap- 
port avec la durée que l’on est obligé de lui reconnaître. Les parois extérieures 
des rangées de cellules épidermiques sont remarquablement. Au-dessous 
de ces rangées est une large couche de tissu cellulaire lâche, traversé longitu- 
dinalement par des fibres longues, à lumière intérieure étroite, analogues à des 
fibres libériennes, et renforcé par des amas confus de cellules roides, pointues 
et rameuses, souvent courbées sur elles-mêmes à angle droit, cellules qui se 
rencontrent aussi dans le tronc. Dans le milieu de la feuille est un paren- 
Chyme ordinaire, contenant des cavités où se produit une matière gommeuse 
résultant de la désagrégation de quelques cellules ; ce parenchyme est traversé 
dan bout à l’autre de la feuille, en sa partie médiane, par des faisceaux 
bro-vasculaires parallèles, de forme ellipsoïde, constitués de la manière 
Suivante : entourés d’une rangée de cellules ponctuées et épaisses , ils 
présentent, de haut en bas, d’abord des fibres libériennes à parois fortes 
et délicatement striées, puis une couche de cambium ou de rénovation, à 

TE 24 


346 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


cellules obscurément rayonnantes ; ensuite des vaisseaux rayés et des trachées, 
enfin une couche inférieure de fibres libériennes. Les stomates sont situés 
sur les deux faces de la feuille, et occupent des stries parallèles. Par la 
présence d’une couche de fibres libériennes sous l’épiderme de leurs feuilles, 
ces plantes se rapprochent de certaines Cycadées de l’Afrique méridionale. 

Les boutons floraux du Welwitschia se développent dans des cavités 
ovoïdes et profondes, situées sur la périphérie de la couronne, au-dessus de 
l'insertion des feuilles, quelquefois au-dessous; l’inflorescence développée 
représente une cime dichotome, pourvue aux nœuds de bractées opposées, 
et dont certains entre-nœuds disparaissent souvent ; les pédoncules portent 
des stomates ; la section de ces pédoncules ressemble assez, pour la disposi- 
tion des faisceaux, à celle d’une tige de Monocotylédone. Les dernières divi- 
sions de l’inflorescence portent des cônes à écailles pourpres, hermaphrodites 
ou femelles. L'auteur décrit le développement des fleurs hermaphrodites, 
dont le périanthe ressemble beaucoup, dit-il, à celui de la fleur mâle du 
Casuarina. L'ovule des fleurs hermaphrodites brunit et se dessèche après la 
floraison, tandis que celui des fleurs femelles se développe. Ce dernier est 
d'abord une papille nue, autour de la base de laquelle se développe le 
périanthe et aussitôt après le tégument unique de l’ovule; au bout de quelque 
temps ce tégument, dépassé par le périanthe, se prolonge en un col allongé 
et béant, au fond duquel se trouve le nucelle, muni déjà d’un sac embryon- 
naire, Après cette description, l’auteur compare cet ovule à ceux des Æphe- 
dra et des Gnetum. 1] s'occupe ensuite de la constitution morphologique des 
Gymnospermes, et dit que, si l’on compare les Conifères aux Gnétacées, on 
doit regarder ou l’écaille ovuligère des Conifères comme un périgone, ou le 
périgone des Gnétacées comme un ovaire, D'ailleurs, selon Jui, on est loin 
d’avoir établi que les écailles des Abiétinées correspondent à celles des Coni- 
fères uni-ovulées. Enfin, étudiant la théorie qui voit un ovaire dans l'enveloppe 
ovulaire des Gymnospermes, il déclare que, si on l’adopte, on doit recon- 
naître d’abord que cet ovaire n’a ni la forme, ni la structure, ni les fonctions 
d’un ovaire d’Angiosperme ; deuxièmement, qu’il a celles d’une enveloppe 
ovulaire de ce groupe de plantes; et, troisièmement, que les carpelles, qui 
varient singulièrement dans les genres et même dans les espèces d’Angio- 
spermes, sont singulièrement uniformes dans les Gymnospermes. 

L'auteur décrit spécialement le développement de l’ovule, avant et après la 
fécondation, et d’abord la formation des corpuscules, qui résultent du déve- 
loppement d’une cellule du sac embryonnaire, et qu’il nomme sacs embryon- 
naires secondaires ; ces organes font saillie en dehors du sac embryonnaire 
primitif et de la masse endospermique. Il se développe alors. dans l'extrémité 
conique de l’ovule des lignes brunes interrompues et rayonnant à partir du 
sommet; c'est dans ce tissu que pénètrent les corpuscules en s’allongeant. En 
s'élevant ainsi, ils rencontrent l'extrémité inférieure des tubes polliniques : 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 317 


l’auteur figure des tubes soudés avec des corpuscules, comparables, à ce point 
de vue, aux sacs embryonnaires des Santalacées; il a trouvé jusqu’à huit sacs 
ainsi fécondés dans le même ovaire, mais n'a jamais vu cependant qu’un 
seul embryon dans la graine. 1] décrit ensuite le développement de l'embryon, 
dont le suspenseur est flexueux, mais constitué par une cellule allongée simple, 


et non pas multiple comme dans celui des Conifères. 
E. F. 


Plantæ scrhieæ rariorces aut novsæ ; a prof. Roberto de Visiani et 
prof. Josepho Pancic descriptæ et iconibus illustratæ. Decas 4. In-4° de 
26 pages, avec 7 planches. Venise, 1862. 


Cette publication, que notre Æevue a déjà annoncée, renferme la descrip- 
tion des Geum molle Vis. et Panc., Potentilla leiocarpa Vis. et Panc., 
P. poterifolia Nis., Dianthus papillosus Vis. et Panc., Viola Grisebachiana 
Vis., £ryngium serbicum VPanc., Goniolimon serbicum Vis., Campanula 
secundiflora Vis. et Panc., Æuphorbia subhastata Vis. et Panc., et Zriticum 


petræum Vis. et Panc. 
E. F. 


Decas octava generwm plantarum hucusque non descriptarum ; 
auctore N. Turczaninow (Zulletin de la Société des naturalistes de 
Moscou, 1862, n° IV, pp. 321-331). 


Les genres nouveaux, établis dans ce mémoire par M. Turczaninow, sent 
les genres Staphylorrhodos (Rosacées), à port de Cotoneaster et à baie 2-5- 
sperme, de la Nouvelle-Zélande (S£. Cotoneaster, Ev. Homc ezsice. n\° 563 
et 579); Schizanthera (Mélastomacées), voisin du genre Fritzschia par la 
structure de ses anthères (Sc. bullata, du Pérou, Mathews exsicc. 
n°873); Anisocentrum (Mélastomacées), voisin du genre 7ricentrum, mais 
distinct par l'inégalité des éperons de ses connectifs, sa fleur pentamère et uu 
verticille d’étamines stériles (Anisocentrum Gardneri, du Brésil, Gardner 
exsice. n° 2592); Piptandra (Myrtacées), voisin du Scholtzia et destiné 
peut-être à lui être réuni plus tard, mais distinct par son ovaire triloculaire 
el ses ovules pendants et solitaires dans les loges (Piptandra spathulata, de la 
Nouvelle-Zélande, Drummond exsice. n° 59); Calycotropis (Paronychiées, 
C. minuartioides, des montagnes d'Orizaba au Mexique) ; Distomanthera 
(Saxifragées), dont les anthères s'ouvrent par deux pores (2. Dombeyana, 
du Pérou et du Chili); Pitræa (Scrofulariées), voisin des genres Diplacus 
et Mimulus, mais distinct par un port particulier (P. chilensis, de Coquimbo, 
Chili, Bridges exsice. n° 1354); Digyroloma, appartenant aux Acanthacées, 
mais rapproché des Hydrophyllées par ses graines ailées, et caractérisé par 
deux étamines superposées, dont les loges superposées sont éperonnées infé- 
ricurement (2. Cleghornii, de Madras); Pentasticha (Cypéracées), offrant 


SA SOCIÈTÉ HOTANIQUE DE FRANCE. 

un port analogue à celui des Fuirena (P, madagascariensés, coll. Boivin}; 
Stenostachys {Graminées), voisin du ZLeersia par le défaut de glumes, mais 
distinct par ses glumelles planes, l’inférieure aristée, le rudiment d’une 
deuxième fleur et le port (S/. narduroides, de la Nouvelle-Zélande), 

On trouve dans le même mémoire la description de plusieurs Myrtacées 
nouvelles, les Zhotzhkya scabra, Thryptomene Hyporhytis, Thr. prolifera, 
Hypocalymma tetrapterum, A. cuneatum, H. ciliatum, H. linifolium, 
Metrosideros Homeana, Kunzea trinervia, K. hirsuta, Melaleuca ciliosa 


et M. cuspidata. : 
E. F. 


Annales Musei botaniei Ilugduno-batavi: edidit F.-A.G. 
Miquel, t. I, fasc. 1-11. In-folio de 64 pages, avec deux planches gravées. 
Amsterdam et Utrecht, chez Van der Post, 1863. 


Cette importante publication doit paraître par livraisons de huit 
feuilles de texte, avec une planche coloriée-ou  oïre, dont le prix est fixé à 
3 francs. Elle est destinée à faire connaître les nombreux matériaux que ren- 
ferment les herbiers du musée de Leyde, relativement à l'archipel indien et 
au Japon. Les deux premières livraisons parues renferment des travaux sur 
les Araliacées, les  Éricacées, les Fougères et les Équisétacées. Les deux 
premiers sont signés par M. Miquel; on trouve dans l’un un tableau métho- 
dique des genres des Araliacées, auxquels l’auteur ajoute les genres nou- 
veaux : Botryopanax, Osmoxylon, Textoria et Aalopanaz; le genre 
Botryopanax (B. borbonicum Miq.) est établi pour le Gilibertia paniculata 
DC., l’Osmozylon (O. amboïnense Miq.) pour l'Aralia umbellifera Lam., 
le Zextoria pour une plante du Japon, distincte du genre Æedera par un 
albumen non ruminé ; le Xalopanax, pour certaines espèces rapportées jus- 
qu'à présent au genre Panax et présentant des fleurs en grappes, avec. des 
styles libres au sommet, ce qui les sépare du genre Æoplopanazx Torr. et Asa 
Gray. Le mémoire de M. Miquel renferme en outre la description d’un 
grand nombre d’Araliacées nouvelles, qui sont les suivantes : 7! etraplasandra 
paucidens Miq. (Nouvelle-Guinée), Gastonia papuana Miq. (Nouvelle-Guinée), 
Aralia gcorgica Miq., À. urticifolia Blume herb. (Java), Zrevesia Zippe- 
liana Miq. (Amboine), Macropanaz cyrtostylum Miq. (Sumatra), Panax 
Zippelianum Miq. (Nouvelle-Guinée), Æalopanax sumatranum Miq., 
Æ. resectum Miq., Paratropia avenis Miq., P.acutissima Miq., P. euryncha 
Miq., P. gracilis Miq,, P. subulata Miq., P. polita Miq., 2. sengalensis 
Mig, P. petiolosa Miq., P. fastigiata Miq. (îles de la Sonde); Sciado- 
phyllum abyssinicum Miq. (Aralia abyssinica Hochst. et Schimp.), Dendro- 
panaz Sellowianum Miq. (Brésil), et Arthrophyllum ceylanicum Mig. 

Le deuxième mémoire de M. Miquel, relatif aux Éricacées, traite successi- 
vement des Éricacées du Japon et de celles de l'archipel indien ; on y trouve 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 3h9 


un certain nombre d'espèces nouvelles dans les genres Vaccinium, Andro- 
meda et Rhododendron. 

Les Fougères sont traitées par M. Mettenius, et les _ Équisétacées par 
M. Milde. Ees genres étudiés dans les Fougères sont les genres Gleichenia, 
Alsophila, Hemicletia et Cyathea ; W s'y rencontre des espèces nouvelles. — 
Le travail de M. Milde, non encore terminé dans la livraison parue, com- 
mence par une classification des 26 Équisétacées connues, et renferme la 
diagnose, la synonymie et l’histoire complète des Æ'quisetum debile Roxb., 


et Z. Sieboldi Milde, n. sp. 
E. F. 


Flora brasiliensis, sive enumeratio plantarunun, in 
Brasilia hactenus detectarum ; quas edidit Carolus-Frid, -Phil. 
de Martius, accurante Ed. Fenzl. Fasciculi XXXI-XXX V, 1863. 


Les cinq derniers fascicules du Flora brasiliensis (1) récemment publiés 
renferment l'exposition des familles des Dilléniacées, Sapotées, Ériocaulacées, 
Gnétacées, Conifères et Éricacées. 

Les Dilléniacées, dont la description doit être placée après celle des Ano- 
nacées, sont traitées par M. A.-Guill. Eichler. Les genres brésiliens y sont 
au nombre de huit; les espèces nouvelles sont les suivantes : Curatella 
Grisebachianu Eichl., Pinzona calineoïdes Kichl. (Calinea Bentegeati Walp. 
et Duchass, in Herb. berol. sine descr.), Doliocarpus Schottianus Eichl., 
D. Sellowianus Kichl., D. elegans Eichl., D. glomeratus Eichl., D. undu- 
latus Eichl., Tetracera lasiocarpa Eichl., T'. costata Mart. mss., T. Hiede- 
liana Eichl., 7. Gardneri Eichl., T. carpinifolia Eichl., 7! grandiflora 
Eichl., Davilla macrocarpa Eichl., D. glabrata Mart. mss., D. macroclada 
Moric. mss. in sched. Blanchet. ad 1712, D. vaginata Eichl., D. grandi- 
folia Moric. mss. Z. e., D. villosa Eichl., D. tenuis Eichl. — Cette exposi- 
tion est suivie d'un paragraphe accompagné de tableaux synoptiques, où 
l’auteur traite de la distribution géographique des Dilléniacées; il donne 
ensuite des détails spéciaux sur la structure de leur bois et sur leur dévelop- 
pement. Dans ce chapitre, il rappelle d’abord les travaux publiés par 
MM. Decaisne, Adrien de Jussieu, Crueger, Radikofer et Nægeli sur les 
Lardizabalées, Malpighiacées, Ménispermées et autres familles offrant une tige 
ligneuse volubile, 1 décrit ensuite ce qu’on observe sur la coupe d’un jeune 
rameau de Poliocarpus Rolandri ; on y remarque une double écorce séparée 
en deux parties par le liber, dont les fibres, à parois épaisses et à canal 
allongé, paraissent à l’auteur subir quelquefois une division transversale pour 
former des cellules courtes et épaisses, que l’on trouve juxtaposées aux fibres 
libériennes. Les 13 planches jointes à cette monographie représentent, avec 


(1)” Voyez le Bulletin, t. IX, p. 345. 


350 ; SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


un grand luxe de détails organographiques, la plupart des espèces mentionnées 
plus haut. 

L'étude des Sapotées a été traitée par M. Miquel et complétée par 
M. Eichler. Les genres brésiliens y sont au nombre de dix, dont un nouveau : 
Oxythece Miq., qui présente les fleurs des CArysophyllum avec le port des 
Sideroxylon, et s'éloigne de ces deux genres par ses graines exalbuminées, 
Les espèces nouvelles sont les suivantes : Mimusops surinamensis Miq., 
M. Rafula Miq., Sideroxylon venulosum Mart. et Eichl. (Zucuma venulosa 
Spr. mss.), S. rufum Mart. et Eichl., S. Spruceanum Mart. et Miq., 
S. robustum Mart. et Eichl., S. cyrtobotryum Mart. mss., S. crassipedicel- 
latum Mart. et Eichl., Sapota gonocarpa Mart. et Eichl., Lucuma littoralis 
Mart., Z. marginata Mart. et Eichl. (Sapota Sellowiana Klotzsch in herb. 
berol. sine descr.), Z. curvifolia Mart. et Eichl. (S. curvifolia Klotzsch 
ibid.), Z. pulverulenta Mart. et Eichl., L. retusa Spr. mss. in herb., Z. gla- 
brescens Mart. et Eichl., Z.? peduncularis Mart. et Eichl., Z. rigida Mart. 
et Eichl., Z. lucens Mart, et Miq., L. gomphifolia Mart. mss., L. glome- 
rata Miq., Z. parviflora Benth. mss. in herb. Spruce, L. lateriflora Benth. 
ibid , Passaveria lanceolata Mari. et Eichl., P. luncifolia Mart. et Eichl., 
P, obovata Mart. et Eichl. (Æeclinusa ramiflora Mart.), Chrysophyllum 
sparsifiorum Klotzsch in herb. berol. sine descr., Chr. pulcherrimum 
Mart. et Eichl., Chr. longifolium Mart. et Eichl., Chr. auratum Miq., Chr. 
oleifolium Spr. in herb., Chr. Gardneri Mart. et Miq., Chr. viride Mart. 
et Eichl., Chr, revolutum Mart. et Eichl., Cr. inophyllum Mart. mss., 
Oxythece leptocarpa Miq , et O0. Pseudosiderorylon Miq. — L'auteur traite 
ensuite de la distribution géngraphique des Sapotées et de leurs usages, qui 
‘ sont, comme on sait, fort importants, surtout dans l'Inde. En Amérique, 
le Sapota Achras et le Mimusops balata peuvent être employés pour obtenir 
le caoutchouc, de même que l’/sonandra Gutta de Singapore. Les fruits du 
même Supota sont comestibles et surtout estimés quand ils commencent à 
blettir; les graines en sont employées en médecine; celles du Lucuma mam- 
mosa ont le goût des amandes amères et contiennent de l'acide cyanbydrique, 
d'après Schomburgk, L'écorce du Zucuma glycyphlæa est connue des phar- 
maciens sous le nom d’écorce de Honesia. — Le bois des Sapotées est en 
général très-dur et se prêterait parfaitement à la construction des navires. 
Les planches jointes à la monographie des Sapotées sont au nombre de trente- 
deux, 

Les Ériocaulacées sont décrites par M. F. Kærnicke, conservateur de 
l'herbier du jardin botanique de Saint-Pétersbourg. Elles sont divisées en 
deux tribus : es Pépalanthées et les Ériocaulées, comprenait six geures, dont 
cinq brésiliens, parmi lesquels le genre Pœæpalanthus, divisé en quatorze 
sous-genres, ne renferme pas moins de 217 espèces, dont un grand nombre 
sont nouvelles; plusieurs en avaient déjà été décrites sous le nom d'Ærio- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 391 


caulon; l’énumération de ces nouveautés dépasserait les limites dont nous dis- 
posons ici, Le genre Z’riocaulon contient 33 espèces, dont plusieurs également 
sont nouvelles. Un tableau extrêmement intéressant représente la distribution 
des Ériocaulacées dans les très-nombreux pays où elles sont disséminées sur 
la surface du globe; quant à leurs usages, ils sont à peu près nuls. Les 
planches destinées à l'illustration de diverses espèces d’Ériocaulacées sont au 
nombre de vingt-six. 

Les Gnétacées sont traitées par M. L.-R. Tulasne, selon les vues émises par 
Robert Brown sur la morphologie des Conifères. Le genre Gnetum comprend 
au Brésil sept espèces, et le genre Z'phedra quatre; six planches sont desti- 
nées à l'illustration de cette étude. 

Les Cycadées et les Conifères brésiliennes sont décrites par M. Eichler, à 
qui le Flora brasiliensis doit déjà tant de travaux. Les Cycadées ne com- 
prennent, au Brésil, que le genre Zamia, avec deux espèces dont une nou- 
velle, le Z. Pæppigiana Mart. et Eichl. (Z. parasitica Pæpp. mss.), figurées 
dans deux planches. Les Conifères ne comprennent que les genres Araucaria, 
Cupressus et Podocarpus; mais l’auteur donne un tableau synoptique des 
sous-ordres et des tribus de cette famille, avec l’indication des genres qu’elles 
contiennent. 

La description des Conifères brésiliennes est suivie d’un chapitre intitulé : 
Excursus morphologicus de formatione florum Gymnospermarum. L'auteur 
y passe en revuc les diverses opinions émises sur la morphologie des Coni- 
fères, et conclut que l’ovule des Conifères est un ovule nu, muni d’un tégu- 
ment, tantôt simple, tantôt double, et parfois à la maturité d’un arille, mais 
jamais d’un ovaire ou d’un périgone; il regarde, avec M. Caspary, comme 
un tégument ce que M. Baïllon considère comme une paroi ovarienne. À 
l'égard des chatons, il expose des opinions spéciales : le chaton mâle des 
Cüpréssinées lui paraît représenter une seule fleur mâle, et le chaton femelle 
des Cupressinées, Dacrydiées, Podocarpées, Araucariées, du Cephalotaæus et 
du Phylloctadus, une seule fleur femelle. Dans les genres où l’écaille du 
cône résulte manifestement de la soudure de deux écailles (Abiétinées), il 
reconnaît que l'écaille intérieure équivaut, ainsi que l'ont prouvé quelques 
MOnsiruosités, à un axe rudimentaire dont l’écaille extérieure figure la bractée, 
Ici, le chaton est une inflorescence (7azodium, Glyptostrobus, Sciadopitys, 
Cunninghamia, Abrotaæis, Sequoia). Dans les genres Salisburia, Tazus 
et Torreya, la fleur femelle présente encore un autre type; les écailles 
florales ovaligères font défaut, et chaque ovule doit être regardé comme une 
fleur; il forme l'extrémité du rameau floral comme dans les Gnétacées. 
Enfin l’auteur attaque la théorie brownienne, qui consiste à regarder les 
écailles comme des feuilles carpellaires; ce sont seulement, dit-il, les bractées 
à l’aisselle desquelles naît soit l’ovule, comparable à un jeune ramean, soi 
un jeune rameau soudé avec elles (Abiétinées), el par suite des ovules sem 


352 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


blables à des ramuscules de deuxième génération. Il reconnaît, au contraire, 
que dans les Cycadées il existe des feuilles carpellaires (carpophylles), comme 
dans la grande majorité des Phanérogames, et les réunit à cet égard aux 
Fougères, dans lesquelles les corps reproducteurs sont portés par les feuilles, 
tandis que les Lycopodiacées, dans lesquelles les sporanges naissent sur 
l'axe, à l’aisselle des bractées, rappellent davantage la structure morpholo- 
gique des Conifères. — Les planches jointes à ce travail sont au nombre de 
huit. 

Les Éricacées ont été étudiées par le professeur de Bâle, M. Meissner. On 
trouve au Brésil treize genres de cette famille, dans lesquels l’auteur signale 
plusieurs espèces nouvelles : Thibaudia panurensis Benth., T. Martii Meissn., 
T. tarapotana Meissn., Psammisia leucostoma Benth., Vaccinium pub:rulum 
Klotzsch, V. subcrenulatum Klotzsch, Gaylussacia retusa Mart., G. nitida 
Mart., G. Vitis-idæa Mart., G. Gardneri Meissn., G. Martii Meissn., G. Rie- 
delii Meissn., G. reticulata Mart., G. canescens Meissn., G. ciliosa Meissn., 
Gaultheria organensis Meissn., G. Roraimeæ Koltzsch, Leucothoë Marti 
Meissn., Z. ambiqua Meissn., L. spectabilis Meissn., L. cordifolia Meissn., 
L. intermediu Meïssn., L. brevifolia Meissn., Clethra spicigera Meissn., 
CL. castaneifolia Meissn., Bejaria Sprucei Meissn. L'un des genres proposés 
est nouveau, le genre Æiedelia, à port de T'hibaudia, et différent du Satyria 
de Klotzsch par sa baie polysperme. Il ne comprend qu'une espèce : Æiedelia 
bahiensis. 

Les planches qui accompagnent la monographie des Éricacées sont au nombre 


de dix-neuf. 
E. F. 


Observations sur les affinités du Macarisia et sur 
l’organisation de quelques KRhizophorées; par M. H. 
Baillon (Adansonia, t. III, pp. 15-41). 


On trouve dans ce travail une description soignée du genre Macarisia, mal 
connu jusqu’à présent, et que l’auteur rapporte aux Legnotidées, considérées 
come section des Rhizophorées. L’aile curieuse des graines de ce genre est, 
d’après lui, produite par une expansion de la région micropylaire de l’ovule, 
et devrait, à proprement parler, porter le nom d’arillode. 11 caractérise 
et figure une nouvelle espèce du genre, le M. lanreolata H. Bn (Boiv. 
exsice, n° 2250). Il donne ensuite des détails sur les rapports que présentent 
entre eux, par leur organisation florale, les divers genres des Legnotidées. On 
remarque dans beaucoup d’entre eux un obturateur analogue à celui des 
Euphorbes et des Lins. L'auteur rapporte au genre Æaplopetalum Asa Gray le 
Crossostylis multiflora Ad. Br. et A. Gris. Son travail est terminé par un 
Synopsis Legnotidearum Musæi parisiensis. 

E. F. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 353 


On african Anonaeeæ (Sur les Anonacées africaines ; par M. Georges 
Bentham (7ransactions of the. Linnean Society of London, vol. XXIIT, 
part. 3, 1862, pp. 463-480, avec cinq planches dessinées et lithographiées 
par M. Fitch. 


Dans ce mémoire, dont le titre indique la nature, M. Bentham décrit des 
espèces appartenant à onze genres de la famille des Anonacées, les unes déja 
connues, les autres nouvelles, telles que : Uvaria connivens Benth., U.? fusca 
Benth., Artabotrys brachypetala Benth., Popowia ? Kirkii Benth., Oxy- 
mitra hamata Benth., O. gracilipes Benth., 0.? platypetala Benth., 
O. patens Benth., Monodora grandiflora Benih., M. brevipes Benth., Anona 
Barteri Benth., et WMelodorum africanum Benth. 

Les planches jointes à ce mémoire représentent les Æexalobus senegalensis 
Alph. DC., Oxymitra hamata Benth., ©. patens Benth., et Monodora 


grandiflora Benth. 
E. F. 


Notice sur les Ascobolus de la flore helge; par M. Eug. 
Coemans (Bulletins de La Société royale de botanique de Belgique, 1. 1°, 
pp. 76-91, juin 1862). 


Notre Revue a déjà signalé un travail de M. Coemans sur le genre Pilo- 
bolus de ‘Tode (4). Cette note du même auteur contient des détails sur le mode 
suivant lequel les spores (et non les thèques) sont projetées par d’autres 
Champignons, les Ascobolus. 11 attribue une grande influence sur ce phéno- 
mène à la lumière et à l'état hygrométrique de l'atmosphère. On sait que, dans 
les Ascobolus, les thèques renfermées dans l'hyménium en sortent peu à peu 
par un mouvement ascensionnel au moment de leur maturité. D’après 
M. Coemans, c'est vers le soir que ce mouvement se fait remarquer, et il se 
continue toute la nuit, jusque vers le milieu du jour suivant; les thèques 
sont alors entièrement émergées et ne sont plus implantées dans l'hyménium 
que par leur rétrécissement inférieur ; c'est alors que les spores des espèces 
à spores colorées prennent leur coloration définitive. Quand les thèques sont 
entièrement émergées et les spores parfaites, à un moment donné, ordinaire- 
ment entre une et trois heures du soir, la cupule éprouve un léger mouve- 
ment de contraction ; tous les opercules sont rejetés, et toutes les spores sont 
lancées à la fois, à une bauteur qui varie de 6 à 10 centimètres. 

L'auteur passe ensuite à la description des espèces d’Ascolobus trouvés 
en Belgique, et qui sont les Ascolobus immersus Pers. (A. macrosporus 
Crouan), A. furfurascens Pers., A. glaber Pers. (A. Xerverni Crouan), 
À. carneus Pers., A. Pelletieri Crouan, A. cinereus Crouan, À. granuli- 


(1) Voyez le Bulletin, t. VII, p. 554. 


304 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


formis Crouan, A. Trifolii Bernh. (Peziza Trifoliorum Lib.), À. pulcher- 


rimus Crouan, À. papillatus Pers. sub nom. Peziza, et A. ciliatus Schmidt. 
E. F. 


NOUVELLES. 


M. H. Baillon, doctèur ès sciences, professeur agrégé à la Faculté de 
” médecine de Paris, vient d’être nommé professeur d'histoire naturelle médi- 
cale à la même Faculté, en remplacement de M. Moqain-Tandon. 


__ M. Lacaze-Duthiers, professeur d'histoire naturelle à la Faculté des 
sciences de Lille, vient d’être nommé maître de conférences à l” École normale 
supérieure, en remplacement de M. Paul Dalimier, qui lui-même avait 
succédé en cette qualité à M. Payer, et qu’une mort prématurée a enlevé au 
mois d’août dernier à la science et à ses amis. 

— On annonce la mort de M. Lasch, pharmacien, auteur de nombreux 
articles publiés dans le ZLinnæa, auquel M. Fries a dédié le genre ZLaschia 
(Champignons) ; de M. C. Leavenworth, botaniste américain, qui a donnéson 
nom au genre Leavenworthia (Crucifères), décédé aux environs de la Nouvelle- 
Orléans ; et de M. Ph.-B. Ayres, élève de M. Lindley, connu par ses recher- 
ches sur les Champignons d’Angleterre. M. Avres habitait depuis plusieurs 
années à l’île Maurice, où il était médecin de l'hôpital civil de Port-Louis; il 
avait recueilli des matériaux en vue de publier une flore de l’île. 


— On annonce aussi la mort de M. Sutton Hayer, médecin de l'Amérique 
du. Nord, qui faisait partie, en qualité de botaniste, de l'expédition envoyée 
en Californie par le gouvernement de Washington, et qu’une affection pül- 
monaire a contraint de se fixer dans l’isthme de Panama, où il est décédé au 
bout de trois ans, Quelques personnes avaient pu le connaître à Paris, où il 
s'était adonné, pendant deux ans de séjour, à une étude sérieuse de la bota- 
nique. 

— Nous recevons de M. le docteur G. Schweinfurth, au sujet du voyage 
qu'il entreprend en ce moment , les renseignements suivants, que nous nous 
empressons de communiquer à nos lecteurs. Dans ce voyage, qui doit durer 
plusieurs années, M. Schweinfurth se propose de visiter l'Égypte, les bords de 
la mer Rouge, la Nubie, et les régions supérieures du Nil. 11 prie les botanistes 
occupés de travaux monographiques relatifs à la végétation de ces contrées 
de vouloir bien lui faire part des résultats de leurs études, et les engage 
même à lui demander les renseignements spéciaux dont ils auraient besoin. 
Il se fera toujours un devoir de témoigner sa reconnaissance aux savants qui 
l’auront aidé de leurs conseils, en leur expédiant les échantillons qu'ils pour- 
raient désirer pour enrichir leurs collections. Les communications qui lui 
seront faites, même après son départ, doivent lui être adressées : Fricdrich- 
strasse, 58, à Berlin, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 355 


— On nous annonce la prochaine publication du grand et beau travail que 
notre collègue, M. Duval-Jouve, inspecteur de l’Académie de Strasbourg, a 
présenté à l’Académie des sciences sur l’ÆZistoire naturelle des Equisetum. 
L'Académie, sur le rapport de M. A. Brongniart, avait jugé le travail digne 
de figurer dans le recueil des mémoires des savants étrangers; mais des cir- 
constances particulières ont forcé l’auteur à décliner l’honneur qui lui était 
fait; l'ouvrage, formant un volume in-4° de 250 pages avec 10 planches 
gravées et coloriées en partie, doit paraître chez MM. J.-B. Baillière et fils. 


— M. Gustave Mann, l'infatigable explorateur de la côte occidentale 
d'Afrique, se trouve aujourd’hui en Angleterre, de retour de ses voyages, et 
se propose d'explorer prochainement l'Espagne et les Açores. 


— M. Paul Fest, qui séjourne pour quelque temps à Cuyaba (Brésil, 
province de Matto-Grosso), s'offre à faire toutes récoltes pour herbiers, musées 
ou jardins botaniques. S'adresser à lui, par l’intermédiaire de M. de Guelich, 
consul de Prusse, à Montevideo. 


— La classe des sciences de l’Académie royale de Belgique a mis au con- 
cours, pour sujet du prix qui sera décerné en 1865, la question suivante : 
Faire connaître la flore fossile du système houiller de la Belgique, en indi- 
quant avec soin les localités et les couches où chaque espèce a été trouvée, et 
en faisant ressortir les différences que présenteraient, sous ce rapport, les 
divers groupes de couches et les différents centres d'exploitation. Les concur- 
rents devront tenir compte de ce qui a déjà été publié sur ce sujet, soit en 
Belgique, soit ailleurs, Toutes les espèces devront être figurées. 

Le prix consistera en une médaille d’or de la valeur de 600 francs. Les 
mémoires devront être écrits, soit en latin, soit en français, soit en flamand, 
el être parvenus au secrétariat de l’Académie, à Bruxelles, avant le 20 sep- 
tembre 1865. 


— La Fédération des Sociétés d’horticulture de Belgique a publié récem- 
ment le programme des prix suivants, mis au concours pour 1864 : 

Première question, — Écrire l’histoire de l’horticulture en Belgique, faire 
connaître les rapports qu'elle a eus avec l'étude et les progrès de la bota- 
nique; la date des principales introductions dans notre pays; les explorations 
faites par des Belges, la fondation et l'histoire des principaux établissements 
d'horticulture, et terminer par un aperçu général de l'état actuel de l’horti- 
Culture dans le royaume. 

Deuxième question. — Exposer le phénomène de l’ hybridation, et en général 
celui des croisements naturels ou artificiels entre les végétaux ; les procédés à 
suivre dans ces opérations, les principaux résultats que l’hybridation a pro- 
duits et l'influence qu’elle exerce en horticulture, On demande, en un mot, 
un travail scientifique et pratique sur la question de l’hybridation végétale. 

Troisième question. — On demande un travail sur la construction des 


356 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


serres, l’exposé des principes généraux de cette matière, comprenant toutes 
les indications sur l’exposition, la nature des matériaux, la forme générale, 
l'architecture, les systèmes de chauffage, etc., des différentes catégories de 
serres. 

Quatrième question. — La culture maraîchère, la production des primeurs 
et celle des Champignons sont susceptibles de s'étendre et de s'améliorer en 
Belgique, non-seulement en vue de la consommation intérieure du pays, mais 
encore en vue de l'exportation, On demande d'indiquer les moyens et les 
connaissances spéciales nécessaires pour arriver à ce double bat. 

Cinquième question. — La théorie des engrais et celle des assolements 
méritent une étude des plus approfondies ; ces deux sciences, si nécessaires 
en agriculture, sont d’une utilité non moins contestée en culture maraîchère. 
On demande d'indiquer les moyens de réparer les pertes du sol épuisé par des 
récoltes successives, en y suppléant par la combinaison des nouveaux principes 
de fécondité que la science met à la disposition du maraîcher, et d'indiquer 
en même temps un ordre de succession de légumes qui permette de fatiguer 
le sol le moins possible et de pouvoir faire un grand nombre de récoltes sur le 
même terrain. 

Sixième question. — Écrire l'histoire et la monographie botanique et hor- 
ticole d’un groupe naturel (genre ou famille) de plantes assez généralement 
cultivées en Belgique. Le choix du groupe est laissé aux concurrents. 

Septième question. — De l'influence réciproque du sujet sur la greffe. 

Huitième question. — Donner l’histoire naturelle et horticole des animaux 
nuisibles que l’on rencontre dans les serres, tels que les fourmis, pucerons, 
acares, etc., et discuter les moyens proposés pour les détruire ou pour remé- 
dier à leurs ravages. 

Neuvième question. — Décrire les maladies auxquelles le Sapin est exposé 
en Belgique, spécialement celles qui sont provoquées par les insectes ou par 
des Cryptogames, et faire connaître les meilleurs moyens pour les combattre. 

Dixième question. — Déterminer, par un bon exposé et une discussion 
sommaire des faits connus, l’état actuel de nos connaissances sur les rapports 
de l’azote à l’état simple ou de combinaison, avec la végétation. 

Onzième question. — On demande ün manuel pratique de la culture 
forcée des plantes d'agrément, accompagné d’une dissertation sur l'état actuel 
de nos connaissances en physiologie végétale concernant les floraisons anti- 
cipées. 

Dousième question. — Écrire la monographie botanique et horticole des 
Fougères cultivées en Belgique. 

Treizième question. — Écrire la monographie botanique et horticole des 
Conifères susceptibles de constituer, en Belgique, des essences forestières. 

Quatorzième question. — On demande un traité de l'emploi des engrais 
dans la culture des plantes d'agrément. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 907 

Quinsième question. — On demande une discussion théorique et pratique 
des meilleurs renseignements connus sur le chauffage des serres et subsidiai- 
rement sur leur aérage et leur ventilation. 

Seizsième question. Apprécier l’œuvre pomologique de Van Mons et donner 
un résumé de ses travaux et de ses opinions avec les indications bibliogra- 
phiques nécessaires pour la connaissance exacte et complète des écrits et des 
fruits qu'il a produits. 

Dix-septième question. — On demande un traité des maladies du Poirier 
en Belgique. 

Des prix d’une valeur de 100 à 500 francs, consistant en médailles ou une 
somme d'argent, sont affectés à chacune des questions du concours. 

Les réponses aux questions seront jugées par une commission de trois 
membres, nommés par le comité directeur de la Fédération. 

Ne sont admis pour le concours que les ouvrages et les planches ma- 
puscrits. 

Les auteurs des réponses aux questions des concours ne mettent pas leur 
nom à ces ouvrages, mais seulement une devise, qu’ils répètent dans on billet 
cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Ceux qui se font connaître, de 
quelque manière que ce soit, ainsi que ceux dont les mémoires sont remis 
après le terme prescrit, sont exclus du concours ; les réponses doivent ètre 
écrites lisiblement, en français ou en flamand ; elles deviennent, par le fait de 
leur envoi, la propriété de la Fédération ct restent déposées dans les archives. 
Toutefois, les auteurs ont droit gratuitement à cent exemplaires de leur 
travail, quand l'impression en a votée par l'assemblée générale. 

Les auteurs des mémoires couronnés conservent le droit de publier une 
édition particulière de leur ouvrage. 

Les mémoires en réponse aux questions doivent être adressés, francs de 
port, avant le 15 août 1864, à M. À. Royer, président de la Fédération, à 
Namur, ou à M. Ed. Morren, secrétaire, à Liége. 


Collections de plantes à vendre. 


Un botaniste fort honorablement connu de nos confrères, M. Mal- 
branche (de Rouen), vient de commencer la publication d’un ezsiccata des 
Lichens de la Normandie. Cette collection, qui ne sera distribuée qu’à un 
très-petit nombre d'exemplaires, est disposée selon la méthode de M. Ny- 
lander; clle paraîtra par fascicules de 50 numéros, au prix de 6 francs le 
fascicule. S’adresser à M. Malbranche, rue Percière, 6, à Ronen. 

M. Rabenhorst, à Dresde, continue ses publications d’Algues, de Lichens 
et de Mousses, et, à l’aide de M. Gottsche, d’Hépatiques; publications déjà 
annoncées dans ce Bulletin à plusieurs reprises. 


— On met en vente, après décès de M. Huebner, pharmacien inilitaire, 


358 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
bryologue distingué, mort récemment à Dresde, les collections botaniques 
suivantes : 


1° Un herbier général classé d’après le système de 
Reichenbach, sur papier blanc et en bon état; cet 
herbier est composé de 48 paquets et d’environ 


5000 espèces, au prix de. use. eneeppmuie es « 262 fr. 50 (70 thalers). 
2° Une collection de Graminées, comprenant 20 pa- 

quets et environ 2500 espèces, au prix de....... 450 fr. » (40 thalers). 
3° Une collection de Fougères de 200 espèces...... 67 fr. 50 (18 thalers). 
4° Une collection d’Algues de 3 paquets.......... 45 fr. » (12 thalers). 
5° Une collection de Lichens de 6 paquets, avec un 

menble:k iroien Huet AU. VUE BU, 56 fr. 25 (15 thalers). 


6° Une collection portative d’environ 240 espèces de 

Mousses, recueillies en Saxe, placées sur 41 feuillets, 

CN OEM EE AN Te NUE SS 30 fr. » (8 thalers). 
7° Une collection de 104 Mousses du centre de l’Alle- 

magne, en très beaux exemplaires, recueillis et 

préparés par M. Huebner, avec étiquettes impri- 

MOSS ne ee ee ne ec D 41 fr. 25 (3 thalers). 


S’adresser à M. Witiwe, 12, Heinrichstrasse, à Dresde, ou à la librairie 
E. Kuwmer, à Leipzig. ‘ 


BIBLIOGRAPHIE. 


Notes on some of the american Ash-Trees, with descriptions of new species 
(Notes sur quelques-uns des Frênes d'Amérique, avec la description des 
espèces nouvelles); par M. S.-B. Buckley (Proceedings of the Academy 
of natural sciences of Philadelphia, 1862, pp. 1-5). 

Descriptions of new plants from Texas (Description de plantes nouvelles du 
Texas) ; par M. S.-B. Buckley (Proceedings of the Academy of natural 
sciences of Philadelphia, 1861, pp. 448-463 ; 1869, pp. 5, 10, 89, 400). 

On the uniformity of relative characters between species of european and 
american trees (De l'uniformité des caractères analogues entre les espèces 
voisines d’arbres d'Europe et d'Amérique; par M. Thomas Mechan 
(Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia, 1862, 
pp. 10-12). 

On Quercus heterophylla Mich. (Sur le Q. heterophylla Mich.); par 
M. S.-B. Buckley (Proceedings of the Academy of natural sciences of 
Philadelphia, 1862, pp, 100-101). 

Notes upon the description of new plants from Texas, by M. S.-B. Buckley, 
published in the Proceedings, dec. 1861 and jan, 1862 {Votes sur la de- 
scription de plantes nouvelles du Texas, publiées par M. Buckley dans 
les Proceedings, en décembre 1861 et janvier 1862); par M. Asa Gray 
(Proceedings ofthe Academy of natural sciences of Philadelphia, 1862, 
pp: 161-168). 

À report upon M. S.-B. Buckley's description of plants, n° 3, Gramineæ 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 359 


published in the Proceedings, febr. 1862 (Rapport sur la troisième 
description de plantes (Graminées) publiée dans les Proceedings, par: 
M. Buckley, en février 1862); par M. Asa Gray (Proceedings of the 
Academy of natural sciences of Philadelphia, 1862, pp. 332-337). 

Rapport sur un mémoire de M. Duval-Jouve, intitulé : Æistoire naturelle 
des Equisetum de France ; par M. Ad. Brongniart (Comptes rendus, 1863, 
t. LVE, n° 49, pp. 518-5923). 

Recherches expérimentales sur les variations de poids que peut éprouver 
l'hectolitre de graine de Colza, suivant les proportions diverses d'humidité 
que renferme celte graine ; par M. J.-Isidore Pierre (Comptes rendus, 
1863, t. LVI, n° 16, pp. 747-749). 

Étude analytique sur le blé, la farine et le pain; par M. J.-A, Barral 
(Comptes rendus, 1863, t, LVI, pp. 834-838). 

Étude sur l'évolution des bourgeons et sur la force qui préside à la sépa- 
ration des divers organes végétaux; par M. Ch. Fermond (Comptes 
rendus, 1863, t. LVIX, n° 3, pp. 142-145). 

De l’anatomie des Cytinées dans ses rapports avec l’organographie et la téra- 
tologie; par M. Ad. Chatin (Comptes rendus, 1863, & LVII, n° 4, 
pp. 210-213). 

Étude sur l’évolution des bourgeons; par M. Ch. Fermond (Comptes 
rendus, 1863, t. LVII, pp. 417-421). 

Du rôle des infusoires dans la germination ; par M. J. Lemaire (Comptes 
rendus, 1863, t LVIT, pp. 562-563). 

Note sur des feuilles de Colza malades; par M. J.-Isidore Pierre (Comptes 
rendus, 1863, t. LVIT, pp. 593-595). 

Conséquences à déduire des défauts d’exastosie pour la manière d’interpréter 
la formation de certains organes appendiculaires ; par M, Ch. Fermond 
(Comptes rendus, 1863, t. LVIL, pp. 688-692). 

Expériences sur l'ozone ou l'oxygène naissant exhalé par les plantes et répandu 
dans l’air de la campagne et de la ville; par M. A. Poey (Comptes rendus, 
1863, t. LVIX, pp. 344-348). 

Éloge historique du comte de Gasparin ; par M. L. de Lavergne (Extrait des 
Mémoires de la Société impériale et centrale d'agriculture de France, 
année 1862); tirage à part en brochure in-8°. Paris, chez Bouchard- 
Huzard, 1863. 

Note sur le Phalænopsis Schilleriana; par M. Duchartre (texte pour la 
planche XVII du Journal de la Société impériale et centrale d’horticul- 
ture ; extrait de ce journal, t. VII, 1862, pp. 609-617); tirage à part en 
brochure in-4° de 11 pages, avec une planche chromo-lithographiée, peinte 
par M. Riocreux. 

A treatise oh the esculent funguses of England, ( containing an account of 
their classical history, uses, characters, development, structure, nutritions, 


360 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
properties, modes of cooking and preserving, etc. (Traité des Champignons 
comestibles d'Angleterre, contenant l'exposition de leur histoire scienti- 
fique, de leurs usages, de leurs caractères, de leur développement, de leur 
structure, de leurs propriétés alimentaires, la manière de les préparer et 
de les conserver, etc.); par Charles-David Badham, docteur en médecine. 
Un volume.in-8° de 152 pages, avec 12 planches dessinées et lithographiées 
en couleur par M. Fitch, 2° édition. Londres, chez Lowell Reeve, 1863. 

Flora of Surrey , or a catalogue of the flowering plants and Ferns found in the 
county, with the localities of the rarer species, from the mannscripts of 
the late D.-J. Salmon, and from other sources (Flore du comté de Surrey, 
ou catalogue des Phanérogames et des Fougères trouvées dans ce comté, 
avec les localités des espèces rares, dressée d’après les manuscrits de 
feu J.-D. Salmon et autres sources) ; par M. James-Alexandre Brewer. 
Un volume in-8° de 368 pages, avec une carte géographique et une carte 
géologique. Londres, chez J. van Voorst, 1863. 

Les fleurs de pleine terre, comprenant la description et la culture des fleurs 
annuelles, vivaces et bulbeuses de pleine terre, suivies de classements 
divers indiquant l’emploi de ces planies et l’époque de leur floraison, de 
plans de jardins, avec des exemples de leur ornementation en divers 
genres, etc., etc.; par MM. Vilmorin-Andrieux et Ci°; un volume in-16 de 
1216 pages. Paris, 1863. 

Die OEsterreichischen naturforschenden Reisenden dieses Jahrunderts in 
fremden Erdtheilen ( Les naturalistes voyageurs autrichiens de ce 
siècle dans les pays étrangers) par M. Siegfried Reissek (Schriften 
des Vereines zur Verbreitung naturwissenschaftlicher Kenntnisse in 
Wien, 1860-1861, pp. 21-51). Vienne, 1862. 

Die Darwin’sche Theorie ueber die Entstehung der Arten (Lu théorie de 
Darwin sur l’origine des espèces); par M. Gustave Jæger (r4id., pp. 81). 

Sind die Schleimpilze Thiere oder Pflanzen ? (Les Mucédinées sont-elles des 
des animaux ou des plantes?) ; par M. Alois Pokorny (ibid, pp. 191-211). 

Die Befruchtung und Keimbildung bei den Bluethenpflanzen (La fécondation 
et la germination des Phanérogames) ; par M. Siegfried Reissek (414, 
pp. 337-346). 

Die Bewegungserscheinungen  sensitiver Pflanzen ( Les phénomènes de 
mouvement chez Les plantes douées de sensibilité); par M. Adolf. J. Weiss 
(ibid., pp. 383-418). 


Paris. — [mprimerie de E. Marriner, rue Mignon, 2. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE 
DE FRANCE 


SÉANCE DU 12 JUIN 1863. 
PRÉSIDENCE DE M. E. COSSON. 


M. A. Gris, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la 
séance du 22 mai, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite de la présentation faite dans la dernière séance , M. le 
Président proclame l'admission de : 


M. Guénor (Joseph-Bernard), docteur en médecine, rue d’Enfer, 
62 bis, à Paris, présenté par MM. Fermond et Chatin. 


M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. 
Lecture est donnée d’une lettre de M. Courcière, qui remercie 
la Société de lavoir admis au nombre de ses membres. 


Dons faits à la Société : 


1° De la part de M. Kirschleger : 
Annales de l’ Association philomathique vogéso-rhénane, faisant suite à 
la Flore d’Alsuce, livr. 1. 
2° De la part de M. Timbal-Lagrave : 


De la culture de la Violette à Toulouse. 


3° De la part de M. Caruel : 
Sul fiore femmineo degli Arum. 


&° De la part de M. V. Personnat : 
L'Abeille de Chamonix, 1863, trois numéros. 


5 De la part de M. Oliver : 


On some new species of Amomum from West Africa. 
T. X. 25 


362 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
6 De la part de MM. Silliman et Dona : 
The american journal of sciences and arts, mai 1863. 
7° En échangé du Bulletin dé la Société : 
Pharmaceutical journal and transactions, mai 1863. 


Bulletin de la Société impériale zoologique d'Acclimatation, mai 1863. 
L'Institut, mai et juin 1863, trois numéros. 


M. le Secrétaire général annonce que la Société a obtenu de Ja 
bienveillance éclairée de toutes les Compagnies de chemins de fer 
de France, pour son prochain voyage à Chambéry et au Mont- 
Cenis, les mêmes avantages qui lui ont été accordés pour ses 
précédents voyages. 

M. dé Schœneféld donné ensuite lecture du programme d’une 
Association pour la récolte et l'étude des Crypiogames, dirigée 
par MM. Rabenhorst et Schimper (1). 

M. Duchartre met sous les yeux de la Société un échantillon de 
Delphinium elatum, dont les verticilles floraux présentent, à divers 
degrés, le phénomène de la chloranthie. 


M. Duchartre donne ensuite lecture de la communication suivante, 
adressée à la Société : 


NOTE SUR LES COLORATIONS DÉVELOPPÉES PAR LES ACIDES DANS LES VÉGÉTAUX, 
par M. Ph. VAN WEEGHEM, agrégé préparateur à l'École normale supérieure. 


(Paris, juin 4863.) 


Dans une note précédente (2), j'ai montré que l’action ménagée de tous les 
acides énergiques détermine dans les fibres d’un grand tombre de végétaux la 
formation d’un composé rose, et que la coloration est plus intense dans le 
liber que dans le bois, où elle se manifeste surtout, quelquefois même exelu- 
sivement, dans la zone la plus récente et dans celle qui entoure la moelle. J'ai 
continué mes observations sur ce sujet ; les nouveaux résultats que j'ai l’hon- 
neur de présenter à la Société se rattachent à deux points de vue distincts : 
4° j'ai étudié comment la réaction varie avec l’âge du tissu; 2° mes essais 
n'ayant porté d’abord que sur certains groupes dé végétaux plus particulière- 
ment ligneux, je les ai étendus à un grand nombré de familles, et si j'ai été 
amené à restreindre la généralité de mon premier énoncé, j'ai aperçu d’autres 
réactions qui pourront offrir de l'intérêt. 


(1) Ce programme a déjà été publié dans notre Bulletin, t. VIH p.774. 
(2) Voyez plus haut, p. 278, 


SÉANCE Du A2 JUIN 1863. 363 


4° Dans les végétaux nombreux où les acides déterminent une coloration 
rose, l’examen de coupes faites à différentes hauteurs sur une jeune branche 
de cette année, et traitées par l’acide chlorhydrique, m’a donné les résultats 
suivants. . 

Une coupé transversale, faite vers le sommet d’une jeune branche de 
Vigne ou de Rosier, Contient dans chaque faisceau une couche de fibres cor- 
ticales et une couche de bois, formée surtout de gros vaisseaux mélés à quel- 
ques fibres ; les vaisseaux seuls se colorent en rose par l’action de l'acide. A 
4 décimètre environ du sommet, l'acide colore les fibres du liber et celles du 
bois en jaune rosé, tandis que les vaisseaux prennent une teinte rose intense ; 
enfin, à la base, les fibres du bois et du liber se colorent en rose vif ; les vais- 
seaux se remarquent encore par une teinte plus foncée. Les cellules des rayons 
médullaires prennent la même couleur, et parfois aussi celles de la moelle. 

Dans une coupe de jeune branche de Pêcher, contenant deux couches de 
liber, l’acide ne colore que les fibres de la couche extérieure ; la couche la 
plus jeune reste inaltérée, et la ligne de séparation est très-nettement mar- 
quée; les fibres du bois se colorent en rose vif, les vaisseaux en rose foncé. 
On sait que dans les jeunes branches de certains végétaux (T'illeul) les fibres 
et les vaisseaux sont séparés dans le bois, les éléments semblables formant des 
groupes homogènes qui alternent les uns avec les autres ; l’action de l'acide 
rend cette composition plus nette en colorant les groupes de vaisseaux en rose 
brun et les groupes de fibres en rose pâle. 

On voit donc que dans les végétaux où la coloration rose se manifeste, les 
vaisseaux se colorent d’abord, et que leurs parois restent pendant très-long- 
temps beaucoup plus foncées que celles des fibres; le liber très-jeune ne se 
colore pas, puis il prend une teinte jaune rosée, puis rose pâle, enfin rose vif; 
les fibres du bois se éomportent comme celles du liber, de sorte qu'à la base 
d’une jeune branche, liber et bois sont complétement et également colorés. 
Si on passe de là à une branche de plusieurs années, on voit le liber conser- 
ver toujours sa propriété au même degré, et le bois la perdre peu à peu dans 
ses anciennes couches, à mesure qu'elles vieillissent, tandis que la couche la 
plus récénteën jouit à un haut degré. — Cet effet doit s'expliquer par le dépôt 
de matières incrustantes, car, à égalité d'âge, une couche d’un bois dur se 
colore moins que celle d’un bois tendre; et il arrivé souvent qu’une branche 
de plusieurs années d’un bois tendre se colore complétement. Assez souvent 
On Voit la coloration se manifester dans l’étui médullaire, comme si le bois y 
Couservait une certaine jeunesse. Les fibres du liber paraissent garder indé- 
liniment leur propriété ; j'ai pu colorer complétement en rose le liber d'une 
lige d'Orme de douzé ans, conservée depuis nombre d’années dans la collec- 
tion de l’École normale. 

2° La formation de ce composé rose dans les fibres et les vaisseaux, par 
l'action des acides sur les principes immédiats dont ils sont imprégnés, n'est 


36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


pas un fait général, quoiqu'il se retrouve dans un grand nombre de familles 
dont quelques-unes sont très-vastes. 11 y a des végétaux où les acides déter- 
minent des réactions toutes différentes, et d’autres où aucune coloration ne se 
produit. 

Les acides colorent en rose les fibres de tous les végétaux appartenant au 
vaste groupe des Amentacées; les variations d’intensité qui se montrent dans 
le bois tiennent, comme je viens de le dire, à l’âge de la couche et à son degré 
d’incrustation. 

Les végétaux de la famille des Rosacées se colorent de même ; je n’ai trouvé 
d'exception que pour le Æerria japonica; les autres Spiréacées se colorent 
en rose comme les Rosacées ordinaires. 

Les acides colorent aussi en rose les fibres des Conifères. Je dois dire à ce 
propos que postérieurement à ma première communication à la Société et à 
l'insertion d’une note sur le même sujet aux Comptes rendus, j'ai appris que 
M. Payen avait, au mois de mars dernier, déterminé une coloration rose vio- 
lacée dans le bois des Conifères, en se servant d'acide chlorhydrique étendu 
de neuf fois son volume d’eau. 

Je signale encore, comme manifestant à un haut degré la coloration rose 
sous l'influence des acides, les végétaux appartenant aux familles suivantes : 


Éricinées, Camelliacées, Thymélées, 
Ampélidées, Géraniacées, Polygonées, 
Hippocastanées, Grossulariées, Loranthacées, 
Acérinées, Laurinées, Onagrariées, 
Tiliacées, Cycadées, Célastrinées. 


On à ainsi une liste de près de vingt familles où la réaction se conserve, et 
il y en a probablement bien d’autres. 

En profitant de l’évaporation qui se fait à la surface des feuilles pour faire 
monter l’acide étendu d’eau dans les branches ou les racines de ces végétaux, 
on peut les colorer en rose dans une grande étendue, et, quand les faisceaux 
fibro-vasculaires sont isolés, la couleur qu’ils prennent permet d’en suivre 
aisément la marche au milieu du tissu blanc ou vert qui les entoure. 

La famille des Éléagnées offre une réaction plus complexe. Dans l’Elæa- 
gnus, la coloration rose se produit dans le liber et dans le bois ; elle y est 
complète s’il s’agit d’une jeune branche ; la couche extérieure la présente 
seule si la branche a plusieurs années, mais par un long séjour dans l'acide, 
une teinte bleue apparaît autour de la moelle. Dans l’Æippophaë, la coloration 
rose se produit de la même manière dans les premiers instants, mais bientôt 
une coloration, d’abord verte, qui devient rapidement d’un beau bleu envahit 
tout le bois. Le liber reste quelque temps rose, puis devient peu à peu violacé. 
Ainsi, dans certains végétaux, la réaction fondamentale subsiste, mais elle se 
trouve compliquée d’une coloration différente due à l’action de l'acide sur 
certains principes iramédiats particuliers à la famille, Il en est autrement 


SÉANCE DU 12 Juin 1863. 365 


dans les Berbéridées; les acides colorent le liber et le bois du Zerberis en uu 
vert très-riche ; l £pimedium présente le même résultat à un moindre degré; 
davs le Mahonia, l'acide ne fait qu’exalter la teinte jaune que le bois pos- 
sède naturellement. 

La famille des Renonculacées présente des résultats semblables; l'acide 
colore en vert bleuâtre les fibres des faisceaux de Ca/tha palustris, de 
Renoncule, de 77'ollius, de Clématite ; en bleu cendré celles de l’Aconit etde 
la Nigelle. | 

Dans la famille des Liliacées, j'ai observé des colorations analogues. Le 
Narcisse, par exemple, présente une coloration bleu pâle; les fibres de 
l'Allium deviennent d’un jaune brillant. 

Mais, si les acides colorent les fibres d’un grand nombre de végétaux, il en 
est sur lesquels ils n’ont point d’action. Je n’ai pu obtenir aucune coloration 
nette, autre qu’une teinte jaunâtre, dans les végétaux appartenant aux Oléi- 
nées, aux Apocynées, aux Jasminées, aux Térébinthacées, ni dans le 
Magnolia, le Catalpa, le Paulownia, ni dans un certain nombre de Scrofu- 
larinées, de Labiées, de Crucifères, soumises à l'essai. 

Dans la famille des Légumineuses, la plupart des végétaux ne prennent 
pas de coloration nette ; cependant le Cercis, le Glycine, le Robinia hispida, 
le Lotus se colorent assez nettement en rose dans le liber. Mais ce n’est plus 
la coloration franche et vive qui caractérise les Amentacées, les Rosacées et 
les autres familles dont j'ai parlé d’abord. 


M. Fermond fait à la Société la communication suivante : 


ÉTUDES SUR L'ÉVOLUTION DES BOURGEONS, par M, Ch. FERMOND. 
DEUXIÈME PARTIE. 


Des multiplications ou chorises, 


Dans la première partie de ces études (1), nous avons essayé de donner une 
idée de l’hécastosie, force ou propriété que présente le tissu cellulaire de se 
séparer pour former des organes axiles et appendiculaires, et nous avons dit 
que les trois formes de cette force, en agissant simultanément, avaient pour 
effet de délimiter et circonscrire des petits amas de tissu cellulaire que nous 
avons nommés phylogènes. Un phytogène est donc, dans le principe, un 
petit amas sphérique de tissu cellulaire capable de se développer en axe et en 
appendices. Pour comprendre ce phénomène, il faut concevoir qu'arrivé à un 
certain degré de développement, ce phytogène, par hécastosie, se subdivise en 
plusieurs autres phytogènes. Comme base à tout raisonnement ultérieur, 


(1) Voyez plus haut, p. 306. 


366 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nous admettons (ce que nous démontrerons plus tard) qu'il se forme norma- 
lement douze phytogènes disposés autour d’un treizième central. Nous distin- 
guons le phytogène composé qui en résulte par le nom de protophytogène. 

Quand un protophytogène se développe normalement, les phytogènes 
secondaires sont disposés ainsi .qu'il suit : 3 inférieurs, qui entrent dans la 
composition du mérithalle; 6 circulaires et 3 supérieurs placés sur les 6 cir- 
culaires assemblés par couples. Dans les Monocotylédones, les 6 circulaires et 
les 3 supérieurs entrent dans la composition dü seul cotylédon ou de la seule 
feuille qui se forme à la fois, et il n’y a hécastosie que d’un côté, par où sort 
le produit de l’évolution du phytogène central, devenu à son tour protophy- 
togène. Dans les Dicotylédones-fypes (1), il y a 3 hécastosies circulaires et 
formation de 3 cotylédons ou de 3 feuilles, par l'assemblage et le développe- 
ment de deux des phytogènes circulaires et d’un des phytogènes supérieurs; 
ces trois organes appendiculaires se réduisent souvent à deux opposés, et 
c'est ce qui constitue l’état normal de la plupart des Dicotylédones à feuilles 
opposées. On voit donc que les phytogènes simples servent à la formation 
des organes appendiculaires, tandis que les protophytogènes concourent à la 
formation des organes axiles. 

Les nouvelles études que nous venons d'entreprendre sur le développement 
des bourgeons nous conduisent à ranger, sous le nom de chorises, des phéno- 
mènes identiques, ne différant les uns des autres que par l’état plus ou moins 
complet du phénomène, ou par le nombre des éléments surajoutés, ou par la 
disposition de ces éléments, d’où nous avons tiré la division suivante ? 


diplasiques (drxéocs, double), vrai 
dédoublement. 
cireulaires { triplasiques (rstmAdotcs, triple). 
pollaplasiques (ronemiäotcs, mul- 
/ organes appendiculaires tiple). 

diplasiques. 

centripètes triplasiques. 
pollaplasiques. j 
(aus diplasiques, triplasiques ou pollaplasi- 


Chorises des 


ques (fascies). 5 
circulaires : triplasiquesou pollaplasiques (chorise 
nouvellement étudiée). à 
sphériques : pollaplasiques (eæostoses où loupes, 
|  polucladie). 


organes axiles...,... 


Ceci posé, voici ce que l'on peut observer dans l'étude des chorises des 
axes, que seules nous examinerons ici. Avant de se constituer à l’état de 
protophytogène , un phytogène peut prendre les différentes formes de multi- 
plications suivantes : 

4° 11 peut subir une première division en deux, trois ou successivement 


(1) Voyez le Bulletin, t. II, p. 568. 


SÉANCE DU 12 Juin 1863, 367 


plusieurs phytogènes formant plus tard autant de protophytogènes accolés sur- 
vant un méme plan et qui seront l’origine des fascies. 

2° Dans sa première division, il se peut que trois centres vitaux ou phyto- 
gènes se forment en se disposant en friangle, et, chacun d’eux devenant 
protophytogène, il en résulte une tige triple. Quelquefois, après s'être divisé 
à la manière d'un protophytogène normal, chacun des phytogènes circulaires 
peut devenir protophytogène à son tour, et avant de former les organes appen- 
diculaires : alors il en résulte autant de protophytogènes ou axes accolés sui- 
vant un cercle, et qui seront l’origine d’une anomalie encore peu connue 
aujourd'hui, Dans ce cas, ordinairement, le phytogène central avorte et la 
tige reste creuse ; quelquefois même, chaque phytogène circulaire peut subir 
l'influence de la chorise diplasique ou de la triplasique ou même pollapla- 
sique (rare). Ges divers états constituent alors l'équivalent d’une fascie qui, 
au lieu d’être plane, est circulaire. 

3° Enfin, il arrive fréquemment que, le phytogène étant devenu protophy- 
togène, chacun des phytogènes secondaires, périphériques, deviennent eux- 
mêmes protophytogènes, donnant alors des phytogènes tertiaires périphéri- 
ques, qui deviennent encore protophytogènes, et ainsi de suite, en restant 
accolés suivant une ba de sphère, sans donner d'organes appendiculaires, 
Mais augmentant peu à peu de volume, et formant ainsi l’équivalent d’une 
fascie qui n’est plus ni plane, ni circulaire, mais qui est sphérique. Voilà 
Pourquoi nous avons cru devoir distinguer ces chorises par les dénominations 
suivantes : 

1° Épipédochorises (ëx{xedos, plan). C’est la fascie des auteurs. 

2° Cyclochorises (x6xkos, cercle). Cette chorise n’est décrite nulle part. 

3° Sphérochorises (spoisa, sphère). C’est l’exostose ou loupe des auteurs, 

Ces dénominations ont l'avantage d'indiquer nettement la nature des phé- 
nomènes et de présenier un lien commun, que n’ont pas entre elles les déno- 
minations admises jusqu’à ce jour. 

ÉPIPÉDOCHORISES. — Dans cette série d'anomalies, on peut distinguer : 
les diplasiques, qui sont les plus simples. Elles se composent de deux axes 
accolés, qui finissent le plus souvent par se séparer, en formant alors un vrai 
dédoublement (très-fréquent. dans les Vignes, Solanum, Capucines, Ceri- 
siers, etc. ); les triplasiques, très-fréquentes aussi chez les plantes à végétation 
luxuriante (7° ropæolum majus, Lycium barbarum, Prunus Cerasus, etc.) ; 
les pollaplasiques, plus rares quoique fréquentes encore. Ce sont elles que 
les auteurs ont coutume de désigner sous le nom de fascies ; nous ne retra- 
Cerons point ici leurs caractères, que tout le monde connaît, mais nous dirons 
seulement que très-souvent les fascies se résolvent en une multitude d'axes 
situés dans le méme plan, les uns encore fasciés et les autres normaux, 

CYCLOCHORISES. — Dans cette nouvelle série d'anomalies, les axes sont 
cylindriques ; ils ont un gros volume relatif; ils sont le plus souvent creux, 


368 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


sillonnés longitudinalement et à mérithalles courts. Leurs feuilles et leurs 
fleurs sont souvent groupées plusieurs ensemble et parfois unies dans une plus 
ou moins grande partie de leur étendue. Quelquefois ces cyclochorises se 
résolvent en autant d’axes qu’il en entrait dans leur composition. 

La plus simple de ces anomalies est la triplasique, attendu que la diplhi- 
sique ne pourrait se faire qu’en affectant une forme plane et rentrerait con- 
séquemment dans l’épipédochorise. Cette cyclochorise est fréquente dans 
l’AHyacinthus ortentalis, et c’est à elle que l’on doit cette remarquable mul- 
tiplication de fleurs que donne la Jacinthe dite de Hollande, puisque la 
Jacinthe normale n’en porte d'ordinaire qu’une dizaine. On trouve la preuve 
de l'existence de cette cyclochorise dans les conditions suivantes : 

4° Souvent l’axe est terminé par trois fleurs disposées en triangle et dans 
un état de développement sensiblement égal ; 2° souvent aussi l’extrémité de 
l'axe est divisée en trois axes distincts ; 3° quelquefois l’hécastosie centripète 
s’est fait sentir jusqu’à la base des trois axes, et alors, au lieu d’une hampe, on 
en trouve trois disposées en triangle; 4° enfin, d’autres fois, par kécastosie, 
un seul se détache des deux autres, lesquels forment alors une épipédochorise 
diplasique présentant une face interne, devant laquelle se trouve exactement 
placé l’axe qui s’en est séparé. 

La cyclochorise pollaplasique s’est présentée à notre observation dans le 
Pisum sativum variété dite de Knight. Sa tige, normale à sa base, se renfle 
peu à peu au point d'acquérir un volume considérable, portant alors dix-huit 
à vingt sillons longitudinaux parcourus par des fibres qui donnent à chaque 
sillon un aspect strié. L’axe est cylindrique, complétement creux, à méri- 
thalles courts relativement; les feuilles partent 2, 3 ou 4 ensemble d'un 
même point, et les pétioles, unis entre eux, forment une fascie qui se divise à 
son sommet. A l’aisselle de ces pétioles fasciés, se trouvent 2, 3 ou 4 bour- 
geons floraux, quelquefois fasciés eux-mêmes, mais portant des fleurs et des 
légumes normaux. 

Nous avons retrouvé des caractères analogues dans des axes d'ŒÆnothera 
biennis, de Lapsana communis, d’Althæa rosea, de Campanula Medium, 
de Delphinium Ajacis, de Brassica oleracea, eic. L'étude de ces anomalies 
nous a permis de reconnaître une cyclochorise dans l’inflorescence des Ficus 
et du Mithridatea, laquelle cyclochorise se divise profondément dans une 
inflorescence anomale du Didiscus cæruleus. 

SPHÉROCHORISES. — Cette anomalie ne peut être que pollaplasique. C'est 
elle qui constitue ce que les auteurs ont nommé loupe ou exostose ; mais Ja 
manière dont elle se recouvre quelquefois de bourgeons, comme on peut le 
voir dans celle du Tilleul, par exemple, est une preuve en faveur de notre 
manière d'envisager le phénomène. Quelquefois la plupart de ces bourgeons, 
subissant l'influence de l’hécastosie complète, se développent séparément et 
constituent ce que les auteurs ont nommé po/ycladie ; mais il est aisé de 


SÉANCE DU 12 JUIN 1863. 369 
reconnaître que le phénomène est le même dans les deux cas, et ce n'est que 
l’hécastosie qui en à fait la différence. 

Cette anomalie aous semble se retrouver normalement : 4° à l’état indivis, 
dans les axes des Melocactus, Echinocactus, Echinopsis , etc. ; 2° à l’état de 
partitions, dans les inflorescences en tête du Platane, du Mûrier-à-papier, dans 
les sertules des A//ium, les ombelles, les calathides et les capitules, etc. 11 ne 
nous semble nullement exagéré d'avancer que l’on pourrait établir la série 
suivante : 

1° Sphérochorise des axes (exostoses, Cactées globuleuses, etc. }; 

2° Sphérochorise des inflorescences et des fleurs (capitules, sertules, 
ombelles, inflorescence en tête du Platane, du Mûrier-à-papier, etc. ); 

3° Sphérochorise des pétales ( Calystegia pubescens, Kerria japo- 
nica, etc.) ; 

L° Sphérochorise des étamines (Ricins) ; 

5° Sphérochorise des carpelles ( Fraises, certains fruits de Renoncula- 
cées, etc.) ; 

6° Sphérochorise des semences (fruits globuleux à placentation centrale, 


comme les Primulacées, par exemple). 
(La suite à la prochaine séance.) 


M. Fermond montre ensuite à la Société une production végétale 
détachée de la racine d’un Figuier et qu’il considère comme une 
sorte de Truffe (1).— 11 appelle aussi l'attention de la Société sur les 
fleurs monstrueuses d’un Brassica Napus, dont le fruit, en forme de 
silicule volumineuse, laisse échapper une multitude de petits rameaux 
verts qui lui paraissent résulter de la transformation des ovules. 


M. A Gris fait à la Société la communication suivante : 


NOTE SUR DEUX GENRES NOUVEAUX DE MYRTACÉES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, 
par MM. Ad. BRONGNIART ct Arthur GRIS. 


La famille des Myrtacées comprend essentiellement trois sections ou sous- 
ordres bien distincts, sans compter les Barringtoniées et les Lécythidées qui 
s’en éloignent davantage. De ces trois sections, deux à fruits secs, sont exclu- 
Sivement ou presque exclusivement propres à l'Australie; la troisième, à fruits 
Charnus, est répandue dans les régions chaudes du monde entier, et ne s'étend 
que rarement dans la zone tempérée. Elle n’a en particulier qu’un très-petit 
nombre de représentants dans l’Australie tempérée, car on n’en indique que 


(4) M. Tulasne, si bon juge en pareille matière, l’a reconnue depuis pour être le 
Tuber œstivum. — (Note ajoutée par M. Fermond au moment de l'impression.) 


370 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


trois espèces des genres Acmena, Eugenia et Jambosa. Parmi les Myrtacées 
à fruit capsulaire, les Chamélauciées paraissent exclusivement propres à 
l'Australie tempérée, et aucune ne se trouve à la Nouvelle-Calédonie ; les 
Leptospermées, au contraire, dont quelques-unes, en bien petit nombre, 
s'étendent jusque dans l'Asie tropicale, et qui avaient à la Nouvelle-Calédonie 
plusieurs représentants déjà signalés par Forster et Labillardière, vont voir 
leur nombre s’'accroître notablement, On y avait déjà mentionné le #elaleuca 
viridiflora, les Metrosideros operculata Labill. et ciliata Smith, et trois 
espèces de Zæckea, 

Les collections formées à la Nouvelle-Calédonie dans ces dernières années 
nous fourniront plusieurs espèces nouvelles à ajouter à ces trois genres, de 
beaux Callistemon, les dix espèces que nous décrivons ici comme se rappor- 
tant à deux genres nouveaux de Myrtacées sclérocarpées, et d’autres que nous 
ferons connaître prochainement et qui constitueront les genres Cloëzia et 
Spermolepis. 

On voit que les formes australiennes, dans cette famille comme dans quel- 
ques autres, s'étendent de la Nouvelle-Hollande dans cette région intermé- 
diaire, et constituent par leur mélange avec les formes tropicales un des 
caractères saillants de la flore néo-calédonienne ; en effet, si les Myrtacées 
australiennes atteignent ici le nombre de 25 à 30 espèces, les Myrtacées tro- 
picales qu sarcocarpées se montrent également nombreuses, et auront besoin 
d’une comparaison très-attentive pour être distinguées des nombreuses espèces 
de ce groupe qui croissent à Jaya ou dans les autres îles de l'Asie équatoriale, 

Ainsi, tandis que, dans l’Australie tempérée, les Myrtacées sarcocarpées for- 
ment à peine un centième de cette nombreuse famille ; que, dans les iles de 
l'Asie équatoriale, au contraire, les Myrtacées sclérocarpées sont à peu près 
dans la même proportion relativement aux espèces à fruits charnus ; iciil y a 
presque égalité entre les deux tribus. 

On doit cependant remarquer que la forme peut-être la plus caractéris- 
tique parmi les Myrtacées australiennes, celle des £'ucalypntus, n’a pas encore 
été observée à la Nouvelle-Calédonie, tandis que quelques espèces s'étendent 
jusque dans la Nouvelle-Hollande tropicale. 

Des deux genres que nous décrivons ici, l’un, le TRISTANIOPSIS, se raP- 
proche par plusienrs de ses caractères des Tristania, parmi lesquels M. Pan- 
cher avait placé l’une des espèces, tandis qu'il avait pensé que l’autre pouvait 
former un genre perticulier sous le nom de Callobuxus. Nous n'avons pas pu 
conserver ce nom pour le genre tel que nous devions le constituer, car il ne 
pouvait pas s'appliquer à la seconde espèce, si différente par son port, et nous 
l'avons admis seulement comme nom spécifique. L'ovaire semi-adhérent et 
non complétement adhérent, et la disposition des ovules sur les placenta, 
distinguent immédiatement ce genre des vrais 7ristania. 

L'autre genre, l’une des plus belles acquisitions de la famille à laquelle il 


\ 


SÉANCE DU 12 Juin 1863. 371 


appartient, ne comprend pas moins de neuf espèces, toutes propres à la Nou- 
velle-Calédonie et dont huit sont entièrement nouvelles. Nous avons cherché 
longtemps s’il n'aurait pas quelque congénère parmi les plantes de la Nou- 
velle-Hollande ou de la Nouvelle-Zélande. Nous n'avons rien trouvé, et nous 
avons été heureux de pouvoir appliquer à ces plantes remarquables, qui 
seront sans doute bientôt uu des ornements de nos serres, le nom de 
M. Frémy, dont les travaux sur la composition des tissus des végétaux ont 
jeté et jetteront encore tant de jour sur plusieurs des phénomènes de la 
végétation et du développement des tissus, 

Le genre FREMYA diffère de presque toutes les Myrtacées par son ovaire 
entièrement libre, fixé seulement par une assez large base au fond de 
la coupe réceptaculaire, de forme variable suivant les espèces ; par ses éta- 
mines moins nombreuses que dans beaucoup de genres voisins, disposées sur 
un seul rang; par la disposition singulière des ovules sur les placentas; enfin 
par son fruit capsulaire libre, mais entouré par le calice persistant ; carac- 
tères qui le distinguent particulièrement des Metrosideros, parmi lesquels 
avait été placée la seule espèce de ce genre connue plus anciennement, le 
Fremya ciliata. 

M. Pancher avait envové les premiers échantillons de deux de ces plantes, 
sous les noms de Salisia rubra et de Salisia aurantiaca; mais le genre 
Salisia, fondé par Lindley pour une Myrtacée de la Nouvelle-Hollande occi- 
dentale, est fort différent de celui-ci, ainsi que nous avons pu le constater, 
grâce à un fragment du Salisia pulchella Lindl., que M. Bentham à bien 
voulu nous communiquer. Dans cette plante, en effet, l’ovaire est compléte- 
ment infère et les placentas, saillants et discoïdes, portent des ovules très- 
nombreux sur toute leur surface extérieure, et non pas disposés sur un seul 
rang régulier autour de la circonférence de ce placenta, comme on l'observe 
dans les Fremya. 


TRISTANIOPSIS Ad. Br. et À. Gris. 


Calyæ tubo ovarii basi adnato, limbo 5-fido, lobis persistentibus, Petala 5, 
Stamina 50-60, basi in phalanges 5 petalis oppositas. coalita ; filamenta inæ- 
qualia, 2-3-seriata, interioribus brevioribus ; antheræ biloculares, dorsifixæ, 
introrsæ, Ovarium triloculare, placentis ex apice loculorum pendulis, margine 
OVula plura eontigua anatropa, micropyle superiori et interiori, gerentibus. 
Stylus brevis, filiformis, stigmate parum conspicuo. Fructus capsularis locu- 
licido-trivalvis. Semina pleraque abortiva, compressa, superne alata. Embryo 
radicula Supera, cotyledonibus membranaceis, cordato-auriculatis, margine 
involutis. 

Frutex folis alternis. Inflorescentia floribus axillaribus et terminalibus, 
Solitariis, geminatim ternatimve ad apicem ramorum congestis, vel racemis 
axillaribus e glomerulis compositis. 


372 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


1. TRISTANIOPSIS CALLOBUXUS. 

Folia ovato-elliptica, integra, sæpius apice emarginata, subsessilia, coriacea, 
supra vernicosa, junioribus pubescentibus, adultis præter petiolum nervum- 
que medium infra vix puberulis, ceterum glabris. Flores lutei, magnitudine 
et odore Oxyacanthæ subsimiles, petalis sepala superantibus, axillares termi- 
minalesque, solitarii vel sæpissime geminatim ternatimve ad apicem ramorum 
congestis. 

Callobuxus Panch. mss. 

Frutex ; hab. in collibus ferrugineis Novæ Caledoniæ (Pancher), in mon- 
tibus U/nia (Vieillard, n° 524). 


2. TRISTANIOPSIS CAPITULATA. 

Folia alterna, oblongo-obovata, integra, petiolata, coriacea, supra vernicosa, 
junioribus pubescentia brevi indutis, adultis secundum petiolum nervumque 
medium vix puberulis, ceterum glabris. Racemi axillares, e cymis conglome- 
ratis distantibus compositi. Flores albi, parvi, petalis squamiformibus sepalà 
vix superantibus. 

Tristania capitulata Panch. mss. 

Frutex ; hab, in collibus ferrugineis Novæ Caledoniæ (Pancher). 


FREMYA Ad. Br. et A. Gris. 


Calyx tubo cupuliformi vel cylindrico, libero, lobis 4-5 persistentibus, 
plerumque inæqualibus. Corollæ petala 4-5. Stamina numerosa (20-40), 
plerumque longe exserta, margine plus minus prominente tubi calycini uni- 
seriatim inserta, libera vel (in specie unica) irregulariter basi subpolyadelpha; 
antheris basifixis, introrsis. Ovarium liberum, 3-6-loculare, placentis ex 
angulo centrali nascentibus elongatis et subclavatis vel scutiformibus, facie 
exteriori vel superiori nuda, lateralibus ovula numerosa compressa horizon- 
talia superposita sessilia amphitropa, micropyle interiori vel inferiori (in 
F. ciliata), gerentibus. Sfylus elongatus, apice sensim attenuatus, stigmate 
parum conspicuo. Fructus capsularis, calycis tubo sicut involucratus, locu- 
licide dehiscens. Semina compressa (in F. ciliata apice alata), exalbuminosa. 
Embryo tigella gracili subarcuata, cotyledonibus membranaceis, rotundatis, 
adpressis. 

Arbores vel frutices foliis alternis, coriaceis, infra glandulosis, rarius pel- 
lucide punctatis; floribus axillaribus, pedunculis 4-3-floris, versus apicem 
ramorum congestis. 


1. FREMYA RUBRA. 

Folia obovata, brevissime petiolata. Flores rubri, sæpius axillares, solitarii, 
ad apicem ramorum congesti, pedunculis gracilibus, brevibus vel elongatis, 
bibracteolatis, plerumque pentameri. Calyx patens, pubescens, lobis elongatis 
triaugularibus, Stamina libera. Ovarium glabrum. 


SÉANCE DU 12 JuIN 1863, 373 


Salisia rubra Panch. mss. 
Arbor ; hab. in Novæ Caledoniæ montibus, vulgo Mont-Dore (Pancher) 
et Mibée dictis (Vieillard, n° 465 ; Deplanche, n° 522). 


2. FREMYA FLAVA. 

Folia oblongo-elliptica, petiolata. Flores flavi, apice pedunculorum ternati, 
brevissime pedicellati, 4-5-meri. Calyx cupularis, pubescens, lobis plerumque 
obtusis, rotundatis. Stamina libera. Ovarium glabrum. 

Salisia flava Panch. mss. 

Arbor; hab. in Novæ Caledoniæ montibus excelsis et ripis insularum 
Ouen et Pinorum (£/e-des- Pins) dictarum (Pancher). 


3. FREMYA VIEILLARDI. 

Folia oblongo-obovata, in petiolum brevem attenuata. Flores flavi, penta- 
meri, pedunculis axillaribus 2-3-floris ad apicem ramorum congestis. Calyx 
cupularis, glaber, lobis triangularibus. Stamina libera. Ovarium glabrum. 

Arbor; hab. in Novæ Caledoniæ montibus prope Balade (Vieillard, n° 466). 


h. FREMYA AURANTIACA. 

Folia oblongo-spathulata, basi in petiolum brevem angustata. Flores tetra- 
meri, axillares, bibracteolati, ad apicem ramorum congesti. Calyx cylindricus, 
glaber, lobis triangularibus. Stamina irregulariter subpolyadelpha. Ovarium 
glabrum. 

Salisia aurantiaca Panch. mss. 

Frutex; hab, in Novæ Caledoniæ monte Yate (Vieillard, n° 464; Pan- 
cher, 1861 ; Deplanche, n° 521). 

3. FREMYA DEPLANCHEI, 

Folia oblongo-lanceolata, longe petiolata. Flores pentameri, flavi, bibrac- 
teolati, subcymosi. Calyx cupularis, puberulus, lobis oblongis. Stamina libera. 
Ovarium glabrum. 

Atbor ; hab. in silvis montium Novæ Caledoniæ prope Balade (Vieillard, 
n° 467). 

6. FREMYA PUBESCENS. 

Folia elliptica, in petiolum brévissimum attenuata, supra vix puberula, sub- 
tus pubescentia. Flores pentameri, axillares, subsessiles, ad apicem ramorum 
ie Calyx cupularis, sericeo-pubescens, lobis triangularibus. Ovarium 
glabrum. 


Arbor ; hab. in silvis Novæ Caledoniæ prope Zalade (Vieillard, n° 469). 


7. FREMYA PANCHERI. 
Folia ampla, oblongo-lanceolata, longe petiolata, bullata, nervis infra promi- 
nulis, superne glabra, inferne nigro-punctata et secundum nervos puberula. 


Calyx cupularis, glaber. Ovarium 6-loculare, villosum (e specim. unico deflo- 
rato). 


37h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Salisia rugosa Panch. mss. 
Arbôr; hab. in Nova Calédonia (Pañcher, 1861). 


8. FREMYA ELEGANS. 

Folia obovata, in petiolum brevem attenuata, glabra. Flores pentaméri, 
pédunculati, axillares, ad apicem famorum congesti. Caly« cupülaris, pube- 
rulus, lobis triangularibus. Ovarium glabruüm. 

Frutex; bab. in Nov& Caledoniæ monte Uagape (Vieillard, n° 470). 


9. FREMYA CILIATA. 

Folia elliptica, ellepticove oblonga, marginibus revolutis, breviter petiolata, 
juuioribus pilosiusculis, ciliatis. Flores pentameri, purpurei, versus apicem 
ramorum subcorymbosi. Calyx pilosus, tubo brevi expanso, lobis triangula- 
ribus. Petala pilosa, ovata, vix calycem superantia. Stamina longissima, erecta. 
Ovarium glabrum, placentis e basi anguli loculorum centralis ascendentibus, 
cylindricis, liberis, apice nudis; ovulis unica serie circampositis, sessilibus. 

Metrosideros ciliata Smith Linn. Soc. t. IX, p. 271. Labillardière Sert. 
austro-cal. p. 60, f. 59. DC. Prodr. t. HI, p. 225. — Melaleuca ciliata 
Forst. Prodr. n° 217. = Leptospermum ciliatum ejusdem Gen. p. 36, n° 5. 

Frutex ; habit. in Nova Caledonia (Forster, herb. mus. !), in imontibus prope 
Balade (Vieillard, n° 452). 

Obs. — Cette espèce diffère assez notablement des précédentes par là 
position du placenta qui s'élève de la base dé l'angle central des loges, sous 
forme d’une pete coloïne cylindrique, et par ses graines qui se prolongent 
en une aile membraneuse. Mais les autres caractères de la fleur, et particu- 
lièrement le mode d’insertion des ovules sur le placenta, et leur forme mêine, 
sont trop semblables pour que nous ayons cru pouvoir npeu générique - 
ment cette plante des autres /remya. 


MM. les Secrétaires donnent lecture. des communications suivantes, 
adressées à la Société : 


NOTE SUR LE SOULAMEA AMARA, pur ME, D.-K, HASSKARL. 


(Clèves, 30 mai 1863.) 

SOULAMEA AMARA Lam. 

Herb. reg. berol. Chamisso e Æadack, coll. n° 193. Apex rami. 

Obsert. = Spreñg. Syst. veget. LIT, 472, 2h90, et C'ur. post. 130 et 141. 
— Schult, Syst. veget. VII, p. Ixxxix, 1511 etp. 1279, Walp.: Ann. I, 
168, XII; 4. — Miq. For. ind, bat. 1, 11, 129 (inter Polygalaceas), et 680, 
VIIL (inter Simarubeas). — Benth. et Hook. Gen, I, 343, 22. — Cardio- 
phora Hindsii Benth.; Walp. Xepert. V, 4173; Endi. Gen. suppl. IH, 
5919/2. — Cardiocarpus Reinw. Syll. ratisb. XI, 14, 33.— Rex amaroris 


SÉANCE DU 12 JuIN 1863. 375 


Rumph. Æerb. amb. 11, 129, tab. 41 (non 40, uti Walp. cit.). — Rosen- 
thal Synops. Diaphor. 790. 

Descriptioni Lamarckii (Schult. Z. €.) addam hæcce panca : 

Cicatrices petiolorum in ramis valde pallide flavescentes, maximæ, obverse 
deltoidéæ, subrotundæ, diametro ultra 2 lin. par.; ramorum (apicis) nedulla 
candida grandis. Petioli a lateribus cotmpressi, 4// lati, 4-14//longi et paullo 
ultra; uti apex rarni et folia novelle in pagina inferiore densé ferrugineo- 
pubescentes, fere sericei. Æolta obovato-oblonga aut obovato-elliptica, basin 
versus angustata acuta, apice obtuse acuta, 5-5 !”’ longa, 2-2 {!' lata, penniner- 
vi, Subtus eleganter nervoso-réticulata, in nervis venisque minute puberula, 
pilis dein albidis patentibus (non adpressis). Æacemt axillares peticlum dimi- 
diam longi (non longiores Benth. Walp. Z. c€.). Rhachis, bracteæ et calyx 
ferrugineo-pubescentes, subsericei. #ructus subrotuñdus, apicé acute cordato- 
emarginatus, basin versus à medio leviter attenuatus, acutus, diametro 9'”, 
Coriaceus, altero latere planiusculus, altero convexus, supra reté venarum 
exsculptus indeque obsolète rugoso-tuberculatus, glaber, spadiceus ; « diu ex 
» arboré dependent, qui autem in terram proläbüntur gilvi sunt coloris ». 
(Rumpb, £. ce.) S 

Hisce notis é specimine Herbarii régit berolinensis démptis addam quæ 
Rumphius jam diu adnotavit : 

Ad littus'in locis apertis frutescit, in continenti crescens sub umbra arbo- 
rescit, trunco incurvo inclinante, cujus cortex est glaber vel verruculis obsitus 
Coloris cinerei seu albicantis, interne flavescentis, siccus et fragilis, in ramu- 
lis vero glabrior est et magis albescit ; rami sunt pauct. Folia 42-13”! longa, 
33" lata, succo haud lacteo. Fructus primo pallide viridis siccus; semina 
Cucumeris semina æmulantia, sed minora graciliora ac sensim rugosa sunt et 
Cariosa, Radices crassæ, raræ, nec longæ, fere sine fibrillis, externe luteo et 
sSicco cortice obductæ, interne lignum gerentes flavescens, quod siccum levis- 
Simum est, ac recens odorem habet unguis odorati. Arbor per omnes suas partes 
adModum sicca est et valde amaricat, præcipue vero fructus, qui amarissimi 
Sunt, tum et radix, dein cortex, folia et ligoum. Arbuscula hæc raro occurrit, 
nec ullibi érescit nisi in incultis ct saxosis littoribus, ubi rupes plurimæ inve- 
diuntur, nec in altis crescit saxis, sed in declivibus locis, quæ mari inundantur, 
Soulamou nomen ternatense significat : Pharmacum magnum. 


NOTICE SUR PLUSIEURS PLANTES NOUVELLES POUR LA FLÔRÉ DE MONTPELLIER 
ET DE L'HÉRAULT, pa M. Henri LORET. 


PREMIÈRE PARTIE. 


(Montpellier, 30 mai 1863.) 


Beaucoup de flores départementales s’accroissent chaque année sans que 


376 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


l’attention des hotanistes français soit fortement réveillée par ces découvertes 
locales. Il n’en saurait être ainsi d’un pays qui se recommande, et par sa 
riche végétation méridionale, et comme centre important d’études scienti- 
fiques, où plusieurs pères de la botanique renaissante ont laissé des traces 
vénérées de leur passage. Aussi la flore de Montpellier a-t-elle le privilége 
d’exciter un intérêt général, et nous pouvons, par suite, espérer qu’on lira 
sans indifférence Les noms des espèces nombreuses dont viennent de l’enrichir 
encore quelques botanistes du pays. Plus d’une fois déjà, ce Bulletin a enre- 
gistré les acquisitions locales dues à M. Barrandon. J’éprouve un vrai plaisir 
aujourd’hui à venir signaler les récentes découvertes de notre zélé confrère, 
qui à pris à tâche de réunir, s’il est possible, à lui seul, les matériaux 
d’une flore locale (1). Nous pouvons, grâce à lui, mentionner maintenant 
comme nôtres d’intéressantes espèces ; l'Ulex parviflorus Pourr., qui croît 
dans les garrigues de Cécélès, en face du Triadou ; l’Arabis brassiciformis 
Wallr, et le Solidago Virgaurea L., qui s'étaient jusqu’à présent dérobés à 
tous les regards, le premier dans les profonds ravins de la Sérane, le second 
dans les anfractuosités des rochers de Saint-Guilhem. C’est aussi M. Barran- 
don qui a retrouvé sur la Sérane, avec notre zélé jardinier en chef, une 
Ancolie signalée pour la première fois par Magnol et dont on avait perdu la 
trace depuis Gouan. Je veux parler de l’Aqguilegia viscosa, espèce remar- 
quable, méconnue encore par plusieurs botanistes, et que j’ai essayé de mettre 
en lumière dans un travail récent sur l’herbier de la Lozère. Notre infatigable 
explorateur vient de retrouver aussi, contre toute attente, au lieu mentionné 


(4) On pourrait apprendre avec surprise peut-être qu’un homme modeste et qui 
n’est point botaniste de profession, ait conçu le projet de faire une flore de Montpellier ; 
mais il est bon de savoir que M. Barrandon n’a cédé en cela qu'aux encouragements 
réilérés d’un savant professeur qui l’a vu à l’œuvre et qui a su deviner en lui une 
vocation exceptionnelle. Un seul fait prouvera que notre confrère a entendu la voix 
intime de la nature, qui dispense comme par infusion à ses adeptes favoris un feu sacré 
dont elle n’est point prodigue. Jamais M. Barrandon n’a reçu d'un maître une seule 
leçon de botanique. Initié d’abord à la science par un Traité d'organographie végétale, 
il se procure ensuite une flore, et songe bientôt à réunir dans un herbier spécial toutes 
les plantes des environs de Montpellier. [1 cherche, dans ce but, à acquérir le livre des 
Herborisations de Gouan. Ne pouvant en trouver un seul exemplaire à acheter, il 
parvient à se le faire prêter par un établissement public, et conçoit immédiatement le 
projet de copier le volume. Il veut se mettre à l’œuvre, mais la vue seule de ce livre 
lui donne une sorte de vertige, et sa main tremblante et convulsive, partageant. 
l'émotion qui agite son âme, refuse de le servir. Souvent il revient à la charge, chaque 
fois la circulation s’accélère, sa vue se trouble, et, après de vains efforts pour obtenir 
de sa raison le calme qui le fuit, il est contraint de chercher un copiste qu’il paie pour 
transcrire le volume devenu nécessaire à son bonheur. Ce seul trait, auquel nous 
pourrions en ajouter d’autres, ces nobles émotions étrangères aux esprits vulgaires, €n 
disent plus que tous les éloges. Peut-être objectera-t-on que ce n’est point là la science; 
mais on accordera que rien ne dispose mieux à l’acquérir, et que l’homme marqué Lg 
pareil sceau a le droit de dire: « Êt moi aussi je serai botaniste. » Un travail opiniâtre 
quoique tardif est parfois, en pareil cas, couronné de plus de succès qu’une étude de 
toute la vie sans vocation. 


SÉANCE DU 42 Juin 1863. 377 


par Gouan, le Æosa monspeliaca, indiqué par l’auteur de l'espèce, derrière le 
Puy de Saint-Loup, où on l'avait cherché vainement depuis un siècle. Le 
Cytinus Hypacistis L. n'avait été recueilli jusqu’à présent chez nous que 
sur les racines du Céstus monspeliensis ; M. Barrandon vient de trouver sur 
le Cistus albidus une curieuse forme, que M. J. Gay rapporte avec raison à la 
variété @ hermesinus de Gussone (1) et qui pourrait bien être une espèce, 
comme l’a soupçonné l'auteur du Synopsis floræ siculæ (2). Complétons 
enfin cette gerbe de M. Barrandon par la mention d’une rare et magnifique 
espèce , l’Orchis longibracteata Biv. (3), qu'il a reconnu, jeune encore, à la 
montagne de Mireval, au printemps de 1862, et qu’il vient de recueillir cette 
année au même lieu en pleine floraison. 

Une longue habitude des plantes sèches m'a permis de reconnaître quel- 
ques nouveautés pour Montpellier dans le petit herbier de M. Ernest Dubrueil, 
jeune naturaliste qui a laissé depuis longtemps les plantes pour la malaco- 
logie. Je dois citer l’Al/ium rotundum L., l'Hieracium vestitum Gren. et 
le Carduus vivariensis Jord., trois espèces qui ont été recueillies, il y à 
longtemps déjà, par M. Dubrueil sur le territoire de Frouzet près Saint: 
Martin-de-Londres. 

Qu'on permette à l’auteur de cette notice de se citer ici pour une ou deux 
espèces seulement, maigre butin dont je tiens à parler sans retard, car je 
n'aurais plus le courage de le produire à la fin de ce travail, après la longue 
nomenclature des richesses dues à M. Théveneau, et que je déroulerai bientôt 
aux yeux de mes lecteurs. Que ne puis-je attribuer ma découverte à une 
autre cause qu'à mes habitudes de valétudinaire, qui, en m'interdisant les lon- 
gues courses, me portent à fureter dans le voisinage des habitations, où s’arrèê- 
tent peu les botanistes valides ! C’est aux portes de Montpellier, en effet, que 
j'ai trouvé en abondance, il y a plus d'un an, le Zamium flezuosum Ten. On 
n'a point encore signalé cette espèce dans le département de l'Hérault, où 


(1) Voyez plus haut, p. 310 et suiv. 

(2) C'est peut-être la seule localité française où l'on ait trouvé celte forme, à moins 
quon ne regarde comme identique, ce qui est probable, le Cytinus signalé aussi à 
Nimes par l'abbé Gonnet (Flore élémentaire de France, p. 827) sur le Cistus albidus, 

+ Gussone a trouvé sa variété kermesinus sur les Cistus villosus et creticus, jamais, dit-il, 
sur d'autres espèces. IL me semble probable que la couleur du Cytinus en question, 
Mentionné jusqu'ici sur des Cistes à fleurs roses, est due au même principe qui colore 
les Pétales des plantes nourricières ; mais, outre la couleur qui ne saurait avoir une 
Importance spécifique, M. Gussone donne à sa variété des bractées plus courtes que les 
leurs et un tube floral resserré, ce que nous n’avons pu encore clairement observer. 

.(3) On sait que cette plante, placée par plusieurs botanistes dans le genre Aceras, 
Yient de servir de type à un genre nouveau dédié par M. Parlatore à un botaniste 
NiÇois qui s'est longtemps occupé de l'étude des Orchidées. Malgré ma sincère estime 
Pour la science de M. Parlatore et mes sympathies pour M. Barla, j'avoue qu’il m'est 
‘Mpossible d'adopter un nom qui est venu dédoubler à tort, selon moi, le genre Aceras, 


eja peu tranché et dont les caractères me semblent même insuffisants pour former une 
Coupe générique. 


: ASS 26 


378 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


elle relie l'habitat du Roussillon mentionné par MM. Grenier et Godron avec 
celui des hautes Cévennes, où l’a recueillie autrefois M. Touchy, l’infatigable 
explorateur de ces montagnes. 

J'ajouterai que j'ai rencontré au pont de Villeneuve et à deux ou Lrois 
autres localités voisines de Montpellier le C'apsella rubella Reut. (Soc. hall. 
1854, p. 18, et Billot, Annot, p. 124), C. rubescens V. Personnat (Bull. 
Soc. bot. de Fr. VIH, p. 511) ; et avec lui, près de la citadelle, le C'apsella 
gracilis Gren. (Florula massil, adv. p. 17) (1). 

Le Centaurea prætermissa De Martrin-Donos, que j'ai reçu plusieurs fois 
comme espèce, est très-répandu autour de Montpellier; mais j'ai acquis la 
certitude que ce n’est qu’une forme du €. aspera L., forme qui ne se dis- 
tingue du type que par les spinules des folioles calicinales très-courtes, 
apprimées et parallèles. J'ai rencontré la meilleure pièce de conviction dans 
un individu qui portail, avec les capitules du type, un capitule de €. præter- 
missa bien tranché. Cette forme à écailles calicinales apprimées est, ici, 
presque aussi commune que le type, et c’est elle qui, en s’hybridant avec le 
C. Calcitrapa, produit le €. aspero-Calcitrapa G. G. Si donc il était 
possible de considérer comme espèce distincte le C. prætermissa, l'hybride 
. dont je viens de parler porterait le nom de C. prætermisso-Calcitrapa, nom 
qui ne saurait être proposé, puisque le €. prætermissa n’est qu’une simple 
forme du €. aspera. 

Toutes les espèces que je viens de mentionner jusqu'ici appartiennent à 
l'arrondissement de Montpellier et ont élu domicile dans l'espace compris 
entre le Vidourle.et l'Hérault, entre les Cévennes et la mer, Ce vaste carré 
étant à la portée dé Montpellier a pu être exploré maintes fois et, pour ainsi 
dire, pied à pied ; aussi les nouveautés y sont rares. 11 n’en est pas ainsi des 
trois autres arrondissements qui ont pour chefs-lieux Béziers, Lodève et Saint- 
Pons; car ce n’est qu'à de rares intervalles que les botanistes de Montpellier 
se permettent d'aussi lointaines herborisations. Mais heureusement la science 
se vulgarise, et il y aura bientôt des botanistes partout, Béziers a les siens 
depuis longtemps, et la Société, lors de sa dernière session extraordinaire, à 
su apprécier le docteur Théveneau, dont j'ai hâte de parler. Pendant que 
nous glanions ici, notre modeste confrère moissonnait sans bruit dans le riche 


(1) Le Capseila gracitis m’a paru se rapporter au C. Bursa pastoris et au C. rubella 
umaigris et inféconds, et souvent sans que l’hybridation dont on a parlé ait pu Se 
produire. J'ai pu m'en convaincre, l'an dernier, à Tournon, où le C. gracilis abonde 
au bord des chemins et paraît révéler partout, sans ambiguïté, une transformation 
graduelle et plus ou moins complète du C. Bursa pastoris. À Montpellier, j'ai ae 
remarquer les mêmes passages du C. rubella au C. gracilis. Je me propose d'étudier 
sérieusement ces plantes sur place, au printemps prochain, et de m’assurer si le C. 
rubella n’est pas un simple amaigrissement du C. Bursa pastoris, comme le C: gracilis 
en est l'avortement complet, soupçon que j'ai eu lieu de concevoir déjà et que de 
nouvelles observations éclairciront pour moi, je l'espère, 


SÉANCE DU 12 JuIN 1863, 379 
pays qu'il habite, et ses nombreuses découvertes, dont nous allons donner ici 
la nomenclature, feront connaître mieux que tous nos éloges le zèle intt Iligent 
qui le distingue. 


Ranunculus he leracrus L.— Kossés des bords de la route d'Hérépian à Saint- 
Gervais. 
R. aconitifolius L. — Bois de la Blanque, entre Saint-Pons et la Salvetat. 
Aconitum lycoctonum L. — Saint-Amand-de-Mounis (800 à 900 mètres). 
Caltha palustris L. — La Salvetat. 
Hypecoum pendulum V. — Béziers. 
Barbarea intermedia Bor. — Douch. 
Le B. intermedia Bor., qui varie à siliques apprimées ou élalées, comme la plupart 
des espèces du genre, ne me paraît pas aujourd’hui différer spécifiquement du 
B. sicula G. G.!, Presl ? 
Sisymbrium binerve C.-A, Mev. — Sables maritimes à Agde, 
Cette plante, recueillie par M. Théveneau pour les centuries du regrettable Billot, y 
a été publiée sous le nom de Malcolmia parviflora DC. M. Cosson, relevant cette 
erreur dans une lettre à M. Théveneau, lui dit que sa plante est le Sisymbrium 
binerve, rare espèce qui n’a encore été observée qu’en Grèce, en Algérie, en 
Tunisie et dans la Géorgie caucasienne. Le savant botaniste parisien fait observer 
qu’elle diffère du Maicolmia parviflora, dont elle a le port, non-seulement par le 
stigmate capité, qui en fait un Sisymbrium, mais encore par sa cloison largement 
transparente sur les bords et non pas opaque. 
Dentaria pinnata Lam. — Bois de Sérignan près Saint-Pons. 
Camelina fœtida Fries. — Champs de lin à la Salvetat. 
Alyssum montanum Y. — Bédaricux, sur la route de Clermont-l’Hérault. 
Raphanus Landra Morcetti. — Poussaroux, au-dessus de Saint-Chinian. 
Viola palustris XL. — Dans les tourbières du Caroux. 
V. sudetica Wild. — Au pied du Caroux, près de l'église de Douch, 
Astrocarpus Clusii 3. Gay.— Col Sainte-Colombe près Saint-Pons, en allant 
à Rieussec. 
Dianthus monspessulanu: L. — Bois de Sérignan près Saint-Pons, 
C’est le lieu le moins éloigné de Montpellier où l’on connaisse cette espèce, et celle 
proximité relative commence à légitimer un nom dont l’inexactitude avait échappé 
à l’auteur du Species, pour qui les plantes des Cévennes étaient censées des 
plantes de Montpellier. Gouan indique, il est vrai, ce Dianthus au Saint-Loup et aux 
Capouladoux, mais personne ne l’y a revu, et, quoique l’aire de plusieurs espèces se 
soit restreinte depuis l’apparition des Herborisations, il est permis à qui connail ce 
livre de concevoir des doutes sur l’exactitude des indications précitées. 
Stellaria nemorum L. — La Salvetat. 
St. Boræana Jord, — Bériers. 
St. uliginosa Murr, — Saint-Pons, fossés qui bordent la route de la Salvetat. 
Spergula arvensis L. — La Salvetat. 
Hypericum linarifolium Vahl. — Bédarieux. 
H. Androsæmum L. — Lamalou. 


Æ. humifusum V. — Saint-Gervais. 


380 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Melilotus messanensis Desf. — Montagne du Malpas. 


Il y a été recueilli aussi par le colonel Blanc. M. Théveneau l'y a trouvé une seule 
fois, le 10 mai 1855. 


Astragalus glycyphyllos L. — Bois de Sérignan près Saint-Pons. 
Lathyrus ochrus KL. — Agde, dans les moissons. 

Vicia atro-purpurea Desf. — Roquehaute, où il est rare. 

Spiræa Ulmaria L. — La Salvetat. 

Sorbus aucuparia Y. — La Salvetat. 

Potentilla supina L. — Carrières des Brégines, à Béziers. 
Epilobium alsinifolium Vi. — Douch. 

£. montanum L. — La Salvctat. 

Lœflingia hispanica L. — Sables maritimes à Vendre près Bézicrs. 


M. Grenier considère comme douteux l’indigénat de cette espèce, ainsi que celui du 
Melilotus messanensis mentionné plus haut. {Voy. Flor. massil. advena.) 


Sedum Cepæa L. — Bédaricux. 

S. hirsutum L. — Saint-Gervais. 

Sazifraga granulata L. — Douch, sur les murs de léglise. 

Tordylium apulum L. — Champ de manœuvres, à Béziers. 

Carum verticillatum Koch. — Prairies tourbeuses, à la Salvetat. 

Pimpinella magna L. — La Salvetat. 

Falcaria Rivini Host. — Aux Neuf-Écluses. 

Chærophyllum hirsutum L. — La Salvetat. 

Valeriana officinalis L. — La Salvetat. 

Knautia dipsacifolia Host. — Hérépian. 

Adenostyles albifrons Rchb. — Bois de la Blanque, au-dessus de Saint- 
Pons. 

Senecio artemisifolius Pers. (S. adonidifolius Lois.). — La Salvetat. 
M. Barthez l’a aussi recueilli à Saint-Pons et à Salvergue, commune de Mons. 

Arenaria montana L. — Bois de la Blanque près Saint-Pons. 

Tanacetum vulgare L. — Près du Soulié, au nord de Saint-Pons. 

Cirsium eriophorum Scop. — La Salvetat. 

C. palustre Scop. — La Salvetat. 

Hypochæris maculata L. — Saint-Pons. 


Nous pourrions encore enrichir la couronne du docteur Théveneau de 
quelques espèces mentionnées par M. Doûmet fils, dans le Bulletin de la 
Société d'Horticulture de l'Hérault (août 1862), puisque ces plantes, qui 
figuraient déjà dans l’herbier de M. Théveneau, furent recueillies sous Sà 
direction, après la session extraordinaire de Béziers, par un groupe de bota- 
nistes dont il était le guide. Voici les noms et l'habitat des principales de ces 
espèces : . 


Oxalis Acetosella L. — Rosis, au-dessus de Lamalou. 


SÉANCE DU 12 JuIN 1863. 381 
Alchimilla alpina L. — Rochers du Caroux (il a été trouvé aussi à l’Espi- 
nouse par M. Barthez, pharmacien de Saint-Pons). 
Montia rivularis Gmel. — La Salvetat et au Caroux. 
Sedun anglicum Huds. — A l'Espinouse et au Caroux. 


Nous aurions également parlé de quelques autres espèces trouvées par 
M. Théveneau au Caroux et ailleurs, et qui gisent depuis longtemps dans son 
herbier ; mais nous les avons omises à dessein, car il en est question dans la 
Revue des Sociétés savantes du 13 février 1863, où M. Planchon les men- 
tionne comme siennes et avec toute justice, puisque personne jusque-là ne 
les avait signalées dans le département. Ces plantes sont : Cistus umbellatus 
L.; Heracleum Lecokii G. G.; Helodes palustris Spach, trouvé aussi autre - 
fois à l'Espinouse par M. Rourière (herb. Delile); Drosera rotundifolia 1, 
recueilli à l'Espinouse par M. Touchy, il y a près de quarante ans, mais dont 
personne n'avait parlé; Leucanthemum palmatum Lam., trouvé à Lodève 
dès 1831 (herb. Delile); et un A/sine intéressant, que M. Planchon nomme 
Alsine verna Bartl., M. Doûmet, /. c., Alsine verna var. Thevenæi, et que 
M. Reuter (mss.) a baptisé, il y a huit à dix ans, A. Thevenæi (1). 

Personne, depuis la création de la nomenclature binaire, n’a signalé avec 
certitude, dans le département de l'Hérault, les espèces qui font l’objet de 
celte notice, et, à l'exception des trois ou quatre espèces dont je viens de 
parler, elles ne figurent dans aucun de nos grands herbiers comme origi- 
naires du pays. Gouan mentionne, il est vrai, l'Aypericum Androsæmum, 
à la Sérane et aux Capouladoux ; le Surbus aucuparia, au bois de Valène ; 
l'Epilobium montanum, au Saint-Loup, à la source du Lez et à Montferrier ; 
le Senecio artemisifolius, sous le nom de S. abrotanifolius, au mont Saint- 
Loup et à Caunelle; mais outre que ces plantes ne se trouvent, des lieux indi- 
qués, dans aucune des vastes collections de nos Facultés, et que personne, à 
notre cohnaissance, ne les a recueillies ni signalées depuis Gouan, on ren- 
contre à chaque page de cet auteur des déterminations et des indications 
évidemment fausses et qui rendent au moins fort suspectes celles dont nous 
venons de parler. ; 

Bien que certaines espèces trouvées pour la première fois chez nous par 
M. le docteur Théveneau, soient communes dans le reste de la France, elles 
n’en étaient pas moins inconnues dans l'Hérault. C'est, au reste, un des 
cachets de la flore de Montpellier d’être originale autant que riche, et, si 


(1) Ceite plante, que M. Reuter rapproche surtout, selon M. Théveneau, de l'Alsine 
recurva All., et que M. Planchon identifie avec l'A. verna Bartl., me paraît bien plus 
voisine de l’A. rcrna, sinon identique, comme l’a pensé le savant professeur de Mont- 
pellier, L’A. recurva Al, qui ne descend guère sur les basses montagnes, me paraît 
se séparer nettement de notre plante par ses pédicelles plus courts, ses sépales exté- 
rieurs à 5 nervures et non pas 3; ses feuilles courtes, recourbées, plus obtuses; sa 
souche plus ligneuse, ses gazons serrés, ete. L'étude d'échantillons complets me 


382 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


l'on y trouve avec plaisir la plupart des plantes méditerranéennes, un grand 
nombre d'espèces réputées vulgaires ailleurs y sont extrêmement rares, ou 
font même ici complétement défaut. J'ai cru devoir chercher la cause de ce 
phénomène qui a vivement piqué ma curiosité. Cette lacune dans la flore de 
Montpellier ne m'a point paru tenir à la nature du sol, à laquelle plusieurs 
botanistes font souvent jouer un rôle trop important; et la cause presque 
exclusive du phénomène dont je parle est due, selon moi, à l'obstacle 
qu’apporte au passage d'espèces communes dans le centre de la France la 
chaîne de montagnes qui nous borne au nord dans une grande étendue. Le 
parallélisme, sous ce rapport, entre la flore de Montpellier et celle de 
l’ancienne principauté de Monaco offre des rapprochements curieux, et je me 
propose de montrer bientôt que la configuration topographique similaire de 
ces deux pays a produit, de part et d'autre, des phénomènes analogues 
intéressants pour Ja géographie botanique. 


M. J. Gay fait à la Société la communication suivante : 


VOYAGE BOTANIQUE AU GAERNARVONSHIRE, DANS LE NORTH-WALES, FAIT EN AOÛT 4862, 
EN VUE D'UNE ÉTUDE PARTICULIÈRE 
DES ISOËTES DE CETTE CONTRÉE, par M, J, GAY (1). 


III. 


Exeursions au Llyn-y-Cwn, au Llyn-Dwythwch, au Snowdon, au Llyn-du’r-Arddu, au 
Phynon-vrêch et au Phynon-Velan; végétation de ces différents points. 


De toutes les plantes énumérées jusqu'ici, aucunes ne m'intéressaient autant 
que les /soëtes. C'est pour eux que j'avais entrepris le voyage, et j’entendais 
bien les explorer ailleurs que dans le Llyn-Padarn. Une localité à visiter avant 
toute autre, c'était le Llyn-y-Cwn, d'où provenaient les échantillons ancien- 
nement récoltés par M. Wilson, et qui s'étaient trouvés appartenir à l’Z. echi- 
nospora, lac situé, comme je l'ai déjà dit, sur une épaule du Glyder-Fawr, à 
environ 640 mètres d'altitude. On se rend au Llyn-y-Cwn par la vallée supé- 
rieure et par le village de Llanberis. Mais, à partir de là, la montée est des 
plus rudes, et il était évident pour mes deux nouveaux amis qui m’avaient 
vu manœuvrer en plaine, que jamais mes jambes ne me conduiraient au but. 


permettra sans doute un jour d’acquérir des convictions nettes sur la plante du Caroux, 
et de juger, d’après mes idées sur l’espèce, si je dois la considérer comme une espèce 
nouvelle ou comme spécifiquement identique avec l’A. verna Baril. À en juger par ce 
que j'en ai vu, ses feuilles plus étroites, plus aiguës, moins planes et assez semblables à 
celles de VA. rostrata Koch, les dimensions de ‘ses pétales, organe très-variable il est 
vrai dans les Alsinées, ses sépales plus longuement acuminés, etc., autorisent à la 
considérer au moins comme une variété (var. T'hevenœi). 
(1) Voyez plus haut, pp. 270 et 319. 


SÉANCE DU 12 Juin 1868. 388 


Essayons donc le cheval! Me voilà sur ma bête, après avoir eu bien de la 
peine à enfourcher ce paisible poney, un de ceux que l'on choisit de préfé- 
rence pour les dames qui font l’ascension du Snowdon. Tout va bien jusqu’à 
Llanberis et même au delà, mais bientôt la rampe se dresse en dehors de 
tout sentier tracé, le pauvre cavalier ne tient plus sur sa selle, et de toute 
nécessité il lui faut mettre pied à terre, Le guide avait prévu, fort heureuse- 
ment, cette extrémité. Il déroule une longue et solide courroie fixée au 
derrière de la selle, que je saisis aussitôt, ét me voilà littéralement traîné par 
la bête, excitée de la voix et du geste par son conducteur. Après une demi- 
heure de ce manége, si ce n’est plus, nous atteignons enfin un plateau qui, 
sur une demi-heure de chemin environ, s'incline mollement vers l’est pour 
aboutir à un lieu des plus sauvages, connu sous le nom de Devil’s-Kitchen, 
d'où la montagne s’abaisse presque à pic sur la vallée de Nant-Francon, Ce 
plateau, très-inégal, entrecoupé de rochers et de places marécageuses, serait 
absolument désert, si l’on n'apercevait çà et là quelques rares moutons à toison 
noire, disséminés sur un grand espace, et dont le très-petit nombre suffirait 
pour attester l'extrême stérilité du lieu, stérilité d’ailleurs générale dans 
toute la région montagneuse du pays, comme je lai déjà indiqué précédem- 
ment, En traversant à pied ce plateau, sans être remorqué par mon poney, 
j'ai pu cueillir: Cryptogramme crispa R. Br., Lycopodium alpinum L., 
Selago L. et clavatum L. (tous les trois trop peu avancés, le dernier même si 
chétif et si peu développé qu'il pourrait paraître douteux quant au nom spé- 
cifique que je lui donne), Selaginella spinulosa Al. Braun (Zycopod. sela- 
ginoides L., en bon état), Festuca vivipara Smith (très-commun et 
invariablement prolifère, comme autour du Llyn-Padarn), Juncus squarrosus 
L., Carex pallescens L., Oxyria digyna Cambd., Hieracium vulgatum 
{forma humilior, uniflora, sans doute la même qui a été enregistrée dans 
Synops. meth, stirp, Brit., ed, 3°, 4724, p. 170, n° 13, sous le nom 
d'Aieracium fruticosum, alpinum, latifolium, minus, uno vel altero flore, 
comme ayant été cueillie par le docteur R, Richardson « on the higher rocks 
about Llanberys », la même dont Dillen parle dans une lettre au même 
Richardson, sous le nom d’Aieracium latifolium, üno vel altero flore, et 
que Smith rapporte dans une note à l'Æ. sélvaticum : J,-E, Smith À select, 
of the corresp. of Linn. and oth. natural., 1, 1824, p. 140), Empetrum 
tigrum L. (chétif et sans fruits), Sazifraga stellaris L. et Silene acaulis L. 
forina ezscapa), On remarquera dans cette liste plusieurs plantes qui, alpines 
“un € centre de l'Europe, s’abaissent ici jusqu'à la faible altitude d'environ 
bu mêtres (1), 


(1) Dans le voisinage du même plateau que je viens de traverser, mais sur un point 
du Glyder-Fawr jusqu'ici indéterminé, se trouve la plante que Lloyd ou Llwyd découvrit 
le Premier dans le groupe du Snowdon, et qui fut insérée, en 1696, p. 233 de la 
2° édition du Synops. melhod. stirp. Brit., sous le nom de Bulbosa alpina junvifolia 


384 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Un peu en deçà du Devils Kitchen, vers le bas du plateau, se trouve 
le Llyu-y-Cwn, très-petit lac (son nom signifie lac du Chien), à bords rocail- 
leux et escarpés. M. Babington en fait laborieusement le tour et n’y trouve 
aucune espèce de végétation. Mais, avant d'arriver au lac, à cent pas environ 
de ses bords, nous avions cotoyé un marais inondé de quelque étendue, que le 
guide désigne sous le nom de Zlyn-y-Cwn-bach (ce qui signifie, suivant le 
guide, petit lac du Chien). Nous y revenons après avoir échoué dans notre 
enquête lacustre, et nous y récoltons facilement quelques plantes aquatiques, 
telles que Carex stellulata et ampullacea, Lobelia Dortmanna et Calli- 
triche hamulata Kuetz. (celui-ci trop jeune et sans fleurs). Ce n’est pas ce que 
nous cherchons ; il nous faut un /soêtes, et le fond limoneux de l'étang 
semble fait exprès pour cette forme végétale, Nous sommes quatre, y compris 
le guide, déjà formé à cette pêche, et, chacun de notre côté, nous fouillons 
avec anxiété tous les recoins du marais. Mais en vain, aucun /soëtes n’appa- 
raît, et, en désespoir de cause, trois d’entre nous s’éloignent, reprenant le 
chemin du logis avec un profond sentiment de tristesse. M. Babington, 
seul, reste en arrière, et nous étions déjà à distance, presque hors de vue 
pour mes yeux, lorsque mes deux compagnons signalent un mouchoir qui, 
des bords de l'étang, s’agite au sommet d'un bâton, C'était bon signe, et 
nous sûmes en effet bientôt que M. Babington avait fini par atteindre quelques 
rares échantillons d’/soûtes, lesquels se trouvèrent tous appartenir à l’echi- 


pericarpio unico ereclo in summo cauliculo dodrantali, et qui fut reproduite par Dillen 
sous le même nom, p. 374 de la 3° édition du même ouvrage (ann. 1724), avec 
addition d’une figure. Cette plante, nommée Anthericum serotinum par Linné, a été, 
plus tard, élevée au rang de genre par Salisbury, sous le nom de Lloydia, sans doute du 
nom de son inventeur, et elle est aujourd’hui connue sous le nom de Lloydia serolina. 
Je dois à la libéralité de M. John Ball un échantillon de cette plante, qui avait été 
récolté par M. W. William sur le Glyder-Fawr, en juin 1850. Je n’ai pu la retrouver 
dans le groupe même du Snowdon, où pourtant les auteurs, et Lloyd lui-même, lui 
assignent plusieurs localités. Le nom de Lloyd ou Llwyd revient à toutes les pages du 
Synops. methodca, dès la 1!° édition, pour des plantes galioises, et il est évident que 
si Lloyd n’est pas le premier explorateur botanique du pays de Galles, il en a été au 
moins un des premiers et des plus actifs. Aussi est-ce à bonne raison que Salisbury a 
voulu lui consacrer un nom générique , lequel restera au moins comme synonyme - 
L’à-propos était ici d’autant mieux établi que c'était sans doute un Gallois à qui l'auteur 
dédiait une plante galloise. Le nom de Lloyd ou Llwyd est trop gallois par le luxe drs 
consonnes pour qu'il n’ait pas appartenu à un personnage d’origine celtique, sur quoi 
je n’ai pourtant aucun renseignement. 

Ce n’est pas ici le lieu de parler des caractères génériques du Zloydia, ni de ses 
affinités. Mais je crois être utile à mes lecteurs en leur signalant trois petits mémoires 
qui ont été publiés dans ces derniers temps sur la structure bulbaire du Lloydia serotina. 
Voir Wydier, in Flora, Regensb. bot. Zeit., 1859, p. 33-36 ; Michalet, in Bull. Soc. bol. 
de Fr., NII, 1860, p. 676-679; Irmisch, in Ber lin. bot. Zeit. 1863, p. 461-164, et 
p. 169- 173, tab. 6, avec 29 figures analytiques. De ce dernier travail, il résulterait 
non-seulement que le L. serotina est tout à fait identique au Gagea pour la structure 
du bulbe, mais que les fleurs même des deux genres n’offrent aucune différence 
notable, et que, par conséquent, le Lloydia devra, selon toute apparence, être réuni au 
Gagea. 


SÉANCE DU 12 JuIN 1863. 585 


nospora, comme ceux que M. W. Wilson avait, en 1828, récoltés au même 
lieu. J'eus trois de ces échantillons pour ma part. Deux fois depuis, j'ai 
envoyé le guide sur les lieux, et la première fois (22 août) il m’a rapporté un 
échantillon de plus, un seul, pour me charmer la seconde fois (1° octobre) 
par onze échantillons, ni plus ni moins. ‘Tous ces échantillons appartenaient 
sans aucun doute à l’Z. echinospora, et aucun d’eux ne pouvait être confondu 
avec l’Z. lacustris, lequel, par conséquent, doit être, jusqu’à nouvel ordre, 
tenu pour étranger au Llyn-y-Cwn-bach. 

Le retour se fit par la même ligne, sans chemin ni sentier aucun, et les 
difficuliés qu'avait présentées la montée se retrouvèrent à la descente, en 
sens inverse. Impossible de me tenir sur ma bête; je fus obligé de descen- 
dre, et ne pouvant même user de mes jambes qui étaient devenues presque 
paralysées, je fus réduit à descendre sur mon dos (resupinus) les mêmes 
pentes rapides de la montagne , sur lesquelles, à la montée, j'avais été traîné 
par mon cheval armé d’une longue courroie, C’est la même manœuvre qui, 
l'année précédente, m'avait tiré d’un très-mauvais pas dans la gorge de 
l'Enfer, au Mont-Dore (£xcurs. Lot. extr. p. 31): C'est après avoir usé 
longtemps, trop longtemps de ce moyen de locomotion, que je parvins enfin 
àune partie inférieure de la montagne, où la pente moins abrupte me permit 
de reprendre la position verticale. J'arrivai ainsi jusqu’au bas de la 
rampe, où un ravin étroit et profond me fournit le moyen de remonter sur 
ma bête, introduite à force d'art dans ce défilé, après avoir recueilli quelques 
plantes dans le voisinage par les mains de mes compagnons de voyage, plus 
libres que les miennes (Polytrichum aloides Hedw., Aspidium Oreopteris 
Sw. et Meconopsis cambrica Nig.) et après avoir traversé un essaim de 
jeunes Galloises occupées à la fenaison, qui me frappèrent par la propreté de 
leur mise et surtout par la crinoline dont leurs jupons étaient armés. (Quoi ! 
à Llanberis, et dans les gorges même du sauvage Snowdon!) Une demi-heure 
après, je mettais pied à terre dans la cour de mon hôtel, en poussant un grand 
ouf ! qui fit rire mon hôte, accouru pour assister à cette descente de croix 
et s’y rendre utile, s’il était possible. Riez aussi, si cela vous plaît, cher lec- 
teur, mais ne dites pas que je m'épargne lorsqu'il s'agit d'ajouter quelque 
fait à l’histoire des /soëtes. 

J'avais accompli cette rude expédition dans la journée du 15 août ; le lende- 
Main, pendant que je me reposais de mes fatigues, MM. Babington et New- 
bould employaient leurs jambes infatigables à explorer le Zlyn-Dwythwch, 
ce lac peu éloigné, à l’ouest du Elyn-Padarn (et d'environ 335 mètres 
d'altitude seulement), d'où sort un ruisseau (Afon-Uch) qui, grossi plus bas 
par un affluent, devient la rivière, sans nom connu de moi, qui, après avoir 
fourni la belle cascade située au-dessus du Dolbadarn-Hill, va se jeter dans le 
Llyn-Peris, après avoir longé le pied septentrional de cette colline. Ces mes- 
sieurs me rapportèrent de là, c’est-à-dire du lac Dwythwch: Carez ampul- 


386 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


lacea (déjà trouvé an Liyn-y-Cwn), Abama -ossifraga DC., Sparganium 
natans L. (S, affine Schnizl.), Callitriche hamulata Kuetz. (déjà trouvé au 
Llyn-y-Cwn, mais ici pour la première fois bien fructifié), et enfin /soëtes 
lacustris avec sa variété falcata, et avec l'avis que Zobelia Dortmanna et 
Subularia aqguatica croissaient là aussi dans les mêmes eaux. — Mon guide 
est allé deux fois depuis au Llyn-Dwythwch, à la recherche des /soûtes (21 et 
26 août), et il m'a rapporté encore les deux mêmes formes de l’/soëtes lacus- 
tris, sans mélange d’echinospora, d'où résulte l'apparence que cette dernière 
espèce manque dans le lac en question, tandis que l’Z. lacustris paraît man- 
quer dans le Lliyn-y-Cwn. Un seul fait nouveau résultait de ces deux dernières 
explorations, c'est que le Zittorella lacustris croît là pêle-mêle avec l’/soëtes, 
mais dans un état inondé et stérile, où l'espèce n’est reconnaissable que par 
l'anatomie des feuilles. IL est bien probable que la même plante, dans le 
même état d’imperfection, vit en société des Zsoëtes dans plusieurs lacs du 
pays, et notamment dans le Llyu-Padarn, où pourtant je n'ai pas su la recon- 
naître, 

Nous attendions depuis quatre jours un moment favorable pour monter au 
Snowdon, notre proche voisin, que la plaie ou des nuages tenaient constam- 
ment voilé, Ce jour se présenta enfin le 18 août. Le ciel était découvert, l'air 
caline et suffisamment échauffé par le soleil, et nous résolâmes de profiter 
immédiatement de cette heureuse circonstance qui pouvait ne pas se repré- 
senter de sitôt. Il faut à peine deux heures pour monter au Snowdon, à pied 
ou à cheval, et ici le cheval remplit mieux qu’à la montée du Llyn-y-Cwn 
son office de porteur, parce qu'ici le passage fréquent des touristes lui a 
ménagé un large sentier frayé qui suit naturellement, à côté des précipices, 
les lignes les moins abruptes de la montagne, et c'est pour cela que 
le Snowdon était aujourd'hui abordable pour moi, quoique absolument 
impraticable à mes vieilles jambes. C'est tout au bas de cette montée, là où 
elle touche à la forêt de Mélèzes, que je rencontrai quelques pieds de l'Ulex 
Gallii? que j'ai énuméré plus haut parmi les plantes naturelles du fond de 
la vallée. Un peu plus loin, dans le tiers inférieur de la montée, je pus cueillir 
encore: Polytrichum aloides Hedw. (déjà vu sur le chemin du Elyn-Y- 
Cwn), Dicranum heteromallum Hedw. (étroitement mêlé avec le Polytri- 
chum), et Juncus conglomeratus. Au délà, plus rien de végétal qui puisse 
appeler l'attention ; c’est l’aridité la plus complète, pire même que celle du 
plateau du Liyn-y-Cwn, et telle qu'on pourrait croire que cent moutons de la 
petite race galloise seraient de trop pour la dépaissance d’une lieue carrée de 
ce lerrain si âpre et si confusément déchiré (c’est à peine si j'en ai aperçu 
une demi-douzaine pendant toute la durée de mon ascension). Après le pre- 
miér tiers, on laisse à droite, dans un profond encaissement et à côté d’une 
mine de cuivre, le Llyn-du‘r-Arddu (signifiant en gallois, Ze plus noir des 
lacs noirs), qu'encaïssent de la manière la plus formidable les rochers à pic 


SÉANCE DU 12 jJuIN 1868. 387 


de la montagne voisine, et qui paraît, sous tous les rapports, mériter parfai- 
tement son nom. On traverse le second tiers par une rampe abrupte et 
sablonneuse, dont le sol paraît être composé de sables porphyriques, pour 
arriver à une croupe nommée Crib-y-Ddysqyl, c'est-à-dire la dent du plat 
ou de l’écuelle. De ce point, l’œil plonge, à gauche, dans les profondeurs du 
Cwm-Llydaw, cirque immense, dont le fond touche presque au niveau de 
la vallée supérieure de Llanberis. Les parois de ce cirque sont presque à pic 
et semblent absolument impraticables à l’homme, La nécessité a pourtant 
ouvert au milieu de ces précipices une sorte de sentier, au moyen duquel les 
intrépides du Llanberis supérieur peuvent monter au Snowdon, après avoir 
joint le Crib-y-Ddysgyl, même à dos de poney, ce que j'ai vu de mes 
propres yeux. Bientôt après la croupe dont je viens de parler, on trouve la 
dernière eau coulante de la montagne, sous la forme d’une fistule qui peut 
remplir un verre d’eau par minute. Tout à côté sont les ruines d’un bâtiment 
en maçonnerie, qui servait jadis à abriter les chevaux, pour qui le reste de 
la montagne était impraticable, Aujourd’hui, moyennant quelques corrections 
faites au sentier, c’est à cheval, sans avoir un seul instant quitté ma bête, 
que bientôt j'arrive au sommet du pic le plus élevé du Snowdon, après avoir 
escaladé un cône terminal haut et abrupt, qui paraît être composé tout 
entier de rochers et de sables porphyriques, fait remarquable dans un massif 
d'ailleurs presque uniquement schisteux. 

Le sommet du Snowdon est connu des indigènes sous le nom de Wyddfa, 
ce qui signifie éminence (et avec l’article y, l’éminent, the conspicuous). 
C’est un petit plateau inégal et raboteux, de 6 ou 7 mètres de diamètre, sur 
lequel on a établi plusieurs humbles et méchantes baraques, occupées par 
des marchands de comestibles, sous le toit desquelles quelques personnes pour- 
raient au besoin trouver un abri contre l'orage où même un gîte plus que rus- 
tique pour la nuit, Ces industriels campent là, comme je l’ai déjà dit, du 
15 mai jusqu'au 15 octobre, époque à laquelle les neiges devenues perma- 
nentes rendent le sommet de la montagne tout à fait inhabitable. La présence 
de ces cantines montre bien quelle affluence de curieux attire ce point cul- 
Minant, véritable observatoire d’où l’on découvre un vaste horizon, tant sur 
la mer voisine que sur l’ensemble des montagnes du North-Wales, avec 
leurs petits lacs presque innombrables. Le 18 août, nous nous sommes 
trouvés là avec une vingtaine de ces touristes, et, après être rentré le soir au 
logis, j'ai calculé qu'on pouvait, sans exagérer, porter à cent le nombre 
des curieux, hommes, femmes et enfants, qui avaient fait ce jour-là la même 
ascension. 

Ce n’était point une vaine curiosité qui m'amenait, moi, au sommet du 
Snowdon, mais bien la curiosité scientifique de savoir quelle pouvait être 
la végétation . d'un point culminant, situé sous 53°, 45! de latitude, à 
1088 mètres d'altitude au-dessus du niveau de la mer. Nons étions quatre 


388 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

pour procéder à cette enquête, y compris le guide, mais ce dernier avait à 
s'occuper de son poney, et moi, j'étais si peu ferme sur mes jambes que 
j'eus bien de la peine à faire quelques vingtaines de pas sur la pente très- 
abrupte où commence le sentier qui conduit au sud, du côté de Beddgelert. 
Aussi est-ce à MM, Babington et Newbould que je dois la presque totalité 
des plantes, d’ailleurs en très-petit nombre ct toujours chétives, que j ai pu 
rapporter de ce lieu, récoltées par eux, dans un laps de temps de deux 
heures au plus, sur les points les moins impraticables du cône terminal, et 
cela presque en cachette, vu l'intérêt qu'ont les cantiniers à connaître les 
plantes rares de ce lieu pour les indiquer ou les vendre aux étrangers, 
tous, même les plus ignorants, possédés de la manie d’emporter quelques 
fleurs de ce point cuhninant, qu'ils ont si laborieusement atteint. Ces 
plantes sont les suivantes : /Æhacomitrium aciculare Brid. (figuré par 
Dillen, tab. 46, fig. 25, et cité par lui : « prope Llanberis in Arvonia super 
saxa », Hist, Muse, 1741, p. 366), Polytrichum alpinum L., Poa alpina 
vivipara, Festuca vivipara Smith (exactement le même qu’au pied de la 
montagne, et toujours invariablement prolifère), #. rubra vivipara, Aira 
flezuosa L.. (très-humble), Salix herbacea L. (à peine reconnaissable), Poly- 
gonum viviparum L. (un seul très-maigre échantillon), Saussurea alpina DC. 
(seulement les feuilles radicales); Galium saxatile L. (le même qu'au bord 
du Llyn-Padarn), Saxifraga oppositifolia L., S. stellaris L., et S. nivalis L. 
(tous les trois en échantillons uniques et chétifs, le dernier particulière- 
ment boréal, et ne se trouvant dans l’Europe centrale qu'en une seule loca- 
lité du Riesengebirge), Saxifraga hypnoides L. (1), Alsine verna Jacq, 
Cerastium triviale Link (cette plante qui suit volontiers l'homme européen 
partout, presque aussi fidèlement que le Chenopodium Bonus Henricus 
et le 7araxacum officinale), Cerastium latifolium XL. et Thalictrum 


(1) La plante dont il s’agit ici appartient au groupe de formes que Smith a autrefois 
représentées dans l'English Botany, sous les noms de Saæifraga platypelala (tab. 2276, 
une plante du Snowdon, la même exactement que j'ai rapportée de cette montagne), 
S. elongata (tab. 2277, plante d'Écosse) et S. hirta (tab. 2291, plante d'Écosse et 
d'Irlande). Ces trois plantes rentrent indubitablement dans la forme plus générale, qui 
a reçu le nom de S, sponhemica (Gmel. FI, bad. M, p. 224, tab. 9), dont j'ai sous les 
yeux des échantillons provenant de Belgique, du Palatinat du Rhin, et du Jura français. 
Ceite forme doit, sans doute, êlre comprise dans le S. hypnoides, mais elle diffère 
beaucoup, au premier aspect, de celle plus méridionale (France méridionale, y compris 
l'Auvergne , et Espagne), que l’on prend anjourd’hui pour le type de l’espèce (S. hypnoides 
æ gemmifera DC. Prodr. IV, p. 31). Elle s'en distingue, en effet, par ses rameaux plus 
lâches, plus allongés, plus diffus, plus mollement herbacés, par ses feuilles plus écartées, 
plus larges et toujours lobées, surtout par ses ramules développés, non étroitement 
imbriqués en un bourgeon scarieux qui fournira les innovations de l’année suivante, 
caractères d’où résulte un port très-différent. En voyant ces extrêmes, on croirait le S. 
sponhemica spécifiquement très-distinct du S. hypnoides «. Mais l'Écosse, la Belgique et 
le Palatinat fournissent des formes intermédiaires, qu’on retrouve même dans l'hypnoides 
a cultivé, et je partage pleinement l'avis des auteurs qui regardent toules €es formes 
comme appartenant à une seule et même espèce. 


SÉANCE DU 12 juin 1865. 389 


alpinum L. (un seul échantillon, sans fleurs ni fruits, et presque mé- 
connaissable). A quoi on doit ajouter le Æhodiola rosea L. et l’'Armeria 
maritima B pubescens Bab., que j'ai vus cultivés par les cantiniers autour 
de leurs baraques, et que je dois supposer provenir du voisinage immédiat 
(on verra tout à l'heure que l’une et l'autre plante viennent spontanément un 
peu plus bas, dans le même groupe du Snowdon). — En tout, 20 espèces 
de plantes, qui toutes, moins une (Saxifraga nivalis), se retrouvent en 
France, et qui toutes aussi, moins quatre ( f'estuca rubra, Aira flexuosa, 
Galium saxzatile et C'erastium. triviale), ne croissent chez nous qu’à des 
altitudes fort supérieures, souvent doubles ou presque doubles. Effet remar- 
quable, mais naturel de la latitude! On sait que le même phénomène se 
présente également en Écosse, avec addition de quelques plantes encore plus 
boréales (1). 

Gravir à cheval le mont Snowdon avait été chose possible, grâce au sentier 
frayé qui régularisait la marche de la bête. La descente ne m'offrait en reyan- 
che pas moins de difficultés qu’au Llyn-y-Cwn, et pour la même raison, 
Mais il y avait ici sentier battu, et le vicillard pouvait plus aisément s'y 
tenir debout, moyennant l'appui d’un bâton. Je fis donc à pied, sans trop 
de peine, une bonne partie de la route, et c’est au tiers inférieur seulement 
que, la pente étant devenue moins rapide, je pus me remettre en selle et m'y 
trouver en sûreté. 

M. Babington nous avait quittés en chemin, pour faire une pointe sur 
le Liyn-du’r-Arddu, ce lac profondément encaissé, qu’à la montée nous 
avions laissé à notre droite. Il vint nous rejoindre peu de temps après, 
portant son petit bouquet composé de : Carex flava var. rectirostra Gaud., 
Armeria maritima (GB pubescens Bab., Solidago Virgaurea y cambriea 
Smith (S. cambrica Huds.), Rhodiola rosea L. (femina), et Arabis petræa 
Lam. — L'Armeria maritima ( pubescens (A. pubescens Link, Boiss. in 
DC. Prodr.), la plante de nos rochers maritimes, s’élevant par Du’r-Arddu 
jusqu’au sommet du Snowdon, cela mérite d’être remarqué. — La plante 
qui vient ensuite est une variété plus humble du Solidago Virgaurea, telle 
qu'on la trouve fréquemment en France, dans la région subalpine. Elle a été 
très-anciennement signalée au mont Glyder, voisin du Snowdon, sous le nom 
de Virga aurea montana etc., dans Synops. meth. stirp. brit., ed. 2°, 
1696, p. 81, n° 3; ed. 3°, 1724, p. 177, n° 4, et dans une lettre de Dille- 


(1) M. Babington m'écrit que je puis ajouter au catalogue des plantes du sommet du 
Snowdon les espèces suivantes, qu’il y a lui-même observées : Carex rigida Good., 
C. atrata L., Oxyria digyna Cambd., Epilobium alpinum L., Saxifraga hypnoides L., 
Rubus saxatilis L., Silene acaulis L., Cerastium alpinum L., Arabis petræa Lam., 

raba incana L. et Cochlearia officinalis alpina. — Les deux plantes que je n'y ai vues 
que cultivées (Armeria maritima B pubescens et Rhodiola rosea) sont aussi, pour 
+ Babington, des espèces parfaitement spontanées dans cette localité. 


390 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nius à R. Richardson, en date du 8 octobre 4726, imprimée dans Smith’s 
A select. of the corresp. of Linn. and oth. natur. 11, 4824, p. 441, — 
J'ai rapporté le Æ#hodiola vivant à Paris; je le cultive en ce moment sur ma 
fenêtre, où il a fleuri (fleurs purement femelles, sans aucune trace d'éta- 
mines) et où il se montre parfaitement semblable au ÆA. rosea des Alpes 
suisses et des Pyrénées (1). — Quant à l'Arabis petræa, c'est encore une 
plante depuis longtemps signalée comme galloise, sous le nom de Vasturtium 
petræum Johnsoni, et même comme venant au Clogwyn-du-y-yr-Ardhu, 
ce qui est probablement identique avec le Du’r-Arddu de nos jours (Synops. 
meth. ed. 2°, p. 174, ed. 3*, p. 300). Indépendamment du pays de Galles, 
elle a encore pour patrie l'Écosse, la presqu'île Scandinave et l’Allemagne 
orientale, mais jé ne la connais pas en France, où elle a pourtant été indiquée 
en Auvergne et dans les Pyrénées (DC. Syst. II, 1821, p. 230) (2). — Ces 
cinq plantes avaient été prises par M. Babington sur les rochers qui enca- 
drent du côté sud le Liyn-du’r-Arddu, lac dont M. Ramsay (in /#tt.) estime 
l'altitude à environ 4900 pieds, c'est-à-dire 579 mètres (509 mètres au-dessous 
de la sommité du Snowdon, 4795 mètres au-dessus du Llyn-Padarn). — Point 
d'/soètes dans le Llyn-du’r-Arddu ; il paraît que sa profondeur et la nature 
de son fond, d'ailleurs encadré de rochers à pic, peut-être aussi la proximité 
d'une mine de cuivre, sont des conditions contraires à l'existence de ce genre 
de plantes. 

Un lac de la même contrée, le Phynon-vrêch (que, plus tard, on a aussi écrit 
Æfynnon-frech), avait été, comme:on l’a vu plus haut, le berceau du genre 
1soètes, la première localité où une forme de ce genre eût été signalée à la 
surface de notre globe, et c’est à un Anglais, nommé Lloyd, plus tard Liwyd, 
que revenait l'honneur de cette découverte, C'était aussi la principale localité 
galloise où Dillen avait depuis indiqué son C'alamaria folio breviore et cras- 
siore, une des formes de notre /soètes lacustris d'aujourd'hui. Je ne pouvais 
laisser ce lac inexploré, mais il n’était point accessible à cheval, et quant à 
mes jambes, elles avaient été. jugées absolument incapables d'atteindre 
ce but, Heureusement, M. Babington était là, avec ses jarrets infatigables 
et une récente expérience des lieux gagnée en 1860; il voulut bien me 


(1) Folia glauca, apice denticulata, inferiora late obovata, superiora angustiora, 
lingulata, Sexus feminei flores 5- sæpius 4-meri. Sepala petalaque æquilonga simulque 
conformia, hæc et illa linearia, acutiuscula, carnosula, viridia vel purpureo-lincta- 
Filamentorum vestigia nulla. Glandulæ hypogynæ sepalis oppositæ eaque fere dimidia 
longæ, tetragono-oblongæ, pulchre aurantiacæ, apice retusæ vel emarginatæ. Ovaria ©, 
sæpius À, calycem fere duplum longa, parum divergentia, e viridi pallide flava (ex planta 
arvonica viva). - gi de 

(2) Dillen, qui l’a figurée sous le nom de Cardamine petræa cambrica Naslurtt folio, 
ne lui connaissait que trois localités dans le North-Wales, une dans le Merionethshire et 
deux dans le Caërnarvonshire, au nombre desquelles le même Clogwyn-du-y-y r-Ardhu 
(sous la forme Glogwyn-du-yyr-Ardhu) dont il s’agit ici. Voy. Dil. Hort. ellham, 
1732, p. 70, tab. 71. 


SÉANCE DU 12 JuIN 1863. 391 
suppléer pour celte éxpédition fatigante, mais peu lointaine, puisqu'elle 


fut accomplie en six heures, aller et retour. Il se mit. done eû route 


le 19 août, accompagné du guide qui nous avait conduits dans nos pré- 
cédentes excursions, et je résume ainsi qu’il suit les notes qu’il a bien voulu 
me fournir sur la route qui conduit à Phynon-vrêch, sur la nature des lieux 
et sur les plantes qu'on y trouve. On s’y rend par la route de poste qui 
remonte la vallée supérieure de Llanberis et on s'arrête à une maison mar- 
quée sur l’Ordnance-map, sous le nom de Zlean-y-Nant. On tourne ensuite à 
droite, et le premier obstacle qu’on rencontre en montant c’est la moraine 
d'un ancien glacier, qu'il faut d'abord traverser (1). Après vient un pre- 
mier cirque d’une grandeur imposante, d’où l’on passe, après une escalade 
des plus rudes et des plus difficiles, à un second cirque qui a nom Cwm-Glas, 
et dont la sauvage grandeur est également d’une rare magnificence. Là, se 
trouve un premier lac, celui que nous cherchons, le Phynon-vréch, et, à un 
étage peu supérieur, mais difficilement abordable aux meilleurs piétons, un 
second et dernier très-petit lac, qui a reçu le nom de PAynon- Velan (ce der- 
nier mot prononcé Vélain). Là, on se trouve à 2200 ou 2300 pieds d’alti- 
tude (670 à 700 mètres), sur le versant oriental du Snowdon, et dominé 
par des parois à pic qui aboutissent supérieurement au Crib-y-Ddysgyl (une 
des parties les plus élevées du Snowdon), formant ainsi un abîme de 1271 à 
1371 pieds de profondeur verticale. Au fond de ce cirque et sur les rochers 
les moins inabordables qui forment son encaissement, croissent les plantes 
suivantes, au nombre desquelles je comprends quelques espèces qui m'ont 
été rapportées quelques jours plus tard (23 août) par mon guide, renvoyé au 
même lieu pour y faire une nouvelle récolte d’/soëtes. Les plantes rapportées 
du Cwm-Glas le 49 et.le 23 août sont donc: Polypodium Phegopteris L. 
(fructifié), Polyp. Dryopteris L., Lastrea dilatata Presl, C'ystopteris fra- 
gilis Bernh., Asplenium Trichomanes L. et viride Huds., Selaginella spinu- 
losa À. Braun (Lycopodium selaginoides L,, déjà vu au Llyn-y-Gwn), Poa 
alpina vivipara, Poa nemoralis L., Festuca vivipara Smith (toujours le même 
ettoujours prolifère), Armeria maritima B pubescens (le même qu'au Snowdon 
etau Llyn-du’r-Arddu), Æhinanthus Crista galli L. (Rk. minor Ehrh.), Pe- 
dicularis silvatica L., Vaccinium Myrtillus L., Alsine verna Barll., Draba 
incana G Smith Ængi. F1, forme allongée, torueuse et à collet très-rameux, 
qui, après avoir été découverte par Lloyd sur des rochers de la vallée Nant- 
Francon, fut. peu de temps après retrouvée par R. Richardson : « in rapibus 
bumidis Painon vellan imminentibus », c’est-à-dire dans le lieu même qui 
m'occupe ici (voÿ. Synôps. meth.: stirp. brit. ed 5°, 1724, p. 292, n° 2), 
Cochlearia officinatis y Smith Ængl. F1. (auquel l'auteur rapporte le Coch- 


(1) Voyez le paysage de cette moraine dans Ramsay's Old glaciers, 1860, p. 50. La 
Maison Blean-y-Nant y est indiquée. 


392 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


learian° 2 du Synops. meth, ed, 3°,p. 362, qui avait été pareillement récolté : 
par R. Richardson : « on the mountains of Wales, etc. », forme pour moi dou- 

teuse et qui ressemble beaucoup au vrai €. danica), Thalictrum minus L. (que, 

malgré son étrange localité, je ne sais pas distinguer de la plante homonyme 

de notre bois de Boulogne), et Æanunculus acris? (un nain d’à peine deux 

pouces de haut, en y comprenant la racine, et qui, sans fruit, avec sa fleur 
unique, ve saurait être déterminé avec certitude; c’est très-probablement la 

forme dont Smith parle (Brit. FT. III, p. 52), qui, apportée du Snowdon 

par le docteur Turner, est, après une seule année de culture, revenue à la 

forme normale du Æ. acris).— En tout et en deux voyages : 19 plantes seu- 
lement, croissant à sec, et pas une de celles qui constituent la végétation exclu- 

sivement alpine du cône terminal du Snowdon ! Pauvre localité! comme le 

sont du reste toutes celles de la même vallée que j'ai pu aborder. Armeria 
marilima G, Draba incana G et Cochlearia officinalis + sont pourtant des 
plantes intéressantes à des titres différents : la première et la troisième 
comme des espèces maritimes internées dans la montagne, à une altitude 
notable an-dessus du niveau de la mer; la seconde comme une espèce boréale, 

qui revêt ici une forme toute particulière. 

Je n'ai garde d'oublier les deux lacs du Cwm-Glas, mais comme ce sont des 
bassins à /soëtes, j'ai dû en faire une mention séparée. Ce sont de très-petits 
lacs à fond pierreux, et c'est sur ce fond insolite que vit en abondance notre 
Isoêtes lacustris, sans mélange de l'echinospora, et, suivant le témoignage 
de M. Babington, en compagnie du Lobelia Dortmanna, du Cellitriche 
hamulata et du Subularix aquatica. V'Isoëtes lacustris est là sous sa forme 
stricte (jamais co:rbée en faacille}et en même temps la plus réduite. Sa taille 
flotte entre 6 et 11 centimètres ; mais je possède d'autres échantillons de la 
même plante, qui ont le minimum de cette taille et qui proviennent des 
localités les plus différentes en altitude : 1° Saint-Pétersbourg, au niveau de 
la mer; 2° lac de Eongemer, dans les Vosges, 746 m.; 3° lac Chauvet, en 
Auvergne, 4166 m.; 4° Estang-d’Aude et Estang-Llacq, dans les Pyrénées - 
Orientales, 2200-2500 m. (la plus haute station connue de l’Z. lacustris à 
sa limite géographique sud). Gérardmer est de toutes les stations continentales 
de la forme la plus naine celle qui se rapproche le plus, pour l'altitude, de 
la localité galloise (Gérardmer, 640 m.; Phynon-vrêch, 685 m.). — Pour 
expliquer quelques-uns des noms gallois contenus dans ce paragraphe et le 
précédent, ajoutons que Zlean-y-Nant signifie entrée de la vallée; Cwm, 
vallée, cirque ou amphithéâtre ; et Cwm-(las, verte vallée; Phynon, source 
où marais. — Je n'ai pas la signification de Vréch ni de Velan. 

(La suite à la prochaine séance.) 


SÉANCE DU 26 JuIN 1863. 393 


SÉANCE DU 26 JUIN 1863. 


PRÉSIDENCE DE M. E. COSSON, 


M. le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la 
séance du 12 juin, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le 
Président proclame l'admission de : 


M. Houzevicue (Jules), propriétaire, rue de Richelieu, 79, à 
Paris, présenté par MM. de Bouis et Duchartre. 


M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. 


Dons faits à la Société: 


4° Par M. J. de Seynes: 
Essai d’une Flore mycologique de la région de Montpellier et du Gard. 


2° De la part de M. l’abbé Chaboisseau : 
De l'étude spécifique du genre Rubus. 


3° De La part de M. A. Viaud-Grand-Marais : 
Biographie de Lubin Impost (Lidener). 
&° De la part de M. V. Personnat : 
L’Abeille de Chamonix, 1863, deux numéros. 
5 De la part de la Société d’Horticulture et de Botanique de 
l'Hérault : 
Annales de cette Société, t. IX, n° 2. 


6° En échange du Bulletin de la Société : 
Schriften der Kænigl. physikalisch-ækonomischen Gesellschaft. zu 
Kœnigsberg, 3° année, 1862, 
Wochenschrift fuer Gærtnerei und Pflansenkunde, 1863, quatre 
numéros. 
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture, mai 1863. 
L'Institut, juin 1863, deux numéros. 


M. le Président annonce la mort de M. Adolphe Borchard (de 
Bordeaux), membre de la Société, décédé, fort jeune encore, le 
23 mars dernier. 

|  j 


394 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Lecture est donnée d’une lettre de M. J. Guilloteaux, qui remercie 
la Société de l'avoir admis au nombre de sés membres. 

M. Boisduval présente à la Société quelques plantes, d’une 
culture difficile, qu’il élève avéc succés. Ce sont les Liparis 
Loœselii, Malaxis paludosa, Sarracenia purpurea et Dionæa 
muscipula. 

Plusieurs membres font remarquer à cette occasion que le Ma- 
laxis paludosa croît au milieu des Sphagnum, tandis que le Liparis 
Lœselii se plaît parmi les Zypnum. 

M. Roñe ajoute que les Drosera rotundifolia et intérmedia vièn- 
nent sur les Shhagnum ét le D. longifolia sur les Hypnum. 

M. Des Étangs (de Bar-sur-Aube) met sous les yeux de la Société 
des échantillons desséchés de Juncus alpinus et de Scrofularia 
Ehrharti, recueillis dans le département de Y'Aube. 


M. J. Gay présente les observations suivantes : 


Les deux plantes que M. Des Étangs vient de nôus montrer ne manquent 
d'intérêt ni l’une ni l’autre. La première réprésenté le Juncus alpinus à 
grande taille, tel qu’il vient dans des plaines, c’est-à-dire la forme exacte 
qui a été décrite par Schreber sous le nom de J. fusco-ater ; mais cette forme 
ne se trouve guère qu’au pied des Alpes, là où elle a pu être entraînée par 
les eaux qui en descendent, au lat dé Constance, par éxemple, à Strasbourg et 
à Carlsruhe, au bord du Rhin, ainsi qu'aux bains dé Lavay, en Valais, au bord 
du Rhône. Ilest donc intéressant de voir cette même plante apparaître au voi- 
sinage de Bar-sur-Aube, c’est-à-dire dans les plaines de la Champagne, et, à 
ce qu'il paraît, sans rapport avéc là rivière d'Aube, qui d’ailleurs ne reçoit ses 
eaux que des plateaux peu élevés du département de la Haute-Maïné. Le 
même fait de la même plante ainsi dépaysée, se reproduit à Berlin (d’après 
des échantillons jadis reçus de feu E. Meyer, le monographe des Joncées) et 
sans doute en beaucoup d’aütres lieux. 

Le Serofularia Ehrharti, trouvé par M. Des Étangs près dé Veñdeuvre, 
entre Troyes et Bar-sur-Aube, a aussi son intérêt, én raison même de cette 
localité, qui ést la plus occidentale où la plante ait èté jusqu'ici observée 
en France, à ma connaissance. Bien différent, en effet, du S. Balbisii, 
avec lequel il à été longtemps confondu sous le nom de S. aguarica, 
et qui remplit toute l'Europe occidentale {îles Britanniques, Belgique, France, 
Espagne, Italie, etc.), le S. £hrharti paraît être une plante orientale qui, à 
partir de l'Oûral, sé propage à travérs la Russie et l’Allemagne, jusqu un 
peu aù delà dû Rhin, entre la chaîne des Alpes et la Séandinavié, laissant 
l'Océan à 100 lieues environ de sa frontière la plus occidentale, MM. Gre 


SÉANCE DU 26 guin 1863. 395 


nier ét Godron l'indiquent en plusieurs localités des départements de 
la Moselle, dé la Meurthe, des Vosges, du Doubs, de l'Isère et de Saône-ét- 
Loire, et je l'ai moi-même cueilli au pied méridional dt Jura, sur totté la 
ligné qui s'étend d'Orbe à Genève. Mais, de toutes ces localités, la plus 
occidentale, la ligne de Mâcon à Chälon-sur-Saône, ne figure sut la carte 
que sotis long. E. 2°,29/ à partir du méridien de Paris, tandis que Vandeuvre 
paraît être situé sous 2°,2, ce qui lui donne 27 minutes dé supériorité 
occidétitale, et c'est principalement en cela que réside pour moi l'intérêt de 
la localité nouvelle que M. Des Étangs vient dé nous signaler. 

Tél étant le rôle géographique du Sérofularia Ehrharti, je dois ajouter 
qüe celle espèce 4, dans les îles de Corse ét de Sardaigne, üne localité dis- 
jointe. La plante corse que Loïseletit à décrite sous le nom de S. oblongtfolia, 
ét la plate sarde que M. Moris à mentionnée plus tard sous le nom de 
S.rivularis,ñe sont pour moi qu'une forme du S. Æhrharti à fleurs un peu 
plus petites, sans ancuñe autre différence appréciable. M. Moris à depüis 
rapporté sa plante au S. aguatica (F1. sard. TI, 1858, p. 187), en qi il 
révient implicitémeént à mon avis, attendu qüé son 8. agualica est satis dotite 
le même qtié le S. Æhrharti des autèürs moderties, de même que son S. 
aüriculata (1 €, p. 188) est synonyme du S. Balbisit Hortem. ét Koch. 


M. 3, Gay met ensuite sous les yeux de la Société une tige stolo- 

niforme d'Arundo Phragmites, longue de 6 mètres 70 centimètres 
(portant vingt nœuds, dont aucun n'avait encore été solidement 
enraciné), et qui lui a été envoyée de Montpellier par M. Ch. Mar- 
tins. 11 donne lecture de l'extrait suivant de la lettre qui accom- 
pagnait cet envoi : 


LETTRE DE M. Ch. MARTIENS À M, J. GAY. 


L 3 
Moftpellier, 20 join 1863. 


«... J'ai fait hier une belle herborisation avec MM. Barrandon, Roux et 
Roudier, sur les dunes, de Pérols à Maguelonne. Le nombre d’espèces que 
nous avons trouvées est incroyable. Ma topographie botanique se dessine : 
voici la liste des plantes les plus communes et les plus caractéristiques : 

1° Dunes mouvantes près de la mer: Psamma arenaria, Eryngium 
Maritimum, Echinophora spinosa, Medicago marina. 

2° Dunes plus basses, présque fixes : Z'eucrium Polium, Malcolmia lit: 
forea, Helichrysum Stæchas, Anthemis maritima, Cakile maritima, 
Pancratium maritimum, etc. 

3° Plan du cordon littoral derrière les dunes, Parties sèches : Scabiosa 
Maritima, Daucus maritimus, Silene italica, Ononis Natriz, Scolymus 


396. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


hispanicus, Hypochæris radicata. — Dépressions humides : Schænus nigri- 
cans, Dorycnium decumbens Jord., Orchis palustris, O, fragrans, Scirpus 
Holoschænus, Erythræa sp., Tetragonolobus siliquosus,. Chlora imper- 
foliata, Plantago crassifolia, Statice serotina, Althæa officinalis, Juncus 
maritimus. 

L° Au bord du marais salant : Salicornia fruticosa, Suæda fruticosa, Sal, 
sola Soda, Inula crithmoides, Obione portulacoides, etc. 

Ne voyez-vous pas d’ici ce paysage botanique, dont je ne vous trace qu'une 
esquisse ? Les stations sont d’une fixité remarquable ; les végétaux des dunes 
mobiles n'arrivent sur le plan postérieur que par des coups de mer qui y 
portent. à la fois des galets, des coquilles, du sel et les graines des plantes. 
J'espère développer tout cela dans un mémoire sur ce sujet. 

Nous avons trouvé aussi un phénomène de végétation bien singulier. Ce 
sont des pieds d’Arundo Phragmites produisant un ou plusieurs rameaux 
stoloniformes de 5 à 8 mètres de longueur, couchés sur le sol, mais émettant 
de nœud en nœud, au contact de la terre humide, des racines et une. tige 
étiolée qui s'enfonce dans le sol comme un clou. Pendant l'hiver, les 
entre-nœuds du stolon se détruisent, et l’on trouve au printemps une 
série de pieds d'Arundo Phragmites séparés et disposés sur uue ligne droite. 
Avez-vous vu et connaissez-vous quelque chose de semblable ? J'ai observé 
le même phénomène sur le Velumbium speciosum. Je soupçonne que, par 
suite de circonstances spéciales que j'éluciderai, la plante pousse au-dessus de 
la terre les stolons qu’elle pousse ordinairement sous terre, un stolon n'étant 
qu’une souche épigée. 


M. Des Étangs dit qu’il a vu de longs stolons d'Arundo Phrag- 
mites se développer à la surface de l’eau. 

M. Cosson ajoute qu’il a trouvé la même forme traçante d’Arundo 
Phragmites près d'Avignon, sur les sables de la Durance, et tou- 
jours sans fleurs. — À cette occasion, M. Cosson fait aussi remar- 
quer que, sur quelques points du littoral, certaines espèces se 
groupent en bande étroite au bord de la mer. Ainsi, à Fouras près 
la Rochelle, il a vu le Lithospermum apulum former un ruban 
presque continu sur le rivage. 

M. Ramond est d’avis que, dans le nord de la France, la mer 
exerce plutôt une action générale sur le climat qu’une action locale 
sur la végétation. Il lui a paru, en particulier, que, dans le départe- 
ment de la Seine-Inférieure, on ne trouve la végétation maritime que 
là où le sol est imprégné d’eau salée. Dans les vallées, les plantes 
maritimes peuvent remonter ainsi à une assez grande distance du 
rivage; mais, sur les falaises, dont le pied est battu par la mer, ! il 


SÉANCE DU 26 JuiN 1863. 397 


ne vient habituellement que des plantes semblables à celles de 
Yintérieur. Dans les éboulements qui forment:les basses falaises, 
ces plantes croissent jusqu’à la limite des hautes eaux. 


M. Cosson met sous les yeux de la Société des échantillons 
d’une espèce nouvelle pour la flore de France, le Sisymbrium 
nanum DC., découverte dans les sables maritimes près d’Agde 
(Hérault), par M. le docteur Théveneau, et fait la communication 
suivante : 


NOTE SUR LE SISYMBRIUM NANUM -DC., par M, E, COSSON. 


SISYMBRIUM NANUM DC. Syst. II, 486, et Prodr. I, 195; Ledeb. 71. ross. 
1, 181. — Zesperis orientalis maritima, Leucoii folio incano, flore 
minimo Tourn. Coroll. Inst. herb. 16 (sec. cl. Jaub. et Spach Z{lustr. pl. 
or. HE, 147), — 71. galatica maritima, Leucoii folio!incano, flore minimo 
Tourn. herb. — H. ramosissima Desf. Cat. Hort. par. (sec. cell: Jaub. 
et Spach, loc. cit.) non F7. atl. quæ planta omnino aliena ; DC. Syst. H, 
155, et Prodr. 1,189 ex parte quoad plantam Tournefortianam e Galatia, 
— Cheiranthus nanus Merk ined. sec. Stev. in litt. ad DC.; herb. Willd. 
n. 12109sec. Ledeb. — Sisymbrium binerve G.-A. Mey. Enum. pl. Cauc. 
189 monente Ledeb. loc. cit. 481 et in add. et emend. 760; Hohenack. 
Enum. pl. Talysch in Bull. Soc. imp. nat. Mosc.. VI, 316; Jaub. et 

-Spach ZlUustr. pl. or. XI, 147, t. 298 (descr. et ic. optimæ). 

Planta annua, Malcolmiæ parvifloræ facie, radice gracili descendente, tota 
pube stellata molli brevi induta plerumque cinereo-velutina. Caulis 3-10 
Centim. rarius 40-45 centim. longus, in speciminibus exiguis subsimplex 
erectus, in vegetioribus a basi ramosus ramis ascendentibus vel .diffuso- 
ascendentibus caulem sæpius superantibus. Folia sparsa infima tamenu plus 
Minus conferta, omnino exauriculata, obtusa, crassiuscula, uninervia, éntegra, 
denticulata, sinuato-dentata vel subpinnatifida dentibus lobisve obtusis- 
simis ; radicalia et infima petiolata, obovata vel oblongo-spathulata; caulina 
inferne attenuata sessilia, oblonga, lanceolato-oblonga vel lineari-spathulata. 
Flores parvi, apice caulis et ramoram axillarium in racemum corymbiformem 
aphyllum conferti, siliquis longe superati, Pedicelli floriferi ealycem sub- 
æquantes vel longiores, suberecti, fructiferi 4-6 millim. longi plus mious 
incrassati erecto-patentes vel interdum suberecti. Calyx sub anthesi erectus, 
sepalis herbaceis vel purpurascentibus, margine membranaceis, lateralibus 
subsaccatis. Corolla purpureo-lilacina, calycem duplum subæquans, petalis 
longe unguiculatis limbo obovato vel oblongo-obovato apice rotundato vel 
obsolete retuso. Staminum filamenta compresso submembranacea, edentula. 
Glandulæ hypogynæ 2, minimæ, rotundatæ vel emarginatæ imo subbilobæ, 


598 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


singulatim supra insertionem staminum lateralium sitæ, Siliquæ graciles, 
in racemum demum Jaxum rachi haud flexuoso dispositæ, 18-25 millim, 
longæ, 15-30-spermæ, pedicellum quadruplum subæquantes, fere/i-subcom- 
pressæ, pube stellata plus minus indutæ, apice abrupte in rostrum teretius- 
culum contractæ; rostro brevi, circiter 4 millim. longo, teretiuseulo ; 
stigmate depresso-subeapitato wix bilobo; valvis cito deciduis, linearibus, 
cireiter 1 millim, Jatis, concayis, uninerviis utrinque obsolete venulosis; 
dissepimento tenui late hyalino nempe nervis 2 tenuibus distinctis vel 
confluentibus in medio tantum percurso, alveolato. Semina uniseriata, 
minima, immarginata, ovato-oblonga, compressa, radicula prominente umbo- 
pata, testa Jævi aurantiaca vel Jutescente, Cotyledones radieula breviores, 
ovato-oblongæ, incumbentes, exterior plano-convexa, interior planiuscula, 
Radicula dorsalis nempe dorso cotyledonum incumbens, — Februario- 
Maio. 

In arenosis maritimis Galliæ australis prope Agde haud infrequens 
(D; Théveneau in Bill F7. Gall. et Germ. exsiec. n, 3008 sub Malcolmia 
parviflora). — In Algeria littorali et interiore obvia, ex. gr. : Mostaganem 
(Palansa PL, Aig. exsice. n. 155 sub, Malcolmia parviflora), ad meridiem 
lacas exsiceati C'hott-el-Rharbi prope Aïn-ben-Khelil ! , prope Aumale 
(A. Charoy), in ditione Bordj-bou-Arreridj prope Msilah (Merche), in 
ditione Æodna prope Ain-Kelba et Mdoukal (A. Letourneux), Piskra 
(Balansa), In regno tunetano australiore prope Sfax (Espina, Kralik P/. 
tunet, exsioe, n. 31 sub Malcolmia parviflora) et in insulis Æerkenna (Espina). 
In Græcia (Heldreich Æerb. græc. norm. n. 550 sub Malcolmia parvi- 
flora). In Galatia (Tournefort). In littore arenoso maris Caspii prope Baku 
(G.-A. Mey. loc. cit.) et Zenkoran (Hohenacker Un. ét. 4836 sphalmate 
8. trinerve). In Sibiria oriontali (Merk ex Steven ap. DC., Poll, in herb. 
Willd. sec. Ledeb, ). 

Le $. nanum sera probablement observé à de nouvelles localités, lorsque 
les botanistes ne le confondront plus avee le Malcolmia parviflora, dont il 
est si voisin, par le port et l'ensemble des caractères, que l'on ne peut l'en 
distinguer sans un examen attentif. Il en diffère par le bec de la silique 
plus eourt, par le stigmate déprimé-capité, et non pas conique composé de 
deux lamelles conniventes, et par la cloison largement membraneuse trans- 
parente à nervures étroites, et non pas presque entièrement opaque au moins 
dans sa partie inférieure en raison de la largeur des nervures confluentes. — 
Ainsi que nous l'avons déjà noté (Bull. IX, 432), le $. nanum forme un 
petit groupe naturel avec le $. malcolmioides, groupe presque intermédiaire 
entre les Malcolmia dont il a les caractères de port, et les Sisymbrium dont 
il a le stigmate, 


M. Fermond fait à la Société la communication suivante : 


SÉANCE DU 26 Juin 1863, 390 


ÉTUDES SUR L'ÉVOLUTION DES BOURGEONS, par M. Ch, FERMOND. 
TROISIÈME PARTIE (1), 


Causes mécaniques qui déterminent les hécastosies, 


Pour bien faire comprendre comment l'hécastosie se produit, il est indis- 
pensable que nous entrians dans quelques détails relatifs aux principes les 
plus simples de mécanique rationnelle, Nous allons tâcher de simplifier 
encore ces. explications, tout en cherchant à en donner une idée -très- 
nelle, 

Supposons une force centrale agissant sphériquement: il est de toute évi- 
dence que cette force ira en rayonnant, mais en s'affaiblissant de plus en 
plus, Si cette force est uniforme, elle agira autour d'elle d'une égale façon, et 
les points où s’étendront les divers rayonnements de cette force seront à égales 
distances de sou centre d'action; par: conséquent, si l’on faisait passer une 
surface aux extrémités de tous ces points où le mouvement est arrivé à zéro, on 
aurait enceint un espace sphérique dont tous les points, à partir du centre, 
ont été en mouvements décroissants jusqu'à cette surface, que nous appelle- 
rons, suivant le besoin et la partie que l’on aura en vue, surface, ligne ou 
point de repos. Supposez que ce mouvement se produise dans l'air, . vous 
aurez l'onde sphérique qui produit les sons; supposez que ce mouvement se 
produise dans une masse de jeunes cellules, et vous aurez un phytogène, 
c'està-dire un centre vital, ou, si vous l'aimez mieux, un élément botar 
nique, parce que de ce centre vital ou phytogène pourra naître, dans cer- 
taines conditious, un individu tout entier, 

Ceci posé, admettons deux forces centrales rayonnantes et sphériques. voi- 
sines, et supposons-les à deux distances différentes. 

1° Si.la distance est suffisante pour que les mouvements viennent. à 
s'éleindre avant leur rencontre, l’espace intermédiaire restera évidemment 
sans mouvement, puisque de chaque côté de cet espace la force décroissante 
est arrivée à zéro. Il y a alors, si minime qu'il soit, un point de repas où la vie 
ne saurait exister, et par conséquent absence de production de tout Lissy 
végétal : done il y aura hécastosie, 

2° Si, au contraire, la distance n'est pas assez grande, alors les dx a mou- 
vements marchant l’un vers l’autre finiront par se rencontrer, et le zéro de l'un 
tombera dans la sphère d'action de la force centrale rayonnante sphérique 
de l’autre, et réciproquement: par conséquent, entre les deux forces centrales 
"aYOUMantes, il ne pourra y avoir aucun repos, donc il y aura mouvement, et 
Comme ce mouvement n’est autre que la vie végétale, il y aura vie entre les 


(1) Voyez plus haut, pp. 306 et 365. 


00 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


deux forces centrales, et par conséquent formation de tissu végétal : donc il 
ne saurait y avoir hécastosie, 

Supposons donc maintenant une petite masse de tissu cellulaire ayant grossi 
d’une manière uniforme jusqu’à un certain moment, où deux forces rayon- 
nantes centrales ou vifales, vont agir sur elle. Si les deux forces centrales 
sont suffisantes pour que leurs sphères d'action se pénètrent, pour ainsi dire, 
il n'y aura pas absence de mouvement vital entre les deux phytogènes, et 
l'intervalle vivant continuera à produire du tissu qui liera les deux systèmes, 
On conçoit qu’alors l’hécastosie fasse défaut, et si le phénomène appartient à 
un axe, il en résultera une chorise suivant un plan ou fascie. Au contraire, 
si les deux forces centrales sont insuffisantes, si le zéro de leurs actions 
rayonnanles arrive avant que ces actions se soient rencontrées, il est évident 
qu'il ÿ aura un intervalle, si petit qu’il soit, un point où l’absence de mouve- 
ment sera manifeste, et dès lors la vie n’existant plus entre les deux systèmes 
et ceux-ci continuant à végéter, leur séparation est inévitable. C’est alors 
qu’il y a hécastosie complète, et le résultat de ce phénomène sera un dédouble- 
ment, Mais nous avons dit que la fascie et le dédoublement étaient des phé- 
nomènes anormaux. Il faut donc commencer par faire comprendre ce que 
nous considérons, dans cet ordre d'idées, comme phénomène normal. Pour 
cela, nous sommes obligé de faire un emprunt aux phénomènes de phy- 
sique, particulièrement à ceux d'acoustique, et nous espérons démontrer 
qu’appliqués à la botanique, ils n’ont véritablement rien de déraisonnable. 

Des études de mécanique moléculaire entreprises par nous, il y a déjà au 
moins une quinzaine d'années, nous ont conduit à établir cette règle géné- 
rale, savoir : qu'un corps d’une étendue donnée, doué de mouvement et 
agissant sur des molécules infiniment petites, mobiles, ayant entre elles plu- 
sieurs points de contact, y détermine des mouvements de grandeurs égales 
dans les trois dimensions de l’éténdue, règle que nous désignons sous le nom 
de principe de la communication des mouvements d'égales dimensions, 
lequel est rendu évident par les vibrations des cordes, des tuyaux sonores et 
surtout par les sons communiqués aux instruments vibrant à l'unisson ou aux 
membranes tendues. Rappelons quelques expériences à l'appui de ce 
principe. 

4° Une corde mise en mouvement dans une partie seulement de sa lon- 
gueur présente des mouvements d’égales grandeurs dans le reste de son 
étendue. 

2° Si nous examinons les phénomènes qui se produisent dans les tuyaux 
sonores embouchés par le milieu, tels que nous les avons décrits autre 
part (1), nous reconnaissons que les mouvements hélicoïdaux qui produisent 
l'onde médiane ayant pour ventre l'embouchure, déterminent de chaque côté 


(4) Compte rendus de l'Académie des sciences, juin 1844. 


SÉANCE DU 26 juin 1863. h01 


une ou plusieurs ondes d’égales dimensions, Pour rendre l'expérience facile 
à répéter, et acquérir la certitude que les mouvements sont bien d'égales 
dimensions, il suffit de placer de la poudre de lycopode dans une flûte 
ouverte, de verre, et de la faire résonner, en variant les harmoniques par un 
souffle plus ou moins fort. Alors on voit la poudre se placer à des distances 
égales aux endroits mêmes où se forment les nœuds, distances qui diminuent 
de plus en plus à mesure que les sons sont plus élevés. 

3° Les vibrations des disques démontrent aussi que tout mouvement vibra- 
toire produit à l’aide d’un archet, sur une partie délimitée du disque, en y 
posant les doigts, détermine aussitôt des mouvements d’égales dimensions tout 
autour du disque. 

4° Enfin, il est aisé de constater que les sons produits à côté de mem- 
branes tendues, saupoudrées de sable, qu’elles soient carrées ou circulaires, 
produisent des figures égales, qui indiquent de la manière la plus évidente 
que les mouvements communiqués ont une égale étendue. Donc, on peut et 
l'on doit admettre le principe de la communication des mouvements d’égales 
dimensions, ou plus simplement principe des mouvements d'égales dimen- 
sions, el comme les ondes sont sphériques d'ordinaire, on en doit conclure 
que le phénomène se passe à peu près comine nous l'avons dit au commen- 
cement de ce travail, 

Si l’on admet ce principe, on doit être amené à comprendre qu'il n’y a 
pas de centre d’ébranlement sphérique sans qu’aussitôt tout autour de ce 
centre d'ébranlement il s’en forme douze autres d’égales dimensions, qui 
l'enveloppent de toutes parts, en se. touchant tous également. Or, c’est cette 
donnée que nous avons prise comme point de départ de nos idées phytogé- 
niques ; c’est d'après elle que nous allons chercher à expliquer les phéno- 
mènes de la végétation, qui, nous l’espérons, seront suffisamment compris. 

Geci posé, concevons une petite masse sphérique de tissa cellulaire, telque 
nous avons dit être notre phytogène ou bourgeon naissant, À un moment 
donné, l’hécastosie va commencer son action, de laquelle résulteraun centre 
vital médian (phytogène central) déterminant autour de lui douze centres 
Vitaux ou phytogènes. Parmi ces douze phytogènes, trois sont disposés infé- 
rieurement en triangle, six circulairement, et trois supérieurement en triangle 
aussi, et observant tous la loi d’alternance. Les trois inférieurs servent, par 
leur multiplication, à la formation des mérithalles ou entre-nœuds, et, par 
leur position, ils sont destinés à une hécastosie moins prononcée que les autres, 
Mais pourtant encore très-manifeste dans les articulations. Les six circulaires 
et les trois supérieurs qui les surmontent sont généralement destinés à la 
production des organes appendiculaires. 

Le phytogène ainsi composé de douze aatres petits phytogènes ou centres 
vitaux de nouvelle création entourant un treizième phytogène central, con- 
Slitue, pour nous, un prolophytogène, ainsi nommé parce que c’est lui qui 


h02 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


précède toutes les compositions ultérieures des autres phytogènes (1). Mais une 
fois les treize phytogènes formés, il s’en faut que tous vivent dela même façon; 
car peu de temps après que le principe des mouvements d'égales dimensions 
a déterminé la séparation des centres vitaux ou phytogènes, ceux-ci obéissent 
à des actions indépendantes du principe, desquelles résultent des phénomènes 
que nous devons étudier : les inférieurs, comme nous venons de le dire, 
gênés dans leur développement par ceux qui les surmontent, restent dans un 
état de dépendance bien différent des autres; les phytogènes périphériques 
recevant l'action des agents extérieurs, dont le principal est la lumière, plus 
directement que le phytogène central, subissent plus tôt le phénomène de 
l’évolution qui leur est propre, ce qui tend à les séparer du phytogène 
central et ce qui, par conséquent, est une cause mécanique d'hécastosie. Mais, 
tandis que les six phylogènes circulaires, surmontés des trois phytogènes 
supérieurs, sont maintenus dans un état de dépendance relative, ces derniers, 
plus indépendants, seront nécessairement ceux qui commenceront le phéno- 
mène de l’hécastosie. Voilà pourquoi c'est généralement par le sommet que 
les hécastosies circulaire et centripète commencent à se montrer. ; 

Indépendamment de ces causes, il en est d'autres qui viennent jeter une 
sorte de perturbation dans le développement égal des phytogènes, et dont la 
plus importante est l’idiosyncrasie de la plante, ou plutôt sa prédisposition 
organique, qui fait que certains phytogènes, en apparence placés comme les 
autres, vont cependant prendre des croissances, des formes, des mouvements 
très-différents, ce qui influera sur la physionomie du végétal. 

Revenant à l'étude des causes mécaniques de l'hécastosie : 1 

4° Supposons un phytogène, ou petite masse sphérique de tissu cellulaire ; 
le premier effet de cette petite masse sphérique est de s’allonger un peu et de 
prendre une forme ovoïde (2), alors l'hécastosie commence et le protophyto- 
gène se forme, Or, il est des cas où les six phytogènes circulaires et les quatre 


(4) Cette manière de distinguer le phytogène simple des phytogènes composés nous 
semble la plus: convenable en ce qu'elle. exprime. un fait. sans préjuger le degré de 
composition des phytogènes, qui sont certainement, souvent, plus complexes que nous 
ne saurions.le supposer. Ainsi, lorsque nous disons protophytogène, cela veut dire le 
premier phytogène composé par rapport à ceux qui se composeront par la suites: 

(2) La forme ovoïde est très-importante à constater, parce qu’elle servira à l'expli- 
cation de phénomènes qui, sans cela, pourraient être difficiles à expliquer. On comprend 
qu'en vertu du principe des mouvements d’égales dimensions, quand un phytogène 
central communique le mouvement à douze phytogènes périphériques, l'ensemble, de ces 
douze phytogènes entourant un treizième, doit prendre une forme sensiblement arrondie, 
mais nous venons de dire que la petite masse était ovoïde; par conséquent, fe 
commupication des mouvements sphériques, il y aurait une sorte de cône celluleux 
serait inoccupé ; mais, subissant aussi l’action du. principe des mouvements d'égales 
dimensions, il doit constituer un phytogène supérieur posé précisément sur l'intérvalle 
que laissent entre eux les trois phytogènes périphériques supérieurs ‘dont nous avons 
parlé; par conséquent, ce n’est pas seulement.neuf phytogènes périphèriques, Mais dix 
qui entrent originellement dans la constitution des feuilles d’une même époque de for- 
mation. i 3 


séance pu 26 Juin 4863, 103 


supérieurs, vivant en commun, grandissent sans aucune apparence extérieure 
d'hécastosie; mais, par cela seul que ces phytogènes périphériques ont grandi, 
tandis que le phytogène central est resté relativement petit, il a bien fallu 
qu'il se fit une séparation complète, et puisque cette séparation est évidente, 
il faut bien admettre qu'il y a eu un commencement à cette séparation, et ce 
commencement coïncide précisément avec le moment où l’hécastosie, en agis- 
sant sur le centre vital ou phytogène, en a fait plusieurs centres vitaux pour 
le faire devenir protophytogène. Lans ces conditions, les phytogènes périphé- 
riques vivant en commun et se séparant du phytogène central, par Aécastoste 
ventripète et sans hécastosie cireulaire, il se forme un grand vide, une sorte 
de grande chambre close entourant le phytogène central et circonscrite par un 
organe appendiculaire continu de toutes parts, au moins dans les premiers 
temps de son existence, C'est ainsi que se forment le calice des £'schscholtzia, 
la spathe des A//ium, etc., avant l’hécastosie transversale ou circulaire qui 
doit permettre à la fleur de s'épanouir ou à l'inflorescence de sortir. 

2° Supposons maintenant que les six phytogènes circulaires, après s'être 
hécastosiés, comme nous l'avons dit, soient doués de forcés rayonnantes cen- 
trales différentes et disposées symétriquement, de telle façon que les deux 
plus grandes forces soient immédiatement de chaque côté de la ligne de 
symétrie de l'organe à former ; puis deux moins grandes de chaque côté des 
prémières, et les deux plus petites de chaque côté de ces dernières. En vertu 
du rayonnement des forces, on doit voir que les sphères d'action des deux 
premiers phytogènes devront se pénétrer assez pour qu'il ne puisse y avoir 
aucune ligne de repos entre eux, et que, par conséquent, ils devront vivre 
d'une vie commune, et n’offrir auçune trace d'hécastosie ; de plus, si l’on sup- 
pose que les rayonnements des forces des deux phytogènes plus latéraux et des 
premiers phytogènes se pénètrent aussi, on reconnaîtra que ces deux autres 
phytogènes devront encore ne laisser aucune ligne de repos entre eux et les 
premiers phytogènes, et conséquemment ils devront tous les” quatre vivre 
d'une existence commune; enfin, par un raisonnement analogue appliqué 
aux deux derniers phytogènes plus latéraux, on comprendra que ces deux 
derniers doivent vivre en commun avec les quatre autres. Mais, si l’on suppose 
que les rayonnements des forces des deux derniers arrivent à zéro avant leur 
rencontre sur leur extrême bord, il y aura une ligne de repos, c’est-à-dire une 
ligne où le mouvement vital n’existera plus, et alors, suivant cette ligne, une 
séparation s'effectuera et constituera le phénomène d'hécastosie circulaire. Mais 
cette hécastosie circulaire ne se produira que d'un seul côté du bourgeon, 
et comme nous admettons une hécastosie centripète analogue à celle qui a fait 
le calice des £schscholtzia ou la spathe des Allium, il se séparera du bourgeon 
un seul organe ne tenant plus que par sa base à tout le système végétal. C’est 
de cette façon que se forment la plupart des feuilles des Monocotylédunes,. et 
voilà bien pourquoi les feuilles de ce grand embranchement sont le plus sou- 


h04 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


sent alternes, et pourquoi surtout elles sont presque toujours engaînantes. 
Ici, il n’y a eu qu'une seule hécastosie circulaire, qui s’est annoncée par une 
seule fente latérale. 

3° Supposons maintenant, toujours par le même raisonnement, que dans 
quelques cas trois des six phytogènes circulaires, un médian et deux latéraux, 
soient doués d’une force rayonnante telle, que celle du phytogène médian 
pénètre la sphère d'action de la force rayonnante des deux phytogènes laté- 
raux et réciproquement, ces trois phytogènes feront vie commune ; mais, en 
vertu de notre loi de symétrie, les trois autres phytogènes circulaires opposés 
aux premiers subiront le même sort, et si l’on suppose que les forces rayon- 
nantes des deux derniers phytogènes de chaque côté arrivent à zéro avant leur 
rencontre, il yaura de chaque côté, à l'opposé l’une de l’autre, une ligne de 
repos où se produira l'hécastosie circulaire. En admettant que l’hécastosie 
centripète se prononce avant ou même pendant la formation des deux héca- 
stosies circulaires, on comprend qu’alors il se produise deux organes appendi- 
culaires opposés, et c'est ainsi que se forment les feuilles opposées, si fré- 
quentes parmi les Dicotylédones (1). 

4° Enfin, il se peut encore que les forces rayonnantes des six phytogènes 
circulaires se pénètrent réciproquement, deux à deux, en laissant entre cha- 
que couple de phytogènes ainsi unis une ligne de repos d’où résulteront trois 
hécastosies séparant plus ou moins complétement les organes qui résultent de 
l’union deux par deux, des six phytogènes circulaires, et comme l’hécastosie 
centripèle se produit en même temps ou quelque temps auparavant, il doit 
alors se former trois organes appendiculaires séparés; de plus, ces organes se 
formant simultanément, il doit arriver qu'ils restent souvent fixés sur une 
même ligne autour de l'axe, et c'est ce qui arrive évidemment dans les 
feuilles verticillées par trois, chez un assez grand nombre de végétaux dicoty- 
lédonés. 

D’après ce que nous venons de dire, on peut établir d’une manière ration- 
nelle : 1° que dans les Monocotylédones, la formation des organes appendi- 
culaires, pour les espèces-types, résulte de la vie en commun des dix phyto- 
gènes périphériques, qui se séparent du phytogène central par l’hécastosie 
centripète et une seule hécastosie circulaire plus ou moins complète, et voilà 
pourquoi ces végétaux se présentent avec un seul: cotylédon ou une seule 
feuille souvent engaînante, placée à l’extrémité de chaque mérithalle ; 2° que 
dans les Dicotylédones, la formation des organes appendiculaires résulte du 
partage des phytogènes périphériques en deux vies particulières, par héca- 
stosie centripète et deux hécastosies circulaires plus ou moins complètes, et 


(1) Nous avons quelques raisons pour croire que lorsqu'il n’y a que deux, organes 
appendiculaires opposés, il n’entre parfois dans la composition originelle de chacun d’eux 
que trois phytogènès : deux circulaires et un supérieur. Nous discuterons cette question 
en parlant de la composition, des propriétés et de l’évolution des phytogènes. 


SÉANCE DU 26 JuiN 1863. h05 


c'est ce qui donne la raison de l'existence de deux cotylédons et des feuilles 
opposées à l'extrémité de chaque mérithalle; 3° que dans quelques Dicotylé- 
dones, la formation des organes appendiculaires résulte des neuf phytogènes 
périphériques qui se séparent en trois vies particulières, par hécastosie cen- 
tripète et trois hécastosies circulaires plus ou moins complètes, et c’est pour- 
quoi il n’est pas rare de rencontrer des plantes dicotylédonées à trois cotylédons 
et trois feuilles verticillées. 

Maintenantque nous connaissons la cause qui fait les hécastosies circulaires, 
il va nous être facile de comprendre la cause mécanique qui fait les hécastosies 
centripètes. En effet, il suffit de raisonner entre les phytogènes circulaires et 
le phytogène central, absolument comme nous l'avons fait pour les phyto- 
gènes circulaires entre eux, et il est évident que, puisque nous avons admis 
des forces centrales rayonnantes qui vont en décroissant du centre à la cir- 
conférence, il doit arriver un moment où les forces des phytogènes circulaires 
et-celles du phytogène central finissent par ne plus se rencontrer, et dès lors 
il y a ligne circulaire ou surface de repos, ligne ou surface où la vie ne se 
faisant plus, il ne se produit aucun tissu et, par conséquent, où il y a en ces 
divers points une séparation obligée, qui n’est autre que l’hécastosie cen- 
tripète. 

Quant à la cause de l’hécastosie transversale, on conçoit qu’elle doive avoir 
Ja même explication; mais comme, d’une part, elle s'exerce sur des phyto- 
gènes plus pressés, puisque tous les phytogènes se superposent les uns aux 
autres, et que, d’un autre côté, des fibres vasculaires montent ou descendent 
d’un mérithalle à l’autre, il s'ensuit que l’hécastosie transversale ne s’effectue 
d’une manière parfaitement visible que très-rarement, quoique pourtant elle 
soit très-manifeste dans les tiges dites articulées, les feuilles, etc. Mais on 
admettra sans peine que la force rayonnante de deux protophytogènes super - 
posés puisse arriver presque à zéro, d’où résultera une adhérence moindre 
que dans les endroits où cette force rayonnante aura un plein effet, c'est- 
à-dire où les forces rayonnantes de deux protophytogènes superposés viendront 
à se pénétrer réciproquement. 

D'ailleurs, le défaut de simultanéité de développement, qui existe souvent 
entre les phytogènes périphériques et le phytogène central ou entre plusieurs 
phytogènes contigus, ajoute encore à la cause de séparation des organes. On 
peut envisager ce défaut de simultanéité de plusieurs façons, quelquefois con- 
traires, conduisant néanmoins à des résultats identiques. 

1° Supposons que l'accroissement se prononce proportionnellement plus sur 
les phytogènes périphériques que sur le central qui pourra même rester quel- 
que temps stationnaire, alors une sorte de vide se produira suivant toute la 
surface de repos enveloppant le phytogène central, et les parties appendicu- 
laires résultant du développement en commun des phytogènes périphériques 
tendront ainsi à se séparer du phytogène central et, comme nous l'avons dit, 


h06 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


à l'enfermer dans une sorte de chambre close, comme on en voit des exemples 
dans. le calice des £schscholtzia où dans la spathe des Allium. Donc, 
l'hécastosie centripète est nécessairement favorisée par ce défaut dé dévelop 
pement simultané de tous les phytogènes périphériques et ceritral. 

2° Supposons que les phytogènes périphériques vivant en commun aient 
produit un organe qui à grandi simultañément avec le phytogène central, 
mais admettons, ce qui arrive souvent, que cet organe ait accompli sa crois 
sance ;.il arrivera infailliblemenc que le phytogène central, dans son évolution, 
glissera suivant la surface de repos le long de la face interne de l'organe, 
comme cela a lieu pour les pliytogènes centraux qui se développent au centre 
des gaînes foliacées des Monocotylédones ; par conséquent encore, l'hécastosie 
centripète sera rendue plus manifeste par ce défaut de siultanéité de déve- 
loppement de tous les phytogènes périphériques et central. 

3° Un défaut de situltänéité de développement, plus puissant encore sur les 
bécastosies centripète et circulaire, est celui qué nous avons déjà indiqué dans 
un de nos mémoires (1), pour donner la théorie mécanique de la préfloraison 
et de la floraison, et comme le phénomène est totit à fait le mêrne, nous 
allons nous en servir ici pour expliquer la cause mécanique de l’écartement 
des parties que les hécastosies centripète et circulaire ont d’abord séparées. 
Voici comment nous nous y exprimons : « Nous avons supposé que dans tout 
mouvement d’incurvation végétale, il sé passe quelque chose d'analogue à ce 
qui a lieu quand on chauffe deux plaques métalliques différemment dilatables 
par la chaleur et soudées face à face, Celle qui se dilate le plas occupant une 
surface plus grande que celle qui se dilate le moins, et la soudüre s’opposanñt 
à toute espèce de glissement d'un métal suf l’autre, les deux métaux sont 
obligés de prendre une forme telle, qüe le plus dilatable doit nécéssaire- 
ment envelopper et contenir le moins dilatable, et l’on sait que deux surfaces 
courbes satisfont pleinement à cette condition, Tout le monde connaît l'ins- 
trument si sensible appelé thermomètre de Bréguet, et qui est construit 
d’après ce principe, » 

Or, tout organe appendiculaire peut être considéré comme formé de deux 
couches parallèles de tissu cellulaire, dont l’une est interne et l’autre éxterne. 
Gette condition de position relativé est précisément celle qui détermine le 
phénomène des hécastosies centripète et circulaire, puisque la couche la plus 
extérieure accomplit d'ordinaire toute sa croissance avant la couche la plus 
intérieure, et, dans cet état, l’organe appendiculaire a son centre de courbure 
compris dans la ligne qui continue l'age. Mais, bientôt après, la couche 
interne continuant sa croissance, devient d’abord égale, puis plus grande qué 
l'externe, et dès lors on comprérid que d’enveloppée qu’elle était, elle devienne 


9 Faits pour servir à histoire générale de la fécondation , ete. Broch. in=8, 1859, 
' ‘ ‘ 


SÉANCE Du 26 JUIN 1863, h07 


enveloppante et, par conséquent, que son centre de courbure ne soit plus sur 
une ligne qui continue l'axe, mis bien sur une ligne circulaire qui entou- 
rerait l'axe; en un mot, dans lé premier cas, lés organes appeéndiculaires 
sont convergents, tandis que dans le second ils sont divergents. Donc, les 
hécastosies seront de toute nécessité sollicitées totités les fois que là couchée 
interne prendra plus de développement que la couche externe. 

4° Le défaut de simultanéité de développement entre le bourgéon axillairé 
et l’organe appendiculaire vient souvent aussi favoriser les phénomènes natu= 
rels de l'hécastôsie transversale. Ainsi, suivant la remarque dé Sénébier, le 
bourgeon, en se développant à l’aisselle d’une feuille, lorsque celle-ci à ter 
miné sa croissance, doit nécessairement avoir pour effét d'aider à sa désarti- 
culation, d’ailleurs déterminée d'avance par l’hécastosie transversale; mais le 
développement de ce bourgeon ne saurait être regardé comme la cause 
essentielle de la chuté des feuilles, ainsi qué Sénebier semble l'avoir pensé, 
En effet, l’hécastosie transversale étant un phénomène naturel de phytogénie, 
lorsque l'organe vient à être privé de vie par suite de la cessation des foñc- 
tions qu'il avait à remplir, les sucs nütritifs ne se portant plus dans son 
organisme, il se dessèche, et alors la inoindre causé mécanique, telle que 
l'accroissement d’un bourgeon, le vent, la grêle, là plaie où l’action 
seulé de la pesanteur exercée sur lui-même, suffit pour en déterminer là 
chute, 

Pour términér ce travail, il ne noûs reste plus qu'à répondre d'avance à 
une objection qui pourra nous être faite, En effet, de quelle nécessité, pourra: 
ton dire, est la supposition de plusieurs centres vitaux pour constituer les 
Organes äppendiculaires, et pourquoi ne pas admettre plutôt, avec les trois 
forines dé l'hécastosie, un seul centre vital pour chaque organe appeñ- 
diculaire ? 

Ce point de vüe sous lequel nous avons dû envisager la question, est pré- 
cisément celui qui nous à conduit à la nécessité d'admettre un certain nombre 
de centres vitaux ou phytogènes, sans cela il ne ous eût pas été possible 
d'expliquer tous les phénomènes que nous croyons pouvoir expliquer: Voici 
d'ailleurs quelques raisons qui militent en faveur de la pluralité dés phyto- 
8ènes entrant dans la constitution des organes appendiculaires, 

4° Al ést plus philosophique de ramener à un seul principe tous les phéno- 
mènes du même ordre que de les faire dériver de plusieurs, 

® Au point de vue mécanique, ét d'après ce que nous connaissons de la 
manière dont se forment les chorises suivant ün plan (épipédochotises), il ést 
plus Simple de toncévoir des séries planes de phytogènes doués de forces 
raÿonnantes égales où à peu près, avec défaut d'hécastosie, qu'il n’est facile dé 
Comprendre tantôt une force sphérique qui ferait lé büurgeon naissant où dés 
Sphérochorises, tantôt une force circulaire qui ferait les organes appendi- 
Culaires circulaires d’une seule pièce : les calices et les corolles monopétales 


A0S SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ou bien les cyclochorises; tantôt une force plane, qui ferait les feuilles, les 
sépales, les pétales, ou bien encore les épipédochorises ou fascies. Ajoutons 
qu'il faudrait toujours, dans l'hypothèse d’un centre vital, faire varier les 
dimensions des forces supposées avec les grandeurs si variables des feuilles. 
Dans notre manière de voir, il n’y a qu’une seule et même force, répétée et 
multipliée, comme on voit se multiplier et se répéter les éléments foliaires. 
D'ailleurs, la multiplicité des éléments foliaires est parfaitement indiquée par 
le nombre des organes appendiculaires qui, simple dans la disposition alterne 
de certaines Monocotylédones, se double, se triple, ou se multiplie dans les 
feuilles opposées ou verticillées. 

D'un autre côté, des phénomènes de natures diverses viennent, pour ainsi 
dire, justifier la théorie des centres vitaux multiples, par exemple : 

3° Les feuilles simples se divisent quelquefois à l'infini, ce qui ne s’expli- 
querait pas dans l’idée d’un seul centre vital pour chaque organe appen- 
diculaire. 

h° La feuille simple même n’est que l'assemblage de plusieurs éléments 
foliacés, ainsi que le démontre si bien la feuille du G/editschia, qui, parfois 
simple, se montre souvent avec des éléments foliaires séparés. 

5° Les feuilles les plus simples montrent des éléments divers et une pluralité 
de vies dans la manière dont elles se comportent pendant leur vie végétative.. 
Ainsi, souvent un des éléments vient à avorter, et alors la feuille prend cer- 
taines formes différentes de celle qu’elle aurait dû avoir; d’autres fois, tous 
les éléments se développent, mais un seul plus que tous les autres, d’où nais- 
sent d’autres forines; dans quelques feuilles, certains éléments sont comme 
frappés de maladie, par exemple d’une sorte de chlorose dans l’albinisme 
pertiel, d'où naît la physionomie particulière de certaines variétés de feuilles 
caractérisées par l’expression latine variegata (Arundo Donazx, Yucca ame- 
ricana) ou celle de versicolor (Yucca aloifolia, etc.) ; d'autres feuilles pren- 
nent deux ou trois couleurs, comme on le voit très-bien dans les Amarantus 
bicolor et tricolor, et cette colorationest bien autrement fréquente dans 
certains pétales véritablement multicolores. Enfin, dans quelques feuilles les 
plus simples, la pluralité d'individus est tellement manifeste qu'il n'est per- 
sonne qui n’ait observé une feuille présentant une partie vernale quand l'autre 
était plutôt aufomnale, et même des parties vivantes quand les autres sont 
réellement mortes. Comment raisonnablement expliquer tous ces phénomènes 
sans admettre la pluralité des individualités dans un organe appendiculaire 
formé par un seul centre vital ? 

6° Nous avons fait connaître, dans notre Phytomorphie (A), de nombreux 
exemples de feuilles qui donnaient lieu, dans certaines conditions, à une mul- 
titude de petits corps organisés, véritables phytogènes, capables de reproduire 


(4) Tome I", page 449. 


SÉANCE DU 26 Juin 1868. 409 


le végétal tout entier. Évidemment, dans ces circonstances, il est impossible 
de méconnaître la multiplicité des éléments organiques composant la feuille, 
et. ce sont précisément ces éléments organiques, centres vitaux ou phytogènes, 
qui sont l’origine de toute feuille, comme ils en deviennent plus tard la partie 
constituante en se multipliant considérablement, 

1° Eufin, au point de vue tératologique, la théorie des centres vitaux ou 
phytogènes donne la raison de certaines feuilles dédoublées (1), répétées (2), 
ou offrant des variétés tératologiques, dont une des plus curieuses n'a encore 
été observée par nous que sur une feuille de Vigne. Cette feuille avait entiè- 
rement l'apparence d’une feuille ordinaire ; cependant, sur le côté gauche de 
la nervure médiane, la substance de son limbe présentait une ouverture 
obovoïde assez grande, mais à peu près fermée par une foliole latérale appar- 
tenant à une nervure tertiaire. Gette foliole, enclavée daus son ouverture à Ja 
manière d'une soupape, n’en emplissait pas totalement l'étendue à cause des 
sinuosités et des dents que portait la foliole, ce qui lui donnait la physionomie 
d’un des lobes plus détachés de la feuille même, et ce qui empêchait de faire 


supposer que la foliole fût le résultat d’une hécastosie accidentelle ou arti- 
ficielle. 


M. J. Gay fait à la Société la communication suivante : 


VOYAGE BOTANIQUE AU CAERNARVONSHIRE, DANS LE NORTH-WALES, FAIT EN AOUT 1862, 
© EN VUE D'UNE ÉTUDE PARTICULIÈRE 
DES ISOËTES DE CETTE CONTRÉE, par M, SJ, GAY (3). 


IV. 


Excursions faites par John Roberts, avant et après mon départ, pour chercher des Jsoëtes, 
dont il me fit plus tard trois envois, échelonmés du 6 octobre au 16 décembre 1862. 

MM. Babington et Newbould ne pouvaient prolonger plus de hüit jours 
leur absence. 11 me quittèrent donc le 19 août, et je restai seul pour veiller 
à quelques dernières explorations isoëtiques, seul dans un lieu où l’idiome 
Populaire m'était tout à fait inconnu et où la langue officielle m'était tout 
au moins peu familière, d'autant plus triste que je perdais deux compagnons 
devenus amis à la suite des plus charmants procédés. 11 le fallait pourtant, 
Car autrement le but de mon voyage n’eût été que trop incomplétement 
rempli. Ce qui me retenait surtout, c'était le Z/yn-Ogwen, que Dillen 
avait jadis abordé, où il citait son Calamaria folio longiore et graciliore, et 
Qui est situé dans le haut du Nant-Francon, la vallée parallèle au Zlanberis- 


(1) Phytomorphie, t, 1°", p. 247. 
(2) Ibid., p. 466. 
(3) Voyez plus haut, pp. 270, 319, et 382. 


1% À 28 


M0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


pass, du côté de l’est. Cette reconnaissance faite, ne fût-ce que par procu- 
ration, j'aurais épuisé tous les lacs du North-Wales mentionnés par les anciens 
auteurs pour quelques /soètes ; la synonymie de ces derniers me deviendrait 
claire, et je pourrais moi-même quitter le pays avec la conscience d’avoir 
fait quelque chose d’utile. 

Je n'avais plus de jambes, mais j'avais sous la main un Gallois intelligent 
et robuste, celui-là même qui nous avait accompagnés dans nos courses précé- 
dentes. Il était d'autant plus propre à remplir le mandat que j'avais à lui 
donner, qu’il ne connaît pas mal, quoique très-empiriquement, les plantes de 
son voisinage, ce qui lui a permis de s’intituler : Zotanical guide, dignité 
qu’il justifie par la création d’une petite serré placée sur le bord de la route 
en guise d’enseigne, et dans laquelle il cultive toutes les Fougères de la vallée 
(objet de curiosité pour un grand nombre de touristes) (1) avec plusieurs des 
Plianérogames les plus rares du Snowdon. 1 s'appelle John Roberts, et je 
le nomme d'autant plus volontiers, qu'indépendamment des services qu'il 
m'avait déjà rendus, il était appelé à m'en rendre d’autres encore, comme on 
le verra par la suite de ce récit ; de sorte que, s’il résulte de mes recherches 
un élargissement notable de la statistique des /soëtes du North-Wales, c’est lui 
qui aura été le principal instrument de ce progrès. 

Le 22 août, donc, John Roberts se rendit au Llyn-Ogwen, et il en revint 
par le Llyn-Idwal, ce qui exigea l’emploi de toute la journée. 

Le Liyn-Ogwen (2) est un lac de très-médiocre étendue, situé, comme je l'ai 
dit, dans la partie supérieure du Nant-Francon, à une altitude que M. Ramsay 
(in litt.) évalue à environ 900 pieds, soit 274 mètres. Au moyen d’un bateau 
amarré sur la rive, J. Roberts put sonder utilement les eaux de ce bassin, el 
son instrument en retira un grand nombre d'échantillons, qui, après examen, 
se sont trouvés appartenir à l’Z, lacustris sans mélange d’echinospora, €t 
précisément à là forme que représente la figure 2 de Dillen, sous le nom de 
Calamariu folio longiore et graciliore, la même qui se trouve communé- 
ment dans le Llyn-Padarn. 

En remontant la montagne qui ferme la vallée de Nant-Francon, du, côt 
de l’ouest, J.. Roberts s’arrangea de manière à visiter le Liyn-Idwal (3), 


(2) 11 nè se passait pas de jours qu’un où plusieurs de ces ptéridophiles, de l’un ou 


de l’autre sexe, ne fissent leur apparition à Padarn-Villa-Hotel, avec leur boîte de QT 
blanc fraîchement vernie et galamment portée en bandouillère. Mais la plupart dns 
si peu éclairés que je perdais ma peine à leur offrir l’/soëtes echinospora ou mn 2 
l'Hymenophyllüum Wüsuni, comme une des curiosités ptéridographiques principales s 
pays. Pour eux, la première de ces plantes, vivant sous l’eau, ne pouvait avoir hs 
“Cornmiun ave une Fougère, et l’autre, pat sa pelite taille et ses frondes entrela ie. 
descendait au rang d’une simple Mousse, dont ils n’avaient que faire. Peste soit des a 
teurs de cette catégorie! | d'après 

(2) Ogof signifie cave en gallois, et Ogwen probablement cave blanche; dP 
M. Ramsay. 

(3) Idwai est un nom d'homme, suivant M, Ramsay, \ 


SÉANCE DU 26 JUIN 1863. at 


autré petit lac, dont M. Ramsay (in lité.) évalue l'altitude à environ 4150 
pieds, c’est-à-dire à 350 mètres. J. Roberts à pêché dans ce lac un petit 
nombre d'échantillons de taille médiocre, dont quelques-uns appartiennent à 
la formé stricte patula, et quelques antrés à la forme modice falcata. ci 
encoré, point d'Z. echinospora; et cependant dans le voisinage du Llyn-y- 
Cwn-bach, où cette espèce a été seule rencontrée jusqu'ici. 

Mon but était maintenant rempli, je le croyais du moins, et après quelques 
jours de repos, employés à mettre mes récoltes en état de voyager, je pus dire 
adieu à ce pays de Llanberis, le plus nu et le plus aride que mes pieds aient 
jamais foulé, et néanmoins un des plus pittoresques qui se puissent rencon- 
trér, ce qui, avec l'attrait d’une montagne censée très-élevée, lui attire tous 
les âns un grand nombre de visiteurs. 

Le 27 août, donc, je qüittai Padarn-Villa-Hotel, pour gagner le port de 
Caernarvon, distant seulement de quelques milles, et j'y arrivai après avoir 
réiharqué sur ma routé un Champ d’Orge (/Æ/ordeum distichon) qui était 
encore sur pied, à la même date où se fait habituellement la moisson aux 
environs du Mont-Doré, mais dans dés ciréonstances bien différentes, puis- 
qu'il #agit en ee dernier lieu d’une altitude de plus de 1300 mètres; elfet 
- éncore de la latitude. A Caernarvon (Arvonta), jolie petite ville maritime, 
j'étais à la têté d’un des chemins de fer qui devaient me ramener dans mes 
foyers, et je m'y engageai pour toucher successivement à Oxford, à Milford 
près Godalming (Surrey), à Portsmouth, à l’île de Wight et à Southampton, 
én évitant soigneusement Londres (c'était le moment de la seconde exposition 
universelle), comme on évite les piéges d’une belle, trop belle et trop sédui- 
Sante. Un sféamer me conduisit, par une traversée nocturne de dix à onze 
heures, de Southampton au Havre, ét le 2 septembre je rentrais tranquille- 
ment Chéz moi. J’ai tort de dire tranquillement, car je rentrais très-faligué 
de l’éxeréice donné x mes jambes, éomme aussi de la vie d’auberge et du 
Casse-tête des chémins de fer, ét dé plus avec un vrai désappointement dans 
lé cœur: 

Je rapportais un nombre considérable d'échantillons d’Zsoëtes, récoltés à 
différentes altitudes, du 43 au 26 août, ét tous, où presque tous, adultes, 
Quant aux frondes. Maïs aucun d'eux n’approchait même de la maturité par 
les 6vgatres de fa fructification, Point de macrospores formées, mêmé dans 
les échantillons cueillis dans le Elÿn-Padarn, la plus basse des stations 
Explorées, à la même date où, l’année précédente, sur le plateau central de la 
France et à une altitude 9 ou 40 fois supérieure, j'avais pu récoltér les mêmes 
Plattes en bon état dé fructification. De là des doutés sûr un grand nombre 
d'échantillons que letif port, variable dans 7. lacustris, et leur couleur ne 
Caractérisaient pas assez, et que je n'osais rapporter ni au lacustris ni à 
l'échinospora. J'en étais venu à mé demander si les deux espèces étaient réel- 
lement distinctes, Maïs M. Düriéu a an tact prodigieux pour reconnaître, même 


412 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dans leurs plus fâcheuses conditions, toutes les espèces déjà nombreuses dont il 
s’est occupé, particulièrement celles dont on lui doit la découverte, notam- 
ment l’Z. echinospora (les autres sont adspersa, velata, Hystrix, Duriœi et 
Boryana, sur lequel dernier, voy. Bull. Soc. bot. de Fr., VIII, 1861, 
p. 164). Je me hâtai donc de lui envoyer ma récolte tout entière, qu'il 
examina de suite, sans négliger un seul échantillon, avec l’empressement 
amical auquel il m’a depuis longtemps accoutumé. Tous mes échantil- 
lons douteux furent ainsi éclaircis, souvent au moyen d’une ou deux macro- 
spores anciennes, qui m’avaient échappé et qu'il découvrait retenues et 
cachées dans le plexus des racines. Tel est le fondement de ce que j'ai dit 
dans les pages précédentes des /soëtes du pays de Galles, distingués en /acus- 
tris et echinospora. Il en résultait que, sur 390 échantillons récoltés du 13 
au 26 juillet, 13 seulement pouvaient être rapportés à l’Z. eckinospora, les- 
quels provenaient uniquement du Llyn-Padarn et du Llyn-y-Cwn-bach, d'où 
il suit que cette espèce est très-rare dans le pays de Galles, tandis que 
l’Z. lacustris y est très-commuu. 

Le fait de l’imperfection des échantillons rapportés était une circonstance 
bien fâcheuse dans le résultat de mon voyage, et je devais chercher à obtenir 
les mêmes plantes dans leur état de fructification. 11 me semblait aussi que . 
j'avais trop peu fait en bornant presque mon exploration aux quatre lacs 
désignés par Dillen pour ses C'alamaria, quoique ce fussent les seuls que les 
floristes de notre propre temps continuassent à citer pour le pays de Galles. 
D’autres lacs, en grand nombre, existaient dans les vallées et autres dépres- 
sions du massif du Snowdon. Ces lacs avaient-ils aussi leurs /soêtes, quelles 
espèces, et sous quelles formes ? Ces questions occupaient fortement mon 
esprit, et un beau jour du même mois de septembre (le mois de mon retour), 
j'écrivis à John Roberts pour lui signaler toutes ces lacunes de mon voyage, 
en l'engageant à faire tout ce qu’il pourrait pour y remédier pendant les der- 
niers mois de l’année. Il] y avait quelques shi/linys ou même quelques 
pounds à gagner, et Roberts ne demanda pas mieux que de se prêter à mon 
désir. Dans l'intervalle du 30 septembre au 16 décembre 1862, il fit donc, à 
mon intention, plusieurs excursions nouvelles, qui avaient principalement 
pour but de chercher les /soëtes dans des lacs non encore explorés ; je dis les 
deux /soêtes, qu’il distinguait déjà très-bien au port et à la couleur des 
frondes, depuis mon passage à Llanberis. 

Ces derniers travaux se sont résumés en trois envois de plantes fraîches, 
qui sont arrivés successivement dans mes mains le 8 octobre, le 25 novembre 
et le 24 décembre, tous les trois dans un état de conservation parfait. La 
récolte avait été faite dans les Llyn-Bochlwyd, Llyn-Fynon-y-Gwas, Liyn-Glas 
ou Dirwenndd, Llyn-Lwarchan, Llyn-y-Gader, Llyn-Cawellyn, Liyn-Gwynant, 
Liyn-Dinas, Llyn-Teyrn et Llyn-Ffynon (j'écris ces noms d’après les #7 
tiquettes de Roberts, et en conservant exactement son orthographe). C'étaient 


SÉANCE DU 26 JUIN 1863. 113 


dix lacs nouveaux, ajoutés aux huit précédemment visités, et, par conséquent, 
une grande lacune remplie dans mon expérience des localités. 

Partout, dans ces lacs, l’/soëtes lacustris se trouve en abondance, mais 
l'Z echinospora y est si rare que, sur 370 échantillons reçus, 4 seulement 
ont pu être reconnus par M. Durieu pour appartenir à cette espèce : un pro- 
venant du Liyn-Bochlwyd, où il s’est rencontré avec 36 échantillons du 
lacustris, et trois rapportés du Llyn-Twarchan, parmi 17 lacustris, Ainsi se 
confirme de plus en plus le double fait de l’Z echinospora vivant presque 
toujours en société avec le Zacustris, et de l'extrême rareté de la première 
espèce dans les eaux du pays de Galles (elle a été trouvée moins rare, mais 
toujours dans une proportion minime, le 12 novembre au Cwm-y-Glo, c’est- 
à-dire dans une localité déjà explorée, voy. p. 327, dont je ne pouvais tenir 
compte dans ce paragraphe, réservé aux lacs nouvellement visités par Roberts). 
M. Edw. Newman parlait, en 1844, de plus de douze lacs, voisins du Snowdon, 
dans lesquels il avait lui-même observé l’Z lacustris (Hist. of brit. Ferns, 
P. 383) ; il avait bien raison de dire : plus de douze, car en voilà dix-huit, et 
ce ne sont pas les derniers. 

C'était quelque chose de gagné, mais la satisfaction ne devait pas être com- 
plète et un désappointement que j'avais éprouvé à mon retour, c'est-à-dire 
au commencement d'août, devait me poursuivre jusqu’au dernier mois de 
l’année, Aucun des 370 échantillons nouvellement reçus n’était complétement 
fructifié, et rare,était le nombre de ceux récoltés même en décembre, qui 
présentaient dans leurs macrospores de l’année, suffisamment caractérisé, le 
relief propre à chacune des deux espèces, ce relief qui les distingue si nette- 
ment, et sans lequel il n’y a jamais certitude complète quant à l'espèce. Ceci 
me porterait à croire que, étant donnée une même espèce, qui peut étendre 
son aire géographique du centre de l’Europe jusqu’au cercle polaire, comme 
c’est le cas des /soêtes Lacustris et echinospora, la maturation des spores ne 
S’achèvera, dans la même espèce, qu’à des époques très-différentes, suivant la 
latitude sous laquelle aura vécu la plante. Pour les montagnes de la France 
Centrale, ce sera la fin d’août ou le commencement de septembre; pour le 
Pays de Galles, la fin de décembre ou le mois de janvier ; et pour les terres 
Plus septentrionales, seulement le printemps, après la fonte des glaces. Avis 
aux botanistes du nord, suédois, finlandais et russes, qui ont tant de choses 
à nous apprendre sur les Zsoëtes de leur pays, et à qui il importe de con- 
naître exactement la saison où ces plantes mürissent leurs spores, ces organes 
si essentiels à la distinction des espèces. 

Aux dix-huit localités ci-dessus énumérées, il faut en ajouter deux autres, 
résultant d’excursions faites par John Roberts en octobre 1861, pour le ser- 
vice de M. Babington, et dont ce dernier voulut bien aussitôt me commu- 
niquer le résultat. 

Ces vingt localités méritent d’être reprises les unes après les autres pour être 


h14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


mentionnées séparément, suivant leur position géographique, avec indication 
de ce que chacune d'elles a fourni et du jour où a été faite la récolte. Je 
commence par les localités situées au fond de la vallée inférieure de Llan- 
beris,. après lesquelles viendront successivement celles de la vallée supé- 
 rieure, à l’est du Snowdon, du côté du Nant-Francon, celles du Snowdon 
proprement dit, et enfin celles des vallées Gwynant, Dinas et Cwellyn, 
situées au sud et à l’ouest du Snowdon, En procédant à ce travail de 
classification, j'ai sous les yeux les huit feuilles de l’Ordnance-map aflé- 
rentes au North- Wales, c’est-à-dire la carte officielle anglaise qui est 
établie sur une grande échelle (1), dont je dois un exemplaire à la libéralité 
de M. Babiogton, et dont, au reste, les feuilles 75 et 78 me seront seules 
nécessaires. C’est une très-belle carte quant au détail des localités, mais elle 
a une grande infirmité, celle de n’indiquer aucune altitude, au moins dans la 
partie dont j'ai été appelé à faire usage. Je la suivrai, non-seulement pour le 
classement des lieux, mais aussi pour l'orthographe des noms gallois qui, ici, 
est censée officielle, comme au reste je l’ai toujours fait dans ce qui précède, 
La partie de cette carte relative au terrain que je vais parçourir, à été 
reproduite par M. Ramsay, sur la même échelle, dans son livre Sur les 
anciens glaciers du pays de Galles, que j'ai déjà plusieurs fois cité, et là elle 
sera plus facilement consultée, vu sa réduction en une feuille et son plus 
petit format, 
(La suite à la prochaine séance.) 


SÉANCE DU 10 JUILLET 1863. 
PRÉSIDENCE DE M. E. COSSON. 


M. A. Gris, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance 
du 26 juin, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le 
Président proclame l’admission de : . 


MM, Besnarn-Durresnay, rue de la Pompe, 16, à Versailles, pré- 
senté par MM. Oudinet et Duchartre ; 
MancEau, professeur de sciences naturelles et secrétaire de 
la Société d'agriculture, au Mans (Sarthe), présenté par 
MM. Boisduval et de SchϾnefeld. 


(4) L'échelle est ici de 16/1000000, ou 4/250000, ou 1/62500. La belle carte de 
l'État major de Françe a été établie sur l'échelle un peu plus réduite de 4/80000. 


SÉANCE DU 40 JuILET 4863. 145 


«M. le Président annonce, en outre, huit nouvelles présentations. 

Lecture est donnée de lettres de MM. Guénot et Houllevigue, qui 

remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses 
membres. 


Dons faits à la Société : 


1° De la part de M. Parlatore : 
Considérations sur la méthode naturelle en botanique. 
2° De la part de M. Caruel: 
Sopra due Crocifere italiane. 
8° De la part de MM. Des Moulins et Lespinasse : 
Plantes rares de la Gironde. 
kw De la part de M. Zetterstedt : 
Om Véætgeographiens Studium. 
ÿ° De la part de M. W. Nylander : 
Prodromus floræ novo-granatensis (Lichenes). 
6° De la part de M. A. Landrin : 
Correspondance inédite de Linné avec Claude Richard et Antoine 
Richard, 
7° De la part de M. Kleinhans : 
Album des Mousses des environs de Paris, livr. 4 et 2. 


8 De la part de M. V. Personnat : 
L’'Abeille de Chamonix, 1863, deux numéros. 


® De la part de la Société d'Horticulture et d’Arboriculture de 
la Côte-d'Or : 


Bulletin de cette Société, mars-avril 1863. 


10° En échange du Bulletin de la Société : 


Atti della Societa italiana di Scienze naturali, t, V, fasc. 2. 

Bulletin de la Société des Sciences de l'Yonne, 1862, trim. 4. 
Pharmaceutical journal and transactions, juillet 1863. 
Wochenschrift fuer Gærtnereiund Pflanzenkunde, 1863, deux numéros. 
Bulletin de la Société industrielle d'Angers, année 1862, 

Bulletin de la Société impériale zoologique d’Acclimatation, juin 1863. 
L'Institut, juin-juillet 1863, deux numéros, 


h16 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. Belanger met sous les yeux de la Société des échantillons 
(dont il fait don à l’herbier) de Vanilla aromatica inodore. Suivant 
M. Belanger, cette Vanille inodore serait le véritable Vanilla aro- 
matica de Linné, tandis que la Vanille du commerce serait une 
autre espèce, désignée sous le même nom par Plumier. 


M. A. Gris, secrétaire, donne lecture de la communication sui- 
vante, adressée à la Société : 


NOTE DE M. le baron de MÉLICOC@ SUR LES AMENDES INFLIGÉES, AUX 
XV* ET XVI: SIÈCLES, À CEUX QUI METTAIENT EN VENTE DES DENRÉES PROVENANT 
LES LIEUX ENVAHIS PAR LA PESTE. 


(Raismes, 23 juin 1863.) 


Chacun sait avec quel effroi nos pères voyaient surgir ces pestes, aussi 
fréquentes que terribles, qui décimaient les populations des villes et des cam- 
pagnes. 

Pour prévenir leur invasion, les précautions les plus minutieuses sont mises 
en usage ; les denrées, les fruits mêmes, apportés des lieux où règne l’affreuse 
maladie, sont impitoyablement détruits, et les marchands trop cupides, qui 
n’ont pas craint d’enfreindre les bans municipaux, encourent les peines les 
plus graves. « 

Pour prouver ce que nous avançons, empruntons à l’histoire de Charles, 
dernier duc de Bourgogne, le précieux document suivant : : 

« Environ ce temps (juillet 1468) furent prins à Werny, en Flandres, trois 
» ou quatre malvais hommes et inhumains, lesquels avoient esté commys à 
» garder les malades et en sepulturer ceux qui moroient illec de l’impédimie, 
» et, pour ce faire, avoient bon sallaire, Adyint que la pestillence se diminua, 
» adoncqz les tirans, voyans leur gaing diminuer, vouldrent la pestillence 
» remettre sus, et se advisèrent de aller de nuict au sépuicre d’un homme 
» mort nouvellement de l’impédimie, et descouvrirent ce corps, puis mirent 
» grand plenté de cerises, qui estoient en saison, puis les reprirent et recou— 
» vrirent ce corps : et s’en allèrent meller ces cerises avec des aultres qu'ilz 
» firent vendre au marchié, dont advint que tous ceulx qui en mengèrent en 
+ morurent (1). D'un aultre josne homme malade ilz coppèrent la gorge, 
» pour luy advancer sa mort, de paour qu'ils ne retournast en santé, pour 


(1) Ce fait est rapporté par Salazard (Histoire de Bourgogne). — Nous lisons pete 
manuscrit n° 526 (fol. 31 v°) de la Bibliothèque de Valenciennes : « L'an mil, MAX! 
» (1321) furent bruslez aulcuns messeaux et ladres, lesquelz avoient empoisonnez me 
» poys (puits) et les fontaines, ainsi que ils confessèrent, pour tout le peuple devenir 
» ladres, comme ilz estoient. » 


SÉANCE DU 40 JuiILLET 1863. 17 


» lesquelz cas ilz furent prins et exécutez; et, pour ce qu'il fut trouvé qu'ilz 
» avoient esté sodomnites, ilz furent brullez jusques en cendres. Aulcuns 
» aultres de celle sorte furent prins et exécutez à Bruges et à Lille, qui faisoient 
» aussy morir les gens par empoisonner l’eau benoitte dedens les églises, et 
» confessèrent ceulx-cy qu’ilz estoient bien de deux à trois cens espars par le 
» pais usans de telz maléfices (1). » 

En 1515, les échevins de Lille faisaient brûler « deux coullières de sallades 
» que une femme de lieu infect de peste apportoit vendre à Lille, » 

Ils se montraient encore plus sévères envers « ung homme nommé Antoine 
» Dumont, qui y avait apporté et exposé en vente bure, oefz et autres vivres 
» de lieux et maisons où l’on estoit mort de la malladie contagieuse », puis- 
qu'ils prononçaient contre lui une sentence de bannissement, accordant 
d’ailleurs vi s. à celui qui l’avait dénoncé. 

A une pauvre fruitière, dont on avait fait enfouir les pommes et les fruits 
pour la même raison, ils faisaient remettre xx s. (2). 

En 1533, on fait brûler des oignons, trouvés en la maison d'un infecté 
décédé. 

Un antre document, que nous empruntons à un compte de 1570, vient 
nous indiquer une des causes de ces pestes, si terribles et si fréquentes, puis- 
que le comptable nous y apprend que xxvi° (2600) bestes mortes ont été 
trouvées, soit dans les rues de la ville de Lille, soit dans les rivières. On va 
jusqu’à dire que ce nombre s’est élevé à 11m vIrIL (4850). 


M. le Secrétaire général donne lecture de l'extrait suivant d’une 
lettre qui lui a élé adressée par M. Mougeot : 


LETTRE DE M. Antoine MOUGEOT A M. DE SCHŒNEFELD, 
Bruyères-en-Vosges, 14 juin 4863. 


Mon cher collègue, 

J'ai lu avec un vif intérêt les pages de notre Bulletin (t. VIT, p. 804 et 
suiv.), dans lesquelles vous rappelez sommairement les luxuriantes herbo- 
risations que la Société botanique a faites du 7 au 10 août 1860, dans la 
Vallée de la Romanche et au col du Lautaret, auxquelles j'ai eu le plaisir de 
prendre part. 


(1) Les anchiennes chroniques d'Angleterre de Jehan de Wawrin, édit. de Mlle Du- 
pont, t. IIF, p. 274. 

(2) À Béthune (1519), « Robert Hostelin et Micquelet Le Reat, hugiers, font cinq 
» luisseaux (cercueils) pour Marcq Lucas, sa femme et sa fille, et deux poures femmes, 
» terminées de le peste, donnés pour Dieu et en aumosnes à (pour) éviler l'infection qui 
? se eus! poeut causer à les porter en terre sans luisseaulx. Chaque luisel coûte 1x s. et 
» les cinq fosses x s.» — En 1522, on y mentionne « les maladies des fiernons et autres 
» peslilencielles maladyes. » 


\ 


M8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


A la lecture de ces pages, chaque localité citée, chaque nom de plante est 
venu réveiller en moi le souvenir précis de notre joie et de nos exclamations 
en les récoltant, et le retard mis à la publication du Bulletin n’a fait que 
doubler cette jouissance rétrospective. 

Tout en remplissant nos boîtes de ces belles Phimérogaries dont vous 
donnez la liste, j'ai encore trouvé place pour les humbles Mousses croissant 
dans les fentes des rochers et le long des rigoles qui s’échappent des glaciers, 
ainsi que pour quelques thalles ou croûtes de Lichens qui tapissent les rochers 
arides de la Grave, du Villard-d’Arène et du Eautaret. 

J'ai eu la main assez heureuse pour ajouter au Catalogue des Crypto- 
games des environs de Grenoble, de M. l'abbé Ravaud (1), qui précède votre 
rapport, quelques bonnes espèces qui n’y figurent pas, et qui complètent, ce 
me semble, la physionomie de la végétation alpine de la région que nous atons 
parcourue, 

J'ai étudié ces Cryptogames à mon retour; mais n’étant pas assez sûr de 
mon critérium, j'y ai ajouté celui de MM. Schimper et Nylander, qui ont 
bien voulu confirmer quelques-unes de mes déterminations et redresser mes 
erreurs. Si le temps ne m'avait pas manqué, ou si je m'étais borné à cette 
récolte spéciale, la liste de ces plantes aurait pu, je crois, être augmentée 
dans une grande proportion ; mais, à priori, on peut assurer que les Alpes 
du Dauphiné offrent des stations aussi riches en Cryptogames que les parties 
les plus favorisées des Alpes suisses. 

Habitué au /acies des Mousses et Lichens vosgiens, qui appartiennent sur- 
tout à la zone intermédiaire et subalpine, je n’ai instinctivement recueilli que 
les formes qui me frappaient le plus par leur aspect insolite, C’est pourquoi, 
sur trente Mousses récoltées, dix ne se rencontrent pas dans les Vosges, neuf 
ne figurent pas au Catalogue de M. J’abbé Rayaud; et, sur trente-cinq Lichens, 
neuf manquent aux Vosges, et cinq doivent être ajoutés au Catalogue cité (2). 

Puisque, dans le récit de notre excursion, vous avez suivi, à partir du 
7 août, un ordre chronologique, je vais ajouter à la liste des Phanérogames 
de chaque station celle des Cryptogames que j'ai recueillies. 

Je néglige Séchilienne et le Bourg-d'Oisans, car ce n'est qu’en arrivant à 
la Grave. et dans la visite du soir au glacier que, ne pouvant résister à la 
tentation des richesses cryptogamiques qui nous passaient sous les yeux, j'ai 
commencé à récolter. 

Le 8 août donc, à la Grave, dans les fentes humides d’un massif de roches 
schisteuses, qui se dresse en face du glacier, je trouve en abondance des 


(4) Voyez le Bulletin, t. VIE, p. 754 et suiv. 

(2) Les neuf Mousses sont : À Pr latifolia, Bryum cirratum, Br. pallescens, 
Coscinodon pulvinatus, Distichium inclinatum, Gymnostomum curvirostre, Grimmia 
leucophæa, Gr. conferta, Webera albicans. — Les cinq Lichens sont : Umbilicaria 
hirsula, U, murina, Lecanora rhagadiosa, Lecidea globifera, L. atro-rufa. 


SÉANCE DU 40 JUILLET 1863. h19 


touffes luxuriantes (en pleine fructification) d'Æypnum commutatum var, fal- 
catum Br, et Sch., de Bryum pseudotriquetrum Hedw., mêlés en moindre 
proportion aux Webera cruda Schreb., W. albicans Wablenb., Meesia 
uliginosa How., Timmia megapolitana Hedw., Distichium capillaceum 
L., D. inclinatum Hedw. 

Dans les crevasses moins humides du même rocher se rencontrent les 
Bryum cirratum Hoppe et Hornsch., Br. capillare L,, Bartramia ithy- 
phylla Brid., et un magnifique gazon de Gymnostomum curvirostre Ebrh, 
-r Dans le pelit ruisselet qui s'écoule au pied du rocher, végètent vigoureu- 
sement les Philonotis calcarea Br. et Sch., et PA, fontana L. 

Entre la prairie qui sépare le village de la Grave du glacier, sur les rochers 
nus et secs et dans les crevasses remplies de terre, se rencontrent communé- 
ment les Cetraria islandica Ach. et Alectoria ochroleuca Ach. Le Tham- 
nolia vermicularis Schær, accompagne ces espèces, mais il abonde surtout 
au Lautaret. Le Solorina crocea remplace le S; saccata, que nous avions vu 
très-abondamment entre le Bourg-d'Oisans et la Grave. Le Lecanora argo- 
pholis Ach., mélangé de Lecidea geographica Schær., de Z. contigua Fr., 
d’Urceolaria scruposa Ach. et d’autres Lichens, tapisse tout un massif de 
roches schisteuses qui termine la prairie avant de découvrir le glacier, tandis 
que dans les fentes remplies de terre du même massif se retrouve le Solorina 
crocea Ach., accompagné du Lecidea vesicularis Ach. et du L. globifera Ach, 

Le 9 août, dans les fossés humides de la route, entre le Villard-d’Arène et 
le Lautaret, nous avons récolté les Zryum turbinatum Hedw., Philonotis 
fontana L. et Ph. calcarea Br. et Sch.; ces trois espèces très-communes, 
fructifiées et en quantité. 

Le col du Lautaret et les environs de l’hospice, arides et battus des vents, 
sont d’une pauvreté cryptogamique désespérante. Sur les débris de rochers 
roulés des hauteurs qui dominent le col se remarquent seulement quelques 
Lichens crustacés, entre autres le Lecidea geographica et le Lecanora badia 
Ach. Je ne cite que ces Lichens; j'avais hâte de me diriger vers un escarpe- 
ment de rochers au sud-ouest, en face del’hospice, dont j'ai pu atteindre le 
sommet après quelques difficultés, et même quelques dangers d’ascension ; 
mais là j'ai été amplement récompensé de mes peines par la récolte des 
‘espèces suivantes : 

Mousses ; Andreæa petrophila Ehrh. var. alpicola, Anacalypta latifolia Schwægr., 
Bartramia ithyphylla Brid., Bryum capillare L., Br. pallesceus Schleich., Coscinodon 
palvinatus Spr., Cynodontium virens Hedw., Dissodon Frœlichianus Hedw., Encalypta 
rhabdocarpa Schwægr,, Grimmia alpestris Schl., Gr, apocarpa L., Gr. conferta Funk, 
Cr. sphærica Schwægr., Weissia crispula Hedw. 


Licnens : Cetraria islandica var. crispa Ach., Cenomyce digitala Ach., Glypholecia 
rhagadiola Nyl. (1), Lecanora argopholis Ach., L. badia 4ch. var. cinerascens, L. atra 


(1) Indiqué seulement par Acharius au Mont-Cenis. 


h20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ach., L. glaucoma Ach., L. chlorophana Ach.,Lecidea vesicularis Ach., L. atro-brunnea 
Schær., L. candida Schær., L. morio Schær.,L. atro-rufa Ach., Pannaria brunnea Mass., 
Parmelia stygia Ach., P. lanata Nyl., P. tristis Nyl., P. elegans var. fulva Scheær., 
Platysma juniperinum var. terrestre Schær., PI. nivale Nyl., Peltigera venosa Hoffm., 
Solorina crocea Ach., Umbilicaria hirsuta DC., U  polyphylla Hoffm., U. murina DC., 
U. cylindrica var. tomentosa Duby, Urceolaria scruposa Ach. 


Le 10 août, j'étais, je l'avoue à regret, du nombre des confrères pressés 
de rentrer à Grenoble ; le temps était vraiment bien menaçant pour tenter 
l'ascension du Galibier, et il fallait le feu sacré pour s’aventurer au travers 
des brouillards et de la pluie sur ces hauteurs. Pendant les préparatifs de cette 
séparation et du déjeuner qui devait la précéder, j'ai pu encore récolter, der- 
rière le village du Villard-d'Arène, sur des rochers dispersés dans la forêt, 
plusieurs Mousses et Lichens, entre autres les espèces suivantes : Grimmia 
leucophæa Grev., Gr. conferta Funk, Gr. apocarpaL., Gr. cribrosa Hedw., 
Barbula ruralis L. Ces rochers sont aussi tapissés d'échantillons magnifiques 
de Squamaria chrysoleuca et de ses variétés (S. peltata DC., S. opaca Ach., 
S. saricola Schær.); mais la pluie, qui tombait à torrents, m’a bien vite 
ramené à l'auberge de M. Clot, où se sont faits nos adieux. 


M. J. Gay fait à la Société la communication suivante : 


VOYAGE BOTANIQUE AU CAERNARVONSHIRE, DANS LE NORTH- WALES, FAIT EN AOUT 1862, 
EN VUE D'UNE ÉTUDE PARTICULIÈRE 
DES ISOETES DE CETTE CONTRÉE, par MEL J, GAX (1). 


LÉ 


Énumération des bassins du Caernarvonshire, où j'ai pu constater jusqu’à ce jour l’existence 
de l’un ou l’autre /soëtes. 


I. Cwm-y-Glo, — Je donne ce nom, d’après la carte, à un point de la 
rivière Afon-Rothell (plus bas Seiont), situé à 100 mètres environ au-dessous 
du pont par lequel le Llyn-Padarn se déverse dans cette rivière, el au-dessous 
de quelques maisons qui se trouvent là, sous le nom de Penyllyn, là où la 
rivière, assez large à cet endroit, est à peu près sans courant. C’est là que 
M. Babington avait récolté, en 1847, un Zsoëtes qui devait être reconnu plus 
tard pour l’echinospora. Aussi est-ce la première localité que nous visitàmes, 
le 44 août, M, Babington, M. Newbould et moi, dès le lendemain de notre 
arrivée à Padarn-Villa. Mais nous ne fûmes pas heureux ce jour-là : au 
moins Ja petite part qui me revint de la récolte commune fut-elle exclu- 
sivement composée de l’Z. lacustris, qui abondait en cet endroit, mêlé au 
Lobelia Dortmanna, et croissant sur un fond tourbeux. C’est seulement 


(1) Voyez plus haut, pp. 270, 319, 382 et 409. 


SÉANCE DU 40 JUILLET 1863. 421 


beaucoup plus tard que Roberts, ayant fait le 12 novembre une nouvelle 
récolte en ce même lieu, je reçus de lui 440 échantillons, dont onze apparte- 
paient indubitablement à l’Z echinospora. 

LL Liyn-Padarn. — Ce lac, le plus grand, je crois, du pays de Galles, 
a, comme je l'ai déjà dit, 3 milles environ de longueur sur 1 mille de largeur, 
avec une altitude qu’on évalue à 404 mètres. L’/soëètes lacustris y abonde, 
principalement sur la rive gauche ; l’autre rive, plus abrupte et plus rocail- 
leuse, n’offrant pas le sol convenable à son développement. Je possède cepen- 
dant un exemplaire que M. Babington a récolté, le 20 août, sur cette même 
rive droite, à un demi-mille de l'extrémité inférieure du lac, et, quoiqu'il soit 
en mauvais état, M. Durieu n’a pas hésité à le rapporter à l’Z echinospora. 
Quant à la rive gauche, elle paraît être dans toute sa longueur abondamment 
pourvue d’Z. lacustris, croissant partout en société des Lobelia Dortmanna 
et Subularia aquatica, ainsi que de l'Æquisetum limosum et du Phragmites 
communis stérile. Mais je ne puis garantir que deux points de ce rivage, où 
j'ai opéré moi-même, une fois en compagnie de M. Babington, l’autre fois 
seul, Le premier de ces points est situé à 4 mille au-dessous de Padarn-Villa, 
droit au-dessous de la carrière d’ardoises de Glyn, dont la chaloupe, amarrée 
au rivage, fut même très-ulile à notre opération, qui avait lieu le 13 août, 
c’est-à-dire le jour même de notre arrivée à Dolbadarn. La part qui m’échut 
ce jour-là de la récolte commune fut de 7 échantillons, dont 5 revenaient à 
l’Z. echinospora, proportion rarement obtenue depuis , si unguam. Il me 
parut que les deux plantes croissaient là sur un fond tourbeux. C'est de là 
aussi que provient le bel échantillon d’Z echinospora que M. Babington 
expédia le même soir à Londres pour être dessiné vivant, et qui a servi 
depuis à la figure coloriée, publiée par M. Babington, dans Seemann, Journ. 
of bot., fasc. I, januar. 1863, tab, 1 (figure très-bien rendue pour la couleur 
et pour le caractère des macrospores, mais dont les frondes trop redressées 
laissent désirer le véritable port de la plante). — Plus tard, le 30 septembre, 
Roberts a récolté au même endroit 30 échantillons, parmi lesquels j'ai trouvé 
6 echinospora, juste 1 sur 5. La seconde localité de cette même rive, où j'ai 
pu opérer moi-même, à deux reprises différentes, avec l’aide de Roberts, 
était située sous mes fenêtres, à une portée de fusil de Padarn-Villa-Hotel. Là 
encore, nous opérâmes avec le secours du bateau de l'hôtel, amarré à Ja rive. 
La première fois, 20 août, nous récoltâmes 60 échantillons, qui tous furent 
reconnus pour /acustris. La seconde fois, 24 août, nous fâmes dédommagés 
de notre persévérance par un échantillon d’echinospora, 1 sur 60. C'était 
mieux que rien, mais c'était trop peu. En ce lieu, il me parut que le fond 
du lac était pierreux ou plutôt graveleux, avec une très-légère couche de limon 
recouvrant le gravier. 

IT. Liyn-Peris, — C'est le lac qui occupe le bas de la vallée supérieure, 
d’un tiers moins étendu que le Llyn-Padarn, dans lequel il se verse au moyen 


122 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


d’un canal de 100 à 200 mètres de longueur, après que ce canal à reçu, sur 
sa rive gauche, une rivière tant soit peu torrentueuse, qui forme une belle 
cascade à 4 mille plus haut. Ni M. Babington, ni moi, pendant notre séjour à 
Padarn-Villa, n'avions songé à explorer isoëtiquement ce lac, dont lés rives 
nous paraissaient trop encaissées et trop rocailleuses, au moins sur la plus 
grandé partie de son contour. L’extrémité supérieure du lac, là où finit le 
grand massif schisteux, exploité sous le nom de carrière de Dinorwig, offre 
pourtant des terrains marécageux prolongés sous les eaux du lac, qui fournis- 
sent une station convenable aux /soëtes. C’est probablement en ce même lieu 
ou dans son proche voisinage qu'était situé le Pont-Vawr (4), où Dillen 
recueillit, en 4726, son Calamaria folio longiore et graciliore, près d’une 
maison qui appartenait à un M. Evans (Smith, À select. of the corr. of Linn. 
and oth. nat. XF, 1821, p. 142). Ce lieu méritait d’être exploré en raison de 
son intérêt historique, et il l’a été par hasard, le 2? octobre, par John Roberts, 
revenant du Llya-y-Cwn. Vingt-six échantillons furent pris ce jour-là, en ce 
lieu, parmi lesquels deux echinospora, les autres à peu près semblables à la 
forme ordinaire du lacustris, tel qu'il se trouve communément dans le 
Llyn-Padarn. — Un autre jour, le 46 décembre, John Roberts put at- 
teindre un point de la rive occidentale, d’ailleurs presque inabordable, du 
même lac (entre le pont actuellement existant à l’extrémité supérieure du 
lac et la ruine de Dolbadarn-Castle, à environ 800 yards ou mètres de cette 
tour), et il m'a envoyé dé là 46 échantillons qui avaisnt la double infirmité 
de nie représenter que lZ. lacustris L. ét d’êtré encore trop en déçà de leur 
maturité, quant aux macrospores, quoique récoltés après Ja mi-décémbre. 

IV. Elÿn-y-Ciwn-baéh. — J'ai déjà dit sûr cé marais, situé à 640 mètres 
d'altitude environ, sur la montagne qui sépare les deux vallées de Llanberis 
supérieur et de Nant-Francon, tout ce que j'avais à en diré. Je répète qu'après 
trois excursions faites en ce lieu (15 août, 22 août et Ar octobre), PZ. ecAt- 
nospora à seul pu y être récolté, le même que M. “Wilson y avait trouvé en 
1828, et toujours én petite quantité ; 18 échantillons pour les trois courses, 
y compris la part de M. Babington dans la première course. Ici encore, le 
sol du marais était tourbeux, et la planté vivait en société du Lobela Dort- 
manna et du Subularia aquatica. 

Ÿ. Liyn-Idwwal. — Sur le même mässif de montagnes, versant oriental, 
mais beaucoup plus bas, à l'altitude d'environ 1150 pieds, soit 350 mètres. 
— J'ai déjà dit que J. Roberts avait été là pour oi le 22 août, et qu'il m'en 
avait rapporté quelques échantillons de l’Z. lacustris, dont plusieurs de la 
forme subfalcata, sans aucun echinospora. | 

VI. Liÿñ-Ogwen: — Au pied oriental de cé mêmé massif du mont 


(1) Lalplace de cé pont, aujourd'hui délruit, est encore reconnaissable à quelques 
restes de maçonnerie sous le nom de Bont=Fawr, à ce que m'écrit M. Babington. 


ISÉANCE Du 10 JuiLLET 1863. 423 


Glyder-Fawr, daus le thalweg de la partie supérieure rétrécie du Nant- 
Francon, à l'altitude d'environ 900 pieds, soit 274 mètres, lac à peu près de 
l'étendue du Llyn-Peris, — J'ai déjà dit que J. Roberts avait exploré pour 
moi ce lac dans la journée du 22 août, et l'avait trouvé rempli de la forme 
ordinaire de l’7. lacustris, celle qui peuple le bassin du Llyn-Padarn. 

VIL Llyn-Bochlwyd. — Dans le même pâté de montagnes, au-dessus et 
à l’ouest du Llyn-Ogwen, à l’altitude de 1800 à 2000 pieds, 548-609 m. 
— J. Roberts y a été le 40 novembre, et m’en a rapporté 37 échantillons, 
dont un, mais un seul, a pu être déterminé echinospora, quelques-uns étant 
dès lors dans un état de demi-maturité. Ce lac est l’avant-dernière localité 
que j'aurai à enregistrer pour l’Z. echinospora. 

VIT. Capel-Curig. — Petite ville du Nant-y-Gwryd dont les eaux 
arroseront plus tard, sous le nom d’Afon-Llugwy, les gorges supérieures du 
Nant-Francon. J'ai de là un échantillon de l’Z. lacustris, récolté par Roberts 
en octobre 4861, sans doute dans le Liyniau-Mymbyr, petit lac qui est atte- 
nant à cette bourgade, dont j'ignore l'altitude. 

IX. Liyn-y-Cwm-Ffynnon, — Petit lac voisin de la partie supérieure du 
Llunberis-puss, mais dont les eaux se versent dans un autre bassin, celui de 
Nant-y-Gwryd, qui coule à lorient, du côté de Capel-Curig. Altit. de 1100 à 
1200 pieds, soit 335-365 m. — C’est encore J. Roberts qui à visité ce lac, 
pour M. Babington, en octobre 1861, et je possède un des échantillons qu'il 
en à rapportés, lequel appartient à l’Z. lacustris ordinaire. Il y est retourné, 
pour moi, le 13 décembre 1862, et en a rapporté une demi-douzaine 
d'échantillons du même Z. lacustris, de la forme semifalcata. Dans un de 
ces échantillons, que j'ai disséqué, j'ai trouvé des macrospores à peu près 
parfaites. 

… Lci finit la série des lacs à Zsoêres, qui occupent, soit le fond de la vallée de 
“Llanberis, soit l’encaissement oriental de sa partie supérieure. Je passe main- 
tenant au côté occidental, sur la rive gauche de la petite rivière qui arrose la 
vallée du sud-est au nord-ouest. 

X, Llyn-Dwythweh. — Petit lac sivué à 3 ou 4 milles seulement à l'ouest 
de Padarn-Villa, sur le plateau qui sépare la vallée de Llanberis de celle du 
Liyñ-Cwellyn, à une altitude de 4100 à 1200 pieds (335-365 mètres), 
pareille, par conséquent, à célle du Llÿn-Idwal déjà nommé (1). Je n'ai pas 
visité moi-même ce lac, dont l’abord, quoique jé n’en fusse séparé que par 
une petite distance, fut jugé par mes amis impraticablé à mes jambes, même 
enfourchées à dos de cheval. Mais j'étais trop bien entouré-pour que ce nou- 
. Veau nid d’/soéres dût me rester tout à fait inconnu, MM. Babington et 


(1) Après quelques observations faites en 1863, au moyen d'un baromètre anéroïde, 
Mais par un temps défavorable, M. Babington n’éstime l'altitude du Liyn-Dwythwceh qu'à 
environ 1000 pieds. (Note ajoutée au moment de l'impression.) 


h24 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


s 


Newbould se chargèrent de l'explorer à deux reprises différentes (16 et 
19 août), etils furent bientôt suivis par J. Roberts, qui alla par deux fois 
(21 et 26 août) y faire cueillette pour mon compte. Or, le résultat de cette 
quadruple enquête, c’est d’abord que l'/soëtes echinospora manque jusqu'ici 
complétement au Llyn-Dwythwch. L’Z. lacustris s’y trouve, au contraire, en 
grande abondance, sur un fond pierreux (je crois me rappeler que tel était le 
jugement de M. Babington ) et sous trois formes très-remarquables, les 
frondes étant tantôt plus ou moins étalées, comme on les voit fréquemment 
dans le Llyn-Padarn (forma patula), tantôt distinctement courbées en faucille 
(forma falcata), tantôt enfin avec un maximum de courbure el, que les deux 
extrémités de la fronde se rejoignent de manière à fermer le cercle, qui 
devient alors complet (forma circinata). Sur 87 échantillons de cette prove- 
pance, que j'ai en ce moment sous les yeux, 25 appartiennent à la seconde 
forme, et 2 ou 3 seulement à la troisième, qui, du reste, passe insensiblement 
à la seconde, dont le degré de courbure est très-variable ; je u’ai jamais vu 
ailleurs cette forme circinata. Quant à la forme falcata, qui procède facile- 
ment de la forme patula, elle a déjà été signalée sur plusieurs points du 
continent; c’est elle qui a été figurée par Linné, en 1751, dans son fer 
scanicum, et c'est'elle que j'ai vue dans je ne sais plus quelle collection vénale 
de plantes de Bohême. — Quoi qu'il en soit, le Llyn-Dwythwch mérite d'être 
signalé, entre tous les lacs du pays de Galles jusqu'ici explorés, pour la 
variété des formes de l’/soêtés lacustris qu’il produit, et surtout pour le 
caractère très-prononcé qu'y prend la forme falcata. N'oublions pas de dire 
qu'ici, comme probablement partout ailleurs dans le pays de Galles, l’/soètes 
a pour fidèles accolæ le Lobelia Dortmanna et le Subularia aguatica: A 
est bon de noter aussi que le Sparganium affine et le Littorella lacustris 
s'y trouvent également mêlés, ce dernier, à ce qu'il paraît, toujours mal 
développé et réduit à ses feuilles radicales, ce que j'ai pu moi-même con- 
stater en épluchant les échantillons vivants qui m'étaient apportés. 

XI'et XIT. Phynon-vrèch et Phynon-Yelan. — Je n'ai rien à ajouter à 
ce que j'ai dit plus haut de ces deux très-petits lacs, situés sur le versant 
oriental du mont Snowdon, à 668-699 mètres d'altitude environ. Je ferai 
seulement remarquer que c’est la plus haute des stations que j'aie enregistrée 
jusqu'ici (répondant à peu près à celle du lac de Gérardmer, dans les Vosges), 
ce qui suffit pour- rendre compte de l’exiguité de taille que prennent, en cet 
endroit, la plupart des individus de l’Z Zlacustris, seul représenté dans les 
deux lacs. Je remarque, en passant, que ce raccourci de taille est toujours 
accompagné d’un port particulier, qui se manifeste par des frondes, non plus, 
ou moins ouvertes ou étalées, mais strictement dressées et formant faisceau 
(forma stricta). C’est la quatrième forme, tenant au nr que j'ai pu 
observer dans l'Z. Zacustris du pays de Galles. 

XIIL Liyn-Feyrn. — Très-petit lac, dépendant du Cwm-Dyli, et situé 


SÉANCE pu 10 guizer 1863. h25 


dans le haut de la vallée supérieure de Llanberis, à l’ouest et en face du 
treizième mille de la route postale qui remonte cette vallée, à une altitude qui 
m'est inconnue. — J. Roberts à exploré cette localité le 13 décembre, et il 
m'a envoyé de là une dizaine d'échantillons de l’Z. lacustris, sous une forme 
de taille médiocre et à frondes un peu étalées. Un de ces échantillons, ouvert 
dans sa longueur, m'a fourni des macrospores en bon état de maturité ; dans 
un second et dans un troisième, les spores étaient bien moins avancées. Je 
répète que tel était l’état de la plante au 13 décembre. 

XIV. Elyn-Ffynnon-y-Gwas. — Petit lac, situé dans le même massif du 
Snowdon, en arrière, c’est-à-dire à l’ouest, des deux précédents, à 1155 pieds 
environ, ou 350 mètres d'altitude (à peu près comme le Llyn-Dwythwch). — 
Sur 23 échantillons récoltés là par J. Roberts le 11 novembre, la plupart, 
quoique de taille moyenne et non pas naïne, représentent la forme stricte, un 
seul appartient à la forme très-falquée, plusieurs autres sont remarquables par 
l'extrême ténaité de leur feuillage, et constituent une forme gracilis qui 
ne m'est connue d'aucune autre provenance. Ici je rencontre quelques 
Macrospores en état de maturité parfaite. * 

XV. Liyn-Glas, dans le Crwom-Clogwyn. — Petit lac entre le précédent 
et le sommet du Snowdon, à une altitude iaconnue de moi. — Visité par 
J. Roberts le 11 novembre, ce lac a fourni 51 échantillons de l’Z. lacustris, 
forme stricte, de taille naine ou médiocre. Je n’y ai point vu de spores 
parfaites. 

Ces cinq derniers lacs (XI-XV) sont logés dans les crevasses précipi- 
teuses du Snowdon, sur ses versants est, sud-est, et ouest. Je passe mainte- 
hant à ceux du versant méridional du même massif. 

XVI. Liyn-Gwynant. — C'est le premier lac qu’on rencontre dans la 
vallée du même nom (Nant-Gwynant), en partant du faîte du Zlanberis- 
pass (là où se fait le partage des eaux) pour descendre au bourg de Beddge- 
lert ; j'en ignore l'altitude. — J. Roberts y a pêché pour moi des /soêtes, le 
14 décembre, et il m’a envoyé de là 7 échantillons d’/soêtes lacustris de la 
forme patulu, de taille au-dessus de la médiocre, telle qu’on la trouve dans 
les lacs inférieurs de la vallée de Llanberis, ce qui annonce une faible altitude 
deslieux. Malgré l'époque très-avancéé et presque hivernale de leur cueillette, 
j'ai eu de la peine à trouver sur ces échantillons quelques macrospores suffi- 
samment développées. 

XVIT. Liyn-y-Dinas. — Lac de la même vallée, situé plus bas, entre 
le Llyn-Gwynant et Je bourg de Beddgelert, à üne altitude que j'ignore. — 
Six échantillons de l'Z. Lacustris (forma patula et f. falcata) y ont été 
récollés le 12 décembre, avec macrospores d'une maturité insuflisante, mais 
sur un seul des six échantillons. 

D'ici je passe, par Beddgelert et par le Nant-Cwellyn, dans le Nant-y- 
Beltws, qui, à l’ouest du Snowdon, court parallèlement à la vallée de Llan- 

ni” 29 


426 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


beris, et dont les eaux vont se jeter dans la mer, un peu au sud de Caer- 
narvon, sous le nom de Gwrfai-River, 

XVIII. Liyn-y-Cader, d’après la carte; Gader, d’après l'étiquette de 
J. Roberts. — C’est le premier petit lac que l’on rencontre en descendant le 
Nant-y-Bettws (que Roberts écrit Zetws), et où il me paraît que sont les 
sources du Gwrfai-River. Altitude inconnue. — J, Roberts a visité ce lac le 
15 décembre, et il m'a envoyé de là dix échantillons, qui tous appartiennent à 
la forme falcata de l’Z. lacustris, Ici quelques spores approchent de leur 
maturité, sans l'avoir atteinte, 

XIX. Liyn-y-Dywarehen, d'après la carte; Twarchan, d'après J. Ro- 
berts, — Très-petit lac, situé sur le flanc gauche de la vallée Nant-y-Bettws 
en descendant, et dont il me paraît que les eaux se jettent dans un autre 
bassin, à l’ouest. Altitude inconnue. — Cueillette du même jour que la précé- 
dente (15 décembre), 20 échantillons, parmi lesquels 17 lacustris f. falcala 
et 3 echinospora. {ci quelques macrospores en bon état de maturité, mais 
peu, et sur deux échantillons seulement où la plupart des spores sont encore 
en retard. : 

XX. Liyn-Cwellyn, que Roberts écrit C'awellyn. — Lac d'une certaine 
étendue (pareille à peu près à celle du Llyn-Peris, de la vallée de Llanberis), 
situé plus bas, au débouché du même Nant-y-Bettws, à une altitude inconnue 
mais sans doute très-faible. — Même jour de récolte (15 décembre) par le 
même. Résultat : 12 échantillons de l’Z. lacustris falcata mêlé au patula. Ici 
encore, quelques macrospores en bon état, mais peu. 

Vingt lacs du voisinage immédiat de Llanberis ont donc été explorés en 
vue du genre /soëtes. Mais il en reste plusieurs qui sont encore vierges, et que 
je dois signaler à l’attention de ceux qui voudraient compléter sous ce rapport 
la statistique botanique du district dont il s’agit et que comprend la carte 
annexée aux O/d-Glaciers de M. Ramsay. Ce sont : 4° dans le groupe même 
du Snowdon, c’est-à-dire à l'ouest de la vallée de Llanberis, Lyngoch (alt. 
env. 1645 p., soit 501 mètres), Llyn-y-Nadroeda ou Nadroedd (environ 1586 
P., soit 483 mètres), Glaslyn (env. 2400 p., 731 mètres, le plus élevé de tous 
les lacs de ce groupe), et Llyn-Llydaw (alt. entre 1850 et 1900 p., entre 
563 et 579 mètres) (1); 2° au sud du Llanberis-pass, dans le massif qui 
encaisse au sud le Nant-y-Gwryd, Llyniau-Duwaunedd (alt. env. 4800 P:: 
soit 548 mètres); 3° sur le faîte peu élevé qui sépare le bassin du Llya- 
Padarn du Nant-Francon inférieur, Marchlyn-Mawr (alt. inconnue); 4° dans 
les montagnes qui ferment le Nant-Françon à l'est, Liyn-Dulyn, Melyollyn, 


(t) M. Babington m'écrit que John Roberts a visité en 1863 les Liyn-Llydaw # 
Glaslyn, sans pouvoir y découvrir aucun Jsoëtes, et que toute autre recherche serait pren 
bablement superflue, attendu que les eaux de ces deux lacs ont été empoisonnées 
(comme celles du Llyn-du’r-Arddu, déjà mentionné), par le lavage du minerai de cuivre 
qu'on exploite sur leurs rives, (Note ajoutée au moment de l'impression} 


SÉANCE DU 10 JuILLET 18638. 427 
Ffynnon-Caseg, Ffynnon-Llugwy et Llyn-Cwlyd (cinq lacs d'altitude inconnue), 
Onze problèmes restants après vingt déjà à peu près résolus! C'est peu, et nos 
successeurs en viendront facilement à bout (4). 


he 
Particularités diverses sur les /soëtes du voisinage de Lianberis, 


Si maintenant nous jetons un coup d'œil sur le tableau que je viens de pré- 
senter dans ses détails, quelques faits principaux paraîtront dignes de remar- 
que, quant au rôle que joue le genre Zsoëtes dans la vallée de Llanberis et 
dans son voisinage, 

1° La zone altitudinale qu'occupe l’/sotes dans ce district du Caernar- 
vonshire est comprise entre le Llyn-Padarn et le Phynon-vrêch, c’est-à-dire 
entre 104 et 669 mètres d'altitude, et c’est l’Z lacustris qui atteint ce dernier 
chilfre, l’Z, echinospora s'arrêtant au Llyn-y-Cwn-bach, dont l'altitude n’est 
que de 640 mètres. Le Phynon-vrêch, limite supérieure, est à 448 mètres au- 
dessous du point culminant du Snowdon, élevé de 1088 mètres. — Dans les 
montagnes du centre de la France, le minimum d'altitude, pour ces mêmes 
plantes, est de 1166 mètres (lac Chauvet), et le maximum de 1238 mètres (lac 
de Guéry). Ce maximum va même, dans les Pyrénées, jusqu'à plus de 
2200 mètres (Estang-d’Aude, dans les Pyrénées orientales, où, par paren- 
thèse, vient la forme naine et stricte del'Z, lacustris, semblable en tous points 
à celle du Phynon-vrêch). Ges contrastes sont frappants ; ils s'expliquent sans 
doute, comme je l'ai déjà dit, par la différence des latitudes (Pyrénées, 42°- 
43°; Mont-Dore, 45°-16°; Snowdon, 53° 5/ environ) et par le climat mari- 
time du North-Wales, d’où résulte moins de sécheresse, plus d'humidité et 
plus de fraîcheur. 

2° A cette double influence se relie, sans doute, le fait que j'ai déjà noté, 
de la maturation, comparativement très-tardive, des spores de l'/soëtes dans 
le pays de Galles. Au 16 décembre, dans cette dernière contrée, c'est à peine 
si l'on trouve quelques macrospores bien formées, et encore peut-être dans 
les lacs inférieurs seulement: tandis que, sur le plateau central de la France, 
à une altitude de beaucoup supérieure, ces mêmes plantes étaient en fructifi- 
Cation plus ou moins parfaite entre le 49 et le 27 août (dates extrêmes de 
mes trois récoltes en 1861), J'ai dit plus haut que je soupçonnais que ce 
retard de maturation pourrait bien être plus grand encore au voisinage du 


(1) Je reçois à la dernière heure des renseignements qui ajoutent beaucoup à ce 
que je viens de dire de la statistique des Jsoëtes dans le Caernarvonshire. Ne pouvant 
Intertaler ces nouvelles données à la place qu’elles devraient occuper ici dans l’ordre 
lopogtaphique, je les réserve pouf un article supplémentaire qu’on trouvera à la fin de 
‘elle relation. (Note üjoutée au moment de l'impression, décembre 1863.) 


128 SOCIËÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


cercle polaire, où les mêmes deux espèces d'/soëtes ont leur limite nord, et 
que là peut-être la maturation se continuait sons les glaces de l'hiver, pour 
n'être achevée qu’au printemps. 

3° Il résulte du tableau que j'analyse ici, que l’Z. lacustris existe dans tous 
les lacs jusqu'ici explorés du district de Llanberis, les plus bas comme les 
plus élevés, moins le Liyn-du’r-Arddu et le Llyn-y-Cwn, dont les rives et le 
fond rocheux expliquent suffisamment l'absence de toute végétation. L’/soëtes 
echinospora, quoique habituellement mêlé à l’autre espèce, y est beaucoup plus 
rare el n’a encore été rencontré que dans six lacs (Cwm-y-Glo, Liyn-Padarn, 
Llyn-Peris, Llyn-y-Cwn-bach, Llyn-Bochlwyd et Llyn-y-Dywarchen), tous, 
moins le dernier, situés ou dans le fond de la vallée de Llanberis, ou dans les 
montagnes qui encaissent cette vallée à l’est, paraissant avoir ainsi son canton- 
nement géographique particulier. Le Llyn-y-Cwn-bach est le seul endroit où 
cette espèce ait été rencontrée sans mélange. Partout ailleurs, elle croissait 
pêle-mêle aveclZ. lacustris et toujours dans une proportion minime (au Llyn- 
Bochlwyd, par exemple, 1 seul échantillon sur 37; au Liyn-Peris, 2 sur 42; 
au Llyn-Padarn, 13 sur plus de 150; au Cwm-y-Glo, 41 sur plus de 440; 
enfin au Llyn-y-Dywarchen, 3 sur 20). L’Z. echinospora n’en est pas moins 
là parfaitement distinct de l’autre, d’abord par ses spores, lorsqu'on les ren- 
contre à maturité, et ensuite par le vert gai de ses frondes , toujours étalées 
ou même arquées (1). 

4° J'ai lieu de croire que nos deux plantes préfèrent un sol tourbeux, ici 
comme sur le plateau central de la France, mais il n’en est pas moins COD- 
staté qu’elles peuvent vivre sur un fond pierreux. C'est ce que M. Babington 
affirme pour les lacs Dwythwch, Phynon-vrêch et Fhynon-Velan, et ce que 
j'ai pu reconnaître de mes propres yeux sur un des points du Liyn-Padarn, où 
j'ai moi-même sondé le terrain dans la journée du 24 août. 

5° 11 ya toujours quelque intérêt, surtout dans les travaux monographiques, 
à savoir quelles associations peuvent se former sur le terrain entre une plante 


(1) I n’est pas hors de propos d’ajouter ici que, dans l’année même où ces recherches 
isoëliques m’amenaient au pays de Galles, l’Jsoëtes echinospora faisait son chemin, et un 
long chemin, sur le continent. Presque simultanément, l'espèce dont je parle était 
découverte à Genck, en Belgique, par M. Vandenborn (Fr. Crepin, Notes sur quelques 
plantes rares ou criliques de la Belgique, 1863, p. 37-40), dans le lac de Grandlieu, 
près de Nantes, par M. James Lloyd (notre contemporain, auteur d’une Flore de l'Ouest, 
et digne successeur de celui que j’ai loué plus haut), et enfin à l’Estang-d’Aude, dans les 
Pyrénées orientales, par M. Séb. de Salve, là mêlé au lacustris; dans-les deux premières 
localités jusqu'ici sans mélange (les échantillons des trois localités sont sous mes Yeux, 
@t ils ont été reconnus par M. Durieu de Maisonneuve pour son echinospora). D'où 
résulte ce fait remarquable que, sous les latitudes franco-belges, l’I. echinospora peut 
s'élever de la plaine, et pour ainsi dire du bord de la mer, jusqu'aux dernières altitudes 
de l’£. lacustris (il s’agit dans le cas présent de 4 à au moins 2200 mètres), tandis 
qu’en France, l’I. lacustris n'a pas encore été trouvé au-dessous de 640 m. dans les 
Vosges (alt. de Gérardmer), et d’environ 1200 m. sur le plateau central (alt. ou 
lac Saint-Andéol dans lAubrac), ce qui annonce dans J’J, echinospora un temp 


mn, À 


SÉANGE DU 10 JUILLET 1863. 129 


donnée et d’autres végétaux. M. Al. Braun a donné une attention particulière’ 
à ce point de vue, quant aux deux mêmes plantes qui m'occupent ici, dans 
son mémoire, déjà plusieurs fois cité, sur les deux /soëtes de la flore 
d'Allemagne. M. Durieu et moi, nous n'avons point négligé cette considé- 
ration dans nos recherches sur les /soëtes du plateau central (voir entre 
autres ce que j'ai dit de l’état des choses au lac de Guéry, dans mon 
Voy. bot. à l'Aubrac, in Bull. Soc. bot. Fr. VII, p. 544: extr. p. 11). 
Je ne pouvais donc être indifférent à cette question sur le nouveau ter- 
rain où je me trouvais transporté. Aussi ai-je soigneusement noté dans 
les pages qui précèdent toutes les circonstances de cette nature qui sont 
venues à ma connaissance pendant mon séjour dans la vallée de Llanberis, 
et voici ce qui en résulte : l’Æquisetune limosum, le Phragmites vul- 
garis, le Carexæ ampullacea, le Sparganium affine Schnïzi., le Littorella 
lacustris et le Callitriche hamulata Kuetz. , sont ici des compagnons 
plus ou moins exceptionnels de nos deux /éoëêtes. Mais il est deux autres 
plantes qui en paraissent absolument inséparables. Ce sont le Zobelia Dort- 
manna et le Subularia aquatica, qui n’ont jamais manqué à aucune des 
stations d’/soëtes que M. Babington ou moi avons pu visiter en personne dans 
le cours de ce voyage. Le nombre de ces stations est encore borné, parce que 
J. Roberts a dû seul continuer l’œuvre après notre départ ; mais il est bien 
probable qu’il en est partout de même dans le pays de Galles, ou que du 
moins les stations à Zsoëtes, sans les deux plantes en question, n’y sont que 
l'exception. Or, il est à remarquer que l’une des deux plantes, le Zohelia 
Dortmanna, avait déjà été indiquée par Dillen, en 1741, comme acolyte de 
son C'alamaria n° 4 du Phynon-vréch, qui est notre /soëtes lacustris (Hist. 
Muse. p. 541), et qu’en la même année, Linné signalait les deux plantes 
Parmi celles qui accompagnaient le même /scêtes dans le lac Mæklen, dans 
le Smoland (Œlandska Resa), association qui depuis s’est montrée très- 
fréquente, complète ou partielle, dans toutes les contrées septentrionales 
de l’Europe. Rien d'étonnant donc qu’on la trouve complète au pays de 


rament beaucoup plus flexible, beaucoup moins sensible aux changements de tem- 
Pérature que n’est celui de l’J. lacustris. — C’est encore dans la même année (1862) 
que M. Al. Braun constatait l'existence de l'J. echinospora dans les lacs d’Arta ct 
Majeur (alt. 1140 et 640 pieds), où il avait été jusque là caché sous le nom d’/. lacustris 
par les botanistes italiens les plus récents (Gennari, Revista delle Isoëlee ilal. in Comment. 
délla Soc. criltog. ilal. fasc. 2, sept. 1861, p. 100.— Voy. Al. Braun, Zwei neue 
Deutsche Isoëtes-Arten, 1862, p. 29). — Dès l’hiver suivant, la mêmesespèce faisait, 
Sous la même direction, un nouveau progrès. L'étude des herbiers de Vienne démontrait 
à M. Braun que l’Z. echinospora se trouvait encore dans les lacs Sz-Gothard et Sz- 
Ivany, au centre de la Transilvanie, où cette plante avait été autrefois signalée comme 
1. lacustris (AL. Braun, lettre du 26 janvier 4863). L’/. echinospora marchait ainsi, 
4 travers les plaines de l'Europe transalpine et sous des latitudes peu différentes, 
après avoir franchi deux chaînes de montagnes, depuis les bords de l'Océan jusqu’à là 
frontière moldave, tout près de la Russie. 


430 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Galles; mais ce qui est bien remarquable, c’est que la même harmonie puisse 
suivre nos deux /soëfes, au moins partiellement , jusqu’à leur extrême limite 
sud, dans une station des plus disjointes. Ce cas se présente à l’Estang-. 
d’Aude, lac des Pyrénées orientales, à au moins 2200 mètres d'altitude, où 
le Subularia aqguatica a sa seule et unique localité française et où il vit en 
parfaite confraternité, comme au pays de Galles, avec les Zsoëtes lacustris et 
echinospora, L'autre ami particulier des /soëtes, le Lobelia Dortmanna, vient 
dans plusieurs lacs de la côte de Gascogne, notamment à l'étang de la Canau 
et à celui de Léon, où l'on n’a signalé jusqu'ici aucune espèce d’/soëtes, N'y 
a-t-il pas là un indice à suivre pour y chercher, si ce n’est les deux espèces 
dont il s’agit ici, au moins queiqu’une de leurs congénères? L’/, Boryana 
DR. s’y trouvera très-probablement (1). 

6° Je n'ai remarqué aucune variété de l’Z echinospora dans le pays de 
Galles. Quelle que soit la différence des stations où il se trouve, il est partout 
le même et toujours semblable à celui de France, de Belgique et autres lieux; 
mais il n’en est pas de même de l’Z. lacustris. Gelui-ci est, au contraire, 
très-variable, au moins quant à sa taille et à la direction de ses frondes. 

Ces variétés peuvent se réduire à trois, avec un maximum (rès-remar- 
quable, et aussi très-rare de la troisième : 

Première variété : Taille de 6 à 10 centimètres ; frondes droites, strictes 
et serrées en pinceau. C’est la forme qui est la plus commune dans le 
Phynon-vrêch, dans le Phynon-Velan et dans le Llyn-Glas (XI, XIE et XV 
ci-dessus), où elle passe facilement tant à la forme 2 qu’à la forme 3; elle 
tient sans doute à des stations relativement élevées. J'ai déjà dit qu'entre 
autres localités, le lac de Gérardmer dans les Vosges, l’Estang-d’Aude dans 
les Pyrénées, et je puis ajouter le lac Buetow dans la Poméranie orientale, 
la fournissent parfaitement identique, Forma humilis, stricta, frondibus in 
penirillum collectis. 

Deuxième variété : Taille plus élevée, au maximum de 12 à 15 centimètres; 
frondes droites, plus ou moins étalées, non ramassées en faisceau. C'est la 
forme la plus commune du North-Wales, particulièrement dans les lacs infé- 
rieurs et notamment dans les Llyn-Padarn et Llyn-Peris, où elle flotte sou- 
vent entre la précédente et la suivante. C’est aussi la forme la plus répandue 
dans les stations continentales. Forma elatior, frondibus rectis, patulis. 

Troisième variété : Taille médiocre, entre 6 et 42 centimètres; frondes 
arquées ou courbées en faucille, Cette forme, rare ailleurs (Smoland, 


(1) En 1863, j'ai exploré, en compagnie de M. Durieu de Maisonneuve, les étangs de 
Cazau, de Léon et de Soustons, et nous y avons effectivement trouvé l’Isoëles Boryana, 
associé au Lobelia Dortmanna. Mais cette dernière plante croît aussi ‘dans l'étang 
Canau, où pourtant M. Durieu n’a pu encore découvrir l’Isoëtes, bien qu’il l'y ait cherché 
à différentes reprises, e4 encore tout récemment. — (Note ajoutée au moment de 
J'impression.) sis 


SÉANCE DU 10 Juizzer 1863. h31 


Bohême), est au contraire très-commune dans le North-Wales. On la trouve 
sous différentes tailles dans presque tous les bassins énumérés ci-dessus, 
notamment I, II, V, IX, X, XVII, XVIII, XIXet XX, où elle est infini- 
ment modifiée quant au degré de la courbure, qui réprésente tantôt un arc 
plus ou moins ouvert, tantôt une véritable faucille de moissonneur, dont 
même les deux extrémités se rejoignent quelquefois, de manière à fermer 
complétement le cercle, ce que j'ai vu deux ou trois fois dans la plante du 
lac Dwythwch (X). Forma humilis vel mediocris, frondibus arquatis vel 
fulcatis, vel imo circinatis. 

Quatrième variété : Pour ne rien oublier, je dois mentionner encore une 
forme qui s’est trouvée dans le Llyn-Ffynnon-y-Gwas (XIV) mêlée aux 
variétés 2 et 3, et qui se distingue de toutes les autres par l'extrême ténuité 
de ses frondes, tantôt dressées, tantôt arquées, Les spores, quoique impar= 
faitement mûres {au 11 novembre), ne m'ont pas permis de douter qu'ici 
encore j'avais affaire à l’Z. lacustris. Forma gracilis. 

(La fin aux séances de novembre prochain). 


M. le Président déclare close la session ordinaire de 1862-63, et 
invité MM. les membres de la Société à se rendre à la session 
extraordinaire qui s'ouvrira à Chambéry le lundi 27 juillet. 


Conformément au paragraphe 2 de l’art. 41 du règlement, le 
procès-verbal ci-dessus à été soumis, le 24 octobre, au Conseil 
d'administration, qui en a approuvé la rédaction. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


JANVIER 1864. 


N.-B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. J. Rothschild, libraire 
de la Société botanique de France, rue de Buci, 14, à Paris. 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


Ueber die Fruchtentwickelung der Ascomyceten (Sur le 
développement de la fructification des Ascomycètes) : par M. A. De Bary. 
In-4° de 38 pages, avec deux planches gravées. Leipzig, 1863. 


L'auteur figure et décrit le développement des thèques dans plusieurs 
Champignons : £rysiphe Cichoriacearum DC., Æ. quttata Livk, Tuber 
brumale Vilt., ÆElaphomyces granulatus Nees, Peziza confluens Vers, 
P. convexzula Fr. et Morchella esculenta Fr. 

On voit parfois naître, sur deux filaments voisins et entrecroisés des 
Erysiphe, des cellules indépendantes d’abord qui s’accolent et paraissent 
jouer, la supérieure le rôle d’anthéridie, l’inférieure le rôle de germe. C'est 
sur la seconde que s’opèrent les modifications d’où doit résulter la formation 
de la thèque; l’anteur a surtout Ctudié sur elle l’organogénie du perithe- 
cium. Cette cellule, qui n’est d'abord qu'une dilatation d'un filament du 
mycélium, se trouve ensuite séparée de la cavité du filament par une cloison 
de nouvelle formation ; puis sur sa périphérie se développent des bosselures 
qui bientôt seront converties aussi en cellules particulières par le développe- 
ment de cloisons à leur base. Ce sont là les cellules d’enveloppes, ou le péri- 
thécium; la cellule primitive intérieure, protégée ainsi par un rang de 
cellules, se développe, forme dans son intérieur un gros nucléus, et enfin 
donne naissance à plusieurs spores isolées pourvues chacune d’un nucléole. 
Quand l'appareil est arrivé à maturité, les cellules du périthécium éclatent 
pour ainsi dire, et livrent passage à la thèque intérieure, dont les spores 
deviennent opaques quand on les laisse un certain temps dans l'eau. 
Elles prennent alors un double contour, et leur nucléole devient indis- 
tinct. 

L'auteur décrit ensuite la formation des spores dans le Z'uber brumale ; 
d'après ses figures, plusieurs spores se développent ici concurremment 
dans la mème thèque, accompagnées de quelques corpuscules bruns dont 
il ne précise pas la nature; mais une seule d'entre elles, arrivant à 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h33 


l'état de maturité, s’entoure d’une double paroi et des cils caractéris- 
tiques, 

Les fructifications de l'£laphomyces granulatus naissent sur des filaments 
du mycélium comme celles des Ærisyphe; les observations de l'auteur 
portent principalement sur les bandes de matière plastique qui s’accolent le 
long de la paroi interne des thèques, et en rétrécissent la cavité, pendant que 
les spores se développent dans leur intérieur ; la membrane qui entoure ces 
spores acquiert une épaisseur remarquable. 

Relativement aux Pézizes, M. De Bary étudie surtout le développement 
des thèques et des spores. Les thèques sont d’abord remplies d’un protoplasma 
où apparaissent, au milieu de nombreux granules et de gouttelettes grais- 
seuses, des cellules munies d'un nucléus, qui formeront plus tard les 
spores. À un degré ultérieur de développement, on remarque que le nucléus 
s'est transformé lui-même en une cavité renfermant un nucléole ; les spores 
sont toujours sphériques ; plus tard enfin, elles s'accroissent dans l'un de 
leurs diamètres, pendant que disparaissent les matériaux plastiques contenus 
dans la thèque, et l'on voit ces spores, au nombre de huit, se superposer 
obliquement dans son intérieur, en formant une pile très-régulière, du moins 
dans le Peziza confluens. La régularité est moins grande dans le P. con- 
vezula Fr., où les thèques sont plus larges relativement au diamètre des 
spores. 

L'auteur étudie encore le développement des thèques et des spores dans le 


Morchella ; i\ est fort analogue. 
Dr EUGèxE FouaxIER. 


Zusætze und Berichtigungen zur den 1851 veræflent- 
lichen Untersuchungen der Entwickelung hœherer 
Kryptogamen (Additions et corrections aux Recherches sur le 
développement des Cryptogames supérieures, publiées en 1851); par 
M. Hofmeister (Pringsheim's Jahrbuecher, 1. VAT, 2° livraison, pp. 259- 
293, 1862). 


Ces notes de M. Hofmeister sont relatives à l'Anthoceros lævis, mais prin- 
Cipalement au développement de la tige chez les Muscinées à tige feuillée, 
ainsi qu'à l'historique des notions que la science a acquises sur le développe- 
ment de l’archégone des Mousses, à la ramification des Fougères, au déve- 
loppement des spores des £'quisetum, à l'accroissement en largeur des bour - 
geous terminaux des Selaginella, et à l'explication morphologique des spo- 
ranges des mêmes plantes, Nous ferons connaître les idées de M. Hofmeister 
sur quelques-uns de ces points. 

Dans l’Anfhoceros, M. Hofmeister étudie le développement des cloisons des 
cellules-mères ; il rappelle d’abord avec quelle facilité les couches intérieures 
des parois de ces cellules se dilatent dans l'eau, ce qui l'a empêché de répéter 


h34 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


les expériences dé M. de Mohl eñ se servant de ce liquide; il n’a pu réussif 
qu’en employant de l’alcool à un certain degré de concentration, dans leqtiél 
la dilatation des couches intérieures est moins rapide. Il a vu ainsi que c'est 
principalement la couché moyenne de la paroi qui se dilate en absorbant le 
liquide; vient ensuite, mais passivement et comme forcément, la dilatation de 
la couche extérieure. Si l'on ajoute alors de l’alcool absolu à la préparation, 
l'eau sort des couches gonflées , là membrane extérieure se plisse, ainsi qué 
la moyenne, plus dilatables qu’élastiques. C'est en employant l'alcool que 
M. Hofmneister a vu très-nettement , sur des fruits étudiés dans un état de 
développement intermédiaire à l’indivision et à la partition complète des 
cellules-mères des sporés, que les cloisons de séparation se présentent d'abord 
comme des saillies filiformes développées sur la paroi interne de ces cellules, 
et se développent par conséquent de la périphérie au centre. 

En traitant du développement de la tige des Muscinées, M. Hofmeister 
prend pour exemples les C/imacium dendroides, Catharinea undulata, 
Calypogeia Trichomanes, Frullania dilatata, Plagiochila asplenioides, 
Madotheca platyphylla, Jungermannia bicuspidata, Radula complanata et 
Sphagnum cymbifolium. Ya tige de toutés ces plantes se compose, à Son 
extrémité supérieure, de cellules contiguës latéralemement avec celles des 
poils ou des feuilles ; elle se termine supérieurement par une surface para- 
boloïde que circonscrivent inférieurement des arêtes courbes, limites des cel- 
lales voisines. M. Hofmeister s’est occupé principalement de savoir comment 
se fait la division de cette partie, dans laquelle s’établissent, au fur et à mesure 
du développement, des cloisons nouvelles, tandis que l'extrémité de l'axe 
s’allouge toujours. 

Voici quelques-uns des faits observés par l’auteur dans le développement 
des spores des £quisetum. Les cellules où se formeront ces spores contien- 
nent dans leurs parois deux couches différentes, dont l’une interne, plus 
épaisse, réfracte plus fortement la lumière ; la couche externe, plus lâche 
dans sa structure, se contracte sous l'influence de l’alcool absolu, si bien qu'on 
ne la distingue plus de l’interne, et se dilate, au contraire, sous l'influence de 
l'eau, si bien qu’elle entoure la couche interne d'ane gelée presque liquide ; 
l'action préalable de l'alcool diminue considérablement cette dilatation. Eu 
écrasant ces couches extérieures sous la lame de verre du porte-objét, on les 
voit s’étaler en une couche hyaline, gélatineuse, ce qui démontre que leur 
structure est homogène, et que l'apparence grenue de leur surface est une 
illusion produite par de fins corpuscales qui s'y attachent. Le chloroiodure de 
zinc, agissant sur une préparation intacte, colore les couches externes en bleu 
pâle, et les couches internes en jaune; si la préparation a déjà été traitée par 
l'alcool, les couches externes se teintent en jaune pâle et les couches internes 
en brun ; maïs l’eau rappelle alors la nuance bleue dans les premières. L'oxyde 
cupro-ammoniacal les dilate un peu et les endurcit, de sorte qu'elles né 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 35 


s'étalent plus sous la pression, L’acide sulfurique les dissout instantanément, 
mais les couches internes résistent et brunissent. Quand on opère sur des 
cellules âgées, d’une épaisseur de 0,035 environ, et qu'on les place dans de 
l'alcool étendu, on remarque dans leurs parois trois membranes à double 
contour, nettement limitées sur chaque face, et se séparant facilement les 
unes des autres. L'auteur s'étend encore sur les colorations que prennent 
ces trois membranes sous l'influence de divers réactifs et sur les circonstances 
qui en provoquent la séparation. C’est, comme on sait, dans la couche 
extérieure que se forment les élatères; après leur apparition, on peut 
dire qu’elle n'existe plus. M. Hofmeister traite longuement de la coloration 
qui se développe dans les élatères par l'effet des réactifs. 

Si l’on place, dit-il, dans l'alcool d’abord , et ensuite dans l’eau, une 
spore jeune encore et dépouillée de ses élatères, on voit la membrane 
qui la revêt, sous-jacente, dans l’état primitif, à la couche superficielle et 
première de la cellule, se soulever et se séparer de la membrane la plus 
intérieure, dont la surface externe se convre consécutivement de petites 
proéminences, tandis que sa surface interne conserve une consistance 
semi-liquide. En contact avec cette surface, se trouve intérieurement uné 
substance vitrée qui, par une sorte de pression, se fragmente, et dont les 
fragments pénètrent alors dans des fissures de la troisième membrane. M. Hof- 
meister s'étend encore sur les phénomènes de dilatation et de coloration que 
présentent ces divers tissus au contact des agents chimiques. Il s'occupe aussi 
de là quatrième membrane, que l’on observe sur les spores mûres au moment 
de leur dissémination, el que le contenu de la spore pousse devant lui 
pendant la germination, à travers les trois enveloppes de la spore ou leurs 


débris. 
E,F, 


Ucher die Vorkeime und die nacktfuessigen Zweige 
der Charen (Sur les proembryons et les rameaux à base nue des 
Chara); par M. N. Pringsheim (Pringsheim's Jahrbuecher , t. TI, 
pp. 294-324, 1862). 


M. Pringsheim vient de faire une découverte, dont aucun botaniste ne 
contestera la grande importance physiologique : c’est que les Characées sont, 
comme les Mousses et la plupart des Cryptogames supérieures, pourvues d’un 
proembryon qui est le résultat immédiat de la germination, et portera à son 
tour les axes feuillés de la plante. Pour bien faire comprendre comment se 
fait ce développement physiologique, nous suivrons d'abord l'auteur dans 
l'étude de certaines ramifications anomales des Chara, et spécialement du 
Chara fragilis, sur lequel ont été principalement faites ses observations. On 
Sait que dans les jeunes pieds de cètte espèce, il y a normalement à chaque 
nœud une seule ramification, placée dans l’aisselle de la feuille la plus âgée. 


h36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Mais, dans les pieds plus vieux, et surtout dans ceux qui ont passé l'hiver, les 
ramifications se forment non-seulement dans l’aisselle de la feuille la plus âgée, 
mais aussi dans les aisselles des feuilles plus jeunes du même verticille. Seu- 
lement ces dernières sont plus ou moins anomales, et représentent réelle- 
ment, par leurs caractères physiologiques, des organes analogues aux stolons 
des plantes phanérogames. En effet, elles manquent de cette écorce formée 
par des rangées de fibres vertes et spirales, particulière aux Chara, et sont, 
simplement des tronçons chargés de donner naissance à de nouveaux êtres 
pareils à celui d’où émanent ces articles nus, M. Pringsheim les divise en 
deux catégories : les uns se continuent, suivant le mode de croissance ordinaire 
aux Chara, en tiges ordinaires ; ce sont les rameaux à base nue (nacktfuessige 
Zweige) ; les autres, nommés par l’auteur proembryons de rameaux (Zweig- 
vorkeime), présentent des caractères particuliers. Leur origine anatomique est 
une cellule qui sort d’un des nœuds de la plante-mère, et dont la cavité est 
bientôt partagée en deux par la formation d’une cloison. La cellule secondaire 
supérieure se partage elle-même plusieurs fois et forme ainsi ce que l’auteur 
nomme l'apex proembryonnaire (Vorkeimspitze). Gependant la cellule secon- 
daire inférieure se partage elle-même en deux autres, dont la supérieure, base 
du bourgeon végétatif (Anospengrunde), devient le siége de phénomènes 
importants. 11 s’y forme trois cloisons, non parallèles aux précédentes, et par 
conséquent trois cellules nouvelles, dont la moyenne ne changera plus, mais 
dont l’inférieure A et la supérieure B deviendront des nœuds. Le nœud À 
donnera naissance à des filaments confervoïdes blancs, qui pourront être 
regardés comme des radicelles, et le nœud B à une tigelle. Pour cela, la cel- 
lule B qui le forme fait saillie latéralement au-dessous de l’apez proembryon- 
naire qui la surmonte, et qui forme au-dessus d’elle comme une feuille à 
l’aisselle de laquelle cette cellule se développerait; c’est seulement l’âge relatif 
de ces parties qui permet de leur assigner leur véritable rôle physiologique. 
Les cloisons qui se développent dans la cellule B sont verticales et perpendi- 
culaires à celle de l’apex. Le sommet organique de B, continuant à faire saillie 
en dehors de l'axe, se divise de nouveau, et il se développe sur ses parties 
latérales de jeunes feuilles, diese moins hautes que l’apex, et enfin tout 
un axe feuillé ordinaire. 

M. Pringsheim a observé qu'il se passe des phénomènes analogues dans là 
germination des C'hara. La cellule allongée qui sort des sporanges est, pour 
lui, un proembryon, de la division duquel il se forme un apex, une base végé- 
tative, et des nœuds À et B chargés de développer, le premier des racines 
adventives et le second une tige aérienne. Aussi, en terminant, cet éminent 
observateur insiste-t-il avec énergie sur le rapprochement que ces faits éla- 
blissent entre les Characées et les Mousses, et sur les lois générales qu'ils per- 
wettent d'établir touchant la reproduction des Cryptogames. 

E. F. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h37 


Zur Entwickelungsgeschichte der Myxomyceten | Sur 
l'histoire du développement des Myxomycètes) ; par M. L. Gienkowski 
(Pringsheim's Jahrbuecher, t. AIX, pp. 325-337, 1862). 


Nos lecteurs ont déjà trouvé dans cette Æevue (1) un long exposé des 
discussions actuellement pendantes sur les Myxomycètes, que M. De Bary 
regarde comme appartenant au règne animal, tandis que M. Tulasne (Selecta 
Fungorum carpologia, Cap. T) et d’autres naturalistes persistent à les rapporter 
au règne végétal. Notre Æevue a reproduit à cet égard les opinions de M. Wi- 
gand. On trouvera l'exposé de celles de M. De Bary, dans le Zeitschrift f. 
wiss, Zoologie, 10 Bd, 1859, et dans le #lora, 1862, n° 17. M. Cienkowski 
est d'avis que les Myxomycètes sont très-rapprochés des Amibes, des Monades 
et autres animalcules, mais c’est plutôt, d’après lui, sur des idées philoso- 
phiques que sur des faits qu'on se fonde pour établir leur place dans la chaîne 
des êtres organisés. D'ailleurs, son mémoire renferme des faits nouveaux, qui 
fortifient singulièrement le rapprochement qu'il veut faire admettre. 1 a 
observé, en effet, que les corpuscules produits par division de la masse proto- 
plasmique (Schwærmer) qui sort de la spore des Myxomycètes, et qu’il 
nomme Myxoamibes, s’assimilent les substances extérieures, absolument 
comme le font les véritables Amibes, ce que supposait seulement M. De Bary 
dans ses premiers travaux, et ce que niait M. Wigand. Cette propriété, 
d’après lui, n'appartient pas seulement aux Myxoamibes, mais aussi à la masse 
protoplasmique, qu’il nomme plasmodium. Le plasmodium s'accroît encore 
par une fusion qui s'établit entre sa substance et celle des Myxoamibes de la 
même espèce; elle n’a pas lieu entre un plasmodium et des Myxoamibes 
d’espèce différente. , 

Le mémoire de M. Cienkowski contient encore des détails importants sur 
la constitution du plasmodium, qui se compose, d’après lui, de deux sub- 
stances : l’une fondamentale, hyaline, extrêmement dilatable et contrac- 
tile, formant comme le ciment de la masse entière, et l’autre granuleuse et 
semi-fluide. 11 étudie longuement les vacuoles qui se forment et s'affaissent à 
chaque instant, non-seulement dans le plasmodium, mais dans les cellules qui 


en naissent et produisent les Myxoamibes. 
E, F. 


Einige Bemerkungen ueber den Gerbstoff und seine 

- Verbreitung bei den Holzpfianzen (Quelques recherches sur 
le tannin et sa diffusion dans les plantes ligneuses); par M. Carl Sanio 
(Botanische Zeitung, 1863, pp. 17-23). 


L'auteur a déjà publié un travail sur le même sujet dans le Bofanische 


(1) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 402. 


138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Zeitung, 1860, p. 213. IL commence aujourd’hui par rechercher quels sont | 
les meilleurs réactifs pour reconnaître le tannin dans les tissus végétaux, Lé 
chlorure de fer à de grands inconvénients ; il détermine d’abord un précipité 
bleu obscur de tannate de protoxyde de fer, qui se dissout en passant à l'état 
de tannate de peroxyde, et remplit la préparation placée sur le porte-objet 
d'un liquide visqueux, d’un vert-jaunâtre plus ou moins foncé, Le sulfate de 
protoxyde de fer est d’un emploi plus commode, mais la coloration bleue 
qu'il provoque n’est pas assez intense pour déceler la présence de faibles 
quantités de tannin. Le chloroiodure de zinc, qui colore en rose-rougeûtre les 
parties contenant du tannin, a le défaut d’attaquer aussi l’amidon, et le pré- 
cipité d'iodure d’amidon altère singulièrement la couleur caractéristique de 
l'acide gallique, coloration qui varie d’ailleurs du rouge-brique au rouge-vio- 
lacé, selon les plantes sur lesquelles on fait agir le réactif. M. Sanio préconise 
le chromate de potasse, qui produit dans les cellules contenant du tannin un 
Coagulum d’un rouge-brun, lequel ne se modifie pas dans la glycérine. 

A l’aide de ce procédé, il a constaté l'absence du tannin dans les C'eltis 
australis, Morus alba, Sambucus nigra, Gleditschia triacanthos, Robinia 
Pseudacacia, Cytisus Laburnum et Porlieria hygrometrica. 

D'après lui, ce principe se rencontre presque toujours dans les cellules de 
parenchyme, mais il manque dans les cellules de prosenchyme. Cependant il 
l’a trouvé dans les fibres ligneuses du Syringa vulgaris. Le tanuin manqué 
encore toujours dans les fibres du liber, dans les vaisseaux ponctués, et 
presque toujours dans les cellules verticales qui avoisinent la couche de cam- 
bium et les faisceaux vasculaires, dans les vaisseaux et les fibres du bois; il 
se rénontre, au contraire, daus les cellules épidermiques, dans le tissu des 
raÿOns médullaires. Lorsqu'il existe, c’est dans le contenu de la cellule, et 
jamais dans les parois, ni dans l’utricule primordial. 

L'auteur donne ensuite des détails étendus sur la situation qu'oceupe le 
tannin dans certaines plantes : les Quereus pedunculata, Alnus ylutinosa, 
Betula alba, Carpinus Betulus, Corylus Avellana, Saliæ purpurea; Pla- 
tanus occidentalis, Hamamelis virginiana, Juglans regia, Acer platanoides, 
Rhus Cotinus, Pirus communis, Tristania nerüfolia, Eucalyptus cordata, 
Ribes rubrum, Amygdalus communis, Syringa vulgaris et Frazinus 


excelsior, 
E. F. 


Zur Kenntniss der chemischen Bestandtheile der weis- 
pars Mistel, sowie zur næheren chemischén Kenntniss des Viscins (2e 
l'étude des éléments chimiques du Viscum album, ainsi qué de l'étude 


chimique approfondie de la viscine); par M. Paul Reinsch (Bulletin de 
la Soe. imp. des naturalistes de Moscou, 1862, n° II, PP. 531-559). 


L'auteur rappelle d’abord les analyses chimiques du Gui faites par 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 439 
MM. Funke, Henry et Winkler. Il divise ensuite en quatre paragraphes son 
propre travail, et étudie successivement la décoction aqueuse, puis l'extrait 
alcoolique de la plante, la substance particulière, désignée sous le nom de vis- 
cine, et l'extrait aqueux de l'écorce. Il a trouvé dans la décoction aqueuse une 
huile éthérée, du tannin et plusieurs sortes de pectine ; les principales sub- 
stances contenues dans l'extrait alcoolique, sont la chlorophylle et une matière 
jaune résinoïde. La viscine peut être extraite, soit des baies, soit de l'écorce de 
la plante, Pour la retirer des fruits, on les triture dans un mortier de porcelaine 
eton épuise par l’eau la masse obtenue, en séparant mécaniquement les 
semences et les pellicules qui enveloppaient les fruits, La viscine ainsi obtenue 
est incolore, sans goût ni odeur, et extraordinairement visqueuse, Pour extraire 
ce principe de l'écorce, on râcle celle-ci jusqu’au. bois, et l’on humecte la râ- 
clure visqueuse produite jusqu’à ce qu’on puisse en former des bols ; on la 
laisse ensuite en contact avec l’eau pendant douze à dix-huit heures, en agitant 
fréquemment le mélange, puis on exprime la substance dans un linge ; les 
les éléments solubles , sucre, gomme, gélatine végétale, albumine, acide gal- 
lique et sels, sont ainsi séparés. On répète plusieurs fois cette opération; les 
débris protéiques provenant des parois cellulaires de l'écorce sont entraînés 
par l’eau, et les restes des faisceaux fibro-vasculaires de l'écorce sont enlevés 
avec une petite pince; la viscine préparée de la sorte est d’un vert-jaunâtre 
et très-filante, 

Avant de terminer l'exposé de ses recherches relatives à la viscine, l'au- 
teur étudie l'extrait aqueux de l'écorce du Gui, préparé à froid, dans 
lequel l’analyse chimique démontre la présence d’arabine, d’albumine soluble 
et insoluble, de chlorophylle, de glucose, d'acide gallique et de gallates, et 
de composés pectiques. Il passe ensuite à l'examen de la viscine, qui, à l'état 
impur, flotte dans l’eau, dont elle égale la pesanteur spécifique, Cette viscine, 
soumise à la trituration et au lavage, est ensuite portée dans une cornue, où 
l’on verse de l’alcool à 90°. L'alcool se colore au bout de quelques jours en 
jaune, et on le renouvelle jusqu’à ce qu’il ne reprenne plus cette coloration. 
On opère ensuite de même en portant l'alcool à l'ébullition. La viscine 
devient ainsi une substance particulière, d'un jaune de cire, qui reste dans 
l'appareil après la distillation de l'alcool. M. Reinsch s'étend longuement sur 
l’arialyse élémentaire de la viscine pure, qui doit, d’après lui, être désignée 
chimiquement par la formule C2H#0$, 

L'auteur critique ensuite les travaux publiés antérieurement sur le même 
sujet, notament par Macaire Priasep, qui n'avait obtenu, selon lui, qu'une 
viscine impure. Il termine en faisant connaître les résultats d'analyse compa- 
rative des éléments minéraux contenus dans les cendres fournies par un pied 
de Gui et par l'arbre sur lequel il croissait, et qui était un Pin-silvestre. Ces 
analyses, que nous ne pouvons reproduire ici, donnent, au point de vue quan- 


titatif, des résultats très-différents, 
E.F, 


AO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Du refroidissement noctürne et de léchauffement 
diurne, pendant l'hiver de Montpellier, des diverses 
espèces de terres cultivées; par M. Ch. Martins (Extrait du 
tome V des Mémoires de l’Académie des sciences et lettres de Mont- 
pellier, année 1863) ; tirage à part en brochure in-8° de 20 pages; Mont- 
pellier, 1863. 


Bien que ce mémoire s’écarte un peu des sujets de botanique pure, nous 
avons cru devoir le signaler à nos lecteurs, à cause des applications qu’il 
implique, soit pour l’horticulture, soit pour l’agriculture, soit pour la géo- 
graphie botanique. Des expériences délicates de physique, instituées avec 
grand soin, ont'appris à l'auteur que les diverses sortes de terre se compor- 
tent très-inégalement, relativement à la distribution de la chaleur dans leur 
intérieur. Ainsi la terre argileuse rouge des environs de Montpellier, qui 
recouvre les collines plantées en Vignes et en Oliviers, se refroidit facilement 
à la surface, mais non en profondeur, et se réchauffe très-facilement ; aussi 
bien ces végétaux, dont les racines pénètrent profondément dans le sol et sont 
peu affectées par les variations de la surface, y croissent-ils parfaitement. La 
terre du Jardin-des-plantes de la même ville est celle qui se refroidit le moins 
par rayonnement et près de la surface, grande qualité pour la conservation des 
graines de plantes annuelles; mais le froid nocturne s’y propage beaucoup 
plus vite en profondeur, et la chaleur beaucoup moins vite que dans 
la précédente. La terre de bruyère ne se refroidit pas non plus {beaucoup 
à la surface, et le froid nocturne y pénètre lentement ; elle se réchauffe, 
au contraire, fortément à la surface, sans que la chaleur y pénètre rapide- 
ment : toutes ces circonstances la rendent très-apte à faire germer prompte- 
ment et sûrement les graines qui lui sont confiées. 

La suite du mémoire de M. Martins contient l'énumération de plantes qui 
gèlent à Montpellier pendant la nuit, sans périr cependant, à cause de la 
chaleur du jour, et aussi à cause de la température que conserve le sol. Ges 
faits, dit-il, sont parfaitement en harmonie avec ceux que M. Naudin à publiés 


sur la culture géothermique. 
E. F, 


De la variabilité dans lPespèce du Poirier ; résultat d'expé- 
riences faites au Muséum d'histoire naturelle, de 1853 à 1862 inclusive- 
ment; par M. Decaisne (Comptes rendus, 1863, t. LVIL, pp. 6-17). 


Les lecteurs de ce Bulletin connaissent depuis longtemps la manière de 
voir adoptée par M. Decaisne sur la variabilité de l'espèce, fort analogue à celle 
que M. Naudin a développée à plusieurs reprises. Le savant professeur entretient 
cette fois l’Académie d'expériences qu'il a faites en semant des pepins de Poire, 
et des résultats variés qu’il a obtenus. Un semis de Poire-Sauger, varièté à peu 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. UE 


près sauvage, a donné quatre sortes différentes de fruits : l’une ovoïde, toute 
verte ; une seconde ramassée et presque maliforme, colorée de rouge et de vert; 
une troisième plus déprimée encore ; enfin, une quatrième régulièrement piri- 
forme, du double plus grosse que les précédentes et uniformément jaune. De 
la Poire-Belle-alliance sont sorties neuf variétés nouvelles, dont aucune ne 
reproduit la variété-mère, soit par la forme, soit par la grosseur, soit par le 
coloris, soit enfin par l’époque de maturité; la Poire-Bosc a produit de même 
trois nouveaux fruits différents du type, l’un des trois est souvent même très- 
semblable à l’un des fruits obtenus du Poirier Sauger. Dans les semis de Poire- 
d'Angleterre, six arbres fructifères ont donné six formes nouvelles, tout 
aussi différentes les unes des autres et de la forme-mère que le sont entre 
elles la plupart des anciennes variétés ; l’un des sujets a même fourni des 
fruits d'hiver semblables à la Poire-de-Saint-Germain. Ce n’est pas seulement 
par les fruits que les arbres issus d’une même variété ont différé, c’est aussi 
par l’époque de maturation, par le port et par la forme des feuilles. Autant 
il y avait d'arbres, autant d’aspects différents : les uns épineux, les autres 
inermes ; les uns à bois grêle, les autres à bois gros et trapu ; sur quelques 
sujets du Poirier-d’Angleterre, la variation est allée jusqu’à produire, la 
première année du semis, des feuilles lobées, semblables à celles de l’Aubépine 
ou du Pirus japonica. 

M. Decaisne, après avoir rapporté ces expériences, insiste sur la diversité 
des caractères que présentent les variétés de Poirier. Comme on ne peut 
saisir, dit-il, un caractère spécilique de quelque valeur dans un ensemble 
aussi bien nuancé dans ses formes par des gradations insensibles, on est forcé 
de reconnaître que la nature se présente, relativement à la nature de l'espèce, 
tantôt resserrée entre d’étroites limites, nettement caractérisée et ne variant 
pas sensiblement, mais tantôt aussi prodigieusement large, polymorphe, et, 
pour ainsi dire, divisible à l'infini. On pourrait objecter à M. Decaisne que 
ces variations résultent de croisements répétés entre des espèces primitive- 
ment distinctes ; mais il fait remarquer que les fécondations supposées contre 
nature, qui se produisent sur les Poiriers sous l'influence des insectes, sont 
toujours fertiles, et semblent par conséquent démontrer au contraire l'unité 
spécifique du type primitif, conformément à ce qu’on voit dans les Cucur- 


bitacées. D 


BOTANIQUE DESCRIPTIVE. 


Première note sur les plantes phanérogames du Maine; 
par M. Manceau (Extrait du Bulletin de la Société d'agriculture, sciences 
et arts de La Sarthe); tirage à part en brochure in-8° de 15 pages. 


M. Manceau appelle l'attention des botanistes sur quelques plantes qui 
n'avaient pas encore été signalées dans le Maine, ou qui avaient été, d’après 
++ 30 


hh2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


lui, confondues avec d’autres. Les principales plantes nouvelles qu'il signale 
sont les Zarbarea stricta R. Br., B. intermedia Bor., Senebiera pinnatifida 
DC,, Lepidium Smithii Hook., Geranium Lebelii Bor., Vicia varia Host, 
Rosa toméntella Leman, Matricaria coronata J. Gay, Sonchus maritimus 1, 
Veronica Buxbaumii Pers., Leucoium æstivum L., Orchis incurnata L., 
Carex filiformis L., Aira uliginosa Weïhe. M. Manceau signale une espèce 
inédite, Prunus stenopetala, voisine du Prunus spinosa, mais qui s’en dis- 
tingue nettement, dit-il, par ses pétales linéaires, souvent presque filiformes, 
et par son style saillant dans les boutons avant l'épanouissement des 


fleurs. 
KE, 


Note sur la détermination du Cenfaurea myacantha 
DC.; par M. Timbal-Lagrave (Extrait des Mémoires de l’Académie impeé- 
riale des sciences de Toulouse, VI° Série, t. 1°, p. A4) ; tirage à part en 
brochure in-8° de 11 pages). 


Le but de ce travail est de prouver que le Centaurea myacantha DC; est 
un hybride des C. Calcitrapa X. et C. serotina Bor., dans la formation 
duquel la seconde espèce joue le rôle de père. Ce sont des faits observés aux 
environs de Toulouse qui ont porté l’auteur à concevoir cette opinion, con 
firmée par la fécondation artificielle qu’il a opérée entre les deux espèces 
mentionnées, la culture des produits, et l'obtention d’une forme compléte- 
ment pareille au C. myacantha, et dont les descendants revinrent en grande 
partie au €. Calcitrapa, \andis que ceux qui conservèrent le type du C’. mya- 


cantha portèrent des fleurs presque toutes stériles. 
E. F. 


Ruthea, eine neue Umbelliferengattung (Ze Ruthea, nou- 
veau genre d'Ombellifères); par M. C. Bolle (Extrait des Comptes rendus 

” de la Société botanique pour la province de Brandebourg et les pays voi- 
sins) ; tirage à part en brochure in-8° de 8 pages, avec deux planchés gra- 
vées. Berlin, 1862. 


Le nouveau genre Æuthea appartient à la flore des Canaries , à la famille 
des Ombellifères, et à la trihu des Sésélinées ; en voici la diagnose : 

Calycis margo 5-dentatus, dentibus parvis triangularibus acutis. Petala 
 oblonga, integra, involuta, subquadrata et subdentata. Fructus oblongus, 
sectione transversali teretiusculus, a latere subcompressus. Mericarpia ju8is 
5 prominulis, crassiusculis, subulato-carinatis, lateralibus marginantibus nOn 
latioribus. Valleculæ univittatæ, Commissura bivittata. Semen semiteres, sub- 
quinquangulare. Carpophorum bipartitum. Stylopodium conicum elongatum. 
Styli breves, adpresse reflexi. Stigmata clavata, 

L'espèce unique est le Æufhéa herbanica Bolle, Le genre est dédié à 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. LUE) 


Johannes Friedrich Ruthe ; Æ/erbania est le nom donné âu moyen âge à 
l’île de Fortaventure, 
E. F. 


Plantæ quædam milotieæ quas itinere cum divo Adalberto libero 
barone de Barnim facto collegit Robertus Hartmann, M.-D.; recetisuit et 
observationes criticas in plantas prius jam notas et novarum déscriptiones 
addidit George Schweinfurth. Un vol. in-4° de 53 pages, avec 16 planches 
lithographiées. Berlin, 1862. 


Le titre de cet ouvrage suffit pour en faire connaître la nature. Le voyage pen 
dant lequel ont été faites les récoltes de plantes étudiées dans ce livre à êté 
entrepris à la fin de l’année 1859, et achevé au prix des plus grandes fatigues 
par M. Hartmann, après la mort de M. le baron de Barñirh, à la fin dé l’anhée 
suivante. Les collections de M: Hartmann sont maintenant au Musée de 
Berlin, Nous nous faisons un devoir de signaler, suivant notre häbitude, les 
nouveautés décrites dans cet important travail : Poivrea Hartmanniana 
Schweinf., Crozophora Brocchiana Vis. var. Hartmanni Schweinf.; Van: 
queria Barnimiana Schweinf., Dorstenia Barnimiana Schweinf, Ges plantes 
sont figurées dans les planches, ainsi que les espèces suivantes, qui sont dans 
le corps du texte l’objet de descriptions plus ou moins détaillées : Acacia 
campylacantha Mochbst., Crozophora obliqua Juss., Cr. plicata 3uss., Sola- 
num zanthocarpum Schrad. et Wendl., Asparagopsis scoparia Kanth. Un 
grand nombre d’autres espèces sont l’objet de notes et d’une synonymié 
intéressantes. On trouve dans ce travail quelques faits remarquables de 
géographie botanique, qui prouvent la présence, sur les bords du Nil, de 
plantes du Nord, telles que les Potentilla supina L., Epilobitim hirsutum 
L. (£, foliosum Hochst.), Zannichellia palustris LL; Cyperus pjgmius 
Rottb., Funaria hygrometrica Hedw., Chara fœtida Al, Braun; et d'autres 
plantes européennes connues depuis longtemps èn Abyssinie. 

Le livre de M. Schweinfurth se termine par l'explication des planches et 


un index des noms donnés en arabe aux principales plañtes qu'il à étudiées, 
E, F. 


The Pines and Firs of Japan (Zes Pins et Les Sapins du Japon) ; 
par M. Andrew Murray. Un petit volume in-8° de 123 pages ; extrait des 
Proceedings of the royal horticultural Society ; réimprimé avec des addi- 
tions et des corrections, et orné de nombreuses gravures sur bois inter- 
Calées dans le texte. Londres, 1863. 


Cet ouvrage contient la description des Pinus koraïensis Sieb. et Zucc., 
P. parviflora Sieb. et Zucc., P. Bungeann Zucc., P. Mussoniana Lam: 
bert, P. densifiora Siéb. et Zucc., Abies Veitchi Lindl. ; À. Fortuni Murr., 
À. firma Sieb, et Zucc., A; Alcocquiana Lindl., À. microspermu Lindl., 


44 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


A. jezoensis Sieb. et Zucc., À, polita Sieb. et Zucc., À. Tsuja Sieb. et 
Zucc., Larix leptolepis Gord., L. japonica Murr., Abies Kæmpferi Lindi., 
Sciadopitys verticillata Endl, et Cunninghamia sinensis Rob. Br. et 
L.-C, Rich. 

La diagnose de ces espèces est rédigée en latin, leur description en 


anglais. L'auteur donne des détails sur leurs usages et sur leur culture. 
E.F, 


L'Amérique centrale; recherches sur sa flore et sa géographie phy- 
sique; résultats d’un voyage dans les États de Gosta-Rica et de Nicaragua, 
exécuté pendant les années 1846-1848 ; par M. A.-S. OErsted, 1°° livrai- 
son; un volume in-folio de 18 pages de texte sur deux colonnes, avec 
48 planches gravées. 


Les collections rapportées de l'Amérique centrale par M. OErsted renfer- 
maient, à l'estimation du savant voyageur, de 6 à 700 espèces de plantes ou 
d'animaux inconnues et non décrites. Depuis, il en a été décrit un très- 
grand nombre, mais ces descriptions se trouvent disséminées dans beaucoup 
de recueils périodiques, souvent peu connus, et, parmi les espèces et les genres 
nouveaux, il n’y en a eu jusqu'ici que très-peu qui aient été figurés. 
M. OErsted s’est décidé à compléter et à réunir tous les travaux déjà publiés 
sur ces nombreux matériaux, et cela en trois ouvrages distincts, dont le pre- 
mier, qui se composera de quatre ou cinq livraisons de la même étendue que 
celle que nous annonçonsici, a pour but de donner les figures des principaux 
genres et espèces de plantes nouvelles, ainsi qu’une description illustrée de 
la géographie physique de ce pays. Quant aux deux autres, qui paraîtront 
in-8°, l’un traitera de la géographie physique et de l’histoire naturelle du 
Costa-Rica et du Nicaragua, et l’autre contiendra une liste de toutes les 
plantes recueillies dans ces contrées par M. OErsted, en même temps qu'une 
description des espèces nouvelles. 

Les planches qui accompagnent cette livraison représentent une carte de la 
partie ceutrale de l’État de Costa-Rica, des profils géologiques, divers aspects 
de végétation, et des plantes spéciales au pays, qui sont les suivantes : £vo- 
dianthus angustifolius OErsted, Sarimanthus utilis OErst., £leutheropeta- 
lum Sartorii Lehm., £. Ernesti-Augusti Wendl., Stachyophorbe pygmæa 
Wendl., St, montana Lehm., Chamædorea geonomæformis OErst., Nunne- 
zharia haÿähe Ruiz et Pav., Dasystachys Deckeriana Klotzsch, Stepha- 
nostachys Casperiana Klotäscli! S. Wendlandiana OErst., S. Tepejolote 
Lehm., Bactris glandulosa OErst., B. fusca OErst., Augustinea balanoïidea 
OErst., À. ovata OErst., A. major Karst., Bactris acuminata OErst., B. 
mexicuna Lehm., Guilielmautilis OErst., Liquidambar macrophylla OErst., 
L. Styraciflua L, Warszewiczia pulcherrima Klotzsch, W. cocrinea 
Poir., Pogonopus exsertus OErst., Mapouria parvifolia Benth., M. salici- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h45 


folia OErst. sp. nova, A7. obovata OErst. sp. nova, M. papantlensis OErst. 
sp. n., Î. graciliflora Benth., M. stipulata OErst. sp. n., M. tomentosa 
OErst, sp. n., M. miradorensis OErst., Rosenbergia gracilis OErst., Thyr- 
sacanthus Flagellum OErst., Ceratosepalum micranthum{OErst. et Gunnera 
insignis OErst. 

La première livraison de ce magnifique ouvrage a été publiée aux frais de 


l’Académie royale des sciences de Copenhague. 
E. F. 


Organogénie des Triglochin ; par M. C. Jacob de Cordemoy 
(Adansonia, t. IT, pp. 12-14). 


Nous remarquons principalement dans cette note que les deux verticilles 
qui constituent le périanthe des Triglochin, et qui apparaissent l’un après 
l’autre, développent leurs parties successivement, et que par conséquent, 
d’après la théorie adoptée par M. Payer, chacun d’eux doit être regardé 


comme étant de nature calicinale. 
FE 


Note sur la fleur des Pivoines; par M. H. Baillon (Adansonia, 
t. III, pp. 45-49). 


L'auteur est d'avis de rapprocher les Pivoines des Helléborées, avec 
M. Lindley; mais il fait remarquer que l'insertion est hypogyne dans les 
Hellébores et périgyne dans les Pivoines. Il pense que les Pœæonia pourraient 
constituer, avec le genre Crossosoma de Nuttall, une tribu particulière placée 


à la fin des Renonculacées et les reliant aux Dilléniacées. 
RP. 


Handbook of british Mosses; comprising all that are known to be 
patives of the British isles (Manuel des Mousses d’Angleterre, comprenant 
toutes celles que l’on sait croître dans les iles Britanniques); par le rév. 
M.-J. Berkeley. Un volume in-8° de 324 pages, avec 24 planches dessi- 
nées et lithographiées en couleur par M. Fitch. Londres, chez Lowell- 
Reeve, 1863. 


Ce nouvel ouvrage de l'auteur de l’/ntroduction to the cryptogamic 
botany, est divisé en deux parties. La première renferme des observations 
préliminaires, un aperçu de l'organisation des Mousses, l'étude plus détaillée 
de leur développement et de leur structure, de leur reproduction sexuelle, 
de leurs variations, de leur habitat, de leur distribution géographique, de la 
manière de les cultiver, de les collectionner et de les conserver, et de leurs 
usages. L'auteur s'occupe ensuite de leur arrangement systématique, trace en 
anglais les caractères des ordres et des genres de Mousses croissant en Angle- 
terre, et décrit ensuite ces derniers, ainsi que les espèces qu’ils renferment, 


446 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Le livre se termine par un glossaire des termes botaniques qui y sont em- 
ployés, la liste des principaux ouvrages consultés par l’auteur, un index 
spécial à l'introduction, et une table alphabétique des genres et des espèces. 

Les planches représentent le port et quelques détails anatomiques, en géné- 
ral le péristome, de presque toutes les espèces décrites par l’auteur. 

E. F. 


Note sur les Ozonium de Ia flore belge ; par M. Eug. 
Coemans (Bulletins de la Société royale de botanique de Belgique, 
t. Le, pp. 148-153). ; 


On sait que les mycéliums feutrés et colorés qui constituaient l’ancien 
genre Ozonium ont été distribués depuis dans différents genres. L'auteur a 
trouvé des Coprinus stercorarius entourés à leur base de filaments de l'Oz0- 
nium auricomum Link, et en continuité organique avec eux. De même 
l'Ozonium stuposum Pers. est le mycélium du Coprinus radians Fr. Enfin 
M. Coemans parle d’un Ozonium encore inédit, et qu’il rapporte à l’Agaricus 


disseminatus Pers. 
E. F. 


Notes mycologiques; par M. Éd. Dufour (in-8° de 13 pages); 
Nantes, 15 novembre 1862. 


Ces Notes contiennent l'indication de 37 espèces de Champignons, obser- 
vées par l’auteur dans le parc de la Houssinière, aux environs de Nantes. Il 
fait connaître une méthode qui lui a beaucoup réussi pour conserver les 
Champignons en herbier, avec leur port, leur forme et leurs caractères bota- 
niques ; cette méthode consiste à les placer dans du sable très-fin et très-sec 


et à les soumettre dans l’étuve à une chaleur modérée, 
E. F. 


Xichenes capenses quos collegit in itinere 4857-1858, D' Wayra, 
medicus navis Cæs. R. Carolinæ, a D'° A.-B. Massalongo delineati ac 
descripti (extrait des Memorie dell Istituto Veneto, vol, X) ; tirage à part 
en brochure in-1° de 90 pages, avec 8 planches coloriées. 


Ge mémoire débute par quelques détails sur la distribution géographique des 
Lichens en Afrique et dans les pays adjacents. On y trouve des représentants 
de presque tous les genres de Lichens à thalle rameux et dressé; les Lichens 
à thalle crustacé n’y présentent, d'après les matériaux connus, qu'environ 
150 espèces. L'auteur considère avec détail combien d’espèces se rencontrent 
à la fois en Afrique et dans les autres régions du globe. Il fait remarquer que 
la flore d'Algérie offre, quant aux Lichens, la plus grande analogie avec celle 
des autres côtes de la Méditerranée, et ne présente qu’un petit nombre de 
types particuliers ; en résumé, il fait voir que, de 300 espèces de Lichens 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 447 


qui ont été jusqu’à présent recueillies en Afrique ou dans les îles voisines, 
40 sont communes à l'Afrique et à l'Europe, 50 à l'Afrique, à l'Europe, à 
l'Asie et à l'Amérique, et 50 cosmopolite. 

Quant à l’'énumération des Lichens récoltés au cap de Bonne-Espérance 
par M, Wavra, elle ne présente qu’un caractère descriptif, et ne peut être 
l’objet d’une analyse. Elle renferme 69 espèces, qui y sont l’objet de des- 
criptions ou d'indications particulières; les espèces nouvelles ou critiques 
sont caractérisées par une diagnose latine; les observations sont rédigées en 
italien. Un appendice renferme la description de Lichens récoltés au Cap par 
d’autres explorateurs, parmi lesquels l’auteur a trouvé trois genres nouveaux : 
Niorma (Tornabenia nonnullorum), MWiopsora (voisin du La PT et 


Byssopsora, ainsi qu’un grand nombre d'espèces nouvelles. 
E..F, 


Parerga lichenologica:; Ergænzungen zu Systema Lichenum Ger- 
manèiæ (Supplément au Systema Lichenum Germaniæ); par M. le docteur 
G.-W. Kærber. (4° livraison); in-8° de 289 à 384 pages. Breslau, chez 
Éd. Trewendt, 1863. 


Cette nouvelle livraison des Parerga lichenologica (1) renferme des détails 
sur les genres C'alycium Pers. emend., Cyphelium DNtrs, Coniocybe Ach., 
Endopyrenium Klot. emend., Placidiopsis Beltr., Calopyrenium Flot., 
Dacampia Massal., Dermatocarpon Eschw. emend., Mosigia Kr., Pertusaria 
DC., Microgltna Kærb., T'helomphale Flot., Belonia Kærb. novum genus, 
Segestrella Fr., Sychnogonta Kærb., Geisleria Nitschke, Thelochroa 
Massal., Weitenwebera Kærb. novum genus (démembré des Verrucaria), 
Stigmatomma Kærb., Sphæromphale Rchb., Sporodictyon Massal., Pyre- 
nula Ach. emend,; Zlastodesmia Massal., Polyblastia Massal.,. Litho- 
SPhæria Beckh., Arhaord is Massal., Thelidium Massal., :Sagedia Ach., 
Verrucaria Wigg. emend., Tr plie Wallr, emend., Gongylia Kærb. 
et Zeptorhaphis Kærb, On remarque quelques espèces nouvelles dans cer+ 


tains de ces genres. 
EF. 


Beitræge zur næheren Kenntniss und Verbreitung der 
Algen (Recherches destinées à approfondir et à répandre l'étude des 
Algues) ; ouvrage dirigé par M. le docteur L. Rabenhorst. °° livraison ; 
in-4e de 30 pages, avec 7 planches lithographiées. Leipzig, chez Ed. 
Kummer, 1863. 


Cette première livraison contient l'étude des Diatomacées de la baie de 
Honduras, due à MM. C. Janisch et L. Rabenhorst; celle de quelques Dia- 


* (1) Voyez le Bulletin, t. VIII, p. 497. 


LAS SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tomacées de l'archipel Indien, traitée par M. Hantzsch, et un travail de 
M. Hermann, sur les espèces du genre Characium trouvée aux environs de 
Neudamm. Ces travaux, ne consistant que dans des descriptions d'espèces et 
s'adressant à un petit nombre de savants spéciaux, ne peuvent être dans cette 
Revue l’objet d’une analyse plus détaillée. Les planches qui les accompagnent, 
dessinées pour la plupart au microscope, offrent un grand intérêt. 

E..F. 


Iconographia phycologica adriatien, ossia scelta di Ficee 
nuove o più rare del mare adriatico figurate, descritte ed illustrate (Choëx 
d'Algques nouvelles ou rares de la mer Adriatique, figurées et décrites); 
par M. G. Zanardini, vol. I, fasc. III, tav. 17-24. Venise, 1862. 


Le troisième fascicule de cette importante publication (1) renferme la des- 
cription des Vereia filiformis Zanard., Dictyosphæria valonioides Zanard.; 
Microdictyon umbilicatum Zanard., Griffithsia Schousbei Mont., G. toru- 
losa Zanard., Nitophyllum confervaceum Menegh., Galazaura adriatica 
Zanard., Polysiphonia dasyæformis Zanard., Cladophora ramosa Menegh. 


et C. gracilis Haw. 
E. F. 


BOTANIQUE APPLIQUÉE. 


Deutschlands Græser und Getreidenrten (Graminées et 
céréales d’Allemagne); par M. Carl-F.-W. Jessen. Un volume in-8° de 
298 pages, avec un grand nombre de gravures sur bois intercalées dans le 
texte. Leipzig, chez T.-0. Weigel, 1863. 


On trouvera dans cet ouvrage une étude très-soignée des Graminées de 
l'Allemagne au point de vue de leur emploi en agriculture. I! est divisé en 
sept chapitres. Le premier est une étude générale des caractères botaniques 
de la famille des Graminées ; le deuxième traite spécialement des plantes 
fourragères ; le troisième, des céréales. Les développements donnés par 
l’auteur sont surtout relatifs au rendement d’un très-grand nombre de plantes 
de cette famille. Plusieurs tableaux comparatifs donnent à cet égard les ren- 
seignements les plus utiles. Les chapitres suivants traitent spécialement des 
feuilles et des fruits des Graminées; les ligules et les caryopses sont étudiés 
séparément dans un grand nombre d'espèces. Vient ensuite l’énumération 
systématique des genres et espèces; la famille entière est divisée par 
l’auteur en deux groupes : les C'ereales et les Sacchariferæ. Le septième cha- 
pitre se compose de tableaux synoptiques conduisant à la détermination des 
genres ; le huitième est une table des noms scientifiques et vulgaires donnés 


aux diverses espèces de Graminées. 
E. F. 


(1) Voyez le Bulletin, t. VII, p. 954. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A9 


New american remedies; Geranium maculatum L., Spotted 
cranesbill, alum-root (Nouveaux remèdes américains ; le Geranium macu- 
latum Z., bec-de-grue tacheté, racine alunée) ; par M. le professeur Bentley 
(Pharmaceutical journal, vol. Y, n° 1, juillet 1863, pp. 20-25). 


Cette espèce s'étend du Canada au Mississipi; son rhizome, que l'on doit 
récolter en automne ou au commencement du printemps, contient une assez 
grande quantité de substances astringentes (tannin, acide gallique, etc.), qui 
l'ont fait employer contre la dyssenterie et d’autres maladies. On en prépare, 
sous le nom de géranin, un extrait résineux qui en présente toutes les pro- 


priétés, ainsi qu’une décoction, une infusion et une teinture. 
E. F. 


MÉLANGES. 


Reliquiæ Kitaibelianæ, e manuscriptis musei nationalis hungarici, 
publicatæ ab Augusto Kanitz (extrait des volumes XII et XIII des Ver- 
handlungen der K. KÆ. z0ologisch-botanischen Gesellschaft in Wien) ; 
tirage à part en brochure in-8° de 139 pages. Vienne, chez Braumueller, 
1862-63. 


Ce petit volume contient une édition de plusieurs manuscrits de Kitaibel 
relatifs à divers voyages de ce botaniste en Hongrie; ce sont de simples 
catalogues de ses herborisations. M. Kanitz a ajouté, dans un certain nombre 
de cas, la description des espèces nommées dans le catalogue ; comme il a 
travaillé avec l’herbier de Kitaibel, ces descriptions offrent assez d'intérêt 
Pour que nous indiquions les principales espèces qui en sont l’objet : ce sont 
les Cyperus pallidus, Achillea oravicensis, À. versecensis, Ranunculus 
oppositifolius, Cerastium rotundifolium (C. glomeratum Thuill.), €. tri- 
gynum, Tilia, Poa setacea, Carex pendulæ affinis, Salix triandræ affinis, 
Ribes vitifolium, Draba androsacea Willd., Geranium alpinum, Poly- 
gonum Bellardi, Thymus hirsutissimus, Marrubium peregrinum, M. re- 
motum, M. deficiens var. intermedium, Herniaria multicaulis, Euphorbia 
virgata, Avena paradensis, Asparagus umbricola, Galium aculeatissimum, 


Veronica spuria, Orobus paradensis. — 


NOUVELLES. 


— M. Naudin, aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle, vient d’être 
nommé membre de l’Académie des sciences, en remplacement le M. Moquin- 
Tandon, La section de botanique avait présenté en première ligue M. Naudin, 
en deuxième ligne M. Chatin, en troisième ligue, ex æquo, MM. A. Gris et 
Lestiboudois. 


50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


__— L'Académie des sciences a tenu, le 28 décembre 1863, sa séance 
publiqe annuelle, Dans cette séance, le grand prix des sciences physiques à 
été décerné à M. Arthur Gris, docteur ès sciences, aide-naturaliste au 
Muséum d'histoire naturelle, secrétaire de la Société botanique de France. 
Le sujet de prix proposé, on se le rappelle sans doute, était de rechercher quels 
sont les changements qui s’opèrent, pendant Ja germiuation, dans la consti- 
tution des tissus de l’embryon végétal et du périsperme, ainsi que dans les 
matières que ces tissus renferment. M, A, Gris a déjà entretenu la Société de 
quelques-uns des points qu’il a étudiés dans ce sujet. D’après le rapport lu à 
l'Académie sur son mémoire, par M, Decaisne, M. Gris n’admet pas, suivant 
l'opinion généralement acceptée et professée encore aujourd’hui par M. Sachs, 
que le sucre puisse être reconstitué en amidon après son absorption par là 
jeune plante. En effet, il a dépouillé de leur albumen des embryons du C'anna, 
dont néanmoins les cotylédons se remplirent de matière amylacée qu'ils ne 
contenaient pas avant la germination, et qui a dû nécessairement se former 
sur place. Il rejette aussi cette autre théorie de M. Sachs, en. vertu de laquelle 
les matières nutritives de l’embryon se partageraient en deux groupes tranchés 
chimiquement, savoir: les matières hydrocarbonées . et les matières albumi- 
neuses ou azotées, qui se rendraient dans les différentes parties de la jeune 
plante par des voies également distinctes anatomiquement. Le rapport, en 
regrettant qu’il ne soit pas possible à la Commission d’entrer dans de plus 
grands détails, mentionne encore un résultat intéressant obtenu par M. Gris; 
c'est que, dans les graines oléagineuses, la diminution de l'aleurone est pro- 
portionnelle à la somme des matières grasses qui se sont déposées dans 
les tissus de la jeune plante, ce qui semble indiquer très-clairement leur 
origine. 

Le prix Bordin, à décerner pour 1863, et dont le sujet était « l'étude des 
» vaisseaux du latex, au double point de vue de leur distribution dans les 
» divers organes des plantes, et particulièrement dé léurs rapports où de leurs 
» connexions avec les vaisseaux lymphatiques où spiraux ; ainsi qu'avec les 
» fibres du liber» , a été partagé entre deux concurrents, MM. Léopold Dippel et 
Johannes Hanstein. Le rapport lu à l’Académie des sciences par M. Duebartre, 
résume ainsi les principales observations faites par l’un et l’autre de ces savants. 
M. Dippel a montré que les vaisseaux laticifères sé retrouvent dans toutes les 
parties des végétaux lactescents, dans lesquelles s'étendent les faisceaux fibro- 
vasculaires, tandis qu’ils manquent dans toutes celles qui se composent exclu- 
sivement de cellules parenchymateuses. Il explique cette diffusion des latici- 
fères, en admettant que ces organes sont en réalité les vaisseaux da liber des 
plantes lactescentes. Envisageant ensuite l’ensemble des tubes dans lesquels se 
trouve le latex et remontant à leur mode de formation, il en distingue trois sortes 
différentes : 4° les véritables vaisseaux du latex ou les vrais laticifères, issus de 
cellules plus ou moins régulièrement sériées , que la résorption des dia: 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h51 


phragmes formés par leur superposition a transformées en tubes, tantôt 
pourvus de ramifications closes à leur extrémité, tantôt, et plus générale- 
ment, réunis à leurs voisins par des branches transversales anastomotiques ; 
2° les cellules treillisées ou grillagées, ou tube cribreux, caractérisées par des 
cloisons persistantes percées en treillis ou en grillages ; 3° les canaux du latex, 
dont ses observations lui ont appris que la cavité est due à la résorption d'un 
nombre variable de séries cellulaires juxtaposées. Quant aux rapports qui 
pourraient exister entre les laticifères et les vaisseaux lymphatiques ou spi- 
raux, l’auteur rappelle que les vaisseaux du latex , chez la plupart dés plantes 
lactescentes, sont placés tout à fait en dehors des faisceaux ligneux, qui seuls 
renferment les vaisseaux spiraux. Les vaisseaux de l’une et l’autre sorte, étant 
ainsi séparés par un intervalle plus ou moins considérable, ne peuvent évi- 
demment communiquer entre eux. L'auteur affirme que, même chez les 
Papayacées, les vaisseaux du latex se trouvent entièrement séparés des vais- 
seaux spiraux, et qu’il n'existe nulle part ni connexion, ni communication 
entre les deux. A ce dernier point de vue au moins, M. Hanstein est d’une 
opinion différente. Pour reconnaître s’il existe réellement quelque connexion 
Où communication entre les deux ordres de vaisseaux, ce dernier savant à eu 
, recours successivement à l'observation directe sous le microscope, à l’ébullition 
dans une solution de potasse, qui permet d'isoler les vaisseaux, enfin à l’injec- 
tion d'eau colorée avec du carmin. M. Hanstein a reconnu que les vaisseaux 
lymphatiques des Papayacées peuvent contenir du latex, qu’ils reçoivent des 
laticifères en communication avec eux; mais, d’après lui, ce latex y est si peu 
abondant, et les points d'union entre ces deux ordres de vaisseaux sont si 
rares, que l’un et l’autre de ces faits doivent être regardés comme n’ayant 
qu'une importance subordonnée et comme uniquement exceptionnels. 


= M. Malbranche (de Rouen) a obtenu de l’Académie une mention hono- 
rable dans le concours pour le prix de statistique, fondé par M. de Montyon, 
Pour sa Géographie ou statistique pharmaceutique des productions naturelles 
et industrielles de la France (manuscrit in-folio de 234 pages). 


— Voici les divers sujets de prix proposés par l’Académie pour les pro- 
chaines années, et qui intéressent directement nos confrères : 

Prix Bordin, à décerner en 1865. — Déterminer expérimentalement les 
Causes de l'inégalité de l’absorption par des végétaux différents des dissolu- 
tions salines de diverses natures que contient le sol, et reconnaître par l'étude 
anatomique des racines les rapports qui peuvent exister entre les tissus qui 
les constituent et les matières qu'elles absorbent ou qu’elles excrètent. 

Les mémoires devront être déposés, francs de port, au secrétariat de l’In- 
Stitüt avant le 1° septembre 1865. 

Prix Bordin, question proposée en 4864 pour 1863, remise à 1866. — 
Déterminer par des recherches anatomiques s'il existe dans la structure des 


h52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tiges des végétaux des caractères propres aux grandes familles naturelles, et 
concordant ainsi avec ceux déduits des organes de la reproduction. La Com- 
mission a été d'avis d'ajouter à ce programme, qu’elle admettra à concourir 
tout travail consciencieux qui aurait pour objet l’étude anatomique comparée 
d’un ou plusieurs genres de tiges, et notamment l'examen des lianes ou tiges 
grimpantes ou volubiles, étudiées comparativement avec les autres sortes de 
tiges dans les mêmes familles végétales. 

Les mémoires manuscrits devront être déposés, francs de port, au secréta- 
riat de l’Institut avant le 1° avril 1866. 

Ces prix consisteront en une médaille d’or de la valeur de trois mille francs. 

Enfin, on sait que le prix Barbier est décerné chaque année au meilleur 
travail que l’Académie a reçu, soit sur la chimie, soit sur la botanique médi- 
cale; ce prix est de deux mille francs. 

Les mémoires devront être remis, francs de port, au secrétariat de l’Institut 
avant le 4° avril 1864. 

Les noms des auteurs de ces divers mémoires devront être contenus dans 
des billets cachetés, qui ne seront ouverts que si la pièce est couronnée. 


— 18 janvier 1864.— Nous avons le douloureux devoir d'annoncer que la 
Société vient de faire une perte irréparable. Avant-hier, 16 janvier, M. Jacques 
Gay a été enlevé à notre respectueuse et profonde affection, après une courte 
maladie, contre laquelle ont échoué tous les efforts de la science et de l'amitié 
la plus dévouée. La Société perd en lui un de ses plus zélés fondateurs, un 
de ses appuis les plus fermes et les plus désintéressés, un dé ses membres 
les plus actifs et les plus utiles, aussi éminent par sa haute valeur scientifique 
que par la noblesse de ses sentiments, l'intégrité de son caractère et la bonté 
de son cœur. — C’est ce matin même qu'ont eu lieu les funérailles de notre 
maître vénéré et chéri, au milieu du concours de presque tous les membres 
de la Société résidant à Paris. Notre président, M. Ramond, s’est rendu l’inter- 
prète de la douleur de la Société, en prononçant les paroles suivantes, que nous 
nous empressons de reproduire : 


« Ce n’est pas à cette place, ce n’est pas par une voix aussi peu autorisée 
que la mienne, que les services rendus par M. Jacques Gay à l’histoire natu- 
relle peuvent être dignement appréciés. Mais je ne laisserai pas fermer cette 
tomhe sans dire un dernier adieu, au nom de la Société botanique de France, 
au plus aimé, au plus vénéré de nos collègues et de nos maîtres. 

» La vie de M. Gay a été consacrée tout entière à la science. Élève de Gaudin, 
le célèbre auteur du Flora helvetica, il s'était fait connaître bien jeune 
encore par des publications qui déjà révélaient un botaniste de premier ordre. 
Chargé plus tard de fonctions importantes au secrétariat de la Chambre des 
Pairs, il les remplit avec une consciencieuse exactitude, mais sans jamais 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 453 


interrompre ses études de prédilection, et, lorsque les événements politiques 
brisèrent sa carrière, ce fut encore à la science qu’il demanda l'oubli d’un 
revers si peu mérité. À son organisation, la Société botanique a eu l'honneur 
de le compter parmi ses fondateurs. Il suivait nos séances avec l’assiduité et 
l’ardeur d'un jeune homme, tantôt nous apportant des communications d’un 
haut intérêt, tantôt éclairant nos discussions par son expérience et son profond 
savoir. Ses remarquables facultés, ses forces physiques elles-mêmes, n'avaient 
pas été affaiblies par l’âge. Jusqu’au jour où la mort est venue si brusque- 
ment l’atteindre, il a continué sans relâche les travaux qui avaient illustré sa 
jeunesse et son âge mûr. 

» La sûreté de ses observations, une connaissance approfondie de l’organi- 
sation des végétaux, une érudition aussi variée qu'étendue, avaient depuis 
longtemps donné le premier rang à M. Gay dans la botanique descriptive. A 
l'étranger comme en France, son nom faisait autorité. ‘Consulté de toutes 
parts, il répondait aux plus humbles ainsi qu'aux plus illustres avec une 
ponctualité et une obligeance qui doublaient le prix de ses avis. 1l s’oubliait 
pour les autres, multipliant pour eux les recherches, et faisant son bonheur 
d’être utile, 

» Cette droiture, cet amour de la vérité, cêtte bienveillance qui caractéri- 
saient le savant, M. Gay les apportait dans la vie privée. Peu d'hommes ont 
eu plus d'amis, parce que peu d'hommes ont plus que lui mérité d’être aimés. 
Dès qu'on l'avait connu, on se sentait attiré vers lui, et le charme ne se 
rompait jamais. Les botanistes des départements et de l'étranger se pressaient 
autour de lui durant leur séjour à Paris, et pendant plus d’un quart de siècle 
son salon de la rue de Vaugirard a été le rendez-vous de toutes les notabilités 
de la science. Quel vide se fait aujourd’hui parmi nous, et quelle affliction 
celte icréparable perte excitera partout où l’étude est en honneur! Puisse le 
digne fils de M. Gay, ce fils si tendrement dévoué, trouver quelque adoucis- 
sement à sa douleur dans la sincérité de nos regrets, dans l’affectueux respect 
qui entoure le nom de son père. Ce nom, il en a la certitude, vivra toujours 
dans nos souvenirs : c’est le nom d’un savant célèbre, c’est le nom d’un 
homme de bien. » 


BIBLIOGRAPHIE. 


Nous commençons ici le relevé des articles parus dans Ie nouveau journal 
de botanique de M. Seemann (The Journal of botany, british and foreign) : 


On british species of /soëtes (Sur Les espèces anglaises d'Isoëtes); par M. C.-C. 
Babington, pp. 1-5, avec une planche représentant l'/soëtes echino- 
Spora DR. 

Anthurium gladifolium, a new brazilian Aroidea (Nouvelle Aroidée du 
Brésil); par M. Schott, pp. 5-6. 


A54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


On certain varieties in common Rye-Grass (De certaines variétés du Ray- 
. Grass commun) ; par M. Maxwell-T, Masters, pp. 6-9. 

On Zecophileaceæ, a new natural order of Monocotyledonous plants (Sur 
les Técophiléacées, nouvel ordre de plantes monocotylédones); par 
M. Leybold, de Santiago (Chili), pp. 9-10: — Cette nouvelle famille, com 
prenant les genres Tecophilea Bertero et Colla, et Phyganthus Pœpp., se 
distingue des Iridées par le nombre des anthères, qui sont introrses et 
s'ouvrent par des pores. 

On some of the british Pansies, agrestal and montane (Sur quelques Violettes 
anglaises, des champs et de La montagne) ; par M. J.-G. Baker, pp. 11-16: 

On Zryblionella Victoriæ and Denticula subtilis, two species of british 
Diatomaceæ (Sur Les Tryblionella Victoriæ et Denticula subtilis, deux 
espèces de Diatomacées anglaises) ; par M. W. Carruthers, pp. 16-18; 

Revision of the natural order Zignoniaceæ (Revue de l'ordre naturel des 
Bignoniacées); par M. Berthold Seemann, pp. 18-24, 87-92. 

Podocurpus vitiensis, a new coniferous tree, from the Viti islands (Le Podo- 
carpus viliensis, nouvel arbre conifere des îles Viti); par M. Berthold 
Seemann, avec une planche, pp. 33-37. 

Cinchona cultivation in India (Culture du Quinquina dans: l'Inde) ; par 
M. C.-R. Markham, pp. 37-55. 

Hypnum exannulatum, a new british Moss (L’Hypnum exannulatum, Mousse 
nouvelle en Angleterre); par M: W. Carruthers, pp. 55-56. 

Cork-tree at Summertown, near Cork, Ireland (L'arbre à liége de Summer- 
town près Cork; Irlande) ; par M. G.-G. Babington, pp. 56-57; Get arbre 
est le Quercus occidentalis J: Gay. 

Sturmia Læseli; par M. G.-G. Babington, p. 57. 

The unusually mild winter (Clémence peu ordinaire de l'hiver); par 
M. A.-G. More, pp. 57-58. 

Rare or new british hymenomycetal Fungi (Champignons hyménomycètes 
d'Angleterre, rares ou nouveaux): par M. G. Cooke, pp: 65-67: 

Opening of Palm spathes, etc. (Déhiscence des spathes des Palmiers; elc:) 3 
par M. Alexandre Smith, pp. 67-76. 

On the tertiary flora of the arctic region (De La flore tertiaire de la région 
arctique) ; par M. N.-R. Gœppert, pp. 76-87. 

Notes on Floræ Saruicæ (Notes sur la flore de Guernesey) ; par M. D. Han- 
bury, p. 92. à 

Où Zecophileaceæ, a new natural order of Monocotyledonous plants (Sur les 
Técophiléacées, nouvel ordre de plantes monocotylédones) ; par M: 3ohn 
Miers, pp. 92-94: — D'après M. Miers; le genre Zecophilea, type de la 
nouvelle famille, est voisin des genres Zephyra, Cumingia, Conathera 
et Pasiphaë, et doit être réuni dt groupe qu'Endlicher a formé de ces 
genres sous le nom de Conanthérées, 


* REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 455 
Publications diverses. 


Considérations sur l'étude de la flore indigène; par M. François Crepin 

(Extrait des Bulletins de la Société royale de botanique de Belgique, 
t. Il, n° 1); tirage à part en brochure in-8° de 36 pages. 

Die bæhmischen Characeen (Les Characées de Bohème) ; par M. Hermann 
v. Leonhardi. In-8° de 20 pages. Prague, 1863. 

Kleinere Beitræge zur Kenntniss einheimischer Gewæchse (Quelques contri- 
butions à l'étude des végétaux indigènes); par M. H. Wydler (Mitthei- 

lungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern, pp. 33-56, 97-112, 
121-151 (Labiées-Polygonées). 

Description of a new species of Micrasterias (Ag. et aliorum, non Ehrh.), 
with remarks on the distinctions between Micrasterias rotata Ralfs and 
M. denticulata Bréb. (Description de nouvelles espèces de Micrasterias, 

avec des remarques sur les distinctions entre les M. rotata et M. denti- 
culata); par M. W. Archer (Proceedings of the natural history Society 
0f Dublin, vol. LIL, part 2, pp. 69-78), 1863; 

Description of a new species of Cosmarium Corda, of Staurastrum Meyen, of 
two new species of Closterium Nitzsch and of Spirotænia Bréb. (Descrip- 
tion de nouvelles espèces de Cosmarium C'orda, de Staurastrum Heyen, de 
deux nouvelles espèces de Closterium Mitzsch, et de Spirotænia Bréb.); par 
M: W. Archer (ibid., pp. 78-85). 

On a new species of Ankistrodesmus” Corda, with remarks in connexion 

-therewith, as regards Closterium Griffithii Bréb. et C. subtile Bréb. (Sur 
une nouvelle espèce d’Ankistrodesmus Corda, etc.); par M. W. Archer 
(tbid., pp. 85-90), ; 

On a new locality for Polypodium Phegopteris, with a list of the Ferns 
occurring in the district, etc. (Sur une nouvelle localité du Polypodium 
Phegopteris, avec une Liste des Fougères que l’on rencontre dans le 
district); par M. G. Henry Kinahan (ibid., pp. 90-91). 

On the origin of species (De l'origine des espèces); par M. Samuel Houghton 
(2bid., pp. 128-140). 

On the flora of the Devonian period in Northeastern America (De la flore de 

- la période dévonienne dans le nord-est de l'Amérique) ; par 4.-W. Dawson 
(The Quarterly Journal of geological Society, nov. 1861 ; reproduit dans 
The. American Journal of sciences and arts, juillet 1863, pp. 41-42). 

Einleitung zu einem Berichte ueber die Leistungen auf dem Gebiete der 

+ Pflanzenkunde in OEsterreich ({ntroduction à un rapport sur les travaux 
botaniques accomplis en Autriche) ; par M. Siegfried Reissek (Schriften 
des Vereines zur Verbreitung naturwissenschaftlicher Kenntnisse in 
Wien, 1861-62, pp. LY-LXxIL). Vienne, 1865, 


L56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ueber Parkanlagen in Stædten und in Wien insbesondere (Sur les planta- 
tions de parcs dans les villes et à Vienne en particulier); par M. Sieg- 
fried Reissek (ibid. pp. 1-21). 

Die Fortpflanzung und Befruchtung bluethenloser Pflanzen (La propagation 
et la fécondation des Cryptogames); par M. Adolf. J. Weiss (264. pp. 113- 
140, avec deux planches représentant les organes sexuels du Vaucheria 
sessilis et de l'Œdogonium ciliatum d’après M. Pringsheim). 

Ueber das Wandern der Pflanzen (Sur les migrations des plantes); par 
M. A. Pokorny (ibid. pp. 181-229). 

Flora of Marlborough; with notices of the birds, and a sketch of the geolo- 
gical features of the neighbourhood (Flore des environs de Marlborough, 
avec des notes sur les oiseaux du pays, et une esquisse de sa constitution 
géologique); par M. T.-A. Preston. Un petit volume in-12 de 129 pages, 
avec une carte géographique. Londres, chez J. van Voorst. 

Excursions-Flora fuer das Grossherzogthum Baden (Manuel de la flore du 
grand-duché de Bade); par M. Moritz-Seubert. In-18 de 24h pages. 
Stuttgart, 1863. 

Nordseestudien (£tudes sur la mer du Nord); par M. Ernest Hallier. Un 
volume in-8° de 336 pages, avec de nombreuses indications sur la flore 
de cette mer et de ses rivages, et surtout de l’île d’Héligoland, la mention 
des époques de floraison des diverses espèces spontanées, etc. Ham- 
bourg, 1863. 

Lettre adressée à M. Morren, secrétaire de la fédération des Sociétés d’hor- 
ticulture de Belgique, par M. Alph. De Candolle, pour engager les horticul- 
teurs à ne pas donner de noms latins aux variétés horticoles (Bulletin de 
la fédération des Sociétés d'horticulture de Belgique, 1863, p. 197). 

Les Ormes forestiers et d'ornement ; leur histoire et leur culture; par 
M. Alf. Wesmael (Mémoire couronné par la fédération des Sociétés d'hor- 
ticulture de Belgique; Bulletin de la fédération, 1863, pp. 381-402). 

De la fécondation au point de vue des croisements et des hybridations en hor- 
ticulture; par M. Alfred Wesinael (Mémoire couronné par la fédération 
des Sociétés d’horticulture de Belgique; Bulletin de la fédération, 1865, 
pp. 415-488). 

Zur Flora von Wuerttemberg (Sur La flore de Wurtemberg); par M. Kurr 
(Wuerttembergische naturwissenschaftliche Jahreshefte, 9° année, 1"° li- 
vraison). Stuttgart, 1853. 

Lehrbuch der medicinisch-pharmaceutischen Pflanzenkunde fuer Aertze, 
Apotheker, Droguisten, etc. (Traité de botanique médico-pharmaceu- 
tique, destiné aux médecins, pharmaciens, droguistes, etc.); par M. J.-R. 
Linke, In-4° de 443 pages. Leipzig, chez Baensch, 1863. 


Paris, — Imprimerie de E. Manriver, rue Mignon, 2. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE 
DE FRANCE 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1863. 


PRÉSIDENCE DE M. E. COSSON. 


La Société se réunit à sept heures et demie du soir, dans le local 
ordinaire de ses séances, rue de Grenelle-Saint-Germain, 84. 

M. le Président déclare ouverte la session ordinaire de 1863-64. 

M. Simon (en mission en Chine), ancien membre de la Société, 
est admis, sur sa demande, à en faire de nouveau partie. 

M. le Président annonce, en outre, six nouvelles présentations. 

MM. Barat, Édouard Bornet, Edmond Mouillefarine et Paul de 
Bretagne, membres de la Société, sont proclamés membres à vie, 
sur la déclaration de M. le Trésorier, qu’ils ont rempli la condition 
à laquelle l’art. 44 des statuts soumet l'obtention de ce titre. 

M. le Président annonce à la Société la mort bien regrettable de 
M. Paul Dalimier, l’un de ses membres, agrégé de l’Université, 
docteur ës-sciences, maître de conférences à l’École normale supé- 
rieure, vice-secrétaire de la Société géologique de France, décédé 
à Saint-Lô (Manche), le 25 août dernier, à l’âge de vingt-hüit ans. 
M. Dalimier, dont la perte prématurée sera vivement sentie par la 
Société, était près d'achever une traduction française de l'important 
Ouvrage de M. Schacht Sur le microscope, au moment. où la mort 
l'a malheureusement enlevé à la science et à ses amis. 

Lecture est donnée de lettres de MM. le baron Vincent Cesati et 
l'abbé Puget, qui remercient la Société de les avoir admis au 
nombre de ses membres. 


Dons faits à la Société: 


4 Par M. Ch. Fermond : 


Essai de Phytomorphie, t 1°, 
18 À 31 


A58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


2 De la part de M. Ch. Des Moulins : 
Note sur le Scirpus Duvalir. 


8 De la part. de M. Ch: Martinsg 111 140 © 
Du refroidissement nocturne et de l’échauffement diurne des terres 
cultivées. 


k° De la part de M. Kirschleger : 
Les eaux acidules des Vosges et de la Forét-Noire. 
d° De la part de M. Manceau : $ 
Première note sur les plantes phanérogames du Maine. 
6° De la part de M. Éd. Dufour : 


Rapport sur les travaux de la section des sciences naturelles de la 
Société Académique de la Loire-Inférieure, pendant l'année 1084 
Notes mycologiques. 


7 De la part de M. Éd. Morren : 
La lumière et la végétation. 


Programme des concours ouverts par la fédération des Sociétés d hor 
ticulture de Belgique pour 1864. 


De la part de M. Th. Caruel : 

Prodromo della flora toscana, fase. 3. 
9 De la part de M. Gasparrini : 

Embriogenia della Canape. 

Mallatie degli À grumi. 

Modificaziont di cellule vegetali. 
40° De la part de M. G. Bentham : 

Adress read at the anniversary meeting of the Linnean Sopeii 
44° De la part de M. Hasskarl : 

Enanthioblastæ der Reise nach Mossambique von Peters. 
42 De la part de M. V. Personnai : 

L'Abeille de Chamonix, 1863. 
43° De la part de M. C. Bolle : 

Ruthea, eine neue Umbelliferen-Gattung. 
44° De la part de M. Schweinfurth : | 


Plontæ quædam niloticæ. 
Tithymalus Brauni (planche Te 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1863. 459 
45° De la part de M. Kleinhans : “+ 


Album des Mousses des environs de Paris, livr, 3 et 4. 


46° De la part de MM. Silliman et Dona: 
The american journal of sciences and arts, juillet-septembre 1863. 


17° De la part de MM. Vilmorin, Andrieux et Cie ; 
Annuaire des essais, etc., livr. 6. 


48° De la part de la Société Smithsonienne : 
Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia, avrii 
à décembre 1862. 
Ohio agricultural Report, 1861. 
Smithsonian Report, 1861. 


19° De la part de la Société d’Horticulture et de Botanique de 
l'Hérault : | 


Annales de cette Société, table du tome II. 


20° De la part de la Société nantaise d'Horticulture : 
Annales de cette Société, 1863. 


24° De la part de la Société d'histoire naturelle de Dublin: 
Actes de cette Société, 1859-1862, 


22° De la part de la Société degli aspiranti naturalisti de Naples : 
Annales de cette Société, 3° série, t. I et IT. 


23° En échange du Bulletin de la Société : 

Linnæa, Journal fuer die Botanik, t. XVE, livr. 4. 

Flora oder allgemeine botanische Zeitung, 1862, 3° trim., et 1863, 
1% trim, 

Botanische Zeitung, 1862, 3° trim., et 1863, 1° trim. 

Journal of the proceedings of the Linnean Society : Botanique, 1. VT, 
n° 24, ett. VIS, n° 25 et 26; Zoologie, & VI, n° 24, ett. VE, n° 25. 

Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 1862, 
n%:4.8 à. 

Wockenschrift fuer Gærtnerei und Pflansenkunde, 1863, dix-neuf 
numéros. 

Atti della Societa italiana di Sciense naturali, t. V, fasc. 3. 

Pharmaceutical journal and transactions, août-novembre 1863. 

Atti dell I. R. Istituto veneto, t. VIN, livr, 5-9, 

. Bulletin de la Société des Sciences de l Yonne, 1863, 1° semestre. 

Mémoires de la Société de Biologie, année 1862, 


h60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture, juin- 
septembre 1863. è 
Bulletin de la Société impériale zoologique d’Acclimatation, juillet- 
septembre 1863. , 
L'Institut, juillet à novembre 1863, dix-neuf numéros. 


M. le Président dépose sur le bureau, au nom de M. S. Choulette, 
tes fascicules d’exsiccata publiés récemment par ce botaniste, et 
destinés à faire suite à ceux que renfermait l’herbier de feu Henri 
de la Perraudière, lequel fait aujourd’hui partie des collections de 
la Société. 

M. J. Gay fait hommage à la Société, de la part de M. Ch. Des 
Moulins, d’une note sur le Scirpus Duvalii Hoppe, de Vayres 
(Gironde). 

M. Gay fait ensuite hommage à la Société, de la part de M. Gas- 
parrini, d’un volume renfermant trois mémoires de ce savant, 
relatifs à lembryogénie du Chanvre, à la maladie des Aurantiacées 
et à une modification des cellules. 

Enfin M. Gay dépose sur le bureau des exemplaires d’une planche 
représentant un Euphorbe d’Abyssinie décrit sous le nom de Tithy- 
malus Brauni, par M. Schweinfurth (1). 

M. Fermond fait à la Société la communication suivante : 


Notre savant confrère, M. Kirschleger, m’a prié de communiquer à la 
Société un fait tératologique qui nous semble assez précieux pour être enre- 
gistré, et je ne saurais mieux faire que de reproduire textuellement le passage 
de sa lettre, qui concerne ce curieux phénomène : 


LETTRE DE M. Frédéric KIRSCHLEGER A M. FERMOND. 
Strasbourg, novembre 1863. 


Aujourd’hui, je vous envoie ci-joint (dans cette lettre) un fait d’une haute 


(1) Voici la diagnose de cette espèce : 

ï TiraYmALus BRAUN Schweinfurth, Beitrag zur Flora Æthiop. (habitu similis Tith. chi- 
ensi, KI. G.). : 

T. radice crassa, lignosa, simplici; caudice valde incrassato, phyllopodiis processifor- 
mibus, ramis crassis, brevibus; umbellis radiis binis, foliosis ; foliis glaucis, sessilibus, 
semiamplexicaulibus, ovato-oblongis, acutiusculis, mucronatis, floralibus conformibus ; 
involucris pedunculatis margine fimbriato-laciniatis, glandulis 1-3 appendiculatis, appen- 
dicibus erectis, luteis, ochream 4m», 5-2"% longam referentibus ; capsula glaberrimä, 
coccis globosis, semine trigono, basi obtuso, apice acuto, grosse tuberculato. à 

Hab. in Abyssinia, 3300-3500 ped. s. m. s., prope Gœlleb. — Schimper legit 25 
Aug. 1854. 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1863. A6 


importance, Vous en parlez presque hypothétiquement, à la page 440 (1) : 
des infrondescences sortant des cinq sépales d’un Anagallis phænicea. 

L'échantillon que je vous envoie présente un vieil axe flétri avant donné 
naissance à des fleurs. Mais le beau mois d'octobre a modifié plusieurs fleurs 
d'une manière fort étonnante. Les cinq sépales verticillés, déjà flétris sur 
notre échantillon, ont donné naissance chacun, ou du moins trois d’entre eux 
(dans l’ordre hélicoïde), à des rameaux habituels, à feuilles opposées croisées ; 
celles-ci à aisselle fertile, soit à infloréscence, soit à infrondescence, 

Dans d’autres pieds de l’Anagullis, il y a virescence de pétales, oblitération 
des anthères, avec formation plus ou moins complète de l'ovaire ovuligère. 

Ce fait de l’infrondescence de sépales, sans production d’étamines ni de 
pétales, me paraît rare. 

Votre alinéa, page 440 (au milieu), est tout conforme à notre anomalie en 
question. C’est à la fois une diaphyse et une ecblastésie (Engelmann). 

« Il peut arriver, dites-vous, qu’à l’aisselle de l’une de ces petites feuilles 
» formées, il se développe un des phytogènes interphytogéniques, et qu’alors il 
» y ait une véritable répétition latérale d’infrondescence. » C’est tout à fait 
notre cas ici. Toutefois est-il possible qu'il y ait eu, au commencement, des 
pétales de formés, mais il n’en reste plus trace à cette époque avancée, 


Après cette communication, M. Fermond présente les observation 
suivantes : 


Je demande à la Société la permission de faire suivre cette communication 
de quelques réflexions résultant de l’examen que j'ai fait de l’Anagallis 
phœnicea anomal de M. Kirschleger. D'abord je n’ai trouvé que quatre 
Sépales sur l'échantillon, au lieu de cinq qui sont indiqués; mais un des 
éléments du calice d’une fleur desséchée peut se détacher et se perdre 
aisément. Toutefois, alors même qu'il n’y aurait réellement que quatre 
feuilles, essayons de voir si ces quatre feuilles constituent bien un calice, ou 
si elles ne proviendraient pas, soit de deux paires de feuilles opposées, 
rendues très-voisines par la pléstasmie (rapprochement) résultant du défaut 
de développement d’un mérithalle, soit d’un verticille accidentel de quatre 
feuilles. Or ces deux hypothèses ne sauraient réellement se soutenir. En 
effet, chez les Anagallis, le verticillisme par trois peut bien se présenter, 
assez souvent même ; mais on ne le rencontre jamais sur les premiers organes 
appendiculaires qui émanent d’un bourgeon axillaire, et c’est plutôt le con- 
traire qui aurait lieu, ainsi que l’on peut s’en assurer sur les Nerium, Lippia 
Citriodora, etc., espèces ayant des infrondescences à feuilles verticillées par 
trois, et où les premiers organes appendiculaires formés par un bourgeon 


(4) Essai de Phytomorphie. 


162 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


axillaire sont le plus souvent réduits à deux feuilles opposées. D'ailleurs, 
jamais je n’ai rencontré de verticille par quatre dans les dispositions phllo- 
tätiques des feuilles des Anagallis phœænicea ét cærulea. Ce serait donc une 
éxception, qui me paraît impossible à cause du concours des deux raisons que 
jé viens de donner. Par conséquent, à ce double point de vue, le verticille 
pâr quatre où par cinq, que nous observons sur l'échantillon, est bien celui du 
calice d’une fleur axillaire. 

Resterait l'hypothèse de la plésiäsmie qui ferait que deux paires de feuilles 
oppüsées, par avortement du mérithalle, arriveraient à faire un pseudo-vérti- 
cillé par quatres mais jé ne saurais l’aädmettré, par la raison que ce câs est 
éxcessiverient rare et que, malgré un grand nombré de récherches faites 
dans ce but, je n’ai pu le rencontrer d’une manière üuñ peu fréquente que 
déns uñe seule espèce, le Vénca minor, où réellément il se produit de faton 
à faire croire qu'il y a des verticilles par quatre ; cepéndant il ne faut pas ue 
bien grande attention pour reconnaître alors que deux des feuilles sont réelle- 
ment supérieures et souvent plus petites. Par conséquent, il me semble que 
M. Kirschleger a parfaitement interprété le phénomène tératologique que la 
Société a sons les veux, et que c’est bien un véritable cas de répétition laté- 
rale d’infrondescence produite à l’aisselle de sépales. 


© M, J! Gaÿ fait à la Société la communication suivante : 


VOYAGE BOTANIQUE AU CAERNARVONSHIRE, DANS LE NORTH-WALES, FAIT EN AOUT 1862, 
EN VUE D'UNE ÉTUDE PARTICULIÈRE 
DES JSO£TES DE CETTE CONTRÉE, par ME, 3, GA X (1). 


VIT, 
Observations morphologiques sur les Zsoëtes du North-Wales, 


Quinze jours passés à Padarh-Villa, aû milieu de masses d'/soëres qui 
m’arrivaient incessamment vivants, c'était uné occasion éminemment favo* 
rable pour faire, s’il y avait lieu, quelques observations nouvelles sur la môr- 
phologie de ce génre si curieux. Mais, soit insuffisance de ma part, soit que 
le gros de cette organisation (en excluant l'anatomie et la physiologie) soit 
déjà suffisamment connu, je n’ai rien trouvé d’essentiel à ajouter à ce que 
j'en ai dit dans notre Bulletin, t. IX, pp. 19-25 (Zzcursion botanique à 
l'Aubrac et au Mont-Dore, extr, pp. 24-29) (2). Deux faits seulement, de 


* (4) Voyez plus haut, pp. 270, 319, 382, 409 et 420. 

(2) J'ai même à retirer ce que j'ai dit, page 24 (extr. p. 28), de l’indéhiscence des mar 
crospores, car il est de fait que l’épispore s'ouvre régulièrement en trois valves, du sommet 
jusqu’à l'anneau équatorial , au moment où les archégones sous-jacents doivent recevoir 
la fécondation des anthérozoïdes, comme M. Hofmeister l'avait déjà dit en termes exprès 
(Beitr, 1,1852, p.127, 3° paragr.). J'ai pu m’en convaincre moi-même, tant sur l’Jsoêles 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1863. n68 


médiocre importance, ont été nouveaux pour moi; l’un concernant la mem 
brâne transversale, qui divise les quatre tubes de chaque fronde en nombreux 
compartiments, l’aütre relative à la structuré du rhizomie. Ces déux observa- 
tions se rapportent à l’Z. Zacustris seul , car je n’ai eu l’echinospora qu'ét 
très-petit nombre, et les matériaux m'ont manqué pour des travaux de dis- 

Le fait relatif au premier point, c’est que la membrane qui constitue les 
cloisons est finement ponctuée, sous une forte loupe, commé si elle était 
pércée d’une multitude de trous (ce fait, j’ai pourtant pu.le constater égales 
ment sur l’Z. echinospora). | 

Quant at rhizome dé l’Z. lacustris, il varie de volume et de forme à l’infini, 
comme j'ai pu m'en assurer par les nombreuses coupés, tant longitudinales 
que transversales, que j'ai pratiquées pour cetté recherche, coupes qué 
j'ai soigneusement conservées, ét qi sont én cé moment sous mes yeux (1). 
© Pour lé volume, les extrêmes sont considérables, et tels que jé ne les avais 
jamais rencontrés au Mont-Dore. La différence est de 6 à 25 millim. en dia- 
mètre ; la première forme observée dans la plante naïne du Phynot-vrêch, la 
Seconde dans une plante plus trapue du Phynon-Velan. Mais lés intermédiaires 
sont innombrables, et le diamètre moyen, dans le plus grand nombre des 
Stations, m'a paru êtré d'environ 12 millim. Aucun échantillon gallois ne m'a 
présenté l'énorme diamètre de 45 à 65 millim., que j'ai rencontré dans la 
plante du lac de Saint-Andéol (p. 48 de l’opuscule déjà cité, et Zur, t, IX, 
p. 112). x 
* Poûr la forme du rhizome, il faut d’abord noter ces exemples, monstrueu- 


echinospora du lac de Saint-Andéol, que sur une espèce américaine voisine, provenant 
dé Wobürn près Boston (Massachusets), où elle a été récemment découverte par 
MM, Asa Gray et W, Booit. Je l'avais reçue vivante, et de suité transmise à M. Durieu, 
qui, y ayant trouvé de nombreuses spores en état de déhiscence, se hâta de m’en 
eñvoÿér quélques brins pour me rendre témoin de ce phénomène. — Appelé à étudier la 
germination deV1; laéustris cinq ans avant M. Hofmeistér, M. Karl Mueller avait bien 
assisté à des déhiscences de macrospores, mais il croyait celte déhiscence variable dans 
sa profondeur et dans le nombre de ses lobes, et il n’avait aucune idée de la régularité 
avec laquelle elle s'opère en trois valves, limilées inférieurenent par l'anneau équa- 
torial, comme je l’ai dit tout à l’heure (voy. Bot. Zeit., 1848, p. 319, tab. 2, fig. 15, 
17, 23 etc.) ê “ 4 k 
(1) Mon procédé, que j'avais déjà employé au Mont-Doré ét que j'ai toujours suivi 
depuis, lorsque j'ai eu du vert à ma disposition, consiste, pour les coupes transversales, 
1 tailler dacs l'épaisseur du rhizome, en procédant de haut en bas, un certain nombre de 
tranches que je. fais sécher entre les feuillets d’un. livre, et que je colle ensuite sur un 
arré de papier, dans l’ordre théme où elles ont été coupées, de sorte que sur chaque 
e de tranches collées, la première provient du sommet du rhizome, la seconde de la 
Partie immédiatement sous-jacente, et ainsi de suite jusqu’à la dernière, qui représente 
l'éxtrême pointe du rhizome. On à ainsi une vue parfaite des formes différentes que le 
rhizômèe peut‘affecters d'où résulte, entre autres, l'avantage considérable de montrer 
facilement side rhizome est normalement -bi- ou trilobé, chose importante et souvent 
trés-difficile à reconnaître sur le sec, surtout dans les petites espèces ou dans les échan- 
tillons amaigris des espèces plus grandes, PR Ne ta pa J 


h6h SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


sement irréguliers, que j'ai signalés (2bid., p. 24, et Bull. p. 19, en note) 
dans la plante du lac Chauvet, et qui proviennent du partage qui se fait longi- 
tudinalement dans les deux lobes du rhizome ou dans un seul. Ce genre de 
déformation m'a paru rare au pays de Galles. Je ne l’ai vu bien caractérisé 
que dans un petit nombre d'échantillons provenant du Cwm-y-glo, du 
Phynon-Velan et du Llyn-Glas, mais cela suffit pour indiquer que la même 
forme pourra se retrouver partout où croît l’Z. lacustris. 

Généralement donc, le rhizome n’est point irrégulier dans l’Z. lacustris 
du North-Wales. Au contraire, il est généralement régulier et partagé en 
deux lobes opposés qui, ici, ne sont jamais parallèlement descendants, mais 
toujours plus ou moins ouverts, et même habituellement divergents, à tel 
point que les deux lobes se joignent en un même plan, de manière à figurer 
un plateau unique et horizontal. 

De même qu’au Mont-Dore, j'ai rencontré ici de très-rares exemples d’un 
rhizome paraissant normalement trilobé, deux seulement, et cela parmi 
les plantes du Phynon-vréch. 

Une autre variation très-remarquable dans le rhizome de l’Z. lacustris 
gallois, c’est le cas où la souche n'offre absolument aucun lobe, et où elle se 
présente sous la forme d’un corps indivis, cylindracé ou obconique, de lon- 
gueur proportionnée à la force du sujet. J'ai vu plusieurs exemples de cette 
anomalie dans les plantes du Phynon-Velan, du Llyn-Glas, du Liyn-Dinas et 
du Liyn-Ogwen. Plus remarquable que tous les autres par ses proportions, 
l'exemplaire de ce dernier lac offrait un cône renversé et régulier, de 
22 millim. de longueur, dont le faisceau nourricier central (long de 1 ou 
2 millim. seulement dans les formes bilobées) occupait presque toute la lon- 
gueur. 

Voilà tout ce que j’ai pu reconnaître de plus ou moins intéressant dans le 
rhizome de l’7. lacustris du North-Wales, moyennant les coupes nombreuses, 
horizontales et longitudinales, que j'avais préparées sur les lieux, ou que je 
préparais à Paris, au fur et à mesure des envois de John Roberts. 


VIEIL. 


Épisode de mon voyage au Caernarvonshire.— Passage à Oxford. Visite au Jardin-des-plantes, 
ainsi qu’aux herbiers de Dillen et Sherard. 


Parti de Caernarvon le 27 août, à dix heures du matin, j'arrivai à Oxford 
dans la soirée du même jour, et le lendemain j'errais de bonne heure dans la 
grande rue, sur laquelle donnent plusieurs des huit colléges dont se compose 
l’Université dix fois séculaire de cette ville, monuments vénérables, devant 
lesquels aucun ami des lettres ne saurait passer sans respect. J'avais affaire 
au Jardin-des-plantes, là où sont également la bibliothèque et le musée 
de l’Université, y compris les galeries de botanique. Il était bien matin 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1863. 165 


pour s’y présenter, mais, devant repartir à midi, je n’avais pas le temps d’at- 
tendre, et je comptais sur l’obligeance si connue du professeur de botanique, 
M. Daubeny. Hélas! l’Université était en pleines vacances, et M. Daubeny 
s'était absenté. Heureusement, il y a partout des âmes charitables, et grâce à 
l'intervention du curator ou jardinier en chef du Jardin - des - plantes 
(M. Baxter), dont le père est conservateur des collections botaniques, je fus 
bientôt introduit dans le sanctuaire. IL s’agissait pour moi d'examiner, dans 
les herbiers de Dillen et de son mécène, James Sherard, les échantillons 
authentiques des C'alamaria du premier de ces auteurs, pour en déduire avec 
certitude la synonymie des /soëtes que je venais de récolter dans le Caernar- 
vonshire. Peu de temps auparavant, M. Babington s'était déjà occupé de cette 
recherche, dans l’herbier de Dillen. Je l’étendis, moi, à l’herbier de James 
Sherard, que je trouvai plus riche en échantillons, fournis, soit par Dillen lui- 
même, soit par le docteur Richard Richardson; ces derniers se rapportant au 
Subularia n° 3, p. 307, de la 3° édition du Synopsis, et éclairant ainsi un 
texte qui, sans cela, eût pu rester douteux. J’examinai tout cela avec la 
plus grande attention, et il en résulta pour moi la certitude d’abord qu'aucun 
de ces échantillons ne se rapportait à l’Z. echinospora, ensuite que tous appar- 
tenaient à deux formes peu dissemblables de l’Z. lacustris. J'ai donné, dans 
une note (voyez plus haut, p. 272), de plus amples détails à ce sujet, et je 
n'ai pas à y revenir. 

Avant cette séance, qui avait été pour moi une sorte de causerie familière 
avec trois botanistes plus ou moins célèbres de la première moitié du xvi° 
siècle, j'avais visité, sous la conduite de M. Baxter, le jardin de l’Université 
avec les serres qui en font partie, et j'avais eu lieu de remarquer, si ce n’est 
l'étendue de ces cultures, au moins leur belle tenue, dont témoignait particu- 
lièrement la végétation de plusieurs plantes tropicales conservées dans les 
serres, Mais, en ma qualité de botaniste européen, praticien des Alpes et des 
Pyrénées, j'avais été plus frappé encore de certaines touffes d’herbes, éparses 
sur les vieilles murailles qui, d’un côté, servent de clôture au jardin, la 
plante jouant là le même rôle que chez nous le Cheiranthus Cheiri. Examen 
fait de cette plante, il se trouva que c'était l’Hieracium amplexicaule, espèce 
complétement étrangère aux îles Britanniques, et qui, par conséquent, ne pou- 
vait être Jà que par suite d'introduction. Si cette introduction eût été récente, 
la rencontre que je venais de faire n’eût eu qu'un médiocre intérêt; mais 
M. Baxter m’apprit que la plante se trouvait de temps immémorial, non-seu- 
lement là où je la voyais, mais encore sur d’autres vieilles murailles du voisi- 
Nage, que lui et son père l’y avaient toujours vue, et qu'il y avait tout lieu 
de soupçonner que l'introduction remontait au temps de Dillen. Si cela est, 
c’estun exemple remarquable d’acclimatation locale bien fixée, après de nom- 
breuses générations, et analogue à ceux que nous offrent, à Fontainebleau, 
l'Allium flavum L.:; à Rennes, le Sisymbrium austriacum Jacq.; à Oviedo, 


h66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

le Suxifraga trifuréata Schrad., etc., pour fé parlet qué d’attlimatations 
purement locales, à l'exclusion d'abuiinatétton es plus penériles très: 
he cour dans la YÉSétatiON murale. . 


7 


L 101 Second épisode. — Visite à Milford-Honse, domaine .patrimonial-de :le famille de 
Philippe Barker Webb. 


Parti d'Oxford lé 28 août, à inidi, j'arrivais le même soir, par une nôuvellé 
artère de chémin de fer, à Milford, paroisse dé Witley près Godalming 
(Surrey). LA se trouvé lé domaine patrimonial d’üñe famille Webb (1), qui, 
après avoir, depuis un Siècle et derni, fourhii à là magistrature, à l’armée et à 
là science, plusieurs hôtimes distingués, devait produire dans nôtre siècle un 
naturalisté de grand mérité, destiné à publier, de concert avec M. Sabin 
Berthélot, cette Histoire naturelle des îles Canaries, en 8 volumes in2n°, dé 
laquélle on peut dire qu’elle a ouvert aux Sciences naturelles et à l'histoire 
dé l’ârchipel Canarien une ère toute nouvelle. Pendant les quatorzé années 
que dura l'enfantémént de ce grand ouvrage (dé 1836 à 4850), tout entier 
ékécuté à Paris, j'avais êté en grandes relations âstieñtifiqües avec l'auteur 
anglais, Philippé Barkeb Wébb. Ces telations devinrént d'année en année plus 
intimes, et, le 31 août 1854, lorsque je perdis ce cher confrère, c’est tn atni 
que je Pérdais, dit äini vitigt fois éprouvé, ét que je devais retrouver éncore 
dans oh testarient. Téls ayant été mes rapports avec Philippe Barker Webb, 
j'éprouvais dépüis longtemps le bésoin de le révoir pat” la pensée auprès de 
son tombéau, dans le lieu qu’il avait habité, orné ét planté, en'homme de 
goût et avec l'instinct particulier du naturaliste. Mon rétous du North-Wales 
m'en fournit l’occasion, et jé passai quarante-huit heures sons le toit hospi- 
talier du colonel Webb, frère du botaniste et héritier de Milford-Hoûée. 

Pendant ce coutt séjour, j'eus beaucoup à mé lower dès néveux et des 
nièces de mon ancien ami, qui miréhit un émprésseniént charniant à me faire 
voir Cé qui m'intéréssait lé plus dans leur élégante vi/la et dans la campagne 
envirônnañte. Partout je remarquai, éémme un des plus beaux ornements du 
pays, des Héêtres nombreux, plantés le long dès chetnins et dépassant, en éléva- 
tioh comme ét grosseur, tous ceux que j'avais rencontrés! jusqu'alors. 2 
Däns un paré voisin de Milford (célui de lord Midleton), on. mé fit voir, entre 
aütres curiosités végétales, un groupe dé Cèdres du Hiban centenaires, où 
plusieurs tiges, paraissant sortir d'üné même souclie, s’élévaient en divergeant 
médiérémént potr former, à 70 pieds au-déssus du Sol, me couronne en 
pit re dé fofine vbovale où 6bconiqué, et d'un cree au moins 


_{} Er a en pu sé plusiqurs. familles du PE nom, qi parisenh n'avoir, 
éntre éllés"anoun lien dé parenté. 


SÉANCE DU 143 NOVEMBRE 1863. 167 


double dé la hauteur des troncs dont le groupe $e composait. Encore un phé- 
nomène de végétation qui était entièrement nouveau pour moi êt qui est 
probablement unique dans son genre. — A l’intérieur du domaine de Milford- 
House, je passai en revue bon nombre de grands et beaux arbres, soigneuse- 
ment consérvés et munis d'étiquettes écrites sur métal. De ce nombre étaient 
quelques Chênes exotiques, rares sous lé climat d'Angleterre : le Quercus 
Ægilops d'Orient, le Q. laurifoliàa de la Caroline, un Chêne-Liége dont 
l'espèce né put être déterminée, vu l'absence de toute fructification. Quañt 
aux nombreux arbustes que Webb avait jadis introduits dans ses cultures, 
provenant de ses voyages en Espagne et aux Canaries, il n’en restait pas de 
trace, ni à l'air libre, ni dans la serre, aujourd’hui réduite à une petite cage 
vitrée pour Fougères indigènes, ni chez le pépiniériste Young, qui exploite 
tout auprès un terrain dépendant de Milford-House, et dont le père fut autre- 
fois l’habile cultivateur des plantes rares qu’à chaque station de ses voyages 
lé propriétaire envoyait à Milford. 
A ce vide désolant, une seule exception ! Après -avôir fureté dans tous les 
coins du jardin-parc, j'arrive à un tas de pierres mobiles, amoncelées au 
pied du mur de soutènement de la petite serre à Fougères. Au milieu de ces 
Pierres attendant une brouette qui bientôt les portera au loin, que vois-je ? 
Un petit arbuste, d’à peine deux pieds de haut, formant buisson et portant 
dés fruits qui en signalent aussitôt le genre, mais d’une espèce à moi tout à 
fait inconnue ! Après bien des recherches faites par le pépiniériste Young, qui 
avait un pied de là même plante dans ses cultures, sans y avoir donné jusqu'ici 
une atléntion suffisante, nous retrouvons enfin une étiquette au crayon, sur 
bois, et déjà à moitié effacée, sur laquelle je reconnais pourtant le nom de 
Quercus Tapinodrys, écrit de la main de Webb, nom qui allait fort bien à ma 
plahte, comme formé des mots grecs rarews, humble, et 056, Chêne. Je me 
Suis assuré depuis que Webb n’avait jamais imprimé ce nom, créé probable- 
ment dans les dernières années de sa vie, et j'étais incertain sur l'espèce, 
lorsque M. Alph. De Candolle, occupé de la monographie des Chênes pour le 
Prodromus, m’apprit, après communication d'échantillons, qu'il la rapportait 
indubitablement au Ouercus humilis Lam. (Webb, Jé. hisp., 4838, p. 11. — 
Q. fruticosa Brot.y FL. lusit., 4804, IT, pi 34), mais qu'il négligerait le 
SYñonyine webbien totnme inédit. Moi, je le rélère à cause de la circonstance 
et pour âvoir occasion de parler une fois de plus de l’homme distingué, de 
l’homme excellent que j’ai si sincèrement regretté. Sans doute, nous tenons 
une des plantes ligneuses que Webb expédia jadis à son jardinier Young, 
Pendant le cours de ses voyages en Espagne et en Portugal. Il connaissait 
Parfaitement lé Quércus humilis, pour l'avoir vi eh masses sur la côte 
Océanique de ces deux royaumes. Comment se fait-il qu’il l'ait, plus tard, 
méconnu dans son état cultivé? Cela tient, sans doute, à quélque différence 
de peu d'importance, produit de la culture et du climat, qui aura frappé 


168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


l’auteur plus qu'il ne fallait, avant qu’il eût eu le temps d’étudier attentive- 
ment la plante. Quoi qu'il en soit, j'ai été vivement peiné de l'abandon dans 
lequel je trouvais ce curieux Chêne nain, que je voyais pour la première fois 
vivant, et que je crois être très-rarement cultivé dans les jardins botaniques 
de l’Europe centrale, si toutefois il l’est quelque part (1). Je l'ai bien recom- 
mandé au propriétaire actuel de Milford-House, et j'ai tout lieu d’espérer que 
de futurs visiteurs pourront voir cet arbuste dans une position plus conve- 
nable, occupant le centre d’une des corbeilles de fleurs qui abondent sur la 
tertasse de Milford-House et qui en font un lieu charmant. 
(La fin à la-prochaine séance.) 


M. Fermond fait à la Société la communication suivante : 


CONSÉQUENCES A TIRER DE L'ÉTUDE DES TROIS FORMES DE L'HÉCASTOSIE POUR LA 
MANIÈRE D'INTERPRÉTER LA FORMATION DE CERTAINS ORGANES APPENDICULAIRES, 
pa M. Ch. FERMOND. 


L'étude des défauts d’hécastosie centripète conduit à des conséquences 
réellement inattendues, mais pour bien en saisir la marche, il est utile de 
faire précéder cette dissertation de quelques observations relatives aux 
pétioles. En effet, lorsque l’on porte son attention sur la forme des pétioles, 
on en trouve d’abord qui sont parfaitement cylindriques, et l’on peut con- 
stater que le limbe de la feuille est nettement délimité : c’est le cas des feuilles 
palmées ou peltées; et l’on comprend que, le plan du limbe étant plus ou 
moins perpendiculaire au sommet du pétiole, celui-ci soit dans l'impossibilité 
d'offrir aucune décurrence provenant du limbe, comme on peut en trouver la 
preuve dans les pétioles de la Capucine, des Ricins, etc. Mais, alors même que 
le limbe ne présenterait aucune tendance à la disposition peltée, on n’en 
observe pas moins, dans les pétioles, selon les espèces, des différences très- 
tranchées qu'il est bon d'indiquer. 


(1) Le Quercus humilis manque au Jardin-des-plantes de Paris, car la plante d’Es- 
pagne, qui y a été introduite sous ce nom par M. Bourgeau, en 1854, n’est autre chose 
que la forme ordinaire du Q. coccifera, espèce d’un tout autre groupe, puisque le 
Q. humilis est du groupe Robur . Webb indique le Q. prasina de Bosc comme synonyme 
du Q. humilis (IL. hisp. p. 11). Mais si tel est le vrai prasina, dont je n’ai jamais vu 
un échantillon authentique, il n’en est pas de même de la plante cultivée sous ce nom à 
l'école de notre Jardin-des-plantes, quoique celle-ci appartienne également au groupe 
Robur. Ce Q. prasina du Jardin-des-plantes diffère, en effet, du Q. humilis de Milford 
par sa tige arborescente (20 pieds environ dans l'individu dont je parle, lequel a au 
moins vingt ans d’âge), par ses feuilles très-glabres en dessous, non tapissées d’un très- 
fin duvet composé de poils étoilés, et par ses fruits glomérulés, non disposés en courtes 
grappes. Je n’ai pas vu les fruits du Q. humilis de Milford dans un état assez avancé. 
Ceux du Q. prasina H. p. sont absolument semblables à ceux du Q. Robur, et je serais 
bien trompé si l’arbre qui les porte n’était pas la variété sessiliflora de cette dernière 


espèce. 


SÉANCE DU 143 NOVEMBRE 1863. 69 


Par exemple, si nous jetons un coup d’æil sur la feuille d’un Figuier ou 
celle d’une Vigne , nous trouvons leur pétiole parfaitement cylindrique, sa 
coupe transversale bien arrondie et le limbe nettement séparé de lui. Il en 
est de même d’une feuille d’Aristolochia Sipho ou de Tilleul. Si nous leur 
comparons une feuille de Lilas ou de Groseillier, par la présence seule de la 
rainure longitudinale sur le pétiole qui donne à la section transversale la forme 
d’un C ou d’un croissant, nous en concluons que l’hécastosie est moins net- 
tement prononcée que dans les feuilles précédentes. Elles établissent le pas- 
sage des premières à une troisième catégorie de feuilles; celles-ci marchent 
progressivement vers les feuilles à limbe décurrent sur le pétiole. Ainsi, dans 
le Campanula pyramidalis, la feuille offre un pétiole quelquefois très-allongé 
dans les feuilles radicales, de la longueur du limbe seulement dans les cauli- 
naires et presque nul dans les bractéales ; mais, aplati, il laisse apercevoir de 
chaque côté de sa longueur une petite bordure foliacée, qui va se rendre à la 
base du limbe qui fait un peu décurrence sur le pétiole. Dans l’Æelianthus 
tuberosus, cette décurrence est souvent plus prononcée à la base du limbe, et 
dans le Digitalis purpurea, elle envahit toute la longueur du pétiole, de 
sorte que la feuille peut être dite sessile, car une partie de la bordure folia- 
cée, largement accusée sur les bords latéraux du pétiole, descend même assez 
souvent un peu sur la tige. 

Or le premier résultat frappant que l’on observe dans la séparation de 
l'axe et de l'organe appendiculaire consiste en ce que cette séparation se fait 
suivant deux systèmes différents. Dans le premier, on voit le pétiole et une 
partie du limbe disparaître peu à peu , sans que l’axe porte les traces de cette 
modification (Lonicera Caprifolium, Eucalyptus Globulus, etc.). On peut, 
en effet, voir des axes portant deux feuilles opposées, pétiolées, puis le pétiole 
diminuer peu à peu de longueur et les feuilles être sessi/es ; enfin, ces feuilles 
deviennent connées et même perfoliées. Comme, au point de vue phytogé- 
nique, c’est la seule conséquence que nous puissions tirer de cette observa- 
tion, nous ne nous en occuperons pas davantage. Il n’en est pas de même du 
second système, car le défaut d’hécastosie centripète accuse sur la tige des 
traces de la feuille, et même va jusqu’à ne laisser aucune liberté à la partie 
limbaire. Dans cette circonstance, la tige est bordée d’ailes foliacées ou mem- 
braneuses, dérivant des feuilles, et que l’on a désignées, dans beaucoup de 
cas, sous le nom impropre de décurrences. De sorte que, dans le premier 
système, le défaut d’hécastosie semble être perpendiculaire à l'axe ; tandis 
que, dans le second, il est parallèle à l'axe. C’est ce dernier défaut d’héca- 
Stosie qui doit particulièrement nous occuper ici. 

En observant un grand nombre de décurrences, on acquiert bientôt la 
certitude qu’elles ne sont autres que les parties du limbe de la feuille que les 
hécastosies n’ont pas parfaitement séparées de la partie pétiolaire, et que le 
défaut d’hécastosie centripète a reportées sur la tige. Mais, selon que les 


470 SOCIÉTÉ. BOTANIQUE DE FRANCE. 


feuilles sont alternes, opposées ou verticillées, le défaut d’hécastosie cen- 
tripète fait naître des différences notables dans les formes qui en résultent, 


: I. — Feuilles alternes. 


Il ya un grand nombre de feuilles dont le limbe est décurrent sur le 
pétiole, et quelquefois es décurrences sont si larges que la feuille est, pour 
ainsi dire, sessile (Digitalis purpurea). Si nous supposons un défaut d’héca- 
stosie centripète entre l’axe et le pétiole, nous aurons une feuille véritablement 
décurrente sur l'axe et dont le Symphytum officinale nous offre de beaux 
exemples, Les Scolymus hispanicus et grandiflorus, les Onopordum Acan- 
thium et illyricum, et surtout les Cérsium lanceolatum et acanthoides et 
V'Echinops sphœærocephalus, présentent des décurrences caulinaires qui mon- 
trent de la manière la plus nette qu’elles ne sont que des décurrences du 
limbe sur le pétiole, que le défaut d’hécastosie centripète a reportées sur 
l'axe; car. les décurrences caulinaires et pétiolaires présentent la même 
structure, les mêmes sinuosités, les mêmes interruptions, en un mot, les 
mêmes accidents de formes et de développements, II y a quelques dis- 
tinctions à faire sur ces défauts d’hécastosie centripète, selon que les feuilles 
sont alternes-distiques, tristiques, quinconciales, ou d’un cycle plus élevé, 

FEUILLES ALTERNES-DISTIQUES. — Si l’on examine les tiges dites atlées, 
diptères, de certains Lathyrus (latifolius, platyphyllus, etc.), du Genista 
sagittalis, du Bossiæa scolopendria et du Carmichælia australis, on ne 
tarde pas à reconnaître que ces tiges appartiennent à deux types différents. 
En effet, dans les deux premiers genres, le plan du limbe conserve encore 
une position perpendiculaire à l’axe, et les bourgeons se trouvent émerger 
de la face même de l’axe, tandis que, chez les deux autres, le plan dû limbe 
serait plutot parallèle à l'axe, et les bourgeons se trouvent insérés sur les 
côtés de cet axe, Le défaut d’hécastosie centripète entre un pétiole ailé et. un 
axe, par l'alternance distique, donne une suffisante explication du phénomène 
dans les Lathyrus et le Genista sagittalis; mais, pour fournir une explication 
satisfaisante de. l’autre type, il faut nécessairement admettre un défaut 
d'hécastosie centripète exercé sur deux feuilles opposées, 

FEUILLES ALTERNES-TRISTIQUES, — De même que les feuilles alternes+ 
distiques, par défaut d’hécastosie centripète, donnent naissance à une tige 
diptère, de même ce défaut, appliqué aux feuilles alternes-1ristiques, donne 
lieu aux tiges triptères des. Paccharis sagittalis et Genista sagittalis, sur les: 
quelles on peut faire les mêmes observations relativement aux positions des 
limbes et des bourgeons. 

FEUILLES QUINCONGIALES, etc. — Le défaut d’hécastosie centripète a paf 
effet, dans ces plantes, de ne donner lieu qu’à des décurrences parallèles, qui 
ne coïncident pas pour des raisons organogéniques, dans le détail wrop étendu 


SÉANÇE DU 13. NOVEMPRE 1863. 471 
desquelles nous ne pouvons entrer ici. Mais le caractère essentiel de ce groupe 
de, plantes à feuilles alternes consiste en ce que toujours le bourgeon est 
axillaire et, naît de l’une des faces de l'axe, que la feuille soit peu ou entière- 
ment adhérente à l'axe, au qu’elle proyienne de l'alternance distique, WORQUE 
qu A CARE 

IE. — Feuilles opposées. 


. Les pps opposées peuvent, par défaut d'hécastosie centripète, donner 
leu à des phénomènes remarquables, sans parler de Ja disparition totale du 
pétiole et d’une portion du limbe, comme nous l'avons indiqué chez le Zoni- 
cera Caprifolium, etc. D'abord, si la feuille a son pétiole ailé, le défaut 
d'hécastosie centripète aura pour premier effet de fondre ensemble l'axe et le 

pétiole, et les ailes du pétiole appartenant désormais à l'axe y formeront deux 
décurrences de chaque côté du point d’exsertion de la feuille. On saisit très- 
bien ce phénomène dans les Verbesina, où l'on trouve une espèce à feuilles 
véritablement pétiolées (V. serrata), puis une autre à feuilles légèrement 
décurrentes sur la tige (V. Siegesbeckia), conduisant évidemment à la décur- 
rence beaucoup plus prononcée du Verbesina alata, dont Ja tige porte quatre 
ailes provenant des. deux feuilles le plus souvent opposées. Mais ce ne sont Jà 
que des défauts d’hécastosie centripète relativement peu prononcés, car on 
comprend que le phénomène puisse faire que, non-seulement les deux ailes 
opposées de chaque côté de la feuille arrivent à se confondre et à ne donner 
lieu qu’à une seule aile de chaque côté de la tige, mais encore que les limbes 
tout entiers restent adhérents à l'axe, en augmentant ces ailes, soit en largeur, . 
soit en épaisseur, 

: Si-maintenant nous concevons une série de feuilles opposées, mais toutes 
dans un même plan, comme. on en voit dans quelques Evphorbia (Ayperici- 
folia,.ete.), et qu'un défant d’hécastosie centripète aura maintenues dressées 
ek adhérentes à l'axe, dans toute leur longueur, quoique les limbes se soient 
développés comme à l'ordinaire; alors les deux feuilles opposées pourront 
adhérer ensemble par leur face supérieure, tout en contenant l'axe dans leur 
centre, De cette facon, chaque double demi-limbe fera, sur chaque côté de la 
tige, l'effet de deux ailes ; de sorte qu’une succession de ces feuilles opposées, 
ainsi appliquées l’une sur l’autre, donnera à l'axe l'apparence d’une tige de 
Gactée phyllomorphe, un Phyllocactus, par exemple. 

. Dans cette hypothèse, une inclinaison alternative des doubles feuilles, de 

1e côté de l'axe, explique parfaitementles sinus que l’on observe sur ces 
à et qui seraient constitués par le sommet d’une première paire et la base 
d'une troisième paire inclinées du même côté. Cette inclinaison peut aug- 
meuter, de façon que chaque extrémité de double feuille s'annonce par un 
Sommet plus prononcé. Dans ce cas, le sinus est plus profond et peut des- 
cendre jusqu’à l'axe médian, et les deux feuilles unies font l'effet d’une 


172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


sorte de décurrence, qui se prononce alternativement de chaque côté de 
l’axe, comme on le voit dans l’Acacia alata. Or, si lon suppose ces deux 
feuilles, ainsi unies, suffisamment inclinées pour ne tenir plus à l’axe que par 
une base très-restreinte, on conçoit aussitôt l’idée d’une feuille dont le limbe 
n’est plus horizontal, mais vertical, ou, pour être plus exact, dont le plan 
est parallèle à l'axe, au lieu de lui être perpendiculaire; car ce prétendu 
limbe ne nous paraît être autre chose qu’un pétiole dilaté. Mais c’est préci- 
sément la verticalité ou le parallélisme avec l’axe qui constitue le caractère 
essentiel des phyllodes : donc l'aile de l’Acacia alata et l'aile plus épaisse des 
Cactées phyllomorphes ne sont autres que des phyllodes, adhérents par leur 
côté à l’axe de la plante. 

Les considérations suivantes nous semblent devoir justifier cette donnée. 
Nous avons déjà dit (1) qu’une feuille de Monocotylédone était constituée par 
tous les phytogènes simples, périphériques, d’un protophytogène, tandis que 
ces mêmes phytogènes se divisaient en deux parties, pour faire deux feuilles 
opposées : par conséquent, les deux feuilles opposées d’une Dicotylédone équiva- 
lent à une feuille de Monocotylédone. Ceci posé, voici ce que l’on peut observer: 

Dans les genres Yucca, Lilium, les feuilles sont planes et perpendiculaires 
à l’axe ; dans le Funkia subcordata, la base de la feuille forme une sorte de 
long pétiole arrondi en gouttière, et dont l'ouverture regarde l’axe ; chez les 
Hemerocallis fulva et flava, la feuille commence à être pliée dans sa longueur 
en donnant lieu à une longue cannelure à angle aigu, et regardant l'axe; 
dans les Phormium tenax et Cookianum, la feuille, pliée dans sa longueur, 
montre vers le fond de sa plicature une adhérence qui va quelquefois jusque 
vers les bords, mais cette adhérence n’occupe encore qu’une faible étendue 
en longueur, et la partie supérieure est à peu près plane et perpendiculaire à 
l'axe ; chez les /ris, Gladiolus, Moræa, etc., les feuilles sont complétement 
pliées dans toute leur longueur et les deux côtés sont parfaitement adhérents, 
excepté à la base où se trouve une fente à côtés très-rapprochés ; enfin, dans 
un phyllode, l’adhérence se fait dans toute la longueur, et même les deux 
feuilles s’amincissent en une sorte de pétiole à la base. Mais, puisque chaque 
fenille de Monocotylédone représente deux feuilles de Dicotylédone, où 
chaque demi-feuille des premières, une feuille entière des secondes, on voit 
que dans l’adhérence face à face des deux feuilles de Dicotylédone, le phé- 
nomène est analogue à celui qui fait les feuilles des Iridées. En même temps 
que l’on fait ces observations, on peut voir que la feuille, de perpendiculaire 
qu’elle est par rapport à l’axe, devient complétement parallèle à la façon d'un 
phyllode : donc la feuille des Iridéés est l’analogue d’un phyllode. 

Voici les conséquences importantes que l’on peut tirer des faits qui pré- 
cèdent : 


(4) Voyez plus haut, pages 403 et 404, 


SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1863. 473 

A. Si le phyllode est le résultat de l’union de deux feuilles opposées, comme 
le sont évidemment les deux côtés d’une feuille d'Iridée, il doit y avoir une 
somme de vitalité et un tissu cellulaire double, deux conditions qui s'opposent 
aux hécastosies circulaires et doivent maintenir la feuille dans une grande 
intégrité. Aussi voyons-nous les phyllodes être, en général, très-simples dans 
leur constitution, sans lobes, découpures ou dents, plus épais que les feuilles 
ordinaires, caractères que nous retrouvons dans les feuilles des Iridées, ainsi 
que dans les ailes des Cactées phyllomorphes. 

B. Nous savons que chez les Monocotylédones, le bourgeon est toujours 
exactement axillaire, mais nous avons dit que deux feuilles de Dicotylédones 
opposées et unies par leurs faces supérieures sont les équivalentes d’une feuille 
de Monocotylédone; par conséquent, ce bourgeon se formera de préférence 
exactement à l’aisselle des phyllodes des Acacia, dans le sinus profond de 
Acacia alata, aux sinus des phyllodes continus des Cactées phyllomorphes, 
c’est-à-dire sur leurs bords et non sur leur face, ce qui est précisément le 


contraire pour les tiges ailées résultant du défaut d’hécastosie centripète des 
feuilles alternes et des axes. 


C. Enfin la théorie des doubles feuilles rend compte : 1° de la verticalité 
des limbes ; 2° de l'identité des deux faces des phyllodes; 3° de la propriété 
que présentent les phyilodes et les Cactées phyllomorphes d'agir à la manière 
des feuilles dans l’acte de la respiration. 


M. Duchartre demande à M. Fermond sil a observé quelques 
faits anatomiques venant à l'appui de sa théorie. 

M. Fermond répond que l’anatomie ne pourrait rien apprendre 
qui pût fortifier l'hypothèse d’une fusion végétale. Il rappelle que, 
dans beaucoup de cas de synanthie, il existe une fusion quelquefois 
complète, sans qu’il en reste aucune trace anatomique. Il cite 
notamment, à cet égard, les Fuchsia. 

M. Duchartre dit, à ce propos, qu'il a examiné des fleurs de 
Fuchsia résultant de synanthie, et qu'il a remarqué, dans l'ovaire 
de ces fleurs, tantôt deux, tantôt trois cavités distinctes et situées 
sur le même plan. Il demande comment M. Fermond pourrait 
expliquer la constitution des feuilles de l’Acacia heterophylla, dont 
la partie phyllodique présente, il est vrai, la même Structure sur 
les deux faces, mais dont les folioles différent, comme on le sait, 
notablement à’ cet égard. M. Duchartre ‘fait observer, en outre, 
que, d’après M. Fermond, il n’y aurait point de végétaux monoco- 
Lylédonés, puisque, selon lui, une feuille de Monocotylédone serait 
lormée de deux feuilles. Cependant, ajoute M. Duchartre, le déve- 

+ à» 32 


47h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


loppement bien connu de l’embryon monocotylé ne favorise point 
cette hypothèse, car on n’y observe qu’un centre d’activité parfai- 
tement circonscrit d’un seul côté de l'axe, et l’on ne peut dire qu’il 
y ait là confluence de deux éléments distincts. 

M. Fermond persiste à penser que les phytogènes périphé- 
riques se détachent du phytogène central pour constituer l’unique 
cotylédon de ces végétaux, et que celui-ci peut être considéré, 
par la pensée, comme le représentant phytogénique de deux 
de ces organes opposés qui sont le nombre normal des Dicotylé- 
dones (1). 


M. de Schœnefeld présente à la Société trois feuilles vivipares de 
Begonia, qu’il a reçues de M. J.-B. Verlot, et donne lecture de 
l'extrait suivant de la lettre qui accompagnait cet envoi : 


Grenoble, 19 novembre 1863. 


.…… Je joins à cette lettre trois feuilles d’un Zegonia que je cultive sous 
le nom de 2. geranioides. Sur deux de ces feuilles, on remarque un fait 
tératologique qui me paraît intéressant : ce sont des poils qui se sont trans- 
formés en bourgeons et qui rendent en quelque sorte ces feuilles vivipares. 
Je ne sais pas si ce phénomène a déjà été observé; et, dans le cas où vous le 
jugeriez digne d’intéresser nos honorables confrères, je vous prie de le com- 
muniquer à la Société. Sur une plante haute de plus d’un mètre, il n’y à que 
les deux feuilles que je vous envoie qui soient devenues vivipares. 


Plusieurs des membres présents examinent avec intérêt les feuilles 
de Begonia envoyées par M. Verlot, et citent divers exemples ana- 
_ logues parfaitement connus (Cardamine, Bryophyllum, Ornitho- 
galum, etc.). 

M. Eug. Fournier, secrétaire, dépose sur le bureau, de la part 
de M. Besnou (de Cherbourg), des échantillons fructifiés de l'Ay- 
menophyllum Wilsoni Hook., destinés à l’herbier de la Société; 
ces échantillons ont été recueillis par M. Besnou dans l’arrondisse- 
went de Cherbourg (Manche). 


M. Éd. Prillieux, vice-secrétaire, donne lecture de la communica- 
tion suivante, adressée à la Société : 


(1) M. Fermond a adressé à la Société une réponse détaillée aux objections qui ont 
été faites à sa théorie dans la présente séance. Lecture a été donnée de cette réponse 
à l'ouverture de la séance du 27 novembre. Voyez plus bas, p. 478 et suiv. 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1863. h75 


NOTE SUR LA VÉGÉTATION SPONTANÉE DES ENVIRONS DE CORNETO (ÉTATS-ROMAINS) , 
pa MK. le docteur A VICE, 


(Saint-Étienne, Loire, 26 août 1863.) 


Corneto, à 14 milles (21 kilomètres) au nord de Civita-Vecchia, à 4 milles 
de la mer, est situé sur une colline de 130 mètres d’altitude, se rattachant par 
un plateau à une autre colline sur laquelle se voient les ruines informes de 
l'ancienne Tarquinies; ce plateau est presque entièrement occupé par la 
nécropole, en partie conservée, de la cité étrusque; le sous-sol est partout un 
tuf calcaire, appartenant à la formation subapennine. Au pied de la ville coule 
dans une large vallée la rivière de la Marta, émissaire du lac de Bolsena. 

Appelé par notre service à passer les mois de septembre et d'octobre 1862 
dans cette localité, nous avons pu, malgré la saison avancée, y récolter quel- 
ques espèces intéressantes, parmi lesquelles nous citerons : 

4° Aux environs immédiats de la ville, dans an rayon de 2 à 3 milles : 


Helianthemum polifolium DC. 

Linum tenuifolium L. 

Centaurea aspera £. 

— Calcitrapo-aspera G.G. 

— splendens Z. 

Convolvulus meonanthus Hoffm. et LK 


Satureia montana L. 
Polygonum flagellare Bertoi. 
Thesium divaricatum Jan 
Narcissus serotinus L. 
Arum tenuifolium Z. 

Tragus racemosus Hall, 


Anchusa undulata L. 
Onosma montana Sibth. et Sm. 
Marrubium candidissimum Z. 


Stipa tortilis Desf. 
Diplachne serotina Link. 


2° Au bord de la mer, depuis le port Clémentin jusqu'aux salines : 


Pancratium maritimum L. 
Sporobolus pungens Kunth. 


Matthiola sinuata R. Br. 
Centaurea sphærocephala L. 
Echinophora spinosa L. 


Nous pouvons ajouter à cette liste le Zycopsis varieqata L, , récolté en 1860 
sur les murs de la ville par notre camarade le docteur Gros; le Muscari 
Porviflorum Des£., trouvé par notre ami le docteur Warion, à Civita-Vecchia, 
et que nous avons trouvé nous-même depuis aux salines et à 2 milles de Cor- 
nelo, sur la route de Toscanella; enfin un Dianthus, qui semble être le 
D. longicoutis Ten. 


M. À. Gris fait à la Société la communication suivante : 
DESCRIPMON DE QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES D'ÉLÉOCARPÉES DE LA NOUVELLE- 
CALÉDONIE, par MEME. Ad, BRONGNIART ct Arthur GRIS. 


En 1861, nous avons fait connaître à la Société le résultat de nos premières 


76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


observations sur les Éléocarpées néo-calédoniennes (1). Nous nous proposons 
de décrire aujourd’hui quelques espèces nouvelles contenues dans de récents 
envois de MM. Vieillard, Pancher et Deplanche. Elles rentrent dans les 
genres £’/æocarpus et Dubouzetia. Ce dernier, à l’époque de notre première 
publication, n’était représenté que par une seule et magnifique espèce, le 
D. campanulata Pancher. Il l’est maintenant par deux nouvelles espèces, dont 
l’une est bien digne du nom d’elegans que nous lui avons donné, et dont 
l’autre paraît, par la petitesse de sa fleur, devoir occuper le troisième terme 
d’une série dontle D. campanulata serait le premier. 

Des quatre espèces nouvelles d’Z/æocarpus, l'une, l'E. geminiflorus, appar- 
tient à la section Monocera; deux rentrent dans la section Dicera ; nous 
décrivons la quatrième (Z. Deplancheï) avec un point de doute, parce que 
nous n'avons pas vu ses fleurs. 

Nous faisons précéder les diagnoses des espèces de Dubouzetia par celle du 
D. campanulata comme terme de comparaison. 


DUBOUZETIA CAMPANULATA Pancher. 

D. foliis oblongo-lanceolatis, petiolatis, margine integra subrevoluus, 
superne glabris, inferne tomentosis ; floribus magnis campanulatis, Fritillariæ 
florem forma et colore rubro-aurantiaco simulantibus, ex axillis foliorum 
superiorum geminatim nascentibus, pedunculo communi brevi, pedicellis 
propriis longioribus; sepalis extus fulvo-tomentosis, intus cinereo-sericeis ; 
petalis oblongo-spathulatis, obtusis ; staminibus 35 ; ovario 5-loculari, loculis 
sub-1 2-ovulatis. 

Frutex erectus; hab. in Nova Caledonia prope Xanala (Pancher, 1858). 


DUBOUZETIA ELEGANS. 

D. foliis lanceolatis vel ellipticis, in petiolum attenuatis, plus minusve cre- 
natis, glabris, basi pubescentibus ; floribus sat magnis campanulatis, ut 
videtur flavo-aurantiacis, axillaribus , geminatim pedunculo communi brevi 
insertis, pedicellis propriis longioribus gracilibus ; sepalis extus vix pubescen- 
tibus, intus margineque albo-velutinis; petalis oblongo-spathulatis obtusis ; 
staminibus circiter 25 ; ovario 3-5-loculari, loculis 6-ovulatis. 

Frutex ; hab. in silvis montium prope Balade (Vieillard, n° 224). 


DUBOUZETIA PARVIFLORA. 

D. foliis oblongo-lanceolatis, breviter petiolatis, obtuse acuminatis, remote 
crenatis, glabris ; floribus parvis elæocarpici floris formam simulantibus, longe 
pedicellatis, pedicellis pubescentibus, pedunculo brevi sicut umbellatis ; Sepa” 
lis intus breviter villosis, extus pubescentibus; petalis oblongis, acutis (in 
alabastro) ; staminibus circiter 25 ; ovario 3-4-loculari ; loculis 6-ovulatis. 

Arbor; hab. in silvis montium prope Balade (Vieillard, n° 166). 


(1) Voyez le Bulletin, t. VIII, pp. 198 et suiv. 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1863. 77 


ELÆOCARPUS GEMINIFLORUS. 

E. foliis ellipticis, integris, margine revolutis, bullatis, nervis nervulisque 
infra prominulis, discoloribus, infra ferrugineo-tomentosis, supra glabris 
(junioribus tantum supra tomento brevi fulvo indutis) ; floribus magnis gemi- 
patis nutantibus, pedunculo communi reflexo, pedicellis æqualibus ferrugineo- 
tomentosis ; sepalis lineari-lanceolatis ; petalis oblongis, extus sericeis, apice 
3-h-lobatis, lobis laciniatis ; staminibus circiter 60, filamentis pilosis, antheris 
elongatis, linearibus, antice posticeque pilosis, lateraliter nudis, valvula exte- 
riore longe subulata ; ovarii loculis 8-ovulatis. 

Frutex; hab. in montibus Novæ Caledoniæ Diaone dictis ( Vieillard, 
n° 162). e 


ELÆOCARPUS RETUSUS. 

E. foliis obovato-spathulatis, retusis, apice plus minus emarginatis, glabris ; 
racemis axillaribus gracilibus, erectis (fructiferis reflexis) ; floribus parvis, 
nutantibus ; sepalis lanceolatis; petalis cuneatis, apice dentatis ; staminibus 15 
breve puberulis, antherarum valvula exteriore paulo longiore ; ovarii loculis 
h-ovulatis; fructu oliviformi, uniloculari, monospermo. 

Arbor; hab. in silvis montium prope Zalade (Vieillard, n° 169). 


ELÆOCARPUS OVIGERUS. 

E. foliis oblongo-obovatis, longe petiolatis, integris vel obtuse crenulatis, 
glabris ; racemis erectis ex axilla foliorum delapsorum nascentibus; floribus 
Sat magnis, longe pedunculatis ; sepalis lanceolatis, petalis cuneatis apice 3-/1- 
lobatis, lobis integris vel emarginatis; staminibus circiter 50, brevissime 
puberulis, valvula exteriore paulum producta ; ovarii loculis. 9-10-ovuiatis ; 
fructu ovum columbinum forma magnitudineque simulante, carne parca, 
nucleo uniloculari. 

Frutex ; hab, in Novæ Caledoniæ montibus prope Balade ris n° 160 
et 165). 


ELÆocARPus (?) DEPLANCHEI. 

E. foliis plerumque ellipticis, obtuse inæqualiterque sinuatis, breviter 
petiolatis, glabris (nervis petiolisque cinereo-puberulis); floribus ignotis ; fruc- 
tibus solitariis, axillaribus, pedunculatis, ovoideis, carnosis; nucleo uniloculari, 
dispermo. 

Hab, in Nova Caledonia (Deplanche, n° 463). 


ATS SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1868. 


PRÉSIDENCE DE M. E COSSON, 


M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de 
la séance du 13 novembre, dont la rédaction est adoptée. 

À l'occasion du procès-verbal, M. de Schænefeld, secrétaire 
général, donne lecture des observations suivantes, que M. Fermond, 
retenu chez lui par une indisposition, adresse en réponse aux 
objections qui lui ont été faites dans la dernière séance par 
MM. Duchartre et Chatin : - 


RÉPONSE DE M. Ch. FERMOND A QUELQUES OBSERVATIONS QU'A FAIT NAITRE 
SA DERNIÈRE COMMUNICATION A LA SOCIÉTÉ (4). 


Nous prions la Société de nous permettre de revenir sur les objections qui 
nous ont été faites par M. Duchartre, à la suite de notre dernière communi- 
cation ; car, il faut bien l'avouer, l'importance de la première objection nous 
a tellement interdit que nous n’avons pas même bien compris le vrai sens de 
la seconde, Nous espérons que la Société reconnaîtra qu'il y avait nécessité 
pour nous de ne pas les laisser sans réponse, 

Si les phyllodes étaient le résultat de deux feuilles opposées qu’un défant 
d’hécastosie centripète aurait laissées unies en un seul organe appendiculaire, 
les folioles de l’une des feuilles devraient être symétriquement opposées à 
celles de l’autre, Telle est bien, ce nous semble, l’objection formulée par 
M. Duchartre, et nous avouons qu’elle est extrêmement sérieuse ; et, si elle 
nous à pris au dépourvu, au moins elle a dû nous préoccuper assez pour nous 
imposer l'obligation de lui chercher une explication. Malheureusement, il 
nous a été impossible de voir sur le vivant la disposition des folioles par rap- 
port au phyllode, et nous ne pouvons raisonner que par hypothèse; mais, en 
soumettant à l'analyse toutes les positions probables des folioles, on verra 
que l'hypothèse, ici, peut conduire à une explication voisine de la vérité. 

D'abord, nous commencerons par poser cette double question : les folioles 
ont-elles le plan de leur limbe dans le plan du phyllode, ou bien ont-elles 
perpendiculaire à ce plan: en un mot, leur limbe est-il vertical ou hori- 
zontal ? La première supposition semble être exactement la déduction de 
l’objection de M. Duchartre, car si les folioles étaient perpendiculaires au 
plan du phyllode, il est évident que, quel que fût leur mode de génération, 
elles auraient toutes leurs faces homologues, les supérieures dirigées en 


(1) Voyez plus haut, p. 468 et suiv. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1863, h79 


haut, tandis que les autres faces, homologues aussi, les inférieures, seraient 
dirigées en bas; dès lors l'objection de M. Duchartre serait, à priori, difficile 
à comprendre, D'un autre côté, ces deux conditions impliquent nécessaire- 
ment contradiction, puisque, dans le cas de verticalité et en admettant deux 
faces dissemblables, selon l’objection de M. Duchartre, les faces homologues 
des folioles des deux feuilles devraient se regarder ! Mais si les faces homo- 
logues des folioles se regardent, il est impossible qu’il y ait une face supé- 
rieure et une face inférieure, comme l’a dit M. Chatin, en appuyant l'objec- 
tion faite par M. Duchartre. C’est pour cela qu'il devient utile de raisonner 
sur les positions supposables des folioles, et que l’on peut réduire au nombre 
de quatre, ainsi'que nous allons le dire. Maintenons donc cette double propo- 
sition : ou les folioles sont à Zimbe vertical, comme les phyllodes, ou bien elles 
sont à /mbe horizontal, comme les feuilles ; et nous allons voir qu’il est pos- 
sible de donner une explication rationnelle du phénomène, si bien que, sans 
avoir vu l’état des choses, quelle que soit la manière dont se produisent les 
folioles, notre théorie ne saurait en souffrir, 

A. Si les folioles sont verticales, elles se développeront sans plicature, ou 
bien elles seront condupliquées pendant la vernation, comme le sont par 
exemple les folioles du Robinia Pseudacacia. 

4° Si elles se développent sans plicature, comme cela arrive aux phyllodes, 
nous disons que leurs faces ne peuvent pas être différentes. En effet, ce qui 
fait la différence des faces , ce sont les différences dans les actions physiolo- 
giques ou dans les influences extérieures. Or, si la foliole se développait tout 
d’une pièce en faisant son limbe vertical, il est aisé de comprendre que, les 
actions physiologiques étant symétriques, celles-ci seraient les mêmes pour 
les deux faces. Pareillement, puisque le limbe est vertical et non condupliqué, 
les influences extérieures doivent être égales pour les deux faces , et consé- 
quemment ces deux faces se ressemblant, l'objection de M, Duchartre ne 
saurait porter sur des folioles se développant dans ces conditions. 

2° Mais l’objection admet deux faces différentes; par conséquent, dans le 
Cas de verticalité des limbes, il faut de toute nécessité que les folioles aient 
une vernation condupliquée. Dans ce cas, nous devons chercher à expliquer 
celte difficulté, qui alors se présenterait réellement, savoir: que la plicature 
des folioles se ferait dans un sens pour une feuille et dans un sens contraire 
pour l’autre. Mais comme l'explication que nous devons donner exige l'exposé 
de quelques phénomènes physiologiques, que nous serons obligé de donner 
un peu plus loin, et qu’elle est de même nature que celle que va faire naître 
la seconde proposition ; pour abréger, nous reporterons cette explication après 
celle qui va suivre. 

B. Si les folioles sont horizontales, de deux choses l’une : ou bien, dans la 
Vernation, les folioles seront condupliquées, ou bien elles seront planes, et 
leur face supérieure sera directement en regard de l'axe. 


180 SOCIÉTÉ POTANIQUE DE FRANCE. 


4° Dans cette dernière hypothèse, qui n’est probablement pas la vraie, on . 
voit que les deux rachis, appartenant à deux feuilles séparées, ne pourraient 
avoir que des faces supérieures, homologues, regardant l'axe, et cette dispo- 
sition ne saurait évidemment détruire l’idée de deux pétioles unis constituant 
le phyllode. 

2° Reste donc à expliquer la vernation condupliquée des folioles {et c’est 
vraisemblablement là leur mode d'évolution), qui serait la véritable cause de 
l'objection, que la vernation ait lieu dans l’une ou dans l’autre des deux pro- 
positions que nous nous sommes posées. En effet, d’après la juste observation 
de M. Duchartre, la vernation des folioles provenant de deux feuilles opposées 
devrait être symétrique, et par conséquent les folioles d’un rachis devraient 
être pliées dans un sens diamétralement opposé aux folioles de l’autre rachis. 
C’est bien là, ce nous semble, le point radical de l’objection, et c’est aussi la 
partie de notre dissertation qui exigera le plus de soin de notre part pour 
être parfaitement nelte, et le plus d’attention de la part de nos lecteurs pour 
être suffisamment comprise, ce qui nous met dans l'obligation d’entrer dans 
quelques détails relatifs à certains phénomènes de physiologie anormale, que 
nous prendrons tout établis dans notre premier volume de Phytomorphie. 

A la page 291, nous disons: « 11 n’est pas sans intérêt de remarquer que 
dans sa formation la chorise diplasique offre un mouvement exactement 
inverse à celui que présente la fusion de deux fleurs normales, En effet, sup- 
posons une fleur de Capucine (7ropæolum majus) qui naît solitaire à l'ais- 
selle d’une feuille (état normal), et que l’on trouve doublée avec ou sans les 
adhérences dont nous avons parlé, et supposons maintenant deux fleurs de 
l’A/thæa rosea qui naissent normalement à l’aisselle d’une feuille (l’une extra- 
axillaire), et que l’on trouve devenues solitaires par suite d’adhérences 
variées ; il est évident que, pour la première fleur, nous nous trouvons dans 
le cas du protophytogène qui passerait à l’état de double protophytogène, et 
réciproquement pour les deux fleurs de Rose-trémière, nous nous trouvons 
dans le cas de deux protophytogènes qui passeraient à l’état de simple proto- 
phytogène. C’est la première succession qui fait la chorise diplasique condui- 
sant au dédoublement, et c'est la seconde succession qui fait la synanéhie 
conduisant à la fusion complète. » C’est qu’en effet, il est impossible que 
l'esprit conçoive un dédoublement parfait, sans qu’aussitôt il soit entraîné à 
admettre exactement le contraire, c’est-à-dire une fusion parfaite, et la 
science ne reste pas sans exemples non douteux de ces retours de deux pro- 
tophytogènes (scions ou fleurs) à un seul. Ainsi, p. 426 (/oc. cif.), nous signa- 
lons l’observation que M. Moquin-Tandon a faite sur deux turions d’Asperge, 
qui, très-distincts à la base, étaient simplement accolés vers le milieu et 
confondus au sommet en une seule pointe (4). Nous ajoutons : « Quand le 


(1) Éléments de Tératologie végétale, p. 262. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1863. 81 


défaut d’hécastosie des axes se présente, il peut offrir des nuances assez 
variées; mais, en général, plus l'union est intime, et moins on remarque de 
différences entre les deux axes, qui peuvent arriver ainsi à une fusion 
complète. Ainsi l'exemple de M. Moquin en est déjà une preuve à laquelle 
nous pouvons en ajouter plusieurs autres : un pied de Rumex Acetosa, simple 
à sa base, offre un peu plus haut une tige aplatie, qui, coupée transversale- 
ment, présente deux cavités médullaires, puis la tige reprend sa forme cylin- 
drique, ct sa cavité médullaire devient arrondie et unique. Ici, l’un des axes 
secondaires était resté uni à sa base avec l’axe primaire, tout en conservant 
son canal indépendant ; puis la fusion était arrivée, et il n’y avait plus qu’un 
seul canal, presque en 8 de chiffre d’abord, puis elliptique avec angles ren- 
trants vers le milieu de l’ellipse, et enfin rond comme dans une tige nor- 
male : les deux axes s’étaient complétement fondus en un seul. » 

Ainsi, il est parfaitement établi que deux axes (scions ou fleurs) peuvent se 
fondre tellement, qu'ils arrivent à l’unité, et il est probable que ce phénomène 
arrive plus fréquemment qu'on ne le pense d’ordinaire, el nous nous fon- 
dons, d’après nos idées phytogéniques, sur l'exemple fréquent d’un seul 
bourgeon à l’aisselle d’une feuille quand les méats interphytogéniques auraient 
dû en former plusieurs. Or qu'arriverait-il si deux axes collatéraux ayant 
chacun sa ligne de symétrie, par rapport à laquelle toutes ses parties sont 
ordonnées, allaient jusqu’à la fusion complète ? Évidemment les deux lignes 
de symétrie se fondraient pour n’en former plus qu’une seule, qui, dépendante 
de la ligne symétrique principale, c’est-à-dire de la ligne de symétrie de 
l'axe primaire, forcerait les organes appendiculaires ou autres à se disposer 
absolument comme si les deux axes fondus en un seul n'étaient autres que le 
résultat d'un axe originellement unique. Mais, pour cela, il faut que la 
fusion des deux lignes de symétrie soit réellement complète. 

En supposant que nous nous soyons bien fait comprendre, si maintenant 
nous appliquons ces idées de fusion complète de deux lignes de symétrie, aux 
feuilles opposées fondues en un seul phyllode, on-doit aisément admettre que 
les deux lignes de symétrie, par rapport auxquelles les parties auraient dû 
être ordonnées, ayant pu faire naître des dispositions contraires, ces mêmes 
Parties ne le sont plus que par rapport à une seule ligne symétrique, qui par 
conséquent ne doit plus faire naître des dispositions que dans un seul sens, dis- 
Positions absolument subordonnées à la ligne de symétrie principale ; c’est- 
à-dire celle de l’axe. Done, les folioles condupliquées, soit dans l'hypothèse de 
la verticalité, soit dans celle de l‘horizontalité, doivent l’être dans un seul et 
même sens, et doivent offrir deux faces dissemblables ; car-cette dissemblance 
aura pour principale cause l’action des agents extérieurs qui, frappant l’une 
des faces, l’extérieure, longtemps avant l’autre, doit nécessairement Jui im- 
primer des caractères différents de ceux que l’on retrouve dans la face qui est 
relativement intérieure. 


482 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


La seconde objection de M. Duchartre est celle-ci : Si les décurrences sont 
le résultat d’une soudure de l'axe avec la nervure médiane d’une feuille à 
limbe décurrent sur le pétiole, l’anatomie devrait faire retrouver sur la tige 
des faisceaux ligneux plus nombreux, Cette objection nous à trouvé réelle- 
ment sans réponse convenable, très-certainement parce que nous n'en avions 
pas saisi le véritable sens. Nous avions compris que l’objection s’appliquait 
surtout à la fusion complète des feuilles avec les tiges dans les Cactées phyllo- 
morphes, et ce n’est qu'après réflexion et sur cette observation très-juste de 
M. Gay que l’on doit pouvoir s’assurer du fait sur les Verbascum, que nous 
avons saisi le vrai sens de la question, à laquelle il nous eût été très-facile 
cependant de répondre de suite. En effet, il nous eût suffi de montrer les deux 
tiges du Symphytum officinale que nous avions entre les mains, pour faire 
juger à la simple vue que cette soudure (si l’on tient à cette expression) avait 
réellement lieu. Au reste, nous espérons que la conviction entrera dans tous 
les esprits en faisant connaître les trois sortes d'observations suivantes : 

4° Nous avons déjà dit que, dans quelques végétaux (Scolymus hispanieus 
et grandiflorus, Onopordnm A canthium et illyricum, et surtout les Cirsèum 
lanceolatum et acanthoides et \ Echinops sphærocephalus, les décurrences 
caulinaires montrent de la manière la plus claire qu’elles ne sont que les 
décurrences du limbe, que le défaut d’hécastosie centripète a reportées sur 
l'axe, puisque les décurrences caulinaires et pétiolaires présentent la même 
structure, les mêmes sinuosités, les mêmes interruptions, les mêmes acci- 
dents de formes et de développement. A ces faits, nous ajoutons les suivants : 

2° Dans toute feuille nettement séparée de l’axe par hécastosie centripète, 
on remarque que cette feuille repose sur un renflement de l'axe, que l'on 
nomme coussinel, et que la feuille finit par se détacher (par hécastosie trans- 
versale), en laissant une cicatrice sur le coussinet. Or rien de tout cela 
n'arrive dans les feuilles qu’un défaut d’hécastosie rend décurrentes et laisse 
unies à l’axe dans une plus ou moins grande étendue. En effet, ici, point de 
coussinet, point d’articulation ou d’hécastosie transversale, et quand la feuille 
a rempli ses fonctions, elle se dessèche, se dilacère, se pourrit en laissant 
encore plus ou moins longtemps sa nervure médiane attachée à l'axe. Ce phé- 
nomène pouvait être parfaitement observé sur les tiges de Symphytum offi- 
cinale que nous avons mises sous les yeux de la Société, 

3° Enfin, au point de vue anatomique, on peut aisément reconnaître, par 
une section transversale, que l'axe, immédiatement au-dessus du point de 
séparation de la feuille, n’a qu’une certaine épaisseur déterminée par du tissu 
cellulaire, dans lequel on remarque des faisceaux fibro-vasculaires appartenant 
uniquement au mérithalle, En effet, un peu au-dessous de ce point, on com- 
mence à constater que cette épaisseur s’est considérablement accrue, et 
qu'elle montre de la manière la plus évidente une grosse masse de faisceaux 
fibro-vasculaires provenant du pétiole ou de la nervure médiane de la feuille. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1863. h83 


Ces faisceaux, dans la section transversale de l'axe, au point où la feuille Ini est 
adhérente, se présentent comme une série de gros points sous-arrondis, dont 
plusieurs se touchent extérieurement, et disposés circulairement autour du 
canal médullaire complétement creux. Du côté du pétiole, on observe trois 
faisceaux plus volumineux, dont deux latéraux, ayant une forme ovale-aiguë 
et dont la pointe est dirigée en sens contraire du dos de la nervure, c’est- 
à-dire vers les côtés de la tige. Entre ces deux faisceaux, on en trouve un 
troisième, elliptique, formant comme une sorte de trait d'union entre la ner- 
vure médiane de la feuille et l'axe ; il résulte évidemment de la fusion du 
faisceau principal de la nervure foliaire et de l’un des faisceaux circulaires 
de l'axe. D'ailleurs, on voit ces trois derniers faisceaux décroître de plus en 
plus, à mesure que la tranche horizontale est prise plus au-dessous de la 
feuille, si bien que ces faisceaux arrivent à n'être plus que du volume et de 
la forme de ceux que l’on observe du côté de l’axe opposé à la feuille. 

Quant à la troisième objection faite sur notre opinion que les deux feuilles 
opposées des Dicotylédones équivalent à une seule feuille engaînante des 
Monocotvlédones, nous n'avons réellement rien à ajouter à tout ce que nous 
avons déjà communiqué à la Société, et ce n’est qu’en se pénétrant bien de 
nos idées que l’on peut arriver à comprendre cette équivalence: car on doit 
bien supposer que cette opinion résulte surtout de l’ensemble de nos études 
phytogéniques. A coup sûr, nous ne voulons pas imposer cette opinion, mais 
si hypothétique qu’elle puisse paraître au premier abord, elle est si favorable 
à nos explications que nous croyons devoir la regarder comme très-vraisem- 
blable, tant, dans notre esprit, elle rend facilement compte des phénomènes 
que nous avons cherché à expliquer. 


Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le 
Président proclame l'admission de : 


MM. Garron (Henri), juge suppléant au tribunal de première 
instance de Gap (Hautes-Alpes), présenté par MM. Verlot 
et de SchϾnefeld ; 

GIBELLO (Jacques), docteur en médecine et en chirurgie, 
à l’hôpital Saint-Louis, à Turin (ltalie), présenté par 
MM. Moris et Aug. Gras; 

RENAUD DE Fonverr (Amédée), conseiller à la Cour impé- 
riale d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), présenté 
par MM. de Salve et Verlot; 

LAPLANE (Aimé de), juge au tribunal de première instance 
de Sisteron (Basses-Alpes), présenté par MM. de Salve et de 
Schœnefeld ; 


18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


MM. Penicino (Nicola-Antonio), professeur d’hisoire naturelle à 
l'Institut technique de Naples (Vico del Fico a Foria, 24, 
palazzo Février), présenté par MM. Gasparrini et J. Gay; 

Savy (François), libraire-éditeur , rue Hautefeuille, 24, à 
Paris, présenté par MM. Eug. Fournier et de Schœænefeld. 


Dons faits à la Société : 


1° Par M. Ch. Fermond : 
Études comparées des feuilles. 


% Par M. Éd. Bureau : 
Études sur les genres Reyesia et Monttea. 
Notice sur une fleur monstrueuse de Streptocarpus Rexii. 
Rapport sur deux herborisations faites en A861 par la Société, aux 
environs de Nantes. 


3° De la part de M. Fr. Kirschleger : 
Notices botaniques. 

h° De la part de M. J. de Seynes : 
De la germination. 


5° De la part de M. D. Clos : 


Coup d’œil sur la végétation de la partie septentrionale du départe- 
ment de l’Aude. 


6° De la part de M. Timbal-Lagrave : 

Note sur la détermination du Centaurea myacantha. 
7° De Ia part de M. le comte de Lambertye : 

Le Fraisier. 
8 De la part de M. G. Genevier : 


Observations sur la collection de Rubus de l'herbier de Bastard. 


9 De la part deM. Éd. Lambert : 


Nouveaux éléments de botanique. 


40° De la part de M. Œrsted : 


L'Amérique centrale. 

Til Belysning af Bidens platycephala. 
Om Sygdomme hos Plaeterne. 

Sur le Neea theifera. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1863. 485 
Videnskabelige Meddelelder, ann. 1862: 
. Dansk Havetidende, par M. Bentzien, 1862, n°° 4 et 2. 
41° De la part de M. Éd. Morren : 
Bulletin de la Fédération des Sociétés d'horticulture de Belgique, 1862. 


12° De la part de M. P. Sanguinetti : 
Floræ romane Prodromus alter, 1° partie. 
Portrait photographié de l’auteur. 
43° De la part de la Société d’Horticulture et de Botanique de 
l'Hérault : 
Annales de cette Société, t. XII, n° 3. 
14° De la part de la Société Linnéenne de Maine-et-Loire : 
Annales de cette Société, année 1862. 
15° De La part de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts 
d'Angers : 
Mémoires de cette Société, année 1862, et année 1863, n°° 1 et 2. 
16° En échange du Bulletin de la Société : 


Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture, octo- 


bre 1863. 
Bulletin de la Société impériale zoologique d'Acclimatation, vcto- 


bre 1863. 
L'Institut, novembre 1863, deux numéros. 


M. J. Gay fait à la Société la communication suivante : 


VOYAGE BOTANIQUE AU CAERNARVONSHIRE, DANS LE NORTH-WALES, FAÎT EN AOÛT 1869, 
EN VUE D'UNE ÉTUDE PARTICULIÈRE 
DES ISOËTES DE CETTE CONTRÉE, par ME. J. GAW (1). 


X. 


Troisième épisode, — Visite à Ryde, dans l’île de Wight, et au parc du château royal 

d’Osborne. 

Le 30 août, je pris à la station voisine de Milford le chemin de fer qui con- 
duit à Portsmouth, pour me rendre le même soir à Ryde, sur la côte sep- 
tentrionale de l’île de Wight, au moyen d’un bateau à vapeur correspondant 
avec le train qui m'avait amené, 


(1) Voyez plus haut, pp. 270, 319, 582, 409, 420, et 462. 


486 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ryde est une petite ville maritime où affluent les Anglais de l’intérieur, 
attirés par un climat plus doux (c’est la Provence de l'Angleterre), par une 
plage favorable aux bains de mer, et par les mille distractions que donne tou- 
jours le voisinage de l'Océan. 

Ce n’est point un port, à proprement parler, car Ryde n’a point de bassin 
pour recevoir les navires, et la plage y est si basse, même à marée haute, 
que les bateaux à vapeur qui desservent la ville sont obligés de se tenir à un 
mille du rivage. Mais cela même est devenu un avantage pour les riverains, 
depuis qu’une compagnie a jeté sur ce long intervalle un large pont en bois 
(en anglais pter, jetée), aboutissant à une plus large plate-forme, également 
construite en bois, au pied de laquelle les navires peuvent accoster, au moins 
ceux d'un médiocre tirant d’eau. Ce pont permet de faire à pied see, de 
jour et de nuit, et par tous les temps, une promenade d’un mille en mer, et 
c’est un des plus grands attraits que le séjour de Ryde fournit aux étrangers. 

Je n'étais pas à Ryde à cause de Ryde, mais à cause d'Osborne, domaine 
privé de la reine Victoria, situé à peu de distance de là, sur la même côte de 
l’île de Wight, où je savais exister un beau sujet d’un Palmier chinois, cultivé 
en pleine terre et sans aucun abri, phénomène dont j'avais parlé historiquement 
dans un de mes derniers travaux (J. Gay, Le Chamærops excelsa Thunb. in 
Bull. Soc. bot. de Fr. VIH, pp. 410 et suiv., séance du 42 juillet 1861). 

J'avais désiré prendre une conuaissance personnelle de cet arbre intéres- 
sant, afin d’en tirer peut-être quelques nouvelles lumières, et, en tout cas, 
pour pouvoir confirmer, en qualité de témoin oculaire, les faits qui m’avaient 
été communiqués sur son compte par M. Toward, jardinier en chef de la 
reine, à Osborne (page 419 du tome VII). 

Le lendemain donc, 31 août, un bateau à vapeur me déposait à Cowes, 
d’où la première grille du domaine d’Osborne n’est distante que d’une demi- 
lieue à peine. Ne parlant pas facilement la langue des concierges, je fus obligé 
de frapper à plusieurs de ces grilles avant de trouver accès ; mais à la troi- 
sième, enfin, sur le vu d’une lettre qui m'introduisait auprès du jardinier en 
chef, on me permit d'entrer. Un boy détaché me conduisit même jusqu'à la 
demeure de M. Toward, assez éloignée dans l’intérieur de ce vaste parc, et, 
M. Toward étant alors absent, chez le fermier du domaine, dont la maison 
était voisine, Celui-ci voulut bien m'’accompagner dans les parties du parc 
où j'avais quelque chose à observer. L'absence de la reine, alors à Windsor, 
permettait d'y laisser circuler les visiteurs. 

La première chose que je remarquai, à la porte même dé M. Toward, 
fut un quinconce d’Ærica arborea, dont les individus, hauts de 5 à 7 pieds, 
étaient encore couverts de millions de fleurs desséchées. Ils avaient donc fleuri 
au printemps, et supporté auparavant un nombre indéterminé d'hivers. Cela 
est bon à noter pour ceux qui savent qu’à Paris l’Zrica arborea est une 
plante de serre. : 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1863. h87 


Osborne est une création récente de la reine qui, à l'époque de son avéne- 
ment (1837), a voulu avoir une résidence près du lieu de sa naissance, le 
château de la duchesse de Kent étant devenu trop étroit pour sa nouvelle con- 
dition. Le parc a donc été planté avec beaucoup d’art et sur une grande 
échelle. Les massifs d'arbres y abondent, et parmi les essences étrangères qui 
y figurent en abondance, il faut surtout noter le Quercus Ilex, qui y pousse 
avec une grande vigueur et qui y mürit facilement ses glands, comme à 
Paris. Un autre arbre à citer, c’est le Chêne-Liége, dont une centaine de pieds 
existent dans le parc. Mais celui-là, plus délicat, à ce qu’il paraît, s’est beau- 
coup moins développé, de sorte qu'aucun des nombreux sujets n'a encore 
fructifié, pas même le plus ancien de tous, un arbre isolé d'environ 18 pieds 
de haut, que j'ai particulièrement examiné, et qui est situé entre le château 
et le grand réservoir. Cette stérilité actuelle de l’arbre fait qu'il m'est impos- 
sible d’en déterminer l'espèce. Suivant qu’il sera à maturation annuelle ou 
biennale, ce sera le Quercus Suber de la Méditerranée, ou l'espèce nouvelle 
que j'ai nammée @. occidentalis, parce qu’elle est propre aux côtes de 
l'Océan, notamment à celles du golfe de Gascogne. Je répète que tous ces 
arbres sont jeunes, aucun d'eux n'ayant plus de vingt-six ans, et que, par 
conséquent, on chercherait vainement à Osborne ces arbres majestueux et 
séculaires qu’a enfantés le droit d’ainesse, et qui font le plus bel ornement 
de beaucoup de résidences aristocratiques anglaises. 

L'individu du Chamærops excelsa, qui m'attirait particulièrement ici, 
envoyé de Ghusan en 1849 par le jardinier-voyageur Fortune, a été planté 
dans la même année, en pleine terre, sur une des terrasses du château 


. d'Osborne, à quelques mètres du palais, où ilestexposé à tous les vents, parti- 


culièrement à ceux du nord-est, et où il produit un effet charmant, au milieu 
d'une corbeille de fleurs annuelles dont on le tient constamment entouré pen- 
dant la belle saison. J'ai dit ailleurs, d’après M. Toward (p. 419, déjà citée, 
du Bulletin), qu'après avoir été légèrement couvert pendant les deux ou 
trois premières années, cet arbre a, depuis, été laissé sans aucune protection, 
ce qui n’a pas empêché qu’il ne vécût jusqu’à ce jour, de manière à prendre 
une certaine taille arborescente et à fleurir quatre fois de suite dans ces der- 
nières années (fleurs mâles), ce qu’il n’a pourtant pas fait en 1862, année de 
Mon passage. L'arbre étant alors sans fleurs, je a’avais que deux.choses à y 
chercher : la forme des feuilles et les dimensions du sujet. Les lobes des feuilles 
sont-ils dressés où à sommet pendant, comme ils ont été figurés dans la 
Planche 5224 du Botanical magazine ? Je les ai uouvés roides et dressés, 
Comme dans tous les individus de différente provenance que j'ai pu rencon- 
trer en France. Relativement aux dimensions de l'arbre, M. Toward m'avait 
fourni, en 4861, les mesures suivantes : 


Hauteur totale, y compris les feuilles terminales, 10 4/2 pieds anglais 
= 8", 20. 


188 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Circonférence du tronc, à la base, 3 1/2 pieds — 1",066. 

La même, à 4 pieds au-dessus du sol, 3 pieds — 0,914. 

J'ai voulu vérifier ces mesures, en les étendant à quelques nouveaux détails, 
et voici ce que j'ai obtenu, avec le concours de M. le fermier d’Osborne : 

Hauteur totale, y compris les feuilles terminales, 9 pieds anglais — 2°,74. 

Hauteur du tronc, jusqu’au bourgeon terminal, sans les feuilles de la cou- 
ronne terminale, 7 pieds — 2",13. 

Circonférence du tronc, à la base, 3 1/2 pieds — 1",066. 

La même, dans le milieu de sa longueur, 3 pieds — 0",914. 

Circonférence de la tête de l'arbre, garni de ses feuilles, 45 pieds — 4",56. 

On voit que les nouvelles mesures, là où elles ont eu le même objet que 
les anciennes, ne diffèrent qu’en un point. La hauteur totale de l'arbre serait 
de 10 4/2 pieds suivant M. Toward, et de 9 pieds seulement suivant moi. 
De quel côté est l'erreur ? Nous le saurons plus tard. Mais de cette diver- 
gence, donnant au même sujet une taille plus faible en 1862 qu’en 1861, je 
puis au moins conclure qu’en un an l'arbre n’a pris aucun accroissement 
quelconque. Il est resté stationnaire, et j'ai lieu de croire que s’il doit 
s’allonger ultérieurement, ce sera d’une bien petite quantité. 

Je dois ajouter qu’en 1861 l'arbre était encore feuillé dès la base, et qu'en 
1862 je l'ai trouvé défeuillé sur une longueur d’à peine 1 pied. Il est 
naturel qu’avec l’âge il se, dépouille de plus en plus de ses feuilles infé- 
rieures. 

Après le Chamærops excelsa, j'ai voulu voir les individus du Chameærops 
humilis, dont j'ai dit quelques mots dans la même notice, comme ètant cul- 
tivés à Osborne en pleine terre, à la condition d’être couverts d’une cage en 
bois pendant la saison froide. Ces individus sont au nombre de deux et plantés 
dans le voisinage du CA. excelsa, dans les mêmes circonstances d'isolement, 
sur une terrasse un peu plus élevée. Je les ai trouvés sans fleurs et ous les 
deux exactement de même taille, Leur tronc, cylindrique dans toute sa bau- 
teur et feuillé au sommet seulement, mesure dans sa partie dénudée 2 pieds 
40 pouces (0",86) de long sur 4 pied 2 pouces (0",35) de circonférence. 

Après cette excursion de curiosité scientifique, je revins le même jour à 
Ryde pour m’embarquer le lendemain soir à Southampton, et dire adieu à 
l’Angleterre. Je ne veux pas la quitter sans consacrer un mot à ce charmant 
arbuste qui, dans les nouvelles flores anglaises, porte le nom de 7amartZ 
anglica Webb, et que j'ai rencontré à Ryde, fleurissant (pour la seconde 
fois?) le 34 août. M. Babington lui a prudemment attaché le signe +; indi- 
quant qu’il est encore douteux si la plante a été introduite, ou si elle est 
vraiment indigène (Man. of brit. bot., ed. 5°, p. 119). Ce doute est quelque 
chose contre l’indigénat, mais ce n’est pas assez, et, suivant moi, la plante 
eut dû être marquée du signe *, annonçant une espèce certainement natu- 
ralisée, par conséquent d’origine exotique. Encore est-ce trop pour une plante 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1863. h89 


qui ne se trouve que très-dispersée sur la côte sud-ouest de l'Angleterre, et 
toujours dans le voisinage des habitations, comme je l’ai vue à Ryde, ou sur 
des terrains travaillés par l’homme. ‘Tel est au moins le rôle qu’elle m'a 
paru jouer sur toute la côte de France, depuis Cherbourg jusqu’à Arcachon, 
où seulement elle commence à devenir indigène. Et là même, ce n’est point 
une espèce qu’on puisse distinguer du 7amarix gallica méditerranéen, 
quoique de là (je parle d'Arcachon) soïent partis les échantillons vivants sur 
lesquels Webb a établi son Zamarir anglica. Les caractères dont s'appuie 
l’auteur pour distinguer sa nouvelle espèce (Ann. des se. nat., 2° série, 
t XVI, ann. 1841, p. 265. — Hook., Journ. of bot. HI, p. 430, t 15), ne 
sont, pour moi, après un long et sérieux examen, qu’une des formes sous 
lesquelles se montre le disque hypogyne très-variable du Zamarix gallica. 


XI. 


Note sur, les Ghênes-Liéges cultivés en Angleterre, 


Dans un mémoire que j'ai publié il y a quelques années, pour distinguer 
dans le Chène-Liége du commerce deux espèces parfaitement distinctes (Ann. 
des sc. nat., h° série, t IV, 1857), j'avais avancé l'opinion, fondée sur la 
géographie des deux espèces, que le Quercus Suber, fréquemment mentionné 
par les auteurs d’arboriculture anglaise, devait appartenir, non au vrai 4. 
Suber du bassin de la Méditerranée, mais à l'arbre du sud-ouest de la 
France, que je distinguais comme espèce nouvelle, sous le nom de @. occi- 
dentalis. 

Loudon ayant signalé deux arbres du Cork-Oak anglais, particulièrement 
remarquables par leur taille et leur grand âge : l’un à Mamhead dans le Devon- 
shire, l’autre à Sammerstown près Cork, en Irlande (Arboret. et Fruticet. 
brit, III, 1838, p. 1916), j'avais formé le projet de mettre à profit mon 
Yoyage d'Angleterre pour aller visiter sur place ces deux arbres, qui devaient 
rester un problème pour moi tant que j'ignorerais le caractère de leur 
Maluration annuelle ou biennale. Différentes circonstances m'ont empêché 
d'accomplir ce projet, et je suis revenu du Caernarvonshire sans passer par 
l'Irlande ni par le Devonshire. Mais j'avais laissé mon problème dans les 
Mains de M. Babington, qui devait bientôt me donner une solution, au moins 
Parlielle, de la question. J'ai effectivement reçu de lui, en décembre 1862, 
des échantillons récoltés peu de jours auparavant à Summerhill (c’est ainsi 
que M. Babington écrivait alors le nom) près Cork, par M. Isaac Carroll, 
botaniste de cette dernière ville. Ces échantillons, parfaitement caractérisés 
Par leur maturation biennale, appartenäient, sans aucun doute, à mon Quercus 
occèdentalis, et ils justifiaient ainsi parfaitement mes prévisions de l'an 1857. 
M. Babington a déjà rendu compte de ce fait dans Seemann’s Journ. of bot., 

LE 33 


490 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
febr. 1865, p. 56, où le nom de lieu est écrit Summertown, ce qui est pro- 
bablement la seule vraie orthographe. 

Peu de temps après, M. Babington, poursuivant obligeamument la mème 
enquête, m'a envoyé un autre échantillon d’un Cork-Oak, reçu de Forres, 
petite ville d'Écosse, à 3 lieues d’Elgin, comté de Murray, lat 57°, 30! 
L'arbre unique, cultivé en cet endroit, a aujourd’hui 16 pieds de haut; il 
fructifie sans mûrir ses glands (comme aussi l'arbre antique de Summertown, 
eu Irlande), et il provient, dit-on, de glands recueillis sur un arbre cultivé à 
Fulham près de Londres.. La latitude avancée, sous laquelle croît la plante de 
Forres, me faisait vivement désirer de pouvoir déterminer l’espèce avec une 
entière certitude. Mais l’état insuffisant de l'échantillon n’a pas permis un 
jugement positif, J'ai tout lieu de présumer cependant qu'il appartientencore 
à mon @. occidentalis. 

Il en est de même d’un autre échantillon que M. Bernard Verlot a bien 
voulu récolter pour moi, en septembre 1862, sur un Cork-Oak du jardin de 
Kew. Cet échantillon ne saurait être confondu qu'avec le Q. Pseudosuber de 
Santi. Mais on me dit que l'arbre a l'écorce aussi profondément subéreuse que 
l’est celle du vrai Q. Suber, et dès lors il ne saurait appartenir qu'au @. occ1- 
dentalis, puisque la maturation biennale y est parfaitement caractérisée. 

Ainsi se confirme de plus en plus la présomption que le vrai Q. Suber 
manque jusqu'ici dans les cultures anglaises, et que l'arbre qu'on a pris pour 
tel, chez nos voisins, est une autre espèce très-distincte, celle que j'ai nommée 
(1. c.) Q. occidentalis. J'ai lieu de croire que le climat d'Angleterre est tout à 
fait contraire à la première de ces espèces, comme l’est déjà celui de Paris. 


APPENDICE. 
(Janvier 1864.) 


Supplément au chapitre V ei-dessus. 


J'ai énuméré plus haut (p. 420 et suiv.) tous les bassins du Caernarvonshire 
qui, jusqu’à la fin de 4862, avaient fourni à mon herbier quelque échantillon 
de l’une ou l’autre espèce d’/soêtes. Comprenant combien ce catalogue 
devait être incomplet, vu le grand nombre de lacs: inexplorés qu'offrait 
la carte du pays, j'ai stimulé John Roberts à multiplier ses courses, pour 
remédier à cette insuffisance et pour élargir autant qu’il serait possible la base 
topographique de mon travail. Je lui avais signalé le mois de décembre 
comme étant la saison la plus favorable pour ces nouvelles recherches (pour 
a raison que j'ai indiquée plus haut, p. 427, n° 2). Mon excellent auxiliaire 
s'est donc mis récemment en campagne, et, le 24 décembre 1863, j'ai reçu 
de lui un quatrième envoi d’/soêtes vivants, qu'il avait récoltés du 7 au 19 de 
ce même mois de décembre. Sur douze localités qui sont représentées dans 
cet envoi, deux seulement étaient déjà connues : Cwm-y-Glo (supra, P- 120, 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1863. UT 
n° 1) et Liynian-Mymbyr (supra, p. 425, n° VIF). Dans la première, visitée le 
49 décembre, John Roberts a récolté 52 échantillons, dont la majeure partie 
(sans doute recueillie après triage), me semble appartenir à l’Z cchinospora. 
De la seconde localité, abordée le 4% décembre, j'ai reçu 44 échantillons qui 
rentrent indubitablement dans V7. Zacustris. Les dix autres localités, étant 
entièrement nouvelles, constituent une importante addition à ce que j'ai dit 
plus haut de la statistique isoëtique du Caernarvonshire, et je vais les enre- 
gistrer méthodiquement , en continuant la série des vingt localités précé- 
demment énumérées. 

XXI Marchiyn-Mawr. — Petit lac sur le plateau qui sépare le Llyn- 
Padarn de la vallée du Nant-Francon inférieur. — Date de la récolte : 12 dé- 
cembre 1863. — Résultat : 12 échantillons de l'Z. lacustris. 

XXII, Hiyn-Dulyn. — Dans les montagnes qui encaissent le Nant- 
Francon, à l’est, du côté du Denbigshire: 7 décembre 1863; 12 échantil- 
lons de l’Z. lacustris, 

XXIIT. Melynliyn, — Près et au sud du lac précédent, dans la même 
chaîne de montagnes : 7 décembre 1863; 7 échantillons de l'Z, lacustris, 

XXIV. Llyn-Eigiau, — Au sud-sud-est du précédent et dans le même 
pâté de montagnes ; 7 décembre 1863; 17 échantillons de l’Z lacustris. 

XXV. Ffynnon-Llugwy, — Au sud du Melyallyn et à l’ouest-sud-ouest 
du Llyn-Eigiau, dans les mêmes montagnes : 44 décembre 1863; 6 échan- 
tillons de l'Z, lacustris. 

XXVI. Ffyonon-y-Lloer, — Droit à l’ouest du précédent et droit aa nord 
du Llyn-Ogwen, toujours dans le même pâté de montagnes: 14 décembre 
1863; 2 échantillons de l'Z. lacustris. 

XXVIIL. Liyn-ewm-Orthin, — Petit lac, dans les montagnes de Cnict, 
au nord de Moelwyn, dans le Merionetshire, à l’orient et à peu près sous la 
latitude de Beddgelert (voy. la feuille 75 de l’Ordnance-map) : 10 dé- 
cembre 4863 ; 48 échantillons d’Z. lacustris, 

XXVIN, Llyn-ewm-Straliyn (d'après J, Roberts); Ysérallyn, d'après 
l'Ordnance-map, feuille 75 ; Straetlyn, d'après la carte du North- Wales de 
J et E, Walker. — Lac de 4 mille de longueur, dans les montagnes à 3 ou 
k milles au sud-ouest du bourg de Beddgelert, sur le versant sud du mont 
Moel-Hebog, frontière du Merionetshire : 11 décembre 1863; 18 échantil- 
lons d'Z. lacustris. af 

XXIX. Eiyniau-eswm-Silyn. — Deux petits lacs, chacun d'un quart 
de mille de longueur, dans les montagnes, à quelques milles à l'ouest un 
peu nord de Beddgelert : 47 décembre 1863; 10 échantillons d'Z. lacu- 
stris. 

XXX, Liyniau-Nant y-Lief. — Deux lacs, chacun de 1/2 mille de lon- 
sueur, quelques milles droit à l’ouest du Snowdon, dans le haut de la vallée 
formée par la rivière Afon-Llyfni, un peu au nord du Elyniau-cwm-Silyn, et 


h92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


recevant les eaux de ces deux derniers lacs (voy. la feuille 75 de l'Ordnance- 
map) : 16 décembre 1863 ; 2 échantillons d’Z. lacustris (1). 


M. Prillieux fait à la Société la communication suivante : 


OBSERVATIONS SUR UNE FEUILLE GEMMIPARE DE BEGONIA, 
par M. Éd. PRILLIEUX. 


Il y a bientôt quarante ans que Turpin décrivait avec détail et dessinait (2) 
une feuille d'Ornithogalum thyrsoides, couverte sur les deux faces d’un très- 
grand nombre de bourgeons adventifs. Depuis cette époque, plusieurs faits 
analogues ont été signalés, et la culture profite même aujourd’hui, pour la | 
multiplication de diverses plantes, de la propriété qu'ont leurs feuilles de 
produire, dans certaines conditions, des bourgeons adventifs. 

Les Begonia, le Begonia Rex surtout, dont les très-nombreuses variétés sont 
cultivées pour la beauté de leur feuillage, peuvent être cités parmi les plantes 
que l’on multiplie le plus communément dans les serres par ce procédé. 

Rappelons brièvement comment on opère le plus ordinairement : on coupe 
une feuille en tranchant le pétiole à une distance d'environ 2 centimètres 
du limbe, puis on coupe transversalement toutes les nervures en laissant une 
largeur d'environ 2 centimètres entre les coupures successives. Cela fait, on 
enfonce le pétiole en terre et on applique le limbe par sa face inférieure sur 
le sol, en l’y fixant avec des épingles de bois. Après un certain temps, de tous 
les points où l’on a coupé les nervures, naissent sur la feuille des bourgeons 
adventifs (3). 

C’est dans des conditions sinon semblables, du moins jusqu’à un certain 


(4) Note de la Commission du Bulletin. — Les lignes que l’on vient de lire sont les 
dernières (destinées à l'impression) qu’ait tracées, d’une main déjà affaiblie par a 
maladie, notre vénéré confrère M. J. Gay; elles prouvént avec quelle ardeur et quel 
soin scrupuleux il a travaillé jusqu’à l'heure suprême de sa vie. La mort, qui l'a ravi 4 
notre profonde affection le 16 janvier 1864, ne lui a pas permis de revoir, au moment 
de la composition, les chapitres VII à XI du récit de son voyage et cet appendice qu! 
le termine. Par respect pour la mémoire de notre excellent maître et ami, nous 
publions la fin de son manuscrit telle qu’elle nous a été remise après sa mort par S0n 
digne fils M. Ch. Gay. Nous n’avons pas même cru devoir faire disparaître quelques 
légères imperfections de rédaction, de peur d’altérer le sens précis que M. J. Gay, avec 
la rigoureuse exactitude qui le caractérisait, attachait à chacune de ses expressions 

Ac) Turpin, Mém. du Muséum, t. XVI; Organographie végétale, pp. 59 €t 470 ; 
pl. 10. y Le 

(3) On ne traite pas de la même façon le B. ricinifolia. Dans cette plante la multipli- 
cation se fait, soit à l’aide de morceaux de limbe attenant à une nervure et qu'on plante 
en terre par la nervure, soit par le pétiole à la base duquel il se forme sous {erre un 
bourrelet d’où naissent un certain nombre de bourgeons adventifs. On peut recouper 
plusieurs fois le pétiole et déterminer la production de plusieurs séries de bourgeons 
Quand le limbe se trouve très-rapproché de terre, on y voit naître des bourgeons autour 
du sommet du pétiole, ; 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1863. 193 


point comparables, que se sont produits les bourgeons adventifs sur la feuille 
d'Ornithogalum décrite par Turpin. Voici, en effet,-ce qu'il rapporte : Poi- 
teau avait détaché des feuilles d’un pied d'Ornithogalum thyrsoides, afin de 
Jes dessécher pour son herbier. En les exposant à l'air quelques jours après, 
il vit, à leur surface et sur leurs bords, un grand nombre de petits corps que 
Turpin étudia et qui n'étaient autres que des bourgeons ou, comme il 
disait, des embryons adventifs. D’autres feuilles détachées d’un Æochea coc- 
cinea dans les mêmes conditions, il obtint souvent le même résultat, On con- 
naît bien d’autres ‘faits analogues, et même depuis longtemps, car on en 
trouve déjà cités par Hedwig (1) et par Sénebier (2), par exemple, qu'avait 
offerts une feuille d’Æucomis regia. Dans tous ces cas, les feuilles gemmipares 
sont blessées ou meurantes ; on dirait que c’est par un effort suprême de la 
végétation d'organes que la vie va abandonner, que se produisent de tels 
bourgeons. 

Toutefois il n’en est pas toujours ainsi, et, sans chercher des exemples 
parmi les Cryptogames, nous voyons signalées certaines plantes où Ja pro- 
duction spontanée de bourgeons sur les feuilles n’est pas très-rare. De ce 
nombre sont, pour prendre quelques exemples parmi les plantes de nos cli- 
mats, le Cardamine pratensis (3) dont les feuilles portent des bourgeons à la 
base des folioles, les Drosera intermedia(h) et rotundifolia (5) où les bour- 
geons adventifs se montrent vers le milieu de la face supérieure, le Malais 
paludosa (6) où ces bourgeons se dévelappent au sommet des feuilles. 

Les Begonia présentent aussi fréquemment, dans les serres, un phénomène 
semblable. Il n'est pas rare de voir se développer spontanément, sur leurs 
feuilles, au point où aboutit le pétiole et d'où émanent les nervures, un bour- 
geon adventif dont on peut se servir pour la multiplication de la plante. C’est 
dans ce cas un bourgeon unique qui se forme d'ordinaire à la base de la 
feuille des Zegonia comme sur celles de diverses Aroïdées (7) et Nymphéa- 
cées (8). 

Les choses se sont passées autrement sur la feuille de Zegonisque M. Verlot 
à envoyée à la Société (9) et qu'il m'a été permis d'examiner aves Aétail depuis 


(1) Hedwig, Collect. de Mém. vol. II, p. 123. 

(2) Sénebier, Physiol. végét. t. IV, p. 364. — Voyez à ce sujet Ja note publiée par 
M. Duchartre, dans son mémoire sur les feuilles ramifères des Tomates, in Ann. se. nat. 
3* série, t. XIV, p: 244. 

(3) Cassini, Opusc. phyt. t. 1, p. 340. — J. Muenter, in Bolan, feil. août 1845, 

(4) Naudin, in Ann. sc. nat. 2° série, XIV, p. 44. 

(5) Nitschke, in Botan. Zeit. 1860, n°° 7 et 8. 

(6) Henslow, in Ann. sc. nat. 1'° série, XIX, p. 103. 

(7) Par exemple : l’Amorphophallus bulbifer BI., cité par M. Al. Braun, dans son 
mémoire sur la polyembryonie, p. 182. L 

(8) Nymphœa micrantha Perr. et Guill. et N. guineensis Thonn. et Schum., cité 
par M. AL. Braun, ibid. 

(9) Voyez plus haut, p. 474. 


h9h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


la dernière séance. Je n'y ai pas compté moins de soixante-sept bourgéots 
advéntifs qui s’y sont développés spontanément , çà et là, sur toute la face 
supérieure de la feuille. Ce n’est pas Seulement l’analogie avec les faits que 
je viéns de rapporter (d’une part production’ artificielle de nombreux bour- : 
geons sur la surface des feuilles des Zegonia, d'autre part production spôn- 
tanée d’un bourgeon à la base de ces feuilles) qui me fait regarder chaque 
petite feuille qu’on observe, sur la feuille envoyée par M. Verlot, comme 
manifestant un bourgeon ; l’observation directe m'a montré, vis-à-vis de la 
feuille déjà grande qu’on aperçoit au premier coup d'œil, une seconde petité 
feuille plus cu moins développée que l’on peut distinguer la plupart du temps: 
très-aisément en observant le jeune bourgeon à l’aide d’un grossissement suf- 
fisant ; on aperçoit même, entre les deux feuilles, un petit mamelof représen- 
tant une troisième feuille. Aussi, pour moi, il n’est pas douteux que chaque 
feuille plus ou moins grande, que porte la feuille que j'ai examinée, né soit 
la première d'un bourgeon adventif. 

M. Verlot a supposé que, dans ces feuilles de Zegonia, des poils véritables, 
formés seulement de quelques cellules épidermiques, se seraient transformés 
en feuilles complètes ; rien ne me paraît justifier une pareille hypothèse. La 
production de bourgeons adventifs se fait ici, ce me semble, à peu près comme 
on l'a décrite et figurée dans les Drosera ; seulement la feuille, au lieu de 
porter deux où trois bourgeons, en porte plus de soixante qui sont répartis 
sans ordré appréciable sur toute la surface de la feuille, non pas sur le trajet 
des nervures principales, mais dans l’intervalle qui les sépare. 


M. J, Gay dit qu'il a vu l’année dernière, à Poitiers, multiplier 
avec succès les Pegonia à l’aide de morceaux de feuilles. 

M, Gris fait remarquer que, dans les feuilles gemmipares de Car- 
damine qu’il a observées, les bourgeons naissaient toujours sur le 
trajet ou au point de bifurcation des nervures principales. 

M. Reveil présente à la Société un échantillon de Féve de 
Cülabar, graine d’une Légumineuse (Physostigma venenosum) qui 
jouit de la propriété très-remarquable de contracter la pupille. Il 
annonce qu’il fera à ce sujet une communication plus étendue dans 
la prochaine séance. 

M. Duchartre rappelle que M. Giraldès a présenté à l’Académie 
des sciences une note sur les propriétés médicales de la Fève de 
Calabar. 

M. J. Gay annonce à la Société qu’un voyage d'exploration très- 
pénible, dirigé par M. N.-I. Fellman, et dont les résultats présen- 
tent un grand intérêt, a été heureusement accompli l'été dernier, 
dans la Laponie russe, par quelques jeunes naturalistes finlandais 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1863. 195 


voyageant Sous les auspices de la Société d'histoire naturelle 
dé Helsingfors (dont M. le docteur W. Nylander ëtait alors le 
président). Partis de Helsingfors dans les derniers jours de mai, 
et laissant à lorient la ville d’Archangel, ils ont gagné la mer 
Blanche, dont ils ont suivi les côtes occidentales jusqu’au golfe de 
Kantalaks. Là, ils se sont procuré un bateau, au moyen duquel ds 
ont pu continuer leur voyage, qui avait pour objet d’explorer toute 
la côte de la Laponie orientale jusqu’à Kola, d’où ils sont revenus 
par l’intérieur des terres. 


M. le docteur W. Nylandér donne lecture dé l’éxtrait suivant 
d’une letire qu’il a reçue de M. Fellman (1) : 


LETTRE DE M, N,-1. FELELMAN A M. WILLIAM NYLANDER, SUR UN VOYAGE 
BOTANIQUE DANS LA LAPONIE ORIENTALE, 


Uleaborg, 19 septembre 1863, 


Partis (2) de Sordavala le 1° juin (1863), nous n’arrivâmes à Petrosavodsk 
que le 5, à cause du mauvais état de la route sablonneuse qui sépare ces 
deux petites villes (3). A Petrosavodsk, il nous fallut attendre trois jours notre 
passeport (poderoschna), après quoi, accompagnés de M. Guenther, pharma- 
cien de cette ville, et de nos camarades, MM. Simming et Kullhem de l’Uni- 
versité de Helsingfors, nous fimes route ensemble vers le nord jusqu’à 
Kiwatsch, où ces deux voyageurs nous quittèrent pour explorer la région 
occidentale du lac Onega. Nous nous dirigeâmes ensuite sur Povenets, et nous 
atteignimes au delà le village de Suma, sur la côte méridionale de la mer 
Blanche. ! 

Nous dûmes abandonner le projet d’aller à Archangel, principalement à cause 
des frais considérables qu'aurait exigés ce voyage, et aussi en raison des diffi- 
cultés qu'offre le trajet d'Archangel à la péninsule laponne. Nous fûmes bien 
inspirés dé nous tenir à là côte occidentale de la mer Blanche, car des vents de 
nord continuels empêchaient alors les navires d’appareiller au port d'Archange 
et les obligeaient d'attendre un temps meillear. Plus tard, nous en réncon- 


(1) M: N.21. Fellmän (fils du botaniste souvent cité dans le Flora rossica de Ledebour 
avait déjà, en 1861, actompägné de M. P.-A. Karsten, exécuté uñ voyage d'exploration 
botaniqüe dans la partie oécidentalé dé la Laponie russe. 

_(2) M. Féllman était accompagné de MM. M.-M.-W. Brenner et N.-J. Laurin, étu- 
diants de VUnivérsité de Helsingfors, et d’un élève du jardin botanique de cette même 
Université. 

(3) La distance à franchir est d'environ 50 lieues. Sordavala est situé en Finlande au 
nord du lac Ladoga, Petrosavodsk (chef-lieu de la goubernie d'Olonets) dans la 
Karélie russe à Pouést du lac Onega. 


h96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


trâmes qui avaient mis deux mois à venir jusqu’à Swætoi-nos (Promontorium 
sanctum). Sur la côte occidentale, on est moins dépendant des vents. Néan- 
moins, tout l’été, nous les avons eus contre nous, et, à partir de la mi-juillet, 
la pluie nous a également fort incommodés; de sorte que plusieurs jours ont 
été tout à fait perdus pour nos récoltes. Pour commencer, nous fûmes retenus 
par un vent contraire pendant cinq jours à Suma, lieu stérile, où il n’y 
avait rien à faire pour des botanistes (1). Le 20 juin, nous atteignimes les îles 
Solovetskoi, où nous étions obligés de nous rendre, parce que le gouverneur 
d'Archangel devait nous y envoyer notre passeport pour son départe- 
ment (2). En effet, cette pièce y était parvenue avant nous, grâce à l'obli- 
geante entremise du gouverneur Arsenieff de Petrosavodsk. 

De Solovetskoi, nous mîmes à la voile pour Kem, à la côte occidentale de 
la mer Blanche, puis en longeant cette côte, nous gagnâmes Kerct, village 
situé à 66°, 18’ de latitude, auprès d’une rivière de même nom. C’est là que 
nous avons commencé nos récoltes le jour même de notre arrivée, 27 juin, 
qui fut, pour ainsi dire, notre premier jour de travail scientifique. De Keret, 
nous traversämes directement le golfe de Kantalaks (ou d'après l'orthographe 
finlandaise Æantalahti) jusqu’à Umba (3), sur la côte méridionale de la pénin- 
sule laponne. Là, les habitants menacèrent de nous faire un mauvais parti, si 
nous ne partious au plus vite. Nous fâmes donc obligés de quitter à la hâte 
ce lieu inhospitalier , qui nous semblait pourtant d’un aspect fort intéressant, 
et nous continuâmes notre chemin vers lorient, sans faire halte plus d’un ou 
deux jours, afin d'atteindre le plus tôt possible Ponoi, où nous arrivämes 
le 11 juillet. La côte méridionale de la péninsule laponne n'offre que peu 
d'intérêt, car elle est basse, sablonneuse, et conséquemment fort. stérile, 
depuis Umba, ou, pour parler plus exactement, depuis Turii (4). En certains 


(1) Suma est un village situé au 64° de latitude, dans un endroit bas et maréca- 
geux, auprès d’une rivière de même nom, à une lieue de son embouchure dans la mer 
Blanche. 

(2) En Russie, il faut un passeport nouveau dans chaque département (goubernie). 
La péninsule laponne fait partie de la goubernie d’Archangel. 

(3) Umba est un village russe, dont les habitants vivent de pêche comme ceux. de 
toutes les côtes de la mer Blanche ; la terre n’est cultivée nulle part, si l’on excepté la 
côte o:cidentale, où l’on cultive un peu -de Pommes-de-terre. 

(4) Turii est une petite péninsule à environ 6 lieues à l’est d’Umba ; à l’ouest la côte 
est granitique et entourée de nombreux îlots rocheux. A l’est de Turii cette côte est au 
contraire plate et sablonneuse jusqu’à Pialitsa (66° 10’), où elle recommence à s’élever ; 
l’eau près de la côte est basse, les îlots et les anses de mer manquent. A Pialitsa on ren- 
contre de l'argile, mais le sable prédomine ; cependant on y voit des rochers çà et là. 
Les forêts de la côte méridionale sont formées de Bouleaux et de Sapins ; le Pin (Pinus 
silvestris L.) paraît moins supporter le climat maritime et se retire de plus en plus vers 
l'intérieur du pays à mesure qu’on avance vers l’orient ; on peut en dire autant des bois 
en général, quoique l'observation soit surtout vraie du Pin. Déjà, près de Pialitsa, la 
côte est nue et ce n’est qu’à une demi-lieue de la mer qu’existe une forêt de Bouleaux 
rares et rabougris. Les premiers Sapins ne se montraient qu’à la distance de près d'une 
lieue, et un peu plus loin ils formaient une forêt continue, Cet arbre atteint là une haut: 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 41863. 197 


points, comme par exemple à Kusomen, village situé à l'embouchure de la 
rivière Warsuga, on voit de véritables déserts de sable. 
Les environs de Ponoi (1), qui offrent une végétation relativement fort 


teur de 25 pieds et une circonférence de 2 pieds. Le Pin, au contraire, faisait défaut 
dans la région de la côte que nous pouvions explorer ; les paysans disaient qu’on le ren- 
contrait à la distance de 2 lieues de la mer. Schrenk dit que le Pin vient à Sosnovets, 
mais il en a disparu, à ce qu’il paraît, car un Lapon qui habite cet endroit affirmait 
qu’il n’y en avait pas un seul tronc, Dans l’anse de mer appellée Kislaia-guba (entre 
Pialitsa et Ponoi), je montai sur un point assez élevé afin de découvrir de là la forêt, 
mais aussi loin que la vue pouvait s'étendre tout était désert et nu. La végétation de 
ce désert est composée principalement de Cladonia, de Stereocaulon, de Platysma 
nivale et d'Empetrum nigrum; dans les endroits humides croissent de petits buissons 
formés par les Salix glauca et S. philycifolia. De tels espaces privés d'arbres sont 
appelés tundra. Baer les distingue en Flechtentundra (où prédominent les Lichens) et 
Moostundra (où abondent les Mousses, surtout les. Sphaignes et les Polytrics), c’est- 
à-dire en d’autres termes en tundra secs et tundra humides. Les premiers présentent, 
outre les plantes déjà nommées, l'Arctostaphylos alpina, le Calamagrostis neglecta 
et divers Festuca, etc. Les tundra humides portent les Carex ampullacea, Eriophorum 
augustifolium, E. vaginatum et E. alpinum, etc. — Je ferai observer que dans les 
régions basses de la péninsule laponne o1 rencontre des arbres partout où ils peuvent 
être abrités contre les vents. Ainsi, non loin du village de Ponoi, j'ai vu des arbres d’une 
hauteur d'au moins 10 pieds, mais un peu plus loin, vers l’intérieur, ils sont bien plus 
élevés. Sur l’isthme qui unit la presqu'île des Pêcheurs au continent, M. Bæthlingk 
trouvait encore dans une vallée profonde des Bouleaux de la hauteur de 20 à 25 pieds 
et d’un diamètre de 7 à 44 pouces, malgré une latitude voisine de 70°. Même sur les 
tundra se trouvent des individus rampants de Betula nana, de Salix glauca et de 
Juniperus communis. De Ponoi, vers le nord, la côte devient de plus en plus rocheuse, 
bien qu'en général elle soit assez basse. Cà et là (par exemple à Lumbofski) on voit 
encore des plages sablonneuses qui caractérisent la côte méridionale (terska). Sur la 
côte boréale (murmanska) on n’en rencontre que rarement, comme à Warsina, Ilarlofka 
et près de Gavrilova ; cette côte est aussi assez basse et ne s’élève que peu à peu vers 
la frontière norvégienne, sans cependant atteindre plus de 1000 à 1500 pieds. Des mon- 
lagnes plus hautes ne se trouvent guère dans la Laponie orientale que près du lac 
Imandra, où toutefois le sommet culminant de Kipinæ dépasse à peine l'altitude de 
3000 pieds. 

(1) Le Ponoi est une rivière de la longueur de 80 à 100 lieues ; à 2 lieues de son em- 
bouchure se trouve un village de même nom. Les bords de la rivière sont élevés, et çà et 
à ornés d’une végétation vraiment luxuriante. Sur les bords mêmes on voit les Aira 
alpina, Juncus glaucus, J. castaneus et le gracieux Aster sibiricus ; plus loin croissent 
les Ligularia sibirica, Hedysarum obscurum, Cineraria campestris et Veratrum Lobe- 
lianum en échantillons gigantesques. Plus loin encore sont les Aconilum lycoclonum et 


. Senecio octoglossus, qui en certains endroits atteignent une hauteur d'homme et cachent 


à leurs pieds le charmant Gentiana nivalis. Au-dessus de cette zone de belles plantes 
s’élevaient des bouquets de plusieurs espèces de Salix, entre lesquels le Vicia silvalica 
formait des sortes de broussailles difficiles à franchir. Le Daphne Mezereum se présente 
là haut de trois pieds. Après avoir, non sans peine, traversé cette végétation riveraine 
du fleuve, on arrive aux rochers; monté sur eux, on est frappé d’un coup-d’œil magni- 
fique. Parmi les rochers on voit d'énormes bouquets du splendide Pæonia anomala. 
Plus haut nous étions attirés par le joli Viscaria alpina. Au milieu de cette belle nature 
nous pouvions presque oublier que nous nous trouvions au delà du cercle polaire, Chose 
singulière, le Calluna vulgaris ne se montrait pas à Ponoi ; il semble manquer à toute 
la région des tundra ; je le perdis de vue à Pialitsa et je ne le reltrouvai qu’au sud de 
Kola. — De Ponoi j'ai fait une excursion de 6 lieues à l’intérieur du pays, sans rien 
remarquer que je n’eusse déjà observé auparavant. Le pays y est inhabité, et sur un par- 
Cours de 30 à 40 lieues, sinon davantage, on ne trouve pas un habitant. Le village de 
Ponoi est habité moitié par des Russes, moitié par des Lapons, les deux nations vivant là 


198 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


riche, nous donnèrent beaucoup d'occupation pendant dix-huit jours, et nous 
auraient retenus plus longtemps encore, si notre projet d’explorer la côte dela 
mer Glaciale ne nous eût obligés de partir. C’est de Ponoï que vient la meil- 
leure partie de nos récoltes. A partir de ce point, nous cheminâmes lentement 
le long de la côte nord de là péninsule laponne, et nous parvinmes à Kola le 
17 août, : 

La saison était trop avancée et le temps trop défavorable pour nous 
permettre dé pousser jusqu’à Wardæhus, en Norvége, comme nous l’eussions 
vivement désiré. I] ne nous était pas moins impossible de revenir sur nos pas 
par Ponoi et Keret, car nous n’ignorions pas que les pêcheurs russes (mur- 
manski), qui pendant l'été fréquentent la côte entre Kola et Swætoi-nos, se 
préparent: tous à partir dès la mi-août, en sorte qu'à la fin de ce mois on 
chercherait vainement un être humain sur toute cette étendue d’une centaine 
de lieues (1). 

Déjà l'automne s’annoncait, les arbres se dépouillaient de leurs feuilles : il 
nous fallut donc songer au retour par le chemin le plus court, c'est-à-dire par 
le lac Imandra et Kantalaks. Partis de Kola le 23 août, nous atteignimes la 
frontière finlandaise, à Paanajarvi, le ? septembre. Depuis notre départ de 


fraternellement ensemble. Sur la côte méridionale de la péninsule la population est tout 
à fait russe. Les Lapons ont aussi là dû abandonner les meilleures places à des voisins 
plus puissants et se contenter des tundra déserts et des rivières. Pendant l’été, les Lapons 
de l’intérieur de la Laponie russe se rendent à la côte de la mer Glaciale pour pêcher. 
A l'approche de la saison rigoureuse, ils se retirent dans leurs villages pour hiverner. Le 
Lapon russe élève beaucoup moins de rennés que ne le fait le Lapon suédois ou finlan- 
lais ; il tire de la pêche sa principale subsistance. On ne boit pas dans la péninsule le 
lait de renne et on ne mage pas le fromage qu'on en peut faire, et qui dans les 
Laponies finlandaise et suédoise constitue un aliment agréable et très-important. Gepen- 
dant tous les Lapons de la Laponie orientale ne se rendent pas dans l’été au bord de 
la mer; car ceux de la partie occidentale (qui sont appelés Kiwi-Lappalaiset, Lapons 
Détres, c’est-à-dire habitant la Laponie pétrée) restent toute l’année auprès de leurs lacs 
et de leurs rivières; ils sont plus pauvres que les autres. Les Russes qui habitent la 
côte méridionale ont, outre lé rénne, des vaches et des moutons. Le Lapon aime beau- 
coup le tabac, dont l’usage, au contraire, chez les Russes de Ja vieille foi (les Staroverts) 
est considéré comme un péché gräve; ils ne permettent pas qu’on fume chez eux: Là 
passion pour l’éau-de-vie est commune aux deux nations. Dans un seul village, qui . 
compte soixante familles, on en consomme anriuéllement 1000 vædro (près de 13000 
litres), d’après ce que M'’a assuré le seul débitant de cetté marchandise. Quelque fabu- 
leux qu'il paraisse, ce chiffre pourrait ne pas être exagéré, car j'ai rencontré des 
individus qui m'ont affirmé qu’ils buvaient de un à deux litres d’eau de vie par jour; 
et jé les ai vus à l’œuvre. = Nous avons été surpris de voir que ni les Lapons, ni les 
Russés (qui font chaque année, pendant près de quatre mois, le métier de marins) ne 
savent cependant naviguer antrement que vent-arrière et n’ont aucune notion de l’art dé 
louvoyer. bé 
(1) La pêche sé fait là dans de grañdes proportions et approvisionné de poisson l'inté- 
rieur dé la Russie. Environ 400 navires stationnent annuellement dans ces parages, et 
tous prennént à l'automne la direction d’Archangel, où vers la mi-septembre se tient un 
grand marché. Les énormés provisions de poisson rapportés par les murmanski sont 
loin de suffire aux besoins des populations russes, car une quantité an moins égale de 
salaisons ést chaque année importée de la Norvége. C’est là morue qu’on pêche princi- 


SÉANCÉ DU 27 NOVEMBRE 1863. h99 


Helsingfors, nous avons fait 700 lieues, dont les deux tiers en canot, et la 
plupart du temps par un vent contraire. La distance de Kerct à Kola, autour 
de la péninsule laponne, est d'environ 295 lieues. 

Mon intention était de consacrer quelques jours à explorer les hautes 
montagnes qui s'élèvent près du lac Imondra, mais, hélas ! il était trop tard, 
la neigé tombait déjà et couvrait partout la terre. 

Quant à nos récoltes, nous en sommes assez satisfaits, bien que nous ayons 
été gênés par l'insuffisance du papier à sécher les plantés. 

Voici nos principales acquisitions pour le musée botanique de Helsingfors : 
Poa cæsia Sm. (de Ponoï), £riophorum callithrix Cham. (Ponoi), Luzula 
hyperborea R. Br. (commun dans les parties orientales de la péninsule), 
Gentiana tenella Rottb. (Ponoi), Astragalus oroboides Hrnm. (près de 
SWætoi-nos), Pæonia anomala L. (1) (Ponoi), Cochlearia officinalis L. 


(Kildin), Gypsophila fastigiata L. (trouvé par M. Laurin près du lac 
Imandra). 


Parmi nos autres Phanérogames, je mentionnerai les suivantes : 7riticum 
violaceum Hrnm., Catabrosa latifolia Fr., Eriophorum russeolum Fr., Corer 
arctophila F. Nyl, Zannichellia polycarpa Nolte (à Kola), Zuzula parvi- 
flora Ehrh., Juncus castaneus Fr., J. biglumis L., J. glaucus Whlnb., Vera- 
trum album var. Lobelianum Brnh. (très-commun sur tonte la côte, depuis 
Keret jusqu'à Warsina, à 15 lieues à l’ouest de Swætoi-nos), Chrysanthemum 


palement sur la côte laponne. Dans les bonnes années, comme en 1861, le poisson y est 
acheté au prix de 80 centimes les 20 kilogrammes ; dans les années moins favorables, 
cette année-ci par exemple, les 20 kilogrammes peuvent coûter jusqu'à 2 francs, ce 
qu’on regarde comme un prix extrêmement élevé. Les murmanski sont toujours per- 
suadés de réussir dans leur pêche, parce qu’ils y emploient les ressources de la magie 
qu'ils croient infaillibles. La magie, suivant cux, peut non-séulement rendre la pêche 
plus abondante, mais aussi détourner le poisson des filets d’un ennemi. Un élément de 
la plus grande importance, dans les procédés magiques, consiste dans une matière ter- 
reuse, appelée rosli-ladan, qu'on vend dans les églises. [l faut toujours que chaque 
pêcheur en porte sur lui une certaine quantité si minime qu’elle soit. J’ai eu l'occasion 
d'assister à une de ces cérémonies magiques. On mit dans un morceau de bois creusé en 
Manière de coupe quelques charbons, et après les avoir saupoudrés avec un peu de 
rosli-ladan, on promena la coupe sous les filets pendant que l'exécuteur de l'opération 
Magique murmurait'à voix basse quelque grimoire, tout en crachant énergiquement dé 
temps à autre. La cérémonie fut terminée par certaines recommandations, après quoi le 
Magicien assura que le poisson ne manquerait pas. Curieux de savoir quelque chose de 
Son art mystérieux, je lui demandai s’il ne voudrait pas me l’apprendre, ce à quoi il con- 
senlit, mais non sans quelque hésitation, et après avoir exprimé son mécontentement de 
Mon attitude peu sérieuse pendant l'acte grave dont il m’avait rendu témoin. Toute sa 
Magie se réduisait à une invocation adressée aux saints Pierre et Paul, afin qu'ils atliras- 
sent le poisson dans les filets de tel ou tel (indispensable de dire le nom du pêcheur) ; 
naturellement les crachements étaient de la plus grande importance dans l'affaire et ne 
devaient pas être oubliés. 

(4) C’est à tort que cette espèce est nommée Pæonia intermedia C.-A. Mey. dans 
Fr, $. y. Sc., p. 555. Dans la plante de Ponoi, les capsules sont ordinairement au 


nombre de cinq, quelquefois de trois ; sés feuilles sont évidemment aussi celles du 
P. anomala L. 


500 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


arcticum \.., Pyrethrum bipinnatum Sm., Ligularia sibirica Sn. , Cineraria 
alpina X.., Senecio nemorensis var. octoglossus Ledeb., Aster sibiricus L. (à 
Ponoi et Sascheika près l’Imandra), Valeriana capitata .., Myosotis sparsiflora 
Pohl, Polemonium pulchellum Bunge, Gentiana nivalis L., G. rotata 
Schlecht., Castilleja pallida Kunth, Pedicularis verticillata L. (commun 
depuis Tschavanga, au milieu de la côte méridionale de la péninsule, jusqu’à 
Gavrilova, à environ 15 lieues à l’est du /jord de Kola), Pedicularis sudetica 
Willd. (de Ponoi à Swætoi-nos), Pinguicula villosa L., Androsace sep- 
tentrionalis L. (1) (Umba, Ponoi), Armeria arctiea Cham. (près de Ponoi), 
Ranunculus lapponicus L. (Keret), À. hyperboreus Rottb., À. pygmœus 
Whlnb., 2. Samojedorum Rupr. (il semble passer au Z?. Ayperboreus), Tha- 
lictrum kemense Fr. (Keret), 74. rariflorum Fr. (Pialitsa), ƣutrema 
Edwardsii R. Br. (rare à Ponoi), Draba hirta L. (assez commun), Æelian- 
themum vulgare Gærtn. (près d'Umba), Melandrium apetalum (L.), Are- 
naria ciliata X. (de Ponoi à Swætoi-nos), plusieurs Saxifraga et parmi eux 
le S. comosa Poir., Cotoneaster vulgaris Lindi. (jusqu’à Ponoi), Sanguisorba 
polygama YF. Nyl, Sibbaldia procumbens L., Hedysarum obscurum. X. 
(depuis Umba jusque dans le voisinage de Swætoi-nos), Phaca frigida L., 
Polygonum Bistorta L., Oxyria digyna Hill, Aænigia islandica L., etc. 
Parmi les espèces nouvelles pour la Laponie orientale, je mentionnerai encore 
les Veronica officinalis L., V. Chamædrys 1, Littorella lacustris L., Subu- 
laria aquatica L., Brassica campestris X., Raphanus Raphanistrum \., 
Callitriche autumnalis X.., Hippuris maritima Hell. 

La côte boréale de la péninsule laponne est en général caractérisée par les 
Phanérogames suivantes : Calamagrostis stricta Hrtm., Catabrosa latifolia 
Fr., Glyceria distans Whlnb., Poa pratensis var. alpigena, Elymus are- 
narius L. (qui, près de Warsina, est tellement abondant qu’on l'y dirait 
cultivé), Carex rigida Good., Juncus trifidus L., Allium sibiricum L., 
Matricaria inodora var. phœocephala Rupr., Hieracium alpinum L., H. 
murorum 3, Campanula rotundifolia var. alpicola Hrtm., Diapensia lappo- 
nica T., Selinum tataricum (Fisch.), Haloscias scoticum (L.), Ranunculus 
acris var. pumilus Whlob., À. hyperboreus Rottb., 2. pygmæus Whlnb., 
Erysimum hieracifolium L., Cochlearia anglica L., C. arctica Schlecht., 
Silene acaulis L., Stellaria crassifolia Ehrh., S. humifusa Rottb., Ceras- 
tium alpinum L. et var. glabratum Nhlob., Saxzifraga nivalis L., S. stel- 
layis L., Hhodiola rosea L., Lathyrus maritimus Big., Oxycoccus mitro- 
Carpus Turez., Phyllodoce cærulea Bab., Ocyria digyna Hill, Salix reti- 
culata X, , S. herbacea L., S. polaris Whlnb. Cependant une partie de ces 
espèces se rencontrent également sur la côte méridionale, comme par exemple 


(1) Selon C. Hartman (Skand. Flora), cette plante n'aurait pas été retrouvée en 
Laponie depuis le temps de Linné. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1863. 501 


les Allium sibiricum (1), Côchlearia anglica, Erysimum hieracifolium, 
Ozycoccus nucrocarpus, mais loutes ces plantes n’y sont pas aussi communes 
ni aussi caractéristiques. La côte méridionale offre, entre autres, les espèces 
suivantes que je n'ai pas vues sur la côte boréale, savoir les Zuzula pilosa 
Willd., Maïianthemum bifolium DC., Veronica officinalis L., Lonicera 
cærulea L., Androsace septentrionalis L., Ranunculus polyanthemos 1, 
Viola tricolor X., V. epipsila Ledeb., V. palustris L., Polygala amara 
L., Cotoneaster vulgaris Lindl., Vicia sepium L., V, silvatica L., Orobus 
vernus L., Sanguisorba polygama F. Nyl., Aconitum lycoctonum L., Oxy- 
coccus palustris Pers., Arctostaphylos officinalis Wimm., Calluna vulgaris 
Salisb., etc. Dans un marais, près de Tetrina (sur la côte méridionale), j'ai 
trouvé l’£riophorum russeolum Fr. mêlé avec les Z. vaginatum L. et Æ. ca- 
Pitatum Host. De l’Acéæa spicata, on ne voyait que la forme erythrocarpa 
Turcz. Le Sorbus aucuparia se trouve çà et là dans toute la Laponie orien- 
tale, même à Kildin {à 69° de latitude). A Kislaia-guba, je recueillis le C'ata- 
brosa algida Fr.; à Ponoi, le Poa sudetica var. remota Fr. Près du golfe de 
Kantalaks, de même que près du /;ord de Kola, on rencontre l’Atriplez 
patula var. hololepis Ledeb., FT. ross. III, p. 726 (lusus 2, A. fatarica 
Koch, Syn. F1. germ. ed. 2, p. 701), plante à laquelle on doit probable- 
ment rapporter l'A. nitens Reb. de Fries, S, V, Sc., p. 556; les bractées en 
sont souvent divisées jusqu’à la base (2). 

Le Zostera marina se trouve le long de toute la côte occidentale de la mer 
Blanche, et on en remarque çà et là des masses rejetées par la mer sur la 
plage. © , | 

En fait d’Aunes, je n’ai rencontré, dans la Laponie orientale, que l’A/nus 
pubescens Tausch ; il disparaît au nord de Ponoi, où s'en trouvaient encore 
quelques petits buissons, et il ne se montre de nouveau que près du ford de 
Kola. La même chose a lieu pour le Sapin, qui, partout, paraît être le Pénus 
Abies var. mediorima W. Nyl. {3),-ou l’obovatä Rupr. Un P: Abies, forme 
assez Lypique, ne croît qu'entre Kantalaks et Kuusamo. Le long de la côte 
vient le ZBetula tortuosa Ledeb. ; à l’intérieur de la péninsule, dès Kola, le 
B. alba. 


En somme, j'ai récolté environ trois cents espèces de Phanérogames et vingt 


(1) Je mentionnerai, à titre de particularité digne d’être citée, que l’Allium sibiri- 
De vient près d'Umba, dans un marais, en société avec l'Eriophorum angustifo- 
tum, etc. 

(2) Notre plante laponne ñe peut, en aucune façon, être confondue avec l'A. nifens 
Reb., dont j'ai vu des échantillons provenant de la Russie, dans l’herbier de Steven. 

(3) Cette variété du Pinus Abies L. (Abies excelsa DC.) se distingue par les évailles 
de ses cônes, qui sont obtuses et entières; elle est très-répandue en Finlande, Quel- 
ques botanistes l’ont prise à tort pour le P. orientalis L. La forme de la Laponie orien- 
tale ne diffère guère du Picea obovala Rupr., qui a les écailles des cônes encore plus 
obtuses que la forme finlandaise (medioxima W. Nyl.). Des passages fréquents relient 
ces formes, souvent en apparence fort distinctes, avec le type du Pinus Abies L. 


202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

espèces de Fougères. Parini ces dernières, je citerai les Asplenium crenutum 
Fr. (de Ponoi et Soukelo), Zotrychium lanceolatum (Gmel.) Rupr,, Crypt. 
vasc. Ross., p. 33 (2. rutaceum Moug., St Vog., n, 901), 2, matrica- 
rioides Willd. (trouvé près de Kola par M. Brenner). Dans toute la pénin- 
sule laponne, je n’ai pu découvrir aucun /soêtes ni aucune Characée. Ce n’est 
qu’à la latitude de Kantalaks (67°) que j'ai rencontré, dans les lacs Susijærwi 
et Ruanjærvi, l’/soëtes echinospora DR., mais je ferai observer que le fond 
des lacs au nord, entre Kantalaks et Kola, est pierreux ou consiste en gravier, 
et que, dans les parties orientales et boréales de la péninsule, il n’y a pas, près 
de la côte, de lacs d’une certaine étendue, 

Relativement aux Lichens, je noterai la singulière pauvreté en espèces de 
ces végétaux, qui signale Ja flore des parties orientales de la péninsule. 
L'absence de forêts en est peut-être la principale cause, La plupart des 
espèces y viennent sur la terre. Les Siphula ceratites (Whlnb.) et Thamnoha 
vermicularis Ach. ne sont pas rares sur les {undra de la côte boréale depuis 
Ponoi, où j'ai trouvé le Zæomyces placophyllus Ach., les Alectoria ochra- 
leuca et A. nigricans (Ach.), sur la côte boréale et sur la côte méridionale. 
Le Nephroma expallidum Nvyl, se rencontre fréquemment dans toute la 
péninsule ; je l'ai même observé encore près de Ruanjarvi vers le sud. Ge 
Lichen croît principalement parmi les Mousses, mais je lai pris aussi sur la 
terre et sur les pierres; fructifié, je ne l'ai que de Kola. Le Peltigera poly- 
dactyla Mffm, se trouve encore à liava, mais non le P, horizontalis: Je 
sigualerai encore les Séicta linita Ach., Parmelia sulcata (Tayl.), les Par- 
melia saxatilis et physodes, assez communs en fruit, et de même les P. pro- 
Liza (Ach.), Pannaria nigra, Squamaria gelida, Lecidea arctica Snuurf., 
L. stenotera Nyl, (1). 


M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de la communication 
suivante, adressée à la Société : 


RECHERCHES SUR L'ORIGINE DE QUELQUES PLANTES NOUVELLES POUR LA FLORE 
CHARENTAISE, par M. Alph. de ROCHEBRUNE. 


(Angoulême, 30 août 1863.) 


L'apparition simultanée, dans un espace restreint, d’un certain nombre de 
plantes étrangères au pays où cette apparition s'effectue, ne se manifesle en 
général (abstraction faite de quelques excéptions), qu'à la suite de remanié 


(1) Quelques nouvelles espèces de Lichens, récoliées dans la même région par 
M. Fellman, pendant son voyage de 1861, ont déjà été décrites par M. W. Nylander 
dans le Flora (ann. 14863, n° 20). 


SÉANGE DU 27 NOVEMBRE 1863. 503 


ments de terrains depuis longtemps vierges de productions végétales, et dans 
lesquels, soit des constructions, soit des travaux d’un autre ordre avaient été 
pratiqués à une époque plus ou moins éloignée de nous, ainsi qu’on le con- 
state la plupart du temps. ; 

Indépendamment de l'intérêt que les espèces observées présentent en elles- 
mêmes, en constituant des florules adventives qui viennent augmenter le 
nombre des espèces connues d’une région et établir des colonies, d'où par la 
suite les individus qui les forment, rayonnant de ce centre commun, éten- 
dront presque toujours leur aire de végétation sur une plus vaste surface ; 
elles fournissent aussi un point de repère pouvant établir sinon d’une manière 
positive, du moins très-probable, l’origine étrangère, l'introduction de ces 
espèces, souvent considérées comme autochthones. 

Ce sont, pour ainsi dire, autant de jalons destinés à marquer le séjour ou 
le passage de tout ou partie d’un peuple, et à servir de contrôle aux 
données quelquefois un peu problématiques que l’histoire nous à transmises 
sur les grandes migrations. 

M. Chatin, dans une savante notice Sur, des. plantes des vieux chà- 
teaux (1), établit deux époques principales pour les espèces naturalisées sur 
les vieux édifices ou dans leur voisinage immédiat : l'époque du moyen âge 
et l’époque de la renaissance. 

Il rappelle que M. Fr. Lenormant (oc. cit.) caractérise une époque 
romaine, par la nâturalisation du Puzus sempervirens. 

Une quatrième, l'époque hébraique, pourrait peut-être se trouver 
définie par la présence sur les temples de l’Æyssopus officinalis (loc. 
cit.) (2). 

Enfin, M. de Schænefeld (3) rappelle que dans les temps anciens et 
modernes un certain nombre de végétaux ont été naturalisés à de grandes 
distances, volontairement ou involontairement, par les migrations, les colo- 
nies et les invasions des divers peuples (4); on pourrait, dans ce cas, distin- 
Buer une époque moderne. 

Des cinq grandes époques qui précèdent, trois seulement nous semblent 
Parfaitement définies ; quant aux époques hébraïque et romaine, et plus 


(1) Voy. le Bulletin, t. VIIL, p. 359. £n 

(2) L’Hyssopus officinalis, se trouve à l’état spontané dans la Charente, ainsi que nous 
l'avons constaté depuis la publication de-notre Catalogue raisonné. 

(3) Voy. le Bulletin, t. VII, p. 364. ; 4 

(4) A l'appui des observations de M. de Schœnefeld, relatives à cette question (Loc. cit.) 
et par lesquelles il mentionne, d'après M. Schleiden, l'introduction d'espèces propres à 
un pays, nous apprenons par notre excellent ami et collègue, M. Ludovic Savatier, mé- 
decin de la marine impériale, en ce moment en Chine, et qui emploie avec le zèle et le 
Savoir qui le caractérisent ses moments de lvisir à récolter les richesses végétales des 
contrées qu’il parcourt, qu’un grand nombre d'espèces, éminemment françaises, se ren- 
usb dans plusieurs provinces de Chine où elles semblent marquer le passage de nos 
roupes. 


504 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


particulièrement cette dernière, l'espèce unique qui la représente est loin, 
selon nous, de suffire à la caractériser (1). 

Nous croyons pouvoir établir aujourd’hui d'une manière suffisante, par la 
découverte de plusieurs espèces végétales, une sixième époque que nous dési- 
gnerons sous le nom d'époque gotinque. 

A quelques kilomètres d'Angoulême, sur la rive gauche de la Charente, on 
observe les ruines considérables d’une suite de villas romaines, réparties plus 
particulièrement sur quatre points principaux : Zasseau, la ville d’Olippe, 
Thouerat et les Caves du château. 

D'après l’auteur de la Statistique monumentale de la Charente (2), 
Basseau était un port où s’arrêtaient les grosses barques qui rewontaient la 
Charente. « On a conjecturé, ajoute M. l’abbé Michon, que la bourgade qui, 
plus tard, forma Angoulême, s'établit dans l’anse formée par la Charente, 
depuis Saint-Cybard jusqu’à Basseau. 

La surface occupée par les constructions dont les ruines appartiennent à 
une colonie romaine et non celtique, comme le pensent quelques-uns (aucune 
trace d'industrie de ce peuple n’ayant été constatée) (/oc. cit.), comprend 
une longueur d'environ 4 kilomètres, sur une étendue d’à peu près 300 hec- 
tares. 

Au printemps de l’année 1863, l'extension de la poudrerie impériale néces- 
sita de nombreux terrassements, qui, pratiqués à la partie nord-ouest, limite 
de l’ancienne forêt de Basseau, aujourd’hui en partie défrichée, mirent à 
découvert de nouvelles constructions dépendant de la villa romaine de 
Thouerat. 

Les déblais furent pratiqués à une profondeur moyenne de 2 mètres, sur 
un espace de 300 mètres carrés, dans un sol formé par un humus de 0,30 
d'épaisseur et de 1°,70 d'alluvions anciennes (3). 

Quel ne fut pas notre étonnement, au mois de juillet dernier, en herbori- 
sant sur les jetées et les déblais épars dans un champ voisin, de recueillir neuf 
espèces de plantes, dont le facies tranchait singulièrement sur la végétation 
environnante, composée : partie des-espèces propres aux terrains remaniés, 
partic de quelques äatres, habituelles aux stations limitrophes, quoique un peu 
éloignées, et dont nous n’avions pu jusqu'ici constater la présence dans ces 
parages. 

Les neuf espèces découvertes furent scrupuleusement étudiées ; afin d'éviter 


(4) Nous avons essayé de démontrer (Cat. Ph. Char. p. 185, 1860) la non- valeur 
caractéristique du Buœus sempervirens comme plante d’origine romaine dans la Charente 
Nous étudierous dans un travail ultérieur, sous ce point de vue, ses différentes stativns;, 
principalement dans les Alpes et les Pyrénées. 

(2) Statistique monumentale de la Charente, par l'abbé Michon, p. 172, 1814. 

(3) Nous avons pu y recueillir plusieurs ossements de mammifères caractéristiques du 
diluvium, que nous conservons dans nos galeries paléontologiques, 


’ 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1863. 505 


toute erreur dans leur détermination , elles furent soumises au contrôle du 
savant auteur de la Flore du Centre, auquel nous sommes heureux d'offrir 
un nouveau témoignage de notre profonde gratitude ; et nous pûâmes établir 
une florule adventive, composée des : 


1. Sinapis dissecta Lag. — RRR. 6. Cerinthe minor Lam. — RRR. 

2. Camelina sativa Crantz. — A.C. 7. Anchusa officinalis L. — CC. 

3. Alyssum incanum L. — C. 8. Melampyrum barbatum W. Kit.—C. 
h. Achillea nobilis L. — RR. 9. Plantago Cynops L. — R. 

9. Centaurea maculosa Lam. — RR. 


Ces espèces croissaient au milieu des espèces suivantes, formant le fond de 
la végétation, et, comme nous venons de le dire, propres aux localités voisines 
et même quelque peu éloignées (1) : 


*Delphinium Consolida L. Achillea Millefolium Z. 

Sinapis Cheiranthus Koch Andriala sinuata L. 
Belianthemum vulgare Gærtn. Jasione montana L. 

Reseda Luteola L. Echium vulgare L. 

Dianthus Carthusianorum L. Verbascum (sp. plur.) 

— prolifer L. ; *Solanum melanocerasum Wäilld. 
Linum usitatissimum L. Phelipæa cærulea C.-A. Mey. 
Lupinus reticulatus Desv. Calamintha Acinos Clairv. (2) 
Trifolium striatum L. Chenopodium (sp. plur.) 

— glomeratum L. Cynosurus echinatus L. 
Sedum reflexum L. *Bromus commutatus Godr. 
Crucianella angustifolia L. Elymus europæus L. 


Les neuf espèces précitées (3), qui font le sujet de cette note, appar- 
tiennent à la flore de l’Europe austro-orientale ; parmi elles, trois font égale- 
ment partie de la flore de la Charente-Iuférieure. 

Aÿant d'examiner sous quel point de vue on doit les envisager, relativement 
à celte dernière station, nous croyons devoir donner, d’après la Flore de 
France de MM. Grenier et Godron, et la llore du Centre de M. Boreau, 
un tableau des différents habitats de nos espèces sus-établies : 


SINAPIS DISSECTA. — Bastia (G. G. FI. Fr. t. 1, p. 74). 


CAMELINA SATIVA. — Cultivé et souvent subspontané (6G.G. F1. Fr. t, 1, p.131). Le Puy, 
Puy-de-Dôme, Vierzon, Bourges (Bor. F1. Cent. 2° édit. t. II, p. 62). 


ALYSSUM INCANUM. — Lieux pierreux ou sablonneux de l’Alsace: Colmar, Kaisersberg, 
Val d’Orbey, Ostheim, etc.; de la Provence, Toulon (G.G. F1. Fr, t. I, p. 114). 


(1) Plusieurs de ces espèces sont nouvelles pour la flore de la Charente, nous les 
désignons par le signe (*). 

(2) Une forme remarquable que nous décrirons plus tard. 

c (3) Nous ne mentionnons pas ici une Crucifère, que son mauvais état de conservation 
Na pas permis de rattacher à une espèce connue ; bien qu'elle ait le port d'un Erysi- 
mum, elle tend peut-être au genre Sisymbrium par les fortes nervures de la silique ; 
Nous reviendrons plus tard sur cette espèce intéressante si, comme nous l’espérons, nous 
Pouvons en recueillir des échantillons plus complets. 


TX 3l 


506 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ACHILLEA NOBILIS. — Coteaux calcaires : Bourg-d’Oisans en Dauphiné ; Digne et Seyne, 
dans les Basses-Alpes ; Avignon, Montaud près de Salon, Hyères, Toulon; montagnes 
de la- Lozère; coteaux de l'Alsace, Guebwiller, Colmar, Mutzig, Wasselonne (G.G. F1. 
Fr. t. Il, p. 164). 

CENTAUREA MACULOSA. — Coteaux, bords des routes et des rivières : Alsace, bords du 
Rhin, à Strasbourg, Colmar, Rouffach, Mulhouse, Huningue ; Lyon ; Guillestre en Dau- 
phiné; commun dans la Haute-Loire, l'Ardèche, la Lozère ; Le Vigan ; Clermont-Fer- 
rand, Puy-de-Crouël et coteaux de Ja Limagne d'Auvergne ; se retrouve dans le centre 
de la France, ainené par les eaux des rivières, par exemple, sur les bords de la Loire, 
au Puy, à Nevers, Orléans, Blois, Tours, et sur les bords de l'Allier, à Vichy, Mou- 
lins, etc. (G.G. F1. Fr. t. Il, p. 254), Çà et là sur les alluvions et les îlots de la 
Loire et de l'Allier, etc. (Bor. F1. Cent. t. II, p. 354). 


CERINTHE MINOR. — Hautes Alpes du Dauphiné, Grande-Chartreuse , Gap, vallée du 
mont Viso, mont Génèvre, Briançon; Thorrenc dans le Var, etc. (G.G. Fi. Fr. 
t. II, p. 509), 

ANCHUSA OFFICINALIS. — Lieux incultes, décombres : Haguenau, Briançon, îles d’Hyères, 
Marseille ; Sables-d'Olonne, Couëron dans la Loire-Inférieure (G.G. Ft. Fr. t. IH, 
p. 513). 

MELAMPYRUM BARBATUM (1). — Nancy, Metz, Saint-Mihiel (G.G. FL Fr, t, 11, 
p- 620). 

PLANTAGO CYNOPS. — Lieux incultes : commun dans toute la région méditerranéenne ; 
monte dans les Pyrénées orientales jusqu’au dessus de Villefranche et du Vernet; 
bassin de la Garonne; se retrouve dans l’est de la France, à Valence, à Grenoble, à 
Doulcier dans le Jura, à Lyon, à Mende, à Beaune, Meursault, Saint-Aubin et Santenay 
dans la Côte-d'Or; Dauphiné, à la montée de Vizille (G.G. F1, Fr. t. I, p. 731). 


Par l'exposé de ce tableau, il est facile de voir que presque toutes les 
espèces de la flore adventive de Thouerat appartiennent, comme nous l'avons 
dit, à une flore austro-orientale, et que leur présence dans la Charente doit 
être le résultat d’une cause étrangère, d’une introduction , soit volontaire, 
soit accidentelle; qu’en un mot, elles doivent être assimilées aux espèces 
mentionnées par M. de Schœnefeld (Loc. cit.). 

La présence de l'Anchusa officinalis dans la Charente-Inférieure, à l'Île 
d'Oléron notamment, est expliquée, par M. Lloyd (2), par le dépôt du lest 
des navires dans lequel se trouvaient des graines. à 

Les localités du Ceñtaurea maculosa, dans le centre de la France, sont 


(4) Contrairement à l’opinion de M. Godron (F1, Fr. t; Il, p. 620), nous.ne pouvons 
admettre le M. barbatum W. K. comme une simple variété du M. arvense L. sous le 
nom de var: 5 impunclatum (Godr. F1. Lorr.). Les seuls caractères distinctifs de cette 
espèce, d’après l’auteur, sont les suivants : Bractées d’un jaune verdâtre sans verrues, 
corolle tout à fait jaune, calice à dents plus courtes (que dans le M. arvense). 

Nos échantillons se distinguent du M. arvense par les fleurs sensiblement horizontales, 
d’un beau jaune sur le vif, disposées en épis plus longs et plus robustes, à verticilles 
plus espacés; par là corolle plus grande, à divisions plus larges, à tube pubescent beau- 
coup plus long que le calice ; par le calice fortement laineux, à dents lancéolées terminées 
par une pointe molle, trois fois plus court que le tube de la corolle ; par les bractées 
jaunâtres beaucoup plus larges, fortement laineuses à la base, à lobes latéraux bien 
plus capillaires ; par ses tiges à rameaux plus robustes un peu plus divergents, rh 
verts de poils ous et laineux leur donnant un aspect blanchâtre ; par ses feuilles 
beaucoup plus linéaires ; enfin par ses graines plus grosses ét plus elliptiques. 

(2) Lloyd, F1. de l'Ouest, p. 306. is 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1863. 507 


attribuées, par MM. Grenier, Godron et Boreau, au transport par les grands 
fleuves des semences de cette espèce. 

Le Plantago Cynops, que nous avons recueilli sur le littoral de la Cha- 
rente-Inférieure, pourrait, jusqu'à un certain point, devoir sa présence sur 
nos côtes aux mêmes influences que l’Anchusa officinalis. 

Quant au Camelina sativa, cultivé et subspontané, d’après les auteurs 
précités, il doit évidemment rentrer dans la liste des plantes introduites (1). 

Mais, de ce que ces espèces auraient été apportées par des inondations ou : 
le lest des navires dans les départements limitrophes et du centre, on ne doit 
pas en conclure qu'il faille attribuer à la même cause leur présence dans la 
Charente. 

L'hypothèse du lést des navires est inadmissible pour nos contrées; d'un 
autre côté, la Charente ne traverse dans son parcours aucune localité où ces 
espècés habitent, et tous les cours d’eaa qui en sont tributaires se trouvent 
dans des conditions identiques. 

De plus, associées aux autres espèces austro-orientales de notre florule, 
elles doivent, ayant apparu toutes simultanément et dans le même espace 
restreint, avoir une seule et même origine, origine qui, selou nous, doit 
remonter à l’invasion des barbares. 

C’est ce qui nous reste à démontrer. 

Tout d’abord, et par l'examen même de la station de nos espèces ou des 
localités voisines, nous nous trouvons en présence de deux suppositions qu’il 
importe d'examiner, car elles pourraient présenter peut-être un certain degré 
de vraisemblance et faire attribüer l'introduction, ou à l'établissement des 
colonies romaines, ot bien encore aux constructions élevées sous les comtes 
d'Angoulême. 

Si nous examinons en premier lieu la supposition qui tendrait à faire 
remonter seulement au xH° siècle l'introduction des neuf espèces, en compul- 
sant les vieilles chroniques de nos historiens charentais (2), nous trouvons le 
passage suivañt, que nous emprüntons à François de Corlieu (3) : 

«....Pour retourner à nostre propos, le comte Hvgves (4) ne fit pas en 
» On viuant de grandes choses qui jaye lev : j’ay trouvé seulement qu'il fit” 
» pauer toutes les aduenuës de la ville d’Engolesme et le chemin depuis la 
» Ville iusques a vn port de la riuière de Charante, appelé de Basseaulx, le quel 


(1) Nous ne connaissons dans les deux Charentes aucune culture de cette espèce. 

(2) Nous saisissons cette occasion pour rêmercier M. E. Castaigne, le savant bibliothé- 
Caire dé la ville d’Angoulème, pour les renseignements qu’il nous a fournis avec une rare 
‘bligeance et la bienveillante amitié qu’il nous a toujours témoignée. 

(3). Recveil en forme d'histoire de ce qui se treuve par escrit de la ville et des comtes 
d'Engolesme, par Francois de Corlieu. 22 édit. augmentée par Gabriel de la Charlonie. 
MDCXXIX, p. 34. 

(4) Hvgues LIL de Lezignan, seigneur de Fougières, dix-septième comte d’Engolesme, 
mort en 12892, 


508 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


» chemin dure enuiron demie lieue et estoit pour lors garny de maisons des 
» deux costez, comme vn faux-bourg, trauersant le lieu qui auiourd’huy est 
» en bois et buissons, appelé la grande Guarenne et anciennement estoit en 
» uignes, tardinages et lieux de plaisance. » | 

Les maisons et jardins de Basseau durèrent jusqu’au x1xI° siècle, ainsi que 
nous l’apprend M. l'abbé Michon (1). 

Au xy° siècle, ajoute-t-il, il ne restait plus rien de ce faubourg qui occu- 
pait A kilomètres environ sur la voie antique ; une vaste forêt, dont s’empa- 
rèrent les comtes d'Angoulême, s'était élevée sur les jardins et les habi- 
tations. | 

Pour faire remonter seulement au x11° siècle l'introduction des espèces de 
la florule adventive de Thouerat, il faudrait que ces espèces eussent été 
recueillies sur l'emplacement même des jardins et des cultures précitées ou 
dans leur voisinage , et non pas à une distance assez éloignée (3 kilomètres 
environ), et on vient de voir que, bien que les jardins et les constructions se 
fussent étendus sur une partie des ruines romaines, ils étaient cependant 
limités aux deux côtés de la route (Corlieu, loc. cit.). 

Les jardins et les champs, recouverts plus tard par la forêt de Basseau 
dont une partie subsiste encore , auraient pu laisser échapper quelques-unes 
des espèces qui y auraient été introduites directement ou indirectement ; or, 
jusqu'ici, aucune trace d’espèces étrangères à la flore n’est venue l’enrichir, 
malgré les remaniements nombreux dont toute cette portion de l'ancien 
faubourg a été l’objet pour l'érection et l'établissement des maisons et des 
jardins actuels qui s'élèvent sur les anciens emplacements. 

Nous pensons que, pour arriver à obtenir dans cette localité une flore 
analogue ou identique à celle de Thouerat, les remaniements devraient être 
effectués à une profondeur bien plus considérable, c’est-à-dire pénétrer jus- 
qu'aux ruines romaines; seulement alors, les graines qui peuvent être 
enfouies dans ces ruines des antiques villas ou dans leur voisinage immédiat 
se trouveraient dans des conditions propres à faciliter leur développement. 

Comme on le voit, il faut rejeter l’idée d’une introduction remontant au 
x° siècle. 

En second lieu, peut-on conclure à une origine romaine par la présence 
des espèces sur les déblais mêmes qui ont mis à découvert une portion de la 
villa de Thouerat, enfouie depuis sa destruction occasionnée en partie par les 
flammes ? (Michon, loc. cit.) 

Bien que certaines présomptions militent en faveur de cette supposition, 
nous pensons qu’une réponse affirmative serait quelque peu hasardée, tandis 
que plusieurs motifs, puisés surtout dans l'examen des stations normales des 
espèces découvertes , nous paraissent assez probants pour venir à l'appui de 


(4) Stalis, monum. Char. p. 173. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1863. 509 


l'opinion précédemment émise, que la florule adventive doit être attribuée à 
l'invasion des barbares. 

Parties des contrées du nord, nous voyons les hordes barbares, répondant 
à l'appel d’Alaric, traverser les vastes possessions romaines en les saccageant 
devant elles, tantôt victorieuses, tantôt vaincues, s’arrêtant dans une contrée 
après la victoire, ou fuyant poursuivies par les armées romaines. 

La Grèce envahie est dévastée, les Alpes sont franchies ; Rome, trois fois 
assiégée, est presque détruite ; lorsque la mort du chef des barbares et l’union 
de son successeur avec la sœur du général romain viennent cimenter les bases 
de l'alliance qui devait saper les derniers fondements de l’empire romain. 

Au milieu de ce tumultueux conflit des peuples, les bandes d’Alaric durent 
être suivies de certaines plantes propres aux contrées danubiennes (1); de 
même qu’en 1814, l’armée russe jalonnait son passage à travers l'Allemagne, 
et jusqu'aux portes de Paris, par certains végétaux, comme nous l’apprend 
M. de Schæœnefeld (oc. cit.). 

À ces espèces vinrent se joindre d’autres espèces des provinces méridio- 
nales, où séjournèrent momentanément les légions victorieuses. 

En présence de l’authenticité de ces faits, la florule adventive de Thouerat 
peut être facilement expliquée, si l’on considère les bandes barbares envahis- 
sant l’Aquitaine et établissant leur séjour passager dans les villas romaines, 
qu’elles dévastaient ensuite. 

Thouerat, en partie détruite par le feu (Loc. cit.), nous fournit une preuve 
évidente à l'appui de ces assertions. 

L'introduction barbare des plantes de Thouerat est-elle volontaire ou invo- 
lontaire ? 

C'est ce qu'il est difficile de préciser. 

Cependant, par l'examen des espèces recueillies, presque toutes semblent 
ne devoir leur présence dans cette localité qu’à une cause purement for- 
tuite, et ne point appartenir à des espèces cultivées comme plantes utiles ou 
d'ornementation. 

Les Camelina sativa et Anchusa of ficinalis seuls doivent peut-être rentrer 
dans la liste des plantes utiles. Nous ne croyons pas néanmoins qu'ils aient 
été cultivés sur place dans la localité de Thouerat. 

La découverte de nouvelles espèces nous permettra, nous l’espérons, 
d'établir à ce sujet des présomptions basées sur des données plus probables. 

Quoi qu'il en soit, nous conclurons en disant : 

1° Que les neuf espèces constitutives de la florule adventive de Thouerat 
ne doivent point être rapportées à l’époque du moyen âge ; 

2° Quelles doivent être considérées comme le résultat de la présence des 


(4) La plupart des espèces citées de la florule de Thouerat sont propres à ces 
contrées. 


510 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


hordes barbares descendues des contrées danubiennes (1) (et non pas d’une 
origine purement romaine }), puisque la plupart des espèces appartiennent.à la 
flore de ces contrées et que leur découverte remonte aux terrassements 
effectués sur l'emplacement même d’une villa détruite par une cause violente, 
suite inévitable de la conquête d’un peuple barbare ; 

3° Qu’enfin elles doivent caractériser une époque gothique, qu'aucune 
espèce, jusqu’à ce jour, n’avait permis de constater. 


M. de Schœnefeld donne lecture de la lettre suivante, qu'il a 
reçue de M. Aug. Gras : 


LETTRE DE M. Auguste GRAS À M. DE SCHŒNEFELD. 


Turin, 14 novembre 1863. 
Mon cher confrère, 

A la suite des mémorables ascensions de MM. William Mathews et Tuckett, 
une première expédition de touristes italiens a gravi cet été le sommet du 
mont Viso. Depuis la dernière rectification de nos confins, celte montagne à 
singulièrement gagné dans notre affection. Elle est restée la pointe la plus 
belle, la plus pittoresque, la plus éngageante de tout le cadre de nos chères 
Alpes, à laquelle la fameuse théorie des versants n’ait rien enlevé; la ligne de 
délimitation passe à 2 kilomètres au delà du sommet, et le superbe cône est 
resté de pied en cap italien. 

Je devais moi-même faire partie du comité explorateur, et je vous ayoue 
que la réalisation de ce brillant projet fut pendant longtemps le plus cher de 
mes rêves. Mais, retenu par des engagements impérieux, je ne. pus: rompre 
ce que Virgile appelait fata aspera ; je me vis donc forcé de renoncer à cette 
aventureuse excursion, et ce qui seul, dans cette circonstance, put effacer au 
fond de mon âme toute trace de regrets, ce fut le plaisir de me trouver au 
mont Cenis avec vous et avec une si nombreuse et aimable partie de no$ con- 
- frères. 

Heureusement, ei j'en témoigne ici ma vive reconnaissance, l'événement 
me fit éprouver une fois de plus la vérité de cet. aimable paradoxe de Mon- 
taigne, que « par. la grande colligeance et relation qu'il y a,entre les sages 
» celui qui disne en France repaist son compagnon en Égypte », Eu effet, Je 
pus avoir sous les yeux toute l’intéressante récolte de plantes que notre nou 
: veau confrère, M. le comte de Saint-Robert, fit avec un. soin extrême dans 
cette première exploration, récolte qui ne ponvait cependant répondre, à 
. toute notre attente, vu que la constitution schisteuse de Ja, montagne et la 


(1) Cette opinion est aussi celle de notre savant collègue M. Boreau; ainsi qu'il résulte 
‘d’une lettre du 27 août 1863. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1863. -911 


nature particulière des schistes dont elle est formée s'opposent au développe- 


ment d’une végétation luxuriante, telle que vous veniez de la rencontrer au 
mont Genis. 
Je vous épargne aujourd’hui l'énumération de ces fleurs charmantes que 


_vous présupposerez indubitablement, car on y retrouve, à peu d’exceptions 


près, la totalité des espèces qui forment le fond de toute végétation alpine. 
Une seule petite plante a vivement excité mon intérêt, une Primulacée toute 
frileuse, qui fut cueillie fort près du sommet le plus élevé, assez loin de l'en- 
droit où les traces de la dernière Phanérogame avaient inexorablement disparu. 

Maintenant, cher confrère, si vous voulez savoir quelle est cette humble 
exaltée qui nous regarde du haut de 3800 mètres, cette heureuse 


Victrix quæ Vesuli supremos provocat imbres, 


je vais vous la donner en cent, en dix, en moins d'espace que M"° de 
Sévigné n’eût employé à vous apprendre le fameux mariage Lauzun; c’est 
le charmant Androsace pennine Gaud. (à fleurs blanches), espèce essentielle- 
ment italienne, qui manque à votre ancienne flore, et qui, sentinelle perdue, 
vous tend ici la main par-dessus la frontière. 

J'aurai le plaisir, j'espère, de revenir un jour sur la florule du Viso; je 
voudrais pourtant vous signaler encore un fait qui me semble assez intéres- 
sant et caractéristique. M. de Saint-Robert a cueilli dans les environs de la 
classique montagne, à plus de 2500 mètres d'altitude, plusieurs touffes 
d'Alsine lanceolata Mert. et Koch, se développant tout à leur aise sous les 
étreintes d’un magnifique C'uscuta Epithymum ; et notre confrère, M. Rosel- 
lini, avant de quitter, l’un des derniers, notre fameux champ d'exploration du 
mont Cenis, a découvert cette même Guscute sur le Saponaria lutea. Ces 
gracieuses parasites ont-elles donc dans les Alpes une prédilection marquée 
pour jes Caryophyllées, qu'elles dédaignent dans la plaine? Je le croirais 
volontiers, ayant moi-même un troisième exemple à citer à l'appui de cette 
hypothèse. 

Dans mes herborisations de la fin d'août 1860, j'eus l'occasion de remar- 
quer, sur les Alpes de Lanzo, et d'étudier pendant quelques jours le plûs gra- 
cieux de ces phénomènes : une tige de Cuscute, très-reconnaissable à l'absence 
des cotylédons et des feuilles, s'était élancée hardiment de terre à travers le 
Dryas octopetala , qu’elle avait soigneusement évité, et, profitant à peine du 
Soutien que lui offraient à l’envi les feuilles de la vive et complaisante Rosacte, 
elle était parvenue à saisir, au delà de 3 centimètres, les tiges nonchalantes 
du Cerastium lineare All, vers lequel elle avait été invinciblement et très- 
visiblement attirée. Arrivée à ce point, la Guscute brûla gaiement ses vais- 
seaux, se développa avec une étonnante rapidité et me fournit bientôt les 
Caractères distinctifs auxquels je pus reconnaître le Cuscuta Epithymum. 
Cet épisode forme un des plus charmants souvenirs de mes excursions dans 


512 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


les Alpes; et ce troisième fait peut raisonnablement nous induire à supposer 
qu'il y a vraiment, dans cette Cuscute, à l'égard des Caryophyllées de mon- 
tagne, un parasitiime de choix plutôt que de hasard. La monographie 
de M. Engelmann, que je viens de consulter, ne parle point de cet amour de 
notre Cuscute. Notre savant confrère, M. Des Moulins, en dit-il un mot? 
Quant à moi, je ne puis croire que ce soit là un renseignement sans intérêt 
pour la majorité des botanistes. En général, ceux qui aiment les plantes d’un 
amour sincère, profond, exclusif, trouvent que tout frappe, que tout éveille 
leur intérêt dans ces objets de leur affection, et le nom, la forme, la couleur, 
la structure, les fonctions, et que sais-je encore? le port, la station, l'habitat, 
tout enfin parvient à fixer leur examen et à provoquer leur appréciation. Ils 
trouvent facilement une raison, une explication, un sens, une portée à tout 
ce que le vulgaire néglige, méprise, ou dont il ne sait s’apercevoir, L'élégant 
Térence peint cette agréable tendresse dans un vers délicieux : 


Novi ego amantium animum ; advertunt graviter quæ non censeas. 


M. Gris annonce à la Société qu’il a trouvé l’Znula graveolens Sur 
la côte de Frileuse, entre Gif et Bures (Seine-et-Oise). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


——…_— 


AVRIL 1864. 


N.-B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. 3. Rothschild, libraire 
de la Société botanique de France, rue de Buci, 14, à Paris. 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


Das Protoplasma der Bhizopoden und der Pflanzen- 
zellen; ein Beitrag zur Theorie der Zelle (Ze protoplasma 
des Rhizopodes et des cellules végétales, contribution à la théorie de la 
cellule); par M. Max Schaltze. In-8° de 68 pages. Leipzig, 1863, 


Une des tendances actuelles de la science est de détruire les limites qu’on 
avait cherché à établir dans le dernier'siècle entre les deux règnes orga- 
nisés; l'ouvrage que nous annonçons ici en fournit une nouvelle preuve. 
L'auteur y étudie avec grand soin le sarcode qui constitue le corps de certains 
animaux inférieurs, et que Dujardin a bien caractérisé chez les Amibes; il 
pense prouver que ce tissu possède un grand nombre des propriétés de la 
substance qu’on nomme protoplasma chez les végétaux. Les mouvements 
qu'on observe dans celle-ci, dit-il, resseinblent de très-près à ceux qu'offre le 
pseudopode des Polythalamiens ; les agents chimiques agissent de même sur 
les deux protoplasmas, végétal et animal, ainsi que la chaleur et l'électricité. 
Il fait cependant une légère différence entre ces deux substances relativement 
à l’influence que la chaleur exerce sur elles; c’est à 43° C. environ que le 
protoplasma animal perd sa contractilité; le protoplasma végétal ne la perd 
que de 46 à 47° C. C’est à dessein que nous employons le mot de con- 
tractilité ; l’auteur allemand caractérise expressément ainsi la cause organique 
des mouvements qu’on observe dans les cellules des végétaux. Les observations 
de M. Schultze ont été faites principalement, pour le règne animal, sur l’Ac- 
tinophrys Eichornt, et, pour le règne végétal, sur les poils staminaux des 
Tradescantia. 

Un appendice de ce mémoire est relatif aux organismes qui vivent dans les 
sources chaudes, et aux températures que supportent habituellement leurs 
différentes espèces. Quelques-uns des faits de ce genre, rapportés par M. Cohn 
et d’autres observateurs, paraissent à l’auteur contraires aux conclusions qu'il 
tire de ses études sur le protoplasma et sur le degré de chaleur auquel ce 


dernier perd ses propriétés vitales. : 
Dr EUGÈNE FOURNIER, 


514 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Sur les bractées des Maregraviées; par MM. J.-E. Planchon et 
J. Triana (Extrait des Mémoires de la Société impériale des sciences 
naturelles de Cherbourg, t. IX); tirage à part en brochure in-8° de 
20 pages. 


D’après le résumé par lequel les auteurs ont terminé ce travail, les bractées 
des Marcgraviées peuvent manquer absolument sur les pédicelles fertiles 
(Marcgravia), ou s’insérer en apparence sur les axes de second ordre (pédi- 
celles), tandis que la théorie leur assigne une place sur le rachis (axe pri- 
maire) ; leur forme varie de l'état plan à l'état le plus concave, et cela non 
par soudure, mais par boursoufflement du limbe; elles sont le plus souvent 
libres, parfois, au contraire, adnées à un pédicelle (Marcgravia) ; organes de 
sécrétion, elles jouent peut-être dans la fécondation un rôle au moins indi- 
rect ; enfin, leurs formes insolites fournissent, pour la délimitation des Marc- 
graviées comme tribu, un caractère pratique et commode, mais d’une valeur 
insuffisante pour déterminer une famille. 

La soudure des bractées des Marcgraviées avec les axes qu’elles sous-tendent 
pourrait peut-être, selon MM, Planchon et Triana, être comparée à ce que 
quelques auteurs ont observé chez les Conifères, si l’on admet avec ces auteurs 
que l'écaille du cône de ces plantes soit un axe. Si cette comparaison était 
légitime, l’écaille séminifère des Pinus, des Abies, des Cunninghamia, des 

. Araucaria, montrerait, par rapport à sa bractée axillante, les mêmes nuances 

entre la séparation absolue et la connexion partielle que l’on observe dans 

les divers genres de Marcgraviées. 

Nous devons signaler la mention anatomique faite dans cette note, de quel- 

ques formes de cellules qui se présentent avec une remarquable fréquence 

dans les Marcgraviées. Comme les pneumatocystes décrits par M. Planchon 
dans les Nymphéacées, ce sont des ntricules à parois épaisses, à corps divisé 
en branches divergentes, tantôt droites et subulées, tantôt courbes et irrégu- 

. lièrement sinueuses, ici aiguës, là terminées en pointe mousse, Ces cellules 

.… Sont placées dans le sens de la longueur du pédicelle, occupant aussi bien la 

périphérie certicale que l” axe médullaire de l'organe, et présentant dans l' inté- 
rieur du pédicelle, après déchirure de son tissu , l'apparence de longs poils 

internes. D’autres cellules à parois épaisses sont criblées dé canalicules étroits 
qui, s’enfonçant du dedans au dehors dans leur épaisseur, leur donnent une 
apparence ponctuée, Ces cellules constituent la couche externe du tégument 
séminal du HMarcgravia rectiflora var. Jacquini. On les retrouve en abon- 
dance, formant dans l'épaisseur de la corolle et des bractées du Marcgravia 
nervosa Planch. et Triana, de petites masses granuleuses, que leur teinte 


blanchätre fait distinguer à l'œil nu. 
E. F. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 545 


Ueber die Embryobildung der Gcefæsserypiogamen und 
das Wachsthum von Safeinia natans (Sur l’embryogénie 
des Cryptogames vasculaires et sur le développement du Salvinia natans); 
par M. Pringsheim (Monatsbericht der K, Pr, Akad, der. Wissensch, au 
Berlin, 1863, pp. 168-177). 


D’après les travaux généralement acceptés de MM. Hofmeister, Schleiden 
et Mettenius, il n’existerait dans les Fougères, Équisétacées, Lycopodiacées et 
Isoëtées, qu’un axe primaire rudimentaire, sorti de l’archégone, et la tige 
principale de la plante serait constituée par un rameau latéral remplaçant cet 
axe arrêté dans son développement, M. Pringsheim révoque en doute cette 
opinion, et entreprend d’en démontrer l’inexactitude; pour ce qui concerne 
les Rhizocarpées et spécialement le Salvinia , selon les auteurs qu’il combat, 
la tige du Salvinia est un sympode ; chacun des mérithalles porte deux 
feuilles et se termine par des divisions qui portent les sporocarpes; mais il est 
né, à l’aisselle d’une des deux feuilles, un bourgeon qui paraît continuer la 
tige, quoiqu'il soit d’un degré de végétation supérieur. D’après M. Prings- 
heim, c'est un verticille non de deux feuilles, mais bien de trois, que porte 
chaque mérithalle; la troisième feuille est transformée en laciniures capillaires, 
comme le sont les feuilles submergées de beaucoup de végétaux aquatiques, 
et les sporocarpes naissent au pourtour de quelques-unes de ces laciniures, de 
la même manière que les sores sur les frondes des Fougères. Il n'existe donc 
pas de bourgeon né au point d’origine des feuilles du verticille, mais seule- 
ment un axe qui se continue dans toute la longueur de la plante. L’organo- 
génie à appris à M. Pringsheim que la feuille aquatique laciniée commence à 
se développer de la même manière que les deux feuilles nageantes, le sommet 
de l'axe produisant, au-dessous de la cellule qui le termine, trois cellules 
périphériques, situées à la même hauteur, qui s’entourent bientôt de couches 
de nouvelle formation. L'auteur pénètre ensuite plus profondément dans 
l'étude embryogénique de la plante. On sait depuis Vaucher que l'embryon 
du Safvinia à Ja forme d'un écusson (Schildchen), et que la tigelle (Séiel- 
chen) est située au-dessous du bord de la surface supérieure de cet organe. 
Si l'on remonte aux phénomènes qui suivent la fécondation, on voit, après 
cet acte, l’archégone complétement rempli par une grosse cellule qui se 
partage, par une cloison perpendiculaire au sens de sa longueur, en deux 
Moitiés : l'une tournée vers l'orifice de l'organe, et par où doit sortir la 
tigelle; l’autre divisée bientôt, par une cloison perpendiculaire à la précé- 
dente, en deux cellules : l’une supérieure et l’autre inférieure. La cellule 
Supérieure est la première cellule de l’écusson, qu’elle formera par les procédés 
ordinaires de la multiplication cellulaire; l'inférieure est la à cellule 
de la tigelle. 


516 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Le reste du travail de M. Pringsheim est consacré à la comparaison de 


l'embryon du Salvinia avec celui des plantes et des familles voisines. 
E. F. 


On the spiral markings of the flocei in the genus 
Trichia (Sur les formations spirales des filaments dans le genre 
Trichia) ; par le révérend M.-J. Berkeley (Journal of the proceedings of 
the Linnean Society, vol. VIT, n° 25, mars 1863, pp. 54-56). 


Notre Revue à relaté l'opinion de M. Wigand (adoptée aussi par M. De 
Bary, et antérieurement par Currey) sur la nature des spirales que l'on 
rencontre autour des filaments qui composent le capillitium du genre 
Trichia (A). Ces spirales font saillie vers l'extérieur des cellules dont elles 
garnissent la paroi, et sont, d’après les auteurs, des renflements de la mem- 
brane en forme de spire ou d’anneaux. M. Berkeley reconnaît l'exactitude de 
cette observation. Tontefois, relativement à l'interprétation qu’on en peut 
faire, il fait remarquer que les vaisseaux spiraux du Batarrea se rappro- 
chent, par leur structure, de ceux des Phanérogames ; qu'il existe des vais- 
seaux ainsi conformés dans les Champignons, quoiqu'ils puissent différer un 
peu du type auquel nous sommes accoutumés, et qu’on observe même dans 
les Sphagnum, chez lesquels on ne songe pas à nier l'existence de ces vais- 
seaux, des renflements spiraux à. la surface des cellules, comme sur les 


Trichia. 
E. F. 


On the form of the vascular fasciculi in certain 
‘british Ferns (2e :la forme des faisceaux vasculaires dans cer- 
taines Fougères d'Angleterre); par M. Arthur H. Church (Journal of 
the proceedings of the Linnean Society, vol. VII, n° 26, mai 1865, 
pp. 83-89.) 


Ces notes sont destinées à ajouter quelques détails aux'faits reconnus par 
M. Ogilvie dans les mémoires publiés par lui, en 1859 et 1860, dans les 
Annals and Magazine of natural history. L'auteur reconnaît l'exactitude de 
ces travaux, ainsi que de ceux de M. Duval-Jouve (É'fude sur le pétiole des 
Fougères, dans les Archives de Billot). 11 donne un grand nombre de cro- 
quis représentant la forme que dessinent les faisceaux fibro-vasculaires des 
Fougères sur la coupe horizontale de l’axe, dans les Vephrodium Filiz- 
mas, N. Thelypteris, N. Oreopteris, Osmunda regalis, Todea africana 


Polypodium Phegopteris, et quelques autres plantes. + 


© (4) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 404. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 517 


Ucber die Haare des Saamenschopfes der Asclepiadeen 
(Des poils réunis en touffes sur les graines des Asclépiadées) ; par 


M. W. Kabsch (Botanische Zeitung, 1863, pp. 33-38, avec 9 figures). 


Les poils qui garnissent les semences du genre Asclepias et de plusieurs 
autres genres voisins se présentent au microscope comme des cellules annu- 
laires, spirales ou réticulées, et peuvent, quand ils sont suivis dans leur déve- 
loppement, permettre d'observer le développement des couches d’accroisse- 
ment qui donnent lieu aux apparences singulières propres à ces cellules. C’est 
ce qu'a pensé M. Kabsch, qui rappelle d’abord, à ce propos, les opinions 
soutenues par MM. Schleiden, Unger, de Mohl et quelques autres physislo - 
gistes, sur le développement de la spiricule et sur ses transformations. Pour 
M. Schleiden, les vaisseaux annulaires procèdent des vaisseaux spiraux, dont 
les tours de spire s’éloignent, se rompent, et constituent, soit des anneaux 
isolés et superposés, soit des anneaux rattachés entre eux par un prolonge- 
went intermédiaire de la spiricule, prolongement qui, par les progrès de la 
végétation, finit par être résorbé. M. de Mohl a pensé que les cellules voisines 
ont une grande influence sur ces phénomènes, et a cru le prouver en mon- 
trant que, dans certains vaisseaux, les lames d’accroissement sont diversement 
disposées sur les différents côtés du tube. M. Kabsch est disposé à penser 
que cette influence peut s'exercer dans certains cas, et surtout à l’origine 
du dépôt de la lame spirale; mais il fait observer que les poils qu'il étudie 
étant complétement libres, la théorie de M. de Mohl ne peut leur être appli- 
cable. 

Sur ces poils, c’est principalement vers la base qu'il faut observer les lames 
d’accroissement pour se faire une idée exacte de leurs caractères spéciaux, 
car elles les perdent vers le milieu pour prendre la forme constante de deux 
ou trois filaments, réduits plus haut à un senl, qui s'élève parallèlement à la 
direction du poil et finit par disparaître. Sur des poils plus petits que les 
autres, l’auteur a observé, non pas des lames, mais des points sur lesquels se 
déposent les couches d’épaississement ; ces points s'étendent d’abord dans tous 
les sens, puis uniquement dans un seul, qui est le même pour tous ceux qui se 
correspondent, et c’est de leur jonction que résultent, soit des anneaux, soit 
des spires. L'auteur a même observé ces formations initiales entre des tours 
Voisins d’une spire déjà formée, et il les regarde, dans ces cas, comme l’ori- 
gine d’anastomoses qui s’établissent plus tard entre eux , et transformeront la 
sphère en un réseau. 

Le reste du mémoire de M. Kabsch est consacré à une discussion théorique, 
dans laquelle nous ne pouvons le suivre, et à l'examen de l’action qu’exer- 


cent divers agents chimiques sur les poils qu’il a étudiés. 
F.F. 


518 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Osservazioni sopra talune modifieazioni organuiehe in 
alcune cellule vegetali (Observations sur certaines modifications 
observées dans quelques.cellules végétales); par M. G. Gasparrini (Extrait 
du premier volume des Atti della R. Academia delle scienze fisiche e 
matematiche di Napoli); tirage à part en brochure in-4° de 163 pages, 
avec 9 planches lithographiées. Naples, 1863. 


Il y a déjà plusieurs années que notre /?evue a publié l'analyse d’un 
mémoire de M. Hofmeister : Sur Les cellules de la surface des graines et 
des péricarpes qui se gonflent en gelée (Bulletin, t. NI, p. 232). C'est le 
même sujet que. traite aujourd’hui M. Gasparrini, dont les principales obser- 
vatious étaient déjà faites lorsqu'il eut connaissance du travail de M. Hof- 
meister, Les premiers chapitres du long mémoire de M. Gasparrini sont 
intitulés : 1° Æecherches sur certaines graines qui se couvrent naturelle- 
ment d'une matière molle ou mucilagineuse ; 2 Des graines de Lin ct de 
Plantain qui se couvrent de mucilage au contact de leuu; 3° C ontinuation 
du même sujet de recherches sur certaines Crucifères; L° sur certaines 
Labiées; 5° spécialement sur certaines espèces de Salvia. M. Gasparrini 
résume lui-même, de la manière suivante, les résultats exposés dans ces 
premiers chapitres : 

4° La matière molle et mucilagineuse, dont certaines graines se couvrent 
quand elles sont arrivées à maturité, peut être apparente ou réelle, et d’origine 
diverse. 

2 Elle est apparente dans les graines des Musa speciosa, Passiflora 
cœrulea, Lycopersicum esculentum, des Opuntia, des Cytinus, des Cucur- 
bita et d’autres plantes, étant formée d’un tissu cellulaire mou, plein de 
matériaux liquides, qui protient en partie de processus filamenteux ou mem- 
braneux émanés du trophosperme ou du podosperme, et constituant d’ordi- 
naire l'organe nommé communément arille, en partie de la surface du sper- 
moderme, 

3° Elle est réelle dans l’Oranger. et l’Agrostemma Githago, chez lesquels 
une matière mucilagineuse, résultant de la désorganisation du contenu amy 
lacé des cellules superficielles de la graine, est expulsée à travers la cuticule, 
pendant la végétation et un peu avant la maturation complète du fruit. 

4° C’est le même principe amylacé qui. produit le mucilage du Lin: À 
l'égard du Cognassier et du Fénu-grec, les semences en ayant été examinées 
quand elles étaient mûres, nous ne saurions indiquer avec certitude l'origine. 
des matériaux analogues qu'émettent, le premier spontanément, et le second 
au contact,de l'eau. pal ets 

5° La matière muqueuse que les graines de quelques Plantains examinés 
cèdent à l'eau, dérive ou du seul amidon de leurs cellules épidermiques, Où 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 519 


d’une de eurs membranes, où à la fois de leurs deux membranes et de la 
substance amylacée. 

6° Dans le Plantago major et le PI. sparsiflora, la mucosité vient du seul 
amidon, sans participation des membranes, qui se gonflent mais ne se dissol- 
vent pas. Dans les Plantago Coronopus, P. subulata, P. maritima, elle dérive 
de la destruction de l’amidon et de la membrane externe des cellules, 
l’interne demeurant entière; tandis que dans les P. Psyllium, P. amplexi- 
caulis, P. Cynops, toutes les parties, membranes et contenu amylacé, se 
convertissent en mucosités. 

1° Si l’on passe de là aux Crucifères, on voit que dans le Lepidium sati- 
vum les deux membranes des cellules épidermiques demeurent entières, et 
que l’interne renferme le mucilage provenant de la destruction de l'amidon. 

8° Dans quelques Crucifères, il y a deux sortes de mucilages amyliques, 
tirant leur origine, l’un de l’amidon contenu dans la membrane interne, 
l'autre de celui qui demeure entre les deux membranes. Ces deux mucilages 
rompent leurs enveloppes respectives, par exemple dans le Camelina sativa, 
pour se répandre dans l’eau. 

9 Dans les Sisymbrium officinale, Erophila vulgaris, AëthioHéthé 
_saxatile, Erysimum austriacum, les deux membranes se gonflent au con- 
tact de l’eau, et forment des protubérances molles, délicates, pyramidales, 
qui, au bout d'un long temps, se résolvent entièrement en un mucilage qui 
se confond avec les matériaux fournis par l’amidon. La substance qui constitue 
ces proéminences apparaît formée de lamelles très-fines superposées, mais 
en réalité, elle est homogène et s’ondule sous l'influence de l’eau dont elle 
s’imbibe. 

10° Le mucilage dont les graines de quelques Labiées se couvrent sous 
l’action de l’eau est, en général, plus apparent que réel, au moins en prin- 
cipe. Il est formé par la saillie et l'allongement des cellules superficielles épi- 
Carpiques, constituées par deux membranes diaphanes, molles, délicates, qui 
ne se résolvent en mucilage qu'après un contact très-prolongé avec l’eau.” 
Dans l'Amaracus Dictamnus, ces deux membranes sont fondues en une seule” 
masse conique, de la surface et {souvent de l’intérieur) de laquelle sort, par 
un orifice placé au sommet, un peu de mucilage. 

11° Quant aux modifications de tissu qui s’opèrent dans les membranes de 
toutes ces cellules, il fant principalement remarquer celles qu'offre la mem- 
brane interne quand elle se consolide. Dans le Citrus vulgaris, il se forme 
sur cette membrane un épaisissement spiral et filiforme, en saillie sur la face 
interne, auquel correspond un sillon de la face externe, et la membrane 
prend l'aspect d’un tube formé par une large lame enroulée en spirale. Dans 
les Plantago Coronopus, P. subulata, P. maritima, elle se consolide un peu 
et se plisse.… Dans le P. lanceolata, elle se réduit d'ordinaire à une pellicule 
vésiculaire homogène, plus ou moins ample, de forme variée, plissée et 


520 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


gibbeuse ; souvent elle s’endurcit et prend l'aspect d’une cellule ponctuée. Il 
arrive encore que, restant mince et remplie de débris amylacés, il s'élève de 
son fond des protubérances qui se présentent comme une deuxième mem- 
brane interne. 

12° Cette dernière modification semble encore avoir lieu dans le Lepidium 
sativum, à en juger par analogie avec le Plantago lanceolata, et, autant que 
j'ai pu l’observer, dans le Camelina sativu, dans lequel on voit clairement 
des saillies plus ou moins grandes naître du fond de la membrane interne. 
Ces saillies pourraient toutefois être prises, et non sans probabilité, pour 
une production particulière du plasma, peut-être unie au tissu de la mem- 
brane. 

13° Dans quelques cellules du même ZLepidium sativum et dans celles du 
L. Bonannianum, la même membrane s’endurcit sans perdre sa qualité de 
membrane, s’abaisse vers le sommet, et l’un de ses côtés se revêt d’un épais- 
sissement linéaire opaque. 

44° Dans le Camelina sativa, c'est la membrane interne seule, ou avec 
elle sa saillie basale intérieure, qui, dans le progrès de la végétation et près de 
la maturité de la graine, se gonfle par l'effet de l’eau en une proéminence 
oblongue ou conique, élargie à la base, et contenant dans son centre une 
certaine quantité d’amidon détruit, qui se résout en mucilage. Dans celle 
cavité de la membrane interne pénètre alors un processus né de la base de la 
membrane externe. 

45° Dans l’£rysimum austriacum, les deux membranes cellulaires se reti- 
ren! de la sommité vers la base, dans une certaine étendue, l’une invaginée 
dans l’autre : c’est ce qui se rencontre encore dans l’Aëfhionema sazatile, et 
notamment dans le Capsella Bursa-pastoris, dans lesquels la cuticule pénètre 
dans la cavité qui résulte de l’abaissement de ces membranes. 

16° Les cellules épicarpiques de certaines plantes de la famille des Labiées, 
depuis l’époque de la floraison jusqu’à la maturité du péricarpe, pr ésentent 
trois modifications principales. Dans le Glechoma hederacea, à croissance 
complète, elles se gonflent un peu dans l’eau, sans être sensiblement dila- 
tables, et l’amidon se trouve toujours décomposé en très-fins granules. Sur 
divers points de la surface du fruit, quelques-unes d’entre elles, minces dans 
leur partie inférieure, se dilatent peu à peu vers le sommet, et, réunies par 
quatre, constituent un organe qui ressemble à un calice. Autour de cet organe, 
les cellules sont beaucoup plus amples, oblongues-obtuses, et leur membrane 
interne se trouve modifiée, comme dans le Lepidium sativum, c’est-à-dire à 
à l’état d’une pellicule fine, homogène et vésiculaire, ou quelquefois endurcie 
et réticulée. 

17° Les cellules épicarpiques de l’Amaracus Dictamnus, en s’imbiba 
d’eau, se chargent de proéminences coniques, à peu près comme celles des 
Erophila vulgaris, Sisymbrium officinale, Aëthionema saxatile, et laissent 


nt 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 521 
sortir de leurs sommets un mucilage provenant de l’amidon qui existe d'abord 
dans la membrane interne. 

48° Dans l’'Ocimum Basilicum, la cellule épicarpique fibreuse, qui, à 
l’époque de la floraison, contenait de l’amidon et paraissait simple et nue, se 
trouve, sur le fruit mûr, couverte d’une pellicule membraneuse molle, très- 
mince, transparente. Les deux membranes, alors devenues très-dilatables 
avec l’eau, s’allongent en forme de boyau, et l’interne, renfermant toujours 
les granules amylacés, se montre comme finement ondulée et striée; on dirait 
un écheveau de fils très-fins, tordus en spirale. 

19° A l’époque de la floraison, dans les Salvia prutensis, S. Verbenaca, 
$. Sclarea et S. splendens, les cellules épicarpiques apparaissent de même 
constituées d’une seule membrane rayée et d’un contenu en partie amylacé. 
Sur le fruit mûr elles s’allongent, grâce à l’eau, en productions tubulées, 
constituées de deux membranes : l’externe molle, tendre, diaphane; l’interne 
formée d’un épaississement filiforme spiral, qui s’allonge comme celui des 
vaisseaux trachéens. Elles contiennent, en outre, une vésicule opaque, dure, 
tubulée ou oblongue, ou diversement gibbeuse, qui semble dériver de la 
condensation du plasma. 

20° Cette vésicule manquait dans les semences beaucoup plus vieilles du 
Salvia indica, qui donnent avec l’eau des productions semblables dans leur 
structure et à l'égard de leur capacité de dilatation à celles des autres Saluia 
mentionnés précédemment. 

21° Dans le Salvia splendens, la membrane externe, formée postérieure- 
ment à la cellule épicarpique, est un tégument amylacé non dilatable. …. 

22° Quelques réactions chimiques assignées comme caractères distinetifs 
des deux membranes ne se vérifient pas toujours, ainsi qu'on le voit, pour 
en citer un seul exemple, dans le Lepidium sativum, chez lequel la mem- 
brane interne, non encore bien constituée, devient jaune au contact de l’iode 
et de l'acide sulfurique, mais, dans un état plus avancé, se teint en bleu et se 
résout en mucilage. 

M. Gasparrini revient encore longuement sur ces faits, pour en déduire 
des résultats théoriques ou généraux et les comparer à d’autres particu- 
larités d'anatomie végétale; il en tire des conséquences relatives à la nature 
de l’utricule primordial, surtout d’après la constitution des grains polliniques 
et des spores. 11 prend acte de ces nouvelles recherches, pour étudier la force 
Vitale chez les végétaux et les diverses propriétés de cette force. 

Un des derniers chapitres de son mémoire traite de l'anatomie des suçoirs 
de certaines Hépatiques et de quelques autres plantes (Potamogeton, etc.), 
dans ses rapports avec les faits précédemment envisagés par l'auteur. 11 ter- 
Mine par la comparaison des mucilages produits par les semences et des 
matières gommeuses en général. 

Le mémoire de M. Gasparrini est rempli de détails intéressants, que nous 

r L 35 


522 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


regrettons de n'avoir pu même indiquer ; les neuf planches comprennent de 
très-nombreuses figures, exécutées à un grossissement considérable. 
E. F, 


Ueher die Ursaehe des Saftsteigens in den Pflanzen (Sur 
la cause de l'ascension de la séve dans les plantes) ; par M. Joseph Bœhm 
(Sitzungsberichte der X. K. Akad. der Wiss. zu Wien, t XLNII, 
1e partie, 1863, pp. 10-24), avec une planche. 


Les anciens naturalistes attribuaient l'ascension de la séve à l'action exercée 
par les tubes capillaires; mais les vaisseaux spiraux manquant dans certains 
végétaux, notamment dans les Conifères, l’auteur pense que cette théorie doit 
être abandonnée. La différence de densité que présente la séve à diverses 
hauteurs, sur la même plante, est d’ailleurs si faible qu'elle ne peut expli- 
quer l’ascension de la séve à l’aide des phénomènes endosmotiques. Il est vrai 
que M. Hofmeister a pensé établir que la force d’impulsion qui dirige la séve : 
en haut réside dans la racine, ce qui permettrait d'expliquer certains faits, 
notamment les pleurs de la Vigne, des Betula, Acer, et d’autres plantes 
Cependant, cette transsudation n'existe plus quand on coupe des branches 
dont les feuilles sont développées, ce qui a inspiré à l’auteur des doutes sur la 
justesse de la théorie de M. Hofmeister. 

Il a résolu de mettre cette théorie à l'épreuve, en remplaçant la force 
d’ascension supposée aux racines par une force mécanique dans des expé- 
riences spéciales. Il a construit un appareil très-simple, formé de deux tiges 
de verre de longueur inégale et réunies inférieurement par un tube horizontal; 
la plus longue était munie d’un entonnoir, par lequel on versait de l'eau et 
du mercure; la plus courte communiquait librement, par son extrémité supé- 
rieure, avec un vase plein d’eau, où était plongé un rameau de Saule, het- 
métiquement fixé contre la tubulure du vase par un tube de caoutchouc et 
des moyens appropriés. L'appareil une fois mis en expérience, il s’exerçait sur 
la surface inférieure du rameau une pression que l’on rendait constante au 
moyen d'artifices particuliers, qui rentrent dans le domaine de la physique, 
L'auteur a employé simultanément plusieurs appareils exactement semblables, 
dans lesquels la pression variait de 6 à 10 pouces de mercure. Lorsque la 
pression a été supérieure à 10 pouces, les rameaux de Saule n’ont pas produit 
de racines; lorsqu'elle a été inférieure, ils en ont émis; quand il coupalt 
l'extrémité supérieure du rameau, il en voyait sourdre l’eau que la pression 
forçait à monter dans la plante, du moins avant l'épanouissement des bour- 
geons; après cet acte physiologique, l'écoulement de l’eau par la surface de 
section fut beaucoup plus faible. 11 eut l'idée de cacheter avec de la cire la 
surface da rameau plongée dans l’eau ; alors le rameau se dessécha. Ji vit 
encore que les rameaux, pourvus ou non de racines et placés dans l'appareil 
sous la pression d’une haute colonne mercurielle, ne transpirent pas plus que 


+ 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 593 


dans les circonstances ordinaires. Il conclut de ces observations que la force 
qui détermine l'ascension de la séve dans les plantes ne réside pas dans la racine, 

Suivant lui, et même à priori, cette force ne peut être qu’une force d'aspira- 
tion (Saugwirkung) développée par la transpiration. Il rencontre devant lui, 
en développant cette pensée, un fait généralement accepté, dit-il, par tous les 
physiologistes, c'est que les plantes excrètent de l’eau dans un milieu com- 
plétement saturé d'humidité. S'il en était ainsi, ce serait une sorte de vis a 
tergo qui pousserait évidemment la séve dans l'intérieur du tissu végétal. Mais 
les recherches particulières qu'il a faites sur ce point de physiologie, et qu’il 
expose longuement, sont absolument contraires à la théorie qu’il croit géné- 
ralement adoptée; il a constaté que les végétaux placés dans une atmosphère 
saturée ne perdent pas la moindre partie de leur poids, et que la quantité 
d’eau évaporée par la plante se règle toujours d’après le degré d’humidité de 
l'atmosphère qui l’environne. 

Pour prouver la réalité de la force d'aspiration qu'il supposait dans les 
végétaux, M. Bœhm a disposé un flacon à deux tubulures, qui donnent pas- 
sage, l’une à un rameau feuillé et pourvu de racines, l’autre à un tube qui 
communique avec un manomètre. Il a constaté expérimentalement que le 
mercure monte dans la branche du manomètre la plus voisine du flacon pen- 
dant la végétation, et cela d'autant plus rapidement que l'atmosphère exté- 
rieure est plus sèche ; quand celle-ci est au maximum de saturation, le mer- 


Cure reste stationnaire, 
E. F. 


Ueher die Keimung des Saamens von Aflium Cepa (Sur 
la germination des graines de l'Allium Cepa); par M. Julius Sachs (Zota- 
nische Zeitung, 1863, pp. 57-62, 65-70, avec une planche). 


Les cellules de l'endosperme de lAlium C'epa, examiné avant la germi- 
nation, présentent dés parois épaisses, mises en communication médiate par 
des ponctuations dont les canaux traversent les couches d’accroissement de ces 
cellules. Ces parois sont, en grande partie, formées de cellulose pure. Le con: 
tenu de ces cellules se compose de trois éléments : d’abord d’un noyau large, 
elliptique et aplati, puis de corpuscules granuleux arrondis, réfractant 
fortement la lumière, qui y sont très-nombreux, et enfin d’une substance 
fondamentale qui remplit tous les interstices laissés entre la surface interne de 
la paroi et les organes précédents. Les corpuscules ont été regardés par M. de 
Holle comme de nature protéique; mais M. Sachs croit pouvoir affirmer 
qu'ils sont formés par des substances grasses, et que les matières protéiques 
existent dans la substance fondamentale. C’est ce que prouve, en effet, 
d'après ses recherches , la manière dont les corpuscules et la substance fonda- 
Mentale se comportent en présence de liode, ceux-là restant alors incolores, 
et celle-ci $é colorant en brun-jaunâtre. L'acide sulfurique n'attaque pas les 


524 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


corpuscules, mais colore le noyau et la substance fondamentale en rouge-rosé 
ou en brun-rouge ; ensuite commence, sous son influence, la destruction du 
contenu celluleux, d’où se séparent alors de nombreuses gouttelettes d'huile. 
Celles-ci se séparent aussi par l’action de l'acide acétique froid concentré, par 
laquelle apparaissent encore des vésicules creuses que l’iode colore en brun. 
La solution de carmin dans l’acide acétique, la teinture alcoolique d’iode, 
l’eau pure même, provoquent la contraction du contenu de la cellule ; la pre- 
mière le colore en rouge, la deuxième en jaune, et la troisième ne la: colore 
point. L'action de l’éther fait ordinairement disparaître les corpuscules, 
ou, s'ils persistent, y creuse de nombreuses vacuoles. En terminant cel 
exposé, l’auteur fait remarquer que, d’après ces caractères chimiques, 
l’endosperme de l’AZ/ium ressemble beaucoup à celui du Maïs; il ajoute 
que souvent ce qu’on à appelé des grains protéiques, sont des granules 
graisseux, : 

L'embryon est roulé en spirale; sa portion radiculaire est beaucoup plus 
courte que sa portion cotylédonaire, et l’origine de la seconde feuille est 
placée, tantôt sur sa convexité, tantôt sur sa concavité, Il renferme cinq tissus 
différents : 4° des couches périphériques à cellules exactement jointes, répon- 
dant à l’épiderme futur de la jeune plante; 2° des cellules plus intérieures, 
parenchymateuses, courtes et enfermant entre leurs angles des méats intercel- 
lulaires qui retiennent de l'air; 3° plus intérieurement encore et dans l'axe 
de l'embryon, un faisceau de cellules allongées qui produiront, lors de la 
germination, des vaisseaux dans le centre et des cellules à la périphérie du 
faisceau ; 4° des tissus en voie de développement, qui constituent l'extrémité 
radiculaire et l'extrémité de l’axe aérien; 5° le tissu qui forme la coléor- 
rhize. Il est à remarquer qu'il existe des substances protéiques dans l'épi- 
derme futur, sur lequel naîtront les poils radicaux et les stomates, dans le 
faisceau central et dans le tissu des extrémités, c’est-à-dire dans toutes les 
parties où auront lieu des formations nouvelles, tandis que les cellules du 
parenchyme embryonnaire, qui ne feront que se dilater pendant la germina- 
tion, contiennent des corpuscules granuleux arrondis, formés de substances 
grasses, 

Get embryon subit, pendant la germination, des changements de forme 
très-remarquables. D'abord ses parties moyenne et radiculaire font saillie 
hors des enveloppes de la graine et s’allongent ; puis l'extrémité radiculaire 
se recourbe directement en bas, formant avec. sa direction primitive un angle 
très-aigu, et s’allonge considérablement en entraînant la plumule avec elle; 
enfin l'extrémité cotylédonaire, qui était restée engagée dans les enveloppes 
de la graine, où elle restait en rapport avec le périsperme, se relève, cessan{ 
tout contact avec ce réservoir nourricier : alors la germination est terminée. 

Les parties de l'embryon deviennent, pendant la germination, le siége de 
changements importants. Le faisceau vasculaire central se constitue ; il pré- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 525 


sente, dans la racine, des tubes scalariformes, et dansle cotylédon des trachées 
qu'entourent deux sortes de cellules différentes : les unes à parois minces, les 
autres étroites, à parois plus épaisses et d’un blanc-jaunâtre éclatant, Une fois 
formé, quand Ja racine a commencé à s’allonger, on voit naître à côté de ce 
faisceau des ramifications qui se rendent dans la seconde feuille et dans les 
racines secondaires. 

L'auteur s'occupe ensuite longuement, dans un second article, du change- 
ment que subit le contenu des cellules de cet embryon. Celles-ci augmentent 
de diamètre, et leurs parois d'épaisseur, L'auteur attribue les nouvelles for- 
mations qui ont lieu dans leur intérieur (noyau cellulaire, grains de chloro- 
phylle, etc.) à la masse fondamentale de protoplasma, et l’épaississement des 
parois de ces cellules aux substances grasses. Pour préparer ces développe- 
ments, on voit les corpuscules granuleux arrondis se résoudre en gouttelettes 
d'huile, et la substance fondamentale, d’abord sèche et amorphe, se 
condenser en filaments glaireux, qui entourent le noyau central de la cellule 
et s'appliquent aussi contre la surface interne de sa paroi, dans le tissu du 
cotylédon comme dans celui de la racine. Plus tard survient une différence 
entre les deux. Dans le parenchyme de la racine, les gouttelettes graisseuses 
disparaissent et une coupe qui a macéré dans l’eau montre, dans la séve glai- 
reuse des cellules, de nombreuses vésicules, dont les parois sont recouvertes 
de nombreux granules, colorables en brun par l'ivde; des granules semblables 
nagent dans le liquide cellulaire, et le revêtement muqueux de la paroi à dis- 
paru, comme le font bientôt les filaments albumineux qui restaient ; dans les 
cellules voisines qui bordent le faisceau vasculaire, les substances albumi- 
peuses forment à chacune de leurs extrémités un amas grisâtre à la lumière 
transmise, Dans les cotylédons, la grande différence observée dans les phéno- 
mènes microscopiques tient au développement de la chlorophylle. L'auteur 
figure trois états successifs. Dans le premier, le protoplasma forme autour dn 
noyau cellulaire une sphérule épaisse, d’où partent des rayons qui partagent la 
cellule en vacuoles remplies de séve et de gouttelettes huileuses; ces rayons 
sont réunis à leurs extrémités par une couche de même nature, qui revêt la 
surface interne de la cellule, Dans le deuxième état, la sphérule qui envelop- 
pait le noyau cellulaire le laisse apparaître avec son nucléole, les rayons sont 
devenus plus nombreux et plus minces, les grains de chlorophylle com- 
mencent à se former dans la couche enveloppante, la graisse est moins abon- 
dante. Dans le troisième état, le noyau est rejeté sur les côtés, les grains de 
chlorophylle sont nettement délimités et la graisse a disparu. 

L'auteur s'occupe ensuite du rôle que jouent dans l’économie générale de 
la plante les substances azotées ou non azotées (matières grasses et sucrées), 
et reproduit sur ce sujet des idées déjà émises par lui dans des publications 
antérieures. 


526 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


BOTANIQUE DESCRIPTIVE. 


Toujours l’espèce ; lettre au docteur M..., à propos de quelques plantes 
litigieuses ; par M. F. Crepin (Extrait de Za Belgique horticole, 1863, 
p. 207); tirage à part en brochure in-8° de huit pages. 


M, Crepia insiste dans ce travail sur la variation de certaines formes végé- 
tales, Le Melica nebrodensis Parl., sauvage dans les rochers calcaires de la 
province de Namur, où il se distingue par des feuilles étroites et enroulées, 
par son caryopse chagriné à la face ventrale et lisse sur le dos, semé dans un 
endroit assez ombragé de son jardin, lui a donné des plantes à feuilles planes 
et dontla moitié des caryopses étaient complétement lisses. Le type de l’Aira 
caryophyllea X., des lieux secs et découverts, à panicule maigre, à épillets 
toujours espacés, lui a donné, dans un terrain bien fumé et assez fréquemment 
arrosé, l'A. aggregata Timeroy. Une forme de Centaurea, de la section Jacea, 
à involucre dont les écailles n'étaient pas complétement cachées par les 
appendices, ceux-ci profondément ciliés, un peu barbus et fortement recour- 
bés en dehors, a produit plusieurs pieds dont les involucres varient considé- 
rablement ; ceux-ci ont présenté, d’un pied à l’autre, des appendices finement 
pectinés et à pointes recourbées en dehors ; d’autres presque entiers et appli- 
qués sur. les écailles ; entre ces deux formes, on observait des états intermé- 
diaires. Les formes assez nombreuses qui appartiennent au type du Viola 
tricolor auct. subissent par la culture, d’après les expériences de M. Crepin, 
des modifications profondes dans plusieurs des caractères attribués aux espèces 
démembrées de ce type. Selon lui, les 7rifolium elegans et T. hybridum ne 
sont que des variations d’une même espèce, dues à des habitations différentes. 
La forme verte du Sedum reflexzum L. lui a donné, à plusieurs reprises, la 
variation à feuillage très-glauque qui constitue le S, rupestre (1). L'£chèum 
Wierzbickii Habrl. fid. Bor., forme à corolle petite et à étamines exserles, 
est revenu au type après plusieurs générations. M. Crepin a obtenu également, 
en semant des graines de certaines formes des Si/ene inflata et Heracleum 
Sphondylium, des variations présentant les caractères de plusieurs espèces 


nouvelles. 
E. F. 


Coup d'œil sur la végétation de la partie septentrionale 
du département de PAude ; par M. D, Clos (Extrait du Congrès 
scientifique de France, 28° session, t. IT); tirage à part en brochure in-8° 
de 30 pages, avec une carte géographique. 


Ce travail a été entrepris par M. Clos pour répondre à une question posée 


(1) Voyez le Bulletin, t. X, p. 253. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 527 


par le Congrès scientifique de France, dans sa 28° session, On y trouvera dés 
détails intéressants sur la distribution des plantes sur les versants de la 
Montagne-Noire. L'auteur profite des connaissances spéciales qu'il a acquises 
par ses propres observations aux environs de Carcassonne, et des travaux de 
MM. Ozanon, Baillet, Timbal-Lagrave, Delort de Mialhe et d’autres auteurs, 
pour fixer la limite naturelle posée par la nature à l'extension vers l'ouest de la 
végétation méditerranéenne, d’une manière plus précise que n'avait pu le 
faire De Candolle. D’après M. Clos, cette limite est fractionnée : une première 
ligne d'arrêt, dans la région qu'il a étudiée, passe par le Mont-Alaric, Carcas- 
sonne, Conques et Cannes; une deuxième par Montolica; une troisième, la 
plus importante, par les limites des arrondissements de Carcassonne et de 
Castenaudary. Il est encore digne de remarque que la limite septentrionale du 
département de l’Aude correspond avec la limige en latitude de la végétation 


méditerranéenne. * 
E, F, 


Sur l'utrieule des Care ; par M. Alf. Wesmael (Académie royale 
de Belgique, séance du 11 avril 1863; L'Institut, 31° année, n° 1549, 
p. 285). 


M. Wesmael a observé sur le Carex acuta et quelques autres des fleurs 
prolifères qui lui ont donné occasion d'étudier la signification morphologique 
de l’utricule, Il examine les travaux publiés sur ce sujet par Lindley, Kunth, 
MM. Rœper, J. Gay, de Schlechtendal et quelques autres auteurs. Il adopte 
l'opinion de Kunth, d’après lequel l’utricule est formé par une seule bractée ; 
mais il fait observer que cet organe n’est pas exactement l’analogue de la 
glumelle supérieure des Graminées, parce qu'il sert à l'axe secondaire de 
bractée axillante, tandis que la glumelle supérieure, quelquefois absente, est 
toujours portée sur un axe florifère né à l’aisselle de la glumelle inférieure, 
Il conclut en disant que la théorie de Lindley, d'après laquelle l’utricule, 
formé par la réunion de deux bractées, se développe sur un axe qui produit en 
même temps l’utricule et l'ovaire, empêche de comprendre la véritable nature 
du rachéole; que le rachéole est un prolongement de l’axe secondaire qui, 
dans l’inflorescence anomale du Carex acuta, après avoir donné naissance à 
l’utricule normal, se prolonge, et sort en compagnie des stigmates par l’orifice 
de l’utricule; qu'alors il donne naissance à une bractée, puis à l’utricule 
secondaire, et que de l’aisselle de celle-ci se développe un axe très-court, ter- 
miné par l'ovaire ; que le rachéole ne se développe pas à droite ou à gauche 
de l'ovaire, c’est-à-dire en face de l’une ou de l’autre des deux nervures 
principales de l’utficule, mais se prolonge en avant de l'ovaire, et par consé- 
quent entre ce dernier et la bractée-mère ; que le mode de développement 
du rachéole ne peut faire admettre la théorie de Lindley, selon laquelle il 
devrait avoir pour point de départ l'aisselle d’une des bractées constituant 


528 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


l'utricule; que l'utricule a une organisation analogue à celle de la bractée vagi- 
niforme que l’on observe à la base des axes des inflorescences, etc. 
E. F. 


Note sur une Fraxinelle monstrueuse;: par M. J. Morière 
(Extrait du VIII° volume du Bulletin de la Société Linnéenne de Nor- 
mandie) ; tirage à part en brochure in-8° de 8 pages, avec une planche 
lithographiée. Caen, 1863. 


Les fleurs d’un pied de Dictamnus Fraxinella cultivé à l'école de bôta- 
nique du Jardin-des-plantes de Caen ont offert à M. Morière plusieurs cas 
tératologiques, qui peuvent se résumer ainsi : coloration en vert de toutes 
les parties de la fleur; transformation plus ou moins complète en organes 
foliacés des enveloppes floralés et des organes essentiels de la reproduction ; 
transformation de certains carpel!es en étamines ; enfin divers cas de prolifi- 
cation. Dans un de ceux-ci, le réceptacle, après avoir donné naissance au 
périanthe, à l’androcée et au gynécée, se prolongeait en un rameau qui sup- 
portait une grappe chargée de plusieurs boutons ; c’est là un exemple de pro- 


lification médiane à la fois floripare et frondipare. 
E. F. 


Observations sur la collection de Rubus de lherbier 
de T. Bastard ; par M. Gaston Genevier (Extrait des Mémoires de la 
Société académique de Maine-et-Loire, t. XIV); tirage à part en bro- 
chure in-8° de 19 pages. Angers, 1863. 


M. Genevier commence ce travail en traçant l’histoire du genre Æubus; il 
rappelle les dates des principaux travaux où ont été décrites successivement 
les espèces aujourd'hui si nombreuses de ce genre. 11 reproduit ensuite, en 
les faisant suivre d'observations, les étiquettes des Æubus conservés dans 
l'herbier de Bastard ; on voit qu'il s’est proposé la détermination exacte de ces 
plantes. Deux d’entre elles sont reconnu es par lui pour être des espèces nou- 
velles, qu'il décrit longuement sous les noms de Æubus Bustardianus Geuey. 


et À. demotus Gene. 
E, F. 


Photographisches Album der Flora Œsterreichs (Album 
photographique de la flore d'Autriche); par M. Constantin d’Ettingshausen. 
Un volume in-8° de 319 pages, avec 173 planches, contenant un recueil de 
photographies imprimées des plantes caractéristiques de la flore indigène. 
Vienne, chez W. Braunueller, 4864. 


Cet ouvrage renferme une introduction qui contient des notions élémen- 
taires de botanique, puis une descripton détaillée, en Jangue allemande, des 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE; 529 
plantes les plus vulgaires ou les plus utiles à connaître de la flore autri- 
chienne. 

E. F. 
Prodromo della Flora toseana (Prodrome de la Flore toscane) ; 
par M. Théodore Caruel, 3° fascicule; in-8°, pp. 305-592, Florence, 
1863. 


Notre Zevue a déjà annoncé les premières parties de l’importante publica- 
tion de M. Caruel (1). Elle se continue sur le même plan que précédemment. 
Le troisième fascicule contient l'exposition des familles des Caprifoliacées, 
Rubiacées, Valérianées, Dipsacées, Composées, etc., jusqu'aux Monocotylé- 


dones. 
E. LE 


Floræ romanæ prodromus alter, continens plantas vasculares 
circa Romam, in Cisapenninis romanæ ditionis provinciis, in Umbria et 
Piceno sponte venientes, juxta sexuale Linnæi systema dispositas a Petro 
Sanguinetti. Un volume in-h4° ; 604 pages publiées en octobre 1863. 


Sebastiani et Mauri avaient déjà publié un Floræ romane prodromus. Le 
travail de M, Sanguinetti est un complément, dans lequel on cherchera avec 
intérêt des documents de géographie botanique. Il est rédigé tout entier en 
latin, L'auteur donne d’abord, pour chaque classe linnéenne, l’'énumération 
des genres, accompagnée de leur diagnose ; il reprend plus loin cette énumé- 
ration, en y joignant le catalogue des espèces et leur diagnose, ainsi que les 
détails habituels sur leur habitat, leurs stations et l’époque de leur flo- 
raison, La partie publiée va, pour les espèces, jusqu'au genre 7rifolium ; 
d'après une lettre de M. Sanguinetti, l'ouvrage sera terminé dans le cours de 


l'année 1864. 
E, F. 


Bericht neber die von M. v. Beurmanu 186? aus dem 
mitticren Sudan cingesandten Pflanzeuproben (Æap- 
port sur les plantes envoyées en 1862 du Soudan intérieur par M. de 
Beurmann); par M. G. Schweinfurth (Extrait du Zeitschrift fuer allge- 
meine Erdkunde, nouvelle série, t. XI); tirage à part en brochure in-8° 
de 6 pages. Berlin, 1863. 


Cette collection de plantes, peu nombreuse, ne renfermait que trente-deux 
numéros ; un grand nombre d'espèces recueillies par M. de Beurmann sont 
déjà connues, et appartiennent à la flore abyssiaienne, ou même à une zone 
géographique plus étendue, comme le Fagonia arabica L. et le Tribulus ter- 
r'estris L. Une seule espèce est signalée comme nouvelle par M. Schweinfurth, 


(1) Voyez le Bulletin, t. IX, p.136. 


530 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


le Detarium Beurmannianum. Quelques-unes, incompléiement déterminées, 
sont seulement rapportées par lui à leurs genres respectifs. IL a le soin 
d'indiquer les localités et les autres détails nécessaires à propos de chaque 


espèce, en copiant soigneusement les indications données par le voyageur, 
EF 


An enumeration of the specles of Acanthaceæ from 
the continent of Africa and the ndjacent islands 
(Énumération des espèces d’Acanthacées du continent africain et des iles 
adjacentes); par M. Thomas Anderson, surintendant du jardin botanique 
royal de Calcutta (Journal of the proceedings of the Linnean Society, 
vol. VII, n° 25, mars 1863, pp. 13-54). . 


M. Anderson à publié il y a longtemps, dans l’£numeratio plantarum 
Zeylaniæ dé Thwaites, une monographie des Acanthacées de Ceylan, dans 
laquelle il divisait cette famille en trois sous-ordres. Il suit encore aujour- 
d’hui ce mode de classification, et offre d’abord la série des sous-ordres, des 
tribus, des sous-tribus et des genres par lesquels il divise la famille des 
Acanthacées. Quelques-uns de ces genres sont nouveaux ; ce sont les genres 
Pseudobarleria, Ecteinanthus (species Zhytiglossæ Nees ab E.); il en estde 
même d’un très-grand nombre d’espèces proposées par M. Anderson, et qui 
intéressent les flores du Sénégal, de Fernando-Po et de la côte occidentale 
voisine, de Maurice et de Madagascar, de Mozambique et d’Abyssinie. Au 
point de vue de la géographie botanique, le travail de M. Anderson donne lieu 
à des remarques importantes. Les Acanthacées sont à peu près les mêmes sur 
les côtes orientales et occidentales du continent africain ; on trouve des deux 
côtés les mêmes genres et quelquefois les mêmes espèces. Plusieurs genres 
sont communs au Cap et à l’Abyssinie. Enfin, certaines espèces présentent 
une extension géographique remarquable ; ainsi, l’Æygrophila spinosa T. 
Anders., plante de Ceylan, qu’of retrouve sur la côte orientale de l'Inde, existe 
en Abyssinie, en Nubie, sur les côtes de Mozambique, et même en Séné- 
gambie ; plusieurs des espèces africaines, surtout de la côte orientale, s’éten- 


dent ainsi dans la péninsule indienne. 
E, F. 


Naturwissenschaftliche Reise nach Mossambique(Voyage 
d'histoire naturelle à Mozambique) ; par M. Wilhelm Peters; Zofanique, 
par MM. Andersson, Bœckeler, Bolle, Brann, Garcke, Hasskarl, Blatt, 
Klotzsch, Kunth, Mueller, Reïchenbach et Steetz. 2° volume; in-4° de 
584 pages avec 23 planches lithographiées. Berlin, chez Reimer, 1862- 1864. 


Notre Revue a déjà rendu compte du premier volume de ce bel ouvrage (1). 


(1) Voyez le Bulletin, t. 1X, p. 312. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 531 


Le second commence par une table présentant, suivant la classification 
d'Endlicher, l’'énumération des genres et espèces mentionnés ou décrits dans 
l'ouvrage. Le volume comprend ensuite les familles ou classes des Composées, 
Aristolochiées, Oléracées, Juliflores, Podostémacées, Palmiers, Aroïdées, 
Naïadées, Orchidées, Iridéés, Smilacées, Liliacées, Commélinacées, Cypé- 
racées, Graminées et Mousses. 

Nous signalerons la présence, dans la flore de Mozambique, d'espèces déjà 

connues sur d’autres points du globe, notamment en Abyssinie; par exemple 
des £thulia angustifolia Bojer, Vernonia senegalensis Less., Ageratum 
conyzoides L., Blumea aurita DC., Eclipta erecta L., Willartonia sca- 
briuscula DC., Wirtgenia Kotschyi Hochst., Ambrosia senegalensis DC., 
Mirabilis Jalapa L., Alternanthera sessilis R. Br., Achyranthes aspera L., 
Celosia trigyna L., Cannabis sativa L., Casuarina equisetifolia Forst., 
Potamogeton pectinatus L., Commelina benghalensis L., Cyperus mari- 
timus Poiret, C. articulatus L., C. Papyrus L., Fimbristylis dichotoma 
Vahl, Fuirena glomerata Lam., Zea Mays X., Panicum repens L., Setaria 
verticillata Beauv., $S, italica Kunth, Pennisetum purpurascens Humb. 
et Kunth, Phragmites communis Trin. var. mossambicensis Anderss., 
Chloris compressa DC., Anthistiria ciliata Retz., etc. 

Les familles des Composées et des Commélinées, traitées, la première par 
M. Steetz, et la seconde par M. Hasskarl, sont de toutes celles étudiées 
dans ce volume, celles qui ‘ont reçu le plus de développements. On trouve 
dans là première un grand nombre de genres nouveaux, bien qu’elle ne com- 
prenne, sauf une plante, qu’une partie des tribus des Corymbifères ; cela se 
conçoit d'autant mieux que M. Steetz, sortant des limites de la flore de 
Mozambique, a ajouté en note des monographies complètes ou partielles de 
plusieurs groupes. 11 étudie ainsi les genres Decaneurum DC., Gymnanthe- 
Mmum Cass., Lysistemma nov. gen., dont les sections sont caractérisées par 
les modifications du pollen, Xipholepis nov. gen., Panduana nov. gen., 
Gutenbergia Schulz Bip., Adenoon Dalzell, Ascaricida Cassini, Stengelia 
Schultz Bip., Ambassa nov. gen., Ageratum L., Mikania Willd., Psidia 
Jacq., Nidorella Cass., Sphæranthus Vaill., Oligolepis R. Wight, Blumea 
DC., Epaltes Cass., Pachytelia nov. gen., Gynaphanes nov. geu., et Wirt- 
ÿenia Schultz Bip. Outré ces études supplémentaires, nous devons relever 
dans la flore même les genres nouveaux de Composées suivants, tous signés 
de M. Steetz : Gongrothamnus (Vernoniæ spec.  auct.), Crystallopollen (à 
port de Vernonia, dont il se distingue par les caractères de son pollen), Ade- 
lostigma (distinct du Séreptoglossa par les écailles de l'involucre toutes 
égales, les fleurs femelles toutes tubuleuses, et les fleurs bermaphrodites 
barbues au sommet), Menotriche (tenant le milieu entre les genres Lipotriches 
R. Br, et Wiüirtgenia Schultz Bip.), Hypericophyllum (à placer entre les 
Tugetes et les Porophyllum), et Pleiotazis (à placer entre les genres 


532 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Saussurea DC. et Aplotaxis DC.). On remarque encore, parmi les familles 
suivantes, le genre nouveau Zamprodithyros Hassk. (Commélinées). Un 
grand nombre d'espèces nouvelles se rencontrent dans l’ouvrage; nous ne 
pouvons même les indiquer. 

On voit que, d’après les matériaux contenus dans ce second et dernier 
volume, consacré à la botanique du voyage à Mozambique, la flore de ce pays 
a des relations marquées avec celle de l’Abyssinie, et même de l'Inde et du 


Sénégal. 
AS 


NOUVELLES. 


— Deux thèses de doctorat viennent d’être soutenues à la Faculté des 
sciences de Paris : Monographie des Bignoniacées, par M. Éd. Bureau, vice- 
secrétaire de la Société botanique le France ; l’autre : Des changements sur- 
venus depuis deux siècles dans la flore de Montpellier; par M. Gustave 
Planchon, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Montpellier. 


— La riche bibliothèque de M. J. Gay va être prochainement mise en 
vente, ainsi qu'une nombreuse collection d’autographes, parmi lesquels on 
remarque des lettres de A.-L. de Jussieu, Adrien de Jussieu, Smith, 
Sprangel, Delile, Benjamin Delessert, A.-P. De Candolle, Desvaux, Robert 
Brown, Bory de Saint-Vincent, Tenore, Palisot de Beauvois, Guépin, etc., 
et d’un très-grand nombre de botanistes vivants, français et étrangers. Le 
Catalogue de la bibliothèque de M. Gay (Paris, chez Ad. Labitte, 5, quai 
Malaquais) comprend 835 numéros. La vente aura lieu rue des Bons-Enfants, 
maison Silvestre, à sept heures du soir, le lundi 46 mai prochain et jours 
suivants, 


— M. Henri van Heurck, professeur de botanique au Kruidkundig 
Genootschap d'Anvers, publie des préparations microscopiques destinées aux 
démonstrations d’un cours de botanique; tous les objets sont conservés dans 
un liquide approprié, et convenablement protégés. Les préparations se Ven- 
dent isolément ou par collections. Le prix de la préparation isolée varie de 
A fr. 25 c. à 3 francs. Les collections se vendent en boîtes. Le prix d'une 
collection complète de 100 préparations, renfermées dans une jolie boite . 
rainures , est de 125 francs ; celui d’une collection de 200 préparations esl 
de 225 francs. 


— M. E. Bourgeau vient de partir pour continuer l'exploration botanique 
de l'Espagne. Ses recherches doivent embrasser une grande partie du 
royaume de Léon ; il herborisera aux environs de Gijon, d'Oviédo, d’Astorga, 
de Léon, et-il visitera, à diverses époques, la chaîne des montagnes des 
Asturies et les autres massifs montagneux élevés de la contrée qu’il doit 
parcourir, M. Cosson se chargera, comme il l’a déjà fait, de la détermination 
des récoltes de M. Bourgeau, dont le prix est fixé à 25 francs par centurie. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 533 


BIBLIOGRAPHIE. 


Nous commençons ici le relevé des articles originaux parus en 1863 dans 
le Botaniska notiser, que publie M. Andersson : 


Betraktelser æfver de allmænna fœreteelserna af væxternas færænderlighet 
(Considérations sur les vues générales de la variabilité des végétaux) ; 
par M. Andersson, pp. 3-7, 52-59. 

Nya laf-arter (Nouvelles espèces de Lichens); par M. Théodore Fries, 
pp. 7-12. 

Tillegg till Sahléns Venersborgsflora (Supplément à La flore du Venersborg 
de Sahlen) ; par M. Kindberg, pp. 12-44. 

Spridda væxtgeografiska bidrag till Skandinaviens Flora (Contributions à La 
distribution géographique des végétaux de la flore scandinave) par 
M. Krok, pp. 44-17. 

Huru Hydrocharis Morsus-rancæ fortplantar sig i kallare trakte (Comment 
lHydrocharis Morsus-ranæ végète dans les contrées froides); par M. C. 
Hartman, pp. 17-21. 

Skandinaviens Characeer (Characées de Scandinavie); par M. Nordstedt, 
pp. 33-52. 
Nya væxtlokaler i Verstergæthland (Nouvelles localités de plantes en Wes- 

trogothie); par M. A.-J. Sahlén, pp. 60-62. 

Om de Svenskar, efter hvilka væxtslægten blifvit uppkallade (Sur Les Suédois 
dont les noms ont été donnés à des genres de plantes) ; par M. N.-J. 
Scheutz, pp. 65-73. 

Nägra fœr Skandinaviens Flora nya Mossarter (Quelques espèces de Mousses 
nouvelles pour La flore de Scandinavie); par M. J.-E. Zetterstedt, 
PP. 73-77. 

Spridda væxtgeografiska bidrag till Sveriges Flora (Contributions à la distri- 
bution géographique des végétaux dans la flore suédoise) ; par MM. Fris- 
tedt et Edv. Engdahl, pp. 82-86. 


Publications diverses. 


\ 


À comparative list of british plants, compiled and arranged by Alexander 
G. More, for the purpose of showing the different names and species 
adopted respectively in, etc. (Liste comparative des plantes d'Angleterre, 
dressée par M. More, dans le but de montrer Les différents noms et espèces 
adoptés dans le Manual of british botany de M. Bubington, dans The 
London catalogue of british plants, {e British flora de MM. Hooker et 
Arnott, et l'Handbook of the british flora de M. Bentham). In-8° de 
38 pages. Londres, 1863. 


534 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Deutsche Pflanzensagen (Légendes et traditions allemandes relatives aux 
plantes): par M. A. de Perger, Un volume in-8° de 363 pages. Stuttgart 
et OEhringen, 1864. 

Index Fungorum, sistens icones et specimina sicca nuperis temporibus edita, 
adjectis synonymis, auctore Hermann Hoffmann (indicis mycologici editio 
aucta). Un volume in-4° de 1453 pages. Lipsiæ, 1863. 

Die Moose und Flechten Deutschlands, mit besonderer Beruecksichtigung 
auf Nutzen und Nachtheïle dieser Gewæchse (Les Mousses et les Lichens 
d'Allemagne, avec un aperçu spécial sur les propriétés utiles ou nui- 
sibles de ces végétaux); par M. Julius Redslob. 1"° livraisons in-4°.de 
16 pages, avec 4 planches coloriées d’après nature. Cet ouvrage est une 
clef dichotomique, accompagnée de figures conduisant à la détermination 
des espèces. 

Beitræge zur Kryptogamen-Flora Meklenburgs (Æecherches sur la flore 
cryptogamique de Mecklembourg) ; par M. H. Brockmueller (Extrait des 
Archives des amis de l’histoire naturelle de Mecklembourg, XVI° année); 
tirage à part en brochure in-8° de 96 pages. 1863. 

Osservazioni sulla vegetatione dei dintorni di Melfi (Observations sur la végé- 
tation des environs de Melfi); par M. Nicola Terraciani (Annali della 
Academia degli aspiranti naturalisti, 3° série, 2° vol., année 1862, 
pp, 106-110). 1863. 

Su di una novella varieta di Dictamnus albus XL. (D, Fraxinella Pers.) (Sur 
une nouvelle variété du Dictamnus albus Z. (Dictamnus Fraxinella Pers); 
par M: G.-A. Pasquale. (/bid., pp. 110-112.) 1 

Catalogue des graines du Jardin-des-plantes de la ville de Toulouse récoltées 
en 1863 ; par M. D. Clos, In-4° de 8 pages. 

Revue du groupe des Verbénacées ; par M. H. Bocquillon, docteur ès sciences. 
Un volume in-8° de 187 pages, avec 20 planches gravées. Paris, chez 
Germer Baillière, 1861-63 (voy. le Bulletin, t. IX, p. 52). 

Das Pflanzenleben der Donaulænder (Conditions de La végétation dans. la 
région danubienne); par M. A. Kerner. Un volume in-8° de 348 pages. 
Innsbruck, chez Wagner, 1863. 

De l'anatomie des Gytinées dans ses rapports avec l’organographie et la téra- 
tologie ; par M. Ad. Chatin (Comptes rendus, t, LVII, pp. 210-213). 

Recherches expérimentales sur le développement du Blé; par M. Isidore 
Pierre (/bid., pp. 859-861). | 

Note sur les tissus élémentaires ; par M. T. Lestiboudois (/4id., pp. 861-863). 

Composition organophytogénique des feuilles ; par M. Ch. Fermond (/bid.. 
pp. 767-771). 

Faits d'anatomie générale et de physiologie observés sur les Cytinées ; nutri- 
tion et respiration des plantes parasites; par M. Ad: Chatin (/bid. ; 
pp. 2771-77). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 589 


Recherches sur la composition de la Banane du Brésil; par M. B, Coren- 
winder (/bid., pp. 781-782). 

Sur le principe du Coriaria myrtifolia (Redoul) ; par M. J, Riband (Jbid,, 
pp. 798-799). 

Remarks upon the causes producing the different characters of vegetation 
known as prairies, flats, and barrens in Southern Illinois, with special 
reference to observations made in Perry and Jackson counties (Remarques 
sur les causes qui produisent les différentes sortes de végétation connues 
sous les noms de prairies, plaines et landes, dans l'Illinois du Sud, pro- 
duites en tenant un compte spécial des observations faites dans Les comtés 
de Perry et de Jackson); par M. Henry Engelmann (7%e american 
journal of science and arts, 2° série, vol. XXXVI, n° 108, novembre 
1863, pp. 384-396). 

Letter from M. G. Mann, government botanist, describing his expedition to 
the Cameroon mountains (Lettre de M. G. Mann, botaniste envoyé par le 
gouvernement, décrivant son expédition aux monts Cameroon) (Journal 
of the proceedings of the Linnean Society, vol. VII, n° 25, mars 1863, 
pp. 1-13), 

Journal of an expedition to the coast and capital of Madagascar, in the suite 
of the late mission to king Radama (Journal d’une expédition faite à la 
côte et à la capitale de Madagascar, à la suite de l'ambassade envoyée 
récemment au roi Radama) ; par M. Meller, médecin attaché à l'ambassade 
(bid., vol. VIX, n° 26, mai 1863, pp. 57-66). 

On à new Æeliconia with the habit of a Musa, sent from new Granada by 
D' A. Anthoine to the royal gardens, Kew (Sur un nouvel Heliconia à 
port de Musa, envoyé de la Nouvelle-Grenade par M, le docteur A. An- 
thoine au jardin botanique royal de Kew) ; par M. J.-D. Hooker (/b:4., 
vol, VII, n°26, mai 1863, pp. 68-69). 

On the spicula contained in the wood of the Welwitschia, and the crystals 
pertaining to them (Sur Les raphides contenus dans le bois du Welwit- 
schia, ef Les cristuux qui en font partie) ; par M. Philip Gorke (/id., 
pp. 106-109), 

Ueber das Gesetz der Erzeugung der Geschlechter bei den Pflanzen, den 
Thieren und dem Menschen (De la loi de la production des sexes chez 
les plantes, chez les animaux et chez l'homme); par M; Thury. Traduit 
du français en allemand et augmenté de remarques critiques par M. Alex. 
Pagenstecher. 1n-8° de 46 pages. Leipzig, chez Engelmann. 


Nous donnons ici la suite du relevé des articles originaux parus en 1863 
dans le Journal de botanique de M. Seemann (voy. plus baut, pp. 453-454). 


On Gladiolus illyricus, as a british plant (Ze Gladiolus illyricus plante 
anglaise) ; par M, C:-C, Babington, pp. 97-98, avec une planche. 


536 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Was the cocoa-nut known to the ancient Egyptians? (La noix de coco était- 
elle connue des anciens Egyptiens ?) ; par M. B. Seemann, pp. 99-104. 
Galinsoga parviflora Cav., a naturalized british plant (Ze Galinsoga parviflora 

Cav. naturalisé en Angleterre); par M. J.-E. Gray, pp. 104-105. 

On the morphology and anatomy of Philydrum lanuginosum R. Br. (Sur la 
morphologie et l'anatomie du Philydrum lanuginosum À. Br.); par 
M. Maxwell T. Masters, pp. 105-106. 

On the anatomy of the leafstalk in T'halia dealbata (De l'anatomie de la 
tige feuillée du Thalia dealbata); par M. Maxwell T. Masters, p. 107. 

Augustin Pyramus De Candolle; par M. Asa Gray, pp. 107-120. 

Tropæolum Heyneanum, a little-known species from southern Peru (Le 
Tropæolum Heyneanum, espèce peu connue du Pérou méridional); par 
M. B. Seemaon, avec une planche, pp. 129-130. 

Remarks on Gladiolus illyricus Koch and its allies (Remarques sur le Gla- 
diolus illyricus Æoch et ses voisins); par M. J.-T. Boswell - Syme, 
pp. 130-134). 

Report for 1862 of the botanical exchange club (Rapport de la Société 
d'échange botanique pour 1862); par M. J.-G. Baker, pp. 142-146 
(remarques sur quelques espèces des genres Fumaria, Cardamine, 
Boarbarea, Viola, Rubus, Carex, etc.). 

Dimorphism in the genitalia of flowers (Du dimorphisme dans les organes 
sexuels des fleurs : Plantago, Castanea) ; par M. Asa Gray, pp. 1447-19. 

On the Nardoo plant of Australia (Sur la plante appelée en Australie 

. Nardoo); par M. F. Currey, pp. 161-167, avec une planche. (Le JVardoo, 
rapporté par sir William Hooker au Marsilea macropus Hook., est regardé 
par l’auteur comme une espèce nouvelle, le M. salvatrix ; il rapporte et 
critique en quelques points les observations publiées sur la même plante 
par M. Hanstein dans les Comptes rendus de l’Académie de Berlin, 
en février 1862). 

On the arrangement of the british Salices {Sur La classification des Saules 
d'Angleterre); par M. C.-C. Babington, pp. 467-172, 

On Quercus fissa Champion, in reference to the distinctive ckaracters of 
Quercus and Castanea ; with remarks on some of the genera of Corylaceæ 
(Sur le Quercus fissa Champion; étude des caractères distinctifs des 
genres Quercus ef Castanea, avec des remarques sur quelques genres de 
Corylacées); par M. H.-F. Hance, pp. 173-183; avec des notes de 
M. Alpb. De Candolle. 


Paris, — Imprimerie de E. ManTINET, rue Mignon, 2. 


SOCIÈTÉ BOTANIQUE 
DE FRANCE 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1868. 


PRÉSIDENCE DE M. E. COSSON. 


M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de 
ia séance du 27 novembre, dont la rédaction est adoptée. 
M. le Président annonce deux nouvelles présentations. 


Dons faits à la Société : 


1° De la part de M. de Martius : 

Die Fieber-Rinde, der China-Baum, etc. 
Glossaria linguarum brasiliensium. 

2 De la part de M. l'abbé Coemans : 
Spicilége mycologique, n°° k à 8. 
Cladoniæ belgicæ, fase. 1. 

3 De la part de M. Kleinhans : 


Album des Mousses des environs de Paris, livr. 5. 


l De la part de M. Schweinfurth : 
Subularia monticola (planche autographiée. 
Dianthera abyssinica, D. grandiflora, D. Petersiana (planche auto- 
graphiée). 
5 De la part de la Société d'Horticulture de la Gironde : 
Annales de cette Société, 1853, n° 3. 
6° De la part de MM. Silliman et Dona : 


The american journal of sciences and arts, novembre 1865. 
Lie? 36 


538 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
7° En échange du Bulletin de la Société : 


Linnæa, Journal fuer die Botanik, 1863, deux livraisons. 

Flora oder allgemeine bütanische Zeitung, 1863, 2° trim. 

Bôtanische Zeitung, 1863, 2 et 3° trim. 

Wochenschrift fuer Gœrtnerei und Pflanzenkunde, 1863, quatre 
numéros. i 

Atti della Societa italiana di Scienze naturali, t. V, fase. 4. 

Mémoires de la Société des scien ces physiques et naturelles de Bor- 
deaux, 1863, t. II. 

Pharmaceutical journal and transactions, décembre 1863. 

L'Institut, décembre 1863, deux numéros. 


Lecture est donnée d’une lettre de M. Henri Gariod, qui remercie 
la Société dé l'avoir admis aû nombre de ses membres. 

MM. Roze et Bescherelle font hommage à la Société des septième 
et huitième fascicules de leurs Muscinées des environs de Paris, qui 
contiennent comme nouveautés pour la bryologie parisienne : 


4° Plantes observées seulement à l’état stérile : Zunularia vulgaris L., 
Jungermannia barbata var. attenuata Marts, J. setacea Web., Dicranum 
palustre Brid.!, Bryum alpinum L., Hypnum giganteum Schimp. 

2° Plantes récoltées en fructificatiôh : Z'urÿynchium striatulum Br.'et Sch., 
Rhynchosteqium confertum Br. et Sch. 


M. Reveil fait à la Société la communication suivante : 


SUR LA FÊVE DE CALABAR, par M. Oscar REVEIL. 


Les effets physiologiques et toxiques 1prôduits par da Æève re ‘Caläbar 
doivent la faire placer à côté des opiacés; en effet, comme l’opium, elle agit 
en sens inverse des mydriatiques. 

C'est à M. Giraldès que l’on doit ‘d'voir fait conhaître en France ‘celle 
substance si curieuse; c'est à lui que nous devons les notes qui nous servent 
à rédiger cet article, ainsi que l'échantillon dont nous donnons le dessin. 

Le doctéur Daniél, en 186, 'a appelé le prémiér l'attention sur les pro- 
priétés toxiques de la Fève de Calabar, Dans un mémoire sur Iés näturels du 
Calabar, lu à la Société ethnologique de Londres le 28 janvier 1846, et inséré 
dans le premier volume du journal de cette Société, le docteur Daniel fait 
connaître l'usage qu'on fait dans le pays, dans'un but'judiciaire, d'une Légu- 
mineuse aquatique dont il n'indique pas le nom. C’est plus tard, en 1854, 
que le révérend Waddell, missionnaire au Vieux-Calabar, a fourni au profes- 
seur Christison des graines provenäatit de la ‘plante en question, connue dans 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863, 539 
le pays sous le nom de Déséré. Ce professeur, s’étant procuré d’autres graines, 
les étudia au point de vue toxicologique. 11 communiqua son travail à la 
Société royale d'Édimbourg, et publia son mémoire dans le Monthly journal 
de médecine, 1855. Jusqu’alors, on ne connaissait pas la place que devait 
occuper, dans l'échelle végétale, la plante qui fournissait cette graine. C’est au 
professeur Balfour qu'on doit les renseigaements botaniques que nous possé- 
dons aujourd’hui, Quelques graines, cultivées das le jardin botanique d'Édim- 
bourg, fournirent d'assez beaux échantillons; mais, comme la plante, malgré 
sa vigueur, n'avait pas fleuri au bout de deux ans, M. Balfour à dû compléter 
sa descripuion au moyen de spécimens qui lui ont été envoyés du Galabar ; et, 
dans uu mémoire lu à la Société royale d'Édimbourg en 1859, et inséré dans 
le vingt-deuxième volume des 7ransactions de cette Société, il donne l’his- 
toire complète de cette Légumineuse. La plante qui fournit la Fève de Calabar 


fut désignée, par le professeur Balfour, sous le nom de PAysostigma vene- 
nosum, et, comme sa graine diffère de celle.de la tribu des Phaséolées, il créa 
une tribu nouvelle, sous le nom d'Zuphaséolées, et non Phaséolées comme 
où l'a écrit par erreur, sous-ordre des Papilionacées. La contrée.dans laquelle 
on trouve Ja Fève de Calabar .est située, comme on Je sait, dans Ja région 
accidentale de l'Afrique, près.de Ja baie de Biafra, entre 4° et 8° de latitude 
nord, 6° et 12° de longitude est; son étendue mesure une longueur de 
100 milles anglais et une largeur de 50, dans le territoire d’une tribu appelée 
Eboé, et placée à l’ouest des sources du Niger. 

Le Physostigma venenosum est une plante grimpante, xivace, atteignant 
quelquefois une longueur de 15 mètres; il se plaît aux environs des cours 
d’eau .et.des terrains marécageux. Son fruit mâûrit en Loute saison, mais plus 
communément dans la saison pluvieuse, de janier à septembre. L'inflo- 
rescence est axillaire, formée par.des grappes multiflores, dont le rachis est 
noueux et en zigzag; la corolle est papilionacée, d’une cer:leur purpurine 
veinée: d’un rose-pâle, et incurvée en:forme de croissant. Le sétamines sont au 
nombre de dix, diadelphes, et le pistil offre un stigmate coiffé par une sorte 
de capuchon en forme de croissant. La gousse, lorsqu'elle est dans son état 
de maturité, est d’une couleur brune.et présente près de 15 à 20 centimètres 


5h10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


de longueur ; elle contient deux ou trois graines, dont l’épisperme est dur, 
cassant ; ces graines sont ovales, un peu réniformes, ont 0",02 à 0,025 de 
longueur et 0%,010 à 0,015 de largeur; leur côté convexe est marqué 
d’un hile long et sillonné, qui s'étend comme une rainure d’une extrémité de 
la semence à l’autre ; leur couleur est chocolat foncé et rougeâtre sur les bords 
du sillon ; leur surface est chagrinée. L'amande est formée d’un embryon, 
avec deux gros cotylédons qui se sont rétractés et ont laissé une cavité au 
milieu ; ils sont durs et très-friables. 

Grâce au travail des professeurs Balfour et Christison, nous connaissons 
aujourd’hui les caractères botaniques de la Fève de Calabar, mais on était loin 
de se douter qu’elle produisit les singuliers effets qui appellent aujourd’hui 
sur elle l'attention des praticiens et lui assignent une place importante dans la 
matière médicale : nous voulons parler de la propriété que possède l'extrait 
de la Fève de Calabar, lorsqu'il est introduit entre les paupières, de faire 
contracter la pupille et de devenir ainsi l’antagoniste de l'atropine. 

L'honneur de cette découverte revient à M. Thomas R. Fraser, dans sa 
thèse inaugurale, soutenue et couronnée à Édimbourg en 1862, et qui traite 
des caractères et des usages thérapeutiques de la Fève de Calabar. Ce médecin 
a fait connaître la propriété que possède l'extrait de cette graine d'agir sur 
l'iris, de déterminer les contractions de cette membrane, de rétrécir la 
pupille et d’avoir une action immédiate sur l'appareil accommodateur de la 
vision. Les recherches de M. Fraser ont été confirmées par un ophthalmolo- 
giste distingué de Londres, M. Argill Robertson, observations communiquées 
ala Société médico-chirurgicale d'Édimbourg, au mois de février 1863, 
et publiées dans le numéro de mars de l’£dinburgh medical journal. Le 
travail de M. Robertson éveilla l’attention des observateurs, et, peu de temps 
après, MM. Sœlberg, Bowman et Harley (de Londres), Nunneley (de Leeds), 
et de Græfe (de Berlin), sont venus confirmer les résultats avancés par les 
premiers expérimentateurs. De son côté, M. Giraldès confirmait le premier, 
à Paris, des résultats de l’action directe de cet agent, et il a employé dans ses 
essais l’extrait de Fève de Calabar préparé par nous, d’après les indications 
de M. Fraser, 

Les observations ont porté sur trois catégories bien distinctes : 

1° Des enfants dont les yeux étaient sains ; 

2° Des enfants chez lesquels l'iris, adhérent à la pupille, présentait un 
déplacement de cette ouverture ; 

3° Enfin, chez des enfants dont la cornée perforée présentait une proci- 
dence de l'iris. 

Sur plus de vingt-cinq enfants, de l’âge de quatre à treize ans, et chez les- 
quels Ja pupille avait été dilatée la veille où l'avant-veille au moyen de l'atro- 
pine, une goutte de solution d’extrait de Fève de Calabar dans la glycérine à 
été introduite entre les paupières; au bout de dix minutes, on apercevait chez 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863. 541 


tous un commencement d'action ; quinze à vingt minutes après, la pupille était 
réduite presque au minimum. Enfin, vingt-cinq minutes après, la contraction 
était poussée à ses dernières limites; on apercevait alors le champ de la cornée 
occupé par une membrane offrant à son centre une ouverture ayant à peine 
un demi-millimètre de diamètre. Gette contraction s’est maintenue pendant 
20, 24 et 30 heures. 

Chez les enfants de la seconde catégorie, le même phénomène s’est produit : 
chez quelques-uns, quelques adhérences se sont déclarées, et la position de 
l'ouverture pupillaire s’est corrigée. 

Chez les enfants de la troisième catégorie, la contraction de la pupille, en 
ramenant celte ouverture vers le centre du champ de la cornée, à contribué à 
dégager la partie de l'iris prolapsée. 

Depuis que ces premières expériences ont été instituées, M. Giraldès a eu 
l'occasion d'observer les mêmes résultats chez des individus mydriatiques. On 
connaît aujourd’hui bon nombre de faits dans lesquels l'extrait de la Fève de 
Calabar a été employé avec succès pour combattre une mydriase prodaite par 
des causes traumatiques ou autres. 

Comme on le voit, l'extrait de Fève de Calabar jouit de la précieuse pro- 
priété de faire contracter l'iris et devient ainsi l’antagoniste de l’atropine; il 
constitue un médicament important, et dont la place sera désormais marquée 
dans l’ophthalmoscopie. 

M. Fraser a étudié l’action physiologique des Fèves de Calabar ; il a constaté 
que les graines seules étaient actives. Les essais faits avec les tiges n’ont donné 
aucun résul{at ; il a essayé l’action des semences sur l’homme et sur les animaux. 

M. Christison à pu prendre 05,27 de fève; il a éprouvé des vertiges, des 
battements de cœur très-faibles et irréguliers, accompagnés d’accidents très- 
graves, que M. Maglagan, qui vit M. Christison avec le professeur Simpson, 
à comparés à ceux produits par l’Aconit. 

Les expériences de M. Fraser sur l’action qu'exerce l'extrait de Fève de . 
Calabar sur la pupille ont été répétées par MM. Robertson, Sælberg, Wells, 
Hulke, de Græfe, etc. En France, on ne connaît que les faits signalés par 
M. Giraldès et ceux qui ont été récemment publiés par MM. Fano et Lefort. 

Au Vieux-Calabar, la fève de PAysostigma venenosum sert de poison 
d'épreuve, comme le Tanghin à Madagascar. Toute la provision est remise 
au roi; on jette à la rivière, à la fin de l’année, tout ce qui n’a pas été employé. 
Cette graine surnage sur l’eau, et il ne nous parvient en Europe, au rapport 
du révérend Waddell, que les graines qu’on a pu dérober par surprise à Ja 
surface de la rivière. 

Nous avons opéré à la manière suivante avec les fèves que nous à remises 
M. Giraldès : 


Épispermes..,.. 8,90 


Poids des graines... ... see. SO GAMMES À | sndes. . 21,0 


542 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Les amandes pulvérisées ont été successivement traitées par 150, 420 et 
150 grammes (total 420 grammes) d'alcool absolu et bouillant ; par évapora- 
tion ménagée, nous avons obtenu 0,89 d'extrait d’apparence huileuse, soit 
2,666 du poids des semences pour 100 ; le résidu repris par l’eau a donné un 
extrait qui contractait légèrement la pupille. 

Les 82,90 d’épispermes, pulvérisés et épuisés par l'alcool absolu et bouil- 
lant, ont donné 0,17 d'extrait peu actif; le résidu repris par l’eau bouillante 
a fourni 0,45 d'extrait aqueux peu actif. 

On voit, d’après ce qui précède, que le procédé de M. Fraser, que nous 
avons süivi et qui consiste à épuiser par l’alcool absolu, donne moitié moins 
d'extrait que lorsqu'on se sert de l’alcool à 84°, employé par M. D. Han- 
bury; ilest vrai que ce savant ne dit pas s’il a séparé les épispermes ou s’il 
a traité le tout ensemble. Ajoutons enfin que les solutions alcooliques et 
aqueuses d'extrait de Fève de Calabar précipitent abondamment par l'iodure 
double de mercure et de potassium, ce qui fait présumer qu’elles renferment 
un alcaloïde. 

M. D. Hanbury a vu que la fève, concassée et épuisée par l'alcool à 
84° centésimaux, donnait 2, 3 pour 100 d'extrait, et que, par un second 
traitement par l’alcool bouillant, on obtenait 2,2 pour 100 d’extrait sec. 
Total : 4,5. 

Comme M. D. Hanbury, nous avons constaté que l'extrait alcoolique de 
Fève de Calabar était incomplétement soluble dans l’eau, avec laquelle il 
donne une solution trouble qui laisse un dépôt abondant ; la glycérine, au 
contraire, dissout parfaitement cet extrait. C’est cette solution au sixième 
(4 d'extrait pour 100 de glycérine) que M. Giraldès a employée. 

Le résidu de l’amande, traité par l'alcool, est extrémement riche en amidon 
à grains très-petits ; bouilli dans l’eau, il se prend en empois ; celui-ci, délayé 
dans l’eau, et la solution étant évaporée à une douce chaleur, donne un résidu 
qui, repris par l'alcool à 55° centésimaux, nous à fourni, après filtration et éva- 
poration, un extrait qui contractait notablement la pupille. 11 serait donc plus 
convenable, à notre avis, pour obtenir une plus grande quantité du principe . 
actif, de traiter par l'alcool à 65° centésimaux, au lieu d’alcool absolu qu'em- 
ploie M. Fraser, et d'alcool à 84° cent. dont s’est servi M. D. Hanbury. 

Nous croyons, avec M. D. Hanbury, que le meilleur mode d’applica- 
tion de l'extrait de Fève de Calabar, dans les maladies des yeux, consiste à 
étendre la solution glycérinée sur du papier, par la méthode de M. Streat- 
field; mais nous préférons employer les papiers gradués de M, C. Leperdriel, 
qui sont divisés par centimètres carrés, moitié, cinquième et dixième de cen- 
timètre carré. Nous mettons 2 milligrammes d'extrait par centimètre carré; 
un cinquième de centimètre carré de papier suffit pour obtenir le maximun 
de contraction en quelques minutes, 

Les papiers gradués de M. C. Leperdriel, qui sont préparés avec divers 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863. 543 


extraits et tous les principes immédiats solubles, présentent sur ceux de 
M. Streatfield avantage d'une graduation précise, de sorte qu’une surface 
déterminée de papier correspond à un poids connu de principe actif, tandis 
qu'avec les papiers anglais cet élément de graduation manque, 

M. Hart a proposé récemment de remplacer les papiers divisés par de petits 
pains à cacheter en gélatine, qui ont l'avantage de se dissoudre et de déterminer 
une action. plus rapide des principes actifs ; mais, dans ce nouveau mode de 
préparation, la graduation nous paraît moins facile et susceptible d’une moins 
grande précision. 

Ajoutons enfin que, depuis la lecture de cette note à la Société, MM. Jobst 
et Hesse ont isolé de la Fève de Calabar un alcaloïde qu'ils ont nommé 
physostigmine ou calabarine. 


M. le Secrétaire général dit qu’il a été chargé par M. J. Gay (que 
Pétat de sa santé empêche d'assister à la séance) d'annoncer à la 
Société la mort de M. Jacques Cambessèdes, décédé à Férussac, 
près Meyrueis (Lozère), le 20 octobre dernier, à l’âge de 64 ans. 
M. de Schæœnefeld ajoute que M. Gay se proposait de faire aujour- 
d’hui à la Société une communication sur la vie et les travaux de 
ce Savant, et que notre vénérable confrère désire qu’une place 
soit réservée, dans le compte rendu de la présente séance, à celte 
notice nécrologique (1). 


NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX DE JACQUES CAMBESSÈDES, 
par M. J.-E. PLANCHON. 


(Montpellier, mars 1864.) 
Messieurs, 

Par un sentiment de légitime déférence, je réservais à notre regretté con- 
frère, M. J. Gay, le privilége et l'honneur de vous parler de son ami Cambes- 
sèdes. Lui seul pouvait, en puisant dans ses souvenirs, ranimer pour la 
génération présente cette vive et sympathique figure, qui brilla dans le monde 
botanique de la Restauration et des premières années du règne de Louis- 
Philippe, mais qui s’enferma, trop tôt pour sa gloire, dans la vie de gentil- 
homme campagnard : retraite féconde du reste, qui, pour la science et les 
salons parisiens, eut l'apparence d’une défection, mais qui, pour le coin 
obscur de la province où se déversa cette activité, fut une source de bienfaits 
et de vivifiante influence. 


(4) M. J. Gay, que nous avons eu la douleur de perdre le 46 janvier 1864, n'ayant pu 
rédiger la notice qu’il avait l'intention de communiquer à la Société, M. J.-E, Planchon 
a bien voulu y suppléer, et nous nous empressons de publier le travail dy sayant pro- 
fesseur de Montpellier. (Note de la Commission du Bulletin.) 


54h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ce n'est, à vrai dire, ni dans le groupe des savants purs, ni dans les 
rangs plus nombreux des agriculteurs, que se laisse absolument classer 
Cambessèdes. Savant, il le fut à son heure, et surtout entre 1824 et 1835; 
agriculteur, il le devint par circonstance et bientôt par goût; mais ces deux 
périodes, en apparence tranchées, de sa vie ont leur unité réelle dans la 
nature de l’homme. Indépendance du côté de la fortune, fougue du tempé- 
rament, passion de l'équitation et de la chasse, entrain de l'esprit et verve 
de la parole, grandes manières sans aucune trace de morgue, plus de facilité 
prime-sautière que de puissance de méditation, tels furent les éléments d’une 
existence complexe, tenant au monde autant qu’à la science, mais unissant 
par ua heureux accord cette double application des facultés de l'esprit. 

Qu'il me soit permis, Messieurs, de ne pas mutiler, en l'esquissant, cette 
vivante physionomie. -Le botaniste a sans doute les premiers droits à votre 
attention ; mais, sous l’auteur des monographies et le patient descripteur de 
plantes, vous aimerez à retrouver le brillant causeur, le beau cavalier, l’ardent 
chasseur même, l’ami d'Adrien de Jussieu, de Jacquemont, de Mérimée, et, si 
je parviens à lui rendre un peu du prestige qu'il savait si bien exercer, vous le 
retrouverez aussi bon, aussi généreux par le cœur que séduisant par l'esprit 
et les manières. 

Jacques Cambessèdes naquit à Montpellier le 9 fructidor an VIE de la 
république (26 août 1799). Par son père Gabriel Cambessèdes, originaire 
du Vigan, il tenait à la forte race agricole des Cévennes. Par sa mère, 
Magdelcine de Loys, dont les ancêtres étaient jadis venus d’Espagne à Mont- 
pellier avec les rois d'Aragon, il héritait du sang chaud des races méridio- 
nales. Robuste de corps, ardent d'esprit, il joignait en effet la force à la 
grâce, et dut à ce double trait de tempérament et de caractère, le charme 
qu'il exerçait autour de lui, Ses premières études classiques se firent, jusqu'à 
la rhétorique inclusivement, chez les oratoriens de Tournon. Il en sortit 
en 1815, avec quelle culture ? nous l’ignorons; en tout cas, avec un certificat, 
peut-être banal, de bonne conduite et d'aptitude. Mais de ce régime un 
peu claustral, il revint frêle et chétif au domicile paternel. Un remède était 
urgent : ce fut le célèbre docteur Chrestien qui l’indiqua : repos complet de 
l'esprit, gymnastique, équitation, escrime, chasse. Deux ans de cette activité 
extérieure lui firent secouer sans doute à travers champs bien des bribes de 
latin et de rhétorique. Mais bientôt le jeune homme reprit avec ardeur le 
cours interrompu de ses études, et se refit, sur les bases étroites de sa pre- 
mière instruction, un édifice quelque peu léger d'éducation littéraire, que 
recouvrait d'un brillant vernis sa facilité naturelle, 

A dix-neuf ans, vers 1818, il alla à Aix suivre les études de droit. Toujours 
heureux dans le choix de ses amis, il eut pour camarade intime un homme 
vraiment distingué, dont le seul contact devait stimuler son intelligence. 
C'était M. Thourel, si connu depuis comme procureur général près la cour de 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863. 545 


Nimes. A cette heure charmante de l'adolescence, l'amitié lie aisément les 
âmes, mais elle est impuissante à créer les vocations. Or Cambessèdes ne 
devait pas être légiste. Son goût le portait vers l'observation de la nature : il 
laissa les études abstraites et revint à Montpellier où l’appelait la médecine. 

Ici, nouveaux tâtonnements. La médecine en elle-même ne le séduisit qu'à 
moitié; mais, parmi les études que la médecine appelle accessoires, les 
sciences naturelles ont leur place; la botanique surtout, toujours florissante 
à Montpellier depuis le xvi° siècle, compta bientôt dans Cambessèdes un 
adepte fervent et capable de l’honorer, 

Nous sommes en 1819. Dégoûté par les passions des partis, De Candolle a 
quitté depuis trois ans Montpellier, où son influence avait donné tant d'éclat 
à la botanique. Héritier des traditions de ce maître illustre et directeur par 
intérim du Jardin-des-plantes, Dunal est absorbé par l'impression de son 
mémoire sur les Vacciniées (1). 11 y a donc, en ce moment, interruption dans 
l'enseignement officiel de la botanique, et seul, le modeste Roubieu, repré- 
sentant fidèle mais attardé de l’école linnéenne, reproduit dans ses cours 
particuliers comme un écho de la parole du vieux Gouan. Cambessèdes 
suivit ses leçons, et, dans ce sens, Roubieu fut strictement son premier 
maître, comme il l’avait été de Dunal. Mais la campagne est avant tout le livre 
du botaniste, et c'est là que le jeune homme puisa sans doute par lui-même 
un enseignement plus large que celui du bon Roubieu. 

D'ailleurs, l’éclipse de l’enseignement officiel ne dura pas. Gette même 
année 1819, Delile vint de Paris occuper la chaire vacante de De Candolle à 
l'École de médecine. Delile fut pour Cambessèdes un guide excellent, quant 
à l'observation exacte des faits ; mais en revanche, Cambessèdes mit au service 
du professeur nouveau la connaissance pratique des localités classiques de la 
flore montpelliéraine., 11 fut de la sorte comme l’éclaireur de Delile dans ses 
premières études de notre région. Dès l’année 4821, nous le voyons préluder 
par une excursion toute printanière dans les Hautes-Cévennes à l'exploration 
qu'il fit deux mois plus terd de ces montagnes avec Delile et le jardinier 
Millois. 

Un carnet-album manuscrit nous a conservé le souvenir de ces deux 
Voyages. Du premier, il ne reste que l'itinéraire succinct, avec des listes de 
plantes en fleur ; mais les rapports des plantes avec la nature calcaire ou sili- 
ceuse du sol s’y trouvent nettement indiqués. Cette observation seule, reportée 
à sa vraie date, suppose chez le jeune herboriseur l'intelligence précoce des 
faits importants dont la géographie botanique n’a fait que plus tard une de 
ses préoccupations favorites. 

Du second voyage, exécuté au mois de juin, il reste un récit piquant, 


(1) Travail resté inédit, bien qu’en partie imprimé, mais dont les idées philoso- 
phiques furent reprises dans l’Essai sur les dédoublements de Moquin-Tandon (1822), 
et plus tard par Dunal lui-même dans ses Considérations sur les organes de la fleur. 


546 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


accompagné de dessins de paysage, d’édifices, de costumes du pays. La bota 
nique y tient sa place : mais le touriste y prend ses aises, et la jeunesse du 
narrateur s'y trahit moins par le style que par l'eutrain, la gaieté de cet esprit 
qui n'eut jamais de vieillesse, mais qui s'épanchait alors comme d'une source 
intarissable. Une courte citation pourra donner l'idée et comme le ton du récit ; 
il s’agit de la montagne de Saint-Guiral, non loin du Vigan : « Cette mon- 
» tagne est un des points les plus élevés de la chaîne des Cévennes (1415 m. 
» d'élévation au-dessus du niveau de la mer). On y remarque les restes 
» d'un ancien ermitage où les habitants des villages voisins viennent une 
» fois l'année en procession. Le dernier ermite de Saint-Guiral était, dit-on, 
» un homme de mon nom et de ma famille. S'il faut en croire ma 
» grand’mère, il avait fait vœu dans une bataille de se faire ermite s'il en 
» échappait. Le dieu des poltrons le couvrit de son égide. Aussitôt il endossa 
» le froc et fut prêcher dans les environs de Saint-Guiral. Des voleurs, attirés 
» Sans doute par l’appât de l'argent qu'on lui supposait, l'assassinèrent et 
» pillèrent son ermitage. Personne n’a été tenté de le remplacer. » 

Notons un trait en passant : le dieu des poltrons; Cambessèdes, qui ne 
connut jamais la peur, résumait dans ces mots bien du dédain pour son 
ancêtre porte-froc, et joignait à ce mépris beaucoup d'ironie voltairienne pour 
le soldat-moine. Ce côté de l'esprit de Gambessèdes, par lequel il tenait à la 
tradition du siècle dernier, ne l'empêchait pas de respecter chez les autres 
toutes les convictions sincères, tout comme la verdeur souvent un peu vive de 
sa parole, impitoyable pour la pruderie, n'alla jamais jusqu’à l'oubli des con- 
venances légitimes. 

Ceci dit, revenons à Montpellier, Cambessèdes y poursuit, pour la forme, ses 
études médicales, attestées par quatorze inscriptions, dont la dernière est du 
trimestre de juillet 1822. Membre de la Société d'histoire naturelle de Mont- 
pellier, il devient correspondant de la Société Linnéenne d’émulation de Bor- 
deaux. Débuts modestes, mais qu'on se rappelle avec douceur aux jours des 
succès et de l'ambition satisfaite ! D'ailleurs un théâtre nouveau s'ouvre à ses 
goûts d'étude et de plaisir ; Paris l'appelle : Paris va le posséder dans la période 
la plus brillante de sa vie, entre vingt-trois et trente-six ans, de la fin de 1822 
à l’année 1835. | 

Sur ce théâtre plus vaste, le jeune provincial est d’abord dépaysé. Mais 
quel beau passeport que la jeunesse et l’esprit, et la fortune et les relations 
distinguées ! Que de dangers pourtant dans ces avantages mêmes, si l'amour 
de la science n’y sert de contre-poids et de correctif ! Cambessèdes’ sortit 
vainqueur de l'épreuve. Il donna au monde ce que sa jeunesse et son entrain 
lui permettaient de donner : mais, à l'abri des frivolités par la trempe solide 
de son esprit, à l'épreuve des fatigues par la force de son tempérament, il sut 
allier la vie des salons, où sa verve se donnait carrière, avec le Lravail du 
cabinet, où la science lui ménageait des jouissances plus sérieuses. Surtout 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863. 547 


il choisit bien ses amis, et c’est par ces amitiés même que nous essaierons de 
connaître les directions multiples de sa brillante activité. 

Ces amitiés furent surtout littéraires et scientifiques, parfois les deux dans 
les mêmes hommes; car on n’était pas alors au temps où l’on put rêver un 
divorce entre la science et les lettres. 

Avec Adrien de Jussieu, J.-J. Ampère, Mérimée, Jacquemont, Élie de 
Beaumont, le savoir solide se revêtait naturellement d'esprit et de beau 
langage. Vivre en telle compagnie était un mérite, en même temps qu'un 
profit. Cambessèdes y vivait aimé, payant en belle humeur, en verve inépui- 
sable de conversation, sa très-large part dans cette fête de la jeunesse et de 
l'esprit. 

Comme botaniste, il avait de bonne heure trouvé dans Kunth un guide 
précieux autant qu’un ami dévoué. Venu de Berlin à Paris, pour y décrire 
les plantes rapportées du Nouveau-Monde par Humboldt et Bonpland, Kunth 
apprit de Louis-Claude Richard l’art des analyses exactes et de la description 
scrupuleuse des parties de la fleur et du fruit. Avec l'éducation linnéenne 
qu'il tenait de son premier maître, Willdenow, la structure de la graine 
lui était d’abord si peu connue, que son ami Aug. de Saint-Hilaire se 
vantait de lui avoir montré le premier des cotylédons. Mais, dans cette voie, 
l'élève de L.-C. Richard fut bientôt maître lui-même, et put exercer comme 
descripteur une influence dont les effets durent encore. 

Si nous marquons ici cette influence, c'est qu’elle s’exerça largement sur 
Cambessèdes, En ce sens, Cambessèdes eut également, dans Adr, de Jussieu, 
dans Aug. de Saint-Hilaire, des modèles et des émules ; comme eux, il joignit 
à l'analyse rigoureuse de L.-C. Richard la tendance aux recherches d'affinités 
qu'ils devaient aux féconds préceptes de l'illustre Antoine-Laurent de Jussieu. 
Ajoutons une troisième influence, l’action indirecte de De Candolle, dont la 
Théorie élémentaire de la botanique, éclose sous le ciel de Montpellier, pous- 
sait déjà les esprits dans la voie des études de la symétrie florale ; enfin, et 
Comme courant d'idées parallèle, constatons l'effet qu'eurent sur Cambes- 
sèdes et ses amis les vues ingénieuses de Ræper, où l'on retrouvait, sous une 
forme un peu subtile, l'extension hardie des théories morphologiques dont 
Robert Brown et De Candolle, après Wolf, Linné, Gæœthe et Du Petit- 
Thouars, s'étaient faits les premiers interprètes. 

À cette fascination d'un esprit ingénieux, Rœæper joignit d'ailleurs pour 
Cambessèdes l’attrait d’une sympathie personnelle. Il voulut même, étant 
professeur à Bâle, faire de son ami un docteur Aonoris causa, et c'est ainsi 
que l’ancien étudiant de la Faculté de médecine de Montpellier devint, par 
diplôme dûment paraphé, docteur-médecin de l'Université de Bâle. 

Mais une dernière influence doit encore être signalée, la plus modeste peut- 
être, la plus féconde au fond, celle qui demeura la plus vivante dans les souve- 
nirs de Cambessèdes. L'homme qu'il nommait volontiers son maitre, à qui sa 


518 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


pensée resta fidèle même pendant de longues années d'absence et de retraite, ce 
n’était pas un savant officiel, comblé de titres académiques : c'était un botaniste 
dans le sens le plus vrai du mot ; amateur passionné des plantes, familier avec 
tous. les détails de la végétation européenne, observateur infatigable, collecteur 
ardent, puriste en fait de langage descriptif, connaissant à fond les vieux 
auteurs que tant d’autres répèlent sans s’en douter, apportant dans ses 
recherches l'amour du vrai pour le vrai, scrupuleux jusqu’à la minutie, 
sévère pour lui-même et pour les autres en fait de précision et d’exactitude, 
mais cachant sous ses boutades et ses impatiences le cœur le plus délicate- 
ment dévoué. Get homme, dont la science remplit la vie sans lui donner les 
honneurs et la fortune, dont le salon fut pendant quarante ans pour les bota- 
nistes un centre de charmantes et cordiales réunions, ce vieillard resté si 
jeune, qui, hier encore, charmait vos séances par le récit animé de ses 
odyssées de botaniste, vos regrets le devinent et l'appellent, c'était notre véné- 
rable collègue, M. Jacques Gay. 

Toujours bienveillant pour la jeunesse, Jacques Gay, jeune encore lui- 
même, accueillit, dès son arrivée à Paris, le très-jeune botaniste de Montpel- 
lier. Il l’aida de ses conseils, et lui fit faire son premier travail : la Mono- 
graphie du genre Spiræa, qui parut en 4824, dans le recueil alors naissant 
des Annales des sciences naturelles. 

Cet essai d’un débutant était mieux qu'une promesse : des considérations 
générales y reliaient les faits de détail ; l'intelligence des affinités, la vue nette 
des rapports et des différences spécifiques, Ja clarté de l’exposition, le soin 
dans les citations et les synonymes, tout y révèle des qualités sérieuses qui se 
retrouveront plus tard, mûries et développées, dans le cadre plus étendu 
de ses travaux de botanique exotique. Mais, pour le moment et sous l'inspi- 
ration de Gay, Cambessèdes s’en tient à l'Europe, et prélude par l’explora- 
tion des Pyrénées à celle des îles Baléares. 

Parti de Paris en 1824, il passe à Bordeaux, herborise dans les Landes, 
traverse Mont-de-Marsan, Pau, Bagnères-de-Bigorre, visite le pic de 
l’Heyris, se rend à Bagnères-de-Luchon, d’où ses excursions s'étendent sur la 
région environnante, et particulièrement aux lacs de Seculejo et d'Oo. Partout 
il note soigneusement les altitudes des plantes, et surtout la limite supérieure 
des Sapins, remplissant en conscience le programme tout à fait scientifique 
tracé par son ami J. Gay, dont les instructions détaillées figurent en tête de 
son carnet de voyage. ‘ 

Ce n'était là, nous l'avons dit, qu’un prélude et une préparation à s0n 
exploration des Baléares. Ce groupe d'iles, jeté comme un jalon entre 
l’Europe et l'Afrique, était encore peu connu au point de vue de la végéta- 
tion, et surtout de la géographie botanique. Sur un mot d'Alexandre de Hum- 
boldt, Cambessèdes entreprit de combler cette lacune dans la science alors 
paissante de la distribution des végétaux suivant les zones.et les hauteurs. 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 18683. 549 


Entreprise au mois de mars 1825 (1), terminée dans le courant de juin de 
la même année, cette exploration donna pourtant à l’intrépide voyageur une 
riche moisson de plantes et d'observations. Botaniste et chasseur à la fois, il se 
servit parfois de son fusil pour la chasse aux plantes, témoin certain Si/ene 
(le Silene decumbens), dont il fit la conquête à coups de balles, en le déni- 
chant du haut des rochers où se balançaient ses touffes fleuries. Ce n’est pas 
d’ailleurs aux plantes seules que se bornaient ses recherches ; des mesures 
barométriques de montagnes, utilisées plus tard par son ami Élie de Beau- 
mont, des remarques sur la topographie du pays, sur les mœurs, les usages 
des habitants, furent également le fruit de cette intelligente étude. Quant aux 
résultats botaniques , il les élabora soigneusement dans sa Comparaison de la 
végétation des Baléares avec celle du bassin entier de la Méditerranée, et 
ce travail, fait à Paris avec les ressources de livres et d’herbiers d'une capi- 
tale, parut en 4827, dans le recueil des Mémoires du Muséum. Les bornes 
de cette rapide notice excluent toute analyse un peu détaillée des œuvres 
écrites. Sans cela, nous pourrions faire ressortir le mérite de cette florule, 
qui, sous le titre modeste d’énumération, résume la distribution géogra- 
phique de 694 espèces dans la région méditerranéenne de l'Olivier. 

Le retour de Cambessèdes en France fut marqué par un épisode bien 
extra-scientifique, mais qui peint trop le caractère de l’homme pour que nous 
résistions au plaisir de le rappeler. 

Admis par faveur à bord d’un bâtiment de guerre français, Cambessèdes 
apprit en route que ce navire allait remplir une mission en Espagne. Comme 
indemnité de frais de notre récente intervention armée dans la Péninsule, la 
France, au lieu d'argent que le gouvernement espagnol ne pouvait donner, 
réclamait des canons de place régulièrement cédés par des conventions. Le 
point difficile était de les prendre sous les yeux d'une population humiliée, 
Pour qui les Français, sauveurs ou non de la monarchie, n'en étaient pas 
moins l'ennemi. Cette fois, on débarque à Denia, dans le royaume de 
Valence. Le commandant français est en règle; il vient réclamer les canons 
Promis; mais, comme il faudra discuter peut-être et qu'il ne sait pas l’espa- 
gnol, un interprète est nécessaire, Cambessèdes se présente, on Jai donne le 
Costume officiel de lieutenant; quant au danger, il n’y songe pas, ou, pour 
mieux dire, c’est un attrait de plus. 

On débarque, on va droit au gouverneur: celui-ci feint d’abord d'être 
absent : l'indiscrétion de sa fille le trahit. Il comparaît et feint de s’exécuter, 
Mais c’est pour gagner du temps : « Voilà les canons, dit-il, emportez-les. » 
Nos officiers se récrient ; ils menacent des foudres diplomatiques. Bref, le 
Bouverneur, passant tout d’un coup à l'excès du zèle, fait traîner les canons à 


(4) C’est par suite d’une faute d'impression que la date de 1824 est assignée au 
pe dans l'introduction de l'Énumération des plantes des Baléares; la vraie date 
est 1825, 


550 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


hord par des paysans, que le bâton force à ce service improvisé. Mais, tandis 
que cette corvée s'achève, la fille du gouverneur envoie à nos Français un avis 
pressant; il fant partir, le peuple s'ameute; le danger devient sérieux. Al 
était temps, en effet, les poignards s’agitaient déjà dans bien des mains, et 
l'escorte même qui protégea nos compatriotes contre la fureur du peuple 
leur parut bien près de changer de rôle et de se tourner contre eux. 

Ainsi finit, par un épisode semi-tragique, une excursion entreprise sous Jes 
pacifiques auspices de la science des fleurs. 

Les autres excursions de Cambessèdes n’offrent rien de saillant au point de 
vue de la science. Bornées au territoire de la France, elles enrichirent son 
herbier de plantes et sa anémoire d'anecdotes qu'il savait raconter avec un 
entrain tout à lui. 

Un de ces voyages eut pour théâtre. l'Auvergne, et particulièrement le 
Mont-Dore. Adrien et Alexis de Jussieu, J.-J. Ampère étaient de la partie. 
C'est dire si l'on y dépensa de la belle humeur et de l'esprit. Mais un trait 
d'imprudence de Cambessèdes faillit jeter du noir sur cette gaieté. 

Entraïné par l’ardeur de la chasse (au gibier aussi bien qu'aux plantes, car 
son fusil ne quittait pas sa boîte de botaniste), il s’engagea très-avant dans les 
tourbes du lac marécageux de Chambedaze. Ce fut merveille qu'il en sortit 
sain et sauf. Ce même «danger, nous l'avons couru longtemps après aux 
mêmes lieux, en cherchant à recueillir le rare Nufar pumilum; et, par une 
singulière coïncidence, c'est tout près.de à, sur les bords du lac Ghauvet, que 
J.:Gay, presque octogénaire, emporté par l'amour des Zsoètes, vit ses forces 
trahirson courage, et faillit être victime de son ardeur pour les plantes (1). 

C'est dans l'herbier de Cambessèdes qu'il nous serait facile de suivre la 
trace.de es promenades. Les sites classiques d’Enghien, d’Étampes, de Mont- 
morency, de Fontainebleau s'y révèleraient à tout moment.par leurs plantes 
spéciales. Mais qui pourrait.nous rendre les scènes dont ces brins de fleurs ne 
sont.que les pâles et muets témoins ? Le nom de Vanteuil y rappelle aux initiés 
Ja vie de.campagne des Jussieu, et cette hospitalité ;charmante assaisonnée 
de science et de vive causerie. La botanique en vacances y faisait l’école 
buissonnière,.et Gambessèdes, toujours chasseur, y battait les buissons aû 
profit.de la table commune, qualité qui le faisait apprécier de la.maiîtresse de 
maison, bien au-dessus d’un simple récolteur de foin botanique. 

Voilà pour les délassements: mais le travail avait ses droits dans celte vie ei 
apparence dissipée, travail sérieux, attentif, méthodique, dont les manuscrits 
de:Cambessèdes portent le plus évident témoignage, et qui se manifestait au 
‘dehors par d'importantes publications. 

Après .sa courte monographie des:Globulaires, publiée en 1826, un im- 
portant mémoire, celui Sur les Ternstræmiacées et les Guttifères (1828); 


(1) Voy.J. Gay, in Bull. Soc. bot. de Fr.t. VIT, p. 620-622. 


SÉANCE DU 411 DÉCEMBRE 1863. 554 
marqua les progrès du jeune savant dans la voie de la botanique systé- 
matique. 

L'année suivante vit paraître son travail sur la famille des Sapindacées, sa 
note sur les Élatinées établies comme nouvelle famille de plantes. Délimitation 
plus précise des genres anciens, création de genres nouveaux, remarques 
judicieuses sur la structure et les affinités des végétaux, ordre et clarté de 
l'exposition, prudence modeste dans les considérations générales, tout atteste 
dans ces études la double influence de L.-C. Richard et d’A-L. de Jussieu. 
Un an plus tard (1830), ses Observations sur l’organisation florale des 
plantes de la famille des Capparidées, veflétaient d'autres influences, celles 
des idées philosophiques de De Candolle, de Dunal et de Rœper, sur la 
symétrie florale. 

A cette période, ‘du reste, et depuis son retour des Baléares, le champ 
d'études ‘de Cambessèdes s'était singulièrement agrandi. Ce n’est plus à 
l'Europe, à la France, au bassin de la Méditerranée, que se bornait son 
ambition. Le Brésil, avec ses richesses végétales, neuves alors, presque vierges, 
aujoürd’hai encore inépuisées, lui révélait les splendeurs d'une flore tropi- 
cäle, passant par degrés, dans les provincés du ‘sud, aux proportious plus 
modéstes d'une flore de la zone tempérée. H était depuis 4827, «et resta jus- 
qu'en 1833, avec son ‘ami Adr. de Jussieu, collaborateur achif d'Aug. de 
Saint-Hilaire pour de Ælora Brasiliæ meridionalis et pour les Plantes 
usuelles des Brasiliens. Rivalisant avec le grand ouvrage de Kunth sur les 
Plantes ‘de Humboldt et Bonpland, l'égalant par l’exactitude des descrip- 
tiofs, par la manière à la fois darge et précise de considérer les genres, le 
dépassant même par l'adjonction des considérations d'ensemble, la première 
‘œuvre, malheureusement ‘inachevée, reste-un modèle dans le genre.descriptif, 
De ‘beaux dessins y rendent, avec une “élégante exactitude, les traits ‘des 
espèces remarquables, avec une précision æigoureuse, les-détails intimes de 
éur organisation. 

Les ‘rapports de Cambessèdes avec Aug. ‘de Saint-Hilaire, mais surtout 
Ceux d'Aug. de Saint-Hilaire avec Adrien de Jussieu ‘furent marqués de loin 
en ‘loin par quelques froissements inévitables. Plus âgé que ses deux collabo- 
Täteurs, sous le coup d'une maladie nérveuse ‘qui, tout en respectant son 
intelligence, donnait à'ses impressions une sensibilité presque maladive, Saint- 
Hilaire subissait avec peine ce qu'il appelaitles exigences du fils de son ancien 
Maître A.-L. de Jussieu, Longtemps exelu des placesietides honneurs aux- 
quels son âge et ses travaux lui donnaient droit, isolé par son indépendance 
même et par son état de célibataire dans leigroupe des professeurs, dont les 
fils grandissaient sous ses veux, ilse croyait plus que-deraison, mais non sans 
raison peut-être, un obstacle à des ambitions d’ailleurs légitimes, puisqu'elles 
s’appuyaient sur de vrais mérites. Bref, le Muséum-était pour lui le fort im- 
prenable du parti des professeurs, et, dans le fils de son ancien maitre, das ce 


552 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


jeune collaborateur que sa santé délabrée lui faisait subir, son imagination 
surexcitée voyait un rival d’autant plus à craindre qu’il ne pouvait s'empêcher 
de l’estimer. De là des difficultés de détail, des malentendus, des froisse- 
ments d’amour-propre, des torts réciproques, adoucis d’ailleurs par l'honné- 
teté parfaite des parties : lutte pénible, que notre respect affectueux pour 
Saint-Hilaire nous ferait couvrir d’un voile indulgent, si le souvenir n'en était 
encore présent chez des savants contemporains, et si l'attitude de Cambes- 
sèdes dans ces débats n’était un témoignagne de plus de la générosité de son 
caractère. 

Étroitement lié avec Adrien par la conformité des âges, des idées, des 
talents et des goûts, Cambessèdes prenait souvent parti pour son ami contre 
les susceptibilités de leur collaborateur. Mais, en dehors de cette partialité 
bien excusable, l’âge, le savoir, l'honnêteté profonde, l’urbanité parfaite de 
Saint-Hilaire commandaient le respect à Cambessèdes et lui rendaient naturel 
le rôle de conciliateur. De son côté, malgré la timidité de son caractère, 
malgré la réserve de ses manières, malgré la débilité de son tempérament de 
malade, Saint-Hilaire aima toujours dans Cambessèdes l'épanouissement de 
la jeunesse, l’entrain bruyant de l’humeur, ou plutôt ces qualités extérieures, 
indices d’un cœur chaud et généreux, exercèrent sur son esprit timide une 
fascination qu’explique peut-être le contraste même des deux natures. 

Sous ces légers troubles, du reste, entre gens faits pour s'estimer et dignes 
de se comprendre, la science établissait un courant commun de vues et 
d'expressions, qui donnait à cette œuvre multiple un caractère d'unité bien 
rare dans les travaux collectifs ; on y sent les mêmes principes, puisés à la 
même école. Saint-Hilaire, malade, éloigné de Paris, fait de prodigieux efforts 
d'esprit pour maintenir cette unité. Le talent de ses collaborateurs lui rend 
facile cette tâche ingrate. S'il insiste avec un soin minutieux sur l'exactitude 
des noms des localités brésiliennes, s’il explique de loin ce qui peut rester 
obscur dans ses notes de voyageur, il n’en approuve pas moins dans s0n 
ensemble la manière de ses jeunes aides, et ne ménage pas, à Cambessèdes en 
particulier , ses encouragements et ses éloges. « J'ai la vos descriptions, 
» écrit-il en septembre 1827, et je ne puis que vous en faire compliment. 
» Elles sont comme je les aime, claires; on les lit sans peine, et elles me 
» paraissent bien peindre les objets. Votre manière se rapproche de la 
» mienne; je serais tenté d'en concevoir de l’amour-propre, si cela convenait 
v à un pauvre souffreteux. » Et plus tard, en novembre 1828, à propos de 
descriptions de Sapindacées : « Cela est bien, très-bien ; j'y trouve tout Ce 
» qui me plaît dans une description : ordre , clarté, choix heureux d’expres- 
» sions. Ne changez point de méthode, sous prétexte de faire mieux; faites 
» comme vous avez fait, ct le mieux, si vous ne l'avez pas atteint, viendra 
» tout seul, sans que vous vous en aperceriez. On peut actuellement vous 
» Compter parmi ceux qui ont le mieux décrit. » 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863. 553 

Mince mérite et mince éloge, dira-t-on peut-être, en songeant que les 
descriptions ne sont dans la science qu’un moyen et non la science elle-même. 
Mais ce moyen ne suppose-t-il pas la connaissance des objets, et la forme, en 
pareille matière, n’emporte-t-elle pas le fond ? Aux détracteurs, aujourd'hui 
nombreux, de la partie descriptive et systématique des sciences naturelles, 
on peut opposer les noms de Clusius, de Tournefort , de Linné, des Jussieu, 
de Cuvier et de De Candolle. Où serait la philosophie de ces sciences, si 
ces grands esprits n’en avaient posé les fondements sur des faits bien observés 
et traduits dans une langue précise ? 

Cambessèdes était d’ailleurs incapable de se renfermer dans le cadre étroit 
de la pure description des formes. Il acceptait cette tâche comme un exercice 
nécessaire, comme une manière de préciser ses idées. Mais cet échafaudage 
technique ne déroba jamais à ses yeux le grand spectacle du plan de la 
nature, se dévoilant en traits sublimes dans ses grandes lignes d’ensemble, en 
surprises charmantes dans l’infinie variété de ses détails. 

Accepter la tâche modeste et laborieuse de descripteur n’était donc, pour 
notre jeune botaniste, que suivre la tradition de grands maîtres, dont le génie 
n'avait pas dédaigné cet exercice du coup d'œil et de l'attention. Mais, comme 
dédommagement à cette discipline ingrate de la pensée, Gambessèdes trouvait 
dans le monde, dans un monde de choix, dans le cercle de ses amis intimes, 
l'occasion de développer son esprit dans le sens des connaissances générales. 
Avec Kunth, Guillemin, Achille Richard, J, Gay, il était surtout botaniste ; 
avec Adrien de Jussieu et Jacquemont, les horizons s'étendaient et la science 
se faisait plus lettrée ; avec J.-J, Ampère et Mérimée, la pensée se tournait 
moins vers la nature elle-même que sur la littérature, l’histoire et l’observa- 
tion des hommes, Dans les salons de M. Pasquier, de M. de Sémonville, 
l'esprit s'exerçait aux finesses élégantes de la causerie parisienne. 

Mais voici dans la vie de Cambessèdes un épisode tout nouveau. La révolu- 
tion de juillet 1830 a laissé Paris en état d’ébullition ; l'orage gronde constam- 
ment autour de la dynastie nouvelle, l'émeute fermente dans la rue : le sac de 
l'archevêché, la chasse aux habits de prêtres, sont les signes de la passion 
révolutionnaire. Légitimiste par ses alliances, libéral d’instinct et de goûts, 
libre d’ailleurs par lui-même de toute dépendance dynastique, Cambessèdes, 
qui n’avait pas eu de rôle actif dans les journées de juillet, en prit un dès qu'il 
fallut en défendre les résultats essentiels et fixer sur la base de l’ordre l'édifice 
encore branlant des libertés. Improvisé capitaine d'état-major de la garde 
nationale, il devint aide-de-camp de son oncle à la mode de Bretagne, le géné- 
ral Mathieu Dumas. Dans ce poste, plus cnoforme à ses instincts d'indépen- 
dance que ne l'eût été le pur régime militaire, il déploya des ressources 
inouïes de bravoure ct de présence d'esprit. Vingt fois il exposa sa vie en des 
Missions difficiles, sauvant un prètre des mains de la populace, faisant de 
Son corps un rempart à de hauts personnages menacés, notamment aux 

. - 37 


554 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ministres de Charles X pendant leur procès au Luxembourg, allant en pleine 
nuit, sous l’escorte menaçante de conspirateurs des clubs, prévenir M. Pas- 
quier des projets d'émeute contre la Chambre des pairs ; signalant tout haut 
à l’honnête Lafayette les agents révolutionnaires qui se glissaient dans ses 
salons ; partout il se montra vigilant, intrépide, brave sans forfanterie, plein 
de sens et de tact au milieu des passions déchaînées. 

Mais cet épisode militaire ne fut heureusement qu’un intermède dans son 
existence scientifique. ILest curieux d’en trouver la trace dans des lettres de 
son ami Jacquemont, lettres écrites du fond de l'Inde, d'où ce vif et charmant 
esprit suivait avec un intérêt fiévreux les événements de son pays (1). 

Donc, comme le dit spirituellement Jacquemont, Cambessèdes, renonçant 
à ses « grandeurs chevauchantes », reprit, dès les premiers mois de 1834, 
la loupe, la pointe de canif et la plume. La place d'aide-naturaliste qu'il avait 
acceptée au Muséum n'était pour lui qu'un prétexte pour continuer de vivre 
à Paris, malgré les instances de son père, qui le rappelait à Montpellier. 

Une collaboration plus active à la Ælore du Brésil fut le premier signe de 
cette nouvelle ardeur. Mais bientôt un devoir pieux le fit renoncer à cette 
tâche, pour jeter sur la mémoire d’un ami au moins un reflet de gloire pos- 
thume. Cambessèdes entreprit la description des plantes de Jacquemont. 

« Quoi que le docteur Wallich ait fait et fait faire, il me restera assez de 
» nouveautés en botanique pour avoir le prétexte d'un livre de botanique, 
» c'est-à-dire une description des diverses espèces de plantes de l'Himalaya, 
» et, sije ne m’abuse, le livre que je conçois, fort peu volumineux, ne sera 
» pas dépourvu d'intérêt. Je comparerai la végétation de l'Himalaya à celle 


(1) On nous saura gré, sans doute, d'extraire des papiers de Cambessèdes les deux 
lettres inédites de Jacquemont où des allusions sont faites à cette période de la vie de 
son ami. Nous ne résistons pas même au désir de reproduire la plus grande partie, de 
ces lettres, où se peint si bien, avec ses qualités et ses défauts, le caractère de l'écrivain. 
Nous en retranchons seulement des passages où son humeur gauloise et sarcastique 
s'exerce trop librement sur des personnages dignes de respect : 


« À la source de l'Hydaspe, au diable! tout au fond des 
montagnes de Cachemyr, le 21 juillet 4854. 


» Vous savez trop bien par expérience, mon cher ami, la besogne qui accueille, à leur 
retour au gîte, ceux de notre métier qui viennent de grimper le matin à cinq ou pe 
mille pieds au-dessus du niveau de la mer, pour ne pas excuser la brièveté préméditée de 
ces lignes. J'étais nubicole ce matin et ne suis pas revenu les mains vides de la région des 
nuages, où les trésors à notre usage ne manquent point. La besogne me déborde. Mais la 
rare occasion d’un courrier se présente, et je laisse à mes gens le soin de mes herbes pour 
satisfaire à quelques dettes urgentes. 11 y avait juste un an que je n'avais. pas reçu (dé 
nouvelles d'Europe, quand une masse énorme de correspondance est venue fondre sur 
moi dans ces solitudes. 1! y a deux jours ; je tremble encore de la diversité des émotions 
que leur lecture a excitées en moi. Vous êtes, mon bou ami, au nombre de ceux dont je 
n'aurais pas assuré la tête ; car j'étais bien persuadé que vous n’auriez pas regardé les 
autres faire il y a unan à pareil mois. Mon père m’écrit : Ton ami Cambessèdes est un 
fier luron, ma foi; — et les journaux de Paris, que l’extrême obligeance du gouverneur 


SÉANCE DU 1Â1 DÉCEMBRE 1863. 555 


» des Alpes, des ÆXocky mountains à l'ouest du Missouri, et des hautes 
» Cordillères de l'Amérique équinoxiale ! » 

Ainsi écrivait à son frère Porphyre, le 4° novembre 1830, l'illustre et 
infortuné voyageur. Noble rêve, que la mort impitoyable devait dissiper, avec 
bien d’autres, le 7 décembre 4832, dans les plaines brûlantes de l’Indostan, 

Ce que rêvait Jacquemont, il pouvait seul l’accomplir. Observateur péné- 
trant, peintre plein de sentiment et de goût, il aurait sans doute esquissé 
d'une façon magistrale ces grands traits de la nature, dont ses lettres trahis- 
sent si bien la saisissante impression. Au lieu de ce tableau vivant, Cambes- 
sèdes ne pouvait faire et ne fit qu’une froide étude technique ; il mit à cette 
œuvre son talent de descripteur ; mais des épaves ainsi arrachées au naufrage 
d'un grand voyageur ne font que mieux sentir le vide que laisse sa perte 
prématurée. 

Si quelqu'un, du reste, parmi les amis de Jacquemont, dut cruellement 
sentir cette perte, ce fut Cambessèdes. Ils s'étaient connus de bonne heure, 
à Montpellier, en 4821, alors que Jacquemont, dans son ardeur de bota- 
niste néophyte, préludait, par un voyage pédestre en Auvergne, dans les 
Cévennes, en Languedoc, en Provence, à ses grandes courses dans les Alpes, 
à ses visites à Saint-Domingue, aux États-Unis, et surtout à son mémorable 
voyage dans l'Inde. Jacquemont avait alors vingt ans, et Cambessèdes, à 
quelques jours près, un an de plus. Tous deux pleins de feu, intrépides jusqu'à 
l'imprudence, rivalisaient sans doute de zèle et d'entraînement dans leurs 
courses botaniques. On raconte même du premier un trait de hardiesse qui 
dut le grandir aux yeux de son digne émule. 


général me fait parvenir à 200 lieues de ses frontières, m'apprennent que le capitaine 
Cambessèdes, aide-de-camp de son oncle et inspecteur lui-même au petit pied des gardes 
nationales, passe des revues en province, fait tourner à gauche et à droite, puis fait 
former le cercle, et monte à cheval pour recommencer ailleurs, et court encore. Que 
devient la Flore du Brésil dans cette bagarre? » 

« 16 octobre 1834. 


» Mon père m'écrivait au mois de mars dernier que vous aviez mis de côté votre grand 
sabre et vos éperons pour reprendre la loupe, la pointe de camif et la plume. Il m'a dit 
aussi que vous aviez accepté la place de Toscan (aide-naturaliste au Muséum) pour 
prouver à vos parents de Montpellier que vous deviez rester à Paris. J'imagine que, par 
le temps qui court, la politique divise bien des familles, surtout dans votre midi, et que 
l'air de Paris est regardé comme fort mauvais par bien des habitants de votre province. 
Tel, à ma connaissance, est arrivé de Touraine à Paris passablement orthodoxe il y a 
quelques années, que voilà devenu un enragé, T... par exemple. Depuis la démission de 
M: de La Fayette, votre oncle M. Dumas me paraît retiré dans la coulisse, et déjà je 
pense qu'avec lui vous aurez quitté les grandeurs chevauchantes. Ardent comme vous 
l'êtes, cet entr’acte de vos études accoutumées a dû vous intéresser vivement. Mais 
quand le mouvement se prolonge, il finit par paraître aussi monotone que le repos. Cela 
est vrai, même de ln tempête, sans métaphore. Quand clle dure plus de vingt-quatre 
heures, on ne songe plus à admirer sa beanté : elle ne semble qu’incommode. Je ne 
doute pas que vous n’ayez retrouvé des charmes à la bo‘anique après l’infidélité patrio= 
tique que vous lui avez faite en passant: » 


596 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Dans une excursion avec Delile et d’autres amis, ils parcouraient le revers 
septentrional du pic de Saint-Loup. Jacquemont lève les yeux sur l’escarpe- 
ment qui se dresse sur leurs têtes. « C’est là que l’on grimpe? », dit-il. Les 
compagnons rient de ce mot comme d'une bravade sans conséquence. Un 
quart d'heure après, ils se retournent à la voix du jeune imprudent qui, 
monté par des ravins en apparence impraticables, les appelait triomphalement 
de la crête dn précipice. 

eci marque ua trait commun entre Jacquemont et Cambessèdes : bien 
d’autres liens et de meilleurs expliquent leur étroite intimité. Même âge, 
mêmes goûts, même verve, même penchant à la raillerie, tempérée néan- 
moins par une bonté naturelle et par cette générosité qui fait dire avec une 
légitime-indulgence : mauvaise tête, mais bon cœur. C’est le privilége de ces 
natures sympathiques de faire pardonner, que dis-je? de faire aimer jusqu'à 
leurs défauts; car ces défauts n’ont rien qui sente le vice, ni qui rappelle les 
calculs de l'intérêt et de l’égoïsme. 

L'œuvre de Cambessèdes sur les collections botaniques de Jacquemont 
l'occupa de 1833 jusqu’en 1835, c’est-à-dire pendant tout le reste de son 
séjour à Paris, et l’on peut ajouter de sa vie de botaniste, Il essaya même de 
la continuer de loin, et n’y renonça que devant l'impossibilité absolue de la 
poursuivre, même avec l'assistance désintéressée de ses amis, sans les res- 
sources des herbiers et des livres de la capitale (1). 

Dès lors, en effet, il était entré dans la seconde phase de sa carrière : le 
botaniste s'était fait agriculteur, le parisien était devenu cévenol; et, tandis que 
ses amis scientifiques lui adressaient de vains appels pour le ramener dans 
leurs rangs, lui, plus soucieux d'indépendance que de gloire, s’enfonçait 
comme à plaisir dans l'obscurité relative de la vie de provincial et de campa- 
gnard (2). 

Suivons-le dans cette retraite : nous le retrouverons, au fond, le même, 
incapable de repos, mais tournant cette fois dans le cercle des applications 
pratiques l'expérience des hommes et des choses, que vingt-cinq ans de cul- 
ture scientifique lui avaient donnée. 

r'est en 1835 que la mort de son père, en lui laissant de vastes propriétés, 


(1) L'ouvrage ainsi interrompu a été dignement continué et complété par notre ami 
M. Decaisne. 

(2) La place de Cambessèdes était naturellement marquée dans la section botanique 
de l’Académie des sciences. S'il n’y entra pas, ce fut moins sa faute que celle des circon- 
stances. Présenté une première fois en 1829, alors qu'il n’avait pas encore trente ans, 
ils’effaça plus lard, en 1831, devant Adr. de Jussieu. Plus tard encore, en 1834, sur le 
conseil d’Agrien de Jussieu et malgré les incitations en sens inverse d’Auguste de Saint- 
lilaire, Cambessèdes, plus fidèle à ses affections que soucieux de titres, laissa le champ 
libre à son ami Achille Richard lorsqu'il s’agit de remplacer Labillardière. Enfin, lorsque, 
après un premier échec, dans sa concurrence avec Gaudichaud, ses amis de Paris vou- 
lurent le rappeler en lui proposant de le faire entrer à l’Institut, il refusa ces offres 
séduisantes, qui venaient trop tard pour l’arracher à ses nouvelles préoccupations. 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863. : 557 


lui légua, presque comme devoir de tradition, la nécessité de les exploiter. 
Sacrifice ou non, ce devoir fut pleinement accepté; il en prit les charges, il 
en saisit les avantages. Ses livres, son herbier, transportés dans sa nouvelle 
demeure, dirent assez qu'il n’entendait pas divorcer avec ses goûts intellec- 
tuels; mais le choix même de sa résidence, dans la solitude d'un haut plateau 
de montagnes, prouva qu'il entendait prendre au sérieux sa vie nouvelle 
d’agriçulteur. 

Le domaine de Pradines, où se cantonna son existence entre 1836 et 1855, 
est situé sur le Causse-Noir, à quelques pas du hameau de Lanuéjols, non loin 
de la petite ville de Mevrncis, sur la limite des trois départements du Gard, 
de la Lozère et de l'Aveyron. Tous ces causses des Hantes-Cévennes sont des 
plateaux calcaires, à climat rude, souvent couverts de neige pendant l'hiver, 
arides pendant les chaleurs de l'été, nus, pierreux, presque sans arbres, 
nourrissant dans leur sol argilo-calcaire le Froment, que ne connaissent pas 
les montagnes granitiques ou talqueuses, et sur Jeurs maigres pâturages la 
race à chair savoureuse des bêtes à laine de Larzac. 

Placé sur ce terrain comme dans un champ d'expérience, Cambessèdes en 
étudia les conditions avec le coup d'œil éclairé du savant et l'intelligence d’un 
homme qui, dans les matières pratiques, sait profiter des leçons de la tra- 
dition locale, tout en modifiant par les données de la logique les procédés 
rouliniers des paysans. Ilse fit, au prix de quelques mécomptes, son expé- 
rience personnelle, et s'empressa de répandre, au profit de ses voisins, les 
notions acquises à ses propres frais. Après quelques années de séjour, il pou- 
vait déjà consigner dans une note concise les premiers résultats de ses intel- 
ligents efforts, et, si plus tard-il ne prit pas souvent la plume sur des sujets 
agricoles, c'est que, travaillant sur un champ restreint et soumis à des condi- 
tions spéciales, il pouvait offrir aux paysans, dans sa pratique de tous les 
jours, l’enseignement le plus fécond peut-être, celui qui se traduit aux yeux 
par l'apparence des récoltes et dans le livre de comptes par la balance des 
dépenses et des recettes. 

Distinguant avec soin les terres fortes argilo-calcaires des terres maigres 
où domine la dolomnie, il sut appliquer à chacun de ces terrains un assolement 
particulier, Un épierrement coûteux, des écobuages suivis de merveilleux 
résultats, des défrichements de vieilles jachères infestées d’herbes vivaces et 
dures, telles que le Vardus stricta et le Serpolet, lui permirent l'établissement 
de prairies artificielles, grâce à l'emploi du Sainfoin et du Trèfle, et d'un 
mélange de ces Légumineuses avec la Fenasse (1) et la Pimprenelle. Partout où 
là trop mince épaisseur du sol n’admettait que le pacage naturel, l'introduc- 


(1) Le mot Fenasse s'applique, dans le midi de la France, à l'Avena elatior ; mais 
Cambessèdes désigne ainsi un mélange de Graminées croissant naturellement sur 
les bords des champs des causses, et parmi lesquelles domine la Fenasse proprement 
dite. 


558 , SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tion de la Minette (Medicago lupulina) augmenta notablement le produit du 
pâturage. Quelques modifications judicieuses apportées à l’araire ou charrue 
traditionnelle du pays, l’achat d’une batteuse anglaise, alors nouvellement 
importée, l'amélioration de la race des moutons par le métissage avec les 
béliers-mérinos, la substitution des brebis aux imoutons, une meïlleure nour- 
riture ménagée à ce bétail par les récoltes de fourrages et de racines, l’adjonc- 
tion des chevaux et des mulets aux bœufs comme animaux de labour, tels 
furent, en résumé, les progrès réalisés dans cette exploitation modèle, où 


l'initiative d’un particulier travaillait sans bruit à l'instruction agricole du 
pays. 

:omme dédommagement au sacrifice qu’il avait fait en quittant la vie pari- 
sienne, Cambessèdes se livra de plus belle à ses goûts de chasse et de cheval. 
Lieutenant de louveterie pour l'arrondissement du Vigan, il apporta dans ces 
fonctions nouvelles toute l’ardeur de son caractère, Les bois des Cévennes 
retentirent pendant plusietfrs années du bruit de son cor et des aboïements 
de sa meute, Il ne s'arrêta même dans cette ferveur dispendieuse de la grande 
chasse que lorsque les loups, seul gros gibier de la contrée, eurent presque 
entièrement disparu. Mais, dans ces expéditions parfois périlleuses, à travers 
les rochers et les bois, le botaniste se retrouvait sous la casaque du chasseur. 
C’est en chassant sur le Causse-Noir qu'il découvrit le Spiræa hypericifolia, 
jadis signalé par Gouan sur le Larzac, sous le nom faux de Spiræa crenata. 
C'est ainsi qu’il trouva sur le même causse le rare Adonis vernalis, et dans 
les bois de Servillières le bel £rythronium Dens canis ; de même que son 
coup d'œil botanique lui fit découvrir près de Trèves la petite Crucifère 
appelée par Jacques Gay, d’après des échantillons de Prost, Æutchinsia 
Prostii, et rapportée par M. Loret à l'ÆAutchinsia pauciflora Koch (sub 
. Capsella) (1). 

L'amour du cheval n’était pas non plus, pour Cambessèdes, une simple 
passion de luxe ou d’amusement ; c'était un goût éclairé, raisonné, où la 
vanité n’entrait pour rien, où les habitudes du furf et les manières du jochey- 
club n'avaient rien à voir. I} aimait le cheval en artiste, en cavalier con- 
sommé ; il l’étudiait et le jugeait en connaisseur ; il l’appréciait au point de 


(4) La botanique seule ne profitait pas de ces observations du chasseur. Une décou- 
verte plus importante, celle d'une mine de charbon (encore exploitée) dans les terrains 
jurassiques du Causse-Noir, tout près de Pradines, fut le fruit de ces courses multipliées; 
enfin c’est au retour d’une grande chasse que lui vint, sur les lieux, l’idée de la reclifica- 
tlon de la route départementale (n° 24) qui doit relier Meyrueis au Vigan, route dont le 
conseil municipal du Vigan, par une délibération spéciale et dans un banquet officiel, le 
déclara inventeur et défenseur. 

Toujours préoccupé, du reste, d'améliorations profitables au public, il avait, pendant 
ses fréquents séjours chez son ami M. Sabatier d’Espeyran, conçu et étudié le plan du 
desséchement des marais voisins de Saint-Gilles. Dans une excursion en Camargue, 
observant de grands pieds de Phillyrea angustifolia, il s'était demandé si l'Olivier ne 
pourrait pas, greffé sur cet arbuste, donner des récoltes dans ce terrain tout à fait 


SÉANCE DU A4 DÉCEMBRE 1863. 559 


vue de l'utilité et de la beauté intrinsèque. Pradines devint, sous sa direction, 
entre 1844 et 1848, un dépôt d’étalons pour l'amélioration des races. Son 
expérience pratique se traduisit à cet égard dans une note intéressante, inti- 
tulée : Une opinion d'éleveur (14). IL y fait sentir l'influence si différente 
qu'exercent sur l'élève du cheval, dans sa période de croissance, d'une part, 
les pâturages et les eaux des régions calcaires qui fournissent naturellement 
l'élément indispensable à la charpente osseuse de l'animal ; d'autre part, les 
régions granitiques où l'absence de calcaire assimilable crée, pour les pou- 
lains, la faiblesse des membres, les articulations défectueuses, les formes 
allongées et grêles et les fluxions périodiques. 

Cette idée, dont il s’attribuait le mérite, il crovait l'avoir reconnue plus 
tard dans un travail où l’auteur la donnait pour sienne; mais, s’il se vengeait 
quelque peu des plagiats de ce genre en en riant avec ses amis, jamais l'idée 
fe lui vint d'élever, par amour-propre, une réclamation de priorité. Son 
désintéressement à cet égard ressemblerait même à de l’insouciance, si des 
preuves surabondantes ne le rattachaïent à ses vrais mobiles : l'absence d'am- 
bition, la haine du paraitre et la générosité. 

Ce dernier trait de caractère était, chez lui, prédominant. Vif dans ses mouve- 
ments d'impatience, emporté parfois, et trop sensible peut-être au point d'hon- 
neur, il revenait aisément de ses préventions et même de ses légitimes griefs. 
La haine ne mordit jamais ce cœur expansif ; l’alfection le trouva toujours 
ardent, toujours débordant. Aucune peine, aucune difficulté ne l’arrêtait 
quand il s'agissait de rendre service. On tirait hardiment sur lui ces lettres 
de change de l'amitié, assuré d'avance qu'il ferait honneur à sa signature, Et 
ce qu'il était, à cet égard, pour ses amis du monde et de la science, il le fut 
dans ses montagnes pour les plus simples paysans : accessible à tous, donnant 
à tous ses conseils et son temps ; adoré de ses serviteurs, qui savaient recon- 
naître sous ses impatiences ce fonds de bonté naturelle envers les humbles 
qui caractérise les âmes d'élite. 

Le désintéressement fut aussi l'un des traits de sa nature. On à vu com 
ent il s'était effacé devant des amis pour l'obtention de titres académiques. 
IL sut aussi refuser les brofits et les honneurs, alors même qu'ils s'offraient à 


inculte (*). Enfin un de ses derniers essais avait été d'introduire dans les Cévennes, 
près de Meyrueis, les pommes à cidre de Normandie, ef les greffant sur les Poiriers 
Sauvageons de la contrée. Cette expérience, pour laquelle un de nos bons amis, M. F. 
Wanner (du Havre) Jui avait fourni des greffes, aura peut-être laissé quelques traces 
dans lé pays où elle a été tentée, mais Cambessèdes seul aurait pu sans doute la mener 
à bonne fin, 

(4) Journal des Haras, juillet 1847. 


(*} Ce n'était là qu'one présomption qu'il nous avait priés, M. le docteur Fages et moi, de vérifier 
chacun de notre côté, au moins en ce qui concerne la greffe de l'Olivier sur le Phillyrea ongustifolia. 
Un essai de M. le docteur Fages dans ce sens a réussi quant à la possibilité de cette greffe, mais la 
Yäleur pratique de eë procédé reste encore très-problématique. 


560 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


lai comme légitime récompense, C’est ainsi qu'il ne voulut point la croix 
d'honneur après son rôle d’aide-de-camp dans l’armée de l'ordre, aux pre- 
miers mois qui suivirent la révolution de juillet. C’est plus tard, en avril 
1838, que cette croix de chevalier lui fut donnée spontanément, à titre scien- 
tifique, par M. de Salvandy, dont le passage aux affaires fut marqué par tant 
de bienfaits dans le domaine de la culture intellectuelle. 

Maire de la commune de Lanuéjols en 1855, plus tard de Meyrueis depuis le 
44 juillet 1860 jusqu'à sa mort, membre du conseil général du Gard par quatre 
élections successives, en rapport constant avec la sous-préfecture de Florac 
(Lozère), mêlé à tous les intérêts agricoles, universitaires, administratifs de 
sa région, il apporteit dans ses fonctions toutes gratuites l'amour du bien, 
l'intelligence des hommes et des choses, le mépris des partis pris en politique; 
il ne croyait pas que la liberté, pour être féconde , eût besoin d’une cocarde. 
Le dévouement au pays effaçait pour lui toute dissidence d'opinion ou de 
tradition. 

Pour avoir fixé son séjour dans les âpres montagnes des Cévennes, Cam- 
bessèdes n'avait pas renoncé aux charmes de la vie sociale. Paris seul sembla 
lui faire peur, peut-être parce qu’il Ini souriait trop, ou plutôt parce que la 
mort y avait fait trop de vides dans ses amitiés et l’âge apporté trop de change- 
ment dans ses goûts. Montpellier et Nîmes devinrent alors pour lui des foyers 
de vie intellectuelle. Encore y fuyait-il le monde proprement dit, et s'enfer- 
mait-il volontiers dans un cercle restreint d'amis. IL y portail sa jeunesse sous 
des cheveux grisonnants; il animait tout de sa verve ; il égavait tout de sa belle 
humeur ; une légère surdité l’isolant des conversations trop générales, ne lui 
laissait que plus de goût pour là causerie intime. Ainsi nous l'avons vu dans 
ces trop rares instants qu'il nons donna comme derniers éclairs de sa vive 
intelligence. Ainsi le vimes-vous, en 1861, dans ses montagnes, et ce Son- 
venir de son hospitalité charmante se reflète naturellement dans les lignes 
sympathiques que nous consacrons à sa mémoire. 

L'hiver, pour un montagnard du causse, est une rude étape à franchir, La 
chasse en dissipait les ennuis. Avec l'été venaient les travaux en plein air; 
l'automne, saison sociable par excellence, amenait à Pradines, et plus tard à 
Férussac, des hôtes aimables, et la modeste demeure du causse ou du vallon 
devenait, pour quelques mois, le rendez-vous d'une société choisie. 

Férussac, que nous venons de nommer, fut dans les dernières années la 
résidence de Cambessèdes. Ne trouvant plus dans les cultures du causse des 
chances de prospérité pour l'avenir, ni même une rémunération suffisante 
pour le présent, voulant d'ailleurs épargner à M®° Cambessèdes les épreuves 
de cet exil, qu’elle avait si courageusement accepté et que les hivers cormmen- 
çaient à lui rendre rude, il avait acquis, en 1842, le domaine de Férussac, 
situé non loin de Pradines, dans une étroite vallée des Hautes-Cévennes, tout 
près des pittoresques bois de Pins-silvestres de Roquedols; c'était là pour ses 


SÉANCE DU A1 DÉCEMBRE 1863. 561 


goûts d’agriculteur un nouveau théâtre où s'exercer : il vint s’y établir en 1855. 
La nature schisteuse du sol appelait des amendements calcaires (1); des prairies 
naturellement irriguées demandaient des soins bien autres que les pacages secs 
ou les champs à céréales du causse; les flancs des montagnes se prêtaient aux 
reboisements par les arbres-verts ; l'habitation elle-même, pour être adaptée 
à la vie simple mais confortable des hôtes, appelait des amélivrations fonda- 
mentales et des accessoires d'agrément. 

Ces travaux, et surtout ces plans en perspective, occupèrent ses dernières 
années. Attaché de plus en plus à la vie d'intérieur, il se ménageait dans cette 
retraite modeste une vicillesse aussi calme que le permettait son activité. Sa con- 
stitution, toujours robuste, pouvait lui faire esj'érer de 'ongs jours, exempts des 
infirmités qui semblaient devoir rester étrangères à sa nature. Mais une chute 
de hamac qu'il fit dans son jardin, en août 1862, vint ébranler tout d'un 
coup cette sécurité trompeuse. Malgré le traitement local qu'il sut lui-même 
s'administrer, et bien qu'aucun désordre apparent ne restât comme trace 
de l'accident, la santé fut atteinte dans sa source; quelque lésion cachée de 
la moelle dat être la cause d'effets morbides qui ne tardèrent pas à se 
déclarer. Un érysipèle douloureux, plus tard un asthme compliqué d’œdème, 
en furent les signes extérieurs. A ces fortes natures, pour qui le mouvement 
est un besoin et la santé comme une habitude, la souffrance physique, la défail- 
lance du corps sont doublement douloureuses. Vivre ainsi, c’est se voir lente- 
ment mourir, surtout quand l'intelligence, toujours lucide, stimule vainement 
le corps affaibli. Cambessèdes parcourut courageusement les phases de cette 
lente agonie. Entouré des tendres soins d’une femme et d’une sœur aïmées, 
d'un neveu que son affection avait fait d’avance son fils et son héritier, il 
s'éteignit sans lutte, et comme sans souffrance, dans la nuit du 20 octo- 
bre 1863, 

Mourir à soixante-quatre ans, la tête pleine de projets, la mémoire meu- 
blée de souvenirs, n'est-ce pas tomber avant l'heure, avant la tâche finie ? 
Mais qui peut discuter les décrets de Dieu et fixer les limites d’une destinée ? 
Qu'importe d’ailleurs la durée de l’œuvre, lorsque l’ouvrier l’a noblement et 
Courageusement remplie ? Aimer, travailler, admirer, c’est là vivre, ef, dans 
ce sens, Cambessèdes vécut beaucoup, sinon longtemps. II vécut pour les 
autres, il vécut pour la science, pour l’agriculture, pour son pays. Sans parler 
du bien qu'il a semé sur sa route, des qualités d'esprit et de cœur dont il 
donna le noble exemple, ses ouvrages laissent un sillon dans le champ de la 
science, ses travaux comme agriculteur subsistent et se complètent par les 


(1) nn. put voir à peine les premiers résullats de cette transformation du 
sol; mais il eut du moins la satisfaction de les constater. — « Nous lui avons apporté 
» (écrit sa digne compagne) dans sa chambre de malade le Froment qu’il avait fait semer 
» sOus ses yeux et qui venait d'être dépiqué. Amélioration immense pour un pays qui 
» n'avait jamais produit que du Seigle, » 


562 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


soins pieux de sa veuve, enfin l'herbier qui résume sa vie et ses relations de 
botaniste, ces plantes où se reflètent ses voyages et ses études, généreusement 
léguées à la Faculté des sciences de Montpellier, serviront à lui susciter des 
héritiers scientifiques. C'est à, sans doute, l'hommage dont son âme géné- 
reuse se sentirait le plus flattée ; c'est celui que notre amitié reconnaissante 
aime à lai promettre dans l'avenir comme récompense de sa libéralité, 


APPENDICE. 
1, — Titres scientifiques de J, Cambessèdes. 


4h septembre 1822. Correspondant de la Société Linnéenne d’émulation de Bordeaux. 
(Date inconnue)... Membre de la Société d’histoire naturelle de Montpellier. 


20 février 4824.... Correspondant de la Société d'histoire naturelle de Paris (après un 
rapport favorable sur la Monographie des Spiræa). 


27 iai 4826...... Correspondant de la Société philomathique de Paris. 
26 juin 1826...... Membre litulaire de la Société d'histoire naturelle de Paris. 
5 décembre 4827. . Membre de la Société d’Horticulture de Paris. 
10 juih.4829.,...., Membre de l'Académie Naturæ curiosorum, sous le surnom de 
Serra (Correa de Serra), par diplôme signé Chr. God. Nees ab 
Esenbeck. 
8 janvier 1829, .... Membre honoraire de la Société de physique et d'histoire naturelle 


de Genève, par diplôme signé Aug. de la Rive, président, et 
Choisy, secrétaire. 
28 mai 1830...... Membre de la Société géologique dé France. 
27 décembre 1831. Docteur en médecine (honôris causa) de l’Université de Bâle, par 
diplôme signé Johannes Rœper (doyen de l’année). 
Septembre 1842... Membre correspondant de l’Académie royale du Gard. 


Il, — Liste des publications de Cambhessèdes, 


1° Monographie du genre Srrax4, précédée de quelques considérations générales sur la 
famillé des Rosacées, accompagnée de sépt planches (Ann. se. nat. t. [®r, 1824), 
in-8, avec planches in:4. 
2° Monographie des Gronuuarnes, préséntée à la Société d'histoire naturelle de Paris, 18 
4 août 1826 (Ann. sc. nat. t. IX, septembre 4826), avec 2 planches. 
3° Excursions dans les îles Baléares (Nouv. ann. des voyages, t. XXX, ann. 4825), 
avec 4 planches. 
4° Enumerälio plantarum quas in insulis Balearibus collégit 3. Cambessèdes, earumquê 
cirea mare Mediterraneum distribulio geographica. In-4, avec 9 planches (Mém. du 
Muséum, 1827). ÿ 
La même année 4827, M. Élie de Beaumont lut devant là Société d'histoire 
naturelle, et publia dans les Annales des sciences naturelles (avril 1827), une Nole 
sur la £onstilution géologique des iles Baléares, d’après les documents et les 
matériaux rapportés par son ami Cambessèdes, 
5° Mémoire Sur les familles des Tenvsrrozmiacées ét dés Gurriènes, accompagné de 
4 planches in#8 (Mém. du Muséum, 1828). 
Ce mémoire fut, comine le suivant, de la part de Desfontaines et devant l’Académie 
des sciences, l’objet d’un rapport favorable, concluant à l'insértion dañs le 
recueil des Mémoires des savants étrangers. 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863. 563 


6° Mémoire sur la famille des Saprvnacées, accompagné de 3 planches (Mém. du 
Muséum, 1829). 


7° Note sur les ÉLarinées, nouvelle famille de plantes (Mém. du Muséum, 1829). 


8° Description d'un genre nouveau (Cxs4nr4) de la famille des Géraniacées, avec une 
planche (Mém. du Muséum, 1829). 


90 Caucrrerarum, C'arropnyciearum, Paroxrcmirarumque Brasiliæ meridionalis synopsis. 
Paris, 4829. Mince opuscule. 


10° Ponruracranum, Crassuzacearum, Frcornrarum, Cunonracranvweure Brasiliæ meridio- 
nalis synopsis. Paris, 1829. 


11° Description d’un genre nouveau (Eu1r4) de la famille des Hypéricinées, avec une 
planche (Ann. sc. nat. août 1829). 
Genre dédié à M. Élie de Beaumont. Cambessèdes dédia également des genres à 
MM. Balard, Flourens, Mérimée, etc. Son propre nom a été donné par Kunth à 
un très-beau genre de Mélastomées brésiliennes. 


12° Observations sur l'organisation florale des plantes de la famille des Cappanées 
(Mém. de la Soc, d’hist. nat. de Paris, t, V, in-4). Lues devant la Société le 
5 février 4830. 


13° Plantes usuelles des Brasiliens. Collaboration active avec Aug. de Saint-Hilaire et 
Adr. de Jussieu, à partir de la 5° livraison inclusivement jusqu’à la fin de l’œuvre 
interrompue. Paris, in-4, avéc planches. 


14° Flora Brasiliæ meridionalis. Collaboration très-active à ce bel et grand ouvrage, 
depuis la 14° livraison jusqu'à la fin. Nombreuses familles traitées par Cambessèdes seul 
et signées. 3 vol. (le dernier incomplet) in-4 avec planches noires, ou in-folio avec 
planches coloriées. Paris, 1825-1833. 


15° Note sur deux genres nouveaux de la famille des Sarivoacées (Nouv. Ann. du 
Muséum, 1834, t. II, p. 241 et suiv.), avec 2 planches in-4. 


16° Jacquemont, Voyage dans l'Inde, Boranique : Plantæ rariores quas in India orien- 
tali coilegit Victor Jacquemont, auctore 3. Cambessèdes. Paris, 1844, in-4, avec 
planches. — Les 56 premières pages de texte sont de Cambessèdes, le reste de 
M. J. Decaisne. 


17° Note sur la culture du domaine de Pradines, précédée de quelques observations sur 
la constitution physique du Causse-Noir et sur son état agricole. Nimés ; brochure de 
22 pages in-8, sans date. 


18° Une opinion d’éleveur, par M. J. C. (Journal des Haras, note de 8 pages in-8, 
juillet 1847). 


HI, — Note sur l’herbier de Cambessèdes, 


Celte riche collection de plantes, que la générosité de son possesseur destinait depuis 
plusieurs années à la Faculté des sciences de Montpellier, a été, conformément aux 
intentions du donateur, offerte à cette institution scientifique par M®® veuve Cambessèdes, 
en tant qu'usufruitière des biens de son mari, et par M. Paul de Froment, en tant que 
légataire universel de son oncle. Sur la demande du doyen de la Faculté, appuyée 
par la recommandation du recteur et par un rapport du professeur de botanique , 
S. Exec. M. le ministre de l'instruction publique, reconnaissant la valeur exceptionnelle 
de ce don, a bien voulu consacrer à l'installation de l’herbier une allocation spéciale de 
1200 francs. Comme il s'agit d’une collection importante ouverte aux recherches des 
botauistes, nous croyons utile, dans l'intérêt même de la science, de tracer un inventaire 
abrégé des richesses qu’elle renferme. Ce catalogue seul pourra prouver aux initiés 
de quelle valeur est l’herbier en question, et quels moyens précieux d'étude il joint aux 
riches collections que possédait déjà Montpellier. 2 

Nous évaluons, en gros, à 20 000 le nombre des espèces de plantes de la collection. 

.Ces espèces sont distribuées en quaire herbiers : 

1° L’herbier de la jeunesse de Cambessèdes. Plantes de Montpellier, des Cévennes et 

de diverses autres parties de la France (incomplet). 


564 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


2° Herbier des Buléares, servant de pièces justificatives à l'Énumération des plantes 
des Baléares de Cambessèdes, et, à ce titre, précieux comme document authentique. 

3° Herbier de l'Inde, de Jacquemont. Très considérable et presque complet, sauf 
quelques échantillons uniques restés au Muséum de Paris, avec la collection principale 
de Jacquemont. k 

4° Herbier général. Soigneusement classé par Cambessèdes d’après la série des 
familles de De Candolle. 

Cet herbier, très considérable, comprenant plus de 250 gros paquets de plantes, a eu 
pour fondement principal les herbiers réunis des deux frères Thouin, dont l’un, André 
Thouin, fut professeur de culture, et l’autre, Jean Thouin, jardinier en chef au Jardin- 
des-plantes de Paris. Attaché à l’ancien Jardin-du-roi et à celui de Trianon, longtemps 
avant la révolution, André surtout recueillit non-seulement les plantes de ces jardins, 
mais aussi, par sa correspondance avec les botanistes célèbres de la fin du xvui* siècle 
et du commencement du x1x°, il se procura des plantes qui sont restées des types authen- 
tiques, répondant à des ouvrages classiques. La collection presque complète des plantes 
de l’illustre voyageur Commerson est surtout, pour nous, un trésor inestimable. 

Cambessèdes avait acquis ces deux herbiers des frères Thouin de leur neveu et 
héritier Oscar Le Clere ; mais il les avait presque sauvés de la destruction en les replaçant 
dans des conditions de conservation qui leur avaient manqué en dernier lieu. 

A ces herbiers fondamentanx, Cambessèdes avait joint des plantes nombreuses prove- 
nant soit de ses propres herborisations, soit des dons de ses amis (Jacquemont, J. Gay, 
Kunth, Adr. de Jussieu, etc ), soit de l’herbier du Brésil d'Aug. de Saint-Hilaire (pour 
la partie publiée du Flora Brasiliæ), soit de divers achats de collections vénales. 4 

La liste suivante, dressée par Cambessèdes, probablement vers 1830, avant qu'il eût 
la collection de l’inde de Jacquemont, donnera aux botanistes l’idée de la richesse de 
son herbier : 

« Mon herbier se compose : 

Des plantes recueillies par Thouin (André) en France, en Italie. 

Plantes recueillies par les deux frères Thouin au Jardin-des-plantes, pendant tout le 

cours de leur longue vie. 

Plantes de Commerson (Rio de Janeiro, Montevideo, détroit de Magellan, Java, Bourbon, 

Le de France, Madagascar). 

— de Patrin (Sibérie). 

— de Chapelier (Madagascar). 

— de Perrottet (Guadeloupe). 

— de Riedley (Antilles). 

— de Ledru (Antilles). 

— de Stoupy [sic ! serait-ce Stupicz ? | (Guyane). 

De plusieurs herbiers de l'Amérique du Nord (Hingston, Jacquemont, Bosc, Fraser). 

Plantes du Brésil (Aug. de Saint-Hilaire, Gaudichaud, CI, Gay). 

— des Baléares (Cambessèdes). 

Plantes du Brésil et du Pérou, de Dombey (peu nombreuses). 

Saint-Thomas (Ledru, Riedley). 

Saint-Domingue (Jacquemont, Nectoux, Aublet, Thiéry, Du Trône). 

lle de Juan Fernandez (Bertero). 

Chili (Bertero). 

Plantes de Suisse, plusieurs herbiers (J. Gay, Jacquemont, etce.). 

Plantes des Pyrénées, du midi de la France, des environs de Paris, de Bordeaux, etc: 

(recueillies par moi). 

Sénégal (Roussillon, Richard, Perrottet, Le Prieur). 

Cap de Bonne-Espérance (Thunberg, Reynaud, Sonnerrat). 

Cochinchine (Reynaud). 

Sierra-Leone (Smeathmann). 

Inde (Saint-Grés). 

Allemagne (Jacquin, Gunther). 

Italie (Gussone, Jan, Tenore). 

Égypte (quelques espèces de Delile, Nectoux). 

Laponie (Thunberg). 

Mousses d’Arnott. 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863. 565 


Plantes de Dalmatie (Unio itineraria). 

Plantes du Caucase (Evans). 

Pyrénées (3. Gay, Palassou, Pourret, Lapeyrouse, elc.). 

Espagne (Pourret, Vahl, Ortega, Durieu). 

Terre-Neuve (Despréaux). 

Afrique septentrionale (Vahl, Desfontaines, en petit nombre). 

France (Villars, Liotard, Dumas, voyage avec De Candolle, au moment de la publication 
du supplément à la Flore française; Delile, Requien, Desfontaines, Pourret, 
Jacquemont, J. Gay). 

Corse (Soleirol, Noisette). 

Japon (petit nombre donné par Thunberg). 

Canaries (Courrant, Riedley). 

Martinique (Terrasson). 

Nouvelle-Hollande (Busseuil). 

Cayenne (Martin, Stoupy [sic /1). 

Norvége (Unio itineraria). 

Jamaïque (Clarke). 

Porto-Rico (Riedley). » 


MM. les Secrétaires donnent lecture des communications sui- 
- vantes, adressées à la Société : 


RÉPONSE A LA NOTE DE M. D.-A. GODRON : « DE L'ORIGINE HYBRIDE DU PRIMULA 
VARIABILIS » (1), pr M. Alph. DE ROCHESRUNE. 


(Angoulême, 1er décembre 1 863.) 


Lorsque nous cûmes l'honneur de soumettre à la Société botanique de 
France {séance du 25 avril 1862), une note ayant pour titre : MVouvelles 
remarques sur le Primula variabilis (2), loin de nous était la prétention de 
croire que nos observations « infirmeraient en quelque chose l’opinion admise 
” sans conteste jusqu’à ces derniers temps, au sujet de la nature hybride du 
» P, variabilis. » 

À cette époque, la lecture du Bulletin nous avait démontré suffisamment 
que l'opinion de M. Godron était loin d’être « admise sans conteste »,-et 
nous crûmes devoir contribuer, en fournissant le résultat de nos études, à 
élucider une question que l’on avait pu croire définitivement résolue, mais 
que des travaux subséquents venaient de rendre sinon plus obscure, du moins 
fout aussi incertaine. 

Aujourd'hui M. Godron, en publiant une nouvelle note Sur l'origine 
hybride du Primula variabilis, discute dans cette note la non-valeur spéci- 
fique de l'espèce sur laquelle ont porté nos premières observations ; espèce 
qui ne serait autre que le Primula elatior. 

Nous croyons utile, dans cette occurrence, d'examiner à nouveau ces faits 
sous les différents points de vue suivant lesquels M. Godron les envisage ; 


(4) Voyez le Bulletin, t. X, p. 178. 
(2) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 235. 


566 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


avant tout, nous nous empressons de le remercier de sa bienveillance à dé- 
clarer « détaillée et très-bien faite » la description de ce que nous « avons 
pris pour le P. variabilis »; l'approbation publique du savant floriste est 
pour nous d’une grande valeur. 

L'auteur de l’origine hybride du Primula variabilis s'appuie, pour démon- 
trer que notre espèce n'est pas le P. variabilès, mais bien au contraire le 
P. elatior, sur ce que nous attribuons à notre espèce : 

« 4° Un calice à dents lancéolées-aiguës, égalant la moitié du tube; 

» 2° Des feuilles contractées sous le limbe; 

» 3° Des pédicelles penchés unilatéralement pendant l’anthèse. » 

Nous ferons remarquer tout d’abord que notre description, en s’éloignant 
complétement du P. variabilis pour s'appliquer « admirablement bien » au 
P. elatior, ne diffère cependant pas d’une manière bien tranchée de la 
description du ?. variabilis, d'après les différents auteurs que nous avons 
consultés. 

En effet, si nous examinons d’abord le calice, nous trouvons dans la Flore 
de France (A), à l’article du P. variabilis : calice à dents lancéolées-aiguës, 
égalant environ la moitié de la longueur du tube. 

Nous n'avons là que le mot.environ servant à différencier notre description 
de celle des savants auteurs de Ja flore précitée ; nous ignorons si ce mot doit 
être appliqué invariablement à tous les échantillons, de quelque nombre et de 
quelque provenance qu'ils soient; nous ne pensons pas cependont que le 
calice, à dents lancéolées-aiguës, doive égaler mathématiquement, environ, 
la moitié de la longueur du tube, et nous en trouvons la sanction daws la Flore 
du Centre (2): P. variabilis, calice... à lobes lancéolés-aigus plus courts 
que le tube de la corolle. 

Si maintenant, faisant un rapprochement comparatif des P. variabilis et 
P, elatior, nous consultons la Flore de France (loc. cit,), nous y. voyous 
pour ce dernier : calice... à dents lancéolées-acuminées, égalant la moilié 
dn tube. 

On a donc, d’après MM. Greuier et Godron, le tableau suivant : 


PRIMULA VARTABILIS, PRIMVLA ELATIOR. 


Calice.... à dents lancéolées-aigués, |  Calice.. .. à dents laucéolées-acuminfes, 
égalant environ la moitié du tube. égalant la moitié dun tube. 


Pour nous, d'après ce qui précède, le véritable caractère différentiel des 
deux espèces relativement au calice (abstraction faite de-.sa forme générale, 
de la: coloration de ses angles et de ses sinus, etc.) consisterait en ce que, pour 
l’un, les dents sont lancéolées-aiguës; pour l’autre, lancéolées-acuminées. 


(4) Grenier et Godron, F{. de Fr.t. NW, p. 449. 
(2) Boreau, FI. du Centre, 3° édit. t. 11, p. 438. 


SÉANCE DU 41 DÉCEMBRE 1863. 567 


De son côté, M. Lloyd (1) caractérise ainsi les deux espèces : 2, varia- 
bilis, calice... à lobes lancéolés-acuminés. — P. elatior, calice... à 
lobes ovales-acuminés, assez courts. 

On n’accusera pas sans doute le savant auteur de la Flore de l'Ouest d'avoir 
confondu les deux espèces; et cependant il donne à son 2. variabilis un 
calice identique à celui du 2, elatior de la Flore de France, à lobes lancéolés- 
acuminés, 

Ces divergences des auteurs dans la diagnose du calice, inappréciables si l’on 
veut, mais qui n’en existent pas moins, nous démontrent que l’objection que 
l’on nous fait est d’une mince valeur, surtout lorsqu’an seul mot, d’une valeur 
bien moindre à notre avis, différencie seulement notre description de celle de 
la Flore de France. 

Nous pourrions objecter également pour la défense de notre cause, bien 
que ne partageant pas entièrement cette manière de voir, l'opinion de notre 
honorable collègue M. de Schœnefeld (2), à savoir qu’on ne devrait attacher 
qu'une médiocre importance caractéristique à la forme et aux dimensions du 
calice, comparé au tube de la corolle. 

Nous croyons done pouvoir déclarer, sur ce premier point, que: notre 
description se rapporte au 2. variabilis, tandis qu'elle s'éloigne, du 2. 
elatior. 

Si, en second lieu, nous considérons les feuilles, nous trouvons, en effet, 
que notre description, d’après la Ælore de France, se rattache au 2. elatior 
et non plus au ?. variabilis, car nous y trouvons les diagnoses que nous 
résumons dans le tableau suivant : 


PRIMULA VARIABILIS. PRIMULA ELATIOR, 


Feuilles insensiblement atténuées en pé- Feuilles brusquement contraclées en pé- 
tiole ailé. tiole ailé. 


Et dès lors, l’objection de M. Godron semble être décisive ; cependant le sa- 
vant auteur nous fournit lui-même une argumentation contre lui. 

Il reconnaît que M. Lebel, « en botaniste consciencieux, n'a pas fait de 
» cobfusion, et qu’il a positivement recueilli le P, variabilis dans la pres- 
» qu'ile de la Manche ». Nous n'avons jamais mis en doute les assertions de 
notre honorable collègue M. Lebel, aussi nous empressons-nous de citer son 
témoignage comme étant pour nous d’un grand poids. 

En effet, M. Lebel attribue à son 2. variabilis des feuilles brusquement 
Contractées, car il dit (3): « sur vingt exemplaires que je possède de Ja 
» Manche, de l'Orne, de la Meurthe, huit seulement ont les feuilles insensi- 


(4) Lloyd, F4, de l'Ouest, p. 369: 
(2) Voyez le Bulletin, t. IN, p. 244. 
(3) Voyez le Bulletin, t: VIII, p. 40: 


568 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


» blement amincies; dix les ont brusquement contractées; deux ont des 
» feuilles de l’une et de l’autre forme. » 

Ce que l’on accorde à M. Lebel pour ses spécimens de la Manche, de 
l'Orne, de la Meurthe, on peut en toute justice, nous le pensons du moins, 
nous l’accorder pour les échantillons de la Charente; et en attribuant à notre 
P. variabilis des feuilles « contractées sous le limbe », nous ne devons, pas 
plus que M. Lebel, commettre une erreur, puisque nos observations sont 
conformes aux siennes. 

Si, comme nous l'avons fait pour le caractère du calice discuté plus haut, 
nous examinons les descriptions de quelques savants floristes, nous verrons 
que M. Lloyd (/oc. cit.) attribue au P. variabilis des feuilles oblongues ré- 
trécies à la base; au P. elatior, des feuilles ovales décurrentes sur le pétiole; 
que MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre (1) donnent au P. elatior des 
feuilles ovales ou oblongues, atténuées en pétiole ailé; qu’enfin M. Boreau (loc. 
cit.) donne au P. variabilis des feuilles oblongues ou ovales, se rétrécissant 
insensiblement vers la base, au P. elatior des feuilles oblongues ou ovales- 
obtuses, atténuées en pétiole ailé. 

Toutes ces descriptions, comme on le voit, diffèrent sous quelques rapports 
de celle de la Flore de France, et diffèrent également entre elles ; ce qui nous 
démontre que les opinions des auteurs sont loin d’être identiques, ou, pour 
être plus dans le vrai, que.les descriptions sont généralement basées sur des 
échantillons variables dans certaines proportions, suivant les régions et les 
localités dans lesquelles ont été recueillies les espèces décrites, pour le rayon 
de chaque flore (2). 

De cette seconde objection, nous déduirons également cette conséquence 
que nos échantillons, bien qu'ayant des feuilles contractées sous le limbe, ap- 
partiennent néanmoins au P. variubilis, et que de plus ils sont analogues, 
sinon identiques, à ceux observés par M. Lebel. 

Quant au troisième et dernier argument qui nous est opposé, nous r'épon- 
drons que dans les descriptions comparatives qne nous avons exposées dans 
notre précédente note, nous n'avons pas donné les pédicelles penchés unilaté- 
ralement comme un caractère de l'espèce en question. 

Nous n’en parlons que lorsque nous cherchons à démontrer le mode de 
fécondation dans l'espèce; or, dans la discussion relative à ce fait, nous 
sigualons différentes positions des pédicelles avant, pendant et après l'anthèse: 
sans en conclure que ces positions sont un caractère absolu ; nous ne l'avons 
envisagé dans notre précédente note, et nous ne l’envisageons aujourd'hui, 


(4) FL. par. {re édit. p. 239. 

(2) Ne pourrait-on pas également dire, avec M. Lebel (loc. cit.), que, sous le nom de 
Primula variabilis, se cachent des plantes bien différentes, mais nou encore étudiées 
PL et que, parmi ces formes, l’une doit conserver le nom imposé Par 
soupil ? 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863. 569 


que comme un caractère passager, que l’on pourrait en quelque sorte qua- 
lifier de momentané, et qui avait pu échapper jusqu'ici aux observations. 

C’est un fait que nous avons cru nouveau, et que nous pensons être assez 
important pour modifier quelque peu la diagnose du P. variabilis. 

M. Godron ne parle pas des autres caractères que nous avons donnés de 
l’espèce, nous ne les discuterons donc pas; nous ferons simplement observer 
que la capsule, plus courte que le tube de calice et non dépassant le 
calice, est un caractère d’une valeur assez importante, en faveur de notre 
P. variabilis. 

Enfin, M. Godron nous reproche d’avoir encore signalé une forme acaule 
du P, variabilis, mais, ajoute-t-il, « toutes les Primevères de cette section, 
» comme le fait a été constaté depuis longtemps, ont toutes une hampe, » 

Nous savons parfaitement que toutes les Primevères de la section Primu- 
lastrum ont une hampe, seulement elle est plus ou moins appréciable ; aussi 
avons-nous eu soin, dans la diagnose du P. grandiflora que nous avons 
donnée (loc. cit.), de dire : hampe presque nulle par avortement. 

ll est vrai que plus loin, en parlant des variétés ou variations du P. varia- 
bilis, nous disons : « une forme acaule se rencontre également, mais à part 
» son manque de hampe, etc. » ; c’est un tort, nous l’avouons en toute humi- 
lité; mais doit-on en conclure que nous niions la hampe dans les espèces où 
elle est peu appréciable, quelques lignes après en avoir donné la description ? 

Que l'expression d’acaule soit défectueuse, nous l’accordons, bien qu’en la 
maintenant nous ne ferions que suivre l'exemple de savants maîtres. M. Bo- 
reau (/oc. cit.), en gardant le silence sur ces hampes rudimentaires, semble 
laisser ignorer qu’elles existent, car il donne au ?. grandiflora : « pédon- 
» cules uniflores, partant du collet de la racine »; et quelle signification don- 
nera-t-on aux 2. acaulis de Jacquin, P. veris var. y acaulis de Linné, 
tous deux synonymes du ?. grandiflora de Lamarck? 

M. Godron a observé l'extrême brièveté de la bampe dans les P. officinalis 
et elatior, ainsi qu'une hampe bien développée dans le P. grandiflora; ce 
sont des faits que nous croyons, sans avoir jamais eu le bonheur de les con- 
stater au milieu des innombrables échantillons de nos prairies et de nos bois. 

Quant au fait assez fréquent de hampes très-allongées et de hampes exces- 
sivement courtes, que M. Godron attribue au P. variabilis, nous dirons que 
tous les spécimens de cette espèce dans la Charente, à part la rarissime forme 
Pseudacaule, présentent ce que nous appelons cette double floraison, qu’elle 
constitue même un caractère typique de l'espèce, comme nous l'avons 
exposé (1), et comme le constate M. Lloyd (/oc. cit.). 

Nous concluons de cette longue discussion que « ce que nous avons pris 
» pour le P. variabilis », est bien réellement l'espèce de Goupil, et que nous 


(1) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 239, et tir. à part, p. 2. 
+ À ‘ 38 


570 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


continuerons à nier son origine hybride, par les motifs que nous avons énon+ 
cés dans notre travail précité. 

Que si, pour légitimer la détermination de notre espèce, notre discussion 
ne suffit pas, nous ajouterons que de savants correspondants, au nombre des- 
quels nous sommes heureux de compter M. Grenier, le savant collaborateur 
de M. Godron, ont sanctionné le nom que nous avions donné au Primula 
charentais. 

Nous n’avous pas l'honneur d’avoir M. Godron pour correspondant, nous 
le regrettons ; peut-être aurait-il pu mieux juger sur nos exsiceata que sur 
nos modestes écrits. 


NOTE SUR UNE ESPÈCE NOUVELLE DE POTAMOGETON À AJOUTER À LA FLORE DES 
ENVIRONS DE PARIS, par M. Eug. GAUDEFROY. 


J'ai l'honneur de remettre, pour l’herbier de la Société, des échantillons 
d’une espèce de Potamogeton, qui est, sinon entièrement nouvelle pour la 
flore parisienne, mais dont, du moins, la présence a été contestée dans nos 
environs, Je veux parler du Potamogeton obtusifolius M.K. 

Notre savant confrère et maître, M. Chatin, a eu l’obligeance de nous si- 
gnaler, l'été dernier, deux localités nouvelles, découvertes par lui, d'une autre 
rare espèce du même genre, le Potamogeton acutifolius Link, indiqué jusque 
là seulement aux confins de notre flore, à Ons-en-Bray (Oise). 

. MM. P, de Bretagne, G. Maugin, Mouillefarine et moi, désireux de récolter 
cette intéressante espèce, nous nous rendîmes, le 19 juillet dernier, aux 
endroits indiqués. 

. Dans le premier (une mare contiguë au déversoir de l'étang de Trappes, 
Seine-et-Oise), le Pofamogeton acutifolius croissait seul et en abondance. 
Nous le recueillimes en fruits mûrs. 

Dans le second (une autre mare voisine du hameau de Troux, distant de 
Guyancourt (Seine-et-Oise) d'euviron 3 kilomètres), cette même plante, bien 
que plus rare, croissait pêle-mêle avec un autre Potamogeton, que nous 
primes, au premier abord, pour le P. pusillus L. var. major Fries. 

Un examen plus attentif et la comparaison d'échantillons d’herbiers, m'ont 
fait reconnaître cette plante pour le Potamogeton obtusifolius M.K. 

Cette espèce diffère du P, pusillus var, major par ses pédoncules fructi- 
fères égalant environ la longueur des épis, tandis qu’ils sont deux à trois fois 
plus longs dans la plante de M. Fries, par la grosseur relative des carpelles, 
la largeur et la forme des feuilles, etc. 

Je n'ai pu non plus la rapporter à une espèce voisine, le Potamogeton 
Berchtoldi Fieber (Boreau, #/. du Centre, 3° édit, p. 604); cette espèce 
açant le pédoncule plus long que l’épi, les carpelles à cinq angles, caractères 
que je n’ai pas observés dans nos échantillons, 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863. 571 


Je prie MM. les membres de la Société de vouloir bien examiner notre 
plante. J'espère que le résultat de leurs observations confirmera notre décou- 
verte et donnera droit de cité à une espèce de plus pour notre flore parisienne. 


M. Chatin dit qu’il avait vu, dans la même localité, la plante 
signalée par M. Gaudefroy, mais qu’il l'avait prise, au premier 
abord, pour le Potamogeton pusillus var. major Fries. 

M. Cosson fait remarquer combien il est intéressant de constater, 
dans la même localité, la présence de deux espèces aussi rares, et 
il rappelle que les Potamogeton n’ont pas de stations bien fixes et 
qu’ils disparaissent parfois des lieux où ils étaient assez communs. 


M, Cordier fait à la Société la communication suivante : 


SUR UN CHAMPIGNON CROISSANT DANS LA SALLE D'ASPIRATION DE 
BOURBON-L'ARCHAMBAULT, par ME, F.-S, CORDIER. 


M. le docteur Charnaux, médecin à Bourbon-l’Archambault (Allier), a 
adressé au sécrétaire de l’Académie de médecine, un échantillon d’une espèce 
de Champigaon qui végète sur les parois de la salle d'aspiration de Bourbon- 
l’Archambault. 

Je transcris ici la lettre qui était jointe à cet envoi : 


Bourbon-l'Archambault, 26 juillet 41863. 
Monsieur le Secrétaire, 

J'ai l'honneur de vous adresser un échantillon d’une espèce de Champignon qui 
végète sur les parois intérieures de la salle d'aspiration de Bourbon-l’Archambault. 

J'ai pensé que cette communication pourrait intéresser non-seulement les botanistes, 
mais encore MM. les membres de l’Académie qui composent la Commission des eaux. 

Cette végétation pourrait peut-être venir en aide à l’analyse chimique et jeter quelques 
lumières sur la composition de l'atmosphère de la salle d'aspiration, et en même temps 
faire naître de nouveiles indications thérapeutiques. 

Voici dans quelles conditions ce Champignon se développe : ; ; 

La salle est constituée par une voûte de brique, recouverte de ciment hydraulique, lissé 
aulant que possible. On ne remarque aucune anfractuosité, aucune dégradation. 

La température varie de 31 à 35 degrés centigrades. 

L'atmosphère paraît être à son maximum de saturation hygrométrique par les vapeurs 
de la source, à en juger par la couche d’eau qui baigne constamment les parois des murs. 
Ces murs sont littéralement tapissés par un réseau de racines assez résistantes (j'en ai 
joint un spécimen) s’anastomosant entre elles et pouvant atteindre 2 mètres de longueur, 

Sur de petits renflements de ces racines, prennent naissance les Champignons, dont 
l'évolution est extrêmement rapide : un jour suffit pour les voir naître et se dessécher. 

Cette espèce est-elle la même que le Clavaria thermalis, observé dans les galeries des 
sources sulfureuses des Pyrénées ? 

Est-elle diférente ? 

. J'ai déposé, dans un terrain bien préparé, des racines que j'avais arrachées aux murs ; 
Je n’ai rien obtenu. 
i Je me propose de répéter l'expérience, en arrosant une nouvelle couche avec de l’eau 
ermale. £ 
CHARNAUX, D.-M. 


572 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


. Notre: savant collègue, M. Chatin, membre de l’Académie de médecine, 
a bien voulu me permettre d'examiner ce Champignon. 
C’est une espèce que l’on pourrait considérer comme nouvelle, si l’on ne 
savait que les Champignons qui croissent dans les lieux où l’air et la lumière 
ne pénètrent pas librement, — les souterrains, les caves, les chambres 
voûtées, — ne sont le plus souvent que des formes anomales de Champignons 
épigés ou épiphytes, qui vivent naturellement en pleine lumière, mais que: 
leur nouveau mode d’habitat a rendus tout à fait méconnaissables. 

Le professeur Fries dit avoir examiné plusieurs centaines d’espèces dé 
Champignons venus dans des souterrains, et n'avoir pas osé les décrire, 
regardant comme impossible de rapporter avec certitude ces productions à, 
leurs types primitifs. 

Le Champignon venu dans la salle d'aspiration de Bourbon-l’Archambault, 
n’est vraisemblablement aussi qu’une anomalie, une simple variété d'une 
espèce qui vient au grand jour. Mais quelle est cette espèce? La rapidité de 
l’évolution de la plante et sa durée éphémère pourraient faire supposer que ce 
Champignon est un Coprin. M. Charnaux ne dit pas dans sa lettre si le Cham- 
pignon se décompose en une eau noirâtre, ni quelle est la couleur de ses 
spores, ce qui. lèverait tous les doutes; mais peut-être ce Champignon ne: 
donne-t-il pas de spores : il ne peut en donner s’il est un être incomplet. 

La forme en réseau de sa racine ou mycélium, l'étendue de ce mycélium - 
qui atteint jusqu’à deux mètres, peuvent paraître étranges aux personnes qui 
ne savent pas que certains Zyssus, venus dans nos caves, parcourent aussi des 
espaces de plusieurs mètres, el que certains Æhizomorpha, qui serpentent 
sous les écorces des arbres, acquièrent souvent aussi plus d’un mètre d’éten- 
due, et que cependant ces Byssus, ces Rhizomorpha, ne sont que de simples 
mycéliums d’Agarics, de Bolets, etc. 

Le mycélium des Champignons, placé par les circonstances dans un milieu 
où il ne trouve plus réunies les conditions d’air, de chaleur, de lumière et. 
d'humidité nécessaires au développement de la plante, ou bien se flétrit et 
meurt sans avoir rien produit, ou bien s’allonge, s'étend comme s’il cher- 
chait l’air, la lumière qui lui manquent, et, ne les trouvant pas, produit des 
êtres imparfaits, méconnaissables, le plus souvent même de véritables 
monstruosités. 

L'auteur demande si le Champignon qu’il adresse à l'Académie de méde- 
cine ne serait pas le Clavaria thermalis DC., observé dans les galeries des: 
sources sulfureuses des Pyrénées, et par De Candolle dans les souterrains 
desquels sortent les eaux chaudes de Courmayeur. Non, car le CZavaria ther- 
malis vient sur des poutres; il est coriace, rameux; son aspect est celui des 
Merisma, son mycélium d’ailleurs n’a rien d’extraordinaire. 

Ce n’est pas non plus le Champignon trouvé dans la cave de Dutrochet, 
Cantharellus Dutrochetii Mont. (Cantharellus Crucibulum Fr. ), lequel était 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863, 573 


enu sur des planches à bouteilles. Le mycélium de celui-ci acquiert, à la 
vérité, une dimension remarquable; mais les caractères de ce Champignon 
sont ceux des Cantharellus. Le Champignon de M. Charnaux n’est poiñt un 
Cantharellus, c'est un véritable Agaric, qui semble appartenir à la section des 
-Mycènes. 

Ce Champignon a une grande analogie avec une espèce souterraine décrite 
et figurée par Hoffmann, sous le nom d’Agaricus myurus (1). Seulement 
celui-ci vient en touffes sur le bois à demi pourri; son mycélium est blanc, 
‘Yilleux, et n'offre rien de particulier; son pédicule est très-velu, atténné 
à ses deux extrémités, caractère que ne présente pas l'espèce ‘envoyée par 
M. Charnaux. 

Voici du reste la description de ce Champignon, telle que le spécimen 
envoyé par M. Charnaux me permet de la donner. 

Son chapeau, de couleur fauve clair ou cendrée, a un centimètre et demi 
à deux centimètres de diamètre; d'abord oblong, plus tard il devient conique, 
puis campaniforme, avec le centre proéminent et les bords sinueux; ses 
feuillets sont de couleur blanc pâle, inégaux, étroits, nombreux ; ils atteignent 
le pédicule, mais ne paraissent pas décurrents; ce pédicule est fistuleux, 
grêle, cylindrique, un peu renflé à sa base, long de 6 à 7 centimètres, 
comme squammeux ou légèrement hérissé. Le mycélium est fibreux, com- 
posé de filaments très-distincts, anastomosés, de couleur fauve, assez semblables 
à de gros fils; il atteint une longueur de plus d’un mètre. Ce Champignon 
croît, avons-nous vu, sur les parois, enduites de ciment, de la salle d'aspiration 
de Bourbon-l'Archambault, 

Maintenant, faut-il lui imposer un nom? Cela est peu nécessaire, s’il est 
vrai qu'il soit un être imparfait. Mais, si ce Champignon devait être reconnu 
comme espèce distincte, on pourrait lui donner le nom spécifique de calda- 
r'ius ou sudatorius, qui rappellerait qu’il végète dans une véritable étuve. 

Si la Société botanique désirait s’éclairer davantage sur les caractères spéci- 
fiques de ce Champigaon, elle pourrait demander à M. Charnaux de vouloir 
bien lui envoyer, en même temps. que des spécimens de la plante, une 
description détaillée de ses caractères. Il serait utile aussi d’avoir des ren- 
seignements précis sur 3a couleur, sa saveur et son odeur : l’Agaricus 
Myurus duquel je le rapprochais tout à l’heure, exhale, lorsqu'il est pressé 
entre les doigts, une odeur sulfureuse très-prononcée, 

M. Charnaux a déposé, dans du terrain bien préparé, des racines. arrachées 
au mur, et n’en a rien obtenu. En général, le mycélium venu dans des lieux 
où l’air ne se renouvelle pas parfaitement, est tué lorsqu'il est exposé à l’in- 
fluence solaire. Le moyen de voir arriver à l’état normal le Champignon qui 
Pousse dans la salle d'aspiration, serait peut-être de favoriser sa production le 


(4) Vegetabilia in Hercyniæ subterraneis collecta, tab. HIT. 


574 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


plus près possible des ouvertures par lesquelles la voûte prend j jour : les on 
et les fenêtres. 

M. Charnaux demande si la végétation du Champignon qu'il a spa ne 
pourrait pas venir en aide à l'analyse chimique, jeter quelques lumières sur 
la composition de l'atmosphère de la salle d'aspiration, et en même temps 
faire naître de nouvelles indications thérapeutiques ; j'avoue que mes connais- 
sances en chimie ne me permettent nullement d'émettre une opinion à ce 
sujet. Du reste, M. Chatin, chimiste distingué aussi bien que botaniste, ne 
pense pas que l'analyse chimique de la plante puisse jeter quelque jour sur la 
composition de l'atmosphère de la salle, pas plus que provoquer de nouvelles 
indications thérapeutiques. 


M. À. Gris fait à la Sociéte la communication suivante : 


DESCRIPTION DE DEUX NOUVEAUX GENRES DE MYRTACÉES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, 
par MIM, Ad. BRONGNIART et Arthur GRIS, 


Dans une précédente notice, nous avons déjà fait connaître deux genres 
nouveaux de Myrtacées de la Nouvelle-Calédonie, sous les noms de 7rista- 
niopsis et de Fremya (1). 

L'étude de la même famille nous conduit à en signaler deux autres par- 
ticuliers à cette flore remarquable : les genres CLOEZIA et SPERMOLEPIS. 

Le premier de ces genres a été consacré par nous à M. Cloëz, aide de 
chimie au Muséum d'histoire naturelle de Paris, dont les recherches sur la 
respiration des plantes et sur divers points de la composition chimique des 
végélaux ont fait faire de nouveaux progrès à la physiologie végétale. 

Le genre CLOEZIA comprend plusieurs espèces qui nous avaient été envoyées 
sous le nom d’Æ£remæa par M. Pancher, Mais les £remæa, dont la station est 
si différente, sont des arbustes d’un port tout à fait distinct, à feuilles alternes, 
étroites, semi-cylindriques, à fleurs agrégées et entourées de bractées imbri- 
quées; enfin, leurs ovules nombreux offrent un mode de placentation différent 
de celui qui appartient aux quelques ovules contenus dans l'ovaire des 
Cloëzia. Ces plantes forment un groupe très-naturel, dont toutes les espèces 
propres à la Nouvelle-Calédonie ont des feuilles opposées, larges, ponctuées, 
des fleurs quelquefois solitaires, ordinairement réunies en nombre plus où 
moins considérable en cymes terminales, ou naissant à l'aisselle des feuilles 
supérieures. Ces fleurs, assez petites, diffèrent de la plupart de celles appar- 
tenant aux végétaux de la même tribu, par leurs pétales ovales, plus ou moins 
aigus, el non pas arrondis ou obtus ; enfin leur ovaire semi-adhérent et leurs 


(1) Voyez plus haut, p. 369. 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1868. 575 


ovules en nombre défini, naissant de la base de la loge, des distinguent des 
autres genres du même groupe propres à la Nouvelle-Hollande. 

Il est peut-être plus difficile de distinguer avec une certitude absolue le 
geure dont il est ici question de trois genres de Myrtacées sclérocarpées 
établis par le père Montrouzier, dans sa Flore de l’ile Art, île située à peu de 
distance de la Nouvelle-Calédonie. Ces genres, décrits brièvement et d’une 
manière incomplète, ne pourront être bien reconnus que lorsqu'on aura des 
échantillons authentiques des plantes sur lesquelles ils sont constitués. A 
moins d’omissions graves, ils nous paraissent cependant distincts des C'loëzia. 

Le genre Draparnaudia de M. Montrouzier ne peut se rapporter à l’une 
de nos plantes, car, outre quelques différences dans la description de la fleur, 
iLest établi sur un arbuste à feuilles alternes 

Le genre Ballardia du même auteur diffère par la forme de son calice, par 
ses élamines très-nombreuses et par ses ovules aussi très-nombreux dans 
chaque loge. 

Le genre Mooria est celui qui se rapproche le plus du Cloëzia, mais sa 
description ne renferme aucun renseignement sur l’adhérence de l'ovaire au 
ca'ice, qui paraîtrait devoir être complète, puisque l’auteur compare ce genre 
aux Bwæckea, dont il diffère, dit-il, par ses étamines plus nombreuses et plus 
longues. Enfin, il n’est rien dit de la placentation et du petit nombre des 
ovules et des graines, qui sont des caractères essentiels des C/oëzia. 

Quant à notre genre SPERMOLEPIS, il offre des caractères bien plus tranchés, 
ét la structure de sa graine surtout est des plus singulières, M. Pancher en 
avait adressé un échantillon en fruit en 1861, sous le nom d’Arillastrum 
gummiferum, et plus récemment il nous en à transmis une seconde espèce 
en fleur, Nous n'avons pu conserver le nom générique d’Arikastrum, les 
appendices squammiformes si singuliers de la graine n'étant évidemment pas 
Un arille, mais constituant des appendices du testa, 

Le calice, à tube en forme de cupule, présente quatre lobes triangulaires. la à 
corolle se compose de quatre pétales arrondis, 

Les étamines, très-nombreuses, sont insérées sur toute la face interne 
libre de la paroi du tube calicinal; de longs filaments grêles supportent des 
anthères subbasifixes biloculaires, s’ouvrant par deux fentes longitudinales et 
latérales. 

L'ovaire est infère et biloculaire, A la partie moyenne de la cloison, on 
trouve dans chaque loge un placenta dilaté en façon de bouclier, et portant 
sur sa face extérieure un grand nombre d’ovules amphitropes. Le fruit est 
capsulaire, enfermé daus le tube induré du calice auquel il est soudé, et 
S'ouvre en haut par l’écartement de deux valves en déhiscence loculicide. Les 
graines fertiles (un grand nombre d'ovules avortent) sont le plus souvent soli- 
taires dans chaque loge, et présentent une sorte d’involucre formé de six 
écailles. Ces écailles sont retenues à la surface de la graine par un réseau 


576 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


élastique, inséré d’une part à la partie interne et basilaire de chaque écaille, 
et d'autre part à la circonférence du testa, un peu au-dessus du bhile; il 
paraît résulter d’une portion de l’épiderme interne de l’écaille, qui continue 
à la rattacher au testa dont elle s’est séparée dans les autres points de 
sa base. 

Ces graines, exalbuminées, renferment un embryon dont les cotylédons 
sont repliés sur eux-mêmes, et dont la radicule est dirigée latéralement. 

Ce genre est représenté par deux espèces à feuilles opposées ponctuées : 
l’une est un arbre magnifique, dont le tronc énorme et résineux peut atteindre 
20 à 25 mètres; l’autre est un arbrisseau de 2 mètres seulement. Dans 
celle-ci, les fleurs sont solitaires et blanches ; dans l’espèce arborescente, au 
contraire, elles sont géminées ou ternées sur des pédoncules axillaires. Nous 
devons la communication de ces remarquables espèces à MM. Pancher et 
Vieillard : elles croissent dans les vallées et sur les coteaux ferrugineux, et 
l'espèce arborescente vient de Kanala. 

N'ayant vu la première espèce qu'en fruit, et la seconde qu'en fleur, le 
caractère générique résulte de la combinaison des observations faites sur ces 
deux espèces, mais nous ne doutons pas qu’elles ne soient congénères. 


CLOËEZIA Ad. Br, et A. Gris. 


Calyx tubo ovario semi-adhærente, limbo 5-fido, lobis triangularibus, 
æqualibus. Petala 5, ovata, sæpius acuta, brexiter unguiculata, sepalis vix vel 
paulo longiora. Sfamina 10-25, uniseriata, tubi calycini ultra ovarium pro- 
ducti margine inserta, libera ; filamentis petala subæquantibus ; antheris bilo- 
cularibus, longitudinaliter dehiscentibus, dorsifixis, glandula minima supe- 
ratis. Ovarium semi-adhærens, triloculare, loculis 4-8- (plerumque 7-) 
ovulatis; ovulis anatropis erectis, duplici serie placentario scutato, bifido, 
angulo centrali basilarique loculorum adnato insertis. Stylus erectus, ovario 
continuus, stigmate subcapitato, parum conspicuo. Fructus capsularis locu- 
licide dehiscens, calycis tubo subcampanulato vel subgloboso adnatus et lobis 
persistentibus plerumque erectis coronatus. Semina pauca, ertcta, plerumque 
abortiva; fertilia elongata, subulata, exalbuminosa, testa fibrosa, embryone 
recto, tigella cylindrica, cotyledonibus oblongis applicatis. 

Frutices ramosissimi, foliis oppositis pellucide punctatis, floribus solitariis 
aut sæpius cymosis, cymis versus apicem ramorum axillaribus vel subtermi- 
nalibus, pauci- vel multifloris. 


4. CLOEZIA DEPLANCHEI. 

C. foliis coriaceis plerumque ellipticis, breviter petiolatis, margine revolutis, 
supra glabris vel vix puberulis, secundum nervum medium tantum pubescen- 
tibus, sub lente nigro-punctulatis, subtus cinereo-velutinis; ovarii loculis 
plerumque &4-ovulatis; cymis axillaribus plurifloris, 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863. 577 


Frutex trimetralis; hab, in montibus Novæ Caledoniæ prope Balade (De- 
planche, n° 515; Vieillard, n° 499; Pancher, 1861). 


2. CLOEZIA CANESCENS. 

C. foliis lanceolatis vel elliptico-lanceolatis, margine revolutis, in petiolum 
brevem attenuatis, undulatis, supra puberulis, sub lente rufo-punctulatis 
infra canescenti-cinereis ; ovarii loculis 5-8-ovulatis; cymis axillaribus tri- vel 
plurifloris. 

Frutex; hab. in montibus Novæ Caledoniæ prope Balade et Port-de- 
France (Vieïllard, n'° 498 et 501). 

Var. B. glabrescens. Foliis plerumque ellipticis, glabris (Vieillard, n° 500). 


3, CLOEZIA FLORIBUNDA. 

C. foliis ellipticis, breviter petiolatis, glaberrimis; ovarii loculis plerumque 
7-ovulatis ; cymis axillaribus terminalibusque multifloris, patentibus. 

Frulex; hab. in montibus Novæ Caledoniæ prope Kanala (Vieillard, 
n° 502; Pancher, 1861). 


k. CLOEZIA SESSILIFOLIA. 
CG. foliis ‘ovatis vel ovato-oblongis, sessilibus, glabris; ovarii loculis ple- 
rumque 7-ovulatis; cymis axillaribus et subterminalibus plurifloris, erectis. 
Frutex; hab. in montibus Novæ Caledoniæ prope Palade (Vieillard, 
n° 496). 


5. CLOEZIA LIGUSTRINA. 

C. foliis coriaceis ellipticis vel lanceolatis, glabris, breviter petiolatis, margine 
revolutis, supra vernicosis, subtus pallidioribus rufoque punctulatis ; ovarii 
loculis plerumque 5-6-ovulatis; cymis axillaribus terminalibusque multifloris. 

Frutex ; hab. in montibus Novæ Caledoniæ prope Palade (Pancher, 1862. 
Vieillard, n° 497, var. angustifolia ; n° 505, var. latifolia), 


6. CLOEZIA BUXIFOLIA. 

C. foliis ellipticis, apice plus minusve obtusis, basi in petiolum brevem 
attenuatis, coriaceis, supra vernicosis; ovarii loculis 7-8-ovulatis ; floribus 
luteis, versus apicem ramorum axillaribus, solitariis, bibracteolatis. 

Frutex glaberrimus, ramosus, habitu Buxi; hab. in Nova Galedonia (Vieil- 
lard, n° 511, Mont-Dore; Pancher, 1861 ; Deplanche, n° 520). 


SPERMOLEPIS Ad. Br, et A. Gris. 


Calyx cupularis, 4-lobatus, lobis triangularibus inæqualibus, Corollæ 
Pelala 4, inæqualia subrotunda, præfloratione imbricata, Stamina numero- 
Sissima, tubi calycini pariete inserta ; antheris bilocularibus subbasifixis, apice 
glandula minuta ornatis, lateraliter rima debhiscentibus. Ovarium inferum 


578 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


biloculare, placentis medio septi adnatis, ovula plura contigua amphitropa 
gerentibus. Stylus elongatus, apice attenuatus, stigmate minuto. Æructus 
capsularis, calycis tubo lignoso inclusus et adnatus, bilocularis, apice locu- 
licide incomplete bivalvis. Semina pleraque sterilia squamiformia. Semen 
maturum in quoque loculo solitarium, sphæricum, hilo punctiformi notatum ; 
squamis 6 membranaceis secundum circulum paulo supra hilum affixis invo- 
lucratum, squamis subliberis oscillantibus, reticulo tenuisissimo elasticoque 
ex epidermide interiore et inferiore squamarum formalo tantum contentis. 
 Albumen nüllum. Æmbryo cotyledonibus cressis punctulatis replicatis, tigella 
hilo subparallela, 
Arbores vel frutices, foliis oppositis latis, coriaceis, pellucide punctatis, 
floribus axillaribus solitariis vel ternatis. 


1. :SPERMOLEPIS GUMMIFERA. 

S. foliis petiolatis ovatis, margine revolutis, glabris, pellucide punctatis, 
supra nilidis, infra nigro-punctulatis; floribus ad apicem pedunculorum axil- 
larium geminatim vel ternatim sessilibus, pedunculis elongatis petiolos supe- 
rantibus. 


Arillastrum qummiferum Panch. in herb. Mus. par. 

‘Arbor erecta, trunco amplissimo, resinoso; hab, in collibus et vallibus 
ferrugineis Novæ Caledoniæ (Pancher, 1861) ; in monte Æunala (Vieillard, 
n° 471). 

2. SPERMOLEPIS RUBIGINOSA. 

S. foliis amplis petiolatis, ellipticis, margine revolutis, plus minusve ferru- 
gineo-velatinis, nervo medio infra pilis longioribus albescentibus sæpius hir- 
suto ; flofibus solitariis (albis), longe pedunculatis, bibracteolatis. 


Frutex bimetralis; hab. in collibus ferrugineis Novæ Caledoniæ (Pan- 
cher, 1862). 


M. Duchartre fait remarquer que l'étude anatomique des singu- 
lières écailles qui enveloppent la graine des Spermolepis comme 
d'un involuere, conduirait peut-être à mieux déterminer quelle est 
leur véritable origine. 

M, Gris répond que cette étude, jointe à celle du développement, 
aurait certainement levé tous les doutes à cet égard, si les maté- 
riaux, dont M. crane et lui pouvaient disposer, avaient été 
suffisants. 

M. Gris présente ensuite à la Société quelques exemplaires des 
Types des principales familles naturelles, photographiés par 
M. Reynaud, sous la direction de M. Ad. Focillon, professeur de 
sciences naturelles au lycée impérial de Louis-le-Grand, à Paris. 


SÉANCE DU 11 pÉCEMRRE 1863, 579 


Ce travail, qui paraît avoir une portée plus haute que celle d’une 
simple spéculation, semble de nature à faciliter l’étude de Ja bota- 
nique par la reproduction fidèle du port des plantes, aussi bien que 
des organes mêmes de la fleur, isolés et convenablement préparés. 


M. Bureau, vice-secrétaire, donne lecture de la communication 
suivante, adressée à la Société : 


SUR LA FLORE DE CIVITA-VECCHIA (ÉTATS-ROMAINS), par M, Adrien WWARION, 


(Rome, octobre 1863.) 


La campagne qui s'étend aux environs de Civita-Vecchia est nue, désolée 
et presque complétement inculte, Ce sont de vastes maquis profondément 
ravinés, offrant près du littoral des bas-fonds humides, souvent submergés 
en hiver; se relevant au contraire à l’est, où ils rencontrent des collines 
basses, dernières ramifications des monts Cimini, Ces collines ne tardent pas 
à se grouper et à s'élever rapidement en s’enfonçant dans les terres; elles. se 
couvrent alors de belles et vastes forêts, tandis que, comme les maquis, elles 
n'offrent sur le littoral que des buissons et des broussailles, composés princi- 
palement de Cistus monspeliensis, C, incanus, Pistacia Lentiscus, Calyco- 
tome villosa, Myrtus communis, Daphne Gnidium, Quercus Ilez, Q. Suber, 
Q. pubescens, etc. 

Le littoral court du N, N. 0. au S. S, E.; il est bordé de rochers, de 
falaises peu élevées, au pied. desquelles se trouve une épaisse couche de 
plantes marines, et surtout de Posidonia Caulini, couche assez épaisse 
en certains points pour dépasser 1 mètre de hauteur, C'est sur ces rochers 
que l’ou observe en abondance: Matéhiola incana, Crithmum maritimum, 
Aelichrysum angustifolium, Inula crithmoïdes, Statice densiflora Guss., 
Obione partulacoides, Suæda fruticosa, Agropyrum pycnanthum, ete. A 
quelque distance au sud, la côte s’abaisse et offre une plage sablonneuse assez 
étendue, où l’on récolte: Glaucium luteum, Matthiola sinuata, Medicago 
Marina, Eryngium maritimum, Echinophora spinosa, Centaurea sphæroce- 
Phala, Convolvulus Soldanella, Euphorbia pinea, E. terracina, Pan- 
cratium maritimum, Panicum repens, Sporobolus pungens, etc. 

La côte s’abaisse également au nord, vers l'embouchure de la Mignone, et 
là commencent de vastes prairies, humides et marécageuses, qui se conti- 
nuent presque sans interruption avec les maremmes de Toscane. À la hauteur 
de Corneto existent les marais salants de Porto-Clementino, exploités par le 
£ouvernement. 

Les cours d’eau sont rares et de peu d'importance ; le plus considérable est 
là Mignone, dont l'embouchure se trouve à 10 kilomètres à peu près au nord 


580 . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de la ville ; les autres ne sont que des ravins à sec une partie de l'année. Je 
citerai enfin quelques sources éparses dans la campagne, et de nombreuses 
sources sulfureuses, froides ou chaudes, répandues dans les maquis, surtout 
vers la Torre-Orlando. Les deux plus importantes étaient exploitées par les 
Romains; ce sont la Ficoncella et les Bains de Trajan.' 

Le sous-sol est un tuf calcaire appartenant à la formation subapennine, 
recouvert de couches plus ou moins épaisses d’argiles et d’alluvions, 

On voit, d’après ce rapide aperçu, que la végétation des environs de Civita- 
Vecchia doit être variée, car on y trouve des stations bien différentes. En effet, 
pendant un séjour de plus d’une année, j'y ai récolté ou noté 650 à 680 
espèces, dans un rayon de 15 kilomètres environ. Beaucoup de ces espèces, 
il est vrai, sont répandues dans tout le bassin méditerranéen, et un catalogue 
complet n’offrirait que peu d’intérêt ; je me bornerai donc à signaler les plus 
remarquables. Parmi celles-ci, trois sont, je crois, signalées pour la première 
fois sur le continent italien : 4° Crupina Morisit Bor., que Bertoloni ne cite 
qu’en Corse et en Sardaigne ; 2° Muscari parviflorum Desf., si remarquable 
par sa floraison automnale et ses principaux caractères, et qui n’était connu 
qu'en Sicile (où il est rare), à Malte, à Carthage et au mont Liban ; 3° Agro- 
Pyrum pycnanthum G.G. (1). 

Plusieurs autres n'étaient pas encore connues dans l'Italie centrale ; je 
citerai plus particulièrement les suivantes : 4° Cenfaureu aspera L., qui 
n'était signalé qu'à Nice et à Gênes, et que j'ai récolté à Civita-Vecchia, et 
plus tard à Corneto, où il est abondant, et a été découvert par mon ami le 
docteur Avice; 2° Carex olbiensis Jord., une des plus rares espèces du 
genre ; outre la localité classique d'Hyères, il était connu à Menton, d’après 
M. Ardoino, et près de Valdemone en Sicile. Je l'ai aussi trouvé depuis 
dans la forêt qui s'étend de Frascati à Grotta-Ferrata ; 3° Glyceria festuci- 
formis Heynh., indiqué seulement par M. Parlatore sur les bords de l’Adria- 
tique, à Venise et à Aquilée. 

Enfin, il me reste à parler de deux plantes d'origine étrangère, qui ne 
paraissent se répandre en Italie que depuis peu de temps. Ce sont le Senebiera 
pinnatifida DC. signalé en un seul point de la côte toscane, et le Xanthium 
macrocarpum DC. , que j'ai récolté, non-sealement à Porto-Clementino, mais 
encore à Rome, dans les lieux vagues et sur les bords du Tibre, où il abonde 
et où il atteint des dimensions très-considérables, 


Anemone apennina L. — RR. Broussailles au ravin de Marengone (DT Avice). 
Ranunculus velutinus Ten. — A4.R. Prairies, ravins, 

— millefoliatus Vahi, — R. Maquis à Corneto. 

Fumaria agraria Lag.-— R. Rochers à Civita-Vecchia et à Corneto. 


(4) La détermination de cette espèce critique ne peut laisser aucun doute, car je 


la dois à l'extrême obligeance de M. Duval-Jouve, dont l'autorité fait loi en matière de 
Glumacées. 


SÉANCE DU 41 DÉCEMBRE 1863. 581 


Raphanus Landra Mor. — C. Lieux sablonneux du littoral. 

Diplotaxis erucoides DC. — C. Bords des routes, lieux cultivés, décombres. 

Berteroa obliqua DC. (Alyssum incanum Seb. et Maur.). — Lieux arides, pelouses à 
Palo. 

Hutchinsia petræa R. Br. — RR. Rochers à Corneto ; janvier-février. 

Senebiera pinnatifida DC. — RR. Civita-Vecchia, chemin de ronde dans l’intérieur du 
fort Michel-Ange. 

Capparis rupestris Sibth. et Sm.— R, Vieux murs, remparts de Civita-Vecchia. 

Cistus incanus L. — C. Maquis. 

Silene Tenoreana Coll. — A.R. Rochers, maquis. 

— hispida Desf. (S. vespertina Seb. et Maur. F1. rom. 151).— R. Lieux arides, maquis. 

Dianthus Carthusianorum L. (D. atrorubens Seb. et Maur. F1. rom. 149). — Maquis du 
littoral. 

— longicaulis Ten.? — RR. Momelons de tuf près de la mer. 

Stellaria media Vill. var. apetala. — Cette forme est très-commune dans les décombres 
et les lieux cultivés, tandis que le type se rencontre rarement. 

Cerastium campanulatum Viv. — C. Lieux incultes, pelouses, bords des routes. 

Malope malacoides L. — C. Maquis. 

Erodium romanum Willd. — C. Pelouses, pâlurages. 

Hypericum ciliatum Lam. — 4.R. Ravins. 

Anagyris fœtida L. — ,1.R. Ravins, broussailles, 

Calycotome villosa Link. — 4.C. Maquis du littoral. 

Lupinus hirsutus L. — 4.R. Maquis rucailleux. 

Ononis antiquorum L. — 4.C. Maquis. 

— viscosa L. — R. Pelouses (D' Avice). 

Anthyllis Dillenii Schult. — 4.R. Pelouses, rochers. 

Medicago Murex Willd. — A.C. Lieux frais, ravins. 

— tribuloides Lam. — C. Ravins, lieux incultes. 

— sphærocarpa Bert.— R. Maquis. 

Hymenocarpus circinatus Savi. -— C. Pelouses. 

Trifolium tomentosum L.— 4.R. Pelouses, maquis. 

— supinum Savi. — R. Pelouses. 

— nigrescens Viv. — R. Lieux frais. 

Dorycnium herbaceum Vill.— 4.R. Maquis. 

Tetragonolobus purpureus Mœnch.— 4.C. Pelouses rocailleuses. 

Lotus ornithopodioides L. — 4.C. Maquis, pelouses. 

— edulis L.— R. Rochers du littoral. 

Astragalus sesameus L.— R. Lieux secs, bords des routes. 

Lathyrus angulatus L. (L. coccineus Seb. et Maur. Fl. rom. 242). — C. Pelouses, 

maquis. 

Hedysarum coronarium L.— CC. Maquis, pelouses. 

Cercis Siliquastrum L. — C. Broussailles humides, ravins. 

Lythrum Græfferi Ten, — 4.C. Lieux humides, fossés. ’ 

Myrtus communis L. var. leucocarpa Ten. — Maquis du littoral à Santa-Marinella et 
Santa-Severa. 

Sedum stellatum L. — 4.R. Rochers. 

Cotyledon horizontalis Guss.— R. Rochers ombragés. 

Tordylium apulum L. — C. Pelouses, rochers. 

Daucus setulosus Guss. — 4.R. Ravins. 

Brignolia pastinacifolia Bert. — RR. Maquis près de la tuilerie. 

Piychotis verticillata Duby. — 4.R. Lieux arides, rochers. 

Viburnum Tinus L. — C. Ravins. 

Valerianella eriocarpa Desv. — C. Pelouses, maquis. 

Cephalaria transsilvanica Schrad. — CC. Maquis, ravins. 

Bellis silvestris Cyr. — CC. Maquis, pelouses, etc. ; 

Pinardia coronaria Less. — R. Remparts de Civita-Vecchia. 

Anthemis fuscata Brot, — 4.C. Lieux humides, pelouses. 

— Marilima L.— 4.R. Sables maritimes. 

Anacyclus radiatus Lois. — A.C. Lieux incultes et sablonneux. 


582 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Pulicaria sicula Moris. — C. Liéux humides. 
Helichrysum angustifolium DC. — 4.C. Rochers du littoral. 
Evax astérisciflora Pers. — C. Maquis secs du littoral. 
Tyrimnus leucographus Cass. — 4.C. Maquis. 
Onopordum illyricum L.— C. Lieux arides, maquis. 
Notobasis syriäca Cass.— R: Lieux arides, bords des routes. 
Cynara Cardunculus L. — CC. Maquis, coteaux. 
Cirsium polyanthemum DC. — R. Lieux humides, 
— italicum DC.— RR. Mamelons de tuf près de l'embouchure de la Mignone. 
Centaurea napifolia DC. — C. Lieux incultes, bords des routes. 
— sphærocephala L. — 4.R. Sables maritimes. 
— aspera L.— RAR. Mamelons de tuf près de l'embouchure de la Mignone. 
Centrophyllum cæruleum G.G. — 4.C. Maquis. 
Crupina Morisii Bor. — RR. Maquis secs du littoral; avril-mai. 
Serratula cichoriacea DC; — A.R. Maquis secs, rochers, collines sur la route de Corneto 
(tuilerie, Torre-Orlando, etc.) et sur la route de la Tolfa; juin. 
Catanance lutea L.— RR. Maquis. 
Hyoseris radiata L.— 4.C. Pelouses humides. 
Seriola ætnensis L.— C. Rochers, pelouses. 
Scorzonera hispanica L. 8 glastifolia Wallr. — Prairies. 
Tragopogon australis Jord. — R. Prairies, 
Crepis bulbosa Cass. .— 4.R. Pelouses, pâturages. 
— scariosa Willd. — C. Pelouses, rochers. 
— neglecta L. — C. Pelouses, maquis. 
Ambrosia maritima L.— RR. Sables à Santa-Marinella. 
Xanthium macrocarpum DC.— RR. Bords des chemins à Porto-Clementino, — Les 
échantillons de cette localité présentent les caractères d'après lesquels M. Grenier 
distingue le X. ifalicum Mor. de l’espèce de De Candolle. 
Laurentia Michelii DC. — RR. Lieux inondés en hiver des maquis du littoral, 
Cyclamen neapolitanum Ten. — 4.C. Broussailles ; septembre à novembre 
— repandum Sibth, et Sm. (C. hederifolium Seb, et Maur. FI, rom. 95). — Lieux frais, 
ravins ; avril. 
Fraxinns Ornus L.— 4.C. Coteaux. 
Phillyrea stricta Bert. — R. Maquis, en société du Ph. argus, 
Asterolinum steliatum Link. — RR: Pelouses à Corneto, 
Convolvulus althæoides L. — 4.C. Maquis, 
— tenuissimus Sibth. et Sm.— 4.R. Ravins, 
Cerinthe aspera Roth.— CC. Lieux frais, haies, fossés, maquis. 
Borragd officinalis L. — CC. Pelouses, coteaux arides, 
Lithospermum apulum Willd. — 4.R. Maquis secs. 
Antirrhinum Orontium L. var. grandiflorum.— A Civita-Vecchia, ainsi qu'à Rome et 
à Tivoli, cette variété remarquable est plus fréquente que le type. 
Linaria chalepensis Mill. — R. Cultures au ravin du Diable. 
Eufragia latifulia Griseb., — C. Prairies. 
Micromeria gri#ca Benth.— C. Lieux arides, rochers, maquis. 
Salvia hæmatodes L. — 4.R. Bords des routes, ravins: 
— multifida Sibth. et Sm.— C. Pelouses rocailleusés. 
Stachys italica L. — X. Pelouses à Santa-Marinella et à l'embouchure de la Mignone. 
Sideritis romana L. — C. Lieux secs, maquis, coteaux, 
Prasium majus L. — R. Maquis, rochers à Civita-Vecchia et à Corneto. 
Vitex Agnus castus L. — C. Lieux hamides, ravins. 
Plantago Bellardi All. — 4.C. Pelouses sèches, maquis, 
Statice densiflora Guss. — A.R. Rochers du littoral à Civita- Vecchia et à Santa- 
Marinella, 
Amarantus patulus Bert. (A. retroflexus Seb, et Maur.), — Lieux ineuliés; bords des 
routes. 
— albus L. — A.C. Décombres, fossés, bords des routes, 
Atriplex rosea L. — R. Lieux incultes, fossés. 
Suæda fruticosa Forsk., — 4,C+-Rochers du littoral, 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863. 583 


Polygonum flagellare Bert. — C.: Lieux arides. 

Laurus nobilis L.— C. Ravins. 

Cytinus Hypocistis L. — 4.C. Maquis, sur les racines des Cistes. 

Euphorbia pinea L. — R. Sables maritimes, 

— terracina L.— A.R. Sables maritimes. 

— pubescens Desf. — À.R. Ravins. 

Crozophura tinctoria Juss. — C, Lieux arides. 

Urtica membranacea Poir. = C. Murs, bords des routes, etc. 

Theligonum Cynocrambe L. — C. Maquis, rochers, 

Quereus Suber L.— C. Maquis du littoral. 

— Cerris L. — 4.C. Maquis sur la route de la Tolfa. 

Ornithogalum divergens Bor. — C. Pelouses; avril. 

Allium Chamæmoly L.— CC. Maquis, pelouses, rochers ; janvier-février. 

— triquetrum L.— A.R. Broussailles, lieux frais. 

Bellevalia romana Rchb. — C. Pelouses, maquis. 

Muscari parviflorum Desf. — R. Pelouses, maquis près de la Mignone et à Porto- 
Clementino; septembre. 

Asphodelus microcarpus Viv. (A. ramosus Seb. et Maur. FI. rom. 129), — C C. Lieux 

arides, maquis, coteaux, cultures. 

Crocus suaveolens Bert. — R R. Coteaux près des Bains de Trajan. 

Romulea Bulbocodium Seb. et Maur. -— C. Pelouses. 

— Columnæ Seb. et Maur. — 4.8. Pelouses rocailleuses. 
Iris italica Parl.— RR. Mamelons de tuf entre la Torre-Orlando et la mer! (D' Gros). 
Nareissus Tazetta L.— 4.C. Lieux frais, ravins. Il en existe près des Bains de Trajan, 
parmi les broussailles, une grande forme que je crois être le N. elruscus Pari. 
Triglochin Barrelieri Ræm. et Sch. (T. maritimum Seb. et Maur. FI. rom. 334), — 
Bas-fonds humides du littoral, 

Posidonia Caulini Konig. — Très-abondant sur tout le littoral des États-Romains; à 
aucune époque de l’année, je ne l’ai trouvé fleuri ni fructifié. 

Âtisarum vulgare Rehb. — CC. Lieux arides, haies, bords des routes. 

Biarum tenuifolium Schott, — RR. Lieux arides près de la Mignone (D' Avice). 

Juncus multiflorus Desf. — R. Ravins près de la tuilerie. 

— Jagenarius Gay. — RR. Marais à la Ficoncella. 

Cÿperus olivaris Targ.-Tozz. — A.R. Lieux sablonneux, bords des routes. 

Scirpus Savii Seb. et Maur. — A.R. Bas-fonds inondés en hiver. 

Carex silvatica Huds. (C. strigosa Mauri FI. rom. cent. 13, p. 47).-— Coteaux, maquis. . 

— olbiensis Jord. — RR. Maquis près de la Torre-Orlando. 

“— divisa Huds. — C. Maquis, pelouses où la forme la plus commune est le C, seli- 
folia Godr: 

Phalaris cærulescens Desf. — A.R. Prairies humides, 

— Minor Retz. — 4.C. Lieux cultivés. 

Crypsis aculeata Ait. — A.R. Lieux humides du littoral. 

— schœnoides Lam, — R. Ravins desséchés. 

— alopecuroides Schrad. — A.R. Lieux humides, fossés. 

Phleum tenue Schrad.— A.R. Lieux secs, maquis. 

Alopecurus utriculatus Pers, — CC. Lieux humides, prairies, fossés. 

anicum repens L.— R. Sables maritimes à Santa-Marinella et à Santa-Severa, 

Andropogon distachyus L.— R. Rochers au ravin du Zampa d’Agnello, 

Gastridium scabrum Presl.— R R. Maquis du littoral. 

Polypogon monspeliensis Desf. — 4.R. Maquis du littoral. FN ; 

Stipa tortilis Desf, — A.R. Lieux rocailleux, remparts de la ville, maquis à Civita-Vecchia 
et à Corneto. 

— pennata L. — RR. Mamelons de tuf près de la mer. 

vena neglecta Willd. — C. Pelouses, maquis. 

— condensata Link. — R. Lieux secs, maquis. Le 

Glyceria festuciformis Heynh. — RR. Marais du littoral près de la tuilerie. 

Melica major Sibth. et Sm. — A.R. Maquis secs. 

— nebrodensis Parl, — A.C. Rochers, maquis. : ë 

Cynosurus aureus L. — Abonde en mars-avril sur tous les vieux murs de Cervetri, 


584 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Vulpia ligustica Link. — 4.C. Lieux arides, pelouses, bords des chemins. 
Hordeum bulbosum L.— A.R. Prairies. 

Agropyrum pycnanthum G.G. — 4,C. Rochers au bord de la mer. 
Equisetum maximum Lam.— A4.R. Lieux humides, ravins. 

— ramosum Schl. — C, Maquis, ravins. 


M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de la communica- 
tion suivante adressée à la Société : 


SUR LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE DES ÉPINES DU XANTHIUM SPINOSUM, 
pa M. . CARUEL. 


(Florence, octobre 1863.) 


On sait que le Xanthium spinosum présente, à la base de ses feuilles, deux 
épines tripartites, à pointes longues et acérées, dont l’une cède plus tard la 
place à un capitule de fleurs femelles, dès que la plante commence à produire 
des fleurs. La signification morphologique de ces organes n’a pas encore été 
l’objet d’un examen scientifique, même de la part des auteurs qui se sont 
le plus occupés de Composées, tels que Cassini, De Candolle et Wallroth, le 
monographe du genre Xanthium (1). L’analogie entre la position de ces 
épines et celle des stipules les aurait sans doute fait ranger dans cette dernière 
classe d'organes, si l’on n’avait pas été arrêté par la considération qu'il n'y à 
pas de plantes à stipules parmi les Composées. 

Un botaniste sicilien, M. Prestandrea (de Messine), est le seul, à ma Con- 
naissance, qui ait traité la question. Lors du septième congrès des savants ita- 
liens, qui se réunit à Naples en 1845, M. Prestandrea lut, dans une des 
séances de la section de botanique, une note sur la valeur morphologique 
des épines du Xantkium spinosum, dans laquelle, après avoir repoussé l'idée 
qu’elles pussent être des transformations de bourgeons ou de branches, ou 
des stipules avortées, il les considérait comme des feuilles transformées, qui, 
par le rapprochement des entre-nœuds, seraient venues se placer à côté des 
feuilles normales au lieu de leur être opposées (2). 

“Cette opinion fut combattue par plusieurs botanistes présents à la séance. 
M. Parlatore fut d'avis que les épines du Xanthium représentaient les lobes 
latéraux de la feuille , transformés d’une façon comparable à celle d’où résul- 
tent les vrilles des Smilaz ; de sorte que toute la feuille aurait représenté le 
premier degré d’une transformation analogue à celle qui produit les épines des 
Berberis. L’illustre Robert Brown, interrogé par ses collègues, ne se prononça 
pas décisivement ; il se borna à constater l'extrême ressemblance des épines 


(1) Wallroth, Monographischer Versuch ueber die Gewæchs-Gattung Xanthium. 


LR della sellima adunanza degli sciensiati italiani tenuta in Napoli nel 1845, 
P- . 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863, 585 


du Xanthium avec celles des Berberis, et par conséquent la probabilité d’une 
commune origine foliaire. M. Gasparrini, s'appuyant sur ce qu’il y a dans les 
plantes deux modes de croissance : croissance verticale ct croissance transver- 
sale, pensa qu’on pourrait attribuer à celle-ci la production des épines du Xan- 
thium, sans recourir à la transformation d’autres organes; en d’autres termes, 
qu’elles pourraient être des excroissances de la tige. 

La constance de position et de forme des épines du Xan{hium ne permet 
pas de se ranger à l’idée de M. Gasparrini. Je ne pense pas qu’il y ait lieu 
non plus de s’arrêter à l’opinion de M. Parlatore; dans les feuilles des 
Smilax, dont il a invoqué l’analogie, les vrilles sont une partie intégrante 
de la feuille, elles partent du sommet du pétiole, et l’on peut justement 
les considérer comme des lobes latéraux réduits à leur nervure principale ; 
les épines du Xanthium, au contraire, sont parfaitement indépendantes de 
la feuille ; elles se développent plus tard, et persistent après sa chute; si l'on 
voulait les rattacher à la feuille, ce pourrait être tout au plus à titre de 
stipules. 

L’analogie entre ces épines et les feuilles normales du Xanthium est établie 
par leur mode de division ; elles sont à trois branches, comme les feuilles sont 
à trois nervures principales, et par suite à trois lobes; et la partie qui se 
trouve au-dessous des branches correspond pour la longueur aux pétioles des 
feuilles. En les examinant de près, on s'aperçoit qu’elles ne se trouvent pas 
Sur le même plan que la feuille à laquelle elles correspondent, mais bien sur 
un plan quelque peu supérieur. Quand elles sont par paires, l’une d'elles, 
celle de droite on celle de gauche suivant les individus, mais (à ce qu'il 
semble) constamment la même dans un même individu, est un peu plus petite 
que sa voisine; et c’est précisément la place de cette plus petite épine qui est 
occupée par un capitule de fleurs femelles quand celles-ci commencent à 
paraître, Or on sait que l’involucre de ces capitules, formé de deux folioles 
Soudées, est terminé par deux pointes spinescentes et inégales, dont la plus 
Petite se trouve constamment du côté intérieur du capitule, c'est-à-dire du 
côté de sa foliole supérieure. Voilà donc toute une série d’analogies entre les 
feuilles, les épines-et les folioles de l'involucre, qui suggèrent naturellement 
l'idée que les épines du Xanthium sont bien des feuilles modifiées, mais des 
feuilles appartenant à un bourgeon qui s’est développé à l’aisselle de la feuille 
normale, sur les côtés de laquelle elles semblent être nées. 

Je me hâte d'ajouter que l'étude du développement des épines confirme de 
lout point cette première idée. Elles naissent longtemps après la feuille, quand 
celle-ci a acquis, sinon tout son développement, du moins tout son caractère 
de feuille complète, y compris le pétiole. Dans mon hypothèse, le capitule 
femelle serait la production axillaire de la deuxième feuille (entièrement 
avortée) du bourgeon; eh bien ! quand celui-ci, comme cela arrive souvent, 
se prolonge encore pour produire d’autres feuilles, des feuilles normales, la 

ES 39 


586 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
première de celles-ci se trouve à la place que l'hypothèse lui assigne, du côté 
opposé au capitule. 

L'opinion de M. Prestandrea se trouve donc justifiée, en tant qu’on peut 
regarder les épines du Xanthium comme des organes appendiculaires indé- 
pendants et les analogues des feuilles ; seulement elles ne sont pas, comme il 
le croyait, une production de l'axe qui porte la feuille dont elles semblent 
dépendre, mais bien d’un axe pecpndaine qui s’est développé à l’aisselle de 
cette feuille. 

Du reste, le Xanthium spinosum, comme on pouvait s’y attendre, n'est 
pas seul à offrir un exemple d’une semblable transformation. Une Apocynée 
de Ceylan, l’Azima tetracantha, montre, à l'aisselle de chaque feuille, deux 
fortes épines placées côte à côle, qu’on doit, je pense, considérer de même 
comme les premiers organes appendiculaires du bourgeon né à l’aisselle de la 
feuille ; notez que leur analogie avec les feuilles est établie par l'extrémité 
spinescente de celles-ci. N'eût été leur position trop évidemment axillaire, on 
aurait pu les prendre pour des stipules. Il existe, dans nos jardins, une espèce 
d'Aristolochia, l'A. caudata, si je ne me trompe, dont les deux premières 
feuilles du bourgeon axillaire, fort différentes des autres, simulent si bien des 
stipules, que je crois qu’on les a décrites quelque part comme telles, 

On est amené, par la considération de ces faits et d'autres semblables, à 
penser, comme Griffith paraît l'avoir soupçonné il y a longtemps (1), qu’il 
existe toute une classe d'organes, qu’on à rangés parmi les stipules (par 
exemple, dans les Æicus, les Dipterocarpus, etc.), et qui auraient droit à 
être considérés comme des organes indépendants à légal des feuilles, Au 
moins est-il démontré, par l'exemple frappant des SeZaginella, que les feuilles 
peuvent affecter sur un même axe deux formes différentes et alternant d’une 
façon régulière, 


M. Duchartre fait remarquer que l’Aristolochia mentionné dans 
le travail qui vient d’être lu sous le nom d'A. caudata est 
VA. triloba. us 


M. Gris, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, 
adressée à la Société : 


NOUVELLE NOTE SUR QUELQUES RECTIFICATIONS DE SYNONYMIE, par MM, A. GRAS. 


(Turin, novembre 1863.) 


EL. — Dans un premier ärticle (2), que j’eus l'honneur de communiquer à 


(1) Notulæ asiatica, pp. 44, 15, 230, 231; 254, 996: 
(2) Yoyez le Bulletin, t. VHE, LE 270; 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863. 587 


la Société (séance du 10 mai 1861), je m’efforçai de ramener sous le patro- 
nage d’Allioni une certaine quantité d'espèces qui s’en étaient fort innocemment 
affranchies. Mes instances s'étaient appuyées sur le respect si légitime qu’on a 
généralement voué de nos jours au droit sévère de priorité; et si , dans ledit 
essai, j'étais parvenu à rencontrer le suffrage bienveillant des personnes qui 
prennent quelque intérêt à cette partie toute littéraire de la botanique, je 
serais moins heureux de m'en réjouir pour moi-même que pour la mémoire 
de mon illustre concitoyen, dont j'ai pu surtout apprendre à dignement 
apprécier les rares qualités de cœur et d’esprit dans les trésors de sa vaste cor- 
respondonce (1). ; 
Dans cette seconde étude, ce sont encore quelques droits d’Allioni, sut un 
petit nombre de plantes étrangères à la flore du Piémont, que je vais tâcher 
de rappeler à mes confrères; et j'ose espérer que nos botanistes descripteurs 
voudront bien souffrir sans trop d’impatience les troubles passagers qu'il me 
faudra susciter dans la synonymie, En effet, on saura peut-être ne pas trop 
oublier qu'il s'agit ici d’une question de la plus incontéstable équité ; il s’agit 
de perpétuer, à côté du genre et de l'espèce, le nom du botaniste heureux 
qui arriva le premier à classer ses plantes dans la science, d’après les lois de 
nomenclature universellement reconnues. Or, dans l'application de ce prin- 
cipe, qui est à lui tout seul le moyen le plus sûr pour parvenir à l'unité de 
la synonymie, on ne saurait, croyons-nous, admettre un trop grand nombre 
d'exceptions irréfléchies, sans qu'on en vint, d'un côté, à se rendre coupable 
d'un acte criant d’injustice envers tout écrivain arbitrairement écarté, el sans 
qu'on offrit, de l’autre, au goût plus ou moins scrupuleux des foristes un 
déplorable prétexte de scission. Voilà pourquoi, dans les différentes circon- 
stances de ce petit procès historique, qui se débat en dehors de la science 
elle-même, nul écrivain consciencieux ne pourra répondre au réviseur 
hoportun : « Vos observations sont tardives, notre siége est fait. » 
Parmi les plantes nommées dans l'Auctarium ad synopsim methodicam 
#tirpium horti regii taurinensis (1774), il y en a une certaine quantité qui 
mériteraient d’être rendues à Allioni et qui figurent, sans aucun doute, dans 
les flores sous des noms postérieurement imposés. Mais comment aurais-je pu 
me reconnaître, dans l'incertitude fatale où me laissaient les moyens tout à 
lait insuffisants dont le botaniste fit usage ? Une seule petite phrase de quel- 
ques mots caractérise le plus grand nombre des espèces, et, pour r'essaisir dans 
lé Prodromus les traces de la plante que je sentais sous la main, mes efforts 
les plus opiniâtres n’obtinrent le plus souvent que de très-douteux résultats. 
de nai donc pu procéder à ce nouveau dépouillement qu'avec la plus grande 


(4) La corréspondancé complète d’Allioni, classée en vingt volumes, petit in-4°, 
Sommairement reliés par lui-même , appartient à la bibliothèque de l’Académie royale 
des sciences de Turin, . US Les | x 


588 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


réserve, et j'ai dû surtout, quant à présent, me résigner au sacrifice d'espèces 
excellentes, qu’il m'aurait été bien cher de rapporter à leur véritable 
auteur. Dans la série de celles dont je vais discuter la synonvmie, le doute 
m'a pourtant paru inadmissible, et je ne les ai adoptées moi-même que par 
suite d’une conviction résultant d’un ensemble de preuves consciencieusement 
acquises, soit dans les descriptions assez complètes fournies par l'auteur, soit 
par Ja nature même de quelques espèces notoires, visiblement désignées par 
les synonymes cités. 


II. — Le nom d’Allioni, qui s'attache à un si grand nombre d'espèces 
indigènes de la haute Italie, n'avait figuré jusqu’à présent, que je sache, à 
côté d'aucune plante exotique, et je me sens vraiment heureux de pouvoir 
introduire ce nom illustre dans les flores de diverses contrées éloignées de 
ces Alpes fécondes, pour lesquelles notre infatigable botaniste eut constam- 
ment une prédilection si naturelle et si marquée. Voici donc quelques espèces 
inconteslables que je viens ramener vers lui, ne sachant me résigner à 
tolérer qu’on les dérobe plus longtemps à sa renommée, sans qu’une humble 
protestation s'élève au moins en faveur des droits imprescriptibles de sa 
priorité, 

1. ÆHibiscus levis AU. Auct. ad syn. etc., in Mise. teur. V (77b), 
p. 83, ex phrasi diagnostica et descriptione, — Cette espèce fut conscien- 
cieusement reproduite sous le nom d’Allioni, dans l'ouvrage de Scopoli, 
intitulé : Delicie Flore et Faunæ insubricæ, t. 1 (1788), p. 35, tab. 17; 
tandis que l’illustre monographe des Malvacées la plaça dans le Prodromus, 
sous la dénomination d'A, militaris Cav. Diss. VI, p. 352, tab. 198, £. 2. 
D'après la description du botaniste espagnol, on ne peut douter de l'identité 
de son espèce avec la plante d’Allioni ; mais, comme les huit premières disser- 
tations de Gavanilles sur la classe des plantes monadelphes, imprimées à Paris, 
chez les Didot, ne parurent que dans l'intervalle de l'année 1785 à l’année 
4789, rien, pensons-nous, ne peut s'opposer à la juste revendication que 
nous invoquons ici en faveur de l’antériorité plus que décennale du naturaliste 
italien. 

. Cette remarquable espèce est originaire de l'Amérique du nord. 

2. Melia sempervirens Al. Auet. ad syn. etc, L, ce. (1774), p. 83, ex cit 
syn, Tournefortii et adjectis observationibus. — Le Prodromus (f, 621) 
reconnaît cette espèce comme procédant de Swartz #2. Ind. occid. vol. TE, 
p. 737; le volume cité de cet important ouvrage ne date pourtant que de 
l’année 1800, et si l’auteur y fit, pour le nom spécifique de sa plante, l'heu- 
reuse rencontre de l’épithète déjà consacrée par Allioni, ce ne fut pas le pur 
hasard qui le servit : l’espèce en question n’est que la variété B SEMPER VIRENS 
du Melia Azedarach de Linné. 

D'après De Candolle, le M, Azedarach à L. croît en Syrie et à l'ile de 


SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1863, 589 
Ceylan, tandis que le M. sempervirens nous serait exclusivement arrivé de 
la Jamaïque (1). 

3. Ambrosia peruviana AL Auct, ad syn. etc., L. ce. (1774), p. 67, ex 
phrasi diagnostica. — La plante était connue ab antiquo sous cette même 
dénomipation dans tous les jardins botaniques, et, dans la note qui fait suite à 
sa phrase diagnostique (note qui fut probablement écrite en 4771), Allioni 
avoue que dix ans auparavant elle Jui avait été transmise par Bernard de 
Jussieu, sous le nom qu'il publie dans l’Auctarium (2); elle n'avait pourtant 
encore paru dans aucun ouvrage à nomenclature binaire, et si les preuves 
nous manquent pour la faire remonter plus haut, c’est bien à cet Auctarium 
de l’année 1774 tout au moins qu'on devra la fixer, La priorité d’Allioni 
détruit donc celle que l’on attribue erronément à Willdenow, puisque cet 
auteur ne livra son espèce au public qu'au tome IV du Species, p. 377, dont 
la date est de l’année 1805, 

11 paraît fort probable que la plante en question n’étend point au delà des 
limites géographiques tracées par son nom d'espèce l'aire de sa végétation 
spontanée, : 

h. Solanum capsicoides AN. Auct. ad syn. etc., L. €. (1774), p. 64, ex 
phrasi diagnostica et adjecta descriptione (non Martii). — Cette magnifique 
espèce, ainsi qu’il a été dit de l’Ambrosia peruviana, était depuis longtemps 
connue dans les jardins botaniques sous cette vicille dénomination, et Allioni 
nous apprend qu'il reçut lui-même la plante du célèbre Guatteri, de Parme, 
sous le nom de Solanum capsicoides ex horto patavino. La description 
détaillée que notre auteur en donne nous la montre exactement identique 
avec l'espèce que Lamarck nomma en 1793 (Z//, n. 2360) du nom de S. ci- 
liatum. Seulement la couleur du fruit mûr fournit à quelques descripteurs 
le sujet d’une singulière divergence. Tandis que Moricand soutient que la baie 
Jaunit, Dunal prétend qu'elle devient parfaitement rouge, et voilà qu’Allioni, 
combinant sans malice le mélange des deux couleurs, nous assure que là 
fameuse baie se colore d’une teinte safranée. Si l’on veut bien se souvenir 
qu'il s’agit ici d'une famille de végétaux dont le fruit est susceptible de 
passer, chez une même espèce, par une infinité de nuances, témoin les deux 
exemples les plus vulgaires : le Piment et la Morelle-noire, on trouvera facile- 
ment que chacun des trois auteurs peut fort bien ne pas avoir tort, Toute 
discussion à cet égard nous paraît oiseuse, et nous pensons que la priorité 


(1) Linné publia cette variété 6 de son espèce sur la foi de Tournefort et de Commelin ; 
car, comme pour s’excuser de ne pas avoir lui-même discerné l'espèce, il dit catégorique- 
ment à Alioni: Azedarac sempv. et flor. doleo impense me numquam vidisse (Lettre 
inédite du 4 novembre 1774). s à 

(2) «....Vous recevrez avec cette lettre un paquet de graines américaines que j'ay 
» mis à part pour vous » (Lettre de Bernard de Jussieu à Allioni, du 4 mars 1761 ; voy. 
le Bull. VW, 671). L’Ambrosia figurait sans aucun doute parmi ces graines, 


590 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, - 


d'Allioni ne saurait être, dans cette nouvelle circonstance, ni méconnue, ni 
sacrifiée. Malheureusement, il y aura du sang versé parmi. ces pacifiques 
Morelles, et le S. capsicoides. AÏ. n'atteindra le but qu'en passant sur le 
corps du S$. capsicoides, de notre éminent confrère M, de Martius. On sait, 
en effet, que l'illustre floriste de Munich, ne pouvant soupçonner- le danger 
d'empiéter sur les droits d'autrui, eut jadis la pensée de masquer sous ce 
vieux terme spécifique une jeune espèce dont il venait d'enrichir la flore du 
Brésil, Or, dans un fait irrécusable de priorité, le nom d’un auteur, de quel- 
que autorité qu'il soit digne, ne peut rien changer à l’état de la question, et 
toujours, si nul-obstacle exceptionnel ne s’y oppose, le droit le plus ancien 
doit inexorablement l'emporter; c’est pourquoi, vu qu’il existe déjà-unm 
$.Martii de Sendiner et un S. brasilianum de Dunal, j'oserai proposer, 
comme nouveau nom spécifique du S. capsicoides Mart. (non All}, adjectif 
corcovadense, en souvenir du mont Corcovado (près de Rio-Janeiro), dans 
les bois duquel la plante de M. de Martius fut primitivement signalée. -Et 
peut-être me permettra-t-on de formuler ici, à la défense de cet innocent 
néologisme, une petite protestation contre le rigorisme excessif de-ces écri- 
vains qui trouvent les épifhètes empruntées à des pays ou à des montagnes 
peu convenables aux plantes qui ont une vaste distribution. Je pense qu'il 
peut y avoir parfois un autre sens à donner à ces adjectifs géographiques, et 
qu’on ne devrait surtout les regarder le plus souvent que comme d’heureux 
surnoms, destinés tout simplement à rappeler l'endroit où la plante se dévoila 
jadis à son premier descripteur, Sans cette modification légère à la véritable 
acception du mot, et si l'on négligeait ce nouveau point de vue, sous lequel 
je suis d’avis qu’on doit regarder le plus grand nombre de ces épithètes, une 
foule de plantes seraient exposées à porter fort malaisément et de très-mauvaise 
grâce le nom qu'on leur a quelquefois inconsidérément imposé ; et entre 
autres une charmante espèce devrait en souffrir, qui me touche de près, 
l’£uphorbia taurinensis All, plante assez répandue dans la flore de l’Europe 
centrale, et qui infeste littéralement le territoire de Suse, à 50 kilomètres de 
Turin, tandis que non-seulement elle a toujours été fort rare aux environs de 
cette ville, mais, dans quelques années, elle en aura, sans aucun doute, 
complétement disparu. : 

Les Solanum capsicoides d’Allioni et de M. de Martius sont deux espèces 
exclusivement brésiliennes. - 

5. Achyranthes sicula AU. Auct. ad syn. etc. L. €. (1774), p. 95, ex 
adjecta observatione. — Les premiers renseignements sur cette espèce remon- 
tent à Paul Boccone (/c, et descripit. rar, plant., etc., 1674, p. 46), et si 
jamais rectification dut m'être agréable, je puis bien affirmer que ce fut la 
présente, puisqu'elle m’offre l’occasion de rendre, dans une même circon- 
stance, pleine justice à deux botanistes d’un mérite supérieur, et que mon pays 
aime à compter parmi ses illustrations les plus sympathiques. Nous aurions 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863, 591 


beau vouloir nous défendre de tout accès de prédilection envers nos compa- 
triotes; ce sentiment est la conséquence d’une affection tout exceptionnelle, 
et si, en travaillant pour la gloire des auteurs que nous aimons, nous laissons 
percer à l'occasion, à travers l’austérité du labeur, quelque trace du tendre 
sentiment qui nous émeut, nous pouvons compter sur la bienveillance de tous 
nos lecteurs, dont nous rencontrerons, sans trop la chercher, la courtoise 
indulgence, 
- Gette intéressante Chénopodée se trouve dans la première édition du Species 
de Linné (1753), p. 204, sous le nom d'Achyranthes aspera à sicula. Dis- 
tingnée comme espèce, elle reçut de Lamarck [(Dict. encycl. I, 1783, 
p. 545) la dénomination spécifique argentea ; mais, dans l'intention sans doute 
de rattacher l'espèce à Boccone et à Linné, Roth remplaça, en 4797 (Cat. 
bot. I, p. 39), le terme de Lamarck par l'adjectif sicula. Les Italiens doivent 
sans doute de la reconnaissance au docte Allemand pour cette rectification 
opérée en faveur de la Sicile et du botaniste sicilien ; mais la besogne était 
faite depuis longtemps, et nous sommes, au fond, bien plus joyeux de devoir 
ce petit succès, obtenu à un siècle précis d'intervalle depuis la première 
publication de l'espèce, à la plume de l'Italien Allioni. , 9 
Puisse enfin ce nouvel exemple de la plus inattaquable priorité recevoir 
bientôt sa consécration dans le prochain volume du Flora italiana de M. Par- 
latore. C'est surtout dans les grands ouvrages qui sont destinés à former aux 
études descriptives la future génération des botanistes, que nos maîtres vénérés 
doivent saisir tons les moyens qui leur sont offerts de rectifier la synonymie 
et la nomenclature ; car si le temps, comme dit Plaute, se dérobe à une si 
précieuse occasion, 


Nunquam edepol quadrigis albis indipiscet postea. 
(Asin. 261.) 


- Je n'ose ajouter aux espèces certaines que je viens d'énumérer un remar- 
quable Séneçon, que M. Gussone , en visitant l’herbier de Linné, crut avoir: 
reconnu dans le Senecio squalidus de l’immortel naturaliste : c'est le S. chry- 
santhemifolius de Poiret (Dict, VIT, 4806, p. 96). Mais si jamais une telle 
identité venait à être contestée, qu’on veuille ne pas perdre de vue que cette 
plante, primitivement signalée par Boccone sous la dénomination Jacobæa 
sicula Chrysanthemi facie (Ice. et descript. rar. plant. p. 66, t. 36), avait, 
bien avant la description de Poiret, fait son entrée dans la nomenclature 
binaire, et qu'elle devrait figurer dans nos flores sous le nom de S. siculus 
A, Auct. ad syn. etc., L. e. (1774), p. 70, ex cit. syn. Bocconii. 


IT. — Les recherches que m'a coûtées l'espèce critique qui va suivre 
valent peut-être mieux que leur pauvre résultat, et je me suis souvent rappelé, 
en m’y livrant avec une aveugle persévérance, la mésaventure de ce pauvre 


592 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Congrion, dans la charmante comédie de Za Cassette, qui, ayant donné son 
œuvre à louage pour une somme trop modique, en fut si cruellement payé, 
qu'il faillit dépenser en frais dé cure le double du salaire gagné (Plaut. 
Aul, 400). 

. Discuter la synonvinie d’un Solanum, je viens de l’éprouver tout à l'heure, 
n’est pas chose trop aisée dans le nombre exorbitant des espèces, Je vais 
cependant tenter l'entreprise, et tâcher de faire valoir, en l'honneur et au 
profit d’Allioni, le peu de données critiques dont je dispose. Le développe- 
ment des incidents de cette synonymie exigera quelques longueurs, mais 


Quid me amare refert nisi sim doctus et dicax nimis? 
(Plaut. Cas. 413.) 


Dans la première édition du Species, Linné rattacha au Solanum nigrum 
une variélé à guineense, et prenant pour termes désignatifs de cette variété 
une partie de la phrase de Boerhaave, répétée dans l’Aortus elthamensis, 
S. quineense fructu magno instar cerasi.…., il mit sa petite phrase diagnos- 
tique en rapport avec la planche 274, fig. 354, qu'il cite de Dillenius. Miller, 
dans sa huitième édition du célèbre Dictionnaire (1768), dans laquelle il 
adopta définitivement la nomenclature binaire, releva la phrase complète de 
Boerhaave, et de la variété de Linné faisant une espèce distincte, il lui imposa 
le nom de S. guineense, IL est vrai que l’esquisse qu'il nous trace de sa 
plante n’est pas des plus précises, et qu’on y surprend même un caractère en 
désaccord avec la figure de Dillenius, où les feuilles sont représentées très- 
entières, tandis que Miller leur attribue quelques traces de dentelure (foliis 
subdentatis); mais, malgré cette petite inexactitude, d’après l'ensemble des 
renseignements, on peut conclure avec assez de probabilité que le savant 
anglais eut uniquement en vue la plante linnéenne. Moins explicite, mais plus 
exact, Lamark reproduisit, en 1793, le S. quineense, sans tontefois citer 
Miller, ct c’est à lui, et non à Miller, que le docte monographe des Solanées 
fit, dans le Prodromus, honneur de l'espèce. } 
. Mais Miller avait-il le droit de disposer, en 1768, de l’épithète quineense ? 
Linné, dans sa première édition du Species, avait, sous le n° 12, désigné sa 
variété 3 du Solanum nigrum de ce même nom guineense, dont il venait de 
nommer, sous le n° 2, une espèce non douteuse du genre. IL cessa toutefois 
un beau jour de regarder cette dernière plante comme unxrai Solanum, € 
croyant y reconnaître les caractères distinctifs d’un genre voisin , il la publia, 
en 1771, sous le nom d’Atropa solanacea. Cependant Miller n’attendit point 
cette modification pour nommer la nouvelle espèce qu'il venait d'établir sur 
la variété du S. nigrum, et deux S. guineense, chose inouïe, se trouvèrent 
ainsi côte à côte dans la nomenclature, - 

Mais tout n’est pas fini dans ce regrettable épisode. Après un laps de vingt 
années, on en vint à mieux connaître la nature de cet Aéropa solanacea de 


SÉANCE DU A1 DÉCEMBRE 1863. 593 


Lioné; on s’aperçut, un peu tard il est vrai, qu'aucun caractère bien sérieux 
p’en autorisait l'exclusion du genre Solanum, et Jacquin, en 1790, fut le 
premier à l'y ramener; voici cependant que, pour comble d’embarras, au 
lieu de restituer au Solanum rappelé le vieux nom linnéen, fatalement con - 
fisqué par Miller au profit de sa propre espèce, le botaniste viennois com- 
plique la question en choisissant pour lui la nouvelle épithète aggregatum, et 
Lamarck commet enfin, en 1793, la faute de sanctionner le désordre de ces 
dénominations. 

Si nous portons la question devant les principes de la nomenclature, nul 
doute que l'adjectif aggregatum de Jacquin ne soit jugé inopportun et 
superflu. Jamais une espèce convenablement nommée, tant qu’elle ne sort 
pas définitivement de son genre, ne peut y porter, à deux époques distinctes 
de sa vie scientifique, deux noms spécifiques différents, quels que soient les 
accidents qui puissent avoir produit l'interruption momentanée de son séjour 
au sein du genre où tout d’abord elle fut classée. Tout retour à ce premier genre 
implique le retour du nom primitif ; les deux faits s'enchaînent nécessairement, 
et si l’on vit le S. guineense L. placé pendant quelque temps, en dépit de sa 
structure, parmi les espèces du genre Atropa, ce fut uniquement par suite d’un 
caprice momentané de Linné lui-même, qui crut pouvoir apprécier tout autre- 
ment qu'il n’avait fait les caractères distinctifs de la plante, et de tous ceux qui 
pensèrent ensuite devoir adopter les vues contestables du maître. Quant à la 
dénomination primitive, elle était une propriété inaliénable de l'espèce, ct 
chacun voit sans effort ce qu'il y aurait de déraisonnable et d’exorbitant à vouloir, 
d’un côté, tenir un compte rigoureux des effets produits par un accident que 
l’on est forcé de considérer, de l’autre, comme nul et non avenu. C’est pour- 
quoi cet incident ne peut et ne doit, selon nous, avoir d’autre conséquence 
dans la biographie de l'espèce qu’une simple mention historique parmi 
les synonymes des floristes, et le vieux S. guineense de Linné, en rentrant 
dans ses droits et ses titres, n’aura eu qu’à parodier un mot célèbre, en disant 
à ses congénères : « Rien n’est changé dans la famille ; il n’y a qu’un Afropa 
» de moins. » 

Un tort bien grave doit donc peser sur le compte et la responsabilité de 
Miller et de Lamarck, celui d’avoir inconsidérément disposé d’un adjectif déjà 
octroyé à une autre espèce du même genre, sur le plus ou moins de valeur de 
laquelle tous les botanistes pouvaient ne pas être d'accord. Il arrive trop 
souvent de ces passages arbitraires de genre à genre, et surtout de ces aliéna - 
tions aventurées d'espèces, qui deviennent facilement de malheureuses causes 
de trouble et de désordre dans la nomenclature ; et c’est précisément pour se 
prémunir contre ce danger que le floriste devrait éviter avec le plus grand 
soin de donner, à l'égard des plantes litigieuses, un nouvel emploi à un terme 
quelconque qui a déjà fait son entrée au sein de leur synonymie. Linné, 
Qui n'obéit pas toujours aux arrêts qu'il porte avec tant de sagesse, nous 


50h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


avertit quelque part de l'opportunité de ce conseil, et, en effet, s'il arrive 
parfois que plus tard on s’éprenne de nouveau d'une idée abandonnée, dans 
le cas où le mot choisi pour en rendre l'expression première a été détourné, 
il se trouve faillir tout à coup à la nomenclature qui le requiert, et la confu- 
sion se produit aussitôt par la double action du botaniste forcé de détruire, 
dans le but de rétablir le fait primitif, 

. Le S. aggregatum de Jacquin devrait donc rigoureusement céder le pas 
au vieux S. quineense de Linné, et le S. guineense de Miller, dépouillé du 
nom usurpé, être soumis à la nécessité d’une nouvelle dénomination spéei- 
fique. C’est à quoi viendrait opportunément pourvoir, dans l’Auctarium de 
l'année 1774, la bonne fortune d’Allioni, qui, n'ayant point suivi la trace du 
S. guineense L, jusqu'à l'instant même de sa transformation en Atropa sola: 
nacea, et craignant ainsi de faire un double emploi de l’adjectif guineense 
pour la variété du S. nigrum, décerne à cette nouvelle espèce le nom mela- 
nocerasum (1), Ce qualificatif, si convenable pour nommer la plante de Boer- 
haave, et par lequel, d’après le témoignage de Dunal lui-même (Prodr. XI, 
sect. 1, p. 49), elle est désignée dans quelques spécimens des herbiers de De: 
Candolle et de Requien, annulerait ainsi la même dénomination que Willde 
now.voulut imposer en 1809 (£num. berol, p. 237) à une forme de ce même 
S.nigrum; mais, quant à lui-même, il est loin, pour sa valeur historique, de 
l'emporter sur le Solanum prhovoxépasos de Gaspard spi (Pin. pet sie 
comme synonyme de l'Atropa Belladonna. 

Maintenant, voici comment nous croyons que res: être rétablie la syno- 
nymie des deux espèces en litige : 

- 4. Solanum melanocerasum Al. Auct, ad syn. etc., L. e. (1774), p. 64, 
ex cit. syn, Dillenii (non Willd, nec C. Baub.). 

S. nigrum, à quineense L. Sp. ed. 4 (1753), p. 186; ed. 2 (1762); 
p. 266. 

S. quineense Mill Dict. ed, vi RE n, 7; Lam, /!. TH (rw? 
p. 18, n. 2339 (non L.). 

S. quincense fructu magno instar CERASL NIGERRIMO umbellato Boerh: 
Lugdb. 11(1720),p. 68; Di. Æ. elth. (1732), p. 360, t. 274, f. 354. 

2. Solanum quineense L. Sp. ed. 4 (1753), p. 184; ed. 2 perde p. 263 
(non Mill. nec Lam}. 

. Atropa solanacea L. Mant. (1771), p. 205. 

-$. aggregatumm Jacq. Coll. bot. AV (1790), p. 124 ; Lam. Ju, Il 783) 
p. 15, n. 2320. 

Quant à l’Afropa solanacea connu d’Allioni, ce ne pouvait plus être en 
aucun compte l'espèce de Linné, dont notre botaniste avait déjà retenu le nom 


(1) Dixi MELANOCERASUX , ul GUINEENSE nomen triviale alleri stirpi assignalum 
servarem (AU, 1. c:, ps 64). © 5 rUo #3 cé, 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863; 595 


primitif de Solanum quineense; et, en effet, si j'en crois un vieux débris 
d'exemplaire étiqueté par Balbis, que je conserve précieusement dans mon 
herbier, ainsi qu'une déclaration explicite de Vitman, le plus actif des corres: 
pondants d’Allioni, et qui, par la réception des semis avait été parfaitement à 
même de se rendre compte d'une telle synonymie, Allioni casait tout simple 
ment sous cette dénomination Aa s arborescens K.. Ag S'umma A 
” k80). 

- On me permettra de idipder ici les vicissitudes orihogriphtirues qu'a mal- 
heureusement: essuyées le fameux adjectif guineense. Poiret (Diet. encyel. 
IV, 289) transforme cette épithète en guieneense, et Chazelle, qui traduit 
Miller, renchérit sur Poiret et nouslivre l'adjectif guïennense. A joutons à ces 
formes plus ou moins incorrectes le paronyme guianense, introduit par Dunat 
dans notre latinité d’émprunt, et avouons que voilà, pour la mémoire des élèves 
en botanique, une fort regrettable complication. 

* Après tout, le So/anum qui vient d'être l’objet d'une si longue dicton) 
n'est pas, constatons-le bien, un végétal inactif, un membre obscur du 
vaste partage générique ; on en faisait jadis un grand usage dans les arts, à 
cause de la belle couleur violette que l’on extrait de sa baie; et nous connais- 
sons. deux travaux spécialement consacrés à l'analyse des avantages que 
présente la culture de cette plante industrielle, publiés, l'un, en 1714, par 
le savant docteur Jean-Pierre-Marie Dana, De Solano melanoceraso H: R. T' 
{in Mise. taur. V,162); l’autre, vers la fin du dernier siècle (au tome XV des 
Opuscoli scelti de Padoue), par Louis Arduino, fils du célèbre Pierre, sous 
le titre suivant : Dissertazione concernente le proprietà e gli usi del SOLA- 
NUM GUINENSE (sic), reproduit ensuite en 1793 (au tome XVII du méme 
recueil) avec cette variation dans le titre: Della coltura del Svlano di 
Guinea, pianta utilissima per l’arte tintoria, Istruzione, etc, ; 


* IV, — Je vais, puisque l’occasion m'y porte, et sans trop m'engager dans 
le dangereux guépier, ajouter deux mots sur quelques nouveaux petits inci- 
dents qui touchent à la synonymie des Solanum , et qui démontrent de plus 
en plus combien cette partie de la science attend encore de modifications de 
la part des écrivains qui s'intéressent à cette importante famille. 

Dans son Histoire naturelle des SOLANUM (1813), Dunal portait le S, sca- 
brum Mill. comme synonyme de son propre S. pterocaulum. 11 suffit pour- 
tant d’une inspection sommaire des deux espèces, telles que leurs auteurs les 
ont décrites, pour s’apercevoir que leur divergence est plus qu'apparente ; 
aussi le savant botaniste de Montpellier corrigea plus tard sa méprise, et dans 
sa nouvelle monographie des Solanées, imprimée dans le Prodromus de DC., 
il donna le S. scabrum Mill. pour synonyme du S. guineense Lam., sans 
mot dire du S. guineense de Miller. On conclut d’abord de cette réunion 
inattendue que le S. guineense de Miller n'était plus, pour Dunal, le S.-quis 


596 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


neense de Lamarck, tandis que pour nous l'identité des deux espèces, malgré 
la légère dentelure des feuilles et les proportions un peu moins développées 
chez la plante de Miller, ne nous semble pas pouvoir former le sujet d’une 
contestation sérieuse (1). Mais, tout en écartant cette question secondaire, on 
discernera au premier coup d'œil que les différences qui surgissent ici entre 
le S, scabrum Mill, et le S. quineense Lam. sont d’une telle gravité qu'elles 
rendent inadmissible l'hypothèse aventurée d’une telle synonymie. Quel bota- 
niste pourrait confondre une Morelle {S. scabrum Mill.) originaire de l Amé- 
rique du Nord, à feuilles obtuses, à branches garnies de courtes épines, et 
ne produisant que de fort petites baies, avec une espèce (S. guineense Mill. 
et Lam.) qui nous arrive exclusivement de la Guinée, à feuilles acuminées, 
dont les branches ne présentent nulle trace d'aspérités, et portant des baies 
dont le volume égale la grosseur d'une cerise commune ? 

Après la confrontation des deux espèces, on ne peut donc que s'étonner pro- 
fondément d’une semblable assimilation, et l’on serait même tenté de supposer 
une distraction ou un malentendu , n’était une raison spéciale que le mono- 
graphe invoque à l'appui de son assertion. Dunal cite l’herbier du célèbre Banks, 
où se trouve, assure-t-il, une preuve de l'identité des deux plantes. En vérité, 
sans vouloir contester le moins du monde une telle autorité, qui échappe 
malheureusement à notre contrôle, nous ne saurions non plus, pour notre 
compte, exagérer la valeur de l'argument qui peut en résulter. Entre un texte 
et un herbier, s’il y a divergence entre les deux, la préférence, qui peut en 
douter ? revient le plus souvent au texte ; c'est le texte, surtout quand il pré- 
sente des caractères nettement tranchés, qui seul nous représente la véritable 
pensée de l’auteur sur son espèce, tandis que les spécimens des herbiers, 
sujets à une foule de déplacements, à une infinité de péripéties, ne peuvent 
avoir au fond qu'une valeur de simple éclaircissement et de preuve secon- 
daire. 

Je vais citer bien volontiers, à ce propos, quelques mots d’une lettre iné- 
dite de Martin Vahl (8 octobre 1785), où ce spirituel auteur rend compte à 
notre Allioni de la manière dont quelques naturalistes de Londres travail 
laient sur le précieux dépôt que Banks leur ouvrait à toute heure avec ne 
bienveillance et une générosité dignes des plus grands éloges : « Je suis en 
» Angleterre depuis six semaines, mais je n’ai pas encore vu aucun qui merite 
» le nom de botaniste, quoiqu'il y a plusieurs auteurs icy. Voila leur maniere 
» pour publier ce qui trouvent : ils viennent le matin chez M. Banks le matin 
x avec leurs plantes, qui confrontent avec les plantes de son herbier, sans 


(1) Dans la première édition de sa Monographie (1813), p. 152, Dunal ne séparait 
point le S. guineense Mill. du S. guineense Lam.; il changea probablement d'avis dans 
la suite, et soit en 4816, dans la deuxième édition, p. 12, soit en 1852, au Lome XHE, 
sect. 1, p. 49 du Prodromus, il garde le silence le plus absolu sur le synonÿme de 
Miller. 


SÉANCE DU A DÉCEMBRE 1863. 597 


» se soucier sû la plante est bien déterminé ou non dans l’herbier de Banks, 
» et, entre tous, il n’y à pas un qui connoit une plante etrangere, etc. » Les 
expressions soulignées prouvent assez que toutes les espèces n’étaient pas 
indubitablement nommées dans le célèbre recueil, qui est sans contredit, 
ajoute Vahl, le plus grand qui existe, et dans la constatation vraiment sur- 
prenante que fit Dunal de cette synonymie, laquelle, d'après de si bonnes 
preuves, ne peut être que fortuite, il nous sera sans doute permis de croire à 
une regrettable confusion de spécimens, dont nous ne saurions vraiment sur 
qui faire tomber la responsabilité. 

Il faut avouer, après tout, que le S. scabrum Mill, qui menaça d’abord de 
nous faire modifier notre plan de synonymie, est une plante assez malheu- 
reuse, Récusé comme nom princeps, malgré son incontestable antériorité, et 
traîné en synonyine à la suite de deux espèces qui le repoussent résolument, 
il se voit lui-même compromis dans un des plus précieux documents de son 
origine; en effet, Miller étaie son espèce sur la planche 275, fig. 256 (p. 368), 
de PÆortus elthamensis, laquelle, chose à peine croyable, n’a rien de com- 
mun avec la plante qu’il prend à décrire. Aussi, dans le cas où le $. scabrum 
de Miller aurait par hasard la chance d’être rappelé dans la nomenclature, ce 
serait toujours par la seule description que l’auteur en trace sommairement, 
et moyennant l'exclusion formelle du synonyme de Dillenius, qu’il pourrait 
prendre rang parmi ses congénères. 

Ajoutez à cela que l'adjectif scahrum a été déplorablement prodigué dans 
le genre Solanum ; dans la monographie du Prodromus, on ne le rencontre 
pas moins de sept fois, appliqué à sept différentes espèces par les divers 
auteurs que voici : Miller (1768), Vahl (1796), Lamarck (1797), Jacquin 
(1798), Ruiz et Pavon (1799), Zuccagni (1806), et enfin Kunth (1824). Le 
S. scabrum, qui figure dans le Prodromus en première ligne, est celui de 
Vahl, et, supposé que Dunal reconnût dans la plante de Miller une espèce 
jouissant de garanties suffisantes, on ne voit pas bien pourquoi, dans les calculs 
du monographe, le S. scabrum Mill, antérieur de vingt-huit ans, fut si 
facilement sacrifié à l'espèce homonyme du botaniste danois. 

Je livre, dans l'espoir de les voir un jour éclaircies, ces prudentes raisons 
de doutes et d’hésitations au futur réviseur du genre So/anum, à qui je me 
permets de souhaiter la sagacité, la patience, les plus amples données, toutes 
les qualités enfin et tous les moyens qui lui seront nécessaires pour qu'il puisse 
nous offrir une œuvre consciencieuse, dans laquelle la partie synonymique et 
la forme littéraire qui se trouve ici fort maltraitée dans quelques noms d’es- 
pèces, ne puissent rien envier à l'excellence du fond. 

Sed nunc de factis levioribus… (4), et pour en finir bientôt avec toutes ces 
petites questions, je ferai remarquer en passant que sous le n° 850 de la 


(4) Juv. IV, 11. 


598 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


monographie des Solanum, insérée dans le Prodromus, l’auteur, d’après une 
indication qu’on lit au tome I, p. 492, du Surma plantarum, allègue comme 
synonyme du S. marginatum L. f. le S. niveum AÏL auct. Misc. taur. (sic). 
Or cette dénomination spécifique n'existe nulle part dans le travail d’Allioni, 
et n’est probablement que l'effet d'une distraction du bon père Fulgence 
Vitman. 

Mais voici que, comme compensation du synonyme introuvable et sura- 
bondant, nous constatons aussitôt l'absence d’une autre citation plus impor- 
tante, et qu’on devrait rencontrer quelque part dans la synonymie 
des Solanées, 

L'histoire de la VE a réservé une place fort honorable au nom de 
Jacques Zanoni de Bologne, à qui la science doit la découverte et les premiers 
signalements de plusieurs végétaux indigènes et exotiques, décrits dans un 
petit nombre d'ouvrages, qui ne sont pas encore oubliés de tous les bota- 
nistes. En témoignage de gratitude pour les services que cet auteur put rendre 
à la botanique, Linné lui dédia le peu. Zanonia, qui prit place dans la famille 
des Cucurbitacées. 

Mort en 1682, Zanoni laissa un manuscrit précieux, orné de dessins origi- 
naux, que le célèbre.Gaëtan Monti fut chargé de revoir et d'éditer, et qui 
parut en 4742, sous le titre de Æariorum stirpium historia. Parmi les végé- 
taux signalés dans ce volume, on voit figurer une plante que Zanoni appelle 
Solatro pomifero non spinoso, et dont Monti, qui traduisit le manuscrit. en 
latin, change le titre primitif en celui de Solanum spinis. carens Melongenæ 
facie fructu rotundo. La planche qui le représente porte le n° 158. 

Allieni introduisit cette espèce dans son Auctarium. de l'année 1774; 
cependant, peu fixé sur ses caractères génériques, il la nomna, dans le texte, 
p. 63, du nom d’Afropa Zanoni, tandis que, dans une.note, il avoue q" il 
croit y voir platôt un Handragora. 

Mais Allioni : avait été probablement Fr Dans ses //lustrationes 
et Observations. botanicæ , p. 7, Gouan. avait, dès l’année précédente, 
décrit quelque chose de semblable à l'espèce en question, sous le nom de 
Solanum Zanoni. IL est vrai que, soit dans les citations des phrases synonY- 
miques, soit dans la description qu'il rédige de son espèce, Gouan s'éloigne 
assez notablement du texte des auteurs bolonais pour: qu’on puisse, au pre* 
mier abord, concevoir un vague soupçon qu'il décrit une espèce différente, 
Peut-être ce savant prédécesseur de Dunal, dans la conviction d’avoir apprécié 
plus, exactement les caractères d’une plante incomplétement observée à 
Bologne, se reconnut-il le droit d’arranger à ses fins les paroles textuelles de 
Zanoni et. de Monti ; toujours est-il que l'incident mérite d’être soumis à 
quelque examen; et peut être, ce nous semble, facilement éclairci. 1: 

Ainsi, voilà donc une excellente espèce pour le moins, un Afropa; ui 
Mandragora où un Solanum Zanoni, qui fut depuis fort longtemps casée 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863. 599 


dans la nomenclature binaire, et qui, dans une histoire complète des Solanées, 
mérite bien qu'on empêche qu’elle ne disparaisse de la synonymie, Or, de 
toutes ces dénominations, nul souvenir n’existe dans la célèbre monographie 
du Prodromus ; seulement, dans l’Æitoire naturelle des Solanum (1813), 
p. 14h, au Solanum macrocarpon de Linné (Mant. AE, 4771, p. 105), plante 
très-incertaine, et que l’auteur avait appuyée sur deux faux synonymes de 
Plumier et de Feuillée, Dunal ajoute, en synonyme, le petit renseignement: 
que je transcris : « Solanum pomiferum, flore violaceo. Zan. Hist, tab. ex 
» herb. celeb. Gouan (1). » 

Mais est-ce bien certainement au S. macrocarpon qu'il faudra rapporter 
la plante de Zanoni, de Gouan, d’Allioni ? La chose semble fort probable, si 
l’on compare les diagnoses des deux premiers avec la phrase écourtée de 
Linné, dépouillée de ses synonymes; toutefois, avouons-le sans réserve, 
malgré une foule de points de ressemblance, celte synonymie ne nous paraît 
pas encore assez netiement et péremptoirement prouvée. Quant au fait que 
Zanoni ne se trouve point cité dans le Species, il ne pouvait en être autre- 
ment; Linné n'avait jamais pu se procurer le livre de ce savant, ce dont il 
témoigne ses regrets à Allioni dans la lettre, déjà citée, du bh novembre 1774 : è 
Doleo me carere Zanoni hist, plant. 

+ Les données nous manquent absolument pour proposer aujoürd'hui une 
solution plausible de cette petite difficulté; mais voila certainement un assez 
intéressant problème de synonymie que nous venons Le poser au futur histo - 
rien des Solanées. 

On me pardonnera sans doute d' avoir si longuement plaidé pour l’éclair- 
cissement historique de la plante en question, car un fragment de la renom- 
tmée de Zanoni, son premier descripteur, y est naturellement attaché, Zanoni 
est une des gloires de la botanique italienne, et ceux-là surtout compren- 
dront la portée de mon insistance, qui chercheront à s'expliquer pourquoi, 
si nous éprouvons du plaisir à rendre justice aux titres d’un étranger, ce 
plaisir se change en bouheur, s’il s’agit du mérite d’un compatriote, : 


Vi — Je ne puis oublier, en me rapprochant. d'Allioni, d'exprimer un 
dernier regret sur la légère inadvertance dont une de ses espèces vient, tout 
récemment encore, d'être la victime. Nous osions espérer que depuis la pu= 
blication de la flore classique que l'Italie doit au talent de M. Parlatore, les 
deux. espèces de Vaias (N. major et N. minor), qui ne manquent à aucun 
des grands ouvrages descriptifs sur lesquels on étudie les végétaux de l’Europe 
centrale, eussent été pour jamais acquises au botaniste piémontais. Tous les 


(1) Cette citation fort singulière ndus laisse raisonnablement supposer que Dunal 
publia ses trois monographies des Solanées sans avoir consulté les Jllustrationes de dut 
Car dans aucune des trois il ne mentionne le Solanum Zanoni. 


600 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


auteurs lui ont fait, il est vrai, honneur du N. minor, et l’on a même été si 
complaisant à ce sujet que, quoique la plante eût, sous la dénomination de 
Willdenow, changé de genre et pris le nom de Caulinia fragilis, on crut 
devoir remplacer ce nouvel adjectif spécifique et renommer la plante du nom 
de Caulinia minor, pour qu’on pât ressaisir avec plus de facilité la trace de 
l'épithète, et par conséquent de l’espèce d’Allioni. Mais, on ne sait trop com- 
ment cela se fit, Koch attribue erronément à un écrivain de son pays le droit 
de nommer le Vaias major, et les auteurs qui sont venus après l’éminent 
floriste d'Allemagne ont tous adopté de confiance cette modification inattendue 
touchant l’origine de la remarquable espèce. 11 faut bien l'avouer ici, les pré- 
venances dont on entoura l'espèce cadette ne rendent que plus injuste et plus 
inconcevable l'abandon de l’aînée, vu que les deux sœurs, produit du démem- 
brement d’une même espèce synthétique de Linné, ont été enfantées le 
même jour, à la même page, et à une époque beaucoup plus reculée que la 
plupart des botanistes n'aiment à le croire. M. Parlatore fut le premier qui 
ramena l’espèce vers Allioni; malheureusement, dans un excellent livre qui 
restera comme un des plus parfaits modèles de la botanique descriptive, et 
dont une seconde édition parut en 1861, postérieurement aux Naïadacées de 
M. Parlatore, la petite inexactitude de Koch fut fatalement mise en permanence. 

Or voici l’exacte synonymie des deux espèces, et surtout la réhabilitation 
de celle dont le parrain et la date de naissance légale avaient été généralement 
méconnus : 

1. Naias major Al. Auct. ad syn., etc., L ce. (1774), p. 55, 
ex cit. syn. Michelii; #7. ped. II (1785), p. 221. Roth, Zent. fl. germ. II 
(1789), p. 499. 

2. Naias minor AÏl. Auct. ad syn., ete., L. ce. (1774), p. 55, ex cit. syn. 
Michelii; Æ£. ped. 11 (1785), p. 221. — Caulinia fragilis Willd. Act. 
berol. (1798), p. 88. — C. minor Coss. et Germ. de St-P. FL. par. ed. 1 
(1845), p. 5753 ed. 2 (1861), p. 713. 

Pour clore enfin ma petite série de revendications, qu’il me soit permis 
d'adresser à notre zélé confrère, M. J. Duval-Jouve, mes plus sincères remer- 
ciments pour avoir insisté, de son côté, sur le retour du Carex fœtida à son 
véritable auteur Allioni (Bu/l. X, 79), retour que j'avais déjà eu l'honneur 
de solliciter moi-même dans une précédente communication (Bull, VIN, 274). 


VE — Maintenant que j'ai consciencieusement réglé le nouvel avoir d’Al- 
lioni, je vais l’acquitter sans regret de son petit passif, qui sera tout au moins 
de quatre espèces : À 


Ut expungatur nomen ne quid debeat. 
(Plaut. Cestell. 188.) 


Les bons comptes font les bons amis, 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1863. 601 


Pour les deux Crucifères suivantes, j'ose réclamer un simple changement 
de signature à la suite de leurs dénominations spécifiques. C’est bien le moins 
que je puisse prétendre de la part des conservateurs les plus acharnés en fait 
de nomenclature stationnaire, qui voudraient inexorablement étouffer toutes 
ces intéressantes questions de synonymie sous le classique mot d’Horace : 


Durum, sed levius fit patientia 
Quidquid corrigere est nefas. 
(Carm. lib. I, 24, 19.-20). 


1. Jsatis alpina Nil. Prosp. (1779), p. 38; F1. delph. (1785), p. 72; 
Hist. pl. Dauph. NX (1789), 308. AIL Ped. I (178%), 259. — Les mem- 
bres de la Société botanique qui ont assisté, en 1860, à la session de Gre- 
noble se rappellent sans doute un aimable et savant magistrat, M. Fauché- 
Prunelle, dont les journaux ont annoncé tout récemment la perte, et qui lut 
à la séance de clôture de la session quelques pages très-intéressantes sur la 
végétation des environs de Briançon. A la fin de cette notice, que le Zul- 
letin (t. VIT, pp. 697-703) a fait connaître à tous nos confrères, M. Fau- 
ché-Prunelle a tracé l'historique de la découverte de l’/satis alpina avec des 
détails si précis, en des termes si affirmatifs, que nous aurions mauvaise grâce 
à douter encore de la priorité de Villars touchant la découverte de l'espèce 
dont on s’obstine depuis si longtemps à faire honneur à notre Allioni. Puis 
donc qu’il est permis de croire que toute dissidence à cet égard vient heu- 
reusement de disparaître, je n’ose ajouter deux mots à la question jugée qu’à 
la seule intention bien excusable de renforcer au besoin la foi des nouveaux 
convertis. 

Qu'on veuille songer tout d’abord au ton très-décidé de franchise dont 
Villars, qui sentait ici fort vivement le plaisir de sa priorité, sait faire valoir 
la date du Prospectus (1779) dans la reproduction de l'espèce au tome III de 
son Aistoire des plantes du Dauphiné. Rien n’y est changé, ni dans les 
termes qui la désignent, ni dans le synonyme douteux qui l'accompagne, et 
Si l’on consulte le Flora delphinalis, on sera sans doute agréablement surpris 
d'y trouver que, pressentant peut-être la mauvaise querelle qu’on ferait plus 
tard à sa précieuse trouvaille, il en indique, en ces termes si nettement signi- 
ficatifs, la localité classique : Ææc solo Vizo-monte lecta. 

Allioni, en auteur consciencieux, n’est pas moins explicite dans sa Flore ; 
ne songeant nullement à contester l’heureuse découverte de son confrère, il 
fait-précéder sa courte diagnose de la seule phrase du Prospectus, et l’on sait 
Pourtant que cet écrivain était assez jaloux. de ses droits de paternité sur les 
espèces qu'il croyait vraiment avoir été le premier à signaler, témoin ses 
Ranunculus Columnæ, Cardamine thalictroides, etc., dont il préfère 
sciemment les dénominations postérieures (1785) aux synonymes de Villars 
(2, Seguierii, C. Plumierii, etc. — Prosp. 1779). Il y a même, à ce sujet, 

FE Æ 40 


602 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


quelque chose de plus décisif. Dans les notes marginales dont Allioni chargea 
l'exemplaire du Prospectus de Villars, qui appartient aujourd’hui à l’Aca- 
démie royale des sciences de Turin (voy. Bull. VIII, 275), le floriste 
piémontais avait écrit, à côté de l’satis alpina, les mots compromettants : 
da farsi (espèce à faire) ; mais voilà que, se ravisant plus tard, il biffe d’un 
coup de plume résolu sa menace de faire l’espèce, vaincu par cette excellente 
raison que l'espèce était faite. 

Enfin, voici quelques renseignements d’une incontestable valeur, que 
j'emprunte à une lettre inédite de Guettard à Allioni, écrite de Paris, le 6 sep- 
tembre 1776. On sait que Guettard et Villars furent chargés par M. de Mar- 
cheval, intendant du Dauphiné, de faire l’histoire naturelle de cette province, 
qui présentait de si nombreuses et si remarquables curiosités aux investiga- 
tions de la science : “ Lorsque la dernière lettre, en date du 8 juillet 1776, a 
» été remise chez moy, j'etois, dit Guettard, à parcourir les montagnes du 
» Dauphiné... Nous avons, pendant plus de huit mois, rodé dans ces mon- 
» tagnes. M. Villars a fait un catalogue des plus intéressans sur les plantes, 
» Ce catalogue est rempli d'observations fines et délicates. Plus d’une fois 
» nous avons mis le pied en Savoye ou en Piémont, ayant suivi toute la 
» chaine des montagnes qui séparent ces pais de la France. Du col du Viso, 
» nous aurions pu voir Turin sans les nuages. Nous n'avons pu etre, M. Villars 
» et moy, ainsi à la vue de Turin sans parler de vous, Monsieur, et marquer 
» le desir d'y aller vous presenter nos respects, mais notre mission se renfer- 
» moit dans le Dauphiné, etc... » Or comment voudrait-on qu’un botaniste 
aussi clairvoyant, aussi exercé, aussi attentif que Villars, chargé d'explorer 
une région classique dont le mont Viso fait partie, et qui, pendant deux tiers 
d’une année, rôde dans ces mêmes montagnes, exécutant religieusement sa 
consigne jusqu’au point de s’interdire la moindre déviation ; comment, dis-je, 
voudrait-on qu'un tel homme eût laissé échapper à ses recherches une des 
espèces les plus caractéristiques, et, je ne crains pas de le dire, la véritable 
perle de la végétation du Viso? J'ose donc le répéter, l'hésitation sur cet inci- 
dent de synonymie est désormais impossible; elle devient même injurieuse 
à la sympathique mémoire de Villars, si l’on considère surtout que la plante 
n'est pas extrêmement rare au pied de la montagne pour quiconque sait Py 
chercher. 

2. Rapistrum rugosum Berg. Phytonom. IE (1784), p. 174 ; Al Ped. 
1(1785), 257. — Qui ne connaît Bergeret, l'original auteur d’un nouveau 
projet de nomenclature tendant , plus que celui du vieil helléniste Richer de 
Belleval, à faire exprimer, au moyen de combinaisons nnémoniques, les 
principaux caractères d'une espèce par le nom même qu’on la condamnerait 
à porter ? Il ne nous sied pas de revenir ici sur l'appréciation d'une méthode 
que l'histoire de la botanique a jugée; mais ce qu'on ne saurait passer red 
silence, c'est que Bergeret, à côté de l’œuvre sortie de sa bizarre conception, 


SÉANCE DU A1 DÉCEMBRE 1863. 603 


rédigea un travail sérieux sur les Crucifères de France; que, dans cet 
essai, publié en 1784, le Myagrum rugosum de Linné se trouve ‘placé dans 
son nouveau genre Æapistrum, et que partant c’est de Bergeret et non pas 
d’Allioni que les floristes doivent accepter la dénomination de l'espèce. 

Cette remarque est due aux auteurs de la Flore des Canaries, et j'en suis 
de mon côté, fort aise pour la mémoire de Bergeret. Les deux consciencieux 
écrivains n’ont pas reculé devant la minutie d’une rectification à peine percep- 
tible ; ils ont pensé avec raison que rien n’est petit quand il s’agit d’un droit 
méconnu, et, dans le même but d'obtenir qu’on en vienne à rendre à chacun 
selon ses œuvres, j'ai moi-même consacré ce long plaidoyer à la défense des 
petits égards que nous devons à des écrivains estimables, dont les titres à 
notre souvenir méritent d’être clairement définis. 

Enfin, voici les deux derniers noms qui se trouvent atteints par l’inexo- 
rable principe de priorité, et qui devront tôt ou tard céder le pas à deux 
dénominations spécifiques qui jouissent contre eux du plein droit de leur 
aînesse. 

3. Fœniculum officinale AN. (1785). — J'ai rappelé, dans un précédent 
article (Bull. VIII, 274), l'antériorité de ce nom spécifique d’Allioni, sur 
le F. vulgare Gærtn. (1788); mais j'avais, à ce qu'il paraît, compté sans 
Gilibert, qui, dans son Æssai sur la flore de Lithuanie, donne au nouveau 
genre Fœniculum l'épithète capillaceum (1782). C'est ainsi qu’au milieu 
d’une dispute le troisième survient souvent, qui croque l’huître et se sauve 
sur maître Aliboron. 

Je dois cette rectification à M. le docteur Paul Ascherson, attaché au 
Jardin-des-plantes de Berlin et secrétaire de la Société botanique de la pro- 
vince de Brandebourg. J'ai trouvé avec plaisir dans ce savant botaniste, qui 
esten même temps un philologue très-distingué, le plus hardi et le plus 
inflexible champion du principe de priorité. Persuadé comme don Juan, 
« qu’il faut faire et non pas dire, et que les effets décident mieux que les 
» paroles », M. Paul Ascherson a bravemert, dans toutes ses publications, 
donné l'exemple d'une réforme radicale en matière de nomenclature et de 
synonymie (1). Le principe que nous avons pris à soutenir, jusqu'à la der- 
nière goutte de notre encre, est au-dessus des petites querelles qui pour- 
raient surgir dans les différentes fractions de notre camp, et dût-il, de nos 
Jours, être méconnu par un petit nombre de conservateurs influents, comme 


(1) Je saisis avec empressement cette précieuse occasion, qui me met une fois de 
‘plus en mesure de rendre à César ce qui est à César. J'avais dit ailleurs (Bull. IX, 333) 
que le mot conopsea avait passé par des milliers de plumes, sans qu'aucun auteur se fût 
aperçu de la forme monstrueuse qui l’afflige. J’eus tort d’être si absolu, car M, Paul 
Ascherson m’écrivit bientôt que la correction conopea avait été adoptée par lui dès l'année 
1859, dans sa Flore du Brandebourg ; seulement, ajouta-t-il, mes amis, frappés de la 
forme nouvelle de ce mot, l'avaient prise tout bonnement pour une faute d'impression 
(Lettre du 8 février 1863). 


604 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


il y a pour toute époque un lendemain, ce lendemain, nous ne pouvons ten 
douter, sera pour la plus innocente et la plus salutaire des réformes scienti- 
fiques. 

h. Avena Scheuchzeri AU. (1785). — M. Parlatore se félicitait, en 1848, 
d’avoir pu, au moyen du nom spécifique fourni par Allioni (1785), rattacher 
celte remarquable Graminée à la mémoire de Scheuchzer, qui en donnalla 
première description. Mais l’illusire auteur du Æ{ora italiana eut unique- 
ment en vue, dans cette rectification, l’Æistoire des plantes du Dauphiné; 
dans laquelle Villars avait, en 1788, nommé son espèce Avena versicolor: 
Cependant Villars eut la prévoyance d'établir antérieurement ses droits sur 
cette plante, à la page 17 du Prospectus (1779), véritable document hypo- 
thécaire qui sauva à son auteur bon nombre d'excellentes espèces; et, quoi- 
qu’on remarque entre les expressions du Prospectus et celles de |’ Histoire 
quelques légères différences d’une importance tout à fait secondaire, on dbit; 
croyons-nous, regarder tout simplement les deux diagnoses comme s’expli- 
quant dans leurs différents détails, et se complétant mutuellement ; ce qui fait 
qu'on ne peut, au fond, concevoir aucun doute sur leur conformité essen- 
tielle, et par conséquent sur l'identité des deux plantes qui forment l'objet des 
deux phrases descriptives. L’Avena Scheuchzeri va donc redevenir naturelle- 
ment ce qu'il n'aurait jamais dû cesser d’être, A. versicolor Vill Prosp. 
(4779), 17; FL, delph.( 1785), 40 ; et Hist. pl. Dauph. T1 (1788), 142 (1): 


Les nombreuses rectifications que depuis quelques années on s’est mis en 
train de proposer à l'adoption des floristes, sont sans aucun doute bien faciles 
à opérer, et n'arrivent à troubler que très-superfciellement la nomenclature 
botanique. 11 ne faut pourtant pas espérer que MM. les floristes veuillent tous 
faire les choses galamment et sans se faire tirer l'oreille. On ne détruit pas 
d'un seul coup des habitudes invétérées, et toujours très-vif est le regret que 
l’on éprouve à se détacher des vieilles connaissances, IL nous est donc:avis qu'il 
faut procéder dans cette. affaire avec une inaltérable modération, et sans 
choquer, sans froisser personne, mettre au jour les raisons de chacun, et lais- 
ser au temps à consacrer les revendications proposées. +. Les Areopagites, dit 
» Montaigne (livr. III, ch. 41), se trouvants pressez d’ane causequ'ils ne 
» pouvoient developper, ordonnerent que les parties en viendroient à cent 
> ans, » Que notre aréopage frappe du même arrêt ces embarrassantes ques- 


(1). ai le plaisir de pouvoir faire connaître que M. Duval-Jouve- partage entièrement 
mon avis sur cette question de synonymie, et si l’Avena vwersicolor Vill. ne figure 
pas dans la série qu'il a tout récemment publiée des Graminées qui doivent leur origine 
spécifique au célèbre Prospectus (voy.-Bull. X, 79), ce: fut. par une simple faute de 
transcription. La plante en question était fidèlement portée sur le manuserit original °e 
la note, mais elle fut,, par mégarde, oubliée dans la copie que l’auteur transmit à la 
Société (Lettre de M. Duval-Jouve, 25 octobre 1863). 


SÉANCE DU A1 DÉCEMBRE 1863. 605 


tions d’antériorité, et nous serons le premier à respecter le verdict des ma- 
gistrats de la science; mais tant que l’on daignera permettre de plaider en 
faveur de la plus précieuse des propriétés littéraires, nous soutiendrons la 
cause la plus équitable de toute la force de notre conviction. La gloire des 
botanistes descripteurs qui parviennent à nommer quelques genres ou quel- 
ques espèces ést déjà si petite et si restreinte qu'il y aurait iniquité évidente 
à mettre leurs droits en sérieuse discussion, et ce serait sans doute le plus 
cruel abus de pouvoir que de leur enlever le trop modeste avantage de. leur 
priorité. N'oublions pas que « l'extrême espèce d’injustice, selon Platon, c’est 
» que ce qui est injuste soit tenu pour juste », et tâchons de nous persuader 
que les intérêts élevés de la science ne sont nullement compromis dans ces 
discussions accessoires de détails. Le fantôme de la confusion apparente que 
produirait momentanément le changement de quelques noms ne peut effrayer 
que les trop timides, car. ce n’est le plus souvent que l’exagération qui 
engendre la peur: Quant à nous, nous avons foi dans l’avenir, el savons fort 
bien que tout vient à point pour qui sait attendre. J] suffit d’une seule autorité 
sympathique pour entraîner toute une génération, et c’est là le secret de la 
future unité de notre synonymie, que nous caressons dans nos rêves et que 
nous poursuivons de tous nos vœux, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


(JUIN 1864.) 


N.-B, — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. 3. Rothschild, libraire 
de la Société botanique de France, rue de Bnci, 14, à Paris, 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


Beitræge zur vergicicheuden Morphologie der Pflanzen 
(Contributions à la morphologie comparée des plantes) ; par M. Th, 
Irmisch (Botanische Zeitung, 1863, pp. 137-142, 161-164, 169-173, 
177-181, avec trois planches lithographiées). 


Ces nouvelles publications de M. Irmisch sont relatives à la morphologie 
des genres Gagea, Lloydia et Tulipa. 

L'auteur étudie d’abord la forme du fruit et sa déhiscence sur diverses 
espèces de Gagea. 11 s'occupe ensuite de la germination de ces plantes, qui, 
à son origine, rappelle beaucoup celle que M. Sachs a décrite chez l'Allium 
Cepa (voy. plus haut, p. 523). Ultérieurement, la base de l'embryon se pro- 
longe obliquement au-dessous du paquet de racines adventives ; il existe alors 
dans l’intérieur de la première feuille cotylédonaire une deuxième feuille et 
les rudiments d’une troisième ; l'axe qui les porte s’élargit en un plateau, qui 
donnera naissance, à l'automne suivant, à de nouvelles radicelles, tandis que 
le cotylédon se dessèchera ainsi que les premières radicelles. 

Au printemps de la deuxième année, la troisième feuille pointera au sommet 
du bulbe, lequel sera constitué. Ces phénomènes ont été étudiés par 
M. Frmisch sur le Gagea lutea ; il décrit ensuite, sur le G. spathacea, la pro- 
duction des caïeux. 

Relativement au genre Zloydia, M. Irmisch s’est principalement occupé 
de la structure du bulbe, dont il figure un grand nombre d'exemples. L'axe 
de ce bulbe persiste et se ramifie, en formant un véritable sympode, ainsi 
que l’a décrit M. Michalet (Bull. t. VII, p. 676 et suiv.), et portant à 
chacun de ses nœuds, d’une part, des racines adventives, et, d’autre part, les 
bases détruites des tiges et des feuilles florales des années précédentes. Ce 
sont seulement les organes portés par les deux derniers nœuds qui sont enve- 
loppés par les écailles du bulbe. La plus extérieure de celles-ci émet quelque- 
fois de sa face interne une cloison qui sépare les organes appartenant à 
chacun ile ces nœuds, et composés d’une tige florifère et de deux feuilles 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 607 


florales. L'auteur s'occupe longuement de l’histoire du genre Lloydia, qui est 
peu connue; ce genre, Selon lui, ne diffère pas génériquement du Gagea. 

M. Irmisch étudie la germination et le développement du bulbe chez 
les Tulipa Gesneriana, T. silvestris et T. biflora. Comme ses observa- 
tions sur ce dernier point, éclairées par un grand nombre de figures, 
sont, quant à leurs résultats généraux, analogues à celles qu'a publiées, 
il y a plusieurs années, dans ce Zulletin, M. Germain de Saint-Pierre (1), 
nous nous abstiendrons d’en reproduire le détail; cependant nous ferons 
remarquer que M. Jrmisch figure la gemmule du Tulipa Gesneriana comme 
déjà constituée au fond de la fente cotylédonaire avant que le cotylédon 
ait formé, au-dessus de l’étranglement qui le sépare de la radicule, l’éperon 
dans lequel se perfectionnera le bulbe. Nous devons ajouter que l’auteur 
allemand traite encore de l’organisation des organes sexuels des Zulipa et 


de la division de ce genre en sections. 
: E. F. 


Notes sur les vaisseaux propres, les vaisseaux du 
latex, ete.; par M. Thém. Lestiboudois (Comptes rendus, séances des 
27 avril et 6 juillet 1863). 


M. Lestiboudois a lu à l’Académie, dans ces séances, les deuxième et troi- 
sième parties d’un travail dont nous rappellerons les points essentiels. Dans 
sa première note, M. Lestiboudois avait établi que, chez certains végétaux, 
les sucs colorés sont renfermés dans des vaisseaux bien caractérisés, mais ne 
forment pas un système entièrement semblable à celui des vaisseaux sangains 
des animaux ; ils sont, à l’origine, composés de ramifications ténues, anasto- 
mosées, mais ils ne se terminent pas par un réseau capillaire comme les 
Vaisseaux qui répandent dans les tissus les liquides nourriciers. Les liquides 
qu’ils contiennent ne peuvent en sortir qu’en én traversant les parois; ils 
ne sont donc pas plus aptes à répandre les sucs nutritifs que les fibres «et les 
utricules ; ils le sont moins que les méats et les lacunes. 

Dans sa deuxième note, M. Lestiboudois expose que les sucs propres des 
végétaux peuvent aussi remplir des tubes droits, simples, épais, des utricules 
en séries ou en amas irréguliers, et même des méats intercellulaires, des 
lacunes cylindriques et régulières comme des vaisseaux, formées par écarte - 
ment des tissus, ou des lacunes irrégulières formées par déchirement. 

M. Lestiboudois regarde comme acquis à la science que les sucs colorés 
Contenus dans les vaisseaux y éprouvent un mouvement de cyclose bien 
caractérisé ; mais il ne pense pas qu'il existe dans l’universalité des végétaux 
Un appareil semblable, pourvu des mêmes caractères, et auquel on puisse 
attribuer des fonctions générales de premier ordre. 


(4) Voyez le Bulletin, t. IT, p. 159. 


608 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Dans son troisième mémoire, ce savant établit que le contenu des vaisseaux 
laticifères se coagule quelquelois en filaments élastiques offrant des renfle- 
ments divers, et qui pourraient être pris pour les vaisseaux eux-mêmes, Il 
montre que les sucs colorés, existant où manquant dans des espèces très- 
voisines, ne peuvent être considérés comme un agent indispensable de la vie 
végétale ; que ces sucs sont de nature fort différente, tantôt résineux, tantôt 
doux et alimentaires, tantôt âcres et vénéneux. 11 examine ensuite s’il existe 
dans l’universalité des végétaux non lactescents un réseau renfermant un 
liquide limpide. 11 trouve bien chez eux des tubes droits renfermant une séve 
dont les granules bleuissent sous l'influence de l’iode, qui jaunit ceux des 
sucs colorés; mais ces tubes existent aussi chez les végétaux pourvus d’un 
latex. Dans aucun cas, il n’a pu constater la disposition réticulaire figurée 
par M. Schultz dans les vaisseaux de plantes à suc non laiteux, et il la consi- 
dère comme le résultat d’une illusion. 11 pense même que les trois états d’arti- 
culation, d'expansion et de contraction, admis par M. Schultz, sont le résultat 
de la structure naturelle des tubes ou des préparations auxquelles ils ont été 
soumis, Il conclut en niant l’universalité des phénomènes observés chez les 
végétaux à sucs colorés, et se trouve conduit à rejeter les expressions de 
later et de vaisseaux laticifères, comme propres à jeter de la confusion dans 
la science en faisant attribuer aux végétaux des fonctions centralisées comme 


le sont celles des animaux. 
| 6 2 


Observations sur la nature des gaz prodaits par les 
plantes submergées sous linfluence de la lumière; 
par M. S. Cloëz (Comptes rendus, t. LVII, pp. 354-357). 


M. Cloëz a entrepris sur ce sujet plusieurs expériences différentes. Il à 
opéré d’abord avec des plantes aquatiques exposées à la lumière dans de l'eau 
ordinaire, légèrement imprégnée d’acide carbonique. Il a encore. placé des 
végétaux analogues dans, de l’eau naturelle, bien purgée d'air par une ébulli- 
tion prolongée, et contenant, par litre, environ 30 centimètres cubes d'acide 
carbonique, que l’on renouvelait à mesure que l'oxygène se dégageait. Il a 
en outre établi un appareil destiné à contenir des plantes aquatiques dans de 
l’eau naturelle constamment renouvelée. Dans ces diverses expériences, 
M. Cloëz a obtenu une exhalation d'oxygène et d’azote en proportions 
variables, mais n’a jamais observé, comme M. Boussingault (1), la production 
de gaz inflammable. Dans la séance de l’Académie des sciences du 23 n0- 
vembre 1863 (Comptes rendus, t. LVII, p. 875 et suiv.), MM. Calvert et 
Cloëz ont montré qu’il se produit de l’oxyde de carbone lorsqu'on met le 
pyrogallate de potasse en contact avec l'oxygène; cette circonstance, ajoute 


(1) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 47. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 609 


l’un de ces deux chimistes, pourrait peut-être rendre compte de la présence 


de l’oxyde de carbone trouvé par M. Boussingault. 
E. F, 


Sur Papparition du gaz oxyde de enarbone pendant Pab- 
sorption de l'oxygène par cerfaïnes subsianees vé- 
gétales; par M. Boussingault {Comptes rendus, t. LVIT, pp. 885-893). 


Nous devons mentionner ici cette note, dans laquelle M. Boussingault fait 
connaître qu’il avait observé lui-même depuis un an la production d'oxyde de 
carbone pendant l'absorption de l'oxygène par l’acide pyrogallique saturé de 
potasse. Il l’a prouvé en demandant l’ouverture d’un paquet cacheté, déposé 
par lui à l’Académie le 4° septembre 1862, et dans lequel il avait consigné 
. cette découverte. Il ajoute que toutes ses expériences établissent encore qu'il 
y a production d’une certaine quantité d'oxyde de carbone, pendant l’oxyda- 
tion du tannin à la température ordinaire. Ge résultat, dit M. Boussingault, 
a bien son importance, puisque le tannin est partout dans l'organisme des 


végétaux. 
EF. 


Beitræge zur Morphologie und Biologie der Familic 
der O-chideen (Contributions à la morphologie et à la biologie de 
la famille des Orchidées); par M. J.-G. Beer. Un volume petit in-folio de 
hh pages. Vienne, 1863, avec 12 planches chromo-lithographiées, 


Ce livre renferme surtout des détails sur la germination, la fécondation 
artificielle et le développement du fruit chez les Orchidées. L'auteur divise 
ces plantes, au point de vue de leur germination, en Orchidées à bulbes sou- 
terrains, Orchidées à bulbes aériens et Orchidées produisant une tige à déve- 
loppement indéfini ou défini. Dans les premières, il figure le développement 
des Gymnadenia conopea, Orchis variegata, Cyclobotra lutea, et Orchis 
mascula. 11 expose d'abord comment le testa se gonfle d’abord autour du 
nucelle, puis se déchire pour laisser sortir l'extrémité supérieure de celui-ci, 
auquel il donne le nom de tubercule embryonnaire (Æeëmhknællchen). Dans 
l'Orchis variegata, le nucelle, considérablement accru et devenu réellement 
un tubercule, et reposant sur le sol, donne issue, presque vers le même 
point, à la première feuille et à la radicule, tandis que sa surface se recouvre 
d’une certaine quantité de poils que l'auteur regarde comme des organes de 
nutrition. Plus tard, la feuille s’exhausse, portée par un axe ou tigelle, sur 
lequel naissent d’autres écailles appendiculaires engaînantes, et la racine 
s'allonge et s'enfonce dans le sol, puis elle se rétracte sur elle-même; ce 
mouvement produit la formation de plis circulaires autour de son axe, et 
attire dans le sol le petit tubercule resté à la surface; les poils sont alors 
desséchés et se détachent, Enfin, au mois de mars, la tigelle donne nais- 


610 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


sance, au-dessus du tubercule, au bourgeon latéral que tous les botanistes 
connaissent, et dont le faisceau vascalaire est une ramification de celui de 
cette tigelle. 

Comme exemples du développement des Orchidées à bulbes aériens, 
l’auteur a principalement étudié les Z/etia verecunda, Sobralia macrantha, 
Gongora bufonia, Brassia maculata, Mormodes unicolor eu Cattleya 
crispa. 

Les phénomènes embryogéniques initiaux sont ici les mêmes que dans les 
plantes précédemment étudiées. L'embryon, augmenté dans ses dimensions, 
forme de même le premier tubercule ; les poils radicaux, qui sont de deux 
sortes, rubanés et aciculaires, organes de nutrition et de fixation, se déve- 
loppent seulement sur sa partie inférieure ; plus tard, au-dessus de Ini, et 
latéralement par rapport à la tigelle, se développe le premier tubercule aérien, 
qui se continue avec une racine oblique chargée de protubérances et de 
bouquet de poils. 

Le Sarcanthus costatus a servi de type à l’auteur pour l'étude des Orchi- 
dées à tige indéfinie. Ici encore, au sommet de l'embryon accru, débarrassé 
de son enveloppe et formant un tubercule, il se produit un mamelon, qui est 
l'origine de la première feuille, Le tubercule se couvre encore de poils 
absorbants, tandis que la feuille primordiale s'élève, supportée par une. tige 
qui émet une racine adventive au-dessous de chacune de ses feuilles ou de 
ses gaînes aphylles, 

Enfin, le type choisi et figuré parmi les Orchidées à tige limitée dans la 
croissance est le Goodyera repens. Les phénomènes sont d’abord les mêmes 
que dans le développement du Sarcanthus. Puis le tubercule embryonnaire 
se dessèche et se détache. La tige se divise, et les poils rubanés et très-longs 
portés sur les racines adventives du Goodyera deviennent autant de suçoirs 
qui assurent l'existence parasite de la plante. L'auteur les représente attachés 
: par leur extrémité aux ramifications d'un Æypnum. 

L'auteur a figuré l'embryon, considérablement grossi, de cent-cinquante- 
six espèces d'Orchidées. Ces figures sont coloriées et exécutées avec un talent 
remarquable, 

Le reste du travail de M. Beer paraît consacré principalement à l'étude de 
la fécondation artificielle des Orchidées. 11 étudie successivement la structure 
et le développement du fruit des Orchidées, depuis l’anthèse jusqu’à la matu- 
ration des graines; les modifications que présentent les organes floraux de ces 
plantes, à la suite de la fécondation artificielle ; puis il passe en revue les prin- 
cipaux genres dans lesquels elle a été pratiquée (Acanthophippium, Acropera, 
Aërides, Brassia, Catasetum, Cattleya et Lælia, Cycnoches, Cyrtochilum, 
Cirrhuea, Dendrobium, Epidendrum, E ulophia, Gongora, Goodyera, Lep- 
totes, Marillaria et Lycaste, Betomeria, Oncidium, Phajus, Promenæa, 
Stanhopea , Vanilla et Zygopetalum). 1 examine spécialement la forme des 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 611 


semences des Orchidées. II trace ensuite la diagnose des tribus de cette fa- 
mille, et termine par l'étude spéciale du genre Vanilla, et surtout du Vanilla 
planifolia. Dans les planches jointes à ce travail, l’auteur a figuré les fruits 


de 196 espèces d’Orchidées. 
E. F, 


Ueber ? bis 4 Huellblætter am Bluethenschaft von Cala 
pmalustris L. (De la présence de deux à quatre feuilles d'enveloppe 
sur la tige florale du Calla palustris L.); par M. R. Caspary ( Æænigsb, 
Schriften, 3° année, 1862, pp. 133-139), publié en 1863, 


M. Caspary étudie ici le mode de développement de la tige aérienne du 
Calla, qui naît, comme on le sait, d’un rhizome disposé en sympode. Le 
bourgeon qui doit former cette tige, est souvent dépourvu de préfeuille, et 
présente un nombre variable de feuilles d’enveloppe. M. Caspary a étudié un 
très-grand nombre d'échantillons, et établit la fréquence relative des nombres 2, 
3 et 4 de ces feuilles. Il en a une fois même observé 5. Il reprend ensuite cet 


examen pour le cas spécial où le bourgeon présentait une préfeuille. 
E. F. 


Ucher dic Leitung der plastischen Stoffe darch ver- 
schicdene Geweheformen (Sur le transport des matériaux 
plastiques à travers diverses sortes de tissus); par M. Julius Sachs 
(Flora, 1863, pp. 33-42, 49-58, 65-74). 


n 


Le sujet dont il s’agit a été déjà traité par M. Sachs dans différentes publi- 
cations, notamment dans un travail sur les substances qui fournissent les 
matériaux nécessaires au développement des parois cellulaires (voy. le Bull,, 
LX, p. 342); un historique général du sujet a été tracé par M. Hanstein, 
dans les Annales de Pringsheim, en 1860. 

Pour M. Sachs, la direction de la séve est réglée d’une manière générale 
par les lois de la diffusion, et modifiée dans ses détails par les propriétés par- 
ticulières du tisst des plantes. C’est à ces dernières qu'on doit évidemment 
d'observer des cellules pleines d'une séve fortement alcaline dans le voisinage 
immédiat d'un parenchyme rempli d'un suc acide, et qui n’est séparé des 
précédentes que par de minces parois. Aussi l'auteur adopte-t-il complé- 
tement la théorie de la localisation : il n'existe pas, selon lui, une séve 
commune d’où puissent être extraits les matériaux quelconques, nécessaires 
au développement des organes, mais des sucs différents, conduits par 
des voies différentes ; telle est la théorie développée et justifiée dans son 
mémoire. 

Avant d’aller plus loin, quelques mots de nomenclature, M. Sachs a accepté 
et emploie le terme de cellules de transport (Leitzellen), qui a été créé 


612 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


par M. Caspary (1), pour désigner les cellules allongées, semblables en géné- 
ral à des vaisseaux, annulaires, spirales, réticulées, scalariformes ou poreuses, 
quelquefois à parois minces, et dont les cloisons de séparation ne sont pas 
perforées. Il comprend encore, sous ce terme, les cellules dont les cloisons 
persistantes présentent les diverses apparences qui les ont fait comparer à un 
crible par MM. Hartig et Nægeli, ou à un treillage par M. de Mobl (cellules 
cribreuses et treillagées). Ces cellules de transport contiennent une substaricé 
albumineuse, ainsi que le prouve l’action exercée sur elle par les différents 
réactifs. Elles renferment aussi de l’amidon, mais seulement d’une mänière 
exceptionnelle et en faible proportion, tandis que le parenchyme environnant 
en contient toujours une grande quantité, et est spécialement destiné à le 
transporter par la voie endosmotique. 

M. Sachs résume les faits connus dans la science sur la situation de ces 
cellules et sur les rapports qu’elles affectent avec les vaisseaux proprement 
dits. Comme elles se rencontrent chez des plantes complétement dépourvues 
de liber, de vaisseaux et de bois, il les regarde comme l'élément essentiel des 
faisceaux fibro-vasculaires. 11 rappelle ensuite les travaux publiés par M. Hans- 
tein sur les fonctions de ces cellules, qu’on rencontre toujours dans le liber 
et souvent autour de la moelle, associées ou non à des vaisseaux véritables. 
Quand on pratique, sur les plantes qui n’en contiennent que dans leur liber, 
une incision annulaire, il se forme des racines adventives sur le bord supér:eur 
dé l’incision; quand la plante mise en expérience présente des cellules de 
transport autour de sa moelle, les racines adventives se forment au-dessous 
de l’incision ; ce qui, selon M. Honstein, prouve que la séve descendante est 
conduite par ces organes. M. Sachs soutient que l’action du parenchyme doit 
être, dans la théorie, associée à celle des cellules dé transport, ce paren- 
chyme étant l'organe vecteur des matériaux amyläcés (amidon, sucre, inu- 
line, etc.), et l'interruption de Fun quelconque des deux tissus empêchant 
le développement d'organes nouveaux dans les points où ils conduisent 
les sucs. Il examine, à l'appui de ses idées, les faits offerts par le développe- 
ment des tubercules de la Pomme-deterre, de la panicule du Maïs. Cepen- 
dant il est obligé de reconnaître qu’il existe éncidemment de l'amidon dans 
les cellules conductrices du Marronier-d’Inde, du Mûrier-blanc et de la Vigne 
(en octobre, quand les feuilles se vident des sucs qu’elles contiennent) ; il en a 
trouvé aussi dans les cellules grillagées du Dahlia et du Topinambour. Malgré 
cela, M. Sachs s'attache à démontrer la vérité de sa théorie. On pourrait lui 
objecter que l’amidon qu'il trouve si abondant dans le parenchyme, y a été 
amené et déposé par les organes de transport ; il répond que l’amidon qu'on 


(1) Mémoire sur. les Hydrillées, dans les Annales de Pringsheim, t. 1°, et Sur les 
es D des plantes, dans les Comptes rendus de l’Académie de Berlin, 
Juillet À 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 613 


trouve dans le pétiole des feuilles et dans le parenchyme de leurs nervures 
n’y aurait aucun but, s’il y était simplement déposé, et ne s’y trouve évi- 
demment qu’en passant pour se rendre dans l’entre-nœud inférieur à la feuille. 
Ilcite à l'appui de son opinion les travaux qu'il a publiés sur la germination 
des Graminées et du Dattier en 1862, dansle Botanische Zeitung; sur celle 
du Haricot, dans les Comptes rendus de l’Académie de Vienne, en 1859, et 
sur les substances qui fournissent les matériaux utiles à l’accroissement des 
parois cellulaires, ainsi que dans ses #echerches au microscope (Flora, 1862). 
Enfin, il réfute la théorie exposée par M. Hartig, en 1862, dans le Potanische 
Zeitung. D'après ce savant, il se formerait dans les feuilles où se rencontrent 
les matériaux apportés par la séve ascendante et ceux qu’elles tirent de l’atmo- 
sphère, une séve formatrice (Bildungssaft) qui redescendrait dans l'axe, où 
elle emmagasinerait dans le parenchyme, au voisinage des organes de trans- 
port, les principes immédiats : amidon, gluten, inuline, tannin, huile grasse, 
sucre, mannite, etc., pour les reprendre ensuite an fur et à mesure des besoins 
de la plante, en remontant dans l'axe ligneux, et en les faisant passer de nou: 
veau à l’état liquide. M. Sachs, fait à cette théorie, les trois objections sui- 
vantes : 1° Qu'il n’existe pas dans les feuilles un suc liquide contenant en 
solution tous les matériaux nécessaires au développement de la plante ; 2° que 
la séve sortant des feuilles ne suit pas une direction ascendante ; 3° enfin, 
que ce n’est pas le bois qui livre passage au fluide nourricier ascendant, 
Dans la dernière partie de son travail, M. Sachs s’efforce de démontrer , à 
l’aide de nombreuses citations, que sa théorie rend parfaitement compte 


des faits observés jusqu'ici. 
E. F. 


Veber die Grenze des thicrischen und pflanzlichen 
Lehens (Sur la limite de la vie animale et végétale); par M. le 
docteur E. Claus. In-4° de 23 pages, Leipzig, chez W. Engelmann, 1863. 


M. Claus passe en revue, dans cette publication, les faits curieux décou- 
verts dans ces derniers temps sur certains êtres inférieurs appartenant aux 
deux séries du règne organisé, et qui paraissent de nature à relier ces deux 
séries entre elles. 11 retrace les métamorphoses des Amibes et des Rhizopodes, 
de certaines Algues, comme les Saprolegnia, des vers Cestoïdes et Tréma- 
todes, l’accommodation à des usages spéciaux de chacun des singuliers 
organes des Acalèphes hydrostatiques portés sur une tige commune et servant 
à la vie de l’ensemble, comme les organes appendiculèires d’un végétal, et les 
études faites sur les infusoires par MM. Stein, Lachmann, Claparède et 
Balbiani. 

Il s'occupe ensuite de l’action que divers réactifs exercent sur les sub- 
stances animales et végétales, et étudie ces substances en elles-mêmes, ainsi 
que les propriétés dont elles sont douées; il insiste spécialement sur celles 


614 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


que présente le protoplasma des Rhizopodes, et qui ont été déjà appréciées 
par M. Schulze. D'après l’auteur, la constitution physique et chimique de 
ces substances est identique, ainsi que l'essence de leurs phénomènes de 
mouvement; et, comme les mêmes phénomènes ont les mêmes causes, il ne 
faut pas, pour les caractériser, s’en rapporter à un sentiment arbitraire. Les 
wanifestations psychiques que présente la vie des animaux supérieurs dispa- 
raissent par degrés, à mesure qu’on descend dans l'échelle zoologique jusqu’à 
un point où les phénomènes de sensation et de perception cèdent la place à 
des phénomènes d'irritabilité, qui se rencontrent également sur des orga- 
nismes doués d’un caractère végétal, desquels on s'élève aux végétaux supé- 
rieurs chez lesquels on ne peut méconnaître une vie psychique. On devine, 
d’après ce peu de mots, quelle est la conclusion de M. Claus; il n’y a pour 
lui aucune limite entre les deux règnes organisés de la nature, et l’on ne doit 
pas chercher à décider si les Amibes, par exemple, sont des animaux ou des 
végétaux, mais à reconnaître que ces êtres présentent plus ou moins d'ana- 


logie avec les uns ou les autres. 
E. F. 


On the existence of two forms and on their reciprocical 
sexual relation in several species of the genus Zinum 
(De l'existence de deux formes dans certaines espèces du genre Linum, 
et de leurs rapports réciproques au point de vue sexuel); par M. Ch. 
Darwin (Journal of the proceedings of the Linnean Society, vol. VI, 
n° 26, mai 1863, pp. 69-83). 


Nos lecteurs ont trouvé, dans cette Æevue, l'exposé des recherches de 
M. Darwin sur la fécondation des Orchidées (1), dans lequel cet auteur s’est 
efforcé de prouver que cet acte physiologique est toujours dû, dans celte 
famille, au concours d'organes appartenant à des fleurs différentes. Ils con- 
naissent aussi, sans doute, les travaux du même savant sur la fécondation 
croisée des Primula et sur le dimorphisme des parties sexuelles de ces plantes. 
Dans l’ane des deux formes qu'elles présentent, le stigmate est inclus, et les 
étamines se montrent au dehors du tube de la corolle ; dans l’autre, ce sont 
les étamines qui sont enfermées, et le stigmate qui fait saillie, porté par un 
long style. M. Darwin eut l’idée d'isoler les diverses ombelles fleuries, au 
moyen de tissus de gaze, et vit alors que ces plantes, soustraites à l'action 
des insectes, ne produisirent qu’un petit nombre de graines (les Primevères 
à court style), où même n’en produisirent pas du tout (les Primevères à long 
style). Au contraire, en pratiquant artificiellement la fécondation croisée entre 
les deux formes différentes, l'auteur a obtenu une fertilité complète. Le but de 


(1) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 243. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 615 
la nature, dans ces cas, selon M. Darwin, est de favoriser le croisement entre 
individus distincts (1), 

M. Darwin reproduit, pour le genre Linum, les mêmes distinctions et les . 
mêmes expériences qu'il avait établies au sujet des Prèmulu. Xci encore, il a 
observé des formes à long style et à court style, bien plus fécondes quand 
elles sont fécondées entre elles que par elles-mêmes, bien que l’on n’observe. 
dit-il, aucune différence dans la forme des grains de pollen des deux variétés. 
Il a même observé que ces grains, placés sur le stigmate de la fleur à laquelle 
ils appartiennent ou d’une fleur de la même variété, ou n’y germent pas, ou 
émettent des tubes qui ne pénètrent qu’à une très-faible profondeur dans le 
tissu stigmatique. Il a fait, sur cette matière, un grand nombre d'expériences 
diverses et contraires que l’on devine aisément, et se trouve autorisé à en con- 
clure, sans craindre d'être taxé d'exagération, qu’il y a entre ces deux 
variétés, au point de vue sexuel, une séparation plus grande qu'entre certaines 
espèces du même genre et même de genres différents. 

C’est principalement sur le Zinum grandiflorum que M; Darwin a fait ses 
observations ; il cite aussi des faits concordants offerts par les L. perenne et 
L. flavum. X rappelle que, selon Vaucher, les Z. gallicum, L. strictum et L. 
maritimum présentent également le phénomène de dimorphisme, et le Z. sal- 
soloides, selon M. Planchon. Mais il n’a trouvé aucune trace de ces diffé- 
rences sexuelles dans les Z. catharticum, L. usitatissimum, et L. angusti- 
folium. X ajoute que probablement le genre Hugonia en présente des cas. 

M. Darwin annonce encore, pour une publication ultérieure, un travail de 


même nature sur le genre Lythrum. 
E. F. 


Recherches expérimentales sur l’hybridité dans le 
règne végétal; par M. D.-A Godron (Extrait des Mémoires de 
l'Académie de Stanislas, 1862); tirage à part en brochure in-8° de 
76 pages. Nancy, 1863. 


Dans ce mémoire, qui a obtenu de l’Académie des sciences une mention 
très-honorable au concours pour le grand prix des sciences physiques, 
M. Godron a consigné les observations qu'il lui a été donné de faire sur les 
hybrides végétaux, au double point de vue de leur fécondité et de la perpé- 
tuité ou non-perpétuité de leurs caractères ; et il y à relaté les expériences de 
fécondation artificielle qu’il a pratiquées depuis dix années, en indiquant 
avec détail ceux des résultats obtenus, qui sont de nature à jeter quelque 
lumière sur l'une et sur l’autre de ces deux questions importantes et à éclairer 


(4) Voyez le Journal of the proceedings, vol. VE, p. 7. M. Lecoq a exposé à la 
Société les principaux résultats des expériences de M. Darwin sur les Primula. Voyez le 
Bulletin, t. IX, p. 213 et suiv.). 


616 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


la théorie de l’hvbridité. L'auteur examine principalement dans quels cas les 
hybrides végétaux sont féconds par eux-mêmes. D’après lui, les produits de 
première fécondation, ou Aybrides simples (Kælreuter), sont constamment 
stériles s’ils sont séparés de leurs parents au moment de la floraison. Lorsque 
ces plantes ont été de nouveau soumises à une fécondation adultérine, les 
quarterons végétaux qui en proviennent sont indéfiniment fertiles, moins à 
la première génération que dans les générations suivantes (Lénaires, Prime- 
veres, Tabacs, Ægilops). M. Naudin a obtenu des résultats opposés à ces 
conclusions en fécondant réciproquement le Datura Tatula et le D. Stramo- 
nium; M. Godron explique cette anomalie en soutenant que ces formes 
appartiennent seulement à deux races d’un même type spécifique. M. Naudin 
a aussi obtenu deux hybrides fertiles, en fécondant le D. Stramonium par le 
D. ceratocaula, qui constitue, pour M. Spach, un genre distinct; M. Godron 
pense que quelques ovules du 2. Stramonium ont été fécondés par le ge 
de la même plante. 

L'auteur s'étend ensuite sur des variétés hybrides produites par les Linaria 
purpurea, L. genistifolia, L. striata et L. vulgaris; il a vu que les 
graines de ces variétés, hybrides de plusieurs générations, ont uniformé- 
ment reproduit la variété dont elles provenaient; l’atavisine et la tendance 
naturelle aux variations n’ont joué alors aucun rôle. Il est loin cependant de 
vouloir nier l'influence de l’atavisme, auquel il attribue le retour complet au 
type des hybrides de Datura Tatula observés par M. Naudin; mais il explique 
cette influence physiologique par un nouveau croisement de l’hybride avec 
un de ses premiers parents. A l’appui de cette opinion, il cite l'exemple du 
Primula variabilis Goup., qui, suivant lui, est un hybride des ?. offici- 
nalis et P. acaulis, et qui revient souvent à ce dernier, cultivé avec lui 
dans les jardins, et jamais au premier, qui en est soigneusement arraché 
quand il y paraît. Des graines de Mirabilis hybrides, envoyées à M. Godron 
par M. Lecoq, se sont reproduites indéfiniment en conservant intact le type 
de leur variété, parce que leurs produits étaient isolés, tandis que dans le 
jardin de M. Lecoq ils revenaient fréquemment au type maternel, M. Godron 
appuie encore ses opinions sur des faits fournis par deux Diplacus , les 
D. aurantiacus Curt. et D. puniceus Nu, que M. Bentham. considère 
comme variétés d’une seule espèce, et qui, fécondés artificiellement (le pre- 
mier par le second), ont produit des hybrides qui sont restés stériles à moins 
d’être de nouveau fécondés par l'un des deux parents; ce qui prouve bien, 
d’après M. Godron, que ces deux espèces sont réellement distinctes. 

M. Godron applique ensuite ses idées à l’histoire des Ægélops hybrides. 
L’Æ gilops triticoides, hybride simple de lÆ. ovata et d’un Zriticum, était 
stérile; fécondé de nouveau par un 7rificum, il a donné naissance à 
lÆ, speltiformis, qui s’est montré indéfiniment fécond entre les mains de 
M. Fabre. Il examine au même point de vue les Gentianes hybrides observées 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 617 


dans les Alpes par MM. Guillemin et Dumas, les Narcisses de Pontarlier 
étudiés par M. Grenier, et les Cirsium hybrides. 

M. Godron recherche encore si la fécondité des hybrides est en rapport avec 
les ressemblances extérieures des espèces dont ils proviennent, ou si elle 
signale une affinité spéciale au point de vue de la génération, comme on l’a 
remarqué pour la facilité de la production des hybrides eux-mêmes. Il passe 
en revue quelques exemples, et conclut que l'hybridation naturelle chez les 
plantes résulte bien moins (s’il s’agit, bien entendu, d'espèces incontestable 
ment distinctes) des ressemblances extérieures des espèces, que d’une affinité 
spéciale qu’elles ont les unes pour les autres, au point de vue de la fonction 
génératrice. Il cite notamment, à cet égard, les ÆZ'gilops ovata et Triticum 
vulgare. 1 montre encore que la fécondité des hybrides n’est pas non plus en 
rapport avec la facilité avec laquelle s'établit la première hybridation, et cela 
par l'exemple des Verbascum. Il examine ensuite si les hybrides stériles par 
eux-mêmes doivent toujours leur stérilité à l’imperfection du pollen, et 
répond négativement d’après ses propres recherches. Quant au pistil et aux 
ovules, ils lui paraissent normaux, même chez les végétaux hybrides qui pos- 
sèdent ces derniers (on sait qu’ils n'existent pas chez le Varcissus incompa- 
rabilis, tandis que d’autres hybrides de Narcisses en présentent de fort bien 
conformés). Enfin, M. Godron demande si les hybrides, se reproduisant par 
leur propre fécondation, conservent quelquefois des caractères invariables 
pendant plusieurs générations, et peuvent devenir le type de races constantes, 
ou si, au contraire, ils reviennent toujours aux formes d’un de leurs ascen- 
dants, au bout de quelques générations, comme semblent l'indiquer des 
observations récentes. IL ne pense pas que les hybrides puissent former des 
types permanents, tout en reconnaissant que l’Ægelops speltifornus fait 
exception à cette règle, du moins quand il est cultivé par la main de 
l’homme. 

M. Godron termine par un résumé des opinions soutenues par lui dans le 


présent mémoire. 
EE. F. 


On a presumed case of parthenogenesis in na species 
of Aberia (Sur un cas présumé de parthénogénèse dans une espèce 
d’Aberia) ; par M. T. Anderson (Journal of the proceedings of the 
Linnean Society, vol. VII, n° 26, mai 1863, pp. 67-68). 


Cette note renferme une description soignée de l’Aberia caffra Hook. f. 
et Harv, in #7. cap. II, addend. 58h. C'est cette espèce qui serait douée de 
la faculté de se reproduire sans fécondation préalable. Elle est dioïque, et les 
pieds femelles en ont porté des graines au jardin botanique de Calcutta, bien 
qu’il n’y eût pas de pieds mâles, L'auteur a examiné soigneusement le pied 

1 


618 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


femelle pendant sa floraison, sans pouvoir découvrir une étamine parmi les 
fleurs femelles. 
E, F 


BOTANIQUE DESCRIPTIVE. 


Notes extraites d’un catalogue inédit des plantes pha- 
nérogames du département du Cher; par M. Alfred Desé- 
glise (Mémoires de la Société académique de Maine et-Loire, t. XI, 
pp. 97-117); 1863. 


Ces notes concernent les plantes découvertes dans le département du Cher, 
depuis la publication de la dernière édition (1857) de la Flore du Centre de 
M. Boreau : savoir : les Papaver strigosum Bœnningh., Capsella rubella 
Reut. (espèce décidément très-répandue en France), Æeseda Phyteuma L., 
Viola biturigensis Bor. n. sp. Billot exsice. n° 4423, les trois Arenuria 
distingués dans l'A. serpyllifolia L., dans lesquels la longueur relative du 
calice et de la capsule varie tellement, d’après M. Deséglise, qu’elle ne sau- 
rait être prise en considération , les Achillea nobilis Y., Mentha balsamea 
Willd., Betonica serotina Host., Plantago intermedia Gilibert, P. eriophora 
Hoffm. et Link, Polycnemum verrucosum Lang., Æuphorbia Desegliser 
Bor., Narcissus radiiflorus Salisb., Sparganium minimum Fries, Agro- 
pyrum pungens Rœm. et Schult., A. campestre Gr. et Godr., etc., elc. 

- E. F. 


Précis des principales herbhorisations faites en Mainc- 
et-Loire en 1862, suivi de dissertations critiques sur plusieurs 
espèces de plantes; par M. Boreau (Mémoires de la Société académique 
de Maine-et-Loire, t. XIV, pp. 23-54). 1863. 


C’est principalement la deuxième partie de ce travail qui nous occupera. 
M. Boreau y traite d’abord la question controversée de l'hybridité du Pri- 
mula variabilis. Une touffe de cette espèce, venue des bois de Saint-Sylvain 
el transportée au jardin botanique d’Angers, y a fleuri et fructifié, et ses 
graines ont produit le P, variabilis à fleurs purpurines, tel qu’on le cultive 
généralement en bordures, le P. grandiflora à fleurs rouges, et le P. offi- 
cinalis à fleurs d'un rouge orangé, tel qu'il se prodait parfois dans les parcs 
et dans les lieux voisins des jardins; c’est à peu près ce qu’a vu M. Naudin 
(Ann, sc. nat. 1858, p. 258). M. Boreau croit, comme M. Godron, M. Loret, 
M. de la Perraudière, M. J. Gay et M. Perrier, que la plante décrite par 
Goupil est un hybride des P. grandiflora et P. offcinalis. Les observations 
suivantes de M. Boreau portent sur les Orobanche cœrulea Nil. et 0. Mille- 
folii Rchb. , l’Asphodelus albus auct. , l'Orchis hybrida Bong. le T' ormentilla 
reptans L., le Potentilla nemoralis Nestl., le P, mixta Nolte, qui paraît à 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 619 


M. Boreau une forme particulière du précédent; le Potentilla Salisii Bor. 
(P. nemoralis Salis., Tormentilla reptans var, humilis Bertol.), le Æosa 
baltica Roth, espèce nouvelle pour la flore de France ; le Polygala Lensei 
Bor. n. sp. (P. vulgaris var. parviflora Coss. et Germ.), les À juga du groupe 
du genevensis, les Pimpinella saxifraga et P. magna L. et les formes voi- 
sines, l’Achillea polyphylla, l'étymologie du nom de genre Zorago (sic), le 
Filago spathulata Presl. L'auteur s'élève contre les naturalistes qui admet- 
tent la variabilité de l’espèce en suivant les idées de Lamarck. Il se rattache, 
sur ce point, à l'opinion exprimée par M. Alph. De Candolle dans son étude 


sur l'espèce. 
E.F. 


Excursions botaniques ct entomologiques dans les Py- 
rénées-Orientales, en 1862; par M. Antoine Legrand (Mémoires 
de la Société académique de Maine-et-Loire, t. XIV, pp. 67-79); 1863. 


Ces notes contiernent des remarques sur la végétation des environs de 
Perpignan ; le récit d’herborisations faites à Cases-de-Pène, à Rivesaltes, et 
dans les Basses-Corbières, puis, dans les montagnes, à Prats de Mollo, à la 
Tour-de-Mir, à la Presle et à Costa-Bona. M. Legrand donne ensuite la liste 
de quelques espèces rares ou peu connues, qu’il a récoltées dans les Pyré- 
nées-Orientales, et dont les déterminations ont été vérifiées par M. Boreau. 
Les plus remarquables de ces plantes sont les Fumaria Gussonii Boiss., Helian- 
themum pilosum Pers., Lavatera cretica L., Medicago oliviformis Guss., 
Rosa scandens Mill, À. Andrzeiowskii Besser, Bupleurum caricinum DCG.?, 
Torilis heterophylla Guss. et Aristolochia longa L. . 
Flora capensis; being a systematic description of the plants of the 

Cape Colony, Caffraria and Port-Natal (Flora capensis, ou description sys- 

tématique des plantes de la colonie du Cap, de la Cafrerie et de Port-Natal) ; 

par MM. William H. Harvey et Oito Wilhelm Sonder. 2 vol in-8°. Dublin, 

chez Hodges, Smith et Ci°, 1859-62. 


Comme dans la plupart des flores coloniales publiées par divers botanistes 
anglais, l'important ouvrage que nous annonçons ici est précédé d'une intro- 
duction à l'étude de la botanique, qui est un abrégé élémentaire de cette 
science, Vient ensuite l'index des termes employés dans la Flore et la table 


analytique des classes et des familles des plantes qui y sont étudiées. 
Selon notre habitude, nous signalerons d’abord les faits de géographie 


botanique intéressants que nous présente le Flora capensis, Nous parlons 
Surtout de la présence, dans l'extrême sud du continent africain, de végétaux 
appartenant à des flores très-différentes ; c’est ainsi que nous avons remarqué 


620 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


les Thalictrum minus L., Ranunculus aquatilis L., R. sceleratus L., Fuma- 
ria officinalis L. var. capensis(F. muralis Sond. in Koch Syn.), Nasturtium 
officinale R. Br., Barbarea præcox R. Br., Alyssum marilimum Lam., Si- 
symbrium Thalianum J. Gay, Senebiera didyma Pers., S. Coronopus Poir., 
Capsella Bursa-pastoris Mœnch, Brassica nigra Koch, Viola arvensis 
Murr., Frankenia pulverulenta L., Hypericum humifusum 1, Silene gal- 
lica L. et var. B quinquevulnera Koch, Stellaria media L., Cerastium vis- 
cosum L., Corrigiola littoralis L., C. telephiifolia Pourr., Herniaria hir- 
sutaL., Polycarpon tetraphyllum L., Lepigonum rubrum Fries, L. margi- 
natum Koch, Spergula arvensis L., Glinus lotoides L., Mollugo Cerviana. 
Seringe, Pircunia abyssinica Moq., Malva parviflora X., Abutilon indicum 
G. Don, Hibiscus mutabilis L., Paritium tiliaceum Saint-Hil. (du Brésil), 
Waltheria indica.., Cardiospermum Halicacaba L., Oxalis corniculataL., 
Tribulus terrestris L., Trifolium angustifolium X., Tr. agrarium L.,T. 
procumbens L., Melilotus parviflora Desf., Trigonella hamosa X.., Medicago 
denticulata Wild, #. Zaciniata AN., Arachis hypoyæa X., Alhagi Mau- 
rorum Tournef., Guilandina Bonduc Juss., Acacia arabica Willd., Agri- 
monia Eupatoria L. var. capensis Harv., Poterium Sanguisorba L., 
Œ'nothera biennis L., Epilobium hirsutum L., E. tetragonum L., L ythrum 
Hyssopifolia L., Hydrocotyle asiatica L., Sanicula europæa? X., Myrio- 
phyllum spicatum L., etc. 

Sans doute un grand nombre de ces plantes sont introduites, mais leur 
naturalisation n’en est pas moins digne d'intérêt. Quelques-unes cependant 
sont certainement spontanées, et établissent des rapports remarquables entre 
la flore du Cap et de l’Inde, et même avec celle du Brésil. Il y a au Cap un 
Pittosporum, le P. viridiflorum Sims., comme il y en a un aux Açores. 
Quelques-unes des familles étudiées dans le Flora capensis renferment des 
genres pareils à ceux d'Europe, mais avec des espèces différentes, notamment 
la famille des Ombellifères. 

Plusieurs genres nouveaux sont établis dans cet ouvrage. Nous avons 
remarqué le Palmstruckia Sond., établi pour le Peltaria capensis Thunb. 
non L., appartenant au sous-ordre des Diplécobées (Crucifères), le Hawsonia 
Harv. et Sond. (Bixacées), et le Walpersia (Papilionacées ). Quant aux 
espèces nouvelles, elles sont naturellement en assez grand nombre, mais difi- 
ciles à distinguer, les auteurs n'ayant pas pris le soin de les noter par un signe 
particulier. 

Quoique consistant déjà en deux gros volumes , le Flora capensis s'arrête 
cependant aux familles qui suivent immédiatement les Ombellifères (Aralia- 
cées, Cornées, Loranthacées, dont les auteurs rapprochent les Balanophorées 
et les Haloragées). 

Les genres les plus nombreux en espèces sont les genres Pelorgontum, 
avec 163; Oxalis, avec 108: Crassula, avec 99; Agathosma, avec 97; 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 621 


Mesembrianthemum, avec 65; Heliophila, avec 61 ; Phation et Lotononis, 


avec 58 ; Æhus, avec 51, etc. 
E. F, 


The plants indigenous to the colony of Victoria (Les 
plantes indigènes de la colonie de Victoria) ; par M. Ferdinand Mueller, 
Vol. 1°, THALAMIFLORE, in-4° de 242 pages, avec 13 planches lithogra- 
phiées. Londres, chez H. Baillière. 


Ce beau livre, entièrement écrit en anglais, contient l'exposition, dans un 
ordre méthodique, des nombreux matériaux recueillis sur la végétation de 
l'Australie par l'infatigable directeur du Jardin-des-plantes de Melbourne. 
Nous croyons utile, au point de vue de la géographie botanique, de présenter 
le relevé des espèces européennes qui figurent dans le livre de M. Mueller 
comme indigènes en Australie, mais dont il admet quelquefois l'introduction 
antérieure comme possible, Ce sont les suivantes : Myosurus minimus L., 
Ranunculus aquatilis L., À. parviflorus L., Nasturtium palustre DC., 
Barbarea vulgaris R. Br., Turritis glabra L., Cardamine parviflora L., 
Lepidium ruderale L., Tribulus terrestris L., Geranium dissectum L., 
Oxalis corniculata L., Glinus lotoides Lœfl., Polycarpon tetraphyllum X.., 
Spergularia rubra Camb., Sagina procumbens L., S. apetala X., Stellaria 
glauca With., St. media Witb. Plusieurs de ces espèces croissent en Aus- 
tralie à une altitude de 1000 à 3000 pieds. | 

Les planches jointes à ce travail représentent les Ranunculus anemonœus 
F. Muell., Zlennodia lasiocarpa F. Muell., Zasiopetalum Behrii F. Muell., 
Howittia trilocularis F. Muell., Dodonæa bursarifolia Behr. et F. Muell., 
Zygophyllum crenatum F. Muell., Corræa æmula F. Muell., Comesperma 
_polygaloides F. Muell., Bergia tripetala F. Nuell., Marianthus bignonia- 
ceus F. Muell., Colobanthus pulvinatus F. Muell., Scleranthus mniaroides 
F. Muell., Aibbertia humifusaF. Muell., Zedycarya PseudomorusF. Muell., 
Sarcopetalum Harveyanum F. Muell., Busbeckea Mitchelli F. Muell., Bra- 
chychiton populneum R. Br., Droseru Whittakeri Planch., Nitraria Bil- 
lardierii DL, Zonidium floribundum Lindl., Cyclotheca australis Miq., 


Cissus hypoglauca Asa Gray, Pelargonium Rodneyanum Mitch. 
E. F. 


Flora australiensis; par M. Georges Bentham, avec l'aide de 
M. Ferdinand Mueller, Vol. 1°", in-8° de 20, x1 et 568 pages. Londres, 
chez Lowell-Reeve et Ci°, 1863. 


Ce volume s'étend des Renonculacées aux Anacardiacées ; il est préparé 
sur le modèle du Flora hongkongensis du même auteur, c’est-à-dire comme 
un ouvrage descriptif mis à la portée des amateurs, car il est accompagné d’une 


622 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


introduction qui forme un glossaire de botanique, etles genres et espèces n’y 
sont décrits qu’en anglais. Les genres qni comprennent plus d'une espèce 
sont munis de tableaux dichotomiques qui facilitent la détermination spé- 
cifique. 

L'ouvrage que publie en ce moment M. Bentham, pour faire suite aux 
diverses flores coloniales déjà parues sous les auspices du gouvernement anglais, 
est en grande partie établi sur les découvertes et les travaux antérieurs de 
M. Ferdinand Mueller, que nous avons déjà signalés dans cette Æevue (1). 
Malgré cela, la part personnelle de M. Bentham est facilement visible dans ce 
livre, où plusieurs espèces étudiées par lui sont décrites comme nouvelles, 
Les genres les plus nombreux en espèces, dans le volume qui vient de paraître, 
sont les genres Æanunculus (11 espèces), Hibbertia (67), Blennodia (11), 
Capparis (12), Marianthus (16), Tetratheca (18), Comesperma (21), Calan- 
drinia (16), Sida (16), Abutilon (18), Hibiscus (26), Sterculia (12), 
Rulingia (13), Thomasia (25), Lasiopetalum (20), Borronia (58), Erios- 
temon (15), Phebalium (43), Pomaderris (18), Spyridium (23), Cryptan- 
dra (21), Dodonæa (39). On voit, par conséquent, que, parmi les familles 
décrites dans ce premier volume, celles qui comptent le plus d'espèces dans 
les colonies anglaises d'Australie sont les Dilléniacées, Malvacées, Sterculia- 


cées, Rutacées, Rhamnées et Sapindacées. 
Æ. F. 


Seleet Orchidaceous plants (Choix de plantes Orchidées); par 
M. Robert Warner, avec des notes sur la culture des plantes par M. B.-5. 
Williams. In-folio ; 4 fascicules parus, 1862-1863. 


Chaque fascicule de la magnifique publication que nous annonçons ici con- 
tient quatre planches in-folio, dessinées et lithographiées en couleur par 
M. Fitch, avec le texte correspondant. Ce texte se compose d’une description 
succincte de la plante, rédigée en anglais, et de détails sur son introduction, 
sa culture et sur quelques autres points. Les planches déjà parues représen- 
tent les Phalænopsis Schilleriana Rchb. f., Cattleya amethystoglossa 
Linden et Rchb. f., Vanda insignis Blume, Cattleya Warscewiczit var. 
delicata Moore, Trichopilia crispa var. marginata R. W., Leœlia gigantea 
Warn. mss., Odontoglossum nœvium var. majus Lindl., Cattleya Warneri 
Moore mss.. ÆZpidendrum prisimatocarpum Rchb. f., Lycaste Skinneri 
Lindl. var. delicatissima, var. picturata et var. purpurata, Aërides nobile 
R. W., Lœlia Turneri R. W., Epidendrum nemorale var. majus Lindl., 
Saccolabium violaceum Lindl. mss., Cypripedium hirsutissimum Lindl. 


mss., et Catéleya Dawsunii R. W. 
E. F. 


(4) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 676. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 623 


Monographiæ Marantearum prodromus; auctore Fr. Kær- 
nicke (1*° partie, Nouveaux mémoires de lu Société impériale des natu- 
ralistes de Moscou, 1. XI, formant le t. XVII de la collection, Moscou, 
1859, pp. 297-362, avec 8 planches; 2° partie: Bulletin de la Société 
impériale des naturalistes de Moscou, 1862, n° 4, pp. 1-147) 


Nous avons attendu, pour rendre compte de ce travail, qu'il fût publié dans 
son entier, ce qui motive le silence qu'a gardé notre Revue sur sa première 
partie. Aujourd’hui. sa date un peu ancienne nous empêche de l’analyser avec 
tous les détails qu'il mérite, mais nous ne pouvons le passer sous silence. 
Dans la première partie de son travail, M. Kærnicke étudie les travaux 
publiés antérieurement sur les Marantées et la structure morphologique de 
cette famille. Il arrive à la conclusion suivante : Dans les fleurs des Cannées, 
les enveloppes florales sont au nombre de deux ; l'extérieure se compose de 
deux folioles dans le Maranta et le Phrynium, d'une seule dans le Calathea, 
le T'halia et l’/schnosiphon, et manque complétement dans le Monostiche, le 
Marantopsis et le Distemon. Le verticille intérieur en comprend trois, dont 
une porte l’étamine fertile, et deux seulement dans le genre Distemon. I 
examine successivement les différents organes floraux de ces plantes, puis 
s'occupe des différences qui séparent les Cannées des Zingibéracées propre- 
ment dites, et des Musacées. Toute cette étude est rédigée en allemand ; vient 
ensuite, en latin, la description de la famille des Cannées de Robert Brown 
(ou Marantacées de Lindley), de ses tribus ct un tableau synoptique des huit 
genres de la famille: £urystylus Bouché, Canna L., Distemon Bouché, 
Maranta L., Thalia L., Ischnosiphon Kcke, Phrynium Willd., Calathea 
- G.-F. Meyer et Monostiche Kcke ; l’auteur fait connaître sur chacun des 
cinq derniers de ces genres, formant la tribu des Marantacées, des observa- 
tions particulières, ainsi que sur les genres Gæppertia Nees et Myrosma L, f. 

Dans la deuxième partie de son travail, M. Kærunicke prend à tâche de 
discuter les opinions émises sur la structure des Marantées, depuis la publi- 
cation de la première partie, par MM. Hermanns et A. Gris. Il décrit ensuite 
les espèces des genres de la tribu des Marantées, auxquels il faut joindre le 
genre Marantopsis Kcke, établi pour le Waranta lutea Jacq. Toute cette 
partie est une monographie latine très-détaillée, avec création d’un grand 


nombre d'espèces nouvelles. “+ 


Pinetum britannieum; texte et planches in-folio, sans nom d'auteur ; 
cinq livraisons parues; imprimerie de Peter Lawson et fils. Édimbourg et 


Londres. 


Cet ouvrage, dont les planches sont fort remarquables, surtout pour le port 


624 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


des arbres et la forme des cônes, qu’elles font parfaitement connaître, doit, 
ainsi que l'indique un sous-titre, renfermer la description de toutes les Coni- 
fères de grande taille cultivées en Angleterre. Chaque espèce est, dans le texte, 
l'objet d’une diagnose latine, précédée d’une énumération synonymique aussi 
complète que possible, et de l'indication des figures qui en ont déjà été 
données ; on y a ajouté, en anglais, des détails étendus sur les caractères 
spécifiques, la distribution géographique, l'introduction, les propriétés et les 
usages, enfin sur la culture de chaque arbre. Les espèces étudiées jusqu'ici 
dans le Pinetum britannicum, sont les Picea nobilis Lindl., Pinus Lam- 
bertiana Douglas, Picea cephalonica Loudon, P. Pinsapo Loudon, Abies 


Hookeriana Jeffrey, et A. Pattoniana Balfour. 


Ampelideæ novæ, adjecta specierum præsertim indicarum et japoni- 
carum epicrisi; par M. F.-A.-G. Miquel ( Annales Musei botanici 
Lugduno-batavi, 1. X*, pp. 75-101. 1863). 


M. Miquel ne reconnaît dans les Ampélidées que deux genres : Vitis L. et 
Leea L. On trouve dans son nouveau travail, relatif, comme ceux du même 
recueil, à la végétation des îles de l’archipel indien et du Japon, la descrip- 
tion de 69 espèces du genre Vitis, distribuées en 7 sections, etde 1 2 espèces 
du genre Leea. Un grand nombre de ces espèces sont décrites pour la pre- 


mière fois. 
E. F. 


Adnotationes de Cupuliferis; par M. F.-A.-G. Miquel (Annales 
Musei botanici Lugduno-batavi, t. 1°", pp. 102-121. 1863). 


Ce travail présente une sorte d'intérêt particulier, tout d'actualité, 
parce que la famille des Cupulifères vient d’être, de la part de M. Alph. De 
Candolle, l’objet d’une révision importante pour le Prodromus. M. Miquel 
étudie surtout, dans ce travail, cinq genres de Cupulifères : Quercus L., 
Castanopsis Spach, Callæocarpus Miq., Cuastanea Tournef. et Fagus 
Tournef. 11 divise le genre Quercus en deux sous-genres : Lepidobulanus 
Alph. DC, et Notodrys Miq. (renfermant les sections Pasania Mig., Cyclo- 
balanus Endl., Encleisocarpon Miq., Lithocarpus Miq. et Chlamydobalanus 
Endl.). Les espèces nouvellement décrites dans ce travail sont les Quercus 
dealbata Hook. fils et ‘Thoms. mss., Q. celebica Miq., @. oxyodon Miq., 


C'astanopsis Hystrix Miq. et C. curuana Miq. : 
E. F. 


Araceæ; pars prior : nova genera et species; par M. H.-W. Schott 
(Annales Musei botanici Lugduno-batavi, t. 1, pp. 122-131, 1863). 


M. Schott s’est chargé de traiter, dans le nouveau recueil de M. Miquel, la 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 625 


partie relative aux Aroïdées qu’il étudie avec tant de succès. 11 y décrit trois 
genres nouveaux : Xenophya, Amydrium et Anthetia, et quelques espèces 


nouvelles. 
£. F. 


Sur l’organogénie florale du Pteurandra Labill; 
par M. H. Baillon (Adansonia, t. IX, pp. 129-132). 


Ce genre diffère des Æibbertia et des Candollea, entre autres caractères, 
parce que le faisceau unique qu’on observe dans son androcée, se trouve 
rejeté d’un côté du réceptacle floral, exactement en face d’un pétale, et parce 
qu'il possède en apparence un ovaire à deux loges, superposé à un pétale, 
tandis que les ovaires uniloculaires des Candollea se trouvent dans l'intervalle 
des faisceaux staminaux, c’est-à-dire en face des pétales. L'étude organogé- 
nique à appris à M. Baillon que le développement de l’androcée des Pleu- 
randra commence par l'apparition d’un mamelon presque central, mais 
cependant un peu plus rapproché du pétale 5, et qui s'élève rapidement en 
présentant une forme conique ; sur le sommet et sur les parties latérales de 
ce cône apparaissent successivement des mamelons qui seront plus tard les 
anthères. Quant au réceptacle, il se développe d’abord sur ses parties laté- 
rales deux croissants saillants, rudiments des deux feuilles carpellaires, dont 
la convexité est tournée vers les pétales alternes avec le sépale 5. Plus tard, 
le sommet du cône réceptaculaire interposé à ces deux carpelles s’allonge de 
bas en haut, et produit une cloison verticale qui porte les placentas. Il y a 
donc en réalité, dans ce genre, deux carpelles, superposés chacun à un pétale. 
D'après M. Baillon, l'étude organogénique du Pleurandra confirme, jusqu’à 
un certain point, l’opinion des auteurs qui ne regardent pas ce genre comme 


suffisamment distinct du genre Ærbbertia. 
E. F. 


Species Filieum; being descriptions of all known Ferns (Species 
Filicum, ou description de toutes les Fougères connues) ; par sir William 
Jackson Hooker. Vol. V, I'° partie, XVII° partie de l'ouvrage total ; in-8° 
de 96 pages, avec 16 planches lithographiées. Londres, chez Dulan et 
Cie, 1863. 


Cette nouvelle partie du Species Filicum contient la description du genre 
Polypodium (sect. Goniopteris, Cyrtomiphlebium, Phlebodium, Goniophle- 
bium, Craspedaria, Campyloneurum, Niphobolus, Phymatodes et Dry- 
naria). 

Les planches représentent les Polypodium chacapoyense Hook., P. sphe- 
nodes Ke, P, subecostatum Hook., P. soridens Hook., P. sinuosum Wall., 
P. fusco-punctatum Hook. , P. Labrusca Hook., Notochlæna chilensis Hook., 
N. Pohliana Kze, N. fragilis Hook., N. Aschenhorniana, Monogramme 


626 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dareicarpa Hook., M. rostrata Hook., M. subfalcata Hook., M. Junghuhnii 
Hook., Gymnogramme Mathewsii Hook., G. decipiens Mett., G. gracilis 
Hew., G. subsimilis Hook., G. decurrenti-alata Hook., G. Muelleri Hook., 


et G. podophylla Hook. 
E. F. 


Les Characées de Belgique; par M. François Crepin (Extrait des 
Bulletins de la Société royale de botanique de Belgique, t. HT, n° 2); 
tirage à part en brochure in-8° de 21”pages; Bruxelles, 1863. 


Cette brochure contient une énumération systématique et critique, accom- 
pagnée d’observations intéressantes, des Characées qui croissent spontanément 
en Belgique; ce sont les suivantes : Chara hispida L., Ch. fœtida Al. Br., 
Ch. contraria AL Br., Ch. fragilis Desv., Ch. crinita Wallr., Ch. stelli- 
gera Bauer ; Nitella gracilis Sm., N. mucronata Al Br., AN. translucens, 
N. flexilis Bruzel (N. Brongniartiana Wedd.), N. opaca Ag., N. capitata 


Nees, {V. intricata Roth, N. prolifera Ziz, N. glomerata Desv. 
: E. F. 


Beitræge zur Mykologie (Contributions à La mycologie); par 
M. George Fresenius. In-4° de 111 pages, avec 13 planches lithographiées, 
Francfort, 1850-1863, 


Cet ouvrage est publié par M. Fresenius à l’occasion de l'anniversaire de la 
fondation de l’Institut senckenbergien. Il se compose de travaux déjà publiés 
antérieurement par l’auteur en 1850 et 1852, auxquels ont été ajoutés de 
nouveaux détails. Peu susceptible d'analyse, il renferme un grand nombre de 
descriptions de Mucédinées et de Sphériacées, accompagnées d'observations 
précieuses, et illustrées par 13 planches renfermant chacune de 50 à 60 figures 


dessinées à la chambre claire par l’auteur. 
E. F. 


Seleeta Fungorum Carpologia, ea documenta et icones potissi- 
mum exhibens quæ varia fractuum et seminum genera in eodem Fuugo 
simul aut vicissim adesse demonstrent; junctis studiis ediderunt L.-R. 
et G. Tulasne ; tomus secundus, Xylariei, Valsei, Sphærieri, cum tabulis 
XXXIV ære incisis. Un volume in-4° de 319 pages. Paris, 1863. 


Il y a peu de nos confrères qui n’aient eu occasion d'admirer, il y a deux 
ans, le premier volume de cet ouvrage, non-seulement pour le grand intérêt 
botanique des sujets qui y sont traités avec une autorité incontestée, mais 
encore pour la beauté des planches et le fini de l'exécution typographique. 
Le volume qui vient de paraître est à tous ces points de vue digne de 
son aîné. 

On sait que l’idée générale qui domine le travail de MM. Tulasne est celle 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 627 


de la multiplicité des formes de l'appareil reproducteur des Chämpignons, 
Nous donnerons, à cet égard, quelques détails sur les principaux genres 
étudiés par eux dans le second volume de leur ouvrage. Le genre Xylaria 
comprend des Champignons polymorphes, généralement cespiteux et en forme 
de massue, dont la surface, surtout près du sommet, se couvre, de mai 
à juillet, de stérigmates portant des conidies, véritables chapelets, dont les 
derniers articles cellulaires se détachent pour reproduire la plante ; après la 
disparition de cet appareil, le tissu du Champignon se creuse de cavités super- 
ficielles ou conceptacles, dans lesquels se développent des thèques qui contien- 
nent les spores proprement dites de la plante. Les phénomènes sont à peu près 
les mêmes dans le genre Ustulina. Dans le Poronia, dont le stroma s’épanouit 
supérieurement en forme de cupule, les conidies sont portées sur un hymé- 
nium rameux très-développé, sous lequel apparaissent de bonne heure les 
jeunes conceptacles. Dans le genre Æypoxylon, et dans le genre nouveau 
Nummularia (Hypozylon nummularium Bull. et Sphæria discreta Schw. ), 
qui diffèrent l’un de l’autre par la forme du stroma, les phénomènes généraux 
de l’appareil reproducteur sont les mêmes que dans les genres précédents, 
Dans tous ces genres, l'appareil reproducteur antérieur aux thèques, et que 
les auteurs désignent sous le nom de protosporæ, ne se compose que de 
conidies. Dans les genres suivants, il existe, non-seulement des conidies sem- 
blables aux précédentes, se désarticulant à l'extrémité des stérigmates qui les 
portent et à la surface du stroma, mais encore, soit seules, soit accompagnées 
de conidies, des spermaties, caractérisées par leur forme étroitement allongée 
et courbe, ainsi que des stylospores de diverse nature, sortes de cellules fusi- 
formes remplies de granules , tous organes également supportés par un fila- 
ment duquel ils se détachent à leur maturité; le tissu sur lequel se déve- 
loppent ces divers organes, quand il est distinct du stroma, est nommé par 
les auteurs Spermogonium. Le genre Stictosphæria varie beaucoup dans 
ses différentes phases, puisque les espèces en ont été placées dans neuf 
genres divers, suivant leur état de développement. Le type de ce nouveau 
genre es. le Sphæria sticta Hoffm. Il comprend un stroma enfoncé dans 
l'écorce et surmonté d’an spermogonium creusé de fossettes et sillonné de 
circonvolutions nombreuses, recouvert par l’épiderme du végétal sous lequel 
est le parasite. Ces circonvolutions sont couvertes de filaments qui portent les 
Spermaties ; celles-ci, au moment de leur diffusion, s’agglutinent et forment 
comme des filaments ou des gouattelettes de matière résineuse, Puis, après 
leur disparition, apparaissent dans le stroma des périthéciums, dans l'inté- 
rieur desquels se développent des thèques et des paraphyses. L'auteur repré- 
sente la germination des spores, dans l'intérieur desquelles apparaissent 
plusieurs globules clairs, et qui donnent naissance, simultanément et vers 
leurs extrémités, à plusieurs filaments de mycélium. Dans le genre Zutypa 
(Sphæria eutypa Fries), et dans les genres Dofhidea, Polys tigma et Melo- 


628 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


gramma, les spermaties sont enfermées dans des conceptacles particuliers, 
qui restent longtemps fermés ; il existe quelquefois aussi des conidies libres à 
la surface du stroma ; dans le premier de ces genres, le stroma est diffus, sans 
limites, tandis que dans les trois autres il revêt la forme d’un disque ou d'un 
coussinet, et se trouve nettement limité. C’est un curieux sujet d'étude que 
l'aspect que présentent, à la surface de l'écorce détruite par le parasite, les 
conceptacles remplis de spermaties et les périthéciums garnis de thèques; 
dans les Z'utypa, les premiers font saillie en dehors, et se présentent sous la 
forme d’une sphérule terminée par un cirre recourbé, résultant de l’agglo- 
mération et de la soudure des spores; les seconds montrent au dehors une 
rosette de quatre protubérances, quelquefois très-saillantes, entre lesquelles 
est l’orifice du canal qui conduit dans la cavité du périthécium ; dans les autres 
genres, rien ne s’observe de pareil. Les conceptacles contiennent des sperma- 
ties fort variées dans le seul genre Dothidea ; M. Tulasne y distingue les micro- 
stylospores et les macrostylospores, qu’il a toutes deux vues germer. Tels 
sont les genres réunis par l’auteur, sous la dénomination commune de Xyla- 
riei, créée pour les Sphériacées à stroma épais, subéreux, ligneux ou char- 
bonneux, et généralement noirâtre. Il traite encore, dans le même volume, 
des Valse: et des Sphcæriei proprement dits. 

Les Valsei comprennent principalement les Sphæriæ pustulatæ et cirei- 
natæ de plusieurs auteurs. Ici encore la division est établie, dans la tribu, sur 
les caractères des protospores, selon qu’elles sont d’une seule ou de plusieurs 
sortes, et selon qu’elles sont nues ou renfermées dans un appareil particulier, 
tel qu’un conceptacle. Dans les genres Diatrype Fr., Quaternaria gen. nov. 
(Sphæria quaternaria Pers.), Calosphæria gen. nov. (Sphæria pulchella 
Pers.), il n'existe que des spermaties; dans le genre Melanconis Tul., il 
existe des conidies de deux sortes, souvent mélangées, et quelquefois des 
spermalies ; dans le genre Cryptospora, les protospores sont enfermées dans 
des conceptacles ; elles y sont d’une seule sorte, tandis qu’elles consistent 
en stylospores et en spermaties dans les genres Æercospora Fr. emend. et 
Aglaospora DNtrs; quelques modifications du spermogonium constituent 
dans le voisinage de ceux-là le genre Va/sa. 

La tribu des Sphæriei proprement dits répond en grande partie aux Sphæ- 
riæ simplices de Persoon, c’est-à-dire aux espèces les plus simples et les plus 
petites du groupe immense des Pyrénomycètes. L'auteur les divise encore par 
la nature des protospores, tantôt nées dans des conceptacles particuliers 
(Cucurbitaria Gr., Massaria DNtrs), tantôt de deux sortes, enfermées dans 
des péridiums ou nues et de formes très-diverses (Sphæria Tul., Pleuro- 
stoma gen, nov. [Sphæria latericollis DC.T, Rosellinia DNtrs, C hœtosphæria 
gen. nov., Æhaphidophora Gesati et DNtrs, Pleospora Rabenh., Fumago 
Pers. (Antennariæ quædam auct., C apnodium Mgne, Stigmatea Fr.). 

Nous regrettons bien vivement que l'abondance des matériaux nous 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 629 


empêche d'entrer dans le détail des observations si curieuses et souvent si 
neuves de MM. Tulasne. Les botanistes qui seront assez heureux pour pou- 
voir consulter leur ouvrage, devront en étudier avec soin les magnifiques 
planches; ils feront ainsi passer sous leurs yeux, en peu de temps, l’un des 
plus intéressants spectacles que recherche l'œil d'un naturaliste, c'est-à-dire 
la variété et la multiplicité de faits aujourd’hui enfin élucidés, complétés et 
mis à leur place par les patientes investigations dont nous avons vaguement 


retracé le but synthétique, et dont tous sauront apprécier l’heureux résultat. 
E. F. 


Sferineei italiei {Les Sphériacées d'Italie); par M. G. De Notaris. 
1" centurie, 1° fascicule. In-4° de 48 pages de texte, avec 12 planches 
lithographiées. Genève, 1863. 


Ce nouveau travail de M. de Notaris est une énumération systématique, 
accompagnée de descriptions et de figures, de cinquante Champignons infé- 
rieurs appartenant aux genres Æypocrea Fr., Endothia Fr., Nectria Fr., 
Hypoxzylon Fr., Rosellinia Cesati et DNtrs, Sordaria Cesati et DNtrs, 
Ceratostoma Fr., Diatrype Fr., Diatrypella Cesati et DNtrs, Valsa Fr., 
Cryptovalsa Cesati et DNtrs, Cryptosphæria Cesati et DNtrs, Ditopella nov. 
gen., Gnomonia Cesati et DNtrs, et Mamiania Cesati et DNtrs. Il faut voir 
dans cette nouvelle publication du savant cryptogamiste italien, une élabora-- 
tion plus complète d’un sujet qu'il avait déjà commencé de traiter dans son 


Schema Pyrenomycetorum. 
E. F. 


Iconogsraphia phycologica adriatiea, ete.; par M. G. Zanar- 
dini. Fasc. IV, in-4°, pp. 103-138, tab. 25-32. 


Ce fascicule renferme la description des Asperococcus bullosus Lamour. , 
À. ramosissimus Zanard. (avec des indications monographiques sur le genre 
Asperococcus), Callithamnion flagellare Zamard., C. strictum Ag., Chrysy- 
Mmenia digitata Zanard., Helminthora divaricata 3. Ag., Lithymenia poly- 
morpha Zanard., Polysiphonie Kellneri Zanard., Bryopsis furcellata 


Zanard. et B. myura J. Ag. E. F 


Preussische Diatomeen |Diatomées de Prusse); par M. J. Schu- 
mann (Xœnigsb. Schriften, 1862, pp. 166-194, avec deux planches 
lithographiées) ; publié en 1863. 


M. Schumann expose séparément ses recherches sur les Diatomées des 
eaux douces et courantes, sur celles des eaux stagnantes, sur celles des 
marnes d’alluvions et sur celles de diverses formations géologiques. 11 donne 
ensuite des détails physiologiques sur quelques espèces, et mentionne celles 


630 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


qu'il a trouvées en état de conjugaison. Vient ensuite un long catalogue des, 
espèces et variétés observées par lui en Prusse, et qu'il fait suivre de remar- 
ques sur plusieurs d’entre elles. Elles sont au nombre de 298, dont quelques- 


unes sont nouvelles pour la science. 
E. F. 


BOTANIQUE APPLIQUÉE. 


Note sur la situation des dernières plantations d’es- 
pèces ligneuses exotiques au jardin d’acelimatation 
à Alger; par M. Hardy (Bulletin de la Société impériale zoologique 
d'acclimatation, t. X, pp. 677-690, 1863). 


D’après la note lue le 2 octobre dernier, au nom du directeur de ce jardin, 
on à pu récemment réunir et cultiver en pleine terre, au jardin d’Alger, 
hh espèces de Palmiers, dont 22 à feuilles pennées et 24 à feuilles palmées, 
parmi lesquels le ?Aænix silvestris, cultivé avec profit dans l'Inde pour en 
extraire du sucre, le Phœnix farinifera, dont le tronc renferme une fécule 
abondante, le JubϾa spectabilis du Ghili, dont les fruits sont alimentaires, 
l'Oreodoxza regia de Cuba, sept espèces de Cocos originaires de l'Amérique 
australe, le Ceroxylon andicola, Y Arenga saccharifera des Moluques, le 
Corypha cerifera du Brésil, huit espèces de Chamærops, deux Brahea, et 
cinq espèces de Z'hrinax, originaires des Antilles. Le massif des Cycadées se 
compose du Dion edule du Mexique, des Ceratozamia du Mexique, des 
Macrozamia de la Nouvelle-Hollande, des Zamia et Encephalartos du cap 
de Bonne-Espérance et de l'Afrique australe, du C'ycas revoluta du Japon, et 
même du Cycas circinalis des Moluques, des Philippines et de la Cochin- 
chine. Le groupe des Musacées comprend diverses espèces de Bananiers, dont 
quelques-unes rares, à peu près toutes les espèces de Strelitzia connues ; 
deux espèces de Pandanus, qui se sont seules conservées, les autres ayant péri 
à cause des pluies dont l’eau séjourne trop longtemps dans leurs bourgeons 
L'Ananas a été cultivé en pleine terre, et l’on a obtenu de très-bons fruits 
de l'espèce commune primitive, les variétés plus récentes ayant l'inconvénient 
d’être plus délicates. Les F'icus des régions équatoriales forment un groupe de 
trente-huit espèces; plusieurs sont bons producteurs de caoutchouc, entre 
autres le #icus cerifera de Sumatra. Le groupe des Verbénacées comprend 
cinq espèces de Cifharexylon et le Tectona grandis. Toutes ces espèces sont 
cultivées dans les parties basses du jardin, où elles n'ont encore subi que deux 
hivers. Dans la partie élevée sont une quarantaine d’espèces d’Acacias de Ja 
Nouvelle-Hollande, un groupe de Protéacées, un grand massif composé de 
Myrtacées de la Nouvelle-Hollande, plusieurs espèces d’Araucaria, cinq de 
Dammara, dont le bois est susceptible d'un beau poli, et dont la résine est 
propre à la préparation d’excellent vernis. L'acclimatation de ces derniers 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. | 631 


arbres, dit M. Hardy, peut être considérée à Alger comme certaine, et serait 
précieuse pour les cultures forestières. D’autres Conifères intéressantes 
sont mentionnées dans l’'énumération. Enfin, l’auteur insiste sur l’acclima- 
tation du Bambou, qui joue un grand rôle dans l’économie domestique des 
Asiatiques. On en voit dans le jardin des jets de 45 centimètres de circon- 
férence à la base et de 18 à 20 mètres de hauteur. Les jets peuvent servir à 
beaucoup de constructions rurales, telles que hangars, séchoirs, bergeries, 
clôtures, etc. Certaines dépouilles du Bambou ont été recueillies à terre, dans 
l'établissement, par les promeneurs, et l’on en a composé des objets de fan- 
taisie qui ont pris la plus grande faveur. Le directeur du jardin a laissé com- 
mettre ces innocents larcins sans y apporter d'obstacles, imitant à peu près la 
manière dont s’y prit Parmentier pour vulgariser la Pomme-de-terre, C’est 
des ligules du Bambou que s’est emparée l’industrie fantaisiste pour en com- 
poser divers objets de salon, tels qu'éventails, écrans, boîtes, qui sont 


devenus fort à la mode. 
E. F. 


MÉLANGES. 


Nouveaux éléments d'histoire naturelle : BOTANIQUE; à l’usage 
des lycées ou établissements d'instruction publique et des aspirants au 
baccalauréat ès sciences; par M. Éd. Lambert, professeur d'histoire hatu- 
relle. Un volume in-8° de 1v et 276 pages. Paris, chez F. Savy. Prix : 
broché, 2 fr. 50 c.; cartonné, 3 fr. 50 c. 


Cet ouvrage comprend une table analytique des matières, l’'énumération 
des questions de botanique exigées, par le programme de 1860, pour le bac- 
calauréat ès sciences, une introduction intitulée Æistoire de la botanique, 
puis deux parties distinctes relatives qui traitent, la première de l’organogra - 
phie, de la physiologie et de la pathologie des végétaux; la seconde de la 
taxonomie, j 

Dans le livre consacré à l’organographie, l’auteur étudie, dans autant de 
chapitres différents, la racine, la tige, les ramifications (avec quelques élé- 
ments d’arboriculture), les feuilles, l’inflorescence, la fleur et les fruits; dans 
le livre consacré à la physiologie, les fonctions de nutrition (absorption, cir- 
culation, respiration, transpiration, évaporation, assimilation, sécrétion et 
accroissement), les fonctions de reproduction (fécondation, dissémination et 
germination), puis les phénomènes généraux des végétaux (coloration, odeur 
et saveur, chaleur propre des plantes, dégagement de lumière, phosphores- 
cence dans les tissus doués ou privés de vie, mouvements de sensibilité dans 
les plantes). Le livre intitulé : De la pathologie végétale décrit successivement 
les maladies cusées parles fluides impondérables, par les agents extérieurs et 
par les êtres organisés ; enfin la mort et la décomposition des végétaux. Dans 


632 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


la seconde partie, l’auteur s'occupe de l'espèce en général, des divers sys- 
tèmes et méthodes, puis des principales familles végétales. Il traite ensuite, 
dans deux chapitres spéciaux, de la géographie botanique et de la botanique 
fossile. L'ouvrage est terminé par un vocabulaire botanique et une table des 


matières. 
LE 


Notice sur les herhiers et la bibliothèque du jardin 
botanique d'Angers ; par M. A. Boreau (Extrait des Mémoires de 
la Société académique de Maine-et-Loire, t. XIV, pp. 55-66); tirage 
à part en brochure in-8° de 32 pages. 


Le Jardin-des-plantes d'Angers ne possédait qu’un herbier départemental 
formé, en 4817, par Desvaux et dont l’organisation, dit M. Boreau, laissait à 
désirer sous tous les rapports, lorsqu’en 1816, M. de Lens, aujourd’hui in- 
specteur de l’Académie d'Angers, voulut bien offrir à la ville l’herbier formé 
par M. le docteur de Lens, son père, renfermant, entre autres collections, des 
plantes recueillies par Bory de Saint-Vincent aux Canaries et aux îles de 
France et Bourbon. Les collections du jardin botanique se sont accrucs des 
herbiers de Bastard et du docteur Guépin. La bibliothèque du jardin remonte 
à l’année 1807; le docteur Bastard, lors de la vente de la bibliothèque de 
Merlet-La-Boulaie, obtint une faible allocation à l’aide de laquelle il acquit une 
cinquantaine de volumes. En 1828, le maire autorisa la cession, au jardin 
botanique, d’un choix de doubles de la bibliothèque de la ville. Desvaux, pen- 
dant son administration, n’ajouta qu’un très-petit nombre de livres; tout le 


reste a été acquis par les soins de M. Boreau depuis 1839. 
E. F. 


NOUVELLES. 


— Notre savant confrère M. Moris, l'illustre auteur du Flora sardoa, 
vient d’être nommé vice-président de l’Académie royale des sciences de Turin, 
en remplacement de M. le comte Sclopis, qui succède lui-même au baron 
Plana dans la présidence de l’Académie. 

— Nous apprenons par le Botanische Zeitung la perte considérable que la 
science vient de faire dans la personne de M. Treviranus, notre confrère, 
décédé récemment dans un âge très-avancé , après une courte maladie. Notre 
prochain numéro contiendra une notice sur les travaux de cet illustre savant. 


Paris, — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE 
DE FRANCE 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY 


EN JUILLET-AOUT 1863, 


La Société, conformément aux décisions prises par elle dans ses 
séances des 27 mars et 22 mai derniers, s’est réunie en séance ex- 
traordinaire à Chambéry, le 27 juillet. Les séances de la session 
ont eu lieu le 27 juillet (à Chambéry), et le 2 août (à l’Hospice du 
Mont-Cenis). 

Pendant cette session, qui a duré huit jours, la Société, après 
une rapide herborisation aux environs de Saint-Jean de Maurienne, 
s’est rendue au col du Mont-Cenis, où elle a séjourné quatre jours 
et dont elle a exploré les points les plus intéressants, ainsi que les 
sommités environnantes. 

Le Comité chargé d'organiser la session et nommé par le Conseil 
(conformément à l’art. 5 du Réglement des sessions extraordinaires), 
se composait de MM. L’ Bouvier, Aug. Gras, Le Dien, le baron 
Eug. Perrier de la Bathie et A. Songeon. 

Les membres de la Société qui ont pris part aux travaux de la 
session sont : 


NM. Baillière (É.). MM. Gras (A.). MM. Moris. 
Ball (John). Guichard. Oudinet. 
Barat. Guilloteaux-Vatel. Ozauon, | 
Besnard-Dufresnay. ; Hénon. Perrier de la Bathie (le 
Billiet (S. Ém. Ms). Hullé. baron Eug.). 
Boisduval. Jacquel (l'abbé). Pommaret (E. de). 
Bouvier (L.). Jamin. Ramond. 
Chevalier (l'abbé). Kralik. Ravain (l'abbé). 
Commerson. Lecoq. Rosellini. 
Cordier. Le Dien. Roze. 
Cosson. Lespinasse. Sauzet (de). 
Crévélier. Lombard (1.). Schœnefeld (W. de). 
David-Sauzéa, Lombard (Fr.). Senot de la Londe (Ch.). 
Gaiïldraud. Loysel. Songeon (A.). 
Gaudefroy. Magnes. : Testenoire à 
Gautier. Martin (J. de). Thibesard. 
Germain de Saint-Pierre. Martin (J:. de). Torrent. 
Goumain-Cornille. Monard. Verlot (J.-B.). 


2 


Fe Le 


» 


634 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Parmi les personnes étrangères à la Société, qui ont assisté à la: 
séance tenue à Chambéry, nous citerons : 


MM. BERCE (de Paris). 

BERTET (l’abbé Florentin), curé de Saint-Ombre. 

BOCHET, pharmacien. 

BONJEAN, membre de l'Académie impériale de Savoie. 

BRUNIER (Eug.), juge au tribunal de Maurienne, 

CARRET, médecin de Y’Hôtel-Dieu à Chambéry. 

CHARBONNIER (l'abbé), aumônier du couvent de Saint-Joseph. 

CRAPONE (de Vienne). 

CROISOLLET (l'abbé), ex-supérieur du Petit-Séminaire de Rumilly. 
CLAIR (de Châlon). 

DESCOTES (l'abbé), supérieur du Grand-Séminaire. 

DOMPMARTIN (l’abbé), aumônier de l'Hôtel-Dieu. 
: Dunanp (l'abbé), chancelier de S. Ém. M£° le cardinal. 

GAuDY, séminariste, 

GoNDRAN (l’abbé), ancien professeur de rhétorique. 

Gros (l'abbé), grand-vicaire du diocèse. 

GuiLLanpb (le docteur), vice-président de l’Académie impériale de Savoie. 
JAMIN père (de Bourg-la-Reine). 

Jor£T, professeur au lycée de Chambéry. 

Jussieu (de), archiviste du département de la Savoie, 

KLEINHANS (de Paris). 

LESUEUR, jardinier en chef de M. le baron de Rothschild. 

LOCRÉ (de Paris). 

MAILLAND (l'abbé), vicaire à Chambéry. 

MERMILLOD (l'abbé). | 
Micuaux (le docteur), secrétaire de la Société de médecine de Chambéry. 
PARCHET (l'abbé), ancien professeur de philosophie, 

PETROWICH (de Belgrade). 

PIET (le docteur), de Paris. 

PILLET (Louis), avocat, secrétaire de l’Académie impériale de Savoie. 
POoRRET (l'abbé), curé de Notre-Dame de Chambéry. 

Rosser (l’abbé Léon), professeur de théologie. 

Rosser (Michel), professeur de philosophie. 

Saint-Box (de). 

TALSAN (Albert), géologue, de Lyon. 

TARNIER (l’abbé Ferdinand), vicaire à Chambéry. 

TouRARD (l'abbé), vicaire à Chambéry, 

VaLLET (l'abbé), professeur au Grand-Séminaire. 

VaLuiEr (de Chambéry). L 1 
VERLOT (Bérnard), chef de l'École de botanique au Muséum d'histoire naturelle 

de Paris. 


Etc., etc. 


Réunion préparatoire du 27 juillet 1563. 


La Sociêté se réunit à Chambéry, à huit heures êt deinié du 
matin, dans la salle des exercices ‘du Grand- Séminaire, gracieuse- 
ment mise à sa disposition par ordre de S. Ém. Ms le Cardinal- 
archevêque de Chambéry. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 635 


La réunion est présidée par M. Cosson, président de la Société. 

Conformément à l’article 44 du Règlement spécial des sessions 
extraordinaires, M. de Schænefeld, secrétaire général, donne lec- 
ture dudit Règlement. 

En vertu de l'art. 11 des statuts, un Bureau spécial doit être 
organisé par les membres présents pour la durée de la session ex- 
traordinaire. En conséquence, M. le Président propose à la Société 
de nommer pour faire partie dudit Bureau : 


Président (pour Chambéry) : 
S. Ém. M£ le cardinal BILLIET, archevêque de Chambéry. 
Président (pour le Mont-Cenis) : 
M. le sénateur Moris, professeur à l’Université de Turin. 
Vice-présidents : 
MM. John Ball (de Londres), 
Auguste Gras, bibliothécaire de l’Académie royale des sciences de 
Turin. 
le docteur Hénon, député au Corps législatif. 
l'abbé Jacquel, curé à Coinches (Vosges). 
Secrétaires : 
MM. le docteur Louis Bouvier (d'Annecy). 
le baron Eug. Perrier de la Bathie (d’Albertville), 
l'abbé Ravain, professeur au collége de Combrée, près Angers. 
André Songeon (de Chambéry). 


Ces choix sont unanimement approuvés par la Société. 

L'installation de ce Bureau spécial aura lieu aujourd’hui même 
à la séance publique qui commencera à une heure. 

M. le Président donne lecture du projet suivant de programme 
de la session extraordinaire : 


LUNDI 27 JUILLET. — Réunion préparatoire à 8 heures du matin. — 
Séance publique à 4 heure, — Visite du Musée d'histoire naturelle et des 
herbiers à 3 heures. 

MARDI 98. —— Départ pour Saint-Jean de Maurienne à 14 heures 1/2. 

MERCREDI 29. — Hérborisation aux environs de Saint-Jean de Maurienne 
(sur le coteau de Bonné-Nouvelle et l'Échaillon). — Séance le soir. 

JEUDI 30. — Départ de Saint-Jean de Maurienne pour Saint-Michel et 
Lanslebourg. — Ascension du Mont-Cenis à pied par la Raïnasse, ou en voi- 
ture par la route, — Coucher au Mont-Cgnis. 


636 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
VENDREDI 31. — Herborisation à l’Eau-Blanche. 
SAMEDI 1% AOUT. — Herborisation à Ronches. 
DIMANCHE 2. — Repos, séance et promenade autour du lac. 
LUNDI 3. — Exploration du Petit-Mont-Cenis et clôture de la session. 


Ce programme, rédigé d'avance par MM. les membres du Comité 
chargé d’organiser la session, est unanimement adopté, et la So- 
ciété se sépare vers neuf heures et demie. 


SÉANCE DU 27 SUILLET 1863. 


La Société se réunit à Chambéry, à une heure, dans la salle des 
exercices du Grand-Séminaire. 

M. Cosson, président de la Société, occupe le fauteuil. Il est 
assisté de MM. Le Dien et Ramond, vice-présidents, et de Schæne- 
feld, secrétaire général. 

Un grand nombre de personnes notables de Chambéry honorent 
la réunion de leur présence. Sur l'invitation de M. le Président, 
S. Ém. Ms le cardinal et M. le marquis de Travernay, adjoint au 
maire, prennent place au bureau. 

M. l’Adjoint, au nom de l'administration municipale de Cham- 
béry, procède à l'installation de la Société en prononçant le discours 
suivant : 


DISCOURS DE MM. le marquis Joseph de VILLE dc FRAVERNAY. 


Éminence, Messieurs, 


Je suis heureux que les circonstances me procurent l'avantage de vous sou- 
haiter la bienvenue, de vous faire les honneurs de notre ville. 

Il aurait été à désirer qu’une autre personne plus éloquente que moi eût pl 
prendre la parole dans cette enceinte et vous exprimer la bienveillance de Ja 
municipalité, mais votre bonté suppléera à mon insuffisance, 

Ma première phrase doit être un éloge, et certainement vous en êtes dignes, 
messieurs, puisque vous ne craignez pas de vous dérober aux caresses de vos 
enfants, à la tendresse de vos familles; de quitter votre pays uniquement dans 
l'intérêt de la science. 

La génération actuelle est bien plus heureuse que celles qui l'ont précédée ; 
elle trouve des moyens puissants d'instruction dans ces réunions, dans ces 
associations qui sont non-seulement approuvées mais encore protégées par les 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 637 


gouvernements éclairés, au nombre desquels nous devons placer au premier 
rang celui de S. M. l'Empereur. 

Aussi, combien nous savons apprécier notre union à là France, à cette 
grande nation dont le souverain veut non-seulement que son drapeau, qui 
sauvegarde les intérêts de ses sujets et qui protége les causes justes et hon- 
nêtes, soit respecté dans les pays les plus lointains, mais à encore à cœur que 
dans l’intérieur cette France soit glorieuse et la première des nations sous le rap- 
port des sciences et des arts. 

Vous ne trouverez pas à Chambéry, messieurs, un grand nombre de monu- 
ments ; mais Ceux qui existent, ainsi que nos établissements publics, vous sont 
ouverts, et vous apprendront que notre ville n’a pas été dépourvue d'hommes 
de mérite, de cœurs généreux et compatissants. 

Vous verrez aussi, messieurs, que nous possédons dans notre antique cité 
des moyens assez grands d'instruction, et cela grâce au concours du gouver- 
nement et aux efforts de notre municipalité qui a toujours eu en vue le bien- 
être de ses concitoyens, qui ne peut s’acquérir qué par l'étendue des 
lumières, par la propagation des études scientifiques et par l’encouragement 
des arts. 

Je regrette infiniment, messieurs, que mes occupations ne me permettent 
pas de vous accompagner dans vos excursions, car j'aurais pu apprécier tou- 
jours plus cette aménité, cette cordialité, cet entraînement qui fontle charme 
de vos réunions ; j'aurais pu être témoin de ces opinions du choc desquelles 
jaillit la lumière, de ces découvertes qui font progresser la science. 

Vous rencontrerez dans les environs de notre ville une belle nature, une 
superbe végétation, des sites charmants et variés que les étrangers ne cessent 
d'admirer. 

Plus loin, en parcourant notre Savoie, vous y trouverez des études assez 
multiples à faire, puisque depuis les plantes qui exigent une température 
modérée et même chaude, jusqu’à celles qui se trouvent dans les régions les 
plus froides, vous les rencontrerez toutes sous vos pas. N'est-ce pas cette étude 
de la flore de nos.Alpes qui a immortalisé le célèbre Horace de Saussure? 

Sous le rapport des monuments anciens, vous remarquerez des débris, des 
masures et quelques rares édifices encore debout qui vous apprendront que 
notre Savoie a été parcourue par diverses peuplades barbares et par des peu- 
ples civilisés, et que toujours, grâce à sa fierté, à sa fidélité envers ses sou- 
verains, et à l'amour de sa religion et de son pays, elle a su s’attirer l’admi- 
ration et le respect de ses ennemis et maintenir son honneur intact. 

En vous dirigeant vers le nœud des Alpes Cottiennes et des Alpes 
Grecques, vous aurez, au Mont-Cenis, le spectacle d’un travail gigantesque 
qui sera l'honneur de notre siècle et de notre contrée, puisque la Savoie 
s’enorgueillit de compter un de ses enfants parmi les ingénieurs qui ont su 
concevoir une telle entreprise et en assurer l'exécution. 


638 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DÉ FRANCE. 


Si jé ne puis, messieurs, vous suivre dans toutes ces excursions, je serai 
pourtant heureux de penser que vous reconnaîtrez que notre pays n’est sous 
aucun rapport inférieur à bien d’autres parties de la France, que le carac- 
ière de ses habitants fait leur éloge, et que parmi vous se trouvent plusieurs 
de mes compatriotes dont l'étude et l’érudition sont l’honneur de la Savoie, 
entre autres S. Ém. Mgr le cardinal Billiet, notre digne archevêque, chez 
lequel nous ne savons trop ce que nous devons le plus admirer, ou la science 
profonde, ou l’austère vertu, ou l’ardente charité, et qui sait si bien occuper 
ses loisirs au profit de la science qui vous réunit pour la première fois dans 
notre chère Savoie. 


M. le Président remercie M. le marquis de Travernay et exprime 
la reconnaissance de la Société pour l’excellent accueil que l'admi- 
nistration municipale dé Chambéry a bien voulu lui faire. Les 
membres présents confirment ces remerciments par des applaudis- 
sements unanimes. 

M. le Président prononce le discours suivant : 


DISCOURS DE M. E. COSSON. 


Éminence, Messieurs, 


Appelé à l'honneur de présider à l'inauguration de cette session, je ne 
saurais vous exprimer trop chaleureusement le bonheur que j'éprouve en 
voyant réunis dans un même but tant d'hommes distingués, tant d'amis 
dévoués de la science. Leur bienveillant concours, !l’étendue et la variété de 
leurs connaissances donneront à nos travaux la plus utile impulsion. 

C'est pour moi un devoir bien doux d’avoir, au nom de la Société botanique 
de France, à exprimer toute notre reconnaissance aux autorités municipales 
de Chambéry qui nous font un accueil si empressé et qui nous témoignent un 
si vif intérêt en voulant bien honorer de leur présence la”séance d'ouverture 
de notre session et en donnant ainsi plus d'éclat à l'inauguration de nos travaux. 

Son Excellence M. le Ministre de l'instruction publique, sur la demande de 
l’un des membres les plus autorisés et les plus dévoués de notre Bureau, M. le 
comte Jaubert, qu’à son grand regret des circonstances impérieuses retiennent 
loin de nous, a bien voulu montrer toute sa sollicitude pour la Société bota- 
nique de France et ses voyages scientifiques, en priant M. le Préfet dé faciliter 
nos excursions par tous les moyens en son pouvoir. Nous sommes assurés, 
grâce à cette utile intervention auprès des autorités françaises et italiennes, 
que pour nos recherches scientifiques, comme pour les sympathies nationales, 
il n’y aura pas de frontières entre la France et l'Italie. 

La Société botanique de France est très-honorée de voir Son Éminence Mon- 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 639 


seigneur le Cardinal-archevêque daigner prendre nos travaux sous son haut 
patronage et leur donner, en acceptant la présidence d'honneur, la double 
consécration de la religion et de la science, dont il est un des représentants les 
plus illustres. Personne ne connaît mieux que lui, et à tous les points de vue, 
l'intéressante région que nous allons explorer. Ses travaux sur la Maurienne 
comprennent l’histoire, l'archéologie, la statistique, les sciences physiques, 
l’histoire naturelle, la médecine. Ses importantes publications sont le fruit de 
quarante années d’études, et comme président honoraire de l’Académie de 
Savoie, il a entretenu une correspondance active avec les Académies des sciences 
de Paris et de Turin. Monseigneur Billiet a particulièrement bien mérité de la 
botanique, en fournissant à Colla, l’illustre auteur de l’Æerbarium pedemonta- 
num, des documents précieux sur les Lichens de la Maurienne. Vous savez tous, 
messieurs, que Monseigneur Billiet a réuni un important herbier, et qu'on lui 
doit la découverte d’une espèce nouvelle du genre 'ulipa, qui lui a été dédiée. 

L'un des doyens de la botanique italienne, lé célèbre auteur du #Vora 
Sardoa, M. Moris, auquel son âge et Son état de santé ne permettent pas de 
nous accompagner dans toutes nos courses, nous fait espérer néanmoins le con- 
cours si utile de ses vastes connaissances et de son expérience pour l’explora- 
tion du Mont-Cenis, où il se propose de venir nous retrouver. Pour nos excut- 
sions dans cette riche montagne, l’une des localités classiques des plantes 
alpines, nous pouvons compter sur ses conseils et sa savante direction. Il veut 
bien, en outre, charger M. Lisa, gardien du Jardin botanique de Turin, qui 
l’a accompagné dans ses explorations de la Sardaigne, et auquel la végétation 
du Mont-Cenis est familière, de le remplacer auprès de nous pour les ascen- 
sions pénibles des hautes sommités, 

Nous pouvons également compter sur l’utile direction que donneront à nos 
recherches MM. Eug. Perrier de la Bathie, André Songeon, Bouvier, dont le 
zèle pour la botanique est connu de vous tous et dont les publications seront 
pour nous dés guides précieux. Ces botanistes ont déjà donné de nom- 
breuses preuves de dévouement à la Société, en lui communiquant tous les 
renseignements utiles pour l'organisation de la session et pour l'époque à 
laquelle elle devait le plus utilement s'ouvrir. 

D’après lé plan arrêté par votre Comité, nos herborisations doivent com- 
prendre les environs de Chambéry ét la Maurienne, c’est-à-dire une des parties 
lés plus intéressantes de la Savoie, ét $e terminer au Mont-Cenis, l’une des 
iontagnes les plus richés des Alpes piémontaises. Ainsi nous devons visiter, 
ifidépendämment dés environs de Chambéry, qui vous présenteront quelques 
éspèces intéressantes, la vallée arrosée par l’Arc et qui sépare le massif des 
Alpes grecques de celui des Alpes cottiennes, le plateau et les sommités du 
Mont-Cenis, qui relient entre eux les deux massifs. 

Jé n’ai pas besoin dé vous rappeler tout l'intérêt scientifique de ces localités 
classiques illustrées par les travaux d’Allioni, comme celles du Dauphiné, qne 


640 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


vous avez récemment parcourues, l'ont été par Villars, son contemporain et son 
ami. 

Jusque vers le milieu du dernier siècle, la végétation des Alpes de la Savoie 
et du Piémont n'avait été qu’imparfaitement étudiée, et les seuls documents 
recueillis étaient épars dans les ouvrages généraux. Boccone, qui avait parcouru 
le Piémont et avait herborisé au Mont-Cenis, dans la vallée de la Maurienne et 
dans les montagnes entre Chambéry et Annecy, mentionne dans son Museo di 
piante rare (1697) un certain nombre de plantes de la Savoie et du Mont- 
Cenis. Ant. de Jussieu, dans l’important ouvrage dû au père Barrelier, Plantæ 
per Galliam, Hispaniam et Italiam observatæ, qu’il a édité en 1714, après 
la mort de l’auteur, indique quelques espèces de la même région. Gérard, dans 
son Flora gallo-provincialis (1761), a donné d'assez nombreuses indications 
sur les plantes observées par lui dans les Alpes de la Savoie et du Piémont et 
particulièrement an Mont-Cenis. Saussure avait communiqué à Haller les 
plantes recueillies par lui en Savoie, et elles sont mentionnées dans l’Æistoria 
stirpium indigenarum Helvetiæ (1768). Mais ce n’est qu’en 1785, date de la 
publication du Flora pedemontana d’Allioni, que la science eut un travail 
général sur la région que nous allons explorer. Toutefois, dès 1750, Allioni 
avait exploré presque tout l’ensemble de la Savoie, et dès 4755, il avait publié 
une première livraison d’un Pedemontii stirpium specimen. Mais bientôt, en 
raison de l'abondance et de l'importance des matériaux, dus soit à ses recherches 
personnelles, soit à celles des nombreux botanistes qui lui prêtent leur con- 
cours, il conçoit le plan du Flora pedemontana, dont la publication est dès lors 
décidée. Vingt années sont consacrées à la préparation de cette œuvre magis- 
trale ; les plantes nouvelles et celles non figurées sont illustrées par des planches 
gravées, que l’auteur communique aux plus savants botanistes de l’époque, à 
Murray, Haller, Villars, etc. Il ne se laisse détourner de son travail de prédi- 
lection, ni par les travaux de son enseignement comme professeur de clinique 
et de botanique, ni par les soins qu’il a à donner à l'établissement du Jardin 
botanique de Turin et au classement du Musée d'histoire naturelle de cette 
ville, ni par une grave ophthalmie qui lui laisse une grande faiblesse de la vue. 
Mais pendant qu'il réalise si laborieusement son œuvre, l'illustre botaniste a le 
regret de voir publier par Linné, Gouan, Jacquin, Haller, Villars, un assez 
grand nombre d'espèces qu’il avait reconnues comme nouvelles. Allioni avait 
un esprit trop élevé pour se laisser détourner du but par ces petites contra 
riétés, qui sont réservées, du reste, à tous ceux qui, comme lui, s'occupent 
moins de question de priorité que des services qu’ils peuvent rendre aux progn ès 
de la science. II fait lui-même de nombreux voyages dans les parties les moins 
connues du pays, et stimule le zèle de tous les explorateurs. Cette abnégation 
devait trouver sa récompense, et le savant botaniste Bellardi donne à Allioni 
un concours aussi dévoué que désintéressé. Bellardi, comme Chaix le fait pour 
Villars, renonçant à publier lui-même les résultats de ses voyages et de ses 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL,-AOUT 1863. 641 


observations, communique à son ami toutes les descriptions rédigées par lui et 
tous les documents qu’il a recueillis. Plus tard, pour la publication de son 
Auctarium ad Floram pedemontanam, qu'il fit paraître en 4789, lorsque sa 
vue était déjà trop affaiblie pour lui permettre des travaux assidus, Molineri 
lui prête de même le plus utile concours. 

Le Flora pedemontana est la première flore locale qui comprenne un aussi 
grand nombre d'espèces. Elle énumère 2800 plantes, dont 2427 Phanéro- 
games ou Cryptogames vasculaires. La première édition de la Ælore française 
de Lamarck n’en contenait que 2400, et l’Historia stirpium indigenarum 
Helvetiæ de Haller 2050. L'ouvrage d’Allioni est moins une flore descriptive 
qu’une énumération annotée des plantes piémontaises ; mais le soin apporté à 
l'exacte détermination des espèces, à l'établissement de leur synonymie détail- 
lée et à la description des espèces nouvelles, et le nombre des plantes figurées 
qui forment le troisième volume de l'ouvrage, en font une œuvre capitale pour 
l'époque. Le Flora pedemontana, malgré les progrès de la science, sera tou- 
jours pour le Piémont ce qu'est pour le Dauphiné l’Æistoire des plantes du 
Dauphiné de Villars, c’est-à-dire le livre classique par excellence. 

A la session de Grenoble, M. Aug. Gras vous a fait une intéressante com-+ 
munication sur la correspondance inédite de Villars avec Allioni, et je crois 
devoir emprunter à cette correspondance des deux savants naturalistes, le 
passage suivant, qui honore également Villars, qui l’a écrit, et Allioni, auquel 
il s'adresse. Voici les termes de la lettre de Villars, datée du 31 juillet 1785 
et écrite par lui du Grand-Saint-Bernard, après avoir reçu à Chambéry « le 
beau présent du Flora pedemontana ». « Get excellent livre, dit-il, aurait 
» immortalisé son auteur, s’il ne l’eût déjà été par d’autres excellents ouvrages. 
» Je l’attendais avec une grande impatience depuis que vous aviez daigné me 
» l’annoncer. Devant entrer moi-même dans la même carrière, j'avoue que 
» j'avais besoin d’y être encouragé par votre exemple, par votre modestie, et 
» soutenu par vos lumières. Je voudrais vivre assez pour vous témoigner toute 
» l’étendue de mon estime et de ma reconnaissance. Vous avez égalé Haller 
» et Linné et vous surpassez tous les autres. Votre travail n’a pas besoin d’in- 
» dulgence. S'ilétait français, moins cher et moins volumineux, il me dispen- 
» serait de publier le mien. Vous ne me laissez l'espoir de quelques succès, 
» qu’en me mettant à la portée du peuple, du commun des lecteurs, en décri- 
» vant plussouvent les espèces, en m'étendant un peu plus sur quelques espèces 
» qui nous sont particulières et en donnant plus d’extension aux éléments dans 
» mon premier volume. J'ai parcouru votre ouvrage avec un empressement 
» qui tenait de la passion, et si j'avais pu être auprès de vous dans ces moments, 
» Vous auriez loué mon zèle dicté par la confiance. » 

Dans une autre lettre, datée du Mont-Cenis, 28 juillet 1787, se trouve le 
passage suivant : « Veuillez me continuer votre bienveillance et votre amitié. 
» J'irai vous voir un jour avec tout l’empressement d'un vrai disciple pour un 


642 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


» bon maître. Nous avons perdu Haller: vous êtes le seul qui ayez daigné 
» m'accueilir avec la même générosité. » 

Depuis Allioni les plantes de la Savoie et du Piémont ont tenu une large 
place dans la Flore française de De Candolle, dans le Flora germanica excur- 
soria de Reichenbach et dans les Flores d'Italie de MM. Bertolini et Parlatore, 
et Ces ouvrages ont eu généralement à confirmer la valeur des espèces établies 
dans le Flora pedemontana et l'exactitude des données qu’il renferme. 

Aux noms des savants qui ont contribué à faire connaître cette partie des 
Alpes, doivent être ajoutés ceux des Humboldt et des Gay-Lussac, qui y ont étu- 
dié d’importantes questions dé météorologie, et ceux des Arduini, Bassi, Sco- 
poli, Balbis, Gaudin, Seringe, etc., qui, par leurs recherches, ont puissamment 
concouru à en enrichir la flore. Nous devons un hommage spécial à la mé- 
moire dé Bonjean et de Huguenin, qui, il y à peu d’années encore, étaient les 
explorateurs infatigables de ces Alpes et répandaïent avec tant de libéralité les 
richesses de leurs récoltes et de leurs herbiers. Parmi les nombreux bota- 
nistes contemporains qui ont concouru à l'exploration de la région, doivent être 
cités MM. Moris, De Notaris, Parlatore, Lecoq, Jordan, le docteur Bellot de 
Lanslebourg, le chanoiné d’Humbert (de Saint-Jean de Maurienne), Reuter, 
Bouvier, Chabert, Perrier, Songeon, Beautemps-Beaupré, le capitaine Paris, 
Dunand, etc. Nous sommes heureux, messieurs, de voir parmi nous plusieurs 
de ces botanistes qui, par leurs communications et leurs publications, sont 
appelés à continuer l’œuvre des maîtres, et dont l’utile concours nous per- 
mettra d'enrichir nos collections d’un bien grand nombre de plantes intéres- 
santes recueillies dans leurs localités classiques. 

Sous de tels auspices, notre session de la Savoie et du Mont-Cenis est appe- 
lée à tenir une large place dans nos souvenirs, et elle sera, en même temps, 
nous n’en doutons pas, tin témoignage des vives sympathies qui existent entre 
les savants français et italiens et des liens d'affection si intimes qui rattachent 
la Savoie au reste de la France. Notre réunion dans cette antique et illustre 
cité de Chambéry est la réalisation d’un désir exprimé depuis longtemps à 
l'unanimité par les membres de là Société botanique de France, et que l'obli- 
gation de remplir des engagements contractés avait seule pu faire ajourner 
jusqu'ici, au grand regret de tous. 


Par suite des présentations faites dans la dernière séance ordi- 
naire, tenue à Paris le 40 juillet, M. le Président proclame l’ad- 
mission de : 


Son Éminence Monseigneur je cardinal Pyzcir, archevêque 
de Chambéry, présenté par MM. Cosson et de Schæœnefeld ; 
et'celle de : 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL,-AOUT 1863. 643 


MM. Bouvier (Louis), docteur en médecine, à Annecy (Haute- 
Savoie), présenté par MM. de Schœnefeld et Cosson ; 
Cesar (le baron Vincent), directeur de l’Institut technique 
de Verceil (Italie), présenté par MM. Gras et Ardoino ; 

Davin-SauzÉA, rue du Chemin de Versailles, à Paris, pré- 
senté par MM. Le Dien et de Schœnefeld ; 

MaLINVERNI, à Oldenieo près Verceil (Italie), présenté 
par MM. Ardoino et Aug. Gras; 

ROBINE (Athanase), horticulteur, à la Glacière près Sceaux 
(Seine), présenté par MM, Ferd. Jamin et Durand ; 

RosELLINI (Ferdinand), à Casale (Italie), présenté par 
MM. Aug. Gras et Ardoino; 

SAINT-ROBERT (le comte Paul de), à Turin, présenté par 
MM. Aug. Gras et Ardoino. 


M. Cosson procède ensuite à l'installation du Bureau spécial de 
‘la session, nommé le matin même dans la réunion préparatoire de 
cé jour. ja 

S. Ém. Monseigneur le Cardinal prend place au fauteuil et 


remercie la Société de l'avoir appelé à présider la séance qu’elle 
tient à Chambéry. 


MM. Aug. Gras, l'abbé Jacquel, Hénon, vice-présidents; MM. Louis 
Bouvier, le baron Eug. Perrier de la Bathié, l’abbé Ravain et André 
Songeon, secrétaires, s’asseyent au bureau. 


M. le Président annonce huit nouvelles présentations. 


Dons faits à la Soctété : 


Par M. Bouvier : 


Notice sur la neige rouge. 

Le Jardin de la Mer-de-Glace et sa végétation. 

Bioyraphie de Jean-Jacques Perret. 

Le congrès de la Sorbonne et La session scientifique de Manchester. 
Le Mont-Cenis, son histoire et sa végétation. 


M. le docteur Bouvier, secrétaire, fait à la Société la communi- 
cation suivante : 


64h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


HISTOIRE DE LA BOTANIQUE SAVOYARDE, par ME, le docteur #4, BOUVIÆR. 


Éminence, Messieurs, 


M. le docteur E. Cosson, notre président, avec l'autorité qui se rattache 
à ses nombreux et remarquables travaux, vient de rappeler les glorieux titres 
des botanistes italiens à la reconnaissance de la science. Il s’est plu à remettre 
en lumière tout spécialement ceux d’Allioni qui, le premier, a illustré cette 
incomparable région du Mont-Cenis que nous allons visiter. Le pays de Cottius 
offrira aux membres de la Société d’intéressantes études d’histoire et de cri- 
tique, car bon nombre des plantes qu’il renferme réclament aujourd’hui de 
nouvelles investigations. 

Dans l’œuvre scientifique, il y a de tout un peu : il y a des mérites bril- 
Jants, des mérites de premier ordre; il y a aussi des mérites modestes, des 
labeurs secondaires que j'appellerais volontiers des mérites utiles. Et si la 
science marche, si elle recule ses limites de jour en jour, elle le doit au con- 
cours simultané des uns et des autres. Une large part a été faite aux premiers ; 
permettez-moi de prendre souci des seconds et de vous dire les états de ser- 
vice fournis depuis deux siècles bientôt dans les Alpes de la vieille Savoie par 
une succession sans cesse renaissante de botanistes de tous les âges et de tous 
les pays, 

Dans les différentes sessions qu’elle à tenues jusqu'ici, la Société botanique 
de France s’est fait un devoir de renouer constamment le présent au passé, en 
comptant largement avec les recherches et les préoccupations de ses devan- 
ciers. Dans cette enceinte, je ne saurais manquer à ce précédent que j'invoque 
avec autant de justice que de satisfaction personnelle. 


I 


Depuis longtemps, les Alpes savoyardes, par la variété de leurs formes, l'éten- 
due de leur surface, l'altitude de leurs fiers sommets et la richesse de leurs 
productions végétales, ont eu l’incontestable privilége d’attirer à elles les pion- 
niers de la science et de provoquer, d’année en année, les explorations des 
botanistes. 

Le premier venu dans nos parages, qui commence cette longue série d'in- 
fatigables chercheurs sur le sol de l’Allobrogie, est presque une figure légen- 
daire. C’est un des patriarches de la botanique, et c’est la Suisse qui a le 
mérite de nous l'envoyer, comme elle a encore, par une rare et heureuse 
exception, la gloire de posséder, à l'heure qu'il est, le plus grand nombre d’in- 
telligences vouées au culte de la nature (1). Le voyage de J. Baubin remonte 


(1) La Sociélé helvétique des sciences naturelles se compose en ce moment de plus de 
huit cents membres indigènes, pris dans toutes les classes du pays. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 645 


à l’année 1564. À ce voyage se joint la première mention, que je sache, de 
l'Artemisia Absinthium X., comme plante indigène de notre pays. 

Compatriote de Bauhin et rival de Linné, Haller vint à deux reprises, 
en 1728 et en 1736, herboriser au mont Salève. Le Chablais ne lui fut pas 
étranger, et c’est sur les frontières d’une province de l’ancien duché de Savoie 
que ce grand homme, retiré dans un humble village du canton de Vaud, rédi- 
gea sa célèbre Æistorre des plantes de la Suisse. Voici, du reste, en quels 
termes Saussure rend compte d’une visite qu’il fit à la résidence du bota- 
niste solitaire : 

« Lorsque j'allai le voir en 1764, j'étais déjà depuis quelques années en 
» relation avec lui, je lui avais même fait d’autres visites et il m'avait toujours 
» reçu avec bonté; mais cette dernière parut lui faire encore plus de plaisir, 
» parce qu’il était, comme il le dit lui-même, pressé du besoin de voir quel- 
» qu'un avec qui il pât s’entretenir des objets de ses études. En effet, il sus- 
» pendit toutes ses occupations, et pendant les huit jours que je passai dans 
» sa maison, j'eus le bonheur d’être continuellement avec lui. J'avais alors 
» vingt-quatre ans, je n’avais point encore vu, et je n’ai même guère vu depuis, 
» d'hommes de cette trempe : car l’ami (1) le plus intime qu’il ait eu, le seul 
» philosophe avec lequel j’aimasse à le comparer, est trop modeste pour me 
» le permettre. Il est impossible d'exprimer l'admiration, le respect, je dirai 
s presque le sentiment d’adoration que m'inspirait ce grand homme : quelle 
» variété, quelle richessse, quelle profondeur et quelle clarté dans ses idées ! 
» Sa conversation était animée, non de ce feu qui éblouit et fatigue en même 
» temps, mais de cette chaleur douce et profonde qui vous pénètre, vous 
» réchauffe et semble vous élever au niveau de celui qui vous parle. S’il sen- 
» tait sa supériorité (et comment aurait-il pu l’ignorer ?), au moins n’offensait-il 
» jamais l’amour-propre ; il écoutait les objections avec la plus grande patience, 
» résolvait les doutes et n’avait jamais le ton tranchant et absolu, si ce n’est 
» quand il était question de ce qui pouvait blesser les mœurs ou la religion. 
» Ces huit jours ont laissé dans mon âme des traces ineffaçables ; sa conversa- 
» tion m'embrasait d'amour pour l'étude et pour tout ce qui est bon et hon- 
» nête; je passais les nuits à méditer et à écrire ce qu’il avait dit le jour ; je 
» ne me séparai de lui qu'avec les regrets les plus vifs, et notre liaison n’a fini 
» qu'avec sa trop courte vie. » 

Haller passa six ans à Roche, chargé de la direction des salines de Bex (2). 
Il avait compté sur cette retraite isolée pour se livrer entièrement à ses études 


(1) Cette allusion a trait à l’un des hommes qui ont le plus contribué à propager le 
goût des sciences naturelles au dernier siècle, à l’illustre Bonnet qui était à la fois le 
maître et l’oncle de Saussure. si : 

(2) Visitant, il y a quelques années, les saliues de Bex, j'ai pu me convaincre par 
moi-même que ce bel établissement conservait encore l'empreinte du grand homme qui . 
avait présidé à son administration cent ans auparavant, 


646 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

de physiologie et de botanique. Mais, au bout de trois ans, la solitude qui lui 
avait d’abord procuré tous ses avantages ne lui ménagea pas non plus les tristes 
inconvénients qu’elle entraîne, et Haller, déçu comme tant d’autres, laisse 
échapper cet aveu précieux à recueillir, à savoir, que l’homme, surtout à 
l'approche de la vieillesse, a besoin de société pour être heureux. 

A côté du maître, plaçons l'élève, citons l'hôte de Roche, le correspondant 
et l'ami de Haller, qui vint, le premier, dans sa longue course à travers nos 
Alpes, avec un incomparable courage, se mettre en quête des phénomènes des 
hautes régions et asseoir l’histoire physique du globe sur des données exactes 
et positives. A mon sens, le père de l'observation alpine, celui qui, plus que 
personne, en a honoré la pratique, celui qui en a montré les lois et leurs mer- 
veilleux effets dans un style toujours animé et palpitant d'intérêt ; en un mot, 
l’homme infatigable qui a fondé l’histoire naturelle de la chaîne centrale de 
l’Europe et qui, à cette tâche nouvelle a consacré, usé et perdu sa vie ; celui-là, 
notre maître à tous, c’est Horace-Bénédict de Saussure, l’un des plus grands 
observateurs et des plus courageux missionnaires de la science du xwrrt® siècle. 

Pendant trente-six années, Saussure se renferme, pour ainsi parler, dans 
les Alpes savoyardes et consacre à leur étude la majeure partie de sa fortune. 
Durant cet intervalle, et notamment en 1772, 1780 et 1787, il parcourt la 
Savoie dans toute sa longueur, de Genève au Mont-Cenis, traverse quatorze 
fois la chaîne entière par huit passages différents, dirige seize grandes excur- 
sions au centre de la même chaîne et se passionne pour cette merveilleuse vallée 
de Chamonix qui avait fait le tourment de ses premières années et qu'il traite 
toute sa vie en enfant bien-aimée. Tous ces voyages, il les accomplit en physi- 
cien de premier ordre, en géologue consommé, en vrai botaniste, le baro- 
mètre d’une main et le marteau de l’autre. Tantôt ayant à sa solde un nom- 
breux personnel de montagnards, tantôt accompagné de quelques amis, et, 
sans être jamais arrêté par les neiges et les glaces permanentes, il gravit, che- 
min faisant, toutes les sommités accessibles qui lui promettent upe dévou- 
verte, il parvient jusqu'aux plus hautes ciries qui lui doivent leur première 
histoire. Pour se reposer de ses grandes fatigues, il consigne ses observations 
jour par jour, année par année, toutes observations qui viennent se condenser 
dans un grand ouvrage devenu immortel et consulté encoré par tous ceux qui 
viennent aux mêmes lieux, obéissant aux mêmes inspirations. 

Les faits botaniques relatés dans les Voyages de l'illustre Génevois ne doi- 
vent pas être passés sous silence. Ils ont à mes yeux cette double importance, 
d’avoir trait presque exclusivement à la géographie botanique dé la Savoie et 
d’en avoir tracé les premiers linéaments scientifiques. 

Au Salève, il cite : 


Ranunculus Thora. Orchis pyramidalis, 
Anthyllis montana. Salyrium nigrum, 
* Potentilla rupestris. Daphne alpina. 


Asperugo procumbens. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL,-AOUT 1863. GA47. 
"Dans les pâturages du Môle, au-dessus de Bonneville : 


Gentiana purpurea. Pinguicula alpina, 
Anemone narcissiflora. | Oxyria digyna. 
— alpina (désigné à tort sous le nom Viola biflora. 

de À. Pulsalilla). Tussilago alpina. 
Crepis aurea, Salix retusa. 
Campanula thyrsoidea, — reticulata. 
Gentiana acaulis. 


Au Brévent, dans la vallée de Chamonix : 


Potentilla grandiflora. Saxifraga aspera. 
Gentiana asclepiadea. Cherleria sedoides. 
Arnica scorpioides. ‘ Scleranthus pérennis. 
Artemisia rupestris. Juncus trifidus. 


Dans les bois du Montanvert : 


Achillea macrophylla. Vaccinium Myrtillus. 
Chrysosplenium alternifolium. — uliginosum. 
Euphrasia minima. Arnica montana, 
Vaccinium Vitis idæa. Pinus Cembra. 

Au bord de la Mer-de-Glace : 
Chrysanthemum alpinum, Phyteuma hemisphæricum. 
Pedicularis rostrata, Saxifraga cuneifolia. 
Viola cenisia. — bryoides. 
— biflora. Arenaria grandiflora. 
Potentilla aurea, Trifolium alpinum. 
Empetrum nigrum, Alchimilla pentaphylla. 


Il signale les plantes les plus remarquables qu'il a rencontrées au Salève, 
dans les pâturages du Môle, au Brévent, dans les bois du Montanvert et au bord 
de la Mer-de-Glace. Les deux plantes, trouvées par lui à la plus grande élé- 
vation sont, d’une part, au col du Géant : l’Aretia helvetica Gaud., et d’autre 
part, aux Grands-Mulets : le Silene acaulis. 

Indépendamment des plantes qu’il note en passant au Buet, au col de Balme 
ét au col du Bonhomme, il indique aux Voirons l'existence du Linnæa borea- 
lis, plante du nord de l'Europe, qui a tout à fait disparu de cette localité, 
J'en dirai autant du Celtis australis, qu'il a reconnu à Saint-Innocent, près 
d’Aix-les-Bains : cet arbre magnifique des contrées méridionales ne se retrouve 
plus dans l'endroit indiqué. Un dernier trait recommande aux botanistes 
la mémoire de Saussure : c’est par la botanique qu’il a commencé sa carrière 
scientifique; c'est encore à elle qu’il a voué les derniers jours de sa labo- 
rieuse existence. 

Après lui et sur ses pas apparaît une autre illustration qui nous touche de 
plus près, je veux parler du célèbre auteur du Flora helvetica. En 1799, 
nous trouvons Gaudin sur la route de Chamonix, visitant le Montanvert, les 
bords de la Mer-de-Glace, le col de Balme, et y faisant une abondante 


récolte de plantes alpines. 


618 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Gaudin rencontra près de la Mer-de-Glace et dans les pâturages de l'aiguille 
de Charmoz : 


Geum montanum. Primula viscosa. 


Achillea moschata, | Hieracium angustifolium, 
Hieracium alpinum, Viola cenisia. 


Au col de Balme : 


Hieracium albidum, Senecio incanus. 


Erigeron alpinus. Salix helvetica Vill, 
Luzula lutea. | Veronica bellidioides. 


Auprès des chalets des Herbagères : 


Ajuga pyramidalis. Pedicularis rostrata, 
Pedicularis recutita. 


Dans la vallée de Mont-Joic : 


Acrostichum septentrionale. Colchicum alpinum. 
Calamintha grandiflora, 


Au Chapià : 
Pedicularis gyroflexa. 
Au col des Fours : 


Androsace alpina Gaud. Elyna spicala. 

Carex capillaris. Luzula spadicea. 
— curvula. Saxifraga biflora. 
— fœtida. Senecio incanus. 


Au col de la Seigne : 


Artemisia spicata. Statice plantaginea, 
Oxytropis campestris. 

Au Grand-Saint-Bernard, deux espèces nouvelles lui tombent entre les 
mains : Pedicularis pennina Gaud. et Androsace pennina Gaud. 

Ce voyageest bientôt suivi d’un autre. En 1804, il quitte Genève, et 
gagnant par la vallée de l’Arve et celle de Mont-Joie, il vient successivement 
observer la végétation du col du Bonhomme, du col des Fours, du col de la 
Seigne et de l’Allée-Blanche. Après un court séjour à Aoste et à Courmayeur, 
iltraverse le Grand-Saint-Bernard, où il est accueilli avec toutes sortes d'égards 
par le prieur d’Alesse, et rentre dans sa demeure, à Nyon, charmé des nou- 
velles découvertes de son voyage. 

Quelques années après, il monte sur les Voirons, et dé là pénètre dans la 
vallée d’Abondance, en Chablais, qui lui offrit comme particularité le Salvia 
verticillata. 

Ramené vers les Alpes du Faucigny en 4808, il passe accompagné de ses 
deux amis Weisemann et Peterson, dans la vallée du Reposoir, et là, dans 
l’épaisse forêt de sapins qui domine la Chartreuse, il rencontre l’une de nos 
plus rares espèces, l'Zpipogon aphyllus. L'ascension du mont Méry lui vaut 


SESSION EXTRAORDINAIRE À CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 649 


de nombreuses richesses, et entre autres cinq plantes de prédilecrion : Ophrys 
alpina, Valeriana saliunca, Saussurea alpina, Poa minor Gaud., Lappa 
tomentosa A. Descendus à Sallanches, les trois voyageurs prennent le che- 
min de Chamonix par le col de la Forclaz. Ils gagnent le sommet du Brévent, 
et s’attachent à reconnaître les plantes de cette haute et riche montagne. 

En avril 1810, Gaudin met fin à ses explorations dans nos parages par une 
course dernière, qu'il dirige cette fois du côté de la Maurienne et du Mont- 
Cenis. L'hiver fiuissait à peine, et dans cette saison, et au Mont-Cenis surtout, 
les fleurs sont rares; aussi le botaniste n'y remarque-t-il que deux seules 
plantes : Orchis sambucina, Aëthionema saxatile. 

Tandis que Gaudin parcourait nos grandes Alpes, entassant plantes sur 
plantes dans l'intérêt de sa flore qui parut en 1828, fruit de trente années de 
courses et d'observations, un autre voyageur prend en même temps que lui le 
bâton des montagnes. Il concentre ses explorations dans les vallées de Thônes 
et du Reposoir, qu'il étudie avec l’ardeur et l'enthousiasme de la jeunesse. 
Encouragé par les conseils du médecin Jurine, son compatriote, Berger (de 
Genève) s'attache à déterminer, pendant les années 1799, 1800, 48014; au 
moyen du baromètre, Ja hauteur de la Tournette et du mont Parmelan, Pen- 
dant ces trois années consécutives, on le voit promenanit ses pas de Thônes au 
Reposoir et du Reposoir à Thônes, l'œil fixé sur tous les phénomènes d’his- 
toire naturelle qui signalent ce pays si digne d'intérêt, Il fait cette remarque 
que la vallée de Thônes, vallée très-resserrée et flanquée de pentes nues sur 
la rive droite du Fier, disposition éminemment propre à la concentration des 
rayons solaires, il remarque, dis-je, que cette vallée devait jouir d’une tempé- 
rature moyenne plus élevée que celle de Genève. I fonde son observation sur 
la présence de l’Artemisia Absinthium qu'il y rencontre, plante en effet très- 
répandue d’Alex aux portes de Thônes, et que l’on cherche en vain dans le 
bassin du Léman. 4 

Se reportant sur la vallée du Reposoir, il découvre avant Gaudin, à Pont- 
du-Château, sur les flancs du Méry : Valeriana saliunca, plante qu’il apporte 
comme nouvelle aux floristes de la Suisse, £ryngium alpinum, Phaca fri- 
gida et Leontodon Taraxaci. Au mont Vergy, si riche en plantes rares, il 
observe parmi les éboulements de l’Encrenaz, au-dessus du lac Saxonnex, le 
Papaver alpinum. 

Le célèbre auteur du Prodromus n’est point resté étranger à nos localités, 
et depuis 1816, époque de sa rentrée à Genève, il en visita plusieurs. Au rois 
de juillet, peu de temps avant sa mort, De Candolle se trouvait aux baïns de 
Saint-Gervais, cherchant dans les eaux bienfaisantes de ce pittoresque séjour 
un allégement à ses souffrances. Notre vénérable ami M. Chavin, curé de 
Compesière, charmé d’y rencontrer son illustre confrère, parcourait les envi- 
rons et venait, à son retour à l'établissement, lui faire part du résultat de ses 
récoltes. De Candolle prenait plaisir à voir;encore ces plantes des Alpes qu'il 

EL“ h3 


6: : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
avait tant de fois décrites, mais qu’il ne pouvait plus, à son grand regret, aller 
reconnaître sur place. 

Les nombreux disciples du Linné suisse n’ont laissé à personne le soin de 
visiter ét de scruter avec plus d'amour les Alpes savoyardes; chaque année 
les ramène, heureusement pour la science, lés uns ou les autres dans nos 
parages. Jaloux de soutenir avec honnéur la vieille réputation scientifique de 
la moderne Athènes, les botanistes généevois ont, pour la plupart, payé leur 
tribut à ces mêmes Alpes, soit dans leurs écrits, soit par leurs pérégrinations. 

-M. Duby recherche depuis plus de vingt ans, tant en Suisse qu’en Savoie, 
les Cryptogames dont la description doit trouver place dans là deuxième édition 
du Botanicon gallicum. M: Alphonse De Candolle, dans une publication im- 
portañte; qui le range parmi les prétniers botanistés contémporains, a réuni 
dés considérations étendues, relativement à l’âire, à la Situation, aux limites 
géographiques des familles, des genres et des espèces alpines. | 

M: Edmond Boissier, qui a exploré en 1837 l’ancien royaume de Grenade, 
partie la moins visitée et peut-être la plus riche, la plus curieuse de l’Es- 
pagné, et que son ardeur pour la science à conduit en 1842 jusqi'en 
Orient, est un des plus sagaces descripteurs, de l’époque. Travailleur infati- 
gable, usant le plus noblement du monde d’uné grande fortune, il met tous les 
jours avec une rare bienveillance à la disposition des hommes d'étude le plus 
bel herbier que je connaisse, dans léquel j'ai pu voir bon nombre Ms pas 
récoltées dans nos stations classiques. 

Directeur du jardin botanique de Genève, ami et collaboratéur de M. Bois- 
sier; M. ‘Reuter se distingue par l’afféction touté spéciale qu'il porte aux 
régions des hautes Alpes. Il a visité la valléé du Reposoir, parcouru la Taren- 
taise, et'séjourné par trois fois au Mont-Cenis, en 1842, 1851 et 1863. Ce 
uiple séjour lui a permis de découvrir l'Arabis cenisia Réut. , l'Anthyllis par- 
viflora Reut., espèce provisoire et même très-contestable, et de retrouver le 
Cardamine thalictroides, qui, dépuis Allioni, $’était constamment dérobé aux 
recherches des explorateurs. Son Catalogue dés plantés vasculaires qui crois- 
sent naturellement aux environs de Genève contient l'indication d’une grande 
quantité de plantes de la Haute-Savoie, M. Rapin, auteur d'une excellente flore 
du bassin du Lémah, observateur exact ét constiencieux, poursuit ses études 
sur les plantes de nos régions. M. l'abbé Ghavin, curé de Gompesière, disciple 
dé Gaudin, dont il conserve religiéusément le souvenir et les traditions, est un 
explorateur infatigable, et l'un des plus versés dans la conhaïssancé des plantes 
des Alpes Ni l’âge, ni l'administration d’une grande paroisse n'ont pu refroi- 
dir l'amour de la science chez nôtre vénérable ai, dont le domicile charmant 
est le traiv d'union accepté entre les botanistes de Genève et ceux dé la Savoie. 

M: 3, Mueller; conservateur de l’herbier De Candolle, qui prépare la 
monographie des Euphorbiacées pour le Prodromius, ét qui a publié l’énu- 
inération complète des Lichens des environs dé Genève, le docteur Fanconnet, 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 651 


M. Ducommun, MM. Alfred et Édouard Huet se rangent parmi les pérégrina- 
teurs dont les découvertes apportent chaque année de nouveaux matériaux 
pour la flore de la Suisse et de la Savoie. 


vil 


Tandis que les botanistes suisses dirigent avec une prédilection bien marquée 
leurs explorations dans là Savoie septentrionale, les botanistes italiens, de leur 
côté, s’attachent aux parties orientale et méridionale du même pays. 

Un des premiers, Allioni se voue pendant plus de trente ans à l'étude des 

plantes du Mont-Cenis. Il les récolte en abondance, en décrit les nombreuses 
espèces, et leur fait une large part dans son Ælora pedemontana. Sur les 
2800 plantes décrites dans cet ouvrage, celles du Mont-Cenis s'élèvent au 
nombre de 130 à 440 espèces. ? 

C’est en Savoie que le botaniste piémontais fait son premiér voyage scienti- 
fique. En l’année 1750, descendant la Maurienne, il passé à Chambéry où il 
reçoit en communication un fascicule de plantes du pays; il traverse Annecy 
et fait dans cette ville la connaissante de l’abbé Éminet, modeste ecclésias- 
tique qui s’occupait de recherches botaniques, et qui resta depuis son inva- 
riable ami. Heureux de cette rencontre, Allioni fait avec lui l’ascension de la 
Tournette, pendant laquelle il récolte plusieurs plantes qui figurent dans le 
Flora pedemontana avec l'indication de ce site, le plus élevé et le plus remar- 
quable des environs d'Annecy. De cette ville, il se rend à Thonon, remonte 
par Bonneville et la vallée de l’Arve jusqu’à Chamonix, et de là, gagnant la 
vallée de Mont-Joie, il rentre à Turin par la Tarentaise, après avoir noté aux 
différentes stations de sa route les plantes qu’elles lui présentent (1). 

Nature désintéressée, pleine de zèle, capable d'enthousiasme, l’illustre Pié- 
montais, tout entier à l'ivresse de ses débuts, ne reculait devant aucune diffi- 
culté, et cette science qu’il aimait, il se plaisait à en propager le goût dans son 
entourage. Son exemple ne resta pas lettre morte ; de nombreux disciples, qui 
avaient recueilli avec avidité les leçons du maître, se chargèrent de poursuivre 


(4) Voici les principales mentions que nous avons à enregistrer dans ce yoyage, qui 
consacre, dès cette époque, la richesse de la flore de Savoie : ans , 

Lanslebourg : Goodyera repens.— Bramans : Ononis cenisia, Oxytropis pilosa, Hiera- 
cium lanatum , Euphrasia viscosa. — Entre Termignon et Modane : Matthiola varia, 
Erysimum crepidifolium, Lalhyrus heterophyllus. — Modane : Scrofularia vernalis, 
Colchicum alpinum. — Saint-Martin : Leuzea coniféra, Orobus luleus, Crocus sativus, 
Aëthionema saxatile. — Saint-Michel : Évôonymus latifolius, Cytisus supinus. — Saint- 
Jean : Vesicaria utriculata, Sedum altissimum, Bupleurum Gerardi, — Saint-Hugon : 
Chrysosplenium opposilifolium, Mulgedium Plumieri, Rhaponticum scariosum. — 
Montmeillan : Pistacia Terebinthus, Osyris alba. 

Moûtiers : Ptychotis heterophylla, Chrysanthemum inodorum, Lavandula Spica, Sa- 
molus Valerandi. — Bourg-Saint-Maurice : Silybum Marianum. — Tignes : Viola pin- 
nata, Corthusa Matthioli: — Pralognam : Eryngium alpinum, Cypripedilum Calceolus, 


652 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


son œuvre. Dans cette voie, se montrèrent avec honneur Cornalia, Donati, 
Bellardi, Peyroleri et les deux frères Molineri. * 

Pierre Cornalia, gardien du jardin botanique de Turin, et Vitalianus Donati, 
professeur de botanique, visitent le Mont-Cenis, la Maurienne, la Tarentaise, 
le Grand- Saint-Bernard et la vallée d’Aoste. Louis Bellardi, élève d’Allioni, 
qu’une passion irrésistible entraîna de bonne heure vers l’étude des plantes, 
se rend au Mont-Cenis en 1764. Il y découvre le Festuca flavescens Bell. , et 
parcourt en voyageur intrépide la plus grande partie de la Savoie. Peyroleri 
obéit à un autre mobile ; il prend le chemin des Alpes pour observer les plantes 
dans leur lieu natal; et joint au talent de l'observateur l’habileté du peintre. 
Pierre et Ignace Molineri, qui surent associer aux liens du sang une commu- 
nauté de vues et d’études, se distinguent par leurs fréquents voyages au Mont- 
Cenis, et contribuent au développement de la botanique au delà des monts. La 
science descriptive n’a ps perdu Ja mémoire des deux frères. 

Au commencement de ce siècle, le Mont-Cenis reçut des visites successives 
de Lavy, de Ré et de Balbis. Plus récemment, le professeur Moris, Colla, Ber- 
tero, Ponsero, médecin à Suze, augmentèrent le nombre des explorateurs de 
la même contrée. : r 

Enfin M. Parlatore, professeur d'histoire naturelle à Florence, préludant à 
la publication d’une œuvre à tous égards importante, vient clore cette liste. Il 
nous paraît être le dernier venu des botanistes italiens dans nos Alpes. Parti 
d’Aoste, le 4 août 1849, après avoir étudié la végétation du Cramont, il fit l’as- 
cension du col du Géant, station si renommée depuis le séjour de Saussure, si 
périlleuse pour les audacieux qui tentent d'y porter leurs pas. Avant satisfait sa 
curiosité de ce côté, il prit une autre direction, passa le col des Fours, le col 
du Bonhomme, s’engagea dans la vallée de Mont-Joie et arriva à Chamonix par 
Bionassay et le col de Voza. À Chamonix, le Montanvert, la Mer-de-Glace, le 
Jardin, le glacier d'Argentière furent l'objet des investigations du botaniste 
florentin. Chacun des points explorés par l’éminent voyageur fut l’objet d’une 
étude spéciale, publiée sous forme de lettres adressées à une amie de la science, 
et suivies du tableau systématique des espèces observées. Ces courses eurent 
pour résultat final la découverte, au Cramont, d’une nouvelle plante : Oxytro- 
pis Parvopassuæ Parl., très-voisine de l’'Oxytropis lapponica Gaud., si elle 
n’en est pas toutefois une variété remarquable. Les observations multipliées 
qu’il devait à son voyage, M. Parlatore les a réunies dans une publication que 
je regarde comme une des meilleures monographies que puisse revendiquer la 
géographie botanique des Alpes. 

Telle est, messieurs, la part de l'Italie dans ce pays que vous avez voulu 
reconnaître au nom de la science. Comme vous le voyez, cette part est assez 
belle pour exciter un sentiment de reconnaissance vis-à-vis de cette terre nour- 
ricière des arts et des sciences, et si nous avons dû nous en séparer, cela n’a 
pas été sans quelques regrets légitimes et bien plausibles. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 695 


III 


Les anciens botanistes anglais qui ont pris part à l’exploration de nos Alpes 
se distinguent encore plus par leur mérite que par leur nombre. Ils se résu- 
ment en deux noms : le premier est celui d’un grand naturaliste, un des légis- 
lateurs de la science, qui parcourt successivement l'Italie, l'Allemagne, l’Es- 
pagne, s'arrête à Genève en 1665, et met trois mois à scruter une partie de la 
Savoie. L'autre passa au Mont-Cenis en 4810, et dit avoir récolté le Æobresia 
caricina sur les bords du lac. Ray et Smith, le prédécesseur de Linné d’une 
part, et l’auteur du Botanicon anglicum d'autre part, constituent un glorieux 
appoint fourni par l'Angleterre dans la recherche de nos plantes indigènes. 


à à 


$ 


Dans ce contingent d’illustres pérégrinateurs qui se dirigent sur nos Alpes, 
l'Allemagne à également sa part, part unique, part exceptionnelle, qui nous 
permet d'inscrire dans notre histoire la plus grande renommée scientifique du 
siècle, 

En 1795, Alexandre de Humboldt, qui venait de publier son Æ/ora subter- 
ranea fribergensis, après avoir cultivé la chimie et la botanique à Freiberg, 
alors le centre des études géologiques de l'Allemagne, fit à pied la route de 
Schaffhouse à Chamonix avec son ami Hasten et son second condisciple Freisle- 
ben. Il est à croire que les glaciers et la végétation de cette belle vallée pro- 
duisirent une grande impression sur l'esprit du nouveau voyageur, si j'en 
juge d’après ses observations de cette époque, qui reviennent fréquemment 
dans le Voyage aux régions équinoxiales du nouveau continent. Du reste, 
voici la recommandation que le plus grand savant de notre âge présentait à un 
simple aubergiste de Ghamonix, le 10 juillet de cette même année 1795 : 
« M. Pictet, professeur de philosophie à Genève, recommande à M. Couteran 
le baron de Humboldt, conseiller des mines du roi de Prusse, un des voya- 
geurs les plus instruits qui aient jamais visité les glaciers. » 

Vers 1830, un savant danois, aussi- exact dans les faits qu'il a recueillis que 
dans les théories qu'il a exposées, Frédéric Schouw, détermina la limite des 
arbres, et notamment la présence de l’Abies excelsa à 2063 mètres d'altitude 
dans la partie méridionale de la vallée de Chamonix. 11 se livra aux mêmes 
études dans la partie méridionale du Mont-Cenis, et consigna le résultat de ses 
laborieuses recherches dans un ouvrage remarquable sur le climat de l'Italie. 

Comptons encore parmi les investigateurs de nos montagnes, les frères 
Schlagintweit, qui, tous les trois, ont mis en commun de la façon la plus 
héroïque leurs lumières, leur science et leur jeunesse, dans le but d'explorer 
les régions de la haute Asie. Leur première publication, encouragée par Hum- 
boldt, parut à Leipzig en 1850; elle a trait à la physique, à la météorologie et 


654 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


à la géographie botanique des Alpes. Après s'être occupés des chaînes orien- 
tales voisines de leur pays natal, les frères Schlagintweit se livrèrent à l’exa- 
men de la partie occidentale, portant successivement leurs pas en Piémont, en 
Savoie et en France. Toutes les questions relatives à la distribution géogra- 
phique des plantes, les questions d'influence de toute sorte qui favorisent ou 
limitent la végétation dans les montagnes, ont reçu entre leurs mains des 
éclaircissements nouveaux qui ont largement profité au domaine de la science. 
Ils indiquent dans le nombre des plantes alpines les plus certaines qui s’aven- 
turent au-dessus des neiges éternelles : Silene acaulis, Saxifraga oppositi- 
folia, S. bryoides, Ranunculus glacialis, Androsace glacialis, plusieurs Cypé- 
racées et Graminées, 


à 


Dans ce mouvement et cettejsuccession d’investigations, je ne saurais oublier 
la France, notre voisine d'hier et notre patrie d'aujourd'hui. Elle a aussi ses 
représentants, et dans le nombre de ceux qui nous visitent, les uns ont leur 
nom acquis à l’histoire, et les autres, nos contemporains, sont bien connus de 
vous tous. 

Les deux plus anciens noms que je rencontre sont ceux de Tournefort et 
de Commerson. 

Tournefort, à vingt-deux ans, parcourut, en 1678, les montagnes du Dau- 
phiné et de la Savoie. Les plantes de son voyage devinrent la base de son her- 
bier, conservé au Muséum d'histoire naturelle de Paris. — Commerson, si 
admirablement doué pour les sciences d'observation, naturaliste passionné, 
explorateur des plus infatigables, entreprit en 1755 un voyage en Savoie et en 
Suisse, où il alla faire la connaissance de Haller. Voici comment il s'exprime à 
ce propos dans une lettre à son ami Gérard, l’auteur du Flora gallo-provin- 
cialis : « Le voyage des Alpes que vous me proposés me rit très-fort, et je 
» n'hésite point d’en accepter le cartel pour la fin de may ou le commence- 
» ment de juin, si rien ne s’y oppose pour lors : quoi qu'il en soit, arran- 
» geons-en toujours le projet sur la proposition que vous m'en faites et ma 
» bonne volonté présente : je conçois bien qu’en compassant l’un et l’autre nos 
» marches, nous pourrions presque au jour nommé nous trouver tous les deux 
» à Turin, où vous assignés le rendez-vous, en par moy m'y rendant par Bel- 
» ley, Ghambéry, Saint-Jean de Morienne, Exiles, Fenestrelles et Rivoli. Mais 
» le moyen de faire des journées réglées en herborisant à droite et à gauche, 
» Saus parler de mille contre-temps qui nous peuvent retarder l’un ou l'autre, 
» Chemin faisant ! » 

M. Charles Des Moulins (de Bordeaux), dans une visite qu'il fit en 4820 aux 
glaciers de Chamonix, étudia la végétation de cette vallée, celle du Brévent et 
de la Mer-de-Glace. La phytostatique fut surtout l'objet de ses observations. 
— À la même époque, Seringe, élève de De Candolle, recueillit les plantes 


SESSION EXTRAORDINAIRE A: CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 655 


de la chaîne du Pormonnaz, qui s'étend entre Sallanches et Servoz, et eut l’idée 
de les publier par fascicules de cent espèces. J'ai pu voir cette collection, 
devenue rare, dans le cabinet de l’ancien directeur du jardin botanique de 
Lyon. | 
MM. Lecoq (de Clermont), Alexis Jordan (de Lyon), parcoururent le Mont- 
Genis, l'un en 4846 et l’autre en 1847. Mon ami M. Charles Beautemps- 
Beaupré, aujourd’hui procureur impérial à Mantes, se trouva au Mont-Cenis en 
août 1847 et y recueillit une abondante provision de plantes, qui vinrent 
exciter l'intérêt de toute cette ardente phalange qui se groupait alors autour 
de notre regrettable maître, Adrien de Jussieu. 
Maintenant j'ai hâte de vous parler dn voyage encore peu connu d'un des 
principaux membres de la Société botanique, à la fondation de laquelle il a pris 
la plus grande part. Désireux de se renseigner sur la distribution géographique 
des plantes répandues dans la Tarentaise et la Maurienne et de les étudier 
comparativement avec celles du Valais, qui avaient été l’objet des premières 
explorations de sa jeunesse et qui lui étaient si familières, M. J. Gay (1) par- 
courut à pied ces deux provinces en 1830. Au 1° juin il quitta Saint-Pierre 
d’Albigny, remonta le cours de l'Isère, allant successivement de Moûtiers au 
Bourg-Saint-Maurice, de cette dernière localité à Sainte-Foy et de Sainte-Foy 
dans le bassin de Vignes. De là, il pénétra dans le bassin de Laval, qui lé 
conduisit au pied du mont Iseran, dont il gravit le revers septentrional, Pour 
arriver au sommet, le voyageur chemina deux heures sur la terre et une heure 
et demie sur la neige. Il opéra sa descente par le revers méridional, à travers 
des neiges fondues d'espace en espace, effectuant son retour par la vallée de 
l'Arc. Il rentra avec une abondante récolte de plantes à son quartier général, 
qu'il avait provisoirement fixé à Aix-les-Bains, et de plus, satisfait de la décou- 
verte d’une espèce nouvelle qui s’offrit à lui dans le bassin de Layal : Meur 
adonidifolium J. Gay. 
Les principales plantes," tant observées que récoltées dans les différentes 
étapes fournies par M. Gay, furent les suivantes : 
Aigue blanche (1° juin) : 


Lilium bulbiferum. : | !  Ornithogalum pyrenaicum. 


Entre Moûtiers et la gorge du Trébuchet (2 juin) : 


Vesicaria utriculata. Isatis tinctoria. 

Laserpitium gallicum var. angustifolium, |! Cerasus Mahaleb. 

Carum Bulbocastanum. ! Astragalus monspessulanus. 
Stipa capillata, ‘Acer monspessulanum, 


(1) J'éprouve le douloureux regret d'enregistrer ici la perte de cet homme éminent 
enlevé presque subitement, le 46 janvier 1864, à l'affection des botanistes français qui 
s'étaient habitués à le regarder comme un maître chéri, et à réclamer ses bons offices ; 
dans toutes les questions difficiles et douteuses. Pour ma part, j'ai maintes fois mis à 
contribution touté la bonté de son cœur et les inépuisables ressources de ses lumières. 
(Note ajoutée au moment de l'impression, décembre 4866.) 


656 
Aime : 


Tragopogon major. 
Asperugo procumbens. 


Entre Séez et Sainte-Foy : 


Typha minima. 
Hiéracium dubium. 

Poa alpina var. brevifolia, 
Potentilla intermedia. 
Spergula saginoides. 
Cerasus Padus. 


Du pont de la Balme aux Brévières : 


Cortusa Matthioli. 
Juniperus Sabina. 
Lonicera alpigena. 
Cardamine resedifolia, 


Bassin de Tignes (3 juin) : 


Rosa centifolia. 

Lychnis chalcedonica. 
Rumex alpinus. 
Campanula thyrsoidea. 
Potentilla alpestris Hall, fit. 
Carum Carvi. 

Viola calcarata. 

Cirsium heterophyllum. 
Ranunculus pyrenæus. 
Crocus vernus. 

Carex cæspitosa. 
Erysimum pumilum Gaud, 


Bassin de Laval : 


Meum adonidifolium J. Gay. 
Imperatoria Ostruthium. 
Colchicum alpinum. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Lactuca silvestris. 
Larbrea aquatica, 


Chærophyllum hirsutum. 
Larix europæa. 

Pirus Aria. 

Pteris crispa All. 
Thlaspi alpestre. 


Primula farinosa. 

Luzula lutea. 

Primula pedemontana Thomas. 
— latifolia Lap. 


Orchis viridis. 

Artemisia Absinthium. 
Saxifraga diapensoides Bell. 
Atragene alpina. 

Arenaria austriaca Jarq. 
Salix daphnoides. 

— cæsia. 

— grandifolia. 

Ajuga alpina. 

Hepatica triloba. 
Pulmonaria angustifolia. 
Thalictrum fœtidum. 


Sisymbrium tanacetifolium. 
Carex atrata. 
Allium schænoprasum, 


Revers septentrional du mont Iseran (4 juin) : 


Pinus Cembra. 
Lloydia serotina, 
Cherleria sedoides. 


Revers méridional : 


Ranunculus glacialis. 
Petrocallis pyrenaica. 
Herniaria alpina. 


Primula pedemontana Thom. 
Ranunculus rutæfolius. 


Artemisia glacialis. 
Achillea nana. 
Anemone vernalis. 


Après quelques herborisations dans les environs d’Aix, M. Gay poussa une 
reconnaissance dans la vallée des Beauges, et le 28 juin, gravit le mont Trelod, 
sommité à laquelle Carlini et Planaz donnent une altitude de 2174 pr et 
qui se recommande surtout au botaniste par le grand nombre de Lichens qu elle 


recèle dans sa partie septentrionale, 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863, 657 


Sur la fin de juin, M. Gay fit ses préparatifs de départ et rentra à Paris, 
emportant un bon souvenir de son séjour en Savoie, qui lui avait été profitable 
au double point de vue de sa santé et de ses études favorites. 

Au voyage de M. Gay en a succédé un autre, plus général, que je dois vous 
retracer, parce qu'il est le seul, depuis Saussure, qui ait été entrepris dans un 
but largement scientifique et qu’il est, en quelque sorte, le corollaire de la 
grande expédition de l’illustre Génevois. Les difficultés'qui s’opposèrent d’abord 
à son exécution, l'importance de ses résultats, méritent que j'entre dans quel- 
ques détails. 

En 1844, M. Villemain, ministre de l'instruction publique, chargea 
MM. Martins, Auguste et Camille Bravais et Lepileur d’une mission scien- 
tifique dans les Alpes. Les quatre voyageurs partirent de Paris le 46 juillet, 
emportant avec eux une série d'instruments les plus parfaits et les plus appro- 
priés aux expériences à faire dans ces hautes régions. Le Mont-Blanc devait 
être leur première station météorologique, et, cinquante-sept ans après les ob- 
servations qu'y fit Saussure, le colosse des Alpes leur réservait encore de 
nouveaux sujets d’études. Les instruments, les vivres et les vêtements de sûreté 
exigèrent trente-cinq hommes pour les transporter au sommet. Trois guides 
choisis parmi les plus capables de la vallée, Jean Mugnier, Michel Coutet et 
Gédéon Balmat, étaient à la tête de la caravane : à eux la mission d'indiquer la 
route et le soin difficile d’en frayer la trace au milieu des neiges. 

L'expédition quitte Chamonix le 28 juillet à sept heures et demie du matin; 
partie par un temps des plus favorables en apparence, elle parvint à trois 
heures trente-cinq minutes au rocher des Grands-Mulets pour y passer la nuit. 
Le lendemain, à dix heures du matin, on avait atteint le Grand-Plateau, cette 
vaste plaine de neige qui occupe le centre d’un grand cirque formé par les 
sommités du Mont-Blanc. Là, les voyageurs sont cernés par la brume ; une neige 
fine et piquante tombe autour d’eux ; le thermomètre accuse — 2°, et la distance 
qui les sépare du sommet n’est plus que de 880 mètres. Que faire? La franchir 
serait une témérité manifeste en présence des circonstances atmosphériques du 
moment. Il faut prendre une décision et se résigner au parti le plus sage. On 
dresse la tente sur le Grand-Plateau lui-même pour y attendre que le retour 
du beau temps permette de tenter l'ascension du cône terminal. Vain espoir ! 

Le mauvais temps continue toute la nuit, la neige tombe sans interruption, le 
vent souffle par rafales extrêmement violentes et rend toute observation impos- 
Sible. La position n'étant plus tenable, on laisse en ordre sous la tente les 
objets qui s’y trouvaient déposés et l’on se met en devoir de redescendre à 
Chamonix. 

Le 7 août, une nouvelle ascension fut tentée, les circonstances paraissant 
plus favorables que la première fois, mais comme la première fois devant 
aboutir à un insuccès tout aussi complet. Partis à sept heures du matin avec sept 
guides, les hardis voyageurs furent rendus au Grand-Plateau à six heures et 


658 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


demie du soir. Ils furent heureux de retrouver en bon état la tente et les objets 
qu’elle contenait ; mais peu après leur arrivée, le grésil commença à tomber, 
l'orage se prit à gronder avec force, les éclairs et les éclats de tonnerre se suc- 
cédaient sans interruption. Le lendemain, la situation ne s'était pas améliorée ; 
à dix heures du matin là neige tombait en grande quantité. Enfin, à trois 
heures du soir, les guides réunis en conseil déclarèrent qu’il était urgent de 
regagner la plaine à cause du danger des avalanches et de l'impossibilité de 
descendre, le lendemain matin, si durant la nuit la neige continuait à tomber 
aussi abondante. On se rendit ‘aux conseils et à la vieille expérience des mon- 
tagnards, en abandonnant encore pour la seconde fois les chers appareils sur 
lesquels reposaient les espérances des observateurs et tout l'intérêt de cette 
laborieuse campagne. 

Ces deux tentatives infructueuses n’avaient point lassé le zèle des voyageurs. 
Bien résolus de risquer une troisième fois les chances d’une nouvelle ascension 
par un temps plus propice, persuadés du reste que le mois d’août ne s’écoule- 
rait pas en entier sans revenir au beau, ils se rendirent, le 10 août, à Gour- 
mayeur, par le Grand-Saint-Bernard, et de là, gagnant les cols de la Seigne et 
du Bonhomme, ils opérèrent leur retour à Chamonix dans la journée du 19. 

Les 25 et 26 août furent employés à visiter Sallanches, Saint-Gervais et le 
col de la Forclaz. 

Le 27, le baromètre était remonté, et, le temps paraissant on ne peut plus 
favorable, on se prépara à un troisième départ, qui eut lieu à minuit avec sept 
personnes de la vallée. A onze heures du matin on était établi au Grand-Pla- 
teau où, dès midi, une série régulière d'observations météorologiques fut faite 
nuit et jour et de deux en deux heures, jusqu’au 1°° septembre. — Le 29, on 
se mit en route à dix heures du matin pour atteindre la plus haute sommité 
du Mont-Blanc, et à une heure quarante-cinq minutes on toucha au but tant 
désiré. C’est là, pour le dire en passant, la partie la plus redoutée de l'ascension, 
la plus semée d’angoisses, celle que bien des voyageurs exténués ‘de fatigne on 
de froid, n’ont pu achever heureusement. La descente eut lieu à six heures 
cinquante minutes du soir, pour rallier la tente du Grand- Plateau à sept 
heures quarante-cinq minutes, Cette dernière station fut enfin abandonnée le 
1 septembre vers midi, après cent six heures de séjour dans ce point extrême 
des Alpes. 

Plusieurs faits importants sont acquis à ce voyage : je me borne à indiquer 
les principaux. 

Les observations {météorologiques faites régülièrement à Chamonix, du 
31 juillet au 9 août, et du 19 août au 4 septembre, servirent à faire connaître 
la loi de la variation diurne du baromètre dans cette vallée resserrée, où Îles 
observations de Saussure semblent indiquer fine oscillation plus étendue qu'à 
Genève. Toutefois, sur les hautes montagnes, l'ostillation diurne est plus régu- 
lière que dans les plaines, surtont si le temps est serein. De dix heures du 


SESSION EXTRAORDINAIRE À CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 659 


matin à quatre heures du soir, le baromètre reste stationnaire ; il monte de 
quatre heures à dix heures du soir, et redescend de dix heures du soir à cinq 
heures du matin. — Une différence sensible fat notée par M. Camille Bravais 
entre les températures de l'Arve et de l’Arveyron, et, chose digne de remarque, 
devant Chamonix même, à un kilomètre de distance au-dessous du confluent 
de ces deux rivières, la différence de température des deux affluents se mani- 
feste encore par la différence des deux rives. L’Arveyron est toujours plus 
froid en raison de l'écoulement du grand glacier des Bois et de la Mer-de- 
Glace qu'il représente. — Un autre fait, qui avait déjà attiré l'attention de 
Saussure, dans son mémorable séjour sur le col du Géant, fut consigné au 
Grand-Plateau : savoir, que la température du sol, non couvert de neige dans 
les temps sereins, était supérieure à celle de l'atmosphère, Le sol des hautes 
montagnes se trouve donc, pendant l'été, dans des conditions thermiques très- 
différentes, selon qu'il est recouvert de neige ou exposé à l’action directe des 
rayons solaires. 

L'ablation de la neige, phénomène complexe résultant de la fonte et de 
l'évaporation, a été presque nulle pendant le séjour des voyageurs au Grand- 
Plateau. La fonte peut être considérée comme insignifiante à cette hauteur, 
tant que la température de l’air est inférieure à zéro. L'évaporation se maintient 
également dans les mêmes conditions. 

L'intensité du son, qui paraît ne pas éprouver un très-grand affaiblissement 
dans les régions supérieures de l’atmosphère, l'intensité magnétique horizontale, 
qui diminue à mesure que la hauteur augmente, l’inclinaison, au contraire, 
-qui reste sensiblement la même au sommet et au pied de la montagne, la neige 
des hautes et des basses régions, sa nature, ses veines bleues, les infiltrations 
qui se produisent entre ses couches, la chute des avalanches, les glaciers, leur 
ancienne extension sur la vallée de Chamonix et sur les vallées voisines, les 
traces de leur ancien séjour, les blocs erratiques enfin : voilà autant de ques- 
tions qui réclamèrent l'attention des observateurs pendant leur séjour au Grand- 
Plateau et qui les occupèrent pendant les journées consacrées à l'exploration 
des bases du Mont-Blanc. 

Les modifications que subit l'organisme dans certaines fonctions, à mesur 
que l’on s'élève dans les montagnes, modifications, du reste, plus ou moins com- 
plexes et plus ou moins sensibles suivant les individus, furent étudiées par 
M. Lepileur aux différentes stations du voyage. Ces observations nombreuses 
et répétées avec le plus grand soin sur tout le personnel de l'expédition, sont 
consignées dans un mémoire que l’auteur présenta à l'Académie des sciences, 
-€t qu'il publia dans la Æevue médicale, année 1845. 

La botanique ne fat pas négligée, et en dehors de ses préoccupations météo- 
rologiques, M. Martins s'était chargé de lui faire sa part. Les recherches de 
géographie botanique ont. toujours été poursuivies avec une sorte de prédilec- 
tion par le savant professeur de Montpellier ; aussi entrait-il dans ses goûts et 


660 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


dans ses précédents d’ajouter de nouveaux documents à ses anciennes études. 
La station des Grands-Mulets lui fournissait une belle occasion de constater la 
limite supérieure de la végétation dans ce point élevé des Alpes. Sans doute, 
tous les naturalistes savent avec quelle profusion la vie est universellement ré- 
pandue, et comment, dans chaque zone, elle revêt des attributs particuliers. 
Saussure trouva des papillons sur le Mont-Blanc ; Ramond en aperçut dans 
les solitudes qui entourent la cime du Mont-Perdu. Parvenus sur la pente 
orientale du Chimborazo, à une hauteur de 5879 mètres, Al. de Humboldt et 
Bonpland reconnurent des diptères ressemblant à des mouches, qui bourdon- 
naient autour d’eux, et à cette élévation, comme dernière trace de la vie végé- 
tale, le Lecidea geographica Fries. L'organisation animale, plus flexible, peut 
subsister bien au delà des limites où s’arrête celle des végétaux. La vie et la 
multiplicité de ses formes sont toujours en raison directe de la chaleur, et à 
mesure que la chaleur vivifiante fait défaut, la force organique et la vie dimi- 
nuent aussi graduellement. Quoi qu’il en soit, M. Martins a recueilli aux Grands- 
Mulets, le 1° septembre 1844, un certain nombre d’espèces qu'il a bien voulu 
me communiquer, et qui furent déterminées par M. Gay, avec cette précision 
rigoureuse qui lui était habituelle en pareil cas (1). 

Ce sont là des renseignements précieux à noter sur l'altitude extrême de la 
végétation dans la vallée de Chamonix. Ils servent à prouver que la persistance 
des neiges semble s'opposer plus que tout autre obstacle à la propagation des 
plantes à de grandes hauteurs. Lorsqu’au-dessus de la limite perpétuelle des 

-neiges, on vient à rencontrer une anfractuosité de rochers plus ou moins expo- 

sés au soleil et recouverts d’un peu de terre végétale, on peut toujours s’at- 
tendre à la présence de quelques espèces dont le nombre, pour les différents 
points extrêmes de la chaîne des Alpes, est encore assez mal déterminé. 

Au mois d'août 1860, M. Chatin, professeur à l’École de pharmacie, diri- 
gea une excursion botanique en Savoie et en Suisse. Accompagné de cent 
quatre-vingt-quinze élèves qu’il venait initier à la végétation de nos montagnes, 
il débuta par une course au mont Vergy, entre Bonneville et Cluses, herborisa 
dans la vallée de Chamonix, et poursuivit ses explorations en Suisse, en tra- 
versant le col de Balme. Cette excursion, bien connue des lecteurs du Bulle- 
tin de la Société, est une innovation que nous devons aux chemins de fer, et, 
grâce à eux, nous avons tout lieu d’espérer que les Alpes seront bientôt com- 
prises au nombre des courses botaniques des environs de Paris. 

Les pérégrinations de ces illustres étrangers sur le sol de la vieille Allobro- 
gie forment le premier trait de notre histoire; j'ai maintenant à vous montrer 
le second dans la personne de nos propres botanistes. Si les pionniers savoyards 
ne sont pas de ceux qui aient le plus agrandi nôtre chère science par leurs 


(1) On trouvera cette liste dans le travail présenté par M. Ch. Martins à la Société le 
24 mars 1865. (Voy. le Bulletin, t. XII (Séances), p. 159.) 


' 


SESSION EXTRAORDINAIRE À CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 661 


écrits, du moins ils ont bien mérité d'elle par leur zèle incomparable, et ils 
l'ont servie fort utilement, en soumettant depuis un siècle et demi les plantes 
des Alpes à l'examen de nos maîtres. Z{ y a diversité d’aptitudes parmi Les 
intelligences, si j'en crois Bossuet; donc à chacun son rôle dans l'édifice com- 
mun de nos connaissances. 


à | 


Les plus anciens souvenirs de la botanique de Savoie se rattachent aux noms 
de Voysin, d'Éminet et de Bojearon. Tous les trois ont cela de commun d’avoir 
cultivé la science sans laisser le plus léger document qui rappelle leur passage ; 
tous les trois sont inscrits au début de nos traditions locales, et deviennent 
ainsi les premiers représentants de l’histoire naturelle parmi nous. 

Dans les premières années du siècle dernier, initié de bonne heure par son 
père à la connaissance de la botanique, Voysin courut les montagnes d'Annecy, 
Son pays natal, Chamonix, la vallée d’Aoste, le Mont-Genis, et forma un her- 
bier des plantes qu'il devait à ses nombreuses courses. 11 se rendit ensuite à 
Paris pour étudier la médecine, et eut soin d’emporter avec lui sa collection, 
précieuse pour l’époque; mais Voysin, devenu médecin militaire dans les ar- 
mées autrichiennes, se renferma dans un silence absolu à l’endroit de ses pre- 
mières études, de sorte que la collection du premier botaniste savoyard s’est 
perdue sans laisser aucune trace, 

Compatriote à la fois et contemporain de Voysin, Éminet se voua à l'étude 
des plantes. 11 fut en relations très-suivies avec Allioni, qui le fit nommer 
membre correspondant de l’Académie des sciences de Turin, lors de sa fonda- 
tion en 4772. Après l’incorporation de la Savoie à la France, en 1792, devenu 
suspect en raison de son habit ecclésiastique, Éminet quitta Annecy, et se 
réfugia à Turin auprès de son ami, qui le vit mourir quelques années après. 

Bojearon, professeur de pharmacie à Chambéry, s’adonna avec passion à la 
botanique. En correspondance avec Antoine de Jussieu, le premier de cette 
illustre famille il lui faisait part de ses récoltes et lui adressait au Jardin-du-roi 
des plantes des Alpes. 11 fit un herbier de quelque valeur, qui tomba, après sa 
mort, entre les mains du pharmacien Sylva. Allioni nous apprend qu'à son 
passage à Chambéry, en 1750, Bojearon venait de mourir, et que Sylva lui 
offrit un fascicule de plantes qui avaient été destinées à Jussieu par son propre 
défunt correspondant. 

Sur la fin du siècle, et au sein même de notre pays, nous retrouvons un 
homme d’une autre trempe, pleinement initié au mouvement scientifique de 
son époque, un naturaliste à la façon de Saussure, observateur zélé, hardi et 
courageux, campant en plein air comme lui, passionné comme lui pour l'étude 
des montagnes, s’associant à ses travaux, prenant part à ses découvertes et 
venant à son heure discuter les problèmes nouveaux que l'illustre observa- 
teur soulevait sur ses pas à travers les Alpes. J'ai nommé Vichard de, Saint- 


662 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Réal, figure accentuée, savant d’une rare valeur, administrateur habile, qui a 
su mener de front la météorologie, la géologie et la botanique. En 1780, inten- 
dant de Saint-Jean-de-Maurienne, il offrit l’hospitalité de sa demeure à Saus- 
sure, en route pour le Mont-Cenis ; et douze ans après, il eut encore l'extrême 
satisfaction de le revoir à la cité d’Aoste, qu’il administrait alors en la même 
qualité. Vichard de Saint-Réal a fait une étude toute spéciale du Mont-Cenis, 
et dans une importante et volumineuse publication (1), qui à paru ces années 
dernièrés sur les États sardes, jé trouve une mention de soixante plantes, 
” récoltées par lui à Ronche, une des plus riches localités du nœud des Alpes 
grecques et des Alpes cottiennes (2). 

En 1808, De Gandolle, nommé professeur à la Faculté de médecine de 
Montpellier par le ministre Cretet, notre compatriote, avait fait de cette ville un 
centre d’études botaniques digne des plus beaux jours de l’école d’Upsal. Par 
son enseignement, empreint d’une chaleur d'âme peu commune, relevé de plus 
par une élocution facile et entraînante, le nouveau professeur popularisait la 
science et exerçait sur ses destinées la plus heureuse influence, en même temps 
que par sa rare bienveillance il encourageait les élèves, auxquels il savait m- 
spirer le goût de ces attrayantes études. Toujours zélé, toujours infatigable, il 
avait fondé une Société d’émulation d’histoire naturelle qu'il présidait lui- 
même. C’est dans cette petite société qu’un des nôtres vint puiser le goût de la 
science qui a signalé sa carrière. — Né à Latour, en Faucigny, en 1786, 
Pierre Dufresne avait pris place parmi les auditeurs de la Faculté. Captivé par 
l’éloquence du maître, il participa au mouvement botanique qui surgit à cette 
époque dans le midi de la France, et publia sous les auspices de De Candolle 
l'Histoire naturelle et médicale de la famille des Valérianées. En 1816, inva- 
riablement attaché à son maître, il le suivit à Genève, et y resta jusqu'à sa 
mort. 

Avec Perret, d’Aix-les-Bains, commence la série de nos infatigables collec- 
teurs, dont l'existence a été remplie par la recherche et l'étude des plantes 
indigènes de la Savoie. En 1795, Perret passa en Égypte à l'âge de trente- 
deux ans, et c’est à qu'il débuta dans l'étude de l’histoire naturelle; c’est aux 
rapports qui s'établirent entre le drogman de l’armée d'occupation et Delile, 
le directeur du jardin botanique du Caire, l’auteur de la Flore d'É gypte, et 
plus tard, le successeur de De Candolle dans la chaire de botanique de Mont- 
pellier, qu’il dut de compter parmi les botanistes de notre âge. Rentré en 1811 
dans le sein de sa famille avec de nombreuses collections, Perret tourna toutes 
ses pensées vers les productions de son pays. Le bassin d’Aix, le mont Semnoz, 


(1) Disionario geografico, storisco-statistico, commerciale degli stati di S. M.il re 
di Sardegna, compilato per cura del professore Goffredo Cazalis. Turin, 4836-1842. 
(2) Dans mes, Études intitulées : De Saussure, sa vie, ses voyages.et ses observations 


dans les Alpes de Savoïe, j'ai donné de plus longs détails sur la carrière scientifique de 
ce naturaliste. ; 


SESSION EXTRAORDINAIRE À CHAMBÉRY, JUILL.=AOUT 14863. 663 


la vallée dès Bauges, furent pendant près de vingt-six ans l’objet de ses inves- 
tigations, qu'il étendit, en 1828, au littoral de la Méditerranée. Montpellier, 
Marseille, Hyères et Nice furent successivement visités par lui à cette époque. 
Lié par les rapports de la plus étroite amitié avec Colla, il aimait à lui faire les 
honneurs de sa localité, et prenait plaisir à adresser ses trouvailles au botaniste 
piémontais, qui les a consignées dans son Æerbarium pedemontanum. L'her- 
bier de Perret fait aujourd’hui partie des belles collections du grand séminaire 
de Chambéry. Il a été remis en très-bon ordre par les soins de M. l'abbé Léon 
Rosset, professeur de théologie, qui compte parmi les sagaces invéstigateurs 
dé l’histoire naturelle de nos montagnes. 

Bonjean nous apparaît avec le même caractère : c’est le même dévouement, 
le même culte, la même passion pour les plantes de son pays, auxquelles il à 
exclusivement réservé toute son existence. C'est l’homme du Mont-Cenis par 
excellence, cenisius tanguam nuncupandus, pour user d’une expression de 
De Notaris, que nous aimons à lui conserver. Avec lui, les plantes de cette 
belle région sont poursuivies dans leurs rétraités les plus cachées, récoltées en 
nombre considérable et distribuées dans les principaux herbiers de l’Europe. 
Plusieurs d'entre nous, messieurs, ont pu voir au Jardin-des-plantes dé Paris 
ou dans l’herbier Delessert, des étiquettes pour ainsi dire microscopiques, sans 
signature, le plus souvent adhérentes à l'unique échantillon d’une plante 
alpine : ces étiquettes-là émanent du botaniste de Chambéry. Les indications 
qu’il a données relativement aux plantes de la Savoie ne sont pas toutes d’une 
certitude absolue, et plus d’une fois, dans l’ardeur incroyable avec laquelle il 
travaillait, Bonjean fat porté à doter son pays d'espèces qui ne lui appartiennent 
réellement pas. 

Huguenin, élève de Bonjean, marcha sur lès mêmes traces, subit les mêmes 
influences, et parut n’avoir d'autre souci que d’entasser récoltes sur récoltes 
pour arriver à multiplier ses échanges avec les principaux botanistes, Doué 
d'une santé de fer, d'une activité à toute épreuve, il parcourut les différénts 
points de la Savoie, les environs de Chambéry; Chamonix, la Tarentaise et là 
Matrienne. La vallée du Mont-Cenis fut toujours l’objet de ses courses de 
prédilection, vallée bien faite pour l’attirér et qui lui à toujours fourni la meil- 
leure part de ses abondantes provisions. Il récoltait de tout en grand et en 
nombre, opérant rapidement ses dessiccations, sachant merveilleusement con- 
server à ses plantes la fraîcheur de l'état de vie, justifiant ainsi le vieil adage 
médical : suto, cito et jucunde. En fait de zèle et de dévouement, il ne le 
cédait à aucun botauiste de son temps. Pour vérifier une localité nouvelle, pour 
rechercher une plante nouvellement indiquée, il ne connaissait hi repos, ni 
trêve, ni sacrifices. I était toujours prêt pour satisfaire les immenses besoins 
qui dévoraient son âme de chercheur. Comme on peüt le voir, Huguenin n'était 
pas un homme de cabinet, il n’a presque jamais eu le temps d'écrire. Toute 
fois, il a inséré dans lés Mémoires de l'Académie de Chambéry, dont il faisait 


664 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


partie, deux Votes : l’une Sur quelques plantes rares observées en Savoie, et 
l’autre Sur quelques plantes phanérogames qui aiment exclusivement le voi- 
sinage des habitations de l’homme. 

Les trois botanistes que je viens de nommer n'ont décrit, à la vérité, aucun 
des objets de leurs études favorites, mais je ne crains pas d’avouer que leur 
existence a été bien remplie, et que leur exemple prouve surabondamment qu'on 
peut bien mériter de l’histoire naturelle de son pays en recueillant et en classant 
les êtres qui appartiennent à son domaine. « Dans les sciences ‘naturelles, en 
» effet, quiconque joint à l’amour de la vérité, de l’exactitude dans l'esprit, 
» quelle que soit d’ailleurs la portée de son intelligence, peut aspirer à être 
» utile, Depuis le simple collecteur, qui n’a besoin, à la rigueur, que de bons 
» yeux et de bonnes jambes, jusqu’à ces intelligences supérieures qui, par des 
» rapprochements ingénieux et des inductions profondes, savent tirer des faits 
» particuliers l’expression des lois générales, il y a d’utiles travaux pour tous. » 
Cet avis d’un éminent botaniste de l’école de De Candolle est aussi le mien, et, 
comme lui, je crois que dans l'étude des œuvres de Dieu, il y a place pour tout 
le monde. 

La marche naturelle de cet exposé me conduit à inscrire ici le nom d’un 
observateur en qui se révélèrent, dès son jeune âge, des dispositions heu- 
reuses pour l’histoire naturelle. Né à Genève dans une position des plus mo- 
destes, Louis Coppier ne parvint qu’à travers mille difficultés à pouvoir donner 
carrière à ses goûts. Il se forma dans cette ville aux leçons de Reuter et s’éta- 
blit ensuite à Bonneville. Dans cette situation, au centre de la vallée de l’Arve, 
son champ d'exploration était trouvé : aussi la faune, la flore et la géologie du 
Faucigny furent alors l’objet de ses persévérantes et laborieuses recherches. Il 
était, depuis quatre ans, chargé de la direction du musée d'Annecy, lorsqu'un 
accident vint, en 1849, l'enlever prématurément à ses études et trancher le fil 
d’une existence appelée à de meilleures destinées. 

Quant au présent, qu'il est bon de relier au passé, nous trouvons autour de 
nous bon nombre d’adeptes. Dans la Savoie du Nord, MM. les abbés Cheva- 
lier, Delavay, Grosset, Mermoud, Puget, et MM. Dumont, Payot et Per- 
sonpat cultivent la science avec la même ferveur que leurs devanciers. — On 
doit à M. Dumont, de Bonneville, un Catalogue des plantes de la Tarentaise. 
— À Chamonix, M. Payot a rassemblé les plantes des vallées du Mont-Blanc 
et publié l’énumération des Lichens des montagnes qui les séparent dans les 
Annales des sciences naturelles du canton de Vaud. —M. l'abbé Delavay, 
dans la vallée de Megève, M. l'abbé Grosset, dans les montagnes des Aravis, 
M. l'abbé Puget aux environs d'Annecy, dont il a fait connaître les principales 
plantes, M. l'abbé Mermoud, qui a exploré une grande partie du Faucigny, 
sont au nombre des floristes doués du feu sacré, qu'ils savent heureusement 
entretenir. — M. l'abbé Chevalier, professeur au grand séminaire d'Annecy, 
possède une bibliothèque d'histoire naturelle des plus complètes. Explorateur 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMPÉRY, JUILL.-AOUT 1863, 665 


patient et intrépide, observateur d’une sagacité rare, il a découvert, le 40 juillet 
1861, dans les bois de sapins à Crest-Voland, canton d’Ugine, le 7réentalis 
europæa . Gette jolie Primulacée du nord de l’Europe, très-abondante dans 
cette localité au sommet du lieu que l’on indique vulgairement sous le nom de 
Grand- Bois, n’avait pas encore jusqu'ici de station connue dans le domaine de 
la flore française. Jadis professeur au collége des Barnabites à Montcalier, 
près de Turin, notre ami ne s’est pas fait faute de parcourir les bords du P6, 
la vallée de Pignerol, de remonter à plusieurs reprises jusqu’au Mont-Cenis et 
toujours avec un rare bonheur (1). 

Un autre membre de la Société, M. V. Personnat, nous est venu du littoral de 
l'Océan. Il à quitté la Charente-Inférieure pour les vallées du Haut-Faucigny, 
et dans sa nouvelle résidence, à Sallanches, il s’est constitué, dans l’ Abeille 
de Chamonix, Y'historiographe de ce merveilleux pays qu’il explore chaque 
saison avec zèle. Dans ses courses, notre confrère croit avoir découvert deux 
espèces nouvelles : l’une, Pedicularis Letourneuxii, qu'il a dédiée à son 
premier maître, et l’autre, ?hinanthus glacialis. Cette découverte me paraît 
mériter intérêt pourvu qu’elle soit confirmée ultérieurement. 

Un dernier souvenir se lie à la Savoie septentrionale. Sur les cafis du 
Valais, du Chablais et du Faucigny, est situé Champéry, village remarquable 
pour avoir été la patrie et la résidence d’un savant naturaliste, l’abbé Clément, 
grand ami de Saussure, mort en 1810, et le premier qui ait fait l'ascension 
de la Dent-du-Midi. On voyait dans son presbytère une bibliothèque de 
800 volumes, la plus riche du Valais, surtout en ouvrages d'histoire naturelle. 
IL est à regretter que cette bibliothèque ait été dispersée à la mort de son pro- 
priétaire. Le doyen Bridel, dans son Conservateur suisse, dit qu’on remar- 
quait encore chez lui «un herbier composé des plantes les plus rares des 
» Alpes, parfaitement desséchées et conservées; une collection de papillons et 
» d’autres insectes du pays, ainsi que plusieurs échantillons très-intéressants 
» de minéralogie ». L'herbier de Clément fut acheté par Ducrey, fondateur 
du collége de Mélan, pour la somme minime de quatre-vingts francs, et là, 
dans les fortunes diverses qui ont pesé sur l’établissement du nouveau de 
tairé, cette précieuse collection a totalement disparu. 

Si nous tournons nos regards du côté de la Savoie méridionale, nous ren- 
Controns d’autres prosélytes qui sont dans leurs localités des praticiens con- 
sommés. Les environs de Chambéry, la Maurienne et la Tarentaise, ont été 
l'objet des explorations de MM. Perrier et Songeon, auxquels nous devons une 
revue critique parfaitement faite du genre Gentiana. 


(4) Après la session du Mont-Cenis, M. l’abbé Chevalier et M. l’abbé Ravain, profes- 
seur d’histoire naturelle à l'institution de Combrée près d’ ‘Angers, ont visité la vallée du 
Reposoir, la vallée de Chamonix, et porté leurs pas jusqu’à la Mer-de-Glace. Ce voyage, 
malgré un temps peu favorable, a été signalé par la récolte de quelques plantes remar- 
quables, (Note ajoutée pendant l'impression.) 


HE hs 


666 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. Alfred Chabert (de Chambéry), aujourd’hui chirurgien juésié au 
67° de ligne, à Oran, après des courses multipliées dans le bassin de sa ville 
natale et dans le département de l'Isère, a communiqué à la session extraor- 
dinaire de Grenoble, en août 1860, une Æsquisse de la végétation de la 
Savoie, dans laquelle il s’est attaché à bien préciser la physionomie bota- 
nique de notre pays (voy. le Pull. t VII, p. 565). 

En Maurienne, nous possédons deux botanistes intrépides, qui connaissent 
mieux que personne la végétation du Mont-Cenis. Depuis longues années, 
cette localité privilégiée est l’objet de leurs investigations sans cesse renouve- 
lées. Le premier est le chanoine d’Humbert, professeur de physique au col- 
lége de Saint-Jean, et le second, le docteur Bellot (de Lanslebourg). L’herbier 
de ce dernier renferme des richesses nombreuses sur la flore de la Haute-. 
Maurienne. 

La Tarentaise à son Curieux de la nature dans un pharmacien de Moûtiers, 
M. Thabuis, qui a porté ses recherches principalement sur la vallée de Pra- 
tognan, vallée bien connue des Italiens au temps d’Allioni. 

M. Didier, sous-préfet d’Albertville, se range parmi les explorateurs du 
Mont-Cenis et surtout de la vallée de Saint-Jean-d’Arve, c’est à lui qu’on est 
redevable de la découverte en Maurienne du Tulipa Didieri Jord. 

Et, pour achever cette revue, à la fois rétrospective et contemporaine, je 
dois ajouter que notre éminentissime Président est, depuis plus de quarante 
ans, parmi nous le plus zélé et le plus constant, propagateur des études bota- 
niques. Le vénérable cardinal a compris de bonne heure les admirables rap- 
ports qui unissent la théologie à la science de Linné. Il a compris que l'Église 
ne peut rester en arrière d’aucune des nobles aspirations de l'esprit hu- 
main. La philosophie, l’histoire, la littérature, l’éloquence, ont eu dans son 
sein de grandes illustrations. La botanique a recruté dans les ordres monas- 
tiques un contingent de hardis explorateurs qui furent en même temps des 
savants de premier ordre. Barrelier, Boccone, Plumier, Feuillée, Labat, Char- 
levoix, sont des noms acquis à l’histoire de la science, noms illustres qui vien- 
nent surabondamment prouver que la science n’est pas incompatible avec les 
devoirs de la vie religieuse, et que l'étude de la nature, suivant la belle 
expression de M. le comte Jaubert, conduit aussi au vestibule de la prière. 
S. Ém. M£' Billiet a été des premiers, dans l’épiscopat, à introduire l'histoire 
naturelle dans son grand séminaire, où l'étude en est professée avec distinc- 
tion, et, au milieu de ses travaux de tout genre, elle a cultivé les différentes 
branches de notre science avec un attrait qui ne s’est jamais démenti. 

Messieurs, en terminant, je ne puis vous dissimuler toute la joie que j'ai 
éprouvée en retrouvant ici d'anciens amis, d'anciens camarades d’herborisa- 
tions, qui me rappellent la mémoire toujours aimée de notre regrettable maître 
Adrien de Jussieu, C’est Jui qui nous a ouvert la carrière; c’est auprès de 
lui que j'ai puisé le goût de la science, et ce sont ses propres IREDIFA FIN qui 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 4863. 667 


m'ont conduit, moi aussi, avec une sorte de passion et dans ces vallées et dans 
ces montagnes des Alpes, auxquelles se rattachent les glorieux souvenirs que 
j'ai eu l’honneur d’exhumer à vos yeux. La botanique savoyarde consacrera 
religieusement votre passage, et, tout en consignant dans ses annales la session 
extraordinaire du Mont-Cenis de 1863, elle a tout lieu d'espérer que ce ne 
sera pas la dernière, et qu’en temps opportun vous songerez à porter vos pas 
vers les lieux popularisés par le nom de Saussure. 


NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE CONCERNANT LES BOTANISTES DONT LES VOYAGES 
OU LES OUVRAGES SE RAPPORTENT PLUS OU MOINS DIRECTEMENT AUX 
: ALPES SAVOYARDES (1). 


Première série, — Botanistes suisses, 


49 JEAN BAUHIN, né à Bâle en 1541, mort en 4613, le plus distingué des botanistes 
de son temps, porta ses pas en Savoie et dans une grande partie de YEurope. II laissa 
en manuscrit une histoire universelle des plantes, qui ne fut publiée que quarante-sept 
ans après la mort de son auteur par les soins de Dominique Chabrey, médecin de la ville 
d’Yverdun, et de François-Louis de Graffenried, bailli bernois : 

Historia plantarum universalis et absolutissima, auct. J. Baubino et J.-H. Cherlero, 

quam recensuit et auœit Dom. Chabrœæus, juris verd publici fecit Fr. Lud. a Graf- 
fenried. 3 vol. in-fol. Ebroduni, 4650—1651. 

Cet ouvrage, véritable monument de la science du xvn° siècle, renferme la description 
de 5266 espèces ; il consigne la première et la plus ancienne mention d’une plante de 
Savoie, l'Artemisia Absinthium. 


2° Jon.-JAc. SCHEUCHZER a publié : 

Obpeatpoirns helveticus, sive ilinera per Helveliæ alpinas regiones facta, etc., in qua- 
tuor tomos distincta. In-4°. Lugduni-Batavorum, 1723. 

3° HALLER, né à Berne le 46 octobre 4708, mort dans la même ville le 42 décembre 


1777, visita le Salève, le Chablais, et exécuta plus de vingt-cinq excursions dans les 
montagnes de la Suisse, pour rassembler les matériaux de la flore helvétique. 


Historia stirpium indigenarum Helvetiæ. 3 vol, in-fol. avec un volume de planches. 
Berne, 1768. 


Cette Flore, classique en Suisse, renferme la description exacte de 2486 plantes. 


4° HoRACE-BÉNÉDICT DE SAUSSURE, né à Genève en 1740, professeur de philosophie 
en 1762, mort en 1799, a publié : 

Recherches sur l'écorce des feuilles et des pétales. 1 vol, in-12, Genève, 4762. 

Foy dans les Alpes. & vol, in-4°. Neuchâtel, t. 1, 4779 ; t. II, 4786 ; t, JUL et IV, 
. On y trouve l'indication de près de 300 plantes propres à plusieurs montagnes du Fau- 
Cigny et de la chaîne centrale. 

De deux nouvelles espèces de Trémelles douées d’un mouvement spontané (Journ. de 

physique, t. XXXNII, p. A01—409 ; décembre 4790), 
En mai 1790, Saussure, allant passer quelques jours aux eaux d’Aix-les-Bains, Bonnet 


(1) On a eru convenable de joindre à cette notice l'indication des travaux publiés 
Pendant le laps de temps qui s’est écoulé entre la session tenue à Chambéry et la date 
de cette publication (Note ajoutée pendant l'impression, janvier 1867), 


668 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


lui recommanda de voir si ces eaux thermales ne seraient pas habitées par quelques êtres 
vivants. De Saussure observa dans ces eaux trois espèces de Trémelles : 4° la Trémelle 
d’'Adanson ; 2° la Trémelle blanche ; 3° la Trémelle à cloisons rapprochées. 

De Candolle lui a dédié, sous le nom de Saussurea, un genre de Cinarocéphales 
dont deux espèces, Saussurea alpina DC., et S. depressa Grenier, habitent les mon- 
tagnes élevées de la Savoie, et une troisième le mont Belledonne près Grenoble. 


5° JEAN-JACQUES ROUSSEAU, né à Genève en 4712, mort à Ermenonville en 1778, a 
herborisé, avec son ami Daquin, dans les environs de Chambéry et principalement dans 
la vallée des Beauges, Il a publié sur la botanique : 

Letires élémentaires sur la botanique, adressées à madame Delessert. 4 vol. in-8°. 

Paris, 1793. 


6° GAuDIN, né à Longirod près Nyon (canton de Vaud) en 1766, pasteur de Nyon en 
4821, mort en cette ville en 1833, se signala par différents voyages en Savoie, notam- 
ment dans les vallées du Reposoir et de Chamonix. Il a publié : 

Flora helvetica. 7 vol. in-8°. Turici (Zurich), 1828—1833. 

Le tome VII fait mention des plantes du Méry, du Brévent, du col du Bonhomme, du 
col de Balme et du Salève. 


7° BERGER, docteur en médecine, né à Genève le 22 juin 14779, mort en cette ville le 
5 juin 1833, fit en 1777, 1800 et 1802, des courses dans la vallée de Thônes et dans 
celle du Reposoir pour y mesurer les hauteurs à l’aide du baromètre et y étudier la na- 
ture dans ses diverses productions. 

Il a fait paraître le récit de ses excursions dans le Journal de Physique, t. LXIV, 
année 1807. 


8° AUGUSTIN-PYRAMUS DE CANDOLLE, né à Genève le 4 février 1778, professeur à la 
Facuité de médecine de Montpellier en 4807, professeur d'histoire naturelle à l’Académie 
de Genève en 1817, mort en cette ville le 9 septembre 1841, a publié : 
Flore française de J.-B. de Lamarck. 5 vol. in-8°. 3e éd. Paris, 1805 ; t. VL, Paris, 
1815. 
On trouve, dans ce dernier, la mention de plusieurs localités de Savoie. 
Mémoire sur la géographie des plantes de France, considérée dans ses rapports avec la 
hauleur absolue (Mém. de la Soc. d’Arcueil, t. III, 4817, pp. 262-362). 
Essai élémentaire de géographie botanique (Dict. des sciences naturelles, t. XVWI, 
1820, pp. 359-422). 
Projet d’une Flore physico-géographique de la vallée du Léman. 4 vol. in-8°, Genève, 
1821 ; 2° éd., Genève, 1834, 


90 JEAN-ÉTIENNE Dugy, né à Genève en 1798, a publié : 


Botanicon gallicum. 2 vol in-8°. Paris, 4828—1830. 
Les Alpes de Savoie y sont fréquemment citées. 


10° ALPHONSE DE CANDULLE, né à Paris en 4806, a publié : 

: Géographie botanique raisonnée. ou Exposition des faits principaux et des lois concer- 
pant la distribution géographique des plantes de l’époque actuelle. 2 vol. in-8°. 
Paris, 1855. 

_ 449 EpmonD BolssiER, né à Genève, connu par ses voyages en Espagne, en Orient, et 

par ses publications sur les plantes orientales, possède un herbier magnifique, qu'il met 

libéralement à la disposition des travailleurs et que l’on consulte toujours avec fruit, 
même pour les plantes indigènes de Savoie. 


12° REUTER, directeur du jardin botanique de Genève, a publié : 


Catalogue des plantes vasculaires qui croissent naturellement aux environs de 
Genève. 1 vol, Genève, 1861 ; 2° éd. 


Les localités de Savoie y sont nombrenses et multipliées, 


SESSION EXTRAORDINAIRE À CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 669 


139 D. Rapin, né à Yverdun, ancien pharmacien en celle ville, fixé à Genève depuis 
quelques années, a publié : 
Guile du botaniste dans le canton de Vaud, comprenant en outre le bassin de Genève 
et le cours inférieur du Rhône en Valais. 1 vol. in-12. 2° éd. Genève, 1862. 


14° CHAVIN, né à Chène près Genève en 1800, professeur particulier à Fribourg en 
1824, nommé à la cure de Compesière en 1831, possède un herbier des plus remar- 
quables et des plus complets au point de vue des plantes de la Suisse et des Alpes. 


15° J. MuELLER, né dans le canton d’Argovie, conservateur de l’herbier De Candolle, 
a publié : 
Principes de classification des Lichens et énumération des Lichens des environs de 
Genève. In-4°. Genève, 1862. 
16° FAUCONNET, médecin en chef de l'hôpital cantonal de Genève, savant botaniste, 
que son zèle a conduit, à différentes reprises, dans les parages de la Haute-Savoie. 


47° CÉSAR DUCOMMUN, né à Genève, secrétaire du bureau des étrangers de cette ville, 
se range parmi les explorateurs des Alpes et entretient une correspondance active avec 
les botanistes. 

48° ALFRED et ÉDOUARD HuEr, nés à Genève, indépendamment de leurs courses loin- 
taines, ont fait, pendant de longues années, d’actives et fructueuses recherches sur le 
territoire savoyard. 


Seconde série, — Botanistes italiens. 


19 BOCCONE, naturaliste voyageur, né à Palerme en 1633, professeur à Padoue, mort 
en 1714 religieux de l’ordre de Cîteaux. On lui doit : 
Icones et descriptiones rariorum plantarum Siciliæ, Melitæ, Gailiæ et Ilaliæ. In-4°, 
avec 52 pl. Lyon, 1674. 
Museo di piante rare, etc. In-A°, Venetia, 1697. 
Dans ce dernier ouvrage, Boccone signale Achillea macrophylla, Geranium pyre- 
naicum, in montibus Sabaudiæ. 
20 ALLIONI, né à Turin en 1725, mort en cette ville en 1804, professeur de botanique 
à l’Université et directeur du jardin du Valentin, a publié : 
Flora pedemontana, sive enumeratio melhodica slirpium indigenarum Pedemontii. 
3 vol. in-fol. Turin, 4785. 
Le tome II renferme quatre-vingt-douze planches avec les figures exactes de 237 
espèces. 
Auclarium ad Floram pedemontanam. Yn-fol. Turin, 1789. 


3° PIERRE CORNALIA et VITALIANUS DONATI, nés à Turin, explorèrent le Mont-Cenis 
pendant plusieurs années. : 

4° CHaRves-Louis BELLARDI, né à Cigliano près Verceil en 4741, mort à Turin en 
1828, doyen des médecins de cette ville et directeur du jardin botanique, On lui doit : 

Observations bolaniques avec un appendice à ia Flore piémontaise. In-8°, Turin, 

1788. 

Appendix ad Floram pedemontanam. In-8°. Turin, 1791, 

Stirpes novæ vel minus notæ Pedemontii. In-8°. Turin, 1802. 

Bellardi mentionne la présence en Savoie du Galium montanum, de l'Hieracium 
saxatile et du Rosa rubrifolia. 

5e PIERRE et IGNACE MOLINERI, nés à Turin, botanistes voyageurs, qui se vouèrent à 
la recherche des plantes dàns les Alpes. : 


6° PEYROLERI parcourut les Alpes pour peindre les plantes sur place. , 


‘670 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
7° LAvy, élève d’Allioni, médecin piémontais, professeur adjoint de botanique à 
l’Université, né à Turin, a publié : 
Stationes plantarum in Pedemontio indigenarum, auctore Johanne Lavy, philosophiæ 
ac medicinæ doctore. In-12. Turin, an IX de la république, 
Cet opuscule mentionne près de 65 espèces du Mont-Cenis. 


89 RE, médecin à Suzé, a fait paraître : 
Flora Segusiensis. In-12. Turin, 1806. 


© 9° Bazmis, né à Moretta, village du Piémont, en 1765, directeur du jardin des 
Plantes de Lyon en 1819, mort dans son pays natal en 1831, a publié : 

Flora Taurinensis. In-8°. Turin, 1806. 

Miscellanea botanica. In-4°, Extrait des Actes de l’Académie de Turin, 4804. 


Dans cet ouvrage, l’auteur indique au Mont-Cenis : Geranium aconitifolium, Gnapha- 
lium norvegicum et Hieracium angustifolium. 
40° CoLLA, né à Turin, membre de l’Académie des sciences de cette ville, a publié : 


Herbarium Pedemontanum juxtà methodum naturalem dispositum. 8 vol. in-8°. 
Turin, 1833—1837. 


Perret, Bonjean et Huguenin ont fourni à l’auteur de nombreuses indications relatives 
aux plantes de leur pays. S. Ém. Mgr Billiet, alors évêque de Maurienne, qui s’occupait 
d’études lichénographiques auxquelles, il n’a jamais renoncé, lui communiqua ses décou- 
vertes et ses observations sous ce rapport. 


11° BERTERO, docteur en médecine et membre de l’Académie des sciences de Turin, 
mort dans la traversée de Tahiti au Chili en avril 4830, parcourut plusieurs fois le Mont- 
Cenis avec son ami Colla, et visita seul la vallée de Chamonix, où il rencontra Thalic- 
trum fœtlidum et Saæifraga cuneifolia. 


12° Mois, directeur du jardin botanique de Turin, professeur de botanique à l’Uni- 
versité, auteur du Flora Sardoa. 

43° PoNSERO, médecin et professeur de philosophie à Suze, a fait paraître : 

Le Guide du voyageur à Suze et sur le Mont-Cenis. In-8°. Suze, 1831. 


44° DE NOTARIS, professeur de botanique à l’Université de Gênes, a publié : 


Syllabus Muscorum in Italia et in insulis circumstantibus huc usque cognilorum. 
In-8°. Turin, 1838. 


Une large part est faite dans cet ouvrage à la végétation bryologique du Mont-Cenis, 
d’après les communications fournies à l’auteur par Bonjean et par Huguenin. 

15° PARLATORE, professeur de botanique et directeur de l’herbier central au musée 
de physique et d’histoire naturelle de Florence, a publié : 


Viaggio alla catena del monte Bianco e al gran San-Bernardo. In-8°. Florence, 
1850. # DATE 


Flora Italiana. In-8°, Florence, 1848-1858. 


Jusqu'ici il n’a paru que les trois premiers volumes de cet important ouvrage. Une 
légitime impatience fait désirer les trois autres annoncés par l’auteur. 


Troisième série. — Botanistes anglais. 


4° JEAN RAY, né dans le comté d’Essex en 1668, mort à soixante-dix-sept ans, à 
publié : 
Stirpium europæarum extra Britannias nascentium, etc. In-8°. Londres, 1694. 


On trouve dans cet ouvrage la liste des plantes que Ray a rencontrées autour de Canne 
dans son voyage de 1672, et, chose remarquable, les plantes citées par a , 
anglais se retçouvent les mêmes, à cent quatre-vingts ans de distance, et à la mêm 


SESSION EXTRAORDINAIRE À CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 671 


place. Ce fait n’est pas en faveur de ceux qui professent la transformation des espèces et 
qui imaginent qu’il n’y a rien de stable sous le soleil. 


2° SmrrH, auteur du Botanicon anglicum. 


Quatrième série, — Botanistes allemands. 


1° ALEXANDRE DE HUMBOLDT, né à Berlin le 14 septembre 1769, mort en cette ville 
le 6 mai 1859, à quatre-vingt-dix ans, a publié : 
Specimen Floræ subterraneæ Fribergensis, avec des aphorismes annexés sur la phy- 
siologie chimique des plantes. In-4° avec planches. Berlin, 1793. 
Essai sur la géographie des plantes, accompagné d’un tableau physique des régions 
équinoæiales. In-4°. Paris, 1805. 
L'illustre naturaliste nous apprend dans la préface de cet ouvrage que les matériaux 
sur la géographie des plantes des hautes Alpes lui ont été fournis par De Candolle. 
De distributione geographica plantarum secundum cœli temperiem et altitudinem 
montium. In-8°, Paris, 14817, 


2° FRÉDERIC SCHOUW a publié : 
Climat de l'Italie. 


3° WABLENBERG, médecin de Stockholm, a publié : 
De vegetatione et climate in Helvetia septentrionali inter Rhenum ct Arolam. In-8°. 
Zurich, 1813, 
L'auteur fait suivre les considérations générales auxquelles il se livre de la descrip- 
tion des plantes ramassées par lui en 4812, durant son voyage et son séjour en Suisse. 


A HERMANN et ÉDOUARD SCHLAGINTWEIT, nés à Vienne (Autriche), publièrent : 

Untersuchungen ueber die physikalische Geographie der Alpen (Recherches sur la 
géographie physique des Alpes). Grand in-8° avec onze planches et deux cartes. 
Leipzig, 1850. 


Cinquième série. — Botanistes français. 


19 TOURNEFORT, né à Aix en Provence le 5 juin 1656, professeur au jardin du Roi 
en 1683, membre de l’Académie des sciences en 1691, mort à Paris le 28 novembre 
1700, à cinquante-trois ans. 


2° COMMERSON, né à Châtillon-les-Dombes (Ain) le 48 novembre 1727, docteur en 
médecine attaché en qualité de naturaliste à l'expédition de Bougainville en 1766, mort 
YIle-de-France le 143 mars 1773, âgé seulement de quarante-six ans. 


30 Louis GÉRARD, ami de Linné et de Commerson, né à Cotignac (Var), le 16 juillet 
1733, docteur en médecine à Montpellier en 1753, membre correspondant de l'Académie 
des sciences en 1787, a publié, après quatre années remplies par des courses intrépides 
sur les plus hautes montagnes : 

Flora gallo-provincialis. In-8°, Paris, 1764. 

Cet ouvrage renferme de nombreuses indications sur les plantes de la Savoie et du 
Mont-Cenis. 


4° ViLLaR, né au Villar, hameau du Noyer, entre Saint-Bonnet et Lesdiguière (Hautes- 
Alpes), le 44 novembre 4745, professeur de botanique à la Faculté de médecine de Stras- 
bourg en 1805, doyen de cette Faculté en 4809, mort à Paris le 20 juin 4814, a publié : 

Histoire des plantes du Dauphiné. 3 vol. in-4°, 1786, 1787 et 1788, 

Cet ouvrage renferme la description de 2744 espèces, dont 2732 ont été, suivant 
l'expression de l’auteur, vues de ses propres yeux, et recueillies de sa propre main. 


V1: : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 
5° NICOLAS-CHARLES SERINGE, né à Longjumeau, fixé à Genève en 1821, directeur du 
jardin botanique de Lyon en 1832, mort en cette ville en 1850. 


On lui doit la publication en échautitlons desséchés des plantes du Pormonnaz, dans la 
vallée de Chamonix. 


6° CHARLES DES MouLiNs, né en 1799, président de Ja Société Linnéenne de Bordeaux, 
a publié : . 
État de la végétation sur le pic du midi de Bigorre au 17 voclobre 1840 (Actes de 
l’Académie de Bordeaux, 1844). 


On y trouve plusieurs faits concernant la végétation de Chamonix. 


7° HENRI LECOQ, professeur d’histoiré naturelle à Clermont-Ferrand, a publié : 

Études sur la géographie botanique de l’Europe, el en particulier sur La végétalion 
du plateau central de la France, in-8°. Paris, t. I, 41 et II, 4854; t. IV, 1855; 
t. V, 1856; t. VI et VII, 1857: t. VIII et IX, 1858. 


8° ALEXIS JORDAN, né à Lyon, a publié : 


Diagnoses d'espèces nouvelles ou méconnues, jour servir de matériaux à une flore 
réformée de la France et des contrées voisines, t. I", in-8°, Paris, 1864. 


9° CHARLES BEAUTEMPS-BEAUPRÉ, né à Grauvilie (Manche), docteur en droit, procu- 
reur impérial à Mantes (Seine-et-Oise). 

100 JACQUES GAY, né à Nyon (canton de Vaud) le 11 octobre 1786, l’un des fondateurs 
de la Société botanique de France en 1854, mort à Paris le 16 janvier 1864, a publié: 


Aëthionemalis, Cruciferarum generis, species nova pedemontana (Annales des sciences 
naturelles, 3° série, t. IV, p. 81, 1845). 
Le Trientalis europæa devenu français (Bulletin de la Société botanique de France, 

t. VIE, p.762, et t. IX, p. 4; 1859 et 1862). 


110 CHARLES MARTINS, professeur d'histoire naturelle à la Faculté de médecine de 
Montpellier et directeur du jardin botanique, a publié : 

Essai sur la météorologie et la géographie botanique de la France (Dans Patria, 
in-12). Paris, 4845. 

La Végétation du Spitzberg comparée à celle des Alpes et des Pyrénées (Bulletin de 
la Sociélé botanique de France, t. XII, p. 144, 1865). 

Du Spitzberg au Sahara, étapes d’un naturaliste au Spitzberg, en Laponie, en Écosse, 
en Suisse, en France, en lialie, en Orient, en Égyple.et en Algérie. In-8°. Paris, 
1866. 

12° CHATIN, professeur de botanique à l'Ecole de pharmacie de Paris, a publié : 


Excursion botanique dirigée en Savoie et en Suisse (Bulletin de la Société gt: id 
de France, t. VIII, pp. 127, 210, 302 et 333, 1861). 


130 ALFRED DÉSÉGLISE a étudié particulièrement, avec le concours de M. l'abbé Puget, 
les Rosa de la Savoie. 11 en a publié déjà un certain nombre d'espèces dans son Herbarium 
Kosarum. Il en a décrit plusieurs dans les mémoires suivants : 


Description de quelques espèces nouvelles du genre Rosa (in Billotia, 4° volume, 1866). 
Révision de la section Tomentosa du genre Rosa (Extrait des Mémoires de la Socilé 
académique d'Angers, t. XX, 1866). 


Sixième série. — I, Anciens botanistes savoyards. 


40 Voysix, né à Annecy en 1686, mort dans la même ville vers 1750, forma une col- 
lection des plantes de son pays qui s’est complétement perdue. 


29 ÉMINET, né à Annecy, membre correspondant de l’Académie des sciences de Turin, 
mort dans cêtte ville en 4799. 


39 BOJEARON, né à Chambéry, professeur de pharmacie, mort dans cette ville en 1750. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBERY, JUILL.-AOUT 41863. 673 


4° DAQUIN, né à Chambéry le 14 janvier 4732, professeur d'histoire naturelle à l’école 
centrale du Mont-Blanc, mort dans cette ville le 41 juillet 3812, à publié : 


Topographie médicele de la ville de Chambéry et de ses environs. In-8°. Cham- 
béry, 1787. 


On y trouve la mention de quelques plantes indigènes. 


9° ALEXIS VICHARD DE SAINT-RÉAL, ami de Saussure, membre de l’Académie des 
sciences de Turin, né à Saint-Jean-la-Porte (Savoie) vers 1748, intendant de Maurienne 
en 1780, intendant du duché d'Aoste en 1786, intendant général des bois et forêts de 
la Sardaigne en 1804, mort à Turin vers 1825, a laissé un manuscrit sur l'Histoire 
naturelle du Mont-Cenis et de ses environs. 


60 JEAN-JACQUES PERRET, né à Aix-les-Bains le 25 janvier 1762, interprète de l’armée 
d'Egypte en 1799, mort à Aix le 24 mars 1836. 


7° JEAN-LOUIS BONJEAN, né à Chambéry en 1780, mort en cette ville en 1846, a 
publié : 

Catalogue des plantes du Mont-Cenis. In-4° de 32 pages. 

8° AUGUSTE HUGUENIN, né à Chambéry en 1780, mort le 25 juillet 1860, a publié : 


Note sur quelques plantes rares observées en Savoie (Mémoires de l’Académie royale 
de Savoie, 2° série, t. Il, 1854, p. 409 ; en G pages). 
Note sur quelques plantes phanérogames qui aiment le voisinage de l’homme (ibid., 
p. 235; en six pages). 
Les herbiers de Bonjean et d’Huguenin font partie des collections de la Société d’his- 
toire naturelle de Chambéry. - 


90 Louis CoPPiER, né à Genève, conservateur du musée d’Annecy en 1846, mert en 
cette ville en 1849. 


El. Botanistes savoyards cont po 


1°-FR. DUMONT, pharmacien, né à Bonneville, a publié : 
Plantes de Tarentaise observées pendant l'été de 1860'(Bullelin de la Société d'histoire 
naturelle de Chambéry, 1849—1850, p. 221). 
Dans ce catalogue, M. Dumont attribue à tort la découverte du Meum adonidifoliunr 
à Huguenin. La paternité de cette découverte dans le bassin de Laval revient de tout 
droit à M. J. Gay. : 


Thermographie et Hipsométrie de la Savoie. In-8° (Extrait des Bulletins de la Société 
d'histoire naturelle de Savoie). Tirage à part en brochure de 126 pages. 
Ce travail, exécuté par M. Dumont en collaboration avec M. Gabriel Mortillet, devait 
former la première partie d’une Histoire des mollusques terrestres el d'eau douce vivants 
et fossiles de la Savoie et du bassin de Léman. 


2° VÉNANCE PAYoT, né à Chamonix, a publié : 


Catalogue des Fougères du Mont-Blanc. In-18. Gers AT 

Catalogue phytostatique des plantes cryptogames cellulaires, ou Guide du Lichénologue 
au Mont-Blanc, et sur les montagnes entre les vallées de Sixt, Divzas, Servoz, 
Chamounix, Berard, Valorsine, Trient, Champé, Essert, Ferret, Entréves, Alée- 
Blanche, Champin et Mont-Joie, comprises dans un rayon de 20 kilomètres (Extrait 
du Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, n° 47.) Tirage à part en 
brochure in-8° de 32 pages. Lauzanne, 1860. 

Énumération des Mousses nouvelles, rares ou peu connues, des environs du Mont- 

… Blanc (Extrait du Bulletin de la même Société, n° 53.) Tirage à part en brochure de 
8 pages, 1865. / 

Cette nomenclature est suivie d’une énumération des Diatomées de la vallée de Cha- 

monix, déterminées par M. le comte F. Castracane. 


674 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


3° L'’ABBÉ DELAVAY, né aux Gets (Haute-Savoie) en 1824, d’abord vicaire à Sérraval, 
puis vicaire à Allonzier près Annecy, a exploré avec beaucoup de soins le mont Charvin, 
le col des Aravis et la plus grande partie de cette chaîne (1). 


4° L’ABBÉ GROSSET, né à Praz-de-Megève, vicaire de la Clusaz, connaît très-bien les 
plantes de sa vallée qu’il étudie avec une persévérance des plus louables. 


5° L’ABBÉ PUGET, né à Fégère près Saint-Julien en 1829, précepteur chez madame de 
Livet au château de Monthoux près Annecy, a publié : 


Enumération des plantes des environs d'Annecy (Revue de l'association florimontane, 
année 1855). 


M. l’abbé Puget a visité avec beaucoup de soin plusieurs localités du Chablais, la moins 
connue de nos provinces, et y a fait d’heureuses trouvailles pour la botanique de Savoie. 


6° L’ABBÉ MERMOUD, professeur de mathématiques au petit séminaire de la Roche, né 
aux Contamines (Haute-Savoie) en 1838, a parcouru la vallée de Mont-Joie et la vallée du 
Reposoir, 


7° L’ABBÉ ÉTIENNE CHEVALIER, né à Crest-Voland (Savoie) le 42 mai 1826, professeur 
de belles-lettres chez les Barnabites à Montcalieri près Turin en 1851, professeur de 
physique et de philosophie à la Roche en 1856, actuellement professeur au grand sémi- 
naire d'Annecy, possède une bonne bibliothèque d’histoire naturelle et des collections 
nombreuses. 

Ses pérégrinations multipliées dans les principales vallées du sol savoyard le rangent 
parmi nos plus sagaces explorateurs. 


89 et 9° A. SONGEON, né à Chambéry, et E. PERRIER DE LA BATHIE (de Conflans), ont 

publié : 

Notes sur des plantes nouvelles ou peu connues de la Savoie (4nnot. à la Flore de 
France et d'Allemagne, décembre 1849). 

Indication de quelques plantes nouvelles, rares ou critiques, observées en Savoie, 
spécialement dans les provinces de la Savoie propre, Haute-Savoie et Tarentaise, 
suivie d’une revue critique de la section Thylacites du genre Gentiana (Extrait des 
Annales de la Société d'histoire naturelle de Savoie, 1855), 


40° AcFRED CHABERT, né à Chambéry, chirurgien aide-major au 67° régiment de 
ligne, a publié : 
Études sur la géographie botanique de la Savoie (Bulletin de la Société botanique de 
France, t. NI, p. 291 ; année 4859). 
Note sur le Pedicularis Barrelierii (Bulletin de la Société botanique de France, t. VI, 
p. 193, année 1859). 


11° D’HumERT, chanoine et professeur de physique au collége de Saint-Jean de Mau- 
rienne, est très-versé dans la connaissance des plantes de la Maurienne et du Mont- 
Cenis. à 


42° DR. BELLOT, né à Lanslebourg, connaît parfaitement la vallée de l'Arc. Son her- 
bier est très-riche en plantes du Mont-Cenis et des montagnes de la Maurienne, 


13° THABUIS, naguère pharmacien à Moûtiers, aujourd’hui fixé à Annecy, a porté ses 
recherches sur la Tarentaise, 


449 Diprer, sous-préfet d’Albertville, a visité la Maurienne, le Mont-Cenis, ét plus 
particulièrement la vallée de Saint-Jean-d’Arve. 


15° BourGEAU, né en 1813, au village de Brizon, près Bonneville, voyageur natura- 
liste de l’Association botanique française. d'exploration, actuellement au Mexique, a 


(1) En octobre dernier, M. l'abbé Delavay est parti pour Paris, se destinant aux 
missions étrangères. Il a laissé son herbier ét ses ouvrages d’histoire naturelle entre les 
mains de son frèré, vicaire à Viuz-en-Sallag. (Note ajoutée pendant l'impression, dé- 
cembre 1866.) 


SESSION EXTRAORDINAIRE À CHAMBERY, JUILL.-AOUT 1863. 675 


porté ses pas dans toutes les parties du globe. La France méridionale, l'Espagne, le Por- 
tugal, l’Algérie, les Canaries, l’Asie-Mineure, l’Amérique du Nord ont plus particulière- 
ment été l’objet de ses recherches. 

M. Bourgeau a revu son pays natal en 4860 et en a publié un exsiccata. Nous devons 
à cette circonstance de l’inscrire parmi les explorateurs de la vallée du Reposoir et de la 
chaîne du Vergy. 


169 S. Ém. Mgr. BILLIET, né aux Chapelles, en Tarentaise, le 28 février 4783, l’un des 
fondateurs de l’Académie de Savoie en 1819, sacré évêque de Maurienne le 19 mars 
1826 ; transféré du siége de Maurienne à celui de Chambéry, le 27 avril 4840, promu 
à la dignité de cardinal le 28 septembre 1851. 


Nous devons à S. Ém. de nombreuses publications sur l’histoire et l'archéologie, sur 
la statistique, sur la physique et la météorologie, sur la géologie et la médecine. Bien 
qu’Elle n’ait rien écrit sur la botanique, cette dernière n’en est pas moins restée sa 
science de prédilection, surtout dans la partie cryptogamique. 

La collection lichénographique de S. Ém. est un modèle du genre, collection étudiée et 
entretenue avec un amour sans égal et une persévérance digne des plus beaux temps de 
la science. 


17° Louis Bouvier, docteur an médecine, ancien professeur d'histoire naturelle au 
<ollége Chaptal de Paris, de 1841 à 1846, ancien conservateur du musée d’histoire natu - 
relle de la ville d'Annecy, de 4851 à 1855 , fondateur de l’Association florimontane de 
cette ville pour l’encouragement et le progrès des sciences et des arts, en 1851, a par- 
couru la plus grande partie des Alpes de Savoie, le Languedoc, la Provence, Nice et les 
bords voisins de la Méditerranée. Il a publié : 
Bichat et son système de physiologie. In-4° de 62 pages (1850). 
Cette étude a valu à son auteur une lettre de félicitation de la part de M. de Parieu, 
ministre de l’instruction publique (2 août 1850), 
Biographie du botaniste Jean-Jacques Perret, d’ Aix-les-Bains. In-8°, 10 pages (1852). 
De l'emploi des eaux sulfureuses d’Aix-les-Bains dans l’incubation artificielle. In-8°, 
45 pages (1852). ‘ 3 
Le Jardin de la Mer-de-glace et sa végétation. In-8°, 16 pages (1854). 
Le nouveau Cardinal de Chambéry. In-8°, 4 pages (1861). 
Le Congrès de la Sorbonne et la session scientifique de Manchester. In-8°, 31 pages 
1862). 
La Noirs rouge. In-8°, 8 pages (1862). Reproduit in eætenso dans la deuxième 
année des petites chroniques scientifiques de Sam (Henry Berthoud). k 
Simon Bigeæ, secrétaire de Voltaire, d’après des papiers de famille inédits. 6 pages 
(1863), 
De Saussure, sa vie, ses voyages et ses observations dans les Alpes. 60 pages (1863). 
Le Mont-Cenis, son histoire et sa végétation. 32 pages (juillet 1863). 
La Chaîne des Aravis. Topographie botanique, histoire et statistique des vallées de la 
Clusaz, du Grand-Bornand, du Reposoir et de Thônes. 84 pages (1866). 
La Session extraordinaire de la Sociétébotanique de France à Annecy et à Chamonix. 
In-4° à deux colonnes de 12 pages (1866). 


M. Eug. Perrier de la Bathie, secrétaire, donne lecture du travail 
suivant : 


APERÇU SUR LA DISTRIBUTION DES ESPÈCES VÉGÉTALES DANS LES ALPES DE LA SAVOIE, 
par MM. E. PERRIER DE LA BATHIE ct A. SONGEON. 


En jetant un coup d'œil sur la carte géologique de la Savoie, on remarque 
bien vite que du groupe des montagnes de la Grande-Chartreuse, épais massif 


676 . 7 société BOTANIQUE DE FRANCE. 

situé à l'extrémité sud-ouest de notre territoire, entre Ghambéry et Grenoble, 
il se dégage une longue série de montagnes en dos-d’âne plus ou moins élevées, 
aux pentes rapides, échelonnées du sud au nord. Cette ligne, constituée par 
le Mont-du-Chat, le Colombier, Collonges et le Reculet, ferme la partie occi- 
dentale de la Savoie, et de là, changeant un peu de direction, va se continuer 
bien au delà de nos frontières. Ge sont les différents étages du calcaire juras- 
sique (auxquels elle a donné son nom) qui composent cette chaîne, bien 
connue sous le nom de chaîne du Jura. 

A son point d'arrivée en Savoie, le massif de la Grande-Chartreuse, qui 
n’est que le prolongement de la grande chaîne calcaire du Dauphiné, poursuit 
sa route du sud-ouest au nord-est, de Montmélian jusqu’au lac Léman, tra- 
versant ainsi tout notre territoire qu’il dépasse au loin. Ses limites occiden- 
tales sont Aïx, Annecy, la Roche et Thonon; à l’est, il est borné par Arvil- 
lars, Aiguebelle, Albertville, Ugines, les Contamines, Servoz et Saint-Maurice 
en Valais. Des cimes émoussées, des pyramides tronquées aux flancs abrupts, 
couronnées par des escarpements verticaux qui en défendent le sommet, dont 
la hauteur atteint souvent et dépasse quelquefois 2000 mètres, caractérisent 
cette chaîne composée au point de vue géologique par les terrains jurassiques, 
néocomiens et nummulitiques, bordés par le lias à leur point de contact avec 
le terrain cristallin. Nous désignons cette chaîne sous le nom de chaîne cal- 
caire centrale. L'espace triangulaire décrit par les deux lignes que nous 
venons de tracer, dont le sommet est indiqué par Aix, et la base par une ligne 
droite tirée de Bellegarde à Thonon, renferme des plaines et des collines con- 
stituées par les mollasses et l’alluvion ancienne. Vers le centre de ce triangle 
s'élève la petite chaîne néocomienne du Salève. 

A l’est de Ja chaîne calcaire centrale, et la longeant sur tous les points, se 
développe une zone de pics déchiquetés couverts en plusieurs endroits de 
neiges éternelles, composés de talcschistes, gneiss, et autres roches cristal- 
lines. Coupant la Savoie tout entière et embrassant le Mont-Blanc, sa limite 
orientale, est une ligne qui, partant d’Allemont, passé par la Chambre, le 
col de la Magdeleine, Petit-Gœur, Naves, Roselein, le col du Bonhomme, le 
col de la Seigne, aboutit à pa en Valais, et forme notre zone grani- 
tique (terrain talqueux de M. Grat), 

L'espace compris entre cette large bande de terrain et les frontières ita- 
liennes qui suivent la ligne de faîte de la grande chaine des Alpes sera, pour 
nous la région sud-est. Hérissée de pics aigus qui dépassent partout, le niveau 
des neiges perpétuelles, recouverte cà et là de glaciers étendus, cette région 
tourmentée est composée, au point de vue géologique, principalement par les 
terrains triasiques et accessoirement par les terrains nummulitiques et houil- 
lers, avec quelques larges trouées laissant percer les formations cristallines. 

Au massif de la Grande-Chartreuse se rattpeñant un petit nombre d'espèces 
de plantes dont l'aire de végétation, qui coïnmezce vers le sud hors de nos 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 677 


limites, vient S'y terminer; ce sont les Æypericum nummularium, Silene 
saxifraga, Ononis fruticosa, Potentilla nitida, Gentiana angustifolia Vill, 
Parmi les espèces venues dans le même sens ou nées sur ce groupe de mon- 
tagnes, les unes se dirigent au nord en suivant la chaîne occidentale, et se 
continuent dans le Jura proprement dit bien au delà de notre territoire. Les 
autres, abandonnant cette ligne, prennent une autre direction pour suivre la 
chaîne calcaire centrale. Une troisième phalange moins exclusive adopte indif- 
féremment les deux lignes. 

Nous citerons parmi les premières : Ranunculus gracilis, Helianthemum 
apenninum, Viola virescens, Dianthus monspessulanus, Alsine Bauhinorum, 
Athamanta Libanotis, Laserpitiuin pruthenicum, Cirsium bulbosum, Crepis 
præmorsa, Pinguicula grandiflora, Phleum Michelii, etc. 

Parmi les secondes : Arabis pumila, Viola sciaphila, Silene bryoides Jord., 
Polygala alpestris Rchb., Astragalus depressus, Rhamnus pumila, Saxi- 
fraga mutata, Galium tenue Vill., Petasites niveus, Aposeris fœtida, Arcto- 
staphylos alpina, Cyclamen coum Mill. (immédiatement remplacé vers le 
nord par le Cyclamen europæum), Pedicularis Barrelierii, qui suit la chaîne 
sans interruption jusqu’en Valais, Pedicularis comosa, P. gyroflexa, etc. , 
s’avançant très-peu et qui vient s’éteindre près de Chambéry, Globularia 
nudicaulis, etc. En approchant du nord, vers la partie chablaisienne, nous 
voyons apparaître quelques espèces qui arrivent de la Suisse, telles que : 
Aconitum Napellus, Ranunculus parnassifolius, Phaca frigida, Senecio 
cordatus, Salvia verticillata, Carex firma. 

Au nombre des troisièmes, nous signalerons : Ranunculus lanuginosus, 
Kernera saxatilis, Helianthemum canum, Viola scotophylla Jord., Silene 
quadrifida, Rhamnus alpina, Anthyllis montana, Fragaria collina, Epi- 
lobium trigonum Schrank, Saxifraga muscoides, Bupleurum falcatum, 
B. longifolium, Athamantha cretensis, Lonicera alpigena, Galium aniso- 
Phyllum, G. myrianthum Jord., s'avançant très-peu sur les deux chaînes, 
Serratula Vulpii, Gentiana Clusii Perr. et Song., qui dès Chambéry rem- 
place complétement le G. angustifolia Vill, Æ£rinus alpinus, Globularia 
vulgaris, G. cordifolia, Buxus sempervirens, Salix grandifolia Ser., Al- 
lium fallax, Agrostis Schleicheri Jord. et Verl.; Poa hybrida, P. sudetica, 
Asplenium Halleri, etc., etc. 

Le triangle compris entre les deux zones calcaires dont nous venons de 
parler, mérite encore de nouvelles explorations. Jusqu'à présent, nous n'avons 
pu y découvrir qu’une espèce caractéristique; c’est le Dranthus superbus. A 
sa base, c’est-à-dire vers le nord, il nous offre un certain. nombre de plantes 
qui paraissent s’y arrêter ou ne descendre que rarement vers le sud. Telssont : 


Kanunculus auricomus: Sorbus torminalis, 
Viola pumila. |  Sison Amomum. 


Lathyrus palustris. Mentha viridis. 


678 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Pulmonaria officinalis. 
Thesium intermedium. 
Muscari neglectum Guss. 


Erythronium Dens canis. 
Carex dioica. 


— pulicaris. 


La zone des terrains granitiques compte au nombre de ses espèces caracté- 


ristiques : 


Viola Thomasiana Perr. et Song. 


Polygala depressa. 

Silene exscapa. 

Arenaria biflora. 

Sibbaldia procumbens. 
Saxifraga bryoides. 
Alchimilla subsericea Reut. 
Bupleurum stellatum. 
Hieracium albidum.. 


Primula viscesa. 


Luzula lutea. 


Carex vitilis Fries, 
Agrostis rupestris All. 
Woodsia hyperborea. 
Asplenium septentrionale. 
— Breynii. 
Allosorus crispus. 

Etc. 


Elle nourrit en outre bon nombre d’autres espèces qui l’habitent de préfé- 
rence, sans pourtant manquer absolument sur les autres terrains, mais n'y 
font élection de domicile que sur quelques points isolés. En voici quelques- 

? 
unes : 


Silene rupestris. Gnaphalium norvegicum. 
Malva moschata. Hieracium alpinum. 
Sempervivum montanum. Carex fœtida. 

Saxifraga stellaris. Etc. 


En avançant vers la partie septentrionale de ce long chaînon de montagnes, 
on rencontre pour la première fois quelques plantes nouvelles pour l’ancienne 
France, comme Achillea moschata, A. atrata. 

C’est à la partie sud-est de notre territoire qu’appartient ét massif 
alpin qui délimite nos frontières du côté de l'Italie, Cette région bouleversée, 
vaste chaos de montagnes formées, comme nous l’avons dit, de terrains hété- 
rogènes, se distingue par le luxe d’une végétation tout à fait variée. Elle doit 
son caractère dominant autant à la constitution géologique de son sol qu'à son 
voisinage du versant italien, auquel elle fait de nombreux emprunts, Comme 
elle lui renvoie en échangé un certain nombre de types spécifiques qui ont 
probablement pris naissance sur son sol. Deux vallées longues et tortueuses, 
celle de l'Isère jusqu’à Petit-Cœur, et celle de l'Arc jusqu’à la Chambre, la sil- 
lonnent profondément. Si le fond de ces vallées présente une grande analogie, 
car on rencontre dans l’une comme dans l’autre : 


Isatis tinctoria. Herniaria incana. 
Vesicaria utriculata. Podospermum laciniatum. 
Viola collina Bess. Scorzonera austriaca, 
Holosteum umbellatum. Larix europæa, 
Dictamnus Fraxinella, Tulipa silvestris. 

Ononis rotundifolia, — Didieri Jord. 
Oxytropis pilosa, Kæleria valesiaca. 
Astragalus Onobrychis. Festuca valesiaca Gaud. 
Acer monspessulanum. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 679 
- Il présente aussi de notables différences. Ce n’est, en effet, que dans la 


Taremaise que croissent : 


Erodium ciconium. : 
Trigonella monspeliaca. 
Potentilla intermedia. 


Trochischantes nodiflorus. 
Veronica prostrata. 


En revanche, la Maurienne seule vous offrira les : 


Potentilla cinerea. 


Medicago cinerascens Jord. 


— ambigua Jord. 
Astragalus vesicarius. 
Galium hypnoides. 
Paronychia sérpyllifolia. 
Leuzea conifera. 


Crupina vulgaris. 

Salvia Æthiopis. 

Nepeta lanceolata. 
Onosma helveticum Boiss. 
Androsace maxima, 
Tulipa Billietiana Jord. 
— præcox. 


En s’élevant vers les cimes, la végétation, comme on doit s’y attendre, 
change bientôt, et étale alors les spécimens les plus rares de la flore savoi- 
sienne. Dans cette région privilégiée se présentent en foule les espèces qui la 
caractérisent ; nous mentionnerons entre autres : 


Anemone Halleri. 
Draba Johannis, 

— Wahlenbergii. 
Brassica Richeri. 

— repanda. 

Viola cenisia. 

— pinnata. 

Alsine Villarsii. 

— recurva. 

Viscaria ‘alpina. 
Silene acaulis L., Jord. 
Dianthus neglectus. : 
Saponaria lutea. 
Oxytropis Gaudini Bunge. 
— fœtida. 

Ononis cenisia. 
Potentilla nivea. 

— multifida. 
Herniaria alpina. 
Saxifraga valdensis. 
— retusa. 

— diapensioides. 
Valeriana celtica. 
Achillea tanacetifolia. 
— Herba-Rota. 
Saussurea alpina. 


Centaurea uniflora. 
Crepis jubata Koch. 
Phyteuma pauciflorum, 
— Halleri. 
Campanula Allionii. 

— cenisia. 

Cortusa Matthioli. 
Aretia Vitaliana. - 


‘Primula pedemontana. 
‘— graveolens Hegetschw. 


Veronica Allionii. 
Pedicularis rosea. 

— gyroflexa (5. grossa Huguenin inéd. : 
— cenisia. 
Salix cæsia. 

Colchicum alpinum. 
Bulbocodium vernum. 
Scirpus alpinus. 

Kobresia caricina. 

Carex membranacea Hoppe, 
— ‘lagopina. 

— microglochin. 

— bicolor. 


‘ — incurva. 


Alopecurus Gerardi. 
Etc. 


indépendamment desquelles ces Alpes en nourrissent beaucoup d'autres carac- 
téristiques de la région granitique, habitant sur les gisements partiels que 
nous en avons indiqués. 

En suivant d’un œil attentif la végétation de la chaine de faîte des Alpes et 
des vallées qui en descendent, depuis le Dauphiné jusqu’en Valais, on est 
frappé d’un fait singulier; c’est la disparition sur ce trajet de bon nombre. 


680 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


d’espèces aux abords du Mont-Blanc, et leur réapparition au delà sur le pro- 
longement de la même ligne, à partir du Grand-Saint-Bernard. Voici l’énu- 
mération de quelques-unes de ces espèces, en indiquant les points les plus 
rapprochés du Mont-Blanc où elles ont été observées par nous ou signalées 
par les auteurs : ; 


Nom des espèces, Point d'arrêt en Savoie. Point de réapparitiun en Valais. 


Anemone Halleri. 


Callianthemum rutæfolium. 


Hugueninia tanacetifolia. 
Alyssum alpestre. 
Erysimum pumilum. 
Viola pinnata. 

— cenisia. 

Silene vallesia. 
Saponaria lutea. 

Lychnis alpina. 

Alsine recurva. 
Oxytropis fœtida. 

— Gaudini. 

— Halleri. 

Astragalus leontinus. 
Vicia onobrychioides. 
Potentilla multifida. 

— nivea. 

Herniaria alpina. 
Saxifraga diapensioides. | 
Valeriana celtica. 
Cirsium heterophyllum. . 
Phyteuma pauciflorum. 


ee Halleri. 
Campanula spicata. 
— cenisia, 


Onosma helveticum Boiss. 
Eritrichium nanum. 
Aretia Vitaliana. 
Juniperus Sabina. 
Scirpus alpinus. 
Carex microeglochin. 
— rupestris. 

— membranacea. 
— jneurva. 

— bicolor. 

— lagopina. 


Mont-Cenis. 

Col d’Iseran, du Palet, 
Col de la Seigne. 
Mont-Cenis. 


‘Tignes. 


Tignes. 

Pesey. 
Mont-Cenis. 
Mont-Cenis. 

Col de la Seigne. 
Col d’Iseran. 
Vallée de Tignes. 
Col de la Seigne. 
Termignon. 

Col de la Rocheur. 
Saint-Michel, 

La Vanoise. 

Col d’Iseran. 
Tignes. 
Mont-Cenis. 
Mont-Cenis. 
Tignes. 

Col d’Iseran. 
Tignes. 


2 5; ee 
Sainte-Foi en Tarentaise. 


Vallée des Glaciers. 


Saint-Jean de Maurienne. 


Col de la Magdelaine. 
Col du Palet. 


Mont-Valaisan-sur-Scéez. 


Tignes. 
Tignes. 
Tignes. 
Mont-Cenis. 


Col d’Iseran. 


Tignes. 
Col d'Iseran. 


Zermatt. 

Zermatt. 
Grand-Saini-Bernard. 
Zermatt. 

Zermatt. 

Zermatt. 
Grand-Saint-Bernard. 
Grand-Saint-Bernard. 
Vallée Saint-Nicolas. 
Grand-Saint-Bernard. 
Grand-Saint-Bernard. 
Zermatt. 

Zermatt. 
Grand-Saint-Bernard, 
Grand-Saint-Bernard, 
Mont-Folatère. 
Zermatt. 

Annivier. 
Grand-Saint-Bernard. 
Grand-Saint-Bernard. 
Grand-Saint-Bernard. 
Zermatt. 

Zermatt. 

Louëche. 

Zermatt. 
Grand-Saint-Bernard. 
Fully. 

Zermatt. 

Zermatt. 

Zermatt. 

Zermatt. 

Val d’Hérins. 
Zermatt. 

Zermatt. 

Zermatt. 

Val d’Hérins. ° 
Grand-Saint-Bernard. 


* Les causes de cette lacune dans les richesses végétales du Mont-Blanc et de 
ses approches avaient d’abord été attribuées par nous à l’abaissement de tem 
_pérature résultant du voisinage des neiges éternelles et des grands glaciers qui 
couvrent les flancs de ce géant des montagnes européennes. Cependant, pour 
appuyer cette manière de voir par des faits analogues, nous voulûmes nous 
assurer si le mêmé effet se reproduirait aux abords des autres points culmi- 


SESSION EXTRAORDINAIRE À CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 681 


nants de la chaîne des Alpes. Le Mont-Rose, par exemple, d’une altitude peu 
inférieure à celle du Mont-Blanc, et environné de masses de neiges et de 
glaces presque aussi considérables, devait nous offrir dans la végétation de ses 
environs un appauvrissement analogue. En examinant les plantes récoltées 
par nous en 1861, dans une excursion à la vallée de Saint-Nicolas, située au 
pied du Mont-Rose, nous fâmes surpris d’y retrouver la plupart des espèces 
propres à la vallée de Tignes et au Mont-Cenis, et qui font défaut au Mont- 
Blanc. Force fut donc de rechercher dans un autre ordre de faits l'explication 
de ce phénomène. 

La liste des plantes observées sar le Cramont par M. Parlatore (1) nous 
tomba alors entre les mains. Ce fut un trait de lumière. En vovant figurer dans 
cette énumération bon nombre des espèces ci-dessus, le Cramont devenait un 
jalon indiquant la direction prise par cette colonie de plantes. Il en résultait 
que sans se rompre, l'aire de dispersion de ces espèces subissait simple- 
ment une déviation, et que ces dernières, abandonnant la chaîne de faîte pour 
suivre à travers le duché d’Aoste les contre-forts méridionaux du Mont-Blanc, 
regagnaient les cimes vers le Grand-Saint-Bernard. De ces observations décou- 
lait pour nous la conclusion naturelle que ce changement si brusque dans la 
marche de ces plantes était dû uniquement à un changement correspondant 
dans la direction des terrains sur lesquels elles croissent. 

En effet, au premier examen de la carte géologique dont nous parlions tout 
à l'heure, il n’est pas difficile de voir que le trajet suivi par ces espèces est 
exactement l’espace occupé par le terrain anthracifère (2), terrain formant une 
vaste zone qui commence pour la Savoie au Galibier, s’avance dans la Mau- 
rienne et la Tarentaise en suivant la ligne de faîte des Alpes jusqu’au col de la 
Seigne, où il s’écarte de cette ligne pour former la rive gauche de l’Allée- 
Blanche, le Cramont, et se prolonger par le duché d'Aoste jusqu’au Grand- 
Saint-Bernard. A ce point, le terrain anthracifère reparaît sur la ligne de 
faîte, et avec lui toutes les espèces énumérées plus haut. 

La partie de la chaîne qui s'étend du col de Galize au col de la Seigne, 
passant par Mont-Valaisan, le Petit-Saint-Bernard et Beaupré, comme aussi 
là portion du terrain anthracifère comprise entre le Cramont et le Grand-Saint- 
Bernard, sont encore à étudier. En attendant que nous puissions explorer ces 
localités, s’il nous est permis de conclure par induction, nous croyons pouvoir 
affirmer qu'on retrouvera dans ces Alpes la majorité des plantes de cette for- 
mation, rendez-vous ordinaire des espèces les plus rares de la flore alpine. 
Nous ajouterons encore une remarque pour jeter du jour sur cette question : 
l’année dernière, nous fimes une excursion au glacier de Routou, au-dessus 


(1) Viaggio alla catena del Monte-Bianco et al Gran-San-Bernardo, pp. 32, 45. 

(2) Les travaux d’un de nos plus savants géologues ont démontré que ce terrain doit 
être rapporté aux formations houillères et triasiques dont il présente tous les caractères; 
soit paléontologiques, soit statigraphiques. 


4 DS € h5 


682 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de la montagne de Pottaval, entre Sainte-Foi et Val-Grisanche. Cette localité 
se trouvant sur un gisement talqueux enclavé dans le terrain dont nous par- 
lons, nous ne pûmes y découvrir aucune des espèces propres à ce dernier; 
elle offrait, en revanche, la série des espèces talcophiles, telles que Are- 
naria biflora, Viola Thomasiana Perr. et Song., Alchimilla subsericea 
Reut., Cardamine resedifolia, etc., qui manquent totalement ou ne sont 
qu’accidentellement sur l’anthracifère. 

Nos vallées ouvertes par le Rhône et par l'Isère coulant vers les contrées 
méridionales de la France, ont donné accès à de petites colonies végétales 
échappées des plages méditerranéennes. Ces colonies se sont établies le long 
des collines assises sur le bord de ces cours d’eau, Rà où elles ont pu trouver 
les conditions de climat nécessaires à leur existence. C’est ainsi que l’appari-. 
tion des Viola sepincola, Fumana Spachii, Pistacia Terebinthus, Rhus Coti- 
nus, Laserpitium gallicum, Leontodon crispus, Cynoglossum Déoscoridis 
Vill, Leuzea conifera, Centaurea paniculata, Osyris alba, Orchis provin- 
cialis, annoncent les points de notre territoire les plus favorisés sous le rap- 
port de la température. Complétement dépaysées, quelques-unes ont adopté 
des stations tout à fait opposées à leurs habitudes sur le sol natal. Par exemple, 
l'Aphyllanthes monspeliensis foisonne au col du Frêne, dans la région subal- 
pine, souvent à l’ombre des Sapins. Le Zulipa Celsiana des bords de la 
Méditerranée ne se rencontre plus à Grenoble, au Mont-Rachet, que vers 
4000 mètres d’élévation ; à Galopaz près Chambéry, il monte à 1800 mètres; 
plus au nord, à Orizan, sa dernière station, c’est à 2000 mètres qu’il s’est 
établi. Issu de la même région, le CZypeola Jonthlaspi suit une voie sem- 
blable : à environ 1000 mètres, au Saint-Eynard ; à Dingy-Saint-Clair près 
d'Annecy, il ne se trouve plus qu’à 1800 mètres d’altitude. Bizarreries, sans 
nul doute, seulement apparentes, mais qu’il ne nous est pas permis d’expli- 
quer, pas plus que la présence sur des points restreints de quelques végétaux 
d'origines diverses et sans nulle connexion avec les contrées séjour habituel 
de leurs congénères. Le Trientalis europæa L., à Crest-Voland; l’Agrostis 
fubra L., à la Gran-Parizaz près Hauteluce; le Pirola media Swartz, sur la 
montagne de Saint-Cassin, tribus isolées d’un peuple nombreux ailleurs, sont: 
ils les derniers et vivants témoins de quelque catastrophe géologique qui les a 
violemment séparés de leur habitation originelle, ou bien les restes de la vé- 
gétation boréale qui entourait notre pays alors que des glaciers immenses 
recouvraient nos vallées d’un épais linceul et où des émigrants n’ont pu trou- 
ver place, si ce n’est dans des oasis semblables à celle que la vallée de Cha- 
monix offre encore de nos jours au milieu de la Mer-de-Glace? Seules les 
données géologiques peuvent éclairer ces questions, qu’il nous suffit pour le 
moment de proposer, 

- Nous venons d’esquisser rapidement les traits généraux de la végétation de 
la Savoie, relativement à son sol géologique et à sa position sur la carte d'Eu 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 683 


rope, Tâchons maintenant de représenter cette même végétation dans ses 
rapports avec les différents niveaux, et voyons comment s’échelonnent ses 
espèces en gravissant les pentes de nos Alpes. Les divisions que nous adoptons 
pour ce travail sont toules caractérisées par des espèces y ayant leur aire 
moyenne d'extension, rarement dépassée, et seulement par suite de quelques . 
circonstances particulières, comme l'exposition ou la nature du sol. 

Région des plaines. — Peu étendues et généralement couvertes de cul- 
tures, ce n’est guère dans les plaines, mais seulement dans les marais tous les 
jours rétrécis que l’on peut rencontrer quelques vestiges des plantes spon- 
tanées, et encore ces dernières, répétition monotone de la végétation des 
pays environnants, n’offrent-elles qu’un très-médiocre intérêt. 

Région des collines. — Souvent stériles, plus fréquemment couvertes de 
riches vignobles, çà et là dénudées, elles présentent l’ensemble des végétaux 
qui ne vivent que sous des. conditions de sécheresse ou d’insolation. Au 
nombre des plus abondants, nous citerons : 


Genista tinctoria. Buphthalmum grandiflorum, 
— Perreymondi. Hieracium umbellatum. 
Viola odorata. Barkhausia taraxacifolia. 

— sepincola. Myosotis hispida, 


Gypsophila saxifraga. 
Cerastium brachypetalum. 
Orobus tuberosus. 


Epilobium rosmarinifolium. 


Aster Amellus. 
Solidago Virgaurea: 


Salvia glutinosa. 
Calamintha Acinos, 
Orchis Morio, 
Bromus erectus. F 
Asplenium Halleri. 
Etc. 


Région montagneuse. — Un magnifique revêtement de forêts composées 
principalement des Abies excelsa et pectinata et du Fagus silvatica, signale 
de loin cette région entrecoupée de cultures nombreuses encore et florissantes. 
Déjà apparaissent des formes végétales inconnues aux pays de plaine, tandis 
que des espèces des zones précédentes y poussent encore de nombreuses irra- 
diations. Toutefois les plantes qui suivent nous paraissent la délimiter suffi- 


samment,. 


Trollius europæus, 
Arabis Turrita. 
Hypericum montanum. 
Acer Pseudoplatanus. 
— opulifolium. 
Geranium silvaticum. 
Cytisus Laburnum. 
Trifolium montanum. 
Orobus. vernus. ET 
Spiræa Aruncus. 
Alchimilla vulgaris. 
Epilobium spicatum. 
Astrantia major. 
Sanicula europæa. 
Chærophyllum hirsutum. 
Valeriana tripteris. 


Bellidiastrum Michelii. 
Cirsium oleraceum. 
Vaccinium Myrtillus. 
Pirola rotundifolia. 

— secunda, 

Fraxinus excelsior. 
Verbascum nigrum. 
Veronica urticifolia. 
Melampyrum nemorosum. 
Melittis Melissophyllum. 
Globularia cordifolia. 
Mercurialis perennis. 
Pinus silvestris. 
Maianthemum bifolium. 
Luzula nivea. 
Calamagrostis varia. Etc. 


68h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Région subalpine. — Nous sommes ici à la limite supérieure des forêts; 
les arbres de la région immédiatement inférieure s’y montrent bien quelque- 
fois, mais sous une forme trapue et rabougrie. Des taillis herbeux, des prai- 
ries, constituent cette zone, où de loin en loin quelques maigres champs de 
Seigle ou d’Avoine attestent encore jusque-là la lutte perpétuelle de l’homme 
contre l'hostilité des climats. On y trouve en abondance les : 


Ranunculus aconitifolius. 
— lanuginosus. 
Thlaspi virgatum. 
Viola collina, 

— sciaphila, 

— Thomasiana. 

— alpestris. 

Polygala ‘alpestris. 
Rhamnus alpina. 

Geum rivale. 

Rubus saxatilis. 

Rosa Reuteri Godet. 
— pomifera. 

Sorbus Mougeotii. 
Epilobium alsinifolium. 
Saxifraga rotundifolia. 
Pimpinella magna var, rubens. 
Laserpitium Siler. 
Chærophyllum Villarsii, 
Lonicera alpigena. 
Valeriana montana. 
Scabiosa alpestris. 


Senecio Fuchsi. 
Carduus Personata, 
— defloratus. 
Crepis blattarioides. 
Campanula rhomboïdalis. 
Gentiana lutea. 

— campestris. 
Calamintha alpina. 
— grandiflora. 
Polygonum Bistorta. 
Salix grandifolia. 
Alnus viridis. 

Abies excelsa. 
Luzula flavescens. 
Carex sempervirens. 
— stellulata. 

Poa alpina. 

— sudetica. 

— hybrida. 
Polypodium alpestre. 
Asplenium viride. 


Région alpine. — La végétation arborescente a presque entièrement cessé. 
Seuls, les Pinus Cembra et uncinata, quelquefois aussi le Larix europæa 
bravant les orages, s’y montrent par individus isolés. Partout où les pluies et 
les neiges n’ont pas dénudé le terrain, de vastes pâturages en occupent la sur- 
face. Quelques rares buissons d’Alnus viridis ou de Sorbus Chamæmespilus, 
des traînées de Juniperus nana, et surtout le Æhododendron ferrugineum, 
gracieux ornement des rochers, interrompent l’apparente monotonie de ces 
solitudes. Au milieu des nombreuses espèces qui leur sont propres, nous 


choisissons les suivantes : 


Anemone alpina. 

— narcissiflora. 
Arabis hbellidifolia. 
Cardamine resedifolia: 
Hutchinsia alpina. 
Viola palustris. , 
— biflora. 

— calcarata. 
Spergularia rubra. 
Silene bryoides. 
Trifolium alpinum. 
— glareosum,. 

— badium. 

Phaca frigida, 


Phaca astragalina. 
Oxytropis montana: 
Onobrychis montana. 
Geum montanum. : 
Alchimilla fissa. 

— subsericea Reut. 
Saxifraga stellaris. 
— muscoides. 
Meum Mutellina. 
Gaya simplex. 
Galium tenue Vi. 
Aster alpinus. 
Erigeron glabratus, 
— alpinus. 


SESSION EXTRAORDINAIRE À CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 685 


Aronicum scorpioides. Salix reticulata. 
Centaurea nervosa, Luzula lutea. 
Hieracium alpinum. , — spadicea, 
Phyteuma hemisphæricum. Scirpus cæspitosus. 
Rhododendron ferrugineum. Carex capillaris. 
Gentiana punctata. — nigra, 

— Clusii. Agrostis alpina Scop. 
— Kochiana. — Schleicheri Jord. et Verl, 
Veronica alpina. — rupestris All. 
Pedicularis Barrelierii. Avena versicolor. 

—, Cenisia. Festuca Halleri. 

— tuberosa. — pumila. 
Androsace obtusifolia. Lycopodium Selago. 
Primula viscosa. Allosorus crispus, 


Région nivale. —Une décroissance très-rapide dans la taille des individus et 
dans le nombre des espèces, la disparition presque totale des végétaux lignéux 
annoncent l’approche de cette région. Cependant le Salix serpyllifolia Scop. 
étend encore sur les rocailles ses petites tiges tortueuses. Des tapis serrés d’A/- 
chimilla pentaphylla et de Salix herbacea couvrent les lieux déprimés et 
récemment abandonnés par la neige. Dans les endroits plus secs croissent en 
abondance les Carex curvula, Silene exscapa, etc. Quoique assez voisine de 
la suivante, cette région a cependant une physionomie à elle et un certain 
nombre d'espèces qui lui sont propres; ce sont, entre autres : Ranunculus 
- alpestris, Arabis cϾrulea, Cardamine alpina, Thlaspi rotundifolium, Hut- 
chinsia affinis Gren., Cherleria sedoides, Arenaria biflora, Saxifraga an- 
drosacea, Leucanthemum alpinum, Senecio incanus, Leontodon Taraxaci, 
Tarazacum Pacheri C.-H. Schultz, Gentiana alpina, G. tenella, G. bra- 
chyphylla, Carex fœtida, Draba Johannis, Lychnis alpina, Achillea nana, 
Phyteuma pauciflorum. 

Région glaciale, — Nous atteignons enfin l'extrême limite de la végétation. 
Quel aspect désolé , mais aussi quel spectacle grandiose ! De toutes parts, des 
cimes neigeuses découpent leurs croupes argentées sur un ciel presque noir. 
Des flots de glaces descendus de leurs flancs viennent combler les gorges qui 
les séparent et poussent devant eux d'énormes moraines. De grands plateaux de 
graviers humectés par la neige fondue ou une ligne de rochers rongés par les 
vents, forment ordinairement le premier plan de ces grands tableaux de 
la nature. Les lieux les mieux exposés offrent au botaniste une moisson d’es- 
pèces peu nombreuses à la vérité, mais dont la rareté le dédommage ample- 
ment de toutes ses fatigues. Les élégantes touffes de l’Androsace glacialis et 
du Campanula cenisia ornent çà et là les graviers humides. Sur les rocailles 
croissent les Artemisia glacialis, spicata, Mutellina, et le Potentilla fri- 
gida. Enfin, le Trisetum spicatum et le Carex curvula forment sur les 
crêtes de maigres gazons, et sont, sur ces hauteurs, les derniers représentants 
de la végétation phanérogame. Les autres espèces qui habitent le voisinage des 
glaciers sont : Ranunculus glacialis, Draba Wahlenbergi, Cerastium pe- 


686 . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dunculatum Gaud., Geum reptans, Potentilla nivea, Saxifraga planifolia, 
S. biflora, Crepis jubata Koch, £ritrichium nanum, Pedicularis rostrata. 

De la somme des faits dont nous venons de présenter le résumé à la Société 
botanique, résultent plusieurs conclusions relatives à la dispersion de nos es- 
pèces : en premier celle qui concerne l'influence bien. connue de l'altitude, et 
sur laquelle nous n'insisterons pas ; la seconde nous conduit à accorder à la 
nature chimique des terrains une action beaucoup plus énergique que ne le 
veulent un grand nombre d’auteurs, à la tête desquels s’est placé M. Thurmann; 
la dernière, c’est que la formation des terrains, soit leur âge géologique, joue 
un.rôle tout aussi prononcé que leur composition. En effet, si l’on compare, 
d’une part, la végétation des calcaires jurassiques (chaîne du Jura) avec celle 
des calcaires néocomiens et nummulitiques (chaîne calcaire centrale), et, 
d'autre part, les plantes des calcaires précédents avec ceux des terrains 
houillers et triasiques (région sud-est), la différence nous paraît tranchée, 
comme l’on peut s’en convaincre en parcourant les listes dressées plus haut 
pour chacune de ces formations. 


M. l’abbé Ravain, secrétaire, donne lecture de la communication 
suivante, adressée à la Société : 


NOTE SUR UN PROCÉDÉ SIMPLIFIÉ POUR L'EMPOISONNEMENT DES PLANTES D'HERBIER 
A L'AIDE DE LA DISSOLUTION ALCOOLIQUE DE BICHLORURE DE MERCURE, par 
M. Édouard DUFOURR, licencié ès sciences, professeur au Muséum d'histoire naturelle 
de Nantes, 


(Nantes, 25 juillet 1863.) 


La conservation indéfinié des plantes d’herbier est une difficulté qui préoc- 
cupe tous les botanistes, et j'ai quelque espoir d’être agréable à mes collègues 
en leur donnant quelques indications sur les moyens d’arriver plus facile- 
ment à ce résultat. 

Les deux seuls agents employés jusqu'ici avec succès sont le sulfure de car- 
bone et le bichlorure de mercure ou sublimé corrosif. 

L'emploi du sulfure de carbone est recommandé par d’habiles naturalistes, 
au nombre desquels on peut citer MM. Doyère, Lenormand, Weddell et 
Boreau. Ce procédé a l’avantagé d’être d’une exécution très-rapide et de ne 
présenter aucun danger pour l'opérateur. Mais il a l'inconvénient, tout en dé- 
truisant les insectes existants, de ne pas mettre les plantes à l'abri de ravages 
ultérieurs. 

Le bichlorure de mercure école seul ce dernier avantage; les plantes 
imprégnées sont préservées indéfiniment, pourvu toutefois qu'elles aient été 
tout d’abord bien desséchées et qu’elles soient ensuite soustraites à l'humidité 
atmosphérique: Dans le cas contraire, en effet, le contact des matièrés orga- 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 687 


niques peut ramener, comme on l’a dit, le bichlorure de mercure à l'état de 
protochlorare inerte; réaction qui ne saurait évidemment se produire, pas 
plus qu'aucune autre, entre corps parfaitement secs. 

Mais ce procédé si sûr présente de graves inconvénients. 

Les plantes devant être trempées une à une dans la dissolution alcoolique 
de sublimé, ou lavées au pinceau avec cette même solution, l'opération est 
très-longue, et, pendant tout le temps qu’elle dure, le préparateur est exposé 
au dégagement d’abondantes vapeurs alcooliques, occasionnant fréquemment 
de pénibles céphalalgies. Ilest d’ailleurs impossible que, pendant un aussi long 
travail, les doigts ne soient pas souvent en contact avec le sublimé, ce qui suffit 
pour provoquer une salivation abondante, léger symptôme d’empoisonnement 
mercuriel. ; 

D'un autre côté, il y a évaporation en pure perte d’une énorme quantité 
d'alcool, dont le prix est fort élevé; ce qui fait} considérer l’empoisonnement 
d'un herbier comme très-onéreux par un grand nombre de botanistes. 

J'ai donc pensé qu’il y aurait intérêt à chercher un procédé plus rapide, 
plus économique et moins dangereux pour l’empoisonnement des plantes à 
l’aide de la dissolution alcoolique de sublimé corrosif. 

Voici celui auquel je me suis arrêté et dont j'avais eu l’idée depuis long- 

temps. Des botanistes distingués m’encourageaient à en faire l'essai, qu'ont 
retardé jusqu’à ces jours d’autres occupations plus pressantes : il a enfin plei- 
nement réussi. 
= On opère dans un vase de terre, de verre ou de bois, sans aucun métal, 
qu’attaquerait le bichlorure de mercure. Ce vase, de forme rectangulaire, est à 
bords verticaux ; sa longueur et sa largeur doivent être, en dedans, aussi exac- 
tement que possible, celles du papier d’herbier ; sa profondeur est arbitraire 
et dépend du nombre de plantes qu’on veut empoisonner à la fois. 
_ On se procure une sorte de tulle gommé, à mailles très-larges (dit mousse- 
line singalette), qui sert à garnir les chapeaux des dames et à doubler leurs 
robes de soie; le prix en est très-minime. On le taille en rectangles de la 
grandeur du papier d’herbier, auxquels on fait faire un ourlet pour que 
l'étoffe ne s’effile pas. 

On place un de ces morceaux d’étoffé au fond du vase et lon y dispose les 
plantes extraites d’une des feuilles d’herbier ; on superpose un autre morceau 
qui reçoit les plantes d’une autre feuille, et ainsi jusqu’à ce que le vase 
soit rempli. 

Pour distinguer les plantes, on place à côté, sur l’étoffe, un numéro écrit au 
crayon sur parchemin et correspondant à un numéro écrit sur papier ordi- 
naire qu’on laisse dans les feuilles d’herbier. 

On verse alors dans le vase la dissolution alcoolique de sublimé corrosif con- 
tenant comme à l'ordinaire 30 grammes de sublimé par litre d'alcool. Lorsque 
le vase est rempli, on pose sur la pile de plantes une feuille de verre pour la 


688 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

niveler et faire plonger le tout. Au bout de quelques minutes de contact, ap- 
puyant la feuille de verre sur les plantes, on transvase dans un flacon, à l’aide 
d’un entonnoir de verre, l'alcool non absorbé; on presse même légèrement 
pour exprimer le liquide, 

On enlève alors la feuille de verre et on laisse sécher, soit dans le vase 
même, soit plutôt sur une grille de bois, si l’on veut empoisonner immédiate- 
ment une autre pile de plantes. Quelques heures suffisent pour la dessicca- 
tion de chaque paquet. 

Le tulle gommé, que je recommande, a l'avantage de reprendre sa rigidité 
après dessiccation, l’alcool n’enlevant pas l’apprêt comme l’eau, même froide, 
le ferait immédiatement. 

J'ai constaté qu'après une opération la dissolution de sublimé n'avait pas 
changé de degré alcoométrique. S’il en était autrement après un certain nombre 
d'opérations, il suffirait, suivant qu’un aréomètre, un flotteur quelconque, 
indiquerait une diminution ou une augmentation de densité, d'ajouter du 
eublimé dans le premier cas, de l'alcool dans le second, pour la maintenir 
toujours au même point de saturation. 

Enfin, l’étoffe interposée s'imprégnant elle-même de la dissolution, dont 
elle laisse inutilement, évaporer l'alcool pendant la dessiccation, j'ai cherché à 
me passer de son intermédiaire. Il m’a été facile de constater qu’on pouvait 
superposer directement les plantes et qu’il n’y avait pas à craindre d’adhérence 
ni de déformation des feuilles, pourvu qu’on séparût les échantillons avant 
que la dessiccation fût trop avancée. On distingue alors les plantes eu pas- 
sant autour de leurs tiges des fils portant des numéros écrits au crayon sur 
parchemin et correspondant à ceux restés dans les feuilles d’herbier. 

C'est là, je crois, le dernier mot de la simplilication du procédé, qui : 
devient ainsi très-rapide, bien moins pénible et peu onéreux. 

Puissent ces indications être utiles à ceux qui sont obligés, comme moi, de 
compter avec le temps, ou qui cherchent à lui donner le meilleur emploi. : 

Je serais très-heureux d'apprendre que cette simplification des procédés 
pût déterminer l’empoisonnement de précieuses collections menacées autre- 
ment d’une destruction certaine, et dont les possesseurs ont été arrêtés jus- 
qu'ici par des considérations de temps, de dépense et même d'hygiène person- 
nelle (1). 


(1) Depuis que ces lignes ont été adressées à la Société botanique de France, j'ai 
communiqué sur le même sujet à la Société Académique de Nantes une note, qui a élé 
analysée dans la Revue bibliographique (t. XI, p. 93). Aujourd'hui, plus de trois ans 
après ces deux travaux, j'ai modifié sur quelques points mon procédé d’empoisonnement- 
J'ai compléteient renoncé à l’emploi du tulle gommé. Le vase dont je me sers, et dans 
lequel je superpose les plantes munies de leurs numéros d'ordre, est pourvu à l’un des 
angles, au niveau du fond, d’un robinet de bois, mastiqué avec du ciment romain. Après 
Fopération, on ouvre le robinet pour transvaser, à l’aide d’un entonnoir de verre, lal- 
cool non absorbé. Pour l’empoisonnement, les graines et les parties détachées sont 
enfermées dans de petits sachets de papier criblés de trous d’épingles, et réunies sous le 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 689 


M. de Schæœnefeld donne lecture de l'extrait suivant d’une lettre 
qu'il a reçue de M. Edouard Dufour : 


LETTRE DE M. Édouard DUFOUR A M. DE SCHŒNEFELD. 


Nantes, 25 juillet 1863. 


..Je me suis occupé, l'automne dernier, de mycologie, et j'ai trouvé dans 
un parc, aux environs de Nantes, un Agaric de la section des Lepiotæ, très- 
remarquable par ses dimensions, sa blancheur et la viscosité abondante qui 
exsude du chapeau. Ce Champignon, extrêmement rare dans notre départe- 
ment, a beaucoup embarrassé tous nos botanistes. Je suis parvenu cependant 
à le déterminer avec certitude; c’est l’Agaricus mucidus Schrad. Spicil. 
p. 116; Duby, Bot. qall. p. 848, n° 384 — A. nitidus FT dan.; non Pers. 

Cette espèce n'étant figurée ni dans Bulliard, ni dans Letellier, ni dans 
aucun ouvrage français cité par les auteurs, j'ai prié M"° Dufour, qui s'occupe 
avec quelque succès de la peinture des fleurs, de la peindre sous toutes ses 
faces, sur des échantillons récents. J’en ai fait ensuite ‘tirer des épreuves litho- 
graphiques pour être annexées à une note qui doit paraître très-prochaine- 
ment dans les annales de notre Société académique. 

Je vous adresse par la poste, deux exemplaires coloriés de ces lithographies, 
que je vous prie de faire passer sous les yeux de nos confrères. 

J'aurai l'honneur d'offrir la brochure elle-même à la Société botanique aus- 
sitôt que le tirage à part sera terminé. 


Le dessin de madame Dufour est mis sous les yeux de la Société, 
qui en admire l'exécution. 
Et la séance est levée à trois heures. 


Le lendemain, 8 juillet, la Société s’est rendue à Saint-Jean-de- 
Maurienne par le chemin de fer. 


même fil que la plante dont elles proviennent, Les petites plantes cryptogames (Mousses, 
Lichens) peuvent aussi être empoisonnées dans de semblables sachets. 

Ayant appliqué à un grand nombre de plantes l’ancien mode d'empoisonnement et 
celui que je propose, il m’est possible d'établir un parallèle entre les deux. J'ai déjà 
empoisonné, avéc un succès complet, par le procédé que je décris, les plantes de plus 
de 30 000 feuilles d’herbier contenues dans cent gros cartons. J’y ai trouvé de grands 
avantages : gain de la moitié du temps, économie des trois quarts de l'alcool et du 
sublimé, certitude d’une entière imprégnation, et réduction à une durée cinquante fois 
moindre d’une manipulation dangereuse, celle de la solution alcoolique de sublimé. 
(Note ajoutée pendant l'impression, décembre 1866.) 


690 : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


‘Le 29, une herborisation a été faite au Mont-Denis, sous l’habile 
et bienveillante direction de M. le chanoine d'Hambert 41). 

Le 30, la Société s’est rendue de Saint-Jean-de-Maurienne à 
Saint-Michel par le chemin de fer, et de là à Lanslebourg en voi- 
tures, et est enfin parvenue à l'hôtel de la Poste du Mont-Cenis 
vers dix heures du soir. 

Les jours suivants, les courses d'exploration des points les plus 
intéressants du col du Mont-Cenis et des sommités qui l'entourent 
ont eu lieu à peu près conformément au programme indiqué plus 
haut (voyez page 636). 


SÉANCE DU ? AOUT 1863. 


PRÉSIDENCE DE M. LE SÉNATEUR MORIS. 


La Société se réunit à une heure et demie dans une des grandes 
salles de l'hospice du Mont-Cenis, gracieusement mise à sa dispo- 
sition par M. le Prieur, qui veut bien assister lui-même à la séance 
avec plusieurs autres ecclésiastiques du couvent, 

Parmi les botanistes étrangers à la Société qui assistent à la 
séance, nous citerons MM. Lisa, gardien du Jardin botanique de 
Turin, compagnon des voyages de M. Moris en Sardaigne ; Éd. Ro- 
Stan (de Pignerol), explorateur habile des Alpes du Piémont, etc. 

M. le sénateur Moris, président de la session (pour le Mont- Cenis), 
occupe le fauteuil. Sur son invitation, M. le Prieur prend place à 
côté de lui. 

Lecture est donnée d’une lettre de M. le docteur Bouvier, secré- 
taire, qui exprime à la Société:le regret qu'il peRuE de n’avoir pu 
la rejoindre au Mont-Cenis. 

Sur la proposition de M. Cosson, N. John Ball, présent à la 
séance, est proclamé l’un des vicebprésidenté de la session. 

M. Perrier de la Bathie, sécrétaire, donne lecture du procès-ver- 
bal de la séance du 27 juillet, dont la rédaction est adoptée. 


(1) Une séance avait été indiquée pour la soirée de ce jour; mais l’hertorisation 
ayant été longue et fatigante, et une pluie torrentielle étant survenue le soir, les mem- 
bres de la Société, dispersés dans tous les hôtels de la ville, n’ont pu parvenir à se 
réunir en séance régulière. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 694 


Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le 
Président proclame l'admission de : 


MM. Duvizcers, architecte-paysagiste, avenue de Saxe, 15, à 
Paris, présenté par MM. Chatin et Le Dien ; | 
PuGET (l'abbé Alfred), chez M"° la baronne de Livet, à 
Pringy, près Annecy (Haute-Savoie), présenté par 

MM. Perrier de la Bathie et Songeon ; 

BurLE (Auguste), négociant, rue Neuve, à Gap (Hautes- 
Alpes), présenté par MM. de Salve et Thibesard ; 
CHEVALIER (l'abbé Étienne), professeut au grand sémi- 
naire d'Annecy (Haute-Savoie), présenté par MM. Bou- 

vier et de SchϾnefeld ; 

FAURE (l'abbé), professeur au petit séminaire .de Gre- 
noble, présenté par MM. Verlot et Cosson; 

GaizprAuD (Henri), rue du Bac, 438, à Paris, présenté par 
MM. Boisduval et de Schœnefeld ; 

GOUMaIN-CoRNILLE, secrétaire général de la mairie du 
5° arrondissement de la ville de Paris, présenté par 
MM. Boisduval et de Schæœnefeld ; 

Commerson (Gustave), rue Bonaparte, 82, à Paris, pré- 
senté par MM, Hulle et de Schœnefeld. 


_ M, le Président remercie M. le Prieur de l’hospice de son bien- 
veillant accueil, et s'exprime ensuite en ces termes : 


DISCOURS DE JM le sénateur MORIS, 
Messieurs, 


Quand j'eus le bonheur d’accourir au-devant de vous pour vous souhaiter la 
bienvenue, j'étais loin de supposer que j'eusse été élu pour présider cette 
séance. Cet honneur revenait de droit à plus d’un des botanistes éminents 
dont je suis entouré. Cependant votre bienveillance me l’a déféré. J'en ai été 
profondément ému, et toujours j'en conserverai la plus vive reconnaissance. 

J'ai appris avec bien du plaisir que vous n’avez qu’à vous applaudir d’avoir 
exploré le Mont-Cenis si célèbre pour les espèces qu'il offre; ce Mont-Cenis, 
champ des observations d’Allioni, de Bellardi, de Balbis, de Re, etc. 

Daus nul autre endroit des Alpés vous n’auriez eu autant de facilités pour 
vos excursions et pour vos études. Nulle part vous n’auriez trouvé une moisson 
de plantes alpines aussi riche et aussi variée. 


692 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Je regrette que l’état de ma santé ne m'ait pas permis de partager avec vous 
les plaisirs et les fatigues des courses, Cependant je vous ai accompagnés de 
tous mes vœux. 

Le Mont-Cenis, écrivait Villars à Allioni, exigerait trois mois de séjour pour 
le connaître; mais, avec les facilités actuelles, et pour des botanistes d'élite 
tels que ceux auxquels j'ai l’honneur de parler, peu de jours ont pu suffire. 

Vous avez parcouru ces hautes régions; vous avez examiné et récolté sur 
place bon nombre d’espèces qui enrichiront beaucoup d’herbiers ; vous avez, 
par votre visite, jeté un nouvel éclat sur ces montagnes. Puissiez-vous en con- 
server un souvenir agréable ! c’est ce que je vous souhaite de tout mon cœur, 
en vous renouvelart l'expression des sentiments de ma gratitude bien profonde 
et bien sincère. 


Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la 
Société : 


RÉSUMÉ DE QUELQUES HERBORISATIONS DANS L'ARRONDISSEMENT DE THONON ET DANS 
LE CANTON DE LA ROCHE (HAUTE-SAVOIE), par M. l'abbé PUGET. 


Depuis Gaudin qui, dans son Synopsis floræ helveticæ, a fait mention de 
quelques plantes qu’il avait recueillies sur les montagnes du Haut-Chablais, 
aucun botaniste n’a consigné dans un écrit les richesses végétales de l'arron- 
dissement de Thonon. C’est pour combler cette lacune dans la flore de la 
Savoie que j'ai pensé utile de donner le résultat de mes fréquentes herborisa- 
tions dans les plus intéressantes localités de cet arrondissement. Thonon, 
petite ville agricole agréablement située presque sur les bords du lac Léman, 
offre dans ses environs deux parties distinctes : la plaine généralement pier- 
reuse et la montagne de calcaire jurassique. Le botaniste qui se proposerait 
de parcourir ces localités aurait besoin d’un grand nombre d’herborisations 
pour explorer avec fruit les riches vallées de Bellevaux, de Boëge, du Biot et 
d’Abondance, Je m'arrêterai aux localités suivantes qui me sont spécialement 
connues. 


S LE. — Herhorisation à Bioge et aux bords de 1a Dransé. 


En prenant la route des vallées, il suffit d’une petite journée pour suivre la 
rive droite de la Dranse jusqu’à Bioge et revenir à Thonon par les vastes 
grèves qui entourent le Pont aux vingt-quatre arches sur la route d’Évian. 

Les environs de Thonon ont une végétation précoce. On doit les visiter dès 
que le printemps, chassant devant lui les brumes de l'hiver, jette sur toute la 
nature le gracieux sourire de sa fraîche végétation. Les prairies et les haies y 
sont émaillées par les fleurs bleuâtres et odorantes des : 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 6935 


Viola hirta Z. 

— permixta Jord. 
— abortiva Jord, 
— multicaulis Jord. 
— dumetorum Jord. 
— odorata L. 


Viola sepincola Jord, 
— virescens Jord. 
— scotophylla Jord, 
— suavissima Jord. 
— jucunda Jord. (1). 


En sortant de Thonon, on observe dans les vignes et sur les talus de la route : 


Viola agrestis Jord. 
Hieracium præaltum Vill, 


Hieracium fallax DC. 
Muscari neglectum Guss. Etc, 


À droite de la route, après une demi-heure de marche, les murs, les ro 
chers, les broussailles humides fournissent : 


Saxifraga aizoides. 
Bellidiastrum Michelii. 


Schænus nigricans. 
Calamagrostis montana. 


Quelques Cryptogames intéressantes, telles que : 


Gymnostomum curvirostre. 
— rupestre. 

Fissidens adiantoides. 
Eucladium verticillatum. 
Barbula aloides. 

— fallax. 

Bryum pseudotriquetrum. 
Philonotis fontana. 
Neckera crispa. 

Hÿpnum commutatum. 
— cuspidatum. 

— molluscum. 

Aneura pinguis. 

Pellia epiphylla. 

— calycina. 
Conocephalus vulgaris. 
Marchantia polymorpha. 


Codonia pusilla. 

Scapania umbrosa. 

Plagiochila asplenioides. 

Collema melænum. 

Solorina saccata. 

Parmelia caperata (en bonne : fructifica- 
tion). 

Caloplaca rupestris, 

Urceolaria scruposa. 

— — $. bryophila. 

Biatora uliginosa. 

— rupestris. 

— confluens. 

Gyalecta cupularis. 

Lecidéa calcarea. 

Ozonium aureum. 


Après avoir traversé la Drause, on arrive bientôt à des broussailles qui 
bordent le chemin pendant une heure et demie , et où l’on distingue surtout le 
Rhus Cotinus L., ainsi que les plantes suivantes : 


Hepatica triloba. 
Ranunculus mixtus Jord. 
Viola permixta Jord, 
— silvatica Fries. 

— arenaria DC. 

— mirabilis: 
Lathyrus silvestris. 
Sorbus Aria. 

Sedum maximum. 
Ptychotis heterophylla. 
Laserpitium latifolium. 
Peucedanum Cervaria. 
Galium silvaticum. 

— dumetorum Jord. 
Pulmonaria tuberosa. 


et autres plantes plus vulgaires. 


(4) Dans la suite de ce résumé, 
de l’année, 


Echinospermum Lappula. 
Orobanche cruenta. 

— Gali. 

—— Teucrii. 

Salvia glutinosa, 
Calamintha ascendens Jord. 
Cyclamen europæum. 
Daphne alpina, 

— Mezereum. 

Epipactis rubiginosa. 
Cephalanthera rubra. 
Limodorum abortivum. 
Carex silvatica. 

— ornithopoda. 
Lasiagrostis Calamagrostis. 


j'indiquerai les plantes récoltées aux diverses époques 


694 _ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Près du pont de Bioge, la route est bordée d’£uphorbia salisburgensis 
Funck, et les rochers sont tapissés de l’Æieracium glaucum AN. 

De là, il faut révenir sur ses pas pour prendre la rive droite de la Dranse, 
au-dessous des carrières de gypse d’Armoy. Après avoir dépassé . pont, l'œil 
observe sur les rochers et dans les endroits humides : 


Saxifraga aizoides. 
Carex maxima. 

— vesicaria, 

— paludosa. 

— lepidocarpa Tausch, 


Sesleria cærulea. 
Calamagrostis montana. 
Lasiagrostis Calamagrostis. 
Equisetum variegatum. 


Après une demi-heure de marche, on est en face des immenses grèves de 
la Dranse qui attirent l’attention sur les espèces suivantes : 


Fumana procumbens. 
Viola scotophylla Jord. 

— virescens Jord. 
Polygala comosa, à 
— Chamæbuxus. 

Alsine tenuifolia var, viscidula Gaud. 
— hybrida Jord. 

— fasciculata. 

Coronilla Emerus. 

Lotus tenuis. 

Rosa dumalis Bechst.. 

— verticillacantha Mérat. 
— urbica Lém. 

— platyphylla Rau. 
Myricaria germanica. 
Galium commutatum Jord. 


Asperula arenicola Reuler. 
Scabiosa patens Jord. 
Taraxacum erythrospermum. 
Campanula pusilla. 
Scrofularia Ehrharti. 
Linaria alpina. 

Globularia cordifolia, 
Plantago serpentina. 
Thesium pratense.  : 
Hippophaë rhamnoides. 
Salix amygdalina. 

— incana. 

— nigricans Fries. 
Carex nitida. 

Scleropoa rigida. 

Vulpia ciliata. 


Ici, les Mousses et les Lichens sont assez nombreux ; en voici les principales 


espèces : 


Phascum cuspidatum. 

Fissidens osmundioides var. f. micro- 
carpus. 

Pottia cavifolia. 

Anacalypta lanceolata. 

Didymodon rubellus, 

Ceratodon purpureus. 

Leptotrichum flexicaule. 

Barbula convoluta. 

— fallax. 

— gracilis. 

— inclinata 

— revoluta. 

— ruralis. 

— tortuosa, 

— unguiculata. 

Rhacomitrium canescens. 

Hedwigia ciliata 

Bryum argentum. 

— cæspititium, 

Mnium cuspidatum, 

Thuidium abietinum. 

— tamariscinum. 

Homalothecium sericeum; 


Amblystegium serpens. 
Hypnum commutatum. 
— cupressiforme. 

— cuspidatum. 

— stramineum. 
Collema granosum. 

— furvum. 

— pulposum. 
Bæomyces rufus. 
Cladonia endiviüfolia, 
pyxidata var. pocillum .., 
neglecta, 
fimbriata. 

— var. fibula. 

— var. ochrochlora. 
furcata. 

— var. subulata. 
pungens. 

Peltigera canina. 

— spuria. 
Psoroma lentigerum. 
— fulgens. 

Psora decipiens. 
Thalloidima vesiculare. 


PE BERLEI 


SESSION EXTRAORDINAIRE .A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 6956, 
Les troncs d’un bois récemment coupé me fournirent un.jour plusieurs 


Champignons, tels que : 


Xylaria cornuta. 

Sphæria cohærens.…. 

— fusca. 

— deusta. 

— quercina, 
Tubercularia cinnabarina. 
— vulgaris, 

Telephora ferruginea. 

— hirsuta,. 

Polyporus hirsutus. 

— versicolor. 
Schizophyllum commune. 


Lycoperdon piriforme, 
Arcyria punicea. 
Lycogala miniata. 
Dacrymyces deliquescens. 
Tremella mesenterica. 
Peziza atrata, 

— Cyathus, 

Merulius lacrymans. 
Coprinus domesticus; 
Agaricus laccatus. 

— stypticus. 

— vulgaris. 


Sur les parapets du pont de la Dranse : 


Barbula rigida. 
— mucronifolia. 
Thalloidima candidum, 


Lecanora rimosa. 
— cinerea. 
Urceolaria opegraphoides, 


Arrivé au sommet de la montée de Tuiset, le botaniste prendra le chemin 
de Tully pour rentrer à Thonon. Les haies, les champs, les _. des che- 


mins lui offritront encore : . 


Erophila glabrescens Jord. 
— mMmajuscula Jord. 
Anchusa italica. 

Echium Wierzbickii. 


Calamintha ascendens Jord, 

— nepetoides Jord, 

— officinalis Mœnch.\ 

Scleropoa rigida Griseb. Etc., etc. 


S’il jette un coup d’œil dans les vignes, il verra sur les ceps le Mallotium 
tomentosum Kærb. Les Collema microphyllum Ach. et Mallotium Hilden- 
brandii Kærb. envelpRglE les troncs des Noyers, et les murs sont tapissés 


de : 


Encalypta vulgaris. 
Grimmia crinita. 
Barbula ruralis. 

— unguiculata. 
Orthotrichum anomalum. 
Collema melænum. 

— pulposum, 
Cladonia neglecta. 
Pannaria nigra, 
Amphiloma murorum. 
— cirrochroum. 

— citrinum. 
Thalloidima vesiculare. 


Placodium saxicola. 
Urceolaria scruposa var, y. bryophila; 
Biatora goniophila. 

— sabuletorum, 

— Hampeana. 

— holomelæna. 
Lecidea petræa. 
Endocarpon rufescens. . 
Verrucaria nigrescens. 
— rupestris. 

— papillosa. 

— calciseda. 


8 EL. — Herhborisation à la porme d Ripaite. 


Dans une matinée, cette herborisation peut facilement se faire. A l'entrée 
du chemin de Concise, les prémices de l'excursion sont l'Oncpordum Acan- 
thium et le Chenopodium Vulvaria. Sur le cimetière apparaissent Vicia Fors- 


696 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ter Jord. et Hieracium vulgatum Koch. Concise (hameau à dix minutes 
de Thonon) possède dans les haies et aux bords des chemins : 


Viola suavissima Jord. 

Arenaria sphærocarpa Ten. 

Cerastium brachypetalum Desp. 
Erodium triviale Jord. 

Rosa dumalis Bechst. 

— andegavansis Bast. (stylis glabris). 
— tomentella Lém. 

— virgultorum Rip. 

Scrofularia canina, 

Verbascum thapsiforme. 


Verbascum floccosum, 

— Lychnitis. 

— Blattaria. 

— Jychnitidi-floccosum Koch, 
— lychnitidi-Blattaria Koch. * 
Veronica latifolia. 

Mentha rotundifoiia. 

— silvestri-rotundifolia Wirtg. 
Stachys germanica. 
Andropogon Ischæmum. Etc, 


Vis-à-vis de la porte d’entrée du magnifique parc de Ripaille, on trouve 


dans les vignes : 


Erophila stenocarpa Jord. 
Cerastium viscosum. 


Dans les haies : 


Rubus discolor. 
Rosa finitima Déségl, 
— urbica Lém, 


Persica vulgaris (cultivé). 
Veronica Buxbaumii. Etc. 


Rosa sepium Thuill. 
— umbellata Leers. 
— tomentosa Smith. 


Il faut ensuite contourner les murs du parc de Ripaille, au pied desquels 
se rencontre l'Orobanche Hederæ. Les grèves du lac présentent alors ; 


Ranunculus Steveni, 
Arabis sagittata. 
Erophila hirtella Jord, 
— glabrescens Jord. 
Viola permixta Jord. 

— abortiva Jord. 
Coronilla Emerus. 

Rosa fallens Déségl. 

— Tourangiñiana Dés. el Rip. 
— malmundariensis Leÿ, 
— dumalis Bechst. 

— mentita Déségl. 

— virgultorum Rip. 

— Lemanii Bor. 

— tunoniensis Déségl. 
Sedum reflexum. 


— sexangulare. 


Fœniculum officinale, 
Asperula arenicola Reuler. 
Hieracium fallax, 

— vulgatum. 

— paucinævum Jord. 

— umbellatum. 

Cuscuta major. 
Echinospermum Lappula. 
Galeopsis angustifolia Ehrh. 
— canescens Schullz. 
Cyclamen europæum. 
Orchis galeata. 

Ophrys arachnites. 
Epipactis rubiginosa. 
Allium sphærocephalum. 
Phalangium ramosum. 
Equisetum ramosum. Etc. 


;: $ HIT, — Herborisation à la colline des Allinges. 


Cette herborisation n’est qu’à une heure et demie de Thonon, mais elle est 
une des plus riches des environs, parce qu’elle a dans son parcours une 
grande variété de sites. La place de Crète, qui domine la ville, sera d'abord 
visitée pour ses plantes xérophiles : 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL,-AOUT 1863. 697 


Arabis hirsuta. 
— sagittata. 


Erophila medioxima Jord. 


— virescens Jord, 
— brachycarpa Jo“d. 
— stenocarpa Jord. 
— majuscula Jord. 


Capsella rubella Reuler. 

Bunias Erucago. 

Cerastium brachypetalum. 
Trifolium scabrum. 

— agrarium. 

— Schreberi Jord. 

Scleranthus verticillatus Tausch. Etc. 


On prend ensuite la route impériale de Thonon à Bonneville, où l'on 
trouve d’abord aux bords des eaux et dans les canaux : 


Epilobium hirsutum. 

— parviflorum. 

Crepis paludosa. 
Vaucheria cæspitosa DC. 


Batrachospermum moniliforme Roth. 
— — f$. violaceum Grognot. 
Cladophora rupestris Kuetz. 
Hydrurus penicillatus Ag. Etc. 


Arrivé aux eaux de la Versoix, le botaniste trouvera dans les marais et les 
fossés la flore qui les caractérise ordinairement. 


De là à Allinges, les bords des haies ont une végétation luxuriante, com- 
posée de : 

Viola virescens Jord. | Viola multicaulis Jord. 
— scotophylla Jord. — odorata L. 

L'ascension de la colline des Allinges se fait par un chemin ombragé de 
Châtaigniers, dont les rameaux couvrent : 

Campanula persicifolia. Luzula nivea. 
— glomerata. " Etc. 

La colline des Allinges, célèbre par ses souvenirs religieux, comprend un 
ensemble de mamelons calcaires et molassiques échelonnés qui se dirigent du 
midi au nord. La plus grande partie de sa surface est boisée. Le versant oriental 
en est généralement cultivé. À l'extrémité septentrionale gisent les restes d’un 
vieux château des rois de Bourgogne, construit au x° siècle, témoin muet des 
guerres sanglantes du xvI° siècle, terre bénite et sanctifiée par les sueurs et 
les travaux apostoliques de saint François de Sales. Les murs d'enceinte de 
l’antique manoir, ainsi que les pelouses et les broussailles qui les entourent, 
fournissent les espèces suivantes (alt. 715 m.) : 


Ranunculus mixtus Jord. 
Aquilegia vulgaris. 
Papaver Lecoquii. 
Arabis hirsuta, 

— Turrita. 

Draba majuscula Jord. 
Saponaria ocimoides. 
Genista germanica. 
Cytisus Laburnum. 
Trifolium striatum. 
— montanum. 

— aureum. 

— agrarium. 
Coronilla Emerus. 


Lx 


Vicia nemoralis Pers. 

— Forsteri Jord. 

— sepium. 

Orobus niger. 

Potentilla argentata Jord. 

Sorbus Aria. 

Sedum purpurascens. 

Asperula odorata. 

Senecio flosculosus Jord. 

Hieracium saxetanum Jord. (sur les 
murs). . 

Campanula patula. 

Fraxinus biloba, 
Etc. 


16 


698 
Pour rentrer à Thonon, le botaniste devra prendre la route dite des Moises, 
afin de récolter sur ses bords : 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Hieracium dumosum Jord. 
— boreale. 
Etc. 


Neslia panniculata. 
Rapistrum rugosum. 
Hieracium umbellatum. 


Dès qu’il atteindra les marais de Chessé, il lui sera fort avantageux de faire 
une récolte de plantes hygrophiles, parmi lesquelles on remarque : 


Rhynchospora alba. Carex Davalliana. 
Scirpus cæspitosus. — lepidocarpa. 
— compressus. Polystichum Thelypteris. 


Carex dioica. 


Après ces trois herborisations, qui donnent un aperçu de la végétation des 
environs de Thonon, il ne sera pas inutile d'ajouter que l’on rencontre encore 


, 


* Sinapis Schkuhriana Rchb. 


généralement, 1° dans les champs : 


Papaver arvaticum Jord. 
— agrivagum Jord. 
Erysimum perfoliatum (1). 


Viola agrestis Jord. 

— segetalis Jord. 
Arenaria sphærocarpa Ten. 
— leptoclados Rchb. 


2° Dans les prairies : 


Ranunculus Steveni. 
Dianthus superbus. 
Silene puberula Jord. 
— brachiata Jord. 
— oleracea Bor. 
Stellaria graminea. 
Knautia indivisa Bor. 


3° Dans les gravières : 


Papaver modestum Jord. 
— Lecoquii. 

Diplotaxis muralis. 
Tunica saxifraga. 
Saponaria ocimoides. 


Oxalis europæa Jord. 
Lathyrus tuberosus. 
Epilobium Lamyi. 

— tetragonum. 
Torilis helvetica. 
Anchusa italica. 
Linaria Elatine. 

Etc., etc. 


Primula variabilis. 
Orchis Morio, 

-— mascula, 

— ustulata. 
Carex stricta. 

— distans, , 


Saponaria Vaccaria. 
Ononis procurrens. 
Torilis Anthriscus. 
Echinospermum Lappula. 
Polycnemum majus. Etc. 


B° Aux bords des chemins et dans les haïes : 


Corydallis tuberosa,. 
— bulbosa. 
Barbarea stricta 
Sisymbrium officinale. 
Erucastrum Poilichii, 
— objusangulum. 
Reseda crispa Mill. 
Melilotus arvenis. 


(1) Assurément échappé de culture. 


Coronilla Emérus. 
Rosa systyla Bast. 

— leucochroa Desv. 
— finitima Déségl. 
— fallens Déségl. 

— medioxima Déségl. 
— dumalis Bechst. 
— obtusifolia Desv. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 699 


Rosa urbica Lém, 

— platyphylloides Déségl. et Rip. 

— ramealis Puget in Déségl, Hérb. 
Ros. n° 66. 

— Deseglisei Bo”. 

— tomentella Lém. 

— permixta Déséÿl: 

— umbellata Leers. 

— subglobosa Smith. 


5° Dans les bois et les broussailles : 


Anemone ranunculôidés. 
Genista germanica. 

Vicia silvatica. 

Orobus vernus. 

— tuberosus. 

Spiræa Aruncus: 

Rubus nemorosus G. et G. 
— Bellardi Weih. et Nees. 
— Radula Weih. ét Neëés. 
Rosa repens Scop. 

— platyphylla Ra. 

— viscida Puget. 

— permixta Déségl. 

— septicola Déségl. 

— cuspidata M. Bieb. 

— subglobosa Smith. 
Galium silvaticum. 

— elatum. 

Asperula tinctoria. 
Hieracium comatulum Jord. 
— silvaticum Lam. 

-— dumosum Jord. 

— concinnum Jord. 

— quercetorum Jord. 

— umbelliforme Jord. 

— umbellatum Z. 


6° Dans les.mares ou petits lacs : 


Chara longibracteata, 
— funicularis Thuill: 
— hispida L, 


7° Parmi le lac Léman : 


Myriophyllum verticillatum. 
Potamogeton rufescens. 


Cephalaria pilosa. 
Mentha intermedia Beck. 
Calamintha officinalis (à fleurs blanches). 
— — $. brachyantha Reutér: 
— ascendens Jord. 
Buxus sempervirens, 
Euphorbia stricta. 
Parietaria erecta: 
Etc. 


Hieracium boreale Frs, 

Campanula urticifolia, 

— Trachelium. 

Orchis galeata. 

— fusca. 

— maculata, 

Aceras anthropophora. : 

Ophrys muscifera. 

— arachnites. 

— apifera. 

Limodorum abortivum, 

Epipactis latifolia. 

Cephalanthera pallens. 

— ensifolia. 

— rubra. 

Phalangium ramosum. 

Luzula nivea. 

Carex montana. 

— digitata. 

— alba. 

— distans. 

Molinia littoralis Host. 

Festuca heterophylla. 

Bromus asper. 

Polystichum Oreopteris DC 
Etc. 


Chara tomentosa Thail, 
— intertexta Desv. 
— fragilis. 


Chara fœtida, 


Les environs de Thonon fournissent encore une belle collection dé Mousses, 
d'Hépatiqués et de Lichiens; tant sur les murs que sur la terre; sur les troncs 


d’arbrés et dans les boïs. 
Dans lés Mousses : 
Phascum curvicollum. | 


—— Cuüspidatum, 
Gÿmnostomum microstomum. 


Gymnostomum rupestre. 
— tenue. 
Dicranella heteromalla, 


200 . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


Leucobryum glaucum. 
Seligeria recurvata. 
Pottia cavifolia. 

— truncata. 
Anacalypta lanceolala. 
Didymodon rubellus, 
Ceratodon purpureus. 
Leptotrichum flexicaule. 
Trichostomum convolutum. 
Barbula convoluta. 
fallax. 

gracilis. 

muralis. 

revoluta. 

rigida. 

subulata. 

tortuosa. 
unguiculata. 


PRET] A 


Grimmia apocarpa. 
— commutata. 

— crinita. 

— orbicularis. 

— pulvinata. 
Hedwigia ciliata. 
Ulota crispa. 

— Hutchinsiæ. 
Orthotrichum affine. 
— anomalum. 

— cupulatum. 

-— Jeiocarpum. 

— rupestre. 

— speciosum. 
Tetraphis pellucida, 
Encalypta vulgaris 8. obtusa. 
— streptocarpa. 
Bryum argenteum. 
— bimum, 

— cæspititium. 

— capillare. 
— pseudotriquetrum. 
Mnium cuspidatum, 
— punctatum. 


Dans les Hépatiques : 


Preissia commutata. 
Aneura pinguis. 

Pellia epiphylla. 
Reboulia hemisphærica. 
Marchantia polymorpha. 
Madotheca lævigata. 

— platyphylla. 
Frullania dilatata, 

— Tamarisci. 

Radula complanata. 


— $. apiculata Br. el Schmp. 


Mnium undulatum. 
Philonotis fontaua. 
Atrichum undulatum. 
Pogonatum aloides. 
Polytrichum juniperinum. 
Neckera complanata. 
Homalia trichomanoides. 
Leucodon sciuroides. 
Leskea polycarpa. 
Anomodon attenuatus. 
— viticulosus. 
Thuidium tamariscinum. 
Climacium dendroides. 
Pylaisia polyantha. 
Isothecium myurum. 
Camptothecium lutescens. 
— nitens. 
Brachythecium populeum. 
— rutabulum. 

— velutinum. 
Eurhynchium piliferum. 
— striatum. 
Rhynchostegium murale. 
— tenellum. 

— prælongum. 
Amblystegium riparium. 
— serpens. 

— subtile. 

Hypnum aduncum. 
commutatum. ” 
cupressiforme «. elatum. 
— $. filiforme. 
cuspidatum. 
filicinum. 

Halleri. 

molluscum. 
palustre. 

— purum. 

— Schreberi. 

— stellatum. 

— stramineum. 
Hylocomium splendens. 


| EFPEETI 


Plagiochila asplenioides.… 
— — «&. major. 
Chiloscyphus pallescens. 
Calypogeia graveolens. 
Jungermania bicuspidata. 
— lanceolata. 

— minuta. 

— quinquedentata. 

— trichophylla. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 


Dans les Lichens : 


Polychidium muscicola. 
Leptogium subtile. 
Collema granosum. 

— melænum. 

— pulposum. 

… cheileum. 

— microphyllum. 

— nigrescens. 

Physma compactum. 
Calicium hyperellum. 

— trabinellum. 

— parietinum. 

— pusillum, 

Coniocybe furfuracea. 

— pallida. 

Bæomyces roseus. 

— rufus. 

Cladonia endiviæfolia. 
— pyxidata $. pocillum, 
— fimbriata «. radiata. 
— — 8. ochrochlora. 
— — 7. fibula. 

— neglecta. 

cornuta. 

furcata. 

— f$. racemosa. 
— Y. recurva. 

— d, subulata, 
squamosa, , 
— a. microphylla. 
delicata. 

macilenta «. bacillaris. 
Stereocaulon paschale (1). 
Alectoria jubata &, chalybeiformis. 
— — $. prolixa. 
Cetraria islandica x, vulgaris. 
Peltigera aphthosa. 

— Canina. 

— rufescens. 

— spuria, 

— horizontalis, 
Solorina saccata. 
Parmelia perlata, 

— tiliacea. 

— olivacea. 


LR ELIÉEEI 


— physodes (en bonne fructification). 


Physcia parietina. 
candelaria. 
pulverulenta. 

— $. angustata. 
stellaris. 

— «. leptalea. 
— $. tenella. 
obseura. 


RE 


Physcia obscura &. chlorantha. 
— — $. cycloselis. 
Parmeliella triptophylla. 
Psoroma crassum. 
Myriospora glaucocarpa. 
Amphiloma Callopisma. 
— murorum, 

— — f. lobulatum, 
— — 7. orbiculare, 
Placodium radiosum, 
— galactinum. 
Lecanora subfusca. - 
— — f. distans. 

— 7. pulicaris. 
— À, chlarona. 
frustulosa. 

pallida. 

Sambuci. 

Hageni. 
Flotowiana. 
Friesiana. 

rimosa. 

cinerea. 

calcarea. 

vitellina. 

Caloplaca cerina. 

— — f. hæmatites. 
— rupestris. 

— arenaria. 
Urceolaria scruposa. 
— — $. bryophila. 
— opegraphoides. 
Biatora rupestris. 

— — f. rufescens. 
— immersa. 

— f$. calcivora. 
tabescens. 
goniophila. 
sabuletorum. 

— f. coniops 
fumosa. 

contigua. 
confluens. 
myriosperma. 
Hampeana. 
enteroleuca. 

— B. rugulosa. 
— olivacea. 

Patellaria erythrocarpa 
— cyrtella. 

— minuta. 

— Muscorum. 

— acclinis. 

— atro-sanguinea, 


BELRBEEL EEET 1 


EURE EEE CET 


(1) Quelques touffes sur une pierre dans les bois de Chessé.. 


701 


702 


Gyalecta cupularis. 
Blastenia luteo-alba, 
— — £. holocarpa. 
— ferruginea. 
Buellia parasema. 

— — f. saprophila. 
— saxatilis. 

— punctiformis. 
Lecidea calcarea. 

— petræa. 

— geographica. 

— armeniaca, 

— canescens. 

— albo-atra. . 
Graphis scripta. 

— — 6. pulverulenta. 
. abietina. 

. serpentina. 
Opegrapha varia. 

— — a, lichenoides. 
— notha, 

— signata. 

— vulgata. 


SOCIÉTÉ PBOTANIQU 


E DE FRANCE. 


Opegrapha vulgata f. siderella. 
— atra. 

— — $. bullata, 

— — ‘y. abbreviata. 
— herpetica. 

Arthonia fusca. 

— exilis. 

— vulgaris. 

— astroidea. 
Coniocarpon gregarium, 
Lecanactis biformis., 
Endocarpon miniatum. 
— — f$. complicatum. 
Verrucaria nigrescens. 
— fuscella. 

rupestris. 
calciseda. 
epidermidis. 
papillosa. 
carpinea, 

Lepra incana. 

— virescens. 

— flava. 


FERBE 


Pour compléter la connaissance de la distribution géographique des plantes 
du Bas-Chablais, il est utile d'ajouter que l’on trouve encore : 


Au Lyaud (alt. 680 mètres) : 


Thalictrum Bauhini. 
Iberis pinnata. 
Silene puberula. 
Hieracium dumosum, 


À Laully (alt. 550 mètres) : 


Barbarea stricta, 

— rivularis de Martrin. 
Rosa systyla Bast. 

— stylosa Desv. 

— fallens Déségl. 

— villosiuscula Rip. 

— sepium Thuill. 

— arvatica Puget. 

— Lemanii Bor. 


A Sciez (alt. 406 mètres) : 
Silene Otites. 

A Excenevex (alt, 390 mètres) : 
Artemisia campestris. 
Chondrilla juncea. 


Verbascum floccosum, 


A Chens-Cusy (alt. 427 mètres) : 


Veronica spicata B. polystachya. 
Polycnemum majus. 
Polygonum humifusum. 


Rosa comosa Rip. 

— omissa Déségl. . 
Æthusa elata Fried. 
Pastinaca opaca Bernh. 
Lappa major. 

— minor. 

Lathræa Squamaria. 
Hieracium autareticum Jord, 
Cladonia verticillata. 


Pastinaca pratensis Jord, Etc, 


Phelipæa arenaria. 
Euphorbia Gerardiana. 
Etc. 


Cucubalus bacciferus. Etc. 


SESSION EXTRAORDINAIRE À CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863, 703 


À Douvaine (alt. 428 mètres) : 


Rosa cuspidata Bieb. 
Callitriche stagnalie, 
— platycarpa. 
Galium boreale. 
Cephalaria pilosa. 
Achillea Ptarmica, 


Lactuca saligna. 

Xanthium Strumarium (1). 
Antirrhinum Orontium. 
Leonurus Cardiaca. 
Ornithogalum pyrenaicum. 
Gaudinia fragilis, 


Onopordum Acanthium. 


et autres plantes des marécages. 


8 HW. — Herborisation dans la partie septentrionale dn Chablais, 
et spécialement dans la vallée d’Abondance. 


Si l’on part de Thonon, après avoir traversé le pont sur la Dranse (alt. 
380 m,), on rencontre aux bords des chemins et dans les prairies : 


Anemone ranunceuloides. 
Ranunculus Steveni, 
Corydallis tuberosa. 
Barbarea stricta. 

Viola hirta. 

— virescens Jord. 
Lychnis vespertina. 

Rosa dumalis Bechst. 


Rosa andegavensis Bast. 
Epilobium tetragonum, 
Crepis paludosa. 

Lathræa Squamaria. 
Pulmonaria tuberosa. 
Primula variabilis. 
Narcissus Pseudonarcissus. 
Allium ursinum. Etc. 


Au-dessous de Publier est Amphion, avec ses sources d'eaux ferrugineuses 
froides et avec ses chemins bordés de Mentha rotundi folia et de Calamintha 
 officinalis. 

Évian-les-Bains (alt. 380 m.) est bâti en amphithéâtre au pied d'une colline 

boisée et au bord du lac Léman. Célèbre par ses eaux alcalines, d’une répu- 
tation justement méritée, Évian jouit d’une richesse de yégétation peu com- 
mune à notre zone tempérée. Ses belles châtaigneraies, la fertilité de son sol 
s'expliquent par l'abondance des eaux presque chaudes qui affleurent partout. 
Néanmoins, le botaniste y trouvera peu de plantes à serrer dans ses cartons. 
Après le Chejranthus C'heiri (qui tapisse les vieux murs), les haies, les prairies 
et les vignes ne lui donneront que : 

Hieracium concinnum Jord. 
Maianthemum bifolium. 


Muscari neglectum. 
Luzula nivea, 


Trollius europæus. 
Silene puberula Jord. 
Arenaria sphærocarpa. 
Carum Carvi. 
Cephalaria pilosa. 
et plusieurs des plantes déjà citées dans les listes précédentes. 

En continuant de côtoyer les bords du lac, on traverse la Grande-Rive, la 
Petite-Rive, et l’on arrive en dessous de Maxilly où les fossés, les petits marais 


et surtout les grèves du lac, nous offrent les plantes suivantes : 


(1) Voy. Reuter, Catalogue, p. 114+ 


704 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Arabis hirsula, Salix nigricans. 

Saponaria ocimoides. Orchis ustulata. 

Asperula arenicola Reuter. Ophrys aranifera. 
Scrofularia Ehrharti. Phalangium ramosum, 
Pinguicula vulgaris. Tofieldia palustris. 

Salix incana, Andropogon Ischæmum. Etc. 


Laissant à droite Lugrin (alt. 413 m.) avec ses gigantesques Châtaigniers et 
ses Cerisiers cultivés pour le kirsch, qui ne causent nulle envie aux botanistes, 
on arrive à Meillerée (alt, 403 m.), dont on admire les riches carrières de cal- 
caires bleus veinés de blanc, et où une végétation moins avare invite à 
ouvrir les cartons pour y serrer : 


Papaver Lecoquii. Asarum europæum. 

Arabis Turrita. Sesleria cærulea. 

Saxifraga cuneifolia. Scolopendrium officinarum. 
Salvia glutinosa. Polystichum Oreopteris. Etc., etc. 


Encore une heure de marche, et Saint-Gingolph (alt. 395), situé sur les 
alluvions du torrent de la Morge, qui sert de frontière entre la France et le 
Valais, ajoute à la liste des plantes de Meillerée : 


Calamiatha nepetoides Jord. Festuca gigantea Vill. 
Hippophaë rhamnoides,. Etc. 


Mais, revenons au but le plus intéressant et le plus important de cette her- 
borisation, qui est l'exploration des Dents-d’Oche et de la vallée d’Abondance. 
D'Évian-les-Bains une pente rapide conduit à Neuvecelle (alt. 471 m.), où 
dans une prairie un Châtaignier gigantesque de plus de 14 mètres de circon- 
férence dresse ses branches majestueuses et peut contenir dans sa cavité de 
quatorze à quinze personnes. Rien d’ailleurs n’y attire l'attention du botaniste. 

Saint-Paul (alt. 827 m.) offre un plateau sur lequel se trouvent deux petits 
lacs remplis de Potamogeton lucens L., et dont la formation est due (rapporte 
la tradition) à un enfoncement subit de beaux pâturages dans la profondeur 
des eaux. On gagne ensuite Bernex (alt. 945 m.), d’où remontant la vallée 
par Trossy et Mopassay en récoltant ARosa platyphylla Rau, R. subglobosa 
Smith, on s'engage sur les premiers escarpements des Dents-d'Oche à travers 
des forêts jusqu’à la grande découpure qui sépare les deux Dents-d’Oche; la 
petite est à l'est de la grande. Les sentiers sont rapides et couverts de galets 
qui roulent sous les pieds. A partir des chalets d’Oche, toute végétation arbo- 
rescente cesse ct l'ascension continue sur des pentes gazonnées, émaillées de 
mille petites fleurs au mois de juillet : elle s'achève dans des couloirs sur des 
talus de rocailles où le pied peu sûr doit être secondé du travail gymnastique 
des mains et du bâton ferré. De la plus haute cime des dents d’Oche (alt. 
2434 m.), le panorama le plus grandiose s’étend sur toute la chaîne des Alpes 
de la Savoie jusqu’au Mont-Rose, sur les trois lacs de Neufchâtel, de Bienne 
et du Léman, sur la chaîne du Jura, sur les plaines et sur toute la. région 
alpine du Chäblais. Les deux dents d’Oche fournissent les plantes suivantes : 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 


Thalictrum nutans. 

— saxalile, 

Anemone vernalis. 

— alpina. 

— narcissiflora, 
Ranunculus montanus. 
— gracilis, 

— Thora. 

Aconitum lycoctonum. 
Trollius europæus. 
Arabis alpina. 

— stricla. 

— serpyllifolia. 
Hutchinsia alpina. 

— petræa. 

Draba aizoides. 

— frigida. 

Thlaspi brachypetalum Jord. - 
Biscutella lævigata. 
Helianthemum œlandicum, 
— alpestre. 

— grandiflorum. 
Viola calcarata. 

— alpestris Jord. 
Polygala alpestris. 
Silene bryoides Jord. 
— puberula Jord. ; 
Cherleria sedoides. 
Alsine Bauhinorum J. Gay. 
Arenaria grandiflora. 
Spergula saginoides. 
Cerastium strictum. 
Linum alpinum. 
Hypericum fimbriatum. 
Rhamnus pumila. 
Oxytropis campestris. 
Astragalus depressus. 
Geum montanum. 
Rubus saxatilis. 
Potentilla aurea. 

— jurana Reuter. 
Alchimilla hybrida. 
Sorbus Chamæmespilus. 
Epilobium collinum. 
Sedum atratum. 

— annuum. 
Sempervivum tectorum. 
— arachnoideum. 
Saxifraga oppositifo:ia. 
— Aizoon. : 

— androsacea. 
Laserpitium Siler. 

Gaya simplex. 
Heracleum Panaces, 
Chærophyllum hirsutum, 
Galium anisophyllum. 
— myrianthum Jord. 


Scabiosa lucida. 

—" alpestris Jord. 
Adenostyles alpina. 
Homogyne alpina. 

Erigeron alpinus, 

Aster Amellus. 

Solidago alpestris. 
Gnaphalium norvegicum. 
Aronicum scorpioides, 
Senecio Doronicum., 

— Fuchsii. 

Cirsium Eriophorum. 
Serratula Vulpii Fischer-Ooster. 
Centaurea montana. 

— nervosa. 

— Scabiosa. 

—  — $. petrophila Reuter. 
Leontodon pyrenaicus. 


[EL 


Hieracium Auricula $. uniflorum Gaud. 


— angustifolium. 

— villosum. 

— elongatum. 

— amplexicaule. 

— Jacquini. 

— prenanthoides. 
Campanula thyrsoidea. 
Gentiana punctata. 

— lutea. 

— verna. 

— Clusii Perr. el Song. 
— campestris. 
Cerinthe alpina Kül. (1). 
Linaria petræa Jord. 
Veronica fruticulosa. 
-— alpina. 

— aphylia. 

Tozzia alpina. 
Pedicularis verticillata, 
—. Barrelieri. 

— foliosa, 

Euphrasia cuprea Jord. 
— minima Schleich. 
— alpina Lam. 
Bartsia alpina. 
Calamintha alpina. 
Galeopsis Reichenbachii Jord. * 
Scutellaria alpina. 
Pinguicula grandiflora. 
Androsace pubescens. 
Soldanella alpina. 
Globularia cordifolia. 
— nudicaulis. 
Plantago alpina. 

— montana. 

Rumex alpinus. 

— arifolius. 
Polygonum viviparum. 


(4) Gaudin, Syn. fl. heln, p.143, cite aux Dénts-d’Oche le Cerinthe aspera Rolh. 


706 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Thesium alpinum, 
— pralense. 

Salix retusa. 

— recutita. 
Juniperus nana. 
Orchis globosa. 

— sambucina. 
Gymnadenia albida. 
Cœloglossum viride. 
Nigritella angustifolia. 
Paradisia Liliastrum, 
Gagea Liottardi. 


Allium Victorialis. 
Carex sempervirens. 
Sesleria cærulea. 
Agrostis alpina. 
Deschampsia flexuosa. 
Trisetum distichophyllum P. Beauv. 
Poa brevifolia Gaud. 
-— alpina. 

Festuca violacea Gaud. 
— alpina Sutt. 

Nardus stricta. 
Lycopodium Selago. 


Des Dents-d'Oche, on peut descendre sur Vacheresse par les alpages et les 
chalets du Mont-Darbon (alt. 1400 m.) qui fournissent (1) un certain nombre 
des espèces de la liste précédente, ainsi que plusieurs autres d’un caractère 


moins alpin ; on y remarque : 
Corydalis solida. 

Arabis alpestris Schleich. 
Dianthus saxicola Jord. 

Sagina Linnæi Presl. 

Anthriscus abortivus Jord. 
Valeriana angustifolia Tausch. 
Achillea macrophylla. 

Pyrethrum corymbosum. 


Senecio cordatus Koch. 

Carlina Chamæleon Vill. 

Hieracium flexuosum Waldst. et Kit. 
Gagea Liottardi. 

Calamagrostis montana. 

Polypodium alpestre. 

Asplenium viride. 


On laisse à droite Chevênoz (alt. 807 m.), où il est bon de signaler 


Viola mirabilis. 

Hieracium rupestre All. (M. l'abbé 
Depierre), 

— pulmonarioides Vill. 

— glaucum All. 

Veronica acinifolia. 


Odontites verna Rchb. 

Stachys arvensis. : 
Carex digitata. 

— ornithopoda. 

Phleum nodosum. 

Lasiagrostis Calamagrostis, 


parmi un grand nombre d'espèces vulgaires, dont quelques-unes offrent à cette 
altitude un certain intérêt ; et le Salwia verticillata L., qui embellit de ses 
verticilles bleuâtres les bords de la route jusqu’à Abondance. La région infé- 
rieure de Vacheresse (alt. 832 m.), qui est sur la rive droite de la Dranse, 


nous donne les espèces suivantes : 


Ranuneulus nemorosus, 
— Frieseanus Jord. 
Trollius europæus. 
Tberis pinnata, 

Viola nemoralis Jord. 
— segetalis Jord. 
Rhamnus alpina. 
Trifolium montanum. 
— aureum, 

Geum rivale, 

Rosa platyphylla Rau. 
— dumetorum Thuill. 
— subglobosa Smith, 
Sanguisorba serotina Jord. 
Myrrhis odorata. 


Valerianella carinata- 

— Auricula. 

Knautia silvatica. 

Lappa major. 

— tomentosa. 

Crepis paludosa. 
Hieracium acutatum Jord. 
Orobanche Teucrit. | 
Phelipæa cærulea. 
Euphrasia salisburgensis. 
Salvia glutinosa. 
Galeopsis intermedia, * 
Globularia cordifoiia. 
Alnus incana. 

— viridis. Eté. 


(1) Le terrain jurassique kimméridgien du Mont-Darbon contient de la houille et des 


fossiles. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 707 


Mais, pour avoir une connaissance exacte de la végétation alpine de Vache- 
resse, il faut faire l'ascension de la chaîne des Cornettes, dont les diverses 
sommités sont fort intéressantes. 

1. Celle de Fontaine (alt. 1600 m.) fournit : 


Ranunculus aconitifolius. Crepis aurea. 

: — Thora. Euphrasia minima. 
— lanuginosus. — rigidula Jord. 
Nasturtium hybridum Thuill. Soldanella alpina. 
Arabis alpina. Lilium Martagon. 
Geranium lividum L'Hérit. Festuca silvatica, 
Chærophyllum hirsutum. Nardus stricta. 
Galium tenue. 


2. Celle d'Ubine (alt. 2000 m.) fournit entre autres espèces alpines : 


Anemone narcissiflora. Pedicularis Barrelieri, . 
Biscutella lævigata, — foliosa, 

Geum montanum. Euphrasia hirtella Jord. 
Potentilla aurea. — minor Jord. 

Sedum atratum. Globularia nudicaulis. 
Athamanta cretensis. Plantago montana. 

— — f. mutellinoides Lam. Rumex alpinus. 

Aster alpinus. Polygonum viviparum. 
Senecio cordatus Koch. Juniperus nana. 

— Doronicum. Allium Victorialis, 
Centaurea nervosa. Veratrum album. 
Aposeris fœtida. Carex atrata. 
Hieracium elongatum, — ferruginea. 

— Jacquini. Phleum alpinum. 
Gentiana Clusii, Poa hybrida. 
Pedicularis verticillata. Festuca nigrescens. 


3. Celle de Pelloua (alt. 2100) voit fleurir un grand nombre d’espèces 
vulgaires des sommités alpines, entre autres : 


Ranunculus Thora. Leucanthemum atratum, 
Arabis muralis. Soyeria montana. 
Biscutella lævigata, Hieracium multiflorum. 
Alsine verna, — aurantiacum. 
Oxytropis montana. Phyteuma betonicifolium. 
Onobrychis montana. Arctostaphylos alpina. 
Potentilla grandiflora, Androsace pubescens. 
Solidago monticola Jord. Primula farinosa. 
Achillea macrophylla. Globularia nudicaulis. 
Leucanthemum maximum. Carex sempervirens. 


h. Les Cornettes de Bise (alt. 2200 m.) et le Signal (alt, 2400 m. } attirent 
l'attention sur les rares espèces suivantes : 


Thalictrum nutans Desf. -  Ranunculus pyræneus. 
— aquilegifolium. Aconitum Napellus. 
Anemone vernalis, — paniculatum. 

— alpina. Arabis alpina. 

— — É. sulfurea. à — brassiciformis. 
Ranunculus Villarsii, — bellidifolia. 

— alpestris. — pumila, 


708 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Cardamine alpina. 

— resedifolia. 

Thlaspi rotundifolium. 
Draba lomentosa. 

— Johannis. 

Hutchinsia alpina. 
Helianthemum alpestre. 
Viola calcarata, 

— Zoysii. 

Polygala alpestris. 

Silene quadrifida. 

Alsine verna. 

Arenaria ciliata. 

MϾhringia polygonoides. 
Stellaria cerastioides. 
Cerastium trigynum. 

— latifolium. 

Linum alpinum. 

Geranium phæum. 

Trifolium cæspitosum. 

— pallescens. 

— badium. 

Phaca astragalina. 

Potentilla caulescens. 
Epilobium alsinifolium, 
Sedum annuum var. aurantiacum. 
Sempervivum arachnoideum. 
Eryngium alpinum. 

Gaya simplex. 

Meum Mutellina. 
Bupleurum stellatum. 
Heracleum Panares. 
Chærophyllum alpestre Jord. 
— hirsutum. 

Galium tenue. 

Valeriana tripteris. 

Knautia longifolia. 

Scabiosa lucida. 

Erigeron Villarsii, 

— uniflorus. 

— alpinus, 

Gnaphalium supirum. 
Leontopodium alpinum Cass, 
Cirsium spinosissimum, 

— eriophorum, 

Serratula Vulpii Fischer-Ooster. 
Taraxacum officinale var. alpinun Koch. 
Mulgedium alpinum. 
Hieracium angustifolium. 

— aurantiacum, 


Hieracium glanduliferum. 

glaciale. 

villosum. 

— B. angustifolium. 

elongatum. 

valdepilosum. 

Pseudocerinthe. 

prenanthoides. 

Campanula rotundifolia GB. ‘confertifolia 
Reut. Cat. p. 139. 

Gentiana purpurea Vill. 

— nivalis. 

— bavarica. 

— alpina. 

— Kochiana Perr. et Song. 

Cerinthe alpina. 

Veronica alpina. 

— saxatilis, 

— serpyllifolia var. nummularioides Lec. 
et Lamot. 

Tozzia alpina. 

Pedicularis foliosa, 

— incarnata. 

— tuberosa. 

— verticillata, 

Euphrasia minor Jord. 

— hirtella Jord. 

Betonica hirsuta. 

Ajuga reptans et var. alpina Koch. 

Androsace helvetica. 

Armeria alpina. 

Salix Arbuscula: 

— recutita. 

— herbacea. 

Allium Victorialis. 

— sibiricum. 

Veratrum album. 

Luzula spicata. 

— nigricans. 

Carex fœtida. ” 

— nigra. 

— atrata. 

— ferruginea. 

Avena Scheuchzeri. 

Agrostis alpina. 

— Schleicheri Jord. 

Festuca Halleri. 

— pumila. 

— violacea. 

Lycopodium Selago. Etc. 


anne 2 


Entre Vacheresse et Bonnevaux se trouve le Mont-Ozon (alt. 1300 m.), où 
l’on observe encore la plus grande partie des espèces précédentes. 

De Vacheresse, une heure de marche conduit à Bonnevaux (alt. 906 m.), 
sur la rive gauche de la Dranse. C’est pendant un séjour de plusieurs années 
dans cette commune que M. l'abbé Depierre, zélé et intrépide botaniste, à 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 709 


visité et exploré avec une rare intelligence toutes les montagnes de la vallée 
d’Abondance, récoltant avec soin toutes les plantes qui en caractérisent la 
riche végétation. Il a bien voulu, avec l’empressement le plus bienveillant, 
mettre à ma disposition, pour la rédaction de cette herborisation, son herbier, 
ses notes et ses renseignements. On trouve dans les environs de Bonnevaux, 


entre autres espèces : 


Geum rivale L. 

Rubus saxatilis. 

— idæus. 

— hirtus W. et Nees. 

— vestitus W, et Nees. 
Rosa alpina. 

— rubrifolia. 

— montivaga Déségl. 

— caballicensis Puget. 

— cuspidata. 

Sanguisorba serotina Jord. 
Sedum purpurascens Koch. 
Chærophyllum Cicutaria, 
Galium rotundifolium. 
Bellidiastrum Michelii. 


Au lieu dit Sous-la-Cerniat : 


Actæa spicata. 

Lunaria rediviva. 

Spiræa Aruncus. 

Potentilla aurea. 

— verna. 

Rosa sphærica. 

— Reuteri. 

— dumetorum. 

— platyphylla. à 


Dans la localité appelée aux C'ulattes : 


Thalictrum aquilegifolium. 
Ranunculus Januginosus. 
Dentaria digitata. 


Hieracium præaltum, 
— vulgatum, 

— glaucum. 
Campanula Cervicaria. 
Pulmonaria tuberosa. 
Orobanche Galii. 
Veronica Buxbaumii. 
Lilium Martagon. 
Carex dioica. 

— Davalliana. 

— Œderi, 
Calamagrostis montana. 
Festuca gigantea. 
Equisetum hiemale. 
— silvaticum. 


Rosa subglobosa. 

Sorbus Aria. 

— torminalis. 

— Aucuparia. 

Epilobium spicatum. 
Asperula arvensis. 
Euphrasia cuprea Jord. 
Lysimachia nemorum. , 
Calamagrostis montana. Etc. 


Dentaria pinnata. 
Lychnis diurna. 
Ribes alpinum. Etc. 


Sur le col du Corbier (alt. 1230 m.), entre Bonnevaux et Le Biot (terrain 


schisteux) : 


Mœhringia muscosa. 
Geranium lucidum. 
Epilobium collinum. 


Carlina Chamæleon Väli. 
Soldanella alpina. 


Sur la Cerniat-Dessus, du côté d’Abondance : 


Epilobium trigonum Schrank. 
Bartramia Halleriana. 
— (Œderi. 


Sphagnum acutifolium. 
— cymbifolium, 
Etc., etc. 


Abomdance (alt. 930 m.) vérifie l’étymologie de son nom par ses excellents 
fromages et par ses riches pâturages. Son territoire repose généralement sur le 
calcaire jurassique oxfordien et fournit les plantes suivantes : 


710 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ranunculus spretus Jord. 
=— nemorôsus. 

Lychnis diurna. 
Chærophyllum aureum. 
Myrrhis odorata. 
Asperula odorata. 
Knautia silvatica. 
Petasites officinalis. 
Bellidiastrum Michelii. 
Cirsium rivulare. 

— oleraceum. 

— oleraceo-rivulare. 
— palustre. 

— palustri-oleraceum. 
— eriophorum. 

— rigens. 

Hieracium amplexicaule. 
— nemorense. 

— silvaticum. 


Plusieurs localités plus alpestres situées 
tent une mention spéciale, telles que : 


1° Bellegarde (alt. 1100 m.) : 


Thalictrum saxatile. 
Draba aizoides, 
Dianthus silvestris. 
Laserpitum Siler. 


2° Hautigny (alt. 2000), pointe élevée 


Bonnevaux, nous donne : 


Anemore narcissiflora, 
— alpina. 

Aconitum Anthora. 
Arabis alpestris, 

Viola biflora. 

Silene quadrifida. 
Senecio Doronicum. 
Campanula thyrsoidea. 
Gentiana purpurea. 
— Clusii, 


Hieracium acutatum. 

— dumosum. 

Campanula aggregata Noca et Balb. 
— glomerata. 

Asperugo procumbens. 
Euphrasia salisburgensis. 
— montana. 

— officinalis. 

— ericetorum. 

Galeopsis intermedia. 

— præcox Jord. 

Lamium amplexicaule. 
Primula farinosa. 
Cœloglossum viride, 
Herminium Monorchis 
Crocus vernus. 

Convallaria verticillata. 
Lilium Martagon. 
Eriophorum vaginatum. Etc. 


sur le territoire d’Abondance méri- 


Peucedanum austriacum. 
Petasites officinalis. 
Calamintha alpina. 
Galeopsis pubescens, Etc. 


au-dessus de Bellegarde en face de 


Veronica aphylla. 
— alpina. 
Bartsia alpina. 
Pedicularis foliosa. 
— verticillata. 
— Barrelieri, 
Euphrasia minimia. 
— minor Jord. 
Pinguicula alpina. 


3° Le mont des Granges (alt. 2134), qui renferme quelques filons de fer, 


offre les espèces suivantes : 


Thalictrum aquilegifolium. 
Anemone narcissiflora. 
Ranunculus montanus. 
— Villarsii, 

— Thora. 

— alpestris. 
Aconitum paniculatum, 
Cardamine resedifolia. 
Thlaspi rotundifolium. 
Hutchinsia alpina. 
Silene bryoides Jord, 
— puberula Jord. 


Arenaria ciliata. 
Hypericum fimbriatum. 
Oxytropis campestris. 
— montana. 

Phaca alpina. 
Onobrychis montanä. 
Hedysarum obscurum. 
Alchimilla fissa. 
Epilobium alsinifoliüm. 
Saxifraga biflüra. 

— Aizoon Jacgq. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBERY, JUILL.-AOUT 1863, 711 


Athamanta cretensis. 
Meum Mutellina. 

Gaya simplex. 

Valeriana montana. 
Petasites niveus. 

Aster alpinus. 

Erigeron alpinus. 
Gnaphalium norvegicum. 
Achillea macrophylla. 
Cirsium spinosissimum, 
Serratula Vulpii Fischer-Ooster. 
Hieracium villosum. 

— Schraderi. 

— Jacquini. 

Phyteuma betonicifolium. 
Campanula barbata. 

— thyrsoidea. 

— Scheuchzeri. 
Gentiana bavarica. 

— nivalis. 

— Clusii. 

Tozzia alpina. 


D 


Pedicularis foliosæ, 
Euphrasia minima. 
— alpina. 
Betonica hirsuta. 
Androsace helvetica. 
— pubescens. 
Plantago montana. 
Oxyria digyna. 
Polygonum viviparum. 
Salix recutita. 
— retusa, 
— Arbuscula. 
Paradisia Liliastrum. 
Allium Victorialis. 
Carex atrata. 
Agrostis rupéstris. 
— alpina Vill. 
Festuca pumila. 
— Halleri. 
— nigrescens,. 
Lycopodium Selago. 
Etc. 


L° Le Haut-de-Lin (alt. 1720 m.), d’où l’on peut descendre sur le lac 1: 
Montriond, est en face du mont des Granges. On y rencontre : 


Anemune narcissiflora. 
Ranunculus gracilis Schleich. 
Sagina Linnæi. 
Geum montanum. 
Potentilla aurea. 
Rubus saxatilis. 
Sibbaldia procumbens. 
Athamanta cretensis 8. mutellinoides. 
Myrrhis odorata, î 
Chærophyllum hirsutum. 
Gnaphälium norvegicum. 
— Supinum. . 
Achillea macrophylla . 
Chrysanthemum montanum. 
Sénecio cordätus. 
— Doronicum. 
Prenanthes tenuifolia. 

Yepis paludosa. 
— blattarioides. 


Hieracium Jacquini. 

— villosum. 

— elongatum. 

— prenanthoides. 

Vacciniuni uliginosüm. 

Gentiana asclepiadea. 

— punctata. 

Tozzia alpina. 

Rumex alpinus. 

Scirpus compressus: 

Carex filiformis. 

Deschampsia eæspitosg P. Beauv. var. 
alpina Gaud. 

Lycopodium Seélago. 

— annotinum. 

Polystichum rigidum. 

Blechnum Spicant. 

Polygtrichum alpinum. 

Bryum ventricosum. Etc, 


5° Sur le col entre le Haut-de-Lin et le Mont-Ardin : 


Saxifraga androsacea. 
Mulgedium alpinum. 
entiana punctata. 
Gymnadenia albida. 
Nigritella angustifolia, 
Allium Victorialis. 


Allium sibiricum. 
Botrychium Lunaria. 
Selaginella spinulosa. 
Bartramia OEderi. 
Peltigera scutata. 


6° Le Mont-Ardin (alt. 1850) est formé d'une succession de mamelons 
S'élevant en amphithéâtre où nous remarquons : 


712 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ranunculus Villarsii DC. 
Hutchinsia alpina R. Br. 
Helianthemum alpestre DC. 
— grandiflorum DC. 
Alsine verna Baril, 
Hedysarum obscurum L. 
Sedum atratum L. 
Sempervivum arachnoideum L. 
Imperatoria Ostruthium L. 
Aster alpinus L. 
Senecio Doronicum L. 
Veronica aphylla L. 
— serpyllifolia var. 
Lecog et Lamot. 


nummularioides 


Tozzia alpina. 
Pedicularis Barrelieri. 
— verticillata. 
Bartsia alpina. 
Brunella grandiflora. 
Soldanella alpina. 
Nigritella angustifolia. 
Paradisia Liliastrum. 
Eriophorum alpinum. 
— vaginatum. 
Lycopodium clavatum. 
— annotinum. 

Etc. 


7° Les Plagnes sont de vastes pâturages plus ou moins marécageux qui 
s'étendent jusqu'aux sources d’une branche de la Dranse sous le col de Jouly 
entre Abondance et Châtel. On y trouve encore : 


Cirsium rivulare. 
Crepis Villarsii Jord. 


Eriophorum vaginatum. 


— angustifolium. Etc. 


8° Tavaneuse, en dessous du Mont-Ardin, possède un petit lac et fournit 


quelques bonnes plantes, telles aue : 


Hedysarum obscurum. 
Sedum atratum. 
Gentianabavarica. 


Cxyria digyna. 
Juncus alpinus. 
Carex Davalliana. 


= VOrna. 
9° Auf se distingue par : 


Pulmonaria tuberosa. 
Asarum europæum, 


Agrostis pumila. Etc. 


Leucoium vernum. 


Etc. 


La Chapelle (alt. 1104 m.) est à une heure d'Abondance dans une situation 
alpestre, riche et charmante, sur la rive droite de la Dranse. Cette commune 
possède sur la montagne dite Z'aupert des mines de lignite dont la concession 
instituée par billet royal du 4 octobre 1825 n’a été suivie que de faibles essais 
d’exploitation depuis longtemps abandonnés. Les bords de la route se font 
remarquer par la présence de quelques Æosa et de quelques Cirsium déjà 
indiqués à Bonnevaux et à Abondance. La montagne des Cornettes (alt. 
2000 m.), qui domine La Chapelle au nord-ouest, présente seule une végé- 
tation intéressante formée par la plupart des plantes contenues dans les listes 
précédentes. On y remarque principalement : 


Thalictrum saxatile. 
Ranunceulus Thora. 
Arabis alpina. 

— stricta. 

— brassiciformis, 
Sisymbrium austriacum. 
Draba tomentosa, 
Linum alpinum. 


Geranium phæum. 
Rhamnus pumila. 
Cytisus Laburnum.. 
Trifolium cæspitosum. 
Phaca astragalina. 

— alpina. 

Eryngium alpinum. 
Athamanta cretensis. 


SESSION EXTRAORDINAIRE À CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 


Gaya simplex. 

Meum Mutellina. 
Adenostyles albifrons. 
— alpina. 

Soyeria montana. 
Hieracium glabratum. 
— scorzonerifolium. 
— prenanthoides. 
Campanula thyrsoidea. 
Gentiana punctata. 
— Clusii. 

— bavarica. 

— nivalis. 
Pedicularis foliosa. 

— Barrelieri. 

Bartsia alpina, 
Thesium alpinum. 


Juniperus nana. 
Salix retusa, 
— recutita. 
Nigritella angustifolia. 
Orchis globosa, 
Paradisia Liliastrum, 
Allium Victorialis. 
Veratrum album. 
Carex atrata. 
Poa alpina. 
Agrostis rupestris. 
Festuca nigrescens. 
— violacea. 
Encalypta rhabdocarpa. 
Webera cruda. 
— elongata. 

Etc. 


713 


La dernière commune de la vallée d’Abondance est Châtel (alt. 1177 m.), 
sur la rive droite de la Dranse, qui prend sa source dans une étroite et pitto- 
resque vallée, appelée le Bout-du-Monde. Le schiste ardoisien s’exploite à 


Châtel, dont les environs présentent spécialement : 


Ranunculus Frieseanus Jord. 
Rosa alpina Z. 

— rubrifolia Vül, 

— malmundariensis Lej. 

— dumetorum Thuill. 

— platyphylla Rau. 


Salix grandifolia. 
Elymus europæus. 
Agropyrum caninum. 
Polypodium Dryopteris. 
Aspidium Lonchitis. 
Polystichum spinulosum. 


Asplenium Halleri. 
Barbula tortuosa, 
Bartramia OEderi,. 
Preissia commutata. 


— cuspidata M. Bieb. 
— subglobosa Smith. 
Cirsium rigens Waitr. 
Lappa tomentosa Lam. 
Hieracium bupleurifolium Tausch. 


8 V.— Herborisation au Roc d’Enfer par les vallées de Lullin 
et de Bellevaux. 


Depuis Thonon, deux bonnes journées sont nécessaires pour faire avec soin 
et avec fruit cette herborisation, en passant par Reyvroz, Vailly, Lullin et le 
col de Terramont sur Bellevaux. La première journée serait utilement employée 
à visiter les localités que traverse Ja route de Thonon à Vallon, où il faudrait 
aller coucher. 

La première commune que l’on rencontre est Armoy (alt. 680 m.), à l'ex- 
trémité occidentale de la montagne d’Armonnaz. Le Senecio viscosus et le 
Rosa subglobosa sont les premières plantes à récolter avant de prendre la route 
de Reyvroz, le long de laquelle on observe un certain nombre de plantes 
alpestres, notamment : 

s 47 


714 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Arabis Turrita. Gentiana ciliata. 
Impatiens Noli tangere. Encalypta vulgaris. 
Hieracium amplexicaule. — streptocarpa (1). 

— silvaticum. Neckera crispa. 
Campanula subramulosa Jord. Homalia trichomanoides. 


Gentiana Cruciata. 

Reyvroz (alt. 785 m.) est situé à l'extrémité nord-est de la montagne d’Ar- 
monnaz. Au-dessous du chef-lieu, sur les talus de la route de Vailly et sur 
les lisières des bois, rien de plus commun que l’Æieracium gallicum Jord. 
Mais c’est dans les champs et dans les pâturages boisés qui sont au-dessus 
de l’église et du hameau de Bulle, que l’on récoltera avec plaisir les espèces 
suivantes : 


Rosa malmundariensis Lej. Rosa coriifolia Fries. 

— macrocarpa Mérat. — tunoniensis Déségl. 

— dumalis Bechst. — vestita Godet. 

— Reuteri Godet. — recondita Puget (2) in Déségl. Révi- 
— vérticillacantha Mérat. sion de la section Tomentosa, p. 16. 
— caballicensis Puget. Galeopsis præcox Jord. 

— Acharii Billb. Etc., etc. 


Rien n’attire spécialement l'attention du botaniste le long du sentier qui 
conduit de Reyvroz au sommet de la montagne d’Armonnaz. Le point culmi- 
nant (alt. 1500 m. envy.), sur lequel est bâtie une chapelle très-fréquentée, le 
dédommagera d’une montée pénible d’une heure et demie, par les espèces sui- 
vantes : 


Ranunculus mixtus Jord. Alsine mucronata. 
— lanuginosus. Veronica fruticulosa. 
Viola alpesiris Jord. Calamintha alpina. 


A l’est et en face de la montagne d’Armonnaz s'élève le Mont-Laouet 
(alt. 1800 m.), dont les couloirs, près de La Vernaz, sont tapissés du Savia 
verticillata. Quelques touffes de cette plante se retrouvent, avec l'Orobanche 
cœærulea Vill., sur les talus de la route de Vailly à Reyvroz. Les sommités du 
Mont-Laouet fournissent : 


Thalictrum aquilegifolium. Homogyne alpina. 
Dianthus cæsius. Aster alpinus. 
Arenaria grandiflora. Solidago alpestris. 
Sagina Linnæi. Centaurea nervosa. 
Potentilla aurea. Hieracium villosum. 
Rosa alpina. — elongatum. 

— spinosissima. Juniperus Sabina. 
Alchimilla hybrida. : Orchis globosa. 
Saxifraga Aizoon. Nigritella angustifolia. 
Chærophyllum Cicutaria. Allium Victorialis. 
Galium anisophyllum. Veratrum album. 
Valeriana tripteris. Festuca nigrescens. 
— montana. Botrychium Lunaria. 
Adenostyles alpina. 


(1) Cette Mousse fructifie rarement, et seulement dans les bois récemment coupés. 

(2) C’est le Rosa que M. le docteur Bouvier vient de décrire sous le nom de R. Clu- 
siana dans le compte rendu de la session extraordinaire tenue à Annecy par la Société 
botirique de France, p. xx1v. (Note ajoulce pendant l’imyression, janvier 4867.) 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 14863. 715 


Vailly (alt. 800 m.) tire son nom du mot ad valles, parce qu'il est situé à 
l'embranchement de deux vallées, celle de Lullin ou du Follax et celle de 
Bellevaux. De là, deux routes conduisent à Vallon; la première, plus courte, 
s'éloigne peu de la rive gauche du Brevon ou Dranse-d’ Enfer, et passe près de 
l’église de Bellevaux (alt. 903 m.); l’autre, un peu plus longue, se dirige sur 
Lullin (alt. 850 m.). C’est cette dernière que le botaniste devra prendre 
comme la plus avantageuse; car, arrivé sur le col de Terramont (alt. 1091 m.), 
il rencontrera dans les prairies et aux bords des chemins les plantes suivantes : 


Ranunculus aconitifolius. Sorbus Aucuparia. 

Rosa alpina. Cephalaria alpina. 

— andegavensis Bast. Cirsium rivulare. 

— cCaballicensis Puget. — oleraceum. 

— psilophila Boreau (non Rau). — oleraceo-rivulare. 

— dumetorum Thuill, Poiygonum Bistorta. 

— Bellavallis Puget (pedunculis gla- Eriophorum angustifolium. 
bris). 


Il prendra ensuite à droite le chemin du hameau des Mouilles, lt duquel 
il récoltera dans les haies et les buissons : 


Rosa Reuteri Godet. Hieracium bupleurifolium. 
— subglobosa Smith. Polygonum agrestinum Jord. 
Cirsium rigens. 


A gauche du chemin, dans les marais tourbeux, on observe la végétation 
des marécages, et notamment : 


Betula carpatica. Philonotis fontana. 
Eriophorum vaginatum. Polytrichum formosum. 

— alpinum. - — strictum. 

Dicranella heteromalla. Sphagnum acutifolium, HA 
Weébera nutans: — cymbifolium. 


Aulacomnium palustre. 


Après avoiratraversé le hameau des Mouilles, les pâturages, les haies et les 
lisières des bois invitent à récolter : 


Geranium lividum. ps Peucedanum austriacum (1). 
Rubus hirtus. Carlina Chamæleon. 
— idæus. Hieracium acutatum Jord. 
Rosa Beljavallis Puget (pedunculis his- — obliquum Jord. 

pidis). — boreale Fries. 
— dumosa Puget, — vulgatum Koch. Etc. 


On trouvera ensuite les hameaux de Jambaz, du Frêne, de la Dog et de La 
Clusaz. Au sortir de ce dernier, on franchit le Brevon sur un pont de bois 
dont les abords sont blanchis par les calathides du Zappa tomentosa Lam. 


(4) Cette Ombellifère remonte la vallée de Megevette et d’Onion jusqu’à Saint-Jeoire. 


716 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Après une courte montée, on rencontre des broussailles et des bancs de rochers 
superposés qui invitent à récolter les espèces suivantes : 


Arabis alpina. Sedum atratum. 

— auriculata. Laserpitium latifolium f. asperum Gaud. 
Draba aizoides. Peucedanum austriacum. 
Viola alpestris Jord. Cephalaria alpina. 

Alsine mucronata. Scabiosa glabrescens. 
Cerastium strictum. Hieracium scorzonerifolium. 
Geranium silvaticum, — prenanthoides. 

Rosa rubrifolia Vill. — bupleurifolium. 

— Reuteri Godet. Euphrasia salisburgensis. 
— caballicensis Puget, Calamintha alpina. 

— dumetorum Thuill. Calamagroslis montana, 
Sedum maximum. 


En suivant la base de Niflon, l’herborisation est très-pénible, mais beaucoup 
plus avantageuse qu’en suivant la route qui est cependant bordée de : 


Hypericum lineolatum Jord. Cirsium rigens. Elc. 


Après avoir traversé le petit hameau de Cherny, et laissé à droite l'antique 
chapelle de Saint-Bruno, on arrive à l’abbaye de Vallon. L’hospitalité la plus 
bienveillante y est offerte au voyageur par les aimables habitants de ce village. 
La fatigue s’oublie devant l’empressement et la cordialité de la réception. Je 
n’oublierai jamais l’accueil maternel de M"*° Pâquier. Après un repas copieux 
et délicat, un bon lit achève de réparer les forces épuisées du touriste pour 
continuer ses excursions. 

Vallon est un petit hameau situé à l'extrémité d’une gorge fort étroite. Au 
fond se présente un amphithéâtre de montagnes que couronne le gigantesque 
Roc d’Enfer, au pied duquel le Brevon ou Dranse d’Enfer prend sa source ; à 
droite s'élève le mont Petétod, et à gauche les montagnes de Niflon. En prenant 
la droite, on traverse le Brevon, à quelques minutes de l’abbaye de Vallon, où 
abondent le Senecio cordatus et l'Euphrasia officinalis. Dans les premiers 
pâturages se trouvent Gentiana lutea, G. campestris, Veratrum album et 
V. Lobelianum Koch. 

Après avoir traversé un groupe de chalets sur le revers septentrional du 
mont Petétod, on entre dans des bois où l’on recueille l’Astrantia minor L. 
et le Salix Arbuscula L., et l’on arrive à des bancs de rochers moussus qui 
nourrissent une végétation intéressante : 


Anemone alpina, Salix hastata. 

—. narcissiflora. — retusa, 

Viola nemoralis Jord. — reticulata. 

Silene quadrifida. Calamagrostis varia. 
Solidago alpestris. Agrostis alpina. 
Pedicularis verticillata. Poa hybrida. 

— Barrelieri. Festuca nigrescens. 
-— foliosa. Lycopodium Selago. 
Bartsia alpina. Selaginella spinulosa. 
Globularia nudicaulis, 


SESSION EXTRAORDINAIRE À CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 717 


Encore quelques pas, et l’on est au pied du mont Petétod, quelquefois avec 
la crainte de recevoir sur la tête une grêle de cailloux qui avertit du passage 
d'une troupe de chamois. Au milieu des rocailles et des éboulis secs et 
humides se présentent encore la plupart des espèces alpines vulgaires et quel- 
ques Mousses qui sont les suivantes : 


Weissia crispula, Distichium capillaceum. 
Cynodontium virens. Leptotrichum glaucescens. 
Dicranella crispa. Desmatodon latifolius. 
Dichodontium pellucidum. = Webera cruda. 

Dicranum elongatum. Bartramia Halleriana. 
Fissidens taxifolius. — ithyphylla. 


Après l'exploration de cette intéressante localité, il faut redescendre au 
bord du Brevon, pour faire ensuite directement l’ascension du Roc d’Enfer. 
Les bois de Sapins sont tapissés de Zycopodium Selago, de L. annotinum 
et de Selaginella spinulosa. Bientôt apparaissent les dernières broussailles 
qu’embellissent un certain nombre d’espèces alpestres, et notamment : 


Thalictrum aquilegifolium. Valerianella montana. 
Geranium phæum. Achillea macrophylla. 
Impatiens Noli tangere. Cerinthe alpina. 
Anthriscus abortivus. : Streptopus amplexifolius. 


Valeriana angustifolia. 
Puis les bois disparaissent, et les prairies humides annoncent la proximité 
des diverses sources du Brevon ou Dranse-d’Enfer, où l'on trouve : 


Chærophyllum Cicutaria. | Rumex alpinus. 
Senecio cordatus. Etc. 


Non loin de là, un petit étang est bordé de : 


Juncus alpinus. Carex cæspitosa. 
Carex canescens. Eriophorum vaginatum. 


Alors on a à sa droite le Grand-Souvre, dont le prolongement méridional 
forme le Pra-de-Lys et-les montagnes de Taninges. On y trouve : 


Senecio subalpinus. Roy). 
Aposeris fœtida. 


A l'extrémité sud-ouest du Pra-de-Lys se trouve Mieussy. Trois plantes 
méritent d’y être signalées : 


Sanguisorba montana Jord. | Swertia perennis (aux bords du lac de 


Limodorum abortivum. | Lilium bulbiferum (rochers au-dessus de 
Papaver alpinum (4). l’église). 


Le Mont-Chalune est une arête d’union entre le Grand-Souvre et le Roc 
d’Enfer. Il est facile de la gravir en prenant sur son passage : 


(4) Plante découverte par M. l'abbé Cornillac sur les montagnes de Mieussy. 


718 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Viola calcarata. 
Vaccinium Vitis idæa. 
+— uliginosum, 
Arctostaphylos alpina. 
Pinguicula grandiflora. 


Carex nigra. 


— atrata. 
Phleum commutatum. 
Agrostis rupestris. 


La crête et le revers oriental du Mont-Chalune fournissent une belle collec- 


tion de plantes alpines, telles que : 


Anemone vernalis. 
Ranunculus gracilis. 
Helianthemum alpestre. 
Linum alpinum. 
Astragalus aristatus (41). 
Hedysarum obscurum. 
Potentilla grandiflora. 
— aurea. 

Scabiosa alpestris. 

— lucida. 

Homogyne alpina. 
Gnaphalium noôrvegicum. 
Carlina nebrodensis. 
Serratula Vulpii. 


Leontodon pyrenaicus, 
Crepis aurea. 

— grandiflora. 
Hieracium flexuosum, 
— elongatum. 

— cerinthoides. 
Campanula thyrsoidea. 
Pedicularis foliosa. 

— tuberosa. 
Euphrasia minima, 
Orchis globosa. 

— sambucina. 

— — f, incarnata. 
Nigritella angustifolia. 


La forme du Roc d’Enfer est celle d’un fer-à-cheval. Sa circonférencée est 
une ceinture d’aiguilles nues, plus ou moins élevées et presque toutes inac- 
cessibles. Le centre est un petit vallon circulaire et profond, couvert d’un riche 
pâturage. L’ascénsion du premier col est très-rapide ; elle se fait à travérs des 
toufles de : 
Oxytropis campestris. 


— montana. 
Gentiana Clusii. 


Carex ferruginea. 
— firma. 


Sur les premiers rochers, ce sont : 


Draba aizoides. |  Phaca astragalina. 


— tomentosa. — australis. 
Arabis pumila. Alchimilla alpina. 
Biscutella lævigata. -—. fissa, 


Cerastium alpinum. 
Linum Loreyi Jord. 


Sedum atratum. 
Athamanta cretensis. 

Voici les principales plantes que j'ai récoltées dans le centre du Roc d'Enfer, 
soit dans les pâturages, soit sur les rochers escarpés, soit dans des endroits 
humectés par dé larges bancs de neige fondante : 


Anémone vernalis. 


Hutchinsia alpina. 
Ranuünculus alpestris. 


Thlaspi rotundifolium. 


— montanus. — Gaudinianum Jord. 
—, Villarsii. Viola biflora. 

Arabis alpina. Alsine verna. 

— alpestris. Arenaria ciliata. 


Cardamine resedifolia. Mœhringia polygonoides. 


(1) Cette plante est apportée par les ruisseaux jusqu'aux bords de l’Arve en dessous 
de Taninges. 


SESSION EXTRAORDINAIRE À CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 719 


Stellaria cerastioides. 
Trifolium spadiceum, 
-—— pallescens. 
Onobrychis montana. 
Geum montanum. 
Sibbaldia procumbens. 
Alchimilla pentaphylla. 
— fissa, 

Epilobium alsinifolium. 


Sempervivum arachnoideum, 


Saxifraga oppositifolia. 
— androsacea, 

Gaya simplex. 

Galium anisophyllum, 
— {enue. 

Aster alpinus. 
Erigeron alpinus. 
Aronicum scorpioides. 
Antennaria carpatica. 
Cirsium spinosissimum. 
Leontodon dubius. 
Gentiana purpurea. 

— bavarica, 

— verna. 

— Clusii. 


Gentiana alpina. 
Tozzia alpina. 
Pedicularis Barrelieri. 
Euphrasia hirtella Jord. 
Androsace helvetica Gaud. 
— pubescens DC. 
Primula Auricula. 

— farinosa. 
Soldanella alpina. 
Plantago alpina. 

— montana. 

Oxyria digyna. 
Polygonum viviparum. 
Salix retusa. 

— reticulata. 
Paradisia Liliastrum. 
Gagea Liottardi. 
Allium Victorialis. 

— Schœnoprasum. 
Luzula spadicea. 
Carex fœtida. 

Phleum commutatum. 
Agrostis alpina. 

Poa minor. 

Festuca pumila. Ete. 


Au pied du versant nord du Roc d’Enfer est Saint-Jean d’Aulph 
(alt. 818 m.), au-dessus duquel nous trouvons encore Aconitum Anthora, 
Phaca frigida, Peucedanum austriacum, Rosa dumetorum, R. coriifolia. 

Du sommet du Roc d’Enfer, l'œil plonge sur les innombrables aiguilles qui 
composent la chaîne du Mont-Blanc et sur l'enceinte formidable du canton du 
Valais que domine la Dent-du-Midi (alt. 3285 m.), comme une citadelle tom- 
bant de vétusté, émaillée de glace et de champs de neige. La vue se repose 
avec charme sur la blanche coupole du Buet, sur les montagnes de Sixt, de 
Samoëns, de Morzine et de Montriond, et sur le haut plateau des Gets. Qu'il me 
soit permis de signaler ici les plantes qui caractérisent la végétation alpine de 
ces riches localités, bien que quelques-unes, telles que le Buet, Sixt, Samoëns 
et les Gets, n’appartiennent pas à la flore de l'arrondissement de Thonon, mais 
à celle de l'arrondissement de Bonneville. 

1° Montriond (alt. 930 m.) possède trois intéressants buts d’excursion pour 
le botaniste : le lac Noir, le Nautau et le Signal. 

Après avoir quitté le village de Montriond, en se dirigeant au nord-est dans 
un vallon latéral, 6n traverse le hameau de Lavanchy et l’on arrive sur les bords 
du lac de Montriond, connu et désigné sous le nom de lac Voir (alt. 1050 m.). 
Ilest dominé par de belles parois de rochers que verdissent en partie le 
Campanula subramulosa, le Rhamnus pumila et quelques Graminées. Ses 
bords fournissent deux formes alpines remarquables de WMentha parietarii- 
folia et de Chenopodium polyspermum, ainsi que : 


720 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Nasturtium hybridum. Gentiana utriculosa, 
Swertia perennis. Poa supina. 
Gentiana verna. 


et parmi les pierres : 


Kernera saxatilis. Cephalaria alpina. 
Lonicera alpigena. 


Le Nautau (alt. 2281 m.) est la seule localité du département de la Haute- 
Savoie où l’on ait trouvé jusqu'ici le Dracocephalum Ruyschiana. On y 
observe en outre : 


Anemone vernalis. Crepis grandiflora. 
— alpina. Mulgedium Plumieri. 
— — f. sulfurea. Hieracium alpinum, 
Ranunculus alpestris. Phyteuma orbiculare. 
— Villarsii. Campanula barbata. 
Aquilegia alpina. Gentiana asclepiadea. 
Aconitum paniculatum. — purpurea. 

Arabis brassiciformis. — Clusii. 

— pumila. Veronica alpina. 
Draba aizoides. Euphrasia minima. 
Thlaspi brachypetalum. Soldanella alpina. 
Biscutella lævigata. Plantago alpina. 
Hutchinsia alpina. — montana. 
Polygala alpestris, Rumex arifolius. 
Sagina Linnæi. Polygonum viviparum. 
Arenaria ciliata. Orchis sambucina. 
Dryas octopetala. Allium Victorialis. 
Potentilla aurea. Veratrum album. 
Circæa alpina. Carex stellulata, 
Imperatoria Ostruthium. Phleum alpinum. 
Chærophyllum hirsutum. Agrostis Schleicheri. 
 Lonicera cærulea. Poa minor. 

Achillea macrophylla. Festuca violacea. 
Senecio Doronicum. 


Le Signal ou la Pointe-aux-Agneaux (alt. 2297 m.) fournit les espèces sui- 
vantes : 


Thalictrum minus. Phaca alpina. 
Anemone narcissiflora, — frigida. 
Ranunculus montanus. — astragalina. 

— gracilis. Hedysarum obscurum, 
— Thora. Geum montanum. 

— pyrenæus, Sibbaldia procumbens. 
Aquilegia alpina. Alchimilla pentaphylla, 
Arabis alpestris. — fissa. 

— bellidifolia. Epilobium alsinifolium.. 
Cardamine resedifolia. Saxifraga androsacea. 
Draba tomentosa, — oppositifolia. 
Alsine verna, — planifolia. 

Linum montanum. Petasites niveus. 
Geranium phæum. Aronicum scorpioides. 
Trifolium alpinum. Achillea macrophylla. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863, 721 


Leontodon dubius. 
Hieracium villosum. 
— alpinum. 

Azalea procumbens. 
Arctostaphylos alpina. 
Gentiana nivalis, 

— bavarica. 

— alpina. 

— Clusii. 

Myosotis alpestris. 
Pedicularis Barrelieri, 
— verticillata. 

— foliosa. 

Veronica aphylla. 
Euphrasia minor. 

— hirtella. 


Betonica hirsuta. 
Pinguicula grandiflora. 
— alpina. 
Androsace helvetica. 
— pubescens, 
Oxyria digyna. 
Salix hastata. 
— relusa. 
— reticulata. 
— herbacea. 
Juniperus nana. 
Allium Schœnoprasum. 
Gagea Liottardi. 
Scirpus cæspitosus, 
Festuca pumila. 

Etc. 


2° Morzine (alt. 960 m.) est à une heure de Montriond : c’est la dernière 
commune de la vallée de Saint-Jean d’Aulph. En prenant la rive droite de la 
Dranse au delà de Morzine, on arrive aux chalets de Sardonnières, puis au 
col de Golèze et aux Hauts-Forts (alt. 2500). On aime à y récolter : 


Ranuneulus glacialis. 
— alpestris. 
Aquilegia alpina. 
Aconitum paniculatum. 
— Napellus. 

Arabis cærulea. 
Thlaspi rotundifolium. 
Cardamine alpina. 

— resedifolia. + 
Draba tomentosa. 
Arenaria ciliata. 
MϾhringia polygonoides. 
Stellaria cerastioides. 
Cerastium latifolium. 
Linum Loreyi Jord. 
Hypericum Richeri. 
Trifolium alpinum. 
— cæspitosum. 
Oxytropis montana. 
— campestris. 

Phaca astragalina. 

— australis. 
Hedysarum obscurum. 
Dryas octopetala. 
Geum reptans. 

— montanum. 
Potentilla grandiflora. 
— aurea. 

Sibbaldia procumbens. 
Alchimilla fissa. 

— pentaphylla. 
Sempervivum arachnoideum. 
Ribes petræum. 
Saxifraga bryoides. 
— androsacea. 


Imperatoria Ostruthium. 
Gaya simplex. 

Lonicera cærulea. 

— alpigena. 

Galium tenue. 

Scabiosa lucida. 
Homogyne alpina. 

Aster alpinus. 

Erigeron alpinus. 

— uniflorus. 
Gnaphalium norvegicum. 
— supinum. 

Artemisia Mutellina. 
Achillea atrata. 

— nana. 

— macrophylla. 
Chrysanthemum alpinum. 
Senecio incanus. 

— Doronicum. 

— cordatus. 

Cirsium spinosissimum. 
Leontodon pyrenaicus. 
— Taraxaci. 

Mulgedium alpinum. 
Crepis aurea. 

— blattarioides. 

— succisæfolia. 

Soyeria montana. 
Hieracium aurantiacum. 
— multiflorum. 

— alpinum. 

— Schraderi. 

— glaciale. 

— prenanthoides. 
Campanula barbala. 


4. 


Campanula Scheuchzeri. 
Gentiana punctata, 

— Kochiana. 

— bavarica. 

— nivalis. 

Veronica alpina. 

— saxatilis. 

— bellidioides. 

— aphylla. 

Tozzia alpina. 
Pedicularis Barrelieri. 
— foliosa. 

Bartsia alpina. 
Euphrasia hirtella Jord. 
Androsace helvetica. 
— pubescens. 

— obtusifolia., 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Globularia nudicaulis. 
Armeria alpina. 

Salix herbacea. 

— hastata. 

Streptopus amplexifolius. 
Colchicum alpinum. 
Juncus alpinus. 

— trifidus. 

Carex fœtida. 

— nigra. 

Agrostis rupestris. 
Trisetum subspicatum. 
Poa distichophylla. 
Festuca Halleri. 

— violacea. 

— Scheuchzeri. 


Le chemin de Morzine aux Gets présente l’Asperugo procumbens et le Æosa 
subglabosa Smith. Ge plateau dés Gets (alt. 1162 m.), avec ses riches alpages: 
et ses prairies marécageuses, fournit la belle liste suivante, qui m'a été com- 
muniquée par M. l'abbé Delavay, lequel connaît exactement la végétation de 
cette localité, ét a bien voulu aussi me donner de précieux renseignements 
sur les montagnes de Montriond, de Morzine, de Samoëns et de Sixt : 


Anemone alpina. 

— vernalis. 

Hepatica triloba. 
Actæa spicata. 
Dentaria pinnata, 
Polygala austriaca. 
Geum montanum, 

— rivale. 

Rosa alpina Z. 

— rubrifolia Vill. 

— — $. hispidula Ser. 
— sphærica Gren. 
— Reuteri Godet. 
— montivaga Déségl. 
— andegavensis Bast. 
— dumosa Puget. 
— subglobosa Smith. 
— recondita Puget. 
Sorbus scandica. 

— aucuparia. 
Myrrhis odorata. 
Lonicera alpigena. 

— nigra. 

Galium rotundifolium. 
Adenostyles albifrons. 
— alpina. 

Homogyne alpina. 
Petasites albus. 

— niveus. 

Senerio cordatus. 
Cirsium rivulare, 

— erucagineum. 
Lappa tomentosa. 


Aposeris fœtida (bois de Cambasson). 

Mulgedium alpinum. 

Crepis aurea. 

Hieracium aurantiacum. 

Vaccinium uliginosum. 

— Vitis idæa. - 

Gentiana lutea. 

— purpurea. : 

— Kochiana. 

Tozzia alpina. 

Betonica hirsuta. 

Pinguicula alpina. 

Primula farinosa. 

Soldanella alpina. 

Rumex alpinus. 

Polygonum Bistorta. 

Dapbhne Mezereum. 

Empetrum nigrum. 

Salix grandifolia. 

Betula carpatica. 

Larix europæa. 

Orchis globosa. 

— sambucina. 

— — f$, incarnata. 

Nigritella angustifolia. 

Crocus vernus. 

Streptopus amplexifolins (bois de l'En- 
versin). 

Leucoium vernum. 

Eriophorum alpinum. 

— vaginatum. 

Lycopodium Selago. 

— alpinum, 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 723 


Des Gets, les cols de Jouplane et de Golèze conduisent en deux heures à 
Samoëns (alt. 710 m.), à l'entrée de la pittoresque vallée de Clévieux, arrosée 
par le torrent qui descend des monts Suet et Criou. Samoëns et ses montagnes 
du Bostan, de Mont-Beney et du Mont-Criou (alt. 2590 m., haute pyramide 


triangulaire), offrent : 


Aquilegia alpina (1). 
Aconitum Napellus. 
Arabis pumila. 
Cardamine alpina. 
Draba tomentosa Wahlenb. 
Alsine verna. 

— Bauhinorum J. Gay. 
Mœhringia polygonoides. 
Cerastium latifolium. 
Trifolium badium. 

— spadiceum. 

— alpinum. 

Phaca astragalina. 

— frigida. 

— alpina. 

Oxytropis cyanea. 

— montana. 
Hedyÿsarum obscurum. 
Geum montanum. 
Potentilla grandiflora. 
— minima. 

Sibbaldia procumbens. 
Alchimilla hybrida. 

— fissa. 

— pentaphylla. 
Epilobium alpinum. 
Circæa alpina. 


Sempervivum montanum (1). 


Saxifraga androsacea. 
Valeriana montana, 
Petasites niveus Baumg. 
Gnaphalium norvegicum. 
— supinum (1). 
Leontopodium alpinum (1). 
Artemisia Mutellina. 
Acñillea atrata. 

— nana. 
Chrysanthemum alpinum. 
Hieracium alpinum. 
Soyeria montana. 


Phyteuma hemisphæricum. 

Gentiana Clusii, 

— alpina. 

— punctata. 

Tozzia alpina. 

Pedicularis foiosa. 

— verticillata. 

— Barrelieri. 

Euphrasia minima. 

— minor. 

Betonica hirsuta. 

Globularia nudicaulis. 

Salix hastata. 

Streptopus amplexifolius. 

Scirpus cæspitosus. 

Eriophorum alpinum. 

— vaginatum, 

Carex atrala. 

-  sempervirens. 

— ferruginea. 

— firma. 

Phleum alpinum. 

— commutatun Gaud. 

— Michelii. 

Calamagrostis tenella. 

Agrostis Schleicheri Jord. 

Avena Scheuchzeri. 

Trisetum distichophyllum. 

Poa minor. 

— supina. 

— sudetica. 

— hybrida. 

Festuca Halleri. 

— nigrescens. 

— violacea. 

Lycopodium Selago. 

Botrychium Lunaria. 

Aspidium Lonchitis. 

Polystichum rigidum. 
Etc. 


Au sortir de Samoëns, on traverse le torrent de Clévieux, le hameau de 
Vallon, au pied des côtes du Mont-Criou, et en une heure et demie on ar- 
rive à Sixt (alt. 7168 m.), appelé aussi l’A bbaye, à cause d'un ancien couvent 
fondé en 1144 par Pouce de Faucigny. C’est dans le cimetière de cette com- 


(4) Le Bostan, 


724 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


mune que se trouve le tombeau du célèbre descripteur des Alpes, Albanis de 
Beaumont, mort en 1811. Le /uglans regia réussit dans cette vallée alpestre, 
Les Fagus silvatica, Fraxinus excelsior, Larix europæa tapissent les flancs 
des montagnes. Les bords du Giffre voient fleurir : 


Erigeron drœbachensis, Galeopsis Ladanum. 
Linaria alpina, Alnus incana. 
Rhinanthus glacialis V. Personnat. Juncus alpinus, 


et d’autres plantes alpestres qui se trouvent dans toutes les localités analogues. 
Les montagnes de la vallée de la Combe-sur-Sixt nous donnent aussi : 


Aconitum paniculatum. 
Arabis serpyllifolia. 

Draba muralis. 

—  aizoides. 

Biscutella lævigata, 
Hutchinsia alpina. 
Potentilla caulescens, 
Ribes petræum. 
Buphthalmum salicifolium. 
— grandiflorum. 


Achillea macrophylla. 
Senecio Fuchsii. 
Gentiana asclepiadea. 
Myosotis alpestris. 
Veratrum album. 
Allium sibiricum. 
Eriophorum alpinum. 
— vaginatum. 
Elymus europæus. 
Etc. 


Enfin, au fond de la Combe-de-Sixt, se trouve la Vogellaz (Vallis gelida) ou 
Vauzalle (alt. 2400), où un petit lac entretient la fraîcheur de la végétation. 
On yretrouvera un grand nombre d'espèces alpines ; les plus remarquables 


sont : 


Thalictrum aquilegifolium. 
Ranunculus parnassifolius. 
— alpestris. 

— Villarsii. 

Arabis cærulea. 

— bellidifolia. 
Cardamine alpina. 

Draba frigida. 

Thlaspi Gaudinianum Jord. 
Biscutella longifolia. 
Sagina glabra, 

Alsine verna. 

— Villars. 

Cerastium latifolium. 
Trifolium alpinum. 

— cæspitosum, 

Phaca alpina. 

— frigida. 

— astragalina. 

Oxytropis cyanea. 
Sibbaldia procumbens. 
Alchimilla fissa. 

— pentaphylla. 
Epilobium alsinifolium, 
Sedum annuum. 

— atratum, 
Sempervivum montanum, 
Saxifraga biflora. 


Saxifraga exarata. 
Heracleum Panaces. 
Gaya simplex. 

Meum Mutellina. 

— adonidifolium, 
Galium tenerum. 
Scabiosa lucida. 
Adenostyles alpina. 
Petasites niveus. 
Erigeron alpinus. 

— uniflorus. 
Buphthalmum salicifolium. 
Gnaphalium norvegicum. 
Artemisia Mutellina, 
Achillea nana. 

— atrata. 

— macrophylla. 
Cirsium spinosissimum. 
Aposeris fœtida. 
Leontodon pyrenaicus. 
Mulgedium alpinum. 
Crepis pygmæa. 

— aurea. 

— grandiflora. 
Hieracium angustifolium. 
— Schraderi. 

— valdepilosum. 

— alpinum. 


SESSION EXTRAORDINAIRE À CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 725 


Hieracium perfoliatum. 


Phyteuma betonicifolium. 


— hemisphæricum. 
Campanula thyrsoidea. 
Vaccinium Vitis idæa. 
Arctostaphylos alpina, 
Azalea procumbens. 
Gentiana Clusii. 

— nivalis. 

— verna. 

Veronica saxatilis. 

— alpina. 

Tozzia alpina. 
Pedicularis tuberosa, 
— foliosa. 

Bartsia alpina. 
Euphrasia minima. 

— hirtella. 
Soldanella alpina. 
Salix recutita. 


Salix retusa. 

Nigritella angustifolia. 

Paradisia Liliastrum. 

Gagea Liottardi. 

Allium Schænoprasum, 

— Victorialis. 

Luzula spadicea. 

— nigricans. 

Carex nigra. 

Phleum commutatum. 

Agrostis alpina. 

— Schleicheri. 

Poa minor. 

— supina. 

— distichophylla. 

Avena distichophylla. 

— versicolor. 

Festuca pumila. 

Lycopodium alpinum. 
Etc. 


De Sixt, l'ascension du Buet est facile et n’exige que sept heures. C’est une 
des plus belles courses des Alpes et une des plus riches pour le botaniste. Le 
sommet du Buet {alt. 3098 m.) offre l'aspect d’une cime ovoïde taillée à pic 
du côté du sud et se terminant au sud-est et au nord par des murs de glace. 
C’est aussi le plus beau panorama après celui du Mont-Blanc. Voici la liste des 


principales plantes que l’on y rencontre : 


Anemone vernalis. 
Ranunculus alpestris. 
— glacialis. 
Cardamine alpina. 
Braya pinnatifida. 
Draba Johannis. 

Thlaspi rotundifolium. 
Hutchinsia alpina, 
Helianthemum alpestre. 
Viola biflora. 

=— Ceñlsla. 

Silene acaulis. 

Lychnis Flos Jovis. 
Cherleria sedoides. 
MϾhringia polygonoides. 
Stellaria cerastioides. 
Cerastium latifolium. 
Trifolium alpinum. 
Pbaca alpina, 

— frigida. 

Oxytropis cyanea. 

— montana. 

Geum reptans. 
Alchimilla pentaphylla. 
— fissa. 

Epilobium alpinum. 
Sempervivum montanum, 
Saxifraga Cotyledon. 


Saxifraga oppositifolia. 
— aspera. 

— bryoides. 

— muscoides. 

— androsacea, 

— biflora. 

Galium tenue. 
Erigeron uniflorus. 
Gnaphalium supinum. 
— Hoppeanum. 

— norvegicum. 
Artemisia Mutellina. 
Achillea moschata. 

— hybrida. 

— nana. 

— atrata. 

— macrophylla. 
Senecio incanus. 
Hieracium glaciale. 

— alpinum. 
Phyteuma hemisphæricum. 
Campanula Scheuchzeri, 
— cenisia. 

Azalea procumbens. 
Gentiana nivalis. 

— alpina. 
Eritrichium nanum. 
Veronica aphylla. 


726 SOCIÉTÉ LOTANIQUE DE FRANCE. 


Veronica saxatilis. 
— bellidioides. 

— alpina. 
Pedicularis Barrelieri. 
Ajuga pyramidalis. 
Empetrum nigruin. 
Juncus trifidus. 
Scirpus cæspitosus. 
Agrostis alpina. 
Avena Scheuchzeri. 
Festuca Halleri. 
Allosorus crispus. 
Conostomum boreale. 


Weissia crispula. 
Cynodontium polycarpon. 
Dicranella crispa. 

— subulata. 

Dicranum elongatum. 

— Sauteri, 

— strictum. 
Leptotrichum glaucescens. 
Grimmia Donniana. 

— elatior. 

Webera Ludwigii. 
Pogonatum nanum. 
Polytrichum sexangulare. 


8 VI. — Herborisation dans la vallée de Boëge. 


La distance de l’abbaye de Vallon au col de Terramont est de deux heures 
et demie, Ce col (alt. 1091 m.) sépare la vallée de Boëge de celle de Lullin, à 
l'extrémité nord-ouest du Mont-Hermante (alt. 1420 m.). On trouve dans les 


premières broussailles : 


Galium dumetorum Jord. 
Hieracium bupleurifolium Tausch. 


Euphrasia ericetorum Jord. 


Les sommités rocailleuses et les pâturages du Mont-Hermante fournissent : 


Arabis alpina. 

--  alpestris. 

Thlaspi brachypetalum Jord. 
Arenaria grandiflora. 
Cerastium strictum. 

Sedum atratum. 

Saxifraga Aizoon. 

— — $. minor Koch. 
Scabiosa alpestris Jord. 

— lucida. 

Erigeron glabratus. 
Hieracium elongatum. 

— Sstrictum Fries. 

— villosum L., var. elongatum Wälid. 


Hieracium Pollichii, 
Veronica fruticulosa. 
Euphrasia minima. 

— cuprea, 

Orchis globosa. 
Nigritella angustifolia. 
Asplenium Haileri. 
Dicranella crispa. 
Pogonatum aloïides, 
Psora lurida. 
Thalloidima candidum. 
— vesiculare, ' 
— — f$. tereticarpum. 


Le flanc occidental du Mont-Hermante appartient aux communes des Ha- 
bères et le flanc oriental aux communes de Bellevaux et de Mégevettes. À 
l'extrémité méridionale est un petit col qui le sépare du mont Méribelle, et où 


l’on trouve dans les champs : 


Galeopsis præcox. 


Galeopsis intermedia. 


et dans les bois du côté de Mégevette Gerantum lividum. 

Le mont Méribelle (alt. 1560 m.) domine les montagnes voisines. Après 
l'Alchimilla alpina L., qui abonde sur ses flancs rocailleux et sur ses vastes 
pâturages, il faut signaler toutes les plantes du Mont-Hermante, et en outre 


les espèces suivantes : 


Thlaspi Gaudinianum. 
Helianthemum grandiflorum. 
Polygala comosa. 


Polygala alpestris. 
Rhamnus pumila, 
Hieracium villosum. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 727 


Hieracium amplexicaule. Festuca nigrescens. 
Rhinanthus angustifolius. Nardus stricta. 
Rumex scutatus. Polystichum rigidum. 
— alpinus. 


Autour des chalets on remarque le Galeopsis Reichenbachit Reuter. 
La descente du mont Méribelle peut se faire sur le Villard ou sur Habères- 
Lullin. Je choisis cette dernière localité, afin de signaler dans les haies et les 
bois au-dessous des chalets de la Glappaz les espèces suivantes : 


Ranunculus mixtus Jord. Rosa cuspidata M. Bieb. 
Actæa spicata L. — subglobosa Smith. 
Rosa alpina L. — Grenierii Déségl. 

— intricata Déségl. Bryum capillare 8. majus Huet. 
— sphærica Gren. Hylocomium loreum. 
— Reuieri Godet (type). Lycoperdon gemmatum. 
— — B. foliis biserratis Reuler. Guepinia helvelloides. 
— rubescens Rip. Clavaria coralloides. 

— Haberiana Puget. — formosa. 

— caballicensis Puget. Hydnum cervinum. | 
— platyphylla Rau. Cantharellus cibarius. 
— uncinella Besser. — cinereus. 

— sphærocarpa Puget. Agaricus acer. 


Dans les prairies, au sortir des bois, dans les haies et aux bords du sentier 
qui conduit à Habères-Lullin, on remarque : 
Rosa montivaga Déségl. Knautia silvatica. 
— caballicensis Puget. Orobanche cærulea. 
Scabiosa alpestris Jord. 

Habères-Lullin (alt. 856 m.) est situé sur un petit mamelon très-pitto- 
resque. Sa végétation subalpine présente quelques bonnes espèces sur la rive 
gauche de la Menoge, telles que : 


Trollius europæus L. OŒEnothera biennis L. (bords de la Menoge). 
Papaver Lecoquii Lam. Myrrhis odorata. ; 
Hypericum lineolatum Jord. Lappa tomentosa. 

— tetrapterum Fries. Centaurea Duboisii. 

Geum rivale L. Hieracium vulgatum. 

Rosa viridicata Puget. . Fraxinus rostrata. 

— faliens Déségl. Ulmus montana. 

— sphærica Gren. Alnus incana. 

— squarrosa Rau. Epipactis latifolia. 

— biserrata Mérat. — viridiflora. 

— obtusifolia Desv. Allium ursinum. 

— urbica Linn. Amblystegium subtile. 

— Andrzeiowskii Stev. (4). Clavaria pistillaris. 


Sur la rive droite de la Ménoge, les champs, les pâturages et les bois que 
l’on traverse pour arriver aux chalets de l’Herpettaz, fournissent les plantes 
suivantes : 


(1) Six années de recherches n’ont pu me faire découvrir dans cette vallée un Rosa 
de la section Rubiginosæ. 


728 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Rosa senticosa Ach. 

— montivaga Déségl. 

— — fi. foliis biserratis. 
— andegavensis Bast. 
— caballicensis Puget. 
— platyphylla Rau. 

— subglobosa Smith. 
— resinosa Sternb. 


‘ Galium rotundifolium. 

Galeopsis intermedia, 

— præcox Jord. 

Equisetum palustre var. polystachyum, 
— silvaticum. 

Diphyscium foliosum. 

Bæomyces rufus. 

Hydnum suaveolens. 


Un petit lac et les pâturages humides qui sont au-dessus des chalets de 
l'Herpettaz (alt. 1200 m.) invitent à récolter de bonnes espèces, telles que : 


Agrostis pumila. 
Pogonatum alpinum. 


Polytrichum strictum. 
Philonotis fontana. 


Si le botaniste explore l’arête de la montagne de l’Herpettaz, du lieu appelé 
Foge-sur-Fessy jusqu'aux chalets de l’Offiége-sur-Brenthonne, il rencontrera 
quelques espèces intéressantes spécialement sur le revers occidental, ainsi 
qu’une grande variété de formes du Æosa alpina L. sur toute la crête de la 
montagne jusqu'à la pointe de Coux, qui sépare Cervens d’Habères-Poche, 
notamment les Rosa intricata Déségl., R. rubescens Rip., À. spinuli- 
folia Dem. 

Habères-Poche (alt. à l’église 947 m. ) a une végétation plus alpestre que 
Habères-Lullin. La culture du Froment n’y a été introduite que depuis peu 
d'années, et ne réussit que dans la partie inférieure ou moyenne bien exposée. 
Elle y est due à l'exemple et aux encouragements intelligents de M. l'abbé 
Rey, curé, qui ne recule devant aucun sacrifice pour assurer le bien-être 
moral et matériel de ses paroissiens. Les plantes qui caractérisent la végétation 
d’Habères-Poche sont : 

1° Aux bords des chemins : 

Melilotus altissima. Lappa major. 


Cirsium rigens. — tomentosa. 
Lappa pubens Bor. Phleum intermedium, 


2° Dans les champs et les pâturages : 


Vicia Cracca (à feuilles étroites). 
Alchimilla vulgaris. 

Echium Wierzbickii. 

Euphrasia officinalis. 

— campestris Jord, 

— ericelorum Jord. 

— cuprea Jord. 

Odontites verna. 


3° Dans les haies et les bois : 


Malva moschata. 

Hypericum lineolatum Jord. 
Trifolium medium. 

Rosa alpina. 

— lagenaria Vill, 


Galeopsis intermedia. 

— præcox Jord. 

Polygonum Bistorta. 

— microspermum Jord. 

— rurivagum Jord. 

Thesium pratense. 

Herminium monorchis. 
Etc. 


Rosa glaucescens Desv. 

— Reuteri Godet. 

—  — f$. foliis biserratis. 

— andegavensis Bast. 

— — var. petiolis subvillosis, 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 729 


Rosa Haberiana Puget. Rosa subglobosa Smith. 
— caballicensis Puget. — Andrzeiowskii Stev, 

— dumetorum thuill. — resinosa Slernb. 

— platyphylla Rau. Ribes alpinum. 

— platiphylloides Déségl. et Rip. Chærophyllum aureum. 

— uncinella Besser. Melampyrum silvaticum. 
— sphærocarpa Puget. Elymus europæus. 

— piriformis Déségl. Etc. 


Aux bords et dans les petits lacs du Dime : 


Potamogeton lucens (à feuilles étroites). |  Fontinalis antipyretica. Elc. 


Le Mont-Forchat (alt. 1490 m.) abrite au nord le plateau incliné d'Habères- 
Poche, ainsi appelé des deux mamelons qui le composent; il peut être gravi 
en une heure, Les buissons du premier mamelon sont entourés de Galeopsis 
Verloti Jord. Le sommet de la pointe la plus élevée a presque la même végé- 
tation que le Mont-Hermante. 

Au pied nord-ouest du Mont-Forchat est la route des Moises qui conduit 
de Thonon à Habères-Poche, et le long de laquelle j'ai récolté : 


Acer opulifolium, Hieracium fagicola Jord. 
Rosa arvensis. — acutatum Jord. 

— Blondæana Rip. — dumosum Jord. 
Sorbus torminalis. Peltigera venosa. 


Senecio silvaticus. 

C'est à la base orientale (col des Harses) et occidentale du Mont-Forchat 
que la Menoge prend sa double source. 

En descendant la vallée de Boëge, on trouve encore : 

Au Villard (alt. 826 m.) : 


Papaver Lecoquii. 
Myrrhis odorata. . 
Lappa intermedia, 


À Boëge (alt. 743 m.) : 


Cardamine impatiens. Lappa tomentosa (c’est sa limite infé+ 
Lappa minor. rieure). 


Lappa tomentosa. 
Salix daphaoides. 


À Saint-André (alt. 741 m.) : 
Chærophyllum aureum. | Salvia glutinosa. 
Eriophorum vaginatum. 


$S VIX. — Herborisation au Voiron. 


Le Voiron est situé à l'extrémité sud-ouest des montagnes du Chäblais qui 
séparent la plaine de la région alpine. Il a la forme d’un prisme triangulaire 
reposant sur l’une de ses bases et dont l’arête opposée est un faîte accessible 
dans toute sa longueur. Son versant occidental présente des escarpements 
boisés et des plateaux couverts de champs et de prairies. De vastes clairières et 
quelques forêts encore épargnées par la hache destructive du bâcheron recou- 
vrent le versant oriental. Il se termine au sud par une arête étroite appelée 
la pointe de Pralaire (alt. 1418 m.), d'où la vue embrasse le plus vaste pa- 

T. X 48 


730 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


norama de verdure émaillé de villes et de villages, de plaines et de mon- 
tagnes, et se promène tour à tour sur le lac Léman, sur la chaîne du Jura, sur 
le pittoresque bassin de Genève, sur le Salève, sur les plis tortueux de la Me- 
noge et de l’Arve, sur la vallée des Bornes, sur toutes les cimes blanches et 
élevées qui servent de large piédestal au géant des Alpes. Le Voiron est ter- 
miné au nord par une sorte de coupole appelée Calvaire ou Signal (alt. 
1427 m.). De là, par un sentier étroit et sablonneux, on descend sur une 
croupe saillante où sont les ruines d’un couvent construit au xI° siècle par un 
seigneur du château de Langin qui y érigea une chapelle à la Sainte Vierge 
sur l'emplacement d’un autel païen, couvent agrandi plus tard et complé- 
tement détruit par un incendie le 7 août 1769, à l’exception de la tour de 
l'église. Une personne pieuse vient de donner la vie à ces vestiges silencieux 
par l'érection d’une gracieuse chapelle gothique et par la restauration de la tour. 

Les plantes phanérogames du Voiron ont déjà été signalées dans le Catalogue 
des plantes vasculaires des environs de Genève, de M. Reuter (Genève, 1861), 
ouvrage excellent, bien digne de la réputation scientifique de l’auteur. J’ai 
profité des renseignements qu’y fournit ce savant distingué, non-seulement 
pour les plantes du Voiron, mais aussi pour celles du Salève. J'ai eu aussi le 
grand avantage de consulter les types nombreux que je dois à la bienveïllante 
générosité de MM. Rapin et Ducommum, et surtout à celle de mon excellent 
guide et maître M. l'abbé Chavin, curé de Compesière, qui m’a accordé de bien 
précieuses faveurs en me prenant plusieurs fois pour compagnon dans ses 
excursions annuelles au Salève, et en me réservant, depuis seize ans, une part 
des plantes rares découvertes par lui ou par les savants botanistes de Genève 
tant au Voiron qu’au Salève. Cette dernière montagne sera l’objet d'un 
mémoire dont l'honneur revient tout entier aux savants botanistes que je viens 
de citer (1). : 

L'ascension du Voiron est facile de tous côtés. De Boëge, deux heures suffi- 
sent. On rencontre d’abord des grès marneux désignés sous le nom de fysch, 
puis arrivent le terrain jurassique oxfordien et le terrain néocomien que recou- 
vre le Rumezx Acetosella. Je vais énumérer les principales plantes du Voiron. 
La liste des Lichens qui y est renfermée a été empruntée au Catalogue des 
Lichens des environs de Genève, dressé par M. J. Mueller. Ce cryptogamiste 
distingué a signalé aussi, dans cet ouvrage, les Lichens du Salève, qui seront 
étudiés dans mon mémoire sur la riche végétation de cette montagne (2). Qu'il 
me soit permis, à cette occasion, d’exprimér ici à M. Mueller, qui a eu l'obli- 
geance de me déterminer un grand nombre de plantes cryptogames de la 
Savoie, le témoignage de ma vive reconnaissance. 


(1) Le lecteur voudra bien se le rappeler en parcourant mon mémoire sur la végé- 
tation du Salève, déjà imprimé dans le compte rendu de la session d'Annecy, t. XI, 
p. Lx1 (Nole ajoutée pendant l'impression, avril 1867). 

(2) Voy. le Bulleiin t, XIII, p. Lxxxvu, 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 


Phanérogames. 


Thalictrum aquilegifolium. 
Arabis alpina. 

— Turrita. 

— serpyllifolia. 
Dentaria digitata. 

— pinnata. 

Viola silvestris. 

— alpestris Jord. 
Polygala depressa. 

— alpesiris. 

Dianthus superbus, 
Sagina Linnæi. 
Geranium nodosum. 
— silvaticum, 
Astragalus Cicer. 
Vicia silvatica. 

— dumetorum. 
Lathyrus Cicera, 
Spiræa Aruncus. 
Geum rivale. 

Potentilla aurea. 
Rubus saxatilis. 

— cæsius. 

— dumetorum. 

— hirtus. 

— idæus. 

Rosa rubrifolia Will. 
alpina L. 

alpestris Déségl. 
Reuteri Godet. 
glandulosa Bell. 
coriifolia Fries. 
dumetorum Thuill, 
platyphylla Rau. 
spinulifolia Dém. 
subglobosa Sm. 
vestita Godel. 
Sorbus hybrida. 
Epilobium trigonum. 
Scleranthus biennis Reuler. 
Ribes alpinum. 
Chærophyllum Cicutaria. 
Myrrhis odorata. 
Valeriana tripteris. 

— montana. 
Adenostyles albifrons. 
Homogyne alpina. 
Crepis paludosa, 
Hieracium elatum Fries. 
— nemorense Jord. 
— vulgatum Koch. 
— acutatum Jord. 
Campanula subramulosa Jord, 
Vaccinium Vitis idæa, 
Gentiana verna, 


PCElEBLL EI 


Gentiana ciliata, 

Salvia glutinosa. 
Galeopsis præcox Jord. 
Plantago alpina. 

Rumex scutatus. 
Polygonum Bistorta. 
Thesium alpinum. 
Euphorbia dulcis. 

Salix grandifolia, 

Alnus viridis. 

Orchis globosa. 
Gymnadenia albida. 
Nigritella angustifolia. 
Listera cordata. 
Coralliorrhiza Halleri. 
Crocus vernus, 
Convallaria verticillata. 
— majalis. 
Maianthemum bifolium. 
Lilium Martagon. 
Luzula flavescens. 
Carex ornithopoda, 

— digitata. 

Phleum alpinum. 
Calamagrostis montana. 
Poa alpina. 


Cryptogames vasculaires. 


Lycopodium Selago. 

— annotinum. 

— clavatum. 

— alpinum, 
Polypodium Dryopteris. 
— alpestre. 
Polystichum Oreopteris. 
— spinulosum. 

— Halleri. 

— viride. 


Mousses. 


Gymnostomum curvirostre. 
— — f microcarpum. 
— rupestre. 

— tenue. 

Dicranella varia. 
Dicranum Schraderi. 
— scoparium. 

— undulatum. 
Fissidens taxifolius. 
Seligeria recurvata. 
Didymodon rubellus. 
Distichium capillaceum. 
Leptotrichum flexicaule. 
Barbula mucronifolia. 
— tortuosa. 
Orthotrichum rupestre. 


2 


/ 


ol 


732 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Orthotrichum speciosum. 
Tetraphis pellucida. 
Encalypta ciliata. 

— rhabdocarpa. 
Webera cruda. 

— elongata. 

— longicolla. 

— nutans. 

Bryum capillare. 

— — f. cuspidatum. 
— pallescens. 

— — f contextum. 
Alnium cuspidatum. 
Bartramia Halleriana. 
— ithyphylla. 

— OÆEderi. 

Timmia megapolilana. 
Pogonatum aloides. 

— alpinum. 
Polytrichum gracile. 

— juniperinum. 
Antitrichia curtipendula. 
Pseudoleskea catenulata. 
— atrovirens, 
Lescurea striala. 
Heterocladium dimorphum. 
Isothecium myurum. 
Hypnum cuspidatum. 
— filicinum. 

— molluscum. 

— purum. 

— Schreberi. 

— stellatum. 
Sphägnum cuspidatum. 
— cymbifolium. 


Hépatiques. 


Metzgeria furcata. 

— pubescens. 
Lophocolea heterophylla. 
Lepidozia reptans. 
Cincinnulus Trichomanis, 
Sarcoscyphus Fuakii. 
Jungermannia acuta, 

— lersa, 


Lichens. 


Leptogium subtile. 

— lacerum. 
Synechobastus flaccidus, 
Collema granosum. 

— vrispum. 

Calicium trabinellum. 
— minimum, 

— hyperellum. 

— trachelinum. 

— nigrum B. curlum. 
— brunevlum. 


Coniocybe furfuracea. 
Bæomyces rufus. 
Cladonia rangiferina. 

— silvatica. 

— squamosa. 

— graciis. 

— fimbriata. 

— — f. ochrochlora. 
— macilenta. 

— digitata &. alba. 
Usnea barbata «. florida. 
— — f$. dasypoga. 
Alectoria jubata &. prolixa. 
— — f. cana. 
Evernia furfuracea, 
Ramalina fraxinea +. ampliata. 
— — f. fastigiata. 
Cetraria sepincola. 

— — $. chlorophylla. 
— juniperina var. Pinastri. 
Peltigera horizontalis. 

— vinosa, 

Sticta pulmonacea. 
Parmelia Borreri. 

— diffusa. 

— olivacea. 

— — f. collematiformis. 
— pertusa, 

— brunnea, 

Physcia pulverulenta. 

— — f. venusta Huet. 
— obscura. 

— — 0. chlorantha. 
— — f. muscicola. 
Parmeliella turgida. 
Lecanora pallescens, 

— intumescens. 

— subfusca. 

— — fi. geographica, 
— verrucosa. 

Caloplaca arenaria. 
Rinodina metabolica. 

— — $, maculiformis. 
Urceolaria scruposa. 

— — f. arenaria. 
Biatora futiginea. 

— maculiformis. ; 
— rupestris £. rufescens. 
— enteroleuca. 

— — f. grandis. 

— platycarpa 6. steriza. 
Patellaria icmadophila. 
— Pineti. 

— Muscorum. 

— atro-grisea. 

Buellia punctiformis. 

— athallina, 

Lecidea petræa, 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863, 733 


Opegrapha vulgata. 
Arthonia sordaria. 


Verrucaria epigæa. 
Abrothallus Smithii. 


Lecanactis dolosa, 


Quand l'ascension du Voiron s’est faite par Boëge, il est très-avantageux de 
descendre sur la tour de Langin ou sur Saint-Cergue par les chalets Bau- 
mann, près desquels croissent Ærvum Ervilia, Phelipæa cœærulea, Rosa 
glandulosa. Les champs, les bois et les lieux humides du pied du Voiron four- 
nissent encore quelques plantes, et les marais de Lossy, au pied du Voiron, 
des espèces marécageuses, parmi lesquelles on remarque : 


Sparganium minimum. Carex dioica. 

Orchis coriophora, — Davalliana. 

Liparis Lœselii. — pulicaris. 
Rhynchospora alba. — teretiuscula. 

Scirpus pauciflorus. Lycopodium inuadatum. 
Eriophorum gracile. Polystichum Thelypteris. 


Et deux bonnes espèces d'Hépatiques : 


Scapania irrigua. os | Jungermannia anomala. 
Entre Moniaz et Saint-Cergue, ce sont : 

Scrofularia Balbisii, Stachys arvensis. 

Mentha silvestris, Phleum asperum, 


— nepetoides. 


Si de Saint-Cergue on se dirige sur Bonne, on a à sa droite Lucinge, où se 
trouve l’Astragalus Cicer, et à sa gauche les prairies humides de Cranves, 
qui voient fleurir deux de nos plus rares espèces : Scorzonera humilis et 
Gladiolus palustris. Les vieux murs du château de Bonne sont couverts de 
Cheiranthus Cheiri. Après avoir traversé la Menoge sur un pont de pierre 
très-étroit, on peut récolter au sommet de la montée : 


Lathyrus tuberosus. Nepeta Cataria. 
Fœniculum officinale, Phleum asperum. 


$ VIEI. — Herhorisation dans les environs de La Roche. 


La Roche (alt. 548 m.), chef-lieu de canton, situé au nord-est de la colline 
des Bornes, présente au botaniste les plantes suivantes : 


Draba medioxima Jord. Goodyera repens. 

— majuscula Jord. Leucoium vernum. 
Viola segetalis Jord. Ornithogalum nutans. 
Cucubalus bacciferus. Glyceria plicata. 
Cyclamen europæum. Ophioglossum vulgatum. 


Asarum europæum. 

A l'extrémité méridionale de La Roche est une montée longue et rapide 
qui conduit au point culminant du coteau des Bornes (alt. 794 m.) et qui 
attire l’attention sur : 


Trollius evropæus. Barbarea augustana FRE 
Actæa spicala. Sanguisorba serotina Jord, 


73h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
Le plateau des Bornes présente une végétation plus alpestre, On y ren- 


contre : 


Viola silvatica Friés. 

Vicia silvatica. 

Spiræa Aruncus. 

Rubus hirtus Weih. et Nees. 
— dumetorum Wei, et Nees. 
Rosa dumetorum Thuill. 

— subglobosa Smith. 

— omissa Déségl. 


Agrimonia odorata. 
Sorbus torminalis, 
Selinum Carvifolia. 
Géntiana verna. 
Euphrasia montana Jord. 
Stachys alpina. 
Équisetum Telmateia. 
Etc. 


A une heure au-dessous de La Roche se trouve Arenthon (alt, 439 m.), 
dans une riche plaine, localité qu’il m’a été donné d’explorer avec soin, Quel- 
ques plantes intéressantes méritent d’y être signalées. 


4° Dans les champs : 


Erophila majuscula Jord. 
Rapistrum rugosum. 
Erythræa pulchellà. 


2° Dans les prairies : 


Cardamine amara. 
— Matthioli Bert. 
Sanguisorba serotina Jord. 


3° Dans la forêt du château : 


Viola scotophylla Jord. 

— virescens. 

Rosa repens Scop. 

— systyla Bast. 

— aciphylla Rau. 

— dumalis Bechst. 

— dumetorum Thuill. (stylis glabris). 

— urbica Lém. 

— cuspidata Bieb. 

Fraxinus excelsior, 

— rostrata Guss. 

Veronica montana, 

Asarum europæum. 

Allium Scorodoprasum. 

Milium effusum. 

Climacium dendroides. 

Brachythecium populeum. 

Hypaum purum. 

— filicinum. 

Hylocomium splendens. 

Cladonia fimbriata. 

— — f. ochrochlora. 

— furcata. 

— — $, subulata (en bonne fructifica- 
tion). 

Hypoxylon vulgare, 

Sphæria fusca. 

Diatrype bullata. 


Odontites verna, 
Centunculus minimus, 
Etc. 


Primula variabilis Goupil. 
Orchis ustulata. 
— incarnata. Etc. 


Phragmidium asperum. 
Lycoperdon Bovista. 

— piriforme, 

Lycogala miniata. 
Cyathus striatus. 
Clavaria Botrytis. 

— cristata. 

— stricta. 

— formosa. 

— cinerea, 

Telephora hirsuta. 
Auricularia mesenterica. 
Hydnum repandum. 
— cervinum, 
Polyporus hirsutus. 

— salicinus, 

— versicolor. 

— fulvus. 

— amorphus. 

Dædalea abietina. 
Boletus edulis. 

— testaceus. 
Schizophyllum commune, 
Cantharellus muscigenus. 
— undulatus. 

— cibarius. 

— tubæformis. 
Leuziles sæpiaria, 


SESSION EXTRAORDINAIRE À CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863, 


Amanita Muscaria. j 
Agaricus androsacens. 

acer. 

atramentarius, 

furcatus. 

fasciculus. 


— 


Agaricus laccatus. 
— rosaceus, 

— rotula, 

— stypticus. 

— vulgaris. 
Amanita aurantiaca. 


4° Au bord des chemins, dans les haies et les fossés : 


Barbarea stricta. 
Viola sepincola. 
Cucubalus bacciferus. 
Rubus discolor. 

Rosa systyla. 

— fallens Déségl. 
— urbica Lém. 

— Deseglisei Bor. 


5° Sur le cimetière : 


Sisymbrium Sophia. 
Reseda Luteola, 
Onopordum Acanthium. 


6° Sur les berges, dans les broussailles 


de l’Arve : 


Erucastrum obtusangulum. 
— Pollichii. 

Erophila glabrescens Jord. 
Drosera longifolia. 
Melilotus alba. 

Lotus tenuis. 
Tetragonolobus siliquosus. 
Rosa repens. 

— tomentella. 

— similata Puget. 

— Jordani Déségl. 

— tomentosa Smith. 
Epilobium rosmarinifolium. 
Œnothera biennis. 
Myricaria germanica. 
Callitriche platycarpa. 
Pastinaca opaca. 

Galium palustre. 

— elongatum. 

Artemisia Absinthium. 
Taraxacum erythrospermu n. 
Hieracium pr'æaltum. 

— piloselloides. 

— staticitolium. 
Hippophaë rhamnoides, 
Salix purpurea. 


7° Sur les blocs erratiques de granit 


Asplenium septentrionale. 
Grimmia commutata. 
Orthotrichum cupulatum. 
Polychidium muscicola. 
Peltigera rufescens. 


Rosa lomentella Lém. 
Potentilla anserina. 
Agrimonia odorata. 
Polygonum dubium. 
— Persicaria. 

— dumetorum. 
Carex riparia. 


Lappa minor. 
Verbascum thapsiforme, 


et les fossés marécageux des bords 


Salix daphnoides. 

— incana. 

— nigricans. 

Alnus incana. 

Typha minima. 
Potamogeton pusillus. 
Allium carinatum. 
Juncus alpinus. 

Schœnus nigricans. 
Heleocharis acicularis. 
Scirpus compressus, 
Carex lepidocarpa. 

— CŒEderi. 

— nitida. 

Agrostis gigantea Gaud. 
Calamagrostis littorea DC. 
Equiselum variegatum Schleich. 
Nitella flexilis. 
Sphærangium muticum. 
Pleuridium subulatum. 
Auacalypta lanceolata. 
Leptotrichum flexicaule. 
Barbula convoluta. 
Cinclidotus fontinaloides, 
Physcomitrium piriforme. 
Fontinalis antipyretica. 


Parmelia saxatilis. 
— conspersa. 

— olivacea. 
Placodium radiosum, 


736 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Reignier (alt. 465 m.) est à une heure de La Roche. C’est un chef-lieu de 
canton de l’arrondissement de Saint-Julien. Il a le privilége de voir fleurir le 
Geranium palustre (1). Les bois qui avoisinent le pont de Bellecombe se font 
remarquer par : 


Hepatica triloba, Ribes alpinum. 

Viola mirabilis. Petasites officinalis. 

— Riviniana. Pulmonaria tuberosa. 

— scotophylla Jord. Cyclamen europæum. 

Polygala Chamæbuxus. Iris germanica (sur les granits). 


On trouve encore sur la commune de Reignier : 


Corydallis bulbosa, Rosa sepium TAuill. 

Bunias Erucago. — permixta Déségl. 

Holosteum umbellatum. Valerianella Morisonii. 

Rosa systyla Bast. —  — $. lasiocarpa. 

— fallens Déséol. Cephalaria pilosa, 

— andegavensis Bast. Asplenium septentrionale (sur les blocs 
— urbica Lém. erratiques. 

— tomentella Lém. Bartramia OEderi (ibid.). 


En face de Reignier, sur la rive droite de l’Arve, est Arthaz (alt. 470 m.), 
où l’on trouve : 


Rosa comosa Rip. Ornithogalum angustifolium Bor. 


Holosteum umbellatum. Seabiosa pratensis Jord. 
Sanguisorba serotina Jord. | Agrostis gigantea Gaud. 


En allant de La Roche à Bonneville, on laisse à droite Rumilly (alt. 
580 m.) et Saint-Laurent (alt. 652 m.). Ces deux localités ont le privilége de 
nous donner : 


Helleborus viridis var. 
Corydallis fabacea. 
Galium rotundifolium. 


Erica carnea. 
Coralliorrhiza Halleri, 
Salix repens. 


$ EX. — Herhorisation sur le Môle ct dans les environs de 
Bonneville. 


Bonneville (alt. 450 m.), petite ville de 2200 habitants, est située sur la 
rive droite de l’Arve, à la base méridionale du Môle. C’est un chef-lieu d’ar- 
rondissement. Le Môle est une pointe pyramidale (alt. 1868 m.) dont l’ascen- 
sion exige trois heures trente minutes de Bonneville. Voici les principales 
plantes que l'on rencontre dans les environs de la capitale du Faucigny, sur 
la base rocheuse et boisée, ainsi que dans les pâturages du Môle. 


(1) Plante découverte par M, l’abbé Joseph Saultier, jeune et intelligent botaniste. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 737 


4. Environs de Bonneville : 


Atragene alpina (sous le Mont-Andey), 
Corydallis fabacea (Pontchy, à Dessy). 
— lutea (sur les vieux murs). 
Barbarea stricta. 

Geum rivale. 

Agrimonia odorata (route de Cluses). 
Sedum maximum (Aïse). 

Bupleurum rotundifolium. 

Inula Vaillantii (le long de Borne). 


/ 


Doronicum Pardalianches (Vougy). 

Primula farinosa (au-dessus de Bonne- 
ville). 

Anchusa italica. 

Lithospermum purpureo-cæruleum. 

Limodorum abortivum (bois du Bon). 

Erythronium Dens canis (Vougy). 

Nitella flexilis. 


A dix minutes de Bonneville, dans une plaine marécageuse, est Pontchy 
(alt. 430 m.), qui appelle l'attention sur quelques plantes, telles que : 


Cephalaria pilosa. 


Leuchanthemum Parthenium G. et God. 


| Carpesium cernuum, 


2. Base du Môle, de Contamines à Marignier : 


Papaver Lecoquii. 

Arabis muralis. 

— Turrita. 

Sisymbrium acutangulum. 
Kernera saxatilis. 
Helianthemum canum. 
Viola permixta Jord, 
Lychnis Coronaria (Aïse). 
Dianthus saxicola. 
Geranium nodosum (Marignier). 
Rhamnus pumila (Reiret). 
Ononis rotundifolia (ibid.). 
Trifolium alpestre. 
Astragalus monspessulanus. 
Coronilla Emerus. 
Potentilla caulescens. 
Rubus hirtus. 

— collinus. 

Rosa Reuteri. 

— andegavensis. 

— subglobosa. 


Cotoneaster tomentosa. 
Amelanchier vulgaris. 
Sorbus Aria. 

Sedum purpurascens, 

— anopetalum. 
Peucedanum Cervaria, 
Laserpitium Siler. 

— latifolium. 

Galium commutatum Jord. 
Lactuca perennis (Nant du Dard). 
Hieracium glaucum. 

— lanatum. 

Salvia glutinosa. 
Calamintha ascendens Jord. 
— mollis Jord. 

Brunella laciniata Lam. 
-— grandiflora Mœnch. 
Daphne Mezereum. 

— Laureola. 

Stipa pennata. 

Melica nebrodensis. 


3. Sommités du Môle. L’ascension des pâturages élevés du Môle se faisant 
sur un gazon très-incliné, est fort pénible; mais le botaniste ne songe qu’à 


remplir ses cartons de : 


Anemone alpina. 

— sulfurea. 

— narcissiflora. 
Ranunculus platanifolius. 
— gracilis. 

Trollius europæus. 
Aconitum lycoctonum. 
Arabis alpina. 

— alpesiris. 

Draba aizoides. 
Thlaspi brachypetalum. 
Viola biflora. 


Hypericum quadrangulum. 
Dryas octopetala. 
Astrantia major. 
Chærophyllum hirsutum, 
Scabiosa alpestris Jord. 
Adenostyles alpina, 
Aster alpinus. 

Lecontodon pyrenaicus. 
— hispidus. 
Crepisaurea. 

— blattarioides. 
Hieracium cæsium. 


738 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Hieräcium vulgatum. 
— elatum. 

— villosum. 
Vaccinium Vitis idéa. 
Soldanella alpina. 
Gentiana lutea. 

— Thomasii Gilib. 

— purpurea, 

— Clusii. 

Veronica fruticulosa. 
Pedicularis verticillata. 
Rhinanthus angustifolius, 
Euphrasia cuprea. 

— minima, 


Calamintha alpina. 
Globularia nudicaulis, 
Plantago alpina. 
Linum alpinum. 

— pratense. 

Salix retusa. 

— reticulata, 

Orchis globosa. 

— viridis. 

Nigritella angustifolia. 
Lilium Martagon. 
Carex ferruginea. 
Phleum alpinum. 

Poa alpina. Etc. 


M. de Schœnefeld donne lecture des deux articles suivants, 
adressés à la Société par M. le professeur Fée (de Strasbourg): 


1. Pendant une promenade. 
(14 mai 1863.) 


Beaucoup de personnes attendent que l'automne ait jauni les feuilles et fané 
les dernières fleurs, pour se livrer à des réflexions mélancoliques sur la fuite 
des années et la brièveté de la vie. 

Ces esprits chagrins ne pourraient-ils pas faire de pareilles réflexions à 
toutes les époques de l’année? Au printemps les fleurs succèdent aux fleurs, 
en été les fruits succèdent aux fruits. Après les violettes, les narcisses ; les 
roses après les lilas; les cerises, puis les pêches. À peine avons-nous eu le temps 
d'admirer les champs couverts de moissons, que voilà les blés en grange ; à 
peine la vigne a-t-elle mûri sa grappe au soleil de septembre, que l’on entend 
les flots de vin ruisseler dans le pressoir. Tel est le cours des choses, et nous 
n’y pouvons rien changer. Chaque battement du cœur, chaque mouvement 
du corps, un simple geste, un clignement de paupière, sont des impôts pré- 
levés sur la vie. Elle s’use dans le sommeil aussi bien que dans la veille, dans 
le travail comme dans le plaisir. Nos jours sont un écheveau que dévide la main 
d'une ouvrière invisible qui ne s'arrête que quand sa tâche est terminée et 
que nous cessons de vivre. Nous ne sommes pas les maîtres de nos destinées ; 
il est donc sage de ne pas gâter le présent par des regrets inutiles sur la rapi- 
dité avec laquelle le passé s'éloigne de nous. Mettons doucement et sagement 
à profit le jour qui luit; plus la soirée est avancée et plus il faut s'emprésser 
de jouir des derniers rayons du soleil. 

Voilà ce que je me disais par une belle matinée du mois de mai, en me pro- 
menant à quelque distance de la ville. Peu de jours s'étaient écoulés depuis 
que la campagne s'était montrée à moi nue et d’un aspect tristement monotone; 
à présent je la retrouvais splendidement parée de cette robe printanière tou- 
jours de mode: je ne pouvais me lasser de la voir. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 739 


Les beautés de la nature ne trouvent point d'indifférents ; cependant il existe 
pour l’homme deux manières de les admirer : les uns ne voient que l’ensemble, 
les autres ne se préoccupent que des détails, J'en connais encore une troisième, 
qui est la mienne, et qui consiste à l’admirer tout à la fois dans son ensemble 
et dans ses détails. Ainsi faisais-je, Après avoir plusieurs fois arrêté mes re- 
gards sur les Vosges et sur la Forêt-Noire, dont les deux chaînes, plus gra- 
cieuses qu'imposantes, courent parallèlement pour laisser entre elles cette 
magnifique contrée dont le Rhin nous a cédé la meilleure part, je regardais à 
mes pieds et autour de moi. Tout était fleuri, herbes et arbrisseaux, depuis le 
trèfle et la Coronille jusqu'aux viornes et à l’aubépine ; et quelle variété de 
formes, de port, de couleurs ! L'or des renoncules, l'argent des pâquerettes, 
l'azur des véroniques, et pour une seule couleur que de nuances ! Une longue 
digue que je suivais était tapissée de fleurs, et pour ne pas en écraser quelques: 
unes il me fallait y prendre garde. En me voyant faire, combien se seraient 
moqués de moi les gens qui tournent en ridicule les Sociétés protectrices des 
animaux, == Ménager des herbes qui ne souffrent pas quand on les mutile, me 
diraient-ils, quelle folie !— Si je lesménage, pourrais-je leur répondre, ce n’est 
pas pour leur épargner des douleurs dont je sais bien qu’elles sont exemptes, 
c'est pour ne pas détruire, en un instant et sans utilité, de charmantes 
créations qui ont comme nous une place sur la terre. On disait poétiquement, 
en parlant des déesses, que les fleurs naissaient sous leurs pas, je ne veux pas 
qu'on puisse dire de moi qu’elles meurent sous les miens. D'ailleurs, je les 
connais, et je sais qu’il n’en est pas une seule qui ne se recommande à l’ob- 
servateur par quelque mérite caché, qu'il ne s’agit que de découvrir. Ana- 
lysez ce charmant fouillis et vous verrez qu’il se compose de plantes très-dignes 
de charmer les yeux. C’est le polygala aux longues grappes bleues, les bouquets 
dorés de l’anthyllide, la corbeille argentée de la marguerite, la robe violette de 
la brunelle, et tant d’autres aussi richement vêtues, que pourtant les grandes 
personnes dédaignent, après en avoir fait des bouquets odorants dans leur 
enfance ; mais alors elles étaient petites et elles les voyaient de plus près. 

J'ai connu une grande dame, qui ne voulait, en ét£, dans son salon, que 
des fleurs des champs. Le monde végétal a son aristocratie, palmiers, bananiers, 
camëlias ; quoiqu'’elle les admirât, ils ne quittaient pas ses serres. Dans ces 
plantes modestes, c'était le peuple qu’elle aimait et j'en avais bien auguré du 
Caractère de la dame, bonne en effet, affable et sensible à toutes les souffran- 
ces: elle savait que petites ou grandes, les créatures du bon Dieu sont pour 
lui l’objet d’une égale sollicitude et d’un pareil amour ; c'était à cette source 
sacrée qu'elle puisait. 

L'importance d’ailleurs ne se mesure pas à la taille, témoins les graminées, 
ces nourrices de l’homme. Venez, que je vous réhabilite, petites plantes que 
nous foulons aux pieds. Vous avez deux qualités charmantes, la grâce et la 
souplesse, Vos fleurs n'ont aucun éclat, mais elles sont nombreuses et ressem- 


7h10 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


blent à de petites nacelles qui se balancent au moindre souffle de l’air qui vous 
caresse, et, si la tempête courbe vos tiges, vous ne tardez pas à les redresser, 
Vos feuilles sont des rubans, vos épis des panaches. Après l’azur du ciel, ce 
qu’on aime le plus à voir, c’est le vert de la prairie où prospèrent vos innom- 
brables phalanges. Vous donnez la graine à loiseau, l’épi à l’homme, et sous 
les toits que protégent vos chaumes desséchés, vous abritezle bonheur obscur, 
le seul qui serait exempt d’orages, s’il en était de tels sur la terre. 

Qui n’aime à voir un beau champ de seigle onduler au souffle du vent? C’est 
le vert de la mer, ce sont ses vagues pendant une douce brise; les autres 
céréales ont de la grâce, sans doute, mais elles en ont moins que le seigle. Le 
froment, plus robuste, n’a pas la même souplesse ; l'orge, hérissée de longues 
barbes, semble toute prête à se défendre contre la main qui veut la toucher, et 
l'avoine, avec ses épillets que protégent des balles courbées en carène, est trop 
échevelée ; mais lorsque les épis mûrs de ces herbes dorent la plaine, toutes 
réveillent des idées qui reposent l’esprit ; elles sont le lien des sociétés, et l'on 
peut dire que, dans un pays, tant vaut l’agriculture, tant vaut l’homme. 

Croissez donc et prospérez, graminées de toutes sortes et de tous pays, vous 
parmi lesquelles nous avons tant d'amis, sans compter un seul ennemi que 
. nous devions craindre ; végétez en paix, et puisse lar rosée du ciel tomber tou- 
jours sur vous, abondante et salutaire ! 


2%. Le Chène. 


(Juin 18C3.) 


Un arbre plusieurs fois centenaire est un véritable monument : il faut le 
ménager. Rien ne rend plus manifeste la puissance créatrice, rien ne démontre 
mieux combien est courte, relativement à lui, la durée de notre passage sur la 
terre; rien n’est plus imposant ni plus digne de fixer les regards. 

C'est d’abord un énorme tronc qui s'élève de terre comme une gigantesque 
colonne, puis de grandes branches qui s'ouvrent pareilles aux longs bras des 
Titans révoltés, en voie d'escalade; enfin des myriades . de feuilles arrondies 
en dôme, bocage aérien qui ne peut être visité que par les oiseaux. 

Aussi longtemps que le colosse est debout, il s'accroît et augmente d'im- 
portance. Gloire du paysage et charme des yeux, il se fait admirer de tous 
ceux qui l’approchent, et bien peu savent que de sa durée dépend le sort d'une 
foule d'êtres vivants dont il est le domaine, races nombreuses, aussi diversi- 
fiées dans leurs formes que dans leurs instincts; qu’il meure et les voilà 
dépossédées,. 

C'est à ces réflexions que je me livrais en contemplant un chêne aux pro- 
portions énormes près duquel je m'étais arrêté. IL était seul au milieu d'une 
coupe en pleine exploitation, entouré d’arbres abattus; en le voyant si beau, je 
songeais au sort qui l’attendait, lui et les hôtes qui l’habitaient. Il n'avait 


SESSION EXTPAORDINAIRE A CIHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 741 


qu'un seul ennemi, le tranchant du fer, et le fer le menaçait. Je supposai un 
instant qu'il connaissait son sort, et je Le fis ainsi parler : 

«Arrête, bon bûcheron, porte ailleurs le tranchant de ta cognée. Tu peux 
me frapper impunément, car je suis sans défense ; sois généreux et laisse-moi 
vivre encore. Regarde! déjà les bourgeons qui chargent mes branches 
s'entr'ouvrent et j'attends mes feuilles nouvelles, une séve abondante va les 
pourrir, n’en taris pas violemment la source. 

» Je suis le roi de la forêt, nul ne m'égale en force, en puissance, en ma- 
jesté. J'ai précédé dans la vie tout ce qui m’entoure et je donne mon ombre à 
tous ceux qui m’approchent. Toi-même n’en as-tu pas souvent goûté la dou- 
ceur? Couché sur la mousse qui de mes racines s'étend jusqu’à mon tronc, 
tu reposais sur ce lit moelleux tes membres fatigués; le vent qui agitait douce- 
ment mes branches caressait ton front baigné de sueur, et tu t’endormais en 
écoutant le chant des oiseaux; au lieu même où tu dormais ont dormi tes 
pères, laisses-y dormir tes enfants. 

» Tu comptes moins de mois que je ne compte d'années, ta vigueur s’épuise 
et la mienne se conserve. Tu redoutes les orages, moi je les brave. La tempête, 
si elle éclate, ne peut ébranler mon tronc, puissamment assis sur des racines 
que nul effort ne saurait détacher du sol, de ce sol qui m'a fait naître et qui 
me nourrit. J'entends souvent gronder la foudre, et quand elle me frappe, 
après avoir livré au vent quelques-unes de mes branches desséchées, elle me 
trouve debout, toujours couronné de verdure. 

» Si tu me fais mourir, tu condamnes à l'exil, et même à la mort, un peuple 
tout entier de petits êtres qui ne vivent que par moi. Je suis pour eux un 
monde, et ils n’en connaissent pas d’autre. Toutes mes branches ont porté des 
nids, toutes mes racines ont servi de gîte à des générations sans nombre de 
mulots et de musaraignes; la taupe sillonne le terrain que je couvre de mon 
ombre; deux écureuils m'ont choisi pour domicile et je les abrite en hiver 
aussi longtemps que dure leur sommeil. 

» Des myriades d'insectes vivent à mes dépens sans m’appauvrir jamais; le 
gui a mêlé parfois son feuillage étranger au feuillage dont se parent mes 
rameaux. Hôtes moins exigeants, qui pour vivre s’abreuvent de la rosée du 
ciel et de l'humidité de l’air, les mousses et les lichens ont revêtu la nudité 
de mon écorce, et chaque année, quand vient l'automne, j’abandonne aux 
animaux de la forêt une abondante récolte de fruits dont ils se nourrissent. 

» Bien que je ne puisse quitter la terre où s’est développé le germe qui m'a 
donné naissance, tout mouvement ne m'est pas interdit. Mes jeunes branches 
vont chercher la lumière, et mes feuilles, cédant au vent qui les caresse, se 
balancent et tournoient sur leurs légers supports; le bruissement qu’elles font 
entendre va se confondre avec les autres bruits de la forêt pour en compléter 
l'harmonie; c’est là ma voix: si ellé pouvait en ce moment exprimer mes crain- 
tes, elle deviendrait un gémissement. 


7h42 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

» Ma vie est féconde en souvenirs; j'ai vu bien souvent une troupe joyeuse 
s'asseoir sur mon gazon et se livrer à de gracieux ébats, après avoir fait cir- 
culer la coupe, pleine d’un vin généreux, qui tachait la robe de la jeune fille, 
dont un fou rire rendait la main mal assurée. Pour consacrer ce jour de fête, 
des chiffres ont été gravés sur mon écorce. Tu peux les y voir encore entre- 
lacés ; lis la date qui les accompagne, et tu sauras que depuis longtemps ceux 
qui les ont tracés ne vivent plus. 

» Je survis aux arbres les plus vieux de la forêt et n’ai plus de contem- 
porains; Les années ont glissé sur mon écorce, comme la pluie du ciel, sans y 
laisser de traces; le temps n’a fait encore qu’ajouter à ma beauté : il donne 
plus d’ampleur à ma cime, et chaque printemps il la pare d’un nouveau feuil- 
lage. Accorde-moi la vie, bon bûcheron; pourquoi détruire en un jour l'œuvre 
de tant d'années, et me demander mort des services qui peuvent se faire 
attendre? Plus tu tarderas à les exiger et plus ils auront d'importance, En me 
laissant vivre, tu réjouiras les yeux qui me verront, et les oiseaux qui jouent 
à travers mon feuillage te récompenseront de leur avoir conservé leurs nids 
en te chantant leurs plus jolis airs. » 

J'allais faire parler encore le vieux chêne, lorsque soudain la cognée 
s’abattit sur son tronc ; et l'écho rendit au loin l'arrêt de mort porté par le 


bûcheron, sur ce roi de la forêt qui allait être détrôné. 
À. FÉE. 


M. le docteur Hénon, vice-président, dit que l’on rencontre quel- 
quefois, mais rarement, le Gui du Chêne, comme substance offici- 
nale, dans les pharmacies. Il a vu d’ailleurs lui-même le Gui crois- 
sant sur un Quercus Phellos. On peut présumer, dit-il, que dans 
l’ancienne Gaule les druides l’implantaient artificiellement sur les 
Chênes de leurs forêts. 

M. Cosson dit avoir vu une fois le Gui sur le Chêne (Quercus 
pedunculata) dans la forêt de Troyes (Aube). Il ajoute que dans le 
midi de l’Europe ce parasite, quand il croît sur les arbres rési- 
neux, prend une forme particulière (Viscum laxum). 

M. de Schœnefeld rappelle que, dans les Vosges, le Gui, crois- 
sant abondamment sur les Sapins (Abies excelsa et pectinata), est 
recueilli par les habitants pour la nourriture des bestiaux, dont il 
favorise l’engraissement (1). M. de Schœnefeld ajoute qu’il serait à 
désirer qu’on en fit de même dans d’autres parties de la France, 
notamment aux environs de Paris, où il a vu souvent des arbres 


(1) Voyez le Bulletin, t. V, p. 591 (Lettre de M. A; Mougeot). 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 743 


fruitiers (surtout des Pommiers ou Poiriers) périr sous le fardeau 
des touffes de Gui qui les épuisent, mais dont les paysans ne pren- 
nent pas la peine de les débarrasser, et qui pourtant fourniraient 
aux bestiaux un aliment sain et très-nourrissant. 

M. Lecoq fait remarquer que la récolte du Gui est plus facile 
sur les Conifères que sur les autres arbres. Il ajoute qu’en Auvergne 
on l’emploie, comme dans les Vosges, pour la nourriture des bes- 
tiaux. 

M. John Ball, vice-président, annonce qu'il s’occupe depuis plu- 
sieurs années d’un travail sur la géographie botanique des versants 

i$ridionaux des Alpes. 


1 donne des renseignements sur le plan de cet ouvrage et sur les matériaux 
qu'il a réunis. Il remercie MM. Rostan et Lisa du concours utile qu'ils lui ont 
prêté, et fait appel aux autres botanistes pour en obtenir de nouveaux docu- 
ments, destinés à compléter ses recherches personnelles; car, dit-il, il est 
impossible à un botaniste, quelles que soient la fréquence et l'étendue de ses 
herborisations, d'explorer avec le même soin tous les points des Alpes. 

Il ajoute que la limite supérieure de la végétation des Phanérogames n’a 
pas encore été suffisamment étudiée. Selon lui, M. Alph. De Candolle a attri- 
bué une influence trop exclusive aux conditions de température. Ainsi, même 
dans la région dite des neiges perpétuelles, il y a des points où, en raison de 
l'exposition, la neige disparaît pendant un temps assez long pour offrir un ter- 
rain favorable au développement de quelques espèces. 

La plante phanérogame observée par M. Ball à l'altitude la plus élevée est 
le Campanula cenisia, qu'il a trouvé à 3672 mètres, à la Grivola d’Aoste, — 
Sur le Mont-Rose, il a vu, à une altitude de plus de 3000 mètres, plusieurs 
espèces de Phanérogames, mais elles n’occupaient que des espaces très- 
restreints. 

La chaleur diurne, à de grandes altitudes, peut être plus considérable qu’on 
ne serait disposé à le croire. Ainsi, à 3000 mètres, M. Ball a constaté que la 
température du sol avait pu atteindre +- 30 degrés centigrades. — Au port de 
Vénasque (Pyrénées), il a vu le sol offrir une température de +- 42 degrés. — 
Sur les bords des plus grands glaciers des Alpes, à 3000-3300 mètres, il a 
trouvé le sol à une température de + 32 degrés. 


M. Cosson fait remarquer que la température du sol varie néces- 
sairement selon les conditions physiques générales, telles que l’état 
de l'atmosphère, l'intensité plus ou moins grande de la lumière, etc.; 
et aussi selon les circonstances locales, telles que l'exposition, la 


7h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


composition du sol, son degré de sécheresse ou d'humidité, sa cou- 
leur, etc. 

M. le Président dit que, dans les montagnes de la Sardaigne, ce 
sont les terrains calcaires qui lui ont offert le plus grand nombre 
d'espèces. 

M. Lecoq a observé des températures du sol de + 30 à AO degrés 
à des altitudes de 1000 à 1200 mètres. Il rappelle que Saussure 
avait déjà fait la remarque qu’en été la température du sol est plus 
élevée au sommet des montagnes qu’à leur base. Jl ajoute que, sous 
la neige, les germes des plantes (graines et souches) peuvent con- 
server leur vitalité pendant des années, peut-être même pendant 
des siècles, et que leur végétation et leur floraison se produisent 
très-rapidement dès que la couche de neige qui les recouvrait a 
disparu. 

M. le docteur Hénon dit que dans une ascension faite au prin- 
temps au col de Bovinant (au-dessus de la Grande-Chartreuse), il à 
vu plusieurs pieds d’une variété du Varcissus Pseudonarcissus en 
pleine fleur, bien que couverts de neige. Il ajoute que M. Thouin 
envoya un jour un ballot de plantes vivantes à M. le prince Demi- 
doff; ce ballot fut placé dans une glacière où les plantes restèrent 
deux ans sans périr. 

M. Rostan fait remarquer que la limite inférieure de l'altitude à 
laquelle croissent les espèces est parfois plus difficile encore à dé- 
terminer que leur limite supérieure. 

M. Ball rappelle que les questions qu’il a soulevées ne sont pas 
nouvelles. Pour lui, comme pour la plupart des naturalistes, la 
flore actuelle des sommités des Alpes est le représentant et le reste 
d’une végétation qui, durant la période glaciaire, occupait une bien 
plus grande étendue. — Il ajoute qu’il peut citer comme un 
modèle, pour les renseignements qu’il sollicite sur la géographie 
botanique des Alpes, le catalogue des plantes de 18 province de 
Bergame par M. le docteur Rota (1). 


MM. les Secrétaires donnent lecture des communications Sui- 
vantes, adressées à la Société : 


(1) L. Rota, Enumerazione delle piante fanerogame rare della provincia Berga- 
masca. Pavia, 1843. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 745 


NOTE SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DU GENRE RHINANTIHUS, 
rar RE. Victor PERSONNA'X. 


(Sallanches, Haute-Savoie, 25 juillet 1863.) 


RHINANTHUS GLACIALIS V. Pers. — Bractées d’un vert blanchätre, large- 
ment ovales, terminées brusquement en pointe allongée, et bordées de dents 
longues et sétacées. 

Calice glabre sur Les faces, poilu sur les deux sutures, à dents triangulaires- 
aiguës, finement ciliées, écartées en dehors. 

Corolle très-petite, à tube b/anc presque droit, à lèvres d’un jaune vif 
(l'inférieure concolore, à trois lobes plissés-resserrés; la supérieure presque 
droite, d’un tiers plus longue que l'inférieure), munies au-dessous du 
sommet de deux dents bleues très-saillantes. 

Style blanc et pubescent, inférieurement violacé et glabre sous le stigmate 
saillant. 

Capsule petite, aussi large que longue, très-comprimée, fortement api- 
culée. 

Graines orbiculaires, ailées. 

Feuilles oblongues-lancéolées, maculées de rouge en dessus, ponctuées de 
blanc en dessous, dentées en scie, velues, sessiles. 

Tige dressée, quadrangulaire, souvent rougeûtre, à rameaux étalés-dressés, 
haute de 6-10 centimètres, pubescente. 

Notre plante diffère donc : 

Du Zhinanthus major Ehrh., par la petitesse de toutes ses parties, la cou- 
leur de sa corolle, à lèvre supérieure droite et plus longue que l’inférieure, et 
la capsule aussi large que longue ; 

Du Àh. minor Ehrh., par son calice velu sur les angles, à dents écartées, 
sa corolle à dents très-saillantes et son stigmate saillant ; 

Enfin du 2h. angustifolius Gmel., par son calice, sa corolle à lèvre supé- 
rieure droite, et la forme de sa capsule. 

Nous l’avons trouvée, pour la première fois, le 30 août 1861, dans les her- 
bages rocheux qui bordent le glacier de 7ré-la-tête et recueillie de nouveau 
le juillet 1862, sur les pentes du Couvercle, qui conduisent an Jardin de la 
mer de glace; nous l'avons encore revue le 14 de ce mois sur les bords du 
Glacier des Bossons entre la Pierre-Pointue et la Pierre-à-l'Echelle. 

Sa zone de végétation paraît se trouver entre 2000 et 2500 mètres d’alti- 
tude; et, sur les différents points mentionnés plus haut, toujours au voisi- 
nage des glaciers, elle nous a constamment fourni les mêmes caractères spéci- 
fiques. Nous ne saurions donc douter plus longtemps de sa valeur. Les 
exemplaires joints à la présente note permettront d’ailleurs à la Société de 
l’examiner. 

on P 49 


7h46 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


NOTE SUR L'EAU DES FEUILLES DU DIPSAGUS SILVESTRIS Mill, 
par M. Charles ROYER. 


(Saint-Remy près Montbard, 20 juillet 1863.) 


Afin de reconnaître si l’eau qui se conserve à la base des feuilles connées du 
Dipsacus silvestris (même par les plus fortes chaleurs et après des sécheresses 
prolongées) provenait de la sécrétion de la plante, ou bien de la rosée, et dans 
quelles proportions, j'ai fait une série d'observations sur des Dipsacus que 
pour ce but j'ai cultivés dans mon jardin durant le printemps de 1862 et celui 
de 1863. En voici le résumé. 

L'eau s’amasse la nuit ; et pour savoir en quelle quantité, j'avais soin le soir 
d’éponger l’eau qui pouvait se trouver dans les feuilles. 

Plus la plante est jeune, plus l’eau est abondante; les feuilles restent à sec, 
quand approche l’époque de la floraison. Toutes les feuilles d’un même indi- 
vidu n’ont pas la même quantité d’eau ; suivant le rang des feuilles, cette 
quantité varie dans une nuit, de moitié au cinquième ‘de leur capacité ; à 
mesure que la plante vieillit, la plus grande quantité d’eau passe des feuilles 
inférieures à celles du milieu de la tige. Les supérieures ne sont pas connées et 
ne peuvent conserver d’eau ; il en est de même des deux à trois qui paraissent 
les premières, quand la plante sort de terre; elles sont à peine connées 
et d’ailleurs sont bientôt trouées par les insectes. 

Le soleil et le vent causent une évaporation notable, qui peut suffire à mettre 
à sec les feuilles des Dipsacus en expérience, et qui diminue seulement la 
quantité d’eau chez ceux de la campagne. En effet, l’évaporation doit être 
moins sensible dans les feuilles de ces derniers qui ne sont pas épongées chaque 
soir et qui ont le matin de l’eau en plus grande abondance: ensuite ils croissent 
ordinairement dans un sol moins nu et moins exposé au soleil que le sol du 
jardin où étaient plantés les premiers. L’évaporation est moins grande dans les 
jeunes feuilles que dans celles plus âgées, parce que les premières étant dres- 
sées presque verticalement, ombragent ainsi leur eau, tandis que les autres 
-sont étalées horizontalement et même à la fin réfléchies. 

Ayant retranché tout le limbe de quelques feuilles, moins la partie connée, 
ces feuilles mutilées avaient le matin presque autant d’eau (un huitième seu- 
lement en moins) que celles qui ne l'avaient pas été. Chez ces feuilles, l'éva- 
poration pendant le jour est plus rapide, parce que l’eau n’est plus abritée par 
l'ombre des feuilles et aussi parce que la mutilation expose à Pair et à la 
sécheresse la cavité qui existe dans la nervure médiane de la partie pétiolaire. 

Plusieurs soirs, j'ai renversé un grand vase de bois sur un Dépsacus; le 
matin, l'eau n’yétait que d’un huitième moins abondante que chez ceux qui 
étaient restés à l'air libre; et même, après une nuit de vent et sans rosée, le 
Dipsarus ouvert avait plas d’eau que ses voisins qui ne l’étaient pas, parce 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 747 


que chez ceux-ci il y avait eu sans doute évaporation par l’action du vent. Le 
Dipsacus qui avait été couvert perdait par l’évaporation du jour plus rapide- 
ment que les autres; car ordinairement il avait un peu moins d’eau, et la plante 
n'avait pas été rafraîchie par la rosée. 

Un arrosement copieux le soir augmente beaucoup au matin la quantité 
d’eau des feuilles. J'ai observé aussi dans la campagne des Dipsacus qui crois- 
saient au bord d’un chemin : leurs feuilles n'étaient pleines d’eau qu’au tiers 
seulement, tandis que, à la même époque, chez ceux des rives des ruisseaux, 
les feuilles l’étaient entièrement. Peut-être pour ces derniers, dont les racines 
sont dans des conditions de grande humidité, y a-t-il une sécrétion diurne qui 
neutralise les effets de l’évaporation. 

Toutes ces observations portent à conclure que la sécrétion joue le prin- 

cipal rôle dans la production de l’eau, et que la rosée n’y contribue guère que 
pour un huitième. Le siége de la sécrétion doit être dans les tiges, puisqu'elle 
persiste après l'ablation de la presque totalité du limbe des feuilles. Pendant 
la période de grande végétation, la tige est gorgée de séve, qui, sous forme de 
gouttelettes, s'échappe à l'instant de la moindre blessure. 
_ Le Dipsacus silvestris serait donc, sous certains rapports, comparable aux 
Nepenthes ; puisque les observations les plus récentes ont prouvé que chez les 
Nepenthes l'eau provient d’une sécrétion et non de la pluie ou de la rosée : 
enfin les Vepenthes croissent dans les lieux marécageux, et les Dipsacus affec- 
tionnent les stations humides ou ombragées. 

Le séjour de l’eau dans les feuilles est sans influence sur la végétation des 
Dipsacus. Un Dipsacus, dont je trouais successivement toutes les feuilles, 
n’en à pas paru souffrir dans sa végétation. 

Les gens de la campagne n’ont pas été sans remarquer la persistance de 
l'eau dans les feuilles de ces plantes; et depuis longtemps ils ont attribué à 
cette eau des propriétés merveilleuses : ainsi, ils s’en servent pour étuver 
leurs yeux malades. Cependant cette eau est toujours fétide, jaunâtre et 
comme huileuse, corrompue qu’elle est par une foule d'insectes qui tombent 
et se noient dans ces réservoirs naturels. 


M. Aug. Gras fait à la Société une communication sur la corres- 
pondance de Haller avec Allioni (1). 


La clôture de la session extraordinaire de 1863 est prononcée, 
mais une herborisation sera encore faite demain au Petit Mont- 
Cenis et à la combe de Sabine. 


(1) Un deuil de famille ayant empêché M. A. Gras de nous faire parvenir à temps le 
manuscrit de son intéressante communication, nous avons le vif regret d’en ajourner la 
publication. On la trouvera insérée dans le compte rendu d’une des séances de 1867 
(tome xiv). (Note de la Commission du Bullelin.) 


748 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Sur la proposition de M. Cosson, président de la Société, portant 
la parole au nom du Bureau permanent, la Société vote des remer- 
ciments unanimes à MM. les présidents et à MM. les membres du 
Bureau de la session extraordinaire. 

Des remerciments sont également adressés à M. le Prieur de 
l’'Hospice du Mont-Cenis, pour sa gracieuse hospitalité. 


Messieurs, ajoute M. Cosson, nous ne saurions exprimer assez vivement 
notre profonde gratitude à M. le professeur Moris qui, malgré l’état de sa 
santé, malgré ses nombreuses et importantes occupations, a bien voulu venir 
nous souhaiter la bienvenue sur la frontière italienne, et donner ainsi à notre 
association un touchant témoignage de dévouement, dont nous sentons tout le 
prix. La Société botanique de France est heureuse et fière d’avoir tenu, sur 
la terre d'Italie, une séance présidée par l’un des plus éminents naturalistes de 
ce noble pays. Le sol, si voisin de notre France, que nous venons de par- 
courir, porte encore à nos yeux l'empreinte, ineffaçable pour le botaniste, des 
explorations d’Allioni, de Bellardi, de Balbis, de Re. Mais notre illustre pré- 
sident, qui trop modestement nous a rappelé les noms de ses devanciers sans 
mentionner le sien, continue dignement, nous le savons tous, leurs glorieuses 
traditions. Aussi son nom vivra-t-il, comme les leurs, dans la mémoire des 
botanistes français, que, malgré notre petit nombre et notre faible mérite per- 
sonnel, nous avons l’insigne honneur de représenter en ce jour, et au nom 
desquels nous serrons affectueusement la main de tous nos frères d'Italie. 

Je me fais également l'interprète des sentiments unanimes de la Société, en 
remerciant particulièrement MM. Aug. Gras, Perrier de la Bathie, Songeon, 
l'abbé Chevalier et le chanoine d’Humbert de l’active sollicitude et du zèle 
éclairé qu'ils ont apportés à l’organisation et à la direction de nos fructueuses 
herborisations. 


Et la séance est levée à trois heures. 


ADDENDUM. — À la liste des membres de la Société qui ont pris part à la session 
(p. 633), il faut ajouter le nom de M, le docteur Gibello (de Turin). 


RAPPORTS 


SUR LES 


HERBORISATIONS DE LA SOCIÉTÉ 


Dés leur arrivée au col du Mont-Cenis, les membres de la Société, 
logés les uns à l'hôtel de la Poste, les autres à l'Hospice, se sont 
divisés en plusieurs groupes plus ou moins nombreux, et ont ex- 
ploré, selon leur gré et surtout selon leur âge et leurs forces, les 
vastes prairies du col, les bords du lac et de la Cenise et les som- 
mités environnantes. Le programme adopté à Chambéry n’a donc 
pu être réalisé d’une manière régulière, et il est impossible de 
publier de rapport d'ensemble sur toutes les courses qui ont été 
faites par les divers groupes de botanistes. On se bornera en con- 
séquence à reproduire ici les trois documents intéressants qui 


suivent : 


NOTE DE SOUVENIR INSCRITE SUR LE REGISTRE DES VOYAGEURS A L'HÔTEL DE LA 
POSTE DU MONT-CENIS, par MB. E. COSSON ET W. de SCHŒNEFELD. 


La Société botanique de France a tenu sa session extraordinaire de 1863 
au Mont-Cenis, du 30 juillet au 3 août. Les membres de la Société n’ont eu 
qu’à se louer de l’empressement avec lequel ils ont été accueillis et sérvis à 
l'hôtel de la Poste, 

M. le sénateur Moris, professeur à l’Université de Turin, président de la 
session, et plusieurs autres naturalistes distingués d'Italie, ont dirigé les fruc- 
tueuses herborisations de la Société dans les plus riches localités du Mont- 
Cenis. 

La Société a visité d’abord les environs du lac, où se trouvent groupées la 
plupart des espèces de la région. Les plantes les plus remarquables à mention- 
ner sont les Saponaria lutea (passé fleur), Æobresia caricina, Scirpus alpi- 
nus, Carex juncifolia, Oxytropis fœtida, et dans les eaux de la Cenise, le 
Potamogeton filiformis Pers. (P. marinus L.), en grande abondance. Dans 
le ravin de Gravière se trouve, sous les buissons d’A/nus viridis, le Cortusa 
Matthioli (avec le Cystopteris montana) dans un espace restreint, mais 
dans des conditions et une abondance telles que sa spontanéité y est incon- 
testable. 


750 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


L’excursion au glacier de Ronches a offert, entre autres espèces rares, les 
Carex bicolor et juacifolia, etc., dans les pelouses au-dessous des pre- 
mières neiges, où se trouvaient aussi, et encore en fleur, les Xobresia cari- 
cina, Scirpus alpinus, trouvé pour la première fois en France, au Mont-Viso, 
par notre regretté confrère H. de la Perraudière (4), et Chamorchis alpina. 
Chacun à pu recueillir en abondance les Phyteuma pauciflorum, Camypanula 
Allioni, C. cenisia et Viola cenisia dans cette localité. 

Dans la course à l’Eau-Blanche, on a surtout recherché et récolté les Vale- 
riana celtica, Saxifraga diapensioides, etc. 

L’excursion au Petit Mont-Cenis et à la combe de Savine a fourni les Sa- 
ponaria lutea (en parfait état de floraison) et Primula pedemontana (en 
fruit). Dans la partie supérieure de la combe, à peu de distance du lac Blanc, 
se trouvaient les Carex approzimata, Pedicularis rostrata, Ranunculus 
glacialis, etc. 

Le 5 août, quelques membres de la Société, restés après la session, ont ex- 
ploré la combe d’Ambin. Le Pinus Cembra forme une des essences de la forêt 
de la partie inférieure de la combe, où l’on a-remarqué aussi le Lychnis Flos 
Jovis, Environ à une heure de marche avant le glacier qui donne naissance au 
torrent de cette vallée, ont été recueillis le Carex serrulata (dans les fentes 
des rochers et sur les pelouses rases qui les surmontent) et le Brassica Ri- 
cher? (entre les buissons de #hododendron). 


RAPPORT DE M. Bernard VERLOT SUR LES EXCURSIONS DU GROUPE DE BOTA- 
NISTES DIRIGÉ PAR M. EUG, PERRIER DE LA BATHIE, l’un des secrétaires de la session (2). 


Quand on herborise pendant plusieurs journées dans la montagne en société 
nombreuse, les groupes se forment, se divisent et se fusionnent d’un jour à 
l’autre au hasard des lieux, des auberges et de la curiosité de chacun. Le 
groupe dont je faisais partie s’est souvent modifié, et les listes de plantes qui 
sont reproduites ici offrent surtout celles que M. Gaudefroy et moi avons re- 
cueillies en commun et déterminées avec le concours de M. Eug, Perrier, qui 
connaît à fond la végétation de la Savoie. 


Première journée. 


tinéraire : De Chambéry à Saint-Michel-en-Maurienne. 


Désirant connaître la végétation des environs de Saint-Michel, nous com- 


(1) Voy. Bulletin, t. vn, p. 802. ; 

(2) Ce rapport a été déjà inséré en partie par M. B. Verlot dans son excellent livre inti- 
tulé Le Guide du botaniste herborisant, contenant des itinéraires d’herborisations aux envi- 
rons de Paris, dans les Ardennes, la Bourgogne; la Provence, le Languedoc, les Pyrénées, 
les Alpes, l'Auvergne, les Vosges, aux bords de la Manche, de l'Océan et de la Médi- 
terranée, et publié en 4865 chez MM. J.-B. Baillière et fils. L'auteur et les éditeurs 
ont bien voulu nous autoriser à le reproduire ici. (Note de la Commission du Bulletin.) 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 751 


mençâmes par faire une excursion à la montagne dite Pas-du-Roc, qui en est 
éloignée d'environ six kilomètres. Pour y arriver, on suit la route de Baune, 
située au-dessus et à droite de Saint-Michel. Cette localité est chaude, 
brûlante même. Les plantes que nous avons recueillies successivement jusqu’à 
la base du Pas-du-Roc sont : 


Xeranthemum inapertum. Sedum nicæense All 
Herniaria incana. Bromus squarrosus. 
Medicago orbicularis. Bupleurum rotundifolium. 
Cicer arietinum (cultivé). Podospermum laciniatum, 
Bupleurum aristatum. Lactuca flavida Jord. 
Neslia panniculata. Medicago Verloti Perr. 


Sedum albescens Haw. 


Le MEDICAGO VERLOTI (1) est compris dans les nombreuses formes du 
M. Gerardi Willd. En voici la diagnose, telle que l’a rédigée M. Eug. Perrier : 

M. caulibus ramosis, prostratis ; foliis cuneato-obovatis denticulatis mucro- 
natis; stipulis sem:-ovatis, acuminatis, inferne in lobos lineari-lanceolatos 
dissectis; pedunculis 4-6-floris, folia subæquantibus, fructiferis deflexis ; 
calycis dentibus glanduliferis, lineari-subulatis, tubo duplo longioribus, alas 
superantibus; leguminibus subglobosis, glanduloso-pubescentibus, cyclis 5-6 
sutura exteriore obtusis spinosis, spinis apice uncinatis, suturæ diametrum 
transversalem subæquantibus ; seminibus oblongis, haud arcuatis. — Planta 
tota pubescens, in parte superiore glandulosa. 

La montagne du Pas-du-Roc est sèche et aride, complétement dépourvue 
de végétation arborescente ; nous y trouvâmes un mélange de plantes alpestres 
et de plantes méridionales : 


Teucrium montanum. Silene Otites. 
Bupleurum ranünculoides. Ononis Natrix. 

Aster alpinns. Astragalus Onobrychis. 
Linosyris vulgaris. Micropus erectus. 
Ononis cenisia. Achillea odorata. 
Thesium alpinum. Globularia cordifolia. 
Polycnemum arvense. Hieracium lanatum. 
Lasiagrostis Calamagrostis. Arabis alpina. 

Melica nebrodensis. Gypsophila repens. 
Stipa pennata. Tunica saxifraga. 

— Capillata. Dianthus prolifer. 
Trisetum distichophyllum, — silvestris, 

Nepeta lanceolata. Cerastium arvense. 
Pimpinella Saxifraga, Aëthionema saxatile. 
Solidago minuta. Sempervivum Delassiæi Schott. ? 
Leontodon crispus. — montanum L. 
Hieracium piloselloides. — Laggeri Schott. ? 


En revenant à Saint-Michel le long de la voie ferrée, nous trouvâmes dans 
les ruisseaux qui la bordent les Ranunculus Drouetii et Juncus alpinus. 


(4) Cette espècè a été publiée par MM. Eug. Perrier et Songeon dans le Billotia, 1866, 
p. 74, — Voy. le Bulletin,t. xt (Revue), p. 206. 


“1 
Qt 
[ee] 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ecurièime journée. 


Ilinéruire : De Saint-Michel au Mont-Ceuis ; sait à l'hôtel de la Poste, soit à l’Hospice, 
où l'on peut établir son quartier général. 


Le trajet entre Saint-Michel et le Mont-Cenis peut se faire en voiture ou à 
pied. Nous avons adopté le dernier moyen comme étant plus avantageux pour 
l'herborisation. En conséquence, au lieu de coucher à Saint-Michel, nous 
nous sommes mis en marche à onze heures du soir, et nous sommes arrivés 
à Modane à deux heures du matin; à quatre heures nous nous remettions en 


route pour Lanslebourg, distant de Modane de 23 kilomètres environ. 


Liste des plantes recueillies de Modane à Lanslebourg. 


En sortant de Modane, sur les hords du ruisseau qui longe la route : 
Aira briganliaca, Hieracium piloselioides. 


De Modane à Avrieux (alt. 1202 m.), nous n'avons remarqué aucune 
plante intéressante, mais d'Avrieux an fort de l’Esseillon, sur le talus rapide 
qui borde la rouie, à droite, nous avons recueilli : 


Galium tenue. Saxifraga oppositifolia. 
Kœleria selacea var, ciliata G. G. — Aizoon. 

Erysimum helveticum. Ononis rotundifolia. 
Polygala Chamæbuxus. Campanula rotundifolia, 
Erica carnea. — pusilla. 

Hieracium staticifolium. Astragalus Cicer. 

Trisetum distichophyllum. Epilobium rosmarinifolium. 
Carum Carvi. Plileum Bæœhmeri. 

Phleum pratense var. nodosum, Polypodium Dryopteris, 
Saxifraga aizoides. Asplenium Trichomanes. 


Du fort de l’Esscillon, qui est situé dans l'endroit le plus sauvage de la 
vallée au bas de laquelle coule le torrent de l’Arcq, au village de Bramans : 
Hieracium amplexicaule. Sedum dasyphyllum var. grandiflorum. 
— villosum. Erigeron alpinus. 
et, à environ 100 mètres du pont de Bramans, à gauche, sur des blocs 
Caormes de rochers calcaires, nous avons pris le rare Matthiola varia DC. 

De Bramans au village de Verney (alt. 1248 m.), on ne fait que de pau- 
vres récoltes. Citons cependant celles des Potentilla caulescens, sur les ro- 
chers à gauche de la route ct à 3 kilomètres environ de Bramans ; Zryst- 
mum virgalum, dans une baie voisine de ce point ; Odontites lanceolata et 
Gentiana Cruciata, dans les prairies peu cloignées de Lanslebourg. 

En partant de Modane de bon matin, on peut arriver à Lanslebourg entre 
trois ct quatre heures, ce qui permet d’herboriser de ce bourg au Mont-Cenis. 
On ne doit point suivre la route impériale, mais un sentier extrêmement 
rapide qni longe la ligne télégraphique ; en nn mot, faire l'ascension de la 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMPÉRY, JUILL.-AOUT 1863, 753 


Ramasse. On traverse successivement des pentes arides, des taillis peu 
ombreux, des terrains rocailleux et peu herbeux et enfin des prairies très-fertiles, 
Dans les taillis, nous avons remarqué : 


Rosa alpina. Campanula barbala. 
— lagenaria Vill. Cotoneaster tomentosa. 
— rubrifolia. — vulgaris. 

— caballicensis Pug. Lonicera alpigena. 

— Grenieri Déségl, Dryas octopetala. 
Alnus viridis. Arctostaphylos officinalis. 
Pinus silvestris. Vaccinium Vitis idæa. 
Sorbus Chamæme£spilus. Betonica hirsula. 
Bellidiastrum Michelii. Hepatica triloba. 
Campanula glomerata var. ? Knautia virgata Jord. 
— rhomboidalis. Colchicum aipinum. 
— thyrsoidea, Orchis albida, 


Dans les lieux découverts, et avant d'arriver aux prairies :. 


Silene acaulis. Alchimilla subsericea Reul. 

— bryoides Jord. Galeopsis Ladanum. 

Oxytropis campestris. — bifida Zœnn. ? 

Trifolium Thalii. Plantago montana. 

— pallescens. — alpina. 

Onobrychis sativa var. montana. — serpentina. L 
Alchimilla vulgaris. Poa supina, 

— — var, subsericea Gren. : — cenisia. 

— alpina. — alpina (plusieurs variétés). 


Après avoir rejoint la grande route, sur le terrain calcaréo-schisteux qui la 
borde à gauche : 


Ptychotis heterophylla. Astragalus Onobrychis. 
Sisymbrium austriacum. — aristatus. 

— rio. Athamanta cretensis, 
Erucastrum obtusangulum, Laserpitium gallicum. 

Reseda Phyteuma. Artemisia incanescens Jord. ? 
Gypsophila repens. Centaurea valesiaca. 

Saponaria ocimoides. Euphrasia alpina. 

Silene vallesia. Linaria striata var. ochroleuca. 
Alsine Bauhinorum. Scutellaria alpina. 


En traversant les prairies jusqu’à l'hôtel de la Poste, qui est situé sur le 
plateau du Mont-Cenis : 


Ranunculus platanifolius. Campanula barbala. 

Dianthus neglectus. Gentiana Kochiana Perr. et Song. 
Leontodon alpinus. Gregoria Vitaliana. 

Veratrum album. Meum adonidifolium J. Gay. 
Hypochæris maculata. Ligusticum ferulaceum. 

Soyeria grandiflora. Carex capillaris. 


Carex atrata, 


Le Gentiana Kochiana signalé ici a été décrit par MM. Eug. Perrier et Son- 
geon dans les Annales de la Société d'histoire naturelle de Savoie pour 1854. 


75 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Troisième journée. 


Itinéraire : Prairies de la partie méridionale du lac. — Gorge de Savalain. — Retour 
à l’hôtel par la partie septentrionale du lac. 


Après avoir suivi la route du Piémont jusqu’à l’Hospice, nous primes le che- 
min qui, de ce point, mène directement à l'extrémité sud du lac. A peine y 
sommes-nous engagés, que nous recueillons l'Aséragalus Hypoglottis et 
l'Arabis Allionii, signalé par M. Rostan, puis les : 


Arabis bellidifolia. 

Trifolium badium. 
Oxytropis lapponica. 

Vicia Cracca ? 
Chrysanthemum maximum, 
Swertia perennis, 

Primula farinosa. 
Triglochin palustre. 
Tofieldia calyculata. 


Allium foliosum Clar. 
— fallax. ; 
Juncus triglumis. 

— bulbosus. 

Carex capillaris. 

— dioica. 

— Davalliana. 
Kobresia caricina. 
Selaginella spinulosa. 


En s'avançant plus au sud, sur les monticules herbeux et schisteux plus ou 


moins élevés, on trouve : 


Dianthus neglectus. 
Silene rupestris. 
Alsine Jacquini. 

— verna. 

— recurva. 

— ciliata. 
Saponaria lutea. 
Rhamnus pumila, 
Oxytropis campestris. 
Astragalus aristatus. 
Dryas octopetala. 


Potentilla pedemontana Reut. in Cat. gr. 


Jard. de Genève, 1861. 
Alchimilla vulgaris. 
— subsericea Reut. L. c. 4853. 
— alpina. 
Astrantia minor. 
Bupleurum ranunculoides. 
Athamanta cretensis. 
Sedum reflexum. 
Anemone vernalis. 
Centaurea uniflora. 


Hieracium glaciale. 

— Camerarii À. Callay (1) 
— Pelleterianum. 
Vaccinium uliginosum. 
Rhododendron ferrugineum. 
Gentiana brachyphylla. 

— verna. 

Veronica Allionii. 

— alpina. 

— fruticulosa. 

Pedicularis fasciculata. 

— incarnata. 

— cenisia. : 

Allium sphærocephalum. 
Aira montana. : 
Kœleria brevifolia Reut. L. c. 1861. 
Avena versicolor. 

Poa alpina. 

— — vivipara. 

Festuca pumila. 

— varia, 

— violacea. 


Après avoir franchi le torrent de la Cenise, près de sa naissance, on revient 
à l'extrémité méridionale du lac ; on traverse successivement des prairies et 
des lieux boisés, où l’on trouve quelques Salix, Alnus et Betula. 


(1) L'Hieracium Camerarii Call, (H. Pilosella var. majus Vill.), se trouve décrit 


dans le Bulletin (t. vn, p. 796). 


SESSION EXTRAORDINAIRE À CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 
Dans les prairies, on récolte : 


Ranunculus Villarsii. 
Poa alpina var. 

— concinna Gaud. 
Potentilla pedemontana. 
Botrychium Lunaria. 
Astrantia major. 
Chærophyllum hirsutum. 
Knautia subcanescens Jord. 
Arnica montana. 

Crepis aurea. 

Hieracium sabinum, 

— glaciale. 


Dans les parties boisées : 


Ranuneulus platanifolius. 
Trollius europæus, 
Aquilegia alpina. 

Viola biflora. 


Hypericum Richeri var. androsæmi- 


folium. 


Phyteuma Michelii, 
— betonicifolium. 
— Halleri. 

Juncus trifidus. 
Carex ferruginea. 
— sempervirens. 
— atrata. 

Festuca rhætica Sul. 
— spadicea. 

— duriuscula, 

— varia. 


Phaca alpina, 
Adenostyles albifrons. 
Hugueninia tanacetifolia. 
Lilium Martagon. 
Cystopteris fragilis. 
Asplenium viride. 


755 


Dans les prairies, tout près du lac : Cirsium heterophyllum, €. heleninides 
et un autre intermédiaire entre les précédents, Saussurea alpina var. cyno- 


glossifolia DC. 


En longeant le lac pendant environ vingt minutes, on trouve : 


Gentiana asclepiadea. 


Carex Hornschuchiana. 


Quittant le lac pour se diriger vers la gorge de Savalain, on trouve très- 
abondant le Centaurea alpestris Heg. ; plus loin, entre les premières mai- 
sons et la gorge de Savalain, dans des cailloux roulés : 


Cerinthe minor. 
Epilobium Fleischeri. 
Cirsium spinosissimum. 
Saxifraga aizoides. 


Linaria alpina. 
Myricaria germanica. 
Carduus defloratus. 
Hieracium glaucum All, 


Dans la gorge même, sur le talus boisé, à gauche : 


Cortusa Matthioli (abondant). 
Salix Arbuscula. 


Alnus viridis. 
Pirola rotundifolia. Etc, 


En revenant vers le lac, sur l’autre côté de la gorge : 


Viola sciaphila Koch. 


Dans les prairies : 
Euphrasia puberula Jord. 


A l'extrémité septentrionale du lac : 


Carex bicolor. 
— juncifolia. 


Dans le lac même : 


Potamogeton marinus (très-abondant). 


Potentilla rupestris. Etc., etc. 


Carex microglochin. 
Hieracium aurantiacum. 


726 SOCIÉTÉ LOTANIQUE DE FRANCE. 


Quatrième journée. 


Itinéraire : Pâturages arrosés par les eaux de la Cenise (côté méridional du lac), — 
Pentes rocailleuses et plus ou moins herbeuses situées au-dessous d'Eau-Blanche. — 
Retour par l’extrémité méridionale du lac, 

Après avoir traversé les prairies explorées la veille, nous avons parcouru 
quelques rhonticules herbeux qui, outre les espèces déjà signalées, nons ont 
procuré les suivantes : 


Potentilla pedemontana Reut, (CCC.). Kæleria brevifolia. 
Arabis cenisia Reut. in Cat. gr. Jard. Gentiana campestris. 
Genève, 1855. Sagina glabra. 
Gentiana tenella, Veronica Allionii (CCC.). 
— nivalis, Hieracium Camerarii Call. (CC.). 


Abandonnant les monticules pour suivre à leur base, et jusqu’en face de la 
première maison de refuge qu’on rencontre après l’hospice, les lieux maréca- 
geux ou les pelouses plus ou moins humides, nous recueillimes : 


Scirpus alpinus (CCC.), Carex leporina, 

Carex juncifolia, Scirpus Bæothryon, 

— microglochin, Juncus ranarius Per, et Song. in Bill, 
— hbicolor, Annot., déc. 1859. 


Visitant les graviers roulés par le torrent, nous y trouvâmes : 
Oxytropis cyanea, Herniaria alpina,. 


Passant la Cenise pour gravir les pentes herbeuses dont nous avons parlé, et 
dont l'élévation est de 300 mètres, nous y avons recueilli successivement : 


Ranuneulus Villarsii. Viola calcarata. 
Potentilla pedemontana. Gregoria Vitaliana. 
Alchimilla vulgaris. Campanula barbata. 
— — var,subsericea G. G. Gentiana Kochiana. 
— subsericea Reut. Pedicularis fasciculata, 
— alpina. — cenisia. 
Epilobium alsinifolium. — incarnala, 
Sedum alratum. — comosa. 
Astrantia minor, Rumex Acetosa B. virgata Perr. msc.(1). 
Bupleurum ranunculoides, Salix Arbuscula, 
Cystopteris fragilis, — Myrsinites. 
Polystichum Filix-mas. : — glauca. 

— aculeatum!, — hastata, 
Bellidiastrum Michelii. Alnus viridis, 
Veronica bellidioides. Luzula spicata, 
Gnaphalium norvegicum. Juncus trifidus. 
Senecio Doronicum, Carex frigida, 
Hieracium glaciale, — ferruginea. 

— villosum, — sempervirens, 
Botrychium Lunaria. — ornithopoda. 
Asplenium viride, Festuca violacea. 
Androsace carnea. Avena Hostii Boiss. 


(1) Forme curieuse caractérisée par les deux lobes des feuilles, qui sont aigus et 
qui se redressent presque perpendiculairement. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1853. 757 
Aspidium Lonchitis, Salix serpyllifolia. 
Cardamine resedifolia, — retusa. 
Sisymbrium pinnatifidum, — reticulata, 
Alchimilla pentaphylla, Poa sudetica. 
— pyrenaica, — nemoralis var. alpina Gaud. 
Veronica aphylla. Festuca pumila. 
— alpina, — duriuscula, 
— tenella, — varia, 
Homalocline supina. Myosotis alpestris, 


Leucanthemum alpinum. 


Du sommet de ces pentes, nous descendimes insensiblement, en nous diri- 
geant du sud au nord, de manière à atteindre la partie méridionale du lac, 
d'où nous avions projeté de faire notre rentrée à l'hôtel. La descente ne nous 
fournit que quelques espèces non encore citées, entre autres les Gentiana 
punctata et Luzula pediformis; mous primes aussi, dans une mare peu 
étendue, le Æanunculus (Batrachium) lutulentus Perr. et Song. in Bill 
Annot., déc. 1859. 


Cinquième journée. 


Liinéraire : De l'hôtel aux graviers de Ronches. 


Au lieu d'aller jusqu’à l’Hospice pour prendre le sentier qui conduit direc- 
tement à Ronches, nous nous sommes engagés dans les prairies situées 
derrière l'hôtel. Jusqu'à environ 300 mètres au-dessus de ce point et en 
obliquant un peu sur la droite de manière à arriver aux débris de rochers 
schisteux qu’on aperçoit très-distinctement de l’hôtel, nous avons récolté, outre 
le plus grand nombre des plantes déjà indiquées dans les prairies, les espèces 
suivantes : 


Hieracium sabinum. Festuca spadicea (CC.). 

Viola alpestris Jord. Campanula rhomboïdalis, 

Festuca rhætica Sut. (A.C.), Plantago alpina. 

— nigricans. . Arenaria ciliata. 

Biscutella lævigata. — verna, 

Trifolium alpinum, Polygala pedemontana Perr. et B. Verl. 


Potentilla pedemontana (CCC.). 


Le POLYGALA PEDEMONTANA, espèce nouvelle (1) que nous indiquons ici, 
présente les caractères suivants : 

Radice crassa sublignosa, folüs inferioribus abbreviatis ellipticis, superio- 
ribus lanceolatis ; floribus cristatis, racemis terminalibus densis, bracteis sca- 
riosis media pedicello 2-3 longiore ante anthesin alabastrum superante, 
lateralibus pedicello longioribus ; corollæ crista multifida, alis ovato-ellipticis 
trinerviis, nervo medio apice utrinque 1-2 venis nervis lateralibus conjuncto, 
nervis lateralibus a basi ramosis externe venosis venis ramulosis areolato- 
anastomosantibus ; ovarii stipite sub anthesin ovarium subæquante ; capsula 


(1) Ce Polygala a été décrit dans la Revue horticole, 1863, p. 433. 


758 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


obovata late alata alis triente breviore ; seminibus oblongo-ellipticis pubescen- 
tibus, arillæ lobis lateralibus tertiam seminis partem æquantibus. 

Flores violacei, rarius cærulei. 

Ce Polygala se distingue au premier coup d'œil du Polygala vulgaris L. 
par sa souche épaisse sous-ligneuse ; par ses fleurs en grappes denses, raccour- 
cies, chevelues au sommet; par la proéminence des bractées des fleurs stériles ; 
enfin par ses ailes plus grandes, d’un tiers plus longues que la capsule mûre, 
laquelle est plus largement bordée. 

ll diffère du P. major Jacq. par le podogyne égal à l'ovaire et non triple 
pendant l’anthèse. 

Enfin il se rapproche des P. comosa Schrank et P. nicæensis Risso (P. rosea 
Desf.), mais il diffère du premier par ses ailes très-grandes, d’un tiers plus 
longues que les capsules à nervures latérales plus rameuses, à ramifications 
plus anastomosées ; et aussi par sa grappe fructifère moins allongée ; du second 
par ses grappes florales beaucoup plus serrées, par ses ailes moins aiguës, un 
peu plus courtes, à ramifications plus saillantes, les latérales moins nombreuses 
et moins anastomosées entre elles, et enfin par ses capsules plus obcordées et 
moins largement bordées. 

En poursuivant notre route, nous recueillons dans les éboulis schisteux : 


Alyssum alpestre. Silene alpina. 
Artemisia glacialis. Trisetum distichophyllum. 
— Mutellina. Campanula Allionii. 


Viola cenisia. 


Dans les maigres pâturages qui, du nord au sud, font suite aux éboulis 
schisteux : 


Carex curvula (CCC.). 


Aux graviers de Ronches (1), qui en sont peu éloignés (2500 m.) : 


Sesleria cærulea. Taraxacum Pacheri Schultz. 
Poa alpina. Saxifraga exarata. 

— frigida Schl. —  planifolia. 
Oxytropis fætida. Galium helveticum. 
Trisetum distichophyllum. —  silvestre var. alpestre Gawd. 
Ptarmica nana. _ Chrysanthemum alpinum, 
Artemisia glacialis. Leontopodium alpinum. 
Pedicularis rosea, : se . Alopecurus Gerardi. 
Campanula cenisia. Herniaria alpina. 
Petrocallis pyrenaica, Sibbaldia procumbens. 
Erysimum pumilum, Oxytropis pilosa. 

‘ Apargia Taraxaci. Anthyllis vulnerarioides Bonj. 


Un orage nous empêcha d'atteindre la région des neiges, où nous aurions 
sans doute trouvé de nouvelles espèces à ajouter aux précédentes. Nous des- 


(1) On désigne sous ce nom une étendue de 4 kilomètres de longueur sur 2 kilomètres 
de largeur, presque uniquement occupée par des cailloux schisteux qui se sont détachés 
des rochers supérieurs, entraînés par la fonte des neiges. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 759 
cendimes donc le plus rapidement possible, non toutefois sans explorer des 
rochers herbeux et humides où nous trouvâmes les : 


Carex capillaris. Carex juncifolia. 
— frigida. Kobresia caricina. 


et, dans les prairies inférieures, l’Arabis cenisia Reut. 


Sixième journée. 


Herborisation à la montagne d’Eau-Blanche. 


Cette montagne, l'une des plus élevées des environs, est située à la partie 
méridionale du lac, et presque en face des graviers de Ronches. Pour l’explo- 
rer d’une manière fructueuse, il est nécessaire de se mettre en route de 
bonne heure. Pour s’y rendre, on gravit les pentes qui se trouvent à l’extré- 
mité sud du lac; deux heures suffisent pour en atteindre le sommet. Les 
plantes que nous y avons successivement recueillies sont à peu près celles que 
nous avons signalées précédemment (quatrième journée); nous vimes, de 
plus, de fort beaux gazons de ZLoiseleuria procumbens et de Silene exscapa 
AIL Du sommet de ces pentes on descend dans une petite vallée gazonnée et 
l’on arrive bientôt à des pentes abruptes situées au-dessous d’Eau-Blanche; 
elles sont formées de débris rocheux et mouvants qui sont bordés à droite par 
des rochers taillés à pic. En suivant pendant environ une heure le sentier peu 
ou point tracé qui longe la base de ces rochers, on recueille successivement : 


Alsine Villarsii. Saxifraga diapensioides. 
Arenaria recurva. Hieracium villosum, 

—  ciliata. — Jacquini. 

—  grandiflora. —  pulmonarioides. 
Phaca australis. Phyteuma pauciflorum. 


Saxifraga cæsia. 


Dans les éboulis, on trouve : 


Oxytropis pilosa. Senecio Doronicum. 
Doronicum scorpioides. Oxyria digyna. 
Gentiana campestris. Asplenium viride. 
Scrofularia juratensis Jord. Polystichum rigidum. 


En s’avançant vers la région supérieure des éboulis et en obliquant sur la 
gauche, on rencontre quelques parties herbeuses et fraîches où croit le Carez 
nigra, et, sur des blocs de rochers voisins, dans leurs anfractuosités ou à leur 
base, végètent les : 


Saxifraga planifolia, ù Saxifraga androsacea. 

—+  retusa. —  oppositifolia. 

En se rapprochant encore du sommet des éboulis dont nous venons de par- 
ler, et en franchissant la crête des rochers quiles bordent à gauche, on dé- 
couvre plusieurs bancs de rochers peu élevés, et, coulant à leur base, de 


760 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

nombreux ruisseaux alimentés par les eaux du lac Blanc, qu'on aperçoit très- 
dictinctement aussi. Dans les fissures humides des rochers, à leur base, et 
même au bord des ruisseaux, mais toujours dans les parties un peu rocail- 
leuses, on rencontre abondamment les Valeriana celtica et Primula pedemon- 
tana. 

Aux environs du lac Blanc on ne trouve que peu d'espèces intéressantes ; 
nous y avons vu les Zofieldia calyculata et Saxifraga stellaris. Du lac Blanc 
pour aller au lac Noir, qui lui est supérieur et qu en est éloigné d'environ 
trois quarts d'heure de marche, on gravit des pentes rocheuses et herbeuses 
à peu près analogues à celles qui nous ont procuré les Valeriana celtica et 
Primula pedemontana. Non loin du lac Noir, sur les rochers voisins ou au 
bord des ruisseaux qu’alimente le lac, on recueille : 


Juncus Jacquini. Alchimilla pyrenaica. 

— filiformis. Sibbaldia procuabens. 
Adenostyles hybrida. Eritrichium nanum. 
Solidago alpestris. Eriophorum Scheuchzeri. 
Saxifraga bryoides. Carex fœtida. 


Gaya simplex. 
Saxifraga retusa. 
Cerastium latifolium. 


—  oruithopoda. 
— approximata Hoppe. 


En revenant, nous sommes simplement retournés sur nos pas. Entre le lac 
Blanc et la crête des rochers qui nous avait permis de voir ce lac, en montant 


dans des parties sèches et herbeuses, nous avons trouvé les Zycopodium alpi- 
num et annotinum. 


Septième journée. 


Départ du Mont-Cenis par le col du Petit Mont-Cenis, la vallée de la Villette, le village 
de Bramans ; coucher à Saint-Michel en Maurienne. 


En quittant l'hôtel de la Poste, on prend le chemin qui longe le lac à sa 
partie septentrionale et qui mène directement au col du Petit Mont-Cenis. 


Un peu après avoir dépassé le lac, les prairies qu’on traverse nous offrent 
les plantes suivantes : 


Erigeron Villarsii, Scabiosa lucida. 


Achillea tanacetifolia. Phleum commutalum Gaud. 
Arabis arcuata Shutll, Etc. 


Avant d'atteindre le col, sur l’un des monticules situés à gauche de la route, 
et presque en face du premier chalet qu’on rencontre après ceux de Savalain, 
croissent les Carexz membranacea (1), Alopecurus Gerardi, Hieracium 
glanduliferum et H. subnivale G. G. 


Ces récoltes faites, on traverse, tout en montant, des prairies étendues et 
très-fertiles, et l’on arrive enfin au lieu appelé Col du Petit Mont-Cenis. 


(1) Cette espèce n’est probablement qu’une variété du C. ericelorum Pall. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.®AOUT 1863. 761 


De ce point on descend dans la vallée de la Villette par des sentiers rocail- 
leux ettrès-inclinés. Sur les rochers qui les longent à gauche, on recueille : 


Saponaria lutea. Saxifraga aspera, 
Draba Johannis. Primula pedemontana. 
Alsine Villarsii. : Etc. 


Dans les éboulis traversés par le sentier croissent les Fieracium prenan- 
thoides et Lychnis Flos Jovis. 

Au fond de la vallée de la Villette, après avoir traversé le torrent qu'’alimen - 
tent les neiges du sommet de la combe d’Ambin, on rencontre des terrains un 
peu boisés dans lesquels végètent : 


Knautia virgata Jord. Pirola secunda, 
Gnaphalium dioicum. —  chlorantha. 
Sambucus racemosa f. laciniata. —  uniflora. 


Trifolium pratense var! flore luteo. 


Ces trois Piroles ont été récoltées dans un bois situé au-dessus du village de 
Bramans. En suivant toujours la même route, on arrive à ce village un peu 
au-dessus des rochers calcaires où nous avons signalé la présence du 
Matthiola varia. 

On se dirige ensuite sur Saint-Michel, où l’on peut coucher. Le lendemain 
on reprend le chemin de fer pour Chambéry. 


NOTE DE M. Éœ. BESCHERELLE SUR LES MOUSSES RÉCOLTÉES PENDANT 
LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE CHAMBÉRY EN AOÛT 1863. 


L'ancienne province de Savoie, actuellement annexée à la France, devait of- 
frir aux bryologues le même attrait qu'aux phanérogamistes. Ses hautes mon- 
tagnes, couronnées de neiges perpétuelles et sillonnées d'innombrables torrents, 
attiraient l'attention de botanistes qui espéraient y rencontrer des espèces rares 
ou nouvelles pour la flore française, et, d’après le travail qui précède, on peut 
voir que leurs espérances n’ont pas été trompées. Quant à la bryologie, elle n’a 
pas été servie avec la même profusion; à part quelques espèces spéciales, toutes 
les Mousses récoltées dans la région que la Société a visitée appartiennent à la 
région montagneuse du Dauphiné et même des Vosges ; quelques-unes sont 
communes aux environs de Paris. Il convient du reste de remarquer que nos 
recherches n’ont porté que sur quelques points du département de la Savoie, 
et que, si nous avions pu explorer avec soin les pâturages élevés, les fissures des 
rochers voisins des neiges, nous aurions eu à joindre à notre liste un certain 
nombre d’espèces de la Suisse que l'on retrouve près de Chamonix et que 
notre collègue M. Venance Payot a déjà signalées à l’attention des bryologues. 

Quoi qu’il en soit, une première excursion au Mont-Cenis nous a permis de 
récolter de très-jolies Mousses, telles que: Gymnostomum curvirostrum, Cyno- 
dontium virens, Eucladium verticillatum, Distichium capillaceum, Lepto- 

Lx 50 


762 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ctrichum glaucescens, Dissodon Frælichianus, Webera albicans, Bryum 
turbinatum, Amblyodon dealbatus, Catoscopium nigritum, Meesia uliginosa, 
Timmia megapolitana, Myurella julacea, Orthotrichum rufescens, Hypnum 
Halleri, H. palustre. 
Parmi les espèces spéciales nouvelles pour la flore française se trouvent : 


DICRANUM MUEHLENBECKIL, signalé déjà au mont Salève près Genève. 
ANACALYPTA LATIFOLIA, qui n'avait été récolté jusqu'ici que sur les hauts 
sommets des Alpes et du Jura Suisse. 
ENCALYPTA COMMUTATA, trouvé déjà par M. Pâris sur le mont Marjériaz,près 
Chambéry. 
—  APOPHYSATA, non encore indiqué en France ni en Savoie. 
ORTHOTHECIUM CHRYSEUM, belle espèce signalée seulement dans les Alpes de 
la Carinthie et du nord de l’Europe. 
BRACHYTHECIUM SALICINUM, plante élégante trouvée déjà par Kneïff aux en- 
virons de Strasbourg. 
AMBLYSTEGIUM SPRUCEI, la plus petite espèce du genre, dont la localité la 
plus voisine est en Suisse. 


Dans la liste qui suit, nous n'avons pas cité un grand nombre d'espèces de la 
région champêtre qu'il nous a paru sans intérêt de rapporter ; on en trou 
vera l’énumération dans le consciencieux travail publié par notre honorable 
collègue M. le commandant Pâris sur les Mousses des environs immédiats de 
Chambéry (1). 


LISTE DES MOUSSES RÉCOLTÉES EN SAVOIE PENDANT LA SESSION DE CHAMBÉRY, 
PAR MM. BESCHERELLE, LE DIEN ET ROZE, 


Gymnostomum calcareum Nees et Hornsch. — Chambéry (stérile). 

—  rupestre Schwgr. Ibid. 

—  curvirostrum £hrh. — Parois humides de la route de Modane à Lanslebourg. 
Cynodontium virens Hedw, — Lanslebourg, Mont-Cenis. 

Dicranum Muehlenbeckii Br. et Sch. — Mont-Cenis (stérile). R. 

—  fuscescens Turn, var. +. flexicaule Brid. — Mont-Cenis, Pattes-Creuses. 
Anacalypta latifolia Schwgr. — Montée de la Ramasse, près de Lanslebourg. RRR. 
Eucladium verticillatun Br. et Sch. — Cascade de Couz (bien fructifié). C. 

Distichium capillaceum Br. et Sch. — Commun de Lanslebourg à l’Hospice du Mont- 
Cenis. 4 
— — var. brevifolium, — Mont-Cenis. 

—  inclinatum Br. et SCh. — Prairies du Mont-Cenis. 

Leptotrichum glaucescens Hampe. — Rochers du Mont-Cenis, près du lac. 

Triehostomum crispulum Bruch. — Mont-Cenis. 

Desmatodon latifolius Br. et Sch. — Ibid, 

Barbula inclinata Schwgr. — Pas-du-Roc à Saint-Michel. C. (mais stérile). 

— tortuosa Web. et Mohr. — Mont-Cenis, montée, 
— _Subulata Brid. var. angustata Sch. (in litteris). — Mont-Cenis. 
—  Aciphylla Br. et Sch. — Montée du Mont-Cenis. 


(1) Voyez plus bas, p. 764. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A CHAMBÉRY, JUILL.-AOUT 1863. 


Grimmia conferta Funk. — Rochers, près de l’Hospice du Mont-Cenis. 
Hedwigia ciliata Hedw. var. leucophæa Sch. — Mont-Cenis, Saint-Michel. 
Orthotrichum obtusifolium Schrad. — Sur les arbres, à Saint-Miche! (stérile). 
—  Sturmii Hop. et Hornsch. Rochers, à Saint-Michel. C. 
Encalypta commutata Nees et Hornsch — Mont Cenis. AR. 
— vulgaris Hedw. var. 8. oblusa. — Chambéry. 
— — Ÿ, elongata. — Mont-Cenis, près du lac. 
— _ rhabdocarpa Schwgr. — Mont-Cenis, Pattes-Creuses. C. 
—  ciliata Hedw. — Ibid. C. 
—  apophysata Nees et Hornsch. — Ibid. R. 
—  Streptocarpa Hedw. — Lanslebourg (stérile). 
Dissodon Frælichianus Grev. et Arn. — Pâturages du Mont-Cenis. A,R. 
Funaria hibernica Hook. — Près de Chambéry. 
Leptobryum piriforme Sch. — Montée du Mont-Cenis. A.R. 
Webera cruda Sch. — Ibid. C. 
—  albicans Sch. — Pattes-Creuses. C. 
— — var, glacialis. — Ibid. C. 
Bryum pendulum Sch. — Mont-Cenis. 
inclinatum Br. et Sch. — Lanslebourg. 
cirratum Hopp. et Hornsch. — Ibid. 
pallescens Schl. var. B. boreale. — Mont-Cenis. 
Funkii Schwgr. — Ibid. 
pallens Swartz. — Lanslebourg,. 
pseudo-triquetrum Schwgr. — Ibid. CC. 
turbinatum Schwgr. — Mont-Cenis. C. 
— var. B. gracilescens. — Pattes-Creuses. C. 
Amblyodon dealbatus Pal. Beauv. — Lanslebourg. 


EI E LT4 


763 


Cato-copium nigritum Brid. — Parois humides de la route de Modane à Lansle- 


bourg. A.C. 
Meesia uliginosa Hedw. — Mont-Cenis. C. 
— — var, $. alpina. — Ibid. C. 
Bartramia ithyphylla Brid. — Ibid. C. 
—  Œderi Schrad. — Ibid. C. 


Philonotis fontana Brid. — Prairies autour du lac du Mont-Cenis ; Pattes-Creuses. 


—  Calcarea Sch. — Lanslebourg. 
Timmia megapolitana Hedw. — Mont-Cenis. 

—  austriaca Hedw. — Montée de la Ramasse (stérile). 
Polytrichum gracile Menzies. — Prairies du Mont-Cenis. : : 
Myurella julacea Br. et Sch. — Montée de l’Hospice du Mont-Cenis (stérile). R. 
Pseudoleskea atrovirens Br. et Sch. — Ibid. A.C. 

—  catenulata Br. et Sch, — Ibid. R. (stérile). 
Climacium dendroides Web. et M. — Mont-Cenis (stérile). 
Orthothecium rufescens Br. et Sch. — Cascade de Couz près Chambéry. C. 

—  chryseum Br. et Sch. — Pâturages du Mont-Cenis (stérile). R. 


Brachythecium salicinum Br. et Sch.— Montée du Mont-Cenis, au pied des arbres 


pourris. RR. 

—  reflexum Br. et Sch. — Montée du Mont-Cenis. 
Amblystegium Sprucei Br. et Sch. — Ibid. RR. 
Hypnum Halleri Linn. fil. — Pattes-Creuses. A.C. 

—  uncinatum Hedw. — Montée de l’Hospice. 

—  commutatum Hedw. — De Lauslebourg à l’Hospice. CC. 

Rs — var. alpestre. — Pattes-Creuses. 

—  palustre L. — Ibid. CC. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


——— 


N.B.— On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M, 3, Rothschild, libraire 
de la Société botanique de France, rue Saint-André-des-Arts, 43, à Paris, 


Le Mont-Cenis; son histoire et sa végétation; par M. Louis Bouvier. 
In-8° de 32 pages. Annecy, juillet 1863. 


Cette brochure, dédiée à S. Ém. Mgr Billiet, ainsi qu’à MM. le comte Jaubert, 
E. Cosson et W. de Schænefeld, a été publiée à l’occasion de la session tenue 
par la Société à Chambéry. L'auteur y rappelle d’abord les souvenirs histo- 
riques qui s’attachent au Mont-Cenis, retrace la fondation de l’hospice et les 
diverses organisations de cet établissement; il cite des documents intéressants 
sur la prédilection que Napoléon I°* montra pour ce point élevé des Alpes, 
dont il voulait évidemment faire une station militaire importante. Le second 
chapitre est relatif aux souvenirs scientifiques et botaniques du Mont-Cenis ; 
l’auteur cite les divers voyageurs qui l'ont visité. Enfin, M. Bouvier signale, 
d’après ses propres herborisations, les espèces intéressantes de la montagne, 
qu’il divise en plusieurs catalogues; il étudie ainsi successivement dans leur 
végétation la Maurienne, la plaine de la Madeleine et le lac du Mont-Cenis, 
la montagne du Crin, celles de Ronches et de Roche-Michel, les bords du lac 
Blanc, la Grand-Croix, les rochers de la Ferrière et le Mollaret; les prairies 
et les chalets sitnés derrière l’Hospice ; et enfin la vallée du Petit Mont-Cenis 
et la combe d’Ambin, 


Courses bryologiques aux environs de Chambéry (Sa- 
voie); par M. E.-G. Pâris. In-8° de 24 pages. Strasbourg, 22 janvier 
1862 (Extrait du Zinnæa, 1863, pp. 165-188). 


L'auteur signale en commençant ce travail l'insuffisance des herbiers de 
Bonjean et de Huguenin pour l'étude géographique de la végétation savoi- 
sienne, Il trace d’abord une courte description des environs de Chambéry, 
qu’il divise, au point de vue de la botanique, en trois zones : région cham- 
pêtre, région montagneuse et région subalpine, et donne ensuite le catalogue 
de ses récoltes bryologiques, dont la détermination a été vérifiée par 
M. Schimper, Les localités y sont indiquées soigneusement pour chaque 
plante. On y compte 172 espèces en 66 genres, et l’on y remarque l'absence 


totale d’Andréacées, de Sphagninées et de Splachnacées, et une grande abon- 
dance de Barbula. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 76ù 


The vegetation of the Chatham Eslands, sketched by (Za 
végétation des iles Chatham, esquissée par) M. Ferdinand Mueller. Un 
volume grand in-8° de 86 pages, avec sept planches lithographiées. Mel- 
bourne, 1864. 


Le nom d'îles Chatham a été donné à deux groupes d'îles fort différents ; 
l’un qui avoisine les îles Gallapagos, l’autre qui est situé à l’est de la Nouvelle- 
Zélande. C’est de ce dernier qu’il est question dans le travail de l'honorable 
directeur du jardin botanique de Melbourne. 

Les premiers renseignements que l’on ait sur la végétation de ces îles sont 
dus à M. Ernst Dieffenbach, qui publia les résultats de son voyage dans le 
Journal of the royal geographical Society of London, t. 1, p. 195. Les 
plantes qu'il apporta en Angleterre furent mentionnées par M. J. Hooker dans 
son ouvrage sur la Nouvelle-Zélande. En 1861, M. William Seed, agent supé- 
rieur des douanes dans ce dernier pays, publia sur les Chatham un rapport 
officiel où il donne des détails sur leurs produits et leurs ressources naturelles, 
ainsi qu’une liste des arbres qu’on y trouve. Plusieurs naturalistes et voyageurs 
ont fourni à M. Mueller des documents importants sur la végétation des Cha- 
tham, notamment M. William Thomas Locke Travers, auquel il a dédié son 
ouvrage. Il a complété ces documents par ses propres observations. 

La flore étudiée par M. Mueller ne renferme que 129 espèces; savoir, 42 Di- 
cotylédones, réparties entre 32 ordres et 37 genres ; 20 Monocotylédones, ap- 
partenant à 9 ordres et à 19 genres, et 67 Cryptogames. L'auteur n’a pas 
compté dans ce nombre des plantes évidemment naturalisées, comme les Ceras- 
tium vulgatum, Potentilla Anserina, Taraxacum officinale, Sonchus olera- 
ceus, Solanum nigrum et Holcus lanatus. M. Mueller compare cette flore à 
celle de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie et de quelques îles voisines. Les in- 
digènes des Chatham, avant d’être asservis par les habitants de la Nouvelle- 
Hollande, se nourrissaient de racines de Fougères, et construisaient des radeaux 
avec des tiges de Phormium reliées ensemble, l’île ne produisant pas de bois 
dont ils pussent faire des bateaux. M. Travers n’a pas trouvé, dans ses herbo- 
risations, de Potamogeton ni d'autre plante aquatique, bien que la Nouvelle- 
Hollande et la Nouvelle-Zélande en possèdent plusieurs. 

L'auteur se livre à quelques considérations qui lui sont propres sur la ma- 
nière de concevoir l'espèce, qu’il entend dans un sens assez large. 

L'étude des plantes des îles Chatham est entièrement écrite en anglais ; les 
sept planches qui l’accompagnent sont consacrées à l'illustration d’un certain 
nombre d’espèces. | 


Analytical drawings of australian Mosses, cdited by (Dessins 
analytiques des mousses d'Australie, édités par) M. Ferdinand Mueller ; 
fase. I, in-8° avec 20 planches lithographiées. Melbourne, 1864. 


On trouvera dans cet opuscule l’iconographie de vingt Mousses qui appar- 


766 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tiennent à la flore australienne, et qui ont été décrites par Hampe seul ou en 
collaboration avec M. Karl Mueller de Halle. Quelques-unes de ces Mousses 
sont cosmopolites ; d’autres ont une aire géographique très-large, d’autres en- 
fin sont bornées à l’hémisphère austral, comme le Dawsonia superba, un des 
plus grands types de Mousses que l’on connaisse. La plupart de ces Mousses ont 
été recueillies d’une part dans les bois formés par les Fougères arborescentes 
et d'autre part dans la région alpine de la colonie de Victoria; l'élément bryo- 
logique manque presque complétement à la partie tropicale de l’Australie. Les 
plantes reproduites sont les suivantes : 

Funaria tasmanica, Barbula subspiralis, B. subtorquata, B. brevisetacea, 
B. pandurifolia, B. fleximarginata, Blindia robusta, Bartramia catenulata, 
Dawsonia longisetacea, D. appressa, Cryphæa squarrulosa, Hypnum suberec- 
tum, H. congruens, H. callidioides, H. trachychætum, Conomitrium perpusil- 
lum, Fissidens pungens, F. semilimbatus, F. macrodus et F, elamellosus. 


Om de officinela barkarne (Sur les écorces officinales) ; par 
M. S.-0. Lindberg. In-8° de 50 pages. Stockholm, 1864. 


L'auteur parle d’abord des caractères généraux des écorces. Il partage les 
écorces officinales en quatre groupes, savoir les écorces de Quinquina, les écor- 
ces astringentes, les écorces âcres et les écorces aromatiques. Chacune de ces 
catégories est passée en revue par l’auteur, qui décrit brièvement chaque 
sorte d’écorce. En parlant des Quinquinas, il traite de leur bibliographie, de 
leurs caractères botaniques, de leur distribution en Amérique, de leur accli- 
matation en Asie, de leur structure anatomique et de leur composition chi- 
mique ; suivent les sept Quinquinas usités et l'indication des faux Quinquinas ; 
l’auteur ne cite aucune description botanique ni aucune planche représentant 
les espèces officinales dont il parle. 


Index supplementarius locorum natalium specialium 
planutarum nonuullarum vaseulariuan in provincia arctica 
Norvegiæ sponte nascentium, quas observavit J.-M. Normann (extrait 
des Mémoires de la Société royale des sciences naturelles de Norvége, 
t. 1V, 1864); tirage à part en brochure in-8° de 58 pages. 


Cette publication est écrite tout entière en latin, suivant l’ordre des familles 
naturelles, commençant par les Renonculacées et finissant par les Fougères; ce 
n’est pas une flore, mais une énumération accompagnée de l'indication des lo- 
calités et de quelques notes critiques, notamment sur le genre Zriophorum. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 767 


BIBLIOGRAPHIE. 


Die lanwirthschaftlichen Versuchssrationen (1), 
publié par M. Fr. Nobbe, t. vi, 1864. 


Beitræge zur Pflanzencultur in wæsserigen Læœsungen (De la culture des 
plantes dans des solutions aqueuses) ; par M. Nobbe et Th. Siegert. 

Ueber die Uebcreinstimmung der Zusammensetzung von Pflanzenaschen und 
derjenigen des Bodens (Sur la concordance de la composition des cendres 
végétales et de celle du sol) ; par M. A. Weinhold. 

Die Kartoffel als Wasserpflanze (La Pomme-de-terre plante aquatique) ; par 
M. Fr, Nobbe. 

Untersuchungen ueber die Aufnahme der Mineralsalze durch das Pflanzenge- 
webe, ausgefuehrt im Laboratorium der landwirthschaftlichen Versuchs- 
station Mæckern (Recherches sur l'absorption des sels minéraux par le 
tissu végétal, exécutées dans le laboratoire de la station agricole de 
Mœckern) ; par M. W. Knopp. 

Die Saussure’schen Gesetze der Aussaugung der einfachin Salzlæsangen durch 
die Wurzeln der Pflanzen (Za loi saussuréenne de la succion des solutions 
salines simples par les racines des plantes) ; par M. W. Wolf 

Untersuchung von Buchenblættern in ihren verschiedenen Wachsthümszeiten 
(Æ£zxamen des feuilles du Hétre à leurs diverses phases de croissance); par 
M. H. Ph. ZϾller. 

Einige Bestimmungen der Quantitæten Wasser, welche die Pflanzen durch die 
Blætter verdunsten, ausgefuebrt, etc. (Quelques déterminations de la quan- 
lité d’eau que les plantes évaporent par. leurs feuilles, exécutées dans 
Le laboratoire de la station de Mæckern); par M. W. Knopp. 

Das Aeussere der Kartoffel als Merkmal ibres Stærkereichthums (/ndications 
que peut fournir l’aspect extérieur de la Pomme-de-terre sur sa richesse 
en amidon); par M. Fr. Nobbe. 

Vegetationsversuche zur Morphologie und Physiologie der Knollengewæchse 
(Recherches sur la morphologie et la physiologie des végétaux à tuber- 
cules) ; par M. Fr. Nobbe. 

Ein Beitrag zur Kenntniss der Blutungssæfte einjæhriger Pflanzen (Æecherches 
sur la séve qui s'écoule des incisions faites aux plantes annuelles); par 
M. R. Ulbricht. 

Untersuchungen ueber die Aschenbestandtheile der Haferwurzel und ihr Ver- 
hæltniss zu der oberirdischen Pflanze (Æecherches sur la composition des 
cendres de la racine de l’Avoine ; rapport de cette composition à celle de 
la partie aérienne de la plante) ; par M. J. Fitthogen. 


(4) Nous regrettons vivement de reproduire seulement d’après un journal de biblio- 
graphie, la table de cette publication, que nous n'avons pas vue à Paris. 


768 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Die landwirthschaftlichen Versuchsstationen, 
publié par M. Fr. Nobbe, t. vit, 1865. 


Beitræge zum Keimungsprozess (Æecherches sur la germination); par M. R. 
Hoffmann. 

Die Zuechtung der Landpflanzen in Wasser (Culture des plantes terrestres 
dans l’eau) ; par M. Fr. Nobbe. 

Quantitative Untersuchungen ueber den Ernæhrungsprozess der Pflanze (/?e- 
cherches quantitatives sur le mode de nutrition de la plante); par 
M. W. Knopp. 

Einige Versuche ueber Endosmose vegetirenden Pflanzenorgane (Quelques 
recherches sur l’endosmose dans les organes des plantes en végétation); 
par M. W. Knopp. 

Ein Beitrag zur Kenntniss der Blutungssæfte einjæbriger Pflanzen (/echerches 
sur la séve qui s'écoule des incisions faites aux plantes annuelles); par 
M. R. Ulbricht. | 

Chemische Untersuchungen ueber das Verbalten von Pflanzen in der Auf- 
nahme von Salzen aus Salzlæsungen, welche zwei Salze gelæst enthalten 
(Recherches chimiques sur la manière dont se comportent les plantes en 
absorbant les sels des solutions salines qui renferment deux sels dissous) ; 
par M. W. Wolf. 

Ueber den Einfluss des Entlaubens auf die Krankheiït und die Entwickelung der 
Kartoffel, und ueber die Knollenentwicklung derselben (De l'influence 
qu’exerce l'enlèvement des feuilles sur la maladie et le développement 
de la Pomme-de-terre, et du développement de ses tubercules) ; par 
M. Ed. Heiïden. 

Untersuchung von Phragmites communis ; ein Beitrag zur Entwickelungsge- 
schichte der Græser (£zamen du Phr. communis ; contribution à l'his- 
toire du développement des Graminées) ; par M. J. Fittbogen. 

Ueber die Zu- und Abnahme des Stærkegehaltes der Kartoffelknolle (De l’ac- 
croissement et de la diminution de la quantité d'amidon contenue dans le 
tubercule de la Pomme-de-terre); par M. Fr. Nobbe. 

Notiz ueber die stickstoffhaltigen Nahrungsmittel der Pflanzen (Notice sur les 
sources qui fournissent l'azote à la nutrition des végétaux) ; par MM. W. 
Wolf et W. Knop. 


Paris. — Imprimerie de E. Marnixer, rue Mignon, 2, 


Bullet. de La Soc. bot.de France. 6 à Tome X.PL.I. 


ce Vis 4 C# 


. 4 Duval - Jouve det. 
Arètes des .Avena.. 


Bullet. de la Soc.bot.de France. Tome X.PL.I1. 


Lich. CS Fassols, SG rasbg. 


Jde Seynes del. Fe 5 ee 
Organes de double fructification d'un Ffistulina’. 


pi x 


3 


nn ide 


* 


(Ballet. de la Soc.lot. de France. 


À.Clavaud del. Lid.Ch Fassoli, Strasbg 
Racines et bulbilles des Characées . 


TABLE ALPHABÉTIQUE 


DES 


MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME DIXIÈME. 


N.-B, — Les numéros indiquent les pages. — Tous les noms de genre ou d'espèce rangés par ordre 
alphabétique sont les noms latins des plantes, Ainsi, pour trouver Chêne, cherchez Quercus, etc. 


A 


Aberia caffra H., 617. 

Acanthacées, 530. 

Achyranthes sicula All. (Sur la synonymie 
de }’), 590. à 

Acides (Sur une coloration rose développée 
dans les fibres végétales par l’action mé- 
nagée des), 278. — (Sur les colorations 
développées par les) dans les végétaux, 

Acrostichum pulchrum L., 20. 

Aclinospira chartarum Corda, 244. 

Adenostephanus austro-caledonicus B. G. 
sp. nov., 229. 

Agaricus caldarius ou sudatorius Cordier, 
sp. nov. ?, 573, — edulis gigantesque, 
30. — mucidus Schrad. (4. nitidus FI, 
dan. non Pers.), 689. 

Agde (Sisymbr. narum trouvé pr. d’), 397. 

Agroslis, sp. div., 84. 

Algues, 447, 448, 629. 

Allium Cepa, 523. 

Alopecur us utriculatus, trouvé à Vincennes 
et à Saint-Germain, 217. 

Alpes (Plan d’un travail sur la géographie 
botanique des versants méridionaux 
des), 743. — de Savoie (Distribution 
des espèces végétales dans les), 675. — 
savoyardes (Notice bibliographique con- 
cernant les botanistes dont les voyages 
ou les ouvrages se rapportent aux), 667, 

Alsine Thevenœi Reut., 381. 

Amaryllis (Sur une espèce nouvelle d’) du 
Brésil, 74. — (Hippeastrum) procera 
Duchtre, sp. nov., 75. 

Amblystegium Sprucei Br. et Sch., 762. 

Ambrosia peruviana All. (Sur la synonymie 
de l’), 589. 

Amendes (Sur les) infligées aux xv° et 
xvi® siècles à ceux qui mettaient en 
vente des denrées provenant des lieux 
envyahis par la peste, 416, 


T. X, 


Ampélidées, 624. 

Anacalypta latifolia Schwgr., 762. 

Anacharis Alsinastrum Bab., 168. 

Ænagallis phœnicea monstr., 461. — ver- 
ticillala AÏ., 101. 

Angleterre (Chènes-Liéges cult. en), 489. 

Anonacées, 353. 

Anthère (Sur les tissus et la déhiscence de 
l’)}, 222. — (Sur le développ., la struc- 
ture et les fonctions des tissus de l’), 
281. 

Appendiculaires (Conséquences à tirer de 
l'étude des trois formes de l’hécastosie, 
pour Ja manière d'interpréter la forma- 
tion de certains organes), 468. 

Arêtes (Sur les caractères que les) peu- 
vent fournir pour la division du genre 
Avena, 50. 

Armeria, 240. — (Gaîne des), 50. 

Aroïdées, 624. 

Arum, 171. 

Arundo Calamagrostis, 19, — Phragmites 
(Tige stoloniforme d’), 395, 396. 

Asclépiadées, 517. 

Ascobolus, 353, 

Ascomycètes, 432. 

Asplenium Adiantum nigrum L,., 20, — 
Onopteris L., 20. 

Augé de Lassus. Sa mort, 216. 

Avena L. (Sur les caractères que les arêtes 
et les feuilles peuvent fournir pour la 
division du genre), 50, — barbata 
Brot., fatua L. et Ludoviciana DR. (Sur 
les), 299.— nodosa L., 49.— Scheuch- 
zeri All. (Sur la synonymie de l’), 604. 

Avice. Sur la végétation spontanée des en- 
virons de Corneto (Etats romains), 475. 


B 


Bac (John) expose le plan d'un travail 
sur la géographie botanique des versants 
méridionaux des Alpes, 743, — Obs., 
744, 


51 


770 

BaraT, membre à vie, 457. 

Bar-sur-Aube (Juncus aipinus et Scrofu- 
laria Ehrharti recueillis aux environs 
de), 394. 

Begonia (Feuilles vivipares de), 474, — 
(Observation sur une feuille gemmipare 
de), 492. 

Bécancer présente le Vanilla aromatica ino- 
dore, 416. 

BescHERELLE (Ém.). Sur les Mousses des 
env. de Rambouillet, 20, — Sur les 
Mousses récoltées pendant la session 
extraordinaire de Chambéry, 761. — 
Obs., 24. — Voy. Roze. 

Besnou envoie deséchant. fruct. de l’Hyme- 
nophyllum Wilsoni Hook., 474. 

Betula. Pain de Bouleau, 9. 

Bibliographie, 69, 176, 248, 358, 453, 
533, 767. 

Bibliographique (Notice) concernant les bo- 
tanistes dont les voyages ou les ouvrages 
se rapportent aux Alpes savoy., 667. 

Bibliographique (Revue), 56, 106, 161, 
230, 335, 432, 513, 606, 764. 

Bicblorure de mercure (Sur un procédé 
simplifié d’empoisonnement des plantes 
d’herbier à l’aide de la dissolution de), 
686. 

Biuier (S. Ém. le card.), président de Ja 
session extraordinaire, 635. 

Billot (C.)]. Sa mort, 214. — (Discours 
prononcé à ses obsèques), 215. — Note 
nécrologique, 216. 

Bivonæa Saviana Car., 170. 

Blanc (Sur quelques Fougères, Mousses et 
Lichens du Mont-), 129. 

BoisouvaL présente des plantes qu’il cul- 
tive, 394. 

Borassus flabelliformis L. (Lettre sur le), 
128. 

Borchard (A.). Sa mort, 393. 

Borner (Éd.), membre à vie, 457. 

Botrychium, Sp. div:, 130. 

Bourbon-l’Archambault (Sur un Champi- 
gnon croissant dans la salle d'aspiration 
de),57#: 

Bourgeons (Études sur l’évolution des), 
306, 365, 399. 

Boureice. Sur l’Orobanche Hederæ, 136. 

Boureiccer et Roze. Note sur une excur-- 
sion bryologique aux environs de Provins 
en mars 1863, 193. 

Bouvier (L.). Histoire de la botanique sa- 
voyarde, suivie d’une notice bibliogra- 
phique, 644. 

Brachythecium salicinum Br. et Sch., 762. 

Brassica monstr., 49. — Napus monstr,, 
869. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Braya (Sur le genre), 5. 

Brésil (Sur une espèce nouvelle d'Ama- 
ryllis du), 74. 

BRETAGNE (P. de), membre à vie, 457. 

Bromus nutans L., 19. 

BRonGniART et Gris. Sur quelques Pro- 
téacées de la Nouvelle-Calédonie, 226. 
— Sur deux genres nouveaux de Myr- 
tacées de la Nouvelle-Calédonie, 369. 
— Description de quelques espèces nou- 
velles d’Éléocarpées de la Nouvelle-Calé- 
donie, 475. — Description de deux 
nouveaux genres de Myrtacées de la 
Nouvelle-Calédonie, 574. 

Bryologique (Sur une excursion) aux en- 
virons de Provins en mars 1863, 193. 

Bulbilles des Characées, 139. 

Bureau de la Société pour 1863, 3. 

Bureau (Éd.). Sur les genres Reyesia et 
Monttea et obs. sur la tribu des Pla- 
tycarpées de M. Miers, 35. — Sur des 
fleurs monstr. de Primulasinensis, 191. 
= Obs., 8, 48, 127, 177. 

Bureau (Léon). Lettre sur le Borassus fla- 
belliformis L., #28. 


C 


Caernarvonshire (Voyage botanique au), 
dans le North-Wales fait en août 1862, 
en vue d’une étude particulière des 
Isoèles de cette contrée, 270, 319, 382, 
409, 420, 462, 485. 

Calabar (Fève de), voy. Physostigma venc- 
nosum. 

Calédonie (Plantes de la Nouvelle-), voyez 
Brongniart. 

Cambessèdes (J.). Sa mort, 543. — Notice 
sur sa vie et ses travaux, 543. — Ses 
titres scientifiques, 562. — Liste de 
ses publications, 562. — Son herbier, 
563. 

Campylopus longipilus Brid. ?, 315. 

Capsella alpestris Miég. sp. nov. ?, 26. 

Caractères (Sur les) que les arêtes et les 
feuilles peuvent fournir pour la division 
du genre Avena, 50. 


Carex, 61, 527. — arenaria L., 13. — 
atrata L., 13. — bicolor All, 82. — 
capillaris Vill., 82. — dioica L., 15. 
— intermedia Miég. non Good. Sp. 


noV.?, 83. — nilida Host, 127. — 
nitida Host (le) est-il synonyme du 
Carex obesa Al.?, 124. — rupésiris 
AÏ., 82, 


CarueL (T.). Sur la signification morpho- 
logique des épines du Xanthiwm spino- 
sum, 584. 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 774 


Cenis (Mont-), voyez Herborisations. 

Centaurea myacantha DC., 442. 

CHagotssEAU (l'abbé T.). Sur plusieurs es- 
pèces observées vivantes ou soumises à 
la culture, 289. 

Chamærops excelsa, cult. à Osborne, 487. 

Chambéry, voyez Herborisations, 

Champignons, 244, 626. — monstr., 30, 


Champignon (Sur un) croissant dans la 
salle d’aspiration de Bourbon-Archam- 
bault, 571. 

Chara, 435. 

Characées, 626. — du dép. de.la Vienne, 
300. — (Sur les organes hypogés des), 
487. 

Charentaise (Recherches sur l’origine de 
quelques plantes nouvelles pour la flore), 
502. 

CHarnaux. Lettre sur un Champignon Crois- 
sant dans la salle d’aspiration de Pour 
bon-l’Archambault, 571. 

CHarin (A.) a trouvé l’Alopecurus ulricu- 
latus à Saint-Germain, 217. — Sur le 
développement, la structure et les fonc- 
tions des tissus de l’anthère (2° partie), 
281. — Obs., 73, 76, 124, 160, 199, 
224, 289, 303, 316, 319, 571. — Vox. 
Filhol. 

Cherbourg(Hymenophyllum WilsoniHook. 
trouv. à), 474. 

Chloranthie du Delphinium elatum, 362. 

Cichorium monstr., 49, 50. 

Civita-Vecchia (Sur la flore de), 579. 

CLavaup (Armand). Sur les organes hypogés 
des Characées, 137. 

Cloëzia B. G. g. nov., 376. — buæifolia 
B. G., 577. — canescens B. G., 577. 
— DeplancheiB. G., 376.— floribunda 
B. G., 577. — ligustrina B. G., 577. 
— sessilifolia B. G., 577. 

CLos (D.). Quelques recherches de syno- 
nymie, 99. 

Colorantes (Sur les principes immédiats et 
les matières) des végétaux, 316. 

Coloration (Note sur une) rose, développée 
dans les fibres végétales par l’action mé- 
nagée des acides, 278. 

Colorations (Sur les) développées par les 
acides dans les végétaux, 362. 

Comité consultatif pour 1863, 2. 

Commission des archives, 2. — du Bul- 
letin pour 1863, 2. — de comptabilité, 
2. — des gravures pour 1863, 2: — 
pour le choix du lieu de la session ex- 
traordinaire, 2. us 

Cônes (Présentation de) de Sequoia gi- 
gantea Endl,, 122. 


Conifères, 623. 

Conseil d'administration pour 1863, 3. 

Conséquences à tirer de l'étude des trois 
formes de l’hécastosie pour la manière 
d'interpréter la formation de certains 
organes appendiculaires, 468, 

Conyza chilensis Spreng., et diversifolia 
Weinm. (Sur les), 102. 

CorDier (F.-S.). Sur un Champignon crois- 
sant dans Ja salle d'aspiration de Bourbon- 
Archambault, 571. — Obs., 49. 

Corneto (États romains) (Sur la végétation 
spontanée des environs de), 475. 

Cosson (E.), président de la Société, 2. — 
Son allocution à la Société, 4. — Hom- 
mage rendu à la mémoire de M. l’abbé 
Dænen, 1433. — Hommage rendu à Ja 
mémoire de M. Moquin-Tandon et notice 
sur ses travaux, 199. — Sur le Sisym- 
briwm nanum DC., 397. — Discours à 
l'ouverture de la session extraordinaire, 
638. — Obs., 9, 50, 89, 93, 105, 124, 
148, 160, 182, 197, 215, 217, 257, 
303, 304, 330, 396, 460, 571, 742, 
743, 748. 

Culture (Sur des serres portatives destinées 
à la) des Hépatiques, 149. — (Sur plu- 
sieurs espèces soumises à la), 289. 

Cupulifères, 109, 624. 

Cuscuta, 238. 

Cyclochorises, 367. 

Cyperus esculentus L., 13, 

Cystopteris fragilis Bernh. var., 89. 
Cytinus Hypocistis L., 221. — (Note sur 
deux formes remarquables de), 310. 

Cytisus prostratus Bor. (Sur le), 291. 


D 


Dænen (l'abbé), Sa mort et hommage 
rendu à sa mémoire, 133. 

Daurmier. Obs., 289, 303.— Sa mort, 487. 

Dauphiné (Circa Lichenes regionis alpinæ 
Delphinatus observationes), 258. 

Décoloration (Expériences sur la) des fleurs 
du Syringa vulgaris L., dans la culture 
en serre, 301. 

Déhiscence (Sur les tissus et la), de l’an- 
thère, 222. 

Delphinium elatum (Chloranthie du), 362. 

Des Éranes (S.) présente le Juncus alpinus 
et le Scrofularia Ehrharti, 394.— Obs., 
396. 

Développement des tissus de l’anthère, 
281. 

Dianthus deltoidi-silualicus Loret., sp. nov. 
hybr., 130. 


Diatomées, 629. 


772 


Dicentra formosa Borkh., 246. 
Dicranum Muehlenbeckii Br. et Sch., 762. 
Dillen (Herbier de), 464. 

Dipsacus silvestris Mill, (Sur l’eau des 
feuilles du), 746. 

Discours de MM. J. de Ville de Travernay, 
636; E. Cosson, 638 ; Moris, 691. — 
de M. Duval-Jouve aux obsèques de 
M. Billot, 215. — de M. Ramond aux 
obsèques de M. J. Gay, 452. 

Distribution des espèces végétales dans les 
Alpes de la Savoie, 675. 

Dons faits à la Société, 4, 4, 5, 34, 50, 
74, 90, 105, 121, 135, 177, 198, 199, 
229, 249, 257, 305, 361, 393, 415, 
457, 460, 484, 537, 538, G43. 

Doutes et prières au sujet de quelques es- 
pèces de Glyceria du groupe des Halo- 
philes, 151. 

Dubouzelia campanulata Panch. sp. nov., 
elegans B. G. sp. nov., parviflora B. G. 
sp. nov., 476. 

DucartRe (P.). Sur une espèce nouvelle 
d'Amaryllis du Brésil, 74. — Pré- 
sente des cônes de Sequoia gigantea 
Endi., 122. — Expériences sur la dé- 
coloration des fleurs du Syringa vul- 
garis L. dans la culture en serre, 301. 
— présente une chlorantie de Delphi- 
nium elatum, 362. — Obs., 30, A8, 49, 
16, 93, 103, 123, 124, 129, 289, 
303, 473, 494, 578, 386. 

Durour (Éd.). Sur un procédé simplifié 
pour l’empoisonnement des plantes 
d'herbier à l’aide de la dissolution al- 
coolique de bichlorure de mercure, 686. 
— Sur l’Agarieus mucidus Schrad. 
recueilli aux environs de Nantes, 689. 

DuniEeu DE MAISONNEUVE présente des Pri- 
mula sinensis monstr., 137. — Obs., 
437. 

Duvaz-Jouve (J.). Sur quelques plantes cri- 
tiques du Flora monspeliensis de Linné, 
10.— Sur les caractères que les arètes 
et les feuilles peuvent fournir pour la 
division en sections du genre Avena, 50. 
— Le nom de Poa Chaixi Vill. a la prio- 
rité sur celui de Poa sudetica Hænke, et 
celui de Juncus nutans Vill. sur celui 
de Juncus pediformis Chaix in Vill., 77. 
— Le Carex nitida Host est-il syno- 
nyme du Carexæ obesa Al. ?, 124. — 
Doutes et prières au sujet de quelques 
espèces de Glyceria du groupe des Halo- 
philes, 151. — Sur les élatères des 
Equisetum, 186. — Sur la floraison et 
Ja fructification du Leersia oryzoides, 
194, — Lettre, 214, — Discours pro- 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


noncé aux obsèques de M. Billot, 215. 
— Obs., 482, 185, 194, 197. 
DuverGier DE HAURANNE (E.). Obs, 197. 


E 


Eau (Sur l’) des feuilles du Dipsacus sil- 
vestris, 747. 

Elæocarpus Deplanchei (?), geminiflorus, 

. Ovigerus, relusus B. G. sp. nov., 477. 

Élatères (Sur les; des Equisetum, 186. 

Éléocarpées (Description de quelques es- 
pèces nouvelles d’) de la Nouvyelle-Ca- 
lédonie, 475. 

Elodea canadensis Rich., 168. 

Empoisonnement (Sur un procédé simplifié 
d’) des plantes d’herbier à laide de la 
dissolution de bichlorure de mercure, 
686. 

Encalypta apophysata et commulala Nees 
et Hornsch., 762. 

Endocarpon miniatum var. complicalissi- 

. mum Nyl., 267. - 

Épines (Sur la signification morphologique 

. des) du Xanthium spinosum, 584. 

Épipédochorises, 367. 

Equiselum monstr., 48. — (Sur les éla- 
tères des), 186. — hiemale L., 19. —- 
silvaticum L., 19. 

Espèces (Sur plusieurs) observées vivantes 
ou soumises à la culture, 289. — végé- 
tales (Distribution des) dans les Alpes 
de la Savoie, 675. 

Eucalyptus Globulus Lab. (Lettre sur r); 
304, 

Évolution (Études sur l’) des bourgeons, 
306, 365, 399. 

Evonymus eurofœus, 164. : 

Excursion (Sur une) bryologique aux enVi- 
rons de Provins en mars 1863, 193. — 
dirigée par M. Eug. Perrier dela Bathie, 
pendant la session extraordinaire, 750. 

Expériences sur la décoloration des fleurs 
du Syringa vulgaris L. dans la culture 
en serre, 301. 


F 


Fée. Le Chêne, 740. — Pendant une pro- 
menade, 738. 

FELLMAN (N.-J.). Lettre sur un voyage bo- 
tanique dans la Laponie orientale, 495. 

Fermoxp (Ch.). Études sur l’évolution des 
bourgeons, 306, 365, 399. — présente 
un Brassica Napus monstrueux, 369.— 
présente le Tuber æstivum, 369 .— Con- 
séquences à tirer de l'étude des trois 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 


formes de lhécastosie pour la manière 
d'interpréter la formation de certains 
organes appendiculaires, 468. — ré- 
ponse à quelques observations qu’a fait 
naître sa dernière communication à la 
Société, 478, — Obs., 303, 316, 319, 
460, 461, 473, 474. 

Fesituca alpina Gaud, 87. — hirsula L., 
49. — indigesta Boiss., 86. — sloloni- 
fera Miég. sp. nov. ?, 87. 

Feuille (Observations sur une) gemmipare 
de Begonia, 492. 

Feuilles (Sur l’eau des) du Dipsacus silves- 
tris, 747. — (Sur les caractères que 
les) peuvent fournir pour la division du 
genre Avena, 50. — vivipares de Bego- 
nia, 474. 

rève de Calabar, voy. Physostigma venc- 
nosum. 

Fibres (Sur une coloration rose développée 
dans les) végétales, par l’action ménagée 
des acides, 278. 

Ficaria grandiflora Rob. (Note sur le), 
184. 

- Ficus. Figuc monstr., 48. 

Ficnoz et Cuarin. Sur les principes immé- 
diats et les matières colorantes des vé- 
gétaux, 316. 

Fistulina (Polymorphisme des organes re- 
producteurs chez un), 93. 

Fleurs (Expériences sur la décoloration 
des) du Syringa vulgaris L, dans la cul- 
ture en serre, 301. — monstr. de Pri- 
mula sinensis, 194, 

Flora monspeliensis de Linné (Sur quel- 
ques plantes critiques du), 10. 

Floraison (Sur Ja) et la fructification du 
Leersia oryzoides, 194. — forcée du 
Lilas blanc, 123. 

Fœniculum officinale AN, (Sur lasynonymie 
du), 603. 

Fonctions des tissus de l'anthère, 281. 

Fougères, 235, 516, 625. — (Sur quel- 
ques) du Mont-Blanc, 129. 

Fournier (Eug.). Sur le genre Braya, 3.— 
Obs., 182, 216, 217. 

France (Flore de). Herborisations de la So- 
ciété pendant la session extraordinaire 
à Chambéry et au Mont-Cenis, 749- 
763. -— Herborisations dans l’arron- 
dissement de Thonon et dans le canton 
de la Roche (Haute-Savoie), 692. — 
Mousses récoltées pendant la session 
extraordinaire, 761. — Histoire de la 
botanique savoyarde, 644. — Sur quel- 
ques plantes critiques du Flora monspe- 
liensis de Linné, 10. — Mousses des 
environs de Rambouillet, 20.— Plantes 


773 


récoltées dans les Hautes-Pyrénées, 24, 
81.—Sur quelques Sedum, 250.— Sur 
la distribution des espèces végétales dans 
les Alpes de Savoie, 675. — Origine de 
quelques plantes nouvelles pour la flore 
charentaise, 502. — Circa Lichenes re- 
gionis alpinæ Delphinalus observaliones, 
258. — Espèces décrites ou signalées : 

Acrostichum pulchrum, 20. — Aga- 
ricus caldarius ou sudatorius C., 573. — 
Agaricus mucidus, 689.— Agroslis sp. 
div., 84. — Alopecurus ulriculatus, 
217. — Alsine Thevenœæi, 381, — Am- 
blyslegium Sprucei, 162.— Anacalypta 
latifolia, 762.— Arundo Calamagrostis, 
19. — Asplenium Adiantum nigrum, 
20. —+ À. Onopteris, 20. — Avena bar- 
bata, 300. — À. fatua, 299. — À, Lu- 
doviciana, 299. — À. nodosa, 19. 

Botrychium rutifolium A. Br., 130. — 
Brachythecium salicinum, 762, — Bro- 
mus nulans, 19. 

Campylopus longipilus, 313.— Cap- 
sella alpestris Miég., 26. — Carex are- 
naria, 13. — C. atrata, 13. — C, bico- 
lor, 82.— C. capillaris, 82.— C. dioica, 
13. — C.intermedia Miég., 83. — C. 
rupestris, 82. — Cyperus esculentus, 
13.— Cystopteris fragilis, 89.— Cytinus 
Hypocistis, 310. — Var. kermesinus, 
314.— Cylisus prostralus Scop., 291. 

Dianthus delloidi-silvalicus, 130, — 
Dicranum Muehlenbeckii, 762. 

Encalypta apophysala, 762.—E.com- 
mulata, 762. — Endocarpum minia- 
lum, var. complicatissimum, Nyl., 267. 
— Equisetum hiemale, 19. — E, silva- 
licum, 19. 

Festuca alpina, 87.— F. hirsuta, 19, 
— F. indigesta, 86. — F. slolonifera 
Miég., 87. 

Gagea saxalilis, 298. — Glyceria 
disians, 160.— G. marilima, 160. 

Hymenophyllum Wilsoni, 474. 

Juncus alpinus, 394. — J. infleæus, 
11.— J. niveus, 11. 

Kobresia caricina, 81. 

Lecanora armeniaca, 265.— L. fer- 
ruginea Var. variala Nyl., 262. — 
L. tripetheliza Nyl., 266. 

Mzsdicago Verloti Perr., 751. — Me- 
lampyrum barbalum, 506 (en note), — 
Melica ciliata, 19,—Myosotis nana, 28, 

Narcissus reflexus, 187. — Nardus 
Gangitis, 14. — Nilella flexilis var., 
300. 

Orthothecium chryseum, 762, — Os- 
munda crispa, 19. 


774 


Physcia contortuplicata, 260. — Pi- 
nus Pumilio, 333. — P.uncinata, 330. 
— Poa distichophylla, 85. — P. selacea, 
49. — Polygala pedemontana P. et 
B. V., 757. — Potamogelon obtusifolius, 
570. — Primula pyrenaica, 28. — 
P. variabilis, 178, 

Rhinanthus glacialis V. Pers,, 745.— 
Rosa fraxinifolia, 237. 

Scrofularia Ehrharti, 394.— Sedum 
anopetalum, 256, 297. — S. aureum, 
295. — S. elegans, 255.—S. Fabaria, 
251.— S. Forsterianum, 294. — S. li- 
loreum, 251. — S. luteolum, 296. — 
S. nicæense, 296. — S. pruinatum, 
294. — S. purpurascens, 251. — 
S. reflezum, 253, 295. — S. sexangu- 
lare, 252. — S. Telephium, 250. — 
S.. trevirense, 295. — Sisymbrium 
nanum, 397.— Sphærocarpus Michelii, 
47. 

Triselum agrostideum, 85. 

Valerianella pusilla Miég. sp. nov., 
27. — Verrucaria radicescens Nyl., 
267.— Voyez (dans la table dela Revue 
bibliographique) : Boreau, Clos, Désé- 
glise, Legrand, Timbal-Lagrave. 

Fremya B. G. g. nov., 372, — aurantiaca 
B. G., 373. — ciliata BR. G. 374, — 
Deplanchei B. G., 373.—elegans B. G., 
374. — flava B. G., 373. — Pancheri 
B. G., 373. — pubescens B. G., 373. 
ze B..G., 372. — Vieillardi B, G., 

13. 

Fructification (Sur la floraison et la) du 
Leersia oryzoides, 194. — (Sur les or- 
ganes de la) du Nitella stelligera, 31. 

Fuchsia (Fleurs anomales de), 318. 


G 


Gagea saxatilis Koch (Sur le), 298. 

Gaîne des Armeria, 50. 

Galles (Voyage botanique au Caernar- 
vonshire dans le pays de) fait en août 
1862 en vue d’une étude particulière 
des /soëtes de cette contrée, 270, 319, 
382, 409, 420, 462, 485. 

Gauperroy (E.) a trouvé l’Alopecurus utri- 
culatus à Vincennes, 217. — Sur une 


espèce de Potamageton à ajouter à la flore 


des environs de Paris, 570. 

Gay (J.) présente le Cytinus Hypocistis, 
221. — Voyage botanique au Caernar- 
vonshire dans le North-Wales, fait au 
mois d’août 1862, en vue d’une étude 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


particulière des /soëles de cette contrée, 
270, 319, 382, 409, 420, 462, 485. — 
Sur deux formes remarquables du 
Cytinus Hypocistis L., 310. — Sur le 
Juncus alpinus et leScrofularia Ehrharti, 
394. — présente une tige stoloniforme 
d’Arundo Phragmites, 395. — Visite du 
Jardin des plantes d'Oxford, ainsi que 
des herbiersde Dillen et de Sherard, 464. 
— Visite à Milford-House, domaine de 
la famille Webb, 466.— Visite à Ryde 
(île de Wight) et au parc d’Osborne, 
483. — Obs., 5, 9, 49, 50, 74, 105, 
160, 182, 190, 221, 257, 314, 330, 
334, 460, 494. — Sa mort et discours 
prononcé par M. Ramond à ses ob- 
sèques, 452. 

Gemmipare (Feuille) de Begonia, 492. 

Géographie botanique des versants méri- 
dionaux des Alpes (Plan d’un travail 
sur la), 743, 

Geranium maculatum L., 449. 

Germination (Du rôle du scutelle pendant 
la) du Maïs, 90.— (Note pour servir à 
l’histoire physiologique de la), 182. 

Gif (Inula graveolens trouvé pr. de), 512. 

Glénans (Promenade aux îles), à la re- 
cherche du Narcissus reflexus, 187. 

Glyceria (Doutes et prières au sujet de 
quelques espèces de) du groupe des Ha- 
lophiles, 151. — marilima et distans 
trouvés à div. localités, 160. 

Gopron (D.-A.). De l’origine hybride du 
Primula variabilis, 178. — Voy. Roche- 
brune. 

Graminées, 448. 

Gras (A.). Nouvelle note sur quelques rec- 
tifications de synonymie, 586.— Lettre 
sur le Ruta pralensis de Gesner {Thalic- 
trum aquilegifolium L. ?), 329. — Lettre 
sur une ascension au Mont-Viso, 510, 

Grenier (Ch.). Annotations sur quelques 
Sedum de France, 250. ÿ 

GROENLAND (J.). Sur des serres portatives 
destinées à la culture des Hépatiques, 
149. 

Grosjean. Sa mort, 306. 

Gris (A.). De l’organisation du scutelle 
dans le Maïs et de son rôle pendant la 
germination, 90.— Note pour servir à 
l’histoire physiologique de la germina- 
tion, 182. — a trouvé l'Inula graveolens 
pr. de Gif, 512, — Obs., 93, 304, 494, 
378. — Voy. Brongniart. 

Guezer (A.). Nouvelles remarques sur les 
hybrides des Primula officinalis et ela- 
tior : Primula elatiori-officinalis, 217. 
— Obs., 221. 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 


H 


Hasswanz (J.-K.). Sur le Soulamea amara 

. Lam., 374. 

Hécastosie, 306, 365, 399. — (Consé- 
quences à tirer de l'étude des trois 
formes de l’), pour la manière d’inter- 
préter la formation de certains organes 
appendiculaires, 468. 

Helianthus luberosus L. Topinambour à tu- 
bercule blanc, 105. 

Hénon (Dr). Promenade à la recherche du 
Narcissus reflexus de Loiseleur, 187. — 
Obs., 191, 742, 744. 

Hépatiques (Sur quelques), 300. — (Sur 
des serres portatives destinées à la 
culture des), 449. 

Hérault, voy. Montpellier. 

Herbier (Sur un procédé simplifié d’em- 
poisonnement des plantes d’) à l'aide 
de la dissolution alcoolique de bichlorure 
de mercure, 686. — de Cambessèdes 
(Sur l’), 563. 

Herbiers de Dillen et de Sherard, 464. — 
Voy. (dans la table de la Revue biblio- 
graphique) Boreau, 

Herborisations dans l’arrondissement de 
Thonon et dans le canton de la Roche 
(Haute-Savoie), 692, — (Rapport sur 
les) de la Société pendant sa session 
extraordinaire à Chambéry et au Mont- 
Cenis: Mont-Cenis, 749, 750; Saint- 
Michel, 750 ; lac du Mont-Cenis, 754; 
Gorge deSayalain, 754; la Cenise, 756; 
Graviers de Ronches, 757; Montagne 
d'Eau blanche, 759; Col du petit 
Mont-Cenis, 760; vallée de la Vilette, 
Bramans, 761. — Voyez Excursions, 
Mousses récoltées pendant la session. — 
Voyez (dans la table de la Revue bibl.) 
Boreau. 

Ilibiscus lævis AIl. (Sur la synonymie de 
l’), 588. 

Histoire physiologique de la germination 
(Note pour servir à l’), 182. 

Histoire de la botanique savoyarde, 644. 

Hybrides : Dianthus, 130. — Narcissus, 
151.— Primula elatiori-officinalis, 217. 
— Primula variabilis, 178, 565. — 
Voyez (dans la table de la Revue biblio- 
graphique) : Godron, Wesmael. 

Iymenephyllum Wilsoni Hook. trouvé pr. 
de Cherbourg, 474. 

lypogés (Sur les organes) des Characées, 
187 


775 


Inula graveolens, trouvé pr. de Gif, 542. 

Isatis alpina Vill. (Sur la synonymie de 
l'), 601. 

Isoëtes (Voyage botanique au Caernarvon- 
shire dans le North-Wales fait en août 
1862, en vue d’une étude particulière 
des) de cette contrée, 270, 319, 382, 
409, 420, 462, 485. : 


J 


JACQUEmONT. Lettres à Cambessèdes, 554- 
555 (en note). 

JAUBERT (le comte). Obs., 319. 

Juncus alpinus, 394. — inflexæus L., 11. 
— niveus L., 11. — nutans Vill. (Le 
nom de) a la priorité sur celui de Juncus 
pediformis Chaix in Vill., 77. 


K 


Kermaäecia B, G.g. nov., 228.—elliptica, 
rotundifolia et sinuala B. G., 228. 

Kickæella alabastrina, 244. 

KirscazeGer (F.). Lettre sur un fait téra- 
tologique offert par l’Anagallis phœni- 
cea, 460, 

Kobresia caricina Willd., 81. 


L 


Laponie orientale (Lettre sur un voyage 
botanique dans la), 495. 

Lapsana macrocarpa Coss. (Sur le), 102. 

Larcaer. Obs., 194, 

Lasch. Sa mort, 354. 

Lautaret (Lettre sur des Mousses recueil- 
lies au), 417. 

Lecanora armeniaca Duf., 265. — ferru- 
ginea var. variata Nyl., 262, — tripe- 
theliza Nyl., 266. 

LecoQ. Obs., 743, 744, 

Le Dien. Obs,, 24, 257. 

Leersia oryzoides (Sur la floraison et la 
fructification du), 194. 

Lettres de MM. L. Bureau, Charnaux, 
Éd. Dufour, Duval-Jouve, Fellman, Gras, 
Kirschleger, Martins, Mougeot, Peyre- 
mot, Targioni-Tozzetti, Vénance Payot, 
voyez ces noms. — de Jacquemont, 
554, 555. 

Lichens, 243, 446, 447, — (Sur quelques) 
du Mont-Blanc, 129. 


776 


Lichenes (Circa) regionis alpinæ Delphi- 
nalus observationes, 258. 

Linum, G14. 

Lioydia serotina Salisb., 384 (en note). 

Loranthacées, 112, 165, 167. 

Loner (H.). Sur le Dianthus delloidi-silva- 
ticus, 130.— Notice sur plusieurs plan- 
tes nouvelles pour la flore de Montpellier 
et de l'Hérault, 375, 

Luzsula nutans, 80. 


M 


Macarisia, 352. 

MaLsrANCHE, Hommage rendu à la mémoire 
de M. Eug. Pouchet, 34. 

Marantées, 623. 

Marcgraviées, 514. 

Marrixs (Ch.). Sur quelques plantes des 
dunes des environs de Montpellier, 395. 

MATHIEU (A.). Sur le Pinus uncinala et 
ses congénères les plus voisins, 350. 

Medicago Verloti Perr., 751. 

Melampyrum barbatum W. K., 506 (en 
note). 

Mélanges, nouveles, annonces, nécrologie, 
72, 120, 174, 248, 354, 449, 532, 
632. 

Melia sempervirens Al. (Sur la synonymie 
du), 588. 

Melica ciliata L., 19. 

MéucocQ (le baron de). Sur les amendes 
infligéés, aux xv° et xvit siècles, à ceux 
qui mettaient en vente des denrées pro- 
venant des lieux envahis par la peste, 
416. 

Miécevicce (l'abbé), Sur quelques plantes 
récoltées dans les Hautes-Pyrénées en 
1860-62, 24, 81. 

Milford-House (Visite à), domaine de la 
famille Webb, 466. 

Monspeliensis (Sur quelques plantes du 
Flora) de Linné, 10. 

Monstruosités, déformations, anomalies, 
tératologie : Chloranthie, 362. — Feuilles 
gemmipares, 474, 492. — Fleurs ano- 
males, 191, — Infrondescence des sépa- 
les, 461. — Anagallis phœnicea, 461. 
— Arundo Phragmiles, 396. — Begonia 
geranioides, 474, 493. — Brassica Na- 
pus, 369. —. Delphinium elatum, 362. 
— Fuchsia, 315. — Primula sinensis, 
137, 191. — diverses (Champignon, 
Figuc, Equisetum, Brassica, Cichorium), 
48-50. — Voyez (daus la table de la 
Revue bibliographique) : Caspary, Go- 
dron, Masters, Morière, 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Mont-Blanc, voy. Blanc. 

Mont-Cenis, voy. Cenis. 

Montpellier (Sur quelques plantes des dunes 
des env. de), 395. — (Notice sur plu- 
sieurs plantes nouvelles pour la flore de) 
et de l'Hérault, 375. 

Montiea CI. Gay (Sur le genre), 35, 45. 
— chilensis CI. Gay, 46. 

Mont-Viso, voy. Viso. 

Mcquin-Tanpox. Obs., 48, 49, 50, 73, 93, 
404, 103. —Sa mortet hommage rendu 
à sa mémoire, 199. — Liste de ses tra- 
vaux, 210. 

Monis, président de la session extraordi- 
paire, 633. — Son discours, 691. 
Obs., 744. 

Mouceor (A.). Lettre sur des Mousses re- 
cueillies au Lautaret, 417. 

MOUILLEFARINE (E.), membre à vie, 457. 

Mousses, 445, 764, 765. — (Lettre sur 
des) recueillies au Lautaret, 417. — 
(Sur quelques) du Mont-Blanc, 129. — 
(Sur les) des env. de Rambouillet, 20. 
— récoltées pendant la session de Cham- 
béry, 762.— Voyez (dans la table de la 
Revue bibliographique) Hicks. 

Muscinées nouvelles obs. aux env. de Paris, 
538. 

Myosotis nana Miég. sp. n.?, 28. 

Myrtacées (Sur deux genres nouveaux de) 
de la Nouvelle-Calédonie, 369.— (Des- 
cription de deux nouveaux genres de) 
de la Nouvelle-Calédonie, 574, 

Myxomycètes, 437. 

Myæotrichum chartarum Kunze, 244. 


N 


Naias major et minor AI. (Sur la syno- 
nymie des), 600. 

Nantes (Agaricus mucidus recueilli à), 
689. 

Narcissus incomparabilis Mill. trouvé pr. 
de Versailles, 151. — reflexus Lois. 
(Promenade à la recherche du), 187. 

Nardus Gangitis L., 14. 

Nitella fleæilis var., 300. — stelligera 
Bauer (Sur les organes de la fructifica- 
tion du), 31. u 

Notice bibliographique concernant les bota- 
nistes dont les voyages ou les ouvrages 
se rapportent plus ou moins directement 
aux Alpes savoyardes, 667. 

Nouvelle-Calédonie, voy. Calédonie, 

Nucules bulbilliformes des Characées, 147. 

Nyzanner (W.). Circa Lichenes regionis 
alpinæ Delphinatus observationes, 258. 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 


0 


Olea europæa, 164. 

Orchidées, 609. 

Organes (Sur les) de la fructification du Ni- 
tella stelligera, 31. — (Sur les) hypogés 
des Characées, 137. — (Polymorphisme 
des) reproducteurs chez un Fistulina, 93. 

Origine (Recherches sur l’) de quelques 
plantes nouvelles pour la flore charen- 
taise, 502. 

Orobanche Hederæ (Sur l’), 136.— (Sur la 
durée de l’), 297. 

Orthothecium chryseum Br. et Sch., 762. 

Osborne (Visite au parc d’), 485. 

Osmunda crispa L,, 19, 

Oxalis crenata Jacq. (Sur l’), 103. 

Oxford (Visite au Jardin des plantes d’), 
464. 

Ozonium, 446. 


Pœonia, 4245. 

Pain de Bouleau, 9. 

Paris (Flore des environs de). Voyez Bes- 
cherelle, Bouteiller, Bryologie, Chatin, 
Gaudefroy, Gif, Gris, Mousses, Musci- 
uées, Potamogeton, Provins, Rambouil- 
let, Roze, Saint-Germain, Trappes, Vau- 
moise, Versailles, Vigineix, Villegénis, 
Vincennes. 

Paronychia argentea et nivea (Sur les), 
99. 

Payor (V.). Note sur quelques Fougères, 
Mousses et Lichens du Mont-Blanc, 129. 

PERRIER DE LA BATHIE et À, SONGEON. Sur 
la distribution des espèces végétales dans 
les Alpes de la Savoie, 675. 

Personnar (Victor). Sur une nouvelle espèce 
du genre Rhinanthus, 745. 

PevyremorT. Lettre sur l’Eucalyptus Globu- 
lus, 304. 

Physcia contortuplicata Nyl., 260. 

Physostigma venenosum Balf., 247, 494, 
538. 

Pinus uncinata (Sur le) et ses congénères, 
330. 

Pirus, 440. — Poire monstr., 48, 73. 
Pcancnon (J.-E.). Notice sur la vie et les 
travaux de Jacques Cambessèdes, 543. 

Platycapnos Bernh. (Sur le genre), 289. 

llatycarpées (Obs. sur la tribu des) de 
M. Miers, 35. 

Pleurandra, 625. 

Pleuridium nitidum Brid., 437. 

Poa arunäinacea Mœnch, 155. — Chaixi 
Vill., 80.— Chaixi Vill. (Le nom de) a 


117 


la priorité sur celui de Poa sudetica 
Hænke, 77. — distichophylla Gaud., 
85. — selacea L., 19. 

Polygala pedemontana Perr. et B. Verl., 
qi fe 

Polymorphisme des organes reproducteurs 
chez un Fistulina, 93. 

Polytrichum commune et formosum, 24. 

Potamogeton (Sur une espèce de) à ajouter 
à la flore des environs de Paris, 570, — 
obtusifolius M. K. trouvé pr. de Trappes, 
570. 

Pouchet (E.). Sa mort et hommage rendu 
à sa mémoire, 34. 

PriLuieux (Ed,). Observations surune feuille 
gemmipare de Begonia, 492. 

Primula elatiori-officinalis (Remarques sur 
les hybrides des Primula officinalis et ela- 
tior), 217, — officinalis et elatior : 
P. elatiori-officinalis (Remarques sur les 
hybrides des), 217, — pyrenaica Miég. 
sp. n. ?, 28. — sinensis monstr., 137. 
— (Sur les fleurs monstr, du), 191. — 
variabilis (De l'origine hybride du), 
178. — variabilis Goupil (Réponse à la 
note de M. Godron sur l’origine hybride 
du), 565. 

Principes (£ur les) immédiats et les ma- 
tières colorantes des végétaux, 316. 

Prolifère (Poire), 73. 

Promenade à la recherche du Narcissus re- 
flexus Lois., 187. 

Protéacées (Note sur quelques) de la Nou- 
velle-Calédonie, 226. 

Protococcus pluvialis Kuetz., 341. 
Provins (Sur une excursion bryologique 
aux environs de) en mars 1863, 193. 

Plelea trifoliata, 246. 

Puez (T.). Obs., 330. 

Pucer (l'abbé). Résumé de quelques her- 
borisations dans l’arrondissement- de 
Thonon et dans le canton de la Roche 
(Haute-Savoie), 692. 

Pyrénées (Sur quelques plantes récoltées 
dans les Hautes-), 24, 81. 


Q 


Quercus, esp. div, cult. à Osborne, 487. — 
Chènes-Liéges cult. en Angleterre, 489. 
— Tapinodrys Webb (Q. humilis 
Lam. ?), 467 et 468 (en note). 


R 


Racines des Characées (Sur les), 137. 
Rambouillet (Sur les Mousses des env. de), 
20. 


778 


Ramonp (A.). Discours prononcé aux ob- 

" sèques de M. J. Gay, 452, — Obs., 124, 
182, 221, 396. 

Ranunculus hybride, 168. 

Rapistrum rugosum Berg. (Sur la syno- 
nymie du), 602. 

Rapports sur les herborisations de la 
Société, voy. Herborisations. Fe 
Rectifications (Nouvelle note sur queiques) 

de synonymie, 586. 

REveIL (O.) présente un échantillon de 
fève de Calabar, 494.— Sur la fève de 
Calabar, 538. 

Revue bibliographique, voy. Bibliogra- 
phique. 

Reyesia CI. Gay (Sur le genre), 35, 43. — 
chilensis CI. Gay, 43. 

Rhinanthus glacialis V. Pers. sp. nov., 
745. 

Rhopalu Vieillardi B, G. sp. nov., 229. 

Roche (La) (Haute-Savoie) (Herborisa- 
tions dans le canton de), 692, 

Roc&eBrUNE (A. de). Sur les organes de la 
fructification du Nitella stelligera, 31.— 
Recherches sur l’origine de quelques 
plantes nouvelles pour la flore charen- 
taise, 502. — Réponse à la note de 
M. Godron sur l’origine hybride du 
Primula variabilis, 565. 

Rosa fraxinifolia, 237. 

Rosran. Obs., 744. 

Royer (Charles). Sur l’eau des feuilles du 
Dipsacus silvestris, 746. 

Roze (E.). Sur le Campylopus longipilus , 
315. — Obs., 24, 229, 394. — Voy. 
Bouteiller, 193. — et BESCHERELLE ont 
recueilli le Sphærocarpus Michelii à 
Villegénis pr. Paris, 47, 

Rubus, 114, 236, 598. 

Rula praiensis de Gesner (Thalictrum aqui- 
legifolium L.), 329. 

Ruthea Bolle, nov. gen., 442. 


S 


Sagina nodosa, 235. 

Saint-Germain-en-Laye (Alopecurus utri- 
culalus trouvé à), 217. 

Salvinia natans, 515. 

Sanguinaria canadensis L., 246. 

Sarracenia purpurea, 246. 

Saules, 237. 

Savoie (Distribution des espèces végétales 
dans les Alpes de la), 675. 

Savoyarde (Histoire de la botanique), 644. 

Savoyardes (Notice bibliographique con- 
cernant les botanistes dont les voyages 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ou les ouvrages se rapportent aux Alpes), 
667. 

Saxifraga hypnoides et formes voisines, 
388 (en note). 

SCHOENEFELD (W. de) a trouvé une nouy. 
localité du Narcissus incomparabilis pr. 
de Versailles, 451.— présente des fleurs 
anomales de Fuchsia, 315.— Obs., 49, 
237, 362, 474, 543, 742. 

Schufia, 115. 

Scrofularia Ehrharti, 394. 

Scutelle (De l'organisation du) dans le Maïs 
et de son rôle pendant la germination, 
90. 

Sedum (Sur les) à fleurs jaunes, 292. — 
— anopetalum DC., 256, 297. — 
aureum Wirtg., 297. — elegans Lej., 
255. — Fabaria Koch, 251. — Forste- 
rianurn Sm., 294, — litoreum Guss., 
251. — luteolum Chab. sp. n., 296.— 
nicæense AIl., 296. —pruinatum Brot., 
294. —- purpurascens Koch, 251. — 
refleæum L., 295. — sexangulare L., 
252. — Telephium L., 250, — trevi- 
rense Rosb., 295. — (Annotations sur 
quelques) de France, 250. 

Sequoia gigantea Endi. (Présentation de 
cônes de), 122. 

Serres portatives destinées à la culture des 
Hépatiques, 149. 

Session extraordinaire à Chambéry, 633- 
763. — en Savoie (Décision relative à la), 
135. — (Fixation de la), 306. — (Avan- 
tages obt. pour la), 362. — (Programme 
de La), 635. — (Comité de la), 633. — 
(Membres qui ont assisté à la), 633, 748. 

— (Autres personnes qui ont pris part à 
la), 634. — (Bureau de la), 635. — 
(Séances de la), 636, 690, — (Corres- 
pondance de la), 689. — (Herborisa- 
tions, excursions et voyages de la), voy. 
Herborisations, 

Seynes (J. de). Polymorphisme des or- 
ganes reproducteurs chez un Fistulina, 


93. — Obs., 124, 225, 314, 

Sherard (Herbier de), 464. : 

Sisymbrium nanum DC., 397, — Zanonii, 
170. 

SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Composition 
du Bureau et du Conseil pour 1863, 3. 
— Commissions pour 1863, voy. Com- 

* mission. ; 

Solanum capsicoides Al. (Sur la synonymie 
du), 589. — melanocerasum All, — 
S. guineense L., scabrum Mill, etc, (Sur 
la synonymie des), 591-599. 

Sonceox (A.), voy. Perrier de la Bathie. 


Soulamea amara (Note sur le), 374. 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 


Spermolepis B. G. g. nov., 577. — gum- 
mifera B.G., 578. — rubiginosa B, G., 
578. 

Sphærocarpus Michelii Bell. trouvé à Vil- 
legénis, 47. 

Sphériacées, 629. 

Sphérochorises, 368. 

Structure des tissus de l’anthère, 281. 

Sutton-Hayer. Sa mort, 354. 

Synonymie (Quelques recherches de), 99. 
— (Nouvelle note sur quelques rectifi- 
cations de), 586. 

Syringa vuigaris L. (Expériences sur la 
décoloration des fleurs du) dans la cul- 
ture en serre, 301. — Floraison forcée 
du Lilas blane, 123. 


T 


TarGioni-Tozzerri. Lettre sur les tissus et 
la déhiscence de l’anthère, 222. 

Tératologique (Sur un fait), 460. 

Thalictrum aquilegifolium L. (Ruta pra- 
tensis de Gesner?), 329. 

Thonon (Haute-Savoie) (Herborisations 
dans l’arrondissement de), 692. 

Tige stoloniforme d’Arundo Phragmites, 
395-396. 

Tissus de l’anthère (Sur le développ., la 
structure et les fonctions des), 281. 

Tissus (Sur les) et la déhiscence de l’an- 
thère, 222. 

Tithymalus Brauni Schweinf. sp. n., 460 
(en note). 

Trappes (Potamogeton obtusifolius trouyé 
pr. de), 570. : 

Treviranus. Sa mort, 632. 

Trichia, 516. 

Triglochin, 445. 

Trisetum agrostideum, 85. 

Tristaniopsis B. G. g. nov., 371. — Cal- 
lobuæus et capitulata B. G., 372. 

Tuber æstivum, 369 (en note). 


V 


Valerianella pusilla Miég. sp. n.?, 27. 

Vanilla aromatica inodore, 416. 

Vax-Tiecuex (P.). Note sur les colorations 
développées par les acides dans les vé- 
gétaux, 362, — Sur une coloration rose 
développée dans les fibres végétales par 
l’action ménagée des acides, 278. 

Vaumoise (Campylopus longipilus trouvé 
à), 315. 


779 


Végétation des env. de Corneto (États ro- 
mains), 475. 

VerLor (J.-B.) envoie des feuilles vivipares 
de Begonia, 474. 

VerLor (Bern.). Rapport sur les excursions 
du groupe de botanistes dirigé par 
M. Eug. Perrier de la Bathie pendant 
la session extraordinaire, 750. 

Verrucaria radicescens Nyl., 267. 

Versailles (Narcissus incomparabilis trouvé 
pr. de), 451. 

Vienne (Characées du dép. de la), 300. 

Vice DE TRAVERNAY (J. de). Discours à 
l'ouverture de la session extraordinaire, 
636. 

Villegénis (Sphærocarpus Michelii trouvé 
pr. de), 47. 

Villiers (A. de). Sa mort, 217, 

Vincennes (Alopecurus utriculalus trouvé 


à), 217. 
Viola tolosana Timb., 174. 
Viscum album, 438. — parasite sur Île 


Quercus vedunculata, 742,—V. laxum, 
742. 

Viso (Lettre sur une ascension au Mont-), 
510. 

Voyage botanique au Caernarvonshire 
dans le North-Wales fait en août 1862, 
en vue d’une étude particulière des 
Isoëtes de cette contrée, 270, 319, 352, 
409, 420, 462, 485. — (Lettre sur un) 
dans la Laponie orientale, 495. 


W 


Warion (A.). Note sur le Ficaria grandi- 
flora Rob., 184. — Sur la flore de Ci- 
vita-Vecchia, 579. 

Webb (Visite à Milford-House, domaine 
de la famille), 466. 

Welwitschia Hook, g. nov. 344. 

Wight (Visite à l’île de), 485. 


X 


Xanthium spinosum (Sur la signification 
morphologique des épines du), 584. 
Xanthoæylon frazineum Willd, 246. 


Z 
Zea Mays L. (De l’organisation du scutelle 


dans le), et de son rôle pendant la ger- 
mination, 90. 


FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES, 


TABLE 


PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS 
DES PUBLICATIONS 


ANALYSÉES DANS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


(TOME DIXIÈME.) 


N.-B, — Cette fable ne contient que les titres des ouvrages analysés et les noms de leurs auteurs. 
Tous les noms de plantes dont les descriptions ou les diagnoses se trouvent reproduites dans la Revue 
bibliographique, aiusi que les articles nécrologiques, etc., doivent être cherchés dans la table générale 


qui précède celle-ci. 


ANDEnsON (Th.). Énumération des espèces 
d’Acanthacées du continent africain et 
des Îles adjacentes, 530. — Sur un cas 
présumé de parthénogenèse dans une 
espèce d’Aberia, 617. 

ANDERSSON, vOy. Peters. 

ANGREVILLE (J.-E. d'). La Flore Vallai- 
sanne, 56. 

Annales de l’Association philomathique vo- 
géso-rhénane, 1'€ liv., 174. 

ANONYME. Pinelum brilannicum, 623. 


BaizLon (H.). Mémoire sur les Loranthacées, 
112. — Deuxième mémoire sur les Lo- 
ranthacées, 165. — Obs. sur les affinités 
du Macarisia et sur l’organisation de 
quelques Rhizophorées, 352. — Obser- 
vations sur l’organisation des fleurs dans 
le genre Apocynum, 241. — Organogénie 
florale des Cordiacées, 241. — Sur l’or- 
ganogénie florale du Pleurandra Labill., 
625. — Note sur la fleur des Pivoines, 
445. 

Barxim (A. de}, voy. Hartmann. 

BasranD (T.), voy. Genevier. 

Beer (J.-G.). Contributions à Ja morpho- 
logie ct à la biologie de la famille des 
Orchidées, 609. 

Bentxam (G.). Sur les Anonacées africaines, 
353.— Flora australiensis, t. Ie", 624. 

BenrLey, Nouv. remèdes américains : Ge- 
ranium maculalum L.;449, — Nouv. 
remèdes américains : Sanguinaria ca- 
nadensis L., Sarracenia purpurea L., 
Dicentra formosa Borckh., Xanthoxæylon 


fraxineum Willd., Ptelea trifoliata L., 
246. 

BerkeLey (M.-J.). Manuel des Mousses 
d'Angleterre, 445. — Sur les formations 
spirales des filaments dans le genre Tri- 
chia, 516. 

Bertocont (Ant.). Flora ilalica cryplo- 
gama, pars 11, fase. 4, 243. 

Beunwanx (de), voy. Schweinfarth. 

Bibliographie. (Travaux divers énumérés 
sans analyse), 72, 176, 248, 358, 455, 
533. : 

BoECKELER, voy. Peters. ; 

Borux (J.). Sur la cause de l'ascension de 
la séve dans les plantes, 522. 

Bou (C.). Le Ruthea, nouv. genre d'Om- 
bellifères, 4242.— Voy. Peters. . 
Boumer (J.-E.). Sur les poils des Fougères 
et sur les fonctions de ces organes, 

235: 

Boorr (F.). Iconographie du genre Carex, 
3° partie, 61. 

Borrau (A.). Notice sur les herbiers et la 
bibliothèque du jardin botanique d'An- 
gers, 632. — Précis des principales her- 
borisations faites en Maine-et-Loire en 
13862, 618. 

BoussinGaucr. Sur l'apparition du gaz oxyde 
de carbone pendant l'absorption de 
l'oxygène par certaines substances végé- 
tales, 609. : 

Botani:che Zeitung (Journal). Articles ori- 
ginaux de 1862, 3° et 4° trim, 69 

Botaniska notiser (Journal). Articles origl- 
paux de 1863, 533. 

Bouvier (L.). Le Mont-Cenis, 764, 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. 


BRAUN, voy, Peters. 
BronGniarr (Ad.). Note sur les fonctions 
des vaisseaux des plantes, 339. 


CarueL (T.). Prodrome de la flore Toscane, 
3° fasc., 529. — Sur deux Crucifères 
italiennes : 4, Sisymbrium Zanonii. 
2. Bivonæa Saviana, 170. — Sur la 
fleur femelle des Arum, 171. 

Caspany (R.). De la présence de deux à 
quatre feuilles d’enveloppe sur la tige 
florale du Calla palustris L., 611. 

CuaBoisseAu (l'abbé). De l'étude spécifique 
du genre Rubus, 114. 

Cuuncu (A -H.). De la forme des faisceaux 
vasculaires dans certaines Fougères d’An- 
gleterre, 516. — Note sur le Myxotri- 
chum charlarum Kunze, 244. 

CiExkowski (L.). Sur l’histoire du dévelop- 
pement des Myxomycètes, 437. 

CLaus (E.). Sur la limite de la vie animale 
et végétale, 613. 

CLoez (S.). Observations sur la nature des 
gaz produits par les plantes submergées 
sous l’influence de la lumière, 608. 

CLos (D.). Coup d’œil sur la végétation de 
la partie septentrionale du département 
de l’Aude, 526. — Revue critique de 
la durée des plantes dans ses rapports 
avec la phytographie, 108. 

Coewaxs (Eug.). Notice sur un Champignon 
nouveau, 244, — Note sur les Ozonium 
de la flore belge, 446. — Notice sur les 
Ascobolus de la flore belge, 353. 

Corenwinper (B.). Expiration nocturne et 
diurne des feuilles, 339. 

Crerin (Fr.). L’Ardenne, 237. — Les Cha- 
racées de Belgique, 626. — Note sur 
l'Elodea canadensis Rich. (Anacharis 
Alsinastrum Babingt.), 168. — Petites 
annotations à la flore de la Belgique, 
169.— Toujours l'espèce, 526. 


Dauer (P.). Sur la présence normale de 
gaz dans les vaisseaux des plantes, 338. 

Darwin (Ch.). De l'existence de deux 
formes dans certaines espèces du genre 
Linum, et de leurs rapports réciproques 
au point de vue sexuel, 614. — Voy. 
Fée. 

Dawson (J.-W.). De la flore dévonienne 
dans l'Amérique septentrionale, 473. 
DE Bary (A.). Sur le développement de la 
fructification des Ascomycètes, 432. 
© Decaisne (J.). De la variabilité dans l'es- 
pèce du Poirier, 440.— Le Jardin frui- 
tier du Muséum, 4° vol., liv. 37-41, 65. 


781 


— Le Jardin fruitier du Muséum, 4° vol., 
liv. 42-48, 117. 

De CanvoLe (Alph.). Étude sur l'espèce à 
l’occasion d'une révision de la famille 
des Cupulifères, 109, 

DE Noranis (G.). Les Sphériacées d'Italie, 
47e cent., 1° Fasc. 629. 

DésécLise (A.). Notes extraites d’un cata- 
logue inédit des plantes phanérogames 
du département du Cher, 618. — Sur le 
Rosa fraxinifolia Borkh., 237. 

Des Mouzixs (Ch.). Quatre mémoires : 
4. Autonomie réelle du genre Schufia 
Spach. 2. Notes sur une publication 
récente de M. Clos. 3. Vrilles de la 
Vigne vierge. 4. Vites boreali-ameri- 
canæ, 115. — et Lespinasse. Plantes 
rares de Ja Gironde, 167. 

Downar (N.). Enumeratio plantarum circa 
Mohileviam ad Borysthenem collecla- 
rum, 238. 

Durour (Éd.). Notes mycologiques, 446. 

Do Monnier. Monographie des Saules de la 
flore belge, 237. 


ErcuLer (A.-G.), voy. Flora brasiliensis. 
ErTinGsHAusEN (C. d'). Album photogra- 
phique de la flore d'Autriche, 528. 


Favre (Ern.). OFuvres scientifiques de 
Gœthe (analysées et appréciées par), 67. 

Fée. De l'espèce à propos de l'ouvrage de 
Darwin, 236. 

FENzL, voy. Flora brasiliensis. 

Flora brasiliensis, sive enumeralio planta-- 
rum in Brasilia haclenus delectarum 
quas edidit C.-F.-Ph. de Martius accu- 
rante Fenzl : fasc. xxxi-xxxv. 1863. Dil- 
léniacées, Sapotées, Ériocaulacées, Gné- 
tacées, Conifères et Éricacées, par 
MM. Eichler, Miquel, Kærnicke, Tulasne 
Meissner, 349. 

Fournier (Eug.). De la fécondation dans 
les Phanérogames, 231. 

Fresenius (G.). Contribution à la mycolo- 
gie, 626. 


GarCkE, voy. Peters. 

Gasparrisi (G.). Observations sur certaines 
modifications organiques dans quelques 
cellules végétales, 518. 

Genevier (G.). Observations sur la collec- 
tion de Rubus de l’herbier de T, Bas- 
tard, 528. 

Gonrox (D.-A.). Recherches expérimen- 
tales sur l’hybridité dans le règne vé- 
gétal, 615, 


782 


GŒTHE, VOy. Faivre. 

GoLvenserG (Fr.). Flore fossile de Saar- 
brueck, liv. 3, 244. 

Gris (A.). Recherches concernant les fonc- 
tions des vaisseaux, 337. 

-GriseBACE (À.). Plantæ Wrightianæ e Cuba 
orientali, pars 2, 239. 

Grocxor (aîné). Plantes cryptogames cel- 
lulaires du département de Saône-et- 
Loire, 242. 

Guizzarp (A.). Sur la coloration que les 
acides peuvent communiquer aux or- 
ganes végétaux dans certaines familles, 
339: 


Hansury (D.). Note sur la Fève-épreuve du 
Calabar, 247. — Voy. Oliver. 

Haroy.Sur la situation des dernières plan- 
tations d'espèces lJigneüses exotiques 
au jardin d’acclimatation à Alger, 630. 

HARTMANN (R.). Plantæ quædam niloticæ 
quas in itinere cum divo Adalberlo libero 
barone de Barnim facto collegit, 443. 

Harvey (W.-H.) et Sonper (W.). Flora ca- 
pensis, 619. 

HasskarL, voy. Peters, 

HenrorTay (J.-A.). Sur les bourgeons axil- 
laires du Sagina nodosa, 235. 

Hicxs (J.-Braxton). Observations sur les 
gonidies et les filaments confervoïdes 
des Mousses et sur les rapports de leurs 
gonidies avec celles des Lichens et de 
certaines Algues d’eau douce, 34 0. 

HorweistTer. Additions et corrections aux 
recherches sur le développement des 
Cryptogames supérieures publiées en 
1831, 433. 

Hooker (J.-D.). Sur le Welwitschia, genre 
nouveau de Gnétacées, 344. — Species 
Filicum ou description de toutes les Fou- 
gères connues, vol. V, 1'° part., 625. 


Yewisca (Th.). Contributions à la morpho- 
logie comparée des plantes, 606. 


JacoB DE CoRpEmoy (C.). Organogénie des 
Triglochin, 445. 

Janxa (Victor de). Cusculæ species floræ 
rossicæ, 238. 

JESSEN (C.- -F.-W.). Graminées et céréales 
d'Allemagne, 448. 

Journal of Botany, british and foreign. 
Articles originaux de 1863, 453, 535. 


Kasscu (W.). Des poils réunis en-touffes 
sur les graines des Asclépiadées, 517. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Kanirz (A.). Reliquiæ Kitaibelianæ, 449. 

Karsren (H.). Recherches histologiques, 
335. 

KiraiBeL, voy. Kanitz, 

KLATT, voy. Peters. 

KLorzsc, voy. Peters. 

KoœcaLin (J.) et Scuaimper (W.-P.). Mé- 
moire sur le terrain de transition dans 
les Vosges, 173. 

KorBer (G.-W.), Parerga lichenologica, 
4° livr., 447. 

KorNiCkE. Monographiæ Marantearum 
prodromus, 1"° et 2° part., 623. — Voy. 
Flora brasiliensis. 

Kunra, voy. Peters. 


Laser (Éd.).Nouveaux éléments d'histoire 
naturelle : Botanique, 631. 

Landwirthschaftliche: Versuchsstationen 
(Publication périodique). Articles pabliés 
en 1864-65, 767. 

Lecoo (H.). Note relative dux fonctions des 
vaisseaux des plantes, 338. 

LecranD (A.). Excursions botaniques et en- 
tomologiques dans les Pyrénées-Orien- 
tales en 1862, 619. 

Lepace (P.-H.). Étude chimique sur les 
graines du Fusain d'Europe, 164. 

LespinassE (G.), voy. Des Moulins. 

Lesrisoupois (Th.). Notes sur les vaisseaux 
propres, les vaisseaux du latex, etc., 
607. 

LinbserG. Sur les écorces officinales, 766. 

Loscos y Bernaz (F.) et Parpo Y Sas- 
TRON (J,). Series inconfecta plantarum 
indigenarum Aragoniæ præcipue meri- 
dionalis, 169. 

Luca (S. de). Recherches sur la formation 
de la matière grasse dans les olives, 164. 


ManceAU. Première note sur les plantes 
phanérogames du Maine, 441. 

Martins (Ch.). Du refroidissement nocturne 
et de j’échauffement diurne, pendant 
l'hiver de Montpellier, des div, esp. de 
terres cultivées, 440. 

Marrius (C.-F.-P, de), voy. Flora brasi- 
liensis. 

MAssaLONGO (A.-B.). Lichenes capenses quos 
collegit D' Wayra, delineati et descripti, 
446, — Voy. Zigno. 

Masrens (M.-T.). De la prolification dans 
les fleurs et spécialement de celle qu'on 
nomme prolification axillaire, 343. 

Meissxer, voy. Flora brasiliensis. 

Mique (F.-A.-G.). 4dnotationcs de Cupuli- 
feris, 624. — Ampelideæ novæ, adjecla 


LA 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. 


specierum præserlim indicarum et Japo- 
nicarum epicrisi, 624. Annales 
Musei bolanici Lugduno-batavi, t. I, 
fasc. 1, 1, 348: — Voy. Flora brasi- 
liensis. 

MoriÈre (J.), Sur une Fraxinelle mons- 
trueuse, 528. 

Muercer (F.). Dessins analytiques des 
Mousses d’Australie, 765. — Les plantes 
indigènes de la colonie de Victoria: 
vol. L Thalamifloræ, 621. — Végéta- 
tion des îles Chatham, 765. — Voy. 
Peters. 

MueLcer (Ph.-J.). Description de quelques 
espèces nouvelles de Rubus, 236. 

Murray (A.). Les Pins et les Sapins du 
Japon, 443. 


Normann (J.-M.). Index supplementarius 


locorum natalium specialium plantarum |: 


nonnullarum vascularium in provincia 
arclica Norvegiæ sponte nascentium, 
766. 

Nycanper. Lichenographiæ novo-grana- 
tensis prodromus in Prodromo floræ 
novo-granatensis, auctoribus J. Triana 
et J.-E. Flanchon, 243. 


OErsTeD (A.-S.). L'Amérique centrale, ré- 
sultats d’un voyage dans les Etats de 
Costa-Rica et de Nicaragua, 444. 

Ouver (D.). Notes sur les Loranthacées, 
467. — et Hanpury (D.). Sur quelques 
espèces nouvelles d’Amomum de lPAfri- 
que occidentale, 240. 


Pancic (J.), voy Visiani. 

ParDo y SASTRON (J.), voy. Loscos y Bernal. 

Paris (E.-G.). Courses bryologiques aux 
environs de Chambéry, 764. 

PARLATORE (Ph.). Considérations sur la mé- 
thode naturelle en botanique, 171. 

Perers (W.). Voyage d'histoire naturelle 
à Mozambique. Botanique par MM. An- 
dersson, Bæckeler, Bolle, Braun, Garcke, 
Hasskar!, Klatt, Klotzsch, Kunth, Muel- 
ler, -Reichenbach et Steetz, 2° vol., 530. 

Perri (Fr.). De genere Armeriæ, 240. 

Perrovsky (A.). Études algologiques, HE : 
Quelques observations sur l'influence de 
la température sur la production des 
formes mobiles et immobiles du Pro- 
tococcus pluvialis Kuetz., 341. 

PLancron (J.-E.) et TrianA (J.). Sur les 
bractées des Marcgraviées, 514. — Voy. 
Nylander. 


783 


Panésnein. Sur l’embryogénie des Crypto- 
games vasculaires et sur le développe- 
ment du Salvinia natans, 515. — Sur 
les proembryons et les rameaux à base 
nue des Chara, 435. 


RABENRORST (L.). Flore cryptogamique du 
royaume de Saxe, de la Lusace supé- 
rieure, de la Thuringe et de la Bohême 
septentrionale, avec des considérations 
sur les pays voisins, 1'° part. (Algues, 
Hépatiques, Mousses), 63. — Recherches 
destinées à approfondir et à répandre 
l'étude des Algues, 447. 

REICHENBACA (L.), voy. Peters. — et Rer- 
CHENBACH (H.-G.). {cones floræ germa- 
nicæ et helvelicæ, 1. XX, decades 9-20, 
62. 

Rensca (P.). De l’étude des éléments chi- 
miques du Viscum album et de la vis- 
cine, 438, 

Rocné. De l’action de quelques composés 
du règne minéral sur les végétaux, 
161. 


Sacus (J,). Sur la germination des graines 
de l’Allium Cepa, 523. — Sur les sub- 
stances qui fournissent les matériaux né- 
cessaires à l'accroissement des parois cel- 
lulaires, 342. — Sur le transport des 
matériaux plastiques à travers diverses 
sortes de tissus, 611. 

SANGUINETTI (P.). Floræ romanæ prodromus 
alter, 529. 

Sanio (C.). Quelques recherches sur le 
tannin et sa diffusion dans les plantes li- 
gneuses, 437, 

Scaimper (W.-P.), voy. Kæchlin. 

Scaorr (H.-W.). Araceæ, pars prior : nova. 
genera et species, 624. 

ScauLrzE (Max). Le protoplasma des rhi- 
zopodes et des cellules végétales ; coniri- 
bution à la théorie de la cellule, 513. 

Scaumanx (J.). Diatomées de Prusse, 629, 

ScaweinFurTu (G.). Rapport sur les plantes 
envoyées en 1862, du Soudan intérieur, 
par M. de Beurmann, 529.— Voy. Hart- 
mann, 

Sevyxes (J. de). De la germination, 230. — 
Essai d’une flore mycologique de la ré- 
gion de Montpellier et du Gard, 106. 

Sonper (W.), voy. Harvey. 

STEETZ, VOY. Peters. 


TimBaz-LAGRAVE. De la culture de la Violette 
à Toulouse, 174. — Note sur la dé- 


78h 


- termination du Centaurea myacantha, 
442. 

TRianA (J.), voy. Planchon et Nylander, 

TuLasne (L.-R.), voy. Flora brasiliensis. 

TuLasne (L.-R, et C.). Selecta Fungorum 
carpologia, t. 1, 626. 

Turczannow  (N.). Decas octava generum 
Plantarum hucusque non descriplarum, 
347. 


Varzant (L.). De la fécondation dans les 
Cryptogames, 233. 

Van DEN-Boscx (R.-B.) et VAN DER SANDE 
Lacoste (C.-M.). Bryologia- javanica, 
vol, 2, 64. 3 

= Van DER SANDE Lacoste, voy. Van den 
Bosch. 

Visrant (R.} et Pancic (J.). Plantæ serbicæ 
rariores aut novæ, 347. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Warner (Rob.). Choix de plantes Orchi- 
dées avec des notes sur la culture des 
plantes, par Williams, 622. 

WayrA, VOy. Massalongo. 

Weopecz (H.-A.). Choris andina, t: I, 
57. 

WEsmAeL (A.). Sur les hybrides de Ranun- 
culus, 168. — Sur l’utricule des Carex, 
527. : 

WiLLerMoz. Pomologie de la France, 245. 

Wizuiams (B.-S.), voy. Warner. 


ZanarDini (G.). fconographia phycologica 
adriatica, t. 1, fasc. ur, 448; fasc. 1v, 
629. 

Ziëno (Ach. de). Observations sur les 
plantes fossiles du trias de Recoaro ré- 
coltées par M, A. Massalongo, 245. 


FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. 


pm 


- Avis au rélieur. — La planche I de ce volume doit être placée en regard de la page 
54; la planche II en regard de la page 99; la planche HI en regard de la page 138. 


Paris, — Imprimerie de E, MANTINET, rue Mignon, 2,